Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
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Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
9. Lorsqu'Anne-Catherine fut informée la première fois par une communication verbale du désir qu'avaient les supérieurs ecclésiastiques qu'elle portât plainte (c'était un dimanche dans la matinée), elle ferma tout à coup les yeux, tomba en extase, et son visage prit une expression grave et imposante. « J'ai invoqué Dieu le Père, dit-elle plus tard, le priant de considérer son Fils qui satisfait pour les pécheurs à chaque minute, qui maintenant même s'offre de nouveau en sacrifice, qui s'offre à tous les instants. Je l'ai supplié de n'être pas trop sévère pour le péché de ce pauvre aveugle, le landrath, de l'assister, de l'éclairer pour l'amour de son Fils ! J'avais dans ce moment sous les veux d'une manière très vive la vision du vendredi saint ; le Seigneur s'offrant en sacrifice sur la croix, avec Marie et le disciple au pied de la croix. Je le voyais au-dessus de l'autel où le prêtre disait la messe. J'aperçois cela à toute heure du jour et de la nuit et je vois toute la paroisse, comment elle prie bien et mal, et je vois aussi comment le prêtre remplit ses fonctions. Je vois d'abord l'église d'ici, puis les églises et les paroisses des environs, à peu près comme on distingue un arbre voisin avec ses fruits éclairé par le soleil et dans le lointain d'autres arbres groupés ou formant un bois. Je vois à toutes les heures du jour et de la nuit la messe se célébrant dans le monde, et des communautés éloignées où on la célèbre encore comme au temps des apôtres. Au-dessus de l'autel j'aperçois en vision un culte céleste où les anges suppléent toutes les omissions du prêtre. Alors j'offre aussi mon cœur pour le manque de piété des fidèles et j'implore la miséricorde du Seigneur. Je vois beaucoup de prêtres s'acquitter pitoyablement de leurs fonctions. Les formalistes qui s'appliquent de toutes leurs forces à ne manquer à rien d'extérieur négligent souvent, par suite de ce souci, tout recueillement intérieur. Ils se demandent toujours comment ils seront vus par le peuple et ne pensent pas à Dieu. Les scrupuleux veulent toujours avoir la conscience de leur piété. J'ai cette impression depuis mon enfance. J'ai souvent dans la journée cette vision lointaine touchant la sainte messe, et lorsqu'on m'adresse alors la parole, c'est comme si, pendant qu'on travaille, il fallait répondre à un enfant qui fait des questions. Jésus nous aime tant qu'il continue éternellement dans la messe l'oeuvre de la rédemption ; la messe est la rédemption historique cachée sous un voile, devenue sacrement. Je voyais déjà tout cela dans ma première jeunesse et je croyais qu'il en était de même pour tout le monde. »
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10. Dans l'après-midi du même jour, elle dit, étant en extase : « Ils m'appellent désobéissante, mais je ne puis pas faire autrement. J'ai bien à me plaindre. C'est quand il est trop tard qu'ils pensent à me secourir. Je vois quelle peine se donne l'esprit malin pour qu'on en vienne à un procès ; c'est son désir de me faire porter plainte ; il ne peut rien contre moi que par ce moyen. Je vois que, s'il y a un procès, j'en mourrai, et que tout sera étouffé : or, c'est là ce que veut le diable. Mon conducteur m'a dit : « Tes meilleurs amis voudront te persuader de porter plainte, mais prends bien garda à toi. N'oublie pas que les signes que tu portes ne sont pas des signes d'accusation, mais de réconciliation. Ils ne t'ont pas été donnés pour combattre, mais pour réconcilier. Marque dans ton livre de prière deux lettres : une L., Liebe (charité), et un V, Vergiss nicht (n'oublie pas). Qu’eux-mêmes portent plainte, mais non pas toi. »
On voit avec quelle fidélité elle obéissait à cet avertissement de son conducteur par le rapport du Pèlerin qui, peu de jours après, écrivait dans son journal : « Elle est pleine de souffrances. Elle vomit du sang ; son front et ses plaies sont enflammés, et la douleur causée par les stigmates est si violente que le tremblement de ses membres ébranle le lit. Avec cela, elle est forte et joyeuse. Elle ne veut pas être secourue à l'aide de reliques, elle veut endurer ses souffrances : car elle les offre avec une intention déterminée pour les pauvres âmes en peine et pour ses ennemis. »
Ces pauvres âmes la remercièrent dans la nuit suivante. « J'ai été la cause, dit-elle, d'une grande procession où il n'y avait que des âmes du purgatoire. Il ne s'y trouvait que des personnes connues de moi, lesquelles priaient pour moi. Je pris la lourde croix de l'église de Coesfeld, j'enlevai le corps et je le portai. J'étais là l'unique personne vivante. Les âmes n'avaient pas les vêtements de leur époque ; cependant toutes étaient vêtues différemment, comme aussi leurs visages étaient divers. Toutes marchaient pieds nus ; elles étaient plus blanches ou plus grises les unes que les autres. J'allai avec la procession devant la porte et j'eus encore beaucoup à faire avec de pauvres âmes. Ainsi j'allai vers deux jésuites auxquels je m'étais confessée dans ma jeunesse. L'un demeurait avec ses soeurs qui étaient ouvrières et vendaient du café, mais comme en secret ; il n'y avait pas de magasin public. J'y ai souvent acheté du café après la première messe. L'esprit du vieillard me montra la petite maison et combien tout était changé. Il me dit qu'il se souvenait de moi, qu'il m'avait toujours voulu du bien et qu'il priait aussi pour moi. L'autre s'entretint également avec moi. »
On voit avec quelle fidélité elle obéissait à cet avertissement de son conducteur par le rapport du Pèlerin qui, peu de jours après, écrivait dans son journal : « Elle est pleine de souffrances. Elle vomit du sang ; son front et ses plaies sont enflammés, et la douleur causée par les stigmates est si violente que le tremblement de ses membres ébranle le lit. Avec cela, elle est forte et joyeuse. Elle ne veut pas être secourue à l'aide de reliques, elle veut endurer ses souffrances : car elle les offre avec une intention déterminée pour les pauvres âmes en peine et pour ses ennemis. »
Ces pauvres âmes la remercièrent dans la nuit suivante. « J'ai été la cause, dit-elle, d'une grande procession où il n'y avait que des âmes du purgatoire. Il ne s'y trouvait que des personnes connues de moi, lesquelles priaient pour moi. Je pris la lourde croix de l'église de Coesfeld, j'enlevai le corps et je le portai. J'étais là l'unique personne vivante. Les âmes n'avaient pas les vêtements de leur époque ; cependant toutes étaient vêtues différemment, comme aussi leurs visages étaient divers. Toutes marchaient pieds nus ; elles étaient plus blanches ou plus grises les unes que les autres. J'allai avec la procession devant la porte et j'eus encore beaucoup à faire avec de pauvres âmes. Ainsi j'allai vers deux jésuites auxquels je m'étais confessée dans ma jeunesse. L'un demeurait avec ses soeurs qui étaient ouvrières et vendaient du café, mais comme en secret ; il n'y avait pas de magasin public. J'y ai souvent acheté du café après la première messe. L'esprit du vieillard me montra la petite maison et combien tout était changé. Il me dit qu'il se souvenait de moi, qu'il m'avait toujours voulu du bien et qu'il priait aussi pour moi. L'autre s'entretint également avec moi. »
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11. Toutes les conséquences qu'entraînerait une plainte de sa part lui furent aussi montrées. Elle vit qu’après l'effet si défavorable à la commission qu'avait fait le pamphlet du landrath contre elle, rien ne pouvait sembler plus avantageux à ses puissants ennemis que de l'enlever de Dulmen sous prétexte d'une nouvelle enquête où rien ne les troublerait. Elle vit les plans de ses adversaires avec tous les détails qui s'y rapportaient comme mis immédiatement à exécution, et elle en ressentit des souffrances intérieures d'autant plus grandes, qu'elle ne pouvait faire connaître à son plus proche entourage ses inquiétudes et ses angoisses. « Je n'ai que Dieu qui puisse me secourir, disait-elle souvent en gémissant. Je n'ai hors de là ni consolation ni assistance. » Il lui fut dit dans des visions du même genre : « C'est un avertissement sur ce qu'ils se proposent de faire. » Mais d'autres souffrances lui furent aussi montrées par lesquelles elle devait détourner les dangers dont elle était menacée de la part de ses ennemis. Ce que tu détournes par la prière des souffrances que te préparent tes ennemis, lui dit un jour son époux céleste, sera remplacé par d'autres souffrances et par les ennuis venant de ton entourage. Tu seras souvent réduite au désespoir. » Et, dès le matin suivant, sa propre soeur vint l'accabler de reproches, disant qu'elle dissipait tout en faveur des pauvres, qu'elle était une prodigue, que le ménage allait au plus mal, qu'elle se laissait conduire par l'esprit malin. » Je l'ai trouvée très malade, rapporte à ce propos le Pèlerin ; ses larmes ont laissé des traces profondes sur ses joues : elle a vomi du sang, elle meurt de soif et ne peut dire à cause des douleurs que lui cause la rétention. Le mauvais esprit l'a beaucoup tourmentée. Il était présent puis le moment où sa soeur lui a fait des reproches. J'en étais un peu délivrée, m'a-t-elle dit, quand j'étais seule et que je priais, ou bien encore quand je tenais des reliques ; mais quand je les mettais de côté, il reparaissait.
J’ai combattu contre lui toute la journée. Quand le Pèlerin voulait me consoler, l'apparition devenait plus terrible.
C’était le même démon qui, dans la maison de Mersmann, était toujours là près de la commission. » Lorsqu'enfin l’ennemi fut forcé de se retirer, elle vit le chemin qui lui restait jusqu'à la Jérusalem céleste comme un sentier montant et escarpé, plein de précipices dangereux et sur lequel amis et ennemis avaient tendu des lacets pour la prendre ou pour la faire tomber. Elle aperçut des écrits attachés à plusieurs de ces lacets pour l’avertir ; elle y lisait par exemple : « Tais-toi, détourne-toi, souffre avec patience ! ne regarde pas en arrière, regarde devant toi ! ne m'oublie pas trop souvent ! » Ces derniers mots furent l’occasion d'un entretien avec son époux céleste. Elle devint comme une nouvelle personne pleine de charité et de patience dans ses souffrances.
« Oui, je le vois, s'écria-t-elle ; il me montre tout ce que j'ai déjà surmonté ! « Qui t'a donc conduite et secourue à travers tout cela ? me dit-il ; comment peux-tu te plaindre ainsi ? Oh ! tu m'oublies bien souvent. » Ah ! mon époux bien-aimé, je vois tout maintenant. Tout devait arriver ainsi pour mon bien. J'aime mieux être méprisée et bafouée avec vous que d'être dans la gloire avec le monde.
« Comme, quelques jours plus tard, l’esprit malin, me voyant dans la tristesse, me mettait de nouveau sous les yeux diverses visions où il me montrait mes peines comme tout à fait intolérables, je fus au moment de succomber. Je me disais : « Il faut rassembler mes forces et quitter ce lieu : » mais je ne pus y parvenir, et je retombai sur moi-même parce que je voulais agir de mon propre mouvement. Cependant le démon me représentait toujours combien ma position était impossible à supporter. Je fus enfin fatiguée de tout ce qu'il me montrait et je dis : « Maintenant je veux supporter mes misères avec mon Seigneur Jésus. » Au même instant le Seigneur m'apparut, traînant sa croix sur le Golgotha, si épuisé, si misérable, si pâle et si faible ! Il était au moment de tomber sous le poids. Aussitôt je volai rapidement vers lui, je sentis mes torts et je pris sur mes épaules l’extrémité de sa croix. Je trouvai alors en moi de la force et de la vigueur parce que j'agissais pour l’amour de Jésus. Il me représenta ce qu'il souffrait pour moi. Je fus confondue de ma faiblesse. Maintenant j'ai repris courage, grâce à lui.
J’ai combattu contre lui toute la journée. Quand le Pèlerin voulait me consoler, l'apparition devenait plus terrible.
C’était le même démon qui, dans la maison de Mersmann, était toujours là près de la commission. » Lorsqu'enfin l’ennemi fut forcé de se retirer, elle vit le chemin qui lui restait jusqu'à la Jérusalem céleste comme un sentier montant et escarpé, plein de précipices dangereux et sur lequel amis et ennemis avaient tendu des lacets pour la prendre ou pour la faire tomber. Elle aperçut des écrits attachés à plusieurs de ces lacets pour l’avertir ; elle y lisait par exemple : « Tais-toi, détourne-toi, souffre avec patience ! ne regarde pas en arrière, regarde devant toi ! ne m'oublie pas trop souvent ! » Ces derniers mots furent l’occasion d'un entretien avec son époux céleste. Elle devint comme une nouvelle personne pleine de charité et de patience dans ses souffrances.
« Oui, je le vois, s'écria-t-elle ; il me montre tout ce que j'ai déjà surmonté ! « Qui t'a donc conduite et secourue à travers tout cela ? me dit-il ; comment peux-tu te plaindre ainsi ? Oh ! tu m'oublies bien souvent. » Ah ! mon époux bien-aimé, je vois tout maintenant. Tout devait arriver ainsi pour mon bien. J'aime mieux être méprisée et bafouée avec vous que d'être dans la gloire avec le monde.
« Comme, quelques jours plus tard, l’esprit malin, me voyant dans la tristesse, me mettait de nouveau sous les yeux diverses visions où il me montrait mes peines comme tout à fait intolérables, je fus au moment de succomber. Je me disais : « Il faut rassembler mes forces et quitter ce lieu : » mais je ne pus y parvenir, et je retombai sur moi-même parce que je voulais agir de mon propre mouvement. Cependant le démon me représentait toujours combien ma position était impossible à supporter. Je fus enfin fatiguée de tout ce qu'il me montrait et je dis : « Maintenant je veux supporter mes misères avec mon Seigneur Jésus. » Au même instant le Seigneur m'apparut, traînant sa croix sur le Golgotha, si épuisé, si misérable, si pâle et si faible ! Il était au moment de tomber sous le poids. Aussitôt je volai rapidement vers lui, je sentis mes torts et je pris sur mes épaules l’extrémité de sa croix. Je trouvai alors en moi de la force et de la vigueur parce que j'agissais pour l’amour de Jésus. Il me représenta ce qu'il souffrait pour moi. Je fus confondue de ma faiblesse. Maintenant j'ai repris courage, grâce à lui.
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« Le jour de la fête de sainte Cécile, ma pusillanimité voulut de nouveau prendre le dessus : je me sentis troublée par le remords de n'avoir pas été assez patiente pendant l’enquête. Alors j'invoquai sainte Cécile pour qu'elle me consolât et elle vint à l’instant à travers les airs. Quel touchant spectacle ! Sa tête, à moitié séparée du cou par une large blessure, penchait sur son épaule gauche. Elle n'était pas très grande ; ses cheveux et ses yeux étaient noirs, son teint était blanc : elle avait quelque chose de gracieux et de délicat. Elle portait une robe blanche de toile écrue avec de grandes et épaisses fleurs d'or, dans laquelle elle avait souffert le martyre. Elle me dit à peu près ce qui suit : « Sois patiente : Dieu te pardonne ta faute, puisque tu t'en repens. Ne sois pas si chagrine d'avoir dit la vérité à tes persécuteurs. Quand on est innocent, on doit parler avec fermeté à l’ennemi. Moi aussi j'ai tenu à mes ennemis un langage sévère, et quand ils me parlaient de ma brillante jeunesse et des fleurs d'or de ma robe, j'ai répondu que je n'en faisais pas plus de cas que de la poussière dont leurs dieux étaient fabriqués et que je voulais de l’or en échange de cette boue. Regarde ! avec cette blessure j'ai encore vécu trois jours et j'ai joui de la consolation accordée aux serviteurs de Jésus-Christ. Je t'ai amené la patience, cet enfant habillé de vert, aime-le, il t’assistera. » Alors elle disparut et je pleurai de joie. L'enfant resta avec moi. Il s'assit près de moi sur le lit. Il était assis très incommodément à une toute petite place, tenait ses petites mains cachées dans ses manches et baissait la tète d'un air triste, mais amical ; il ne demandait rien et ne se plaignait pas. Il me toucha et me consola plus que je ne puis le dire. Je me souviens que déjà antérieurement j'avais eu pris de moi cet enfant personnifiant la patience. Lorsque les gens venus de Hollande me tourmentèrent tellement que j'en faillis mourir, la Mère de Dieu me l'amena. Mais alors il s'entretint avec moi et me dit : « Vois ! je me laisse transporter d'un bras sur l'autre ; qu'on me prenne sur les genoux ou qu'on me fasse asseoir par terre, je suis toujours content : toi aussi fais de même. » Depuis que cet enfant m'a été amené, je le vois, même à l'état de veille, assis près de moi, et j'ai réellement acquis de la patience et de la paix intérieure. »
Elle eut encore à souffrir en vision d'autres tourments équivalant aux persécutions extérieures qui, selon les vues humaines, auraient dû l'atteindre, si la justice de Dieu n'avait pas accepté ces tourments comme une pleine compensation.
« 13 novembre. Je me vis au milieu des huées portée par mes ennemis sur un échafaudage élevé, dont la plate-forme était si étroite que j'y courais un grand danger et que je ne pouvais manquer d'en tomber et de me rompre le cou. Lorsqu'ils me virent là-haut, ils crurent avoir remporté un grand triomphe. J'étais dans une terrible angoisse ; mais enfin la Mère de Dieu parut sous la forme de sa statue qui est à Einsiedeln et élargit la plate-forme de manière que je pouvais m'y promener ; puis enfin je me trouvai inopinément en bas, ce qui remplit mes ennemis de confusion.
« 25 novembre. Je me vis de nouveau placée sur un échafaud qui était recouvert de planches : mais au milieu il y avait une ouverture par laquelle l'oeil plongeait dans un cachot ténébreux. Ici tout était silencieux : je n'aperçus personne : il semblait que j'allais périr secrètement en tombant dans le trou par l'ouverture. Alors vinrent sainte Françoise et sainte Louise qui, si souvent déjà, étaient venues à mon secours : elles levèrent une planche et me montrèrent dans un coin une ouverture où il fallut me placer sur une échelle qui s'abaissa avec moi et j'atteignis ainsi le sol où je fus délivrée de tout ce qui me tourmentait. Alors une vieille religieuse de mon couvent me lava les pieds, où j'avais des taches qui devaient disparaître : toutefois les marques des plaies ne furent pas lavées. Cela me rendit toute confuse et je retirai mes pieds.
Elle eut encore à souffrir en vision d'autres tourments équivalant aux persécutions extérieures qui, selon les vues humaines, auraient dû l'atteindre, si la justice de Dieu n'avait pas accepté ces tourments comme une pleine compensation.
« 13 novembre. Je me vis au milieu des huées portée par mes ennemis sur un échafaudage élevé, dont la plate-forme était si étroite que j'y courais un grand danger et que je ne pouvais manquer d'en tomber et de me rompre le cou. Lorsqu'ils me virent là-haut, ils crurent avoir remporté un grand triomphe. J'étais dans une terrible angoisse ; mais enfin la Mère de Dieu parut sous la forme de sa statue qui est à Einsiedeln et élargit la plate-forme de manière que je pouvais m'y promener ; puis enfin je me trouvai inopinément en bas, ce qui remplit mes ennemis de confusion.
« 25 novembre. Je me vis de nouveau placée sur un échafaud qui était recouvert de planches : mais au milieu il y avait une ouverture par laquelle l'oeil plongeait dans un cachot ténébreux. Ici tout était silencieux : je n'aperçus personne : il semblait que j'allais périr secrètement en tombant dans le trou par l'ouverture. Alors vinrent sainte Françoise et sainte Louise qui, si souvent déjà, étaient venues à mon secours : elles levèrent une planche et me montrèrent dans un coin une ouverture où il fallut me placer sur une échelle qui s'abaissa avec moi et j'atteignis ainsi le sol où je fus délivrée de tout ce qui me tourmentait. Alors une vieille religieuse de mon couvent me lava les pieds, où j'avais des taches qui devaient disparaître : toutefois les marques des plaies ne furent pas lavées. Cela me rendit toute confuse et je retirai mes pieds.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
« 27 novembre. Afin que je pusse voir à quels dangers j'avais déjà échappé, je fus conduite par mon guide dans une maison carrée toute vide, semblable à une grange. dans cette maison se trouvait d'un côté une chaudière qui était bien aussi grande que ma chambre. Au centre de la maison était préparé un grand feu dans lequel je devais entrer. Je vis d'abord arriver toutes les jeunes personnes de ma connaissance : elles apportèrent des copeaux et de petits morceaux de bois et allumèrent un feu qui s’éteignit bientôt. Vinrent alors en foule toutes les personnes mariées et les vieilles femmes que j'avais connues ; elles apportèrent de gros rondins et de grosses boches et firent un feu ardent. Mais je n'y entrai pas et il s'éteignit, en sorte qu'il ne brûla pas jusqu'au bout : il y resta seulement des tisons à demi consumés. Alors vinrent toutes les nonnes et elles firent leur feu d'une manière tout à fait ridicule. Elles entassèrent comme en se cachant toute espèce d'objets de rebut, des roseaux, des feuilles sèches, des herbes desséchées, rien que des matériaux creux et vermoulus, qu'elles pouvaient porter aisément et furtivement ; en même temps elles ne cessaient de prier et coururent dans l'église : aucune ne voulait laisser voir à l’autre ce qu'elle faisait et cependant toutes faisaient de même. C'était une manière très comique d'allumer le feu et je pus reconnaître la manière de faire de chacune. Je vis notamment venir la soeur Soentgen qui mit du bois et l’arrangea si bien que plusieurs des vieux tisons éteints se rallumèrent. Alors les nonnes se dispersèrent et moi, de mon côté, je m'éloignai du foyer. Je revins pourtant bientôt sur mes pas. Alors vinrent des gens de toute espèce, arrivés en voiture, parmi lesquels il y avait des docteurs. Ils firent toute espèce d'observations, mirent la chaudière sur le feu et cherchèrent plusieurs fois à s'assurer si elle serait bientôt chaude ; une fois, je la touchai moi-même en dedans pour voir si elle s'échauffait. Alors aussi la Soentgen revint et attisa le feu : elle me débita en outre de si belles paroles qu'enfin elle finit par me décider à apporter au feu un bon morceau de bois. Il vint alors des espions de toute espèce. Je vis parmi eux le landrath ; tout à coup ils me saisirent et me jetèrent dans la chaudière. J'y fus bientôt dans l'état le plus misérable ; à tout moment il me semblait que j'allais mourir. Tantôt ils m'en retiraient jusqu'aux hanches, tantôt ils m'y faisaient entrer jusqu'au cou, tantôt ils m'enfonçaient jusqu'au fond et, dans mon indicible angoisse, je croyais mourir à chaque instant. Alors vinrent les deux saintes religieuses Louise et Françoise qui m'avaient si souvent assistée, et elles voulurent me retirer de là ; pour moi je voulais persister jusqu'à la fin. Enfin pourtant elles me retirèrent. M'ayant pris sous les bras à droite et à gauche, elles m'enlevèrent, et les cuisiniers les laissèrent faire à contrecçur. Ils s'en allèrent en disant : « Nous recommencerons ailleurs ; ici il y a trop de monde. » Je vis aussi qu'ils visitèrent une chambre haute bien close où ils voulaient m'enfermer ; mais je vis aussi qu'ils ne pourraient pas y réussir.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
« Je crois que, pour me délivrer de mes affreuses angoisses, la bienheureuse Louise m'emporta à Rome dans un grand caveau où elle me laissa. Il se trouvait là beaucoup d’ossements de saints, des os des bras et de moindres ossements rangés selon leur espèce, et aussi beaucoup de petits pots, d'urnes et de verres de diverses formes, avec un résidu desséché de sang des saints que je n'avais jamais remarqué auparavant. Je trouvai là des ossements dont j'ai quelques parcelles, et aussi du sang ayant appartenu à des corps dont je possède des reliques. On voyait très clair dans ce souterrain : il était éclairé par les objets sacrés qui s'y trouvaient. J'y mis en ordre différentes choses ; j'y vénérai les reliques et je me demandais déjà comment je sortirais de là, lorsque tout à coup je vis apparaître l'âme d'une paysanne que j'avais connue jadis. Elle vint à moi et me dit que je devais la tirer de peine, qu'elle m'avait déjà cherchée partout sans pouvoir me trouver, si ce n'est en ce lieu. Elle avait autrefois refusé une pauvre femme, qui était grosse, une tartine de beurre dont celle-ci avait une très grande envie et qu'elle aurait très bien pu lui donner ; et maintenant elle était tourmentée, à cause de cela, d'une faim dévorante et ne pouvait trouver de repos nulle part : elle me suppliait de la secourir. En même temps parut l'âme de la pauvre femme grosse, laquelle me pria très instamment de vouloir bien secourir l'autre. Je la connaissais aussi. J'étais dans le caveau des reliques, fort en peine de savoir où je pourrais me procurer un pain beurré. Mais comme je désirais de tout mon coeur venir en aide à l'âme souffrante, un beau jeune homme resplendissant vint à moi me montra dans un coin du caveau tout ce que je désirais. Je trouvai là un pain ovale, long comme la main, de l'épaisseur de deux doigts ; il était d'un jaune pâle et ne ressemblait pas à notre pain : il semblait qu'on l'eût fait cuire sous la cendre enveloppé dans quelque chose. Il y avait aussi dans un pot comme du beurre fondu et un couteau était à côté. Je voulus mettre pour la femme une couche de beurre très épaisse, mais ce beurre retombait sans cesse dans le pot, et comme je voulais en mettre une grande quantité, il tomba de mes mains dans la boue et le jeune homme me dit : « vois, c'est la conséquence de ce que tu veux toujours trop faire (note). » Alors il m'ordonna de ramasser le beurre et de le nettoyer. Lorsque j'eus donné le pain beurré à la femme, elle me remercia et me dit qu'elle serait bientôt dans une meilleure situation et prierait pour moi. Après elle, il vint encore une autre défunte de ma connaissance avec un petit minot de sel. Elle avait été quelque peu avare et me dit en se lamentant qu'elle avait un jour refusé un peu de sel à une pauvre femme : maintenant il lui fallait mendier du sel. Elle m'en demanda et le jeune homme me montra à la même place un vase qui en contenait. Mais c'était encore un tout autre sel que le nôtre. Il était humide, de couleur jaune et en gros morceaux. Je pris un des plus petits et je voulus lui donner de quoi faire la mesure comble : mais ce que j'y avais mis tomba plusieurs fois, comme s'échappant de soi-même, et je reçus du jeune homme le même reproche que précédemment. Lorsque j'eus donné le sel à la femme, elle se montra contente et disparut après m'avoir promis aussi des prières. Au milieu de toutes les choses lumineuses qui étaient là, l'obscurité régnait : elles seules brillaient. Alors le jeune homme me conduisit à travers d'anciens lieux de martyres et des ossuaires qui étaient tels que je les avais vus dans d'autres occasions, afin de me montrer que tout ce qui m'arrivait était réel ; après quoi il me ramena à mon lit.
(note) Les âmes lui apparaissent à un endroit où elle est présente en esprit. Elle peut encore secourir parce qu'elle est visante. Il y a une mesure à observer parce que la satisfaction doit être proportionnée au besoin. Donner à une âme plus qu'il ne lui est nécessaire serait enlever quelque chose à une autre. Elle participe aux mérites des saints martyrs et ceux-ci donnent de ce qui appartenait au temps de leur vie terrestre selon qu'ils le possédaient alors.
(note) Les âmes lui apparaissent à un endroit où elle est présente en esprit. Elle peut encore secourir parce qu'elle est visante. Il y a une mesure à observer parce que la satisfaction doit être proportionnée au besoin. Donner à une âme plus qu'il ne lui est nécessaire serait enlever quelque chose à une autre. Elle participe aux mérites des saints martyrs et ceux-ci donnent de ce qui appartenait au temps de leur vie terrestre selon qu'ils le possédaient alors.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
« 28 novembre. Je vis un grand incendie. La maison du landrath brûlait de tous les cotés. Il en volait une énorme quantité d'étincelles et de brandons qui blessaient des personnes voisines et éloignées, mais qui ne mettaient le feu nulle part. J'eus grandement pitié de cet homme à cause du mal que cela devait lui faire, mais je vis bientôt qu'il n'avait pas à souffrir du feu. C'était comme si cela s'était fait pour me nuire. Cependant un énorme brandon semblable à une flèche de lard enflammé vola sur moi et allait me tomber sur la tête : mais une âme s'avança prés de moi et mit sa main dessus, en sorte que le brandon glissa de sa main jusqu'à terre près de moi. Elle me dit : « Cela ne me brûle pas ; j'ai eu à endurer un bien autre feu ; mais maintenant je suis bien. » Je reconnus alors en elle, à ma grande joie, l'âme d'une vieille paysanne qui m'avait beaucoup aimée dans mon enfance et s'était souvent plainte à moi du chagrin que lui donnait sa fille. Je lui avais témoigné toute l'affection possible et je l'avais souvent délivrée de la vermine qui l'incommodait. Cette âme, qui était depuis trente ans séparée de son corps, était d'une clarté et d'une beauté extraordinaires et elle me remercia avec une joie pure et naïve. Elle me dit combien elle était contente de pouvoir maintenant me secourir en retour de l'assistance que lui avaient donnée mes prières. Elle m'engagea à me consoler, me dit que j'aurais, à la vérité, à souffrir encore de plus d'une manière, mais que je devais tout accepter paisiblement et sans murmure de la main de Dieu ; que, pour elle, elle voulait me protéger et m'assister autant qu'elle le pourrait. « Et puis, ajouta-t-elle, je ne suis pas la seule à t'assister. Tu as une immense quantité de protecteurs : vois ! il y a encore ceux-ci pour qui tu as prié et d'autres à qui tu as porté secours ; tous t'aideront en temps opportun. » En même temps elle me montra tout autour de moi beaucoup d'âmes que je connaissais et que je vis dans différents états : toutes devaient me venir en aide. Je ne puis dire quelle joie et quelle consolation je reçus en voyant la clarté et la beauté de l'âme de cette bonne vieille, que chez nous on appelait la Moehn.
« Mais comme pendant ce temps je voyais la maison du landrath brûler d'un feu de plus en plus ardent et comme j'avais le sentiment que c'était l'image des conséquences de ses mauvaises actions d'où provenaient pour lui le malheur et la ruine, je fus prise d'une grande compassion pour lui et je demandai à cette âme de prier et de faire prier de même les autres sur qui elle pouvait quelque chose, afin que Dieu ne fit pas payer au landrath le mal qu'il m'avait fait ou qu'il me ferait encore. Je demandais qu'on le traitât comme si je n'avais reçu de lui que les plus grands bienfaits. Je voulais tout accepter à ce prix. Elle me promit de faire ce que je désirais et me quitta.
« J'eus ensuite à porter le landrath par un chemin montant, ce qui me fatiguait beaucoup. J'avais déjà eu cela à faire pour beaucoup de personnes. Ainsi longtemps auparavant j'avais porté le Pèlerin en vision avant qu'il vînt me visiter. Cela indique de grands efforts à faire pour conduire quelqu'un dans la voie du salut. Saint François-Xavier aussi, avant d'être envoyé pour convertir les païens, porta souvent en vision des hommes noirs sur ses épaules. »
« Mais comme pendant ce temps je voyais la maison du landrath brûler d'un feu de plus en plus ardent et comme j'avais le sentiment que c'était l'image des conséquences de ses mauvaises actions d'où provenaient pour lui le malheur et la ruine, je fus prise d'une grande compassion pour lui et je demandai à cette âme de prier et de faire prier de même les autres sur qui elle pouvait quelque chose, afin que Dieu ne fit pas payer au landrath le mal qu'il m'avait fait ou qu'il me ferait encore. Je demandais qu'on le traitât comme si je n'avais reçu de lui que les plus grands bienfaits. Je voulais tout accepter à ce prix. Elle me promit de faire ce que je désirais et me quitta.
« J'eus ensuite à porter le landrath par un chemin montant, ce qui me fatiguait beaucoup. J'avais déjà eu cela à faire pour beaucoup de personnes. Ainsi longtemps auparavant j'avais porté le Pèlerin en vision avant qu'il vînt me visiter. Cela indique de grands efforts à faire pour conduire quelqu'un dans la voie du salut. Saint François-Xavier aussi, avant d'être envoyé pour convertir les païens, porta souvent en vision des hommes noirs sur ses épaules. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
Dans la première semaine de l'Avent, elle eut sa dernière vision touchant ses persécuteurs. Elle la raconta ainsi :
« Pendant toute cette nuit, il m'a fallu combattre et je suis encore toute fatiguée d'avoir lutté contre les tristes images que j'ai vues. Mon guide me conduisit autour de toute la terre : il me fallait parcourir sans cesse d'immenses cavernes faites de ténèbres et où je vis une immense quantité de personnes errant de tous côtés et occupées à des oeuvres ténébreuses. Il semblait que je parcourusse tous les points habités du globe, n'y voyant rien que le monde du vice. Souvent je voyais de nouvelles troupes d'hommes tomber comme d'en haut dans cet aveuglement du vice. Je ne vis pas que rien s’améliorât. -J'aperçus en général plus d'hommes que de femmes : il n'y avait presque pas d'enfants. Souvent, quand mon affliction me rendait cette vue impossible à supporter, mon guide me faisait sortir un peu à la lumière. J'allais ainsi dans une prairie ou dans quelque belle contrée éclairée par le soleil, mais où il n'y avait personne. Il me fallait ensuite rentrer dans les ténèbres et considérer de nouveau la malice, l'aveuglement, la perversité, les pièges tendus, les passions vindicatives, l'orgueil, la fourberie, l'envie, l'avarice, la discorde, le meurtre, la luxure et l'horrible impiété des hommes, toutes choses qui pourtant ne leur étaient d'aucun profit, mais les rendaient de plus en plus aveugles et misérables et les enfonçaient dans des ténèbres de plus en plus profondes. Souvent j'eus l'impression que des villes entières se trouvaient placées sur une croûte de terre très mince et couraient risque de s'écrouler bientôt dans l’abîme. Je vis ces hommes creuser eux-mêmes pour d'autres des fosses légèrement recouvertes mais je ne vis pas de gens de bien dans ces ténèbres, ni aucun par conséquent tomber dans les fosses. Je vis tous ces méchants comme dans de grands espaces ténébreux s'étendant de coté et d'autre ; je les voyais pêle-mêle comme dans la confusion tumultueuse d'une grande foire, formant divers groupes qui s'excitaient au mal et des masses qui se mêlaient les unes aux autres : ils commettaient toute sorte d'actes coupables et chaque péché en entraînait un autre. Souvent il me semblait que je m'enfonçais plus profondément encore dans la nuit. Le chemin descendait une pente escarpée : c'était quelque chose d'horriblement effrayant et qui s'étendait autour de la terre entière. Je vis des peuples de toutes les couleurs, portant les costumes les plus divers et tous plongés dans ces abominations. Souvent je me réveillais pleine d'angoisse et de terreur : je voyais la lune briller paisiblement à travers la fenêtre, et je priais Dieu en gémissant de ne plus me faire voir ces effrayantes images, mais bientôt il me fallait redescendre dans ces terribles espaces ténébreux et voir les abominations qui s'y commettaient. Je me trouvai une fois dans une sphère de péché tellement horrible que je crus être dans l'enfer et que je me mis à crier et à gémir. Alors mon guide me dit : « Je suis prés de toi, et l'enfer ne peut pas être là où je suis. » Je me tournai alors avec un ardent désir vers les pauvres âmes du purgatoire et je souhaitai vivement d'être auprès d'elles. Aussitôt je fus conduite où elles étaient. Le lieu semblait voisin de la terre. Je vis aussi là des tourments inexprimables, mais c'étaient pourtant des âmes bénies de Dieu et qui ne péchaient pas. Elles avaient un désir infini, une faim, une soif ardente de la délivrance. Toutes pouvaient voir ce dont elles étaient forcément privées et devaient attendre patiemment. Leur souffrance pleine de résignation en reconnaissant leurs fautes et leur complète impuissance à s'aider étaient quelque chose d'indiciblement touchant. Elles étaient à des profondeurs différentes, à différents degrés de souffrance ou de délaissement quelques-unes étaient plongées jusqu'au cou, d'autres jusqu'à la poitrine, etc., et elles imploraient du secours. Lorsque j'eus prié pour elles et que je m'éveillai, j'eus l'espoir d'être délivrée de ces horribles visions et je le demandai à Dieu du fond du coeur. Mais à peine m'étais-je endormie que je fus de nouveau conduite dans ces voies ténébreuses. D'innombrables menaces me furent faites et d'horribles images me furent présentées par Satan. Une fois un diable plein d'impudence vint à ma rencontre et me dit à peu près : « Il n'est vraiment pas nécessaire que tu descendes ici et que tu regardes tout ; tu iras t'en vanter là-haut et faire écrire quelque chose là-dessus. » Je lui dis de me laisser en repos avec ses sottises. Dans un endroit, il me sembla qu'on minait en dessous une grande ville où le mal était à son comble. Il y avait plusieurs diables occupés à ce travail. Ils étaient déjà très avancés et je croyais qu'avec tant et de si pesants édifices elle allait bientôt s'effondrer. J'ai souvent eu à propos de Paris l'impression qu'il devait être ainsi englouti : je vois tant de cavernes au-dessous, mais qui ne ressemblent pas aux grottes souterraines de Rome avec les sculptures dont elles sont ornées.
« Pendant toute cette nuit, il m'a fallu combattre et je suis encore toute fatiguée d'avoir lutté contre les tristes images que j'ai vues. Mon guide me conduisit autour de toute la terre : il me fallait parcourir sans cesse d'immenses cavernes faites de ténèbres et où je vis une immense quantité de personnes errant de tous côtés et occupées à des oeuvres ténébreuses. Il semblait que je parcourusse tous les points habités du globe, n'y voyant rien que le monde du vice. Souvent je voyais de nouvelles troupes d'hommes tomber comme d'en haut dans cet aveuglement du vice. Je ne vis pas que rien s’améliorât. -J'aperçus en général plus d'hommes que de femmes : il n'y avait presque pas d'enfants. Souvent, quand mon affliction me rendait cette vue impossible à supporter, mon guide me faisait sortir un peu à la lumière. J'allais ainsi dans une prairie ou dans quelque belle contrée éclairée par le soleil, mais où il n'y avait personne. Il me fallait ensuite rentrer dans les ténèbres et considérer de nouveau la malice, l'aveuglement, la perversité, les pièges tendus, les passions vindicatives, l'orgueil, la fourberie, l'envie, l'avarice, la discorde, le meurtre, la luxure et l'horrible impiété des hommes, toutes choses qui pourtant ne leur étaient d'aucun profit, mais les rendaient de plus en plus aveugles et misérables et les enfonçaient dans des ténèbres de plus en plus profondes. Souvent j'eus l'impression que des villes entières se trouvaient placées sur une croûte de terre très mince et couraient risque de s'écrouler bientôt dans l’abîme. Je vis ces hommes creuser eux-mêmes pour d'autres des fosses légèrement recouvertes mais je ne vis pas de gens de bien dans ces ténèbres, ni aucun par conséquent tomber dans les fosses. Je vis tous ces méchants comme dans de grands espaces ténébreux s'étendant de coté et d'autre ; je les voyais pêle-mêle comme dans la confusion tumultueuse d'une grande foire, formant divers groupes qui s'excitaient au mal et des masses qui se mêlaient les unes aux autres : ils commettaient toute sorte d'actes coupables et chaque péché en entraînait un autre. Souvent il me semblait que je m'enfonçais plus profondément encore dans la nuit. Le chemin descendait une pente escarpée : c'était quelque chose d'horriblement effrayant et qui s'étendait autour de la terre entière. Je vis des peuples de toutes les couleurs, portant les costumes les plus divers et tous plongés dans ces abominations. Souvent je me réveillais pleine d'angoisse et de terreur : je voyais la lune briller paisiblement à travers la fenêtre, et je priais Dieu en gémissant de ne plus me faire voir ces effrayantes images, mais bientôt il me fallait redescendre dans ces terribles espaces ténébreux et voir les abominations qui s'y commettaient. Je me trouvai une fois dans une sphère de péché tellement horrible que je crus être dans l'enfer et que je me mis à crier et à gémir. Alors mon guide me dit : « Je suis prés de toi, et l'enfer ne peut pas être là où je suis. » Je me tournai alors avec un ardent désir vers les pauvres âmes du purgatoire et je souhaitai vivement d'être auprès d'elles. Aussitôt je fus conduite où elles étaient. Le lieu semblait voisin de la terre. Je vis aussi là des tourments inexprimables, mais c'étaient pourtant des âmes bénies de Dieu et qui ne péchaient pas. Elles avaient un désir infini, une faim, une soif ardente de la délivrance. Toutes pouvaient voir ce dont elles étaient forcément privées et devaient attendre patiemment. Leur souffrance pleine de résignation en reconnaissant leurs fautes et leur complète impuissance à s'aider étaient quelque chose d'indiciblement touchant. Elles étaient à des profondeurs différentes, à différents degrés de souffrance ou de délaissement quelques-unes étaient plongées jusqu'au cou, d'autres jusqu'à la poitrine, etc., et elles imploraient du secours. Lorsque j'eus prié pour elles et que je m'éveillai, j'eus l'espoir d'être délivrée de ces horribles visions et je le demandai à Dieu du fond du coeur. Mais à peine m'étais-je endormie que je fus de nouveau conduite dans ces voies ténébreuses. D'innombrables menaces me furent faites et d'horribles images me furent présentées par Satan. Une fois un diable plein d'impudence vint à ma rencontre et me dit à peu près : « Il n'est vraiment pas nécessaire que tu descendes ici et que tu regardes tout ; tu iras t'en vanter là-haut et faire écrire quelque chose là-dessus. » Je lui dis de me laisser en repos avec ses sottises. Dans un endroit, il me sembla qu'on minait en dessous une grande ville où le mal était à son comble. Il y avait plusieurs diables occupés à ce travail. Ils étaient déjà très avancés et je croyais qu'avec tant et de si pesants édifices elle allait bientôt s'effondrer. J'ai souvent eu à propos de Paris l'impression qu'il devait être ainsi englouti : je vois tant de cavernes au-dessous, mais qui ne ressemblent pas aux grottes souterraines de Rome avec les sculptures dont elles sont ornées.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
« Enfin il me sembla voir un lieu très étendu qui recevait davantage la clarté du jour. C'était comme l'image d'une ville appartenant à la partie du monde que nous habitons. Un horrible spectacle m'y fut montré. Je vis crucifier Notre-Seigneur Jésus-Christ. Je frissonnais jusqu'à la moelle des os : car il n'y avait là que des hommes de notre époque. C'était un martyre du Seigneur bien plus affreux et bien plus cruel que celui qu'il eut à souffrir des Juifs. Grâce à Dieu, ce n'était qu'un tableau symbolique. « C'est ainsi, me dit mon guide, qu'on traiterait maintenant le Seigneur s'il pouvait encore souffrir. » Je vis là avec horreur un grand nombre de gens de ma connaissance, même des prêtres. Beaucoup de lignes et de ramifications partant des gens qui erraient dans les ténèbres aboutissaient à cet endroit. Je vis aussi mes persécuteurs et comment ils en useraient envers moi si je tombais en leur pouvoir. Ils emploieraient la torture pour me forcer à confirmer par des mensonges leurs fausses opinions.
En terminant le récit de cette horrible vision dont le souvenir lui donnait des battements de coeur convulsifs, et que rien ne put la décider à exposer tout entière, elle dit : « Mon conducteur me parla ainsi : « Tu as vu les abominations auxquelles les hommes aveuglés se livrent dans les ténèbres ; ne murmure donc plus sur ton sort. Prie seulement ! Ton sort est très doux ! » Cette vision fut amenée par l'inquiétude où je suis fréquemment de m'être rendue coupable en quelque chose, puisque tant de péchés se commettent à cause de moi. La crainte d'avoir désobéi me tourmente toujours. Mon conducteur me dit : « C'est de l'orgueil à toi de croire qu'il ne peut arriver par toi que du bien. Et si tu manques à l'obéissance, c'est moi qui en suis cause et cela ne te touche en rien. »
Quelques jours après, elle s'exprima ainsi : « Les persécuteurs me laisseront maintenant en repos. J'ai vu qu'ils avaient l'idée d'employer la violence contre moi, mais tous, les uns après les autres, ont été saisis d'un certain effroi et ils se sont divisés entre eux. J'ai vu cela sous l'image d'un feu qui s'est allumé au milieu d'eux. Chacun se méfie de l'autre et a peur d'être trahi par lui. Je ne crains plus rien, mon époux m'a dit que je devais persévérer dans la patience. Il me sera donné d'avoir un peu de repos pour achever les cinq dernières feuilles de mon grand livre. Il me faut du repos pour pouvoir laisser après moi ce qui y est contenu. J'ai encore beaucoup à faire. »
Le 14 décembre, elle eut une vision relative à une enquête ecclésiastique qui ne devait se faire qu'après sa mort et qu'elle raconta au Pèlerin, étant dans l'état d'extase. « Je vis, dit-elle, comme si le clergé recevait par des lettres de Rome la mission de faire une enquête, et voulait y procéder solennellement et avec une pleine autorité. J'aperçus ensuite une église où il n'y avait pas de sièges et qui me parut profanée ou qui devait être remise à neuf. Elle était solidement construite, vieille et très anguleuse, mais pourtant belle ; on n'y voyait ni boiseries creuses, ni dorures. Le clergé y entra très silencieusement. En dehors des ecclésiastiques, il n'y avait personne dans l'église que mon âme et beaucoup de saints. On apporta devant l'autel un cercueil tiré d'un caveau les prêtres l'ouvrirent comme pour faire une épreuve. Ils laissèrent le cercueil ouvert, chantèrent une grand'messe, puis ils mirent à part du corps un doigt consacré ; c'était le corps d'un saint évêque. Ils placèrent la relique sur l'autel et le cercueil fut mis de côté. Je pressentis qu'ils viendraient à moi avec cette relique et je m'en allai en hâte à la maison. Ils vinrent et se montrèrent très sévères et très rigoureux. Je ne sais pas ce qu'ils me firent, car j'étais dans une région supérieure, comme au milieu d'une belle prairie et cependant en même temps comme dans les nuages et à côté de ce même ancien évêque dont ils avaient pris le doigt. Ce doigt était enveloppé dans du velours rouge et l'un d'eux le portait sur sa poitrine. Je fus tout à coup ramenée dans mon corps par le saint évêque ; je me levai et je regardai ces messieurs toute surprise. Après la clôture de l'enquête, je vis de nouveau les ecclésiastiques dans l'église où ils avaient pris le doigt de l'évêque ; ils le replacèrent dans la châsse sous l'autel. On fit alors une grande fête d'actions de grâces. Il y avait là beaucoup de monde, ainsi qu'un grand nombre de saints et d'âmes de défunts. Et pendant que ces âmes chantaient, je chantai aussi en latin avec elles. -- Plus tard j'eus encore une vision touchant un nouveau couvent. Cependant tout cela semblait n'avoir lieu qu'après ma mort. J'aurais vécu plus longtemps ; mais on m'aurait soumise encore à une grande épreuve. C'est pourquoi je devais mourir auparavant. Cependant le but qu'on se proposait devait être tout aussi bien atteint après ma mort. Je vis qu'après mon décès on coupa quelque chose à une de mes mains et aussi comment çà et là divers changements se firent sans bruit dans les églises, parce que les reliques furent plus honorées et exposées de nouveau en public.
Lorsque le Pèlerin parla de cette vision au confesseur, celui-ci lui dit : « Souvent, quand elle se croyait près de mourir et que je lui avais porté les sacrements, elle m'a enjoint, étant en extase, de lui enlever une main après sa mort. Je ne sais pas bien ce qui en résulterait, mais je crois que peut-être cette main conserverait le pouvoir de reconnaître les reliques. Elle m'a souvent dit que son corps, même après sa mort, resterait soumis aux ordres que je lui donnerais comme supérieur, ecclésiastique. Et quant aux doigts qui ont reçu la consécration sacerdotale, elle m'a dit plus d'une fois que, lors même que le corps d'un prêtre serait réduit en poussière et que son âme serait en enfer, cependant la consécration des doigts resterait reconnaissable dans les ossements, et que ces doigts brûleraient d'un feu tout à fait à part, tant cette consécration est profonde et ineffaçable. »
En terminant le récit de cette horrible vision dont le souvenir lui donnait des battements de coeur convulsifs, et que rien ne put la décider à exposer tout entière, elle dit : « Mon conducteur me parla ainsi : « Tu as vu les abominations auxquelles les hommes aveuglés se livrent dans les ténèbres ; ne murmure donc plus sur ton sort. Prie seulement ! Ton sort est très doux ! » Cette vision fut amenée par l'inquiétude où je suis fréquemment de m'être rendue coupable en quelque chose, puisque tant de péchés se commettent à cause de moi. La crainte d'avoir désobéi me tourmente toujours. Mon conducteur me dit : « C'est de l'orgueil à toi de croire qu'il ne peut arriver par toi que du bien. Et si tu manques à l'obéissance, c'est moi qui en suis cause et cela ne te touche en rien. »
Quelques jours après, elle s'exprima ainsi : « Les persécuteurs me laisseront maintenant en repos. J'ai vu qu'ils avaient l'idée d'employer la violence contre moi, mais tous, les uns après les autres, ont été saisis d'un certain effroi et ils se sont divisés entre eux. J'ai vu cela sous l'image d'un feu qui s'est allumé au milieu d'eux. Chacun se méfie de l'autre et a peur d'être trahi par lui. Je ne crains plus rien, mon époux m'a dit que je devais persévérer dans la patience. Il me sera donné d'avoir un peu de repos pour achever les cinq dernières feuilles de mon grand livre. Il me faut du repos pour pouvoir laisser après moi ce qui y est contenu. J'ai encore beaucoup à faire. »
Le 14 décembre, elle eut une vision relative à une enquête ecclésiastique qui ne devait se faire qu'après sa mort et qu'elle raconta au Pèlerin, étant dans l'état d'extase. « Je vis, dit-elle, comme si le clergé recevait par des lettres de Rome la mission de faire une enquête, et voulait y procéder solennellement et avec une pleine autorité. J'aperçus ensuite une église où il n'y avait pas de sièges et qui me parut profanée ou qui devait être remise à neuf. Elle était solidement construite, vieille et très anguleuse, mais pourtant belle ; on n'y voyait ni boiseries creuses, ni dorures. Le clergé y entra très silencieusement. En dehors des ecclésiastiques, il n'y avait personne dans l'église que mon âme et beaucoup de saints. On apporta devant l'autel un cercueil tiré d'un caveau les prêtres l'ouvrirent comme pour faire une épreuve. Ils laissèrent le cercueil ouvert, chantèrent une grand'messe, puis ils mirent à part du corps un doigt consacré ; c'était le corps d'un saint évêque. Ils placèrent la relique sur l'autel et le cercueil fut mis de côté. Je pressentis qu'ils viendraient à moi avec cette relique et je m'en allai en hâte à la maison. Ils vinrent et se montrèrent très sévères et très rigoureux. Je ne sais pas ce qu'ils me firent, car j'étais dans une région supérieure, comme au milieu d'une belle prairie et cependant en même temps comme dans les nuages et à côté de ce même ancien évêque dont ils avaient pris le doigt. Ce doigt était enveloppé dans du velours rouge et l'un d'eux le portait sur sa poitrine. Je fus tout à coup ramenée dans mon corps par le saint évêque ; je me levai et je regardai ces messieurs toute surprise. Après la clôture de l'enquête, je vis de nouveau les ecclésiastiques dans l'église où ils avaient pris le doigt de l'évêque ; ils le replacèrent dans la châsse sous l'autel. On fit alors une grande fête d'actions de grâces. Il y avait là beaucoup de monde, ainsi qu'un grand nombre de saints et d'âmes de défunts. Et pendant que ces âmes chantaient, je chantai aussi en latin avec elles. -- Plus tard j'eus encore une vision touchant un nouveau couvent. Cependant tout cela semblait n'avoir lieu qu'après ma mort. J'aurais vécu plus longtemps ; mais on m'aurait soumise encore à une grande épreuve. C'est pourquoi je devais mourir auparavant. Cependant le but qu'on se proposait devait être tout aussi bien atteint après ma mort. Je vis qu'après mon décès on coupa quelque chose à une de mes mains et aussi comment çà et là divers changements se firent sans bruit dans les églises, parce que les reliques furent plus honorées et exposées de nouveau en public.
Lorsque le Pèlerin parla de cette vision au confesseur, celui-ci lui dit : « Souvent, quand elle se croyait près de mourir et que je lui avais porté les sacrements, elle m'a enjoint, étant en extase, de lui enlever une main après sa mort. Je ne sais pas bien ce qui en résulterait, mais je crois que peut-être cette main conserverait le pouvoir de reconnaître les reliques. Elle m'a souvent dit que son corps, même après sa mort, resterait soumis aux ordres que je lui donnerais comme supérieur, ecclésiastique. Et quant aux doigts qui ont reçu la consécration sacerdotale, elle m'a dit plus d'une fois que, lors même que le corps d'un prêtre serait réduit en poussière et que son âme serait en enfer, cependant la consécration des doigts resterait reconnaissable dans les ossements, et que ces doigts brûleraient d'un feu tout à fait à part, tant cette consécration est profonde et ineffaçable. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
CHAPITRE VI
EFFETS MERVEILLEUX DES CROUTES TOMBÉES DES PLAIES DES MAINS ET DES PIEDS DE LA MALADE, LE 28 DÉCEMBRE 1818 (note).
1. Le soir du 15 décembre, la malade étant dans l'état extatique, le Pèlerin lui mit sur la poitrine une relique désignée précédemment par elle comme étant de saint Ludger, avec les croûtes de ses plaies enveloppées dans un papier. Elle en ressentit aussitôt l'effet et dit sans sortir de l'état de contemplation : « Ah ! quel bon pasteur ! Il est venu à travers les grandes eaux. Son corps repose dans mon pays, dans la vieille église. C'est lui dont ils ont pris le doigt hier. Mais il y a encore là une autre personne ! Je ne l'ai pas vue depuis longtemps. C'est singulier ! il y a là pour moi quelque chose d'obscur. Elle a les stigmates : elle est Augustine. Elle est habillée comme je l'étais jadis ; à moitié vêtue en nonne. Chose étrange ! elle doit être encore vivante, elle doit être cachée dans quelque coin.
Il y a là quelque chose que je ne comprends pas. Ah ! combien cette personne a à souffrir. C'est pour moi un exemple à suivre : car toutes mes souffrances ne sont rien en comparaison. Et, chose curieuse, avec cela elle est extérieurement joyeuse : personne ne sait ce qu'elle souffre. On dirait qu'elle ne le sait pas elle-même. »
(note) Ce titre a été mis par le Pèlerin en tête de ses annotations des 15, 16 et 17 décembre 1819. L'auteur le conserve, parce qu'il ne peut regarder comme un simple hasard que cette remarquable vision sur elle-même ait été présentée à la patiente à la fin de sa terrible période de souffrances.
« J'ai vu près d'elle une quantité de pauvres gens et d'enfants. Il me semble que ce sont des gens que je connais. Il faut qu'on m'ait caché cette personne. Mes amis et connaissances aussi doivent bien la connaître. Ah ! comme son coeur est blessé ! il est tout entouré d'une couronne d'épines et percé de mille trous. Elle a un bien singulier entourage ! combien de gens qui l'espionnent en secret et la calomnient. Et il faut qu'elle supporte tout, même ce qui se passe loin d'elle. Combien elle est sereine et joyeuse avec tout cela ! Elle bondit comme un cerf. C'est un bon modèle pour moi : je vois bien là combien je suis misérable ! »
Le Pèlerin se retira après ces paroles, cependant il lui laissa les croûtes dans leur enveloppe. Quand il revint le lendemain matin, la malade lui raconta ce qui suit : « J'ai eu cette nuit une vision tout à fait singulière et je ne puis pas encore me la bien expliquer. Il faut qu'il y ait ici, vivant cachée, une personne qui s'est trouvée souvent dans des circonstances semblables à celles où je me suis trouvée. Elle a eu aussi les stigmates et les a perdus. Je l'ai vue toute la nuit avec toutes ses souffrances. Elle doit avoir été dans notre couvent. J'ai vu autour d'elle toutes les nonnes excepté moi. Elle avait de terribles souffrances secrètes : personne ne le savait et elle était toujours si sereine ! Je ne puis m'imaginer ce que c'était. Je n'ai jamais eu de telles grâces ni de telles souffrances. Je ne pouvais m'empêcher d'être très honteuse de ma pusillanimité. Il y a peut-être eu avant moi une semblable personne dans notre couvent, mais pourtant les circonstances étaient si semblables à celles où je me suis trouvée moi-même que la chose me parait très étrange et que je me casse la tête pour savoir qui ce peut être. »
Le Pèlerin répondit : « C'est peut-être bien une image de vous-même, indiquant comment vous auriez pu supporter vos souffrances. si vous aviez été parfaite, et, en même temps, il vous aura été montré quelles grâces vous avez reçues de Dieu dont vous n'avez pas tenu compte et que vous avez oubliées. »
EFFETS MERVEILLEUX DES CROUTES TOMBÉES DES PLAIES DES MAINS ET DES PIEDS DE LA MALADE, LE 28 DÉCEMBRE 1818 (note).
1. Le soir du 15 décembre, la malade étant dans l'état extatique, le Pèlerin lui mit sur la poitrine une relique désignée précédemment par elle comme étant de saint Ludger, avec les croûtes de ses plaies enveloppées dans un papier. Elle en ressentit aussitôt l'effet et dit sans sortir de l'état de contemplation : « Ah ! quel bon pasteur ! Il est venu à travers les grandes eaux. Son corps repose dans mon pays, dans la vieille église. C'est lui dont ils ont pris le doigt hier. Mais il y a encore là une autre personne ! Je ne l'ai pas vue depuis longtemps. C'est singulier ! il y a là pour moi quelque chose d'obscur. Elle a les stigmates : elle est Augustine. Elle est habillée comme je l'étais jadis ; à moitié vêtue en nonne. Chose étrange ! elle doit être encore vivante, elle doit être cachée dans quelque coin.
Il y a là quelque chose que je ne comprends pas. Ah ! combien cette personne a à souffrir. C'est pour moi un exemple à suivre : car toutes mes souffrances ne sont rien en comparaison. Et, chose curieuse, avec cela elle est extérieurement joyeuse : personne ne sait ce qu'elle souffre. On dirait qu'elle ne le sait pas elle-même. »
(note) Ce titre a été mis par le Pèlerin en tête de ses annotations des 15, 16 et 17 décembre 1819. L'auteur le conserve, parce qu'il ne peut regarder comme un simple hasard que cette remarquable vision sur elle-même ait été présentée à la patiente à la fin de sa terrible période de souffrances.
« J'ai vu près d'elle une quantité de pauvres gens et d'enfants. Il me semble que ce sont des gens que je connais. Il faut qu'on m'ait caché cette personne. Mes amis et connaissances aussi doivent bien la connaître. Ah ! comme son coeur est blessé ! il est tout entouré d'une couronne d'épines et percé de mille trous. Elle a un bien singulier entourage ! combien de gens qui l'espionnent en secret et la calomnient. Et il faut qu'elle supporte tout, même ce qui se passe loin d'elle. Combien elle est sereine et joyeuse avec tout cela ! Elle bondit comme un cerf. C'est un bon modèle pour moi : je vois bien là combien je suis misérable ! »
Le Pèlerin se retira après ces paroles, cependant il lui laissa les croûtes dans leur enveloppe. Quand il revint le lendemain matin, la malade lui raconta ce qui suit : « J'ai eu cette nuit une vision tout à fait singulière et je ne puis pas encore me la bien expliquer. Il faut qu'il y ait ici, vivant cachée, une personne qui s'est trouvée souvent dans des circonstances semblables à celles où je me suis trouvée. Elle a eu aussi les stigmates et les a perdus. Je l'ai vue toute la nuit avec toutes ses souffrances. Elle doit avoir été dans notre couvent. J'ai vu autour d'elle toutes les nonnes excepté moi. Elle avait de terribles souffrances secrètes : personne ne le savait et elle était toujours si sereine ! Je ne puis m'imaginer ce que c'était. Je n'ai jamais eu de telles grâces ni de telles souffrances. Je ne pouvais m'empêcher d'être très honteuse de ma pusillanimité. Il y a peut-être eu avant moi une semblable personne dans notre couvent, mais pourtant les circonstances étaient si semblables à celles où je me suis trouvée moi-même que la chose me parait très étrange et que je me casse la tête pour savoir qui ce peut être. »
Le Pèlerin répondit : « C'est peut-être bien une image de vous-même, indiquant comment vous auriez pu supporter vos souffrances. si vous aviez été parfaite, et, en même temps, il vous aura été montré quelles grâces vous avez reçues de Dieu dont vous n'avez pas tenu compte et que vous avez oubliées. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
Elle pensa que la chose était possible et, sur la prière du Pèlerin, elle continua ainsi le récit de cette vision sur elle-même : « J'ai vu cette personne menant la vie d'une religieuse, puis forcée de sortir de son couvent ; je l'ai vue malade, obligée de garder le lit et cela, même avant son entrée au couvent.
« Au couvent, je la vis, dès le commencement de son noviciat, en proie à des souffrances secrètes indescriptibles. Je vis une fois son coeur entouré uniquement de roses, que je vis ensuite se changer en épines, je le vis tout déchiré ; j'y vis eu outre une quantité d'aiguillons et de dards, ainsi que dans sa poitrine. Je vis tout le monde autour d'elle et loin d'elle la soupçonner et la calomnier sans cesse d'une manière odieuse ; or toutes ces pensées qu'on nourrissait contre elle, même quand elles ne passaient pas à l'action, volaient et la perçaient comme des traits acérés : il n'y avait pas en elle un point qui fût sans blessure. Je vis les complots tramés au loin entrer en elle comme des flèches. Une fois je vis son coeur comme coupé en morceaux. Je ne l'en voyais pas moins toujours gaie et bienveillante envers chacun, comme si elle n'eut rien su de tout cela et en effet elle ne semblait pas le savoir. J'éprouvais une telle compassion pour elle que je ressentais toutes ses douleurs dans ma poitrine. Je vis son âme entièrement transparente et, quand une nouvelle souffrance venait l'assaillir, je voyais en elle des rayons enflammés rouges et des marques de même couleur, surtout dans la poitrine et dans le coeur. Je vis toujours autour de sa tête une couronne d'épines, faite de trois branches d'espèces différentes, l'une avec de petites fleurs blanches garnies d'étamines jaunes, la seconde ayant des feuilles plus larges et aussi de petites fleurs blanches, la troisième comme portant des roses avec des boutons. Souvent elle pressait cette couronne contre sa tête et alors je voyais les épines pénétrer plus profondément.
« Je la vis aller de côté et d'autre et travailler dans le couvent : je vis que les oiseaux se posaient sur elle et étaient familiers avec elle, je la vis quelquefois debout ou étendue par terre dans un état de raideur complète : je vis souvent venir un homme qui l'enlevait et la portait dans sa cellule, dont je n'eus jamais une vue bien distincte : c'était comme s'il la faisait entrer dans un mur. Je voyais toujours près d'elle un esprit qui la protégeait. Je vis le diable rôder de tous côtés, exciter les esprits contre elle et même l'assaillir personnellement et faire un grand bruit dans sa chambre ; mais son esprit était toujours ailleurs. Je la vis dans l'église monter et grimper d'une manière merveilleuse sur l'autel, aux murs et aux fenêtres où elle avait quelque chose à faire ou qu'elle voulait nettoyer ; elle était enlevée et se tenait là où personne n'aurait pu arriver et où il était même impossible de se tenir. Je vis que des esprits la soutenaient toujours. Je la vis à plusieurs reprises en deux endroits à la fois, dans l'église devant le saint sacrement, et, soit dans sa chambre au haut de la maison, soit dans la cuisine ou ailleurs. Je vis une fois de mauvais esprits qui semblaient la rouer de coups. Je la vis très souvent entourée de saints. Je la vis tenir longtemps l'Enfant-Jésus dans ses bras. Je la vis marcher au milieu des autres religieuses, ayant toujours l'Enfant-Jésus à ses côtés. Je la vis une fois à table où des traits de toute espèce venaient la frapper ; elle avait autour d'elle une grande troupe de bienheureux. Je la vis, étant très malade, pétrir des hosties avec l'aide d'un esprit. Je vis, pendant qu'elle était au lit, malade et abandonnée, deux âmes de religieuses faire son lit et la porter çà et là. Je vis des esprits la tirer de son lit et la placer au milieu de la chambre, suspendue en l'air et couchée sur le dos : je vis alors entrer une autre personne et elle tomba à terre. Je la vis très souvent malade à la mort et sur le point de mourir : je la vis toujours réduite à cette extrémité par l'emploi des remèdes naturels et je vis des apparitions venir à elle : souvent c'était une belle femme, toute resplendissante, ou un jeune homme semblable à mon époux céleste. Ils lui apportaient des remèdes dans de petites fioles, ou des herbes, ou des bouchées de quelque chose qu'ils mettaient derrière la tête de son lit où il y avait une planchette cachée. Je la vis, comme elle priait à sa table, raidie par l’extase, recevoir d'une apparition une image de la Mère de Dieu. Je vis un jeune homme, planant dans l'air à sa droite, lui donner un coeur où était une image de Marie. Je vis ce fiancé céleste venir à elle et lui mettre au doigt un anneau avec une pierre précieuse où était gravée une image de Marie, puis revenir au bout de quelque temps et lui retirer l'anneau. Je vis encore très souvent, lorsqu'elle était malade, des esprits lui poser sur la poitrine des objets et des images de toute espèce qu'ils lui retiraient plus tard et qui la guérissaient. Je la vis souvent en danger de mort et miraculeusement protégée. Un jour elle était dans la trappe du grenier pour hisser un panier plein de linge humide : il y avait en bas une religieuse qui l'aidait à tirer la corde. Le panier était presque arrivé en haut. Elle voulut l'attirer à elle d'une main et tenir la corde de l'autre. Je vis alors que le diable fit un grand bruit dans la cour, ce qui fit que la religieuse d'en bas se retourna pour regarder et lâcha la corde. Elle reçut une violente secousse, mais quelqu'un saisit la corde : il arriva par la bonté de Dieu que ni le panier, ni elle ne furent entraînés, sans quoi elle aurait fait une chute mortelle. Elle eut seulement quelque chose de disloqué dans le corps et souffrit de terribles douleurs. Je la vis bien d'autres fois merveilleusement protégée par son ange gardien dans des circonstances où son corps et son âme couraient de grands périls : ensuite je la vis souvent presque poussée au désespoir par la souffrance secrète que lui causaient les persécutions. Plus tard je la vis malade à la mort, portée hors du couvent par deux personnes qui ne l'auraient pas emportée vivante, si des êtres plus puissants n'étaient venus à leur secours.»
« Au couvent, je la vis, dès le commencement de son noviciat, en proie à des souffrances secrètes indescriptibles. Je vis une fois son coeur entouré uniquement de roses, que je vis ensuite se changer en épines, je le vis tout déchiré ; j'y vis eu outre une quantité d'aiguillons et de dards, ainsi que dans sa poitrine. Je vis tout le monde autour d'elle et loin d'elle la soupçonner et la calomnier sans cesse d'une manière odieuse ; or toutes ces pensées qu'on nourrissait contre elle, même quand elles ne passaient pas à l'action, volaient et la perçaient comme des traits acérés : il n'y avait pas en elle un point qui fût sans blessure. Je vis les complots tramés au loin entrer en elle comme des flèches. Une fois je vis son coeur comme coupé en morceaux. Je ne l'en voyais pas moins toujours gaie et bienveillante envers chacun, comme si elle n'eut rien su de tout cela et en effet elle ne semblait pas le savoir. J'éprouvais une telle compassion pour elle que je ressentais toutes ses douleurs dans ma poitrine. Je vis son âme entièrement transparente et, quand une nouvelle souffrance venait l'assaillir, je voyais en elle des rayons enflammés rouges et des marques de même couleur, surtout dans la poitrine et dans le coeur. Je vis toujours autour de sa tête une couronne d'épines, faite de trois branches d'espèces différentes, l'une avec de petites fleurs blanches garnies d'étamines jaunes, la seconde ayant des feuilles plus larges et aussi de petites fleurs blanches, la troisième comme portant des roses avec des boutons. Souvent elle pressait cette couronne contre sa tête et alors je voyais les épines pénétrer plus profondément.
« Je la vis aller de côté et d'autre et travailler dans le couvent : je vis que les oiseaux se posaient sur elle et étaient familiers avec elle, je la vis quelquefois debout ou étendue par terre dans un état de raideur complète : je vis souvent venir un homme qui l'enlevait et la portait dans sa cellule, dont je n'eus jamais une vue bien distincte : c'était comme s'il la faisait entrer dans un mur. Je voyais toujours près d'elle un esprit qui la protégeait. Je vis le diable rôder de tous côtés, exciter les esprits contre elle et même l'assaillir personnellement et faire un grand bruit dans sa chambre ; mais son esprit était toujours ailleurs. Je la vis dans l'église monter et grimper d'une manière merveilleuse sur l'autel, aux murs et aux fenêtres où elle avait quelque chose à faire ou qu'elle voulait nettoyer ; elle était enlevée et se tenait là où personne n'aurait pu arriver et où il était même impossible de se tenir. Je vis que des esprits la soutenaient toujours. Je la vis à plusieurs reprises en deux endroits à la fois, dans l'église devant le saint sacrement, et, soit dans sa chambre au haut de la maison, soit dans la cuisine ou ailleurs. Je vis une fois de mauvais esprits qui semblaient la rouer de coups. Je la vis très souvent entourée de saints. Je la vis tenir longtemps l'Enfant-Jésus dans ses bras. Je la vis marcher au milieu des autres religieuses, ayant toujours l'Enfant-Jésus à ses côtés. Je la vis une fois à table où des traits de toute espèce venaient la frapper ; elle avait autour d'elle une grande troupe de bienheureux. Je la vis, étant très malade, pétrir des hosties avec l'aide d'un esprit. Je vis, pendant qu'elle était au lit, malade et abandonnée, deux âmes de religieuses faire son lit et la porter çà et là. Je vis des esprits la tirer de son lit et la placer au milieu de la chambre, suspendue en l'air et couchée sur le dos : je vis alors entrer une autre personne et elle tomba à terre. Je la vis très souvent malade à la mort et sur le point de mourir : je la vis toujours réduite à cette extrémité par l'emploi des remèdes naturels et je vis des apparitions venir à elle : souvent c'était une belle femme, toute resplendissante, ou un jeune homme semblable à mon époux céleste. Ils lui apportaient des remèdes dans de petites fioles, ou des herbes, ou des bouchées de quelque chose qu'ils mettaient derrière la tête de son lit où il y avait une planchette cachée. Je la vis, comme elle priait à sa table, raidie par l’extase, recevoir d'une apparition une image de la Mère de Dieu. Je vis un jeune homme, planant dans l'air à sa droite, lui donner un coeur où était une image de Marie. Je vis ce fiancé céleste venir à elle et lui mettre au doigt un anneau avec une pierre précieuse où était gravée une image de Marie, puis revenir au bout de quelque temps et lui retirer l'anneau. Je vis encore très souvent, lorsqu'elle était malade, des esprits lui poser sur la poitrine des objets et des images de toute espèce qu'ils lui retiraient plus tard et qui la guérissaient. Je la vis souvent en danger de mort et miraculeusement protégée. Un jour elle était dans la trappe du grenier pour hisser un panier plein de linge humide : il y avait en bas une religieuse qui l'aidait à tirer la corde. Le panier était presque arrivé en haut. Elle voulut l'attirer à elle d'une main et tenir la corde de l'autre. Je vis alors que le diable fit un grand bruit dans la cour, ce qui fit que la religieuse d'en bas se retourna pour regarder et lâcha la corde. Elle reçut une violente secousse, mais quelqu'un saisit la corde : il arriva par la bonté de Dieu que ni le panier, ni elle ne furent entraînés, sans quoi elle aurait fait une chute mortelle. Elle eut seulement quelque chose de disloqué dans le corps et souffrit de terribles douleurs. Je la vis bien d'autres fois merveilleusement protégée par son ange gardien dans des circonstances où son corps et son âme couraient de grands périls : ensuite je la vis souvent presque poussée au désespoir par la souffrance secrète que lui causaient les persécutions. Plus tard je la vis malade à la mort, portée hors du couvent par deux personnes qui ne l'auraient pas emportée vivante, si des êtres plus puissants n'étaient venus à leur secours.»
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
«Hors du couvent, je la vis habillée comme je l'étais alors. Là aussi, je la vis toujours avec ses souffrances secrètes et favorisée des mêmes grâces. Je la vis souvent privée de tout secours et malade à la mort. »
« Je la vis aussi tomber en défaillance à l'ermitage et reconduite à son logis où la croix fut découverte par une amie. Je la vis encore une fois comme doublée, c’est-à-dire couchée sur son lit et en même temps se promenant dans la chambre pendant que plusieurs personnes faisaient le guet à la porte. Je la vis très malade, étendue sur son lit, le corps tout raidi et les bras étendus. Son visant brillait comme une rose ; alors, à la droite de son lit, descendit d'en haut une croix resplendissante portant le Sauveur : des plaies des mains et des pieds et aussi de la plaie du côté du crucifix partirent des rayons lumineux de couleur rouge qui allèrent frapper ses mains, ses pieds et son côté : de chaque plaie sortaient trois rayons semblables à des fils très fins qui se réunissaient en pointe à l'endroit où ils touchaient le corps de la malade. Les trois rayons partant de la plaie du côté étaient plus éloignés les uns des autres et plus larges : ils se terminaient eu pointe de lance. Au moment du contact, je vis des gouttes de sang jaillir de ses pieds, de ses mains et de la partie droite de sa poitrine. Je vis que, la chose étant venue à la connaissance du public, la ville en fut tout agitée, après quoi la chose fut de nouveau cachée et étouffée. Je vis le confesseur toujours fidèle, mais timide, scrupuleux et méfiant, soumettre cette personne à des épreuves sans fin. Je vis une commission ecclésiastique venir à elle avec des dispositions très sévères et très rigoureuses, et j'eus la joie de voir que tous bientôt furent convaincus de la vérité. Je la vis aussi veillée par des bourgeois et alors, comme toujours, soutenue par des êtres surnaturels. Je vis constamment son ange gardien auprès d'elle. Je vis plus tard près d'elle un homme qui écrivait en son particulier : cependant il n'était pas ecclésiastique. »
« Je la vis de nouveau soumise à une enquête que je vis commencer avec des formes douces : mais au fond de tout cela je ne vis que le diable. Je la vis encore là fréquemment en danger de mort, mais guérie et nourrie par des apparitions. Je vis qu'on ne voulait pas qu'elle sortit de là pour revenir chez-elle et qu'on l'attendait déjà dans d'autres endroits. Je la vis trahie et maltraitée de toutes les manières possibles et, là aussi, je vis que son coeur était tout déchiré par la malice des hommes et que pourtant elle se montrait souvent gaie. Aussi une femme qui était près d'elle ne s'apercevait de rien. Je la vis ramenée dans son logis, grâce à un secours surnaturel. Plus tard je la vis encore en grand danger. Je vis ses ennemis rassemblés dans le dessein de s'emparer d'elle par force : je les vis se disputer entre eux et se séparer. Je vis le chef des persécuteurs aller à elle plein de rage comme s'il voulait l'injurier ou même la battre, puis tout d'un coup je le vis, par l'effet d'un mouvement intérieur, se calmer et se retirer. Au milieu de tout cela, je la vis incessamment chagrinée par sa soeur dans laquelle je reconnus une malice et une perversité secrètes tout à fait incompréhensibles. Je la vis aussi en rapport spirituel avec plusieurs personnages ecclésiastiques.
« Je la vis aussi tomber en défaillance à l'ermitage et reconduite à son logis où la croix fut découverte par une amie. Je la vis encore une fois comme doublée, c’est-à-dire couchée sur son lit et en même temps se promenant dans la chambre pendant que plusieurs personnes faisaient le guet à la porte. Je la vis très malade, étendue sur son lit, le corps tout raidi et les bras étendus. Son visant brillait comme une rose ; alors, à la droite de son lit, descendit d'en haut une croix resplendissante portant le Sauveur : des plaies des mains et des pieds et aussi de la plaie du côté du crucifix partirent des rayons lumineux de couleur rouge qui allèrent frapper ses mains, ses pieds et son côté : de chaque plaie sortaient trois rayons semblables à des fils très fins qui se réunissaient en pointe à l'endroit où ils touchaient le corps de la malade. Les trois rayons partant de la plaie du côté étaient plus éloignés les uns des autres et plus larges : ils se terminaient eu pointe de lance. Au moment du contact, je vis des gouttes de sang jaillir de ses pieds, de ses mains et de la partie droite de sa poitrine. Je vis que, la chose étant venue à la connaissance du public, la ville en fut tout agitée, après quoi la chose fut de nouveau cachée et étouffée. Je vis le confesseur toujours fidèle, mais timide, scrupuleux et méfiant, soumettre cette personne à des épreuves sans fin. Je vis une commission ecclésiastique venir à elle avec des dispositions très sévères et très rigoureuses, et j'eus la joie de voir que tous bientôt furent convaincus de la vérité. Je la vis aussi veillée par des bourgeois et alors, comme toujours, soutenue par des êtres surnaturels. Je vis constamment son ange gardien auprès d'elle. Je vis plus tard près d'elle un homme qui écrivait en son particulier : cependant il n'était pas ecclésiastique. »
« Je la vis de nouveau soumise à une enquête que je vis commencer avec des formes douces : mais au fond de tout cela je ne vis que le diable. Je la vis encore là fréquemment en danger de mort, mais guérie et nourrie par des apparitions. Je vis qu'on ne voulait pas qu'elle sortit de là pour revenir chez-elle et qu'on l'attendait déjà dans d'autres endroits. Je la vis trahie et maltraitée de toutes les manières possibles et, là aussi, je vis que son coeur était tout déchiré par la malice des hommes et que pourtant elle se montrait souvent gaie. Aussi une femme qui était près d'elle ne s'apercevait de rien. Je la vis ramenée dans son logis, grâce à un secours surnaturel. Plus tard je la vis encore en grand danger. Je vis ses ennemis rassemblés dans le dessein de s'emparer d'elle par force : je les vis se disputer entre eux et se séparer. Je vis le chef des persécuteurs aller à elle plein de rage comme s'il voulait l'injurier ou même la battre, puis tout d'un coup je le vis, par l'effet d'un mouvement intérieur, se calmer et se retirer. Au milieu de tout cela, je la vis incessamment chagrinée par sa soeur dans laquelle je reconnus une malice et une perversité secrètes tout à fait incompréhensibles. Je la vis aussi en rapport spirituel avec plusieurs personnages ecclésiastiques.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
« Elle m'inspirait une grande pitié et je m'étonnais qu'elle pût tout supporter ainsi tranquillement et sans rien dire. Je ressentais toutes ses souffrances dans ma poitrine. J'avais envie de lui demander comment elle s'y prenait. Je demandai à mon guide si je pouvais l'interroger et si je devais la tutoyer. Il me répondit que je le pouvais. Alors je lui demandai comment elle faisait pour supporter ainsi toutes ces souffrances cachées sans se plaindre, et elle ne me dit que ces mots : « Comme toi ! » ce qui me surprit excessivement. J'avais vu une fois que la Mère de Dieu avait eu aussi des souffrances infinies restées secrètes. »
« Je vis ensuite cette personne habiter chez une couturière qui était bonne, mais sévère. Je la vis une fois dans la rue ôter sa robe et la donner à une pauvre femme. Je vis aussi le diable lui dresser des embûches. Il n'alla pas lui-même jusqu'à elle : mais il lui envoya de méchants hommes. Il y avait là, entre autres, un homme marié qui la poursuivait : mais elle ne comprenait pas ce que ces gens voulaient. Je vis trois fois l'esprit malin chercher à lui ôter la vie. Deux fois il voulut la précipiter en bas d'un grenier où elle dormait et où il lui fallait monter par une échelle. Elle se levait souvent pour prier, et je vis une horrible figure noire la pousser deux fois tout près du bord pour la précipiter, mais elle fut encore sauvée par son ange gardien. Une autre fois, comme elle faisait le chemin de la croix et toujours au bord de l'eau où il passait peu de monde, je vis l'ennemi essayer de la jeter dans un fossé profond, près d'un endroit qu'on appelle la Citadelle, mais son ange gardien la sauva. Je vis, dans ce temps-là, comment elle conversait souvent et tendrement avec son cher fiancé céleste et comment aussi un jour elle lui donna sa foi. Je ne sais pas si, lors de cette apparition, il y eut un échange d'anneaux. Je vis ces entretiens tout pleins d'une simplicité enfantine. Je la vis prier à l'heure de midi dans l'église des jésuites : Clara Soentgen se trouvait aussi dans cette église. Elle était tout abaissée, tant elle avait chaud. Un jeune homme resplendissant, son fiancé, descendit de l'autel, sortant du tabernacle où était le saint sacrement. Il apportait une couronne de fleurs et une couronne d'épines et je la vis porter la main à cette dernière. Il la lui mit sur la tête et il l'y enfonça, ce qui lui causa une douleur très vive. Depuis longtemps déjà un sacristain faisait du bruit en remuant un trousseau de clefs. Clara Soentgen paraissait avoir remarqué quelque chose de son état : mais, si elle connaissait certains phénomènes extérieurs, la signification intérieure lui en était inconnue. Elle-même ignorait que son sang eût coulé : elle ne le sut que lorsque ses compagnes lui dirent qu'il y avait à son bonnet des taches rougeâtres. Elle cacha pourtant ces effusions de sang jusqu'à ce qu'elle fût entrée ; au couvent et là une autre personne encore en eut connaissance. Je la vis aussi chez Soentgen, et je la vis donner tout ce qu'elle avait et mettre la paix dans la maison, ce qui lui fit grand plaisir.»
« Je la vis aussi travailler dans les champs et comment son désir d'entrer au couvent allait toujours croissant ; elle devint très malade et prit résolument son parti. Elle alla chez ses parents, où elle eut des vomissements continuels ; elle était si triste que sa mère la questionna. Elle lui dit alors qu'elle voulait aller au couvent. Sa mère fut très mécontente et lui dit que c'était impossible à cause de sa pauvreté et de sa mauvaise santé. Elle le dit ensuite à son père et tous deux la réprimandèrent. Elle leur dit alors que Dieu était assez riche. Or elle tomba malade, et je la vis au lit. Il était environ midi. La mère était seule à la maison, le soleil brillait à travers la petite fenêtre. Je la vis s'endormir, puis je vis un homme et deux religieuses, tout brillants de lumière, entrer dans la petite chambre et s'approcher du lit. Ils avaient un gros livre, écrit sur parchemin en lettres rouges et couleur d'or. Au frontispice était l'image d'un homme : il y en avait plusieurs autres dans le livre. Il était relié en jaune et n'avait pas de fermoirs. Ils le lui présentèrent et lui dirent que si elle pouvait étudier dans ce livre, elle apprendrait ce qu'il appartient à une religieuse de savoir. Elle répondit qu'elle voulait le lire et prit le livre sur ses genoux. Il était en latin, mais elle comprit tout et y lut avec beaucoup d'application. Je la vis aussi aller au couvent avec ce livre. Elle y lisait assidûment ; quand elle en avait lu une partie, il lui était retiré. Je le vis une fois posé sur sa table : les religieuses du couvent étaient par derrière et voulurent l'enlever en secret, mais elles ne purent l'ôter de la place où il était. Je la vis ensuite dans un autre lieu et je vis comment son père spirituel la vit priant et comme paralysée. Je vis comment le Seigneur lui apparut le jour de la fête de saint Augustin. Il lui fit le signe de la croix sur l'estomac : puis elle reçut de sa main une croix qu'elle pressa sur sa poitrine et lui rendit. Cette croix était blanche et molle comme de la cire. Elle fut ensuite malade à la mort jusque vers Noël. Je vis qu'on lui administra tous les sacrements. Elle s'endormit et rêva qu'elle voyait Marie assise sous l'arbre à Bethléhem. Elle s'entretint avec elle : elle avait un ardent désir de mourir et de rester près de Marie. Celle-ci lui dit qu'elle aussi avait demandé instamment de mourir lorsque Jésus mourut et qu'elle n'avait pu l'obtenir, qu'elle aussi vivrait encore longtemps et aurait beaucoup à souffrir ; alors elle se réveilla. Je vis la croix s'approcher d'elle et je la vis recevoir les stigmates. Je la vis ensuite de nouveau pendant tout le cours de l'enquête et je la vis très avancée dans la lecture de son livre. Je la vis ensuite dans cette maison où je suis et chez Mersmann ; je la vis souvent en danger de mort et sauvée par des secours venant du ciel. Là aussi, elle avait le livre avec elle. Enfin je vis ce qui devait arriver plus tard et l’enquête ecclésiastique : ils semblaient faire quelque chose avec des papiers qu'ils posaient sur elle (note). »
(note) Le Pèlerin fut si vivement frappé de cette communication tout à fait inattendue pour lui qu'il écrivit dans son journal : « Ah l s'il n'y avait pas ces odieux dérangements, et si nous avions toute cette histoire d’elle-même racontée par elle-même, nous posséderions quelque chose de très important, une image fidèle de toute la vie spirituelle de celle âme admirable ! »
« Je vis ensuite cette personne habiter chez une couturière qui était bonne, mais sévère. Je la vis une fois dans la rue ôter sa robe et la donner à une pauvre femme. Je vis aussi le diable lui dresser des embûches. Il n'alla pas lui-même jusqu'à elle : mais il lui envoya de méchants hommes. Il y avait là, entre autres, un homme marié qui la poursuivait : mais elle ne comprenait pas ce que ces gens voulaient. Je vis trois fois l'esprit malin chercher à lui ôter la vie. Deux fois il voulut la précipiter en bas d'un grenier où elle dormait et où il lui fallait monter par une échelle. Elle se levait souvent pour prier, et je vis une horrible figure noire la pousser deux fois tout près du bord pour la précipiter, mais elle fut encore sauvée par son ange gardien. Une autre fois, comme elle faisait le chemin de la croix et toujours au bord de l'eau où il passait peu de monde, je vis l'ennemi essayer de la jeter dans un fossé profond, près d'un endroit qu'on appelle la Citadelle, mais son ange gardien la sauva. Je vis, dans ce temps-là, comment elle conversait souvent et tendrement avec son cher fiancé céleste et comment aussi un jour elle lui donna sa foi. Je ne sais pas si, lors de cette apparition, il y eut un échange d'anneaux. Je vis ces entretiens tout pleins d'une simplicité enfantine. Je la vis prier à l'heure de midi dans l'église des jésuites : Clara Soentgen se trouvait aussi dans cette église. Elle était tout abaissée, tant elle avait chaud. Un jeune homme resplendissant, son fiancé, descendit de l'autel, sortant du tabernacle où était le saint sacrement. Il apportait une couronne de fleurs et une couronne d'épines et je la vis porter la main à cette dernière. Il la lui mit sur la tête et il l'y enfonça, ce qui lui causa une douleur très vive. Depuis longtemps déjà un sacristain faisait du bruit en remuant un trousseau de clefs. Clara Soentgen paraissait avoir remarqué quelque chose de son état : mais, si elle connaissait certains phénomènes extérieurs, la signification intérieure lui en était inconnue. Elle-même ignorait que son sang eût coulé : elle ne le sut que lorsque ses compagnes lui dirent qu'il y avait à son bonnet des taches rougeâtres. Elle cacha pourtant ces effusions de sang jusqu'à ce qu'elle fût entrée ; au couvent et là une autre personne encore en eut connaissance. Je la vis aussi chez Soentgen, et je la vis donner tout ce qu'elle avait et mettre la paix dans la maison, ce qui lui fit grand plaisir.»
« Je la vis aussi travailler dans les champs et comment son désir d'entrer au couvent allait toujours croissant ; elle devint très malade et prit résolument son parti. Elle alla chez ses parents, où elle eut des vomissements continuels ; elle était si triste que sa mère la questionna. Elle lui dit alors qu'elle voulait aller au couvent. Sa mère fut très mécontente et lui dit que c'était impossible à cause de sa pauvreté et de sa mauvaise santé. Elle le dit ensuite à son père et tous deux la réprimandèrent. Elle leur dit alors que Dieu était assez riche. Or elle tomba malade, et je la vis au lit. Il était environ midi. La mère était seule à la maison, le soleil brillait à travers la petite fenêtre. Je la vis s'endormir, puis je vis un homme et deux religieuses, tout brillants de lumière, entrer dans la petite chambre et s'approcher du lit. Ils avaient un gros livre, écrit sur parchemin en lettres rouges et couleur d'or. Au frontispice était l'image d'un homme : il y en avait plusieurs autres dans le livre. Il était relié en jaune et n'avait pas de fermoirs. Ils le lui présentèrent et lui dirent que si elle pouvait étudier dans ce livre, elle apprendrait ce qu'il appartient à une religieuse de savoir. Elle répondit qu'elle voulait le lire et prit le livre sur ses genoux. Il était en latin, mais elle comprit tout et y lut avec beaucoup d'application. Je la vis aussi aller au couvent avec ce livre. Elle y lisait assidûment ; quand elle en avait lu une partie, il lui était retiré. Je le vis une fois posé sur sa table : les religieuses du couvent étaient par derrière et voulurent l'enlever en secret, mais elles ne purent l'ôter de la place où il était. Je la vis ensuite dans un autre lieu et je vis comment son père spirituel la vit priant et comme paralysée. Je vis comment le Seigneur lui apparut le jour de la fête de saint Augustin. Il lui fit le signe de la croix sur l'estomac : puis elle reçut de sa main une croix qu'elle pressa sur sa poitrine et lui rendit. Cette croix était blanche et molle comme de la cire. Elle fut ensuite malade à la mort jusque vers Noël. Je vis qu'on lui administra tous les sacrements. Elle s'endormit et rêva qu'elle voyait Marie assise sous l'arbre à Bethléhem. Elle s'entretint avec elle : elle avait un ardent désir de mourir et de rester près de Marie. Celle-ci lui dit qu'elle aussi avait demandé instamment de mourir lorsque Jésus mourut et qu'elle n'avait pu l'obtenir, qu'elle aussi vivrait encore longtemps et aurait beaucoup à souffrir ; alors elle se réveilla. Je vis la croix s'approcher d'elle et je la vis recevoir les stigmates. Je la vis ensuite de nouveau pendant tout le cours de l'enquête et je la vis très avancée dans la lecture de son livre. Je la vis ensuite dans cette maison où je suis et chez Mersmann ; je la vis souvent en danger de mort et sauvée par des secours venant du ciel. Là aussi, elle avait le livre avec elle. Enfin je vis ce qui devait arriver plus tard et l’enquête ecclésiastique : ils semblaient faire quelque chose avec des papiers qu'ils posaient sur elle (note). »
(note) Le Pèlerin fut si vivement frappé de cette communication tout à fait inattendue pour lui qu'il écrivit dans son journal : « Ah l s'il n'y avait pas ces odieux dérangements, et si nous avions toute cette histoire d’elle-même racontée par elle-même, nous posséderions quelque chose de très important, une image fidèle de toute la vie spirituelle de celle âme admirable ! »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
2. Le 15 juin 1821, lorsqu'Anne-Catherine eut une vision touchant la vie de sainte Ludgarde, elle vit de nouveau une série de tableaux tirés de sa propre vie.
« J'ai eu en outre, dit-elle, des visions touchant la vie d'une personne qui, comme j'ai fini par le découvrir, n'était autre que moi-même. Souvent ces tableaux étaient vis-à-vis de ceux de la vie de sainte Ludgarde et je pus ainsi observer chez des personnes diverses la ressemblance qui existe entre les grâces de Dieu et la manière de les recevoir. Je vis cette personne, dès son enfance, toujours persécutée par le malin esprit. Je la vis, étant enfant, prier dans les champs en divers endroits où elle sentait la présence d'une malédiction, d'une puissance mauvaise. Je vis comment le diable faisait grand bruit autour de l'enfant, la frappait et la jetait par terre, comment alors elle s'en allait, puis, après avoir un peu réfléchi, revenait avec une confiance naïve et une foi ferme : « Comment pourrais-tu me chasser d'ici, misérable ? disait-elle. Tu n'as rien en moi qui t'appartienne et tu ne dois non plus rien avoir à cette place ! » Elle s'agenouillait de nouveau au même endroit, continuait à prier intrépidement et Satan se retirait.
« Je vis Satan, ne pouvant porter l'enfant au relâchement, l’engager à s'affaiblir par des austérités excessives, afin qu'elle détruisît par là sa santé : mais l'enfant, pour le défier, redoublait d'efforts pour se mortifier.
Je la vis un jour seule au logis, sa mère lui avait donné la maison à garder. Je vis le démon lui envoyer une vieille femme du voisinage, laquelle ayant en vue de faire dans la maison quelque chose qui n'était pas bien, lui dit « Va donc dans mon jardin et cueilles-y des poires mûres va vite avant que ta mère revienne. » L'enfant courut en toute hâte et se heurta si violemment la poitrine contre une charrue recouverte de paille qui était dans le voisinage du jardin qu'elle tomba par terre sans connaissance. Je vis la mère, à son retour, trouver l'enfant dans cet état et la faire revenir à elle en la frappant rudement. L'enfant se ressentit longtemps du coup qu'elle avait reçu.
« Je vis Satan induire la mère en erreur par ses suggestions, si bien qu'elle eut pendant assez longtemps une opinion défavorable de sa fille et souvent la battit et la rudoya sans qu'elle l'eût mérité. Je vis l'enfant supporter tout avec simplicité, l'offrir à Dieu et lasser ainsi l’ennemi.
« Je vis l'enfant prier la nuit dans les champs et le diable exciter un garçon qui vint la déranger et voulut agir avec elle d'une manière inconvenante, mais elle le chassa et continua à prier.
« Je vis le diable faire tomber l'enfant à la renverse da haut d'une échelle et comment son ange la préserva. Je la vis, comme elle suivait le bord étroit d'un fossé profond plein d'eau, afin de ne pas marcher sur le blé, poussée par le diable qui voulait la précipiter dans le fossé, mais elle ne se fit point de mal. - Je vis le diable la faire tomber dans une pièce d'eau, ayant bien douze pieds de profondeur, et la pousser trois fois au fond : mais elle fut toujours ramenée à la surface par son ange.
« Je vis, un soir que l'enfant voulait se mettre au lit en faisant sa prière, le diable lui saisir les jambes de dessous le lit avec des mains froides comme la glace et la renverser par terre. Je m'en souviens encore très bien : elle ne s'effraya pas et ne cria pas, mais tout resta dans le silence, et l'enfant, sans que personne le lui eût dit, redoubla ses prières et triompha de l'ennemi.
« Je la vis toujours entourée d'âmes à peine visibles pour elle et je la vis prier assidûment, mais l'ennemi cherchait à l'en empêcher. Cette nuit, pendant cette vision, l'âme d'une paysanne s'est approchée de moi et a rendu grâces pour sa délivrance.
« Je vis comment l'enfant, devenue jeune fille, fut, vers la chute du jour, attaquée par un jeune homme à l’instigation du diable et comment deux anges la protégèrent.
« Je la vis dans le cimetière de Coesfeld, où elle priait, rejetée de côté et d'autre par le diable, puis, comme elle revenait, précipitée dans la fosse du tanneur.
« Je vis toutes les attaques et les persécutions qu'elle eut à subir dans le couvent : je vis aussi comment Satan la jeta par la trappe et comment elle y resta suspendue par les mains d'une manière tout extraordinaire. Je n'ai jamais vu que Satan ait pu faire naître en elle la moindre tentation contre la pureté, ni même qu'il l'ait essayé. Je vis toute l’enquête à laquelle elle fut soumise et Satan activement mêlé à toute cette affaire. Je n'aurais pu comprendre qu'elle la supportât si elle n'avait vu constamment à ses côtés des saints et des anges. Je vis aussi les dispositions intérieures des gens qui y prenaient part, leurs discours, leurs tâtonnements continuels, leur rage quand ils ne trouvaient rien, comment ils ne la laissaient en repos ni jour ni nuit et tournaient sans cesse autour d'elle avec une lumière. Je vis le landrath vraiment effrayant lorsqu'il lui dit : « Je tiens Lambert : il a tout avoué : il faut que maintenant vous avouiez aussi. » Je le vis si furieux, puis si caressant et si pressant qu'il était au moment d'arracher à cette personne une parole dont ils auraient pu tirer parti en l'arrangeant à leur guise. Mais je vis plusieurs fois une apparition lui mettre la main sur la bouche. Je vis Lambert, triste jusqu'à la mort, se surmonter lui-même et je vis que cela a beaucoup profité à son âme. Je vis le livre du Pèlerin dont on tira beaucoup de choses pour les faire publier.
« J'ai eu en outre, dit-elle, des visions touchant la vie d'une personne qui, comme j'ai fini par le découvrir, n'était autre que moi-même. Souvent ces tableaux étaient vis-à-vis de ceux de la vie de sainte Ludgarde et je pus ainsi observer chez des personnes diverses la ressemblance qui existe entre les grâces de Dieu et la manière de les recevoir. Je vis cette personne, dès son enfance, toujours persécutée par le malin esprit. Je la vis, étant enfant, prier dans les champs en divers endroits où elle sentait la présence d'une malédiction, d'une puissance mauvaise. Je vis comment le diable faisait grand bruit autour de l'enfant, la frappait et la jetait par terre, comment alors elle s'en allait, puis, après avoir un peu réfléchi, revenait avec une confiance naïve et une foi ferme : « Comment pourrais-tu me chasser d'ici, misérable ? disait-elle. Tu n'as rien en moi qui t'appartienne et tu ne dois non plus rien avoir à cette place ! » Elle s'agenouillait de nouveau au même endroit, continuait à prier intrépidement et Satan se retirait.
« Je vis Satan, ne pouvant porter l'enfant au relâchement, l’engager à s'affaiblir par des austérités excessives, afin qu'elle détruisît par là sa santé : mais l'enfant, pour le défier, redoublait d'efforts pour se mortifier.
Je la vis un jour seule au logis, sa mère lui avait donné la maison à garder. Je vis le démon lui envoyer une vieille femme du voisinage, laquelle ayant en vue de faire dans la maison quelque chose qui n'était pas bien, lui dit « Va donc dans mon jardin et cueilles-y des poires mûres va vite avant que ta mère revienne. » L'enfant courut en toute hâte et se heurta si violemment la poitrine contre une charrue recouverte de paille qui était dans le voisinage du jardin qu'elle tomba par terre sans connaissance. Je vis la mère, à son retour, trouver l'enfant dans cet état et la faire revenir à elle en la frappant rudement. L'enfant se ressentit longtemps du coup qu'elle avait reçu.
« Je vis Satan induire la mère en erreur par ses suggestions, si bien qu'elle eut pendant assez longtemps une opinion défavorable de sa fille et souvent la battit et la rudoya sans qu'elle l'eût mérité. Je vis l'enfant supporter tout avec simplicité, l'offrir à Dieu et lasser ainsi l’ennemi.
« Je vis l'enfant prier la nuit dans les champs et le diable exciter un garçon qui vint la déranger et voulut agir avec elle d'une manière inconvenante, mais elle le chassa et continua à prier.
« Je vis le diable faire tomber l'enfant à la renverse da haut d'une échelle et comment son ange la préserva. Je la vis, comme elle suivait le bord étroit d'un fossé profond plein d'eau, afin de ne pas marcher sur le blé, poussée par le diable qui voulait la précipiter dans le fossé, mais elle ne se fit point de mal. - Je vis le diable la faire tomber dans une pièce d'eau, ayant bien douze pieds de profondeur, et la pousser trois fois au fond : mais elle fut toujours ramenée à la surface par son ange.
« Je vis, un soir que l'enfant voulait se mettre au lit en faisant sa prière, le diable lui saisir les jambes de dessous le lit avec des mains froides comme la glace et la renverser par terre. Je m'en souviens encore très bien : elle ne s'effraya pas et ne cria pas, mais tout resta dans le silence, et l'enfant, sans que personne le lui eût dit, redoubla ses prières et triompha de l'ennemi.
« Je la vis toujours entourée d'âmes à peine visibles pour elle et je la vis prier assidûment, mais l'ennemi cherchait à l'en empêcher. Cette nuit, pendant cette vision, l'âme d'une paysanne s'est approchée de moi et a rendu grâces pour sa délivrance.
« Je vis comment l'enfant, devenue jeune fille, fut, vers la chute du jour, attaquée par un jeune homme à l’instigation du diable et comment deux anges la protégèrent.
« Je la vis dans le cimetière de Coesfeld, où elle priait, rejetée de côté et d'autre par le diable, puis, comme elle revenait, précipitée dans la fosse du tanneur.
« Je vis toutes les attaques et les persécutions qu'elle eut à subir dans le couvent : je vis aussi comment Satan la jeta par la trappe et comment elle y resta suspendue par les mains d'une manière tout extraordinaire. Je n'ai jamais vu que Satan ait pu faire naître en elle la moindre tentation contre la pureté, ni même qu'il l'ait essayé. Je vis toute l’enquête à laquelle elle fut soumise et Satan activement mêlé à toute cette affaire. Je n'aurais pu comprendre qu'elle la supportât si elle n'avait vu constamment à ses côtés des saints et des anges. Je vis aussi les dispositions intérieures des gens qui y prenaient part, leurs discours, leurs tâtonnements continuels, leur rage quand ils ne trouvaient rien, comment ils ne la laissaient en repos ni jour ni nuit et tournaient sans cesse autour d'elle avec une lumière. Je vis le landrath vraiment effrayant lorsqu'il lui dit : « Je tiens Lambert : il a tout avoué : il faut que maintenant vous avouiez aussi. » Je le vis si furieux, puis si caressant et si pressant qu'il était au moment d'arracher à cette personne une parole dont ils auraient pu tirer parti en l'arrangeant à leur guise. Mais je vis plusieurs fois une apparition lui mettre la main sur la bouche. Je vis Lambert, triste jusqu'à la mort, se surmonter lui-même et je vis que cela a beaucoup profité à son âme. Je vis le livre du Pèlerin dont on tira beaucoup de choses pour les faire publier.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
CHAPITRE VII
AVENT ET NOEL 1819.
VOYAGES EN VISION A UNE VILLE D8 JUIFS EN ABYSSINIE ET A LA MONTAGNE DITE DES PROPHÈTES, PAR DELA LE THIBET. TRAVAUX POUR DES ENFANTS PAUVRES. CÉLÉBRATION DU SAINT TEMPS DE L'AVENT ET DE NOEL. SOUFFRANCES MYSTIQUES.
1. Le premier dimanche de l'Avent, une pauvre vieille juive de Dulmen demanda à voir Anne-Catherine et la pria de lui faire une aumône pour son mari gravement malade. Elle accueillit avec beaucoup de bonté cette femme plongée dans l'affliction, lui donna quelques gros d'argent, et la renvoya touchée et consolée par ses paroles affectueuses. Cette juive était déjà venue la voir antérieurement pour lui exposer sa détresse et avait mis dès lors une grande confiance dans Anne-Catherine. Celle-ci, à cette occasion, se sentit prise d'une telle compassion pour les pauvres juifs qu'elle se tourna vers Dieu, lui adressant d'ardentes prières pour leur salut. Ces prières furent exaucées d'une façon merveilleuse. Peu de jours après, elle raconta au Pèlerin la vision suivante qu'au commencement elle traitait de « pur rêve dont elle ne savait que penser, » mais il fut bientôt manifeste que, dans cette vision, une grande tâche de prière pour le commencement de l'année ecclésiastique lui avait été assignée, et que la juive était venue à elle comme un messager de Dieu qui devait recevoir non seulement pour elle-même, mais pour toute sa race l'assistance de la pieuse vierge. La charité dont elle avait été l'objet avait préparé le coeur de la pauvre femme délaissée à accueillir la vérité : le désir du salut devint ardent chez-elle et la miséricorde de Dieu lui ouvrit les voies extraordinaires par lesquelles elle devait y arriver.
AVENT ET NOEL 1819.
VOYAGES EN VISION A UNE VILLE D8 JUIFS EN ABYSSINIE ET A LA MONTAGNE DITE DES PROPHÈTES, PAR DELA LE THIBET. TRAVAUX POUR DES ENFANTS PAUVRES. CÉLÉBRATION DU SAINT TEMPS DE L'AVENT ET DE NOEL. SOUFFRANCES MYSTIQUES.
1. Le premier dimanche de l'Avent, une pauvre vieille juive de Dulmen demanda à voir Anne-Catherine et la pria de lui faire une aumône pour son mari gravement malade. Elle accueillit avec beaucoup de bonté cette femme plongée dans l'affliction, lui donna quelques gros d'argent, et la renvoya touchée et consolée par ses paroles affectueuses. Cette juive était déjà venue la voir antérieurement pour lui exposer sa détresse et avait mis dès lors une grande confiance dans Anne-Catherine. Celle-ci, à cette occasion, se sentit prise d'une telle compassion pour les pauvres juifs qu'elle se tourna vers Dieu, lui adressant d'ardentes prières pour leur salut. Ces prières furent exaucées d'une façon merveilleuse. Peu de jours après, elle raconta au Pèlerin la vision suivante qu'au commencement elle traitait de « pur rêve dont elle ne savait que penser, » mais il fut bientôt manifeste que, dans cette vision, une grande tâche de prière pour le commencement de l'année ecclésiastique lui avait été assignée, et que la juive était venue à elle comme un messager de Dieu qui devait recevoir non seulement pour elle-même, mais pour toute sa race l'assistance de la pieuse vierge. La charité dont elle avait été l'objet avait préparé le coeur de la pauvre femme délaissée à accueillir la vérité : le désir du salut devint ardent chez-elle et la miséricorde de Dieu lui ouvrit les voies extraordinaires par lesquelles elle devait y arriver.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
« Il me sembla que la vieille juive Meyr, à laquelle j'avais fait l'aumône, venait de mourir et d'aller en purgatoire, et que son âme venait à moi pour me remercier ; car c'était par moi qu'elle était arrivée à croire en Jésus-Christ. Elle avait pensé, disait-elle, aux aumônes que je lui avais faites si souvent, quoique généralement personne ne donne aux pauvres juifs, et elle avait ressenti tout à coup un vif désir de mourir pour Jésus, si la foi en Jésus était la vraie foi : or c'était par moi que son coeur avait été touché. C'était comme si la chose était déjà arrivée ou pouvait arriver : car ce devait être une excitation à rendre grâces et à prier pour cela. La vieille Meyr n'était pas morte : mais son âme, pendant le sommeil, était dégagée des liens du corps pour venir à moi et me diriger, en sorte qu'elle pût aller en purgatoire si elle mourait dans ces sentiments. Sa mère, disait-elle, avait eu aussi, avant sa mort, un pressentiment de la vérité du christianisme et certainement elle n'était pas réprouvée. Je vis alors l'âme de cette mère dans un lieu triste et sombre où il n'y avait aucune espèce d'assistance à sa portée. Elle était comme dans un cachot muré, sans aucun moyen de s'aider ou d'agir le moins du monde, et près d'elle, au-dessus et au-dessous, se trouvent un nombre infini d'âmes dans le même état. J'eus le pressentiment consolant qu'aucune âme n'était perdue sans ressource, parmi celles que l’ignorance seule avait empêchées de connaître Jésus, qui avaient eu pourtant un désir vague de le connaître et n'avaient point vécu dans un état de péché grave. L'âme de la juive dit encore qu'elle voulait me conduire à un endroit d'où sa famille était originaire et d'où ses ancêtres maternels avaient été chassés pour quelque acte de cruauté. Elle me dit aussi qu'elle voulait me conduire dans un lieu où vivaient des gens de sa religion, parmi lesquels il y en avait de très pieux : mais comme personne ne les instruisait, ils restaient nécessairement dans leur erreur. « Il fallait pourtant, disait-elle, que je cherchasse à toucher leurs coeurs. » Je la suivis volontiers : l’âme apparaissait bien plus belle que la pauvre vieille femme encore vivante. Mon guide était près de moi et quand la juive me disait par erreur quelque chose qui n'était pas tout à fait vrai, je le voyais apparaître plus brillant et me dire ce qui était en réalité. Alors elle paraissait aussi remarquer mon guide, car elle demandait toujours avec curiosité : « Qui t'a dit cela ? Est-ce le Messie ? » - Nous nous avançâmes dans une direction qui nous fit dépasser Rome, puis la mer ; ensuite nous traversâmes l'Égypte. Je n'y vis pas beaucoup d'eau, seulement au milieu un grand fleuve blanc qui déborde souvent et rend la terre fertile. Du reste, il y a presque partout du sable et des collines de sable que le vent pousse, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre. Il y a là aussi au milieu du désert de très grands édifices, hauts, épais, massifs, tels qu'on n'en voit nulle part, et construits avec de grandes pierres très pesantes. Ce ne sont pas des maisons : ils sont pleins à l’intérieur de grands caveaux et de passages où il y a une énorme quantité de corps morts. Mais c'est tout autre chose que les tombeaux souterrains de Rome. Les corps sont tout emmaillotés comme de petits enfants, ils sont durs, raides, d'un brun sombre, et il y a par-dessus des peintures de toute espèce. Sur ces monuments, on voit çà et là des figures sculptées, taillées, raides et sans grâce. J'ai été conduite dans un de ces édifices, et j'y ai vu une grande quantité de corps ainsi arrangés, mais pas un seul n'est lumineux. Nous allâmes ensuite de plus en plus loin vers le midi, à travers de grands déserts de sable où je vis très souvent des bêtes de couleurs variées, semblables à de grands chats, lesquelles couraient très vite. Je vis aussi çà et là sur des collines de hauts bâtiments de forme ronde, couverts de paille, avec des tours et des arbres à l’entour. Nous allâmes, en nous élevant toujours, à travers du sable blanc où se trouvaient des pierres vertes et polies comme du verre. Ensuite nous entrâmes dans un pays de montagnes escarpées et déchirées qui allaient toujours s'élevant : je fus étonnée de voir que parmi ces rochers il y avait çà et là des endroits très fertiles. Montant toujours, nous arrivâmes enfin dans une grande ville très étrange, peuplée de Juifs. Cette ville ne peut se comparer à rien de ce que j'ai jamais vu, quant à l'étroitesse, à l’obscurité, à la multitude et à l’embrouillement des rues et des maisons. On ne peut y aller nulle part en voiture ; il y a des montagnes et des rochers qui semblent au moment de s'écrouler sur vous, et tout est plein de cavernes, de grottes et de trous de rochers. Il faut continuellement faire des détours et grimper. C'est moins une ville qu'un énorme groupe de montagnes bâties en haut et en bas, avec des excavations, des tours, des caveaux et des blocs de pierre carrés. Nous ne touchâmes pas tout à fait la terre ; nous ne passâmes pourtant pas au-dessus des maisons, mais entre celles-ci, le long des murs et toujours en montant. Il me semblait que tout cela était creux et pouvait s'effondrer et s'écrouler tout à coup. Il ne paraissait pas qu'il y eût là de chrétiens, seulement sur un point écarté de la montagne habitaient des gens qui n'étaient pas Juifs. Je vis sur un côté un édifice de pierre haut, long et de forme quadrangulaire : il y avait dans le haut des ouvertures rondes devant lesquelles étaient des barres de fer. Je pensai que c'était une église juive. Il y avait çà et là au-dessus des maisons et derrière elles des jardins établis sur des plates-formes de rochers. L'âme de la vieille Meyr m'avait déjà raconté sur la route qu'il était vrai qu'à des époques antérieures les Juifs, dans notre pays et ailleurs, avaient égorgé plusieurs chrétiens, surtout des enfants, parce qu'ils se servaient de leur sang pour toute sorte de pratiques superstitieuses et de sortilèges. Elle-même avait cru que cela devait se faire : mais elle savait maintenant que c'était une superstition et une cruauté abominables. Dans ce pays-ci et dans d'autres contrées plus éloignées, ils le faisaient encore, mais très secrètement, à cause des relations d'affaires qu'ils étaient obligés d'avoir avec les chrétiens. Entrés dans la ville, nous nous engageâmes tout près de la porte dans une longue et étroite gorge formée par des maisons, dans laquelle on courait de vrais dangers : on croyait que c'était une rue dont on pouvait sortir, mais elle aboutissait à un angle plein de cavernes et de trous qui conduisaient au milieu des rochers. Des figures de toute espèce étaient taillées à l’entrée de ces cavernes. J'eus le sentiment qu'il y avait eu là bien des meurtres, et que peu de voyageurs sortaient vivants de ces lieux. Je n'entrai pas dans les excavations, tout cela me causait beaucoup d'effroi. Je ne sais pas non plus comment nous sortîmes de là.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
« L'âme de la juive Meyr dit alors qu'elle voulait me conduire près d'une famille très pieuse dont la vie était presque sainte : tous les gens de cette population juive la regardent comme leur espérance et croient qu'il doit sortir d'elle un Sauveur, peut-être le Messie. « Cette famille est très pieuse, disait-elle, ainsi que tous ceux qui ont des rapports intimes avec elle, » et elle voulait me la faire voir. Nous traversâmes alors la ville montueuse dans laquelle nous étions entrés du côté du nord, et nous montâmes dans la direction du levant. Nous arrivâmes là sur un plateau où l’on avait la vue libre du côté oriental. Il y avait là une rangée de maisons à l’extrémité de laquelle, vers le midi, la place aboutissait à un grand édifice, très solidement, bâti, au delà duquel s'élevaient encore des montagnes et des jardins. L'âme de la Juive me dit que c'était là l'habitation des sept soeurs. Elles descendent de Judith : l'aînée, qui n'est pas mariée, porte aussi le nom de Judith, et toute la cité juive attend d'elle qu'elle sera un jour pour eux ce que Judith fut pour leurs ancêtres : elle demeure, ajouta-t-elle, dans la grande et forte maison qui termine la place. L'âme de la Juive me pria d'être bienveillante pour ces pieuses personnes quoiqu'elles n'eussent aucune connaissance du Messie, et de toucher leur coeur comme j'avais touché le sien. J'ai oublié de dire qu'il était nuit quand nous fîmes ce voyage dans la ville, et que je vis dans toutes les cavités et dans tous les recoins des gens qui dormaient. Je vis parmi ce peuple beaucoup de gens simples, pieux et très différents des Juifs de chez nous. Ils avaient beaucoup plus de franchise et de dignité : ils étaient à certains égards, par rapport aux nôtres, ce qu'est l'or en comparaison du cuivre et du plomb : il y avait pourtant aussi parmi eux beaucoup de superstitions et de pratiques abominables, une malpropreté horrible et comme de la sorcellerie.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
« Arrivés sur la place, nous entrâmes dans la première maison, qui était celle d'une des sept soeurs. Elle était à l'angle : nous traversâmes un vestibule rond, puis nous entrâmes dans une pièce carrée où cette femme avait sa chambre à coucher. Elle avait le nez recourbé. L'âme de la Juive me parla encore des excellentes qualités de cette personne. Mais quand elle me disait quelque chose d'inexact, mon conducteur s'approchait de moi, c’est-à-dire qu'il apparaissait et rectifiait la chose. Elle semblait voir aussi cette apparition, et quand je redressais son erreur, elle demandait avec une curiosité où se montrait en même temps l'ignorance en quête du vrai : « Est-ce le Messie qui t'a dit cela ? » Je répondais : « Non, c'est son serviteur. » Lorsque je vis la soeur de Judith dormant, je m'aperçus tout de suite que ce n'était pas une femme de bien. Je vis qu'elle commettait le crime d'adultère et admettait en secret des étrangers chez-elle. Elle parut avoir un certain sentiment de notre présence, car elle se mit sur son séant et regarda tout autour d'elle d'un air effrayé. Elle se leva ensuite et parcourut la maison. Je dis alors à l'âme de la Juive qu'elle devait voir que cette personne se conduisait mal. Elle se montra très surprise quand elle s'en aperçut, et me demanda si cela aussi m'avait été dit par le Messie. Nous allâmes ensuite dans les maisons voisines, habitées par les six autres soeurs, qui avaient aussi des nez recourbés, mais chacune à un moindre degré que l'autre. Toutes, plus ou moins, valaient mieux que la première qui était la pire. Je ne me souviens plus très bien comment il se fit que je les trouvai seules. Je sais seulement que toutes étaient mariées, et que quelques-unes avaient plusieurs enfants. Elles ne manquaient de rien, leurs demeures étaient garnies de bons tapis : elles avaient aussi un ménage bien monté et des belles lampes brillantes suspendues dans les chambres. Mais toutes vivaient de ce que leur donnait Judith, leur soeur aînée, qui habitait la grande maison. La sixième soeur que nous visitâmes n'était pas chez-elle : elle était chez leur mère commune qui logeait dans une petite maison, en avant de celle de Judith et placée tout contre. Nous y entrâmes par une petite cour ronde, et je vis dans la chambre par la fenêtre cette mère, une vieille Juive, en compagnie de la sixième soeur, à laquelle elle se plaignait avec beaucoup d'aigreur et de colère de ce que sa fille Judith lui donnait moins qu'aux autres, favorisant de préférence cette fille débauchée dont il a été question, et de ce qu'elle l’avait mise, elle qui était sa mère, à la porte de sa maison. C'était un odieux spectacle que de voir cette vieille Juive gronder ainsi et se répandre en violentes invectives.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
« Nous laissâmes ces femmes se quereller et nous primes le parti d'aller voir Judith elle-même dans le château. Mais entre nous et l’énorme édifice en pierre, il y avait un gouffre très large et très profond où l'on ne pouvait regarder sans avoir le vertige : on le traversait sur un pont fermé par un grillage ne fer. Ce pont n'avait pour plancher qu'une grille à travers laquelle l'oeil plongeait à une profondeur effrayante dans un ravin où l'on avait jeté toute espèce d'immondices, d'ossements et de débris. Je voulus avancer, mais je ne pus passer sur la grille. Quelque chose me retenait en arrière : il me semblait que je ne devais pas entrer sans Judith. Il me fallut l'attendre en ce lieu : car c'était là ce qui m'était prescrit. Cependant le jour commença à paraître et je reconnus que tout le côté de la montagne sur lequel nous nous trouvions était plus agréable et plus fertile. Le côté nord par lequel nous étions venues était beaucoup plus sauvage et plus inculte. Je remarquai que la porte du château était fermée par une grande poutre ayant la forme d'une croix, ce qui m'étonna. Judith, la fille aînée, vint alors tout à coup à nous devant le pont. Elle ne venait pas du côté par lequel nous étions arrivées. Elle était sortie pour distribuer en secret des aumônes dans la ville et elle en revenait maintenant. Elle est âgée d'environ trente ans : elle a une haute stature et une majesté tout à fait extraordinaire. Je n'ai jamais vu de femme aussi forte et aussi hardie : elle est pleine de résolution et a vraiment l'air d'une héroïne. Son visage est plein de noblesse : pourtant son nez dévie quelque peu, mais d'une façon à peine sensible. Toute sa personne et tous ses gestes ont quelque chose d'extraordinaire et, pour ainsi dire, d'héroïque. Avec cela elle a une âme sincère, simple, pure et courageuse. Je ne pus, dès la première vue, m'empêcher de ressentir de la sympathie pour elle. Elle portait un manteau. Son vêtement, depuis le cou jusqu'aux hanches, était très juste, collant et comme lacé : sur la poitrine il était fortement serré ; elle semblait avoir un fort et large corset. Elle avait autour du cou quelque chose comme une chaîne d'or ou un autre ornement ; elle portait aussi de grosses perles en pendants d'oreilles. Ses manches étaient larges et retenues par des chaînettes ou des agrafes. Sa robe était longue et son vêtement d'une étoffe à larges raies de diverses couleurs. Autour de sa tête était roulée une sorte de bourrelet bariolé ; elle avait aussi un voile. A son bras était suspendue une corbeille assez grande, à claire voie ; les baguettes étaient noires, les cercles blancs. Comme elle rentrait chez-elle de la course qu'elle avait faite pendant la nuit, elle m'aperçut à l’entrée du pont. Elle sembla très effrayée, se retira en arrière sans cependant s'enfuir et s'écria : « 0 mon Dieu ! que me veux-tu ? d'où me vient ceci ? » Elle se remit pourtant bientôt et me demanda qui j'étais et comment j'étais venue là. Je lui répondis que j'étais une chrétienne et une religieuse, et que j'avais été conduite en ce pays parce qu'il s'y trouvait des gens de bien et désirant se sauver, qui étaient sans instruction. Quand elle apprit que j’étais chrétienne, elle se montra très étonnée que je fusse arrivée jusque-là par ces chemins dangereux, parce qu'il était presque impossible qu'un chrétien y arrivât vivant. Je lui dis que ce n'était pas la curiosité qui m'amenait : mais que l'âme qui était près de moi m'avait conduite là pour toucher son coeur. C'était, dis-je encore, l’anniversaire de la venue du Christ, du Messie, et il revient tous les ans. J'ajoutai qu'elle devait considérer l’état misérable de son peuple, se tourner vers le Rédempteur, etc. Judith ressentit à ces paroles une émotion toujours croissante, et elle se persuada de plus en plus que je lui parlais présente en esprit et non corporellement. Et il me sembla qu'elle dit ou pensa qu'elle voulait éprouver si j'étais un être naturel ou surnaturel. Elle me prit avec elle pour m'emmener dans sa maison au delà du pont. On n'avait ouvert à travers ce pont qu'un étroit passage : mais on pouvait l’élargir. Arrivée prés de la grande poutre en croix qui était devant la porte, elle n'eut besoin que de lever quelque chose et la porte s'ouvrit. On passait d'abord par une avant-cour où conduisaient plusieurs portes. On voyait de côté et d'autre divers travaux de sculpture, notamment de vieux bustes de couleur jaune. Elle me conduisit d'abord dans une pièce où plusieurs femmes étaient assises par terre, les jambes croisées, le long d'une table longue, étroite et de la hauteur d'un escabeau ; elles y prenaient quelque nourriture. C'était là que Judith voulait me mettre à l’épreuve. Elle me fit d'abord entrer dans la salle, j'allai derrière les femmes qui y étaient assises en cercle. Lorsque Judith entra, elles se levèrent, allèrent au-devant d'elle et s'inclinèrent légèrement pour lui marquer leur respect : mais elles ne m'aperçurent pas. Elles avaient devant elles des tasses noires dans lesquelles elles buvaient : alors Judith prit un plat, tourna autour des femmes et me le présenta, le dirigeant contre ma poitrine, elle voulait savoir si j'étais présente en esprit ou corporellement. Quand elle vit que je déclinais son offre et qu'aucune des femmes ne m'apercevait, elle devint très pensive et entra avec moi dans sa chambre à coucher. Elle se comportait toujours comme une personne qui est seule, qui veut se convaincre qu'elle est seule, et qui pourtant se persuade qu'elle ne l’est pas. Elle me parlait avec quelque timidité, mais sans crainte. C'était vraiment une Judith, une femme très courageuse.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
Sa chambre était très simple : il y avait tout autour plusieurs coussins : il y avait aussi contre les murs de ces vieux bustes dont j'ai parlé. Elle s'entretint là longtemps avec moi. Je lui parlai de celle de ses soeurs qui menait une mauvaise vie. Elle en était affligée et voulait y mettre ordre. Je lui parlai aussi de sa mère que j'avais entendue vomir tant d'injures. Elle me dit que, pour avoir la paix, elle lui avait fait bâtir la petite maison attenante au château. Cette mère avait été fort en colère de ce qu'on la renvoyait et de ce que Judith faisait plus de bien à l'une qu'à l'autre, car toutes vivaient de ses dons, parce qu'elle ne voulait pas qu'elles fissent l’usure. Elle leur porte l’argent pendant la nuit. Du reste, beaucoup d'autres personnes de la ville vivaient à ses dépens : car son père, qui était mort, lui avait laissé un grand trésor que personne au monde ne connaissait, sinon elle seule. Son père avait une grande tendresse pour elle, et lui avait tout laissé. Les habitants de la ville fondaient sur elle l’espérance de grands événements, et ses bienfaits secrets leur faisaient voir en elle une créature surhumaine, parce qu'ils ne connaissaient pas l’existence du trésor qu'elle possédait. Son peuple avait été très opprimé et avait beaucoup souffert par suite d'une terrible guerre. Elle était disposée à tout faire pour lui, et c'était pour cela que le « défunt » (elle nommait ainsi son père), lui avait laissé le trésor. Tous désiraient qu'elle se mariât : car ils espéraient qu'il leur naîtrait d'elle un Sauveur : mais elle s'y était toujours refusée par suite d'un certain sentiment intérieur. Mon apparition a fait sur elle une impression qu'elle n'avait jamais connue, et elle pressent que le Messie pourrait bien âtre né dans la personne de Jésus-Christ. Elle veut s'enquérir avec plus de soin à ce sujet, et si elle arrive à être convaincue, elle s'efforcera de conduire son peuple dans la voie du salut. Elle sait que tous la suivraient : peut-être est-ce là le salut qu'on attend d'elle. Après m'avoir parlé de la sorte, elle me conduisit dans une espèce de caveau par une porte cachée dans le plancher de sa chambre. Elle avait une lampe à la main et me montra son immense trésor. Je n'ai jamais vu tant d'or à la fois. Le sol et les parois en étaient comme revêtus : il y avait aussi une énorme quantité de pierres précieuses. Quand elle y prenait quelque chose, il fallait comme arracher un morceau de cette masse. Elle me conduisit ensuite dans toute la maison, notamment dans une salle où étaient assis des hommes avec des bandeaux et des bourrelets sur la tête, et des vêtements bordés de fourrure ; ils fumaient dans de longues pipes et buvaient comme les femmes de la première salle. Il se trouvait des nègres parmi eux. Dans une autre chambre, des hommes et des femmes étaient ensemble. Elle me conduisit au second étage dans une pièce qui était très grande et merveilleusement arrangée. Contre les murs, tout autour et au-dessus des portes, il y avait toute sorte de bustes d'hommes des anciens temps portant de grandes barbes. Ils étaient jaunes et leur physionomie avait quelque chose de vénérable. Il y avait dans cette salle toute espèce de meubles singuliers, tous antiques et artistement sculptés. Cela me rappela l'église des Jésuites de Coesfeld, mais ici tout était d'un travail plus soigné. Au milieu était suspendue une grande lampe et, si je ne me trompe, sept autres lampes à l’entour. Il y avait aussi quelque chose qui ressemblait à un autel avec des rouleaux posés dessus : c'était vraiment un ensemble admirable. Près de cette pièce, il y en avait une autre où étaient couchés plusieurs vieillards décrépits et très affaiblis par l’âge ; ils semblaient être là pour y être soignés.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
Derrière la maison se trouvait un jardin qui s'élevait sur la pente de la montagne où étaient pratiquées diverses terrasses. Il y avait là de grands arbres artistement taillés et étendant au loin leurs branches. Judith me fit sortir de la maison par ce côté, et nous allâmes toujours en montant. Elle me montra aussi dans le lointain un vieil édifice ruiné avec des tours écroulées et me dit que les limites de son peuple s'étendaient autrefois jusque-là ; mais il avait été vaincu par un peuple voisin qui l’avait repoussé en arrière. Ils ne cessaient pas de craindre des revers semblables : c'est pourquoi ces murs étaient toujours pour eux un avertissement. Je vis les murs et je vis aussi de l'eau dans le lointain. Nous allâmes, toujours montant, à travers des ravins et des bâtiments extraordinaires. Souvent les rochers surplombaient, et c'étaient comme des maisons et des arbres qui semblaient se précipiter sur le passant. Nous allâmes aussi dans une autre partie de la ville : il y avait là un large rocher très escarpé, semblable à une haute muraille, dans lequel étaient pratiqués des espèces d'escaliers. Sur divers points, notamment dans le milieu, jaillissait une source d'eau limpide. On racontait, me dit-elle, que cette ville souffrant beaucoup du manque d'eau, un homme merveilleux, un chrétien, qui vivait anciennement dans ces pays, était descendu de ce rocher et qu'il avait frappé de son bâton l’endroit d'où cette source avait jailli pour soulager la détresse générale. Autrefois l'eau était conduite partout au moyen de nombreux canaux : mais maintenant tout cela n'existait plus, et il n'y avait plus à couler que le premier jet. Judith me quitta près de cette fontaine, elle revint chez-elle et je poursuivis mon voyage. Nous ne primes pas congé l’une de l’autre. C'était toujours comme un rêve pour elle et elle se sépara de moi comme si elle avait cessé de me voir. Je suivis un chemin qui alla encore en montant pendant longtemps. Je vis par endroits des arbres sous lesquels étaient par terre de gros fruits jaunes : je vis aussi des champs fertiles, de belles fleurs, et notamment des abeilles en très grand nombre, mais dans des ruches différentes des nôtres (c'étaient des coffres carrés, se terminant en pointe par le haut, noirs, et comme revêtus d'un enduit). J'étais alors hors des montagnes habitées par les Juifs, et je vis des hommes qui vivaient sous de grands arbres dont les branches s'étendaient au loin et qui semblaient leur servir de maisons. Ils avaient peu de mobilier. Je les vis filer : quelques-uns avaient aussi des espèces de métiers sur lesquels ils semblaient tisser. Leurs troupeaux, où se trouvaient des animaux semblables à ceux que possédaient les mages d'Orient, couraient autour d'eux. Ils avaient aussi avec eux comme des ânes de grande taille Tous ces animaux étaient très familiers avec eux. Ces gens vivaient aussi en partie dans des hottes formées de couvertures suspendues. Ils ne séjournaient pas longtemps dans le même endroit et se déplaçaient sans cesse. J'arrivai aussi là, à travers des pierres et des buissons, à une grande salle souterraine, semblable à un caveau ; elle était en très bon état et soutenue par beaucoup de piliers carrés peu élevés, où étaient taillées des figures et des inscriptions de toute espèce. Il y avait aussi là comme un autel : c'était une grosse pierre où étaient pratiquées de grandes ouvertures au-dessus et par côtés comme des fours à cuire le pain, et je m'étonnais beaucoup que ces gens ne se servissent pas de cette grande salle. Les gens des environs étaient bons, simples et ne se doutaient pas que leur foi ne fût pas la vraie foi. J'arrivai enfin au bord de la mer que je traversai et je revins à la maison. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
« 21 juin 1820. J'ai encore eu cette nuit un grand voyage à faire. J'ai été dans le château de Judith au-dessus de la grande ville de la montagne. Je ne trouvai plus ses soeurs dans les maisons qui précèdent le château. Je ne sais pas où elles étaient. Je me souviens qu'elle avait promis formellement de mettre un terme aux désordres d'une des soeurs : du reste, je trouvai tout comme la première fois : seulement le jour était plus avancé. La maison était encore remplie de Juifs étrangers, ils étaient en haut dans la salle qui servait de synagogue et ils priaient. J'allai près de Judith, elle était seule, assise dans sa chambre et lisait un livre. Je sentis en elle quelque chose d'inexprimablement noble, grand et touchant : je la regardai avec joie et je ne doute plus qu'elle ne devienne chrétienne, si Dieu lui envoie une occasion, et alors certainement une grande partie de son peuple l’imitera. Je ne puis voir sans une grande sympathie et une grande espérance cette femme avec sa beauté, son port majestueux, son courage, sa tendresse de coeur, son humilité et avec cela ce je ne sais quoi qui annonce en elle une personne née pour commander. Je l'ai vue encore une fois pendant mon avant-dernière grande maladie, et j'ai oublié d'en parler : j'ai fait aussi tout le voyage qui se rapporte à elle. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
2. Dans la seconde semaine de l'Avent, Anne-Catherine fut conduite par son ange sur la plus haute cime d'une montagne qui s'élève dans le Thibet et qui est d'ailleurs complètement inaccessible. Elle vit là, gardés par Élie, les trésors de toutes les connaissances divines communiquées aux hommes par les anges et les prophètes depuis le commencement du monde, et elle fut informée que le mystérieux livre prophétique qui lui avait été confié venait aussi de là. Ce n'était pas la première fois qu'elle venait dans ce lieu merveilleux, car elle y avait été conduite par son ange à différentes reprises pendant le cours de chaque année ecclésiastique ; elle l'avait été également dans le paradis qui ne lui semblait pas très éloigné de là. Ces deux endroits lui paraissaient avoir de grands rapports entre eux, et dans tous les deux elle avait coutume de rencontrer les mêmes saints gardiens. Elle y alla parce que l'infusion de la lumière prophétique et la tâche expiatoire qu'elle avait à remplir au moyen de cette lumière lui donnaient un certain droit de participer aux biens conservés en ce lieu, et parce qu'elle avait besoin des forces et des dons surhumains qui y étaient octroyés pour suffire à sa mission si pénible et si étendue.
Elle ne put, comme elle le reconnut à plusieurs reprises, rapporter sur la terre que l'impression générale de ce qu'elle avait vu là, et elle ne fut en état de reproduire que par des ébauches très imparfaites le tableau dans lequel elle avait vu l'efficacité prophétique de l'homme de Dieu Élie se perpétuant jusqu'à la fin des temps et les rapports personnels qui la rattachaient à lui et à sa charge de prophète.
Elle ne put, comme elle le reconnut à plusieurs reprises, rapporter sur la terre que l'impression générale de ce qu'elle avait vu là, et elle ne fut en état de reproduire que par des ébauches très imparfaites le tableau dans lequel elle avait vu l'efficacité prophétique de l'homme de Dieu Élie se perpétuant jusqu'à la fin des temps et les rapports personnels qui la rattachaient à lui et à sa charge de prophète.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
« 9, 10 décembre 1819. Cette nuit j'ai parcouru dans diverses directions la terre promise, telle qu'elle était au temps de Notre-Seigneur. Je fus d'abord à Bethléhem comme pour aller au-devant de la Sainte-Famille. Je suivis ensuite de lieu en lieu toutes les routes déjà connues de moi et je vis des tableaux de la vie enseignante du Seigneur. Ainsi je le vis distribuer du pain, par le ministère de deux de ses disciples, à une multitude rassemblée autour de lui et après cela raconter une parabole. Les gens étaient assis au penchant d'une colline sous de grands arbres élancés qui n'avaient que tout en haut leur couronne de verdure sous les arbres étaient des buissons avec des baies rouges et jaunes qui ressemblaient un peu à des mûres sauvages ; un cours d'eau tombait de la hauteur et se partageait, il y avait là une herbe très moelleuse, fine comme de la soie, et au-dessous comme une mousse épaisse : je pris de ce gazon ; quand je voulais toucher d'autres objets, je les sentais s'échapper de mes mains et je voyais que c'étaient seulement des images du temps passé : mais, quant au gazon, j'en eus la sensation. Le Seigneur portait, comme toujours, une longue tunique de laine jaunâtre ; ses cheveux séparés tombaient sur ses épaules ; son visage était calme, brillant, sérieux : son front était très blanc et il en sortait une lueur. Les deux hommes qui distribuaient le pain le rompaient en morceaux : les hommes, les femmes, les enfants, couraient à eux, se réconfortaient, puis s'asseyaient. Derrière le Seigneur, il y avait un cours d'eau. Je vis de cette sorte plusieurs autres tableaux. et j'allai rapidement de lieu en lieu. Partant de Jérusalem, je m'avançai bien loin vers l'orient. Je passai plusieurs fois dans le voisinage de grands amas d'eau et par-dessus des montagnes qu'avaient franchies les mages de l'Orient pour venir à Bethléhem. Je traversai aussi des pays très peuplés, mais je ne touchais pas les lieux habités : la plupart du temps je passais par des déserts. J'arrivai ensuite dans une contrée où il faisait très froid et je fus conduite de plus en plus haut jusqu'à un point extrêmement élevé le long des montagnes, du couchant au levant, se dirigeait une grande route sur laquelle je vis passer des troupes d'hommes. Il y avait une race de petite taille, mais très vive dans ses mouvements : ils avaient avec eux de petits étendards ; ceux de l'autre race étaient d'une haute taille : ce n'étaient pas des chrétiens. Cette route allait en descendant : mon chemin conduisait en haut à une région d'une beauté incroyable. Là il faisait chaud et tout était vert et fertile : il y avait des fleurs merveilleusement belles, de beaux bosquets et de belles forêts ; une quantité d'animaux prenaient leurs ébats tout autour ils ne paraissaient pas méchants. Cette contrée n'était habitée par aucune créature humaine et jamais aucun homme n'y venait : car de la grande route on ne voyait que des nuages. J'aperçus des troupes d'animaux semblables à de petits chevreuils avec des jambes très fines ; ils n'avaient pas de cornes, leur robe était d'un brun clair tacheté de noir. Je vis aussi un animal trapu de couleur noire ressemblant presque à un cochon, puis des animaux comme des boucs de grande taille, mais plus semblables encore à des chevreuils ; ils étaient très familiers, très légers à la course : ils avaient de beaux yeux fort brillants : j'en vis d'autres semblables à des moutons ; ils étaient très gras, avaient comme une perruque de laine et des queues très épaisses : d'autres ressemblant à des ânes, mais mouchetés ; des troupeaux comme de petites chèvres jaunes et de petits chevaux : de grands oiseaux à longues jambes qui couraient très vite, d'autres semblables à des poulets agréablement tachetés, et enfin une quantité de jolis oiseaux très petits et de couleurs variées. Tous ces animaux prenaient librement leurs ébats, comme s'ils eussent ignoré l'existence des hommes. De cette contrée de paradis, il me fallut monter plus haut, et c'était comme si j'étais encore conduite à travers les nuages. J'arrivai ainsi au sommet de cette haute région de montagnes où je vis beaucoup de choses merveilleuses. Au haut de la montagne était une grande plaine et dans cette plaine un lac ; dans le lac une île verdoyante qui se liait au continent par une langue de terre également verdoyante. Cette île était entourée de grands arbres semblables à des cèdres. Je fus élevée au sommet d'un de ces arbres et, me tenant fortement aux branches, je vis d'en haut toute l'île. On y voyait s'élever un certain nombre de tours très élancées : chacune avait un petit porche, comme si on eût bâti une chapelle au-dessus de la porte. Ces porches étaient tout couverts d'une verdure fraîche, de mousse ou de lierre : il y avait là une végétation continue, quelque chose de vivant. Les tours avaient à peu près la hauteur d'un clocher d'église ordinaire, mais elles étaient très minces, en sorte qu'elles rappelaient les hautes colonnes que, pendant le voyage, j'avais vues dans de vieilles villes en ruines. Elles étaient de différentes formes, rondes ou octogones. Les rondes avaient des toits en forme d'oignons : les octogones avaient de larges auvents. Les rondes étaient de grosse pierre polie et veinée, les autres avaient toute sorte de saillies et d'assises formant des images symboliques : on pouvait grimper en haut à, l'aide des pierres saillantes. Ces pierres étaient de couleurs variées, brunes, rouges, noires et disposées de diverses manières. Les tours ne s'élevaient pas au-dessus des arbres prodigieusement hauts, au sommet de l'un desquels je me trouvais. Il y avait, à ce qu'il me sembla, autant de tours dans l'île que d'arbres à l'entour. Les arbres étaient de l'espèce des sapins et avaient des feuilles comme des aiguilles : ils portaient des fruits jaunes couverts d'écailles, moins longs que les pommes de pin, ayant plutôt la forme de pommes ordinaires. Ils avaient des troncs très massifs et couverts dans le bas d'une écorce rugueuse : plus haut, entre les branches, ils étaient plus lisses. Les branches formaient à l'entour des cercles très réguliers : ces arbres avaient en tout quelque chose de très symétrique et ils étaient droits comme des cierges : ils n'étaient pas rapprochés les uns des autres et il s'en fallait beaucoup qu'ils se touchassent à la circonférence. Tout le sol de l'île était recouvert d'une verdure épaisse, fine et courte ; ce n'était pas du gazon, mais une plante frisée à feuilles très menues, comme de la mousse, aussi épaisse et aussi agréable que le coussin le plus moelleux.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
On ne remarquait pas dans l’île, ni dans toute la contrée, la moindre trace de sentier ou de chemin. Près de chaque tour était un petit jardin entouré de beaux arbres couverts de fleurs, disposés en cercle ou autrement, et divisé élégamment en plates-bandes avec une grande variété d'arbrisseaux et de massifs. Mais là aussi tout était verdoyant et les jardins différaient d'aspect suivant la différence des tours. Quand du haut de mon arbre je promenais mes regards sur l’île, je pouvais voir à son autre extrémité l’eau du lac, mais non la montagne. Cette eau était vive et d'une limpidité extraordinaire : elle traversait l’île par différents bras et se déversait sous terre par plusieurs rigoles plus ou moins larges.
« Vis-à-vis de l’étroite langue de terre, dans la verte plaine, s'élevait une très grande tente s'étendant en long, qui semblait d'étoffe grise ; elle était décorée à l'intérieur, sur le derrière, de larges pans d'étoffes de diverses couleurs et couverte de toute espèce de figures peintes ou brodées. Autour de la table qui se trouvait au milieu, étaient des sièges de pierre sans dossiers ayant la forme de coussins ; ils étaient recouverts d'une verdure toujours fraîche. Sur le siège d'honneur placé au milieu, derrière la table de pierre qui était basse et de forme ovale, un homme entouré d'une auréole comme celle des saints était assis les jambes croisées, à la manière orientale, et écrivait avec une plume de roseau sur un grand volume. La plume était comme une petite branche. A droite et à gauche on voyait plusieurs grands livres et parchemins roulés sur des baguettes terminées par des boutons ; et près de la tente il y avait dans la terre un trou qui semblait revêtu de maçonnerie et où était allumé un feu dont la flamme ne dépassait pas le bord. Toute la contrée environnante était comme une belle île verdoyante entourée de nuages. Le ciel au-dessus de ma tête était d'une sérénité inexprimable. Je ne vis du soleil qu'un demi-cercle de rayons brillant derrière des nuages. Ce demi-cercle appartenait à un disque qui paraissait beaucoup plus grand que chez nous. L'aspect général avait quelque chose d'indiciblement saint ; c'était une solitude, mais pleine de charme. Quand j'avais ce spectacle sous les yeux, il me semblait savoir et comprendre ce qu'était et ce que signifiait tout cela, mais je sentais que je ne pouvais pas rapporter avec moi et conserver cette connaissance. Mon conducteur avait été à mes côtés jusque-là, mais, près de la tente, il devint invisible pour moi.
« Vis-à-vis de l’étroite langue de terre, dans la verte plaine, s'élevait une très grande tente s'étendant en long, qui semblait d'étoffe grise ; elle était décorée à l'intérieur, sur le derrière, de larges pans d'étoffes de diverses couleurs et couverte de toute espèce de figures peintes ou brodées. Autour de la table qui se trouvait au milieu, étaient des sièges de pierre sans dossiers ayant la forme de coussins ; ils étaient recouverts d'une verdure toujours fraîche. Sur le siège d'honneur placé au milieu, derrière la table de pierre qui était basse et de forme ovale, un homme entouré d'une auréole comme celle des saints était assis les jambes croisées, à la manière orientale, et écrivait avec une plume de roseau sur un grand volume. La plume était comme une petite branche. A droite et à gauche on voyait plusieurs grands livres et parchemins roulés sur des baguettes terminées par des boutons ; et près de la tente il y avait dans la terre un trou qui semblait revêtu de maçonnerie et où était allumé un feu dont la flamme ne dépassait pas le bord. Toute la contrée environnante était comme une belle île verdoyante entourée de nuages. Le ciel au-dessus de ma tête était d'une sérénité inexprimable. Je ne vis du soleil qu'un demi-cercle de rayons brillant derrière des nuages. Ce demi-cercle appartenait à un disque qui paraissait beaucoup plus grand que chez nous. L'aspect général avait quelque chose d'indiciblement saint ; c'était une solitude, mais pleine de charme. Quand j'avais ce spectacle sous les yeux, il me semblait savoir et comprendre ce qu'était et ce que signifiait tout cela, mais je sentais que je ne pouvais pas rapporter avec moi et conserver cette connaissance. Mon conducteur avait été à mes côtés jusque-là, mais, près de la tente, il devint invisible pour moi.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
« Comme je considérais tout cela, je me dis : « Qu'ai-je à faire ici, et pourquoi faut-il qu'une pauvre créature comme moi voie toutes ces choses ! » Alors la figure me dit de dessous la tente : « C'est parce que tu as une part dans ceci. » Cela redoubla encore mon étonnement et je descendis ou je volai vers elle dans la tente où elle était assise, vêtue comme le sont les esprits que je vois : elle avait dans son extérieur et son apparence quelque chose qui rappelait Jean-Baptiste ou Elie : Les livres et les volumes nombreux qui étaient par terre autour d'elle étaient très anciens et très précieux. Sur quelques-uns de ces livres étaient des ornements et des figures de métal en relief, par exemple un homme tenant un livre à la main. La figure me dit ou me fit connaître d'une autre manière que ces livres contenaient tout ce qu'il y avait de plus saint parmi ce qui venait des hommes ; qu'elle examinait, comparait tout et jetait ce qui était faux dans le feu allumé pris de la tente.
Il me dit qu'il était là pour que personne ne pût y arriver qu'il était chargé de veiller sur tout cela et le gardait jusqu'à ce que le temps fût venu d'en faire usage. Ce temps aurait pu venir déjà dans certaines occasions ; mais il y avait toujours de grands obstacles. Je lui demandai s’il n'avait pas le sentiment de l’attente si longue qui lui était imposée. Il me répondit : « En Dieu il n'y a pas de temps. » Il me dit aussi que je devais tout voir, me conduisit hors de la tente et me montra le pays d'alentour. La tente avait à peu près la hauteur de deux hommes : elle était longue comme d'ici à l'église de la ville : sa largeur était d'environ la moitié de sa hauteur. Il y avait au sommet une espèce de noeud par lequel la tente était comme pendue à un fil qui montait et se perdait dans l'air, en sorte que je ne pouvais comprendre où il était attaché. Aux quatre coins étaient des colonnes que l'on pouvait presque embrasser avec les deux mains. Elles étaient veinées comme les tours à surface polie et se terminaient par des boutons verts. La tente était ouverte par devant et sur les côtés. Au milieu de la table était posé un livre d'une dimension extraordinaire qu'on pouvait ouvrir et fermer : il semblait qu'il fit assujetti sur la table. L'homme regardait dans ce livre pour en vérifier l'exactitude. Il me sembla qu'il y avait une porte sous la table et qu'un grand et saint trésor, une chose sainte était conservée là. Les sièges, couverts d'une végétation verdoyante, étaient rangés autour de la table de manière qu'on pût circuler dans l'intervalle. Les livres, fort nombreux, étaient posés derrière ces sièges à droite et à gauche : ceux qui étaient à gauche devaient être brûlés. Il me conduisit autour de ces livres : il y avait sur les couvertures des figures de toute espèce : c'étaient des hommes portant des escaliers, des livres, de petites églises, des tours ou des tablettes. Il me dit qu'il examinait tout cela, le confrontait, et brûlait ce qui était inutile et faux. Les hommes n'étaient pas encore en état de supporter ce qui se trouvait là : un autre devait venir auparavant. Ce qui était rejeté se trouvait à gauche. Il me montra alors la contrée environnante, et je fis, en longeant la rive extérieure, le tour du lac dont la surface était parfaitement de niveau avec l’île. Cette eau, que je sentais courir sous mes pieds, se déversait sous la montagne par beaucoup de canaux et reparaissait au jour bien au-dessous, sous forme de sources grandes et petites. Il me semblait que toute cette partie du monde recevait de là salut et bénédiction : en haut, elle ne débordait nulle part. En descendant au levant et au midi, tout était verdoyant et couvert de belles fleurs ; au couchant et au nord, il y avait aussi de la verdure, mais pas de fleurs. Arrivée à l'extrémité du lac, je traversai l'eau sans pont et je passai dans l'île que je parcourus en circulant au milieu des tours. Tout le sol semblait être un lit de mousse très épais et très fort ; on eût dit que tout était creux en-dessous ; les tours sortaient de la mousse comme une excroissance naturelle, et, autour de chacune d'elles, était un jardin à travers lequel coulaient des ruisseaux qui se jetaient dans le lac ou qui sortaient du lac, ce que je ne puis pas bien préciser. Dans ces jardins aussi, il n'y avait pas de sentier, et pourtant les arbres, les buissons et les fleurs étaient rangés symétriquement. Je vis des roses, mais bien plus grandes que les nôtres : il y en avait de rouges, de blanches, de jaunes, d'autres de couleur sombre : je vis des fleurs très hautes, des espèces de lis, dont quelques-uns étaient bleus avec des raies blanches, et aussi une tige de la hauteur d'un arbre avec de larges feuilles de palmier, laquelle portait à son sommet une fleur semblable à une très grande assiette. J'eus le sentiment que dans les tours étaient conservés les plus grands trésors de l'humanité : il me semblait que des corps saints y reposaient. Entre quelques-unes de ces tours je vis un chariot très étrange avec quatre roues basses : quatre personnes pouvaient bien s'y asseoir ; il y avait deux bancs et plus en avant un petit siège.
Il me dit qu'il était là pour que personne ne pût y arriver qu'il était chargé de veiller sur tout cela et le gardait jusqu'à ce que le temps fût venu d'en faire usage. Ce temps aurait pu venir déjà dans certaines occasions ; mais il y avait toujours de grands obstacles. Je lui demandai s’il n'avait pas le sentiment de l’attente si longue qui lui était imposée. Il me répondit : « En Dieu il n'y a pas de temps. » Il me dit aussi que je devais tout voir, me conduisit hors de la tente et me montra le pays d'alentour. La tente avait à peu près la hauteur de deux hommes : elle était longue comme d'ici à l'église de la ville : sa largeur était d'environ la moitié de sa hauteur. Il y avait au sommet une espèce de noeud par lequel la tente était comme pendue à un fil qui montait et se perdait dans l'air, en sorte que je ne pouvais comprendre où il était attaché. Aux quatre coins étaient des colonnes que l'on pouvait presque embrasser avec les deux mains. Elles étaient veinées comme les tours à surface polie et se terminaient par des boutons verts. La tente était ouverte par devant et sur les côtés. Au milieu de la table était posé un livre d'une dimension extraordinaire qu'on pouvait ouvrir et fermer : il semblait qu'il fit assujetti sur la table. L'homme regardait dans ce livre pour en vérifier l'exactitude. Il me sembla qu'il y avait une porte sous la table et qu'un grand et saint trésor, une chose sainte était conservée là. Les sièges, couverts d'une végétation verdoyante, étaient rangés autour de la table de manière qu'on pût circuler dans l'intervalle. Les livres, fort nombreux, étaient posés derrière ces sièges à droite et à gauche : ceux qui étaient à gauche devaient être brûlés. Il me conduisit autour de ces livres : il y avait sur les couvertures des figures de toute espèce : c'étaient des hommes portant des escaliers, des livres, de petites églises, des tours ou des tablettes. Il me dit qu'il examinait tout cela, le confrontait, et brûlait ce qui était inutile et faux. Les hommes n'étaient pas encore en état de supporter ce qui se trouvait là : un autre devait venir auparavant. Ce qui était rejeté se trouvait à gauche. Il me montra alors la contrée environnante, et je fis, en longeant la rive extérieure, le tour du lac dont la surface était parfaitement de niveau avec l’île. Cette eau, que je sentais courir sous mes pieds, se déversait sous la montagne par beaucoup de canaux et reparaissait au jour bien au-dessous, sous forme de sources grandes et petites. Il me semblait que toute cette partie du monde recevait de là salut et bénédiction : en haut, elle ne débordait nulle part. En descendant au levant et au midi, tout était verdoyant et couvert de belles fleurs ; au couchant et au nord, il y avait aussi de la verdure, mais pas de fleurs. Arrivée à l'extrémité du lac, je traversai l'eau sans pont et je passai dans l'île que je parcourus en circulant au milieu des tours. Tout le sol semblait être un lit de mousse très épais et très fort ; on eût dit que tout était creux en-dessous ; les tours sortaient de la mousse comme une excroissance naturelle, et, autour de chacune d'elles, était un jardin à travers lequel coulaient des ruisseaux qui se jetaient dans le lac ou qui sortaient du lac, ce que je ne puis pas bien préciser. Dans ces jardins aussi, il n'y avait pas de sentier, et pourtant les arbres, les buissons et les fleurs étaient rangés symétriquement. Je vis des roses, mais bien plus grandes que les nôtres : il y en avait de rouges, de blanches, de jaunes, d'autres de couleur sombre : je vis des fleurs très hautes, des espèces de lis, dont quelques-uns étaient bleus avec des raies blanches, et aussi une tige de la hauteur d'un arbre avec de larges feuilles de palmier, laquelle portait à son sommet une fleur semblable à une très grande assiette. J'eus le sentiment que dans les tours étaient conservés les plus grands trésors de l'humanité : il me semblait que des corps saints y reposaient. Entre quelques-unes de ces tours je vis un chariot très étrange avec quatre roues basses : quatre personnes pouvaient bien s'y asseoir ; il y avait deux bancs et plus en avant un petit siège.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
Ce char, comme tout le reste ici, était tout revêtu d'une végétation verte ou bien d'une rouille verte. Il était sans timon et tout orné de figures sculptées, si bien qu'à la première vue je crus qu'il s'y trouvait des personnes assises. La caisse était faite de ces figures travaillées à jour : elle était très mince, et comme de métal : les roues étaient épaisses comme celles des chariots romains. Celui-ci me sembla assez léger pour pouvoir être tiré par des hommes. Je regardais tout très attentivement, parce que l'homme m'avait dit : « Tu as ici ta part et tu peux tout de suite en prendre possession. » Je ne pouvais nullement comprendre quelle espèce de part je pouvais avoir là. Qu'ai-je à faire, me disais-je, de ce singulier chariot, de ces tours et de ces livres ? Mais j'avais une vive impression de la sainteté du lieu. C'était pour moi comme si, avec cette eau, le salut de plusieurs époques était descendu dans les vallées et comme si les hommes eux-mêmes étaient venus de ces montagnes d'où ils étaient descendus toujours plus bas et s'étaient enfoncés toujours plus profondément. J'avais aussi le sentiment que des présents célestes étaient là conservés, gardés, purifiés, préparés d'avance pour les hommes. J'eus de tout cela une perception très claire mais il me semblait que je ne pouvais emporter avec moi cette clarté : je conservai seulement l'impression générale.
«Lorsque je rentrai dans la tente, l'homme me dit encore une fois la même chose : « Tu as une part dans tout cela et tu peux tout de suite en prendre possession.» Et comme je lui représentais mon inaptitude, il me dit avec une assurance tranquille : « Tu reviendras bientôt vers moi. » Il ne sortit pas de la tente pendant que j'y étais, mais il tournait sans cesse autour de la table et des livres. La table n'avait pas autant poussé au vert que les sièges : ceux-ci en général étaient moins verts que les objets voisins des tours, car ici il y avait moins d'humidité. Cependant dans la tente et tout autour le sol était couvert de mousse. La table, comme aussi les sièges, avait quelque chose qui donnait l'idée d'un produit végétal. Le pied de la table semblait servir de coffre et il y avait dedans quelque chose de saint. Dans la tente, j'eus l'impression qu'un corps saint y était enterré : il me semblait qu'il y avait là-dessous un souterrain, et qu'une odeur suave s'exhalait d'un tombeau sacré. J'eus le sentiment que l'homme n'était pas toujours dans cette tente auprès des livres. Il m'avait accueilli et m'avait parlé comme s'il m'eût connu et qu'il eût su que je devais venir : il me dit avec la même assurance que je reviendrais et me montra un chemin descendant ; j'allai dans la direction du midi, je passai de nouveau par la partie escarpée de la montagne, puis à travers les nuages, et je descendis dans la riante contrée ou il y avait tant d'animaux. Je vis beaucoup de petites sources jaillir de la montagne, se précipiter en cascades et courir en bas : je vis aussi des oiseaux, plus grands qu'une oie, à peu près de la couleur de la perdrix, ayant trois ongles devant et un seul derrière, avec une queue un peu abaisse et un long cou, puis d'autres oiseaux au plumage bleuâtre, ressemblant assez à l'autruche, mais plus petits : je vis enfin tous les autres animaux.
«Lorsque je rentrai dans la tente, l'homme me dit encore une fois la même chose : « Tu as une part dans tout cela et tu peux tout de suite en prendre possession.» Et comme je lui représentais mon inaptitude, il me dit avec une assurance tranquille : « Tu reviendras bientôt vers moi. » Il ne sortit pas de la tente pendant que j'y étais, mais il tournait sans cesse autour de la table et des livres. La table n'avait pas autant poussé au vert que les sièges : ceux-ci en général étaient moins verts que les objets voisins des tours, car ici il y avait moins d'humidité. Cependant dans la tente et tout autour le sol était couvert de mousse. La table, comme aussi les sièges, avait quelque chose qui donnait l'idée d'un produit végétal. Le pied de la table semblait servir de coffre et il y avait dedans quelque chose de saint. Dans la tente, j'eus l'impression qu'un corps saint y était enterré : il me semblait qu'il y avait là-dessous un souterrain, et qu'une odeur suave s'exhalait d'un tombeau sacré. J'eus le sentiment que l'homme n'était pas toujours dans cette tente auprès des livres. Il m'avait accueilli et m'avait parlé comme s'il m'eût connu et qu'il eût su que je devais venir : il me dit avec la même assurance que je reviendrais et me montra un chemin descendant ; j'allai dans la direction du midi, je passai de nouveau par la partie escarpée de la montagne, puis à travers les nuages, et je descendis dans la riante contrée ou il y avait tant d'animaux. Je vis beaucoup de petites sources jaillir de la montagne, se précipiter en cascades et courir en bas : je vis aussi des oiseaux, plus grands qu'une oie, à peu près de la couleur de la perdrix, ayant trois ongles devant et un seul derrière, avec une queue un peu abaisse et un long cou, puis d'autres oiseaux au plumage bleuâtre, ressemblant assez à l'autruche, mais plus petits : je vis enfin tous les autres animaux.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
« Dans ce voyage, je vis de nouveau bien des choses et plus d'êtres humains que lors des premiers voyages. Je traversai une fois une petite rivière, qui, comme je le connus intérieurement, sortait du lac d'en haut : plus tard j'en suivis les bords, puis je la perdis de vue. J'arrivai alors à un endroit où de pauvres gens de couleurs diverses se tenaient sous des buttes. Il me sembla que c'étaient des chrétiens captifs. Je vis venir à eux d'autres hommes au teint brun, ayant des linges blancs autour de la tête. Ils leur portaient de la nourriture dans des corbeilles tressées : ils faisaient cela en étendant le bras en avant comme s'ils avaient peur, puis ils s'enfuyaient, l'air épouvanté, comme s'ils se fussent exposés à quelque danger. Ces gens vivaient dans une ville en ruines et habitaient des cabanes de construction légère. Je vis aussi de l'eau où croissaient des roseaux d'une épaisseur et d'une force tout à fait extraordinaires. Je revins ensuite près de la rivière : à cet endroit, elle était très large, semée d'écueils, d’îlots de sable et de beaux massifs de verdure parmi lesquels elle se jouait. C'était le même cours d'eau qui venait de la haute montagne et que j'avais traversé plus haut, lorsqu'il était encore petit une grande quantité de gens au teint brun, hommes, femmes et enfants, vêtus de différentes manières, étaient occupés sur les rochers et les flots à boire et à se laver. Ils avaient l'air d’être venus de loin. Il y avait dans leur manière d’être quelque chose qui me rappela ce que j'avais vu sur les bords du Jourdain dans la terre sainte. Il se trouvait là aussi un homme de grande taille qui semblait être leur prêtre. Il remplissait d'eau des vases qu'ils emportaient. J'ai vu encore beaucoup d'autres choses : je n'étais pas loin du pays où a été saint François Xavier : je traversai la mer en passant par-dessus des îles innombrables.
« 22 décembre. Je sais pourquoi j'étais allée sur la montagne : mon livre se trouve parmi les écrits qui sont sur la table : il me sera rendu pour que je lise les cinq dernières feuilles. L'homme assis devant la table reviendra en son temps. Son char reste là comme souvenir éternel. C'est sur ce char qu'il monta à cette hauteur, et les hommes, à leur grand étonnement, le verront redescendre sur ce char. C'est là, sur cette montagne, la plus élevée qui soit au monde et où personne ne peut arriver, qu'ont été mis en sûreté, lorsque la corruption s'est accrue parmi les hommes, des trésors et des mystères sacrés. Le lac ; file, les tours n'existent que pour que ces trésors soient conservés et garantis de toute atteinte. C'est par la vertu de l'eau qui est sur ce sommet que toutes choses sont rafraîchies et renouvelées. Le fleuve qui descend de là et dont l'eau est l'objet d'une si grande vénération pour les hommes que j'ai vus, a réellement une vertu et les fortifie : c'est pourquoi ils l'estiment plus que leurs vins. Tous les hommes, tous les biens sont descendus de cette hauteur, et tout ce qui devait être garanti de la dévastation y a été préservé.
« 22 décembre. Je sais pourquoi j'étais allée sur la montagne : mon livre se trouve parmi les écrits qui sont sur la table : il me sera rendu pour que je lise les cinq dernières feuilles. L'homme assis devant la table reviendra en son temps. Son char reste là comme souvenir éternel. C'est sur ce char qu'il monta à cette hauteur, et les hommes, à leur grand étonnement, le verront redescendre sur ce char. C'est là, sur cette montagne, la plus élevée qui soit au monde et où personne ne peut arriver, qu'ont été mis en sûreté, lorsque la corruption s'est accrue parmi les hommes, des trésors et des mystères sacrés. Le lac ; file, les tours n'existent que pour que ces trésors soient conservés et garantis de toute atteinte. C'est par la vertu de l'eau qui est sur ce sommet que toutes choses sont rafraîchies et renouvelées. Le fleuve qui descend de là et dont l'eau est l'objet d'une si grande vénération pour les hommes que j'ai vus, a réellement une vertu et les fortifie : c'est pourquoi ils l'estiment plus que leurs vins. Tous les hommes, tous les biens sont descendus de cette hauteur, et tout ce qui devait être garanti de la dévastation y a été préservé.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
« L'homme qui est sur la montagne m'a connue : car j'ai là ma part. Nous nous connaissons tous, nous tenons tous les uns aux autres. Je ne puis pas bien l'exprimer ; mais nous sommes comme une semence répandue dans le monde entier. Le paradis n'est pas loin de là. J'ai vu déjà antérieurement comment Elie vit toujours dans un jardin devant le paradis.
« 26 décembre. J'ai vu de nouveau la montagne des prophètes. L'homme qui est dans la tente présentait à une figure venant du ciel et planant au-dessus de lui des feuillets et des livres, et il en recevait d'autres à la place. Cet esprit avait un extérieur différent du premier. Celui qui planait en l'air me rappela vivement saint Jean. Il était plus agile, plus prompt, plus aimable, plus délicat que l'homme de la tente, lequel avait quelque chose de plus énergique, de plus sévère, de plus strict, de plus inflexible. Le second se rapportait à lui comme le Nouveau Testament à l'Ancien, c'est pourquoi je l'appellerais volontiers Jean et j'appellerais l'autre Elie. C'était comme si Elie présentait à Jean des révélations ayant eu leur accomplissement et en recevait de nouvelles. Là-dessus je vis tout à coup, sortant de la nuée blanche, une source semblable à un jet d'eau s'élever perpendiculairement sous la forme d'un rayon d’apparence cristalline qui, à son extrémité supérieure, se divisait en rayons et en gouttes innombrables, lesquels retombaient, en formant d'immenses cascades, jusqu'aux lieux les plus éloignés de la terre : et je vis des hommes illuminés par ces rayons dans des maisons, dans des cabanes, dans des villes de diverses parties du monde. Je vis aussi, parmi les protestants les plus attachés à leur secte, des individus recevoir par là la lumière : elle commence à se mouvoir et à germer en eux. »
« 26 décembre. J'ai vu de nouveau la montagne des prophètes. L'homme qui est dans la tente présentait à une figure venant du ciel et planant au-dessus de lui des feuillets et des livres, et il en recevait d'autres à la place. Cet esprit avait un extérieur différent du premier. Celui qui planait en l'air me rappela vivement saint Jean. Il était plus agile, plus prompt, plus aimable, plus délicat que l'homme de la tente, lequel avait quelque chose de plus énergique, de plus sévère, de plus strict, de plus inflexible. Le second se rapportait à lui comme le Nouveau Testament à l'Ancien, c'est pourquoi je l'appellerais volontiers Jean et j'appellerais l'autre Elie. C'était comme si Elie présentait à Jean des révélations ayant eu leur accomplissement et en recevait de nouvelles. Là-dessus je vis tout à coup, sortant de la nuée blanche, une source semblable à un jet d'eau s'élever perpendiculairement sous la forme d'un rayon d’apparence cristalline qui, à son extrémité supérieure, se divisait en rayons et en gouttes innombrables, lesquels retombaient, en formant d'immenses cascades, jusqu'aux lieux les plus éloignés de la terre : et je vis des hommes illuminés par ces rayons dans des maisons, dans des cabanes, dans des villes de diverses parties du monde. Je vis aussi, parmi les protestants les plus attachés à leur secte, des individus recevoir par là la lumière : elle commence à se mouvoir et à germer en eux. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
3. Le 27 décembre, jour de la fête de saint Jean l'Evangéliste, elle vit l’Église romaine brillante comme un soleil. Il en partait des rayons qui se répandaient sur le monde entier : « Il me fut dit que cela se rapportait à l’Apocalypse de saint Jean, sur laquelle diverses personnes dans l’Église doivent recevoir des lumières et cette lumière tombera tout entière sur l’Église. J'ai vu une vision très distincte à ce sujet, mais je ne puis pas bien la reproduire. »
Pendant toute l’octave de la fête elle eut continuellement des visions touchant l’Église, mais ne put raconter avec quelques détails que ce qui suit. Elle ne put pas énoncer une idée bien complète du rapport intime qui unissait ces visions à celles de la montagne des prophètes, toutefois on peut bien induire des courtes indications fournies par elle que le Pèlerin, en cette occasion, a sauvé au moins des fragments d'un cycle de visions singulièrement grandiose :
« Je vis l’église de Saint-Pierre et une énorme quantité d'hommes qui travaillaient à la renverser, mais j'en vis aussi d'autres qui y faisaient des réparations. Des lignes de manoeuvres occupés de ce double travail s'étendaient à travers le monde entier et je fus étonnée de l'ensemble avec lequel tout se faisait. Les démolisseurs détachaient de gros morceaux ; c’était particulièrement des sectaires en grand nombre et avec eux des apostats. Ces gens, en faisant leur travail de destruction, semblaient suivre certaines prescriptions et une certaine règle : ils portaient des tabliers blancs bordés d'un ruban bleu et garnis de poches, avec des truelles fichées dans la ceinture. Ils avaient d'ailleurs des vêtements de toute espèce : il se trouvait parmi eux des hommes de distinction, grands et gros, avec des uniformes et des croix, lesquels toutefois ne mettaient pas eux-mêmes la main à l’ouvrage, mais marquaient sur les murs avec la truelle les places où il fallait démolir. Je vis avec horreur qu'il y avait aussi parmi eux des prêtres catholiques. Souvent, quand ils ne savaient pas bien comment s'y prendre, ils s'approchaient, pour s'en instruire, d'un des leurs qui avait un grand livre où l’on aurait dit que toutes les manières de bâtir et de démolir étaient décrites. Alors ils marquaient de nouveau exactement avec la truelle un point qui devait être attaqué et sur lequel la démolition était promptement faite. Ces gens détruisaient avec un grand calme et d'une main sure, mais timidement, furtivement et l'oeil au guet. Je vis le Pape en prières : il était entouré de faux amis qui souvent faisaient le contraire de ce qu'il prescrivait. Je vis un petit homme noir (c'était un laïque) travailler à la ruine de l'église avec une grande activité.
Pendant que l’église était ainsi démolie d'un côté, on la rebâtissait de l'autre côté, mais avec très peu de zèle. Je vis plusieurs membres du clergé que je connaissais. Le vicaire général me causa une grande joie. Il passa, sans se troubler, à travers les démolisseurs et donna des ordres pour maintenir et réparer. Je vis aussi mon confesseur traîner une grosse pierre qu'il apportait en faisant un long détour. J'en vis d'autres dire négligemment leur bréviaire et par intervalles apporter sous leur manteau une petite pierre ou la présenter à d'autres comme si c'eût été une grande rareté. Ils semblaient tous n'avoir ni confiance, ni ardeur, ni méthode, et ignorer absolument de quoi il s'agissait. C'était déplorable. Déjà toute la partie antérieure de l'église était abattue : il n'y restait plus debout que le sanctuaire avec le saint Sacrement. J'étais accablée de tristesse et je me demandais toujours où était donc cet homme que j'avais vu autrefois se tenir sur l'église pour la défendre, portant un vêtement rouge et tenant une bannière blanche. Alors je vis une femme pleine de majesté s'avancer dans la grande place qui est devant l'église. Elle avait son ample manteau relevé sur les deux bras et elle s'éleva doucement en l'air. Elle se posa sur la coupole et étendit sur toute l'étendue de l'église son manteau qui semblait rayonner d'or. Les démolisseurs venaient de prendre un instant de repos, mais, quand ils voulurent se remettre à l'oeuvre, il leur fut absolument impossible d'approcher de l'espace couvert par le manteau. Cependant, de l'autre côté, ceux qui rebâtissaient se mirent à travailler avec une incroyable activité. Il vint des hommes d'un très grand âge, impotents, oubliés, puis beaucoup de jeunes gens forts et vigoureux, des femmes, des enfants, des ecclésiastiques et des séculiers, et l'édifice fut bientôt restauré entièrement. Je vis alors un nouveau Pape venir avec une procession. Il était plus jeune et beaucoup plus sévère que le précédent. On le reçut avec une grande pompe. Il semblait prêt à consacrer l'église, mais j'entendis une voix disant qu'une nouvelle consécration n'était pas nécessaire, que le très saint Sacrement y était toujours resté. On devait alors célébrer très solennellement une double fête : un jubilé universel et la restauration de l'église. Le Pape, avant de commencer la fête, avait déjà disposé ses gens qui repoussèrent et renvoyèrent de l'assemblée des fidèles, sans trouver aucune contradiction, une foule de membres du haut et du bas clergé. Je vis qu'ils quittèrent l'assemblée en murmurant et pleins de colère. Le Pape prit à son service de tout autres personnes, ecclésiastiques et même laïques. Alors commença la grande solennité dans l'église de Saint-Pierre. Les hommes au tablier blanc continuaient à travailler à leur oeuvre de démolition sans bruit et. avec circonspection, quand les autres ne les voyaient pas : ils étaient craintifs et avaient toujours l'oeil au guet. »
Pendant toute l’octave de la fête elle eut continuellement des visions touchant l’Église, mais ne put raconter avec quelques détails que ce qui suit. Elle ne put pas énoncer une idée bien complète du rapport intime qui unissait ces visions à celles de la montagne des prophètes, toutefois on peut bien induire des courtes indications fournies par elle que le Pèlerin, en cette occasion, a sauvé au moins des fragments d'un cycle de visions singulièrement grandiose :
« Je vis l’église de Saint-Pierre et une énorme quantité d'hommes qui travaillaient à la renverser, mais j'en vis aussi d'autres qui y faisaient des réparations. Des lignes de manoeuvres occupés de ce double travail s'étendaient à travers le monde entier et je fus étonnée de l'ensemble avec lequel tout se faisait. Les démolisseurs détachaient de gros morceaux ; c’était particulièrement des sectaires en grand nombre et avec eux des apostats. Ces gens, en faisant leur travail de destruction, semblaient suivre certaines prescriptions et une certaine règle : ils portaient des tabliers blancs bordés d'un ruban bleu et garnis de poches, avec des truelles fichées dans la ceinture. Ils avaient d'ailleurs des vêtements de toute espèce : il se trouvait parmi eux des hommes de distinction, grands et gros, avec des uniformes et des croix, lesquels toutefois ne mettaient pas eux-mêmes la main à l’ouvrage, mais marquaient sur les murs avec la truelle les places où il fallait démolir. Je vis avec horreur qu'il y avait aussi parmi eux des prêtres catholiques. Souvent, quand ils ne savaient pas bien comment s'y prendre, ils s'approchaient, pour s'en instruire, d'un des leurs qui avait un grand livre où l’on aurait dit que toutes les manières de bâtir et de démolir étaient décrites. Alors ils marquaient de nouveau exactement avec la truelle un point qui devait être attaqué et sur lequel la démolition était promptement faite. Ces gens détruisaient avec un grand calme et d'une main sure, mais timidement, furtivement et l'oeil au guet. Je vis le Pape en prières : il était entouré de faux amis qui souvent faisaient le contraire de ce qu'il prescrivait. Je vis un petit homme noir (c'était un laïque) travailler à la ruine de l'église avec une grande activité.
Pendant que l’église était ainsi démolie d'un côté, on la rebâtissait de l'autre côté, mais avec très peu de zèle. Je vis plusieurs membres du clergé que je connaissais. Le vicaire général me causa une grande joie. Il passa, sans se troubler, à travers les démolisseurs et donna des ordres pour maintenir et réparer. Je vis aussi mon confesseur traîner une grosse pierre qu'il apportait en faisant un long détour. J'en vis d'autres dire négligemment leur bréviaire et par intervalles apporter sous leur manteau une petite pierre ou la présenter à d'autres comme si c'eût été une grande rareté. Ils semblaient tous n'avoir ni confiance, ni ardeur, ni méthode, et ignorer absolument de quoi il s'agissait. C'était déplorable. Déjà toute la partie antérieure de l'église était abattue : il n'y restait plus debout que le sanctuaire avec le saint Sacrement. J'étais accablée de tristesse et je me demandais toujours où était donc cet homme que j'avais vu autrefois se tenir sur l'église pour la défendre, portant un vêtement rouge et tenant une bannière blanche. Alors je vis une femme pleine de majesté s'avancer dans la grande place qui est devant l'église. Elle avait son ample manteau relevé sur les deux bras et elle s'éleva doucement en l'air. Elle se posa sur la coupole et étendit sur toute l'étendue de l'église son manteau qui semblait rayonner d'or. Les démolisseurs venaient de prendre un instant de repos, mais, quand ils voulurent se remettre à l'oeuvre, il leur fut absolument impossible d'approcher de l'espace couvert par le manteau. Cependant, de l'autre côté, ceux qui rebâtissaient se mirent à travailler avec une incroyable activité. Il vint des hommes d'un très grand âge, impotents, oubliés, puis beaucoup de jeunes gens forts et vigoureux, des femmes, des enfants, des ecclésiastiques et des séculiers, et l'édifice fut bientôt restauré entièrement. Je vis alors un nouveau Pape venir avec une procession. Il était plus jeune et beaucoup plus sévère que le précédent. On le reçut avec une grande pompe. Il semblait prêt à consacrer l'église, mais j'entendis une voix disant qu'une nouvelle consécration n'était pas nécessaire, que le très saint Sacrement y était toujours resté. On devait alors célébrer très solennellement une double fête : un jubilé universel et la restauration de l'église. Le Pape, avant de commencer la fête, avait déjà disposé ses gens qui repoussèrent et renvoyèrent de l'assemblée des fidèles, sans trouver aucune contradiction, une foule de membres du haut et du bas clergé. Je vis qu'ils quittèrent l'assemblée en murmurant et pleins de colère. Le Pape prit à son service de tout autres personnes, ecclésiastiques et même laïques. Alors commença la grande solennité dans l'église de Saint-Pierre. Les hommes au tablier blanc continuaient à travailler à leur oeuvre de démolition sans bruit et. avec circonspection, quand les autres ne les voyaient pas : ils étaient craintifs et avaient toujours l'oeil au guet. »
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