Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
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Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
6. En se plaignant qu'Anne-Catherine ressemble dans la contemplation à un simple miroir où aucune image ne se perd et qu'à l'état de veille elle passe beaucoup de choses sous silence, le Pèlerin a trahi le motif secret de ses efforts pour bannir de son voisinage tout ce qui pourrait l'interrompre pendant la contemplation. Ce zèle excessif lui faisait oublier que ce n'étaient pas les visions, mais la pratique de l'amour de Dieu et du prochain qui servait à sanctifier la malade et qu'aucun mortel ne peut posséder la lumière prophétique sans des vertus et des souffrances extraordinaire Il ne sentait pas qu'il combattait contre l'ordre voulu de Dieu et c'est pourquoi l'insuccès inévitable de ses plans rendait cet homme, malgré son bon coeur, irritable et dur envers tous ceux qui, dans son opinion, mettaient obstacle à ce que les visions lui fussent racontées pendant la contemplation même. Bien plus, il n'épargne aucun reproche à la malade elle-même lorsqu'il voit que sa bienveillance et sa bonté envers tous est cause que les visites ne diminuent pas. Presque tous les jours, il voit de ses yeux comment, oubliant ses propres souffrances, elle reçoit tous les pauvres, tous ceux qui cherchent des consolations ou de l'assistance, avec une bienveillance si parfaite et si sincère que personne ne peut la quitter sans être consolé. Elle tressaille quelquefois involontairement et laisse échapper de faibles plaintes, s'il lui vient des visiteurs lorsqu'elle est en proie à des souffrances plus qu'ordinaires, mais pourtant son admirable amour du prochain est plus fort que toutes les peines qu'elle a à endurer. Elle surmonte à l'instant même les répugnances de la faiblesse humaine, elle reçoit la force nécessaire pour servir Dieu dans la personne du prochain et pour accomplir, en le servant ainsi, quelque chose d'incomparablement plus grand qu'en contemplant les visions qui lui sont présentées. Mais c'est ce que le Pèlerin ne veut pas comprendre; de là des explosions, de plaintes comme celles-ci : « Tout s'est perdu aujourd'hui ! La malade, presqu'à l'agonie, a été assiégée de visites, personne ne leur refuse l'entrée. Et elle-même les accueille amicalement. Mais quand les visiteurs sont à la porte, elle se meurt dans les souffrances et les tortures d'une cruelle maladie. On ne peut prendre la responsabilité de tout cela, car toutes ces personnes n'ont rien à lui dire, mais la malade rassemble ses forces et fait en sorte que les gens croient être les bienvenus. Qu'en résulte-t-il ? La perte de toutes les visions. Elle gémit le soir de ne pouvoir plus rien raconter. Le Pèlerin n'a jamais vu qu'elle ait décliné la moindre visite pour communiquer ses visions. » Et encore. « Elle était malade et dans un état pitoyable. Elle pleurait parce que des visites allaient venir. Et pourtant elle reçoit ces gens, jase avec eux et leur fait même des cadeaux. »
Quoique les propres frères et les plus proches parents d'Anne-Catherine ne vinssent que très rarement dans l'année passer deux ou trois jours à Dulmen et missent la réserve la plus discrète dans leurs rapports avec la malade, le Pèlerin, pourtant, en venait à se regarder comme très malheureux lorsque cela arrivait. La malade, il est vrai, s'entretenait avec eux, se faisait raconter leurs soucis et leurs arrangements domestiques. Ce sont là des méfaits où le Pèlerin voit une infidélité impardonnable à la mission de sa vie. Son frère aîné a pour fils un très bon jeune homme qui veut se faire prêtre. Ce jeune homme se permet, tous les ans, de passer près de la malade une partie de ses vacances: celle-ci a pour lui la sollicitude d'une mère spirituelle afin qu'il soit un jour un bon prêtre; mais tant que le timide neveu réside à Dulmen, la malade et lui sont forcément dans une inquiétude continuelle et tremblent que la colère péniblement contenue du Pèlerin à propos " des dérangements " n'en vienne à un éclat douloureusement blessant. « Son neveu et sa nièce aussi, dit-il, sont ici de nouveau. Elle est, sans la moindre nécessité, préoccupée, affairée, troublée à leur occasion ! Elle leur fait des tartines de beurre, leur coupe des tranches de jambon, leur verse du café. C'est pour de pareilles choses qu'elle laisse tout s'échapper. Plus elle a vu et moins elle dit. Il faut au Pèlerin une patience de fer pour persévérer au milieu d'un tel désordre, quand il n'y a ni surveillance, ni régularité. » Elle pleure de la colère injuste du Pèlerin et dit : « J'ai toujours des visions pendant que j'ai à
Travailler ici. Il faut que j'aie mon neveu (note) près de moi afin qu'il ne tombe pas dans le péché, qu’il ne sente pas le poids de sa pauvreté et ne devienne pas orgueilleux.
(note) Le Pèlerin observe à ce sujet très injustement : « raisons données d'une manière très confuse, conséquence absurde ! » Et pourtant combien ces paroles sont vraies et profondes ! Nulle part l'orgueil n'est plus dangereux et plus opiniâtre que chez l'homme né dans une condition basse et indigente qui porte son fardeau avec irritation et avec honte, mais qui sait, qu'en changeant d'état, il peut franchir rapidement le large intervalle qui le sépare d'une position supérieure.
Quoique les propres frères et les plus proches parents d'Anne-Catherine ne vinssent que très rarement dans l'année passer deux ou trois jours à Dulmen et missent la réserve la plus discrète dans leurs rapports avec la malade, le Pèlerin, pourtant, en venait à se regarder comme très malheureux lorsque cela arrivait. La malade, il est vrai, s'entretenait avec eux, se faisait raconter leurs soucis et leurs arrangements domestiques. Ce sont là des méfaits où le Pèlerin voit une infidélité impardonnable à la mission de sa vie. Son frère aîné a pour fils un très bon jeune homme qui veut se faire prêtre. Ce jeune homme se permet, tous les ans, de passer près de la malade une partie de ses vacances: celle-ci a pour lui la sollicitude d'une mère spirituelle afin qu'il soit un jour un bon prêtre; mais tant que le timide neveu réside à Dulmen, la malade et lui sont forcément dans une inquiétude continuelle et tremblent que la colère péniblement contenue du Pèlerin à propos " des dérangements " n'en vienne à un éclat douloureusement blessant. « Son neveu et sa nièce aussi, dit-il, sont ici de nouveau. Elle est, sans la moindre nécessité, préoccupée, affairée, troublée à leur occasion ! Elle leur fait des tartines de beurre, leur coupe des tranches de jambon, leur verse du café. C'est pour de pareilles choses qu'elle laisse tout s'échapper. Plus elle a vu et moins elle dit. Il faut au Pèlerin une patience de fer pour persévérer au milieu d'un tel désordre, quand il n'y a ni surveillance, ni régularité. » Elle pleure de la colère injuste du Pèlerin et dit : « J'ai toujours des visions pendant que j'ai à
Travailler ici. Il faut que j'aie mon neveu (note) près de moi afin qu'il ne tombe pas dans le péché, qu’il ne sente pas le poids de sa pauvreté et ne devienne pas orgueilleux.
(note) Le Pèlerin observe à ce sujet très injustement : « raisons données d'une manière très confuse, conséquence absurde ! » Et pourtant combien ces paroles sont vraies et profondes ! Nulle part l'orgueil n'est plus dangereux et plus opiniâtre que chez l'homme né dans une condition basse et indigente qui porte son fardeau avec irritation et avec honte, mais qui sait, qu'en changeant d'état, il peut franchir rapidement le large intervalle qui le sépare d'une position supérieure.
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Je ne dois pas non plus renvoyer l'enfant (sa nièce) aux paysans : car je vois toutes ses dispositions et je sais ce qui l'attend si je la laisse à Flamske. J'ai des visions touchant sa vie future et j'ai à prier et à travailler pour qu'elle échappe aux dangers dont son âme est menacée. La comtesse de Galen a la bonté de vouloir prendre l'enfant chez elle, mais je ne sais pas si je dois accepter cette faveur. » Quel est d'effet de ces paroles si conciliantes ? Un nouvel accès de mauvaise humeur car voici comment parle le Pèlerin : « Que le neveu ne veuille pas rester chez ses parents et l'enfant non plus, c'est chez le premier un sot amour-propre, chez l'autre l'effet des habitudes qu'elle a prises ailleurs. » Mais les exigences du Pèlerin allaient encore plus loin : il ne voulait pas qu'Anne-Catherine s'occupât, même en pensée, de son neveu et de sa nièce.
8 septembre 1822 : « C'est aujourd'hui son jour de naissance. Elle est entravée, dérangée par son rustique neveu des défauts duquel elle parle volontiers: mais si le Pèlerin indique des moyens d'y remédier, elle se choque facilement. Elle a dit, pendant que ce neveu se promenait dans la chambre, qu'elle ne pouvait rien raconter aujourd'hui. Le Pèlerin en a eu du chagrin : il lui a rappelé sa promesse de lui tout raconter et il s'est retiré. Elle a été très malade et elle a vomi. Le soir le Pèlerin, par l'intermédiaire du confesseur, a fait persuader au neveu de quitter Dulmen pour un voyage à pied. »
9 septembre. " Le neveu est parti. Elle est occupée intérieurement de sa nièce et de son neveu : elle est distraite et accablée de soucis inutiles. "
13 octobre. « La nièce part pour retourner chez ses parents. Grand trouble intérieur. »
14 octobre : « Elle est un peu plus calme : mais elle a encore l'esprit occupé de sa nièce. »
Le résultat ultérieur a montré qui était dans le vrai et qui agissait en conformité avec les desseins de Dieu clairement reconnus : car ce neveu, aidé par la bénédiction et les prières de la malade, devint un des ornements du clergé de Munster auquel il fut enlevé trop tôt par une mort prématurée, au grand regret de tous les gens de bien.
20 octobre 1822. « Vomissements très forts avec accès de toux convulsive. Lorsqu'elle est en train de raconter la vie de Jésus, arrive son frère le tailleur; et quoique cette visite soit tout à fait superflue et importune, le Pèlerin est obligé de se retirer comme si c'était le Pape. Quand sa soeur vient, elle lui fait ordinairement signe de s'enfuir. Ainsi le sérieux travail auquel le Pèlerin a dévoué sa vie doit céder la place à la première servante venue, à la causerie la plus inutile, et le Pèlerin a appris à ne jamais faire mauvaise mine quand de telles occasions se présentent. A ce frère vient se joindre encore un paysan et ils restent assis-là jusqu'au dîner. Le soir encore Mme Wesener est venue et il n'est resté au Pèlerin qu'une petite heure pour recueillir les débris de visions perdues. Ainsi, depuis plusieurs années, rien ne s'est amélioré dans ses rapports avec le dehors. Jamais elle n'a jugé que ces graves communications fussent une raison de faire attendre un instant la visite la plus insignifiante. Il faut que ces choses d'un intérêt si sérieux se perdent à l'occasion de l'incident le plus futile. Tout reste en suspens, mais sa vie spirituelle et contemplative poursuit son cours sans interruption ! »
8 septembre 1822 : « C'est aujourd'hui son jour de naissance. Elle est entravée, dérangée par son rustique neveu des défauts duquel elle parle volontiers: mais si le Pèlerin indique des moyens d'y remédier, elle se choque facilement. Elle a dit, pendant que ce neveu se promenait dans la chambre, qu'elle ne pouvait rien raconter aujourd'hui. Le Pèlerin en a eu du chagrin : il lui a rappelé sa promesse de lui tout raconter et il s'est retiré. Elle a été très malade et elle a vomi. Le soir le Pèlerin, par l'intermédiaire du confesseur, a fait persuader au neveu de quitter Dulmen pour un voyage à pied. »
9 septembre. " Le neveu est parti. Elle est occupée intérieurement de sa nièce et de son neveu : elle est distraite et accablée de soucis inutiles. "
13 octobre. « La nièce part pour retourner chez ses parents. Grand trouble intérieur. »
14 octobre : « Elle est un peu plus calme : mais elle a encore l'esprit occupé de sa nièce. »
Le résultat ultérieur a montré qui était dans le vrai et qui agissait en conformité avec les desseins de Dieu clairement reconnus : car ce neveu, aidé par la bénédiction et les prières de la malade, devint un des ornements du clergé de Munster auquel il fut enlevé trop tôt par une mort prématurée, au grand regret de tous les gens de bien.
20 octobre 1822. « Vomissements très forts avec accès de toux convulsive. Lorsqu'elle est en train de raconter la vie de Jésus, arrive son frère le tailleur; et quoique cette visite soit tout à fait superflue et importune, le Pèlerin est obligé de se retirer comme si c'était le Pape. Quand sa soeur vient, elle lui fait ordinairement signe de s'enfuir. Ainsi le sérieux travail auquel le Pèlerin a dévoué sa vie doit céder la place à la première servante venue, à la causerie la plus inutile, et le Pèlerin a appris à ne jamais faire mauvaise mine quand de telles occasions se présentent. A ce frère vient se joindre encore un paysan et ils restent assis-là jusqu'au dîner. Le soir encore Mme Wesener est venue et il n'est resté au Pèlerin qu'une petite heure pour recueillir les débris de visions perdues. Ainsi, depuis plusieurs années, rien ne s'est amélioré dans ses rapports avec le dehors. Jamais elle n'a jugé que ces graves communications fussent une raison de faire attendre un instant la visite la plus insignifiante. Il faut que ces choses d'un intérêt si sérieux se perdent à l'occasion de l'incident le plus futile. Tout reste en suspens, mais sa vie spirituelle et contemplative poursuit son cours sans interruption ! »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
« Une bonne vieille parente est venue la visiter aujourd'hui. Elle se trouve très malheureuse de ne pouvoir lui offrir du café, à cause de l'absence de la vieille fille. Celle-ci est à l'église: la vieille parente se réjouit de pouvoir faire le chemin de la croix étant encore à jeun, mais la malade jase encore avec le jeune paysan, son neveu, et laisse les visions s'échapper. Oui ! elle jase gaiement avec la vieille. C'est merveille qu'il reste encore ce qui suit pour le Pèlerin... »
« A peine le Pèlerin a-t-il subi, avec une impatience qui le met au supplice, des récits embrouillés touchant sa maladie et les soucis qui la préoccupent (or tout cela est un vrai labyrinthe parce qu'elle ne dit jamais les causes intérieures), qu'arrive le vicaire Hilgenberg avec lequel elle cause sur des riens et tout est perdu pour le Pèlerin... »
Mais quand le Pèlerin introduit lui-même des visiteurs auprès de la malade, ou quand elle reçoit des visites qu'il trouve agréables, il n'a garde de se plaindre. Par exemple: « chose remarquable, étant presque incapable d'ouvrir la bouche, elle fut rassérénée par, la venue de N. N. et put, une heure durant, s'entretenir suffisamment avec lui. Après cela elle était plus morte que vive, tant sa fatigue était extrême. » Et encore : « Le frère du Pèlerin vint et ses nombreux et intéressants récits apportèrent quelque trouble dans le courant paisible de ses communications... » « Les visions de la nuit se sont perdues par suite de la visite que le frère du Pèlerin a faite à la malade dans la matinée. L'effort qu'elle a fait pour s'entretenir avec lui l'a tellement épuisée qu'elle a vomi du sang lorsqu'il s'est retiré. Grâce à Dieu, le repos de la matinée n'est pas troublé intérieurement par là, non plus que celui du Pèlerin. »
« A peine le Pèlerin a-t-il subi, avec une impatience qui le met au supplice, des récits embrouillés touchant sa maladie et les soucis qui la préoccupent (or tout cela est un vrai labyrinthe parce qu'elle ne dit jamais les causes intérieures), qu'arrive le vicaire Hilgenberg avec lequel elle cause sur des riens et tout est perdu pour le Pèlerin... »
Mais quand le Pèlerin introduit lui-même des visiteurs auprès de la malade, ou quand elle reçoit des visites qu'il trouve agréables, il n'a garde de se plaindre. Par exemple: « chose remarquable, étant presque incapable d'ouvrir la bouche, elle fut rassérénée par, la venue de N. N. et put, une heure durant, s'entretenir suffisamment avec lui. Après cela elle était plus morte que vive, tant sa fatigue était extrême. » Et encore : « Le frère du Pèlerin vint et ses nombreux et intéressants récits apportèrent quelque trouble dans le courant paisible de ses communications... » « Les visions de la nuit se sont perdues par suite de la visite que le frère du Pèlerin a faite à la malade dans la matinée. L'effort qu'elle a fait pour s'entretenir avec lui l'a tellement épuisée qu'elle a vomi du sang lorsqu'il s'est retiré. Grâce à Dieu, le repos de la matinée n'est pas troublé intérieurement par là, non plus que celui du Pèlerin. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
7. La vision où la vie avait été donnée de nouveau à Anne-Catherine et où elle avait eu à prier pour un mourant dont l'âme se serait perdue sans son secours, signifiait que dorénavant la partie la plus importante de ses oeuvres de charité envers le prochain consisterait à préparer les agonisants à une bonne mort en prenant sur elle leur état quant au corps et quant à l'âme. Elle n'avait donc pas seulement à prendre sur elle, à combattre et à surmonter les maladies et les souffrances physiques des mourants, mais aussi leurs infirmités spirituelles, les conséquences de mauvaises habitudes ,et de passions ayant duré de longues années avec les tentations dont elles étaient la source. Le secours des saints dont les reliques se trouvaient dans son "église" lui fut promis pour cette pénible lutte. – Elle dit le 30 août 1821 : « J'ai eu une merveilleuse vision de toutes les reliques qui sont près de moi. Je les vis toutes selon leur forme, les couleurs de leur enveloppe et le nombre des parcelles. Alors tous les saints sortirent de leurs reliques et se rangèrent autour de moi selon les hiérarchies auxquelles ils appartenaient. Je les reconnus tous et je vis les scènes de leur vie. Il y avait entre les saints et moi une grande table (note) couverte de mets célestes et les ossements disparurent.
(note) Cette table signifie les secours et les consolations qu'elle doit recevoir des saints.
Je chantai avec les saints le Lauda Sion (note) avec accompagnement d'une musique céleste : je vis les instruments dont jouaient plusieurs saints.
(note) Le chant du Lauda Sion se lie à la tâche donnée à Anne-Catherine et en vertu de laquelle il lui faut amener à leur accomplissement pour tant de mourants les paroles de l'hymne :
Bone pastor, panis vere,
Jesu, nostri miserere;
Tu nos pasce, nos tuere,
Tu nos bona fac videre
ln terra viventium.
Il y avait aussi là beaucoup d'enfants bienheureux. J'étais très triste pendant cette vision : c'était comme si les saints me faisaient leurs adieux : ils montraient une affection touchante envers moi parce que je les avais honorés et aimés et je compris intérieurement que je ne devais plus avoir si souvent les visions provoquées par des reliques parce que d'autres travaux me sont réservés. Les saints se retirèrent aux sons de la musique céleste, faisant volte-face et me tournant le dos.
Je courus après eux et je voulus encore voir les traits de la dernière apparition : c'était sainte Rose ; mais elle disparut. Cependant, la Mère de Dieu, saint Augustin et saint Ignace de Loyola vinrent à moi et me donnèrent des consolations et des instructions que je ne puis pas répéter. »
(note) Cette table signifie les secours et les consolations qu'elle doit recevoir des saints.
Je chantai avec les saints le Lauda Sion (note) avec accompagnement d'une musique céleste : je vis les instruments dont jouaient plusieurs saints.
(note) Le chant du Lauda Sion se lie à la tâche donnée à Anne-Catherine et en vertu de laquelle il lui faut amener à leur accomplissement pour tant de mourants les paroles de l'hymne :
Bone pastor, panis vere,
Jesu, nostri miserere;
Tu nos pasce, nos tuere,
Tu nos bona fac videre
ln terra viventium.
Il y avait aussi là beaucoup d'enfants bienheureux. J'étais très triste pendant cette vision : c'était comme si les saints me faisaient leurs adieux : ils montraient une affection touchante envers moi parce que je les avais honorés et aimés et je compris intérieurement que je ne devais plus avoir si souvent les visions provoquées par des reliques parce que d'autres travaux me sont réservés. Les saints se retirèrent aux sons de la musique céleste, faisant volte-face et me tournant le dos.
Je courus après eux et je voulus encore voir les traits de la dernière apparition : c'était sainte Rose ; mais elle disparut. Cependant, la Mère de Dieu, saint Augustin et saint Ignace de Loyola vinrent à moi et me donnèrent des consolations et des instructions que je ne puis pas répéter. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
-Ces instructions se rapportaient aux nouveaux travaux par la souffrance, car, peu de jours après, le Pèlerin eut à rendre compte d'un état de la malade qu'il n’avait jamais vu chez elle et qu'il trouva incompréhensible et tout à fait étrange. « Depuis le 29 août, dit-il, elle passa d’une maladie à l’autre ; ce fut une alternative de convulsions, de sueurs, de douleurs dans les membres et aux plaies. Souvent, elle semblait à toute extrémités dans les intervalles, abattue et fatiguée comme elle l'était, elle avait à combattre les tentations les plus insensées, des inquiétudes extravagantes touchant la nourriture, etc. Le 2 septembre, dans l’après-midi, ces luttes amenèrent chez elle un délire bien caractérisé. Il vint une nouvelle attaque de ses souffrances corporelles, elle était à la fois à l'état de veille et clairvoyante et elle faisait entendre des plaintes incessantes comme celle-ci : « Cela ne peut pas aller plus loin, je n’ai jamais été aussi pauvre. Je ne puis pas payer mes dettes. Tout est perdu, l'intérieur et l'extérieur. » et encore d’autres extravagances. Avec cela elle n'était pas de mauvaise humeur, mais prenait la chose presque gaiement, car elle secouait la tête, désirait voir bien loin ces sottes pensées et traitait d’insensés les discours qu’elle tenait. Elle répéta aussi devant la maîtresse de la maison ces paroles délirantes, mais en même temps elle s’excusa de sa déraison, demanda pardon, dit qu'elle était au supplice et dans un grand trouble. Vint ensuite une nuit de cruelles souffrances. Les attaques durèrent jour et nuit jusqu’à la soirée du 4. Elle les combattit si fortement que dans la matinée elle tomba en défaillance. Son délire portait sur ce qu’elle n’avait pas d'argent, qu'elle ne pouvait subvenir à ses besoins et que pour cela elle n'avait personne sur qui compter. » Le Pèlerin termine ce récit par ces mots : " C'est une des épreuves les plus propres à bouleverser que de voir une personne si favorisée de Dieu dans un tel état de détresse, de misère et d'infirmité quand la grâce se détourne d'elle. Mais, par suite de toutes ces rêveries, les visions les plus importantes se perdent. Quel pauvre vaisseau est l'homme ! Combien Dieu est miséricordieux et patient avec lui! "
Pourtant la grâce ne s'était pas éloignée d'elle comme le croyait à tort le Pèlerin et elle n'avait pas été dans le délire, ni dans la rêverie, mais elle avait livré victorieusement un rude combat contre les passions d'un mourant et à la place de celui-ci qui, sans les expiations extraordinaires d'une personne substituée à lui, n'aurait pu délivrer son âme de soucis et d'attachements immodérés qui l'enchaînaient aux choses de la terre et dans lesquels il était resté captif pendant toute sa vie. Anne-Catherine avait pris sur elle la violence de ces passions, lutté contre elles, triomphé d'elles et affranchi par là les forces morales du mourant, devenu dès lors capable de coopérer avec la nouvelle grâce qu'elle lui avait obtenue et de s'occuper avec fruit de pensées salutaires.
Pourtant la grâce ne s'était pas éloignée d'elle comme le croyait à tort le Pèlerin et elle n'avait pas été dans le délire, ni dans la rêverie, mais elle avait livré victorieusement un rude combat contre les passions d'un mourant et à la place de celui-ci qui, sans les expiations extraordinaires d'une personne substituée à lui, n'aurait pu délivrer son âme de soucis et d'attachements immodérés qui l'enchaînaient aux choses de la terre et dans lesquels il était resté captif pendant toute sa vie. Anne-Catherine avait pris sur elle la violence de ces passions, lutté contre elles, triomphé d'elles et affranchi par là les forces morales du mourant, devenu dès lors capable de coopérer avec la nouvelle grâce qu'elle lui avait obtenue et de s'occuper avec fruit de pensées salutaires.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
Cette terrible tache lui avait été déjà annoncée pour la première fois, le jour de l'Assomption, dans une vision dont elle raconta ce qui suit : " Je vis célébrer l'Assomption de Marie dans l'Église du ciel. Je vis la Mère de Dieu enlevée de l’Église de la terre, située plus bas, par des anges innombrables, portée comme sur une couronne formée de cinq arceaux et planant au-dessus de l'autel. La sainte Trinité s'abaissa du haut des cieux et posa une couronne sur la tête de Marie. Les choeurs des saints et des anges environnaient l'autel où des apôtres célébraient le service divin; ces choeurs étaient rangés comme les chapelles latérales d'une église. Je reçus le saint Sacrement et Marie vint à moi, puis, comme sortant d'une chapelle latérale, vint saint Ignace en l'honneur duquel j'ai fait, cette semaine, un exercice de dévotion spécial. Il me fut dit que si mon confesseur me l'ordonnait au nom de Jésus, je me lèverais et pourrais de nouveau marcher, même quand je serais tout à fait malade et dans le plus triste état. J'étais très impatiente que cela arrivât et je répondis: " Pourquoi pas à présent (note)? " alors j'entendis à ma droite une voix semblable à celle de mon époux céleste qui disait : « Tu es à moi: pourquoi faire ces questions, si je le veux ainsi et non autrement. »
(note) Cette impatience est la joyeuse aspiration vers la tâche liée à la possibilité de marcher, et qui consiste à préparer les mourants à faire une bonne mort, tâche qu'elle ne doit accomplir, comme ses autres travaux, que sur la voie et par les moyens voulus de l'Église, c'est-à-dire par l'obéissance à son confesseur.
Lorsqu'elle donna connaissance de cette vision à son confesseur, celui-ci répondit qu'avant de donner cet ordre, il lui fallait être assuré que c'était la volonté de Dieu qu’il risquât une chose aussi grave.
(note) Cette impatience est la joyeuse aspiration vers la tâche liée à la possibilité de marcher, et qui consiste à préparer les mourants à faire une bonne mort, tâche qu'elle ne doit accomplir, comme ses autres travaux, que sur la voie et par les moyens voulus de l'Église, c'est-à-dire par l'obéissance à son confesseur.
Lorsqu'elle donna connaissance de cette vision à son confesseur, celui-ci répondit qu'avant de donner cet ordre, il lui fallait être assuré que c'était la volonté de Dieu qu’il risquât une chose aussi grave.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
8. La promesse touchant la faculté de marcher s'accomplit le jour de la Nativité de la Sainte-Vierge. Voici ce qu'elle raconta : " La veille de la fête, je fus en proie à de grandes douleurs, j'eus de violentes convulsions, cependant je ressentais une joie intérieure. J'eus aussi une très mauvaise nuit : mais à trois heures du matin, à l'heure où la Sainte-Vierge fut mise au monde, elle m'apparut et me dit que je me lèverais et que je pourrais marcher un peu. Je l'aurais pu déjà le jour de l'Assomption ou celui de la fête de saint Augustin, si mon confesseur me l'avait ordonné mais maintenant c'était par elle que cela devait se faire. Je dois dans cet état, faire et souffrir en son honneur tout ce qui se présentera. Elle ajouta que je ne redeviendrais jamais tout à fait bien portante, ni capable de manger et de boire comme d’autres personnes, mais que j’aurais encore à supporter beaucoup de maladies et de souffrances ; elle dit encore que les grâces qui ont été départies aux hommes le jour de sa naissance continuent à se répandre sur eux, maintenant encore, et que je devrais prier pour la conversion des pécheurs. Je ne devrais non plus essayer de marcher qu’en présence de mon confesseur : mais il ne fallait me laisser arrêter par aucun doute. Je fus remplie de joie, mais plus faible et plus malade qu’auparavant : j’eus des crampes et des douleurs encore plus fortes, surtout dans la poitrine. Mais la Sainte-Vierge me dit : « Je te donne la force » et, au moment où elle parlait, sa parole sortit substantiellement de sa bouche pour entrer dans la mienne sous la forme et avec le goût d’un aliment délicieux.
Je me mis aussitôt à prier, suivant son ordre; pour la conversion des pécheurs qu'elle me montra et dont je vis quelques-uns devenir contrits. J'eus encore une vision le matin, après que mon confesseur m'eut donné la sainte communion. Je vis la Sainte-Vierge, sainte Anne, saint Joachim, saint Joseph, saint Augustin et saint Ignace. La Sainte-Vierge me releva sur mes pieds, je crus marcher autour de la chambre, soutenue par tous ces saints, et ce fut comme si tout m'y aidait et se prêtait à mes mouvements, le plancher, la table et les murailles: Je ne sais pourtant pas si je me suis levée, corporellement ou seulement en vision. »
Vers midi, elle demanda à son confesseur la permission de se lever et de marcher. Il doutait encore et lui représenta son extrême faiblesse : mais elle lui redit la promesse qu’elle avait reçue; alors, il donna la permission. Elle se couvrit de son manteau avec un joyeux empressement, descendit du lit, marcha à travers la chambre comme un enfant dont les pas sont mal assurés et alla s’asseoir sur une chaise. Elle paraissait épuisée de fatigue; mais ivre de joie. La lumière qui tombait sur son visage et à laquelle elle n'était pas habituée, l'éblouit. Elle était très dépourvue de force, et il fallut la soutenir pour qu'elle pût faire encore quelques pas dans la chambre. Elle souffrait beaucoup à l'endroit des stigmates; aux pieds, aux mains et, au côté: Elle se mit ensuite sur le fauteuil à bras ; se montra très joyeuse et très émue et ne revint à son lit que le soir.
Je me mis aussitôt à prier, suivant son ordre; pour la conversion des pécheurs qu'elle me montra et dont je vis quelques-uns devenir contrits. J'eus encore une vision le matin, après que mon confesseur m'eut donné la sainte communion. Je vis la Sainte-Vierge, sainte Anne, saint Joachim, saint Joseph, saint Augustin et saint Ignace. La Sainte-Vierge me releva sur mes pieds, je crus marcher autour de la chambre, soutenue par tous ces saints, et ce fut comme si tout m'y aidait et se prêtait à mes mouvements, le plancher, la table et les murailles: Je ne sais pourtant pas si je me suis levée, corporellement ou seulement en vision. »
Vers midi, elle demanda à son confesseur la permission de se lever et de marcher. Il doutait encore et lui représenta son extrême faiblesse : mais elle lui redit la promesse qu’elle avait reçue; alors, il donna la permission. Elle se couvrit de son manteau avec un joyeux empressement, descendit du lit, marcha à travers la chambre comme un enfant dont les pas sont mal assurés et alla s’asseoir sur une chaise. Elle paraissait épuisée de fatigue; mais ivre de joie. La lumière qui tombait sur son visage et à laquelle elle n'était pas habituée, l'éblouit. Elle était très dépourvue de force, et il fallut la soutenir pour qu'elle pût faire encore quelques pas dans la chambre. Elle souffrait beaucoup à l'endroit des stigmates; aux pieds, aux mains et, au côté: Elle se mit ensuite sur le fauteuil à bras ; se montra très joyeuse et très émue et ne revint à son lit que le soir.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
Elle prit dès lors très sérieusement l'habitude de se lever, et de marcher, ce qui, à raison des diverses infirmités de soir corps martyrisé, lui occasionnait de grandes fatigues, mais elle y voyait un, ordre auquel elle s'efforçait d'obéir chaque jour dans la mesure de ses forces. Toutefois-elle se traînait si péniblement autour de sa petite chambre que le Pèlerin; pour la soulager, lui procura une paire de béquilles: ce dont il parut bientôt avoir du regret; car il craignait que ses efforts pour marcher n’apportassent un nouvel obstacle à la communication des visions. Un jour qu'ayant une crainte de ce genre, il blâmait la malade de ce qu'une personne comblée de si grandes grâces pouvait se montrer impatiente d'essayer une misérable promenade de quelques pas, faite, non sans danger, avec des béquilles ; elle lui répondit : « J'ai vu la plus parfaite des créatures, la Sainte-Vierge quand elle était au temple, demander plusieurs fois avec impatience à la prophétesse Anne : « Quand donc l'enfant viendra-t-il au monde? Ah ! si du moins je pouvais voir l'enfant! Ah ! si du moins j'étais vivante quand l'enfant, naîtra ! » Alors Anne paraissait mécontente et disait : « Ne me trouble pas dans mon travail ! Je suis ici déjà depuis soixante-dix ans, il faut que j'attende l'enfant jusqu'à cent ans! Et toi, tu es si jeune, tu n'attendras pas ! » Et Marie pleurait souvent, consumée par son ardent désir. »
Le Pèlerin ne comprit pas le sens profond de cette touchante réponse, quoiqu'il ne fût pas difficile à saisir. Elle voulait en effet lui donner à entendre qu'elle n'était pas impatiente de marcher avec des béquilles, mais qu'elle était impatiente de secourir les âmes pour lesquelles seules la faculté de marcher et de manger lui avait été donnée.
Voici ce qu'il rapporte, à la date du 1er novembre : « Depuis quelques semaines la malade trouve plus de facilité à se lever, à marcher à l'aide de béquilles, à se tenir assise et à coudre. Elle arrive aussi à s'habiller entièrement de ses propres mains. Elle peut prendre du potage et un peu de café. Dans les derniers jours d’octobre, elle a sucé des carottes. »
Pendant que l'entourage de la malade considérait ces phénomènes extérieurs comme une amélioration purement naturelle dans son état physique et l'exercice qu'elle faisait en marchant comme une marque de son désir d'être guérie, tout cela était, suivant l'ordre voulu de Dieu, une oeuvre d'expiation douloureuse accomplie pour le salut des âmes.
Elle ne se borne plus simplement à endurer de grandes souffrances afin d'obtenir pour des pécheurs impénitents ou pour d'autres personnes qui s'approchent des sacrements avec des dispositions défectueuses ou mauvaises la grâce efficace d'un repentir proportionné à la grandeur des fautes, d'une contrition véritable et d'une humble et sincère confession, mais elle est comme substituée à ces personnes, quant à leurs souffrances, aux dangers que court leur âme, par conséquent, quant aux tentations et au vif attrait vers certains péchés qu'Anne-Catherine doit combattre à fond, indépendamment des attaques de l'esprit malin. A cela se lie l'acceptation de toutes les suites extérieures, souvent honteuses, de ces péchés d'habitude qui alors pèsent de tout leur poids sur l'instrument d'expiation substitué aux vrais coupables jusqu'à ce que le combat soit suivi de la victoire. Elle ne put raconter que ce qui suit d'une grande vision concernant cette substitution. « J'ai eu une vision qui m'a montré pourquoi j'avais tant de maladies. Je vis Jésus apparaître avec une taille gigantesque entre le ciel et la terre. Il avait la même, figure et le même vêtement que lorsqu'il fut livré aux insultes de ses ennemis. Mais il avait les mains étendues et pesait sur le monde : c'était la main de Dieu qui pesait ainsi sur lui. Je vis, sous forme de rayons colorés, le malheur, la souffrance et la douleur descendre sur beaucoup de personnes de toutes conditions; je vis aussi que, quand j'étais saisie de pitié et que je priais, des torrents entiers de douleurs les plus variées se détournaient de la masse, pénétraient en moi et me torturaient de mille manières ; la plus grande partie me venait de personnes de ma connaissance. C'était Jésus, mais toute la sainte Trinité était intérieurement dans cette apparition. Je ne la vis pas, mais j'en eus le sentiment. »
Un fait qu'elle raconta le 18 février 1823 montre de quelle force elle était armée pour sa tache et combien cette force était accrue par ses souffrances et ses vaillantes luttes : « Je parlais à mon confesseur, dit-elle, et j'étais dans l'état de veille naturel. Tout à coup je me sentis tomber en défaillance et ce fut comme si j'allais mourir. Mon confesseur s'aperçut de cet état et dit : " Qu'est-ce que cela peut signifier ?
Le Pèlerin ne comprit pas le sens profond de cette touchante réponse, quoiqu'il ne fût pas difficile à saisir. Elle voulait en effet lui donner à entendre qu'elle n'était pas impatiente de marcher avec des béquilles, mais qu'elle était impatiente de secourir les âmes pour lesquelles seules la faculté de marcher et de manger lui avait été donnée.
Voici ce qu'il rapporte, à la date du 1er novembre : « Depuis quelques semaines la malade trouve plus de facilité à se lever, à marcher à l'aide de béquilles, à se tenir assise et à coudre. Elle arrive aussi à s'habiller entièrement de ses propres mains. Elle peut prendre du potage et un peu de café. Dans les derniers jours d’octobre, elle a sucé des carottes. »
Pendant que l'entourage de la malade considérait ces phénomènes extérieurs comme une amélioration purement naturelle dans son état physique et l'exercice qu'elle faisait en marchant comme une marque de son désir d'être guérie, tout cela était, suivant l'ordre voulu de Dieu, une oeuvre d'expiation douloureuse accomplie pour le salut des âmes.
Elle ne se borne plus simplement à endurer de grandes souffrances afin d'obtenir pour des pécheurs impénitents ou pour d'autres personnes qui s'approchent des sacrements avec des dispositions défectueuses ou mauvaises la grâce efficace d'un repentir proportionné à la grandeur des fautes, d'une contrition véritable et d'une humble et sincère confession, mais elle est comme substituée à ces personnes, quant à leurs souffrances, aux dangers que court leur âme, par conséquent, quant aux tentations et au vif attrait vers certains péchés qu'Anne-Catherine doit combattre à fond, indépendamment des attaques de l'esprit malin. A cela se lie l'acceptation de toutes les suites extérieures, souvent honteuses, de ces péchés d'habitude qui alors pèsent de tout leur poids sur l'instrument d'expiation substitué aux vrais coupables jusqu'à ce que le combat soit suivi de la victoire. Elle ne put raconter que ce qui suit d'une grande vision concernant cette substitution. « J'ai eu une vision qui m'a montré pourquoi j'avais tant de maladies. Je vis Jésus apparaître avec une taille gigantesque entre le ciel et la terre. Il avait la même, figure et le même vêtement que lorsqu'il fut livré aux insultes de ses ennemis. Mais il avait les mains étendues et pesait sur le monde : c'était la main de Dieu qui pesait ainsi sur lui. Je vis, sous forme de rayons colorés, le malheur, la souffrance et la douleur descendre sur beaucoup de personnes de toutes conditions; je vis aussi que, quand j'étais saisie de pitié et que je priais, des torrents entiers de douleurs les plus variées se détournaient de la masse, pénétraient en moi et me torturaient de mille manières ; la plus grande partie me venait de personnes de ma connaissance. C'était Jésus, mais toute la sainte Trinité était intérieurement dans cette apparition. Je ne la vis pas, mais j'en eus le sentiment. »
Un fait qu'elle raconta le 18 février 1823 montre de quelle force elle était armée pour sa tache et combien cette force était accrue par ses souffrances et ses vaillantes luttes : « Je parlais à mon confesseur, dit-elle, et j'étais dans l'état de veille naturel. Tout à coup je me sentis tomber en défaillance et ce fut comme si j'allais mourir. Mon confesseur s'aperçut de cet état et dit : " Qu'est-ce que cela peut signifier ?
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
" Je lui dis que je sentais qu'une force sortait de moi, et je vis cette force sous forme de rayons s'en aller au loin et se répandre sur vingt personnes. J'en vis quelques-unes à Rome, d'autres en Allemagne, d'autres dans notre pays. Je vis ces hommes appelés à combattre contre une puissance formidable : leur courage fut ranimé par cette effusion de force. Cela me fit plaisir. Je vis alors la prostituée de Babylone venir à moi sous une forme révoltante pour la pudeur. Elle portait à la main son pourpoint bariolé chamarré de rubans, et la force qui était encore en moi se dirigea vers elle. Cela me causa d'abord beaucoup de répugnance : mais cette force la contraignit de se recouvrir de son pourpoint, puis avec chaque rayon émané de cette force je nouai l'un après l'autre tous les rubans de son pourpoint en faisant des nœuds de plus en plus serrés, si bien que tout ce qu'elle portait en elle fut comprimé et étouffé. C'étaient mille plans formés par l'impiété contre l'Église, plans qu'elle avait conçus dans ses accointances avec les esprits du monde et du siècle. »
Dans cette substitution aux mourants et cette lutte contre les dangers que courait leur âme, Anne-Catherine apparaissait comme une personne double: tantôt elle était comme surmontée par la tentation ou par l'attraction violente vers le péché contre laquelle elle luttait péniblement, tantôt elle était comme l'image de la paix et du repos. On voyait alors jusque sur les traits de son visage, dans sa parole, dans son geste, dans le ton de sa voix, se peindre le caractère de la personne étrangère pour laquelle elle avait entrepris la lutte, jusqu'à ce que la pureté de son coeur brillât comme un rayon de soleil à travers les nuages et révélât que rien n'avait terni le miroir de son âme. On peut se représenter ce double état si l'on se figure un homme pratiquant le jeûne et la pénitence qui, pour sauver un ivrogne d'une chute inévitable dans l'abîme, prend sur lui-même l'état d'ivresse malgré le dégoût et l'horreur qu'il en a. Quoiqu'il ne perde pas par là la conscience de lui-même, il se trouve pourtant comme lié par une force étrangère contre laquelle il lui faut lutter avec les plus grands efforts afin de ne pas être entraîné dans le vertige, et il lui faut combattre en même temps la répugnance involontaire que lui inspire l'état qu'il a pris sur lui. Alors deux choses se manifestent en lui nécessairement et simultanément : l'état de l'homme sobre et l'état d'ivresse. Un jour qu'Anne-Catherine voulait rendre compte de ce qu'elle ressentait dans cet état de souffrance, elle dit : « Il me semble que je suis double, qu'il y a sur ma poitrine une image en bois de moi-même, laquelle parle sans que je puisse l'en empêcher (c'est-à-dire par laquelle l'état emprunté de désespoir, d'impatience, d'intempérance, etc., arrive à s'exprimer par des paroles). En réfléchissant là-dessus; je vois que je dois laisser les choses aller ainsi, que l'image doit mieux savoir que moi ce qu'elle a à faire et qu'elle doit répondre pour moi. Dans cet état, l'autre conscience qui est en moi a comme le gosier comprimé. »
Dans cette substitution aux mourants et cette lutte contre les dangers que courait leur âme, Anne-Catherine apparaissait comme une personne double: tantôt elle était comme surmontée par la tentation ou par l'attraction violente vers le péché contre laquelle elle luttait péniblement, tantôt elle était comme l'image de la paix et du repos. On voyait alors jusque sur les traits de son visage, dans sa parole, dans son geste, dans le ton de sa voix, se peindre le caractère de la personne étrangère pour laquelle elle avait entrepris la lutte, jusqu'à ce que la pureté de son coeur brillât comme un rayon de soleil à travers les nuages et révélât que rien n'avait terni le miroir de son âme. On peut se représenter ce double état si l'on se figure un homme pratiquant le jeûne et la pénitence qui, pour sauver un ivrogne d'une chute inévitable dans l'abîme, prend sur lui-même l'état d'ivresse malgré le dégoût et l'horreur qu'il en a. Quoiqu'il ne perde pas par là la conscience de lui-même, il se trouve pourtant comme lié par une force étrangère contre laquelle il lui faut lutter avec les plus grands efforts afin de ne pas être entraîné dans le vertige, et il lui faut combattre en même temps la répugnance involontaire que lui inspire l'état qu'il a pris sur lui. Alors deux choses se manifestent en lui nécessairement et simultanément : l'état de l'homme sobre et l'état d'ivresse. Un jour qu'Anne-Catherine voulait rendre compte de ce qu'elle ressentait dans cet état de souffrance, elle dit : « Il me semble que je suis double, qu'il y a sur ma poitrine une image en bois de moi-même, laquelle parle sans que je puisse l'en empêcher (c'est-à-dire par laquelle l'état emprunté de désespoir, d'impatience, d'intempérance, etc., arrive à s'exprimer par des paroles). En réfléchissant là-dessus; je vois que je dois laisser les choses aller ainsi, que l'image doit mieux savoir que moi ce qu'elle a à faire et qu'elle doit répondre pour moi. Dans cet état, l'autre conscience qui est en moi a comme le gosier comprimé. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
Souvent je ne sais plus que faire pour résister aux nombreuses visions qui me remplissent d'angoisse et de terreur. Ce ne sont pas des attaques soudaines ou de simples pensées, mais des scènes entières que je vois et que j'entends, qui tendent à m'attirer, à m'effrayer, à m'irriter : en sorte qu'il me faut combattre de toutes mes forces pour ne pas succomber. Des personnes et des événements me sont montrés en vision : il me faut voir les plans suivant lesquels telle ou telle chose se fait, contre moi : j'entends le rire insultant de l'ennemi et il me faut lutter très péniblement pour reconnaître que tout cela se fait parce que Dieu le permet, pour ne pas me laisser abattre et pour repousser l'ennemi avec ses mensonges. Quand toutes ces visions m'excitent à l'impatience, l'approche de mon confesseur, une parole de consolation de sa part, sa bénédiction sont pour moi un secours momentané; mais l'impatience de mon entourage (c'est-à-dire les plaintes éternelles du Pèlerin) m'est dans ces moments-là plus pénible encore qu'à l'ordinaire. "
" On m'a présenté un grand miroir avec un magnifique cadre doré, mais où je n'ai pu voir que des choses qui devaient m'exciter à la colère. Je me scandalisai à la vue de ce vaniteux miroir et je cachai mon visage dans les oreillers pour ne pas être obligée de le voir : mais il restait toujours devant moi. A la fin je le saisis, je le jetai contre terre et je dis : « Qu'ai-je à faire avec la pompe d'un tel miroir? » Mais il tomba mollement et ne se brisa pas. Il ne s'éloigna que lorsqu'avec le mépris de sa magnificence, s'accrut aussi en moi le sentiment de ma bassesse et de ma misère : après cela je pus aller visiter Marie dans la grotte de la crèche. »
" On m'a présenté un grand miroir avec un magnifique cadre doré, mais où je n'ai pu voir que des choses qui devaient m'exciter à la colère. Je me scandalisai à la vue de ce vaniteux miroir et je cachai mon visage dans les oreillers pour ne pas être obligée de le voir : mais il restait toujours devant moi. A la fin je le saisis, je le jetai contre terre et je dis : « Qu'ai-je à faire avec la pompe d'un tel miroir? » Mais il tomba mollement et ne se brisa pas. Il ne s'éloigna que lorsqu'avec le mépris de sa magnificence, s'accrut aussi en moi le sentiment de ma bassesse et de ma misère : après cela je pus aller visiter Marie dans la grotte de la crèche. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
8. Ce qui était le plus pénible et le plus humiliant pour elle, c'était de prendre sur elle l'appétit glouton de certains mourants qui, pendant toute leur vie, avaient obéi à l'amour désordonné du boire et du manger et qui maintenant, à l'article de la mort, étaient violemment pressés par la force indomptable de cette passion tyrannique. Dans ces cas-là, Anne-Catherine avait à ressentir une envie de manger qui excitait chez elle le plus grand dégoût, mais qui s'emparait d'elle tout à coup sous la forme d'une faim dévorante insurmontable, de sorte qu'involontairement elle demandait ces aliments qui étaient l'objet de la convoitise des mourants. Si l'entourage satisfaisait à cette demande et qu'on lui procurât les aliments en question, souvent elle en était affligée au point de fondre en larmes, car son supplice s'accroissait par là et elle se trouvait comme obligée de manger de ce qui lui était présenté, ce qui avait toujours pour suites des vomissements et des maux de coeur, jusqu'à épuisement total de ses forces. Dans d'autres cas où elle était attaquée moins violemment, la convoitise empruntée à autrui se manifestait comme un besoin de nourriture qui lui répugnait beaucoup, mais cependant plus naturels comme une sorte de faim véritable qui devait être apaisée pour l'empêcher de tomber en faiblesse. Elle cherchait alors à se soutenir en prenant de la soupe, des légumes, en suçant un fruit, etc. : mais les suites étaient toujours les mêmes. Ainsi le Pèlerin écrivait en décembre 1823 : « Elle est dans un état constant de maladie, sans consolation, accablée de souffrances, soutenant des combats désespérés contre des tentations et contre les attaques de l'ennemi. On l'entend seulement tousser, vomir, se plaindre de manger sans pouvoir supporter les aliments. Des faims subites la saisissent jusqu'à la faire tomber en défaillance. Elle mange et elle vomit, elle a envie de toute sorte d'aliments grossiers et indigestes, puis elle se lamente et pleure de ce qu'elle a demandé à manger, contrairement à sa volonté; et tout cela se rattache à l'état de son ancienne consoeur M... qui est au moment de mourir, pour laquelle elle prie, des souffrances de laquelle elle s'est chargée, et dont le défaut capital était et, s'il faut en croire Wesener, est encore la gourmandise, jusque dans cette dernière maladie qui est une hydropisie de poitrine. »
Outre cette envie de manger, elle avait encore à supporter les autres maladies des mourants, telles que la goutte, l'hydropisie, toutes les variétés de la fièvre, des affections de la rate, du poumon, des reins et du foie, avec tous leurs symptômes et toutes les souffrances particulières qui en résultent.
Outre cette envie de manger, elle avait encore à supporter les autres maladies des mourants, telles que la goutte, l'hydropisie, toutes les variétés de la fièvre, des affections de la rate, du poumon, des reins et du foie, avec tous leurs symptômes et toutes les souffrances particulières qui en résultent.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
Elle souffrait souvent, jusqu'à en être presque mourante, toutes les douleurs de la pierre avec de terribles spasmes de vessie et elle avait à subir avec cela l'état de découragement, d'obscurcissement et de désespoir de malades excitables, abandonnés, privés de toutes consolations. Ces maladies et ces dangers spirituels, quelle prenait sur elle à la place des mourants, se liaient constamment à des souffrances et à des combats pour l'Église en tant que les individus étaient les représentants de professions et de classes entières aussi bien que de fautes générales, d'actes coupables envers le corps de l'Église elle-même, contre lesquels Anne-Catherine avait à lutter dans cette situation où elle ne semblait substituée qu'à tel où tel particulier malade. Le Pèlerin pouvait à la vérité, d'après ce quelle disait dans ses extases, reconnaître en général ce caractère spirituel plus élevé des souffrances dont elle s'était chargée, mais cela ne suffisait pas à son impatiente curiosité qui ne se tenait pour satisfaite que si le rapport intime d'après lequel chaque souffrance et chaque maladie était appropriée à la faute à expier ou au mal spirituel à guérir, était mis clairement et complètement sous ses yeux. Ainsi, dans ce cas aussi, il assignait à ses comptes rendus un but qu'il était impossible d'atteindre; car les douleurs et les maladies de la patiente, nonobstant leur caractère spirituel, étaient si réelles, si sensibles à la nature et si intenses qu'elle éclatait en plaintes et en larmes et demandait du secours en gémissant plutôt qu'elle ne les décrivait. Mais le Pèlerin ressemblait presque toujours à un médecin qui n'accorde de sympathie à son malade que dans la mesure où celui-ci, en lui décrivant exactement tous les symptômes de sa maladie, le met à même d'observer complètement un cas particulièrement intéressant et d'enrichir ses connaissances et ses expériences pathologiques. Il écrit en décembre 1821 : « Les trois derniers jours ont été un enchaînement de souffrances horribles aboutissant à une prostration voisine de la mort : au milieu de tout cela continuation incessante des visions. Tantôt elle affirme tranquillement et avec assurance qu'elle doit souffrir cela, qu'elle l'a pris sur elle et l'endurera avec persévérance : tantôt elle est tentée d'impatience, avec des alternatives subites, de douceur et de calme. Quant à ces souffrances, considérées d'après leurs phénomènes extérieurs, on s'y accoutume à un degré tel qu'on doit paraître un barbare au spectateur qui en est témoin pour la première fois, de même qu'au commencement le Pèlerin taxait tous les autres d'inhumanité. Quand on peut connaître quelque chose de leur signification intérieure, elles excitent au plus haut degré l'étonnement et l'admiration ; bien plus elles font pressentir la solution de la grande énigme de la vie et du christianisme : mais l'étude qu'on en pourrait faire est complètement empêchée et rendue impossible par mille détails frivoles de la vie quotidienne... »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
Et ailleurs : « Quoique tous ses états de souffrance se lient étroitement à des travaux spirituels et qu'elle-même le sache bien, elle n'en parle pourtant qu'en passant et d'une manière superficielle ; si on veut observer les choses avec calme et d'une manière sérieuse, elle voit là un manque de compassion. »
Janvier 1822. « Toutes ces maladies seraient très instructives s'il lui était ordonné d'en expliquer le but et la marche, car elle les voit toujours d'avance dans une vision d'autant plus remarquable qu'elle est toujours merveilleusement allégorique et comme une parabole pleine d'un sens profond. La plupart du temps elle sait très positivement pourquoi elle souffre et comprend aussi ce qu'elle fait dans des scènes variées se rapportant à l'agriculture et au jardinage. Elle voit d'abord un tableau sommaire des misères existantes, comme l'écroulement de plusieurs églises, l'état du ministère pastoral dans tout un district sous l'image de plusieurs troupeaux de moutons et de leurs bergers, dans des paraboles pleines de sens: avec tout cela il lui faut courir, porter des fardeaux, creuser la terre, avertir, etc. Alors elle entreprend des voyages très pénibles, fait de très grands efforts pour exciter des personnes de toute espèce à remplir leurs devoirs et pour empêcher du mal. Elle est aidée dans ses travaux par les saints du jour. Tout cela se perd et il ne reste rien que l'indication des tentations que l'ennemi lui suscite pendant son travail. Il est vrai que ses souffrances sont bien faites pour apitoyer : mais pourtant elle est comblée intérieurement de grâces si fécondes et de visions si frappantes de vérité qu'elle est au fond plus à envier qu'à plaindre. Et sa négligence à communiquer ces visions dont elle ne tire aucun parti dans l'état de veille et qui ne semblent pas servir à son instruction, est cause qu'on est moins porté à la plaindre qu'à regretter pour la postérité le gaspillage de tout cela. En outre les continuels dangers de mort qui pourtant n'ont jamais de conséquences plus graves finissent par vous laisser très rassuré sur ces maladies désespérées et inexplicables : l'on s'habitue, en présence de ces maladie, à les envisager avec une sorte de compassion et de patience qui ne profite ni à l'esprit, ni au coeur et qui nous laisse un arrière-goût de politique par lequel on cherche à se tirer d'affaire sans scandale et sans colère. »
Janvier 1822. « Toutes ces maladies seraient très instructives s'il lui était ordonné d'en expliquer le but et la marche, car elle les voit toujours d'avance dans une vision d'autant plus remarquable qu'elle est toujours merveilleusement allégorique et comme une parabole pleine d'un sens profond. La plupart du temps elle sait très positivement pourquoi elle souffre et comprend aussi ce qu'elle fait dans des scènes variées se rapportant à l'agriculture et au jardinage. Elle voit d'abord un tableau sommaire des misères existantes, comme l'écroulement de plusieurs églises, l'état du ministère pastoral dans tout un district sous l'image de plusieurs troupeaux de moutons et de leurs bergers, dans des paraboles pleines de sens: avec tout cela il lui faut courir, porter des fardeaux, creuser la terre, avertir, etc. Alors elle entreprend des voyages très pénibles, fait de très grands efforts pour exciter des personnes de toute espèce à remplir leurs devoirs et pour empêcher du mal. Elle est aidée dans ses travaux par les saints du jour. Tout cela se perd et il ne reste rien que l'indication des tentations que l'ennemi lui suscite pendant son travail. Il est vrai que ses souffrances sont bien faites pour apitoyer : mais pourtant elle est comblée intérieurement de grâces si fécondes et de visions si frappantes de vérité qu'elle est au fond plus à envier qu'à plaindre. Et sa négligence à communiquer ces visions dont elle ne tire aucun parti dans l'état de veille et qui ne semblent pas servir à son instruction, est cause qu'on est moins porté à la plaindre qu'à regretter pour la postérité le gaspillage de tout cela. En outre les continuels dangers de mort qui pourtant n'ont jamais de conséquences plus graves finissent par vous laisser très rassuré sur ces maladies désespérées et inexplicables : l'on s'habitue, en présence de ces maladie, à les envisager avec une sorte de compassion et de patience qui ne profite ni à l'esprit, ni au coeur et qui nous laisse un arrière-goût de politique par lequel on cherche à se tirer d'affaire sans scandale et sans colère. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
On voit clairement combien il devait être difficile, dans de pareilles circonstances, de raconter en outre jour par jour les visions touchant la vie de Jésus, et il n'est pas nécessaire d'expliquer plus longuement pourquoi Anne-Catherine réussissait de moins en moins à satisfaire les exigences du Pèlerin. On lit dans le journal de celui-ci, à la date du 4 février 1822 : « Quoique chaque jour elle communique une moindre partie de ses visions, sans parler de descriptions de ses maladies et de ses souffrances que ses réticences sur les causes intérieures rendent fort peu claires, elle a dit pourtant : « Depuis Noël, époque où ces tourments ont commencé, j'ai beaucoup souffert de la mauvaise humeur qu'avait le Pèlerin parce que je ne lui raconte pas assez, et mon cœur en a été presque brisé de douleur. Je l'aurais fait volontiers, mais je ne le pouvais pas et souvent j'étais si abattue (note) à l'arrivée du Pèlerin qu'il m'était impossible de parler.
(note) Par le sentiment de l'irritation et de la sombre disposition du Pèlerin.
J'ai fait des prières spéciales pour savoir ce que j'avais à faire, mais je n'ai reçu aucune réponse. J'avais espéré que Dieu me laisserait mourir de cette maladie afin que je n'eusse plus besoin de rien raconter. Le Pèlerin verra ce jour-là combien je raconterais volontiers si je le pouvais. » Elle a dit cela dans une très bonne intention. Déjà souvent elle a prié pour n'être plus obligée de raconter, mais elle a reçu pour réponse l'ordre formel de tout communiquer. »
23 février 1822. « Le Pèlerin la trouva malade à la mort. Le confesseur lui dit que, pendant toute la matinée, l'excès de ses douleurs lui avait fait perdre connaissance, qu'elle s'était entièrement remise entre les mains de fa Mère de Dieu et qu'elle avait de plus pris la charge de souffrir quelque chose pour la conversion de gens impudiques. Plus tard elle raconta elle-même qu'elle avait été aussi très affligée à cause du Pèlerin qui avait tout quitté pour s'établir à Dulmen à cause d'elle, et auquel elle ne pouvait être bonne à rien. Le Pèlerin la consola. Puisse-t-elle toujours prendre ses récits au sérieux, jamais légèrement ni comme une charge pénible ! » Cet attendrissement momentané n'eut pas d'autres suites chez le Pèlerin, car voici ce qu'il rapporte peu de jours après : « Elle reçut le Pèlerin très affectueusement ; elle était pourtant dans la même incapacité d'apprécier son état, car elle croyait s'être un peu remise et un peu reposée pendant les trois jours qu'avait duré l'absence du Pèlerin. Comme si la présence de celui-ci l'empêchait de se remettre ! Cela montre de plus en plus qu'il n'y a pas à attacher d'importance à de tels discours et qu'il faut les ranger parmi les idées fixes. »
Mais, dix mois avant sa mort, elle fit dire au Pèlerin par son confesseur ces graves paroles : « Le Pèlerin reconnaîtra un jour qu'il n'aura pas eu lieu de se vanter de sa patience en comparaison de la mienne. J'ai eu avec lui autant de patience qu'avec ma soeur. »
(note) Par le sentiment de l'irritation et de la sombre disposition du Pèlerin.
J'ai fait des prières spéciales pour savoir ce que j'avais à faire, mais je n'ai reçu aucune réponse. J'avais espéré que Dieu me laisserait mourir de cette maladie afin que je n'eusse plus besoin de rien raconter. Le Pèlerin verra ce jour-là combien je raconterais volontiers si je le pouvais. » Elle a dit cela dans une très bonne intention. Déjà souvent elle a prié pour n'être plus obligée de raconter, mais elle a reçu pour réponse l'ordre formel de tout communiquer. »
23 février 1822. « Le Pèlerin la trouva malade à la mort. Le confesseur lui dit que, pendant toute la matinée, l'excès de ses douleurs lui avait fait perdre connaissance, qu'elle s'était entièrement remise entre les mains de fa Mère de Dieu et qu'elle avait de plus pris la charge de souffrir quelque chose pour la conversion de gens impudiques. Plus tard elle raconta elle-même qu'elle avait été aussi très affligée à cause du Pèlerin qui avait tout quitté pour s'établir à Dulmen à cause d'elle, et auquel elle ne pouvait être bonne à rien. Le Pèlerin la consola. Puisse-t-elle toujours prendre ses récits au sérieux, jamais légèrement ni comme une charge pénible ! » Cet attendrissement momentané n'eut pas d'autres suites chez le Pèlerin, car voici ce qu'il rapporte peu de jours après : « Elle reçut le Pèlerin très affectueusement ; elle était pourtant dans la même incapacité d'apprécier son état, car elle croyait s'être un peu remise et un peu reposée pendant les trois jours qu'avait duré l'absence du Pèlerin. Comme si la présence de celui-ci l'empêchait de se remettre ! Cela montre de plus en plus qu'il n'y a pas à attacher d'importance à de tels discours et qu'il faut les ranger parmi les idées fixes. »
Mais, dix mois avant sa mort, elle fit dire au Pèlerin par son confesseur ces graves paroles : « Le Pèlerin reconnaîtra un jour qu'il n'aura pas eu lieu de se vanter de sa patience en comparaison de la mienne. J'ai eu avec lui autant de patience qu'avec ma soeur. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
9. Mais pour ne pas mettre trop à l'épreuve la patience du lecteur, il ne faut extraire des rapports interminables sur les maladies d'Anne-Catherine, qu'un petit nombre de faits au moyen desquels on peut se bien rendre compte du caractère et des suites de cette substitution par laquelle elle se soumettait aux souffrances, aux tentations et aux périls d'autrui.
3 avril 1823. « Elle souffrait d'une maladie résultant d'un rapport sympathique constant avec la dame Br. qui est attaquée d'une hydropisie de poitrine et à l'article de la mort. Elle est presque suffoquée et elle éprouve une agitation, une angoisse et un trouble continuels. Mais la femme malade gagne par là un peu de repos, commence a prier et à avoir davantage sa connaissance. »
5 avril. « Elle se plaint de la confusion qui est dans ses pensées; il lui semble qu'elle n'a pas fait ses Pâques. L'oppression de la poitrine va toujours croissant. »
7 avril. « Les souffrances qu'elle partage avec la femme mourante augmentent à mesure qu'approche la mort de celle-ci. Elle porte le poids d'une moitié entière des souffrances de cette femme et son état est exactement le même. Ordinairement il se manifeste une légère amélioration quand la mort est imminente. Le Pèlerin l'a vérifié chaque jour chez toutes les deux. Il se trouve que le sentiment qu'eut hier Anne-Catherine de n'avoir pas encore fait ses Pâques provient de l'état de cette mourante qui en effet ne les a pas encore faites. Elle engage son confesseur à aller voir la famille et à la prévenir. »
9 et 10 avril. « Ce matin on voyait encore chez elle tous les symptômes et toutes les souffrances d'une personne qui meurt d'une hydropisie de poitrine. Pendant la nuit elle avait souffert et combattu jusqu'à l'agonie. La femme qui était auparavant si agitée et si pleine d'angoisses y gagna du calme et vit venir la mort sans s'effrayer, à la grande consolation de sa famille. Vers midi le Pèlerin trouva la patiente faible jusqu'à en mourir, elle pouvait à peine donner un signe de vie. Mais il trouva la dame Br. sommeillant doucement et répétant par intervalles de pieuses oraisons jaculatoires apprises dans sa jeunesse : à deux heures et demie, la patiente reprit tout à coup une force extraordinaire, se redressa dans son lit et récita à haute voix les litanies de la Passion de Jésus-Christ. En ce même moment la dame Br. mourut, s'endormant doucement comme un enfant. Mais avec sa mort cessa chez Anne-Catherine l'oppression qui donnait à ses souffrances le caractère d'une hydropisie de poitrine. Elle respira librement : mais sa miséricorde clairvoyante ne lui laissa pas prendre de repos : ses souffrances prirent tout d'un coup le caractère d'une fièvre inflammatoire de poitrine, ce que son pouls indiqua : car une autre bourgeoise nommée Sch. qu'elle connaissait peu et qui était très gravement malade se substitua à la précédente. Elle souffrit cruellement pour celle-là jusqu'au jour suivant qui fut celui de la mort. Mais déjà une autre panure malade phtisique, au dernier degré, la femme du vannier W., attendait son assistance. Anne-Catherine l'aida à supporter les terribles souffrances d'une consomption qui la mettait fréquemment à l'extrémité et souffrit indiciblement pour cette personne à laquelle elle envoya toute sorte de choses propres à la soulager, en fait, de boissons et d'aliments, si bien que cette pauvre femme très simple qui avait été traitée fort durement par son mari et par ses proches, fut préservée du ressentiment et du désespoir, se prépara à la mort avec de grands sentiments de charité et pardonnant à tous. La patiente déplorait l'abandon où bien des personnes de cette sorte sont laissées quant aux secours spirituels. Elles sont presque toujours, disait-elle, sans aucune espèce d'instruction, puis, quand une longue maladie les retient au lit, elles se sentent dénuées de toute consolation parce qu'elles sont laissées à leur misère, privées de l'assistance qu'il leur faudrait et ne reçoivent que rarement la visite d'un prêtre. Le 20, le Pèlerin la trouva très troublée, le visage bruni, pleine d'angoisses intérieures et d'irritation contenue contre certains prêtres avares de consolations. Cet état s'expliqua aussi comme un combat entrepris pour la mourante. Le prêtre l'avait enfin visitée après un long intervalle de temps, mais il n'était pas capable de consoler la pauvre malade dont l'esprit était un peu borné et de lui donner du courage. Elle se sentit plus troublée qu'auparavant, après l'avoir écouté, et elle fut prise d'une telle aversion pour lui qu'elle ne voulait plus recevoir dé prêtre. « Quel chapelain ? s'écriait-elle, je ne veux pas le voir. » Telle était l'impression de cette pauvre mourante, humble et douce d'ailleurs. Anne-Catherine prit ce combat sur elle et lutta tout le dimanche, sentant en elle la plus violente irritation contre la conduite du prêtre si négligent du salut des âmes. Le 20 au soir, on croyait à chaque instant, chez la vannière, qu'elle allait rendre le dernier soupir. Anne-Catherine, pendant toute la nuit, supplia Dieu de lui conserver la vie jusqu'à ce qu'elle eût recouvré la paix de l'âme. Le 21 au matin, elle vivait encore et elle montrait beaucoup de douceur, pardonnant à tout le monde et disant à la mort qu'elle était la bienvenue. Vers midi, Anne-Catherine parut être à ses derniers moments. Le Pèlerin récita avec elle plusieurs litanies pour la malade. - Elle fut dans le même état, avec des alternatives de lutte, jusqu'au lendemain, A sept heures et demie, où elle éprouva du soulagement: mais celle pour qui elle souffrait mourut. Elle fut toute la journée dans un grand abattement : un nouveau travail approchait. Le soir le Pèlerin la trouva dans un état extrêmement différent. Elle souffrait de vives douleurs dans les membres, éprouvait un froid glacial et un sentiment de vide dans le bas-ventre et la région de l'estomac; etc. Elle avoua qu'elle pensait maintenant à une autre malade, la pieuse femme du pauvre tailleur H. Elle s'était dit : " Quand j'aurai fini avec la vannière, je prierai pour celle-là. Ces gens sont si pieux et si humbles, peut-être la femme peut-elle encore revenir de là : elle n'a ni remèdes, ni aliments. " Le Pèlerin ne connaissait pas cette femme : il alla chez elle pour lui remettre des aumônes et trouva toutes ses souffrances semblables à celles d'Anne-Catherine. Celle-ci avait dit : « Il y a quelques jours, cette femme s'est présentée à mes yeux et je me suis promis de prier aussi pour elle aussitôt que la vannière serait morte. » Cette malade dit au Pèlerin qui en fut fort surpris : « Ah ! j'ai rêvé, il y a quelques jours que j'étais devant ma porte : alors la soeur Emmerich passa devant moi, venant de la porte de Coesfeld, elle me donna la main et me dit : « Eh ! bien, Gertrude, comment vas-tu? Il faut que tu ailles mieux ! » Je la vis très distinctement. » Le Pèlerin demanda à Anne-Catherine si elle se souvenait d'avoir fait ce chemin en vision. Elle répondit : « Je ne puis rien dire de précis là-dessus : mais dans mes dernières courses, j'ai été souvent près de; cette femme et j'ai vu tout ce qu'elle faisait. Je ne me rappelle rien de particulier, car je suis allée dans plusieurs endroits. »
25 avril. « Elle était en très mauvais état et très faible. Elle a dit que, toutes les nuits, depuis la mort de la vannière, elle avait eu des visions où il lui avait fallu pousser pour celle-ci sur une brouette de lourdes charges de blé. C'était un des rudes travaux que cette femme avait sans cesse à faire. Ces charriages étaient ceux que la femme avait faits de mauvaise humeur et en colère ou qu'elle avait négligé de faire. Anne-Catherine se disait hors d'état de supporter plus longtemps ce travail; elle pria le Pèlerin de faire dire une messe pour en tenir lieu. La chose se fit et elle n'eut plus de blé à transporter.
3 avril 1823. « Elle souffrait d'une maladie résultant d'un rapport sympathique constant avec la dame Br. qui est attaquée d'une hydropisie de poitrine et à l'article de la mort. Elle est presque suffoquée et elle éprouve une agitation, une angoisse et un trouble continuels. Mais la femme malade gagne par là un peu de repos, commence a prier et à avoir davantage sa connaissance. »
5 avril. « Elle se plaint de la confusion qui est dans ses pensées; il lui semble qu'elle n'a pas fait ses Pâques. L'oppression de la poitrine va toujours croissant. »
7 avril. « Les souffrances qu'elle partage avec la femme mourante augmentent à mesure qu'approche la mort de celle-ci. Elle porte le poids d'une moitié entière des souffrances de cette femme et son état est exactement le même. Ordinairement il se manifeste une légère amélioration quand la mort est imminente. Le Pèlerin l'a vérifié chaque jour chez toutes les deux. Il se trouve que le sentiment qu'eut hier Anne-Catherine de n'avoir pas encore fait ses Pâques provient de l'état de cette mourante qui en effet ne les a pas encore faites. Elle engage son confesseur à aller voir la famille et à la prévenir. »
9 et 10 avril. « Ce matin on voyait encore chez elle tous les symptômes et toutes les souffrances d'une personne qui meurt d'une hydropisie de poitrine. Pendant la nuit elle avait souffert et combattu jusqu'à l'agonie. La femme qui était auparavant si agitée et si pleine d'angoisses y gagna du calme et vit venir la mort sans s'effrayer, à la grande consolation de sa famille. Vers midi le Pèlerin trouva la patiente faible jusqu'à en mourir, elle pouvait à peine donner un signe de vie. Mais il trouva la dame Br. sommeillant doucement et répétant par intervalles de pieuses oraisons jaculatoires apprises dans sa jeunesse : à deux heures et demie, la patiente reprit tout à coup une force extraordinaire, se redressa dans son lit et récita à haute voix les litanies de la Passion de Jésus-Christ. En ce même moment la dame Br. mourut, s'endormant doucement comme un enfant. Mais avec sa mort cessa chez Anne-Catherine l'oppression qui donnait à ses souffrances le caractère d'une hydropisie de poitrine. Elle respira librement : mais sa miséricorde clairvoyante ne lui laissa pas prendre de repos : ses souffrances prirent tout d'un coup le caractère d'une fièvre inflammatoire de poitrine, ce que son pouls indiqua : car une autre bourgeoise nommée Sch. qu'elle connaissait peu et qui était très gravement malade se substitua à la précédente. Elle souffrit cruellement pour celle-là jusqu'au jour suivant qui fut celui de la mort. Mais déjà une autre panure malade phtisique, au dernier degré, la femme du vannier W., attendait son assistance. Anne-Catherine l'aida à supporter les terribles souffrances d'une consomption qui la mettait fréquemment à l'extrémité et souffrit indiciblement pour cette personne à laquelle elle envoya toute sorte de choses propres à la soulager, en fait, de boissons et d'aliments, si bien que cette pauvre femme très simple qui avait été traitée fort durement par son mari et par ses proches, fut préservée du ressentiment et du désespoir, se prépara à la mort avec de grands sentiments de charité et pardonnant à tous. La patiente déplorait l'abandon où bien des personnes de cette sorte sont laissées quant aux secours spirituels. Elles sont presque toujours, disait-elle, sans aucune espèce d'instruction, puis, quand une longue maladie les retient au lit, elles se sentent dénuées de toute consolation parce qu'elles sont laissées à leur misère, privées de l'assistance qu'il leur faudrait et ne reçoivent que rarement la visite d'un prêtre. Le 20, le Pèlerin la trouva très troublée, le visage bruni, pleine d'angoisses intérieures et d'irritation contenue contre certains prêtres avares de consolations. Cet état s'expliqua aussi comme un combat entrepris pour la mourante. Le prêtre l'avait enfin visitée après un long intervalle de temps, mais il n'était pas capable de consoler la pauvre malade dont l'esprit était un peu borné et de lui donner du courage. Elle se sentit plus troublée qu'auparavant, après l'avoir écouté, et elle fut prise d'une telle aversion pour lui qu'elle ne voulait plus recevoir dé prêtre. « Quel chapelain ? s'écriait-elle, je ne veux pas le voir. » Telle était l'impression de cette pauvre mourante, humble et douce d'ailleurs. Anne-Catherine prit ce combat sur elle et lutta tout le dimanche, sentant en elle la plus violente irritation contre la conduite du prêtre si négligent du salut des âmes. Le 20 au soir, on croyait à chaque instant, chez la vannière, qu'elle allait rendre le dernier soupir. Anne-Catherine, pendant toute la nuit, supplia Dieu de lui conserver la vie jusqu'à ce qu'elle eût recouvré la paix de l'âme. Le 21 au matin, elle vivait encore et elle montrait beaucoup de douceur, pardonnant à tout le monde et disant à la mort qu'elle était la bienvenue. Vers midi, Anne-Catherine parut être à ses derniers moments. Le Pèlerin récita avec elle plusieurs litanies pour la malade. - Elle fut dans le même état, avec des alternatives de lutte, jusqu'au lendemain, A sept heures et demie, où elle éprouva du soulagement: mais celle pour qui elle souffrait mourut. Elle fut toute la journée dans un grand abattement : un nouveau travail approchait. Le soir le Pèlerin la trouva dans un état extrêmement différent. Elle souffrait de vives douleurs dans les membres, éprouvait un froid glacial et un sentiment de vide dans le bas-ventre et la région de l'estomac; etc. Elle avoua qu'elle pensait maintenant à une autre malade, la pieuse femme du pauvre tailleur H. Elle s'était dit : " Quand j'aurai fini avec la vannière, je prierai pour celle-là. Ces gens sont si pieux et si humbles, peut-être la femme peut-elle encore revenir de là : elle n'a ni remèdes, ni aliments. " Le Pèlerin ne connaissait pas cette femme : il alla chez elle pour lui remettre des aumônes et trouva toutes ses souffrances semblables à celles d'Anne-Catherine. Celle-ci avait dit : « Il y a quelques jours, cette femme s'est présentée à mes yeux et je me suis promis de prier aussi pour elle aussitôt que la vannière serait morte. » Cette malade dit au Pèlerin qui en fut fort surpris : « Ah ! j'ai rêvé, il y a quelques jours que j'étais devant ma porte : alors la soeur Emmerich passa devant moi, venant de la porte de Coesfeld, elle me donna la main et me dit : « Eh ! bien, Gertrude, comment vas-tu? Il faut que tu ailles mieux ! » Je la vis très distinctement. » Le Pèlerin demanda à Anne-Catherine si elle se souvenait d'avoir fait ce chemin en vision. Elle répondit : « Je ne puis rien dire de précis là-dessus : mais dans mes dernières courses, j'ai été souvent près de; cette femme et j'ai vu tout ce qu'elle faisait. Je ne me rappelle rien de particulier, car je suis allée dans plusieurs endroits. »
25 avril. « Elle était en très mauvais état et très faible. Elle a dit que, toutes les nuits, depuis la mort de la vannière, elle avait eu des visions où il lui avait fallu pousser pour celle-ci sur une brouette de lourdes charges de blé. C'était un des rudes travaux que cette femme avait sans cesse à faire. Ces charriages étaient ceux que la femme avait faits de mauvaise humeur et en colère ou qu'elle avait négligé de faire. Anne-Catherine se disait hors d'état de supporter plus longtemps ce travail; elle pria le Pèlerin de faire dire une messe pour en tenir lieu. La chose se fit et elle n'eut plus de blé à transporter.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
10. Personnes sauvées de dangers pressants.
En août 1822, le Pèlerin ayant trouvé un matin le confesseur près de la malade, celui-ci lui rapporta que, depuis la veille au soir, elle avait des maux de tête qui lui donnaient le délire et que, dans cet état, elle avait dit plusieurs fois qu'elle avait reçu un coup de fusil dans la tête et l'avait prié de la lui raccommoder, mais ces choses dites pendant le délire se réduisirent aux faits suivants, racontés paisiblement par la malade elle-même : « J'offris le soir mes souffrances pour qu'elles pussent profiter à des gens qui se trouveraient en danger, et comme je commençais mon voyage accoutumé vers la maison des noces, mon guide me conduisit dans de hautes montagnes où un honnête savant grimpait au milieu des rochers, ayant à la main des tablettes. Il fit une chute et tomba de Très-Haut la tête en bas, mais il appela Dieu à son secours : j'arrivai alors et je le portai sur mon dos jusqu'à une voiture qui le suivait. J'ai beaucoup souffert pour lui. »
« Ensuite je vis dans des rochers escarpés des gens munis de perches et ayant des crochets à leurs souliers : ils tirèrent sur une troupe d'oiseaux. Un des coups aurait frappé un chasseur à la tête : mais je me jetai devant lui ; je reçus dans la tête toute une charge de plomb et je ressentis une terrible douleur. Ma tête était comme fendue en deux et je vis dans la suite de la vision que les grains de plomb étaient comme des perles (des mérites). Il me vint aussi la pensée que, si les Prussiens me tenaient emprisonnée à présent, ils me les retireraient : je ne sais pas comment cette idée me vint. Ma tète fracassée me rendait toute gémissante. »
Dans les mois de novembre et de décembre, elle fut en proie à de très grandes souffrances pour l'Église qui se succédèrent sans interruption. « Ces souffrances, dit-elle le jour de la fête de saint Thomas de Cantorbéry, m'ont été imposées, à la Sainte-Catherine, pour l'Église et pour les évêques. J'ai vu aujourd'hui la vie de ce saint martyr (saint Thomas) et les grandes persécutions qu'il a subies et j'ai eu à cette occasion des visions continuelles touchant la tiédeur et la faiblesse des pasteurs dans le temps présent : mon coeur en est déchiré. » Le Pèlerin fit à ce propos la remarque suivante : « Les douleurs augmentent : elle est prise d'accès de toux insupportables qui l'empêchent de parler, mais elle a une grande patience. Au milieu de ces tourments affreux, elle est en général pleine de courage et de paix intérieure. Ses souffrances continuelles sont encore augmentées parce qu'elles sont aux places de la plaie du côté et de la couronne d'épines. Elle ne peut appuyer sa tête nulle part, elle a toujours la sensation d'une large couronne d'épines acérées : cependant elle parle souvent avec beaucoup de courage des fortes, mais salutaires douleurs qu'elle a à endurer. Au début de l'année 1823, ces souffrances arrivèrent à leur apogée, accompagnées de visions incessantes sur l'état de l'Église et, dans la soirée du 11 janvier, le Pèlerin la trouva toussant beaucoup et souvent ne pouvant respirer. Elle était en contemplation et demanda qu'on fit bouillir de l'orge et des figues et qu'on lui en mît un cataplasme sûr le côté droit. On fit ce qu'elle disait. Elle but aussi du jus de ces figues, puis, se sentant plus libre et étant revenue à elle, elle dit : « J'ai une inflammation dans le côté : il y a quelque chose de brisé, je l'ai entendu craquer : je sens une dislocation intérieure : je ne puis en réchapper que par un miracle. » Le confesseur répondit : « Vous avez déjà eu le délire toute l'après-midi. » Mais le Pèlerin après l'avoir observée avec plus de soin, la trouva tout à fait dans son bon sens, parlant et agissant d'une manière très suivie conformément à sa direction intérieure et extérieure, ayant les idées claires et l'âme tranquille. Elle indiqua comment il fallait préparer l'emplâtre, demanda à tous de prier et, le lendemain, elle fut en état de rendre ainsi compte de ce qui s'était passé : « Il me fallut aller à l'endroit qu'habite le pasteur (Rome); le danger était grand. On voulait assassiner le fidèle chef des serviteurs, celui qui (note) a le petit chien ; alors je me jetai devant lui et le couteau me perça le côté droit et arriva jusqu'au dos.
(note) Note de d'auteur. Canis et coluber. C'est l'emblème du Pape Léon XII, dans la prophétie connue de saint Malachie. Mais cela s'expliquerait peut-être mieux par ce que dit le cardinal Wiseman, dans ses Souvenirs que Léon XII avait habituellement dans ses appartements, un fidèle compagnon, un petit chien très intelligent. » (Note du traducteur).
Le bon serviteur rentrait dans sa demeure; alors, sur un chemin où il était facile de s'échapper; un traître vint à sa rencontre, ayant sous son manteau un poignard triangulaire. Il fit semblant de vouloir embrasser amicalement le chef des serviteurs, mais je me précipitai sous le manteau et je reçus le coup qui pénétra jusqu'au dos. Il y eut un craquement : je pense que le poignard doit s'être brisé dans l'intérieur. Le chef des serviteurs para le coup et tomba en défaillance : il vint des gens autour de lui : l'assassin s'enfuit. Je crois que le scélérat ayant frappé sur quelque chose de dur, crut que le chef des serviteurs portait une cuirasse. Lorsque j'eus détourné le coup, le diable s'en prit encore à moi : il était plein de rage, me poussa de côté et d'autre et m'injuria: « Qu'as-tu à faire ici? Il faut que tu sois partout, mais pourtant je viendrai à bout de toi. » Les suites de la blessure qu'elle avait reçue eurent leur cours pendant tout le mois de janvier : elle passa par toutes les phases d'une fièvre inflammatoire comme cela aurait eu lieu naturellement dans un cas semblable où la guérison eût été possible. »
En août 1822, le Pèlerin ayant trouvé un matin le confesseur près de la malade, celui-ci lui rapporta que, depuis la veille au soir, elle avait des maux de tête qui lui donnaient le délire et que, dans cet état, elle avait dit plusieurs fois qu'elle avait reçu un coup de fusil dans la tête et l'avait prié de la lui raccommoder, mais ces choses dites pendant le délire se réduisirent aux faits suivants, racontés paisiblement par la malade elle-même : « J'offris le soir mes souffrances pour qu'elles pussent profiter à des gens qui se trouveraient en danger, et comme je commençais mon voyage accoutumé vers la maison des noces, mon guide me conduisit dans de hautes montagnes où un honnête savant grimpait au milieu des rochers, ayant à la main des tablettes. Il fit une chute et tomba de Très-Haut la tête en bas, mais il appela Dieu à son secours : j'arrivai alors et je le portai sur mon dos jusqu'à une voiture qui le suivait. J'ai beaucoup souffert pour lui. »
« Ensuite je vis dans des rochers escarpés des gens munis de perches et ayant des crochets à leurs souliers : ils tirèrent sur une troupe d'oiseaux. Un des coups aurait frappé un chasseur à la tête : mais je me jetai devant lui ; je reçus dans la tête toute une charge de plomb et je ressentis une terrible douleur. Ma tête était comme fendue en deux et je vis dans la suite de la vision que les grains de plomb étaient comme des perles (des mérites). Il me vint aussi la pensée que, si les Prussiens me tenaient emprisonnée à présent, ils me les retireraient : je ne sais pas comment cette idée me vint. Ma tète fracassée me rendait toute gémissante. »
Dans les mois de novembre et de décembre, elle fut en proie à de très grandes souffrances pour l'Église qui se succédèrent sans interruption. « Ces souffrances, dit-elle le jour de la fête de saint Thomas de Cantorbéry, m'ont été imposées, à la Sainte-Catherine, pour l'Église et pour les évêques. J'ai vu aujourd'hui la vie de ce saint martyr (saint Thomas) et les grandes persécutions qu'il a subies et j'ai eu à cette occasion des visions continuelles touchant la tiédeur et la faiblesse des pasteurs dans le temps présent : mon coeur en est déchiré. » Le Pèlerin fit à ce propos la remarque suivante : « Les douleurs augmentent : elle est prise d'accès de toux insupportables qui l'empêchent de parler, mais elle a une grande patience. Au milieu de ces tourments affreux, elle est en général pleine de courage et de paix intérieure. Ses souffrances continuelles sont encore augmentées parce qu'elles sont aux places de la plaie du côté et de la couronne d'épines. Elle ne peut appuyer sa tête nulle part, elle a toujours la sensation d'une large couronne d'épines acérées : cependant elle parle souvent avec beaucoup de courage des fortes, mais salutaires douleurs qu'elle a à endurer. Au début de l'année 1823, ces souffrances arrivèrent à leur apogée, accompagnées de visions incessantes sur l'état de l'Église et, dans la soirée du 11 janvier, le Pèlerin la trouva toussant beaucoup et souvent ne pouvant respirer. Elle était en contemplation et demanda qu'on fit bouillir de l'orge et des figues et qu'on lui en mît un cataplasme sûr le côté droit. On fit ce qu'elle disait. Elle but aussi du jus de ces figues, puis, se sentant plus libre et étant revenue à elle, elle dit : « J'ai une inflammation dans le côté : il y a quelque chose de brisé, je l'ai entendu craquer : je sens une dislocation intérieure : je ne puis en réchapper que par un miracle. » Le confesseur répondit : « Vous avez déjà eu le délire toute l'après-midi. » Mais le Pèlerin après l'avoir observée avec plus de soin, la trouva tout à fait dans son bon sens, parlant et agissant d'une manière très suivie conformément à sa direction intérieure et extérieure, ayant les idées claires et l'âme tranquille. Elle indiqua comment il fallait préparer l'emplâtre, demanda à tous de prier et, le lendemain, elle fut en état de rendre ainsi compte de ce qui s'était passé : « Il me fallut aller à l'endroit qu'habite le pasteur (Rome); le danger était grand. On voulait assassiner le fidèle chef des serviteurs, celui qui (note) a le petit chien ; alors je me jetai devant lui et le couteau me perça le côté droit et arriva jusqu'au dos.
(note) Note de d'auteur. Canis et coluber. C'est l'emblème du Pape Léon XII, dans la prophétie connue de saint Malachie. Mais cela s'expliquerait peut-être mieux par ce que dit le cardinal Wiseman, dans ses Souvenirs que Léon XII avait habituellement dans ses appartements, un fidèle compagnon, un petit chien très intelligent. » (Note du traducteur).
Le bon serviteur rentrait dans sa demeure; alors, sur un chemin où il était facile de s'échapper; un traître vint à sa rencontre, ayant sous son manteau un poignard triangulaire. Il fit semblant de vouloir embrasser amicalement le chef des serviteurs, mais je me précipitai sous le manteau et je reçus le coup qui pénétra jusqu'au dos. Il y eut un craquement : je pense que le poignard doit s'être brisé dans l'intérieur. Le chef des serviteurs para le coup et tomba en défaillance : il vint des gens autour de lui : l'assassin s'enfuit. Je crois que le scélérat ayant frappé sur quelque chose de dur, crut que le chef des serviteurs portait une cuirasse. Lorsque j'eus détourné le coup, le diable s'en prit encore à moi : il était plein de rage, me poussa de côté et d'autre et m'injuria: « Qu'as-tu à faire ici? Il faut que tu sois partout, mais pourtant je viendrai à bout de toi. » Les suites de la blessure qu'elle avait reçue eurent leur cours pendant tout le mois de janvier : elle passa par toutes les phases d'une fièvre inflammatoire comme cela aurait eu lieu naturellement dans un cas semblable où la guérison eût été possible. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
17 janvier. « Elle souffre encore des douleurs atroces dans le côté blessé, au point que quelquefois elle perd presque connaissance. Le côté est très enflé : en outre elle a une forte toux qui la fait beaucoup souffrir. Mais elle est très patiente et même gaie. »
18 janvier. « Elle a eu la vue de sa blessure avec ses détails anatomiques et elle en donne une description très minutieuse. Elle souffre beaucoup. »
22 janvier. « La maladie semble diminuer. Malheureusement elle parle de choses très vulgaires comme de ses affaires de ménage et de l'enfant malade d'un bourgeois d'ici. Le Pèlerin ne comprend pas comment de pareilles choses peuvent l'intéresser à ce point. »
27 janvier. « Un revirement semble se manifester dans sa maladie causée par la blessure. Elle devient plus prompte, plus active, elle prend quelque chose de décidé dans sa personne et dans son langage. Elle dit qu'elle a de grandes luttes à soutenir parce qu'elle se sent poussée malgré elle à la colère et au ressentiment contre plusieurs personnes : elle a surtout une violente tentation de colère contre l'homme dont elle a empêché le projet d'assassinat. Les vomissements de sang et de pus sont plus violents, la tumeur du côté s'amollit et se vide à l'intérieur. Elle décrit l'abcès intérieur comme un champignon qui se vide et se remplit tour à tour et qui alors fait sentir sa présence entre les côtes. Elle déclare que les vomissements ne viennent pas du poumon : cela se passe dans l'orifice de l'estomac. »
10 février. « Cette nuit les vomissements de sang et de pus ont été si considérables qu'elle s'est affaissée sur elle même comme morte. Elle assure qu'elle a vomi ce qu'on appelle le sac du pus et sent maintenant à la place de l'abcès intérieur un vide et comme une plaie qui n'est pas encore cicatrisée. »
18 janvier. « Elle a eu la vue de sa blessure avec ses détails anatomiques et elle en donne une description très minutieuse. Elle souffre beaucoup. »
22 janvier. « La maladie semble diminuer. Malheureusement elle parle de choses très vulgaires comme de ses affaires de ménage et de l'enfant malade d'un bourgeois d'ici. Le Pèlerin ne comprend pas comment de pareilles choses peuvent l'intéresser à ce point. »
27 janvier. « Un revirement semble se manifester dans sa maladie causée par la blessure. Elle devient plus prompte, plus active, elle prend quelque chose de décidé dans sa personne et dans son langage. Elle dit qu'elle a de grandes luttes à soutenir parce qu'elle se sent poussée malgré elle à la colère et au ressentiment contre plusieurs personnes : elle a surtout une violente tentation de colère contre l'homme dont elle a empêché le projet d'assassinat. Les vomissements de sang et de pus sont plus violents, la tumeur du côté s'amollit et se vide à l'intérieur. Elle décrit l'abcès intérieur comme un champignon qui se vide et se remplit tour à tour et qui alors fait sentir sa présence entre les côtes. Elle déclare que les vomissements ne viennent pas du poumon : cela se passe dans l'orifice de l'estomac. »
10 février. « Cette nuit les vomissements de sang et de pus ont été si considérables qu'elle s'est affaissée sur elle même comme morte. Elle assure qu'elle a vomi ce qu'on appelle le sac du pus et sent maintenant à la place de l'abcès intérieur un vide et comme une plaie qui n'est pas encore cicatrisée. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
11 . Elle se charge de douleurs causées par des plaies.
Elle dit en mars 1822 : « J'ai de très fortes douleurs au pied gauche. Il m'a fallu aller dans un hôpital où a été mise à ma charge une femme qui s'était dangereusement blessée à la jambe en tombant d'un escalier. » On ne fit pas grande attention à ces paroles qui semblaient dites au hasard, mais, après quelques semaines il fut évident qu'Anne-Catherine avait souffert les douleurs du premier bandage à la place de cette pauvre personne, et que plus tard une opération était devenue nécessaire ; car, au mois d'avril suivant, elle interrompit tout à coup un entretien avec son confesseur par ces paroles : « On m'enlève une esquille du pied gauche. » Puis elle eut, en plein état de veille, une vision lointaine et, dans cette vision, la sensation que le bandage était appliqué à la suite de l'opération faite sur elle auparavant. Elle dit encore: « Je ne puis pis comprendre comment le fragment de mon os si mince s'adapte à la jambe d'une grande et forte femme comme celle-là. Combien la douleur a été cruelle lorsqu'ils sont arrivés tout contre l'os. Cette pauvre personne, pieuse catholique, m'a été récemment montrée; elle est bien loin d'ici, obligée de vivre dans un hôpital où il y a d'autres malades d'un voisinage désagréable. Elle a beaucoup à supporter et m'inspire une grande pitié. J'ai prié pour elle et demandé pour moi ses souffrances. Il y a là des médecins luthériens qui, aujourd'hui à midi, ont enlevé un gros fragment de l'os de la jambe et je me suis alors en même temps laissé enlever un fragment qu'ils ont inséré dans sa blessure mais je ne puis m'imaginer comment mon os si maigre peut convenir là. Elle est si grande et si forte ! maintenant ils ont bandé sa plaie et la mienne : c'est une douleur affreuse. » Elle donna à cette occasion beaucoup de détails minutieux et pendant ce temps, la préoccupation qu'elle avait de tout cela ne l'empêchait pas de suivre une conversation avec son entourage. »
Elle dit en mars 1822 : « J'ai de très fortes douleurs au pied gauche. Il m'a fallu aller dans un hôpital où a été mise à ma charge une femme qui s'était dangereusement blessée à la jambe en tombant d'un escalier. » On ne fit pas grande attention à ces paroles qui semblaient dites au hasard, mais, après quelques semaines il fut évident qu'Anne-Catherine avait souffert les douleurs du premier bandage à la place de cette pauvre personne, et que plus tard une opération était devenue nécessaire ; car, au mois d'avril suivant, elle interrompit tout à coup un entretien avec son confesseur par ces paroles : « On m'enlève une esquille du pied gauche. » Puis elle eut, en plein état de veille, une vision lointaine et, dans cette vision, la sensation que le bandage était appliqué à la suite de l'opération faite sur elle auparavant. Elle dit encore: « Je ne puis pis comprendre comment le fragment de mon os si mince s'adapte à la jambe d'une grande et forte femme comme celle-là. Combien la douleur a été cruelle lorsqu'ils sont arrivés tout contre l'os. Cette pauvre personne, pieuse catholique, m'a été récemment montrée; elle est bien loin d'ici, obligée de vivre dans un hôpital où il y a d'autres malades d'un voisinage désagréable. Elle a beaucoup à supporter et m'inspire une grande pitié. J'ai prié pour elle et demandé pour moi ses souffrances. Il y a là des médecins luthériens qui, aujourd'hui à midi, ont enlevé un gros fragment de l'os de la jambe et je me suis alors en même temps laissé enlever un fragment qu'ils ont inséré dans sa blessure mais je ne puis m'imaginer comment mon os si maigre peut convenir là. Elle est si grande et si forte ! maintenant ils ont bandé sa plaie et la mienne : c'est une douleur affreuse. » Elle donna à cette occasion beaucoup de détails minutieux et pendant ce temps, la préoccupation qu'elle avait de tout cela ne l'empêchait pas de suivre une conversation avec son entourage. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
12. Maux d'yeux.
Le père d'un enfant atteint d'une ophtalmie fort grave lui demanda ses prières. A peine avait-elle accueilli cette demande qu'elle ressentit de terribles douleurs dans les yeux, lesquelles persévérèrent pendant plusieurs jours, si bien qu'elle eut une forte inflammation à un oeil. C'était celui-là même qui chez l'enfant était considéré comme déjà perdu. Anne-Catherine ressentit une telle compassion qu'elle se fit porter le pauvre enfant et suça l'oeil malade. Elle espérait que cet oeil n'était pas perdu sans ressource, et elle-même souffrit une semaine entière avant de recouvrer l'usage du sien. Pendant ce temps, elle eut en vision plusieurs travaux à faire dans les champs attenants à la maison des noces, où il lui fallut, avec ses maux d'yeux, arracher des souches d'arbre. Eu même temps, elle vit autour du champ où elle travaillait une quantité d'autres personnes atteintes d'ophtalmie pour lesquelles elle souffrit et pria. Elle se souvenait particulièrement d'un pauvre tailleur qui avait déjà perdu un œil.
Ordinairement, quand elle priait pour des enfants malades, elle les sentait comme corporellement présents sur son lit, et alors elle prenait tout près d'elle ceux qui avaient les maux les plus dégoûtants. Elle les voyait dans leurs demeures et leur envoyait, autant qu'elle le pouvait, du linge et de la nourriture.
Le père d'un enfant atteint d'une ophtalmie fort grave lui demanda ses prières. A peine avait-elle accueilli cette demande qu'elle ressentit de terribles douleurs dans les yeux, lesquelles persévérèrent pendant plusieurs jours, si bien qu'elle eut une forte inflammation à un oeil. C'était celui-là même qui chez l'enfant était considéré comme déjà perdu. Anne-Catherine ressentit une telle compassion qu'elle se fit porter le pauvre enfant et suça l'oeil malade. Elle espérait que cet oeil n'était pas perdu sans ressource, et elle-même souffrit une semaine entière avant de recouvrer l'usage du sien. Pendant ce temps, elle eut en vision plusieurs travaux à faire dans les champs attenants à la maison des noces, où il lui fallut, avec ses maux d'yeux, arracher des souches d'arbre. Eu même temps, elle vit autour du champ où elle travaillait une quantité d'autres personnes atteintes d'ophtalmie pour lesquelles elle souffrit et pria. Elle se souvenait particulièrement d'un pauvre tailleur qui avait déjà perdu un œil.
Ordinairement, quand elle priait pour des enfants malades, elle les sentait comme corporellement présents sur son lit, et alors elle prenait tout près d'elle ceux qui avaient les maux les plus dégoûtants. Elle les voyait dans leurs demeures et leur envoyait, autant qu'elle le pouvait, du linge et de la nourriture.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
13. Tentations.
Le vendredi saint de 1822, son confesseur avait recommandé à ses prières un paysan qui, ayant perdu deux chevaux, s'abandonnait à une tristesse allant jusqu'au désespoir. Le matin du dimanche de Pâques, elle dit qu'elle était assaillie de terribles visions qui lui faisaient presque perdre la tête, et pendant la grand'messe, cet état s'aggrava tellement qu'elle se crut au moment de mourir dans les angoisses. Après l'office divin, le père Limberg vint la voir et raconta que, pendant la célébration, le paysan avait pleuré et poussé de tels cris qu'il avait fallu le faire sortir de l'église. Elle tressaillit involontairement à ce récit qui confirmait ce qu'elle avait vu et senti intérieurement jusqu'au soir du mardi de Pâques, elle fut dans un état de lutte incessante contre l'angoisse, le désespoir, la colère et la rage et elle se plaignit d'avoir de si tristes fêtes de Pâques. Enfin le combat cessa dans la soirée du mardi. Le confesseur trouva le pauvre homme calmé et dans de meilleures dispositions. Mais avant qu'il eût pu le faire savoir à Anne-Catherine, celle-ci dit avec de joyeuses actions de grâces : « C'est sainte Anne qui a fait cela ! Je l'ai invoquée tout le temps pour ce pauvre homme. Elle a obtenu la grâce. Elle est la patronne des gens désespérés et tourmentés par le mauvais esprit. Ces derniers jours, j'ai terriblement souffert pour cet homme qui m'a été montré depuis longtemps déjà. Il est sans religion et comme il s'est éloigné de l'état de grâce qui rend le chrétien invulnérable, il est tombé sous le pouvoir d'une malédiction. En faisant cuire par superstition un coeur de cheval, il s'est mis dans un rapport idolâtrique avec le diable, et le désespoir s'était tellement emparé de lui que, le dimanche de Pâques, il a assisté, la haine et la rage dans le coeur, au très-saint sacrifice du fils de Dieu qui a donné sa vie pour ses ennemis. Sainte Anne l'a sauvé. Si maintenant il ne se corrige pas entièrement, il lui arrivera encore pis. » Wesener qui voyait cet homme comme médecin, apprit de lui que, par le conseil de gens superstitieux, il avait fait cuire le coeur d'un des chevaux qu'il avait perdus en proférant des imprécations contre celui qu'il croyait avoir été la cause de la mort des chevaux : celui-ci ne devait plus trouver de repos jusqu'à ce qu'il se fût fait connaître au paysan comme en étant l'auteur. Le paysan avait aussi pris la résolution de tirer un coup de fusil à la première personne qu'il rencontrerait après son opération, magique.
Le vendredi saint de 1822, son confesseur avait recommandé à ses prières un paysan qui, ayant perdu deux chevaux, s'abandonnait à une tristesse allant jusqu'au désespoir. Le matin du dimanche de Pâques, elle dit qu'elle était assaillie de terribles visions qui lui faisaient presque perdre la tête, et pendant la grand'messe, cet état s'aggrava tellement qu'elle se crut au moment de mourir dans les angoisses. Après l'office divin, le père Limberg vint la voir et raconta que, pendant la célébration, le paysan avait pleuré et poussé de tels cris qu'il avait fallu le faire sortir de l'église. Elle tressaillit involontairement à ce récit qui confirmait ce qu'elle avait vu et senti intérieurement jusqu'au soir du mardi de Pâques, elle fut dans un état de lutte incessante contre l'angoisse, le désespoir, la colère et la rage et elle se plaignit d'avoir de si tristes fêtes de Pâques. Enfin le combat cessa dans la soirée du mardi. Le confesseur trouva le pauvre homme calmé et dans de meilleures dispositions. Mais avant qu'il eût pu le faire savoir à Anne-Catherine, celle-ci dit avec de joyeuses actions de grâces : « C'est sainte Anne qui a fait cela ! Je l'ai invoquée tout le temps pour ce pauvre homme. Elle a obtenu la grâce. Elle est la patronne des gens désespérés et tourmentés par le mauvais esprit. Ces derniers jours, j'ai terriblement souffert pour cet homme qui m'a été montré depuis longtemps déjà. Il est sans religion et comme il s'est éloigné de l'état de grâce qui rend le chrétien invulnérable, il est tombé sous le pouvoir d'une malédiction. En faisant cuire par superstition un coeur de cheval, il s'est mis dans un rapport idolâtrique avec le diable, et le désespoir s'était tellement emparé de lui que, le dimanche de Pâques, il a assisté, la haine et la rage dans le coeur, au très-saint sacrifice du fils de Dieu qui a donné sa vie pour ses ennemis. Sainte Anne l'a sauvé. Si maintenant il ne se corrige pas entièrement, il lui arrivera encore pis. » Wesener qui voyait cet homme comme médecin, apprit de lui que, par le conseil de gens superstitieux, il avait fait cuire le coeur d'un des chevaux qu'il avait perdus en proférant des imprécations contre celui qu'il croyait avoir été la cause de la mort des chevaux : celui-ci ne devait plus trouver de repos jusqu'à ce qu'il se fût fait connaître au paysan comme en étant l'auteur. Le paysan avait aussi pris la résolution de tirer un coup de fusil à la première personne qu'il rencontrerait après son opération, magique.
Dernière édition par Charles-Edouard le Dim 9 Sep 2012 - 17:37, édité 1 fois
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
Quelques semaines après, cet homme apparut prêt à retomber parce qu'il était sur le point de perdre un troisième cheval. Anne-Catherine, l'ayant su par son confesseur, fut très attristée et dit : « Il ne faut pas que cela arrive; autrement cet homme retomberait dans le désespoir : il faut prier pour que le cheval ne meure pas. » Les deux jours suivants, elle fut de nouveau très agitée, son visage prit une teinte brune et sombre : son regard était égaré et craintif : son expression était tout à fait celle des jours où elle avait eu le plus d'assauts à soutenir pendant le Carême. Elle avoua qu'elle avait beaucoup prié pour cet homme violemment tenté et qu'elle avait eu récemment à lutter contre 1e diable. Le cheval guérit.
Mai 1823 : « Elle a fourni du linge et une layette à une pauvre accouchée qui était maltraitée par un mari brutal. Cet homme ne s'était pas approché des sacrements depuis plusieurs années et il vivait dans des sentiments de haine et d'inimitié envers son prochain. Anne-Catherine avait souvent prié pour qu'il se convertit et pour qu'il réfléchît sur le misérable état de son âme. Elle renouvela encore ses prières pour lui, mais elle avait en même temps de tels combats à livrer contre de violentes excitations au ressentiment et à la colère que son visage en était tout défiguré. L'homme cependant avoua à sa femme qu'il éprouvait une angoisse intérieure ; et une agitation dont il ne savait comment se délivrer. Anne-Catherine ne cessa point de s'occuper de lui jusqu'à ce qu'il fût allé trouver le P. Limberg et lui eût demandé à se confesser. Ses souffrances prirent alors un caractère d'intensité plus grande et il fut bientôt évident que cet homme lui avait fourni l'occasion d'implorer des grâces semblables pour une infinité d'autres qui se trouvaient dans le même cas. La douleur la faisait ressembler à une personne mise à la torture et elle raconta en pleurant ce qu'elle avait enduré : « J'ai cru mourir de douleur: mais je n'ai reçu aucune assistance. J'offris mes misères pour tous les malheureux qui languissent sans consolation et sans le secours des saints sacrements. J'étais parfaitement éveillée et je vis tout à coup autour de moi, les unes voisines, les autres éloignées, d'innombrables scènes de douleur; c'étaient des malades, des mourants, des voyageurs égarés, des prisonniers, sans prêtres et sans sacrements. Je criai au secours pour eux et j'implorai Dieu. Mais il me fut dit: « Tu ne peux pas obtenir cela gratuitement, il y faut du travail. » Sur cela je m'offris et je me trouvai dans un état terrible. Des cordes me garent passées autour des bras où elles furent fortement attachées, puis on les tendit si violemment que je crus que tous mes nerfs allaient se déchirer. Mon cou était étranglé, les os de la poitrine remontaient, et ma langue raidie se retirait au fond de mon gosier. J'étais à l'agonie, mais je vis pour ma consolation que beaucoup furent assistés. » Ces souffrances se renouvelèrent la nuit d'après et elle se vit formellement crucifiée. Le Pèlerin la trouva avec le cou et la langue gonflés. Elle raconta péniblement ce qui suit : « J'ai vu une bien grande détresse dans l'Église par suite des négligences; des omissions et des trahisons. Quelque pitoyable que soit l'état de ce pays ci, j'ai vu encore bien pis dans d'autres endroits. J'ai vu des prêtres en très mauvaise compagnie et au cabaret pendant que leurs paroissiens mouraient sans sacrements. J'ai eu de nouveau la vision de la secte secrète sapant de tous les côtés l'église de Saint-Pierre. Ils travaillaient avec des instruments de toute espèce et couraient çà et là, emportant des pierres qu'ils en avaient détachées. Ils furent obligés de laisser l'autel, ils ne purent pas l'enlever. Je vis profaner et voler une image de Marie. Je me plaignis au Pape et lui demandai comment il pouvait tolérer qu'il y eût tant de prêtres parmi les démolisseurs. Je vis à cette occasion pourquoi l'Église a été fondée à Rome ; c'est parce que c'est là le centre du monde et que tous les peuples s'y rattachent par quelques rapports.
Mai 1823 : « Elle a fourni du linge et une layette à une pauvre accouchée qui était maltraitée par un mari brutal. Cet homme ne s'était pas approché des sacrements depuis plusieurs années et il vivait dans des sentiments de haine et d'inimitié envers son prochain. Anne-Catherine avait souvent prié pour qu'il se convertit et pour qu'il réfléchît sur le misérable état de son âme. Elle renouvela encore ses prières pour lui, mais elle avait en même temps de tels combats à livrer contre de violentes excitations au ressentiment et à la colère que son visage en était tout défiguré. L'homme cependant avoua à sa femme qu'il éprouvait une angoisse intérieure ; et une agitation dont il ne savait comment se délivrer. Anne-Catherine ne cessa point de s'occuper de lui jusqu'à ce qu'il fût allé trouver le P. Limberg et lui eût demandé à se confesser. Ses souffrances prirent alors un caractère d'intensité plus grande et il fut bientôt évident que cet homme lui avait fourni l'occasion d'implorer des grâces semblables pour une infinité d'autres qui se trouvaient dans le même cas. La douleur la faisait ressembler à une personne mise à la torture et elle raconta en pleurant ce qu'elle avait enduré : « J'ai cru mourir de douleur: mais je n'ai reçu aucune assistance. J'offris mes misères pour tous les malheureux qui languissent sans consolation et sans le secours des saints sacrements. J'étais parfaitement éveillée et je vis tout à coup autour de moi, les unes voisines, les autres éloignées, d'innombrables scènes de douleur; c'étaient des malades, des mourants, des voyageurs égarés, des prisonniers, sans prêtres et sans sacrements. Je criai au secours pour eux et j'implorai Dieu. Mais il me fut dit: « Tu ne peux pas obtenir cela gratuitement, il y faut du travail. » Sur cela je m'offris et je me trouvai dans un état terrible. Des cordes me garent passées autour des bras où elles furent fortement attachées, puis on les tendit si violemment que je crus que tous mes nerfs allaient se déchirer. Mon cou était étranglé, les os de la poitrine remontaient, et ma langue raidie se retirait au fond de mon gosier. J'étais à l'agonie, mais je vis pour ma consolation que beaucoup furent assistés. » Ces souffrances se renouvelèrent la nuit d'après et elle se vit formellement crucifiée. Le Pèlerin la trouva avec le cou et la langue gonflés. Elle raconta péniblement ce qui suit : « J'ai vu une bien grande détresse dans l'Église par suite des négligences; des omissions et des trahisons. Quelque pitoyable que soit l'état de ce pays ci, j'ai vu encore bien pis dans d'autres endroits. J'ai vu des prêtres en très mauvaise compagnie et au cabaret pendant que leurs paroissiens mouraient sans sacrements. J'ai eu de nouveau la vision de la secte secrète sapant de tous les côtés l'église de Saint-Pierre. Ils travaillaient avec des instruments de toute espèce et couraient çà et là, emportant des pierres qu'ils en avaient détachées. Ils furent obligés de laisser l'autel, ils ne purent pas l'enlever. Je vis profaner et voler une image de Marie. Je me plaignis au Pape et lui demandai comment il pouvait tolérer qu'il y eût tant de prêtres parmi les démolisseurs. Je vis à cette occasion pourquoi l'Église a été fondée à Rome ; c'est parce que c'est là le centre du monde et que tous les peuples s'y rattachent par quelques rapports.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
Je vis aussi que Rome restera debout comme une île, comme un rocher au milieu de la mer, quand tout, autour d'elle, tombera en ruine. Je vis comment Jésus donna cette force à Pierre et le prépara à tout à cause de sa fidélité et de sa droiture. Lorsqu'il lui dit : « Suis-moi, » Pierre comprit par là que lui aussi serait crucifié. Lorsque je vis les démolisseurs, je fus émerveillée de leur grande habileté. Ils avaient toutes sortes de machines : tout se faisait suivant un plan : rien ne s'écroulait de soi-même. Ils ne faisaient pas de bruit ; ils faisaient attention à tout, profitaient de tout; ils avaient recours à des ruses de toute espèce, et les pierres semblaient souvent disparaître sous leurs mains. Quelques-uns d'entre eux rebâtissaient; ils détruisaient ce qui était saint et grand et ce qu'ils édifiaient n'était que du vide, du creux, du superflu. Ils emportaient des pierres de l'autel et en faisaient un perron à l'entrée. »
Son confesseur était très ému à la vue de ces horribles souffrances et il cherchait à les conjurer par le nom de Jésus et au moyen d'exorcismes. Il avait lu dans une relation concernant l'exorciste Gassner, que celui-ci, en Bavière, guérissait souvent par l'exorcisme des maladies qu'il croyait provenir du mauvais esprit. Anne-Catherine lui dit à ce sujet : « Les exorcismes seront sans effet sur moi, car je sais que cette maladie que j'ai ne vient pas de l'esprit malin. Je ne puis être aidée que par la bénédiction, par la patience à supporter les douleurs d'autrui et par la prière pour ce qui est la cause de ma souffrance. J'ai toujours eu, depuis que je me connais, une foi inébranlable dans le nom de Jésus et l'invocation de ce saint nom a été souvent un secours pour moi-même et pour d'autres : mais je suis certaine que ce que je souffre maintenant; je l'ai pris sur moi au nom de Jésus (elle voulait dire qu'il n'était pas à propos de lui faire retirer ces souffrances au nom de Jésus). J'ai vu aussi plusieurs des maladies guéries par le père Gassner : elles ne me plaisaient guère; elles avaient pour cause première des états de péché. »
Un an auparavant, le Pèlerin eut à noter un fait remarquable montrant de quel secours pouvait être pour elle le saint nom de Jésus. C'était le 20 janvier : « Je priai Dieu avec les plus vives instances, dit-elle, afin qu'il m'assistât dans ce qui me faisait le plus souffrir, l'affreux mal que j'avais au bas-ventre. Mon époux me répondit d'un ton très grave : « Pourquoi aujourd'hui ? demain ne vaut-il pas autant ? ne t'es-tu pas donnée à moi ? ne puis-je pas faire de toi ce que je veux ? » Je veux m'abandonner complètement à lui, qu'il fasse selon sa volonté. Oh ! quelle grâce de pouvoir souffrir ! heureux qui est injurié et méprisé ! C'est tout ce que je mérite et je n'ai été que trop honorée. Ah ! si j'étais couverte de crachats et foulée aux pieds sur le grand chemin, je voudrais baiser les pieds à tous pour les remercier ! Sainte Agnès a aussi beaucoup souffert : j'ai vu tout ce qu'elle a enduré. »
Son confesseur était très ému à la vue de ces horribles souffrances et il cherchait à les conjurer par le nom de Jésus et au moyen d'exorcismes. Il avait lu dans une relation concernant l'exorciste Gassner, que celui-ci, en Bavière, guérissait souvent par l'exorcisme des maladies qu'il croyait provenir du mauvais esprit. Anne-Catherine lui dit à ce sujet : « Les exorcismes seront sans effet sur moi, car je sais que cette maladie que j'ai ne vient pas de l'esprit malin. Je ne puis être aidée que par la bénédiction, par la patience à supporter les douleurs d'autrui et par la prière pour ce qui est la cause de ma souffrance. J'ai toujours eu, depuis que je me connais, une foi inébranlable dans le nom de Jésus et l'invocation de ce saint nom a été souvent un secours pour moi-même et pour d'autres : mais je suis certaine que ce que je souffre maintenant; je l'ai pris sur moi au nom de Jésus (elle voulait dire qu'il n'était pas à propos de lui faire retirer ces souffrances au nom de Jésus). J'ai vu aussi plusieurs des maladies guéries par le père Gassner : elles ne me plaisaient guère; elles avaient pour cause première des états de péché. »
Un an auparavant, le Pèlerin eut à noter un fait remarquable montrant de quel secours pouvait être pour elle le saint nom de Jésus. C'était le 20 janvier : « Je priai Dieu avec les plus vives instances, dit-elle, afin qu'il m'assistât dans ce qui me faisait le plus souffrir, l'affreux mal que j'avais au bas-ventre. Mon époux me répondit d'un ton très grave : « Pourquoi aujourd'hui ? demain ne vaut-il pas autant ? ne t'es-tu pas donnée à moi ? ne puis-je pas faire de toi ce que je veux ? » Je veux m'abandonner complètement à lui, qu'il fasse selon sa volonté. Oh ! quelle grâce de pouvoir souffrir ! heureux qui est injurié et méprisé ! C'est tout ce que je mérite et je n'ai été que trop honorée. Ah ! si j'étais couverte de crachats et foulée aux pieds sur le grand chemin, je voudrais baiser les pieds à tous pour les remercier ! Sainte Agnès a aussi beaucoup souffert : j'ai vu tout ce qu'elle a enduré. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
Le soir de ce jour, le docteur Lutterbeck se trouvant à Dulmen et le Pèlerin lui ayant rendu compte des souffrances de la malade sans que celle-ci pût l'entendre le moins du monde, elle s'écria, étant en extase : « Comment peux-tu te mettre au milieu de mes fleurs, tu écrases toutes ces belles fleurs ! » Elle avait donc vu celui qui révélait ses tortures secrètes comme marchant sur ses fleurs et les écrasant. Le jour suivant, la douleur du bas-ventre fut si violente que le confesseur tout ému lui donna un peu d'huile bénite et, priant sur elle, ordonna au mal de se retirer au nom de Jésus. Elle se sentit aussitôt assistée et tout à fait remise. Ce qui avait été dit de " demain " se réalisa, donc.
Pendant cette maladie, elle avait aussi fait cette déclaration : « Quand je prends sur moi les souffrances des personnes impatientes, ces souffrances sont très aggravées en ce qu'alors j'ai une intolérable excitation à l'impatience qu'il me faut surmonter. Jusqu'à présent, dans le cours de cette longue maladie, j'ai été merveilleusement soutenue. La plupart du temps, pendant la nuit et souvent aussi pendant le jour, je vois devant moi ou près de moi planer en l'air une table blanche qui semble de marbre: il y a dessus divers vases contenant des jus et des herbes et je vois tantôt un saint martyr, tantôt un autre, homme ou femme, s'avancer et me préparer un remède ; souvent c'est un mélange de plusieurs ingrédients et il me semble aussi qu'on le pèse dans une balance d'or : la plupart du temps ce sont des jus d'herbes. Souvent j'ai à sentir de petits buissons de fleurs, souvent à sucer quelque chose et ces remèdes guérissent quelquefois la douleur : mais plus souvent ils me donnent la force de supporter les douleurs les plus extraordinaires et les plus compliquées qui succèdent immédiatement aux remèdes. Je vois tout cela aller son train distinctement et régulièrement, si bien que parfois j'ai craint que mon confesseur, en allant et venant, ne renversât cette pharmacie céleste. « Cette table disparut tout à coup un jour que, par une parole irréfléchie, Anne-Catherine donna à une personne l'occasion de faire son éloge. Ayant donné des avis à cette personne sur les moyens à prendre pour mener une vie retirée et observer la modestie, elle avait conclu par ces mots : « J'ai toujours été fidèle à ces pratiques dans ma jeunesse et je m'en suis bien trouvée. » Là dessus, on lui donna des éloges et la table céleste disparut subitement avec sa pharmacie.
Pendant cette maladie, elle avait aussi fait cette déclaration : « Quand je prends sur moi les souffrances des personnes impatientes, ces souffrances sont très aggravées en ce qu'alors j'ai une intolérable excitation à l'impatience qu'il me faut surmonter. Jusqu'à présent, dans le cours de cette longue maladie, j'ai été merveilleusement soutenue. La plupart du temps, pendant la nuit et souvent aussi pendant le jour, je vois devant moi ou près de moi planer en l'air une table blanche qui semble de marbre: il y a dessus divers vases contenant des jus et des herbes et je vois tantôt un saint martyr, tantôt un autre, homme ou femme, s'avancer et me préparer un remède ; souvent c'est un mélange de plusieurs ingrédients et il me semble aussi qu'on le pèse dans une balance d'or : la plupart du temps ce sont des jus d'herbes. Souvent j'ai à sentir de petits buissons de fleurs, souvent à sucer quelque chose et ces remèdes guérissent quelquefois la douleur : mais plus souvent ils me donnent la force de supporter les douleurs les plus extraordinaires et les plus compliquées qui succèdent immédiatement aux remèdes. Je vois tout cela aller son train distinctement et régulièrement, si bien que parfois j'ai craint que mon confesseur, en allant et venant, ne renversât cette pharmacie céleste. « Cette table disparut tout à coup un jour que, par une parole irréfléchie, Anne-Catherine donna à une personne l'occasion de faire son éloge. Ayant donné des avis à cette personne sur les moyens à prendre pour mener une vie retirée et observer la modestie, elle avait conclu par ces mots : « J'ai toujours été fidèle à ces pratiques dans ma jeunesse et je m'en suis bien trouvée. » Là dessus, on lui donna des éloges et la table céleste disparut subitement avec sa pharmacie.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
14. Souffrances pour des gens qui se confessent.
« Lorsque je vois des gens qui se confessent, j'ai souvent d'effrayantes visions qui me font sentir vivement combien il est nécessaire de prier pour eux. Ainsi je vois des personnes qui, en se confessant crachent un serpent, mais l'avalent de nouveau bientôt après, souvent même avant la communion. Ceux qui cachent des péchés m'apparaissent avec un visage hideux et je vois près d'eux une horrible bête qui leur enserre la poitrine dans ses griffes. Quant à ceux qui vivent dans des relations criminelles, je vois souvent, pendant qu’ils se confessent, une figure leur souffler à l'oreille de n'en rien dire. J'en vois d'autres, pendant leur confession, serrer contre eux une figure qui a un corps de dragon. »
« J'ai toujours vu que de hideuses bêtes comme les vers et certains insectes proviennent des péchés et sont les images des péchés. Quant aux personnes qui renferment dans leur intérieur des péchés secrets, mais qui se montrent extérieurement pieuses et irréprochables, je vois de vilaines bêtes qui se tiennent à côté d'elles ou sur leurs habits, ou bien je vois ces bêtes cachées, caressées et nourries en secret. Souvent j'ai vu si clairement des bêtes de ce genre attachées à certaines personnes que je voulais les leur ôter, mais je m'apercevais bientôt que je leur causais un grand étonnement. La cigale, par exemple, est une image du péché. Elle est inquiète, criarde, avare ; elle fait beaucoup de bruit. Je vois que la cigale remue chacun de ses poils, se fait belle, agite bruyamment ses ailes quand elle crie. Ainsi font aussi ceux qui nourrissent en eux les péchés dont la cigale est l'image symbolique. »
Elle raconta un jour ce qui suit: « Je priais pour les pénitents d'un prêtre sur sa demande et j'eus à faire un travail très pénible. Je vis deux canots qui allaient couler bas. Dans l'un étaient les hommes: dans l'autre les femmes : celles-ci étaient en très grand nombre. Le confesseur était sur le bord et voulait tirer les canots à terre l'un après l'autre. Le canot où étaient les hommes marchait passablement : mais beaucoup de femmes ou plutôt presque toutes avaient, contre la volonté du confesseur et en partie à son insu, caché des chats sous leurs fichus, et ces chats rendaient la barque si pesante qu’elle était au moment de s'enfoncer. Ils s'accrochaient fortement, ne voulaient pas se laisser détacher et donnaient des coups de griffe à droite et à gauche. Je me mis sur une planche, je poussai jusqu'au canot et j'exhortai les femmes à se débarrasser de leurs chats, mais elles prirent la chose très mal et se mirent à me quereller. Le confesseur tirait de toutes ses forces, mais pas toujours comme il fallait, si bien que je lui criai de s'y prendre autrement. »
« Lorsque je vois des gens qui se confessent, j'ai souvent d'effrayantes visions qui me font sentir vivement combien il est nécessaire de prier pour eux. Ainsi je vois des personnes qui, en se confessant crachent un serpent, mais l'avalent de nouveau bientôt après, souvent même avant la communion. Ceux qui cachent des péchés m'apparaissent avec un visage hideux et je vois près d'eux une horrible bête qui leur enserre la poitrine dans ses griffes. Quant à ceux qui vivent dans des relations criminelles, je vois souvent, pendant qu’ils se confessent, une figure leur souffler à l'oreille de n'en rien dire. J'en vois d'autres, pendant leur confession, serrer contre eux une figure qui a un corps de dragon. »
« J'ai toujours vu que de hideuses bêtes comme les vers et certains insectes proviennent des péchés et sont les images des péchés. Quant aux personnes qui renferment dans leur intérieur des péchés secrets, mais qui se montrent extérieurement pieuses et irréprochables, je vois de vilaines bêtes qui se tiennent à côté d'elles ou sur leurs habits, ou bien je vois ces bêtes cachées, caressées et nourries en secret. Souvent j'ai vu si clairement des bêtes de ce genre attachées à certaines personnes que je voulais les leur ôter, mais je m'apercevais bientôt que je leur causais un grand étonnement. La cigale, par exemple, est une image du péché. Elle est inquiète, criarde, avare ; elle fait beaucoup de bruit. Je vois que la cigale remue chacun de ses poils, se fait belle, agite bruyamment ses ailes quand elle crie. Ainsi font aussi ceux qui nourrissent en eux les péchés dont la cigale est l'image symbolique. »
Elle raconta un jour ce qui suit: « Je priais pour les pénitents d'un prêtre sur sa demande et j'eus à faire un travail très pénible. Je vis deux canots qui allaient couler bas. Dans l'un étaient les hommes: dans l'autre les femmes : celles-ci étaient en très grand nombre. Le confesseur était sur le bord et voulait tirer les canots à terre l'un après l'autre. Le canot où étaient les hommes marchait passablement : mais beaucoup de femmes ou plutôt presque toutes avaient, contre la volonté du confesseur et en partie à son insu, caché des chats sous leurs fichus, et ces chats rendaient la barque si pesante qu’elle était au moment de s'enfoncer. Ils s'accrochaient fortement, ne voulaient pas se laisser détacher et donnaient des coups de griffe à droite et à gauche. Je me mis sur une planche, je poussai jusqu'au canot et j'exhortai les femmes à se débarrasser de leurs chats, mais elles prirent la chose très mal et se mirent à me quereller. Le confesseur tirait de toutes ses forces, mais pas toujours comme il fallait, si bien que je lui criai de s'y prendre autrement. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
Anne-Catherine eut très fréquemment, quoiqu'ayant l'estomac absolument vide, des crises de vomissement qui se succédèrent pendant deux jours sans quelle pût rien rendre. Cela la faisait tomber dans des défaillances semblables à la mort ; en même temps elle soupirait souvent et disait involontairement: « Les péchés doivent sortir: il faut qu'ils soient confessés. » Et on reconnaissait qu'elle avait pris ces souffrances sur elle pour empêcher des confessions sacrilèges. »
Comme elle avait une dévotion particulière à saint Antoine, elle reçut plusieurs fois, pendant l'octave de sa fête, la tâche de pousser des pécheurs au repentir et à la confession, au moyen de prières et de souffrances et avec l'assistance du saint. Pendant ces huit jours, elle resta en proie à des maladies qui changeaient rapidement, à des convulsions, à des angoisses intérieures et à un délaissement spirituel. Elle raconta un jour ce qui suit : « Le saint m'a montré les personnes que je devais exciter à faire une confession générale. Elles allaient successivement trouver Overberg et mon confesseur. Je ne les connais qu'en vision, mais non à l'état de veille. Dans de pareils travaux, les choses se passent comme si le saint envoyait un ordre ou un message à mon guide lequel me dit alors : « Tiens-toi prête et suis-moi si tu veux porter secours en tel et tel endroit. » Je me mets alors en chemin pour un voyage qui me fatigue beaucoup et je rencontre des difficultés de toute espèce qui se rapportent aux obstacles spirituels existant dans l'âme des pénitents et qui sont l'image des idées fausses, des passions et de la répugnance intérieure que ceux-ci ont à surmonter en eux-mêmes avant d'en venir à une confession sincère et accompagnée de repentir. Quelques-uns de ces gens m'apparaissent petits et dans l'éloignement; d'autres sont plus près: cela indique le chemin plus ou moins long qu'ils ont à faire pour arriver à une confession sincère. Je vois souvent une personne qui en réalité n'est pas loin d'ici, comme très petite et très éloignée, une autre réellement éloignée m'apparaît grande et rapprochée spirituellement. J'en vois plusieurs qui sont très près de moi, mais pour arriver à elles, il me faut gravir une montagne escarpée d'où je retombe sans cesse. Quand avec la grâce de Dieu et l'assistance du saint, je puis venir à bout de la franchir, j'arrive jusqu'aux personnes et je trouve leur coeur changé. »
Comme elle avait une dévotion particulière à saint Antoine, elle reçut plusieurs fois, pendant l'octave de sa fête, la tâche de pousser des pécheurs au repentir et à la confession, au moyen de prières et de souffrances et avec l'assistance du saint. Pendant ces huit jours, elle resta en proie à des maladies qui changeaient rapidement, à des convulsions, à des angoisses intérieures et à un délaissement spirituel. Elle raconta un jour ce qui suit : « Le saint m'a montré les personnes que je devais exciter à faire une confession générale. Elles allaient successivement trouver Overberg et mon confesseur. Je ne les connais qu'en vision, mais non à l'état de veille. Dans de pareils travaux, les choses se passent comme si le saint envoyait un ordre ou un message à mon guide lequel me dit alors : « Tiens-toi prête et suis-moi si tu veux porter secours en tel et tel endroit. » Je me mets alors en chemin pour un voyage qui me fatigue beaucoup et je rencontre des difficultés de toute espèce qui se rapportent aux obstacles spirituels existant dans l'âme des pénitents et qui sont l'image des idées fausses, des passions et de la répugnance intérieure que ceux-ci ont à surmonter en eux-mêmes avant d'en venir à une confession sincère et accompagnée de repentir. Quelques-uns de ces gens m'apparaissent petits et dans l'éloignement; d'autres sont plus près: cela indique le chemin plus ou moins long qu'ils ont à faire pour arriver à une confession sincère. Je vois souvent une personne qui en réalité n'est pas loin d'ici, comme très petite et très éloignée, une autre réellement éloignée m'apparaît grande et rapprochée spirituellement. J'en vois plusieurs qui sont très près de moi, mais pour arriver à elles, il me faut gravir une montagne escarpée d'où je retombe sans cesse. Quand avec la grâce de Dieu et l'assistance du saint, je puis venir à bout de la franchir, j'arrive jusqu'aux personnes et je trouve leur coeur changé. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
Le 29 novembre 1822, six dangereux bandits qu'on conduisait à la forteresse furent amenés à Dulmen pour y passer une nuit dans la prison de la ville. Elle vit cela en esprit, pria pour ces misérables et raconta ce qui suit le jour d'après : « J'ai visité les prisonniers pour la conversion desquels je priais. Lorsque je m'approchai de la prison, tout à l'entour était rempli de buissons d'épines. Je m'y mis les mains en sang en grimpant après ces épines qui dépassaient le mur et retombaient de l'autre côté. Il n'y avait pas de toit : je descendis, mais je ne pus pas arriver jusqu'aux prisonniers, ils étaient dans des trous ou des crevasses de forme étrange et il y avait au-dessus d'eux et devant eux une quantité de poutres et de solives entremêlées et formant de solides barrières. Il faisait sombre, tout était désolé et comme pétrifié: je me donnai beaucoup de peine sans pouvoir arriver à aucun d'eux: il étaient comme changés en poutres et complètement endurcis. Alors le gendarme N. vint pour les visiter et je m'en allai, craignant qu'il ne me trouvât et qu'il ne crût que je voulais les délivrer.
Avril 1820. Elle éprouvait une douleur si violente dans tout le coté gauche qu'elle semblait au moment d'expirer. Elle ne pouvait se coucher qu'a demi sur le côté droit, elle était hors d'état de parler et avait des évanouissements causés par l'excès de la souffrance : cependant elle était pleine de sérénité et dit : « Ceci est un reste du Carême pendant lequel j'ai pris un fardeau trop fort pour moi : je croyais que cela ne viendrait que plus tard. J'ai pris cette charge pour un étranger qui voulait faire ici sa confession pascale. Je le vis au confessionnal en mauvaise disposition, il ne voulut pas tout avouer et se rendit gravement coupable. J'ai prié le Seigneur de me laisser souffrir à sa place pour satisfaire à la justice divine et toucher le coeur de cet homme : alors cette violente douleur m'a tout à coup assaillie. Mais je puis à peine la supporter. » L'abbé Lambert pria alors sur elle et elle reçut quelque soulagement : mais lorsqu'il s'éloigna, les souffrances recommencèrent et devinrent si violentes qu'elle tomba en défaillance et qu'une sueur froide coula sac son front. On appela le confesseur qui la bénit et ordonna au mal de s'en aller au nom de Jésus. A l'instant elle se sentit mieux et pût retrouver un peu de repos.
Temps pascal de 1823. « J'ai eu à traîner de force un homme à l'église jusque à la table de communion. Il ne voulait pas y aller et il me jeta presqu'à terre. Je souffrais horriblement et je reçus à cette occasion de si terribles coups sur le coeur que je crus qu'il allait être écrasé. » Ce travail se renouvela encore très souvent et dura jusqu'à la semaine d'avant la Pentecôte. Lorsqu'un des jours de cette semaine, elle raconta à son confesseur qu'elle s'était encore fatiguée, jusqu'à en mourir, à l'occasion de cet homme, ce dernier, peu de minutes après, fît prier le confesseur d'entendre sa confession générale. Le père le reçut avec beaucoup de bonté et, sur sa prière, le conduisit près de la malade à laquelle il demanda pardon en pleurant de l'avoir souvent calomniée.
Avril 1820. Elle éprouvait une douleur si violente dans tout le coté gauche qu'elle semblait au moment d'expirer. Elle ne pouvait se coucher qu'a demi sur le côté droit, elle était hors d'état de parler et avait des évanouissements causés par l'excès de la souffrance : cependant elle était pleine de sérénité et dit : « Ceci est un reste du Carême pendant lequel j'ai pris un fardeau trop fort pour moi : je croyais que cela ne viendrait que plus tard. J'ai pris cette charge pour un étranger qui voulait faire ici sa confession pascale. Je le vis au confessionnal en mauvaise disposition, il ne voulut pas tout avouer et se rendit gravement coupable. J'ai prié le Seigneur de me laisser souffrir à sa place pour satisfaire à la justice divine et toucher le coeur de cet homme : alors cette violente douleur m'a tout à coup assaillie. Mais je puis à peine la supporter. » L'abbé Lambert pria alors sur elle et elle reçut quelque soulagement : mais lorsqu'il s'éloigna, les souffrances recommencèrent et devinrent si violentes qu'elle tomba en défaillance et qu'une sueur froide coula sac son front. On appela le confesseur qui la bénit et ordonna au mal de s'en aller au nom de Jésus. A l'instant elle se sentit mieux et pût retrouver un peu de repos.
Temps pascal de 1823. « J'ai eu à traîner de force un homme à l'église jusque à la table de communion. Il ne voulait pas y aller et il me jeta presqu'à terre. Je souffrais horriblement et je reçus à cette occasion de si terribles coups sur le coeur que je crus qu'il allait être écrasé. » Ce travail se renouvela encore très souvent et dura jusqu'à la semaine d'avant la Pentecôte. Lorsqu'un des jours de cette semaine, elle raconta à son confesseur qu'elle s'était encore fatiguée, jusqu'à en mourir, à l'occasion de cet homme, ce dernier, peu de minutes après, fît prier le confesseur d'entendre sa confession générale. Le père le reçut avec beaucoup de bonté et, sur sa prière, le conduisit près de la malade à laquelle il demanda pardon en pleurant de l'avoir souvent calomniée.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
15. Les jours du carnaval étaient tous les ans pour elle un temps de terribles souffrances. Elle était alors livrée à des tortures incessantes à cause des péchés qui se commettaient pendant ces jours là. « Il me faut voir toutes les abominations de la débauche, même les pensées et la malice intérieure des coeurs, les piéges tendus par le diable, l'affaissement, l'ébranlement, l'égarement des âmes et leur chute. Je vois partout le diable présent et il me faut aller, courir, souffrir, exhorter, implorer Dieu, me livrer au châtiment. En même temps, je vois les affronts que ces insensés font au Rédempteur, à mon Sauveur bien-aimé; je le vois tout déchiré, couvert de sang et de crachats. Je vois des divertissements innocents en apparence dans leur affreuse nudité et avec leurs tristes conséquences. Je suis saisie de terreur et de pitié et je passe d'un martyre à un autre, afin d'obtenir pour tel ou tel pécheur un répit et la grâce de la conversion. Je vois cela chez des laïques et chez des prêtres et la vue de ces derniers est ce qui me fait le plus souffrir. J'étais dernièrement si abattue que je n'en pouvais plus et que je priai mon ange gardien de faire agir les anges de quelques personnes dont l'état me touchait beaucoup. » Elle est réduite à une telle extrémité qu'elle ne peut pas se remuer, ni même respirer sans de vives douleurs. Mais elle est pleine de paix, de calme, de douceur, et sa patience est indicible. Avec tout cela, elle a encore à soutenir les assauts du mauvais esprit qui l'attaque jour et nuit. »
Mars 1821, mercredi des cendres. « Le Pèlerin la trouva ce matin toute brisée et en proie à d'affreuses tortures. Elle put à peine prononcer quelques mots, elle était complètement affaissée sur elle-même, épuisée et pâle; mais sa figure était paisible et aimable, son âme était en paix et tout en elle respirait la bienveillance et la bonté. Elle dit : « J'ai eu cette nuit, je crois, toutes les souffrances et tous les martyres qui peuvent torturer un corps humain. A la fin il est encore survenu un mal d'oreilles épouvantable. J'ai obtenu quelque soulagement au moyen d'un peu d'huile bénite sur du coton. » Elle dit tout à coup : « Maintenant encore une danse ! » et elle se tordit sur elle-même et agita ses pieds avec un tremblement douloureux. Après cela elle eut un mouvement de terreur et sembla se défendre : « Ces gens ont excité contre moi un méchant petit chien, qui est tout à fait furieux. Plus tard elle raconta ceci : « J'avais été envoyée dans un village où les habitants dansaient encore aujourd'hui : je devais leur dire quelque chose. Cela ne servit qu'à les exciter; ce fut comme s'ils lâchaient sur moi un petit chien plein de rage. Au commencement j'eus grand peur : mais ensuite il me vint à l'esprit que je n'étais pas là avec mon corps et qu'il ne pouvait pas me mordre. Alors je me ramassai dans un petit coin et je vis que le chien n'était autre que le diable. Il avait d'horribles griffes et le feu lui sortait par les yeux. En ce moment un saint me tendit d'en haut comme un gros bâton de fer qui me sembla creux à l'intérieur, tant il était léger; puis il me dit : « Avec cela j'ai souvent, moi aussi, rossé le diable. » Je le présentai au chien qui mordit dedans, le tira à lui et finit par s'enfuir en l'emportant. Je pus cependant faire ce dont j'étais chargée et les danseurs se séparèrent. »
Avril 1822. « Elle parait être dans un état des plus pitoyables. Elle a pris de l'huile de sainte Walburge et s'est sentie soulagée. Les souffrances et les douleurs augmentent, mais la vivacité de l'esprit semble aussi augmenter. Elle est singulièrement patiente, elle est même joyeuse dans ses souffrances. A la toux, aux vomissements et à la rétention vient s'ajouter une douleur cuisante au visage avec enflure des lèvres qui sont couvertes de pustules blanches. Elle ne peut ni parler, ni boire. Le médecin ordonne des remèdes externes qui n'apportent aucun soulagement. Son guide dit qu'elle doit s'en remettre à Dieu, qu'elle expie les péchés de la langue. Cette maladie dura environ sept jours et, pendant ce temps, elle eut, sur l'ordre de son guide, de longues prières vocales à réciter durant une grande partie de la nuit.
Mars 1821, mercredi des cendres. « Le Pèlerin la trouva ce matin toute brisée et en proie à d'affreuses tortures. Elle put à peine prononcer quelques mots, elle était complètement affaissée sur elle-même, épuisée et pâle; mais sa figure était paisible et aimable, son âme était en paix et tout en elle respirait la bienveillance et la bonté. Elle dit : « J'ai eu cette nuit, je crois, toutes les souffrances et tous les martyres qui peuvent torturer un corps humain. A la fin il est encore survenu un mal d'oreilles épouvantable. J'ai obtenu quelque soulagement au moyen d'un peu d'huile bénite sur du coton. » Elle dit tout à coup : « Maintenant encore une danse ! » et elle se tordit sur elle-même et agita ses pieds avec un tremblement douloureux. Après cela elle eut un mouvement de terreur et sembla se défendre : « Ces gens ont excité contre moi un méchant petit chien, qui est tout à fait furieux. Plus tard elle raconta ceci : « J'avais été envoyée dans un village où les habitants dansaient encore aujourd'hui : je devais leur dire quelque chose. Cela ne servit qu'à les exciter; ce fut comme s'ils lâchaient sur moi un petit chien plein de rage. Au commencement j'eus grand peur : mais ensuite il me vint à l'esprit que je n'étais pas là avec mon corps et qu'il ne pouvait pas me mordre. Alors je me ramassai dans un petit coin et je vis que le chien n'était autre que le diable. Il avait d'horribles griffes et le feu lui sortait par les yeux. En ce moment un saint me tendit d'en haut comme un gros bâton de fer qui me sembla creux à l'intérieur, tant il était léger; puis il me dit : « Avec cela j'ai souvent, moi aussi, rossé le diable. » Je le présentai au chien qui mordit dedans, le tira à lui et finit par s'enfuir en l'emportant. Je pus cependant faire ce dont j'étais chargée et les danseurs se séparèrent. »
Avril 1822. « Elle parait être dans un état des plus pitoyables. Elle a pris de l'huile de sainte Walburge et s'est sentie soulagée. Les souffrances et les douleurs augmentent, mais la vivacité de l'esprit semble aussi augmenter. Elle est singulièrement patiente, elle est même joyeuse dans ses souffrances. A la toux, aux vomissements et à la rétention vient s'ajouter une douleur cuisante au visage avec enflure des lèvres qui sont couvertes de pustules blanches. Elle ne peut ni parler, ni boire. Le médecin ordonne des remèdes externes qui n'apportent aucun soulagement. Son guide dit qu'elle doit s'en remettre à Dieu, qu'elle expie les péchés de la langue. Cette maladie dura environ sept jours et, pendant ce temps, elle eut, sur l'ordre de son guide, de longues prières vocales à réciter durant une grande partie de la nuit.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
CHAPITRE XVI
DERNIERS JOURS ET MORT D'ANNE-CATHERINE.
Le vendredi saint de l'année 1823, Anne-Catherine avait dit : « Je ne verrai pas une seconde fête de Pâques. J'ai faim du Saint-Sacrement. Il m'a toujours été dit que si rien ne change, je mourrai bientôt. » Et, peu avant la Fête-Dieu de la même année, le Pèlerin avait écrit : « Ses travaux pour l'Église sont maintenant si douloureux et demandent tant d'efforts qu'elle se croit au moment de mourir. Elle a le sentiment continuel que sa fin approche. Si elle dépassait la fête, elle espèrerait encore une prolongation. » Le jour même de la fête, elle fut dans un état misérable; cependant elle eut une grande vision touchant le Saint-Sacrement. Comme elle craignait, à cause de ses vomissements, de ne pouvoir pas communier, elle pria Dieu, tout tremblante d'angoisse, de ne pas permettre que cette consolation lui fût refusée. Elle fut exaucée; un mieux subit se produisit et elle put recevoir la sainte communion. « Après cela, dit-elle, je vis Jésus avec Walburge, sa belle épouse, et je me vis moi-même aussi misérable qu'un pauvre vermisseau. Je demandai pourtant à devenir à mon tour une épouse comme celle-là. Jésus me demanda : « Que veux-tu donc? » Et je lui répondis toute suppliante : « De grâce, accordez-moi de ne pas pécher. » Ils me quittèrent sans rien répondre. »
Elle resta en vie, mais avec des souffrances qui allaient croissant de mois en mois et que le Pèlerin décrit en ces termes. « Elle entre dans une série de terribles supplices qu'elle souffre pour l'Église. Elle est torturée, crucifiée. Son cou et sa langue se gonflent : elle est toujours comme brisée par ses maux. Elle souffre pour des gens impénitents, Sainte Barbe et sainte Catherine lui mettent sous les yeux la position où elle se trouve. Elle ne doit pas faiblir ni reculer : elle s'est imposée elle-même ces souffrances, il faut qu'elle les endure jusqu'à la fin... Terrible mal d'yeux pour un cardinal jusqu'à en perdre la vue. Elle est près de succomber, elle se lamente : « Ce sont comme des marteaux, dit-elle, qui me frappent sur les yeux. » Sur ma demande, elle reçoit quelque soulagement, mais les douleurs reviennent. Au mal d'yeux se joignent des vomissements. Elle souffre jusqu'à perdre l'usage de ses sens. Elle ne peut ni parler ni voir. »
Dans l'octave de la Conception de la Sainte-Vierge, la supérieure des dames du Sacré-Coeur d'Amiens, madame G. Duhayet, s'adressa par lettre à la malade et lui demanda de prier pour sa communauté. Le confesseur ne voulait pas lire à la malade cette longue missive où se trouvaient exposées en grand détail toutes les peines spirituelles de la personne qui l'écrivait, mais le Pèlerin lui persuada de le faire. À peine eut-elle pris connaissance du contenu de la lettre qu'elle dit : « J'ai vu cette religieuse, elle manque d'appuis spirituels, on ne la comprend pas, mais c'est un esprit mâle et vigoureux. Je l'aime beaucoup et j'établirai une union de prières avec elle. Quelques jours après, elle pria et fit pour elle en vision un travail symbolique dont ses cruelles souffrances ne lui permirent de raconter que le fragment suivant : « J'étais avec cette religieuse dans un jardin. C'était une jardinière très habile en ce qui touche les semailles. Elle avait une corbeille divisée en compartiments et dans ceux-ci un grand nombre de petits sacs très propres dont chacun contenait des graines différentes appartenant à des plantes et à des fleurs de toutes espèces. Elle avait une grande quantité de graines, et quand elle découvrait une nouvelle plante, elle en recueillait aussitôt la graine dans un nouveau sac. Quelques-uns des petits sacs contenaient beaucoup de graines, d'autres ne contenaient qu'un petit nombre; dans quelques-uns, les diverses graines étaient mêlées. Je ne m'entretins pas avec elle, mais je travaillai et plantai avec une grande fatigue. Le jardin était divisé en petites planches; elle avait semé par endroits, mais la plus grande partie était encore inculte et le sol y était dur. Elle n'était pas secourue et souvent, elle ne savait que faire. »
DERNIERS JOURS ET MORT D'ANNE-CATHERINE.
Le vendredi saint de l'année 1823, Anne-Catherine avait dit : « Je ne verrai pas une seconde fête de Pâques. J'ai faim du Saint-Sacrement. Il m'a toujours été dit que si rien ne change, je mourrai bientôt. » Et, peu avant la Fête-Dieu de la même année, le Pèlerin avait écrit : « Ses travaux pour l'Église sont maintenant si douloureux et demandent tant d'efforts qu'elle se croit au moment de mourir. Elle a le sentiment continuel que sa fin approche. Si elle dépassait la fête, elle espèrerait encore une prolongation. » Le jour même de la fête, elle fut dans un état misérable; cependant elle eut une grande vision touchant le Saint-Sacrement. Comme elle craignait, à cause de ses vomissements, de ne pouvoir pas communier, elle pria Dieu, tout tremblante d'angoisse, de ne pas permettre que cette consolation lui fût refusée. Elle fut exaucée; un mieux subit se produisit et elle put recevoir la sainte communion. « Après cela, dit-elle, je vis Jésus avec Walburge, sa belle épouse, et je me vis moi-même aussi misérable qu'un pauvre vermisseau. Je demandai pourtant à devenir à mon tour une épouse comme celle-là. Jésus me demanda : « Que veux-tu donc? » Et je lui répondis toute suppliante : « De grâce, accordez-moi de ne pas pécher. » Ils me quittèrent sans rien répondre. »
Elle resta en vie, mais avec des souffrances qui allaient croissant de mois en mois et que le Pèlerin décrit en ces termes. « Elle entre dans une série de terribles supplices qu'elle souffre pour l'Église. Elle est torturée, crucifiée. Son cou et sa langue se gonflent : elle est toujours comme brisée par ses maux. Elle souffre pour des gens impénitents, Sainte Barbe et sainte Catherine lui mettent sous les yeux la position où elle se trouve. Elle ne doit pas faiblir ni reculer : elle s'est imposée elle-même ces souffrances, il faut qu'elle les endure jusqu'à la fin... Terrible mal d'yeux pour un cardinal jusqu'à en perdre la vue. Elle est près de succomber, elle se lamente : « Ce sont comme des marteaux, dit-elle, qui me frappent sur les yeux. » Sur ma demande, elle reçoit quelque soulagement, mais les douleurs reviennent. Au mal d'yeux se joignent des vomissements. Elle souffre jusqu'à perdre l'usage de ses sens. Elle ne peut ni parler ni voir. »
Dans l'octave de la Conception de la Sainte-Vierge, la supérieure des dames du Sacré-Coeur d'Amiens, madame G. Duhayet, s'adressa par lettre à la malade et lui demanda de prier pour sa communauté. Le confesseur ne voulait pas lire à la malade cette longue missive où se trouvaient exposées en grand détail toutes les peines spirituelles de la personne qui l'écrivait, mais le Pèlerin lui persuada de le faire. À peine eut-elle pris connaissance du contenu de la lettre qu'elle dit : « J'ai vu cette religieuse, elle manque d'appuis spirituels, on ne la comprend pas, mais c'est un esprit mâle et vigoureux. Je l'aime beaucoup et j'établirai une union de prières avec elle. Quelques jours après, elle pria et fit pour elle en vision un travail symbolique dont ses cruelles souffrances ne lui permirent de raconter que le fragment suivant : « J'étais avec cette religieuse dans un jardin. C'était une jardinière très habile en ce qui touche les semailles. Elle avait une corbeille divisée en compartiments et dans ceux-ci un grand nombre de petits sacs très propres dont chacun contenait des graines différentes appartenant à des plantes et à des fleurs de toutes espèces. Elle avait une grande quantité de graines, et quand elle découvrait une nouvelle plante, elle en recueillait aussitôt la graine dans un nouveau sac. Quelques-uns des petits sacs contenaient beaucoup de graines, d'autres ne contenaient qu'un petit nombre; dans quelques-uns, les diverses graines étaient mêlées. Je ne m'entretins pas avec elle, mais je travaillai et plantai avec une grande fatigue. Le jardin était divisé en petites planches; elle avait semé par endroits, mais la plus grande partie était encore inculte et le sol y était dur. Elle n'était pas secourue et souvent, elle ne savait que faire. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
Ce fut la dernière communication d'Anne-Catherine car, à Noël, le Pèlerin eut à rapporter ce qui suit : «La malade, qui ordinairement recevait quelque allégement pour cette fête, continue à être à peu près mourante par suite de souffrances dont elle s'est chargée pour des goutteux et d'autres malades. Elle ne peut pas parler; elle ne fait que gémir et tousser : elle est dans un état de faiblesse qu'on ne peut décrire. Une jeune personne, qui avait acheté par vanité un très joli collier, lui a été montrée. Pour la préserver du danger où elle est de se pervertir, il faut qu'Anne-Catherine souffre au cou et à la poitrine autant de douleurs que l'orfèvre a donné de coups de poinçon et d'autres instruments pour achever son ouvrage. Elle a dit qu'elle avait en outre à souffrir pour des personnes qui, aux fêtes de Noël, s'approchent des sacrements par pure habitude et avec des péchés de vanité.
6 janvier 1824. « Elle a commencé très misérablement la nouvelle année. Elle a de la fièvre, des douleurs de goutte, des convulsions, mais elle est toujours activement occupée en esprit pour l'Église et pour des mourants, car elle a dit une fois: « Le Pape a mis sur mes épaules son terrible fardeau. Il était très malade, il souffre tant de l'immixtion des protestants dans les affaires de l'Église ! Je l'ai entendu dire cent fois qu'il aimerait mieux se laisser mettre à mort devant Saint-Pierre que de tolérer plus longtemps ces empiétements; le siége de Pierre doit être libre. »
9 janvier. « Le confesseur croit qu'elle aura bientôt fini sa tâche, car elle a dit en vision d'un ton très brave : « Je ne puis pas accepter de nouveaux travaux. Je suis au terme. »
10 janvier. « Elle est en proie à de tels tourments qu'elle ne cesse de soupirer et de se lamenter, elle se tord comma un ver et gémit comme si elle était mise à la torture. Elle a dit à son confesseur : « Jusqu'à présent j'ai souffert pour autrui, maintenant je souffre pour moi. » Elle invoque seulement d'une voix mourante le nom de Jésus. »
11 janvier. « Elle a dit aujourd’hui : « L'enfant Jésus m'a apporté beaucoup de souffrances à Noël ; il est revenu à moi dans la nuit d'hier et m'en a apporté encore davantage.
6 janvier 1824. « Elle a commencé très misérablement la nouvelle année. Elle a de la fièvre, des douleurs de goutte, des convulsions, mais elle est toujours activement occupée en esprit pour l'Église et pour des mourants, car elle a dit une fois: « Le Pape a mis sur mes épaules son terrible fardeau. Il était très malade, il souffre tant de l'immixtion des protestants dans les affaires de l'Église ! Je l'ai entendu dire cent fois qu'il aimerait mieux se laisser mettre à mort devant Saint-Pierre que de tolérer plus longtemps ces empiétements; le siége de Pierre doit être libre. »
9 janvier. « Le confesseur croit qu'elle aura bientôt fini sa tâche, car elle a dit en vision d'un ton très brave : « Je ne puis pas accepter de nouveaux travaux. Je suis au terme. »
10 janvier. « Elle est en proie à de tels tourments qu'elle ne cesse de soupirer et de se lamenter, elle se tord comma un ver et gémit comme si elle était mise à la torture. Elle a dit à son confesseur : « Jusqu'à présent j'ai souffert pour autrui, maintenant je souffre pour moi. » Elle invoque seulement d'une voix mourante le nom de Jésus. »
11 janvier. « Elle a dit aujourd’hui : « L'enfant Jésus m'a apporté beaucoup de souffrances à Noël ; il est revenu à moi dans la nuit d'hier et m'en a apporté encore davantage.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
12 janvier : « Qui pourrait décrire le terrible état de souffrance où elle se trouve ? On ne peut en juger que par ses gémissements continuels, ses plaintes étouffées vers Dieu et les prières qu'elle balbutie pour obtenir quelque soulagement, elle qui ordinairement reste silencieuse dans les plus cruelles douleurs. Le médecin a dit qu'on pouvait s'attendre à toute heure à la voir mourir. Elle-même demande souvent à se confesser et explique à son confesseur comment il doit disposer du peu qu'elle laisse. Il s'est déclaré une inflammation au bas-ventre avec toux et vomissements continuels. Jour et nuit, elle est obligée de rester sur son séant, ne pouvant se soutenir et gémissant de douleur. L'expression de son visage est celle de la patience et de la douceur portées au suprême degré avec l'abandon le plus entier à la terrible rigueur de son martyre. Elle a avec cela des défaillances fréquentes et des sueurs semblables à celles de l'agonie.
13 janvier. « Elle a dit avec une gravité très émouvante : « L'enfant Jésus m'a apporté de bien grandes douleurs : c'était après la Circoncision, lorsqu'il avait la fièvre causée par sa blessure. Il m'a dit toutes ses souffrances et celles de sa mère, la faim et la soif qu'ils ont eu à endurer. Il m'a montré tout et comment ils n'avaient plus qu'une croûte de pain desséché. Il m'a dit aussi : « Tu es à moi, tu es mon épouse, souffre ce que j'ai souffert ! Ne demande pas pourquoi ! c'est à la vie et à la mort. » Je ne puis pas non plus savoir combien de temps je souffrirai, comment, en quel lieu. Je suis livrée en aveugle à un terrible martyre sans savoir si je dois vivre encore ou mourir. C'est comme dans la prière où l'on dit: «Je m'abandonne à Dieu, que sa volonté cachée s'accomplisse en moi. » Mais je suis parfaitement calme et résignée au fond de l'âme et j'ai de grandes consolations au milieu des souffrances. Ce matin encore, j'étais très heureuse. » Alors elle demanda : « Où en sommes-nous du temps? Ah ! maintenant j'aurais pu finir bientôt le récit de la vie de Jésus et dans quel pitoyable état je suis ! »
16 janvier. « Le Pèlerin fut quelques minutes près de sa couche. Elle ne parle pas et ne fait aucun mouvement sauf les tressaillements que lui cause la douleur. Ses mains tremblent sans cesse ; ses gémissements douloureux durent jour et nuit. On ne peut s'empêcher de pleurer et de prier. Elle a les yeux fermés ; son visage est empreint d'une gravité solennelle et trahit de terribles souffrances. Le confesseur pense qu'elle a la gangrène froide; le médecin ne donne aucune espérance. Celui-ci a dit au Pèlerin qu'à en juger humainement; elle peut mourir à chaque instant. Lorsque le Pèlerin lui demande s'il n'a aucune espérance, il secoue gravement la tête. L'état de la malade fait une impression qui brise le coeur. »
13 janvier. « Elle a dit avec une gravité très émouvante : « L'enfant Jésus m'a apporté de bien grandes douleurs : c'était après la Circoncision, lorsqu'il avait la fièvre causée par sa blessure. Il m'a dit toutes ses souffrances et celles de sa mère, la faim et la soif qu'ils ont eu à endurer. Il m'a montré tout et comment ils n'avaient plus qu'une croûte de pain desséché. Il m'a dit aussi : « Tu es à moi, tu es mon épouse, souffre ce que j'ai souffert ! Ne demande pas pourquoi ! c'est à la vie et à la mort. » Je ne puis pas non plus savoir combien de temps je souffrirai, comment, en quel lieu. Je suis livrée en aveugle à un terrible martyre sans savoir si je dois vivre encore ou mourir. C'est comme dans la prière où l'on dit: «Je m'abandonne à Dieu, que sa volonté cachée s'accomplisse en moi. » Mais je suis parfaitement calme et résignée au fond de l'âme et j'ai de grandes consolations au milieu des souffrances. Ce matin encore, j'étais très heureuse. » Alors elle demanda : « Où en sommes-nous du temps? Ah ! maintenant j'aurais pu finir bientôt le récit de la vie de Jésus et dans quel pitoyable état je suis ! »
16 janvier. « Le Pèlerin fut quelques minutes près de sa couche. Elle ne parle pas et ne fait aucun mouvement sauf les tressaillements que lui cause la douleur. Ses mains tremblent sans cesse ; ses gémissements douloureux durent jour et nuit. On ne peut s'empêcher de pleurer et de prier. Elle a les yeux fermés ; son visage est empreint d'une gravité solennelle et trahit de terribles souffrances. Le confesseur pense qu'elle a la gangrène froide; le médecin ne donne aucune espérance. Celui-ci a dit au Pèlerin qu'à en juger humainement; elle peut mourir à chaque instant. Lorsque le Pèlerin lui demande s'il n'a aucune espérance, il secoue gravement la tête. L'état de la malade fait une impression qui brise le coeur. »
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