Vie d'Anne Catherine Emmerich - Tome1
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Re: Vie d'Anne Catherine Emmerich - Tome1
16. À propos de ce fait, Clara Soentgen fit la déposition suivante devant l'autorité ecclésiastique :
" La sœur Emmerich étant très malade, j'allai un matin dans sa cellule pour voir comment elle se trouvait. Je lui demandai qui avait fait son lit de si bonne heure et si elle-même en avait eu la force. Elle me répondit alors que la révérende mère et moi étions venues la voir, que nous avions arrangé le lit en perfection et que cela s'était fait très vite. Or ni la révérende mère, ni moi n'étions encore allées la voir.
17." Dans une défaillance du même genre, raconta Anne Catherine, je fus encore enlevée de mon lit par deux religieuses qui me déposèrent doucement au milieu de la cellule. Alors une des sœurs entra tout à coup et, me voyant élevée au-dessus du sol et étendue sans rien sous mon dos, elle poussa un tel cri que la frayeur me fit rudement tomber à terre. Il se tint beaucoup de propos dans le couvent à ce sujet et la vieille sœur me tourmenta longtemps de questions pour savoir comment j'avais été ainsi posée en l'air. Mais je ne pus lui donner aucune explication, car c'étaient là des choses auxquelles je ne faisais pas grande attention et tout cela me semblait parfaitement naturel."
18. Du reste, tout ce qui était nécessaire au vase infirme de son corps pour ne pas se consumer dans le feu des souffrances lui était envoyé par son fiancé céleste de ce jardin d'Eden inaccessible au péché et à la douleur dont les produits possèdent une vertu si merveilleuse qu'ils font disparaître toute langueur et toute souffrance terrestres. Nous devons la connaissance de ces opérations cachées aux communications que, dans le cours des dernières années de sa vie, Anne Catherine eut à faire en beaucoup d'occasions qui semblaient fortuites, soit par l'ordre de son guide invisible, soit à la demande de son confesseur. Elles sont sans doute courtes et incomplètes, cependant ce qu'elles contiennent est suffisant pour qu'on puisse y trouver l'assurance qu'il en a été d'elle comme de sainte Lidwine.
" La sœur Emmerich étant très malade, j'allai un matin dans sa cellule pour voir comment elle se trouvait. Je lui demandai qui avait fait son lit de si bonne heure et si elle-même en avait eu la force. Elle me répondit alors que la révérende mère et moi étions venues la voir, que nous avions arrangé le lit en perfection et que cela s'était fait très vite. Or ni la révérende mère, ni moi n'étions encore allées la voir.
17." Dans une défaillance du même genre, raconta Anne Catherine, je fus encore enlevée de mon lit par deux religieuses qui me déposèrent doucement au milieu de la cellule. Alors une des sœurs entra tout à coup et, me voyant élevée au-dessus du sol et étendue sans rien sous mon dos, elle poussa un tel cri que la frayeur me fit rudement tomber à terre. Il se tint beaucoup de propos dans le couvent à ce sujet et la vieille sœur me tourmenta longtemps de questions pour savoir comment j'avais été ainsi posée en l'air. Mais je ne pus lui donner aucune explication, car c'étaient là des choses auxquelles je ne faisais pas grande attention et tout cela me semblait parfaitement naturel."
18. Du reste, tout ce qui était nécessaire au vase infirme de son corps pour ne pas se consumer dans le feu des souffrances lui était envoyé par son fiancé céleste de ce jardin d'Eden inaccessible au péché et à la douleur dont les produits possèdent une vertu si merveilleuse qu'ils font disparaître toute langueur et toute souffrance terrestres. Nous devons la connaissance de ces opérations cachées aux communications que, dans le cours des dernières années de sa vie, Anne Catherine eut à faire en beaucoup d'occasions qui semblaient fortuites, soit par l'ordre de son guide invisible, soit à la demande de son confesseur. Elles sont sans doute courtes et incomplètes, cependant ce qu'elles contiennent est suffisant pour qu'on puisse y trouver l'assurance qu'il en a été d'elle comme de sainte Lidwine.
Re: Vie d'Anne Catherine Emmerich - Tome1
19." Les seuls remèdes qui me fissent du bien, disait-elle, étaient surnaturels. Ceux du médecin me réduisaient à l'extrémité : cependant il fallait les accepter et les payer très cher, mais Dieu me donnait l'argent et le multipliait pour moi. Dieu m'a donné tout ce dont j'ai eu besoin dans le couvent : j'ai aussi beaucoup reçu au profit du couvent. Plus tard encore, lorsque je l'eus quitté, il m'est arrivé des choses du même genre. Ayant une fois reçu une assez forte somme et l'ayant employée, je racontai la chose au doyen Rensing. Il me dit que j'avais bien fait de lui en parler, mais que si cela arrivait de nouveau, il faudrait lui montrer l'argent. A dater de ce jour cela n'arriva plus.
20." Pendant la seconde enquête à laquelle on me soumit, je donnai à la gardienne deux thalers afin qu'elle allât pour moi en pèlerinage à Telgt et y fit dire deux messes à mon intention. La servante de la maison me prêta les deux thalers et je les remis à cette femme. Aussitôt après je trouvai deux thalers dans mon lit. J'en fus très troublée et je me fis montrer par la gardienne les deux thalers que je lui avais remis. Quand je les eus vus et reconnus, je sentis distinctement qu'une faveur que Dieu m'avait faite souvent dans des temps antérieurs s'était renouvelée pour moi et j'employai les deux thalers ainsi trouvés à payer ma dette envers la servante.
21." Les remèdes dont j'avais besoin m'étaient donnés par mon conducteur, quelquefois aussi par mon fiancé céleste, par Marie ou par les bons saints. Je les recevais tantôt dans des flacons très brillants, tantôt sous la forme de fleurs, de boutons, d'herbes, et même de petites bouchées. Au chevet de ma couche était un petit escabeau de bois sur lequel je trouvais ces remèdes merveilleux, soit pendant mes visions, soit même à l'état naturel de veille. Souvent aussi de petits bouquets de plantes d'une beauté indicible et d'une odeur délicieuse se trouvaient placés près de moi dans mon lit, ou bien je les avais à la main quand je revenais à moi. Je palpais les feuilles avec leur verdure fraîche et tendre, et je savais quel usage j'en devais faire. Quelquefois leur bonne odeur suffisait pour me fortifier d'autres fois je devais en manger ou verser de l'eau dessus et boire cette eau. Cela me soulageait toujours beaucoup, et je me trouvais ensuite capable de toute espèce de travail pour un temps plus ou moins long.
22." Je recevais aussi des images, des figures ou des pierres par l'intermédiaire de personnages qui m'apparaissaient et m'enseignaient quel usage je devais faire de ces dons. Plusieurs fois des présents de ce genre me furent remis dans la main ou posés sur la poitrine, et j'en fus soulagée et fortifiée. Il y en eut que je pus conserver assez longtemps, je pus même m'en servir pour guérir d'autres personnes : je les employais ainsi ou je les donnais, mais je n'ai jamais dit d'où ils m'étaient venus. Tous ces dons sont pour moi des incidents essentiels et très certains de ma vie ; mais je ne puis expliquer comment cela se faisait. Cela se faisait en réalité et, j'usais de tout cela comme d'une réalité, en l'honneur de Celui qui me l'envoyait dans sa miséricorde.
23." Étant novice, un jour que j'étais à genoux devant le Saint-Sacrement et que j'y priais, les bras étendus, je reçus dans la main un joli petit portrait de sainte Catherine qui était comme peint sur parchemin. Je l'ai gardé longtemps, puis je le donnai à une bonne fille qui me demandait un souvenir et qui désirait bien se faire religieuse, mais qui ne put pas y parvenir. Lorsque la pauvre enfant mourut, elle fit mettre la petite image sur sa poitrine dans le cercueil.
24." Dans une maladie postérieure, je reçus de mon fiancé céleste une pierre transparente, en forme de cœur et plus grosse qu'un écu, dans laquelle se trouvait, comme une formation naturelle, l'image de Marie avec l'enfant Jésus, de couleur rouge, bleue et or. La pierre était polie et dure ; mais la petite image était très jolie, et sa vue me fit un tel bien que j'en guéris. Je l'enveloppai dans un petit sachet en peau, et je la portai longtemps sur moi, mais elle me fut retirée. Plus tard, je reçus de mon fiancé un anneau qu'il me mit au doigt. Il y avait une pierre précieuse où était gravé le portrait de sa très sainte Mère. Je pus le conserver longtemps, jusqu'à ce qu'il me fût retiré du doigt par lui-même.
25." J'ai aussi reçu un don semblable du saint patron de mon ordre. C'était le jour de sa fête, et j'étais au lit, souffrant beaucoup. L'heure approchait où la communauté devait aller recevoir la communion. Personne ne croyait que je pusse y prendre part, mais il me sembla alors qu'on m'appelait ; j'allai à l'église et je reçus avec les autres le très saint Sacrement. Revenue dans ma cellule, je tombai en défaillance et je fus, je ne sais comment, soulevée et posée sur mon lit toute habillée. Alors, saint Augustin m'apparut et me donna une petite pierre brillante ayant la forme d'une fève, de laquelle sortait, comme un germe, un cœur rouge surmonté d'une petite croix. Il me fut en outre annoncé que le cœur devait devenir aussi transparent que la pierre brillante. Lorsque je m'éveillai, je trouvai la petite pierre dans ma main. Je la mis dans mon verre et je bus longtemps de l'eau versée dessus, ce qui me guérit. Ensuite la petite pierre me fut retirée.
20." Pendant la seconde enquête à laquelle on me soumit, je donnai à la gardienne deux thalers afin qu'elle allât pour moi en pèlerinage à Telgt et y fit dire deux messes à mon intention. La servante de la maison me prêta les deux thalers et je les remis à cette femme. Aussitôt après je trouvai deux thalers dans mon lit. J'en fus très troublée et je me fis montrer par la gardienne les deux thalers que je lui avais remis. Quand je les eus vus et reconnus, je sentis distinctement qu'une faveur que Dieu m'avait faite souvent dans des temps antérieurs s'était renouvelée pour moi et j'employai les deux thalers ainsi trouvés à payer ma dette envers la servante.
21." Les remèdes dont j'avais besoin m'étaient donnés par mon conducteur, quelquefois aussi par mon fiancé céleste, par Marie ou par les bons saints. Je les recevais tantôt dans des flacons très brillants, tantôt sous la forme de fleurs, de boutons, d'herbes, et même de petites bouchées. Au chevet de ma couche était un petit escabeau de bois sur lequel je trouvais ces remèdes merveilleux, soit pendant mes visions, soit même à l'état naturel de veille. Souvent aussi de petits bouquets de plantes d'une beauté indicible et d'une odeur délicieuse se trouvaient placés près de moi dans mon lit, ou bien je les avais à la main quand je revenais à moi. Je palpais les feuilles avec leur verdure fraîche et tendre, et je savais quel usage j'en devais faire. Quelquefois leur bonne odeur suffisait pour me fortifier d'autres fois je devais en manger ou verser de l'eau dessus et boire cette eau. Cela me soulageait toujours beaucoup, et je me trouvais ensuite capable de toute espèce de travail pour un temps plus ou moins long.
22." Je recevais aussi des images, des figures ou des pierres par l'intermédiaire de personnages qui m'apparaissaient et m'enseignaient quel usage je devais faire de ces dons. Plusieurs fois des présents de ce genre me furent remis dans la main ou posés sur la poitrine, et j'en fus soulagée et fortifiée. Il y en eut que je pus conserver assez longtemps, je pus même m'en servir pour guérir d'autres personnes : je les employais ainsi ou je les donnais, mais je n'ai jamais dit d'où ils m'étaient venus. Tous ces dons sont pour moi des incidents essentiels et très certains de ma vie ; mais je ne puis expliquer comment cela se faisait. Cela se faisait en réalité et, j'usais de tout cela comme d'une réalité, en l'honneur de Celui qui me l'envoyait dans sa miséricorde.
23." Étant novice, un jour que j'étais à genoux devant le Saint-Sacrement et que j'y priais, les bras étendus, je reçus dans la main un joli petit portrait de sainte Catherine qui était comme peint sur parchemin. Je l'ai gardé longtemps, puis je le donnai à une bonne fille qui me demandait un souvenir et qui désirait bien se faire religieuse, mais qui ne put pas y parvenir. Lorsque la pauvre enfant mourut, elle fit mettre la petite image sur sa poitrine dans le cercueil.
24." Dans une maladie postérieure, je reçus de mon fiancé céleste une pierre transparente, en forme de cœur et plus grosse qu'un écu, dans laquelle se trouvait, comme une formation naturelle, l'image de Marie avec l'enfant Jésus, de couleur rouge, bleue et or. La pierre était polie et dure ; mais la petite image était très jolie, et sa vue me fit un tel bien que j'en guéris. Je l'enveloppai dans un petit sachet en peau, et je la portai longtemps sur moi, mais elle me fut retirée. Plus tard, je reçus de mon fiancé un anneau qu'il me mit au doigt. Il y avait une pierre précieuse où était gravé le portrait de sa très sainte Mère. Je pus le conserver longtemps, jusqu'à ce qu'il me fût retiré du doigt par lui-même.
25." J'ai aussi reçu un don semblable du saint patron de mon ordre. C'était le jour de sa fête, et j'étais au lit, souffrant beaucoup. L'heure approchait où la communauté devait aller recevoir la communion. Personne ne croyait que je pusse y prendre part, mais il me sembla alors qu'on m'appelait ; j'allai à l'église et je reçus avec les autres le très saint Sacrement. Revenue dans ma cellule, je tombai en défaillance et je fus, je ne sais comment, soulevée et posée sur mon lit toute habillée. Alors, saint Augustin m'apparut et me donna une petite pierre brillante ayant la forme d'une fève, de laquelle sortait, comme un germe, un cœur rouge surmonté d'une petite croix. Il me fut en outre annoncé que le cœur devait devenir aussi transparent que la pierre brillante. Lorsque je m'éveillai, je trouvai la petite pierre dans ma main. Je la mis dans mon verre et je bus longtemps de l'eau versée dessus, ce qui me guérit. Ensuite la petite pierre me fut retirée.
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26." Il y eut un autre présent que je pus garder sept mois, tant que dura une grande maladie qui ne me permettait pas de me lever. Pendant tout ce temps, je ne pus prendre aucune espèce de nourriture, en sorte que les sœurs ne pouvaient pas comprendre de quoi je vivais. La sœur infirmière me portait tous les jours à manger, mais je ne pouvais toucher à rien. Or, j'avais reçu, par une apparition de la Mère de Dieu, un autre aliment que je trouvai dans ma main en m'éveillant de ma vision. C'était comme une grande hostie, d'une blancheur éblouissante, toutefois plus épaisse et plus tendre qu'une hostie ordinaire et sur laquelle était l'image de la sainte Vierge avec des lettres. Je fus saisie d'un grand respect comme devant des reliques ou devant une chose très sainte. Elle avait une odeur extrêmement agréable, et pendant la nuit je la voyais lumineuse. Je la gardai près de moi, cachée dans mon lit et, pendant sept mois, j'en mangeai les jours de petites parcelles qui me réconfortaient beaucoup. A la fin, elle disparut et je fus très inquiète, comme si j'eusse laissé perdre cette manne céleste. Elle avait une saveur très douce, cependant ce n'était pas la saveur du très-saint Sacrement.
27. Une nuit que je priais la sainte Vierge, agenouillée devant la table de ma cellule, je vis une femme resplendissante de lumière passer à travers la porte fermée, s'avancer jusqu'au petit coté de la table, et s'agenouiller comme pour prier. J'eus un moment d'effroi, cependant je restai à prier tranquillement. Alors la figure agenouillée posa devant moi une petite image sculptée de la Mère de Dieu, haute comme la main et d'une blancheur éclatante ; puis elle laissa sa main ouverte reposer quelques moments sur la table derrière l'image. Je me retirai un peu en arrière par timidité, alors la main rapprocha du moi la petite image à laquelle je rendis hommage intérieurement. L'apparition s'évanouit, mais la petite image resta. C'était la figure d'une mère debout, tenant son enfant dans ses bras : elle était d'une beauté admirable et semblait être en ivoire. Je l'ai longtemps portée sur moi avec un grand respect : plus tard, sur un avertissement intérieur, je l'ai donnée à un prêtre étranger auquel elle fut retirée au moment de sa mort.
27. Une nuit que je priais la sainte Vierge, agenouillée devant la table de ma cellule, je vis une femme resplendissante de lumière passer à travers la porte fermée, s'avancer jusqu'au petit coté de la table, et s'agenouiller comme pour prier. J'eus un moment d'effroi, cependant je restai à prier tranquillement. Alors la figure agenouillée posa devant moi une petite image sculptée de la Mère de Dieu, haute comme la main et d'une blancheur éclatante ; puis elle laissa sa main ouverte reposer quelques moments sur la table derrière l'image. Je me retirai un peu en arrière par timidité, alors la main rapprocha du moi la petite image à laquelle je rendis hommage intérieurement. L'apparition s'évanouit, mais la petite image resta. C'était la figure d'une mère debout, tenant son enfant dans ses bras : elle était d'une beauté admirable et semblait être en ivoire. Je l'ai longtemps portée sur moi avec un grand respect : plus tard, sur un avertissement intérieur, je l'ai donnée à un prêtre étranger auquel elle fut retirée au moment de sa mort.
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28." Je reçus une fois de Marie une fleur merveilleuse qui s'épanouissait lorsqu'elle était dans l'eau. Fermée, elle ressemblait à un bouton de rose ; mais en s'ouvrant, elle déployait de petites feuilles de couleurs variées et très délicates, lesquelles se rapportaient aux divers effets spirituels que cette fleur devait produire en moi. Elle avait un parfum d'une suavité inexprimable. Je la mis dans mon verre et pendant plus d'un mois je bus l'eau qui l'avait arrosée. A la fin je fus inquiète de savoir où je devais porter ce don salutaire pour qu'il ne fût pas profané ; alors je fus avertie en vision qu'il fallait faire tresser une nouvelle couronne pour l'image de la Mère de Dieu qui était dans l'église du couvent et y faire entrer la petite fleur. Quand j'en parlai à la supérieure et au confesseur, ils exigèrent que j'épargnasse mon argent et que j'attendisse encore avant de donner suite à mon projet. Mais il me fut ordonné encore une fois de ne pas tarder plus longtemps ; sur quoi le confesseur donna la permission demandée. Je fis préparer la couronne au couvent des Clarisses de Munster, et j'y attachai ensuite la fleur. Comme les sœurs n'étaient pas assez attentives à maintenir en bon état l'habillement de la statue de Marie, je ne cessai pas d'avoir l'oeil sur la couronne. J'y aperçus la petite fleur jusqu'à la suppression du couvent : alors elle disparut et il me fut montré en vision qu'elle avait été transportée dans un autre endroit.
29." Je me souviens qu'une fois je reçus de mon guide un flacon plein de baume. C'était une liqueur blanchâtre et ressemblant à de l'huile épaisse. Je m'en servis lors d'une grave blessure que me fit une corbeille pleine de linge mouillé en tombant sur moi, et je pus aussi guérir avec ce baume d'autres pauvres malades. Le flacon était en forme de poire avec un col mince et allongé ; sa grosseur était à peu près celle d'une fiole à potions. Il était d'une matière très transparente, et je l'eus longtemps dans mon armoire. A une autre époque, je reçus aussi de petits morceaux d'un aliment très doux au goût, dont je mangeai pendant assez longtemps et dont je donnai à des pauvres pour les guérir. La supérieure en ayant trouvé chez moi me fit une réprimande parce que je ne sus pas lui dire d'où ils me venaient."
29." Je me souviens qu'une fois je reçus de mon guide un flacon plein de baume. C'était une liqueur blanchâtre et ressemblant à de l'huile épaisse. Je m'en servis lors d'une grave blessure que me fit une corbeille pleine de linge mouillé en tombant sur moi, et je pus aussi guérir avec ce baume d'autres pauvres malades. Le flacon était en forme de poire avec un col mince et allongé ; sa grosseur était à peu près celle d'une fiole à potions. Il était d'une matière très transparente, et je l'eus longtemps dans mon armoire. A une autre époque, je reçus aussi de petits morceaux d'un aliment très doux au goût, dont je mangeai pendant assez longtemps et dont je donnai à des pauvres pour les guérir. La supérieure en ayant trouvé chez moi me fit une réprimande parce que je ne sus pas lui dire d'où ils me venaient."
Re: Vie d'Anne Catherine Emmerich - Tome1
30. Au mois d'octobre de l'an 1805, Anne Catherine fut chargée d'aider une des sœurs (voir chap. 36) à faire monter au grenier, pour y sécher, le linge mouillé du couvent. Elle était debout au trou du plafond pour recevoir les paniers pleins de linge à mesure qu'ils arrivaient. La sœur placée au-dessous, qui avait à les hisser lâcha la corde par inadvertance au moment où Anne Catherine voulait prendre un de ces pesants paniers et le déposer sur le plancher. Celle-ci courut par là le danger de tomber sur la sœur avec ce fardeau beaucoup trop lourd pour elle : heureusement elle en fut préservée par son ange qui saisit aussitôt la corde abandonnée à elle-même. Mais le violent effort qu'elle fit la jeta à la renverse sur le plancher et le panier tomba sur sa hanche gauche. Il en résulta diverses meurtrissures à l'os de la hanche ainsi qu'à d'autres parties du corps, et ces lésions auraient eu certainement des suites fatales, si Dieu ne lui avait conservé la vie par une assistance toute particulière. Il fut bientôt évident que cet accident, fortuit en apparence, avait été ordonné de Dieu comme quelque chose d'aussi important dans sa vie que la chute sur la glace dans celle de Lidwine : car non seulement cette addition à ses infirmités corporelles amena un accroissement extraordinaire de ses souffrances expiatoires, mais les suites incurables de ces meurtrissures lui procurèrent des occasions continuelles de supporter pour l'amour de Dieu les humiliations les plus pénibles. Ainsi, à dater de ce moment, elle ne put plus sonner la cloche du couvent, comme sous-sacristine, qu'avec une extrême difficulté. Plusieurs fois même il lui fut impossible de s'acquitter de cette charge, ce qui la fit accuser d'orgueil et de paresse. Mais, en réalité, c'était pour elle une grande privation que de ne pouvoir plus sonner la cloche : car cet office était à ses yeux une forme de prière si grave et si auguste qu'elle semblait, en le remplissant, oublier ses cruelles souffrances.
" Quand je sonnais la cloche bénite, disait-elle un jour, je me sentais tout heureuse, comme si j'eusse par là répandu la bénédiction et appelé à haute voix toutes les personnes d'alentour à louer Dieu. J'unissais à chaque son de la cloche mes soupirs et ma prière, afin que ce son pût chasser le mal du cœur de tous ceux qui l'entendaient et les excite à glorifier Dieu. J'aurais aimé à sonner beaucoup plus : longtemps que je ne le devais et qu'il ne m'était prescrit."
Qui ne voit que la tendre dévotion de cette pauvre religieuse sonnant la cloche, au milieu de tant de souffrances, devait, aux yeux de Dieu, servir d'expiation pour les ignobles violences de cette époque incrédule, qui proscrivait avec une fureur presque inexplicable l'usage des cloches bénites.
31. Il était aussi devenu très pénible et parfois tout à fait impossible pour elle de travailler au jardin, de laver et de repasser le linge de l'autel et de la sacristie. Dieu seul peut savoir quels efforts elle s'imposait pour faire la lessive de l'église, malgré ses cruelles souffrances. Mais le fait suivant montre comment son zèle était récompensé. Un jour qu'elle repassait les aubes avec quelques autres sœurs, le fer brûlant tomba de ses mains sur une aube. Tremblant qu'elle ne fût brûlée, elle saisit courageusement le fer, après avoir invoqué intérieurement le secours de Dieu, le retira de dessus l'aube et le posa sur le plancher où il fit un trou, mais ni l'aube, ni la main ne furent endommagées. Et pourtant ses mains étaient si délicates et tellement amaigries par des douleurs locales continuelles, qu'elle put dire un jour : " Pendant que j'étais encore au couvent, mes mains me faisaient toujours beaucoup souffrir. Je les mettais au soleil et elles étaient si maigres que les rayons passaient au travers comme des flèches."
" Quand je sonnais la cloche bénite, disait-elle un jour, je me sentais tout heureuse, comme si j'eusse par là répandu la bénédiction et appelé à haute voix toutes les personnes d'alentour à louer Dieu. J'unissais à chaque son de la cloche mes soupirs et ma prière, afin que ce son pût chasser le mal du cœur de tous ceux qui l'entendaient et les excite à glorifier Dieu. J'aurais aimé à sonner beaucoup plus : longtemps que je ne le devais et qu'il ne m'était prescrit."
Qui ne voit que la tendre dévotion de cette pauvre religieuse sonnant la cloche, au milieu de tant de souffrances, devait, aux yeux de Dieu, servir d'expiation pour les ignobles violences de cette époque incrédule, qui proscrivait avec une fureur presque inexplicable l'usage des cloches bénites.
31. Il était aussi devenu très pénible et parfois tout à fait impossible pour elle de travailler au jardin, de laver et de repasser le linge de l'autel et de la sacristie. Dieu seul peut savoir quels efforts elle s'imposait pour faire la lessive de l'église, malgré ses cruelles souffrances. Mais le fait suivant montre comment son zèle était récompensé. Un jour qu'elle repassait les aubes avec quelques autres sœurs, le fer brûlant tomba de ses mains sur une aube. Tremblant qu'elle ne fût brûlée, elle saisit courageusement le fer, après avoir invoqué intérieurement le secours de Dieu, le retira de dessus l'aube et le posa sur le plancher où il fit un trou, mais ni l'aube, ni la main ne furent endommagées. Et pourtant ses mains étaient si délicates et tellement amaigries par des douleurs locales continuelles, qu'elle put dire un jour : " Pendant que j'étais encore au couvent, mes mains me faisaient toujours beaucoup souffrir. Je les mettais au soleil et elles étaient si maigres que les rayons passaient au travers comme des flèches."
Re: Vie d'Anne Catherine Emmerich - Tome1
32. La préparation des hosties était aussi pour elle excessivement pénible à cause de la pesanteur du moule en fer dont elle se servait. C'était, à ses yeux, une importante, ou, pour mieux dire, une sainte fonction dont elle s'acquittait toujours avec respect et en priant continuellement. Un jour, elle était au lit, très malade ; il fallait mettre au four de nouvelles hosties, et comme elle était dans l'impossibilité de se livrer à ce travail, cela l'attristait beaucoup. Elle implora alors le secours de Dieu, sortit de son lit à grand'peine, se traîna dans l'église et pria de nouveau devant le Saint-Sacrement, afin d'obtenir la force nécessaire pour apprêter les hosties. Elle se sentit bientôt toute baignée de sueur, mais suffisamment forte pour faire son office de boulangère. Toutefois, elle ne fut pas seule à travailler : car son ange lui vint en aide. A peine eut-elle fini qu'elle se retrouva aussi malade qu'auparavant, et ce ne fut qu'à grand'peine qu'elle put regagner sa cellule.
33. Après l'accident occasionné par le panier de linge, Anne Catherine fut forcée de garder le lit jusqu'en janvier 1806. Vers ce temps, les douleurs autour du creux de l'estomac augmentèrent tellement qu'elles amenèrent de fréquents vomissements de sang. Quoiqu'il y eût quelques interruptions, ils se renouvelaient de temps en temps avec tant de violence que, pendant son travail, le sang lui sortait de la bouche, quelquefois avec une abondance qui faisait craindre aux sœurs une hémorragie mortelle.
34. Celles-ci ayant pu se convaincre à plusieurs reprises qu'Anne Catherine se remettait promptement de certaines défaillances qui pourtant avaient semblé annoncer une mort prochaine, ou du moins qu'elle recouvrait assez de force pour retourner à ses travaux contre toute attente, se persuadèrent de plus en plus qu'en général toutes ses maladies étaient sans gravité et qu'aucun mal, si terrible qu'il fût en apparence, ne pouvait lui causer un grand préjudice. On peut s'imaginer à quoi se réduisait, avec cette manière de voir, le soin qu'on prenait d'elle quand elle souffrait. Les religieuses s'étaient habituées à ne plus guère penser à Anne Catherine, lorsqu'elle était hors d'état de quitter sa cellule on son lit ; aussi pouvait-il arriver facilement que, pendant le froid de l'hiver, la paille de son lit gelât contre le mur humide de sa cellule ou que la pauvre malade, en proie aux ardeurs de la fièvre, soupirât inutilement après un verre d'eau fraîche. Une personne compatissante de Dulmen entendit parler de cet état de détresse et en informa le duc de Croy, qui fit établir dans le couvent une infirmerie chauffée par un poêle, afin qu'Anne Catherine pût y être transportée.
35. En 1813, le médecin du couvent déposa ce qui suit devant l'autorité ecclésiastique
" La sœur Emmerich, pendant ses maladies, n'était pas soignée au couvent comme elle aurait dû l'être. Je la trouvai une fois, après une très forte transpiration, tremblant de froid dans son lit. Elle n'avait pas de linge blanc pour changer ; sa chemise et les draps de son lit, tout trempés de sa sueur, étaient gelés et raides. La plupart des religieuses se plaignaient souvent de la charge que les fréquentes maladies de la sœur Emmerich faisaient peser sur la communauté, et indisposaient quelquefois par là l'infirmière, la révérende nièce et celle des sœurs qui étaient mieux disposées pour la malade.
" Au commencement du mois de mars de l'année 1810, elle fut prise d'une violente fièvre nerveuse. Pendant cette grave maladie qui dura plus de deux mois et pendant laquelle elle resta couchée dans sa froide cellule, elle eut à souffrir cruellement. Des transpirations excessives, de forts évanouissements, des convulsions et de violentes douleurs se succédèrent plus ou moins pendant ce temps."
33. Après l'accident occasionné par le panier de linge, Anne Catherine fut forcée de garder le lit jusqu'en janvier 1806. Vers ce temps, les douleurs autour du creux de l'estomac augmentèrent tellement qu'elles amenèrent de fréquents vomissements de sang. Quoiqu'il y eût quelques interruptions, ils se renouvelaient de temps en temps avec tant de violence que, pendant son travail, le sang lui sortait de la bouche, quelquefois avec une abondance qui faisait craindre aux sœurs une hémorragie mortelle.
34. Celles-ci ayant pu se convaincre à plusieurs reprises qu'Anne Catherine se remettait promptement de certaines défaillances qui pourtant avaient semblé annoncer une mort prochaine, ou du moins qu'elle recouvrait assez de force pour retourner à ses travaux contre toute attente, se persuadèrent de plus en plus qu'en général toutes ses maladies étaient sans gravité et qu'aucun mal, si terrible qu'il fût en apparence, ne pouvait lui causer un grand préjudice. On peut s'imaginer à quoi se réduisait, avec cette manière de voir, le soin qu'on prenait d'elle quand elle souffrait. Les religieuses s'étaient habituées à ne plus guère penser à Anne Catherine, lorsqu'elle était hors d'état de quitter sa cellule on son lit ; aussi pouvait-il arriver facilement que, pendant le froid de l'hiver, la paille de son lit gelât contre le mur humide de sa cellule ou que la pauvre malade, en proie aux ardeurs de la fièvre, soupirât inutilement après un verre d'eau fraîche. Une personne compatissante de Dulmen entendit parler de cet état de détresse et en informa le duc de Croy, qui fit établir dans le couvent une infirmerie chauffée par un poêle, afin qu'Anne Catherine pût y être transportée.
35. En 1813, le médecin du couvent déposa ce qui suit devant l'autorité ecclésiastique
" La sœur Emmerich, pendant ses maladies, n'était pas soignée au couvent comme elle aurait dû l'être. Je la trouvai une fois, après une très forte transpiration, tremblant de froid dans son lit. Elle n'avait pas de linge blanc pour changer ; sa chemise et les draps de son lit, tout trempés de sa sueur, étaient gelés et raides. La plupart des religieuses se plaignaient souvent de la charge que les fréquentes maladies de la sœur Emmerich faisaient peser sur la communauté, et indisposaient quelquefois par là l'infirmière, la révérende nièce et celle des sœurs qui étaient mieux disposées pour la malade.
" Au commencement du mois de mars de l'année 1810, elle fut prise d'une violente fièvre nerveuse. Pendant cette grave maladie qui dura plus de deux mois et pendant laquelle elle resta couchée dans sa froide cellule, elle eut à souffrir cruellement. Des transpirations excessives, de forts évanouissements, des convulsions et de violentes douleurs se succédèrent plus ou moins pendant ce temps."
Re: Vie d'Anne Catherine Emmerich - Tome1
36. Lorsqu'Anne Catherine elle-même fut obligée ; pour obéir aux supérieurs ecclésiastiques, de rendre compte de la manière dont elle avait été soignée au couvent pendant ses maladies, elle s'exprima ainsi
" Au commencement, lorsque j'entrai au couvent, il me sembla qu'en général on prenait peu de soin des malades. Il n'y avait pas de pièce particulière pour elles, jusqu'au moment où le duc de Croy, ayant appris que les malades étaient obligées de rester couchées dans leur cellule ordinaire, qu'elles y étaient sans feu pendant l'hiver et assez mal soignées, non seulement s'occupa de faire établir une infirmerie, mais encore donna un poêle pour la chauffer. Deux fois j'ai été malade et soignée par ma sœur Soentgen autant que le lui permettaient les leçons qu'elle avait à donner. Ma sœur Neuhaus aussi m'a donné les mêmes soins charitables pendant ma maladie, lorsque Soentgen en était empêchée. Tant que j'ai été soignée par ces deux personnes, je n'ai pas eu à me plaindre d'être molestée ou de n'être pas convenablement assistée, quoique toutes les deux, à cause de la charité qu'elles me témoignaient, eussent à supporter plus d'un désagrément de la part de quelques autres de nos sœurs peu favorablement disposées pour moi. Ensuite, la sœur E. . . fut nommée infirmière, et celle-là m'a trop souvent donné lieu de me plaindre à cause de ses singuliers caprices et de sa négligence à s'acquitter de ses fonctions au lit des malades. Souvent, quand elle aurait du venir me visiter, elle allait dans sa cellule pour y travailler à sa fantaisie : souvent, le matin, elle me laissait si longtemps dans mon lit, sans s'occuper de moi, que je tremblais de froid dans ma chemise toute trempée de sueur, et qu'en outre, ne pouvant m'aider moi-même, j'avais à endurer une soif insupportable et d'autres incommodités douloureuses. J'ai souvent porté plainte à la révérende mère, non seulement de la conduite d'E. . . à mon égard, mais de ce qu'on me laissait manquer des choses les plus nécessaires. Je l'ai fait d'après l'avis de mon confesseur : mais cela ne m'a guère servi, parce que la révérende mère ne m'était pas très favorable. Quelquefois elle faisait droit à mes réclamations : d'autres fois, elle me répondait que le couvent était trop pauvre pour procurer aux malades tout ce qu'il leur fallait, et que je n'étais jamais contente. Je dois dire aussi à sa décharge qu'elle avait peu de compassion pour moi dans mes maladies, parce qu'elle ne me croyait pas aussi malade que je l'étais réellement ; j'ajouterai qu'elle prenait plus de soin des malades qu'on ne le faisait autrefois, à ce que disaient les plus anciennes des religieuses, et même qu'à cause de cela elle a pu avoir à éprouver des désagréments de la part de l'une ou de l'autre."
Cette infirmière était précisément la personne à laquelle Anne Catherine s'attacha à rendre les services les plus affectueux quand, atteinte elle-même de maux qui excitaient le dégoût, elle était évitée de tout le monde dans le couvent à cause de son caractère acariâtre. Ce fut pour Anne Catherine l'occasion toujours bienvenue, non seulement de payer par les marques de la bonté la plus touchante les mauvais traitements qu'elle avait reçus, mais encore de s'en attirer par là de nouveaux, supportés avec une charité encore plus grande.
" Au commencement, lorsque j'entrai au couvent, il me sembla qu'en général on prenait peu de soin des malades. Il n'y avait pas de pièce particulière pour elles, jusqu'au moment où le duc de Croy, ayant appris que les malades étaient obligées de rester couchées dans leur cellule ordinaire, qu'elles y étaient sans feu pendant l'hiver et assez mal soignées, non seulement s'occupa de faire établir une infirmerie, mais encore donna un poêle pour la chauffer. Deux fois j'ai été malade et soignée par ma sœur Soentgen autant que le lui permettaient les leçons qu'elle avait à donner. Ma sœur Neuhaus aussi m'a donné les mêmes soins charitables pendant ma maladie, lorsque Soentgen en était empêchée. Tant que j'ai été soignée par ces deux personnes, je n'ai pas eu à me plaindre d'être molestée ou de n'être pas convenablement assistée, quoique toutes les deux, à cause de la charité qu'elles me témoignaient, eussent à supporter plus d'un désagrément de la part de quelques autres de nos sœurs peu favorablement disposées pour moi. Ensuite, la sœur E. . . fut nommée infirmière, et celle-là m'a trop souvent donné lieu de me plaindre à cause de ses singuliers caprices et de sa négligence à s'acquitter de ses fonctions au lit des malades. Souvent, quand elle aurait du venir me visiter, elle allait dans sa cellule pour y travailler à sa fantaisie : souvent, le matin, elle me laissait si longtemps dans mon lit, sans s'occuper de moi, que je tremblais de froid dans ma chemise toute trempée de sueur, et qu'en outre, ne pouvant m'aider moi-même, j'avais à endurer une soif insupportable et d'autres incommodités douloureuses. J'ai souvent porté plainte à la révérende mère, non seulement de la conduite d'E. . . à mon égard, mais de ce qu'on me laissait manquer des choses les plus nécessaires. Je l'ai fait d'après l'avis de mon confesseur : mais cela ne m'a guère servi, parce que la révérende mère ne m'était pas très favorable. Quelquefois elle faisait droit à mes réclamations : d'autres fois, elle me répondait que le couvent était trop pauvre pour procurer aux malades tout ce qu'il leur fallait, et que je n'étais jamais contente. Je dois dire aussi à sa décharge qu'elle avait peu de compassion pour moi dans mes maladies, parce qu'elle ne me croyait pas aussi malade que je l'étais réellement ; j'ajouterai qu'elle prenait plus de soin des malades qu'on ne le faisait autrefois, à ce que disaient les plus anciennes des religieuses, et même qu'à cause de cela elle a pu avoir à éprouver des désagréments de la part de l'une ou de l'autre."
Cette infirmière était précisément la personne à laquelle Anne Catherine s'attacha à rendre les services les plus affectueux quand, atteinte elle-même de maux qui excitaient le dégoût, elle était évitée de tout le monde dans le couvent à cause de son caractère acariâtre. Ce fut pour Anne Catherine l'occasion toujours bienvenue, non seulement de payer par les marques de la bonté la plus touchante les mauvais traitements qu'elle avait reçus, mais encore de s'en attirer par là de nouveaux, supportés avec une charité encore plus grande.
Re: Vie d'Anne Catherine Emmerich - Tome1
37. La seule nourriture terrestre dont Anne Catherine ressentit le besoin, lorsqu'elle pouvait sortir de son lit, aller au choeur et au travail, était le thé ou un café léger." Souvent, déposa-t-elle devant le doyen Rensing, j'ai passé plusieurs nuits de suite sans sommeil. Rarement, très rarement, j'ai un peu dormi : mon sommeil n'était le plus souvent qu'un assoupissement léger et fréquemment interrompu. Il résultait de là, surtout quand j'avais en outre de fortes sueurs, que je me trouvais très mal le matin et que je ne pouvais pas me lever pour aller à matines. Mais aussitôt que j'avais pris un peu de café et qu'ensuite j'avais entendu la messe, je me trouvais en état de vaquer à mes travaux. C'est pourquoi les sœurs se moquaient si souvent de moi à cause de mes maladies qu'elles disaient simulées, on imaginaires, ou très exagérées."
D'après un usage établi dans le couvent, les religieuses devaient pourvoir elles-mêmes à leur déjeuner. Mais, comme Anne Catherine n'avait ni argent, ni provision de café, elle allait le matin avec sa petite cafetière dans la cuisine, où elle recueillait les restes de café que les sœurs avaient laissé tomber, et se faisait avec cela une boisson qu'elle prenait sans sucre. Clara Soentgen, à laquelle nous devons la connaissance de ces détails, avait quelquefois pitié d'elle et partageait avec elle son déjeuner : mais cela ne dura pas longtemps, parce que, d'après ses propres aveux, Clara s'en laissa dissuader par les propos des autres sœurs. Alors l'assistance vint d'ailleurs : car, un jour, Anne Catherine revenant du choeur dans sa cellule qu'elle avait laissée fermée, trouva sur la dalle du chambranle de la fenêtre deux thalers qu'elle porta aussitôt à la supérieure, et celle-ci l'autorisa à se procurer avec cet argent une petite provision de café qui lui suffit pour longtemps.
38. Clara Soentgen en 1813 déposa devant les supérieurs ecclésiastiques touchant un autre cas du même genre
" Depuis que j'avais fait connaissance avec Anne Catherine Emmerich, dit-elle, je remarquais que c'était pour elle une grande joie de pouvoir donner quelque chose aux pauvres. Avant d'entrer au couvent, elle avait donné tout ce qu'elle avait : elle fit de même au couvent. Je lui demandai un jour pourquoi elle faisait cela, étant elle-même dans le besoin." Ah ! Me dit-elle, je reçois toujours plus que je ne donne !" J'ai souvent vu, à mon grand étonnement, que c'était la vérité.
" Un matin elle se leva, n'ayant ni café, ni argent pour s'en procurer. Elle va au choeur après avoir fermé sa cellule et, quand elle revient, elle voit de l'argent sur la fenêtre. Il était étalé avec beaucoup d'ordre et il y avait de grandes pièces de deux gros. Cela lui arriva encore une autre fois.
" Elle n'avait pas de plus grande joie que de pouvoir rendre à ses sœurs un service charitable. On pouvait lui demander ce qu'on voulait ; elle donnait avec joie, même ce qui lui eût été le plus nécessaire. Elle se montrait surtout bonne pour celles qu'elle savait lui être contraires."
D'après un usage établi dans le couvent, les religieuses devaient pourvoir elles-mêmes à leur déjeuner. Mais, comme Anne Catherine n'avait ni argent, ni provision de café, elle allait le matin avec sa petite cafetière dans la cuisine, où elle recueillait les restes de café que les sœurs avaient laissé tomber, et se faisait avec cela une boisson qu'elle prenait sans sucre. Clara Soentgen, à laquelle nous devons la connaissance de ces détails, avait quelquefois pitié d'elle et partageait avec elle son déjeuner : mais cela ne dura pas longtemps, parce que, d'après ses propres aveux, Clara s'en laissa dissuader par les propos des autres sœurs. Alors l'assistance vint d'ailleurs : car, un jour, Anne Catherine revenant du choeur dans sa cellule qu'elle avait laissée fermée, trouva sur la dalle du chambranle de la fenêtre deux thalers qu'elle porta aussitôt à la supérieure, et celle-ci l'autorisa à se procurer avec cet argent une petite provision de café qui lui suffit pour longtemps.
38. Clara Soentgen en 1813 déposa devant les supérieurs ecclésiastiques touchant un autre cas du même genre
" Depuis que j'avais fait connaissance avec Anne Catherine Emmerich, dit-elle, je remarquais que c'était pour elle une grande joie de pouvoir donner quelque chose aux pauvres. Avant d'entrer au couvent, elle avait donné tout ce qu'elle avait : elle fit de même au couvent. Je lui demandai un jour pourquoi elle faisait cela, étant elle-même dans le besoin." Ah ! Me dit-elle, je reçois toujours plus que je ne donne !" J'ai souvent vu, à mon grand étonnement, que c'était la vérité.
" Un matin elle se leva, n'ayant ni café, ni argent pour s'en procurer. Elle va au choeur après avoir fermé sa cellule et, quand elle revient, elle voit de l'argent sur la fenêtre. Il était étalé avec beaucoup d'ordre et il y avait de grandes pièces de deux gros. Cela lui arriva encore une autre fois.
" Elle n'avait pas de plus grande joie que de pouvoir rendre à ses sœurs un service charitable. On pouvait lui demander ce qu'on voulait ; elle donnait avec joie, même ce qui lui eût été le plus nécessaire. Elle se montrait surtout bonne pour celles qu'elle savait lui être contraires."
Re: Vie d'Anne Catherine Emmerich - Tome1
39. Plus tard elle reçut d'une bienfaitrice deux livres de café pour le jour de sa fête. Elle fit son déjeuner avec cela pendant toute une année sans que la provision diminuât, en sorte qu'elle s'en réjouissait souvent de tout son cœur. Mais, ayant été attaquée d'une maladie qui dura longtemps et pendant laquelle elle reçut des remèdes d'un ordre supérieur, le don de cet aliment terrestre cessa.
40." Un jour, raconta Anne Catherine, le vieux comte de Galen me força de prendre deux pièces d'or que je devais donner aux pauvres pour lui. Je les fis changer en petite monnaie avec laquelle je fis faire des vêtements et des chaussures que je distribuai. Il y eut sur cet argent une merveilleuse bénédiction de Dieu, car, toutes les fois que je l'avais distribué en détail, je retrouvais les deux pièces d'or dans ma poche et je les faisais de nouveau changer. Cela dura bien un an, et avec cet argent j'assistai beaucoup de pauvres. Cette grâce prit fin pendant une maladie par suite de laquelle je restai deux mois sans pouvoir faire un mouvement et le plus souvent sans avoir ma connaissance : comme toutes les autres s'emparaient de mes effets, Dieu retira ce qui aurait pu scandaliser.
40." Un jour, raconta Anne Catherine, le vieux comte de Galen me força de prendre deux pièces d'or que je devais donner aux pauvres pour lui. Je les fis changer en petite monnaie avec laquelle je fis faire des vêtements et des chaussures que je distribuai. Il y eut sur cet argent une merveilleuse bénédiction de Dieu, car, toutes les fois que je l'avais distribué en détail, je retrouvais les deux pièces d'or dans ma poche et je les faisais de nouveau changer. Cela dura bien un an, et avec cet argent j'assistai beaucoup de pauvres. Cette grâce prit fin pendant une maladie par suite de laquelle je restai deux mois sans pouvoir faire un mouvement et le plus souvent sans avoir ma connaissance : comme toutes les autres s'emparaient de mes effets, Dieu retira ce qui aurait pu scandaliser.
Re: Vie d'Anne Catherine Emmerich - Tome1
41. Par une disposition toute particulière de Dieu, malgré les souffrances incessantes auxquelles Anne Catherine était en proie dans le couvent, les personnes les plus diverses venaient la trouver et lui demander son assistance pour leur détresse ou leurs infirmités. Plus un malade était délaissé et plus son état était triste, plus il pouvait être certain de recevoir d'elle les marques de charité les plus touchantes. C'étaient le plus souvent de pauvres gens de la classe inférieure qui imploraient le secours de la religieuse malade : mais les sœurs du couvent savaient aussi avec quelle charité elles seraient accueillies si elles lui demandaient un service ou faisaient seulement mine de ne pas le repousser, en sorte qu'Anne Catherine ne manquait jamais d'occasions de servir son fiancé céleste dans la personne des malades, des infirmes, des nécessiteux. L'excès de ses propres souffrances semblait agrandir à l'infini sa tendre compassion pour les souffrances bien moindres des autres : car le désir de servir et d'aider autrui et le plaisir qu'elle y trouvait faisaient d'elle comme une personne forte et vigoureuse, lors même qu'elle était encore malade et dans un misérable état. Ainsi, cette pieuse fille à laquelle, d'habitude, on, n'accordait pas les moindres soins, ni la moindre attention, ne pouvait mettre de bornes à son zèle charitable quand il s'agissait de soulager les maux d'autrui. Elle avait le sentiment de ce qui pouvait faire du bien aux autres ; elle voyait la nature et le siège du mal, quels étaient les remèdes les mieux appropriés, et répandait un souffle de bénédiction sur tout ce qu'elle soignait en priant, et touchait de ses mains bienfaisantes. Elle montrait une patience si affectueuse, une mansuétude si sereine, une sollicitude si inventive, même auprès des malades irritables, grondeurs et impatients, que tous oubliaient trop facilement qu'elle-même n'était pas dans sa vie un instant sans souffrir. Elle savait, par l'impression irrésistible de sa bonté toujours aimable, vaincre la résistance de malades opiniâtres près desquels le médecin du couvent lui-même l'appelait, lorsque personne ne pouvait en venir à bout.
42. Parmi les pensionnaires du couvent se trouvait une jeune personne faible d'esprit, nommée K. . . et native de M. . . , qui, ayant à la nuque un abcès d'une mauvaise nature, s'échappait des mains du médecin quand il voulait lui mettre un bandage et repoussait tout ce qu'il voulait faire pour sa guérison. Alors la supérieure fit venir Anne Catherine à laquelle la malade obéit de bonne grâce. Elle prit de sa main des remèdes et un bandage, et, lorsque l'abcès creva, Anne Catherine suça les plaies qui guérirent sans laisser de traces.
42. Parmi les pensionnaires du couvent se trouvait une jeune personne faible d'esprit, nommée K. . . et native de M. . . , qui, ayant à la nuque un abcès d'une mauvaise nature, s'échappait des mains du médecin quand il voulait lui mettre un bandage et repoussait tout ce qu'il voulait faire pour sa guérison. Alors la supérieure fit venir Anne Catherine à laquelle la malade obéit de bonne grâce. Elle prit de sa main des remèdes et un bandage, et, lorsque l'abcès creva, Anne Catherine suça les plaies qui guérirent sans laisser de traces.
Re: Vie d'Anne Catherine Emmerich - Tome1
43. Une servante du couvent qui avait un abcès sous l'aisselle se glissa la nuit près du lit d'Anne Catherine, la pria de la traiter et reçut d'elle, pour l'amour de Jésus, le même service charitable.
Une autre jeune fille native d'Amsterdam avait un caractère insupportable et se querellait avec tout le monde dans le couvent : Anne Catherine seule savait l'adoucir et lui avait inspiré une affection que les autres ne pouvaient s'expliquer.
44. Voici ce qu'elle-même raconta à propos d'un cas du même genre :
" Le médecin du couvent qui était un peu bourru avait rudement grondé et menacé une pauvre femme qui avait un doigt très malade et dont le bras était très enflé et déjà tout noir, parce qu'elle avait négligé son mal ; il lui dit même qu'il serait forcé de lui couper le doigt. Là-dessus la pauvre femme, pâle de terreur, vint me trouver et me pria de lui venir en aide. Je priai pour elle, et ce qu'il y avait à faire me vint tout de suite à l'esprit. J'en parlai à la révérende mère, qui me permit de bander la plaie de cette femme dans la chambre de l'abbé Lambert, Je pris de la sauge, de la myrrhe et de l'herbe de Notre-Dame que je fis bouillir dans de l'eau avec un peu de vin : j'y ajoutai un peu d'eau bénite et j'en fis un cataplasme pour le bras de la femme. C'était sans doute Dieu lui-même qui me l'avait inspiré, car le lendemain matin, le bras était déjà tout désenflé : quant au doigt, qui était encore très malade, je le fis tremper dans de la lessive de cendres chaudes avec de l'huile ; alors il s'ouvrit et j'en tirai une grosse épine. La femme fut bientôt tout à fait guérie."
Une autre jeune fille native d'Amsterdam avait un caractère insupportable et se querellait avec tout le monde dans le couvent : Anne Catherine seule savait l'adoucir et lui avait inspiré une affection que les autres ne pouvaient s'expliquer.
44. Voici ce qu'elle-même raconta à propos d'un cas du même genre :
" Le médecin du couvent qui était un peu bourru avait rudement grondé et menacé une pauvre femme qui avait un doigt très malade et dont le bras était très enflé et déjà tout noir, parce qu'elle avait négligé son mal ; il lui dit même qu'il serait forcé de lui couper le doigt. Là-dessus la pauvre femme, pâle de terreur, vint me trouver et me pria de lui venir en aide. Je priai pour elle, et ce qu'il y avait à faire me vint tout de suite à l'esprit. J'en parlai à la révérende mère, qui me permit de bander la plaie de cette femme dans la chambre de l'abbé Lambert, Je pris de la sauge, de la myrrhe et de l'herbe de Notre-Dame que je fis bouillir dans de l'eau avec un peu de vin : j'y ajoutai un peu d'eau bénite et j'en fis un cataplasme pour le bras de la femme. C'était sans doute Dieu lui-même qui me l'avait inspiré, car le lendemain matin, le bras était déjà tout désenflé : quant au doigt, qui était encore très malade, je le fis tremper dans de la lessive de cendres chaudes avec de l'huile ; alors il s'ouvrit et j'en tirai une grosse épine. La femme fut bientôt tout à fait guérie."
Re: Vie d'Anne Catherine Emmerich - Tome1
45. Voici comment elle s'exprimait sur la nature de la compassion qu'elle portait aux malades et aux mourants :
" Je ne puis avoir pitié d'une personne qui meurt avec calme, pas même d'un enfant qui souffre patiemment car la souffrance supportée avec patience est l'état le plus digne d'envie pour l'homme dans son corps de péché. Il est très rare que notre compassion soit tout à fait pure ; il s'y mêle souvent de la mollesse et un sentiment égoïste produit par l'horreur que nous avons nous-mêmes pour la souffrance et pour tout ce qui blesse la sensibilité. La compassion de Notre-Seigneur pour les hommes fut seule parfaitement pure, et aucune compassion humaine n'est pure si elle ne s'unit pas à celle de Jésus. J'ai seulement pitié des pécheurs, des hommes aveuglés, de ceux qui sont livrés au désespoir. Hélas ! J'ai souvent trop de pitié pour moi-même."
46. La bénédiction extraordinaire qui s'attachait à ses soins et à ses prières pour les malades se manifesta par les faits suivants
" Une paysanne que je connaissais, raconta-t-elle ; avait toujours des couches très douloureuses et qui la mettaient en danger de mort. Elle m'aimait beaucoup, se plaignait à moi de ses peines et je priai pour elle du fond du cœur. Je reçus alors, pendant ma prière, une bande de parchemin sur laquelle il y avait quelque chose d'écrit : il me fut aussi indiqué que cette femme devait la porter sur elle. Elle le fit comme je le lui dis, et accoucha très facilement. Quand elle mourut, elle fit mettre cette bande de parchemin avec elle dans la bière, suivant la coutume, de nos paysans.
" Je ne puis avoir pitié d'une personne qui meurt avec calme, pas même d'un enfant qui souffre patiemment car la souffrance supportée avec patience est l'état le plus digne d'envie pour l'homme dans son corps de péché. Il est très rare que notre compassion soit tout à fait pure ; il s'y mêle souvent de la mollesse et un sentiment égoïste produit par l'horreur que nous avons nous-mêmes pour la souffrance et pour tout ce qui blesse la sensibilité. La compassion de Notre-Seigneur pour les hommes fut seule parfaitement pure, et aucune compassion humaine n'est pure si elle ne s'unit pas à celle de Jésus. J'ai seulement pitié des pécheurs, des hommes aveuglés, de ceux qui sont livrés au désespoir. Hélas ! J'ai souvent trop de pitié pour moi-même."
46. La bénédiction extraordinaire qui s'attachait à ses soins et à ses prières pour les malades se manifesta par les faits suivants
" Une paysanne que je connaissais, raconta-t-elle ; avait toujours des couches très douloureuses et qui la mettaient en danger de mort. Elle m'aimait beaucoup, se plaignait à moi de ses peines et je priai pour elle du fond du cœur. Je reçus alors, pendant ma prière, une bande de parchemin sur laquelle il y avait quelque chose d'écrit : il me fut aussi indiqué que cette femme devait la porter sur elle. Elle le fit comme je le lui dis, et accoucha très facilement. Quand elle mourut, elle fit mettre cette bande de parchemin avec elle dans la bière, suivant la coutume, de nos paysans.
Re: Vie d'Anne Catherine Emmerich - Tome1
47." Il y eut une, fois une grande mortalité sur le bétail dans la petite ville : les habitants étaient obligés de mener leurs bêtes dans une maison pour y être traitées, mais la plus grande partie y périt. Une mère de famille vint me trouver en pleurant et me demanda de prier pour elle et pour les autres pauvres gens. Pendant ma prière, je vis les étables de ces gens : je vis les bêtes saines et celles qui étaient malades, ainsi que la cause du mal et l'effet de la prière pour leur guérison. J'en vis beaucoup, qui étaient malades par suite d'un châtiment de Dieu, à cause de l'orgueil et de la fausse sécurité de leurs possesseurs qui ne savaient pas que Dieu peut donner et retirer, et ne reconnaissaient pas que le dommage qu'ils éprouvaient était une punition et un avertissement. Je suppliai Dieu de vouloir bien les mettre dans la bonne voie d'une autre manière. Je vis aussi beaucoup de bêtes malades par suite la malédiction et de l'envie des jaloux : et ceci particulièrement chez des gens qui manquaient à remercier Dieu filialement de tout ce qu'il leur donnait et à implorer bénédiction sur ses dons. Je vis comme un obscurcissement dans ce bétail autour duquel erraient des ombres ténébreuses et sinistres. La bénédiction a pour effet, non seulement de faire descendre la grâce de Dieu, mais encore de chasser les mauvaises influences de la malédiction. Les vaches que je vis épargnées par suite de la prière me parurent comme séparées des autres par quelque chose de lumineux. De celles qui furent guéries, je vis sortir une vapeur noire. Je vis de même sur ce qui fut béni de loin par la prière planer une légère lueur. Je vis le fléau s'arrêter soudainement : le bétail de la mère de famille fut épargné tout entier."
48. Les fréquentes maladies dont il a été parlé eurent pour Anne Catherine cette conséquence qu'on ne lui confia jamais au couvent une charge particulière, mais qu'on la subordonna tantôt à une sœur, tantôt à une autre comme assistante. Ainsi le souhait qu'elle avait exprimé à son entrée au couvent d'y être traitée comme la dernière de la communauté trouva son accomplissement incessant et s'appliquant à tout. Jamais il n'arriva qu'elle fuit placée au-dessus d'une autre sœur, mais, comme le rapporta Clara Soentgen : " Elle fut toujours envers chacune des autres comme une servante, sans que jamais cela la contrariât le moins du monde ou la fît murmurer. En outre, elle était très occupée des intérêts du couvent, très serviable, très diligente dans ses travaux : envers les servantes et les gens de peine, elle était non seulement très discrète, mais aussi vraiment charitable, et elle leur donnait beaucoup de bons enseignements."
La révérende mère aussi fit, en 1813, la déposition suivante devant les supérieurs ecclésiastiques :
" Dans les travaux de la communauté et dans tout ce que je lui ai donné à faire, Anne Catherine s'est toujours comportée de manière à ce que je fusse parfaitement contente d'elle ; lorsqu'on lui confia le soin des bâtiments et des jardins, elle a fait de son mieux pour le bien du couvent, si bien que tout le monde faisait son éloge. Envers les servantes et les gens de peine, elle était très bonne (selon le rapport de la maîtresse des novices), mais pourtant elle tendit à ce qu'ils fissent leur devoir elle a toujours été très compatissante envers les indigents. Je sais aussi qu'elle a fait des bonnets pour de pauvres enfants avec du vieux linge d'église."
48. Les fréquentes maladies dont il a été parlé eurent pour Anne Catherine cette conséquence qu'on ne lui confia jamais au couvent une charge particulière, mais qu'on la subordonna tantôt à une sœur, tantôt à une autre comme assistante. Ainsi le souhait qu'elle avait exprimé à son entrée au couvent d'y être traitée comme la dernière de la communauté trouva son accomplissement incessant et s'appliquant à tout. Jamais il n'arriva qu'elle fuit placée au-dessus d'une autre sœur, mais, comme le rapporta Clara Soentgen : " Elle fut toujours envers chacune des autres comme une servante, sans que jamais cela la contrariât le moins du monde ou la fît murmurer. En outre, elle était très occupée des intérêts du couvent, très serviable, très diligente dans ses travaux : envers les servantes et les gens de peine, elle était non seulement très discrète, mais aussi vraiment charitable, et elle leur donnait beaucoup de bons enseignements."
La révérende mère aussi fit, en 1813, la déposition suivante devant les supérieurs ecclésiastiques :
" Dans les travaux de la communauté et dans tout ce que je lui ai donné à faire, Anne Catherine s'est toujours comportée de manière à ce que je fusse parfaitement contente d'elle ; lorsqu'on lui confia le soin des bâtiments et des jardins, elle a fait de son mieux pour le bien du couvent, si bien que tout le monde faisait son éloge. Envers les servantes et les gens de peine, elle était très bonne (selon le rapport de la maîtresse des novices), mais pourtant elle tendit à ce qu'ils fissent leur devoir elle a toujours été très compatissante envers les indigents. Je sais aussi qu'elle a fait des bonnets pour de pauvres enfants avec du vieux linge d'église."
Re: Vie d'Anne Catherine Emmerich - Tome1
XV
SES EXTASES ET SON ORAISON
1. Parmi toutes les privations qu'Anne Catherine eut à supporter dans le cloître, il n'y en eut pas de plus pénible pour elle que le manque d'une direction sacerdotale parfaitement sûre. Elle n'avait pas de confesseur avec qui elle pût s'ouvrir entièrement sur son état intérieur et sur tout ce qui lui arrivait. Il lui fallait donc porter seule tout le fardeau qui pesait sur elle, et il n'y avait personne qui pût lui en alléger le poids par une direction éclairée." Je criais sans cesse vers Dieu, a-t-elle raconté, pour qu'il voulût bien m'envoyer un prêtre auquel je pusse m'ouvrir entièrement : car j'étais assez souvent dans une extrême inquiétude, craignant que tout ne vint de l'esprit malin. Je tombai dans le doute et, par crainte d'être dans l'illusion, je rejetais tout ce qui pourtant était devant mes yeux, ce que je souffrais, ce dont je vivais, ce qui était d'ailleurs pour moi une source de force et de consolation. L'abbé Lambert cherchait bien à me tranquilliser ; mais, comme il savait trop peu l'allemand, je me sentais hors d'état de lui faire comprendre clairement tous les incidents de ma vie et mes tribulations revenaient sans cesse. Ce qui m'arrivait et ce qui se passait en moi était incompréhensible pour moi-même, pauvre paysanne que j'étais, quoi que depuis mon enfance je l'eusse éprouvé constamment et que je ne m'en fusse jamais étonnée. Mais, dans les quatre dernières années de mon séjour au couvent, j'étais presque continuellement en contemplation, et les incidents qui étaient la suite de cet état se multipliaient or, dans une pareille situation, je ne pouvais en rendre compte à d'autres personnes qui n'avaient jamais pensé rien de semblable et qui regardaient par conséquent de pareilles choses comme tout à fait impossibles. Dans mon délaissement, comme je priais un jour toute seule l'église, j'entendis clairement et distinctement ces parole qui produisirent en moi une émotion profonde : " Est-ce que je ne te suffis pas ?"
SES EXTASES ET SON ORAISON
1. Parmi toutes les privations qu'Anne Catherine eut à supporter dans le cloître, il n'y en eut pas de plus pénible pour elle que le manque d'une direction sacerdotale parfaitement sûre. Elle n'avait pas de confesseur avec qui elle pût s'ouvrir entièrement sur son état intérieur et sur tout ce qui lui arrivait. Il lui fallait donc porter seule tout le fardeau qui pesait sur elle, et il n'y avait personne qui pût lui en alléger le poids par une direction éclairée." Je criais sans cesse vers Dieu, a-t-elle raconté, pour qu'il voulût bien m'envoyer un prêtre auquel je pusse m'ouvrir entièrement : car j'étais assez souvent dans une extrême inquiétude, craignant que tout ne vint de l'esprit malin. Je tombai dans le doute et, par crainte d'être dans l'illusion, je rejetais tout ce qui pourtant était devant mes yeux, ce que je souffrais, ce dont je vivais, ce qui était d'ailleurs pour moi une source de force et de consolation. L'abbé Lambert cherchait bien à me tranquilliser ; mais, comme il savait trop peu l'allemand, je me sentais hors d'état de lui faire comprendre clairement tous les incidents de ma vie et mes tribulations revenaient sans cesse. Ce qui m'arrivait et ce qui se passait en moi était incompréhensible pour moi-même, pauvre paysanne que j'étais, quoi que depuis mon enfance je l'eusse éprouvé constamment et que je ne m'en fusse jamais étonnée. Mais, dans les quatre dernières années de mon séjour au couvent, j'étais presque continuellement en contemplation, et les incidents qui étaient la suite de cet état se multipliaient or, dans une pareille situation, je ne pouvais en rendre compte à d'autres personnes qui n'avaient jamais pensé rien de semblable et qui regardaient par conséquent de pareilles choses comme tout à fait impossibles. Dans mon délaissement, comme je priais un jour toute seule l'église, j'entendis clairement et distinctement ces parole qui produisirent en moi une émotion profonde : " Est-ce que je ne te suffis pas ?"
Re: Vie d'Anne Catherine Emmerich - Tome1
2. On ne doit pas s'étonner qu'Anne Catherine, voyant se multiplier de plus en plus pour elle les contemplations les plus variées, se trouvât souvent sans conseils et sans aide et fût tourmentée de doutes pénibles : car le don de contemplation comme tous les autres lui était départi pour l'accomplissement de sa tâche expiatoire en faveur de l'Église, et par conséquent il lui apportait des souffrances qui, aussi bien que ses souffrances corporelles correspondaient à l'état de l'Église d'alors pris dans son ensemble. Cela en faisait pour elle un si pesant fardeau que, sans l'assistance continuelle, immédiate et personnelle de son fiancé céleste, elle aurait succombé à la peine. En nous reportant à la direction de sa première enfance, pendant laquelle, elle était déjà favorisée des visions les plus riches touchant l'histoire de notre Rédemption, nous reconnaîtrons facilement que, dès ce temps, elle était préparée d'avance à la grandeur de sa tâche future. Car, parmi ces contemplations d'une richesse infinie, où sa vie intérieure se mêlait à ce qu'elle contemplait, son âme mûrissait et arrivait par degrés à la force incroyable qu'il lui fallait pour contempler aussi le côté ténébreux des visions, c'est-à-dire le développement du mystère d'iniquité ou le combat de l'ennemi de notre salut contre l'Église, et pour entrer en lutte avec les puissances du mal d'une manière correspondante aux relations qu'elle entretenait habituellement avec les saints du calendrier ecclésiastique. Si donc Anne Catherine souffre pour la foi, ce ne sont pas seulement les blessures et les coups portés au corps de l'Église par l'incrédulité, par la destruction des choses saintes et la profanation du culte divin, qu'elle a à endurer, comme représentant l'Église, et à expier par les souffrances de son propre corps : mais elle doit, en outre, lutter contre la ruse et la malice de l'ennemi lui-même qui, pendant que les gardiens sont endormis, se glisse dans la vigne et y sème la mauvaise semence ; elle doit détruire les mauvaises herbes avant qu'aucune d'elles puisse germer et croître. Elle lutte et combat contre l'ennemi des âmes en s'opposant à ses attaques, dirigées surtout contre le sacerdoce, et pour cela la pureté sans tache de son âme, la profonde humilité de son cœur, son inébranlable confiance en Dieu, la liberté spirituelle qu'elle a conquise par les voies pénibles de l'abnégation et du renoncement à soi-même lui forment une armure qui la rend invulnérable à la rage de l'enfer. Or, dans ce combat, ce n'est pas la lumière de la contemplation, mais la force et la vivacité de la foi qui lui assurent la victoire. Dieu permet à la vérité qu'elle souffre de cruelles tribulations spirituelles, quand elle combat face à face le père du mensonge et ses stratagèmes, quand il lui faut réduire à l'impuissance ses efforts pour égarer les esprits : il la serre de près et la jette dans de terribles angoisses, mais il ne peut parvenir à ébranler sa foi, et les traits qu'il lui lance rebondissent et perdent leur force contre ce bouclier. Jamais Anne Catherine n'avait désiré les visions et les dons extraordinaires : elle les avait reçus de Dieu et en avait eu l'habitude avant de pouvoir même soupçonner que c'était une faveur accordée à elle seule, et non aux autres. Lorsqu'elle en fut avertie, son premier soin fut d'en rendre compte aux ministres de l'Église et de se soumettre à leur jugement pour savoir si ce don était réel et provenait d'une source pure, ou si ce n'était qu'illusion et tromperie. Comme aucun d'eux n'y vit rien de mauvais, elle continua à en user sans inquiétude : cependant ce ne furent pas ses visions, mais la foi seule qui fut la règle de sa conduite, et elle aurait souffert mille fois la mort plutôt que de s'écarter de cette règle. Quand, plus tard, elle entra en lutte avec l'ennemi des âmes, il put arriver que celui-ci, par la permission de Dieu, la fît douter de ses visions, l'inquiétât par des images effrayantes ou cherchât à lui persuader que ses contemplations venaient de lui, mais il ne lui fut pas donné d'aller plus loin. Elle répondit au tentateur par des actes de foi divine et de soumission complète à l'enseignement infaillible de l'Église, et par des protestations chaleureuses contre tout ce qui n'était pas conforme à la règle de la foi, refusant toute sa croyance aux visions dans le cas où elles seraient en contradiction avec cette règle.
Dans ces rudes combats, souvent répétés, Anne Catherine restait délaissée, sans assistance et sans direction sacerdotales ; délaissée comme l'Église elle-même où les chaires épiscopales restaient vides et les troupeaux sans pasteur qui pût combattre les ravages toujours croissants de l'incrédulité, où nul docteur n'élevait plus la voix contre elle, pendant que des lieux communs vides et retentissants étaient l'effort suprême par lequel le précieux trésor de la foi était moins défendu que ravalé.
Dans ces rudes combats, souvent répétés, Anne Catherine restait délaissée, sans assistance et sans direction sacerdotales ; délaissée comme l'Église elle-même où les chaires épiscopales restaient vides et les troupeaux sans pasteur qui pût combattre les ravages toujours croissants de l'incrédulité, où nul docteur n'élevait plus la voix contre elle, pendant que des lieux communs vides et retentissants étaient l'effort suprême par lequel le précieux trésor de la foi était moins défendu que ravalé.
Re: Vie d'Anne Catherine Emmerich - Tome1
3. On ne peut se défendre d'une impression toute particulière, quand on voit, dans la désolation de cette époque encore si voisine de nous, la religieuse de Dulmen, semblable à une fleur miraculeuse, déployer entre les murs du cloître prêts à s'écrouler une beauté comparable à ce qui s'est vu de plus merveilleux dans les meilleurs jours des siècles antérieurs. Lorsque sainte Thérèse et sainte Madeleine de Pazzi faisaient l'ornement de l'Église, l'ordre de saint Ignace était dans sa première floraison ; il s'était rapidement propagé par toute l'Église à laquelle il avait donné plus de saints et de docteurs qu'aucun institut religieux ne l'avait fait depuis le temps de saint François et de saint Dominique. De même lorsque sainte Catherine de Sienne, sainte Lidwine, sainte Colette remplissaient la vigne de leur bonne odeur, l'Église languissait, il est vrai, dans une grande détresse ; toutefois, outre ces saintes, on voyait briller, dans tous les pays, des saints et des docteurs. Mais aucune époque ne fut plus désolée, plus abandonnée que celle où le Maître de la vigne répandit sur la petite bergère de Flamske la plénitude de ses grâces, lesquelles, partagées entre plusieurs, auraient suffit, ce semble, pour donner à l'Église toute une troupe de grands serviteurs de Dieu. Mais comme le Seigneur n'enrichit l'individu de ses dons qu'à la condition d'une coopération fidèle, en sorte que, si celui-ci les enfouit, ils sont accordés à un autre qui en fait un meilleur usage, ainsi les mêmes rapports entre la dispensation et la coopération se reproduisent en grand dans la communauté des fidèles. Dans aucun temps, la puissance et la miséricorde de Dieu ne sont raccourcies, mais quand, par la faute de ceux qui devraient recevoir, les vases manquent pour recueillir la richesse surabondante de ses dons, il reporte les merveilles de son amour sur le petit nombre des serviteurs fidèles qui reçoivent de plus pour leur part les grâces dont les autres n'ont pas fait usage. C'est pourquoi les dons comme les souffrances ont chez Anne Catherine un caractère si grandiose et si inusité. Les extases et les autres états extraordinaires de sainte Madeleine de Pazzi se produisaient au milieu d'une communauté cloîtrée qui regardait tout cela avec un respect mêlé de crainte ; cette même sainte, étant maîtresse des novices, avait autour ses jeunes élèves qui, poussées par une innocente curiosité, se plaisaient à parler de Dieu et de ses saints pour voir leur maîtresse tomber en extase ; mais Anne Catherine avait des ravissements auxquels il lui était impossible de résister, parmi des compagnes pour qui sa personne était, à cause de cela, aussi importune et aussi odieuse que l'était pour la grossière incrédulité de l'époque l'Église elle-même, insolemment outragée et blasphémée parce qu'elle osait encore, dans son bréviaire et ses légendes, confesser à haute voix la magnificence et la grandeur de Dieu dans ses saints.
Re: Vie d'Anne Catherine Emmerich - Tome1
4." J'étais souvent impuissante à cacher ce qui se passait en moi, racontait Anne Catherine, et je tombais en défaillance devant mes compagnes. Etant un jour au choeur, sans chanter avec les autres, je fus prise comme de paralysie, en sorte que je tombai par terre quand mes voisines me poussèrent. Elles m'emportèrent et, pendant ce temps, je vis une religieuse marcher sur le toit de l'église et aller ainsi jusqu'au faite où il n'était possible à personne de monter : il me fut révélé plus tard que c'était Madeleine de Pazzi qui a porté les marques des plaies du Seigneur. Une autre fois, je la vis courir sur la balustrade du choeur, une autre fois monter sur l'autel ou détourner la main du prêtre. Ces chemins périlleux me firent faire attention à mon état et je pris bien garde de ne pas me laisser aller à mes défaillances. Au commencement mes sœurs qui ne comprenaient rien à tout cela me faisaient de grands reproches de ce que souvent je restais prosternée dans l'Église, le visage contre terre et les bras étendus. Cela arrivait sans que je pusse l'empêcher, aussi cherchais-je des places cachées où l'on ne put pas me voir aisément. Mais j'étais ravie hors de moi, tantôt dans un endroit, tantôt dans un autre, et je restais immobile et les membres raidis, soit prosternée sur le visage, soit agenouillée et les bras étendus, et le chapelain du couvent me trouvait dans cet état. J'avais toujours vivement désiré de voir aussi sainte Thérèse ; parce que j'avais entendu dire qu'elle avait eu beaucoup à souffrir avec ses confesseurs. Je la vis en effet plusieurs fois, faible et malade, écrivant sur une table ou dans son lit. Il me semble que je voyais un rapport intime entre elle et Madeleine de Pazzi. J'eus aussi la révélation intérieure que Madeleine de Pazzi, dès son enfance, était déjà placée très haut devant Dieu par sa simplicité et l'ardeur de son amour.
" Pendant que je faisais mes fonctions de sacristine, j'étais souvent enlevée tout à coup, et je grimpais, je montais, je me tenais debout dans les parties hautes de l'église sur des fenêtres, des ornements sculptés, des pierres en saillie ; je nettoyais et arrangeais tout dans des endroits où la chose eût été humainement impossible. Je me sentais élevée et soutenue en l'air, et cela ne m'inquiétait en rien, car j'étais accoutumée dès l'enfance à être assistée par mon bon ange. Quelquefois en revenant à moi, je me trouvais assise dans une armoire où je conservais les effets de la sacristie : d'autres fois, je m'éveillais dans une encoignure voisine de l'autel où l'on ne pouvait pas me voir, même quand on était tout contre. Je ne puis imaginer comment j'arrivais là, sans déchirer mes habits, car il était très difficile d'y pénétrer. Souvent on m'éveillant, je me trouvais assise sur la plus haute poutre de la toiture. Cela arrivait communément quand je me cachais pour pleurer. J'ai vu aussi Madeleine de Pazzi monter ainsi et faire d'étranges courses sur les planches, les poutres, les échafaudages et les autels."
" Pendant que je faisais mes fonctions de sacristine, j'étais souvent enlevée tout à coup, et je grimpais, je montais, je me tenais debout dans les parties hautes de l'église sur des fenêtres, des ornements sculptés, des pierres en saillie ; je nettoyais et arrangeais tout dans des endroits où la chose eût été humainement impossible. Je me sentais élevée et soutenue en l'air, et cela ne m'inquiétait en rien, car j'étais accoutumée dès l'enfance à être assistée par mon bon ange. Quelquefois en revenant à moi, je me trouvais assise dans une armoire où je conservais les effets de la sacristie : d'autres fois, je m'éveillais dans une encoignure voisine de l'autel où l'on ne pouvait pas me voir, même quand on était tout contre. Je ne puis imaginer comment j'arrivais là, sans déchirer mes habits, car il était très difficile d'y pénétrer. Souvent on m'éveillant, je me trouvais assise sur la plus haute poutre de la toiture. Cela arrivait communément quand je me cachais pour pleurer. J'ai vu aussi Madeleine de Pazzi monter ainsi et faire d'étranges courses sur les planches, les poutres, les échafaudages et les autels."
Re: Vie d'Anne Catherine Emmerich - Tome1
5. Overberg de son côté déposa ainsi :
" Anne Catherine a souvent eu des évanouissements, (c'est-à-dire des extases), dans le couvent, spécialement quatre années avant sa suppression. Ils lui venaient partout, au travail, dans le cloître, dans le jardin, dans l'église et dans sa cellule. Alors elle s'affaissait sur elle-même et restait étendue par terre. Le plus souvent, cela lui arrivait quand elle était tout à fait seule ; quelquefois aussi, elle a eu de petites attaques au réfectoire, mais elle demandait à Dieu de ne pas en avoir là. Souvent elle croyait n'avoir perdu l'usage de ses sens qu'une minute mais quand elle regardait l'heure, elle reconnaissait que cela avait duré longtemps.
" Comme je lui demandais si elle distinguait entre les évanouissements causés par la faiblesse et les autres (les extases), elle répondit : " Dans les évanouissements de faiblesse, je me sens tout à fait mal, je souffre quelquefois tellement dans mon corps qu'il me semble que je vais mourir ; dans les autres je ne sens pas mon corps, je suis souvent toute joyeuse, quelquefois aussi je suis triste. Je me réjouis de la grande miséricorde de Dieu envers les pêcheurs qu'il va chercher pour les ramener et qu'il accueille ensuite avec tant d'amour. Puis je m'attriste sur les péchés des hommes, et je gémis de ce que Dieu est si horriblement offensé."
" Souvent dans la méditation, il me semblait contempler, le ciel et y voir Dieu. Quand j'étais dans l'amertume ; il me semblait souvent que je marchais sur un sentier très étroit, large à peine comme le doigt. Des deux côtés je voyais de noirs abîmes sans fond : ou bien tout me paraissait beau et verdoyant, et un jeune homme resplendissant me tendait la main et me conduisait sur l'étroit sentier. Souvent aussi Dieu me disait quand j'étais dans la désolation et la sécheresse : " Ma grâce te suffit, " et cela m'était bien doux à entendre."
" Anne Catherine a souvent eu des évanouissements, (c'est-à-dire des extases), dans le couvent, spécialement quatre années avant sa suppression. Ils lui venaient partout, au travail, dans le cloître, dans le jardin, dans l'église et dans sa cellule. Alors elle s'affaissait sur elle-même et restait étendue par terre. Le plus souvent, cela lui arrivait quand elle était tout à fait seule ; quelquefois aussi, elle a eu de petites attaques au réfectoire, mais elle demandait à Dieu de ne pas en avoir là. Souvent elle croyait n'avoir perdu l'usage de ses sens qu'une minute mais quand elle regardait l'heure, elle reconnaissait que cela avait duré longtemps.
" Comme je lui demandais si elle distinguait entre les évanouissements causés par la faiblesse et les autres (les extases), elle répondit : " Dans les évanouissements de faiblesse, je me sens tout à fait mal, je souffre quelquefois tellement dans mon corps qu'il me semble que je vais mourir ; dans les autres je ne sens pas mon corps, je suis souvent toute joyeuse, quelquefois aussi je suis triste. Je me réjouis de la grande miséricorde de Dieu envers les pêcheurs qu'il va chercher pour les ramener et qu'il accueille ensuite avec tant d'amour. Puis je m'attriste sur les péchés des hommes, et je gémis de ce que Dieu est si horriblement offensé."
" Souvent dans la méditation, il me semblait contempler, le ciel et y voir Dieu. Quand j'étais dans l'amertume ; il me semblait souvent que je marchais sur un sentier très étroit, large à peine comme le doigt. Des deux côtés je voyais de noirs abîmes sans fond : ou bien tout me paraissait beau et verdoyant, et un jeune homme resplendissant me tendait la main et me conduisait sur l'étroit sentier. Souvent aussi Dieu me disait quand j'étais dans la désolation et la sécheresse : " Ma grâce te suffit, " et cela m'était bien doux à entendre."
Re: Vie d'Anne Catherine Emmerich - Tome1
6. Il arrivait aussi assez fréquemment qu'Anne Catherine dans l'état d'extase, recevait de son ange l'ordre de rappeler à ses sœurs l'observation de la règle. Elle paraissait ensuite devant elles sans sortir de cet état, et citait, en versant des torrents de larmes, les prescriptions de la règle qui se rapportaient au silence, à l'obéissance, à la pauvreté, à l'office divin, à la discipline claustrale et étaient le plus fréquemment violées. Souvent elle se jetait aux pieds d'une sœur chez laquelle elle voyait s'élever des mouvements d'aversion ou même de haine prononcée, la suppliait de pardonner et d'être charitable, et l'aidait par là à surmonter la tentation et à reconnaître combien de pareils sentiments étaient coupables. Ces humbles supplications avaient assez souvent pour résultat que les religieuses, au lieu de prendre mal la chose et de se fâcher, se sentaient poussées ou forcées en quelque sorte à aller trouver Anne Catherine pour s'ouvrir à elle ou même lui dévoiler leur intérieur. Elles demandaient alors ses conseils et ses prières pour manquements : mais elles retombaient facilement dans des accès de mauvaise humeur et devenaient méfiantes, s'il leur semblait trop pénible de suivre le conseil reçu, de pratiquer telle ou telle mortification, de comporter sur elles-mêmes telle ou telle victoire qui eût été pourtant si nécessaire. Il s'éveillait dans ces faibles cœurs de nouveaux soupçons ; elles s'imaginaient qu'Anne Catherine maintenant ne cessait de penser aux manquements et aux fautes dont elles s'étaient accusées devant elle, tandis qu'en réalité elle n'y pensait pas le moins du monde : car elle avait coutume de recevoir ces sortes de confidences intimes comme quelque chose qui lui aurait été communiqué en vision, et elle n'en conservait le dépôt que pour Dieu et en vue de l'âme qui ; avait besoin de son assistance. En outre, quand elles lui étaient faites, elle écoutait bien moins la voix de la personne qui lui parlait que la voix de son guide céleste, parce qu'elle demandait à Dieu la lumière nécessaire pour donner de bons conseils et une utile assistance à celle qui en avait besoin, et c'est pourquoi dans ces moments-là, toute personnalité disparaissait pour ainsi dire à ses yeux.
Re: Vie d'Anne Catherine Emmerich - Tome1
7. " Souvent aussi, disait-elle, pendant que j'étais occupée d'un travail, ou malade et couchée dans mon lit, je me trouvais en même temps présente en esprit parmi mes soeurs ; je voyais et j'entendais ce qu'elles faisaient et disaient, ou bien je me trouvais dans l'église devant le Saint-Sacrement quoique je n'eusse point quitté ma cellule. Comment cela se faisait-il, c'est ce que, je ne puis dire. La première fois de ma vie que je m'aperçus de quelque chose de semblable, je crus que c'était un rêve. C'était dans ma quinzième année, lorsque je demeurais hors de la maison paternelle. J'avais été poussée à prier pour une fille légère afin de l'empêcher d'être séduite une fois pendant la nuit, il me sembla voir qu'on tendait un piège à cette fille. Dans mon angoisse, je courus bien vite à sa chambre, je chassai le valet de la maison qui se trouvait devant la porte et j'entrai dans la chambre où je trouvai la fille dans un grand effroi. En réalité je n'avais pas quitté mon lit et je regardai cela comme un simple rêve. Le lendemain matin la fille était très intimidée devant moi et n'osait me regarder en face. Plus tard elle me raconta toute l'histoire avec de grands remerciements, disant que j'avais chassé le tentateur, que j'étais venue dans sa chambre et l'avais défendue de la séduction. Alors il me fallut bien penser que ç'avait été quelque chose de plus qu'un simple rêve. A une époque postérieure de ma vie, il m'arriva très souvent des choses du même genre. Ainsi une femme que je n'avais jamais vue des yeux du corps vint à moi tout émue, et quand elle put me parler seule, fondit en larmes, me remercia et me raconta avec un grand repentir sa faute et sa conversion. Alors je la reconnus, elle et son histoire : c'était un travail par la prière qui m'avait été précédemment imposé par Dieu.
8. " Ce n'est pas toujours en esprit seulement que j'ai été envoyée au secours de pauvres personnes comme celle-là, mais j'y suis allée aussi corporellement. Il y avait dans les bâtiments du couvent des domestiques laïques ; or, une fois que j'étais retenue au lit par une grave maladie, je vis là pendant la nuit deux personnes qui tenaient ensemble des discours pieux en apparence, mais dont le cœur était plein de mauvaises pensées. Je me levai voyant clair, et je me rendis par le cloître aux bâtiments en question afin de séparer ces gens. Quant ils me virent venir, ils s'enfuirent effrayés et me témoignèrent par la suite de la mauvaise humeur. Comme je m'en retournais, je revins à moi : je me trouvai au milieu de l'escalier du couvent et je ne pus regagner ma cellule qu'à grand'peine, tant j'étais faible.
8. " Ce n'est pas toujours en esprit seulement que j'ai été envoyée au secours de pauvres personnes comme celle-là, mais j'y suis allée aussi corporellement. Il y avait dans les bâtiments du couvent des domestiques laïques ; or, une fois que j'étais retenue au lit par une grave maladie, je vis là pendant la nuit deux personnes qui tenaient ensemble des discours pieux en apparence, mais dont le cœur était plein de mauvaises pensées. Je me levai voyant clair, et je me rendis par le cloître aux bâtiments en question afin de séparer ces gens. Quant ils me virent venir, ils s'enfuirent effrayés et me témoignèrent par la suite de la mauvaise humeur. Comme je m'en retournais, je revins à moi : je me trouvai au milieu de l'escalier du couvent et je ne pus regagner ma cellule qu'à grand'peine, tant j'étais faible.
Re: Vie d'Anne Catherine Emmerich - Tome1
9. " Une autre fois une des sœurs crut m'avoir vue près du foyer de la cuisine, prenant quelque chose dans un pot pour le manger en cachette, ou cueillant des fruits dans le jardin. Elle courut aussitôt trouver la supérieure pour lui révéler la fourberie : mais on me trouva couchée dans ma cellule et malade à la mort. De tels incidents faisaient de mon état quelque chose de pénible pour les autres religieuses qui ne savaient pas ce qu'elles devaient penser sur mon compte."
10. Depuis qu'Anne Catherine était entrée dans le couvent, aucune souffrance ne lui parut pouvoir être mise en balance avec le suprême bonheur d'habiter dans le voisinage du très saint Sacrement et de pouvoir passer en sa présence une grande partie de la journée. Était-elle dans sa cellule, ou se trouvait-elle occupée à travailler dans quelque autre endroit du couvent, elle se tournait comme involontairement vers le tabernacle de l'Église, car le sentiment de la présence réelle et vivante du Seigneur n'était, jamais absent de son cœur. Ni l'éloignement, ni l'épaisseur des murailles ne pouvaient être pour son œil une barrière qui l'empêchât de se porter vers le saint Sacrement, en quelque partie du couvent qu'elle se trouvât : car chaque fois qu'elle y pensait avec amour, cette pensée la mettait en état de contemplation, et si l'obéissance n'enchaînait pas l'aspiration de son âme, elle se trouvait prosternée sur les degrés de l'autel, en même temps qu'elle était corporellement dans sa cellule ou au travail devant ses compagnes. Dans tout ce que la règle du couvent lui imposait, elle savait trouver quelque chose qui se rapportait au saint Sacrement, et c'est pourquoi elle était aussi fidèle et aussi scrupuleuse dans les plus petites choses que dans les grandes. Les arrangements qu'elle avait à faire en qualité de sacristine étaient spécialement pour elle une fonction si sainte qu'elle était souverainement heureuse de ne pouvoir s'en acquitter qu'avec de grandes douleurs physiques : car elle savait qu'elle servait le roi des rois et que les anges lui portaient envie pour cela. Ainsi elle était à la lettre incessamment tournée vers son Seigneur dans le saint Sacrement comme la fleur vers le soleil ; tout était dirigé vers lui, son corps et son âme, ses pensées et ses sentiments, avec tous les trésors dont son cœur était rempli ; tout faisait monter vers lui le doux parfum de l'amour et de la souffrance. Et ses souffrances pour le saint Sacrement étaient grandes comme son amour : car aucun péché ne criait plus haut vers le ciel et n'avait un plus grand besoin d'expiation que celui dont les hommes de cette époque se rendaient coupables en s'attaquant à l'adoration et à la confession de la présence réelle. Au temps même où brûlait dans le cœur d'Anne Catherine une flamme d'amour assez puissante pour réchauffer une multitude d'âmes, non seulement les maisons de Dieu étaient profanées et détruites en très grand nombre, mais la lumière de la foi à la présence vivante de Dieu dans le Sacrement menaçait de s'éteindre presque partout, parce que la haine de la secte janséniste avec ses prétendues lumières cherchait à bannir des églises le sacrifice non sanglant et les saintes solennités qui en entourent l'offrande depuis son institution, de même qu'à chasser des cœurs la vénération envers la très sainte Vierge. Toute la suite de ces abominations passait devant son âme, et la remplissait d'une tristesse indicible, chaque fois qu'elle s'agenouillait devant l'autel ; c'était comme si elle avait eu à supporter corporellement à la place de son fiancé les douleurs causées au cœur de Jésus par les outrages envers le saint Sacrement. Où aurait-il pu chercher une compensation pour ces injures puisque ses plus cruels ennemis étaient dans les rangs de ceux auxquels il avait confié le pouvoir le plus élevé sur le gage de son amour ? Souvent Anne Catherine, dans les ténèbres de la nuit, se réfugiait devant l'Église fermée et restait devant la porte à gémir et à se consumer dans la douleur et le désir jusqu'à ce que, toute transie de froid, elle pût y être introduite au point du jour. Car aux peines expiatoires qu'elle supportait pour l'amour du Sauveur, elle ne pouvait trouver d'adoucissement et de consolation que dans son voisinage. Or ses souffrances étaient aussi diverses que les péchés des hommes de son siècle contre le saint Sacrement. Depuis la tiédeur et l'indifférence du commun des chrétiens dans la préparation et l'action de grâces avant et après la sainte communion jusqu'aux sacrilèges des ennemis de l'Église, il n'y avait rien pour quoi elle n'eût à faire pénitence, et elle aurait bien vite succombé à cette terrible tâche, si Dieu ne se fût hâté d'effacer de son âme les violentes et terribles impressions des tableaux où elle voyait ces crimes et s'il ne l'avait pas remplie de ses consolations. Plus sa merveilleuse intuition de la magnificence et de la grandeur du sacrement devenait vive et profonde, plus ses aspirations vers lui devenaient ardentes, plus aussi augmentaient sa dévotion, sa sainte vénération et son humilité intérieure : il arrivait ainsi, que toutes les fois qu'elle devait recevoir la sainte communion, il s'élevait en elle une lutte entre l'amour enflammé de désir et la sainte frayeur d'une créature accablée par le sentiment de son indignité et de ses fautes, lutte à laquelle l'obéissance seule pouvait mettre un terme. Jamais elle ne cessa de craindre que ce ne fût elle qui, par suite de ses imperfections, fût la première responsable de tant d'infractions faites à la règle de l'ordre et de tant d'atteintes portés à la charité par ses soeurs : et c'est pourquoi dans son humilité sincère, elle n'osait pas s'approcher de la sainte table aussi souvent qu'elle en avait besoin et que le voulait son confesseur.
10. Depuis qu'Anne Catherine était entrée dans le couvent, aucune souffrance ne lui parut pouvoir être mise en balance avec le suprême bonheur d'habiter dans le voisinage du très saint Sacrement et de pouvoir passer en sa présence une grande partie de la journée. Était-elle dans sa cellule, ou se trouvait-elle occupée à travailler dans quelque autre endroit du couvent, elle se tournait comme involontairement vers le tabernacle de l'Église, car le sentiment de la présence réelle et vivante du Seigneur n'était, jamais absent de son cœur. Ni l'éloignement, ni l'épaisseur des murailles ne pouvaient être pour son œil une barrière qui l'empêchât de se porter vers le saint Sacrement, en quelque partie du couvent qu'elle se trouvât : car chaque fois qu'elle y pensait avec amour, cette pensée la mettait en état de contemplation, et si l'obéissance n'enchaînait pas l'aspiration de son âme, elle se trouvait prosternée sur les degrés de l'autel, en même temps qu'elle était corporellement dans sa cellule ou au travail devant ses compagnes. Dans tout ce que la règle du couvent lui imposait, elle savait trouver quelque chose qui se rapportait au saint Sacrement, et c'est pourquoi elle était aussi fidèle et aussi scrupuleuse dans les plus petites choses que dans les grandes. Les arrangements qu'elle avait à faire en qualité de sacristine étaient spécialement pour elle une fonction si sainte qu'elle était souverainement heureuse de ne pouvoir s'en acquitter qu'avec de grandes douleurs physiques : car elle savait qu'elle servait le roi des rois et que les anges lui portaient envie pour cela. Ainsi elle était à la lettre incessamment tournée vers son Seigneur dans le saint Sacrement comme la fleur vers le soleil ; tout était dirigé vers lui, son corps et son âme, ses pensées et ses sentiments, avec tous les trésors dont son cœur était rempli ; tout faisait monter vers lui le doux parfum de l'amour et de la souffrance. Et ses souffrances pour le saint Sacrement étaient grandes comme son amour : car aucun péché ne criait plus haut vers le ciel et n'avait un plus grand besoin d'expiation que celui dont les hommes de cette époque se rendaient coupables en s'attaquant à l'adoration et à la confession de la présence réelle. Au temps même où brûlait dans le cœur d'Anne Catherine une flamme d'amour assez puissante pour réchauffer une multitude d'âmes, non seulement les maisons de Dieu étaient profanées et détruites en très grand nombre, mais la lumière de la foi à la présence vivante de Dieu dans le Sacrement menaçait de s'éteindre presque partout, parce que la haine de la secte janséniste avec ses prétendues lumières cherchait à bannir des églises le sacrifice non sanglant et les saintes solennités qui en entourent l'offrande depuis son institution, de même qu'à chasser des cœurs la vénération envers la très sainte Vierge. Toute la suite de ces abominations passait devant son âme, et la remplissait d'une tristesse indicible, chaque fois qu'elle s'agenouillait devant l'autel ; c'était comme si elle avait eu à supporter corporellement à la place de son fiancé les douleurs causées au cœur de Jésus par les outrages envers le saint Sacrement. Où aurait-il pu chercher une compensation pour ces injures puisque ses plus cruels ennemis étaient dans les rangs de ceux auxquels il avait confié le pouvoir le plus élevé sur le gage de son amour ? Souvent Anne Catherine, dans les ténèbres de la nuit, se réfugiait devant l'Église fermée et restait devant la porte à gémir et à se consumer dans la douleur et le désir jusqu'à ce que, toute transie de froid, elle pût y être introduite au point du jour. Car aux peines expiatoires qu'elle supportait pour l'amour du Sauveur, elle ne pouvait trouver d'adoucissement et de consolation que dans son voisinage. Or ses souffrances étaient aussi diverses que les péchés des hommes de son siècle contre le saint Sacrement. Depuis la tiédeur et l'indifférence du commun des chrétiens dans la préparation et l'action de grâces avant et après la sainte communion jusqu'aux sacrilèges des ennemis de l'Église, il n'y avait rien pour quoi elle n'eût à faire pénitence, et elle aurait bien vite succombé à cette terrible tâche, si Dieu ne se fût hâté d'effacer de son âme les violentes et terribles impressions des tableaux où elle voyait ces crimes et s'il ne l'avait pas remplie de ses consolations. Plus sa merveilleuse intuition de la magnificence et de la grandeur du sacrement devenait vive et profonde, plus ses aspirations vers lui devenaient ardentes, plus aussi augmentaient sa dévotion, sa sainte vénération et son humilité intérieure : il arrivait ainsi, que toutes les fois qu'elle devait recevoir la sainte communion, il s'élevait en elle une lutte entre l'amour enflammé de désir et la sainte frayeur d'une créature accablée par le sentiment de son indignité et de ses fautes, lutte à laquelle l'obéissance seule pouvait mettre un terme. Jamais elle ne cessa de craindre que ce ne fût elle qui, par suite de ses imperfections, fût la première responsable de tant d'infractions faites à la règle de l'ordre et de tant d'atteintes portés à la charité par ses soeurs : et c'est pourquoi dans son humilité sincère, elle n'osait pas s'approcher de la sainte table aussi souvent qu'elle en avait besoin et que le voulait son confesseur.
Re: Vie d'Anne Catherine Emmerich - Tome1
11. Voici ce qu'Overberg rapporte à ce sujet
" Son confesseur voulait qu'elle communiât plus souvent que ses compagnes n'avaient coutume de le faire. Elle le fit pendant quelque temps, mais elle y renonça, contrairement à la volonté du confesseur, depuis la Purification jusqu'un peu après la Pentecôte, et cela, par respect humain, parce que sa communion fréquente était regardée comme une affectation de sainteté et qu'on tenait à ce sujet toute sorte de propos. En outre, elle se regardait comme trop mauvaise pour pouvoir communier si souvent. Mais elle tomba par là dans un si triste état qu'elle ne savait plus que faire pour en sortir, et que souvent elle ne pouvait s'empêcher de murmurer et de se plaindre. A la fin, elle reconnut la faute qu'elle avait commise en ne suivant pas les avis de son confesseur et se remit à communier plus fréquemment. Toutefois, il lui fallut expier cette désobéissance durant deux ans, car, pendant ce temps, toute consolation lui fut retirée et elle fut laissée dans une sécheresse complète.
" Au bout de ces deux ans, les consolations revinrent et elle ressentit un si ardent désir de la sainte communion qu'elle ne pouvait attendre l'heure ordinaire pour la recevoir. Son confesseur régla donc les choses de manière à ce qu'elle pût faire ses communions extraordinaires avant le lever des autres soeurs, afin que la chose fût moins connue et ne fit pas d'effet. Elle allait alors frapper à la porte de l'abbé Lambert qui avait la bonté de lui donner la sainte communion de très grand matin.
" Elle venait souvent avant le temps marqué, parce qu'elle ne pouvait résister plus longtemps à la violence du désir lui la portait vers le saint Sacrement. Une fois elle vint très peu de temps après minuit, parce que soir désir était si ardent qu'elle se croyait au moment d'en mourir. C'était comme si tout son intérieur eût été en feu et elle se sentait attirée vers l'église avec une telle violence que ses membres semblaient près d'être arrachés de son corps. L'abbé Lambert fut très mécontent de l'entendre frapper sitôt à sa porte : mais quand il vit dans quel état elle se trouvait, il vint lui donner la sainte Eucharistie.
12. " Elle assistait à la sainte messe avec une dévotion extrême. Quand le prêtre commençait les prières, elle se transportait en esprit sur la montagne des oliviers et y contemplait Jésus. Elle priait alors Dieu pour tous les hommes afin qu'il leur fit la grâce d'assister pieusement à la sainte messe ; pour le prêtre afin qu'il offrît le saint sacrifice de la manière la plus agréable à Dieu ; enfin pour que Jésus voulût bien jeter sur tous les assistants un regard miséricordieux comme il l'avait fait pour saint Pierre.
" Au Gloria, elle louait Dieu avec tous les anges, tous les saints, tous les pieux chrétiens existant sur la terre et rendait grâce au Sauveur de ce qu'il renouvelle tous les jours son sacrifice : elle le priait d'éclairer tous les hommes et de consoler les pauvres âmes du purgatoire.
" A l'Évangile, elle demandait à Dieu pour elle-même et pour tous les autres hommes, la grâce de bien pratiquer les enseignements évangéliques.
" A l'Offertoire, elle offrait à Dieu le pain et le vin avec le prêtre et priait pour qu'ils fussent changés au corps et au sang de Jésus-Christ : elle se disait aussi que le moment où le Sauveur allait venir était proche.
" Au Sanctus, elle priait afin que le monde entier s'unît à elle pour louer Dieu.
" A la Consécration, elle députait le Sauveur vers le père céleste, l'offrait pour le monde entier, spécialement pour la conversion des pécheurs, pour le soulagement des âmes du purgatoire, pour ceux qui se trouvaient à l'article de la mort, et pour ses sœurs les religieuses. Elle se représentait alors l'autel comme entouré d'anges qui n'osaient pas lever les yeux sur le Sauveur et se disait qu'il serait bien audacieux à elle de regarder l'autel et qu'elle ne devait pas se le permettre.
" Son confesseur voulait qu'elle communiât plus souvent que ses compagnes n'avaient coutume de le faire. Elle le fit pendant quelque temps, mais elle y renonça, contrairement à la volonté du confesseur, depuis la Purification jusqu'un peu après la Pentecôte, et cela, par respect humain, parce que sa communion fréquente était regardée comme une affectation de sainteté et qu'on tenait à ce sujet toute sorte de propos. En outre, elle se regardait comme trop mauvaise pour pouvoir communier si souvent. Mais elle tomba par là dans un si triste état qu'elle ne savait plus que faire pour en sortir, et que souvent elle ne pouvait s'empêcher de murmurer et de se plaindre. A la fin, elle reconnut la faute qu'elle avait commise en ne suivant pas les avis de son confesseur et se remit à communier plus fréquemment. Toutefois, il lui fallut expier cette désobéissance durant deux ans, car, pendant ce temps, toute consolation lui fut retirée et elle fut laissée dans une sécheresse complète.
" Au bout de ces deux ans, les consolations revinrent et elle ressentit un si ardent désir de la sainte communion qu'elle ne pouvait attendre l'heure ordinaire pour la recevoir. Son confesseur régla donc les choses de manière à ce qu'elle pût faire ses communions extraordinaires avant le lever des autres soeurs, afin que la chose fût moins connue et ne fit pas d'effet. Elle allait alors frapper à la porte de l'abbé Lambert qui avait la bonté de lui donner la sainte communion de très grand matin.
" Elle venait souvent avant le temps marqué, parce qu'elle ne pouvait résister plus longtemps à la violence du désir lui la portait vers le saint Sacrement. Une fois elle vint très peu de temps après minuit, parce que soir désir était si ardent qu'elle se croyait au moment d'en mourir. C'était comme si tout son intérieur eût été en feu et elle se sentait attirée vers l'église avec une telle violence que ses membres semblaient près d'être arrachés de son corps. L'abbé Lambert fut très mécontent de l'entendre frapper sitôt à sa porte : mais quand il vit dans quel état elle se trouvait, il vint lui donner la sainte Eucharistie.
12. " Elle assistait à la sainte messe avec une dévotion extrême. Quand le prêtre commençait les prières, elle se transportait en esprit sur la montagne des oliviers et y contemplait Jésus. Elle priait alors Dieu pour tous les hommes afin qu'il leur fit la grâce d'assister pieusement à la sainte messe ; pour le prêtre afin qu'il offrît le saint sacrifice de la manière la plus agréable à Dieu ; enfin pour que Jésus voulût bien jeter sur tous les assistants un regard miséricordieux comme il l'avait fait pour saint Pierre.
" Au Gloria, elle louait Dieu avec tous les anges, tous les saints, tous les pieux chrétiens existant sur la terre et rendait grâce au Sauveur de ce qu'il renouvelle tous les jours son sacrifice : elle le priait d'éclairer tous les hommes et de consoler les pauvres âmes du purgatoire.
" A l'Évangile, elle demandait à Dieu pour elle-même et pour tous les autres hommes, la grâce de bien pratiquer les enseignements évangéliques.
" A l'Offertoire, elle offrait à Dieu le pain et le vin avec le prêtre et priait pour qu'ils fussent changés au corps et au sang de Jésus-Christ : elle se disait aussi que le moment où le Sauveur allait venir était proche.
" Au Sanctus, elle priait afin que le monde entier s'unît à elle pour louer Dieu.
" A la Consécration, elle députait le Sauveur vers le père céleste, l'offrait pour le monde entier, spécialement pour la conversion des pécheurs, pour le soulagement des âmes du purgatoire, pour ceux qui se trouvaient à l'article de la mort, et pour ses sœurs les religieuses. Elle se représentait alors l'autel comme entouré d'anges qui n'osaient pas lever les yeux sur le Sauveur et se disait qu'il serait bien audacieux à elle de regarder l'autel et qu'elle ne devait pas se le permettre.
Re: Vie d'Anne Catherine Emmerich - Tome1
13. " Souvent elle voyait autour du Saint-Sacrement une lumière éblouissante, souvent aussi dans la sainte hostie une croix de couleur brune, ou d'une autre couleur, quoique jamais blanche. Si elle eût été blanche elle n'aurait pas pu la voir. La croix ne lui apparaissait pas plus grande que l'hostie, mais l'hostie était souvent alors plus grande que les hosties.
Depuis l'élévation du calice jusqu'à l'Agnus Dei, elle priait pour les âmes du purgatoire, présentait à Dieu le Christ sur la croix et demandait que celui-ci accomplit ce qu'elle-même ne pouvait pas faire. Souvent alors elle était tout à fait absente (hors d'elle-même), ce qui arrivait aussi quelquefois avant la consécration.
" A la communion, elle pensait à la mise au tombeau de Jésus-Christ et le priait d'ensevelir le vieil homme et de nous revoir de l'homme nouveau
Si pendant la sainte messe ou en tout autre moment, elle entendait le chant ou l'orgue, elle se disait : " Ah ! Qu'il est beau de voir ainsi tout en parfait accord ! Les choses inanimées forment entre elles une aimable harmonie pourquoi les cœurs des hommes ne font-ils pas de même ! Combien ce serait charmant !" Et alors elle ne pouvait s'empêcher de pleurer.
14. A Noël, pendant la messe de minuit, elle vit une fois le saint enfant Jésus au-dessus du calice. Ce qui lui parut très singulier, c'est que le prêtre lui semblait tenir l'enfant par les pieds et que, malgré cela, elle voyait aussi le calice. Du reste il lui est arrivé souvent de voir l'enfant dans la sainte hostie, mais très petit.
" Lorsqu'elle était sacristine, elle occupait au choeur une place d'où elle ne pouvait pas voir l'autel : elle avait cédé celle qui lui appartenait à une sœur qui était tourmentée de scrupules quand elle entendait la messe sans pouvoir voir l'autel. Un jour qu'elle se tenait prête à sonner la cloche pour l'élévation, elle vit l'enfant Jésus au-dessus du calice. Oh ! Comme il était beau ! Elle se croyait déjà dans le ciel et voulut sauter par dessus la grille pour aller à l'enfant. Alors elle se dit tout à coup : " Mon Dieu ! Qu'est-ce que je vais faire !" et elle ne franchit pas la grille, mais elle oublia de tinter. Elle l'oubliait souvent au milieu de la messe, et cela lui attirait des réprimandes.
Depuis l'élévation du calice jusqu'à l'Agnus Dei, elle priait pour les âmes du purgatoire, présentait à Dieu le Christ sur la croix et demandait que celui-ci accomplit ce qu'elle-même ne pouvait pas faire. Souvent alors elle était tout à fait absente (hors d'elle-même), ce qui arrivait aussi quelquefois avant la consécration.
" A la communion, elle pensait à la mise au tombeau de Jésus-Christ et le priait d'ensevelir le vieil homme et de nous revoir de l'homme nouveau
Si pendant la sainte messe ou en tout autre moment, elle entendait le chant ou l'orgue, elle se disait : " Ah ! Qu'il est beau de voir ainsi tout en parfait accord ! Les choses inanimées forment entre elles une aimable harmonie pourquoi les cœurs des hommes ne font-ils pas de même ! Combien ce serait charmant !" Et alors elle ne pouvait s'empêcher de pleurer.
14. A Noël, pendant la messe de minuit, elle vit une fois le saint enfant Jésus au-dessus du calice. Ce qui lui parut très singulier, c'est que le prêtre lui semblait tenir l'enfant par les pieds et que, malgré cela, elle voyait aussi le calice. Du reste il lui est arrivé souvent de voir l'enfant dans la sainte hostie, mais très petit.
" Lorsqu'elle était sacristine, elle occupait au choeur une place d'où elle ne pouvait pas voir l'autel : elle avait cédé celle qui lui appartenait à une sœur qui était tourmentée de scrupules quand elle entendait la messe sans pouvoir voir l'autel. Un jour qu'elle se tenait prête à sonner la cloche pour l'élévation, elle vit l'enfant Jésus au-dessus du calice. Oh ! Comme il était beau ! Elle se croyait déjà dans le ciel et voulut sauter par dessus la grille pour aller à l'enfant. Alors elle se dit tout à coup : " Mon Dieu ! Qu'est-ce que je vais faire !" et elle ne franchit pas la grille, mais elle oublia de tinter. Elle l'oubliait souvent au milieu de la messe, et cela lui attirait des réprimandes.
Re: Vie d'Anne Catherine Emmerich - Tome1
15. Clara Soentgen a déposé en ces termes : " Quand la sœur Emmerich avait reçu la sainte communion, cela la fortifiait toujours et elle m'a dit souvent que Dieu lui donnait alors beaucoup plus de force. Elle aimait beaucoup à communier le jeudi en l'honneur du Saint-Sacrement. Mais comme cela faisait de l'effet et donnait lieu à beaucoup de bavardages dans le couvent, elle reçut de son confesseur la permission de recevoir la sainte communion en secret. Elle allait la recevoir, tantôt un peu après minuit, tantôt à trois ou quatre heures du matin, parce que le désir ardent qu'elle en avait lui rendait impossible d'attendre plus longtemps.
" Je lui demandai une fois pourquoi, le jeudi, elle s'habillait mieux que les autres jours. Elle me répondit que c'était en l'honneur du très saint Sacrement. Avant et après la communion, elle se servait rarement d'un livre de prières, mais elle méditait toujours.
16. Anne Catherine eut plus tard l'occasion de dire ce qui suit : " J'ai très souvent vu le sang couler de la croix empreinte sur la sainte hostie. Je le voyais clairement et distinctement. Bien des fois j'ai vu le Seigneur sous la forme d'un enfant environné d'une lumière rougeâtre, paraître comme un éclair dans la sainte hostie, Souvent au moment de la communion, je vois le Sauveur paraître comme fiancé tout près de moi, puis disparaître lorsque je reçois le Saint-Sacrement, et je ressens sa présence avec une douceur inexprimable. Quand il entre dans la personne qui communie, il monte et se répand dans l'âme tout entière comme lorsqu'un morceau de sucre se dissout dans l'eau. Il pénètre d'autant plus profondément que le désir de celui qui le reçoit est plus ardent."
17, Overberg dépose en ces termes sur sa manière, de faire l'oraison dans d'autres circonstances
" Au couvent, comme avant d'y entrer, elle, a toujours prié pour les âmes du purgatoire et pour les pécheurs : au convent elle priait aussi pour ses compagnes, plus rarement pour elle-même. Sauf les prières qu'elle était obligée de faire conformément à la règle, elle faisait peu de prières vocales mais très fréquemment des oraisons jaculatoires. Sa prière habituelle consistait à parler à Dieu comme un enfant à son père : le plus ordinairement, elle obtenait de lui ce qu'elle lui demandait avec une insistance particulière.
18. " Elle ne cessait de s'entretenir avec Dieu nuit et, jour, même à table, ou bien elle méditait. C'est pourquoi souvent elle ne remarquait rien de ce qui se disait pendant le repas. Si l'on portait alors des plaintes contre elle, elle ne s'en apercevait que quand cela devenait trop fort. L'abbé Lambert lui demanda un jour après le repas : " Comment pouvez-vous prêter l'oreille à des discours comme ceux qu'on a tenus tout le temps à table ?" mais elle n'avait pas fait la moindre attention à ce qui s'était dit."
" Je lui demandai une fois pourquoi, le jeudi, elle s'habillait mieux que les autres jours. Elle me répondit que c'était en l'honneur du très saint Sacrement. Avant et après la communion, elle se servait rarement d'un livre de prières, mais elle méditait toujours.
16. Anne Catherine eut plus tard l'occasion de dire ce qui suit : " J'ai très souvent vu le sang couler de la croix empreinte sur la sainte hostie. Je le voyais clairement et distinctement. Bien des fois j'ai vu le Seigneur sous la forme d'un enfant environné d'une lumière rougeâtre, paraître comme un éclair dans la sainte hostie, Souvent au moment de la communion, je vois le Sauveur paraître comme fiancé tout près de moi, puis disparaître lorsque je reçois le Saint-Sacrement, et je ressens sa présence avec une douceur inexprimable. Quand il entre dans la personne qui communie, il monte et se répand dans l'âme tout entière comme lorsqu'un morceau de sucre se dissout dans l'eau. Il pénètre d'autant plus profondément que le désir de celui qui le reçoit est plus ardent."
17, Overberg dépose en ces termes sur sa manière, de faire l'oraison dans d'autres circonstances
" Au couvent, comme avant d'y entrer, elle, a toujours prié pour les âmes du purgatoire et pour les pécheurs : au convent elle priait aussi pour ses compagnes, plus rarement pour elle-même. Sauf les prières qu'elle était obligée de faire conformément à la règle, elle faisait peu de prières vocales mais très fréquemment des oraisons jaculatoires. Sa prière habituelle consistait à parler à Dieu comme un enfant à son père : le plus ordinairement, elle obtenait de lui ce qu'elle lui demandait avec une insistance particulière.
18. " Elle ne cessait de s'entretenir avec Dieu nuit et, jour, même à table, ou bien elle méditait. C'est pourquoi souvent elle ne remarquait rien de ce qui se disait pendant le repas. Si l'on portait alors des plaintes contre elle, elle ne s'en apercevait que quand cela devenait trop fort. L'abbé Lambert lui demanda un jour après le repas : " Comment pouvez-vous prêter l'oreille à des discours comme ceux qu'on a tenus tout le temps à table ?" mais elle n'avait pas fait la moindre attention à ce qui s'était dit."
Re: Vie d'Anne Catherine Emmerich - Tome1
19. " Pendant un temps aussi, elle avait coutume de disputer contre Dieu sur ce qu'il ne convertissait pas tous ses grands pécheurs et punissait les impénitents de peines éternelles dans l'autre monde. Elle disait à Dieu qu'elle ne comprenait pas comment il pouvait agir ainsi, contrairement à sa nature qui était la bonté même : il lui était pourtant bien facile de convertir les pécheurs, puisque tout était dans sa main. Pouvait-il oublier tout ce que lui et son Fils bien-aimé avaient fait pour les pécheurs et comment celui-ci avait versé son sang sur la croix et avait souffert une mort si douloureuse ? Il devait pourtant se souvenir de ses propres paroles dans les saintes Écritures, de ce qu'il y dit de sa bonté et de sa miséricorde et des promesses qu'il y a faites. Si lui-même ne tenait pas sa parole, comment pouvait-il demander aux hommes de tenir la leur ?
20. " L'abbé Lambert auquel elle racontait cette dispute lui disait" Doucement : tu vas trop loin !" Elle finit pourtant par voir clairement que les choses étaient comme elles devaient être, car si Dieu convertissait tous les pécheurs, ou si les peines de l'autre vie avaient un terme, les hommes ne tiendraient plus aucun compte de Dieu et ne s'enquerraient de lui en aucune façon.
21. " Elle a toujours en une confiance particulière dans la Mère de Dieu et elle retournait avec plus d'ardeur vers elle quand elle avait péché. Elle la priait ainsi ordinairement" O Mère de mon Sauveur, vous êtes doublement ma mère. Votre Fils vous a donnée à moi pour mère quand il s'est fait homme et quand il a dit à Jean : " Voilà ta mère." Puis je suis devenue l'épouse de votre Fils. J'ai été désobéissante envers votre Fils, mon fiancé, et j'ai honte de me laisser voir à lui. Ayez donc pitié de moi ! Le cœur d'une mère est toujours si tendre, priez pour que j'obtienne mon pardon ! Il ne vous sera pas refusé.
20. " L'abbé Lambert auquel elle racontait cette dispute lui disait" Doucement : tu vas trop loin !" Elle finit pourtant par voir clairement que les choses étaient comme elles devaient être, car si Dieu convertissait tous les pécheurs, ou si les peines de l'autre vie avaient un terme, les hommes ne tiendraient plus aucun compte de Dieu et ne s'enquerraient de lui en aucune façon.
21. " Elle a toujours en une confiance particulière dans la Mère de Dieu et elle retournait avec plus d'ardeur vers elle quand elle avait péché. Elle la priait ainsi ordinairement" O Mère de mon Sauveur, vous êtes doublement ma mère. Votre Fils vous a donnée à moi pour mère quand il s'est fait homme et quand il a dit à Jean : " Voilà ta mère." Puis je suis devenue l'épouse de votre Fils. J'ai été désobéissante envers votre Fils, mon fiancé, et j'ai honte de me laisser voir à lui. Ayez donc pitié de moi ! Le cœur d'une mère est toujours si tendre, priez pour que j'obtienne mon pardon ! Il ne vous sera pas refusé.
Re: Vie d'Anne Catherine Emmerich - Tome1
22. " Peu de temps avant la suppression du couvent, un jour qu'elle avait cherché inutilement de la consolation près d'une personne, elle courut en pleurant à travers le cloître, de la porte de l'école à l'église, se prosterna devant Saint-Sacrement et cria merci. Elle était presque tombée dans le désespoir parce qu'il lui semblait qu'elle seule était cause de tout ce qui se faisait de mal dans la maison. Dans son affliction elle pria ainsi :
" O mon Dieu, je suis l'enfant prodigue. J'ai dissipé l'héritage que vous m'aviez donné. Je ne suis pas digne d'être appelée votre enfant, ayez pitié de moi ! Accueillez, je vous en supplie au nom de votre douce mère qui est aussi ma mère." Alors elle reçut de Dieu la réponse qu'elle devait rester en paix, que sa grâce lui suffisait, qu'elle ne devait plus à l'avenir chercher sa consolation près des hommes.
23. " Bien des fois aussi, quand elle implorait instamment quelque chose et faisait de grandes promesses, elle reçut de Dieu cette réponse : " Comment peux-tu promettre de grandes choses quand les petites te sont si difficiles !"
24. Le doyen Rensing, de son côté, a déposé ce qui suit :
" Elle faisait les prières communes avec les sœurs selon elles étaient prescrites, et de même les autres prières vocales qu'elle avait à faire. Mais quand elle priait pour autrui en son particulier (c'est-à-dire mentalement), elle présentait à Dieu sa requête et lui demandait du fond du cœur de vouloir bien l'exaucer : elle ajoutait un Pater noster ou quelque autre courte prière et souvent elle allait jusqu'à entrer en contestation avec Dieu.
25. " Du reste, elle faisait plus volontiers l'oraison mentale que la prière vocale. Elle se faisait d'abord cette question : " Que devrais-tu être, et qu'es-tu ?" Elle allait ensuite de plus en plus avant, en sorte que sa méditation durait souvent très longtemps et qu'elle-même ne savait plus comment elle avait passé, d'un point à l'autre."
26. Clara Soentgen a déposé ainsi
" La sœur Emmerich m'a raconté que, depuis l'Ascension jusqu'à la Pentecôte, elle était toujours livrée à une contemplation intérieure, où elle voyait les disciples rassemblés dans une salle pour demander le Saint-Esprit, et qu'elle-même s'enfermait avec eux dans cette salle. Elle restait dans cet état de contemplation même quand elle était en compagnie. Cela avait déjà lieu avant son entrée au couvent et, pendant ces dix jours, elle avait coutume de faire plusieurs fois la sainte communion. Au couvent, elle était tellement plongée dans cette contemplation, qu'à table, où j'étais assise auprès d'elle, j'étais souvent obligée de la secouer pour qu'elle mangeât."
27. Anne Catherine elle-même a dit une fois :
" Je ne puis faire usage des prières de l'Église traduite en allemand. Elles sont pour moi trop insipides et trop rebutantes. Dans la prière je ne suis liée à aucune langue et, dans tout le cours de ma vie, les prières latines de l'Église m'ont toujours paru beaucoup plus profondes plus intelligibles. Au couvent, je me réjouissais toujours d'avance quand nous devions chanter des hymnes et des répons en latin. La fête était alors plus vivante pour moi et je voyais tout ce que je chantais. Notamment quand nous chantions en latin les litanies de la sainte Vierge, j'y voyais successivement dans une merveilleuse vision toutes les figures symboliques de Marie. C'était comme si mes paroles eussent fait apparaître ces images, et au commencement j'étais tout effrayée de cela ; mais bientôt ce fut pour moi une grâce et une faveur qui excitaient beaucoup ma dévotion. J'ai vu là les tableaux les plus admirables.
" O mon Dieu, je suis l'enfant prodigue. J'ai dissipé l'héritage que vous m'aviez donné. Je ne suis pas digne d'être appelée votre enfant, ayez pitié de moi ! Accueillez, je vous en supplie au nom de votre douce mère qui est aussi ma mère." Alors elle reçut de Dieu la réponse qu'elle devait rester en paix, que sa grâce lui suffisait, qu'elle ne devait plus à l'avenir chercher sa consolation près des hommes.
23. " Bien des fois aussi, quand elle implorait instamment quelque chose et faisait de grandes promesses, elle reçut de Dieu cette réponse : " Comment peux-tu promettre de grandes choses quand les petites te sont si difficiles !"
24. Le doyen Rensing, de son côté, a déposé ce qui suit :
" Elle faisait les prières communes avec les sœurs selon elles étaient prescrites, et de même les autres prières vocales qu'elle avait à faire. Mais quand elle priait pour autrui en son particulier (c'est-à-dire mentalement), elle présentait à Dieu sa requête et lui demandait du fond du cœur de vouloir bien l'exaucer : elle ajoutait un Pater noster ou quelque autre courte prière et souvent elle allait jusqu'à entrer en contestation avec Dieu.
25. " Du reste, elle faisait plus volontiers l'oraison mentale que la prière vocale. Elle se faisait d'abord cette question : " Que devrais-tu être, et qu'es-tu ?" Elle allait ensuite de plus en plus avant, en sorte que sa méditation durait souvent très longtemps et qu'elle-même ne savait plus comment elle avait passé, d'un point à l'autre."
26. Clara Soentgen a déposé ainsi
" La sœur Emmerich m'a raconté que, depuis l'Ascension jusqu'à la Pentecôte, elle était toujours livrée à une contemplation intérieure, où elle voyait les disciples rassemblés dans une salle pour demander le Saint-Esprit, et qu'elle-même s'enfermait avec eux dans cette salle. Elle restait dans cet état de contemplation même quand elle était en compagnie. Cela avait déjà lieu avant son entrée au couvent et, pendant ces dix jours, elle avait coutume de faire plusieurs fois la sainte communion. Au couvent, elle était tellement plongée dans cette contemplation, qu'à table, où j'étais assise auprès d'elle, j'étais souvent obligée de la secouer pour qu'elle mangeât."
27. Anne Catherine elle-même a dit une fois :
" Je ne puis faire usage des prières de l'Église traduite en allemand. Elles sont pour moi trop insipides et trop rebutantes. Dans la prière je ne suis liée à aucune langue et, dans tout le cours de ma vie, les prières latines de l'Église m'ont toujours paru beaucoup plus profondes plus intelligibles. Au couvent, je me réjouissais toujours d'avance quand nous devions chanter des hymnes et des répons en latin. La fête était alors plus vivante pour moi et je voyais tout ce que je chantais. Notamment quand nous chantions en latin les litanies de la sainte Vierge, j'y voyais successivement dans une merveilleuse vision toutes les figures symboliques de Marie. C'était comme si mes paroles eussent fait apparaître ces images, et au commencement j'étais tout effrayée de cela ; mais bientôt ce fut pour moi une grâce et une faveur qui excitaient beaucoup ma dévotion. J'ai vu là les tableaux les plus admirables.
Re: Vie d'Anne Catherine Emmerich - Tome1
XVI
SUPPRESSION DU COUVENT. - ANNE CATHERINE RECOIT LES STIGMATES
1. Le 3 décembre 1811, le couvent d'Agnetenberg fut supprimé et l'église fermée. Quoique Anne Catherine eût depuis longtemps vu d'avance cet événement infiniment douloureux pour elle et quoiqu'elle eût offert Dieu de souffrir toutes les peines imaginables pour détourner ce malheur, elle ne se crut pourtant pas de force à quitter ainsi pour toujours des lieux qui lui étaient si chers. La séparation de l'âme d'avec le corps lui paraissait quelque chose de plus facile que sa séparation d'avec le lieu où elle s'était donnée au fiancé céleste par les saints voeux de religion, afin d'y vivre cachée au monde et d'y servir Dieu dans la souffrance." Je devins si malade, raconta-t-elle plus tard, que les autres religieuses crurent que j'en mourrais infailliblement. Alors la mère de Dieu m'apparut et me dit : " Tu ne mourras pas encore. On fera encore beaucoup de bruit à ton sujet : mais ne crains rien ! Quoi qu'il t'arrive, tu seras toujours secourue ." Plus tard, j'entendis dans toutes mes maladies la voir intérieure qui me disait que je n'étais pas encore prête." Pendant que les autres religieuses quittaient le couvent les unes après les autres, Anne Catherine y resta encore jusqu'au printemps de l'année suivante. Elle fut pendant tout ce temps si faible et si malade qu'elle ne put pas sortir de sa cellule. Les scènes pénibles occasionnées si souvent par l'antipathie des autres sœurs n'avaient jamais pénétré dans cette sombre, humide et froide cellule. Elle y était toujours seule, abandonnée à elle-même et à ses souffrances. Mais les colombes et les moineaux venaient la visiter familièrement sur la fenêtre, les souris sautaient sur sa couverture pour jouer près d'elle et recevoir ses reproches quand elles avaient détruit les oeufs d'un nid de colombes. Et maintenant, si l'abbé Lambert et une vieille servante du couvent n'avaient pas eu pitié d'elle et ne lui avaient pas rendu par charité les services les plus nécessaires, elle serait restée oubliée de tous les humains. Les autres sœurs étaient trop occupées de leurs propres affaires pour penser à Anne Catherine ou tourner les yeux vers elle. Cependant, à peine l'eurent-elles perdue de vue quelque temps qu'aucune d'elles ne sut plus dire pourquoi elles avaient été si malveillantes à son égard. Car, lorsqu'il leur fallut rendre réponse aux supérieurs ecclésiastiques qui leur demandaient" d'où venait qu'Anne Catherine n'était pas aimée dans le couvent et y avait été tellement tourmentée, " toutes donnèrent leur assentiment à ces paroles de la maîtresse des novices : " Anne Catherine, il est vrai, n'était pas très aimée, mais je ne sais pas au juste d'où cela venait." Seule, la révérende mère essaya de donner une raison et dit : " Cela venait, à ce qu'il me semble, de ce que plusieurs ne pouvaient supporter que l'abbé Lambert s'occupait particulièrement d'elle, et en outre quelques-unes croyaient qu'avec ses maladies elle était une trop lourde charge pour le couvent."
SUPPRESSION DU COUVENT. - ANNE CATHERINE RECOIT LES STIGMATES
1. Le 3 décembre 1811, le couvent d'Agnetenberg fut supprimé et l'église fermée. Quoique Anne Catherine eût depuis longtemps vu d'avance cet événement infiniment douloureux pour elle et quoiqu'elle eût offert Dieu de souffrir toutes les peines imaginables pour détourner ce malheur, elle ne se crut pourtant pas de force à quitter ainsi pour toujours des lieux qui lui étaient si chers. La séparation de l'âme d'avec le corps lui paraissait quelque chose de plus facile que sa séparation d'avec le lieu où elle s'était donnée au fiancé céleste par les saints voeux de religion, afin d'y vivre cachée au monde et d'y servir Dieu dans la souffrance." Je devins si malade, raconta-t-elle plus tard, que les autres religieuses crurent que j'en mourrais infailliblement. Alors la mère de Dieu m'apparut et me dit : " Tu ne mourras pas encore. On fera encore beaucoup de bruit à ton sujet : mais ne crains rien ! Quoi qu'il t'arrive, tu seras toujours secourue ." Plus tard, j'entendis dans toutes mes maladies la voir intérieure qui me disait que je n'étais pas encore prête." Pendant que les autres religieuses quittaient le couvent les unes après les autres, Anne Catherine y resta encore jusqu'au printemps de l'année suivante. Elle fut pendant tout ce temps si faible et si malade qu'elle ne put pas sortir de sa cellule. Les scènes pénibles occasionnées si souvent par l'antipathie des autres sœurs n'avaient jamais pénétré dans cette sombre, humide et froide cellule. Elle y était toujours seule, abandonnée à elle-même et à ses souffrances. Mais les colombes et les moineaux venaient la visiter familièrement sur la fenêtre, les souris sautaient sur sa couverture pour jouer près d'elle et recevoir ses reproches quand elles avaient détruit les oeufs d'un nid de colombes. Et maintenant, si l'abbé Lambert et une vieille servante du couvent n'avaient pas eu pitié d'elle et ne lui avaient pas rendu par charité les services les plus nécessaires, elle serait restée oubliée de tous les humains. Les autres sœurs étaient trop occupées de leurs propres affaires pour penser à Anne Catherine ou tourner les yeux vers elle. Cependant, à peine l'eurent-elles perdue de vue quelque temps qu'aucune d'elles ne sut plus dire pourquoi elles avaient été si malveillantes à son égard. Car, lorsqu'il leur fallut rendre réponse aux supérieurs ecclésiastiques qui leur demandaient" d'où venait qu'Anne Catherine n'était pas aimée dans le couvent et y avait été tellement tourmentée, " toutes donnèrent leur assentiment à ces paroles de la maîtresse des novices : " Anne Catherine, il est vrai, n'était pas très aimée, mais je ne sais pas au juste d'où cela venait." Seule, la révérende mère essaya de donner une raison et dit : " Cela venait, à ce qu'il me semble, de ce que plusieurs ne pouvaient supporter que l'abbé Lambert s'occupait particulièrement d'elle, et en outre quelques-unes croyaient qu'avec ses maladies elle était une trop lourde charge pour le couvent."
Re: Vie d'Anne Catherine Emmerich - Tome1
2. L'abbé Lambert, lui-même malade, exilé et sans une âme sur la terre près de laquelle il put espérer de trouver quelque sympathie pour sa vieillesse et sa cruelle position, resta fidèlement près d'Anne Catherine dans cette détresse extrême. Ce qu'il avait observé en elle depuis dix ans, lorsque personne n'avait le moindre soupçon de la direction merveilleuse à laquelle elle était soumise et qu'en lui avait fait connaître, il l'avait jusqu'alors gardé fidèlement pour lui. Il se crut appelé par Dieu à protéger contre les hommes, autant qu'il le pouvait, le mystère de la vie d'Anne Catherine et sa personne elle-même en tant qu'instrument choisi de Dieu ; il vit en elle comme un trésor précieux dont il n'aurait à rendre compte qu'à Dieu puisque lui seul avait reçu la grâce d'en bien connaître la valeur. C'est pourquoi, lorsqu'il devint impossible qu'Anne Catherine restât plus longtemps dans le couvent il alla avec elle dans la maison de la veuve Roters, à Dulmen. Elle était encore si malade qu'elle ne put qu'à grand'peine, traînée dans la ville par la vieille servante gagner la petite chambre située sur la rue, au rez-de-chaussée, qui devait remplacer pour elle la paisible cellule dont la sainte pauvreté s'était si souvent montrée à elle, comme le ciel sur la terre.
" J'étais si inquiète et si effrayée, " raconta-t-elle que, lorsqu'il me fallut sortir du couvent, je croyais que chaque pierre de la rue allait me dévorer."
3. A peine eut-elle été conduite dans sa misérable petite chambre où retentissaient tous les pas des passants et où rien ne pouvait se dérober aux regards de la rue parce que l'appui de la fenêtre était à peine élevé de quelques pieds au-dessus du sol, qu'elle tomba dans un état de langueur très grave. Il semblait qu'elle allait se flétrit comme une plante qui, du haut d'une montagne éclairée de soleil et que le pas d'aucun homme n'a touchée, serait jetée sur une route poudreuse dans un sombre bas-fond. Bien que le couvent ne connût plus la stricte observation de la règle religieuse, cependant c'était pour elle un lieu consacré à Dieu et sanctifié par les prières et les œuvres de pénitence de celles qui l'avaient habité autrefois, dans des temps meilleurs, et où elle-même s'était appliquée sans relâche à accomplir aussi parfaitement que possible tous devoirs de l'état religieux. Elle s'était comme identifiée avec la discipline conventuelle ; la prière au choeur et tous les restes des saints exercices de piété qui s'étaient encore conservés malgré les envahissements de la décadence, étaient, pour son âme brûlante du zèle de la gloire Dieu, comme un aliment nécessaire à sa vie et que rien pouvait remplacer. Mais avant tout, le voisinage du très Saint Sacrement et la maison de Dieu accessible pour elle à tous les instants, étaient, pour une créature si merveilleusement conduite par Dieu, la chose principale, celle qui lui était le plus nécessaire pour pouvoir rester sur la terre et accomplir sa tâche. Tout cela maintenant lui est cri é ; du fond de l'asile consacré à Dieu où sa vie était enlevé ; du fond de l'asile consacré à Dieu où sa vie était cachée, elle est jetée sans appui et sans assistance dans un coin placé sur la voie publique pour y commencer la dernière et la plus pénible partie de sa mission pour l'Église.
" J'étais si inquiète et si effrayée, " raconta-t-elle que, lorsqu'il me fallut sortir du couvent, je croyais que chaque pierre de la rue allait me dévorer."
3. A peine eut-elle été conduite dans sa misérable petite chambre où retentissaient tous les pas des passants et où rien ne pouvait se dérober aux regards de la rue parce que l'appui de la fenêtre était à peine élevé de quelques pieds au-dessus du sol, qu'elle tomba dans un état de langueur très grave. Il semblait qu'elle allait se flétrit comme une plante qui, du haut d'une montagne éclairée de soleil et que le pas d'aucun homme n'a touchée, serait jetée sur une route poudreuse dans un sombre bas-fond. Bien que le couvent ne connût plus la stricte observation de la règle religieuse, cependant c'était pour elle un lieu consacré à Dieu et sanctifié par les prières et les œuvres de pénitence de celles qui l'avaient habité autrefois, dans des temps meilleurs, et où elle-même s'était appliquée sans relâche à accomplir aussi parfaitement que possible tous devoirs de l'état religieux. Elle s'était comme identifiée avec la discipline conventuelle ; la prière au choeur et tous les restes des saints exercices de piété qui s'étaient encore conservés malgré les envahissements de la décadence, étaient, pour son âme brûlante du zèle de la gloire Dieu, comme un aliment nécessaire à sa vie et que rien pouvait remplacer. Mais avant tout, le voisinage du très Saint Sacrement et la maison de Dieu accessible pour elle à tous les instants, étaient, pour une créature si merveilleusement conduite par Dieu, la chose principale, celle qui lui était le plus nécessaire pour pouvoir rester sur la terre et accomplir sa tâche. Tout cela maintenant lui est cri é ; du fond de l'asile consacré à Dieu où sa vie était enlevé ; du fond de l'asile consacré à Dieu où sa vie était cachée, elle est jetée sans appui et sans assistance dans un coin placé sur la voie publique pour y commencer la dernière et la plus pénible partie de sa mission pour l'Église.
Re: Vie d'Anne Catherine Emmerich - Tome1
4. Qu'un peu avant le commencement du Carême de l'an 1812, une pauvre nonne malade se fit conduire à travers les rues de la petite ville jusqu'alors très ignorée de Dulmen, c'était sans doute un événement bien obscur et bien vulgaire aux yeux des hommes. Pourtant, devant Dieu et dans l'intérêt de son Église, il y avait là une disposition providentielle d'une importance incalculable : car, sur cette pauvre vierge du cloître usée par les peines et les macérations, privée de
tout appui, méprisée du monde, persécutée à cause de sa profession, Dieu a placé toutes les tribulations de son Église maltraitée et méprisée, comme cela ne lui était peut-être jamais arrivé depuis sa fondation, à l'égal d'un cadavre d'où la vie s'est retirée. Mais de même que l'Homme dieu en personne a voulu opérer notre rédemption, comme" le rejeton sorti d'une terre altérée" (Isaïe, LIII, 2-5), comme le plus méprisé et le dernier des hommes, comme l'homme de douleurs, couvert de blessures et brisé à cause de nos crimes ; de même qu'il n'a pas voulu empêcher que la parole de la croix devint un scandale pour les Juifs et une folie pour les Gentils, de même, dans tous les temps, il a conduit son Église et l'a sauvée dans le danger en choisissant ce qui est folie aux yeux du monde pour confondre les sages, ce qui est faible pour vaincre les forts, ce qui est petit, méprisé, ce qui est comme un néant pour renverser ce qui est quelque chose (I Cor. I, 27). Voulant accomplir cette opération si incompréhensible au monde, si sublime pour les habitants du ciel et si consolante pour les fidèles, il tire maintenant sa fiancée de la retraite profonde où, sous sa direction, elle a conquis la force spirituelle qui surpasse toute sagesse et toute grandeur humaines, afin qu'elle procure le salut de l'Église à laquelle elle est substituée comme victime expiatoire.
Un grand nombre de religieux des deux sexes avaient quitté sans regret les saintes demeures et s'étaient hâtés de rentrer dans le monde dont, en dépit de leurs voeux solennels, ils ne s'étaient jamais détachés intérieurement. Partout on rencontrait des moines et des prêtres impies qui se mettaient au service de la puissance laïque, pour infecter du poison de l'erreur et de la révolte contre la hiérarchie sacrée et les traditions de l'Église les cœurs de ceux qui étaient appelés à remplir, d'une manière bien insuffisante, les vides chaque jour plus nombreux faits par la mort dans les rangs du sacerdoce. C'est pourquoi la sainteté et la dignité du caractère sacerdotal ainsi que les grâces et les pouvoirs qui y sont attachés étaient alors méprisés et niés par ceux-mêmes qui en étaient revêtus ; et les ennemis du nom chrétien n'étaient pas les seuls auxquels l'anéantissement de l'Église semblât un fait à peu près accompli, car même la petite troupe de ceux qui étaient restés fidèles était découragée au point d'avoir perdu toute espérance. C'est cet état de tribulation de l'Église dans toute son étendue et avec toutes ses conséquences qu'Anne Catherine doit maintenant prendre sur elle ; et voilà pourquoi elle est couchée le long de la voie publique, sans protection et comme mise hors la loi, livrée sans assistance, ainsi que l'Église elle-même, à la méchanceté de quiconque veut l'outrager et lui nuire. C'est l'Église avec son fiancé céleste qui souffre et gémit dans la personne d'Anne Catherine, et nous verrons avec surprise dans tout le cours de cette vie pleine de mystères, comment tout ce que pouvaient faire souffrir à l'Église la déraison, l'aveuglement et la méchanceté du monde venait prendre place dans la sphère de ses souffrances expiatoires.
tout appui, méprisée du monde, persécutée à cause de sa profession, Dieu a placé toutes les tribulations de son Église maltraitée et méprisée, comme cela ne lui était peut-être jamais arrivé depuis sa fondation, à l'égal d'un cadavre d'où la vie s'est retirée. Mais de même que l'Homme dieu en personne a voulu opérer notre rédemption, comme" le rejeton sorti d'une terre altérée" (Isaïe, LIII, 2-5), comme le plus méprisé et le dernier des hommes, comme l'homme de douleurs, couvert de blessures et brisé à cause de nos crimes ; de même qu'il n'a pas voulu empêcher que la parole de la croix devint un scandale pour les Juifs et une folie pour les Gentils, de même, dans tous les temps, il a conduit son Église et l'a sauvée dans le danger en choisissant ce qui est folie aux yeux du monde pour confondre les sages, ce qui est faible pour vaincre les forts, ce qui est petit, méprisé, ce qui est comme un néant pour renverser ce qui est quelque chose (I Cor. I, 27). Voulant accomplir cette opération si incompréhensible au monde, si sublime pour les habitants du ciel et si consolante pour les fidèles, il tire maintenant sa fiancée de la retraite profonde où, sous sa direction, elle a conquis la force spirituelle qui surpasse toute sagesse et toute grandeur humaines, afin qu'elle procure le salut de l'Église à laquelle elle est substituée comme victime expiatoire.
Un grand nombre de religieux des deux sexes avaient quitté sans regret les saintes demeures et s'étaient hâtés de rentrer dans le monde dont, en dépit de leurs voeux solennels, ils ne s'étaient jamais détachés intérieurement. Partout on rencontrait des moines et des prêtres impies qui se mettaient au service de la puissance laïque, pour infecter du poison de l'erreur et de la révolte contre la hiérarchie sacrée et les traditions de l'Église les cœurs de ceux qui étaient appelés à remplir, d'une manière bien insuffisante, les vides chaque jour plus nombreux faits par la mort dans les rangs du sacerdoce. C'est pourquoi la sainteté et la dignité du caractère sacerdotal ainsi que les grâces et les pouvoirs qui y sont attachés étaient alors méprisés et niés par ceux-mêmes qui en étaient revêtus ; et les ennemis du nom chrétien n'étaient pas les seuls auxquels l'anéantissement de l'Église semblât un fait à peu près accompli, car même la petite troupe de ceux qui étaient restés fidèles était découragée au point d'avoir perdu toute espérance. C'est cet état de tribulation de l'Église dans toute son étendue et avec toutes ses conséquences qu'Anne Catherine doit maintenant prendre sur elle ; et voilà pourquoi elle est couchée le long de la voie publique, sans protection et comme mise hors la loi, livrée sans assistance, ainsi que l'Église elle-même, à la méchanceté de quiconque veut l'outrager et lui nuire. C'est l'Église avec son fiancé céleste qui souffre et gémit dans la personne d'Anne Catherine, et nous verrons avec surprise dans tout le cours de cette vie pleine de mystères, comment tout ce que pouvaient faire souffrir à l'Église la déraison, l'aveuglement et la méchanceté du monde venait prendre place dans la sphère de ses souffrances expiatoires.
Re: Vie d'Anne Catherine Emmerich - Tome1
5. L'état d'Anne Catherine empira si promptement que son entourage la crut à toute extrémité : alors son ancienne maîtresse des novices fit appeler le P. Limberg, dominicain, qui habitait Dulmen depuis la suppression de son couvent à Munster, et le pria de la confesser. Voici ce qu'il a raconté à ce sujet
" Dans le Carême de 1812, ma tante, ancienne maîtresse des novices de la sœur Emmerich, me fit appeler pour entendre celle-ci en confession. Je m'y refusai en alléguant qu'il fallait une permission spéciale pour confesser une religieuse ; mais comme on m'assura que cette restriction n'existait plus, je me rendis auprès d'elle sur la demande de ma tante. Je la trouvai dans un si triste état qu'elle ne pouvait plus parler et je fus obligé de l'interroger sur ce qui touchait à sa conscience. Je la croyais à l'extrémité et je lui portai aussitôt tous les sacrements des mourants. Mais elle se rétablit et je devins dès lors son confesseur ordinaire. Auparavant, ç'avait été le P. Chrysanthe, augustin, mort depuis peu. Elle portait une ceinture de pénitence en fil de laiton et un cilice de crin en forme de scapulaire que je lui fis ôter.
" Antérieurement, je n'avais pas connu particulièrement la sœur Emmerich : je l'avais seulement vue quelquefois. Je disais souvent la sainte messe dans l'église du couvent et je le faisais volontiers parce que tout y était d'une grande propreté. Cela m'avait aussi fait faire connaissance avec le chapelain du couvent, l'abbé Lambert. La sœur Emmerich était sacristine et je l'avais vue plus d'une fois aller et venir ; elle paraissait dans un si triste état que je la regardais comme perdue et que je me disais souvent : " Quoi donc ! Cette pauvre personne vit encore !"
6. Pendant tout le temps du Carême, Anne Catherine fut hors d'état de se lever de son lit ; du reste la plupart du temps son esprit était absent, ce que l'entourage prenait pour des évanouissements causés par son extrême faiblesse. A partir de Pâques, elle put, quoiqu'avec beaucoup de difficulté, gagner l'église paroissiale pour y faire la sainte communion : mais elle y alla pour la dernière fois le 2 novembre 1812, car depuis lors il lui fut à jamais impossible de quitter son lit de douleur. Au mois de septembre, elle était encore allée en pèlerinage à un lieu appelé l'Hermitage, qui est tout proche de Dulmen. Un ermite de l'ordre de saint Augustin y avait vécu et près de sa demeure était une petite chapelle. Anne Catherine voulait y demander l'adoucissement de souffrances qui lui étaient devenues intolérables ; mais elle tomba en extase, ce qui la rendit raide et immobile comme une statue. Une jeune fille qui l'accompagnait, saisie d'effroi, appela au secours une paysanne qui donna à Anne Catherine les soins qu'elle eût donnés à une personne évanouie, et ce fut ainsi qu'elles découvrirent sur sa poitrine une croix saignante qui y avait été imprimée à la dernière fête du saint patron de son ordre, mais qu'elle-même n'avait jamais vue.
Quand elle revint à elle, elle était si faible que la paysanne et la jeune fille furent forcées de la rapporter à son logis.
" Dans le Carême de 1812, ma tante, ancienne maîtresse des novices de la sœur Emmerich, me fit appeler pour entendre celle-ci en confession. Je m'y refusai en alléguant qu'il fallait une permission spéciale pour confesser une religieuse ; mais comme on m'assura que cette restriction n'existait plus, je me rendis auprès d'elle sur la demande de ma tante. Je la trouvai dans un si triste état qu'elle ne pouvait plus parler et je fus obligé de l'interroger sur ce qui touchait à sa conscience. Je la croyais à l'extrémité et je lui portai aussitôt tous les sacrements des mourants. Mais elle se rétablit et je devins dès lors son confesseur ordinaire. Auparavant, ç'avait été le P. Chrysanthe, augustin, mort depuis peu. Elle portait une ceinture de pénitence en fil de laiton et un cilice de crin en forme de scapulaire que je lui fis ôter.
" Antérieurement, je n'avais pas connu particulièrement la sœur Emmerich : je l'avais seulement vue quelquefois. Je disais souvent la sainte messe dans l'église du couvent et je le faisais volontiers parce que tout y était d'une grande propreté. Cela m'avait aussi fait faire connaissance avec le chapelain du couvent, l'abbé Lambert. La sœur Emmerich était sacristine et je l'avais vue plus d'une fois aller et venir ; elle paraissait dans un si triste état que je la regardais comme perdue et que je me disais souvent : " Quoi donc ! Cette pauvre personne vit encore !"
6. Pendant tout le temps du Carême, Anne Catherine fut hors d'état de se lever de son lit ; du reste la plupart du temps son esprit était absent, ce que l'entourage prenait pour des évanouissements causés par son extrême faiblesse. A partir de Pâques, elle put, quoiqu'avec beaucoup de difficulté, gagner l'église paroissiale pour y faire la sainte communion : mais elle y alla pour la dernière fois le 2 novembre 1812, car depuis lors il lui fut à jamais impossible de quitter son lit de douleur. Au mois de septembre, elle était encore allée en pèlerinage à un lieu appelé l'Hermitage, qui est tout proche de Dulmen. Un ermite de l'ordre de saint Augustin y avait vécu et près de sa demeure était une petite chapelle. Anne Catherine voulait y demander l'adoucissement de souffrances qui lui étaient devenues intolérables ; mais elle tomba en extase, ce qui la rendit raide et immobile comme une statue. Une jeune fille qui l'accompagnait, saisie d'effroi, appela au secours une paysanne qui donna à Anne Catherine les soins qu'elle eût donnés à une personne évanouie, et ce fut ainsi qu'elles découvrirent sur sa poitrine une croix saignante qui y avait été imprimée à la dernière fête du saint patron de son ordre, mais qu'elle-même n'avait jamais vue.
Quand elle revint à elle, elle était si faible que la paysanne et la jeune fille furent forcées de la rapporter à son logis.
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