La guerre en Ukraine sur le front de l’information (ou de la désinformation)

Edouard Husson

Si nous parlons bien du même pays, on peut poser l’équivalence suivante: Ukraine = affairisme occidental + corruption des élites + réservoir à fantasmes sexuels occidentaux (prostitution, trafic de femmes, GPA etc…) + militarisme + nihilisme militant. Je traduis la couverture de « l’Express » ,et cela veut dire que les lumières auto-proclamées de notre temps souhaitent le triomphe de l’affairisme, de la corruption, de la marchandisation du corps, du militarisme et du néo-fascisme.

C’est un choix. Mais ce n’est pas le mien. Ce remake pathétique du « triomphe de la volonté » fera moins de bruit, lors de sa chute, que le premier. mais il n’en fera pas moins de dégâts dans nos sociétés déboussolées.

Il est temps d’arrêter ce délire. 

Présentation :

À 79 ans, Oskar Lafontaine, qui parle un français parfait, porte une analyse sensible et sans concession sur le conflit qui ravage l’Ukraine. Il rappelle que le conflit n’a pas commencé le 24 février dernier, mais en 2014, regrette la rupture par la Suisse de sa neutralité et dénonce les livraisons d’armes allemandes qui, 75 ans après la Deuxième Guerre mondiale, tuent de nouveau des soldats russes.


Robert Habel  - Quelle est votre analyse de la situation en Ukraine?

Oskar Lafontaine  - On ne peut comprendre la situation actuelle de l’Ukraine que si l’on considère l’histoire récente de ce pays. Malheureusement, en Allemagne et en Europe, ce n’est le cas que d’une minorité. Pendant longtemps les dirigeants américains ont affirmé que l’Ukraine devait devenir un État satellite des États-Unis. Kissinger et Brzezinski disaient déjà qu’il fallait tout faire pour éviter l’émergence d’une puissance eurasienne qui pourrait devenir plus importante que les États-Unis. Ils ont poursuivi cette politique depuis ces trente ou quarante dernières années. Il faut comprendre les dilemmes de l’Ukraine et les actions américaines en sachant que les États-Unis ne considèrent pas seulement la Russie, mais aussi la Chine, comme des rivales.


Chronologiquement, il faut se rappeler que le putsch en Ukraine en 2014, qui a renversé le président élu Viktor Ianoukovitch, a mis en place un gouvernement de marionnettes et que celui-ci a tellement irrité la population russophone que cela a provoqué un conflit dans l’est de l’Ukraine. La guerre en Ukraine ne commence donc pas le 24 février, mais au plus tard avec le début de la guerre dans l’est du pays, quand la population russophone du Donbass s’est révoltée contre le nouveau régime mis en place à Kiev. Cela est souvent ignoré dans les discussions entre les pays européens.



En outre, l’extension de l’OTAN est un argument important qu’il faut prendre en compte. La Russie a toujours averti, que ce soit Eltsine, Poutine ou même Gorbatchev, déjà à la retraite, que l’encerclement de la Russie se poursuivait sans cesse. La question n’est donc pas de savoir si l’Ukraine est dans l’OTAN, mais plutôt quelles installations militaires américaines sont installées ou pourraient être installées en Ukraine. Les Russes ne veulent pas que des missiles nucléaires à courte portée soient installés en Ukraine, ce qui nous ramène à la crise de Cuba dont elle est une répétition dans le temps. À l’époque, les États-Unis auraient risqué une guerre nucléaire pour éviter le stationnement des missiles soviétiques à leurs portes, mais aujourd’hui ils ne veulent pas reconnaître que Moscou n’accepte pas le stationnement de missiles américains en Ukraine à quelques minutes de la Russie.



-  75 ans après la Deuxième Guerre mondiale, des armes allemandes livrées à l’Ukraine tuent de nouveau des soldats russes. Que ressentez-vous?

C’est un développement fatal que je ne croyais pas possible il y a quelques années. Lors de la guerre criminelle des nazis, 25 millions de personnes ont perdu la vie en Union soviétique. Cela devrait impliquer que tout Allemand ayant une conscience historique et un sens moral doive s’opposer au fait que des Russes soient tués par des armes allemandes. C’est tout simplement immoral et devrait être refusé dans tous les cas, surtout si l’on sait qu’il y avait pendant longtemps un accord parmi les responsables politiques allemands de ne pas livrer d’armes dans les pays en guerre.


- La gauche allemande était pacifiste il y a trente ou quarante ans avec Willy Brandt puis avec Gerhard Schröder et vous-même, mais en s’alignant sur la politique américaine, elle est devenue belliciste. Que pensez-vous de ce revirement à 180 degrés?

La gauche allemande n’a pas été pacifique au sens strict puisqu’elle a accepté la mission de défense de l’armée allemande. La sociale-démocratie avait accepté ce principe. Mais les guerres hors de l’Allemagne et hors territoires de l’OTAN étaient exclues. Mais cette position s’est ramollie avec le temps. Aujourd’hui le SPD n’a plus rien à voir avec le parti de Willy Brandt, qui était pour le désarmement et qui a toujours dit que la guerre n’était pas un moyen qui devait être utilisé en politique. Le chancelier actuel est pour la livraison d’armes à l’Ukraine et voit la guerre comme un moyen politique. Même Die Linke, qui a été créée pour promouvoir une politique de paix et refuser des interventions militaires et des livraisons d’armes dans des régions en guerre, s’est tournée malgré ses défaites électorales dans une direction qui accepte les livraisons d’armes à l’Ukraine et ignore la part jouée par les Occidentaux dans le conflit ukrainien.

Dès lors, Die Linke fait partie du consensus et partage la fausse idée que la guerre en Ukraine a commencé le 24 février et que la Russie est la seule fautive. Celui qui ne reconnaît pas que le conflit a commencé déjà il y a trente ans, voire plus tôt, avec l’intention américaine de combattre une puissance concurrente en Eurasie, n’a pas compris la géostratégie. Et celui qui ne reconnaît pas qu’il n’est pas possible d’installer des armes nucléaires à proximité d’un État qui possède des forces nucléaires n’a rien appris de la crise de Cuba.




— Quelle solution peut-on imaginer?

 La compassion collective à laquelle nous assistons n’aide en rien les Ukrainiens. Des déclarations comme «la Crimée doit être reconquise» ou «la Russie doit retirer ses troupes» sont des déclarations qui n’initient absolument aucune discussion vers la paix. Plus la guerre continue et plus les fronts s’endurcissent quotidiennement. Si les gens avaient vraiment de la compassion pour l’Ukraine, on obtiendrait demain un cessez-le-feu. Fin mars-début avril à Istanbul, il y a eu une esquisse de rapprochement entre la Russie et l’Ukraine pour parler de la paix, mais le Premier ministre anglais Boris Johnson, qui parlait pour les Américains, a signalé à Kiev que les États-Unis n’étaient pas d’accord avec un traité de paix et qu’ils voulaient affaiblir la Russie, ce que le ministre américain de la Défense a d’ailleurs dit à plusieurs reprises. Il est regrettable que derrière la fausse politique de compassion affichée par les Occidentaux, ce soient les Ukrainiens qui meurent et que la vie en Ukraine soit devenue invivable. Il n’y a pas que des Ukrainiens qui souffrent et qui meurent dans cette guerre, mais aussi des Russes. Si l’on veut être compatissant, il faut être compatissant avec tout le monde.

 Propos recueillis par Robert Habel le 25 septembre 2022 dans l'Antipresse. 
 

Au moins, les russes ont été très intelligents de ne pas attaquer Kiev lors de la visite de Joe Biden. 

« Nous avons bien prévenu les Russes que le président Biden voyagerait à Kiev. Nous l’avons fait quelques heures avant son départ. En raison de la nature sensible de ces échanges, je ne rentrerai pas
dans la manière dont ils ont répondu ou quelle était la nature exacte de notre message. »

L’Ukraine est devenue le principal front d’un conflit global entre l’autoritarisme et la démocratie, que ses citoyens défendent au prix de leur vie.

Même si on ne donnait pas cher de leurs chances il y a un an, les Ukrainiens tiennent le coup sur le front de cette bataille pour la démocratie, grâce à leur courage exceptionnel et à l’espoir d’un avenir démocratique tourné vers l’Ouest.


Poutine mène aussi une guerre des esprits pour convaincre le monde que les Ukrainiens sont – selon son humeur du moment – des fascistes, des marionnettes du capitalisme global ou des gauchistes wokes qui menacent les valeurs sacro-saintes de la Mère Russie.

Pour l’Ukraine, la victoire ne peut désormais être que totale. Pour ça, il faudra du temps. Il faudra surtout que l’aide internationale soit renforcée---.


https://www.journaldemontreal.com/2023/02/18/ukraine-face-a-lagression-russe-chaque-democratie-doit-faire-sa-part

Il est difficile d’imaginer les conditions menant à une victoire de l’Ukraine. Céder à Poutine le contrôle du Donbass et de la Crimée – deux régions russophones – récompenserait l’agression. Un danger pour les autres anciens membres du bloc soviétique. Leur perte serait fatale à Poutine.

Même si Poutine accepte de cesser les combats, ça ne sera que temporaire tant qu’il sera au Kremlin. Une Ukraine libre n’est possible qu’avec un Occident uni et une Russie affaiblie et isolée.

Le nouvel environnement conflictuel exigera la présence permanente de forces opérationnelles renforcées de l’OTAN en Europe de l’Est et des augmentations substantielles des budgets militaires des pays membres.

https://www.journaldemontreal.com/2023/02/18/ukraine-un-an-de-guerre-pas-de-paix-en-vue

Ce n’est plus qu’une question de temps. Ils vont se battre et se débattre, mais les Russes n’ont plus les moyens de gagner cette guerre. S’ils avaient pu, ils l’auraient fait dans les premières semaines de l’invasion. Ce qui reste à Vladimir Poutine, c’est de tout détruire. Sera-t-il assez fou pour en arriver là ?


 https://www.journaldemontreal.com/2023/02/18/ukraine-la-fin-ou-pire-encore

Quelles sont les retombées positives de ces 50 milliards investis en Ukraine ? On peut d’abord y percevoir un investissement qui contribue à affaiblir le rival russe tout en le punissant pour des actions qui contreviennent au droit international. Au-delà du conflit actuel, la Russie se relèvera difficilement, autant économiquement que militairement.
De plus, sans engager les troupes américaines, on offre au monde un formidable exemple de la détermination américaine à soutenir les régimes démocratiques. 

https://www.journaldemontreal.com/2023/02/18/soutien-americain-a-lukraine-un-bon-investissement

 «Nous avons examiné les preuves, nous connaissons les normes juridiques et il n'y a pas de doute: ce sont des crimes contre l'humanité», a-t-elle déclaré lors d'un discours.
«Et je dis à tous ceux qui ont perpétré ces crimes et à leurs supérieurs ou complices dans ces crimes: vous en rendrez compte», a-t-elle prévenu.

Depuis le début de l'invasion, les États-Unis ont documenté ou répertorié plus de 30 600 cas de crimes de guerre commis par les forces russes en Ukraine, précise le département d'État américain.

«Il ne peut y avoir d'impunité pour ces crimes», a insisté le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, dans un communiqué séparé.


https://www.journaldemontreal.com/2023/02/18/les-etats-unis-denoncent-pour-la-premiere-fois-des-crimes-contre-lhumanite-en-ukraine

Gilles a écrit:

En Russie, le pacte entre l’État et l’Église orthodoxe

Lors d’une réunion en Suisse en juillet 2022, des représentants des gouvernements occidentaux et ukrainiens ont publié des plans économiques qui demandaient à Kiev de réduire la législation du travail, d' »ouvrir les marchés », de baisser les tarifs, de déréglementer les industries et de « vendre les entreprises publiques à des investisseurs privés ».

Zelensky a profité de l’urgence de la guerre pour faire passer une législation anti-ouvrière sévère, suspendant les droits de négociation collective et rendant illégal le droit de former un syndicat pour la plupart des travailleurs.

L’économiste Michael Hudson a comparé les politiques néolibérales extrêmes de Zelensky à celles de l’ancien dictateur chilien d’extrême droite, Augusto Pinochet. Lui aussi était soutenu par les États-Unis.

La vidéo d'Henri Guaino ici :

https://insolentiae.com/il-y-a-20-ans-les-usa-envahissaient-lirak-et-provoquant-des-centaines-de-milliers-de-morts/

vinz 109 a écrit:
Et alors ? C'est pas une raison ! Au début du christianisme 98 % des gens de la société antique ne savait pas non plus qui était Jésus et pourtant...


C'est sûr qu'avec ce genre de pessimisme on va pas aller loin...