Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
Page 2 sur 12
Page 2 sur 12 • 1, 2, 3, ... 10, 11, 12
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
Le jour suivant, il vint une pauvre femme de Dulmen, demandant qu'on pourvût aux frais de l'enterrement de son enfant mort à l'âge de trois ans. C'était le même que la malade avait vu pendant la nuit. Le Pèlerin fit les frais et elle-même donna de la toile. Cela se fit au bénéfice de cette âme dont il a été parlé.
1er juillet. « Je me trouvai de nouveau avec l'âme en question. J'avais affaire à un petit enfant que je devais habiller. L'enfant était sans force, il s'affaissait sur lui-même. Je voulais lui mettre un petit vêtement, une femme me le donna. Je crois que c'était la Mère de Dieu. Le vêtement était blanc et transparent, et cependant il était à côtes et semblait fait au tricot. J'étais toute honteuse, je ne sais pourquoi : c'était peut-être pour les gens qui auraient dû faire cela. Le petit enfant auparavant ne pouvait pas se tenir sur ses pieds. Je le vis maintenant aller à une fête où beaucoup d'enfants jouaient. Le lieu où cela se passait et où la mère se trouvait à présent était dans de meilleures conditions ; il y faisait plus clair. (Cette vision eut lieu après l'enterrement de l'enfant.) L'âme de la mère me remercia ; cela ne se fait pas comme en ce monde, mais on n'a le sentiment. Il faut se donner beaucoup de peine pour arriver à une de ces âmes, car elles-mêmes ne peuvent rien faire. Si l'une d'elles pouvait être seulement un quart heure sur la terre, elle pourrait abréger sa peine de plusieurs années.
3 juillet 1821. « Je me suis trouvée dans le cloître de la cathédrale de Munster où j'ai eu à nettoyer, avec beaucoup de fatigue, du linge d'église qu'apportaient de tous côtés des ecclésiastiques du pays. Je fus aidée par Claire de Montefalco, Françoise Romaine, Louise et plusieurs bienheureuses de notre couvent. Je fus spécialement occupée à empeser et à bleuir. C'était un très grand travail. Je voulais toujours savoir quelle heure il était et j'allais voir à l’horloge. Alors il vint à moi une pauvre âme que le Pèlerin avait recommandée à mes prières et qui me donna un petit sablier qu'elle me dit avoir été terriblement lourd sur elle. Elle le tira de son côté. Je le pris, et cette âme fut incroyablement allégée par là et toute joyeuse d'être débarrassée du sablier : je ne le trouvai pas trop pesant. Je retournai au travail et je pensai à vendre le sablier pour les pauvres. Je trouvai l'ouvrage tout gâté : je fus au moment de perdre patience. Alors l'âme revint à moi en hâte et me chuchota à l'oreille : « Doucement ! doucement ! il y a encore assez de temps : » Puis elle me pria instamment de continuer paisiblement le travail, comme si mon impatience lui eût fait du tort. Elle me quitta et je finis heureusement ma lessive. Je mis aussi en bon état l'empois gâté et je pus en faire usage. J'eus encore envie de voir l'heure, mais je me reprochai mon impatience. Les horloges étaient ici une image du temps et de la patience : la pauvre âme s'est trouvée secourue parce que j'ai persévéré patiemment au travail et, lorsque je lui pris le sablier, le temps ne fut plus si lourd à supporter pour elle. »
1er juillet. « Je me trouvai de nouveau avec l'âme en question. J'avais affaire à un petit enfant que je devais habiller. L'enfant était sans force, il s'affaissait sur lui-même. Je voulais lui mettre un petit vêtement, une femme me le donna. Je crois que c'était la Mère de Dieu. Le vêtement était blanc et transparent, et cependant il était à côtes et semblait fait au tricot. J'étais toute honteuse, je ne sais pourquoi : c'était peut-être pour les gens qui auraient dû faire cela. Le petit enfant auparavant ne pouvait pas se tenir sur ses pieds. Je le vis maintenant aller à une fête où beaucoup d'enfants jouaient. Le lieu où cela se passait et où la mère se trouvait à présent était dans de meilleures conditions ; il y faisait plus clair. (Cette vision eut lieu après l'enterrement de l'enfant.) L'âme de la mère me remercia ; cela ne se fait pas comme en ce monde, mais on n'a le sentiment. Il faut se donner beaucoup de peine pour arriver à une de ces âmes, car elles-mêmes ne peuvent rien faire. Si l'une d'elles pouvait être seulement un quart heure sur la terre, elle pourrait abréger sa peine de plusieurs années.
3 juillet 1821. « Je me suis trouvée dans le cloître de la cathédrale de Munster où j'ai eu à nettoyer, avec beaucoup de fatigue, du linge d'église qu'apportaient de tous côtés des ecclésiastiques du pays. Je fus aidée par Claire de Montefalco, Françoise Romaine, Louise et plusieurs bienheureuses de notre couvent. Je fus spécialement occupée à empeser et à bleuir. C'était un très grand travail. Je voulais toujours savoir quelle heure il était et j'allais voir à l’horloge. Alors il vint à moi une pauvre âme que le Pèlerin avait recommandée à mes prières et qui me donna un petit sablier qu'elle me dit avoir été terriblement lourd sur elle. Elle le tira de son côté. Je le pris, et cette âme fut incroyablement allégée par là et toute joyeuse d'être débarrassée du sablier : je ne le trouvai pas trop pesant. Je retournai au travail et je pensai à vendre le sablier pour les pauvres. Je trouvai l'ouvrage tout gâté : je fus au moment de perdre patience. Alors l'âme revint à moi en hâte et me chuchota à l'oreille : « Doucement ! doucement ! il y a encore assez de temps : » Puis elle me pria instamment de continuer paisiblement le travail, comme si mon impatience lui eût fait du tort. Elle me quitta et je finis heureusement ma lessive. Je mis aussi en bon état l'empois gâté et je pus en faire usage. J'eus encore envie de voir l'heure, mais je me reprochai mon impatience. Les horloges étaient ici une image du temps et de la patience : la pauvre âme s'est trouvée secourue parce que j'ai persévéré patiemment au travail et, lorsque je lui pris le sablier, le temps ne fut plus si lourd à supporter pour elle. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
Dans la première semaine de juillet, une femme de Dulmen était livrée aux douleurs d'un enfantement très difficile. Elle pria Anne-Catherine de l'aider de ses prières, et celle-ci, qui ne cessait de voir l'état de la femme en couches, priait sans relâche afin que l'enfant pût recevoir l'ondoiement dans le sein de sa mère. La sage-femme jusqu'alors irrésolue le donna à l'enfant : il vivait encore, mais le lendemain il vint au monde sans vie. La mère vécut jusqu'au 13 juillet : mais l'enfant mort-né apparut le 8 à Anne-Catherine, svelte, lumineux et semblable à quelqu'un qu'elle aurait connu depuis longtemps. Il lui rendit grâces pour le baptême qu'il avait reçu et lui dit : « Sans cela je serais allé avec les païens. »
13 juillet 1821. « J'ai vu la vie de sainte Marguerite. Son père était un prêtre des idoles d'Antioche, riche et considéré. Je la vis dans une belle maison presque semblable à celle de sainte Agnès. Il y eut une grâce attachée à la naissance de sainte Marguerite : l'enfant était brillante de lumière. La mère devait avoir eu quelque point de contact avec le christianisme, car je la vis mourir des suites de ses couches, ayant un grand désir du baptême et souhaitant que sa fille pût devenir chrétienne. Le père remit l'enfant à une nourrice qui habitait la campagne. Celle-ci n'était pas mariée : mais son enfant était mort et elle était chrétienne en secret. Je la vis, par suite de l'impression que fit sur elle l'admirable caractère de l'enfant, devenir vertueuse et pieuse et élever l'enfant tout à fait en chrétienne. Je vis souvent l'esprit de sa mère, je vis aussi des anges se tourner sur le berceau de Marguerite. Je vis comment la nourrice rapporta l'enfant à son père dans la ville, comment celui-ci la présenta devant ses idoles et comment l'enfant se débattit, ce qui courrouça fort son père. Je vis l'enfant dans sa sixième année, ramenée par son père et mise ans une maison à laquelle était préposé un instituteur païen. Il y avait là beaucoup de petits garçons et de petites filles et aussi des maîtresses. Je vis souvent des apparitions d'anges et la direction donnée par Dieu à Marguerite. Je la vis apprendre à faire des broderies de toute espèce : elle avait aussi à fabriquer des poupées rembourrées. Je la vis, un âge un peu plus avancé, envoyée par le maître païen dans la maison de son père. Il voulait la faire sacrifier dans sa maison. Elle s'y refusa et fut fort maltraitée. Elle attira beaucoup de vierges à elle. Je la vis souvent punie et même fouettée à cause de son penchant au christianisme. Je la vit aussi, dans sa douzième année, enfermée avec des jeune gens chargés de la séduire : mais elle était toujours secourue par Dieu. Une fois on voulut la faire sacrifier aussi dans le temple : elle résista et fut très maltraitée par son père. Après cela, je la vis garder les moutons avec d’autres : ce devait être, une punition. Je vis qu'un juge distingué d'Antioche, passant par là, la vit et la demanda en mariage à son père. Elle fut ramenée à la ville et, comme elle se déclara chrétienne, elle eut à subir des interrogatoires et des tortures. Je la vis une fois, le corps tout déchiré, prier dans la prison et je vis sa mère et un ange venir à elle et la guérir. Elle eut aussi en prison la vision d'une fontaine surmontée d'une croix, ce qui se rapportait à son baptême et à son futur martyre. Comme on la trouva parfaitement guérie, on attribua la chose aux dieux. Mais elle maudit les dieux les païens, et je la vis, sur la place où avaient lieu les exécutions, brûlée avec des torches, puis jetée dans une fosse pleine d'eau pour y être noyée. Elle y fut attachée à des pieux avec plusieurs autres; et enfoncée si profondément qu'elle avait de l'eau par-dessus la tête. Je vis alors qu'elle entra dans l'eau avec le saint désir que ce fût pour elle un baptême, qu'un nuage lumineux en forme de croix descendit sur elle et qu'un ange apparut portant une couronne. Cela fut vu de beaucoup des assistants, lesquels confessèrent Jésus-Christ, puis furent mis en prison et martyrisés. Mais il survint un grand tremblement de terre : les liens de la vierge se rompirent et elle sortit de l'eau saine et sauve. Je la vis reconduire en prison au milieu des cris d'une populace en tumulte comme elle était en prières, je vis un grand dragon avec une tête de lion s'avancer contre elle, mais elle fit le signe de la croix sur lui et lui mettant la main dans la gueule, elle lui pressa fortement la tête contre la terre. Je vis dans ce moment entrer dans la prison deux hommes qui voulaient abuser d'elle : mais ils s'enfuirent et la terre trembla. On conduisit ensuite Marguerite à un amphithéâtre où était une multitude immense : on avait placé autour d'elle plusieurs jeunes filles chargées de l'intimider. Elle pria le bourreau de la laisser parler et elle tint à ces jeunes filles un discours si touchant que toutes confessèrent le Christ à haute voix et périrent avec elle lorsqu'elle fut décapitée. Je vois que cette sainte est invoquée par les femmes en couche parce que sa mère mourut convertie en la mettant au monde et parce qu'elle-même, par les supplices qu'elle a soufferts, a engendré spirituellement un très grand nombre de filles au Seigneur. »
13 juillet 1821. « J'ai vu la vie de sainte Marguerite. Son père était un prêtre des idoles d'Antioche, riche et considéré. Je la vis dans une belle maison presque semblable à celle de sainte Agnès. Il y eut une grâce attachée à la naissance de sainte Marguerite : l'enfant était brillante de lumière. La mère devait avoir eu quelque point de contact avec le christianisme, car je la vis mourir des suites de ses couches, ayant un grand désir du baptême et souhaitant que sa fille pût devenir chrétienne. Le père remit l'enfant à une nourrice qui habitait la campagne. Celle-ci n'était pas mariée : mais son enfant était mort et elle était chrétienne en secret. Je la vis, par suite de l'impression que fit sur elle l'admirable caractère de l'enfant, devenir vertueuse et pieuse et élever l'enfant tout à fait en chrétienne. Je vis souvent l'esprit de sa mère, je vis aussi des anges se tourner sur le berceau de Marguerite. Je vis comment la nourrice rapporta l'enfant à son père dans la ville, comment celui-ci la présenta devant ses idoles et comment l'enfant se débattit, ce qui courrouça fort son père. Je vis l'enfant dans sa sixième année, ramenée par son père et mise ans une maison à laquelle était préposé un instituteur païen. Il y avait là beaucoup de petits garçons et de petites filles et aussi des maîtresses. Je vis souvent des apparitions d'anges et la direction donnée par Dieu à Marguerite. Je la vis apprendre à faire des broderies de toute espèce : elle avait aussi à fabriquer des poupées rembourrées. Je la vis, un âge un peu plus avancé, envoyée par le maître païen dans la maison de son père. Il voulait la faire sacrifier dans sa maison. Elle s'y refusa et fut fort maltraitée. Elle attira beaucoup de vierges à elle. Je la vis souvent punie et même fouettée à cause de son penchant au christianisme. Je la vit aussi, dans sa douzième année, enfermée avec des jeune gens chargés de la séduire : mais elle était toujours secourue par Dieu. Une fois on voulut la faire sacrifier aussi dans le temple : elle résista et fut très maltraitée par son père. Après cela, je la vis garder les moutons avec d’autres : ce devait être, une punition. Je vis qu'un juge distingué d'Antioche, passant par là, la vit et la demanda en mariage à son père. Elle fut ramenée à la ville et, comme elle se déclara chrétienne, elle eut à subir des interrogatoires et des tortures. Je la vis une fois, le corps tout déchiré, prier dans la prison et je vis sa mère et un ange venir à elle et la guérir. Elle eut aussi en prison la vision d'une fontaine surmontée d'une croix, ce qui se rapportait à son baptême et à son futur martyre. Comme on la trouva parfaitement guérie, on attribua la chose aux dieux. Mais elle maudit les dieux les païens, et je la vis, sur la place où avaient lieu les exécutions, brûlée avec des torches, puis jetée dans une fosse pleine d'eau pour y être noyée. Elle y fut attachée à des pieux avec plusieurs autres; et enfoncée si profondément qu'elle avait de l'eau par-dessus la tête. Je vis alors qu'elle entra dans l'eau avec le saint désir que ce fût pour elle un baptême, qu'un nuage lumineux en forme de croix descendit sur elle et qu'un ange apparut portant une couronne. Cela fut vu de beaucoup des assistants, lesquels confessèrent Jésus-Christ, puis furent mis en prison et martyrisés. Mais il survint un grand tremblement de terre : les liens de la vierge se rompirent et elle sortit de l'eau saine et sauve. Je la vis reconduire en prison au milieu des cris d'une populace en tumulte comme elle était en prières, je vis un grand dragon avec une tête de lion s'avancer contre elle, mais elle fit le signe de la croix sur lui et lui mettant la main dans la gueule, elle lui pressa fortement la tête contre la terre. Je vis dans ce moment entrer dans la prison deux hommes qui voulaient abuser d'elle : mais ils s'enfuirent et la terre trembla. On conduisit ensuite Marguerite à un amphithéâtre où était une multitude immense : on avait placé autour d'elle plusieurs jeunes filles chargées de l'intimider. Elle pria le bourreau de la laisser parler et elle tint à ces jeunes filles un discours si touchant que toutes confessèrent le Christ à haute voix et périrent avec elle lorsqu'elle fut décapitée. Je vois que cette sainte est invoquée par les femmes en couche parce que sa mère mourut convertie en la mettant au monde et parce qu'elle-même, par les supplices qu'elle a soufferts, a engendré spirituellement un très grand nombre de filles au Seigneur. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
« Après cela j'eus encore une vision horrible. Je ne savais pas au commencement comment elle se rattachait à cette sainte. Je vis un énorme pourceau, d'un aspect effrayant, qui sortait d'un profond bourbier. Je tremblai et je frissonnai. C'était l'âme d'une grande dame de Paris qui me dit qu'il n'y avait pas à prier pour elle, qu'on ne pouvait pas la secourir, qu'elle était obligée de se rouler dans ce cloaque jusqu'à la fin du monde, mais elle me demanda de prier pour sa fille afin que celle-ci se convertit et ne fût pas cause d'autant de mal qu'elle-même l'avait été. J'eus la vision de sainte Marguerite dans une petite chapelle de Paris, dernier reste d'une abbaye détruite. Il s’y trouve une portion du bras et du crâne de la sainte. Lorsque j'eus vénéré ces ossements, je vis l’âme de la dame et un tableau de sa vie. Son tombeau n'est pas éloigné la chapelle. Elle était d'un rang très élevé et fit beaucoup de mal pendant la Révolution : elle fut cause que plusieurs prêtres furent mis à mort. Avec tous ses vices, elle avait conservé depuis sa jeunesse une certaine vénération pour sainte Marguerite et elle empêcha la destruction de la chapelle de la sainte : c’est pourquoi elle obtint par son intercession la grâce de pouvoir demander des prières pour sa fille et empêcher par là chez celle-ci la continuation de ses propres péchés. Je vis cette fille mener la vie du grand monde : elle était affiliée aux partis les plus mauvais et les plus dangereux du pays. »
28 août. « Diverses personnes de ma connaissance, mortes depuis longtemps, vinrent me prier de les assister et me conduisirent successivement dans des champs et des lieux resserrés et sombres où elles avaient à faire des travaux de toute espèce, mais elles ne pouvaient pas en venir à bout parce qu'il leur manquait tel ou tel outil. Elles criaient au secours vers moi et il me fallut faire pour elles les divers travaux très pénibles, ce qui leur donna du soulagement. C'étaient pour la plupart des travaux agricoles. Je retournais chez moi après chaque travail et il me fallait revenir pour en faire un autre. J'eus aussi à travailler à des vignes. C'était pour des prêtres. J'allai aussi à un lieu rempli de pieux pointus où les gens ne pouvaient changer de place sans se blesser. Je fis là un faux pas : un pieu m'entra dans le mollet et je saignai très abondamment. » Elle avait à la jambe une grande marque rouge triangulaire. Elle eut aussi ces jours-là à subir un supplice particulier : c'était comme si son époux céleste adaptait des vis à certains endroits de son corps et comme si elle était mise sous le pressoir.
28 août. « Diverses personnes de ma connaissance, mortes depuis longtemps, vinrent me prier de les assister et me conduisirent successivement dans des champs et des lieux resserrés et sombres où elles avaient à faire des travaux de toute espèce, mais elles ne pouvaient pas en venir à bout parce qu'il leur manquait tel ou tel outil. Elles criaient au secours vers moi et il me fallut faire pour elles les divers travaux très pénibles, ce qui leur donna du soulagement. C'étaient pour la plupart des travaux agricoles. Je retournais chez moi après chaque travail et il me fallait revenir pour en faire un autre. J'eus aussi à travailler à des vignes. C'était pour des prêtres. J'allai aussi à un lieu rempli de pieux pointus où les gens ne pouvaient changer de place sans se blesser. Je fis là un faux pas : un pieu m'entra dans le mollet et je saignai très abondamment. » Elle avait à la jambe une grande marque rouge triangulaire. Elle eut aussi ces jours-là à subir un supplice particulier : c'était comme si son époux céleste adaptait des vis à certains endroits de son corps et comme si elle était mise sous le pressoir.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
30 août 1821. « J'ai eu cette nuit de terribles peines à me donner pour de pauvres âmes, notamment pour des juifs, vivants et morts. J'ai eu d'abord beaucoup à souffrir. Je fus appelée au secours par l'âme d'une femme de mon pays qui avait eu une fille pieuse, mais un peu simple, qu'elle avait toujours injuriée et battue cruellement quand elle était sur la terre. Je ne pouvais pas arriver à cette âme, mais j'entendais ses cris et je la voyais horriblement flagellée et maltraitée. Je me suis pendant longtemps donné beaucoup de peine pour elle et je dois trouver quelque moyen d'exciter sa fille qui est encore vivante à se souvenir de l'âme de sa mère. »
« J'ai eu hier le tableau d'une noce juive : mais je ne me rappelle rien de plus. » (Il y en avait une dans la ville.) Cette nuit l’âme d'une pauvre juive vint à moi et me conduisit en divers endroits pour exhorter les juifs à se convertir et à devenir meilleurs. « Alors elle raconta diverses scènes où figuraient des juifs vivants et morts, les uns connus, les autres inconnus d'elle. Elle visita des juifs dans les pays les plus éloignés, même en Asie et près du mont Sinaï. Elle alla aussi dans une boutique juive de Coesfeld qu'elle connaît. La juive était occupée à arranger, pour tromper les acheteurs, des marchandises de mauvaise qualité qu'elle mêlait avec de bonnes : c'étaient des dentelles et des pièces de toile dont il n'y avait pas un tiers qui valût quelque chose. Anne-Catherine l’empêcha à plusieurs reprises de trouver ce qu'elle cherchait. La femme ne pouvait pas ouvrir les armoires ni trouver les marchandises. Elle devint horriblement inquiète, courut à son mari et se mit à pleurer. Celui-ci lui dit qu'elle devait avoir péché, qu'elle avait eu peut-être de mauvaises pensées et qu'il fallait faire pénitence. La femme là-dessus alla se blottir dans un coin. Anne-Catherine reçut alors un pouvoir sur elle, lui tint divers discours, l'inquiéta et lui fit si vivement sentir son action que cette femme appela son mari au secours. Celui-ci vint et dit : « Vois-tu maintenant que tu as péché ? » Là-dessus la femme prit la résolution, pour expier sa fraude, de donner beaucoup de vieux linge à de pauvres chrétiens, et la distribution de ce linge et d'autres aumônes servit, par l'intervention d'Anne-Catherine, à faire pardonner à cette juive des péchés de divers genres. »
« J'ai eu hier le tableau d'une noce juive : mais je ne me rappelle rien de plus. » (Il y en avait une dans la ville.) Cette nuit l’âme d'une pauvre juive vint à moi et me conduisit en divers endroits pour exhorter les juifs à se convertir et à devenir meilleurs. « Alors elle raconta diverses scènes où figuraient des juifs vivants et morts, les uns connus, les autres inconnus d'elle. Elle visita des juifs dans les pays les plus éloignés, même en Asie et près du mont Sinaï. Elle alla aussi dans une boutique juive de Coesfeld qu'elle connaît. La juive était occupée à arranger, pour tromper les acheteurs, des marchandises de mauvaise qualité qu'elle mêlait avec de bonnes : c'étaient des dentelles et des pièces de toile dont il n'y avait pas un tiers qui valût quelque chose. Anne-Catherine l’empêcha à plusieurs reprises de trouver ce qu'elle cherchait. La femme ne pouvait pas ouvrir les armoires ni trouver les marchandises. Elle devint horriblement inquiète, courut à son mari et se mit à pleurer. Celui-ci lui dit qu'elle devait avoir péché, qu'elle avait eu peut-être de mauvaises pensées et qu'il fallait faire pénitence. La femme là-dessus alla se blottir dans un coin. Anne-Catherine reçut alors un pouvoir sur elle, lui tint divers discours, l'inquiéta et lui fit si vivement sentir son action que cette femme appela son mari au secours. Celui-ci vint et dit : « Vois-tu maintenant que tu as péché ? » Là-dessus la femme prit la résolution, pour expier sa fraude, de donner beaucoup de vieux linge à de pauvres chrétiens, et la distribution de ce linge et d'autres aumônes servit, par l'intervention d'Anne-Catherine, à faire pardonner à cette juive des péchés de divers genres. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
« Je fus conduite par l'âme de la vieille juive dans le séjour des âmes des juifs et j'eus à y donner conseil et assistance à divers pauvres juifs de Coesfeld dont je connaissais quelques-uns. Je vis ce lieu comme étant tout à fait à part et comme attenant au lieu de purification des chrétiens. Je fus très touchée de voir qu'ils n'étaient pas perdus pour l'éternité. Je vis les états les plus divers, les plus dignes de pitié. Je vis une pauvre famille juive, d’ailleurs pieuse, qui avait fait chez nous un commerce de vieille argenterie et de petites croix de tout genre, renfermée comme dans un atelier d'orfèvre; ils étaient obligés de fondre, de peser, de limer sans cesse; mais ils n'avaient pas les outils qu'il eût fallu et ils ne pouvaient jamais finir; il restait toujours quelque chose à faire et ils étaient toujours forcés de recommencer. Je me souviens d'avoir fait un soufflet pour eux. Je parlai à tous du Messie et de choses semblables, et ce que je disais; la vieille juive le conseillait et le répétait. Je vis aussi des juifs qui nageaient dans le sang, au milieu d'intestins de toute espèce, et y éprouvaient le supplice d'un dégoût toujours subsistant : d'autres qui couraient sans jamais s’arrêter, traînaient de lourds paquets, roulaient et déroulaient sans cesse des ballots. D'autres ressentaient des souffrances variées causées par des abeilles, de la cire et du miel. Tout cela ne peut se décrire. Je visitai aussi tous les juifs de cette ville-ci. J'allai la nuit dans leurs demeures; le rabbin était tout immobile et comme pétrifié, la grâce ne lui arrivait par aucun côté: je ne pus m'approcher de lui en aucune façon. La femme P. est comme enchaînée par un principe absolu, suivant lequel c'est un péché que de penser seulement à des choses concernant le christianisme d'où vient qu'elle se croit obligée de repousser de telles pensées. La plus rapprochée de la vérité chrétienne est la grosse juive qui vend de la viande : si elle n'était pas si portée à frauder, elle recevrait encore plus de grâces; mais personne n'a pitié de ces gens. J'ai été près du lit de cette femme et j'ai agi sur elle. Je lui dis beaucoup de choses : je vis qu'elle s'éveilla, courut, tout effrayée, à son mari et lui dit qu'elle croyait que l'esprit de sa mère lui était apparu. Elle était dans une terrible angoisse et elle prit la résolution de donner quelque chose aux pauvres chrétiens. Je fus aussi chez des juifs, dans une grande rue habitée exclusivement par eux : il y avait là beaucoup de gens pieux : il s'en trouvait aussi de très riches qui tenaient cachés sous les dalles de leurs appartements une quantité d'or et de bijoux. Je fus chez des juifs distingués et opulents : mais il n'y avait rien à faire avec eux. Je fus aussi à Thessalonique dans une grande ville de juifs où je rencontrai des gens pieux en grand nombre, je les vis plus tard se rassembler tout émus et parler comme si le Messie était venu. Ils se communiquaient leurs émotions et leurs projets. Je fus aussi chez des juifs qui habitaient de vieilles cavernes de voleurs près du mont Sinaï et qui commettaient dans le pays beaucoup de brigandages et de cruautés. J'ai été chargée de les frapper d'épouvante, peut-être dans l’intérêt des pèlerins et des chrétiens du pays.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
18 septembre 1821. « J'ai vu une paysanne revenir chez elle d'une fête de village. Une âme s'approcha d'elle, sous l'apparence d'une figure grisâtre et mélancolique, et lui murmura quelque chose à l'oreille. La femme tressaillit, parut mécontente, crut que c'était un pur effet de l'imagination et alla dans une chambre pour parler à une servante. L'âme ne se retira pas, mais poursuivit la femme de ses remontrances : celle-ci alla de nouveau à la fête le lendemain. Alors la figure grise et mélancolique vint à moi : elle me parla d'une voie creuse et sourde qui semblait sortir du fond d'un puits et dans un langage bref où beaucoup de choses se disent en peu de mots. Je compris qu'elle était retenue dans un état de captivité et d'obscurité, parce qu'elle était née dans une bergerie où les brebis n'allaient pas aux vrais pâturages, ce qui faisait qu'elles connaissaient à peine leur pasteur et ne pouvaient rien recevoir de lui. Il est terrible de vivre dans l'iniquité et l'aveuglement par la faute de ses aïeux et de ne s'en apercevoir qu'après la mort. Elle était chargée par Dieu de parler à cette paysanne et d'avertir celle-ci qui, excitée par de faux amis, était au moment d'entamer un procès dont le résultat devait être de lui faire perdre ce qu'elle possédait et de réduire ses filles à la misère. Elle avait marié son fils à la fille d'une veuve et elle avait pris avec ladite veuve des engagements par suite desquels elle allait se jeter dans ce procès qui devait lui faire perdre son bien et son crédit. Quant à l'âme qui me parlait, c'était celle du mari de cette paysanne et elle ne pouvait trouver de repos que la femme n'eût changé d'avis: mais malheureusement ce mari était dans un état de captivité où il ne pouvait rien faire, sinon inquiéter sa femme par des reproches intérieurs et la porter à de meilleures pensées. Il ne cessait pas d'y travailler : mais jusqu'alors ses efforts avaient été inutiles car la femme croyait toujours que c'étaient de pures imaginations. Elle ne s'ouvrait à personne; cherchait des distractions dans les noces, les baptêmes et les fêtes de village, ne prêtait l'oreille qu'à des domestiques et des servantes perfides qui la poussaient plus avant dans sa mauvaise voie et ne voulait pas écouter des voisins honnêtes et sensés. Aussi n'y avait-il pas de bénédiction sur sa maison et son ménage, parce que cette femme cachait en confession d'anciens péchés et étouffait toujours les avertissements de sa conscience : or, la grâce ne se trouve que sur le chemin de la pénitence. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
« Depuis longtemps, disait l'esprit du mari, j'inquiète ma malheureuse femme, mais elle subit de plus en plus l'influence de la veuve et cela doit la conduire à sa ruine : elle ne veut pas m'écouter et quand elle ne peut plus résister à son inquiétude, elle court à l'étable et à la prairie, visite ses troupeaux et ses champs ou fait faire des travaux. Tu as prié récemment pour ma pauvre femme : tu as prié avec tant de ferveur que Dieu t'a exaucée : tu as offert à Dieu pour ma femme les cruelles souffrances de ce jour-là et cela m'a fait obtenir la grâce de pouvoir venir à toi et te prendre avec moi pour m'aider. Je vais maintenant te conduire à mon fils auquel tu parleras: je suis trop étroitement lié: je ne le puis pas moi-même. Peut-être que mon fils pourra ouvrir les yeux à sa mère : il est bon et simple et ne refusera pas de nous croire. » J'allai alors avec l'esprit d'abord à la fête du village où sa femme était assise en compagnie d'autres femmes. Je vis qu'il s'approcha encore d'elle et lui parla à l'oreille, lui disant qu'il fallait enfin se délivrer de la veuve et ne pas risquer sa vie, son âme et son bien dans un procès injuste. Je vis la femme triste, inquiète, quitter sa société et chercher d'autres conversations. L'esprit me dit aussi que cette femme insensée était au moment d'engager l'affaire, mais qu'il ne resterait pas inactif, car ses souffrances dans l'autre monde et sa séparation de la lumière étaient aggravées et prolongées par la folie de sa femme, dont lui-même était en partie responsable parce que le ménage avait été souvent mal administré par sa faute. Il me conduisit alors chez son fils. Le chemin était long et désert et il me fallut traverser un grand étang dont les eaux étaient agitées. Le passage était très dangereux. Je faisais de grands efforts et j'avais peur. L’âme était à mes côtés, sa voix était caverneuse et semblait venir de loin : l'angoisse et le péril étaient partout. Sur le chemin, l'âme me disait à chaque champ, à chaque chaumière, quel danger pour l'avenir, quel péché s'y rattachait; comment il fallait prier et agir. Quand nous fûmes de l’autre côté de l'eau, le chemin se dirigea au nord à travers une contrée d'un aspect sombre. Nous arrivâmes à un gros bourg. L'âme me conduisit à travers un champ à une chaumière : nous entrâmes dans la chambre du fils. Il fut saisi d'effroi : je crois qu'il vit l'esprit de son père : mais pourtant il se remit. Il me fallut lui parler longuement, lui dire qu'il devait mieux prier qu'il ne faisait et lui indiquer ce qu'il avait à faire à l'égard de sa mère qui allait tout perdre si elle s'engageait dans le procès de sa belle-mère. Je lui dis que l'âme de son père, qui ne pouvait arriver à sa mère, lui recommandait d'avertir celle-ci et de lui dire que c'était par sa faute qu'il ne pouvait trouver de repos. J'eus encore à lui dire des choses importantes dont je ne me souviens plus. Ce fils me parût simple, bon et pacifique : il a le visage rond, le nez un peu retroussé; il n'y a en lui aucun artifice. Il fut très ému et montra un grand désir de marcher dans la bonne voie, l'état de sa mère lui faisait beaucoup de peine. La simplicité de ce jeune paysan était vraiment touchante. Je vis alors l'effet de mes paroles dans une vision à grande distance. Je vis le fils appeler sa femme d'une pièce où elle filait. Elle le suivit de très mauvaise humeur, tenant le rouet entre elle et lui. Mais il lui parla de ce qui lui était arrivé et la pria de faire en sorte que sa mère pût se retirer du procès. J'entendis la femme dire une fois : « Il faut ôter à ta mère jusqu'à la robe qu'elle a sur le corps. Je vis le mari l'implorer à genoux pour sa mère, demander qu'on lui laissât au moins deux champs et deux métairies que je vis en l'air comme des îles. J'entendis alors la femme dire: « Tu es si bon et si honnête que je rendrai une robe à ta mère si je le puis. » Ce fut comme si dès lors le procès de la veuve allait de travers, comme si l'affaire tombait du mauvais côté où elle penchait, et comme si la paysanne n'y était plus impliquée. Je vis celle-ci plus pauvre, mais dans une meilleure voie, parmi les paysans de la commune contre lesquels la veuve avait commencé le procès inique. J'aurai encore souvent à accompagner la pauvre âme. C'était un chemin bien difficile, notamment sur l'eau. Dans la détresse et les efforts de cette âme, il y avait quelque chose de singulièrement touchant. Quand je voulais m'approcher de la paysanne, je ne le pouvais pas : elle était toujours environnée comme d'un lac : elle se tenait au milieu et semblait près de tomber.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
Dans la dernière semaine d'octobre 1821, elle eut à s'occuper des pauvres âmes avec des efforts très laborieux tout en souffrant de grandes douleurs dans le bas-ventre : « J'allai, dit-elle, dans un lieu obscur visiter des âmes qui n'étaient pas catholiques. Il leur manquait quelque chose que je devais leur faire avoir. Elles me demandaient de faire moi-même et de faire faire des pièces d'habillement pour divers pauvres et de me procurer les étoffes nécessaires, au moyen d'aumônes. Toutes ces pièces d'habillement me furent montrées et il me fut dit où j'aurais les étoffes. Je voulais d'abord décliner la proposition, mais les pauvres âmes me pressèrent tellement que j'y consentis, et ce fut pour moi une tâche bien pénible. » Au milieu de ses douleurs, elle tailla pendant plusieurs jours des chemises pour des pauvres et fut durant ce temps très troublée par des visites de parents et par la vive impatience que causait au Pèlerin le dérangement qui en résultait : cependant elle surmonta parfaitement tout ce qui pouvait l'exciter à l'impatience, ainsi que le Pèlerin fut obligé de le reconnaître, à la date du 4 octobre : « Quoique souffrant excessivement de ses douleurs dans le bas-ventre, dit-il, elle a été aujourd'hui enjouée, patiente et affectueuse. De nouvelles visites d'étrangers, qu'elle n'osait pas refuser, l'ont extrêmement fatiguée, mais n'ont pu troubler son calme et sa bonne volonté. Elle parle avec beaucoup de bienveillance de tous ceux qui lui causent des ennuis. » Elle raconta de son côté : « J'ai encore eu beaucoup à faire avec les pauvres âmes et je sais toutes les pièces d'habillement que je dois faire pour des indigents. Je connais aussi leur forme, leurs dimensions et l'étoffe qu'il faut employer : mais je ne connais pas encore les pauvres auxquels elles sont destinées. Il m'a encore été recommander de demander pour cela des aumônes au Pèlerin. Je visiterai les âmes souffrantes dans mon voyage à la maison des noces : j'ai en outre à nettoyer là, dans le champ, un coin de terre inculte et plein de ronces. Dans la maison des noces elle-même je trouvai la grosse cuisinière. Elle avait autour du corps un cercle de fer où étaient pendus ses cuillers, ses écuelles et tous ses ustensiles. Comme le mal que j’ai au bas-ventre me faisait excessivement souffrir, mon confesseur m'ordonna de résister à la douleur. Je me tins tranquille : mais vers minuit elle devint encore plus vive et je vis comme une horrible figure fondre sur moi. Je me soulevai avec peine et je dis avec simplicité et avec foi « Va-t'en bien vite ! Que viens-tu faire ici? Je n'ai pas besoin de toi. Mon confesseur me l'a ordonné. » Et aussitôt la douleur disparut et je fus en repos jusqu'au matin. » Le 10 octobre, les vêtements demandés par les âmes souffrantes étaient achevés : alors on annonça la venue d'une pauvre femme qui en demandait pour ses enfants : d'autres indigents furent nommés par les pauvres âmes à Anne-Catherine pour qu'elle leur donnât ce qui restait. Le 7, le Pèlerin avait déjà fait la remarque suivante : « Elle a préparé tous les objets qui lui ont été demandés par les âmes souffrantes, mais elle ne sait pas pour qui. La nuit elle avait fait chercher l'étoffe dans les boutiques, elle savait où elle se trouvait et où elle manquait. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
Fin d'octobre 1821 : « Depuis plusieurs jours, à cause de l'approche du jour des Morts, elle a continuellement de rudes travaux à faire la nuit avec des âmes en peine qu'elle connaît ou qu'elle ne connaît pas : souvent elle est requise par une âme qui lui apparaît ou par l'ange gardien de celle-ci de faire telle ou telle chose comme satisfaction. Elle doit exhorter des vivants à un travail, à une réparation. Ainsi dans ces dernières nuits l'âme d'une défunte vint la trouver et lui exposa qu'un bien mal acquis lui avait été transmis par ses parents et qu'il était maintenant entre les mains de sa fille. Anne-Catherine eut à avertir cette fille et à faire un grand voyage au milieu d'une neige épaisse : elle se souvenait aussi d'une merveilleuse église spirituelle dans laquelle il lui avait fallu servir la messe et donner la sainte communion à quelques âmes. » - « Je fus très intimidée, dit-elle, quoique je dusse prendre l'hostie avec un linge. Je sentais que ma qualité de femme m'interdisait: Je ne servis la messe non plus qu'avec beaucoup d'inquiétude, jusqu'à ce que le prêtre se tourna vers moi et me dit d'un ton très grave qu'il fallait le faire et que cela devait être ainsi. Je reconnus dans ce prêtre le défunt abbé Lambert qui était tout lumineux. Je n'ai plus cette scène bien présente à l'esprit et je ne la comprends pas. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
Le matin du 25 octobre, le Pèlerin la trouva toute terrifiée et toute bouleversée : « J'ai eu cette nuit, dit-elle, une effrayante vision qu'encore maintenant je ne puis pas chasser de mon esprit. Comme je priais hier soir pour les mourants, je fus conduite près d'une femme assez riche et j'eus la douleur de voir qu'elle allait se damner. Je luttai avec Satan devant son lit, mais sans succès : il me repoussa ; était trop tard. Je ne puis dire quel fut mon désespoir quand il enleva cette âme et qu'il laissa là le corps courbé en deux et aussi repoussant pour moi qu'une charogne. Je pus m'en approcher : je ne le vis que de haut et de loin; il y avait là aussi des anges qui regardaient. Cette femme avait un mari et des enfants. Elle passait pour une très bonne personne et elle vivait à la mode du monde. Elle avait un commerce illicite avec un prêtre, et c'était là un vieux péché d'habitude qu’elle n'avait jamais confessé. Elle avait reçu tous les sacrements : on parlait de sa belle contenance on la disait bien préparée. Elle était pourtant dans l’angoisse à cause du péché qu'elle avait tenu secret. Alors le diable lui envoya une misérable vieille femme, son amie, à laquelle elle s'ouvrit sur ses inquiétudes. Mais celle-ci l’exhorta à chasser ces pensées et à ne pas faire de scandale; elle lui dit qu'il fallait se tenir en repos quant aux choses passées, qu'elle ne devait plus se tourmenter maintenant qu'elle avait reçu les sacrements et édifié tout le monde, qu'elle ne devait pas exciter des soupçons, mais s'en aller paix à Dieu. Puis la vieille femme ordonna qu'on la laissât seule et en repos. Mais la malheureuse, si voisine de la mort, avait encore l'imagination pleine de désirs qui la portaient vers le prêtre complice de son péché. Et lorsque je l'abordai, je trouvai Satan sous la figure de ce prêtre qui priait devant elle. Elle-même ne priait pas, car elle agonisait, pleine de mauvaises pensées.- Le maudit lui lisait des psaumes; il lui citait, entre autres; ces paroles : Qu’Israël espère dans le Seigneur, car en lui est la miséricorde et la rédemption surabondante, etc., etc. Il fut furieux contre moi. Je lui dis de faire une croix sur la bouche de la mourante, mais il ne le put pas. Tous mes efforts furent inutiles : il était trop tard, on ne pouvait pas arriver à elle; elle mourut. Ce fut quelque chose d'horrible quand Satan emmena son âme. Je pleurai et je criai. La misérable vieille femme revint, consola les parents qui étaient là et parla de la belle mort de son amie. Lorsque je m'en allai, en passant sur un pont qui était dans la ville, je rencontrai encore quelques personnes qui allaient chez elle. Je me dis : « Ah! si vous aviez vu ce que j'ai vu, vous vous enfuiriez loin d'elle ! » Je suis encore toute malade et je tremble de tous mes membres. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
A peine eut-elle dit cela qu'elle pria le Pèlerin de la laisser seule : on l'appelait, disait-elle, elle voyait quelque chose; il fallait qu'elle priât. Le Pèlerin remarqua sur son visage cette absorption qu'il connaissait, quoiqu'elle fût, encore parfaitement éveillée. Il tira le rideau devant elle et la quitta. Dans l'après-midi, elle raconta ce qui suit : « J'ai vu ce matin, lorsque je vous ai prié de vous retirer, une religieuse mourante qui ne pouvait recevoir le saint viatique parce que la clef de la sacristie était perdue. C'était un couvent supprimé ; les malades y étaient restées avec quelques autres, mais en habits séculiers. Quelques nonnes étaient logées dans la ville. On célébrait encore le service divin dans l'église et le Saint-Sacrement y était. Cette ville était habitée en partie par des protestants. Je les vis voter la malade. Il vint aussi de la ville des religieuses mises hors du couvent : on bavardait et on buvait du café près de cette malade. Elle avait une phtisie : elle était au moment de mourir et demandait les derniers sacrements.
Lorsque le prêtre vint, on ne put trouver la clef de la sacristie. Une nonne négligente l'avait mise près du foyer dans un petit trou de mur et elle l'avait oubliée par distraction. On cherchait de tous côtés, tout était en mouvement : on parlait beaucoup, et c'était une confusion générale. Le prêtre se retira. Je vis tout cela : je vis aussi que la nonne était sur le point de mourir, ce qu'on n'imaginait pas. Mon conducteur m'ordonna de prier et la clef fut retrouvée, je ne sais comment. Le prêtre fut rappelé et la salade reçut le saint viatique. Je ne connaissais pas cette religieuse et je ne sais plus où cela se passait. »
Lorsque le prêtre vint, on ne put trouver la clef de la sacristie. Une nonne négligente l'avait mise près du foyer dans un petit trou de mur et elle l'avait oubliée par distraction. On cherchait de tous côtés, tout était en mouvement : on parlait beaucoup, et c'était une confusion générale. Le prêtre se retira. Je vis tout cela : je vis aussi que la nonne était sur le point de mourir, ce qu'on n'imaginait pas. Mon conducteur m'ordonna de prier et la clef fut retrouvée, je ne sais comment. Le prêtre fut rappelé et la salade reçut le saint viatique. Je ne connaissais pas cette religieuse et je ne sais plus où cela se passait. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
« Dans la ville où était morte la malheureuse femme, j’allai près du lit de mort d'un écrivain. C'était un homme de bien, mais il avait écrit quelquefois, contre sa conscience des choses répréhensibles qu'il avait oubliées. Il s'était confessé et avait communié et on le laissait seul sur le conseil d'autres personnes inspirées par l'ennemi. Alors Satan lui suggéra diverses pensées et chercha à le pousser au désespoir. Il obséda le mourant de visions où plusieurs personnes lui représentaient le mal causé par ses écrits et il le jeta dans une grande angoisse. Ce pauvre homme allait ainsi mourir dans l'abandon. Alors mon guide me conduisit à lui et il me fallut par mes prières susciter des inquiétudes dans l’âme d'un prêtre, de manière à le faire accourir près du malade. Le malade le reconnut et le pria de ne pas le déranger, parce qu'il avait des affaires à traiter avec les gens qui étaient là.
Le prêtre s'aperçut qu'il était dans le délire, lui jeta de l'eau bénite et lui fit baiser quelque chose qu'il portait à son cou; sur quoi il revint à la raison et raconta au prêtre ses angoisses qui s'étaient si subitement emparées de lui. Cette fois l'ennemi se prit dans son propre piège : s'il n’avait pas poussé cet homme au désespoir, il ne se serait souvenu de rien. Je vis alors qu'il fit chercher des papiers et que le prêtre mit divers écrits en ordre, en présence de témoins : après quoi cet homme mourut en paix. J'ai eu aussi à intervenir, à l'occasion de la mort de jeunes gens que l'amour de la danse avait menés à mal. Les choses se passèrent bien, là aussi. »
Le 22 septembre, un grand buveur d'eau-de-vie- mourut subitement en état d'ivresse à Dulmen. Elle le vit toute la nuit dans une horrible situation, et dit que les diables étaient couchés près de lui, le tenant comme de jeunes chiens.
28 octobre 1821 : « J'ai vu cette nuit la bienheureuse vierge Ermelinde. Dans sa douzième année, elle avait des relations innocentes avec un jeune homme auquel ses parents voulaient la marier. Elle était noble et riche et habitait dans une grande maison où je vis, un jour qu'elle voulait aller jusqu'à la porte au-devant du jeune homme, Jésus lui apparu et lui dit : « Ne m'aimes-tu pas plus que lui ? » Comblée de joie, elle répondit que oui ; alors Jésus alla avec elle dans sa chambre, et lui donna un anneau pour signifier qu'il la prenait pour épouse. Je vis qu'aussitôt elle se coupa les cheveux et dit à ses parents, ainsi qu'au jeune homme, qu'elle s'était fiancée à Dieu. Je priai la sainte de me conduire à des mourants et à des âmes en peine et ce fut comme si je voyageais avec elle à travers la Hollande. Il me fallut avec beaucoup de peine et de fatigue passer tantôt dans l'eau, tantôt à travers des terres basses et marécageuses, des tourbières et des fossés de toute espèce. Je fus auprès de pauvres gens qui ne pouvaient avoir de prêtre parce qu'il fallait pour cela aller à de grandes distances et traverser l'eau. Je consolai, priai et assistai dans des circonstances de toute nature. De là, j'allai toujours plus avant vers le nord. Je ne puis pas bien me rendre compte dans quelle région est proprement le purgatoire. Le plus souvent je vais au nord: mais je perds ensuite le contact du sol naturel : il me faut aller par un passage ténébreux et surmonter beaucoup de difficultés, d'obstacles, de souffrances, telles que peuvent les produire l'eau, la neige, les épines, les marécages et choses semblables. Je travaille à les vaincre pour les pauvres âmes, et après cela il me semble souvent descendre par des chemins ténébreux et sans consistance, et aller comme sous la terre. J'arrive ensuite dans des lieux où règnent, à des degrés différents, l'obscurité, le brouillard, le froid, les désagréments de toute espèce; et là je vais d'un endroit à l'autre vers des âmes placées plus haut ou plus bas et d'un accès plus ou moins facile. Cette nuit encore je suis allée d'un lieu à l'autre, j'ai donné des consolations et en outre j'ai été chargée de divers travaux. Ainsi il m'a fallu dire tout de suite les litanies des Saints et les sept psaumes de la Pénitence. Mon guide me dit qu'il faut bien prendre garde de m'impatienter et offrir tout ce qui peut me déplaire au profit des pauvres âmes. Le lendemain matin je ne pensais plus à cette exhortation et j'étais au moment de me mettre en colère à propos d'une certaine chose, mais je réprimai ce mouvement ; je suis toute heureuse de l'avoir fait et je remercie mon cher ange gardien qui m'y a aidé. On ne peut pas dire quelle consolation on donne aux âmes souffrantes par un petit sacrifice et une petite victoire sur soi-même. »
Le prêtre s'aperçut qu'il était dans le délire, lui jeta de l'eau bénite et lui fit baiser quelque chose qu'il portait à son cou; sur quoi il revint à la raison et raconta au prêtre ses angoisses qui s'étaient si subitement emparées de lui. Cette fois l'ennemi se prit dans son propre piège : s'il n’avait pas poussé cet homme au désespoir, il ne se serait souvenu de rien. Je vis alors qu'il fit chercher des papiers et que le prêtre mit divers écrits en ordre, en présence de témoins : après quoi cet homme mourut en paix. J'ai eu aussi à intervenir, à l'occasion de la mort de jeunes gens que l'amour de la danse avait menés à mal. Les choses se passèrent bien, là aussi. »
Le 22 septembre, un grand buveur d'eau-de-vie- mourut subitement en état d'ivresse à Dulmen. Elle le vit toute la nuit dans une horrible situation, et dit que les diables étaient couchés près de lui, le tenant comme de jeunes chiens.
28 octobre 1821 : « J'ai vu cette nuit la bienheureuse vierge Ermelinde. Dans sa douzième année, elle avait des relations innocentes avec un jeune homme auquel ses parents voulaient la marier. Elle était noble et riche et habitait dans une grande maison où je vis, un jour qu'elle voulait aller jusqu'à la porte au-devant du jeune homme, Jésus lui apparu et lui dit : « Ne m'aimes-tu pas plus que lui ? » Comblée de joie, elle répondit que oui ; alors Jésus alla avec elle dans sa chambre, et lui donna un anneau pour signifier qu'il la prenait pour épouse. Je vis qu'aussitôt elle se coupa les cheveux et dit à ses parents, ainsi qu'au jeune homme, qu'elle s'était fiancée à Dieu. Je priai la sainte de me conduire à des mourants et à des âmes en peine et ce fut comme si je voyageais avec elle à travers la Hollande. Il me fallut avec beaucoup de peine et de fatigue passer tantôt dans l'eau, tantôt à travers des terres basses et marécageuses, des tourbières et des fossés de toute espèce. Je fus auprès de pauvres gens qui ne pouvaient avoir de prêtre parce qu'il fallait pour cela aller à de grandes distances et traverser l'eau. Je consolai, priai et assistai dans des circonstances de toute nature. De là, j'allai toujours plus avant vers le nord. Je ne puis pas bien me rendre compte dans quelle région est proprement le purgatoire. Le plus souvent je vais au nord: mais je perds ensuite le contact du sol naturel : il me faut aller par un passage ténébreux et surmonter beaucoup de difficultés, d'obstacles, de souffrances, telles que peuvent les produire l'eau, la neige, les épines, les marécages et choses semblables. Je travaille à les vaincre pour les pauvres âmes, et après cela il me semble souvent descendre par des chemins ténébreux et sans consistance, et aller comme sous la terre. J'arrive ensuite dans des lieux où règnent, à des degrés différents, l'obscurité, le brouillard, le froid, les désagréments de toute espèce; et là je vais d'un endroit à l'autre vers des âmes placées plus haut ou plus bas et d'un accès plus ou moins facile. Cette nuit encore je suis allée d'un lieu à l'autre, j'ai donné des consolations et en outre j'ai été chargée de divers travaux. Ainsi il m'a fallu dire tout de suite les litanies des Saints et les sept psaumes de la Pénitence. Mon guide me dit qu'il faut bien prendre garde de m'impatienter et offrir tout ce qui peut me déplaire au profit des pauvres âmes. Le lendemain matin je ne pensais plus à cette exhortation et j'étais au moment de me mettre en colère à propos d'une certaine chose, mais je réprimai ce mouvement ; je suis toute heureuse de l'avoir fait et je remercie mon cher ange gardien qui m'y a aidé. On ne peut pas dire quelle consolation on donne aux âmes souffrantes par un petit sacrifice et une petite victoire sur soi-même. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
2 novembre 1821. Elle était, depuis quinze jours déjà, continuellement occupée des âmes du purgatoire, faisant pour elles toute sorte de prières, de mortifications, d'aumônes et de travaux spirituels afin de compléter ce qui manquait encore pour leur délivrance. Elle semblait préparer et disposer une foule de choses afin de pouvoir les présenter achevées le jour de la commémoration des morts. Elle avait constamment offert pour ces âmes des actes héroïques de patience et de charité, elle avait offert toutes ses actions et toutes ses souffrances. Elle raconta ce qui suit : « J'ai fait avec les saints de nouveaux voyages au purgatoire. Les prisons où les âmes subissent leur châtiment ne sont pas dans un même lieu : il y a de grandes différences entre elles et il me faut faire des voyages d'un endroit à l’autre. La route se dirige souvent de telle manière qu'on voit au-dessous de soi des mers, des montagnes de glace, de la neige, des nuages. Souvent il me semble descendre par un chemin qui tourne tout autour de la terre. Les saints passent légèrement près de moi; ils ont sous eux comme un support de nuées lumineuses qui marche avec eux. Ces voies lumineuses sont sous les pieds de l'un d'une autre couleur que sous ceux de l'autre, correspondant à la diversité des sources de consolation et d'assistance qu'ont fait jaillir les travaux accomplis par eux pendant leur vie. Il me faut avec cela toujours aller par des chemins difficiles et ténébreux que je parcours en priant, ce qui est un travail fait au profit des âmes. Je rappelle alors aux saints leurs souffrances et je les offre à Dieu pour les âmes avec les souffrances de Jésus. Je vois les lieux où séjournent les âmes différer entre eux selon l'état de celles-ci : cependant ils me font toujours l'effet d'être de forme ronde et semblables à des globes. Je ne puis les comparer qu'avec les endroits que j'appelle jardins, parce que j'y vois conservées comme des fruits, des grâces et des influences spéciales. Ainsi les différents séjours des âmes sont comme des jardins, des magasins, des mondes contenant une grande variété de choses déplaisantes, de privations, de tourments, de misères, d'angoisses, etc., etc. : il y en a parmi eux de plus petits que les autres. Quand j'y arrive, je vois distinctement leur contour arrondi, je vois aussi un rayon de lumière tomber sur un point ou une lueur crépusculaire éclairer l'horizon. Ces séjours sont les meilleurs. Dans aucun on ne voit le ciel bleu : tout y est partout plus ou moins terne et sombre.
Dans beaucoup de lieux, les âmes sont très serrées les unes contre les autres et on est là dans une grande angoisse. Quelques endroits sont plus profonds et plus sombres, d'autres plus élevés et plus éclairés. Les lieux où elles sont enfermées séparément sont aussi de formes diverses; quelques-uns, par exemple, sont comme des fours à cuire le pain. Ceux qui étaient réunis sur la terre ne sont ensemble que quand ils ont besoin d'une purification du même degré. Dans beaucoup d'endroits, la lumière est colorée, par exemple couleur de feu, ou trouble, ou rougeâtre. Il y a des endroits où de mauvais esprits font souffrir les âmes, les effrayent et les tourmentent. Ce sont les plus affreux et on les prendrait pour l'enfer si la patience indiciblement touchante des âmes ne persuadait le contraire. On ne peut dire quelle joie, quelle consolation ressentent ceux qui restent quand d'autres sont délivrés. Il y a aussi des séjours où les âmes font des travaux de pénitence, comme celles que j'ai vues une fois courir tumultueusement et élever des remparts : il en était de même de ces îles où étaient des femmes, cultivant des fruits qui étaient emportés sur des barques. Ce sont celles qui peuvent faire quelque chose pour d'autres placées dans une position inférieure : elles sont dans une situation meilleure. Cela peut être une image symbolique : mais c'est pourtant réel. Dans cette région la nature est faible, molle, sans vigueur et les fruits s'en ressentent : pourtant ils donnent un soulagement à d'autres âmes encore plus indigentes. Souvent des rois et des princes retrouvent ceux qui ont été opprimés par eux et qu'ils servent humblement au milieu des souffrances. J'ai vu dans le purgatoire des protestants qui avaient été pieux dans leur ignorance. Ils sont très délaissés parce que les prières leur manquent. J'ai vu des âmes, quand quelques autres étaient délivrées, passer des degrés inférieurs à une condition meilleure. Plusieurs peuvent aller et venir et échanger des consolations. C'est une grande grâce que de pouvoir apparaître pour demander des prières et du secours. J'ai vu aussi des lieux où étaient purifiées, des âmes qui ont été proclamées saintes sur la terre, mais dont la sainteté n'était pas encore arrivée à la perfection lorsqu'elles étaient sorties de ce monde. J'ai été aussi dans beaucoup d'endroits et dans plusieurs églises; j'ai visité des prêtres et j'ai commandé des messes et des exercices de dévotion. J'ai été à Rome, dans l'église de Saint-Pierre, près de certains ecclésiastiques d'un haut rang : c'étaient des cardinaux, à ce que je crois. On devait dire là sept messes pour diverses âmes et je ne sais plus pourquoi on avait négligé de le faire. Lorsqu'elles furent dites, je vis des âmes délaissées, toutes sombres et tristes, se presser autour de l'autel. Elles disaient comme tourmentées par la faim : « Qu'il y a longtemps que nous n'avons eu de nourriture! » Je crois que c'étaient des messes de fondation qu'on avait oubliées. La confiscation des fondations pour messes des morts est, comme je le vois, une affreuse cruauté et un vol fait aux plus pauvres d'entre les pauvres. Je ne vis sur mon chemin que peu ou point de personnes vivantes: mais je rencontrai des âmes, des anges et des saints et je vis aussi beaucoup d'effets produits par la prière. J'ai aussi ces jours-ci traîné au confessionnal et à l'église beaucoup de gens qui sans cela n'y seraient pas allés.
Dans beaucoup de lieux, les âmes sont très serrées les unes contre les autres et on est là dans une grande angoisse. Quelques endroits sont plus profonds et plus sombres, d'autres plus élevés et plus éclairés. Les lieux où elles sont enfermées séparément sont aussi de formes diverses; quelques-uns, par exemple, sont comme des fours à cuire le pain. Ceux qui étaient réunis sur la terre ne sont ensemble que quand ils ont besoin d'une purification du même degré. Dans beaucoup d'endroits, la lumière est colorée, par exemple couleur de feu, ou trouble, ou rougeâtre. Il y a des endroits où de mauvais esprits font souffrir les âmes, les effrayent et les tourmentent. Ce sont les plus affreux et on les prendrait pour l'enfer si la patience indiciblement touchante des âmes ne persuadait le contraire. On ne peut dire quelle joie, quelle consolation ressentent ceux qui restent quand d'autres sont délivrés. Il y a aussi des séjours où les âmes font des travaux de pénitence, comme celles que j'ai vues une fois courir tumultueusement et élever des remparts : il en était de même de ces îles où étaient des femmes, cultivant des fruits qui étaient emportés sur des barques. Ce sont celles qui peuvent faire quelque chose pour d'autres placées dans une position inférieure : elles sont dans une situation meilleure. Cela peut être une image symbolique : mais c'est pourtant réel. Dans cette région la nature est faible, molle, sans vigueur et les fruits s'en ressentent : pourtant ils donnent un soulagement à d'autres âmes encore plus indigentes. Souvent des rois et des princes retrouvent ceux qui ont été opprimés par eux et qu'ils servent humblement au milieu des souffrances. J'ai vu dans le purgatoire des protestants qui avaient été pieux dans leur ignorance. Ils sont très délaissés parce que les prières leur manquent. J'ai vu des âmes, quand quelques autres étaient délivrées, passer des degrés inférieurs à une condition meilleure. Plusieurs peuvent aller et venir et échanger des consolations. C'est une grande grâce que de pouvoir apparaître pour demander des prières et du secours. J'ai vu aussi des lieux où étaient purifiées, des âmes qui ont été proclamées saintes sur la terre, mais dont la sainteté n'était pas encore arrivée à la perfection lorsqu'elles étaient sorties de ce monde. J'ai été aussi dans beaucoup d'endroits et dans plusieurs églises; j'ai visité des prêtres et j'ai commandé des messes et des exercices de dévotion. J'ai été à Rome, dans l'église de Saint-Pierre, près de certains ecclésiastiques d'un haut rang : c'étaient des cardinaux, à ce que je crois. On devait dire là sept messes pour diverses âmes et je ne sais plus pourquoi on avait négligé de le faire. Lorsqu'elles furent dites, je vis des âmes délaissées, toutes sombres et tristes, se presser autour de l'autel. Elles disaient comme tourmentées par la faim : « Qu'il y a longtemps que nous n'avons eu de nourriture! » Je crois que c'étaient des messes de fondation qu'on avait oubliées. La confiscation des fondations pour messes des morts est, comme je le vois, une affreuse cruauté et un vol fait aux plus pauvres d'entre les pauvres. Je ne vis sur mon chemin que peu ou point de personnes vivantes: mais je rencontrai des âmes, des anges et des saints et je vis aussi beaucoup d'effets produits par la prière. J'ai aussi ces jours-ci traîné au confessionnal et à l'église beaucoup de gens qui sans cela n'y seraient pas allés.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
Elle passa tout le jour en prière pour les âmes du purgatoire, récita pour elles l'office des morts et rendit une telle quantité de sang par la plaie du côté et par la poitrine qu'il traversa ses vêtements. Lorsque le Pèlerin revint le soir, il la trouva en prière et toute raidie par l'extase. Il y avait bien une demi-heure qu'elle était ainsi lorsque son confesseur entra dans la chambre : alors elle se redressa subitement, marcha d'un pas ferme et assuré, comme une personne bien portante, vers le confesseur stupéfait, se prosterna; le visage contre terre, et chercha à baiser ses pieds qu'il retira tout confus. Cependant il finit par la laisser faire : alors elle se releva sur ses genoux et lui demanda sa bénédiction pour elle et pour toutes les âmes qui étaient avec elle. Elle resta encore agenouillée et en prière pendant quelques minutes, demanda encore une fois la bénédiction pour les âmes, puis se leva et marcha vers sa couche d'un pas rapide. Son front était couvert de sueur et son visage avait une expression joyeuse. Pendant tout ce temps et encore après, elle était restée dans l'état d'extase le plus complet. Lorsque, le jour suivant, le Pèlerin lui rapporta la chose, elle voulait à peine croire que cela se fût réellement passé ainsi, mais elle se souvint distinctement que des défunts, anciens pénitents du P. Limberg, l'avaient priée de lui baiser les pieds et de lui demander sa bénédiction. « Cela a été très pénible pour moi, dit-elle, parce qu'il n'a pas consenti tout de suite et, qu'il ne m'avait pas bien comprise. Il n'a pas non plus donné la bénédiction avec une foi ferme, ce qui fait que, dans la nuit, j'ai eu encore quelque chose à faire pour les âmes. »
2 novembre 1822. « J'ai eu cette nuit beaucoup à faire dans le purgatoire. J'y allai en me dirigeant toujours vers le nord; il me fait l'effet d'être situé au-dessus du lieu où est comme la pointe du globe terrestre. Quand je suis là, j'ai les montagnes de glace comme au-dessus de moi : pourtant il ne me parut pas que ce fût dans l'intérieur de la terre, car je voyais la lune et, en courant autour des prisons, j'essayai de faire une ouverture, afin de faire entrer dans quelques-unes un peu de clair de lune. De l'extérieur, cela se présente à moi comme un mur noir, avec quelques reflets brillants, ayant la forme d'une demi-lune. A l'intérieur il y a des passages et comme des chambres innombrables, élevés ou surbaissés, montant ou descendant. Près de l'entrée, on est moins mal: les âmes errent et se glissent de côté et d'autre, mais plus bas elles sont plus étroitement emprisonnées. Çà et là on en voit couchées dans une cavité, dans une fosse souvent aussi plusieurs sont réunies dans un même lieu et placées plus haut ou plus bas. Parfois on en voit une assise à une certaine hauteur, comme sur une pierre. Plus loin dans l'arrière-fond, ce sont des scènes plus terribles, les démons y exercent leur empire et c'est un enfer temporaire. Les âmes sont livrées à divers supplices : des spectres affreux, de hideuses figures de diables parcourent ces lieux, tourmentent et épouvantent les âmes. »
2 novembre 1822. « J'ai eu cette nuit beaucoup à faire dans le purgatoire. J'y allai en me dirigeant toujours vers le nord; il me fait l'effet d'être situé au-dessus du lieu où est comme la pointe du globe terrestre. Quand je suis là, j'ai les montagnes de glace comme au-dessus de moi : pourtant il ne me parut pas que ce fût dans l'intérieur de la terre, car je voyais la lune et, en courant autour des prisons, j'essayai de faire une ouverture, afin de faire entrer dans quelques-unes un peu de clair de lune. De l'extérieur, cela se présente à moi comme un mur noir, avec quelques reflets brillants, ayant la forme d'une demi-lune. A l'intérieur il y a des passages et comme des chambres innombrables, élevés ou surbaissés, montant ou descendant. Près de l'entrée, on est moins mal: les âmes errent et se glissent de côté et d'autre, mais plus bas elles sont plus étroitement emprisonnées. Çà et là on en voit couchées dans une cavité, dans une fosse souvent aussi plusieurs sont réunies dans un même lieu et placées plus haut ou plus bas. Parfois on en voit une assise à une certaine hauteur, comme sur une pierre. Plus loin dans l'arrière-fond, ce sont des scènes plus terribles, les démons y exercent leur empire et c'est un enfer temporaire. Les âmes sont livrées à divers supplices : des spectres affreux, de hideuses figures de diables parcourent ces lieux, tourmentent et épouvantent les âmes. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
Je vois aussi dans le purgatoire un lieu de prière, une sorte d'église où elles reçoivent souvent des consolations. Elles tournent les yeux de ce côté comme nous vers nos églises. Les âmes n'ont aucun secours venant immédiatement du ciel ; elles reçoivent tout de la terre et des hommes vivants qui, pour acquitter leurs dettes, offrent au juge suprême des prières et des bonnes oeuvres, des mortifications et des actes de renoncement, mais surtout le saint sacrifice de la messe. Quand je vais d'ici vers le nord et que je passe sur la glace, à l'endroit où la circonférence de la terre se rétrécit considérablement (note), je vois de là le lieu où est le purgatoire comme quand on voit le soleil ou la lune très bas à l'horizon : on passe ensuite par-dessus une espèce de bourrelet, de rue, d'anneau (elle ne trouve pas le mot propre) et ensuite on a devant soi le purgatoire formant comme un demi-cercle. A gauche, mais assez loin en avant, est le moulin; à droite sont les nombreux travaux de terrassement et les retranchements.
(note) Le 15 juillet 1820, elle disait : « Je vois la terre dans l'obscurité et plus semblable à un oeuf qu'à un globe. C'est au nord que la descente est la plus escarpée ; du coté du levant, elle semble plus longue, la descente à pic va toujours vers le nord. »
Quand je suis dans le purgatoire, je ne vois, à l'exception de mon guide, personne autre qui le visite, mais çà et là, dans le lointain, sur la terre, des anachorètes, des religieux et religieuses, de pauvres gens, lesquels, priant et se mortifiant, travaillent pour les âmes souffrantes. Ce purgatoire est celui de l'Église catholique : les sectes sont séparées là comme ici et souffrent beaucoup plus, parce qu'elles n'ont pas de membres qui prient sur la terre, ni le saint sacrifice de la messe. On ne distingue si les âmes sont des âmes d'hommes ou de femmes que quand on examine de plus près ce qu'elles ont de particulier: On voit des figures, les unes plus sombres, les autres plus claires, dont le visage incroyablement altéré exprime la douleur, mais exprime aussi la patience. On ne peut dire combien elles sont touchantes à voir. Rien n'est plus consolant que leur patience, la joie que chacune ressent de la délivrance des autres et leur sympathie pour les souffrances d'autrui et pour les âmes qui arrivent. J'ai vu là aussi des enfants. »
La plupart sont là par suite de cette légèreté avec laquelle on traite ce qu'on appelle les petits péchés et qui fait qu'on néglige de petites condescendances envers le prochain, de petits actes de charité et de petites victoires sur soi-même. Les rapports des âmes avec la terre ont quelque chose de doux et de tendre en ce qu'elles éprouvent déjà un grand soulagement par l'effet du désir et de l'intention qu'ont les vivants de les secourir et d'alléger leurs peines. Que de bien fait celui qui se surmonte continuellement lui-même pour l'amour de ces âmes, qui aspire continuellement à les secourir ! » Pendant ces jours et ces nuits, elle souffrit excessivement de la soif et prit sur elle de toutes les manières.
(note) Le 15 juillet 1820, elle disait : « Je vois la terre dans l'obscurité et plus semblable à un oeuf qu'à un globe. C'est au nord que la descente est la plus escarpée ; du coté du levant, elle semble plus longue, la descente à pic va toujours vers le nord. »
Quand je suis dans le purgatoire, je ne vois, à l'exception de mon guide, personne autre qui le visite, mais çà et là, dans le lointain, sur la terre, des anachorètes, des religieux et religieuses, de pauvres gens, lesquels, priant et se mortifiant, travaillent pour les âmes souffrantes. Ce purgatoire est celui de l'Église catholique : les sectes sont séparées là comme ici et souffrent beaucoup plus, parce qu'elles n'ont pas de membres qui prient sur la terre, ni le saint sacrifice de la messe. On ne distingue si les âmes sont des âmes d'hommes ou de femmes que quand on examine de plus près ce qu'elles ont de particulier: On voit des figures, les unes plus sombres, les autres plus claires, dont le visage incroyablement altéré exprime la douleur, mais exprime aussi la patience. On ne peut dire combien elles sont touchantes à voir. Rien n'est plus consolant que leur patience, la joie que chacune ressent de la délivrance des autres et leur sympathie pour les souffrances d'autrui et pour les âmes qui arrivent. J'ai vu là aussi des enfants. »
La plupart sont là par suite de cette légèreté avec laquelle on traite ce qu'on appelle les petits péchés et qui fait qu'on néglige de petites condescendances envers le prochain, de petits actes de charité et de petites victoires sur soi-même. Les rapports des âmes avec la terre ont quelque chose de doux et de tendre en ce qu'elles éprouvent déjà un grand soulagement par l'effet du désir et de l'intention qu'ont les vivants de les secourir et d'alléger leurs peines. Que de bien fait celui qui se surmonte continuellement lui-même pour l'amour de ces âmes, qui aspire continuellement à les secourir ! » Pendant ces jours et ces nuits, elle souffrit excessivement de la soif et prit sur elle de toutes les manières.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
3 novembre. « Je fus dans la région située en avant du purgatoire, dans la région des glaces, près d'un moulin où beaucoup de princes, de rois et de régentes sont obligés de moudre, comme on le fait faire sur la terre à des chevaux et à des hommes. Ils sont obligés de moudre de la glace. Les femmes portaient au moulin toute sorte de mets recherchés et d'objets précieux qu'il leur fallait moudre, et à quelque distance étaient des chiens qu'on nourrissait avec cette mouture. Leurs anciens serviteurs étaient maintenant leurs maîtres et les excitaient au travail. » Elle parla aussi d'un chemin menant au purgatoire qu'elle avait suivi et parla de beaucoup de pays qu'elle décrivit; elle semblait avoir traversé l'Asie pour gagner le pôle nord. Elle avait passé par le pays originaire de Djemschid, puis par une contrée où étaient de hautes montagnes remplies de singes, grands et petits : quand il faisait froid d'un côté, ils passaient de l'autre. Puis elle vint dans un pays dont les habitants, couverts de peaux de bêtes, sont laids de visage et portent de longs cheveux ; ils sont misérablement logés et se font traîner par des chiens; on voit même là de ces chiens traîner sans conducteurs les traîneaux chargés de marchandises et revenir ensuite au logis. Il y a là des hommes blancs et des noirs, mais ceux-ci y sont venus depuis peu. Ces gens font la chasse à de petits animaux au corps allongé, porteurs de riches fourrures, qui ont de longues oreilles, des pattes courtes et ne sont pas aussi jolis que ceux qui sont au pied de la montagne des prophètes. Ces animaux vont de là encore plus au nord. On y trouve un pays plein de marais et de déserts, mais il y fait un peu plus chaud; il semble que le soleil levant y arrive quelquefois. J'y vois courir des animaux de cette espèce. Il y a par endroits des petits hommes chétifs au nez écrasé et une végétation misérable. Après cela elle ne mentionne plus de terre habitée, tout est nébuleux et grisâtre ; il fait noir à l'horizon. Elle passe ensuite sur cette voie ou cet anneau mentionnés plus haut, qu'elle décrit comme étant de bronze ou de métal; puis elle se trouve devant le purgatoire, sous lequel l'enfer situé à une grande profondeur retourne vers le centre de la terre. « Sur ces chemins, dit-elle, je vois la lune extrêmement grande, pleine de cavités et de montagnes vomissant du feu. Tout y est comme pétrifié; on dirait des arbres de corail. La lune attire et renvoie une grande quantité de vapeurs : c'est comme si elle pompait beaucoup de liquide et le rejetait ensuite. Je ne vis des hommes semblables à nous ni dans la lune, ni dans d'autres astres : plusieurs astres sont comme des corps consumés par le feu où il n'y a plus de vie. J'y vois séjourner des âmes et des esprits, mais pas d'hommes de notre espèce. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
4 novembre. « Je ne sais pas où j'ai été, ni pourquoi j'ai cette vision. J'ai été conduits dans une belle maison : une femme me montra les figures sculptées de son mari : c’étaient de très belles statues païennes. Il me fallut descendre toujours, passer par des portes très étroites et presque ramper. Les images étaient de plus en plus laides et à la fin tout à fait horribles. Alors vint un homme qui me conduisit dans des salles pleines de peintures dont la beauté allait toujours croissant. Je me disais souvent : « Ah ! si le Pèlerin pouvait voir cela ! » Plus l’homme s'arrêtait longtemps à regarder les tableaux, plus ils devenaient beaux. Enfin je sortis de là. J'eus après cela une autre vision. Je vis un protestant avec sa femme, qui était catholique, parcourir diverses chambres pleines d'objets d’art de tout genre et lui montrer des salles voûtées toutes pleines de tableaux et de raretés, ce qui le réjouissait beaucoup, et j'entendis la femme lui dire que toutes ces choses étaient pour lui l'objet d'une véritable idolâtrie : mais, disait-elle, à quoi cela menait-il ? Il ferait bien mieux de penser à Dieu et à l'Église. Il lui répondit que, selon lui, il suffisait d'être honnête homme pour être agréable à Dieu et que le reste était chose secondaire. Elle nia qu'il en fut ainsi et lui dit que, dans son voisinage, elle aussi sentait sa foi s'affaiblir, mais qu'elle avait conservé des enseignements de son instituteur qu'elle indiqua. Je vis aussi qu'elle le mena dans un caveau où étaient enterrés plusieurs de ses ancêtres : alors la voix d'un aïeul, sortant d'un tombeau qui ne contenait plus que de la pourriture et de la poussière, retentit aux oreilles de cet homme. C'était une voix forte et caverneuse qui parla longuement quoiqu'avec des interruptions. Il lui était possible, disait cet ancêtre, de réparer beaucoup de maux que lui-même avait faits; il en avait les moyens, et rien ne l'en empêchait. Le défunt parla très longtemps de la seigneurie dont il s'était emparé par la violence, de sa séparation d'avec l'Église, de la quantité de personnes qu'il avait entraînées dans l'erreur, de la misère et de la confusion qui s'en étaient suivies. Il y avait pour son descendant autre chose à faire que de cultiver les beaux-arts, de donner des bals et des fêtes : ses sujets étaient livrés aux loups qui les déchiraient et s'engraissaient de leur substance. C'était là qu'il fallait porter secours. Il fallait aussi restaurer la vraie foi et rendre à l'Église ce qui était à elle, autrement il ne lui resterait rien que cette pourriture et ces cendres, et il perdrait tout le reste. »
« Pendant ce long discours, divisé, pour ainsi dire, en chapitres où venait se placer toute l'histoire de cette famille, celui auquel il s'adressait tomba en défaillance à diverses reprises et voulut plusieurs fois s'enfuir, mais sa femme le retint tendrement dans ses bras et l'encouragea à rester et à écouter. J'ai oublié ce qui s'ensuivit et je ne sais pas quels fruits a produits l'exhortation. Le père de cet homme qui avait, je crois, deux enfants, vivait encore mais il avait perdu la raison et le fils devait bientôt prendre en main l'administration des affaires de la famille. Sa femme et lui s'aimaient, et elle avait un grand empire sur lui. J'eus cette vision le matin, en plein jour et éveillée. »
« Pendant ce long discours, divisé, pour ainsi dire, en chapitres où venait se placer toute l'histoire de cette famille, celui auquel il s'adressait tomba en défaillance à diverses reprises et voulut plusieurs fois s'enfuir, mais sa femme le retint tendrement dans ses bras et l'encouragea à rester et à écouter. J'ai oublié ce qui s'ensuivit et je ne sais pas quels fruits a produits l'exhortation. Le père de cet homme qui avait, je crois, deux enfants, vivait encore mais il avait perdu la raison et le fils devait bientôt prendre en main l'administration des affaires de la famille. Sa femme et lui s'aimaient, et elle avait un grand empire sur lui. J'eus cette vision le matin, en plein jour et éveillée. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
Ames souffrantes des fanatiques qui s'étaient crucifiés à Wildensbuch près Zurich.
19 octobre 1823. « J'ai été dans le purgatoire et j'ai vu plusieurs personnes de la secte de Mme Krudener, dont quelques-unes se sont martyrisées récemment. Ces gens n'étaient pas dans le purgatoire des catholiques, ils étaient au-dessous ou à l'entour, dans des espèces de fosses, quelques-uns au fond, quelques autres sur les bords de ces fosses. C'étaient les âmes qu'une ignorance aveugle avait engagées dans cette affaire. Ils pouvaient s'entretenir avec les âmes souffrantes des catholiques et les suppliaient avec une amère douleur d'avertir leurs amis encore vivants afin qu'ils reconnussent leur erreur et se tournassent, vers l'Église. Ces âmes répondaient qu'elles ne pouvaient rien, qu'il fallait qu'un vivant priât, travaillât et fit dire messe pour eux. » (Anne-Catherine semblait s'être chargée elle-même de cela ; car elle prescrivit à tous ceux auxquels elle donnait des vêtements d'entendre la sainte messe, et elle-même de son côté fit dire des messes.) J'appris aussi là comment le diable avait poussé ces gens à ces meurtres et ces crucifiements, comment il les avait rendus insensibles à la douleur et comment plusieurs d'entre eux étaient perdus pour l'éternité. Je sus aussi qu'une secte plus raffinée était en train de se former. » (Elle décrivit celle de Hennhoefer.) « Je vis encore que parmi les démons enchaînés par le Christ, lors sa descente aux enfers, quelques-uns ont été déliés, il n'y pas longtemps, et ont suscité cette secte. J'ai vu que d'autres sont relâchés de deux générations en deux générations. »
19 octobre 1823. « J'ai été dans le purgatoire et j'ai vu plusieurs personnes de la secte de Mme Krudener, dont quelques-unes se sont martyrisées récemment. Ces gens n'étaient pas dans le purgatoire des catholiques, ils étaient au-dessous ou à l'entour, dans des espèces de fosses, quelques-uns au fond, quelques autres sur les bords de ces fosses. C'étaient les âmes qu'une ignorance aveugle avait engagées dans cette affaire. Ils pouvaient s'entretenir avec les âmes souffrantes des catholiques et les suppliaient avec une amère douleur d'avertir leurs amis encore vivants afin qu'ils reconnussent leur erreur et se tournassent, vers l'Église. Ces âmes répondaient qu'elles ne pouvaient rien, qu'il fallait qu'un vivant priât, travaillât et fit dire messe pour eux. » (Anne-Catherine semblait s'être chargée elle-même de cela ; car elle prescrivit à tous ceux auxquels elle donnait des vêtements d'entendre la sainte messe, et elle-même de son côté fit dire des messes.) J'appris aussi là comment le diable avait poussé ces gens à ces meurtres et ces crucifiements, comment il les avait rendus insensibles à la douleur et comment plusieurs d'entre eux étaient perdus pour l'éternité. Je sus aussi qu'une secte plus raffinée était en train de se former. » (Elle décrivit celle de Hennhoefer.) « Je vis encore que parmi les démons enchaînés par le Christ, lors sa descente aux enfers, quelques-uns ont été déliés, il n'y pas longtemps, et ont suscité cette secte. J'ai vu que d'autres sont relâchés de deux générations en deux générations. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
Habitations de la Jérusalem céleste.
Le 8 janvier 1820, Overberg, à Munster avait remis pour Anne-Catherine au chapelain Niesing de Dulmen un reliquaire en forme de tour que celui-ci porta sous son bras de Munster à Dulmen. Quoiqu'elle ne pût connaître en aucune façon le dessein, qu'avait Overberg de lui envoyer ce reliquaire, elle vit pourtant le chapelain revenant à Dulmen porter pendant tout le voyage une flamme blanche sous le bras.
« J’étais toujours dans l’étonnement, dit-elle, de ce qu'il ne se brûlait pas et j’avais presque envie de rire en le voyant aller ainsi son chemin, sans faire aucune attention à cette lumière : c'étaient pourtant des flammes de couleurs variées comme celles de l’arc-en-ciel. Je ne vis d'abord que ces flammes de diverses couleurs : quand il fut plus prés, je ils aussi le vase. Il le porta en passant devant ma maison et à travers toute la petite ville. Je n'y pouvais rien comprendre : j’étais presque attristée, pensant qu'il se dirigeait vers l’autre porte pour l'emporter hors de la ville. Les reliques qui étaient dedans me préoccupaient beaucoup. Je fus informée qu'il y en avait de très anciennes et d'autres plus modernes qui avaient été retirées des lieus où elles étaient à l'époque des anabaptistes. Le lendemain, Niesing lui ayant remis le reliquaire, elle en éprouva beaucoup de joies et le 12 janvier elle raconta au Pèlerin la vision suivante relative à une relique qui s'y trouvait : « Je vis venir à moi l'âme d'un jeune homme sous une forme vague et toute lumineuse, avec un vêtement à peu près semblable celui de mon conducteur: Une auréole, blanche l'entourait et il ma dit qu'il avait gagné le ciel par la continence et par la victoire remportée sur les penchants de la nature. Il lui avait même été avantageux de s'être abstenu de cueillir de roses malgré le désir, qu'il en avait Alors mon sens intime subit une sorte d'éclipse et je passai à une autre cène. Je vis cette âme, sous la forme d'un adolescent de treize ans; se promener avec plusieurs camarades dans un grand et beau jardin de plaisance. Il avait un chapeau froncé, une sorte de jaquette jaune; très juste, ouverte par devant, descendant par-dessus le haut-de-chausses, et dont les manches se terminaient par une sorte d’appendice près de la main. Les culottes et les bas ne faisaient qu'un et étaient lacés très étroitement sur les côtés. La partie lacée était d’une autre couleur que le reste. Les genoux avaient des attaches : les souliers étaient étroits et garnis de rubans. Il y avait dans le jardin des haies bien taillées; plusieurs berceaux de verdure élégamment disposés et des petits pavillons d’agrément qui souvent étaient carrés à l'extérieur, tandis que l'intérieur était en forme de rotonde. Il y avait aussi des champs avec beaucoup d'arbres et des gens qui travaillaient. Ces travailleurs avaient des vêtements assez semblables à ceux dont j’avais coutume d'habiller les bergers à la crèche du convent. Le jardin appartenait à des personnes d'un rang élevé habitant la ville voisine, ville importante qui était patrie du jeune homme, il était permis de s'y promener. Je vis les adolescents sauter gaiement et cueillir des roses rouges et blanches sur des haies de rosiers : mais le bienheureux jeune homme surmonta l'envie qu'il avait de faire comme eux et les autres lui mirent sous le nez; pour le narguer leurs gros bouquets de roses. Ici l’esprit bienheureux me dit : « J’avais été préparé à cette victoire sur moi-même par une autre beaucoup plus utile et plus difficile que j'avais remportée. Il y avait dans une famille voisine de la maison de mon père une jeune fille d'une rare beauté; compagne de mes jeux, et que j’aimais beaucoup en toute innocence. Mes pieux parents allaient souvent au sermon et j’entendis une fois à l’église le prédicateur dire qu’il fallait se garder de semblables relations : j'évitai alors en me faisant beaucoup de violence, la société de cette jeune fille et ce fut cette victoire sur moi-même qui fut cause que je renonçai à cueillir des roses. » Lorsqu’il eut dit cela j’entrai plus avant dans la vison et je vis cette jeune fille de grâce et fraîche comme une rose aller par la ville : je vis la belle maison des parents de l'adolescent située sur une grande place carrée qui était celle du marché. Toutes les maisons avaient sur le devant des portiques en arcades. Son père était un riche négociant. J'entrai dans la maison, je vis le père, la mère et plusieurs autres enfants. C'était une bonne et pieuse famille, chrétiennement gouvernée. Le père faisait le commerce de drap et de vin : il était vêtu avec luxe et portait une escarcelle de cuir pendue au côté. C'était un homme grand et gros ; la mère, qui était aussi fortement constituée, avait une riche et singulière coiffure. Ses cheveux relevés au-dessus du front formaient une espèce de bourrelet retenu par une broche d'argent; par là-dessus elle portait un bonnet pointu enroulé dans de larges dentelles et d'où pendaient par derrière de larges rubans. Son vêtement était rouge et brun. Le jeune homme était l’aîné de leurs enfants. Devant la maison étaient des chariots chargés de marchandises. Au centre du marché était une fontaine entourée d'une belle grille de fer artistement travaillée avec des figures de grandeur naturelle; au milieu du bassin se trouvait encore une figure qui versait de l'eau. Il y avait aux quatre coins de la place de petits bâtiments semblables à des guérites. La ville elle-même était située dans une contrée fertile : d'un côté elle était entourée comme d'un fossé ; devant la porte qui était à l'opposé coulait une rivière assez forte. Elle avait environ sept églises, mais aucun clocher remarquable. Les toits à la vérité étaient à angles très aigus, mais devant les maisons il y avait des constructions affectant la forme carrée.
Le 8 janvier 1820, Overberg, à Munster avait remis pour Anne-Catherine au chapelain Niesing de Dulmen un reliquaire en forme de tour que celui-ci porta sous son bras de Munster à Dulmen. Quoiqu'elle ne pût connaître en aucune façon le dessein, qu'avait Overberg de lui envoyer ce reliquaire, elle vit pourtant le chapelain revenant à Dulmen porter pendant tout le voyage une flamme blanche sous le bras.
« J’étais toujours dans l’étonnement, dit-elle, de ce qu'il ne se brûlait pas et j’avais presque envie de rire en le voyant aller ainsi son chemin, sans faire aucune attention à cette lumière : c'étaient pourtant des flammes de couleurs variées comme celles de l’arc-en-ciel. Je ne vis d'abord que ces flammes de diverses couleurs : quand il fut plus prés, je ils aussi le vase. Il le porta en passant devant ma maison et à travers toute la petite ville. Je n'y pouvais rien comprendre : j’étais presque attristée, pensant qu'il se dirigeait vers l’autre porte pour l'emporter hors de la ville. Les reliques qui étaient dedans me préoccupaient beaucoup. Je fus informée qu'il y en avait de très anciennes et d'autres plus modernes qui avaient été retirées des lieus où elles étaient à l'époque des anabaptistes. Le lendemain, Niesing lui ayant remis le reliquaire, elle en éprouva beaucoup de joies et le 12 janvier elle raconta au Pèlerin la vision suivante relative à une relique qui s'y trouvait : « Je vis venir à moi l'âme d'un jeune homme sous une forme vague et toute lumineuse, avec un vêtement à peu près semblable celui de mon conducteur: Une auréole, blanche l'entourait et il ma dit qu'il avait gagné le ciel par la continence et par la victoire remportée sur les penchants de la nature. Il lui avait même été avantageux de s'être abstenu de cueillir de roses malgré le désir, qu'il en avait Alors mon sens intime subit une sorte d'éclipse et je passai à une autre cène. Je vis cette âme, sous la forme d'un adolescent de treize ans; se promener avec plusieurs camarades dans un grand et beau jardin de plaisance. Il avait un chapeau froncé, une sorte de jaquette jaune; très juste, ouverte par devant, descendant par-dessus le haut-de-chausses, et dont les manches se terminaient par une sorte d’appendice près de la main. Les culottes et les bas ne faisaient qu'un et étaient lacés très étroitement sur les côtés. La partie lacée était d’une autre couleur que le reste. Les genoux avaient des attaches : les souliers étaient étroits et garnis de rubans. Il y avait dans le jardin des haies bien taillées; plusieurs berceaux de verdure élégamment disposés et des petits pavillons d’agrément qui souvent étaient carrés à l'extérieur, tandis que l'intérieur était en forme de rotonde. Il y avait aussi des champs avec beaucoup d'arbres et des gens qui travaillaient. Ces travailleurs avaient des vêtements assez semblables à ceux dont j’avais coutume d'habiller les bergers à la crèche du convent. Le jardin appartenait à des personnes d'un rang élevé habitant la ville voisine, ville importante qui était patrie du jeune homme, il était permis de s'y promener. Je vis les adolescents sauter gaiement et cueillir des roses rouges et blanches sur des haies de rosiers : mais le bienheureux jeune homme surmonta l'envie qu'il avait de faire comme eux et les autres lui mirent sous le nez; pour le narguer leurs gros bouquets de roses. Ici l’esprit bienheureux me dit : « J’avais été préparé à cette victoire sur moi-même par une autre beaucoup plus utile et plus difficile que j'avais remportée. Il y avait dans une famille voisine de la maison de mon père une jeune fille d'une rare beauté; compagne de mes jeux, et que j’aimais beaucoup en toute innocence. Mes pieux parents allaient souvent au sermon et j’entendis une fois à l’église le prédicateur dire qu’il fallait se garder de semblables relations : j'évitai alors en me faisant beaucoup de violence, la société de cette jeune fille et ce fut cette victoire sur moi-même qui fut cause que je renonçai à cueillir des roses. » Lorsqu’il eut dit cela j’entrai plus avant dans la vison et je vis cette jeune fille de grâce et fraîche comme une rose aller par la ville : je vis la belle maison des parents de l'adolescent située sur une grande place carrée qui était celle du marché. Toutes les maisons avaient sur le devant des portiques en arcades. Son père était un riche négociant. J'entrai dans la maison, je vis le père, la mère et plusieurs autres enfants. C'était une bonne et pieuse famille, chrétiennement gouvernée. Le père faisait le commerce de drap et de vin : il était vêtu avec luxe et portait une escarcelle de cuir pendue au côté. C'était un homme grand et gros ; la mère, qui était aussi fortement constituée, avait une riche et singulière coiffure. Ses cheveux relevés au-dessus du front formaient une espèce de bourrelet retenu par une broche d'argent; par là-dessus elle portait un bonnet pointu enroulé dans de larges dentelles et d'où pendaient par derrière de larges rubans. Son vêtement était rouge et brun. Le jeune homme était l’aîné de leurs enfants. Devant la maison étaient des chariots chargés de marchandises. Au centre du marché était une fontaine entourée d'une belle grille de fer artistement travaillée avec des figures de grandeur naturelle; au milieu du bassin se trouvait encore une figure qui versait de l'eau. Il y avait aux quatre coins de la place de petits bâtiments semblables à des guérites. La ville elle-même était située dans une contrée fertile : d'un côté elle était entourée comme d'un fossé ; devant la porte qui était à l'opposé coulait une rivière assez forte. Elle avait environ sept églises, mais aucun clocher remarquable. Les toits à la vérité étaient à angles très aigus, mais devant les maisons il y avait des constructions affectant la forme carrée.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
Après cela je vis encore que le jeune homme alla dans un convent pour y étudier. Je ne pais pas bien dire quel était ce pays : cela semblait une ville allemande, cependant je n'en ai pas la certitude. Ce couvent était à une douzaine de lieues de la ville, situé dans un lieu solitaire, sur une montagne où il y avait des vignes. L’adolescent était très studieux et tellement plein de confiance dans la Mère de Dieu que, quand il ne comprenait pas quelque chose dans les livres, il disait à son image de Marie: « Vous avez enseigné votre enfant, vous êtes aussi ma mère, instruisez-moi donc aussi. » Et alors Marie lui apparaissait en personne et l'enseignait, et il était plein de simplicité et de confiance avec elle. Son humilité était cause qu'il ne voulait pas être élevé à la prêtrise, mais tous faisaient grand cas de lui à casse de sa piété. Il passa trois ans dans le couvent; où il fut gravement malade pendant un an ; il y mourut dans la vingt-troisième année de son âge et il y fut enterré. Il y avait, parmi ceux qui l'avaient connu, un homme qui ne pouvait pas maîtriser ses passions et qui tombait très souvent dans le péché. Ayant une très grande confiance dans le défunt, il vint prier sur son tombeau plusieurs années après sa mort. Le bienheureux lui apparut et lui donna des instructions, puis il lui dit de remarquer un signe en forme d'anneau qu'il avait au doigt et qu'il avait reçu lors de ses fiançailles avec Jésus et Marie: il lui enjoignit de dire qu'on eût à chercher ce signe sur son corps comme preuve qu'il lui était réellement apparu. L'ami, qui était un homme d'une trentaine d'années, rapporta ce qui lui avait été dit. On fit la levée du corps, on trouva le signe et on se le partagea comme relique. Ce jeune homme n'a pas été déclaré saint. Il me rappela beaucoup saint Louis de Gonzague par toute sa manière d'être. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
« Son âme me conduisit dans un lieu qu'il me dit appartenir à la Jérusalem céleste. Tout y était lumineux et transparent. J'arrivai sur une grande place ronde, entourée de beaux, palais resplendissants; au milieu, s'étendait, à travers la place, une grande table couverte de mets qu'on ne saurait décrire. De quatre des palais environnants partaient des arcades de fleurs qui venaient se réunir au-dessus du centre de la table et y formaient une couronne élégante autour de laquelle je vis briller les noms de Jésus et de Marie. Il n'y avait là aucun produit de l'art : tout était végétation et fructification naturelle. Ces arcades présentaient un mélange de fleurs très variées, de beaux fruits et de figures brillantes. Je connus là la signification de toutes ces choses et de chacune d'elles, car je vis ce quelles étaient en réalité : ce n’était pas proprement une signification, c'était plutôt une essence, une substance qui pénétrait dans l'esprit comme un rayon de soleil multiple et qui en même temps instruisit. Ici-bas cela ne peut pas s'exprimer avec des paroles. Il y avait sur un des côtés, un peu en arrière des palais, deux églises, l'une plus rapprochée consacrée à Marie, l'autre à l'enfant Jésus. Elles étaient octogones. Lorsque j'y fus arrivée, d'innombrables âmes d'enfants bienheureux sortirent de tous les côtés, à travers les parois, sur tous les points des palais resplendissants, et volèrent au-devant de moi pour me souhaiter la bienvenue.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
Ils se montraient au commencement sous la forme qu'affectent généralement les âmes dans leurs apparitions; mais ensuite je les vis habillés de la manière dont ils l'étaient pendant leur vie et je reconnus plusieurs de mes compagnons d'enfance, décédés à une époque antérieure. Je reconnus avant tous les autres le petit Gaspard, le frère de Diericke, un enfant espiègle, quoique point méchant d'ailleurs, qui était mort dans sa onzième année, à la suite d'une longue et très douloureuse maladie. Cet enfant vint à moi, il me conduisit et m'expliqua tout. Je m'étonnais de voir si beau et si distingué ce petit Gaspard qui, de son vivant, n'était ni l'un ni l'autre. Comme j’exprimais ma surprise de me trouver là, il me dit : « Ce ne sont pas tes pieds qui t'amènent ici, c'est la vie que tu mènes. » Ce discours me réjouit beaucoup. Comme au commencement je ne le reconnus pas tout de suite, il me dit : « Ne te souviens-tu pas comment j’ai aiguisé ton couteau ? Je me suis vaincu moi-même en cette occasion et cela m'a été avantageux. Ta mère t’avait donné quelque chose à couper en deux et ton couteau était si émoussé que tu ne pouvais en venir à bout : tu pleurais et tu avais peur que ta mère ne se fâchât. Je vis cela et je me dis d'abord : « Je veux voir comment sa mère la traitera; » mais ensuite je fis un effort sur moi et je me dis : « Je vais repasser le couteau de la pauvre fille. » Je le fis en effet, je te vins en aide et cela a profité à mon âme. Te souviens-tu encore qu'un jour où les enfants jouaient d'une manière peu convenable, tu leur dis que c'était un vilain jeu, qu'il ne fallait pas faire cela : puis tu te retiras, tu t'assis dans un fossé et tu pleuras. Je vins alors à toi et je te demandai pourquoi tu ne voulais pas jouer avec nous. Tu me répondis que quelqu’un t'avait emmenée en te prenant par le bras. Je réfléchis là-dessus et je pris sur moi pour ne plus jouer à des jeux de ce genre. Cela m'a été bon. Te rappelles-tu encore qu'au jour où nous allions en troupe ramasser des pommes tombées d'un arbre, tu nous dis qu'il ne fallait pas faire, cela. Je répondis que, si nous ne le faisions pas, d'autres le feraient. Tu dis alors qu'il ne fallait donner à personne une occasion de scandale. Et tu ne pris pas une seule pomme. Je remarquai aussi cela, à part moi, et j'en tirai profit.- Un jour je voulais te jeter un os et je vis que quelqu’un détourna de toi le coup. Cela aussi m'alla au coeur. » Le petit Gaspard me remit encore en mémoire une quantité de choses du même genre. Je vis alors que nous recevions tous pour chaque victoire sur nous-mêmes et, chaque bonne action de toute nature un mets particulier ne nous mangions, en ce sens que nous en avions l’intelligence et qu'il brillait à travers nous. Cela ne peut s'expliquer dans le langage humain. Nous n'étions pas assis à une table, nous volions en quelque sorte d'un bout à l'autre et chacun ressentait une saveur particulière pour chaque acte de renoncement. Au commencement une voix se fit en entendre disant : « Celui-là seul peut comprendre cette nourriture qui la prend. » Mais ces mets étaient la plupart du temps des fleurs merveilleuses, des fruits, des pierres brillantes, des figures, des plantes d'une substance spirituelle tout autre que celle des objets d'ici-bas. Ils étaient servis sur des plats brillants, transparents, d'une beauté indescriptible, et il en sortait une force merveilleuse pour ceux qui, par tel ou tel acte de renoncement accompli sur la terre, s'étaient mis dans une certaine relation avec l'un ou l'autre de ces mets. Toute la table était aussi couverte de petits verres de cristal en forme de poire, semblables à ceux dans lesquels m'avaient été présentés quelquefois des breuvages salutaires; nous buvions dans ces vases. Un des premiers mets qui furent servis était de la myrrhe qui était merveilleusement arrangée. D'un plat d'or sortait un petit calice dont le couvercle avait un petit bouton, sur lequel était un beau petit crucifix. Sur le bord du plat étaient des lettres lumineuses d'un bleu violet; je ne pus comprendre ce qu'elles disaient : je ne le comprendrai que dans l'avenir. De ce plat sortaient, comme par une végétation naturelle, de beaux bouquets de myrrhe qui s'élevaient en forme de pyramides de couleur jaune et verte jusqu'à la coupe du calice. C'étaient de petites feuilles frisées avec des fleurs semblables à des œillets d'une beauté extraordinaire : en haut était un bouton rouge entouré de pétales du plus beau bleu violet. L'amertume de cette myrrhe était, pour l'esprit, une douceur merveilleusement aromatique et fortifiante. J'eus ma part de ce plat à cause de toute l'amertume de coeur que j'avais supportée en silence dès mes premières années. Pour ces pommes que j'avais laissées à terre sans y toucher, des pommes lumineuses me furent données à savourer : il y en avait un grand nombre réunies sur une même branche. J'eus aussi un mets particulier pour le pain sec que j'avais distribué en grande quantité à des pauvres. Il avait une grande ressemblance avec ce pain, mais il était comme du cristal où se réfléchissaient mille couleurs et il était servi sur large assiette de cristal. Pour avoir refusé de prendre part à ce jeu inconvenant, je reçus un vêtement blanc. Le petit Gaspard m'expliquait tout, et ainsi nous avancions toujours davantage le long de la table. Je vis encore, comme m'étant destinée; une petite pierre toute seule sur un plat, telle que je l'avais reçue autrefois au couvent. J'entendis aussi dire là que je recevrais avant ma mort un vêtement blanc et une pierre blanche sur laquelle serait inscrit un nom que seule je pourrais lire. C'était à l'extrémité de la table que l'amour du prochain recevait sa récompense. »
« C'étaient des vêtements blancs, des fruits blancs, de grosses roses blanches et toute espèce d'aliments et objets merveilleux d'une blancheur admirable. Il m'est possible de décrire tout cela. Le petit Gaspard me dit : « Il faut que tu voies aussi quelles crèches nous avons ici. Tu as toujours aimé à faire de petites crèches.'» Alors nous allâmes tous dans les églises, d'abord dans l'église de la mère de Dieu où l'on chantait incessamment. Il y avait aussi un autel sur lequel se succédaient toutes sortes de tableaux de la vie de Marie, et tout autour étaient, à des hauteurs diverses, des choeurs d'adorateurs. Il fallait passer par cette église pour, arriver à la petite crèche qui était dans l'autre église. Dans celle-ci aussi il y avait un autel sur lequel était représentée la naissance du Sauveur, puis, succédant les uns aux autres, des tableaux de sa vie jusqu'à l'institution du Saint-Sacrement, tout à fait dans le genre de ceux que j'ai vus en vision.
« C'étaient des vêtements blancs, des fruits blancs, de grosses roses blanches et toute espèce d'aliments et objets merveilleux d'une blancheur admirable. Il m'est possible de décrire tout cela. Le petit Gaspard me dit : « Il faut que tu voies aussi quelles crèches nous avons ici. Tu as toujours aimé à faire de petites crèches.'» Alors nous allâmes tous dans les églises, d'abord dans l'église de la mère de Dieu où l'on chantait incessamment. Il y avait aussi un autel sur lequel se succédaient toutes sortes de tableaux de la vie de Marie, et tout autour étaient, à des hauteurs diverses, des choeurs d'adorateurs. Il fallait passer par cette église pour, arriver à la petite crèche qui était dans l'autre église. Dans celle-ci aussi il y avait un autel sur lequel était représentée la naissance du Sauveur, puis, succédant les uns aux autres, des tableaux de sa vie jusqu'à l'institution du Saint-Sacrement, tout à fait dans le genre de ceux que j'ai vus en vision.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
Ici la narratrice s'interrompit pour exhorter le Pèlerin à travailler à son salut avec plus d'ardeur, à tout faire aujourd'hui, à ne pas remettre au lendemain. Car la vie est courte et le compte à rendre si rigoureux ! Après cela elle continua : « J'allai alors dans un lieu plus élevé. Je montai près de l'église dans un jardin plein de fruits magnifiques avec des tables élégamment ornées et des dressoirs couverts de riches dons. De tous côtés je voyais voler là des âmes qui sur la terre avaient fait beaucoup de bien par leurs études et leurs écrits et qui s'étaient ainsi rendues utiles aux autres. Elles allèrent de divers côtés dans le jardin : tantôt une d'elles, tantôt plusieurs s'arrêtaient près d'une table pour recevoir ce qui leur était destiné. Au milieu du jardin s'élevait un appareil demi-circulaire, avec des gradins, où étaient exposés les objets les plus précieux. En avant et des deux côtés s'avançaient des bras dont chacun présentait un livre. Ce jardin, là où l'on voyait des chemins vers l'extérieur, paraissait avoir de belles portes. Par une de ces portes, je vis entrer un superbe cortège : toutes les âmes présentes se pressèrent en foule de ce côté et formèrent deux rangs pour souhaiter la bienvenue aux arrivants. C'étaient des âmes en grand nombre qui introduisaient le bienheureux Stolberg. Elles formaient comme une procession avec des bannières et des guirlandes de fleurs. Quatre portaient sur leurs épaules, mais sans que ce fût un poids pour elles, une litière d'honneur où le bienheureux était plutôt assis que couché. Les autres suivaient et ceux qui étaient venus recevoir la procession portaient des fleurs et des guirlandes. Stolberg avait au-dessus de sa tête une couronne, formée surtout de roses blanches, de petites pierres étincelantes et d'étoiles. Cette couronne ne reposait pas précisément sur sa tête, mais planait toujours au-dessus. Au commencement toutes ces âmes m’apparurent sous des formes semblables, comme celles que j'avais vues plus bas dans le ciel des enfants : mais ensuite chacune m'apparut comme portant le costume et les insignes de sa condition sur la terre, et presque toutes étaient de celles qui par leurs travaux et leurs enseignements en avaient amené d'autres dans la voie du salut. Je vis Stolberg descendre de son siège qui disparut aussitôt, puis je le vis s'avancer vers les dons qui lui étaient destinés. Je vis paraître un ange derrière les gradins de l’hémicycle. De trois côtés de cet appareil couvert de fruits, de fleurs et de vases précieux, s'avançait un bras tenant un livre ouvert, en face des assistants. L'ange reçut des esprits qui l'entouraient des livres dans lesquels il effaça ou marqua diverses choses et qu'il plaça sur deux piédestaux qui étaient à ses côtés. Ces esprits reçurent de lui à leur tour des écrits grands et petits qu'ils répandirent, les faisant passer de main en main. Je vis notamment une infinité de petits écrits dirigés d'un certain côté par l'intermédiaire de Stolberg. Il me semblait que c'était la continuation dans le ciel des travaux et des oeuvres opérés sur la terre par ces sortes d'âmes. Je vis alors aller de ces gradins à Stolberg un grand plat transparent et au milieu de ce plat apparaître un beau calice d'or autour duquel étaient disposés des raisins, des petits pains, des pierres précieuses et de petits flacons de cristal. Le calice n'était pas fixe comme sur l'assiette de myrrhe : ils y buvaient ainsi que dans les flacons et se nourrissaient de tout ce qui était là. Stolberg distribuait tout aux uns et aux autres. Lorsque les âmes se communiquaient quelque chose, je les voyais souvent se donner la main. Après cela tous furent emmenés plus haut pour rendre grâce. Après cette vision mon guide me dit qu'il me fallait aller à Rome auprès du Pape et exciter son zèle pendant sa prière : il devait me dire tout ce que j'aurais à faire là. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
CHAPITRE XII
TRAVAUX PAR LA PRIÈRE ET LA SOUFFRANCE POUR LE CHEF DE L’ÉGLISE PIE VII,
POUR LA PROVINCE ECCLÉSIASTIQUE DU HAUT-RHIN,
POUR LA CONVERSION DES PÉCHEURS ET POUR LES MOURANTS.
- TABLEAUX DE FETES.
1. Pie VII.
Les cinq dernières années du pontificat de Pie VII furent pour lui un temps d'épreuves non moins rudes que ne l'avaient été son arrestation par les satellites de Napoléon, sa prison, ses liens et les mauvais traitements qu'il avait eus si longtemps à supporter. Bien plus, quand on considère la dignité et la magnanimité incomparables que l'auguste patient sut opposer aux plus révoltantes iniquités de son orgueilleux oppresseur, il est permis de conclure, quant à ses tribulations ultérieures, qu'il avait dû être moins pénible pour son grand et noble coeur de se trouver sans défense et sans protection en face du puissant conquérant que de voir, après sa délivrance, tendu autour du Saint-Siège le réseau de tromperies, de trahisons et d'artifices à l'aide duquel on voulait l'empêcher de satisfaire aux devoirs de sa charge, de passeur suprême envers l'Église catholique dans les pays allemands. Pendant ces deux périodes de son règne, si rempli de soucis et de souffrances, Anne-Catherine fut peut-être le plus remarquable des instruments cachés au moyen desquels Dieu donna son assistance au chef de l'Église et travailla à l'encontre de ses adversaires. De même que de nos jours, Marie de Moerl a eu à prier et à lutter pour Grégoire XVI et pour Pie IX; de même que, dans des moments de détresse et de dangers particuliers pour l'Église, ses souffrances sont arrivées à un degré tout à fait extraordinaire, de même Anne-Catherine, pendant tout le pontificat de Pie VII, fut la fidèle image de la communauté apostolique de Jérusalem qui offrait à Dieu ses prières incessantes pour Pierre, lorsqu'il était retenu en prison par Hérode (note). Sans doute il ne lui été possible d'en raconter que peu de chose au Pèlerin : mais les lecteurs qui, plus tard, ont pu connaître en détail de quels fils cette trame était formée, seront aussi facilement convaincus de la vérité de ce qui lui a été montré en vision qu'ils seront surpris de la grandeur de la mission donnée à cette âme privilégiée.
TRAVAUX PAR LA PRIÈRE ET LA SOUFFRANCE POUR LE CHEF DE L’ÉGLISE PIE VII,
POUR LA PROVINCE ECCLÉSIASTIQUE DU HAUT-RHIN,
POUR LA CONVERSION DES PÉCHEURS ET POUR LES MOURANTS.
- TABLEAUX DE FETES.
1. Pie VII.
Les cinq dernières années du pontificat de Pie VII furent pour lui un temps d'épreuves non moins rudes que ne l'avaient été son arrestation par les satellites de Napoléon, sa prison, ses liens et les mauvais traitements qu'il avait eus si longtemps à supporter. Bien plus, quand on considère la dignité et la magnanimité incomparables que l'auguste patient sut opposer aux plus révoltantes iniquités de son orgueilleux oppresseur, il est permis de conclure, quant à ses tribulations ultérieures, qu'il avait dû être moins pénible pour son grand et noble coeur de se trouver sans défense et sans protection en face du puissant conquérant que de voir, après sa délivrance, tendu autour du Saint-Siège le réseau de tromperies, de trahisons et d'artifices à l'aide duquel on voulait l'empêcher de satisfaire aux devoirs de sa charge, de passeur suprême envers l'Église catholique dans les pays allemands. Pendant ces deux périodes de son règne, si rempli de soucis et de souffrances, Anne-Catherine fut peut-être le plus remarquable des instruments cachés au moyen desquels Dieu donna son assistance au chef de l'Église et travailla à l'encontre de ses adversaires. De même que de nos jours, Marie de Moerl a eu à prier et à lutter pour Grégoire XVI et pour Pie IX; de même que, dans des moments de détresse et de dangers particuliers pour l'Église, ses souffrances sont arrivées à un degré tout à fait extraordinaire, de même Anne-Catherine, pendant tout le pontificat de Pie VII, fut la fidèle image de la communauté apostolique de Jérusalem qui offrait à Dieu ses prières incessantes pour Pierre, lorsqu'il était retenu en prison par Hérode (note). Sans doute il ne lui été possible d'en raconter que peu de chose au Pèlerin : mais les lecteurs qui, plus tard, ont pu connaître en détail de quels fils cette trame était formée, seront aussi facilement convaincus de la vérité de ce qui lui a été montré en vision qu'ils seront surpris de la grandeur de la mission donnée à cette âme privilégiée.
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
15 novembre 1819. « Il me fallut aller à Rome. Je vis le Pape faire trop de concessions dans d'importantes affaires traitées avec des hétérodoxes. Il y a à Rome un homme noir qui sait beaucoup obtenir par des flatteries et des promesses. Il se cache derrière des cardinaux : et le Pape, dans l'espoir d’obtenir une certaine chose a consenti à une autre chose qui sera exploitée d'une manière nuisible. J'ai vu cela sous la forme de conférences et d'échange d'écrits. Je vis ensuite l’homme noir se vanter plein de jactance devant son parti : « Je l'ai emporté, disait-il; nous allons voir bientôt ce qui en est de la pierre sur laquelle est bâtie l'Église. » Mais il s’était vanté trop vite. Il me fallut aller trouver le Pape. Il était à genoux et priait. Ce fut quelque chose d'étrange. Je lui dis avec beaucoup de chaleur ce que j'avais été chargée de lui dire : cependant il semblait qu'il y avait quelque chose entre lui et moi, et il ne me parla pas. Mais je le vis tout à coup se lever et sonner. Il fit appeler un cardinal qu'il chargea de retirer la concession qui avait été faite. Le cardinal fut bouleversé et lui demanda d'où lui venait cette pensée. Le Pape répondit qu'il n'avait point à s'expliquer là-dessus : cela suffisait, dit-il, il en devait être ainsi.
(note) Actus Apost., XXII, 5.
L'autre sortit tout stupéfait. Je vis à Rome beaucoup de gens pieux qu'attristaient fort les intrigues de l'homme noir. Il avait l'air d'un juif. »
« Après cela, il me fallut aller à Munster, près du vicaire général. Il était assis à une table, lisant un livre. J'eus à lui dire, qu'il gâtait beaucoup de choses par sa raideur, qu'il devait donner des soins plus particuliers à son troupeau et rester davantage chez lui pour ceux qui avaient besoin de le voir. Ce fut alors comme s'il eût trouvé dans son livre un passage qui lui suggérait ces pensées : il fut mécontent de lui-même. J'allai aussi chez Overberg : il se tenait en repos, consolait des vieilles femmes et des jeunes filles et priait sans cesse en son particulier. »
(note) Actus Apost., XXII, 5.
L'autre sortit tout stupéfait. Je vis à Rome beaucoup de gens pieux qu'attristaient fort les intrigues de l'homme noir. Il avait l'air d'un juif. »
« Après cela, il me fallut aller à Munster, près du vicaire général. Il était assis à une table, lisant un livre. J'eus à lui dire, qu'il gâtait beaucoup de choses par sa raideur, qu'il devait donner des soins plus particuliers à son troupeau et rester davantage chez lui pour ceux qui avaient besoin de le voir. Ce fut alors comme s'il eût trouvé dans son livre un passage qui lui suggérait ces pensées : il fut mécontent de lui-même. J'allai aussi chez Overberg : il se tenait en repos, consolait des vieilles femmes et des jeunes filles et priait sans cesse en son particulier. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
12 janvier 1820 : « Mon guide me dit qu'il fallait aller près du Pape et ranimer son courage pendant qu'il prierait. Il devait me dire tout ce que j'aurais à faire. J'arrivai à Rome. C'est quelque chose de singulier : je passe à travers les murailles : je me tiens en haut dans un coin et je vois les personnes au-dessous de moi. Quand j'y pense pendant le jour, cela me fait une étrange impression. Souvent aussi je suis ainsi chez d'autres personnes. J'eus à dire au Pape, pendant sa prière, qu'il devait se recueillir davantage parce que la chose qu'on négociait en ce moment avec tant d’artifice était de grande conséquence : il devait se revêtir plus souvent de son pallium; il avait ainsi plus de force et recevait plus abondamment la grâce du Saint-Esprit. Ce petit manteau a un certain rapport avec l'ornement dont le grand prêtre de l'ancienne alliance devait se revêtir quand il prophétisait. Maintenant on est d'avis que le Pape ne peut s'en servir qu'en certains jours : mais il n'y a pas de temps qui ne soit bon quand la nécessité presse. Il fallait aussi qu'il réunit plus souvent les cardinaux en assemblées solennelles. Il traite ces affaires trop en particulier et sans en rien dire, et il est souvent trompé. Les ennemis inventent chaque jour de nouvelles ruses. Il est question maintenant de donner aux protestants une part dans 1e gouvernement du clergé catholique. J'ai eu à lui dire qu'il devait invoquer l’Esprit-Saint pendant trois jours et qu'ensuite il ferait ce qui devait être fait. Beaucoup de gens de son entourage ne valent rien : il faut qu'il les confonde publiquement : cela les corrigerait peut-être. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
13 janvier : « Je me trouvai encore à Rome près du Pape. Il est maintenant fermement résolu à ne rien signer. Mais les autres vont s'y prendre avec plus d'adresse. Je vis plusieurs fois les mouvements que se donnait l'homme noir, si rampant et si artificieux. Ils cèdent souvent sur des choses qu'ils doivent nécessairement regagner plus tard. » Sa prière pour le Saint-Père était accompagnée de telles souffrances que le Pèlerin en parle en ces termes : « Elle est pleine de courage et toujours dans l'attente comme si elle se préparait à porter secours, à faire quelque chose qui la réjouira beaucoup. Elle dit qu'elle voit s'approcher d’elle deux saintes religieuses et aussitôt commencent ces tortures qu'elle a déjà eues à souffrir, il y a une semaine. Il arrive tout à coup que ses bras sont tirés en haut par de force étrangère et invisible et semblent être mis en croix avec des cordes : les pieds aussi sont croisés : tout le corps est dans une telle tension qu'on croirait qu'elle va être mise en pièces. La douleur fait trembler et tressaillir ses pieds avec des mouvements très rapides : ses dents grincent et elle pousse des gémissements étouffés. Le tremblement de ses membres se répéta plusieurs fois avec violence et l'on entendait craquer tous ses os. En outre tout le haut du corps se soulevait en l'air, les mains placées derrière le dos, raide comme s'il eût été de bois et aussi dépourvu de pesanteur que si c'eût été du carton creux. Tous les muscles étaient raidis et soumis à une tension qui les rendait incapables de mouvement. On voyait que cet état était tout à fait involontaire, qu'une force extérieure agissait. Son corps faisait tous les mouvements d'une personne étendue sur la croix. Cela dura environ dix minutes au bout desquelles elle laissa retomber ses mains. Elle s'affaissa alors tout à fait sur elle-même et commença parler en vision, disant que trois personnes qu'elle ne connaissait pas l'avaient étendue sur la croix avec des cordes. Elle vit ensuite monter sur une échelle une grande quantité d'âmes sortant du purgatoire qui la remerciaient. Après cela elle se sentit flageller et déchirer à coups de fouet. Après une courte pause, ses mains furent de nouveau violemment tirées en l'air, et le supplice reprit son cours comme la première fois. Cela finit encore au bout d'environ dix minutes. La sueur coulait de son front. Alors elle ne cessa de prier le Pèlerin de remettre à leur place ses mains et ses pieds arrachés. Il le fit en mettant des reliques dans ses mains qu'elle put alors remuer. Elle avait soutenu cette lutte pour les gens qui mouraient cette nuit mal préparés et pour d'autres qui ne pouvaient pas recevoir les sacrements. Elle vit environ cinquante mourants, la plupart jeunes gens ou prêtres. Elle ne voit jamais d'enfants lorsqu'elle a de ces services à rendre. Ces cinquante personnes furent assistées d'une manière ou d'une autre. Elle dit qu'elle devait encore une fois souffrir et cette fois pour l'Église. Et le même jour elle eut une troisième crise du même genre. Son confesseur lui donna l'assistance sacerdotale par l'imposition des mains et la prière, ce qui lui procura un grand soulagement. Son abondante sueur froide disparut bientôt, mais, quand elle revint à elle, elle ne put pas parler parce que sa langue était paralysée et rentrée dans le gosier. La bénédiction de son confesseur lui en rendit l'usage. Alors elle le pria de nouveau de remettre en place ses bras et ses mains. Il la bénit au nom de Jésus et elle se sentit assistée. Elle était d'une faiblesse excessive, mais pourtant sereine, comme quelqu'un qui, fatigué jusqu'à en mourir, a achevé une bonne oeuvre et qui tombe en touchant le but. Elle dit encore avec un contentement naïf : « J'aurai encore à passer une rude nuit tout à fait seule, et si une âme vient à moi, je devrai rendre des actions de grâces : dans tous les cas, je dois être contente. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
Le 15 au matin le Pèlerin la trouva toute brisée. Ses membres tremblaient et souffraient encore beaucoup, par suite de la terrible tension qu'ils avaient subie, et il en avait été de même toute la nuit. Elle dit que, dans la matinée du jour précédent, cette souffrance lui avait été annoncée par son guide pour trois heures de l'après-midi, mais qu'elle avait demandé un répit jusqu'au soir. Dans ces circonstances, disait-elle, elle se comportait d'une manière toute passive et laissait disposer d'elle sans résistance. Elle-même ne donnait aucun concours actif. Ils avaient été trois qui l'avaient étendue sur la croix et déchirée avec des fouets et des verges. Elle ne savait pas qui ils étaient. Elle voyait toujours d'avance les misères pour lesquelles elle souffrait, et cela lui donnait un vif désir de porter secours et de souffrir. Elle avait vu cette nuit que le Pape ne céderait rien, qu'il ne souscrirait pas aux mauvaises et artificieuses propositions, quoi qu'il en pût arriver. Elle voyait presque tous les évêques plongés dans le sommeil. Mais elle avait vu venir un nouveau Pape; il semblait que ce fût entre 1840 et 1850 : celui-là devait se montrer plus vigilant et plus sévère. Elle l'avait vu dans le lointain, dans une ville un peu plus au midi que Rome : il ne portait pas un habit de moine, mais il avait sur son habit quelque chose comme une croix, un insigne religieux. L'état de l'Église, disait-elle encore, était extraordinairement affligeant. Les adversaires étaient si rusés et si habiles; le clergé si indolent, si timide et faisait si peu d'usage du pouvoir qu'il tenait de Dieu ! Elle en avait vu quelques-uns qui désiraient devenir Papes, mais qui ne le seraient pas. Son martyre avait eu lieu sur le haut d'une montagne : elle l'avait subi dans la position horizontale : elle avait pu voir une grande étendue de pays: La montagne des prophètes était en face d'elle. « Je sens encore très vivement, ajoutait-elle, la pression des cordes de cette nuit. Dans un moment où j'avais une corde autour du corps, je tombai tout à coup, et alors la corde me serra d'une manière bien douloureuse. C'était comme si on m'eût déchiré toutes les veines et brisé tous les nerfs. Ce n'est que depuis ma confirmation que j'ai eu à supporter de semblables tortures pour le prochain: auparavant je n'avais à souffrir que ce que je m'imposais moi-même. Tous mes accidents et mes maladies étranges ont été des souffrances pour autrui, spécialement au couvent.»
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
22 février 180. « J'arrivai, en passant par-dessus Francfort, dans une ville entourée de vignobles. J'y vis dans une église beaucoup de désordre et de mauvais prêtres. J'eus là à consoler un vieux prêtre que ses méchants chapelains accusent devant l'évêque, parce qu'assisté de deux sacristains, il les a chassés du confessionnal et de l'église; à la suite d'une nuit qu'ils avaient passée à boire. Cela fait beaucoup de bruit. Le vieux prêtre disait la messe, il n'y avait pas d'autre office. Il est maintenant en état d'accusation. Personne ne viendra à son aide, sinon Dieu. »
Re: Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 3
2. Sainte-Marie de la Rotonde et la chapelle protestante de l'ambassade de Prusse à Rome.
13 mai 1820 : « Cette nuit, d'onze heures à trois heures du matin, j'ai eu une vision des plus merveilleuses sur deux Églises et deux Papes et sur une infinité de choses anciennes et nouvelles. Je dirai, aussi bien que je le pourrai, ce que je m'en rappelle encore. Mon ange gardien vint me dire qu'il fallait aller à Rome et porter deux choses au Pape. Je ne sais plus ce que c'était, et c'est peut-être la volonté de Dieu que je ne m'en souvienne plus. Je demandai comment je pourrais faire un si grand voyage, étant aussi malade que je l'étais, mais comme il me fut dit que j'arriverais sans difficulté, je ne fis plus d'objections. Il y avait devant moi une merveilleuse voiture, plate et mince : elle avait deux roues : le fond était rouge avec une bordure blanche. Je ne vis pas de chevaux : on m'y posa doucement et je vis en même temps un enfant lumineux, blanc comme la neige, voler vers moi d'un des côtés, et se placer à mes pieds sur la voiture. Cet enfant me rappela l'enfant habillé de vert représentant la patience. Il était singulièrement aimable et attrayant et tout à fait transparent ; il m'était donné pour me consoler et prendre soin de moi. La voiture était très mince et très lisse, et je pensai que je pourrais peut-être glisser en bas. Mais elle se mit doucement en mouvement a elle toute seule. Je vis seulement un homme brillant de lumière aller en avant. Le voyage ne dura pas longtemps; cependant nous traversâmes beaucoup de pays, beaucoup de montagnes et aussi une grande étendue d'eau. Lorsque nous arrivâmes, je reconnus Rome. Je me trouvai bientôt près du Pape. Je ne sais plus s'il priait, ou s'il dormait. Je devais lui dire ou lui donner deux choses, et j'appris que j'aurais à venir encore une fois pour lui en annoncer une troisième. J'eus ensuite une merveilleuse vision. Je vis tout à coup Rome comme elle était à une poque antérieure, et je vis un Pape du nom de Boniface (Boniface IV) et un empereur dont je ne me rappelle plus le nom (Phocas). Je ne savais pas me retrouver dans la ville : tout était différent, même les cérémonies du culte : cependant je reconnus que c'était le culte catholique. Je vis aussi un grand édifice rond, semblable à une coupole. C'était un temple des faux dieux, plein de belles statues d'idoles. Il n'y avait pas de fenêtres, mais le jour venait par une ouverture pratiquée dans le haut de la voûte, au-dessus de laquelle se trouvait un appareil pour garantir de la pluie. Il semblait que toutes les idoles qui existent se trouvassent là. Elles étaient dans diverses positions et plusieurs étaient très belles : il y avait pourtant aussi de bien singulières images. Je vis là par exemple, des oies auxquelles on rendait un culte. Au milieu du temple s'élevait un échafaudage assez haut, se terminant en pyramide et tout couvert d'images. Je n'y vis pas célébrer de culte idolâtrique : mais tout était bien conservé. Je vis des envoyés du pape Boniface se rendre auprès de l'empereur et lui demander le temple pour en faire une église. J'entendis distinctement celui-ci déclarer que le Pape devait y laisser subsister les anciennes statues d'idoles et y ériger la croix à laquelle lui, empereur; ferait rendre les plus grands honneurs. Cette proposition me parut faite en toute simplicité et sans mauvaise pensée. Je vis les envoyés revenir, et Boniface réfléchir pour savoir comment il pourrait se conformer à certains égards à la volonté de l'empereur. Je vis alors, pendant qu'il délibérait, un prêtre simple et pieux en prière devant une croix: il portait une longue robe blanche qui avait comme une queue par derrière. Je vis apparaître un ange à ses côtés, puis il se leva, alla aussitôt trouver Boniface et lui dit qu'il ne devait en aucune manière accéder au désir de l'empereur. Je vis un envoyé se rendre auprès de l'empereur qui consentit à ce qu'on vidât le temple. Je vis aussi arriver les gens de l'empereur : plusieurs statues d'idoles furent retirées et portées dans la ville impériale : mais il en resta aussi beaucoup à Rome. Je vis encore toute la cérémonie de la consécration du temple; les saints martyrs y assistaient avec Marie à leur tête. L'autel n'était pas au milieu, mais adossé au mur.
13 mai 1820 : « Cette nuit, d'onze heures à trois heures du matin, j'ai eu une vision des plus merveilleuses sur deux Églises et deux Papes et sur une infinité de choses anciennes et nouvelles. Je dirai, aussi bien que je le pourrai, ce que je m'en rappelle encore. Mon ange gardien vint me dire qu'il fallait aller à Rome et porter deux choses au Pape. Je ne sais plus ce que c'était, et c'est peut-être la volonté de Dieu que je ne m'en souvienne plus. Je demandai comment je pourrais faire un si grand voyage, étant aussi malade que je l'étais, mais comme il me fut dit que j'arriverais sans difficulté, je ne fis plus d'objections. Il y avait devant moi une merveilleuse voiture, plate et mince : elle avait deux roues : le fond était rouge avec une bordure blanche. Je ne vis pas de chevaux : on m'y posa doucement et je vis en même temps un enfant lumineux, blanc comme la neige, voler vers moi d'un des côtés, et se placer à mes pieds sur la voiture. Cet enfant me rappela l'enfant habillé de vert représentant la patience. Il était singulièrement aimable et attrayant et tout à fait transparent ; il m'était donné pour me consoler et prendre soin de moi. La voiture était très mince et très lisse, et je pensai que je pourrais peut-être glisser en bas. Mais elle se mit doucement en mouvement a elle toute seule. Je vis seulement un homme brillant de lumière aller en avant. Le voyage ne dura pas longtemps; cependant nous traversâmes beaucoup de pays, beaucoup de montagnes et aussi une grande étendue d'eau. Lorsque nous arrivâmes, je reconnus Rome. Je me trouvai bientôt près du Pape. Je ne sais plus s'il priait, ou s'il dormait. Je devais lui dire ou lui donner deux choses, et j'appris que j'aurais à venir encore une fois pour lui en annoncer une troisième. J'eus ensuite une merveilleuse vision. Je vis tout à coup Rome comme elle était à une poque antérieure, et je vis un Pape du nom de Boniface (Boniface IV) et un empereur dont je ne me rappelle plus le nom (Phocas). Je ne savais pas me retrouver dans la ville : tout était différent, même les cérémonies du culte : cependant je reconnus que c'était le culte catholique. Je vis aussi un grand édifice rond, semblable à une coupole. C'était un temple des faux dieux, plein de belles statues d'idoles. Il n'y avait pas de fenêtres, mais le jour venait par une ouverture pratiquée dans le haut de la voûte, au-dessus de laquelle se trouvait un appareil pour garantir de la pluie. Il semblait que toutes les idoles qui existent se trouvassent là. Elles étaient dans diverses positions et plusieurs étaient très belles : il y avait pourtant aussi de bien singulières images. Je vis là par exemple, des oies auxquelles on rendait un culte. Au milieu du temple s'élevait un échafaudage assez haut, se terminant en pyramide et tout couvert d'images. Je n'y vis pas célébrer de culte idolâtrique : mais tout était bien conservé. Je vis des envoyés du pape Boniface se rendre auprès de l'empereur et lui demander le temple pour en faire une église. J'entendis distinctement celui-ci déclarer que le Pape devait y laisser subsister les anciennes statues d'idoles et y ériger la croix à laquelle lui, empereur; ferait rendre les plus grands honneurs. Cette proposition me parut faite en toute simplicité et sans mauvaise pensée. Je vis les envoyés revenir, et Boniface réfléchir pour savoir comment il pourrait se conformer à certains égards à la volonté de l'empereur. Je vis alors, pendant qu'il délibérait, un prêtre simple et pieux en prière devant une croix: il portait une longue robe blanche qui avait comme une queue par derrière. Je vis apparaître un ange à ses côtés, puis il se leva, alla aussitôt trouver Boniface et lui dit qu'il ne devait en aucune manière accéder au désir de l'empereur. Je vis un envoyé se rendre auprès de l'empereur qui consentit à ce qu'on vidât le temple. Je vis aussi arriver les gens de l'empereur : plusieurs statues d'idoles furent retirées et portées dans la ville impériale : mais il en resta aussi beaucoup à Rome. Je vis encore toute la cérémonie de la consécration du temple; les saints martyrs y assistaient avec Marie à leur tête. L'autel n'était pas au milieu, mais adossé au mur.
Page 2 sur 12 • 1, 2, 3, ... 10, 11, 12
Sujets similaires
» Vie d'Anne-Catherine Emmerich tome 2
» L'au-Delà vu par la bienheureuse Anne Catherine Emmerich
» La résurection selon catherine Emmerich
» Vie d'Anne Catherine Emmerich - Tome1
» Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich
» L'au-Delà vu par la bienheureuse Anne Catherine Emmerich
» La résurection selon catherine Emmerich
» Vie d'Anne Catherine Emmerich - Tome1
» Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich
Page 2 sur 12
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum