Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
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Scala-Coeli
M1234
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
Merci Isabelle-Marie c'est avec plaisir,j'ai bien besoin de Prières!!
En UDP
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M1234- Hiérophante contre le nouvel ordre mondial
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
Marie du 65 a écrit:Merci Isabelle-Marie c'est avec plaisir,j'ai bien besoin de Prières!!
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Qui n'en a pas besoin !! Demandons à Marie qu'elle nous présente tous à son Fils, en ce jour de la fête de sa Présentation !
Isabelle-Marie- CONSEILLER DU PEUPLE DE LA PAIX
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
Je pense et suis même certaine que Nous avons Tous besoin de Prières en ces temps où tout est difficile, le malin rôde, n'ayons pas peur de le dire!!
Aujourd'hui Fête de la Présentation de Marie je propose que l'on Prie pour Toutes les personnes de ce forum, que Marie aide chacun d'entre nous dans nos difficultés et notre détresse!!
Aujourd'hui Fête de la Présentation de Marie je propose que l'on Prie pour Toutes les personnes de ce forum, que Marie aide chacun d'entre nous dans nos difficultés et notre détresse!!
M1234- Hiérophante contre le nouvel ordre mondial
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
Je poste ci-dessous ce lien mis ce matin
https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t37318p120-les-saints-les-saintes-du-jour#390285
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M1234- Hiérophante contre le nouvel ordre mondial
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1858
LOUIS ET ZÉLIE MARTIN, LA SAINTETÉ EN COUPLE ET EN FAMILLE
LOUIS ET ZÉLIE MARTIN, LA SAINTETÉ EN COUPLE ET EN FAMILLE
Louis (1823-1894) et Zélie (1831-1877) Martin, parents de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, n’ont élevé leurs filles que « pour le ciel ». Pendant leur vie, ils désiraient déjà devenir des saints, comme Zélie l’écrit dans une de ses lettres : « Je veux devenir une sainte, ce ne sera pas facile, il y a bien à bûcher et le bois est dur comme une pierre. Il eût mieux fallu m’y prendre plus tôt, pendant que c’était moins difficile, mais enfin mieux vaut tard que jamais. »
Père Jean-Marie Simar Recteur du sanctuaire Louis et Zélie d’Alençon et membre de la communauté missionnaire « Famille de Marie »
Marie-Zélie Guérin a grandi en Normandie. C’est la fille d’un gendarme. La vie religieuse l’attire ; elle aimerait se dévouer au service des malades et des pauvres. Or, quand elle demande son admission chez les Filles de la Charité d’Alençon, la supérieure lui rétorque sans l’ombre d’un doute que ce ne sont pas les desseins de Dieu. La jeune fille présente alors la requête suivante au Bon Dieu : « J’entrerai dans l’état du mariage pour accomplir votre Volonté sainte. Alors je vous en prie, donnez-moi beaucoup d’enfants et qu’ils vous soient tous consacrés. »
Zélie qui est très jolie et talentueuse apprend à confectionner les fameuses dentelles d’Alençon (Orne). Elle n’a que 22 ans quand elle ouvre sa propre boutique et livre ses ouvrages jusqu’à Paris pour répondre à la demande. Quatre ans plus tard, elle croise sur un pont un jeune homme dont la noblesse des traits la frappe.
Zélie perçoit intérieurement une voix : « C’est celui-là que j’ai préparé pour toi. » Cet étranger est horloger, né à Bordeaux, fils d’un officier profondément croyant ; il a 35 ans, aime la nature et la littérature. À l’âge de 22 ans, son amour extraordinaire pour Dieu l’avait amené lui aussi à pousser la porte d’un monastère - et ce n’est qu’en raison de ses carences en latin qu’il n’avait pas été admis chez les chanoines de saint Augustin au Grand-Saint-Bernard. Il s’appelle Louis-Joseph Martin. Depuis huit ans il mène une vie presque monacale dans son magasin d’horlogerie et de bijouterie à Alençon. Il est tellement comblé par sa vie intérieure qu’il n’a jamais pensé à se marier jusqu’à ce qu’intervienne la Providence. Louis et Zélie font connaissance. Trois mois plus tard leurs dispositions de cœur sont telles qu’ils peuvent échanger devant Dieu leur consentement, ce qui a lieu le 13 juillet 1858 en l’église Notre-Dame d’Alençon.
S’unir de plus en plus profondément à la volonté de Dieu
Bien que tous deux aient toujours aspiré à la vie religieuse, ils parviennent avec l’aide de leur confesseur à une profonde compréhension du mariage chrétien. Ils peuvent désormais exprimer leur abandon à Dieu en lui donnant des enfants. En dix ans, Zélie a la joie d’avoir huit grossesses. Cependant, elle a aussi la douleur de voir quatre de « ses petits anges » mourir dans ses bras. C’est l’occasion pour elle de s’unir de plus en plus profondément à la volonté de Dieu, de tout recevoir sans douter le moins du monde de sa bonté et sans rien désirer d’autre que de conduire à Dieu ses enfants chéris. Au décès d’Hélène, âgée de 5 ans, la maman écrit dans une lettre :
Père Jean-Marie Simar Recteur du sanctuaire Louis et Zélie d’Alençon et membre de la communauté missionnaire « Famille de Marie »
Marie-Zélie Guérin a grandi en Normandie. C’est la fille d’un gendarme. La vie religieuse l’attire ; elle aimerait se dévouer au service des malades et des pauvres. Or, quand elle demande son admission chez les Filles de la Charité d’Alençon, la supérieure lui rétorque sans l’ombre d’un doute que ce ne sont pas les desseins de Dieu. La jeune fille présente alors la requête suivante au Bon Dieu : « J’entrerai dans l’état du mariage pour accomplir votre Volonté sainte. Alors je vous en prie, donnez-moi beaucoup d’enfants et qu’ils vous soient tous consacrés. »
Zélie qui est très jolie et talentueuse apprend à confectionner les fameuses dentelles d’Alençon (Orne). Elle n’a que 22 ans quand elle ouvre sa propre boutique et livre ses ouvrages jusqu’à Paris pour répondre à la demande. Quatre ans plus tard, elle croise sur un pont un jeune homme dont la noblesse des traits la frappe.
Zélie perçoit intérieurement une voix : « C’est celui-là que j’ai préparé pour toi. » Cet étranger est horloger, né à Bordeaux, fils d’un officier profondément croyant ; il a 35 ans, aime la nature et la littérature. À l’âge de 22 ans, son amour extraordinaire pour Dieu l’avait amené lui aussi à pousser la porte d’un monastère - et ce n’est qu’en raison de ses carences en latin qu’il n’avait pas été admis chez les chanoines de saint Augustin au Grand-Saint-Bernard. Il s’appelle Louis-Joseph Martin. Depuis huit ans il mène une vie presque monacale dans son magasin d’horlogerie et de bijouterie à Alençon. Il est tellement comblé par sa vie intérieure qu’il n’a jamais pensé à se marier jusqu’à ce qu’intervienne la Providence. Louis et Zélie font connaissance. Trois mois plus tard leurs dispositions de cœur sont telles qu’ils peuvent échanger devant Dieu leur consentement, ce qui a lieu le 13 juillet 1858 en l’église Notre-Dame d’Alençon.
S’unir de plus en plus profondément à la volonté de Dieu
Bien que tous deux aient toujours aspiré à la vie religieuse, ils parviennent avec l’aide de leur confesseur à une profonde compréhension du mariage chrétien. Ils peuvent désormais exprimer leur abandon à Dieu en lui donnant des enfants. En dix ans, Zélie a la joie d’avoir huit grossesses. Cependant, elle a aussi la douleur de voir quatre de « ses petits anges » mourir dans ses bras. C’est l’occasion pour elle de s’unir de plus en plus profondément à la volonté de Dieu, de tout recevoir sans douter le moins du monde de sa bonté et sans rien désirer d’autre que de conduire à Dieu ses enfants chéris. Au décès d’Hélène, âgée de 5 ans, la maman écrit dans une lettre :
« Quand Louis est rentré et qu’il a vu sa pauvre petite fille morte, il s’est mis à sangloter en s’écriant : « Ma petite Hélène, ma petite Hélène ! » Puis nous l’avons offerte ensemble au Bon Dieu. »
Dans toutes ses épreuves, Zélie reçoit l’appui de son mari en voyant sa fermeté d’âme et ses dispositions d’ouverture spirituelle. Elle n’en manifeste que plus sa propre grandeur d’âme et son courage. Elle abat le travail de trois personnes et sait relever les défis de la vie quotidienne avec intelligence et calme en y ajoutant une fine pointe d’humour. Louis apporte un solide soutien à son épouse, déjà professionnellement en l’aidant à la confection de dentelles, un métier fatigant. Ils s’entendent tous deux à faire prospérer leur commerce mais n’y voient qu’un moyen pour assurer à leurs filles une bonne formation et une dot. Comme ils ont placé Dieu au centre de leur activité quotidienne, les époux s’emploient à mettre de côté une partie de leurs biens pour assurer un logement aux pauvres et secourir les plus défavorisés.
La vie chez les Martin est régie par les liens d’affection et de parfaite union d’âme des époux. Cela se vérifie dans les lettres qu’ils s’adressent l’un à l’autre : « Je t’embrasse de tout mon cœur, je suis si heureuse aujourd’hui, à la pensée de te revoir que je ne puis travailler. Ta femme qui t’aime plus que sa vie. » « Chère amie, le temps me paraît long, il me tarde d’être auprès de toi. Inutile de te dire que ta lettre m’a fait grand plaisir, sauf d’y voir que tu te fatiguais beaucoup trop. Ton mari et vrai ami, qui t’aime pour la vie. » Ils ont su aussi trouver pour l’éducation de leurs enfants un merveilleux équilibre entre fermeté et tendresse. Leur exemple héroïque est suffisamment éloquent, surtout quand il s’agit d’apprendre à leurs filles à faire plaisir à Jésus en faisant de petits sacrifices dans la vie quotidienne par amour pour lui, en lui offrant des « perles pour sa couronne ».
Dieu a la première place. Louis et Zélie ont l’habitude de commencer leur journée par la sainte messe à 5h30. Les voisins qui entendent la clé tourner dans la serrure de la porte, se disent alors : « Ce sont les saints époux Martin qui se rendent à l’église. Nous avons encore le temps de dormir ! » Le soir, on prie ensemble devant la statue de la Sainte Vierge, on lit des livres pieux, on discute sur les sujets du jour selon le calendrier liturgique, on s’entretient sur les choses spirituelles, tout cela avec bonne humeur. Cet effort intensif de vie chrétienne au sein de la famille n’empêche pourtant pas les parents de se retirer de temps à autre, séparément, dans un couvent, pour y être seul avec Dieu.
Déjà en 1864, se manifestent chez cette jeune maman de 32 ans les premiers symptômes d’une grave maladie qui va l’emporter. Huit ans plus tard, d’un commun accord avec son mari qui n’en reste pas moins inquiet, Zélie se décide pourtant à accueillir un neuvième enfant. Le 2 janvier 1873, Thérèse vient au monde et va bientôt être le rayon de soleil de la famille. À peine quatre ans plus tard tombe le diagnostic qui ébranle tout le monde : c’est un cancer inopérable. La famille est sous le choc. Zélie reçoit la nouvelle avec courage et prend la décision : « Je veux tirer profit de ce temps. » Elle accomplit ses tâches avec une volonté de fer et cherche à garder son entrain malgré les douleurs qui ne font qu’augmenter. Un jour, elle écrit dans une lettre : « Le mieux est de remettre toutes choses entre les mains du Bon Dieu et d’attendre les évènements dans le calme et l’abandon à sa volonté. C’est ce que je vais m’efforcer de faire. » Par amour pour ses proches, elle espère avec retenue pouvoir guérir : « Si le Bon Dieu veut me guérir, je serai très contente, car au fond, je désire vivre ; il m’en coûte de quitter mon mari et mes enfants. Mais d’autre part, je me dis : si je ne guéris pas, c’est qu’il leur sera peut-être plus utile que je m’en aille. »
Elle se prépare quand même aux adieux et prête à tout, elle pense avec dévouement à la troisième de ses filles, Léonie, qui a un caractère difficile : « S’il ne fallait que le sacrifice de ma vie pour que Léonie devienne une sainte, je le ferais de bon cœur. » Dans la nuit du 28 août 1877, après être passée par de grandes souffrances, Zélie rend l’âme, doucement, à Alençon, aux côtés de son cher Louis. Le lendemain, Louis devenu veuf à l’âge de 54 ans, amène sa petite Thérèse de quatre ans au chevet de la dépouille de sa maman. Voici la relation qu’elle en fait plus tard : « Il me prit dans ses bras en me disant : « Viens embrasser une dernière fois ta pauvre petite Mère. » Et moi, sans rien dire, j’approchais mes lèvres du front de ma mère chérie. »
Pour Louis, après 19 ans de bonheur conjugal, un monde s’écroule. Il déménage à Lisieux et se consacre entièrement à l’éducation de ses filles, secondé par l’aînée, Marie qui a déjà 17 ans. Dans les années qui suivent, c’est lui qui a le privilège de voir les merveilleux fruits spirituels issus de sa vie avec Zélie, à savoir les vocations religieuses de leurs filles les unes après les autres. Marie et Pauline entrent au Carmel de Lisieux. Il est surtout durement marqué par le départ de sa « petite reine » qui n’a que 15 ans : « Dieu seul peut exiger un tel sacrifice... ne me plaignez pas, car mon cœur surabonde de joie. » Même Léonie entre à la Visitation. Quand sa cinquième fille, Céline, lui fait part elle aussi de son désir de devenir carmélite, il s’exclame : « Allons ensemble devant le Saint Sacrement remercier le Seigneur des grâces qu’il accorde à notre famille… Oui le Bon Dieu me fait un grand honneur en me demandant tous mes enfants. Si je possédais quelque chose de mieux, je m’empresserais de le lui offrir. »
Avant que Céline ne réalise son vœu, elle soigne son père jusqu’à ses derniers jours. Après plusieurs attaques cérébrales consécutives, Louis commence à souffrir une vraie passion. Son mental ne fait que s’obscurcir et il tombe de plus en plus souvent dans des états imprévisibles de confusion, voire de folie. On est contraint d’interner le patient dans un asile psychiatrique pendant trois ans. Ses filles en sont comme anéanties mais comprennent que ces tourments qu’elles endurent ensemble « sont de nature à nous rendre des saintes ». Louis lui-même avait un jour exprimé son point de vue à propos de ce type de maladie. « Un destin aussi avilissant, disait-il, c’est la plus grande épreuve qu’un homme puisse subir ! » Il passe à présent par des phases de lucidité intérieure qui lui donnent la possibilité de « goûter » à « l’amertume et l’humiliation de ce calice » comme l’appelle Thérèse, et à s’offrir en toute liberté à Dieu. Il confie à ses filles que pour toutes les grâces et les bienfaits reçus, il avait fait un jour la prière suivante : « Mon Dieu, c’en est trop ! Oui, je suis trop heureux, il n’est pas possible d’aller au ciel comme cela, je veux souffrir quelque chose pour vous ! Et je me suis offert... » Thérèse évoqua dans ses souvenirs : « Le mot « victime » expira sur ses lèvres, il n’osa pas le prononcer devant nous mais nous avions compris. »
Le premier couple canonisé non martyr
Louis passe encore deux années en fauteuil roulant avant de rejoindre son épouse Zélie au ciel le 29 juillet 1894 à Lisieux, à l’âge de 71 ans. Il n’a pas eu parmi ses enfants le prêtre et missionnaire qu’il désirait mais il a donné à l’Église Thérèse de l’Enfant-Jésus, patronne des missions et Docteur de l’Église. Du Carmel, les filles de Louis lui rendirent cet hommage : « Ô toi le meilleur des pères, qui donnes à Dieu sans compter tout l’espoir de ta vieillesse… Nous te glorifierons comme tu mérites d’être glorifié, en devenant des saintes ! »
Louis et Zélie Martin constituent le premier couple canonisé non martyr. Béatifiés le 19 octobre 2008 à Lisieux, ils ont été canonisés à Rome le 18 octobre 2015, à l’occasion du synode des évêques sur la mission de la famille dans l’Église et dans le monde. L’église Notre-Dame d’Alençon où ils se sont mariés a été élevée au rang de basilique le 6 décembre 2009.
La vie chez les Martin est régie par les liens d’affection et de parfaite union d’âme des époux. Cela se vérifie dans les lettres qu’ils s’adressent l’un à l’autre : « Je t’embrasse de tout mon cœur, je suis si heureuse aujourd’hui, à la pensée de te revoir que je ne puis travailler. Ta femme qui t’aime plus que sa vie. » « Chère amie, le temps me paraît long, il me tarde d’être auprès de toi. Inutile de te dire que ta lettre m’a fait grand plaisir, sauf d’y voir que tu te fatiguais beaucoup trop. Ton mari et vrai ami, qui t’aime pour la vie. » Ils ont su aussi trouver pour l’éducation de leurs enfants un merveilleux équilibre entre fermeté et tendresse. Leur exemple héroïque est suffisamment éloquent, surtout quand il s’agit d’apprendre à leurs filles à faire plaisir à Jésus en faisant de petits sacrifices dans la vie quotidienne par amour pour lui, en lui offrant des « perles pour sa couronne ».
Dieu a la première place. Louis et Zélie ont l’habitude de commencer leur journée par la sainte messe à 5h30. Les voisins qui entendent la clé tourner dans la serrure de la porte, se disent alors : « Ce sont les saints époux Martin qui se rendent à l’église. Nous avons encore le temps de dormir ! » Le soir, on prie ensemble devant la statue de la Sainte Vierge, on lit des livres pieux, on discute sur les sujets du jour selon le calendrier liturgique, on s’entretient sur les choses spirituelles, tout cela avec bonne humeur. Cet effort intensif de vie chrétienne au sein de la famille n’empêche pourtant pas les parents de se retirer de temps à autre, séparément, dans un couvent, pour y être seul avec Dieu.
Déjà en 1864, se manifestent chez cette jeune maman de 32 ans les premiers symptômes d’une grave maladie qui va l’emporter. Huit ans plus tard, d’un commun accord avec son mari qui n’en reste pas moins inquiet, Zélie se décide pourtant à accueillir un neuvième enfant. Le 2 janvier 1873, Thérèse vient au monde et va bientôt être le rayon de soleil de la famille. À peine quatre ans plus tard tombe le diagnostic qui ébranle tout le monde : c’est un cancer inopérable. La famille est sous le choc. Zélie reçoit la nouvelle avec courage et prend la décision : « Je veux tirer profit de ce temps. » Elle accomplit ses tâches avec une volonté de fer et cherche à garder son entrain malgré les douleurs qui ne font qu’augmenter. Un jour, elle écrit dans une lettre : « Le mieux est de remettre toutes choses entre les mains du Bon Dieu et d’attendre les évènements dans le calme et l’abandon à sa volonté. C’est ce que je vais m’efforcer de faire. » Par amour pour ses proches, elle espère avec retenue pouvoir guérir : « Si le Bon Dieu veut me guérir, je serai très contente, car au fond, je désire vivre ; il m’en coûte de quitter mon mari et mes enfants. Mais d’autre part, je me dis : si je ne guéris pas, c’est qu’il leur sera peut-être plus utile que je m’en aille. »
Elle se prépare quand même aux adieux et prête à tout, elle pense avec dévouement à la troisième de ses filles, Léonie, qui a un caractère difficile : « S’il ne fallait que le sacrifice de ma vie pour que Léonie devienne une sainte, je le ferais de bon cœur. » Dans la nuit du 28 août 1877, après être passée par de grandes souffrances, Zélie rend l’âme, doucement, à Alençon, aux côtés de son cher Louis. Le lendemain, Louis devenu veuf à l’âge de 54 ans, amène sa petite Thérèse de quatre ans au chevet de la dépouille de sa maman. Voici la relation qu’elle en fait plus tard : « Il me prit dans ses bras en me disant : « Viens embrasser une dernière fois ta pauvre petite Mère. » Et moi, sans rien dire, j’approchais mes lèvres du front de ma mère chérie. »
Pour Louis, après 19 ans de bonheur conjugal, un monde s’écroule. Il déménage à Lisieux et se consacre entièrement à l’éducation de ses filles, secondé par l’aînée, Marie qui a déjà 17 ans. Dans les années qui suivent, c’est lui qui a le privilège de voir les merveilleux fruits spirituels issus de sa vie avec Zélie, à savoir les vocations religieuses de leurs filles les unes après les autres. Marie et Pauline entrent au Carmel de Lisieux. Il est surtout durement marqué par le départ de sa « petite reine » qui n’a que 15 ans : « Dieu seul peut exiger un tel sacrifice... ne me plaignez pas, car mon cœur surabonde de joie. » Même Léonie entre à la Visitation. Quand sa cinquième fille, Céline, lui fait part elle aussi de son désir de devenir carmélite, il s’exclame : « Allons ensemble devant le Saint Sacrement remercier le Seigneur des grâces qu’il accorde à notre famille… Oui le Bon Dieu me fait un grand honneur en me demandant tous mes enfants. Si je possédais quelque chose de mieux, je m’empresserais de le lui offrir. »
Avant que Céline ne réalise son vœu, elle soigne son père jusqu’à ses derniers jours. Après plusieurs attaques cérébrales consécutives, Louis commence à souffrir une vraie passion. Son mental ne fait que s’obscurcir et il tombe de plus en plus souvent dans des états imprévisibles de confusion, voire de folie. On est contraint d’interner le patient dans un asile psychiatrique pendant trois ans. Ses filles en sont comme anéanties mais comprennent que ces tourments qu’elles endurent ensemble « sont de nature à nous rendre des saintes ». Louis lui-même avait un jour exprimé son point de vue à propos de ce type de maladie. « Un destin aussi avilissant, disait-il, c’est la plus grande épreuve qu’un homme puisse subir ! » Il passe à présent par des phases de lucidité intérieure qui lui donnent la possibilité de « goûter » à « l’amertume et l’humiliation de ce calice » comme l’appelle Thérèse, et à s’offrir en toute liberté à Dieu. Il confie à ses filles que pour toutes les grâces et les bienfaits reçus, il avait fait un jour la prière suivante : « Mon Dieu, c’en est trop ! Oui, je suis trop heureux, il n’est pas possible d’aller au ciel comme cela, je veux souffrir quelque chose pour vous ! Et je me suis offert... » Thérèse évoqua dans ses souvenirs : « Le mot « victime » expira sur ses lèvres, il n’osa pas le prononcer devant nous mais nous avions compris. »
Le premier couple canonisé non martyr
Louis passe encore deux années en fauteuil roulant avant de rejoindre son épouse Zélie au ciel le 29 juillet 1894 à Lisieux, à l’âge de 71 ans. Il n’a pas eu parmi ses enfants le prêtre et missionnaire qu’il désirait mais il a donné à l’Église Thérèse de l’Enfant-Jésus, patronne des missions et Docteur de l’Église. Du Carmel, les filles de Louis lui rendirent cet hommage : « Ô toi le meilleur des pères, qui donnes à Dieu sans compter tout l’espoir de ta vieillesse… Nous te glorifierons comme tu mérites d’être glorifié, en devenant des saintes ! »
Louis et Zélie Martin constituent le premier couple canonisé non martyr. Béatifiés le 19 octobre 2008 à Lisieux, ils ont été canonisés à Rome le 18 octobre 2015, à l’occasion du synode des évêques sur la mission de la famille dans l’Église et dans le monde. L’église Notre-Dame d’Alençon où ils se sont mariés a été élevée au rang de basilique le 6 décembre 2009.
Suite Avec
M1234- Hiérophante contre le nouvel ordre mondial
- Messages : 26371
Age : 70
Localisation : Vendée (Marie du 85)
Inscription : 12/01/2016
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1858
LOURDES, LA SOURCE AU CREUX DU ROCHER
LOURDES, LA SOURCE AU CREUX DU ROCHER
Beaucoup de monde connaît les apparitions de Lourdes. Le mot « Lourdes » évoque guérisons, miracles, messes et processions ; un haut lieu de la tradition catholique. Mais il convient de se replonger au cœur de l’événement fondateur, et de se rappeler en même temps le rôle que Lourdes a tenu, et peut tenir encore, dans la vie chrétienne de la France.
Père André Cabes Recteur du sanctuaire de Lourdes
Au commencement, il n’y a rien qu’un trou noir dans le rocher au bord du Gave. Trois gamines sont arrivées là un jour d’hiver, le 11 février 1858. Elles cherchent de quoi ramasser et vendre ensuite aux chiffonniers pour nourrir la soupe de midi. Elles voient, face à elles, « une vraie mine de bois et d’os ». Deux d’entre elles ont vite fait de traverser le canal qui les en sépare. La troisième, Bernadette, doit à tout prix éviter de réveiller son asthme en plongeant ses pieds dans l’eau froide ; il faudrait l’aider, mais les deux autres ne s’en soucient guère. Elle se prépare donc à se déchausser, quand elle entend par deux fois « un bruit comme un coup de vent »… « Et le souffle de Dieu s’agitait au-dessus des eaux… » (Gn 1, 2) C’est un nouveau monde qui commence. C’est notre monde, replié sur lui-même, qui reçoit la visite d’« En-Haut ».
Au fond du trou noir du rocher, Bernadette voit alors une lumière, qui peu à peu prend visage : une jeune fille, « aussi jeune et aussi petite que moi », 1,40 m à 14 ans. C’est le début d’une série de 18 rencontres, sous le signe de la Croix. Bernadette, saisie d’abord par la peur, esquisse un signe de croix, mais son bras s’arrête en route, et la dame lui fait faire un beau geste de prière, « au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ». Le sens est donné à toute l’histoire de Lourdes, et d’abord à la vie de Bernadette.
Père André Cabes Recteur du sanctuaire de Lourdes
Au commencement, il n’y a rien qu’un trou noir dans le rocher au bord du Gave. Trois gamines sont arrivées là un jour d’hiver, le 11 février 1858. Elles cherchent de quoi ramasser et vendre ensuite aux chiffonniers pour nourrir la soupe de midi. Elles voient, face à elles, « une vraie mine de bois et d’os ». Deux d’entre elles ont vite fait de traverser le canal qui les en sépare. La troisième, Bernadette, doit à tout prix éviter de réveiller son asthme en plongeant ses pieds dans l’eau froide ; il faudrait l’aider, mais les deux autres ne s’en soucient guère. Elle se prépare donc à se déchausser, quand elle entend par deux fois « un bruit comme un coup de vent »… « Et le souffle de Dieu s’agitait au-dessus des eaux… » (Gn 1, 2) C’est un nouveau monde qui commence. C’est notre monde, replié sur lui-même, qui reçoit la visite d’« En-Haut ».
Au fond du trou noir du rocher, Bernadette voit alors une lumière, qui peu à peu prend visage : une jeune fille, « aussi jeune et aussi petite que moi », 1,40 m à 14 ans. C’est le début d’une série de 18 rencontres, sous le signe de la Croix. Bernadette, saisie d’abord par la peur, esquisse un signe de croix, mais son bras s’arrête en route, et la dame lui fait faire un beau geste de prière, « au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ». Le sens est donné à toute l’histoire de Lourdes, et d’abord à la vie de Bernadette.
Les premières apparitions se déroulent dans la joie de la rencontre, Bernadette a promis de venir pendant quinze jours. Elle ne sait pas qui est cette dame. Quand elle lui a demandé son nom, elle s’est contentée de sourire en l’invitant à revenir. Elle lui a promis le bonheur, « non pas en ce monde, mais dans l’autre », le monde de la vérité, le monde de l’amour. C’est bien ce que Bernadette éprouve dans cette série de rendez-vous. Mais bientôt, elle doit faire ces gestes surprenants de creuser la boue jusqu’à trouver une flaque d’eau sale qu’elle boit et avec laquelle elle se barbouille ; elle doit même manger de l’herbe…
« La dame était si triste, on aurait dit qu’elle portait sur elle toute la misère du monde ! » Elle m’a dit : « Pénitence ! Pénitence ! Pénitence ! Priez Dieu pour la conversion des pécheurs. » À la suite de Jésus, de Marie, de tous les saints, Bernadette se met à la place des pécheurs, nous tous qui avons abandonné la belle stature des enfants de Dieu, « le bel agenouillement droit d’un homme libre », pour nous retrouver à quatre pattes comme les bêtes. Mais au fond de la boue, il n’y a pas la boue, il y a la source, au fond du péché, il y a le pardon, au bout de la mort, il y a la résurrection et la vie.
La source jaillit du côté droit du rocher, « et le rocher, c’était le Christ » (1 Co 10, 4). Sur le rocher, on pourra construire. « Allez dire aux prêtres qu’on bâtisse ici une chapelle, et qu’on y vienne en procession. » L’Église est bâtie sur le Christ, et elle doit le suivre sur la route. Le rocher, dans la Bible, au livre de l’Exode, accompagne les Hébreux sur le chemin qui va de l’esclavage à la liberté (Ex 17, 5-6 ; Nb 20, 7). La chapelle sera cette famille Église, appelée sans cesse à porter de nouveaux fruits.
La source jaillit du côté droit du rocher, « et le rocher, c’était le Christ » (1 Co 10, 4). Sur le rocher, on pourra construire. « Allez dire aux prêtres qu’on bâtisse ici une chapelle, et qu’on y vienne en procession. » L’Église est bâtie sur le Christ, et elle doit le suivre sur la route. Le rocher, dans la Bible, au livre de l’Exode, accompagne les Hébreux sur le chemin qui va de l’esclavage à la liberté (Ex 17, 5-6 ; Nb 20, 7). La chapelle sera cette famille Église, appelée sans cesse à porter de nouveaux fruits.
Son modèle et sa mère, c’est cette petite dame au creux du rocher, petite Marie de la grotte de Nazareth ou de Bethléem et de la grotte de Lourdes. Marie, mère de Jésus, qui se nomme enfin : « Je suis l’Immaculée Conception », reprenant l’expression du dogme défini par le pape Pie IX en 1854. L’Église doit être cette fiancée sans tache, qui laisse entièrement passer la seule lumière du Dieu qui se donne. Elle le conçoit pour le monde, précisément en ce 25 mars, jour que Marie a choisi pour révéler son nom à Bernadette. Elle n’existe que pour cela, à chaque génération, enfanter le Christ. Telle est la vérité et la mission de l’Église.
Bernadette elle-même devient toute transparente de la lumière qui lui est confiée. Le 7 avril, mercredi de Pâques, l’apparition dure si longtemps que Bernadette n’a plus entre les mains la cire du cierge, mais la flamme : elle devient cierge pascal, un autre Jésus pour le monde. Et elle pourra enfin faire sa première communion le jeudi 3 juin, jour de la Fête-Dieu : c’était bien pour cela qu’elle était revenue du petit village voisin de Bartrès au mois de janvier. Marie a été sa catéchiste !
Grâce à Bernadette, Marie peut continuer à faire le catéchisme à tant de visiteurs et pèlerins. La France entière s’est rendue à Lourdes lors du grand pèlerinage national d’octobre 1872, quand les bannières de toutes les provinces sont venues au sanctuaire, entourant celles venues d’Alsace et de Lorraine, voilées de noir, perdues à l’issue de la guerre de 1870. Les Pères Assomptionnistes, dès l’année suivante 1873, ont voulu renouveler l’expérience de façon plus modeste, mais en amenant, en train, des malades. C’est alors que les guérisons, déjà signalées au temps des apparitions, se multiplièrent…
Peu à peu, Lourdes s’organise pour accueillir les multitudes. D’une part les statues de Marie et les grottes de Lourdes se multiplient dans le monde, jusque dans les jardins du Vatican, grâce notamment aux missionnaires français, si nombreux ; et d’autre part, on vient à la grotte de partout. Spontanément, s’organisent les bains aux piscines, les processions du Saint-Sacrement, les processions aux flambeaux en l’honneur de Marie, complétant les démarches habituelles du pèlerinage : confessions, chemins de croix, messes.
Pèlerinages diocésains et nationaux, congrès eucharistiques et marials, pèlerinages des jeunes ou des anciens, des hommes, des femmes, de divers mouvements, des anciens combattants et prisonniers ; et de nos jours, Foi et Lumière, Lourdes Cancer Espérance… La liste est sans fin. Soulignons seulement le geste de consécration de la France à Marie, repris à la grotte chaque année le 15 août, en mémoire de l’acte accompli par le roi Louis XIII en 1638, dont Notre-Dame de Paris garde mémoire.
Indiquer le chemin de Bernadette aux enfants perdus de notre monde
Bernadette elle-même devient toute transparente de la lumière qui lui est confiée. Le 7 avril, mercredi de Pâques, l’apparition dure si longtemps que Bernadette n’a plus entre les mains la cire du cierge, mais la flamme : elle devient cierge pascal, un autre Jésus pour le monde. Et elle pourra enfin faire sa première communion le jeudi 3 juin, jour de la Fête-Dieu : c’était bien pour cela qu’elle était revenue du petit village voisin de Bartrès au mois de janvier. Marie a été sa catéchiste !
Grâce à Bernadette, Marie peut continuer à faire le catéchisme à tant de visiteurs et pèlerins. La France entière s’est rendue à Lourdes lors du grand pèlerinage national d’octobre 1872, quand les bannières de toutes les provinces sont venues au sanctuaire, entourant celles venues d’Alsace et de Lorraine, voilées de noir, perdues à l’issue de la guerre de 1870. Les Pères Assomptionnistes, dès l’année suivante 1873, ont voulu renouveler l’expérience de façon plus modeste, mais en amenant, en train, des malades. C’est alors que les guérisons, déjà signalées au temps des apparitions, se multiplièrent…
Peu à peu, Lourdes s’organise pour accueillir les multitudes. D’une part les statues de Marie et les grottes de Lourdes se multiplient dans le monde, jusque dans les jardins du Vatican, grâce notamment aux missionnaires français, si nombreux ; et d’autre part, on vient à la grotte de partout. Spontanément, s’organisent les bains aux piscines, les processions du Saint-Sacrement, les processions aux flambeaux en l’honneur de Marie, complétant les démarches habituelles du pèlerinage : confessions, chemins de croix, messes.
Pèlerinages diocésains et nationaux, congrès eucharistiques et marials, pèlerinages des jeunes ou des anciens, des hommes, des femmes, de divers mouvements, des anciens combattants et prisonniers ; et de nos jours, Foi et Lumière, Lourdes Cancer Espérance… La liste est sans fin. Soulignons seulement le geste de consécration de la France à Marie, repris à la grotte chaque année le 15 août, en mémoire de l’acte accompli par le roi Louis XIII en 1638, dont Notre-Dame de Paris garde mémoire.
Indiquer le chemin de Bernadette aux enfants perdus de notre monde
En même temps, Lourdes ne peut pas vivre de l’acquis. La ville subit aussi les contrecoups de la crise de la foi en notre France rurale, à laquelle l’Église avait si bien su s’adapter. Nos églises de campagne sont souvent vides, et les trains de pèlerinages se vident aussi. Et pourtant combien de personnes viennent ici chercher une source d’espérance. Il nous faut savoir indiquer le chemin de Bernadette aux enfants perdus de notre monde. Le jubilé de la Miséricorde est particulièrement adapté à ce lieu qui nous fait prendre rendez-vous au pied de la croix de Jésus, avec Marie et le disciple, avec Marie Madeleine et les femmes qui seront au tombeau vide, et accueilleront la Bonne Nouvelle de la résurrection.
Bernadette a poursuivi sa route, en devenant sœur de la Charité de Nevers, où elle a reçu l’emploi de la prière, l’emploi d’aide-soignante, et finalement l’emploi de malade. Le mercredi de Pâques 1879, à l’âge de 35 ans, elle quitte ce monde en serrant son crucifix sur son cœur : « Mon Jésus, oh que je l’aime !... Priez pour moi, pauvre pécheresse. » Notre vocation, comme la vocation de Bernadette, c’est bien de ressembler à Marie, l’Immaculée Conception !
Bernadette a poursuivi sa route, en devenant sœur de la Charité de Nevers, où elle a reçu l’emploi de la prière, l’emploi d’aide-soignante, et finalement l’emploi de malade. Le mercredi de Pâques 1879, à l’âge de 35 ans, elle quitte ce monde en serrant son crucifix sur son cœur : « Mon Jésus, oh que je l’aime !... Priez pour moi, pauvre pécheresse. » Notre vocation, comme la vocation de Bernadette, c’est bien de ressembler à Marie, l’Immaculée Conception !
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1871
À PONTMAIN, LA VIERGE MARIE FAIT PRIER DES ENFANTS EN PLEINE GUERRE FRANCO-PRUSSIENNE
À PONTMAIN, LA VIERGE MARIE FAIT PRIER DES ENFANTS EN PLEINE GUERRE FRANCO-PRUSSIENNE
Le 17 janvier 1871, en pleine guerre franco-prussienne, la Vierge Marie apparaît à quatre enfants dans le village de Pontmain (Mayenne) en leur délivrant un message : « Mais priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon Fils se laisse toucher. » Les Prussiens qui devaient prendre Laval ce soir-là se replient finalement. L’armistice est signé le 26 janvier 1871.
Père Henri-Michel LEDAUPHIN Ancien chapelain de Pontmain
Une journée qui commence comme les autres. Ce matin, l’église était remplie de fidèles, comme chaque jour. Il y a beaucoup de neige et il fait un froid glacial « à fendre les pierres ». Vers midi et demi, la terre a tremblé, ce qui a fortement impressionné tous les habitants, surtout en cette période troublée. C’est la guerre franco-prussienne. Depuis le 23 septembre dernier, 38 jeunes de la paroisse sont partis à la guerre et l’on est sans nouvelles d’eux. Alors, on vit dans l’angoisse et dans la peur. Et puis il y a cette épidémie de typhoïde qui commence à reprendre.
Malgré tout, on prie avec ferveur car il en est ainsi à Pontmain. Depuis l’arrivée de notre curé, l’abbé Michel Guérin, le 24 novembre 1836, dans chaque famille, on prie le chapelet tous les jours.
Ce soir du 17 janvier 1871, deux enfants, Eugène (12 ans) et Joseph Barbedette (10 ans), aident leur père dans la grange. Ils pilent les ajoncs pour la nourriture de la jument. La nuit est tombée. Il est environ 17h30. Jeannette Détais, une vieille femme, vient donner quelques nouvelles qu’elle a pu glaner un peu plus loin près des fuyards de l’armée de la Loire en déroute. Eugène profite de l’arrêt du travail pour sortir à la porte « voir le temps ». Et voilà que, tout à coup, en plein ciel, au-dessus de la maison d’en face, il voit une « Belle Dame » qui tend les bras comme dans un geste d’accueil. Elle lui sourit. Elle est vêtue d’une robe bleue semée d’étoiles d’or (comme la voûte de l’église de Pontmain peinte ainsi en 1860). Sur la tête, elle a un voile noir surmonté d’une couronne d’or avec un liseré rouge au milieu. Aux pieds, elle porte des chaussons bleus avec une boucle d’or. Elle est au milieu d’un triangle formé de trois grosses étoiles.
Père Henri-Michel LEDAUPHIN Ancien chapelain de Pontmain
Une journée qui commence comme les autres. Ce matin, l’église était remplie de fidèles, comme chaque jour. Il y a beaucoup de neige et il fait un froid glacial « à fendre les pierres ». Vers midi et demi, la terre a tremblé, ce qui a fortement impressionné tous les habitants, surtout en cette période troublée. C’est la guerre franco-prussienne. Depuis le 23 septembre dernier, 38 jeunes de la paroisse sont partis à la guerre et l’on est sans nouvelles d’eux. Alors, on vit dans l’angoisse et dans la peur. Et puis il y a cette épidémie de typhoïde qui commence à reprendre.
Malgré tout, on prie avec ferveur car il en est ainsi à Pontmain. Depuis l’arrivée de notre curé, l’abbé Michel Guérin, le 24 novembre 1836, dans chaque famille, on prie le chapelet tous les jours.
Ce soir du 17 janvier 1871, deux enfants, Eugène (12 ans) et Joseph Barbedette (10 ans), aident leur père dans la grange. Ils pilent les ajoncs pour la nourriture de la jument. La nuit est tombée. Il est environ 17h30. Jeannette Détais, une vieille femme, vient donner quelques nouvelles qu’elle a pu glaner un peu plus loin près des fuyards de l’armée de la Loire en déroute. Eugène profite de l’arrêt du travail pour sortir à la porte « voir le temps ». Et voilà que, tout à coup, en plein ciel, au-dessus de la maison d’en face, il voit une « Belle Dame » qui tend les bras comme dans un geste d’accueil. Elle lui sourit. Elle est vêtue d’une robe bleue semée d’étoiles d’or (comme la voûte de l’église de Pontmain peinte ainsi en 1860). Sur la tête, elle a un voile noir surmonté d’une couronne d’or avec un liseré rouge au milieu. Aux pieds, elle porte des chaussons bleus avec une boucle d’or. Elle est au milieu d’un triangle formé de trois grosses étoiles.
L’enfant sourit à la Belle Dame. Ce sourire sera le seul dialogue car, de toute l’apparition, la Belle Dame ne dira pas un seul mot. Le jeune frère Joseph, venu à la porte, voit lui aussi la « Belle Dame », tandis que les grandes personnes ne voient rien sinon les trois étoiles.
Victoire, leur mère, ne verra rien non plus, bien qu’elle soit retournée à la maison chercher ses lunettes. Elle se rend à l’école demander à sœur Vitaline de venir devant la grange. Ne voyant que les étoiles, la sœur retourne à l’école et revient avec une autre sœur, Marie-Édouard, et trois petites pensionnaires. À leur arrivée, les deux plus jeunes, Françoise Richer (11 ans) et Jeanne-Marie Lebossé (9 ans) s’écrient : « Oh ! La Belle Dame ! Qu’elle est belle ! », et la décrivent à leur tour.
Sœur Marie-Édouard s’en va prévenir M. le curé tandis que sœur Vitaline commence à prier avec les gens qui accourent de plus en plus nombreux. « Monsieur le curé, dit sœur Marie-Édouard depuis la porte du presbytère, venez vite chez les Barbedette, il y a un prodige : les enfants voient la Sainte Vierge ! »Et le curé, saisi par la surprise, répond : « Un prodige ! La Sainte Vierge ! La Sainte Vierge ! Mais, ma sœur, vous me faites peur ! » La vieille servante, Jeannette Pottier, intervient : « Faut aller voir, monsieur le curé ! », et elle allume la lanterne pour sortir dans la nuit.
Lorsque le père arrive au milieu de ses paroissiens, les enfants, que l’on avait séparés pour éviter qu’ils puissent communiquer entre eux, s’écrient : « V’là d’qué qui s’fait ! » (« Voilà quelque chose qui se fait ») et ils décrivent un grand ovale bleu qui est venu entourer la Belle Dame. À l’intérieur, quatre bobèches sont fixées portant quatre bougies éteintes. Ces bougies rappellent celles que l’abbé Guérin allumait sur l’autel de la Sainte Vierge depuis le 8 décembre 1854 à tous les offices de la paroisse. En même temps apparaît une petite croix rouge sur la robe, à l’endroit du cœur.
Et puis voilà que l’attention se relâche. On commence à parler, à discuter et la Belle Dame devient triste : « V’là qu’elle tombe en humilité », dit Eugène. « Prions », ajoute M. le curé. Sœur Marie-Édouard commence le chapelet. Aussitôt, la Dame sourit à nouveau. Tout au long du chapelet, au rythme des Ave Maria, la Belle Dame grandit lentement. L’ovale grandit dans les mêmes proportions et les étoiles se multiplient sur sa robe et autour d’elle.
Victoire, leur mère, ne verra rien non plus, bien qu’elle soit retournée à la maison chercher ses lunettes. Elle se rend à l’école demander à sœur Vitaline de venir devant la grange. Ne voyant que les étoiles, la sœur retourne à l’école et revient avec une autre sœur, Marie-Édouard, et trois petites pensionnaires. À leur arrivée, les deux plus jeunes, Françoise Richer (11 ans) et Jeanne-Marie Lebossé (9 ans) s’écrient : « Oh ! La Belle Dame ! Qu’elle est belle ! », et la décrivent à leur tour.
Sœur Marie-Édouard s’en va prévenir M. le curé tandis que sœur Vitaline commence à prier avec les gens qui accourent de plus en plus nombreux. « Monsieur le curé, dit sœur Marie-Édouard depuis la porte du presbytère, venez vite chez les Barbedette, il y a un prodige : les enfants voient la Sainte Vierge ! »Et le curé, saisi par la surprise, répond : « Un prodige ! La Sainte Vierge ! La Sainte Vierge ! Mais, ma sœur, vous me faites peur ! » La vieille servante, Jeannette Pottier, intervient : « Faut aller voir, monsieur le curé ! », et elle allume la lanterne pour sortir dans la nuit.
Lorsque le père arrive au milieu de ses paroissiens, les enfants, que l’on avait séparés pour éviter qu’ils puissent communiquer entre eux, s’écrient : « V’là d’qué qui s’fait ! » (« Voilà quelque chose qui se fait ») et ils décrivent un grand ovale bleu qui est venu entourer la Belle Dame. À l’intérieur, quatre bobèches sont fixées portant quatre bougies éteintes. Ces bougies rappellent celles que l’abbé Guérin allumait sur l’autel de la Sainte Vierge depuis le 8 décembre 1854 à tous les offices de la paroisse. En même temps apparaît une petite croix rouge sur la robe, à l’endroit du cœur.
Et puis voilà que l’attention se relâche. On commence à parler, à discuter et la Belle Dame devient triste : « V’là qu’elle tombe en humilité », dit Eugène. « Prions », ajoute M. le curé. Sœur Marie-Édouard commence le chapelet. Aussitôt, la Dame sourit à nouveau. Tout au long du chapelet, au rythme des Ave Maria, la Belle Dame grandit lentement. L’ovale grandit dans les mêmes proportions et les étoiles se multiplient sur sa robe et autour d’elle.
« C’est comme une fourmilière, ça se tape sur sa robe, disent les enfants. Oh ! Qu’elle est belle ! » Après le chapelet, on chante le Magnificat. Au début du chant, les enfants s’écrient : « V’là cor’de qué qui s’fait » (« Voilà encore quelque chose qui se fait »). Une grande banderole vient se dérouler entre le bas de l’ovale et le toit de la maison. Des lettres commencent alors à s’écrire, en majuscule, couleur d’or.« C’est un M » - « Un A » - « Un I » - « Un S ». Le mot « MAIS » qui va rester tout seul jusqu’au moment où arrive Joseph Babin, un charretier, qui revient d’Ernée, à 20 km de là, et qui lance à la foule : « Vous pouvez bien prier, les Prussiens sont à Laval ». Le mot « PRIEZ » vient alors s’écrire après « MAIS ». Le message continue de s’écrire lettres après lettres. À la fin des litanies que l’on chante après le Magnificat, les enfants peuvent lire une première ligne se terminant par un gros point :
MAIS PRIEZ MES ENFANTS DIEU VOUS EXAUCERA EN PEU DE TEMPS
•Au début de l’Inviolata qui va suivre, des lettres commencent une seconde ligne : « MON ». Au moment où l’on chante O Mater alma Christi carissima, le mot « FILS » vient s’écrire à la suite. « MON FILS », lisent les enfants. Alors c’est un cri de joie général : « C’est Elle ! C’est bien Elle ! C’est la Sainte Vierge ! » Jusque là, on pensait que ce pouvait être Elle. Mais maintenant, on en est sûr. C’est bien écrit : MON FILS. Pendant que l’on termine l’Inviolata et que l’on chante le Salve Regina, le message continue et se termine
MAIS PRIEZ MES ENFANTS DIEU VOUS EXAUCERA EN PEU DE TEMPS
•Au début de l’Inviolata qui va suivre, des lettres commencent une seconde ligne : « MON ». Au moment où l’on chante O Mater alma Christi carissima, le mot « FILS » vient s’écrire à la suite. « MON FILS », lisent les enfants. Alors c’est un cri de joie général : « C’est Elle ! C’est bien Elle ! C’est la Sainte Vierge ! » Jusque là, on pensait que ce pouvait être Elle. Mais maintenant, on en est sûr. C’est bien écrit : MON FILS. Pendant que l’on termine l’Inviolata et que l’on chante le Salve Regina, le message continue et se termine
MON FILS SE LAISSE TOUCHER
Il n’y a pas de point final mais cette deuxième ligne est soulignée par un gros trait d’or comme les lettres.
Il n’y a pas de point final mais cette deuxième ligne est soulignée par un gros trait d’or comme les lettres.
« Chantons notre cantique à Marie », dit alors M. le curé et les paroles s’élèvent joyeuses vers le ciel, alors que, dimanche dernier, on l’avait chanté la gorge serrée : « Mère de l’Espérance dont le nom est si doux, Protégez notre France. Priez, priez pour nous. » Au début, la Vierge lève les mains à hauteur de ses épaules et agite les doigts au rythme du cantique. Puis un rouleau « couleur du temps » passe et efface la banderole et le message.
Suit un autre cantique « Mon doux Jésus » avec le refrain « Parce Domine, parce populo tuo ». Les enfants, joyeux jusque-là, deviennent subitement tristes. C’est que la Vierge elle aussi est devenue toute triste. Elle ne pleure pas mais un frémissement au coin des lèvres marque l’intensité de sa douleur. « Jamais on n’a vu une pareille tristesse sur un visage humain », disent les enfants.
C’est alors qu’une croix d’un rouge vif apparaît devant la Vierge. Sur la croix, Jésus, d’un rouge plus foncé. Au sommet de la croix, sur une traverse blanche, est écrit : « JÉSUS CHRIST ». La Vierge prend la croix à deux mains et la présente aux enfants pendant qu’une petite étoile vient allumer les quatre bougies de l’ovale avant d’aller se placer au-dessus de la tête de la Vierge. La foule prie en silence et beaucoup pleurent.
Puis sœur Marie-Édouard chante l’Ave Maris Stella. Le crucifix rouge disparait et la Vierge reprend l’attitude du début. « Un sourire plus grave » revient sur ses lèvres et une petite croix blanche apparaît sur chacune de ses épaules. Il est 20h30.
Suit un autre cantique « Mon doux Jésus » avec le refrain « Parce Domine, parce populo tuo ». Les enfants, joyeux jusque-là, deviennent subitement tristes. C’est que la Vierge elle aussi est devenue toute triste. Elle ne pleure pas mais un frémissement au coin des lèvres marque l’intensité de sa douleur. « Jamais on n’a vu une pareille tristesse sur un visage humain », disent les enfants.
C’est alors qu’une croix d’un rouge vif apparaît devant la Vierge. Sur la croix, Jésus, d’un rouge plus foncé. Au sommet de la croix, sur une traverse blanche, est écrit : « JÉSUS CHRIST ». La Vierge prend la croix à deux mains et la présente aux enfants pendant qu’une petite étoile vient allumer les quatre bougies de l’ovale avant d’aller se placer au-dessus de la tête de la Vierge. La foule prie en silence et beaucoup pleurent.
Puis sœur Marie-Édouard chante l’Ave Maris Stella. Le crucifix rouge disparait et la Vierge reprend l’attitude du début. « Un sourire plus grave » revient sur ses lèvres et une petite croix blanche apparaît sur chacune de ses épaules. Il est 20h30.
« Mes chers amis, dit M. le curé, nous allons faire tous ensemble la prière du soir ». Tout le monde se met à genoux, là où il est, qui dans la neige, qui dans la grange pour ceux qui ont voulu s’abriter du froid glacial. Jeannette Pottier, la vieille servante, commence la prière : « Mettons-nous en présence de Dieu et adorons-le. » Au moment de l’examen de conscience, les enfants signalent la présence d’un voile blanc qui vient d’apparaître aux pieds de la Vierge et qui monte lentement en la cachant à leurs yeux. Le voile arrive à hauteur de la couronne, s’arrête un instant et, brusquement, tout disparaît : le voile, la couronne, l’ovale, les bougies et les trois étoiles.
« Voyez-vous encore ? », demande M. le curé. « Non, M. le curé, tout a disparu, c’est tout fini ! ». Il est près de 21h. Chacun rentre chez soi, le cœur en paix. Toute crainte, toute peur s’en est allée.
Parmi les quatre jeunes gens qui ont vu la Sainte Vierge, les deux garçons deviendront prêtres
Les Prussiens qui devaient prendre Laval ce soir-là n’y sont pas entrés. Le lendemain, ils se sont repliés. L’armistice est signé le 26 et publié le 28 janvier 1871. Les 38 jeunes de Pontmain reviennent tous sains et saufs. Parmi les quatre jeunes gens qui ont vu la Sainte Vierge, les deux garçons deviendront prêtres, la plus jeune fille sera religieuse et l’autre gouvernante d’un curé.
Le 2 février 1872, après l’enquête et le procès canonique en bonne et due forme, Mgr Wicart, évêque de Laval, qui s’est lui-même déplacé pour interroger les jeunes voyants, publie un mandement dans lequel il déclare : « Nous jugeons que l’Immaculée Vierge Marie, Mère de Dieu, a véritablement apparu le 17 janvier 1871 à Eugène Barbedette, Joseph Barbedette, Françoise Richer et Jeanne-Marie Lebossé dans le hameau de Pontmain.
« Voyez-vous encore ? », demande M. le curé. « Non, M. le curé, tout a disparu, c’est tout fini ! ». Il est près de 21h. Chacun rentre chez soi, le cœur en paix. Toute crainte, toute peur s’en est allée.
Parmi les quatre jeunes gens qui ont vu la Sainte Vierge, les deux garçons deviendront prêtres
Les Prussiens qui devaient prendre Laval ce soir-là n’y sont pas entrés. Le lendemain, ils se sont repliés. L’armistice est signé le 26 et publié le 28 janvier 1871. Les 38 jeunes de Pontmain reviennent tous sains et saufs. Parmi les quatre jeunes gens qui ont vu la Sainte Vierge, les deux garçons deviendront prêtres, la plus jeune fille sera religieuse et l’autre gouvernante d’un curé.
Le 2 février 1872, après l’enquête et le procès canonique en bonne et due forme, Mgr Wicart, évêque de Laval, qui s’est lui-même déplacé pour interroger les jeunes voyants, publie un mandement dans lequel il déclare : « Nous jugeons que l’Immaculée Vierge Marie, Mère de Dieu, a véritablement apparu le 17 janvier 1871 à Eugène Barbedette, Joseph Barbedette, Françoise Richer et Jeanne-Marie Lebossé dans le hameau de Pontmain.
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1876
À PELLEVOISIN, LA VIERGE MARIE APPARAÎT 15 FOIS À UNE JEUNE FEMME ET LUI DEMANDE DE PRIER POUR LA FRANCE
À PELLEVOISIN, LA VIERGE MARIE APPARAÎT 15 FOIS À UNE JEUNE FEMME ET LUI DEMANDE DE PRIER POUR LA FRANCE
En 1876, Marie apparaît à Pellevoisin (Indre) à Estelle Faguette, une jeune femme atteinte de péritonite tuberculeuse en fin de vie, et lui annonce sa guérison qui deviendra effective à la cinquième apparition. Elle lui présente ensuite le scapulaire du Sacré-Cœur et lui demande de le faire connaître. Elle lui annonce enfin que la France souffrira et l’invite au calme et à la prière.
Frère Jean-Emmanuel de Gabory Recteur du sanctuaire
Peu avant que les relations entre l’Église et l’État ne traversent une période critique en France(Lois Ferry, expulsion des congrégations enseignantes etc.), la Vierge Marie apparaît à Pellevoisin en 1876. C’est alors la dernière des grandes apparitions mariales du XIXème siècle, après la Rue du Bac (1830), la Salette (1846), Lourdes (1858), et Pontmain (1871) : apparitions qui dessinent - selon certains - le « M » de Marie sur la France.
Estelle Faguette, servante depuis 1865 chez la comtesse de La Rochefoucauld, est atteinte d’une maladie incurable. Elle écrit avec un cœur d’enfant et dans une grande confiance, une lettre à la Sainte Vierge, lui demandant d’intercéder auprès de son divin Fils pour sa guérison, afin de soutenir ses parents âgés. Depuis sa jeunesse à Paris, où elle a été enfant de Marie, Estelle nourrit pour la Vierge une grande dévotion, mais trois médecins la disent condamnée, la famille de La Rochefoucauld rentre à Paris sans elle et on commence déjà à organiser ses obsèques…
Mais de février à décembre 1876, la Vierge Marie répond à la lettre de la jeune femme par quinze apparitions dans la maison de ses parents, au cours desquelles elle remercie Estelle de sa démarche, l’éduque à la sainteté et lui délivre un message de miséricorde.
Frère Jean-Emmanuel de Gabory Recteur du sanctuaire
Peu avant que les relations entre l’Église et l’État ne traversent une période critique en France(Lois Ferry, expulsion des congrégations enseignantes etc.), la Vierge Marie apparaît à Pellevoisin en 1876. C’est alors la dernière des grandes apparitions mariales du XIXème siècle, après la Rue du Bac (1830), la Salette (1846), Lourdes (1858), et Pontmain (1871) : apparitions qui dessinent - selon certains - le « M » de Marie sur la France.
Estelle Faguette, servante depuis 1865 chez la comtesse de La Rochefoucauld, est atteinte d’une maladie incurable. Elle écrit avec un cœur d’enfant et dans une grande confiance, une lettre à la Sainte Vierge, lui demandant d’intercéder auprès de son divin Fils pour sa guérison, afin de soutenir ses parents âgés. Depuis sa jeunesse à Paris, où elle a été enfant de Marie, Estelle nourrit pour la Vierge une grande dévotion, mais trois médecins la disent condamnée, la famille de La Rochefoucauld rentre à Paris sans elle et on commence déjà à organiser ses obsèques…
Mais de février à décembre 1876, la Vierge Marie répond à la lettre de la jeune femme par quinze apparitions dans la maison de ses parents, au cours desquelles elle remercie Estelle de sa démarche, l’éduque à la sainteté et lui délivre un message de miséricorde.
Marie se présente comme la « toute miséricordieuse ». Notons que c’est le seul endroit connu où elle se nomme ainsi (on comprend dès lors que Pellevoisin, en cette année de la Miséricorde, soit sanctuaire de la miséricorde et Porte Sainte pour le diocèse de Bourges). Au cours de la cinquième apparition, Marie va obtenir de son Fils la guérison d’Estelle, le 19 février 1876.
Lors de sa neuvième apparition, elle révèle à la jeune femme de 32 ans sa mission : faire connaître et diffuser le scapulaire du Sacré-Cœur. Estelle raconte : « La Vierge me dit : « Depuis longtemps les trésors de mon Fils sont ouverts ; qu’ils prient. » En disant ces paroles, elle souleva la petite pièce de laine qu’elle portait sur sa poitrine… J’aperçus un cœur rouge qui ressortait très bien. J’ai pensé tout de suite que c’était un scapulaire du Sacré-Cœur. Elle dit en le soulevant : « J’aime cette dévotion », et « C’est ici que je serai honorée. » »
Marie nous invite ainsi à revenir au message de Paray-le-Monial mais elle l’enrichit par un geste concret : pratiquer la dévotion en portant le scapulaire qui représente d’un côté le Cœur du Christ et de l’autre l’image de Marie. On retrouve la dévotion aux deux Cœurs si chère à saint Jean Eudes (qui sera sans doute bientôt proclamé « Docteur de l’Église »).
Marie va aussi inviter à prier pour les pécheurs : « Son Cœur (celui de son Fils) a tant d’amour pour le mien qu’il ne peut refuser mes demandes. Par moi, il touchera les cœurs les plus endurcis. » « Je suis venue particulièrement pour la conversion des pécheurs. » (Septième apparition)
Lors de sa neuvième apparition, elle révèle à la jeune femme de 32 ans sa mission : faire connaître et diffuser le scapulaire du Sacré-Cœur. Estelle raconte : « La Vierge me dit : « Depuis longtemps les trésors de mon Fils sont ouverts ; qu’ils prient. » En disant ces paroles, elle souleva la petite pièce de laine qu’elle portait sur sa poitrine… J’aperçus un cœur rouge qui ressortait très bien. J’ai pensé tout de suite que c’était un scapulaire du Sacré-Cœur. Elle dit en le soulevant : « J’aime cette dévotion », et « C’est ici que je serai honorée. » »
Marie nous invite ainsi à revenir au message de Paray-le-Monial mais elle l’enrichit par un geste concret : pratiquer la dévotion en portant le scapulaire qui représente d’un côté le Cœur du Christ et de l’autre l’image de Marie. On retrouve la dévotion aux deux Cœurs si chère à saint Jean Eudes (qui sera sans doute bientôt proclamé « Docteur de l’Église »).
Marie va aussi inviter à prier pour les pécheurs : « Son Cœur (celui de son Fils) a tant d’amour pour le mien qu’il ne peut refuser mes demandes. Par moi, il touchera les cœurs les plus endurcis. » « Je suis venue particulièrement pour la conversion des pécheurs. » (Septième apparition)
Marie veut enfin que nous priions tout particulièrement pour l’Église et pour la France : « Je tiendrai compte des efforts que tu as faits pour avoir le calme ; ce n’est pas seulement pour toi que je le demande, mais aussi pour l’Église et pour la France… La France, que n’ai-je pas fait pour elle ! Que d’avertissements, et pourtant encore elle refuse d’entendre… La France souffrira… Courage et confiance. »(Onzième apparition)
Nous comprenons ainsi, en ces temps troublés, combien il est important que nous prions pour l’Église, pour la France, pour le monde entier, et pour cela que nous venions aussi en pèlerinage à Pellevoisin pour obtenir les grâces dont nous avons besoin (piété, salut, confiance, conversion, santé etc.).
Il est important surtout que nous refassions notre consécration au Sacré-Cœur et que nous portions le scapulaire pour être agréable à Marie et réparer les outrages que son Fils reçoit dans le sacrement de son Amour. (Quinzième et dernière apparition)
Définitivement guérie, Estelle Faguette dépose à l’église paroissiale un ex-voto de reconnaissance, le 30 avril 1876, comme la Vierge le lui a demandé. « J’ai invoqué Marie au plus fort de ma misère. Elle m’a obtenu de son Fils ma guérison entière. » Elle reprend son humble travail, dans la discrétion, et sera reçue dans le tiers-ordre dominicain à 80 ans.
Dès 1877, l’archevêque de Bourges autorise le Culte public à Notre-Dame de Pellevoisin « Mère toute miséricordieuse », et la chambre d’Estelle est transformée en chapelle où les pèlerins affluent. Le pèlerinage reçoit une indulgence plénière du pape Léon XIII en 1892. L’année suivante, un monastère de Dominicaines s’installe près de la chapelle pour accueillir les pèlerins. En avril 1900, Léon XIII reconnaît officiellement le scapulaire du Sacré Cœur tel qu’Estelle l’a vu porté par la Vierge Marie et encourage tous les fidèles qui le désirent à le porter.
Estelle meurt à 86 ans le 23 août 1929. Sur sa tombe figurent deux mots que lui a transmis la Sainte Vierge : « Sois simple. »
La guérison d'Estelle a été officiellement déclarée miraculeuse le 8 septembre 1983 par Mgr Paul Vignancour, alors archevêque de Bourges. Cette déclaration fait suite à tous les actes favorables et marques de bienveillance des souverains pontifes et des archevêques de Bourges à l'égard de Pellevoisin depuis plus d'un siècle.
Nous comprenons ainsi, en ces temps troublés, combien il est important que nous prions pour l’Église, pour la France, pour le monde entier, et pour cela que nous venions aussi en pèlerinage à Pellevoisin pour obtenir les grâces dont nous avons besoin (piété, salut, confiance, conversion, santé etc.).
Il est important surtout que nous refassions notre consécration au Sacré-Cœur et que nous portions le scapulaire pour être agréable à Marie et réparer les outrages que son Fils reçoit dans le sacrement de son Amour. (Quinzième et dernière apparition)
Définitivement guérie, Estelle Faguette dépose à l’église paroissiale un ex-voto de reconnaissance, le 30 avril 1876, comme la Vierge le lui a demandé. « J’ai invoqué Marie au plus fort de ma misère. Elle m’a obtenu de son Fils ma guérison entière. » Elle reprend son humble travail, dans la discrétion, et sera reçue dans le tiers-ordre dominicain à 80 ans.
Dès 1877, l’archevêque de Bourges autorise le Culte public à Notre-Dame de Pellevoisin « Mère toute miséricordieuse », et la chambre d’Estelle est transformée en chapelle où les pèlerins affluent. Le pèlerinage reçoit une indulgence plénière du pape Léon XIII en 1892. L’année suivante, un monastère de Dominicaines s’installe près de la chapelle pour accueillir les pèlerins. En avril 1900, Léon XIII reconnaît officiellement le scapulaire du Sacré Cœur tel qu’Estelle l’a vu porté par la Vierge Marie et encourage tous les fidèles qui le désirent à le porter.
Estelle meurt à 86 ans le 23 août 1929. Sur sa tombe figurent deux mots que lui a transmis la Sainte Vierge : « Sois simple. »
La guérison d'Estelle a été officiellement déclarée miraculeuse le 8 septembre 1983 par Mgr Paul Vignancour, alors archevêque de Bourges. Cette déclaration fait suite à tous les actes favorables et marques de bienveillance des souverains pontifes et des archevêques de Bourges à l'égard de Pellevoisin depuis plus d'un siècle.
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M1234- Hiérophante contre le nouvel ordre mondial
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1879
BIENHEUREUX ANTOINE CHEVRIER, « L’AMI DES PAUVRES »
BIENHEUREUX ANTOINE CHEVRIER, « L’AMI DES PAUVRES »
Créateur de l’institut séculier du Prado à Lyon, le Père Antoine Chevrier (1826-1879) a vécu toute sa vie au service des pauvres, puisant dans l’Évangile la force d’écouter, de suivre et de faire aimer Jésus-Christ.
Gilles Gracineau Prêtre du Prado, curé de paroisse sur le Plateau de Millevaches (Limousin)
Aux côtés des plus pauvres. Octobre 1879. Dans « la Guillotière », quartier alors le plus misérable de Lyon, plus de 10 000 personnes suivent la dépouille d’un prêtre, le Père Antoine Chevrier, né le 17 avril 1826 dans la même ville. Sur le trottoir, quelqu’un s’étonne d’une telle foule : « Mais c’est le père Chevrier, un ami des pauvres ! » Toute sa vie de prêtre (il est ordonné à 24 ans en 1850), il l’a passée dans la Guillotière au côté des petits et des humbles, des hommes déracinés venus du Dauphiné, de la Creuse ou d’ailleurs. Ils travaillent depuis l’aube jusqu’à la nuit tombée ; ils dorment dans des « garnis » et des taudis ; ils cherchent à se distraire dans des cafés malfamés. Lyon entre dans l’ère industrielle et s’étend. La conscience ouvrière s’éveille en ce nouveau monde en gestation et sans boussole. Parfois la révolte gronde. Antoine Chevrier, lui, va son chemin, cherchant passionnément quelques petites lumières dans les cœurs au-delà de la misère ou du péché. Il veut que l’Espérance se lève dans le monde des déshérités et surtout que, parmi eux, des jeunes puissent consacrer leur vie à faire connaître le Christ au milieu des pauvres.
Une expérience fondatrice. Quelle était donc la source où Antoine Chevrier puisait la force d’aller de l’avant pour faire connaître le message de l’Espérance ? Ce fut une expérience mystique, la nuit de Noël 1856 ; celle-ci fut le véritable pivot de sa vie. Antoine Chevrier se recueille devant la crèche, dans le silence de l’église Saint-André dont il était le desservant. Soudain, la pauvreté de l’Envoyé de Dieu le saisit, l’enveloppe, le remplit d’une lumière si bouleversante que, pour lui, se confondent la crèche de Bethléem et la pauvreté des enfants des rues de la « Guille » : Dieu vient nous parler ! Et de quelle manière étrange, par un enfant à la paille ! Quelle merveille ! Il vient donc pour les pauvres de la « Guille », jusque dans la profondeur de leur misère. Une décision s’impose en son cœur de prêtre, de messager de la Parole de Dieu : « J’irai au milieu d’eux, je vivrai leur vie et ils verront ce que c’est qu’un prêtre. » Dès lors sa vie fut fixée et libre, de la liberté de l’Évangile !
Une œuvre. Le voici par les rues, avec les enfants. Il devient en 1857 compagnon d’un chrétien engagé dans ce milieu populaire, Camille Rambaud (1822-1902) qui est en train de bâtir « la Cité de l’Enfant-Jésus ». Il y est heureux. Mais bientôt insatisfait : « Je n’ai pas assez de temps pour parler de Jésus », se plaint-il. Il cherche ailleurs. Il entend parler d’un bal mal famé qui est à vendre, lieu de débauche appelé « Le Prado ». Il tremble, mais a l’audace de l’acheter grâce au soutien financier d’amis. Bientôt avec des moyens dérisoires et toujours précaires, il accueille des enfants des rues, ou qui travaillent dans des « fabriques ». Durant six mois, avec quelques jeunes femmes qui deviendront plus tard des consacrées, il leur enseigne à lire, à écrire, et à écouter l’Évangile. Il nourrit même, au secret de son âme, l’espoir de trouver de futurs prêtres familiers des pauvres, capables de les comprendre, de les aimer et de leur parler au cœur.
Ah, l’Évangile ! Sa boussole à lui c’est l’Évangile, cet Évangile qui a fait de lui un homme libre : 18 000 pages écrites de méditations sur la vie de Jésus, bien qu’il n’ait jamais écrit de traité systématique. Il est passionné. « Connaître Jésus-Christ c’est tout, le reste n’est rien. » Sa vie est brûlante. Chaque jour, il prie Dieu pour recevoir son Esprit : « Celui qui a l’Esprit de Dieu a un grand trésor. C’est dans l’oraison qu’on apprend tout. Qu’on laisse faire Dieu. » La Vierge Marie tient une grande place ; chaque jour il médite et commente en public les mystères du Rosaire afin de contempler la vie de Jésus. Pour Antoine Chevrier, le Christ est au centre et il écarte toute incantation moralisante qui pourrait désespérer les pauvres gens accablés de misère ou de fatigue. Attaché à la personne de Jésus, séduit par lui comme le fut saint Paul, il le prend pour seul maître. « Aimer comme Jésus l’a fait », deviendra la devise qu’il affichera dans l’ancienne salle de bal devenue chapelle : « Aimez-vous comme je vous ai aimés ». En lui brûle le feu de l’Évangile. De temps en temps, il se rend dans une petite grange à Saint-Fons, à quelques kilomètres de Lyon. Devant la crèche pour les animaux, il médite la vie de Jésus. Il voudrait que l’Évangile devienne pour tous une maison accueillante que l’on aime visiter et où l’on goûte le bonheur de « demeurer longuement ». À son exemple, quelques jeunes s’attachent à l’Évangile au point de désirer être prêtres. Là, dans cette grange, il les réunit. Ils sont 12 ; nous sommes en 1866, il y a 150 ans.
Une image sur un mur. Notre temps demande des images. Lui vient à l’idée de fixer sur les murs de la grange de Saint-Fons « le tableau » de sa pensée : à l’image du Christ, le prêtre est un homme animé de charité, pauvre et crucifié. C’est dans l’amour que la pauvreté et la croix prennent sens et donnent vie. Le langage de ces inscriptions sur les murs est abrupt, saisissant, mais tout est illuminé de la charité présente au manifesté au tabernacle, « aboutissement de l’incarnation ». Un « tableau » comme une icône qui vous dévisage, vous interroge, vous appelle à suivre Jésus.
Une fécondité. Quelques mois avant sa mort le 2 octobre 1879, le Père Chevrier traverse une épreuve crucifiante. Plusieurs des quelques prêtres qu’il a formés le quittent pour la mission lointaine ou le monastère. Dans une lettre, il signe « un pauvre délaissé sur la croix ». Ce n’était pas encore l’heure de la fécondité. Les fruits vont tarder, mais ils sont venus, non sans de multiples épreuves. Aujourd’hui, les 1 200 prêtres du Prado sont présents dans une quarantaine de pays du monde et la famille du Prado connaît des diacres, des sœurs, un Institut féminin du Prado, des laïcs consacrés, et des laïcs familiers de la grâce du Père Chevrier.
Un charisme pour notre temps. Le charisme du Prado, c’est suivre Jésus au plus près de son Évangile et de la vie des pauvres. C’est vivre du mystère de l’incarnation, c’est laisser le Christ « passer en nous » pour lui permettre de naître dans la vie des pauvres. Ainsi, jusque sur des visages défigurés de misère, peuvent se révéler à nos yeux des lumières et des reflets de l’Évangile. « Notre cœur et notre prière seront comme un creuset où l’Évangile et la vie des hommes longuement médités se rencontrent et s’éclairent mutuellement. » Au contact de l’Évangile et de la vie des pauvres, les Pradosiens et Pradosiennes en leurs fraternités acquièrent un « tour de main », un savoir vivre qui peut, au gré de la grâce, ouvrir le chemin vers Dieu.
Marie, pour aller à Jésus. Dans son désir de toujours mieux connaitre Jésus-Christ, chemin vers le Père, et afin de le faire connaître et aimer par tous, le Père Chevrier priait et faisait prier Marie à l’aide du chapelet : « Le chapelet, c’est le livre de tout le monde : c’est le livre du prêtre et du peuple ; c’est le livre de l’aveugle ; c’est le livre du vieillard dont l’œil se ferme aux choses de ce monde ; c’est le livre du savant et de l’ignorant ; c’est le livre de celui qui souffre… ». Il disait aussi : « Le Rosaire a été établi pour nous rappeler la vie de Notre Seigneur Jésus-Christ. » C’est ainsi que chaque soir, dans la chapelle du Prado, entouré d’une foule de gens très humbles, il commentait à voix haute les mystères du Rosaire pour faire découvrir qui était vraiment Jésus-Christ.
Vers une canonisation. Enterré dans la chapelle du siège du Prado, le Père Chevrier a été béatifié par saint Jean-Paul II lors de sa visite à Lyon le 4 octobre 1986 en présence d’une foule de 350 000 personnes. Un procès de canonisation est en cours.
Gilles Gracineau Prêtre du Prado, curé de paroisse sur le Plateau de Millevaches (Limousin)
Aux côtés des plus pauvres. Octobre 1879. Dans « la Guillotière », quartier alors le plus misérable de Lyon, plus de 10 000 personnes suivent la dépouille d’un prêtre, le Père Antoine Chevrier, né le 17 avril 1826 dans la même ville. Sur le trottoir, quelqu’un s’étonne d’une telle foule : « Mais c’est le père Chevrier, un ami des pauvres ! » Toute sa vie de prêtre (il est ordonné à 24 ans en 1850), il l’a passée dans la Guillotière au côté des petits et des humbles, des hommes déracinés venus du Dauphiné, de la Creuse ou d’ailleurs. Ils travaillent depuis l’aube jusqu’à la nuit tombée ; ils dorment dans des « garnis » et des taudis ; ils cherchent à se distraire dans des cafés malfamés. Lyon entre dans l’ère industrielle et s’étend. La conscience ouvrière s’éveille en ce nouveau monde en gestation et sans boussole. Parfois la révolte gronde. Antoine Chevrier, lui, va son chemin, cherchant passionnément quelques petites lumières dans les cœurs au-delà de la misère ou du péché. Il veut que l’Espérance se lève dans le monde des déshérités et surtout que, parmi eux, des jeunes puissent consacrer leur vie à faire connaître le Christ au milieu des pauvres.
Une expérience fondatrice. Quelle était donc la source où Antoine Chevrier puisait la force d’aller de l’avant pour faire connaître le message de l’Espérance ? Ce fut une expérience mystique, la nuit de Noël 1856 ; celle-ci fut le véritable pivot de sa vie. Antoine Chevrier se recueille devant la crèche, dans le silence de l’église Saint-André dont il était le desservant. Soudain, la pauvreté de l’Envoyé de Dieu le saisit, l’enveloppe, le remplit d’une lumière si bouleversante que, pour lui, se confondent la crèche de Bethléem et la pauvreté des enfants des rues de la « Guille » : Dieu vient nous parler ! Et de quelle manière étrange, par un enfant à la paille ! Quelle merveille ! Il vient donc pour les pauvres de la « Guille », jusque dans la profondeur de leur misère. Une décision s’impose en son cœur de prêtre, de messager de la Parole de Dieu : « J’irai au milieu d’eux, je vivrai leur vie et ils verront ce que c’est qu’un prêtre. » Dès lors sa vie fut fixée et libre, de la liberté de l’Évangile !
Une œuvre. Le voici par les rues, avec les enfants. Il devient en 1857 compagnon d’un chrétien engagé dans ce milieu populaire, Camille Rambaud (1822-1902) qui est en train de bâtir « la Cité de l’Enfant-Jésus ». Il y est heureux. Mais bientôt insatisfait : « Je n’ai pas assez de temps pour parler de Jésus », se plaint-il. Il cherche ailleurs. Il entend parler d’un bal mal famé qui est à vendre, lieu de débauche appelé « Le Prado ». Il tremble, mais a l’audace de l’acheter grâce au soutien financier d’amis. Bientôt avec des moyens dérisoires et toujours précaires, il accueille des enfants des rues, ou qui travaillent dans des « fabriques ». Durant six mois, avec quelques jeunes femmes qui deviendront plus tard des consacrées, il leur enseigne à lire, à écrire, et à écouter l’Évangile. Il nourrit même, au secret de son âme, l’espoir de trouver de futurs prêtres familiers des pauvres, capables de les comprendre, de les aimer et de leur parler au cœur.
Ah, l’Évangile ! Sa boussole à lui c’est l’Évangile, cet Évangile qui a fait de lui un homme libre : 18 000 pages écrites de méditations sur la vie de Jésus, bien qu’il n’ait jamais écrit de traité systématique. Il est passionné. « Connaître Jésus-Christ c’est tout, le reste n’est rien. » Sa vie est brûlante. Chaque jour, il prie Dieu pour recevoir son Esprit : « Celui qui a l’Esprit de Dieu a un grand trésor. C’est dans l’oraison qu’on apprend tout. Qu’on laisse faire Dieu. » La Vierge Marie tient une grande place ; chaque jour il médite et commente en public les mystères du Rosaire afin de contempler la vie de Jésus. Pour Antoine Chevrier, le Christ est au centre et il écarte toute incantation moralisante qui pourrait désespérer les pauvres gens accablés de misère ou de fatigue. Attaché à la personne de Jésus, séduit par lui comme le fut saint Paul, il le prend pour seul maître. « Aimer comme Jésus l’a fait », deviendra la devise qu’il affichera dans l’ancienne salle de bal devenue chapelle : « Aimez-vous comme je vous ai aimés ». En lui brûle le feu de l’Évangile. De temps en temps, il se rend dans une petite grange à Saint-Fons, à quelques kilomètres de Lyon. Devant la crèche pour les animaux, il médite la vie de Jésus. Il voudrait que l’Évangile devienne pour tous une maison accueillante que l’on aime visiter et où l’on goûte le bonheur de « demeurer longuement ». À son exemple, quelques jeunes s’attachent à l’Évangile au point de désirer être prêtres. Là, dans cette grange, il les réunit. Ils sont 12 ; nous sommes en 1866, il y a 150 ans.
Une image sur un mur. Notre temps demande des images. Lui vient à l’idée de fixer sur les murs de la grange de Saint-Fons « le tableau » de sa pensée : à l’image du Christ, le prêtre est un homme animé de charité, pauvre et crucifié. C’est dans l’amour que la pauvreté et la croix prennent sens et donnent vie. Le langage de ces inscriptions sur les murs est abrupt, saisissant, mais tout est illuminé de la charité présente au manifesté au tabernacle, « aboutissement de l’incarnation ». Un « tableau » comme une icône qui vous dévisage, vous interroge, vous appelle à suivre Jésus.
Une fécondité. Quelques mois avant sa mort le 2 octobre 1879, le Père Chevrier traverse une épreuve crucifiante. Plusieurs des quelques prêtres qu’il a formés le quittent pour la mission lointaine ou le monastère. Dans une lettre, il signe « un pauvre délaissé sur la croix ». Ce n’était pas encore l’heure de la fécondité. Les fruits vont tarder, mais ils sont venus, non sans de multiples épreuves. Aujourd’hui, les 1 200 prêtres du Prado sont présents dans une quarantaine de pays du monde et la famille du Prado connaît des diacres, des sœurs, un Institut féminin du Prado, des laïcs consacrés, et des laïcs familiers de la grâce du Père Chevrier.
Un charisme pour notre temps. Le charisme du Prado, c’est suivre Jésus au plus près de son Évangile et de la vie des pauvres. C’est vivre du mystère de l’incarnation, c’est laisser le Christ « passer en nous » pour lui permettre de naître dans la vie des pauvres. Ainsi, jusque sur des visages défigurés de misère, peuvent se révéler à nos yeux des lumières et des reflets de l’Évangile. « Notre cœur et notre prière seront comme un creuset où l’Évangile et la vie des hommes longuement médités se rencontrent et s’éclairent mutuellement. » Au contact de l’Évangile et de la vie des pauvres, les Pradosiens et Pradosiennes en leurs fraternités acquièrent un « tour de main », un savoir vivre qui peut, au gré de la grâce, ouvrir le chemin vers Dieu.
Marie, pour aller à Jésus. Dans son désir de toujours mieux connaitre Jésus-Christ, chemin vers le Père, et afin de le faire connaître et aimer par tous, le Père Chevrier priait et faisait prier Marie à l’aide du chapelet : « Le chapelet, c’est le livre de tout le monde : c’est le livre du prêtre et du peuple ; c’est le livre de l’aveugle ; c’est le livre du vieillard dont l’œil se ferme aux choses de ce monde ; c’est le livre du savant et de l’ignorant ; c’est le livre de celui qui souffre… ». Il disait aussi : « Le Rosaire a été établi pour nous rappeler la vie de Notre Seigneur Jésus-Christ. » C’est ainsi que chaque soir, dans la chapelle du Prado, entouré d’une foule de gens très humbles, il commentait à voix haute les mystères du Rosaire pour faire découvrir qui était vraiment Jésus-Christ.
Vers une canonisation. Enterré dans la chapelle du siège du Prado, le Père Chevrier a été béatifié par saint Jean-Paul II lors de sa visite à Lyon le 4 octobre 1986 en présence d’une foule de 350 000 personnes. Un procès de canonisation est en cours.
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1884
MONTLIGEON : LIEU D’ESPÉRANCE CHRÉTIENNE EN LA VIE ÉTERNELLE
MONTLIGEON : LIEU D’ESPÉRANCE CHRÉTIENNE EN LA VIE ÉTERNELLE
Né vers la fin du XIXe siècle grâce à la détermination d’un jeune curé de paroisse, le sanctuaire marial de Montligeon (Normandie) a aujourd’hui encore la vocation d’accueillir les pèlerins qui souhaitent prier pour les défunts et pour tous ceux qui souffrent dans leur travail.
Don Alban Dyèvre Chapelain du sanctuaire de Montligeon
La naissance de l’œuvre de Montligeon. Le sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon a une histoire qui s’ancre dans le double désir d’un jeune curé de paroisse de la fin du XIXe siècle. En pleine Révolution industrielle, sévit l’exode rural : beaucoup de villageois choisissent de quitter leur petit village de la Chapelle-Montligeon (Orne) pour chercher du travail en ville. L’Abbé Paul Buguet (1843-1918) cherche alors à les « retenir », en créant tour à tour plusieurs manufactures, mais sans succès. Jusqu’au jour où il fonde une imprimerie, au service d’un deuxième désir qui le presse depuis si longtemps : prier et faire prier pour les défunts, en particulier les âmes du Purgatoire les plus abandonnées. L’abbé a une grande dévotion à la Vierge Marie, et une grande confiance en son intercession puissante pour les agonisants et les âmes du Purgatoire. Selon lui, c’est du « donnant-donnant » : en faisant prier pour ces âmes, leur intercession reconnaissante aidera à favoriser l’emploi local. Nous sommes ainsi au cœur de la communion des saints, où les liens invisibles entre l’Église de la Terre et celle du Ciel interagissent. Le 4 octobre 1884, Mgr François-Marie Trégaro, évêque de Séez, donne son approbation à la fondation d'une association : l’œuvre de Montligeon est née !
Don Alban Dyèvre Chapelain du sanctuaire de Montligeon
La naissance de l’œuvre de Montligeon. Le sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon a une histoire qui s’ancre dans le double désir d’un jeune curé de paroisse de la fin du XIXe siècle. En pleine Révolution industrielle, sévit l’exode rural : beaucoup de villageois choisissent de quitter leur petit village de la Chapelle-Montligeon (Orne) pour chercher du travail en ville. L’Abbé Paul Buguet (1843-1918) cherche alors à les « retenir », en créant tour à tour plusieurs manufactures, mais sans succès. Jusqu’au jour où il fonde une imprimerie, au service d’un deuxième désir qui le presse depuis si longtemps : prier et faire prier pour les défunts, en particulier les âmes du Purgatoire les plus abandonnées. L’abbé a une grande dévotion à la Vierge Marie, et une grande confiance en son intercession puissante pour les agonisants et les âmes du Purgatoire. Selon lui, c’est du « donnant-donnant » : en faisant prier pour ces âmes, leur intercession reconnaissante aidera à favoriser l’emploi local. Nous sommes ainsi au cœur de la communion des saints, où les liens invisibles entre l’Église de la Terre et celle du Ciel interagissent. Le 4 octobre 1884, Mgr François-Marie Trégaro, évêque de Séez, donne son approbation à la fondation d'une association : l’œuvre de Montligeon est née !
a création de « l’Œuvre Expiatoire pour la délivrance des âmes délaissées du Purgatoire ». Appelée aujourd’hui « Fraternité Notre-Dame de Montligeon », cette œuvre donne la possibilité d’inscrire un vivant ou un défunt à la « messe perpétuelle », célébrée quotidiennement au sanctuaire et dans d’autres endroits du monde entier. Rapidement, elle prend un essor considérable. Grâce aux nombreux voyages à l’étranger de l’abbé Buguet, le sanctuaire devient en effet le centre de pèlerinages mondiaux en faveur de la prière pour les défunts. Pour ne pas perdre le contact avec ses fidèles, l’abbé a aussi l’idée de faire imprimer des tracts et des images dans l’imprimerie qu’il a fondée pour l’occasion. En 1893, le Pape Léon XIII l’érige en archiconfrérie et, en 1895, il lui accorde le titre-privilège d’« Archiconfrérie Prima-Primaria », ce qui fait d’elle l’œuvre Mère de toutes les associations dédiées aux âmes du Purgatoire. Dès 1892, l’afflux de pèlerins, que ne peut plus contenir l’église paroissiale Saint-Pierre datant de la Renaissance, est à l’origine de la construction d’un édifice plus grand, Notre-Dame de Montligeon, consacrée le 28 août 1928 et érigée en basilique mineure par le pape Pie XI le lendemain.
L’accueil des pèlerins. Aujourd’hui, la dimension d’accueil a été largement développée au sanctuaire de Montligeon par les recteurs successifs. Plusieurs groupes rejoignent fréquemment le sanctuaire, afin de confier leurs défunts à la miséricorde de Dieu, par l’intercession de Notre-Dame Libératrice, vocable sous lequel la Vierge Marie est invoquée. Les pèlerinages sont particulièrement importants en novembre, mois traditionnellement consacré au souvenir des défunts. Parmi les groupes à venir, nombreux sont les jeunes en vue de leur préparation à la profession de foi ou à la confirmation, des « équipes-deuil » de diocèses différents, ou des pèlerins venant parfois de très loin. Le sanctuaire a alors une mission de rappel de l’espérance chrétienne en la vie éternelle. Sont aussi accueillies des personnes individuelles, qui, pour plusieurs d’entre elles, traversent un deuil. Il leur est possible de se joindre à la liturgie du sanctuaire (offices, messes, chapelets, adoration, confessions) et de rencontrer un prêtre (membre de la communauté Saint-Martin) ou une sœur (membre de la Nouvelle-Alliance).
Un lieu d’espérance en la vie éternelle. Ce sanctuaire spécialement consacré à la prière pour les défunts est bien un lieu de grâce et de réconfort. Notre monde d’aujourd’hui renie hélas bien souvent les réalités de l’Au-Delà, alors que le cœur de notre foi est bien cette résurrection du Christ, gage de la nôtre : « Si le Christ n’est pas Ressuscité, vaine est notre foi ! » (1 Corinthiens XV, 14). Telle est notre espérance, telle est notre joie ! N’oublions jamais de prier pour tous nos défunts, ils ont besoin de notre aide !
La vocation sociale du sanctuaire. Pour terminer, mentionnons la dimension sociale concernant le travail que le sanctuaire essaie de poursuivre, en s’inscrivant dans le souci que l’Abbé Buguet avait en cherchant à donner du travail à ses villageois. L’imprimerie fondée par l’Abbé n’existe plus, mais les locaux demeurent au sein du sanctuaire. Ils servent aujourd’hui pour une partie à accueillir des artisans qui s’engagent à travailler avec un esprit de charité, en s’aidant les uns les autres. Ces travailleurs sont accompagnés par un chapelain du sanctuaire qui leur rappelle l’éclairage de la foi chrétienne sur la valeur et le sens du travail, vu comme une participation à l’œuvre de Dieu. En parallèle, le sanctuaire de Montligeon propose des formations de doctrine sociale de l’Église, ainsi que l’accompagnement de mères de famille dans la valorisation de leur travail souvent peu reconnu. Ainsi, prier pour les défunts, et pour tous ceux qui souffrent dans leur travail, telle est la mission de ce sanctuaire normand de Montligeon. Belle mission, vaste mission !
La vocation sociale du sanctuaire. Pour terminer, mentionnons la dimension sociale concernant le travail que le sanctuaire essaie de poursuivre, en s’inscrivant dans le souci que l’Abbé Buguet avait en cherchant à donner du travail à ses villageois. L’imprimerie fondée par l’Abbé n’existe plus, mais les locaux demeurent au sein du sanctuaire. Ils servent aujourd’hui pour une partie à accueillir des artisans qui s’engagent à travailler avec un esprit de charité, en s’aidant les uns les autres. Ces travailleurs sont accompagnés par un chapelain du sanctuaire qui leur rappelle l’éclairage de la foi chrétienne sur la valeur et le sens du travail, vu comme une participation à l’œuvre de Dieu. En parallèle, le sanctuaire de Montligeon propose des formations de doctrine sociale de l’Église, ainsi que l’accompagnement de mères de famille dans la valorisation de leur travail souvent peu reconnu. Ainsi, prier pour les défunts, et pour tous ceux qui souffrent dans leur travail, telle est la mission de ce sanctuaire normand de Montligeon. Belle mission, vaste mission !
Suite Avec
M1234- Hiérophante contre le nouvel ordre mondial
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Localisation : Vendée (Marie du 85)
Inscription : 12/01/2016
Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1936
LE PÈRE BROTTIER, DISCIPLE DE SAINTE THÉRÈSE
LE PÈRE BROTTIER, DISCIPLE DE SAINTE THÉRÈSE
Missionnaire spiritain (membre de la congrégation du Saint-Esprit), le Père Brottier, excellent éducateur et bon gestionnaire, s’illustra notamment pour servir les enfants défavorisés en tant que directeur des Orphelins Apprentis d’Auteuil au début du XXe siècle.
C’est près de Blois, à la Ferté-Saint-Cyr (actuel département du Loir-et-Cher), que naît le jeune Daniel, le 7 septembre 1876 (trois ans après Thérèse). Tout petit, il manifeste une grande dévotion à la Vierge Marie. Garçon décidé et volontaire, il déclare à sa maman, à cinq ans, le grand dessein qui l’habite : « Je serai Pape ! » Sur la remarque qu’il lui faut d’abord devenir prêtre, il répond sans hésiter : « Eh bien, je serai prêtre. » Il suivra cette idée jusqu’à sa pleine réalisation. Rien ne l’arrêtera, pas même les maux de tête qui l’assaillent à partir de l’âge de 14 ans, et qui ne le quitteront plus jusqu’à son dernier souffle.
Il fait sa première communion en octobre 1887 puis devient élève du petit séminaire de Blois. Ordonné prêtre du diocèse en 1899, Daniel est nommé professeur au collège de Pontlevoy. « Vous êtes un éducateur né, votre place est parmi les enfants », lui annonce son évêque. Bientôt, il lui faut un champ d’activité plus large. Il demande alors à rentrer dans la congrégation du Saint-Esprit (fondée en 1703 par Claude Poullart des Places), consacrée principalement à la mission auprès du monde africain.
Sa foi est contagieuse, sa parole entraîne l’adhésion de ceux qui l’entendent
Après une année de noviciat à Orly (1902-1903), il prononce ses vœux et est envoyé à Saint-Louis du Sénégal en 1903. Vicaire, il y déploie tous ses talents près des œuvres de jeunesses de la ville. En 1904, après les lois Combes sur la laïcité, les religieux de Saint-Louis sont contraints de laisser leur place à des laïcs. Lui redouble d’activité. Il fonde un cercle militaire, un patronage, une fanfare, une chorale… et n’oublie pas les adultes. Pour eux, il prépare des conférences, bien vite très suivies. Dans son désir de communiquer, il crée un bulletin paroissial, premier d’une belle série. Sa foi est contagieuse, sa parole entraîne l’adhésion de ceux qui l’entendent. Dans une communauté chrétienne jusqu’alors divisée par les appartenances diverses, il fait l’unité.
En 1911, suite à un accident, il doit revenir définitivement en France. Son évêque de Dakar, Mgr Jalabert lui confie la construction d’une cathédrale dite du « Souvenir africain » pour cette ville en pleine croissance. Elle sera érigée en souvenir de tous ceux qui ont donné leur vie sur les terres d’Afrique. Dès la fin 1911, il quête pour la réalisation de ce grand édifice. La pose de la première pierre aura lieu le 11 novembre 1923.
Quand éclate la Première Guerre mondiale le 2 août 1914, le Père Brottier, est réformé en raison de ses maux de tête. Avec un de ses confrères, il décide de s’engager comme aumônier. Un corps d’aumôniers volontaires est créé sur ses instances. Il rejoint la 26ème division d’infanterie dès le 26 août et ne la quittera plus durant ces années de guerre. Il sera présent sur tous les champs de bataille : les Flandres, la Somme, Verdun… Toujours en première ligne sur le front, il montre héroïsme, sang-froid et surtout une présence, une disponibilité à tous. Par son dévouement sans faille il apporte le meilleur réconfort moral dans ces lieux d’extrême violence. Toujours en première ligne, il n’est jamais blessé. Il attribuera ce miracle à sainte Thérèse de Lisieux. Dès 1917, il pense à l’après-guerre et convainc le président du Conseil Georges Clémenceau de fonder l’UNC (l'Union Nationale des Combattants) pour reconstruire la France. Pour programme, il lui donne une devise : « Tous unis comme au front. » Il est promu officier de la Légion d’honneur et se voit attribuer la Croix de guerre.
Démobilisé en 1919, il comprend près de Mgr Jalabert qu’il a bénéficié d’une protection spéciale alors qu’il était, durant toute tout le conflit, exposé aux violences et à la mort. Thérèse a veillé sur lui ! Il saura lui exprimer sa reconnaissance. C’est maintenant le moment de reprendre le travail entrepris en 1911. Il se remet à l’œuvre pour la construction de la cathédrale du souvenir africain et, désormais, les tirailleurs sénégalais associés à nos combats sont inclus dans ce mémorial.
Le 21 novembre 1923, sept mois après la béatification de Thérèse, le Père Brottier arrive rue La Fontaine à Paris. Il vient d’être nommé directeur des Orphelins Apprentis d’Auteuil, fondation créée en 1866 par l’abbé Louis Roussel pour s’occuper de l’éducation des enfants orphelins. Le dernier responsable, ne sachant plus comment faire face aux dettes qui se sont accumulées, a donné sa démission à l’archevêque de Paris, le cardinal Louis Dubois. Celui-ci s’est tourné vers la congrégation du Saint Esprit, car dans ses statuts figure cette note : « Elle accepte volontiers des tâches pour lesquelles l’Église trouve difficilement des ouvriers. » Le Père Brottier est l’homme de la situation. Excellent éducateur, bon gestionnaire, il a aussi un talent indéniable pour encourager la générosité des bienfaiteurs.
Le Père Brottier, secondé ou précédé par Thérèse, commence ses folles entreprises. À peine débarqué, son premier courrier sera pour le carmel de Lisieux : « Voulez-vous commencer une neuvaine auprès de votre petite Bienheureuse, pour savoir si elle accepte qu’on lui construise un sanctuaire ? » Thérèse s’associe à ce projet et le « oui » de l’Église embarque tout le monde dans l’aventure. Début décembre, une première souscription est lancée, l’argent arrive en abondance. Les travaux commencés en juillet 1924 seront entièrement achevés pour la consécration du sanctuaire d’Auteuil par le cardinal de Paris Jean Verdier le 5 octobre en 1930. Entre-temps, Thérèse a été canonisée le 17 mai 1925. Installée au cœur de l’œuvre des Orphelins Apprentis d’Auteuil, la jeune sainte veillera sur les enfants comme elle l’a si bien fait pour leur père durant la guerre. Avec elle ils pourront, en toute confiance, avancer dans le grand combat de la vie.
Lorsque le Père Brottier arrive à Auteuil, il ne reste plus que 170 jeunes. Ému par toutes les misères d’enfants qui frappent à sa porte, il ne cesse d’élargir ses murs et de créer de nouveaux sites. En 1936, il accueille 1400 jeunes et a de nombreux projets pour en aider plus encore. Surtout, il a un grand projet pour chacun, redonner dignité à ces enfants en souffrance et une chance pour trouver leur place dans la société. Pour eux, il cherche le meilleur, sait s’entourer de collaborateurs compétents, ne craint pas d’innover en matière pédagogique, crée les Foyers à la campagne, ouvre de nouvelles maisons… Autour de lui, se crée un vaste réseau de bienfaiteurs auquel il sait faire appel. Ils sauront répondre généreusement à toutes ses sollicitations (incitations aux dons, concerts, etc.) ; il offrira lui-même son temps pour répondre à chacun, ne serait-ce qu’un « merci ». Que d’heures dans la nuit pour écrire son courrier !
Le 2 février 1936, le temps est venu de consacrer sa chère cathédrale de Dakar, mais le Père Brottier est un homme épuisé, trop fatigué pour accompagner le cardinal de Paris. Il vivra ce jour sa dernière célébration avec ses orphelins. Le lendemain, il se couche pour ne plus se relever. Le Seigneur vient chercher son bon serviteur, le 28 février, à l’hôpital Saint-Joseph. L’œuvre qu’il a consolidée peut continuer sans lui car il lui a donné des assises solides. En arrivant à Auteuil, il avait confié à son compagnon, le Père Pichon : « Si nous voulons réussir à Auteuil, il nous faut nous consacrer à ces enfants entièrement et sans arrière-pensée. Je me suis offert à Dieu pour les servir jusqu’à la mort. Je ne désire pas d’autre poste : je veux mourir là, à leur service. » Il recevra la palme des bienheureux le 25 novembre 1984. Associé à Thérèse, il continue son œuvre. En 2016, les Apprentis d’Auteuil, qui fêtent leur 150e anniversaire, sont présents dans 50 pays, au sein de 200 établissements qui accueillent plus de 30 000 jeunes et familles.
C’est près de Blois, à la Ferté-Saint-Cyr (actuel département du Loir-et-Cher), que naît le jeune Daniel, le 7 septembre 1876 (trois ans après Thérèse). Tout petit, il manifeste une grande dévotion à la Vierge Marie. Garçon décidé et volontaire, il déclare à sa maman, à cinq ans, le grand dessein qui l’habite : « Je serai Pape ! » Sur la remarque qu’il lui faut d’abord devenir prêtre, il répond sans hésiter : « Eh bien, je serai prêtre. » Il suivra cette idée jusqu’à sa pleine réalisation. Rien ne l’arrêtera, pas même les maux de tête qui l’assaillent à partir de l’âge de 14 ans, et qui ne le quitteront plus jusqu’à son dernier souffle.
Il fait sa première communion en octobre 1887 puis devient élève du petit séminaire de Blois. Ordonné prêtre du diocèse en 1899, Daniel est nommé professeur au collège de Pontlevoy. « Vous êtes un éducateur né, votre place est parmi les enfants », lui annonce son évêque. Bientôt, il lui faut un champ d’activité plus large. Il demande alors à rentrer dans la congrégation du Saint-Esprit (fondée en 1703 par Claude Poullart des Places), consacrée principalement à la mission auprès du monde africain.
Sa foi est contagieuse, sa parole entraîne l’adhésion de ceux qui l’entendent
Après une année de noviciat à Orly (1902-1903), il prononce ses vœux et est envoyé à Saint-Louis du Sénégal en 1903. Vicaire, il y déploie tous ses talents près des œuvres de jeunesses de la ville. En 1904, après les lois Combes sur la laïcité, les religieux de Saint-Louis sont contraints de laisser leur place à des laïcs. Lui redouble d’activité. Il fonde un cercle militaire, un patronage, une fanfare, une chorale… et n’oublie pas les adultes. Pour eux, il prépare des conférences, bien vite très suivies. Dans son désir de communiquer, il crée un bulletin paroissial, premier d’une belle série. Sa foi est contagieuse, sa parole entraîne l’adhésion de ceux qui l’entendent. Dans une communauté chrétienne jusqu’alors divisée par les appartenances diverses, il fait l’unité.
En 1911, suite à un accident, il doit revenir définitivement en France. Son évêque de Dakar, Mgr Jalabert lui confie la construction d’une cathédrale dite du « Souvenir africain » pour cette ville en pleine croissance. Elle sera érigée en souvenir de tous ceux qui ont donné leur vie sur les terres d’Afrique. Dès la fin 1911, il quête pour la réalisation de ce grand édifice. La pose de la première pierre aura lieu le 11 novembre 1923.
Quand éclate la Première Guerre mondiale le 2 août 1914, le Père Brottier, est réformé en raison de ses maux de tête. Avec un de ses confrères, il décide de s’engager comme aumônier. Un corps d’aumôniers volontaires est créé sur ses instances. Il rejoint la 26ème division d’infanterie dès le 26 août et ne la quittera plus durant ces années de guerre. Il sera présent sur tous les champs de bataille : les Flandres, la Somme, Verdun… Toujours en première ligne sur le front, il montre héroïsme, sang-froid et surtout une présence, une disponibilité à tous. Par son dévouement sans faille il apporte le meilleur réconfort moral dans ces lieux d’extrême violence. Toujours en première ligne, il n’est jamais blessé. Il attribuera ce miracle à sainte Thérèse de Lisieux. Dès 1917, il pense à l’après-guerre et convainc le président du Conseil Georges Clémenceau de fonder l’UNC (l'Union Nationale des Combattants) pour reconstruire la France. Pour programme, il lui donne une devise : « Tous unis comme au front. » Il est promu officier de la Légion d’honneur et se voit attribuer la Croix de guerre.
Démobilisé en 1919, il comprend près de Mgr Jalabert qu’il a bénéficié d’une protection spéciale alors qu’il était, durant toute tout le conflit, exposé aux violences et à la mort. Thérèse a veillé sur lui ! Il saura lui exprimer sa reconnaissance. C’est maintenant le moment de reprendre le travail entrepris en 1911. Il se remet à l’œuvre pour la construction de la cathédrale du souvenir africain et, désormais, les tirailleurs sénégalais associés à nos combats sont inclus dans ce mémorial.
Le 21 novembre 1923, sept mois après la béatification de Thérèse, le Père Brottier arrive rue La Fontaine à Paris. Il vient d’être nommé directeur des Orphelins Apprentis d’Auteuil, fondation créée en 1866 par l’abbé Louis Roussel pour s’occuper de l’éducation des enfants orphelins. Le dernier responsable, ne sachant plus comment faire face aux dettes qui se sont accumulées, a donné sa démission à l’archevêque de Paris, le cardinal Louis Dubois. Celui-ci s’est tourné vers la congrégation du Saint Esprit, car dans ses statuts figure cette note : « Elle accepte volontiers des tâches pour lesquelles l’Église trouve difficilement des ouvriers. » Le Père Brottier est l’homme de la situation. Excellent éducateur, bon gestionnaire, il a aussi un talent indéniable pour encourager la générosité des bienfaiteurs.
Le Père Brottier, secondé ou précédé par Thérèse, commence ses folles entreprises. À peine débarqué, son premier courrier sera pour le carmel de Lisieux : « Voulez-vous commencer une neuvaine auprès de votre petite Bienheureuse, pour savoir si elle accepte qu’on lui construise un sanctuaire ? » Thérèse s’associe à ce projet et le « oui » de l’Église embarque tout le monde dans l’aventure. Début décembre, une première souscription est lancée, l’argent arrive en abondance. Les travaux commencés en juillet 1924 seront entièrement achevés pour la consécration du sanctuaire d’Auteuil par le cardinal de Paris Jean Verdier le 5 octobre en 1930. Entre-temps, Thérèse a été canonisée le 17 mai 1925. Installée au cœur de l’œuvre des Orphelins Apprentis d’Auteuil, la jeune sainte veillera sur les enfants comme elle l’a si bien fait pour leur père durant la guerre. Avec elle ils pourront, en toute confiance, avancer dans le grand combat de la vie.
Lorsque le Père Brottier arrive à Auteuil, il ne reste plus que 170 jeunes. Ému par toutes les misères d’enfants qui frappent à sa porte, il ne cesse d’élargir ses murs et de créer de nouveaux sites. En 1936, il accueille 1400 jeunes et a de nombreux projets pour en aider plus encore. Surtout, il a un grand projet pour chacun, redonner dignité à ces enfants en souffrance et une chance pour trouver leur place dans la société. Pour eux, il cherche le meilleur, sait s’entourer de collaborateurs compétents, ne craint pas d’innover en matière pédagogique, crée les Foyers à la campagne, ouvre de nouvelles maisons… Autour de lui, se crée un vaste réseau de bienfaiteurs auquel il sait faire appel. Ils sauront répondre généreusement à toutes ses sollicitations (incitations aux dons, concerts, etc.) ; il offrira lui-même son temps pour répondre à chacun, ne serait-ce qu’un « merci ». Que d’heures dans la nuit pour écrire son courrier !
Le 2 février 1936, le temps est venu de consacrer sa chère cathédrale de Dakar, mais le Père Brottier est un homme épuisé, trop fatigué pour accompagner le cardinal de Paris. Il vivra ce jour sa dernière célébration avec ses orphelins. Le lendemain, il se couche pour ne plus se relever. Le Seigneur vient chercher son bon serviteur, le 28 février, à l’hôpital Saint-Joseph. L’œuvre qu’il a consolidée peut continuer sans lui car il lui a donné des assises solides. En arrivant à Auteuil, il avait confié à son compagnon, le Père Pichon : « Si nous voulons réussir à Auteuil, il nous faut nous consacrer à ces enfants entièrement et sans arrière-pensée. Je me suis offert à Dieu pour les servir jusqu’à la mort. Je ne désire pas d’autre poste : je veux mourir là, à leur service. » Il recevra la palme des bienheureux le 25 novembre 1984. Associé à Thérèse, il continue son œuvre. En 2016, les Apprentis d’Auteuil, qui fêtent leur 150e anniversaire, sont présents dans 50 pays, au sein de 200 établissements qui accueillent plus de 30 000 jeunes et familles.
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1945
ENCOURAGÉ PAR JÉSUS ET SAINTE THÉRÈSE, UN RELIGIEUX VIETNAMIEN PRIE POUR LA FRANCE
ENCOURAGÉ PAR JÉSUS ET SAINTE THÉRÈSE, UN RELIGIEUX VIETNAMIEN PRIE POUR LA FRANCE
En 1945, Jésus apparaît à un jeune Vietnamien pour lui confier combien il aime la France et lui révéler qu’il attend de ses habitants suffisamment de prières pour répandre son amour dans le monde à partir de notre pays.
Père Olivier de Roulhac, m.b. Abbaye de Saint-Wandrille, Postulateur pour la cause de béatification de Marcel Van
En novembre 1945, quelques mois après la fin de la Seconde Guerre mondiale, Jésus exhorte un jeune religieux vietnamien, Marcel Van, à prier pour la France :
« C’est en France que mon amour s’est tout d’abord manifesté. Hélas ! Mon enfant, pendant que le flot de cet amour coulait par la France et l’univers, la France, sacrilègement, l’a fait dériver dans l’amour du monde de sorte qu’il va diminuant peu à peu… C’est pourquoi la France est malheureuse. Mais, mon enfant, la France est toujours le pays que j’aime et chéris particulièrement… J’y rétablirai mon amour… Le châtiment que je lui ai envoyé est maintenant fini. Pour commencer à répandre sur elle mon amour, je n’attends désormais qu’une chose : que l’on m’adresse assez de prières. Alors, mon enfant, de la France mon amour s’étendra dans le monde. Je me servirai de la France pour étendre partout le règne de mon amour. » (Colloques 75-76)
« Le démon, fou de rage, était bien décidé à déclarer une bonne fois la guerre à l’enfant béni de la Sainte Vierge… »
Marcel Van est né le 15 mars 1928 à Ngăm Giáo, non loin d’Hanoï, au Vietnam, qui est alors une colonie française. Après six années de bonheur dans sa famille, profondément chrétienne, il accepte d’abandonner les siens afin de se préparer à devenir prêtre. Il a sept ans lorsque sa mère le confie à l’abbé Nhã, curé de Hữu-Bằng. Ce prêtre reçoit dans son presbytère de jeunes garçons pour les préparer au sacerdoce. Mais dans cette cure, Van se heurte à la méchanceté de catéchistes aigris qui le maltraitent. Très vite, il devient le souffre-douleur des grands : « J’étais devenu sans m’en rendre compte, une lampe qui forçait tout le monde à regarder la lumière… La lampe de mon cœur brillait sans discontinuer. Voyant cela le démon, fou de rage, était bien décidé à déclarer une bonne fois la guerre à l’enfant béni de la Sainte Vierge… »
Non seulement on lui inflige des coups de rotin, mais on le fait passer devant un « tribunal populaire » où on l’humilie. On en vient à le culpabiliser de communier chaque jour, comme il en avait reçu la permission de son curé. « J’étais troublé et je souffrais terriblement de penser que, sans être digne comme les saints, j’avais eu la témérité de communier tous les jours. Plus j’essayais de démêler cette question, plus elle s’embrouillait et plus la blessure de mon cœur s’aggravait. Je ne savais à qui ouvrir ma conscience... et j’en vins à ne plus communier tous les jours... Je vis alors réapparaître les défauts de ma première enfance ; je commençais à être de nouveau entêté et désobéissant. »
Van désemparé projette de s’enfuir mais finalement il choisit de s’abandonner à Dieu et de souffrir en silence. Lui qui a tout quitté pour suivre Jésus ne comprend pas pourquoi il devrait être coupé de celui qu’il aime… et de Marie dont il voulait être l’enfant « à un titre spécial » (il aimait dire : « Grâce à elle, le démon n’a jamais réussi à me vaincre. »). La tyrannie des catéchistes va très loin : on lui confisque non seulement son chapelet mais aussi les moyens de substitution que Van a inventés en faisant dix nœuds à sa ceinture ou en passant dix fèves d’une poche à l’autre.
La nuit de Noël 1940, Van comprend que sa mission consiste à changer la souffrance en bonheur. En 1942, il est admis avec ses deux meilleurs amis au petit séminaire Sainte-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus à Lang Son (au Nord du Vietnam). Mais la guerre l’oblige à continuer ses études à Quảng Uyên. C'est là qu'il découvre Histoire d’une âme. Envahi par une grande joie, il découvre qu’il peut lui aussi devenir saint, ce qui lui semblait impossible en raison de sa faiblesse. Quelques semaines plus tard, dans la montagne où il est parti gambader, après avoir choisi sainte Thérèse de Lisieux comme sœur spirituelle, il a la surprise d’un extraordinaire entretien avec elle, premier d’une longue série.
Sainte Thérèse va l'exhorter à prier pour la France, or Van n'aime pas ce pays. S'il a une grande admiration pour les religieux français qui se mettent vraiment au service de la population, il a été aussi marqué par la propagande nationaliste vietnamienne dénonçant les excès de certains colons français. Plus ard, alors qu’il est devenu religieux rédemptoriste (le noviciat de Van débute le 17 octobre 1944), Jésus lui parle à plusieurs reprises de la France, et lui demande avec insistance d’avoir « une prière de compassion » pour elle. Le 12 novembre 1945, Jésus parle aux Français : « Voyez-vous mes larmes qui se mêlent à celles d’un étranger occupé à écrire les paroles que je lui dicte ici pour vous ? » (Col 94) Il lui dit aussi combien il souhaite l'union de la France et du Vietnam : « Je me servirai de l’union de ces deux petites fleurs comme témoignage que j’unirai ensemble ces deux pays dans mon amour. » (Col 108)
En octobre 1945, il est admis chez les Rédemptoristes de Hanoï. Le père Antonio Boucher, son directeur spirituel, l’encourage à écrire sa vie ainsi que les dialogues qu’il a avec ses interlocuteurs célestes. Confident de Van tout au long de sa vie, le Père Boucher le guide sur le chemin où Jésus l’a engagé.
« Qu’il y ait au moins une âme pour aimer le Bon Dieu »
Après la séparation du Vietnam en deux par les accords de Genève (juillet 1954), Van retourne au Nord devenu communiste pour « qu’il y ait au moins une âme pour aimer le Bon Dieu », alors que de nombreux chrétiens fuient vers le Sud. Arrêté quelques mois plus tard, il est jugé et condamné à 15 ans de travaux forcés, puis meurt dans le camp de Yên Binh le 10 juillet 1959 à l’âge de 31 ans, consumé par l’amour, cet amour plus fort que la mort (Ct 8, 6). Dès sa première communion, il affirmait : « Maintenant, il ne reste que Jésus, et moi, je ne suis que le rien de Jésus. » Son procès de béatification s’est ouvert le 26 mars 1997 au diocèse de Belley-Ars!
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http://notrehistoireavecmarie.mariedenazareth.com/asset/upload/esc/audio/24.mp3
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Père Olivier de Roulhac, m.b. Abbaye de Saint-Wandrille, Postulateur pour la cause de béatification de Marcel Van
En novembre 1945, quelques mois après la fin de la Seconde Guerre mondiale, Jésus exhorte un jeune religieux vietnamien, Marcel Van, à prier pour la France :
« C’est en France que mon amour s’est tout d’abord manifesté. Hélas ! Mon enfant, pendant que le flot de cet amour coulait par la France et l’univers, la France, sacrilègement, l’a fait dériver dans l’amour du monde de sorte qu’il va diminuant peu à peu… C’est pourquoi la France est malheureuse. Mais, mon enfant, la France est toujours le pays que j’aime et chéris particulièrement… J’y rétablirai mon amour… Le châtiment que je lui ai envoyé est maintenant fini. Pour commencer à répandre sur elle mon amour, je n’attends désormais qu’une chose : que l’on m’adresse assez de prières. Alors, mon enfant, de la France mon amour s’étendra dans le monde. Je me servirai de la France pour étendre partout le règne de mon amour. » (Colloques 75-76)
« Le démon, fou de rage, était bien décidé à déclarer une bonne fois la guerre à l’enfant béni de la Sainte Vierge… »
Marcel Van est né le 15 mars 1928 à Ngăm Giáo, non loin d’Hanoï, au Vietnam, qui est alors une colonie française. Après six années de bonheur dans sa famille, profondément chrétienne, il accepte d’abandonner les siens afin de se préparer à devenir prêtre. Il a sept ans lorsque sa mère le confie à l’abbé Nhã, curé de Hữu-Bằng. Ce prêtre reçoit dans son presbytère de jeunes garçons pour les préparer au sacerdoce. Mais dans cette cure, Van se heurte à la méchanceté de catéchistes aigris qui le maltraitent. Très vite, il devient le souffre-douleur des grands : « J’étais devenu sans m’en rendre compte, une lampe qui forçait tout le monde à regarder la lumière… La lampe de mon cœur brillait sans discontinuer. Voyant cela le démon, fou de rage, était bien décidé à déclarer une bonne fois la guerre à l’enfant béni de la Sainte Vierge… »
Non seulement on lui inflige des coups de rotin, mais on le fait passer devant un « tribunal populaire » où on l’humilie. On en vient à le culpabiliser de communier chaque jour, comme il en avait reçu la permission de son curé. « J’étais troublé et je souffrais terriblement de penser que, sans être digne comme les saints, j’avais eu la témérité de communier tous les jours. Plus j’essayais de démêler cette question, plus elle s’embrouillait et plus la blessure de mon cœur s’aggravait. Je ne savais à qui ouvrir ma conscience... et j’en vins à ne plus communier tous les jours... Je vis alors réapparaître les défauts de ma première enfance ; je commençais à être de nouveau entêté et désobéissant. »
Van désemparé projette de s’enfuir mais finalement il choisit de s’abandonner à Dieu et de souffrir en silence. Lui qui a tout quitté pour suivre Jésus ne comprend pas pourquoi il devrait être coupé de celui qu’il aime… et de Marie dont il voulait être l’enfant « à un titre spécial » (il aimait dire : « Grâce à elle, le démon n’a jamais réussi à me vaincre. »). La tyrannie des catéchistes va très loin : on lui confisque non seulement son chapelet mais aussi les moyens de substitution que Van a inventés en faisant dix nœuds à sa ceinture ou en passant dix fèves d’une poche à l’autre.
La nuit de Noël 1940, Van comprend que sa mission consiste à changer la souffrance en bonheur. En 1942, il est admis avec ses deux meilleurs amis au petit séminaire Sainte-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus à Lang Son (au Nord du Vietnam). Mais la guerre l’oblige à continuer ses études à Quảng Uyên. C'est là qu'il découvre Histoire d’une âme. Envahi par une grande joie, il découvre qu’il peut lui aussi devenir saint, ce qui lui semblait impossible en raison de sa faiblesse. Quelques semaines plus tard, dans la montagne où il est parti gambader, après avoir choisi sainte Thérèse de Lisieux comme sœur spirituelle, il a la surprise d’un extraordinaire entretien avec elle, premier d’une longue série.
Sainte Thérèse va l'exhorter à prier pour la France, or Van n'aime pas ce pays. S'il a une grande admiration pour les religieux français qui se mettent vraiment au service de la population, il a été aussi marqué par la propagande nationaliste vietnamienne dénonçant les excès de certains colons français. Plus ard, alors qu’il est devenu religieux rédemptoriste (le noviciat de Van débute le 17 octobre 1944), Jésus lui parle à plusieurs reprises de la France, et lui demande avec insistance d’avoir « une prière de compassion » pour elle. Le 12 novembre 1945, Jésus parle aux Français : « Voyez-vous mes larmes qui se mêlent à celles d’un étranger occupé à écrire les paroles que je lui dicte ici pour vous ? » (Col 94) Il lui dit aussi combien il souhaite l'union de la France et du Vietnam : « Je me servirai de l’union de ces deux petites fleurs comme témoignage que j’unirai ensemble ces deux pays dans mon amour. » (Col 108)
En octobre 1945, il est admis chez les Rédemptoristes de Hanoï. Le père Antonio Boucher, son directeur spirituel, l’encourage à écrire sa vie ainsi que les dialogues qu’il a avec ses interlocuteurs célestes. Confident de Van tout au long de sa vie, le Père Boucher le guide sur le chemin où Jésus l’a engagé.
« Qu’il y ait au moins une âme pour aimer le Bon Dieu »
Après la séparation du Vietnam en deux par les accords de Genève (juillet 1954), Van retourne au Nord devenu communiste pour « qu’il y ait au moins une âme pour aimer le Bon Dieu », alors que de nombreux chrétiens fuient vers le Sud. Arrêté quelques mois plus tard, il est jugé et condamné à 15 ans de travaux forcés, puis meurt dans le camp de Yên Binh le 10 juillet 1959 à l’âge de 31 ans, consumé par l’amour, cet amour plus fort que la mort (Ct 8, 6). Dès sa première communion, il affirmait : « Maintenant, il ne reste que Jésus, et moi, je ne suis que le rien de Jésus. » Son procès de béatification s’est ouvert le 26 mars 1997 au diocèse de Belley-Ars!
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1947
DES ÉVÉNEMENTS SE DÉROULENT À L’ÎLE-BOUCHARD, IMPORTANTS POUR L’HISTOIRE DE FRANCE
DES ÉVÉNEMENTS SE DÉROULENT À L’ÎLE-BOUCHARD, IMPORTANTS POUR L’HISTOIRE DE FRANCE
Du 8 au 14 décembre 1947, quatre fillettes témoignent avoir vu la Vierge Marie dans l’église romane Saint-Gilles de l’Île-Bouchard, village de Touraine. À dix reprises elle s’entretient avec elles. Elle leur demande de prier pour la France au bord de la guerre civile, et leur promet du bonheur dans les familles.
Abbé Xavier Malle Curé de la paroisse/sanctuaire de L’Île-Bouchard
Jacqueline Aubry, aînée des quatre petites filles qui ont témoigné avoir vu la Sainte Vierge dans l’église de l’Île-Bouchard en 1947, est partie vers le Père le 15 mars 2016 à l’âge de 80 ans. Sa sépulture a été célébrée par Mgr Bernard-Nicolas Aubertin le 19 mars, solennité de saint Joseph. Pendant des dizaines d’années, avec l’autorisation de l’Église, elle a raconté les choses comme elle les avait vécues avec ses yeux d’une petite fille de 12 ans. Le résumé de son récit en quatre mots pourrait être celui-ci : un contexte, une demande, une promesse et une école.
Un contexte : l’après-guerre.
Nous sommes au sortir de la Seconde Guerre mondiale. La France n’est pas encore reconstruite, il y a même moins à manger en 1947 qu’en 1945. À la campagne, peu importent les tickets de rationnement : chacun a ses arbres fruitiers et ses clapiers, on est autosuffisant. Tandis qu’en ville, début décembre, il y a des émeutes devant les boulangeries. Ce climat social difficile est encore alourdi par le début de la guerre froide. Staline a décidé de prendre le pouvoir partout en Europe. En France, il va passer par le Parti Communiste Français et la CGT qui déclenchent une grève générale qui devient une grève insurrectionnelle. On est au bord de la guerre civile. Le gouvernement Schuman mobilise deux classes d’âges sous les drapeaux pour faire face aux troubles.
Le 8 décembre 1947, vers 8 ou 9 heures du matin, le Père Finet entre dans la chambre de Marthe Robin, une mystique de la Drôme et lui dit : « La France est foutue ! » Mais Marthe répond : « Non Père, la Sainte Vierge va apparaître et demander la prière des petits enfants. » À l’Île-Bouchard ce même jour vers 13 heures, les fillettes contemplent une « Belle Dame » qui ne dit pas une parole. Puis, lors de sa deuxième venue environ 50 minutes plus tard, elle prononce cette première phrase : « Dites aux petits enfants de prier pour la France car elle en a grand besoin. »
Une demande : prier pour la France.
La Dame va insister à quatre reprises. Ainsi le mardi 9 décembre à 13h : « Je vais vous dire un secret que vous pourrez redire dans trois jours : priez pour la France qui, ces jours-ci, est en grand danger » ; ou encore le mercredi 10 décembre à 13h : « Je ne suis pas venue ici pour faire des miracles mais pour vous demander de prier pour la France. » Et enfin, le vendredi 12 décembre à 13h, la Dame fait encore la même demande aux enfants : « Je ne suis pas venue ici pour faire des miracles mais pour que vous priiez pour la France. »
Le 9 décembre, le Comité central de grève constitué par les fédérations CGT ordonne la reprise du travail. Le 12, la France est définitivement sauvée de la guerre civile et le travail a repris. Ce même jour, le mot « Magnificat » devient lisible sur la poitrine de la Sainte Vierge.
Depuis les événements, cette prière pour la France n’a pas cessé dans l’église Saint-Gilles et s’est même amplifiée : chaque second samedi de chaque mois, la messe est célébrée pour la France, en lien avec d’autres sanctuaires qui prient pour notre pays ; chaque dimanche aux vêpres, la triple invocation à Marie pour la France termine les vêpres et le Salut du Saint-Sacrement. Plusieurs pèlerinages pour la France arrivent aussi à l’Ile-Bouchard. Et prochainement, le 14 juillet 2016, nous organisons un pèlerinage des petits enfants pour notre pays.
Une promesse : le bonheur dans les familles.
Au détour d’une phrase, Marie fait une promesse passée inaperçue : « Je donnerai du bonheur dans les familles. » Aujourd’hui, à l’Amoris Laetitia, la joie de l’amour (titre de la dernière lettre du Pape sur la famille), succède souvent le chagrin de la dispute, de la séparation. L’Île-Bouchard est devenu « un hôpital de campagne » pour la famille : sept sessions par an de vacances spirituelles et familiales avec une journée couple qui en a sauvé plus d’un, pèlerinage des familles, des parents seuls, retraite pour couples en espérance d’enfants, etc. Pour que la joie de l’amour résonne à nouveau, de nombreuses familles y viennent en pèlerinage. Demain 22 mai 2016, nous accueillons le 32ème pèlerinage des familles organisé par les Association Familiales Catholiques (AFC).
Une école : apprendre à prier.
Enfin, du lundi 8 au dimanche 14 décembre 1947, la Vierge met en place tout au long de la semaine comme une école de prière :
Ainsi le mardi 9 décembre à 17h, elle demande : « Chantez le Je vous salue Marie, ce cantique que j’aime bien », puis : « Dites à la foule de s'approcher pour réciter une dizaine de chapelet. » Puis la petite Jacqueline raconte que la Vierge bénit l’assistance par un « majestueux signe de croix ».
Le jeudi 11 décembre à 13h, elle demande à deux reprises de « rechanter le Je vous salue Marie ». Puis elle demande pour la deuxième fois : « Priez-vous pour les pécheurs ? », avant d’insister : « Surtout, priez beaucoup pour les pécheurs. » Marie apprend aux petites fille l’invocation : « Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous. »
Enfin le dernier jour, la Vierge Marie demande : « Chantez le Je vous salue Marie. Récitez une dizaine de chapelet. » Puis : « Dites à la foule de chanter le Magnificat. »
Le samedi et le dimanche, les cinq dizaines de chapelet sont priées.
Prier pour la France, pour les familles, apprendre à prier… sont toujours d’actualité !
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Abbé Xavier Malle Curé de la paroisse/sanctuaire de L’Île-Bouchard
Jacqueline Aubry, aînée des quatre petites filles qui ont témoigné avoir vu la Sainte Vierge dans l’église de l’Île-Bouchard en 1947, est partie vers le Père le 15 mars 2016 à l’âge de 80 ans. Sa sépulture a été célébrée par Mgr Bernard-Nicolas Aubertin le 19 mars, solennité de saint Joseph. Pendant des dizaines d’années, avec l’autorisation de l’Église, elle a raconté les choses comme elle les avait vécues avec ses yeux d’une petite fille de 12 ans. Le résumé de son récit en quatre mots pourrait être celui-ci : un contexte, une demande, une promesse et une école.
Un contexte : l’après-guerre.
Nous sommes au sortir de la Seconde Guerre mondiale. La France n’est pas encore reconstruite, il y a même moins à manger en 1947 qu’en 1945. À la campagne, peu importent les tickets de rationnement : chacun a ses arbres fruitiers et ses clapiers, on est autosuffisant. Tandis qu’en ville, début décembre, il y a des émeutes devant les boulangeries. Ce climat social difficile est encore alourdi par le début de la guerre froide. Staline a décidé de prendre le pouvoir partout en Europe. En France, il va passer par le Parti Communiste Français et la CGT qui déclenchent une grève générale qui devient une grève insurrectionnelle. On est au bord de la guerre civile. Le gouvernement Schuman mobilise deux classes d’âges sous les drapeaux pour faire face aux troubles.
Le 8 décembre 1947, vers 8 ou 9 heures du matin, le Père Finet entre dans la chambre de Marthe Robin, une mystique de la Drôme et lui dit : « La France est foutue ! » Mais Marthe répond : « Non Père, la Sainte Vierge va apparaître et demander la prière des petits enfants. » À l’Île-Bouchard ce même jour vers 13 heures, les fillettes contemplent une « Belle Dame » qui ne dit pas une parole. Puis, lors de sa deuxième venue environ 50 minutes plus tard, elle prononce cette première phrase : « Dites aux petits enfants de prier pour la France car elle en a grand besoin. »
Une demande : prier pour la France.
La Dame va insister à quatre reprises. Ainsi le mardi 9 décembre à 13h : « Je vais vous dire un secret que vous pourrez redire dans trois jours : priez pour la France qui, ces jours-ci, est en grand danger » ; ou encore le mercredi 10 décembre à 13h : « Je ne suis pas venue ici pour faire des miracles mais pour vous demander de prier pour la France. » Et enfin, le vendredi 12 décembre à 13h, la Dame fait encore la même demande aux enfants : « Je ne suis pas venue ici pour faire des miracles mais pour que vous priiez pour la France. »
Le 9 décembre, le Comité central de grève constitué par les fédérations CGT ordonne la reprise du travail. Le 12, la France est définitivement sauvée de la guerre civile et le travail a repris. Ce même jour, le mot « Magnificat » devient lisible sur la poitrine de la Sainte Vierge.
Depuis les événements, cette prière pour la France n’a pas cessé dans l’église Saint-Gilles et s’est même amplifiée : chaque second samedi de chaque mois, la messe est célébrée pour la France, en lien avec d’autres sanctuaires qui prient pour notre pays ; chaque dimanche aux vêpres, la triple invocation à Marie pour la France termine les vêpres et le Salut du Saint-Sacrement. Plusieurs pèlerinages pour la France arrivent aussi à l’Ile-Bouchard. Et prochainement, le 14 juillet 2016, nous organisons un pèlerinage des petits enfants pour notre pays.
Une promesse : le bonheur dans les familles.
Au détour d’une phrase, Marie fait une promesse passée inaperçue : « Je donnerai du bonheur dans les familles. » Aujourd’hui, à l’Amoris Laetitia, la joie de l’amour (titre de la dernière lettre du Pape sur la famille), succède souvent le chagrin de la dispute, de la séparation. L’Île-Bouchard est devenu « un hôpital de campagne » pour la famille : sept sessions par an de vacances spirituelles et familiales avec une journée couple qui en a sauvé plus d’un, pèlerinage des familles, des parents seuls, retraite pour couples en espérance d’enfants, etc. Pour que la joie de l’amour résonne à nouveau, de nombreuses familles y viennent en pèlerinage. Demain 22 mai 2016, nous accueillons le 32ème pèlerinage des familles organisé par les Association Familiales Catholiques (AFC).
Une école : apprendre à prier.
Enfin, du lundi 8 au dimanche 14 décembre 1947, la Vierge met en place tout au long de la semaine comme une école de prière :
Ainsi le mardi 9 décembre à 17h, elle demande : « Chantez le Je vous salue Marie, ce cantique que j’aime bien », puis : « Dites à la foule de s'approcher pour réciter une dizaine de chapelet. » Puis la petite Jacqueline raconte que la Vierge bénit l’assistance par un « majestueux signe de croix ».
Le jeudi 11 décembre à 13h, elle demande à deux reprises de « rechanter le Je vous salue Marie ». Puis elle demande pour la deuxième fois : « Priez-vous pour les pécheurs ? », avant d’insister : « Surtout, priez beaucoup pour les pécheurs. » Marie apprend aux petites fille l’invocation : « Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous. »
Enfin le dernier jour, la Vierge Marie demande : « Chantez le Je vous salue Marie. Récitez une dizaine de chapelet. » Puis : « Dites à la foule de chanter le Magnificat. »
Le samedi et le dimanche, les cinq dizaines de chapelet sont priées.
Prier pour la France, pour les familles, apprendre à prier… sont toujours d’actualité !
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M1234- Hiérophante contre le nouvel ordre mondial
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1975
CLAIRE DE CASTELBAJAC, LE BONHEUR POUR VOCATION
CLAIRE DE CASTELBAJAC, LE BONHEUR POUR VOCATION
D’une nature passionnée et entière, débordante de vie, généreuse et sensible, Claire de Castelbajac (1953-1975) est de ces âmes de feu, embrasées d’absolu dont la brève existence laisse un sentiment d’accomplissement. Elle ignorait ce à quoi Dieu l’appellerait, mais elle a su se préparer pour obéir à sa volonté. Lorsqu’elle meurt à l'âge de 21 ans, elle a compris que Dieu lui proclame : « Tu as le bonheur pour vocation ! »
Une moniale de l'abbaye de Boulaur
L'Appel à la sainteté
Née le 26 octobre 1953 à Paris dans une famille profondément chrétienne originaire du Sud-Ouest, Claire bénéficie d’une éducation soignée. La foi s’enracine en son âme comme dans la terre de la campagne gersoise qui l’entoure. Elle passe une enfance paisible sous le regard de Dieu qu’elle sait être un Père plein d’amour et de tendresse qui veille sur elle depuis son baptême. Dès son plus jeune âge, Claire a conscience que sa vie de baptisée doit rimer avec un premier appel : celui de la sainteté. À 8 ans et demi, elle dit ainsi : « Papa, vous savez ce que je veux être plus tard ? […] Je veux être sainte, voilà ! » Une sainteté concrète, quotidienne, laborieuse parfois qui oriente sa vie vers les autres et vers Dieu. Claire s’y attèle avec son courage d’enfant, puis sa détermination d’adolescente, une fois que l’entrée en 6ème l'amène à partir en pension à Toulouse, chez les religieuses du Sacré-Cœur. Elle y découvre alors, dans la vie commune et la lutte contre son caractère bouillonnant, l’exigence d'une vie de charité authentique.
À la suite du crucifié Même si son tempérament enthousiaste ne le laisse que peu transparaître, Claire rencontre très tôt la souffrance et la maladie (congestion pulmonaire, diphtérie, etc.). Une infection digestive à l’âge de quatre ans lui laisse des séquelles douloureuses : régimes stricts, opérations, maux de ventre. À cela s’ajoutent une santé fragile et, au moment de passer son baccalauréat, une sciatique qui la cloue sur un lit d’hôpital quatre longs mois. De plus, sa très grande sensibilité et une certaine vulnérabilité affective lui font ressentir avec une acuité particulière les détresses et les maux qui l’entourent, ajoutant ainsi parfois aux épreuves physiques une grande souffrance intérieure. Dans ces difficultés, Claire découvre, selon l’expression de saint François de Sales, qu’ « Il faut fleurir où Dieu nous a semés. » C’est dans les sacrements, l’Eucharistie en particulier, qu’elle trouve le ressort intérieur pour accueillir la vie telle qu’elle s’offre à elle.
Une moniale de l'abbaye de Boulaur
L'Appel à la sainteté
Née le 26 octobre 1953 à Paris dans une famille profondément chrétienne originaire du Sud-Ouest, Claire bénéficie d’une éducation soignée. La foi s’enracine en son âme comme dans la terre de la campagne gersoise qui l’entoure. Elle passe une enfance paisible sous le regard de Dieu qu’elle sait être un Père plein d’amour et de tendresse qui veille sur elle depuis son baptême. Dès son plus jeune âge, Claire a conscience que sa vie de baptisée doit rimer avec un premier appel : celui de la sainteté. À 8 ans et demi, elle dit ainsi : « Papa, vous savez ce que je veux être plus tard ? […] Je veux être sainte, voilà ! » Une sainteté concrète, quotidienne, laborieuse parfois qui oriente sa vie vers les autres et vers Dieu. Claire s’y attèle avec son courage d’enfant, puis sa détermination d’adolescente, une fois que l’entrée en 6ème l'amène à partir en pension à Toulouse, chez les religieuses du Sacré-Cœur. Elle y découvre alors, dans la vie commune et la lutte contre son caractère bouillonnant, l’exigence d'une vie de charité authentique.
À la suite du crucifié Même si son tempérament enthousiaste ne le laisse que peu transparaître, Claire rencontre très tôt la souffrance et la maladie (congestion pulmonaire, diphtérie, etc.). Une infection digestive à l’âge de quatre ans lui laisse des séquelles douloureuses : régimes stricts, opérations, maux de ventre. À cela s’ajoutent une santé fragile et, au moment de passer son baccalauréat, une sciatique qui la cloue sur un lit d’hôpital quatre longs mois. De plus, sa très grande sensibilité et une certaine vulnérabilité affective lui font ressentir avec une acuité particulière les détresses et les maux qui l’entourent, ajoutant ainsi parfois aux épreuves physiques une grande souffrance intérieure. Dans ces difficultés, Claire découvre, selon l’expression de saint François de Sales, qu’ « Il faut fleurir où Dieu nous a semés. » C’est dans les sacrements, l’Eucharistie en particulier, qu’elle trouve le ressort intérieur pour accueillir la vie telle qu’elle s’offre à elle.
Pauvres, petits, pécheurs... mais sauvés
En 1972, une fois son bac en poche, Claire quitte le petit univers où elle a grandi pour aller faire, à Rome, l’Institut Central de Restauration, une école de restauration d’œuvres d’art dont elle a réussi le concours d’entrée. Elle y est confrontée à un monde inconnu où règne un plaisir facile bien éloigné de la vie de foi belle et exigeante qui l’avait portée jusque-là. Les tentations se succèdent... La jeune femme résiste avec force pour défendre sa pureté face aux assauts des garçons, puisant dans sa grande piété mariale le secours dont elle a besoin. Elle a le profond désir de rester pure pour celui qu’elle épousera. Si elle ne succombe pas à cette tentation, l’isolement et la solitude l’amènent progressivement à s’enfermer dans des amitiés qui ne la soutiennent pas dans sa foi. Privée de ses repères et soutiens traditionnels, grisée par une liberté illusoire, Claire, enivrée par sa vie de jeune étudiante, se laisse aller au gré de ses fantaisies. Sans rythme ni horaire, elle ne prend plus le temps de prier et tombe dans une période de grande tiédeur spirituelle. Elle est même près d’être renvoyée de son école.
Quand Dieu nous tend la main
Claire réalise soudain que le bonheur factice dans lequel elle vit lui a fait perdre la joie. Peu à peu, elle se reprend et tente de retrouver une vie plus régulière aux plans humain et spirituel. Elle écrit en juillet 1974 : « J’aime tout le monde et j’ai envie de rendre tout le monde heureux… Je me sens pleine de joie, de Dieu et d’amour pour tout le monde. » L’occasion d’un pèlerinage en Terre Sainte, en septembre, lui permet de mettre ses pas dans ceux du Christ et de réveiller sa foi. Elle vit très profondément ce séjour et découvre une intimité avec le Seigneur qui la bouleverse durablement : « Je suis en train de me convertir complètement, de creuser ma foi, de trouver son vrai sens. » Consciente de sa faiblesse et de sa chute récente, elle se laisse éblouir par la miséricorde du Père qui n’abandonne jamais ses enfants : « Je commence à saisir le sens du mot Amour de Dieu : il ne faut pas, je crois, se passionner pour des questions adjacentes mais tout pointer vers Dieu et que vers Lui. » À son retour en Italie pour la rentrée scolaire, elle est transfigurée de joie.
Son école l’envoie alors à Assise pour restaurer les fresques de Simone Martini dans la basilique Saint-François, en particulier les fresques de sa sainte patronne, Claire d’Assise, celle de saint Martin et celle du miracle de l’hostie. Ce travail, calme et minutieux, lui permet d’assimiler en profondeur les grâces reçues en Terre Sainte. L’étudiante loge alors chez des bénédictines. Claire y mène une vie de prière, lit et médite la Bible dans le calme et le silence. Elle s’interroge sur sa vocation sans y voir encore assez clair pour se déterminer. Elle se rend profondément disponible, accueille l’instant présent et n’attend pas pour vivre pleinement chaque minute que Dieu lui donne. Quelques jours avant sa dernière maladie, elle dira encore à sa mère : « Je suis heureuse ! J’aime tellement la vie ! Mais vous rendez-vous compte combien je suis heureuse ? Combien Dieu est bon ! […] Je suis mûre pour de grandes choses mais je ne sais pas lesquelles. »
Une louange vivante à Dieu
Le 22 janvier 1975, à l’hôpital de Toulouse, vers 17 heures, Claire rejoint la Maison du Père, âgée de 21 ans, emportée en quelques jours par une méningite foudroyante que rien ne laissait prévoir. Elle était prête. Peu de temps auparavant, elle déclarait : « Je suis tellement heureuse que si je mourais maintenant, je crois que j’irais tout droit au Ciel, puisque que le Ciel c’est la louange de Dieu et j’y suis déjà. » Son corps repose dans l’abbaye cistercienne de Boulaur (Gers).
Le procès de béatification de Claire est ouvert depuis 1990 et son dossier est à Rome depuis 2008. Le décret de validité de cette enquête diocésaine a été signé le 4 juin 2009 par Mgr Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les causes des saints. La positio (l’ensemble des documents utilisés dans le processus de béatification puis de canonisation) qui présente la façon dont Claire a vécu les vertus chrétiennes sera déée à la Congrégation pour les Causes des saints à l’automne 2016, en vue d’obtenir le Décret d’héroïcité des vertus de la Servante de Dieu. Nous attendons désormais un miracle pour poursuivre le travail en vue d’une éventuelle béatification.
Claire réalise soudain que le bonheur factice dans lequel elle vit lui a fait perdre la joie. Peu à peu, elle se reprend et tente de retrouver une vie plus régulière aux plans humain et spirituel. Elle écrit en juillet 1974 : « J’aime tout le monde et j’ai envie de rendre tout le monde heureux… Je me sens pleine de joie, de Dieu et d’amour pour tout le monde. » L’occasion d’un pèlerinage en Terre Sainte, en septembre, lui permet de mettre ses pas dans ceux du Christ et de réveiller sa foi. Elle vit très profondément ce séjour et découvre une intimité avec le Seigneur qui la bouleverse durablement : « Je suis en train de me convertir complètement, de creuser ma foi, de trouver son vrai sens. » Consciente de sa faiblesse et de sa chute récente, elle se laisse éblouir par la miséricorde du Père qui n’abandonne jamais ses enfants : « Je commence à saisir le sens du mot Amour de Dieu : il ne faut pas, je crois, se passionner pour des questions adjacentes mais tout pointer vers Dieu et que vers Lui. » À son retour en Italie pour la rentrée scolaire, elle est transfigurée de joie.
Son école l’envoie alors à Assise pour restaurer les fresques de Simone Martini dans la basilique Saint-François, en particulier les fresques de sa sainte patronne, Claire d’Assise, celle de saint Martin et celle du miracle de l’hostie. Ce travail, calme et minutieux, lui permet d’assimiler en profondeur les grâces reçues en Terre Sainte. L’étudiante loge alors chez des bénédictines. Claire y mène une vie de prière, lit et médite la Bible dans le calme et le silence. Elle s’interroge sur sa vocation sans y voir encore assez clair pour se déterminer. Elle se rend profondément disponible, accueille l’instant présent et n’attend pas pour vivre pleinement chaque minute que Dieu lui donne. Quelques jours avant sa dernière maladie, elle dira encore à sa mère : « Je suis heureuse ! J’aime tellement la vie ! Mais vous rendez-vous compte combien je suis heureuse ? Combien Dieu est bon ! […] Je suis mûre pour de grandes choses mais je ne sais pas lesquelles. »
Une louange vivante à Dieu
Le 22 janvier 1975, à l’hôpital de Toulouse, vers 17 heures, Claire rejoint la Maison du Père, âgée de 21 ans, emportée en quelques jours par une méningite foudroyante que rien ne laissait prévoir. Elle était prête. Peu de temps auparavant, elle déclarait : « Je suis tellement heureuse que si je mourais maintenant, je crois que j’irais tout droit au Ciel, puisque que le Ciel c’est la louange de Dieu et j’y suis déjà. » Son corps repose dans l’abbaye cistercienne de Boulaur (Gers).
Le procès de béatification de Claire est ouvert depuis 1990 et son dossier est à Rome depuis 2008. Le décret de validité de cette enquête diocésaine a été signé le 4 juin 2009 par Mgr Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les causes des saints. La positio (l’ensemble des documents utilisés dans le processus de béatification puis de canonisation) qui présente la façon dont Claire a vécu les vertus chrétiennes sera déée à la Congrégation pour les Causes des saints à l’automne 2016, en vue d’obtenir le Décret d’héroïcité des vertus de la Servante de Dieu. Nous attendons désormais un miracle pour poursuivre le travail en vue d’une éventuelle béatification.
Suite Avec
M1234- Hiérophante contre le nouvel ordre mondial
- Messages : 26371
Age : 70
Localisation : Vendée (Marie du 85)
Inscription : 12/01/2016
Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1981
MARTHE ROBIN, UNE FONDATION POUR LA NOUVELLE ÉVANGÉLISATION
MARTHE ROBIN, UNE FONDATION POUR LA NOUVELLE ÉVANGÉLISATION
Née en 1902 et repartie vers Dieu 79 ans plus tard, Marthe Robin était une femme exceptionnelle. Paralysée pendant plus de 50 ans, elle a reçu dans sa petite chambre de Châteauneuf-de-Galaure, d’où elle n’est plus jamais sortie, des dizaines de milliers de personnes venues rencontrer et écouter celle qui était unie au Christ par la Vierge Marie.
Une vie
Le 6 février 1981 décède dans le petit village de Châteauneuf-de-Galaure, dans la Drôme, une grande handicapée, Marthe Robin. Elle était née le 13 mars 1902 dans la même ferme où elle a passé toute sa vie. Celle-ci se divise en deux phases : son enfance et son adolescence jusqu’à l’âge de 16 ans. Puis la maladie, à partir de 1918, la rend grabataire durant plus de 50 ans. Mais pendant toute cette période, plus de 100 000 personnes la visitent dans sa chambre. Des milliers d’entre elles en reviendront transformées, si bien qu’aujourd’hui encore son influence est perceptible partout, non seulement en France mais aussi à l’étranger.
Marthe Robin est une simple paysanne. Elle naît dans un petit hameau à deux kilomètres du village, dans un beau paysage de collines. Elle a les qualités du monde rural : le sens du travail, la persévérance, le réalisme. Sa famille est chrétienne, relativement pratiquante, mais pas très fervente. Le village de Châteauneuf, travaillé par un anticléricalisme agressif est alors, comme toute la vallée de la Galaure, en voie de déchristianisation. Cet éloignement des hommes vis-à-vis du Christ marquera douloureusement Marthe pour la vie. C’est une enfant pieuse, sa première communion en 1912 a constitué un premier tournant dans son existence.
Peu à peu, elle conçoit un projet de vie religieuse, mais la loi contre les congrégations (1901) ne facilite pas le discernement. Cependant, en 1918 Marthe est une atteinte d’une maladie, d’autant plus grave et redoutable que l’on en ignore l’origine. Les douleurs sont multiples et extrêmes ; rien ne la soulage. Elle passe par des périodes très dures : on croit qu’elle va mourir. Ses membres se paralysent peu à peu. Au village, on songe à la grippe espagnole qui a tué des centaines de milliers de personnes à la même époque. Marthe est alors considérée comme contagieuse. On ne vient plus la voir. Elle vit en recluse pendant des années. En fait, elle a très probablement une encéphalite, qui ne la lâchera pas de toute sa vie.
Une vocation
Dans ce contexte extrêmement difficile, Marthe, comme beaucoup de grands handicapés, cherche des raisons de survivre. Elle se tourne vers Dieu, seul à pouvoir donner un sens à cette somme de souffrances. En 1925, elle rédige un acte d’abandon à la volonté divine. Trois ans plus tard, au cours d’une mission de Capucins (branche de la famille franciscaine), elle reçoit l’« effusion de l’Esprit » : elle comprend que la souffrance peut être féconde si elle est unie à la Croix du Christ. Même un être paralysé par la maladie peut contribuer à sauver le monde. Dès lors, elle « choisit » sa vie et ne se contente plus de la subir.
Dans les mois et les années qui suivent, cette union avec le Christ crucifié ne cesse de s’approfondir. Marthe fait nombre d’expériences qui la rangent au rang des grands mystiques. En particulier, toutes les semaines, elle revit la Passion du Christ. Elle reçoit les stigmates et a un contact privilégié avec la Vierge Marie, qui semble lui être apparue souvent. Déconcertée par ces phénomènes, elle a la chance d’être aidée par quelques prêtres, et par des lectures qui l’aideront à se situer.
Dans le même temps, son univers humain s’élargit considérablement. On commence à parler d’elle. On vient la voir. On se recommande à ses prières, on lui demande des conseils. On s’aperçoit qu’elle a un charisme de discernement. Aidée par un bon sens évident et une mémoire phénoménale, elle aide les personnes les plus diverses dans les situations les plus complexes alors qu’elle-même ne mange pas, ne boit pas, ne dort pas et ne vit que de l’Eucharistie. Dans la région de la Drôme et de Lyon, sa réputation perce peu à peu.
Une influence
Le 10 février 1936, elle reçoit la visite d’un prêtre lyonnais : l’abbé Georges Finet (1898-1990). Elle comprend qu’il est l’homme envoyé par Dieu pour ’aider à réaliser une œuvre que la Providence lui suggérait depuis quelques temps : la fondation des Foyers de Charité. Le Père Finet est un remarquable prédicateur, il a un caractère plein d’allant, il n’a peur de rien ni de personne. Éclairé et inspiré par Marthe, il commence à prêcher des retraites à Châteauneuf qui, peu à peu, obtiennent un grand succès. Des laïcs se mettent à sa disposition, d’abord pour s’occuper d’une petite école, ensuite pour accueillir les retraitants. Le premier Foyer de Charité est fondé. À la mort de Marthe, il existe une cinquantaine de Foyers répandus dans le monde entier, regroupant environ 600 membres. C’est une institution très dynamique dans l’Église en un temps de grande crise. Les Foyers de Charité, reconnus en 1986 comme association privée internationale de laïcs, sont à l’origine de quantité de vocations et ont favorisé maintes conversions.
Marthe Robin est au centre de toute cette œuvre. Elle accompagne les Pères et les membres des Foyers, elle aide au discernement des fondations. Mais son influence va plus loin. Elle reçoit dans sa chambre jusqu’à soixante personnes par jour au cours des retraites. La vie de beaucoup d’entre elles en est modifiée. Parmi elles, il y a des dizaines d’évêques, des centaines de prêtres. Marthe aide les fondateurs et fondatrices des ordres religieux nés en France juste après la Seconde Guerre mondiale, puis celles et ceux des communautés nouvelles. Dans la période difficile que traverse l’Église après le Concile Vatican II, particulièrement en France, elle reste ferme et calme. Elle est un point de ralliement pour beaucoup. À sa mort en 1981, des milliers de personnes (dont dont quatre évêques et plus de 200 prêtres) participent à ses obsèques.
Le procès de canonisation
Le procès de canonisation de Marthe Robin est ouvert dans le délai normal de cinq ans, dès 1986. La phase diocésaine est menée auprès de l’évêché de Valence de 1986 à 1996. Des centaines de témoignages affluent. Sur avis favorable du tribunal diocésain, la phase romaine est entamée en 1996. Un énorme dossier est transmis à Rome où tout est revérifié. En 2010 la Positio, c’est-à-dire le résumé du procès, est approuvée par les instances romaines. Le 7 novembre 2014, Marthe est déclarée Vénérable. De très nombreux témoignages de grâces, de faveurs et même de miracles affluent à Châteauneuf ; la ferme de Marthe Robin est devenue un lieu de visites et de prières très fréquenté. Marthe Robin apparaît ainsi, dans la conscience des chrétiens, comme un des grands personnages de l’Église de France dans le monde de ce temps et, en raison de son influence, une fondatrice pour l’évangélisation des temps
Suite avec
Une vie
Le 6 février 1981 décède dans le petit village de Châteauneuf-de-Galaure, dans la Drôme, une grande handicapée, Marthe Robin. Elle était née le 13 mars 1902 dans la même ferme où elle a passé toute sa vie. Celle-ci se divise en deux phases : son enfance et son adolescence jusqu’à l’âge de 16 ans. Puis la maladie, à partir de 1918, la rend grabataire durant plus de 50 ans. Mais pendant toute cette période, plus de 100 000 personnes la visitent dans sa chambre. Des milliers d’entre elles en reviendront transformées, si bien qu’aujourd’hui encore son influence est perceptible partout, non seulement en France mais aussi à l’étranger.
Marthe Robin est une simple paysanne. Elle naît dans un petit hameau à deux kilomètres du village, dans un beau paysage de collines. Elle a les qualités du monde rural : le sens du travail, la persévérance, le réalisme. Sa famille est chrétienne, relativement pratiquante, mais pas très fervente. Le village de Châteauneuf, travaillé par un anticléricalisme agressif est alors, comme toute la vallée de la Galaure, en voie de déchristianisation. Cet éloignement des hommes vis-à-vis du Christ marquera douloureusement Marthe pour la vie. C’est une enfant pieuse, sa première communion en 1912 a constitué un premier tournant dans son existence.
Peu à peu, elle conçoit un projet de vie religieuse, mais la loi contre les congrégations (1901) ne facilite pas le discernement. Cependant, en 1918 Marthe est une atteinte d’une maladie, d’autant plus grave et redoutable que l’on en ignore l’origine. Les douleurs sont multiples et extrêmes ; rien ne la soulage. Elle passe par des périodes très dures : on croit qu’elle va mourir. Ses membres se paralysent peu à peu. Au village, on songe à la grippe espagnole qui a tué des centaines de milliers de personnes à la même époque. Marthe est alors considérée comme contagieuse. On ne vient plus la voir. Elle vit en recluse pendant des années. En fait, elle a très probablement une encéphalite, qui ne la lâchera pas de toute sa vie.
Une vocation
Dans ce contexte extrêmement difficile, Marthe, comme beaucoup de grands handicapés, cherche des raisons de survivre. Elle se tourne vers Dieu, seul à pouvoir donner un sens à cette somme de souffrances. En 1925, elle rédige un acte d’abandon à la volonté divine. Trois ans plus tard, au cours d’une mission de Capucins (branche de la famille franciscaine), elle reçoit l’« effusion de l’Esprit » : elle comprend que la souffrance peut être féconde si elle est unie à la Croix du Christ. Même un être paralysé par la maladie peut contribuer à sauver le monde. Dès lors, elle « choisit » sa vie et ne se contente plus de la subir.
Dans les mois et les années qui suivent, cette union avec le Christ crucifié ne cesse de s’approfondir. Marthe fait nombre d’expériences qui la rangent au rang des grands mystiques. En particulier, toutes les semaines, elle revit la Passion du Christ. Elle reçoit les stigmates et a un contact privilégié avec la Vierge Marie, qui semble lui être apparue souvent. Déconcertée par ces phénomènes, elle a la chance d’être aidée par quelques prêtres, et par des lectures qui l’aideront à se situer.
Dans le même temps, son univers humain s’élargit considérablement. On commence à parler d’elle. On vient la voir. On se recommande à ses prières, on lui demande des conseils. On s’aperçoit qu’elle a un charisme de discernement. Aidée par un bon sens évident et une mémoire phénoménale, elle aide les personnes les plus diverses dans les situations les plus complexes alors qu’elle-même ne mange pas, ne boit pas, ne dort pas et ne vit que de l’Eucharistie. Dans la région de la Drôme et de Lyon, sa réputation perce peu à peu.
Une influence
Le 10 février 1936, elle reçoit la visite d’un prêtre lyonnais : l’abbé Georges Finet (1898-1990). Elle comprend qu’il est l’homme envoyé par Dieu pour ’aider à réaliser une œuvre que la Providence lui suggérait depuis quelques temps : la fondation des Foyers de Charité. Le Père Finet est un remarquable prédicateur, il a un caractère plein d’allant, il n’a peur de rien ni de personne. Éclairé et inspiré par Marthe, il commence à prêcher des retraites à Châteauneuf qui, peu à peu, obtiennent un grand succès. Des laïcs se mettent à sa disposition, d’abord pour s’occuper d’une petite école, ensuite pour accueillir les retraitants. Le premier Foyer de Charité est fondé. À la mort de Marthe, il existe une cinquantaine de Foyers répandus dans le monde entier, regroupant environ 600 membres. C’est une institution très dynamique dans l’Église en un temps de grande crise. Les Foyers de Charité, reconnus en 1986 comme association privée internationale de laïcs, sont à l’origine de quantité de vocations et ont favorisé maintes conversions.
Marthe Robin est au centre de toute cette œuvre. Elle accompagne les Pères et les membres des Foyers, elle aide au discernement des fondations. Mais son influence va plus loin. Elle reçoit dans sa chambre jusqu’à soixante personnes par jour au cours des retraites. La vie de beaucoup d’entre elles en est modifiée. Parmi elles, il y a des dizaines d’évêques, des centaines de prêtres. Marthe aide les fondateurs et fondatrices des ordres religieux nés en France juste après la Seconde Guerre mondiale, puis celles et ceux des communautés nouvelles. Dans la période difficile que traverse l’Église après le Concile Vatican II, particulièrement en France, elle reste ferme et calme. Elle est un point de ralliement pour beaucoup. À sa mort en 1981, des milliers de personnes (dont dont quatre évêques et plus de 200 prêtres) participent à ses obsèques.
Le procès de canonisation
Le procès de canonisation de Marthe Robin est ouvert dans le délai normal de cinq ans, dès 1986. La phase diocésaine est menée auprès de l’évêché de Valence de 1986 à 1996. Des centaines de témoignages affluent. Sur avis favorable du tribunal diocésain, la phase romaine est entamée en 1996. Un énorme dossier est transmis à Rome où tout est revérifié. En 2010 la Positio, c’est-à-dire le résumé du procès, est approuvée par les instances romaines. Le 7 novembre 2014, Marthe est déclarée Vénérable. De très nombreux témoignages de grâces, de faveurs et même de miracles affluent à Châteauneuf ; la ferme de Marthe Robin est devenue un lieu de visites et de prières très fréquenté. Marthe Robin apparaît ainsi, dans la conscience des chrétiens, comme un des grands personnages de l’Église de France dans le monde de ce temps et, en raison de son influence, une fondatrice pour l’évangélisation des temps
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M1234- Hiérophante contre le nouvel ordre mondial
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1982
AVEC MARIE SUR LES CHEMINS DE SAINT JACQUES DE COMPOSTELLE
AVEC MARIE SUR LES CHEMINS DE SAINT JACQUES DE COMPOSTELLE
Des récits de miracles rapportent que Marie a été associée à la prédication de Jacques en Espagne. C’est donc avec elle que nous vous invitons à découvrir saint Jacques et Compostelle, à la suite de Jean-Paul II, pèlerin en 1982. Cette date marque d'ailleurs une rupture entre le pèlerinage historique qui s’est éteint progressivement à partir du XIXe siècle et le pèlerinage contemporain, devenu Itinéraire culturel européen.
Denise Péricard-Méa Docteur en histoire, auteur de Compostelle et cultes de saint Jacques au Moyen Âge
Qui était saint Jacques ? Jacques et Jean, fils de Zébédée, furent des disciples étroitement associés à la mission de Jésus. Sur la croix, Il confia sa mère à Jean. Ainsi, la grande majorité des calvaires représentent Marie et Jean au pied de la croix. Mais au retable d’une chapelle du XIVe siècle, dédiée à saint Jacques (au Bru, commune de Charmensac, Cantal), c’est lui qui est au pied de la croix, avec Anne, la mère de Marie. Prédicateur fougueux et intrépide, Jacques fut le premier apôtre martyr. Sa décapitation sur l’ordre d’Hérode à Jérusalem, en l’an 44, est attestée par les Actes des apôtres (Actes XII, 2). Voilà l’histoire. Au-delà, nous entrons dans le merveilleux des légendes dans lesquelles la Vierge est plusieurs fois présente. Il reste deux écrits attribués à « Jacques », une Épître et un Évangile apocryphe. Mais quel Jacques en est l’auteur ? Sans doute ni l’Évangile ni l’Épître ne sont l’œuvre du Majeur. Mais l’une et l’autre lui furent attribués à un moment lorsque son culte s'est développé en Europe occidentale. Même les théologiens du Moyen Age ont hésité. Au XIIe siècle, les chanoines de Compostelle n’ont pas hésité à s’emparer de l’Épître pour la lire lors des fêtes du Majeur et la citer maintes fois dans leurs sermons écrits pour les pèlerins. Un bel exemple iconographique de cette attribution figure au portail de l’abbatiale de Saint-Gilles du Gard où c’est bien Jacques le Majeur qui porte, gravée sur son auréole « Tout don excellent et tout cadeau parfait vient d’en haut, du Père des lumières » (Jc 1, 16-17). La tradition classique des Pères de l’Église, confirmée par le Concile de Trente, attribue cette Épître à Jacques le Mineur (*). Elle prévaut encore aujourd’hui malgré l’avis de certains exégètes. Quel qu’en soit l’auteur, nous pensons que les pèlerins d’aujourd’hui, qui souhaitent mettre leurs pas dans ceux des pèlerins du Moyen Age, peuvent aussi tenter de se mettre dans leurs pensées en lisant ce texte qui introduit au passage des âmes et présente une vision de la société qui peut s’adapter à la société contemporaine.
La légende de saint Jacques. Après l’Ascension, les apôtres se partagèrent le monde à évangéliser. Selon des écrits des premiers siècles, Jacques prêcha dans les « contrées occidentales ». Le nom de Paul est cité aussi. Lequel évangélisa les communautés juives installées en Espagne ? L’histoire n’est pas si muette que cela et l’Espagne a choisi Jacques comme patron, le reconnaissant comme évangélisateur. En 711, les Sarrasins, musulmans, envahissent l’Espagne. Seuls les Asturies et la Galice, deux petits royaumes au Nord-Ouest, leur échappent. Sur eux, repose la défense de la foi chrétienne. Pour faire face à l’envahisseur, il faut aux chrétiens un saint patron propre à les galvaniser. À la fin du VIIIe siècle, le moine Beatus du monastère de Liebiana se souvient de l’apôtre Jacques, celui que Jésus avait surnommé « Boanerguès, fils du tonnerre », à cause de son tempérament combatif. Il propose de le choisir pour patron. Mais, pour asseoir la crédibilité du saint patron, il doit reposer dans la terre qu’il protège. Au IXe siècle (en 813, retient une légende en lien avec Charlemagne, transmise par la Chronique du Pseudo-Turpin), un tombeau est miraculeusement retrouvé en Galice : la Concordia de Antealtares publiée en 1077 explique que c’est l’ermite Pelayo (Pélage) qui aurait reçu la révélation de l’endroit, indiqué par une lumière extraordinaire. L’évêque Théodomir d’Iria Flavia reconnaît qu’il s’agit bien de celui de saint Jacques, entouré de deux compagnons. Le tombeau ayant été découvert, il fallut ensuite expliquer comment saint Jacques, décapité à Jérusalem, avait été enterré à cet endroit. On trouve cette explication au XIIe siècle dans le Codex calixtinus (manuscrit conservé à Compostelle) : le corps de saint Jacques serait arrivé miraculeusement par la mer. La légende de saint Jacques, qui figure aussi dans d’autres documents, est ainsi née entre le XIe et le XIIe siècle. Comme le dit Bernard Gicquel (dans sa traduction contemporaine du Codex calixtinus, parue en 2003) : « Ce n’est pas le tombeau galicien qui a fait de saint Jacques le patron de l’Espagne, mais sa désignation comme tel qui a incité à y rechercher sa sépulture. »
Saint Jacques et Marie en Espagne. Les Évangiles canoniques sont muets sur les relations entre Jacques et Marie. Mais Jacques est le frère de Jean, et la tradition rapporte qu'il avait une grande dévotion et un profond respect pour la Vierge qui lui portait une attention particulière. De nombreuses représentations iconographiques montrent Jacques associé à la Vierge. En Espagne, des révélations faites à Marie d’Agreda, religieuse espagnole du XVIIe siècle relatent deux interventions de la Vierge pour soutenir l’apôtre dans sa mission.
- La première fois à Grenade, où les païens attaquèrent saint Jacques dès son arrivée. Ils le firent passer pour un vagabond, un menteur, un magicien. Douze disciples prêchaient eux aussi. Ils en firent mourir un qui s’opposait à eux avec un très grand zèle. Mais l’apôtre et ses disciples continuèrent leur prédication. Les païens les prirent tous, les enchaînèrent et les menèrent hors de la ville. Tandis qu’on se préparait à les égorger, l’apôtre demandait le secours de Jésus et de sa Mère. Jésus ordonna à mille anges d’aider sa mère à assister l’apôtre. Ils la portèrent aussitôt en Espagne, là où ils se trouvaient enchaînés. Leurs ennemis avaient déjà le coutelas à la main. Voyant la Vierge, l’apôtre se prosterna du mieux qu’il put avec ses liens. Elle lui dit : « Jacques, mon fils, serviteur fidèle, courage ! Levez-vous, et soyez libre. » Ses chaînes et celles de ses disciples se brisèrent aussitôt. Les païens tombèrent par terre, où ils restèrent pendant quelques heures sans aucun signe de vie.
- Saragosse, où est vénérée la Vierge du pilier, garde le souvenir de la seconde visite. L’apôtre Jacques était avec ses disciples, au bord de l’Ebre. Il priait un peu à l’écart. Une procession d’anges fut entendue de loin. Tous furent transportés d’admiration. Les anges portaient une petite colonne de marbre et une statue de la Vierge. Marie dit alors à Jacques : « Jacques, soyez béni, et rempli de joie. » Tous les anges répondirent : « Ainsi soit-il. » Elle ajouta : « Mon fils Jacques, Dieu a choisi ce lieu pour y construire un sanctuaire qui me sera consacré. Je promets de grandes faveurs et ma protection à tous ceux qui viendront ici louer Dieu et prier avec foi et dévotion. En garantie de cette promesse, ma statue sera placée sur cette colonne et elle y demeurera avec la foi jusqu’à la fin du monde. Vous commencerez cette construction au plus tôt et quand vous aurez fini, vous partirez pour Jérusalem, où mon Fils veut que vous lui offriez le sacrifice de votre vie là même où il a donné la sienne. » Saint Jacques se prosterna. Les anges célébrèrent avec lui ce premier sanctuaire construit sous le vocable de la Vierge, devenu la basilique de Notre-Dame du pilier à Saragosse, lieu de nombreux miracles, dont celui dit « de la Calanda », qui vit un homme récupérer miraculeusement sa jambe amputée.
À Muxia, en Galice, sur la côte de la Mort, l’église Notre-Dame de la Barque, sanctuaire très cher aux Galiciens, domine des rochers aux formes curieuses. Ils seraient les restes du bateau de la Vierge lorsqu’elle vint y rencontrer l’apôtre.
Saint Jacques et Marie en France. En France, il n'existe pas de sanctuaire aussi légendaire, mais de nombreuses représentations associent saint Jacques et la Vierge. Signalons par exemple la mise au tombeau de la crypte de la cathédrale de Bourges ou la descente de Croix du retable de Nouans-les-Fontaines dans l’Indre-et-Loire, où l’on voit saint Jacques appuyé sur son bourdon.
Compostelle renaît au XIXe, en même temps que les pèlerinages à la Vierge. Les apparitions de la Vierge au XIXe siècle et les nouveaux pèlerinages mariaux ont créé un climat favorable aux pèlerinages dont a bénéficié Compostelle. En 1884, le pape Léon XIII reconnaît les reliques de l’apôtre « dans les jours où l’Église est particulièrement tourmentée par des tempêtes violentes, alors que les chrétiens ont besoin d’un excitant plus puissant pour pratiquer la vertu ». En 1936, Franco rétablit le patronage de saint Jacques supprimé par la République. La dévotion à saint Jacques a repris avec intensité en Espagne. Après la Seconde Guerre mondiale, Compostelle est apparue comme un phare pour les pays européens déchirés et a pris une dimension politique nouvelle. Un siècle après Léon XIII, Jean-Paul II, lui-même pèlerin, a donné un nouveau départ à ce pèlerinage. Aujourd’hui, les chemins de Compostelle en France, devenus instruments de promotion touristique, sont inscrits au Patrimoine mondial. Mais s’agissant de pèlerinage, le vrai bien commun de l’humanité n’est ni dans les monuments ni dans les chemins, mais dans la démarche pèlerine.
Pour terminer ce texte, j’exprime donc un double vœu : que le pèlerinage, en tant que tradition commune à toutes les religions et toutes les cultures soit inscrit sur la liste du Patrimoine mondial comme un bien immatériel de l’humanité et que chaque personne sur terre puisse librement se rendre vers le lieu sacré de son choix où qu’il se trouve.
(*) NDLR : Jacques le Mineur est l’apôtre, « frère du Seigneur » (cf. Galates 1,19 ; 2,9 ; Actes 12,17 ; 15,13 ; 1 Corinthiens 15,7), fils d’Aphée, qui fut premier évêque de Jérusalem. Il est frère de l’apôtre Jude (cf. Jude 1,1) qui lui succèdera après son martyr en 62, lorsqu’il fut précipité du pinacle du Temple, à ne pas confondre donc avec Jacques le Majeur, apôtre, frère de Jean, fis de Zébédée, décapité par Hérode Aggripa vers 42 (cf. Actes 12,2) qui est le saint vénéré à Compostelle.
Denise Péricard-Méa Docteur en histoire, auteur de Compostelle et cultes de saint Jacques au Moyen Âge
Qui était saint Jacques ? Jacques et Jean, fils de Zébédée, furent des disciples étroitement associés à la mission de Jésus. Sur la croix, Il confia sa mère à Jean. Ainsi, la grande majorité des calvaires représentent Marie et Jean au pied de la croix. Mais au retable d’une chapelle du XIVe siècle, dédiée à saint Jacques (au Bru, commune de Charmensac, Cantal), c’est lui qui est au pied de la croix, avec Anne, la mère de Marie. Prédicateur fougueux et intrépide, Jacques fut le premier apôtre martyr. Sa décapitation sur l’ordre d’Hérode à Jérusalem, en l’an 44, est attestée par les Actes des apôtres (Actes XII, 2). Voilà l’histoire. Au-delà, nous entrons dans le merveilleux des légendes dans lesquelles la Vierge est plusieurs fois présente. Il reste deux écrits attribués à « Jacques », une Épître et un Évangile apocryphe. Mais quel Jacques en est l’auteur ? Sans doute ni l’Évangile ni l’Épître ne sont l’œuvre du Majeur. Mais l’une et l’autre lui furent attribués à un moment lorsque son culte s'est développé en Europe occidentale. Même les théologiens du Moyen Age ont hésité. Au XIIe siècle, les chanoines de Compostelle n’ont pas hésité à s’emparer de l’Épître pour la lire lors des fêtes du Majeur et la citer maintes fois dans leurs sermons écrits pour les pèlerins. Un bel exemple iconographique de cette attribution figure au portail de l’abbatiale de Saint-Gilles du Gard où c’est bien Jacques le Majeur qui porte, gravée sur son auréole « Tout don excellent et tout cadeau parfait vient d’en haut, du Père des lumières » (Jc 1, 16-17). La tradition classique des Pères de l’Église, confirmée par le Concile de Trente, attribue cette Épître à Jacques le Mineur (*). Elle prévaut encore aujourd’hui malgré l’avis de certains exégètes. Quel qu’en soit l’auteur, nous pensons que les pèlerins d’aujourd’hui, qui souhaitent mettre leurs pas dans ceux des pèlerins du Moyen Age, peuvent aussi tenter de se mettre dans leurs pensées en lisant ce texte qui introduit au passage des âmes et présente une vision de la société qui peut s’adapter à la société contemporaine.
La légende de saint Jacques. Après l’Ascension, les apôtres se partagèrent le monde à évangéliser. Selon des écrits des premiers siècles, Jacques prêcha dans les « contrées occidentales ». Le nom de Paul est cité aussi. Lequel évangélisa les communautés juives installées en Espagne ? L’histoire n’est pas si muette que cela et l’Espagne a choisi Jacques comme patron, le reconnaissant comme évangélisateur. En 711, les Sarrasins, musulmans, envahissent l’Espagne. Seuls les Asturies et la Galice, deux petits royaumes au Nord-Ouest, leur échappent. Sur eux, repose la défense de la foi chrétienne. Pour faire face à l’envahisseur, il faut aux chrétiens un saint patron propre à les galvaniser. À la fin du VIIIe siècle, le moine Beatus du monastère de Liebiana se souvient de l’apôtre Jacques, celui que Jésus avait surnommé « Boanerguès, fils du tonnerre », à cause de son tempérament combatif. Il propose de le choisir pour patron. Mais, pour asseoir la crédibilité du saint patron, il doit reposer dans la terre qu’il protège. Au IXe siècle (en 813, retient une légende en lien avec Charlemagne, transmise par la Chronique du Pseudo-Turpin), un tombeau est miraculeusement retrouvé en Galice : la Concordia de Antealtares publiée en 1077 explique que c’est l’ermite Pelayo (Pélage) qui aurait reçu la révélation de l’endroit, indiqué par une lumière extraordinaire. L’évêque Théodomir d’Iria Flavia reconnaît qu’il s’agit bien de celui de saint Jacques, entouré de deux compagnons. Le tombeau ayant été découvert, il fallut ensuite expliquer comment saint Jacques, décapité à Jérusalem, avait été enterré à cet endroit. On trouve cette explication au XIIe siècle dans le Codex calixtinus (manuscrit conservé à Compostelle) : le corps de saint Jacques serait arrivé miraculeusement par la mer. La légende de saint Jacques, qui figure aussi dans d’autres documents, est ainsi née entre le XIe et le XIIe siècle. Comme le dit Bernard Gicquel (dans sa traduction contemporaine du Codex calixtinus, parue en 2003) : « Ce n’est pas le tombeau galicien qui a fait de saint Jacques le patron de l’Espagne, mais sa désignation comme tel qui a incité à y rechercher sa sépulture. »
Saint Jacques et Marie en Espagne. Les Évangiles canoniques sont muets sur les relations entre Jacques et Marie. Mais Jacques est le frère de Jean, et la tradition rapporte qu'il avait une grande dévotion et un profond respect pour la Vierge qui lui portait une attention particulière. De nombreuses représentations iconographiques montrent Jacques associé à la Vierge. En Espagne, des révélations faites à Marie d’Agreda, religieuse espagnole du XVIIe siècle relatent deux interventions de la Vierge pour soutenir l’apôtre dans sa mission.
- La première fois à Grenade, où les païens attaquèrent saint Jacques dès son arrivée. Ils le firent passer pour un vagabond, un menteur, un magicien. Douze disciples prêchaient eux aussi. Ils en firent mourir un qui s’opposait à eux avec un très grand zèle. Mais l’apôtre et ses disciples continuèrent leur prédication. Les païens les prirent tous, les enchaînèrent et les menèrent hors de la ville. Tandis qu’on se préparait à les égorger, l’apôtre demandait le secours de Jésus et de sa Mère. Jésus ordonna à mille anges d’aider sa mère à assister l’apôtre. Ils la portèrent aussitôt en Espagne, là où ils se trouvaient enchaînés. Leurs ennemis avaient déjà le coutelas à la main. Voyant la Vierge, l’apôtre se prosterna du mieux qu’il put avec ses liens. Elle lui dit : « Jacques, mon fils, serviteur fidèle, courage ! Levez-vous, et soyez libre. » Ses chaînes et celles de ses disciples se brisèrent aussitôt. Les païens tombèrent par terre, où ils restèrent pendant quelques heures sans aucun signe de vie.
- Saragosse, où est vénérée la Vierge du pilier, garde le souvenir de la seconde visite. L’apôtre Jacques était avec ses disciples, au bord de l’Ebre. Il priait un peu à l’écart. Une procession d’anges fut entendue de loin. Tous furent transportés d’admiration. Les anges portaient une petite colonne de marbre et une statue de la Vierge. Marie dit alors à Jacques : « Jacques, soyez béni, et rempli de joie. » Tous les anges répondirent : « Ainsi soit-il. » Elle ajouta : « Mon fils Jacques, Dieu a choisi ce lieu pour y construire un sanctuaire qui me sera consacré. Je promets de grandes faveurs et ma protection à tous ceux qui viendront ici louer Dieu et prier avec foi et dévotion. En garantie de cette promesse, ma statue sera placée sur cette colonne et elle y demeurera avec la foi jusqu’à la fin du monde. Vous commencerez cette construction au plus tôt et quand vous aurez fini, vous partirez pour Jérusalem, où mon Fils veut que vous lui offriez le sacrifice de votre vie là même où il a donné la sienne. » Saint Jacques se prosterna. Les anges célébrèrent avec lui ce premier sanctuaire construit sous le vocable de la Vierge, devenu la basilique de Notre-Dame du pilier à Saragosse, lieu de nombreux miracles, dont celui dit « de la Calanda », qui vit un homme récupérer miraculeusement sa jambe amputée.
À Muxia, en Galice, sur la côte de la Mort, l’église Notre-Dame de la Barque, sanctuaire très cher aux Galiciens, domine des rochers aux formes curieuses. Ils seraient les restes du bateau de la Vierge lorsqu’elle vint y rencontrer l’apôtre.
Saint Jacques et Marie en France. En France, il n'existe pas de sanctuaire aussi légendaire, mais de nombreuses représentations associent saint Jacques et la Vierge. Signalons par exemple la mise au tombeau de la crypte de la cathédrale de Bourges ou la descente de Croix du retable de Nouans-les-Fontaines dans l’Indre-et-Loire, où l’on voit saint Jacques appuyé sur son bourdon.
Compostelle renaît au XIXe, en même temps que les pèlerinages à la Vierge. Les apparitions de la Vierge au XIXe siècle et les nouveaux pèlerinages mariaux ont créé un climat favorable aux pèlerinages dont a bénéficié Compostelle. En 1884, le pape Léon XIII reconnaît les reliques de l’apôtre « dans les jours où l’Église est particulièrement tourmentée par des tempêtes violentes, alors que les chrétiens ont besoin d’un excitant plus puissant pour pratiquer la vertu ». En 1936, Franco rétablit le patronage de saint Jacques supprimé par la République. La dévotion à saint Jacques a repris avec intensité en Espagne. Après la Seconde Guerre mondiale, Compostelle est apparue comme un phare pour les pays européens déchirés et a pris une dimension politique nouvelle. Un siècle après Léon XIII, Jean-Paul II, lui-même pèlerin, a donné un nouveau départ à ce pèlerinage. Aujourd’hui, les chemins de Compostelle en France, devenus instruments de promotion touristique, sont inscrits au Patrimoine mondial. Mais s’agissant de pèlerinage, le vrai bien commun de l’humanité n’est ni dans les monuments ni dans les chemins, mais dans la démarche pèlerine.
Pour terminer ce texte, j’exprime donc un double vœu : que le pèlerinage, en tant que tradition commune à toutes les religions et toutes les cultures soit inscrit sur la liste du Patrimoine mondial comme un bien immatériel de l’humanité et que chaque personne sur terre puisse librement se rendre vers le lieu sacré de son choix où qu’il se trouve.
(*) NDLR : Jacques le Mineur est l’apôtre, « frère du Seigneur » (cf. Galates 1,19 ; 2,9 ; Actes 12,17 ; 15,13 ; 1 Corinthiens 15,7), fils d’Aphée, qui fut premier évêque de Jérusalem. Il est frère de l’apôtre Jude (cf. Jude 1,1) qui lui succèdera après son martyr en 62, lorsqu’il fut précipité du pinacle du Temple, à ne pas confondre donc avec Jacques le Majeur, apôtre, frère de Jean, fis de Zébédée, décapité par Hérode Aggripa vers 42 (cf. Actes 12,2) qui est le saint vénéré à Compostelle.
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1986
L’INTUITION D’UNE FEMME DONNE NAISSANCE AU PÈLERINAGE DES MÈRES DE FAMILLE À COTIGNAC
L’INTUITION D’UNE FEMME DONNE NAISSANCE AU PÈLERINAGE DES MÈRES DE FAMILLE À COTIGNAC
[i]Vingt ans après la naissance du pèlerinage des pères de famille à Cotignac, une femme inspirée par un prêtre a l’idée de créer son équivalent pour les mères. En 1986, Monique Louze, déçue de ne pouvoir accompagner son mari sur les chemins de Cotignac, fait en effet germer l’idée d’une marche pour les femmes… Le succès est immédiat et rattrape bientôt celui du pèlerinage des pères. Ici, Monique Louze raconte les débuts de ce pèlerinage aujourd’hui incontournable pour la paix des familles et qui rassemble chaque année près de 1500 mères.
L'histoire a débuté en 1986. À l'époque, nous étions tous goumiers (personne participant à un raid de réflexion spirituelle créé par Michel Menu, pendant une semaine et dans une zone désertique) ; quand je dis « nous », j'entends la famille : père, mère, fille et garçons qui parcourions avec bonheur les mêmes déserts, croisant parfois nos routes, ou même marchant en solitaire...
À cette époque, le pèlerinage des pères existait déjà ; pèlerinage particulier en ce sens que seuls des pères de familles s'y retrouvent pour une marche de deux jours, d'Aix-en-Provence à Cotignac, lieu d'apparitions de la Sainte famille.
Or donc, aux premiers jours de juillet cette année-là, j'avais accompagné mon époux à l'aube et même un peu plus tôt, au point de ralliement dudit pèlerinage. Ces grands départs sont partout les mêmes, qu'ils soient pour le désert ou pour la plaine, toujours dans cette même ambiance de fraternité joyeuse ou grave, où chacun se reconnait de suite du même clan.
J'entendais bien rester aux côtés de mon époux jusqu'à Cotignac... mais j'essuyais immédiatement plusieurs refus : « marche trop dure pour une femme », « pèlerinage exclusivement masculin », etc. Je n'insistais donc pas, comprenant de suite que me targuer de mon expérience de goumière ne servirait à rien.
Déçue, je proposais alors à mon fils Alexandre qui s'apprêtait à rejoindre ses scouts au Puy-en-Velay, en vue d'une route vers Saint-Jacques-de-Compostelle, de le conduire au lieu de rendez-vous. Là-bas, l'ambiance était la même, avec un zeste de chahut en plus et une pincée de gravité en moins.
Ma nostalgie redoublant, je ne sus m'empêcher de m'apitoyer sur moi-même auprès de leur aumônier, le Père Stéphane Marie. Il eut la charité d'écouter les doléances de celle qui, après avoir conduit pour l'aventure son mari à l'aube et son fils au crépuscule, se résignait mal à rentrer au logis. « Eh bien, me lança-t-il en souriant happé par sa troupe qui piaffait d'impatience, lancez-en un vous même... avec des mères de famille ! »
La route du retour me sembla courte. L'idée germait, et deux jours plus tard, lorsque je retrouvais mon époux à Notre-Dame de Grâces, la décision était prise. J'en parlais longuement avec le Père Marie Benoit, insistant surtout sur un point : la présence d'un prêtre. En effet, l'époque était telle que bien des femmes se découvraient « théologiennes », et je voulais absolument une autorité en la matière, afin d'éviter toutes discutions et tensions stériles. Le père Marie Benoit me demanda alors qui je voyais pour cela. Qui ? Mais voyons, celui qui m'en avait lancé le défi.
Cher Père Stéphane Marie, quand les kilomètres s'ajoutaient aux kilomètres, quand sa guitare se faisait lourde à force d'accompagner les rosaires le long des chemins, je me demande si sa pensée le ramenait vers le soir où nous nous sommes rencontrés au pied de Notre-Dame du Puy. Que de chemin il a fait faire à mes marcheuses, au sens propre comme au figuré !
Par ailleurs, je côtoyais dans les goums nombre de jeunes complètement incultes en matière religieuse, et je pensais : où mieux que dans leur famille uraient-ils dû recevoir une formation solide ? En formant mieux les mères, n'avions-nous pas là un moyen de mieux former les enfants ? Ainsi, naquit l'idée d'un pèlerinage-retraite itinérant en pleine nature, durant trois jours, loin de toute agglomération.
Le printemps qui suivit fut employé, semaine après semaine, à tracer un itinéraire boussole et carte en mains, à obtenir les autorisations de marcher et de bivouaquer sur des propriétés privées, à trouver des points d'eau, etc. Renouant avec les vieilles traditions, le pèlerinage se ferait à pied, repas tiré du sac et couchant à la belle étoile, utilisant de vieux sentiers muletiers, parfois cachés sous la végétation et oubliés, connus seulement des animaux dont nous suivions la trace.
À la mi-juin 1987, le premier pèlerinage des mères de famille partit de la petite église de Vauvenargues (Bouches-du-Rhône), dernière paroisse de notre diocèse, vers Notre-Dame de Grâces, chantant et méditant le Rosaire, des litanies et cantiques tout au long du chemin. La présence du Père permettait des célébrations eucharistiques si soignées et recueillies dans l'oasis silencieuse de la forêt, un sacrement de réconciliation moins facile à instaurer, et deux ans plus tard, le besoin s'en faisant sentir tout naturellement, une nuit d’adoration. Que de joies, que de rires, quelle jeunesse durant ces quelques heures, où ces femmes mère de famille se rencontraient et se laissaient conduire, confiantes et abandonnées à travers un paysage complètement inconnu.
La première année, nous fûmes sept. L'année suivante 13, puis 40. Très vite, Monseigneur Maurice Plano vint nous bénir fidèlement chaque année au départ. Plus tard, le 11 mai 1989, Sa Sainteté Jean-Paul II nous accordera de « tout son cœur, sa bénédiction apostolique, comme gage de grâces divines ».
Il est des moments si émouvants dans ce pèlerinage. Celui du tête-à-tête avec le Seigneur, la nuit à la clarté des étoiles, celui des larmes après la confession en marchant à côté du Père, celui des grands silences et des soirs paisibles face à l'immensité du ciel, quand après la prière, la guitare égrène ses dernières notes et que les pensées volent vers ceux qui sont restés derrière…
Puis c'est le dernier réveil à 5 heures avec devant nous, les Bessillons, le petit pour la dernière grimpette et le grand dont le chemin festonne toute la descente vers saint Joseph à qui nous avons confié les nôtres au départ. C'est là que plus tard tous les groupes qui sont nés de ce premier pèlerinage et cheminent à travers la Provence se retrouveront pour marcher en silence vers Notre-Dame.
Un guetteur discret prévient de notre approche et les cloches sonnent à toute volée. Lorsque le clocher du sanctuaire apparaît dans une trouée au milieu des pins, c'est genoux à terre que les mères alors rendent grâce d'être allées jusqu'au bout. Les larmes silencieuses coulent sur les visages fatigués et heureux. Autre tradition, un nombre de roses égal à celui des marcheuses à été commandé, c'est un peu plus loin que chacune recevra la sienne pour aller la déposer au pied de Marie.
Quelques minutes encore et c'est l'arrivée sur l'esplanade. Nous étions sept la première année à retrouver notre époux, et déjà que d'enfants, que de cris de joie, d'envolées de jupes fleuries, de petits mollets ronds qui accouraient vers nous pour retrouver chacun « sa maman », les plus grands impressionnés auprès de leur père, lequel parfois tient dans ses bras le dernier né, lui donnant le biberon ou rajustant une couche. Et c'est ensemble que nous entrons au sanctuaire et allons consacrer notre famille à Notre-Dame de Grâces.C'était il y a trente ans…
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L'histoire a débuté en 1986. À l'époque, nous étions tous goumiers (personne participant à un raid de réflexion spirituelle créé par Michel Menu, pendant une semaine et dans une zone désertique) ; quand je dis « nous », j'entends la famille : père, mère, fille et garçons qui parcourions avec bonheur les mêmes déserts, croisant parfois nos routes, ou même marchant en solitaire...
À cette époque, le pèlerinage des pères existait déjà ; pèlerinage particulier en ce sens que seuls des pères de familles s'y retrouvent pour une marche de deux jours, d'Aix-en-Provence à Cotignac, lieu d'apparitions de la Sainte famille.
Or donc, aux premiers jours de juillet cette année-là, j'avais accompagné mon époux à l'aube et même un peu plus tôt, au point de ralliement dudit pèlerinage. Ces grands départs sont partout les mêmes, qu'ils soient pour le désert ou pour la plaine, toujours dans cette même ambiance de fraternité joyeuse ou grave, où chacun se reconnait de suite du même clan.
J'entendais bien rester aux côtés de mon époux jusqu'à Cotignac... mais j'essuyais immédiatement plusieurs refus : « marche trop dure pour une femme », « pèlerinage exclusivement masculin », etc. Je n'insistais donc pas, comprenant de suite que me targuer de mon expérience de goumière ne servirait à rien.
Déçue, je proposais alors à mon fils Alexandre qui s'apprêtait à rejoindre ses scouts au Puy-en-Velay, en vue d'une route vers Saint-Jacques-de-Compostelle, de le conduire au lieu de rendez-vous. Là-bas, l'ambiance était la même, avec un zeste de chahut en plus et une pincée de gravité en moins.
Ma nostalgie redoublant, je ne sus m'empêcher de m'apitoyer sur moi-même auprès de leur aumônier, le Père Stéphane Marie. Il eut la charité d'écouter les doléances de celle qui, après avoir conduit pour l'aventure son mari à l'aube et son fils au crépuscule, se résignait mal à rentrer au logis. « Eh bien, me lança-t-il en souriant happé par sa troupe qui piaffait d'impatience, lancez-en un vous même... avec des mères de famille ! »
La route du retour me sembla courte. L'idée germait, et deux jours plus tard, lorsque je retrouvais mon époux à Notre-Dame de Grâces, la décision était prise. J'en parlais longuement avec le Père Marie Benoit, insistant surtout sur un point : la présence d'un prêtre. En effet, l'époque était telle que bien des femmes se découvraient « théologiennes », et je voulais absolument une autorité en la matière, afin d'éviter toutes discutions et tensions stériles. Le père Marie Benoit me demanda alors qui je voyais pour cela. Qui ? Mais voyons, celui qui m'en avait lancé le défi.
Cher Père Stéphane Marie, quand les kilomètres s'ajoutaient aux kilomètres, quand sa guitare se faisait lourde à force d'accompagner les rosaires le long des chemins, je me demande si sa pensée le ramenait vers le soir où nous nous sommes rencontrés au pied de Notre-Dame du Puy. Que de chemin il a fait faire à mes marcheuses, au sens propre comme au figuré !
Par ailleurs, je côtoyais dans les goums nombre de jeunes complètement incultes en matière religieuse, et je pensais : où mieux que dans leur famille uraient-ils dû recevoir une formation solide ? En formant mieux les mères, n'avions-nous pas là un moyen de mieux former les enfants ? Ainsi, naquit l'idée d'un pèlerinage-retraite itinérant en pleine nature, durant trois jours, loin de toute agglomération.
Le printemps qui suivit fut employé, semaine après semaine, à tracer un itinéraire boussole et carte en mains, à obtenir les autorisations de marcher et de bivouaquer sur des propriétés privées, à trouver des points d'eau, etc. Renouant avec les vieilles traditions, le pèlerinage se ferait à pied, repas tiré du sac et couchant à la belle étoile, utilisant de vieux sentiers muletiers, parfois cachés sous la végétation et oubliés, connus seulement des animaux dont nous suivions la trace.
À la mi-juin 1987, le premier pèlerinage des mères de famille partit de la petite église de Vauvenargues (Bouches-du-Rhône), dernière paroisse de notre diocèse, vers Notre-Dame de Grâces, chantant et méditant le Rosaire, des litanies et cantiques tout au long du chemin. La présence du Père permettait des célébrations eucharistiques si soignées et recueillies dans l'oasis silencieuse de la forêt, un sacrement de réconciliation moins facile à instaurer, et deux ans plus tard, le besoin s'en faisant sentir tout naturellement, une nuit d’adoration. Que de joies, que de rires, quelle jeunesse durant ces quelques heures, où ces femmes mère de famille se rencontraient et se laissaient conduire, confiantes et abandonnées à travers un paysage complètement inconnu.
La première année, nous fûmes sept. L'année suivante 13, puis 40. Très vite, Monseigneur Maurice Plano vint nous bénir fidèlement chaque année au départ. Plus tard, le 11 mai 1989, Sa Sainteté Jean-Paul II nous accordera de « tout son cœur, sa bénédiction apostolique, comme gage de grâces divines ».
Il est des moments si émouvants dans ce pèlerinage. Celui du tête-à-tête avec le Seigneur, la nuit à la clarté des étoiles, celui des larmes après la confession en marchant à côté du Père, celui des grands silences et des soirs paisibles face à l'immensité du ciel, quand après la prière, la guitare égrène ses dernières notes et que les pensées volent vers ceux qui sont restés derrière…
Puis c'est le dernier réveil à 5 heures avec devant nous, les Bessillons, le petit pour la dernière grimpette et le grand dont le chemin festonne toute la descente vers saint Joseph à qui nous avons confié les nôtres au départ. C'est là que plus tard tous les groupes qui sont nés de ce premier pèlerinage et cheminent à travers la Provence se retrouveront pour marcher en silence vers Notre-Dame.
Un guetteur discret prévient de notre approche et les cloches sonnent à toute volée. Lorsque le clocher du sanctuaire apparaît dans une trouée au milieu des pins, c'est genoux à terre que les mères alors rendent grâce d'être allées jusqu'au bout. Les larmes silencieuses coulent sur les visages fatigués et heureux. Autre tradition, un nombre de roses égal à celui des marcheuses à été commandé, c'est un peu plus loin que chacune recevra la sienne pour aller la déposer au pied de Marie.
Quelques minutes encore et c'est l'arrivée sur l'esplanade. Nous étions sept la première année à retrouver notre époux, et déjà que d'enfants, que de cris de joie, d'envolées de jupes fleuries, de petits mollets ronds qui accouraient vers nous pour retrouver chacun « sa maman », les plus grands impressionnés auprès de leur père, lequel parfois tient dans ses bras le dernier né, lui donnant le biberon ou rajustant une couche. Et c'est ensemble que nous entrons au sanctuaire et allons consacrer notre famille à Notre-Dame de Grâces.C'était il y a trente ans…
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M1234- Hiérophante contre le nouvel ordre mondial
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Localisation : Vendée (Marie du 85)
Inscription : 12/01/2016
Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
Bonjour @Tous,
Hier je vous parlais des Mères de Cotignac, j'ai omis de vous parler des Pères de Cotignac, veillez m'excuser pour cet oubli, voici le sujet ci-dessous
Hier je vous parlais des Mères de Cotignac, j'ai omis de vous parler des Pères de Cotignac, veillez m'excuser pour cet oubli, voici le sujet ci-dessous
1976
LA NAISSANCE DU PÈLERINAGE DES PÈRES DE FAMILLE À COTIGNAC
LA NAISSANCE DU PÈLERINAGE DES PÈRES DE FAMILLE À COTIGNAC
Quand Marie agit, elle le fait bien ! À partir du vœu d’un père de famille qui voulait la remercier pour l’heureuse issue d’une grossesse préoccupante, et du renouvellement de la démarche sans planification, sans publicité et sans bruit, Cotignac est maintenant devenu un lieu majeur pour les familles de France.
Jean-Louis Bouzereau, Pierre Chazerans et l’équipe des organisateurs
Le pèlerinage des pères de famille c’est, en 1976, l’histoire d’un père de famille dont l’épouse vit une grossesse difficile et des moments d’inquiétude : les médecins évoquent des perspectives préoccupantes au terme de la grossesse de sa femme. Ils ont tous deux entendu parler de Cotignac et y font une ‘excursion’ à la fin de l’hiver. Sur la route du retour, le jeune père fait à sa femme la promesse de retourner à pied à Cotignac depuis Aix-en-Provence… si tout se passe bien ! Pense-t-il à un pèlerinage ? Même pas ! Or, en juin de l’année suivante, la naissance d’Emmanuelle se déroule merveilleusement. Les parents sont comblés. Le jeune père pense à respecter sa promesse.
La naissance de ce pèlerinage est aussi l’histoire d’une amitié : un de ses amis, plus jeune, pas marié, propose de l’accompagner. Ils partent d’Aix, vers l’est, sans bien savoir par où ils vont passer. Nous sommes en juillet 1976 ; une grande période de canicule dans toutes les mémoires
Que se passe-t-il au cours de ce pèlerinage ? Ils marchent et ils discutent. Au bout d’un moment, l’ami sort son chapelet : « Tu as toujours ton chapelet avec toi ? » Et ils se mettent à prier. Tout simple : le plus jeune commente les mystères et ils égrènent le chapelet ensemble. Et puis le père de famille accepte de commenter à son tour. Il commence alors le bel apprentissage de la méditation et de la contemplation. Peut-être que ce qu’il dit n’est pas très orthodoxe mais il le dit avec son cœur, avec ses tripes et, il n’en a pas encore conscience, avec l’aide attentive de l’Esprit Saint.
Le deuxième jour, en fin d’après-midi, ils passent tout près de Saint-Joseph… sans soupçonner la présence du monastère, alors en cours de restauration. Ils n’ont qu’une carte Michelin ! Puis ils arrivent à Notre-Dame de Grâces. L’épouse de celui qui est marié les attend depuis de longues heures, avec dans un couffin, Emmanuelle qui a six semaines. C’est le premier « bébé Cotignac » version contemporaine. Le chapelain du sanctuaire reste totalement insensible à leur démarche... Qu’importe : ils se sont jetés au piedsde Marie, exténués et éperdus de bonheur au bout de cette expérience si forte tant sur le plan physique que spirituel.
L’histoire aurait pu finir là. Eh bien non ! L’année suivante, le père de famille retourne à Cotignac avec cette fois un autre ami. Et l’année suivante, ils sont à présent un petit groupe de cinq ou six, mariés ou en projet de mariage. Naturellement, explicitement, ce pèlerinage est dès le début celui de pères de famille. Ils viennent rendre grâce et confier leur famille à Marie et Joseph. Ils confient aussi leurs soucis : santé, travail, désir d’enfant, cancer, enfant en perdition, chômage qui dure, épouse partie, conflits familiaux… la liste est longue de ce qu’ils portent et dont ils parlent en cours de route, qu’ils échangent entre eux, qu’ils présentent à Dieu en offrant fatigue, chaleur et ampoules de la route.
Et c’est parti ! Chaque année un groupe d’une dizaine de pères de famille part d’Aix. Pas plus, pas moins. La formule est simple : ils marchent, ils parlent, ils prient, ils s’exercent à animer le chapelet, les méditations, les contemplations, ils se perdent parce qu’aucun d’eux ne prend le temps de repérer le chemin à l’avance. Le dimanche matin, ils sont accueillis à Saint-Joseph où une communauté de bénédictines arrivant de Médéa, en Algérie, s’est installée depuis 1977.
En 1982, une belle surprise attend les pèlerins à Notre-Dame de Grâce. Ils sont accueillis par une communauté des Frères de Saint-Jean à qui a été confié le sanctuaire. La première rencontre avec les Frères de Saint-Jean est une découverte réciproque. « Vous ne pouvez pas garder cela pour vous », nous dit Benoît-Marie. Mais les pèlerins résistent : « Nous sommes des pères de famille, pas des employés de la Pastorale des pèlerinages du diocèse ! » Cela n’est pas négociable. Pourtant, dès l’année suivante, un troisième groupe rejoint Cotignac : des amis de Benoit Marie, de Cuges-les-Pins, dans les Bouches-du-Rhône.
Au cours des années suivantes, le groupe initial d’Aix-en-Provence ne cesse de grossir. Ce n’est plus un groupe mais un troupeau. En même temps, d’autres groupes (Alpes Maritimes, Vaucluse) se sont constitués. Il faut se rendre à l’évidence. Les pèlerins du début comprennent que ce qui est devenu le « Pèlerinage en Provence des Pères de Famille » ne leur appartient pas. Marie a tranché. Ils choisissent de se séparer et au cours des années suivantes, de plus en plus de petits groupes partent de différents coins de Provence pour se retrouver le samedi soir à Cotignac.
Benoit Marie (encore lui !) dit sa préoccupation de voir le pèlerinage conduit et animé par des prêtres. Nouveau refus catégorique ! Dur-dur d’être prieur à Notre Dame ! « Nous sommes des pères de famille, pas des organisateurs de pèlerinage. On dit à nos amis de venir à Cotignac, passer deux jours sympas, entre copains, dans la nature. On sait qu’ils ont des soucis de famille ou de bébé et on leur dit qu’on veut les partager avec eux. On leur dit aussi qu’au bout de la route il y a Marie... Par contre qu’un prêtre marche avec nous, ça c’est génial : il serait en « voiture balai spi » et accueillerait chacun, cœur à cœur pour lui dire qu’il est aimé de Dieu », lui répond-on. Benoit-Marie, dubitatif, laisse tomber ses idées d’organisation par les prêtres et décide d’accompagner un groupe l’année suivante. À l’arrivée, il est convaincu : « Mon rôle est d’accueillir, de recueillir, de donner le pardon de Dieu. »
La formule est lancée. Combien de pères de famille, éloignés de l’Église, de Dieu, qui, cheminant vers Cotignac, décident au cours de la marche d’aller parler un instant avec le prêtre… ? Combien de confessions, combien de grâces de conversion reçues ? Le pèlerinage des pères de famille est né à l’aube du pontificat de Jean Paul II. Il permet à des pères de famille d’origines diverses de marcher ensemble : traditionalistes et progressistes, riches et pauvres, croyants et incroyants, malades et en bonne santé, chefs d’entreprise et ouvriers… Leur lien : être père de famille. Point ! Cet apostolat entre pères de famille permet l’évangélisation des pèlerins. Sur les routes de Cotignac, Marie fait leur éducation. Ils découvrent d’abord l’amour, l’amitié et le partage entre les membres de leur groupe. Puis ils découvrent qu’ils peuvent aimer davantage leur épouse, leurs enfants, leurs collègues de travail… Par la prière, les chants, les méditations, l’adoration, la confession, ils découvrent la civilisation de l’amour.
En quelques années, sans que ni Mgr Barthe, évêque en 1976 de Fréjus-Toulon, ni ses successeurs Mgr Madec et Mgr Rey, ni le Père Marie Dominique Philippe, fondateur des Frères de Saint Jean, ni la supérieure des Sœurs bénédictines de Médéa ne l’aient imaginé, Cotignac va jouer un rôle majeur en France pour les familles.
Quand Marie agit, elle le fait bien. Vite, les pères de famille dépassent le nombre de 500. Et pourtant, ce pèlerinage n’a jamais fait l’objet, à ses débuts, de la moindre publicité dans aucun service des pèlerinages d’aucun diocèse. Il n’a jamais été un pèlerinage officiel ou labellisé. Il n’a reçu aucun soutien. A part l’évêque du Var qui vient régulièrement, le premier évêque qui y ait participé est monseigneur Billé, alors archevêque d’Aix. C’était en 1998. Il a été séduit par la formule et s’est étonné d’une si grande vivacité alors même qu’aucune reconnaissance n’existe.
Depuis 2011, les pères de famille ne sont jamais moins de 1200 à Cotignac. Le lieu se révélant trop petit pour accueillir davantage de personnes, de nombreux autres pèlerinages de pères « selon l’esprit de Cotignac » sont organisés un peu partout en France. Actuellement une vingtaine : à Vézelay, en Auvergne, dans les Pyrénées, en Bretagne, en Dauphiné, en Normandie… jusqu’à l’Ile de La Réunion… partout des pères de famille marchent, chantent, partagent, prient et se convertissent.
En 1985, les mères de famille, un peu furieuses de ne pas pouvoir marcher avec leurs hommes, décident d’organiser leur propre pèlerinage. Sourires et propos moqueurs des pères de famille. Elles partent à 5 d’Aix-en-Provence. En trois ans elles sont plus nombreuses que les pères de famille. Petit clin d’œil de Marie : comme au tombeau, elles sont les premières ! Et pourquoi les pères d’un côté, les mères de l’autre ? Allons-y aussi pour les familles. Puis, quelques années plus tard pour les célibataires, puis les collégiens, puis le pèlerinage pour la Vie …
Chaque pèlerin qui vient à Cotignac, c’est une conversion. Chaque conversion d’un père ou d’une mère c’est la conversion ou le début de conversion d’une famille. Alors, de plus en plus de pères et de mères de familles viennent à Marie. De plus en plus de familles reviennent à Marie et à Jésus.
Tout cela, sans plan marketing, sans campagne de presse. Marie, seulement Marie !
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Suite AvecJean-Louis Bouzereau, Pierre Chazerans et l’équipe des organisateurs
Le pèlerinage des pères de famille c’est, en 1976, l’histoire d’un père de famille dont l’épouse vit une grossesse difficile et des moments d’inquiétude : les médecins évoquent des perspectives préoccupantes au terme de la grossesse de sa femme. Ils ont tous deux entendu parler de Cotignac et y font une ‘excursion’ à la fin de l’hiver. Sur la route du retour, le jeune père fait à sa femme la promesse de retourner à pied à Cotignac depuis Aix-en-Provence… si tout se passe bien ! Pense-t-il à un pèlerinage ? Même pas ! Or, en juin de l’année suivante, la naissance d’Emmanuelle se déroule merveilleusement. Les parents sont comblés. Le jeune père pense à respecter sa promesse.
La naissance de ce pèlerinage est aussi l’histoire d’une amitié : un de ses amis, plus jeune, pas marié, propose de l’accompagner. Ils partent d’Aix, vers l’est, sans bien savoir par où ils vont passer. Nous sommes en juillet 1976 ; une grande période de canicule dans toutes les mémoires
Que se passe-t-il au cours de ce pèlerinage ? Ils marchent et ils discutent. Au bout d’un moment, l’ami sort son chapelet : « Tu as toujours ton chapelet avec toi ? » Et ils se mettent à prier. Tout simple : le plus jeune commente les mystères et ils égrènent le chapelet ensemble. Et puis le père de famille accepte de commenter à son tour. Il commence alors le bel apprentissage de la méditation et de la contemplation. Peut-être que ce qu’il dit n’est pas très orthodoxe mais il le dit avec son cœur, avec ses tripes et, il n’en a pas encore conscience, avec l’aide attentive de l’Esprit Saint.
Le deuxième jour, en fin d’après-midi, ils passent tout près de Saint-Joseph… sans soupçonner la présence du monastère, alors en cours de restauration. Ils n’ont qu’une carte Michelin ! Puis ils arrivent à Notre-Dame de Grâces. L’épouse de celui qui est marié les attend depuis de longues heures, avec dans un couffin, Emmanuelle qui a six semaines. C’est le premier « bébé Cotignac » version contemporaine. Le chapelain du sanctuaire reste totalement insensible à leur démarche... Qu’importe : ils se sont jetés au piedsde Marie, exténués et éperdus de bonheur au bout de cette expérience si forte tant sur le plan physique que spirituel.
L’histoire aurait pu finir là. Eh bien non ! L’année suivante, le père de famille retourne à Cotignac avec cette fois un autre ami. Et l’année suivante, ils sont à présent un petit groupe de cinq ou six, mariés ou en projet de mariage. Naturellement, explicitement, ce pèlerinage est dès le début celui de pères de famille. Ils viennent rendre grâce et confier leur famille à Marie et Joseph. Ils confient aussi leurs soucis : santé, travail, désir d’enfant, cancer, enfant en perdition, chômage qui dure, épouse partie, conflits familiaux… la liste est longue de ce qu’ils portent et dont ils parlent en cours de route, qu’ils échangent entre eux, qu’ils présentent à Dieu en offrant fatigue, chaleur et ampoules de la route.
Et c’est parti ! Chaque année un groupe d’une dizaine de pères de famille part d’Aix. Pas plus, pas moins. La formule est simple : ils marchent, ils parlent, ils prient, ils s’exercent à animer le chapelet, les méditations, les contemplations, ils se perdent parce qu’aucun d’eux ne prend le temps de repérer le chemin à l’avance. Le dimanche matin, ils sont accueillis à Saint-Joseph où une communauté de bénédictines arrivant de Médéa, en Algérie, s’est installée depuis 1977.
En 1982, une belle surprise attend les pèlerins à Notre-Dame de Grâce. Ils sont accueillis par une communauté des Frères de Saint-Jean à qui a été confié le sanctuaire. La première rencontre avec les Frères de Saint-Jean est une découverte réciproque. « Vous ne pouvez pas garder cela pour vous », nous dit Benoît-Marie. Mais les pèlerins résistent : « Nous sommes des pères de famille, pas des employés de la Pastorale des pèlerinages du diocèse ! » Cela n’est pas négociable. Pourtant, dès l’année suivante, un troisième groupe rejoint Cotignac : des amis de Benoit Marie, de Cuges-les-Pins, dans les Bouches-du-Rhône.
Au cours des années suivantes, le groupe initial d’Aix-en-Provence ne cesse de grossir. Ce n’est plus un groupe mais un troupeau. En même temps, d’autres groupes (Alpes Maritimes, Vaucluse) se sont constitués. Il faut se rendre à l’évidence. Les pèlerins du début comprennent que ce qui est devenu le « Pèlerinage en Provence des Pères de Famille » ne leur appartient pas. Marie a tranché. Ils choisissent de se séparer et au cours des années suivantes, de plus en plus de petits groupes partent de différents coins de Provence pour se retrouver le samedi soir à Cotignac.
Benoit Marie (encore lui !) dit sa préoccupation de voir le pèlerinage conduit et animé par des prêtres. Nouveau refus catégorique ! Dur-dur d’être prieur à Notre Dame ! « Nous sommes des pères de famille, pas des organisateurs de pèlerinage. On dit à nos amis de venir à Cotignac, passer deux jours sympas, entre copains, dans la nature. On sait qu’ils ont des soucis de famille ou de bébé et on leur dit qu’on veut les partager avec eux. On leur dit aussi qu’au bout de la route il y a Marie... Par contre qu’un prêtre marche avec nous, ça c’est génial : il serait en « voiture balai spi » et accueillerait chacun, cœur à cœur pour lui dire qu’il est aimé de Dieu », lui répond-on. Benoit-Marie, dubitatif, laisse tomber ses idées d’organisation par les prêtres et décide d’accompagner un groupe l’année suivante. À l’arrivée, il est convaincu : « Mon rôle est d’accueillir, de recueillir, de donner le pardon de Dieu. »
La formule est lancée. Combien de pères de famille, éloignés de l’Église, de Dieu, qui, cheminant vers Cotignac, décident au cours de la marche d’aller parler un instant avec le prêtre… ? Combien de confessions, combien de grâces de conversion reçues ? Le pèlerinage des pères de famille est né à l’aube du pontificat de Jean Paul II. Il permet à des pères de famille d’origines diverses de marcher ensemble : traditionalistes et progressistes, riches et pauvres, croyants et incroyants, malades et en bonne santé, chefs d’entreprise et ouvriers… Leur lien : être père de famille. Point ! Cet apostolat entre pères de famille permet l’évangélisation des pèlerins. Sur les routes de Cotignac, Marie fait leur éducation. Ils découvrent d’abord l’amour, l’amitié et le partage entre les membres de leur groupe. Puis ils découvrent qu’ils peuvent aimer davantage leur épouse, leurs enfants, leurs collègues de travail… Par la prière, les chants, les méditations, l’adoration, la confession, ils découvrent la civilisation de l’amour.
En quelques années, sans que ni Mgr Barthe, évêque en 1976 de Fréjus-Toulon, ni ses successeurs Mgr Madec et Mgr Rey, ni le Père Marie Dominique Philippe, fondateur des Frères de Saint Jean, ni la supérieure des Sœurs bénédictines de Médéa ne l’aient imaginé, Cotignac va jouer un rôle majeur en France pour les familles.
Quand Marie agit, elle le fait bien. Vite, les pères de famille dépassent le nombre de 500. Et pourtant, ce pèlerinage n’a jamais fait l’objet, à ses débuts, de la moindre publicité dans aucun service des pèlerinages d’aucun diocèse. Il n’a jamais été un pèlerinage officiel ou labellisé. Il n’a reçu aucun soutien. A part l’évêque du Var qui vient régulièrement, le premier évêque qui y ait participé est monseigneur Billé, alors archevêque d’Aix. C’était en 1998. Il a été séduit par la formule et s’est étonné d’une si grande vivacité alors même qu’aucune reconnaissance n’existe.
Depuis 2011, les pères de famille ne sont jamais moins de 1200 à Cotignac. Le lieu se révélant trop petit pour accueillir davantage de personnes, de nombreux autres pèlerinages de pères « selon l’esprit de Cotignac » sont organisés un peu partout en France. Actuellement une vingtaine : à Vézelay, en Auvergne, dans les Pyrénées, en Bretagne, en Dauphiné, en Normandie… jusqu’à l’Ile de La Réunion… partout des pères de famille marchent, chantent, partagent, prient et se convertissent.
En 1985, les mères de famille, un peu furieuses de ne pas pouvoir marcher avec leurs hommes, décident d’organiser leur propre pèlerinage. Sourires et propos moqueurs des pères de famille. Elles partent à 5 d’Aix-en-Provence. En trois ans elles sont plus nombreuses que les pères de famille. Petit clin d’œil de Marie : comme au tombeau, elles sont les premières ! Et pourquoi les pères d’un côté, les mères de l’autre ? Allons-y aussi pour les familles. Puis, quelques années plus tard pour les célibataires, puis les collégiens, puis le pèlerinage pour la Vie …
Chaque pèlerin qui vient à Cotignac, c’est une conversion. Chaque conversion d’un père ou d’une mère c’est la conversion ou le début de conversion d’une famille. Alors, de plus en plus de pères et de mères de familles viennent à Marie. De plus en plus de familles reviennent à Marie et à Jésus.
Tout cela, sans plan marketing, sans campagne de presse. Marie, seulement Marie !
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
Samedi 10 décembre : Prière proposée par un moine de l’abbaye de Cîteaux
Un moine de l’abbaye de Cîteaux
Ensemble, prions le Salve Regina. Cette prière est une véritable hymne nationale des Cisterciens, à la suite de l’école de saint Bernard :
Salve, Regina, mater misericordiæ.
Vita, dulcédo et spes nostra, salve.
Ad te clamamus, éxsules filii Evaæ.
Ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrimarum valle.
Eia ergo, advocata nostra, illos tuos misericordes oculos ad nos convérte.
Et Jesum, benedictum fructum ventres tui,
nobis post hoc exilium osténde.
O clemens, o pia, o dulcis Virgo Maria !
Traduction :
Salut reine, Mère de Miséricorde,
Notre vie, notre douceur, notre espérance, salut.
Enfant d’Eve, exilés nous crions vers toi,
Vers toi nous soupirons, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes.
Ô toi notre avocate tourne donc vers nous tes regards de miséricorde,
Et après cet exil, montre nous Jésus, le fruit béni de ton sein.
Ô Clémente, Ô pieuse, Ô douce, Vierge Marie.
Ensemble, prions le Salve Regina. Cette prière est une véritable hymne nationale des Cisterciens, à la suite de l’école de saint Bernard :
Salve, Regina, mater misericordiæ.
Vita, dulcédo et spes nostra, salve.
Ad te clamamus, éxsules filii Evaæ.
Ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrimarum valle.
Eia ergo, advocata nostra, illos tuos misericordes oculos ad nos convérte.
Et Jesum, benedictum fructum ventres tui,
nobis post hoc exilium osténde.
O clemens, o pia, o dulcis Virgo Maria !
Traduction :
Salut reine, Mère de Miséricorde,
Notre vie, notre douceur, notre espérance, salut.
Enfant d’Eve, exilés nous crions vers toi,
Vers toi nous soupirons, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes.
Ô toi notre avocate tourne donc vers nous tes regards de miséricorde,
Et après cet exil, montre nous Jésus, le fruit béni de ton sein.
Ô Clémente, Ô pieuse, Ô douce, Vierge Marie.
1098
CÎTEAUX : NOUVELLE PENTECÔTE SUR L’EUROPE
CÎTEAUX : NOUVELLE PENTECÔTE SUR L’EUROPE
Créée à la fin du XIe siècle par saint Robert de Molesmes, avec comme idéal monastique la Règle de saint Benoît, l’abbaye de Cîteaux a participé à l’essor de la famille cistercienne dans le monde. Elle rassemble encore aujourd’hui 25 moines sur place.
Une (r)évolution monastique. Dieu a créé un homme qui a rêvé, préparé, organisé un nouveau monastère : saint Robert de Molesmes (1028-1111). Son projet : redonner à la Règle de saint Benoît ses couleurs d’origine, après son affadissement chez les Clunisiens. En 1098, Cîteaux (Côte-d’Or) est ainsi son troisième essai, après les abbayes de Saint-Michel de Tonnerre (Yonne) et de Molesmes (Côte-d’Or). L’habit noir des Clunisiens est remplacé par un vêtement blanc à scapulaire noir. C’est la naissance des Cisterciens.
Une question de Salut. À Cîteaux, il s’agit de vivre dans la fidélité aux promesses de la Règle. Saint Robert va quitter son abbaye florissante, installer la communauté à Cîteaux, puis laisser à ses deux successeurs le soin d’incarner durablement son intuition lorsque le Pape le renvoie reprendre la direction de Molesmes :
- Saint Albéric, deuxième abbé, 1099-1108. Il déplace Cîteaux à l’emplacement actuel au croisement de deux routes médiévales majeures, 25 km au sud de Dijon. Il lui donne les traits distinctifs dont la reconnaissance par Rome ainsi que l’exemption (indépendance par rapport à l’évêque local).
- Saint Étienne Harding, troisième abbé, 1109-1134. Il est le responsable de la première « industrie » de Cîteaux : le scriptorium (atelier de copie de manuscrits), réputé pour la qualité du texte biblique, objet de recherches critiques innovantes et de ses illustrations. Il accueille Bernard de Fontaines et ses compagnons, les forme au noviciat de Cîteaux, puis il envoie Bernard fonder Clairvaux (Aube). Ce dernier deviendra ainsi le saint Docteur de l’Église, Bernard de Clairvaux, qui assure encore aujourd’hui aux Cisterciens un rayonnement dans toute l’Europe.
Une (r)évolution monastique. Dieu a créé un homme qui a rêvé, préparé, organisé un nouveau monastère : saint Robert de Molesmes (1028-1111). Son projet : redonner à la Règle de saint Benoît ses couleurs d’origine, après son affadissement chez les Clunisiens. En 1098, Cîteaux (Côte-d’Or) est ainsi son troisième essai, après les abbayes de Saint-Michel de Tonnerre (Yonne) et de Molesmes (Côte-d’Or). L’habit noir des Clunisiens est remplacé par un vêtement blanc à scapulaire noir. C’est la naissance des Cisterciens.
Une question de Salut. À Cîteaux, il s’agit de vivre dans la fidélité aux promesses de la Règle. Saint Robert va quitter son abbaye florissante, installer la communauté à Cîteaux, puis laisser à ses deux successeurs le soin d’incarner durablement son intuition lorsque le Pape le renvoie reprendre la direction de Molesmes :
- Saint Albéric, deuxième abbé, 1099-1108. Il déplace Cîteaux à l’emplacement actuel au croisement de deux routes médiévales majeures, 25 km au sud de Dijon. Il lui donne les traits distinctifs dont la reconnaissance par Rome ainsi que l’exemption (indépendance par rapport à l’évêque local).
- Saint Étienne Harding, troisième abbé, 1109-1134. Il est le responsable de la première « industrie » de Cîteaux : le scriptorium (atelier de copie de manuscrits), réputé pour la qualité du texte biblique, objet de recherches critiques innovantes et de ses illustrations. Il accueille Bernard de Fontaines et ses compagnons, les forme au noviciat de Cîteaux, puis il envoie Bernard fonder Clairvaux (Aube). Ce dernier deviendra ainsi le saint Docteur de l’Église, Bernard de Clairvaux, qui assure encore aujourd’hui aux Cisterciens un rayonnement dans toute l’Europe.
Voici l’Œuvre de nos trois saints fondateurs :
1. Rééquilibrer la vie monastique par le retour à la Règle dans sa pureté originelle.
Cela passe par :
- Une prière commune à l’église de ceux qui cherchent Dieu : « On ne préfèrera rien à l’œuvre de Dieu » (Règle de saint Benoît (RB) 43, 3).
- Une prière personnelle autour de la Lectio Divina pour goûter la Parole de Dieu au quotidien : « On réservera certaines (heures) à la lecture » (RB 48, 1).
- Vivre du travail de ses mains pour être " vraiment moins" et donc prophétiques. Les moines cisterciens sont à l’origine de grandes transformations du travail agricole et industriel au Moyen-Âge (granges, viticulture, moulins hydrauliques, foulons, forges, engrais).
- Une vie communautaire (RB 1, 2) pour une joyeuse ascèse qui libère pour aimer Dieu.
2. Un retour au désert dans un monachisme simplifié (1099-1113)
Le désert médiéval c’est… la forêt, qui représente plus de la moitié de la superficie de la France. Son but est d’être assez à l’écart pour préserver un seul à seul avec Dieu.
Le désert permet d’écouter le silence. Comme on peut voir les étoiles en plein jour, en descendant dans un puits, on peut « voir » Dieu en faisant silence dans son cœur.
Le désert permet de renforcer le besoin d’entraide mutuelle pour vivre dans des conditions difficiles.
Le désert permet de nouer des relations fraternelles forgées dans les épreuves, de susciter un corps solidaire : celui du Christ.
Le désert permet d’être tout à Dieu, libre des obligations sociales, des droits et devoirs de la vassalité, du souci de paraître…
Leurs choix sont une réaction à de nouvelles réalités :
- Travail manuel, surtout agricole et/ou de transformation (versus noblesse / écoles / villes)
- Équilibre de vie : travail, prière liturgique et personnelle (versus priants exclusifs – 1er Ordre)
- Retrait du Temps (versus activité paroissiale)
- Retrait / silence / contemplation (versus prédication / Parole / action)
- Vie cachée au creux des vallons perdus (versus collines)
- Austérité - simplicité - « pauvreté apostolique » (versus moines rentiers)
- Moines de chœur et frères lais, non clercs ni oblats (versus moines et ouvriers)
- Confédération d’abbayes autonomes (versus abbaye + filiales)
3. Une fraternité dans l’amour (1113-1153). Comment vivre l’expansion ?
Saint Bernard (1090-1153) : la merveilleuse surprise (1112-1153). Bernard de Fontaines entre à Cîteaux en 1112. Trois ans plus tard, il est envoyé à Clairvaux près des sources de l’Aube pour y fonder la troisième communauté cistercienne. Les chrétiens y affluent, y compris le père et les cinq frères de Bernard par lui convertis. Bernard fonde 72 monastères, répandus dans toute l'Europe. En 1151, 500 abbayes cisterciennes existent déjà. À elle seule, Clairvaux compte 700 moines ; de l’abbaye sortiront un pape (Eugène III), 15 cardinaux et de nombreux évêques. Bernard, mort en 1153 à l’âge de 63 ans, est canonisé le 18 janvier 1174 par Alexandre III. Son succès est tel qu’on nomme parfois les Cisterciens les Bernardins. Saint Bernard est également à l’origine d’un renouveau de la piété mariale. Il a été déclaré Docteur de l'Église par Pie VIII en 1830. On le fête le 20 août.
1. Rééquilibrer la vie monastique par le retour à la Règle dans sa pureté originelle.
Cela passe par :
- Une prière commune à l’église de ceux qui cherchent Dieu : « On ne préfèrera rien à l’œuvre de Dieu » (Règle de saint Benoît (RB) 43, 3).
- Une prière personnelle autour de la Lectio Divina pour goûter la Parole de Dieu au quotidien : « On réservera certaines (heures) à la lecture » (RB 48, 1).
- Vivre du travail de ses mains pour être " vraiment moins" et donc prophétiques. Les moines cisterciens sont à l’origine de grandes transformations du travail agricole et industriel au Moyen-Âge (granges, viticulture, moulins hydrauliques, foulons, forges, engrais).
- Une vie communautaire (RB 1, 2) pour une joyeuse ascèse qui libère pour aimer Dieu.
2. Un retour au désert dans un monachisme simplifié (1099-1113)
Le désert médiéval c’est… la forêt, qui représente plus de la moitié de la superficie de la France. Son but est d’être assez à l’écart pour préserver un seul à seul avec Dieu.
Le désert permet d’écouter le silence. Comme on peut voir les étoiles en plein jour, en descendant dans un puits, on peut « voir » Dieu en faisant silence dans son cœur.
Le désert permet de renforcer le besoin d’entraide mutuelle pour vivre dans des conditions difficiles.
Le désert permet de nouer des relations fraternelles forgées dans les épreuves, de susciter un corps solidaire : celui du Christ.
Le désert permet d’être tout à Dieu, libre des obligations sociales, des droits et devoirs de la vassalité, du souci de paraître…
Leurs choix sont une réaction à de nouvelles réalités :
- Travail manuel, surtout agricole et/ou de transformation (versus noblesse / écoles / villes)
- Équilibre de vie : travail, prière liturgique et personnelle (versus priants exclusifs – 1er Ordre)
- Retrait du Temps (versus activité paroissiale)
- Retrait / silence / contemplation (versus prédication / Parole / action)
- Vie cachée au creux des vallons perdus (versus collines)
- Austérité - simplicité - « pauvreté apostolique » (versus moines rentiers)
- Moines de chœur et frères lais, non clercs ni oblats (versus moines et ouvriers)
- Confédération d’abbayes autonomes (versus abbaye + filiales)
3. Une fraternité dans l’amour (1113-1153). Comment vivre l’expansion ?
Saint Bernard (1090-1153) : la merveilleuse surprise (1112-1153). Bernard de Fontaines entre à Cîteaux en 1112. Trois ans plus tard, il est envoyé à Clairvaux près des sources de l’Aube pour y fonder la troisième communauté cistercienne. Les chrétiens y affluent, y compris le père et les cinq frères de Bernard par lui convertis. Bernard fonde 72 monastères, répandus dans toute l'Europe. En 1151, 500 abbayes cisterciennes existent déjà. À elle seule, Clairvaux compte 700 moines ; de l’abbaye sortiront un pape (Eugène III), 15 cardinaux et de nombreux évêques. Bernard, mort en 1153 à l’âge de 63 ans, est canonisé le 18 janvier 1174 par Alexandre III. Son succès est tel qu’on nomme parfois les Cisterciens les Bernardins. Saint Bernard est également à l’origine d’un renouveau de la piété mariale. Il a été déclaré Docteur de l'Église par Pie VIII en 1830. On le fête le 20 août.
La Charte de Charité. Essentiellement œuvre de saint Étienne Harding, elle exprime la volonté de s’aimer entre Frères partout dans le monde (1119-1154). Il s’agit d’assurer la fraternité entre les communautés malgré leur dispersion géographique, grâce à l’exemple la Règle de saint Benoît, reconnu de tous. Les moyens pour mettre en œuvre cet amour sont les suivants :
- La rencontre annuelle des abbés de chaque communauté pour définir la législation de l’Ordre.
- L’entraide des abbés pour leur vie spirituelle par la prière et l’entraide.
- La capacité à se reprendre mutuellement, corriger, sanctionner des comportements déplacés.
- La visite annuelle des monastères par leur maison fondatrice pour encourager, aider, corriger l’évolution des « Maisons Filles ».
- L’entraide en personnel et en moyens matériels en cas de besoin.
En à peine plus de 50 ans, l’idée devient projet ; puis comme un feu de ronces, 500 maisons de prière apparaissent, de la Lituanie au Portugal et de la Norvège à la Sicile.
- La rencontre annuelle des abbés de chaque communauté pour définir la législation de l’Ordre.
- L’entraide des abbés pour leur vie spirituelle par la prière et l’entraide.
- La capacité à se reprendre mutuellement, corriger, sanctionner des comportements déplacés.
- La visite annuelle des monastères par leur maison fondatrice pour encourager, aider, corriger l’évolution des « Maisons Filles ».
- L’entraide en personnel et en moyens matériels en cas de besoin.
En à peine plus de 50 ans, l’idée devient projet ; puis comme un feu de ronces, 500 maisons de prière apparaissent, de la Lituanie au Portugal et de la Norvège à la Sicile.
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
Samedi 17 Décembre
Un moine
de l'abbaye de Fontgombault
de l'abbaye de Fontgombault
1091
À Fontgombault : Notre-Dame du Bien-Mourir
N’est-il pas curieux d’invoquer Notre-Dame sous le vocable de Notre-Dame du Bien-Mourir ? Tel est pourtant, depuis plus de deux siècles, le titre dont elle a voulu être honorée à Fontgombault (Indre), en ce monastère du Bas-Berry fondé par Pierre de l’Étoile en 1091.
La fondation de l’abbaye. L’histoire de Fontgombault est étroitement liée au monachisme : le nom même du village vient de l’ermite Gombaud, mort en 1023, qui se retira pendant des décennies au bord de la Creuse, utilisant une source d’eau potable (font, source en vieux français). Son successeur Pierre de l’Étoile est à la fin du XIe siècle le maître d’une petite colonie d’ermites installée sur la rive gauche de la Creuse, dont on voit encore aujourd’hui les grottes ; mais il décide en 1091 de fonder une abbaye sur la rive droite, sous la Règle de saint Benoît. L’église abbatiale de ce nouveau monastère, en croix latine et de style roman, longue de 80 mètres, fut placée sous le double patronage de Notre-Dame dans le mystère de son Assomption, et de saint Julien, premier évêque du Mans, qui était déjà cher aux ermites, puisqu’ils lui avaient dédié leur première chapelle, Notre-Dame des Grottes.
La Vierge Marie et Fontgombault. Peut-être la Vierge était-elle représentée sur les vitraux de l’abbatiale ; mais il est peu probable que les moines, qui se rattachaient à un courant assez austère du monachisme, illustré par les cisterciens en particulier, aient voulu orner leur grande église de fresques. La seule représentation de la Mère de Dieu qui nous soit parvenue de ce temps est une Vierge de pierre calcaire du XIIe siècle, d’un bon mètre de haut, représentée en majesté et tenant l’Enfant divin sur ses genoux, comme les sculpteurs romans aimaient à la figurer. À la fois Reine des fidèles et trône de la Sagesse, elle est entourée de deux anges qui rappellent sa dignité ; l’un d’eux tient une banderole sur laquelle figurait sans doute quelque parole de l’Écriture qui se référait à elle, mais que le temps a effacée ; l’autre un livre ouvert. De sa main droite, la Vierge soutient la main de son Fils levée pour bénir, comme pour l’encourager à répandre ses bienfaits de grâce.
Notre-Dame de la Porte. Longtemps, elle a été Notre-Dame de la Porte : Vierge murale, elle se trouvait à l’extérieur de l’abbatiale, encastrée au-dessus du portail Nord, qui donne sur l’enclos monastique, et au-delà sur le village et les champs. [...]
À Fontgombault : Notre-Dame du Bien-Mourir
N’est-il pas curieux d’invoquer Notre-Dame sous le vocable de Notre-Dame du Bien-Mourir ? Tel est pourtant, depuis plus de deux siècles, le titre dont elle a voulu être honorée à Fontgombault (Indre), en ce monastère du Bas-Berry fondé par Pierre de l’Étoile en 1091.
La fondation de l’abbaye. L’histoire de Fontgombault est étroitement liée au monachisme : le nom même du village vient de l’ermite Gombaud, mort en 1023, qui se retira pendant des décennies au bord de la Creuse, utilisant une source d’eau potable (font, source en vieux français). Son successeur Pierre de l’Étoile est à la fin du XIe siècle le maître d’une petite colonie d’ermites installée sur la rive gauche de la Creuse, dont on voit encore aujourd’hui les grottes ; mais il décide en 1091 de fonder une abbaye sur la rive droite, sous la Règle de saint Benoît. L’église abbatiale de ce nouveau monastère, en croix latine et de style roman, longue de 80 mètres, fut placée sous le double patronage de Notre-Dame dans le mystère de son Assomption, et de saint Julien, premier évêque du Mans, qui était déjà cher aux ermites, puisqu’ils lui avaient dédié leur première chapelle, Notre-Dame des Grottes.
La Vierge Marie et Fontgombault. Peut-être la Vierge était-elle représentée sur les vitraux de l’abbatiale ; mais il est peu probable que les moines, qui se rattachaient à un courant assez austère du monachisme, illustré par les cisterciens en particulier, aient voulu orner leur grande église de fresques. La seule représentation de la Mère de Dieu qui nous soit parvenue de ce temps est une Vierge de pierre calcaire du XIIe siècle, d’un bon mètre de haut, représentée en majesté et tenant l’Enfant divin sur ses genoux, comme les sculpteurs romans aimaient à la figurer. À la fois Reine des fidèles et trône de la Sagesse, elle est entourée de deux anges qui rappellent sa dignité ; l’un d’eux tient une banderole sur laquelle figurait sans doute quelque parole de l’Écriture qui se référait à elle, mais que le temps a effacée ; l’autre un livre ouvert. De sa main droite, la Vierge soutient la main de son Fils levée pour bénir, comme pour l’encourager à répandre ses bienfaits de grâce.
Notre-Dame de la Porte. Longtemps, elle a été Notre-Dame de la Porte : Vierge murale, elle se trouvait à l’extérieur de l’abbatiale, encastrée au-dessus du portail Nord, qui donne sur l’enclos monastique, et au-delà sur le village et les champs. [...]
La fondation de l’abbaye. L’histoire de Fontgombault est étroitement liée au monachisme : le nom même du village vient de l’ermite Gombaud, mort en 1023, qui se retira pendant des décennies au bord de la Creuse, utilisant une source d’eau potable (font, source en vieux français). Son successeur Pierre de l’Étoile est à la fin du XIe siècle le maître d’une petite colonie d’ermites installée sur la rive gauche de la Creuse, dont on voit encore aujourd’hui les grottes ; mais il décide en 1091 de fonder une abbaye sur la rive droite, sous la Règle de saint Benoît. L’église abbatiale de ce nouveau monastère, en croix latine et de style roman, longue de 80 mètres, fut placée sous le double patronage de Notre-Dame dans le mystère de son Assomption, et de saint Julien, premier évêque du Mans, qui était déjà cher aux ermites, puisqu’ils lui avaient dédié leur première chapelle, Notre-Dame des Grottes.
La Vierge Marie et Fontgombault. Peut-être la Vierge était-elle représentée sur les vitraux de l’abbatiale ; mais il est peu probable que les moines, qui se rattachaient à un courant assez austère du monachisme, illustré par les cisterciens en particulier, aient voulu orner leur grande église de fresques. La seule représentation de la Mère de Dieu qui nous soit parvenue de ce temps est une Vierge de pierre calcaire du XIIe siècle, d’un bon mètre de haut, représentée en majesté et tenant l’Enfant divin sur ses genoux, comme les sculpteurs romans aimaient à la figurer. À la fois Reine des fidèles et trône de la Sagesse, elle est entourée de deux anges qui rappellent sa dignité ; l’un d’eux tient une banderole sur laquelle figurait sans doute quelque parole de l’Écriture qui se référait à elle, mais que le temps a effacée ; l’autre un livre ouvert. De sa main droite, la Vierge soutient la main de son Fils levée pour bénir, comme pour l’encourager à répandre ses bienfaits de grâce.
Notre-Dame de la Porte. Longtemps, elle a été Notre-Dame de la Porte : Vierge murale, elle se trouvait à l’extérieur de l’abbatiale, encastrée au-dessus du portail Nord, qui donne sur l’enclos monastique, et au-delà sur le village et les champs. À ses pieds sont passées les processions, elle a entendu les longues litanies, et aussi sans doute l’in paradisum, la merveilleuse antienne grégorienne que l’on chante pour accompagner les défunts jusqu’à leur dernière demeure terrestre. L’âge roman aimait ainsi à confier à la protection de Marie les portes de ses églises, symboles du passage vers l’au-delà. Dans l’abbatiale toute proche de Saint-Savin-sur-Gartempe (Vienne), c’est sur le mur intérieur, au revers du grand porche, que le peintre l’a représentée, entourée aussi de deux anges. À Saint-Benoît-sur-Loire (Loiret), autre célèbre sanctuaire monastique de la région ligérienne, on a retrouvé récemment une Vierge de même type, trônant parmi les Apôtres au centre d’un portail resté mystérieusement inachevé.
Le fruit et la Vierge. À Fontgombault, une autre particularité attire l’attention : la Mère tient dans sa main un fruit, qui renvoie symboliquement au fruit du paradis : mais désormais, la Vierge, nouvelle Eve, nous le tend pour notre Salut, et non pour notre condamnation. En toute vérité, c’est l’Enfant qu’elle nous présente qui est ce fruit, « le fruit de ses entrailles » qui nous donne la vraie connaissance du bien et du mal. Un distique latin l’a bien exprimé :
« Laeva gerit natum, gestat tua dextera malum Mali per natum tollitur omne malum. »
« Votre main gauche tient le Nouveau-né, votre droite présente la pomme ; Par le Nouveau-né, tout le mal de la pomme a été retiré. »
Ces vers accompagnent la Vierge de Benoîte-Vaux (Meuse), en Lorraine ; il suffit, pour l’adapter à la Vierge de Fontgombault, d’inverser les côtés droit et gauche. Dans un de ses sermons saint Bernard s’adressa ainsi à Adam : « Que disais-tu, Adam ? “La femme que vous m’avez donnée m’a donné du fruit de l’arbre, et j’ai mangé”. Ce sont là de mauvaises paroles. Mais la Sagesse vainc le mal. […] Change-donc ces mots d’excuse pervers en paroles d’action de grâces, et dis : “Seigneur, la femme que vous m’avez donnée m’a donné du Fruit de l’arbre de vie, et j’ai mangé ; et c’est devenu plus doux que miel à ma bouche, parce qu’en lui, vous m’avez donné la vie” ».
Toute grâce qui nous vient du Christ, nous vient par sa Mère
Mais on remarque aussi que l’Enfant lui-même tient dans sa main gauche un fruit, comme sa Mère : c’est un symbole traditionnel de la médiation universelle de la Mère de Dieu. Cela signifie que toute grâce qui nous vient du Christ, nous vient par sa Mère. Avant les précisions des théologiens, et en particulier de saint Louis-Marie Grignion de Montfort, décédé il y a trois cents ans, nos pères du XIIe siècle avaient déjà compris cette doctrine si féconde.
Un passé tourmenté. Bien des heurs et malheurs de la chrétienté ont trouvé écho dans l’antique abbatiale de Pierre de l’Étoile. La Vierge en a été le témoin, compatissante et toujours miséricordieuse. Ainsi au XIVe siècle, lors de la guerre de Cent Ans, l’abbatiale est transformée en fort, et subit un premier incendie. En 1372, Du Guesclin et ses Bretons la libèrent de l’occupation anglaise. Plus tragiquement, en 1569, l’abbaye est pillée par les troupes protestantes, qui brûlent presque tous les bâtiments. La statue de Notre-Dame échappe pourtant à leurs mains, malgré la ruine de la grande nef.
Il fallut encore d’autres heures sombres avant qu’elle retrouvât sa place dans la vénération des fidèles. Déjà au milieu du XVIIIe siècle, les moines avaient disparu, victimes de la commende et de l’esprit des « Lumières ». L’abbaye avait en effet été sécularisée au profit des Prêtres de la Mission, fils de saint Vincent de Paul. Vendue à la Révolution comme Bien national, l’église fut vouée à servir de carrière de pierre. Bientôt, une main sacrilège viendra inscrire ses graffiti impies sur les colonnes de son sanctuaire : Numquam Deo ! (« Qu’il ne soit plus jamais à Dieu ! »).
La naissance de Notre-Dame du Bien-Mourir. Au temps de la Révolution, un malheureux osa s’attaquer à la vénérable statue pour la mettre à bas. Mal lui en prit : il fit une grave chute, dont il mourut peu après. Justice de Dieu ? Certes, mais justice qui, sans supprimer la souffrance, sait la transformer en amour : Notre-Dame obtint son repentir et sa conversion. Aussi, fut-elle désormais invoquée sous le titre de Notre-Dame du Bien-Mourir. Bien souvent, on vint des paroisses voisines lui recommander des agonisants, et par son intercession, de nombreuses grâces de mort chrétienne ont été obtenues, ainsi que des guérisons réputées miraculeuses.
Le renouveau de l’abbaye. La communauté de Trappistes qui s’installa en 1849 dans l’antique abbaye entreprit de restaurer l’église, en commençant par le sanctuaire, puis dans la dernière décennie du XIXe siècle, la nef elle-même. Les fidèles de la contrée témoignèrent une grande dévotion envers la Vierge du Bien-Mourir, des pèlerinages fréquents vinrent lui rendre hommage, et en 1869, le curé de Fontgombault demanda à l’archevêque de Bourges d’ériger dans sa paroisse une Confrérie de la Bonne-Mort, sous le titre de Notre-Dame du Bien-Mourir. En 1874, il en obtint l’affiliation à l’Association de la Bonne-Mort, établie à Rome dans la maison des Pères Jésuites, ce qui la fit bénéficier de nombreuses grâces (indulgences pour les confrères ou applicables aux défunts). Cette confrérie connut un grand succès, comptant jusqu’à 20 000 associés. Les Trappistes, qui avaient fait classer l’église au titre des monuments historiques dès 1862 et créé une distillerie de kirsch en 1899, sont cependant expulsés par les lois anti-congrégations de 1904 ; les bâtiments sont heureusement sauvés par l’avocat Louis Bonjean (mort de blessures de guerre en 1914), qui s’en sert pour des œuvres sociales. L’abbaye devient ensuite hôpital militaire, puis le séminaire diocésain pendant quelques décennies.
Fontgombault aujourd’hui. La vie monastique a repris à Fontgombault en 1948, grâce à un essaim monastique venu de Solesmes ; signe de son dynamisme, l’abbaye a ensuite fondé quatre abbayes filles à la fin du XXe siècle. La statue de Notre-Dame du Bien-Mourir, restaurée, a alors été installée dans le bas-côté Sud, où elle reçoit les hommages des fidèles et des moines, spécialement le 15 août, jour de la fête patronale de l’église. Le petit autel construit dans la nef au niveau de la statue a été consacré en 1954 sous le titre de Marie-Médiatrice. En 1991, pour le neuvième centenaire de la fondation du monastère, la statue a été solennellement couronnée par Mgr Nowak, évêque de Czestochowa en Pologne.
Notre-Dame de la Porte. Longtemps, elle a été Notre-Dame de la Porte : Vierge murale, elle se trouvait à l’extérieur de l’abbatiale, encastrée au-dessus du portail Nord, qui donne sur l’enclos monastique, et au-delà sur le village et les champs. À ses pieds sont passées les processions, elle a entendu les longues litanies, et aussi sans doute l’in paradisum, la merveilleuse antienne grégorienne que l’on chante pour accompagner les défunts jusqu’à leur dernière demeure terrestre. L’âge roman aimait ainsi à confier à la protection de Marie les portes de ses églises, symboles du passage vers l’au-delà. Dans l’abbatiale toute proche de Saint-Savin-sur-Gartempe (Vienne), c’est sur le mur intérieur, au revers du grand porche, que le peintre l’a représentée, entourée aussi de deux anges. À Saint-Benoît-sur-Loire (Loiret), autre célèbre sanctuaire monastique de la région ligérienne, on a retrouvé récemment une Vierge de même type, trônant parmi les Apôtres au centre d’un portail resté mystérieusement inachevé.
Le fruit et la Vierge. À Fontgombault, une autre particularité attire l’attention : la Mère tient dans sa main un fruit, qui renvoie symboliquement au fruit du paradis : mais désormais, la Vierge, nouvelle Eve, nous le tend pour notre Salut, et non pour notre condamnation. En toute vérité, c’est l’Enfant qu’elle nous présente qui est ce fruit, « le fruit de ses entrailles » qui nous donne la vraie connaissance du bien et du mal. Un distique latin l’a bien exprimé :
« Laeva gerit natum, gestat tua dextera malum Mali per natum tollitur omne malum. »
« Votre main gauche tient le Nouveau-né, votre droite présente la pomme ; Par le Nouveau-né, tout le mal de la pomme a été retiré. »
Ces vers accompagnent la Vierge de Benoîte-Vaux (Meuse), en Lorraine ; il suffit, pour l’adapter à la Vierge de Fontgombault, d’inverser les côtés droit et gauche. Dans un de ses sermons saint Bernard s’adressa ainsi à Adam : « Que disais-tu, Adam ? “La femme que vous m’avez donnée m’a donné du fruit de l’arbre, et j’ai mangé”. Ce sont là de mauvaises paroles. Mais la Sagesse vainc le mal. […] Change-donc ces mots d’excuse pervers en paroles d’action de grâces, et dis : “Seigneur, la femme que vous m’avez donnée m’a donné du Fruit de l’arbre de vie, et j’ai mangé ; et c’est devenu plus doux que miel à ma bouche, parce qu’en lui, vous m’avez donné la vie” ».
Toute grâce qui nous vient du Christ, nous vient par sa Mère
Mais on remarque aussi que l’Enfant lui-même tient dans sa main gauche un fruit, comme sa Mère : c’est un symbole traditionnel de la médiation universelle de la Mère de Dieu. Cela signifie que toute grâce qui nous vient du Christ, nous vient par sa Mère. Avant les précisions des théologiens, et en particulier de saint Louis-Marie Grignion de Montfort, décédé il y a trois cents ans, nos pères du XIIe siècle avaient déjà compris cette doctrine si féconde.
Un passé tourmenté. Bien des heurs et malheurs de la chrétienté ont trouvé écho dans l’antique abbatiale de Pierre de l’Étoile. La Vierge en a été le témoin, compatissante et toujours miséricordieuse. Ainsi au XIVe siècle, lors de la guerre de Cent Ans, l’abbatiale est transformée en fort, et subit un premier incendie. En 1372, Du Guesclin et ses Bretons la libèrent de l’occupation anglaise. Plus tragiquement, en 1569, l’abbaye est pillée par les troupes protestantes, qui brûlent presque tous les bâtiments. La statue de Notre-Dame échappe pourtant à leurs mains, malgré la ruine de la grande nef.
Il fallut encore d’autres heures sombres avant qu’elle retrouvât sa place dans la vénération des fidèles. Déjà au milieu du XVIIIe siècle, les moines avaient disparu, victimes de la commende et de l’esprit des « Lumières ». L’abbaye avait en effet été sécularisée au profit des Prêtres de la Mission, fils de saint Vincent de Paul. Vendue à la Révolution comme Bien national, l’église fut vouée à servir de carrière de pierre. Bientôt, une main sacrilège viendra inscrire ses graffiti impies sur les colonnes de son sanctuaire : Numquam Deo ! (« Qu’il ne soit plus jamais à Dieu ! »).
La naissance de Notre-Dame du Bien-Mourir. Au temps de la Révolution, un malheureux osa s’attaquer à la vénérable statue pour la mettre à bas. Mal lui en prit : il fit une grave chute, dont il mourut peu après. Justice de Dieu ? Certes, mais justice qui, sans supprimer la souffrance, sait la transformer en amour : Notre-Dame obtint son repentir et sa conversion. Aussi, fut-elle désormais invoquée sous le titre de Notre-Dame du Bien-Mourir. Bien souvent, on vint des paroisses voisines lui recommander des agonisants, et par son intercession, de nombreuses grâces de mort chrétienne ont été obtenues, ainsi que des guérisons réputées miraculeuses.
Le renouveau de l’abbaye. La communauté de Trappistes qui s’installa en 1849 dans l’antique abbaye entreprit de restaurer l’église, en commençant par le sanctuaire, puis dans la dernière décennie du XIXe siècle, la nef elle-même. Les fidèles de la contrée témoignèrent une grande dévotion envers la Vierge du Bien-Mourir, des pèlerinages fréquents vinrent lui rendre hommage, et en 1869, le curé de Fontgombault demanda à l’archevêque de Bourges d’ériger dans sa paroisse une Confrérie de la Bonne-Mort, sous le titre de Notre-Dame du Bien-Mourir. En 1874, il en obtint l’affiliation à l’Association de la Bonne-Mort, établie à Rome dans la maison des Pères Jésuites, ce qui la fit bénéficier de nombreuses grâces (indulgences pour les confrères ou applicables aux défunts). Cette confrérie connut un grand succès, comptant jusqu’à 20 000 associés. Les Trappistes, qui avaient fait classer l’église au titre des monuments historiques dès 1862 et créé une distillerie de kirsch en 1899, sont cependant expulsés par les lois anti-congrégations de 1904 ; les bâtiments sont heureusement sauvés par l’avocat Louis Bonjean (mort de blessures de guerre en 1914), qui s’en sert pour des œuvres sociales. L’abbaye devient ensuite hôpital militaire, puis le séminaire diocésain pendant quelques décennies.
Fontgombault aujourd’hui. La vie monastique a repris à Fontgombault en 1948, grâce à un essaim monastique venu de Solesmes ; signe de son dynamisme, l’abbaye a ensuite fondé quatre abbayes filles à la fin du XXe siècle. La statue de Notre-Dame du Bien-Mourir, restaurée, a alors été installée dans le bas-côté Sud, où elle reçoit les hommages des fidèles et des moines, spécialement le 15 août, jour de la fête patronale de l’église. Le petit autel construit dans la nef au niveau de la statue a été consacré en 1954 sous le titre de Marie-Médiatrice. En 1991, pour le neuvième centenaire de la fondation du monastère, la statue a été solennellement couronnée par Mgr Nowak, évêque de Czestochowa en Pologne.
- Abbaye de Fontgombault - Extrait 1
Situé à proximité du Blanc en bordure de la Creuse, le monastère Notre-Dame de Fontgombault est un lieu de tradition où les vocations affluent. Plusieurs fondations sont nées : Randol, Triors, Gaussan et récemment aux USA.
Notre-Dame de Fontgombault offre au visiteur de passage l'une des plus belles liturgies d'aujourd'hui.
Ce documentaire montre la vie des moines aujourd'hui, partagés entre la prière et le travail.
Forte interpellation pour le monde que cet appel à une vie aussi radicale, austère et pourtant qualifiée par un jeune moine "d'aventure intérieure".
Ce film nous laisse un peu entrevoir le mystère de leurs vies...
Situé à proximité du Blanc en bordure de la Creuse, le monastère Notre-Dame de Fontgombault est un lieu de tradition où les vocations affluent. Plusieurs fondations sont nées : Randol, Triors, Gaussan et récemment aux USA.
Notre-Dame de Fontgombault offre au visiteur de passage l'une des plus belles liturgies d'aujourd'hui.
Ce documentaire montre la vie des moines aujourd'hui, partagés entre la prière et le travail.
Forte interpellation pour le monde que cet appel à une vie aussi radicale, austère et pourtant qualifiée par un jeune moine "d'aventure intérieure".
Ce film nous laisse un peu entrevoir le mystère de leurs vies...
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
Samedi 24 Décembre
Père Laurent Tournier
Eudiste
Eudiste
1680
La vie chrétienne à l’école de la Vierge Marie selon saint Jean Eudes
Premier prêtre à célébrer une messe en l’honneur du Cœur de Marie, Jean Eudes (1601-1680) défend la place de la Vierge Marie dans la vie et la dévotion chrétiennes, sans rien occulter à celle de Jésus-Christ.
« Nous ne devons pas séparer ce que Dieu a uni si parfaitement. Qui voit Jésus voit Marie, qui aime Jésus aime Marie. Celui-là n’est pas vraiment chrétien qui n’a pas de dévotion à la Mère de Jésus-Christ et de tous les chrétiens » (Œuvres Complètes, vol. I, p. 337, Lecture 50).
« Il nous faut regarder et adorer son Fils en elle, et n’y regarder et adorer que lui. Car c’est ainsi qu’elle veut être honorée, parce que d’elle-même et par elle-même, elle n’est rien : son Fils est tout en elle » (Œuvres Complètes, vol. I, p. 338, Lecture 50).
Dans la tension de ces deux citations, nous pouvons saisir le souci de saint Jean Eudes (SJE) (prêtre normand, 1601-1680) : donner une place à la Vierge Marie dans la vie et la dévotion chrétiennes, n’occulter en rien la place de Jésus-Christ.
Voilà la clé de la dévotion mariale chez Jean Eudes. Oui, Marie a une place importante, mais c’est à cause de son union à son Fils. « Elle n’est rien sans son Fils qui est tout en elle. » Cette considération doit nous interpeller dans notre pratique. Quand nous méditons le chapelet, nous ne contemplons pas la vie de Marie, mais les étapes et les mystères de la vie du Christ, dont Marie a été témoin et auxquels elle a été unie. Pour saint Jean Eudes, la dévotion mariale est contemplation de l’union indissociable du Christ et de Marie. « Son Fils Jésus est tout en elle : il est son être, il est sa vie, sa sainteté, sa gloire. Il faut le remercier et nous offrir à lui pour qu’il nous fasse participants de l’amour qu’elle lui a porté » (Œuvres Complètes, vol. I, p. 337, Lecture 50).
Nous avons donc à contempler et respecter cette union : être de Marie – être de Jésus, vie de Marie – vie de Jésus, sainteté de Marie – sainteté de Jésus, gloire de Marie – gloire de Jésus. [...]
Premier prêtre à célébrer une messe en l’honneur du Cœur de Marie, Jean Eudes (1601-1680) défend la place de la Vierge Marie dans la vie et la dévotion chrétiennes, sans rien occulter à celle de Jésus-Christ.
« Nous ne devons pas séparer ce que Dieu a uni si parfaitement. Qui voit Jésus voit Marie, qui aime Jésus aime Marie. Celui-là n’est pas vraiment chrétien qui n’a pas de dévotion à la Mère de Jésus-Christ et de tous les chrétiens » (Œuvres Complètes, vol. I, p. 337, Lecture 50).
« Il nous faut regarder et adorer son Fils en elle, et n’y regarder et adorer que lui. Car c’est ainsi qu’elle veut être honorée, parce que d’elle-même et par elle-même, elle n’est rien : son Fils est tout en elle » (Œuvres Complètes, vol. I, p. 338, Lecture 50).
Dans la tension de ces deux citations, nous pouvons saisir le souci de saint Jean Eudes (SJE) (prêtre normand, 1601-1680) : donner une place à la Vierge Marie dans la vie et la dévotion chrétiennes, n’occulter en rien la place de Jésus-Christ.
Voilà la clé de la dévotion mariale chez Jean Eudes. Oui, Marie a une place importante, mais c’est à cause de son union à son Fils. « Elle n’est rien sans son Fils qui est tout en elle. » Cette considération doit nous interpeler dans notre pratique. Quand nous méditons le chapelet, nous ne contemplons pas la vie de Marie, mais les étapes et les mystères de la vie du Christ, dont Marie a été témoin et auxquels elle a été unie. Pour saint Jean Eudes, la dévotion mariale est contemplation de l’union indissociable du Christ et de Marie. « Son Fils Jésus est tout en elle : il est son être, il est sa vie, sa sainteté, sa gloire. Il faut le remercier et nous offrir à lui pour qu’il nous fasse participants de l’amour qu’elle lui a porté » (Œuvres Complètes, vol. I, p. 337, Lecture 50).
Nous avons donc à contempler et respecter cette union : être de Marie – être de Jésus, vie de Marie – vie de Jésus, sainteté de Marie – sainteté de Jésus, gloire de Marie – gloire de Jésus.
1. Sources scripturaires
Avec Luc, nous découvrons une femme banale, une jeune fille promise. Ce qui retient notre attention, c’est son « OUI » (Luc 1,38). À partir de ce « OUI », elle est unie au Christ. Elle le porte. Comme toute mère elle le portera toujours, jusqu’à avoir son cœur transpercé d’un glaive de douleur quand ce Fils mourra. À la Visitation, qu’est-ce que reconnaît Elisabeth ? « Comment ai-je ce bonheur que la Mère de mon Sauveur vienne jusqu’à moi » (Luc 1,43). Sous l’action de l’Esprit, Elisabeth authentifie l’union de Marie qui porte Jésus.
Marie favorise le passage de son union au Christ à notre union au Christ
À la crèche, la mère et l’enfant sont très proches. Mais Marie n’est pas propriétaire du don de Dieu. Aux bergers, aux mages, elle donne son fils à contempler, à reconnaître comme signe de l’œuvre de Salut de notre Dieu. Au Temple, elle laisse Syméon, cet inconnu, prendre l’enfant et lui-même en devenir porteur. Dès la naissance de Jésus, Marie découvre qu’elle doit communier à son offrande. Marie partage son union ; elle favorise le passage de son union au Christ à notre union au Christ. Cette part sacrificielle de sa vie en union au sacrifice du Christ, Marie l’expérimente peu à peu. C’est la leçon que nous pouvons retenir du pèlerinage au Temple quand Jésus eut douze ans (Luc 2,41-50). Elle doit apprendre que c’est au Temple, au lieu même du sacrifice, que son Fils doit être, dans l’accomplissement de la mission donnée par son Père. Et Marie doit y être aussi.
C’est ainsi que nous pouvons comprendre aussi l’épisode qui nous est rapporté de la rencontre de Jésus et de sa Mère alors qu’il est sur les routes (Matthieu XII, 46-50 ; Marc III, 31-35 ; Luc VIII, 19-21). Souvent, ces passages sont interprétés comme sévères vis-à-vis de Marie quand Jésus interroge : « Qui est ma mère ? » Mais la réponse du Seigneur est bien un éloge : « Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est ma mère. » Il n’y a pas de plus beau compliment fait à la Vierge Marie dans tout l’Évangile ! C’est bien elle qui fait la volonté de Dieu. Marie est bien celle par excellence qui communie à la volonté de Dieu, comme son Fils. Dans cette union totale avec le Fils, elle a souvent dit les paroles de Gethsémani : « Non pas ma volonté Seigneur, mais la tienne » (Luc 22,42).
Et c’est à partir de ces méditations de l’union du Christ et de Marie, que saint Jean Eudes a été conduit à contempler leur intimité. Et tout naturellement, il la situe dans le Cœur.
La vie chrétienne à l’école de la Vierge Marie selon saint Jean Eudes
Premier prêtre à célébrer une messe en l’honneur du Cœur de Marie, Jean Eudes (1601-1680) défend la place de la Vierge Marie dans la vie et la dévotion chrétiennes, sans rien occulter à celle de Jésus-Christ.
« Nous ne devons pas séparer ce que Dieu a uni si parfaitement. Qui voit Jésus voit Marie, qui aime Jésus aime Marie. Celui-là n’est pas vraiment chrétien qui n’a pas de dévotion à la Mère de Jésus-Christ et de tous les chrétiens » (Œuvres Complètes, vol. I, p. 337, Lecture 50).
« Il nous faut regarder et adorer son Fils en elle, et n’y regarder et adorer que lui. Car c’est ainsi qu’elle veut être honorée, parce que d’elle-même et par elle-même, elle n’est rien : son Fils est tout en elle » (Œuvres Complètes, vol. I, p. 338, Lecture 50).
Dans la tension de ces deux citations, nous pouvons saisir le souci de saint Jean Eudes (SJE) (prêtre normand, 1601-1680) : donner une place à la Vierge Marie dans la vie et la dévotion chrétiennes, n’occulter en rien la place de Jésus-Christ.
Voilà la clé de la dévotion mariale chez Jean Eudes. Oui, Marie a une place importante, mais c’est à cause de son union à son Fils. « Elle n’est rien sans son Fils qui est tout en elle. » Cette considération doit nous interpeller dans notre pratique. Quand nous méditons le chapelet, nous ne contemplons pas la vie de Marie, mais les étapes et les mystères de la vie du Christ, dont Marie a été témoin et auxquels elle a été unie. Pour saint Jean Eudes, la dévotion mariale est contemplation de l’union indissociable du Christ et de Marie. « Son Fils Jésus est tout en elle : il est son être, il est sa vie, sa sainteté, sa gloire. Il faut le remercier et nous offrir à lui pour qu’il nous fasse participants de l’amour qu’elle lui a porté » (Œuvres Complètes, vol. I, p. 337, Lecture 50).
Nous avons donc à contempler et respecter cette union : être de Marie – être de Jésus, vie de Marie – vie de Jésus, sainteté de Marie – sainteté de Jésus, gloire de Marie – gloire de Jésus. [...]
Premier prêtre à célébrer une messe en l’honneur du Cœur de Marie, Jean Eudes (1601-1680) défend la place de la Vierge Marie dans la vie et la dévotion chrétiennes, sans rien occulter à celle de Jésus-Christ.
« Nous ne devons pas séparer ce que Dieu a uni si parfaitement. Qui voit Jésus voit Marie, qui aime Jésus aime Marie. Celui-là n’est pas vraiment chrétien qui n’a pas de dévotion à la Mère de Jésus-Christ et de tous les chrétiens » (Œuvres Complètes, vol. I, p. 337, Lecture 50).
« Il nous faut regarder et adorer son Fils en elle, et n’y regarder et adorer que lui. Car c’est ainsi qu’elle veut être honorée, parce que d’elle-même et par elle-même, elle n’est rien : son Fils est tout en elle » (Œuvres Complètes, vol. I, p. 338, Lecture 50).
Dans la tension de ces deux citations, nous pouvons saisir le souci de saint Jean Eudes (SJE) (prêtre normand, 1601-1680) : donner une place à la Vierge Marie dans la vie et la dévotion chrétiennes, n’occulter en rien la place de Jésus-Christ.
Voilà la clé de la dévotion mariale chez Jean Eudes. Oui, Marie a une place importante, mais c’est à cause de son union à son Fils. « Elle n’est rien sans son Fils qui est tout en elle. » Cette considération doit nous interpeler dans notre pratique. Quand nous méditons le chapelet, nous ne contemplons pas la vie de Marie, mais les étapes et les mystères de la vie du Christ, dont Marie a été témoin et auxquels elle a été unie. Pour saint Jean Eudes, la dévotion mariale est contemplation de l’union indissociable du Christ et de Marie. « Son Fils Jésus est tout en elle : il est son être, il est sa vie, sa sainteté, sa gloire. Il faut le remercier et nous offrir à lui pour qu’il nous fasse participants de l’amour qu’elle lui a porté » (Œuvres Complètes, vol. I, p. 337, Lecture 50).
Nous avons donc à contempler et respecter cette union : être de Marie – être de Jésus, vie de Marie – vie de Jésus, sainteté de Marie – sainteté de Jésus, gloire de Marie – gloire de Jésus.
1. Sources scripturaires
Avec Luc, nous découvrons une femme banale, une jeune fille promise. Ce qui retient notre attention, c’est son « OUI » (Luc 1,38). À partir de ce « OUI », elle est unie au Christ. Elle le porte. Comme toute mère elle le portera toujours, jusqu’à avoir son cœur transpercé d’un glaive de douleur quand ce Fils mourra. À la Visitation, qu’est-ce que reconnaît Elisabeth ? « Comment ai-je ce bonheur que la Mère de mon Sauveur vienne jusqu’à moi » (Luc 1,43). Sous l’action de l’Esprit, Elisabeth authentifie l’union de Marie qui porte Jésus.
Marie favorise le passage de son union au Christ à notre union au Christ
À la crèche, la mère et l’enfant sont très proches. Mais Marie n’est pas propriétaire du don de Dieu. Aux bergers, aux mages, elle donne son fils à contempler, à reconnaître comme signe de l’œuvre de Salut de notre Dieu. Au Temple, elle laisse Syméon, cet inconnu, prendre l’enfant et lui-même en devenir porteur. Dès la naissance de Jésus, Marie découvre qu’elle doit communier à son offrande. Marie partage son union ; elle favorise le passage de son union au Christ à notre union au Christ. Cette part sacrificielle de sa vie en union au sacrifice du Christ, Marie l’expérimente peu à peu. C’est la leçon que nous pouvons retenir du pèlerinage au Temple quand Jésus eut douze ans (Luc 2,41-50). Elle doit apprendre que c’est au Temple, au lieu même du sacrifice, que son Fils doit être, dans l’accomplissement de la mission donnée par son Père. Et Marie doit y être aussi.
C’est ainsi que nous pouvons comprendre aussi l’épisode qui nous est rapporté de la rencontre de Jésus et de sa Mère alors qu’il est sur les routes (Matthieu XII, 46-50 ; Marc III, 31-35 ; Luc VIII, 19-21). Souvent, ces passages sont interprétés comme sévères vis-à-vis de Marie quand Jésus interroge : « Qui est ma mère ? » Mais la réponse du Seigneur est bien un éloge : « Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est ma mère. » Il n’y a pas de plus beau compliment fait à la Vierge Marie dans tout l’Évangile ! C’est bien elle qui fait la volonté de Dieu. Marie est bien celle par excellence qui communie à la volonté de Dieu, comme son Fils. Dans cette union totale avec le Fils, elle a souvent dit les paroles de Gethsémani : « Non pas ma volonté Seigneur, mais la tienne » (Luc 22,42).
Et c’est à partir de ces méditations de l’union du Christ et de Marie, que saint Jean Eudes a été conduit à contempler leur intimité. Et tout naturellement, il la situe dans le Cœur.
2. Saint Jean Eudes nous donne la fête du Cœur de Marie
L’image du Cœur pour dire l’union entre deux êtres nous paraît naturelle et banale. Mais au temps de Jean Eudes, cela demeure inédit. Le saint est bien le premier à célébrer une messe en l’honneur du Cœur de Marie. Il y contemple l’union parfaite de Jésus et de Marie. Ils n’ont qu’un Cœur. « C’est le Cœur de la Fille unique et bien-aimée du Père éternel ; c’est le cœur de la Mère de Dieu ; c’est le cœur de l’Épouse du Saint-Esprit ; c’est le cœur de la Mère très bonne de tous les fidèles. C’est un cœur tout embrasé de l’amour de Dieu, tout enflammé de charité envers nous » (OC VII p.461, Lect 53).
Dès que saint Jean Eudes contemple l’unité du Cœur de Jésus et Marie, nous basculons dans l’élan de l’amour de Dieu. Quand il décrit l’amour qui unit Jésus et Marie, il le situe dans le cœur de chacun d’eux. Et ce qu’il y découvre, c’est que ce cœur n’aime pas que Jésus, ou qu’il n’aime pas que Marie, il est « tout enflammé de charité envers nous ».
Dans l’Évangile de Jean, au chapitre 2, nous voici à Cana. Jésus et Marie sont là, ensemble, encore et toujours. Regardons Marie. Elle se préoccupe de la situation, elle est charité pour les mariés. Et se faisant, elle ne met pas le projecteur sur elle, mais sur son Fils : « Faites tout ce qu’il vous dira » (Jean 2,5). SJE décrit ce mouvement : un amour qui unit Jésus et Marie, qui est ouvert sur l’amour pour tous les hommes et permet qu’ils rencontrent le Christ.
Cette dynamique culmine à la Croix. Jésus et Marie sont là, ensemble, encore et toujours. « Jésus dit à sa Mère : « Femme voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » » (Jean 19, 26-27). Tout est dit. Tout est vécu. L’amour culmine dans ce don. Jésus est donné. Marie aussi. De Mère du Christ, elle devient Mère des hommes. Son amour pour son Fils devient amour pour nous. Le Cœur de Marie, c’est le cœur de la Mère du Christ qui aime tous les hommes, avec un cœur de Mère. « Le Cœur de Marie est tout amour pour Dieu, car il n’a jamais rien aimé que Dieu seul […]. Il est tout amour, parce que la Vierge Marie a toujours aimé Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de toutes ses forces. Il est tout amour parce qu’il a toujours voulu ce que Dieu voulait. […] Le Cœur de Marie est tout amour pour nous. Elle nous aime du même amour dont elle aime Dieu, car c’est Dieu qu’elle regarde et aime en nous. Et elle nous aime du même amour dont elle aime son Fils. Car elle sait qu’il est notre chef et que nous sommes ses membres » (Œuvres complètes, vol. VIII, p. 114, Lecture 53).
Voilà qui donne le vertige. Car si nous contemplons ce que Dieu a fait en Marie, nous sommes conduits à prendre conscience de ce qu’il a fait pour nous et, dans le même mouvement, à reconnaître combien nous lui en sommes redevables ! Nous pourrions fuir, nous estimer indignes de tels bienfaits. C’est à cause de ce risque qu’il y a le Carême. Il nous prépare à vivre la grandeur du don que Dieu nous fait et que nous célébrons à Pâques. Et c’est pour que nous ne fuyions pas que SJE lance cet appel : « Vous tous qui avez soif, venez boire à cette source. Hâtez-vous ! Pourquoi différez-vous d’un seul moment ? Vous craignez de faire du tort à votre Sauveur si vous vous adressez au Cœur de sa Mère ? Mais ne savez-vous pas que Marie n’est rien, n’a rien, ne peut rien que de Jésus, par Jésus et en Jésus ? Que c’est Jésus qui est tout, peut tout, et fait tout en elle ? Ne savez-vous pas que non seulement Jésus est résidant et demeurant continuellement dans le Cœur de Marie, mais qu’il est lui-même le Cœur de son Cœur, et qu’ainsi venir au Cœur de Marie, c’est venir à Jésus » (Œuvres Complètes, vol. VI, p. 148, Lecture 52).
Alors n’ayons pas peur. Comme Jean y a été invité au pied de la Croix, prenons Marie chez nous (Jean 19,27). C’est aussi l’expérience de Joseph : « Ne crains pas de prendre chez toi Marie, car l’enfant qu’elle porte, vient de l’Esprit Saint » (Matthieu 1,20). Nous voici dans notre troisième moment auquel nous invite saint Jean Eudes : vivre avec Marie.
3. La vie chrétienne à l’école de la Vierge Marie
Le Cœur de Marie nous est donné pour devenir le nôtre, le siège du même amour, la force du même accueil de la volonté de Dieu, la capacité de la même offrande de notre vie. Mettons-nous à l’école de l’amour débordant de ce Cœur. « Ce Cœur admirable est l’exemplaire et le modèle de nos cœurs, et la perfection consiste à faire en sorte qu’ils soient autant d’images vives du saint Cœur de Marie » (Œuvres Complètes, vol. VIII, p. 431, Lecture 52). Saint Jean Eudes parle de Marie comme le prototype du chrétien puisque le Cœur de Marie est le modèle de notre cœur. Si nous nous référions au Cœur de Jésus seul, il paraîtrait normal qu’il soit la perfection de l’amour. Il est Dieu. Mais dans le Cœur de Marie, nous puisons le grand encouragement qu’un cœur humain puisse aimer de la sorte. Nous croisons ici toute la dynamique de la vie chrétienne prêchée par SJE. Il s’agit de « former Jésus en nous », de nous laisser configurer au Christ pour aller jusqu’à « continuer la vie de Jésus ». Voilà le programme. Impossible à remplir sans suivre l’exemple encourageant de Marie, sans être habité de l’amour de Dieu.
Pour le dire autrement, c’est en considérant l’œuvre de Dieu en Marie que nous pouvons comprendre notre vocation. C’est en contemplant son expérience que nous pouvons découvrir comment nous aussi, comme Marie, nous pouvons être accueil de la Parole qui nous est dite de la part du Seigneur et faire la Volonté de Dieu. « Qui sont ma mère, mes frères et mes sœurs ? Ce sont ceux qui écoutent la Parole et qui la mettent en pratique » (Luc 8,21). C’est bien en ce sens de notre vocation baptismale que nous devons laisser Marie être notre Mère, celle qui nous éduque, nous conduit sur le chemin de sa vie de communion à son Fils. Marie, peu à peu, fait que, comme elle, nous portions le Christ au monde.
Notre cœur doit avoir une double orientation : aimer Dieu comme Marie à Cana qui va trouver son Fils, comme Marie du pèlerinage au Temple qui n’a de cesse de retrouver son Fils ; et aimer tous les hommes comme Marie de Cana qui se préoccupe de la situation, comme Marie de la Croix qui devient la mère de Jean, de nous tous.
À nous d’aller de l’avant dans cette lancée. Nous devons être à l’école du Cœur de Marie dont saint Jean Eudes décrit l’activité débordante : « Ô très douce et très pieuse Vierge Marie, vous qui regardez des yeux de votre bonté tant de misère et tant de misérables, dont toute la terre est remplie ; tant de pauvres, tant de veuves, tant d’orphelins, tant de malades en toutes manières, tant de captifs et de prisonniers, tant d’hommes qui sont traversés et persécutés par la malice des hommes, tant d’indéfendus qui sont opprimés par la violence de ceux qui sont au-dessus d’eux, tant de voyageurs et de pèlerins qui sont au milieu des périls, sur mer et sur terre, tant d’ouvriers évangéliques qui sont exposés à mille dangers pour sauver des âmes qui se perdent, tant d’esprits affligés, tant de cœurs angoissés, tant d’âmes travaillées de diverses tentations … » (Œuvres Complètes, vol. VII, p. 32, Lecture 57). À l’école de la Vierge Marie, c’est bien vers eux tous que nous devons orienter notre regard pour apporter, comme elle, la guérison par l’amour de son Fils.
Entendons pour nous-mêmes la réponse de Jésus : « Heureuse celle qui t’a nourri de son lait. – Heureux plutôt ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la mettent en pratique » (Luc 11, 27-28). Vivons de cette béatitude vécue par Marie.
L’image du Cœur pour dire l’union entre deux êtres nous paraît naturelle et banale. Mais au temps de Jean Eudes, cela demeure inédit. Le saint est bien le premier à célébrer une messe en l’honneur du Cœur de Marie. Il y contemple l’union parfaite de Jésus et de Marie. Ils n’ont qu’un Cœur. « C’est le Cœur de la Fille unique et bien-aimée du Père éternel ; c’est le cœur de la Mère de Dieu ; c’est le cœur de l’Épouse du Saint-Esprit ; c’est le cœur de la Mère très bonne de tous les fidèles. C’est un cœur tout embrasé de l’amour de Dieu, tout enflammé de charité envers nous » (OC VII p.461, Lect 53).
Dès que saint Jean Eudes contemple l’unité du Cœur de Jésus et Marie, nous basculons dans l’élan de l’amour de Dieu. Quand il décrit l’amour qui unit Jésus et Marie, il le situe dans le cœur de chacun d’eux. Et ce qu’il y découvre, c’est que ce cœur n’aime pas que Jésus, ou qu’il n’aime pas que Marie, il est « tout enflammé de charité envers nous ».
Dans l’Évangile de Jean, au chapitre 2, nous voici à Cana. Jésus et Marie sont là, ensemble, encore et toujours. Regardons Marie. Elle se préoccupe de la situation, elle est charité pour les mariés. Et se faisant, elle ne met pas le projecteur sur elle, mais sur son Fils : « Faites tout ce qu’il vous dira » (Jean 2,5). SJE décrit ce mouvement : un amour qui unit Jésus et Marie, qui est ouvert sur l’amour pour tous les hommes et permet qu’ils rencontrent le Christ.
Cette dynamique culmine à la Croix. Jésus et Marie sont là, ensemble, encore et toujours. « Jésus dit à sa Mère : « Femme voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » » (Jean 19, 26-27). Tout est dit. Tout est vécu. L’amour culmine dans ce don. Jésus est donné. Marie aussi. De Mère du Christ, elle devient Mère des hommes. Son amour pour son Fils devient amour pour nous. Le Cœur de Marie, c’est le cœur de la Mère du Christ qui aime tous les hommes, avec un cœur de Mère. « Le Cœur de Marie est tout amour pour Dieu, car il n’a jamais rien aimé que Dieu seul […]. Il est tout amour, parce que la Vierge Marie a toujours aimé Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de toutes ses forces. Il est tout amour parce qu’il a toujours voulu ce que Dieu voulait. […] Le Cœur de Marie est tout amour pour nous. Elle nous aime du même amour dont elle aime Dieu, car c’est Dieu qu’elle regarde et aime en nous. Et elle nous aime du même amour dont elle aime son Fils. Car elle sait qu’il est notre chef et que nous sommes ses membres » (Œuvres complètes, vol. VIII, p. 114, Lecture 53).
Voilà qui donne le vertige. Car si nous contemplons ce que Dieu a fait en Marie, nous sommes conduits à prendre conscience de ce qu’il a fait pour nous et, dans le même mouvement, à reconnaître combien nous lui en sommes redevables ! Nous pourrions fuir, nous estimer indignes de tels bienfaits. C’est à cause de ce risque qu’il y a le Carême. Il nous prépare à vivre la grandeur du don que Dieu nous fait et que nous célébrons à Pâques. Et c’est pour que nous ne fuyions pas que SJE lance cet appel : « Vous tous qui avez soif, venez boire à cette source. Hâtez-vous ! Pourquoi différez-vous d’un seul moment ? Vous craignez de faire du tort à votre Sauveur si vous vous adressez au Cœur de sa Mère ? Mais ne savez-vous pas que Marie n’est rien, n’a rien, ne peut rien que de Jésus, par Jésus et en Jésus ? Que c’est Jésus qui est tout, peut tout, et fait tout en elle ? Ne savez-vous pas que non seulement Jésus est résidant et demeurant continuellement dans le Cœur de Marie, mais qu’il est lui-même le Cœur de son Cœur, et qu’ainsi venir au Cœur de Marie, c’est venir à Jésus » (Œuvres Complètes, vol. VI, p. 148, Lecture 52).
Alors n’ayons pas peur. Comme Jean y a été invité au pied de la Croix, prenons Marie chez nous (Jean 19,27). C’est aussi l’expérience de Joseph : « Ne crains pas de prendre chez toi Marie, car l’enfant qu’elle porte, vient de l’Esprit Saint » (Matthieu 1,20). Nous voici dans notre troisième moment auquel nous invite saint Jean Eudes : vivre avec Marie.
3. La vie chrétienne à l’école de la Vierge Marie
Le Cœur de Marie nous est donné pour devenir le nôtre, le siège du même amour, la force du même accueil de la volonté de Dieu, la capacité de la même offrande de notre vie. Mettons-nous à l’école de l’amour débordant de ce Cœur. « Ce Cœur admirable est l’exemplaire et le modèle de nos cœurs, et la perfection consiste à faire en sorte qu’ils soient autant d’images vives du saint Cœur de Marie » (Œuvres Complètes, vol. VIII, p. 431, Lecture 52). Saint Jean Eudes parle de Marie comme le prototype du chrétien puisque le Cœur de Marie est le modèle de notre cœur. Si nous nous référions au Cœur de Jésus seul, il paraîtrait normal qu’il soit la perfection de l’amour. Il est Dieu. Mais dans le Cœur de Marie, nous puisons le grand encouragement qu’un cœur humain puisse aimer de la sorte. Nous croisons ici toute la dynamique de la vie chrétienne prêchée par SJE. Il s’agit de « former Jésus en nous », de nous laisser configurer au Christ pour aller jusqu’à « continuer la vie de Jésus ». Voilà le programme. Impossible à remplir sans suivre l’exemple encourageant de Marie, sans être habité de l’amour de Dieu.
Pour le dire autrement, c’est en considérant l’œuvre de Dieu en Marie que nous pouvons comprendre notre vocation. C’est en contemplant son expérience que nous pouvons découvrir comment nous aussi, comme Marie, nous pouvons être accueil de la Parole qui nous est dite de la part du Seigneur et faire la Volonté de Dieu. « Qui sont ma mère, mes frères et mes sœurs ? Ce sont ceux qui écoutent la Parole et qui la mettent en pratique » (Luc 8,21). C’est bien en ce sens de notre vocation baptismale que nous devons laisser Marie être notre Mère, celle qui nous éduque, nous conduit sur le chemin de sa vie de communion à son Fils. Marie, peu à peu, fait que, comme elle, nous portions le Christ au monde.
Notre cœur doit avoir une double orientation : aimer Dieu comme Marie à Cana qui va trouver son Fils, comme Marie du pèlerinage au Temple qui n’a de cesse de retrouver son Fils ; et aimer tous les hommes comme Marie de Cana qui se préoccupe de la situation, comme Marie de la Croix qui devient la mère de Jean, de nous tous.
À nous d’aller de l’avant dans cette lancée. Nous devons être à l’école du Cœur de Marie dont saint Jean Eudes décrit l’activité débordante : « Ô très douce et très pieuse Vierge Marie, vous qui regardez des yeux de votre bonté tant de misère et tant de misérables, dont toute la terre est remplie ; tant de pauvres, tant de veuves, tant d’orphelins, tant de malades en toutes manières, tant de captifs et de prisonniers, tant d’hommes qui sont traversés et persécutés par la malice des hommes, tant d’indéfendus qui sont opprimés par la violence de ceux qui sont au-dessus d’eux, tant de voyageurs et de pèlerins qui sont au milieu des périls, sur mer et sur terre, tant d’ouvriers évangéliques qui sont exposés à mille dangers pour sauver des âmes qui se perdent, tant d’esprits affligés, tant de cœurs angoissés, tant d’âmes travaillées de diverses tentations … » (Œuvres Complètes, vol. VII, p. 32, Lecture 57). À l’école de la Vierge Marie, c’est bien vers eux tous que nous devons orienter notre regard pour apporter, comme elle, la guérison par l’amour de son Fils.
Entendons pour nous-mêmes la réponse de Jésus : « Heureuse celle qui t’a nourri de son lait. – Heureux plutôt ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la mettent en pratique » (Luc 11, 27-28). Vivons de cette béatitude vécue par Marie.
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
2013
FRÈRE PIERRE-MARIE : CREUSER UNE OASIS DE PRIÈRE DANS LE DÉSERT DES VILLES
FRÈRE PIERRE-MARIE : CREUSER UNE OASIS DE PRIÈRE DANS LE DÉSERT DES VILLES
Au milieu des années 1970, le Frère Pierre-Marie (1934-2013) a fondé une Fraternité monastique pour creuser une oasis de prière dans le désert des villes.
Sœur Marie-Laure Membre des Fraternités Monastiques de Jérusalem
Les sources d’une vocation. Pierre Delfieux naît le 4 décembre 1934, à Campuac (Aveyron), dans une famille de six enfants. La maison familiale se trouve face à l’église où il fait sa première communion à six ans. Chaque matin, il va servir la messe avant d’aller à l’école communale. Le maître lui remet un jour, en guise de prix, un livre racontant « la vie d’un officier qui est devenu curé ». Le jeune Pierre est fasciné par le visage de l’homme imprimé sur la couverture et le cœur rouge brodé sur sa poitrine. C’est le début d’une longue amitié spirituelle avec Charles de Foucauld. À 17 ans, une retraite dans un centre marial s’avère décisive : il prend conscience de l’amour dont il est aimé, et choisit de répondre à l’appel qu’il a entendu lors de sa première communion. Après son baccalauréat, il entre au grand séminaire de Rodez (Aveyron). Il est envoyé pour finir sa théologie à l’Institut Catholique de Toulouse, puis pour des études de philosophie et de sciences sociales, à Paris, à la Sorbonne. Il est ordonné prêtre dans la cathédrale de Rodez, le 29 juin 1961, et nommé vicaire de la cathédrale.
Sur les pas du Christ. En 1965, il intègre à la demande du futur Cardinal Lustiger qui la dirige, l’équipe d’aumôniers d’étudiants du Centre Richelieu. La vie de l’aumônerie est intense et les initiatives nombreuses. Mgr Guy Gaucher se souvient d’un week-end d’étudiants, organisé par le P. Delfieux pour les anglicistes, qui, avec 600 étudiants, battit tous les records de participation ! Des pèlerinages sont organisés, à Chartres bien sûr, mais aussi en Italie, en Espagne, en Terre Sainte… Le P. Delfieux y découvre l’importance que peut avoir pour la vie de foi un pèlerinage sur les pas de Jésus ; très attaché à cette terre, il continuera d’y guider régulièrement des pèlerinages pour les Frères et Sœurs de Jérusalem et les laïcs proches des Fraternités. En ces années 1960, il découvre aussi le désert et devient, au Centre Richelieu, le spécialiste des méharées (randonnées organisées dans le désert à dos de dromadaire) au Sahara, vers Tamanrasset (Algérie) et les lieux habités par le P. de Foucauld.
Un ermite dans le désert. Aussi, quand au bout de sept ans de cet apostolat marqué par les bouleversements introduits par Mai 68, il lui est proposé de prendre une année sabbatique, il ne résiste pas à l’appel du désert et part d’abord à Béni-Abbès (Algérie), dans la communauté des Petits frères de Jésus, puis à l’Assekrem, dans le massif du Hoggar. Le P. Delfieux y construit de ses mains un ermitage, auquel il donne le nom de Bethléem et où il passe une première année, puis une seconde, avec la seule compagnie des pierres et des étoiles. Avec, dit-il, ce qui suffit : « La Bible et le Saint-Sacrement. »
Un moine dans la ville. Peu à peu, s’organise en lui ce qui n’était encore que des aspirations : mener une vie fraternelle, dans le partage de la liturgie, pour l’annonce de l’Évangile. Une conviction s’impose : le vrai désert aujourd’hui se trouve dans les villes. C’est là qu’il faut aller creuser des oasis de prière. Sa décision est prise : en juin 1974, il quitte l’Assekrem et va confier au Cardinal Marty, rouergat d’origine comme lui et, à ce moment-là, archevêque de Paris, son désir : devenir moine dans la ville.
La fondation de la première Fraternité. Ce désir rencontrant l’intuition du Cardinal, la fondation peut naître. Une église lui est confiée dans le centre de Paris, pour y établir la future Fraternité : ce sera Saint-Gervais, proche de l’Hôtel de Ville et du quartier des Halles. Pendant une année, le P. Delfieux précise son projet et rassemble ses premiers compagnons. D’emblée, l’essentiel est posé : une vie fidèle aux grandes exigences monastiques et professant les trois vœux de chasteté, pauvreté et obéissance ; mais adaptée en sa forme concrète, aux réalités de l’Église postconciliaire et du monde contemporain. L’accent est mis sur la prière personnelle et communautaire, avec d’amples liturgies chantées dans une église ouverte à tous. La vie fraternelle est fondamentale, mais elle se vit en ville, dans des appartements ou des maisons loués, sans que la Fraternité puisse acquérir de propriétés. Le travail, nécessaire pour gagner son pain, se veut aussi solidaire des contraintes vécues par les citadins : il se vit de préférence à mi-temps comme salarié. Les Frères veulent ainsi se situer en solidarité avec les citadins qui les entourent, mais aussi en contestation pour affirmer le primat de l’amour et de la prière.
La naissance du Frère Pierre-Marie. La première liturgie est chantée par une douzaine de Frères dans l’église Saint-Gervais, le 1er novembre 1975, fête de Toussaint. La feuille expliquant le projet justifie le choix de cette date : « Notre aventure sera celle de la sainteté, ou elle ne sera pas. » Le Père Delfieux devient Frère Pierre-Marie, pour marquer son attachement filial à la Vierge. Sa vie se confond désormais avec celle de la Fraternité qu’il guide et anime inlassablement.
L’expansion des Fraternités. Une Fraternité de moniales naît à son tour le 8 décembre 1976. Même si Frères et Sœurs chantent ensemble toutes les liturgies, dès le départ les logements et les gouvernements des deux Fraternités sont bien distincts. Une étape décisive est franchie en 1978-1979, où les Fraternités reçoivent le nom de « Jérusalem », la ville sainte. Frère Pierre-Marie met alors par écrit le tracé spirituel des Fraternités, fondé sur sa méditation de la Bible et sur l’expérience déjà accumulée. Son livre est intitulé Livre de Vie de Jérusalem (Éditions du Cerf, 7e édition, 2014), et rapidement traduit en plus de 20 langues. Après le temps des découvertes et des tâtonnements, vient à partir des années 1990 le temps de la création de nouvelles fondations ; alors que les Fraternités comptent déjà une centaine de Frères et Sœurs. Ces fondations sont toujours réalisées à la demande de l’évêque du diocèse dont les Fraternités dépendent, selon l’ecclésiologie née de Vatican II ; et il y a toujours une Fraternité de Frères et une de Sœurs qui sont envoyées en même temps. Il y a eu Vézelay en 1993, Strasbourg en 1995, Florence en 1998. Puis Le Mont-Saint-Michel et Bruxelles en 2001, Montréal en 2004, Rome en 2006, Cologne en 2009, et Varsovie en 2010. Frère Pierre-Marie impulse et suit de près ces diverses implantations. Il est très attentif en particulier à l’aménagement des églises où vont se dérouler les liturgies et au cadre qu’il désire sobre, mais toujours empreint de beauté.
Une reconnaissance canonique. Un autre édifice, juridique celui-là, retient aussi son attention. Au terme d’un long processus de rédaction et d’approbation par les Congrégations de la Vie consacrée et de la Doctrine de la Foi, les Constitutions des Fraternités Monastiques de Jérusalem sont définitivement approuvées par le Cardinal Jean-Marie Lustiger le 31 mai 1996 ; et érigées en Instituts de Vie consacrée d’inspiration monastique. Aux élections qui suivent cette reconnaissance canonique, Frère Pierre-Marie est élu prieur général ; il est réélu pour un second mandat en 2003.
Un homme passionné. Le Frère Pierre-Marie poursuit une activité intense : prédication plusieurs fois par semaine et permanences au bureau d’accueil de l’église ; visites aux diverses Fraternités ; conférences à l’extérieur, et enseignements à l’intérieur pour les Frères et Sœurs, mais aussi pour les nombreux groupes de laïcs qui se rassemblent autour d’eux… Il dirige « Sources Vives », la revue des Fraternités, où il rédige de nombreux articles. Il publie plusieurs recueils d’homélies rassemblées sous le titre d’« Évangéliques », et un essai synthétisant l’expérience des Fraternités : Moine dans la ville (Bayard, 2003). À la fin de son second mandat, conformément aux Constitutions, un nouveau prieur général des Frères de Jérusalem est élu : Frère Jean-Christophe Calmon (Sœur Violaine étant élue en 2010 prieure générale des Sœurs de Jérusalem). Bien que malade depuis la fin de 2011, Frère Pierre-Marie continue à soutenir et encourager les différentes Fraternités, en les visitant, à prêcher et à enseigner. Il est décédé dans la maison de Magdala, en Sologne (La Ferté-Imbault, Loir-et-Cher), lieu de retraite des Fraternités, le 21 février 2013.
Sœur Marie-Laure Membre des Fraternités Monastiques de Jérusalem
Les sources d’une vocation. Pierre Delfieux naît le 4 décembre 1934, à Campuac (Aveyron), dans une famille de six enfants. La maison familiale se trouve face à l’église où il fait sa première communion à six ans. Chaque matin, il va servir la messe avant d’aller à l’école communale. Le maître lui remet un jour, en guise de prix, un livre racontant « la vie d’un officier qui est devenu curé ». Le jeune Pierre est fasciné par le visage de l’homme imprimé sur la couverture et le cœur rouge brodé sur sa poitrine. C’est le début d’une longue amitié spirituelle avec Charles de Foucauld. À 17 ans, une retraite dans un centre marial s’avère décisive : il prend conscience de l’amour dont il est aimé, et choisit de répondre à l’appel qu’il a entendu lors de sa première communion. Après son baccalauréat, il entre au grand séminaire de Rodez (Aveyron). Il est envoyé pour finir sa théologie à l’Institut Catholique de Toulouse, puis pour des études de philosophie et de sciences sociales, à Paris, à la Sorbonne. Il est ordonné prêtre dans la cathédrale de Rodez, le 29 juin 1961, et nommé vicaire de la cathédrale.
Sur les pas du Christ. En 1965, il intègre à la demande du futur Cardinal Lustiger qui la dirige, l’équipe d’aumôniers d’étudiants du Centre Richelieu. La vie de l’aumônerie est intense et les initiatives nombreuses. Mgr Guy Gaucher se souvient d’un week-end d’étudiants, organisé par le P. Delfieux pour les anglicistes, qui, avec 600 étudiants, battit tous les records de participation ! Des pèlerinages sont organisés, à Chartres bien sûr, mais aussi en Italie, en Espagne, en Terre Sainte… Le P. Delfieux y découvre l’importance que peut avoir pour la vie de foi un pèlerinage sur les pas de Jésus ; très attaché à cette terre, il continuera d’y guider régulièrement des pèlerinages pour les Frères et Sœurs de Jérusalem et les laïcs proches des Fraternités. En ces années 1960, il découvre aussi le désert et devient, au Centre Richelieu, le spécialiste des méharées (randonnées organisées dans le désert à dos de dromadaire) au Sahara, vers Tamanrasset (Algérie) et les lieux habités par le P. de Foucauld.
Un ermite dans le désert. Aussi, quand au bout de sept ans de cet apostolat marqué par les bouleversements introduits par Mai 68, il lui est proposé de prendre une année sabbatique, il ne résiste pas à l’appel du désert et part d’abord à Béni-Abbès (Algérie), dans la communauté des Petits frères de Jésus, puis à l’Assekrem, dans le massif du Hoggar. Le P. Delfieux y construit de ses mains un ermitage, auquel il donne le nom de Bethléem et où il passe une première année, puis une seconde, avec la seule compagnie des pierres et des étoiles. Avec, dit-il, ce qui suffit : « La Bible et le Saint-Sacrement. »
Un moine dans la ville. Peu à peu, s’organise en lui ce qui n’était encore que des aspirations : mener une vie fraternelle, dans le partage de la liturgie, pour l’annonce de l’Évangile. Une conviction s’impose : le vrai désert aujourd’hui se trouve dans les villes. C’est là qu’il faut aller creuser des oasis de prière. Sa décision est prise : en juin 1974, il quitte l’Assekrem et va confier au Cardinal Marty, rouergat d’origine comme lui et, à ce moment-là, archevêque de Paris, son désir : devenir moine dans la ville.
La fondation de la première Fraternité. Ce désir rencontrant l’intuition du Cardinal, la fondation peut naître. Une église lui est confiée dans le centre de Paris, pour y établir la future Fraternité : ce sera Saint-Gervais, proche de l’Hôtel de Ville et du quartier des Halles. Pendant une année, le P. Delfieux précise son projet et rassemble ses premiers compagnons. D’emblée, l’essentiel est posé : une vie fidèle aux grandes exigences monastiques et professant les trois vœux de chasteté, pauvreté et obéissance ; mais adaptée en sa forme concrète, aux réalités de l’Église postconciliaire et du monde contemporain. L’accent est mis sur la prière personnelle et communautaire, avec d’amples liturgies chantées dans une église ouverte à tous. La vie fraternelle est fondamentale, mais elle se vit en ville, dans des appartements ou des maisons loués, sans que la Fraternité puisse acquérir de propriétés. Le travail, nécessaire pour gagner son pain, se veut aussi solidaire des contraintes vécues par les citadins : il se vit de préférence à mi-temps comme salarié. Les Frères veulent ainsi se situer en solidarité avec les citadins qui les entourent, mais aussi en contestation pour affirmer le primat de l’amour et de la prière.
La naissance du Frère Pierre-Marie. La première liturgie est chantée par une douzaine de Frères dans l’église Saint-Gervais, le 1er novembre 1975, fête de Toussaint. La feuille expliquant le projet justifie le choix de cette date : « Notre aventure sera celle de la sainteté, ou elle ne sera pas. » Le Père Delfieux devient Frère Pierre-Marie, pour marquer son attachement filial à la Vierge. Sa vie se confond désormais avec celle de la Fraternité qu’il guide et anime inlassablement.
L’expansion des Fraternités. Une Fraternité de moniales naît à son tour le 8 décembre 1976. Même si Frères et Sœurs chantent ensemble toutes les liturgies, dès le départ les logements et les gouvernements des deux Fraternités sont bien distincts. Une étape décisive est franchie en 1978-1979, où les Fraternités reçoivent le nom de « Jérusalem », la ville sainte. Frère Pierre-Marie met alors par écrit le tracé spirituel des Fraternités, fondé sur sa méditation de la Bible et sur l’expérience déjà accumulée. Son livre est intitulé Livre de Vie de Jérusalem (Éditions du Cerf, 7e édition, 2014), et rapidement traduit en plus de 20 langues. Après le temps des découvertes et des tâtonnements, vient à partir des années 1990 le temps de la création de nouvelles fondations ; alors que les Fraternités comptent déjà une centaine de Frères et Sœurs. Ces fondations sont toujours réalisées à la demande de l’évêque du diocèse dont les Fraternités dépendent, selon l’ecclésiologie née de Vatican II ; et il y a toujours une Fraternité de Frères et une de Sœurs qui sont envoyées en même temps. Il y a eu Vézelay en 1993, Strasbourg en 1995, Florence en 1998. Puis Le Mont-Saint-Michel et Bruxelles en 2001, Montréal en 2004, Rome en 2006, Cologne en 2009, et Varsovie en 2010. Frère Pierre-Marie impulse et suit de près ces diverses implantations. Il est très attentif en particulier à l’aménagement des églises où vont se dérouler les liturgies et au cadre qu’il désire sobre, mais toujours empreint de beauté.
Une reconnaissance canonique. Un autre édifice, juridique celui-là, retient aussi son attention. Au terme d’un long processus de rédaction et d’approbation par les Congrégations de la Vie consacrée et de la Doctrine de la Foi, les Constitutions des Fraternités Monastiques de Jérusalem sont définitivement approuvées par le Cardinal Jean-Marie Lustiger le 31 mai 1996 ; et érigées en Instituts de Vie consacrée d’inspiration monastique. Aux élections qui suivent cette reconnaissance canonique, Frère Pierre-Marie est élu prieur général ; il est réélu pour un second mandat en 2003.
Un homme passionné. Le Frère Pierre-Marie poursuit une activité intense : prédication plusieurs fois par semaine et permanences au bureau d’accueil de l’église ; visites aux diverses Fraternités ; conférences à l’extérieur, et enseignements à l’intérieur pour les Frères et Sœurs, mais aussi pour les nombreux groupes de laïcs qui se rassemblent autour d’eux… Il dirige « Sources Vives », la revue des Fraternités, où il rédige de nombreux articles. Il publie plusieurs recueils d’homélies rassemblées sous le titre d’« Évangéliques », et un essai synthétisant l’expérience des Fraternités : Moine dans la ville (Bayard, 2003). À la fin de son second mandat, conformément aux Constitutions, un nouveau prieur général des Frères de Jérusalem est élu : Frère Jean-Christophe Calmon (Sœur Violaine étant élue en 2010 prieure générale des Sœurs de Jérusalem). Bien que malade depuis la fin de 2011, Frère Pierre-Marie continue à soutenir et encourager les différentes Fraternités, en les visitant, à prêcher et à enseigner. Il est décédé dans la maison de Magdala, en Sologne (La Ferté-Imbault, Loir-et-Cher), lieu de retraite des Fraternités, le 21 février 2013.
4 décembre 2016 - Frère Pierre-Marie(Vie)
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1905
PHILIBERT VRAU : UN MODÈLE DE DIRIGEANT CHRÉTIEN
PHILIBERT VRAU : UN MODÈLE DE DIRIGEANT CHRÉTIEN
Né à Lille en 1829, mort dans cette même ville en 1905, ce patron d’une entreprise textile a passé la première partie de sa vie à transformer la manufacture héritée de son père non seulement en une société de réputation nationale (le fil à coudre de la marque « Au Chinois »), mais en « usine chrétienne » (avec chapelle, religieuses dans les ateliers, aumônier, etc.), où le personnel était, en pleine révolution industrielle, considéré davantage comme membres d’une même famille (« frères et sœurs dans le Christ ») que comme de simples salariés.
Jean-Louis Pelon Guide-conférencier, chroniqueur (La Croix du Nord, RCF-Nord de France), membre de l’Association des “Amis de Philibert Vrau
Le « commis-voyageur de Dieu ». La seconde partie de sa vie, il l’utilisa, vrai « commis-voyageur de Dieu », à sillonner tout le pays, ses tournées commerciales se changeant de plus en plus en pérégrinations de militant catholique, et à prendre conseil au Vatican. Le but de sa vie, « la gloire de Dieu et le service du prochain », consista à développer l’organisation pratique d’innombrables actions caritatives et éducatives, à les financer de ses deniers, à recruter des propagandistes pour des œuvres d’apostolat conformes aux vues de la papauté. Tout cela à une époque où l’Église de France était à la fois majoritairement gallicane et de plus en plus attaquée par la République anticléricale.
Un jeune Lillois hors du commun. Issu de la petite bourgeoisie du Nord, Philibert Vrau connaît, enfant, une triste expérience au collège municipal de Lille. Adolescent, il délaisse la foi chrétienne au profit du spiritualisme rationaliste que le philosophe Victor Cousin avait mis en vogue sous le Second Empire. Après un essai malheureux dans le monde bancaire, Philibert Vrau, personnalité ardente, insatisfaite de « l’esprit du temps » (voyant tant de riches « abrutis par l’opulence » et de pauvres « abrutis par l’indigence »), se convertit en 1854, notamment après la découverte du spiritisme alors très à la mode (cf. les « tables tournantes » de Victor Hugo). L’année suivante, il demande à son père la permission de quitter la filterie familiale (entreprise qui achète et conditionne des fils de lin) pour entrer en religion. Mais sa famille lui rappelle que l’affaire, très fragile, a besoin de lui, fils unique, pour prendre la relève. Ayant alors pris la résolution de rester « célibataire pour Dieu », secondant son père jusqu’au décès de celui-ci en 1870, il décuple le chiffre d’affaires et donc les bénéfices de l’entreprise (plus de 1000 employés vers 1875, 70 millions de pelotes vendues chaque année). Il prend l’habitude de vivre de peu, dans sa famille, de redistribuer la quasi totalité de ses revenus et de se dépouiller au maximum. Il rêve secrètement de faire de Lille une « ville sainte ». Lille, cité en plein essor industriel et démographique où sévit la misère ouvrière, mais aussi antique cité mariale où un groupe de catholiques dont il fait partie construit, à partir du Second Empire, l’immense église Notre-Dame de la Treille devenue depuis lors la cathédrale du diocèse de Lille. Il lance sur sa région les « œuvres eucharistiques », en développant par exemple l’« Adoration nocturne du Saint Sacrement » en 1857, et surtout en mettant sur pied le premier « Congrès eucharistique international » en 1881 dans les locaux de l’Université catholique de Lille, dont il est l’un des fondateurs.
Un patron exemplaire. Personnage au caractère profondément oblatif, honnête (son comptable souligne qu’il n’a « jamais volé un millième de centime » ; il a même remboursé la douane après avoir découvert une erreur), humble, discret sinon effacé, austère, combatif, opiniâtre, n’ayant ni les dons d’un orateur ni ceux d’un théoricien, il excelle dans les contacts individuels et se lance dans ce que l’on appellera plus tard « l’action catholique ». Il devient ce qu’on nommait alors un « homme d’œuvres », touchant le cœur de ceux qu’il rencontre. Il s’adjoint les qualités de son meilleur ami d’enfance, Camille Féron, qui devient son beau-frère en 1861 et qui abandonne en 1866 l’exercice de la médecine pour prendre en main la direction interne de la Maison Vrau. Dès 1867, Philibert Vrau développe dans le Nord les « patronages chrétiens » pour donner un cadre moral et récréatif aux enfants démunis (par exemple il crée à Lille le « Patronage Saint Léonard » qui subsistera jusqu’en 1970). Mais il sera bien davantage que le riche philanthrope qui propage la bienfaisance dans l’anonymat et davantage que le monarchiste de cœur devenu « catholique social » qui va suivre à la lettre les Encycliques papales de Léon XIII « Rerum novarum » (fondement de la Doctrine sociale de l’Église en 1891) et « Au milieu des sollicitudes » (prônant le ralliement des catholiques français à la République en 1892).
Un fervent apôtre de la charité. En effet, après la mort de sa mère en 1888, menant la vie d’un « religieux dans le monde », il confie pratiquement les rênes de l’entreprise à Camille Féron et accepte la charge de président de la Confrérie de la « Sainte Famille » (une « pieuse union » de prière et de charité d’origine espagnole), et surtout celle de président du Conseil régional des « Conférences de Saint Vincent de Paul ». Il se mue en une sorte de pieux nomade, voyageant six mois de l’année en chemins de fer (au milieu des tempêtes de la « guerre religieuse ») pour aller resserrer les rangs des « Comités catholiques », distribuer à pleines mains des aides, développer les subventions à la presse, ou encore construire des lieux de culte et des dispensaires catholiques. Ses dépenses personnelles étaient très réduites ; on a calculé qu’il donnait (avec grande discrétion) jusqu’à 92 % de ses revenus ; à sa mort, le montant de sa succession sera si faible que le fisc s’en émouvra ! En 1934, son prénom a ainsi été donné à un établissement médical, actuellement « Hôpital Saint Philibert », à Lomme (station de métro de Lille!
Un précurseur de l’enseignement secondaire. Son action dans l’enseignement catholique sera sans doute la plus connue, d’abord du côté des écoles primaires. En 1890 (avant la grande offensive des ministres radicaux-socialistes anticléricaux de 1900), sous son impulsion, c’est 32 écoles de garçons et 34 écoles de filles qui sont ouvertes dans les 12 paroisses de Lille (50% des effectifs totaux). Dès avant la loi de juillet 1875 (qui, brisant le monopole d’État napoléonien, autorisait la création d’universités libres en France), Philibert Vrau s’est employé à créer les conditions favorables à la fondation d’une université catholique pontificale (sous la protection du Vatican) à Lille plutôt qu’à Douai. Il achète avec ses amis 40 000 m2 de terrain sur le boulevard Vauban et, dès 1877, la ville de Lille, sans passé universitaire, aura une Université libre avant une Université d’État. Dans le même périmètre de ce « Quartier latin catholique lillois », une école d’ingénieurs sera créée grâce à lui en 1898, et confiée aux pères jésuites : l’Institut catholique des arts et métiers.
Vers la canonisation ? Dès 1911, est inaugurée l’église Saint-Philibert dans un quartier populaire du sud de Lille, qu’il avait financée avec son beau-frère, parmi bien d’autres lieux de culte. L’aspect architectural et moral de la capitale de la Flandre française serait bien différent si Philibert Vrau et Camille Féron n’avaient pas eu une telle vocation de bâtisseurs et d’évangélisateurs. Bien des personnes appelaient à l’époque Philibert Vrau « le saint de Lille ». Un procès de béatification de ces deux entrepreneurs chrétiens hors normes fut ouvert, en 1912, sous la houlette du coadjuteur de l’archevêque de Cambrai (il n’y a pas d’évêque à Lille avant 1913), après la parution du récit hagiographique de la vie de Philibert Vrau et de Camille Féron, par Mgr Baunard, recteur de l’UCL (Université Catholique de Lille). De nombreux témoignages, notamment d’ouvriers, furent recueillis, tous favorables. Le procès se poursuivit à Rome dans les années 1930. Il fut interrompu dans les années 1950 par le cardinal Liénart, sensible au contexte sociopolitique de l’époque où les syndicats, même chrétiens, semblaient hostiles par principe au patronat, souvent dénoncé comme « paternaliste ». De nos jours, une association (“Les Amis de Philibert Vrau”) a repris le flambeau pour rouvrir le dossier de ce « serviteur de Dieu » dont les bienfaits gagnent à être (re)connus et continuent de porter de beaux fruits
Jean-Louis Pelon Guide-conférencier, chroniqueur (La Croix du Nord, RCF-Nord de France), membre de l’Association des “Amis de Philibert Vrau
Le « commis-voyageur de Dieu ». La seconde partie de sa vie, il l’utilisa, vrai « commis-voyageur de Dieu », à sillonner tout le pays, ses tournées commerciales se changeant de plus en plus en pérégrinations de militant catholique, et à prendre conseil au Vatican. Le but de sa vie, « la gloire de Dieu et le service du prochain », consista à développer l’organisation pratique d’innombrables actions caritatives et éducatives, à les financer de ses deniers, à recruter des propagandistes pour des œuvres d’apostolat conformes aux vues de la papauté. Tout cela à une époque où l’Église de France était à la fois majoritairement gallicane et de plus en plus attaquée par la République anticléricale.
Un jeune Lillois hors du commun. Issu de la petite bourgeoisie du Nord, Philibert Vrau connaît, enfant, une triste expérience au collège municipal de Lille. Adolescent, il délaisse la foi chrétienne au profit du spiritualisme rationaliste que le philosophe Victor Cousin avait mis en vogue sous le Second Empire. Après un essai malheureux dans le monde bancaire, Philibert Vrau, personnalité ardente, insatisfaite de « l’esprit du temps » (voyant tant de riches « abrutis par l’opulence » et de pauvres « abrutis par l’indigence »), se convertit en 1854, notamment après la découverte du spiritisme alors très à la mode (cf. les « tables tournantes » de Victor Hugo). L’année suivante, il demande à son père la permission de quitter la filterie familiale (entreprise qui achète et conditionne des fils de lin) pour entrer en religion. Mais sa famille lui rappelle que l’affaire, très fragile, a besoin de lui, fils unique, pour prendre la relève. Ayant alors pris la résolution de rester « célibataire pour Dieu », secondant son père jusqu’au décès de celui-ci en 1870, il décuple le chiffre d’affaires et donc les bénéfices de l’entreprise (plus de 1000 employés vers 1875, 70 millions de pelotes vendues chaque année). Il prend l’habitude de vivre de peu, dans sa famille, de redistribuer la quasi totalité de ses revenus et de se dépouiller au maximum. Il rêve secrètement de faire de Lille une « ville sainte ». Lille, cité en plein essor industriel et démographique où sévit la misère ouvrière, mais aussi antique cité mariale où un groupe de catholiques dont il fait partie construit, à partir du Second Empire, l’immense église Notre-Dame de la Treille devenue depuis lors la cathédrale du diocèse de Lille. Il lance sur sa région les « œuvres eucharistiques », en développant par exemple l’« Adoration nocturne du Saint Sacrement » en 1857, et surtout en mettant sur pied le premier « Congrès eucharistique international » en 1881 dans les locaux de l’Université catholique de Lille, dont il est l’un des fondateurs.
Un patron exemplaire. Personnage au caractère profondément oblatif, honnête (son comptable souligne qu’il n’a « jamais volé un millième de centime » ; il a même remboursé la douane après avoir découvert une erreur), humble, discret sinon effacé, austère, combatif, opiniâtre, n’ayant ni les dons d’un orateur ni ceux d’un théoricien, il excelle dans les contacts individuels et se lance dans ce que l’on appellera plus tard « l’action catholique ». Il devient ce qu’on nommait alors un « homme d’œuvres », touchant le cœur de ceux qu’il rencontre. Il s’adjoint les qualités de son meilleur ami d’enfance, Camille Féron, qui devient son beau-frère en 1861 et qui abandonne en 1866 l’exercice de la médecine pour prendre en main la direction interne de la Maison Vrau. Dès 1867, Philibert Vrau développe dans le Nord les « patronages chrétiens » pour donner un cadre moral et récréatif aux enfants démunis (par exemple il crée à Lille le « Patronage Saint Léonard » qui subsistera jusqu’en 1970). Mais il sera bien davantage que le riche philanthrope qui propage la bienfaisance dans l’anonymat et davantage que le monarchiste de cœur devenu « catholique social » qui va suivre à la lettre les Encycliques papales de Léon XIII « Rerum novarum » (fondement de la Doctrine sociale de l’Église en 1891) et « Au milieu des sollicitudes » (prônant le ralliement des catholiques français à la République en 1892).
Un fervent apôtre de la charité. En effet, après la mort de sa mère en 1888, menant la vie d’un « religieux dans le monde », il confie pratiquement les rênes de l’entreprise à Camille Féron et accepte la charge de président de la Confrérie de la « Sainte Famille » (une « pieuse union » de prière et de charité d’origine espagnole), et surtout celle de président du Conseil régional des « Conférences de Saint Vincent de Paul ». Il se mue en une sorte de pieux nomade, voyageant six mois de l’année en chemins de fer (au milieu des tempêtes de la « guerre religieuse ») pour aller resserrer les rangs des « Comités catholiques », distribuer à pleines mains des aides, développer les subventions à la presse, ou encore construire des lieux de culte et des dispensaires catholiques. Ses dépenses personnelles étaient très réduites ; on a calculé qu’il donnait (avec grande discrétion) jusqu’à 92 % de ses revenus ; à sa mort, le montant de sa succession sera si faible que le fisc s’en émouvra ! En 1934, son prénom a ainsi été donné à un établissement médical, actuellement « Hôpital Saint Philibert », à Lomme (station de métro de Lille!
Un précurseur de l’enseignement secondaire. Son action dans l’enseignement catholique sera sans doute la plus connue, d’abord du côté des écoles primaires. En 1890 (avant la grande offensive des ministres radicaux-socialistes anticléricaux de 1900), sous son impulsion, c’est 32 écoles de garçons et 34 écoles de filles qui sont ouvertes dans les 12 paroisses de Lille (50% des effectifs totaux). Dès avant la loi de juillet 1875 (qui, brisant le monopole d’État napoléonien, autorisait la création d’universités libres en France), Philibert Vrau s’est employé à créer les conditions favorables à la fondation d’une université catholique pontificale (sous la protection du Vatican) à Lille plutôt qu’à Douai. Il achète avec ses amis 40 000 m2 de terrain sur le boulevard Vauban et, dès 1877, la ville de Lille, sans passé universitaire, aura une Université libre avant une Université d’État. Dans le même périmètre de ce « Quartier latin catholique lillois », une école d’ingénieurs sera créée grâce à lui en 1898, et confiée aux pères jésuites : l’Institut catholique des arts et métiers.
Vers la canonisation ? Dès 1911, est inaugurée l’église Saint-Philibert dans un quartier populaire du sud de Lille, qu’il avait financée avec son beau-frère, parmi bien d’autres lieux de culte. L’aspect architectural et moral de la capitale de la Flandre française serait bien différent si Philibert Vrau et Camille Féron n’avaient pas eu une telle vocation de bâtisseurs et d’évangélisateurs. Bien des personnes appelaient à l’époque Philibert Vrau « le saint de Lille ». Un procès de béatification de ces deux entrepreneurs chrétiens hors normes fut ouvert, en 1912, sous la houlette du coadjuteur de l’archevêque de Cambrai (il n’y a pas d’évêque à Lille avant 1913), après la parution du récit hagiographique de la vie de Philibert Vrau et de Camille Féron, par Mgr Baunard, recteur de l’UCL (Université Catholique de Lille). De nombreux témoignages, notamment d’ouvriers, furent recueillis, tous favorables. Le procès se poursuivit à Rome dans les années 1930. Il fut interrompu dans les années 1950 par le cardinal Liénart, sensible au contexte sociopolitique de l’époque où les syndicats, même chrétiens, semblaient hostiles par principe au patronat, souvent dénoncé comme « paternaliste ». De nos jours, une association (“Les Amis de Philibert Vrau”) a repris le flambeau pour rouvrir le dossier de ce « serviteur de Dieu » dont les bienfaits gagnent à être (re)connus et continuent de porter de beaux fruits
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M1234- Hiérophante contre le nouvel ordre mondial
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
[size=39]2008[/size]
[size=47]SŒUR EMMANUELLE, RELIGIEUSE DE NOTRE-DAME DE SION[/size]
[size=47]SŒUR EMMANUELLE, RELIGIEUSE DE NOTRE-DAME DE SION[/size]
[size=30]Qui était Sœur Emmanuelle, célèbre pour son activité auprès des chiffonniers du Caire (Égypte) ? Madeleine Cinquin, née le 16 novembre 2008 à Bruxelles. Entrée dans la congrégation de Notre-Dame de Sion en 1931 elle prend le nom de Sœur Emmanuelle. Elle est décédée le 20 octobre 2008 à Callian (Var)[/size]
[size=16][size=23]Conseil général de la congrégation Notre-Dame de Sion[/size]
Le mystère de l’amour de Dieu. « En chaque situation, nous cherchons la face de Dieu. Quelquefois, Il se révèle à nous dans le silence de la Contemplation où nous livrons gratuitement notre temps, nous tenant disponibles devant lui pour l’accueillir. D’autres fois, notre expérience de Dieu est intimement liée à la rencontre et au service des autres, quand nous partageons leurs angoisses et leurs joies. Sans jamais nous couper de leurs luttes, nous cherchons à contempler le mystère de l’amour sauveur de Dieu dans l’action de grâce et la bénédiction. »(Constitutions de la Congrégation Notre-Dame de Sion, n° 53)
À la congrégation de Notre-Dame de Sion. Née dans une famille aisée, Madeleine est traumatisée à l’âge de six ans par la mort accidentelle de son père sur la plage d’Ostende (Belgique). Elle a souvent expliqué que sa vocation de religieuse venait de cet événement. Le 6 mai 1929, elle est reçue comme postulante, sous le nom de Sœur Emmanuelle, dans la congrégation de Notre-Dame de Sion, créée en 1843 par les Frères Ratisbonne, Juifs convertis au catholicisme (rappel des origines juives d’une partie de sa famille). Après avoir prononcé des vœux définitifs le 10 mai 1931, elle mène une carrière de professeur de lettres et de philosophie dans les établissements scolaires de la congrégation à l’étranger : en Turquie, en Tunisie et en Égypte. Elle y fréquente la haute société locale, mais reste insatisfaite du manque de sensibilité de beaucoup de gens pour la condition des pauvres qui les entourent. Aussi, à l’âge de la retraite en 1971, Sœur Emmanuelle décide de s’installer auprès des chiffonniers du Caire, dans le bidonville d’Ezbet-El-Nakhl, avec l’autorisation de la congrégation.
Aux côtés des chiffonniers. « Chiffonnière parmi les chiffonniers », comme elle se nomme dans le titre de son premier livre en 1977, elle met un peu de temps à découvrir les lieux, à s’adapter à la vie rude de l’immense bidonville et à se faire accepter par les populations pauvres, sans éducation, qui passent leur existence dans de terribles conditions de saleté à trier et à récupérer les déchets de la capitale égyptienne. Elle consacre toute son énergie à tenter d’améliorer la situation globale de la population, en construisant des écoles, des jardins d’enfants et des dispensaires, grâce aux dons qu’elle obtient par sa connaissance de la bourgeoisie égyptienne. Elle utilise bientôt sa notoriété croissante pour voyager autour du monde dans le but de sensibiliser les gouvernants à sa cause et de collecter des fonds, avant de revenir en France en 1993 pour une retraite bien méritée. Elle n’oublie pas non plus l’éducation religieuse de ces populations délaissées, en majorité des chrétiens coptes. Le projet de Sœur Emmanuelle n’est en effet pas seulement social, mais profondément spirituel. En particulier, elle développe une relation privilégiée avec Marie. « Cette spiritualité de cœur à cœur avec la Vierge a été mon phare depuis le noviciat. Marie est une des sources – la plus limpide – du bonheur de ma vie », dira-t-elle un jour.
Marie, le secret du bonheur de sa vie. Dans son testament spirituel, Sœur Emmanuelle y révèle le secret de son énergie, de sa persévérance au service des plus pauvres et de sa joie : « Dès mon entrée en religion en 1931, je me suis confiée, corps et âme, à la Vierge pour qu'elle me garde fidèle. Elle l'a fait et comment ! Remerciez-la avec moi ! Yalla ! En avant ! C'est passionnant de vivre en aimant ! »
Dans un de ses livres elle écrit : « Grâce à la formation que j’ai reçue, Marie est devenue l'âme de mon âme, la respiration de mon être. Elle m'a littéralement sauvée de la révolte et du désespoir devant la souffrance et la mort… J'ai relaté comment dans les moments de crise, je m'accrochais à son visage de Pietà, torturé par la mort de son fils, mais jamais désespéré. Elle croit, elle, à la Résurrection ! »
« Marie, affranchie de toute convoitise, me libère. Sereine dans la douleur, elle m'apaise. Ne respirant qu'amour, elle m'entraîne. Selon le conseil de Béatrice à Dante, je coule mon regard dans le sien : Dieu se révèle de plus en plus comme Père et chaque homme comme frère, chaque femme comme sœur. »
« Le Rosaire, chaque jour médité, m'emporte dans ce mystère terrible et doux qui fait vaciller la raison. J'offre cette prière comme un cantique d'amour d'un enfant à sa mère. Marie me fait comprendre que son fils, qui n'a pas hésité à partager jusqu'à la mort les douleurs de l'humanité… En faisant glisser les grains du chapelet sous mes doigts, la vie du Christ se déroule à travers tourments et joies pour éclater dans un éblouissement de gloire. »
Le chapelet : son arme. Un journaliste lui demanda un jour, alors qu’elle était dans sa maison de retraite à Callian (Var) où elle est décédée : « À quoi pensez-vous le matin en vous réveillant ? ». Elle répondit : « À la belle journée d’amour que je vais passer avec le Seigneur et avec les autres. J’ai eu une vie comblée sans grands problèmes : je respire l’amour, je l’aspire et je l’expire... Je dis calmement mon chapelet car je n’ai plus la force de me concentrer, je suis trop fatiguée, or le chapelet ne me fatigue pas : je peux donc dire dix “Je vous salue Marie” tout en laissant travailler mon imagination, et voir devant mes yeux l’“Annonciation” de Fra Angelico, dont je me représente la magnifique toile. Ainsi, je la chante dans mon cœur et quand, par exemple, je pense à “La Visitation”, je vois la Vierge qui trotte jusqu’à Dieu... »
Son chapelet est devenu son arme… « Ce chapelet, je le dis toute la journée, je le dis pendant la nuit. Pendant que mes doigts font défiler les grains, je médite facilement toutes les étapes du mystère de la vie du Christ, parce que je peux les imaginer, et imaginer la présence de la Vierge à chacune d'elle, intercédant elle-même auprès de son fils pour les pauvres et pécheurs que nous sommes, et moi avec elle. »
Elle dira encore : « Reste debout auprès des cadavres que la terre engloutit chaque jour, avec la Vierge, la Vierge du Vendredi saint qui présente au Père son Fils mort pour qu'il le ressuscite. Entre dans son espérance et sa prière, offre avec elle au Père tous les morts de la terre : ils ressusciteront avec le Christ. Ne dors pas, Emmanuelle, ne laisse pas s'éteindre la flamme. »
Prier avec Sœur Emmanuelle. Avec la « petite Sœur des chiffonniers », nous pouvons prier « Notre Dame de tous les jours » :
« Il y eut, c’est vrai, Notre Dame, la visite de l’ange, la joie d’Élisabeth, les bergers, les mages et le vin de Cana. Mais il y eut, Notre Dame, et durant tant d’années, la vie de tous les jours, les soucis de toutes les mamans, les travaux de toutes les épouses, dans un petit village méprisé... Mais il y eut, Notre Dame, tant d’amour : en tant d’humbles services, en tant de psaumes sans cesse répétés, en tant de gestes toujours à refaire : la vraie vie, Notre Dame... Une vie qui préparait ton offrande au Calvaire et ta présence à l’Église naissante : ces grands moments de ton amour, Notre Dame, avant la gloire et le repos près de ton Fils... Prie pour nous, Notre Dame, au jour le jour de nos petits quotidiens, jusqu’au grand jour de notre rencontre ! Amen ! »[/size]
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1303
SAINT YVES, ARTISAN DE LA CONCILIATION ET DÉVOT DE NOTRE DAME
SAINT YVES, ARTISAN DE LA CONCILIATION ET DÉVOT DE NOTRE DAME
Né en Bretagne vers 1250-1253 et mort en 1303, saint Yves s’est illustré par son souci de justice et sa grande miséricorde acquise au contact de la Vierge Marie. Il est patron des étudiants bretons, des prêtres de Bretagne, des avocats et hommes de loi.
Daniel Giacobi
Agrégé d’histoire, administrateur du Fonds Saint-Yves et vice-président des Amis de Zant Erwan
Enfance et adolescence. Yves Hélori de Kermartin, de petite noblesse, naît au manoir paternel du Minihy de Tréguier (« minihi », « lieu de refuge »), dans les actuelles Côtes-d’Armor, vers 1250-1253, alors que saint Louis règne en France. Enfant à la foi vive et brillant élève, ses parents l'envoient à 15 ans, avec son précepteur Jean de Kerhoz, à l'Université de Paris où il suit des cours de lettres et théologie. Il y entend saint Thomas d’Aquin et saint Bonaventure. Il étudie ensuite le droit pendant cinq ans au réputé studium d’Orléans, où il côtoie les grandes figures du siècle, sans que jamais l’étude ne prenne le pas sur la prière et le souci des pauvres.
Un homme bon et charitable. Doublement diplômé en droit civil et canonique, chose alors rare, Yves est appelé en 1278 par l’Archidiacre de Rennes comme « official », juge ecclésiastique compétent dans les affaires de l’Église, des clercs, des veuves et orphelins. Seule lui importe la justesse de la cause, selon les témoins à son procès de canonisation, « il rendait à tous une justice rapide sans faire acception des personnes ». Il se donne avec ardeur à sa nouvelle tâche et aide de ses deniers deux jeunes compatriotes qui témoignent qu’aux jours de fêtes, Yves ouvre sa table aux pauvres du quartier, annonçant joyeusement : « Je vais chercher mes gens ! » À Rennes, il fréquente le couvent des Franciscains et y vit une « expérience spirituelle forte ». Le témoignage de Frère Guidomar Maurel, Franciscain de Guingamp, éclaire le rôle de la Parole de Dieu dans la conversion d’Yves à « Dame Pauvreté ».
Franciscain dans l’âme. Sa réputation étant faite, l’évêque de Tréguier, Alain le Bruc, l’appelle en 1281 à son officialité alors vacante. Il l'ordonne prêtre vers 1283 et lui confie la paroisse de Trédrez (Côtes-d'Armor). Mais après un combat intérieur de dix années, en 1290, il adopte à 40 ans la robe de bure, signe de dépouillement et du rôle de la spiritualité franciscaine dans sa vie. Il devient en 1294 recteur de Louannec (Côtes-d'Armor) jusqu’à sa mort. Le voilà des heures durant sur les chemins du Trégor, toujours à pied, pour rejoindre ses chers paroissiens tout en restant l’official renommé de Tréguier.
Les témoins sont impressionnés par la foi avec laquelle il célèbre la messe
Une figure de la Miséricorde. Saint à genoux devant l’homme, Yves est enraciné dans la pâte humaine, attentif à chacun : aux bûcherons, meuniers, laboureurs et moissonneurs, prêt à secourir des charpentiers découragés, des pèlerins de passage en route vers les Sept Saints (le Tro Breiz) ou des accidentés auxquels il donne le Corps du Christ qu’il porte toujours sur lui. Sa table reste ouverte, et il fait construire au Minihy une maison pour les pauvres. Les témoins sont impressionnés par la foi avec laquelle il célèbre la messe, par sa « très grande dévotion », sa « très grande ferveur » dans la prière. L’official porte un soin attentif aux malades, les visite, fréquente l’Hôtel-Dieu de Tréguier, s’occupe des plus repoussants, nourrit l’un, lave l’autre, accompagne avec amour les mourants et coud leurs suaires.
Un homme en quête de justice. En vrai disciple du Christ, Yves va à contre-courant de l’esprit du monde. Des témoins rapportent les « multiples railleries » subies. Mais il n’a rien d’un timoré, Darien de Trégroin raconte : « Une fois, en ma présence, des gens du roi de France (agents du fisc de Philippe le Bel, en 1297) voulaient s'emparer de force d'un cheval de l'évêque de Tréguier. Dom Yves accourut et le leur arracha : « Vous direz ce qui vous plaira, mais, moi, pour autant que je le pourrai, je me battrai toute ma vie pour la liberté de l'Église. » » C’est à Trédrez, confronté aux misères humaines, que son sens d’une justice calibrée avec la précision de l’arpenteur évolue. La patience exemplaire d’Yves crée un climat de paix. À la froideur du jugement rendu, même en toute justice, se substitue la recherche de la conciliation pour éviter le procès. Le pasteur grandit et l’homme de loi s’efface. Yves perçoit désormais l’acte judiciaire comme rencontre des personnes ; il peut être le lieu de la conversion, de la réponse au divin « Suis-Moi », au divin « descends de ton arbre » que Jésus adressait au publicain Zachée, l’arbre de tes certitudes, de ton bon droit, qui te sépare de l’autre. Ce qui lui importe n’est plus de gagner promptement un procès, c’est d’établir paix, concorde et réconciliation, c’est le Salut des âmes. La paix émane de sa personne, Derrien de Bouaysalio témoigne : « C'est avec simplicité et douceur que dom Yves entrait en relation avec tout le monde, gens de rang élevé aussi bien que petites gens, qu'il les écoutait, qu'il leur parlait, prononçant toujours ses paroles avec gaîté et gentillesse. » Quand en 1300, trois avant sa mort, sous le poids de la fatigue et des veilles, Yves renonce à une part de ses charges, c’est la fonction d’official qu’il abandonne. Il reste recteur de Louannec jusqu’à sa mort. L’homme de justice cède la place au pasteur attentionné des âmes.
À l’école de la Vierge Marie. Yves reçoit de sa mère, Dame Azo du Quenquis, l’appel à la sainteté. Suite à une prémonition, elle lui apprend à vivre de façon à devenir un saint. Jean de Kerhoz, précepteur d’Yves, témoigne : « Sa mère m'a dit un jour qu’il serait saint, car la chose lui avait été révélée à elle, sa mère. Elle me l'a dit dans la maison des parents de dom Yves… Il y avait là sa mère et son père, dom Yves et moi, personne d'autre. » Azo l’initie à la prière à l’école de la Vierge Marie et de sainte Pompée, mère de saint Tugdual, moine fondateur de Tréguier. Un vitrail de l’église de Minihy-Tréguier le montre sur les genoux d’Azo, tourné vers l’ange Gabriel. N’est-ce pas par les mères que Dieu forge les âmes et cisèle ses chefs-d’œuvre ? Signe de son respect pour Marie, Yves a le souci du Salut des femmes qui croisent sa route. Il accueille pendant onze ans à Kermartin la « pauvresse » Panthonada, femme de « Rivallon le Jongleur » et leur fille Amicia. Il enseigne les paysannes rencontrées au hasard des chemins creux, confesse les nobles dames à Kermartin sans compter son temps jusqu’à la veille de sa mort. Toutes le lui rendent bien, lavant son linge infesté de poux, faisant des offrandes pour « ses gens ». Après sa mort, beaucoup de femmes enceintes en souffrance témoignent de leur guérison par l’intercession de saint Yves.
Les miracles d’Yves. L’homme meurt épuisé le 19 mai 1303. La foule accourt de tout le Trégor pour accompagner sa dépouille : c’est la première procession de la Saint-Yves, le premier « Pardon de Saint-Yves ». Son testament est son seul écrit connu, sa sainteté y brille, humble, sans fard. Il écrira ainsi : « Moi, Yves, prêtre indigne et très méprisable serviteur du Christ. » Les malades affluent à son tombeau et les guérisons fleurissent. Loin de l’ambiance feutrée de nos églises, les foules médiévales sont bruyantes, enthousiastes, enflammées. Fous, boiteux, paralysés, tous se pressent. Dès qu’une guérison a lieu, les cloches se mettent à sonner à toute volée. Charles de Blois et le duc de Bretagne Jean III obtiennent une enquête de canonisation du pape Jean XXII d’Avignon. Menée par les évêques d’Angoulême et Limoges, elle a lieu à Tréguier du 23 juin au 4 août 1330 et permet l’audition de 213 témoins (500 se sont présentés). Ces derniers déposent sous la foi du serment sur la Croix, engagent leur âme. Aussi, l’acte est-il méticuleux : chaque détail est noté : noms des témoins, juges, interprètes, notaires. Ceux qui ironisent sur la crédulité du Moyen Âge n’ont pas étudié de telles pièces. Les actes originaux ont disparu, comme beaucoup d’archives d’Avignon, mais l’historien Arthur de La Borderie découvrit à la bibliothèque de Saint-Brieuc un manuscrit du XIVe siècle, avec copie de l’intégralité du procès-verbal de l’enquête. La maison Prud’homme l’édita en 1887 en 275 exemplaires. M. Jean-Paul Le Guillou traduisit le texte latin en 1989.
La naissance d’un saint. Le 19 mai 1347, 44 ans après sa mort, le pape Clément VI déclare la sainteté d’Yves. Il est fêté le 19 mai. Depuis 700 ans, les cantiques bretons, traces vivantes du procès, transmettent l’histoire et la dévotion à dom Yves. Le duc Jean V érigea un superbe tombeau, visité par toute la Bretagne. Aussi, le bataillon d’Étampes (Essonne) s’appliqua-t-il à le détruire en 1794. C’est en 1890 que fut relevé le cénotaphe actuel, fleuri avec amour à chaque Grand Pardon. (Voir les ex-voto sur l’oratoire Saint-Yves : http://fonds-saintyves.fr/Voir-les-ex-votos-174 ).
Daniel Giacobi
Agrégé d’histoire, administrateur du Fonds Saint-Yves et vice-président des Amis de Zant Erwan
Enfance et adolescence. Yves Hélori de Kermartin, de petite noblesse, naît au manoir paternel du Minihy de Tréguier (« minihi », « lieu de refuge »), dans les actuelles Côtes-d’Armor, vers 1250-1253, alors que saint Louis règne en France. Enfant à la foi vive et brillant élève, ses parents l'envoient à 15 ans, avec son précepteur Jean de Kerhoz, à l'Université de Paris où il suit des cours de lettres et théologie. Il y entend saint Thomas d’Aquin et saint Bonaventure. Il étudie ensuite le droit pendant cinq ans au réputé studium d’Orléans, où il côtoie les grandes figures du siècle, sans que jamais l’étude ne prenne le pas sur la prière et le souci des pauvres.
Un homme bon et charitable. Doublement diplômé en droit civil et canonique, chose alors rare, Yves est appelé en 1278 par l’Archidiacre de Rennes comme « official », juge ecclésiastique compétent dans les affaires de l’Église, des clercs, des veuves et orphelins. Seule lui importe la justesse de la cause, selon les témoins à son procès de canonisation, « il rendait à tous une justice rapide sans faire acception des personnes ». Il se donne avec ardeur à sa nouvelle tâche et aide de ses deniers deux jeunes compatriotes qui témoignent qu’aux jours de fêtes, Yves ouvre sa table aux pauvres du quartier, annonçant joyeusement : « Je vais chercher mes gens ! » À Rennes, il fréquente le couvent des Franciscains et y vit une « expérience spirituelle forte ». Le témoignage de Frère Guidomar Maurel, Franciscain de Guingamp, éclaire le rôle de la Parole de Dieu dans la conversion d’Yves à « Dame Pauvreté ».
Franciscain dans l’âme. Sa réputation étant faite, l’évêque de Tréguier, Alain le Bruc, l’appelle en 1281 à son officialité alors vacante. Il l'ordonne prêtre vers 1283 et lui confie la paroisse de Trédrez (Côtes-d'Armor). Mais après un combat intérieur de dix années, en 1290, il adopte à 40 ans la robe de bure, signe de dépouillement et du rôle de la spiritualité franciscaine dans sa vie. Il devient en 1294 recteur de Louannec (Côtes-d'Armor) jusqu’à sa mort. Le voilà des heures durant sur les chemins du Trégor, toujours à pied, pour rejoindre ses chers paroissiens tout en restant l’official renommé de Tréguier.
Les témoins sont impressionnés par la foi avec laquelle il célèbre la messe
Une figure de la Miséricorde. Saint à genoux devant l’homme, Yves est enraciné dans la pâte humaine, attentif à chacun : aux bûcherons, meuniers, laboureurs et moissonneurs, prêt à secourir des charpentiers découragés, des pèlerins de passage en route vers les Sept Saints (le Tro Breiz) ou des accidentés auxquels il donne le Corps du Christ qu’il porte toujours sur lui. Sa table reste ouverte, et il fait construire au Minihy une maison pour les pauvres. Les témoins sont impressionnés par la foi avec laquelle il célèbre la messe, par sa « très grande dévotion », sa « très grande ferveur » dans la prière. L’official porte un soin attentif aux malades, les visite, fréquente l’Hôtel-Dieu de Tréguier, s’occupe des plus repoussants, nourrit l’un, lave l’autre, accompagne avec amour les mourants et coud leurs suaires.
Un homme en quête de justice. En vrai disciple du Christ, Yves va à contre-courant de l’esprit du monde. Des témoins rapportent les « multiples railleries » subies. Mais il n’a rien d’un timoré, Darien de Trégroin raconte : « Une fois, en ma présence, des gens du roi de France (agents du fisc de Philippe le Bel, en 1297) voulaient s'emparer de force d'un cheval de l'évêque de Tréguier. Dom Yves accourut et le leur arracha : « Vous direz ce qui vous plaira, mais, moi, pour autant que je le pourrai, je me battrai toute ma vie pour la liberté de l'Église. » » C’est à Trédrez, confronté aux misères humaines, que son sens d’une justice calibrée avec la précision de l’arpenteur évolue. La patience exemplaire d’Yves crée un climat de paix. À la froideur du jugement rendu, même en toute justice, se substitue la recherche de la conciliation pour éviter le procès. Le pasteur grandit et l’homme de loi s’efface. Yves perçoit désormais l’acte judiciaire comme rencontre des personnes ; il peut être le lieu de la conversion, de la réponse au divin « Suis-Moi », au divin « descends de ton arbre » que Jésus adressait au publicain Zachée, l’arbre de tes certitudes, de ton bon droit, qui te sépare de l’autre. Ce qui lui importe n’est plus de gagner promptement un procès, c’est d’établir paix, concorde et réconciliation, c’est le Salut des âmes. La paix émane de sa personne, Derrien de Bouaysalio témoigne : « C'est avec simplicité et douceur que dom Yves entrait en relation avec tout le monde, gens de rang élevé aussi bien que petites gens, qu'il les écoutait, qu'il leur parlait, prononçant toujours ses paroles avec gaîté et gentillesse. » Quand en 1300, trois avant sa mort, sous le poids de la fatigue et des veilles, Yves renonce à une part de ses charges, c’est la fonction d’official qu’il abandonne. Il reste recteur de Louannec jusqu’à sa mort. L’homme de justice cède la place au pasteur attentionné des âmes.
À l’école de la Vierge Marie. Yves reçoit de sa mère, Dame Azo du Quenquis, l’appel à la sainteté. Suite à une prémonition, elle lui apprend à vivre de façon à devenir un saint. Jean de Kerhoz, précepteur d’Yves, témoigne : « Sa mère m'a dit un jour qu’il serait saint, car la chose lui avait été révélée à elle, sa mère. Elle me l'a dit dans la maison des parents de dom Yves… Il y avait là sa mère et son père, dom Yves et moi, personne d'autre. » Azo l’initie à la prière à l’école de la Vierge Marie et de sainte Pompée, mère de saint Tugdual, moine fondateur de Tréguier. Un vitrail de l’église de Minihy-Tréguier le montre sur les genoux d’Azo, tourné vers l’ange Gabriel. N’est-ce pas par les mères que Dieu forge les âmes et cisèle ses chefs-d’œuvre ? Signe de son respect pour Marie, Yves a le souci du Salut des femmes qui croisent sa route. Il accueille pendant onze ans à Kermartin la « pauvresse » Panthonada, femme de « Rivallon le Jongleur » et leur fille Amicia. Il enseigne les paysannes rencontrées au hasard des chemins creux, confesse les nobles dames à Kermartin sans compter son temps jusqu’à la veille de sa mort. Toutes le lui rendent bien, lavant son linge infesté de poux, faisant des offrandes pour « ses gens ». Après sa mort, beaucoup de femmes enceintes en souffrance témoignent de leur guérison par l’intercession de saint Yves.
Les miracles d’Yves. L’homme meurt épuisé le 19 mai 1303. La foule accourt de tout le Trégor pour accompagner sa dépouille : c’est la première procession de la Saint-Yves, le premier « Pardon de Saint-Yves ». Son testament est son seul écrit connu, sa sainteté y brille, humble, sans fard. Il écrira ainsi : « Moi, Yves, prêtre indigne et très méprisable serviteur du Christ. » Les malades affluent à son tombeau et les guérisons fleurissent. Loin de l’ambiance feutrée de nos églises, les foules médiévales sont bruyantes, enthousiastes, enflammées. Fous, boiteux, paralysés, tous se pressent. Dès qu’une guérison a lieu, les cloches se mettent à sonner à toute volée. Charles de Blois et le duc de Bretagne Jean III obtiennent une enquête de canonisation du pape Jean XXII d’Avignon. Menée par les évêques d’Angoulême et Limoges, elle a lieu à Tréguier du 23 juin au 4 août 1330 et permet l’audition de 213 témoins (500 se sont présentés). Ces derniers déposent sous la foi du serment sur la Croix, engagent leur âme. Aussi, l’acte est-il méticuleux : chaque détail est noté : noms des témoins, juges, interprètes, notaires. Ceux qui ironisent sur la crédulité du Moyen Âge n’ont pas étudié de telles pièces. Les actes originaux ont disparu, comme beaucoup d’archives d’Avignon, mais l’historien Arthur de La Borderie découvrit à la bibliothèque de Saint-Brieuc un manuscrit du XIVe siècle, avec copie de l’intégralité du procès-verbal de l’enquête. La maison Prud’homme l’édita en 1887 en 275 exemplaires. M. Jean-Paul Le Guillou traduisit le texte latin en 1989.
La naissance d’un saint. Le 19 mai 1347, 44 ans après sa mort, le pape Clément VI déclare la sainteté d’Yves. Il est fêté le 19 mai. Depuis 700 ans, les cantiques bretons, traces vivantes du procès, transmettent l’histoire et la dévotion à dom Yves. Le duc Jean V érigea un superbe tombeau, visité par toute la Bretagne. Aussi, le bataillon d’Étampes (Essonne) s’appliqua-t-il à le détruire en 1794. C’est en 1890 que fut relevé le cénotaphe actuel, fleuri avec amour à chaque Grand Pardon. (Voir les ex-voto sur l’oratoire Saint-Yves : http://fonds-saintyves.fr/Voir-les-ex-votos-174 ).
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1995
EDMOND FRICOTEAUX ET LE MOUVEMENT DE PRIÈRE DES « VIERGES PÈLERINES »
EDMOND FRICOTEAUX ET LE MOUVEMENT DE PRIÈRE DES « VIERGES PÈLERINES »
Notaire de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) converti à la suite d’un voyage à Rome, Edmond Fricoteaux lance en 1995 le mouvement de prière des Vierges pèlerines. 108 statues et icônes de la Vierge Marie parcourent alors la France entière pour proposer 40 000 veillées de prière pendant un an.
Olivier Bonnassies Vice-président de la Confrérie Notre-Dame de France
Le fondateur. Notaire à Saint-Denis, Edmond Fricoteaux (1937-2007) est le président fondateur de la Confrérie Notre-Dame de France, à l’origine du mouvement de prière des Vierges pèlerines. Ce dernier s’est développé dans 120 pays du monde, du Puy-en-Velay (8 septembre 1995), à la nuit de prière du 2000e Noël de Bethléem (24 décembre 1999), et a ensuite suscité la naissance du projet « Marie de Nazareth ». Maître Fricoteaux était rempli d’un grand amour de Dieu et d’un zèle contagieux pour la Vierge Marie depuis sa conversion radicale, un matin d’avril 1984 à Rome, au milieu de dizaines de milliers de jeunes invités par le pape Jean Paul II pour lancer les Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ).
La conversion d’Edmond Fricoteaux. Alors qu’il n’était à Rome que pour accompagner son épouse, assez indifférent à l’événement, quelques mots d’une homélie du Cardinal Bernardin Gantin entendus dans la basilique Sainte-Marie-Majeure lui transpercent le cœur. Il se précipite en confession, d’où il ressort « assoiffé de Dieu ». De retour chez lui, il dévore plusieurs vies de saints, puis deux livres qui auront raison de ses dernières hésitations : Le père Lamy, apôtre et mystique (Comte Paul Biver - Éditions du Serviteur - 1988) et Le secret de Marie de saint Louis-Marie Grignion de Montfort, qu'il trouve d’abord « inconsommable » et « incompréhensible ». Mais il va prier souvent sur la tombe du Père Lamy à La Courneuve (Seine-Saint-Denis, où sa profession le conduit), et lui demande avec ferveur de faire naître en son cœur « un amour immodéré » pour la sainte Vierge. Vite exaucé, il se trouve subitement « inondé d'amour » pour l'Immaculée, et Le Secret de Marie lui paraît alors une lecture merveilleuse. Entrant profondément dans la spiritualité de saint Louis-Marie Grignion de Montfort, il est dès lors un infatigable évangélisateur qui n’hésite pas à parler de Dieu avec tous les visiteurs de son étude. Il en touche alors plusieurs centaines, qui acceptent de le suivre dans les nombreux pèlerinages qu’il organise pour visiter la Vierge Marie.
La statue de Notre-Dame de France. Après sa conversion, Edmond Fricoteaux a l’idée de remercier en faisant à son tour un cadeau à la Vierge. Il lui semble qu’un projet de Dieu revient sans cesse dans sa prière : édifier sur le bord d'un grand axe routier une statue monumentale à la gloire de sa Mère. Un jour, la Providence le place dans un avion à côté du Père René Laurentin, qui l'encourage : « Il vous faut l'accord de l'évêque du lieu, le soutien d'une congrégation religieuse et - très important - la Vierge devra présenter l'Enfant. » L'évêque sera celui du diocèse de Pontoise, Mgr André Rousset. La congrégation sera celle des Serviteurs de Jésus et de Marie, créée par le Père Lamy à Ourscamps, dans l'Oise. Reste la statue ! Edmond l’imagine avec 12 étoiles comme à la Rue du Bac et de sept mètres de haut pour qu’elle soit bien visible. Il contacte des sculpteurs, fait faire des devis, quand Antoine Legrand (spécialiste du Linceul de Turin), contacté par erreur, le surprend : « La statue existe déjà ! Elle s'appelle Notre-Dame de France. » Edmond incrédule apprend qu’elle couronnait le pavillon pontifical de l'Exposition universelle de Paris en 1937, qu’elle a été conservée (dans le pavillon des girafes du zoo d’Amiens !) un an pour le 300e anniversaire du vœu de Louis XIII, qu’elle fait exactement sept mètres, et qu’elle porte l’Enfant haut dans ses bras, entourée par une couronne de 12 étoiles !
La restauration de la statue. Le journal La Croix du 2 novembre 1938 rapporte le vœu du Cardinal Jean Verdier, archevêque de Paris : « Que la statue lumineuse, que « Notre-Dame de France », qui a si magnifiquement couronné le Pavillon Pontifical devenu Pavillon Marial ne disparaisse pas, mais qu'elle soit érigée sur une colline proche de Paris... pour faire pendant au Sacré-Cœur de Montmartre ! » Une souscription fut immédiatement lancée, arrêtée par la guerre en 1939, puis oubliée à la mort du Cardinal en 1945. Edmond partit alors à la recherche de la statue, qu’il parvint à retrouver et à arracher, après bien des péripéties, des sous-sols de la mairie communiste d’Amiens (Somme). Grâce à 2 000 heures de travail d'un maître serrurier, monsieur Roland Quesnel de Corbie, elle fut réparée et enfin installée, au terme d’une aventure non moins étonnante que providentielle, à Baillet-en France (Val-d’Oise), à 18 km au nord de Paris, non loin du siège de l’association ATD-Quart Monde. Quelques mois plus tard, grâce à 25 000 souscripteurs, le cardinal Jean-Marie Lustiger bénissait la statue devant 52 000 personnes, sept évêques, ainsi que le nonce apostolique, le 15 octobre 1988, 50 ans presque jour pour jour après le vœu du Cardinal Verdier. Au pied de la statue, un oratoire accueille pèlerins et gens de passage.
La naissance des Vierges pèlerines. Une fois Notre-Dame de France installée à Baillet-en-France, Edmond Fricoteaux pensait pouvoir reprendre ses activités habituelles : « Mission accomplie ! », pensait-il. Mais un jeune homme de Douai lui écrivit pour lui conter l’un de ses rêves, où il voyait Notre-Dame de France et à ses pieds une foule immense ainsi que des statues venues de toute la France. Quelques mois plus tard, M. Flichy et trois personnes qui priaient le matin avec lui à la messe du Carmel de Lisieux, vinrent voir Edmond pour lui faire part de leur intuition : de nombreuses statues pourraient être pèlerines, de village en village, pour proposer partout en France des veillées autour de Jésus et Marie. C'est ainsi que le notaire conçut, peu à peu, le projet des Vierges pèlerines. Il se concrétisa quand le Saint-Père Jean-Paul II demanda que le Jubilé de l’an 2 000 soit préparé dans la prière, avec Marie, comme dans un « nouvel Avent ». Tous les évêques de France furent sollicités et 30 acceptèrent de donner leurs conseils. Le président de la Conférence des évêques définit ce projet comme une initiative de laïcs, encouragée par sept évêques responsables de grands sanctuaires marials.
Le développement du projet. Edmond me confia alors le soin de mettre en place des équipes de responsables qui se mobilisèrent dans tous les départements français. Le 8 septembre 1995, Mgr Henri Brincard, évêque du Puy-en-Velay (Haute-Loire), bénit les 108 statues et icônes de la Vierge Marie qui partirent pour proposer 40 000 veillées de prière pendant un an dans toute la France. Puis Edmond organisa un pèlerinage mémorable pour la venue du Saint-Père Jean-Paul II à Reims en septembre 1996. Les Vierges pèlerines furent ensuite bénies à Rome le 8 décembre 1996 puis à Constantinople (Istanbul) le 14 décembre 1996. Le mouvement se développa ainsi pendant quatre ans dans 120 pays du monde, jusqu’à la grande nuit de prière de Bethléem le 24 décembre 1999, dont Edmond Fricoteaux rêvait depuis longtemps, pour marquer le 2 000e Noël, dans le champ des bergers. Il avait le don de rassembler très facilement autour de lui grâce à sa joie, son enthousiasme, son énergie, et sa foi à déplacer des montagnes ; mais aussi et surtout parce que c’était un homme de cœur. C'était « un homme de Dieu », comme dit un jour le Père Marie-Dominique Philippe (1912-2006), fondateur en 1975 de la Communauté Saint-Jean.
Au total, plus de 10 000 statues et icônes ont été envoyées dans le monde. Le projet Marie de Nazareth, visant à construire à Nazareth un centre spirituel dédié à la dévotion mariale, est né après la messe de Noël de Bethléem comme un fruit des Vierges pèlerines et se développe encore aujourd’hui activement.
Edmond Fricoteaux est mort subitement le 5 novembre 2007, au cours de vacances familiales en Guadeloupe, alors qu’il projetait de prendre sa retraite. Ses obsèques ont été célébrées le 9 novembre en la basilique de Saint-Denis, devant une foule très émue.
Suite tous les SamedisOlivier Bonnassies Vice-président de la Confrérie Notre-Dame de France
Le fondateur. Notaire à Saint-Denis, Edmond Fricoteaux (1937-2007) est le président fondateur de la Confrérie Notre-Dame de France, à l’origine du mouvement de prière des Vierges pèlerines. Ce dernier s’est développé dans 120 pays du monde, du Puy-en-Velay (8 septembre 1995), à la nuit de prière du 2000e Noël de Bethléem (24 décembre 1999), et a ensuite suscité la naissance du projet « Marie de Nazareth ». Maître Fricoteaux était rempli d’un grand amour de Dieu et d’un zèle contagieux pour la Vierge Marie depuis sa conversion radicale, un matin d’avril 1984 à Rome, au milieu de dizaines de milliers de jeunes invités par le pape Jean Paul II pour lancer les Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ).
La conversion d’Edmond Fricoteaux. Alors qu’il n’était à Rome que pour accompagner son épouse, assez indifférent à l’événement, quelques mots d’une homélie du Cardinal Bernardin Gantin entendus dans la basilique Sainte-Marie-Majeure lui transpercent le cœur. Il se précipite en confession, d’où il ressort « assoiffé de Dieu ». De retour chez lui, il dévore plusieurs vies de saints, puis deux livres qui auront raison de ses dernières hésitations : Le père Lamy, apôtre et mystique (Comte Paul Biver - Éditions du Serviteur - 1988) et Le secret de Marie de saint Louis-Marie Grignion de Montfort, qu'il trouve d’abord « inconsommable » et « incompréhensible ». Mais il va prier souvent sur la tombe du Père Lamy à La Courneuve (Seine-Saint-Denis, où sa profession le conduit), et lui demande avec ferveur de faire naître en son cœur « un amour immodéré » pour la sainte Vierge. Vite exaucé, il se trouve subitement « inondé d'amour » pour l'Immaculée, et Le Secret de Marie lui paraît alors une lecture merveilleuse. Entrant profondément dans la spiritualité de saint Louis-Marie Grignion de Montfort, il est dès lors un infatigable évangélisateur qui n’hésite pas à parler de Dieu avec tous les visiteurs de son étude. Il en touche alors plusieurs centaines, qui acceptent de le suivre dans les nombreux pèlerinages qu’il organise pour visiter la Vierge Marie.
La statue de Notre-Dame de France. Après sa conversion, Edmond Fricoteaux a l’idée de remercier en faisant à son tour un cadeau à la Vierge. Il lui semble qu’un projet de Dieu revient sans cesse dans sa prière : édifier sur le bord d'un grand axe routier une statue monumentale à la gloire de sa Mère. Un jour, la Providence le place dans un avion à côté du Père René Laurentin, qui l'encourage : « Il vous faut l'accord de l'évêque du lieu, le soutien d'une congrégation religieuse et - très important - la Vierge devra présenter l'Enfant. » L'évêque sera celui du diocèse de Pontoise, Mgr André Rousset. La congrégation sera celle des Serviteurs de Jésus et de Marie, créée par le Père Lamy à Ourscamps, dans l'Oise. Reste la statue ! Edmond l’imagine avec 12 étoiles comme à la Rue du Bac et de sept mètres de haut pour qu’elle soit bien visible. Il contacte des sculpteurs, fait faire des devis, quand Antoine Legrand (spécialiste du Linceul de Turin), contacté par erreur, le surprend : « La statue existe déjà ! Elle s'appelle Notre-Dame de France. » Edmond incrédule apprend qu’elle couronnait le pavillon pontifical de l'Exposition universelle de Paris en 1937, qu’elle a été conservée (dans le pavillon des girafes du zoo d’Amiens !) un an pour le 300e anniversaire du vœu de Louis XIII, qu’elle fait exactement sept mètres, et qu’elle porte l’Enfant haut dans ses bras, entourée par une couronne de 12 étoiles !
La restauration de la statue. Le journal La Croix du 2 novembre 1938 rapporte le vœu du Cardinal Jean Verdier, archevêque de Paris : « Que la statue lumineuse, que « Notre-Dame de France », qui a si magnifiquement couronné le Pavillon Pontifical devenu Pavillon Marial ne disparaisse pas, mais qu'elle soit érigée sur une colline proche de Paris... pour faire pendant au Sacré-Cœur de Montmartre ! » Une souscription fut immédiatement lancée, arrêtée par la guerre en 1939, puis oubliée à la mort du Cardinal en 1945. Edmond partit alors à la recherche de la statue, qu’il parvint à retrouver et à arracher, après bien des péripéties, des sous-sols de la mairie communiste d’Amiens (Somme). Grâce à 2 000 heures de travail d'un maître serrurier, monsieur Roland Quesnel de Corbie, elle fut réparée et enfin installée, au terme d’une aventure non moins étonnante que providentielle, à Baillet-en France (Val-d’Oise), à 18 km au nord de Paris, non loin du siège de l’association ATD-Quart Monde. Quelques mois plus tard, grâce à 25 000 souscripteurs, le cardinal Jean-Marie Lustiger bénissait la statue devant 52 000 personnes, sept évêques, ainsi que le nonce apostolique, le 15 octobre 1988, 50 ans presque jour pour jour après le vœu du Cardinal Verdier. Au pied de la statue, un oratoire accueille pèlerins et gens de passage.
La naissance des Vierges pèlerines. Une fois Notre-Dame de France installée à Baillet-en-France, Edmond Fricoteaux pensait pouvoir reprendre ses activités habituelles : « Mission accomplie ! », pensait-il. Mais un jeune homme de Douai lui écrivit pour lui conter l’un de ses rêves, où il voyait Notre-Dame de France et à ses pieds une foule immense ainsi que des statues venues de toute la France. Quelques mois plus tard, M. Flichy et trois personnes qui priaient le matin avec lui à la messe du Carmel de Lisieux, vinrent voir Edmond pour lui faire part de leur intuition : de nombreuses statues pourraient être pèlerines, de village en village, pour proposer partout en France des veillées autour de Jésus et Marie. C'est ainsi que le notaire conçut, peu à peu, le projet des Vierges pèlerines. Il se concrétisa quand le Saint-Père Jean-Paul II demanda que le Jubilé de l’an 2 000 soit préparé dans la prière, avec Marie, comme dans un « nouvel Avent ». Tous les évêques de France furent sollicités et 30 acceptèrent de donner leurs conseils. Le président de la Conférence des évêques définit ce projet comme une initiative de laïcs, encouragée par sept évêques responsables de grands sanctuaires marials.
Le développement du projet. Edmond me confia alors le soin de mettre en place des équipes de responsables qui se mobilisèrent dans tous les départements français. Le 8 septembre 1995, Mgr Henri Brincard, évêque du Puy-en-Velay (Haute-Loire), bénit les 108 statues et icônes de la Vierge Marie qui partirent pour proposer 40 000 veillées de prière pendant un an dans toute la France. Puis Edmond organisa un pèlerinage mémorable pour la venue du Saint-Père Jean-Paul II à Reims en septembre 1996. Les Vierges pèlerines furent ensuite bénies à Rome le 8 décembre 1996 puis à Constantinople (Istanbul) le 14 décembre 1996. Le mouvement se développa ainsi pendant quatre ans dans 120 pays du monde, jusqu’à la grande nuit de prière de Bethléem le 24 décembre 1999, dont Edmond Fricoteaux rêvait depuis longtemps, pour marquer le 2 000e Noël, dans le champ des bergers. Il avait le don de rassembler très facilement autour de lui grâce à sa joie, son enthousiasme, son énergie, et sa foi à déplacer des montagnes ; mais aussi et surtout parce que c’était un homme de cœur. C'était « un homme de Dieu », comme dit un jour le Père Marie-Dominique Philippe (1912-2006), fondateur en 1975 de la Communauté Saint-Jean.
Au total, plus de 10 000 statues et icônes ont été envoyées dans le monde. Le projet Marie de Nazareth, visant à construire à Nazareth un centre spirituel dédié à la dévotion mariale, est né après la messe de Noël de Bethléem comme un fruit des Vierges pèlerines et se développe encore aujourd’hui activement.
Edmond Fricoteaux est mort subitement le 5 novembre 2007, au cours de vacances familiales en Guadeloupe, alors qu’il projetait de prendre sa retraite. Ses obsèques ont été célébrées le 9 novembre en la basilique de Saint-Denis, devant une foule très émue.
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XIIe s.
NOTRE DAME DE LA TREILLE, LA CHANCELIÈRE DE LILLE
NOTRE DAME DE LA TREILLE, LA CHANCELIÈRE DE LILLE
vénération de la petite statue miraculeuse de Notre-Dame de la Treille débute au Moyen Âge, avant d’être suivie pendant des siècles par de simples pèlerins comme par des rois de France et des grands saints. Même si la patronne de Lille (Nord) a été victime des excès révolutionnaires, le sanctuaire restauré demeure aujourd’hui encore un haut lieu marial.
Thomas Sanchez Responsable culture et communication de la cathédrale Notre-Dame de la Treille
Le Moyen Âge et la dévotion mariale. À Lille, le culte de la Vierge Marie est fondamentalement lié à la construction de la ville et à son instigateur Baudouin V de Flandre (vers 1012 - 1067), dit « de Lille ». Le 2 août 1066, celui-ci y fait construire le plus grand édifice religieux de Lille : la collégiale Saint-Pierre. Il y fait installer un chapitre de 40 chanoines et lui octroie une Charte de donation, qui précise les conditions de son fonctionnement. La collégiale Saint-Pierre restera le plus important édifice religieux de Lille jusqu’à la Révolution française. Baudouin V porte une dévotion toute particulière à Marie dans sa chapelle privée au palais comtal, son père Baudouin IV ayant été miraculeusement guéri par l’intercession de la Vierge. Quelques temps après la fondation officielle de la ville, il décide ainsi d’offrir à la collégiale Saint-Pierre une statue de la Sainte Vierge en pierre calcaire. La ferveur des fidèles lillois à Marie grandit de jour en jour.
Une statue miraculeuse. Au XIIe siècle, la dévotion du peuple lillois prend un nouvel essor lorsque Marie fait don d’une nuée de miracles. Les chanoines décident alors de protéger la statue miraculeuse par une grille en fer forgé, qui deviendra le support de nombreuses offrandes de pèlerins, et la Sainte Vierge prend alors le vocable de Notre Dame de la Treille. Innombrables sont en effet les grâces de conversions, de guérisons et les miracles obtenus par les pèlerins venant de toute l’Europe en ce sanctuaire. Ainsi, en l’octave de la Fête-Dieu 1254, de nombreux malades se trouvent guéris. En 1269, la comtesse Marguerite de Constantinople et de Flandre instaure même une procession annuelle et les fêtes de Notre Dame de la Treille en juin pour remercier la Sainte Vierge.
Une protection de la Sainte Vierge historique qui remonte au VIIe siècle. En réalité, le culte marial à Lille est beaucoup plus ancien. Les chroniqueurs racontent que vers 640, Ermengarde ou Hermengarde, mère de Lydéric, second forestier du territoire entre les deux bras que formait la Deûle, eut une apparition de la Vierge dans la clairière de la Fontaine del Saulx, non loin du lieu où les premiers habitants s’étaient installés pour gérer la forêt qui recouvrait à l’époque le territoire de Lille. L’histoire de Lydéric, devenu comte de Flandre, a ensuite été reprise et romancée par Alexandre Dumas père au XIXe siècle.
La « Sainte Escorte » de Notre Dame de la Treille. Quatre grands pèlerins médiévaux restent associés à Notre Dame de la Treille et forment ainsi la « Sainte Escorte » de la patronne de Lille. Il s’agit de saint Bernard de Clairvaux (1090-1153), saint Thomas Beckett (1120-1170), le roi saint Louis (1214-1270) en 1255 et le dominicain saint Vincent Ferrier (1350-1419).
Une nuée de miracles. Du XVIe au XVIIe siècle, de nouveaux épisodes miraculeux se produisent. Notre Dame de la Treille est particulièrement efficace dans les cas de possession, contre les épidémies de peste ou encore contre la cécité, la paralysie. Elle est même à l’origine de la guérison d’un enfant mort-né, fils de Jeanne Duforest, qu’on peut alors baptiser avant qu’il ne succombe de nouveau. En 1634, après une nouvelle série de miracles, le Mayeur de Lille, Jean Le Vasseur, prend la décision de dédier la ville à Notre Dame de la Treille. « Insula civitas Virginis », « Lille cité de la Vierge ». Les autorités municipales déposent symboliquement les clés de la ville sur l’autel à l’offertoire de la messe de consécration, le 28 octobre 1634. C’est l’époque de l’apogée de la confrérie de Notre-Dame de la Treille, érigée par le pape Alexandre IV au milieu du XIIIe siècle ; les grandes familles de la région se font un honneur d’en faire partie. L’empereur d’Autriche Ferdinand II s’y fait même inscrire en 1635, avant de gagner une bataille décisive de la guerre de Trente Ans. En 1667, Louis XIV qui assiège victorieusement Lille, jure à la chapelle de Notre-Dame de la Treille de maintenir les privilèges et de respecter les coutumes de la ville.
Les ténèbres s’abattent sur la patronne de Lille. Un siècle plus tard, la Révolution française précipite malheureusement Notre-Dame de la Treille dans les ténèbres, au propre comme au figuré. En 1793, la collégiale Saint-Pierre est démolie avant de servir de carrière de pierre. Le chapelain Alain Gambier récupère la statue et la cache dans un égout. Le calme revenu, il la sort de l’obscurité et la confie à la paroisse Sainte-Catherine du Vieux-Lille. La statue de Notre-Dame de la Treille est oubliée dans un coin de l’église. Après un demi-millénaire de dévotion, dix années ont suffi pour effacer le souvenir de la sainte patronne.
La résurrection d’une dévotion millénaire. Il faut attendre les années 1840 et le père Charles Bernard, curé de Sainte-Catherine, pour que soit restaurée la dévotion à Notre Dame de la Treille. À une époque où la ferveur mariale est en plein renouveau, le culte à la sainte patronne de Lille retrouve rapidement une grande importance. Le prêtre institue le mois de Marie en mai 1842 et demande au pape Grégoire XVI la confirmation des indulgences du passé. Les fêtes patronales de la Treille sont relancées. Avec la bénédiction du bienheureux pape Pie IX, on projette de construire une nouvelle église pour accueillir Notre-Dame de la Treille et ses pèlerins, en remplacement de l’auguste collégiale Saint-Pierre. Le député légitimiste Charles Kolb-Bernard, chef spirituel du catholicisme lillois, est le fer de lance du projet. Notre-Dame de la Treille devient également la patronne de la toute nouvelle université catholique de Lille (fondée en 1875 par Philibert Vrau).
L’érection d’une église qui deviendra cathédrale-basilique. L’ancienne motte castrale, à l’endroit même où fut fondé Lille, est choisie pour construire l’église. Le 1er juillet 1854, lors des fêtes du sixième centenaire des premiers miracles, ont lieu la pose et la bénédiction de la première pierre par Mgr René-François Régnier, archevêque de Cambrai, d’un édifice qui n’a pas encore de plan. Un concours architectural est lancé avec pour mot d’ordre de construire une église monumentale dans le style gothique. C’est l’architecte lillois Charles Leroy qui est retenu, deux architectes anglicans ayant été écartés. Son projet pharaonique prend pour modèle les cathédrales de Reims et de Chartres, et doit s’allonger au cœur même du Vieux-Lille, sur 123 mètres, ainsi que lancer vers les cieux deux clochers de plus de 115 mètres.
Les travaux commencent en 1856, les soubresauts de l’histoire font qu’ils ne seront réellement achevés qu’un siècle et demi plus tard. La statue de Notre-Dame de la Treille y est transportée en septembre 1872, avant d’être couronnée l’année suivante. Le 7 octobre 1904, alors que l’église n’en est qu’à l’état embryonnaire, elle reçoit le titre de « basilique mineure ». Le 25 octobre 1913, avec la création du diocèse de Lille, l’édifice qui n’est toujours pas achevé reçoit le titre de « Cathédrale-basilique Notre-Dame de la Treille – Saint-Pierre ». Cette promotion était l’objet de tractations depuis des décennies. Notre-Dame de la Treille devient l’église-mère d’un important diocèse, le lieu où siège l’évêque, successeur des apôtres. C’est le troisième évêque de Lille, le cardinal Achille Liénart, qui mène à bien la plus grande partie des travaux. Cependant, c’est un autre évêque qui contribue fortement à son achèvement, avec un projet de façade contemporaine. Comme Notre-Dame de la Treille a été influencée par le néo-gothique du XIXe siècle, elle s’ancre dans une nouvelle contemporanéité à l’aube du XXIe siècle. En 1999, la façade de la cathédrale est achevée par la pose d’un voile de marbre transparent percé d’une rosace représentant la résurrection du Christ, dessinée par l’artiste Ladislas Kijno, et un portail en bronze de l’artiste Georges Jenclos. En 2008, avec la réforme de la carte des diocèses de France, Lille devient archevêché et Notre-Dame de la Treille cathédrale métropolitaine. Le 2 mars 2009, l’édifice est inscrit comme monument historique.
Œuvre composite, haut lieu de pèlerinage demeuré fidèle à sa vocation, la cathédrale Notre-Dame de la Treille se veut aussi un des phares culturels de la métropole lilloise et de la région Nord, avec le Centre d’Art Sacré de Lille, situé dans la partie moderne de sa crypte.
Thomas Sanchez Responsable culture et communication de la cathédrale Notre-Dame de la Treille
Le Moyen Âge et la dévotion mariale. À Lille, le culte de la Vierge Marie est fondamentalement lié à la construction de la ville et à son instigateur Baudouin V de Flandre (vers 1012 - 1067), dit « de Lille ». Le 2 août 1066, celui-ci y fait construire le plus grand édifice religieux de Lille : la collégiale Saint-Pierre. Il y fait installer un chapitre de 40 chanoines et lui octroie une Charte de donation, qui précise les conditions de son fonctionnement. La collégiale Saint-Pierre restera le plus important édifice religieux de Lille jusqu’à la Révolution française. Baudouin V porte une dévotion toute particulière à Marie dans sa chapelle privée au palais comtal, son père Baudouin IV ayant été miraculeusement guéri par l’intercession de la Vierge. Quelques temps après la fondation officielle de la ville, il décide ainsi d’offrir à la collégiale Saint-Pierre une statue de la Sainte Vierge en pierre calcaire. La ferveur des fidèles lillois à Marie grandit de jour en jour.
Une statue miraculeuse. Au XIIe siècle, la dévotion du peuple lillois prend un nouvel essor lorsque Marie fait don d’une nuée de miracles. Les chanoines décident alors de protéger la statue miraculeuse par une grille en fer forgé, qui deviendra le support de nombreuses offrandes de pèlerins, et la Sainte Vierge prend alors le vocable de Notre Dame de la Treille. Innombrables sont en effet les grâces de conversions, de guérisons et les miracles obtenus par les pèlerins venant de toute l’Europe en ce sanctuaire. Ainsi, en l’octave de la Fête-Dieu 1254, de nombreux malades se trouvent guéris. En 1269, la comtesse Marguerite de Constantinople et de Flandre instaure même une procession annuelle et les fêtes de Notre Dame de la Treille en juin pour remercier la Sainte Vierge.
Une protection de la Sainte Vierge historique qui remonte au VIIe siècle. En réalité, le culte marial à Lille est beaucoup plus ancien. Les chroniqueurs racontent que vers 640, Ermengarde ou Hermengarde, mère de Lydéric, second forestier du territoire entre les deux bras que formait la Deûle, eut une apparition de la Vierge dans la clairière de la Fontaine del Saulx, non loin du lieu où les premiers habitants s’étaient installés pour gérer la forêt qui recouvrait à l’époque le territoire de Lille. L’histoire de Lydéric, devenu comte de Flandre, a ensuite été reprise et romancée par Alexandre Dumas père au XIXe siècle.
La « Sainte Escorte » de Notre Dame de la Treille. Quatre grands pèlerins médiévaux restent associés à Notre Dame de la Treille et forment ainsi la « Sainte Escorte » de la patronne de Lille. Il s’agit de saint Bernard de Clairvaux (1090-1153), saint Thomas Beckett (1120-1170), le roi saint Louis (1214-1270) en 1255 et le dominicain saint Vincent Ferrier (1350-1419).
Une nuée de miracles. Du XVIe au XVIIe siècle, de nouveaux épisodes miraculeux se produisent. Notre Dame de la Treille est particulièrement efficace dans les cas de possession, contre les épidémies de peste ou encore contre la cécité, la paralysie. Elle est même à l’origine de la guérison d’un enfant mort-né, fils de Jeanne Duforest, qu’on peut alors baptiser avant qu’il ne succombe de nouveau. En 1634, après une nouvelle série de miracles, le Mayeur de Lille, Jean Le Vasseur, prend la décision de dédier la ville à Notre Dame de la Treille. « Insula civitas Virginis », « Lille cité de la Vierge ». Les autorités municipales déposent symboliquement les clés de la ville sur l’autel à l’offertoire de la messe de consécration, le 28 octobre 1634. C’est l’époque de l’apogée de la confrérie de Notre-Dame de la Treille, érigée par le pape Alexandre IV au milieu du XIIIe siècle ; les grandes familles de la région se font un honneur d’en faire partie. L’empereur d’Autriche Ferdinand II s’y fait même inscrire en 1635, avant de gagner une bataille décisive de la guerre de Trente Ans. En 1667, Louis XIV qui assiège victorieusement Lille, jure à la chapelle de Notre-Dame de la Treille de maintenir les privilèges et de respecter les coutumes de la ville.
Les ténèbres s’abattent sur la patronne de Lille. Un siècle plus tard, la Révolution française précipite malheureusement Notre-Dame de la Treille dans les ténèbres, au propre comme au figuré. En 1793, la collégiale Saint-Pierre est démolie avant de servir de carrière de pierre. Le chapelain Alain Gambier récupère la statue et la cache dans un égout. Le calme revenu, il la sort de l’obscurité et la confie à la paroisse Sainte-Catherine du Vieux-Lille. La statue de Notre-Dame de la Treille est oubliée dans un coin de l’église. Après un demi-millénaire de dévotion, dix années ont suffi pour effacer le souvenir de la sainte patronne.
La résurrection d’une dévotion millénaire. Il faut attendre les années 1840 et le père Charles Bernard, curé de Sainte-Catherine, pour que soit restaurée la dévotion à Notre Dame de la Treille. À une époque où la ferveur mariale est en plein renouveau, le culte à la sainte patronne de Lille retrouve rapidement une grande importance. Le prêtre institue le mois de Marie en mai 1842 et demande au pape Grégoire XVI la confirmation des indulgences du passé. Les fêtes patronales de la Treille sont relancées. Avec la bénédiction du bienheureux pape Pie IX, on projette de construire une nouvelle église pour accueillir Notre-Dame de la Treille et ses pèlerins, en remplacement de l’auguste collégiale Saint-Pierre. Le député légitimiste Charles Kolb-Bernard, chef spirituel du catholicisme lillois, est le fer de lance du projet. Notre-Dame de la Treille devient également la patronne de la toute nouvelle université catholique de Lille (fondée en 1875 par Philibert Vrau).
L’érection d’une église qui deviendra cathédrale-basilique. L’ancienne motte castrale, à l’endroit même où fut fondé Lille, est choisie pour construire l’église. Le 1er juillet 1854, lors des fêtes du sixième centenaire des premiers miracles, ont lieu la pose et la bénédiction de la première pierre par Mgr René-François Régnier, archevêque de Cambrai, d’un édifice qui n’a pas encore de plan. Un concours architectural est lancé avec pour mot d’ordre de construire une église monumentale dans le style gothique. C’est l’architecte lillois Charles Leroy qui est retenu, deux architectes anglicans ayant été écartés. Son projet pharaonique prend pour modèle les cathédrales de Reims et de Chartres, et doit s’allonger au cœur même du Vieux-Lille, sur 123 mètres, ainsi que lancer vers les cieux deux clochers de plus de 115 mètres.
Les travaux commencent en 1856, les soubresauts de l’histoire font qu’ils ne seront réellement achevés qu’un siècle et demi plus tard. La statue de Notre-Dame de la Treille y est transportée en septembre 1872, avant d’être couronnée l’année suivante. Le 7 octobre 1904, alors que l’église n’en est qu’à l’état embryonnaire, elle reçoit le titre de « basilique mineure ». Le 25 octobre 1913, avec la création du diocèse de Lille, l’édifice qui n’est toujours pas achevé reçoit le titre de « Cathédrale-basilique Notre-Dame de la Treille – Saint-Pierre ». Cette promotion était l’objet de tractations depuis des décennies. Notre-Dame de la Treille devient l’église-mère d’un important diocèse, le lieu où siège l’évêque, successeur des apôtres. C’est le troisième évêque de Lille, le cardinal Achille Liénart, qui mène à bien la plus grande partie des travaux. Cependant, c’est un autre évêque qui contribue fortement à son achèvement, avec un projet de façade contemporaine. Comme Notre-Dame de la Treille a été influencée par le néo-gothique du XIXe siècle, elle s’ancre dans une nouvelle contemporanéité à l’aube du XXIe siècle. En 1999, la façade de la cathédrale est achevée par la pose d’un voile de marbre transparent percé d’une rosace représentant la résurrection du Christ, dessinée par l’artiste Ladislas Kijno, et un portail en bronze de l’artiste Georges Jenclos. En 2008, avec la réforme de la carte des diocèses de France, Lille devient archevêché et Notre-Dame de la Treille cathédrale métropolitaine. Le 2 mars 2009, l’édifice est inscrit comme monument historique.
Œuvre composite, haut lieu de pèlerinage demeuré fidèle à sa vocation, la cathédrale Notre-Dame de la Treille se veut aussi un des phares culturels de la métropole lilloise et de la région Nord, avec le Centre d’Art Sacré de Lille, situé dans la partie moderne de sa crypte.
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1457
SAINTE RITA DE CASCIA, LA SAINTE DES CAS IMPOSSIBLES ET DÉSESPÉRÉS
SAINTE RITA DE CASCIA, LA SAINTE DES CAS IMPOSSIBLES ET DÉSESPÉRÉS
Sainte Rita fût épouse et mère. Après la mort de son mari et de ses deux enfants, elle resta forte et confiante en Dieu. Devenue religieuse, elle vécut en union à la Passion du Christ (stigmate au front) et engagée au service des pauvres. Sa persévérance dans les épreuves et sa confiance en Dieu en ont fait la « sainte des cas impossibles et désespérés ». Si elle a passé toute sa vie en Italie, elle est très connue en France, notamment dans la moitié Sud où sa dévotion populaire est particulièrement forte.
P. Patrice Véraquin omv, recteur de l’église Sainte-Rita à Nice
Aperçu de la vie de Sainte Rita. Sainte Rita vécut en Italie de 1381 à 1457. Cinq siècles plus tard, sa vie continue d’inspirer des millions de personnes à travers le monde. Une vie où se côtoient phénomènes mystiques et simplicité du quotidien, une vie chargée de grandes souffrances mais vécue dans la joie « d’aimer sans compter ». Jeune fille, elle est déjà toute tournée vers Dieu. Mariée par obligation familiale à un homme rude, elle surmonte par sa douceur et sa patience les difficultés initiales de son mariage. Elle vit 18 années de bonheur avec l’homme dont elle aura deux enfants. Elle a 36 ans lorsqu’il est traîtreusement assassiné par un clan rival. Quelques temps plus tard, elle perd ses deux enfants. Entrée au monastère, elle s’immerge dans une intense vie de prière. Son union intime au Christ crucifié se manifeste par le stigmate de l’épine. Elle accueille tous ceux qui viennent demander son aide et sa prière. Toute la vie de sainte Rita respire l’amour de Dieu et la confiance totale en sa Providence. Mourante, elle demande à sa cousine d’aller lui cueillir une rose. Bien qu’en « plein hiver » la parente trouve la rose. Cet épisode est à l’origine de l’image où l’on voit sainte Rita répandre des roses, symbole des grâces obtenues pour celles et ceux qui font confiance en l’intercession de « la sainte des causes désespérées et des cas impossibles ».
Enfance à Roccaporena. Le père et la mère de Rita, Antonio Lotti et Aimée Ferri, vivent à Roccaporena à trois kilomètres de Cascia en Ombrie (Italie centrale). Dans la République de Cascia, ils jouent le rôle de « pacificateurs », c’est-à-dire de médiateurs entre les familles entrées dans la spirale des conflits et de la « vendetta ». Chrétiens convaincus, ils vivent ainsi la béatitude des « artisans de paix ». Ils sont déjà âgés, lorsque naît Rita en 1381. Un jour, Antonio et Aimée vont travailler aux champs et portent avec eux le bébé dans une corbeille d’osier. Ils le posent à l’ombre des arbres. Et voilà qu’un essaim d’abeilles entoure l’enfant, quelques unes se posent même sur ses lèvres mais sans la piquer. Un tableau datant de 1480 commémore ce fait. On y lit l’inscription « La Bienheureuse Rita était dans son berceau : cinq abeilles entrèrent dans sa bouche et en sortirent en présence de ses parents. » Un épisode qui dit de manière poétique et symbolique la bienveillante protection de Dieu pour la petite Rita. Éduquée chrétiennement, Rita répond très tôt et avec grande ferveur à l’amour de Dieu. Elle aime le recueillement et la solitude. Elle obtient de ses parents une petite chambre isolée qu’elle transforme en oratoire. Souvent, elle se rend au sommet du haut rocher de Roccaporena pour aller s’y recueillir et prier. Elle n’a que douze ans lorsqu’elle forme le projet d’entrer au monastère des Augustines de Cascia, projet qui ne se réalisera qu’après de longs et douloureux détours…
Une épouse et une mère. Le désir de Rita d’entrer au monastère ne convainc pas ses parents qui veulent la marier. Paolo Mancini, un homme sérieux mais impulsif et dur de caractère, se présente à eux pour demander la main de Rita. Les parents acceptent et dès l’âge de 14 ans, les fiançailles sont célébrées. Son avenir est décidé… Au début de leur mariage, Rita souffre beaucoup du caractère de Paolo. Toutefois, par sa douceur, sa patience, et davantage encore par sa prière, elle réussit à changer l’attitude de son mari. Son premier biographe écrit : « Rita sut si bien l’adoucir qu’à la grande stupeur de tous elle le rendit admirablement doux et attaché au service de Dieu… » Et il ajoute : « Elle vécut dans la plus grande paix les 18 années entières qu’elle eut à passer avec lui. » C’est donc avec raison que beaucoup de gens confient à l’intercession de sainte Rita les situations matrimoniales difficiles qu’ils vivent ou dont ils sont témoins. Elle donnera naissance à deux enfants : Jean-Jacques et Paul-Marie, dont nous savons peu de choses, si ce n’est que Rita les emmenait souvent avec elle au « Lazaret » pour aider les pauvres et les malades qui y sont soignés.
Deuils cruels. Paolo Mancini fait très probablement partie de la Garde civique de Cascia. Son caractère désormais adouci et pacifique ne le met pas à l’abri de la violence ambiante. Nous savons que les représailles à l’époque étaient cruelles. Comme un patrimoine intangible, les familles se transmettaient leur haine, de génération en génération. Un soir qu’il revient de Cascia, ses ennemis lui tendent une embuscade près de la Tour de Collegiacone et l’assassinent traîtreusement. Douleur immense pour Rita, qui cependant ne veut pas entrer dans la logique de la vengeance. Avec la force de sa foi et de sa charité, elle veut au contraire rompre cette spirale. « Elle demandait, dit son premier biographe, le pardon pour les assassins de son mari. » Ses enfants, alors adolescents, ne l’entendent pas ainsi. Ils parlent souvent de venger leur père. Rita les exhorte au pardon et prie pour eux. Elle va même jusqu’à demander à Dieu de les prendre plutôt que de les laisser se perdre dans cette violence meurtrière. On rapporte que quelques temps plus tard, « ses fils furent appelés à une vie meilleure ». C’est uniquement par son immense confiance en la Providence que Rita put voir dans un deuil si douloureux pour son cœur de mère, un signe que le Seigneur les avait sauvés de la mort éternelle.
Entrée au monastère. La perte de son mari et de ses fils, en cette année 1417, laisse Rita dans une profonde douleur, mais non dans l’abattement. Elle est une femme de foi qui sait trouver dans l’espérance chrétienne la force de continuer à vivre et à aimer. Elle sait que Dieu ne l’abandonnera pas. Comme elle est maintenant seule, son désir de vie consacrée renaît et elle demande à entrer au monastère des Augustines de Cascia. Mais l’abbesse refuse de la recevoir car, parmi les moniales, plusieurs appartiennent au clan opposé à celui de sa famille : son entrée apporterait la division. Tant que les deux partis ne seront pas réconciliés, Rita ne pourra être admise au monastère. Loin de se décourager devant cette tâche « impossible », Rita se fait messagère de la paix. Avec humilité et courage, elle passe de maison en maison, exhortant toutes les familles ennemies à se réconcilier. Et elle prie. Elle prie intensément le Seigneur de changer les cœurs. En particulier, elle invoque ses saints de prédilection : saint Jean-Baptiste, saint Augustin et saint Nicolas de Tolentino. Et Dieu lui accorde ce miracle de pacification ! Elle obtient que la réconciliation soit officiellement reconnue devant notaire, selon l’usage de l’époque. Rita mériterait aussi d’être appelée « la sainte de la Réconciliation » ! À l’âge de quarante ans, elle peut enfin répondre à sa vocation religieuse et, dans une immense joie spirituelle, entrer au monastère Sainte-Marie-Madeleine de Cascia.
Le stigmate de l’amour. Sainte Rita est favorisée d’un phénomène mystique en relation à son amour du Christ crucifié. Le Vendredi Saint de l’an 1442, elle se rend à la paroisse pour l’office de la Passion de Notre Seigneur. La parole vibrante du prêtre qui prêche sur la Passion du Christ frappe vivement Rita. De retour au couvent, encore toute bouleversée, elle se met en prière devant la fresque du Christ crucifié située dans l’oratoire attenant à la chapelle. Voici comment son biographe Cavallucci raconte la scène : « Alors elle se mit à demander avec la plus extrême ardeur que le Christ lui fasse au moins sentir une de ces épines… dont son front avait été percé… Elle l’obtint. Elle sentit non seulement la blessure désirée, mais son front fut désormais affecté d’une plaie incurable qui devait lui rester jusqu’à la mort. Il s’agissait d’une plaie ouverte et profonde qui la faisait atrocement souffrir. La blessure résista à tous les soins ; elle ne se ferma jamais durant les quinze années que Rita vécut encore, excepté durant son pèlerinage à Rome. » Rita s’immerge de plus en plus dans la prière et la contemplation, retirée dans sa cellule. Des gens accourent de toutes parts pour lui recommander des intentions de prière. Le monastère devient, déjà du vivant de Rita, un centre de pèlerinage. Et encore aujourd’hui, les pèlerins qui se rendent à Cascia sont toujours très émus en visitant « l’ermitage de l’Épine » où se trouve le Christ devant lequel Rita reçut le stigmate.
La rose de la confiance. En 1453, Rita tombe malade. Pendant quatre ans, elle souffre énormément, mais jamais ne perd sa patience et sa douceur. Toutes les sœurs du couvent en sont édifiées. Le dernier hiver est particulièrement dur. Une cousine de Roccaporena vient visiter Rita. Avant de repartir, la parente lui demande si elle peut faire quelque chose pour elle. Rita lui répond : « Je voudrais une rose de mon petit jardin. » La cousine pense que Rita délire. « Une rose en plein hiver !... » Rentrée à Roccaporena, elle a déjà oublié cette demande quand, passant par hasard près de l’ancien jardin de Rita, elle voit une superbe rose rouge qui s’épanouit sur l’un des rosiers ! Elle la cueille avec émotion et retourne à Cascia la porter à Rita. C’est en souvenir de cet épisode de la vie de Rita, que chaque année, au jour de la fête de sainte Rita, les fidèles font bénir les roses pour les porter à leur parents ou amis malades.
Une mort rayonnante. Le 22 mai 1457 Rita entre dans la gloire du Ciel. Certains biographes racontent que, trois jours plus tôt, Notre Seigneur lui est apparu en compagnie de la Vierge Marie.
- « Quand donc, Jésus, pourrais-je venir en ta présence ? »
- « Bientôt, mais pas encore. »
- « Et quand donc ? »
- « Dans trois jours tu seras avec moi. »
Cette promesse réconforte Rita. Le troisième jour, elle demande à communier et à recevoir le sacrement des malades. Toutes les religieuses de sa communauté sont présentes. Elle demande la bénédiction de l’abbesse, puis expire doucement. Aussitôt, des prodiges sensibles viennent comme acclamer la sainteté de Rita. La cloche du monastère se met à frapper trois coups sans que personne ne la touche. La cellule de Rita s’illumine d’une resplendissante lumière, et la blessure malodorante de son front se cicatrise subitement en même temps qu’un parfum exquis remplit la cellule. Selon certains témoignages figurant au procès de canonisation, plusieurs personnes auraient vu son âme monter dans la gloire…
Une religieuse du monastère qui avait un bras paralysé cherche à passer son bras autour du cou de Rita… Elle y réussit. Elle est guérie ! C’est le premier miracle posthume de Rita. Tout le peuple de Cascia accourt pour voir celle que l’on appelle déjà « la sainte ». On transporte sa dépouille dans une chapelle intérieure et, pour que tous puissent la voir, on ne ferme pas le cercueil. Quelques années plus tard, ce cercueil sera détérioré par le feu, mais le corps restera intact jusqu’à… aujourd’hui où il repose dans la basilique sanctuaire de Cascia.
« La sainte de l’impossible. » C’est en 1710 qu’un religieux augustin espagnol a qualifié pour la première fois sainte Rita d’« avocate des causes impossibles ». Tant d’épisodes de la vie de la sainte manifestent comment elle réussit à surmonter, dans la foi et la confiance, des situations qui semblaient désespérées : la violence de son mari, les complications pour entrer au monastère, l’impossibilité de réconcilier des clans en conflits, et tant d’autres, jusqu’à celle, qui révèle la confiance de Rita et la poésie de Dieu, d’obtenir une rose en hiver… Mais si Rita est appelée la « sainte de l’impossible », c’est aussi à cause des nombreux miracles obtenus par son intercession. Au moment du procès de béatification, plus de 300 ex-voto témoignant de grâces obtenues ont été comptabilisés dans l’église du monastère. Les plus anciens datent de 1467, dix ans après sa mort. À tel point que les autorités communales elles-mêmes ont demandé à un notaire d’enregistrer soigneusement les guérisons miraculeuses qui survenaient auprès de la tombe de Rita. Pour la seule année 1457, onze miracles ont été jugés suffisamment incontestables pour être mis par écrit. Le plus grand est survenu le 25 mai de cette année-là : un aveugle, Battista d’Angelo, a retrouvé la vue après avoir prié devant le tombeau de la sainte. Encore aujourd’hui, d’innombrables témoins attribuent à l’intercession de Rita d’avoir été secourus dans des situations extrêmement difficiles ou humainement désespérées.
Une sainte aimée de tous. À l’époque de Rita, les canonisations officielles n’avaient pas encore été instituées. C’était en quelque sorte la voix du peuple qui proclamait la sainteté de ceux et celles qui avaient témoigné de façon extraordinaire de leur amour de Dieu. On peut donc dire que Rita fut d’abord béatifiée par le peuple ; l’évêque de Spoleto simplement autorisa son culte. La béatification officielle fut proclamée par le Pape Urbain VIII en 1628, et ce n’est qu’en mai 1900 que Léon XIII canonisa sainte Rita. Dès lors, son culte s’est développé de façon extraordinaire d’abord en Italie et puis dans le monde entier. Ici en France, c’est à partir de 1935 que le Père Bianco, Oblat de la Vierge Marie, introduisit la dévotion à Rita. La création de la Revue Sainte Rita en 1955 contribua à la faire connaître et aimer dans toute la France, et en particulier dans la moitié Sud. Tant de gens se retrouvent en cette femme dont la vie est à la fois simple, proche de la leur, et en même temps remplie de signes prodigieux de la présence de Dieu. Ils admirent l’épouse et la religieuse qui, à travers son acceptation « amoureuse » des épreuves, montre à tous un chemin de foi, d’espérance et d’amour de Dieu. Ils montrent une confiance immense en cette sainte qui intercède si efficacement auprès de Dieu pour obtenir des grâces aussi bien temporelles et spirituelles.
La mission universelle de sainte Rita, « la sainte des cas impossibles », est de nous aider, par l’exemple de la vie et par la puissance de sa prière, à ne jamais désespérer et à mettre toute notre confiance en Dieu, même dans les situations les plus difficiles et « impossibles ».
P. Patrice Véraquin omv, recteur de l’église Sainte-Rita à Nice
Aperçu de la vie de Sainte Rita. Sainte Rita vécut en Italie de 1381 à 1457. Cinq siècles plus tard, sa vie continue d’inspirer des millions de personnes à travers le monde. Une vie où se côtoient phénomènes mystiques et simplicité du quotidien, une vie chargée de grandes souffrances mais vécue dans la joie « d’aimer sans compter ». Jeune fille, elle est déjà toute tournée vers Dieu. Mariée par obligation familiale à un homme rude, elle surmonte par sa douceur et sa patience les difficultés initiales de son mariage. Elle vit 18 années de bonheur avec l’homme dont elle aura deux enfants. Elle a 36 ans lorsqu’il est traîtreusement assassiné par un clan rival. Quelques temps plus tard, elle perd ses deux enfants. Entrée au monastère, elle s’immerge dans une intense vie de prière. Son union intime au Christ crucifié se manifeste par le stigmate de l’épine. Elle accueille tous ceux qui viennent demander son aide et sa prière. Toute la vie de sainte Rita respire l’amour de Dieu et la confiance totale en sa Providence. Mourante, elle demande à sa cousine d’aller lui cueillir une rose. Bien qu’en « plein hiver » la parente trouve la rose. Cet épisode est à l’origine de l’image où l’on voit sainte Rita répandre des roses, symbole des grâces obtenues pour celles et ceux qui font confiance en l’intercession de « la sainte des causes désespérées et des cas impossibles ».
Enfance à Roccaporena. Le père et la mère de Rita, Antonio Lotti et Aimée Ferri, vivent à Roccaporena à trois kilomètres de Cascia en Ombrie (Italie centrale). Dans la République de Cascia, ils jouent le rôle de « pacificateurs », c’est-à-dire de médiateurs entre les familles entrées dans la spirale des conflits et de la « vendetta ». Chrétiens convaincus, ils vivent ainsi la béatitude des « artisans de paix ». Ils sont déjà âgés, lorsque naît Rita en 1381. Un jour, Antonio et Aimée vont travailler aux champs et portent avec eux le bébé dans une corbeille d’osier. Ils le posent à l’ombre des arbres. Et voilà qu’un essaim d’abeilles entoure l’enfant, quelques unes se posent même sur ses lèvres mais sans la piquer. Un tableau datant de 1480 commémore ce fait. On y lit l’inscription « La Bienheureuse Rita était dans son berceau : cinq abeilles entrèrent dans sa bouche et en sortirent en présence de ses parents. » Un épisode qui dit de manière poétique et symbolique la bienveillante protection de Dieu pour la petite Rita. Éduquée chrétiennement, Rita répond très tôt et avec grande ferveur à l’amour de Dieu. Elle aime le recueillement et la solitude. Elle obtient de ses parents une petite chambre isolée qu’elle transforme en oratoire. Souvent, elle se rend au sommet du haut rocher de Roccaporena pour aller s’y recueillir et prier. Elle n’a que douze ans lorsqu’elle forme le projet d’entrer au monastère des Augustines de Cascia, projet qui ne se réalisera qu’après de longs et douloureux détours…
Une épouse et une mère. Le désir de Rita d’entrer au monastère ne convainc pas ses parents qui veulent la marier. Paolo Mancini, un homme sérieux mais impulsif et dur de caractère, se présente à eux pour demander la main de Rita. Les parents acceptent et dès l’âge de 14 ans, les fiançailles sont célébrées. Son avenir est décidé… Au début de leur mariage, Rita souffre beaucoup du caractère de Paolo. Toutefois, par sa douceur, sa patience, et davantage encore par sa prière, elle réussit à changer l’attitude de son mari. Son premier biographe écrit : « Rita sut si bien l’adoucir qu’à la grande stupeur de tous elle le rendit admirablement doux et attaché au service de Dieu… » Et il ajoute : « Elle vécut dans la plus grande paix les 18 années entières qu’elle eut à passer avec lui. » C’est donc avec raison que beaucoup de gens confient à l’intercession de sainte Rita les situations matrimoniales difficiles qu’ils vivent ou dont ils sont témoins. Elle donnera naissance à deux enfants : Jean-Jacques et Paul-Marie, dont nous savons peu de choses, si ce n’est que Rita les emmenait souvent avec elle au « Lazaret » pour aider les pauvres et les malades qui y sont soignés.
Deuils cruels. Paolo Mancini fait très probablement partie de la Garde civique de Cascia. Son caractère désormais adouci et pacifique ne le met pas à l’abri de la violence ambiante. Nous savons que les représailles à l’époque étaient cruelles. Comme un patrimoine intangible, les familles se transmettaient leur haine, de génération en génération. Un soir qu’il revient de Cascia, ses ennemis lui tendent une embuscade près de la Tour de Collegiacone et l’assassinent traîtreusement. Douleur immense pour Rita, qui cependant ne veut pas entrer dans la logique de la vengeance. Avec la force de sa foi et de sa charité, elle veut au contraire rompre cette spirale. « Elle demandait, dit son premier biographe, le pardon pour les assassins de son mari. » Ses enfants, alors adolescents, ne l’entendent pas ainsi. Ils parlent souvent de venger leur père. Rita les exhorte au pardon et prie pour eux. Elle va même jusqu’à demander à Dieu de les prendre plutôt que de les laisser se perdre dans cette violence meurtrière. On rapporte que quelques temps plus tard, « ses fils furent appelés à une vie meilleure ». C’est uniquement par son immense confiance en la Providence que Rita put voir dans un deuil si douloureux pour son cœur de mère, un signe que le Seigneur les avait sauvés de la mort éternelle.
Entrée au monastère. La perte de son mari et de ses fils, en cette année 1417, laisse Rita dans une profonde douleur, mais non dans l’abattement. Elle est une femme de foi qui sait trouver dans l’espérance chrétienne la force de continuer à vivre et à aimer. Elle sait que Dieu ne l’abandonnera pas. Comme elle est maintenant seule, son désir de vie consacrée renaît et elle demande à entrer au monastère des Augustines de Cascia. Mais l’abbesse refuse de la recevoir car, parmi les moniales, plusieurs appartiennent au clan opposé à celui de sa famille : son entrée apporterait la division. Tant que les deux partis ne seront pas réconciliés, Rita ne pourra être admise au monastère. Loin de se décourager devant cette tâche « impossible », Rita se fait messagère de la paix. Avec humilité et courage, elle passe de maison en maison, exhortant toutes les familles ennemies à se réconcilier. Et elle prie. Elle prie intensément le Seigneur de changer les cœurs. En particulier, elle invoque ses saints de prédilection : saint Jean-Baptiste, saint Augustin et saint Nicolas de Tolentino. Et Dieu lui accorde ce miracle de pacification ! Elle obtient que la réconciliation soit officiellement reconnue devant notaire, selon l’usage de l’époque. Rita mériterait aussi d’être appelée « la sainte de la Réconciliation » ! À l’âge de quarante ans, elle peut enfin répondre à sa vocation religieuse et, dans une immense joie spirituelle, entrer au monastère Sainte-Marie-Madeleine de Cascia.
Le stigmate de l’amour. Sainte Rita est favorisée d’un phénomène mystique en relation à son amour du Christ crucifié. Le Vendredi Saint de l’an 1442, elle se rend à la paroisse pour l’office de la Passion de Notre Seigneur. La parole vibrante du prêtre qui prêche sur la Passion du Christ frappe vivement Rita. De retour au couvent, encore toute bouleversée, elle se met en prière devant la fresque du Christ crucifié située dans l’oratoire attenant à la chapelle. Voici comment son biographe Cavallucci raconte la scène : « Alors elle se mit à demander avec la plus extrême ardeur que le Christ lui fasse au moins sentir une de ces épines… dont son front avait été percé… Elle l’obtint. Elle sentit non seulement la blessure désirée, mais son front fut désormais affecté d’une plaie incurable qui devait lui rester jusqu’à la mort. Il s’agissait d’une plaie ouverte et profonde qui la faisait atrocement souffrir. La blessure résista à tous les soins ; elle ne se ferma jamais durant les quinze années que Rita vécut encore, excepté durant son pèlerinage à Rome. » Rita s’immerge de plus en plus dans la prière et la contemplation, retirée dans sa cellule. Des gens accourent de toutes parts pour lui recommander des intentions de prière. Le monastère devient, déjà du vivant de Rita, un centre de pèlerinage. Et encore aujourd’hui, les pèlerins qui se rendent à Cascia sont toujours très émus en visitant « l’ermitage de l’Épine » où se trouve le Christ devant lequel Rita reçut le stigmate.
La rose de la confiance. En 1453, Rita tombe malade. Pendant quatre ans, elle souffre énormément, mais jamais ne perd sa patience et sa douceur. Toutes les sœurs du couvent en sont édifiées. Le dernier hiver est particulièrement dur. Une cousine de Roccaporena vient visiter Rita. Avant de repartir, la parente lui demande si elle peut faire quelque chose pour elle. Rita lui répond : « Je voudrais une rose de mon petit jardin. » La cousine pense que Rita délire. « Une rose en plein hiver !... » Rentrée à Roccaporena, elle a déjà oublié cette demande quand, passant par hasard près de l’ancien jardin de Rita, elle voit une superbe rose rouge qui s’épanouit sur l’un des rosiers ! Elle la cueille avec émotion et retourne à Cascia la porter à Rita. C’est en souvenir de cet épisode de la vie de Rita, que chaque année, au jour de la fête de sainte Rita, les fidèles font bénir les roses pour les porter à leur parents ou amis malades.
Une mort rayonnante. Le 22 mai 1457 Rita entre dans la gloire du Ciel. Certains biographes racontent que, trois jours plus tôt, Notre Seigneur lui est apparu en compagnie de la Vierge Marie.
- « Quand donc, Jésus, pourrais-je venir en ta présence ? »
- « Bientôt, mais pas encore. »
- « Et quand donc ? »
- « Dans trois jours tu seras avec moi. »
Cette promesse réconforte Rita. Le troisième jour, elle demande à communier et à recevoir le sacrement des malades. Toutes les religieuses de sa communauté sont présentes. Elle demande la bénédiction de l’abbesse, puis expire doucement. Aussitôt, des prodiges sensibles viennent comme acclamer la sainteté de Rita. La cloche du monastère se met à frapper trois coups sans que personne ne la touche. La cellule de Rita s’illumine d’une resplendissante lumière, et la blessure malodorante de son front se cicatrise subitement en même temps qu’un parfum exquis remplit la cellule. Selon certains témoignages figurant au procès de canonisation, plusieurs personnes auraient vu son âme monter dans la gloire…
Une religieuse du monastère qui avait un bras paralysé cherche à passer son bras autour du cou de Rita… Elle y réussit. Elle est guérie ! C’est le premier miracle posthume de Rita. Tout le peuple de Cascia accourt pour voir celle que l’on appelle déjà « la sainte ». On transporte sa dépouille dans une chapelle intérieure et, pour que tous puissent la voir, on ne ferme pas le cercueil. Quelques années plus tard, ce cercueil sera détérioré par le feu, mais le corps restera intact jusqu’à… aujourd’hui où il repose dans la basilique sanctuaire de Cascia.
« La sainte de l’impossible. » C’est en 1710 qu’un religieux augustin espagnol a qualifié pour la première fois sainte Rita d’« avocate des causes impossibles ». Tant d’épisodes de la vie de la sainte manifestent comment elle réussit à surmonter, dans la foi et la confiance, des situations qui semblaient désespérées : la violence de son mari, les complications pour entrer au monastère, l’impossibilité de réconcilier des clans en conflits, et tant d’autres, jusqu’à celle, qui révèle la confiance de Rita et la poésie de Dieu, d’obtenir une rose en hiver… Mais si Rita est appelée la « sainte de l’impossible », c’est aussi à cause des nombreux miracles obtenus par son intercession. Au moment du procès de béatification, plus de 300 ex-voto témoignant de grâces obtenues ont été comptabilisés dans l’église du monastère. Les plus anciens datent de 1467, dix ans après sa mort. À tel point que les autorités communales elles-mêmes ont demandé à un notaire d’enregistrer soigneusement les guérisons miraculeuses qui survenaient auprès de la tombe de Rita. Pour la seule année 1457, onze miracles ont été jugés suffisamment incontestables pour être mis par écrit. Le plus grand est survenu le 25 mai de cette année-là : un aveugle, Battista d’Angelo, a retrouvé la vue après avoir prié devant le tombeau de la sainte. Encore aujourd’hui, d’innombrables témoins attribuent à l’intercession de Rita d’avoir été secourus dans des situations extrêmement difficiles ou humainement désespérées.
Une sainte aimée de tous. À l’époque de Rita, les canonisations officielles n’avaient pas encore été instituées. C’était en quelque sorte la voix du peuple qui proclamait la sainteté de ceux et celles qui avaient témoigné de façon extraordinaire de leur amour de Dieu. On peut donc dire que Rita fut d’abord béatifiée par le peuple ; l’évêque de Spoleto simplement autorisa son culte. La béatification officielle fut proclamée par le Pape Urbain VIII en 1628, et ce n’est qu’en mai 1900 que Léon XIII canonisa sainte Rita. Dès lors, son culte s’est développé de façon extraordinaire d’abord en Italie et puis dans le monde entier. Ici en France, c’est à partir de 1935 que le Père Bianco, Oblat de la Vierge Marie, introduisit la dévotion à Rita. La création de la Revue Sainte Rita en 1955 contribua à la faire connaître et aimer dans toute la France, et en particulier dans la moitié Sud. Tant de gens se retrouvent en cette femme dont la vie est à la fois simple, proche de la leur, et en même temps remplie de signes prodigieux de la présence de Dieu. Ils admirent l’épouse et la religieuse qui, à travers son acceptation « amoureuse » des épreuves, montre à tous un chemin de foi, d’espérance et d’amour de Dieu. Ils montrent une confiance immense en cette sainte qui intercède si efficacement auprès de Dieu pour obtenir des grâces aussi bien temporelles et spirituelles.
La mission universelle de sainte Rita, « la sainte des cas impossibles », est de nous aider, par l’exemple de la vie et par la puissance de sa prière, à ne jamais désespérer et à mettre toute notre confiance en Dieu, même dans les situations les plus difficiles et « impossibles ».
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1828
ADÈLE DE BATZ DE TRENQUELLÉON, « LA FONDATRICE »
ADÈLE DE BATZ DE TRENQUELLÉON, « LA FONDATRICE »
Adèle de Batz de Trenquelléon (1789-1828) est la fondatrice de l’Institut des Filles de Marie à Agen (Sœurs marianistes) dont le but est la mission, à commencer par l’accompagnement des Congréganistes, mais aussi la préparation aux sacrements, et le service aux plus pauvres.
Marie Joëlle Bec Sœur Marianiste, F.M.I.
La naissance d’une vocation sur les chemins de l’exil. Adèle de Batz naît le 10 juin 1789 au château de Trenquelléon, près d’Agen (Lot-et-Garonne). Son père, le baron Charles de Batz, commande les Gardes françaises. Sa mère, elle, descend de saint Louis. Femme de foi, généreuse en aumônes, elle fait le catéchisme aux enfants, visite les malades, les vieillards isolés, subvient aux besoins des pauvres. Sa famille la surnomme « la femme forte », son mari dit d’elle : « C’est une sainte. » Le coup d’État du 18 Fructidor (4 septembre 1797), qui ramène les Jacobins au pouvoir sous le Directoire, pousse la famille à l’exil dans la péninsule ibérique. La mère d’Adèle, qui avait appris que son nom figurait sur des listes de proscription, devait sauver sa vie. Le 6 janvier 1801, jour de l’Épiphanie, Adèle fait sa première communion à Saint-Sébastien en Espagne. Naît alors en elle le désir de devenir carmélite. Mais en novembre 1801, la famille peut rentrer en France après quatre ans d’exil. Sa mère promet à Adèle de la laisser revenir en Espagne, lorsqu’elle aura l’âge, si le Carmel n’est pas rétabli en France. Le 14 novembre, la famille réintègre le château ; mais sur le chemin, que de ruines, que de désolations après la Révolution ! Adèle en restera marquée.
La confirmation. En 1802, Monsieur Ducourneau, ancien séminariste, arrive comme précepteur de Charles, âgé de 10 ans. Il encourage Adèle dans sa vocation au Carmel. Avec l’accord de la baronne, il lui rédige un règlement de vie spirituelle. Pour se préparer au sacrement de Confirmation, Adèle demande à passer six semaines avec d’anciennes carmélites. Son désir d’être toute à « l’Époux » en ressort approfondi. Le 6 février 1803, Mgr Jean Jacoupy, évêque d’Agen, convie les confirmands à sa table ; Adèle sympathise avec Jeanne Diché, de quatre ans son aînée. Naît alors une correspondance hebdomadaire entre les deux nouvelles amies, correspondance destinée à se stimuler sur le chemin de la vie spirituelle.
Naissance de la « Petite Société ». Durant l’été 1804, Jeanne Diché est au château de Trenquelléon avec Adèle. Elles parlent à M. Ducourneau de leur désir de rechristianiser les campagnes ; il leur propose de créer une association de prières. Naît alors la « Petite Société », alors qu’Adèle n’a que 15 ans et demi. Chaque semaine, des lettres circulent. Jeanne et Adèle sont les deux animatrices privilégiées. Agathe, une des sœurs de Jeanne, se joint bientôt à la « Petite Société ». En avril 1805, Jeanne épouse Monsieur Belloc, Adèle devient la tête et le cœur de la Société qui continue à trouver des recrues. Alors qu’elles ne sont que sept en 1805, les voici 24 au début de l’année 1807, puis 60 fin 1808. La « Petite Société » a la Vierge Immaculée pour protectrice. L’animation se fait par l’exhortation mutuelle, à laquelle s’ajoutent quelques pratiques très simples :
- un rendez-vous quotidien au Calvaire, à 15 heures
- le vendredi, un moment de méditation sur la Passion
- la mise en commun des mérites
- un mot d’ordre : « Mon Dieu ».
Adèle parle de l’amour de Dieu, du détachement, de la mise à profit du temps car le Seigneur vient comme un voleur, de la préparation aux sacrements, de la mission, de l’humilité et de la pureté de Marie… Sans se lasser, elle encourage, interpelle, invite à la confiance. Parmi les associés, se trouvent des prêtres dont Monsieur Larribeau, curé de Lompian (Lot-et-Garonne). Bientôt, il accompagne la « Petite Société ». De temps à autre, il vient au château, occasion de récollections pour Adèle et les associées qui peuvent venir. Tous les ans, Adèle se rend elle-même à Lompian pour sa retraite. Durant l’été 1808, Madame de Trenquelléon rencontre à Figeac (Lot) l’abbé Lafon. Saisi par la similitude entre la « Petite Société » d’Adèle et la Congrégation de Bordeaux fondée par le Père Guillaume-Joseph Chaminade (article à lire ici), l’abbé Lafon parle d’Adèle au Père Chaminade qui lui envoie le Manuel du Serviteur de Marie.
L’association avec la Congrégation de l'Immaculée de Bordeaux. Le 20 novembre 1808, après des semaines de combat spirituel, Adèle dit « positivement non » à un projet de mariage. Le cœur tout à Dieu, elle entre en relation avec la Congrégation de Bordeaux : échanges de conseils, demandes de prières… Elle s’enthousiasme quand elle découvre la consécration à Marie, les prières et les cantiques proposés par le Manuel du Serviteur de Marie. Bientôt la « Petite Société » s’associe à la Congrégation.
Dès le début, Marie était à l’honneur dans la « Petite Société ». Le 16 juillet 1807, Adèle avait écrit à Agathe : « Ayons souvent recours à la protectrice de la Société, la Très Sainte Vierge. Oh, qu’elle est puissante auprès de son Fils ! Mettons-nous bien sous sa sauvegarde. Nous sommes ses enfants particulières, soit par notre Société, soit par l’habit du Scapulaire dont nous avons le bonheur d’être revêtues. » L’Esprit Saint préparait déjà les contacts avec le Père Chaminade ; et Adèle était prête à accueillir la consécration à Marie que propose le Manuel du Serviteur de Marie.
Au service des autres. En 1809, Adèle tombe gravement malade. Le sentiment de la précarité de la vie se fait plus vif en elle. L’idée du Carmel revient. Elle reprend sa correspondance et se donne sans compter au service des pauvres. Ils deviennent ses enfants. Elle les reçoit au château, tient à les servir. Elle travaille, fait de la broderie, de l’élevage, et grâce au produit de ces travaux, elle subvient à leurs besoins. Adèle visite également les malades, fait la classe, le catéchisme. Et quand son père est paralysé en 1812, elle devient son infirmière jusqu’à sa mort en juin 1815.
Le « cher projet ». Peu à peu, l’idée d’un « cher projet » se fait jour dans le cœur d’Adèle. De quoi s’agit-il ? Tout simplement d’un projet de communauté qui aurait pour but la sanctification de ses membres par la prière et la pratique des trois vœux, ainsi que les œuvres susceptibles de remédier aux misères des campagnes. Les 13 et 14 juin 1814, Adèle, Madame Belloc, et quelques unes de leurs amies se retrouvent à Lompian. Moment décisif. Avec l’abbé Larribeau, elles parlent longuement du « cher projet » ; les associées reçoivent des noms de religion. Adèle devient Sœur Marie de la Conception. Pour la Conception de Marie, le P. Chaminade autorise Adèle et ses amies à émettre en privé le vœu de chasteté. Adèle propose de porter un anneau d’argent comme symbole de leur don total au Christ. Qui va rédiger les constitutions ? Comme l’abbé Larribeau ne s’en sent pas capable, c’est l’abbé Laumont, curé de Sainte Radegonde (Aveyron), qui accepte d’élaborer un projet, mais le P. Chaminade le trouve trop imparfait. En 1815, il y travaille à son tour et précise le but du futur Institut : « Vous serez réellement religieuses. Marie, l’auguste Mère de Jésus, doit être votre modèle comme elle est votre patronne… Votre communauté sera toute composée de religieuses missionnaires. »
Le développement de l’Institut. Le 25 mai 1816, avec trois amies, Adèle quitte le château pour le Refuge de la rue Joseph Bara à Agen (voir compléments), où les attendent Madame Belloc et deux autres futures religieuses, avant de s’installer en 1820 dans l’ancien couvent des Augustins, racheté en mauvais état la même année. Mademoiselle de Lamourous, fondatrice de la Miséricorde à Bordeaux, envoyée par le Père Chaminade, vient initier ces jeunes femmes à leur nouvelle vie. C’est la naissance de l’Institut des Filles de Marie (dit aussi des Religieuses marianistes) qui concrétise le « cher projet » d’Adèle. Le 8 juin, le Père Chaminade apporte les Constitutions qu’il explique longuement aux jeunes femmes. Avant de repartir pour Bordeaux, il nomme Adèle supérieure du couvent. Le 25 juillet 1817, dans le secret du confessionnal, Adèle et ses huit premières compagnes font profession perpétuelle. Peu à peu, la vie s’organise au couvent de l’Immaculée Conception. Les activités se multiplient : la Congrégation, l’école gratuite pour les enfants pauvres, les catéchismes, la préparation à la communion, les retraites, l’ouvroir et l’œuvre des pauvres mendiantes (une centaine de femmes qu’une Sœur prépare à la première communion et à la confirmation). La vie de la communauté est stimulée par la récollection mensuelle et la retraite annuelle, habituellement prêchée par le Père Chaminade. Les fondations se succèdent : Tonneins (Lot-et-Garonne, 1820), Condom (Gers) et Bordeaux (Gironde, 1824), Arbois (Jura, 1826). En 1824, Mgr Jacoupy approuve par écrit l’Institut des Filles de Marie.
L’année 1827 voit la santé de Mère Adèle se dégrader de plus en plus. Le 10 janvier 1828, après s’être écriée : « Hosanna Filio David ! » (« Hosanna au Fils de David ! »), elle passe vers le Bien-Aimé, alors qu’elle n’a pas 39 ans. Dans sa jeunesse, son père lui disait souvent : « Adèle, tu seras fondatrice ! »
Vers la béatification ? Après une longue enquête canonique, Adèle de Batz est proclamée vénérable pour l’héroïcité de ses vertus le 5 juin 1986 par le pape Jean-Paul II. En 2016, 200 ans après la fondation de la congrégation marianiste, le Vatican analyse un miracle attribué à l’intercession d’Adèle de Batz, préparant la voie à une éventuelle béatification.
Marie Joëlle Bec Sœur Marianiste, F.M.I.
La naissance d’une vocation sur les chemins de l’exil. Adèle de Batz naît le 10 juin 1789 au château de Trenquelléon, près d’Agen (Lot-et-Garonne). Son père, le baron Charles de Batz, commande les Gardes françaises. Sa mère, elle, descend de saint Louis. Femme de foi, généreuse en aumônes, elle fait le catéchisme aux enfants, visite les malades, les vieillards isolés, subvient aux besoins des pauvres. Sa famille la surnomme « la femme forte », son mari dit d’elle : « C’est une sainte. » Le coup d’État du 18 Fructidor (4 septembre 1797), qui ramène les Jacobins au pouvoir sous le Directoire, pousse la famille à l’exil dans la péninsule ibérique. La mère d’Adèle, qui avait appris que son nom figurait sur des listes de proscription, devait sauver sa vie. Le 6 janvier 1801, jour de l’Épiphanie, Adèle fait sa première communion à Saint-Sébastien en Espagne. Naît alors en elle le désir de devenir carmélite. Mais en novembre 1801, la famille peut rentrer en France après quatre ans d’exil. Sa mère promet à Adèle de la laisser revenir en Espagne, lorsqu’elle aura l’âge, si le Carmel n’est pas rétabli en France. Le 14 novembre, la famille réintègre le château ; mais sur le chemin, que de ruines, que de désolations après la Révolution ! Adèle en restera marquée.
La confirmation. En 1802, Monsieur Ducourneau, ancien séminariste, arrive comme précepteur de Charles, âgé de 10 ans. Il encourage Adèle dans sa vocation au Carmel. Avec l’accord de la baronne, il lui rédige un règlement de vie spirituelle. Pour se préparer au sacrement de Confirmation, Adèle demande à passer six semaines avec d’anciennes carmélites. Son désir d’être toute à « l’Époux » en ressort approfondi. Le 6 février 1803, Mgr Jean Jacoupy, évêque d’Agen, convie les confirmands à sa table ; Adèle sympathise avec Jeanne Diché, de quatre ans son aînée. Naît alors une correspondance hebdomadaire entre les deux nouvelles amies, correspondance destinée à se stimuler sur le chemin de la vie spirituelle.
Naissance de la « Petite Société ». Durant l’été 1804, Jeanne Diché est au château de Trenquelléon avec Adèle. Elles parlent à M. Ducourneau de leur désir de rechristianiser les campagnes ; il leur propose de créer une association de prières. Naît alors la « Petite Société », alors qu’Adèle n’a que 15 ans et demi. Chaque semaine, des lettres circulent. Jeanne et Adèle sont les deux animatrices privilégiées. Agathe, une des sœurs de Jeanne, se joint bientôt à la « Petite Société ». En avril 1805, Jeanne épouse Monsieur Belloc, Adèle devient la tête et le cœur de la Société qui continue à trouver des recrues. Alors qu’elles ne sont que sept en 1805, les voici 24 au début de l’année 1807, puis 60 fin 1808. La « Petite Société » a la Vierge Immaculée pour protectrice. L’animation se fait par l’exhortation mutuelle, à laquelle s’ajoutent quelques pratiques très simples :
- un rendez-vous quotidien au Calvaire, à 15 heures
- le vendredi, un moment de méditation sur la Passion
- la mise en commun des mérites
- un mot d’ordre : « Mon Dieu ».
Adèle parle de l’amour de Dieu, du détachement, de la mise à profit du temps car le Seigneur vient comme un voleur, de la préparation aux sacrements, de la mission, de l’humilité et de la pureté de Marie… Sans se lasser, elle encourage, interpelle, invite à la confiance. Parmi les associés, se trouvent des prêtres dont Monsieur Larribeau, curé de Lompian (Lot-et-Garonne). Bientôt, il accompagne la « Petite Société ». De temps à autre, il vient au château, occasion de récollections pour Adèle et les associées qui peuvent venir. Tous les ans, Adèle se rend elle-même à Lompian pour sa retraite. Durant l’été 1808, Madame de Trenquelléon rencontre à Figeac (Lot) l’abbé Lafon. Saisi par la similitude entre la « Petite Société » d’Adèle et la Congrégation de Bordeaux fondée par le Père Guillaume-Joseph Chaminade (article à lire ici), l’abbé Lafon parle d’Adèle au Père Chaminade qui lui envoie le Manuel du Serviteur de Marie.
L’association avec la Congrégation de l'Immaculée de Bordeaux. Le 20 novembre 1808, après des semaines de combat spirituel, Adèle dit « positivement non » à un projet de mariage. Le cœur tout à Dieu, elle entre en relation avec la Congrégation de Bordeaux : échanges de conseils, demandes de prières… Elle s’enthousiasme quand elle découvre la consécration à Marie, les prières et les cantiques proposés par le Manuel du Serviteur de Marie. Bientôt la « Petite Société » s’associe à la Congrégation.
Dès le début, Marie était à l’honneur dans la « Petite Société ». Le 16 juillet 1807, Adèle avait écrit à Agathe : « Ayons souvent recours à la protectrice de la Société, la Très Sainte Vierge. Oh, qu’elle est puissante auprès de son Fils ! Mettons-nous bien sous sa sauvegarde. Nous sommes ses enfants particulières, soit par notre Société, soit par l’habit du Scapulaire dont nous avons le bonheur d’être revêtues. » L’Esprit Saint préparait déjà les contacts avec le Père Chaminade ; et Adèle était prête à accueillir la consécration à Marie que propose le Manuel du Serviteur de Marie.
Au service des autres. En 1809, Adèle tombe gravement malade. Le sentiment de la précarité de la vie se fait plus vif en elle. L’idée du Carmel revient. Elle reprend sa correspondance et se donne sans compter au service des pauvres. Ils deviennent ses enfants. Elle les reçoit au château, tient à les servir. Elle travaille, fait de la broderie, de l’élevage, et grâce au produit de ces travaux, elle subvient à leurs besoins. Adèle visite également les malades, fait la classe, le catéchisme. Et quand son père est paralysé en 1812, elle devient son infirmière jusqu’à sa mort en juin 1815.
Le « cher projet ». Peu à peu, l’idée d’un « cher projet » se fait jour dans le cœur d’Adèle. De quoi s’agit-il ? Tout simplement d’un projet de communauté qui aurait pour but la sanctification de ses membres par la prière et la pratique des trois vœux, ainsi que les œuvres susceptibles de remédier aux misères des campagnes. Les 13 et 14 juin 1814, Adèle, Madame Belloc, et quelques unes de leurs amies se retrouvent à Lompian. Moment décisif. Avec l’abbé Larribeau, elles parlent longuement du « cher projet » ; les associées reçoivent des noms de religion. Adèle devient Sœur Marie de la Conception. Pour la Conception de Marie, le P. Chaminade autorise Adèle et ses amies à émettre en privé le vœu de chasteté. Adèle propose de porter un anneau d’argent comme symbole de leur don total au Christ. Qui va rédiger les constitutions ? Comme l’abbé Larribeau ne s’en sent pas capable, c’est l’abbé Laumont, curé de Sainte Radegonde (Aveyron), qui accepte d’élaborer un projet, mais le P. Chaminade le trouve trop imparfait. En 1815, il y travaille à son tour et précise le but du futur Institut : « Vous serez réellement religieuses. Marie, l’auguste Mère de Jésus, doit être votre modèle comme elle est votre patronne… Votre communauté sera toute composée de religieuses missionnaires. »
Le développement de l’Institut. Le 25 mai 1816, avec trois amies, Adèle quitte le château pour le Refuge de la rue Joseph Bara à Agen (voir compléments), où les attendent Madame Belloc et deux autres futures religieuses, avant de s’installer en 1820 dans l’ancien couvent des Augustins, racheté en mauvais état la même année. Mademoiselle de Lamourous, fondatrice de la Miséricorde à Bordeaux, envoyée par le Père Chaminade, vient initier ces jeunes femmes à leur nouvelle vie. C’est la naissance de l’Institut des Filles de Marie (dit aussi des Religieuses marianistes) qui concrétise le « cher projet » d’Adèle. Le 8 juin, le Père Chaminade apporte les Constitutions qu’il explique longuement aux jeunes femmes. Avant de repartir pour Bordeaux, il nomme Adèle supérieure du couvent. Le 25 juillet 1817, dans le secret du confessionnal, Adèle et ses huit premières compagnes font profession perpétuelle. Peu à peu, la vie s’organise au couvent de l’Immaculée Conception. Les activités se multiplient : la Congrégation, l’école gratuite pour les enfants pauvres, les catéchismes, la préparation à la communion, les retraites, l’ouvroir et l’œuvre des pauvres mendiantes (une centaine de femmes qu’une Sœur prépare à la première communion et à la confirmation). La vie de la communauté est stimulée par la récollection mensuelle et la retraite annuelle, habituellement prêchée par le Père Chaminade. Les fondations se succèdent : Tonneins (Lot-et-Garonne, 1820), Condom (Gers) et Bordeaux (Gironde, 1824), Arbois (Jura, 1826). En 1824, Mgr Jacoupy approuve par écrit l’Institut des Filles de Marie.
L’année 1827 voit la santé de Mère Adèle se dégrader de plus en plus. Le 10 janvier 1828, après s’être écriée : « Hosanna Filio David ! » (« Hosanna au Fils de David ! »), elle passe vers le Bien-Aimé, alors qu’elle n’a pas 39 ans. Dans sa jeunesse, son père lui disait souvent : « Adèle, tu seras fondatrice ! »
Vers la béatification ? Après une longue enquête canonique, Adèle de Batz est proclamée vénérable pour l’héroïcité de ses vertus le 5 juin 1986 par le pape Jean-Paul II. En 2016, 200 ans après la fondation de la congrégation marianiste, le Vatican analyse un miracle attribué à l’intercession d’Adèle de Batz, préparant la voie à une éventuelle béatification.
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1180
NOTRE-DAME DE BENOÎTE-VAUX
NOTRE-DAME DE BENOÎTE-VAUX
Perdu dans la forêt entre Verdun et Bar-le-Duc, non loin de la Voie sacrée, Benoîte-Vaux (Meuse) est un haut-lieu de pèlerinage à la Sainte Vierge depuis plus de huit siècles et l’un des grands sanctuaires de la Lorraine.
Sœur Sheeba Keenanchery Responsable de l'animation pastorale
Les origines. La légende veut qu’en ce lieu appelé autrefois « Martin-Han » (« la maison de Martin »), des bûcherons furent attirés par les chants célestes de l’Ave Maria… Ils découvrirent sur place une statue de la Vierge Mère, au pied d’un chêne déraciné. Émerveillés, ils décidèrent de lui élever un oratoire, dont un ermite eut la garde. Avec l’affluence des pèlerins, un lieu de culte plus important fut nécessaire. Une église fut construite sous le vocable de « l'Annonciation de la Vierge », et confiée aux Prémontrés vers 1140. Le nom de Benoîte-Vaux (« la Vallée Bénie ») apparaît ainsi pour la première fois en 1180 sur une bulle pontificale. Ce document confirme la donation en terres et en bois par l’évêque de Verdun (Meuse), Albéron de Chiny, à la jeune communauté de Prémontrés (ordre canonial catholique fondé par saint Norbert de Xanten au début du XIIe siècle), issue de l’Abbaye de l’Étanche.
Les images de Notre-Dame. La statue primitive des premiers moines dut disparaître dans l’incendie qui dévasta le sanctuaire en 1331. La plus ancienne madone que possède encore Benoîte-Vaux date en effet du XIVe ou du XVe siècle, elle est exposée dans la chapelle des retraitants. Dans l’église elle-même, on lui préféra au XVIe siècle une statue majestueuse portant une couronne ducale (cercle d’or monté de huit fleurons). Cette statue fut sauvée par Madame de Saint-Baslemont, célèbre héroïne lorraine, en 1638 lors de la guerre de Trente Ans, mais fut frappée puis détruite par les révolutionnaires en 1793 ; seule en reste une main recueillie par Marguerite Lardenois. La madone actuelle exposée dans l’église date du XVIIe siècle. Celle-ci était primitivement au-dessus de la fontaine, et fut sauvée par les habitants de Woimbey (Meuse) lors du saccage de Benoîte-Vaux durant la Révolution. La statue fut solennellement couronnée le 8 septembre 1875 par Mgr Hacquart, en présence des évêques des deux diocèses voisins, de 400 prêtres et de 15 000 fidèles.
Débuts du pèlerinage. C’est la présence des Prémontrés qui va assurer l’essor de Benoîte-Vaux au Moyen Âge, et surtout à l’aube des temps modernes. Ils sont aidés par la sollicitude des évêques de Verdun, mais aussi par les largesses des princes, qui viennent en pèlerinage avec leur suite (par exemple René II, roi de Sicile). Toutefois, ces personnages célèbres ne doivent pas faire oublier la ferveur populaire. La guerre de Cent Ans et les épreuves conduisent notamment la population à se réfugier à Benoîte-Vaux et à confier leurs misères à la Reine du Ciel. Des miracles ont lieu. C’est à cette époque que remontent les vocables de « Reine de la Paix » et « Consolatrice des Affligés ».
Une histoire dans l’Histoire. Au XVIIe siècle, la région est ravagée par les guerres et les bandes de brigands… Arlette Barbe d’Ernécourt, comtesse de Saint-Baslemont depuis des années, accorde refuge aux malheureux et aux victimes de la guerre en son château de Neuville-en-Verdunois (Meuse). Elle lève une troupe d’élite et, chevauchant à sa tête, entreprend avec succès de chasser des brigands. Une paix relative s’installe alors, avec l’aide d’une « sauvegarde » (garde que l’on détachait dans un lieu afin de préserver celui-ci du pillage), décrétée par Louis XIII et Anne d’Autriche. Benoîte-Vaux est alors restauré, le 25 mars 1641, une foule de pèlerins accourt des trois évêchés lorrains (Metz, Toul, Verdun), mais aussi de Thionville (actuelle Moselle), de Luxembourg, Trèves (Allemagne), Nancy (actuelle Lorraine), Neufchâteau (Vosges) et Reims (Marne). En six mois, 189 paroisses vinrent en procession à l’oratoire et plusieurs reproduisent chez elles un lieu de dévotion à Notre-Dame de Benoîte-Vaux, comme on le fit plus tard pour la Salette ou pour Lourdes.
Le temps des miracles. La restauration du sanctuaire et l’enthousiasme populaire qui l’a accompagnée sont l’occasion de nombreux miracles. En 1659, 43 sont canoniquement reconnus (guérisons de sourds, d’aveugles, d’enfants mort-nés…). La chapelle est reconstruite en 1698 et échappe de peu aux horreurs de la guerre de Succession d’Espagne, la statue étant cachée dans le monastère voisin de Notre-Dame de l’Étanche (Meuse). En 1730, Marguerite Herbillon, native de Rosnes (actuelle commune de Raival, à une quinzaine de kilomètres au sud de Benoîte-Vaux), se rend en pèlerinage à pied jusqu’à la chapelle, avec une amie, en portant sa fille de sept ans paralysée d’un bras et des deux jambes, n’ayant pas l’usage de la parole. Dans la forêt, elle s’arrête fatiguée au pied d’un arbre. Une Dame vêtue de blanc lui apparaît alors et lui demande ce qu’elle fait. Elle incite la mère à déposer l’enfant pour qu’elle marche seule. Alors, la fillette se met à courir en appelant : « Maman ! Maman ! » La mère émue perd connaissance. En remerciement de ce fait, resté dans toutes les mémoires à Rosnes, le père fit peindre un ex-voto placé dans la chapelle de Benoîte-Vaux.
Animation du lieu. Le pèlerinage fut animé par la communauté des Prémontrés jusqu’en 1789, par les prêtres du diocèse jusqu’en 1852, puis par les clercs réguliers de la congrégation de Notre-Sauveur jusqu’en 1919. Pendant la Grande Guerre, miraculeusement préservé par la retraite des troupes allemandes, le lieu servi d’hôpital de campagne. Ensuite, de 1922 à 1928, Monseigneur Charles Ginisty, évêque de Verdun, racheta le lieu au département pour y installer le grand séminaire, en attendant la reconstruction de sa ville. Trente-trois prêtres y furent ordonnés. Jusqu’en 1972, Benoîte-Vaux fut ensuite confié aux Oblats de Marie Immaculée, avant l’installation d’un prêtre diocésain cette même année. Depuis 1995, la pastorale du sanctuaire est confiée à une communauté religieuse de la Congrégation des Sœurs de Saint Joseph de Saint-Marc. Un prêtre du diocèse de Verdun assure une présence sacerdotale sur le sanctuaire et dans les villages environnants.
L’église. De l’oratoire des débuts du pèlerinage, il ne reste rien ; pas plus que de l’église du Moyen Âge, détruite par l’incendie de 1331. Reconstruite en 1333, et agrandie au XVe siècle, l’église est à nouveau restaurée en 1651, puis en 1698 grâce aux libéralités d’Antoine Lescale, seigneur de Longchamps et de Marguerite de Condé, son épouse. Ces deux bienfaiteurs reposent aujourd’hui sous une dalle à la croisée du transept. En reconnaissance, les deux petits autels du jubé portent leurs armes et la statue de leurs saints patrons : sainte Marguerite et saint Antoine. À l’intérieur de l’édifice, la vue se porte sur le jubé, destiné à isoler le chœur des moines. La décoration de l’abside du transept est de style baroque, à la fois simple et équilibré. Au fond, dans une niche à coquille, est exposée la statue de la Vierge vénérée en ce lieu. À ses côtés, se trouvent saint Norbert avec un ostensoir, fondateur des Prémontrés, et saint Augustin. À l’extérieur, on trouve sur la façade de la tour du clocher une statue monumentale de saint Pierre Fourrier, seul souvenir du séjour des clercs réguliers qui se réclamaient de lui. Le 27 juin 1983, le sanctuaire est classé monument historique.
Le chemin de croix en pierres sculptées. Situé sur une colline en face de la chapelle, il s’agit d’un projet du sculpteur Henri Chapu en 1889 qui consiste en un alignement de 14 monolithes extraits des carrières d'Euville près de Commercy. L’œuvre est réalisée après la mort de Chapu par Désiré Fosse (originaire de Nantillois dans la Meuse), et terminée en 1895. Cette même année, Mgr Jean-Pierre Pagis en fit la bénédiction solennelle, en présence de 12 000 fidèles. La croix monumentale fut apportée de Jérusalem par Léon Tardif de Moidrey, un pèlerin de la Pénitence, le 14 septembre 1888, au cours d’une autre fête solennelle. En dessous du Christ en bronze, un médaillon contient une parcelle de relique de la Vraie croix.
La fontaine. La source primitive de la fontaine était située au chevet de l’église, mais les nécessités de la clôture monastique l’ont déplacée à l’endroit actuel, dans le parc, vers 1644. Le gracieux monument néogothique existant fut offert par un domestique du châtelain de Thillombois (Meuse), Joseph Sauce. Il fut le fruit de ses économies et privations. Inauguré le 8 septembre 1846, il est surmonté d’une statue offerte par Claude Rollet, archiprêtre de Bar-le-Duc.
Aujourd’hui, le site de Benoîte-Vaux est géré par une association : Benoîte-Vaux Accueil. Le pèlerinage, qui attire encore de nombreux fidèles, a lieu chaque année la première semaine de septembre, avec, le 9 septembre, la fête de Benoîte-Vaux.
Sœur Sheeba Keenanchery Responsable de l'animation pastorale
Les origines. La légende veut qu’en ce lieu appelé autrefois « Martin-Han » (« la maison de Martin »), des bûcherons furent attirés par les chants célestes de l’Ave Maria… Ils découvrirent sur place une statue de la Vierge Mère, au pied d’un chêne déraciné. Émerveillés, ils décidèrent de lui élever un oratoire, dont un ermite eut la garde. Avec l’affluence des pèlerins, un lieu de culte plus important fut nécessaire. Une église fut construite sous le vocable de « l'Annonciation de la Vierge », et confiée aux Prémontrés vers 1140. Le nom de Benoîte-Vaux (« la Vallée Bénie ») apparaît ainsi pour la première fois en 1180 sur une bulle pontificale. Ce document confirme la donation en terres et en bois par l’évêque de Verdun (Meuse), Albéron de Chiny, à la jeune communauté de Prémontrés (ordre canonial catholique fondé par saint Norbert de Xanten au début du XIIe siècle), issue de l’Abbaye de l’Étanche.
Les images de Notre-Dame. La statue primitive des premiers moines dut disparaître dans l’incendie qui dévasta le sanctuaire en 1331. La plus ancienne madone que possède encore Benoîte-Vaux date en effet du XIVe ou du XVe siècle, elle est exposée dans la chapelle des retraitants. Dans l’église elle-même, on lui préféra au XVIe siècle une statue majestueuse portant une couronne ducale (cercle d’or monté de huit fleurons). Cette statue fut sauvée par Madame de Saint-Baslemont, célèbre héroïne lorraine, en 1638 lors de la guerre de Trente Ans, mais fut frappée puis détruite par les révolutionnaires en 1793 ; seule en reste une main recueillie par Marguerite Lardenois. La madone actuelle exposée dans l’église date du XVIIe siècle. Celle-ci était primitivement au-dessus de la fontaine, et fut sauvée par les habitants de Woimbey (Meuse) lors du saccage de Benoîte-Vaux durant la Révolution. La statue fut solennellement couronnée le 8 septembre 1875 par Mgr Hacquart, en présence des évêques des deux diocèses voisins, de 400 prêtres et de 15 000 fidèles.
Débuts du pèlerinage. C’est la présence des Prémontrés qui va assurer l’essor de Benoîte-Vaux au Moyen Âge, et surtout à l’aube des temps modernes. Ils sont aidés par la sollicitude des évêques de Verdun, mais aussi par les largesses des princes, qui viennent en pèlerinage avec leur suite (par exemple René II, roi de Sicile). Toutefois, ces personnages célèbres ne doivent pas faire oublier la ferveur populaire. La guerre de Cent Ans et les épreuves conduisent notamment la population à se réfugier à Benoîte-Vaux et à confier leurs misères à la Reine du Ciel. Des miracles ont lieu. C’est à cette époque que remontent les vocables de « Reine de la Paix » et « Consolatrice des Affligés ».
Une histoire dans l’Histoire. Au XVIIe siècle, la région est ravagée par les guerres et les bandes de brigands… Arlette Barbe d’Ernécourt, comtesse de Saint-Baslemont depuis des années, accorde refuge aux malheureux et aux victimes de la guerre en son château de Neuville-en-Verdunois (Meuse). Elle lève une troupe d’élite et, chevauchant à sa tête, entreprend avec succès de chasser des brigands. Une paix relative s’installe alors, avec l’aide d’une « sauvegarde » (garde que l’on détachait dans un lieu afin de préserver celui-ci du pillage), décrétée par Louis XIII et Anne d’Autriche. Benoîte-Vaux est alors restauré, le 25 mars 1641, une foule de pèlerins accourt des trois évêchés lorrains (Metz, Toul, Verdun), mais aussi de Thionville (actuelle Moselle), de Luxembourg, Trèves (Allemagne), Nancy (actuelle Lorraine), Neufchâteau (Vosges) et Reims (Marne). En six mois, 189 paroisses vinrent en procession à l’oratoire et plusieurs reproduisent chez elles un lieu de dévotion à Notre-Dame de Benoîte-Vaux, comme on le fit plus tard pour la Salette ou pour Lourdes.
Le temps des miracles. La restauration du sanctuaire et l’enthousiasme populaire qui l’a accompagnée sont l’occasion de nombreux miracles. En 1659, 43 sont canoniquement reconnus (guérisons de sourds, d’aveugles, d’enfants mort-nés…). La chapelle est reconstruite en 1698 et échappe de peu aux horreurs de la guerre de Succession d’Espagne, la statue étant cachée dans le monastère voisin de Notre-Dame de l’Étanche (Meuse). En 1730, Marguerite Herbillon, native de Rosnes (actuelle commune de Raival, à une quinzaine de kilomètres au sud de Benoîte-Vaux), se rend en pèlerinage à pied jusqu’à la chapelle, avec une amie, en portant sa fille de sept ans paralysée d’un bras et des deux jambes, n’ayant pas l’usage de la parole. Dans la forêt, elle s’arrête fatiguée au pied d’un arbre. Une Dame vêtue de blanc lui apparaît alors et lui demande ce qu’elle fait. Elle incite la mère à déposer l’enfant pour qu’elle marche seule. Alors, la fillette se met à courir en appelant : « Maman ! Maman ! » La mère émue perd connaissance. En remerciement de ce fait, resté dans toutes les mémoires à Rosnes, le père fit peindre un ex-voto placé dans la chapelle de Benoîte-Vaux.
Animation du lieu. Le pèlerinage fut animé par la communauté des Prémontrés jusqu’en 1789, par les prêtres du diocèse jusqu’en 1852, puis par les clercs réguliers de la congrégation de Notre-Sauveur jusqu’en 1919. Pendant la Grande Guerre, miraculeusement préservé par la retraite des troupes allemandes, le lieu servi d’hôpital de campagne. Ensuite, de 1922 à 1928, Monseigneur Charles Ginisty, évêque de Verdun, racheta le lieu au département pour y installer le grand séminaire, en attendant la reconstruction de sa ville. Trente-trois prêtres y furent ordonnés. Jusqu’en 1972, Benoîte-Vaux fut ensuite confié aux Oblats de Marie Immaculée, avant l’installation d’un prêtre diocésain cette même année. Depuis 1995, la pastorale du sanctuaire est confiée à une communauté religieuse de la Congrégation des Sœurs de Saint Joseph de Saint-Marc. Un prêtre du diocèse de Verdun assure une présence sacerdotale sur le sanctuaire et dans les villages environnants.
L’église. De l’oratoire des débuts du pèlerinage, il ne reste rien ; pas plus que de l’église du Moyen Âge, détruite par l’incendie de 1331. Reconstruite en 1333, et agrandie au XVe siècle, l’église est à nouveau restaurée en 1651, puis en 1698 grâce aux libéralités d’Antoine Lescale, seigneur de Longchamps et de Marguerite de Condé, son épouse. Ces deux bienfaiteurs reposent aujourd’hui sous une dalle à la croisée du transept. En reconnaissance, les deux petits autels du jubé portent leurs armes et la statue de leurs saints patrons : sainte Marguerite et saint Antoine. À l’intérieur de l’édifice, la vue se porte sur le jubé, destiné à isoler le chœur des moines. La décoration de l’abside du transept est de style baroque, à la fois simple et équilibré. Au fond, dans une niche à coquille, est exposée la statue de la Vierge vénérée en ce lieu. À ses côtés, se trouvent saint Norbert avec un ostensoir, fondateur des Prémontrés, et saint Augustin. À l’extérieur, on trouve sur la façade de la tour du clocher une statue monumentale de saint Pierre Fourrier, seul souvenir du séjour des clercs réguliers qui se réclamaient de lui. Le 27 juin 1983, le sanctuaire est classé monument historique.
Le chemin de croix en pierres sculptées. Situé sur une colline en face de la chapelle, il s’agit d’un projet du sculpteur Henri Chapu en 1889 qui consiste en un alignement de 14 monolithes extraits des carrières d'Euville près de Commercy. L’œuvre est réalisée après la mort de Chapu par Désiré Fosse (originaire de Nantillois dans la Meuse), et terminée en 1895. Cette même année, Mgr Jean-Pierre Pagis en fit la bénédiction solennelle, en présence de 12 000 fidèles. La croix monumentale fut apportée de Jérusalem par Léon Tardif de Moidrey, un pèlerin de la Pénitence, le 14 septembre 1888, au cours d’une autre fête solennelle. En dessous du Christ en bronze, un médaillon contient une parcelle de relique de la Vraie croix.
La fontaine. La source primitive de la fontaine était située au chevet de l’église, mais les nécessités de la clôture monastique l’ont déplacée à l’endroit actuel, dans le parc, vers 1644. Le gracieux monument néogothique existant fut offert par un domestique du châtelain de Thillombois (Meuse), Joseph Sauce. Il fut le fruit de ses économies et privations. Inauguré le 8 septembre 1846, il est surmonté d’une statue offerte par Claude Rollet, archiprêtre de Bar-le-Duc.
Aujourd’hui, le site de Benoîte-Vaux est géré par une association : Benoîte-Vaux Accueil. Le pèlerinage, qui attire encore de nombreux fidèles, a lieu chaque année la première semaine de septembre, avec, le 9 septembre, la fête de Benoîte-Vaux.
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