Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
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Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
4. « 30 décembre. Je vis de nouveau l'église de Saint-Pierre avec sa haute coupole. Saint Michel se tenait au sommet brillant de lumière, portant un vêtement rouge de sang et tenant à la main un grand étendard de guerre. Sur la terre il y avait un grand combat. Des verts et des bleus combattaient contre des blancs, et ces blancs, qui avaient au-dessus d'eux une épée rouge et flamboyante, paraissaient avoir le dessous : mais tous ignoraient pourquoi ils combattaient. L'église était toute rouge de sang comme l'ange, et il me fut dit qu'elle serait lavée dans le sang. Plus le combat durait, plus la couleur sanglante s'effaçait de l'église et elle devint de plus en plus transparente. Cependant l'ange descendit, alla aux blancs et je le vis plusieurs fois en avant de toutes leurs cohortes. Alors ils furent animés d'un courage merveilleux sans qu'ils sussent d'où cela leur venait ; c'était l'ange qui multipliait ses coups parmi les ennemis, lesquels s'enfuirent de tous côtés. Le glaive de feu qui était au-dessus des blancs victorieux disparut alors. Pendant le combat, des troupes d'ennemis passaient continuellement de leur côté et une fois il en vint une très nombreuse. Au-dessus du champ de bataille, des troupes de saints parurent aussi dans l'air : ils montraient, indiquaient ce qu'il fallait faire, faisaient des signes avec la main : tous étaient différents entre eux, mais inspirés d'un même esprit et agissant dans un même esprit.
« Lorsque l'ange fut descendu du haut de l'église, je vis au-dessus de lui dans le ciel une grande croix lumineuse à laquelle le Sauveur était attaché ; de ses plaies sortaient des faisceaux de rayons resplendissants qui se répandaient sur le monde. Les plaies étaient rouges et semblables à des portes éclatantes dont le centre était de la couleur du soleil. Il ne portait pas la couronne d'épines, mais de toutes les plaies de la tête partaient des rayons qui se dirigeaient horizontalement sur le monde. Les rayons des mains, du côté et des pieds avaient les couleurs de l’arc-en-ciel ; ils se divisaient en lignes très menues, quelquefois aussi ils se réunissaient et atteignaient ainsi des villages, des villes, des maisons sur toute la surface du globe. Je les vis çà et là, tantôt de loin, tantôt de près, tomber sur divers mourants et aspirer les âmes qui, entrant dans un de ces rayons colorés, pénétraient dans la plaie du Seigneur. Les rayons de la plaie du côté se répandaient sur l’église placée au-dessous, comme un courant très abondant et très large. L'église en était tout illuminée, et je vis la plupart des âmes entrer dans le Seigneur par ce courant de rayons.
« Lorsque l'ange fut descendu du haut de l'église, je vis au-dessus de lui dans le ciel une grande croix lumineuse à laquelle le Sauveur était attaché ; de ses plaies sortaient des faisceaux de rayons resplendissants qui se répandaient sur le monde. Les plaies étaient rouges et semblables à des portes éclatantes dont le centre était de la couleur du soleil. Il ne portait pas la couronne d'épines, mais de toutes les plaies de la tête partaient des rayons qui se dirigeaient horizontalement sur le monde. Les rayons des mains, du côté et des pieds avaient les couleurs de l’arc-en-ciel ; ils se divisaient en lignes très menues, quelquefois aussi ils se réunissaient et atteignaient ainsi des villages, des villes, des maisons sur toute la surface du globe. Je les vis çà et là, tantôt de loin, tantôt de près, tomber sur divers mourants et aspirer les âmes qui, entrant dans un de ces rayons colorés, pénétraient dans la plaie du Seigneur. Les rayons de la plaie du côté se répandaient sur l’église placée au-dessous, comme un courant très abondant et très large. L'église en était tout illuminée, et je vis la plupart des âmes entrer dans le Seigneur par ce courant de rayons.
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« Je vis aussi planer à la surface du ciel un coeur resplendissant d'une lumière rouge, duquel partait une voie de rayons blancs qui conduisait dans la plaie du côté et une autre voie de rayons qui se répandait sur l’Église et sur beaucoup de pays ; ces rayons attiraient à eux un très grand nombre d’âmes qui, par le coeur et la voie lumineuse, entraient dans le côté de Jésus. Il me fut dit que ce coeur était Marie. Outre ces rayons, je vis de toutes les plaies des échelles s'abaisser vers la terre ; quelques-unes n'y atteignaient pas tout à fait. Ces échelles étaient de formes différentes, étroites ou larges, avec des échelons qui s'étendaient plus ou moins loin. Elles étaient, soit isolées, soit pressées les unes contre les autres ; il pouvait bien y en avoir une trentaine. Elles étaient, suivant les couleurs du purgatoire, foncées d'abord, puis plus claires, d'une nuance grise et s'illuminant à mesure qu'elles montaient. Je vis beaucoup d'âmes grimper péniblement sur ces échelles. Plusieurs montaient rapidement, comme si quelqu'un les aidait et ne cessaient pas d'avancer, d'autres se pressaient confusément et retombaient sur des échelons inférieurs ; quelques-unes tombaient tout à fait dans les ténèbres. L'effort avec lequel elles gravissaient était très touchant, comparé à l’attraction joyeuse à laquelle d'autres obéissaient. Il semblait que celles qui montaient toujours, aidées dans leur ascension, étaient dans un rapport plus intime avec l’Église que celles qui étaient empêchées, arrêtées, délaissées, précipitées. Je vis aussi beaucoup de ces âmes dont les corps étaient restés sur le champ de bataille, prendre chacune leur voie pour entrer dans le corps du Seigneur. Derrière la croix, dans les profondeurs du ciel, je vis des séries entières de tableaux représentant à une distance qui allait toujours s'éloignant la préparation de l'oeuvre de la rédemption ; mais je n'ai pas de paroles pour exprimer tout cela. Il semblait que ce fussent les stations de la voie de la grâce divine à travers l’histoire du monde jusqu'à son terme final dans la rédemption. Je ne restais pas toujours au même endroit. Je me mouvais de côté et d'autre à travers et entre les rayons, et je voyais tout. Ah ! ce que je vis était incommensurable, indescriptible. Je vis aussi tout à coup comme si la montagne des prophètes était poussée vers la croix et rapprochée d'elle ; cependant elle avait ses racines sur la terre et restait unie à elle. Elle me présenta le même aspect que lors de la première vision, et plus haut, derrière elle, je vis de merveilleux jardins tout lumineux dans lesquels j'apercevais des animaux et des plantes brillantes ; j'eus le sentiment que c'était le Paradis.
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« Pendant que le combat s'achevait sur la terre l’église et l’ange, qui disparut bientôt, étaient devenus blancs et lumineux. La croix aussi s'évanouit et à sa place se tenait debout sur l'église une grande femme brillante de lumière qui étendait au loin au-dessus d'elle son manteau d'or rayonnant. Dans l’église on vit s'opérer une réconciliation accompagnée de témoignages d'humilité. Je vis des évêques et des pasteurs s'approcher les uns des autres et échanger leurs livres : les sectes reconnaissaient l'Église à sa merveilleuse victoire et aux clartés de la révélation qu'elles avaient vues de leurs yeux rayonner sur elle. Ces clartés venaient des rayons du jet d'eau que saint Jean avait fait jaillir du lac de la montagne des prophètes. Lorsque je vis cette réunion, je ressentis une profonde impression de l'approche du royaume de Dieu. Je sentis une splendeur et une vie supérieure se manifester dans toute la nature, et une sainte émotion s'emparer de tous les hommes comme au temps où la naissance du Seigneur était proche, et je sentis tellement l’approche du royaume de Dieu que je me sentis forcée de courir à sa rencontre et de pousser des cris de joie (note). J'ai eu déjà le sentiment de l’avènement de Marie dans ses premiers ancêtres. Je vis leur souche s'ennoblir à mesure qu'elle s'approchait du point où elle produirait cette fleur. Je vis arriver Marie ; comment cela, je ne puis l’exprimer ; c'est de la même manière que j'ai toujours le pressentiment d'un rapprochement du royaume de Dieu. Je ne puis le comparer qu'à cet autre sentiment dont je parlais. Je l'ai vu s'approcher, attiré par l'adent désir de beaucoup de chrétiens, pleins d'humilité, d'amour et de foi ; c'était le désir qui l’attirait. Je vis sur la terre de petites troupes d'agneaux lumineux conduits par des bergers, et je vis tous ces bergers comme étant les bergers de celui qui, en qualité d'agneau, a donné son sang pour nous tous ; il y avait dans les hommes un amour infini et une force divine.
(note) Elle fit cela pendant la vision en priant à haute Voix.
(note) Elle fit cela pendant la vision en priant à haute Voix.
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Je vis des bergers que je connaissais et qui étaient voisins de moi, mais qui ne soupçonnaient rien de tout cela, et je désirais vivement les éveiller de leur sommeil. Je me réjouissais comme un enfant de ce que l'Église était ma mère, et j'eus une vision très frappante des années de mon enfance, lorsque notre maître d'école nous répétait : « Celui qui ne regarde pas l'Église comme sa mère ne regarde pas non plus Dieu comme son père. » J'étais redevenu enfant et je me disais comme alors : « L'église est en pierre, comment donc peut-elle être ma mère ! Et pourtant il est vrai qu'elle est ma mère ! » Et je croyais en toute simplicité que j'entrais dans ma mère quand j'allais à l'église. C'est pourquoi je m'écriais aussi dans la vision : « Oui, elle est certainement ma mère. » Je vis alors tout à coup l'Église sous l'image d'une femme belle et majestueuse, et je lui demandai pourquoi elle se laissait ainsi négliger et maltraiter par les siens. Je la priai aussi de me donner son fils et elle mit dans mes bras l’Enfant-Jésus avec lequel je m'entretins longtemps. Alors j'eus la belle et douce assurance que Marie était l’Église et l'Église notre mère et Dieu notre père et Jésus notre frère. - Je fus toute joyeuse de ce qu'étant enfant j'étais entrée dans l’église, dans la mère de pierre et de ce que je m'étais dit, inspirée par la grâce de Dieu : « Oui, j'entre dans ma sainte mère. »
« Je vis une grande fête dans l’église qui, après la victoire remportée, rayonnait comme un soleil. Je vis un nouveau Pape très austère et très énergique. Je vis, avant le commencement de la fête, beaucoup d'évêques et de pasteurs chassés par lui parce qu'ils étaient mauvais. Je vis les saints apôtres prendre une part toute spéciale à la célébration de cette fête dans l'église. Je vis alors tout près d'être exaucée la prière « que votre règne nous arrive. » Il me semblait voir des jardins célestes, brillants de lumière, descendre d'en haut, se réunir sur la terre à des endroits où le feu était allumé, et baigner tout ce qui était au-dessous dans une lumière primordiale. Les ennemis qui avaient pris la fuite dans le combat ne furent pas poursuivis ; mais ils se dispersèrent de tous côtés. »
« Je vis une grande fête dans l’église qui, après la victoire remportée, rayonnait comme un soleil. Je vis un nouveau Pape très austère et très énergique. Je vis, avant le commencement de la fête, beaucoup d'évêques et de pasteurs chassés par lui parce qu'ils étaient mauvais. Je vis les saints apôtres prendre une part toute spéciale à la célébration de cette fête dans l'église. Je vis alors tout près d'être exaucée la prière « que votre règne nous arrive. » Il me semblait voir des jardins célestes, brillants de lumière, descendre d'en haut, se réunir sur la terre à des endroits où le feu était allumé, et baigner tout ce qui était au-dessous dans une lumière primordiale. Les ennemis qui avaient pris la fuite dans le combat ne furent pas poursuivis ; mais ils se dispersèrent de tous côtés. »
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5. Ces visions sur l'Église se perdirent bientôt dans une grande vision de la Jérusalem céleste.
Je vis dans les rues brillantes de la cité de Dieu une quantité de palais et de jardins éblouissants dans lesquels se mouvaient d'innombrables troupes de saints, louant Dieu et agissant d'en haut sur l'Église. Dans la Jérusalem céleste, il n'y a pas d'église ; le Christ lui-même est l'église. Marie a son trône au-dessus de la cité de Dieu et au-dessus d'elle le Christ et la très sainte Trinité. De celle-ci, il tombe sur Marie comme une rosée de lumière qui de Marie se répand sur toute la cité sainte. Je vis au-dessous de la cité de Dieu l'église de Saint-Pierre et j'eus une grande joie de ce que, malgré toute l'indifférence des hommes, elle reçoit pourtant toujours en elle la véritable lumière d'en haut. Je vis les chemins qui mènent à la Jérusalem céleste, et je vis les saints pasteurs qui dirigent vers elle les âmes des élus prises dans leurs troupeaux. Sur ces chemins la foule n'était pas très grande.
« Je vis aussi mon chemin vers la cité de Dieu et je vis de là, comme du centre d'un vaste cercle, tous ceux auxquels j'ai été secourable de quelque manière. Je vis là tous, les enfants et les pauvres pour lesquels j'avais fait des pièces d'habillement, je m'étonnai et je me réjouis particulièrement des modes de toute espèce suivant lesquelles j'avais taillé les habits. Je vis ensuite toutes les scènes de ma vie dans lesquelles j'avais été utile, ne fût-ce qu'à une seule personne, par le conseil, l'exemple, l'assistance, la prière, la souffrance : je vis le fruit qu'ils en avaient tiré représenté sous forme de jardins provenus de là pour leur profit. Ils avaient entretenu, soigné ou laissé dépérir ces jardins de différentes manières. Et je vis ce qui était advenu de l'impression que j'avais jamais faite sur chacune des personnes avec lesquelles je m'étais trouvée en rapport. »
Je vis dans les rues brillantes de la cité de Dieu une quantité de palais et de jardins éblouissants dans lesquels se mouvaient d'innombrables troupes de saints, louant Dieu et agissant d'en haut sur l'Église. Dans la Jérusalem céleste, il n'y a pas d'église ; le Christ lui-même est l'église. Marie a son trône au-dessus de la cité de Dieu et au-dessus d'elle le Christ et la très sainte Trinité. De celle-ci, il tombe sur Marie comme une rosée de lumière qui de Marie se répand sur toute la cité sainte. Je vis au-dessous de la cité de Dieu l'église de Saint-Pierre et j'eus une grande joie de ce que, malgré toute l'indifférence des hommes, elle reçoit pourtant toujours en elle la véritable lumière d'en haut. Je vis les chemins qui mènent à la Jérusalem céleste, et je vis les saints pasteurs qui dirigent vers elle les âmes des élus prises dans leurs troupeaux. Sur ces chemins la foule n'était pas très grande.
« Je vis aussi mon chemin vers la cité de Dieu et je vis de là, comme du centre d'un vaste cercle, tous ceux auxquels j'ai été secourable de quelque manière. Je vis là tous, les enfants et les pauvres pour lesquels j'avais fait des pièces d'habillement, je m'étonnai et je me réjouis particulièrement des modes de toute espèce suivant lesquelles j'avais taillé les habits. Je vis ensuite toutes les scènes de ma vie dans lesquelles j'avais été utile, ne fût-ce qu'à une seule personne, par le conseil, l'exemple, l'assistance, la prière, la souffrance : je vis le fruit qu'ils en avaient tiré représenté sous forme de jardins provenus de là pour leur profit. Ils avaient entretenu, soigné ou laissé dépérir ces jardins de différentes manières. Et je vis ce qui était advenu de l'impression que j'avais jamais faite sur chacune des personnes avec lesquelles je m'étais trouvée en rapport. »
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6. Un trait caractéristique de la simplicité naïve de cette âme si favorisée et si héroïque dans ses souffrances, c'est qu'après cette grande contemplation touchant le chemin qui devait la mener à la Jérusalem céleste, le souvenir le plus vif qui lui restât était celui des actes qui, dans la vie ordinaire, lui causaient la joie la plus sensible, savoir, ses travaux manuels pour des malades et des enfants pauvres. Jour et nuit, au milieu de toutes ses souffrances, dans l'état de veille ou l'état contemplatif, elle était occupée sans relâche de travaux charitables de ce genre, et peut-être la candeur modeste de cette âme qui s'ignorait si complètement elle-même ne se manifestait jamais avec plus de charme que dans la douce joie dont elle : était pénétrée, chaque fois qu'elle avait achevé une provision de pièces d'habillement faites par elle pour des enfants pauvres. Le journal du Pèlerin contient là-dessus beaucoup de remarques écrites dans la fraîcheur de la première impression et qui peuvent être données ici sans y rien retrancher.
« 18 novembre. Je la trouvai garnissant de vieux bas de grosse laine dont elle voulait faire présent à quelqu'un. Je pensai, qu'un travail si peu nécessaire était une perte de temps. Mais elle me donna de belles explications sur la manière dont il fallait faire la charité.
« 12 décembre. Elle était ce matin d'une gaieté inaccoutumée. Elle travaillait activement à de petits bonnets et à des serre-tête, faits de loques de toute espèce, pour des enfants et des pauvres femmes à l'occasion de Noël.
Elle était enchantée de son travail ; elle riait et semblait tout illuminée. Son visage était plein de clarté et de pureté : il avait une expression de bonté et de finesse malicieuse ; on eût dit d'une personne qui veut en surprendre une autre en lui présentant un ami caché. Elle n'était jamais si joyeuse, disait-elle, que quand elle préparait quelque chose pour les enfants. Mais à cela se joignait aussi pour elle une étrange sensation. Elle était toujours comme absente et voyait une infinité de choses contrairement à sa volonté. Il lui fallait sans cesse rappeler ses esprits et regarder sa petite chambre et tout ce qui l'entourait pour se bien convaincre qu'elle était ici. Mais aussitôt tout disparaissait de nouveau et elle se trouvait dans un tout autre entourage.
« 18 novembre. Je la trouvai garnissant de vieux bas de grosse laine dont elle voulait faire présent à quelqu'un. Je pensai, qu'un travail si peu nécessaire était une perte de temps. Mais elle me donna de belles explications sur la manière dont il fallait faire la charité.
« 12 décembre. Elle était ce matin d'une gaieté inaccoutumée. Elle travaillait activement à de petits bonnets et à des serre-tête, faits de loques de toute espèce, pour des enfants et des pauvres femmes à l'occasion de Noël.
Elle était enchantée de son travail ; elle riait et semblait tout illuminée. Son visage était plein de clarté et de pureté : il avait une expression de bonté et de finesse malicieuse ; on eût dit d'une personne qui veut en surprendre une autre en lui présentant un ami caché. Elle n'était jamais si joyeuse, disait-elle, que quand elle préparait quelque chose pour les enfants. Mais à cela se joignait aussi pour elle une étrange sensation. Elle était toujours comme absente et voyait une infinité de choses contrairement à sa volonté. Il lui fallait sans cesse rappeler ses esprits et regarder sa petite chambre et tout ce qui l'entourait pour se bien convaincre qu'elle était ici. Mais aussitôt tout disparaissait de nouveau et elle se trouvait dans un tout autre entourage.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
« 14 décembre. J'ai vu hier soir, raconta-t-elle, une femme d'ici qui est au moment d'accoucher confier à une autre femme qu'elle est pauvre au point de n'avoir rien pour emmailloter son enfant quand il viendra au monde. Je me suis dit : « Ah ! si elle voulait venir me trouver ! » alors l’autre femme répondit : « Je verrai si je ne puis rien me procurer pour toi. » Et aujourd'hui celle-ci est venue chez moi, m'a raconté la détresse de l'autre et j'ai eu la joie de pouvoir la pourvoir de tout.
« 13 décembre. Je l'ai trouvée encore aujourd'hui très gaie. Elle fait toujours des vêtements pour de pauvres enfants. Elle est toute joyeuse quand on lui donne de vieux habits et des chiffons pour les employer à cet usage. Elle a vu aussi de nouveau son argent se multiplier miraculeusement. Il y a deux jours elle ne savait comment se tirer d'affaire ; il ne lui restait plus que quatre thalers. Elle abandonna la chose à Dieu et trouva tout à coup dix écus en petite monnaie : elle croit que c'est parce qu'elle doit les dépenser tout de suite. Elle s'étonnait d'avoir déjà tant fait d'ouvrage. Ces chiffons lui sont plus chers que les plus magnifiques trésors. Pendant son travail, elle est toujours tellement en contemplation qu'elle voit courir
le tranchant des ciseaux comme dans un rêve et croit souvent qu'elle coupe en deux les objets qui l'entourent.
« 18 décembre. Je la trouvai en conférence avec sa nièce qui lui parlait de pauvres enfants. Elle était très joyeuse dans ses souffrances et disait à l’enfant : « J'ai vu cette nuit un enfant qui avait une jaquette neuve, mais à laquelle il manquait une manche. - Oui, répondit la nièce, c'est la petite Gertrude à laquelle tu as donné une pièce d'étoffe pour une jaquette et il y manque toute une manche. Elle me l'a dit aujourd'hui à l’école. » La malade en fut touchée jusqu'aux larmes, et elle m'a avoué ensuite que, pendant son court entretien avec l'innocente enfant, elle avait ressenti une telle joie qu'elle avait été au moment de crier tout haut et qu'elle avait quelquefois renvoyé l'enfant pour ne pas la jeter dans le trouble.
« 20 décembre. Elle a clos ses travaux pour aujourd'hui avec un signe de croix : elle s'est donné beaucoup de peine et a tout mis dans un ordre parfait. « J'ai préparé à peu près tous mes dons, me dit-elle, pour jusqu'à la moitié de l'hiver : après cela il faudra recommencer. Je n'ai pas honte de mendier pour les pauvres. La bonne sainte Lidwine l'a fait. Je l'ai vue dans sa chambre au rez-de-chaussée qui était bien deux fois grande comme la mienne. Les murs étaient de méchante argile et tout était très pauvre. Quand on arrivait à la porte pour entrer, son lit était à droite et un drap noir pendant du plafond l'entourait comme un rideau. En face du lit, étaient deux petites fenêtres carrées avec des vitres rondes par lesquelles on avait vue sur une cour. Contre le mur, entre les deux fenêtres, était une espèce de petit autel, avec une croix et quelques ornements. La bonne Lidwine était couchée, pleine de patience, dans un endroit tout à fait sombre. Elle n'avait pas de lit de plume, elle avait sur elle une épaisse couverture noire recousue par endroits. Elle avait aussi un petit manteau noir qui la couvrait jusqu'aux mains. Elle paraissait dans un bien triste état et elle avait sur le visage beaucoup de marques rouges comme du feu. Je vis aussi près d'elle sa petite nièce. C'était une enfant extraordinairement bonne et aimable, grande à peu près comme ma nièce. Avec quelle compassion elle la soignait ! Lidwine l'envoya chez un homme demander de la viande pour les pauvres. Elle rapporta, entre autres choses, une épaule de cochon et des pois. Je la vis devant la porte de la chambre à gauche, dans un coin où était le foyer, faire cuire le tout dans un grand pot ou une marmite. J'eus ensuite une autre vision touchant l'ardent désir que la vierge avait de voir son époux céleste ; elle le vit venir à elle. Je le vis aussi ; c'était le même que le mien. Un homme s'était caché entre la porte et son lit et ce fut pour elle un dérangement au moment de l'approche de l'époux ; cela l'attrista excessivement et elle se mit à pleurer. Je ne pus m'empêcher de rire, car cela m'arrive aussi assez souvent. Je vis ses lèvres très enflées.
« 13 décembre. Je l'ai trouvée encore aujourd'hui très gaie. Elle fait toujours des vêtements pour de pauvres enfants. Elle est toute joyeuse quand on lui donne de vieux habits et des chiffons pour les employer à cet usage. Elle a vu aussi de nouveau son argent se multiplier miraculeusement. Il y a deux jours elle ne savait comment se tirer d'affaire ; il ne lui restait plus que quatre thalers. Elle abandonna la chose à Dieu et trouva tout à coup dix écus en petite monnaie : elle croit que c'est parce qu'elle doit les dépenser tout de suite. Elle s'étonnait d'avoir déjà tant fait d'ouvrage. Ces chiffons lui sont plus chers que les plus magnifiques trésors. Pendant son travail, elle est toujours tellement en contemplation qu'elle voit courir
le tranchant des ciseaux comme dans un rêve et croit souvent qu'elle coupe en deux les objets qui l'entourent.
« 18 décembre. Je la trouvai en conférence avec sa nièce qui lui parlait de pauvres enfants. Elle était très joyeuse dans ses souffrances et disait à l’enfant : « J'ai vu cette nuit un enfant qui avait une jaquette neuve, mais à laquelle il manquait une manche. - Oui, répondit la nièce, c'est la petite Gertrude à laquelle tu as donné une pièce d'étoffe pour une jaquette et il y manque toute une manche. Elle me l'a dit aujourd'hui à l’école. » La malade en fut touchée jusqu'aux larmes, et elle m'a avoué ensuite que, pendant son court entretien avec l'innocente enfant, elle avait ressenti une telle joie qu'elle avait été au moment de crier tout haut et qu'elle avait quelquefois renvoyé l'enfant pour ne pas la jeter dans le trouble.
« 20 décembre. Elle a clos ses travaux pour aujourd'hui avec un signe de croix : elle s'est donné beaucoup de peine et a tout mis dans un ordre parfait. « J'ai préparé à peu près tous mes dons, me dit-elle, pour jusqu'à la moitié de l'hiver : après cela il faudra recommencer. Je n'ai pas honte de mendier pour les pauvres. La bonne sainte Lidwine l'a fait. Je l'ai vue dans sa chambre au rez-de-chaussée qui était bien deux fois grande comme la mienne. Les murs étaient de méchante argile et tout était très pauvre. Quand on arrivait à la porte pour entrer, son lit était à droite et un drap noir pendant du plafond l'entourait comme un rideau. En face du lit, étaient deux petites fenêtres carrées avec des vitres rondes par lesquelles on avait vue sur une cour. Contre le mur, entre les deux fenêtres, était une espèce de petit autel, avec une croix et quelques ornements. La bonne Lidwine était couchée, pleine de patience, dans un endroit tout à fait sombre. Elle n'avait pas de lit de plume, elle avait sur elle une épaisse couverture noire recousue par endroits. Elle avait aussi un petit manteau noir qui la couvrait jusqu'aux mains. Elle paraissait dans un bien triste état et elle avait sur le visage beaucoup de marques rouges comme du feu. Je vis aussi près d'elle sa petite nièce. C'était une enfant extraordinairement bonne et aimable, grande à peu près comme ma nièce. Avec quelle compassion elle la soignait ! Lidwine l'envoya chez un homme demander de la viande pour les pauvres. Elle rapporta, entre autres choses, une épaule de cochon et des pois. Je la vis devant la porte de la chambre à gauche, dans un coin où était le foyer, faire cuire le tout dans un grand pot ou une marmite. J'eus ensuite une autre vision touchant l'ardent désir que la vierge avait de voir son époux céleste ; elle le vit venir à elle. Je le vis aussi ; c'était le même que le mien. Un homme s'était caché entre la porte et son lit et ce fut pour elle un dérangement au moment de l'approche de l'époux ; cela l'attrista excessivement et elle se mit à pleurer. Je ne pus m'empêcher de rire, car cela m'arrive aussi assez souvent. Je vis ses lèvres très enflées.
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« 14 décembre. Ayant eu grand froid cette nuit, j'ai pensé aux pauvres qui devaient geler. Je vis alors mon époux qui me dit : « Tu n'as pas une vraie confiance en moi. T'ai-je laissée geler ? ne t'ai-je pas donné tout ce dont tu avais besoin ? Pourquoi ne donnes-tu pas aux pauvres les lits qui te restent ? Si tu en as besoin plus tard, je te les rendrai. » Alors je fus toute honteuse et je pris la résolution de donner les lits inutiles, en dépit de ma sueur.
Elle fit cela réellement dans la soirée et dit : « Si des parents veulent me faire visite ; ils peuvent bien dormir sur une paillasse ou rester chez eux. »
« 22 décembre. Elle s'écria en vision : « Je vois tous les enfants pour lesquels j'ai fait quelque chose. Comme ils sont joyeux ! ils portent tous ces objets qui sont lumineux, et mon jeune garçon est aussi là. Viens, cher enfant, mets-toi là » (et elle lui désigna une place où se mettre !) Oh ! quelle soif j'ai de mon Sauveur c'est une sainte soif, mais elle est douce. L'autre soif est dégoûtante. Oh ! quelle soif doit avoir eue Marie de son enfant ! Elle ne l'a pourtant eu que neuf mois sous son coeur et je puis le recevoir si souvent dans la sainte communion ! Avec cette nourriture, avec ce moyen de se rassasier qui existe sur la terre, beaucoup pourtant meurent de faim et de soif, et le pays où ce salut est venu aux hommes est désolé et bouleversé comme l'est tout le monde actuel ! Mais les bienheureux ne laissent rien perdre : là où il y avait jadis une église, elle subsiste encore. Oh ! combien d'églises je vois ici autour de Bethléhem et dans le monde entier planer en l'air au-dessus des lieux qui ont jadis porté des églises ; et l'on y célèbre des fêtes. Là aussi est l'église où la conception de Marie fut si magnifiquement célébrée. La pureté sans tache de Marie consiste en ce qu'il n'y a jamais eu en elle aucun péché, aucune passion et que son corps sacré n'a jamais souffert d'une maladie. Au reste, elle n'eut aucune grâce sans sa coopération, sinon celle par laquelle elle conçut Notre-Seigneur Jésus-Christ. »
Elle fit cela réellement dans la soirée et dit : « Si des parents veulent me faire visite ; ils peuvent bien dormir sur une paillasse ou rester chez eux. »
« 22 décembre. Elle s'écria en vision : « Je vois tous les enfants pour lesquels j'ai fait quelque chose. Comme ils sont joyeux ! ils portent tous ces objets qui sont lumineux, et mon jeune garçon est aussi là. Viens, cher enfant, mets-toi là » (et elle lui désigna une place où se mettre !) Oh ! quelle soif j'ai de mon Sauveur c'est une sainte soif, mais elle est douce. L'autre soif est dégoûtante. Oh ! quelle soif doit avoir eue Marie de son enfant ! Elle ne l'a pourtant eu que neuf mois sous son coeur et je puis le recevoir si souvent dans la sainte communion ! Avec cette nourriture, avec ce moyen de se rassasier qui existe sur la terre, beaucoup pourtant meurent de faim et de soif, et le pays où ce salut est venu aux hommes est désolé et bouleversé comme l'est tout le monde actuel ! Mais les bienheureux ne laissent rien perdre : là où il y avait jadis une église, elle subsiste encore. Oh ! combien d'églises je vois ici autour de Bethléhem et dans le monde entier planer en l'air au-dessus des lieux qui ont jadis porté des églises ; et l'on y célèbre des fêtes. Là aussi est l'église où la conception de Marie fut si magnifiquement célébrée. La pureté sans tache de Marie consiste en ce qu'il n'y a jamais eu en elle aucun péché, aucune passion et que son corps sacré n'a jamais souffert d'une maladie. Au reste, elle n'eut aucune grâce sans sa coopération, sinon celle par laquelle elle conçut Notre-Seigneur Jésus-Christ. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
7. Il lui fut ensuite montré que, sur tout le chemin de la vie qu'elle avait parcouru, elle avait toujours été accompagnée du jeune garçon jusqu'à ce jour.
« Ce que je vois maintenant en vision, dit-elle en racontant cette vision, m'est arrivé réellement en son temps. Lorsque j'étais encore enfant, le jeune garçon travaillait avec moi (note)....
(note) Les détails sur cette vision se trouvent dans le premier volume, page 37.
« Lorsque j'avais dix ans, le jeune garçon me dit : « Ne voulons-nous pas voir ce qu'est devenue la petite crèche que nous avons construite il y a des années ? » Que peut-elle donc être devenue ? » pensai-je : mais le jeune garçon me dit que je n'avais qu'à aller avec lui et que nous la trouverions bientôt. Et quand nous la trouvâmes, les fleurs (note) avec lesquelles nous l’avions faite avaient formé des guirlandes et des couronnes. Quelques-unes n'étaient qu'à moitié finies et le jeune garçon dit : « Il y manque encore les perles qui doivent être en avant. Une seule petite couronne de perles était tout à fait achevée et je la passai à mon doigt. Mais je fus très inquiète et très effrayée envoyant que je ne pouvais plus la retirer. Je priai le jeune garçon de me l'ôter ; je craignais de ne pouvoir plus travailler. Il la remit à sa place et nous recouvrîmes le tout. Je crois que c'était seulement un symbole. Je ne me souviens pas de cette scène comme d'une chose qui soit arrivée réellement. Après cela, devenue grande fille, j'étais malade et je voulais aller au couvent : comme ma pauvreté m'en empêchait, ce qui me rendait toute triste, le jeune garçon me dit que cela ne faisait rien : que son père était suffisamment riche, que l’Enfant-Jésus, aussi, ne possédait rien et que j'entrerais au couvent. J'y entrai en effet et il y eut une fête nuptiale. Lorsque plus tard étant religieuse, j’étais malade et affligée parce que je manquais de tout, je disais toujours : « Oui, nous y voici. Tu as voulu pourvoir à tout, je dois toujours avoir suffisamment ; et maintenant tu ne viens pas et je ne reçois rien. » Alors le jeune garçon venait à moi la nuit et me portait de l'or, des perles et toute espèce d'objets précieux au point que j'étais toujours inquiète de savoir où je devais mettre tout cela. J'ai plusieurs fois reçu des choses de ce genre en vision, mais je ne sais pas ce que c'est devenu.
(note) Symbole de souffrances.
Je crois que ces présents étaient les symboles des dons que je recevais et qui se multipliaient miraculeusement comme l’argent de M. de Galen et le café le jour de sainte Catherine (note). J'étais aussi continuellement malade, puis quelquefois, bien portante pendant deux jours. J'avais dans cet état beaucoup de visions de l'Enfant-Jésus et je fus guérie plusieurs fois. Ensuite je me trouvai dans une autre situation, hors du couvent, très malade, souvent dans une angoisse et une détresse extrêmes : mais toujours le jeune garçon me visitait et me portait conseil et secours. A la fin vint un tableau de l’avenir. Le jeune garçon me conduisit de nouveau aux guirlandes et aux fleurs de la crèche des enfants qui étaient dans une espèce de sacristie. Je les vis conservées dans un écrin sous forme de couronnes et de joyaux d'or ; et le jeune garçon me dit de nouveau : « Il n'y a plus que des perles à ajouter et alors tout cela sera utilisé dans l’Église. » J'appris que je mourrai alors (c'est-à-dire aussitôt que toutes les perles auront été ajoutées). »
(1) Voir le Tome 1
« Ce que je vois maintenant en vision, dit-elle en racontant cette vision, m'est arrivé réellement en son temps. Lorsque j'étais encore enfant, le jeune garçon travaillait avec moi (note)....
(note) Les détails sur cette vision se trouvent dans le premier volume, page 37.
« Lorsque j'avais dix ans, le jeune garçon me dit : « Ne voulons-nous pas voir ce qu'est devenue la petite crèche que nous avons construite il y a des années ? » Que peut-elle donc être devenue ? » pensai-je : mais le jeune garçon me dit que je n'avais qu'à aller avec lui et que nous la trouverions bientôt. Et quand nous la trouvâmes, les fleurs (note) avec lesquelles nous l’avions faite avaient formé des guirlandes et des couronnes. Quelques-unes n'étaient qu'à moitié finies et le jeune garçon dit : « Il y manque encore les perles qui doivent être en avant. Une seule petite couronne de perles était tout à fait achevée et je la passai à mon doigt. Mais je fus très inquiète et très effrayée envoyant que je ne pouvais plus la retirer. Je priai le jeune garçon de me l'ôter ; je craignais de ne pouvoir plus travailler. Il la remit à sa place et nous recouvrîmes le tout. Je crois que c'était seulement un symbole. Je ne me souviens pas de cette scène comme d'une chose qui soit arrivée réellement. Après cela, devenue grande fille, j'étais malade et je voulais aller au couvent : comme ma pauvreté m'en empêchait, ce qui me rendait toute triste, le jeune garçon me dit que cela ne faisait rien : que son père était suffisamment riche, que l’Enfant-Jésus, aussi, ne possédait rien et que j'entrerais au couvent. J'y entrai en effet et il y eut une fête nuptiale. Lorsque plus tard étant religieuse, j’étais malade et affligée parce que je manquais de tout, je disais toujours : « Oui, nous y voici. Tu as voulu pourvoir à tout, je dois toujours avoir suffisamment ; et maintenant tu ne viens pas et je ne reçois rien. » Alors le jeune garçon venait à moi la nuit et me portait de l'or, des perles et toute espèce d'objets précieux au point que j'étais toujours inquiète de savoir où je devais mettre tout cela. J'ai plusieurs fois reçu des choses de ce genre en vision, mais je ne sais pas ce que c'est devenu.
(note) Symbole de souffrances.
Je crois que ces présents étaient les symboles des dons que je recevais et qui se multipliaient miraculeusement comme l’argent de M. de Galen et le café le jour de sainte Catherine (note). J'étais aussi continuellement malade, puis quelquefois, bien portante pendant deux jours. J'avais dans cet état beaucoup de visions de l'Enfant-Jésus et je fus guérie plusieurs fois. Ensuite je me trouvai dans une autre situation, hors du couvent, très malade, souvent dans une angoisse et une détresse extrêmes : mais toujours le jeune garçon me visitait et me portait conseil et secours. A la fin vint un tableau de l’avenir. Le jeune garçon me conduisit de nouveau aux guirlandes et aux fleurs de la crèche des enfants qui étaient dans une espèce de sacristie. Je les vis conservées dans un écrin sous forme de couronnes et de joyaux d'or ; et le jeune garçon me dit de nouveau : « Il n'y a plus que des perles à ajouter et alors tout cela sera utilisé dans l’Église. » J'appris que je mourrai alors (c'est-à-dire aussitôt que toutes les perles auront été ajoutées). »
(1) Voir le Tome 1
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
8. En entrant dans le temps de l’Avent, elle eut, comme elle les avait eues depuis les jours de sa première enfance, des visions qui se reproduisaient tous les ans de la même manière, touchant le voyage de Marie et de Saint-Joseph de Nazareth à Bethléhem :
« 27 novembre. J’allai à Bethléhem et je fis de là un bon bout de chemin à la rencontre de la Mère de Dieu et de Joseph. Je savais qu'ils entreraient dans une étable et j'allai, dans une joyeuse attente, au-devant des saints voyageurs.
Je les vis de nouveau bien distinctement s'avancer avec l’âne d'une façon aussi paisible et aussi gracieuse qu'à l'ordinaire et je me réjouissais de revoir tout cela comme dès ma première jeunesse. Etant revenue assez loin sur mes pas, je trouvai l'étable. Je sortis de là et je vis dans le lointain Joseph et Marie avec leur bête de somme s'avancer dans la nuit entourés de lumière. Il semblait qu'un disque de lumière dans lequel se mouvait la Sainte-Famille s'avançait avec eux dans la nuit : là où ils vont, la route s'éclaire devant eux comme à la lueur d'une lanterne. Anne et Joachim avaient préparé abondamment pour la Sainte-Vierge tout ce qui était nécessaire pour sa délivrance. Ils espéraient qu'elle pourrait revenir à temps pour en profiter : mais Marie pressentait qu'elle n'enfanterait pas chez ses parents : dans son humble et profonde émotion, elle ne prit de tout ce qui était préparé que deux objets. Elle avait à un degré qui ne peut s'exprimer le sentiment que la pauvreté était la seule chose qui lui convint et à laquelle elle fût destinée. Elle ne pouvait rien avoir de ce qui parait au dehors, car elle possédait tout en elle-même. Elle savait ou sentait ou voyait d'une manière dont elle ne se rendait pas compte que, comme le péché était entré dans le monde par une femme, de même l'expiation devait naître par une femme et c’est dans ce sentiment qu'elle avait dit : Voici la servante du Seigneur. Ainsi elle obéissait toujours à une voix intérieure qui, dans ces états où l'on est sous la conduite de la grâce, appelle et pousse irrésistiblement. Cette voix m'a souvent aussi appelée et poussée à de longs voyages, et jamais en vain.
« 13 décembre. J'étais cette nuit dans le voisinage de Bethléhem dans une demeure de bergers basse et de forme carrée. Il s’y trouvait un couple de vieilles gens. Ils s'étaient fait à gauche une résidence séparée du reste par un mur de terre noire en talus. Il y avait un foyer prés duquel étaient suspendus au mur des houlettes de bergers et quelques plats. Le berger sortit de cette pièce et m'en indiqua une autre en face. Là, Marie et Joseph étaient assis par terre, les jambes croisées, contre la muraille, et ils gardaient le silence. Marie avait les mains jointes sur la poitrine, elle portait un vêtement blanchâtre et un voile. Je restai quelques moments auprès d'eux pour les révérer, puis je les quittai. Il y avait des buissons derrière la maison.
« 27 novembre. J’allai à Bethléhem et je fis de là un bon bout de chemin à la rencontre de la Mère de Dieu et de Joseph. Je savais qu'ils entreraient dans une étable et j'allai, dans une joyeuse attente, au-devant des saints voyageurs.
Je les vis de nouveau bien distinctement s'avancer avec l’âne d'une façon aussi paisible et aussi gracieuse qu'à l'ordinaire et je me réjouissais de revoir tout cela comme dès ma première jeunesse. Etant revenue assez loin sur mes pas, je trouvai l'étable. Je sortis de là et je vis dans le lointain Joseph et Marie avec leur bête de somme s'avancer dans la nuit entourés de lumière. Il semblait qu'un disque de lumière dans lequel se mouvait la Sainte-Famille s'avançait avec eux dans la nuit : là où ils vont, la route s'éclaire devant eux comme à la lueur d'une lanterne. Anne et Joachim avaient préparé abondamment pour la Sainte-Vierge tout ce qui était nécessaire pour sa délivrance. Ils espéraient qu'elle pourrait revenir à temps pour en profiter : mais Marie pressentait qu'elle n'enfanterait pas chez ses parents : dans son humble et profonde émotion, elle ne prit de tout ce qui était préparé que deux objets. Elle avait à un degré qui ne peut s'exprimer le sentiment que la pauvreté était la seule chose qui lui convint et à laquelle elle fût destinée. Elle ne pouvait rien avoir de ce qui parait au dehors, car elle possédait tout en elle-même. Elle savait ou sentait ou voyait d'une manière dont elle ne se rendait pas compte que, comme le péché était entré dans le monde par une femme, de même l'expiation devait naître par une femme et c’est dans ce sentiment qu'elle avait dit : Voici la servante du Seigneur. Ainsi elle obéissait toujours à une voix intérieure qui, dans ces états où l'on est sous la conduite de la grâce, appelle et pousse irrésistiblement. Cette voix m'a souvent aussi appelée et poussée à de longs voyages, et jamais en vain.
« 13 décembre. J'étais cette nuit dans le voisinage de Bethléhem dans une demeure de bergers basse et de forme carrée. Il s’y trouvait un couple de vieilles gens. Ils s'étaient fait à gauche une résidence séparée du reste par un mur de terre noire en talus. Il y avait un foyer prés duquel étaient suspendus au mur des houlettes de bergers et quelques plats. Le berger sortit de cette pièce et m'en indiqua une autre en face. Là, Marie et Joseph étaient assis par terre, les jambes croisées, contre la muraille, et ils gardaient le silence. Marie avait les mains jointes sur la poitrine, elle portait un vêtement blanchâtre et un voile. Je restai quelques moments auprès d'eux pour les révérer, puis je les quittai. Il y avait des buissons derrière la maison.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
« 14 décembre. J'allai de Flamske à la terre promise, comme si j'eusse été encore enfant. Je courus au-devant de Marie. J'allais en si grande hâte, je désirais si ardemment l'arrivée de l'enfant divin que je courus à travers Jérusalem et Bethléhem, mes cheveux volant au vent. Je voulais leur chercher un bon logement pour cette nuit. Il n'y avait pas très loin de la première maison que j'avais vue à celle que je trouvai : mais il y en avait plusieurs autres dans l’intervalle. J'entrai dans une grande maison de bergers au côté antérieur de laquelle était adossée l'étable des brebis. Le berger et sa femme étaient jeunes tous les deux. Je vis aussi la Sainte-Famille arriver ; la nuit était avancée. Le berger fit des représentations à Saint-Joseph, mais avec bienveillance, sur ce qu'il voyageait si tard avec Marie. Marie était assise de côté sur l'âne ; on y avait établi un siège au-dessous duquel il y avait quelque chose pour poser les pieds. Marie, à en juger par sa taille, était très voisine du moment où elle devait mettre au monde le Messie enfant. Ils laissèrent leur bête devant la porte et le berger les conduisit, je crois, dans l'étable des brebis. Ils furent accueillis très amicalement et allèrent dans une partie séparée où ils firent leurs arrangements et s'établirent. Je ne les vis jamais beaucoup manger, ils avaient avec eux de petits pains assez minces. Je me suis entretenue avec la Mère de Dieu en toute simplicité, et comme j'avais mon ouvrage avec moi, je lui ai dit : « Je sais bien que je ne puis vous être bonne à rien, mais je voudrais faire quelque chose pour de pauvres enfants ; ayez donc la bonté de m'indiquer les plus nécessiteux. » Elle me dit de continuer paisiblement mon travail et qu'elle m'indiquerait ceux qui en avaient le plus besoin. Alors je me mis dans un coin obscur où personne ne me voyait et je travaillai vaillamment : j'achevai ainsi beaucoup de choses. Je vis la Sainte-Famille se préparer à partir.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
« 16 décembre. Je voyageai vers Bethléhem et je fis le chemin avec une vraie fatigue, mais très vite. J'allai ensuite à la maison de bergers où je savais que Marie devait arriver cette nuit. Je la vis dans le lointain avec Joseph : elle s'avançait, montée sur l'âne et entourée de lumière. Cette maison était une des meilleures, on pouvait de là voir Bethléhem. A l'intérieur elle était arrangée comme toutes les autres, le foyer était séparé : on y voyait toute sorte de vases et d'ustensiles à l'usage des bergers ; de l'autre côté, il y avait une pièce séparée où je crus que Marie et Joseph entreraient. Il se trouvait aussi un verger près de la maison et derrière celle-ci le bercail des brebis qui n'était pas clos de murs, mais était soutenu par quatre pieux. Les habitants de la maison étaient un jeune homme et sa femme : c'étaient des gens très polis. Au commencement, lorsque j'arrivai, ils demandèrent ce que je voulais. Je leur dis que je voulais attendre Joseph et Marie qui devaient venir là aujourd'hui, ils me dirent que cela s'était passé ainsi à une époque antérieure, que maintenant cela n'arrivait plus, et ils furent un peu malhonnêtes. Mais je leur répondis que cela arrivait de nouveau tous les ans, puisqu'on en faisait la fête. Ils se montrèrent de nouveau affables et obligeants, et comme je m'asseyais avec mon ouvrage dans un coin devant lequel ils devaient passer, ils voulurent me donner de la lumière pour mon travail. Je leur dis que je n'en avais pas besoin - je m'assis dans un endroit obscur où je me mis à travailler et à tailler ; car j'y voyais très bien. Mais voici la cause pour laquelle ces gens me dirent que cela avait existé autrefois et n'existait plus maintenant. En entrant dans la maison, je m'étais dit aussi : « Comment cela se fait-il ? Ces gens étaient ici à une époque éloignée, ils y sont encore pourtant cela n'existe pas aujourd'hui. » Je me dis ensuite « Pourquoi t'embarrasser dans ces subtilités ? prends ce que tu trouves.» Alors je me tranquillisai et me rassurai mais ces gens répondirent aussitôt à mon doute par un doute semblable. C'était un miroir : « ce que tu veux que les hommes fassent pour toi, fais-le pour eux. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
« Lorsque Joseph et Marie arrivèrent, ces gens les reçurent amicalement. Marie descendit de l'âne et Joseph prit son bagage avec lui. Ils allèrent dans la petite chambre à droite et Joseph s'assit sur son paquet : Marie s'assit par terre contre le mur. Ces hôtes étaient les premiers qui leur offraient quelque chose. Ils placèrent devant eux un petit escabeau sur lequel étaient de petites écuelles ovales et plates. Sur l'une étaient de petits pains ronds, sur l'autre de petits fruits. Mais ils n'en mangèrent pas. Je vis que Joseph en prit quelque chose qu'il emporta. Je crois qu'il y avait un pauvre à l'extérieur. L’âne était attaché devant la porte. Quoique ne mangeant pas de ce qui leur était offert, ils le reçurent avec humilité et non sans émotion. Je ne pouvais m’empêcher d'admirer cette humilité avec laquelle ils recevaient toujours ce qu'on leur donnait. Là-dessus je m'approchai d'eux, tout intimidée, je leur rendis hommage et je demandai à la Sainte-Vierge que, quand elle aurait son fils, elle daignât le prier de vouloir que je ne fasse et ne désire rien que sa très sainte volonté. Je lui parlai de mon travail, la priant de me dire comment je devais tout faire et tout distribuer. Elle me répondit qu'il fallait seulement travailler, que tout s'arrangerait pour le mieux. Alors je me blottis timidement dans mon petit coin et je continuai à travailler activement. Je n'attendis pas le départ de la Sainte-Famille.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
«Mon guide me conduisit à quelque distance de Bethléhem, à peu près dans la direction du midi. Là tout était désert ; nous étions dans le temps actuel. Mais je vis devant moi un jardin entouré d'arbres de forme pyramidale et ayant de jolies feuilles. Il s'y trouvait de belles plates-bandes ; tout était vert et émaillé de petites fleurs. Je vis alors au milieu, sur une colonne autour de laquelle grimpait un gros cep de vigne, une petite église octogone, tout entourée de raisins. A l'extérieur on n'apercevait que des feuilles, mais en s'approchant de l'église on voyait pendre des grappes longues d'une aune, si bien qu'on ne pouvait comprendre comment les branches ne se cassaient pas sous leur poids. Ce cep avait bien la grosseur d'un bras de faible dimension. Des huit côtés de cette petite église, qui n'avait pas de portes et dont les murs étaient diaphanes et faciles à traverser, montaient autant de chemins. Dans l'église était un autel sur lequel parurent trois tableaux appartenant à ce saint temps. C'était d'abord le voyage de Marie avec Joseph à Bethléhem, puis l'Enfant-Jésus dans la crèche et enfin la fuite en Egypte. Ces tableaux étaient comme vivants sur l'autel. Des huit côtés planaient douze des ancêtres de Marie et de Joseph qui assistaient à ces scènes comme à des fêtes. Mon guide me dit qu'autrefois il y avait eu là une église dans laquelle les parents de la Sainte-Famille et leurs descendants avaient toujours célébré le souvenir de ces saints mystères. Mais comme elle était détruite, cette fête continuait à être célébrée jusqu'à la fin des temps par ces bienheureux. Je fus alors ramenée promptement chez moi.
«Mon état pendant ces jours-ci est très singulier. Je ne suis jamais comme on est sur la terre. Je vois toujours autour de moi, de près et de loin, beaucoup de personnages et de scènes diverses. Je vois des hommes mourir par l'effet d'une faim spirituelle. Je vois beaucoup de maux se répandre de tous côtés. Je vois les gens tantôt ici, tantôt dans des îles, sous des cabanes ou au milieu des forêts. Je les vois apprendre là et oublier ici, mais je ne vois partout que misère et obscurcissement. Puis je vois de nouveau le ciel ouvert, mais combien tous ces hommes me paraissent pauvres et insensés. Ils s'attachent à toute sorte d'immondices et vont au rebours du bon sens. Puis je pousse ces gens en avant, restant moi-même en arrière, et tout cela se montre à moi trouble et obscur. De plus, je ressens constamment un profond dégoût de la vie. Tout ce qui est de la terre m'apparaît comme abominable et je suis tourmentée d'une faim violente : mais elle n'est pas accompagnée de dégoût : elle a de la douceur. La faim corporelle est quelque chose de si dégoûtant !
«Mon état pendant ces jours-ci est très singulier. Je ne suis jamais comme on est sur la terre. Je vois toujours autour de moi, de près et de loin, beaucoup de personnages et de scènes diverses. Je vois des hommes mourir par l'effet d'une faim spirituelle. Je vois beaucoup de maux se répandre de tous côtés. Je vois les gens tantôt ici, tantôt dans des îles, sous des cabanes ou au milieu des forêts. Je les vois apprendre là et oublier ici, mais je ne vois partout que misère et obscurcissement. Puis je vois de nouveau le ciel ouvert, mais combien tous ces hommes me paraissent pauvres et insensés. Ils s'attachent à toute sorte d'immondices et vont au rebours du bon sens. Puis je pousse ces gens en avant, restant moi-même en arrière, et tout cela se montre à moi trouble et obscur. De plus, je ressens constamment un profond dégoût de la vie. Tout ce qui est de la terre m'apparaît comme abominable et je suis tourmentée d'une faim violente : mais elle n'est pas accompagnée de dégoût : elle a de la douceur. La faim corporelle est quelque chose de si dégoûtant !
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
« 23 décembre. C'est par le crépuscule du soir que je rencontrai Joseph et Marie devant Bethléhem. Ils s'étaient arrêtés sous un arbre, à côté de la route, devant l'entrée de la ville. Marie descendit de l’âne et Joseph alla seul dans la ville pour chercher un logement dans les premières maisons. La petite ville en cet endroit n'avait pas proprement de porte, mais le chemin passait entre deux pans de mur comme par une porte ruinée. Joseph chercha inutilement à se loger, car il y avait un très grand nombre d'étrangers à Bethléhem. Pendant ce temps je restai près de la Mère de Dieu. Lorsque Joseph revint, il dit à la Sainte-Vierge qu'il n'avait trouvé aucun logement dans le voisinage et alors, marchant à pied près de son époux qui conduisait l'âne, elle entra dans Bethléhem. Joseph et Marie allèrent se faire inscrire : l'homme qui était là lui fit des représentations sur ce qu'il amenait sa femme avec lui, car ce n'était nullement nécessaire.
Joseph rougit devant Marie, craignant qu'elle ne pensât qu'il avait ici une mauvaise réputation. Il lui dit que, voyant tant de monde partout, ils feraient bien d'aller d'un autre côté où ils trouveraient certainement à se loger. Tout intimidés, ils suivirent la rue qui était plutôt un chemin rural qu'une rue, car les maisons étaient sur des collines. De l'autre côté où les maisons étaient séparées et dispersées, il y avait dans un endroit situé plus bas un très bel arbre isolé dont les rameaux couvraient de leur ombre un grand espace : le tronc était lisse et les branches s'étendaient autour comme un toit. Joseph conduisit sous cet arbre la Sainte-Vierge avec l'âne, puis il la quitta de nouveau pour chercher un logement. Au commencement elle resta debout, le dos appuyé à l'arbre : sa robe sans ceinture formait beaucoup de plis : un voile blanc lui couvrait la tête. L'âne avait la tête tournée vers l'arbre : beaucoup de gens, allant dans tous les sens, passaient devant elle et la regardaient, ne sachant pas que le Rédempteur fût si près d'eux. Combien elle était patiente, dans son attente silencieuse ! combien elle était humble ! Ah ! elle devait attendre longtemps. Elle s'assit, les jambes croisées sous elle, les mains jointes sur la poitrine et la tête baissée. Joseph revint plein de tristesse : il n'avait pas trouvé de logement. Il partit de nouveau ; elle attendit encore avec une grande patience et il revint encore sans apporter de consolation. Il dit alors qu'il connaissait un endroit situé à quelque distance en avant de la ville et où les bergers s'installaient quelquefois ; ils trouveraient certainement là un abri et quand même les bergers viendraient, il serait facile de s'entendre avec eux. Ils s'avancèrent donc un peu plus loin et suivirent à gauche un sentier qui longeait la ville et où il n'y avait pas de passants. Bientôt le chemin redevint montant. Il y avait là, devant une colline, des arbres de diverses espèces, des térébinthes ou des cèdres et d'autres arbres avec de petites feuilles comme celles du buis. Dans cette colline était pratiquée une grotte ou un caveau qui était fermé par une porte en clayonnage. Joseph y entra : puis il commença par porter au dehors divers objets qui l'encombraient. Marie et l'âne attendirent devant la porte. Bientôt il la fit entrer. Il était tout triste. La grotte n'avait que dix pieds de hauteur et peut-être moins : à l'endroit où se trouvait la crèche, le sol était plus élevé. Marie s'assit sur une couverture elle avait près d'elle son paquet sur lequel elle s'appuyait. Il pouvait être neuf heures quand ils entrèrent dans la grotte. Joseph sortit de nouveau et rapporta un petit fagot de menu bois qui était déjà lié avec de larges feuilles de jonc ou de roseau. Il porta aussi des charbons ardents dans une espèce de hotte garnie d'un manche, les versa à l'entrée de la grotte et alluma du feu. Ils avaient avec eux les objets nécessaires pour faire du feu, ainsi que toute sorte de petits ustensiles du même genre. Je ne les vis pas faire rien cuire ni manger. Joseph sortit encore, puis revint de nouveau et se mit à pleurer. Il devait être près de minuit. Je vis alors pour la première fois la Sainte-Vierge priant à genoux : elle se coucha ensuite sur le tapis et appuya sa tête sur son bras ; le paquet lui servait d'oreiller. Joseph par humilité resta dans l'entrée de la grotte. Dans le haut de la grotte, il y avait, un peu sur le côté, trois ouvertures rondes recouvertes de grilles. Quand on venait de la porte et qu'on tournait à gauche dans l'intérieur, on arrivait à une autre chambre semblable creusée dans la colline ou le rocher, dont l'entrée était plus spacieuse et devant laquelle passait le chemin qui menait au champ d'où vinrent les bergers. Il y avait aussi, çà et là, de petites maisons sur les collines et des hangars en clayonnage reposant sur quatre, six ou huit poteaux.
Joseph rougit devant Marie, craignant qu'elle ne pensât qu'il avait ici une mauvaise réputation. Il lui dit que, voyant tant de monde partout, ils feraient bien d'aller d'un autre côté où ils trouveraient certainement à se loger. Tout intimidés, ils suivirent la rue qui était plutôt un chemin rural qu'une rue, car les maisons étaient sur des collines. De l'autre côté où les maisons étaient séparées et dispersées, il y avait dans un endroit situé plus bas un très bel arbre isolé dont les rameaux couvraient de leur ombre un grand espace : le tronc était lisse et les branches s'étendaient autour comme un toit. Joseph conduisit sous cet arbre la Sainte-Vierge avec l'âne, puis il la quitta de nouveau pour chercher un logement. Au commencement elle resta debout, le dos appuyé à l'arbre : sa robe sans ceinture formait beaucoup de plis : un voile blanc lui couvrait la tête. L'âne avait la tête tournée vers l'arbre : beaucoup de gens, allant dans tous les sens, passaient devant elle et la regardaient, ne sachant pas que le Rédempteur fût si près d'eux. Combien elle était patiente, dans son attente silencieuse ! combien elle était humble ! Ah ! elle devait attendre longtemps. Elle s'assit, les jambes croisées sous elle, les mains jointes sur la poitrine et la tête baissée. Joseph revint plein de tristesse : il n'avait pas trouvé de logement. Il partit de nouveau ; elle attendit encore avec une grande patience et il revint encore sans apporter de consolation. Il dit alors qu'il connaissait un endroit situé à quelque distance en avant de la ville et où les bergers s'installaient quelquefois ; ils trouveraient certainement là un abri et quand même les bergers viendraient, il serait facile de s'entendre avec eux. Ils s'avancèrent donc un peu plus loin et suivirent à gauche un sentier qui longeait la ville et où il n'y avait pas de passants. Bientôt le chemin redevint montant. Il y avait là, devant une colline, des arbres de diverses espèces, des térébinthes ou des cèdres et d'autres arbres avec de petites feuilles comme celles du buis. Dans cette colline était pratiquée une grotte ou un caveau qui était fermé par une porte en clayonnage. Joseph y entra : puis il commença par porter au dehors divers objets qui l'encombraient. Marie et l'âne attendirent devant la porte. Bientôt il la fit entrer. Il était tout triste. La grotte n'avait que dix pieds de hauteur et peut-être moins : à l'endroit où se trouvait la crèche, le sol était plus élevé. Marie s'assit sur une couverture elle avait près d'elle son paquet sur lequel elle s'appuyait. Il pouvait être neuf heures quand ils entrèrent dans la grotte. Joseph sortit de nouveau et rapporta un petit fagot de menu bois qui était déjà lié avec de larges feuilles de jonc ou de roseau. Il porta aussi des charbons ardents dans une espèce de hotte garnie d'un manche, les versa à l'entrée de la grotte et alluma du feu. Ils avaient avec eux les objets nécessaires pour faire du feu, ainsi que toute sorte de petits ustensiles du même genre. Je ne les vis pas faire rien cuire ni manger. Joseph sortit encore, puis revint de nouveau et se mit à pleurer. Il devait être près de minuit. Je vis alors pour la première fois la Sainte-Vierge priant à genoux : elle se coucha ensuite sur le tapis et appuya sa tête sur son bras ; le paquet lui servait d'oreiller. Joseph par humilité resta dans l'entrée de la grotte. Dans le haut de la grotte, il y avait, un peu sur le côté, trois ouvertures rondes recouvertes de grilles. Quand on venait de la porte et qu'on tournait à gauche dans l'intérieur, on arrivait à une autre chambre semblable creusée dans la colline ou le rocher, dont l'entrée était plus spacieuse et devant laquelle passait le chemin qui menait au champ d'où vinrent les bergers. Il y avait aussi, çà et là, de petites maisons sur les collines et des hangars en clayonnage reposant sur quatre, six ou huit poteaux.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
« Après cela je fus transportée dans une tout autre vision. Je vis Bethléhem dans son état actuel : on n'y pouvait plus rien reconnaître, tant il y avait partout de pauvreté et de dévastation. La grotte de la crèche était devenue une chapelle souterraine. On y disait encore la messe. Le lieu avait été agrandi, et il y avait divers ornements de marbre blanc et des figures. Au-dessus était une église semblable à un vieux cloître tombant en ruines : On ne célébrait le service divin que dans la grotte de la crèche : mais je vis une belle église spirituelle planer en l'air. Elle était octogone et avait un seul autel. Dans le haut, des choeurs de saints la remplissaient : sur l'autel était une représentation de la crèche devant laquelle des bergers s'agenouillaient, et des agneaux semblables à de petites nuées blanches venaient à travers l'air se ranger dans ce tableau. L'officiant était un vieillard à l'air affable avec des cheveux blancs et une longue barbe ; il portait des ornements sacerdotaux, très amples et d'une forme antique : Il avait un capuce qui se ramenait en avant sur le front et s'ajustait aux deux joues. C'était saint Jérôme. Pendant la cérémonie, on encensa plus souvent qu'on ne le fait chez nous. On y donna aussi la sainte communion et je vis : comme je l’ai vu pour les apôtres, un petit corps lumineux entrer dans la bouche de ceux qui y participaient. Il y avait environ six prêtres qui prenaient part aux cérémonies. A la fin ils se placèrent devant l'autel en face les uns des autres, comme formant un choeur, et ils chantèrent. Alors la scène changea.
Jérôme resta seul et le milieu de l'église se remplit de religieuses de divers ordres. Elles se tenaient sur trois rangs, formant un choeur, et chantaient. Je vis là notamment des Annonciades et sainte Jeanne, laquelle me dit que dès sa jeunesse elle avait toujours vu de cette façon tous ces mystères, ainsi que le grand bien qui en était résulté pour le genre humain : c'était pour cela qu'elle avait fondé son ordre. Maintenant elle était là avec toutes les religieuses qui avaient suivi son exemple, pour continuer la célébration de cette fête, parce qu'elle était presque tombée en oubli parmi les hommes. Je devais considérer ce qu'avait produit sa charité et donner les mêmes enseignements à mes enfants spirituels. Elle me dit encore bien d'autres choses de ce genre que je me proposai de laisser après moi à mes soeurs en religion. Dieu le rendra. Je vis aussi sainte Françoise et d'autres religieuses que je connaissais assister à la fête. »
Jérôme resta seul et le milieu de l'église se remplit de religieuses de divers ordres. Elles se tenaient sur trois rangs, formant un choeur, et chantaient. Je vis là notamment des Annonciades et sainte Jeanne, laquelle me dit que dès sa jeunesse elle avait toujours vu de cette façon tous ces mystères, ainsi que le grand bien qui en était résulté pour le genre humain : c'était pour cela qu'elle avait fondé son ordre. Maintenant elle était là avec toutes les religieuses qui avaient suivi son exemple, pour continuer la célébration de cette fête, parce qu'elle était presque tombée en oubli parmi les hommes. Je devais considérer ce qu'avait produit sa charité et donner les mêmes enseignements à mes enfants spirituels. Elle me dit encore bien d'autres choses de ce genre que je me proposai de laisser après moi à mes soeurs en religion. Dieu le rendra. Je vis aussi sainte Françoise et d'autres religieuses que je connaissais assister à la fête. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
9. Le 23 décembre au soir le Pèlerin put en compagnie du confesseur passer deux heures près d'Anne-Catherine qui resta pendant tout ce temps dans l'état de contemplation (note).
« Elle ressentait, dit-il, des douleurs violentes dans tous ses membres et à toutes ses plaies ; elle les supportait et luttait joyeusement. Quelquefois elle ne pouvait s’empêcher de pousser des cris déchirants. Ses mains et ses doigts tremblaient de douleur : ils semblaient cueillir quelque chose et étaient agités de mouvements convulsifs.
(note) Il fut tellement ému qu'il commença son récit par ces paroles ; « pendant que j'écris ceci, je me sens profondément attristé de l'état misérable dans lequel nous vivons et où les suites et les effets de l’obscurcissement qui en résulte m’empêchent de considérer d'un oeil calme, pour les reproduire exactement, les secrets célestes révélés par une créature favorisée de Dieu, pleine de simplicité et de naïveté. Je ne puis sauver que des ombres à demi effacées de visions qui prouvent la réalité et la subsistance dans un présent éternel de tous les mystères des relations de Dieu avec l'homme perdues par suite du péché. Et ces ombres, il me faut les saisir à la hâte et les dérober en quelque sorte. Je ne puis exprimer les sentiments que j'éprouve alors. Ceux qui pendant des années ont étouffé cette grâce et s’en sont moqués, ceux qui maintenant sont forcés de la reconnaître qui pourtant la troublent et ne savent ni la chercher, ni l’apprécier, pleureront avec moi quand ce miroir qui la réfléchit sera obscurci par la mort. « Jésus enfant, mon Sauveur, donnez-moi la patience. »
Elle avait fait tous ses présents, fini tous ses travaux, elle mit de côté et rangea tous les chiffons et tous les bouts de fil qui étaient restés, puis, épuisée de fatigue, elle s'affaissa sur elle-même pour porter â la crèche sa propre offrande de Noël, des douleurs infinies qu'elle voit toujours sous forme de fleurs. Elle dit bientôt
« Dorothée m'accompagne à la crèche. Elle est venue me trouver. Elle m’a dit qu'on l’avait souvent injuriée à cause de la quantité de fleurs dont elle ornait l’autel : mais elle répondait toujours : « Quand les fleurs sont desséchées, Dieu reprend les couleurs et le parfum qu'il leur avait donnés : de même il fait sécher tous les péchés et ce qu'il y a de bon lui est offert, car cela vient de lui. » Elle a toujours été poussée en esprit par un désir ardent vers la crèche du Seigneur et elle y a tout offert en sacrifice. Le Pèlerin aussi doit porter à l’Enfant-Jésus toutes ses souffrances, toutes ses faiblesses, toutes ses fautes et ne plus rien reprendre. Il doit tout commencer à nouveau et demander à l’Enfant-Jésus le don d'un ardent amour, afin de trouver près de Dieu de plus grandes consolations. Je vois aussi saint Jérôme. Il a longtemps vécu ici et obtenu de Dieu par ses prières une telle flamme d'amour qu'il semblait en être consumé. »
« Elle ressentait, dit-il, des douleurs violentes dans tous ses membres et à toutes ses plaies ; elle les supportait et luttait joyeusement. Quelquefois elle ne pouvait s’empêcher de pousser des cris déchirants. Ses mains et ses doigts tremblaient de douleur : ils semblaient cueillir quelque chose et étaient agités de mouvements convulsifs.
(note) Il fut tellement ému qu'il commença son récit par ces paroles ; « pendant que j'écris ceci, je me sens profondément attristé de l'état misérable dans lequel nous vivons et où les suites et les effets de l’obscurcissement qui en résulte m’empêchent de considérer d'un oeil calme, pour les reproduire exactement, les secrets célestes révélés par une créature favorisée de Dieu, pleine de simplicité et de naïveté. Je ne puis sauver que des ombres à demi effacées de visions qui prouvent la réalité et la subsistance dans un présent éternel de tous les mystères des relations de Dieu avec l'homme perdues par suite du péché. Et ces ombres, il me faut les saisir à la hâte et les dérober en quelque sorte. Je ne puis exprimer les sentiments que j'éprouve alors. Ceux qui pendant des années ont étouffé cette grâce et s’en sont moqués, ceux qui maintenant sont forcés de la reconnaître qui pourtant la troublent et ne savent ni la chercher, ni l’apprécier, pleureront avec moi quand ce miroir qui la réfléchit sera obscurci par la mort. « Jésus enfant, mon Sauveur, donnez-moi la patience. »
Elle avait fait tous ses présents, fini tous ses travaux, elle mit de côté et rangea tous les chiffons et tous les bouts de fil qui étaient restés, puis, épuisée de fatigue, elle s'affaissa sur elle-même pour porter â la crèche sa propre offrande de Noël, des douleurs infinies qu'elle voit toujours sous forme de fleurs. Elle dit bientôt
« Dorothée m'accompagne à la crèche. Elle est venue me trouver. Elle m’a dit qu'on l’avait souvent injuriée à cause de la quantité de fleurs dont elle ornait l’autel : mais elle répondait toujours : « Quand les fleurs sont desséchées, Dieu reprend les couleurs et le parfum qu'il leur avait donnés : de même il fait sécher tous les péchés et ce qu'il y a de bon lui est offert, car cela vient de lui. » Elle a toujours été poussée en esprit par un désir ardent vers la crèche du Seigneur et elle y a tout offert en sacrifice. Le Pèlerin aussi doit porter à l’Enfant-Jésus toutes ses souffrances, toutes ses faiblesses, toutes ses fautes et ne plus rien reprendre. Il doit tout commencer à nouveau et demander à l’Enfant-Jésus le don d'un ardent amour, afin de trouver près de Dieu de plus grandes consolations. Je vois aussi saint Jérôme. Il a longtemps vécu ici et obtenu de Dieu par ses prières une telle flamme d'amour qu'il semblait en être consumé. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
« Oh ! qui pourrait voir la beauté, la pureté et l’incomparable candeur de Marie ? Elle sait tout et pourtant il semble qu'elle n'ait la conscience de rien, tant elle est naïve ! Elle baisse les yeux, et quand elle regarde, son regard pénètre comme un rayon, comme la vérité, comme une lumière immaculée ! C'est parce qu'elle est parfaitement innocente, remplie de Dieu et sans retour sur elle-même. Personne ne peut résister à ce regard.
« Je vois la crèche, et au-dessus d'elle sont en fête tous les bienheureux qui ont adoré l’Enfant-Jésus lors de sa naissance, ceux qui plus tard sont allés vénérer ce lieu et aussi tous ceux qui n'y ont été présents que par le désir et la dévotion : ils célèbrent dans une merveilleuse église spirituelle la veille de la Nativité du Rédempteur : ils tiennent la place de l'Église et de tous ceux qui désirent que ce saint lieu et ce saint temps soient fêtés. Ainsi fait l’Église triomphante pour l’Église militante : ainsi doit faire celle-ci pour l’Église souffrante. Oh ! combien cela est beau d'une beauté indescriptible ! Quelle bienheureuse assurance ! Je vois à l’entour, près et loin, de semblables églises spirituelles. Aucune force ne peut anéantir l'autel du Seigneur. Là où il n'est plus visible, il est maintenu debout, quoique invisible, par les esprits bienheureux. Rien ne passe de ce qui s'accomplit dans l’Église pour l'amour de Jésus. Là où les hommes ne méritent plus de célébrer la fête, des bienheureux la célèbrent à leur place, et tous les coeurs dont les aspirations vont là pour y rendre hommage à Dieu, y sont présents et y trouvent une sainte église et une fête céleste, quoique leurs sens grossiers ne s'en doutent pas : ils reçoivent la récompense de leur piété.
« Mais, dans le ciel, je vois Marie qui, sur un trône magnifique, offre à son divin Fils lequel parait devant elle sous la forme d'enfant nouveau-né, sous la forme de jeune homme et sous celle de Sauveur crucifié, tous les coeurs qui l'ont aimé et qui ont jamais pris part à cette fête... »
« Je vois la crèche, et au-dessus d'elle sont en fête tous les bienheureux qui ont adoré l’Enfant-Jésus lors de sa naissance, ceux qui plus tard sont allés vénérer ce lieu et aussi tous ceux qui n'y ont été présents que par le désir et la dévotion : ils célèbrent dans une merveilleuse église spirituelle la veille de la Nativité du Rédempteur : ils tiennent la place de l'Église et de tous ceux qui désirent que ce saint lieu et ce saint temps soient fêtés. Ainsi fait l’Église triomphante pour l’Église militante : ainsi doit faire celle-ci pour l’Église souffrante. Oh ! combien cela est beau d'une beauté indescriptible ! Quelle bienheureuse assurance ! Je vois à l’entour, près et loin, de semblables églises spirituelles. Aucune force ne peut anéantir l'autel du Seigneur. Là où il n'est plus visible, il est maintenu debout, quoique invisible, par les esprits bienheureux. Rien ne passe de ce qui s'accomplit dans l’Église pour l'amour de Jésus. Là où les hommes ne méritent plus de célébrer la fête, des bienheureux la célèbrent à leur place, et tous les coeurs dont les aspirations vont là pour y rendre hommage à Dieu, y sont présents et y trouvent une sainte église et une fête céleste, quoique leurs sens grossiers ne s'en doutent pas : ils reçoivent la récompense de leur piété.
« Mais, dans le ciel, je vois Marie qui, sur un trône magnifique, offre à son divin Fils lequel parait devant elle sous la forme d'enfant nouveau-né, sous la forme de jeune homme et sous celle de Sauveur crucifié, tous les coeurs qui l'ont aimé et qui ont jamais pris part à cette fête... »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
10. « Maintenant la malade était comme resplendissante de joie ; son esprit, sa parole, son visage étaient empreints d'une sérénité et d'une vie indescriptibles, et son langage exprimait avec une telle profondeur et une telle aisance les choses les plus sublimes et les plus mystérieuses que le Pèlerin se sentait remué jusqu'au fond de l’âme en l’écoutant. Il ne peut reproduire qu'une ombre bien pâle de ce que la parole de la voyante faisait sortir des ténèbres de la vie avec plus que des couleurs, avec des flammes.
« Voyez, s'écriait-elle, comme toute la nature brille et sourit dans l’innocence et la joie. C'est comme si un mort enveloppé dans son linceul se levait du sein de la pourriture, de la poussière et de la nuit du tombeau, et, par son apparition, témoignait qu'il est non seulement vivant, revêtu de chair, jeune, florissant, joyeux, mais encore qu'il est immortel, innocent et pur, qu'il a été l’image sans tache de Dieu. Tout est vivant tout est ivre de joie pure et de reconnaissance. Oh ! les belles collines autour desquelles les arbres courent comme s'ils se dirigeaient en hâte vers la crèche, pour répandre aux pieds du Créateur qui visite ses créatures, les parfums, les fleurs et les fruits qu'ils tiennent de lui. Les fleurs partout ouvrent leurs calices et présentent leurs formes, leurs couleurs, leurs senteurs au Seigneur qui viendra bientôt se promener au milieu d'elles. Les sources murmurent, pleines de désir, et les fontaines dansent dans une joyeuse impatience comme des enfants qui attendent les présents de Noël. Les oiseaux font entendre des chants pleins de douceur et d'allégresse. Les agneaux bêlent et bondissent. Tous les animaux sont pacifiques et joyeux. Le sang coule plus pur et plus vivant dans toutes les veines. Tous les coeurs pieux qui étaient oppressés par un saint désir battent instinctivement à l'approche de la Rédemption. Tout est en mouvement. Les pécheurs sont saisis de tristesse, d'émotion, de repentir, d'espérance : les incorrigibles, les endurcis, les ennemis qui sont les futurs bourreaux du crucifié, sont dans l'anxiété, dans l'inquiétude, dans un état de trouble qu'ils ne comprennent pas : car eux aussi sentent que quelque chose d'incompréhensible se remue dans 1e temps dont la plénitude approche. Mais cette plénitude et tout le bonheur qu'elle engendre sont dans le coeur humble, pur, miséricordieux de Marie, lequel prie au-dessus du Sauveur, du monde, fait homme sous ce coeur, et qui, dans quelques heures, comme lumière devenue chair, entrera dans cette vie, dans son propre héritage où les siens ne l'ont pas reconnu. Ce que dit toute la nature dans ce moment où elle parle devant moi, lorsque son Créateur vient pour y faire son séjour, cela est écrit en haut sur la montagne dans les livres où la vérité est conservée jusqu'à ce que les temps soient accomplis. De même que dans la souche de David, la promesse fut préservée jusqu'à son accomplissement en Marie dans la plénitude des temps ; de même que cette souche fut soignée, protégée, purifiée jusqu'au moment où elle produisit dans la Sainte-Vierge la lumière du monde, de même ce saint de la montagne des prophètes purifie et conserve tous les trésors de la création et de la promesse, ainsi que la signification et l’essence de toute parole et de toute créature jusqu'à ce que les temps soient accomplis. Il rejette et efface tout ce qui est faux et mauvais ; alors c'est un courant aussi pur qu'au sortir du sein de Dieu, et c'est ainsi qu'il coule aujourd'hui dans la nature entière. Pourquoi les chercheurs s'efforcent-ils de trouver et ne trouvent-ils pas ? Ils devraient voir ici comment le bien engendre éternellement le bien et comment le mal engendre toujours le mal, s'il n'est pas supprimé par le repentir et par le sang de Jésus-Christ. De même que les bienheureux, les pieux vivants et les âmes souffrantes exercent continuellement par Jésus les uns sur les autres une action réciproque au moyen de laquelle ils s'aident mutuellement, guérissent et sont guéris, de même je vois un travail semblable se faire dans la nature entière. Ce que je vois est inexprimable. Tout homme simple qui suit Jésus reçoit cela comme un don. Mais c'est la merveilleuse grâce de ce temps qui subsiste pour toute l’éternité. Dans ces jours, le diable est enchaîné ; il rampe et se débat : c'est pourquoi je ne puis m'empêcher de haïr toutes les bêtes qui rampent. Le hideux démon qui pousse au mal est aujourd'hui abaissé et humilié et il ne peut rien faire pendant ces jours. C'est la grâce éternelle de ce temps. »
« Voyez, s'écriait-elle, comme toute la nature brille et sourit dans l’innocence et la joie. C'est comme si un mort enveloppé dans son linceul se levait du sein de la pourriture, de la poussière et de la nuit du tombeau, et, par son apparition, témoignait qu'il est non seulement vivant, revêtu de chair, jeune, florissant, joyeux, mais encore qu'il est immortel, innocent et pur, qu'il a été l’image sans tache de Dieu. Tout est vivant tout est ivre de joie pure et de reconnaissance. Oh ! les belles collines autour desquelles les arbres courent comme s'ils se dirigeaient en hâte vers la crèche, pour répandre aux pieds du Créateur qui visite ses créatures, les parfums, les fleurs et les fruits qu'ils tiennent de lui. Les fleurs partout ouvrent leurs calices et présentent leurs formes, leurs couleurs, leurs senteurs au Seigneur qui viendra bientôt se promener au milieu d'elles. Les sources murmurent, pleines de désir, et les fontaines dansent dans une joyeuse impatience comme des enfants qui attendent les présents de Noël. Les oiseaux font entendre des chants pleins de douceur et d'allégresse. Les agneaux bêlent et bondissent. Tous les animaux sont pacifiques et joyeux. Le sang coule plus pur et plus vivant dans toutes les veines. Tous les coeurs pieux qui étaient oppressés par un saint désir battent instinctivement à l'approche de la Rédemption. Tout est en mouvement. Les pécheurs sont saisis de tristesse, d'émotion, de repentir, d'espérance : les incorrigibles, les endurcis, les ennemis qui sont les futurs bourreaux du crucifié, sont dans l'anxiété, dans l'inquiétude, dans un état de trouble qu'ils ne comprennent pas : car eux aussi sentent que quelque chose d'incompréhensible se remue dans 1e temps dont la plénitude approche. Mais cette plénitude et tout le bonheur qu'elle engendre sont dans le coeur humble, pur, miséricordieux de Marie, lequel prie au-dessus du Sauveur, du monde, fait homme sous ce coeur, et qui, dans quelques heures, comme lumière devenue chair, entrera dans cette vie, dans son propre héritage où les siens ne l'ont pas reconnu. Ce que dit toute la nature dans ce moment où elle parle devant moi, lorsque son Créateur vient pour y faire son séjour, cela est écrit en haut sur la montagne dans les livres où la vérité est conservée jusqu'à ce que les temps soient accomplis. De même que dans la souche de David, la promesse fut préservée jusqu'à son accomplissement en Marie dans la plénitude des temps ; de même que cette souche fut soignée, protégée, purifiée jusqu'au moment où elle produisit dans la Sainte-Vierge la lumière du monde, de même ce saint de la montagne des prophètes purifie et conserve tous les trésors de la création et de la promesse, ainsi que la signification et l’essence de toute parole et de toute créature jusqu'à ce que les temps soient accomplis. Il rejette et efface tout ce qui est faux et mauvais ; alors c'est un courant aussi pur qu'au sortir du sein de Dieu, et c'est ainsi qu'il coule aujourd'hui dans la nature entière. Pourquoi les chercheurs s'efforcent-ils de trouver et ne trouvent-ils pas ? Ils devraient voir ici comment le bien engendre éternellement le bien et comment le mal engendre toujours le mal, s'il n'est pas supprimé par le repentir et par le sang de Jésus-Christ. De même que les bienheureux, les pieux vivants et les âmes souffrantes exercent continuellement par Jésus les uns sur les autres une action réciproque au moyen de laquelle ils s'aident mutuellement, guérissent et sont guéris, de même je vois un travail semblable se faire dans la nature entière. Ce que je vois est inexprimable. Tout homme simple qui suit Jésus reçoit cela comme un don. Mais c'est la merveilleuse grâce de ce temps qui subsiste pour toute l’éternité. Dans ces jours, le diable est enchaîné ; il rampe et se débat : c'est pourquoi je ne puis m'empêcher de haïr toutes les bêtes qui rampent. Le hideux démon qui pousse au mal est aujourd'hui abaissé et humilié et il ne peut rien faire pendant ces jours. C'est la grâce éternelle de ce temps. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
Après ces paroles, le Pèlerin fut obligé de la quitter, mais deux jours après elle lui raconta ce qui suit :
« J'ai vu Saint-Joseph sortir le soir avec une corbeille et quelques petits vases, comme s'il voulait chercher quelques aliments. Aucune parole ne peut rendre sa simplicité, sa bonne grâce et son humilité. Je vis Marie, dans le même coin où je l'avais vue, priant et ravie en extase : elle était à genoux et avait les mains médiocrement élevées. Le feu brûlait encore. Dans la paroi était assujettie une petite perche portant un flambeau ou une lampe allumée. Je vis tout plein de lumière, sans mélange d'aucune ombre, et je vis la flamme de la lampe un peu terne, comme nous parait au grand jour celle d'un flambeau. Il y avait dans cette flamme quelque chose de matériel. Marie était toute seule. Je pensai alors à tout ce que je voulais apporter près de la crèche au Sauveur qui était proche, et j'avais une longue route à faire. Je passai par une quantité d'endroits différents que j'avais souvent vus dans mes visions touchant la vie du Seigneur. Je vis chez les hommes de l'inquiétude, du trouble et une angoisse inexplicable. Je vis des Juifs dans leurs synagogues tout déconcertés et interrompant le culte divin. J'allai aussi dans ces environs à un endroit où on sacrifiait dans un temple d'idoles. Il y avait là une idole avec une gueule effroyablement large. Ils mirent dedans la chair offerte en sacrifice et l'idole tomba en morceaux : alors la peur et le désordre se mirent parmi eux et ils se dispersèrent de tous côtés.
« J'allai aussi dans le pays de Nazareth et je visitai la maison de Sainte-Anne. C'était le moment d'avant la naissance du Sauveur. Je vis Anne et Joachim dormir dans des chambres séparées. Une lumière éclatante vint sur Anne et elle fut avertie en songe que Marie avait mis au monde un fils. Elle se réveilla et courut en hâte vers Joachim qui venait à sa rencontre et avait eu le même pressentiment. Ils prièrent et louèrent Dieu ensemble, les mains levées au ciel. D'autres personnes qui étaient dans la maison furent aussi remuées d'une manière extraordinaire et vinrent près de Joachim et d'Anne qu'ils trouvèrent ravis de joie : ils apprirent la naissance de l'enfant et louèrent Dieu avec eux. Tous ces gens ne savaient pas bien clairement que le nouveau-né était le Fils de Dieu. Mais ils savaient que c'était un enfant de salut, un enfant de la promesse : ils en avaient tous le sentiment intérieur et ils ne pouvaient l'exprimer. En outre ils étaient frappés du mouvement merveilleux qui avait lieu dans la nature et ce fut pour eux une nuit sanctifiée. Je vis encore çà et là des gens pieux, autour de Nazareth, se relever, éveillés par une douce joie intérieure, et, le sachant ou ne le sachant pas, célébrer par la prière l'entrée du Verbe fait chair dans la vie temporelle.
« J'ai vu Saint-Joseph sortir le soir avec une corbeille et quelques petits vases, comme s'il voulait chercher quelques aliments. Aucune parole ne peut rendre sa simplicité, sa bonne grâce et son humilité. Je vis Marie, dans le même coin où je l'avais vue, priant et ravie en extase : elle était à genoux et avait les mains médiocrement élevées. Le feu brûlait encore. Dans la paroi était assujettie une petite perche portant un flambeau ou une lampe allumée. Je vis tout plein de lumière, sans mélange d'aucune ombre, et je vis la flamme de la lampe un peu terne, comme nous parait au grand jour celle d'un flambeau. Il y avait dans cette flamme quelque chose de matériel. Marie était toute seule. Je pensai alors à tout ce que je voulais apporter près de la crèche au Sauveur qui était proche, et j'avais une longue route à faire. Je passai par une quantité d'endroits différents que j'avais souvent vus dans mes visions touchant la vie du Seigneur. Je vis chez les hommes de l'inquiétude, du trouble et une angoisse inexplicable. Je vis des Juifs dans leurs synagogues tout déconcertés et interrompant le culte divin. J'allai aussi dans ces environs à un endroit où on sacrifiait dans un temple d'idoles. Il y avait là une idole avec une gueule effroyablement large. Ils mirent dedans la chair offerte en sacrifice et l'idole tomba en morceaux : alors la peur et le désordre se mirent parmi eux et ils se dispersèrent de tous côtés.
« J'allai aussi dans le pays de Nazareth et je visitai la maison de Sainte-Anne. C'était le moment d'avant la naissance du Sauveur. Je vis Anne et Joachim dormir dans des chambres séparées. Une lumière éclatante vint sur Anne et elle fut avertie en songe que Marie avait mis au monde un fils. Elle se réveilla et courut en hâte vers Joachim qui venait à sa rencontre et avait eu le même pressentiment. Ils prièrent et louèrent Dieu ensemble, les mains levées au ciel. D'autres personnes qui étaient dans la maison furent aussi remuées d'une manière extraordinaire et vinrent près de Joachim et d'Anne qu'ils trouvèrent ravis de joie : ils apprirent la naissance de l'enfant et louèrent Dieu avec eux. Tous ces gens ne savaient pas bien clairement que le nouveau-né était le Fils de Dieu. Mais ils savaient que c'était un enfant de salut, un enfant de la promesse : ils en avaient tous le sentiment intérieur et ils ne pouvaient l'exprimer. En outre ils étaient frappés du mouvement merveilleux qui avait lieu dans la nature et ce fut pour eux une nuit sanctifiée. Je vis encore çà et là des gens pieux, autour de Nazareth, se relever, éveillés par une douce joie intérieure, et, le sachant ou ne le sachant pas, célébrer par la prière l'entrée du Verbe fait chair dans la vie temporelle.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
« Dans tout le voyage que je fis pendant cette nuit de merveilleuse émotion, mon chemin me conduisit toujours à des scènes très variées de gens ainsi remués au milieu de la nuit, courant ensemble, joyeux et priant, ou inquiets et agités ; je vis cela chez les peuples les plus divers. Mon voyage se fit très rapidement vers le levant, en inclinant plus au midi que lorsque je me dirigeais vers la montagne d'Elie. Une fois, dans une grande ville en ruines où, parmi d'énormes colonnes et de magnifiques édifices à moitié détruits, beaucoup de gens habitaient des logements pratiqués dans ces édifices ou adossés à leurs murs, je vis un mouvement extraordinaire sur une grande place qui se trouvait entre les colonnes. Des hommes et des femmes couraient tumultueusement : il en arrivait beaucoup de la campagne et tous regardaient le ciel ; un très grand nombre y regardait à travers de longs tubes d'environ huit pieds ayant une échancrure à l'endroit où l'on posait l'oeil : d'autres indiquaient quelque chose en l'air et tous disaient à peu près : «Quelle merveilleuse nuit. »Ils doivent avoir observé un signe dans le ciel, peut-être une comète ; c'était là sans doute la cause de leur agitation. Je ne me souviens pas d'avoir rien vu.
« Continuant mon rapide voyage, je me portai de là très vite vers un endroit où des gens, rassemblés au bord du fleuve sacré, y puisaient et y faisaient puiser de l'eau par leurs prêtres. Ils étaient cette fois beaucoup plus nombreux et il semblait qu'il y eût une fête. Lorsque j'arrivai là, il ne faisait pas nuit ; il était au contraire plein midi (note). Je n'avais pas pu m'entretenir avec tous les gens que j'avais vus précédemment. Je parlai à ceux-ci ; ils m'entendirent et furent émus par ma présence. Je leur dis que désormais ils ne devaient plus puiser là l'eau sainte, et qu'il leur fallait se tourner vers le Sauveur qui était né. Je ne sais plus comment je leur dis cela, mais ils furent émus et étonnés, et je les intimidai, spécialement plusieurs d'entre eux qui étaient très recueillis, et très pieux. Il y avait parmi eux des âmes extrêmement pures et sentant profondément. Je vis ceux-là aller dans ; leur temple où je ne vis pas d'idoles ; il y avait pourtant quelque chose comme une table pour les sacrifices. Ils se mirent à genoux, hommes, femmes ici enfants. Et les mères prirent leurs enfants devant elles et leur tinrent les mains élevées, comme pour prier ; c'était très touchant.
« Continuant mon rapide voyage, je me portai de là très vite vers un endroit où des gens, rassemblés au bord du fleuve sacré, y puisaient et y faisaient puiser de l'eau par leurs prêtres. Ils étaient cette fois beaucoup plus nombreux et il semblait qu'il y eût une fête. Lorsque j'arrivai là, il ne faisait pas nuit ; il était au contraire plein midi (note). Je n'avais pas pu m'entretenir avec tous les gens que j'avais vus précédemment. Je parlai à ceux-ci ; ils m'entendirent et furent émus par ma présence. Je leur dis que désormais ils ne devaient plus puiser là l'eau sainte, et qu'il leur fallait se tourner vers le Sauveur qui était né. Je ne sais plus comment je leur dis cela, mais ils furent émus et étonnés, et je les intimidai, spécialement plusieurs d'entre eux qui étaient très recueillis, et très pieux. Il y avait parmi eux des âmes extrêmement pures et sentant profondément. Je vis ceux-là aller dans ; leur temple où je ne vis pas d'idoles ; il y avait pourtant quelque chose comme une table pour les sacrifices. Ils se mirent à genoux, hommes, femmes ici enfants. Et les mères prirent leurs enfants devant elles et leur tinrent les mains élevées, comme pour prier ; c'était très touchant.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
Je fus alors ramenée à la crèche. Le Sauveur était né.
(note) Ce devait être l'heure qu'il est dans ce pays quand il est minuit chez nous. Elle voit la naissance du Christ à Bethléhem comme ayant lieu à notre heure de minuit. Elle voit tous les événements d'alors comme scènes de nuit. Mais arrivée en ce lieu, elle sort de la vision du temps de la Nativité pour entrer dans le temps réel, et par conséquent elle voit l'heure qu'il était sur les bords du Gange lorsque son âme y arriva.
La Sainte-Vierge était assise au même endroit qu'auparavant, enveloppée dans un ample voile, et tenait sur ses genoux l'Enfant-Jésus emmailloté aussi dans des langes très amples. On ne voyait pas le visage de l'enfant. Elle était immobile et semblait en extase. Un couple de bergers se tenait timidement à une distance respectueuse et quelques-uns regardaient d'en haut à travers les ouvertures de la grotte. J'adorai en silence. Lorsque les bergers furent partis, Saint-Joseph vint, portant sur le bras comme une couverture et aussi quelques aliments dans la corbeille. Lorsqu'il eut posé tout cela, il s'approcha de Marie et elle lui tendit l'enfant pour qu'il le prît. Il le tint dans ses bras avec une joie, une piété, une humilité infinies. Et je vis qu'il ne savait pas que c'était la seconde des personnes divines, mais il sentait que c'était l'enfant de la promesse qui apportait le salut au monde, que c'était un saint enfant.
« Cependant je m'agenouillai, priant la Mère de Dieu de vouloir bien amener à son fils tous ceux que je connaissais comme ayant besoin de la grâce du salut. Et je vis en esprit tous ceux auxquels je pensais, et ma pensée était le signe que mon désir était exaucé. Je pensai à Judith sur la montagne et je la vis tout à coup dans sa maison, dans la salle où des lampes étaient suspendues, avec un grand nombre de personnes parmi lesquelles il semblait y avoir des étrangers. C'était comme une réunion religieuse. Ils paraissaient délibérer sur quelque chose et il y avait beaucoup d'émotion parmi eux. Je vis aussi chez Judith comme un souvenir de mon apparition et un désir mêlé de crainte de me voir revenir. Elle semblait se dire à elle-même que si le Messie était réellement venu et que si elle pouvait être bien certaine de ce que l’apparition lui avait dit, elle ferait ce qu'elle avait promis pour pouvoir venir en aide à son peuple.
(note) Ce devait être l'heure qu'il est dans ce pays quand il est minuit chez nous. Elle voit la naissance du Christ à Bethléhem comme ayant lieu à notre heure de minuit. Elle voit tous les événements d'alors comme scènes de nuit. Mais arrivée en ce lieu, elle sort de la vision du temps de la Nativité pour entrer dans le temps réel, et par conséquent elle voit l'heure qu'il était sur les bords du Gange lorsque son âme y arriva.
La Sainte-Vierge était assise au même endroit qu'auparavant, enveloppée dans un ample voile, et tenait sur ses genoux l'Enfant-Jésus emmailloté aussi dans des langes très amples. On ne voyait pas le visage de l'enfant. Elle était immobile et semblait en extase. Un couple de bergers se tenait timidement à une distance respectueuse et quelques-uns regardaient d'en haut à travers les ouvertures de la grotte. J'adorai en silence. Lorsque les bergers furent partis, Saint-Joseph vint, portant sur le bras comme une couverture et aussi quelques aliments dans la corbeille. Lorsqu'il eut posé tout cela, il s'approcha de Marie et elle lui tendit l'enfant pour qu'il le prît. Il le tint dans ses bras avec une joie, une piété, une humilité infinies. Et je vis qu'il ne savait pas que c'était la seconde des personnes divines, mais il sentait que c'était l'enfant de la promesse qui apportait le salut au monde, que c'était un saint enfant.
« Cependant je m'agenouillai, priant la Mère de Dieu de vouloir bien amener à son fils tous ceux que je connaissais comme ayant besoin de la grâce du salut. Et je vis en esprit tous ceux auxquels je pensais, et ma pensée était le signe que mon désir était exaucé. Je pensai à Judith sur la montagne et je la vis tout à coup dans sa maison, dans la salle où des lampes étaient suspendues, avec un grand nombre de personnes parmi lesquelles il semblait y avoir des étrangers. C'était comme une réunion religieuse. Ils paraissaient délibérer sur quelque chose et il y avait beaucoup d'émotion parmi eux. Je vis aussi chez Judith comme un souvenir de mon apparition et un désir mêlé de crainte de me voir revenir. Elle semblait se dire à elle-même que si le Messie était réellement venu et que si elle pouvait être bien certaine de ce que l’apparition lui avait dit, elle ferait ce qu'elle avait promis pour pouvoir venir en aide à son peuple.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
« Il était jour. Marie était assise les jambes croisées à sa place ordinaire et l'Enfant-Jésus était couché près de ses pieds, emmailloté dans ses langes, mais le visage et les mains libres. Elle tenait quelque chose comme une pièce de toile qu'elle arrangeait ou préparait. Joseph était dans l’entrée, en face du foyer ; apprêtant, arrangeant quelque chose comme un appareil en bois pour y suspendre des ustensiles. Je me disais alors : « Bon vieillard, tu ne travailleras plus longtemps, il faudra bientôt partir. » J'étais debout près de l’âne. Il vint alors d'un endroit où Marie était entrée trois femmes figées. Elles paraissaient un peu connues de la Sainte-Famille, car elles furent accueillies très cordialement : Marie ne se leva pas. Elles apportaient une assez grande quantité de présents : de petits fruits, des canards, de grands oiseaux avec un bec rouge en forme d'alène qu'elles portaient sous le bras ou par les ailes, puis de petits pains ovales, allongés, ronds, épais d'un pouce, enfin de la toile et d'autres pièces d'étoffe. Tout cela fut reçu avec infiniment d'humilité et de gratitude. Elles étaient douces, bonnes et pieuses. Elles regardèrent l'enfant toutes émues, mais ne le touchèrent pas puis elles se retirèrent sans beaucoup d'adieux ni de cérémonies. Pendant ce temps, je regardais l’âne avec beaucoup d'attention. Il avait le dos très large et je disais en moi-même : « Bonne bête, tu as déjà eu beaucoup à porter ! » Je voulus aussi m'assurer de la vérité de ce que je voyais et je passai la main sur son poil ; je sentis quelque chose de doux comme de la soie et je me souvins du gazon que j'avais touché dans une autre occasion. Alors, du pays d'où les bergers étaient venus et où étaient les jardins avec des haies de baumiers, il arriva deux matrones avec trois petites filles d'environ huit ans. Elles paraissaient d'une classe plus élevée : elles semblaient aussi, plus que les premières, étrangères à la Sainte-Famille et attirées plus spécialement par un appel miraculeux. Joseph les reçut avec beaucoup d'humilité.
Elles apportaient des présents de plus de valeur, quoique d'un plus petit volume : des grains dans une écuelle, de petits fruits, puis un petit amas disposé régulièrement de feuilles d'or triangulaires et assez épaisses sur lesquelles était gravée une estampille comme un cachet. Je me dis alors : « Chose merveilleuse ! Cela ressemble aux représentations qu'on fait de l'oeil de Dieu ! mais non ! Comment puis-je comparer l'oeil de Dieu avec de la terre rouge ! »
Elles apportaient des présents de plus de valeur, quoique d'un plus petit volume : des grains dans une écuelle, de petits fruits, puis un petit amas disposé régulièrement de feuilles d'or triangulaires et assez épaisses sur lesquelles était gravée une estampille comme un cachet. Je me dis alors : « Chose merveilleuse ! Cela ressemble aux représentations qu'on fait de l'oeil de Dieu ! mais non ! Comment puis-je comparer l'oeil de Dieu avec de la terre rouge ! »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
Marie se leva et leur mit l’enfant dans les bras. Chacune d'elles le tint un peu de temps : elles prièrent en silence, élevant leurs coeurs à Dieu : elles embrassèrent aussi l’enfant. Joseph et Marie s'entretinrent avec elles et, lorsqu'elles partirent, Joseph les accompagna un bout de chemin. Toutes ces personnes vinrent comme en secret et évitèrent dans la ville tout ce qui aurait pu attirer l'attention. Celles-ci paraissaient venir d'une distance de quelques milles tout au moins. Pendant ces visites, Joseph se montrait toujours très humble, il se retirait en arrière et regardait de loin.
« Lorsque Joseph reconduisit ces femmes, je priai et j'exposai mes misères à Marie en toute confiance. Elle me consola et me répondit très brièvement, comme trois mots seulement, sur trois points. Cette manière de parler est très difficile à expliquer : c'est un avertissement donné à l'intérieur et cela se passe à peu près ainsi : si, par exemple, elle voulait dire : « Ces souffrances te fortifieront spirituellement, tu n'y succomberas pas, elles te rendront plus clairvoyante et te feront vaincre plus pleinement, » je ne percevais rien, si ce n'est le sentiment de l’essence, de la force du ressort qui fait qu'un palmier, à ce qu'on dit, devient plus élastique et plus vigoureux par la pression d'un fardeau que supportent ses branches. Elle me dit de la même manière l'équivalent de ceci : La lutte avec ta soeur sera très pénible, tu auras encore beaucoup à combattre, le combat sera douloureux. Consolation ! Avec la lutte et la souffrance, la force surnaturelle s'accroîtra. Plus tes souffrances seront vives, plus la vue sera chez toi claire, profonde et compréhensive. Pense au profit qui en résultera. » Je reçus ce dernier avis sous la forme d'une vive sensation des bases essentielles de la loi qui produit la pureté de l'or frappé au marteau et le poli du miroir. Elle me dit ensuite que je devais tout dire, ne rien taire, lors même que cela me paraîtrait sans importance. Tout a son but, je ne dois pas me laisser arrêter par l'idée que je ne comprends pas bien telle ou telle chose : je dois la dire, quoique mes paroles paraissent décousues et sans utilité. Après ma mort, il y aura des conversations parmi les protestants et la conviction de la réalité de mon état y contribuera beaucoup ; je ne dois donc rien passer sous silence. »
« Lorsque Joseph reconduisit ces femmes, je priai et j'exposai mes misères à Marie en toute confiance. Elle me consola et me répondit très brièvement, comme trois mots seulement, sur trois points. Cette manière de parler est très difficile à expliquer : c'est un avertissement donné à l'intérieur et cela se passe à peu près ainsi : si, par exemple, elle voulait dire : « Ces souffrances te fortifieront spirituellement, tu n'y succomberas pas, elles te rendront plus clairvoyante et te feront vaincre plus pleinement, » je ne percevais rien, si ce n'est le sentiment de l’essence, de la force du ressort qui fait qu'un palmier, à ce qu'on dit, devient plus élastique et plus vigoureux par la pression d'un fardeau que supportent ses branches. Elle me dit de la même manière l'équivalent de ceci : La lutte avec ta soeur sera très pénible, tu auras encore beaucoup à combattre, le combat sera douloureux. Consolation ! Avec la lutte et la souffrance, la force surnaturelle s'accroîtra. Plus tes souffrances seront vives, plus la vue sera chez toi claire, profonde et compréhensive. Pense au profit qui en résultera. » Je reçus ce dernier avis sous la forme d'une vive sensation des bases essentielles de la loi qui produit la pureté de l'or frappé au marteau et le poli du miroir. Elle me dit ensuite que je devais tout dire, ne rien taire, lors même que cela me paraîtrait sans importance. Tout a son but, je ne dois pas me laisser arrêter par l'idée que je ne comprends pas bien telle ou telle chose : je dois la dire, quoique mes paroles paraissent décousues et sans utilité. Après ma mort, il y aura des conversations parmi les protestants et la conviction de la réalité de mon état y contribuera beaucoup ; je ne dois donc rien passer sous silence. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
11. Le soir de la fête da Noël, de nouvelles souffrances lui furent annoncées en vision. Voici ce qu'elle raconta :
« Trois religieuses, dont était sainte Françoise Romaine, vinrent m'apporter un vêtement parfaitement blanc et dentelé par en bas, où se voyait, sur le côté gauche un coeur rouge entouré de roses. Lorsque je touchai les roses, les épines me piquèrent jusqu'au sang. En un instant : elles me revêtirent de cette robe, et dirent que je devais la porter jusqu'à la nouvelle année, qu'alors je recevrais une robe grise avec une lourde croix de fer. Si, à la nouvelle année, je rends celle-ci exempte de taches comme elle l'est maintenant, la croix que je dois porter sur la robe grise sera peut-être très allégée par là. Je crus que cela annonçait ma mort, et je dis : « N'est-il pas vrai que je dois mourir à présent ? » Mais elles me répondirent : « Non, tu auras encore beaucoup à souffrir, » après quoi elles me quittèrent. Cependant mon conducteur m'annonça de cruelles souffrances en paroles sévères, précises, qui me traversèrent l'âme comme des épées. Il me dit que je n'y succomberai pas ; mais que je m'attire moi-même ces souffrances à cause de tout ce que je prends à ma charge en vue de satisfaire pour autrui. Je dois être plus modérée, ne pas vouloir faire trop de bien et penser que cela n'est possible qu'à Jésus. Je fus prise alors de vives douleurs qui durèrent jusqu'à deux heures après minuit. J'étais couchée sur une herse couverte d'épines entrelacées dont les pointes pénétraient jusque dans les os. »
Elle eut, à de courts intervalles, trois états de souffrances semblables à supporter. Le 29 décembre, le Pèlerin lui trouva le visage tout altéré par suite de ces inexprimables douleurs physiques et morales. Tous ses traits étaient tirés et allongés : entre les yeux, le front semblait faire un effort pour se ramasser et on voyait des indices de mouvements convulsifs au milieu de piqûres et de meurtrissures. «. Je n'ai pas dormi de toute la nuit, dit-elle, et j'ai failli mourir : cependant j'ai eu une consolation intérieure surnaturelle. C'était la douceur de la souffrance qui montait sans symbole visible à travers la racine intérieure de l'âme, et qui provenait de Dieu. La Sainte-Vierge m'a aussi consolée. Je vis l’inexprimable douleur qu'elle éprouva pendant la nuit de l'arrestation du Seigneur, et spécialement celle que lui causa le reniement de Pierre. Je la vis se plaindre à Jean : c'était à lui qu'elle se plaignait toujours. Je demandai aussi, pendant cette nuit, pourquoi l'état de ma soeur me faisait une si grande peine, me blessait si profondément et allait jusqu'à me mettre hors de moi, tandis que je pouvais supporter sans faiblir pis que cela. Il me fût dit : « Comme, tu perçois la lumière venant des ossements des saints par l'aptitude à sentir la communion des membres dans le corps de Jésus-Christ, de même tu perçois plus vivement, dans l'état de ta soeur l'obscurité, la colère et la séparation, parce que cet état vient en droite ligne par tes ascendants de la racine qu'a ta chair de péché dans Adam déchu. Tu sens son péché par ta chair dans la chair de tes parents et de tes ancêtres jusque dans la source de tout péché. C'est un péché venant de la racine qu'a ton corps dans la chute originelle. » - Je souffris, je veillai, je tombai dans l'affaissement, puis je me réveillai de nouveau et comptai les heures. Le matin, je criai de toutes mes forces vers mon époux pour qu'il ne m'abandonnât pas. Je le vis prendre congé de sa Mère ; je vis les douleurs de Marie, je le vis sur la montagne des Oliviers. Il me dit : « Veux-tu être mieux traitée que Marie, la plus pure, la plus aimée de toutes les créatures ? Que sont tes douleurs en comparaison des siennes ? » Alors il me fit voir une infinité de misères, de péchés, d'agonies de mourants dont plusieurs n'étaient pas préparés à souffrir et il dit : « Si tu veux porter secours, souffre ainsi ; comment sans cela la justice pourrait-elle être satisfaite ? » - Il me montra les tristesses de l'avenir : je vis combien peu de personnes prient et souffrent pour détourner les maux qui vont venir. Et je remerciai, je pris courage et je souffris joyeusement, car je l'avais vu. Il me dit encore : « Vois ces nombreux mourants ! dans quel état ils sont ! » et il me montra dans mon pays un prêtre mourant, tombé si bas qu’il ne pouvait pas même recevoir la communion avec foi et pureté de coeur. Je ne le connaissais pas et il me dit : « Souffre pour ceux-ci jusqu'à midi. » - Alors j'ai souffert joyeusement et je souffre encore et il y a déjà de l'adoucissement. »
« Trois religieuses, dont était sainte Françoise Romaine, vinrent m'apporter un vêtement parfaitement blanc et dentelé par en bas, où se voyait, sur le côté gauche un coeur rouge entouré de roses. Lorsque je touchai les roses, les épines me piquèrent jusqu'au sang. En un instant : elles me revêtirent de cette robe, et dirent que je devais la porter jusqu'à la nouvelle année, qu'alors je recevrais une robe grise avec une lourde croix de fer. Si, à la nouvelle année, je rends celle-ci exempte de taches comme elle l'est maintenant, la croix que je dois porter sur la robe grise sera peut-être très allégée par là. Je crus que cela annonçait ma mort, et je dis : « N'est-il pas vrai que je dois mourir à présent ? » Mais elles me répondirent : « Non, tu auras encore beaucoup à souffrir, » après quoi elles me quittèrent. Cependant mon conducteur m'annonça de cruelles souffrances en paroles sévères, précises, qui me traversèrent l'âme comme des épées. Il me dit que je n'y succomberai pas ; mais que je m'attire moi-même ces souffrances à cause de tout ce que je prends à ma charge en vue de satisfaire pour autrui. Je dois être plus modérée, ne pas vouloir faire trop de bien et penser que cela n'est possible qu'à Jésus. Je fus prise alors de vives douleurs qui durèrent jusqu'à deux heures après minuit. J'étais couchée sur une herse couverte d'épines entrelacées dont les pointes pénétraient jusque dans les os. »
Elle eut, à de courts intervalles, trois états de souffrances semblables à supporter. Le 29 décembre, le Pèlerin lui trouva le visage tout altéré par suite de ces inexprimables douleurs physiques et morales. Tous ses traits étaient tirés et allongés : entre les yeux, le front semblait faire un effort pour se ramasser et on voyait des indices de mouvements convulsifs au milieu de piqûres et de meurtrissures. «. Je n'ai pas dormi de toute la nuit, dit-elle, et j'ai failli mourir : cependant j'ai eu une consolation intérieure surnaturelle. C'était la douceur de la souffrance qui montait sans symbole visible à travers la racine intérieure de l'âme, et qui provenait de Dieu. La Sainte-Vierge m'a aussi consolée. Je vis l’inexprimable douleur qu'elle éprouva pendant la nuit de l'arrestation du Seigneur, et spécialement celle que lui causa le reniement de Pierre. Je la vis se plaindre à Jean : c'était à lui qu'elle se plaignait toujours. Je demandai aussi, pendant cette nuit, pourquoi l'état de ma soeur me faisait une si grande peine, me blessait si profondément et allait jusqu'à me mettre hors de moi, tandis que je pouvais supporter sans faiblir pis que cela. Il me fût dit : « Comme, tu perçois la lumière venant des ossements des saints par l'aptitude à sentir la communion des membres dans le corps de Jésus-Christ, de même tu perçois plus vivement, dans l'état de ta soeur l'obscurité, la colère et la séparation, parce que cet état vient en droite ligne par tes ascendants de la racine qu'a ta chair de péché dans Adam déchu. Tu sens son péché par ta chair dans la chair de tes parents et de tes ancêtres jusque dans la source de tout péché. C'est un péché venant de la racine qu'a ton corps dans la chute originelle. » - Je souffris, je veillai, je tombai dans l'affaissement, puis je me réveillai de nouveau et comptai les heures. Le matin, je criai de toutes mes forces vers mon époux pour qu'il ne m'abandonnât pas. Je le vis prendre congé de sa Mère ; je vis les douleurs de Marie, je le vis sur la montagne des Oliviers. Il me dit : « Veux-tu être mieux traitée que Marie, la plus pure, la plus aimée de toutes les créatures ? Que sont tes douleurs en comparaison des siennes ? » Alors il me fit voir une infinité de misères, de péchés, d'agonies de mourants dont plusieurs n'étaient pas préparés à souffrir et il dit : « Si tu veux porter secours, souffre ainsi ; comment sans cela la justice pourrait-elle être satisfaite ? » - Il me montra les tristesses de l'avenir : je vis combien peu de personnes prient et souffrent pour détourner les maux qui vont venir. Et je remerciai, je pris courage et je souffris joyeusement, car je l'avais vu. Il me dit encore : « Vois ces nombreux mourants ! dans quel état ils sont ! » et il me montra dans mon pays un prêtre mourant, tombé si bas qu’il ne pouvait pas même recevoir la communion avec foi et pureté de coeur. Je ne le connaissais pas et il me dit : « Souffre pour ceux-ci jusqu'à midi. » - Alors j'ai souffert joyeusement et je souffre encore et il y a déjà de l'adoucissement. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
Vers l'heure de midi, son visage changea, le caractère poignant, déchirant des souffrances alla en s'affaiblissant, les douleurs s'en allèrent comme par une sorte d'écoulement et s'évanouirent successivement comme de l'eau qui tarit, pompée par le soleil. Les traits du visage, qui étaient devenus très anguleux, se détendirent et s'arrondirent, sa physionomie devint calme, aimable, douce, reposée comme celle d'un enfant endormi et au moment précis de midi tout était passé. Elle était insensible et engourdie dans tous ses membres, une lassitude de plus en plus exempte de souffrance s'empara d'elle ; et aboutit un état général d'insensibilité et d'engourdissement.
« Le soir du dernier jour de l'année, elle fut constamment occupée de son voyage vers la céleste Jérusalem et elle récita souvent des vers sur la cité de Dieu tirés des hymnes du bréviaire. Elle dit une fois : « Il faut que, je sois souvent foulée aux pieds, mon jardin pousse trop vite, il ne produirait rien que des fleurs. » En même temps, dans cette vision, elle se vit très souvent elle-même dans toutes les situations possibles de la vie et toujours avec le coeur coupé en morceaux. Elle dit
« Combien cette personne me touche ! souvent je ne puis supporter la vue de ses souffrances, je prie Dieu de me les cacher. »
« Dans la nuit du 1er janvier 1820, les trois saintes religieuses vinrent de nouveau et lui retirèrent la robe blanche. Elle était restée sans tache. Elles lui mirent la robe grise qui lui avait été annoncée avec la pesante croix noire qu'elle devait laver de ses larmes et blanchir. Elle vit une grande quantité de pauvres âmes qui venaient lui rendre grâces pour leur délivrance, entre autres une vieille femme de son village pour laquelle elle avait toujours beaucoup prié. Elle sentit qu'elle les avait délivrées en gardant sans tache la robe blanche et cela la toucha beaucoup. « Lorsque j'ai reçu la robe grise, raconta-t-elle, j'ai vu encore une fois tous les tourments qui me sont réservés. J'ai eu en outre une apparition de sainte Thérèse qui m'a beaucoup consolée en me parlant de ses propres souffrances. Elle m'a aussi tranquillisée sur mes visions je ne dois pas me laisser troubler, mais tout dire ; il lui est arrivé de même que, plus elle s'est ouverte sur ses visions, plus elles sont devenues claires. Mon époux aussi s'est entretenu affectueusement avec moi et m'a donné l'explication de la robe grise. Elle est de soie, dit-il, parce que je suis blessée dans tout le corps. Il ne faut pas que j'y fasse de déchirure par mon impatience. Elle est grise comme habit de pénitence et d'humiliation. Il me dit encore qu'étant malade, je ferais ce qu'il désirait : mais que si j'étais bien portante, je m'en laisserais empêcher par ma condescendance pour les autres. En outre, je devais dire tout ce qui me serait montré, quand même on s'en moquerait encore ; car telle était sa volonté. Tout a son utilité. Ce fut alors pour moi comme si j'étais transportée d'un lit d'épines sur un autre. J'offris tout pour les âmes en peine. »
« Le soir du dernier jour de l'année, elle fut constamment occupée de son voyage vers la céleste Jérusalem et elle récita souvent des vers sur la cité de Dieu tirés des hymnes du bréviaire. Elle dit une fois : « Il faut que, je sois souvent foulée aux pieds, mon jardin pousse trop vite, il ne produirait rien que des fleurs. » En même temps, dans cette vision, elle se vit très souvent elle-même dans toutes les situations possibles de la vie et toujours avec le coeur coupé en morceaux. Elle dit
« Combien cette personne me touche ! souvent je ne puis supporter la vue de ses souffrances, je prie Dieu de me les cacher. »
« Dans la nuit du 1er janvier 1820, les trois saintes religieuses vinrent de nouveau et lui retirèrent la robe blanche. Elle était restée sans tache. Elles lui mirent la robe grise qui lui avait été annoncée avec la pesante croix noire qu'elle devait laver de ses larmes et blanchir. Elle vit une grande quantité de pauvres âmes qui venaient lui rendre grâces pour leur délivrance, entre autres une vieille femme de son village pour laquelle elle avait toujours beaucoup prié. Elle sentit qu'elle les avait délivrées en gardant sans tache la robe blanche et cela la toucha beaucoup. « Lorsque j'ai reçu la robe grise, raconta-t-elle, j'ai vu encore une fois tous les tourments qui me sont réservés. J'ai eu en outre une apparition de sainte Thérèse qui m'a beaucoup consolée en me parlant de ses propres souffrances. Elle m'a aussi tranquillisée sur mes visions je ne dois pas me laisser troubler, mais tout dire ; il lui est arrivé de même que, plus elle s'est ouverte sur ses visions, plus elles sont devenues claires. Mon époux aussi s'est entretenu affectueusement avec moi et m'a donné l'explication de la robe grise. Elle est de soie, dit-il, parce que je suis blessée dans tout le corps. Il ne faut pas que j'y fasse de déchirure par mon impatience. Elle est grise comme habit de pénitence et d'humiliation. Il me dit encore qu'étant malade, je ferais ce qu'il désirait : mais que si j'étais bien portante, je m'en laisserais empêcher par ma condescendance pour les autres. En outre, je devais dire tout ce qui me serait montré, quand même on s'en moquerait encore ; car telle était sa volonté. Tout a son utilité. Ce fut alors pour moi comme si j'étais transportée d'un lit d'épines sur un autre. J'offris tout pour les âmes en peine. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
2 janvier. Le Pèlerin la trouva souffrant un vrai martyre. « Ce serait en vain, dit-il dans son journal, qu'on voudrait décrire la manière dont se produisaient les tortures auxquelles son âme était continuellement livrée : il faudrait, pour le comprendre, avoir observé sous toutes ses faces l'état inexplicable pour nous de cette personne. Elle souffre les douleurs les plus poignantes et n'en peut rien laisser voir : personne ne la comprend : il lui faut se démêler, comme elle le peut, à travers la vie de tous les jours sans y trouver d'appui, ni de sympathie. Elle ressentait si vivement la présence de la couronne d'épines sur sa tête, que quand tout son corps venait à se raidir, elle maintenait toujours sa tête libre pour ne pas y enfoncer les épines en outre, elle était flagellée et déchirée de coups par tout le corps ; elle avait les mains garrottées, le corps lié avec des cordes et rendait compte de tout cela avec la plus grande patience, au milieu d'angoisses qui faisaient couler de ses membres une sueur froide incessante. Tout à coup elle étendit les bras en croix avec une si violente tension qu'on crut que tout en elle allait se déchirer. Lorsqu'elle abaissa de nouveau les bras, elle resta dans l'impossibilité d'appuyer sa tête couronnée d'épines, et enfin elle l'inclina vers la poitrine, comme si elle eût été morte : tous ses membres étaient sans mouvement et comme sans vie. « Je suis prés des pauvres âmes, » soupira-t-elle. Quand elle fut un peu revenue à elle, elle communiqua très péniblement ce qui suit :
« J'ai eu trois violentes attaques, j'ai tout souffert sous la forme de la Passion de mon époux. Quand j'étais prés de succomber et que je gémissais, perdant tout courage, je voyais aussitôt la même souffrance éprouvée par lui dans un tableau ou comme dans la réalité ; j'ai ainsi revu toute sa Passion et absolument comme je la vois toujours le vendredi saint. Ainsi j'ai été flagellée, couronnée d'épines, traînée avec des cordes : je suis tombée par terre, j'ai été jetée et clouée sur la croix, j'ai vu le Seigneur descendre aux enfers et je suis aussi allée dans le purgatoire. J'y ai vu délivrer beaucoup de personnes que je connaissais et d'autres que je ne connaissais pas. J'ai vu le salut arriver à des âmes profondément tombées dans l'oubli et dans les ténèbres. J'en ai ressenti de la consolation.
« J'ai eu la seconde attaque pour tous ceux qui n'étaient pas en état de supporter avec la patience nécessaire au salut de leurs âmes, les souffrances qui leur arrivaient ; pour des mourants, dont quelques-uns ne pouvaient recevoir le saint Sacrement. Et j'en ai vu beaucoup auxquels j'ai été secourable.
« La troisième fois, c'est pour l'Église que j'ai souffert. J'ai eu alors la vision d'une grande église avec une tour très haute et très artistement travaillée, située dans une grande ville, près d'un large fleuve (note). Le patron de l'église était saint Etienne et je vis près de lui un autre saint qui fut martyrisé après lui.
(note) Ces détails semblent indiquer Vienne, capitale de l'Autriche. (Note du traducteur.)
Auprès de cette église, je vis beaucoup de gens de distinction, parmi lesquels plusieurs étrangers, avec des tabliers et des truelles ; ils semblaient envoyés là pour démolir cette église qui était couverte en ardoises et sa belle tour. Toute sorte de gens du pays se réunissaient à eux : il y avait là jusqu'à des prêtres et même des religieux. Cela me causa une telle affliction que j'appelai mon époux au secours ; je lui dis que saint François Xavier avait été tout-puissant avec la croix, en main, et je le suppliai de ne pas laisser l'ennemi triompher cette fois. Je vis ensuite cinq figures d'hommes entrer dans cette église, trois qui semblaient prêtres étaient revêtus d'ornements sacerdotaux pesants et antiques ; les deux autres étaient des ecclésiastiques tout jeunes qui paraissaient appelés aux saints ordres. Il me sembla aussi que ceux-ci reçurent la sainte communion et qu'ils étaient destinés à réveiller la vie dans les âmes. Tout à coup une flamme partit de la tour, se répandit sur tout le toit et il semblait que tout doit être consumé. Je pensai alors au large fleuve qui longeait l'un des côtés de la ville, me demandant si on ne pourrait pas avec son eau éteindre le feu. Mais les flammes blessèrent beaucoup de ceux qui avaient mis la main au travail de démolition : elles les chassèrent et l'église resta debout. Cependant je vis qu'elle ne serait ainsi sauvée qu'après le grand orage qui approchait. Cet incendie, dont l'aspect était effrayant, indiquait en premier lieu un grand danger, et en second lieu une nouvelle splendeur dans l'Église après la tempête. Dans ce pays ils ont déjà commencé à ruiner l'Église au moyen des écoles qu'ils livrent à l'incrédulité. »
« Je vis un grand orage venir du nord. Il s'avançait en demi-cercle vers la ville à la haute tour et il s'étendit aussi vers le couchant. Je vis au loin des combats et des raies de sang dans le ciel au-dessus de plusieurs endroits, et je vis s'approcher des malheurs et des misères infinies pour l'Église. Les protestants se mirent partout à attaquer l'Église. Mais les serviteurs de l'Église sont si lâches ! ils ne font pas usage de la force qu'ils possèdent dans le sacerdoce. Je ne pus m’empêcher de pleurer amèrement à cette vue.
Elle pleurait encore lorsqu'elle raconta cela et elle implorait Dieu pour qu'il la délivrât de ces visions. Elle pleura aussi sur tant de troupeaux sans pasteurs et elle exhorta à la prière, à la pénitence, à l'humilité pour détourner une partie des malheurs dont on était menacé.
« J'ai eu trois violentes attaques, j'ai tout souffert sous la forme de la Passion de mon époux. Quand j'étais prés de succomber et que je gémissais, perdant tout courage, je voyais aussitôt la même souffrance éprouvée par lui dans un tableau ou comme dans la réalité ; j'ai ainsi revu toute sa Passion et absolument comme je la vois toujours le vendredi saint. Ainsi j'ai été flagellée, couronnée d'épines, traînée avec des cordes : je suis tombée par terre, j'ai été jetée et clouée sur la croix, j'ai vu le Seigneur descendre aux enfers et je suis aussi allée dans le purgatoire. J'y ai vu délivrer beaucoup de personnes que je connaissais et d'autres que je ne connaissais pas. J'ai vu le salut arriver à des âmes profondément tombées dans l'oubli et dans les ténèbres. J'en ai ressenti de la consolation.
« J'ai eu la seconde attaque pour tous ceux qui n'étaient pas en état de supporter avec la patience nécessaire au salut de leurs âmes, les souffrances qui leur arrivaient ; pour des mourants, dont quelques-uns ne pouvaient recevoir le saint Sacrement. Et j'en ai vu beaucoup auxquels j'ai été secourable.
« La troisième fois, c'est pour l'Église que j'ai souffert. J'ai eu alors la vision d'une grande église avec une tour très haute et très artistement travaillée, située dans une grande ville, près d'un large fleuve (note). Le patron de l'église était saint Etienne et je vis près de lui un autre saint qui fut martyrisé après lui.
(note) Ces détails semblent indiquer Vienne, capitale de l'Autriche. (Note du traducteur.)
Auprès de cette église, je vis beaucoup de gens de distinction, parmi lesquels plusieurs étrangers, avec des tabliers et des truelles ; ils semblaient envoyés là pour démolir cette église qui était couverte en ardoises et sa belle tour. Toute sorte de gens du pays se réunissaient à eux : il y avait là jusqu'à des prêtres et même des religieux. Cela me causa une telle affliction que j'appelai mon époux au secours ; je lui dis que saint François Xavier avait été tout-puissant avec la croix, en main, et je le suppliai de ne pas laisser l'ennemi triompher cette fois. Je vis ensuite cinq figures d'hommes entrer dans cette église, trois qui semblaient prêtres étaient revêtus d'ornements sacerdotaux pesants et antiques ; les deux autres étaient des ecclésiastiques tout jeunes qui paraissaient appelés aux saints ordres. Il me sembla aussi que ceux-ci reçurent la sainte communion et qu'ils étaient destinés à réveiller la vie dans les âmes. Tout à coup une flamme partit de la tour, se répandit sur tout le toit et il semblait que tout doit être consumé. Je pensai alors au large fleuve qui longeait l'un des côtés de la ville, me demandant si on ne pourrait pas avec son eau éteindre le feu. Mais les flammes blessèrent beaucoup de ceux qui avaient mis la main au travail de démolition : elles les chassèrent et l'église resta debout. Cependant je vis qu'elle ne serait ainsi sauvée qu'après le grand orage qui approchait. Cet incendie, dont l'aspect était effrayant, indiquait en premier lieu un grand danger, et en second lieu une nouvelle splendeur dans l'Église après la tempête. Dans ce pays ils ont déjà commencé à ruiner l'Église au moyen des écoles qu'ils livrent à l'incrédulité. »
« Je vis un grand orage venir du nord. Il s'avançait en demi-cercle vers la ville à la haute tour et il s'étendit aussi vers le couchant. Je vis au loin des combats et des raies de sang dans le ciel au-dessus de plusieurs endroits, et je vis s'approcher des malheurs et des misères infinies pour l'Église. Les protestants se mirent partout à attaquer l'Église. Mais les serviteurs de l'Église sont si lâches ! ils ne font pas usage de la force qu'ils possèdent dans le sacerdoce. Je ne pus m’empêcher de pleurer amèrement à cette vue.
Elle pleurait encore lorsqu'elle raconta cela et elle implorait Dieu pour qu'il la délivrât de ces visions. Elle pleura aussi sur tant de troupeaux sans pasteurs et elle exhorta à la prière, à la pénitence, à l'humilité pour détourner une partie des malheurs dont on était menacé.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
CHAPITRE VIII
TRAVAUX POUR L’ÉGLISE PAR LA PRIERE ET LA SOUFFRANCE. LA MAISON DES NOCES. L’ACTION DANS LA VISION. SON CARACTERE ET SES EFFETS.
1. En novembre 1820, Anne-Catherine parla ainsi : « Il y a vingt ans maintenant que mon fiancé m'a conduite dans la maison nuptiale et m'a mise sur le rude lit de fiancée où je suis encore gisante. » Elle entendait par là les travaux pour l’Église universelle au moyen de la prière et de la souffrance, travaux auxquels elle avait été appelée par Dieu depuis son entrée au couvent d'Agnetenberg. Pendant ce long espace de temps, personne ne lui avait demandé de rendre compte de cette opération cachée ou n'avait même voulu l'écouter sur ce sujet, en sorte que c'est seulement maintenant, près du terme de sa carrière, qu'elle peut donner son témoignage touchant les voies sur lesquelles Dieu l’a conduite pour le bien de l’Église. C'est maintenant pour la première fois que se soulève à nos yeux un coin du voile qui leur cachait les mystères d'une action laquelle, bien qu'exercée dans la contemplation, n'avait pourtant ses racines, ses mérites, son importance et son résultat que dans la vertu divine de la foi. Tant qu'Anne-Catherine avait eu à se préparer et à se frayer laborieusement le chemin pour entrer dans un couvent, la partie principale de sa tâche avait consisté en souffrances expiatoires se rapportant à la vocation religieuse et aux voeux de religion : mais lorsqu'elle-même fut devenue membre d'un ordre monastique, Dieu étendit son action à toute l’Église, aux tribulations et aux nécessités temporelles de celle-ci. Elle ne pouvait caractériser tout ce qu'embrassait cette tâche d'une manière plus frappante que par ces mots : « Mon fiancé divin m'a menée dans la maison nuptiale : » car ce sont les rapports de l’Église, comme épouse de Jésus-Christ, avec son époux et son chef qui lui sont montrés comme une sphère immense, embrassant dans son étendue les relations les plus diverses, afin que, représentant l’épouse, elle supplée et répare par la souffrance les manquements des différentes classes de personnes devant l’époux céleste. Celui-ci célèbre son mariage, c'est-à-dire son indissoluble union avec l'Église, comme se renouvelant constamment, et pour la présenter à Dieu le Père pure et sans tache dans tous ses membres, il verse incessamment en elle les torrents de sa grâce. Mais chacun de ses dons doit être porté en compte, et, parmi ceux qui les reçoivent, un petit nombre seulement pourrait se trouver en règle dans cette reddition de comptes, si l’époux de l’Église ne préparait pas à toutes les époques des instruments qui recueillent ce que d'autres laissent perdre, qui font valoir les talents que d'autres enfouissent, qui payent les dettes contractées par d'autres. Avant de s'être manifesté en chair dans la plénitude des temps pour conclure dans son sang le nouveau mariage, il avait, par le mystère de l’immaculée Conception, préparé Marie pour être le type primordial et éternellement immaculé de l’Église, et il avait déposé en elle une plénitude de grâce telle, qu'elle pût par ses prières hâter la venue du Messie et par sa pureté et sa fidélité le retenir, lui, le saint par l'excellence, parmi les hommes qui ne l'accueillirent pas, qui lui résistèrent et le persécutèrent jusqu'à le faire mourir. Et dès l’instant où, comme bon pasteur, il commença à rassembler son troupeau, ce fut Marie qui prit soin des plus nécessiteux, se mit en rapport avec les plus pauvres et les plus délaissés, afin de les faire entrer dans la voie du salut ; ce fut elle qui persévéra fidèlement et fut la force et l’appui de tous, lorsque Pierre renia son maître et que l’enfer sembla triompher. C'est pourquoi, après le retour de son fils au ciel, elle resta tant d'années encore sur la terre, jusqu'à ce que, sous sa tutelle, l’Église se fût fortifiée et pût sceller dans le sang des martyrs la victoire de la croix. Et jusqu'au second avènement du Seigneur, elle ne laisse à aucune époque l'Église manquer de membres qui, marchant sur ses traces, deviennent des sources de bénédiction pour la communauté. C'est donc cette mère de miséricorde qui, suivant les besoins et les nécessités de l’épouse, assigne aux instruments choisis les tâches qu'ils ont à accomplir dans le cours de l’année ecclésiastique. C'est ainsi qu'Anne-Catherine, à son tour, recevait au commencement de chaque année, dans ce qu'elle appelait la maison des noces, la part qui lui était assignée dans le travail de souffrance pour l’Église. Tout ce qu'elle avait à faire lui était indiqué d'avance jusque dans les plus petits détails, rien ne devait rester inachevé, chaque travail devait s'accomplir dans un temps rigoureusement mesuré, car le choix et la durée ne dépendaient point de la volonté propre de chacun. Cet ordre strictement déterminé était déjà indiqué par avance dans toute la disposition et les distributions de la maison des noces, laquelle pourtant n'avait pas seulement une signification symbolique, mais aussi une signification historique. C'était proprement la maison de Jessé, placée en avant de Bethléhem, par conséquent la maison natale de David, dans laquelle celui-ci avait été préparé par une direction d'en haut à sa carrière prophétique et de laquelle le divin époux lui-même était sorti selon sa très sainte humanité : c'était la maison de la lignée royale de la Vierge immaculée, mère de l’Église, et en même temps la maison paternelle de Saint-Joseph. Elle était donc plus appropriée qu'aucune autre sur la terre à ce qu'Anne-Catherine y contemplât dans des visions le présent état de l’Église et y reçût les missions qu'elle avait à remplir pour elle, de même que ses saints habitants d'autrefois y avaient vu la Rédemption future et son histoire à travers les siècles et y avaient reçu de Dieu leur mission pour contribuer à son avènement.
TRAVAUX POUR L’ÉGLISE PAR LA PRIERE ET LA SOUFFRANCE. LA MAISON DES NOCES. L’ACTION DANS LA VISION. SON CARACTERE ET SES EFFETS.
1. En novembre 1820, Anne-Catherine parla ainsi : « Il y a vingt ans maintenant que mon fiancé m'a conduite dans la maison nuptiale et m'a mise sur le rude lit de fiancée où je suis encore gisante. » Elle entendait par là les travaux pour l’Église universelle au moyen de la prière et de la souffrance, travaux auxquels elle avait été appelée par Dieu depuis son entrée au couvent d'Agnetenberg. Pendant ce long espace de temps, personne ne lui avait demandé de rendre compte de cette opération cachée ou n'avait même voulu l'écouter sur ce sujet, en sorte que c'est seulement maintenant, près du terme de sa carrière, qu'elle peut donner son témoignage touchant les voies sur lesquelles Dieu l’a conduite pour le bien de l’Église. C'est maintenant pour la première fois que se soulève à nos yeux un coin du voile qui leur cachait les mystères d'une action laquelle, bien qu'exercée dans la contemplation, n'avait pourtant ses racines, ses mérites, son importance et son résultat que dans la vertu divine de la foi. Tant qu'Anne-Catherine avait eu à se préparer et à se frayer laborieusement le chemin pour entrer dans un couvent, la partie principale de sa tâche avait consisté en souffrances expiatoires se rapportant à la vocation religieuse et aux voeux de religion : mais lorsqu'elle-même fut devenue membre d'un ordre monastique, Dieu étendit son action à toute l’Église, aux tribulations et aux nécessités temporelles de celle-ci. Elle ne pouvait caractériser tout ce qu'embrassait cette tâche d'une manière plus frappante que par ces mots : « Mon fiancé divin m'a menée dans la maison nuptiale : » car ce sont les rapports de l’Église, comme épouse de Jésus-Christ, avec son époux et son chef qui lui sont montrés comme une sphère immense, embrassant dans son étendue les relations les plus diverses, afin que, représentant l’épouse, elle supplée et répare par la souffrance les manquements des différentes classes de personnes devant l’époux céleste. Celui-ci célèbre son mariage, c'est-à-dire son indissoluble union avec l'Église, comme se renouvelant constamment, et pour la présenter à Dieu le Père pure et sans tache dans tous ses membres, il verse incessamment en elle les torrents de sa grâce. Mais chacun de ses dons doit être porté en compte, et, parmi ceux qui les reçoivent, un petit nombre seulement pourrait se trouver en règle dans cette reddition de comptes, si l’époux de l’Église ne préparait pas à toutes les époques des instruments qui recueillent ce que d'autres laissent perdre, qui font valoir les talents que d'autres enfouissent, qui payent les dettes contractées par d'autres. Avant de s'être manifesté en chair dans la plénitude des temps pour conclure dans son sang le nouveau mariage, il avait, par le mystère de l’immaculée Conception, préparé Marie pour être le type primordial et éternellement immaculé de l’Église, et il avait déposé en elle une plénitude de grâce telle, qu'elle pût par ses prières hâter la venue du Messie et par sa pureté et sa fidélité le retenir, lui, le saint par l'excellence, parmi les hommes qui ne l'accueillirent pas, qui lui résistèrent et le persécutèrent jusqu'à le faire mourir. Et dès l’instant où, comme bon pasteur, il commença à rassembler son troupeau, ce fut Marie qui prit soin des plus nécessiteux, se mit en rapport avec les plus pauvres et les plus délaissés, afin de les faire entrer dans la voie du salut ; ce fut elle qui persévéra fidèlement et fut la force et l’appui de tous, lorsque Pierre renia son maître et que l’enfer sembla triompher. C'est pourquoi, après le retour de son fils au ciel, elle resta tant d'années encore sur la terre, jusqu'à ce que, sous sa tutelle, l’Église se fût fortifiée et pût sceller dans le sang des martyrs la victoire de la croix. Et jusqu'au second avènement du Seigneur, elle ne laisse à aucune époque l'Église manquer de membres qui, marchant sur ses traces, deviennent des sources de bénédiction pour la communauté. C'est donc cette mère de miséricorde qui, suivant les besoins et les nécessités de l’épouse, assigne aux instruments choisis les tâches qu'ils ont à accomplir dans le cours de l’année ecclésiastique. C'est ainsi qu'Anne-Catherine, à son tour, recevait au commencement de chaque année, dans ce qu'elle appelait la maison des noces, la part qui lui était assignée dans le travail de souffrance pour l’Église. Tout ce qu'elle avait à faire lui était indiqué d'avance jusque dans les plus petits détails, rien ne devait rester inachevé, chaque travail devait s'accomplir dans un temps rigoureusement mesuré, car le choix et la durée ne dépendaient point de la volonté propre de chacun. Cet ordre strictement déterminé était déjà indiqué par avance dans toute la disposition et les distributions de la maison des noces, laquelle pourtant n'avait pas seulement une signification symbolique, mais aussi une signification historique. C'était proprement la maison de Jessé, placée en avant de Bethléhem, par conséquent la maison natale de David, dans laquelle celui-ci avait été préparé par une direction d'en haut à sa carrière prophétique et de laquelle le divin époux lui-même était sorti selon sa très sainte humanité : c'était la maison de la lignée royale de la Vierge immaculée, mère de l’Église, et en même temps la maison paternelle de Saint-Joseph. Elle était donc plus appropriée qu'aucune autre sur la terre à ce qu'Anne-Catherine y contemplât dans des visions le présent état de l’Église et y reçût les missions qu'elle avait à remplir pour elle, de même que ses saints habitants d'autrefois y avaient vu la Rédemption future et son histoire à travers les siècles et y avaient reçu de Dieu leur mission pour contribuer à son avènement.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
Cette maison, avec ses salles et ses chambres de toute espèce, son entourage spacieux de jardins, de champs et de prairies, était, prise dans sa généralité, le symbole d'une administration spirituelle ou de la gestion du gouvernement de l’Église, et elle pouvait ainsi, avec les changements qui se succédaient dans les diverses parties qui la composaient, avec le personnel qui y fonctionnait et qui y appartenait on les étrangers qui s'y introduisaient pour troubler et dévaster, être pour la voyante une représentation, correspondant parfaitement à la réalité, de l’état de l’Église contemporaine et de l’ensemble de ses relations, comme de l’état des pays et des diocèses particuliers, de certaines classes, de certains instituts, de certaines personnes et en somme de toutes les affaires concernant l’Église que Dieu plaçait dans la sphère de son action expiatoire. Tout ce qui dans l’Église, dans sa hiérarchie, dans ses droits et ses biens, dans l’intégrité de la foi, de la discipline et de la morale chrétienne, est détérioré par la négligence, l’incurie, la lâcheté et la trahison de ses propres membres ; tout ce que des intrus, c'est-à-dire la fausse science, les prétendues lumières, l’éducation irréligieuse, ce que la connivence avec les erreurs du temps, avec les maximes et les projets du prince de ce monde, etc., mettent en danger ou détruisent dans l’ordre établi par Dieu sur la terre, tout cela lui est montré en visions d'une simplicité et d'une profondeur merveilleuses dans les chambres de la maison où elle est conduite journellement par son ange, afin de s'instruire de ce qu'elle a à faire pour l'Église, pour l'épouse, en détournant les maux, en portant secours, en avertissant, en guérissant, en expiant pour elle. Dans le cercle plus étendu qui entoure la maison des noces et ses dépendances se trouvent de tous côtés des terrains stériles, des espaces déserts, des champs mal cultivés sur lesquels ceux qui sont séparés de l'Église ont leurs lieux de réunion ou leurs édifices communs dont la forme et l'état correspondent aussi fidèlement aux rapports réels et positifs qui existent chez les communions séparées et les sectes. Sur elles aussi s'étend l'action de la fidèle servante du céleste époux qui, par elle, ramène au véritable troupeau ces âmes qui entendent bien son appel, mais qui ne peuvent pas y obéir sans un secours extraordinaire.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
2. Avant de considérer dans le détail cette action qui s'exerce de mille manières différentes, il est nécessaire de bien expliquer sa nature intime et sa signification. On a déjà remarqué précédemment que ce qu'Anne-Catherine avait à souffrir ou à faire dans l'état de contemplation et dans les visions et les tableaux correspondant à cet état, était une action aussi essentielle, aussi méritoire et accompagnée de résultats aussi positifs que tout ce quelle accomplissait dans la sphère de la vie habituelle, dans les relations et dans les conditions communes à tous les hommes pour l'accomplissement d'une oeuvre méritoire : mais il s'agit maintenant de faire voir clairement la liaison intime ou plutôt l'unique et commune racine de cette double vie et de cette double opération si éloignées l'une de l'autre en apparence. Or, cela n'est possible qu'en étudiant de plus près son don de contemplation. Ses propres communications peuvent d'autant mieux nous éclairer là-dessus qu'elles sont assez nombreuses et assez détaillées pour qu'on puisse les apprécier, tant d'après les témoignages et les expériences d'autres personnes favorisées de grâces semblables que d'après les décisions des saints docteurs et les principes qui dirigent l'Église dans le jugement des phénomènes de ce genre.
Elle avait, disait-elle, reçu la lumière de la contemplation comme don du Saint-Esprit dans le baptême et, dès le sein de sa mère, elle avait été préparée par Dieu, quant au corps et à l'âme, à user de ce don ou à opérer dans la vision. Elle appelait un jour cette préparation « un mystère de la nature très difficile à comprendre pour l'homme déchu et par lequel tous ceux qui conservent dans son intégrité la pureté du corps et de l'âme se trouvent placés les uns à l'égard des autres dans un rapport intime et mystérieux. » C'était dans cette intégrité parfaite ou dans la splendeur de la grâce baptismale que rien n'a ternie et dans ses effets qu'elle voyait la première et principale condition pour la réception de la lumière prophétique et pour la délivrance et le développement opéré par là d'une disposition ou d'une faculté enchaînée dans l'homme depuis la chute, c'est-à-dire de la capacité d'entrer en commerce réciproque avec le monde inaccessible aux sens, purement spirituel, sans dérangement et sans suppression du rapport naturel entre le corps et l'âme et d'être élevé dans un certain sens à participer à la connaissance et à l'opération des esprits incorporels, des anges. Tout homme possède naturellement la capacité de recevoir des anges des impressions, des représentations, des images, d'être mû et éclairé par eux (note), mais il ne peut pas par lui-même franchir la barrière qui, à raison de sa nature corporelle, le sépare des régions situées hors de la portée des sens.
(note) Secundum quod intellectus humanus ex illuminatione intellectuum separatorum, ut pote inferior, natus est instrui et ad alia cognoscenda elevari ; et haec prophetia modo praedicto potest dici naturalis. (S. Thomas, in quiet. disp. qu. XII de veritate, c. 3.)
Dieu seul peut, par l'infusion d'une lumière supérieure à celle qui appartient à l'esprit humain en vertu de sa nature, supprimer cette barrière pour ses élus, sans troubler l'ordre établi par lui-même entre le corps et l'âme comme parties essentielles de la nature humaine : mais cette lumière est très rarement accordée : car il n'y a que fort peu de personnes qui remplissent les conditions que Dieu exige rigoureusement pour que l'homme puisse recevoir sa lumière prophétique.
Elle avait, disait-elle, reçu la lumière de la contemplation comme don du Saint-Esprit dans le baptême et, dès le sein de sa mère, elle avait été préparée par Dieu, quant au corps et à l'âme, à user de ce don ou à opérer dans la vision. Elle appelait un jour cette préparation « un mystère de la nature très difficile à comprendre pour l'homme déchu et par lequel tous ceux qui conservent dans son intégrité la pureté du corps et de l'âme se trouvent placés les uns à l'égard des autres dans un rapport intime et mystérieux. » C'était dans cette intégrité parfaite ou dans la splendeur de la grâce baptismale que rien n'a ternie et dans ses effets qu'elle voyait la première et principale condition pour la réception de la lumière prophétique et pour la délivrance et le développement opéré par là d'une disposition ou d'une faculté enchaînée dans l'homme depuis la chute, c'est-à-dire de la capacité d'entrer en commerce réciproque avec le monde inaccessible aux sens, purement spirituel, sans dérangement et sans suppression du rapport naturel entre le corps et l'âme et d'être élevé dans un certain sens à participer à la connaissance et à l'opération des esprits incorporels, des anges. Tout homme possède naturellement la capacité de recevoir des anges des impressions, des représentations, des images, d'être mû et éclairé par eux (note), mais il ne peut pas par lui-même franchir la barrière qui, à raison de sa nature corporelle, le sépare des régions situées hors de la portée des sens.
(note) Secundum quod intellectus humanus ex illuminatione intellectuum separatorum, ut pote inferior, natus est instrui et ad alia cognoscenda elevari ; et haec prophetia modo praedicto potest dici naturalis. (S. Thomas, in quiet. disp. qu. XII de veritate, c. 3.)
Dieu seul peut, par l'infusion d'une lumière supérieure à celle qui appartient à l'esprit humain en vertu de sa nature, supprimer cette barrière pour ses élus, sans troubler l'ordre établi par lui-même entre le corps et l'âme comme parties essentielles de la nature humaine : mais cette lumière est très rarement accordée : car il n'y a que fort peu de personnes qui remplissent les conditions que Dieu exige rigoureusement pour que l'homme puisse recevoir sa lumière prophétique.
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