Anne Catherine Emmerich -
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Anne Catherine Emmerich -
Anne Catherine Emmerich
Anne Catherine Emmerich est née le 8 septembre 1774 dans une famille de neuf frères et soeurs. Dès sa plus tendre enfance elle dut aider aux travaux domestiques et agricoles.
Anne Catherine Emmerich, a été religieuse Augustine du couvent d'Agnetenberg à Dulmen en Westphalie et est décédée en 1824. L'héroïcité de ses vertus a été reconnue par décret en date du 24 avril 2001 par la Congrégation Romaine pour la cause des Saints du Vatican et elle a été béatifiée le 3 octobre 2004 par sa Sainteté Jean-Paul II. Ses méditations et visions ont fait l'objet du livre " La douloureuse Passion de Notre Seigneur JÉSUS-CHRIST " copiées selon ses visions et alors qu'elle se trouvait sur son lit de souffrances. Durant sa prime jeunesse elle bénéficia déjà de certaines facultés surnaturelles, par exemple le don de distinguer ce qui est bon ou mauvais, béni ou maudit, aussi bien sur le plan matériel que spirituel ; elle reconnaissait également les lieux comme étant bénis et sanctifiés ou ceux où de grands péchés avaient été commis autrefois. Elle était irrésistiblement attirée par les ossements des Saints et prise de malaise près des tombeaux des païens. Elle commença à recevoir des visions dès sa vingtième année et elle essaya d'entrer vainement au couvent. A l'âge de 24 ans le Christ lui apparu alors qu'elle se trouvait en prière et lui offrit de choisir entre les deux couronnes qu'il lui présentait, celle de fleurs et la couronne d'épines. Bien sûr, Anne Catherine choisit la couronne d'épines et le Seigneur lui-même la lui plaça . Elle souffrit beaucoup de sa tête et saigna au point de traverser le linge qui lui entourait le cou. Elle finit par entrer au couvent de Dulmen le 13 novembre 1802 en cachant ses douleurs. Sa santé déclina, et malgré tout elle demandait au seigneur de prendre sur elle les maladies des autres. Elle souffrait beaucoup et cela n'était guère compris des autres sœurs qui la considéraient plus comme un poids pour la communauté, qu'autre chose. En 1811 le couvent fut supprimé. Elle vécut en ville dans une petite chambre, chez une veuve. Elle était toujours très souffrante, ses extases et le commerce qu'elle entretenait avec le monde invisible devenaient plus fréquents. En 1812 une marque de la Croix apparut sur sa poitrine, très douloureuse et suintante. En fin 1812 elle était mourante et reçu les derniers sacrements. Elle survécut mais la Croix se mit à saigner tous les mercredis puis tous les vendredis et enfin elle reçu tous les stigmates du seigneur, expression la plus sublime de l'union à ses souffrances. Elle ne pouvait plus se nourrir seulement boire un peu d'eau. Le sang jaillissait de ses plaies. Ses supérieurs lui demandaient de tout communiquer et un ami nota jusqu'à sa mort tout ce qu'elle vécut. A jours fixes elle passait ses nuits assise dans son lit, les douleurs de la couronne d'épines l'empêchant d'appuyer sa tête ni même d'y porter la main. Il lui fut montré qu'elle avait beaucoup à souffrir, notamment pour l'Église. Dans les années 1820 elle eut des visions très nettes de toute la Passion du Christ qui furent scrupuleusement notées et firent l'objet du livre. La souffrance d'Anne Catherine Emmerich devint chaque jour plus intolérable jusqu'à sa mort le 9 février 1824, à l'âge de 50 ans. Suite aux visions de la Sainte Religieuse, des lieux inconnus auparavant ont pu être découverts depuis lors de fouilles exécutées selon ses descriptions.
Anne Catherine Emmerich, a été religieuse Augustine du couvent d'Agnetenberg à Dulmen en Westphalie et est décédée en 1824. L'héroïcité de ses vertus a été reconnue par décret en date du 24 avril 2001 par la Congrégation Romaine pour la cause des Saints du Vatican et elle a été béatifiée le 3 octobre 2004 par sa Sainteté Jean-Paul II. Ses méditations et visions ont fait l'objet du livre " La douloureuse Passion de Notre Seigneur JÉSUS-CHRIST " copiées selon ses visions et alors qu'elle se trouvait sur son lit de souffrances. Durant sa prime jeunesse elle bénéficia déjà de certaines facultés surnaturelles, par exemple le don de distinguer ce qui est bon ou mauvais, béni ou maudit, aussi bien sur le plan matériel que spirituel ; elle reconnaissait également les lieux comme étant bénis et sanctifiés ou ceux où de grands péchés avaient été commis autrefois. Elle était irrésistiblement attirée par les ossements des Saints et prise de malaise près des tombeaux des païens. Elle commença à recevoir des visions dès sa vingtième année et elle essaya d'entrer vainement au couvent. A l'âge de 24 ans le Christ lui apparu alors qu'elle se trouvait en prière et lui offrit de choisir entre les deux couronnes qu'il lui présentait, celle de fleurs et la couronne d'épines. Bien sûr, Anne Catherine choisit la couronne d'épines et le Seigneur lui-même la lui plaça . Elle souffrit beaucoup de sa tête et saigna au point de traverser le linge qui lui entourait le cou. Elle finit par entrer au couvent de Dulmen le 13 novembre 1802 en cachant ses douleurs. Sa santé déclina, et malgré tout elle demandait au seigneur de prendre sur elle les maladies des autres. Elle souffrait beaucoup et cela n'était guère compris des autres sœurs qui la considéraient plus comme un poids pour la communauté, qu'autre chose. En 1811 le couvent fut supprimé. Elle vécut en ville dans une petite chambre, chez une veuve. Elle était toujours très souffrante, ses extases et le commerce qu'elle entretenait avec le monde invisible devenaient plus fréquents. En 1812 une marque de la Croix apparut sur sa poitrine, très douloureuse et suintante. En fin 1812 elle était mourante et reçu les derniers sacrements. Elle survécut mais la Croix se mit à saigner tous les mercredis puis tous les vendredis et enfin elle reçu tous les stigmates du seigneur, expression la plus sublime de l'union à ses souffrances. Elle ne pouvait plus se nourrir seulement boire un peu d'eau. Le sang jaillissait de ses plaies. Ses supérieurs lui demandaient de tout communiquer et un ami nota jusqu'à sa mort tout ce qu'elle vécut. A jours fixes elle passait ses nuits assise dans son lit, les douleurs de la couronne d'épines l'empêchant d'appuyer sa tête ni même d'y porter la main. Il lui fut montré qu'elle avait beaucoup à souffrir, notamment pour l'Église. Dans les années 1820 elle eut des visions très nettes de toute la Passion du Christ qui furent scrupuleusement notées et firent l'objet du livre. La souffrance d'Anne Catherine Emmerich devint chaque jour plus intolérable jusqu'à sa mort le 9 février 1824, à l'âge de 50 ans. Suite aux visions de la Sainte Religieuse, des lieux inconnus auparavant ont pu être découverts depuis lors de fouilles exécutées selon ses descriptions.
Anne Catherine Emmerich et la Sainte Messe
anne Catherine Emmerich raconte :
'Je me souviens qu'à l'âge de quatre ans, un jour que mes parents me conduisaient à l'Eglise, j'avais la ferme confiance que j'y verrais Dieu et des personnes tout autres que celles que je connaissais, bien plus belles et plus brillantes.
Lorsque j'y entrai, je regardais de tous les côtés et il n'y avait rien de ce que je m'étais figuré.
Le prêtre à l'autel, me disais-je, ce pouvait être Dieu ; mais je cherchais la sainte vierge Marie ; je pensais que là, ils devaient avoir tout le reste au-dessous d'eux, car telle était mon idée ; mais je ne trouvai rien de ce que je m'imaginais.
Plus tard j'eus encore ces pensées et je regardais toujours deux bonnes dévotes qui portaient des capuchons et semblaient plus modestes que les autres : je me disais que ce pourrait bien être ce que je cherchais, mais ce n'était pas cela.
Je croyais toujours que Marie devait avoir un manteau bleu céleste, un voile blanc et là-dessous une robe blanche très simple.
J'eus alors la vue du Paradis et je cherchai dans l'Eglise Adam et Eve avant la chute, beaux comme ils étaient alors : et je me disais : " quand tu te seras confessée, tu les trouveras." Mais même alors je ne les trouvai pas.
Je vis enfin dans l'Eglise une pieuse famille noble ; les filles étaient habillées tout eu blanc. Je pensais qu'elles avaient un peu de ce que je cherchais et je me sentis un grand respect pour elles, mais ce n'était pas encore cela. J'avais toujours l'impression que tout ce que je voyais était devenu très laid et très sale.
J'étais continuellement plongée dans des pensées de ce genre et j'en oubliais le boire et le manger, en sorte que j'entendais souvent mes parents dire : " qu'a donc cette enfant ! qu'est-il arrivé à Anne Catherinette ?"
Souvent, dans mon enfance, je me plaignais à Dieu très familièrement de qu'il avait fait telle ou telle chose. Je ne pouvais pas comprendre comment Dieu avait pu laisser naître le péché, lui qui avait tout dans sa main ; surtout l'éternité des peines de l'enfer me paraissait d'une dureté incompréhensible. Mais alors je voyais des tableaux qui m'avertissaient et m'instruisaient si bien que je fus parfaitement convaincue que Dieu est infiniment bon et infiniment juste, et que, si j'avais voulu faire quelque chose selon mes idées, c'eût été bien misérable."
'Je me souviens qu'à l'âge de quatre ans, un jour que mes parents me conduisaient à l'Eglise, j'avais la ferme confiance que j'y verrais Dieu et des personnes tout autres que celles que je connaissais, bien plus belles et plus brillantes.
Lorsque j'y entrai, je regardais de tous les côtés et il n'y avait rien de ce que je m'étais figuré.
Le prêtre à l'autel, me disais-je, ce pouvait être Dieu ; mais je cherchais la sainte vierge Marie ; je pensais que là, ils devaient avoir tout le reste au-dessous d'eux, car telle était mon idée ; mais je ne trouvai rien de ce que je m'imaginais.
Plus tard j'eus encore ces pensées et je regardais toujours deux bonnes dévotes qui portaient des capuchons et semblaient plus modestes que les autres : je me disais que ce pourrait bien être ce que je cherchais, mais ce n'était pas cela.
Je croyais toujours que Marie devait avoir un manteau bleu céleste, un voile blanc et là-dessous une robe blanche très simple.
J'eus alors la vue du Paradis et je cherchai dans l'Eglise Adam et Eve avant la chute, beaux comme ils étaient alors : et je me disais : " quand tu te seras confessée, tu les trouveras." Mais même alors je ne les trouvai pas.
Je vis enfin dans l'Eglise une pieuse famille noble ; les filles étaient habillées tout eu blanc. Je pensais qu'elles avaient un peu de ce que je cherchais et je me sentis un grand respect pour elles, mais ce n'était pas encore cela. J'avais toujours l'impression que tout ce que je voyais était devenu très laid et très sale.
J'étais continuellement plongée dans des pensées de ce genre et j'en oubliais le boire et le manger, en sorte que j'entendais souvent mes parents dire : " qu'a donc cette enfant ! qu'est-il arrivé à Anne Catherinette ?"
Souvent, dans mon enfance, je me plaignais à Dieu très familièrement de qu'il avait fait telle ou telle chose. Je ne pouvais pas comprendre comment Dieu avait pu laisser naître le péché, lui qui avait tout dans sa main ; surtout l'éternité des peines de l'enfer me paraissait d'une dureté incompréhensible. Mais alors je voyais des tableaux qui m'avertissaient et m'instruisaient si bien que je fus parfaitement convaincue que Dieu est infiniment bon et infiniment juste, et que, si j'avais voulu faire quelque chose selon mes idées, c'eût été bien misérable."
(A suivre...)
M1234- Hiérophante contre le nouvel ordre mondial
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Re: Anne Catherine Emmerich -
Sa relation avec le saint Sacrement
".Ce fut dans sa douzième année qu'Anne Catherine fit sa première communion. Depuis le jour de son baptême, son âme se trouvait si fortement attirée vers le très saint Sacrement qu'elle éprouvait dans son voisinage un merveilleux sentiment de joie et de bonheur qui se communiquait même à son corps. Elle n'était jamais dans la maison de Dieu sans être accompagnée de son ange et sans voir, dans la manière dont celui-ci adorait le très saint Sacrement, le modèle du respect avec lequel l'homme mortel doit s'en approcher. Elle avait appris dans ses visions, et le Sauveur lui-même lui avait enseigné, quelle était la magnificence, la grandeur de ses mystères : cela lui avait inspiré un tel respect pour le sacerdoce de l'Eglise catholique, que rien sur la terre ne lui paraissait comparable en dignité et que, comme nous le verrons plus tard, il n'y avait aucune offense qu'elle se chargeât d'expier, par de plus terribles souffrances que les péchés des prêtres. S'agenouillait-elle devant l'autel, elle n'osait pas regarder d'un autre côté. Son cœur et ses yeux s'attachaient au très saint Sacrement et le silence du lieu saint correspondait au recueillement solennel de son âme. Elle parlait à Jésus dans le sacrement avec une ferveur pleine de confiance et lui chantait les jours de fête les hymnes de l'Eglise. Mais, comme elle ne pouvait s'arrêter dans les églises aussi longtemps qu'elle l'eût désiré, en faisant sa prière nocturne, elle se tournait comme involontairement vers le point de l'horizon où elle savait qu'était le tabernacle d'une église. "
".Ce fut dans sa douzième année qu'Anne Catherine fit sa première communion. Depuis le jour de son baptême, son âme se trouvait si fortement attirée vers le très saint Sacrement qu'elle éprouvait dans son voisinage un merveilleux sentiment de joie et de bonheur qui se communiquait même à son corps. Elle n'était jamais dans la maison de Dieu sans être accompagnée de son ange et sans voir, dans la manière dont celui-ci adorait le très saint Sacrement, le modèle du respect avec lequel l'homme mortel doit s'en approcher. Elle avait appris dans ses visions, et le Sauveur lui-même lui avait enseigné, quelle était la magnificence, la grandeur de ses mystères : cela lui avait inspiré un tel respect pour le sacerdoce de l'Eglise catholique, que rien sur la terre ne lui paraissait comparable en dignité et que, comme nous le verrons plus tard, il n'y avait aucune offense qu'elle se chargeât d'expier, par de plus terribles souffrances que les péchés des prêtres. S'agenouillait-elle devant l'autel, elle n'osait pas regarder d'un autre côté. Son cœur et ses yeux s'attachaient au très saint Sacrement et le silence du lieu saint correspondait au recueillement solennel de son âme. Elle parlait à Jésus dans le sacrement avec une ferveur pleine de confiance et lui chantait les jours de fête les hymnes de l'Eglise. Mais, comme elle ne pouvait s'arrêter dans les églises aussi longtemps qu'elle l'eût désiré, en faisant sa prière nocturne, elle se tournait comme involontairement vers le point de l'horizon où elle savait qu'était le tabernacle d'une église. "
Son attitude pour recevoir l'Eucharistie
" L'ardent amour qui enflammait son cœur l'avait poussée, dès ses premières années, à faire la communion spirituelle : mais quand vint le moment où elle eut à se préparer à la réception réelle de l'Eucharistie, elle ne crut jamais en pouvoir faire assez. La grandeur de son désir n'était égalée que par le soin avec lequel elle s'efforçait de rendre son âme digne de recevoir l'hôte céleste. Elle s'appliqua à repasser de nouveau dans sa mémoire tous les instants de sa vie, afin de paraître pure devant son Seigneur et son Dieu. Plus encore qu'à sa première confession, elle était pénétrée de la crainte de porter en elle une tache par suite d'une ignorance coupable et elle n'était pas peu tourmentée par la pensée qu'elle n'avait peut-être pas confessé ses fautes aussi sincèrement et aussi complètement que Dieu le voulait, car elle n'avait jamais cessé de se regarder comme la pire de tous les enfants et son humilité ne tolérait ni échappatoire ni excuse. Elle pria instamment son père et sa mère de lui venir en aide pour arriver à la parfaite connaissance de ses péchés ; elle leur disait 'Je ne veux pas de secret, pas de replis dans mon cœur. S'il venait à moi un ange dans lequel je verrais un repli, je ne pourrais m'empêcher de dire qu'il a part avec le mauvais esprit, lequel cherche à se cacher dans les recoins et les replis des cœurs.' Le jour de la communion, elle tint ses yeux fermés en allant à l'église, afin qu'aucun objet ne pût les frapper et troubler le recueillement de son esprit. Elle était si remplie du désir de se donner entièrement et parfaitement à Dieu et de consacrer à son service toutes les puissances de son âme et de son corps, qu'elle s'offrait sans cesse au Seigneur pour se sacrifier à sa gloire et au salut du prochain. Voici ce que rapporte Overberg à ce sujet 'Lors de sa première communion, Anne Catherine n'a pas demandé beaucoup de choses à Dieu : elle priait par dessus tout pour qu'il fît d'elle une enfant tout à fait bonne, qu'il la fît devenir telle qu'il la voulait. Elle se donna à Dieu tout entière et sans réserve.'"
" L'ardent amour qui enflammait son cœur l'avait poussée, dès ses premières années, à faire la communion spirituelle : mais quand vint le moment où elle eut à se préparer à la réception réelle de l'Eucharistie, elle ne crut jamais en pouvoir faire assez. La grandeur de son désir n'était égalée que par le soin avec lequel elle s'efforçait de rendre son âme digne de recevoir l'hôte céleste. Elle s'appliqua à repasser de nouveau dans sa mémoire tous les instants de sa vie, afin de paraître pure devant son Seigneur et son Dieu. Plus encore qu'à sa première confession, elle était pénétrée de la crainte de porter en elle une tache par suite d'une ignorance coupable et elle n'était pas peu tourmentée par la pensée qu'elle n'avait peut-être pas confessé ses fautes aussi sincèrement et aussi complètement que Dieu le voulait, car elle n'avait jamais cessé de se regarder comme la pire de tous les enfants et son humilité ne tolérait ni échappatoire ni excuse. Elle pria instamment son père et sa mère de lui venir en aide pour arriver à la parfaite connaissance de ses péchés ; elle leur disait 'Je ne veux pas de secret, pas de replis dans mon cœur. S'il venait à moi un ange dans lequel je verrais un repli, je ne pourrais m'empêcher de dire qu'il a part avec le mauvais esprit, lequel cherche à se cacher dans les recoins et les replis des cœurs.' Le jour de la communion, elle tint ses yeux fermés en allant à l'église, afin qu'aucun objet ne pût les frapper et troubler le recueillement de son esprit. Elle était si remplie du désir de se donner entièrement et parfaitement à Dieu et de consacrer à son service toutes les puissances de son âme et de son corps, qu'elle s'offrait sans cesse au Seigneur pour se sacrifier à sa gloire et au salut du prochain. Voici ce que rapporte Overberg à ce sujet 'Lors de sa première communion, Anne Catherine n'a pas demandé beaucoup de choses à Dieu : elle priait par dessus tout pour qu'il fît d'elle une enfant tout à fait bonne, qu'il la fît devenir telle qu'il la voulait. Elle se donna à Dieu tout entière et sans réserve.'"
Son état spirituel pendant la messe
" « Elle assistait à la sainte messe avec une dévotion extrême. Quand le prêtre commençait les prières, elle se transportait en esprit sur la montagne des oliviers et y contemplait Jésus. Elle priait alors Dieu pour tous les hommes afin qu'il leur fit la grâce d'assister pieusement à la sainte messe ; pour le prêtre afin qu'il offrît le saint sacrifice de la manière la plus agréable à Dieu ; enfin pour que Jésus voulût bien jeter sur tous les assistants un regard miséricordieux comme il l'avait fait pour saint Pierre. « Au Gloria, elle louait Dieu avec tous les anges, tous les saints, tous les pieux chrétiens existant sur la terre et rendait grâce au Sauveur de ce qu'il renouvelle tous les jours son sacrifice : elle le priait d'éclairer tous les hommes et de consoler les pauvres âmes du purgatoire. « A l'Evangile, elle demandait à Dieu pour elle-même et pour tous les autres hommes, la grâce de bien pratiquer les enseignements évangéliques. « A l'Offertoire, elle offrait à Dieu le pain et le vin avec le prêtre et priait pour qu'ils fussent changés au corps et au sang de Jésus-Christ : elle se disait aussi que le moment où le Sauveur allait venir était proche. « Au Sanctus, elle priait afin que le monde entier s'unît à elle pour louer Dieu. « A la Consécration, elle députait le Sauveur vers le père céleste, l'offrait pour le monde entier, spécialement pour la conversion des pécheurs, pour le soulagement des âmes du purgatoire, pour ceux qui se trouvaient à l'article de la mort, et pour ses sœurs les religieuses. Elle se représentait alors l'autel comme entouré d'anges qui n'osaient pas lever les yeux sur le Sauveur et se disait qu'il serait bien audacieux à elle de regarder l'autel et qu'elle ne devait pas se le permettre. 13. « Souvent elle voyait autour du Saint-Sacrement une lumière éblouissante, souvent aussi dans la sainte hostie une croix de couleur brune, ou d'une autre couleur, quoique jamais blanche. Si elle eût été blanche elle n'aurait pas pu la voir. La croix ne lui apparaissait pas plus grande que l'hostie, mais l'hostie était souvent alors plus grande que les hosties. Depuis l'élévation du calice jusqu'à l'Agnus Dei, elle priait pour les âmes du purgatoire, présentait à Dieu le Christ sur la croix et demandait que celui-ci accomplit ce qu'elle-même ne pouvait pas faire. Souvent alors elle était tout-à-fait absente (hors d'elle-même), ce qui arrivait aussi quelquefois avant la consécration. « A la communion, elle pensait à la mise au tombeau de Jésus-Christ et le priait d'ensevelir le vieil homme et de nous revoir de l'homme nouveau Si pendant la sainte messe ou en tout autre moment, elle entendait le chant ou l'orgue, elle se disait : « Ah ! qu'il est beau de voir ainsi tout en parfait accord ! Les choses inanimées forment entre elles une aimable harmonie pourquoi les cœurs des hommes ne font-ils pas de même ! combien ce serait charmant !» Et alors elle ne pouvait s'empêcher de pleurer.
" « Elle assistait à la sainte messe avec une dévotion extrême. Quand le prêtre commençait les prières, elle se transportait en esprit sur la montagne des oliviers et y contemplait Jésus. Elle priait alors Dieu pour tous les hommes afin qu'il leur fit la grâce d'assister pieusement à la sainte messe ; pour le prêtre afin qu'il offrît le saint sacrifice de la manière la plus agréable à Dieu ; enfin pour que Jésus voulût bien jeter sur tous les assistants un regard miséricordieux comme il l'avait fait pour saint Pierre. « Au Gloria, elle louait Dieu avec tous les anges, tous les saints, tous les pieux chrétiens existant sur la terre et rendait grâce au Sauveur de ce qu'il renouvelle tous les jours son sacrifice : elle le priait d'éclairer tous les hommes et de consoler les pauvres âmes du purgatoire. « A l'Evangile, elle demandait à Dieu pour elle-même et pour tous les autres hommes, la grâce de bien pratiquer les enseignements évangéliques. « A l'Offertoire, elle offrait à Dieu le pain et le vin avec le prêtre et priait pour qu'ils fussent changés au corps et au sang de Jésus-Christ : elle se disait aussi que le moment où le Sauveur allait venir était proche. « Au Sanctus, elle priait afin que le monde entier s'unît à elle pour louer Dieu. « A la Consécration, elle députait le Sauveur vers le père céleste, l'offrait pour le monde entier, spécialement pour la conversion des pécheurs, pour le soulagement des âmes du purgatoire, pour ceux qui se trouvaient à l'article de la mort, et pour ses sœurs les religieuses. Elle se représentait alors l'autel comme entouré d'anges qui n'osaient pas lever les yeux sur le Sauveur et se disait qu'il serait bien audacieux à elle de regarder l'autel et qu'elle ne devait pas se le permettre. 13. « Souvent elle voyait autour du Saint-Sacrement une lumière éblouissante, souvent aussi dans la sainte hostie une croix de couleur brune, ou d'une autre couleur, quoique jamais blanche. Si elle eût été blanche elle n'aurait pas pu la voir. La croix ne lui apparaissait pas plus grande que l'hostie, mais l'hostie était souvent alors plus grande que les hosties. Depuis l'élévation du calice jusqu'à l'Agnus Dei, elle priait pour les âmes du purgatoire, présentait à Dieu le Christ sur la croix et demandait que celui-ci accomplit ce qu'elle-même ne pouvait pas faire. Souvent alors elle était tout-à-fait absente (hors d'elle-même), ce qui arrivait aussi quelquefois avant la consécration. « A la communion, elle pensait à la mise au tombeau de Jésus-Christ et le priait d'ensevelir le vieil homme et de nous revoir de l'homme nouveau Si pendant la sainte messe ou en tout autre moment, elle entendait le chant ou l'orgue, elle se disait : « Ah ! qu'il est beau de voir ainsi tout en parfait accord ! Les choses inanimées forment entre elles une aimable harmonie pourquoi les cœurs des hommes ne font-ils pas de même ! combien ce serait charmant !» Et alors elle ne pouvait s'empêcher de pleurer.
Sa foi en l'Eglise Catholique "
Ces dernières phrases se rapportaient aux divers entretiens dans lesquels Anne Catherine avait combattu les vues erronées du pèlerin et avait fait ressortir avec force la pureté et la complète vérité de la foi catholique. Encore dominé par le faux mysticisme d'après lequel il ne voyait dans l'Église 'qu'une communauté formée de tous les enfants de Dieu, sans distinction de confession extérieure,' il n'avait pas été médiocrement surpris lorsqu'Anne Catherine, dès les premiers jours de son séjour à Dulmen, l'entendant parler dans les termes les plus élogieux 'des frères séparés extérieurement, mais unis par l'esprit parce que tous appartiennent à l'Eglise universelle,' lui fit cette réponse grave et concluante : « Il n'y a qu'une Eglise, l'Eglise catholique romaine ! Et, quand il ne resterait sur la terre qu'un seul catholique, celui-ci constituerait l'Eglise une, universelle, c'est-à-dire catholique, l'Eglise de Jésus-Christ, contre laquelle les portes de l'enfer ne prévaudront pas.» Et comme il objectait que pourtant tous ceux qui croient au Christ sont certainement enfants de Dieu, elle répondit : « Si Jésus-Christ dit que les enfants de Dieu doivent honorer et aimer Dieu comme leur père, il faut bien aussi qu'ils appellent leur mère la mère bien-aimée de Dieu et qu'ils aient le sentiment qu'elle est leur mère. Quant à celui qui ne voit pas cela, qui ne le fait pas et ne le pratique pas de lui-même sans autre explication, le Notre Père est pour lui une vaine formule et lui-même est loin d'être un enfant de Dieu.»
Ces dernières phrases se rapportaient aux divers entretiens dans lesquels Anne Catherine avait combattu les vues erronées du pèlerin et avait fait ressortir avec force la pureté et la complète vérité de la foi catholique. Encore dominé par le faux mysticisme d'après lequel il ne voyait dans l'Église 'qu'une communauté formée de tous les enfants de Dieu, sans distinction de confession extérieure,' il n'avait pas été médiocrement surpris lorsqu'Anne Catherine, dès les premiers jours de son séjour à Dulmen, l'entendant parler dans les termes les plus élogieux 'des frères séparés extérieurement, mais unis par l'esprit parce que tous appartiennent à l'Eglise universelle,' lui fit cette réponse grave et concluante : « Il n'y a qu'une Eglise, l'Eglise catholique romaine ! Et, quand il ne resterait sur la terre qu'un seul catholique, celui-ci constituerait l'Eglise une, universelle, c'est-à-dire catholique, l'Eglise de Jésus-Christ, contre laquelle les portes de l'enfer ne prévaudront pas.» Et comme il objectait que pourtant tous ceux qui croient au Christ sont certainement enfants de Dieu, elle répondit : « Si Jésus-Christ dit que les enfants de Dieu doivent honorer et aimer Dieu comme leur père, il faut bien aussi qu'ils appellent leur mère la mère bien-aimée de Dieu et qu'ils aient le sentiment qu'elle est leur mère. Quant à celui qui ne voit pas cela, qui ne le fait pas et ne le pratique pas de lui-même sans autre explication, le Notre Père est pour lui une vaine formule et lui-même est loin d'être un enfant de Dieu.»
Puis, revenant à l'Eglise ; elle continua « La connaissance de la grandeur et de la magnificence de cette Eglise, dans laquelle les sacrements sont conservés avec toute leur vertu et leur sainteté inviolable, est malheureusement une chose rare de nos jours, même chez les prêtres. Et c'est parce que tant de prêtres ne savent plus ce qu'ils sont que tant de fidèles aussi ne savent plus ce qu'ils sont et ne comprennent plus le sens de cette parole, « appartenir à l'Eglise» . Afin que nul pouvoir humain ne pût détruire l'Eglise, Dieu a fait de la consécration sacerdotale un signe ineffaçable. Quand il n'y aurait sur la terre qu'un seul prêtre régulièrement ordonné, Jésus-Christ serait vivant dans son Eglise comme Dieu et homme au moyen du très-saint sacrement de l'autel ; quiconque, étant absous de ses péchés par le prêtre, reçoit ce sacrement, celui-là seul est véritablement uni à Dieu.»"
Suite: Visions de Anne-Catherine Emmerich
M1234- Hiérophante contre le nouvel ordre mondial
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Re: Anne Catherine Emmerich -
Merci Marie du 65, c'est magnifique,
ces passages m'interpellent vraiment :
« Il n'y a qu'une Eglise, l'Eglise catholique romaine ! Et, quand il ne resterait sur la terre qu'un seul catholique, celui-ci constituerait l'Eglise une, universelle, c'est-à-dire catholique, l'Eglise de Jésus-Christ, contre laquelle les portes de l'enfer ne prévaudront pas.» Et comme il objectait que pourtant tous ceux qui croient au Christ sont certainement enfants de Dieu, elle répondit :
« Si Jésus-Christ dit que les enfants de Dieu doivent honorer et aimer Dieu comme leur père, il faut bien aussi qu'ils appellent leur mère la mère bien-aimée de Dieu et qu'ils aient le sentiment qu'elle est leur mère. Quant à celui qui ne voit pas cela, qui ne le fait pas et ne le pratique pas de lui-même sans autre explication, le Notre Père est pour lui une vaine formule et lui-même est loin d'être un enfant de Dieu.»
ces passages m'interpellent vraiment :
« Il n'y a qu'une Eglise, l'Eglise catholique romaine ! Et, quand il ne resterait sur la terre qu'un seul catholique, celui-ci constituerait l'Eglise une, universelle, c'est-à-dire catholique, l'Eglise de Jésus-Christ, contre laquelle les portes de l'enfer ne prévaudront pas.» Et comme il objectait que pourtant tous ceux qui croient au Christ sont certainement enfants de Dieu, elle répondit :
« Si Jésus-Christ dit que les enfants de Dieu doivent honorer et aimer Dieu comme leur père, il faut bien aussi qu'ils appellent leur mère la mère bien-aimée de Dieu et qu'ils aient le sentiment qu'elle est leur mère. Quant à celui qui ne voit pas cela, qui ne le fait pas et ne le pratique pas de lui-même sans autre explication, le Notre Père est pour lui une vaine formule et lui-même est loin d'être un enfant de Dieu.»
Invité- Invité
Re: Anne Catherine Emmerich -
Jésus_miséricordieux a écrit:Merci Marie du 65, c'est magnifique,
ces passages m'interpellent vraiment :
« Il n'y a qu'une Eglise, l'Eglise catholique romaine ! Et, quand il ne resterait sur la terre qu'un seul catholique, celui-ci constituerait l'Eglise une, universelle, c'est-à-dire catholique, l'Eglise de Jésus-Christ, contre laquelle les portes de l'enfer ne prévaudront pas.» Et comme il objectait que pourtant tous ceux qui croient au Christ sont certainement enfants de Dieu, elle répondit :
« Si Jésus-Christ dit que les enfants de Dieu doivent honorer et aimer Dieu comme leur père, il faut bien aussi qu'ils appellent leur mère la mère bien-aimée de Dieu et qu'ils aient le sentiment qu'elle est leur mère. Quant à celui qui ne voit pas cela, qui ne le fait pas et ne le pratique pas de lui-même sans autre explication, le Notre Père est pour lui une vaine formule et lui-même est loin d'être un enfant de Dieu.»
Merci pour ton appréciation!!!
Amitiés
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Re: Anne Catherine Emmerich -
Vision d'Anne Catherine Emmerich
Trois semaines après la Pâque, [...], je fus témoin d'une scène qui se passa dans une ville non loin de Damas. Un roi souffrait d'une éruption qui, à demi sortie, lui était tombée sur les pieds, de telle sorte qu'il boitait. Des voyageurs lui avaient beaucoup parlé de Jésus, de ses miracles et de l'irritation qu'il avait excitée parmi les Juifs le jour de Pâques; ce qu'ils racontaient inspira au roi, qui était homme de bien, une grande affection pour Jésus et le désir de le voir. Il espérait même être guéri par lui, et il lui écrivit pour l'appeler auprès de sa personne. En outre il manda un jeune homme de sa cour qui savait peindre, et lui remit sa lettre, lui ordonnant de faire le portrait de Jésus, s'il ne pouvait pas le déterminer à satisfaire à sa demande, qu'appuyaient des présents. L'envoyé partit aussitôt avec six serviteurs, lui sur un chameau, eux sur des mules.
Je vis cet homme arriver avec sa suite à quelque distance de l'endroit où Jésus enseignait, et où plusieurs personnes avaient établi leurs tentes. Il chercha sur-le-champ à pénétrer jusqu'à lui. Ne pouvant pas lui parler pendant qu'il prêchait, il voulut du moins l'écouter et faire en même temps son portrait. Depuis longtemps déjà il s'efforçait en vain de se faire jour à travers la foule attentive, lorsque Jésus, l'apercevant, dit à un ancien disciple de Jean qui se trouvait près de lui, d'aider cet homme qui ne pouvait écarter la foule, de le faire approcher et de lui donner place sur un banc. Le disciple, après avoir conduit l'envoyé au lieu désigné par Jésus, fit aussi asseoir les gens de sa suite, de manière qu'ils pussent voir et entendre le Seigneur. Ces derniers apportaient les présents du roi, qui consistaient en étoffes, en petites plaques d'or et en plusieurs couples de beaux et bons agneaux.
Je vis cet homme arriver avec sa suite à quelque distance de l'endroit où Jésus enseignait, et où plusieurs personnes avaient établi leurs tentes. Il chercha sur-le-champ à pénétrer jusqu'à lui. Ne pouvant pas lui parler pendant qu'il prêchait, il voulut du moins l'écouter et faire en même temps son portrait. Depuis longtemps déjà il s'efforçait en vain de se faire jour à travers la foule attentive, lorsque Jésus, l'apercevant, dit à un ancien disciple de Jean qui se trouvait près de lui, d'aider cet homme qui ne pouvait écarter la foule, de le faire approcher et de lui donner place sur un banc. Le disciple, après avoir conduit l'envoyé au lieu désigné par Jésus, fit aussi asseoir les gens de sa suite, de manière qu'ils pussent voir et entendre le Seigneur. Ces derniers apportaient les présents du roi, qui consistaient en étoffes, en petites plaques d'or et en plusieurs couples de beaux et bons agneaux.
Le fidèle envoyé, tout joyeux de se placer en face du Sauveur, s'empressa de dresser son chevalet sur ses genoux, regarda Jésus avec une attention pleine d'admiration et se mit à l'oeuvre. Il fit d'abord l'ébauche de sa tête et de sa barbe. Il couvrit ensuite la tablette de quelque enduit, puis il retoucha à plusieurs reprises son esquisse avec le crayon; il continua longtemps ce travail, mais sans arriver à en être content. A chaque regard qu'il jetait sur Jésus, son visage semblait lui causer un étonnement nouveau, et il se voyait contraint de recommencer.
Jésus enseigna quelque temps encore, et envoya ensuite dire à cet homme qu'il pouvait se présenter et remplir son message. Il vint donc vers le Sauveur, suivi des serviteurs et des présents. Il ne portait pas de manteau, mais seulement un vêtement court qui ressemblait à l'habit des trois rois. Le tableau, qui avait la forme d'un bouclier, était suspendu par un cordon à son bras gauche; dans la main droite il tenait la lettre du roi. Il se prosterna ainsi que les siens la face contre terre devant le Seigneur, et il dit : "Votre serviteur est l'envoyé d'Abgar, roi d'Edesse, qui est malade; il vous adresse cette lettre, et vous supplie d'agréer ces présents." Jésus lui répondit qu'il était satisfait des bonnes dispositions de son maître, puis il ordonna aux disciples de prendre les dons et de les distribuer aux plus pauvres des assistants, ensuite il ouvrit la lettre. Je ne me souviens plus du contenu, sinon que le prince lui disait, entre autres choses, qu'il avait le pouvoir de ressusciter les morts, et qu'il le priait de vouloir bien venir le guérir. Lorsque Jésus eut lu la lettre, il la retourna, prit un crayon, qu'il tira de son sein, et écrivit plusieurs mots en gros caractères, après quoi il la replia. Jésus se fit alors donner de l'eau, se lava le visage, contre lequel il pressa l'enveloppe molle de la lettre, qu'il remit enfin à l'envoyé. Celui-ci l'appliqua sur son portrait, (je crois que Jésus lui avait dit de le faire) : alors le portrait changea d'aspect et devint parfaitement ressemblant. Le peintre, ravi de joie, montra le portrait aux assistants, se prosterna devant Jésus, et s'en retourna aussitôt.
Quelques-uns des serviteurs d'Abgar restèrent auprès de Jésus, qui, après cette prédication, traversa le Jourdain et se rendit à la seconde fontaine baptismale de Jean. Ils s'y firent aussitôt baptiser.
Je vis cependant l'envoyé arriver à Edesse. Le roi vint au-devant de lui dans son jardin, et fut profondément ému en regardant le portrait et en lisant la lettre. Il s'amenda, et renvoya un grand nombre de femmes avec lesquelles il vivait.
Jésus enseigna quelque temps encore, et envoya ensuite dire à cet homme qu'il pouvait se présenter et remplir son message. Il vint donc vers le Sauveur, suivi des serviteurs et des présents. Il ne portait pas de manteau, mais seulement un vêtement court qui ressemblait à l'habit des trois rois. Le tableau, qui avait la forme d'un bouclier, était suspendu par un cordon à son bras gauche; dans la main droite il tenait la lettre du roi. Il se prosterna ainsi que les siens la face contre terre devant le Seigneur, et il dit : "Votre serviteur est l'envoyé d'Abgar, roi d'Edesse, qui est malade; il vous adresse cette lettre, et vous supplie d'agréer ces présents." Jésus lui répondit qu'il était satisfait des bonnes dispositions de son maître, puis il ordonna aux disciples de prendre les dons et de les distribuer aux plus pauvres des assistants, ensuite il ouvrit la lettre. Je ne me souviens plus du contenu, sinon que le prince lui disait, entre autres choses, qu'il avait le pouvoir de ressusciter les morts, et qu'il le priait de vouloir bien venir le guérir. Lorsque Jésus eut lu la lettre, il la retourna, prit un crayon, qu'il tira de son sein, et écrivit plusieurs mots en gros caractères, après quoi il la replia. Jésus se fit alors donner de l'eau, se lava le visage, contre lequel il pressa l'enveloppe molle de la lettre, qu'il remit enfin à l'envoyé. Celui-ci l'appliqua sur son portrait, (je crois que Jésus lui avait dit de le faire) : alors le portrait changea d'aspect et devint parfaitement ressemblant. Le peintre, ravi de joie, montra le portrait aux assistants, se prosterna devant Jésus, et s'en retourna aussitôt.
Quelques-uns des serviteurs d'Abgar restèrent auprès de Jésus, qui, après cette prédication, traversa le Jourdain et se rendit à la seconde fontaine baptismale de Jean. Ils s'y firent aussitôt baptiser.
Je vis cependant l'envoyé arriver à Edesse. Le roi vint au-devant de lui dans son jardin, et fut profondément ému en regardant le portrait et en lisant la lettre. Il s'amenda, et renvoya un grand nombre de femmes avec lesquelles il vivait.
ANNE CATHERINE EMMERICH - VISION SUR LA PRIERE
Anne Catherine Emmerich eut la vision qui suit sur la valeur de la prière :
« J'étais dans un grand espace lumineux qui s'étendait à mesure que je regardais tout autour de moi. Je vis là ce qui advient de nos prières devant Dieu. Elles étaient comme inscrites sur de grands tableaux de couleur blanche et elles semblaient divisées en quatre classes. Quelques prières étaient écrites en magnifiques lettres d'or, d'autres en caractères brillants comme de l'argent, d'autres présentaient une nuance sombre ; d'autres enfin étaient en lettres noires et celles-ci étaient rayées d'une barre. Cette vue me donna de la joie : cependant j'étais inquiète, craignant de n'être pas digne de voir cela et, j'osai à peine demander à mon conducteur ce que tout cela signifiait. Il me répondit : « Ce qui est tracé en lettres d'or est la prière de ceux qui, une fois pour toutes, ont uni leurs bonnes œuvres aux mérites de Jésus-Christ et qui renouvellent souvent cette union, qui, en outre, travaillent avec un grand soin à observer ses préceptes et à imiter ses exemples. Ce qui a le brillant de l'argent est la prière de ceux qui n'ont point présente à la mémoire cette union avec les mérites de Jésus-Christ, mais qui pourtant sont pieux et prient dans la simplicité de leur cœur.
Ce qui est de couleur sombre est la prière de ceux qui ne vivent pas en repos s'ils ne s'approchent pas souvent des sacrements et s'ils ne font pas chaque jour certaines prières, mais qui pourtant sont tièdes et ne font le bien que par habitude. Enfin ce qui est écrit en noir et barré est la prière de ceux qui mettent toute leur confiance dans les prières vocales et dans leurs prétendues bonnes œuvres, mais qui n'observent pas les commandements de Dieu et ne font pas violence à leurs mauvais désirs. Cette prière n'a aucun mérite devant Dieu : c'est pourquoi elle est rayée. De même aussi sont rayées les bonnes œuvres de ceux qui se donnent beaucoup de peine pour faire quelque fondation pieuse, mais qui en cela considèrent l'honneur et les avantages temporels qu'ils doivent en retirer.»
« J'étais dans un grand espace lumineux qui s'étendait à mesure que je regardais tout autour de moi. Je vis là ce qui advient de nos prières devant Dieu. Elles étaient comme inscrites sur de grands tableaux de couleur blanche et elles semblaient divisées en quatre classes. Quelques prières étaient écrites en magnifiques lettres d'or, d'autres en caractères brillants comme de l'argent, d'autres présentaient une nuance sombre ; d'autres enfin étaient en lettres noires et celles-ci étaient rayées d'une barre. Cette vue me donna de la joie : cependant j'étais inquiète, craignant de n'être pas digne de voir cela et, j'osai à peine demander à mon conducteur ce que tout cela signifiait. Il me répondit : « Ce qui est tracé en lettres d'or est la prière de ceux qui, une fois pour toutes, ont uni leurs bonnes œuvres aux mérites de Jésus-Christ et qui renouvellent souvent cette union, qui, en outre, travaillent avec un grand soin à observer ses préceptes et à imiter ses exemples. Ce qui a le brillant de l'argent est la prière de ceux qui n'ont point présente à la mémoire cette union avec les mérites de Jésus-Christ, mais qui pourtant sont pieux et prient dans la simplicité de leur cœur.
Ce qui est de couleur sombre est la prière de ceux qui ne vivent pas en repos s'ils ne s'approchent pas souvent des sacrements et s'ils ne font pas chaque jour certaines prières, mais qui pourtant sont tièdes et ne font le bien que par habitude. Enfin ce qui est écrit en noir et barré est la prière de ceux qui mettent toute leur confiance dans les prières vocales et dans leurs prétendues bonnes œuvres, mais qui n'observent pas les commandements de Dieu et ne font pas violence à leurs mauvais désirs. Cette prière n'a aucun mérite devant Dieu : c'est pourquoi elle est rayée. De même aussi sont rayées les bonnes œuvres de ceux qui se donnent beaucoup de peine pour faire quelque fondation pieuse, mais qui en cela considèrent l'honneur et les avantages temporels qu'ils doivent en retirer.»
( à suivre...)
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Re: Anne Catherine Emmerich -
VISION SUR LA VIE DE NOTRE SEIGNEUR JESUS CHRIST
(10 11 juillet 1819). Je vis à Nazareth la sainte Famille, composée seulement de trois personnes, Jésus, Marie et Joseph ; depuis la dixième jusqu'à la vingtième année de Jésus, à peu près, je les y vis deux fois habiter une maison étrangère ; c'était comme un logement pris à loyer chez d'autres personnes. De la vingtième à la trentième année de Jésus environ, je les vis dans une maison où ils étaient seuls.
Il y avait dans la maison trois chambres séparées celle de la Mère de Dieu était la plus grande et la plus agréable : c'était là qu'ils se réunissaient pour la prière. Du reste je les voyais rarement tous trois ensemble. Ils se tenaient debout lorsqu'ils priaient ; ils avaient les mains croisées sur la poitrine et semblaient parler à haute voix. Je les voyais souvent prier à la lumière sous une lampe à plusieurs mèches. Peut être aussi était ce une espèce de chandelier à plusieurs branches fixé à la muraille Jésus se tenait le plus souvent seul dans sa chambre. Joseph s'occupait dans la sienne à des travaux de son métier. Je le voyais façonner des bâtons et des lattes, polir des morceaux ne bois, quelquefois même apporter une poutre, et je vis Jésus l'aider.
Marie était le plus souvent occupée à coudre faire une espèce de tricot avec des petits bâtons. Elle était alors assise et avait une petite corbeille près d'elle.
Je vis Jésus rechercher de plus en plus la solitude et la méditation à mesure que le temps où il devait enseigner s'approchait. Chacun dormait à part dans son réduit et la couche consistait en une couverture qu'on roulait le matin.
Je vis Jésus jusque vers sa douzième année donner toute l'assistance possible à ses parents : je le vis aussi, hors de la maison et partout où l'occasion s'en présentait, se montrer amical pour chacun, aider les autres et leur rendre toute espèce de service Dans ses premières années il était un modèle pour tous tes enfants de Nazareth. Ils l'aimaient et craignaient de lui déplaire. Les parents de ses compagnons disaient souvent à ceux ci lorsqu'ils se conduisaient mal ou commettaient quelque faute : " Que dira le fils de Joseph si je lui raconte ceci ? Comme il en sera fâché ! Quelquefois aussi ils lui portaient des plaintes amicales contre leurs enfants en présence de ceux ci et lui disaient : " Dis lui donc de ne plus faire ceci ou cela. " Jésus prenait cela avec simplicité et comme par manière de jeu, puis du ton le plus affectueux, il engageait ses amis à faire telle ou telle chose. il priait avec eux pour leur obtenir du Père céleste la force de se corriger, il les exhortait à faire des excuses et à avouer leurs fautes sans délai.
La narratrice avait eu une vision étendue et très précise sur toute la jeunesse de Jésus : mais la maladie et les dérangements ne m'ont Permis d'en rapporter que ce qui suit :
A une lieue à peu près au nord est de Nazareth, du côté de Séphoris, se trouve un endroit nommé Gophna : c'était là qu'au temps de la jeunesse de Jésus, habitaient les parents de Jean et de Jacques le Majeur. Ceux ci dans leurs premières années étaient souvent avec Jésus jusqu'au moment où leurs parents allèrent à Bethsaïde et où eux mêmes devinrent Pêcheurs.
A Nazareth demeurait un homme nommé Zebedia ou Sebadia, qui n'était pas le Zébédée, père de Jean et de Jacques. Il avait une fille mariée à un Essénien, parent de Joachim : je ne me souviens plus de leurs noms. Ces époux avaient quatre fils un peu plus âgés ou un peu plus jeunes que Jésus. Ils s'appelaient Cléophas, Jacob, Juda et Japhet ; plus tard ils sont devenus disciples de Jean Baptiste et après sa mort disciples de Jésus. Cléophas est le même auquel Jésus s'apparut à Emmaus en compagnie de Luc. Il était marié et demeurait alors à Emmaus. Sa femme se réunit plus tard aux femmes de la communauté chrétienne. Ces quatre disciples allèrent trouver Jean vers le temps du baptême de Jésus et ils restèrent près de lui jusqu'à la fin. Lorsqu'André et Saturnin allèrent rejoindre Jésus de l'autre côté au Jourdain, ils les suivirent et restèrent avec lui toute la journée. Ils étaient aussi du nombre des disciples de Jean que Jésus amena avec lui aux noces de Cana.
Ces jeunes gens dans leur enfance étaient aussi du nombre des camarades de Jésus : leurs parents et eux allaient ordinairement à Jérusalem pour la fête de Pâques en compagnie de la sainte Famille.
(Le dimanche dans l'octave de l'Epiphanie 1820.) Le Sauveur était d'une taille mince et élancée : son visage de forme allongée, était tout lumineux, il paraissait d'une bonne santé, quoique pâle. Ses cheveux d'un blond rougeâtre étaient parfaitement lisses : ils étaient séparés sur son front ouvert et élevé et tombaient sur ses épaules. Il portait une longue tunique d'un gris brunâtre, qui paraissait faite au métier et lui descendait Jusqu'aux pieds Les manches étaient assez larges aux poignets.
(Le dimanche dans l'octave de l'Epiphanie 1822.) Jésus avait huit ans(1) lorsqu'il alla pour la première fois à Jérusalem avec ses parents pour la fête de Pâques : il y retourna les années suivantes.
Déjà dans ses premiers voyages Jésus avait été remarqué chez les amis qui leur donnaient l'hospitalité à Jérusalem : il l'avait été aussi par des prêtres et des docteurs. Chez beaucoup de personnes de leur connaissance à Jérusalem, on parlait du sage et pieux enfant, de l'étonnant fils de Joseph, comme chez nous, aux pèlerinages annuels, on remarque telle ou telle personne simple et pieuse, ou quelque petite paysanne avisée. et. quand elle revient, on se la rappelle.
Ainsi Jésus, lorsque dans sa douzième année il alla à Jérusalem en compagnie de ses parents et de leurs amis était déjà connu de diverses personnes de la ville.
Note1 : Les commentateurs les plus autorisés de l'Ecriture admettent également que ce ne fut pas dans sa douzième année que Jésus alla à Jérusalem pour la première fois.
Les parents avaient coutume pendant le voyage d'aller de côté et d'autre avec les gens de leur pays, et à ce voyage ci, le cinquième que faisait Jésus, ils savaient qu'il allait toujours avec les jeunes gens de Nazareth. Or Jésus cette fois s'était séparé de ses compagnons aux environs du mont des Oliviers et ceux ci croyaient qu'il s'était réuni à ses parents qui venaient à leur suites mais il était allé vers le côté de Jérusalem qui regarde Bethléem, dans cette hôtellerie où la sainte Famille avait logé avant la purification de Marie. La sainte Famille le croyait en avant avec les autres personnes de Nazareth, tandis que ceux ci croyaient qu'il suivait avec ses parents. Jusqu'au retour tous se trouvèrent ensemble à Gophna, Marie et Joseph furent extraordinairement inquiets de son absence. Ils retournèrent aussitôt à Jérusalem ; sur la route et à Jérusalem, ils s'enquirent de lui partout, mais ils ne purent pas le trouver d'abord parce qu'il n'avait pas été là où ils séjournaient d'habitude. Jésus avait passé la nuit dans l'hôtellerie de la porte de Bethléem où ses parents et lui étaient connus.
S'étant réuni là à plusieurs jeunes gens, il était allé avec eux dans deux écoles de la ville : le premier jour dans l'une, le second jour dans l'autre. Le troisième jour il avait été le matin, dans une troisième école près du temple et l'après midi, dans le temple même où ses parents le trouvèrent. Ces écoles étaient de différente espèce et toutes n'étaient pas précisément des écoles où l'on enseignât la loi : on y enseignait aussi d'autres sciences. La dernière était dans le voisinage du temple et on y formait des prêtres et des lévites.
Jésus, par ses demandes et ses réponses, jeta les maîtres et les rabbins dans un tel étonnement et même dans un tel embarras qu'ils se proposèrent le troisième jour après midi de faire humilier l'enfant Jésus sur différents points par les rabbins les plus savants, dans le temple même et du haut de la chaire. Les docteurs et les scribes se concertèrent ensemble pour cela : car d'abord ils avaient pris plaisir à l'entendre ; puis ils s'étaient irrités contre lui. Ceci eut lieu à l'endroit où l'on enseignait publiquement, au milieu du vestibule du temple devant le sanctuaire, dans la salle ronde où Jésus enseigna encore plus tard. Je vis là Jésus assis sur un grand siège qu'il ne remplissait pas tout entier à beaucoup près. Il était entouré d'une quantité de vieux Juifs revêtus d'habits sacerdotaux. Ils écoutaient attentivement et paraissaient pleins de dépit : je craignais qu'ils ne voulussent mettre la main sur lui. Le siège où il était assis était orné de têtes brunes semblables à des têtes de chiens : elles étaient d'un brun verdâtre et le haut était reluisant, avec un reflet jaune. Des têtes et des figures du même genre ornaient plusieurs longues tables ou dressoirs placés latéralement dans cet endroit du temple et qui étaient couverts d'offrandes. Cette pièce était si vaste et si remplie de monde qu'on n'avait pas le sentiment qu'on fût dans une église.
Comme Jésus dans les écoles avait fait usage pour ses réponses et ses explications d'exemples de toute espèce, tires des choses naturelles, des arts et des sciences, on avait réuni ici des hommes versés dans ces différentes branches des connaissances humaines : comme ils commençaient, chacun de son côté, à disputer avec Jésus, il leur dit que ces sortes de discussions n'étaient pas précisément à leur place dans le temple, mais que pourtant il leur répondrait même ici, parce que telle était la volonté de son Père. Ils ne comprirent pas qu'il entendait parler de son Père céleste, mais ils crurent que Joseph lui avait ordonné de faire montre de toutes ses connaissances.
Jésus répondit et enseigna sur la médecine et il décrivit tout le corps humain d'une façon inconnue aux plus savants d'entre eux : il fit de même pour l'astronomie, l'architecture, l'agriculture, la géométrie et l'arithmétique, la science du droit, en un mot pour tout ce qui fut mis en avant (2) il ramena tout d'une façon si ingénieuse à la loi et à la promesse, aux prophéties, au temple et aux mystères du culte et du sacrifice que les uns étaient saisis d'admiration, les autres confus et dépités, et cela alternativement tous fussent couverts de confusion et outrés de dépit : ce qui venait surtout de ce qu'ils entendaient des choses qu'ils n'avaient jamais sues, ni jamais comprises de cette sorte.
Note 2 : Que le lecteur ne s'étonne pas de voir le Sauveur dans son enseignement toucher à des objets qui y semblent si étrangers. De ce nombre sont précisément ces sciences qui ont le plus souvent pour résultat de faire pécher l'homme par orgueil, si bien qu'au lieu de le conduire à Dieu, elles l'en éloignent et le précipitent dans des ténèbres de plus en plus épaisses. Lors donc que le Sauveur daigne s'en occuper dans son enseignement, il présente une expiation pour cette sorte d'orgueil et de présomption, et montre en même temps quel doit être le point de départ et le but de toute science pour qu'elle puisse être mise au service de Dieu et devenir par là méritoire.
Remarquons ici une fois pour toutes, ce qui n'échappera pas au lecteur attentif, que, d'après les visions, les actes et les opérations du Sauveur suivent un ordre progressif merveilleux. Ainsi, par exemple, de même que le Dieu fait homme passe, afin de tout expier et de tout sanctifier, par tous les degrés de l'âge et du développement humain jusqu'à la parfaite virilité, se soumettant lui même à l'ordre sous lequel, comme législateur suprême, il a placé l'homme j de même aussi il révèle d'une manière correspondante à cet ordre les mystères de son action rédemptrice et acquiert sur chaque degré de nouveaux mérites d'une valeur infinie pour le salut de tous. Si donc le lecteur rencontre quelque chose qui lui paraisse d'abord difficile à concevoir, l'étude comparée des détails lui donnera une vue de l'ensemble où les difficultés disparaîtront.
Il y avait déjà deux heures qu'il enseignait ainsi, lorsque Joseph et Marie vinrent aussi dans le temple et s'enquirent de leur enfant près de quelques lévites qu'ils connaissaient. ils apprirent alors qu'il était avec les scribes dans la salle où l'on enseignait. Comme ce n'était pas un lieu où il leur fût permis d'entrer, ils y envoyèrent le lévite pour prier Jésus de venir, mais Jésus leur fit dire qu'il voulait finir d'abord ce qu'il avait à faire. Marie fut très attristée de ce qu'il ne venait pas tout de suite. C'était la première fois qu'il faisait sentir à ses parents qu'il avait à obéir à d'autres ordres encore qu'aux leurs. il continua à enseigner pendant une bonne heure, et quand tous eurent été éfutés et confondus au grand dépit de la plupart d'entre eux, il quitta la salle et vint trouver ses parents dans le parvis des Israélites et des femmes. Joseph était intimidé et étonné : il ne disait rien. Mais Marie s'approcha de Jésus et lui dit : " Mon fils, pourquoi en as tu agi ainsi envers nous, voilà que ton père et moi nous te cherchions tout affligés.
Mais Jésus était encore plein de gravité et il répondit : "Pourquoi me cherchiez vous ? ne saviez vous pas que je dois m'occuper des affaires de mon Père, "ils ne comprirent pas cela et se remirent en route avec lui pour revenir. Les assistants étaient tout étonnés et les regardaient avec curiosité. J'étais très inquiète, craignant qu'ils ne se saisissent de l'enfant, car j'en vis quelques uns pleins de colère. Mais à ma grande surprise, ils laissèrent la sainte Famille se retirer tranquillement : la foule pressée autour d'eux s'ouvrit pour les laisser passer. je vis tout cela très en détail, et j'entendis la plus grande partie de ses instructions, mais la souffrance et les soucis font que je ne puis pas tout retenir. Son enseignement fit un grand effet chez tous les scribes : quelques uns en prirent note comme d'une chose remarquable. On en parla beaucoup de divers côtés, et il y eut à ce sujet bien des bavardages et des mensonges. Mais ils tinrent secrète entre eux toute la manière dont la chose s'était passée, ils parlèrent de Jésus comme d'un enfant inconsidéré qu'on avait remis a sa place : il avait de belles facultés, disaient ils, mais cela avait encore besoin d'être poli par l'éducation.
Je vis la sainte Famille revenir à Jérusalem : ils se joignirent devant la ville à une troupe composée de trois hommes, de deux femmes et de quelques enfants que je ne connaissais pas, mais qui paraissaient être aussi de Nazareth. En compagnie de ces personnes, ils suivirent encore divers chemins autour de Jérusalem ; ils allèrent au mont des Oliviers, s'arrêtèrent ça et là dans les beaux jardins d'agrément qui s'y trouvent et prièrent les mains croisées sur la poitrine. Je les vis aussi passer un ruisseau sur un grand pont. Ces allées et venues et ces prières de la petite compagnie me donnèrent tout à fait l'idée d'un pèlerinage.
Quand Jésus fut de retour à Nazareth, je vis préparer dans la maison d'Anne une fêle où l'on réunit tous les jeunes garçons et les jeunes filles appartenant aux familles de leurs parents et de leurs amis. Je ne sais pas si c'était une fête pour se réjouir d'avoir retrouvé Jésus ; peut être aussi était ce une fête qui avait lieu après le retour de la fête de Pâques ou bien encore qu'on célébrait quand les garçons atteignaient leur douzième année. Mais Jésus était là comme le principal personnage.
On avait élevé au dessus de la table de jolies cabanes de feuillage : des guirlandes de feuilles de vigne et d'épis y étaient suspendues : les enfants avaient aussi des raisins et des petits pains. Il y avait à cette fête trente trois enfants, tous disciples futurs de Jésus, et je vis qu'il y avait là quelque chose qui se rapportait au nombre des années de la vie de Jésus, mais je l'ai oublié comme beaucoup d'autres choses. Jésus enseigna, et pendant toute la fête il raconta aux autres enfants une parabole merveilleuse et qui ne fut pas comprise pour la plus grande partie, touchant des noces où l'eau devait être changée en vin et les convives indifférents en amis zélés, puis encore touchant des noces où le vin devait être changé en sang et le pain en chair, ce qui devait se perpétuer parmi les convives jusqu'à la fin du monde pour les consoler et les fortifier et pour établir entre eux un lien vivant. Il dit aussi à un jeune homme de ses parents, nommé Nathanael : " Je serai à tes noces. " C'est tout ce que j'ai retenu.
A dater de cette douzième année, Jésus fut toujours comme le précepteur de ses compagnons : il s'asseyait souvent au milieu d'eux, leur faisait des récits et se promenait avec eux dans les environs. Dans sa dix huitième année, il commença à aider saint Joseph dans les travaux de sa profession.
Il y avait dans la maison trois chambres séparées celle de la Mère de Dieu était la plus grande et la plus agréable : c'était là qu'ils se réunissaient pour la prière. Du reste je les voyais rarement tous trois ensemble. Ils se tenaient debout lorsqu'ils priaient ; ils avaient les mains croisées sur la poitrine et semblaient parler à haute voix. Je les voyais souvent prier à la lumière sous une lampe à plusieurs mèches. Peut être aussi était ce une espèce de chandelier à plusieurs branches fixé à la muraille Jésus se tenait le plus souvent seul dans sa chambre. Joseph s'occupait dans la sienne à des travaux de son métier. Je le voyais façonner des bâtons et des lattes, polir des morceaux ne bois, quelquefois même apporter une poutre, et je vis Jésus l'aider.
Marie était le plus souvent occupée à coudre faire une espèce de tricot avec des petits bâtons. Elle était alors assise et avait une petite corbeille près d'elle.
Je vis Jésus rechercher de plus en plus la solitude et la méditation à mesure que le temps où il devait enseigner s'approchait. Chacun dormait à part dans son réduit et la couche consistait en une couverture qu'on roulait le matin.
Je vis Jésus jusque vers sa douzième année donner toute l'assistance possible à ses parents : je le vis aussi, hors de la maison et partout où l'occasion s'en présentait, se montrer amical pour chacun, aider les autres et leur rendre toute espèce de service Dans ses premières années il était un modèle pour tous tes enfants de Nazareth. Ils l'aimaient et craignaient de lui déplaire. Les parents de ses compagnons disaient souvent à ceux ci lorsqu'ils se conduisaient mal ou commettaient quelque faute : " Que dira le fils de Joseph si je lui raconte ceci ? Comme il en sera fâché ! Quelquefois aussi ils lui portaient des plaintes amicales contre leurs enfants en présence de ceux ci et lui disaient : " Dis lui donc de ne plus faire ceci ou cela. " Jésus prenait cela avec simplicité et comme par manière de jeu, puis du ton le plus affectueux, il engageait ses amis à faire telle ou telle chose. il priait avec eux pour leur obtenir du Père céleste la force de se corriger, il les exhortait à faire des excuses et à avouer leurs fautes sans délai.
La narratrice avait eu une vision étendue et très précise sur toute la jeunesse de Jésus : mais la maladie et les dérangements ne m'ont Permis d'en rapporter que ce qui suit :
A une lieue à peu près au nord est de Nazareth, du côté de Séphoris, se trouve un endroit nommé Gophna : c'était là qu'au temps de la jeunesse de Jésus, habitaient les parents de Jean et de Jacques le Majeur. Ceux ci dans leurs premières années étaient souvent avec Jésus jusqu'au moment où leurs parents allèrent à Bethsaïde et où eux mêmes devinrent Pêcheurs.
A Nazareth demeurait un homme nommé Zebedia ou Sebadia, qui n'était pas le Zébédée, père de Jean et de Jacques. Il avait une fille mariée à un Essénien, parent de Joachim : je ne me souviens plus de leurs noms. Ces époux avaient quatre fils un peu plus âgés ou un peu plus jeunes que Jésus. Ils s'appelaient Cléophas, Jacob, Juda et Japhet ; plus tard ils sont devenus disciples de Jean Baptiste et après sa mort disciples de Jésus. Cléophas est le même auquel Jésus s'apparut à Emmaus en compagnie de Luc. Il était marié et demeurait alors à Emmaus. Sa femme se réunit plus tard aux femmes de la communauté chrétienne. Ces quatre disciples allèrent trouver Jean vers le temps du baptême de Jésus et ils restèrent près de lui jusqu'à la fin. Lorsqu'André et Saturnin allèrent rejoindre Jésus de l'autre côté au Jourdain, ils les suivirent et restèrent avec lui toute la journée. Ils étaient aussi du nombre des disciples de Jean que Jésus amena avec lui aux noces de Cana.
Ces jeunes gens dans leur enfance étaient aussi du nombre des camarades de Jésus : leurs parents et eux allaient ordinairement à Jérusalem pour la fête de Pâques en compagnie de la sainte Famille.
(Le dimanche dans l'octave de l'Epiphanie 1820.) Le Sauveur était d'une taille mince et élancée : son visage de forme allongée, était tout lumineux, il paraissait d'une bonne santé, quoique pâle. Ses cheveux d'un blond rougeâtre étaient parfaitement lisses : ils étaient séparés sur son front ouvert et élevé et tombaient sur ses épaules. Il portait une longue tunique d'un gris brunâtre, qui paraissait faite au métier et lui descendait Jusqu'aux pieds Les manches étaient assez larges aux poignets.
(Le dimanche dans l'octave de l'Epiphanie 1822.) Jésus avait huit ans(1) lorsqu'il alla pour la première fois à Jérusalem avec ses parents pour la fête de Pâques : il y retourna les années suivantes.
Déjà dans ses premiers voyages Jésus avait été remarqué chez les amis qui leur donnaient l'hospitalité à Jérusalem : il l'avait été aussi par des prêtres et des docteurs. Chez beaucoup de personnes de leur connaissance à Jérusalem, on parlait du sage et pieux enfant, de l'étonnant fils de Joseph, comme chez nous, aux pèlerinages annuels, on remarque telle ou telle personne simple et pieuse, ou quelque petite paysanne avisée. et. quand elle revient, on se la rappelle.
Ainsi Jésus, lorsque dans sa douzième année il alla à Jérusalem en compagnie de ses parents et de leurs amis était déjà connu de diverses personnes de la ville.
Note1 : Les commentateurs les plus autorisés de l'Ecriture admettent également que ce ne fut pas dans sa douzième année que Jésus alla à Jérusalem pour la première fois.
Les parents avaient coutume pendant le voyage d'aller de côté et d'autre avec les gens de leur pays, et à ce voyage ci, le cinquième que faisait Jésus, ils savaient qu'il allait toujours avec les jeunes gens de Nazareth. Or Jésus cette fois s'était séparé de ses compagnons aux environs du mont des Oliviers et ceux ci croyaient qu'il s'était réuni à ses parents qui venaient à leur suites mais il était allé vers le côté de Jérusalem qui regarde Bethléem, dans cette hôtellerie où la sainte Famille avait logé avant la purification de Marie. La sainte Famille le croyait en avant avec les autres personnes de Nazareth, tandis que ceux ci croyaient qu'il suivait avec ses parents. Jusqu'au retour tous se trouvèrent ensemble à Gophna, Marie et Joseph furent extraordinairement inquiets de son absence. Ils retournèrent aussitôt à Jérusalem ; sur la route et à Jérusalem, ils s'enquirent de lui partout, mais ils ne purent pas le trouver d'abord parce qu'il n'avait pas été là où ils séjournaient d'habitude. Jésus avait passé la nuit dans l'hôtellerie de la porte de Bethléem où ses parents et lui étaient connus.
S'étant réuni là à plusieurs jeunes gens, il était allé avec eux dans deux écoles de la ville : le premier jour dans l'une, le second jour dans l'autre. Le troisième jour il avait été le matin, dans une troisième école près du temple et l'après midi, dans le temple même où ses parents le trouvèrent. Ces écoles étaient de différente espèce et toutes n'étaient pas précisément des écoles où l'on enseignât la loi : on y enseignait aussi d'autres sciences. La dernière était dans le voisinage du temple et on y formait des prêtres et des lévites.
Jésus, par ses demandes et ses réponses, jeta les maîtres et les rabbins dans un tel étonnement et même dans un tel embarras qu'ils se proposèrent le troisième jour après midi de faire humilier l'enfant Jésus sur différents points par les rabbins les plus savants, dans le temple même et du haut de la chaire. Les docteurs et les scribes se concertèrent ensemble pour cela : car d'abord ils avaient pris plaisir à l'entendre ; puis ils s'étaient irrités contre lui. Ceci eut lieu à l'endroit où l'on enseignait publiquement, au milieu du vestibule du temple devant le sanctuaire, dans la salle ronde où Jésus enseigna encore plus tard. Je vis là Jésus assis sur un grand siège qu'il ne remplissait pas tout entier à beaucoup près. Il était entouré d'une quantité de vieux Juifs revêtus d'habits sacerdotaux. Ils écoutaient attentivement et paraissaient pleins de dépit : je craignais qu'ils ne voulussent mettre la main sur lui. Le siège où il était assis était orné de têtes brunes semblables à des têtes de chiens : elles étaient d'un brun verdâtre et le haut était reluisant, avec un reflet jaune. Des têtes et des figures du même genre ornaient plusieurs longues tables ou dressoirs placés latéralement dans cet endroit du temple et qui étaient couverts d'offrandes. Cette pièce était si vaste et si remplie de monde qu'on n'avait pas le sentiment qu'on fût dans une église.
Comme Jésus dans les écoles avait fait usage pour ses réponses et ses explications d'exemples de toute espèce, tires des choses naturelles, des arts et des sciences, on avait réuni ici des hommes versés dans ces différentes branches des connaissances humaines : comme ils commençaient, chacun de son côté, à disputer avec Jésus, il leur dit que ces sortes de discussions n'étaient pas précisément à leur place dans le temple, mais que pourtant il leur répondrait même ici, parce que telle était la volonté de son Père. Ils ne comprirent pas qu'il entendait parler de son Père céleste, mais ils crurent que Joseph lui avait ordonné de faire montre de toutes ses connaissances.
Jésus répondit et enseigna sur la médecine et il décrivit tout le corps humain d'une façon inconnue aux plus savants d'entre eux : il fit de même pour l'astronomie, l'architecture, l'agriculture, la géométrie et l'arithmétique, la science du droit, en un mot pour tout ce qui fut mis en avant (2) il ramena tout d'une façon si ingénieuse à la loi et à la promesse, aux prophéties, au temple et aux mystères du culte et du sacrifice que les uns étaient saisis d'admiration, les autres confus et dépités, et cela alternativement tous fussent couverts de confusion et outrés de dépit : ce qui venait surtout de ce qu'ils entendaient des choses qu'ils n'avaient jamais sues, ni jamais comprises de cette sorte.
Note 2 : Que le lecteur ne s'étonne pas de voir le Sauveur dans son enseignement toucher à des objets qui y semblent si étrangers. De ce nombre sont précisément ces sciences qui ont le plus souvent pour résultat de faire pécher l'homme par orgueil, si bien qu'au lieu de le conduire à Dieu, elles l'en éloignent et le précipitent dans des ténèbres de plus en plus épaisses. Lors donc que le Sauveur daigne s'en occuper dans son enseignement, il présente une expiation pour cette sorte d'orgueil et de présomption, et montre en même temps quel doit être le point de départ et le but de toute science pour qu'elle puisse être mise au service de Dieu et devenir par là méritoire.
Remarquons ici une fois pour toutes, ce qui n'échappera pas au lecteur attentif, que, d'après les visions, les actes et les opérations du Sauveur suivent un ordre progressif merveilleux. Ainsi, par exemple, de même que le Dieu fait homme passe, afin de tout expier et de tout sanctifier, par tous les degrés de l'âge et du développement humain jusqu'à la parfaite virilité, se soumettant lui même à l'ordre sous lequel, comme législateur suprême, il a placé l'homme j de même aussi il révèle d'une manière correspondante à cet ordre les mystères de son action rédemptrice et acquiert sur chaque degré de nouveaux mérites d'une valeur infinie pour le salut de tous. Si donc le lecteur rencontre quelque chose qui lui paraisse d'abord difficile à concevoir, l'étude comparée des détails lui donnera une vue de l'ensemble où les difficultés disparaîtront.
Il y avait déjà deux heures qu'il enseignait ainsi, lorsque Joseph et Marie vinrent aussi dans le temple et s'enquirent de leur enfant près de quelques lévites qu'ils connaissaient. ils apprirent alors qu'il était avec les scribes dans la salle où l'on enseignait. Comme ce n'était pas un lieu où il leur fût permis d'entrer, ils y envoyèrent le lévite pour prier Jésus de venir, mais Jésus leur fit dire qu'il voulait finir d'abord ce qu'il avait à faire. Marie fut très attristée de ce qu'il ne venait pas tout de suite. C'était la première fois qu'il faisait sentir à ses parents qu'il avait à obéir à d'autres ordres encore qu'aux leurs. il continua à enseigner pendant une bonne heure, et quand tous eurent été éfutés et confondus au grand dépit de la plupart d'entre eux, il quitta la salle et vint trouver ses parents dans le parvis des Israélites et des femmes. Joseph était intimidé et étonné : il ne disait rien. Mais Marie s'approcha de Jésus et lui dit : " Mon fils, pourquoi en as tu agi ainsi envers nous, voilà que ton père et moi nous te cherchions tout affligés.
Mais Jésus était encore plein de gravité et il répondit : "Pourquoi me cherchiez vous ? ne saviez vous pas que je dois m'occuper des affaires de mon Père, "ils ne comprirent pas cela et se remirent en route avec lui pour revenir. Les assistants étaient tout étonnés et les regardaient avec curiosité. J'étais très inquiète, craignant qu'ils ne se saisissent de l'enfant, car j'en vis quelques uns pleins de colère. Mais à ma grande surprise, ils laissèrent la sainte Famille se retirer tranquillement : la foule pressée autour d'eux s'ouvrit pour les laisser passer. je vis tout cela très en détail, et j'entendis la plus grande partie de ses instructions, mais la souffrance et les soucis font que je ne puis pas tout retenir. Son enseignement fit un grand effet chez tous les scribes : quelques uns en prirent note comme d'une chose remarquable. On en parla beaucoup de divers côtés, et il y eut à ce sujet bien des bavardages et des mensonges. Mais ils tinrent secrète entre eux toute la manière dont la chose s'était passée, ils parlèrent de Jésus comme d'un enfant inconsidéré qu'on avait remis a sa place : il avait de belles facultés, disaient ils, mais cela avait encore besoin d'être poli par l'éducation.
Je vis la sainte Famille revenir à Jérusalem : ils se joignirent devant la ville à une troupe composée de trois hommes, de deux femmes et de quelques enfants que je ne connaissais pas, mais qui paraissaient être aussi de Nazareth. En compagnie de ces personnes, ils suivirent encore divers chemins autour de Jérusalem ; ils allèrent au mont des Oliviers, s'arrêtèrent ça et là dans les beaux jardins d'agrément qui s'y trouvent et prièrent les mains croisées sur la poitrine. Je les vis aussi passer un ruisseau sur un grand pont. Ces allées et venues et ces prières de la petite compagnie me donnèrent tout à fait l'idée d'un pèlerinage.
Quand Jésus fut de retour à Nazareth, je vis préparer dans la maison d'Anne une fêle où l'on réunit tous les jeunes garçons et les jeunes filles appartenant aux familles de leurs parents et de leurs amis. Je ne sais pas si c'était une fête pour se réjouir d'avoir retrouvé Jésus ; peut être aussi était ce une fête qui avait lieu après le retour de la fête de Pâques ou bien encore qu'on célébrait quand les garçons atteignaient leur douzième année. Mais Jésus était là comme le principal personnage.
On avait élevé au dessus de la table de jolies cabanes de feuillage : des guirlandes de feuilles de vigne et d'épis y étaient suspendues : les enfants avaient aussi des raisins et des petits pains. Il y avait à cette fête trente trois enfants, tous disciples futurs de Jésus, et je vis qu'il y avait là quelque chose qui se rapportait au nombre des années de la vie de Jésus, mais je l'ai oublié comme beaucoup d'autres choses. Jésus enseigna, et pendant toute la fête il raconta aux autres enfants une parabole merveilleuse et qui ne fut pas comprise pour la plus grande partie, touchant des noces où l'eau devait être changée en vin et les convives indifférents en amis zélés, puis encore touchant des noces où le vin devait être changé en sang et le pain en chair, ce qui devait se perpétuer parmi les convives jusqu'à la fin du monde pour les consoler et les fortifier et pour établir entre eux un lien vivant. Il dit aussi à un jeune homme de ses parents, nommé Nathanael : " Je serai à tes noces. " C'est tout ce que j'ai retenu.
A dater de cette douzième année, Jésus fut toujours comme le précepteur de ses compagnons : il s'asseyait souvent au milieu d'eux, leur faisait des récits et se promenait avec eux dans les environs. Dans sa dix huitième année, il commença à aider saint Joseph dans les travaux de sa profession.
(Commencement de mai 1821.) Vers la trentième année de la vie de Jésus, saint Joseph s'affaiblit de plus en plus, et je vis plus souvent Jésus et Marie réunis près de lui. Marie était souvent assise devant sa couche, soit par terre, soit sur une table ronde tort basse, qui avait trois pieds et dont ils se servaient aussi pour faire leurs repas. Je les vis manger rarement ; quand ils mangeaient, ou qu'ils portaient à saint Joseph une réfection dans son lit, c'étaient trois petites tranches blanches, larges d'environ deux doigts, placées l'une près de l'autre sur une petite assiette ou de petits fruits dans une petite écuelle : ils lui donnaient aussi à boire d'un breuvage contenu dans une espèce de cruche.
Lorsque Joseph mourut, Marie était assise à la tête de son lit et le tenait dans ses bras, Jésus se tenait à la tête de son lit et le tenait dans ses bras, Jésus se tenait à la hauteur de sa poitrine. Je vis la chambre remplie de lumière et pleine d'anges. Il fut enveloppé dans un linceul blanc, les mains croisées sur la poitrine, couché dans une bière étroite et déposé dans un très beau caveau sépulcral qu'il tenait d'un homme de bien. Peu de personnes, outre Jésus et Marie, suivirent son cercueil : mais je le vis entouré de lumière et accompagné par des anges.
Joseph devait mourir avant le Seigneur, car il n'aurait pu supporter son crucifiement. Il était trop faible et trop affectueux. Il avait déjà beaucoup souffert par suite des persécutions que la malice secrète des Juifs fit endurer au Sauveur, depuis sa vingtième jusqu'à sa trentième année. Ils ne pouvaient pas le souffrir, et disaient toujours, pleins d'envie, que le Fils du charpentier voulait tout savoir mieux que les autres parce qu'il contredisait souvent la doctrine des pharisiens et qu'il était habituellement entouré de jeunes gens qui s'étaient attachés à lui.
Marie a infiniment souffert de ces persécutions. Les souffrances de ce genre m'ont toujours paru plus grandes que des supplices corporels.
On ne peut dire avec quelle charité Jésus supportait, dans sa jeunesse, les persécutions et les méchancetés des Juifs.
( 2 juillet 1821. ) Joseph, le père nourricier de Notre Seigneur, est mort depuis environ deux mois. Il est mort à Nazareth et y a été enterré. un homme de bien lui a procuré une très belle sépulture. Son corps fut plus tard porté à Bethléem par des chrétiens qui l'y enterrèrent. Il me semble que je l'y vois encore maintenant et qu'il n'a éprouvé aucune altération.
Avant la mort de Joseph je vis Jésus aller seulement dans le voisinage sans jamais s'éloigner beaucoup. Les derniers jours, j'ai vu qu'après la mort de Joseph, Jésus et Marie allèrent à Capharnaum. La maison de Nazareth était fermée. Le lieu où ils allèrent n'était pas la ville même de Capharnaum, mais comme un hameau de quelques maisons entre Capharnaum et Bethsaide. C'était l'endroit où alla le père de Pierre lorsqu'il remit à celui ci la pêcherie voisine de Bethsa'de. Jésus reçu là une maison d'un certain Lévi de Capharnaum. Ce Lévi aimait la sainte Famille, et il donna à Jésus cette maison pour y demeurer. Elle était isolée et entourée d'un fossé d'eau dormante : il y avait près de là plusieurs autres maisons. Quelques uns des gens de Lévi y demeuraient pour faire le service et celui ci envoyait de Capharnaum les aliments nécessaires.
Beaucoup de jeunes gens de Nazareth s'étaient attachés à Jésus dès le temps de son adolescence, mais ils l'abandonnèrent les uns après les autres. Il parcourait souvent les bords du lac avec ses compagnons ; il allait aussi à Jérusalem pour les fêtes, et la famille de Lazare, à Bethanie, était dès lors en relation avec la sainte Famille. C'est pourquoi les pharisiens de Nazareth l'appelaient un vagabond et se scandalisaient à son sujet. Lévi lui avait donné cette maison pour qu'il eût plus de liberté, et qu'il pût y réunir ceux qui voudraient l'entendre.
Lorsque Joseph mourut, Marie était assise à la tête de son lit et le tenait dans ses bras, Jésus se tenait à la tête de son lit et le tenait dans ses bras, Jésus se tenait à la hauteur de sa poitrine. Je vis la chambre remplie de lumière et pleine d'anges. Il fut enveloppé dans un linceul blanc, les mains croisées sur la poitrine, couché dans une bière étroite et déposé dans un très beau caveau sépulcral qu'il tenait d'un homme de bien. Peu de personnes, outre Jésus et Marie, suivirent son cercueil : mais je le vis entouré de lumière et accompagné par des anges.
Joseph devait mourir avant le Seigneur, car il n'aurait pu supporter son crucifiement. Il était trop faible et trop affectueux. Il avait déjà beaucoup souffert par suite des persécutions que la malice secrète des Juifs fit endurer au Sauveur, depuis sa vingtième jusqu'à sa trentième année. Ils ne pouvaient pas le souffrir, et disaient toujours, pleins d'envie, que le Fils du charpentier voulait tout savoir mieux que les autres parce qu'il contredisait souvent la doctrine des pharisiens et qu'il était habituellement entouré de jeunes gens qui s'étaient attachés à lui.
Marie a infiniment souffert de ces persécutions. Les souffrances de ce genre m'ont toujours paru plus grandes que des supplices corporels.
On ne peut dire avec quelle charité Jésus supportait, dans sa jeunesse, les persécutions et les méchancetés des Juifs.
( 2 juillet 1821. ) Joseph, le père nourricier de Notre Seigneur, est mort depuis environ deux mois. Il est mort à Nazareth et y a été enterré. un homme de bien lui a procuré une très belle sépulture. Son corps fut plus tard porté à Bethléem par des chrétiens qui l'y enterrèrent. Il me semble que je l'y vois encore maintenant et qu'il n'a éprouvé aucune altération.
Avant la mort de Joseph je vis Jésus aller seulement dans le voisinage sans jamais s'éloigner beaucoup. Les derniers jours, j'ai vu qu'après la mort de Joseph, Jésus et Marie allèrent à Capharnaum. La maison de Nazareth était fermée. Le lieu où ils allèrent n'était pas la ville même de Capharnaum, mais comme un hameau de quelques maisons entre Capharnaum et Bethsaide. C'était l'endroit où alla le père de Pierre lorsqu'il remit à celui ci la pêcherie voisine de Bethsa'de. Jésus reçu là une maison d'un certain Lévi de Capharnaum. Ce Lévi aimait la sainte Famille, et il donna à Jésus cette maison pour y demeurer. Elle était isolée et entourée d'un fossé d'eau dormante : il y avait près de là plusieurs autres maisons. Quelques uns des gens de Lévi y demeuraient pour faire le service et celui ci envoyait de Capharnaum les aliments nécessaires.
Beaucoup de jeunes gens de Nazareth s'étaient attachés à Jésus dès le temps de son adolescence, mais ils l'abandonnèrent les uns après les autres. Il parcourait souvent les bords du lac avec ses compagnons ; il allait aussi à Jérusalem pour les fêtes, et la famille de Lazare, à Bethanie, était dès lors en relation avec la sainte Famille. C'est pourquoi les pharisiens de Nazareth l'appelaient un vagabond et se scandalisaient à son sujet. Lévi lui avait donné cette maison pour qu'il eût plus de liberté, et qu'il pût y réunir ceux qui voudraient l'entendre.
Il y avait près du lac, autour de Capharnaum, une contrée coupée de vallées singulièrement fertiles et riantes. On y faisait plusieurs récoltes dans l'année ; la végétation y était admirablement belle : on y voyait en même temps des fleurs et des fruits. Beaucoup de Juifs de distinction avaient là des jardins et des châteaux ; Hérode aussi. Les Juifs, au temps de Jésus, n'étaient plus comme leurs pères, ils s'étaient fort gâtés par le commerce et les rapports avec les pa'ens. Je n'ai jamais vu les femmes se montrer en public, pas même pour la culture des champs, si ce n'est des personnes très pauvres qui allaient glaner des épis. On ne les voyait que dans les pèlerinages à Jérusalem et à d'autres lieux de prière. C'étaient presque toujours des esclaves qui cultivaient la terre et qui faisaient les emplettes de toute espèce. J'ai vu toutes les villes de la Galilée dans les dernières nuits. Là où l'on rencontre à peine aujourd'hui trois bourgades en ruines on en trouvait alors une centaine, et la population était innombrable.
3 juin. A midi, je vis que Marie, fille de Cléophas, qui habitait la maison de sainte Anne, près de Nazareth, avec son troisième mari, père de Siméon de Jérusalem, était venu dans la maison de la sainte Vierge à Nazareth. Elle avait avec elle Siméon, son fils du troisième lit ; les serviteurs étaient restés dans la maison d'Anne. Je vis Jésus et Marie s'y rendre de Capharnaum : je crois que Marie y restera et qu'elle avait seulement accompagné Jésus à Capharnaum : elle est bien touchante à voir quand elle le suit. J'ai aussi appris que Jésus veut aller ces jours ci dans le pays d'Hébron, où habitait Zacharie.
José Barsabas. fils de Marie de Cléophas, de son second mariage avec Sabas, était à la maison. Les trois fils de son premier mariage avec Alphée, Simon, Jacques le Mineur et Thaddée, qui ont déjà des occupations hors de la maison, y sont venus aussi pour consoler la sainte Famille après la mort de Joseph et pour revoir Jésus avec lequel ils n'ont eu que peu de rapport depuis son enfance. Ils avaient quelque connaissance vague et générale des prophéties de Siméon et d'Anne lors de la présentation de Jésus au Temple, mais ils n'y ajoutaient pas beaucoup de foi. Ils préférèrent s'attacher à Jean Baptiste qui traversa le pays peu de temps après.
A suivre...3 juin. A midi, je vis que Marie, fille de Cléophas, qui habitait la maison de sainte Anne, près de Nazareth, avec son troisième mari, père de Siméon de Jérusalem, était venu dans la maison de la sainte Vierge à Nazareth. Elle avait avec elle Siméon, son fils du troisième lit ; les serviteurs étaient restés dans la maison d'Anne. Je vis Jésus et Marie s'y rendre de Capharnaum : je crois que Marie y restera et qu'elle avait seulement accompagné Jésus à Capharnaum : elle est bien touchante à voir quand elle le suit. J'ai aussi appris que Jésus veut aller ces jours ci dans le pays d'Hébron, où habitait Zacharie.
José Barsabas. fils de Marie de Cléophas, de son second mariage avec Sabas, était à la maison. Les trois fils de son premier mariage avec Alphée, Simon, Jacques le Mineur et Thaddée, qui ont déjà des occupations hors de la maison, y sont venus aussi pour consoler la sainte Famille après la mort de Joseph et pour revoir Jésus avec lequel ils n'ont eu que peu de rapport depuis son enfance. Ils avaient quelque connaissance vague et générale des prophéties de Siméon et d'Anne lors de la présentation de Jésus au Temple, mais ils n'y ajoutaient pas beaucoup de foi. Ils préférèrent s'attacher à Jean Baptiste qui traversa le pays peu de temps après.
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Re: Anne Catherine Emmerich -
Vision de Sainte Anne Catherine Emmerich.
Commencement de l'histoire de la prédication de Jésus :
depuis la mort de saint Joseph jusqu'au moment où Jésus va au Jourdain pour son baptême.
(Du 2 juin au 27 septembre 1821.)
- Jésus va à Hébron, à la mer Morte, sur la rive orientale du Jourdain, sur la rive occidentale,
près du lac de Génésareth, à Sidon et à Sarepta, il revient à Nazareth.
- Le sanhédrin se déclare contre Jésus.
- Jésus à Nazareth, à Capharnaûm, à Bethsaide, à Bethulie, à Kedès, à Jezrael, au séjour des publicains, à Kimki.
- Promenades et conversations avec l'essénien Eliud, dans la vallée d'Esdrelon, à Nazareth, à Gophna, à Bethanie.
- Marie la Silencieuse soeur de Lazare. - Séjour à Bethanie.
- Jésus se rend avec Lazare au lieu où l'on baptise près du Jourdain.
(Du 3 au 22 juin. ) Comme Jésus allait de Capharnaum à Hébron, par Nazareth, il vint dans la contrée où plus tard il nourrit un peuple nombreux en multipliant les pains et aussi dans le voisinage de l'endroit où il fit dans la suite une partie du sermon sur la montagne. Vis à vis de cette montagne, à peu près à une lieue, du côté exposé au soleil où tout mûrit si bien, il y avait une fête populaire dans un endroit très agréable, situé tout contre la route (plus tard elle dit d'une manière plus précise qu'il s'agissait des bains attenant au lac de Bethulie, situé dans le district de Génésareth, et qu'on appelait aussi la fontaine de Capharnaûm). Jésus en passant vit là des hommes et des femmes séparés en groupes qui jouaient aux gageures : l'enjeu consistait en fruits.
Ce fut là que Jésus vit Nathanaël, surnommé Khased, debout à l'endroit où se tenaient les hommes, sous un figuier et comme Nathanaël, en regardant jouer les femmes, était assailli d'une tentation de la chair contre laquelle il luttait, Jésus en passant le regarda fixement comme pour l'avertir. Nathanaël, sans connaître Jésus, fut profondément ému de ce regard : cet homme, pensa t il, a l'oeil pénétrant. Jésus lui fit l'effet d'être plus qu'un homme ordinaire. Il se sentit atteint, rentra en lui même, surmonta la tentation et fut, à dater de ce moment, beaucoup plus fort contre lui même. Il me semble avoir aussi vu là Nephtali, surnommé Barthélémy, et je crois que lui aussi fut vivement touché d'un regard de Jésus.
Marie resta à Nazareth avec Marie de Cléophas, dont le troisième mari Jonas, dirigeait le ménage dans la maison de sainte Anne. Jésus alla avec deux de ses amis d'enfance à Hébron, dans la Judée. Ceux ci ne lui restèrent pas fidèle ; ils devinrent ses ennemis, et ce ne fut qu'après la résurrection, lors de sa manifestation sur la montagne de Thébez, en Galilée, qu'ils se convertirent et se réunirent à la communauté chrétienne.
(5 juin. ) J'ai vu Jésus visiter Lazare à Bethanie. Lazare paraissait beaucoup plus âgé que Jésus : il me semblait au moins avoir huit ans de plus. il avait un grand étal de maison avec beaucoup de serviteurs, de propriétés et de jardins. Marthe avait sa maison à elle, et une autre soeur, nommée Marie, qui vivait tout à fait retirée, avait aussi sa demeure à part Madeleine habitait dans le château de Magdalum. Lazare connaissait depuis longtemps déjà la sainte Famille : il avait précédemment aidé Joseph et Marie dans leurs nombreuses aumônes. Je vis aussi plus clairement que je ne l'avais fait encore, combien Lazare a fait pour la communauté chrétienne depuis le commencement jusqu'à la fin : c'était lui qui remplissait la bourse que portait Judas et qui avait fait les premiers frais de tout. Jésus fut aussi au temple à Jérusalem.
(6 juin.) à Hébron Jésus se sépara de ses compagnons. Il dit qu'il avait un autre ami à visiter. Zacharie et Elisabeth ne vivent plus. Jésus alla dans le désert où Elisabeth avait porté Jean encore enfant. Il était situé au midi entre Hébron et la mer Morte. On franchissait d'abord une montagne élevée, couverte de cailloux blancs, et on descendait ensuite dans une jolie vallée où il y avait des palmiers. C'est là que je vis aller Jésus.
( 7 juin. ) Jésus est allé dans la grotte où Jean fut d'abord conduit par Elisabeth. Il a passé ensuite une petite rivière que Jean aussi avait traversée. Je le vis seul et en prières, comme s'il se préparait à sa carrière de prédication.
(8 11 juin) Je vis Jésus revenir du désert à Hébron Partout il prêtait une main secourable. Ainsi je vis que près d'un grand amas d'eau, c'était de l'eau salée (vraisemblablement la mer Morte), il vint en aide à des gens embarqués sur une espèce de radeau, au dessus duquel était dressé un pavillon. Il y avait là des hommes, des animaux et des bagages. Jésus les appela et poussa une poutre du rivage jusqu'à leur embarcation. Il les aida à débarquer et travailla avec eux à réparer leur bateau. Ces gens ne pouvaient s'imaginer qui il était, car sans avoir rien qui le distinguât des autres dans ses vêtements, toute sa personne était si merveilleusement attrayante et si pleine de dignité qu'ils en étaient grandement émus. Ils crurent d'abord que c'était Jean Baptiste, qui avait déjà paru sur les bords du Jourdain : mais ils reconnurent bientôt que ce n'était pas lui, car Jean était plus brun et avait des dehors plus rudes. Jésus célébra le sabbat à Hébron. Il congédia là ses compagnons de voyage. il alla visiter des malades dans leurs maisons, les consola, les assista, les soulevant, les portant, arrangeant leurs couches ; mais je ne je vis pas guérir. il se montrait bienfaisant envers tous et excitait partout l'admiration. Je le vis aller vers des possédés, qui devinrent tranquilles quand il fut près d'eux : cependant il ne chassa pas de démons. Il relevait ceux qui tombaient, donnait à boire à ceux qui avaient soif, indiquait les sentiers et les gués à ceux qui cheminaient, et tous étaient dans l'admiration de ce voyageur si charitable. Dans la nuit du samedi il quitta Hébron, et le dimanche au matin il arriva à l'embouchure du Jourdain dans la mer Morte. Il traversa là le Jourdain et, remontant la rive orientale du fleuve, il se dirigea vers la Galilée.
(12 juin.) Je vis Jésus dans ces derniers jours aller à l'orient de la mer de Galilée, entre Pella et la contrée de Gergesa. Il fait de petits voyages, et partout il se montre secourable. Il va visiter tous 16 ; malades et même les lépreux : il les console, arrange leur couche, les exhorte à prier, leur indique un régime et des remèdes, et tous l'admirent. J'ai vu aussi dans un endroit deux personnes qui avaient connaissance des prophéties de Siméon et d'Anne, et `qui lui demandèrent si c'était de lui qu'il s'agissait. Ordinairement des gens qui l'avaient pris en affection l'accompagnaient d'un lieu à l'autre. Les possédés devenaient tranquilles près de lui. Je l'ai vu cette nuit au bord d'un petit torrent (le Hiéromax)qui tombe dans le Jourdain au dessous de la mer de Galilée, non loin de cette montagne escarpée de laquelle, plus tard, il précipita les pourceaux dans la mer Au bord du torrent était une rangée de petites huttes en terre, semblables à des cabanes de bergers ; il s'y trouvait des gens qui construisaient des bateaux sur le rivage et qui ne pouvaient pas en venir à bout. Je vis Jésus aller à eux et les conseiller amicalement ; et je vis apporter des poutres, mettre là main à leur travail, leur montrer divers procédés à employer, et pendant le travail les exhorter à la charité et à la patience, etc.
(20 juin.) J'ai vu Jésus plusieurs autres fois depuis que je l'avais vu sur la rive orientale de la mer de Galilée, mais j'ai toujours tout oublié. Il revint sur le bord occidental, et je le vis cette nuit dans un petit endroit composé de maisons dispersées et situé sur un plateau élevé, entre deux collines, non loin de Capharnaum, de Magdalum et de Domna, au nord est de Séphoris. Il s'y trouvait une synagogue. Les habitants étaient des gens dont personne ne s'occupait ; toutefois ils n'étaient pas méchants. Abraham avait possédé là des prairies pour les bêtes destinées aux sacrifices ; Joseph et ses frères gardaient leurs troupeaux dans les environs, et c'est dans cette contrée que Joseph fut vendu. Le lieu s'appelle Dothaim et doit être distingué de Dothan, qui est à environ quatre lieues de Samarie. C'était maintenant un petit endroit peu habité : mais le terroir était bon, et il s'y trouvait de nombreux pâturages qui s'étendaient de plain pied jusqu'à la mer de Galilée. Il y avait là une grande maison, comme une maison de fous, où demeuraient plusieurs possédés. Ils étaient furieux et se battaient à outrance lorsque Jésus arriva. Personne ne pouvait en venir à bout. Jésus entra pour les visiter et s'entretint avec eux. Alors ils devinrent parfaitement paisibles. Il leur fit une exhortation, et ils sortirent tranquillement de cette maison pour s'en retourner chez eux Les habitants étaient très étonnés de cela, ils ne voulaient plus laisser partir Jésus et on l'invita à un mariage. J'y ai vu pratiquer les mêmes usages qu'à Cana. Il n'assista à la fête que comme un étranger qu'on honore. Il tint des discours bienveillants et pleins de sagesse, et donna des avis au, fiancés. Ceux ci dans la suite, se joignirent aux disciples lors de l'apparition sur le mont Thébez.
(22 juin.) Aujourd'hui je vis notre Seigneur Jésus de retour à Nazareth : il y visita successivement les connaissances qu'y avaient ses parents, mais partout il fut reçu très froidement. Je vis cette nuit qu'il voulait aller dans la synagogue pour y enseigner, et qu'ils l'en empêchèrent : je vis aussi qu'il parla du Messie sur une place publique devant beaucoup de monde, devant des sadducéens et des pharisiens, disant que le Messie ne serait pas comme chacun se le figurait d'après ses désirs : il parla aussi de Jean Baptiste, qui était la voix dans le désert. Il avait été accompagné depuis le pays d'Hébron par deux jeunes gens qui portaient de longs vêtements avec une ceinture, comme les prêtres Je les vis ici, mais ils n'allaient pas toujours avec lui. Il célébra ici le sabbat.
(25 juin.) Je vis Jésus et Marie, en compagnie de Marie de Cléophas, des parents de Parménas et d'autres personnes, faisant une vingtaine en tout, quitter Nazareth et se rendre à Capharnaüm. Ils avaient avec eux des ânes portant des bagages. La maison de Nazareth resta parfaitement nettoyée et arrangée : comme on en avait tout enlevé et qu'on avait seulement disposé quelques couvertures à l'intérieur, elle me faisait l'effet d'une église ; Elle resta inhabitée. La maison de sainte Anne est toujours occupée par le troisième époux de Marie de Cléophas ; il y a aussi là habituellement quelques uns des fils de celle ci, lesquels prennent soin de la maison. José Barsabas, le plus jeune, était parti avec sa mère, et il se rendit a la pêcherie : le petit Siméon, né du troisième mariage, était aussi avec elle. Je vis les jours suivants Jésus et Marie dans la maison située entre Capharnaum et Bethsaïda.
Commencement de l'histoire de la prédication de Jésus :
depuis la mort de saint Joseph jusqu'au moment où Jésus va au Jourdain pour son baptême.
(Du 2 juin au 27 septembre 1821.)
- Jésus va à Hébron, à la mer Morte, sur la rive orientale du Jourdain, sur la rive occidentale,
près du lac de Génésareth, à Sidon et à Sarepta, il revient à Nazareth.
- Le sanhédrin se déclare contre Jésus.
- Jésus à Nazareth, à Capharnaûm, à Bethsaide, à Bethulie, à Kedès, à Jezrael, au séjour des publicains, à Kimki.
- Promenades et conversations avec l'essénien Eliud, dans la vallée d'Esdrelon, à Nazareth, à Gophna, à Bethanie.
- Marie la Silencieuse soeur de Lazare. - Séjour à Bethanie.
- Jésus se rend avec Lazare au lieu où l'on baptise près du Jourdain.
(Du 3 au 22 juin. ) Comme Jésus allait de Capharnaum à Hébron, par Nazareth, il vint dans la contrée où plus tard il nourrit un peuple nombreux en multipliant les pains et aussi dans le voisinage de l'endroit où il fit dans la suite une partie du sermon sur la montagne. Vis à vis de cette montagne, à peu près à une lieue, du côté exposé au soleil où tout mûrit si bien, il y avait une fête populaire dans un endroit très agréable, situé tout contre la route (plus tard elle dit d'une manière plus précise qu'il s'agissait des bains attenant au lac de Bethulie, situé dans le district de Génésareth, et qu'on appelait aussi la fontaine de Capharnaûm). Jésus en passant vit là des hommes et des femmes séparés en groupes qui jouaient aux gageures : l'enjeu consistait en fruits.
Ce fut là que Jésus vit Nathanaël, surnommé Khased, debout à l'endroit où se tenaient les hommes, sous un figuier et comme Nathanaël, en regardant jouer les femmes, était assailli d'une tentation de la chair contre laquelle il luttait, Jésus en passant le regarda fixement comme pour l'avertir. Nathanaël, sans connaître Jésus, fut profondément ému de ce regard : cet homme, pensa t il, a l'oeil pénétrant. Jésus lui fit l'effet d'être plus qu'un homme ordinaire. Il se sentit atteint, rentra en lui même, surmonta la tentation et fut, à dater de ce moment, beaucoup plus fort contre lui même. Il me semble avoir aussi vu là Nephtali, surnommé Barthélémy, et je crois que lui aussi fut vivement touché d'un regard de Jésus.
Marie resta à Nazareth avec Marie de Cléophas, dont le troisième mari Jonas, dirigeait le ménage dans la maison de sainte Anne. Jésus alla avec deux de ses amis d'enfance à Hébron, dans la Judée. Ceux ci ne lui restèrent pas fidèle ; ils devinrent ses ennemis, et ce ne fut qu'après la résurrection, lors de sa manifestation sur la montagne de Thébez, en Galilée, qu'ils se convertirent et se réunirent à la communauté chrétienne.
(5 juin. ) J'ai vu Jésus visiter Lazare à Bethanie. Lazare paraissait beaucoup plus âgé que Jésus : il me semblait au moins avoir huit ans de plus. il avait un grand étal de maison avec beaucoup de serviteurs, de propriétés et de jardins. Marthe avait sa maison à elle, et une autre soeur, nommée Marie, qui vivait tout à fait retirée, avait aussi sa demeure à part Madeleine habitait dans le château de Magdalum. Lazare connaissait depuis longtemps déjà la sainte Famille : il avait précédemment aidé Joseph et Marie dans leurs nombreuses aumônes. Je vis aussi plus clairement que je ne l'avais fait encore, combien Lazare a fait pour la communauté chrétienne depuis le commencement jusqu'à la fin : c'était lui qui remplissait la bourse que portait Judas et qui avait fait les premiers frais de tout. Jésus fut aussi au temple à Jérusalem.
(6 juin.) à Hébron Jésus se sépara de ses compagnons. Il dit qu'il avait un autre ami à visiter. Zacharie et Elisabeth ne vivent plus. Jésus alla dans le désert où Elisabeth avait porté Jean encore enfant. Il était situé au midi entre Hébron et la mer Morte. On franchissait d'abord une montagne élevée, couverte de cailloux blancs, et on descendait ensuite dans une jolie vallée où il y avait des palmiers. C'est là que je vis aller Jésus.
( 7 juin. ) Jésus est allé dans la grotte où Jean fut d'abord conduit par Elisabeth. Il a passé ensuite une petite rivière que Jean aussi avait traversée. Je le vis seul et en prières, comme s'il se préparait à sa carrière de prédication.
(8 11 juin) Je vis Jésus revenir du désert à Hébron Partout il prêtait une main secourable. Ainsi je vis que près d'un grand amas d'eau, c'était de l'eau salée (vraisemblablement la mer Morte), il vint en aide à des gens embarqués sur une espèce de radeau, au dessus duquel était dressé un pavillon. Il y avait là des hommes, des animaux et des bagages. Jésus les appela et poussa une poutre du rivage jusqu'à leur embarcation. Il les aida à débarquer et travailla avec eux à réparer leur bateau. Ces gens ne pouvaient s'imaginer qui il était, car sans avoir rien qui le distinguât des autres dans ses vêtements, toute sa personne était si merveilleusement attrayante et si pleine de dignité qu'ils en étaient grandement émus. Ils crurent d'abord que c'était Jean Baptiste, qui avait déjà paru sur les bords du Jourdain : mais ils reconnurent bientôt que ce n'était pas lui, car Jean était plus brun et avait des dehors plus rudes. Jésus célébra le sabbat à Hébron. Il congédia là ses compagnons de voyage. il alla visiter des malades dans leurs maisons, les consola, les assista, les soulevant, les portant, arrangeant leurs couches ; mais je ne je vis pas guérir. il se montrait bienfaisant envers tous et excitait partout l'admiration. Je le vis aller vers des possédés, qui devinrent tranquilles quand il fut près d'eux : cependant il ne chassa pas de démons. Il relevait ceux qui tombaient, donnait à boire à ceux qui avaient soif, indiquait les sentiers et les gués à ceux qui cheminaient, et tous étaient dans l'admiration de ce voyageur si charitable. Dans la nuit du samedi il quitta Hébron, et le dimanche au matin il arriva à l'embouchure du Jourdain dans la mer Morte. Il traversa là le Jourdain et, remontant la rive orientale du fleuve, il se dirigea vers la Galilée.
(12 juin.) Je vis Jésus dans ces derniers jours aller à l'orient de la mer de Galilée, entre Pella et la contrée de Gergesa. Il fait de petits voyages, et partout il se montre secourable. Il va visiter tous 16 ; malades et même les lépreux : il les console, arrange leur couche, les exhorte à prier, leur indique un régime et des remèdes, et tous l'admirent. J'ai vu aussi dans un endroit deux personnes qui avaient connaissance des prophéties de Siméon et d'Anne, et `qui lui demandèrent si c'était de lui qu'il s'agissait. Ordinairement des gens qui l'avaient pris en affection l'accompagnaient d'un lieu à l'autre. Les possédés devenaient tranquilles près de lui. Je l'ai vu cette nuit au bord d'un petit torrent (le Hiéromax)qui tombe dans le Jourdain au dessous de la mer de Galilée, non loin de cette montagne escarpée de laquelle, plus tard, il précipita les pourceaux dans la mer Au bord du torrent était une rangée de petites huttes en terre, semblables à des cabanes de bergers ; il s'y trouvait des gens qui construisaient des bateaux sur le rivage et qui ne pouvaient pas en venir à bout. Je vis Jésus aller à eux et les conseiller amicalement ; et je vis apporter des poutres, mettre là main à leur travail, leur montrer divers procédés à employer, et pendant le travail les exhorter à la charité et à la patience, etc.
(20 juin.) J'ai vu Jésus plusieurs autres fois depuis que je l'avais vu sur la rive orientale de la mer de Galilée, mais j'ai toujours tout oublié. Il revint sur le bord occidental, et je le vis cette nuit dans un petit endroit composé de maisons dispersées et situé sur un plateau élevé, entre deux collines, non loin de Capharnaum, de Magdalum et de Domna, au nord est de Séphoris. Il s'y trouvait une synagogue. Les habitants étaient des gens dont personne ne s'occupait ; toutefois ils n'étaient pas méchants. Abraham avait possédé là des prairies pour les bêtes destinées aux sacrifices ; Joseph et ses frères gardaient leurs troupeaux dans les environs, et c'est dans cette contrée que Joseph fut vendu. Le lieu s'appelle Dothaim et doit être distingué de Dothan, qui est à environ quatre lieues de Samarie. C'était maintenant un petit endroit peu habité : mais le terroir était bon, et il s'y trouvait de nombreux pâturages qui s'étendaient de plain pied jusqu'à la mer de Galilée. Il y avait là une grande maison, comme une maison de fous, où demeuraient plusieurs possédés. Ils étaient furieux et se battaient à outrance lorsque Jésus arriva. Personne ne pouvait en venir à bout. Jésus entra pour les visiter et s'entretint avec eux. Alors ils devinrent parfaitement paisibles. Il leur fit une exhortation, et ils sortirent tranquillement de cette maison pour s'en retourner chez eux Les habitants étaient très étonnés de cela, ils ne voulaient plus laisser partir Jésus et on l'invita à un mariage. J'y ai vu pratiquer les mêmes usages qu'à Cana. Il n'assista à la fête que comme un étranger qu'on honore. Il tint des discours bienveillants et pleins de sagesse, et donna des avis au, fiancés. Ceux ci dans la suite, se joignirent aux disciples lors de l'apparition sur le mont Thébez.
(22 juin.) Aujourd'hui je vis notre Seigneur Jésus de retour à Nazareth : il y visita successivement les connaissances qu'y avaient ses parents, mais partout il fut reçu très froidement. Je vis cette nuit qu'il voulait aller dans la synagogue pour y enseigner, et qu'ils l'en empêchèrent : je vis aussi qu'il parla du Messie sur une place publique devant beaucoup de monde, devant des sadducéens et des pharisiens, disant que le Messie ne serait pas comme chacun se le figurait d'après ses désirs : il parla aussi de Jean Baptiste, qui était la voix dans le désert. Il avait été accompagné depuis le pays d'Hébron par deux jeunes gens qui portaient de longs vêtements avec une ceinture, comme les prêtres Je les vis ici, mais ils n'allaient pas toujours avec lui. Il célébra ici le sabbat.
(25 juin.) Je vis Jésus et Marie, en compagnie de Marie de Cléophas, des parents de Parménas et d'autres personnes, faisant une vingtaine en tout, quitter Nazareth et se rendre à Capharnaüm. Ils avaient avec eux des ânes portant des bagages. La maison de Nazareth resta parfaitement nettoyée et arrangée : comme on en avait tout enlevé et qu'on avait seulement disposé quelques couvertures à l'intérieur, elle me faisait l'effet d'une église ; Elle resta inhabitée. La maison de sainte Anne est toujours occupée par le troisième époux de Marie de Cléophas ; il y a aussi là habituellement quelques uns des fils de celle ci, lesquels prennent soin de la maison. José Barsabas, le plus jeune, était parti avec sa mère, et il se rendit a la pêcherie : le petit Siméon, né du troisième mariage, était aussi avec elle. Je vis les jours suivants Jésus et Marie dans la maison située entre Capharnaum et Bethsaïda.
Marie de Cléophas demeurait tout près de là, et les parents de Parménas à peu de distance.
(28 juin.) Je vis Jésus de nouveau en course ; il s'arrêta dans un petit endroit où il parla dans la synagogue du baptême de Jean, de l'approche du Messie et de la pénitence. Les auditeurs murmuraient, le regardant, avec mépris, et j'en entendis quelques uns dire : " il y a trois mois, son père, le charpentier, vivait encore : il travaillait alors avec lui : maintenant il a un peu couru à l'étranger, et il revient pour nous enseigner ce qu'il a appris. Je riais en moi même de ce qu'ils croyaient qu'il était allé en pays étranger, tandis qu'il était dans le désert pour se préparer.
(14 juillet.) La Soeur, pendant ces jours là, ne cessa pas de voir toutes les allées et venues de Jésus et de Jean. Elle voit encore le Seigneur aller de lieu en lieu et se montrer particulièrement là où Jean a passé. Il va dans les synagogues : il enseigne, console et assiste les malades. Elle le vit à Cana, où il avait des parents qu'il visita et où il enseigna aussi. Elle ne le voit pas encore avec aucun de ses futurs disciples. On dirait qu'il apprend d'abord à connaître les hommes, et qu'il continue ce que Jean a commencé à produire en eux. Souvent un homme de bien l'accompagne d'un lieu à l'autre.
(6 juillet. ) Je vis aujourd'hui quatre hommes parmi lesquels étaient de futurs disciples de Jésus dans la contrée entre Samarie et Nazareth, sous des arbres voisins de la grande route : ils attendaient Jésus, qui était en course avec un compagnon. Ils allèrent au devant du Seigneur et lui racontèrent qu'ils avaient été baptisés par Jean, et qu'il parlait de l'approche du Messie. Ils lui racontèrent encore avec quelle sévérité il avait parlé aux soldats, et qu'il n'avait baptisé que quelques uns d'entre eux. Il leur avait dit, entre autres choses, qu'il ferait aussi bien de prendre des pierres dans le Jourdain et de les baptiser. Je les vis aller plus loin avec Jésus.
(11 juillet.) Ces jours ci, je vis le Seigneur remonter vers le nord le long de la mer de Galilée. Il parla déjà plus clairement du Messie, et dans beaucoup d'endroits les possédés poussèrent des cris derrière lui : il chassa aussi un démon d'un homme. il enseigna dans des écoles.
Il fut rencontré par six personnes qui venaient du baptême de Jean, et dont étaient Lévi, nommé plus tard Matthieu et deux des fils des trois veuves : Nathanaël, le fiancé de Cana, n'en était pas. Ils le connaissaient comme ayant avec lui des rapports de parenté, et par ce qu'ils en avaient entendu dire : ils pressentaient aussi qu'il pouvait bien être celui dont Jean avait parlé, mais ils n'en avaient pas la certitude ils racontèrent des choses relatives à Jean, parlèrent de Lazare et de ses soeurs, et aussi de Magdeleine qui devait être possédée du démon. Elle demeurait seule déjà dans son château. ils firent route avec Jésus, dont les discours les émerveillaient. Ceux qui allaient de Galilée vers Jean pour être baptisés, lui racontaient ordinairement ce qu'ils savaient de Jésus et ce qu'ils en avaient entendu dire, tandis que ceux qui venaient d'Ainon, le lieu où Jean baptisait, faisaient à leur tour à Jésus des récits sur Jean.
Je vis Jésus, sans ses compagnons, entrer près du lac dans une pêcherie entourée d'une haie, où il y avait cinq barques. Sur le rivage étaient plusieurs cabanes où se tenaient les pêcheurs. Cette pêcherie appartenait à Pierre ; il était dans une des cabanes avec André. Jean et Jacques, avec leur père Zébédée et plusieurs autres, étaient sur les barque Dans la barque qui était au milieu se trouvait le père de la femme de Pierre avec trois de ses fils. J'ai su tous leurs noms, mais je les ai oubliés. Le père était surnommé le Zélateur, parce qu'il avait soutenu sur le lac un combat contre les Romains au sujet d'un droit relatif à la navigation ; c était de là que lui venait ce nom. Il y avait environ trente hommes sur les barques.
Jésus suivit le chemin bordé d'une haie, qui était entre les cabanes et les barques ; il s'entretint avec André et avec d'autres ; je ne sais pas s'il parla aussi à Pierre. ils ne le connaissaient pas encore. Il parla de Jean et de l'approche du Messie. André était déjà baptisé et disciple de Jean. Jésus leur dit qu'il reviendrait les voir.
( Du 11 au 26 juillet. ) Jésus s'éloigna du lac et se ! dirigea vers le Liban ; il prit ce parti parce qu'on parlait beaucoup de lai dans le pays et qu'il en résultait une certaine agitation. Plusieurs regardaient Jésus comme le Messie. D'autres parlaient d'un autre personnage que Jean aurait désigné.
Jésus était accompagné de six à douze personnes dont le nombre croissait ou diminuait successivement pendant le voyage. Ils écoutaient ses instructions avec joie, et ils soupçonnaient parfois qu'il devait être celui auquel Jean faisait allusion. Jésus ne s'adjoignit particulièrement aucun d'eux ; à vrai dire, il était seul, mais il semait et préparait d'avance. Dans toutes ses courses, je vis plusieurs choses qui se rapportaient aux courses et aux actions des prophètes, surtout d'Elie.
Je vis Jésus, avec environ dix compagnons, sur une éminence dépendant du Liban, vis à vis d'une grande ville située le long de la mer Méditerranée. On avait, de cette hauteur, une vue d'une beauté incomparable. La ville paraissait placée tout au bord de la mer, mais, quand on se trouvait dans son enceinte, on voyait qu'elle en était bien éloignée de trois quarts de lieue. Elle était très grande et très tumultueuse ; lorsqu'on la regardait du haut de la montagne, on croyait voir une quantité innombrable de navires ; car, sur ses nombreux toits en terrasse, il y avait une forêt de perches et d'échafaudages où étaient suspendues et déployées de longues banderoles d'étoffe rouge et d'autres étoffes de diverses couleurs, et, dans les intervalles, on voyait une fourmilière d'hommes qui travaillaient. Le pays d'alentour était plein de petits endroits très fertiles : tout était couvert de fruits. Il y avait partout de grands arbres, autour desquels régnaient des sièges, d'autres où l'on montait par des escaliers si bien que des sociétés entières pouvaient s'asseoir au milieu des branches, comme dans des maisons aériennes. La plaine dans laquelle la ville se trouve, entre la montagne et la mer, n'est pas très large.
Il y avait dans cette ville des pa'ens et des juifs qui trafiquaient ensemble. L'idolâtrie y était très répandue. Le Seigneur, tout en cheminant, enseigna et prêcha dans les petits endroits, sous les grands arbres ; il parla de Jean, de son baptême et de la pénitence.
Dans la ville, Jésus fut bien accueilli. Il y est allé déjà une fois. Il parla dans l'école de la venue prochaine du Messie et de la destruction des idoles. La reine Jézabel, qui persécuta Elie avec tant d'acharnement, était de cette ville.
Jésus laissa ses compagnons à Sidon et alla dans un petit endroit, situé plus au midi, à quelque distance de la mer. Il veut s'y tenir quelque temps à l'écart pour prier. La ville est toute entourée de bois d'un côté, elle a des murs épais, et il y a des vignes à l'entour. C'est Sarepta, où Elie fut nourri par la veuve. Je vis toute cette histoire. Il en était résulté pour les juifs une superstition qui avait gagné aussi les pa'ens ; c'était de faire en sorte qu'il y eut toujours de pieuses veuves logées dans les murs qui entouraient la ville. ils croyaient que cela les garantissait de tout danger et leur permettait de se livrer impunément à toute espèce de désordres. Actuellement c'étaient des vieillards qui habitaient là. Jésus logea chez un vieillard, dans une maison pratiquée dans la muraille. Ces vieilles gens sont des espèces d'ermites Jésus leur parla du Messie et de Jean. Il alla aussi à la synagogue instruisit les enfants et célébra le sabbat.
(14 juillet. ) Jésus restera encore quelque temps ici ; il ira ensuite au baptême de Jean. Il se tient principalement chez de vieux juifs pieux logés dans les murs de Sarepta, qui vivent là par suite d'un vieil usage, et pour honorer le souvenir d'Elie. Ils se livrent à la méditation et à l'interprétation des prophéties et prient beaucoup pour l'avènement du Messie. Jésus Leur donne des instructions sur le Messie et sur le baptême de Jean. Ils sont pieux, mais ils ont beaucoup d'idées fausses : ils croient, par exemple, que le Messie doit venir avec une pompe mondaine. Jésus va souvent prier seul dans la forêt voisine de Sarepta il enseigne dans la synagogue, et s'occupe aussi à instruire les enfants Le jour suivant, la Soeur vit Jésus enseigner dans divers endroits où il y avait beaucoup de pa'ens il exhortait les juifs à ne pas se mêler avec les paiens. Il y avait là des gens de bien, il y en avait aussi de très mauvais. Jésus n'est accompagné de personne, si ce n'est parfois de quelques habitants du pays. Je le vois souvent enseigner en plein air devant des hommes et des femmes, sur de petits tertres ou sous des arbres.
La saison est telle dans ce pays, qu'il me semble toujours être au mois de mai, parce que dans ta terre Promise les semailles faites pour la seconde récolte sont en ce moment au même point où elles sont chez nous au mois de mai. On ne coupe pas ici le blé si près de terre : on prend la tige avec la main un peu au dessous de l'épi, et on la coupe à peu près une coudée plus bas. On ne bat pas le grain : les petites gerbes sont posées verticalement, et on fait passer dessus un rouleau placé entre deux boeufs. Le grain est beaucoup plus sec qu'ici et se détache très facilement. Cela se fait en plein air, ou bien dans une grange ouverte de tous côtés, et couverte seulement d'un toit de paille.
Dans ces derniers jours je vis Jésus aller au nord est de Sarepta, dans un endroit peu éloigné du champ de bataille où Ezéchiel, ravi en esprit, eut la vision dans laquelle il vit les ossements des morts se ranger en ordre dans une grande plaine, puis se revêtir de nerfs et de chair, après quoi il vint un souffle qui leur inspira l'esprit et la vie. Il me fut expliqué que les os qui se rassemblaient et se recouvraient de chair étaient la figure du baptême de Jean et de son enseignement, tandis que l'esprit et la vie qui venaient les animer signifiaient la rédemption de Jésus et la descente du Saint Esprit.
Jésus consola les habitants de ce lieu qui étaient très languissants et très abattus, et il leur expliqua aussi la vision d'Ezéchiel.
De là il se dirigea encore plus au nord, jusque dans la contrée où Jean était venu d'abord en sortant du désert. C'est un petit village de bergers où Noémi résida assez longtemps avec sa fille Ruth. Elle avait laissé un si bon souvenir, que ces gens en parlaient encore. Plus tard elle demeura à Bethléem. Le Seigneur prêcha ici avec beaucoup de chaleur. Le temps approche où il doit se diriger vers le midi, puis se rendre à Samarie pour son baptême. Le village des bergers est arrosé par un petit cours d'eau derrière lequel se trouvait, à une grande élévation, le puits du désert de Jean. Près de ce puits, le chemin descend à pic vers le champ de bataille d'Ezéchiel ; on descend là à une grande profondeur : cela rappelle l'endroit par où Adam et Eve furent chassés du Paradis Sur leur chemin les arbres devenaient toujours plus petits et plus rabougris ; ensuite il n'y avait plus que des broussailles, et tout autour d'eux était stérile et désolé. Le Paradis était aussi élevé que le soleil, et il descendit comme derrière une montagne qui parut s'élever devant lui.
Le Sauveur passa par le chemin que suivit. Elle lorsqu'en partant du torrent de Khrit, il alla à Sarepta. Il revient du village des bergers à Sarepta. Il enseigne ça et là sur sa route et passe devant Sidon. De Sarepta il ira bientôt au midi pour son baptême. Il célèbre encore le sabbat à Sarepta.
(Du 27 au 29 juillet.) Après la clôture du sabbat, Jésus partit de Sarepta pour se diriger vers la Galilée et Nazareth. Il enseigna ça et là : en dernier lieu, je le vis enseigner sur une colline'' Elle dit encore : Jésus est en route pour Nazareth. Il enseigne ça et là. Il a quelquefois des compagnons. Quelquefois il erre seul pendant la nuit. Il marche maintenant les pieds nus ; il a avec lui ses sandales, qu'il met lors qu'il entre dans un village. Il est à présent dans les vallées qui sont vis à vis du mont Carmel. Il est venu une fois très près de la route qui va de cette contrée en Egypte mais il s'est détourné vers le levant. Je crois qu'il va à Nazareth, puis à Samarie et au baptême. Ce voyage durera bien encore deux semaines.
La mère de Dieu, Marie de Cléophas, la mère de Parménas et deux autres femmes, sont aussi en route pour Nazareth. La maison de Marie est toujours silencieuse et bien en ordre : je vois la chambre où Jésus dormait et priait habituellement.
Des femmes de Jérusalem sont aussi en route pour Nazareth : ce sont Séraphia (Véronique), Jeanne Chusa, encore une autre, comment s'appelle t elle donc ? et le fils de Véronique qui plus tard se joignit aux disciples. Ils vont, je crois, pour visiter Marie. Je les ai déjà vus à l'occasion des voyages annuels à Jérusalem.
Il y a trois endroits où les familles pieuses vont prier tous les ans, ce que faisaient aussi Joseph et Marie. C'est au temple de Jérusalem, à Bethléem, près du Térébinthe, à un endroit où l'on célèbre un fait de l'Ancien Testament, je ne sais plus lequel(1), et au mont Carmel, où se trouve aussi un oratoire. La famille d'Anne et d'autres personnes pieuses y passent ordinairement en revenant de Jérusalem : c'est en général au mois de mai. Il est arrivé là à Elle quelque chose qui a rapport au Messie. Je ne m'en souviens pas distinctement à présent : mais je pense que le prophète eut là la Vision d'une grande figure de femme : c'était quelque chose qui se rapportait à la sainte Vierge. Il y avait aussi là une fontaine et une grotte d'Elle où la pierre était tendre : c'était comme une chapelle. Il venait toujours là de temps en temps des juifs pieux qui priaient pour l'avènement du Messie : il y avait aussi des anachorètes juifs : il y eut plus tard des ermites chrétiens.
Note 1 : La narratrice croit qu'il s'agit de Maraha, nourrice d'Abraham, dont il sera parlé plus au long ailleurs.
(30 juillet.) J'ai été cette nuit et suis encore aujourd'hui dans la contrée du mont Thabor : Jésus est dans une petite ville située sur le revers occidental de la montagne, et il enseigne dans l'école sur le baptême de Jean. Il a cinq compagnons. Quelques uns seront plus tard ses disciples futurs. J'ai su le nom de quelques uns. J'ai très bien vu le pays et toute la montagne.
La Mère de Dieu et les autres femmes sont a Nazareth : il en est de même de Véronique, qui est partie précédemment de Jérusalem avec 'ses compagnes, et qui a pris les saintes femmes à Capharnaum. Il y a avec elle Jeanne Chusa, une soeur de la prophétesse Anne, qui est attachée au service du temple, et un fils de Véronique, qui plus tard alla en France.
(1er août.) Je vis le sanhédrin de Jérusalem envoyer des messagers avec des lettres dans les principaux endroits de la Terre Promise où il y avait des écoles juives : il avertissait ceux qui y étaient préposés d'avoir l'oeil sur un homme dont Jean Baptiste avait dit qu'il était celui qui devait venir, et qu'il viendrait à son baptême. Ils devaient veiller sur cet homme et faire des rapports sur lui : car si c'est le Messie, disaient ils, il n'a pas besoin du baptême de Jean. Tout cela les importunait beaucoup ; ils avaient entendu dire que c'était le même qui, étant enfant, avait enseigné dans le temple, etc.
Je vis ces messagers arriver dans une ville située près de la mer, à quatre lieues du chemin d'Hébron, dans la contrée où les messagers de Mo'se et d'Aaron trouvèrent les grosses grappes de raisin. La ville s'appelle Gaza. Je vis aussi Gaza dans l'état où elle fut longtemps après, peut être comme elle est à présent. Je vis peu de maisons, et seulement quelques vieilles substructions : je vis une longue rangée de tentes qui s'étendaient, je crois, jusqu'à la mer : il y avait beaucoup d'étoffes et de soieries mises en vente.
Il ne reste presque plus rien de l'ancien Nazareth : mais on peut encore reconnaître à peu près les montagnes : seulement tout est impraticable, dégradé par les pluies et couvert de décombres. Il y a la des rochers tout nus et surplombant tellement, qu'on est tout enraye d'y voir monter quelqu'un. Le pays est encore fertile ; il y a beaucoup d'animaux sauvages, spécialement des colombes : toutes les maisons et les vignes sont couvertes de tourterelles sauvages aussi grosses que nos pigeons domestiques.
Sur le mont Carmel, il y a encore plusieurs grottes où habitent des ermites : il s'y trouve, en outre, un couvent. J'ai vu hier, dans la nuit, beaucoup de choses touchant cette montagne. Les ermites sont en ce moment très inquiets et prient beaucoup, car il y a à peu de distance de là des soulèvements et des combats entre les Turcs et un autre peuple voisin du Liban.
(4 août.) Jésus, accompagné de cinq disciples, enseigna ça et là jusque dans la contrée où est le puits de Jacob : ce fut aussi là qu'il célébra le sabbat. Il me semble qu'il ira bientôt à Nazareth les saintes femmes y sont.
(5 août.) Je vis Jésus quitter la contrée où est le puits de Jacob, et revenir à Nazareth avec ses cinq compagnons. La sainte Vierge vint à sa rencontre ; mais quand elle vit qu'il avait des compagnons avec lui, elle resta a quelque distance et revint sur ses pas sans l'avoir salué. J'admirai son abnégation. Je vis Jésus enseigner ici dans l'école. Les saintes femmes étaient présentes.
(7 août.) J'allai à Nazareth et je vis Jésus dans la synagogue avec les cinq disciples et une vingtaine de ses compagnons de jeunesse de Nazareth. il y avait beaucoup de monde. Les saintes femmes n'étaient pas présentes. Il fit une instruction. J'entendis les auditeurs murmurer et chuchoter : " il veut peut être, disaient ils, s'établir à l'endroit où Jean baptisait et que celui ci a abandonné, puis baptiser lui même et se faire passer pour un personnage de même espèce. Mais ce n'est pas du tout la même chose. Jean a vécu dans le désert : quant à celui ci, nous le connaissons bien : ce n'est pas lui qui nous séduira ". Après avoir un peu regardé cette scène, je fus conduite vers Jean Baptiste.
( 9 août.) Je vis que Jésus se préparait à quitter Nazareth avec deux compagnons, pour se rendre à Bethsaïda où il put encore réveiller quelques âmes par son enseignement. Les saintes femmes et d'autres compagnons de Jésus sont encore à Nazareth. Je vis Jésus dans la maison de sa mère où ses autres amis étaient aussi rassemblés. Il leur expliqua qu'à cause des murmures et du mécontentement qui s'étaient élevés contre lui à Nazareth, il voulait aller à Bethsaide, d'où il reviendrait plus tard. Je le vis quitter la maison avec trois disciples. C'étaient Amandor, le fils de Véronique, un fils d'une des trois veuves parentes de Jésus, son nom était comme Sirach, et un parent de Pierre, qui fut plus tard un disciple connu.
(10 avril.) Comme le il août était la fête de sainte Suzanne, martyre, et que la narratrice avait près d'elle une de ses reliques, elle la vit toute la nuit près d'elle pendant son voyage. Elle dit à cette occasion : "Suzanne a voyagé avec moi, elle était toujours près de moi, souvent aussi elle me parlait, mais elle était autrement que moi, à cause de son extrême légèreté, et quand je voulais la saisir, je ne pouvais pas. J'allais avec elle d'une scène à l'autre et elle me donnait des consolations : mais quand j'entrai dans une scène bien distincte, comme par exemple ici, à Bethsaide, elle disparut.
Je vis Jésus à Bethsaïda, prêcher avec beaucoup de force dans la synagogue, le jour du sabbat. Il leur dit qu'ils devaient maintenant accepter ce qui leur était notifie, aller au baptême de Jean et se purifier par la pénitence : qu'autrement il viendrait un temps ou ils crieraient : Malheur à nous. Il y avait beaucoup de personnes dans la synagogue, mais aucun des futurs apôtres, excepté Philippe, si je ne me trompe. Les autres apôtres de Bethsaïda et des environs étaient allés ailleurs pour le sabbat. Ils se tenaient dans une maison près de la pêcherie, dans le voisinage de Capharnaum.
(28 juin.) Je vis Jésus de nouveau en course ; il s'arrêta dans un petit endroit où il parla dans la synagogue du baptême de Jean, de l'approche du Messie et de la pénitence. Les auditeurs murmuraient, le regardant, avec mépris, et j'en entendis quelques uns dire : " il y a trois mois, son père, le charpentier, vivait encore : il travaillait alors avec lui : maintenant il a un peu couru à l'étranger, et il revient pour nous enseigner ce qu'il a appris. Je riais en moi même de ce qu'ils croyaient qu'il était allé en pays étranger, tandis qu'il était dans le désert pour se préparer.
(14 juillet.) La Soeur, pendant ces jours là, ne cessa pas de voir toutes les allées et venues de Jésus et de Jean. Elle voit encore le Seigneur aller de lieu en lieu et se montrer particulièrement là où Jean a passé. Il va dans les synagogues : il enseigne, console et assiste les malades. Elle le vit à Cana, où il avait des parents qu'il visita et où il enseigna aussi. Elle ne le voit pas encore avec aucun de ses futurs disciples. On dirait qu'il apprend d'abord à connaître les hommes, et qu'il continue ce que Jean a commencé à produire en eux. Souvent un homme de bien l'accompagne d'un lieu à l'autre.
(6 juillet. ) Je vis aujourd'hui quatre hommes parmi lesquels étaient de futurs disciples de Jésus dans la contrée entre Samarie et Nazareth, sous des arbres voisins de la grande route : ils attendaient Jésus, qui était en course avec un compagnon. Ils allèrent au devant du Seigneur et lui racontèrent qu'ils avaient été baptisés par Jean, et qu'il parlait de l'approche du Messie. Ils lui racontèrent encore avec quelle sévérité il avait parlé aux soldats, et qu'il n'avait baptisé que quelques uns d'entre eux. Il leur avait dit, entre autres choses, qu'il ferait aussi bien de prendre des pierres dans le Jourdain et de les baptiser. Je les vis aller plus loin avec Jésus.
(11 juillet.) Ces jours ci, je vis le Seigneur remonter vers le nord le long de la mer de Galilée. Il parla déjà plus clairement du Messie, et dans beaucoup d'endroits les possédés poussèrent des cris derrière lui : il chassa aussi un démon d'un homme. il enseigna dans des écoles.
Il fut rencontré par six personnes qui venaient du baptême de Jean, et dont étaient Lévi, nommé plus tard Matthieu et deux des fils des trois veuves : Nathanaël, le fiancé de Cana, n'en était pas. Ils le connaissaient comme ayant avec lui des rapports de parenté, et par ce qu'ils en avaient entendu dire : ils pressentaient aussi qu'il pouvait bien être celui dont Jean avait parlé, mais ils n'en avaient pas la certitude ils racontèrent des choses relatives à Jean, parlèrent de Lazare et de ses soeurs, et aussi de Magdeleine qui devait être possédée du démon. Elle demeurait seule déjà dans son château. ils firent route avec Jésus, dont les discours les émerveillaient. Ceux qui allaient de Galilée vers Jean pour être baptisés, lui racontaient ordinairement ce qu'ils savaient de Jésus et ce qu'ils en avaient entendu dire, tandis que ceux qui venaient d'Ainon, le lieu où Jean baptisait, faisaient à leur tour à Jésus des récits sur Jean.
Je vis Jésus, sans ses compagnons, entrer près du lac dans une pêcherie entourée d'une haie, où il y avait cinq barques. Sur le rivage étaient plusieurs cabanes où se tenaient les pêcheurs. Cette pêcherie appartenait à Pierre ; il était dans une des cabanes avec André. Jean et Jacques, avec leur père Zébédée et plusieurs autres, étaient sur les barque Dans la barque qui était au milieu se trouvait le père de la femme de Pierre avec trois de ses fils. J'ai su tous leurs noms, mais je les ai oubliés. Le père était surnommé le Zélateur, parce qu'il avait soutenu sur le lac un combat contre les Romains au sujet d'un droit relatif à la navigation ; c était de là que lui venait ce nom. Il y avait environ trente hommes sur les barques.
Jésus suivit le chemin bordé d'une haie, qui était entre les cabanes et les barques ; il s'entretint avec André et avec d'autres ; je ne sais pas s'il parla aussi à Pierre. ils ne le connaissaient pas encore. Il parla de Jean et de l'approche du Messie. André était déjà baptisé et disciple de Jean. Jésus leur dit qu'il reviendrait les voir.
( Du 11 au 26 juillet. ) Jésus s'éloigna du lac et se ! dirigea vers le Liban ; il prit ce parti parce qu'on parlait beaucoup de lai dans le pays et qu'il en résultait une certaine agitation. Plusieurs regardaient Jésus comme le Messie. D'autres parlaient d'un autre personnage que Jean aurait désigné.
Jésus était accompagné de six à douze personnes dont le nombre croissait ou diminuait successivement pendant le voyage. Ils écoutaient ses instructions avec joie, et ils soupçonnaient parfois qu'il devait être celui auquel Jean faisait allusion. Jésus ne s'adjoignit particulièrement aucun d'eux ; à vrai dire, il était seul, mais il semait et préparait d'avance. Dans toutes ses courses, je vis plusieurs choses qui se rapportaient aux courses et aux actions des prophètes, surtout d'Elie.
Je vis Jésus, avec environ dix compagnons, sur une éminence dépendant du Liban, vis à vis d'une grande ville située le long de la mer Méditerranée. On avait, de cette hauteur, une vue d'une beauté incomparable. La ville paraissait placée tout au bord de la mer, mais, quand on se trouvait dans son enceinte, on voyait qu'elle en était bien éloignée de trois quarts de lieue. Elle était très grande et très tumultueuse ; lorsqu'on la regardait du haut de la montagne, on croyait voir une quantité innombrable de navires ; car, sur ses nombreux toits en terrasse, il y avait une forêt de perches et d'échafaudages où étaient suspendues et déployées de longues banderoles d'étoffe rouge et d'autres étoffes de diverses couleurs, et, dans les intervalles, on voyait une fourmilière d'hommes qui travaillaient. Le pays d'alentour était plein de petits endroits très fertiles : tout était couvert de fruits. Il y avait partout de grands arbres, autour desquels régnaient des sièges, d'autres où l'on montait par des escaliers si bien que des sociétés entières pouvaient s'asseoir au milieu des branches, comme dans des maisons aériennes. La plaine dans laquelle la ville se trouve, entre la montagne et la mer, n'est pas très large.
Il y avait dans cette ville des pa'ens et des juifs qui trafiquaient ensemble. L'idolâtrie y était très répandue. Le Seigneur, tout en cheminant, enseigna et prêcha dans les petits endroits, sous les grands arbres ; il parla de Jean, de son baptême et de la pénitence.
Dans la ville, Jésus fut bien accueilli. Il y est allé déjà une fois. Il parla dans l'école de la venue prochaine du Messie et de la destruction des idoles. La reine Jézabel, qui persécuta Elie avec tant d'acharnement, était de cette ville.
Jésus laissa ses compagnons à Sidon et alla dans un petit endroit, situé plus au midi, à quelque distance de la mer. Il veut s'y tenir quelque temps à l'écart pour prier. La ville est toute entourée de bois d'un côté, elle a des murs épais, et il y a des vignes à l'entour. C'est Sarepta, où Elie fut nourri par la veuve. Je vis toute cette histoire. Il en était résulté pour les juifs une superstition qui avait gagné aussi les pa'ens ; c'était de faire en sorte qu'il y eut toujours de pieuses veuves logées dans les murs qui entouraient la ville. ils croyaient que cela les garantissait de tout danger et leur permettait de se livrer impunément à toute espèce de désordres. Actuellement c'étaient des vieillards qui habitaient là. Jésus logea chez un vieillard, dans une maison pratiquée dans la muraille. Ces vieilles gens sont des espèces d'ermites Jésus leur parla du Messie et de Jean. Il alla aussi à la synagogue instruisit les enfants et célébra le sabbat.
(14 juillet. ) Jésus restera encore quelque temps ici ; il ira ensuite au baptême de Jean. Il se tient principalement chez de vieux juifs pieux logés dans les murs de Sarepta, qui vivent là par suite d'un vieil usage, et pour honorer le souvenir d'Elie. Ils se livrent à la méditation et à l'interprétation des prophéties et prient beaucoup pour l'avènement du Messie. Jésus Leur donne des instructions sur le Messie et sur le baptême de Jean. Ils sont pieux, mais ils ont beaucoup d'idées fausses : ils croient, par exemple, que le Messie doit venir avec une pompe mondaine. Jésus va souvent prier seul dans la forêt voisine de Sarepta il enseigne dans la synagogue, et s'occupe aussi à instruire les enfants Le jour suivant, la Soeur vit Jésus enseigner dans divers endroits où il y avait beaucoup de pa'ens il exhortait les juifs à ne pas se mêler avec les paiens. Il y avait là des gens de bien, il y en avait aussi de très mauvais. Jésus n'est accompagné de personne, si ce n'est parfois de quelques habitants du pays. Je le vois souvent enseigner en plein air devant des hommes et des femmes, sur de petits tertres ou sous des arbres.
La saison est telle dans ce pays, qu'il me semble toujours être au mois de mai, parce que dans ta terre Promise les semailles faites pour la seconde récolte sont en ce moment au même point où elles sont chez nous au mois de mai. On ne coupe pas ici le blé si près de terre : on prend la tige avec la main un peu au dessous de l'épi, et on la coupe à peu près une coudée plus bas. On ne bat pas le grain : les petites gerbes sont posées verticalement, et on fait passer dessus un rouleau placé entre deux boeufs. Le grain est beaucoup plus sec qu'ici et se détache très facilement. Cela se fait en plein air, ou bien dans une grange ouverte de tous côtés, et couverte seulement d'un toit de paille.
Dans ces derniers jours je vis Jésus aller au nord est de Sarepta, dans un endroit peu éloigné du champ de bataille où Ezéchiel, ravi en esprit, eut la vision dans laquelle il vit les ossements des morts se ranger en ordre dans une grande plaine, puis se revêtir de nerfs et de chair, après quoi il vint un souffle qui leur inspira l'esprit et la vie. Il me fut expliqué que les os qui se rassemblaient et se recouvraient de chair étaient la figure du baptême de Jean et de son enseignement, tandis que l'esprit et la vie qui venaient les animer signifiaient la rédemption de Jésus et la descente du Saint Esprit.
Jésus consola les habitants de ce lieu qui étaient très languissants et très abattus, et il leur expliqua aussi la vision d'Ezéchiel.
De là il se dirigea encore plus au nord, jusque dans la contrée où Jean était venu d'abord en sortant du désert. C'est un petit village de bergers où Noémi résida assez longtemps avec sa fille Ruth. Elle avait laissé un si bon souvenir, que ces gens en parlaient encore. Plus tard elle demeura à Bethléem. Le Seigneur prêcha ici avec beaucoup de chaleur. Le temps approche où il doit se diriger vers le midi, puis se rendre à Samarie pour son baptême. Le village des bergers est arrosé par un petit cours d'eau derrière lequel se trouvait, à une grande élévation, le puits du désert de Jean. Près de ce puits, le chemin descend à pic vers le champ de bataille d'Ezéchiel ; on descend là à une grande profondeur : cela rappelle l'endroit par où Adam et Eve furent chassés du Paradis Sur leur chemin les arbres devenaient toujours plus petits et plus rabougris ; ensuite il n'y avait plus que des broussailles, et tout autour d'eux était stérile et désolé. Le Paradis était aussi élevé que le soleil, et il descendit comme derrière une montagne qui parut s'élever devant lui.
Le Sauveur passa par le chemin que suivit. Elle lorsqu'en partant du torrent de Khrit, il alla à Sarepta. Il revient du village des bergers à Sarepta. Il enseigne ça et là sur sa route et passe devant Sidon. De Sarepta il ira bientôt au midi pour son baptême. Il célèbre encore le sabbat à Sarepta.
(Du 27 au 29 juillet.) Après la clôture du sabbat, Jésus partit de Sarepta pour se diriger vers la Galilée et Nazareth. Il enseigna ça et là : en dernier lieu, je le vis enseigner sur une colline'' Elle dit encore : Jésus est en route pour Nazareth. Il enseigne ça et là. Il a quelquefois des compagnons. Quelquefois il erre seul pendant la nuit. Il marche maintenant les pieds nus ; il a avec lui ses sandales, qu'il met lors qu'il entre dans un village. Il est à présent dans les vallées qui sont vis à vis du mont Carmel. Il est venu une fois très près de la route qui va de cette contrée en Egypte mais il s'est détourné vers le levant. Je crois qu'il va à Nazareth, puis à Samarie et au baptême. Ce voyage durera bien encore deux semaines.
La mère de Dieu, Marie de Cléophas, la mère de Parménas et deux autres femmes, sont aussi en route pour Nazareth. La maison de Marie est toujours silencieuse et bien en ordre : je vois la chambre où Jésus dormait et priait habituellement.
Des femmes de Jérusalem sont aussi en route pour Nazareth : ce sont Séraphia (Véronique), Jeanne Chusa, encore une autre, comment s'appelle t elle donc ? et le fils de Véronique qui plus tard se joignit aux disciples. Ils vont, je crois, pour visiter Marie. Je les ai déjà vus à l'occasion des voyages annuels à Jérusalem.
Il y a trois endroits où les familles pieuses vont prier tous les ans, ce que faisaient aussi Joseph et Marie. C'est au temple de Jérusalem, à Bethléem, près du Térébinthe, à un endroit où l'on célèbre un fait de l'Ancien Testament, je ne sais plus lequel(1), et au mont Carmel, où se trouve aussi un oratoire. La famille d'Anne et d'autres personnes pieuses y passent ordinairement en revenant de Jérusalem : c'est en général au mois de mai. Il est arrivé là à Elle quelque chose qui a rapport au Messie. Je ne m'en souviens pas distinctement à présent : mais je pense que le prophète eut là la Vision d'une grande figure de femme : c'était quelque chose qui se rapportait à la sainte Vierge. Il y avait aussi là une fontaine et une grotte d'Elle où la pierre était tendre : c'était comme une chapelle. Il venait toujours là de temps en temps des juifs pieux qui priaient pour l'avènement du Messie : il y avait aussi des anachorètes juifs : il y eut plus tard des ermites chrétiens.
Note 1 : La narratrice croit qu'il s'agit de Maraha, nourrice d'Abraham, dont il sera parlé plus au long ailleurs.
(30 juillet.) J'ai été cette nuit et suis encore aujourd'hui dans la contrée du mont Thabor : Jésus est dans une petite ville située sur le revers occidental de la montagne, et il enseigne dans l'école sur le baptême de Jean. Il a cinq compagnons. Quelques uns seront plus tard ses disciples futurs. J'ai su le nom de quelques uns. J'ai très bien vu le pays et toute la montagne.
La Mère de Dieu et les autres femmes sont a Nazareth : il en est de même de Véronique, qui est partie précédemment de Jérusalem avec 'ses compagnes, et qui a pris les saintes femmes à Capharnaum. Il y a avec elle Jeanne Chusa, une soeur de la prophétesse Anne, qui est attachée au service du temple, et un fils de Véronique, qui plus tard alla en France.
(1er août.) Je vis le sanhédrin de Jérusalem envoyer des messagers avec des lettres dans les principaux endroits de la Terre Promise où il y avait des écoles juives : il avertissait ceux qui y étaient préposés d'avoir l'oeil sur un homme dont Jean Baptiste avait dit qu'il était celui qui devait venir, et qu'il viendrait à son baptême. Ils devaient veiller sur cet homme et faire des rapports sur lui : car si c'est le Messie, disaient ils, il n'a pas besoin du baptême de Jean. Tout cela les importunait beaucoup ; ils avaient entendu dire que c'était le même qui, étant enfant, avait enseigné dans le temple, etc.
Je vis ces messagers arriver dans une ville située près de la mer, à quatre lieues du chemin d'Hébron, dans la contrée où les messagers de Mo'se et d'Aaron trouvèrent les grosses grappes de raisin. La ville s'appelle Gaza. Je vis aussi Gaza dans l'état où elle fut longtemps après, peut être comme elle est à présent. Je vis peu de maisons, et seulement quelques vieilles substructions : je vis une longue rangée de tentes qui s'étendaient, je crois, jusqu'à la mer : il y avait beaucoup d'étoffes et de soieries mises en vente.
Il ne reste presque plus rien de l'ancien Nazareth : mais on peut encore reconnaître à peu près les montagnes : seulement tout est impraticable, dégradé par les pluies et couvert de décombres. Il y a la des rochers tout nus et surplombant tellement, qu'on est tout enraye d'y voir monter quelqu'un. Le pays est encore fertile ; il y a beaucoup d'animaux sauvages, spécialement des colombes : toutes les maisons et les vignes sont couvertes de tourterelles sauvages aussi grosses que nos pigeons domestiques.
Sur le mont Carmel, il y a encore plusieurs grottes où habitent des ermites : il s'y trouve, en outre, un couvent. J'ai vu hier, dans la nuit, beaucoup de choses touchant cette montagne. Les ermites sont en ce moment très inquiets et prient beaucoup, car il y a à peu de distance de là des soulèvements et des combats entre les Turcs et un autre peuple voisin du Liban.
(4 août.) Jésus, accompagné de cinq disciples, enseigna ça et là jusque dans la contrée où est le puits de Jacob : ce fut aussi là qu'il célébra le sabbat. Il me semble qu'il ira bientôt à Nazareth les saintes femmes y sont.
(5 août.) Je vis Jésus quitter la contrée où est le puits de Jacob, et revenir à Nazareth avec ses cinq compagnons. La sainte Vierge vint à sa rencontre ; mais quand elle vit qu'il avait des compagnons avec lui, elle resta a quelque distance et revint sur ses pas sans l'avoir salué. J'admirai son abnégation. Je vis Jésus enseigner ici dans l'école. Les saintes femmes étaient présentes.
(7 août.) J'allai à Nazareth et je vis Jésus dans la synagogue avec les cinq disciples et une vingtaine de ses compagnons de jeunesse de Nazareth. il y avait beaucoup de monde. Les saintes femmes n'étaient pas présentes. Il fit une instruction. J'entendis les auditeurs murmurer et chuchoter : " il veut peut être, disaient ils, s'établir à l'endroit où Jean baptisait et que celui ci a abandonné, puis baptiser lui même et se faire passer pour un personnage de même espèce. Mais ce n'est pas du tout la même chose. Jean a vécu dans le désert : quant à celui ci, nous le connaissons bien : ce n'est pas lui qui nous séduira ". Après avoir un peu regardé cette scène, je fus conduite vers Jean Baptiste.
( 9 août.) Je vis que Jésus se préparait à quitter Nazareth avec deux compagnons, pour se rendre à Bethsaïda où il put encore réveiller quelques âmes par son enseignement. Les saintes femmes et d'autres compagnons de Jésus sont encore à Nazareth. Je vis Jésus dans la maison de sa mère où ses autres amis étaient aussi rassemblés. Il leur expliqua qu'à cause des murmures et du mécontentement qui s'étaient élevés contre lui à Nazareth, il voulait aller à Bethsaide, d'où il reviendrait plus tard. Je le vis quitter la maison avec trois disciples. C'étaient Amandor, le fils de Véronique, un fils d'une des trois veuves parentes de Jésus, son nom était comme Sirach, et un parent de Pierre, qui fut plus tard un disciple connu.
(10 avril.) Comme le il août était la fête de sainte Suzanne, martyre, et que la narratrice avait près d'elle une de ses reliques, elle la vit toute la nuit près d'elle pendant son voyage. Elle dit à cette occasion : "Suzanne a voyagé avec moi, elle était toujours près de moi, souvent aussi elle me parlait, mais elle était autrement que moi, à cause de son extrême légèreté, et quand je voulais la saisir, je ne pouvais pas. J'allais avec elle d'une scène à l'autre et elle me donnait des consolations : mais quand j'entrai dans une scène bien distincte, comme par exemple ici, à Bethsaide, elle disparut.
Je vis Jésus à Bethsaïda, prêcher avec beaucoup de force dans la synagogue, le jour du sabbat. Il leur dit qu'ils devaient maintenant accepter ce qui leur était notifie, aller au baptême de Jean et se purifier par la pénitence : qu'autrement il viendrait un temps ou ils crieraient : Malheur à nous. Il y avait beaucoup de personnes dans la synagogue, mais aucun des futurs apôtres, excepté Philippe, si je ne me trompe. Les autres apôtres de Bethsaïda et des environs étaient allés ailleurs pour le sabbat. Ils se tenaient dans une maison près de la pêcherie, dans le voisinage de Capharnaum.
Pendant l'instruction de Jésus à Bethsaïda, j'avais prié pour que ces gens allassent au baptême de Jean et se convertissent sincèrement. Là dessus un tableau me fut présenté. Je vis Jean comme le préparateur qui, au moyen d'une première ablution, enlevait les souillures les plus fortes et les plus grossières. Je le vis se livrer à ce travail avec bien de l'énergie et de l'activité, avec bien de la rudesse et de la sévérité, et la peau qui le couvrait tombait tantôt d'une épaule, tantôt de l'autre. Ce devait être un symbole figuratif, car je vis quelques uns des baptisés desquels se détachaient des espèces d'écailles, d'autres dont il sortait comme de noires vapeurs, et plusieurs sur lesquels s'abaissaient des nuées lumineuses et brillantes.
De ce tableau, je revins, en compagnie de sainte Suzanne à un autre tableau du séjour de Marie à Ephèse.
12 août. ) Je vis Jésus et ses compagnons aller entre Bethsaïda et Capharnaum, à l'endroit où était la maison qu'il habitait. Ils allaient ça et là dans les maisons disséminées, et invitaient les gens à venir entendre l'instruction. Beaucoup de personnes se rassemblèrent et Jésus fit une longue instruction. Je ne vis pas là d'apôtres.
Elle raconta ce qui suit très tranquillement comme si cela se passait devant ses yeux, niais on la dérangea et le récit fut interrompu.
(13 août.) J'ai vu Jésus à Capharnaum se rendant à l'école. Il va tout droit devant lui, sans se détourner, comme s'il était tout à fait inconnu. Les trois disciples marchent près de lui. Il vient des groupes de tous les côtés. Il s'y trouve des pêcheurs. Je vois Pierre, André, et d'autres encore dont plusieurs ont déjà été baptisés par Jean. Ils avaient déjà vu Jésus : il s'était entretenu avec eux près du lac avant son voyage à Sidon. Maintenant ils avaient entendu parler de lui soit dans d'autres endroits, soit après sa dernière instruction à Bethsaide.
Les habitants de Capharnaum étaient fort satisfait ; et désiraient vivement savoir ce que c'était que cette nouvelle doctrine. L'école est bien tenue Jésus monte à la place d'où l'on parle par des degrés qui se trouvent à l'un des côtés de la salle : une foule si nombreuse se presse autour de lui qu'il monte encore plus haut... (Ici elle fut interrompue.)
(15 août.) Jésus a quitté Capharnaum. Je l'ai vu, à deux lieues au midi, enseigner devant beaucoup de monde. Il n'y avait avec lui que les trois disciples. Les futurs apôtres qui l'avaient entendu à Capharnaum, étaient retournés au lac, sans qu'il se fût entretenu en particulier avec aucun d'eux. Ici aussi, il parla du baptême de Jean et de l'accomplissement de la promesse.
(16 août.) Jésus, hier et aujourd'hui, traversa la basse Galilée, où il enseigna ça et là, se dirigeant au midi vers Samarie. Je ne sais plus où il célébra le sabbat.
(19 août.) Jésus fut le jour du sabbat dans une école entre Nazareth et Séphoris. Les saintes femmes de Nazareth étaient présentes, ainsi que la femme de Pierre et celles de quelques autres des futurs apôtres. Plusieurs de ceux ci qui avaient reçu le baptême de Jean, étaient venus également pour le sabbat. il n'y avait là que quelques maisons et une école : cet endroit n'était séparé que par une borne d'héritage de l'ancienne maison de sainte Anne. Je ne sais plus si elle était habitée maintenant. Ceux des futurs apôtres qui étaient venus là pour l'entendre étaient Pierre, André, Jacques le Mineur et Philippe, tous disciples de Jean. Philippe était de Bethsaïda, il était assez intelligent et avait à s'occuper de certains travaux de bureau. Parmi les femmes était l'épouse d'un frère de la femme de Pierre. Jésus ne séjourna pas dans cet endroit : il n'y prit pas son repas, il ne fit qu'enseigner. Les apôtres ont vraisemblablement célébré le sabbat dans le voisinage : car les juifs vont souvent pour le sabbat dans d'autres lieux que celui de leur résidence ils sont venus en cet endroit parce qu'ils ont appris que Jésus y était. Jésus ne Leur parla pas en particulier.
(Du 19 août au 2 septembre.) Je vis Jésus avec les trois disciples aller à Séphoris, qui est à quatre lieues de Nazareth, en franchissant une montagne. Il logea chez sa grande tante Maraha, soeur cadette de sainte Anne : elle avait une fille et deux fils. Je les vis en longs vêtements blancs aller et venir dans la maison : ils s'appellent Arastaria et Cocharia, et se sont, je crois, plus tard, réunis aux disciples.
La sainte Vierge, Marie de Cléophas et d'autres femmes sont aussi venues ici. On lava les pieds à Jésus. Il y eut aussi un repas. Il coucha dans la maison de Maraha : c'était là qu'avaient demeuré les parents de sainte Anne à Séphoris. Séphoris est une grande : " Il s'y trouve des pharisiens, des sadducéens et des esséniens : les trois sectes ont chacune leur école. Cette ville a souvent eu beaucoup à souffrir dans les guerres. Aujourd'hui il n'en reste presque plus rien.
(22 août.) Avant hier et hier Jésus enseigna ici. Ce soir aussi, je le vis enseigner dans la synagogue et exhorter au baptême. Les femmes se tenaient en arrière, mais dans une tribune élevée. Je vis Jésus enseigner ici dans deux synagogues, l'une plus spacieuse et plus élevée, l'autre plus petite. Dans la plus grande étaient les pharisiens : ils étaient mécontents et murmuraient contre Jésus. Les femmes étaient présentes à cette instruction. Dans l'autre synagogue qui était plus petite, il n'y avait pas de place réservée aux femmes : il y fut traité amicalement. C'était vraisemblablement l'école des Esséniens.
Un des trois disciples qui allaient avec Jésus en ce temps là était fils d'une des trois veuves et s'appelait Eustache. Il était essénien. Je le vois maintenant sortir d'une grotte du Carmel et aller vers Jésus. C'est une figure pour me montrer ce qu'il est.
(23 août.) Je vis Jésus enseigner dans l'école des sadducéens à Séphoris. je vis là une chose merveilleuse. Il y avait à Séphoris beaucoup de démoniaques, d'idiots et d'autres fous et possédés. On leur faisait des instructions dans une école voisine de la synagogue, et quand les gens raisonnables se réunissaient dans la synagogue pour l'instruction et la prière, on les y faisait aussi entrer. Ils se tenaient derrière les autres dans une salle à part d'où ils écoutaient l'instruction. Il y avait parmi eux des surveillants armés de fouets et chacun en avait un nombre plus ou moins grand à surveiller selon qu'ils étaient plus ou moins méchants. Avant que Jésus entrât dans l'école, je les vis pendant l'instruction des sadducéens faire des contorsions et entrer en convulsion : je vis aussi que les surveillants les faisaient tenir tranquilles en leur donnant des coups de fouets quand Jésus vint, ils restèrent d'abord très paisibles, mais au bout d'un peu de temps, quelques uns commencèrent à dire : "(C'est Jésus de Nazareth, né à Bethléem, visité par les sages de l'Orient, etc. Sa mère est chez Maraha, etc. Il introduit une nouvelle doctrine qu'on ne doit pas tolérer, etc. "C'est ainsi que ces hommes en démence décriaient toute la vie de Jésus et parlaient de ce qui lui était arrivé jusqu'alors. C'était tantôt l'un, tantôt l'autre et les coups de fouet des surveillants n'y faisaient rien. Ils se mirent bientôt a crier tous ensemble et la confusion fut générale. Jésus dit alors qu'on les lui amenât devant la synagogue : en même temps il envoya deux disciples dans la ville, pour faire venir tous les gens de cette espèce qui s'y trouvaient encore, bientôt il y eut autour de lui une cinquantaine de ces hommes et avec ceux ci une grande foule. Les maniaques continuèrent toujours à pousser leurs cris. Alors Jésus dit : "L'esprit qui parle ainsi par votre bouche est d'en bas et doit retourner en bas " . A l'instant même tous s'apaisèrent et furent guéris : j'en vis plusieurs tomber par terre.
Je vis aussi un soulèvement dans la ville au sujet de cette guérison. Je vis Jésus et les siens en grand danger. Le tumulte était si grand que le Seigneur se réfugia dans une maison et quitta la ville dans la nuit, de même que ses trois disciples et Cocharia et Arastaria, les fils de la soeur de sainte Anne. Les saintes, femmes quittèrent aussi la ville. La mère de Jésus était dans la douleur et dans l'angoisse parce qu'elle voyait pour la première fois la persécution s'élever contre lui. Ils s'étaient donné rendez vous sous des arbres devant la ville.
Les gens guéris par Jésus allèrent pour la plupart au baptême de Jean, et ce fut parmi eux principalement que Jésus plus tard trouva ici des adhérents.
(24 août.) Dans la nuit du jeudi, les trois disciples et les fils de la soeur de sainte Anne, qui s'étaient enfuis séparément de Séphoris, se réunirent au Seigneur sous des arbres, sur le chemin de Bethulie. La mère de Jésus et les saintes femmes s'étaient aussi rendues là.
Bethulie est la ville pendant le siège de laquelle Judith tua Holopherne. Elle est au sud est de Séphoris, sur une montagne : on y a une vue étendue de tous les côtés. Il n'y a pas loin de là à Magdalum et au château de Madeleine dont la vie alors n'était consacrée qu'au plaisir. Il y a un château à Bethulie : c'est un endroit abondant en sources. Je crois que le puits de Joseph n'est pas très loin de là.
Je vis Jésus et ses disciples entrer dans une hôtellerie devant Bethulie. Marie et les saintes femmes l'y rejoignirent. J'entendis Marie dire à Jésus qu'elle le priait de ne pas enseigner ici, qu'elle était pleine d'anxiété, qu'il pouvait encore y avoir un soulèvement. Jésus répondit qu'il savait ce qu'il avait à accomplir. Mais Marie lui dit : " N'irons nous pas maintenant au baptême de Jean ? " Jésus lui répondit avec beaucoup de gravité : "Pourquoi irions nous maintenant au baptême de Jean, En avons nous besoin ? J'irai encore là où je dois recueillir, et je dirai quand il faudra aller au baptême de Jean. À. Marie garda le silence comme à Cana. Ce n'est qu'après la Pentecôte que j'ai vu les saintes femmes recevoir le baptême à la piscine de Bethesda. Les saintes femmes entrèrent à Bethulie. Jésus enseigna à Bethulie le jour du sabbat.
(25 août.) Je vis Jésus bien accueilli ici. Il alla à la synagogue pour enseigner : beaucoup de personnes étaient venues des environs, pour l'entendre. Je vis aussi beaucoup d'idiots et de possédés sur le chemin devant la ville, et sur divers points de la route. Lorsque Jésus passa, ils redevinrent paisibles et furent délivrés de leurs accès, et je vis de côté et d'autre des gens qui disaient : "Cet homme doit avoir un pouvoir semblable à celui des anciens prophètes, pour que ces malheureux deviennent tranquilles lorsqu'il se montre. Car ces gens sentaient qu'il les secourait, quoiqu'il ne leur fît rien, et ils vinrent à lui dans l'hôtellerie pour le remercier. Il enseigna et exhorta à aller au baptême de Jean. Il parla cette fois, avec beaucoup de force tout à fait à la façon de Jean.
(26 août.) Je vis que les habitants de Bethulie avaient beaucoup de considération pour Jésus et pour les siens. Ils ne voulaient pas le laisser s'arrêter devant la ville ; plusieurs se disputaient à qui l'aurait dans sa maison, et ceux qui ne pouvaient pas l'avoir, voulaient au moins avoir un des cinq disciples qui étaient avec lui.
Ils restèrent près de Jésus et il leur promit d'aller successivement chez les uns et les autres. Toutefois leur grand empressement et leur sympathie pour Jésus n'étaient pas entièrement désintéressés, et Jésus le leur fit remarquer dans les instructions qu'il fit à la synagogue. Ils avaient une arrière pensée, ils voulaient, en s'attachant au nouveau prophète, procurer à leur ville une certaine considération qu'elle avait perdue, je ne sais plus comment, peut être par le commerce, les rapports ou les alliances avec les pa'ens. Ce n'était donc pas chez eux pur amour de la vérité.
(27 août.) Jésus est parti aujourd'hui de Bethulie. Je l'ai vu dans une vallée enseigner sous des arbres, près d'une hôtellerie. Il n'est venu à sa suite que trois disciples et environ vingt autres personnes. Les saintes femmes étaient déjà allées en avant, pour se rendre à Nazareth, à ce que je crois. Je l'ai vu quitter Bethulie parce qu'il y était trop importuné. Il était venu des environs une foule de malades et de possédés, et il ne voulait pas encore se manifester par des guérisons si publiques. il partit en tournant le des à la mer de Galilée.
De ce tableau, je revins, en compagnie de sainte Suzanne à un autre tableau du séjour de Marie à Ephèse.
12 août. ) Je vis Jésus et ses compagnons aller entre Bethsaïda et Capharnaum, à l'endroit où était la maison qu'il habitait. Ils allaient ça et là dans les maisons disséminées, et invitaient les gens à venir entendre l'instruction. Beaucoup de personnes se rassemblèrent et Jésus fit une longue instruction. Je ne vis pas là d'apôtres.
Elle raconta ce qui suit très tranquillement comme si cela se passait devant ses yeux, niais on la dérangea et le récit fut interrompu.
(13 août.) J'ai vu Jésus à Capharnaum se rendant à l'école. Il va tout droit devant lui, sans se détourner, comme s'il était tout à fait inconnu. Les trois disciples marchent près de lui. Il vient des groupes de tous les côtés. Il s'y trouve des pêcheurs. Je vois Pierre, André, et d'autres encore dont plusieurs ont déjà été baptisés par Jean. Ils avaient déjà vu Jésus : il s'était entretenu avec eux près du lac avant son voyage à Sidon. Maintenant ils avaient entendu parler de lui soit dans d'autres endroits, soit après sa dernière instruction à Bethsaide.
Les habitants de Capharnaum étaient fort satisfait ; et désiraient vivement savoir ce que c'était que cette nouvelle doctrine. L'école est bien tenue Jésus monte à la place d'où l'on parle par des degrés qui se trouvent à l'un des côtés de la salle : une foule si nombreuse se presse autour de lui qu'il monte encore plus haut... (Ici elle fut interrompue.)
(15 août.) Jésus a quitté Capharnaum. Je l'ai vu, à deux lieues au midi, enseigner devant beaucoup de monde. Il n'y avait avec lui que les trois disciples. Les futurs apôtres qui l'avaient entendu à Capharnaum, étaient retournés au lac, sans qu'il se fût entretenu en particulier avec aucun d'eux. Ici aussi, il parla du baptême de Jean et de l'accomplissement de la promesse.
(16 août.) Jésus, hier et aujourd'hui, traversa la basse Galilée, où il enseigna ça et là, se dirigeant au midi vers Samarie. Je ne sais plus où il célébra le sabbat.
(19 août.) Jésus fut le jour du sabbat dans une école entre Nazareth et Séphoris. Les saintes femmes de Nazareth étaient présentes, ainsi que la femme de Pierre et celles de quelques autres des futurs apôtres. Plusieurs de ceux ci qui avaient reçu le baptême de Jean, étaient venus également pour le sabbat. il n'y avait là que quelques maisons et une école : cet endroit n'était séparé que par une borne d'héritage de l'ancienne maison de sainte Anne. Je ne sais plus si elle était habitée maintenant. Ceux des futurs apôtres qui étaient venus là pour l'entendre étaient Pierre, André, Jacques le Mineur et Philippe, tous disciples de Jean. Philippe était de Bethsaïda, il était assez intelligent et avait à s'occuper de certains travaux de bureau. Parmi les femmes était l'épouse d'un frère de la femme de Pierre. Jésus ne séjourna pas dans cet endroit : il n'y prit pas son repas, il ne fit qu'enseigner. Les apôtres ont vraisemblablement célébré le sabbat dans le voisinage : car les juifs vont souvent pour le sabbat dans d'autres lieux que celui de leur résidence ils sont venus en cet endroit parce qu'ils ont appris que Jésus y était. Jésus ne Leur parla pas en particulier.
(Du 19 août au 2 septembre.) Je vis Jésus avec les trois disciples aller à Séphoris, qui est à quatre lieues de Nazareth, en franchissant une montagne. Il logea chez sa grande tante Maraha, soeur cadette de sainte Anne : elle avait une fille et deux fils. Je les vis en longs vêtements blancs aller et venir dans la maison : ils s'appellent Arastaria et Cocharia, et se sont, je crois, plus tard, réunis aux disciples.
La sainte Vierge, Marie de Cléophas et d'autres femmes sont aussi venues ici. On lava les pieds à Jésus. Il y eut aussi un repas. Il coucha dans la maison de Maraha : c'était là qu'avaient demeuré les parents de sainte Anne à Séphoris. Séphoris est une grande : " Il s'y trouve des pharisiens, des sadducéens et des esséniens : les trois sectes ont chacune leur école. Cette ville a souvent eu beaucoup à souffrir dans les guerres. Aujourd'hui il n'en reste presque plus rien.
(22 août.) Avant hier et hier Jésus enseigna ici. Ce soir aussi, je le vis enseigner dans la synagogue et exhorter au baptême. Les femmes se tenaient en arrière, mais dans une tribune élevée. Je vis Jésus enseigner ici dans deux synagogues, l'une plus spacieuse et plus élevée, l'autre plus petite. Dans la plus grande étaient les pharisiens : ils étaient mécontents et murmuraient contre Jésus. Les femmes étaient présentes à cette instruction. Dans l'autre synagogue qui était plus petite, il n'y avait pas de place réservée aux femmes : il y fut traité amicalement. C'était vraisemblablement l'école des Esséniens.
Un des trois disciples qui allaient avec Jésus en ce temps là était fils d'une des trois veuves et s'appelait Eustache. Il était essénien. Je le vois maintenant sortir d'une grotte du Carmel et aller vers Jésus. C'est une figure pour me montrer ce qu'il est.
(23 août.) Je vis Jésus enseigner dans l'école des sadducéens à Séphoris. je vis là une chose merveilleuse. Il y avait à Séphoris beaucoup de démoniaques, d'idiots et d'autres fous et possédés. On leur faisait des instructions dans une école voisine de la synagogue, et quand les gens raisonnables se réunissaient dans la synagogue pour l'instruction et la prière, on les y faisait aussi entrer. Ils se tenaient derrière les autres dans une salle à part d'où ils écoutaient l'instruction. Il y avait parmi eux des surveillants armés de fouets et chacun en avait un nombre plus ou moins grand à surveiller selon qu'ils étaient plus ou moins méchants. Avant que Jésus entrât dans l'école, je les vis pendant l'instruction des sadducéens faire des contorsions et entrer en convulsion : je vis aussi que les surveillants les faisaient tenir tranquilles en leur donnant des coups de fouets quand Jésus vint, ils restèrent d'abord très paisibles, mais au bout d'un peu de temps, quelques uns commencèrent à dire : "(C'est Jésus de Nazareth, né à Bethléem, visité par les sages de l'Orient, etc. Sa mère est chez Maraha, etc. Il introduit une nouvelle doctrine qu'on ne doit pas tolérer, etc. "C'est ainsi que ces hommes en démence décriaient toute la vie de Jésus et parlaient de ce qui lui était arrivé jusqu'alors. C'était tantôt l'un, tantôt l'autre et les coups de fouet des surveillants n'y faisaient rien. Ils se mirent bientôt a crier tous ensemble et la confusion fut générale. Jésus dit alors qu'on les lui amenât devant la synagogue : en même temps il envoya deux disciples dans la ville, pour faire venir tous les gens de cette espèce qui s'y trouvaient encore, bientôt il y eut autour de lui une cinquantaine de ces hommes et avec ceux ci une grande foule. Les maniaques continuèrent toujours à pousser leurs cris. Alors Jésus dit : "L'esprit qui parle ainsi par votre bouche est d'en bas et doit retourner en bas " . A l'instant même tous s'apaisèrent et furent guéris : j'en vis plusieurs tomber par terre.
Je vis aussi un soulèvement dans la ville au sujet de cette guérison. Je vis Jésus et les siens en grand danger. Le tumulte était si grand que le Seigneur se réfugia dans une maison et quitta la ville dans la nuit, de même que ses trois disciples et Cocharia et Arastaria, les fils de la soeur de sainte Anne. Les saintes, femmes quittèrent aussi la ville. La mère de Jésus était dans la douleur et dans l'angoisse parce qu'elle voyait pour la première fois la persécution s'élever contre lui. Ils s'étaient donné rendez vous sous des arbres devant la ville.
Les gens guéris par Jésus allèrent pour la plupart au baptême de Jean, et ce fut parmi eux principalement que Jésus plus tard trouva ici des adhérents.
(24 août.) Dans la nuit du jeudi, les trois disciples et les fils de la soeur de sainte Anne, qui s'étaient enfuis séparément de Séphoris, se réunirent au Seigneur sous des arbres, sur le chemin de Bethulie. La mère de Jésus et les saintes femmes s'étaient aussi rendues là.
Bethulie est la ville pendant le siège de laquelle Judith tua Holopherne. Elle est au sud est de Séphoris, sur une montagne : on y a une vue étendue de tous les côtés. Il n'y a pas loin de là à Magdalum et au château de Madeleine dont la vie alors n'était consacrée qu'au plaisir. Il y a un château à Bethulie : c'est un endroit abondant en sources. Je crois que le puits de Joseph n'est pas très loin de là.
Je vis Jésus et ses disciples entrer dans une hôtellerie devant Bethulie. Marie et les saintes femmes l'y rejoignirent. J'entendis Marie dire à Jésus qu'elle le priait de ne pas enseigner ici, qu'elle était pleine d'anxiété, qu'il pouvait encore y avoir un soulèvement. Jésus répondit qu'il savait ce qu'il avait à accomplir. Mais Marie lui dit : " N'irons nous pas maintenant au baptême de Jean ? " Jésus lui répondit avec beaucoup de gravité : "Pourquoi irions nous maintenant au baptême de Jean, En avons nous besoin ? J'irai encore là où je dois recueillir, et je dirai quand il faudra aller au baptême de Jean. À. Marie garda le silence comme à Cana. Ce n'est qu'après la Pentecôte que j'ai vu les saintes femmes recevoir le baptême à la piscine de Bethesda. Les saintes femmes entrèrent à Bethulie. Jésus enseigna à Bethulie le jour du sabbat.
(25 août.) Je vis Jésus bien accueilli ici. Il alla à la synagogue pour enseigner : beaucoup de personnes étaient venues des environs, pour l'entendre. Je vis aussi beaucoup d'idiots et de possédés sur le chemin devant la ville, et sur divers points de la route. Lorsque Jésus passa, ils redevinrent paisibles et furent délivrés de leurs accès, et je vis de côté et d'autre des gens qui disaient : "Cet homme doit avoir un pouvoir semblable à celui des anciens prophètes, pour que ces malheureux deviennent tranquilles lorsqu'il se montre. Car ces gens sentaient qu'il les secourait, quoiqu'il ne leur fît rien, et ils vinrent à lui dans l'hôtellerie pour le remercier. Il enseigna et exhorta à aller au baptême de Jean. Il parla cette fois, avec beaucoup de force tout à fait à la façon de Jean.
(26 août.) Je vis que les habitants de Bethulie avaient beaucoup de considération pour Jésus et pour les siens. Ils ne voulaient pas le laisser s'arrêter devant la ville ; plusieurs se disputaient à qui l'aurait dans sa maison, et ceux qui ne pouvaient pas l'avoir, voulaient au moins avoir un des cinq disciples qui étaient avec lui.
Ils restèrent près de Jésus et il leur promit d'aller successivement chez les uns et les autres. Toutefois leur grand empressement et leur sympathie pour Jésus n'étaient pas entièrement désintéressés, et Jésus le leur fit remarquer dans les instructions qu'il fit à la synagogue. Ils avaient une arrière pensée, ils voulaient, en s'attachant au nouveau prophète, procurer à leur ville une certaine considération qu'elle avait perdue, je ne sais plus comment, peut être par le commerce, les rapports ou les alliances avec les pa'ens. Ce n'était donc pas chez eux pur amour de la vérité.
(27 août.) Jésus est parti aujourd'hui de Bethulie. Je l'ai vu dans une vallée enseigner sous des arbres, près d'une hôtellerie. Il n'est venu à sa suite que trois disciples et environ vingt autres personnes. Les saintes femmes étaient déjà allées en avant, pour se rendre à Nazareth, à ce que je crois. Je l'ai vu quitter Bethulie parce qu'il y était trop importuné. Il était venu des environs une foule de malades et de possédés, et il ne voulait pas encore se manifester par des guérisons si publiques. il partit en tournant le des à la mer de Galilée.
outon ou d'une pomme. Ces gens avaient des chevelures et dés barbes longues, épaisses et frisées. Je leur trouvais une grande ressemblance avec un des apôtres, mais je ne savais plus lequel. Enfin. je me rappelai que saint Paul portait les cheveux comme eux et était habillé de même, lorsqu'il persécutait encore les chrétiens. Je le vis aussi plus tard avec des naziréens : il l'était lui même. Ils laissaient croître leurs cheveux jusqu'à ce que leur voeu fût accompli ; alors ils les coupaient et les brûlaient en guise de sacrifice ; ils sacrifiaient aussi des colombes. L'un pouvait se charger d'accomplir le voeu de l'autre. Jésus célébra le sabbat avec eux. Jezraël est séparé de Nazareth par des montagnes. il y a à peu de distance une fontaine, près de laquelle Saul campa autrefois avec son armée.
(1er septembre.) Jésus enseigna le jour du sabbat sur le baptême de Jean. Il dit aussi que la piété était une belle chose, mais que l'exagération était dangereuse que les voies du salut sont diverses, et que la vie à part dans une communauté donne aisément naissance à l'esprit de secte : qu'on regarde du haut de son orgueil les pauvres frères qui ne peuvent pas suivre et qui cependant devraient être aidés par les plus forts à marcher en avant. Cet enseignement était nécessaire ici : car aux extrémités de la ville il y avait des gens qui s'étaient mêlés avec les pa'ens, et qui n'étaient ni dirigés, ni stimulés, parce que les naziréens se tenaient à part. Jésus alla visiter ces gens dans leurs demeures ; il les convoqua à l'instruction et leur parla du baptême.
Le 9, je vis encore Jésus à un repas, dans la maison des naziréens. Il fut question de la circoncision, et de ce qu'elle était par rapport au baptême. Ce fut alors que j'entendis Jésus parler pour la première fois du signe de l'alliance entre Dieu et Abraham ; mais je ne puis rapporter exactement ses paroles. Le sens de ses paroles était que ce signe avait en lui une raison d'être qui cesserait lorsque le peuple de Dieu ne sortirait plus selon la chair de la souche d'Abraham mais serait engendré spirituellement dans le baptême du Saint Esprit.
Parmi les naziréens beaucoup se firent chrétiens mais ils étaient si fortement attachés à la loi juive, que plusieurs voulurent mêler ensemble le juda'sme et le christianisme, et tombèrent dans l'hérésie.
Le 3, Jésus quitta Jezraël, et, après avoir marché assez longtemps vers l'orient, il se dirigea vers le nord, vers Nazareth, en tournant autour de la montagne qui sépare ces deux villes ; il s'arrêta à deux lieues de Jezrael, au milieu d'une série de maisons placées des deux côtés d'une grande route. Cet endroit n'était habité que par des publicains ; il y avait aussi quelques juifs pauvres demeurant sous des tentes, mais ceux ci étaient assez éloignés de la route. Le chemin le long duquel étaient les demeures des publicains était bordé d'un grillage et fermé à l'entrée et à la sortie.
Il demeurait là de riches publicains qui tenaient à ferme plusieurs douanes dans le pays et les affermaient ensuite à d'autres publicains en sous ordre. Matthieu était un de ces derniers : il demeurait dans un autre endroit. C'est ici qu'avait demeuré Marie, fille de la soeur d'Elisabeth. Je crois qu'étant devenue veuve, elle était allée à Nazareth d'abord, puis à Capharnaum ; c'était elle qui était présente à la mort de la sainte Vierge.
La route commerciale entre la Syrie, l'Arabie, Sidon et l'Egypte passait par ici. On transportait ici sur des chameaux et sur des ânes, de gros ballots de soie blanche en liasse comme du lin, de belles étoffes blanches et bariolées, de longues bandes épaisses et tressées dont on faisait des tapis, et aussi des aromates. On fermait l'enceinte quand les chameaux y étaient entrés ; on déchargeait les ballots et tout était visité. Il y avait un droit à payer, partie en marchandises, partie en argent. C'étaient, la plupart du temps, des pièces triangulaires ou carrées, jaunes, blanches ou rougeâtres, sur lesquelles était l'empreinte d'une figure, creuse d'un côté, en saillie de l'autre ; il y avait là aussi d'autres monnaies. Je vis sur les monnaies de petites tours, une jeune fille et aussi un enfant dans un petit navire. Quant à ces petits bâtons d'or natif que les rois offrirent à la crèche, je n'en vis plus depuis lors qu'entre les mains e quelques étrangers qui allaient visiter Jean Baptiste.
Les publicains formaient comme une ligue, et lors même que même que quelques uns gagnaient plus que les autres par leurs fraudes, tout était partagé entre eux ils avaient dans l'aisance et vivaient bien Les maisons étaient entourées de cours, de jardins et de murs : ils me faisaient l'effet de riches cultivateurs de chez nous, dans leurs habitations. Ils vivaient entre eux, et personne autre n'avait de rapports avec eux. Ils avaient là une école et un maître.
Jésus fut bien reçu par eux et ses compagnons aussi. Je vis arriver ici plusieurs femmes : je crois que la femme de Pierre en était. L'une d'elles parla à Jésus. Elles repartirent ensuite : peut être venaient elles de Nazareth ou y allaient elles, et se chargeaient elles de quelque message pour la mère de Jésus. Jésus alla alternativement chez l'un ou l'autre des publicains, et il enseigna dans leur école. Il leur reprocha surtout d'extorquer souvent des voyageurs plus que le droit de douane qui était dû. Ils furent très honteux, et ils ne pouvaient pas comprendre d'où il savait cela. Ils étaient plus humbles et accueillaient plus volontiers ses enseignements que les autres juifs. Il les exhorta à recevoir le baptême.
(5 septembre.) Le mercredi 5, Jésus quitta l'endroit habité par les publicains, après y avoir enseigné toute la nuit. Plusieurs d'entre eux voulaient lui faire des présents, mais il n'accepta rien. beaucoup de ces gens partirent avec lui, ils voulaient le suivre au baptême. il traversa ce jour là la contrée de Dothaim, et passa devant la maison de fous où une première fois, venant de Nazareth, il avait calmé les énergumènes et les possédés. Comme il passait. ils l'appelèrent par son nom en criant, et firent de violents efforts pour sortir. Jésus commanda aux surveillants de les laisser aller, disant qu'il répondait de toutes les conséquences. On leur rendit la liberté : tous alors s'abaissèrent, furent délivrés et le suivirent.
Il arriva le soir à Kisloth, ville située sur le Thabor. La plupart des habitants étaient pharisiens : ils avaient entendu parler de lui, et se scandalisèrent de voir à sa suite des publicains qu'ils regardaient comme des malfaiteurs, des possédés connus comme tels, et des gens de toute espèce. Il alla dans l'école et enseigna sur le baptême de Jean ; il dit à ceux qui l'accompagnaient qu'avant de le suivre, ils devaient bien examiner s'ils se sentaient capables d'aller jusqu'au bout : car il ne fallait pas croire que son chemin fût un chemin commode : il leur raconta plusieurs paraboles relatives à la construction des maisons. "Quand un homme veut bâtir une maison quelque part, disait il, il faut qu'il sache si le propriétaire du sol voudra le permettre : ils devaient donc, avant tout, expier leurs péchés et faire pénitence. De même, quand un homme veut bâtir une tour, il doit d'abord calculer la dépense. Il donna beaucoup d'autres enseignements qui ne plurent pas aux Pharisiens. Mais ils ne l'écoutaient pas ; ils se contentaient d'espionner ; et je les vis
(1er septembre.) Jésus enseigna le jour du sabbat sur le baptême de Jean. Il dit aussi que la piété était une belle chose, mais que l'exagération était dangereuse que les voies du salut sont diverses, et que la vie à part dans une communauté donne aisément naissance à l'esprit de secte : qu'on regarde du haut de son orgueil les pauvres frères qui ne peuvent pas suivre et qui cependant devraient être aidés par les plus forts à marcher en avant. Cet enseignement était nécessaire ici : car aux extrémités de la ville il y avait des gens qui s'étaient mêlés avec les pa'ens, et qui n'étaient ni dirigés, ni stimulés, parce que les naziréens se tenaient à part. Jésus alla visiter ces gens dans leurs demeures ; il les convoqua à l'instruction et leur parla du baptême.
Le 9, je vis encore Jésus à un repas, dans la maison des naziréens. Il fut question de la circoncision, et de ce qu'elle était par rapport au baptême. Ce fut alors que j'entendis Jésus parler pour la première fois du signe de l'alliance entre Dieu et Abraham ; mais je ne puis rapporter exactement ses paroles. Le sens de ses paroles était que ce signe avait en lui une raison d'être qui cesserait lorsque le peuple de Dieu ne sortirait plus selon la chair de la souche d'Abraham mais serait engendré spirituellement dans le baptême du Saint Esprit.
Parmi les naziréens beaucoup se firent chrétiens mais ils étaient si fortement attachés à la loi juive, que plusieurs voulurent mêler ensemble le juda'sme et le christianisme, et tombèrent dans l'hérésie.
Le 3, Jésus quitta Jezraël, et, après avoir marché assez longtemps vers l'orient, il se dirigea vers le nord, vers Nazareth, en tournant autour de la montagne qui sépare ces deux villes ; il s'arrêta à deux lieues de Jezrael, au milieu d'une série de maisons placées des deux côtés d'une grande route. Cet endroit n'était habité que par des publicains ; il y avait aussi quelques juifs pauvres demeurant sous des tentes, mais ceux ci étaient assez éloignés de la route. Le chemin le long duquel étaient les demeures des publicains était bordé d'un grillage et fermé à l'entrée et à la sortie.
Il demeurait là de riches publicains qui tenaient à ferme plusieurs douanes dans le pays et les affermaient ensuite à d'autres publicains en sous ordre. Matthieu était un de ces derniers : il demeurait dans un autre endroit. C'est ici qu'avait demeuré Marie, fille de la soeur d'Elisabeth. Je crois qu'étant devenue veuve, elle était allée à Nazareth d'abord, puis à Capharnaum ; c'était elle qui était présente à la mort de la sainte Vierge.
La route commerciale entre la Syrie, l'Arabie, Sidon et l'Egypte passait par ici. On transportait ici sur des chameaux et sur des ânes, de gros ballots de soie blanche en liasse comme du lin, de belles étoffes blanches et bariolées, de longues bandes épaisses et tressées dont on faisait des tapis, et aussi des aromates. On fermait l'enceinte quand les chameaux y étaient entrés ; on déchargeait les ballots et tout était visité. Il y avait un droit à payer, partie en marchandises, partie en argent. C'étaient, la plupart du temps, des pièces triangulaires ou carrées, jaunes, blanches ou rougeâtres, sur lesquelles était l'empreinte d'une figure, creuse d'un côté, en saillie de l'autre ; il y avait là aussi d'autres monnaies. Je vis sur les monnaies de petites tours, une jeune fille et aussi un enfant dans un petit navire. Quant à ces petits bâtons d'or natif que les rois offrirent à la crèche, je n'en vis plus depuis lors qu'entre les mains e quelques étrangers qui allaient visiter Jean Baptiste.
Les publicains formaient comme une ligue, et lors même que même que quelques uns gagnaient plus que les autres par leurs fraudes, tout était partagé entre eux ils avaient dans l'aisance et vivaient bien Les maisons étaient entourées de cours, de jardins et de murs : ils me faisaient l'effet de riches cultivateurs de chez nous, dans leurs habitations. Ils vivaient entre eux, et personne autre n'avait de rapports avec eux. Ils avaient là une école et un maître.
Jésus fut bien reçu par eux et ses compagnons aussi. Je vis arriver ici plusieurs femmes : je crois que la femme de Pierre en était. L'une d'elles parla à Jésus. Elles repartirent ensuite : peut être venaient elles de Nazareth ou y allaient elles, et se chargeaient elles de quelque message pour la mère de Jésus. Jésus alla alternativement chez l'un ou l'autre des publicains, et il enseigna dans leur école. Il leur reprocha surtout d'extorquer souvent des voyageurs plus que le droit de douane qui était dû. Ils furent très honteux, et ils ne pouvaient pas comprendre d'où il savait cela. Ils étaient plus humbles et accueillaient plus volontiers ses enseignements que les autres juifs. Il les exhorta à recevoir le baptême.
(5 septembre.) Le mercredi 5, Jésus quitta l'endroit habité par les publicains, après y avoir enseigné toute la nuit. Plusieurs d'entre eux voulaient lui faire des présents, mais il n'accepta rien. beaucoup de ces gens partirent avec lui, ils voulaient le suivre au baptême. il traversa ce jour là la contrée de Dothaim, et passa devant la maison de fous où une première fois, venant de Nazareth, il avait calmé les énergumènes et les possédés. Comme il passait. ils l'appelèrent par son nom en criant, et firent de violents efforts pour sortir. Jésus commanda aux surveillants de les laisser aller, disant qu'il répondait de toutes les conséquences. On leur rendit la liberté : tous alors s'abaissèrent, furent délivrés et le suivirent.
Il arriva le soir à Kisloth, ville située sur le Thabor. La plupart des habitants étaient pharisiens : ils avaient entendu parler de lui, et se scandalisèrent de voir à sa suite des publicains qu'ils regardaient comme des malfaiteurs, des possédés connus comme tels, et des gens de toute espèce. Il alla dans l'école et enseigna sur le baptême de Jean ; il dit à ceux qui l'accompagnaient qu'avant de le suivre, ils devaient bien examiner s'ils se sentaient capables d'aller jusqu'au bout : car il ne fallait pas croire que son chemin fût un chemin commode : il leur raconta plusieurs paraboles relatives à la construction des maisons. "Quand un homme veut bâtir une maison quelque part, disait il, il faut qu'il sache si le propriétaire du sol voudra le permettre : ils devaient donc, avant tout, expier leurs péchés et faire pénitence. De même, quand un homme veut bâtir une tour, il doit d'abord calculer la dépense. Il donna beaucoup d'autres enseignements qui ne plurent pas aux Pharisiens. Mais ils ne l'écoutaient pas ; ils se contentaient d'espionner ; et je les vis
A suivre...
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Re: Anne Catherine Emmerich -
Vision de Sainte Anne Catherine Emmerich.
Jean Baptiste.
Son séjour dans le désert, il creuse une fontaine baptismale après une Vision.
- il quitte le désert. - Lieu où Jean baptise près d'Ainon. - Coup d'oeil sur Melchisédech.
- Hérode rend visite à Jean. - Prêtres et magistrats près de Jean.
- On vient en foule pour se faire baptiser par lui. - Jean va baptiser près de Jéricho.
- Envoyés de Jérusalem. - Lieu où Jean enseigne, et fête qu'on y célèbre.
- île du Jourdain où Jésus doit être baptise. - Coup d'oeil sur Josué. - Nouvelle visite d'Hérode à Jean.
(De la fin de mai au 26 septembre 1821.)
(24 juin 1820.) Je vis Jean qui grandissait ; il habitait très avant dans le désert, et il se mortifiait de toutes les manières. Il dormait en plein air sur le rocher nu, il courait de toutes ses forces sur des pierres ou à travers les chardons et les ronces ; il se flagellait avec des épines ; il travaillait jusqu'à l'épuisement à façonner des arbres et des pierres, et restait de longues heures en prière et en contemplation. Je vis souvent des figures lumineuses près de lui dans la solitude ; à l'âge de dix sept ans environ. je le vis visiter secrètement et sans être vu la maison de ses parents. Zacharie était mort, mais Elisabeth vivait encore. Après cette visite, il s'enfonça beaucoup plus avant dans le désert qu'il ne l'avait fait jusqu'alors : il s'avançait toujours dans la direction du nord est et se rapprochait de la contrée où je vois dans mes visions la merveilleuse montagne des prophètes et les eaux qui en découlent sur la terre. Il alla dans une contrée où longtemps après je vis saint Jean l'Evangéliste se reposer et écrire sous de grands arbres. Il y avait là des arbres très élevés, et au dessous de ceux ci des arbrisseaux avec des baies dont il mangeait. Je le vis aussi manger d'une herbe qui a cinq feuilles rondes comme celles du trèfle et une fleur blanche. Il y avait des herbes semblables, quoique plus petites, près de chez nous, sous des haies (c'est la plante appelée pied de lièvre, OXALIS) : les feuilles avaient un goût acide. J'en mangeais souvent étant enfant quand je gardais mon troupeau, parce que dès ce temps, j'avais vu Jean en manger. Je le vis aussi retirer du creux des arbres et de dessous la mousse qui couvrait la terre quelque chose de brun qu'il mangeait et qui me semblait être du miel sauvage : on en trouvait là fréquemment. Je le vis, lorsqu'il fut devenu plus grand, porter autour des reins la peau de mouton qu'il avait apportée avec lui : il n'eut pas d'autre vêtement jusqu'à ce qu'il se fût tressé lui même une couverture brune à longs poils, qu'il portait attachée sur ses épaules. Il y avait dans cette solitude des animaux avec une toison laineuse qui l'approchaient familièrement ; et aussi des chameaux qui se laissaient arracher par lui les longs poils qu'ils avaient autour du cou. Je le vis en faire des tresses avec lesquelles il confectionna une couverture qu'il avait encore sur lui lorsqu'il parut de nouveau au milieu des hommes pour baptiser. Je le vis dans ce désert s'imposer des pénitences et des mortifications de plus en plus rudes et s'adonner à la prière avec une assiduité et une ferveur toujours croissantes.
Jean, dans tout le cours de sa vie, n'a vu le Sauveur que trois fois. La première fois, ce fut dans le désert quand la sainte Famille passa dans son voisinage lors de la fuite en l'Egypte. Je vis à plusieurs reprises, le spectacle incroyablement touchant de Jean conduit par l'esprit et accourant pour saluer son maître qu'il avait déjà salué dans le sein de sa mère. (1) Il portait sa peau de mouton jetée sur l'épaule et rattachée autour du corps. Il sentit que son Sauveur était près de lui et souffrait de la soif. Alors l'enfant pria et de son petit bâton il frappa la terre d'où jaillit une source abondante. Jean courut en avant dans la direction que l'eau allait prendre. il s'arrêta pour voir passer Jésus avec Marie et Joseph, puis il sauta joyeusement et fit un signe avec son petit drapeau.
La seconde fois qu'il vit Jésus fut lors de son baptême, la troisième fois, lorsqu'il le vit passer le long du Jourdain et rendit témoignage de lui. J'entendis une fois le Sauveur parler à ses apôtres du grand empire que Jean avait sur lui même : il dit que, même du baptême, il s'était borné à la contempler pendant la cérémonie, quoique son coeur fut prêt à se briser a force d'amour. Plus tard il avait mieux aimé se retirer humblement d'auprès de lui que de céder à son amour et de chercher à se rapprocher de lui.
Jean voyait toujours le Seigneur en esprit, car il était constamment dans l'état prophétique. Il voyait Jésus comme l'accomplissement de sa mission, comme la raison d'être de sa vocation prophétique.
Jean Baptiste.
Son séjour dans le désert, il creuse une fontaine baptismale après une Vision.
- il quitte le désert. - Lieu où Jean baptise près d'Ainon. - Coup d'oeil sur Melchisédech.
- Hérode rend visite à Jean. - Prêtres et magistrats près de Jean.
- On vient en foule pour se faire baptiser par lui. - Jean va baptiser près de Jéricho.
- Envoyés de Jérusalem. - Lieu où Jean enseigne, et fête qu'on y célèbre.
- île du Jourdain où Jésus doit être baptise. - Coup d'oeil sur Josué. - Nouvelle visite d'Hérode à Jean.
(De la fin de mai au 26 septembre 1821.)
(24 juin 1820.) Je vis Jean qui grandissait ; il habitait très avant dans le désert, et il se mortifiait de toutes les manières. Il dormait en plein air sur le rocher nu, il courait de toutes ses forces sur des pierres ou à travers les chardons et les ronces ; il se flagellait avec des épines ; il travaillait jusqu'à l'épuisement à façonner des arbres et des pierres, et restait de longues heures en prière et en contemplation. Je vis souvent des figures lumineuses près de lui dans la solitude ; à l'âge de dix sept ans environ. je le vis visiter secrètement et sans être vu la maison de ses parents. Zacharie était mort, mais Elisabeth vivait encore. Après cette visite, il s'enfonça beaucoup plus avant dans le désert qu'il ne l'avait fait jusqu'alors : il s'avançait toujours dans la direction du nord est et se rapprochait de la contrée où je vois dans mes visions la merveilleuse montagne des prophètes et les eaux qui en découlent sur la terre. Il alla dans une contrée où longtemps après je vis saint Jean l'Evangéliste se reposer et écrire sous de grands arbres. Il y avait là des arbres très élevés, et au dessous de ceux ci des arbrisseaux avec des baies dont il mangeait. Je le vis aussi manger d'une herbe qui a cinq feuilles rondes comme celles du trèfle et une fleur blanche. Il y avait des herbes semblables, quoique plus petites, près de chez nous, sous des haies (c'est la plante appelée pied de lièvre, OXALIS) : les feuilles avaient un goût acide. J'en mangeais souvent étant enfant quand je gardais mon troupeau, parce que dès ce temps, j'avais vu Jean en manger. Je le vis aussi retirer du creux des arbres et de dessous la mousse qui couvrait la terre quelque chose de brun qu'il mangeait et qui me semblait être du miel sauvage : on en trouvait là fréquemment. Je le vis, lorsqu'il fut devenu plus grand, porter autour des reins la peau de mouton qu'il avait apportée avec lui : il n'eut pas d'autre vêtement jusqu'à ce qu'il se fût tressé lui même une couverture brune à longs poils, qu'il portait attachée sur ses épaules. Il y avait dans cette solitude des animaux avec une toison laineuse qui l'approchaient familièrement ; et aussi des chameaux qui se laissaient arracher par lui les longs poils qu'ils avaient autour du cou. Je le vis en faire des tresses avec lesquelles il confectionna une couverture qu'il avait encore sur lui lorsqu'il parut de nouveau au milieu des hommes pour baptiser. Je le vis dans ce désert s'imposer des pénitences et des mortifications de plus en plus rudes et s'adonner à la prière avec une assiduité et une ferveur toujours croissantes.
Jean, dans tout le cours de sa vie, n'a vu le Sauveur que trois fois. La première fois, ce fut dans le désert quand la sainte Famille passa dans son voisinage lors de la fuite en l'Egypte. Je vis à plusieurs reprises, le spectacle incroyablement touchant de Jean conduit par l'esprit et accourant pour saluer son maître qu'il avait déjà salué dans le sein de sa mère. (1) Il portait sa peau de mouton jetée sur l'épaule et rattachée autour du corps. Il sentit que son Sauveur était près de lui et souffrait de la soif. Alors l'enfant pria et de son petit bâton il frappa la terre d'où jaillit une source abondante. Jean courut en avant dans la direction que l'eau allait prendre. il s'arrêta pour voir passer Jésus avec Marie et Joseph, puis il sauta joyeusement et fit un signe avec son petit drapeau.
La seconde fois qu'il vit Jésus fut lors de son baptême, la troisième fois, lorsqu'il le vit passer le long du Jourdain et rendit témoignage de lui. J'entendis une fois le Sauveur parler à ses apôtres du grand empire que Jean avait sur lui même : il dit que, même du baptême, il s'était borné à la contempler pendant la cérémonie, quoique son coeur fut prêt à se briser a force d'amour. Plus tard il avait mieux aimé se retirer humblement d'auprès de lui que de céder à son amour et de chercher à se rapprocher de lui.
Jean voyait toujours le Seigneur en esprit, car il était constamment dans l'état prophétique. Il voyait Jésus comme l'accomplissement de sa mission, comme la raison d'être de sa vocation prophétique.
Note 1 : Cet incident est raconté en détail dans la vie de la sainte Vierge.
Jésus n'était pas pour lui un contemporain, un homme vivant de la même vie ; c'était le Rédempteur du monde, le Fils de Dieu fait homme, l'Eternel se manifestant dans le temps C'est pourquoi la pensée de chercher à frayer avec lui ne pouvait pas entrer dans son esprit. En outre, Jean ne se sentait pas lui même vivant dans le temps et dans le monde, ni mêlé aux choses de la terre, comme les autres hommes. Dès le sein de sa mère, il s'était trouvé en contact avec les choses éternelles et le Saint Esprit avait établi entre son Rédempteur et lui des rapports qui existaient hors du temps. Encore enfant, il avait été enlevé au monde, et son éducation, livrée à des influences d'un ordre supérieur, s'était faite au sein de la nature toute imprégnée de Dieu. il vécut séparé des hommes, au fond des solitudes les plus reculées, ne sachant rien, si ce n'est son Rédempteur, jusqu'à ce qu'il sortit du désert, comme ayant reçu une nouvelle naissance et commençât sa carrière publique, toujours austère, enthousiaste, ardent, ne craignant rien et ne s'inquiétant de rien. La Judée est maintenant pour lui le désert ; dans la solitude, il frayait avec les sources, les rochers, les arbres et les bêtes sauvages, vivait et conversait avec eux ; c'est de même qu'il parle et qu'il agit maintenant parmi les hommes et les pécheurs, sans penser à lui même. Il ne voit, ne connaît que Jésus ; il ne parle que de lui. Ses discours se bornent à dire : " il vient préparer les voies : faites pénitence, recevez le baptême. Voici l'agneau de Dieu qui porte les péchés du monde ! "Dans le désert, il était pur et innocent comme un enfant dans le ventre de sa mère, il est sorti du désert pur et candide comme un enfant suspendu au sein de sa mère. J'entendis le Seigneur dire aux apôtres : "Il est pur comme un ange, rien d'impur n'est entré dans sa bouche, pas plus qu'un péché ou un mensonge n'est sorti de sa bouche. "
(Mai 1821.) Je vis que Jean eut une révélation sur le baptême, et que par suite de cette révélation, un peu avant de sortir du désert, il construisit une fontaine à peu de distance des lieux habités.
Avant que Jean eut commencé à creuser cette fontaine, je le vis devant sa grotte, au côté occidental d'un rocher escarpé. à sa gauche était un ruisseau, peut être une des sources du Jourdain, qui prend naissance dans une grotte au pied du Liban, entre deux montagnes ; on voit ce ruisseau quand on est tout auprès ; à sa droite était une place unie, ayant le désert de tous les côtés : c'était là que devait être la fontaine. Jean avait un genou en terre : sur l'autre, il tenait un long rouleau d'écorce, sur lequel il écrivait avec un roseau. un soleil ardent brillait sur sa tête. Il regardait le Liban, qui était au couchant par rapport à lui. Pendant qu'il écrivait ainsi, il fut comme frappé d'immobilité : je le vis tout absorbé et comme ravi en extase. Je vis debout devant lui un homme qui, pendant son extase, écrivait et dessinait beaucoup de choses sur le rouleau. Lorsque Jean revint à lui, il lut ce qui était sur le rouleau et commença à travailler à la fontaine avec beaucoup d'ardeur. Pendant qu'il travaillait, le rouleau était par terre, maintenu avec deux pierres qui le tenaient étendu, et il y regardait souvent, car tout ce qu'il avait à faire semblait y être indiqué.
à l'occasion de la fontaine et de sa situation, je vis ce qui suit de la vie du prophète Elle. Le prophète s'était assis tout chagrin, à cause d'une faute commise dans le désert, et il s'endormit. Alors il vit en songe un enfant qui le poussait avec un petit bâton, et près de lui une fontaine dans laquelle il craignait de tomber ; car je le vis, à la suite du coup, rouler à quelque distance. Je vis ensuite un ange le réveiller et lui donner à boire. Cela se passa au lieu même où maintenant Jean creusait la fontaine.
Je connus la signification des diverses couches de terre à travers lesquelles Jean creusait la fontaine et de tous les travaux qu'il fit pour l'achever. Tout se rapportait à la dureté et à d'autres mauvaises qualités du coeur qu'il devait vaincre chez les hommes, afin que la grâce du Seigneur pût agir sur eux. Je fus informée alors que ce travail qu'il faisait, ainsi que toute sa vie et toutes ses actions, était un symbole et une figure ; en tout cela, non seulement il était instruit par l'Esprit Saint de ce qu'il avait à faire, mais encore il faisait réellement ce que signifiaient ces travaux, parce que Dieu exauçait la bonne intention qu'il y joignait. C'était le Saint Esprit qui le poussait à tout cela, comme les prophètes.
Il enleva le gazon circulairement et creusa avec beaucoup de soin et d'adresse dans le sol dur et marneux un bassin spacieux, de forme ronde, qu'il garnit de différentes pierres, excepté au milieu, à l'endroit le plus profond, où il avait creusé jusqu'à une petite veine d'eau. De la terre qu'il avait rejetée il fit autour du bassin un rebord où il y avait cinq coupures. En face de quatre de ces brèches il planta, à égale distance autour du bassin, quatre tiges minces, dont le haut était couvert de feuilles vertes. Elles étaient de quatre espèces différentes et chacune signifiait quelque chose. Au milieu du bassin, il planta un arbre d'une espèce particulière avec des feuilles effilées et dés bouquets de fleurs en forme pyramidale avec un fruit à pointe épineuse déjà noué. Cet arbre, un peu flétri, avait été longtemps devant sa grotte.Les quatre tiges qui étaient alentour me semblaient être celles d'arbustes élancés qui portaient des baies. Il en entoura le pied de terre un peu exhaussée. Lorsqu'en creusant le bassin il fut arrivé à l'eau, à l'endroit où ensuite l'arbre du milieu fut planté, il creusa une rigole allant du ruisseau qui était près de sa grotte jusqu'au bassin ; après quoi je le vis cueillir des roseaux dans le désert, les ajuster les uns au bout des autres, conduire ainsi l'eau du ruisseau dans le bassin et recouvrir de terre ce conduit qui pouvait être fermé.
Il avait pratiqué un sentier à travers les broussailles jusqu'à la brèche qui se trouvait en face, dans le rebord du bassin. Ce sentier faisait le tour du bassin entre le rebord et les quatre arbres qu'il avait plantés en face des quatre coupures du rebord. à la coupure qui formait l'entrée, il n'y avait pas d'arbre, De ce côté seulement la fontaine était dégagée, des autres côtés elle n'était séparée des broussailles et des rochers que par le sentier qui en faisait le tour. Il planta sur les petits tertres de gazon qui étaient au pied des quatre arbres une plante qui ne m'est pas inconnue(2). Je l'aimais beaucoup quand j'étais enfant, et lorsque je la trouvais, je la plantais dans le voisinage de notre maison. Elle a une tige grosse, assez élevée, porte des globules d'un rouge brun et elle est très efficace contre les abcès et les maux de gorge, comme je l'ai éprouvé aujourd'hui i. Il plaça encore à l'entour des plantes de toute espèce et de petits arbustes.
Note 2 : Sur un dessin qu'on lui montre, elle reconnaît cette plante pour le telephium purpureum ou sedum Linnoei, (Vulg : Orpin, ou herbe à la coupure). Elle en parla comme d'un remède contre les ulcères scrofuleux, intérieurs et extérieurs, spécialement au cou. Bouillie avec de la marjolaine dans de l'eau et du vin, et appliquée comme cataplasme, elle résout les ulcères invétérés : on en fait aussi des gargarismes pour le mal de gorge.
Pendant tous ces travaux, il regardait de temps en temps sur le rouleau d'écorce étendu devant lui et prenait ses mesures avec un bâton : car il me semblait que tout y était indiqué, même les arbres qu'il plantait. Je me souviens d'y avoir vu figuré l'arbre du milieu ; j'ai eu aussi la signification de tout cela, mais je l'ai oubliée.
Il travailla ainsi plusieurs semaines et ce ne fut que quand il eut fini, qu'une petite veine d'eau commença à sourdre au fond du bassin. L'arbre du milieu, dont les feuilles étaient flétries et noirâtres, reverdit ; Jean prit dans un vase fait d'un grand morceau d'écorce d'arbre et enduit de poix aux côtés, de l'eau d'une autre source qu'il versa dans le bassin. Cette eau venait d'une source (3) qui avait jailli du rocher près d'un de ses séjours antérieurs, lorsqu'il avait frappé le rocher avec son petit bâton. J'ai oublié ce qui avait pu se passer d'important à cette occasion. J'appris aussi qu'en ce lieu où il avait séjourné antérieurement, il n'avait pas pu creuser de fontaine, parce que là il n'y avait que le roc pur ; et cela aussi avait sa signification. Il fit ensuite arriver du ruisseau dans le bassin autant d'eau qu'il était nécessaire : quand il y en avait surabondance, elle coulait par les ouvertures sur le sol environnant et rafraîchissait les plantes.
Je vis ensuite que Jean descendit dans l'eau jusqu'à la ceinture, saisit d'une main l'arbre du milieu et avec son bâton, qu'il avait surmonté d'une croix et d'une banderole, frappa dans l'eau de manière à la faire rejaillir au dessus de sa tête. Je vis que dans ce moment il vint sur lui d'en haut une nuée lumineuse et comme une effusion du Saint Esprit, et que deux anges parurent au bord du bassin et lui dirent quelque chose. Je vis cela comme la dernière chose qu'il fit dans le désert.
Note 3 : Ne serait ce pas cette source qu'étant enfant, il avait fait jaillir avec son bâton, lorsqu'il avait vu dans une vision Jésus souffrir de la soif pendant la fuite en Egypte ?
En juin 1820, entre autres fragments de la vie de Jean Baptiste, elle raconta la vision suivante :
Je le vis une autre fois près d'une fosse desséchée dans le désert. C'était alors un homme robuste parvenu à l'âge viril. Il paraissait prier et il descendit sur lui une clarté, comme une nuée lumineuse, qui me sembla venir de la hauteur où sont les eaux sur la montagne des prophètes ; c'était comme un courant d'eau lumineuse et brillante qui tombait sur lui et de là dans le bassin. Pendant qu'il regardait cette effusion, je ne je vis plus sur le bord du bassin, mais dans le bassin même ; il était inondé de l'eau lumineuse, et le bassin en était tout rempli ; je le vis ensuite de nouveau se tenir sur le bord, comme au commencement. Je ne je vis pas descendre ni remonter, et je crois que c'était peut être une vision qu'il eut pour lui faire connaître qu'il devait commencer à baptiser, ou bien un baptême spirituel qu'il reçut dans la vision.
J'ai vu la fontaine dont j'ai parle servir encore après la mort de Jésus. Lorsque les chrétiens étaient en fuite, on baptisait là des voyageurs et des malades ; on venait aussi y prier. à cette époque, au temps de Pierre, la fontaine était entourée d'un mur.
[center](juin 1820 et juillet l821.) Bientôt après l'achèvement de la fontaine baptismale, je vis Jean sortir du désert en montant vers la source du Jourdain et revenir parmi les hommes.Jésus n'était pas pour lui un contemporain, un homme vivant de la même vie ; c'était le Rédempteur du monde, le Fils de Dieu fait homme, l'Eternel se manifestant dans le temps C'est pourquoi la pensée de chercher à frayer avec lui ne pouvait pas entrer dans son esprit. En outre, Jean ne se sentait pas lui même vivant dans le temps et dans le monde, ni mêlé aux choses de la terre, comme les autres hommes. Dès le sein de sa mère, il s'était trouvé en contact avec les choses éternelles et le Saint Esprit avait établi entre son Rédempteur et lui des rapports qui existaient hors du temps. Encore enfant, il avait été enlevé au monde, et son éducation, livrée à des influences d'un ordre supérieur, s'était faite au sein de la nature toute imprégnée de Dieu. il vécut séparé des hommes, au fond des solitudes les plus reculées, ne sachant rien, si ce n'est son Rédempteur, jusqu'à ce qu'il sortit du désert, comme ayant reçu une nouvelle naissance et commençât sa carrière publique, toujours austère, enthousiaste, ardent, ne craignant rien et ne s'inquiétant de rien. La Judée est maintenant pour lui le désert ; dans la solitude, il frayait avec les sources, les rochers, les arbres et les bêtes sauvages, vivait et conversait avec eux ; c'est de même qu'il parle et qu'il agit maintenant parmi les hommes et les pécheurs, sans penser à lui même. Il ne voit, ne connaît que Jésus ; il ne parle que de lui. Ses discours se bornent à dire : " il vient préparer les voies : faites pénitence, recevez le baptême. Voici l'agneau de Dieu qui porte les péchés du monde ! "Dans le désert, il était pur et innocent comme un enfant dans le ventre de sa mère, il est sorti du désert pur et candide comme un enfant suspendu au sein de sa mère. J'entendis le Seigneur dire aux apôtres : "Il est pur comme un ange, rien d'impur n'est entré dans sa bouche, pas plus qu'un péché ou un mensonge n'est sorti de sa bouche. "
(Mai 1821.) Je vis que Jean eut une révélation sur le baptême, et que par suite de cette révélation, un peu avant de sortir du désert, il construisit une fontaine à peu de distance des lieux habités.
Avant que Jean eut commencé à creuser cette fontaine, je le vis devant sa grotte, au côté occidental d'un rocher escarpé. à sa gauche était un ruisseau, peut être une des sources du Jourdain, qui prend naissance dans une grotte au pied du Liban, entre deux montagnes ; on voit ce ruisseau quand on est tout auprès ; à sa droite était une place unie, ayant le désert de tous les côtés : c'était là que devait être la fontaine. Jean avait un genou en terre : sur l'autre, il tenait un long rouleau d'écorce, sur lequel il écrivait avec un roseau. un soleil ardent brillait sur sa tête. Il regardait le Liban, qui était au couchant par rapport à lui. Pendant qu'il écrivait ainsi, il fut comme frappé d'immobilité : je le vis tout absorbé et comme ravi en extase. Je vis debout devant lui un homme qui, pendant son extase, écrivait et dessinait beaucoup de choses sur le rouleau. Lorsque Jean revint à lui, il lut ce qui était sur le rouleau et commença à travailler à la fontaine avec beaucoup d'ardeur. Pendant qu'il travaillait, le rouleau était par terre, maintenu avec deux pierres qui le tenaient étendu, et il y regardait souvent, car tout ce qu'il avait à faire semblait y être indiqué.
à l'occasion de la fontaine et de sa situation, je vis ce qui suit de la vie du prophète Elle. Le prophète s'était assis tout chagrin, à cause d'une faute commise dans le désert, et il s'endormit. Alors il vit en songe un enfant qui le poussait avec un petit bâton, et près de lui une fontaine dans laquelle il craignait de tomber ; car je le vis, à la suite du coup, rouler à quelque distance. Je vis ensuite un ange le réveiller et lui donner à boire. Cela se passa au lieu même où maintenant Jean creusait la fontaine.
Je connus la signification des diverses couches de terre à travers lesquelles Jean creusait la fontaine et de tous les travaux qu'il fit pour l'achever. Tout se rapportait à la dureté et à d'autres mauvaises qualités du coeur qu'il devait vaincre chez les hommes, afin que la grâce du Seigneur pût agir sur eux. Je fus informée alors que ce travail qu'il faisait, ainsi que toute sa vie et toutes ses actions, était un symbole et une figure ; en tout cela, non seulement il était instruit par l'Esprit Saint de ce qu'il avait à faire, mais encore il faisait réellement ce que signifiaient ces travaux, parce que Dieu exauçait la bonne intention qu'il y joignait. C'était le Saint Esprit qui le poussait à tout cela, comme les prophètes.
Il enleva le gazon circulairement et creusa avec beaucoup de soin et d'adresse dans le sol dur et marneux un bassin spacieux, de forme ronde, qu'il garnit de différentes pierres, excepté au milieu, à l'endroit le plus profond, où il avait creusé jusqu'à une petite veine d'eau. De la terre qu'il avait rejetée il fit autour du bassin un rebord où il y avait cinq coupures. En face de quatre de ces brèches il planta, à égale distance autour du bassin, quatre tiges minces, dont le haut était couvert de feuilles vertes. Elles étaient de quatre espèces différentes et chacune signifiait quelque chose. Au milieu du bassin, il planta un arbre d'une espèce particulière avec des feuilles effilées et dés bouquets de fleurs en forme pyramidale avec un fruit à pointe épineuse déjà noué. Cet arbre, un peu flétri, avait été longtemps devant sa grotte.Les quatre tiges qui étaient alentour me semblaient être celles d'arbustes élancés qui portaient des baies. Il en entoura le pied de terre un peu exhaussée. Lorsqu'en creusant le bassin il fut arrivé à l'eau, à l'endroit où ensuite l'arbre du milieu fut planté, il creusa une rigole allant du ruisseau qui était près de sa grotte jusqu'au bassin ; après quoi je le vis cueillir des roseaux dans le désert, les ajuster les uns au bout des autres, conduire ainsi l'eau du ruisseau dans le bassin et recouvrir de terre ce conduit qui pouvait être fermé.
Il avait pratiqué un sentier à travers les broussailles jusqu'à la brèche qui se trouvait en face, dans le rebord du bassin. Ce sentier faisait le tour du bassin entre le rebord et les quatre arbres qu'il avait plantés en face des quatre coupures du rebord. à la coupure qui formait l'entrée, il n'y avait pas d'arbre, De ce côté seulement la fontaine était dégagée, des autres côtés elle n'était séparée des broussailles et des rochers que par le sentier qui en faisait le tour. Il planta sur les petits tertres de gazon qui étaient au pied des quatre arbres une plante qui ne m'est pas inconnue(2). Je l'aimais beaucoup quand j'étais enfant, et lorsque je la trouvais, je la plantais dans le voisinage de notre maison. Elle a une tige grosse, assez élevée, porte des globules d'un rouge brun et elle est très efficace contre les abcès et les maux de gorge, comme je l'ai éprouvé aujourd'hui i. Il plaça encore à l'entour des plantes de toute espèce et de petits arbustes.
Note 2 : Sur un dessin qu'on lui montre, elle reconnaît cette plante pour le telephium purpureum ou sedum Linnoei, (Vulg : Orpin, ou herbe à la coupure). Elle en parla comme d'un remède contre les ulcères scrofuleux, intérieurs et extérieurs, spécialement au cou. Bouillie avec de la marjolaine dans de l'eau et du vin, et appliquée comme cataplasme, elle résout les ulcères invétérés : on en fait aussi des gargarismes pour le mal de gorge.
Pendant tous ces travaux, il regardait de temps en temps sur le rouleau d'écorce étendu devant lui et prenait ses mesures avec un bâton : car il me semblait que tout y était indiqué, même les arbres qu'il plantait. Je me souviens d'y avoir vu figuré l'arbre du milieu ; j'ai eu aussi la signification de tout cela, mais je l'ai oubliée.
Il travailla ainsi plusieurs semaines et ce ne fut que quand il eut fini, qu'une petite veine d'eau commença à sourdre au fond du bassin. L'arbre du milieu, dont les feuilles étaient flétries et noirâtres, reverdit ; Jean prit dans un vase fait d'un grand morceau d'écorce d'arbre et enduit de poix aux côtés, de l'eau d'une autre source qu'il versa dans le bassin. Cette eau venait d'une source (3) qui avait jailli du rocher près d'un de ses séjours antérieurs, lorsqu'il avait frappé le rocher avec son petit bâton. J'ai oublié ce qui avait pu se passer d'important à cette occasion. J'appris aussi qu'en ce lieu où il avait séjourné antérieurement, il n'avait pas pu creuser de fontaine, parce que là il n'y avait que le roc pur ; et cela aussi avait sa signification. Il fit ensuite arriver du ruisseau dans le bassin autant d'eau qu'il était nécessaire : quand il y en avait surabondance, elle coulait par les ouvertures sur le sol environnant et rafraîchissait les plantes.
Je vis ensuite que Jean descendit dans l'eau jusqu'à la ceinture, saisit d'une main l'arbre du milieu et avec son bâton, qu'il avait surmonté d'une croix et d'une banderole, frappa dans l'eau de manière à la faire rejaillir au dessus de sa tête. Je vis que dans ce moment il vint sur lui d'en haut une nuée lumineuse et comme une effusion du Saint Esprit, et que deux anges parurent au bord du bassin et lui dirent quelque chose. Je vis cela comme la dernière chose qu'il fit dans le désert.
Note 3 : Ne serait ce pas cette source qu'étant enfant, il avait fait jaillir avec son bâton, lorsqu'il avait vu dans une vision Jésus souffrir de la soif pendant la fuite en Egypte ?
En juin 1820, entre autres fragments de la vie de Jean Baptiste, elle raconta la vision suivante :
Je le vis une autre fois près d'une fosse desséchée dans le désert. C'était alors un homme robuste parvenu à l'âge viril. Il paraissait prier et il descendit sur lui une clarté, comme une nuée lumineuse, qui me sembla venir de la hauteur où sont les eaux sur la montagne des prophètes ; c'était comme un courant d'eau lumineuse et brillante qui tombait sur lui et de là dans le bassin. Pendant qu'il regardait cette effusion, je ne je vis plus sur le bord du bassin, mais dans le bassin même ; il était inondé de l'eau lumineuse, et le bassin en était tout rempli ; je le vis ensuite de nouveau se tenir sur le bord, comme au commencement. Je ne je vis pas descendre ni remonter, et je crois que c'était peut être une vision qu'il eut pour lui faire connaître qu'il devait commencer à baptiser, ou bien un baptême spirituel qu'il reçut dans la vision.
J'ai vu la fontaine dont j'ai parle servir encore après la mort de Jésus. Lorsque les chrétiens étaient en fuite, on baptisait là des voyageurs et des malades ; on venait aussi y prier. à cette époque, au temps de Pierre, la fontaine était entourée d'un mur.
Il produisait une impression merveilleuse. Il est de grande taille, amaigri parle jeûne et les mortifications corporelles, mais fort et nerveux ; il y a en lui une dignité, une pureté, une simplicité incroyable ; il va toujours droit au but et son ton est celui du commandement. Il a le teint brun ; son visage est maigre et tire, grave et austère ; ses cheveux sont frisés et d'un brun rougeâtre ; sa barbe est courte. Il a au milieu du corps un drap qui l'enveloppe et qui tombe jusqu'aux genoux. Il porte un manteau grossier de couleur brune qui parait fait de trois morceaux. il le couvre entièrement par derrière et il est assujetti par une courroie autour de la taille. Les bras et la poitrine sont libres et découverts. La poitrine est toute couverte de poils, qui sont à peu près de la couleur du manteau. Il porte un bâton recourbé comme une houlette.
Lorsqu'il sortit du désert, je le vis d'abord établir un petit pont sur un ruisseau. Il ne pensait pas à aller chercher un passage qui se trouvait un peu plus bas : mais il travaillait droit devant lui, dans la direction du chemin qu'il avait à suivre. Il y avait là une ancienne route de grande communication. Je l'ai vu près de Cydessa enseigner les gens qui étaient autour de lui : ce furent les premiers pa'ens qui vinrent à son baptême. Ils vivaient là dans l'abandon et habitaient des cabanes en terre. C'étaient les descendants de gens de toute espèce qui s'étaient établis là à ;'époque de t la dernière destruction du temple avant Jésus. J'ai vu quelque chose touchant un des derniers prophètes, qui leur avait dit qu'ils devaient demeurer là, jusqu'à la venue d'un homme semblable à Jean, qui leur dirait ce qu'ils auraient à faire. J'ai aussi vu que dans la suite ils sont allés à Nazareth.
Jean allait droit aux hommes, sans que rien le détournât, et il ne parlait que d'une chose : de la pénitence et de l'approche du Seigneur. Tous s'étonnaient et devenaient sérieux quand il paraissait. Sa voix était perçante comme une épée, claire, forte, et cependant agréable. Il traitait tous les hommes, quels qu'ils fussent. comme des enfants. Partout il allait droit son chemin : rien ne pouvait le détourner de sa voie, il ne regardait à rien, il n'avait besoin de rien.
Je le vis ainsi parcourir les bois et les déserts, creuser ça et là, rouler des pierres, enlever des arbres, préparer des lieux de repos, rassembler autour de lui les hommes qui le regardaient avec surprise, et même aller les chercher dans leurs cabanes pour les faire travailler avec lui. Je vis que tous le regardaient avec étonnement et admiration, qu'il ne s'arrêtait longtemps nulle part et allait sans cesse d'un endroit à l'autre. Je le vis suivre le bord de la mer de Galilée, descendre la vallée du Jourdain au dessous de Tarichée ; puis, près de Salem, aller vers Bethel par le désert, et passer devant Jérusalem, ou il n'alla jamais, et qu'il regardait avec tristesse et en gémissant. Tout entier à sa mission, grave, austère, simple, inspiré, il criait sans cesse : "Faites pénitence, préparez vous ; le Sauveur vient !" il alla ensuite dans sa patrie par la vallée des bergers. Son père et sa mère étaient morts : quelques jeunes gens, ses parents du côté de Zacharie, furent ses premiers disciples. Lorsque Jean passa par Bethsaide, Capharnaum et Nazareth, la sainte Vierge ne le vit point : elle sortait peu de chez elle depuis la mort de saint Joseph : mais des hommes de sa famille entendirent ses exhortations et l'accompagnèrent quelque temps sur le chemin.
Pendant les trois mois qui précédèrent le baptême, Jean parcourut API]y fois le pays. annonçant celui qui devait venir après lui. il y avait dans toutes ses allures une autorité, incroyable : il s'avançait d'un pas ferme et rapide, mais sans précipitation. Ce n'était pas une démarche calme, comme celle du Sauveur. Là où il n'avait rien à faire, je l'ai vu courir d'un champ à un autre. Il entre dans les maisons, il va enseigner dans les écoles et rassemble aussi le peuple autour de lui dans les rues et sur les places. Je vis quelquefois des prêtres et des magistrats l'arrêter et lui demander des explications, mais bientôt, saisis d'étonnement et d'admiration, ils le laissaient aller librement.
Je vis que l'expression "préparer les voies du Seigneur " n'était pas une simple figure, car je le vis commencer ses fonctions en préparant des chemins, et parcourir tous les lieux et tous les chemins où passèrent plus tard Jésus et ses disciples. Il enlevait ça et là des broussailles et des pierres, et pratiquait des sentiers. Il établissait des passages sur les ruisseaux. nettoyait leur lit. creusait des réservoirs et des fontaines, préparait des sièges, des lieux de repos, et faisait des toits de feuillage. Je l'ai vu faire divers arrangements dans des endroits où, par la suite, le Seigneur s'est reposé, a enseigné, a agi. En se livrant à ces travaux. cet homme grave, simple et solitaire, avec son vêtement grossier et son aspect austère, attirait sur lui l'attention des gens de la campagne : il excitait l'étonnement dans les cabanes ou il entrait, afin d'y emprunter les outils nécessaires pour son travail, et où il prenait aussi des gens pour l'aider. Partout où il allait, on l'entourait aussitôt, et il exhortait gravement et hardiment à la pénitence, annonçant que le Messie venait après lui et qu'il lui préparait les voies. Souvent je e vis montrer du doigt la contrée où Jésus se trouvait alors.
Cependant je ne les vis jamais ensemble, quoique souvent il y eût à peine entre eux une heure de chemin. une fois je le vis à une petite lieue de Jésus tout au plus : alors il cria aux auditeurs qu'il n'était pas le Sauveur attendu, mais un pauvre pionnier ; et, montrant un point de l'horizon : "C est là, dit il, que se trouve le Sauveur. "
(4 juillet l821) Jean baptisa en divers endroits : d'abord près d'Ainon, dans la contrée de Salem, puis à On, vis à vis Bethabara, sur la rive occidentale du Jourdain, à peu de distance de Jéricho : c'est là que dans quelques semaines il baptisera Jésus. Le troisième endroit était au levant du Jourdain, deux lieues plus au nord que le premier. Enfin, en dernier lieu, il baptisa encore à Ainon, et c'est là qu'il fut arrêté.
Le cours d'eau (4) où Jean baptise est comme un bras du Jourdain qui fait un détour d'environ une lieue au levant du fleuve. Ce bras est quelquefois si étroit, qu'on peut le franchir d'un saut ; d'autres fois il est plus large. Il peut avoir changé de lit en quelques endroits, car alors déjà je voyais bien des places sans eau. La courbe que fait ce bras du Jourdain renferme de petits étangs et des fontaines qui en tirent leur eau. un de ces étangs, séparé du bras par une chaussée, est le lieu où Jean baptise à Ainon. Il y avait sous la chaussée des conduits par lesquels on pouvait faire arriver l'eau ou la faire écouler. Jean avait fait divers arrangements dans cet endroit. On avait creusé dans le rivage une petite baie dans laquelle s'avançaient des langues de terre.
Note 4 : On lira plus bas une autre description plus détaillée de cet endroit.
L'homme qui allait être baptisé se tenait entre deux d'entre elles, plongé dans l'eau jusqu'à la ceinture, et s'appuyait sur une barrière qui courait en avant de tous ces prolongements. Jean se tenait sur l'un d'eux et versait de l'eau avec une écuelle sur la tête du néophyte ; de l'autre côté était un homme déjà baptisé qui mettait la main sur la tête de celui ci. Jean avait lui même imposé les mains au premier. Les néophytes n'avaient pas le haut du corps entièrement nu : ils étaient enveloppés dans une espèce de drap blanc, les épaules seules paraissaient. Il y avait aussi là une cabane ou ils se déshabillaient et se rhabillaient. Je n'ai pas vu baptiser de femmes ici. Jean, lorsqu'il baptise, met une longue robe blanche.
Il y a une contrée très agréable et très abondante en eau, où l'on donne le baptême : elle s'appelle Salem. Le bourg même de Salem lui même est situé sur les deux rives d'un bras du fleuve, tandis qu'Ainon, au contraire, est au delà du Jourdain, plus au nord que Salem, plus prés du fleuve et plus considérable. Des troupeaux paissent dans les environs : beaucoup d'ânes broutent dans les prairies verdoyantes au bord des eaux. Il y a eu ici, près d'Ainon et de Salem, une espèce de terre libre, où il existait une sorte de privilège traditionnel, à raison duquel on ne pouvait en chasser personne.
Jean avait sa cabane à Ainon sur de vieilles substructions, sur lesquelles s'élevait autrefois un grand édifice. Ce n'étaient plus que des ruines où l'herbe poussait : on y avait bâti quelques cabanes. C'étaient les fondations d'un château formé de tentes que Melchisédech avait ici. J'ai vu différentes scènes qui se sont passées là à une époque plus reculée : la seule chose dont je me souvienne est Abraham eut ici une vision et érigea deux pierres : l'une où il s'agenouillait l'autre qui était comme une espèce d'autel. Je vis ce qui lui avait été montré : c'était une cité de Dieu comme la Jérusalem céleste, et il en descendit des courants d'eau sous forme de rayons. Il lui fut aussi ordonné de prier pour l'avènement de la cité de Dieu. L'eau qui sortait de la ville se répandait de tous les côtés. Abraham eut cette vision environ cinq ans avant que Melchisédech bâtît ici son château de tentes.
J'ai aussi vu que Melchisédech bâtit un château près de Salem. C'était plutôt une grande tente avec des galeries et des escaliers, comme le château de Mensor en Arabie : seulement les fondements étaient en pierre et très solides. Je crois avoir vu encore, à l'époque de Jean, les quatre angles où étaient plantés les principaux pieux. Il en restait seulement des fondations en pierre très solidement bâties, lesquelles ressemblaient alors à un rempart sur lequel l'herbe a poussé et sur lesquelles Jean avait une petite cabane de roseaux.
Ce château de tentes était un lieu où logeaient beaucoup d'étrangers et de passants, une sorte d'hôtellerie gratuite et magnifique au bord de ces belles eaux. Peut être Melchisédech, que j'ai toujours vu servir de conseiller et de guide aux peuples et aux races qui allaient d'un lieu à l'autre, avait il bâti ce château pour y donner l'hospitalité ou pour y enseigner ; mais il y avait dès lors quelque chose qui se rapportait au baptême.
Cet endroit était pour Melchisédech comme un point central d'où il se rendait soit à Jérusalem où il bâtissait, soit auprès d'Abraham, soit ailleurs : il y réunissait des familles et des individus auxquels il assignait des résidences et qui s'établissaient dans un endroit ou dans un autre. Ceci se passait avant l'oblation du pain et du vin qui eut lieu, je crois, dans une vallée au midi de Jérusalem. il bâtit cet édifice avant de bâtir à Jérusalem. J'ai vu aussi sur la montagne du Calvaire quelque chose touchant le baptême d'eau et le baptême de sang : mais je l'ai oublié ainsi que les diverses significations qui s'y rattachaient.
Melchisédech avait l'apparence d'un jeune homme d'environ vingt cinq ans. Je le vis à différentes époques, mais jamais plus vieux. Son extérieur tenait moins de l'homme que celui de Jésus. Il n'avait jamais la tête couverte : sa chevelure blonde était passée derrière ses oreilles. Je le vis souvent absent, et alors il me semblait être ailleurs que sur la terre, par exemple dans le paradis ou en quelque autre endroit habité par de purs esprits. Souvent je le vis aller seul, souvent avec des gens et des bêtes de somme. Je ne vis jamais près de lui des personnages de sa sorte, parents ou prêtres. Là où il agissait et bâtissait, il semblait poser la pierre fondamentale d'une grâce future, attirer l'attention sur un lieu, commencer quelque chose qui était destiné à un grand avenir. Je n'ai jamais beaucoup réfléchi là dessus : je prends les choses comme elles se présentent
Une autre fois, Anne Catherine dit de Melchisédech : Il était comme préposé à un grand nombre d'anges. Je l'ai déjà vu antérieurement paraître en divers endroits de la Terre Promise, lorsqu'elle était encore tout à fait déserte, longtemps avant le temps de Sémiramis et d'Abraham ; il semblait disposer le pays d'avance, désigner et préparer certains lieux : ainsi je crois qu'il a ouvert la source du Jourdain. J'ai ne souvent une vision où je voyais un homme absolument seul dans un pays et je ne pouvais m'empêcher de me dire : `` Que fait donc cet homme ici à une époque si reculée, quand il ne s'y trouve encore personne ? C'est ainsi que le je vis percer une montagne pour en faire sortir une fontaine : c'était la source du Jourdain. Il avait pour percer un long et bel instrument qui entra comme un rayon dans la montagne. Je le `vis ainsi ouvrir des sources en divers lieux de la terre. Dans les premiers temps du monde, avant le déluge, je ne voyais pas les rivières jaillir et couler comme aujourd'hui ; mais je voyais une très grande quantité d'eau descendre d'une montagne située à l'orient. J'ai toujours vu Melchisédech seul, excepté lorsqu'il était occupe à réconcilier à séparer ou à ruiner des familles et des races de peuples.
Jacob aussi avait résidé longtemps près d'Ainon avec ses troupeaux. La citerne de la fontaine baptismale existait déjà alors et je vis Jacob la réparer. Les restes du château de Melchisédech étaient au bord de l'eau, près du lieu où l'on baptisait ; dans les premiers temps du Christianisme, je vis une église s'élever à l'endroit où Jean avait baptisé. J'ai vu cette église subsister encore lorsque sainte Marie Egyptienne passa par là pour aller dans le désert. Salem était une belle ville, mais elle avait été dévastée pendant une guerre, lors de la destruction du temple antérieure à Jésus, si je ne me trompe. Le dernier des prophètes avait aussi séjourné ici.
(26 28 juin.) Il y avait environ deux semaines que Jean était devenu célèbre par sa prédication et son baptême, lorsque je vis des messagers d'Hérode venir à lui de Callirrhoé. Hérode habitait là un château au levant de la mer Morte dans un lieu où il y a beaucoup de bains et de sources d'eaux chaudes. Hérode voulait que Jean vînt le visiter : mais Jean répondit à ses envoyés qu'il avait beaucoup à faire et que si Hérode voulait lui parler, il n'avait qu'à venir lui même le trouver. Après cela, je vis Hérode sur un chariot à roues basses, surmonté d'un siège élevé d'où il pouvait tout voir de loin comme du haut d'un trône ; il était entouré de soldats et il allait à une petite ville, située à environ cinq lieues au midi d'Ainon, d'où il fit inviter Jean à venir. Jean se rendit devant cet endroit et il entra dans une cabane qui servait aux étrangers, où Hérode vint le trouver sans être accompagné de personne. Ils eurent un court entretien, dont je me rappelle seulement qu'Hérode lui demanda pourquoi il logeait à Ainon dans une si misérable cabane, ajoutant qu'il voulait lui faire bâtir une maison ; à quoi Jean répondit qu'il n'avait pas besoin de maison, qu'il avait ce qu'il lui fallait et qu'il faisait la volonté d'un plus grand que lui Il parla avec gravité et sévérité et s'en retourna. Il se tint toujours à une certaine distance d'Hérode et lui parla peu sans le regarder.
(30 juin.) J'ai vu que les fils d'Alphée et de Marie de Cléophas, Simon, Jacques le Mineur et Thaddée, et le fils de son second mariage avec Sabas, José Barsabas, se sont fait baptiser par Jean à Ainon. André et Philippe aussi sont déjà venus le voir. André a été baptisé par lui, Philippe aussi, à ce que je crois. Ils sont ensuite retournés à leurs affaires. Jean Baptiste a déjà une vingtaine de disciples.
(4 juillet.) La plupart des apôtres et plusieurs disciples ont déjà reçu le baptême : Nathanaël pas encore, non plus qu'un autre dont le nom ne me revient pas. Ici, on demanda si elle ne se rappelait rien du baptême de Marie : elle répondit que non, qu'elle n'en avait pas de souvenir distinct ; qu'elle avait une idée confuse que Marie avait été baptisée seule à la piscine de Bethesda (5) par l'apôtre saint Jean après l'Ascension du Sauveur' : que toutefois elle n'en était pas sûre. Quant aux autres femmes, elles furent toutes baptisées alors dans la piscine de Bethesda : elle s'en souvenait parfaitement.
(4 juillet) Aujourd'hui, je vis plusieurs magistrats et prêtres venir vers Jean des endroits environnants et de Jérusalem : ils lui demandèrent qui il était, qui l'avait envoyé, ce qu'il enseignait et ainsi de suite : je le vis répondre avec une sévérité et une hardiesse extraordinaires, annoncer la venue prochaine du Messie, et les accuser d'endurcissement et d'hypocrisie. Ce ne fut portant pas encore cette fois qu'il employa l'expression de " race de vipères ".
(7 11 juillet.) Je vis de trois endroits, Nazareth, Jérusalem et Hébron, envoyer vers Jean des troupes entières de magistrats et de pharisiens, chargés de l'interroger au sujet de sa mission il y avait en outre un grief contre lui, c'était d'avoir occupé de sa propre autorité le lieu où il baptisait. Beaucoup de publicains aussi étaient allés le trouver : il les avait baptisés et il avait fortement remue leur conscience. De ce nombre était le publicain Lévi, appelé plus tard Matthieu, fils d'un premier mariage d'Alphée, l'époux de Marie de Cléophas.
Note 5: Marie, la Vierge très pure, conçue sans péché, n'avait pas besoin du sacrement de la régénération, mais elle le voulut afin de recevoir comme mère de tous les régénérés les sacrements de la nouvelle alliance, ainsi qu'elle avait fait auparavant ceux de l'ancienne, et afin d'avoir dans sa gloire suprême le caractère indélébile du sacrement de baptême.
Il fut très touché et changea de vie. On le méprisait dans sa famille. Je vis Jean adresser à ces gens des avertissements sévères, en renvoyer beaucoup et en baptiser aussi beaucoup.
Je vis aussi ces jours là les fils de trois veuves qui étaient apparentées entre elles et avec la sainte Famille par naissance et par mariage, venir au baptême de Jean Par la suite, après le temps de Jésus, on reprocha a leurs descendants de se vanter à tort de cette parenté ; elle était pourtant réelle.
(Elle parle de toutes ces personnes comme si elle les connaissait mieux que ses propres parents encore vivants). Ces trois veuves, dit elle, vivaient d'abord à Nazareth et dans la contrée du Thabor ; et elles quittèrent ce pays, soit au temps de la jeunesse de Jésus, lorsque leurs fils se firent pécheurs, soit plus tard pour aller avec Marie à Capharnaum : car je vis l'une d'elles bien affligée et pleurant beaucoup, parce que son fils, âgé de cinq ans, qui s'appelait le petit Simon, était mort. Elles furent du nombre des premières personnes qui s'attachèrent au Seigneur et furent toujours amies de la sainte Vierge Elles étaient très bonnes et très pieuses. Combien elles s'aimaient entre elles et de quel coeur elles s'assistaient mutuellement !
Ces trois veuves étaient des cousines germaines de la mère d'Elisabeth. Elles étaient parentes de la première femme d'Alphée : je ne sais pas si c'était par elles mêmes ou par leurs maris Deux de ces veuves étaient soeurs. L'une d'elles était la mère du fiancé de Cana, Nathanaël. lequel, devenu disciple, porta un nom qui ressemble à Amandor et auquel Jésus enfant, revenu de Jérusalem où il avait enseigné dans le Temple, prédit quelque chose, lors d'une fête qui eut lieu chez sainte Anne il lui dit aussi qu'il assisterait à son mariage (une de ces veuves est ailleurs appelée Séba et son fils Colaya, l'un des disciples : une seconde Léa ; une fois elle donna au fils de l'une d'elles le nom d'Eustache. Toutefois, les noms sont fréquemment changés).
Elles avaient plusieurs fils : trois, je crois, qui furent les compagnons d'enfance de Jésus et se firent pêcheurs : ils devinrent aussi disciples.
(4 19 juillet.) A Dothaim, où Jésus avait calmé les possédés furieux, des pa'ens et des juifs vivaient mêlés ensemble depuis le temps de la captivité de Babylone. Les pa'ens avaient leurs idoles et un autel pour les sacrifices su : une colline dans le voisinage. Maintenant les juifs, excités par tout ce qui se disait de la venue prochaine du Messie, lequel devait venir de Galilée, ne voulaient plus tolérer les pa'ens dans leur voisinage. Ce bruit avait été répandu là à la suite d'un voyage de Jean dans ce pays, et il avait été propagé par ceux qu'il avait baptisés. un prince voisin, résidant à Sidon, avait envoyé des soldats pour protéger les idolâtres et Hérode en envoya aussi pour contenir le peuple.
Ces soldats étaient des gens de toute espèce. Je vis qu'étant à Callirrhoé, près d'Hérode, ils lui dirent qu'ils voulaient d'abord se faire baptiser par Jean. Ce n'était guère qu'un calcul de leur part, ils voulaient par là obtenir plus de considération parmi le peuple. Hérode leur répondit qu'il n'était pas précisément nécessaire de se faire baptiser par Jean, et que comme il ne faisait pas de miracles, il n'y avait pas lieu de lui reconnaître une mission. Il ajouta que du reste ils pouvaient prendre des informations à Jérusalem. Je les vis ensuite à Jérusalem. Ils s'adressèrent à trois autorités différentes pour se renseigner, et je vis par là qu'il y avait trois sectes différentes.
Cela se passa dans la cour du tribunal où Pierre renia le Seigneur. Plusieurs personnages siégeaient là pour juger, et il s'y trouvait beaucoup de monde. Les prêtres leur dirent d'un ton moqueur qu'ils pouvaient faire comme ils l'entendraient, que cela était tout à fait indifférent. Je vis ensuite une trentaine de ces soldats près de Jean : il les réprimanda sévèrement, comme s'ils eussent été incorrigibles. C'est pourquoi Jean après leur avoir vivement reproché leur hypocrisie, n'en baptisa qu'un petit nombre dans lesquels il vit quelques bonnes dispositions.
Il y a une grande affluence de peuple à Ainon. Pendant plusieurs jours, Jean ne baptisa pas, mais il prêcha avec beaucoup de force et de vivacité. De nombreuses troupes de juifs, de samaritains et de pa'ens se tenaient séparées les unes des autres sur les collines et sur les chaussées, les uns à l'ombre, les autres en plein air, autour de l'endroit où Jean enseignait, et ils l'écoutaient. Ils étaient autour de lui par centaines ; ils venaient pour l'entendre prêcher et recevoir le baptême, après quoi ils se retiraient. une fois entre autres je vis plusieurs pa'ens et d'autres personnes qui étaient venues de l'Arabie et de pays encore plus à l'orient. Ils conduisent avec eux des ânes et des moutons de grande taille. Ils ont des parents dans le pays. Ils sont venus ici nu passent par ici, et ils sont allés voir Jean.
Il y eut une longue délibération au sujet de Jean, dans le grand conseil de Jérusalem. Neuf hommes furent députés près de lui par trois autorités différentes. Anne envoya Joseph d'Arimathie, le fils aîné de Siméon et un prêtre qui était chargé de l'inspection des victimes offertes en sacrifice. On envoya aussi trois membres du conseil et trois simples particuliers. Ils devaient demander à Jean qui il était et l'inviter à se rendre à Jérusalem. Si sa mission était légitime, disait on, il aurait dû d'abord se présenter au temple. Ils trouvaient à redire à l'étrangeté de son costume, et aussi à ce qu'il baptisait des Juifs, tandis qu'ordinairement on ne baptisait que les pa'ens. Quelques uns croyaient que c'était Elle revenu de l'autre monde.
André et Jean l'évangéliste sont près de Jean Baptiste. La plupart des futurs apôtres et beaucoup de disciples ont été maintenant le trouver, excepté Pierre, qui a été baptisé précédemment, et le traître Judas, qui toutefois est allé déjà chez les pêcheurs des environs de Bethsa'de, et s'est enquis de Jésus et de Jean.
Lorsque les envoyés de Jérusalem arrivèrent près de Jean, il avait cessé de baptiser pendant trois jours, mais il venait de s'y remettre de nouveau. Les envoyés voulaient qu'il leur donnât audience : mais il leur dit d'attendre qu'il eût fini. Il leur répondit vertement et en peu de mots. ils lui représentèrent qu'il agissait de son autorité privée ; qu'il devait se présenter à Jérusalem et s'habiller d'une manière plus convenable. Lorsqu'ils se furent retirés, Joseph d'Arimathie et le fils de Simon restèrent près de Jean et se firent baptiser par lui. Il se trouvait là bien des gens qu'il ne voulait pas baptiser ; ceux là allèrent trouver les envoyés et l'accusèrent de partialité.
Les futurs apôtres reviennent dans leur pays, parlent beaucoup de Jean et font plus d'attention à Jésus. Ils soupçonnent que c'est à lui que la prédication de Jean fait allusion. Joseph d'Arimathie, revenant à Jérusalem, rencontra Obed, cousin de Véronique, qui était attaché au service du temple. Il répondit à ses questions en lui racontant beaucoup de choses touchant Jean. Obed alla aussi se faire baptiser par Jean. Comme il était employé au temple, il resta parmi les disciples cachés de Jésus, lorsque plus tard, il vint à lui.
Le 19 juillet, par une grande chaleur qui la fatiguait beaucoup, la narratrice se mit à rire d'une façon qui ne lui était pas ordinaire, et, comme on la questionnait, elle répondit : "J'ai vu Jean passer le Jourdain pour aller baptiser des malades. Je pensais qu'il devait avoir aussi chaud que moi. Il n'avait que son drap jeté autour du corps et son manteau sur les épaules. Il portait, suspendue d'un côté, une outre pleine d'eau pour le baptême, et, de l'autre, l'écuelle avec laquelle il y puisait. Beaucoup de malades ont été portés au bord du Jourdain, en face du lieu où Jean baptise, sur des litières et sur des espèces de brouettes. Ils n'étaient pas en état de passer l'eau sur le radeau, et ils l'ont fait prier de venir. il vint avec deux disciples. Il prépara une belle fosse séparée du Jourdain par une chaussée en terre. Il fit ce travail lui même, car il avait toujours une bêche avec lui. Il fit entrer l'eau par une rigole qu'il pouvait fermer, et il y ajouta l'eau baptismale qui était dans son outre. Il instruisit les malades et les baptisa ensuite : on les plaçait au bord de la fontaine, et il versait de l'eau sur eux Je le vois, après avoir baptisé les malades, revenir à Ainon sur la rive orientale du Jourdain.
Une fois, pendant qu'il dormait couché dans sa cabane, je vis un ange venir à lui et lui dire qu'il devait aller de l'autre côté du Jourdain, près de Jéricho, parce que celui qui devait venir était proche, et qu'il devait le faire connaître.
Je vis ensuite Jean et ses disciples, à l'endroit où il baptisait, près d'Ainon, défaire les cabanes de toile et descendre à quelques lieues plus bas sur la rive orientale du Jourdain, après avoir traversé une bourgade, ils passèrent le Jourdain et remontèrent un peu le long de la rive occidentale.
Il y avait là des endroits où l'on se baignait, des fosses dont les parois étaient blanches et comme recouvertes de maçonnerie, avec un canal qu'on ouvrait et qu'on fermait à volonté, communiquant avec le Jourdain qui, en cet endroit n'avait pas d'îles.
Il m'a été montré qu'à cette époque les hommes étaient disposés comme ils le sont à présent.
( Du 25 juillet au 14 août. ) Le 25 juillet dans l'après midi, la narratrice, tout en sommeillant, dit d'une façon toute na've, dans son patois : " Maintenant, je vais trouver Jean, l'homme qui est près du Jourdain : il fait meilleur là qu'ici. " Plus tard, elle dit ce qui suit : " L'endroit où l'on baptise est près du Jourdain, entre Jéricho et Bethagla. Jean annonce l'approche du Messie. Il y a là une centaine d'hommes, des disciples et plusieurs pa'ens. Les uns travaillent à disposer le lieu et les cabanes, les autres écoutent ce que dit Jean de la venue prochaine du Messie. "
" On comprend mal les choses quand on croit qu'il baptisa près de Bethabara (6) qui est de l'autre côté du Jourdain ; ce qui est dit, "qu'il baptisa près de Bethabara au delà du Jourdain, équivaut à ceci : en face de Bethabara, en remontant le fleuve, à deux lieues environs de Jéricho et de Bethagla. "Cette seconde place consacrée au baptême est sur la rive occidentale du Jourdain et Bethabara est un peu plus bas, sur la rive orientale.
Note 6 : Ce Bethabara est le même lieu qui est appelé Bethanie au delà du Jourdain, dans Saint Jean, 1,28.
Il y a environ cinq milles d'Allemagne (dix lieues) d'ici à Jérusalem. Le chemin direct y conduit par Bethanie, à travers un désert. On passe devant une hôtellerie qui se trouve un peu en dehors de la route. Il y a ici un très joli pays entre Jéricho et Bethagla. L'eau du Jourdain est belle ; elle est si claire quand on la laisse reposer. Dans plusieurs endroits, elle a même une odeur agréable, parce qu'il y a une quantité de boissons fleuris sur le bord et que les lieurs tombent dans l'eau. Parfois le fleuve est si bas et si exigu qu'il est à peine visible. Je vois près des bords des trous profonds creusés dans les rochers J'aime tant à être dans la Terre Promise, mais je ne sais jamais dans quelle saison on est. Quand nous sommes ici en hiver. Là tout est déjà en fleurs ; et, quand nous sommes en été, la seconde moisson fleurit déjà. il y a aussi une saison où le ciel est très nébuleux et où il pleut beaucoup. Il y a dans le pays des montagnes au haut desquelles il fait très froid, et, quand on se tourne d'un autre côte, tout est vert et plein de soleil
La montagne où Jésus jeûna n'est qu'à quatre lieues de la première grotte de Jean. Cette montagne est très sauvage et très élevée, et il y a dans les rochers des trous si profonds, que j'ai toujours peur d'y regarder. Le second désert où Jean séjourna, a huit lieues de tour. Lorsqu'il creusa la fontaine, il embellit aussi sa grotte ; elle était très spacieuse. (Elle faisait souvent de ces observations naives).
J'ai vu encore apporter toute sorte de choses ne l'endroit où l'on baptisait, près d'Ainon ; on arrange tout pour le mieux. On portait aussi des malades sur des lits.
Plusieurs événements de l'Ancien Testament ont eu lieu dans cet endroit. C'est ici qu'elle a divisé les eaux du fleuve avec son manteau, et qu'il l'a traversé avec Elisée, lequel a fait la même chose à son retour. Elisée s'est aussi reposé ici. C'est encore ici que les enfants d'Israël ont passé le fleuve.
On envoie à Jean, de Jérusalem, des gens du temple, des pharisiens et des sadducéens ; car il est maintenant en deçà du Jourdain et quelques lieues plus près de Jérusalem qu'auparavant. Il a appris leur arrivée par l'ange et il rendra témoignage de Jésus. Vers le soir, déjà, six députés de Jérusalem sont venus au Jourdain. Ils avaient envoyé un courrier devant eux, et fait dire à Jean de se rendre auprès d'eux à un endroit du voisinage. Jean ne s'inquiéta pas d'eux, et continua à baptiser et à enseigner. Il leur fit répondre par leur courrier que s'ils voulaient lui parler, ils pouvaient venir le trouver. Ils vinrent donc eux mêmes, mais Jean ne s'aboucha pas avec eux ; il continua à baptiser et a prêcher : ils entendirent sa prédication et se retirèrent. Quand il eut fini, il leur donna rendez vous sous un hangar ou sous une tente que les disciples avaient dressée.
Jean s'y rendit accompagne de ses disciples et de plusieurs autres personnes, et ils lui adressèrent différentes questions, lui demandant s'il était ceci ou cela. Je le vis toujours faire des réponses négatives. Ils demandèrent aussi qui était cet homme dont on parlait. Il existait, disaient ils, d'anciennes prophéties, et maintenant le bruit courait parmi le peuple que le Messie était venu. Jean répondit qu'il s'était levé parmi eux quelqu'un qu'ils ne connaissaient pas ; que pour lui, il ne l'avait jamais vu, mais qu'avant sa naissance, il lui avait commandé de préparer ses voies et de le baptiser. Ils n'avaient qu'à venir à un moment qu'il indiqua (dans trois semaines, je crois) : alors celui dont il parlait serait ici pour recevoir le baptême. Il parla encore avec beaucoup de sévérité, et leur dit qu'ils n'étaient pas venus pour se faire baptiser, mais pour espionner. Ils lui répondirent qu'ils savaient maintenant qui il était, qu'il baptisait sans mission, qu'il n'était qu'un hypocrite en habits grossiers, etc., etc. Après quoi ils se retirèrent.
Bientôt après il vint encore des envoyés du grand conseil de Jérusalem, cette fois au nombre de vingt. Ils étaient de toute profession ; il y avait parmi eux des prêtres avec des bonnets, de larges ceintures et de longues bandes suspendues au bras, à l'extrémité desquelles il y avait comme de la fourrure. Ils lui dirent avec beaucoup d'insistance qu'ils étaient députés par le grand conseil tout entier ; qu'il devait comparaître devant lui pour s'expliquer sur sa vocation et sa mission. s'il n'obéissait pas au grand conseil, disaient ils, c'était une marque qu'il n'avait pas de mission... J'entendis Jean leur dire nettement qu'ils n'avaient qu'à attendre, que celui qui l'avait envoyé viendrait bientôt à lui. Il désigna Jésus clairement, disant qu'il était né à Bethléem, qu'il avait été élevé à Nazareth, qu'il s'était enfui en Egypte, etc. Il ne l'avait jamais vu, ajoutait il. Ils lui reprochèrent d'être d'intelligence avec lui, de communiquer avec lui par des messagers. Jean répondit qu'il ne pouvait pas montrer à leurs yeux aveuglés les messagers qu'ils s'envoyaient réciproquement ; que ces messagers n'étaient pas visibles pour eux. Je vis les envoyés le quitter très mécontents.
Il vient de tous les côtés de nombreuses troupes d'hommes, pa'ens et juifs. Hérode aussi envoie souvent des émissaires pour écouter Jean et lui rapporter ensuite ce qu'il a dit. Maintenant tout est beaucoup mieux arrangé à l'endroit où se donne le baptême. Jean et ses disciples ont dressé une grande tente où les malades et les gens fatigués sont réconfortés, et où l'on fait aussi des instructions. Ils chantent des cantiques : je les ai entendus chanter un psaume sur le passage des enfants d'Israël à travers la mer Rouge.
Il se forme là successivement comme une petite ville de cabanes et de tentes. Elles sont couvertes en partie avec des peaux, en partie avec des joncs. Il y a là un grand passage d'étrangers venant de l'extrémité du pays où habitent les trois rois. Ils ont beaucoup de chameaux et d'ânes, et de beaux chevaux fringants. C'est toujours dans cet équipage qu'ils vont en Egypte. Ils ont tous établi leur camp autour du lieu où Jean baptise, ils écoutent ses prédications et reçoivent le baptême. D'ici ils se rendent en troupes à Bethléem. Non loin de la grotte de la crèche, en face de la plaine des Bergers, se trouvait un puits portant le nom d'Abraham. Ce patriarche avait demeuré avec Sara dans cette contrée. Etant malade, il avait éprouvé un violent désir d'avoir de l'eau de ce puits, et quand on lui en apporta dans une outre, il surmonta son désir pour honorer Dieu, s'abstint de boire, et fut récompensé par une guérison instantanée. Ce puits dut sa naissance à un miracle, mais je l'ai oublié. Il était difficile d'y puiser de l'eau, à cause de sa grande profondeur. Il y a un grand arbre à côté, et près de là est la grotte où est enterrée Maraha, nourrice d'Abraham, qui était très âgée, et qu'il conduisait avec lui sur un chameau. C'est un lieu de pèlerinage pour les juifs pieux, de même que le mont Carmel et le mont Moreb. Les trois rois aussi sont venus prier là.
Il
Hle précurseur.
Il parla contre Hérode de telle façon que celui ci vit bien que ses intentions lui étaient connues. Hérode lui fit remettre un gros rouleau qui contenait l'exposé de son affaire. On le déprécurseur et quelques uns de ses disciples revêtus d'habits sacerdotaux. Jean portait sur un habit de dessous de couleur grise, un vêtement blanc, long et large, attaché autour du corps par une espèce d'écharpe, marquetée de jaune et de blanc : il y avait des franges à l'extrémité. Sur les deux épaules étaient fixées comme deux pierres précieuses longues et recourbées sur chacune desquelles étaient les noms de six tribus d'Israël. Sur sa poitrine était un pectoral carré, jaune r et blanc, maintenu aux quatre angles par des chaînettes d'or et où étaient incrustées douze pierres précieuses de différentes couleurs sur lesquelles étaient gravés les noms des douze tribus. Sur ses épaules était jetée une espèce d'étole, marquetée de jaune et de blanc, avec des franges aux extrémités. Au bas de la robe pendaient des boutons de soie jaune et blanche. Sa tête était découverte, mais il avait sous ses vêtements autour du cou une pièce d'étoffe légère qu'il pouvait ramener sur sa tête comme un capuchon et qui alors descendait en pointe sur le front.
Devant la pierre de l'arche d'alliance était un petit autel, pas tout à fait carré, creusé au milieu et recouvert d'un grillage. Au dessous était un trou destiné à recevoir les cendres et aux quatre coins des tuyaux creux recourbes en forme de cornes. Plusieurs disciples étaient là avec des vêtements blancs et de larges ceintures, habillés comme les apôtres dans leurs premières réunions pour la célébration du culte divin.
A suivre...
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Re: Anne Catherine Emmerich -
Vision de Sainte Anne Catherine Emmerich.
Du baptême de Jésus au commencement du jeûne des quarante jours.
- Jésus visite les lieux où s'est arrêtée Marie dans son voyage
à Bethléem et pendant la fuite en Egypte.
- Il va à Maspha, à Dibon, à Sukkoth, à Bethanie.
(28 septembre.) Jésus, marchant plus vite que Lazare, arriva deux heures avant lui au lieu où Jean baptisait. Le jour commençait à poindre lorsqu'il se trouva dans le voisinage de ce lieu, au milieu d'une troupe de gens qui allaient aussi au baptême. Il faisait route avec eux et ils ne le connaissaient pas : toutefois ils le regardaient attentivement, car il y avait en lui quelque chose qui les frappait. Quand ils arrivèrent, il était tout à fait jour. une multitude considérable était rassemblée et Jean prêchait avec beaucoup de feu sur l'approche du Messie, sur la pénitence et sur ce qu'il devait se retirer bientôt. Jésus se tenait au milieu de la foule des auditeurs. Jean eut le sentiment de sa présence ; il le vit et fut rempli d'une joie et d'une ardeur inaccoutumées : mais il n'interrompit pas son discours et se mit ensuite à baptiser.
Il avait déjà donné le baptême à plusieurs personnes et il était environ dix heures lorsque Jésus, confondu dans les rangs des néophytes, descendit aussi à son tour au réservoir. Alors Jean s'inclina devant lui et dit : " J'ai besoin d'être baptisé par vous et c'est vous qui venez à moi ? ". Jésus lui répondit : " Laissez faire, car il convient que nous accomplissions toute justice, que vous me baptisiez et que je sois baptisé par vous. " il lui dit aussi : `` Vous recevrez baptême du Saint Esprit et du sang. " Alors Jean l'invita à le suivre à l'île. Jésus répondit qu'il le ferait, mais qu'alors il fallait porter dans l'autre bassin de l'eau dont tous avaient été baptisés ; que tous ceux qui étaient ici avec lui fussent aussi baptisés là et que l'arbre auquel il se tiendrait fût transplanté plus tard au lieu ordinaire du baptême afin que tous fissent comme lui.
Le Sauveur Suivit donc Jean et deux de ses disciples André et Saturnin (André était venu ici de Capharnaum avec les neuf disciples et compagnons du Seigneur dont il a été parlé plus haut) il se rendit sur l'île en passant le pont et entra dans une petite tente dressée au côté oriental de la fontaine baptismale pour qu'on pût s'y déshabiller et s'y rhabiller. Les disciples vinrent avec lui sur l'île, mais les hommes se tinrent au bout du pont pendant qu'une grande foule se pressait sur le rivage. Trois hommes environ pouvaient se tenir sur le pont à côté les uns des autres : Lazare était l'un de ceux qui se trouvaient le plus en avant.
La fontaine baptismale était dans une excavation octogone, descendant en pente douce, au fond de laquelle un rebord également octogone entourait la fontaine elle même : celle ci était en communication avec le Jourdain par cinq conduits souterrains. L'eau entourait le rebord tout entier et entrait dans la fontaine par des brèches qu'on y avait laissées. Trois de ces coupures étaient visibles au côté septentrional de la fontaine par où l'eau entrait, les deux autres par où l'eau s'écoulait, placées au côté méridional, étaient recouvertes, car c'était là le lieu de la cérémonie et celui par lequel on avait accès à la fontaine : c'est pourquoi l'on n'y voyait pas l'eau circuler autour du rebord. De ce côté, des marches recouvertes de gazon conduisaient jusqu'à la fontaine en descendant la pente de l'excavation qui avait à peu près trois pieds de hauteur.
Au sud est, sur le bord de l'eau était une pierre triangulaire d'un rouge brillant encastrée dans le rebord de la fontaine : un des côtés était tout contre l'eau et la pointe était tournée vers la terre. Ce côté du rebord auquel les marches conduisaient était un peu plus élevé que celui du nord où étaient les trois ouvertures pour laisser arriver l'eau. Du côté du sud ouest on descendait par une marche sur l'autre partie du rebord qui était un peu plus basse et c'était par là seulement qu'on pouvait y arriver. Dans la fontaine même, devant la pierre triangulaire, s'élevait un arbre verdoyant à la tige élancée.
L'île n'était pas parfaitement unie, mais un peu plus élevée au milieu : elle était en partie sur fond de rocher ; il y avait aussi des places où le sol était moins dur. Elle était couverte de gazon. Au milieu s'élevait un arbre dont les branches s'étendaient au loin ; les douze arbres plantés autour de l'île s'unissaient par le sommet aux branches de cet arbre qui était au centre, et entre ces douze arbres il y avait une haie formée de plusieurs petits arbustes.
Les neuf disciples de Jésus qui avaient toujours été avec lui dans les derniers temps descendirent a la fontaine et se tinrent sur le rebord. Jésus ôta son manteau dans la tente, puis sa ceinture et une robe de laine jaunâtre, ouverte par devant et qui se fermait avec des lacets, puis cette bande de laine étroite qu'on portait autour du cou, croisant sur la poitrine et qu'on roulait autour de la tête la nuit et par le mauvais temps. Il lui restait encore sur le corps une chemise brune faite au métier avec laquelle il sortit et descendit au bord de la fontaine où il l'ôta en la retirant par la tête. Il avait autour des reins une bande d'étoffe qui enveloppait chacune des jambes jusqu'à la moitié des pieds. Saturnin reçut tous ces vêtements et les donna à garder à Lazare, qui se tenait au bord de l'île.
Alors Jésus descendit dans la fontaine où l'eau lui venait jusqu'à la poitrine. Il avait le bras gauche passé autour de l'arbre, et il tenait la main droite sur sa poitrine ; la bandelette qui ceignait les reins était détachée aux extrémités, et flottait sur l'eau. Jean était debout au bord méridional de la fontaine : il tenait un plat avec un large rebord, à travers lequel couraient trois cannelures : il se baissa, puisa de l'eau et la fit couler en trois filets sur la tête du Seigneur. un filet coula sur le derrière de la tête, un autre sur le milieu, le troisième sur le front et le visage.
Je ne sais plus bien les paroles que Jean prononçait en administrant le baptême, mais c'étaient à peu près celles ci : "Que Jéhova, par les chérubins et les séraphins, répande sa bénédiction sur toi, avec la sagesse, l'intelligence et la force. "Je ne sais pas bien si ce furent précisément ces trois derniers mots ; mais c'étaient trois dons pour l'esprit, l'âme et le corps ; et là dedans était aussi compris tout ce dont chacun avait besoin pour rapporter au Seigneur un esprit, une âme et un corps renouvelés.
Pendant que Jésus sortait de la fontaine, André et Saturnin, qui se tenaient auprès de la pierre triangulaire, à la droite du précurseur, l'enveloppèrent d'un drap, pour qu'il s'essuyât, et lui passèrent une longue robe baptismale de couleur blanche (1) ; et, quand il fut monté sur la pierre rouge triangulaire qui était à droite de la fontaine, ils lui mirent la main sur les épaules pendant que Jean la lui mettait sur la tête.
Quand cela fut fait, au moment où ils se préparaient à remonter les degrés, la voix de Dieu se fit entendre au dessus de Jésus, qui se tenait, seul, en prière, sur la pierre. Il vint du ciel un grand bruit, comme le bruit du tonnerre, et tous les assistants tremblèrent et levèrent les yeux en haut. une noce blanche et lumineuse s'abaissa, et je vis au dessus de Jésus une forme ailée resplendissante, dont la lumière l'inonda comme un fleuve. Je vis aussi comme le ciel ouvert, et l'apparition du Père céleste sous sa forme accoutumée, et j'entendis, dans la voix du tonnerre, ces paroles : " C'est mon Fils bien aimé en qui je me complais ".
Note 1 : Auparavant on ne mettait sur les baptisés qu'un drap blanc de petite dimension, mais à partir du baptême de Jésus, on en employa un plus grand.
Jésus était tout inondé de lumière, et on pouvait à peine le regarder : toute sa personne était transparente ; je vis aussi des anges autour de lui.
Je vis, à quelque distance, Satan paraître au dessus des eaux du Jourdain : c'était une forme noire et ténébreuse, semblable à un nuage, et, dans ce nuage, je vis s'agiter des dragons noirs et d'autres bêtes hideuses qui se pressaient autour de lui. Il semblait que, pendant cette effusion de l'Esprit Saint, tout ce qu'il y avait de mal, de péché, de venin dans le pays tout entier, se montrât sous des formes visibles, et se retirât dans cette figure ténébreuse comme dans sa source. C'était un spectacle horrible, mais rehaussant l'éclat indescriptible, la joie et la clarté qui se répandaient sur le Seigneur et sur l'île. La sainte fontaine brillait jusqu'au fond, et tout était transfiguré. On vit alors les quatre pierres sur lesquelles l'arche d'alliance avait reposé, resplendir joyeusement au fond de la fontaine : sur les douze pierres où s'étaient tenus les lévites, se montrèrent des anges en adoration ; car l'esprit de Dieu avait rendu témoignage, devant tous les hommes, à la pierre vivante et fondamentale, à la pierre angulaire de l'Eglise, pierre choisie et précieuse, autour de laquelle nous devons être posés comme des pierres vivantes pour former un édifice spirituel, un sacerdoce saint, afin de pouvoir offrir à Dieu, par son fils bien aimé en qui il se complaît, un sacrifice spirituel qui lui soit agréable.
Cependant Jésus remonta les degrés et se rendit sous la tente voisine de la fontaine ; Saturnin lui porta ses habits que Lazare avait gardés, et Jésus s'en revêtit. Il sortit alors de la tente, et, entouré de ses disciples, il alla sur la partie découverte de l'île, près de l'arbre du milieu. Pendant ce temps, Jean parlait au peuple, en faisant éclater sa joie, et il rendait témoignage de Jésus, proclamant qu'il était le Fils de Dieu et le Messie promis. Il rappela toutes les promesses faites aux patriarches et aux prophètes, lesquelles se trouvaient accomplies maintenant ; il parla de ce qu'il avait vu, de la voix de Dieu que tous avaient entendue, et déclara qu'il se retirerait bientôt, lorsque Jésus reviendrait ; il dit encore que l'arche d'alliance s'était reposée en ce lieu, lorsque Israël avait pris possession de la Terre Promise, et qu'en ce même lieu, celui qui était le sceau à l'alliance avait reçu le témoignage de son Père, le Dieu tout puissant, Il dit à tous d'aller à lui désormais, et proclama bienheureux le jour où l'attente d'Israël avait été remplie.
Pendant ce temps, il était encore venu beaucoup de personnes parmi lesquelles se trouvaient des amis de Jésus ; je vis dans la foule Nicodème, Obed, Joseph d'Arimathie, Jean Marc et d'autres encore. Jean invita André à annoncer dans la Galilée que le Messie avait reçu le baptême. Jésus, déclara simplement que Jean avait dit la vérité ; il ajouta qu'il allait s'éloigner pour un peu de temps ; qu'ensuite tous les malades et les affligés pourraient venir à lui ; qu'il voulait les consoler et les secourir ; jusque là, ils devaient se préparer, puis il entrerait dans le royaume que lui avait donné son Père céleste. Jésus dit cela sous forme de parabole, prenant pour comparaison un fils de roi, qui avant de prendre possession de son trône, se retire à l'écart, demande l'assistance de son père, et se recueille, etc.
Il y avait parmi les assistants quelques pharisiens qui interprétaient ces paroles de la façon la plus ridicule. Ils disaient : " Il n'est peut être pas le fils du charpentier, mais l'enfant substitué de quelque roi, qui maintenant va partir, rassembler ses gens et entrer à Jérusalem. " Cela leur paraissait étrange et extravagant, etc.
Jean continua, ce jour là, à baptiser tous les assistants sur l'île, dans la fontaine baptismale de Jésus. La plupart étaient des gens qui plus tard se réunirent aux disciples de Jésus. Ils se mettaient dans l'eau qui entourait le rebord de la fontaine, et Jean, debout sur ce rebord, les baptisait.
Quant à Jésus, il quitta ce lieu avec les neuf disciples et quelques autres qui se joignirent à lui ici. Lazare, André et Saturnin le suivirent. Ils avaient, par son ordre, rempli une outre d'eau de la fontaine où il avait été baptisé, et ils la portaient avec eux. Les assistants se jetèrent aux pieds de Jésus, et le supplièrent de rester avec eux. Il leur promit de revenir et s'en alla.
( 29 et 30 septembre. ) Jésus, avec ses compagnons, fit encore ce jour là environ deux lieues dans la direction de Jérusalem, et il arriva à un petit endroit dont le nom ressemblait à Bethel. Il y avait là une espèce d'hôpital où se trouvaient beaucoup de malades, et où Jésus entra. Je le vis prendre là de la nourriture avec ceux qui l'accompagnaient. Il vint aussi plusieurs gens âgés. On salua Jésus très solennellement, en qualité de prophète, car on savait déjà par des gens venus du baptême, ce que Jean avait dit de lui. Jésus alla avec ses disciples dans la chambre de tous les malades. Il les consola tous et leur dit qu'il reviendrait les guérir, s'ils croyaient en lui. Je crois qu'il en guérit un. il était tout décharné, il avait en outre des ulcères à la tête, et une lèpre blanche. Jésus le bénit et lui commanda de se lever ; il se leva et s'agenouilla devant Jésus. Plusieurs personnes furent baptisées ici par le ministère d'André et de Saturnin. Jésus fit placer sur un escabeau, dans une pièce de la maison, un grand bassin plein d'eau dans lequel un enfant aurait pu tenir couché ; qu'il bénit cette eau et y fit une aspersion avec une branche. C était, je crois, avec de l'eau baptismale prise dans l'outre apportée par les disciples.
Les néophytes se dépouillaient jusqu'à la poitrine, courbaient la tête au dessus du bassin, et Saturnin les baptisait. Je crois qu'il se servait d'une formule indiquée par Jésus, et qui était autre que celle de Jean, mais je ne m'en souviens pas bien clairement. Jésus célébra le sabbat en ce lieu : le lendemain André partit pour la Galilée.
Quant à Jésus, il se rendit dans une ville nommée Luz. Il alla à la synagogue, et fit un long discours où il expliqua le sens mystérieux de plusieurs anciennes figures des Ecritures. Je me souviens qu'il parla des enfants d'Israël, rappela qu'après avoir traversé la mer Rouge, ils errèrent longtemps dans le désert, à cause de leurs péchés ; qu'ensuite, ayant traversé le Jourdain, ils possédèrent la Terre Promise. Maintenant, disait il, le temps était venu où cela devait arriver réellement par le baptême dans le Jourdain : ce n'avait été alors qu'une figure, mais maintenant, s'ils étaient fidèles et observaient les commandements de Dieu, ils entreraient en possession de la Terre Promise et de la cité de Dieu. Il entendait cela spirituellement de la Jérusalem céleste. Mais eux croyaient toujours qu'il s'agissait d'un royaume de ce monde et de leur affranchissement du joug des Romains. Il parla de l'arche d'alliance et de la rigueur de la loi ancienne, sous laquelle celui qui s'approchait je l'arche pour la toucher, était puni de mort : mais maintenant la loi était accomplie, et la grâce était venue dans la personne du Fils de l'homme il dit encore que le temps était arrivé où l'ange devait ramener Tobie dans la Terre Promise, après la longue captivité où il avait langui, toujours fidèle aux préceptes divins. Il parla encore de Judith, la veuve qui avait tranche la tète à l'Assyrien Holopherne pendant son ivresse, et délivré Bethulie réduite à l'extrémité : mais maintenant c'était la vierge qui, ayant été dès l'éternité ; allait croître et grandir, et beaucoup de têtes orgueilleuses qui menaçaient Bethulie, allaient tomber. Il entendait parler de l'Eglise et de sa victoire sur le prince de ce monde.
Jésus parla encore de beaucoup de symboles du même genre, qui maintenant trouvaient tous leur accomplissement. Toutefois il ne disait jamais : " C'est moi ", mais parlait toujours comme d'une tierce personne. Il parla en outre de ce qu'il fallait pour le suivre, dit qu'on devait tout quitter et ne pas s'inquiéter outre mesure de sa subsistance ; car c'était chose plus importante d'être régénéré que de trouver à se nourrir ; que s'ils renaissaient de l'eau et du Saint Esprit, celui là les nourrirait qui les aurait régénérés. Il ajouta que ceux qui voulaient le suivre devaient quitter tous les leurs et s'abstenir du mariage, car ce n'était pas le temps de semer, mais le temps de récolter. Il parla aussi du pain céleste. Ses auditeurs étaient saisis d'admiration et de respect, mais ils entendaient tous ses enseignements dans un sens matériel et terrestre.
Lazare le quitta ici : les autres amis de Jérusalem l'avaient déjà quitté près du Jourdain. Les saintes femmes, qui étaient chez Suzanne à Jérusalem, se sont mises en route par le désert. Je crois qu'elles vont à Thébez, où Jésus doit les retrouver.
(1er octobre.) Jésus quitta Luz et traversa le désert. Il alla dans la direction du midi avec ses disciples, dont une douzaine à peu près était avec lui. Il y en a deux, outre Saturnin, qui l'ont suivi après le baptême. Le fils de Véronique est déjà parti hier, peut être pour porter des nouvelles aux saintes femmes. Dans la suite de ce voyage, je vis une fois Jésus et les disciples marcher entre deux rangées de dattiers, et comme les disciples hésitaient à ramasser les fruits tombés par terre et à les manger, Jésus leur dit qu'ils pouvaient manger ces fruits en toute sécurité ; il ajouta que dorénavant ils ne devaient pas être si scrupuleux, qu'ils devaient chercher la pureté dans les affections de leur âme et dans leurs discours, et non la faire dépendre de ce qui entre dans la bouche.
Je vis Jésus sur la route visiter une dizaine de malades dans une rangée de maisons isolées, les consoler et en guérir quelques uns. Plusieurs personnes se mirent là à sa suite.
Il vint après cela dans un petit endroit appelé Ensemès, dont les habitants allèrent à sa rencontre. On avait déjà annoncé l'arrivée prochaine du nouveau prophète. Il vint beaucoup de gens tenant des enfants par la main, qui le saluèrent et se prosternèrent devant lui. Jésus les accueillit avec bonté. C'étaient des gens considérables de l'endroit qui le conduisirent chez eux ; mais les pharisiens l'emmenèrent de là à l'école. Ils étaient bien disposés et se réjouissaient d'avoir un prophète chez eux ; mais quand ils apprirent par les disciples que Jésus était le fils de Joseph, le charpentier de Nazareth, ils trouvèrent dans leur for intérieur bien des choses à blâmer en lui. Ils avaient cru avoir affaire à un autre prophète. Comme Jésus parla du baptême, ils lui demandèrent quel baptême était le meilleur, le sien ou celui de Jean' Jésus répéta ce que Jean avait dit de son baptême et de celui du Messie, mais il ajouta que ceux qui méprisaient le baptême du précurseur tiendraient également peu de compte du baptême du Messie. Il ne dit pourtant jamais : " C'est moi " mais parla toujours à la troisième personne, de même que nous le voyons, dans l'Evangile, dire : " le Fils de l'homme . " Il prit encore un repas dans la maison où il était entré, et fit la prière en commun avec ses disciples avant qu'on ne se retirât pour dormir.
De Luz à Ensemès, Jésus allait dans la direction du midi. Près d'Ensemès coulait le torrent de Cédron : il vient de la vallée où Judas se pendit ; il coule le long de la vallée de Josaphat, au pied de la montagne des Oliviers, puis ensuite va à l'orient se jeter dans la mer Morte. Il y avait ici beaucoup de montagnes : la chaîne s'étend jusqu'au mont Amon, près du désert de Giah, où Jésus se trouvait le soir qui précéda son arrivée à Bethanie.
(2 octobre.) Le jour suivant je vis Jésus avec ses compagnons quitter Ensemès et entrer dans la Judée en traversant le torrent de Cédron. Il va le plus souvent par des chemins détournés ; il me semble qu'il veut passer par les bourgades situées à un certain rayon autour du lieu où Jean baptise, et suivre les vallées où la sainte Vierge s'est arrêtée dans son voyage à Bethléem avec saint Joseph. Il veut visiter Bethléem même, et aussi quelques lieux où la sainte Vierge a passé la nuit lors de la fuite en Egypte. Il veut enseigner et guérir dans tous ces endroits, puis, en revenant, passer devant le lieu du baptême.
Le temps est nébuleux et assez frais : je vois parfois de la neige ou de la gelée blanche dans les vallées profondes ; mais du côté exposé au soleil tout est vert et riant. Partout on voit encore des fruits sur les arbres. Le Seigneur et les disciples en mangent sur leur chemin.
Jésus maintenant n'entre pas dans les villes, parce que déjà partout on parle beaucoup de son baptême, de ce qui s'y est passé et de ce qui a été dit par Jean à Jérusalem aussi il n'est bruit que de cela. Jésus veut aussitôt après son retour du désert, prendre la Galilée pour point de départ, et il ne parcourt maintenant ce pays ci que dans le désir charitable de décider encore quelques personnes à aller au baptême il ne va pas toujours avec tous les disciples ensemble ; souvent il n'y en a que deux avec lui. Ils se dispersent dans des maisons de bergers isolées et écartées de la route, et ils redressent les idées de ces gens ; car tous ont une si haute opinion de Jean, qu'ils regardent Jésus comme n'étant que l'un de ceux qui l'assistent, et ils le nomment seulement l'Assistant. Les disciples leur font connaître l'apparition du Saint Esprit et les paroles qui se sont fait entendre pendant le baptême. Ils leur disent ce que Jean a déclaré, qu'il n'est que celui qui prépare les voies du Seigneur, et que c'est pour cela aussi qu'il fraye le chemin avec tant d'ardeur et de véhémence Alors les bergers et les tisserands, qui sont ici en grand nombre dans les vallées, viennent à Jésus, et écoutent sous des arbres et des hangars ses courtes instructions : ils se prosternent devant lui : il les bénit et les exhorte.
Pendant qu'ils étaient en route, il expliqua aussi aux disciples, dont quelques uns avaient entendu les paroles proférées lors du baptême : " C'est mon Fils bien aimé" ; que son Père céleste a dit cela de tous ceux qui ont reçu sans péché le baptême du Saint Esprit.
Cette contrée est celle par laquelle passèrent Joseph et Marie allant à Bethléhem. Joseph avait appris ici que son père avait possédé des pâturages dans les environs. Il avait fait un détour d'une journée et demie environ du côté de Jérusalem ; il avait évité toutes les villes, et avait préféré passer par ici en faisant de petites journées de deux heures, parce que les maisons de bergers étaient très rapprochées les unes des autres : car la sainte Vierge ne pouvait ni marcher ni rester longtemps assise sur sa selle sans se fatiguer beaucoup.
Les deux stations principales dé Jésus furent aujourd'hui deux maisons de bergers où ses parents s'étaient adressés alors Il arriva avant midi à cette maison où Marie avait été mal accueillie, et il enseigna la foule qui s'était rassemblée. Le maître de la maison en question était un vieillard grossier ; il ne voulut pas non plus recevoir Jésus, et il se comporta brutalement, à la façon de certains de nos paysans qui disent souvent : " Qu'ai je à faire de ceci ou de cela ? Je paie mes redevances et je vais à l'église ", vivant du reste comme il leur plaît. Les gens de cette maison disaient aussi : " Qu'avons nous besoin de cela ? Nous avons notre loi qui date de Mo'se ; c'est Dieu même qui nous l'a donnée ; il ne nous faut rien de plus. "Alors Jésus leur parla de l'hospitalité et de la miséricorde que tous les anciens patriarches avaient exercée, car où serait cette bénédiction et ce qui la conserve, si Abraham avait repoussé les anges qui la lui apportèrent ? Le Seigneur leur dit encore en paraboles : que celui qui a repoussé la mère portant son enfant dans son sein, lorsqu'elle frappait à la porte, épuisée par la fatigue du voyage ; celui qui s'est moqué de son mari cherchant un gîte hospitalier, repoussait aussi le fils et le salut venant de lui et apporté par lui. Il leur dit cela en termes expressifs, que je vis ses paroles entrer dans le coeur de cet homme comme un coup de foudre : car c'était là la maison où l'on avait refusé d'accueillir Joseph et Marie lors de leur voyage à Bethléem, et où on l'avait repoussés avec des paroles injurieuses. Je reconnus bien la maison, et les plus vieux parmi ceux qui étaient présents furent frappés de stupeur : car sans nommer ni lui même ni sa mère, ni Joseph, il avait dit sous forme de parabole tout ce qu'ils avaient fait.
Alors l'un d'eux se jeta à ses pieds et le pria de vouloir bien entrer chez lui et y prendre de la nourriture ; car il était certainement prophète, puisqu'il savait tout ce qui s'était passé en ce lieu trente ans auparavant. Mais Jésus ne voulut rien accepter de lui. il enseigna encore les bergers assemblés ; il leur dit que toutes les actions étaient la figure et le germe de celles qui leur succédaient ; que le repentir et la pénitence extirpaient les vieilles racines, et que l'homme qui se convertissait renaissait dans le baptême du Saint Esprit, et portait des fruits pour la vie éternelle.
Je les vis aller plus loin à travers les vallées, et enseigner ça et là ; il y avait des possédés qui le poursuivaient de leurs cris, et se taisaient à son commandement.
Dans l'après midi, Jésus arriva à une seconde maison de bergers, placée sur une hauteur, et où la sainte Vierge avait aussi logé. Le maître était à la tête de plusieurs troupeaux. Des bergers et des gens qui fabriquaient des tentes habitaient de longues rangées de maisons situées dans ces vallées. Ils tenaient de longues bandes d'étoffe déployées et travaillaient les uns en face des autres. Il y avait dans ces parages beaucoup de troupeaux de montons et aussi beaucoup d'animaux sauvages. Les colombes se promenaient en troupes comme des poulets, ainsi qu'une autre espèce de gros oiseaux à longue queue. On voyait aussi courir dans le désert des animaux avec de petites cornes, qui ressemblaient à des chevreuils. Ils n'étaient pas timides et se mêlaient aux troupeaux. Ici, Jésus fut accueilli très amicalement Les gens de la maison ainsi que les voisins et les enfants allèrent joyeusement à sa rencontre et se prosternèrent devant lui. La sainte Vierge et Joseph avaient reçu dans cette maison une hospitalité très bienveillante. Il s'y trouvait deux jeunes gens, enfants du maître du logis qui vivait encore, et un petit vieillard tout courbé, portant une petite houlette. Jésus prit de la nourriture : c'étaient des fruits et des herbes qu'on trempait dans une sauce, et des petits pains cuits sous la cendre. Ces gens étaient pieux et éclairés.
Ils conduisirent Jésus dans la chambre où la sainte Vierge avait passé la nuit. Ils en avaient fait depuis longtemps un oratoire. Ce n'était autrefois qu'une division de la pièce où ils habitaient, mais plus tard ils l'avaient séparée du reste, et y avaient fait une entrée particulière. Ils avaient coupé les quatre angles de la chambre qu'ils avaient ainsi rendue octogone et surmonté la toiture d'une pointe tronquée. Au milieu, était suspendue une lampe ; on pouvait aussi ouvrir un jour dans le toit. Devant la lampe, était une espèce de table étroite comme nos tables de communion, ou ils pouvaient s'appuyer en priant. C'était joli et propre comme une chapelle. Le vieillard y conduisit Jésus et lui montra l'endroit où sa sainte Mère avait reposé ; il lui montra encore un endroit où avait dormi sa grand mère, sainte Anne, qui, elle aussi, s'était arrêtée là, lorsqu'elle avait été visiter la sainte Vierge à Bethléem.
Ces gens avaient connaissance de la nativité de Jésus, de l'adoration des rois, des prédictions de Siméon et d'Anne dans le temple, de la fuite en Egypte et du merveilleux enseignement de Jésus au temple. Ils avaient fête plusieurs de ces anniversaires par des prières dans leur oratoire, et, dès le commencement, ils avaient fidèlement cru, espéré et aimé. Ils interrogèrent Jésus en toute simplicité et à la façon des gens de la campagne : " Que se passe t il donc maintenant, dirent ils, à Jérusalem, chez les grands personnages ? "
On dit que le nouveau Messie viendra, comme roi des Juifs, rétablir le royaume et les délivrer du joug des Romains ; est ce donc que cela aura lieu ? Jésus leur expliqua tout par une parabole sur un fils de roi que son père envoie prendre possession de son trône, rétablir le sanctuaire, et délivrer ses frères de l'esclavage ; mais ils ne devaient pas reconnaître ce fils, ils devaient le persécuter et le maltraiter ; toutefois il devait être exalté et tirer à lui, dans le royaume de son Père céleste, tous ceux qui observeraient ses préceptes.
Beaucoup de personnes entrèrent avec Jésus dans l'oratoire et je crois qu'il y enseigna. Il a aussi guéri ici. Le vieux berger le conduisit chez une voisine que la goutte retenait au lit depuis des années. Jésus la prit par la main et lui ordonna de se lever ; elle se leva aussitôt, remercia le Seigneur à genoux, et le reconduisit jusqu'à la porte. Elle marchait toute courbée, comme la belle mère de Pierre.
Jésus se fit ensuite conduire par ces gens dans une vallée très profonde, où il y avait beaucoup de malades. Il en guérit plusieurs et donna des consolations à tous. Il guérit au moins dix personnes. Ici je ne vis plus rien. Jésus a passé la nuit chez les bergers.
Jean continue toujours à baptiser. L'affluence est de plus en plus grande. L'arbre de la fontaine baptismale de Jésus a été placé dans le grand bassin qui sert pour le baptême, et il est d'un très beau vert. On descend dans ce bassin par des degrés ; il y entre plusieurs langues de terre sur lesquelles les gens viennent à la suite les uns des autres. Ils arrivent par un côté et s'en vont par l'autre.
( 3 octobre. ) Lorsque Jésus quitta la maison des bergers, qui est à environ cinq lieues de Bethléem, ces gens l'accompagnèrent. Ils étaient en relations intimes avec les bergers qui avaient visité Jésus dans la crèche ; voilà pourquoi ils étaient si bien disposés.
Le Seigneur et les disciples firent hier beaucoup de détours ; des troupes de bergers et d'ouvriers se rassemblaient ça et là autour de lui, et il les instruisait par des comparaisons tirées de leur profession. Il les exhortait encore au baptême et à la pénitence, et parlait de l'approche du Messie et des jours de salut.
Sur le chemin de Jésus, je vis au penchant de la montagne, dans une situation favorable, beaucoup de gens occupés de divers travaux dans les champs. Dans quelques endroits, je vis des vignes et des gens qui y travaillaient : je vis aussi serrer le grain entassé : je vis labourer, semer et planter. La fertilité était grande ici, quoique dans d'autres parties de ces y allées il y eût de la gelée blanche ou de la neige. Le blé n'était pas en gerbes : on le coupait à un demi pied environ au dessous de l'épi, et on attachait ensemble par le milieu deux faisceaux d'épis, de façon à ce que la tête des épis fît saillie des deux côtés. Ces faisceaux étaient entassés les uns sur les autres. On ne les rapportait pas comme si la moisson eût été faite tout récemment, car elle était faite depuis longtemps : les épis étaient restés accumulés en meules larges et élevées, semblables à des collines ; et maintenant que la saison des pluies arrivait, et qu'on préparait de nouveau la terre, on les couvrait avec de la paille. On coupait les épis avec une faucille ; la paille était ensuite arrachée et jetée en tas. Je vis qu'on rentrait le grain sur des civières portées par quatre hommes : la paille était aussi rangée et mise en faisceaux pour être brûlée, à ce que je crois. Dans d'autres endroits on labourait. La charrue n'avait pas de roues, et elle était tirée par des hommes. La charrue que je vis ressemblait à un traîneau avec trois lames tranchantes, entre lesquelles était l'attelage. Ordinairement elle était tirée par des hommes ou des ânes, et personne ne la tenait par derrière. On labourait en long et en large. Leur herse que je vis était triangulaire, la pointe était en arrière. Tout cela marchait très bien. Là où le fond était rocailleux, on jetait un peu de terre pardessus et la semence y poussait aussi. Les semeurs portaient leur sac sur le cou, avec les deux extrémités sur la poitrine. Les plantes que je vis mettre en terre étaient de l'ail et une autre plante qui avait de grandes feuilles ; je crois que c'était un légume : il y en avait un qu'on appelait dourra.
Les disciples rassemblaient ces gens près du chemin, et Jésus les enseigna en paraboles où il était question de charrues, de semence et de moisson il parla avec les disciples de la semence qu'ils devaient répandre par le baptême. Il en désigna deux, dont l'un était Saturnin, pour baptiser dans quelque temps près du Jourdain. Il leur dit que c'étaient là les semailles, et que comme les laboureurs d'ici, ils récolteraient aussi dans deux mois. Il parla encore de la paille qui devait être jetée au feu.
Pendant que Jésus enseignait, une troupe de travailleurs, venant de Sichar, passa tout près du chemin. Ils avaient des pelles, des pioches et de longues perches : ils ressemblaient à des esclaves, et je crois qu'ils revenaient chez eux après avoir travaillé à des édifices publies ou à des routes. Ils se tinrent timidement à quelque distance ; ils n'osaient pas s'approcher près des Juifs et ils écoutaient. Jésus les fit venir et dit que son Père céleste appelait tous les hommes à lui par son ministère : il parla de l'égalité de tous ceux qui font pénitence et se font baptiser. Ces pauvres gens étaient tellement touchés de sa bonté qu'ils se jetèrent à ses pieds pour le prier de venir aussi les visiter et de les assister à Samarie. Il répondit qu'il irait les voir, mais que maintenant il devait se retirer à part pour se préparer à entrer dans son royaume, suivant la mission qu'il avait reçue de son Père céleste.
Les bergers conduisirent encore Jésus par divers chemins où sa mère axait passé, et il connaissait ces lieux mieux que ses conducteurs, en sorte qu'ils s'écriaient pleins d'admiration : " Seigneur, vous êtes un prophète et un fils pieux, puisque vous reconnaissez et suivez les traces de votre heureuse mère "Après avoir enseigné et exhorté tout ce monde, Jésus alla à la petite ville de Betharaba. Il y arriva dans l'après midi sur une place découverte, et il monta sur une chaire en pierre qui était sous des arbres. Beaucoup d'auditeurs se rassemblèrent autour de lui et il les enseigna. C'étaient des gens bien disposés. Ici je cessai de voir cette scène.
(1 octobre.) Jésus quitta cet endroit accompagné de plusieurs de ses auditeurs, et marcha dans la direction de la vallée des Bergers, qui est à environ trois lieues et demie d'ici. Je ne sais pas où il passa la nuit ; je le vis une fois seul avec les disciples sous un hangar ouvert : ils mangeaient des fruits, des baies rouges qu'ils avaient cueillies et des épis, et ils buvaient de l'eau.
La nuit, ils vont chacun de leur côté ; Jésus leur désigne un lieu où il se trouvera à tel ou tel moment, et ils se répandent au loin dans le pays, font des rapports sur lui, et exhortent au baptême et à la pénitence ceux qui ne sont pas encore réalises : ces gens viennent pour la plupart avec eux aux endroits où ces instructions doivent être faites. Jésus aussi fait de longs circuits : je le vois souvent monter seul sur des collines et prier, en sorte que tout le temps du voyage trouve son emploi.
J'entendis les disciples de Jésus, à cause de sa vie austère, de son habitude d'aller pieds nus, de ses jeûnes et de ses veilles nocturnes dans cette saison froide et humide, l'engager à ménager un peu son corps. Mais il les éconduisit avec bonté et continua à faire comme auparavant.
Le matin, au crépuscule, je vis Jésus avec ses disciples descendre par une pente escarpée dans la vallée des Bergers. Les bergers qui habitaient là savaient déjà qu'il allait venir. Ils avaient tous été baptisés par Jean. Il s'en trouvait même parmi eux qui avaient eu des songes et des visions sur l'approche du Seigneur. Quelques uns veillaient et regardaient toujours du côté par où il devait venir. Ils le virent tout entouré de lumière descendre dans la vallée : car plusieurs de ces gens simples étaient favorisés de grâces particulières. Aussitôt ils soufflèrent dans un cornet pour réveiller et convoquer ceux qui demeuraient à distance. Ils avaient coutume de faire ainsi dans les occasions de quelque importance. Tous accoururent au devant du Seigneur et se prosternèrent devant lui, allongeant humblement le cou et ayant leurs longs bâtons sous le bras. Plusieurs avaient la face contre terre. Ils avaient des jaquettes courtes, le plus souvent en peau de mouton, les unes ouvertes sur la poitrine, les autres tout à fait fermées, et qui leur allaient jusqu'aux genoux : ils portaient des sacs jetés en travers sur les épaules. Ils saluèrent Jésus avec des passages des psaumes qui se rapportent à l'avènement du Sauveur, et expriment la reconnaissance d'Israël pour l'accomplissement de la promesse. Jésus fut très affectueux avec eux, et il leur parla du bonheur de leur condition. Il enseigna ça et là dans les cabanes qui étaient rangées tout autour de la large vallée des prairies : ce fut le plus souvent en paraboles tirées de la vie pastorale.
Il s'avança ensuite avec eux dans la vallée, dans la direction de Bethléem, jusqu'à la tour des Bergers (2). Il leur parla de la visite qu'il leur faisait maintenant, à eux qui l'avaient salué dans son berceau, et qui s'étaient montrés charitables envers lui et ses parents. Il enseigna aussi en paraboles, où il parlait de pasteur et de troupeau, disant que lui aussi serait un pasteur, rassemblerait le troupeau, le guérirait et le conduirait jusqu'à la fin des temps.
Les bergers firent des récits sur l'apparition des anges, sur la sainte Famille et l'Enfant ; ils racontèrent comment, eux aussi, avaient vu l'image de l'Enfant dans l'Etoile au dessus de la grotte de la crèche.
Note 2 : Cette tour a été décrite en détail dans la Vie de la sainte Vierge.
Ils parlèrent aussi des rois mages qui avaient vu la tour des Bergers dans les astres, et des nombreux présents que les rois leur avaient faits en partant. Parmi ces présents, il y avait de grosses étoffes pour les tentes dont ils s'étaient servis ici, à la tour des Bergers et dans leurs cabanes. Il se trouvait là quelques vieillards qui avaient été à la crèche dans leur jeunesse. Ils redirent à Jésus tout ce qui s'était passé alors.
(5 octobre.) Le jour d'après, Jésus et les disciples furent conduits par les bergers plus près de Bethléem, à l'endroit où demeuraient les fils survivants des trois vieux bergers auxquels les anges étaient apparus d'abord, lors de la nativité du Christ, et qui lui avaient présenté leurs hommages les premiers. Ils étaient enterrés à peu de distance de l'habitation qui était à peu près à une lieue de la grotte de la crèche. Trois fils de ces vieux bergers étaient vivants et déjà avancés en âge. Les autres les respectaient beaucoup. Cette famille de bergers jouissait d'une certaine prééminence parmi les autres, comme les trois rois parmi leurs compagnons. Ils accueillirent Jésus avec beaucoup de joie et d'humilité, et le conduisirent à la sépulture de leurs pères C'était une colline où il y avait un vignoble : elle était isolée et entourée par le bas d'une toiture sous laquelle était l'entrée de divers celliers et de plusieurs grottes. Plus haut, sur la colline, était la grotte sépulcrale des vieux bergers. Le jour y entrait par en haut. Les tombeaux étaient disposés dans le sol suivant la direction indiquée par ces lignes : I I. Il y avait des portes qui étaient fermées Les bergers les ouvrirent pour Jésus, et je vis les corps emmaillotés avec leur visage noirâtre. On avait comblé les places vides autour des cercueils en y jetant une quantité de petits fragments de pierre.
Les bergers montrèrent aussi à Jésus leur trésor : c'était ce qui était resté à leurs pères des présents des trois rois : ils le conservaient enfoui dans la grotte. Il consistait en petites barres d'or natif, enveloppées dans des pièces d'étoffe très précieuse brochée d'or. Ils demandèrent à Jésus s'ils devaient donner tout cela au temple. Il leur dit de le conserver pour la communauté qui serait le nouveau temple. Il leur dit aussi qu'un jour on élèverait une église au dessus de ce tombeau ( ce qui fut fait par sainte Hélène ). à cette colline commençaient des vignobles qui s'étendaient jusqu'à Gaza. C'était le cimetière commun des bergers.
Ils conduisirent ensuite le Seigneur à la grotte de la crèche(3), lieu de sa nativité, qui était environ à cinq lieues de là. On suivait, pour y aller, une vallée charmante que longeaient trois sentiers passant entre des groupes d'arbres fruitiers taillés.
Ils parlaient en chemin du cantique des anges, et je vis de nouveau toutes ces scènes. Les anges apparurent en trois endroits : d'abord aux trois bergers ; dans la nuit suivante, à la tour des Bergers, et, enfin, près de la fontaine où Jésus avait été reçu hier matin par les bergers. Ils se montrèrent en plus grand nombre à la tour des bergers. C'étaient de grandes figures qui n'avaient pas d'ailes. Sur le chemin de la grotte de la crèche, les bergers firent entrer le Seigneur dans la grotte du tombeau de Maraha, nourrice d'Abraham, près du grand térébinthe.
Note 3 : Ce qui concerne cette grotte se trouve tout au long dans la Vie de la sainte Vierge.
Ils conduisirent ensuite Jésus à la grotte de la crèche. De ce côté, qui était celui du levant, il n'y avait pas de chemin par lequel on pût aller directement à Bethléhem : on pouvait à peine de là voir la ville, qui était séparée de la vallée des Bergers par des remparts écroulés et toutes sortes de décombres, au milieu desquels passaient des chemins creux. L'entrée de la ville la plus rapprochée était la porte du midi, laquelle conduisait à Hébron. En sortant de cette porte, il fallait contourner la ville au levant pour se rendre aux environs de la crèche qui se liaient à la vallée des Bergers. On y arrivait, de cette vallée, sans toucher Bethléhem. La grotte de la crèche et les grottes adjacentes appartenaient aux bergers ; de tout temps ils s'en étaient servis pour y loger du bétail et y déposer toutes sortes d'objets, et aucune personne de Bethléhem n'avait rien à y faire. Joseph, dont la maison paternelle était dans la partie méridionale de la ville, y était souvent venu dans son enfance, et y était entré en rapport avec les bergers ; il s'y était aussi caché de ses frères et s'y était retiré pour prier.
Les bergers allèrent avec Jésus à la grotte, où beaucoup de choses avaient été changées : ils en avaient fait comme un petit oratoire. Pour que personne ne mît le pied sur ce sol sacré, ils avaient entouré d'un grillage la place de la crèche ; ils avaient fait un passage autour et agrandi la grotte à cet effet. Le long de ce passage, étaient des cellules creusées dans le rocher, comme autour d'un cloître. Les parois et le sol avaient été tapissés avec des couvertures laissées par les rois mages ; elles étaient de diverses couleurs, et des pyramides étaient dessinées dans le tissu même, en plusieurs endroits. (C'étaient vraisemblablement des triangles de couleur différente dont on ornait souvent les murs chez les Juifs ; la Soeur mentionne souvent ce genre d'ornement, notamment en décrivant la chambre à coucher de Marie au temple.)
Ils avaient, en outre, pratiqué deux escaliers conduisant, du passage dont on vient de parler, au haut de la grotte de la crèche ; au dessus de la grotte proprement dite, ils avaient enlevé le plafond avec ses ouvertures étroites pour laisser passer le jour, et construit à la place une espèce de coupole par où la lumière tombait d'en haut. On pouvait, par l'un des escaliers, monter sur la colline, et de là gagner Bethléhem. Ils avaient pu faire tous ces changements, grâce à ce que les rois mages avaient laissés.
On était au vendredi soir, à l'ouverture du sabbat, lorsqu'ils conduisirent là Jésus ; ils avaient allumé des lampes dans la grotte de la crèche. La crèche elle même était restée à son ancienne place Jésus leur montra l'endroit où il était né, qu'ils ne connaissaient pas. Il leur fit une instruction, et ils célébrèrent le sabbat. Il leur dit comment son Père céleste avait désigné ce lieu par avance, lors de la conception de Marie, et j'eus aussi connaissance de divers événements figuratifs de l'Ancien Testament, qui s'étaient passés en cet endroit Abraham y était venu ainsi que Jacob. Seth, l'enfant de la promesse, y avait été engendré après une pénitence de sept années, et Eve l'y avait mis au monde. C'était là qu'un ange avait dit à Eve que Dieu lui donnait ce rejeton à la place d'Abel. Il y avait été longtemps caché aussi bien que dans la grotte du tombeau de la nourrice Maraha, parce que ses frères en voulaient à sa vie comme les fils de Jacob à la vie de Joseph.
Les bergers conduisirent encore Jésus dans la grotte voisine, où la sainte Famille avait habité quelque temps. Ils avaient enclos avec soin la fontaine qui avait jailli là à la naissance du Christ, et ils faisaient usage de son eau dans leurs maladies. Jésus fit prendre de cette eau pour l'emporter.
( 7 octobre ) Remarque. A cette époque, la narratrice était devenue malade à la mort, par suite de la douleur que lui causait la corruption des hommes, et les visions sur la vie de Jésus, qui se rapportaient à ces jours là paraissaient tout à fait perdues. Le 8 octobre au soir, elle tendit la main à l'écrivain, et lui dit comme pour le consoler : J'ai tout vu ; il est encore chez les bergers. C'est toujours dans la souffrance qu'elle est le plus affectueuse. Elle communiqua les fragments qui suivent.
Jésus visita aujourd'hui avec les disciples les différentes habitations des bergers qui se trouvent dans les environs ; il y consola et enseigna. Les disciples allaient parfois seuls dans quelques unes d'entre elles, les unes après les autres ; ils expliquaient les enseignements de Jésus et racontaient ce qui s'était passé à son baptême.
Saturnin baptisa plusieurs vieillards qui n'étaient pas en état d'aller au baptême de Jean. On mêlait pour cela de l'eau de la fontaine baptismale de Jésus, dans l'île du Jourdain, avec celle de la source qui était dans la grotte voisine de ha crèche.
Au baptême de Jean, on confessait ses péchés en général, mais ceux qui recevaient le baptême de Jésus confessaient individuellement leurs péchés les plus graves, témoignaient leur repentir et recevaient l'absolution. Les gens âgés s'agenouillaient ; leur corps était nu jusqu'à la ceinture. Il y avait devant eux un grand bassin au dessus duquel ils courbaient la tète, et on les baptisait. à ce baptême, comme dans la formule dont Jean fit usage en baptisant Jésus, on prononçait le nom de Jehovah, et on faisait mention des trois dons célestes, mais on parlait aussi au nom de l'envoyé de Dieu.
Jésus, le plus souvent, passait les nuits, seul, en prière sur les collines. A la fin de son séjour chez lest bergers, il dit aux disciples, qu'il voulait aller seul visiter des gens qui l'avaient accueilli avec bienveillance, lui et ses parents, lors, de leur fuite en Egypte, ajoutant qu'il avait là des malades à guérir et un pécheur à convertir. Aucune trace de ses saints parents ne devait rester sans bénédiction. Il allait rechercher, pour les mettre dans la voie du salut, tous ceux qui, autrefois, s'étaient montrés hospitaliers et charitables envers eux. Toute bonne oeuvre, toute oeuvre de miséricorde avait été ici une participation à l'oeuvre du salut, et devait l'être pour toujours ; de même qu'il visitait tous ceux qui, autrefois, s'étaient montrés charitables envers lui et envers les siens, de même, son Père céleste se souviendrait de tous ceux qui auraient témoigné de la charité et fait du bien au moindre de ses frères. Il donna rendez vous à ses disciples à un certain endroit voisin d'une ville ou d'une montagne d'Ephraim, près d'une grotte où ils devaient l'attendre les jours suivants.
Le 8 octobre, je vis Jésus, seul, à la frontière du territoire d'Hérode, se diriger vers le désert, près d'Anim ou Engannim, à deux lieues de la mer Morte, dans un pays sauvage, mais assez fertile. (Elle dit plus tard de cette ville, qu'elle était habitée par des gens rejetés de la société. La fuite en Egypte eut lieu par la partie orientale de la Judée, le retour par le côté qui longe la mer Méditerranée, par Gaza.) On voyait, dans Et` pays, plusieurs chameaux qui paissaient ; il y en avait bien une quarantaine, et ils étaient parqués. J'avais déjà vu Jésus sur la route, passer au milieu de semblables troupeaux. Il y avait une espèce d'hôtellerie pour les gens qui allaient au désert vers lequel Jésus se dirigeait. On voyait plusieurs cabanes et hangars à côte les uns des autres ; ces gens avaient beaucoup de chameaux et ils étaient, je crois, chameliers de profession. Les maisons étaient adossées à une hauteur. Il se trouvait à l'entour des fruits sauvages.
Cet endroit avait été le dernier du territoire d'Hérode où la sainte Famille s'était arrêtée, lors de la fuite en Egypte. Ceux qui habitaient là, quoique ce fussent de méchantes gens qui souvent exerçaient le brigandage, avaient pourtant bien reçu la sainte Famille. La ville voisine était aussi habitée par des hommes de vie irrégulière qui s'y étaient établis à la suite de quelques guerres.
Jésus entra dans la maison et demanda l'hospitalité. Le maître s'appelait Ruben, il avait environ cinquante ans et se trouvait déjà ici lors de la fuite en Egypte. Lorsque Jésus lui adressa la parole et fixa les yeux sur lui, il en partit comme un rayon qui lui entra dans la poitrine ; il fut tout bouleversé. Les paroles et la salutation de Jésus furent comme une bénédiction, et cet homme, tout ému, lui répondit : " Seigneur, c'est comme si la Terre Promise venait avec vous dans ma maison. "Jésus lui dit que s'il croyait à la promesse et n'en repoussait pas loin de lui l'accomplissement, il aurait aussi part à la Terre Promise. Il parla aussi des bonnes oeuvres et de leurs conséquences, lui dit qu'il venait à lui pour lui annoncer le salut, parce que, trente ans auparavant, sa mère et son père nourricier, fugitifs, avaient été bien accueillis dans sa maison ; que cette bonne action portait son fruit ; que chaque oeuvre portait le sien, bon ou mauvais. Alors cet homme, tout bouleversé, se prosterna par terre et lui dit : " Seigneur, comment peut il se faire que vous entriez dans la maison d'un misérable réprouvé comme moi ? " Jésus lui expliqua qu'il était venu pour ramener les pécheurs et les purifier. Cet homme ne cessait de parler de la réprobation qui le poursuivait ; il disait que tous les gens de ce lieu étaient une race maudite et le rebut de l'humanité. Il dit encore que ses petits enfants étaient malades, et dans un triste état. Jésus lui répondit que s'il croyait en lui et voulait se faire baptiser, il rendrait la santé à ses petits enfants. Il lava les pieds de Jésus, et lui donna ce qu'il avait pour sa réfection.
Les voisins vinrent alors, et il leur dit qui était Jésus et ce qu'il lui avait promis. Il y avait là un de ses parents qui s'appelait Issachar. Il conduisit aussi Jésus à ses petits enfants malades. Ils étaient ou lépreux ou perclus, et dans un état de rachitisme complet. Jésus alla aussi voir les femmes qui étaient malades et affligées de pertes de sang. Il commanda aux enfants de se lever et ils furent guéris : il donna l'ordre de leur apprêter un bain. On plaça un grand vase plein d'eau sous une tente, et Jésus y versa un peu de l'eau baptismale du Jourdain qu'il portait à son côté sous sa longue robe dans deux flacons attachés avec des courroies, puis il bénit l'eau. Les malades s'y lavèrent : tous en sortirent guéris et remercièrent le Seigneur. Il ne les baptisa pas lui même, mais cette ablution fut comme un ondoiement, et il les exhorta à aller au Jourdain recevoir le baptême.
Ils lui demandèrent si le Jourdain avait donc une vertu particulière, et il leur répondit que la voie du Jourdain avait été mesurée et établie, et que tous les lieux saints de la Terre Promise avaient été marqués par son Père céleste avant qu'il y eût des habitants, bien plus, avant que cette terre et le Jourdain existassent. Il dit à ce sujet d'admirables choses que j'ai oubliées. Il parla en outre du mariage, s'entretint avec les femmes, recommanda la chasteté et continence, et représenta l'abaissement des gens de cet endroit et l'état misérable des enfants, comme étant la suite d'unions contraires à la règle, qui avaient lieu dans cette contrée : il parla de la part qu'avaient les parents à l'état misérable des enfants, des moyens d'arrêter le mal, qui étaient la pénitence et la satisfaction, et de la renaissance par le baptême.
Il parla de tout ce qu'ils avaient fait pour la sainte Famille lors de sa fuite, et enseigna dans les endroits ou elle avait pris sa nourriture et s'était reposée. Joseph et Marie avaient avec eux, pendant la fuite en Egypte, un âne et une ânesse. Il leur montra tous leurs actes d'alors comme des figures prophétiques de ce qu'ils faisaient actuellement pour passer de l'état de péché à l'état de grâce. Ils apprêtèrent pour le Seigneur un repas aussi bon que cela leur fut possible. Il se composait d'une espèce de laitage épais semblable à du fromage blanc, de miel, de petits pains cuits sous la cendre, de raisins et d'oiseaux.
(9 octobre.) Aujourd'hui j'ai vu Jésus revenir d'Anim en compagnie de quelques uns de ces hommes, mais par un autre chemin. Il arriva vers le soir près d'un endroit situé sur les deux côtés d'une montagne ; il y avait là une vallée sauvage venant de l'orient, et coupée de ravins profonds. Cet endroit ou cette montagne avait un nom qui ressemblait à Ephraim ou Ephron. La direction des montagnes était vers Gaza. Jésus était venu par le pays d'Hébron On voyait aussi à quelque distance du chemin qu'il avait suivi un bourg en ruines, avec une tour dont le nom ressemblait à Malaga (vraisemblablement Malada, que Flavius Josèphe, XVIII, 7, 2, appelle Malatha). A une lieue d'ici à peu près était le bois de Mambré ou les anges apportèrent à Abraham la promesse qu'il aurait un fils. La double caverne qu'il avait achetée d'Ephron, l'Héthéen, et où était sa sépulture, n'était pas éloignée de là non plus que le lieu du combat de David contre Goliath.
Jésus, que ses compagnons avaient quitté, fit le tour d'un côté de la ville, divisée en deux parties, et ses disciples, auxquels il avait assigné cet endroit, le trouvèrent dans la vallée, suivant un sentier escarpé. Laissant de côté cette gorge, il les conduisit à une grotte située dans un endroit tout à fait sauvage et d'un accès difficile, mais très spacieuse. Ils y passèrent la nuit. C'était là qu'avait été la sixième station de la sainte Famille lors de la fuite en Egypte. Voici ce qu'elle dit de cet endroit, le 18 octobre : " La grotte où s'était réfugiée Marie, près d'Ephraim, fut appelée dans la suite lieu du séjour de Marie(4), et des pèlerins la visitaient sans qu'on sût exactement le fait qui s'y rattachait. Plus tard. il ne demeurait là que de pauvres gens."
Note 4 : Dans le Voyage à Jérusalem du franciscain Ant. Gonzalez, Anvers, 1673, on lit première partie, page 556 ; qu'à un mille d'Hébron, dans la direction de Jérusalem, à gauche du chemin, il est allé dans un village appelé Village de Marie, où la sainte Vierge s'est arrêtée lors de faite en Egypte. Il est situé sur une hauteur et il y a encore une église entière avec trois arcades et trois portes. Sur le mur on voit encore une peinture représentant Marie avec l'Enfant, montée sur un âne et conduite par saint Joseph : au bas de la montagne sur laquelle sont l'église et le village, se trouve une belle fontaine appelée la fontaine de Marie.
Jésus raconta cela aux disciples, qui, à l'aide d'une mécanique avec laquelle on fait tourner rapidement un morceau de bois dans un autre. avaient allumé du feu. Il leur parla de la sainteté de ce lieu. un prophète, Samuel, si je ne me trompe, y était souvent venu prier. David avait gardé les troupeaux de son père dans les environs ; il avait prié dans cette grotte et y avait reçu des ordres de Dieu, apportés par les anges : ce fut là aussi qu'il lui fut commandé d'aller tuer Goliath. J'ai vu là d'autres choses dont je ne me souviens plus.
Je vis que la sainte Famille, dans sa fuite, arriva là très fatiguée et très abattue ; que la sainte Vierge en particulier était fort triste et pleurait :
Du baptême de Jésus au commencement du jeûne des quarante jours.
- Jésus visite les lieux où s'est arrêtée Marie dans son voyage
à Bethléem et pendant la fuite en Egypte.
- Il va à Maspha, à Dibon, à Sukkoth, à Bethanie.
(28 septembre.) Jésus, marchant plus vite que Lazare, arriva deux heures avant lui au lieu où Jean baptisait. Le jour commençait à poindre lorsqu'il se trouva dans le voisinage de ce lieu, au milieu d'une troupe de gens qui allaient aussi au baptême. Il faisait route avec eux et ils ne le connaissaient pas : toutefois ils le regardaient attentivement, car il y avait en lui quelque chose qui les frappait. Quand ils arrivèrent, il était tout à fait jour. une multitude considérable était rassemblée et Jean prêchait avec beaucoup de feu sur l'approche du Messie, sur la pénitence et sur ce qu'il devait se retirer bientôt. Jésus se tenait au milieu de la foule des auditeurs. Jean eut le sentiment de sa présence ; il le vit et fut rempli d'une joie et d'une ardeur inaccoutumées : mais il n'interrompit pas son discours et se mit ensuite à baptiser.
Il avait déjà donné le baptême à plusieurs personnes et il était environ dix heures lorsque Jésus, confondu dans les rangs des néophytes, descendit aussi à son tour au réservoir. Alors Jean s'inclina devant lui et dit : " J'ai besoin d'être baptisé par vous et c'est vous qui venez à moi ? ". Jésus lui répondit : " Laissez faire, car il convient que nous accomplissions toute justice, que vous me baptisiez et que je sois baptisé par vous. " il lui dit aussi : `` Vous recevrez baptême du Saint Esprit et du sang. " Alors Jean l'invita à le suivre à l'île. Jésus répondit qu'il le ferait, mais qu'alors il fallait porter dans l'autre bassin de l'eau dont tous avaient été baptisés ; que tous ceux qui étaient ici avec lui fussent aussi baptisés là et que l'arbre auquel il se tiendrait fût transplanté plus tard au lieu ordinaire du baptême afin que tous fissent comme lui.
Le Sauveur Suivit donc Jean et deux de ses disciples André et Saturnin (André était venu ici de Capharnaum avec les neuf disciples et compagnons du Seigneur dont il a été parlé plus haut) il se rendit sur l'île en passant le pont et entra dans une petite tente dressée au côté oriental de la fontaine baptismale pour qu'on pût s'y déshabiller et s'y rhabiller. Les disciples vinrent avec lui sur l'île, mais les hommes se tinrent au bout du pont pendant qu'une grande foule se pressait sur le rivage. Trois hommes environ pouvaient se tenir sur le pont à côté les uns des autres : Lazare était l'un de ceux qui se trouvaient le plus en avant.
La fontaine baptismale était dans une excavation octogone, descendant en pente douce, au fond de laquelle un rebord également octogone entourait la fontaine elle même : celle ci était en communication avec le Jourdain par cinq conduits souterrains. L'eau entourait le rebord tout entier et entrait dans la fontaine par des brèches qu'on y avait laissées. Trois de ces coupures étaient visibles au côté septentrional de la fontaine par où l'eau entrait, les deux autres par où l'eau s'écoulait, placées au côté méridional, étaient recouvertes, car c'était là le lieu de la cérémonie et celui par lequel on avait accès à la fontaine : c'est pourquoi l'on n'y voyait pas l'eau circuler autour du rebord. De ce côté, des marches recouvertes de gazon conduisaient jusqu'à la fontaine en descendant la pente de l'excavation qui avait à peu près trois pieds de hauteur.
Au sud est, sur le bord de l'eau était une pierre triangulaire d'un rouge brillant encastrée dans le rebord de la fontaine : un des côtés était tout contre l'eau et la pointe était tournée vers la terre. Ce côté du rebord auquel les marches conduisaient était un peu plus élevé que celui du nord où étaient les trois ouvertures pour laisser arriver l'eau. Du côté du sud ouest on descendait par une marche sur l'autre partie du rebord qui était un peu plus basse et c'était par là seulement qu'on pouvait y arriver. Dans la fontaine même, devant la pierre triangulaire, s'élevait un arbre verdoyant à la tige élancée.
L'île n'était pas parfaitement unie, mais un peu plus élevée au milieu : elle était en partie sur fond de rocher ; il y avait aussi des places où le sol était moins dur. Elle était couverte de gazon. Au milieu s'élevait un arbre dont les branches s'étendaient au loin ; les douze arbres plantés autour de l'île s'unissaient par le sommet aux branches de cet arbre qui était au centre, et entre ces douze arbres il y avait une haie formée de plusieurs petits arbustes.
Les neuf disciples de Jésus qui avaient toujours été avec lui dans les derniers temps descendirent a la fontaine et se tinrent sur le rebord. Jésus ôta son manteau dans la tente, puis sa ceinture et une robe de laine jaunâtre, ouverte par devant et qui se fermait avec des lacets, puis cette bande de laine étroite qu'on portait autour du cou, croisant sur la poitrine et qu'on roulait autour de la tête la nuit et par le mauvais temps. Il lui restait encore sur le corps une chemise brune faite au métier avec laquelle il sortit et descendit au bord de la fontaine où il l'ôta en la retirant par la tête. Il avait autour des reins une bande d'étoffe qui enveloppait chacune des jambes jusqu'à la moitié des pieds. Saturnin reçut tous ces vêtements et les donna à garder à Lazare, qui se tenait au bord de l'île.
Alors Jésus descendit dans la fontaine où l'eau lui venait jusqu'à la poitrine. Il avait le bras gauche passé autour de l'arbre, et il tenait la main droite sur sa poitrine ; la bandelette qui ceignait les reins était détachée aux extrémités, et flottait sur l'eau. Jean était debout au bord méridional de la fontaine : il tenait un plat avec un large rebord, à travers lequel couraient trois cannelures : il se baissa, puisa de l'eau et la fit couler en trois filets sur la tête du Seigneur. un filet coula sur le derrière de la tête, un autre sur le milieu, le troisième sur le front et le visage.
Je ne sais plus bien les paroles que Jean prononçait en administrant le baptême, mais c'étaient à peu près celles ci : "Que Jéhova, par les chérubins et les séraphins, répande sa bénédiction sur toi, avec la sagesse, l'intelligence et la force. "Je ne sais pas bien si ce furent précisément ces trois derniers mots ; mais c'étaient trois dons pour l'esprit, l'âme et le corps ; et là dedans était aussi compris tout ce dont chacun avait besoin pour rapporter au Seigneur un esprit, une âme et un corps renouvelés.
Pendant que Jésus sortait de la fontaine, André et Saturnin, qui se tenaient auprès de la pierre triangulaire, à la droite du précurseur, l'enveloppèrent d'un drap, pour qu'il s'essuyât, et lui passèrent une longue robe baptismale de couleur blanche (1) ; et, quand il fut monté sur la pierre rouge triangulaire qui était à droite de la fontaine, ils lui mirent la main sur les épaules pendant que Jean la lui mettait sur la tête.
Quand cela fut fait, au moment où ils se préparaient à remonter les degrés, la voix de Dieu se fit entendre au dessus de Jésus, qui se tenait, seul, en prière, sur la pierre. Il vint du ciel un grand bruit, comme le bruit du tonnerre, et tous les assistants tremblèrent et levèrent les yeux en haut. une noce blanche et lumineuse s'abaissa, et je vis au dessus de Jésus une forme ailée resplendissante, dont la lumière l'inonda comme un fleuve. Je vis aussi comme le ciel ouvert, et l'apparition du Père céleste sous sa forme accoutumée, et j'entendis, dans la voix du tonnerre, ces paroles : " C'est mon Fils bien aimé en qui je me complais ".
Note 1 : Auparavant on ne mettait sur les baptisés qu'un drap blanc de petite dimension, mais à partir du baptême de Jésus, on en employa un plus grand.
Jésus était tout inondé de lumière, et on pouvait à peine le regarder : toute sa personne était transparente ; je vis aussi des anges autour de lui.
Je vis, à quelque distance, Satan paraître au dessus des eaux du Jourdain : c'était une forme noire et ténébreuse, semblable à un nuage, et, dans ce nuage, je vis s'agiter des dragons noirs et d'autres bêtes hideuses qui se pressaient autour de lui. Il semblait que, pendant cette effusion de l'Esprit Saint, tout ce qu'il y avait de mal, de péché, de venin dans le pays tout entier, se montrât sous des formes visibles, et se retirât dans cette figure ténébreuse comme dans sa source. C'était un spectacle horrible, mais rehaussant l'éclat indescriptible, la joie et la clarté qui se répandaient sur le Seigneur et sur l'île. La sainte fontaine brillait jusqu'au fond, et tout était transfiguré. On vit alors les quatre pierres sur lesquelles l'arche d'alliance avait reposé, resplendir joyeusement au fond de la fontaine : sur les douze pierres où s'étaient tenus les lévites, se montrèrent des anges en adoration ; car l'esprit de Dieu avait rendu témoignage, devant tous les hommes, à la pierre vivante et fondamentale, à la pierre angulaire de l'Eglise, pierre choisie et précieuse, autour de laquelle nous devons être posés comme des pierres vivantes pour former un édifice spirituel, un sacerdoce saint, afin de pouvoir offrir à Dieu, par son fils bien aimé en qui il se complaît, un sacrifice spirituel qui lui soit agréable.
Cependant Jésus remonta les degrés et se rendit sous la tente voisine de la fontaine ; Saturnin lui porta ses habits que Lazare avait gardés, et Jésus s'en revêtit. Il sortit alors de la tente, et, entouré de ses disciples, il alla sur la partie découverte de l'île, près de l'arbre du milieu. Pendant ce temps, Jean parlait au peuple, en faisant éclater sa joie, et il rendait témoignage de Jésus, proclamant qu'il était le Fils de Dieu et le Messie promis. Il rappela toutes les promesses faites aux patriarches et aux prophètes, lesquelles se trouvaient accomplies maintenant ; il parla de ce qu'il avait vu, de la voix de Dieu que tous avaient entendue, et déclara qu'il se retirerait bientôt, lorsque Jésus reviendrait ; il dit encore que l'arche d'alliance s'était reposée en ce lieu, lorsque Israël avait pris possession de la Terre Promise, et qu'en ce même lieu, celui qui était le sceau à l'alliance avait reçu le témoignage de son Père, le Dieu tout puissant, Il dit à tous d'aller à lui désormais, et proclama bienheureux le jour où l'attente d'Israël avait été remplie.
Pendant ce temps, il était encore venu beaucoup de personnes parmi lesquelles se trouvaient des amis de Jésus ; je vis dans la foule Nicodème, Obed, Joseph d'Arimathie, Jean Marc et d'autres encore. Jean invita André à annoncer dans la Galilée que le Messie avait reçu le baptême. Jésus, déclara simplement que Jean avait dit la vérité ; il ajouta qu'il allait s'éloigner pour un peu de temps ; qu'ensuite tous les malades et les affligés pourraient venir à lui ; qu'il voulait les consoler et les secourir ; jusque là, ils devaient se préparer, puis il entrerait dans le royaume que lui avait donné son Père céleste. Jésus dit cela sous forme de parabole, prenant pour comparaison un fils de roi, qui avant de prendre possession de son trône, se retire à l'écart, demande l'assistance de son père, et se recueille, etc.
Il y avait parmi les assistants quelques pharisiens qui interprétaient ces paroles de la façon la plus ridicule. Ils disaient : " Il n'est peut être pas le fils du charpentier, mais l'enfant substitué de quelque roi, qui maintenant va partir, rassembler ses gens et entrer à Jérusalem. " Cela leur paraissait étrange et extravagant, etc.
Jean continua, ce jour là, à baptiser tous les assistants sur l'île, dans la fontaine baptismale de Jésus. La plupart étaient des gens qui plus tard se réunirent aux disciples de Jésus. Ils se mettaient dans l'eau qui entourait le rebord de la fontaine, et Jean, debout sur ce rebord, les baptisait.
Quant à Jésus, il quitta ce lieu avec les neuf disciples et quelques autres qui se joignirent à lui ici. Lazare, André et Saturnin le suivirent. Ils avaient, par son ordre, rempli une outre d'eau de la fontaine où il avait été baptisé, et ils la portaient avec eux. Les assistants se jetèrent aux pieds de Jésus, et le supplièrent de rester avec eux. Il leur promit de revenir et s'en alla.
( 29 et 30 septembre. ) Jésus, avec ses compagnons, fit encore ce jour là environ deux lieues dans la direction de Jérusalem, et il arriva à un petit endroit dont le nom ressemblait à Bethel. Il y avait là une espèce d'hôpital où se trouvaient beaucoup de malades, et où Jésus entra. Je le vis prendre là de la nourriture avec ceux qui l'accompagnaient. Il vint aussi plusieurs gens âgés. On salua Jésus très solennellement, en qualité de prophète, car on savait déjà par des gens venus du baptême, ce que Jean avait dit de lui. Jésus alla avec ses disciples dans la chambre de tous les malades. Il les consola tous et leur dit qu'il reviendrait les guérir, s'ils croyaient en lui. Je crois qu'il en guérit un. il était tout décharné, il avait en outre des ulcères à la tête, et une lèpre blanche. Jésus le bénit et lui commanda de se lever ; il se leva et s'agenouilla devant Jésus. Plusieurs personnes furent baptisées ici par le ministère d'André et de Saturnin. Jésus fit placer sur un escabeau, dans une pièce de la maison, un grand bassin plein d'eau dans lequel un enfant aurait pu tenir couché ; qu'il bénit cette eau et y fit une aspersion avec une branche. C était, je crois, avec de l'eau baptismale prise dans l'outre apportée par les disciples.
Les néophytes se dépouillaient jusqu'à la poitrine, courbaient la tête au dessus du bassin, et Saturnin les baptisait. Je crois qu'il se servait d'une formule indiquée par Jésus, et qui était autre que celle de Jean, mais je ne m'en souviens pas bien clairement. Jésus célébra le sabbat en ce lieu : le lendemain André partit pour la Galilée.
Quant à Jésus, il se rendit dans une ville nommée Luz. Il alla à la synagogue, et fit un long discours où il expliqua le sens mystérieux de plusieurs anciennes figures des Ecritures. Je me souviens qu'il parla des enfants d'Israël, rappela qu'après avoir traversé la mer Rouge, ils errèrent longtemps dans le désert, à cause de leurs péchés ; qu'ensuite, ayant traversé le Jourdain, ils possédèrent la Terre Promise. Maintenant, disait il, le temps était venu où cela devait arriver réellement par le baptême dans le Jourdain : ce n'avait été alors qu'une figure, mais maintenant, s'ils étaient fidèles et observaient les commandements de Dieu, ils entreraient en possession de la Terre Promise et de la cité de Dieu. Il entendait cela spirituellement de la Jérusalem céleste. Mais eux croyaient toujours qu'il s'agissait d'un royaume de ce monde et de leur affranchissement du joug des Romains. Il parla de l'arche d'alliance et de la rigueur de la loi ancienne, sous laquelle celui qui s'approchait je l'arche pour la toucher, était puni de mort : mais maintenant la loi était accomplie, et la grâce était venue dans la personne du Fils de l'homme il dit encore que le temps était arrivé où l'ange devait ramener Tobie dans la Terre Promise, après la longue captivité où il avait langui, toujours fidèle aux préceptes divins. Il parla encore de Judith, la veuve qui avait tranche la tète à l'Assyrien Holopherne pendant son ivresse, et délivré Bethulie réduite à l'extrémité : mais maintenant c'était la vierge qui, ayant été dès l'éternité ; allait croître et grandir, et beaucoup de têtes orgueilleuses qui menaçaient Bethulie, allaient tomber. Il entendait parler de l'Eglise et de sa victoire sur le prince de ce monde.
Jésus parla encore de beaucoup de symboles du même genre, qui maintenant trouvaient tous leur accomplissement. Toutefois il ne disait jamais : " C'est moi ", mais parlait toujours comme d'une tierce personne. Il parla en outre de ce qu'il fallait pour le suivre, dit qu'on devait tout quitter et ne pas s'inquiéter outre mesure de sa subsistance ; car c'était chose plus importante d'être régénéré que de trouver à se nourrir ; que s'ils renaissaient de l'eau et du Saint Esprit, celui là les nourrirait qui les aurait régénérés. Il ajouta que ceux qui voulaient le suivre devaient quitter tous les leurs et s'abstenir du mariage, car ce n'était pas le temps de semer, mais le temps de récolter. Il parla aussi du pain céleste. Ses auditeurs étaient saisis d'admiration et de respect, mais ils entendaient tous ses enseignements dans un sens matériel et terrestre.
Lazare le quitta ici : les autres amis de Jérusalem l'avaient déjà quitté près du Jourdain. Les saintes femmes, qui étaient chez Suzanne à Jérusalem, se sont mises en route par le désert. Je crois qu'elles vont à Thébez, où Jésus doit les retrouver.
(1er octobre.) Jésus quitta Luz et traversa le désert. Il alla dans la direction du midi avec ses disciples, dont une douzaine à peu près était avec lui. Il y en a deux, outre Saturnin, qui l'ont suivi après le baptême. Le fils de Véronique est déjà parti hier, peut être pour porter des nouvelles aux saintes femmes. Dans la suite de ce voyage, je vis une fois Jésus et les disciples marcher entre deux rangées de dattiers, et comme les disciples hésitaient à ramasser les fruits tombés par terre et à les manger, Jésus leur dit qu'ils pouvaient manger ces fruits en toute sécurité ; il ajouta que dorénavant ils ne devaient pas être si scrupuleux, qu'ils devaient chercher la pureté dans les affections de leur âme et dans leurs discours, et non la faire dépendre de ce qui entre dans la bouche.
Je vis Jésus sur la route visiter une dizaine de malades dans une rangée de maisons isolées, les consoler et en guérir quelques uns. Plusieurs personnes se mirent là à sa suite.
Il vint après cela dans un petit endroit appelé Ensemès, dont les habitants allèrent à sa rencontre. On avait déjà annoncé l'arrivée prochaine du nouveau prophète. Il vint beaucoup de gens tenant des enfants par la main, qui le saluèrent et se prosternèrent devant lui. Jésus les accueillit avec bonté. C'étaient des gens considérables de l'endroit qui le conduisirent chez eux ; mais les pharisiens l'emmenèrent de là à l'école. Ils étaient bien disposés et se réjouissaient d'avoir un prophète chez eux ; mais quand ils apprirent par les disciples que Jésus était le fils de Joseph, le charpentier de Nazareth, ils trouvèrent dans leur for intérieur bien des choses à blâmer en lui. Ils avaient cru avoir affaire à un autre prophète. Comme Jésus parla du baptême, ils lui demandèrent quel baptême était le meilleur, le sien ou celui de Jean' Jésus répéta ce que Jean avait dit de son baptême et de celui du Messie, mais il ajouta que ceux qui méprisaient le baptême du précurseur tiendraient également peu de compte du baptême du Messie. Il ne dit pourtant jamais : " C'est moi " mais parla toujours à la troisième personne, de même que nous le voyons, dans l'Evangile, dire : " le Fils de l'homme . " Il prit encore un repas dans la maison où il était entré, et fit la prière en commun avec ses disciples avant qu'on ne se retirât pour dormir.
De Luz à Ensemès, Jésus allait dans la direction du midi. Près d'Ensemès coulait le torrent de Cédron : il vient de la vallée où Judas se pendit ; il coule le long de la vallée de Josaphat, au pied de la montagne des Oliviers, puis ensuite va à l'orient se jeter dans la mer Morte. Il y avait ici beaucoup de montagnes : la chaîne s'étend jusqu'au mont Amon, près du désert de Giah, où Jésus se trouvait le soir qui précéda son arrivée à Bethanie.
(2 octobre.) Le jour suivant je vis Jésus avec ses compagnons quitter Ensemès et entrer dans la Judée en traversant le torrent de Cédron. Il va le plus souvent par des chemins détournés ; il me semble qu'il veut passer par les bourgades situées à un certain rayon autour du lieu où Jean baptise, et suivre les vallées où la sainte Vierge s'est arrêtée dans son voyage à Bethléem avec saint Joseph. Il veut visiter Bethléem même, et aussi quelques lieux où la sainte Vierge a passé la nuit lors de la fuite en Egypte. Il veut enseigner et guérir dans tous ces endroits, puis, en revenant, passer devant le lieu du baptême.
Le temps est nébuleux et assez frais : je vois parfois de la neige ou de la gelée blanche dans les vallées profondes ; mais du côté exposé au soleil tout est vert et riant. Partout on voit encore des fruits sur les arbres. Le Seigneur et les disciples en mangent sur leur chemin.
Jésus maintenant n'entre pas dans les villes, parce que déjà partout on parle beaucoup de son baptême, de ce qui s'y est passé et de ce qui a été dit par Jean à Jérusalem aussi il n'est bruit que de cela. Jésus veut aussitôt après son retour du désert, prendre la Galilée pour point de départ, et il ne parcourt maintenant ce pays ci que dans le désir charitable de décider encore quelques personnes à aller au baptême il ne va pas toujours avec tous les disciples ensemble ; souvent il n'y en a que deux avec lui. Ils se dispersent dans des maisons de bergers isolées et écartées de la route, et ils redressent les idées de ces gens ; car tous ont une si haute opinion de Jean, qu'ils regardent Jésus comme n'étant que l'un de ceux qui l'assistent, et ils le nomment seulement l'Assistant. Les disciples leur font connaître l'apparition du Saint Esprit et les paroles qui se sont fait entendre pendant le baptême. Ils leur disent ce que Jean a déclaré, qu'il n'est que celui qui prépare les voies du Seigneur, et que c'est pour cela aussi qu'il fraye le chemin avec tant d'ardeur et de véhémence Alors les bergers et les tisserands, qui sont ici en grand nombre dans les vallées, viennent à Jésus, et écoutent sous des arbres et des hangars ses courtes instructions : ils se prosternent devant lui : il les bénit et les exhorte.
Pendant qu'ils étaient en route, il expliqua aussi aux disciples, dont quelques uns avaient entendu les paroles proférées lors du baptême : " C'est mon Fils bien aimé" ; que son Père céleste a dit cela de tous ceux qui ont reçu sans péché le baptême du Saint Esprit.
Cette contrée est celle par laquelle passèrent Joseph et Marie allant à Bethléhem. Joseph avait appris ici que son père avait possédé des pâturages dans les environs. Il avait fait un détour d'une journée et demie environ du côté de Jérusalem ; il avait évité toutes les villes, et avait préféré passer par ici en faisant de petites journées de deux heures, parce que les maisons de bergers étaient très rapprochées les unes des autres : car la sainte Vierge ne pouvait ni marcher ni rester longtemps assise sur sa selle sans se fatiguer beaucoup.
Les deux stations principales dé Jésus furent aujourd'hui deux maisons de bergers où ses parents s'étaient adressés alors Il arriva avant midi à cette maison où Marie avait été mal accueillie, et il enseigna la foule qui s'était rassemblée. Le maître de la maison en question était un vieillard grossier ; il ne voulut pas non plus recevoir Jésus, et il se comporta brutalement, à la façon de certains de nos paysans qui disent souvent : " Qu'ai je à faire de ceci ou de cela ? Je paie mes redevances et je vais à l'église ", vivant du reste comme il leur plaît. Les gens de cette maison disaient aussi : " Qu'avons nous besoin de cela ? Nous avons notre loi qui date de Mo'se ; c'est Dieu même qui nous l'a donnée ; il ne nous faut rien de plus. "Alors Jésus leur parla de l'hospitalité et de la miséricorde que tous les anciens patriarches avaient exercée, car où serait cette bénédiction et ce qui la conserve, si Abraham avait repoussé les anges qui la lui apportèrent ? Le Seigneur leur dit encore en paraboles : que celui qui a repoussé la mère portant son enfant dans son sein, lorsqu'elle frappait à la porte, épuisée par la fatigue du voyage ; celui qui s'est moqué de son mari cherchant un gîte hospitalier, repoussait aussi le fils et le salut venant de lui et apporté par lui. Il leur dit cela en termes expressifs, que je vis ses paroles entrer dans le coeur de cet homme comme un coup de foudre : car c'était là la maison où l'on avait refusé d'accueillir Joseph et Marie lors de leur voyage à Bethléem, et où on l'avait repoussés avec des paroles injurieuses. Je reconnus bien la maison, et les plus vieux parmi ceux qui étaient présents furent frappés de stupeur : car sans nommer ni lui même ni sa mère, ni Joseph, il avait dit sous forme de parabole tout ce qu'ils avaient fait.
Alors l'un d'eux se jeta à ses pieds et le pria de vouloir bien entrer chez lui et y prendre de la nourriture ; car il était certainement prophète, puisqu'il savait tout ce qui s'était passé en ce lieu trente ans auparavant. Mais Jésus ne voulut rien accepter de lui. il enseigna encore les bergers assemblés ; il leur dit que toutes les actions étaient la figure et le germe de celles qui leur succédaient ; que le repentir et la pénitence extirpaient les vieilles racines, et que l'homme qui se convertissait renaissait dans le baptême du Saint Esprit, et portait des fruits pour la vie éternelle.
Je les vis aller plus loin à travers les vallées, et enseigner ça et là ; il y avait des possédés qui le poursuivaient de leurs cris, et se taisaient à son commandement.
Dans l'après midi, Jésus arriva à une seconde maison de bergers, placée sur une hauteur, et où la sainte Vierge avait aussi logé. Le maître était à la tête de plusieurs troupeaux. Des bergers et des gens qui fabriquaient des tentes habitaient de longues rangées de maisons situées dans ces vallées. Ils tenaient de longues bandes d'étoffe déployées et travaillaient les uns en face des autres. Il y avait dans ces parages beaucoup de troupeaux de montons et aussi beaucoup d'animaux sauvages. Les colombes se promenaient en troupes comme des poulets, ainsi qu'une autre espèce de gros oiseaux à longue queue. On voyait aussi courir dans le désert des animaux avec de petites cornes, qui ressemblaient à des chevreuils. Ils n'étaient pas timides et se mêlaient aux troupeaux. Ici, Jésus fut accueilli très amicalement Les gens de la maison ainsi que les voisins et les enfants allèrent joyeusement à sa rencontre et se prosternèrent devant lui. La sainte Vierge et Joseph avaient reçu dans cette maison une hospitalité très bienveillante. Il s'y trouvait deux jeunes gens, enfants du maître du logis qui vivait encore, et un petit vieillard tout courbé, portant une petite houlette. Jésus prit de la nourriture : c'étaient des fruits et des herbes qu'on trempait dans une sauce, et des petits pains cuits sous la cendre. Ces gens étaient pieux et éclairés.
Ils conduisirent Jésus dans la chambre où la sainte Vierge avait passé la nuit. Ils en avaient fait depuis longtemps un oratoire. Ce n'était autrefois qu'une division de la pièce où ils habitaient, mais plus tard ils l'avaient séparée du reste, et y avaient fait une entrée particulière. Ils avaient coupé les quatre angles de la chambre qu'ils avaient ainsi rendue octogone et surmonté la toiture d'une pointe tronquée. Au milieu, était suspendue une lampe ; on pouvait aussi ouvrir un jour dans le toit. Devant la lampe, était une espèce de table étroite comme nos tables de communion, ou ils pouvaient s'appuyer en priant. C'était joli et propre comme une chapelle. Le vieillard y conduisit Jésus et lui montra l'endroit où sa sainte Mère avait reposé ; il lui montra encore un endroit où avait dormi sa grand mère, sainte Anne, qui, elle aussi, s'était arrêtée là, lorsqu'elle avait été visiter la sainte Vierge à Bethléem.
Ces gens avaient connaissance de la nativité de Jésus, de l'adoration des rois, des prédictions de Siméon et d'Anne dans le temple, de la fuite en Egypte et du merveilleux enseignement de Jésus au temple. Ils avaient fête plusieurs de ces anniversaires par des prières dans leur oratoire, et, dès le commencement, ils avaient fidèlement cru, espéré et aimé. Ils interrogèrent Jésus en toute simplicité et à la façon des gens de la campagne : " Que se passe t il donc maintenant, dirent ils, à Jérusalem, chez les grands personnages ? "
On dit que le nouveau Messie viendra, comme roi des Juifs, rétablir le royaume et les délivrer du joug des Romains ; est ce donc que cela aura lieu ? Jésus leur expliqua tout par une parabole sur un fils de roi que son père envoie prendre possession de son trône, rétablir le sanctuaire, et délivrer ses frères de l'esclavage ; mais ils ne devaient pas reconnaître ce fils, ils devaient le persécuter et le maltraiter ; toutefois il devait être exalté et tirer à lui, dans le royaume de son Père céleste, tous ceux qui observeraient ses préceptes.
Beaucoup de personnes entrèrent avec Jésus dans l'oratoire et je crois qu'il y enseigna. Il a aussi guéri ici. Le vieux berger le conduisit chez une voisine que la goutte retenait au lit depuis des années. Jésus la prit par la main et lui ordonna de se lever ; elle se leva aussitôt, remercia le Seigneur à genoux, et le reconduisit jusqu'à la porte. Elle marchait toute courbée, comme la belle mère de Pierre.
Jésus se fit ensuite conduire par ces gens dans une vallée très profonde, où il y avait beaucoup de malades. Il en guérit plusieurs et donna des consolations à tous. Il guérit au moins dix personnes. Ici je ne vis plus rien. Jésus a passé la nuit chez les bergers.
Jean continue toujours à baptiser. L'affluence est de plus en plus grande. L'arbre de la fontaine baptismale de Jésus a été placé dans le grand bassin qui sert pour le baptême, et il est d'un très beau vert. On descend dans ce bassin par des degrés ; il y entre plusieurs langues de terre sur lesquelles les gens viennent à la suite les uns des autres. Ils arrivent par un côté et s'en vont par l'autre.
( 3 octobre. ) Lorsque Jésus quitta la maison des bergers, qui est à environ cinq lieues de Bethléem, ces gens l'accompagnèrent. Ils étaient en relations intimes avec les bergers qui avaient visité Jésus dans la crèche ; voilà pourquoi ils étaient si bien disposés.
Le Seigneur et les disciples firent hier beaucoup de détours ; des troupes de bergers et d'ouvriers se rassemblaient ça et là autour de lui, et il les instruisait par des comparaisons tirées de leur profession. Il les exhortait encore au baptême et à la pénitence, et parlait de l'approche du Messie et des jours de salut.
Sur le chemin de Jésus, je vis au penchant de la montagne, dans une situation favorable, beaucoup de gens occupés de divers travaux dans les champs. Dans quelques endroits, je vis des vignes et des gens qui y travaillaient : je vis aussi serrer le grain entassé : je vis labourer, semer et planter. La fertilité était grande ici, quoique dans d'autres parties de ces y allées il y eût de la gelée blanche ou de la neige. Le blé n'était pas en gerbes : on le coupait à un demi pied environ au dessous de l'épi, et on attachait ensemble par le milieu deux faisceaux d'épis, de façon à ce que la tête des épis fît saillie des deux côtés. Ces faisceaux étaient entassés les uns sur les autres. On ne les rapportait pas comme si la moisson eût été faite tout récemment, car elle était faite depuis longtemps : les épis étaient restés accumulés en meules larges et élevées, semblables à des collines ; et maintenant que la saison des pluies arrivait, et qu'on préparait de nouveau la terre, on les couvrait avec de la paille. On coupait les épis avec une faucille ; la paille était ensuite arrachée et jetée en tas. Je vis qu'on rentrait le grain sur des civières portées par quatre hommes : la paille était aussi rangée et mise en faisceaux pour être brûlée, à ce que je crois. Dans d'autres endroits on labourait. La charrue n'avait pas de roues, et elle était tirée par des hommes. La charrue que je vis ressemblait à un traîneau avec trois lames tranchantes, entre lesquelles était l'attelage. Ordinairement elle était tirée par des hommes ou des ânes, et personne ne la tenait par derrière. On labourait en long et en large. Leur herse que je vis était triangulaire, la pointe était en arrière. Tout cela marchait très bien. Là où le fond était rocailleux, on jetait un peu de terre pardessus et la semence y poussait aussi. Les semeurs portaient leur sac sur le cou, avec les deux extrémités sur la poitrine. Les plantes que je vis mettre en terre étaient de l'ail et une autre plante qui avait de grandes feuilles ; je crois que c'était un légume : il y en avait un qu'on appelait dourra.
Les disciples rassemblaient ces gens près du chemin, et Jésus les enseigna en paraboles où il était question de charrues, de semence et de moisson il parla avec les disciples de la semence qu'ils devaient répandre par le baptême. Il en désigna deux, dont l'un était Saturnin, pour baptiser dans quelque temps près du Jourdain. Il leur dit que c'étaient là les semailles, et que comme les laboureurs d'ici, ils récolteraient aussi dans deux mois. Il parla encore de la paille qui devait être jetée au feu.
Pendant que Jésus enseignait, une troupe de travailleurs, venant de Sichar, passa tout près du chemin. Ils avaient des pelles, des pioches et de longues perches : ils ressemblaient à des esclaves, et je crois qu'ils revenaient chez eux après avoir travaillé à des édifices publies ou à des routes. Ils se tinrent timidement à quelque distance ; ils n'osaient pas s'approcher près des Juifs et ils écoutaient. Jésus les fit venir et dit que son Père céleste appelait tous les hommes à lui par son ministère : il parla de l'égalité de tous ceux qui font pénitence et se font baptiser. Ces pauvres gens étaient tellement touchés de sa bonté qu'ils se jetèrent à ses pieds pour le prier de venir aussi les visiter et de les assister à Samarie. Il répondit qu'il irait les voir, mais que maintenant il devait se retirer à part pour se préparer à entrer dans son royaume, suivant la mission qu'il avait reçue de son Père céleste.
Les bergers conduisirent encore Jésus par divers chemins où sa mère axait passé, et il connaissait ces lieux mieux que ses conducteurs, en sorte qu'ils s'écriaient pleins d'admiration : " Seigneur, vous êtes un prophète et un fils pieux, puisque vous reconnaissez et suivez les traces de votre heureuse mère "Après avoir enseigné et exhorté tout ce monde, Jésus alla à la petite ville de Betharaba. Il y arriva dans l'après midi sur une place découverte, et il monta sur une chaire en pierre qui était sous des arbres. Beaucoup d'auditeurs se rassemblèrent autour de lui et il les enseigna. C'étaient des gens bien disposés. Ici je cessai de voir cette scène.
(1 octobre.) Jésus quitta cet endroit accompagné de plusieurs de ses auditeurs, et marcha dans la direction de la vallée des Bergers, qui est à environ trois lieues et demie d'ici. Je ne sais pas où il passa la nuit ; je le vis une fois seul avec les disciples sous un hangar ouvert : ils mangeaient des fruits, des baies rouges qu'ils avaient cueillies et des épis, et ils buvaient de l'eau.
La nuit, ils vont chacun de leur côté ; Jésus leur désigne un lieu où il se trouvera à tel ou tel moment, et ils se répandent au loin dans le pays, font des rapports sur lui, et exhortent au baptême et à la pénitence ceux qui ne sont pas encore réalises : ces gens viennent pour la plupart avec eux aux endroits où ces instructions doivent être faites. Jésus aussi fait de longs circuits : je le vois souvent monter seul sur des collines et prier, en sorte que tout le temps du voyage trouve son emploi.
J'entendis les disciples de Jésus, à cause de sa vie austère, de son habitude d'aller pieds nus, de ses jeûnes et de ses veilles nocturnes dans cette saison froide et humide, l'engager à ménager un peu son corps. Mais il les éconduisit avec bonté et continua à faire comme auparavant.
Le matin, au crépuscule, je vis Jésus avec ses disciples descendre par une pente escarpée dans la vallée des Bergers. Les bergers qui habitaient là savaient déjà qu'il allait venir. Ils avaient tous été baptisés par Jean. Il s'en trouvait même parmi eux qui avaient eu des songes et des visions sur l'approche du Seigneur. Quelques uns veillaient et regardaient toujours du côté par où il devait venir. Ils le virent tout entouré de lumière descendre dans la vallée : car plusieurs de ces gens simples étaient favorisés de grâces particulières. Aussitôt ils soufflèrent dans un cornet pour réveiller et convoquer ceux qui demeuraient à distance. Ils avaient coutume de faire ainsi dans les occasions de quelque importance. Tous accoururent au devant du Seigneur et se prosternèrent devant lui, allongeant humblement le cou et ayant leurs longs bâtons sous le bras. Plusieurs avaient la face contre terre. Ils avaient des jaquettes courtes, le plus souvent en peau de mouton, les unes ouvertes sur la poitrine, les autres tout à fait fermées, et qui leur allaient jusqu'aux genoux : ils portaient des sacs jetés en travers sur les épaules. Ils saluèrent Jésus avec des passages des psaumes qui se rapportent à l'avènement du Sauveur, et expriment la reconnaissance d'Israël pour l'accomplissement de la promesse. Jésus fut très affectueux avec eux, et il leur parla du bonheur de leur condition. Il enseigna ça et là dans les cabanes qui étaient rangées tout autour de la large vallée des prairies : ce fut le plus souvent en paraboles tirées de la vie pastorale.
Il s'avança ensuite avec eux dans la vallée, dans la direction de Bethléem, jusqu'à la tour des Bergers (2). Il leur parla de la visite qu'il leur faisait maintenant, à eux qui l'avaient salué dans son berceau, et qui s'étaient montrés charitables envers lui et ses parents. Il enseigna aussi en paraboles, où il parlait de pasteur et de troupeau, disant que lui aussi serait un pasteur, rassemblerait le troupeau, le guérirait et le conduirait jusqu'à la fin des temps.
Les bergers firent des récits sur l'apparition des anges, sur la sainte Famille et l'Enfant ; ils racontèrent comment, eux aussi, avaient vu l'image de l'Enfant dans l'Etoile au dessus de la grotte de la crèche.
Note 2 : Cette tour a été décrite en détail dans la Vie de la sainte Vierge.
Ils parlèrent aussi des rois mages qui avaient vu la tour des Bergers dans les astres, et des nombreux présents que les rois leur avaient faits en partant. Parmi ces présents, il y avait de grosses étoffes pour les tentes dont ils s'étaient servis ici, à la tour des Bergers et dans leurs cabanes. Il se trouvait là quelques vieillards qui avaient été à la crèche dans leur jeunesse. Ils redirent à Jésus tout ce qui s'était passé alors.
(5 octobre.) Le jour d'après, Jésus et les disciples furent conduits par les bergers plus près de Bethléem, à l'endroit où demeuraient les fils survivants des trois vieux bergers auxquels les anges étaient apparus d'abord, lors de la nativité du Christ, et qui lui avaient présenté leurs hommages les premiers. Ils étaient enterrés à peu de distance de l'habitation qui était à peu près à une lieue de la grotte de la crèche. Trois fils de ces vieux bergers étaient vivants et déjà avancés en âge. Les autres les respectaient beaucoup. Cette famille de bergers jouissait d'une certaine prééminence parmi les autres, comme les trois rois parmi leurs compagnons. Ils accueillirent Jésus avec beaucoup de joie et d'humilité, et le conduisirent à la sépulture de leurs pères C'était une colline où il y avait un vignoble : elle était isolée et entourée par le bas d'une toiture sous laquelle était l'entrée de divers celliers et de plusieurs grottes. Plus haut, sur la colline, était la grotte sépulcrale des vieux bergers. Le jour y entrait par en haut. Les tombeaux étaient disposés dans le sol suivant la direction indiquée par ces lignes : I I. Il y avait des portes qui étaient fermées Les bergers les ouvrirent pour Jésus, et je vis les corps emmaillotés avec leur visage noirâtre. On avait comblé les places vides autour des cercueils en y jetant une quantité de petits fragments de pierre.
Les bergers montrèrent aussi à Jésus leur trésor : c'était ce qui était resté à leurs pères des présents des trois rois : ils le conservaient enfoui dans la grotte. Il consistait en petites barres d'or natif, enveloppées dans des pièces d'étoffe très précieuse brochée d'or. Ils demandèrent à Jésus s'ils devaient donner tout cela au temple. Il leur dit de le conserver pour la communauté qui serait le nouveau temple. Il leur dit aussi qu'un jour on élèverait une église au dessus de ce tombeau ( ce qui fut fait par sainte Hélène ). à cette colline commençaient des vignobles qui s'étendaient jusqu'à Gaza. C'était le cimetière commun des bergers.
Ils conduisirent ensuite le Seigneur à la grotte de la crèche(3), lieu de sa nativité, qui était environ à cinq lieues de là. On suivait, pour y aller, une vallée charmante que longeaient trois sentiers passant entre des groupes d'arbres fruitiers taillés.
Ils parlaient en chemin du cantique des anges, et je vis de nouveau toutes ces scènes. Les anges apparurent en trois endroits : d'abord aux trois bergers ; dans la nuit suivante, à la tour des Bergers, et, enfin, près de la fontaine où Jésus avait été reçu hier matin par les bergers. Ils se montrèrent en plus grand nombre à la tour des bergers. C'étaient de grandes figures qui n'avaient pas d'ailes. Sur le chemin de la grotte de la crèche, les bergers firent entrer le Seigneur dans la grotte du tombeau de Maraha, nourrice d'Abraham, près du grand térébinthe.
Note 3 : Ce qui concerne cette grotte se trouve tout au long dans la Vie de la sainte Vierge.
Ils conduisirent ensuite Jésus à la grotte de la crèche. De ce côté, qui était celui du levant, il n'y avait pas de chemin par lequel on pût aller directement à Bethléhem : on pouvait à peine de là voir la ville, qui était séparée de la vallée des Bergers par des remparts écroulés et toutes sortes de décombres, au milieu desquels passaient des chemins creux. L'entrée de la ville la plus rapprochée était la porte du midi, laquelle conduisait à Hébron. En sortant de cette porte, il fallait contourner la ville au levant pour se rendre aux environs de la crèche qui se liaient à la vallée des Bergers. On y arrivait, de cette vallée, sans toucher Bethléhem. La grotte de la crèche et les grottes adjacentes appartenaient aux bergers ; de tout temps ils s'en étaient servis pour y loger du bétail et y déposer toutes sortes d'objets, et aucune personne de Bethléhem n'avait rien à y faire. Joseph, dont la maison paternelle était dans la partie méridionale de la ville, y était souvent venu dans son enfance, et y était entré en rapport avec les bergers ; il s'y était aussi caché de ses frères et s'y était retiré pour prier.
Les bergers allèrent avec Jésus à la grotte, où beaucoup de choses avaient été changées : ils en avaient fait comme un petit oratoire. Pour que personne ne mît le pied sur ce sol sacré, ils avaient entouré d'un grillage la place de la crèche ; ils avaient fait un passage autour et agrandi la grotte à cet effet. Le long de ce passage, étaient des cellules creusées dans le rocher, comme autour d'un cloître. Les parois et le sol avaient été tapissés avec des couvertures laissées par les rois mages ; elles étaient de diverses couleurs, et des pyramides étaient dessinées dans le tissu même, en plusieurs endroits. (C'étaient vraisemblablement des triangles de couleur différente dont on ornait souvent les murs chez les Juifs ; la Soeur mentionne souvent ce genre d'ornement, notamment en décrivant la chambre à coucher de Marie au temple.)
Ils avaient, en outre, pratiqué deux escaliers conduisant, du passage dont on vient de parler, au haut de la grotte de la crèche ; au dessus de la grotte proprement dite, ils avaient enlevé le plafond avec ses ouvertures étroites pour laisser passer le jour, et construit à la place une espèce de coupole par où la lumière tombait d'en haut. On pouvait, par l'un des escaliers, monter sur la colline, et de là gagner Bethléhem. Ils avaient pu faire tous ces changements, grâce à ce que les rois mages avaient laissés.
On était au vendredi soir, à l'ouverture du sabbat, lorsqu'ils conduisirent là Jésus ; ils avaient allumé des lampes dans la grotte de la crèche. La crèche elle même était restée à son ancienne place Jésus leur montra l'endroit où il était né, qu'ils ne connaissaient pas. Il leur fit une instruction, et ils célébrèrent le sabbat. Il leur dit comment son Père céleste avait désigné ce lieu par avance, lors de la conception de Marie, et j'eus aussi connaissance de divers événements figuratifs de l'Ancien Testament, qui s'étaient passés en cet endroit Abraham y était venu ainsi que Jacob. Seth, l'enfant de la promesse, y avait été engendré après une pénitence de sept années, et Eve l'y avait mis au monde. C'était là qu'un ange avait dit à Eve que Dieu lui donnait ce rejeton à la place d'Abel. Il y avait été longtemps caché aussi bien que dans la grotte du tombeau de la nourrice Maraha, parce que ses frères en voulaient à sa vie comme les fils de Jacob à la vie de Joseph.
Les bergers conduisirent encore Jésus dans la grotte voisine, où la sainte Famille avait habité quelque temps. Ils avaient enclos avec soin la fontaine qui avait jailli là à la naissance du Christ, et ils faisaient usage de son eau dans leurs maladies. Jésus fit prendre de cette eau pour l'emporter.
( 7 octobre ) Remarque. A cette époque, la narratrice était devenue malade à la mort, par suite de la douleur que lui causait la corruption des hommes, et les visions sur la vie de Jésus, qui se rapportaient à ces jours là paraissaient tout à fait perdues. Le 8 octobre au soir, elle tendit la main à l'écrivain, et lui dit comme pour le consoler : J'ai tout vu ; il est encore chez les bergers. C'est toujours dans la souffrance qu'elle est le plus affectueuse. Elle communiqua les fragments qui suivent.
Jésus visita aujourd'hui avec les disciples les différentes habitations des bergers qui se trouvent dans les environs ; il y consola et enseigna. Les disciples allaient parfois seuls dans quelques unes d'entre elles, les unes après les autres ; ils expliquaient les enseignements de Jésus et racontaient ce qui s'était passé à son baptême.
Saturnin baptisa plusieurs vieillards qui n'étaient pas en état d'aller au baptême de Jean. On mêlait pour cela de l'eau de la fontaine baptismale de Jésus, dans l'île du Jourdain, avec celle de la source qui était dans la grotte voisine de ha crèche.
Au baptême de Jean, on confessait ses péchés en général, mais ceux qui recevaient le baptême de Jésus confessaient individuellement leurs péchés les plus graves, témoignaient leur repentir et recevaient l'absolution. Les gens âgés s'agenouillaient ; leur corps était nu jusqu'à la ceinture. Il y avait devant eux un grand bassin au dessus duquel ils courbaient la tète, et on les baptisait. à ce baptême, comme dans la formule dont Jean fit usage en baptisant Jésus, on prononçait le nom de Jehovah, et on faisait mention des trois dons célestes, mais on parlait aussi au nom de l'envoyé de Dieu.
Jésus, le plus souvent, passait les nuits, seul, en prière sur les collines. A la fin de son séjour chez lest bergers, il dit aux disciples, qu'il voulait aller seul visiter des gens qui l'avaient accueilli avec bienveillance, lui et ses parents, lors, de leur fuite en Egypte, ajoutant qu'il avait là des malades à guérir et un pécheur à convertir. Aucune trace de ses saints parents ne devait rester sans bénédiction. Il allait rechercher, pour les mettre dans la voie du salut, tous ceux qui, autrefois, s'étaient montrés hospitaliers et charitables envers eux. Toute bonne oeuvre, toute oeuvre de miséricorde avait été ici une participation à l'oeuvre du salut, et devait l'être pour toujours ; de même qu'il visitait tous ceux qui, autrefois, s'étaient montrés charitables envers lui et envers les siens, de même, son Père céleste se souviendrait de tous ceux qui auraient témoigné de la charité et fait du bien au moindre de ses frères. Il donna rendez vous à ses disciples à un certain endroit voisin d'une ville ou d'une montagne d'Ephraim, près d'une grotte où ils devaient l'attendre les jours suivants.
Le 8 octobre, je vis Jésus, seul, à la frontière du territoire d'Hérode, se diriger vers le désert, près d'Anim ou Engannim, à deux lieues de la mer Morte, dans un pays sauvage, mais assez fertile. (Elle dit plus tard de cette ville, qu'elle était habitée par des gens rejetés de la société. La fuite en Egypte eut lieu par la partie orientale de la Judée, le retour par le côté qui longe la mer Méditerranée, par Gaza.) On voyait, dans Et` pays, plusieurs chameaux qui paissaient ; il y en avait bien une quarantaine, et ils étaient parqués. J'avais déjà vu Jésus sur la route, passer au milieu de semblables troupeaux. Il y avait une espèce d'hôtellerie pour les gens qui allaient au désert vers lequel Jésus se dirigeait. On voyait plusieurs cabanes et hangars à côte les uns des autres ; ces gens avaient beaucoup de chameaux et ils étaient, je crois, chameliers de profession. Les maisons étaient adossées à une hauteur. Il se trouvait à l'entour des fruits sauvages.
Cet endroit avait été le dernier du territoire d'Hérode où la sainte Famille s'était arrêtée, lors de la fuite en Egypte. Ceux qui habitaient là, quoique ce fussent de méchantes gens qui souvent exerçaient le brigandage, avaient pourtant bien reçu la sainte Famille. La ville voisine était aussi habitée par des hommes de vie irrégulière qui s'y étaient établis à la suite de quelques guerres.
Jésus entra dans la maison et demanda l'hospitalité. Le maître s'appelait Ruben, il avait environ cinquante ans et se trouvait déjà ici lors de la fuite en Egypte. Lorsque Jésus lui adressa la parole et fixa les yeux sur lui, il en partit comme un rayon qui lui entra dans la poitrine ; il fut tout bouleversé. Les paroles et la salutation de Jésus furent comme une bénédiction, et cet homme, tout ému, lui répondit : " Seigneur, c'est comme si la Terre Promise venait avec vous dans ma maison. "Jésus lui dit que s'il croyait à la promesse et n'en repoussait pas loin de lui l'accomplissement, il aurait aussi part à la Terre Promise. Il parla aussi des bonnes oeuvres et de leurs conséquences, lui dit qu'il venait à lui pour lui annoncer le salut, parce que, trente ans auparavant, sa mère et son père nourricier, fugitifs, avaient été bien accueillis dans sa maison ; que cette bonne action portait son fruit ; que chaque oeuvre portait le sien, bon ou mauvais. Alors cet homme, tout bouleversé, se prosterna par terre et lui dit : " Seigneur, comment peut il se faire que vous entriez dans la maison d'un misérable réprouvé comme moi ? " Jésus lui expliqua qu'il était venu pour ramener les pécheurs et les purifier. Cet homme ne cessait de parler de la réprobation qui le poursuivait ; il disait que tous les gens de ce lieu étaient une race maudite et le rebut de l'humanité. Il dit encore que ses petits enfants étaient malades, et dans un triste état. Jésus lui répondit que s'il croyait en lui et voulait se faire baptiser, il rendrait la santé à ses petits enfants. Il lava les pieds de Jésus, et lui donna ce qu'il avait pour sa réfection.
Les voisins vinrent alors, et il leur dit qui était Jésus et ce qu'il lui avait promis. Il y avait là un de ses parents qui s'appelait Issachar. Il conduisit aussi Jésus à ses petits enfants malades. Ils étaient ou lépreux ou perclus, et dans un état de rachitisme complet. Jésus alla aussi voir les femmes qui étaient malades et affligées de pertes de sang. Il commanda aux enfants de se lever et ils furent guéris : il donna l'ordre de leur apprêter un bain. On plaça un grand vase plein d'eau sous une tente, et Jésus y versa un peu de l'eau baptismale du Jourdain qu'il portait à son côté sous sa longue robe dans deux flacons attachés avec des courroies, puis il bénit l'eau. Les malades s'y lavèrent : tous en sortirent guéris et remercièrent le Seigneur. Il ne les baptisa pas lui même, mais cette ablution fut comme un ondoiement, et il les exhorta à aller au Jourdain recevoir le baptême.
Ils lui demandèrent si le Jourdain avait donc une vertu particulière, et il leur répondit que la voie du Jourdain avait été mesurée et établie, et que tous les lieux saints de la Terre Promise avaient été marqués par son Père céleste avant qu'il y eût des habitants, bien plus, avant que cette terre et le Jourdain existassent. Il dit à ce sujet d'admirables choses que j'ai oubliées. Il parla en outre du mariage, s'entretint avec les femmes, recommanda la chasteté et continence, et représenta l'abaissement des gens de cet endroit et l'état misérable des enfants, comme étant la suite d'unions contraires à la règle, qui avaient lieu dans cette contrée : il parla de la part qu'avaient les parents à l'état misérable des enfants, des moyens d'arrêter le mal, qui étaient la pénitence et la satisfaction, et de la renaissance par le baptême.
Il parla de tout ce qu'ils avaient fait pour la sainte Famille lors de sa fuite, et enseigna dans les endroits ou elle avait pris sa nourriture et s'était reposée. Joseph et Marie avaient avec eux, pendant la fuite en Egypte, un âne et une ânesse. Il leur montra tous leurs actes d'alors comme des figures prophétiques de ce qu'ils faisaient actuellement pour passer de l'état de péché à l'état de grâce. Ils apprêtèrent pour le Seigneur un repas aussi bon que cela leur fut possible. Il se composait d'une espèce de laitage épais semblable à du fromage blanc, de miel, de petits pains cuits sous la cendre, de raisins et d'oiseaux.
(9 octobre.) Aujourd'hui j'ai vu Jésus revenir d'Anim en compagnie de quelques uns de ces hommes, mais par un autre chemin. Il arriva vers le soir près d'un endroit situé sur les deux côtés d'une montagne ; il y avait là une vallée sauvage venant de l'orient, et coupée de ravins profonds. Cet endroit ou cette montagne avait un nom qui ressemblait à Ephraim ou Ephron. La direction des montagnes était vers Gaza. Jésus était venu par le pays d'Hébron On voyait aussi à quelque distance du chemin qu'il avait suivi un bourg en ruines, avec une tour dont le nom ressemblait à Malaga (vraisemblablement Malada, que Flavius Josèphe, XVIII, 7, 2, appelle Malatha). A une lieue d'ici à peu près était le bois de Mambré ou les anges apportèrent à Abraham la promesse qu'il aurait un fils. La double caverne qu'il avait achetée d'Ephron, l'Héthéen, et où était sa sépulture, n'était pas éloignée de là non plus que le lieu du combat de David contre Goliath.
Jésus, que ses compagnons avaient quitté, fit le tour d'un côté de la ville, divisée en deux parties, et ses disciples, auxquels il avait assigné cet endroit, le trouvèrent dans la vallée, suivant un sentier escarpé. Laissant de côté cette gorge, il les conduisit à une grotte située dans un endroit tout à fait sauvage et d'un accès difficile, mais très spacieuse. Ils y passèrent la nuit. C'était là qu'avait été la sixième station de la sainte Famille lors de la fuite en Egypte. Voici ce qu'elle dit de cet endroit, le 18 octobre : " La grotte où s'était réfugiée Marie, près d'Ephraim, fut appelée dans la suite lieu du séjour de Marie(4), et des pèlerins la visitaient sans qu'on sût exactement le fait qui s'y rattachait. Plus tard. il ne demeurait là que de pauvres gens."
Note 4 : Dans le Voyage à Jérusalem du franciscain Ant. Gonzalez, Anvers, 1673, on lit première partie, page 556 ; qu'à un mille d'Hébron, dans la direction de Jérusalem, à gauche du chemin, il est allé dans un village appelé Village de Marie, où la sainte Vierge s'est arrêtée lors de faite en Egypte. Il est situé sur une hauteur et il y a encore une église entière avec trois arcades et trois portes. Sur le mur on voit encore une peinture représentant Marie avec l'Enfant, montée sur un âne et conduite par saint Joseph : au bas de la montagne sur laquelle sont l'église et le village, se trouve une belle fontaine appelée la fontaine de Marie.
Jésus raconta cela aux disciples, qui, à l'aide d'une mécanique avec laquelle on fait tourner rapidement un morceau de bois dans un autre. avaient allumé du feu. Il leur parla de la sainteté de ce lieu. un prophète, Samuel, si je ne me trompe, y était souvent venu prier. David avait gardé les troupeaux de son père dans les environs ; il avait prié dans cette grotte et y avait reçu des ordres de Dieu, apportés par les anges : ce fut là aussi qu'il lui fut commandé d'aller tuer Goliath. J'ai vu là d'autres choses dont je ne me souviens plus.
Je vis que la sainte Famille, dans sa fuite, arriva là très fatiguée et très abattue ; que la sainte Vierge en particulier était fort triste et pleurait :
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Re: Anne Catherine Emmerich -
Vision de Sainte Anne Catherine Emmerich.
Jésus dans le désert. Son jeûne de quarante jour. Avant le sabbat, Jésus, accompagné de Lazare, alla à l'hôtellerie que celui ci possédait sur le chemin du désert. Il lui dit en particulier qu'il reviendrait dans quarante jours. à partir de l'hôtellerie, il continua son chemin seul et pieds nus. Il n'alla pas d'abord dans la direction de Jéricho, mais vers le midi, comme s'il eût voulu aller à Bethléhem, en passant entre la résidence des parents de sainte Anne et celle des parents de saint Joseph près de Maspha : alors il se dirigea vers le Jourdain, faisant le tour de tous les villages par des sentiers ; il passa tout contre le lieu où l'arche d'alliance s'était arrêtée, et où Jean avait célébré une fête.
Il commença à gravir la montagne à une lieue environ de Jéricho ; et il entra dans une caverne spacieuse. Cette chaîne de montagne, à partir de Jéricho, court entre le levant et le midi, et, de l'autre côté du Jourdain, elle se dirige vers Madian. Jésus commença son jeûne ici, près de Jéricho ; il le continua en divers endroits situés au delà du Jourdain et revint le terminer sur cette première montagne, qui est celle où le diable le transporta. Au sommet de cette montagne, on a une vue très étendue. Elle est en partie couverte de buissons, en partie nue et sauvage. Elle ne s'élève pas jusqu'au niveau de Jérusalem, mais sa base est située beaucoup plus bas, et elle est dans une situation plus isolée. Lé point lé plus élevé des hauteurs de Jérusalem est la colline du Calvaire qui se trouve au niveau du faîte du temple. Du côté de Bethléhem, et vers le midi, Jérusalem aboutit à des escarpements coupés à pic : de ce côté aussi il n'y a pas d'entrée, et tout l'emplacement est occupé par des palais.
Jésus gravit pendant la nuit la montagne escarpée et sauvage qu'on appelle aujourd'hui montagne de la Quarantaine. Il y a trois crêtes et trois grottes placées l'une au dessus de l'autre. Derrière la grotte supérieure dans laquelle entra Jésus, l'oeil plongeait dans les sombres profondeurs d'un précipice escarpé : toute la montagne était pleine de fentes effroyables et dangereuses. Cette même grotte, quatre siècles auparavant avait été habitée par un prophète dont j'ai oublié le nom. Elle aussi, à une époque, a longtemps résidé ici en secret : il élargit même l'une des grottes. Il descendit de là parmi le peuple sans que personne sût d'où il venait ; il prophétisait et pacifiait. Cent cinquante ans avant Jésus, des Esséniens, au nombre d'environ vingt cinq, y avaient fait leur demeure. Le camp des Israélites était au pied de cette montagne lorsqu'ils firent le tour de Jéricho en portant l'Arche d'alliance au son des trompettes. La fontaine dont Elisée rendit douces les eaux amères, est aussi dans les environs. Sainte Hélène fit disposer des chapelles dans ces grottes. J'ai vu sur le mur de l'une d'elles une peinture représentant la Tentation. Il y eut plus tard un couvent sur cette hauteur. Je ne puis m'imaginer comment les ouvriers pouvaient venir travailler là.
Sainte Hélène
Sainte Hélène a fait construire des églises dans beaucoup de lieux saints de la Palestine. Ce fut elle qui bâtit l'église placée au lieu de la naissance de sainte Anne, deux lieues avant Séphoris. Les parents d'Anne avaient aussi une maison à Séphoris même. Combien il est triste que la plupart de ces saints lieux aient été tellement dévastés, que le souvenir même s'en est perdu ! Lorsque étant jeune fille, j'allais avant le jour dans la neige à l'église de Coesfeld, je voyais distinctement tous ces lieux sanctifiés, et je vis souvent des hommes pieux qui se prosternaient à terre dans le chemin devant les guerriers qui les dévastaient, afin de les préserver de la destruction.
Les paroles de l'Ecriture : " II fut conduit par l'Esprit dans le désert, "doivent s'interpréter ainsi : " Le Saint Esprit qui vint sur lui dans le baptême " , en ce sens que Jésus fit participer son humanité à tout ce qui appartient à la Divinité, le poussa à aller dans le désert, et à se préparer, en tant qu'homme, en présence de son Père céleste, aux souffrances auxquelles il était appelé.
(27 et 28 octobre.) Je vis Jésus à genoux et les bras étendus dans la grotte. Il demandait à son Père céleste de le fortifier et de le consoler dans toutes les souffrances qui lui étaient préparées. Il vit d'avance toutes ses souffrances, et demanda la grâce nécessaire pour chacune d'elles en particulier. Je vis cette vision depuis deux heures jusqu'à quatre heures trois quarts du matin : elle contenait tant de choses, que c'était comme si elle eut duré pour moi une année.
Je vis des représentations de toutes les peines, de toutes les douleurs de Jésus jusqu'à sa mort. Je le vis implorer son Père, et recevoir pour chacune d'elles la force, la consolation et tout ce qui la rendait méritoire. Je vis s'abaisser sur lui une nuée blanche et lumineuse aussi grande qu'une église, et après chacune de ses prières, s'approcher de lui de grandes figures incorporelles, lesquelles prenaient la forme humaine quand elles étaient près de lui, lui rendaient hommage et lui apportaient chacune une consolation et une promesse. Je ne puis exprimer tout ce que je vis et comment je le vis. Je vis que Jésus conquit pour nous dans le désert tout ce qui nous est donné de consolations, d'encouragements, de secours, de victoires dans les luttes que nous avons à soutenir ; qu'il acheta pour nous tout ce qui peut rendre méritoires nos combats et nos triomphes ; qu'il prépara d'avance pour nous tout ce qui fait la valeur de nos mortifications et de nos jeûnes ; qu'enfin il offrit à Dieu le Père tous les travaux et toutes les souffrances qui l'attendaient pour donner du prix aux travaux futurs, aux luttes spirituelles, aux efforts faits dans la prière par tous ceux qui croiraient en lui. Je vis aussi le trésor que Jésus amassait par là pour l'Eglise et qu'elle ouvre dans le temps du Carême. Je vis Jésus avoir une soeur de sang pendant cette prière, et je me trouvai moi même, lors de cette vision, ha tête et la poitrine inondées de sang. En ce moment, le jour commençait à poindre.
Aujourd'hui, Jésus descendit de la montagne vers le Jourdain, entre Galgala et le lieu où Jean baptisait, qui était environ une lieue plus au midi. Il s'embarqua lui même sur une poutre qui se trouvait là pour traverser le Jourdain dans cet endroit étroit et profond que je ne connaissais pas auparavant. Il passa sur la rive orientale, puis, laissant à droite Bethabara et coupant plusieurs routes qui conduisaient au Jourdain, il entra dans les montagnes par le désert, en suivant des sentiers escarpés qui se dirigeaient entre le levant et le midi il passa par une vallée qui va vers Callirrhoé, et où il traversa une petite rivière, puis il s'avança plus au nord, en suivant une arête de montagne jusqu'à un endroit où l'on a en face de soi, dans la vallée, la ville de Jachza. C'était là que les enfants d'Israël avaient battu Sehon, roi des Amorrhéens. Dans ce combat, les Israélites étaient trois contre seize : mais il y eut un miracle en leur faveur. un bruit effrayant se fit entendre au dessus des Amorrhéens et les frappa de terreur.
Jésus était alors sur des montagnes extrêmement sauvages : c'était quelque chose d'encore plus âpre que la montagne voisine de Jéricho. On se trouve à peu près en face de celle ci. Le mont du désert où est Jésus est à environ neuf lieues du Jourdain. C'est ici que Jésus fera son jeûne de quarante jours.
Ici aussi il a prié et vu dans toute leur étendue les souffrances qui l'attendent. Satan n'est pas encore venu près du Sauveur. La divinité et la mission de Jésus lui sont tout à fait cachées. Il n'a compris les paroles : ' C'est mon Fils bien aimé dans lequel je me complais, "que comme s'il s'agissait d'un homme, d'un prophète. Toutefois, Jésus a déjà à souffrir des luttes intérieures fréquentes et de diverse nature. La première tentation fut cette pensée : " Ce peuple est trop pervers : dois je souffrir tout cela pour eux, sans pourtant faire l'oeuvre complètement ". Mais sa charité et sa miséricorde infinies lui firent vaincre cette tentation causée par la vue de toutes ses souffrances.
(29 octobre.) Je vis Jésus dans une étroite grotte de montagne située dans la contrée de Jachza. Il était à genoux, priait sans relâche et parlait à son Père. Je vis tous les péchés du monde entier se présenter devant ses yeux, à partir de la chute originelle de l'homme. Tout cela vint sur lui comme de grands nuages orageux : il vit tout ce qu'il avait à souffrir pour cela, ce qui serait gagné et ce qui serait perdu. Des anges vinrent encore près de lui.
Je vis Satan se glisser près de là : il s'approcha de l'entrée de la grotte et y fit du bruit. Il avait pris la figure d'un des fils des trois veuves que Jésus affectionnait particulièrement. Il pensait que Jésus se mettrait en colère en voyant que ce disciple l'avait suivi malgré sa défense. C'était ridicule et absurde à Satan. Jésus ne tourna même pas les yeux de son côté. Satan regarda dans la grotte et se mit à tenir toute espèce de propos sur Jean Baptiste, qui, disait il, en voulait beaucoup à Jésus de ce qu'il faisait baptiser en certains endroits, ce qu'il ne lui appartenait pas de faire.
Le 30 octobre, la narratrice ne communiqua aucune vision, mais le mercredi 31 octobre, elle dit : "Jusqu'à quatre heures du matin, j'ai eu la vision qui suit. Je vins près de Jésus dans la grotte. Elle me parut cette fois plus spacieuse : hier je n'en avais vu que l'entrée. Il s'y trouvait une ouverture par laquelle entrait un air pénétrant et froid. Dans cette saison de l'année, le temps ici est très froid et très nébuleux. La grotte était âpre et rocailleuse et le sol très inégal. Elle était formée d'une pierre veinée de couleurs variées, qu'on aurait prises pour de la peinture si elle eût été polie. Aux alentours du rocher, il venait quelques broussailles : on voyait là aussi des quartiers de roc qui ressemblaient presque à des buissons. La grotte était assez spacieuse pour que Jésus put s'agenouiller et se prosterner à une place où il n'avait pas l'ouverture au dessus de sa tête.
Lorsque je vins près de Jésus, il était étendu la face contre terre. Je me tins longtemps près de lui, et je regardai ses pieds que sa robe laissait découverts jusqu'aux chevilles : ils étaient rouges et blessés par les rudes sentiers qu'il avait suivis, car il était allé pieds nus dans le désert. Je le vis tantôt se redresser, tantôt prier la face contre terre. Je pus tout voir, car il était environné de lumière. une fois un bruit partit du ciel, et une grande clarté se répandit dans la grotte : il vint toute une troupe d'anges qui portaient divers objets. Je me sentis tellement oppressée et accablée, qu'il me sembla entrer, pour ainsi dire, dans la paroi du rocher : j'eus l'impression que j'enfonçais, et je me mis à crier : "J'enfonce ! je vais enfoncer près de mon Jésus ! "Là dessus je m'éveillai, j'allumai ma lumière, j'entendis sonner l'heure, et je vis tout ce qui suit étant éveillée.
Je vis les anges s'incliner devant Jésus, lui rendre hommage et lui demander s'ils devaient lui présenter ce qu'ils étaient chargés de lui apporter ; ils lui demandèrent aussi si c'était toujours sa volonté de souffrir comme homme pour les hommes, ainsi que ç'avait été sa volonté lorsqu'il était descendu du sein de son Père céleste et s'était incarné dans le sein de la Vierge. Jésus ayant accepté de nouveau ces souffrances, les anges érigèrent devant lui une grande croix dont ils avaient apporté séparément les différentes parties. Cette croix avait la forme que je lui ai toujours vue, mais elle se composait de quatre pièces de même que les pressoirs en forme de croix, que je vois dans mes visions. Ainsi, la partie supérieure de l'arbre de la croix, qui s'élève entre les deux bras, était séparée. Je crois avoir vu là environ vingt cinq anges. Cinq portaient la partie inférieure de la croix, trois la partie supérieure, trois le bras gauche, trois le bras droit, trois le morceau de bois où posaient les pieds, trois portaient une échelle, un autre une corbeille avec des cordes et des outils, d'autres une lance, un roseau, des verges, des fouets, une couronne d'épines, des clous et aussi les habits dont il devait être revêtu par dérision ; enfin tout ce qui figura dans sa passion se trouvait là.
La croix était creuse : elle s'ouvrait comme une armoire, et elle était remplie partout d'innombrables instruments de martyre de toute espèce. Au milieu, à l'endroit où le coeur de Jésus fut percé, un assemblage des instruments de supplice les plus variés représentait toutes les tortures imaginables. La couleur de la croix était d'un rouge de sang dont la vue causait une émotion douloureuse. Toutes les parties et toutes les places de cette croix étaient teintes de couleurs différentes d'après lesquelles on pouvait reconnaître la peine qui y serait endurée ; de chacun de ces endroits partaient des rayons qui aboutissaient au coeur. Les instruments mis chacun à leur place étaient également la figure des tortures qu'ils devaient causer.
Il y avait en outre dans la croix des vases avec du fiel et du vinaigre, puis aussi de l'onguent, de la myrrhe et quelque chose qui ressemblait à des aromates ; tout cela vraisemblablement avait rapport à la mort du Sauveur et à sa sépulture. Il y avait encore une quantité de longues banderoles déroulées comme des écriteaux de différentes couleurs, de la largeur de la main, sur lesquelles étaient inscrites des souffrances de divers genres. Les couleurs indiquaient avec leur différents degrés d'épaisseur les ténèbres où les souffrances du Sauveur avaient à faire pénétrer la lumière.
La couleur noire désignait ce qui devait se perdre ; la couleur brune, ce qui était trouble, desséché, mélangé, souillé ; la couleur rouge, ce qui était appesanti, terrestre, sensuel ; la couleur jaune marquait la mollesse et la répugnance à souffrir. Il y avait des bandes moitié jaunes, moitié rouges, qui devaient devenir entièrement blanches ; d'autres étaient complètement blanches, d'une blancheur de lait, et l'écriture y était lumineuse ; on voyait à travers. Celles ci désignaient ce qui était gagné, ce qui était accompli.
Tous ces rubans avec leurs couleurs donnaient comme le compte des douleurs et des travaux de toute espèce, que Jésus aurait à supporter dans sa carrière avec ses disciples et d'autres personnes.
On lui mit aussi devant les yeux, tous les hommes par lesquels devaient lui venir le plus souvent des souffrances cachées ; ainsi les Pharisiens avec leur malignité, le traître Judas, les Juifs sans pitié pour sa mort cruelle et ignominieuse. Les anges disposèrent et firent passer tout cela sous les yeux du Sauveur avec un respect indicible et une solennité sacerdotale ; quand toute la passion fut figurée et représentée devant lui, je le vis pleurer ainsi que les anges. Ensuite les anges se retirèrent et je fus ravie dans une vision concernant les pauvres âmes du purgatoire.
(2 novembre. ) Comme j'étais près du Seigneur, je le vis prier, la face contre terre. Le diable avait fait apparaître devant lui sept à huit de ses disciples. Ils entrèrent un à un dans la grotte et dirent qu'ils avaient appris par Eustache où il était, qu'ils l'avaient cherché pleins d'inquiétude, qu'il ne devait pas les abandonner pour se réduire à la dernière détresse sur le haut de cette montagne. On tenait tant de propos sur son compte, disaient ils ; il ne devait pourtant pas se laisser imputer telle et telle chose. Mais Jésus ne répondit rien, si ce n'est : `` Retire toi de moi, Satan, le temps n'est pas encore venu. " Alors tout disparut.
(3 novembre.) Je vis le Seigneur prier dans la grotte, la face contre terre. I| était tantôt agenouillé, tantôt debout ; je l'ai vu aussi une fois couché sur le côté. Je vis un homme très vieux, très faible, d'un aspect vénérable, gravir péniblement la montagne escarpée. C'était chose si difficile pour lui que j'en avais pitié. Il s'approcha de la grotte et tomba tout épuisé à l'entrée en poussant un gémissement plaintif. J'étais presque chagrine de ce que Jésus ne venait pas à son aide ; mais il ne le regarda même pas.
Le vieillard se releva lui même et dit à Jésus qu'il était un Essénien du mont Carmel, qu'il avait entendu parler de lui et que, quoique mourant, il était venu à sa suite jusqu'ici. Il le priait donc de vouloir bien l'accueillir et s'entretenir avec lui de choses saintes ; lui aussi savait ce que c'était que jeûner et prier, disait il, quand deux personnes s'unissent ensemble en Dieu, l'édification est plus grand, etc. Jésus ne répondit que quelques mots, comme : " Arrière, Satan, le temps n'est pas encore venu. " Alors, je commençai à voir que c'était Satan, car lorsqu'il se retira et s'évanouit, je le vis devenir sombre et plein de rage. Alors je trouvai risible qu'il se fût jeté par terre et qu'il eût été obligé de se relever à lui tout seul.
Satan ne connaissait pas la divinité du Christ. Il le prenait pour un prophète ordinaire. Il avait vu sa sainteté dès sa jeunesse et aussi la sainteté de sa mère qui ne faisait aucune attention à Satan. Elle n'était accessible à aucune tentation. Il n'y avait rien en elle à quoi il pût se prendre. Elle était la plus belle des 20 vierges et des femmes, mais elle n'avait jamais eu sciemment de prétendants, sinon lors de l'épreuve qui fut faite dans le temple avec des branches d'arbre, et à la suite de laquelle il lui fallut prendre un mari. Ce qui induisait le mauvais esprit en erreur, c'était que Jésus n'avait point vis à vis de ses disciples la même sévérité que les pharisiens, en ce qui touchait certains usages de peu d'importance. Il le croyait un homme parce que quelques irrégularités de ses disciples scandalisaient les Juifs. Comme il avait souvent vu Jésus plein de feu et d'ardeur, il chercha d'abord à l'irriter en lui montrant ses disciples le suivant malgré lui ; l'ayant vu plein de miséricorde, il voulut le toucher en se montrant sous la figure d'un pauvre vieillard tombant en défaillance, puis entrer en discussion avec lui en qualité d'Essénien.
(4 et 5 novembre.) Je vis près de la grotte une nuée lumineuse dans laquelle j'aperçus comme des visages. Il en sortit des anges qui avaient la forme humaine. Ils allèrent à Jésus, le fortifièrent et le consolèrent.
Le dixième jour, 5 novembre, je vis Jésus prosterné dans la grotte, la face contre terre. Je le vis prier agenouillé et debout et je vis des anges entrer et sortir.
(6 novembre.) Je vis Jésus dans la grotte couché sur le côté et je vis apparaître l'essénien Eliud qui s'approchait de lui. C'était encore Satan, et je compris qu'il devait avoir connaissance que tout récemment la croix avait été présentée à Jésus, car il lui dit avoir appris par une révélation quels terribles combats lui avaient été montrés, combats qu'il avait bien senti être au dessus des forces de Jésus. Il n'était pas non plus, disait il, en état de jeûner quarante jours, c'est pourquoi il était venu, poussé par l'affection qu'il lui portait, pour le voir encore une fois, et pour le prier de lui permettre de lui tenir compagnie dans sa solitude, ajoutant qu'il voulait se charger d'une partie de son voeu. Jésus ne prêta aucune attention à tout cela. Il se releva, leva les mains au ciel et dit : " Mon père, retirez moi cette tentation ! " Je vis alors Satan se montrer plein de rage et disparaître.
Jésus alors se mit à genoux pour prier. Au bout de quelque temps, je vis s'approcher trois jeunes gens(1) qui l'avaient accompagné lorsqu'il était sorti pour la première fois de Nazareth et qui l'avaient quitté plus tard. Ces jeunes gens s'avancèrent d'un air timide, se prosternèrent devant Jésus et se plaignirent de ne pouvoir trouver de repos nulle part tant qu'il ne leur avait pas pardonné. Ils le prièrent de les prendre en pitié, de les admettre de nouveau et de les laisser jeûner avec lui comme pénitence. Ils voulaient, dorénavant, être les plus fidèles de ses disciples. Ils se lamentaient très haut et ils étaient entrés dans la grotte en faisant toute sorte de bruit autour de lui. Jésus se releva, étendit les mains et invoqua Dieu, et ils disparurent.
(7 et 8 novembre.) Comme je regardais Jésus qui priait à genoux dans la grotte, je vis Satan, vêtu d'une robe resplendissante, arriver à travers les airs et planer près de l'endroit où le rocher était coupé à pic. De ce côté, il n'y a pas d'entrée dans la grotte, mais seulement quelques fissures : c'est le côté du levant.
Note 1 : Il s'agit ici de ceux qui, lors de la première sortie du Sauveur, le suivirent jusqu'à Hébron. Cependant alors la narratrice n'en mentionna que deux.
Jésus ne regarda pas Satan qui voulait faire l'ange : dans ce cas, sa lumière n'est jamais transparente, mais comme étendue à la surface et sa robe fait l'effet de quelque chose de raide, tandis que la robe des anges paraît légère et diaphane. Il vola à l'entrée de la grotte et dit : Je suis envoyé par ton Père pour te consoler. "Jésus ne le regarda pas. Alors il reparut à une des ouvertures de la grotte du côté ou elle est tout à fait inaccessible et dit à Jésus qu'il devait reconnaître en lui un ange à la manière dont il planait au dessus du rocher. Mais Jésus ne tourna pas les yeux de son côté. Alors Satan entra en fureur et fit comme s'il eût voulu le saisir avec ses griffes à travers l'ouverture ; son aspect devint horrible, et il disparut. Mais Jésus ne le regarda pas. Le 8, je vis Jésus s'agenouiller et prier dans la grotte.
(9 novembre.) Remarque de l'écrivain le 8 novembre 1821 : La vision de ce jour sur le jeûne de Jésus fut continuellement mêlée à d'autres visions où la narratrice se livrait à ces travaux qu'elle avait coutume de faire la nuit dans son oraison : c'est du reste ce qui arrive le plus souvent et de là vient qu'elle a rarement le temps de faire des communications complètes.
Toute la série de ses contemplations nocturnes a la forme d'un voyage qu'elle fait sous {a conduite de son ange gardien. Le but spirituel de ce voyage se détermine d'après les travaux en oraison qui lui sont assignés, suivant les circonstances de l'époque où elle vit ou suivant le temps de l'année ecclésiastique. Le point central de ce voyage est la Terre Promise, où elle retrouve chaque jour ses visions sur la vie de Jésus et où la tâche qu'elle a pour le moment, remplir dans son oraison s'unit aux mérites de ce jour de la vie du Rédempteur. Dans ce voyage, elle passe par les contrées où ont vécu les saints dont on fait la fête ce jour là, elle se mêle à leur vie, unit leurs mérites aux mérites de Jésus, et les applique au succès des prières qu'elle a à faire pour les pays avec lesquels ces saints ont quelque relation particulière. Il en est ainsi sur tout le chemin qu'elle parcourt soit pour aller, soit pour revenir et à cela se mêle la vue de tous les besoins et de toutes les misères du présent et de l'avenir. Or depuis le 2 novembre, jour des Morts, sa principale occupation était de prier pour l'Eglise souffrante. Elle faisait ainsi l'oeuvre d'un chrétien, qui, priant et contemplant. suit, à travers le temps, comme un fit conducteur, la série des jours de l'année ecclésiastique. La vision d'aujourd'hui sur la vie de Jésus se présenta de la manière suivante :
Je vis cette nuit Jésus prier dans la grotte, tantôt couché, tantôt à genoux, tantôt debout. Pendant la plus grande partie de la nuit, j'ai été dans la grotte près de Jésus, agenouillée moi même et priant. J'ai eu une terrible nuit. Il faisait si mauvais et si froid sur cette montagne. Il y eut de l'orage et il est tombé beaucoup de pluie et de grésil. J'ai vu les misères morales du monde entier et aussi ma propre abjection. J'ai vu le triste état de l'Eglise et les chutes de tout genre des prêtres. J'ai vu les grâces et les ressources innombrables que Jésus nous a octroyées, et j'ai eu le sentiment de tout ce qu'il a déjà conduis pour nous, rien que dans ce pénible jeûne du désert. J'étais toute brisée et comme broyée : j'éprouvais en outre pour Jésus qui était près de moi, une compassion qui me déchirait le coeur, et j'avais en même temps le sentiment de ma propre méchanceté. Et pourtant au milieu de toutes ces douleurs, ma faiblesse faisait que je ne pouvais m'empêcher de me dire de temps en temps : " Pourquoi Jésus ne me dit il rien ? Pourquoi ne me dit il pas : Lève toi ! " car je me croyais hors d'état de supporter toutes ces peines.
Comme j'étais prête à m'impatienter, il ne me dit rien que ce seul mot : Patience ! et je me sentis soulagée. Je restai là encore quelque temps étendue par terre et j'eus le sentiment complet du désert, avec son âpre température et celui des douleurs de Jésus. Alors à travers le froid, il m'arriva un air tiède et une sensation agréable. Trois âmes pleuraient près de moi dans la grotte et chacune avait deux anges à côté d'elles : elles remercièrent à propos de souffrances qui les avaient soulagées et disparurent. Je les connaissais alors, maintenant je ne les connais plus. Je suis encore dans un état misérable. Il m'a été aussi ordonné de prier pour prévenir des malheurs imminents que j'ai vus, mais surtout à l'occasion des mariages mixtes à propos desquels il m'a été montré que des maux innombrables en résultent pour l'Eglise.
(10 et 11 novembre.) Je vis Jésus comme toujours prier dans la grotte prosterné, agenouillé ou debout. Il porte son vêtement ordinaire. Seulement sa robe est lâche et n'est pas attachée : il n'a pas de ceinture et il a les pieds nus. Son manteau est posé par terre avec sa ceinture et une paire de poches comme en portent les Juifs, et il s'y appuie quelquefois il ne mange ni ne boit : il souffre souvent de la faim. Des anges le réconfortent. Alors il descend sur lui comme une nuée légère, et il coule dans sa bouche comme une espèce de rosée.
Les quarante jours, dans le désert, sont un nombre mystérieux et se rapportant, comme les quarante années des Israélites dans le désert, à quelque chose que j'ai oublié. Jésus a chaque jour un nouveau travail à accomplir par sa prière ; chaque jour il conquiert pour nous de nouvelles Grâces, et ce qui a précédé ne se représente jamais. Sans ce travail auquel il s'est soumis, jamais notre résistance aux tentations n'aurait pu être méritoire. Le il j'ai vu Jésus prier comme précédemment dans différentes postures.
(12 novembre.) Je vis Satan sous la figure d'un vieil ermite du mont Sina' venir vers Jésus dans là grotte. Il gravissait péniblement la montagne ; il était à moitié nu ; son corps était couvert comme de peaux de bêtes, et il avait une longue barbe ; il y avait dans sa physionomie quelque chose de moqueur et d'astucieux. Il lui dit qu'un Essénien du mont Carmel, qui était venu le voir, lui avait parlé du baptême de Jésus, de sa sagesse, de ses miracles et du jeûne rigoureux qu'il faisait actuellement. Là dessus, malgré son grand âge, il avait entrepris ce long voyage pour venir le trouver : il voulait s'entretenir avec lui, d'autant plus qu'il avait une longue expérience de la mortification. Il pensait que Jésus en avait assez fait et devait maintenant se reposer : il voulait, lui, se charger d'une partie de ce qu'il s'était imposé. Il dit beaucoup de choses dans ce sens. Jésus regarda de côté et dit : "Retire toi de moi, Satan ! "Alors je vis Satan tout ténébreux et, sous la forme d'un globe noir, rouler avec fracas jusqu'au bas de la montagne.
Je demandai alors intérieurement comment il se faisait que la divinité de Jésus restât si parfaitement cachée pour Satan, et je reçus à ce sujet de belles et admirables instructions ; je me préoccupais vivement de savoir comment je pourrais raconter tout cela, mais je l'ai tout à fait oublié : je vis clairement l'extrême avantage qu'il y avait pour les hommes à ce que ni Satan, ni eux n'en eussent connaissance ; il leur fallait apprendre à croire. Le Seigneur me dit notamment quelque chose que j'ai retenu. "L'homme n'a pas su que le serpent qui l'a séduit était Satan, c'est pourquoi Satan, non plus, ne doit pas savoir que c'est Dieu qui rachète l'homme. c J'eus, à cette occasion, de très belles visions, et je vis que Satan ne connut la divinité du Christ que lorsqu'il délivra les âmes des limbes.
Du 14 au 16 novembre, elle fut trop malade pour pouvoir rien raconter. Le 17, elle dit : J'ai vu tous ces jours ci Jésus prier dans la grotte et jeûner. J'ai oublié les détails La grotte n'est pas tout à fait au sommet de la montagne.
(18 novembre.) Je vis aujourd'hui Satan entrer dans la grotte sous la figure d'un homme de distinction de Jérusalem (2). Il dit qu'il venait par suite du grand intérêt qu'il lui portait, car il situait que sa mission était de rendre la liberté aux Juifs. Il lui raconta en outre toutes les contestations qui avaient eu lieu à Jérusalem à son sujet et tout ce qui avait été dit. Il venait le voir pour prendre sa cause en main. Il voulait aller avec lui à Jérusalem où ils demeureraient ensemble dans le palais d'Hérode (elle croit qu'il s'agit de l'Hérode dont l'autre Hérode, qui habitait à Callirrhoé, avait enlevé la femme). Il me sembla que c'était un agent de cet Hérode. Il ajouta que Jésus pouvait faire venir là ses disciples en secret et procéder à la réalisation de ses projets. Il le pressa de venir avec lui sans retard. Il débita tout cela à Jésus très au long. Jésus ne le regarda pas, nais il pria avec ardeur, et je vis Satan se retirer ; sa figure devint hideuse, et il sortit de son nez comme du feu et de la vapeur, après quoi il disparut.
Note 2 : Dans les visions communiquées jusqu'ici, Satan démasqué par la prière apparaît toujours sous une forme hideuse qui correspond au mensonge dont il est convaincu. C'est comme dans la vie de ce monde où le menteur quand il est surpris et confondu se montre un peu différent de ce qu'il est l'ordinaire.
(19 20 novembre.) Pendant cette nuit où je fus malade à mourir, j'étais depuis la veille au soir en contemplation prés de Jésus dans la grotte, et je vis toute sa passion grandir devant lui comme un arbre qui croît. J'en vis tous les détails dans des tableaux merveilleux jusqu'à son crucifiement avec ses tortures et ses affreuses souffrances. Dans ces représentations je vis, comme toujours, la croix faite de cinq espèces de bois, avec des bras insérés dans le tronc, un coin sous chaque bras et un morceau de bois pour soutenir les pieds. La partie de l'arbre qui était au dessus de la tête et où l'écriteau était attaché était surajoutée, car d'abord l'arbre était trop court pour qu'on pût placer l'inscription au dessus de la tête. à propos de cette addition, la Soeur mentionne quelque chose comme des feuilles : elle dit aussi une fois : " C'est placé au dessus comme un couvercle sur un étui. "
Je vis tout cela dans un merveilleux tableau symbolique, et je vis en outre toutes sortes de transformations mystérieuses dans le Saint Sacrement. Je crois que Jésus eut aussi ces visions, car je vis près de lui des anges qui vénéraient ces mystères. Je m'éveillai alors dans les douleurs les plus cruelles, mais je me réjouissais toujours de m'endormir de nouveau pour éprouver ces souffrances.
Tous ces jours ci je vis Jésus dans la grotte p riant et jeûnant, et je m'unis à lui pour prier, pour renoncer et pour surmonter toute répugnance.
Le 28 novembre, elle dit : J'ai vu aujourd'hui des anges montrer à Jésus, dans plusieurs tableaux, l'ingratitude des hommes, le doute, la raillerie, l'injure, la trahison, le reniement, tout ce que devaient faire ses amis et ses ennemis jusqu'à sa mort et après sa mort, et tout ce qui devait se perdre de ses travaux et de ses peines. Il vit tout cela, et dans son angoisse, il eut une soeur de sang. Pour le consoler, ils lui montrèrent alors tout ce qui était gagné. Ils lui montraient tout du doigt, à mesure que les tableaux se succédaient.
Le 29, elle dit : J'ai vu aujourd'hui Jésus tout épuisé de ses luttes et plongé dans la tristesse, en considérant la grandeur des pertes et l'inutilité de ses efforts pour le salut d'un bien grand nombre d'hommes.
(30 novembre.) J'ai vu aujourd'hui Jésus soumis à une tentation : il commençait à avoir grand faim et surtout à souffrir beaucoup de la soif. Je le vis, il est vrai réconforté quelquefois par des anges, mais jamais manger ni boire : je ne je vis jamais non plus hors de la grotte. il n'y avait pas en lui d'amaigrissement sensible, mais il était devenu très blanc et très pâle.
Je vis Satan s'approcher de lui sous la figure d'un vieil ermite et lui dire : " J'ai bien faim, je vous prie de me donner des fruits qui sont là sur la montagne devant la grotte, car je ne peux pas en cueillir sans la permission du propriétaire (il feignait de prendre Jésus pour le propriétaire) ; asseyons nous donc ensemble et parlons de choses édifiantes. À, Il y avait, non pas à l'entrée, mais ailleurs, à quelque distance, près du côté opposé de la grotte qui regardait le levant, des figues et une espèce de fruit semblable à la noix, mais avec une enveloppe plus molle, comme celle des nèfles : il y avait aussi des baies. Jésus lui dit : " Retire toi de moi ! toi qui es menteur depuis le commencement des siècles, et n'endommage pas ces fruits '. Alors je vis l'ermite, transformé en une petite figure noire, fuir comme un trait par dessus la montagne et une vapeur sombre sortir de sa bouche. Je ne savais pas qu'il pût endommager ces fruits, quoique je pensas bien qu'il laissait après lui une odeur infecte.
Aujourd'hui, jour de la fête de saint André, elle parla de lui et raconta ceci entre autres choses : André est allé aujourd'hui chez un frère ou demi frère qu'il avait, indépendamment de Pierre, et qui est devenu disciple. André s'entretint avec lui : il était triste et inquiet de ce que Jésus était dans le désert depuis si longtemps : il était agité au sujet de son retour, et il avait des doutes à combattre. Il s'entretint aujourd'hui avec son frère à ce sujet.
(2 décembre.) Satan vint encore trouver Jésus sous la figure d'un voyageur. Il lui demanda s'il ne voulait pas manger des beaux raisins qui étaient dans le voisinage et qui étaient si bons pour apaiser la soif. Jésus ne répondit rien et ne tourna même pas les yeux de son côté. Le jour d'après, il le tenta de la même façon en lui parlant d'une source.
(3 décembre.) Vers midi, je vis Satan venir vers Jésus dans la grotte. Il vint en qualité de savant faiseur de tours : il lui dit qu'il venait à lui comme à un sage, et voulait lui montrer que lui aussi savait faire quelque chose, l'engageant à le regarder faire. Alors il lui fit voir, suspendue à son bras, une machine semblable à une boule, ou plutôt à une cage d'oiseau. Jésus ne le regarda pas, tourna le des et entra plus avant dans la grotte. Ce fut la première fois que je vis pareille chose.
J'ai vu ce qu'il y avait à voir dans la boîte. On y avait sous les yeux un paysage ravissant, un jardin de plaisance agréable, plantureux, plein de beaux ombrages, de sources fraîches, d'arbres chargés de fruits et de raisins magnifiques. Tout cela était si rapproché, qu'on semblait le toucher, et il s'y produisait des changements à vue de plus en plus attrayants. Jésus lui tourna le des, et Satan disparut.
Cette tentation avait encore pour but d'interrompre le jeûne de Jésus, qui maintenant commençait à ressentir vivement la faim et la soif. Satan ne sait pas comment s'y prendre avec lui. Il connaît les prédictions faites à son sujet, et il sent aussi que Jésus a autorité sur lui, mais ignore qu'il est Dieu, qu'il est le Messie que rien ne peut empêcher de faire son oeuvre, parce qu'il le voit jeûner, soutenir des luttes, avoir faim, en un mot, parce qu'il le voit pauvre, sujet à bien des souffrances, semblable en tout à un homme ordinaire. En cela, Satan est, à quelques égards, aussi aveugle que les pharisiens : mais il le regarde comme un saint homme que dans tous les cas il peut tenter et faire faillir.
(4 décembre.) Je vis Jésus agité et très combattu il souffrait de la faim et de la soif. Je le vis plusieurs fois devant la grotte. Je vis vers le soir Satan gravir la montagne sous la figure d'un homme grand et robuste ; il avait pris en bas deux pierres qui étaient de la grandeur de deux petits pains, mais anguleuses, et je vis qu'en montant il les maniait et leur donnait complètement la forme de pains. Il y avait dans son aspect quelque chose d'incroyablement farouche lorsqu'il vint vers Jésus dans la grotte. Il tenait une des pierres dans chaque main, et il lui parla à peu près en ces termes : " Tu fais bien de ne pas manger de fruits, ils ne font qu'irriter l'appétit ; mais si tu es le Fils bien aimé de Dieu sur qui l'Esprit est descendu à son baptême, vois ces pierres auxquelles j'ai fait prendre la forme de pains : change les maintenant en pain." Jésus ne regarda pas Satan : je l'entendis seulement prononcer ces paroles : " L'homme ne vit pas seulement de pain. "Je n'ai entendu distinctement ou retenu que ces paroles : dans l'Evangile il y en a d'autres encore qui vraisemblablement m'ont échappé, car alors je vis Satan au comble de la rage. Il étendit ses griffes vers Jésus, et je vis alors les deux pierres posées sur ses bras. Après cela il s'enfuit, et je ne pus m'empêcher de rire en le voyant obligé de remporter ses pierres.
Vers le soir du jour suivant, je vis Satan, sous la figure d'un ange puissant, voler vers Jésus avec grand bruit Il avait une espèce de vêtement de guerre, comme je le vois aux apparitions de saint Michel ; mais à travers son plus grand éclat on peut toujours distinguer quelque chose de sombre et de furieux. Il se vanta en présence de Jésus, et lui dit à peu près : " Je veux te faire voir qui je suis, ce que je puis, et comment les anges me portent dans leurs mains. Voilà Jérusalem ! voilà le temple ! Je te porterai sur son faite le plus élevé. Montre alors ce que tu peux faire : voyons si les anges te porteront jusqu'en bas. "Pendant qu'il parlait ainsi, il me sembla voir Jérusalem et le temple tout contre la montagne, mais je crois que c'était seulement une vision. Jésus ne lui fit aucune réponse. Alors Satan le prit par les épaules et le porta à travers les airs, à Jérusalem, mais en volant près de terre : il le posa sur la cime d'une des quatre tours qui s'élevaient aux quatre coins de l'enceinte du temple, et que jusqu'alors je n'avais pas remarquées.
Cette tour était du côté occidental, vis à vis la forteresse Antonia. La montagne du temple était presque à pic en cet endroit. Ces tours étaient comme des prisons : dans une d'elles on gardait les vêtements précieux du grand prêtre. Elles étaient terminées par une plate forme autour de laquelle on pouvait marcher. Au milieu s'élevait encore une coupole creuse que surmontait une grosse boule sur laquelle il y avait place pour deux personnes. On pouvait de là voir au dessous de soi le temple tout entier.
Ce fut sur ce point culminant de la tour que Satan plaça Jésus : celui ci gardait le silence. Mais Satan vola d'en haut jusqu'au sol et lui dit : "Si tu es le Fils de Dieu, montre ta puissance et descends à ton tour, car il est écrit : il ordonnera à ses anges de te porter dans leurs mains, de peur que tu ne te heurtes contre la pierre. "Mais Jésus répondit : `` il est écrit aussi : Tu ne tenteras pas ton Seigneur. "Sur quoi Satan revint à lui plein de rage, et Jésus dit : " use du pouvoir qui t'a été donné.
Alors Satan, saisi d'une nouvelle fureur, le saisit de nouveau par les épaules et vola avec lui au dessus du désert, dans la direction de Jéricho. Satan, cette fois, me parut voler plus lentement. Je le vis, dans sa colère et sa rage contre Jésus, planer tantôt haut, tantôt bas, et en vacillant, comme quelqu'un qui veut décharger sa colère, et qui n'est pas maître de le faire. Il porta Jésus à sept lieues de Jérusalem, sur cette même montagne ou il avait commencé son jeûne.
J'ai vu qu'en le portant il passa tout contre le grand et vieux térébinthe dont j'ai eu récemment près de moi une relique que j'ai reconnue. Ce bel et grand arbre s'élève dans l'ancien jardin d'un Essénien, de ceux qui ont autrefois habité ici : Elle aussi y séjourna. Le térébinthe était derrière la grotte, à peu de distance de l'escarpement à pic. Trois fois par an on fait des entailles aux arbres de celle espèce, et on en tire un baume d'assez médiocre qualité.
Satan posa le Sauveur au point culminant de la montagne sur un rocher inaccessible qui surplombait : ce point est beaucoup plus haut que la grotte. Il faisait nuit : mais pendant que Satan montrait les divers points de l'horizon, tout était éclairé, et on voyait dans toutes les directions les plus beaux pays du monde. Le démon parla à peu près en ces termes : "Je sais que tu es un grand docteur, que lu veux rassembler des disciples autour de toi et répandre ta doctrine. Vois tous ces magnifiques pays, ces puissantes nations, et vois aussi ce qu'est en comparaison d'eux la petite Judée. C'est là qu'il faut aller : Je te donnerai tous ces pays si tu te prosternes devant moi pour m'adorer. Par cette adoration, le démon entendait une posture humble et suppliante que prenaient souvent les Juifs d'alors et en particulier les Pharisiens devant de grands personnages et des rois quand ils voulaient obtenir d'eux quelque chose. Le démon présentait ici à Jésus, sur une plus grande échelle, une tentation semblable à celle par laquelle il avait cherché à le séduire lorsqu'il était venu le trouver, sous la figure de l'agent d'un Hérode de Jérusalem, et l'avait engagé à venir dans le palais que le roi avait dans cette ville, en lui promettant de l'aider dans son entreprise. Lorsque Satan montrait ainsi les divers points de l'horizon, on voyait apparaître de grands pays avec les mers qui les baignaient, puis leurs villes, puis leurs monarques dans tout l'éclat d'une pompe triomphale, avec leur cortège et leurs armées.
On voyait tout cela aussi distinctement que si l'on en eût été tout près et même encore plus distinctement ; on était réellement dans tous ces lieux, et chaque scène, chaque peuple se montrait avec la pompe et l'éclat qui lui étaient propres, avec ses moeurs et ses usages particuliers.
Satan fit ressortir les prérogatives de chaque peuple et montra avec une insistance particulière un pays où l'on voyait de grands et beaux hommes magnifiquement vêtus, ressemblant presque à des géants. Je crois que c'était la Perse : il conseilla à Jésus d'aller de préférence enseigner là. Il lui montra là Palestine comme une petite contrée insignifiante. C'était un spectacle merveilleux : on voyait tant de choses et si clairement, et tout était si brillant et si magnifique !
Jésus ne dit que ces mots : "Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu ne serviras que lui seul. Retire toi de moi, Satan. Alors je vis Satan, sous une forme incroyablement hideuse, s'élancer du haut du rocher dans le précipice, et disparaître comme si la terre l'eut englouti.
Aussitôt après, je vis une troupe d'anges s'approcher de Jésus et s'incliner devant lui : ils le portèrent, je ne sais de quelle manière, comme sur leurs mains, et, planant doucement avec lui près du rocher, ils le ramenèrent dans la grotte où il avait commencé son jeûne de quarante jours. Il y avait douze anges principaux avec d'autres troupes d'assistants qui formaient aussi un nombre déterminé : je ne sais plus bien s'ils étaient soixante douze, mais je suis portée à le croire : car il y eut dans toute cette vision quelque chose qui me rappela les apôtres et les disciples. Il y eut alors dans la grotte comme une fêle d'actions de grâces pour une victoire et comme un festin solennel. Je vis la grotte tapissée intérieurement de feuilles de vigne par les anges : elle était ouverte, et une couronne triomphale de feuillage était suspendue en l'air au dessus de la tête de Jésus. Tout cela se fit avec un ordre et une solennité merveilleuse : tout y était clair, symbolique et lumineux, et ce fut promptement fait, car ce qui était planté ou apporté dans une intention répondait comme de soi même à cette intention et se développait suivant la destination qui lui était assignée.
Les anges apportèrent aussi une table couverte d'aliments célestes qui, petite au commencement, s'accrut et grandit rapidement. Les mets et les vases étaient semblables à ceux que je vois toujours sur les tables du ciel : je vis Jésus, les douze anges principaux et les autres aussi en prendre leur part. On ne faisait pas passer les aliments par la bouche, et pourtant on se les assimilait ; l'essence des fruits passait jans ceux qui les prenaient, et il y avait réfection et participation. C'est quelque chose qu'il est impossible d'exprimer.
A l'extrémité de la table se trouvait seul un grand calice lumineux, entouré de petites coupes : il était de la même forme que celui qui figura à l'institution de la sainte Cène ; seulement il était plus grand et avait quelque chose de plus immatériel. il y avait aussi une assiette avec des petits pains ronds très minces. Je vis Jésus verser quelque chose du calice dans les coupes et y tremper des morceaux de pain : après quoi les anges les prirent et les emportèrent. Dans ce moment, le tableau disparut, et Jésus quitta la grotte et descendit vers le Jourdain.
Les anges qui servaient Jésus parurent sous des formes différentes et suivant un ordre hiérarchique : ceux qui, en dernier lieu, disparurent avec le pain et le vin étaient en habits sacerdotaux. Je vis, dans le même instant, des consolations : merveilleuses de toute espèce arriver aux amis présents et futurs de Jésus. Je vis à Cana Jésus apparaître en vision à la sainte Vierge et la réconforter. Je vis Lazare et Marthe très émus et remplis d'un nouvel amour pour Jésus. Je vis Marie la Silencieuse recevoir réellement de la main d'un ange un aliment pris sur la table du Sauveur. Je vis l'ange près d'elle, et elle reçut ce qu'il lui apportait avec la simplicité d'un enfant. Elle avait vu constamment toutes les souffrances et les tentations de Jésus ; sa vie se passait à les contempler et à y compatir, et elle n'éprouva aucune surprise. Je vis aussi Madeleine singulièrement remuée. Elle était occupée à se parer pour une fête, lorsqu'elle fut saisie inopinément d'une vive inquiétude sur sa vie et d'un ardent désir du salut, si bien qu'elle jeta là sa parure, ce qui lui attira force moqueries de la part de son entourage. Je vis aussi plusieurs des futurs apôtres réconfortés et pleins d'ardeur. Je vis Nathanaël dans sa demeure pensant à tout ce qu'il avait entendu dire de Jésus et très ému à ce sujet, mais chassant encore ces pensées de son esprit. Je vis Pierre, André et tous les autres fortifiés et touchés. C'était une vision admirable dont je ne me rappelle que peu de chose.
Au moment où Jésus commençait son jeûne, Marie résidait dans sa maison, près de Capharnaum. Il en était alors comme à présent, et la faiblesse humaine reste toujours la même. Il venait s'installer chez la sainte Vierge des voisines indiscrètes, qui, sous prétexte de la consoler, reprochaient à Jésus de s'en aller on ne savait ou, de la négliger complètement, quoi que ce fût son devoir, depuis la mort de Joseph, de prendre une profession pour soutenir sa mère, etc. En général, on tenait beaucoup de propos sur Jésus dans tout le pays, car les circonstances merveilleuses de son baptême, le témoignage de Jean, les récits de ses disciples dispersés, tout concourait à attirer l'attention sur lui. Il n'y eut autant dé bruit à son sujet que plus tard, lors de la résurrection de Lazare et avant sa passion.
La sainte Vierge était très sérieuse et concentrée en elle même : lorsque Jésus était séparé d'elle, elle avait toujours des mouvements intérieurs et des pressentiments, et souffrait avec lui.
Vers la fin des quarante jours, Marie était allée à Cana, en Galilée, chez les parents de la fiancée de Cana. Ce sont des gens considérés et comme les principaux personnages de l'endroit : ils ont une belle maison presque au centre de la ville, qui est très agréable et bien bâtie. Elle est traversée par une route, je crois que c'est celle de Ptolémaïs : on voit la route descendre des hauteurs qui s'élèvent en face de la ville. Les rues sont moins tortueuses, et le terrain moins inégal que dans bien d'autres endroits. Le mariage doit se faire dans cette maison. Ils en ont une autre qu'ils donnent toute meublée avec leur fille. La sainte Vierge y habite pour le moment. Le fiancé est à peu près de l'âge de Jésus : c'est, je crois, un fils du premier lit d'une des trois veuves de Nazareth : il n'est pas de ceux qui suivirent une fois Jésus jusqu'à Hébron. Il est, chez sa mère, comme maître de la maison : il est à la tête de son ménage. Il est maintenant près d'elle : je crois que plus tard il doit assister son beau père dans son emploi. Ces bonnes gens consultent la sainte Vierge pour l'éducation de leurs enfants et ils lui confient tout : elle s'entretient aussi avec la fiancée, qui est une belle jeune fille. Je vois celle ci se rencontrer avec son fiancé en présence d'autres personnes, mais toujours voilée.
Je vis Jean pendant ce temps continuer toujours à baptiser. Hérode s'efforçait d'obtenir de lui qu'il vint le voir : il lui envoyait aussi des messagers pour tâcher de savoir de lui quelque chose sur Jésus. Mais Jean le traitait toujours avec aussi peu d'égards que précédemment, et il répétait ce qu'il avait dit de Jésus.
Des envoyés de Jérusalem sont encore venus près de lui pour lui faire subir un interrogatoire sur Jésus et sur lui même. Jean répondit comme toujours qu'il n'avait pas vu Jésus de ses yeux, antérieurement à son baptême, mais qu'il était envoyé pour lui préparer la voie.
Je vis que Jean, depuis ce temps, enseignait toujours que l'eau avait été sanctifiée par le baptême de Jésus et par le Saint Esprit qui était venu sur lui. J'appris que la descente du Saint Esprit sur Jésus, pendant qu'on le baptisait, avait donné plus de sainteté au baptême, et qu'il était alors sorti de l'eau beaucoup de mauvais éléments. C'était pour cela que j'avais vu la noire figure de Satan et toutes ces affreuses bêtes se presser au sein du nuage qui était sur le Jourdain, au moment où le Saint Esprit descendit. C'était comme un exorcisme de l'eau. Jésus voulut recevoir le baptême, afin que l'eau tût sanctifiée par là, car il n'en avait aucun besoin. Le baptême de Jean fut dès lors plus pur et plus saint : c'est pourquoi je vis Jésus baptisé dans un bassin séparé qu'on mit en communication avec le Jourdain et avec le réservoir où l'on baptisait tout le monde : c'est aussi pour cela que Jésus et ses disciples y prirent de l'eau et l'emportèrent avec eux pour qu'elle servît dans d'autres baptêmes.
Jésus dans le désert. Son jeûne de quarante jour. Avant le sabbat, Jésus, accompagné de Lazare, alla à l'hôtellerie que celui ci possédait sur le chemin du désert. Il lui dit en particulier qu'il reviendrait dans quarante jours. à partir de l'hôtellerie, il continua son chemin seul et pieds nus. Il n'alla pas d'abord dans la direction de Jéricho, mais vers le midi, comme s'il eût voulu aller à Bethléhem, en passant entre la résidence des parents de sainte Anne et celle des parents de saint Joseph près de Maspha : alors il se dirigea vers le Jourdain, faisant le tour de tous les villages par des sentiers ; il passa tout contre le lieu où l'arche d'alliance s'était arrêtée, et où Jean avait célébré une fête.
Il commença à gravir la montagne à une lieue environ de Jéricho ; et il entra dans une caverne spacieuse. Cette chaîne de montagne, à partir de Jéricho, court entre le levant et le midi, et, de l'autre côté du Jourdain, elle se dirige vers Madian. Jésus commença son jeûne ici, près de Jéricho ; il le continua en divers endroits situés au delà du Jourdain et revint le terminer sur cette première montagne, qui est celle où le diable le transporta. Au sommet de cette montagne, on a une vue très étendue. Elle est en partie couverte de buissons, en partie nue et sauvage. Elle ne s'élève pas jusqu'au niveau de Jérusalem, mais sa base est située beaucoup plus bas, et elle est dans une situation plus isolée. Lé point lé plus élevé des hauteurs de Jérusalem est la colline du Calvaire qui se trouve au niveau du faîte du temple. Du côté de Bethléhem, et vers le midi, Jérusalem aboutit à des escarpements coupés à pic : de ce côté aussi il n'y a pas d'entrée, et tout l'emplacement est occupé par des palais.
Jésus gravit pendant la nuit la montagne escarpée et sauvage qu'on appelle aujourd'hui montagne de la Quarantaine. Il y a trois crêtes et trois grottes placées l'une au dessus de l'autre. Derrière la grotte supérieure dans laquelle entra Jésus, l'oeil plongeait dans les sombres profondeurs d'un précipice escarpé : toute la montagne était pleine de fentes effroyables et dangereuses. Cette même grotte, quatre siècles auparavant avait été habitée par un prophète dont j'ai oublié le nom. Elle aussi, à une époque, a longtemps résidé ici en secret : il élargit même l'une des grottes. Il descendit de là parmi le peuple sans que personne sût d'où il venait ; il prophétisait et pacifiait. Cent cinquante ans avant Jésus, des Esséniens, au nombre d'environ vingt cinq, y avaient fait leur demeure. Le camp des Israélites était au pied de cette montagne lorsqu'ils firent le tour de Jéricho en portant l'Arche d'alliance au son des trompettes. La fontaine dont Elisée rendit douces les eaux amères, est aussi dans les environs. Sainte Hélène fit disposer des chapelles dans ces grottes. J'ai vu sur le mur de l'une d'elles une peinture représentant la Tentation. Il y eut plus tard un couvent sur cette hauteur. Je ne puis m'imaginer comment les ouvriers pouvaient venir travailler là.
Sainte Hélène
Sainte Hélène a fait construire des églises dans beaucoup de lieux saints de la Palestine. Ce fut elle qui bâtit l'église placée au lieu de la naissance de sainte Anne, deux lieues avant Séphoris. Les parents d'Anne avaient aussi une maison à Séphoris même. Combien il est triste que la plupart de ces saints lieux aient été tellement dévastés, que le souvenir même s'en est perdu ! Lorsque étant jeune fille, j'allais avant le jour dans la neige à l'église de Coesfeld, je voyais distinctement tous ces lieux sanctifiés, et je vis souvent des hommes pieux qui se prosternaient à terre dans le chemin devant les guerriers qui les dévastaient, afin de les préserver de la destruction.
Les paroles de l'Ecriture : " II fut conduit par l'Esprit dans le désert, "doivent s'interpréter ainsi : " Le Saint Esprit qui vint sur lui dans le baptême " , en ce sens que Jésus fit participer son humanité à tout ce qui appartient à la Divinité, le poussa à aller dans le désert, et à se préparer, en tant qu'homme, en présence de son Père céleste, aux souffrances auxquelles il était appelé.
(27 et 28 octobre.) Je vis Jésus à genoux et les bras étendus dans la grotte. Il demandait à son Père céleste de le fortifier et de le consoler dans toutes les souffrances qui lui étaient préparées. Il vit d'avance toutes ses souffrances, et demanda la grâce nécessaire pour chacune d'elles en particulier. Je vis cette vision depuis deux heures jusqu'à quatre heures trois quarts du matin : elle contenait tant de choses, que c'était comme si elle eut duré pour moi une année.
Je vis des représentations de toutes les peines, de toutes les douleurs de Jésus jusqu'à sa mort. Je le vis implorer son Père, et recevoir pour chacune d'elles la force, la consolation et tout ce qui la rendait méritoire. Je vis s'abaisser sur lui une nuée blanche et lumineuse aussi grande qu'une église, et après chacune de ses prières, s'approcher de lui de grandes figures incorporelles, lesquelles prenaient la forme humaine quand elles étaient près de lui, lui rendaient hommage et lui apportaient chacune une consolation et une promesse. Je ne puis exprimer tout ce que je vis et comment je le vis. Je vis que Jésus conquit pour nous dans le désert tout ce qui nous est donné de consolations, d'encouragements, de secours, de victoires dans les luttes que nous avons à soutenir ; qu'il acheta pour nous tout ce qui peut rendre méritoires nos combats et nos triomphes ; qu'il prépara d'avance pour nous tout ce qui fait la valeur de nos mortifications et de nos jeûnes ; qu'enfin il offrit à Dieu le Père tous les travaux et toutes les souffrances qui l'attendaient pour donner du prix aux travaux futurs, aux luttes spirituelles, aux efforts faits dans la prière par tous ceux qui croiraient en lui. Je vis aussi le trésor que Jésus amassait par là pour l'Eglise et qu'elle ouvre dans le temps du Carême. Je vis Jésus avoir une soeur de sang pendant cette prière, et je me trouvai moi même, lors de cette vision, ha tête et la poitrine inondées de sang. En ce moment, le jour commençait à poindre.
Aujourd'hui, Jésus descendit de la montagne vers le Jourdain, entre Galgala et le lieu où Jean baptisait, qui était environ une lieue plus au midi. Il s'embarqua lui même sur une poutre qui se trouvait là pour traverser le Jourdain dans cet endroit étroit et profond que je ne connaissais pas auparavant. Il passa sur la rive orientale, puis, laissant à droite Bethabara et coupant plusieurs routes qui conduisaient au Jourdain, il entra dans les montagnes par le désert, en suivant des sentiers escarpés qui se dirigeaient entre le levant et le midi il passa par une vallée qui va vers Callirrhoé, et où il traversa une petite rivière, puis il s'avança plus au nord, en suivant une arête de montagne jusqu'à un endroit où l'on a en face de soi, dans la vallée, la ville de Jachza. C'était là que les enfants d'Israël avaient battu Sehon, roi des Amorrhéens. Dans ce combat, les Israélites étaient trois contre seize : mais il y eut un miracle en leur faveur. un bruit effrayant se fit entendre au dessus des Amorrhéens et les frappa de terreur.
Jésus était alors sur des montagnes extrêmement sauvages : c'était quelque chose d'encore plus âpre que la montagne voisine de Jéricho. On se trouve à peu près en face de celle ci. Le mont du désert où est Jésus est à environ neuf lieues du Jourdain. C'est ici que Jésus fera son jeûne de quarante jours.
Ici aussi il a prié et vu dans toute leur étendue les souffrances qui l'attendent. Satan n'est pas encore venu près du Sauveur. La divinité et la mission de Jésus lui sont tout à fait cachées. Il n'a compris les paroles : ' C'est mon Fils bien aimé dans lequel je me complais, "que comme s'il s'agissait d'un homme, d'un prophète. Toutefois, Jésus a déjà à souffrir des luttes intérieures fréquentes et de diverse nature. La première tentation fut cette pensée : " Ce peuple est trop pervers : dois je souffrir tout cela pour eux, sans pourtant faire l'oeuvre complètement ". Mais sa charité et sa miséricorde infinies lui firent vaincre cette tentation causée par la vue de toutes ses souffrances.
(29 octobre.) Je vis Jésus dans une étroite grotte de montagne située dans la contrée de Jachza. Il était à genoux, priait sans relâche et parlait à son Père. Je vis tous les péchés du monde entier se présenter devant ses yeux, à partir de la chute originelle de l'homme. Tout cela vint sur lui comme de grands nuages orageux : il vit tout ce qu'il avait à souffrir pour cela, ce qui serait gagné et ce qui serait perdu. Des anges vinrent encore près de lui.
Je vis Satan se glisser près de là : il s'approcha de l'entrée de la grotte et y fit du bruit. Il avait pris la figure d'un des fils des trois veuves que Jésus affectionnait particulièrement. Il pensait que Jésus se mettrait en colère en voyant que ce disciple l'avait suivi malgré sa défense. C'était ridicule et absurde à Satan. Jésus ne tourna même pas les yeux de son côté. Satan regarda dans la grotte et se mit à tenir toute espèce de propos sur Jean Baptiste, qui, disait il, en voulait beaucoup à Jésus de ce qu'il faisait baptiser en certains endroits, ce qu'il ne lui appartenait pas de faire.
Le 30 octobre, la narratrice ne communiqua aucune vision, mais le mercredi 31 octobre, elle dit : "Jusqu'à quatre heures du matin, j'ai eu la vision qui suit. Je vins près de Jésus dans la grotte. Elle me parut cette fois plus spacieuse : hier je n'en avais vu que l'entrée. Il s'y trouvait une ouverture par laquelle entrait un air pénétrant et froid. Dans cette saison de l'année, le temps ici est très froid et très nébuleux. La grotte était âpre et rocailleuse et le sol très inégal. Elle était formée d'une pierre veinée de couleurs variées, qu'on aurait prises pour de la peinture si elle eût été polie. Aux alentours du rocher, il venait quelques broussailles : on voyait là aussi des quartiers de roc qui ressemblaient presque à des buissons. La grotte était assez spacieuse pour que Jésus put s'agenouiller et se prosterner à une place où il n'avait pas l'ouverture au dessus de sa tête.
Lorsque je vins près de Jésus, il était étendu la face contre terre. Je me tins longtemps près de lui, et je regardai ses pieds que sa robe laissait découverts jusqu'aux chevilles : ils étaient rouges et blessés par les rudes sentiers qu'il avait suivis, car il était allé pieds nus dans le désert. Je le vis tantôt se redresser, tantôt prier la face contre terre. Je pus tout voir, car il était environné de lumière. une fois un bruit partit du ciel, et une grande clarté se répandit dans la grotte : il vint toute une troupe d'anges qui portaient divers objets. Je me sentis tellement oppressée et accablée, qu'il me sembla entrer, pour ainsi dire, dans la paroi du rocher : j'eus l'impression que j'enfonçais, et je me mis à crier : "J'enfonce ! je vais enfoncer près de mon Jésus ! "Là dessus je m'éveillai, j'allumai ma lumière, j'entendis sonner l'heure, et je vis tout ce qui suit étant éveillée.
Je vis les anges s'incliner devant Jésus, lui rendre hommage et lui demander s'ils devaient lui présenter ce qu'ils étaient chargés de lui apporter ; ils lui demandèrent aussi si c'était toujours sa volonté de souffrir comme homme pour les hommes, ainsi que ç'avait été sa volonté lorsqu'il était descendu du sein de son Père céleste et s'était incarné dans le sein de la Vierge. Jésus ayant accepté de nouveau ces souffrances, les anges érigèrent devant lui une grande croix dont ils avaient apporté séparément les différentes parties. Cette croix avait la forme que je lui ai toujours vue, mais elle se composait de quatre pièces de même que les pressoirs en forme de croix, que je vois dans mes visions. Ainsi, la partie supérieure de l'arbre de la croix, qui s'élève entre les deux bras, était séparée. Je crois avoir vu là environ vingt cinq anges. Cinq portaient la partie inférieure de la croix, trois la partie supérieure, trois le bras gauche, trois le bras droit, trois le morceau de bois où posaient les pieds, trois portaient une échelle, un autre une corbeille avec des cordes et des outils, d'autres une lance, un roseau, des verges, des fouets, une couronne d'épines, des clous et aussi les habits dont il devait être revêtu par dérision ; enfin tout ce qui figura dans sa passion se trouvait là.
La croix était creuse : elle s'ouvrait comme une armoire, et elle était remplie partout d'innombrables instruments de martyre de toute espèce. Au milieu, à l'endroit où le coeur de Jésus fut percé, un assemblage des instruments de supplice les plus variés représentait toutes les tortures imaginables. La couleur de la croix était d'un rouge de sang dont la vue causait une émotion douloureuse. Toutes les parties et toutes les places de cette croix étaient teintes de couleurs différentes d'après lesquelles on pouvait reconnaître la peine qui y serait endurée ; de chacun de ces endroits partaient des rayons qui aboutissaient au coeur. Les instruments mis chacun à leur place étaient également la figure des tortures qu'ils devaient causer.
Il y avait en outre dans la croix des vases avec du fiel et du vinaigre, puis aussi de l'onguent, de la myrrhe et quelque chose qui ressemblait à des aromates ; tout cela vraisemblablement avait rapport à la mort du Sauveur et à sa sépulture. Il y avait encore une quantité de longues banderoles déroulées comme des écriteaux de différentes couleurs, de la largeur de la main, sur lesquelles étaient inscrites des souffrances de divers genres. Les couleurs indiquaient avec leur différents degrés d'épaisseur les ténèbres où les souffrances du Sauveur avaient à faire pénétrer la lumière.
La couleur noire désignait ce qui devait se perdre ; la couleur brune, ce qui était trouble, desséché, mélangé, souillé ; la couleur rouge, ce qui était appesanti, terrestre, sensuel ; la couleur jaune marquait la mollesse et la répugnance à souffrir. Il y avait des bandes moitié jaunes, moitié rouges, qui devaient devenir entièrement blanches ; d'autres étaient complètement blanches, d'une blancheur de lait, et l'écriture y était lumineuse ; on voyait à travers. Celles ci désignaient ce qui était gagné, ce qui était accompli.
Tous ces rubans avec leurs couleurs donnaient comme le compte des douleurs et des travaux de toute espèce, que Jésus aurait à supporter dans sa carrière avec ses disciples et d'autres personnes.
On lui mit aussi devant les yeux, tous les hommes par lesquels devaient lui venir le plus souvent des souffrances cachées ; ainsi les Pharisiens avec leur malignité, le traître Judas, les Juifs sans pitié pour sa mort cruelle et ignominieuse. Les anges disposèrent et firent passer tout cela sous les yeux du Sauveur avec un respect indicible et une solennité sacerdotale ; quand toute la passion fut figurée et représentée devant lui, je le vis pleurer ainsi que les anges. Ensuite les anges se retirèrent et je fus ravie dans une vision concernant les pauvres âmes du purgatoire.
(2 novembre. ) Comme j'étais près du Seigneur, je le vis prier, la face contre terre. Le diable avait fait apparaître devant lui sept à huit de ses disciples. Ils entrèrent un à un dans la grotte et dirent qu'ils avaient appris par Eustache où il était, qu'ils l'avaient cherché pleins d'inquiétude, qu'il ne devait pas les abandonner pour se réduire à la dernière détresse sur le haut de cette montagne. On tenait tant de propos sur son compte, disaient ils ; il ne devait pourtant pas se laisser imputer telle et telle chose. Mais Jésus ne répondit rien, si ce n'est : `` Retire toi de moi, Satan, le temps n'est pas encore venu. " Alors tout disparut.
(3 novembre.) Je vis le Seigneur prier dans la grotte, la face contre terre. I| était tantôt agenouillé, tantôt debout ; je l'ai vu aussi une fois couché sur le côté. Je vis un homme très vieux, très faible, d'un aspect vénérable, gravir péniblement la montagne escarpée. C'était chose si difficile pour lui que j'en avais pitié. Il s'approcha de la grotte et tomba tout épuisé à l'entrée en poussant un gémissement plaintif. J'étais presque chagrine de ce que Jésus ne venait pas à son aide ; mais il ne le regarda même pas.
Le vieillard se releva lui même et dit à Jésus qu'il était un Essénien du mont Carmel, qu'il avait entendu parler de lui et que, quoique mourant, il était venu à sa suite jusqu'ici. Il le priait donc de vouloir bien l'accueillir et s'entretenir avec lui de choses saintes ; lui aussi savait ce que c'était que jeûner et prier, disait il, quand deux personnes s'unissent ensemble en Dieu, l'édification est plus grand, etc. Jésus ne répondit que quelques mots, comme : " Arrière, Satan, le temps n'est pas encore venu. " Alors, je commençai à voir que c'était Satan, car lorsqu'il se retira et s'évanouit, je le vis devenir sombre et plein de rage. Alors je trouvai risible qu'il se fût jeté par terre et qu'il eût été obligé de se relever à lui tout seul.
Satan ne connaissait pas la divinité du Christ. Il le prenait pour un prophète ordinaire. Il avait vu sa sainteté dès sa jeunesse et aussi la sainteté de sa mère qui ne faisait aucune attention à Satan. Elle n'était accessible à aucune tentation. Il n'y avait rien en elle à quoi il pût se prendre. Elle était la plus belle des 20 vierges et des femmes, mais elle n'avait jamais eu sciemment de prétendants, sinon lors de l'épreuve qui fut faite dans le temple avec des branches d'arbre, et à la suite de laquelle il lui fallut prendre un mari. Ce qui induisait le mauvais esprit en erreur, c'était que Jésus n'avait point vis à vis de ses disciples la même sévérité que les pharisiens, en ce qui touchait certains usages de peu d'importance. Il le croyait un homme parce que quelques irrégularités de ses disciples scandalisaient les Juifs. Comme il avait souvent vu Jésus plein de feu et d'ardeur, il chercha d'abord à l'irriter en lui montrant ses disciples le suivant malgré lui ; l'ayant vu plein de miséricorde, il voulut le toucher en se montrant sous la figure d'un pauvre vieillard tombant en défaillance, puis entrer en discussion avec lui en qualité d'Essénien.
(4 et 5 novembre.) Je vis près de la grotte une nuée lumineuse dans laquelle j'aperçus comme des visages. Il en sortit des anges qui avaient la forme humaine. Ils allèrent à Jésus, le fortifièrent et le consolèrent.
Le dixième jour, 5 novembre, je vis Jésus prosterné dans la grotte, la face contre terre. Je le vis prier agenouillé et debout et je vis des anges entrer et sortir.
(6 novembre.) Je vis Jésus dans la grotte couché sur le côté et je vis apparaître l'essénien Eliud qui s'approchait de lui. C'était encore Satan, et je compris qu'il devait avoir connaissance que tout récemment la croix avait été présentée à Jésus, car il lui dit avoir appris par une révélation quels terribles combats lui avaient été montrés, combats qu'il avait bien senti être au dessus des forces de Jésus. Il n'était pas non plus, disait il, en état de jeûner quarante jours, c'est pourquoi il était venu, poussé par l'affection qu'il lui portait, pour le voir encore une fois, et pour le prier de lui permettre de lui tenir compagnie dans sa solitude, ajoutant qu'il voulait se charger d'une partie de son voeu. Jésus ne prêta aucune attention à tout cela. Il se releva, leva les mains au ciel et dit : " Mon père, retirez moi cette tentation ! " Je vis alors Satan se montrer plein de rage et disparaître.
Jésus alors se mit à genoux pour prier. Au bout de quelque temps, je vis s'approcher trois jeunes gens(1) qui l'avaient accompagné lorsqu'il était sorti pour la première fois de Nazareth et qui l'avaient quitté plus tard. Ces jeunes gens s'avancèrent d'un air timide, se prosternèrent devant Jésus et se plaignirent de ne pouvoir trouver de repos nulle part tant qu'il ne leur avait pas pardonné. Ils le prièrent de les prendre en pitié, de les admettre de nouveau et de les laisser jeûner avec lui comme pénitence. Ils voulaient, dorénavant, être les plus fidèles de ses disciples. Ils se lamentaient très haut et ils étaient entrés dans la grotte en faisant toute sorte de bruit autour de lui. Jésus se releva, étendit les mains et invoqua Dieu, et ils disparurent.
(7 et 8 novembre.) Comme je regardais Jésus qui priait à genoux dans la grotte, je vis Satan, vêtu d'une robe resplendissante, arriver à travers les airs et planer près de l'endroit où le rocher était coupé à pic. De ce côté, il n'y a pas d'entrée dans la grotte, mais seulement quelques fissures : c'est le côté du levant.
Note 1 : Il s'agit ici de ceux qui, lors de la première sortie du Sauveur, le suivirent jusqu'à Hébron. Cependant alors la narratrice n'en mentionna que deux.
Jésus ne regarda pas Satan qui voulait faire l'ange : dans ce cas, sa lumière n'est jamais transparente, mais comme étendue à la surface et sa robe fait l'effet de quelque chose de raide, tandis que la robe des anges paraît légère et diaphane. Il vola à l'entrée de la grotte et dit : Je suis envoyé par ton Père pour te consoler. "Jésus ne le regarda pas. Alors il reparut à une des ouvertures de la grotte du côté ou elle est tout à fait inaccessible et dit à Jésus qu'il devait reconnaître en lui un ange à la manière dont il planait au dessus du rocher. Mais Jésus ne tourna pas les yeux de son côté. Alors Satan entra en fureur et fit comme s'il eût voulu le saisir avec ses griffes à travers l'ouverture ; son aspect devint horrible, et il disparut. Mais Jésus ne le regarda pas. Le 8, je vis Jésus s'agenouiller et prier dans la grotte.
(9 novembre.) Remarque de l'écrivain le 8 novembre 1821 : La vision de ce jour sur le jeûne de Jésus fut continuellement mêlée à d'autres visions où la narratrice se livrait à ces travaux qu'elle avait coutume de faire la nuit dans son oraison : c'est du reste ce qui arrive le plus souvent et de là vient qu'elle a rarement le temps de faire des communications complètes.
Toute la série de ses contemplations nocturnes a la forme d'un voyage qu'elle fait sous {a conduite de son ange gardien. Le but spirituel de ce voyage se détermine d'après les travaux en oraison qui lui sont assignés, suivant les circonstances de l'époque où elle vit ou suivant le temps de l'année ecclésiastique. Le point central de ce voyage est la Terre Promise, où elle retrouve chaque jour ses visions sur la vie de Jésus et où la tâche qu'elle a pour le moment, remplir dans son oraison s'unit aux mérites de ce jour de la vie du Rédempteur. Dans ce voyage, elle passe par les contrées où ont vécu les saints dont on fait la fête ce jour là, elle se mêle à leur vie, unit leurs mérites aux mérites de Jésus, et les applique au succès des prières qu'elle a à faire pour les pays avec lesquels ces saints ont quelque relation particulière. Il en est ainsi sur tout le chemin qu'elle parcourt soit pour aller, soit pour revenir et à cela se mêle la vue de tous les besoins et de toutes les misères du présent et de l'avenir. Or depuis le 2 novembre, jour des Morts, sa principale occupation était de prier pour l'Eglise souffrante. Elle faisait ainsi l'oeuvre d'un chrétien, qui, priant et contemplant. suit, à travers le temps, comme un fit conducteur, la série des jours de l'année ecclésiastique. La vision d'aujourd'hui sur la vie de Jésus se présenta de la manière suivante :
Je vis cette nuit Jésus prier dans la grotte, tantôt couché, tantôt à genoux, tantôt debout. Pendant la plus grande partie de la nuit, j'ai été dans la grotte près de Jésus, agenouillée moi même et priant. J'ai eu une terrible nuit. Il faisait si mauvais et si froid sur cette montagne. Il y eut de l'orage et il est tombé beaucoup de pluie et de grésil. J'ai vu les misères morales du monde entier et aussi ma propre abjection. J'ai vu le triste état de l'Eglise et les chutes de tout genre des prêtres. J'ai vu les grâces et les ressources innombrables que Jésus nous a octroyées, et j'ai eu le sentiment de tout ce qu'il a déjà conduis pour nous, rien que dans ce pénible jeûne du désert. J'étais toute brisée et comme broyée : j'éprouvais en outre pour Jésus qui était près de moi, une compassion qui me déchirait le coeur, et j'avais en même temps le sentiment de ma propre méchanceté. Et pourtant au milieu de toutes ces douleurs, ma faiblesse faisait que je ne pouvais m'empêcher de me dire de temps en temps : " Pourquoi Jésus ne me dit il rien ? Pourquoi ne me dit il pas : Lève toi ! " car je me croyais hors d'état de supporter toutes ces peines.
Comme j'étais prête à m'impatienter, il ne me dit rien que ce seul mot : Patience ! et je me sentis soulagée. Je restai là encore quelque temps étendue par terre et j'eus le sentiment complet du désert, avec son âpre température et celui des douleurs de Jésus. Alors à travers le froid, il m'arriva un air tiède et une sensation agréable. Trois âmes pleuraient près de moi dans la grotte et chacune avait deux anges à côté d'elles : elles remercièrent à propos de souffrances qui les avaient soulagées et disparurent. Je les connaissais alors, maintenant je ne les connais plus. Je suis encore dans un état misérable. Il m'a été aussi ordonné de prier pour prévenir des malheurs imminents que j'ai vus, mais surtout à l'occasion des mariages mixtes à propos desquels il m'a été montré que des maux innombrables en résultent pour l'Eglise.
(10 et 11 novembre.) Je vis Jésus comme toujours prier dans la grotte prosterné, agenouillé ou debout. Il porte son vêtement ordinaire. Seulement sa robe est lâche et n'est pas attachée : il n'a pas de ceinture et il a les pieds nus. Son manteau est posé par terre avec sa ceinture et une paire de poches comme en portent les Juifs, et il s'y appuie quelquefois il ne mange ni ne boit : il souffre souvent de la faim. Des anges le réconfortent. Alors il descend sur lui comme une nuée légère, et il coule dans sa bouche comme une espèce de rosée.
Les quarante jours, dans le désert, sont un nombre mystérieux et se rapportant, comme les quarante années des Israélites dans le désert, à quelque chose que j'ai oublié. Jésus a chaque jour un nouveau travail à accomplir par sa prière ; chaque jour il conquiert pour nous de nouvelles Grâces, et ce qui a précédé ne se représente jamais. Sans ce travail auquel il s'est soumis, jamais notre résistance aux tentations n'aurait pu être méritoire. Le il j'ai vu Jésus prier comme précédemment dans différentes postures.
(12 novembre.) Je vis Satan sous la figure d'un vieil ermite du mont Sina' venir vers Jésus dans là grotte. Il gravissait péniblement la montagne ; il était à moitié nu ; son corps était couvert comme de peaux de bêtes, et il avait une longue barbe ; il y avait dans sa physionomie quelque chose de moqueur et d'astucieux. Il lui dit qu'un Essénien du mont Carmel, qui était venu le voir, lui avait parlé du baptême de Jésus, de sa sagesse, de ses miracles et du jeûne rigoureux qu'il faisait actuellement. Là dessus, malgré son grand âge, il avait entrepris ce long voyage pour venir le trouver : il voulait s'entretenir avec lui, d'autant plus qu'il avait une longue expérience de la mortification. Il pensait que Jésus en avait assez fait et devait maintenant se reposer : il voulait, lui, se charger d'une partie de ce qu'il s'était imposé. Il dit beaucoup de choses dans ce sens. Jésus regarda de côté et dit : "Retire toi de moi, Satan ! "Alors je vis Satan tout ténébreux et, sous la forme d'un globe noir, rouler avec fracas jusqu'au bas de la montagne.
Je demandai alors intérieurement comment il se faisait que la divinité de Jésus restât si parfaitement cachée pour Satan, et je reçus à ce sujet de belles et admirables instructions ; je me préoccupais vivement de savoir comment je pourrais raconter tout cela, mais je l'ai tout à fait oublié : je vis clairement l'extrême avantage qu'il y avait pour les hommes à ce que ni Satan, ni eux n'en eussent connaissance ; il leur fallait apprendre à croire. Le Seigneur me dit notamment quelque chose que j'ai retenu. "L'homme n'a pas su que le serpent qui l'a séduit était Satan, c'est pourquoi Satan, non plus, ne doit pas savoir que c'est Dieu qui rachète l'homme. c J'eus, à cette occasion, de très belles visions, et je vis que Satan ne connut la divinité du Christ que lorsqu'il délivra les âmes des limbes.
Du 14 au 16 novembre, elle fut trop malade pour pouvoir rien raconter. Le 17, elle dit : J'ai vu tous ces jours ci Jésus prier dans la grotte et jeûner. J'ai oublié les détails La grotte n'est pas tout à fait au sommet de la montagne.
(18 novembre.) Je vis aujourd'hui Satan entrer dans la grotte sous la figure d'un homme de distinction de Jérusalem (2). Il dit qu'il venait par suite du grand intérêt qu'il lui portait, car il situait que sa mission était de rendre la liberté aux Juifs. Il lui raconta en outre toutes les contestations qui avaient eu lieu à Jérusalem à son sujet et tout ce qui avait été dit. Il venait le voir pour prendre sa cause en main. Il voulait aller avec lui à Jérusalem où ils demeureraient ensemble dans le palais d'Hérode (elle croit qu'il s'agit de l'Hérode dont l'autre Hérode, qui habitait à Callirrhoé, avait enlevé la femme). Il me sembla que c'était un agent de cet Hérode. Il ajouta que Jésus pouvait faire venir là ses disciples en secret et procéder à la réalisation de ses projets. Il le pressa de venir avec lui sans retard. Il débita tout cela à Jésus très au long. Jésus ne le regarda pas, nais il pria avec ardeur, et je vis Satan se retirer ; sa figure devint hideuse, et il sortit de son nez comme du feu et de la vapeur, après quoi il disparut.
Note 2 : Dans les visions communiquées jusqu'ici, Satan démasqué par la prière apparaît toujours sous une forme hideuse qui correspond au mensonge dont il est convaincu. C'est comme dans la vie de ce monde où le menteur quand il est surpris et confondu se montre un peu différent de ce qu'il est l'ordinaire.
(19 20 novembre.) Pendant cette nuit où je fus malade à mourir, j'étais depuis la veille au soir en contemplation prés de Jésus dans la grotte, et je vis toute sa passion grandir devant lui comme un arbre qui croît. J'en vis tous les détails dans des tableaux merveilleux jusqu'à son crucifiement avec ses tortures et ses affreuses souffrances. Dans ces représentations je vis, comme toujours, la croix faite de cinq espèces de bois, avec des bras insérés dans le tronc, un coin sous chaque bras et un morceau de bois pour soutenir les pieds. La partie de l'arbre qui était au dessus de la tête et où l'écriteau était attaché était surajoutée, car d'abord l'arbre était trop court pour qu'on pût placer l'inscription au dessus de la tête. à propos de cette addition, la Soeur mentionne quelque chose comme des feuilles : elle dit aussi une fois : " C'est placé au dessus comme un couvercle sur un étui. "
Je vis tout cela dans un merveilleux tableau symbolique, et je vis en outre toutes sortes de transformations mystérieuses dans le Saint Sacrement. Je crois que Jésus eut aussi ces visions, car je vis près de lui des anges qui vénéraient ces mystères. Je m'éveillai alors dans les douleurs les plus cruelles, mais je me réjouissais toujours de m'endormir de nouveau pour éprouver ces souffrances.
Tous ces jours ci je vis Jésus dans la grotte p riant et jeûnant, et je m'unis à lui pour prier, pour renoncer et pour surmonter toute répugnance.
Le 28 novembre, elle dit : J'ai vu aujourd'hui des anges montrer à Jésus, dans plusieurs tableaux, l'ingratitude des hommes, le doute, la raillerie, l'injure, la trahison, le reniement, tout ce que devaient faire ses amis et ses ennemis jusqu'à sa mort et après sa mort, et tout ce qui devait se perdre de ses travaux et de ses peines. Il vit tout cela, et dans son angoisse, il eut une soeur de sang. Pour le consoler, ils lui montrèrent alors tout ce qui était gagné. Ils lui montraient tout du doigt, à mesure que les tableaux se succédaient.
Le 29, elle dit : J'ai vu aujourd'hui Jésus tout épuisé de ses luttes et plongé dans la tristesse, en considérant la grandeur des pertes et l'inutilité de ses efforts pour le salut d'un bien grand nombre d'hommes.
(30 novembre.) J'ai vu aujourd'hui Jésus soumis à une tentation : il commençait à avoir grand faim et surtout à souffrir beaucoup de la soif. Je le vis, il est vrai réconforté quelquefois par des anges, mais jamais manger ni boire : je ne je vis jamais non plus hors de la grotte. il n'y avait pas en lui d'amaigrissement sensible, mais il était devenu très blanc et très pâle.
Je vis Satan s'approcher de lui sous la figure d'un vieil ermite et lui dire : " J'ai bien faim, je vous prie de me donner des fruits qui sont là sur la montagne devant la grotte, car je ne peux pas en cueillir sans la permission du propriétaire (il feignait de prendre Jésus pour le propriétaire) ; asseyons nous donc ensemble et parlons de choses édifiantes. À, Il y avait, non pas à l'entrée, mais ailleurs, à quelque distance, près du côté opposé de la grotte qui regardait le levant, des figues et une espèce de fruit semblable à la noix, mais avec une enveloppe plus molle, comme celle des nèfles : il y avait aussi des baies. Jésus lui dit : " Retire toi de moi ! toi qui es menteur depuis le commencement des siècles, et n'endommage pas ces fruits '. Alors je vis l'ermite, transformé en une petite figure noire, fuir comme un trait par dessus la montagne et une vapeur sombre sortir de sa bouche. Je ne savais pas qu'il pût endommager ces fruits, quoique je pensas bien qu'il laissait après lui une odeur infecte.
Aujourd'hui, jour de la fête de saint André, elle parla de lui et raconta ceci entre autres choses : André est allé aujourd'hui chez un frère ou demi frère qu'il avait, indépendamment de Pierre, et qui est devenu disciple. André s'entretint avec lui : il était triste et inquiet de ce que Jésus était dans le désert depuis si longtemps : il était agité au sujet de son retour, et il avait des doutes à combattre. Il s'entretint aujourd'hui avec son frère à ce sujet.
(2 décembre.) Satan vint encore trouver Jésus sous la figure d'un voyageur. Il lui demanda s'il ne voulait pas manger des beaux raisins qui étaient dans le voisinage et qui étaient si bons pour apaiser la soif. Jésus ne répondit rien et ne tourna même pas les yeux de son côté. Le jour d'après, il le tenta de la même façon en lui parlant d'une source.
(3 décembre.) Vers midi, je vis Satan venir vers Jésus dans la grotte. Il vint en qualité de savant faiseur de tours : il lui dit qu'il venait à lui comme à un sage, et voulait lui montrer que lui aussi savait faire quelque chose, l'engageant à le regarder faire. Alors il lui fit voir, suspendue à son bras, une machine semblable à une boule, ou plutôt à une cage d'oiseau. Jésus ne le regarda pas, tourna le des et entra plus avant dans la grotte. Ce fut la première fois que je vis pareille chose.
J'ai vu ce qu'il y avait à voir dans la boîte. On y avait sous les yeux un paysage ravissant, un jardin de plaisance agréable, plantureux, plein de beaux ombrages, de sources fraîches, d'arbres chargés de fruits et de raisins magnifiques. Tout cela était si rapproché, qu'on semblait le toucher, et il s'y produisait des changements à vue de plus en plus attrayants. Jésus lui tourna le des, et Satan disparut.
Cette tentation avait encore pour but d'interrompre le jeûne de Jésus, qui maintenant commençait à ressentir vivement la faim et la soif. Satan ne sait pas comment s'y prendre avec lui. Il connaît les prédictions faites à son sujet, et il sent aussi que Jésus a autorité sur lui, mais ignore qu'il est Dieu, qu'il est le Messie que rien ne peut empêcher de faire son oeuvre, parce qu'il le voit jeûner, soutenir des luttes, avoir faim, en un mot, parce qu'il le voit pauvre, sujet à bien des souffrances, semblable en tout à un homme ordinaire. En cela, Satan est, à quelques égards, aussi aveugle que les pharisiens : mais il le regarde comme un saint homme que dans tous les cas il peut tenter et faire faillir.
(4 décembre.) Je vis Jésus agité et très combattu il souffrait de la faim et de la soif. Je le vis plusieurs fois devant la grotte. Je vis vers le soir Satan gravir la montagne sous la figure d'un homme grand et robuste ; il avait pris en bas deux pierres qui étaient de la grandeur de deux petits pains, mais anguleuses, et je vis qu'en montant il les maniait et leur donnait complètement la forme de pains. Il y avait dans son aspect quelque chose d'incroyablement farouche lorsqu'il vint vers Jésus dans la grotte. Il tenait une des pierres dans chaque main, et il lui parla à peu près en ces termes : " Tu fais bien de ne pas manger de fruits, ils ne font qu'irriter l'appétit ; mais si tu es le Fils bien aimé de Dieu sur qui l'Esprit est descendu à son baptême, vois ces pierres auxquelles j'ai fait prendre la forme de pains : change les maintenant en pain." Jésus ne regarda pas Satan : je l'entendis seulement prononcer ces paroles : " L'homme ne vit pas seulement de pain. "Je n'ai entendu distinctement ou retenu que ces paroles : dans l'Evangile il y en a d'autres encore qui vraisemblablement m'ont échappé, car alors je vis Satan au comble de la rage. Il étendit ses griffes vers Jésus, et je vis alors les deux pierres posées sur ses bras. Après cela il s'enfuit, et je ne pus m'empêcher de rire en le voyant obligé de remporter ses pierres.
Vers le soir du jour suivant, je vis Satan, sous la figure d'un ange puissant, voler vers Jésus avec grand bruit Il avait une espèce de vêtement de guerre, comme je le vois aux apparitions de saint Michel ; mais à travers son plus grand éclat on peut toujours distinguer quelque chose de sombre et de furieux. Il se vanta en présence de Jésus, et lui dit à peu près : " Je veux te faire voir qui je suis, ce que je puis, et comment les anges me portent dans leurs mains. Voilà Jérusalem ! voilà le temple ! Je te porterai sur son faite le plus élevé. Montre alors ce que tu peux faire : voyons si les anges te porteront jusqu'en bas. "Pendant qu'il parlait ainsi, il me sembla voir Jérusalem et le temple tout contre la montagne, mais je crois que c'était seulement une vision. Jésus ne lui fit aucune réponse. Alors Satan le prit par les épaules et le porta à travers les airs, à Jérusalem, mais en volant près de terre : il le posa sur la cime d'une des quatre tours qui s'élevaient aux quatre coins de l'enceinte du temple, et que jusqu'alors je n'avais pas remarquées.
Cette tour était du côté occidental, vis à vis la forteresse Antonia. La montagne du temple était presque à pic en cet endroit. Ces tours étaient comme des prisons : dans une d'elles on gardait les vêtements précieux du grand prêtre. Elles étaient terminées par une plate forme autour de laquelle on pouvait marcher. Au milieu s'élevait encore une coupole creuse que surmontait une grosse boule sur laquelle il y avait place pour deux personnes. On pouvait de là voir au dessous de soi le temple tout entier.
Ce fut sur ce point culminant de la tour que Satan plaça Jésus : celui ci gardait le silence. Mais Satan vola d'en haut jusqu'au sol et lui dit : "Si tu es le Fils de Dieu, montre ta puissance et descends à ton tour, car il est écrit : il ordonnera à ses anges de te porter dans leurs mains, de peur que tu ne te heurtes contre la pierre. "Mais Jésus répondit : `` il est écrit aussi : Tu ne tenteras pas ton Seigneur. "Sur quoi Satan revint à lui plein de rage, et Jésus dit : " use du pouvoir qui t'a été donné.
Alors Satan, saisi d'une nouvelle fureur, le saisit de nouveau par les épaules et vola avec lui au dessus du désert, dans la direction de Jéricho. Satan, cette fois, me parut voler plus lentement. Je le vis, dans sa colère et sa rage contre Jésus, planer tantôt haut, tantôt bas, et en vacillant, comme quelqu'un qui veut décharger sa colère, et qui n'est pas maître de le faire. Il porta Jésus à sept lieues de Jérusalem, sur cette même montagne ou il avait commencé son jeûne.
J'ai vu qu'en le portant il passa tout contre le grand et vieux térébinthe dont j'ai eu récemment près de moi une relique que j'ai reconnue. Ce bel et grand arbre s'élève dans l'ancien jardin d'un Essénien, de ceux qui ont autrefois habité ici : Elle aussi y séjourna. Le térébinthe était derrière la grotte, à peu de distance de l'escarpement à pic. Trois fois par an on fait des entailles aux arbres de celle espèce, et on en tire un baume d'assez médiocre qualité.
Satan posa le Sauveur au point culminant de la montagne sur un rocher inaccessible qui surplombait : ce point est beaucoup plus haut que la grotte. Il faisait nuit : mais pendant que Satan montrait les divers points de l'horizon, tout était éclairé, et on voyait dans toutes les directions les plus beaux pays du monde. Le démon parla à peu près en ces termes : "Je sais que tu es un grand docteur, que lu veux rassembler des disciples autour de toi et répandre ta doctrine. Vois tous ces magnifiques pays, ces puissantes nations, et vois aussi ce qu'est en comparaison d'eux la petite Judée. C'est là qu'il faut aller : Je te donnerai tous ces pays si tu te prosternes devant moi pour m'adorer. Par cette adoration, le démon entendait une posture humble et suppliante que prenaient souvent les Juifs d'alors et en particulier les Pharisiens devant de grands personnages et des rois quand ils voulaient obtenir d'eux quelque chose. Le démon présentait ici à Jésus, sur une plus grande échelle, une tentation semblable à celle par laquelle il avait cherché à le séduire lorsqu'il était venu le trouver, sous la figure de l'agent d'un Hérode de Jérusalem, et l'avait engagé à venir dans le palais que le roi avait dans cette ville, en lui promettant de l'aider dans son entreprise. Lorsque Satan montrait ainsi les divers points de l'horizon, on voyait apparaître de grands pays avec les mers qui les baignaient, puis leurs villes, puis leurs monarques dans tout l'éclat d'une pompe triomphale, avec leur cortège et leurs armées.
On voyait tout cela aussi distinctement que si l'on en eût été tout près et même encore plus distinctement ; on était réellement dans tous ces lieux, et chaque scène, chaque peuple se montrait avec la pompe et l'éclat qui lui étaient propres, avec ses moeurs et ses usages particuliers.
Satan fit ressortir les prérogatives de chaque peuple et montra avec une insistance particulière un pays où l'on voyait de grands et beaux hommes magnifiquement vêtus, ressemblant presque à des géants. Je crois que c'était la Perse : il conseilla à Jésus d'aller de préférence enseigner là. Il lui montra là Palestine comme une petite contrée insignifiante. C'était un spectacle merveilleux : on voyait tant de choses et si clairement, et tout était si brillant et si magnifique !
Jésus ne dit que ces mots : "Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu ne serviras que lui seul. Retire toi de moi, Satan. Alors je vis Satan, sous une forme incroyablement hideuse, s'élancer du haut du rocher dans le précipice, et disparaître comme si la terre l'eut englouti.
Aussitôt après, je vis une troupe d'anges s'approcher de Jésus et s'incliner devant lui : ils le portèrent, je ne sais de quelle manière, comme sur leurs mains, et, planant doucement avec lui près du rocher, ils le ramenèrent dans la grotte où il avait commencé son jeûne de quarante jours. Il y avait douze anges principaux avec d'autres troupes d'assistants qui formaient aussi un nombre déterminé : je ne sais plus bien s'ils étaient soixante douze, mais je suis portée à le croire : car il y eut dans toute cette vision quelque chose qui me rappela les apôtres et les disciples. Il y eut alors dans la grotte comme une fêle d'actions de grâces pour une victoire et comme un festin solennel. Je vis la grotte tapissée intérieurement de feuilles de vigne par les anges : elle était ouverte, et une couronne triomphale de feuillage était suspendue en l'air au dessus de la tête de Jésus. Tout cela se fit avec un ordre et une solennité merveilleuse : tout y était clair, symbolique et lumineux, et ce fut promptement fait, car ce qui était planté ou apporté dans une intention répondait comme de soi même à cette intention et se développait suivant la destination qui lui était assignée.
Les anges apportèrent aussi une table couverte d'aliments célestes qui, petite au commencement, s'accrut et grandit rapidement. Les mets et les vases étaient semblables à ceux que je vois toujours sur les tables du ciel : je vis Jésus, les douze anges principaux et les autres aussi en prendre leur part. On ne faisait pas passer les aliments par la bouche, et pourtant on se les assimilait ; l'essence des fruits passait jans ceux qui les prenaient, et il y avait réfection et participation. C'est quelque chose qu'il est impossible d'exprimer.
A l'extrémité de la table se trouvait seul un grand calice lumineux, entouré de petites coupes : il était de la même forme que celui qui figura à l'institution de la sainte Cène ; seulement il était plus grand et avait quelque chose de plus immatériel. il y avait aussi une assiette avec des petits pains ronds très minces. Je vis Jésus verser quelque chose du calice dans les coupes et y tremper des morceaux de pain : après quoi les anges les prirent et les emportèrent. Dans ce moment, le tableau disparut, et Jésus quitta la grotte et descendit vers le Jourdain.
Les anges qui servaient Jésus parurent sous des formes différentes et suivant un ordre hiérarchique : ceux qui, en dernier lieu, disparurent avec le pain et le vin étaient en habits sacerdotaux. Je vis, dans le même instant, des consolations : merveilleuses de toute espèce arriver aux amis présents et futurs de Jésus. Je vis à Cana Jésus apparaître en vision à la sainte Vierge et la réconforter. Je vis Lazare et Marthe très émus et remplis d'un nouvel amour pour Jésus. Je vis Marie la Silencieuse recevoir réellement de la main d'un ange un aliment pris sur la table du Sauveur. Je vis l'ange près d'elle, et elle reçut ce qu'il lui apportait avec la simplicité d'un enfant. Elle avait vu constamment toutes les souffrances et les tentations de Jésus ; sa vie se passait à les contempler et à y compatir, et elle n'éprouva aucune surprise. Je vis aussi Madeleine singulièrement remuée. Elle était occupée à se parer pour une fête, lorsqu'elle fut saisie inopinément d'une vive inquiétude sur sa vie et d'un ardent désir du salut, si bien qu'elle jeta là sa parure, ce qui lui attira force moqueries de la part de son entourage. Je vis aussi plusieurs des futurs apôtres réconfortés et pleins d'ardeur. Je vis Nathanaël dans sa demeure pensant à tout ce qu'il avait entendu dire de Jésus et très ému à ce sujet, mais chassant encore ces pensées de son esprit. Je vis Pierre, André et tous les autres fortifiés et touchés. C'était une vision admirable dont je ne me rappelle que peu de chose.
Au moment où Jésus commençait son jeûne, Marie résidait dans sa maison, près de Capharnaum. Il en était alors comme à présent, et la faiblesse humaine reste toujours la même. Il venait s'installer chez la sainte Vierge des voisines indiscrètes, qui, sous prétexte de la consoler, reprochaient à Jésus de s'en aller on ne savait ou, de la négliger complètement, quoi que ce fût son devoir, depuis la mort de Joseph, de prendre une profession pour soutenir sa mère, etc. En général, on tenait beaucoup de propos sur Jésus dans tout le pays, car les circonstances merveilleuses de son baptême, le témoignage de Jean, les récits de ses disciples dispersés, tout concourait à attirer l'attention sur lui. Il n'y eut autant dé bruit à son sujet que plus tard, lors de la résurrection de Lazare et avant sa passion.
La sainte Vierge était très sérieuse et concentrée en elle même : lorsque Jésus était séparé d'elle, elle avait toujours des mouvements intérieurs et des pressentiments, et souffrait avec lui.
Vers la fin des quarante jours, Marie était allée à Cana, en Galilée, chez les parents de la fiancée de Cana. Ce sont des gens considérés et comme les principaux personnages de l'endroit : ils ont une belle maison presque au centre de la ville, qui est très agréable et bien bâtie. Elle est traversée par une route, je crois que c'est celle de Ptolémaïs : on voit la route descendre des hauteurs qui s'élèvent en face de la ville. Les rues sont moins tortueuses, et le terrain moins inégal que dans bien d'autres endroits. Le mariage doit se faire dans cette maison. Ils en ont une autre qu'ils donnent toute meublée avec leur fille. La sainte Vierge y habite pour le moment. Le fiancé est à peu près de l'âge de Jésus : c'est, je crois, un fils du premier lit d'une des trois veuves de Nazareth : il n'est pas de ceux qui suivirent une fois Jésus jusqu'à Hébron. Il est, chez sa mère, comme maître de la maison : il est à la tête de son ménage. Il est maintenant près d'elle : je crois que plus tard il doit assister son beau père dans son emploi. Ces bonnes gens consultent la sainte Vierge pour l'éducation de leurs enfants et ils lui confient tout : elle s'entretient aussi avec la fiancée, qui est une belle jeune fille. Je vois celle ci se rencontrer avec son fiancé en présence d'autres personnes, mais toujours voilée.
Je vis Jean pendant ce temps continuer toujours à baptiser. Hérode s'efforçait d'obtenir de lui qu'il vint le voir : il lui envoyait aussi des messagers pour tâcher de savoir de lui quelque chose sur Jésus. Mais Jean le traitait toujours avec aussi peu d'égards que précédemment, et il répétait ce qu'il avait dit de Jésus.
Des envoyés de Jérusalem sont encore venus près de lui pour lui faire subir un interrogatoire sur Jésus et sur lui même. Jean répondit comme toujours qu'il n'avait pas vu Jésus de ses yeux, antérieurement à son baptême, mais qu'il était envoyé pour lui préparer la voie.
Je vis que Jean, depuis ce temps, enseignait toujours que l'eau avait été sanctifiée par le baptême de Jésus et par le Saint Esprit qui était venu sur lui. J'appris que la descente du Saint Esprit sur Jésus, pendant qu'on le baptisait, avait donné plus de sainteté au baptême, et qu'il était alors sorti de l'eau beaucoup de mauvais éléments. C'était pour cela que j'avais vu la noire figure de Satan et toutes ces affreuses bêtes se presser au sein du nuage qui était sur le Jourdain, au moment où le Saint Esprit descendit. C'était comme un exorcisme de l'eau. Jésus voulut recevoir le baptême, afin que l'eau tût sanctifiée par là, car il n'en avait aucun besoin. Le baptême de Jean fut dès lors plus pur et plus saint : c'est pourquoi je vis Jésus baptisé dans un bassin séparé qu'on mit en communication avec le Jourdain et avec le réservoir où l'on baptisait tout le monde : c'est aussi pour cela que Jésus et ses disciples y prirent de l'eau et l'emportèrent avec eux pour qu'elle servît dans d'autres baptêmes.
M1234- Hiérophante contre le nouvel ordre mondial
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Re: Anne Catherine Emmerich -
Vision de Sainte Anne Catherine Emmerich.
Commencement de
la vie publique et de la prédication du Sauveur jusqu'aux noces de Cana.
- Jésus vient sur les bords du Jourdain.
- Jésus à Ophra, à Dibon, à Eléalé, à Bethjésimoth, à Siloh, à Kibza'm, à Thébez, à Capharnaum.
- Il guérit à distance un jeune garçon. - Il appelle à lui Pierre, Philippeet Nathanael.
(Du 6 au 30 décembre).
(6 décembre.) Au point du jour, je vis Jésus traverser le Jourdain à cet endroit où le fleuve est si étroit et où il l'avait traversé quarante jours auparavant. Il y avait là des poutres à l'aide desquelles on pouvait passer soi même. Ce n'était pas là le passage où aboutissait le chemin le plus fréquenté, mais un passage secondaire. Jésus alors descendit la rive orientale du Jourdain jusque vis à vis de l'endroit où Jean donnait le baptême. Je vis là Jean qui enseignait et baptisait, le montrer au doigt aussitôt et crier : "Voici l'agneau de Dieu qui efface les péchés du monde. " Jésus revint du bord du fleuve à Bethabara.
Cependant André et Saturnin qui étaient auprès de Jean passèrent le fleuve en toute hâte : ils prirent le chemin que Jésus avait pris. Ils furent suivis par un des parents de Joseph d'Arimathie et par deux autres disciples de Jean. Lorsqu'ils furent de l'autre côté du fleuve, ils coururent après Jésus, et je vis Jésus se retourner, aller à leur rencontre et leur demander ce qu'ils cherchaient. Sur quoi, André, tout joyeux de l'avoir retrouvé, lui demanda où il demeurait, et Jésus leur dit de le suivre, puis il les conduisit à une hôtellerie située en avant de Bethabara, vis à vis le fleuve ; ce fut là qu'ils s'arrêtèrent. Jésus resta aujourd'hui à Bethabara avec les cinq disciples et il prit ses repas avec eux. Il leur dit qu'il allait commencer sa carrière de prédication et réunir des disciples autour de lui. André lui parla de plusieurs personnes de sa connaissance dont il lui fit l'éloge à cet effet ; il fit mention de Pierre, de Philippe et de Nathanaël. Jésus parla du baptême à donner ici dans le Jourdain, et dit que quelques uns d'entre eux auraient à baptiser dans cet endroit, qu'il n'y avait près d'ici d'emplacement approprié que celui où Jean baptisait, et que pourtant il né convenait pas que celui ci fût dépossédé. Alors Jésus parla de la destination et de la mission de Jean dont le terme était proche, et il confirma tout ce qu'avait dit Jean de lui même et du Messie. Jésus parla aussi de la préparation à sa prédication publique faite dans le désert et de la préparation qui doit précéder toute oeuvre importante. Il se montra affectueux et confiant vis à vis des disciples, ceux ci étaient respectueux et un peu intimidés. Ils passèrent la nuit ici.
(7 décembre.) Le matin, Jésus en compagnie des disciples, alla de Bethabara aux maisons voisines du passage du Jourdain et il enseigna dans une réunion. Plus tard il passa le fleuve et enseigna dans une bourgade située à une lieue avant Jéricho. Il n'y avait guère qu'une vingtaine de maisons. une foule d'aspirants au baptême et de disciples de Jean allaient et venaient pour l'entendre et pour rapporter à Jean ce qu'ils savaient de lui. Il était environ midi lorsqu'il enseigna ici.
Jésus chargea plusieurs disciples d'aller, après le sabbat, de l'autre côté du Jourdain, à une lieue au dessus de Bethabara et d'y remettre en état une fontaine baptismale où Jean, venant d'Ainon, avait donné le baptême avant d'aller baptiser sur la rive occidentale du Jourdain en face de Bethabara. On voulut préparer ici un repas pour Jésus j mais il partit et revint avant le sabbat à Bethabara où il célébra le sabbat jusqu'au samedi soir et où il enseigna dans la synagogue. Il mangea chez le préposé de l'école et coucha dans sa maison.
(9 décembre.) Je vis Jésus accompagné d'André, de Saturnin et d'une foule nombreuse dans laquelle se trouvaient aussi des disciples de Jean, aller il la fontaine baptismale située à une lieue au nord de Bethabara, en face de la contrée de Gal.
Commencement de
la vie publique et de la prédication du Sauveur jusqu'aux noces de Cana.
- Jésus vient sur les bords du Jourdain.
- Jésus à Ophra, à Dibon, à Eléalé, à Bethjésimoth, à Siloh, à Kibza'm, à Thébez, à Capharnaum.
- Il guérit à distance un jeune garçon. - Il appelle à lui Pierre, Philippeet Nathanael.
(Du 6 au 30 décembre).
(6 décembre.) Au point du jour, je vis Jésus traverser le Jourdain à cet endroit où le fleuve est si étroit et où il l'avait traversé quarante jours auparavant. Il y avait là des poutres à l'aide desquelles on pouvait passer soi même. Ce n'était pas là le passage où aboutissait le chemin le plus fréquenté, mais un passage secondaire. Jésus alors descendit la rive orientale du Jourdain jusque vis à vis de l'endroit où Jean donnait le baptême. Je vis là Jean qui enseignait et baptisait, le montrer au doigt aussitôt et crier : "Voici l'agneau de Dieu qui efface les péchés du monde. " Jésus revint du bord du fleuve à Bethabara.
Cependant André et Saturnin qui étaient auprès de Jean passèrent le fleuve en toute hâte : ils prirent le chemin que Jésus avait pris. Ils furent suivis par un des parents de Joseph d'Arimathie et par deux autres disciples de Jean. Lorsqu'ils furent de l'autre côté du fleuve, ils coururent après Jésus, et je vis Jésus se retourner, aller à leur rencontre et leur demander ce qu'ils cherchaient. Sur quoi, André, tout joyeux de l'avoir retrouvé, lui demanda où il demeurait, et Jésus leur dit de le suivre, puis il les conduisit à une hôtellerie située en avant de Bethabara, vis à vis le fleuve ; ce fut là qu'ils s'arrêtèrent. Jésus resta aujourd'hui à Bethabara avec les cinq disciples et il prit ses repas avec eux. Il leur dit qu'il allait commencer sa carrière de prédication et réunir des disciples autour de lui. André lui parla de plusieurs personnes de sa connaissance dont il lui fit l'éloge à cet effet ; il fit mention de Pierre, de Philippe et de Nathanaël. Jésus parla du baptême à donner ici dans le Jourdain, et dit que quelques uns d'entre eux auraient à baptiser dans cet endroit, qu'il n'y avait près d'ici d'emplacement approprié que celui où Jean baptisait, et que pourtant il né convenait pas que celui ci fût dépossédé. Alors Jésus parla de la destination et de la mission de Jean dont le terme était proche, et il confirma tout ce qu'avait dit Jean de lui même et du Messie. Jésus parla aussi de la préparation à sa prédication publique faite dans le désert et de la préparation qui doit précéder toute oeuvre importante. Il se montra affectueux et confiant vis à vis des disciples, ceux ci étaient respectueux et un peu intimidés. Ils passèrent la nuit ici.
(7 décembre.) Le matin, Jésus en compagnie des disciples, alla de Bethabara aux maisons voisines du passage du Jourdain et il enseigna dans une réunion. Plus tard il passa le fleuve et enseigna dans une bourgade située à une lieue avant Jéricho. Il n'y avait guère qu'une vingtaine de maisons. une foule d'aspirants au baptême et de disciples de Jean allaient et venaient pour l'entendre et pour rapporter à Jean ce qu'ils savaient de lui. Il était environ midi lorsqu'il enseigna ici.
Jésus chargea plusieurs disciples d'aller, après le sabbat, de l'autre côté du Jourdain, à une lieue au dessus de Bethabara et d'y remettre en état une fontaine baptismale où Jean, venant d'Ainon, avait donné le baptême avant d'aller baptiser sur la rive occidentale du Jourdain en face de Bethabara. On voulut préparer ici un repas pour Jésus j mais il partit et revint avant le sabbat à Bethabara où il célébra le sabbat jusqu'au samedi soir et où il enseigna dans la synagogue. Il mangea chez le préposé de l'école et coucha dans sa maison.
(9 décembre.) Je vis Jésus accompagné d'André, de Saturnin et d'une foule nombreuse dans laquelle se trouvaient aussi des disciples de Jean, aller il la fontaine baptismale située à une lieue au nord de Bethabara, en face de la contrée de Gal.
A suivre...
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Re: Anne Catherine Emmerich -
VISION SUR LA VIE DE NOTRE SEIGNEUR JESUS CHRIST
Vision de Sainte Anne Catherine Emmerich.
. (Du 31 décembre au 5 janvier 1822.)
Noces de Cana
(3 décembre.) Jésus logea avec ses disciples les plus intimes, et notamment avec ceux qui plus tard furent ses apôtres, dans une maison à part où Marie avait aussi logé lors de son premier séjour. Cette maison appartenait à la tante du fiancé, laquelle était fille de Sobé, soeur de sainte Anne. C'était l'une des trois veuves dont il a été parlé plusieurs fois : celle d'entre elle qui avait trois fils. Pendant toute la cérémonie elle tint la place de la mère du fiancé.
Ce jour là tous les autres conviés des deux sexes arrivèrent : tous les parents de Jésus vinrent de Galilée. Jésus seul amena vingt cinq de ses disciples. Le mariage était regardé par lui comme une affaire qui le touchait personnellement, et il s'était chargé des frais d'une partie des fêtes qui devaient l'accompagner. C'était pour cela que Marie était allée si tôt à Cana où elle aidait à faire les préparatifs. Entre autres choses, Jésus s'était chargé de fournir tout le vin pour les noces : voilà pourquoi Marie lui dit avec tant de sollicitude que le vin manquait.
Quoique Jésus, âgé de douze ans, lors du banquet donné aux enfants chez sainte Anne après son retour du temple, eût dit au fiancé, après quelques paroles mystérieuses sur le pain et le vin, qu'il assisterait un jour à ses noces, cet événement avec sa haute et mystérieuse signification, a pourtant aussi ses causes extérieures, prises en apparence dans la marche ordinaire des choses. Il en est de même de la part prise par Jésus à ces noces. Marie avait déjà envoyé plusieurs messagers à Jésus pour le prier de venir à ces noces : on tenait, ainsi qu'il arrive fréquemment parmi les hommes, des propos contre Jésus dans sa famille et parmi ses connaissances : sa mère, disait on, était une veuve délaissée : il courait à droite et à gauche dans le pays et ne s'inquiétait pas d'elle ni de sa famille. C'est pour cela qu'il voulut venir à ces noces avec ses amis et faire honneur à ce mariage. C'est pourquoi aussi il avait fait venir Marthe et Lazare pour aider Marie dans ses arrangements, et Lazare faisait cette partie des frais dont Jésus s'était chargé, ce qui n'était su que de Jésus et de Marie, car le Sauveur avait une grande confiance dans Lazare ; il acceptait volontiers ses dons, et celui ci de son côté était heureux de tout donner. Jésus s'était chargé de fournir une partie du festin, c'était un second service composé de plats recherchés, de fruits, d'oiseaux et d'herbes de toute espèce. Il avait été pourvu à tout cela. Je vis aussi Véronique arriver de Jérusalem et porter à Jésus une corbeille remplie de fleurs magnifiques et toute espèce de sucreries artistement préparées.
Le père de la fiancée était un homme aisé, il dirigeait une grande entreprise de transports ; il avait le long de la grande route des magasins, de vastes hôtelleries et des étables pour les caravanes, et il employait beaucoup de monde.
Ces jours ci, Jésus s'entretint souvent en particulier avec les disciples qui furent plus tard ses apôtres et qui étaient logés dans la même maison que lui. Les autres disciples n'étaient pas présents à tout ce qu'il leur disait. Ils se promenaient beaucoup dans les environs ; alors Jésus faisait différentes instructions aux disciples et aux conviés, et les futurs apôtres communiquaient à leur tour aux autres les enseignements qu'ils avaient reçus de lui. Ces promenades que faisaient les conviés donnèrent plus de facilité pour faire les préparatifs de la fête sans dérangements : cependant plusieurs disciples et Jésus lui même étaient souvent dans la maison et s'occupaient à disposer ceci ou cela, d'autant plus que plusieurs d'entre eux devaient avoir quelque chose à faire dans la cérémonie nuptiale.
Jésus voulait à cette fête se faire connaître de tous ses parents et amis : il voulait que tous ceux qu'il avait choisis jusqu'alors fissent connaissance entre eux et avec les siens, ce à quoi se prêtait la grande liberté de rapports qui s'établit dans une fête.
Les noces commencent le soir du troisième jour après l'arrivée de Jésus. Les épousailles doivent avoir lieu le mercredi matin. Les fêtes de la dédicace du temple finissent ce soir.
(1er janvier 1821.) Remarque préliminaire. La Soeur fut ces jours ci très souffrante et très dérangée et elle oublia beaucoup de choses. Quand elle a l'esprit tout occupé d'une scène qu'elle a vue et qu'elle en a dit quelque chose, elle croit plus tard avoir tout raconté, car quand elle souffre d'une grande fatigue qui remonte à un moment antérieur, elle se figure que cette fatigue vient de ce qu'elle a beaucoup raconté, tandis que souvent on n'a presque rien recueilli. Aussi n'a t on souvent, comme c'est ici le cas, que de simples fragments.
C'était aujourd'hui le deuxième jour depuis l'arrivée de Jésus à Cana. Il y avait cent conviés, parmi lesquels Marie, mère de Marc, Jean Marc, et Véronique qui paraissait plus âgée que Marie. Suzanne de Jérusalem n'était pas ici : alors, comme plus tard, elle voyageait rarement avec les autres : elle menait une vie élégante, mais assez retirée, à cause de son origine. Les parents de Jacques et de Jean étaient ici, mais non ceux de Pierre et d'André. Leur demi frère Jonathan, était présent ainsi que celles qu'on appelait les trois veuves avec leurs fils, en général tous les parents de sainte Anne, spécialement ses nièces et ses petits enfants, Marie de Cléophas avec ses fils, la fille cadette d'Anne, demi soeur de la sainte Vierge, les neveux de Joseph d'Arimathie, Obed, et quatre disciples de Jean, Cléophas, Jacques, Jude et Japhet, compagnons d'enfance de Jésus, et petits fils de Sabadias de Nazareth, parent de Joachim.
Le père de la fiancée s'appelle Israël. Je ne voulais pas redire ce nom, parce que je ne croyais pas que personne s'appelât ainsi. Il descend de Ruth de Bethléhem. La mère de la fiancée est un peu infirme : elle boîte d'un côté et on la soutient. Cana est un peu plus petit que Capharnaum : cette dernière ville est plus vivante, mais moins grande que Nazareth, dont quelques parties sont en ruines. Cana est situé sur le côté occidental d'une colline : c'est un endroit agréable et propre : cependant il n'y a de gens riches qu'Israël et deux autres personnes, le reste semble vivre de son travail et être à la solde de ceux ci. Il y a une synagogue avec trois prêtres. Les noces se célèbrent dans une maison destinée aux fêtes publiques et voisine de la synagogue. Entre cette maison et la synagogue on a dresse des arcades de feuillage, ornées de guirlandes et de fruits. Devant la maison où doit se donner la fête, il y a un vestibule jonché de feuillage : la salle du banquet est contiguë : c'est la pièce antérieure de la maison, vide jusqu'au foyer qui consiste en un mur élevé avec des degrés, où pourtant on ne fait rien cuire, mais qui est orné comme un autel avec des vases, des fleurs, de la vaisselle de table et d'autres objets. Derrière ce foyer se trouve une autre partie de la salle qui en occupe à peu près le tiers. C'étaient là que se tenaient les femmes pendant le repas. On voyait au plafond les poutres de la maison : elles étaient ornées de guirlandes et on pouvait y monter pour allumer les lampes qui s'y trouvaient.
Jésus est comme le roi de la fête, il préside à tous les divertissements et les assaisonne par des instructions. il leur a dit qu'ils devaient, pendant ces jours, se récréer conformément à l'usage établi, et, tout en se réjouissant, tirer de tout de sages enseignements. il régla, en outre, toute l'ordonnance de la fête, et dit, entre autres choses, qu'il faudrait sortir deux fois par jour pour se récréer en plein air.
Je vis ensuite les invités à la noce, les hommes d'un côté, les femmes de l'autre, se livrer au plaisir de la conversation et jouer à divers jeux, sous les arbres d'un lieu de plaisance : il y avait de l'eau dans le voisinage. Je crois que c'était un jardin d'agrément près duquel l'on prenait des bains. Je vis les hommes couchés par terre en cercle ; au milieu d'eux étaient des fruits de toute espèce qu'ils jetaient et faisaient rouler suivant certaines règles, de manière à ce qu'ils tombassent dans des fosses qui se trouvaient au milieu d'eux, ce que quelques uns d'entre eux tâchaient d'empêcher.
Je vis Jésus prendre part à ce jeu des fruits avec une gravité bienveillante : il disait souvent avec un sourire quelque chose d'instructif que les uns admiraient, que d'autres recueillaient avec une émotion silencieuse, ou que quelques uns ne comprenaient pas bien et se faisaient expliquer par de plus intelligents Il avait arrange les parties de jeu et réglé les enjeux, et il faisait a chacun sa part, accompagnant tout ce qu'il faisait de remarques pleines d'agrément et souvent tout à fait admirables.
Les plus jeunes des assistants couraient et sautaient par dessus les barrières de feuillage pour gagner des fruits. Les femmes étaient assises à part et jouaient aussi avec des fruits, la fiancée était toujours assise entre Marie et la tante du fiancé.
Le soir du premier janvier, commencement du quatrième jour du mois de Thébet, Jésus enseigna dans la synagogue où tous étaient rassemblés : il parla des divertissements permis, de leur signification, de la mesure dans laquelle on devait les prendre, du sérieux et de la sagesse qui devaient les accompagner : puis ensuite du mariage, de l'homme et de la femme ; de la continence, de la chasteté et du mariage spirituel. Quand il eut fini d'enseigner, les fiancés vinrent seuls se présenter devant lui et il leur donna des instructions particulières.
Les noces commencèrent ensuite par un repas et par des danses. On dansait aux sons d'une musique faite par des enfants qui de temps en temps chantaient des choeurs. Tous les danseurs avaient à la main des mouchoirs avec lesquels les hommes et les jeunes filles se touchaient quand ils dansaient en rang ou en cercle ; à cela près, ils ne se touchaient jamais. Les mouchoirs du fiancé et de la fiancée étaient noirs, ceux des autres étaient jaunes. Le fiancé et la fiancée dansèrent d'abord seuls, puis tous dansèrent ensemble : les jeunes filles étaient voilées, toutefois le voile était un peu relevé sur je visage ; leurs vêtements étaient longs par derrière, et un peu retroussés sur le devant avec des cordons. On ne se trémoussait pas et on ne sautillait pas comme on fait chez nous quand on danse : c'était plutôt une marche dans différentes directions, accompagnée de mouvements des mains, de' la tète et du corps d'accord avec la musique. Cela me rappela les mouvements des juifs de la secte pharisienne dans leurs prières : mais tout y était gracieux et décent. Aucun des futurs apôtres ne prit part aux danses : mais Nathanaël Khased, Obed, Jonathan et d'autres disciples s'y mêlèrent. Il n'y avait, en fait de danseuses, que des jeunes filles : tout se faisait avec un ordre admirable, et respirait une joie paisible.
(2 janvier.) Ce matin vers neuf heures eurent lieu les épousailles. La fiancée avait été habillée par les demoiselles d'honneur : son vêtement ressemblait à celui que portait la Mère de Dieu lors de son mariage ; il en était de même de sa couronne qui était seulement plus riche. Sa chevelure n'était pas partagée en lignes minces et séparées, mais en tresses plus épaisses. Quand sa toilette fut finie, elle fut présentée à la sainte Vierge et aux autres femmes.
Le fiancé et la fiancée furent conduits de la synagogue à la maison de fête et de là ramenés à la synagogue. Il y avait dans le cortège six petits garçons et six petites filles qui portaient des guirlandes, puis six garçons et six filles plus âgés avec des flûtes et d'autres instruments que j'ai décrits ailleurs. De plus, la fiancée était accompagnée de douze jeunes filles comme demoiselles d'honneur, et le fiancé de douze jeunes hommes. Parmi ceux ci se trouvaient Obed fils de Véronique, les neveux de Joseph d'Arimathie, Nathanaël Khased et quelques disciples de Jean, mais aucun des futurs apôtres.
Les épousailles se firent devant la synagogue par le ministère des prêtres. Les anneaux qu'ils échangèrent étaient un présent que Marie avait fait au fiancé, et Jésus les avait bénits chez sa mère. une circonstance qui me frappa et que je n'avais pas observée lors des épousailles de Joseph et de Marie, fut que le prêtre piqua le fiancé et la fiancée avec un instrument pointu à la place du doigt annulaire de la main gauche où devait être mis l'anneau. Il fit tomber deux gouttes du sang du fiancé et une goutte de celui de la fiancée dans un verre de vin où ils burent en commun, après quoi ils rendirent le verre. On distribua différents objets, tels que des pièces d'étoffe et des vêtements aux pauvres qui assistaient à la cérémonie. Lorsque les fiancés furent ramenés à la maison de fête, ils furent reçus par Jésus.
Avant le repas de noce, je vis tout le monde rassemblé dans le jardin d'agrément : les femmes et les jeunes filles étaient assises sur des couvertures dans une cabane de feuillage, et elles jouaient à un jeu où l'on gagnait des fruits. Elles mettaient tour à tour sur leurs genoux une petite planche triangulaire avec des lettres écrites sur le bord : elles tournaient un indicateur placé sur cette planche et leur gain se réglait Suivant l'endroit ou il s'arrêtait.
Quant aux hommes, je vis un jeu très curieux que Jésus lui même avait préparé pour eux dans une maison de plaisance. Au milieu d'une salle était une table ronde autour de laquelle étaient rangées autant de portions de fleurs, de plantes et de fruits qu'il y avait de joueurs. Jésus avait disposé tout cela d'avance, et chaque chose avait une signification d'un sens profond. Sur cette table était un disque rond et mobile avec une entaille : quand on le faisait tourner, l'entaille en s'arrêtant désignait une des portions de fruits et celui qui avait fait tourner la gagnait comme son lot. Au milieu de la table était placé un cep de vigne chargé de raisins s'élevant au dessus d'une gerbe d'épis de blé qui l'entourait, et plus la table tournait longtemps, plus le cep de vigne et le bouquet d'épis montaient haut. Les futurs apôtres ne prirent point part à ce jeu non plus que Lazare. Il me fut indiqué à cette occasion, que celui qui est appelé à enseigner les autres ou qui sait quelque chose de plus qu'eux, ne doit pas jouer lui même, mais seulement observer les accidents du jeu, les relever par des applications instructives et donner ainsi à l'amusement un tour sérieux. Il y avait dans ce jeu disposé par Jésus quelque chose de tout à fait merveilleux et qui était plus que du hasard, car le lot qui échut à chacun des joueurs avait un rapport très significatif avec ses qualités, ses défauts et ses vertus, et lorsque les fruits eurent été classés, Jésus fit à chacun un commentaire sur son lot. Chaque lot fut comme une parabole relative à celui qui le gagnait, et je sentis qu'en effet avec ces fruits, ils recevaient intérieurement quelque chose. Chacun d'eux fut vivement touché et réveillé par les paroles de Jésus, et peut être aussi parce que ces fruits qu'ils mangèrent opéraient réellement en eux un effet conforme à leur signification ; toutefois ce que Jésus dit sur chaque lot ne fut pas compris par ceux que la chose ne regardait pas : ils n'y virent que des paroles encourageantes et significatives. Mais chacun en particulier sentit le regard du Seigneur pénétrer profondément dans son intérieur : il en fut comme des paroles de Jésus à Nathanaël lorsqu'il lui dit qu'il l'avait vu sous le figuier, paroles qui le touchèrent si profondément et dont le sens resta caché aux autres. (Malheureusement la Soeur ne peut rien raconter de plus sur le détail des lots et sur les explications données par Jésus.)
Je me souviens encore qu'il y avait du réséda parmi les plantes, et aussi que Jésus dit à Nathanaël à l'occasion de son lot : " Vois tu maintenant combien j'avais raison de dire que tu es un véritable Israélite sans artifice ? "
Je vis un de ces lots produire un effet vraiment merveilleux. Le fiancé Nathanaël gagna un fruit d'une singulière espèce. Il y en avait deux sur une tige avec des sexes différents comme dans le chanvre. L'un des fruits était assez semblable à une figue, l'autre ressemblait plutôt à une pomme entaillée : toutefois il n'avait pas de tête, il était creux. C'est difficile à expliquer, c'était comme un nombril : il y avait dedans des capsules contenant la semence, au nombre de deux, glacées l'une au dessus de l'autre : il se trouvait, je vis, quatre noyaux dans l'une et trois dans l'autre : au dessus croissaient en dehors de beaux filaments blancs. Ce fruit était rougeâtre, blanc à l'intérieur, et veiné de rouge : j'en ai vu de semblables dans le Paradis.
(Telle fut à peu près sa description vague et embrouillée de ce fruit, dans laquelle il semble qu'elle parle tantôt du fruit lui même, tantôt de la fleur, tantôt de tous deux en même temps.)
Je me souviens seulement que tous furent très étonnés quand le fiancé gagna ce fruit, que Jésus parla alors du mariage, de la chasteté et du produit centuple de la chasteté, et que tout cela fut dit de manière à ne point blesser les idées des juifs sur le mariage. Toutefois, quelques uns des disciples qui étaient Esséniens, et dont était Jacques le Mineur, le comprirent mieux que les autres.
Je vis que les assistants s'étonnèrent plus à propos de ce lot qu'à propos des autres, et que Jésus dit à peu près que ces lots et que ces fruits pouvaient opérer des merveilles encore plus grandes que leur signification ne paraissait merveilleuse. Mais lorsque le fiancé retira ce lot pour lui et sa fiancée, je vis arriver quelque chose de tout à fait surprenant que je n'ose presque pas raconter. Et je vis, lorsqu'il reçut ce lot, ressentir une commotion intérieure et pâlir : alors quelque chose comme une sombre figure humaine, ou comme une ombre, sortit de lui en remontant de ses pieds à sa tête, et disparut ; après quoi, je vis en lui une clarté, une pureté et comme une transparence qui n'y étaient pas auparavant. Personne ne sembla voir cela excepté moi, car tous restèrent calmes comme avant, et il n'y eut aucun mouvement parmi eux. Au même instant, je vis aussi la fiancée qui était assise loin de là, jouant avec les femmes, tomber comme en défaillance. Il se détacha d'elle une figure sombre, qui m'inspirait une répugnance extraordinaire et qui parut, à partir de ses pieds, monter en elle ou devant elle, puis sortir de sa bouche ou se retirer à la hauteur de sa bouche. Il semblait aussi que des habits et des parures de toute espèce lui fussent retirés. Je ne sais pas comment j'arrivai là, mais je m'occupai avec une sollicitude extraordinaire à éloigner bien vite cette ombre sinistre qui m'inspirait tant d'horreur, et cette parure qui lui avait été enlevée : j'en étais toute préoccupée comme si j'eusse voulu cacher à tous les yeux quelque chose qui devait faire rougir la fiancée. Cette figure ne voulait pas s'en aller tout de suite, mais elle devint de plus en plus petite et je la poussai avec les parures dans un vieux coffre qui était près de là. Lorsque je l'y enfonçai, la tête seule et les épaules paraissaient encore ; la fiancée resta très pâle, mais comme pénétrée d'une clarté pure, et elle parut vêtue avec une grande simplicité. Lorsque je me mêlais à cette scène, je vis aussi une coopération de la sainte Vierge. Elle aussi travailla à chasser cette figure sombre.
Certaines pénitences à faire se rattachaient à chaque lot : ainsi je me souviens que le fiancé et la fiancée devaient prendre à la synagogue quelque chose que j'ai oublié, et faire certaines prières. La plante qui était échue à Nathanaël Khased était un bouquet de patience.
J'ai vu, dans plusieurs autres occasions, le fruit du fiancé : lorsque j'en parle, je vois aussi la fleur et j'en fais un mélange dans ma description. L'effet merveilleux de ce fruit se manifesta lorsque le fiancé en eut envoyé une part à la fiancée et que tous deux en eurent mangé. il arriva quelque chose de semblable à tous les autres disciples qui reçurent de ces lots et mangèrent des fruits qui leur étaient échus. Leurs passions dominantes opposèrent une certaine résistance et sortirent d'eux, ou tout au moins ils se sentirent plus forts dans leu r lutte contre elles. Il y a dans tous les fruits et les plantes un certain mystère surnaturel qui, depuis que l'homme est tombé et a entraîné la nature dans sa chute, est devenu un mystère naturel : il ne reste plus qu'un souvenir de tout ce qui s'y trouvait alors dans les propriétés ; la forme, le goût et l'action de ces créatures. Dans les songes et sur les tables du ciel, ces fruits se montrent avec les propriétés qu'ils avaient avant la chute, toutefois ce n'est pas toujours parfaitement clair : parce que maintenant tout est rendu confus par notre manière actuelle de comprendre et par l'usage ordinaire que nous faisons de ces choses.
Le fruit que les fiancés mangèrent se rapportait à la chasteté, et la figure qui se retira d'eux était la convoitise impure de la chair. Je ne sais pas si cette figure que je vis aurait été vue par quelque autre personne dans un état contemplatif du même genre : je ne sais pas s'il sortit réellement de la fiancée un esprit sensuel, ou si ce fut seulement un symbole destiné à me faire comprendre ce qui se passait en elle.
Remarque de l'écrivain. Comme la narratrice joua elle même un rôle actif dans cette vision historique, ce ne fut évidemment qu'une vision dans une vision : mais si, étant clairvoyante comme elle l'était, elle eût été alors présente en personne, elle aurait vraisemblablement vu la même chose et aurait cherché à la chasser et à la cacher comme elle le fit dans son rêve et comme elle le raconta étant éveillée, non sans quelque répugnance. Si elle eût été réellement présente alors, sa manière d'agir contre ce symbole de la sensualité qui se retirait, eût été aussi inexplicable et aussi surprenante pour les femmes qui étaient là que le sont aujourd'hui pour nous bien des choses qu'elle fait en rêvé. Mais dans la scène qui lui est présentée en songe, son intervention active ne trouble pas le cours de la vision et les assistants ne la voient point : de ce qu'elle voit la sainte Vierge s'efforcer aussi de cacher cette figure, on peut induire que vraisemblablement là mère de Dieu vit ce qui arrivait à la fiancée et le vit peut être sous la même forme ou probablement sous une forme d'un sens encore plus profond. Elle aussi, la plus pure parmi les plus pures, désire que les assistants ne puissent pas soupçonner la cause qui a fait tomber la fiancée en défaillance.
Lorsque la fiancée tomba en faiblesse, on ôta les pièces les plus lourdes de son vêtement et on retira plusieurs anneaux de ses doigts où elle en avait une quantité : on enleva aussi, pour l'alléger, des chaînes et des agrafes qu'elle avait aux bras et sur la poitrine. Elle ne conserva de ses bijoux que l'anneau nuptial que lui avait donné la sainte Vierge et au cou un joyau d'or, ayant à peu près la forme d'un arc bandé dans lequel était enchâssée une matière noirâtre de même nature que sur l'anneau nuptial de Marie et de Joseph : là dessus était représentée une figure couchée, tenant un bouton de fleur qu'elle regardait.
Aux jeux dans le jardin succéda le repas de noce. La salle dont il a été parlé plus haut était divisée en trois compartiments, par deux cloisons assez basses pour que les convives passent se voir : dans chacune de ces divisions était placée une table longue et étroite. Jésus était au haut bout de la table du milieu. à cette table étaient assis Israël, père de la fiancée, les cousins de celle ci, ceux de Jésus et en outre Lazare. Les autres conviés étaient aux tables latérales. Les femmes étaient assises dans la pièce située derrière le foyer, mais elles pouvaient entendre toutes les paroles du Seigneur. Le fiancé servait à table. Il y avait pourtant aussi un maître d'hôtel portant un tablier, et quelques domestiques. La fiancée servait les femmes, avec l'aide de quelques servantes. Lorsque les plats furent apportés, on plaça devant Jésus un agneau rôti ; il avait les pieds attachés en forme de croix. Le fiancé ayant alors apporté à Jésus une boîte où se trouvaient les couteaux à découper, Jésus lui dit en particulier qu'il devait se souvenir de ce repas d'enfants, donné après sa douzième fête de Pâques où lui, Jésus, avait raconté une parabole touchant un mariage et lui avait dit qu'il irait à ses noces, prédiction qui s'accomplissait aujourd'hui.
Le fiancé devint alors tout pensif ; car il avait entièrement oublié cet incident. Jésus fut pendant le repas, comme pendant toute la durée des noces, plein d'une douce sérénité et en même temps abondant en discours instructifs. Il expliqua le sens spirituel de chacun des incidents du repas. Il parla des divertissements et de l'allégresse qui préside aux fêtes. Il dit que l'arc ne devait pas rester toujours bandé, que le champ avait besoin d'être rafraîchi par la pluie, et il ajouta des paraboles relatives au même objet. Il découpa ensuite l'agneau et il tint à ce propos des discours admirables : il dit que l'agneau était mis à part du troupeau, qu'il était choisi, non pour vivre à son gré et perpétuer sa race, mais pour être livré à la mort ; après quoi on le purifiait par le feu qui consumait ce qu'il y avait en lui de grossier, et l'on coupait ses membres en morceaux : de même il fallait que ceux qui voulaient se mettre à la suite de l'Agneau se séparassent de ceux qui leur étaient unis le plus étroitement parles liens de la chair. Et lorsqu'il fit passer autour de la table les morceaux découpés et qu'on se mit à manger l'agneau, il dit que l'Agneau serait séparé des siens et mis en pièces afin de devenir pour eux tous une nourriture qui les unirait par un lien commun, que de même quiconque suivrait l'Agneau, aurait à renoncer à son pâturage, devrait mourir à ses passions, se séparer des membres sa famille et devenir une nourriture et un aliment d'union par l'Agneau et dans son Père céleste, etc.
Je ne puis pas répéter exactement tout cela. (On voit au moins là le sens général de cet enseignement.)Chacun avait devant lui une assiette ou un pain, je ne sais pas lequel des deux. Jésus fit aussi passer à la ronde une espèce de patène d'un brun foncé avec un rebord jaune. Je le vis plusieurs fois prendre en main un petit bouquet d'herbes et enseigner à cette occasion. Jésus s'était chargé de fournir le second service du repas de noce et sa mère et Marthe avaient pourvu à tout ; il avait dit aussi qu'il se chargeait du vin. Lorsque le second service, qui se composait d'oiseaux, de poisson, de préparations au miel, de fruits et d'une espèce de pâtisseries que Séraphia (Véronique) avait apportées, eut été placé sur la table latérale, Jésus y alla et fit les portions, puis il revint prendre sa place. Les plats furent servis, mais le vin manquait. Cependant Jésus enseignait. Cette partie du repas était particulièrement confiée aux soins de la sainte Vierge, et lorsqu'elle vit que le vin faisait défaut, elle alla à Jésus et lui rappela avec quelque inquiétude qu'il lui avait dit qu'il pourvoirait au vin ; alors Jésus, qui venait d'enseigner sur son Père céleste, lui dit : " Femme, ne vous tourmentez pas, ne vous inquiétez ni de vous, ni de moi, mon heure n'est pas encore venue. "Il n'y avait là rien de dur pour la sainte Vierge. Il lui dit : " Femme "et non pas a ma mère "parce qu'en ce moment il voulait agir en qualité de Messie, en qualité de Fils de Dieu, accomplir une opération mystérieuse en présence de ses disciples et de tous ses parents, parce qu'il était là dans sa force divine.
Le Pèlerin résume dans la note suivante le sentiment de la narratrice ; Jésus lui dit : " Femme " comme étant le rejeton qui devait écraser la tête du serpent. Il voulait aussi montrer dans cette occasion qu'il était plus qu'un fus de Marie, une femme qui leur était connue, et il l'appela " femme " parce qu'il allait agir en vertu de sa divinité, qu'il allait créer ou transformer, de même qu'il se donnait à lui même le nom de Fils de l'homme, lorsqu'il parlait de sa Passion future, sans s'abaisser en rien par là. Dans de pareils moments où Jésus agissait en qualité de Verbe incarné, chaque chose, par cela même qu'il la nomme ce qu'elle est, se trouve rehaussée et à quelques égards gratifiée d'une fonction ou d'une dignité par l'énonciation de son nom dans une circonstance aussi solennelle. Marie était la " femme " qui avait enfanté celui auquel elle s'adresse ici comme au Créateur, lui demandant du vin pour ses créatures devant lesquelles il va manifester sa dignité suprême. Il va leur montrer ici qu'il est le Fils de Dieu et non qu'il est le fils de Marie. Lorsqu'il mourut sur la croix au pied de laquelle elle pleurait, il lui dit aussi : " Femme, voilà votre fils, " lui désignant Jean par ces paroles. Jésus lui avait dit qu'il pourvoirait au vin ; elle s'avance alors comme la figure de celle qui intercède pour nous par excellence, et elle lui représente que le vin fait défaut ; mais le vin qu'il voulait donner était plus que du vin pris dans le sens ordinaire ; il avait rapport au mystère de ce vin qu'il voulait changer plus tard en son sang. Il lui dit : " Mon heure n'est pas encore venue, " c'est à dire, il n'est pas encore temps, premièrement que je donne le vin promis, en second lieu, que je change l'eau en vin, en troisième lieu, que je change le vin en mon sang. Marie alors n'eut plus de soucis pour les hôtes des fiancés ; elle avait prié son Fils et c'est pourquoi elle dit aux serviteurs : "Faites tout ce qu'il vous dira. "
C'est précisément comme si la fiancée de Jésus, l'Eglise, lui adressait cette prière : "Seigneur, vos enfants n'ont pas de vin ; "et que Jésus ne lui répondît pas : "Ma fiancée, "mais, " Eglise, ne t'inquiète pas, ne te trouble pas, mon heure n'est pas encore venue ; "et encore comme si l'Eglise disait aux prêtres : "Observez toutes ses indications et ses commandements, car il vous viendra en aide, etc. "
Marie dit donc aux serviteurs d'attendre et d'exécuter les ordres de Jésus : et au bout de quelque temps, Jésus ordonna aux serviteurs d'apporter devant lui les urnes vides : il y avait trois urnes d'eau et trois de vin, et ils montrèrent qu'elles étaient vides en les retournant sur un bassin. Jésus leur ordonna de les remplir toutes d'eau. Ils les portèrent à la fontaine qui se trouvait dans un caveau et consistait en un réservoir de pierre avec une pompe. Ces urnes étaient des vases de terre fort grands et fort lourds, et il fallait deux hommes pour en porter une par les deux anses. Il y avait depuis le haut jusque en bas plusieurs tuyaux fermés avec des bondes, et quand le liquide était épuisé jusqu'à une certaine hauteur, on retirait la bonde inférieure et on versait. On ne levait pas les urnes pour verser, on se bornait à les incliner un peu sur leurs bases élevées.
L'avertissement de Marie fut donné à voix basse, la réponse de Jésus à haute voix, aussi bien que l'ordre de puiser l'eau. Lorsque les urnes remplies d'eau furent placées toutes les six devant le buffet, Jésus y alla et les bénit, puis étant retourné à sa place, il dit : " Versez et portez à boire au maître d'hôtel. "Lorsque celui ci eut goûté le vin, il alla trouvé le fiancé et lui dit : " Ordinairement on donne le bon vin le premier, puis lorsque les convives sont rassasiés, on en donne de moins bon, mais vous avez réservé le meilleur vin pour la fin ". Il ne savait pas que Jésus s'était chargé de fournir ce vin comme toute cette partie du repas ; cela n'était connu que de la sainte Famille et de la famille des mariés. Alors le fiancé et le père de la fiancée en burent avec un grand étonnement, et les serviteurs assurèrent que c'était de l'eau qu'ils avaient puisée et dont ils avaient rempli les vases et les coupes qui étaient sur les tables. Tous alors en burent : mais il n'y eut point de tumulte au sujet de ce miracle ; tous les convives gardaient un silence respectueux, et Jésus prit occasion de ce prodige pour enseigner. Il dit entre autres choses que le monde donnait d'abord du vin capiteux, puis profitait de l'ivresse des convives pour leur donner un mauvais breuvage, mais qu'il n'en était pas ainsi dans le royaume que son Père céleste lui avait donné : que là, l'eau pure devenait un vin exquis, de même que la tiédeur devait se changer en ferveur et en zèle énergique. Il parla, en outre, du repas auquel il avait pris part, dans sa douzième année, après son retour du temple, avec plusieurs de ceux qui étaient là présents ; il rappela qu'alors il avait parlé de pain et de vin et raconté une parabole relative à des noces où l'eau de la tiédeur deviendrait le vin de l'enthousiasme, ce qui s'accomplissait maintenant. Il leur dit encore qu'ils verraient de plus grands prodiges, qu'il célébrerait la Pâque plusieurs fois et qu'à la dernière, le vin serait changé en sang et le pain en chair ; qu'il resterait avec eux, les consolerait et les fortifierait jusqu'à la fin : que du reste, après ce repas, ils lui verraient arriver des choses qu'ils ne pourraient pas comprendre actuellement s'il les leur disait. Il ne s'exprima pas aussi clairement que je le fais ; tout cela était enveloppé dans des paraboles que j'ai oubliées, toutefois c'en était là le sens. En l'écoutant ainsi parler, ils furent saisis de crainte et d'étonnement. Mais tous étaient comme transformés par ce vin, et je vis qu'indépendamment de l'effet du miracle qu'ils avaient vu, le vin lui même, comme précédemment les fruits, avait opéré intérieurement en eux, les avait fortifiés et profondément changés. Tous les disciples, tous ses parents, tous les convives étaient maintenant convaincus de sa puissance, de, sa dignité et de sa mission. Ils croyaient tous en lui, cette foi s'était répandue dans tous à la fois, et tous ceux qui avaient bu de ce vin étaient devenus meilleurs, plus unis et plus fervents. Il était ici pour la première fois au milieu de la communauté qu'il formait : ce fut le premier prodige qu'il fit au milieu d'elle et tour elle, afin de la fonder dans la foi en lui. Voilà aussi pourquoi il est dit dans son histoire que ce fut son premier miracle. de même que la Cène est racontée comme le dernier, fait alors que ses disciples croyaient.
A la fin du repas, le fiancé vint encore trouver Jésus en particulier ; il lui parla avec beaucoup d'humilité et lui déclara qu'il se sentait mort à toute convoitise de la chair et qu'il désirait vivre dans la continence avec son épouse, si celle ci le trouvait bon. La fiancée vint également trouver Jésus en particulier et lui dit la même chose. Alors Jésus les fit venir tous les deux ensemble et leur parla du mariage, de la pureté qui est si agréable à Dieu, et des fruits que la vie de l'esprit rend au centuple.
Il cita beaucoup de prophètes et de saints personnages qui avaient vécu dans la chasteté et immolé leur chair au Père céleste, dit comment ils avaient eu pour enfants spirituels bien des hommes égarés qu'ils avaient ramenés au bien et comment ils avaient donné naissance à une nombreuse et sainte postérité. Tout cela fut dit dans le sens de dissiper et de recueillir. Ils firent voeu de continence pour trois ans, s'engageant à vivre comme frère et soeur. Puis ils s'agenouillèrent devant Jésus et il les bénit.
(3 janvier.) La narratrice était très gravement malade et elle dit seulement ce qui suit : Jésus avait enseigné dans la salle du festin. On n'alla pas, se promener en plein air ; plusieurs disciples de Jean sont partis ainsi que Lazare et Marthe. Je les ai vus manger quelque chose debout, tous ont leurs habits retroussés. Pendant tout le cours de la fête, Lazare fut traité avec tous les égards dus à un homme de distinction par le père de la fiancée qui s'occupa personnellement beaucoup de le servir. Il a des manières très distinguées : il est sérieux et son attitude est à la fois réservée et bienveillante : il est très calme, parle peu et regarde Jésus avec beaucoup de ferveur.
Le soir de ce jour, qui était le quatrième jour des noces, on était allé en grand cortège installer la fiancée et le fiancé dans leur maison. On portait un candélabre avec des flambeaux allumés dont chacun figurait une lettre ; des enfants marchaient en avant du cortège, ils portaient sur des bandes d'étoffe une couronne de fleurs ouverte et une autre fermée : ils les défirent devant la maison des fiancés et semèrent les fleurs autour d'eux. Jésus était dans la maison et les bénit. Les prêtres étaient présents. Depuis le miracle de Jésus lors du repas, leur contenance est très humble et ils le laissent tout diriger.
La Soeur croit bien, toutefois sans rien affirmer, que cette installation était une pure cérémonie, que la fiancée resta encore chez ses parents jusqu'à la fin de la fête et des jeûnes qui allaient commencer.
(4 janvier) Les autres hôtes sont partis pour la plupart, notamment Marie et les saintes femmes. Nathanaël Khased, les fils de Cléophas, appelés les frères de Jésus et d'autres disciples étaient encore là. Le soir du 4ème jour du sabbat et commencement du 7è de Thébet, Jésus enseigna, dans la synagogue, sur la fête qui venait d'avoir lieu, sur l'obéissance et les pieuses dispositions de ce couple de fiancés, etc.
( 5 janvier.) Ce jour là, qui était celui du sabbat, Jésus enseigna deux fois dans la synagogue de Cana, et lorsqu'il sortit, plusieurs personnes se prosternèrent devant lui et lui demandèrent son assistance pour des malades. Il fit ici deux guérisons merveilleuses un homme était tombé du haut d'une tour, il était mort et tous ses membres étaient brisés. Jésus alla à lui, rajusta ses membres, toucha les fractures et lui ordonna de se lever et d'aller dans sa maison, ce qu'il fit après avoir remercié : il avait une femme et des enfants. Jésus fut aussi conduit à un possédé qui était enchaîné à une pierre et il le délivra. Il guérit en outre des hydropiques et une femme affligée d'une perte de sang qui était une pécheresse publique. Les malades qu'il guérit étaient au nombre de sept. Ces gens n'avaient pas osé venir pendant la fête ; mais lorsque le bruit se répandit qu'il partirait après le sabbat, il fut impossible de les retenir. Les prêtres, après le prodige des noces, le laissèrent faire tout ce qu'il voulut, et ces miracles eurent lieu en leur présence : les disciples n'étaient pas présents.
. (Du 31 décembre au 5 janvier 1822.)
Noces de Cana
(3 décembre.) Jésus logea avec ses disciples les plus intimes, et notamment avec ceux qui plus tard furent ses apôtres, dans une maison à part où Marie avait aussi logé lors de son premier séjour. Cette maison appartenait à la tante du fiancé, laquelle était fille de Sobé, soeur de sainte Anne. C'était l'une des trois veuves dont il a été parlé plusieurs fois : celle d'entre elle qui avait trois fils. Pendant toute la cérémonie elle tint la place de la mère du fiancé.
Ce jour là tous les autres conviés des deux sexes arrivèrent : tous les parents de Jésus vinrent de Galilée. Jésus seul amena vingt cinq de ses disciples. Le mariage était regardé par lui comme une affaire qui le touchait personnellement, et il s'était chargé des frais d'une partie des fêtes qui devaient l'accompagner. C'était pour cela que Marie était allée si tôt à Cana où elle aidait à faire les préparatifs. Entre autres choses, Jésus s'était chargé de fournir tout le vin pour les noces : voilà pourquoi Marie lui dit avec tant de sollicitude que le vin manquait.
Quoique Jésus, âgé de douze ans, lors du banquet donné aux enfants chez sainte Anne après son retour du temple, eût dit au fiancé, après quelques paroles mystérieuses sur le pain et le vin, qu'il assisterait un jour à ses noces, cet événement avec sa haute et mystérieuse signification, a pourtant aussi ses causes extérieures, prises en apparence dans la marche ordinaire des choses. Il en est de même de la part prise par Jésus à ces noces. Marie avait déjà envoyé plusieurs messagers à Jésus pour le prier de venir à ces noces : on tenait, ainsi qu'il arrive fréquemment parmi les hommes, des propos contre Jésus dans sa famille et parmi ses connaissances : sa mère, disait on, était une veuve délaissée : il courait à droite et à gauche dans le pays et ne s'inquiétait pas d'elle ni de sa famille. C'est pour cela qu'il voulut venir à ces noces avec ses amis et faire honneur à ce mariage. C'est pourquoi aussi il avait fait venir Marthe et Lazare pour aider Marie dans ses arrangements, et Lazare faisait cette partie des frais dont Jésus s'était chargé, ce qui n'était su que de Jésus et de Marie, car le Sauveur avait une grande confiance dans Lazare ; il acceptait volontiers ses dons, et celui ci de son côté était heureux de tout donner. Jésus s'était chargé de fournir une partie du festin, c'était un second service composé de plats recherchés, de fruits, d'oiseaux et d'herbes de toute espèce. Il avait été pourvu à tout cela. Je vis aussi Véronique arriver de Jérusalem et porter à Jésus une corbeille remplie de fleurs magnifiques et toute espèce de sucreries artistement préparées.
Le père de la fiancée était un homme aisé, il dirigeait une grande entreprise de transports ; il avait le long de la grande route des magasins, de vastes hôtelleries et des étables pour les caravanes, et il employait beaucoup de monde.
Ces jours ci, Jésus s'entretint souvent en particulier avec les disciples qui furent plus tard ses apôtres et qui étaient logés dans la même maison que lui. Les autres disciples n'étaient pas présents à tout ce qu'il leur disait. Ils se promenaient beaucoup dans les environs ; alors Jésus faisait différentes instructions aux disciples et aux conviés, et les futurs apôtres communiquaient à leur tour aux autres les enseignements qu'ils avaient reçus de lui. Ces promenades que faisaient les conviés donnèrent plus de facilité pour faire les préparatifs de la fête sans dérangements : cependant plusieurs disciples et Jésus lui même étaient souvent dans la maison et s'occupaient à disposer ceci ou cela, d'autant plus que plusieurs d'entre eux devaient avoir quelque chose à faire dans la cérémonie nuptiale.
Jésus voulait à cette fête se faire connaître de tous ses parents et amis : il voulait que tous ceux qu'il avait choisis jusqu'alors fissent connaissance entre eux et avec les siens, ce à quoi se prêtait la grande liberté de rapports qui s'établit dans une fête.
Les noces commencent le soir du troisième jour après l'arrivée de Jésus. Les épousailles doivent avoir lieu le mercredi matin. Les fêtes de la dédicace du temple finissent ce soir.
(1er janvier 1821.) Remarque préliminaire. La Soeur fut ces jours ci très souffrante et très dérangée et elle oublia beaucoup de choses. Quand elle a l'esprit tout occupé d'une scène qu'elle a vue et qu'elle en a dit quelque chose, elle croit plus tard avoir tout raconté, car quand elle souffre d'une grande fatigue qui remonte à un moment antérieur, elle se figure que cette fatigue vient de ce qu'elle a beaucoup raconté, tandis que souvent on n'a presque rien recueilli. Aussi n'a t on souvent, comme c'est ici le cas, que de simples fragments.
C'était aujourd'hui le deuxième jour depuis l'arrivée de Jésus à Cana. Il y avait cent conviés, parmi lesquels Marie, mère de Marc, Jean Marc, et Véronique qui paraissait plus âgée que Marie. Suzanne de Jérusalem n'était pas ici : alors, comme plus tard, elle voyageait rarement avec les autres : elle menait une vie élégante, mais assez retirée, à cause de son origine. Les parents de Jacques et de Jean étaient ici, mais non ceux de Pierre et d'André. Leur demi frère Jonathan, était présent ainsi que celles qu'on appelait les trois veuves avec leurs fils, en général tous les parents de sainte Anne, spécialement ses nièces et ses petits enfants, Marie de Cléophas avec ses fils, la fille cadette d'Anne, demi soeur de la sainte Vierge, les neveux de Joseph d'Arimathie, Obed, et quatre disciples de Jean, Cléophas, Jacques, Jude et Japhet, compagnons d'enfance de Jésus, et petits fils de Sabadias de Nazareth, parent de Joachim.
Le père de la fiancée s'appelle Israël. Je ne voulais pas redire ce nom, parce que je ne croyais pas que personne s'appelât ainsi. Il descend de Ruth de Bethléhem. La mère de la fiancée est un peu infirme : elle boîte d'un côté et on la soutient. Cana est un peu plus petit que Capharnaum : cette dernière ville est plus vivante, mais moins grande que Nazareth, dont quelques parties sont en ruines. Cana est situé sur le côté occidental d'une colline : c'est un endroit agréable et propre : cependant il n'y a de gens riches qu'Israël et deux autres personnes, le reste semble vivre de son travail et être à la solde de ceux ci. Il y a une synagogue avec trois prêtres. Les noces se célèbrent dans une maison destinée aux fêtes publiques et voisine de la synagogue. Entre cette maison et la synagogue on a dresse des arcades de feuillage, ornées de guirlandes et de fruits. Devant la maison où doit se donner la fête, il y a un vestibule jonché de feuillage : la salle du banquet est contiguë : c'est la pièce antérieure de la maison, vide jusqu'au foyer qui consiste en un mur élevé avec des degrés, où pourtant on ne fait rien cuire, mais qui est orné comme un autel avec des vases, des fleurs, de la vaisselle de table et d'autres objets. Derrière ce foyer se trouve une autre partie de la salle qui en occupe à peu près le tiers. C'étaient là que se tenaient les femmes pendant le repas. On voyait au plafond les poutres de la maison : elles étaient ornées de guirlandes et on pouvait y monter pour allumer les lampes qui s'y trouvaient.
Jésus est comme le roi de la fête, il préside à tous les divertissements et les assaisonne par des instructions. il leur a dit qu'ils devaient, pendant ces jours, se récréer conformément à l'usage établi, et, tout en se réjouissant, tirer de tout de sages enseignements. il régla, en outre, toute l'ordonnance de la fête, et dit, entre autres choses, qu'il faudrait sortir deux fois par jour pour se récréer en plein air.
Je vis ensuite les invités à la noce, les hommes d'un côté, les femmes de l'autre, se livrer au plaisir de la conversation et jouer à divers jeux, sous les arbres d'un lieu de plaisance : il y avait de l'eau dans le voisinage. Je crois que c'était un jardin d'agrément près duquel l'on prenait des bains. Je vis les hommes couchés par terre en cercle ; au milieu d'eux étaient des fruits de toute espèce qu'ils jetaient et faisaient rouler suivant certaines règles, de manière à ce qu'ils tombassent dans des fosses qui se trouvaient au milieu d'eux, ce que quelques uns d'entre eux tâchaient d'empêcher.
Je vis Jésus prendre part à ce jeu des fruits avec une gravité bienveillante : il disait souvent avec un sourire quelque chose d'instructif que les uns admiraient, que d'autres recueillaient avec une émotion silencieuse, ou que quelques uns ne comprenaient pas bien et se faisaient expliquer par de plus intelligents Il avait arrange les parties de jeu et réglé les enjeux, et il faisait a chacun sa part, accompagnant tout ce qu'il faisait de remarques pleines d'agrément et souvent tout à fait admirables.
Les plus jeunes des assistants couraient et sautaient par dessus les barrières de feuillage pour gagner des fruits. Les femmes étaient assises à part et jouaient aussi avec des fruits, la fiancée était toujours assise entre Marie et la tante du fiancé.
Le soir du premier janvier, commencement du quatrième jour du mois de Thébet, Jésus enseigna dans la synagogue où tous étaient rassemblés : il parla des divertissements permis, de leur signification, de la mesure dans laquelle on devait les prendre, du sérieux et de la sagesse qui devaient les accompagner : puis ensuite du mariage, de l'homme et de la femme ; de la continence, de la chasteté et du mariage spirituel. Quand il eut fini d'enseigner, les fiancés vinrent seuls se présenter devant lui et il leur donna des instructions particulières.
Les noces commencèrent ensuite par un repas et par des danses. On dansait aux sons d'une musique faite par des enfants qui de temps en temps chantaient des choeurs. Tous les danseurs avaient à la main des mouchoirs avec lesquels les hommes et les jeunes filles se touchaient quand ils dansaient en rang ou en cercle ; à cela près, ils ne se touchaient jamais. Les mouchoirs du fiancé et de la fiancée étaient noirs, ceux des autres étaient jaunes. Le fiancé et la fiancée dansèrent d'abord seuls, puis tous dansèrent ensemble : les jeunes filles étaient voilées, toutefois le voile était un peu relevé sur je visage ; leurs vêtements étaient longs par derrière, et un peu retroussés sur le devant avec des cordons. On ne se trémoussait pas et on ne sautillait pas comme on fait chez nous quand on danse : c'était plutôt une marche dans différentes directions, accompagnée de mouvements des mains, de' la tète et du corps d'accord avec la musique. Cela me rappela les mouvements des juifs de la secte pharisienne dans leurs prières : mais tout y était gracieux et décent. Aucun des futurs apôtres ne prit part aux danses : mais Nathanaël Khased, Obed, Jonathan et d'autres disciples s'y mêlèrent. Il n'y avait, en fait de danseuses, que des jeunes filles : tout se faisait avec un ordre admirable, et respirait une joie paisible.
(2 janvier.) Ce matin vers neuf heures eurent lieu les épousailles. La fiancée avait été habillée par les demoiselles d'honneur : son vêtement ressemblait à celui que portait la Mère de Dieu lors de son mariage ; il en était de même de sa couronne qui était seulement plus riche. Sa chevelure n'était pas partagée en lignes minces et séparées, mais en tresses plus épaisses. Quand sa toilette fut finie, elle fut présentée à la sainte Vierge et aux autres femmes.
Le fiancé et la fiancée furent conduits de la synagogue à la maison de fête et de là ramenés à la synagogue. Il y avait dans le cortège six petits garçons et six petites filles qui portaient des guirlandes, puis six garçons et six filles plus âgés avec des flûtes et d'autres instruments que j'ai décrits ailleurs. De plus, la fiancée était accompagnée de douze jeunes filles comme demoiselles d'honneur, et le fiancé de douze jeunes hommes. Parmi ceux ci se trouvaient Obed fils de Véronique, les neveux de Joseph d'Arimathie, Nathanaël Khased et quelques disciples de Jean, mais aucun des futurs apôtres.
Les épousailles se firent devant la synagogue par le ministère des prêtres. Les anneaux qu'ils échangèrent étaient un présent que Marie avait fait au fiancé, et Jésus les avait bénits chez sa mère. une circonstance qui me frappa et que je n'avais pas observée lors des épousailles de Joseph et de Marie, fut que le prêtre piqua le fiancé et la fiancée avec un instrument pointu à la place du doigt annulaire de la main gauche où devait être mis l'anneau. Il fit tomber deux gouttes du sang du fiancé et une goutte de celui de la fiancée dans un verre de vin où ils burent en commun, après quoi ils rendirent le verre. On distribua différents objets, tels que des pièces d'étoffe et des vêtements aux pauvres qui assistaient à la cérémonie. Lorsque les fiancés furent ramenés à la maison de fête, ils furent reçus par Jésus.
Avant le repas de noce, je vis tout le monde rassemblé dans le jardin d'agrément : les femmes et les jeunes filles étaient assises sur des couvertures dans une cabane de feuillage, et elles jouaient à un jeu où l'on gagnait des fruits. Elles mettaient tour à tour sur leurs genoux une petite planche triangulaire avec des lettres écrites sur le bord : elles tournaient un indicateur placé sur cette planche et leur gain se réglait Suivant l'endroit ou il s'arrêtait.
Quant aux hommes, je vis un jeu très curieux que Jésus lui même avait préparé pour eux dans une maison de plaisance. Au milieu d'une salle était une table ronde autour de laquelle étaient rangées autant de portions de fleurs, de plantes et de fruits qu'il y avait de joueurs. Jésus avait disposé tout cela d'avance, et chaque chose avait une signification d'un sens profond. Sur cette table était un disque rond et mobile avec une entaille : quand on le faisait tourner, l'entaille en s'arrêtant désignait une des portions de fruits et celui qui avait fait tourner la gagnait comme son lot. Au milieu de la table était placé un cep de vigne chargé de raisins s'élevant au dessus d'une gerbe d'épis de blé qui l'entourait, et plus la table tournait longtemps, plus le cep de vigne et le bouquet d'épis montaient haut. Les futurs apôtres ne prirent point part à ce jeu non plus que Lazare. Il me fut indiqué à cette occasion, que celui qui est appelé à enseigner les autres ou qui sait quelque chose de plus qu'eux, ne doit pas jouer lui même, mais seulement observer les accidents du jeu, les relever par des applications instructives et donner ainsi à l'amusement un tour sérieux. Il y avait dans ce jeu disposé par Jésus quelque chose de tout à fait merveilleux et qui était plus que du hasard, car le lot qui échut à chacun des joueurs avait un rapport très significatif avec ses qualités, ses défauts et ses vertus, et lorsque les fruits eurent été classés, Jésus fit à chacun un commentaire sur son lot. Chaque lot fut comme une parabole relative à celui qui le gagnait, et je sentis qu'en effet avec ces fruits, ils recevaient intérieurement quelque chose. Chacun d'eux fut vivement touché et réveillé par les paroles de Jésus, et peut être aussi parce que ces fruits qu'ils mangèrent opéraient réellement en eux un effet conforme à leur signification ; toutefois ce que Jésus dit sur chaque lot ne fut pas compris par ceux que la chose ne regardait pas : ils n'y virent que des paroles encourageantes et significatives. Mais chacun en particulier sentit le regard du Seigneur pénétrer profondément dans son intérieur : il en fut comme des paroles de Jésus à Nathanaël lorsqu'il lui dit qu'il l'avait vu sous le figuier, paroles qui le touchèrent si profondément et dont le sens resta caché aux autres. (Malheureusement la Soeur ne peut rien raconter de plus sur le détail des lots et sur les explications données par Jésus.)
Je me souviens encore qu'il y avait du réséda parmi les plantes, et aussi que Jésus dit à Nathanaël à l'occasion de son lot : " Vois tu maintenant combien j'avais raison de dire que tu es un véritable Israélite sans artifice ? "
Je vis un de ces lots produire un effet vraiment merveilleux. Le fiancé Nathanaël gagna un fruit d'une singulière espèce. Il y en avait deux sur une tige avec des sexes différents comme dans le chanvre. L'un des fruits était assez semblable à une figue, l'autre ressemblait plutôt à une pomme entaillée : toutefois il n'avait pas de tête, il était creux. C'est difficile à expliquer, c'était comme un nombril : il y avait dedans des capsules contenant la semence, au nombre de deux, glacées l'une au dessus de l'autre : il se trouvait, je vis, quatre noyaux dans l'une et trois dans l'autre : au dessus croissaient en dehors de beaux filaments blancs. Ce fruit était rougeâtre, blanc à l'intérieur, et veiné de rouge : j'en ai vu de semblables dans le Paradis.
(Telle fut à peu près sa description vague et embrouillée de ce fruit, dans laquelle il semble qu'elle parle tantôt du fruit lui même, tantôt de la fleur, tantôt de tous deux en même temps.)
Je me souviens seulement que tous furent très étonnés quand le fiancé gagna ce fruit, que Jésus parla alors du mariage, de la chasteté et du produit centuple de la chasteté, et que tout cela fut dit de manière à ne point blesser les idées des juifs sur le mariage. Toutefois, quelques uns des disciples qui étaient Esséniens, et dont était Jacques le Mineur, le comprirent mieux que les autres.
Je vis que les assistants s'étonnèrent plus à propos de ce lot qu'à propos des autres, et que Jésus dit à peu près que ces lots et que ces fruits pouvaient opérer des merveilles encore plus grandes que leur signification ne paraissait merveilleuse. Mais lorsque le fiancé retira ce lot pour lui et sa fiancée, je vis arriver quelque chose de tout à fait surprenant que je n'ose presque pas raconter. Et je vis, lorsqu'il reçut ce lot, ressentir une commotion intérieure et pâlir : alors quelque chose comme une sombre figure humaine, ou comme une ombre, sortit de lui en remontant de ses pieds à sa tête, et disparut ; après quoi, je vis en lui une clarté, une pureté et comme une transparence qui n'y étaient pas auparavant. Personne ne sembla voir cela excepté moi, car tous restèrent calmes comme avant, et il n'y eut aucun mouvement parmi eux. Au même instant, je vis aussi la fiancée qui était assise loin de là, jouant avec les femmes, tomber comme en défaillance. Il se détacha d'elle une figure sombre, qui m'inspirait une répugnance extraordinaire et qui parut, à partir de ses pieds, monter en elle ou devant elle, puis sortir de sa bouche ou se retirer à la hauteur de sa bouche. Il semblait aussi que des habits et des parures de toute espèce lui fussent retirés. Je ne sais pas comment j'arrivai là, mais je m'occupai avec une sollicitude extraordinaire à éloigner bien vite cette ombre sinistre qui m'inspirait tant d'horreur, et cette parure qui lui avait été enlevée : j'en étais toute préoccupée comme si j'eusse voulu cacher à tous les yeux quelque chose qui devait faire rougir la fiancée. Cette figure ne voulait pas s'en aller tout de suite, mais elle devint de plus en plus petite et je la poussai avec les parures dans un vieux coffre qui était près de là. Lorsque je l'y enfonçai, la tête seule et les épaules paraissaient encore ; la fiancée resta très pâle, mais comme pénétrée d'une clarté pure, et elle parut vêtue avec une grande simplicité. Lorsque je me mêlais à cette scène, je vis aussi une coopération de la sainte Vierge. Elle aussi travailla à chasser cette figure sombre.
Certaines pénitences à faire se rattachaient à chaque lot : ainsi je me souviens que le fiancé et la fiancée devaient prendre à la synagogue quelque chose que j'ai oublié, et faire certaines prières. La plante qui était échue à Nathanaël Khased était un bouquet de patience.
J'ai vu, dans plusieurs autres occasions, le fruit du fiancé : lorsque j'en parle, je vois aussi la fleur et j'en fais un mélange dans ma description. L'effet merveilleux de ce fruit se manifesta lorsque le fiancé en eut envoyé une part à la fiancée et que tous deux en eurent mangé. il arriva quelque chose de semblable à tous les autres disciples qui reçurent de ces lots et mangèrent des fruits qui leur étaient échus. Leurs passions dominantes opposèrent une certaine résistance et sortirent d'eux, ou tout au moins ils se sentirent plus forts dans leu r lutte contre elles. Il y a dans tous les fruits et les plantes un certain mystère surnaturel qui, depuis que l'homme est tombé et a entraîné la nature dans sa chute, est devenu un mystère naturel : il ne reste plus qu'un souvenir de tout ce qui s'y trouvait alors dans les propriétés ; la forme, le goût et l'action de ces créatures. Dans les songes et sur les tables du ciel, ces fruits se montrent avec les propriétés qu'ils avaient avant la chute, toutefois ce n'est pas toujours parfaitement clair : parce que maintenant tout est rendu confus par notre manière actuelle de comprendre et par l'usage ordinaire que nous faisons de ces choses.
Le fruit que les fiancés mangèrent se rapportait à la chasteté, et la figure qui se retira d'eux était la convoitise impure de la chair. Je ne sais pas si cette figure que je vis aurait été vue par quelque autre personne dans un état contemplatif du même genre : je ne sais pas s'il sortit réellement de la fiancée un esprit sensuel, ou si ce fut seulement un symbole destiné à me faire comprendre ce qui se passait en elle.
Remarque de l'écrivain. Comme la narratrice joua elle même un rôle actif dans cette vision historique, ce ne fut évidemment qu'une vision dans une vision : mais si, étant clairvoyante comme elle l'était, elle eût été alors présente en personne, elle aurait vraisemblablement vu la même chose et aurait cherché à la chasser et à la cacher comme elle le fit dans son rêve et comme elle le raconta étant éveillée, non sans quelque répugnance. Si elle eût été réellement présente alors, sa manière d'agir contre ce symbole de la sensualité qui se retirait, eût été aussi inexplicable et aussi surprenante pour les femmes qui étaient là que le sont aujourd'hui pour nous bien des choses qu'elle fait en rêvé. Mais dans la scène qui lui est présentée en songe, son intervention active ne trouble pas le cours de la vision et les assistants ne la voient point : de ce qu'elle voit la sainte Vierge s'efforcer aussi de cacher cette figure, on peut induire que vraisemblablement là mère de Dieu vit ce qui arrivait à la fiancée et le vit peut être sous la même forme ou probablement sous une forme d'un sens encore plus profond. Elle aussi, la plus pure parmi les plus pures, désire que les assistants ne puissent pas soupçonner la cause qui a fait tomber la fiancée en défaillance.
Lorsque la fiancée tomba en faiblesse, on ôta les pièces les plus lourdes de son vêtement et on retira plusieurs anneaux de ses doigts où elle en avait une quantité : on enleva aussi, pour l'alléger, des chaînes et des agrafes qu'elle avait aux bras et sur la poitrine. Elle ne conserva de ses bijoux que l'anneau nuptial que lui avait donné la sainte Vierge et au cou un joyau d'or, ayant à peu près la forme d'un arc bandé dans lequel était enchâssée une matière noirâtre de même nature que sur l'anneau nuptial de Marie et de Joseph : là dessus était représentée une figure couchée, tenant un bouton de fleur qu'elle regardait.
Aux jeux dans le jardin succéda le repas de noce. La salle dont il a été parlé plus haut était divisée en trois compartiments, par deux cloisons assez basses pour que les convives passent se voir : dans chacune de ces divisions était placée une table longue et étroite. Jésus était au haut bout de la table du milieu. à cette table étaient assis Israël, père de la fiancée, les cousins de celle ci, ceux de Jésus et en outre Lazare. Les autres conviés étaient aux tables latérales. Les femmes étaient assises dans la pièce située derrière le foyer, mais elles pouvaient entendre toutes les paroles du Seigneur. Le fiancé servait à table. Il y avait pourtant aussi un maître d'hôtel portant un tablier, et quelques domestiques. La fiancée servait les femmes, avec l'aide de quelques servantes. Lorsque les plats furent apportés, on plaça devant Jésus un agneau rôti ; il avait les pieds attachés en forme de croix. Le fiancé ayant alors apporté à Jésus une boîte où se trouvaient les couteaux à découper, Jésus lui dit en particulier qu'il devait se souvenir de ce repas d'enfants, donné après sa douzième fête de Pâques où lui, Jésus, avait raconté une parabole touchant un mariage et lui avait dit qu'il irait à ses noces, prédiction qui s'accomplissait aujourd'hui.
Le fiancé devint alors tout pensif ; car il avait entièrement oublié cet incident. Jésus fut pendant le repas, comme pendant toute la durée des noces, plein d'une douce sérénité et en même temps abondant en discours instructifs. Il expliqua le sens spirituel de chacun des incidents du repas. Il parla des divertissements et de l'allégresse qui préside aux fêtes. Il dit que l'arc ne devait pas rester toujours bandé, que le champ avait besoin d'être rafraîchi par la pluie, et il ajouta des paraboles relatives au même objet. Il découpa ensuite l'agneau et il tint à ce propos des discours admirables : il dit que l'agneau était mis à part du troupeau, qu'il était choisi, non pour vivre à son gré et perpétuer sa race, mais pour être livré à la mort ; après quoi on le purifiait par le feu qui consumait ce qu'il y avait en lui de grossier, et l'on coupait ses membres en morceaux : de même il fallait que ceux qui voulaient se mettre à la suite de l'Agneau se séparassent de ceux qui leur étaient unis le plus étroitement parles liens de la chair. Et lorsqu'il fit passer autour de la table les morceaux découpés et qu'on se mit à manger l'agneau, il dit que l'Agneau serait séparé des siens et mis en pièces afin de devenir pour eux tous une nourriture qui les unirait par un lien commun, que de même quiconque suivrait l'Agneau, aurait à renoncer à son pâturage, devrait mourir à ses passions, se séparer des membres sa famille et devenir une nourriture et un aliment d'union par l'Agneau et dans son Père céleste, etc.
Je ne puis pas répéter exactement tout cela. (On voit au moins là le sens général de cet enseignement.)Chacun avait devant lui une assiette ou un pain, je ne sais pas lequel des deux. Jésus fit aussi passer à la ronde une espèce de patène d'un brun foncé avec un rebord jaune. Je le vis plusieurs fois prendre en main un petit bouquet d'herbes et enseigner à cette occasion. Jésus s'était chargé de fournir le second service du repas de noce et sa mère et Marthe avaient pourvu à tout ; il avait dit aussi qu'il se chargeait du vin. Lorsque le second service, qui se composait d'oiseaux, de poisson, de préparations au miel, de fruits et d'une espèce de pâtisseries que Séraphia (Véronique) avait apportées, eut été placé sur la table latérale, Jésus y alla et fit les portions, puis il revint prendre sa place. Les plats furent servis, mais le vin manquait. Cependant Jésus enseignait. Cette partie du repas était particulièrement confiée aux soins de la sainte Vierge, et lorsqu'elle vit que le vin faisait défaut, elle alla à Jésus et lui rappela avec quelque inquiétude qu'il lui avait dit qu'il pourvoirait au vin ; alors Jésus, qui venait d'enseigner sur son Père céleste, lui dit : " Femme, ne vous tourmentez pas, ne vous inquiétez ni de vous, ni de moi, mon heure n'est pas encore venue. "Il n'y avait là rien de dur pour la sainte Vierge. Il lui dit : " Femme "et non pas a ma mère "parce qu'en ce moment il voulait agir en qualité de Messie, en qualité de Fils de Dieu, accomplir une opération mystérieuse en présence de ses disciples et de tous ses parents, parce qu'il était là dans sa force divine.
Le Pèlerin résume dans la note suivante le sentiment de la narratrice ; Jésus lui dit : " Femme " comme étant le rejeton qui devait écraser la tête du serpent. Il voulait aussi montrer dans cette occasion qu'il était plus qu'un fus de Marie, une femme qui leur était connue, et il l'appela " femme " parce qu'il allait agir en vertu de sa divinité, qu'il allait créer ou transformer, de même qu'il se donnait à lui même le nom de Fils de l'homme, lorsqu'il parlait de sa Passion future, sans s'abaisser en rien par là. Dans de pareils moments où Jésus agissait en qualité de Verbe incarné, chaque chose, par cela même qu'il la nomme ce qu'elle est, se trouve rehaussée et à quelques égards gratifiée d'une fonction ou d'une dignité par l'énonciation de son nom dans une circonstance aussi solennelle. Marie était la " femme " qui avait enfanté celui auquel elle s'adresse ici comme au Créateur, lui demandant du vin pour ses créatures devant lesquelles il va manifester sa dignité suprême. Il va leur montrer ici qu'il est le Fils de Dieu et non qu'il est le fils de Marie. Lorsqu'il mourut sur la croix au pied de laquelle elle pleurait, il lui dit aussi : " Femme, voilà votre fils, " lui désignant Jean par ces paroles. Jésus lui avait dit qu'il pourvoirait au vin ; elle s'avance alors comme la figure de celle qui intercède pour nous par excellence, et elle lui représente que le vin fait défaut ; mais le vin qu'il voulait donner était plus que du vin pris dans le sens ordinaire ; il avait rapport au mystère de ce vin qu'il voulait changer plus tard en son sang. Il lui dit : " Mon heure n'est pas encore venue, " c'est à dire, il n'est pas encore temps, premièrement que je donne le vin promis, en second lieu, que je change l'eau en vin, en troisième lieu, que je change le vin en mon sang. Marie alors n'eut plus de soucis pour les hôtes des fiancés ; elle avait prié son Fils et c'est pourquoi elle dit aux serviteurs : "Faites tout ce qu'il vous dira. "
C'est précisément comme si la fiancée de Jésus, l'Eglise, lui adressait cette prière : "Seigneur, vos enfants n'ont pas de vin ; "et que Jésus ne lui répondît pas : "Ma fiancée, "mais, " Eglise, ne t'inquiète pas, ne te trouble pas, mon heure n'est pas encore venue ; "et encore comme si l'Eglise disait aux prêtres : "Observez toutes ses indications et ses commandements, car il vous viendra en aide, etc. "
Marie dit donc aux serviteurs d'attendre et d'exécuter les ordres de Jésus : et au bout de quelque temps, Jésus ordonna aux serviteurs d'apporter devant lui les urnes vides : il y avait trois urnes d'eau et trois de vin, et ils montrèrent qu'elles étaient vides en les retournant sur un bassin. Jésus leur ordonna de les remplir toutes d'eau. Ils les portèrent à la fontaine qui se trouvait dans un caveau et consistait en un réservoir de pierre avec une pompe. Ces urnes étaient des vases de terre fort grands et fort lourds, et il fallait deux hommes pour en porter une par les deux anses. Il y avait depuis le haut jusque en bas plusieurs tuyaux fermés avec des bondes, et quand le liquide était épuisé jusqu'à une certaine hauteur, on retirait la bonde inférieure et on versait. On ne levait pas les urnes pour verser, on se bornait à les incliner un peu sur leurs bases élevées.
L'avertissement de Marie fut donné à voix basse, la réponse de Jésus à haute voix, aussi bien que l'ordre de puiser l'eau. Lorsque les urnes remplies d'eau furent placées toutes les six devant le buffet, Jésus y alla et les bénit, puis étant retourné à sa place, il dit : " Versez et portez à boire au maître d'hôtel. "Lorsque celui ci eut goûté le vin, il alla trouvé le fiancé et lui dit : " Ordinairement on donne le bon vin le premier, puis lorsque les convives sont rassasiés, on en donne de moins bon, mais vous avez réservé le meilleur vin pour la fin ". Il ne savait pas que Jésus s'était chargé de fournir ce vin comme toute cette partie du repas ; cela n'était connu que de la sainte Famille et de la famille des mariés. Alors le fiancé et le père de la fiancée en burent avec un grand étonnement, et les serviteurs assurèrent que c'était de l'eau qu'ils avaient puisée et dont ils avaient rempli les vases et les coupes qui étaient sur les tables. Tous alors en burent : mais il n'y eut point de tumulte au sujet de ce miracle ; tous les convives gardaient un silence respectueux, et Jésus prit occasion de ce prodige pour enseigner. Il dit entre autres choses que le monde donnait d'abord du vin capiteux, puis profitait de l'ivresse des convives pour leur donner un mauvais breuvage, mais qu'il n'en était pas ainsi dans le royaume que son Père céleste lui avait donné : que là, l'eau pure devenait un vin exquis, de même que la tiédeur devait se changer en ferveur et en zèle énergique. Il parla, en outre, du repas auquel il avait pris part, dans sa douzième année, après son retour du temple, avec plusieurs de ceux qui étaient là présents ; il rappela qu'alors il avait parlé de pain et de vin et raconté une parabole relative à des noces où l'eau de la tiédeur deviendrait le vin de l'enthousiasme, ce qui s'accomplissait maintenant. Il leur dit encore qu'ils verraient de plus grands prodiges, qu'il célébrerait la Pâque plusieurs fois et qu'à la dernière, le vin serait changé en sang et le pain en chair ; qu'il resterait avec eux, les consolerait et les fortifierait jusqu'à la fin : que du reste, après ce repas, ils lui verraient arriver des choses qu'ils ne pourraient pas comprendre actuellement s'il les leur disait. Il ne s'exprima pas aussi clairement que je le fais ; tout cela était enveloppé dans des paraboles que j'ai oubliées, toutefois c'en était là le sens. En l'écoutant ainsi parler, ils furent saisis de crainte et d'étonnement. Mais tous étaient comme transformés par ce vin, et je vis qu'indépendamment de l'effet du miracle qu'ils avaient vu, le vin lui même, comme précédemment les fruits, avait opéré intérieurement en eux, les avait fortifiés et profondément changés. Tous les disciples, tous ses parents, tous les convives étaient maintenant convaincus de sa puissance, de, sa dignité et de sa mission. Ils croyaient tous en lui, cette foi s'était répandue dans tous à la fois, et tous ceux qui avaient bu de ce vin étaient devenus meilleurs, plus unis et plus fervents. Il était ici pour la première fois au milieu de la communauté qu'il formait : ce fut le premier prodige qu'il fit au milieu d'elle et tour elle, afin de la fonder dans la foi en lui. Voilà aussi pourquoi il est dit dans son histoire que ce fut son premier miracle. de même que la Cène est racontée comme le dernier, fait alors que ses disciples croyaient.
A la fin du repas, le fiancé vint encore trouver Jésus en particulier ; il lui parla avec beaucoup d'humilité et lui déclara qu'il se sentait mort à toute convoitise de la chair et qu'il désirait vivre dans la continence avec son épouse, si celle ci le trouvait bon. La fiancée vint également trouver Jésus en particulier et lui dit la même chose. Alors Jésus les fit venir tous les deux ensemble et leur parla du mariage, de la pureté qui est si agréable à Dieu, et des fruits que la vie de l'esprit rend au centuple.
Il cita beaucoup de prophètes et de saints personnages qui avaient vécu dans la chasteté et immolé leur chair au Père céleste, dit comment ils avaient eu pour enfants spirituels bien des hommes égarés qu'ils avaient ramenés au bien et comment ils avaient donné naissance à une nombreuse et sainte postérité. Tout cela fut dit dans le sens de dissiper et de recueillir. Ils firent voeu de continence pour trois ans, s'engageant à vivre comme frère et soeur. Puis ils s'agenouillèrent devant Jésus et il les bénit.
(3 janvier.) La narratrice était très gravement malade et elle dit seulement ce qui suit : Jésus avait enseigné dans la salle du festin. On n'alla pas, se promener en plein air ; plusieurs disciples de Jean sont partis ainsi que Lazare et Marthe. Je les ai vus manger quelque chose debout, tous ont leurs habits retroussés. Pendant tout le cours de la fête, Lazare fut traité avec tous les égards dus à un homme de distinction par le père de la fiancée qui s'occupa personnellement beaucoup de le servir. Il a des manières très distinguées : il est sérieux et son attitude est à la fois réservée et bienveillante : il est très calme, parle peu et regarde Jésus avec beaucoup de ferveur.
Le soir de ce jour, qui était le quatrième jour des noces, on était allé en grand cortège installer la fiancée et le fiancé dans leur maison. On portait un candélabre avec des flambeaux allumés dont chacun figurait une lettre ; des enfants marchaient en avant du cortège, ils portaient sur des bandes d'étoffe une couronne de fleurs ouverte et une autre fermée : ils les défirent devant la maison des fiancés et semèrent les fleurs autour d'eux. Jésus était dans la maison et les bénit. Les prêtres étaient présents. Depuis le miracle de Jésus lors du repas, leur contenance est très humble et ils le laissent tout diriger.
La Soeur croit bien, toutefois sans rien affirmer, que cette installation était une pure cérémonie, que la fiancée resta encore chez ses parents jusqu'à la fin de la fête et des jeûnes qui allaient commencer.
(4 janvier) Les autres hôtes sont partis pour la plupart, notamment Marie et les saintes femmes. Nathanaël Khased, les fils de Cléophas, appelés les frères de Jésus et d'autres disciples étaient encore là. Le soir du 4ème jour du sabbat et commencement du 7è de Thébet, Jésus enseigna, dans la synagogue, sur la fête qui venait d'avoir lieu, sur l'obéissance et les pieuses dispositions de ce couple de fiancés, etc.
( 5 janvier.) Ce jour là, qui était celui du sabbat, Jésus enseigna deux fois dans la synagogue de Cana, et lorsqu'il sortit, plusieurs personnes se prosternèrent devant lui et lui demandèrent son assistance pour des malades. Il fit ici deux guérisons merveilleuses un homme était tombé du haut d'une tour, il était mort et tous ses membres étaient brisés. Jésus alla à lui, rajusta ses membres, toucha les fractures et lui ordonna de se lever et d'aller dans sa maison, ce qu'il fit après avoir remercié : il avait une femme et des enfants. Jésus fut aussi conduit à un possédé qui était enchaîné à une pierre et il le délivra. Il guérit en outre des hydropiques et une femme affligée d'une perte de sang qui était une pécheresse publique. Les malades qu'il guérit étaient au nombre de sept. Ces gens n'avaient pas osé venir pendant la fête ; mais lorsque le bruit se répandit qu'il partirait après le sabbat, il fut impossible de les retenir. Les prêtres, après le prodige des noces, le laissèrent faire tout ce qu'il voulut, et ces miracles eurent lieu en leur présence : les disciples n'étaient pas présents.
A suivre....
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Re: Anne Catherine Emmerich -
Vision de Sainte Anne Catherine Emmerich.
Jésus revient de Cana à Capharnaûm, et enseigne en différents endroits.- il va sur les bords du Jourdain.- il arrive à Ono; - au lieu où l'on baptise, près de Jéricho. - Coup d'œil sur la mer Morte et sur Melchisédech. - Jésus enseigne en divers endroits. - Entretiens avec Lazare. - Jésus célèbre le sabbat à Adummim, ville de refuge pour les criminels. - Jésus à Nébo au delà du Jourdain.- il va en Galilée et guérit à Phasael la fille d'un Essénien. - Jésus à Jezrael - à Capharnaûm - à Gennabris - à Béthulie - à Kisloth-Thabor - à Sunem - à Ulama - il revient à Capharnaum. - Jésus près de sa mère. - Fête à Capharnaum. - Jésus à Sephoris : il assiste de loin des gens près de faire naufrage. - Jésus à Nazareth.- La fête des Purim. - Jésus à Legio. - il va avec Lazare sur la propriété de celui-ci à Thirza.- il quitte Thirza.- Sa première rencontre avec le jeune homme riche. - il va à Béthanie.
(6-13 janvier.) Lorsque le sabbat fut fini, Jésus partit avant le jour avec ses disciples pour Capharnaum. Le fiancé, son père et plusieurs autres l'accompagnèrent pendant quelque temps. On avait beaucoup donné aux pauvres lors du repas de noces : car rien ne revint une seconde fois sur la table, tout fut immédiatement distribué. Demain et après-demain sont des jours de jeûne, et je vis que dès avant le sabbat on faisait cuire d'avance des aliments pour ces jours là. Tous les feux furent éteints, et toutes les fenêtres au delà du nécessaire fermées. Les gens aisés ont à leur foyer des places où tout se conserve chaud sous de la cendre chaude. Jésus se trouvait, pour ces jours de jeûne, à Capharnaum, et il y enseigna dans la synagogue. Deux fois le jour on lui amenait des malades qu'il guérissait. Ses disciples de Bethsaïde allèrent chez eux, et plusieurs revinrent. Il alla aussi dans les environs et y enseigna ; pendant le temps du repos, il était chez Marie.
Il envoya cinq de ses disciples baptiser dans le Jourdain, sur la rive occidentale, près de Jéricho, au lieu principal où Jean baptisait et que celui-ci avait quitté, C'étaient André, Saturnin, Aram, Théméni et Eustache, fils de l'une des veuves. Jésus les accompagna pendant une partie du chemin et alla ensuite à Béthulie, où il guérit et enseigna. Il revint après cela jusqu'à sept à huit lieues au nord-ouest de Capharnaum vers Hanathon ; il y a près de là une montagne destinée à la prédication. On arrivait au haut de cette montagne par une pente douce d'environ une lieue de long. On avait fait là des arrangements exprès pour qu'on pût y prêcher : il s'y trouvait une chaire de pierre très élevée, entourée de pieux, au moyen desquels on pouvait tendre au-dessus un grand pavillon pour défendre du soleil et de la pluie. Après chaque instruction on le remportait. Sur l'arête de la montagne s'élèvent trois éminences : l'une d'elles est la montagne des Béatitudes. Au lieu où Jésus et enseigne, la vue est très étendue : on voit au-dessous de soi la mer de Galilée, et l'on peut apercevoir Nazareth dans le lointain. La montagne est boisée et cultivée par places, mais non au lieu où Jésus enseigna. Tout autour sont les fondations d'une muraille ruinée, où l'on distingue encore des restes de tours. Autour de la montagne sont des endroits appelés Hanathon, Béthanat et Nejel, qui font l’effet d'avoir formé ensemble une très grande ville.
Jésus avait près de lui trois disciples, un fils de la tante du fiancé de Cana, le fils d'une autre veuve et Jonathan, le demi frère de Pierre. C'étaient eux qui convoquaient les gens à venir entendre l'instruction faite sur la montagne. Jésus enseigna ici sur la diversité de l'esprit des hommes, suivant les lieux et même suivant les familles, et sur l'esprit qu'ils recevaient dans le baptême et qui les unissait entre eux et avec le Père céleste, par la pénitence, la satisfaction et l'expiation. Il leur dit aussi à quoi ils pourraient reconnaître dans quelle mesure ils auraient reçu le Saint Esprit par le baptême.
Il enseigna en outre sur la prière et les diverses demandes, et je m'étonnai de l'entendre déjà enseigner sur les demandes de l'Oraison dominicale, quoiqu'il n'en eût pas encore donné la formule. Cette instruction dura depuis midi jusqu'au soir : alors il descendit à Béthanat, où il prit un repas et passa la nuit. Il avait passé la nuit précédente a Hanathon.
Le jour suivant, je vis Jésus aller de Béthanat dans la direction du lac, puis dans cette de Capharnaum. Cinq disciples de Jean étaient venus le trouver. Ils étaient d'un pays situé à peu de distance de la mer Méditerranée, au nord d'Apheka, la patrie de saint Thomas. Ce n'étaient pas de vrais Juifs, mais des espèces d'esclaves ; ils avaient été longtemps avec Jean et venaient maintenant à Jésus.
Je vis vers midi Jésus avec huit disciples sur une colline, entre l'embouchure du Jourdain et Bethsaide, à environ une demi lieue du lac Ils avaient vue sur le lac, où ils voyaient Pierre, Jean et Jacques sur leurs barques. Pierre avait une grande embarcation, sur laquelle étaient ses serviteurs ; lui-même était sur une petite barque qu'il dirigeait. Jean et Jacques, avec leur père, avaient aussi une grande barque et de plus petites. Je vis encore la barque d'André : elle était petite et se trouvait près de celles de Zébédée. Pour lui, il était alors sur les bords du Jourdain, où il baptisait.
Lorsque les disciples virent leurs amis sur le lac, ils voulurent descendre pour les appeler. Mais Jésus leur ordonna de rester là. Je les entendis dire : "Comment ces hommes peuvent-ils encore naviguer et pêcher après avoir vu ce que vous avez fait et avoir entendu vos enseignements ?” Et Jésus leur dit : ‘ Je ne les ai pas encore appelés ; ils ont un métier qui fait vivre beaucoup de gens, spécialement Pierre ; je leur ai dit de continuer à l'exercer et de se préparer pour le moment où je les appellerai. J'ai encore beaucoup de choses à faire jusque-là ; il faut aussi que j'aille à Jérusalem pour la Pâque. ”
Sur le côté occidental de la colline, il y avait environ vingt-six habitations, où demeuraient principalement des pêcheurs et des gens de la campagne. Lorsque Jésus y arriva, un possédé courut après lui et se mit à crier : "Le voilà ; il vient, le prophète ; nous devons fuir devant lui ; "et il fut bientôt entouré de plusieurs autres possédés, qui criaient et se démenaient. Jésus leur commanda de se tenir tranquilles et de le suivre ; il monta sur la colline et enseigna. Il y avait bien, outre les possédés, une centaine de personnes autour de lui. Il parla des mauvais esprits, de la résistance qu'il fallait leur opposer et de la nécessité de se corriger. Les possédés furent tous délivrés ; ils devinrent paisibles et le remercièrent en pleurant ; ils disaient qu'ils ne savaient plus en quel état ils étaient auparavant. Ces malheureux, parmi lesquels quelques-uns étaient attachés ensemble, avaient été amenés de divers lieux des environs, parce qu'on avait entendu parler de l'arrivée du prophète qui était, disait-on, aussi saint que Moïse. Ils n'auraient pas rencontré Jésus si l'un d'eux n'eût pas brisé ses liens et n'avait pas crié après lui.
Jésus partit de là pour aller chez sa mère entre Capharnaum et Bethsaide. La première de ces villes était si tuée à peu de distance de cette colline, un peu plus au nord. Le soir, lorsque le sabbat commença, Jésus enseigna dans la synagogue de Capharnaum. Ils avaient encore une fête particulière qui se rapportait à Tobie, lequel avait vécu dans cette contrée et y avait fait beaucoup de bien. Il avait aussi laissé des propriétés aux écoles et à la synagogue. Jésus enseigna sur la reconnaissance.
Après le sabbat, je vis Jésus aller chez sa mère, avec laquelle il s'entretint seul ; cela dura même une partie de la nuit. Il parla de ce qu’il allait faire, lui dit qu'il irait d'abord au Jourdain, puis à Jérusalem pour la Pâque ; qu'ensuite il appellerait les apôtres et commencerait sa vie publique ; qu'on le persécuterait à Nazareth ; puis de ses projets ultérieurs et des relations que sa mère et les autres femmes auraient à entretenir avec lui. Il y avait alors dans la maison de Marie une femme très avancée en âge. C'était une pauvre veuve, sa parente, que sainte Anne lui avait envoyée à la grotte de la Crèche pour l'assister ; maintenant elle était si vieille, que Marie la servait plutôt qu'elle ne servait Marie.
(14-20 janvier.) Aujourd'hui, je vis Jésus avec les huit disciples se mettre en route pour le lieu du baptême, près du Jourdain. Ils partirent avant le jour, se dirigeant vers le côté oriental du lac. Ils franchirent de nouveau la colline, d'où ils avaient vu les barques des futurs apôtres. Ils traversèrent le Jourdain sur un pont très élevé. Le Jourdain coulait là dans un lit profondément encaissé ; il entrait dans le lac environ une demi lieue plus bas.
De l'autre côté du fleuve, dans l'angle qu'il forme avec le lac, se trouve un village de pêcheurs, autour duquel on voit beaucoup de filets étendus par terre ; il s'appelle le petit Chorozaim à une petite lieue, plus au nord du lac, se trouve Bethsaide-Juliade. Le grand Chorozaïn est à deux lieues à l'est du lac. C'était là que Matthieu était publicain.
Jésus descendit le long de la rive orientale du lac, et il passa la nuit à Hippos. Le lendemain, il passa devant Gadara, guérit dans le voisinage de cette ville un possédé, qu'on lui avait amené attaché avec des cordes, mais qui les brisa et se mit à crier de toutes ses forces : "Jésus ! fils de David ! Jésus ! que veux-tu faire ? Tu veux nous chasser ! ‘ Jésus s'arrêta, ordonna au démon de se taire et de sortir de cet homme il lui dit aussi où il devait aller.
A deux lieues de Gadara, Jésus arriva au Jourdain, le passa, et continua son voyage dans la direction du sud-ouest, laissant Scythopolis à gauche ; il franchit une montagne du nom d'Hermon et arriva à Jezraël, ville située au levant de la plaine d'Esdrelon (la Soeur s'exprime ici peu clairement). Cette ville est située sur les deux rives d'une petite rivière. Jésus y est déjà allé une fois. Il y guérit beaucoup de malades en public, devant la synagogue.
Je me suis trompée dernièrement en disant que Marthe était revenue de Cana chez elle avec Lazare. Lazare alla seul, Marthe resta encore en Galilée, à Gennabris, je crois, ou habitait Nathanaël. Elle avait fait prier Madeleine de venir l'y trouver. Il y avait encore là plusieurs disciples On parla des miracles de Jésus, et lorsque Jésus vint dans la contrée de Jezraël, Marthe engagea sa sœur à faire avec elle huit lieues de plus, jusqu'à Jezraël. Mais Jésus n'y était plus, et elle entendit seulement raconter ses miracles par ceux qu'il avait guéris. Alors les deux sœurs se séparèrent et Madeleine retourna à Magdalum.
Lazare avait, dans les environs de Samarie, une vigne, un champ et une maison dans le voisinage du champ de Jacob ; tout cela, par la suite, fut mis au service de Jésus et des siens pendant leurs voyages. C'est là que plus tard les deux Sœurs vinrent trouver Jésus lorsqu'elles le prièrent de venir à Béthanie après la mort de Lazare. Dans les temps postérieurs, il y eut là une chapelle consacrée à sainte Marthe.
(15 janvier.) (La Sœur était très malade et fort dérangée.) Jésus n'est resté que quelques heures à Jezraël. Il a enseigné dans un endroit appelé Akrabis, à deux lieues de Silo, sur une chaire en plein air. Ce n'était qu'un village de bergers.
Le soir du jeudi 17, je vis Jésus arriver à Haï, qui est à peu de distance de Bethel, au levant et à quelques lieues au nord-ouest de Jéricho ; il y a de là environ neuf lieues jusqu'à l'endroit du baptême. Cette ville avait été entièrement détruite à une époque antérieure à Jésus. Elle fut rebâtie plus tard, mais sur de plus petites dimensions. Jésus y enseigna et y guérit.
Il y avait là des pharisiens qui tenaient des discours pleins d'aigreur. Quelques-uns d'entre eux s'étaient trouvés à Jérusalem lorsque Jésus y avait enseigné dans sa douzième année. Ils parlaient de cela et taxaient d'hypocrisie ce qu'il avait fait alors, s'asseyant par terre avec les écoliers dans une assemblée de docteurs, disputant avec eux, puis interrogeant les maîtres comme pour recourir à leurs lumières contre ses contradicteurs, et leur disant par exemple : "Que pensez-vous de cela ? Instruisez-nous ! Quand le Messie viendra-t-il, etc. ? ‘ les engageant ainsi dans des assertions de toute espèce et prétendant ensuite tout savoir mieux qu'eux. N'était-ce pas lui qui avait fait tout cela ? lui demandaient-ils.
(18 janvier). Je vis Jésus dans la matinée au lieu où Jean baptisait précédemment, près du Jourdain, à huit lieues au midi de Jéricho. On fit plusieurs changements dans l'administration du baptême. L'eau fut bénie, on la prit pour baptiser dans une auge de pierre, Jésus fit aux aspirants des instructions préparatoires (Elle se plaint d'être trop faible, elle racontera cela une autre fois.)
Plusieurs disciples allèrent à un petit endroit situé au couchant, à une lieue de là : il y a là un bois qui s'étend avec des interruptions jusqu'à Jérusalem. Les habitants gagnent leur vie en faisant passer le fleuve et en travaillant le bois : ils font aussi les radeaux pour le passage. L'endroit s'appelle Ono. Jean a aussi été là ; (L'écrivain lui demanda si ce lieu s'appelle réellement Ono : Oui, dit-elle, mais il y a encore une plus grande ville du même nom, dans la tribu de Benjamin elle est près de Lydda).
Note : Lydda est aussi appelée Lod (I. Esdr., II, 33. - II Esdr., XI, 34) à une époque postérieure ; après J.-C., Lydda changea de nom, pour s'appeler Diospolis.
Cet Ono, au bord du Jourdain existait déjà lorsque les Israélites prirent Jéricho : au temps de Jésus, il en restait peu de chose : plus tard il n'y en avait plus de trace : c'est pourquoi ce lieu est très inconnu. Mais comme il en existait encore un autre du même nom, on pensa qu'il y avait eu une confusion. Les disciples annoncèrent à Ono l’arrivée de Jésus, disant qu'il y célébrerait ce soir le sabbat et y guérirait : ils ajoutèrent qu'il continuait l'enseignement et l’œuvre de Jean, que celui-ci ayant posé le fondement, Jésus y mettait la dernière main avec plus d'autorité.
Jésus fait ici son séjour ordinaire dans une hôtellerie devant Ono, à une demi lieue de l'endroit où l’on baptise. Il y a là un homme qui apprête les aliments, toutefois Jésus mange froid habituellement. Le samedi il enseigna encore ici et guérit plusieurs malades qui lui furent amenés, entre autres une femme très exténuée qui avait une perte de sang. Je vis Jésus aller à Ono pour le sabbat avec les disciples et enseigner dans la synagogue devant beaucoup d’auditeurs.
Je vis pendant ces jours-là Hérode visiter Jean plusieurs fois et celui-ci le traiter toujours avec mépris comme un adultère. Hérode sentait intérieurement qu'il avait raison, mais sa femme était furieuse contre Jean. Hérode habitait à Liviade, à peu de distance du lieu où Jean baptisait maintenant. Je vois Liviade plus au nord et plus au levant que Bethabara, pas très loin d'Eléalé. Jean dans ses instructions parle toujours de Jésus et renvoie à lui ses auditeurs.
(20 janvier.) Jésus revint aujourd'hui au lieu où l'on baptisait : il instruisit et prépara les aspirants qu'André, Saturnin et d'autres encore baptisaient alternativement. Jean ne baptisait presque plus personne : il se bornait à enseigner et envoyait tout le monde de l'autre côté du Jourdain au baptême de Jésus. La plupart de ceux qui venaient au baptême de Jésus étaient des jeunes gens de la Judée et d'Hébron. Tout se faisait avec plus de solennité et de régularité qu'au baptême de Jean. Le lieu où l'on passait le Jourdain n'était plus Si rapproché : à cause du grand concours de peuple, on avait établi le passage plus loin en aval du fleuve. D'après les instructions de Jésus, plusieurs choses avaient été changées à l'endroit du baptême par les disciples envoyés d'avance de Cana. La grande enceinte établie par Jean autour d'un réservoir en plein air n'existait plus. On baptisait à peu de distance de là, sous une grande tente, dans la petite île ou Jésus avait été baptisé. La fontaine baptismale de Jésus sur cette île avait subi plusieurs changements ; les cinq canaux qui allaient du Jourdain à cette fontaine étaient à découvert et les quatre pierres en avaient été retirées ainsi que la grosse pierre triangulaire veinée de rouge qui était placée au bord, et sur laquelle se tenait Jésus quand le Saint-Esprit descendit sur lui. Toutes ces pierres avaient été portées au lieu où l'on baptisait maintenant. Jean et Jésus étaient les seuls à savoir que la place où Jésus avait été baptisé était celle où s'était arrêtée l'arche d'alliance, et que les pierres placées dans la fontaine étaient celles où elle avait reposé dans le lit du Jourdain, mais ils ne l'avaient dit à personne. De même le Seigneur seul savait que c'étaient ces pierres qui formaient maintenant la pierre baptismale. les Juifs avaient oublié depuis longtemps le lieu où ces pierres reposaient et les disciples n'en avaient aucune connaissance. André avait creusé un bassin rond dans la pierre triangulaire : celle-ci reposait sur les quatre pierres placées au-dessous dans une fosse pleine d'eau qui entourait cette pierre baptismale comme un fossé : l’eau y avait été apportée de la fontaine baptismale de Jésus sur l'île. L'eau qui était dans la pierre triangulaire venait aussi de là et Jésus la bénissait. Quand ceux qui devaient être baptisés descendaient dans la fosse creusée autour des bassins triangulaires, ils avaient de l'eau jusqu'à la poitrine.
Près de là était une espèce d'autel où l'on plaçait les robes blanches pour les baptisés. Deux disciples leur mettaient les mains sur les épaules ; André ou Saturnin ou quelquefois un autre les baptisait trois fois avec de l'eau du bassin qu'il prenait dans le creux de la main et qu'il leur versait sur la tête au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Ceux qui baptisaient et imposaient les mains avaient de longues robes blanches avec des ceintures et de longues bandes blanches tombant des épaules, comme de larges étoles. Jean baptisait avec un vase à trois rainures, d'où coulaient trois filets d'eau : et il prononçait d'autres paroles où il était question de Jéhovah et de son envoyé. Aucun de ceux qui avaient été baptisés par Jean ne fut rebaptisé ici : mais je crois qu'on les rebaptisa après la descente du Saint-Esprit lors du baptême qui eut lieu a la piscine de Bethesda. Aucune femme ne fut baptisée ici. Ce fut aussi à la piscine de Bethesda que la Soeur vit pour la première fois administrer le baptême avec triple immersion.
Jésus enseignait au dehors sur un tertre au-dessus duquel une tente était tendue pour la grande chaleur. Il parlait du baptême, de la pénitence, de l'approche du royaume des cieux et du Messie, dit où on devait le chercher, non parmi les grands du monde, mais parmi les petits et les pauvres. Il appelait ce baptême une ablution, celui de Jean un baptême pour la pénitence : il parla aussi du baptême de feu du Saint-Esprit qui devait venir plus tard.
Les arbres et les buissons que Jean avait plantés autour de l'île où Jésus avait été baptisé, s'unissaient par leurs sommets et formaient un beau massif : l’arbre qui était dans la fontaine s'élevait au-dessus de tout le reste. Je vis sur sa cime se détacher une figure comme celle d'un petit enfant qui sortait d'un cep de vigne, les bras étendus, et d'une main présentait des fruits jaunes, de l'autre des roses. La Soeur voit dans cela un ornement destiné à fêter l'ouverture du baptême de Jésus, mais elle est trop faible pour décrire clairement cette figure.-Le 29 janvier, je vis continuer le baptême.
(22 janvier.) Jésus est allé avec plusieurs disciples dans la direction du midi, au couchant de la mer Morte, là où se tenait Melchisédech lorsqu'il prit la mesure du Jourdain et des montagnes. Longtemps avant Abraham il avait conduit ici des ancêtres de ce patriarche : mais leur ville fut détruite avec Sodome et Gomorrhe.-Maintenant on voyait dans une contrée sombre, désolée, parsemée de rochers noirs et de grandes cavernes, s'étendre dans la campagne à environ une demi lieue de la mer Morte des restes de murs avec les tours à moitié écroulées d'une ville détruite, Hazezon Thamar. Là où est la mer Morte, avant la destruction de ces villes impies, il n'y avait que le Jourdain. Il était large d'environ un quart de lieue. Les gens qui maintenant sont établis plus à l'intérieur des terres dans des cavernes et des ruinés de toute espèce, ne sont pas de vrais Juifs, mais des esclaves, provenant des peuples qui ont passé par là : ils cultivent la terre au profit des Juifs. Ils sont pauvres, timides et très délaissés. Ils ont regardé l'arrivée de Jésus parmi eux comme une faveur inestimable et l'ont très bien accueilli. Jésus en a guéri beaucoup.
Aujourd'hui cette contrée est meilleure qu'à l'époque de Jésus : mais anciennement elle était d'une beauté et d'une fertilité incroyables. Au temps d'Abraham, la formation de la mer Morte a fait un désert d'un des plus magnifiques pays du monde. une quantité de villes et de bourgs étaient situés sur la ; rive du Jourdain : une chaussée de pierres carrées longeait le fleuve. Entre elles s'élevaient de belles montagnes et d'agréables collines, et tout était couvert de bosquets de dattiers, de vignes, d'arbres fruitiers et de champs de blé. Rien ne peut rendre la beauté de ce pays. Avant que la mer Morte n'eût paru, le Jourdain, au-dessous de l'endroit où il était le plus large, se divisait en deux bras qui arrosaient des villes disparues. L'un tournait à l'ouest et recevait divers cours d'eau ; l’autre coulait vers le désert au travers duquel eut lieu la fuite en Égypte, et arrivait jusque dans la contrée de Mara, où Moïse rendit douce une source d'eau saumâtre, et où avaient habité les ancêtres de sainte Anne. Il y avait entre les villes des mines de sel : mais l'eau n'était point salée : il jaillissait la beaucoup de sources. Les peuples buvaient et honoraient l'eau du Jourdain jusqu'à une grande distance dans ce qui devint plus tard le désert.
Les ancêtres d'Abraham, établis anciennement à Hazezon par Melchisédech, dégénérèrent beaucoup, et ce fut par un second trait de la miséricorde de Dieu qu'Abraham fut conduit dans la terre promise. Melchisédech a été ici lorsque le Jourdain n'y était pas encore : il a tout mesuré et déterminé. Il allait et venait souvent, et avait quelquefois avec lui deux hommes qui semblaient être des esclaves.
(21-30 janvier.) Jésus est allé avec ses disciples dans la direction de Bethléhem : il a suivi une partie de la vallée des Bergers jusqu'à Betharaba, à trois lieues de l'endroit où l'on baptise. Jésus y était déjà allé lorsqu'il visita les bergers après le baptême. Les habitants vivent du passage des caravanes. Cet endroit est à environ trois lieues de Béthanie, sur les frontières des tribus de Juda et de Benjamin.
Il y avait ici beaucoup de possédés ils couraient tout nus dans les environs, devant cet endroit, et ils se mirent à crier lorsque Jésus approcha. Il leur ordonna de se couvrir, et en quelques minutes ils se firent des ceintures de feuillage. Jésus les guérit, et envoya du bourg des gens qui leur portèrent des vêtements.
André et cinq autres disciples étaient venus ici avant le Sauveur, et avaient dit qu'il y célébrerait le sabbat. Il logea seul avec les disciples dans une hôtellerie gratuite, comme il y en avait toujours alors dans les villes pour les docteurs et les rabbins en voyage. Lazare, Joseph d'Arimathie et d'autres personnes de Jérusalem, étaient aussi venus ici.
Jésus enseigna dans la synagogue et aussi sur la place publique et sur les carrefours et les chemins : car il y avait ici une nombreuse population que l'école ne pouvait pas contenir. Il guérit beaucoup de gens affligés de diverses maladies. Les disciples les amenaient et leur faisaient faire place dans la foule. Lazare et Joseph d'Arimathie se tenaient à distance.
A la fin du sabbat, le Sauveur retourna encore à Ono avec les disciples. Il passa par un petit endroit appelé Bethagla, où les Israélites étaient venus après avoir passé le Jourdain : car ils ne passèrent pas à une seule place, mais sur une grande étendue, à travers le lit desséché du fleuve. Lorsqu'ils arrivèrent ici, ils mirent leurs vêtements en ordre et se ceignirent. Jésus passa devant la pierre de l'arche d'alliance où Jean avait célébré la fête dont il a été parlé plus haut.
Lazare et Joseph d'Arimathie retournèrent à Jérusalem. Nicodème n'était pas venu : il se tenait plus à l'écart à cause de son emploi : mais il était en secret au service de Jésus, et plus tard il annonçait toujours à la communauté les dangers qui la menaçaient.
(27 et 28 janvier.) Le jour d'après était le premier jour de la fête de la nouvelle lune' et je vis qu'à Jérusalem la classe des serviteurs et les employés avaient un jour de congé : il y avait comme une fête de réjouissance. C'était un jour de repos, et aujourd'hui l'on ne baptisa pas.
Le jour de la Fête de la nouvelle lune, des drapeaux suspendus à de longues perches flottaient sur le toit des synagogues : c'étaient des pièces d'étoffe dont les plis que le vent enflait étaient séparés par des nœuds. Par le nombre des noeuds on indiquait aux gens qui les voyaient de loin quel était le mois de l'année qui commençait. Des drapeaux semblables étaient aussi arborés en temps de guerre comme signaux de victoire ou de détresse.
Pendant tout le jour suivant, Jésus prépara au baptême, par ses instructions, beaucoup de gens qui s'étaient réunis ici dès la veille et avaient campé dans le voisinage. Aujourd'hui encore on ne baptisa pas : on célèbre une fête à propos de la mort d'un méchant roi (Alexandre Jannée). La place où l'on doit baptiser est très bien arrangée et ornée : je n'ai pas pu le raconter, je suis trop malade. Mais ils restent encore longtemps ici ; je pourrai donc le voir encore et le raconter.
(29 et 30 janvier.) Le jour suivant, André et les autres disciples commencèrent de bonne heure à baptiser ceux que Jésus avait préparés la veille. Lazare était revenu hier soir avec Obed, fils de Siméon ; je vis Jésus et lui aller seuls de grand matin dans la direction de Bethléhem, entre Bethagla et Ophra, qui est plus au couchant. Jésus prit ce chemin, parce que Lazare voulait lui raconter ce qu'on disait de lui à Jérusalem, et que Jésus voulait faire savoir à Lazare, et par lui à ses autres amis, comment ils devaient se comporter dans cette occurrence. Ils suivirent la route qu'avaient suivie Joseph et Marie du côté de Bethléhem, et firent environ trois lieues, jusqu'à un groupe de pauvres demeures de bergers, situées dans une contrée solitaire. Lazare raconta à Jésus ce qui se disait à Jérusalem ; les uns parlaient de lui avec colère' d'autres en se moquant, d'autres encore avec curiosité ; ils voulaient voir disaient-ils, s'il viendrait à Pâques pour la fête, s'il viendrait faire ses miracles dans une grande ville aussi hardiment qu'en Galilée, au milieu d'une populace ignorante. Il raconta aussi à Jésus ce que les pharisiens de différents lieux avaient rapporté de lui, et comment ils l'espionnaient. Jésus le tranquillisa sur tout cela, et lui cita divers passages des prophètes où toutes ces choses étaient annoncées d'avance. Il lui dit aussi que dans huit jours il serait sur les bords du Jourdain et qu'il irait ensuite de nouveau en Galilée ; qu'il se rendrait à Jérusalem pour la pâque, et qu'après cela il appellerait ses disciples. Il le consola aussi touchant Madeleine, en lui disant qu'une étincelle de la grâce était tombée en elle, et qu'elle en serait toute enflammée.
Ils passèrent ce jour-là près des demeures des bergers, où on leur donna du pain, du miel et des fruits. Il demeurait là une vingtaine de veuves de bergers, ayant près d'elles des fils déjà grands qui les assistaient dans leur vieillesse. Leurs demeures étaient des cellules, séparées les unes des autres et faites de branchages où il poussait encore des feuilles. Parmi ces femmes, il y en avait quelques-unes qui l'avaient adoré et lui avaient porté des offrandes dans la grotte de la Crèche lors de sa naissance. Jésus enseigna ici ; il alla dans les cabanes et guérit quelques femmes. L'une d'elles était très vieille, très malade et très décharnée. Elle habitait une petite cabane où elle était étendue sur une couche de feuillage. Jésus la prit par la main et la conduisit au dehors Ces femmes avaient un réfectoire et un oratoire communs.
Pendant que la Sœur racontait ceci le 30 janvier, à onze heures du matin, elle dit tout à coup en regardant à sa droite : ‘ Qui donc était-ce ? ’’Mais elle se remit bientôt et reprit en ces termes : "J'ai cru qu'il y avait là quelqu’un "J'ai vu Jésus avec Lazare et Obed sur le chemin qu'il avait suivi, lorsque Jean s'écria : Voici l'Agneau de Dieu ! il y avait quelques disciples en avant et quelques autres en arrière. Lazare et Obed retournèrent à Jérusalem.
(31 janvier.) Aujourd'hui Jésus fut au lieu où l'on baptisait, et il y enseigna. Beaucoup de gens reçurent le baptême.
(1er et 2 février.) Aujourd'hui, Jésus, avec la plupart de ses disciples, est allé par Bethagla à Adummim. Cet endroit est tout à fait caché dans une contrée excessivement sauvage : ce ne sont que gorges de montagnes où le sentier, qui court le long des rochers, est souvent si étroit, qu'un âne peut à peine y passer. C'est un endroit entièrement caché, à environ trois lieues de Jéricho, sur la frontière de Juda et de Benjamin ; je ne l'avais jamais vu auparavant. Le site est singulièrement abrupte : ç'a été autrefois un lieu de refuge pour les malfaiteurs et les homicides, qui étaient ici à l'abri de la peine capitale. Ils étaient ici en surveillance jusqu'à ce qu'ils fussent amendés : plus tard on les faisait travailler comme des esclaves à exploiter des carrières ou à construire de grandes bâtisses. Ce lieu s'appelait, à cause de cela, la Montée des Rouges, des hommes de sang. Cette ville de refuge existait déjà avant David : elle prit fin après Jésus, à l'époque des premières persécutions de la communauté chrétienne. Plus tard, on bâtit là un monastère, qui était comme une forteresse des premiers religieux du Saint-Sépulcre. (Elle veut parler d'une association qu'elle vit se former sous les premiers évêques de Jérusalem, pour garder et honorer le Saint-Sépulcre.) Les habitants gagnaient leur vie en vendant du vin et des fruits : c'était un affreux désert hérissé de rochers presque entièrement nus : souvent les vignes s'écroulaient avec les rochers. La route proprement dite de Jéricho à Jérusalem ne passait pas par Adummim, mais au couchant de cet endroit, et l'on ne pouvait pas y arriver par ce coté, mais le chemin de Bethagla à Adummim était coupé par une route qui allait de la vallée des Bergers à Jéricho et qui passait à une demi lieue d'Adummim. Dans le voisinage de cette jonction était un passage très étroit et très dangereux. Il y avait là un lieu indiqué par une chaire de pierre, où longtemps avant le Christ s'était passé réellement ce que raconte la parabole de l'homme tombé au pouvoir des assassins, et du bon Samaritain. Lorsque Jésus alla à Adummim, il s'écarta un peu du chemin avec ses disciples, et fit sur cette chaire devant ses disciples et les gens des environs une instruction sur ce qui était arrivé en cet endroit. Il avait célébré le sabbat à Adummim et enseigné dans la synagogue : il avait raconté une parabole relative à l'institution bienfaisante des lieux de refuge pour les criminels, et il l'avait appliquée aux délais de grâce laissés pour la pénitence sur cette terre. Il guérit aussi plusieurs malades, notamment des hydropiques. Après le sabbat, il revint avec les disciples à l'endroit où l'on donnait le baptême.
(3 et 4 février.) Le soir du jour suivant Jésus alla avec ses disciples à Nébo, ville située au delà du Jourdain, au pied de la montagne de Nébo où l'on ne peut monter qu'en plusieurs heures. Il était venu des messagers pour le prier d'aller là et d'y enseigner. Il s'y trouve une population mêlée, descendant d'Egyptiens et d'Israélites qui se sont autrefois souillés par le culte des idoles : il y a aussi des Moabites, etc. Ils avaient été remués jusqu'à un certain point par la prédication de Jésus : mais ils ne voulaient pas aller à l'endroit où Jésus baptisait. Je crois qu'ils n'osaient pas. Ils étaient fort méprisés des Juifs à cause d'un crime de leurs ancêtres dont je ne me souviens plus et ils n'avaient pas la permission d'aller partout, mais seulement dans certains lieux. C'est pourquoi ils s'adressèrent humblement à Jésus et le prièrent de baptiser chez eux. Les disciples emportèrent dans des outres de l'eau de la fontaine baptismale. Il n'en resta que quelques-uns comme gardiens au lieu où l'on baptisait.
Nébo est à une demi lieue du Jourdain, dont cette ville est séparée par une montagne, et à cinq ou six lieues de Machérunte. Le sol n'y est pas fertile. Pour arriver à Nébo, il faut monter à partir du bord du fleuve, puis redescendre. Vis-à-vis du lieu du baptême, le Jourdain a pour rive une montagne : il n'y a pas d’endroit habité ni de lieu d'abordage. Nébo est de l'autre côté de cette montagne. C'est une ville assez grande, bâtie sur un sol montueux, et séparée du mont Nébo par une vallée. Il y a encore un temple païen, mais il est fermé : on a bâti quelque chose autour.
Le lundi suivant, je vis Jésus assis sur une chaire placée en plein air préparer les aspirants au baptême ; et je vis aussi les disciples baptiser. La cuve baptismale était disposée dans une citerne servant à prendre des bains dans laquelle entraient ceux qu'on devait baptiser et qui était remplie d'eau jusqu'à une certaine hauteur. Les disciples avaient apporté les robes baptismales qu'ils avaient roulées autour d'eux. Pendant le baptême on en revêtait les aspirants et elles flottaient autour d'eux. Après la cérémonie on leur mettait encore par dessus une espèce de petit manteau. Au baptême de Jean, c'était une sorte d'étole, de la largeur d'un essuie-mains : à celui de Jésus cela ressemblait plus à un petit manteau proprement dit, auquel était cousue une étole avec des franges. (La Sœur est trop faible pour décrire cela plus clairement.) Ce sont pour la plupart de très jeunes gens et des vieillards d'un très grand âge qui reçoivent le baptême : plusieurs sont refusés jusqu'à ce qu'ils aient changé de vie. Jésus guérit plusieurs malades, fiévreux et hydropiques qui avaient été apportés sur des civières. Il n'y a pas chez les paiens autant de possédés que chez les Juifs. Jésus bénit aussi l'eau que l'on buvait ici et qui n'était pas bonne ; elle était trouble et saumâtre, et on la recueillait dans le creux des rochers. Il y avait là un réservoir où l'on versa de l'eau des outres. Jésus la bénit : il donna la bénédiction en forme de croix, et tint quelque temps la main étendue sur différents points de la surface.
J'ai vu que les disciples de Bethsaïde et Nathanaël Khased avaient commencé à mettre ordre à leurs affaires et qu'ils allaient davantage à Capharnaum.
Le 5 au matin je vis Jésus et ses disciples quitter Nébo. Ils sont restés la plus grande partie de la journée sur le chemin long d'une lieue qui va de Nébo au passage du Jourdain ; Jésus y a enseigné. Il y avait là des cabanes et des tentes où les gens de Nébo vendaient aux voyageurs qui passaient leurs fruits et leur vin : c'est devant ces gens que Jésus enseigna. Il ne revint que le soir avec les disciples à son logement près du lieu où l'on baptisait. C'était une maison que Lazare avait achetée et qui n'était qu'a l'usage de Jésus.
(6 février.) Aujourd'hui Jésus a visité successivement des paysans isolés et les a rassemblés pour leur faire des instructions. Il y a là beaucoup de braves gens qui, lorsque Jean baptisait, fournissaient des aliments à la multitude. Jésus semble les visiter tous jusque dans les plus petits recoins parce qu'il quittera bientôt ce lieu pour aller en Galilée. Le soir ils revinrent à l'hôtellerie.
(7 février.) Le jour suivant Jésus fut chez un riche paysan, qui habite à une demi lieue d'Ono, et dont les champs couvrent toute une montagne. Il y a là un champ où l'on moissonne encore sur un côté tandis que sur l'autre on va commencer les semailles. Jésus a enseigné ici en paraboles touchant la semence et la moisson.
Il y a chez ce paysan une vieille chaire délabrée du temps des prophètes qui a été très bien restaurée et dans laquelle Jésus a prêché. Plusieurs autres du même genre ont été remises en état depuis que Jean a baptisé ici : il le leur avait ordonné, comme une chose qui se rapportait à sa mission de préparer les voies. Ces chaires, comme il arrive souvent chez nous, aux images des stations, étaient tout à fait tombées en dégradation depuis le temps des prophètes. Elie et Elisée avaient fait ici de longs séjours. Jésus célébrera demain le sabbat à Ono : après cela vient une fête qui doit concerner les fruits de la terre. J'ai vu ces jours-ci porter des corbeilles pleines de fruits dans lés synagogues et les lieux où se rend la justice.
A l'endroit où l'on donnait le baptême, tout a déjà été emporté et mis en magasin par les disciples : si je me trouve mieux, je raconterai comment cela s'est fait. Autour du lieu où est la pierre sur laquelle l'arche d'alliance a reposé, il y a maintenant une vingtaine d'habitations. Bethabara n'est pas tout contre le fleuve, mais à une demi lieue du passage, cependant on voit la ville. Du passage jusqu'au lieu où Jean baptise maintenant, il y a bien une lieue et demie en passant par Bethabara.
(8 février.) La narratrice étant dans un état de faiblesse toujours voisin de la mort et dans une absence d'esprit presque complète, ne put communiquer que ce qui suit.
Le vendredi j'ai vu Jésus à Ono aller de maison en maison. Au commencement je ne savais pas pourquoi, plus tard j'appris que ces visites avaient rapport à la dîme qu'il exhortait ces gens à payer et aux aumônes qui devaient être données à la fête des fruits laquelle s'ouvrait le soir du dimanche. Le soir il célébra le sabbat dans la synagogue.-Samedi, Jésus Enseigne à Ono jusqu'à la clôture du sabbat.-Aujourd'hui dimanche, commençaient les préparatifs pour la fête de la nouvelle récolte des fruits. Cette fête s'ouvrait le soir. Il y avait une triple fête. D'abord parce qu'aujourd'hui, la sève montait dans les arbres, ensuite parce qu'on présentait la dîme des fruits, et enfin on rendait des actions de grâces pour l'abondance de la récolte. Jésus enseigna sur tout cela, on mangea beaucoup de fruits et on donna aux pauvres des figures entières faites avec des fruits et dressées sur les tables. Il est venu aujourd'hui à Jésus une vingtaine de nouveaux disciples.
(12 et 13 février.) La Soeur est toujours très malade. -Jésus à la fin de la fête quitta Ono avec vingt et quelques disciples et se mit en route pour la Galilée.
En passant par la contrée où avait été le champ de Jacob, il entra dans ces maisons de bergers de l'une desquelles Joseph et Marie avaient été si durement repoussés j lors de leur voyage à Bethléhem. Jésus avait visité et enseigné les gens qui avaient bien accueilli ses parents : mais il passa la nuit chez ceux de la maison inhospitalière et leur donna des avis. La femme vivait encore : elle était malade sur sa couche et Jésus la guérit.
Aujourd'hui, 12 février, Jésus passa par Aruma, où il avait déjà été du 22 au 23 octobre. Jaire, un descendant de l'Essénien Khariot, qui demeurait dans un endroit voisin assez mal famé, je crois que c'était Phasaël, et qui alors avait prié Jésus de guérir sa fille malade, ce que celui-ci lui avait promis pour plus tard, avait envoyé aujourd'hui un messager au-devant de Jésus pour lui rappeler sa promesse : sa fille était morte. Alors Jésus laissa ses disciples continuer seuls leur route, et leur donna rendez-vous à un lieu déterminé où ils devaient le retrouver. Pour lui, il suivit à Phasaël le messager de Jaïre. Lorsque Jésus entra dans la maison, on s'apprêtait à mettre au tombeau la fille de Jaïre : elle était déjà enveloppée de linges et de bandes de toile, et entourée de la famille en pleurs. Jésus fit réunir autour d'elle un plus grand nombre de gens de l'endroit, ordonna de délier les bandes qui l'attachaient dans son linceul, prit la morte par la main et lui commanda de se lever : alors elle se redressa de toute sa hauteur et se leva. Elle avait environ seize ans et n'était pas d'un bon naturel. Elle n'aimait pas son père, qui pourtant l'aimait par-dessus tout. Elle trouvait mauvais les rapports charitables qu'il entretenait avec des gens pauvres et méprisés. Jésus la réveilla de la mort du corps et de l'âme : elle se corrigea et fit plus tard partie de la communauté des saintes femmes. Jésus défendit à tous de parler de ce miracle, et c'était pour cela qu'il n'avait pas voulu que ses disciples y fussent présents. Ce Jaire n'était pas le Jaïre de Capharnaum dont Jésus plus tard ressuscita aussi la fille.
Jésus quitta ce lieu, alla vers le Jourdain qu'il traversa,. passa au nord dans la Pérée, vint de nouveau près de Sukkoth. sur la rive occidentale du fleuve, et se rendit à Jezraël. Cela eut lieu le mercredi 13 février. (Jésus a donc évité Samarie.)
La Sœur est tellement semblable à une mourante, qu'il faut lui savoir un gré infini du peu qu'elle communique.
(14 février.) à cause de son extrême faiblesse, elle ne dit que ce qui suit : Aujourd'hui jeudi, Jésus fut à Jezraël ; il y enseigna et y fit plusieurs miracles en présence d'une foule nombreuse Tous les disciples de Galilée étaient venus là à sa rencontre :Nathanaël Khased, Nathanaël le fiancé, Pierre, Jacques, Jean, les fils de Marie de Cléophas, etc. Tous étaient ici. Lazare, Marthe, Séraphia (Véronique) et Jeanne Chusa, qui étaient partis antérieurement de Jérusalem, avaient visité Madeleine à Magdalum, et l'avaient engagée à aller à Jezraël pour voir, si ce n'est pour entendre cet homme merveilleux, si sage, si éloquent et si beau, ce Jésus dont tout le pays s'occupait. Elle avait cédé aux prières des autres femmes et les avait suivies, mais avec tout l'attirait des pompes et des vanités mondaines. Lorsque d'une fenêtre de l'hôtellerie elle vit Jésus s'avancer dans la rue accompagné de ses disciples, Jésus lui lança un regard sévère, et ce regard lui pénétra si profondément dans l'âme, et la jeta dans une confusion et un trouble si extraordinaires, que, dominée par le sentiment de sa misère, elle courut de l'hôtellerie à une maison de lépreux où avaient été aussi des femmes affligées de pertes de sang, et qui était une espèce d'hôpital à la tête duquel était un pharisien. Les gens de l'auberge, auxquels sa manière de vivre était connue, disaient : "Voilà qu'elle se range parmi les lépreux et les hémorroïsses". Mais Madeleine avait couru à la maison des lépreux pour s'humilier, tant le regard de Jésus l'avait ébranlée : car elle était descendue dans une hôtellerie plus élégante que celles où étaient les autres femmes, ce qu'elle avait fait par vanité, pour ne pas se trouver avec tant de pauvres gens. Marthe, Lazare et les autres femmes retournèrent avec elle à Magdalum et y célébrèrent le sabbat suivant. Il y a là une synagogue.
(15-19 février.) Vers le soir, Jésus est arrivé à Capharnaum pour le sabbat. Il visita sa mère auparavant. Il enseigna ici et logea de nouveau dans la maison qui appartenait au fiancé de Cana. Tous les disciples étaient réunis ici. Le samedi, il enseigna jusqu'à la clôture du sabbat. On lui avait amené de toutes les parties du pays beaucoup de malades et de possédés : il guérit en public devant tous ses disciples, et chassa les démons au. milieu d'une foule qui allait toujours en s'augmentant. Des envoyés de Sidon vinrent le prier de s'y rendre. Puis il vint des gens de Césarée de Philippe ou Panéas, qui le pressèrent vivement d'y aller : mais il les renvoya à un autre temps. La presse devint si grande, que le dimanche au matin il quitta Capharnaum avec quelques disciples et s'en alla dans la montagne, à une lieue au nord de Capharnaum, entre le lac et l'embouchure du Jourdain, dans un endroit où se trouvent beaucoup de gorges dans lesquelles il se retira pour prier. Ce sont les mêmes montagnes où, en revenant de la montagne de Bethanat, il s'était arrêté avec ses disciples sur la hauteur la plus voisine de la mer, et où il avait vu les embarcations de Pierre et de Zébédée sur le lac.
Le soir, Jésus vint à l'habitation de sa mère, entre Bethsaïde et Capharnaum : Lazare, Marthe et les autres femmes de Jérusalem y étaient venus de Magdalum, pour prendre congé et retourner à Jérusalem. Jésus les consola au sujet de Madeleine : il dit à Marthe qu'elle se tourmentait trop : Madeleine est très émue, cependant elle retombera encore. Elle n'avait pas renoncé à ses parures, elle avait déclaré que, dans sa condition, elle ne pouvait pas se vêtir aussi humblement que les autres femmes, etc.-Aujourd'hui, dimanche soir, commençait à Capharnaum un jour de fête relatif a la mort d'un homme qui, en violation de la loi, avait voulu faire placer des images dans le temple.
(18 février.) Aujourd'hui Jésus est resté quelque temps chez sa mère, puis il est allé enseigner à Capharnaum. On lui a encore amené là une quantité de malades dont il a guéri plusieurs. Aujourd’hui encore, il est venu des gens pour l'inviter à se rendre dans d'autres endroits. Il y avait ici cette fois des pharisiens très endurcis, qui le contredisaient et lui demandaient ce qui adviendrait de tout cela ; tout le pays, disaient-ils, était dans l'agitation à cause de lui, maintenant qu'il enseignait publiquement et faisait une propagande toujours croissante. Mais il leur répondit sévèrement et leur déclara qu'il allait prêcher et agir encore plus ouvertement.
Le soir commençait une fête commémorative de la destruction de la tribu de Benjamin par les autres tribus, à cause d'un crime infâme. Je vis que ce jour de fête était observé avec une rigueur toute particulière dans la contrée de Phasaël, où Jésus avait ressuscité la fille de Jaïre, à Aruma, à Gabaa, etc., parce que ces événements avaient eu lieu dans le pays. Je vis que les femmes y présentaient certaines offrandes et prenaient une part particulière au jeune.
Dans la nuit, Nathanaël-Khased vint prendre Jésus, et ils allèrent avec André, Pierre, les fils de Marie de Cléophas, et ceux de Zébédée à Gennabris, séjour de Nathanaël, où je les vis arriver le mardi matin. Nathanaël lui avait préparé un logement. Il n'est pas entré dans la maison de Nathanaël, qui est devant la ville et près de laquelle ils ont passé. Nathanael le fiancé et sa femme ont aussi été ces jours-ci à Capharnaum et à Jezraël.
L'endroit où l'on baptisait, près d'Ono, est gardé alternativement par des habitants de cet endroit. Jésus enseigna à Gennabris, et y guérit des possédés tout à fait furieux. Une route commerciale passe par cet endroit ; les gens n'y sont pas aussi simples que ceux des bords du lac ; quoiqu'ils n'aient pas ouvertement contredit Jésus, plusieurs ont accueilli ses enseignements avec peu de sympathie.
Pendant que la Sœur parle ainsi, elle semble voir Gennabris et dit, en indiquant du doigt un point éloigné : La ville est sur une hauteur ; je puis voir huit villes dans les alentours, mais je n'en sais pas les noms maintenant. "Outre les futurs apôtres, Jonathan, le demi frère de Pierre, est aussi avec eux à Gennabris. Les autres disciples s'étaient répandus à Capharnaum et à Bethsaïde, et racontaient ce qu'ils avaient vu et entendu. Je crois que Jésus reviendra encore une fois près de sa mère en Galilée, et que dans une quinzaine de jours il ira dans la contrée de Jérusalem.
(Du 20 février au 4 mars.) Aujourd'hui Jésus est allé avec les futurs apôtres à Béthulie, qui est située à environ trois lieues de Gennabris, à cinq de Tibériade et à peu de distance de Jezraël. Béthulie est sur une pente si escarpée, qu'il semble qu'elle va tomber ; il y a des restes de murs si larges, qu'on pourrait y faire passer des chariots. Le chemin qui mène d'ici à Nazareth passe devant le mont Thabor, dont Béthulie n'est qu'à deux lieues au sud-est.
Nathanaël Khased a transmis à son frère ou à un cousin l'emploi qu'il avait à Gennabris : dorénavant il suivra le Seigneur.
Comme Jésus entrait à Béthulie, des possédés se mirent à crier après lui. Il s'arrêta sur la place du marche, près d'une chaire à prêcher, et il envoya quelques-uns de ses disciples inviter le chef de la synagogue à faire ouvrir toutes les portes de l'école il envoya d'autres disciples de maison en maison, pour convoquer les habitants à venir l'entendre. La synagogue avait plusieurs portes, placées entre des colonnes, que l'on ouvrait toujours lorsqu'il y avait grande affluence de monde. Jésus enseigna ici sur le véritable grain de froment qui doit être mis en terre. Il occupait un logement préparé d'avance pour lui. Les pharisiens de l'endroit ne le contredirent pas ouvertement ; toutefois ils murmuraient, et Jésus savait qu'ils s'opposaient à ce qu'il célébrât ici le sabbat. Il dit cela à ses disciples, ajoutant qu'il voulait aller pour le sabbat, à deux lieues plus loin, vers le nord-ouest, dans la direction du Thabor, dans un endroit dont le nom m'échappe en ce moment, mais où l’on teignait de la soie dont on faisait des franges et des houppes.
Béthulie est bien la ville devant laquelle Judith coupa la tête à Holopherne, qui en faisait le siège. C'est une histoire véritable dont j'ai vu toute la suite. Jésus y guérit. Tous les disciples restés en arrière s'étaient de nouveau retrouvés ensemble ici.
(21 février.) Ce matin, Jésus avait quitté Béthulie à cause des murmures des pharisiens ; il enseigna en plein air, assis sur une chaire en pierre, à environ un quart de lieue en avant de la ville. Il y avait là tout autour des murs en ruines, et cet endroit semble avoir été compris autrefois dans l'enceinte de la ville. Vers trois heures de l'après-midi, Jésus alla à Kisloth, qui est située au pied du Thabor, à environ trois lieues d'ici, et où André et d'autres disciples étaient allés d'avance pour retenir l'hôtellerie qui est devant la ville. Il s'était rassemblé là une grande multitude de personnes de tous les environs.
Je vis arriver plusieurs bergers avec leurs bâtons ; il y avait aussi des marchands de Sidon et de Tyr qui étaient là de passage. Les miracles et la doctrine de Jésus-Christ étaient déjà connus dans tout le pays. On accourait en foule dans les lieux où il enseignait, et lorsqu'on avait su qu'il devait célébrer le sabbat ici, tout ce qui était en chemin s'y était rendu.
Là où il paraissait, il se faisait toujours un grand mouvement : on l'appelait à haute voix, on se prosternait devant lui, on se pressait en foule pour le toucher, et c'est pourquoi, la plupart du temps il paraissait et disparaissait inopinément pour éviter la presse. Souvent il se séparait de ses disciples sur la roule, les envoyait par d'autres chemins et allait seul. Dans les villes et les bourgs, il fallait souvent lui faire faire place dans la foule. Toutefois, il permettait à quelques-uns de l'approcher et de le toucher, et plus d'un était par là intérieurement ému, converti ou guéri.
Vers le soir, Jésus se rendit dans l'hôtellerie que les disciples avaient retenue pour lui devant Kisloth Thabor, qu’il avait été déjà deux fois. Kisloth peut être à sept lieues de Nazareth par le chemin ordinaire, et à cinq lieues en droite ligne. Comme les chemins, dans ce pays, suivent les contours des vallées, et que les habitants mesurent la distance tantôt par le chemin fréquenté, tantôt par la vue à vol d'oiseau qu’on a du haut des montagnes, il est rare que leurs estimations s'accordent ensemble. Il y a une quantité incroyable de lieux habités dans la Galilée ; cependant en ne peut ordinairement en voir que quelques-uns des points élevés.
Kisloth-Thabor est principalement une ville de commerce : il y a plusieurs riches marchands et beaucoup de pauvres gens. Il s'y trouve beaucoup d'ateliers où l'on teint de la Soie brute dont on fait des franges et des houppes pour les vêtements des prêtres. Ces ateliers de teinture étaient autrefois, pour la plupart, à Tyr, sur le bord de la mer ; mais à présent un grand nombre se sont transportés ici. Les riches marchands emploient les pauvres gens dans les fabriques.
Devant l'hôtellerie, les disciples avaient formé une enceinte avec de grosses cordes attachées à des pieux pour empêcher l'invasion de la foule. Ce fut là que Jésus enseigna ; et comme il y avait dans son auditoire de riches marchands de la ville, il parla des richesses et des dangers de la cupidité : il leur dit que leur état était encore plus dangereux que celui des publicains, qui se convertissaient plutôt qu'eux ; et a ce propos, montrant du doigt les cordes qui le séparaient de la foule : une corde semblable, leur dit-il, entrera plus facilement dans le trou d’une aiguille qu'un riche dans le royaume des cieux. "Ces cordes, de poil de chameau, étaient presque grosses comme le bras, et on les avait tendues sur les pieux en les entrelaçant quatre fois les unes dans les autres. Ces riches auditeurs alléguèrent pour leur justification qu'ils laissaient des aumônes sur leur gain : mais Jésus leur répondit que l'aumône prise sur les sueurs d'autres pauvres ne leur apportait pas de bénédiction. Cette instruction ne fut pas agréable à ces gens.
Jésus revient de Cana à Capharnaûm, et enseigne en différents endroits.- il va sur les bords du Jourdain.- il arrive à Ono; - au lieu où l'on baptise, près de Jéricho. - Coup d'œil sur la mer Morte et sur Melchisédech. - Jésus enseigne en divers endroits. - Entretiens avec Lazare. - Jésus célèbre le sabbat à Adummim, ville de refuge pour les criminels. - Jésus à Nébo au delà du Jourdain.- il va en Galilée et guérit à Phasael la fille d'un Essénien. - Jésus à Jezrael - à Capharnaûm - à Gennabris - à Béthulie - à Kisloth-Thabor - à Sunem - à Ulama - il revient à Capharnaum. - Jésus près de sa mère. - Fête à Capharnaum. - Jésus à Sephoris : il assiste de loin des gens près de faire naufrage. - Jésus à Nazareth.- La fête des Purim. - Jésus à Legio. - il va avec Lazare sur la propriété de celui-ci à Thirza.- il quitte Thirza.- Sa première rencontre avec le jeune homme riche. - il va à Béthanie.
(6-13 janvier.) Lorsque le sabbat fut fini, Jésus partit avant le jour avec ses disciples pour Capharnaum. Le fiancé, son père et plusieurs autres l'accompagnèrent pendant quelque temps. On avait beaucoup donné aux pauvres lors du repas de noces : car rien ne revint une seconde fois sur la table, tout fut immédiatement distribué. Demain et après-demain sont des jours de jeûne, et je vis que dès avant le sabbat on faisait cuire d'avance des aliments pour ces jours là. Tous les feux furent éteints, et toutes les fenêtres au delà du nécessaire fermées. Les gens aisés ont à leur foyer des places où tout se conserve chaud sous de la cendre chaude. Jésus se trouvait, pour ces jours de jeûne, à Capharnaum, et il y enseigna dans la synagogue. Deux fois le jour on lui amenait des malades qu'il guérissait. Ses disciples de Bethsaïde allèrent chez eux, et plusieurs revinrent. Il alla aussi dans les environs et y enseigna ; pendant le temps du repos, il était chez Marie.
Il envoya cinq de ses disciples baptiser dans le Jourdain, sur la rive occidentale, près de Jéricho, au lieu principal où Jean baptisait et que celui-ci avait quitté, C'étaient André, Saturnin, Aram, Théméni et Eustache, fils de l'une des veuves. Jésus les accompagna pendant une partie du chemin et alla ensuite à Béthulie, où il guérit et enseigna. Il revint après cela jusqu'à sept à huit lieues au nord-ouest de Capharnaum vers Hanathon ; il y a près de là une montagne destinée à la prédication. On arrivait au haut de cette montagne par une pente douce d'environ une lieue de long. On avait fait là des arrangements exprès pour qu'on pût y prêcher : il s'y trouvait une chaire de pierre très élevée, entourée de pieux, au moyen desquels on pouvait tendre au-dessus un grand pavillon pour défendre du soleil et de la pluie. Après chaque instruction on le remportait. Sur l'arête de la montagne s'élèvent trois éminences : l'une d'elles est la montagne des Béatitudes. Au lieu où Jésus et enseigne, la vue est très étendue : on voit au-dessous de soi la mer de Galilée, et l'on peut apercevoir Nazareth dans le lointain. La montagne est boisée et cultivée par places, mais non au lieu où Jésus enseigna. Tout autour sont les fondations d'une muraille ruinée, où l'on distingue encore des restes de tours. Autour de la montagne sont des endroits appelés Hanathon, Béthanat et Nejel, qui font l’effet d'avoir formé ensemble une très grande ville.
Jésus avait près de lui trois disciples, un fils de la tante du fiancé de Cana, le fils d'une autre veuve et Jonathan, le demi frère de Pierre. C'étaient eux qui convoquaient les gens à venir entendre l'instruction faite sur la montagne. Jésus enseigna ici sur la diversité de l'esprit des hommes, suivant les lieux et même suivant les familles, et sur l'esprit qu'ils recevaient dans le baptême et qui les unissait entre eux et avec le Père céleste, par la pénitence, la satisfaction et l'expiation. Il leur dit aussi à quoi ils pourraient reconnaître dans quelle mesure ils auraient reçu le Saint Esprit par le baptême.
Il enseigna en outre sur la prière et les diverses demandes, et je m'étonnai de l'entendre déjà enseigner sur les demandes de l'Oraison dominicale, quoiqu'il n'en eût pas encore donné la formule. Cette instruction dura depuis midi jusqu'au soir : alors il descendit à Béthanat, où il prit un repas et passa la nuit. Il avait passé la nuit précédente a Hanathon.
Le jour suivant, je vis Jésus aller de Béthanat dans la direction du lac, puis dans cette de Capharnaum. Cinq disciples de Jean étaient venus le trouver. Ils étaient d'un pays situé à peu de distance de la mer Méditerranée, au nord d'Apheka, la patrie de saint Thomas. Ce n'étaient pas de vrais Juifs, mais des espèces d'esclaves ; ils avaient été longtemps avec Jean et venaient maintenant à Jésus.
Je vis vers midi Jésus avec huit disciples sur une colline, entre l'embouchure du Jourdain et Bethsaide, à environ une demi lieue du lac Ils avaient vue sur le lac, où ils voyaient Pierre, Jean et Jacques sur leurs barques. Pierre avait une grande embarcation, sur laquelle étaient ses serviteurs ; lui-même était sur une petite barque qu'il dirigeait. Jean et Jacques, avec leur père, avaient aussi une grande barque et de plus petites. Je vis encore la barque d'André : elle était petite et se trouvait près de celles de Zébédée. Pour lui, il était alors sur les bords du Jourdain, où il baptisait.
Lorsque les disciples virent leurs amis sur le lac, ils voulurent descendre pour les appeler. Mais Jésus leur ordonna de rester là. Je les entendis dire : "Comment ces hommes peuvent-ils encore naviguer et pêcher après avoir vu ce que vous avez fait et avoir entendu vos enseignements ?” Et Jésus leur dit : ‘ Je ne les ai pas encore appelés ; ils ont un métier qui fait vivre beaucoup de gens, spécialement Pierre ; je leur ai dit de continuer à l'exercer et de se préparer pour le moment où je les appellerai. J'ai encore beaucoup de choses à faire jusque-là ; il faut aussi que j'aille à Jérusalem pour la Pâque. ”
Sur le côté occidental de la colline, il y avait environ vingt-six habitations, où demeuraient principalement des pêcheurs et des gens de la campagne. Lorsque Jésus y arriva, un possédé courut après lui et se mit à crier : "Le voilà ; il vient, le prophète ; nous devons fuir devant lui ; "et il fut bientôt entouré de plusieurs autres possédés, qui criaient et se démenaient. Jésus leur commanda de se tenir tranquilles et de le suivre ; il monta sur la colline et enseigna. Il y avait bien, outre les possédés, une centaine de personnes autour de lui. Il parla des mauvais esprits, de la résistance qu'il fallait leur opposer et de la nécessité de se corriger. Les possédés furent tous délivrés ; ils devinrent paisibles et le remercièrent en pleurant ; ils disaient qu'ils ne savaient plus en quel état ils étaient auparavant. Ces malheureux, parmi lesquels quelques-uns étaient attachés ensemble, avaient été amenés de divers lieux des environs, parce qu'on avait entendu parler de l'arrivée du prophète qui était, disait-on, aussi saint que Moïse. Ils n'auraient pas rencontré Jésus si l'un d'eux n'eût pas brisé ses liens et n'avait pas crié après lui.
Jésus partit de là pour aller chez sa mère entre Capharnaum et Bethsaide. La première de ces villes était si tuée à peu de distance de cette colline, un peu plus au nord. Le soir, lorsque le sabbat commença, Jésus enseigna dans la synagogue de Capharnaum. Ils avaient encore une fête particulière qui se rapportait à Tobie, lequel avait vécu dans cette contrée et y avait fait beaucoup de bien. Il avait aussi laissé des propriétés aux écoles et à la synagogue. Jésus enseigna sur la reconnaissance.
Après le sabbat, je vis Jésus aller chez sa mère, avec laquelle il s'entretint seul ; cela dura même une partie de la nuit. Il parla de ce qu’il allait faire, lui dit qu'il irait d'abord au Jourdain, puis à Jérusalem pour la Pâque ; qu'ensuite il appellerait les apôtres et commencerait sa vie publique ; qu'on le persécuterait à Nazareth ; puis de ses projets ultérieurs et des relations que sa mère et les autres femmes auraient à entretenir avec lui. Il y avait alors dans la maison de Marie une femme très avancée en âge. C'était une pauvre veuve, sa parente, que sainte Anne lui avait envoyée à la grotte de la Crèche pour l'assister ; maintenant elle était si vieille, que Marie la servait plutôt qu'elle ne servait Marie.
(14-20 janvier.) Aujourd'hui, je vis Jésus avec les huit disciples se mettre en route pour le lieu du baptême, près du Jourdain. Ils partirent avant le jour, se dirigeant vers le côté oriental du lac. Ils franchirent de nouveau la colline, d'où ils avaient vu les barques des futurs apôtres. Ils traversèrent le Jourdain sur un pont très élevé. Le Jourdain coulait là dans un lit profondément encaissé ; il entrait dans le lac environ une demi lieue plus bas.
De l'autre côté du fleuve, dans l'angle qu'il forme avec le lac, se trouve un village de pêcheurs, autour duquel on voit beaucoup de filets étendus par terre ; il s'appelle le petit Chorozaim à une petite lieue, plus au nord du lac, se trouve Bethsaide-Juliade. Le grand Chorozaïn est à deux lieues à l'est du lac. C'était là que Matthieu était publicain.
Jésus descendit le long de la rive orientale du lac, et il passa la nuit à Hippos. Le lendemain, il passa devant Gadara, guérit dans le voisinage de cette ville un possédé, qu'on lui avait amené attaché avec des cordes, mais qui les brisa et se mit à crier de toutes ses forces : "Jésus ! fils de David ! Jésus ! que veux-tu faire ? Tu veux nous chasser ! ‘ Jésus s'arrêta, ordonna au démon de se taire et de sortir de cet homme il lui dit aussi où il devait aller.
A deux lieues de Gadara, Jésus arriva au Jourdain, le passa, et continua son voyage dans la direction du sud-ouest, laissant Scythopolis à gauche ; il franchit une montagne du nom d'Hermon et arriva à Jezraël, ville située au levant de la plaine d'Esdrelon (la Soeur s'exprime ici peu clairement). Cette ville est située sur les deux rives d'une petite rivière. Jésus y est déjà allé une fois. Il y guérit beaucoup de malades en public, devant la synagogue.
Je me suis trompée dernièrement en disant que Marthe était revenue de Cana chez elle avec Lazare. Lazare alla seul, Marthe resta encore en Galilée, à Gennabris, je crois, ou habitait Nathanaël. Elle avait fait prier Madeleine de venir l'y trouver. Il y avait encore là plusieurs disciples On parla des miracles de Jésus, et lorsque Jésus vint dans la contrée de Jezraël, Marthe engagea sa sœur à faire avec elle huit lieues de plus, jusqu'à Jezraël. Mais Jésus n'y était plus, et elle entendit seulement raconter ses miracles par ceux qu'il avait guéris. Alors les deux sœurs se séparèrent et Madeleine retourna à Magdalum.
Lazare avait, dans les environs de Samarie, une vigne, un champ et une maison dans le voisinage du champ de Jacob ; tout cela, par la suite, fut mis au service de Jésus et des siens pendant leurs voyages. C'est là que plus tard les deux Sœurs vinrent trouver Jésus lorsqu'elles le prièrent de venir à Béthanie après la mort de Lazare. Dans les temps postérieurs, il y eut là une chapelle consacrée à sainte Marthe.
(15 janvier.) (La Sœur était très malade et fort dérangée.) Jésus n'est resté que quelques heures à Jezraël. Il a enseigné dans un endroit appelé Akrabis, à deux lieues de Silo, sur une chaire en plein air. Ce n'était qu'un village de bergers.
Le soir du jeudi 17, je vis Jésus arriver à Haï, qui est à peu de distance de Bethel, au levant et à quelques lieues au nord-ouest de Jéricho ; il y a de là environ neuf lieues jusqu'à l'endroit du baptême. Cette ville avait été entièrement détruite à une époque antérieure à Jésus. Elle fut rebâtie plus tard, mais sur de plus petites dimensions. Jésus y enseigna et y guérit.
Il y avait là des pharisiens qui tenaient des discours pleins d'aigreur. Quelques-uns d'entre eux s'étaient trouvés à Jérusalem lorsque Jésus y avait enseigné dans sa douzième année. Ils parlaient de cela et taxaient d'hypocrisie ce qu'il avait fait alors, s'asseyant par terre avec les écoliers dans une assemblée de docteurs, disputant avec eux, puis interrogeant les maîtres comme pour recourir à leurs lumières contre ses contradicteurs, et leur disant par exemple : "Que pensez-vous de cela ? Instruisez-nous ! Quand le Messie viendra-t-il, etc. ? ‘ les engageant ainsi dans des assertions de toute espèce et prétendant ensuite tout savoir mieux qu'eux. N'était-ce pas lui qui avait fait tout cela ? lui demandaient-ils.
(18 janvier). Je vis Jésus dans la matinée au lieu où Jean baptisait précédemment, près du Jourdain, à huit lieues au midi de Jéricho. On fit plusieurs changements dans l'administration du baptême. L'eau fut bénie, on la prit pour baptiser dans une auge de pierre, Jésus fit aux aspirants des instructions préparatoires (Elle se plaint d'être trop faible, elle racontera cela une autre fois.)
Plusieurs disciples allèrent à un petit endroit situé au couchant, à une lieue de là : il y a là un bois qui s'étend avec des interruptions jusqu'à Jérusalem. Les habitants gagnent leur vie en faisant passer le fleuve et en travaillant le bois : ils font aussi les radeaux pour le passage. L'endroit s'appelle Ono. Jean a aussi été là ; (L'écrivain lui demanda si ce lieu s'appelle réellement Ono : Oui, dit-elle, mais il y a encore une plus grande ville du même nom, dans la tribu de Benjamin elle est près de Lydda).
Note : Lydda est aussi appelée Lod (I. Esdr., II, 33. - II Esdr., XI, 34) à une époque postérieure ; après J.-C., Lydda changea de nom, pour s'appeler Diospolis.
Cet Ono, au bord du Jourdain existait déjà lorsque les Israélites prirent Jéricho : au temps de Jésus, il en restait peu de chose : plus tard il n'y en avait plus de trace : c'est pourquoi ce lieu est très inconnu. Mais comme il en existait encore un autre du même nom, on pensa qu'il y avait eu une confusion. Les disciples annoncèrent à Ono l’arrivée de Jésus, disant qu'il y célébrerait ce soir le sabbat et y guérirait : ils ajoutèrent qu'il continuait l'enseignement et l’œuvre de Jean, que celui-ci ayant posé le fondement, Jésus y mettait la dernière main avec plus d'autorité.
Jésus fait ici son séjour ordinaire dans une hôtellerie devant Ono, à une demi lieue de l'endroit où l’on baptise. Il y a là un homme qui apprête les aliments, toutefois Jésus mange froid habituellement. Le samedi il enseigna encore ici et guérit plusieurs malades qui lui furent amenés, entre autres une femme très exténuée qui avait une perte de sang. Je vis Jésus aller à Ono pour le sabbat avec les disciples et enseigner dans la synagogue devant beaucoup d’auditeurs.
Je vis pendant ces jours-là Hérode visiter Jean plusieurs fois et celui-ci le traiter toujours avec mépris comme un adultère. Hérode sentait intérieurement qu'il avait raison, mais sa femme était furieuse contre Jean. Hérode habitait à Liviade, à peu de distance du lieu où Jean baptisait maintenant. Je vois Liviade plus au nord et plus au levant que Bethabara, pas très loin d'Eléalé. Jean dans ses instructions parle toujours de Jésus et renvoie à lui ses auditeurs.
(20 janvier.) Jésus revint aujourd'hui au lieu où l'on baptisait : il instruisit et prépara les aspirants qu'André, Saturnin et d'autres encore baptisaient alternativement. Jean ne baptisait presque plus personne : il se bornait à enseigner et envoyait tout le monde de l'autre côté du Jourdain au baptême de Jésus. La plupart de ceux qui venaient au baptême de Jésus étaient des jeunes gens de la Judée et d'Hébron. Tout se faisait avec plus de solennité et de régularité qu'au baptême de Jean. Le lieu où l'on passait le Jourdain n'était plus Si rapproché : à cause du grand concours de peuple, on avait établi le passage plus loin en aval du fleuve. D'après les instructions de Jésus, plusieurs choses avaient été changées à l'endroit du baptême par les disciples envoyés d'avance de Cana. La grande enceinte établie par Jean autour d'un réservoir en plein air n'existait plus. On baptisait à peu de distance de là, sous une grande tente, dans la petite île ou Jésus avait été baptisé. La fontaine baptismale de Jésus sur cette île avait subi plusieurs changements ; les cinq canaux qui allaient du Jourdain à cette fontaine étaient à découvert et les quatre pierres en avaient été retirées ainsi que la grosse pierre triangulaire veinée de rouge qui était placée au bord, et sur laquelle se tenait Jésus quand le Saint-Esprit descendit sur lui. Toutes ces pierres avaient été portées au lieu où l'on baptisait maintenant. Jean et Jésus étaient les seuls à savoir que la place où Jésus avait été baptisé était celle où s'était arrêtée l'arche d'alliance, et que les pierres placées dans la fontaine étaient celles où elle avait reposé dans le lit du Jourdain, mais ils ne l'avaient dit à personne. De même le Seigneur seul savait que c'étaient ces pierres qui formaient maintenant la pierre baptismale. les Juifs avaient oublié depuis longtemps le lieu où ces pierres reposaient et les disciples n'en avaient aucune connaissance. André avait creusé un bassin rond dans la pierre triangulaire : celle-ci reposait sur les quatre pierres placées au-dessous dans une fosse pleine d'eau qui entourait cette pierre baptismale comme un fossé : l’eau y avait été apportée de la fontaine baptismale de Jésus sur l'île. L'eau qui était dans la pierre triangulaire venait aussi de là et Jésus la bénissait. Quand ceux qui devaient être baptisés descendaient dans la fosse creusée autour des bassins triangulaires, ils avaient de l'eau jusqu'à la poitrine.
Près de là était une espèce d'autel où l'on plaçait les robes blanches pour les baptisés. Deux disciples leur mettaient les mains sur les épaules ; André ou Saturnin ou quelquefois un autre les baptisait trois fois avec de l'eau du bassin qu'il prenait dans le creux de la main et qu'il leur versait sur la tête au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Ceux qui baptisaient et imposaient les mains avaient de longues robes blanches avec des ceintures et de longues bandes blanches tombant des épaules, comme de larges étoles. Jean baptisait avec un vase à trois rainures, d'où coulaient trois filets d'eau : et il prononçait d'autres paroles où il était question de Jéhovah et de son envoyé. Aucun de ceux qui avaient été baptisés par Jean ne fut rebaptisé ici : mais je crois qu'on les rebaptisa après la descente du Saint-Esprit lors du baptême qui eut lieu a la piscine de Bethesda. Aucune femme ne fut baptisée ici. Ce fut aussi à la piscine de Bethesda que la Soeur vit pour la première fois administrer le baptême avec triple immersion.
Jésus enseignait au dehors sur un tertre au-dessus duquel une tente était tendue pour la grande chaleur. Il parlait du baptême, de la pénitence, de l'approche du royaume des cieux et du Messie, dit où on devait le chercher, non parmi les grands du monde, mais parmi les petits et les pauvres. Il appelait ce baptême une ablution, celui de Jean un baptême pour la pénitence : il parla aussi du baptême de feu du Saint-Esprit qui devait venir plus tard.
Les arbres et les buissons que Jean avait plantés autour de l'île où Jésus avait été baptisé, s'unissaient par leurs sommets et formaient un beau massif : l’arbre qui était dans la fontaine s'élevait au-dessus de tout le reste. Je vis sur sa cime se détacher une figure comme celle d'un petit enfant qui sortait d'un cep de vigne, les bras étendus, et d'une main présentait des fruits jaunes, de l'autre des roses. La Soeur voit dans cela un ornement destiné à fêter l'ouverture du baptême de Jésus, mais elle est trop faible pour décrire clairement cette figure.-Le 29 janvier, je vis continuer le baptême.
(22 janvier.) Jésus est allé avec plusieurs disciples dans la direction du midi, au couchant de la mer Morte, là où se tenait Melchisédech lorsqu'il prit la mesure du Jourdain et des montagnes. Longtemps avant Abraham il avait conduit ici des ancêtres de ce patriarche : mais leur ville fut détruite avec Sodome et Gomorrhe.-Maintenant on voyait dans une contrée sombre, désolée, parsemée de rochers noirs et de grandes cavernes, s'étendre dans la campagne à environ une demi lieue de la mer Morte des restes de murs avec les tours à moitié écroulées d'une ville détruite, Hazezon Thamar. Là où est la mer Morte, avant la destruction de ces villes impies, il n'y avait que le Jourdain. Il était large d'environ un quart de lieue. Les gens qui maintenant sont établis plus à l'intérieur des terres dans des cavernes et des ruinés de toute espèce, ne sont pas de vrais Juifs, mais des esclaves, provenant des peuples qui ont passé par là : ils cultivent la terre au profit des Juifs. Ils sont pauvres, timides et très délaissés. Ils ont regardé l'arrivée de Jésus parmi eux comme une faveur inestimable et l'ont très bien accueilli. Jésus en a guéri beaucoup.
Aujourd'hui cette contrée est meilleure qu'à l'époque de Jésus : mais anciennement elle était d'une beauté et d'une fertilité incroyables. Au temps d'Abraham, la formation de la mer Morte a fait un désert d'un des plus magnifiques pays du monde. une quantité de villes et de bourgs étaient situés sur la ; rive du Jourdain : une chaussée de pierres carrées longeait le fleuve. Entre elles s'élevaient de belles montagnes et d'agréables collines, et tout était couvert de bosquets de dattiers, de vignes, d'arbres fruitiers et de champs de blé. Rien ne peut rendre la beauté de ce pays. Avant que la mer Morte n'eût paru, le Jourdain, au-dessous de l'endroit où il était le plus large, se divisait en deux bras qui arrosaient des villes disparues. L'un tournait à l'ouest et recevait divers cours d'eau ; l’autre coulait vers le désert au travers duquel eut lieu la fuite en Égypte, et arrivait jusque dans la contrée de Mara, où Moïse rendit douce une source d'eau saumâtre, et où avaient habité les ancêtres de sainte Anne. Il y avait entre les villes des mines de sel : mais l'eau n'était point salée : il jaillissait la beaucoup de sources. Les peuples buvaient et honoraient l'eau du Jourdain jusqu'à une grande distance dans ce qui devint plus tard le désert.
Les ancêtres d'Abraham, établis anciennement à Hazezon par Melchisédech, dégénérèrent beaucoup, et ce fut par un second trait de la miséricorde de Dieu qu'Abraham fut conduit dans la terre promise. Melchisédech a été ici lorsque le Jourdain n'y était pas encore : il a tout mesuré et déterminé. Il allait et venait souvent, et avait quelquefois avec lui deux hommes qui semblaient être des esclaves.
(21-30 janvier.) Jésus est allé avec ses disciples dans la direction de Bethléhem : il a suivi une partie de la vallée des Bergers jusqu'à Betharaba, à trois lieues de l'endroit où l'on baptise. Jésus y était déjà allé lorsqu'il visita les bergers après le baptême. Les habitants vivent du passage des caravanes. Cet endroit est à environ trois lieues de Béthanie, sur les frontières des tribus de Juda et de Benjamin.
Il y avait ici beaucoup de possédés ils couraient tout nus dans les environs, devant cet endroit, et ils se mirent à crier lorsque Jésus approcha. Il leur ordonna de se couvrir, et en quelques minutes ils se firent des ceintures de feuillage. Jésus les guérit, et envoya du bourg des gens qui leur portèrent des vêtements.
André et cinq autres disciples étaient venus ici avant le Sauveur, et avaient dit qu'il y célébrerait le sabbat. Il logea seul avec les disciples dans une hôtellerie gratuite, comme il y en avait toujours alors dans les villes pour les docteurs et les rabbins en voyage. Lazare, Joseph d'Arimathie et d'autres personnes de Jérusalem, étaient aussi venus ici.
Jésus enseigna dans la synagogue et aussi sur la place publique et sur les carrefours et les chemins : car il y avait ici une nombreuse population que l'école ne pouvait pas contenir. Il guérit beaucoup de gens affligés de diverses maladies. Les disciples les amenaient et leur faisaient faire place dans la foule. Lazare et Joseph d'Arimathie se tenaient à distance.
A la fin du sabbat, le Sauveur retourna encore à Ono avec les disciples. Il passa par un petit endroit appelé Bethagla, où les Israélites étaient venus après avoir passé le Jourdain : car ils ne passèrent pas à une seule place, mais sur une grande étendue, à travers le lit desséché du fleuve. Lorsqu'ils arrivèrent ici, ils mirent leurs vêtements en ordre et se ceignirent. Jésus passa devant la pierre de l'arche d'alliance où Jean avait célébré la fête dont il a été parlé plus haut.
Lazare et Joseph d'Arimathie retournèrent à Jérusalem. Nicodème n'était pas venu : il se tenait plus à l'écart à cause de son emploi : mais il était en secret au service de Jésus, et plus tard il annonçait toujours à la communauté les dangers qui la menaçaient.
(27 et 28 janvier.) Le jour d'après était le premier jour de la fête de la nouvelle lune' et je vis qu'à Jérusalem la classe des serviteurs et les employés avaient un jour de congé : il y avait comme une fête de réjouissance. C'était un jour de repos, et aujourd'hui l'on ne baptisa pas.
Le jour de la Fête de la nouvelle lune, des drapeaux suspendus à de longues perches flottaient sur le toit des synagogues : c'étaient des pièces d'étoffe dont les plis que le vent enflait étaient séparés par des nœuds. Par le nombre des noeuds on indiquait aux gens qui les voyaient de loin quel était le mois de l'année qui commençait. Des drapeaux semblables étaient aussi arborés en temps de guerre comme signaux de victoire ou de détresse.
Pendant tout le jour suivant, Jésus prépara au baptême, par ses instructions, beaucoup de gens qui s'étaient réunis ici dès la veille et avaient campé dans le voisinage. Aujourd'hui encore on ne baptisa pas : on célèbre une fête à propos de la mort d'un méchant roi (Alexandre Jannée). La place où l'on doit baptiser est très bien arrangée et ornée : je n'ai pas pu le raconter, je suis trop malade. Mais ils restent encore longtemps ici ; je pourrai donc le voir encore et le raconter.
(29 et 30 janvier.) Le jour suivant, André et les autres disciples commencèrent de bonne heure à baptiser ceux que Jésus avait préparés la veille. Lazare était revenu hier soir avec Obed, fils de Siméon ; je vis Jésus et lui aller seuls de grand matin dans la direction de Bethléhem, entre Bethagla et Ophra, qui est plus au couchant. Jésus prit ce chemin, parce que Lazare voulait lui raconter ce qu'on disait de lui à Jérusalem, et que Jésus voulait faire savoir à Lazare, et par lui à ses autres amis, comment ils devaient se comporter dans cette occurrence. Ils suivirent la route qu'avaient suivie Joseph et Marie du côté de Bethléhem, et firent environ trois lieues, jusqu'à un groupe de pauvres demeures de bergers, situées dans une contrée solitaire. Lazare raconta à Jésus ce qui se disait à Jérusalem ; les uns parlaient de lui avec colère' d'autres en se moquant, d'autres encore avec curiosité ; ils voulaient voir disaient-ils, s'il viendrait à Pâques pour la fête, s'il viendrait faire ses miracles dans une grande ville aussi hardiment qu'en Galilée, au milieu d'une populace ignorante. Il raconta aussi à Jésus ce que les pharisiens de différents lieux avaient rapporté de lui, et comment ils l'espionnaient. Jésus le tranquillisa sur tout cela, et lui cita divers passages des prophètes où toutes ces choses étaient annoncées d'avance. Il lui dit aussi que dans huit jours il serait sur les bords du Jourdain et qu'il irait ensuite de nouveau en Galilée ; qu'il se rendrait à Jérusalem pour la pâque, et qu'après cela il appellerait ses disciples. Il le consola aussi touchant Madeleine, en lui disant qu'une étincelle de la grâce était tombée en elle, et qu'elle en serait toute enflammée.
Ils passèrent ce jour-là près des demeures des bergers, où on leur donna du pain, du miel et des fruits. Il demeurait là une vingtaine de veuves de bergers, ayant près d'elles des fils déjà grands qui les assistaient dans leur vieillesse. Leurs demeures étaient des cellules, séparées les unes des autres et faites de branchages où il poussait encore des feuilles. Parmi ces femmes, il y en avait quelques-unes qui l'avaient adoré et lui avaient porté des offrandes dans la grotte de la Crèche lors de sa naissance. Jésus enseigna ici ; il alla dans les cabanes et guérit quelques femmes. L'une d'elles était très vieille, très malade et très décharnée. Elle habitait une petite cabane où elle était étendue sur une couche de feuillage. Jésus la prit par la main et la conduisit au dehors Ces femmes avaient un réfectoire et un oratoire communs.
Pendant que la Sœur racontait ceci le 30 janvier, à onze heures du matin, elle dit tout à coup en regardant à sa droite : ‘ Qui donc était-ce ? ’’Mais elle se remit bientôt et reprit en ces termes : "J'ai cru qu'il y avait là quelqu’un "J'ai vu Jésus avec Lazare et Obed sur le chemin qu'il avait suivi, lorsque Jean s'écria : Voici l'Agneau de Dieu ! il y avait quelques disciples en avant et quelques autres en arrière. Lazare et Obed retournèrent à Jérusalem.
(31 janvier.) Aujourd'hui Jésus fut au lieu où l'on baptisait, et il y enseigna. Beaucoup de gens reçurent le baptême.
(1er et 2 février.) Aujourd'hui, Jésus, avec la plupart de ses disciples, est allé par Bethagla à Adummim. Cet endroit est tout à fait caché dans une contrée excessivement sauvage : ce ne sont que gorges de montagnes où le sentier, qui court le long des rochers, est souvent si étroit, qu'un âne peut à peine y passer. C'est un endroit entièrement caché, à environ trois lieues de Jéricho, sur la frontière de Juda et de Benjamin ; je ne l'avais jamais vu auparavant. Le site est singulièrement abrupte : ç'a été autrefois un lieu de refuge pour les malfaiteurs et les homicides, qui étaient ici à l'abri de la peine capitale. Ils étaient ici en surveillance jusqu'à ce qu'ils fussent amendés : plus tard on les faisait travailler comme des esclaves à exploiter des carrières ou à construire de grandes bâtisses. Ce lieu s'appelait, à cause de cela, la Montée des Rouges, des hommes de sang. Cette ville de refuge existait déjà avant David : elle prit fin après Jésus, à l'époque des premières persécutions de la communauté chrétienne. Plus tard, on bâtit là un monastère, qui était comme une forteresse des premiers religieux du Saint-Sépulcre. (Elle veut parler d'une association qu'elle vit se former sous les premiers évêques de Jérusalem, pour garder et honorer le Saint-Sépulcre.) Les habitants gagnaient leur vie en vendant du vin et des fruits : c'était un affreux désert hérissé de rochers presque entièrement nus : souvent les vignes s'écroulaient avec les rochers. La route proprement dite de Jéricho à Jérusalem ne passait pas par Adummim, mais au couchant de cet endroit, et l'on ne pouvait pas y arriver par ce coté, mais le chemin de Bethagla à Adummim était coupé par une route qui allait de la vallée des Bergers à Jéricho et qui passait à une demi lieue d'Adummim. Dans le voisinage de cette jonction était un passage très étroit et très dangereux. Il y avait là un lieu indiqué par une chaire de pierre, où longtemps avant le Christ s'était passé réellement ce que raconte la parabole de l'homme tombé au pouvoir des assassins, et du bon Samaritain. Lorsque Jésus alla à Adummim, il s'écarta un peu du chemin avec ses disciples, et fit sur cette chaire devant ses disciples et les gens des environs une instruction sur ce qui était arrivé en cet endroit. Il avait célébré le sabbat à Adummim et enseigné dans la synagogue : il avait raconté une parabole relative à l'institution bienfaisante des lieux de refuge pour les criminels, et il l'avait appliquée aux délais de grâce laissés pour la pénitence sur cette terre. Il guérit aussi plusieurs malades, notamment des hydropiques. Après le sabbat, il revint avec les disciples à l'endroit où l'on donnait le baptême.
(3 et 4 février.) Le soir du jour suivant Jésus alla avec ses disciples à Nébo, ville située au delà du Jourdain, au pied de la montagne de Nébo où l'on ne peut monter qu'en plusieurs heures. Il était venu des messagers pour le prier d'aller là et d'y enseigner. Il s'y trouve une population mêlée, descendant d'Egyptiens et d'Israélites qui se sont autrefois souillés par le culte des idoles : il y a aussi des Moabites, etc. Ils avaient été remués jusqu'à un certain point par la prédication de Jésus : mais ils ne voulaient pas aller à l'endroit où Jésus baptisait. Je crois qu'ils n'osaient pas. Ils étaient fort méprisés des Juifs à cause d'un crime de leurs ancêtres dont je ne me souviens plus et ils n'avaient pas la permission d'aller partout, mais seulement dans certains lieux. C'est pourquoi ils s'adressèrent humblement à Jésus et le prièrent de baptiser chez eux. Les disciples emportèrent dans des outres de l'eau de la fontaine baptismale. Il n'en resta que quelques-uns comme gardiens au lieu où l'on baptisait.
Nébo est à une demi lieue du Jourdain, dont cette ville est séparée par une montagne, et à cinq ou six lieues de Machérunte. Le sol n'y est pas fertile. Pour arriver à Nébo, il faut monter à partir du bord du fleuve, puis redescendre. Vis-à-vis du lieu du baptême, le Jourdain a pour rive une montagne : il n'y a pas d’endroit habité ni de lieu d'abordage. Nébo est de l'autre côté de cette montagne. C'est une ville assez grande, bâtie sur un sol montueux, et séparée du mont Nébo par une vallée. Il y a encore un temple païen, mais il est fermé : on a bâti quelque chose autour.
Le lundi suivant, je vis Jésus assis sur une chaire placée en plein air préparer les aspirants au baptême ; et je vis aussi les disciples baptiser. La cuve baptismale était disposée dans une citerne servant à prendre des bains dans laquelle entraient ceux qu'on devait baptiser et qui était remplie d'eau jusqu'à une certaine hauteur. Les disciples avaient apporté les robes baptismales qu'ils avaient roulées autour d'eux. Pendant le baptême on en revêtait les aspirants et elles flottaient autour d'eux. Après la cérémonie on leur mettait encore par dessus une espèce de petit manteau. Au baptême de Jean, c'était une sorte d'étole, de la largeur d'un essuie-mains : à celui de Jésus cela ressemblait plus à un petit manteau proprement dit, auquel était cousue une étole avec des franges. (La Sœur est trop faible pour décrire cela plus clairement.) Ce sont pour la plupart de très jeunes gens et des vieillards d'un très grand âge qui reçoivent le baptême : plusieurs sont refusés jusqu'à ce qu'ils aient changé de vie. Jésus guérit plusieurs malades, fiévreux et hydropiques qui avaient été apportés sur des civières. Il n'y a pas chez les paiens autant de possédés que chez les Juifs. Jésus bénit aussi l'eau que l'on buvait ici et qui n'était pas bonne ; elle était trouble et saumâtre, et on la recueillait dans le creux des rochers. Il y avait là un réservoir où l'on versa de l'eau des outres. Jésus la bénit : il donna la bénédiction en forme de croix, et tint quelque temps la main étendue sur différents points de la surface.
J'ai vu que les disciples de Bethsaïde et Nathanaël Khased avaient commencé à mettre ordre à leurs affaires et qu'ils allaient davantage à Capharnaum.
Le 5 au matin je vis Jésus et ses disciples quitter Nébo. Ils sont restés la plus grande partie de la journée sur le chemin long d'une lieue qui va de Nébo au passage du Jourdain ; Jésus y a enseigné. Il y avait là des cabanes et des tentes où les gens de Nébo vendaient aux voyageurs qui passaient leurs fruits et leur vin : c'est devant ces gens que Jésus enseigna. Il ne revint que le soir avec les disciples à son logement près du lieu où l'on baptisait. C'était une maison que Lazare avait achetée et qui n'était qu'a l'usage de Jésus.
(6 février.) Aujourd'hui Jésus a visité successivement des paysans isolés et les a rassemblés pour leur faire des instructions. Il y a là beaucoup de braves gens qui, lorsque Jean baptisait, fournissaient des aliments à la multitude. Jésus semble les visiter tous jusque dans les plus petits recoins parce qu'il quittera bientôt ce lieu pour aller en Galilée. Le soir ils revinrent à l'hôtellerie.
(7 février.) Le jour suivant Jésus fut chez un riche paysan, qui habite à une demi lieue d'Ono, et dont les champs couvrent toute une montagne. Il y a là un champ où l'on moissonne encore sur un côté tandis que sur l'autre on va commencer les semailles. Jésus a enseigné ici en paraboles touchant la semence et la moisson.
Il y a chez ce paysan une vieille chaire délabrée du temps des prophètes qui a été très bien restaurée et dans laquelle Jésus a prêché. Plusieurs autres du même genre ont été remises en état depuis que Jean a baptisé ici : il le leur avait ordonné, comme une chose qui se rapportait à sa mission de préparer les voies. Ces chaires, comme il arrive souvent chez nous, aux images des stations, étaient tout à fait tombées en dégradation depuis le temps des prophètes. Elie et Elisée avaient fait ici de longs séjours. Jésus célébrera demain le sabbat à Ono : après cela vient une fête qui doit concerner les fruits de la terre. J'ai vu ces jours-ci porter des corbeilles pleines de fruits dans lés synagogues et les lieux où se rend la justice.
A l'endroit où l'on donnait le baptême, tout a déjà été emporté et mis en magasin par les disciples : si je me trouve mieux, je raconterai comment cela s'est fait. Autour du lieu où est la pierre sur laquelle l'arche d'alliance a reposé, il y a maintenant une vingtaine d'habitations. Bethabara n'est pas tout contre le fleuve, mais à une demi lieue du passage, cependant on voit la ville. Du passage jusqu'au lieu où Jean baptise maintenant, il y a bien une lieue et demie en passant par Bethabara.
(8 février.) La narratrice étant dans un état de faiblesse toujours voisin de la mort et dans une absence d'esprit presque complète, ne put communiquer que ce qui suit.
Le vendredi j'ai vu Jésus à Ono aller de maison en maison. Au commencement je ne savais pas pourquoi, plus tard j'appris que ces visites avaient rapport à la dîme qu'il exhortait ces gens à payer et aux aumônes qui devaient être données à la fête des fruits laquelle s'ouvrait le soir du dimanche. Le soir il célébra le sabbat dans la synagogue.-Samedi, Jésus Enseigne à Ono jusqu'à la clôture du sabbat.-Aujourd'hui dimanche, commençaient les préparatifs pour la fête de la nouvelle récolte des fruits. Cette fête s'ouvrait le soir. Il y avait une triple fête. D'abord parce qu'aujourd'hui, la sève montait dans les arbres, ensuite parce qu'on présentait la dîme des fruits, et enfin on rendait des actions de grâces pour l'abondance de la récolte. Jésus enseigna sur tout cela, on mangea beaucoup de fruits et on donna aux pauvres des figures entières faites avec des fruits et dressées sur les tables. Il est venu aujourd'hui à Jésus une vingtaine de nouveaux disciples.
(12 et 13 février.) La Soeur est toujours très malade. -Jésus à la fin de la fête quitta Ono avec vingt et quelques disciples et se mit en route pour la Galilée.
En passant par la contrée où avait été le champ de Jacob, il entra dans ces maisons de bergers de l'une desquelles Joseph et Marie avaient été si durement repoussés j lors de leur voyage à Bethléhem. Jésus avait visité et enseigné les gens qui avaient bien accueilli ses parents : mais il passa la nuit chez ceux de la maison inhospitalière et leur donna des avis. La femme vivait encore : elle était malade sur sa couche et Jésus la guérit.
Aujourd'hui, 12 février, Jésus passa par Aruma, où il avait déjà été du 22 au 23 octobre. Jaire, un descendant de l'Essénien Khariot, qui demeurait dans un endroit voisin assez mal famé, je crois que c'était Phasaël, et qui alors avait prié Jésus de guérir sa fille malade, ce que celui-ci lui avait promis pour plus tard, avait envoyé aujourd'hui un messager au-devant de Jésus pour lui rappeler sa promesse : sa fille était morte. Alors Jésus laissa ses disciples continuer seuls leur route, et leur donna rendez-vous à un lieu déterminé où ils devaient le retrouver. Pour lui, il suivit à Phasaël le messager de Jaïre. Lorsque Jésus entra dans la maison, on s'apprêtait à mettre au tombeau la fille de Jaïre : elle était déjà enveloppée de linges et de bandes de toile, et entourée de la famille en pleurs. Jésus fit réunir autour d'elle un plus grand nombre de gens de l'endroit, ordonna de délier les bandes qui l'attachaient dans son linceul, prit la morte par la main et lui commanda de se lever : alors elle se redressa de toute sa hauteur et se leva. Elle avait environ seize ans et n'était pas d'un bon naturel. Elle n'aimait pas son père, qui pourtant l'aimait par-dessus tout. Elle trouvait mauvais les rapports charitables qu'il entretenait avec des gens pauvres et méprisés. Jésus la réveilla de la mort du corps et de l'âme : elle se corrigea et fit plus tard partie de la communauté des saintes femmes. Jésus défendit à tous de parler de ce miracle, et c'était pour cela qu'il n'avait pas voulu que ses disciples y fussent présents. Ce Jaire n'était pas le Jaïre de Capharnaum dont Jésus plus tard ressuscita aussi la fille.
Jésus quitta ce lieu, alla vers le Jourdain qu'il traversa,. passa au nord dans la Pérée, vint de nouveau près de Sukkoth. sur la rive occidentale du fleuve, et se rendit à Jezraël. Cela eut lieu le mercredi 13 février. (Jésus a donc évité Samarie.)
La Sœur est tellement semblable à une mourante, qu'il faut lui savoir un gré infini du peu qu'elle communique.
(14 février.) à cause de son extrême faiblesse, elle ne dit que ce qui suit : Aujourd'hui jeudi, Jésus fut à Jezraël ; il y enseigna et y fit plusieurs miracles en présence d'une foule nombreuse Tous les disciples de Galilée étaient venus là à sa rencontre :Nathanaël Khased, Nathanaël le fiancé, Pierre, Jacques, Jean, les fils de Marie de Cléophas, etc. Tous étaient ici. Lazare, Marthe, Séraphia (Véronique) et Jeanne Chusa, qui étaient partis antérieurement de Jérusalem, avaient visité Madeleine à Magdalum, et l'avaient engagée à aller à Jezraël pour voir, si ce n'est pour entendre cet homme merveilleux, si sage, si éloquent et si beau, ce Jésus dont tout le pays s'occupait. Elle avait cédé aux prières des autres femmes et les avait suivies, mais avec tout l'attirait des pompes et des vanités mondaines. Lorsque d'une fenêtre de l'hôtellerie elle vit Jésus s'avancer dans la rue accompagné de ses disciples, Jésus lui lança un regard sévère, et ce regard lui pénétra si profondément dans l'âme, et la jeta dans une confusion et un trouble si extraordinaires, que, dominée par le sentiment de sa misère, elle courut de l'hôtellerie à une maison de lépreux où avaient été aussi des femmes affligées de pertes de sang, et qui était une espèce d'hôpital à la tête duquel était un pharisien. Les gens de l'auberge, auxquels sa manière de vivre était connue, disaient : "Voilà qu'elle se range parmi les lépreux et les hémorroïsses". Mais Madeleine avait couru à la maison des lépreux pour s'humilier, tant le regard de Jésus l'avait ébranlée : car elle était descendue dans une hôtellerie plus élégante que celles où étaient les autres femmes, ce qu'elle avait fait par vanité, pour ne pas se trouver avec tant de pauvres gens. Marthe, Lazare et les autres femmes retournèrent avec elle à Magdalum et y célébrèrent le sabbat suivant. Il y a là une synagogue.
(15-19 février.) Vers le soir, Jésus est arrivé à Capharnaum pour le sabbat. Il visita sa mère auparavant. Il enseigna ici et logea de nouveau dans la maison qui appartenait au fiancé de Cana. Tous les disciples étaient réunis ici. Le samedi, il enseigna jusqu'à la clôture du sabbat. On lui avait amené de toutes les parties du pays beaucoup de malades et de possédés : il guérit en public devant tous ses disciples, et chassa les démons au. milieu d'une foule qui allait toujours en s'augmentant. Des envoyés de Sidon vinrent le prier de s'y rendre. Puis il vint des gens de Césarée de Philippe ou Panéas, qui le pressèrent vivement d'y aller : mais il les renvoya à un autre temps. La presse devint si grande, que le dimanche au matin il quitta Capharnaum avec quelques disciples et s'en alla dans la montagne, à une lieue au nord de Capharnaum, entre le lac et l'embouchure du Jourdain, dans un endroit où se trouvent beaucoup de gorges dans lesquelles il se retira pour prier. Ce sont les mêmes montagnes où, en revenant de la montagne de Bethanat, il s'était arrêté avec ses disciples sur la hauteur la plus voisine de la mer, et où il avait vu les embarcations de Pierre et de Zébédée sur le lac.
Le soir, Jésus vint à l'habitation de sa mère, entre Bethsaïde et Capharnaum : Lazare, Marthe et les autres femmes de Jérusalem y étaient venus de Magdalum, pour prendre congé et retourner à Jérusalem. Jésus les consola au sujet de Madeleine : il dit à Marthe qu'elle se tourmentait trop : Madeleine est très émue, cependant elle retombera encore. Elle n'avait pas renoncé à ses parures, elle avait déclaré que, dans sa condition, elle ne pouvait pas se vêtir aussi humblement que les autres femmes, etc.-Aujourd'hui, dimanche soir, commençait à Capharnaum un jour de fête relatif a la mort d'un homme qui, en violation de la loi, avait voulu faire placer des images dans le temple.
(18 février.) Aujourd'hui Jésus est resté quelque temps chez sa mère, puis il est allé enseigner à Capharnaum. On lui a encore amené là une quantité de malades dont il a guéri plusieurs. Aujourd’hui encore, il est venu des gens pour l'inviter à se rendre dans d'autres endroits. Il y avait ici cette fois des pharisiens très endurcis, qui le contredisaient et lui demandaient ce qui adviendrait de tout cela ; tout le pays, disaient-ils, était dans l'agitation à cause de lui, maintenant qu'il enseignait publiquement et faisait une propagande toujours croissante. Mais il leur répondit sévèrement et leur déclara qu'il allait prêcher et agir encore plus ouvertement.
Le soir commençait une fête commémorative de la destruction de la tribu de Benjamin par les autres tribus, à cause d'un crime infâme. Je vis que ce jour de fête était observé avec une rigueur toute particulière dans la contrée de Phasaël, où Jésus avait ressuscité la fille de Jaïre, à Aruma, à Gabaa, etc., parce que ces événements avaient eu lieu dans le pays. Je vis que les femmes y présentaient certaines offrandes et prenaient une part particulière au jeune.
Dans la nuit, Nathanaël-Khased vint prendre Jésus, et ils allèrent avec André, Pierre, les fils de Marie de Cléophas, et ceux de Zébédée à Gennabris, séjour de Nathanaël, où je les vis arriver le mardi matin. Nathanaël lui avait préparé un logement. Il n'est pas entré dans la maison de Nathanaël, qui est devant la ville et près de laquelle ils ont passé. Nathanael le fiancé et sa femme ont aussi été ces jours-ci à Capharnaum et à Jezraël.
L'endroit où l'on baptisait, près d'Ono, est gardé alternativement par des habitants de cet endroit. Jésus enseigna à Gennabris, et y guérit des possédés tout à fait furieux. Une route commerciale passe par cet endroit ; les gens n'y sont pas aussi simples que ceux des bords du lac ; quoiqu'ils n'aient pas ouvertement contredit Jésus, plusieurs ont accueilli ses enseignements avec peu de sympathie.
Pendant que la Sœur parle ainsi, elle semble voir Gennabris et dit, en indiquant du doigt un point éloigné : La ville est sur une hauteur ; je puis voir huit villes dans les alentours, mais je n'en sais pas les noms maintenant. "Outre les futurs apôtres, Jonathan, le demi frère de Pierre, est aussi avec eux à Gennabris. Les autres disciples s'étaient répandus à Capharnaum et à Bethsaïde, et racontaient ce qu'ils avaient vu et entendu. Je crois que Jésus reviendra encore une fois près de sa mère en Galilée, et que dans une quinzaine de jours il ira dans la contrée de Jérusalem.
(Du 20 février au 4 mars.) Aujourd'hui Jésus est allé avec les futurs apôtres à Béthulie, qui est située à environ trois lieues de Gennabris, à cinq de Tibériade et à peu de distance de Jezraël. Béthulie est sur une pente si escarpée, qu'il semble qu'elle va tomber ; il y a des restes de murs si larges, qu'on pourrait y faire passer des chariots. Le chemin qui mène d'ici à Nazareth passe devant le mont Thabor, dont Béthulie n'est qu'à deux lieues au sud-est.
Nathanaël Khased a transmis à son frère ou à un cousin l'emploi qu'il avait à Gennabris : dorénavant il suivra le Seigneur.
Comme Jésus entrait à Béthulie, des possédés se mirent à crier après lui. Il s'arrêta sur la place du marche, près d'une chaire à prêcher, et il envoya quelques-uns de ses disciples inviter le chef de la synagogue à faire ouvrir toutes les portes de l'école il envoya d'autres disciples de maison en maison, pour convoquer les habitants à venir l'entendre. La synagogue avait plusieurs portes, placées entre des colonnes, que l'on ouvrait toujours lorsqu'il y avait grande affluence de monde. Jésus enseigna ici sur le véritable grain de froment qui doit être mis en terre. Il occupait un logement préparé d'avance pour lui. Les pharisiens de l'endroit ne le contredirent pas ouvertement ; toutefois ils murmuraient, et Jésus savait qu'ils s'opposaient à ce qu'il célébrât ici le sabbat. Il dit cela à ses disciples, ajoutant qu'il voulait aller pour le sabbat, à deux lieues plus loin, vers le nord-ouest, dans la direction du Thabor, dans un endroit dont le nom m'échappe en ce moment, mais où l’on teignait de la soie dont on faisait des franges et des houppes.
Béthulie est bien la ville devant laquelle Judith coupa la tête à Holopherne, qui en faisait le siège. C'est une histoire véritable dont j'ai vu toute la suite. Jésus y guérit. Tous les disciples restés en arrière s'étaient de nouveau retrouvés ensemble ici.
(21 février.) Ce matin, Jésus avait quitté Béthulie à cause des murmures des pharisiens ; il enseigna en plein air, assis sur une chaire en pierre, à environ un quart de lieue en avant de la ville. Il y avait là tout autour des murs en ruines, et cet endroit semble avoir été compris autrefois dans l'enceinte de la ville. Vers trois heures de l'après-midi, Jésus alla à Kisloth, qui est située au pied du Thabor, à environ trois lieues d'ici, et où André et d'autres disciples étaient allés d'avance pour retenir l'hôtellerie qui est devant la ville. Il s'était rassemblé là une grande multitude de personnes de tous les environs.
Je vis arriver plusieurs bergers avec leurs bâtons ; il y avait aussi des marchands de Sidon et de Tyr qui étaient là de passage. Les miracles et la doctrine de Jésus-Christ étaient déjà connus dans tout le pays. On accourait en foule dans les lieux où il enseignait, et lorsqu'on avait su qu'il devait célébrer le sabbat ici, tout ce qui était en chemin s'y était rendu.
Là où il paraissait, il se faisait toujours un grand mouvement : on l'appelait à haute voix, on se prosternait devant lui, on se pressait en foule pour le toucher, et c'est pourquoi, la plupart du temps il paraissait et disparaissait inopinément pour éviter la presse. Souvent il se séparait de ses disciples sur la roule, les envoyait par d'autres chemins et allait seul. Dans les villes et les bourgs, il fallait souvent lui faire faire place dans la foule. Toutefois, il permettait à quelques-uns de l'approcher et de le toucher, et plus d'un était par là intérieurement ému, converti ou guéri.
Vers le soir, Jésus se rendit dans l'hôtellerie que les disciples avaient retenue pour lui devant Kisloth Thabor, qu’il avait été déjà deux fois. Kisloth peut être à sept lieues de Nazareth par le chemin ordinaire, et à cinq lieues en droite ligne. Comme les chemins, dans ce pays, suivent les contours des vallées, et que les habitants mesurent la distance tantôt par le chemin fréquenté, tantôt par la vue à vol d'oiseau qu’on a du haut des montagnes, il est rare que leurs estimations s'accordent ensemble. Il y a une quantité incroyable de lieux habités dans la Galilée ; cependant en ne peut ordinairement en voir que quelques-uns des points élevés.
Kisloth-Thabor est principalement une ville de commerce : il y a plusieurs riches marchands et beaucoup de pauvres gens. Il s'y trouve beaucoup d'ateliers où l'on teint de la Soie brute dont on fait des franges et des houppes pour les vêtements des prêtres. Ces ateliers de teinture étaient autrefois, pour la plupart, à Tyr, sur le bord de la mer ; mais à présent un grand nombre se sont transportés ici. Les riches marchands emploient les pauvres gens dans les fabriques.
Devant l'hôtellerie, les disciples avaient formé une enceinte avec de grosses cordes attachées à des pieux pour empêcher l'invasion de la foule. Ce fut là que Jésus enseigna ; et comme il y avait dans son auditoire de riches marchands de la ville, il parla des richesses et des dangers de la cupidité : il leur dit que leur état était encore plus dangereux que celui des publicains, qui se convertissaient plutôt qu'eux ; et a ce propos, montrant du doigt les cordes qui le séparaient de la foule : une corde semblable, leur dit-il, entrera plus facilement dans le trou d’une aiguille qu'un riche dans le royaume des cieux. "Ces cordes, de poil de chameau, étaient presque grosses comme le bras, et on les avait tendues sur les pieux en les entrelaçant quatre fois les unes dans les autres. Ces riches auditeurs alléguèrent pour leur justification qu'ils laissaient des aumônes sur leur gain : mais Jésus leur répondit que l'aumône prise sur les sueurs d'autres pauvres ne leur apportait pas de bénédiction. Cette instruction ne fut pas agréable à ces gens.
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Re: Anne Catherine Emmerich -
Vision de Sainte Anne Catherine Emmerich.Du 24 mars au 14 avril.) Première fête de Pâques à Jérusalem.- Jésus à Béthanie.- Jésus au temple.- Jésus enseigne chez Lazare.- Jésus au temple.- Il va à Hébron.- Marie la silencieuse.- Jésus chasse les vendeurs du parvis du temple.- Immolation des agneaux de Pâques au temple.- Jésus mange la Pâque dans la maison de Lazare à Sion.- Jésus chasse de nouveau les vendeurs du temple.- Jésus opère des Guérisons.-Commencement de persécution.- Mort de Marie la silencieuse.- Nicodème visite le Seigneur.- Jésus congédie les disciples pour un tempe.- Interruption des communications quotidiennes des visions de la soeur.
(14-27 mars.) Plusieurs des disciples étaient partis de l'hôtellerie pour Jérusalem leur patrie. Je ne vis point d'étrangers à Béthanie. Jésus habite toujours la même pièce dans la maison de Lazare. C'est comme une synagogue et comme l'oratoire de la maison : au milieu se trouve le pupitre d'usage sur lequel sont placés les recueils de prières et autres écrits. Jésus repose dans une petite chambre attenante.
Aujourd'hui, dans la matinée, Marthe alla à Jérusalem chez Marie, mère de Marc, et chez les autres femmes pour annoncer que Jésus viendrait avec Lazare, prendre son repas dans la maison de Marie, mère de Marc. Ils y vinrent en effet vers midi. Véronique, Jeanne Chusa, Suzanne, ceux des disciples de Jésus et de Jean, qui étaient de Jérusalem, Jean Marc, les fils de Siméon, le fils de Véronique, les neveux de Joseph d'Arimathie assistaient au repas : il y avait en tout environ neuf hommes. Nicodème et Joseph n'en. étaient pas. Jésus parla de l'approche du royaume de Dieu, de la vocation de ses disciples, de ce qu'il fallait faire pour le suivre et même de sa passion en termes obscurs.
La maison de Jean Marc est située en avant de la ville, du côté du levant, en face de la montagne des Oliviers, et pour y arriver Jésus n'avait pas besoin d'entrer dans la ville. Le soir, il retourna à Béthanie avec Lazare. J'entendis ça et là dire dans Jérusalem, que le nouveau prophète de Nazareth était à Béthanie. Beaucoup se réjouissaient, d'autres se montraient malveillants. Je vis aussi dans les jardins et sur le chemin de la montagne des Oliviers des gens, parmi lesquels étaient des pharisiens, qui se tenaient là pour l’entendre quand il passerait. Peut-être qu'ils avaient entendu dire par hasard ou qu'on avait annoncé à Béthanie qu'il viendrait à la ville, mais aucun d'eux ne lui adressa la parole ; quelques-uns se retirèrent timidement derrière la haie et le regardèrent passer. Ils se disaient les uns aux autres: “ C'est le prophète de Nazareth, le fils du charpentier Joseph. ”
Il y avait dans le jardin beaucoup de gens qui travaillaient aux haies, à cause de l'approche de la fête on nettoyait et on arrangeait tout, on préparait le chemins, on taillait et on relevait les haies. Je vis aussi de tous les côtés beaucoup de Juifs pauvres e d'ouvriers venir à Jérusalem, avec des ânes chargés C'étaient des gens qui pendant la fête travaillaient comme journaliers dans la ville et dans les jardins De cette classe d'hommes était Simon qui aida Jésus à porter sa croix.
(25 mars.) Jésus alla encore aujourd'hui à Jérusalem : il fut notamment dans la maison d'Obed, fils de Siméon, qui était voisine du temple, et dans une autre maison en face du temple, où avait demeuré autrefois la famille du vieux Siméon. Il prit là des aliments que Marthe et les autres femmes avaient préparés et envoyés. Les disciples de Jérusalem, au nombre de neuf environ et quelques autres hommes pieux étaient présents : Nicodème et Joseph d'Arimathie n'y étaient pas. Jésus parla de l'approche du royaume de Dieu avec beaucoup d'onction et de gravité. Il n'alla pas encore au temple.
Il va partout sans crainte : il est le plus souvent revêtu d'une longue robe blanche faite au métier C'est une robe de prophète. Souvent il a l'apparence d'un homme tout à fait ordinaire, il n'a rien qui frappe et il n'attire pas les regards. D'autres fois il se montre sous un aspect tout à fait extraordinaire : son visage est lumineux et a quelque chose de surhumain. Le soir, lorsqu'il fut de retour à Béthanie, quelques disciples de Jean, parmi lesquels était Saturnin, vinrent à lui : ils le saluèrent et lui parlèrent de Jean.
Il ne venait plus beaucoup de monde pour se faire baptiser par lui, mais il avait fort à faire avec Hérode. Nicodème est venu ce soir, chez Lazare, à Béthanie, et il a entendu Jésus enseigner.
(26 mars.) Ce matin Jésus est allé chez Simon le Pharisien, qui possède à Béthanie une maison de réception ou servant à donner des fêtes. Il y a eu chez lui un grand repas où étaient réunis Lazare, Nicodème, les disciples de Jean et les disciples de Jérusalem: ; Marthe et les femmes de Jérusalem étaient aussi présentes. Nicodème ne parle presque pas en présence de Jésus, il se tient sur la réserve et écoute avec admiration. Joseph d'Arimathie est très ouvert et fait souvent des questions. Simon le pharisien n'est pas mauvais, mais c'est pour le moment, un homme indécis qui entretient des relations avec Jésus par amitié pour Lazare, et qui pourtant se tient aussi en bons termes avec les pharisiens. à ce repas, Jésus dit beaucoup de choses sur les, prophètes et sur l'accomplissement des prophéties. Il parla de Jean Baptiste, de sa conception miraculeuse, dit comment Dieu l'avait sauvé du massacre des enfants ordonné par Hérode, et comment il était venu pour préparer les chemins. Il parla aussi, de l'inattention des hommes quant à l'accomplissement des temps et il dit à ce propos : “il y a trente ans (qui s'en souvient encore sinon quelques hommes simples et pieux ?), trois rois de l'Orient ont suivi mon étoile avec une confiance naïve : ils sont venus cherchant un roi des Juifs nouvellement né, et ils trouvèrent un pauvre enfant avec de pauvres parents. Ils restèrent près de lui trois jours ! s’ils étaient venus visiter l'enfant d'un grand prince, on ne les aurait pas si facilement oubliés. “Mais il ne dit pas expressément que cet enfant, c'était lui.
(27 mars.) Ce matin, Jésus accompagné de Lazare et de Saturnin, entra, à Béthanie, dans les maisons de plusieurs pauvres et pieux malades de la classe ouvrière, et il en guérit six Ou sept. Il y avait parmi eux des paralytiques, des hydropiques et des hypocondriaques. Il ordonna à ceux qu'il avait guéris de sortir de chez eux et de se mettre au soleil. La présence de Jésus à Béthanie n'y fait pas encore d'éclat. Même lors de ces guérisons tout resta très calme. Lazare qui est extrêmement considéré contribue beaucoup à ce que les gens d'ici se tiennent tranquilles.
Le soir, qui était le commencement du troisième jour du mois de Nisan, il y eut une fête à la synagogue. Il m'a semblé que c'était la fête de la nouvelle lune : car il y avait une espèce d'illumination dans l'école ; c'était comme un disque lunaire qui pendant la prière devenait de plus en plus brillant parce qu’un homme allumait sans cesse de nouveaux flambeaux derrière lui.
(28 mars.) aujourd'hui Jésus assista au service divin dans le temple avec Lazare, Saturnin, Obed et d'autres disciples. On sacrifiait un bouc, si je ne me trompe. L'apparition de Jésus au temple produit une émotion d'une nature particulière parmi les Juifs. Ce qu'il y a d'étonnant, c'est que chacun renferme en lui-même ce qu'il ressent, et qu'aucun d'eux n'ose parler aux autres de l'impression que produit sur lui sa présence. J'ai été instruite intérieurement que Dieu dispose ainsi les choses afin de prolonger pour le Sauveur, le temps pendant lequel il doit agir : car s'ils se communiquaient leurs pensées, l’irritation s'accroîtrait : mais maintenant chez plusieurs la haine et la colère sont en lutte avec une sainte émotion : chez d'autres se produit une certaine curiosité de le voir de plus prés, et ils s’efforcent d'entrer en rapport avec lui par le moyen d'autres personnes, etc. Aujourd'hui il y avait un jour de jeûne en mémoire de la mort des enfants d'Aaron.
(29 mars.) La Sœur fut ce jour-là occupée à contempler la passion du Sauveur et à souffrir avec lui : étant dans l'état d'extase, au milieu des souffrances les plus cruelles, elle dit ce qui suit, tout étonnée de voir deux choses à la fois:
Jésus est à Béthanie dans la maison de Lazare : les disciples et plusieurs autres gens pieux sont présents. Il enseigne dans une grande salle où il y a une chaire. Il le fait de la même manière qu'il le faisait récemment quand il parlait des trois rois : il appelle leur attention sur des événements d'un temps antérieur. Il leur dit : “N'y a-t-il pas déjà dix-huit ans, qu'un petit bakhir (cela doit vouloir dire écolier 2), disputa dans le temple d'une façon si surprenante avec les docteurs de la loi et qu'ils furent si irrités contre lui ?” il répète aussi ce qu'a dit le petit bakhir. Le soir Jésus célébra le sabbat dans la synagogue de Béthanie.-Pendant qu'elle voyait cela, elle avait aussi une vision du crucifiement et s'étonnait de voir les deux choses à la fois. Elle ne put rien dire de plus à cause de ses cruelles souffrances.
Note : Son ange gardien lui avait annoncé depuis longtemps, parce qu'elle était menacée pour le vendredi saint de cette année d'une irruption de gens malveillants, que cette fois il ne lui serait pas donné de contempler la Passion le vendredi où l'Église en fait mémoire, mais le jour où elle eut lieu réellement : cela lui arriva depuis hier soir jeudi jusqu'à ce soir. Le 14 nisan de l’année de la mort du Sauveur doit donc être tombé le 29 mars. Nous ne parlons pas des souffrances inexprimables de ce jour, et en général de presque tous les jours de sa vie actuelle : le lecteur peut s'en faire une idée par la manière imparfaite et défectueuse dont sont communiquées ses contemplations de la vie du Sauveur.
2-Ce sont les propres termes de la narratrice.
(30-31 mars). Elle fut malade au delà de tonte expression et le samedi elle eut de telles douleurs dans la bouche qu'elle ne put presque rien dire.
Ce matin j'ai vu Jésus dans le temple pendant la célébration du sabbat, avec Obed qui était attaché au service du temple et les autres disciples de Jérusalem. (Elle était trop malade pour s'exprimer bien distinctement : elle ne dit que ce qui suit, en s'exprimant peu clairement.) Jésus se tenait parmi ses amis prés des autres jeunes hommes israélites : ils se tenaient deux à deux. Il avait un vêtement blanc fait au métier, une ceinture et un manteau blanc qui n'était pas le même que portent les Esséniens. Il y avait quelque chose de particulier dans sa manière d'être. Son vêtement était d'une propreté remarquable et paraissait très élégant, sans doute parce que c'était lui qui le portait. Il s'unit aux chants et aux prières qui se faisaient alternativement d'après des cahiers d'écritures. On fut de nouveau surpris et frappé de le voir, sans pourtant lui parler. Ils ne parlèrent même pas ouvertement de lui entre eux. Mais je vis chez plusieurs un merveilleux mouvement intérieur. C'était un jour de sabbat : on fit trois instructions ou prédications, sur les enfants d'Israël, sur leur sortie d'Egypte et sur l'agneau pascal. J'ai vu aussi sur un autel un sacrifice d'encens ; on ne pouvait pas voir le prêtre, mais bien l'encens et le feu. J'ai vu le feu à travers une espèce de grille au-dessus de laquelle avait été placé comme un agneau pascal avec des ornements et des rayons : je vis aussi le feu briller à travers. Cet autel était près du Saint des Saints : ses cornes me paraissaient arriver jusque dans le Saint des Saints. Je vis des pharisiens en prière rouler plusieurs fois autour d'un de leurs bras une longue bandelette qui était proprement un voile.
Vers deux heures après midi, Jésus avec ceux qui l’avaient accompagné au temple entra dans une salle attenante au parvis des Israélites, où on avait préparé une petite collation de fruits et de pains qui étaient comme tressés ensemble ils avaient chargé l'un d'eux d'avoir soin de tout. On pouvait acheter et se procurer dans les salles voisines tout ce qui était nécessaire en pareil cas. Le temple était comme une ville : c'était si grand, on pouvait tout y trouver. Jésus enseigna pendant ce repas. Quand les hommes se furent retirés, les femmes à leur tour mangèrent là.
Je vis aujourd'hui quelque chose que je ne savais pas auparavant : Lazare avait un emploi au temple, c'était à peu près comme chez nous lorsqu’un bourgmestre est chargé de quelque chose dans l'église. Il allait à droite et à gauche avec une boite pour recueillir une contribution. Jésus et les siens restèrent au temple toute l'après-midi et je ne le vis de retour à Béthanie que vers neuf heures. Il y avait pour ce sabbat une quantité innombrable de lampes et de flambeaux dans le temple.
J'ai déjà vu hier que Marie et les autres saintes femmes sont parties de Capharnaum pour Jérusalem. Elles vont de Capharnaum à Nazareth, passent près du Thabor où d'autres femmes viennent se joindre à elles et doivent aller par Samarie. Les disciples galiléens allaient en avant d'elles, et des serviteurs qui portaient le bagage venaient derrière. J'ai oublié où elles célébrèrent le sabbat. Parmi les disciples étaient Pierre, André et son demi frère Jonathan, les fils de Zébédée, ceux de Marie de Cléophas, Nathanaël Khased et Nathanaël le fiancé. Je crois que ce n'est qu'au retour de la fête que quelques-uns des disciples rencontreront Thomas et lui parleront de Jésus.
Dimanche, le 4 nisan, Jésus passa toute la matinée dans le temple avec une vingtaine de disciples : ensuite il enseigna dans la maison de Marie, mère de Marc, et y mangea quelque chose. Il assista ensuite avec Lazare à un repas chez Simon le pharisien à Béthanie.
Jean Baptiste ne vient pas à la fête, dit-elle en secouant la tête sur une question qui lui était adressée à ce sujet On examine déjà les agneaux, et on en rebute beaucoup.
(1-7 avril.) Dans la matinée Jésus est encore allé au temple : dans l'après-midi il a mangé et enseigné dans la maison de Joseph d'Arimathie. Cette maison est dans le quartier que celle de Jean Marc. Il y a là un atelier de tailleur de pierre. C'est un quartier un peu écarté et les pharisiens y vont rarement : d'ailleurs personne ne craint encore de se rapprocher de Jésus ; car l'hostilité contre qui n'a pas encore éclaté.
Marie et les autres voyageurs de Galilée sont à présent à Nazareth. -La Soeur dit encore d'une manière très positive que Jean-Baptiste ne venait pas à Jérusalem pour la fête de Pâques.
(2 avril.) Jésus se montre de plus en plus librement et hardiment à Jérusalem et au temple : il s'est avancé avec Obed entre l'autel des sacrifices et le temple, à un endroit où l'on fait une instruction pour les prêtres sur la fête de Pâques et ses cérémonies. Ses disciples restèrent dans le parvis des Israélites. Les pharisiens furent très mécontents de le voir. Il a mangé et aussi enseigné chez Joseph d'Arimathie. Il va toujours avec assurance et s'entretient aussi avec diverses personnes dans la rue.
Il vient beaucoup de monde à Jérusalem, surtout des ouvriers, des journaliers, des domestiques, des marchands avec des provisions de toute espèce. Tout autour de la ville et dans les espaces vides on dresse beaucoup de cabanes et de tentes afin d'y héberger les gens qui arrivent en foule pour la fête. On amène à la ville beaucoup d'agneaux et d'autre bétail. On fait déjà le triage des agneaux. Il vient aussi à Jérusalem un très grand nombre de païens pour la fête.
Les saintes femmes ont été à Nazareth et maintenant elles sont une journée de voyage plus loin dans une hôtellerie de Thirza. Les apôtres sont en avant.
A Bethanie Jésus enseigne et guérit déjà publiquement, on lui a amené des malades étrangers. Des parents de Zacharie sont aussi venus le voir de la contrée d'Hébron pour l'engager à y aller. Aujourd'hui encore il fut dans le temple, et le soir,` après le service divin, lorsque les prêtres pour la plupart eurent quitté le temple, il commença à la place où il se tenait près de ses disciples à enseigner devant ceux-ci et d'autres gens de bien. Il parla de l'approche du royaume de Dieu, de la fête de Pâques, de l'accomplissement prochain de toutes les prophéties et de toutes les figures, même de celle de l'agneau pascal. Il parla d'une manière très grave et très pénétrante, plusieurs prêtres qui étaient encore occupés çà et là furent troublés par ses discours et ressentirent un secret mécontentement. Cela eut lieu le soir. Il se rendit de là à Béthanie et partit dans la nuit avec les gens d'Hébron et quelques disciples : il fit environ quatre lieues au midi dans la direction d'Hébron.
Dans le temple, maintenant on fait des préparatifs pour la fête avec une grande activité : on fait for changements dans l'enceinte intérieure : on ouvre beaucoup de passages et de salles et on enlève de échafaudages et des cloisons. Ou peut maintenant arriver à l'autel de tous les côtés : tout prend un autre apparence.
(Jeudi.) Dans la nuit du 3 au 4 avril, Jésus parti pour Juta avec quelques disciples et les parents de Zacharie. Ils passèrent entre Jérusalem et Bethléhem ; il laissèrent Bethléhem à gauche en allant et à droite e revenant. C'était une route de cinq lieues tout a plus. De Juta il se rendit à Hébron qui en est tout près : il y enseigna et guérit plusieurs personnes. y resta jusqu'au vendredi à midi : alors il revint d'Hébron et arriva directement à Béthanie pour le sabbat. Le chemin passait par dessus des montagne exposées au soleil et il y faisait très chaud. Les disciples qui étaient venus d'auprès de Jean visiter Jésus à Béthanie sont retournés vers le précurseur.
(6 avril.) Aujourd’hui Jésus accompagné d'Obed est allé dans le temple jusqu'au vestibule où se trouve la chaire dans laquelle il a enseigné plus tard. Les prêtres et les lévites étaient assis là sur des sièges circulaires autour de la chaire du haut de laquelle on leur faisait une instruction sur la fête de Pâques. L'apparition de Jésus excita un grand trouble parmi les assistants, surtout lorsqu'il fit quelques objections et quelques questions auxquelles aucun d'eux ne put répondre. Il dit entre autres choses que le temps où la figure de l'agneau pascal deviendrait une réalité était proche et qu'alors ce temple et ce culte prendraient fin. Il parla de cela en termes figurés, et pourtant d'une manière si claire pour moi que je ne pus m'empêcher de penser vivement à l'endroit du Pange lingua où il est dit Antiquum documentum novo cedat ritui : car Jésus dit quelque chose d'approchant. Lorsqu'ils lui demandèrent d'où il savait cela, il leur répondit que son Père le lui avait dit, mais il n'expliqua pas qui il entendait par là. En tout il parla toujours en général. Les pharisiens très courroucés et cependant saisis d'étonnement n'osèrent rien contre lui. Il n'était pas proprement permis aux laïques d'entrer dans cette partie du temple, mais il y entra en qualité de prophète. Dans la dernière année, il y a même enseigné.
Apres le sabbat, Jésus alla à Béthanie. Jusqu'à présent, pendant ce séjour, je n'ai pas vu Jésus s'entretenir avec Marie la silencieuse. Je crois que sa fin approche. Il semble qu'il s'est fait un changement en elle. Elle est couchée par terre sur des couvertures grises, et des servantes la tiennent dans leurs bras. Elle était dans une espèce d'évanouissement. Elle me semble plus rapprochée du monde terrestre ; elle aura encore à souffrir sur la terre. Jusqu'à présent son esprit était toujours absent, et ne sachant rien de ce monde, elle voyait Jésus et tous les autres sans s'en préoccuper et sans grandes souffrances. Elle était dans sa chambre comme dans une merveilleuse mine d'argent. Tout était si large et si beau autour d'elle. Mais maintenant elle parait revenue davantage à la vie réelle, elle va savoir maintenant que ce Jésus qui est ici, à Béthanie, qui vit dans son temps et dans son voisinage, est celui qui doit souffrir si cruellement. Étant encore vivante, elle participera corporellement à ses douleurs et mourra bientôt après.
Dans la nuit du samedi Jésus a visité la soeur de Lazare, Marie la silencieuse, et s'est longtemps entretenu avec elle. Tantôt elle était assise sur sa couche, tantôt elle marchait autour de sa chambre. Elle maintenant toute sa raison, connaît la différence entre ce monde et l'autre monde ; elle sait que Jésus est le Sauveur et l'agneau pascal, et qu'il doit éprouver d'horribles souffrances. Elle en est affligée au delà de toute expression, et le monde se présente à et tout ténébreux et comme un poids qui l'oppresse. Ce qui la désole surtout, c'est l'ingratitude des hommes qu'elle prévoit. Jésus parla longtemps avec elle de l'approche du royaume de Dieu et de ses souffrance puis il la bénit et se retira. Elle ne tardera pas à mourir. Elle est maintenant extraordinairement belle et grande, blanche comme la neige et lumineuse, ses mains sont comme de l'ivoire et ses doigts sont longs et effilés. Dans la matinée Jésus guérit publiquement à Béthanie beaucoup de gens qu'on lui avait amenés paralytiques, aveugles, etc., parmi lesquels des étrangers venus pour la fête.
Quelques hommes du temple vinrent le trouver et lui demandèrent compte de sa manière d'agir : ils lui demandèrent aussi qui lui avait donné le droit, la veille au temple, de prendre la parole pendant l'instruction, etc. Il leur répondit d'un ton très grave, et parla de nouveau de son Père. Les pharisiens n'osaient pas s'attaquer à lui, ils éprouvaient un sentiment de terreur en sa présence et ne savaient pas se rendre compte de l'effet qu'il produisait sur eux.
Aujourd’hui il a encore enseigné dans le temple. Le soir arrivèrent tous les disciples galiléens qui avaient été aux noces de Cana. Marie aussi arriva, ainsi que les saintes femmes : et elles logèrent chez Marie, mère de Marc. Lazare a acheté plusieurs agneaux rebutés : il les a fait tuer et distribuer parmi les pauvres journaliers et ouvriers.
(8 et 9 avril.) Jésus fut aujourd'hui au temple avec tous ses disciples : il fit sortir de l'enceinte du parvis destiné à la prière, et fit reculer bien en arrière dans le parvis des gentils plusieurs vendeurs d'herbages verts, d'oiseaux, d'agneaux, de comestibles de tout genre et d’autre objets : il le fit avec beaucoup de charité et de bienveillance Il les avertit amicalement que c'était très peu convenable, spécialement le bêlement des agneaux et du bétail, et il aida lui-même avec les disciples à transporter leurs tables et à leur trouver des places.
il guérit aussi ce jour-là à Jérusalem beaucoup d'étrangers malades, notamment de pauvres ouvriers paralytiques qui habitaient aux environs du Cénacle, contre la montagne de Sion. Il y a une incroyable quantité de monde à Jérusalem. Il y a autour de la ville des campements entiers, formés de cabanes et de tentes. Sur de grandes places sont des constructions longues comme des rues, où l'on peut tout avoir et où se trouve en grande quantité ce qu'il faut pour dresser une tente et pour manger l'agneau pascal. Ce sont comme des magasins où l'on vend et où on loue. Des troupes de journaliers et des pauvres gens de tout Israël sont occupés à porter ça et là des choses de ce genre et à les mettre en place. Ces gens ont déjà depuis quelque temps à Jérusalem et autour de la ville, fait disparaître tout ce qui peut gêner la circulation, taillé les haies, ouvert les chemins, aplani et délimité les lieux de campement, disposé les places de vente et les marchés. On a également, plusieurs semaines à l’avance, réparé et préparé les routes et les passages difficiles dans le pays. Tout cela se fait pour l'agneau pascal, de même que Jean Baptiste a préparé les chemins pour le véritable Agneau de Dieu.
(9 avril.) Jésus est encore allé au temple avec ses disciples, et il a encore une fois fait retirer les vendeurs. Comme tout était ouvert à cause de l'immolation prochaine des agneaux de Pâques, beaucoup de gens s'étaient encore avancés jusqu'au parvis où l'on priait. Jésus les fit retirer et enleva leurs tables. Cela se fit d'une manière plus impérieuse que la fois d'avant : les disciples faisaient faire place devant lui : il y avait là des gens insolents qui lui résistaient en gesticulant vivement et en se portant en avant, si bien que Jésus enleva une table de ses propres mains. Leur résistance fut inutile : la place fut bientôt vidée, et tout leur attirait transporté jusqu'à la cour la plus éloignée. Il les avertit qu’il les avait deux fois écartes avec bonté, mais que s'il les retrouvait encore ici, il ferait usage de la force. Là-dessus les plus effrontés l'injurièrent : De quoi se mêlait ce Galiléen, cet écolier de Nazareth ? Ils ne le craignaient pas. Ce fut alors que commença la retraite. Il y avait là une foule nombreuse qui l'admirait. Les Juifs pieux lui donnaient raison et le louaient à quelque distance. On cria : C'est le prophète de Nazareth ! Les pharisiens, qui en furent irrités e. confus, faisaient déjà courir sous main parmi le peuple, depuis plusieurs jours, l'avis de ne pas s'attacher à cet étranger pendant la fête, de ne pas courir après lui, et de ne pas en beaucoup parler. Mais le peuple a de plus en plus lés yeux sur lui, car il y a déjà ici un grand nombre de personnes qu'il a enseignées ou guéries.
Comme Jésus, en sortant du temple, avait guéri dans un des vestibules un paralytique qui l'avait invoqué, celui ci entra tout joyeux dans le temple, glorifiant Jésus et y fit un grand effet. Jean Baptiste ne vient Pas à la fête, il n'est pas véritablement un Juif selon la loi : puis il n'est pas comme les autres hommes, ce n'est pour ainsi dire qu'une voix revêtue de chair. Maintenant il y a affluence de gens qui veulent être baptisés par lui, à cause du grand mouvement produit par la foule qui va à Jérusalem.
Ce soir il régnait une grande tranquillité à Jérusalem. On s'occupait dans les maisons à mettre le levain de côté et à préparer les pains azymes. Tous les ustensiles étaient suspendus et couverts. Cela se fit aussi dans la maison de Lazare près de la montagne de Sion où Jésus et les siens doivent manger la Pâque. Jésus y était en personne, il enseigna sur ce sujet et tout se fit sous sa direction : on n'y mettait pas tant d'empressement inquiet que chez les autres Juifs. Jésus leur expliqua de quoi la Pâque était la figure, comment ils devaient la faire. et ce que les pharisiens y avaient ajouté mal à propos. La maladie m'a fait oublier les détails.
(10 avril.) (Elle est toujours si malade qu'elle a peine à communiquer ce qui suit). Jésus aujourd'hui ne fut pas dans le temple, mais à Béthanie. En voyant tant de vendeurs se presser encore dans le temple, je me disais que s'il était là, mal leur en prendrait. Après le repas les agneaux de Pâques furent immolés dans le temple. Cela se fit avec un ordre et une dextérité merveilleux. Chacun apportait son agneau sur ses épaules ; on se tenait en très bon ordre, il y avait suffisamment de place pour tous : autour de l'autel se trouvaient trois cours où l'on pouvait se tenir : entre l’autel et le temple il n'y avait personne. Devant ceux qui immolaient les victimes étaient placées des balustrades et des tablettes avec tout ce qui était nécessaire : toutefois ils étaient si serrés que le sang d'un agneau rejaillissait sur celui qui immolait l'autre : leurs habits étaient tout ensanglantés. Les prêtres se tenaient sur plusieurs rangs jusqu'à l'autel et les bassins pleins de sang ou vides passaient de main en main. Avant que les Israélites vidassent les agneaux, ils les frappaient et les périssaient d'une façon particulière, en sorte que les entrailles se retiraient facilement en une fois, avec l'aide du voisin qui tenait l'agneau. L'écorchement allait très vite, ils retiraient un peu la peau et l'assujettissaient à un bâton rond qu'ils avaient avec eux, pendaient l'agneau par la partie antérieure du cou, et alors avec les deux mains ils faisaient tourner le bâton sur lequel la peau s'enroulait. L'immolation fut terminée vers le soir. Je vis le ciel rouge comme du sang au coucher du soleil.
Lazare, Obed fils de Siméon et Saturnin immolèrent les trois agneaux que Jésus et ses disciples devaient manger. Le repas eut lieu dans la maison de Lazare contre la montagne de Sion. C'est un grand bâtiment avec deux ailes. Dans la salle où ils mangèrent était aussi le four à rôtir, mais il était tout autre que le foyer du cénacle. Il était plus haut que large, comme les foyers dans la maison d'Anne, dans cette de Marie et à Cana. Dans le gros mur qui s'élevait perpendiculairement étaient des trous où l'on plaçait l'agneau dans une position verticale, il était étendu sur du bois et comme crucifié. La salle était bien parée, et les trois groupes mangeaient à une table qui me frappa parce qu'elle était en forme de croix. Lazare était assis au haut, au petit bout de la croix où. se trouvaient aussi plusieurs plats avec des herbes amères. Les agneaux de Pâques étaient placés, l’un entre Pierre et Jésus sur l'un des bras de la croix : l'autre en face près d'Obed, le troisième devant Saturnin sur le long bout. Autour de Jésus étaient des membres de sa famille et les disciples galiléens : autour d'Obed et de Lazare, les disciples de Jérusalem ; autour de Saturnin les disciples de Jean. Tous ensemble étaient pour le moins une trentaine.
Cette Pâque se célébra d'une autre manière que la dernière Pâque de Jésus. Ce fut plus à la façon juive : tous ici tenaient des bâtons à la main, avaient leurs vêtements retroussés et mangeaient très vite . à là Cène, Jésus avait deux bâtons en croix. Ils chantèrent aussi des psaumes et mangèrent debout et très rapidement l'agneau pascal sans en rien laisser. Plus tard ils se mirent à table Il y avait pourtant quelque chose de différent de la manière dont les Juifs mangeaient. Jésus leur donna des explications sur tout ce qui se faisait, et ils laissèrent de côté divers usages ajoutés par les pharisiens. Jésus découpa les trois agneaux et servit à table ; il dit qu'il faisait cela à présent comme un serviteur ils restèrent encore ensemble jusque dans la nuit, chantèrent et prièrent.
Il régnait aujourd'hui à Jérusalem un calme et un silence sinistres : les Juifs qui n'immolaient pas se tenaient dans leurs maisons qui toutes étaient ornées de feuillage d'un vert sombre. Après l'immolation, cette immense quantité d'hommes avait tant à faire dans l'intérieur des maisons et tout au dehors était tellement silencieux. que j'en ressentis une impression de tristesse. Je vis aujourd’hui en quel endroit l'on faisait rôtir les agneaux pour les nombreux étrangers dont une partie était campée devant les portes. On avait élevé à certaines places, et aussi dans l'intérieur, de longs murs peu élevés et assez larges pour qu'on pût se promener dessus. Dans ces murs étaient pratiqués des fours, les uns à côté des autres. De distance en distance se tenaient des inspecteurs qui surveillaient tout, et près desquels on pouvait avoir à bas prix ce qui était nécessaire. Des fours de ce genre étaient à l'usage des voyageurs et des étrangers pour d'autres fêtes et d'autres époques encore. Au temple, on brûlait la graisse de l'agneau pascal, ce qui dura jusque assez avant dans la nuit ; puis, après la première veille de la nuit, l'autel fut purifié et les portes rouvertes de très grand matin.
(11 avril.) Jésus et ses disciples avaient passé la plus grande partie de la nuit en prière dans la maison de Lazare. Dès le point du jour ils allèrent au temple où on avait allumé des lampes en grand nombre. On venait déjà de tous les côtés y porter des offrandes. Jésus se tenait dans un vestibule avec ses disciples, et il enseignait.
Une foule de marchands s'étaient déjà établis jusque tout près du parvis de la prière et de celui des femmes : ils étaient à peine à deux pas des gens qui priaient. Comme il en arrivait encore un plus grand nombre, Jésus les arrêta et ordonna à ceux qui se trouvaient là de se retirer. Mais ils lui résistèrent et appelèrent à leur aide les gardiens qui étaient dans le voisinage : ceux-ci allèrent faire leur rapport au grand conseil, parce qu'ils n'osaient rien prendre sur eux Mais Jésus dit aux vendeurs de se retirer, et comme ils le défièrent insolemment, il prit sous sa robe comme une corde faite de joncs ou d'osier très mince tordus ensemble, et tira en arrière un anneau, ce qui fit que la moitié se déploya en une quantité de fils comme un fouet. Il s'avança alors vers les marchands, renversa les tables, et chassa devant lui ceux qui résistaient : les disciples marchèrent des deux côtés devant lui, poussèrent et enlevèrent tout : il vint alors une foule de prêtres du conseil, et ils lui demandèrent qui lui donnait le droit d'agir ainsi en ce lieu. Il leur dit plusieurs choses que je ne puis pas redire exactement. dont le sens était que, quand même le sanctuaire serait retiré du temple, quand même sa ruine serait proche, c'était pourtant toujours un lieu sacré ; que la prière de beaucoup de justes se dirigeait vers lui, et qu'il n'y avait pas place pour l'usure, la tromperie et le tumulte d'un ignoble trafic. Comme il avait dit que c'était l'ordre de son Père, ils lui demandèrent qui était son père, et il leur répondit qu'il n'avait pas maintenant le temps de le leur expliquer. Ils ne le comprirent pas, et aussitôt il s'éloigna d'eux et continua à chasser les vendeurs. Cependant deux troupes de soldats étaient arrivées, et les prêtres n'osèrent rien tenter contre Jésus, car ils rougissaient de ce désordre. En outre, il s'était rassemblé là beaucoup de peuple qui donnait raison au prophète, si bien que les soldats eux-mêmes furent obligés d'aider à éloigner les comptoirs des vendeurs, et à enlever les tables renversées et les marchandises. Ainsi Jésus et les disciples forcèrent les marchands à se retirer jusque devant le vestibule le plus éloigné. Quant à ceux qui étaient respectueux et qui se tenaient dans les cellules pratiquées dans les murs du vestibule avec des colombes, des petits pains et d'autres denrées du même genre, Jésus les laissa rester où ils étaient. Il se rendit alors avec ses disciples dans le parvis d’Israël. Cela eut lieu vers sept ou huit heures du matin. Le soir de ce jour, on alla comme en procession couper les prémices des gerbes dans la vallée du Cédron.
(12-14 avril). Jésus après le repas guérit aujourd'hui dans le parvis du temple une dizaine de paralytiques et de muets et cela causa beaucoup d'émotion ; car ils firent éclater partout leurs transports de joie. (On voulut encore à cette occasion lui faire rendre compte de sa conduite, mais il répondit très sévèrement, et le peuple se montra plein d'enthousiasme pour lui. Après le service divin il assista avec ses disciples à l'instruction qui se faisait dans une salle du temple. On expliqua un des livres de Moïse : il fit plusieurs fois des objections, car c'était une espèce d'école où l'on pouvait disputer. Il réduisit tout le monde au silence et donna une explication toute différente de celle qui avait été présentée.
Pendant tous ces jours Jésus ne fut presque jamais auprès de sa mère, qui résidait toujours chez Marie, mère de Marc, et passait tout le jour dans les inquiétudes, les larmes et les prières à cause de la sensation qu'il produisait. Je vis alors qu'elle ne savait pas tout, quoiqu’elle pressentit tout.
(13 avril). Jésus célébra le sabbat chez Lazare à Béthanie, où il s'était retiré après le bruit qu'avaient occasionné ses guérisons dans le temple. Après le sabbat, les pharisiens cherchèrent Jésus à Jérusalem, dans la maison de Marie, mère de Marc, afin de s'emparer de sa personne : ils ne l'y trouvèrent pas, mais seulement sa mère et d'autres saintes femmes auxquelles ils enjoignirent, en termes très durs, de quitter la ville, comme ses adhérentes La mère de Jésus et les autres saintes femmes furent très affligées : elles se retirèrent en pleurant et coururent à Béthanie chez Marthe. Je vis Marie tout en larmes entrer dans la chambre où se trouvait Marthe, près de sa sœur malade, Marie la silencieuse. La mère du Sauveur tomba en défaillance, accablée par la tristesse. Alors Marie la silencieuse qui était tout à fait rendue à la vie extérieure et qui voyait se produire dans la réalité ce qu'elle avait vu autrefois en esprit, n'eut plus la force de supporter sa douleur et mourut en présence de la sainte Vierge, de Marie de Cléophas, de Marthe et des autres. Elle fut déposée plus tard dans un sépulcre neuf que j'ai vu, à peu de distance de la maison de Lazare. Je n'ai pas vu les funérailles.
Cette nuit Nicodème eut avec Jésus une entrevue ménagée par Lazare. Auparavant déjà, il l'avait vu et entendu plus d'une fois chez Lazare, mais il ne lui avait pas encore parlé confidentiellement. Il vint malgré la persécution qui se déclarait contre lui. Je vis Jésus assis par terre auprès de lui l'instruire pendant toute la nuit.
Avant le jour Jésus alla avec Nicodème à Jérusalem dans la maison de Lazare à Sion. Joseph d'Arimathie vint aussi l'y trouver. Le Seigneur s'entretint avec lui : ils s’humilièrent devant lui et lui déclarèrent qu'ils reconnaissaient bien qu'il était plus qu'un homme. Ils promirent de le servir fidèlement jusqu'à la fin. Jésus leur enjoignit de se tenir sur la réserve et ils le prièrent de les maintenir dans la charité.
Il vint encore une trentaine de disciples, tous ceux qui avaient mangé la Pâque avec lui. Il leur donna diverses instructions et divers ordres pour l'avenir le plus prochain, ils se prirent tous par la main, pleurèrent et essuyèrent leurs larmes avec leurs voiles, c'est-à-dire avec la petite bande d’étoffe qu'ils portaient autour du cou, et dont ils s'enveloppaient aussi la tête.
Le matin, Lazare conduisit la mère de Jésus dans une hôtellerie en avant de Béthanie. Je vis le corps de Marie la silencieuse étendu par terre et le deuil dans la maison. Les disciples qui étaient venus de loin se rendirent bientôt dans leur pays et là où Jésus les dirigea. Marie revint dans la maison de Lazare : les pharisiens lui firent subir une sorte d'interrogatoire soit dans la maison, soit dehors, là où ils la rencontrèrent, aussi bien qu’aux autres saintes femmes : ils la menacèrent de la chasser du pays. Là-dessus elle revint d'abord à Nazareth, puis dans sa demeure à Capharnaum.
(Du 15 avril au 21 juin 1822.) Anne Catherine Emmerich était épuisée au delà de tout ce qu'on peut dire par ses souffrances physiques et spirituelles, par les douleurs du corps et celles de l'âme : déjà dans les derniers jours elle ne put communiquer sur la prédication de Jésus qu'un petit nombre de détails peu précis, recueillis jour par jour par l'écrivain avec toute la fidélité et le scrupule possibles.
Aujourd'hui, 15 avril 1822, elle raconta, pleine de tristesse, une vision symbolique que nous laissons de côté comme n'appartenant pas au sujet traité ici, mais après laquelle la faculté de communiquer ce qu'elle voyait journellement lui fut retirée pour un temps C'est qu'il devait s'opérer dans son état corporel un changement considérable et qu'elle avait besoin de repos physique pour s'y préparer. Alors sur le conseil exprès qu'elle lui donna, l'écrivain fit un voyage pour voir ses amis et il revint le 21 juin. Il trouva la malade ayant un peu meilleure apparence, toutefois livrée aux souffrances les plus multipliées et les plus extraordinaires du corps et de l'âme.
Il se trouva qu'elle avait vu jour par jour, dans le plus grand détail comme auparavant, le cours de la prédication de Jésus : dans les premiers jours elle remplit les lacunes qui se trouvaient dans le récit, mais d'une manière très imparfaite Les personnes de son entourage habituel, malgré leurs promesses, n'avaient rien conservé de ce qu'elle avait communiqué par intervalles et autant qu'on put l'induire des plaintes timides de la malade, elle fut encore empêchée par elles de suppléer à ce qui s'était perdu, aussi complètement qu'elle l'aurait désiré et qu'elle l'aurait pu. Ce n'est pas un reproche, mais plutôt l'expression d'un regret sur ce que la faiblesse humaine sait si rarement estimer à leur juste valeur les dons de Dieu.
Au bout de quelques jours les communications journalières reprirent leur cours à certains égards, et l’écrivain renoua le fit du récit ainsi qu'il suit, à partir du 25 juin.
Jésus resta encore quelques jours caché à Béthanie et à Bahurim, un petit endroit situé au nord-est de Béthanie. C'était là que Séméi avait jeté des pierres à David fuyant devant Absalon et l'avait accablé d'inj0res : Jésus y allait souvent lorsqu'on le persécutait au temple : il y vint notamment une fois qu'on voulut le lapider dans le temple.
Le 20 novembre 1823, elle raconta ce qui suit : J'allai avec la sainte mère de Dieu dans la Palestine actuelle et elle me montra dans leur état présent divers lieux qu'elle avait autrefois parcourus. Je vis alors entre autres, à une lieue au nord-est de l'ancienne Béthanie, quelques restes de Bahurim, où Jésus était souvent allé se cacher et prier : il s'y réfugia entre autres fois lorsqu'on voulut le lapider dans le temple : il y resta plusieurs jours, et Marie l'y visita. Alors cet endroit était beaucoup plus caché : aujourd'hui la route qui mène au Jourdain y passe.
Il y a là une fontaine, appelée la fontaine des Douze Apôtres. Près de là est la caverne de Rimnon, où se réfugièrent les Benjamites qui avaient échappé à l'extermination de leur tribu, et qui plus tard furent obligés d'enlever des femmes à Siloh. Plusieurs d'entre eux s'établirent en ce lieu, et de là vient l'origine du nom de jeunes gens de Bahurim. C'est ici aussi que Seméi maudit David et lui jeta des pierres. Michol fut ramenée à David jusqu'ici.
Jésus quitta Béthanie au bout de huit jours environ et gagna par Samarie la mer de Galilée : il la traversa à l'extrémité méridionale, au lieu où il apparut à ses disciples après la résurrection et mangea des poissons avec eux. Il alla ensuite au midi vers Sukkoth, dans la contrée d'Ainon, où Jean s'était retiré en quittant le lieu où il baptisait au-dessus de Béthabara. Pendant huit jours il parcourut ce pays et y enseigna avec les disciples de Jean, mais il ne se rencontra pas avec Jean lui-même. Celui-ci comprit d'après ce que ses disciples lui rapportèrent des discours de Jésus, que ses fonctions de précurseur tiraient à leur fin.
De Sukkoth, Jésus revint secrètement à Béthanie : il se tint caché chez Lazare, et, ce qui me surprit, chez Simon le pharisien : il eut encore une conférence seul à seul avec Nicodème, et s'entretint en outre souvent avec lui et Joseph d'Arimathie.
(14-27 mars.) Plusieurs des disciples étaient partis de l'hôtellerie pour Jérusalem leur patrie. Je ne vis point d'étrangers à Béthanie. Jésus habite toujours la même pièce dans la maison de Lazare. C'est comme une synagogue et comme l'oratoire de la maison : au milieu se trouve le pupitre d'usage sur lequel sont placés les recueils de prières et autres écrits. Jésus repose dans une petite chambre attenante.
Aujourd'hui, dans la matinée, Marthe alla à Jérusalem chez Marie, mère de Marc, et chez les autres femmes pour annoncer que Jésus viendrait avec Lazare, prendre son repas dans la maison de Marie, mère de Marc. Ils y vinrent en effet vers midi. Véronique, Jeanne Chusa, Suzanne, ceux des disciples de Jésus et de Jean, qui étaient de Jérusalem, Jean Marc, les fils de Siméon, le fils de Véronique, les neveux de Joseph d'Arimathie assistaient au repas : il y avait en tout environ neuf hommes. Nicodème et Joseph n'en. étaient pas. Jésus parla de l'approche du royaume de Dieu, de la vocation de ses disciples, de ce qu'il fallait faire pour le suivre et même de sa passion en termes obscurs.
La maison de Jean Marc est située en avant de la ville, du côté du levant, en face de la montagne des Oliviers, et pour y arriver Jésus n'avait pas besoin d'entrer dans la ville. Le soir, il retourna à Béthanie avec Lazare. J'entendis ça et là dire dans Jérusalem, que le nouveau prophète de Nazareth était à Béthanie. Beaucoup se réjouissaient, d'autres se montraient malveillants. Je vis aussi dans les jardins et sur le chemin de la montagne des Oliviers des gens, parmi lesquels étaient des pharisiens, qui se tenaient là pour l’entendre quand il passerait. Peut-être qu'ils avaient entendu dire par hasard ou qu'on avait annoncé à Béthanie qu'il viendrait à la ville, mais aucun d'eux ne lui adressa la parole ; quelques-uns se retirèrent timidement derrière la haie et le regardèrent passer. Ils se disaient les uns aux autres: “ C'est le prophète de Nazareth, le fils du charpentier Joseph. ”
Il y avait dans le jardin beaucoup de gens qui travaillaient aux haies, à cause de l'approche de la fête on nettoyait et on arrangeait tout, on préparait le chemins, on taillait et on relevait les haies. Je vis aussi de tous les côtés beaucoup de Juifs pauvres e d'ouvriers venir à Jérusalem, avec des ânes chargés C'étaient des gens qui pendant la fête travaillaient comme journaliers dans la ville et dans les jardins De cette classe d'hommes était Simon qui aida Jésus à porter sa croix.
(25 mars.) Jésus alla encore aujourd'hui à Jérusalem : il fut notamment dans la maison d'Obed, fils de Siméon, qui était voisine du temple, et dans une autre maison en face du temple, où avait demeuré autrefois la famille du vieux Siméon. Il prit là des aliments que Marthe et les autres femmes avaient préparés et envoyés. Les disciples de Jérusalem, au nombre de neuf environ et quelques autres hommes pieux étaient présents : Nicodème et Joseph d'Arimathie n'y étaient pas. Jésus parla de l'approche du royaume de Dieu avec beaucoup d'onction et de gravité. Il n'alla pas encore au temple.
Il va partout sans crainte : il est le plus souvent revêtu d'une longue robe blanche faite au métier C'est une robe de prophète. Souvent il a l'apparence d'un homme tout à fait ordinaire, il n'a rien qui frappe et il n'attire pas les regards. D'autres fois il se montre sous un aspect tout à fait extraordinaire : son visage est lumineux et a quelque chose de surhumain. Le soir, lorsqu'il fut de retour à Béthanie, quelques disciples de Jean, parmi lesquels était Saturnin, vinrent à lui : ils le saluèrent et lui parlèrent de Jean.
Il ne venait plus beaucoup de monde pour se faire baptiser par lui, mais il avait fort à faire avec Hérode. Nicodème est venu ce soir, chez Lazare, à Béthanie, et il a entendu Jésus enseigner.
(26 mars.) Ce matin Jésus est allé chez Simon le Pharisien, qui possède à Béthanie une maison de réception ou servant à donner des fêtes. Il y a eu chez lui un grand repas où étaient réunis Lazare, Nicodème, les disciples de Jean et les disciples de Jérusalem: ; Marthe et les femmes de Jérusalem étaient aussi présentes. Nicodème ne parle presque pas en présence de Jésus, il se tient sur la réserve et écoute avec admiration. Joseph d'Arimathie est très ouvert et fait souvent des questions. Simon le pharisien n'est pas mauvais, mais c'est pour le moment, un homme indécis qui entretient des relations avec Jésus par amitié pour Lazare, et qui pourtant se tient aussi en bons termes avec les pharisiens. à ce repas, Jésus dit beaucoup de choses sur les, prophètes et sur l'accomplissement des prophéties. Il parla de Jean Baptiste, de sa conception miraculeuse, dit comment Dieu l'avait sauvé du massacre des enfants ordonné par Hérode, et comment il était venu pour préparer les chemins. Il parla aussi, de l'inattention des hommes quant à l'accomplissement des temps et il dit à ce propos : “il y a trente ans (qui s'en souvient encore sinon quelques hommes simples et pieux ?), trois rois de l'Orient ont suivi mon étoile avec une confiance naïve : ils sont venus cherchant un roi des Juifs nouvellement né, et ils trouvèrent un pauvre enfant avec de pauvres parents. Ils restèrent près de lui trois jours ! s’ils étaient venus visiter l'enfant d'un grand prince, on ne les aurait pas si facilement oubliés. “Mais il ne dit pas expressément que cet enfant, c'était lui.
(27 mars.) Ce matin, Jésus accompagné de Lazare et de Saturnin, entra, à Béthanie, dans les maisons de plusieurs pauvres et pieux malades de la classe ouvrière, et il en guérit six Ou sept. Il y avait parmi eux des paralytiques, des hydropiques et des hypocondriaques. Il ordonna à ceux qu'il avait guéris de sortir de chez eux et de se mettre au soleil. La présence de Jésus à Béthanie n'y fait pas encore d'éclat. Même lors de ces guérisons tout resta très calme. Lazare qui est extrêmement considéré contribue beaucoup à ce que les gens d'ici se tiennent tranquilles.
Le soir, qui était le commencement du troisième jour du mois de Nisan, il y eut une fête à la synagogue. Il m'a semblé que c'était la fête de la nouvelle lune : car il y avait une espèce d'illumination dans l'école ; c'était comme un disque lunaire qui pendant la prière devenait de plus en plus brillant parce qu’un homme allumait sans cesse de nouveaux flambeaux derrière lui.
(28 mars.) aujourd'hui Jésus assista au service divin dans le temple avec Lazare, Saturnin, Obed et d'autres disciples. On sacrifiait un bouc, si je ne me trompe. L'apparition de Jésus au temple produit une émotion d'une nature particulière parmi les Juifs. Ce qu'il y a d'étonnant, c'est que chacun renferme en lui-même ce qu'il ressent, et qu'aucun d'eux n'ose parler aux autres de l'impression que produit sur lui sa présence. J'ai été instruite intérieurement que Dieu dispose ainsi les choses afin de prolonger pour le Sauveur, le temps pendant lequel il doit agir : car s'ils se communiquaient leurs pensées, l’irritation s'accroîtrait : mais maintenant chez plusieurs la haine et la colère sont en lutte avec une sainte émotion : chez d'autres se produit une certaine curiosité de le voir de plus prés, et ils s’efforcent d'entrer en rapport avec lui par le moyen d'autres personnes, etc. Aujourd'hui il y avait un jour de jeûne en mémoire de la mort des enfants d'Aaron.
(29 mars.) La Sœur fut ce jour-là occupée à contempler la passion du Sauveur et à souffrir avec lui : étant dans l'état d'extase, au milieu des souffrances les plus cruelles, elle dit ce qui suit, tout étonnée de voir deux choses à la fois:
Jésus est à Béthanie dans la maison de Lazare : les disciples et plusieurs autres gens pieux sont présents. Il enseigne dans une grande salle où il y a une chaire. Il le fait de la même manière qu'il le faisait récemment quand il parlait des trois rois : il appelle leur attention sur des événements d'un temps antérieur. Il leur dit : “N'y a-t-il pas déjà dix-huit ans, qu'un petit bakhir (cela doit vouloir dire écolier 2), disputa dans le temple d'une façon si surprenante avec les docteurs de la loi et qu'ils furent si irrités contre lui ?” il répète aussi ce qu'a dit le petit bakhir. Le soir Jésus célébra le sabbat dans la synagogue de Béthanie.-Pendant qu'elle voyait cela, elle avait aussi une vision du crucifiement et s'étonnait de voir les deux choses à la fois. Elle ne put rien dire de plus à cause de ses cruelles souffrances.
Note : Son ange gardien lui avait annoncé depuis longtemps, parce qu'elle était menacée pour le vendredi saint de cette année d'une irruption de gens malveillants, que cette fois il ne lui serait pas donné de contempler la Passion le vendredi où l'Église en fait mémoire, mais le jour où elle eut lieu réellement : cela lui arriva depuis hier soir jeudi jusqu'à ce soir. Le 14 nisan de l’année de la mort du Sauveur doit donc être tombé le 29 mars. Nous ne parlons pas des souffrances inexprimables de ce jour, et en général de presque tous les jours de sa vie actuelle : le lecteur peut s'en faire une idée par la manière imparfaite et défectueuse dont sont communiquées ses contemplations de la vie du Sauveur.
2-Ce sont les propres termes de la narratrice.
(30-31 mars). Elle fut malade au delà de tonte expression et le samedi elle eut de telles douleurs dans la bouche qu'elle ne put presque rien dire.
Ce matin j'ai vu Jésus dans le temple pendant la célébration du sabbat, avec Obed qui était attaché au service du temple et les autres disciples de Jérusalem. (Elle était trop malade pour s'exprimer bien distinctement : elle ne dit que ce qui suit, en s'exprimant peu clairement.) Jésus se tenait parmi ses amis prés des autres jeunes hommes israélites : ils se tenaient deux à deux. Il avait un vêtement blanc fait au métier, une ceinture et un manteau blanc qui n'était pas le même que portent les Esséniens. Il y avait quelque chose de particulier dans sa manière d'être. Son vêtement était d'une propreté remarquable et paraissait très élégant, sans doute parce que c'était lui qui le portait. Il s'unit aux chants et aux prières qui se faisaient alternativement d'après des cahiers d'écritures. On fut de nouveau surpris et frappé de le voir, sans pourtant lui parler. Ils ne parlèrent même pas ouvertement de lui entre eux. Mais je vis chez plusieurs un merveilleux mouvement intérieur. C'était un jour de sabbat : on fit trois instructions ou prédications, sur les enfants d'Israël, sur leur sortie d'Egypte et sur l'agneau pascal. J'ai vu aussi sur un autel un sacrifice d'encens ; on ne pouvait pas voir le prêtre, mais bien l'encens et le feu. J'ai vu le feu à travers une espèce de grille au-dessus de laquelle avait été placé comme un agneau pascal avec des ornements et des rayons : je vis aussi le feu briller à travers. Cet autel était près du Saint des Saints : ses cornes me paraissaient arriver jusque dans le Saint des Saints. Je vis des pharisiens en prière rouler plusieurs fois autour d'un de leurs bras une longue bandelette qui était proprement un voile.
Vers deux heures après midi, Jésus avec ceux qui l’avaient accompagné au temple entra dans une salle attenante au parvis des Israélites, où on avait préparé une petite collation de fruits et de pains qui étaient comme tressés ensemble ils avaient chargé l'un d'eux d'avoir soin de tout. On pouvait acheter et se procurer dans les salles voisines tout ce qui était nécessaire en pareil cas. Le temple était comme une ville : c'était si grand, on pouvait tout y trouver. Jésus enseigna pendant ce repas. Quand les hommes se furent retirés, les femmes à leur tour mangèrent là.
Je vis aujourd'hui quelque chose que je ne savais pas auparavant : Lazare avait un emploi au temple, c'était à peu près comme chez nous lorsqu’un bourgmestre est chargé de quelque chose dans l'église. Il allait à droite et à gauche avec une boite pour recueillir une contribution. Jésus et les siens restèrent au temple toute l'après-midi et je ne le vis de retour à Béthanie que vers neuf heures. Il y avait pour ce sabbat une quantité innombrable de lampes et de flambeaux dans le temple.
J'ai déjà vu hier que Marie et les autres saintes femmes sont parties de Capharnaum pour Jérusalem. Elles vont de Capharnaum à Nazareth, passent près du Thabor où d'autres femmes viennent se joindre à elles et doivent aller par Samarie. Les disciples galiléens allaient en avant d'elles, et des serviteurs qui portaient le bagage venaient derrière. J'ai oublié où elles célébrèrent le sabbat. Parmi les disciples étaient Pierre, André et son demi frère Jonathan, les fils de Zébédée, ceux de Marie de Cléophas, Nathanaël Khased et Nathanaël le fiancé. Je crois que ce n'est qu'au retour de la fête que quelques-uns des disciples rencontreront Thomas et lui parleront de Jésus.
Dimanche, le 4 nisan, Jésus passa toute la matinée dans le temple avec une vingtaine de disciples : ensuite il enseigna dans la maison de Marie, mère de Marc, et y mangea quelque chose. Il assista ensuite avec Lazare à un repas chez Simon le pharisien à Béthanie.
Jean Baptiste ne vient pas à la fête, dit-elle en secouant la tête sur une question qui lui était adressée à ce sujet On examine déjà les agneaux, et on en rebute beaucoup.
(1-7 avril.) Dans la matinée Jésus est encore allé au temple : dans l'après-midi il a mangé et enseigné dans la maison de Joseph d'Arimathie. Cette maison est dans le quartier que celle de Jean Marc. Il y a là un atelier de tailleur de pierre. C'est un quartier un peu écarté et les pharisiens y vont rarement : d'ailleurs personne ne craint encore de se rapprocher de Jésus ; car l'hostilité contre qui n'a pas encore éclaté.
Marie et les autres voyageurs de Galilée sont à présent à Nazareth. -La Soeur dit encore d'une manière très positive que Jean-Baptiste ne venait pas à Jérusalem pour la fête de Pâques.
(2 avril.) Jésus se montre de plus en plus librement et hardiment à Jérusalem et au temple : il s'est avancé avec Obed entre l'autel des sacrifices et le temple, à un endroit où l'on fait une instruction pour les prêtres sur la fête de Pâques et ses cérémonies. Ses disciples restèrent dans le parvis des Israélites. Les pharisiens furent très mécontents de le voir. Il a mangé et aussi enseigné chez Joseph d'Arimathie. Il va toujours avec assurance et s'entretient aussi avec diverses personnes dans la rue.
Il vient beaucoup de monde à Jérusalem, surtout des ouvriers, des journaliers, des domestiques, des marchands avec des provisions de toute espèce. Tout autour de la ville et dans les espaces vides on dresse beaucoup de cabanes et de tentes afin d'y héberger les gens qui arrivent en foule pour la fête. On amène à la ville beaucoup d'agneaux et d'autre bétail. On fait déjà le triage des agneaux. Il vient aussi à Jérusalem un très grand nombre de païens pour la fête.
Les saintes femmes ont été à Nazareth et maintenant elles sont une journée de voyage plus loin dans une hôtellerie de Thirza. Les apôtres sont en avant.
A Bethanie Jésus enseigne et guérit déjà publiquement, on lui a amené des malades étrangers. Des parents de Zacharie sont aussi venus le voir de la contrée d'Hébron pour l'engager à y aller. Aujourd'hui encore il fut dans le temple, et le soir,` après le service divin, lorsque les prêtres pour la plupart eurent quitté le temple, il commença à la place où il se tenait près de ses disciples à enseigner devant ceux-ci et d'autres gens de bien. Il parla de l'approche du royaume de Dieu, de la fête de Pâques, de l'accomplissement prochain de toutes les prophéties et de toutes les figures, même de celle de l'agneau pascal. Il parla d'une manière très grave et très pénétrante, plusieurs prêtres qui étaient encore occupés çà et là furent troublés par ses discours et ressentirent un secret mécontentement. Cela eut lieu le soir. Il se rendit de là à Béthanie et partit dans la nuit avec les gens d'Hébron et quelques disciples : il fit environ quatre lieues au midi dans la direction d'Hébron.
Dans le temple, maintenant on fait des préparatifs pour la fête avec une grande activité : on fait for changements dans l'enceinte intérieure : on ouvre beaucoup de passages et de salles et on enlève de échafaudages et des cloisons. Ou peut maintenant arriver à l'autel de tous les côtés : tout prend un autre apparence.
(Jeudi.) Dans la nuit du 3 au 4 avril, Jésus parti pour Juta avec quelques disciples et les parents de Zacharie. Ils passèrent entre Jérusalem et Bethléhem ; il laissèrent Bethléhem à gauche en allant et à droite e revenant. C'était une route de cinq lieues tout a plus. De Juta il se rendit à Hébron qui en est tout près : il y enseigna et guérit plusieurs personnes. y resta jusqu'au vendredi à midi : alors il revint d'Hébron et arriva directement à Béthanie pour le sabbat. Le chemin passait par dessus des montagne exposées au soleil et il y faisait très chaud. Les disciples qui étaient venus d'auprès de Jean visiter Jésus à Béthanie sont retournés vers le précurseur.
(6 avril.) Aujourd’hui Jésus accompagné d'Obed est allé dans le temple jusqu'au vestibule où se trouve la chaire dans laquelle il a enseigné plus tard. Les prêtres et les lévites étaient assis là sur des sièges circulaires autour de la chaire du haut de laquelle on leur faisait une instruction sur la fête de Pâques. L'apparition de Jésus excita un grand trouble parmi les assistants, surtout lorsqu'il fit quelques objections et quelques questions auxquelles aucun d'eux ne put répondre. Il dit entre autres choses que le temps où la figure de l'agneau pascal deviendrait une réalité était proche et qu'alors ce temple et ce culte prendraient fin. Il parla de cela en termes figurés, et pourtant d'une manière si claire pour moi que je ne pus m'empêcher de penser vivement à l'endroit du Pange lingua où il est dit Antiquum documentum novo cedat ritui : car Jésus dit quelque chose d'approchant. Lorsqu'ils lui demandèrent d'où il savait cela, il leur répondit que son Père le lui avait dit, mais il n'expliqua pas qui il entendait par là. En tout il parla toujours en général. Les pharisiens très courroucés et cependant saisis d'étonnement n'osèrent rien contre lui. Il n'était pas proprement permis aux laïques d'entrer dans cette partie du temple, mais il y entra en qualité de prophète. Dans la dernière année, il y a même enseigné.
Apres le sabbat, Jésus alla à Béthanie. Jusqu'à présent, pendant ce séjour, je n'ai pas vu Jésus s'entretenir avec Marie la silencieuse. Je crois que sa fin approche. Il semble qu'il s'est fait un changement en elle. Elle est couchée par terre sur des couvertures grises, et des servantes la tiennent dans leurs bras. Elle était dans une espèce d'évanouissement. Elle me semble plus rapprochée du monde terrestre ; elle aura encore à souffrir sur la terre. Jusqu'à présent son esprit était toujours absent, et ne sachant rien de ce monde, elle voyait Jésus et tous les autres sans s'en préoccuper et sans grandes souffrances. Elle était dans sa chambre comme dans une merveilleuse mine d'argent. Tout était si large et si beau autour d'elle. Mais maintenant elle parait revenue davantage à la vie réelle, elle va savoir maintenant que ce Jésus qui est ici, à Béthanie, qui vit dans son temps et dans son voisinage, est celui qui doit souffrir si cruellement. Étant encore vivante, elle participera corporellement à ses douleurs et mourra bientôt après.
Dans la nuit du samedi Jésus a visité la soeur de Lazare, Marie la silencieuse, et s'est longtemps entretenu avec elle. Tantôt elle était assise sur sa couche, tantôt elle marchait autour de sa chambre. Elle maintenant toute sa raison, connaît la différence entre ce monde et l'autre monde ; elle sait que Jésus est le Sauveur et l'agneau pascal, et qu'il doit éprouver d'horribles souffrances. Elle en est affligée au delà de toute expression, et le monde se présente à et tout ténébreux et comme un poids qui l'oppresse. Ce qui la désole surtout, c'est l'ingratitude des hommes qu'elle prévoit. Jésus parla longtemps avec elle de l'approche du royaume de Dieu et de ses souffrance puis il la bénit et se retira. Elle ne tardera pas à mourir. Elle est maintenant extraordinairement belle et grande, blanche comme la neige et lumineuse, ses mains sont comme de l'ivoire et ses doigts sont longs et effilés. Dans la matinée Jésus guérit publiquement à Béthanie beaucoup de gens qu'on lui avait amenés paralytiques, aveugles, etc., parmi lesquels des étrangers venus pour la fête.
Quelques hommes du temple vinrent le trouver et lui demandèrent compte de sa manière d'agir : ils lui demandèrent aussi qui lui avait donné le droit, la veille au temple, de prendre la parole pendant l'instruction, etc. Il leur répondit d'un ton très grave, et parla de nouveau de son Père. Les pharisiens n'osaient pas s'attaquer à lui, ils éprouvaient un sentiment de terreur en sa présence et ne savaient pas se rendre compte de l'effet qu'il produisait sur eux.
Aujourd’hui il a encore enseigné dans le temple. Le soir arrivèrent tous les disciples galiléens qui avaient été aux noces de Cana. Marie aussi arriva, ainsi que les saintes femmes : et elles logèrent chez Marie, mère de Marc. Lazare a acheté plusieurs agneaux rebutés : il les a fait tuer et distribuer parmi les pauvres journaliers et ouvriers.
(8 et 9 avril.) Jésus fut aujourd'hui au temple avec tous ses disciples : il fit sortir de l'enceinte du parvis destiné à la prière, et fit reculer bien en arrière dans le parvis des gentils plusieurs vendeurs d'herbages verts, d'oiseaux, d'agneaux, de comestibles de tout genre et d’autre objets : il le fit avec beaucoup de charité et de bienveillance Il les avertit amicalement que c'était très peu convenable, spécialement le bêlement des agneaux et du bétail, et il aida lui-même avec les disciples à transporter leurs tables et à leur trouver des places.
il guérit aussi ce jour-là à Jérusalem beaucoup d'étrangers malades, notamment de pauvres ouvriers paralytiques qui habitaient aux environs du Cénacle, contre la montagne de Sion. Il y a une incroyable quantité de monde à Jérusalem. Il y a autour de la ville des campements entiers, formés de cabanes et de tentes. Sur de grandes places sont des constructions longues comme des rues, où l'on peut tout avoir et où se trouve en grande quantité ce qu'il faut pour dresser une tente et pour manger l'agneau pascal. Ce sont comme des magasins où l'on vend et où on loue. Des troupes de journaliers et des pauvres gens de tout Israël sont occupés à porter ça et là des choses de ce genre et à les mettre en place. Ces gens ont déjà depuis quelque temps à Jérusalem et autour de la ville, fait disparaître tout ce qui peut gêner la circulation, taillé les haies, ouvert les chemins, aplani et délimité les lieux de campement, disposé les places de vente et les marchés. On a également, plusieurs semaines à l’avance, réparé et préparé les routes et les passages difficiles dans le pays. Tout cela se fait pour l'agneau pascal, de même que Jean Baptiste a préparé les chemins pour le véritable Agneau de Dieu.
(9 avril.) Jésus est encore allé au temple avec ses disciples, et il a encore une fois fait retirer les vendeurs. Comme tout était ouvert à cause de l'immolation prochaine des agneaux de Pâques, beaucoup de gens s'étaient encore avancés jusqu'au parvis où l'on priait. Jésus les fit retirer et enleva leurs tables. Cela se fit d'une manière plus impérieuse que la fois d'avant : les disciples faisaient faire place devant lui : il y avait là des gens insolents qui lui résistaient en gesticulant vivement et en se portant en avant, si bien que Jésus enleva une table de ses propres mains. Leur résistance fut inutile : la place fut bientôt vidée, et tout leur attirait transporté jusqu'à la cour la plus éloignée. Il les avertit qu’il les avait deux fois écartes avec bonté, mais que s'il les retrouvait encore ici, il ferait usage de la force. Là-dessus les plus effrontés l'injurièrent : De quoi se mêlait ce Galiléen, cet écolier de Nazareth ? Ils ne le craignaient pas. Ce fut alors que commença la retraite. Il y avait là une foule nombreuse qui l'admirait. Les Juifs pieux lui donnaient raison et le louaient à quelque distance. On cria : C'est le prophète de Nazareth ! Les pharisiens, qui en furent irrités e. confus, faisaient déjà courir sous main parmi le peuple, depuis plusieurs jours, l'avis de ne pas s'attacher à cet étranger pendant la fête, de ne pas courir après lui, et de ne pas en beaucoup parler. Mais le peuple a de plus en plus lés yeux sur lui, car il y a déjà ici un grand nombre de personnes qu'il a enseignées ou guéries.
Comme Jésus, en sortant du temple, avait guéri dans un des vestibules un paralytique qui l'avait invoqué, celui ci entra tout joyeux dans le temple, glorifiant Jésus et y fit un grand effet. Jean Baptiste ne vient Pas à la fête, il n'est pas véritablement un Juif selon la loi : puis il n'est pas comme les autres hommes, ce n'est pour ainsi dire qu'une voix revêtue de chair. Maintenant il y a affluence de gens qui veulent être baptisés par lui, à cause du grand mouvement produit par la foule qui va à Jérusalem.
Ce soir il régnait une grande tranquillité à Jérusalem. On s'occupait dans les maisons à mettre le levain de côté et à préparer les pains azymes. Tous les ustensiles étaient suspendus et couverts. Cela se fit aussi dans la maison de Lazare près de la montagne de Sion où Jésus et les siens doivent manger la Pâque. Jésus y était en personne, il enseigna sur ce sujet et tout se fit sous sa direction : on n'y mettait pas tant d'empressement inquiet que chez les autres Juifs. Jésus leur expliqua de quoi la Pâque était la figure, comment ils devaient la faire. et ce que les pharisiens y avaient ajouté mal à propos. La maladie m'a fait oublier les détails.
(10 avril.) (Elle est toujours si malade qu'elle a peine à communiquer ce qui suit). Jésus aujourd'hui ne fut pas dans le temple, mais à Béthanie. En voyant tant de vendeurs se presser encore dans le temple, je me disais que s'il était là, mal leur en prendrait. Après le repas les agneaux de Pâques furent immolés dans le temple. Cela se fit avec un ordre et une dextérité merveilleux. Chacun apportait son agneau sur ses épaules ; on se tenait en très bon ordre, il y avait suffisamment de place pour tous : autour de l'autel se trouvaient trois cours où l'on pouvait se tenir : entre l’autel et le temple il n'y avait personne. Devant ceux qui immolaient les victimes étaient placées des balustrades et des tablettes avec tout ce qui était nécessaire : toutefois ils étaient si serrés que le sang d'un agneau rejaillissait sur celui qui immolait l'autre : leurs habits étaient tout ensanglantés. Les prêtres se tenaient sur plusieurs rangs jusqu'à l'autel et les bassins pleins de sang ou vides passaient de main en main. Avant que les Israélites vidassent les agneaux, ils les frappaient et les périssaient d'une façon particulière, en sorte que les entrailles se retiraient facilement en une fois, avec l'aide du voisin qui tenait l'agneau. L'écorchement allait très vite, ils retiraient un peu la peau et l'assujettissaient à un bâton rond qu'ils avaient avec eux, pendaient l'agneau par la partie antérieure du cou, et alors avec les deux mains ils faisaient tourner le bâton sur lequel la peau s'enroulait. L'immolation fut terminée vers le soir. Je vis le ciel rouge comme du sang au coucher du soleil.
Lazare, Obed fils de Siméon et Saturnin immolèrent les trois agneaux que Jésus et ses disciples devaient manger. Le repas eut lieu dans la maison de Lazare contre la montagne de Sion. C'est un grand bâtiment avec deux ailes. Dans la salle où ils mangèrent était aussi le four à rôtir, mais il était tout autre que le foyer du cénacle. Il était plus haut que large, comme les foyers dans la maison d'Anne, dans cette de Marie et à Cana. Dans le gros mur qui s'élevait perpendiculairement étaient des trous où l'on plaçait l'agneau dans une position verticale, il était étendu sur du bois et comme crucifié. La salle était bien parée, et les trois groupes mangeaient à une table qui me frappa parce qu'elle était en forme de croix. Lazare était assis au haut, au petit bout de la croix où. se trouvaient aussi plusieurs plats avec des herbes amères. Les agneaux de Pâques étaient placés, l’un entre Pierre et Jésus sur l'un des bras de la croix : l'autre en face près d'Obed, le troisième devant Saturnin sur le long bout. Autour de Jésus étaient des membres de sa famille et les disciples galiléens : autour d'Obed et de Lazare, les disciples de Jérusalem ; autour de Saturnin les disciples de Jean. Tous ensemble étaient pour le moins une trentaine.
Cette Pâque se célébra d'une autre manière que la dernière Pâque de Jésus. Ce fut plus à la façon juive : tous ici tenaient des bâtons à la main, avaient leurs vêtements retroussés et mangeaient très vite . à là Cène, Jésus avait deux bâtons en croix. Ils chantèrent aussi des psaumes et mangèrent debout et très rapidement l'agneau pascal sans en rien laisser. Plus tard ils se mirent à table Il y avait pourtant quelque chose de différent de la manière dont les Juifs mangeaient. Jésus leur donna des explications sur tout ce qui se faisait, et ils laissèrent de côté divers usages ajoutés par les pharisiens. Jésus découpa les trois agneaux et servit à table ; il dit qu'il faisait cela à présent comme un serviteur ils restèrent encore ensemble jusque dans la nuit, chantèrent et prièrent.
Il régnait aujourd'hui à Jérusalem un calme et un silence sinistres : les Juifs qui n'immolaient pas se tenaient dans leurs maisons qui toutes étaient ornées de feuillage d'un vert sombre. Après l'immolation, cette immense quantité d'hommes avait tant à faire dans l'intérieur des maisons et tout au dehors était tellement silencieux. que j'en ressentis une impression de tristesse. Je vis aujourd’hui en quel endroit l'on faisait rôtir les agneaux pour les nombreux étrangers dont une partie était campée devant les portes. On avait élevé à certaines places, et aussi dans l'intérieur, de longs murs peu élevés et assez larges pour qu'on pût se promener dessus. Dans ces murs étaient pratiqués des fours, les uns à côté des autres. De distance en distance se tenaient des inspecteurs qui surveillaient tout, et près desquels on pouvait avoir à bas prix ce qui était nécessaire. Des fours de ce genre étaient à l'usage des voyageurs et des étrangers pour d'autres fêtes et d'autres époques encore. Au temple, on brûlait la graisse de l'agneau pascal, ce qui dura jusque assez avant dans la nuit ; puis, après la première veille de la nuit, l'autel fut purifié et les portes rouvertes de très grand matin.
(11 avril.) Jésus et ses disciples avaient passé la plus grande partie de la nuit en prière dans la maison de Lazare. Dès le point du jour ils allèrent au temple où on avait allumé des lampes en grand nombre. On venait déjà de tous les côtés y porter des offrandes. Jésus se tenait dans un vestibule avec ses disciples, et il enseignait.
Une foule de marchands s'étaient déjà établis jusque tout près du parvis de la prière et de celui des femmes : ils étaient à peine à deux pas des gens qui priaient. Comme il en arrivait encore un plus grand nombre, Jésus les arrêta et ordonna à ceux qui se trouvaient là de se retirer. Mais ils lui résistèrent et appelèrent à leur aide les gardiens qui étaient dans le voisinage : ceux-ci allèrent faire leur rapport au grand conseil, parce qu'ils n'osaient rien prendre sur eux Mais Jésus dit aux vendeurs de se retirer, et comme ils le défièrent insolemment, il prit sous sa robe comme une corde faite de joncs ou d'osier très mince tordus ensemble, et tira en arrière un anneau, ce qui fit que la moitié se déploya en une quantité de fils comme un fouet. Il s'avança alors vers les marchands, renversa les tables, et chassa devant lui ceux qui résistaient : les disciples marchèrent des deux côtés devant lui, poussèrent et enlevèrent tout : il vint alors une foule de prêtres du conseil, et ils lui demandèrent qui lui donnait le droit d'agir ainsi en ce lieu. Il leur dit plusieurs choses que je ne puis pas redire exactement. dont le sens était que, quand même le sanctuaire serait retiré du temple, quand même sa ruine serait proche, c'était pourtant toujours un lieu sacré ; que la prière de beaucoup de justes se dirigeait vers lui, et qu'il n'y avait pas place pour l'usure, la tromperie et le tumulte d'un ignoble trafic. Comme il avait dit que c'était l'ordre de son Père, ils lui demandèrent qui était son père, et il leur répondit qu'il n'avait pas maintenant le temps de le leur expliquer. Ils ne le comprirent pas, et aussitôt il s'éloigna d'eux et continua à chasser les vendeurs. Cependant deux troupes de soldats étaient arrivées, et les prêtres n'osèrent rien tenter contre Jésus, car ils rougissaient de ce désordre. En outre, il s'était rassemblé là beaucoup de peuple qui donnait raison au prophète, si bien que les soldats eux-mêmes furent obligés d'aider à éloigner les comptoirs des vendeurs, et à enlever les tables renversées et les marchandises. Ainsi Jésus et les disciples forcèrent les marchands à se retirer jusque devant le vestibule le plus éloigné. Quant à ceux qui étaient respectueux et qui se tenaient dans les cellules pratiquées dans les murs du vestibule avec des colombes, des petits pains et d'autres denrées du même genre, Jésus les laissa rester où ils étaient. Il se rendit alors avec ses disciples dans le parvis d’Israël. Cela eut lieu vers sept ou huit heures du matin. Le soir de ce jour, on alla comme en procession couper les prémices des gerbes dans la vallée du Cédron.
(12-14 avril). Jésus après le repas guérit aujourd'hui dans le parvis du temple une dizaine de paralytiques et de muets et cela causa beaucoup d'émotion ; car ils firent éclater partout leurs transports de joie. (On voulut encore à cette occasion lui faire rendre compte de sa conduite, mais il répondit très sévèrement, et le peuple se montra plein d'enthousiasme pour lui. Après le service divin il assista avec ses disciples à l'instruction qui se faisait dans une salle du temple. On expliqua un des livres de Moïse : il fit plusieurs fois des objections, car c'était une espèce d'école où l'on pouvait disputer. Il réduisit tout le monde au silence et donna une explication toute différente de celle qui avait été présentée.
Pendant tous ces jours Jésus ne fut presque jamais auprès de sa mère, qui résidait toujours chez Marie, mère de Marc, et passait tout le jour dans les inquiétudes, les larmes et les prières à cause de la sensation qu'il produisait. Je vis alors qu'elle ne savait pas tout, quoiqu’elle pressentit tout.
(13 avril). Jésus célébra le sabbat chez Lazare à Béthanie, où il s'était retiré après le bruit qu'avaient occasionné ses guérisons dans le temple. Après le sabbat, les pharisiens cherchèrent Jésus à Jérusalem, dans la maison de Marie, mère de Marc, afin de s'emparer de sa personne : ils ne l'y trouvèrent pas, mais seulement sa mère et d'autres saintes femmes auxquelles ils enjoignirent, en termes très durs, de quitter la ville, comme ses adhérentes La mère de Jésus et les autres saintes femmes furent très affligées : elles se retirèrent en pleurant et coururent à Béthanie chez Marthe. Je vis Marie tout en larmes entrer dans la chambre où se trouvait Marthe, près de sa sœur malade, Marie la silencieuse. La mère du Sauveur tomba en défaillance, accablée par la tristesse. Alors Marie la silencieuse qui était tout à fait rendue à la vie extérieure et qui voyait se produire dans la réalité ce qu'elle avait vu autrefois en esprit, n'eut plus la force de supporter sa douleur et mourut en présence de la sainte Vierge, de Marie de Cléophas, de Marthe et des autres. Elle fut déposée plus tard dans un sépulcre neuf que j'ai vu, à peu de distance de la maison de Lazare. Je n'ai pas vu les funérailles.
Cette nuit Nicodème eut avec Jésus une entrevue ménagée par Lazare. Auparavant déjà, il l'avait vu et entendu plus d'une fois chez Lazare, mais il ne lui avait pas encore parlé confidentiellement. Il vint malgré la persécution qui se déclarait contre lui. Je vis Jésus assis par terre auprès de lui l'instruire pendant toute la nuit.
Avant le jour Jésus alla avec Nicodème à Jérusalem dans la maison de Lazare à Sion. Joseph d'Arimathie vint aussi l'y trouver. Le Seigneur s'entretint avec lui : ils s’humilièrent devant lui et lui déclarèrent qu'ils reconnaissaient bien qu'il était plus qu'un homme. Ils promirent de le servir fidèlement jusqu'à la fin. Jésus leur enjoignit de se tenir sur la réserve et ils le prièrent de les maintenir dans la charité.
Il vint encore une trentaine de disciples, tous ceux qui avaient mangé la Pâque avec lui. Il leur donna diverses instructions et divers ordres pour l'avenir le plus prochain, ils se prirent tous par la main, pleurèrent et essuyèrent leurs larmes avec leurs voiles, c'est-à-dire avec la petite bande d’étoffe qu'ils portaient autour du cou, et dont ils s'enveloppaient aussi la tête.
Le matin, Lazare conduisit la mère de Jésus dans une hôtellerie en avant de Béthanie. Je vis le corps de Marie la silencieuse étendu par terre et le deuil dans la maison. Les disciples qui étaient venus de loin se rendirent bientôt dans leur pays et là où Jésus les dirigea. Marie revint dans la maison de Lazare : les pharisiens lui firent subir une sorte d'interrogatoire soit dans la maison, soit dehors, là où ils la rencontrèrent, aussi bien qu’aux autres saintes femmes : ils la menacèrent de la chasser du pays. Là-dessus elle revint d'abord à Nazareth, puis dans sa demeure à Capharnaum.
(Du 15 avril au 21 juin 1822.) Anne Catherine Emmerich était épuisée au delà de tout ce qu'on peut dire par ses souffrances physiques et spirituelles, par les douleurs du corps et celles de l'âme : déjà dans les derniers jours elle ne put communiquer sur la prédication de Jésus qu'un petit nombre de détails peu précis, recueillis jour par jour par l'écrivain avec toute la fidélité et le scrupule possibles.
Aujourd'hui, 15 avril 1822, elle raconta, pleine de tristesse, une vision symbolique que nous laissons de côté comme n'appartenant pas au sujet traité ici, mais après laquelle la faculté de communiquer ce qu'elle voyait journellement lui fut retirée pour un temps C'est qu'il devait s'opérer dans son état corporel un changement considérable et qu'elle avait besoin de repos physique pour s'y préparer. Alors sur le conseil exprès qu'elle lui donna, l'écrivain fit un voyage pour voir ses amis et il revint le 21 juin. Il trouva la malade ayant un peu meilleure apparence, toutefois livrée aux souffrances les plus multipliées et les plus extraordinaires du corps et de l'âme.
Il se trouva qu'elle avait vu jour par jour, dans le plus grand détail comme auparavant, le cours de la prédication de Jésus : dans les premiers jours elle remplit les lacunes qui se trouvaient dans le récit, mais d'une manière très imparfaite Les personnes de son entourage habituel, malgré leurs promesses, n'avaient rien conservé de ce qu'elle avait communiqué par intervalles et autant qu'on put l'induire des plaintes timides de la malade, elle fut encore empêchée par elles de suppléer à ce qui s'était perdu, aussi complètement qu'elle l'aurait désiré et qu'elle l'aurait pu. Ce n'est pas un reproche, mais plutôt l'expression d'un regret sur ce que la faiblesse humaine sait si rarement estimer à leur juste valeur les dons de Dieu.
Au bout de quelques jours les communications journalières reprirent leur cours à certains égards, et l’écrivain renoua le fit du récit ainsi qu'il suit, à partir du 25 juin.
Jésus resta encore quelques jours caché à Béthanie et à Bahurim, un petit endroit situé au nord-est de Béthanie. C'était là que Séméi avait jeté des pierres à David fuyant devant Absalon et l'avait accablé d'inj0res : Jésus y allait souvent lorsqu'on le persécutait au temple : il y vint notamment une fois qu'on voulut le lapider dans le temple.
Le 20 novembre 1823, elle raconta ce qui suit : J'allai avec la sainte mère de Dieu dans la Palestine actuelle et elle me montra dans leur état présent divers lieux qu'elle avait autrefois parcourus. Je vis alors entre autres, à une lieue au nord-est de l'ancienne Béthanie, quelques restes de Bahurim, où Jésus était souvent allé se cacher et prier : il s'y réfugia entre autres fois lorsqu'on voulut le lapider dans le temple : il y resta plusieurs jours, et Marie l'y visita. Alors cet endroit était beaucoup plus caché : aujourd'hui la route qui mène au Jourdain y passe.
Il y a là une fontaine, appelée la fontaine des Douze Apôtres. Près de là est la caverne de Rimnon, où se réfugièrent les Benjamites qui avaient échappé à l'extermination de leur tribu, et qui plus tard furent obligés d'enlever des femmes à Siloh. Plusieurs d'entre eux s'établirent en ce lieu, et de là vient l'origine du nom de jeunes gens de Bahurim. C'est ici aussi que Seméi maudit David et lui jeta des pierres. Michol fut ramenée à David jusqu'ici.
Jésus quitta Béthanie au bout de huit jours environ et gagna par Samarie la mer de Galilée : il la traversa à l'extrémité méridionale, au lieu où il apparut à ses disciples après la résurrection et mangea des poissons avec eux. Il alla ensuite au midi vers Sukkoth, dans la contrée d'Ainon, où Jean s'était retiré en quittant le lieu où il baptisait au-dessus de Béthabara. Pendant huit jours il parcourut ce pays et y enseigna avec les disciples de Jean, mais il ne se rencontra pas avec Jean lui-même. Celui-ci comprit d'après ce que ses disciples lui rapportèrent des discours de Jésus, que ses fonctions de précurseur tiraient à leur fin.
De Sukkoth, Jésus revint secrètement à Béthanie : il se tint caché chez Lazare, et, ce qui me surprit, chez Simon le pharisien : il eut encore une conférence seul à seul avec Nicodème, et s'entretint en outre souvent avec lui et Joseph d'Arimathie.
A suivre...
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Re: Anne Catherine Emmerich -
Depuis le clôture de la première fête de Pâques, jusqu’à l’emprisonnement de Jean Baptiste.
(Du 16 mai au 24 juillet.)
Jésus près d'Ono, sur les bords du Jourdain.- Envoyés et lettre d'Abgare, roi d'Edesse.- Jésus lui répond.- Jésus à l'endroit du baptême au-dessus de Béthabara.- Persécution contre Jésus et les disciples.- Jésus va à Tyr.- Jean est retenu en captivité par Hérode pendant quelque temps.- Les disciples sont traduits devant les tribunaux.- Jésus à Capharnaum près de Marie.- Il enseigne à Adama et à Séleucie près du lac Mérom.- Reprise de la communication journalière des visions.- Jésus à Tyr.- il quitte Tyr et va à Sichor-Libnath. - Jésus à Adama et dans les environs. - Jésus fait une grande instruction.-Conversion merveilleuse d'un vieux juif endurci.-Jésus prêche sur l'économe infidèle.- Jésus enseigne à Séleucie,- sur la montagne voisine d'Adama. - il va à Capharnaum.- Jean Baptiste est arrêté.- Sur Ainon et Melchisédech.- Jean en prison à Machérunte.- Madeleine à Magdalum.- Fête de naissance des amants de Madeleine.- Détails sur la jeunesse de Madeleine.
Ce fut environ trois semaines après Pâques que Jésus alla de Béthanie à l'endroit où l'on baptisait, près d'Ono. Il y était reste des surveillants pour veiller à ce qu'on ne dérangeât rien. Des disciples s'y étaient rassemblés de nouveau, et il y avait là beaucoup de monde. Je vis Jésus s'asseoir, appuyé contre la chaire, et instruire les hommes qui étaient là assis en cercle ou debout. Il avait un grand nombre d'auditeurs, parmi lesquels étaient des disciples de Jean. Dans quelques endroits on avait dressé des échafauds de bois où l'on s'asseyait.
Note : Anne Catherine avait vu tout cela dans les premiers jours de mai pendant l'absence de l'écrivain, mais elle ne le raconta qu'au mois d'août.
Je vis une scène qui se passait dans un pays éloigné. un roi était malade dans une ville qui n'était pas très éloignée de Damas : il avait une maladie de peau ; mais elle n'était pas tout à fait sortie : elle lui était tombée sur les pieds et il boitait. Ce roi était un homme de bien, et je vis des voyageurs lui raconter beaucoup de choses sur Jésus, sur ses miracles et sur le témoignage de Jean. et lui dire aussi quelle fureur il avait excitée parmi les Juifs à la fête de Pâques. Je vis que ce roi conçut une grande affection pour Jésus et un grand désir de le voir : il désirait être guéri par lui, et il lui écrivit une lettre pour le prier de venir le guérir. Je le vis aussi appeler un jeune homme de sa cour qui savait peindre, lui donner la lettre adressée à Jésus et lui ordonner, s'il ne pouvait pas venir en personne, de lui rapporter son portrait. Je vis aussi qu'il lui donna des présents et que l'envoyé monta sur un chameau, ayant avec lui six serviteurs montés sur des mulets.
Je vis cet homme s'arrêter avec sa suite, à quelque distance de l'endroit où Jésus enseignait, dans un lieu où d'autres personnes avaient aussi dressé leurs tentes ; je le vis faire des efforts inutiles pour arriver jusqu'à Jésus, car ne pouvant pas lui parler pendant qu'il enseignait, il désirait au moins l'entendre et aussi faire son portrait.
Il avait vainement essayé d'approcher de quelques pas, tantôt d'un côté, tantôt d'un autre, sans pouvoir se frayer passage à travers la foule attentive, lorsque Jésus dit à un disciple de Jean. qui se tenait assez près de lui, de faire faire place à cet homme qui cherchait à percer la foule sans pouvoir y parvenir, et de le conduire à un banc peu éloigné de lui. Le disciple conduisit l’envoyé à ce siège et plaça aussi, de manière à ce qu'ils pussent voir et entendre, les gens de sa suite, porteurs des présents du roi qui consistaient en étoffes, en petites plaques d'or enfilées les unes près des autres, et en plusieurs couples de très beaux agneaux.
Le bon envoyé, tout joyeux de voir enfin Jésus, ne voulut pas perdre de temps : il mit aussitôt devant lui, sur ses genoux, son attirail de peintre, regarda Jésus avec beaucoup d'admiration et d'attention, et se mit au travail. Il avait devant lui une planchette blanche qui semblait être de buis ; alors il prit d'abord comme avec un crayon l'esquisse de la tête et de la barbe de Jésus, sans le cou ; puis il sembla l'enduire avec quelque chose d'épais' comme de la cire : il avait aussi comme des formes qu'il appliquait fortement dessus : ensuite il donna encore plusieurs coups de crayon, et pressa fortement sur son enduit : il continua longtemps à travailler ainsi, mais il ne put jamais mener son œuvre à bien. Chaque fois qu'il regardait Jésus, son visage semblait lui causer une nouvelle surprise et il était obligé de recommencer. Saint Luc ne peignait pas tout à fait de cette manière : il employait aussi le pinceau. Ce portrait-ci me parut avoir une espèce de relief sensible au toucher.
Jésus enseigna encore quelque temps, puis il envoya le disciple à cet homme pour lui dire qu'il pouvait s'approcher davantage et remplir sa mission. Alors celui-ci quitta son siège pour aller trouver Jésus, et les serviteurs le suivirent avec les présents et les agneaux il avait un vêtement court sans manteau, à peu près comme l'un des trois rois. Son tableau était en forme de coeur, comme un bouclier, et il le portait suspendu par un cordon au bras gauche. Il tenait dans sa main droite l'écrit du roi qui paraissait roulé comme ceci (en disant cela elle plia un linge d'une certaine façon). Il s'agenouilla devant Jésus, s'inclina profondément, ce que firent aussi les serviteurs, puis il lui dit : ‘ Votre serviteur est l'envoyé d'Abgare, roi d'Edesse, qui est malade, et qui vous envoie cette lettre en vous priant d'accepter ces présents de sa part. r, Alors les gens de sa suite s'approchèrent avec les présents : Jésus lui répondit que les bons sentiments de son maître lui étaient agréables et il ordonna aux disciples de prendre les présents et de les distribuer aux plus pauvres des gens qui se trouvaient là. Ensuite Jésus déplia la lettre et la lut. Je me souviens seulement qu'il y était dit entre autres choses que Jésus avait le pouvoir de ressusciter les morts et que le roi le priait de venir le guérir. Dans cette lettre la partie sur laquelle était l'écriture semblait plus raide, mais tout ce qui était autour était mou et souple : c'était comme de l'étoffe, de la peau ou de la soie, sur laquelle la lettre était attachée. Je vis aussi qu'un fil y pendait. Lorsque Jésus eut lu la lettre il la retourna et prit un fort crayon qu'il tira de dessous sa robe et duquel il fit sortir quelque chose comme les paysans font sortir de l'amadou de la boite aux allumettes ; il écrivit de l'autre côté de la lettre plusieurs mots en assez gros caractère, puis il la replia.
Note : Probablement l'enveloppe de soie de la lettre était double et la surface où se trouvait l'écriture en avait une semblable de l'autre côté, car elle vit distinctement Jésus retourner la lettre lorsqu'il écrivit, et la plier.
Jésus se fit alors donner de l'eau, se lava la figure, pressa contre son visage l'enveloppe molle de la lettre et la donna à l'envoyé. Celui-ci l’appliqua sur son portrait, ce que Jésus, à ce que je crois, lui avait dit de faire, et alors le portrait devint tout autre et parfaitement ressemblant. Le peintre fut plein de joie : je le vis tourner le portrait vers ses plus proches voisins, puis se prosterner devant Jésus et repartir aussitôt.
Quelques-uns de ses serviteurs restèrent en arrière et suivirent Jésus qui après cette instruction passa le Jourdain et alla au second endroit où Jean avait baptisé et que celui-ci avait quitté. Ils se firent baptiser aussitôt. Je vis aussi que l'envoyé d'Abgare passa la nuit devant une ville, près de longues constructions en pierre qui ressemblaient à des tuileries ; que le matin suivant, quelques ouvriers y vinrent beaucoup plus tôt qu'à l'ordinaire parce qu'ils avaient vu une lumière brillante, comme la flamme d'un incendie, et qu'il arriva quelque chose d'extraordinaire relativement au portrait. On accourut en foule dans cet endroit. Je crois que le peintre montra le portrait aux assistants et je vis que le linge que Jésus avait appliqué sur son visage en avait aussi l'empreinte : mais en outre il était arrivé, relativement au portrait, quelque chose qui avait motivé l'arrivée si matinale des ouvriers : malheureusement je l'ai oublié.
Je vis aussi comment l’envoyé arriva, comment le roi vint à sa rencontre en passant par ses jardins et fut indiciblement ému en voyant le portrait et en lisant la lettre. Il changea aussitôt de vie et renvoya les nombreuses femmes avec lesquelles il péchait
J'ai vu précédemment comment après la mort du fils de ce roi, sous un méchant successeur, la face de Jésus qui était exposée publiquement, resta longtemps cachée par les ordres d'un saint évêque qui fit murer l'entrée de la niche et qu'après un long intervalle de temps elle fut de nouveau découverte : alors le portrait s'était imprimé sur la pierre placée devant. Je ne me rappelle tout cela que confusément. Je me souviens aussi maintenant d'une statue que l'hémorroïsse guérie par Jésus avait fait ériger à Césarée, comme témoignage de sa reconnaissance. Elle était de bronze et le représentait au moment où cette femme touchait le bord de sa robe et où il se retournait vers elle. Cette image était placée sur un socle peu élevé, au milieu d’un petit jardin, et quand les plantes de ce jardin avaient touché le bord de la robe de la statue de Jésus, elles étaient cueillies par des femmes affligées de pertes de sang et avaient la vertu de les guérir.
La lettre d'Abgare était comme un parchemin et. taché à une étoffe de soie de couleur, qu'on pliait à trois reprises différentes et qu'on roulait ensuite.
D'Ono, où il avait jusqu'à présent enseigné et préparé an baptême, Jésus alla avec ses disciples, au-dessus de Béthabara, en face de Galgala, au lieu que Jean avait quitté et dont les disciples que Jésus chargeait de baptiser avaient déjà pris possession d'avance. Pendant quinze jours environ, il fit baptiser beaucoup de monde par André, Saturnin, Pierre e Jacques. Plusieurs disciples de Jean allèrent à lui, et il venait plus de personnes se faire baptiser là qu'il n'en venait à Jean. Jésus parlait du baptême d'une manière plus sublime, et sa douceur comparée à la sévérité et à la rudesse de Jean, fit que le public le vanta et le goûta davantage. Il résulta de là des discussions entre quelques disciples de Jean et des Juifs qui avaient été baptisés par les disciples de Jésus, touchant les différents degrés de la purification conférée par l'un ou l'autre baptême.
Les disciples de Jean étaient jaloux du succès plus grand de Jésus et du grand nombre d'auditeurs de Jean qui venaient à lui, et ils portèrent leurs plaintes au précurseur. Il leur fit la réponse qui se lit dans l'évangile (Jean, III, 22-26). Cette dispute sur la différence de la purification dans les deux baptêmes, le témoignage important rendu à Jésus dans la réponse de Jean, et la grande affluence qui se portait au lieu où Jésus baptisait, produisirent une nouvelle agitation parmi les pharisiens ; alors ils organisèrent tout un système de persécution, de contradiction et d'oppression contre lui et ses disciples. Ils envoyèrent des messagers à toutes les synagogues du pays, avec des lettres qui enjoignaient de l'arrêter là où on le trouverait, et de se saisir de ses disciples pour lés interroger sur sa doctrine et les redresser.
Pendant que les Pharisiens s'occupaient à prendre ces mesures, Jésus quitta sans bruit le lieu où l'on baptisait, et les disciples, de leur côté, se dispersèrent et revinrent chacun chez eux. Mais Jésus, sans s'arrêter nulle part, passa le Jourdain, traversa la Samarie et la Galilée, et se rendit par Sichor-Libnath et le pays de Khaboul, sur les frontières de Tyr.
Dans ce même temps, vers le milieu de mai, je vis Hérode faire arrêter Jean Baptiste. Il le fit conduire par des soldats de Sukkoth à Callirrhoë, sous le prétexte d'une invitation pressante. Jésus le lui avait fait annoncer par des disciples peu de temps auparavant.
Hérode le tint enfermé dans une prison souterraine de son château. Personne ne pouvait le voir.
Le roi l'écoutait souvent. Sa femme l'avait poussé à cet acte de violence. Lui-même avait un grand respect pour Jean, et il désirait seulement qu'il ne le reprit pas à cause de son mariage adultère. Le dimanche de la Trinité (2 juin), je le vis dans sa prison. Six semaines après que Jean eut été fait ainsi prisonnier, Hérode lui rendit la liberté.
Pendant que Jésus, voyageant avec les disciples séparés en petites troupes, gagnait la plaine d'Esdrelon à travers la Samarie, je vis Barthélemy, venait du baptême de Jean à Dabbeseth, sa rencontrer les disciples qui lui parlèrent de faisait Jésus. André particulièrement lui parla du Seigneur avec un grand enthousiasme. Barthélémy écouta tout cela avec joie et avec qui proposait volontiers d'enrôler parmi les disciples des hommes instruits, se rapprocha de Jésus et lui parla de Barthélémy comme de quelqu'un qui se mettrait volontiers à sa suite. Lorsque Barthélémy passa devant le Seigneur, André le lui montra. Jésus le regarda et dit à André : ‘ Je le connais, il me suivra ; je vois du bon en lui, et je l'appellerai quand le temps sera venu. Barthélémy résidait à Dabbeseth, à peu de distance de Ptolémais : il était scribe. Je le vis ensuite se rencontrer avec Thomas, lui parler de Jésus et le bien disposer à son égard.
Pendant ce voyage fait en toute hâte vers Tyr, des disciples et des membres de la famille de Jésus vinrent le trouver, spécialement en Galilée et l'accompagnèrent quelque temps : quelques-uns le quittèrent de nouveau. Il les exhorta à la persévérance dans les épreuves qu'ils allaient avoir à subir, leur fit connaître ce qu'il allait faire, et leur donna diverses instructions pour les siens et pour d'autres disciples.
Jésus, en faisant ce voyage, eut à souffrir de grandes privations ; je vis plusieurs fois Saturnin ou d'autres disciples de sa suite apporter du pain dans une corbeille et Jésus tremper dans l'eau des croûtes desséchées afin de pouvoir les manger. Pendant qu'il enseignait et guérissait sur les confins de Sidon et de Tyr, ayant avec lui quelques disciples des moins connus qui allaient et venaient alternativement, les pharisiens mettaient leurs mesures à exécution. On conduisait les disciples, selon le pays d'où ils étaient, à Jérusalem ou, en Galilée, à Gennabris devant de grandes assemblées, dans les synagogues et les écoles, pour avoir à répondre sur Jésus, sa doctrine, ses desseins et leurs relations avec lui. Les pharisiens les vexèrent de toutes les façons. J'ai vu une fois Pierre, André et Jean les mains liées, mais ils brisèrent leurs liens par un loger mouvement, comme par miracle : ils furent renvoyés sans bruit, comme tous ceux qu'on avait conduits à Gennabris, et se retirèrent à Bethsaide et à Capharnaüm pour y reprendre les travaux de leur profession.
Quand tout cela eut pris fin, Jésus revint en secret des confins de Sidon et de Tyr à Capharnaüm dans la maison de sa mère, et il la consola. Ses disciples vinrent le rejoindre et lui racontèrent ce qu'ils avaient eu à souffrir. Il les rassura, leur recommanda la persévérance, et leur promit de les appeler et de leur donner leur mission.
Jésus alla de là, à quelques lieues au nord, dans deux villes situées près d'un petit lac couvert de roseaux. Je ne sais pas m'expliquer bien précisément, mais il me semble qu'il y avait un canton étranger enclavé entre ces villes et la Galilée. (Peut-être parce qu'elle voyait des païens dans ces endroits.) Les deux villes sont en face l'une de l'autre ; entre elles sont de sombres profondeurs : des rivages escarpés, une eau trouble et marécageuse couverte de joncs ; c'est comme un petit lac : beaucoup de bêtes sauvages se tiennent là dans le marécage et les roseaux. Je crois que le Jourdain coule au travers : là où sont les villes, la pièce d'eau n'est pas large ; l’une d'elles a un nom comme celui d'Adam, elle s'appelle Adama, l’autre s'appelle, je crois, Séleucie. Jésus séjourna longtemps et tour à tour dans ces deux villes et dans cette contrée : il y enseigna et il y guérit. à Adama il y a des Juifs, mais d'une race rejetée : dans l'autre ville, ce sont des paiens ; les Juifs n'y habitent que dans des coins, dans des trous, dans des murs en ruine. Jésus était tantôt dans l'une de ces villes, tantôt dans l'autre. Saturnin et deux nouveaux disciples de ce pays étaient habituellement près de lui : on le regardait comme un prophète, revêtu d'une vertu venant d'en haut. Il enseignait plutôt dans des réunions particulières que dans des synagogues. Il ne se produisait qu'avec une certaine circonspection. Il se rencontrait avec des gens choisis dans des lieux solitaires, et c'était sans bruit qu'il guérissait et qu'il donnait ses conseils. Ici et à Tyr, je remarquai dans ses manières et dans sa façon d'enseigner quelque chose qui différait de ses procédés parmi les Juifs. On ne le connaissait pas autant et on le tenait pour un prophète. Son œuvre était une préparation.
(25 juin.) J'ai vu Jésus se rendre d'Adama à Tyr avec un couple de disciples. Il y avait plus d'une journée de voyage. Je le vis partir, faire la route et entrer à Tyr. Je ne je vis s'arrêter en chemin que dans de pauvres maisons. Jésus enseigna à Tyr dans une hôtellerie, près de la porte du côté de la terre. Il lui fallut franchir dans son voyage une très haute chaîne de montagnes. Tyr est une très grande ville, qui est bien cinq fois aussi grande que Munster. Quand on la regarde de haut en bas, on voit une partie de la ville placée sur une pente, comme si elle allait rouler du haut de la montagne. Jésus n'alla pas au centre de la ville, il se tint le long des murs, du côté qui regarde le continent. Cette partie n'était pas très peuplée, l'hôtellerie était dans cette muraille épaisse et un chemin la traversait.
Jésus porte une tunique brune ou grise et un manteau de laine blanche. Il ne va pas dans la synagogue ni dans les lieux de réunions publiques, mais il entre ça et là dans les maisons des pauvres pratiquées dans la muraille ; il console, exhorte, guérit et enseigne dans des réunions particulières. Deux disciples vont et viennent entre lui et ses amis de Galilée, ce sont Saturnin et un tout jeune homme de seize à dix-huit ans, pour lequel Marie a de l'affection : son nom ne me revient pas. Ils ne vont pas en public avec lui, mais ils se rencontrent avec lui comme par hasard dans quelque hôtellerie.
Il se montre ici comme un prophète, comme un homme éclairé d'en haut, et des païens même se laissent enseigner par lui. Les gens se tiennent tranquilles et restent silencieux quand ils le voient pour ne point attirer de désagréments à lui et à eux. Je l'ai sous les yeux de temps en temps : j'ai vu le 25 qu'étant dans une maison, il ordonna à un malade de se lever, et qu'il le conduisit par la main : je l'ai vu aussi bénir des enfants. Je vis, entre autres choses, qu'il tint un enfant couché sur ses bras et le plongea dans l'eau d'un bassin. Je crois que ce fut plus qu'une guérison, que ce fut aussi une purification. Je l'ai souvent vu plonger des enfants dans l'eau. C'était cette fois un enfant de sept ans, Jésus le tenait couché sur ses deux bras et le mit dans le bassin : on l'enveloppa ensuite d'un linge blanc. Saturnin et l'autre disciple étaient là : ils avaient quelque chose à faire, je crois qu'ils versèrent l'eau. Les parents de l'enfant se tenaient plus à distance : c'était comme un baptême, mais aussi comme une purification et une guérison : je ne puis pas le dire exactement. Jésus me parut être allé là pour y faire venir ses disciples.
(26 juin.) Aujourd'hui, il arriva à Tyr une vingtaine de disciples galiléens. Pierre, André, Jacques le Mineur, Thaddée, Nathanaël-Khased Nathanaël le fiancé étaient là ainsi que tous les autres qui avaient tété aux noces de Cana Je vis parmi eux environ six des futurs apôtres. Ils avaient voyagé séparés en petites troupes, et étaient allés dans des hôtelleries différentes a Tyr. Jésus alla à eux comme par hasard et les salua.
Le soir, je vis Jésus dans un endroit voisin de Tyr, dans la direction du nord. Je crois que c'était une dépendance de la ville : il fallait passer l'eau. (Peut-être était-ce la nouvelle Tyr et un canal qui la séparait de l'ancienne.) il fut là dans une hôtellerie, et les disciples vinrent tous l'y rejoindre. La manière dont il les salue est très touchante : il passe devant eux successivement et leur donne la main. Ils sont très respectueux, mais pourtant tout à fait en confiance avec lui ; ils le traitent comme un personnage surhumain. Ils ressentaient une joie indicible de le revoir. Il leur tint un long discours : ils lui racontèrent ce qui s'était passé dans leur pays par rapport à lui et à eux. Jésus les exhorta à la persévérance : il dit aux futurs apôtres d’abord, et à tous en général, qu'ils devaient acheter de mettre ordre à leurs affaires et propager de plus en plus sa doctrine parmi le peuple dans les endroits qu’ils habitaient il leur donna aussi des instructions touchant leurs femmes, et leur dit ce que celles-ci avaient à faire. Il dit encore qu'il viendrait bientôt près d'eux et recommencerait à se montrer en public ; j'appris aussi qu'il ferait une grande instruction publique lorsqu'il serait revenu près d'eux en Galilée. Je crois que ce sera dans les environs de Tibériade, au lieu ou Jésus, après la résurrection, mangea du poisson avec eux. J'ai aussi entendu que ce serait le 15 ou le 25 : le nombre 5 y était. Il leur dit encore qu'il les appellerait plus tard solennellement et leur donnerait leur mission.
Tous mangèrent ici avec Jésus. Ils avaient apport. dans des besaces du pain, des fruits, du miel, et aussi du poisson. Je vis aussi que tous passèrent la nuit dans cette maison ainsi que Jésus. Pour aller à la première ville de Tyr, Jésus avait à passer un petit canal : mais pour venir où il était maintenant, il lui fallait traverser un bras de mer de peu de largeur : car ceci est tout à fait une île. Il y a plus de commerce dans cette partie de la ville, quoiqu'elle soit beaucoup plus petite, que dans l'autre, qui paraît très abandonnée.
(27 juin.) Ce soir, la narratrice, activement occupée à ranger divers morceaux d’étoffe destinés à l'habillement des pauvres, parut avoir une espèce d'absence, et dit : Je mets tout cela en ordre, puis je reviens tout à coup à moi, et alors je ne sais plus distinguer les couleurs, car je vois Jésus aller et venir. Il est maintenant au nord-est de Tyr, entre des collines.
Aujourd'hui jeudi, les disciples partirent de bon matin pour retourner en Galilée. Jésus, accompagné de Saturnin et du jeune disciple, alla sur la terre ferme, à deux lieues au nord-est de Tyr. Je le vois maintenant marcher entre des collines : il y a là des paysans qui habitent dans des cabanes, parmi des arbres fruitiers : ils sont occupés de la récolte des fruits. Le fruit était mur sur l'un des côtés des collines, mais ne l'était pas encore sur l'autre côté. Jésus visite ces gens les uns après les autres, il les enseigne et les exhorte. Il se rend maintenant avec eux dans une cabane pour y manger, et il y passera la nuit.
J'ai oublié de parler d'une ville singulière par laquelle Jésus passa lorsqu'il alla de Galilée à Tyr, et qu'il laissa à gauche sur le chemin d'Adama. Elle est située au sud-est de Tyr, dans la triste contrée (Khabul) qui sépare Tyr de la Galilée. Elle est à droite du chemin de Tyr, dans une position élevée entre des montagnes. Elle n'est pas très grande ; elle est entourée d'eau, et quand les sources grossissent, et est souvent inondée, si bien que les gens sont forcés de se réfugier sur les toits. Son nom m'a échappé : j'ai dans l'oreille des sons qui s'y rapportent, comme Joris, Sichor, Libna, Ani, etc. : mais je ne puis pas, m'y retrouver.
(28 juin.) Jésus est revenu aujourd’hui avec les deux disciples à la presqu'île de Tyr, dans la même maison où il s'était trouvé avec les disciples. Ce n'était pas proprement une hôtellerie, mais un lieu de' réunion pour les Juifs. Il y a là un homme qui est comme un lecteur public : il a un manipule qui lui pend au bras. Il y a là une école ; elle n'est pas sur une hauteur. comme c'est l'ordinaire en Judée, mais dans la plaine.
Il y a toujours dans les grandes villes deux hôtelleries auprès de la porte et une au milieu de la ville. La maison où est Jésus se trouve au milieu de l'île. Lorsqu'il y revint, il passa sur une large chaussée qui repose sur des pieux et sur des arches en maçonnerie. Des deux côtés de la chaussée sont des allées d'arbres couverts de fruits jaunes. Deux chaussées semblables mènent dans l'île. Je vis encore Jésus aller ça et là dans les maisons, et le soir célébrer le sabbat dans une réunion. Dans les derniers temps, je n'ai vu Jésus que tous les deux ou trois jours, et jamais longtemps de suite : c'est pourquoi je n'ai pas toujours vu célébrer le sabbat.
(30 juin). Hier, je ne vis pas Jésus : il célébra le sabbat à Tyr. Aujourd'hui, après midi, je le vis dans la maison où il s'était trouvé récemment avec les apôtres. C'était un lieu de réunion : il y avait un jardin où l'on prenait des bains. Aujourd'hui, il alla dans un autre endroit. Au milieu d'une cour entourée d'un mur, et, en dedans du mur, d'une haie d'arbrisseaux tortueux, taillés de manière à former diverses figures, se trouvait une salle environnée de corridors et de petites chambres. Ce jardin de plaisance où l'on prenait des bains se trouvait au bord de l'eau qui sépare l'île de la terre ferme. La salle ouverte sur la cour était une salle à colonnes. On voyait dans la cour une citerne spacieuse pour les baigneurs : il y courait de l'eau vive. On pouvait descendre par un côté : au milieu était une colonne avec des degrés et des poignées, de sorte qu'on pouvait descendre dans l'eau aussi profondément qu'on voulait. De vieux Juifs habitaient ce lieu, ils étaient d'une secte ou d'une origine décriée, mais c'étaient des gens pieux et bons.
Il y avait ici beaucoup d'hommes, de femmes et d'enfants rassemblés autour de Jésus : on apportait aussi des malades et spécialement des enfants sur des lits. Mais tout cela se faisait très tranquillement et avec beaucoup d'ordre. Les gens allaient et venaient, et les vieux habitants de la maison les présentaient au Sauveur. Jésus fit ici une instruction ou une exhortation. Il parla de Moïse, des prophètes, de l'approche du Messie. Il donna des explications sur la sécheresse qui eut lieu du temps d'Élie, la prière du prophète pour la pluie, la nuée qui s'éleva de la mer et la pluie qui en résulta. Il parla de l'eau et de la purification. Il guérit beaucoup de malades et leur recommanda d'aller au baptême de Jean. Il guérit plusieurs enfants qu'on avait apportés sur des lits. Il prit sur ses bras plusieurs de ces enfants qu'il plongea dans l'eau dans laquelle Saturnin avait versé auparavant d'autre eau qu'il avait bénie. Les deux disciples les baptisèrent. Il y avait là aussi des garçons plus avancés en âge qui descendirent et se plongèrent en se tenant au pieu et furent ainsi baptisés. Bien des choses se faisaient là autrement qu'ailleurs. Plusieurs des adultes devaient se tenir à distance. Cela dura jusqu'à l'entrée de la nuit.
(1er juillet.) Ce matin, Jésus regagna la terre ferme par la chaussée avec les deux disciples. Il les envoya à Capharnaum inviter six disciples à venir le joindre dans les environs de Tibériade, pour assister à l'instruction dont j'ai parlé récemment. Ils devaient ensuite se rendre près de Jean Baptiste. Jésus lui-même alla seul à dix ou onze lieues au sud-est de Tyr, dans cette ville que je l'ai vu traverser récemment et dont j'ai dit qu'elle était souvent inondée. Jésus alla entre le midi et levant, et laissa à sa gauche plusieurs endroits dont un désert le séparait. Il avait à l'est sur sa gauche, à une grande distance, le lac Mérom avec ses deux villes. Il allait seul, cependant il rencontrait parfois sur les chemin de traverse des voyageurs qui l'accompagnaient quelque temps et auxquels il causait un grand étonnement. Il eut à traverser une crête de montagnes : de l'autre côté on descendait à travers beaucoup de broussailles et sur un gazon incroyablement haut et touffu.
Il tombe bien cinq ruisseaux dans la vallée et ils sont plus ou moins abondants selon la saison de l'année. Il y a ici dans la vallée beaucoup de bêtes sauvages de grande taille qui se dispersent dans le pays quand vient l'inondation.
La ville est très grande, divisée en parties isolées, entourée et traversée par l'eau. Il y a dans les intervalles beaucoup de jardins et d'arbres fruitiers. La partie agglomérée la plus considérable est bien aussi grande que Munster. à quelque distance se trouve encore une autre grande ville. Ce pays est celui que Salomon donna au roi Hiram. La ville, quoique libre, dépend de Tyr à certains égards. J'ai encore oublié le nom, mais il ressemble à Ami-Chores (Amead-Sichor), et elle est surnommée la ville de l'eau ou la ville de la pluie. On élève dans cet endroit beaucoup de bétail ; j'ai vu aussi beaucoup de grands moutons à laine fine qui peuvent traverser l'eau à la nage. On y tisse de belles étoffes de laine qui sont teintes à Tyr. Je n'ai pas vu ici cultiver les champs, il y a seulement des vergers. Il croît dans l'eau une espèce de blé à grande tige dont on fait du pain : je crois qu'il vient sans culture. Il y a une route pour aller de là en Syrie et en Arabie : aucune route ne conduit en Galilée. Jésus alla à Tyr par un chemin de traverse La grande ville située dans le voisinage est sur le territoire juif Jésus n'a traversé qu'un petit coin de la terre de Khaboul.
Je vis ici deux grands ponts, l'un très élevé et très long, servait de passage quand tout était inondé : on pouvait descendre en bas de l'autre par les arches. Les maisons étaient hantes et arrangées de manière qu'au temps des grandes eaux les gens Pussent s'établir sur le toit sous des tentes.
La plupart des habitants étaient paiens et de diverses religions, à ce que je crois : car je vis plusieurs édifices terminés en pointe et surmontés de petits drapeaux. que je pris pour des temples d'idoles. Ce qui me surprit, c'est qu'un assez grand nombre de Juifs habitaient ici et même dans de grands et beaux bâtiments, quoiqu'ils soient soumis à une certaine oppression. C'étaient, je crois, des Juifs fugitifs.
La maison où Jésus entra était devant la ville, du côté par où il arriva : il lui fallut pourtant d'abord passer l'eau. Il s'était déjà mis en rapport avec ces gens lorsqu'il avait passé là récemment. Ils me paraissaient aussi attendre son arrivée, car ils vinrent à sa rencontre et le reçurent avec beaucoup de déférence. C'étaient des Juifs ; parmi eux était un homme âgé avec une nombreuse famille : il demeurait dans une très belle maison. C'était comme un palais avec beaucoup de bâtiments plus petits qui en dépendaient. Par l’effet d'une crainte respectueuse, il ne conduisit pas Jésus dans sa maison, mais dans une habitation attenante où il était seul : il lui lava les pieds et l'hébergea.
J'ai aussi vu une grande troupe d'ouvriers, hommes, femmes et enfants, gens de toute race, parmi lesquels des hommes bruns et noirs, arriver sur une grande place. C'étaient vraisemblablement des esclaves de cet homme qui revenaient de leur travail et allaient prendre leur nourriture. Ils demeuraient dans des bâtiments latéraux peu élevés : ils avaient avec eux des pelles et des charrettes de toute espèce : ils portaient aussi sur leurs épaules de petites barques légères, semblables à des baquets, au milieu desquelles il y avait un siège avec des rames J'y vis aussi des instruments de pêche. Je crois qu'ils étaient employés à construire des ponts et des chaussées. Ces gens recevaient leurs aliments dans des pots : il y avait des légumes verts et des oiseaux : il s'en trouvait parmi eux qui se nourrissaient de poisson cru. Jésus les fit passer devant lui, leur adressa la parole amicalement, et ils se réjouirent de voir un pareil homme.
Deux Juifs vinrent trouver Jésus avec des cahiers d'écriture : ils mangèrent avec lui, et il leur donna diverses explications qu'ils désiraient beaucoup avoir Je crois que c’étaient des gens chargés d'instruire la jeunesse. Il me sembla qu'il se trouvait une synagogue près de la maison : car il y avait un bâtiment sur lequel était une banderole.
Jésus ira plus tard d'ici à Adama : il doit ensuite faire un détour et aller beaucoup plus au nord. Adama et Séleucie ne sont séparées que par une pièce d'eau trouble, et il semble qu'autrefois elles n'aient fait qu'une ville, car il y a des murs en ruines qui vont jusqu'au lac.
(2 juillet.) L'homme chez lequel Jésus loge est un riche Juif ; il s'appelle Siméon, et il est des environs de Samarie. Lui ou ses ancêtres ont aidé à la construction du temple qui est sur le mont Garizim ou se sont unis aux Samaritains ; cela les fit chasser du pays, et ils s'établirent ici.
Jésus enseigna toute la journée près de la maison de son hôte, sur une place publique entourée de colonnes, au-dessus de laquelle on avait tendu des couvertures. Le maître de la maison allait et venait : beaucoup de Juifs de tout âge et de tout sexe étaient réunis ; je ne vis pas ici de malades ni d'impotents : les gens sont d'un tempérament sec, maigres et de haute taille.
Ici aussi Jésus enseigna sur le baptême, et dit que des disciples envoyés par lui viendraient baptiser dans ce lieu il me revient maintenant en mémoire que les quatre apôtres doivent venir ici et que Jésus y enseignera encore Le soir, il alla de nouveau avec son hôte sur le chemin par où les esclaves revenaient de leur travail : il leur parla, les consola et leur raconta une parabole. Il y avait parmi eux plusieurs braves gens qui furent très touchés, et aussi des hommes vulgaires et grossiers qui se montraient mécontents et hostiles : c’étaient ceux qui mangeaient le poisson cru : ils étaient tenus plus sévèrement, et quelques-uns des autres leur étaient préposés. Ils reçurent de nouveau leur salaire et leur nourriture Cela me lit penser à la parabole où le maître de la vigne paye les ouvriers. Ils demeuraient à environ un quart de lieue de la maison de Siméon, dans un groupe de cabanes. Siméon les faisait travailler en vertu d'une espèce de privilège : c'était comme une corvée qu'ils faisaient pour lui.
(3 juillet,) Ce matin je vis Saturnin et les autres disciples revenir près de Jésus Je crois que d'autres disciples de Galilée ont été envoyés à Jean. Jésus enseigna encore toute la journée comme hier : il ne mangea que le matin et le soir. Le soir, quand tous les Juifs furent partis, vingt païens environ vinrent le trouver : dès les jours précédents, ils l'avaient fait prier de les recevoir. La maison de Siméon était bien a une demi lieue de la ville, et les paiens ne pouvaient aller au delà d'une certaine tour ou d'une certaine arcade. Mais Siméon amena ceux-ci à Jésus, qu'ils saluèrent respectueusement et qu'ils prièrent de les instruire il s'entretint longtemps avec eux dans une salle ; cela se prolongea si bien, que le soir vint et qu'on alluma les lampes il les consola, raconta une espèce de parabole relative aux trois rois, et dit que la lumière se tournerait vers les païens.
(4 juillet.) Je vis ce matin Jésus aller avec les deux disciples à la rencontre des apôtres qui arrivaient. Il leur fallut d'abord franchir la montagne : ils avaient fait à peine une lieue qu'ils étaient déjà sur le territoire de la Galilée : ils allèrent bien jusqu'à trois ou quatre lieues en avant. Dans l'après-midi, je vis Jésus et ses compagnons réunis aux disciples qu'ils attendaient de Galilée dans une hôtellerie située sur le territoire galiléen. Il en était venu encore plusieurs autres, et aussi quelques femmes, parmi lesquelles je reconnus Marie, mère de Marc, qui avait fait un séjour près de la mère de Dieu, et la tante maternelle de Nathanael le fiancé, une de celles que j'appelle les trois veuves. Parmi les sept qui étaient venus spontanément, se trouvait Jean. Ceux qui avaient été convoqués étaient Pierre, André, Jacques le Mineur et Nathanaël-Khased. J'ai vu tous ceux-là avec Jésus dans l'hôtellerie, où ils prirent quelque nourriture. Marie n'était pas là.
(5 juillet.) Je vis hier soir, très tard, lorsqu'il faisait déjà nuit, Jésus et ses compagnons retourner à Sichor-libnath et les sept autres reprendre leur route vers la Galilée. C'était une nuit d'été singulièrement agréable. L'air était embaumé et le ciel très clair. Ils marchaient quelquefois tous ensemble, quelquefois les uns devant, les autres derrière, et Jésus seul au milieu. Je les vis une fois se reposer dans une contrée extrêmement fertile, sous des arbres chargés de fruits, dans le voisinage de prairies humides. Lorsqu'ils repartirent, il s'éleva de la prairie un essaim d'oiseaux qui les suivit constamment. Ces oiseaux étaient presque gros comme des poulets, avaient des becs rouges et de longues ailes effilées, à peu près comme celles des anges dans les tableaux, et ils avaient entre eux d singuliers colloques. Ils accompagnèrent le Seigneur jusqu'à la ville, où ils s'abattirent sur les eaux dans les roseaux : ils rasaient la surface de l'eau comme des poules d'eau. Je me disais qu'ils voulaient sans doute se faire tuer là pour Jésus.
Il y avait quelque chose d'indiciblement touchant dans cette belle nuit, lorsque Jésus parfois s’arrêtait, priait ou enseignait, et que les oiseaux aussi se posaient. Je les vis ainsi franchir la montagne et descendre de l'autre côté. Je vis ce matin Siméon aller au devant d'eux : il leur lava les pieds à tous, leur offrit à boire et à manger dans un vestibule, et les conduisit dans sa maison. Les oiseaux que j'ai vus appartenaient au maître de la maison ; c'étaient des oiseaux aquatiques, mais qui s'envolaient comme des pigeons. Pendant la journée, Jésus enseigna ici, et le soir ils célébrèrent le sabbat dans la maison de Siméon. Outre Jésus et les disciples, il y axait une vingtaine de Juifs rassemblés. La synagogue était dans un caveau souterrain où l'on descendait par des degrés : elle était arrangée avec beaucoup de soin. Il y avait là un lecteur attitré qui entonna les chants et fit des lectures. Après cela, Jésus enseigna encore. Je vis plus tard les disciples et Jésus aller se coucher : ils passèrent la nuit dans la même maison que lui.
(6 juillet.) Jésus et les disciples ne dormirent que deux heures. Je les vis aujourd'hui au point du jour assez avancés déjà sur le chemin qui mène au nord-ouest par des détours dans les montagnes à une petite ville juive du pays de Khaboul. Il y avait là des Juifs chasses de leur patrie qui avaient souvent demandé leur réhabilitation ; mais les pharisiens ne voulaient point les recevoir. Ils désiraient ardemment depuis longtemps que Jésus vint les voir, mais ils ne s'en jugeaient pas dignes et à cause de cela ils ne le lui avaient pas fait demander, mais il alla de lui-même les visiter. Il y avait bien cinq à six lieues de chemin, à cause des nombreux détours qu'il fallait faire à travers les montagnes.
A l'approche de la petite ville juive, deux disciples allèrent en avant et annoncèrent au chef de la synagogue l'arrivée de Jésus. Quoique ce fût jour de sabbat, Jésus fit pourtant ce voyage, car dans ce pays, il se dispensait, lorsqu'il y avait urgence, d'observer rigoureusement la prescription relative au chemin du sabbat.
Il alla trouver les préposés de la synagogue qui le reçurent très humblement. Ils lui lavèrent les pieds ainsi qu'aux disciples, et lui offrirent quelque chose à manger. Il se fit ensuite conduire chez tous les malades et il en guérit une vingtaine. Il y avait parmi eux des hommes très courbés, des paralytiques, des femmes affligées de pertes de sang, des aveugles, des hydropiques' avec tout cela beaucoup d'enfants et des lépreux.
Sur le chemin quelques possédés crièrent après lui et il les délivra. Tout se passa du reste avec beaucoup d’ordre et de calme. Quelques disciples aidaient ceux qui étaient guéris à se lever, d'autres donnaient des avis aux gens qui suivaient et se rassemblaient. Aux portes. J'ai vu Jésus exhorter certains malades avant de les guérir, à croire et à changer de vie. Quant à d'autres qui avaient déjà la foi, il les guérit immédiatement. Je le vis lever les yeux au ciel et prier sur eux : il en toucha quelques-uns ou passa la main sur eux. Je le vis aussi bénir l'eau, en asperger lui-même les assistants et faire asperger la maison par ses disciples. Dans quelques maisons il mangea ou but quelque chose ainsi que les disciples. Plusieurs de ceux qui étaient guéris se levaient, se prosternaient devant lui, l'accompagnaient pleins de joie, comme on accompagne le saint Sacrement, mais toujours à une distance respectueuse. Il ordonna à d'autres de rester chez eux.
Je le vis en outre ordonner à quelques-uns de se baigner dans l'eau qu'il avait bénie : c'étaient principalement des lépreux et des enfants. Je le vis aussi aller bénir une fontaine près de la synagogue : on y descendait par des marches : car elle était située à une grande profondeur : il y jeta aussi du sel qu'il bénit. Il enseigna à cette occasion touchant Elisée, qui avait sanctifié l'eau avec du sel, près de Jéricho, et dit aussi ce que le sel signifiait : mais je l'ai oublié Il ordonna aux gens de se laver plus tard avec l'eau de cette fontaine quand ils seraient malades. Il bénissait toujours en forme de croix : les disciples tenaient son manteau qu'il déposait souvent et lui présentaient le sel qu'il jetait dans l'eau. Il faisait tout cela avec beaucoup de gravité et de solennité.
J'ai bien vu à cette occasion combien l'eau bénite est une chose sacrée, et j'aurais voulu voir là le professeur R... qui m'a parlé une fois si légèrement de l'eau bénite. Il m'a été dit aussi que ce même pouvoir de guérir a été donné aux Prêtres, que ceux qui guérissent. comme par exemple le prince de Hohenlohe, font précisément ce que faisait Jésus, et que le peu de foi qu'a le grand nombre, montre qu'on est bien tombé en décadence.
Je vis encore qu'on porta à Jésus sur des lits quelques malades qu'il guérit et qu'il fit encore une instruction dans la synagogue. Je ne je vis pas prendre de repas. Il enseigna et guérit toute la journée. Le soir, après le sabbat, il quitta cet endroit avec les disciples, et quand il prit congé des habitants qui étaient tout tristes, il leur ordonna de rester là, de ne pas l’accompagner : ils lui obéirent en toute humilité. Il avait béni et purifié l'eau, parce qu'ils n'avaient que de mauvaise eau, dans laquelle il y avait des serpents et des bêtes avec de grosses têtes et de longues queues (des salamandres). Il se rendit avec les disciples à deux lieues d'ici, à une grande hôtellerie isolée, située dans la montagne ; il y mangèrent et y couchèrent. Ils l'avaient laissée de côté en venant.
(7 juillet.) Aujourd'hui beaucoup de gens vinrent avec des malades à cette hôtellerie parce qu'ils avaient su que Jésus devait y venir. Ils habitaient sur les deux pentes de la montagne dans des huttes et des grottes. Sur le côté occidental qui regardait Tyr, habitaient des païens qui, eux aussi, étaient venus : sur le côté oriental demeuraient de pauvres Juifs. Il enseigna sur la purification, l'ablution et- la pénitence et guérit au moins trente malades.
Les paiens se tenaient à part et il ne les enseigna que quand les autres furent partis. Il leur adressa des paroles très consolantes. Cela dura jusqu'à l’après-midi Ce sont de pauvres gens, ils ont de petits jardins et des plantations autour de leurs demeures : ils se nourrissent de lait de brebis dont ils font du fromage qu'ils mangent en guise de pain : en outre, ils recueillent les fruits de leurs jardins avec d’autres fruits qui croissent sans culture et vont les vendre au marché : plusieurs aussi portent de la bonne eau dans des outres à la petite ville où Jésus était hier et en d'autres endroits ; car dans ce pays l'eau est très mauvaise et pleine de vilaines bêtes : c'est pourquoi Jésus la bénit et la purifia par sa bénédiction. Il y avait chez ces gens beaucoup de lépreux. Jésus bénit l'eau et leur dit de s'y laver.
Vers le soir Jésus revint à Amichorès ou Sichor-libnath, il y enseigna encore et dit qu’il baptiserait le jour suivant. La ville d'Amichorès, surnommé ville aquatique ou ville de la pluie, s'appelle aussi Amead Sichor Libnath : elle est à deux lieues de Ptolémaïs, dans l'intérieur des terres, près d'un petit lac d'une eau trouble ; il est inaccessible d'un côté où il est bordé par une haute montagne. De ce lac sort l'eau chargée de sable du petit fleuve Bélus, appelé aussi Sichor Libnath, dont la source est surmontée d'un monument, et qui se jette dans la mer près de Ptolémais. La ville est si grande que je ne puis pas comprendre comment on sait si peu de chose sur elle. La ville juive de Miseal n'était pas éloignée : il y avait plusieurs autres villes à l'entour. Lorsque Jésus, s'enfuyant du lieu où il baptisait, vint ici pour la première fois, il passa par un endroit voisin appelé Bethsemès.
(8 juillet.) Dans la cour de Siméon, l’hôte de Jésus il y avait un grand bassin rond plein d'eau, autour duquel on avait creusé un fossé profond ; il était alimente par les eaux qui, dans ce pays, sortent partout de terre, et l’eau n'en était pas bonne ; elle avait un mauvais goût. C'est pourquoi Jésus l'avait bénie récemment, comme il avait fait dans l'autre endroit.
Le sel qu'il y jeta n'était pas comme notre sel ; c'était comme des morceaux de pierre. Il y en avait toute une mine dans les environs.
Près de ce bassin, qui auparavant avait été vidé, puis curé, eut lieu aujourd'hui le baptême d'environ trente personnes. On baptisa le maître de la maison, les mâles de sa famille et ses commensaux, quelques autres Juifs de l'endroit, en outre plusieurs païens qui étaient allés voir Jésus récemment, et quelques-uns des esclaves des cabanes avec lesquels il s'était entretenu plus d'une fois quand ils revenaient du travail. Les païens passèrent les derniers, et ils eurent d'abord à faire certaines ablutions. Jésus versa d'abord dans le bassin un peu de cette eau du Jourdain que lui et ses disciples portaient habituellement avec eux, et il bénit l'eau. On fit aussi entrer dans le bassin de l'eau du canal qui régnait à l'entour, en sorte que les baptisés en avaient jusqu'aux genoux.
Jésus les instruisit longuement et les prépara. Ils se présentèrent couverts de longs manteaux gris et avec des capuchons sur la tète ; je crois que c'était une espèce de manteau pour la prière. Quand ils entrèrent dans le fossé qui était autour du bassin, ils déposèrent leurs manteaux : ils n'avaient qu'un linge autour des reins, et sur le haut du corps un petit manteau ouvert sous les bras qui couvrait la poitrine et le dos. un disciple leur mit la main sur les épaules et un autre sur la tête. Le baptisant leur versait plusieurs fois de l'eau du bassin sur la tête avec une espèce de soucoupe, en invoquant, je crois, le nom du Très-Haut. André baptisa d'abord, puis ce fut Pierre, lequel fut remplacé par Saturnin. Cela, avec les préparations, dura jusqu'au soir.
Quand ces gens furent partis, Jésus et les disciples sortirent de la ville par petits groupes, comme s'ils eussent été se promener ; ils se réunirent sur la route et allèrent au levant vers Adama, près du lac Mérom. Je les vis se reposer la nuit sur un beau gazon très touffu.
(9-21 juillet.) Quoique Adama me parût être à peu de distance, Jésus dut pourtant faire encore quelques lieues, en remontant le long d'une petite rivière, pour arriver au passage qui avait lieu sur un radeau de poutres placé là, sans l'aide d'aucun batelier. Ils se dirigèrent ensuite vers Adama, où ils arrivèrent dans l'après-midi. Plusieurs des principaux de l’endroit étaient rassemblés dans un jardin destiné à prendre des bains : on y conduisait l'eau de la petite rivière. Ils semblaient avoir attendu Jésus, car ils allèrent au-devant de lui et le conduisirent à une maison qui se trouvait sur une place au milieu de la ville : elle était entourée d'un grillage de métal brillant et de diverses couleurs. Ils furent reçus là, on leur lava les pieds, on battit leurs manteaux et on les nettoya avec soin. On avait aussi préparé un repas très abondant, il y avait spécialement beaucoup de fruits et d'herbes vertes.
Ils conduisirent ensuite Jésus à la synagogue, où une grande partie des Juifs se rassembla. Elle avait trois étages superposés. Les femmes se tenaient à l'arrière-plan. Ils commencèrent par des prières et des chants adressés à Dieu, pour indiquer qu'ils considéraient comme fait en son honneur tout ce que ferait Jésus. Il parla des promesses divines et de la manière dont elles s'étaient succédées et accomplies. Il parla aussi de la grâce, dit comment la grâce acquise à un homme par les mérites de ses ancêtres ne se perdait pourtant pas, lors même qu'il ne méritait pas lui-même de la recevoir, mais était donnée à quelque autre qui en était plus digne. Il parla encore d'un acte méritoire de leurs aïeux, accompli dans cette ville à une époque si reculée qu'ils n'en avaient presque plus connaissance, mais qui leur profitait encore. Ils avaient autrefois donné asile à des étrangers chassés de leur pays.
(10 juillet.) Ce matin, les disciples parcoururent les quatre quartiers, allant dans diverses maisons afin d'en convoquer les habitants à une grande instruction pour le jour suivant. Ceux-ci en faisaient part à leurs voisins. Le soir, je vis un grand repas dans une salle ouverte, entre la cour et le jardin de la maison dans laquelle Jésus avait été conduit d'abord. Il y avait bien cinquante convives de la ville, et ils mangeaient à cinq tables. Jésus mangea avec les principaux habitants, les disciples aux autres tables avec les autres convives. Le repas était abondamment servi ; je crois que Jésus et les disciples y avaient contribué pour quelque chose. On avait placé sur la table des arbustes plantés dans des pots où était de la terre. Jésus donna divers enseignements pendant le repas : il alla aussi de table en table et s'entretint avec les conviés.
Après le repas, lorsqu'on eut desservi et dit l'action de grâces, on laissa encore les arbustes sur la table : tous les assistants formèrent un demi cercle devant Jésus : il les enseigna et les invita tous à une grande instruction qu'il voulait faire le lendemain en plein air, sur une place voisine du jardin où il avait été reçu.
Il y avait là un tertre vert, au milieu duquel était une chaire ombragée par un arbre ; tout autour était un grand espace protégé contre le soleil par cinq rangées d'arbres dont les branches se touchaient et formaient une seule masse. C'était un lieu très agréable. Il se trouvait au côté méridional de la ville ; le jardin des bains était plus au sud-est. Les habitants appelaient ce jardin le lieu de la grâce, parce qu'ils croyaient qu'autrefois une grâce leur était venue de ce côté. Ils avaient aussi sur le côté du nord une tradition, suivant laquelle il était venu autrefois de cette région un grand désastre pour la ville.
La ville était toute entourée d'eau, avait le lac Mérom au levant, et autour d'elle un canal qui se réunissait de nouveau au lac, près du jardin des bains : cinq ponts le traversaient. La ville n'avait pas de murailles.
Jésus logeait dans une grande hôtellerie, près de la porte par laquelle il était entré. Les habitants avaient coutume de très bien héberger les étrangers, et ils croyaient que cela leur portait bonheur ; mais quand les gens leur déplaisaient, il leur arrivait quelquefois de les mettre en prison.
Le lac Mérom, qui est au levant de la ville, est situé dans une cavité profonde et taillée à pic, couverte de roseaux et d'arbustes : son eau est trouble, excepté au milieu, où le Jourdain le traverse. Beaucoup de bêtes féroces ont là leurs repaires : on prend aussi dans le lac toute sorte d'animaux étranges, entre autres des serpents et de grands lézards que de pauvres gens de l'endroit promènent pour les montrer. J'ai vu en outre des gens qui, avec un sabre court et recourbé au côté, et armés d'épieux, vont mettre des appâts dans les fourrés pour attirer les bêtes sauvages et les prendre ils posent aussi des boules où il y a des crochets attachés à des cordes : ils attirent ainsi les bêtes à eux comme avec des hameçons et les tuent. Je les ai vus faire manger les bêtes dans des caisses en avant desquelles était une auge avec du lait que des serpents venaient boire. (La Sœur décrivit à cette occasion des animaux ressemblant à des chiens de mer et faisant de grands sauts hors de l'eau, de grosses anguilles, des lions, des tigres, des sangliers, contre lesquels on se mettait en garde et auxquels on faisait la chasse pour protéger les troupeaux et les jardins.)
Je crois que ces chasseurs d'animaux sont des soldats, car je vis qu'ils n'avaient pas de femmes et qu'ils habitaient un édifice peu élevé avec des rangées de chambres disposées autour d'une vaste cour ; il s'y trouvait une grande arcade par laquelle j'avais vue dans la cour du château qui était au milieu de la place publique. J'ai seulement vu l'intérieur, je n'étais pas dedans. (C'est ainsi qu'elle parla avec le sentiment de pudeur d'une fille de la campagne qui parle d'une caserne.)
Les chefs qui conduisirent Jésus dans le château, habitaient également à part des femmes, lesquelles logeaient sur le derrière dans un édifice séparé où on faisait la cuisine. Tous les étrangers qui venaient dans la ville étaient conduits à cette maison où on les interrogeait.
(Du 16 mai au 24 juillet.)
Jésus près d'Ono, sur les bords du Jourdain.- Envoyés et lettre d'Abgare, roi d'Edesse.- Jésus lui répond.- Jésus à l'endroit du baptême au-dessus de Béthabara.- Persécution contre Jésus et les disciples.- Jésus va à Tyr.- Jean est retenu en captivité par Hérode pendant quelque temps.- Les disciples sont traduits devant les tribunaux.- Jésus à Capharnaum près de Marie.- Il enseigne à Adama et à Séleucie près du lac Mérom.- Reprise de la communication journalière des visions.- Jésus à Tyr.- il quitte Tyr et va à Sichor-Libnath. - Jésus à Adama et dans les environs. - Jésus fait une grande instruction.-Conversion merveilleuse d'un vieux juif endurci.-Jésus prêche sur l'économe infidèle.- Jésus enseigne à Séleucie,- sur la montagne voisine d'Adama. - il va à Capharnaum.- Jean Baptiste est arrêté.- Sur Ainon et Melchisédech.- Jean en prison à Machérunte.- Madeleine à Magdalum.- Fête de naissance des amants de Madeleine.- Détails sur la jeunesse de Madeleine.
Ce fut environ trois semaines après Pâques que Jésus alla de Béthanie à l'endroit où l'on baptisait, près d'Ono. Il y était reste des surveillants pour veiller à ce qu'on ne dérangeât rien. Des disciples s'y étaient rassemblés de nouveau, et il y avait là beaucoup de monde. Je vis Jésus s'asseoir, appuyé contre la chaire, et instruire les hommes qui étaient là assis en cercle ou debout. Il avait un grand nombre d'auditeurs, parmi lesquels étaient des disciples de Jean. Dans quelques endroits on avait dressé des échafauds de bois où l'on s'asseyait.
Note : Anne Catherine avait vu tout cela dans les premiers jours de mai pendant l'absence de l'écrivain, mais elle ne le raconta qu'au mois d'août.
Je vis une scène qui se passait dans un pays éloigné. un roi était malade dans une ville qui n'était pas très éloignée de Damas : il avait une maladie de peau ; mais elle n'était pas tout à fait sortie : elle lui était tombée sur les pieds et il boitait. Ce roi était un homme de bien, et je vis des voyageurs lui raconter beaucoup de choses sur Jésus, sur ses miracles et sur le témoignage de Jean. et lui dire aussi quelle fureur il avait excitée parmi les Juifs à la fête de Pâques. Je vis que ce roi conçut une grande affection pour Jésus et un grand désir de le voir : il désirait être guéri par lui, et il lui écrivit une lettre pour le prier de venir le guérir. Je le vis aussi appeler un jeune homme de sa cour qui savait peindre, lui donner la lettre adressée à Jésus et lui ordonner, s'il ne pouvait pas venir en personne, de lui rapporter son portrait. Je vis aussi qu'il lui donna des présents et que l'envoyé monta sur un chameau, ayant avec lui six serviteurs montés sur des mulets.
Je vis cet homme s'arrêter avec sa suite, à quelque distance de l'endroit où Jésus enseignait, dans un lieu où d'autres personnes avaient aussi dressé leurs tentes ; je le vis faire des efforts inutiles pour arriver jusqu'à Jésus, car ne pouvant pas lui parler pendant qu'il enseignait, il désirait au moins l'entendre et aussi faire son portrait.
Il avait vainement essayé d'approcher de quelques pas, tantôt d'un côté, tantôt d'un autre, sans pouvoir se frayer passage à travers la foule attentive, lorsque Jésus dit à un disciple de Jean. qui se tenait assez près de lui, de faire faire place à cet homme qui cherchait à percer la foule sans pouvoir y parvenir, et de le conduire à un banc peu éloigné de lui. Le disciple conduisit l’envoyé à ce siège et plaça aussi, de manière à ce qu'ils pussent voir et entendre, les gens de sa suite, porteurs des présents du roi qui consistaient en étoffes, en petites plaques d'or enfilées les unes près des autres, et en plusieurs couples de très beaux agneaux.
Le bon envoyé, tout joyeux de voir enfin Jésus, ne voulut pas perdre de temps : il mit aussitôt devant lui, sur ses genoux, son attirail de peintre, regarda Jésus avec beaucoup d'admiration et d'attention, et se mit au travail. Il avait devant lui une planchette blanche qui semblait être de buis ; alors il prit d'abord comme avec un crayon l'esquisse de la tête et de la barbe de Jésus, sans le cou ; puis il sembla l'enduire avec quelque chose d'épais' comme de la cire : il avait aussi comme des formes qu'il appliquait fortement dessus : ensuite il donna encore plusieurs coups de crayon, et pressa fortement sur son enduit : il continua longtemps à travailler ainsi, mais il ne put jamais mener son œuvre à bien. Chaque fois qu'il regardait Jésus, son visage semblait lui causer une nouvelle surprise et il était obligé de recommencer. Saint Luc ne peignait pas tout à fait de cette manière : il employait aussi le pinceau. Ce portrait-ci me parut avoir une espèce de relief sensible au toucher.
Jésus enseigna encore quelque temps, puis il envoya le disciple à cet homme pour lui dire qu'il pouvait s'approcher davantage et remplir sa mission. Alors celui-ci quitta son siège pour aller trouver Jésus, et les serviteurs le suivirent avec les présents et les agneaux il avait un vêtement court sans manteau, à peu près comme l'un des trois rois. Son tableau était en forme de coeur, comme un bouclier, et il le portait suspendu par un cordon au bras gauche. Il tenait dans sa main droite l'écrit du roi qui paraissait roulé comme ceci (en disant cela elle plia un linge d'une certaine façon). Il s'agenouilla devant Jésus, s'inclina profondément, ce que firent aussi les serviteurs, puis il lui dit : ‘ Votre serviteur est l'envoyé d'Abgare, roi d'Edesse, qui est malade, et qui vous envoie cette lettre en vous priant d'accepter ces présents de sa part. r, Alors les gens de sa suite s'approchèrent avec les présents : Jésus lui répondit que les bons sentiments de son maître lui étaient agréables et il ordonna aux disciples de prendre les présents et de les distribuer aux plus pauvres des gens qui se trouvaient là. Ensuite Jésus déplia la lettre et la lut. Je me souviens seulement qu'il y était dit entre autres choses que Jésus avait le pouvoir de ressusciter les morts et que le roi le priait de venir le guérir. Dans cette lettre la partie sur laquelle était l'écriture semblait plus raide, mais tout ce qui était autour était mou et souple : c'était comme de l'étoffe, de la peau ou de la soie, sur laquelle la lettre était attachée. Je vis aussi qu'un fil y pendait. Lorsque Jésus eut lu la lettre il la retourna et prit un fort crayon qu'il tira de dessous sa robe et duquel il fit sortir quelque chose comme les paysans font sortir de l'amadou de la boite aux allumettes ; il écrivit de l'autre côté de la lettre plusieurs mots en assez gros caractère, puis il la replia.
Note : Probablement l'enveloppe de soie de la lettre était double et la surface où se trouvait l'écriture en avait une semblable de l'autre côté, car elle vit distinctement Jésus retourner la lettre lorsqu'il écrivit, et la plier.
Jésus se fit alors donner de l'eau, se lava la figure, pressa contre son visage l'enveloppe molle de la lettre et la donna à l'envoyé. Celui-ci l’appliqua sur son portrait, ce que Jésus, à ce que je crois, lui avait dit de faire, et alors le portrait devint tout autre et parfaitement ressemblant. Le peintre fut plein de joie : je le vis tourner le portrait vers ses plus proches voisins, puis se prosterner devant Jésus et repartir aussitôt.
Quelques-uns de ses serviteurs restèrent en arrière et suivirent Jésus qui après cette instruction passa le Jourdain et alla au second endroit où Jean avait baptisé et que celui-ci avait quitté. Ils se firent baptiser aussitôt. Je vis aussi que l'envoyé d'Abgare passa la nuit devant une ville, près de longues constructions en pierre qui ressemblaient à des tuileries ; que le matin suivant, quelques ouvriers y vinrent beaucoup plus tôt qu'à l'ordinaire parce qu'ils avaient vu une lumière brillante, comme la flamme d'un incendie, et qu'il arriva quelque chose d'extraordinaire relativement au portrait. On accourut en foule dans cet endroit. Je crois que le peintre montra le portrait aux assistants et je vis que le linge que Jésus avait appliqué sur son visage en avait aussi l'empreinte : mais en outre il était arrivé, relativement au portrait, quelque chose qui avait motivé l'arrivée si matinale des ouvriers : malheureusement je l'ai oublié.
Je vis aussi comment l’envoyé arriva, comment le roi vint à sa rencontre en passant par ses jardins et fut indiciblement ému en voyant le portrait et en lisant la lettre. Il changea aussitôt de vie et renvoya les nombreuses femmes avec lesquelles il péchait
J'ai vu précédemment comment après la mort du fils de ce roi, sous un méchant successeur, la face de Jésus qui était exposée publiquement, resta longtemps cachée par les ordres d'un saint évêque qui fit murer l'entrée de la niche et qu'après un long intervalle de temps elle fut de nouveau découverte : alors le portrait s'était imprimé sur la pierre placée devant. Je ne me rappelle tout cela que confusément. Je me souviens aussi maintenant d'une statue que l'hémorroïsse guérie par Jésus avait fait ériger à Césarée, comme témoignage de sa reconnaissance. Elle était de bronze et le représentait au moment où cette femme touchait le bord de sa robe et où il se retournait vers elle. Cette image était placée sur un socle peu élevé, au milieu d’un petit jardin, et quand les plantes de ce jardin avaient touché le bord de la robe de la statue de Jésus, elles étaient cueillies par des femmes affligées de pertes de sang et avaient la vertu de les guérir.
La lettre d'Abgare était comme un parchemin et. taché à une étoffe de soie de couleur, qu'on pliait à trois reprises différentes et qu'on roulait ensuite.
D'Ono, où il avait jusqu'à présent enseigné et préparé an baptême, Jésus alla avec ses disciples, au-dessus de Béthabara, en face de Galgala, au lieu que Jean avait quitté et dont les disciples que Jésus chargeait de baptiser avaient déjà pris possession d'avance. Pendant quinze jours environ, il fit baptiser beaucoup de monde par André, Saturnin, Pierre e Jacques. Plusieurs disciples de Jean allèrent à lui, et il venait plus de personnes se faire baptiser là qu'il n'en venait à Jean. Jésus parlait du baptême d'une manière plus sublime, et sa douceur comparée à la sévérité et à la rudesse de Jean, fit que le public le vanta et le goûta davantage. Il résulta de là des discussions entre quelques disciples de Jean et des Juifs qui avaient été baptisés par les disciples de Jésus, touchant les différents degrés de la purification conférée par l'un ou l'autre baptême.
Les disciples de Jean étaient jaloux du succès plus grand de Jésus et du grand nombre d'auditeurs de Jean qui venaient à lui, et ils portèrent leurs plaintes au précurseur. Il leur fit la réponse qui se lit dans l'évangile (Jean, III, 22-26). Cette dispute sur la différence de la purification dans les deux baptêmes, le témoignage important rendu à Jésus dans la réponse de Jean, et la grande affluence qui se portait au lieu où Jésus baptisait, produisirent une nouvelle agitation parmi les pharisiens ; alors ils organisèrent tout un système de persécution, de contradiction et d'oppression contre lui et ses disciples. Ils envoyèrent des messagers à toutes les synagogues du pays, avec des lettres qui enjoignaient de l'arrêter là où on le trouverait, et de se saisir de ses disciples pour lés interroger sur sa doctrine et les redresser.
Pendant que les Pharisiens s'occupaient à prendre ces mesures, Jésus quitta sans bruit le lieu où l'on baptisait, et les disciples, de leur côté, se dispersèrent et revinrent chacun chez eux. Mais Jésus, sans s'arrêter nulle part, passa le Jourdain, traversa la Samarie et la Galilée, et se rendit par Sichor-Libnath et le pays de Khaboul, sur les frontières de Tyr.
Dans ce même temps, vers le milieu de mai, je vis Hérode faire arrêter Jean Baptiste. Il le fit conduire par des soldats de Sukkoth à Callirrhoë, sous le prétexte d'une invitation pressante. Jésus le lui avait fait annoncer par des disciples peu de temps auparavant.
Hérode le tint enfermé dans une prison souterraine de son château. Personne ne pouvait le voir.
Le roi l'écoutait souvent. Sa femme l'avait poussé à cet acte de violence. Lui-même avait un grand respect pour Jean, et il désirait seulement qu'il ne le reprit pas à cause de son mariage adultère. Le dimanche de la Trinité (2 juin), je le vis dans sa prison. Six semaines après que Jean eut été fait ainsi prisonnier, Hérode lui rendit la liberté.
Pendant que Jésus, voyageant avec les disciples séparés en petites troupes, gagnait la plaine d'Esdrelon à travers la Samarie, je vis Barthélemy, venait du baptême de Jean à Dabbeseth, sa rencontrer les disciples qui lui parlèrent de faisait Jésus. André particulièrement lui parla du Seigneur avec un grand enthousiasme. Barthélémy écouta tout cela avec joie et avec qui proposait volontiers d'enrôler parmi les disciples des hommes instruits, se rapprocha de Jésus et lui parla de Barthélémy comme de quelqu'un qui se mettrait volontiers à sa suite. Lorsque Barthélémy passa devant le Seigneur, André le lui montra. Jésus le regarda et dit à André : ‘ Je le connais, il me suivra ; je vois du bon en lui, et je l'appellerai quand le temps sera venu. Barthélémy résidait à Dabbeseth, à peu de distance de Ptolémais : il était scribe. Je le vis ensuite se rencontrer avec Thomas, lui parler de Jésus et le bien disposer à son égard.
Pendant ce voyage fait en toute hâte vers Tyr, des disciples et des membres de la famille de Jésus vinrent le trouver, spécialement en Galilée et l'accompagnèrent quelque temps : quelques-uns le quittèrent de nouveau. Il les exhorta à la persévérance dans les épreuves qu'ils allaient avoir à subir, leur fit connaître ce qu'il allait faire, et leur donna diverses instructions pour les siens et pour d'autres disciples.
Jésus, en faisant ce voyage, eut à souffrir de grandes privations ; je vis plusieurs fois Saturnin ou d'autres disciples de sa suite apporter du pain dans une corbeille et Jésus tremper dans l'eau des croûtes desséchées afin de pouvoir les manger. Pendant qu'il enseignait et guérissait sur les confins de Sidon et de Tyr, ayant avec lui quelques disciples des moins connus qui allaient et venaient alternativement, les pharisiens mettaient leurs mesures à exécution. On conduisait les disciples, selon le pays d'où ils étaient, à Jérusalem ou, en Galilée, à Gennabris devant de grandes assemblées, dans les synagogues et les écoles, pour avoir à répondre sur Jésus, sa doctrine, ses desseins et leurs relations avec lui. Les pharisiens les vexèrent de toutes les façons. J'ai vu une fois Pierre, André et Jean les mains liées, mais ils brisèrent leurs liens par un loger mouvement, comme par miracle : ils furent renvoyés sans bruit, comme tous ceux qu'on avait conduits à Gennabris, et se retirèrent à Bethsaide et à Capharnaüm pour y reprendre les travaux de leur profession.
Quand tout cela eut pris fin, Jésus revint en secret des confins de Sidon et de Tyr à Capharnaüm dans la maison de sa mère, et il la consola. Ses disciples vinrent le rejoindre et lui racontèrent ce qu'ils avaient eu à souffrir. Il les rassura, leur recommanda la persévérance, et leur promit de les appeler et de leur donner leur mission.
Jésus alla de là, à quelques lieues au nord, dans deux villes situées près d'un petit lac couvert de roseaux. Je ne sais pas m'expliquer bien précisément, mais il me semble qu'il y avait un canton étranger enclavé entre ces villes et la Galilée. (Peut-être parce qu'elle voyait des païens dans ces endroits.) Les deux villes sont en face l'une de l'autre ; entre elles sont de sombres profondeurs : des rivages escarpés, une eau trouble et marécageuse couverte de joncs ; c'est comme un petit lac : beaucoup de bêtes sauvages se tiennent là dans le marécage et les roseaux. Je crois que le Jourdain coule au travers : là où sont les villes, la pièce d'eau n'est pas large ; l’une d'elles a un nom comme celui d'Adam, elle s'appelle Adama, l’autre s'appelle, je crois, Séleucie. Jésus séjourna longtemps et tour à tour dans ces deux villes et dans cette contrée : il y enseigna et il y guérit. à Adama il y a des Juifs, mais d'une race rejetée : dans l'autre ville, ce sont des paiens ; les Juifs n'y habitent que dans des coins, dans des trous, dans des murs en ruine. Jésus était tantôt dans l'une de ces villes, tantôt dans l'autre. Saturnin et deux nouveaux disciples de ce pays étaient habituellement près de lui : on le regardait comme un prophète, revêtu d'une vertu venant d'en haut. Il enseignait plutôt dans des réunions particulières que dans des synagogues. Il ne se produisait qu'avec une certaine circonspection. Il se rencontrait avec des gens choisis dans des lieux solitaires, et c'était sans bruit qu'il guérissait et qu'il donnait ses conseils. Ici et à Tyr, je remarquai dans ses manières et dans sa façon d'enseigner quelque chose qui différait de ses procédés parmi les Juifs. On ne le connaissait pas autant et on le tenait pour un prophète. Son œuvre était une préparation.
(25 juin.) J'ai vu Jésus se rendre d'Adama à Tyr avec un couple de disciples. Il y avait plus d'une journée de voyage. Je le vis partir, faire la route et entrer à Tyr. Je ne je vis s'arrêter en chemin que dans de pauvres maisons. Jésus enseigna à Tyr dans une hôtellerie, près de la porte du côté de la terre. Il lui fallut franchir dans son voyage une très haute chaîne de montagnes. Tyr est une très grande ville, qui est bien cinq fois aussi grande que Munster. Quand on la regarde de haut en bas, on voit une partie de la ville placée sur une pente, comme si elle allait rouler du haut de la montagne. Jésus n'alla pas au centre de la ville, il se tint le long des murs, du côté qui regarde le continent. Cette partie n'était pas très peuplée, l'hôtellerie était dans cette muraille épaisse et un chemin la traversait.
Jésus porte une tunique brune ou grise et un manteau de laine blanche. Il ne va pas dans la synagogue ni dans les lieux de réunions publiques, mais il entre ça et là dans les maisons des pauvres pratiquées dans la muraille ; il console, exhorte, guérit et enseigne dans des réunions particulières. Deux disciples vont et viennent entre lui et ses amis de Galilée, ce sont Saturnin et un tout jeune homme de seize à dix-huit ans, pour lequel Marie a de l'affection : son nom ne me revient pas. Ils ne vont pas en public avec lui, mais ils se rencontrent avec lui comme par hasard dans quelque hôtellerie.
Il se montre ici comme un prophète, comme un homme éclairé d'en haut, et des païens même se laissent enseigner par lui. Les gens se tiennent tranquilles et restent silencieux quand ils le voient pour ne point attirer de désagréments à lui et à eux. Je l'ai sous les yeux de temps en temps : j'ai vu le 25 qu'étant dans une maison, il ordonna à un malade de se lever, et qu'il le conduisit par la main : je l'ai vu aussi bénir des enfants. Je vis, entre autres choses, qu'il tint un enfant couché sur ses bras et le plongea dans l'eau d'un bassin. Je crois que ce fut plus qu'une guérison, que ce fut aussi une purification. Je l'ai souvent vu plonger des enfants dans l'eau. C'était cette fois un enfant de sept ans, Jésus le tenait couché sur ses deux bras et le mit dans le bassin : on l'enveloppa ensuite d'un linge blanc. Saturnin et l'autre disciple étaient là : ils avaient quelque chose à faire, je crois qu'ils versèrent l'eau. Les parents de l'enfant se tenaient plus à distance : c'était comme un baptême, mais aussi comme une purification et une guérison : je ne puis pas le dire exactement. Jésus me parut être allé là pour y faire venir ses disciples.
(26 juin.) Aujourd'hui, il arriva à Tyr une vingtaine de disciples galiléens. Pierre, André, Jacques le Mineur, Thaddée, Nathanaël-Khased Nathanaël le fiancé étaient là ainsi que tous les autres qui avaient tété aux noces de Cana Je vis parmi eux environ six des futurs apôtres. Ils avaient voyagé séparés en petites troupes, et étaient allés dans des hôtelleries différentes a Tyr. Jésus alla à eux comme par hasard et les salua.
Le soir, je vis Jésus dans un endroit voisin de Tyr, dans la direction du nord. Je crois que c'était une dépendance de la ville : il fallait passer l'eau. (Peut-être était-ce la nouvelle Tyr et un canal qui la séparait de l'ancienne.) il fut là dans une hôtellerie, et les disciples vinrent tous l'y rejoindre. La manière dont il les salue est très touchante : il passe devant eux successivement et leur donne la main. Ils sont très respectueux, mais pourtant tout à fait en confiance avec lui ; ils le traitent comme un personnage surhumain. Ils ressentaient une joie indicible de le revoir. Il leur tint un long discours : ils lui racontèrent ce qui s'était passé dans leur pays par rapport à lui et à eux. Jésus les exhorta à la persévérance : il dit aux futurs apôtres d’abord, et à tous en général, qu'ils devaient acheter de mettre ordre à leurs affaires et propager de plus en plus sa doctrine parmi le peuple dans les endroits qu’ils habitaient il leur donna aussi des instructions touchant leurs femmes, et leur dit ce que celles-ci avaient à faire. Il dit encore qu'il viendrait bientôt près d'eux et recommencerait à se montrer en public ; j'appris aussi qu'il ferait une grande instruction publique lorsqu'il serait revenu près d'eux en Galilée. Je crois que ce sera dans les environs de Tibériade, au lieu ou Jésus, après la résurrection, mangea du poisson avec eux. J'ai aussi entendu que ce serait le 15 ou le 25 : le nombre 5 y était. Il leur dit encore qu'il les appellerait plus tard solennellement et leur donnerait leur mission.
Tous mangèrent ici avec Jésus. Ils avaient apport. dans des besaces du pain, des fruits, du miel, et aussi du poisson. Je vis aussi que tous passèrent la nuit dans cette maison ainsi que Jésus. Pour aller à la première ville de Tyr, Jésus avait à passer un petit canal : mais pour venir où il était maintenant, il lui fallait traverser un bras de mer de peu de largeur : car ceci est tout à fait une île. Il y a plus de commerce dans cette partie de la ville, quoiqu'elle soit beaucoup plus petite, que dans l'autre, qui paraît très abandonnée.
(27 juin.) Ce soir, la narratrice, activement occupée à ranger divers morceaux d’étoffe destinés à l'habillement des pauvres, parut avoir une espèce d'absence, et dit : Je mets tout cela en ordre, puis je reviens tout à coup à moi, et alors je ne sais plus distinguer les couleurs, car je vois Jésus aller et venir. Il est maintenant au nord-est de Tyr, entre des collines.
Aujourd'hui jeudi, les disciples partirent de bon matin pour retourner en Galilée. Jésus, accompagné de Saturnin et du jeune disciple, alla sur la terre ferme, à deux lieues au nord-est de Tyr. Je le vois maintenant marcher entre des collines : il y a là des paysans qui habitent dans des cabanes, parmi des arbres fruitiers : ils sont occupés de la récolte des fruits. Le fruit était mur sur l'un des côtés des collines, mais ne l'était pas encore sur l'autre côté. Jésus visite ces gens les uns après les autres, il les enseigne et les exhorte. Il se rend maintenant avec eux dans une cabane pour y manger, et il y passera la nuit.
J'ai oublié de parler d'une ville singulière par laquelle Jésus passa lorsqu'il alla de Galilée à Tyr, et qu'il laissa à gauche sur le chemin d'Adama. Elle est située au sud-est de Tyr, dans la triste contrée (Khabul) qui sépare Tyr de la Galilée. Elle est à droite du chemin de Tyr, dans une position élevée entre des montagnes. Elle n'est pas très grande ; elle est entourée d'eau, et quand les sources grossissent, et est souvent inondée, si bien que les gens sont forcés de se réfugier sur les toits. Son nom m'a échappé : j'ai dans l'oreille des sons qui s'y rapportent, comme Joris, Sichor, Libna, Ani, etc. : mais je ne puis pas, m'y retrouver.
(28 juin.) Jésus est revenu aujourd’hui avec les deux disciples à la presqu'île de Tyr, dans la même maison où il s'était trouvé avec les disciples. Ce n'était pas proprement une hôtellerie, mais un lieu de' réunion pour les Juifs. Il y a là un homme qui est comme un lecteur public : il a un manipule qui lui pend au bras. Il y a là une école ; elle n'est pas sur une hauteur. comme c'est l'ordinaire en Judée, mais dans la plaine.
Il y a toujours dans les grandes villes deux hôtelleries auprès de la porte et une au milieu de la ville. La maison où est Jésus se trouve au milieu de l'île. Lorsqu'il y revint, il passa sur une large chaussée qui repose sur des pieux et sur des arches en maçonnerie. Des deux côtés de la chaussée sont des allées d'arbres couverts de fruits jaunes. Deux chaussées semblables mènent dans l'île. Je vis encore Jésus aller ça et là dans les maisons, et le soir célébrer le sabbat dans une réunion. Dans les derniers temps, je n'ai vu Jésus que tous les deux ou trois jours, et jamais longtemps de suite : c'est pourquoi je n'ai pas toujours vu célébrer le sabbat.
(30 juin). Hier, je ne vis pas Jésus : il célébra le sabbat à Tyr. Aujourd'hui, après midi, je le vis dans la maison où il s'était trouvé récemment avec les apôtres. C'était un lieu de réunion : il y avait un jardin où l'on prenait des bains. Aujourd'hui, il alla dans un autre endroit. Au milieu d'une cour entourée d'un mur, et, en dedans du mur, d'une haie d'arbrisseaux tortueux, taillés de manière à former diverses figures, se trouvait une salle environnée de corridors et de petites chambres. Ce jardin de plaisance où l'on prenait des bains se trouvait au bord de l'eau qui sépare l'île de la terre ferme. La salle ouverte sur la cour était une salle à colonnes. On voyait dans la cour une citerne spacieuse pour les baigneurs : il y courait de l'eau vive. On pouvait descendre par un côté : au milieu était une colonne avec des degrés et des poignées, de sorte qu'on pouvait descendre dans l'eau aussi profondément qu'on voulait. De vieux Juifs habitaient ce lieu, ils étaient d'une secte ou d'une origine décriée, mais c'étaient des gens pieux et bons.
Il y avait ici beaucoup d'hommes, de femmes et d'enfants rassemblés autour de Jésus : on apportait aussi des malades et spécialement des enfants sur des lits. Mais tout cela se faisait très tranquillement et avec beaucoup d'ordre. Les gens allaient et venaient, et les vieux habitants de la maison les présentaient au Sauveur. Jésus fit ici une instruction ou une exhortation. Il parla de Moïse, des prophètes, de l'approche du Messie. Il donna des explications sur la sécheresse qui eut lieu du temps d'Élie, la prière du prophète pour la pluie, la nuée qui s'éleva de la mer et la pluie qui en résulta. Il parla de l'eau et de la purification. Il guérit beaucoup de malades et leur recommanda d'aller au baptême de Jean. Il guérit plusieurs enfants qu'on avait apportés sur des lits. Il prit sur ses bras plusieurs de ces enfants qu'il plongea dans l'eau dans laquelle Saturnin avait versé auparavant d'autre eau qu'il avait bénie. Les deux disciples les baptisèrent. Il y avait là aussi des garçons plus avancés en âge qui descendirent et se plongèrent en se tenant au pieu et furent ainsi baptisés. Bien des choses se faisaient là autrement qu'ailleurs. Plusieurs des adultes devaient se tenir à distance. Cela dura jusqu'à l'entrée de la nuit.
(1er juillet.) Ce matin, Jésus regagna la terre ferme par la chaussée avec les deux disciples. Il les envoya à Capharnaum inviter six disciples à venir le joindre dans les environs de Tibériade, pour assister à l'instruction dont j'ai parlé récemment. Ils devaient ensuite se rendre près de Jean Baptiste. Jésus lui-même alla seul à dix ou onze lieues au sud-est de Tyr, dans cette ville que je l'ai vu traverser récemment et dont j'ai dit qu'elle était souvent inondée. Jésus alla entre le midi et levant, et laissa à sa gauche plusieurs endroits dont un désert le séparait. Il avait à l'est sur sa gauche, à une grande distance, le lac Mérom avec ses deux villes. Il allait seul, cependant il rencontrait parfois sur les chemin de traverse des voyageurs qui l'accompagnaient quelque temps et auxquels il causait un grand étonnement. Il eut à traverser une crête de montagnes : de l'autre côté on descendait à travers beaucoup de broussailles et sur un gazon incroyablement haut et touffu.
Il tombe bien cinq ruisseaux dans la vallée et ils sont plus ou moins abondants selon la saison de l'année. Il y a ici dans la vallée beaucoup de bêtes sauvages de grande taille qui se dispersent dans le pays quand vient l'inondation.
La ville est très grande, divisée en parties isolées, entourée et traversée par l'eau. Il y a dans les intervalles beaucoup de jardins et d'arbres fruitiers. La partie agglomérée la plus considérable est bien aussi grande que Munster. à quelque distance se trouve encore une autre grande ville. Ce pays est celui que Salomon donna au roi Hiram. La ville, quoique libre, dépend de Tyr à certains égards. J'ai encore oublié le nom, mais il ressemble à Ami-Chores (Amead-Sichor), et elle est surnommée la ville de l'eau ou la ville de la pluie. On élève dans cet endroit beaucoup de bétail ; j'ai vu aussi beaucoup de grands moutons à laine fine qui peuvent traverser l'eau à la nage. On y tisse de belles étoffes de laine qui sont teintes à Tyr. Je n'ai pas vu ici cultiver les champs, il y a seulement des vergers. Il croît dans l'eau une espèce de blé à grande tige dont on fait du pain : je crois qu'il vient sans culture. Il y a une route pour aller de là en Syrie et en Arabie : aucune route ne conduit en Galilée. Jésus alla à Tyr par un chemin de traverse La grande ville située dans le voisinage est sur le territoire juif Jésus n'a traversé qu'un petit coin de la terre de Khaboul.
Je vis ici deux grands ponts, l'un très élevé et très long, servait de passage quand tout était inondé : on pouvait descendre en bas de l'autre par les arches. Les maisons étaient hantes et arrangées de manière qu'au temps des grandes eaux les gens Pussent s'établir sur le toit sous des tentes.
La plupart des habitants étaient paiens et de diverses religions, à ce que je crois : car je vis plusieurs édifices terminés en pointe et surmontés de petits drapeaux. que je pris pour des temples d'idoles. Ce qui me surprit, c'est qu'un assez grand nombre de Juifs habitaient ici et même dans de grands et beaux bâtiments, quoiqu'ils soient soumis à une certaine oppression. C'étaient, je crois, des Juifs fugitifs.
La maison où Jésus entra était devant la ville, du côté par où il arriva : il lui fallut pourtant d'abord passer l'eau. Il s'était déjà mis en rapport avec ces gens lorsqu'il avait passé là récemment. Ils me paraissaient aussi attendre son arrivée, car ils vinrent à sa rencontre et le reçurent avec beaucoup de déférence. C'étaient des Juifs ; parmi eux était un homme âgé avec une nombreuse famille : il demeurait dans une très belle maison. C'était comme un palais avec beaucoup de bâtiments plus petits qui en dépendaient. Par l’effet d'une crainte respectueuse, il ne conduisit pas Jésus dans sa maison, mais dans une habitation attenante où il était seul : il lui lava les pieds et l'hébergea.
J'ai aussi vu une grande troupe d'ouvriers, hommes, femmes et enfants, gens de toute race, parmi lesquels des hommes bruns et noirs, arriver sur une grande place. C'étaient vraisemblablement des esclaves de cet homme qui revenaient de leur travail et allaient prendre leur nourriture. Ils demeuraient dans des bâtiments latéraux peu élevés : ils avaient avec eux des pelles et des charrettes de toute espèce : ils portaient aussi sur leurs épaules de petites barques légères, semblables à des baquets, au milieu desquelles il y avait un siège avec des rames J'y vis aussi des instruments de pêche. Je crois qu'ils étaient employés à construire des ponts et des chaussées. Ces gens recevaient leurs aliments dans des pots : il y avait des légumes verts et des oiseaux : il s'en trouvait parmi eux qui se nourrissaient de poisson cru. Jésus les fit passer devant lui, leur adressa la parole amicalement, et ils se réjouirent de voir un pareil homme.
Deux Juifs vinrent trouver Jésus avec des cahiers d'écriture : ils mangèrent avec lui, et il leur donna diverses explications qu'ils désiraient beaucoup avoir Je crois que c’étaient des gens chargés d'instruire la jeunesse. Il me sembla qu'il se trouvait une synagogue près de la maison : car il y avait un bâtiment sur lequel était une banderole.
Jésus ira plus tard d'ici à Adama : il doit ensuite faire un détour et aller beaucoup plus au nord. Adama et Séleucie ne sont séparées que par une pièce d'eau trouble, et il semble qu'autrefois elles n'aient fait qu'une ville, car il y a des murs en ruines qui vont jusqu'au lac.
(2 juillet.) L'homme chez lequel Jésus loge est un riche Juif ; il s'appelle Siméon, et il est des environs de Samarie. Lui ou ses ancêtres ont aidé à la construction du temple qui est sur le mont Garizim ou se sont unis aux Samaritains ; cela les fit chasser du pays, et ils s'établirent ici.
Jésus enseigna toute la journée près de la maison de son hôte, sur une place publique entourée de colonnes, au-dessus de laquelle on avait tendu des couvertures. Le maître de la maison allait et venait : beaucoup de Juifs de tout âge et de tout sexe étaient réunis ; je ne vis pas ici de malades ni d'impotents : les gens sont d'un tempérament sec, maigres et de haute taille.
Ici aussi Jésus enseigna sur le baptême, et dit que des disciples envoyés par lui viendraient baptiser dans ce lieu il me revient maintenant en mémoire que les quatre apôtres doivent venir ici et que Jésus y enseignera encore Le soir, il alla de nouveau avec son hôte sur le chemin par où les esclaves revenaient de leur travail : il leur parla, les consola et leur raconta une parabole. Il y avait parmi eux plusieurs braves gens qui furent très touchés, et aussi des hommes vulgaires et grossiers qui se montraient mécontents et hostiles : c’étaient ceux qui mangeaient le poisson cru : ils étaient tenus plus sévèrement, et quelques-uns des autres leur étaient préposés. Ils reçurent de nouveau leur salaire et leur nourriture Cela me lit penser à la parabole où le maître de la vigne paye les ouvriers. Ils demeuraient à environ un quart de lieue de la maison de Siméon, dans un groupe de cabanes. Siméon les faisait travailler en vertu d'une espèce de privilège : c'était comme une corvée qu'ils faisaient pour lui.
(3 juillet,) Ce matin je vis Saturnin et les autres disciples revenir près de Jésus Je crois que d'autres disciples de Galilée ont été envoyés à Jean. Jésus enseigna encore toute la journée comme hier : il ne mangea que le matin et le soir. Le soir, quand tous les Juifs furent partis, vingt païens environ vinrent le trouver : dès les jours précédents, ils l'avaient fait prier de les recevoir. La maison de Siméon était bien a une demi lieue de la ville, et les paiens ne pouvaient aller au delà d'une certaine tour ou d'une certaine arcade. Mais Siméon amena ceux-ci à Jésus, qu'ils saluèrent respectueusement et qu'ils prièrent de les instruire il s'entretint longtemps avec eux dans une salle ; cela se prolongea si bien, que le soir vint et qu'on alluma les lampes il les consola, raconta une espèce de parabole relative aux trois rois, et dit que la lumière se tournerait vers les païens.
(4 juillet.) Je vis ce matin Jésus aller avec les deux disciples à la rencontre des apôtres qui arrivaient. Il leur fallut d'abord franchir la montagne : ils avaient fait à peine une lieue qu'ils étaient déjà sur le territoire de la Galilée : ils allèrent bien jusqu'à trois ou quatre lieues en avant. Dans l'après-midi, je vis Jésus et ses compagnons réunis aux disciples qu'ils attendaient de Galilée dans une hôtellerie située sur le territoire galiléen. Il en était venu encore plusieurs autres, et aussi quelques femmes, parmi lesquelles je reconnus Marie, mère de Marc, qui avait fait un séjour près de la mère de Dieu, et la tante maternelle de Nathanael le fiancé, une de celles que j'appelle les trois veuves. Parmi les sept qui étaient venus spontanément, se trouvait Jean. Ceux qui avaient été convoqués étaient Pierre, André, Jacques le Mineur et Nathanaël-Khased. J'ai vu tous ceux-là avec Jésus dans l'hôtellerie, où ils prirent quelque nourriture. Marie n'était pas là.
(5 juillet.) Je vis hier soir, très tard, lorsqu'il faisait déjà nuit, Jésus et ses compagnons retourner à Sichor-libnath et les sept autres reprendre leur route vers la Galilée. C'était une nuit d'été singulièrement agréable. L'air était embaumé et le ciel très clair. Ils marchaient quelquefois tous ensemble, quelquefois les uns devant, les autres derrière, et Jésus seul au milieu. Je les vis une fois se reposer dans une contrée extrêmement fertile, sous des arbres chargés de fruits, dans le voisinage de prairies humides. Lorsqu'ils repartirent, il s'éleva de la prairie un essaim d'oiseaux qui les suivit constamment. Ces oiseaux étaient presque gros comme des poulets, avaient des becs rouges et de longues ailes effilées, à peu près comme celles des anges dans les tableaux, et ils avaient entre eux d singuliers colloques. Ils accompagnèrent le Seigneur jusqu'à la ville, où ils s'abattirent sur les eaux dans les roseaux : ils rasaient la surface de l'eau comme des poules d'eau. Je me disais qu'ils voulaient sans doute se faire tuer là pour Jésus.
Il y avait quelque chose d'indiciblement touchant dans cette belle nuit, lorsque Jésus parfois s’arrêtait, priait ou enseignait, et que les oiseaux aussi se posaient. Je les vis ainsi franchir la montagne et descendre de l'autre côté. Je vis ce matin Siméon aller au devant d'eux : il leur lava les pieds à tous, leur offrit à boire et à manger dans un vestibule, et les conduisit dans sa maison. Les oiseaux que j'ai vus appartenaient au maître de la maison ; c'étaient des oiseaux aquatiques, mais qui s'envolaient comme des pigeons. Pendant la journée, Jésus enseigna ici, et le soir ils célébrèrent le sabbat dans la maison de Siméon. Outre Jésus et les disciples, il y axait une vingtaine de Juifs rassemblés. La synagogue était dans un caveau souterrain où l'on descendait par des degrés : elle était arrangée avec beaucoup de soin. Il y avait là un lecteur attitré qui entonna les chants et fit des lectures. Après cela, Jésus enseigna encore. Je vis plus tard les disciples et Jésus aller se coucher : ils passèrent la nuit dans la même maison que lui.
(6 juillet.) Jésus et les disciples ne dormirent que deux heures. Je les vis aujourd'hui au point du jour assez avancés déjà sur le chemin qui mène au nord-ouest par des détours dans les montagnes à une petite ville juive du pays de Khaboul. Il y avait là des Juifs chasses de leur patrie qui avaient souvent demandé leur réhabilitation ; mais les pharisiens ne voulaient point les recevoir. Ils désiraient ardemment depuis longtemps que Jésus vint les voir, mais ils ne s'en jugeaient pas dignes et à cause de cela ils ne le lui avaient pas fait demander, mais il alla de lui-même les visiter. Il y avait bien cinq à six lieues de chemin, à cause des nombreux détours qu'il fallait faire à travers les montagnes.
A l'approche de la petite ville juive, deux disciples allèrent en avant et annoncèrent au chef de la synagogue l'arrivée de Jésus. Quoique ce fût jour de sabbat, Jésus fit pourtant ce voyage, car dans ce pays, il se dispensait, lorsqu'il y avait urgence, d'observer rigoureusement la prescription relative au chemin du sabbat.
Il alla trouver les préposés de la synagogue qui le reçurent très humblement. Ils lui lavèrent les pieds ainsi qu'aux disciples, et lui offrirent quelque chose à manger. Il se fit ensuite conduire chez tous les malades et il en guérit une vingtaine. Il y avait parmi eux des hommes très courbés, des paralytiques, des femmes affligées de pertes de sang, des aveugles, des hydropiques' avec tout cela beaucoup d'enfants et des lépreux.
Sur le chemin quelques possédés crièrent après lui et il les délivra. Tout se passa du reste avec beaucoup d’ordre et de calme. Quelques disciples aidaient ceux qui étaient guéris à se lever, d'autres donnaient des avis aux gens qui suivaient et se rassemblaient. Aux portes. J'ai vu Jésus exhorter certains malades avant de les guérir, à croire et à changer de vie. Quant à d'autres qui avaient déjà la foi, il les guérit immédiatement. Je le vis lever les yeux au ciel et prier sur eux : il en toucha quelques-uns ou passa la main sur eux. Je le vis aussi bénir l'eau, en asperger lui-même les assistants et faire asperger la maison par ses disciples. Dans quelques maisons il mangea ou but quelque chose ainsi que les disciples. Plusieurs de ceux qui étaient guéris se levaient, se prosternaient devant lui, l'accompagnaient pleins de joie, comme on accompagne le saint Sacrement, mais toujours à une distance respectueuse. Il ordonna à d'autres de rester chez eux.
Je le vis en outre ordonner à quelques-uns de se baigner dans l'eau qu'il avait bénie : c'étaient principalement des lépreux et des enfants. Je le vis aussi aller bénir une fontaine près de la synagogue : on y descendait par des marches : car elle était située à une grande profondeur : il y jeta aussi du sel qu'il bénit. Il enseigna à cette occasion touchant Elisée, qui avait sanctifié l'eau avec du sel, près de Jéricho, et dit aussi ce que le sel signifiait : mais je l'ai oublié Il ordonna aux gens de se laver plus tard avec l'eau de cette fontaine quand ils seraient malades. Il bénissait toujours en forme de croix : les disciples tenaient son manteau qu'il déposait souvent et lui présentaient le sel qu'il jetait dans l'eau. Il faisait tout cela avec beaucoup de gravité et de solennité.
J'ai bien vu à cette occasion combien l'eau bénite est une chose sacrée, et j'aurais voulu voir là le professeur R... qui m'a parlé une fois si légèrement de l'eau bénite. Il m'a été dit aussi que ce même pouvoir de guérir a été donné aux Prêtres, que ceux qui guérissent. comme par exemple le prince de Hohenlohe, font précisément ce que faisait Jésus, et que le peu de foi qu'a le grand nombre, montre qu'on est bien tombé en décadence.
Je vis encore qu'on porta à Jésus sur des lits quelques malades qu'il guérit et qu'il fit encore une instruction dans la synagogue. Je ne je vis pas prendre de repas. Il enseigna et guérit toute la journée. Le soir, après le sabbat, il quitta cet endroit avec les disciples, et quand il prit congé des habitants qui étaient tout tristes, il leur ordonna de rester là, de ne pas l’accompagner : ils lui obéirent en toute humilité. Il avait béni et purifié l'eau, parce qu'ils n'avaient que de mauvaise eau, dans laquelle il y avait des serpents et des bêtes avec de grosses têtes et de longues queues (des salamandres). Il se rendit avec les disciples à deux lieues d'ici, à une grande hôtellerie isolée, située dans la montagne ; il y mangèrent et y couchèrent. Ils l'avaient laissée de côté en venant.
(7 juillet.) Aujourd'hui beaucoup de gens vinrent avec des malades à cette hôtellerie parce qu'ils avaient su que Jésus devait y venir. Ils habitaient sur les deux pentes de la montagne dans des huttes et des grottes. Sur le côté occidental qui regardait Tyr, habitaient des païens qui, eux aussi, étaient venus : sur le côté oriental demeuraient de pauvres Juifs. Il enseigna sur la purification, l'ablution et- la pénitence et guérit au moins trente malades.
Les paiens se tenaient à part et il ne les enseigna que quand les autres furent partis. Il leur adressa des paroles très consolantes. Cela dura jusqu'à l’après-midi Ce sont de pauvres gens, ils ont de petits jardins et des plantations autour de leurs demeures : ils se nourrissent de lait de brebis dont ils font du fromage qu'ils mangent en guise de pain : en outre, ils recueillent les fruits de leurs jardins avec d’autres fruits qui croissent sans culture et vont les vendre au marché : plusieurs aussi portent de la bonne eau dans des outres à la petite ville où Jésus était hier et en d'autres endroits ; car dans ce pays l'eau est très mauvaise et pleine de vilaines bêtes : c'est pourquoi Jésus la bénit et la purifia par sa bénédiction. Il y avait chez ces gens beaucoup de lépreux. Jésus bénit l'eau et leur dit de s'y laver.
Vers le soir Jésus revint à Amichorès ou Sichor-libnath, il y enseigna encore et dit qu’il baptiserait le jour suivant. La ville d'Amichorès, surnommé ville aquatique ou ville de la pluie, s'appelle aussi Amead Sichor Libnath : elle est à deux lieues de Ptolémaïs, dans l'intérieur des terres, près d'un petit lac d'une eau trouble ; il est inaccessible d'un côté où il est bordé par une haute montagne. De ce lac sort l'eau chargée de sable du petit fleuve Bélus, appelé aussi Sichor Libnath, dont la source est surmontée d'un monument, et qui se jette dans la mer près de Ptolémais. La ville est si grande que je ne puis pas comprendre comment on sait si peu de chose sur elle. La ville juive de Miseal n'était pas éloignée : il y avait plusieurs autres villes à l'entour. Lorsque Jésus, s'enfuyant du lieu où il baptisait, vint ici pour la première fois, il passa par un endroit voisin appelé Bethsemès.
(8 juillet.) Dans la cour de Siméon, l’hôte de Jésus il y avait un grand bassin rond plein d'eau, autour duquel on avait creusé un fossé profond ; il était alimente par les eaux qui, dans ce pays, sortent partout de terre, et l’eau n'en était pas bonne ; elle avait un mauvais goût. C'est pourquoi Jésus l'avait bénie récemment, comme il avait fait dans l'autre endroit.
Le sel qu'il y jeta n'était pas comme notre sel ; c'était comme des morceaux de pierre. Il y en avait toute une mine dans les environs.
Près de ce bassin, qui auparavant avait été vidé, puis curé, eut lieu aujourd'hui le baptême d'environ trente personnes. On baptisa le maître de la maison, les mâles de sa famille et ses commensaux, quelques autres Juifs de l'endroit, en outre plusieurs païens qui étaient allés voir Jésus récemment, et quelques-uns des esclaves des cabanes avec lesquels il s'était entretenu plus d'une fois quand ils revenaient du travail. Les païens passèrent les derniers, et ils eurent d'abord à faire certaines ablutions. Jésus versa d'abord dans le bassin un peu de cette eau du Jourdain que lui et ses disciples portaient habituellement avec eux, et il bénit l'eau. On fit aussi entrer dans le bassin de l'eau du canal qui régnait à l'entour, en sorte que les baptisés en avaient jusqu'aux genoux.
Jésus les instruisit longuement et les prépara. Ils se présentèrent couverts de longs manteaux gris et avec des capuchons sur la tète ; je crois que c'était une espèce de manteau pour la prière. Quand ils entrèrent dans le fossé qui était autour du bassin, ils déposèrent leurs manteaux : ils n'avaient qu'un linge autour des reins, et sur le haut du corps un petit manteau ouvert sous les bras qui couvrait la poitrine et le dos. un disciple leur mit la main sur les épaules et un autre sur la tête. Le baptisant leur versait plusieurs fois de l'eau du bassin sur la tête avec une espèce de soucoupe, en invoquant, je crois, le nom du Très-Haut. André baptisa d'abord, puis ce fut Pierre, lequel fut remplacé par Saturnin. Cela, avec les préparations, dura jusqu'au soir.
Quand ces gens furent partis, Jésus et les disciples sortirent de la ville par petits groupes, comme s'ils eussent été se promener ; ils se réunirent sur la route et allèrent au levant vers Adama, près du lac Mérom. Je les vis se reposer la nuit sur un beau gazon très touffu.
(9-21 juillet.) Quoique Adama me parût être à peu de distance, Jésus dut pourtant faire encore quelques lieues, en remontant le long d'une petite rivière, pour arriver au passage qui avait lieu sur un radeau de poutres placé là, sans l'aide d'aucun batelier. Ils se dirigèrent ensuite vers Adama, où ils arrivèrent dans l'après-midi. Plusieurs des principaux de l’endroit étaient rassemblés dans un jardin destiné à prendre des bains : on y conduisait l'eau de la petite rivière. Ils semblaient avoir attendu Jésus, car ils allèrent au-devant de lui et le conduisirent à une maison qui se trouvait sur une place au milieu de la ville : elle était entourée d'un grillage de métal brillant et de diverses couleurs. Ils furent reçus là, on leur lava les pieds, on battit leurs manteaux et on les nettoya avec soin. On avait aussi préparé un repas très abondant, il y avait spécialement beaucoup de fruits et d'herbes vertes.
Ils conduisirent ensuite Jésus à la synagogue, où une grande partie des Juifs se rassembla. Elle avait trois étages superposés. Les femmes se tenaient à l'arrière-plan. Ils commencèrent par des prières et des chants adressés à Dieu, pour indiquer qu'ils considéraient comme fait en son honneur tout ce que ferait Jésus. Il parla des promesses divines et de la manière dont elles s'étaient succédées et accomplies. Il parla aussi de la grâce, dit comment la grâce acquise à un homme par les mérites de ses ancêtres ne se perdait pourtant pas, lors même qu'il ne méritait pas lui-même de la recevoir, mais était donnée à quelque autre qui en était plus digne. Il parla encore d'un acte méritoire de leurs aïeux, accompli dans cette ville à une époque si reculée qu'ils n'en avaient presque plus connaissance, mais qui leur profitait encore. Ils avaient autrefois donné asile à des étrangers chassés de leur pays.
(10 juillet.) Ce matin, les disciples parcoururent les quatre quartiers, allant dans diverses maisons afin d'en convoquer les habitants à une grande instruction pour le jour suivant. Ceux-ci en faisaient part à leurs voisins. Le soir, je vis un grand repas dans une salle ouverte, entre la cour et le jardin de la maison dans laquelle Jésus avait été conduit d'abord. Il y avait bien cinquante convives de la ville, et ils mangeaient à cinq tables. Jésus mangea avec les principaux habitants, les disciples aux autres tables avec les autres convives. Le repas était abondamment servi ; je crois que Jésus et les disciples y avaient contribué pour quelque chose. On avait placé sur la table des arbustes plantés dans des pots où était de la terre. Jésus donna divers enseignements pendant le repas : il alla aussi de table en table et s'entretint avec les conviés.
Après le repas, lorsqu'on eut desservi et dit l'action de grâces, on laissa encore les arbustes sur la table : tous les assistants formèrent un demi cercle devant Jésus : il les enseigna et les invita tous à une grande instruction qu'il voulait faire le lendemain en plein air, sur une place voisine du jardin où il avait été reçu.
Il y avait là un tertre vert, au milieu duquel était une chaire ombragée par un arbre ; tout autour était un grand espace protégé contre le soleil par cinq rangées d'arbres dont les branches se touchaient et formaient une seule masse. C'était un lieu très agréable. Il se trouvait au côté méridional de la ville ; le jardin des bains était plus au sud-est. Les habitants appelaient ce jardin le lieu de la grâce, parce qu'ils croyaient qu'autrefois une grâce leur était venue de ce côté. Ils avaient aussi sur le côté du nord une tradition, suivant laquelle il était venu autrefois de cette région un grand désastre pour la ville.
La ville était toute entourée d'eau, avait le lac Mérom au levant, et autour d'elle un canal qui se réunissait de nouveau au lac, près du jardin des bains : cinq ponts le traversaient. La ville n'avait pas de murailles.
Jésus logeait dans une grande hôtellerie, près de la porte par laquelle il était entré. Les habitants avaient coutume de très bien héberger les étrangers, et ils croyaient que cela leur portait bonheur ; mais quand les gens leur déplaisaient, il leur arrivait quelquefois de les mettre en prison.
Le lac Mérom, qui est au levant de la ville, est situé dans une cavité profonde et taillée à pic, couverte de roseaux et d'arbustes : son eau est trouble, excepté au milieu, où le Jourdain le traverse. Beaucoup de bêtes féroces ont là leurs repaires : on prend aussi dans le lac toute sorte d'animaux étranges, entre autres des serpents et de grands lézards que de pauvres gens de l'endroit promènent pour les montrer. J'ai vu en outre des gens qui, avec un sabre court et recourbé au côté, et armés d'épieux, vont mettre des appâts dans les fourrés pour attirer les bêtes sauvages et les prendre ils posent aussi des boules où il y a des crochets attachés à des cordes : ils attirent ainsi les bêtes à eux comme avec des hameçons et les tuent. Je les ai vus faire manger les bêtes dans des caisses en avant desquelles était une auge avec du lait que des serpents venaient boire. (La Sœur décrivit à cette occasion des animaux ressemblant à des chiens de mer et faisant de grands sauts hors de l'eau, de grosses anguilles, des lions, des tigres, des sangliers, contre lesquels on se mettait en garde et auxquels on faisait la chasse pour protéger les troupeaux et les jardins.)
Je crois que ces chasseurs d'animaux sont des soldats, car je vis qu'ils n'avaient pas de femmes et qu'ils habitaient un édifice peu élevé avec des rangées de chambres disposées autour d'une vaste cour ; il s'y trouvait une grande arcade par laquelle j'avais vue dans la cour du château qui était au milieu de la place publique. J'ai seulement vu l'intérieur, je n'étais pas dedans. (C'est ainsi qu'elle parla avec le sentiment de pudeur d'une fille de la campagne qui parle d'une caserne.)
Les chefs qui conduisirent Jésus dans le château, habitaient également à part des femmes, lesquelles logeaient sur le derrière dans un édifice séparé où on faisait la cuisine. Tous les étrangers qui venaient dans la ville étaient conduits à cette maison où on les interrogeait.
Anne Catherine Emmerich: Le Film
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Re: Anne Catherine Emmerich -
Je t'en prie, merci à toi pour ton appréciation
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