Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1846
NOTRE-DAME DE LA SALETTE : LES LARMES D’UNE MÈRE
NOTRE-DAME DE LA SALETTE : LES LARMES D’UNE MÈRE
Le 19 septembre 1846, une « Belle Dame » apparaît à deux enfants sur la montagne de La Salette (Isère) pour demander aux pécheurs de se convertir. Après une enquête rigoureuse, l’apparition est officiellement reconnue le 19 septembre 1851 par Mgr Philibert de Bruillard, évêque de Grenoble.
Aujourd’hui, le sanctuaire de La Salette est l’un des plus hauts lieux chrétiens de France.
Religieux de St Vincent de Paul, curé de la paroisse Notre-Dame de La Salette, Paris 15ème
Les protagonistes. Deux enfants, Mélanie et Maximin, pauvres parmi les pauvres, ignorants parmi les ignorants, mais deux enfants au cœur pur, furent les témoins d’une apparition de Marie sur la montagne de La Salette (Isère). Maximin Giraud a 11 ans et Mélanie Calvat 14 ans. Lui est né à Corps (Isère) le 26 août 1835. Sa mère, Anne-Marie Templier, meurt alors qu’il n’a que 17 mois. Son père Germain Giraud, charron, se remarie peu de temps après. Malmené par sa belle-mère, le petit Maximin passe alors beaucoup de temps à l’extérieur, s’amusant avec son chien et gardant sa chèvre. Mélanie Calvat, quatrième des dix enfants d’un tailleur de pierres de Corps, est née le 7 novembre 1831. Très jeune, elle est sollicitée par ses parents sans le sou pour garder le bétail dans les fermes environnantes, voire pour mendier dans la rue. Tous deux sont sans culture et sans éducation religieuse.
Les trois phases de l’apparition. Samedi 19 septembre 1846, veille de la fête de Notre-Dame des Sept-Douleurs, les deux enfants gardent un troupeau de vaches dans la montagne alpine à 1 800 mètres d’altitude, au lieu-dit La Salette.
1. La Vierge en pleurs. Après un repas près de la fontaine des Hommes puis une courte sieste, ils se réveillent et s’inquiètent du sort des bêtes. C’est alors qu’ils aperçoivent, dans le petit ravin de la Sézia, un globe de feu d’un mètre de diamètre environ. Soudain, l’insolite lumière tourbillonne, puis s’entrouvre. Stupéfaits, les deux enfants remarquent une forme humaine, une « Belle Dame », assise, les coudes appuyés sur les genoux et qui pleure.
2. La conversation. Mélanie et Maximin ignorent qui est cette « Belle Dame ». Celle-ci se lève, s’avance légèrement et leur dit : « Avancez mes enfants, n’ayez pas peur, je suis ici pour vous conter une grande nouvelle »
3. L’Assomption. Traversant la Sézia, la « Belle Dame » gravit la pente du ravin, au lieu de monter tout droit, elle décrit une sorte de « S » très allongé. Arrivée sur le plateau, la « Belle Dame » s’élève, elle reste un moment suspendue en l’air, puis disparaît peu à peu. L’apparition est finie. Elle a duré, suppose-t-on, environ une demi-heure, mais elle sembla aux enfants aussi brève qu’un éclair.
Le message de Marie. D’abord assise et toute en larmes, la « Belle Dame » se lève et leur parle longuement, en français et en patois, de « son Fils » tout en citant des exemples tirés du concret de leur vie. « Avancez, mes enfants, n’ayez pas peur, je suis ici pour vous conter une grande nouvelle. (…) » Toute la clarté dont elle est formée et qui les enveloppe tous les trois, vient d’un grand crucifix qu’elle porte sur sa poitrine, entouré d’un marteau et de tenailles. Elle porte sur ses épaules une lourde chaîne et, à côté, des roses. Sa tête, sa taille et ses pieds sont entourés de roses. Elle poursuit : « Si mon peuple ne veut pas se soumettre, je suis forcée de laisser aller le bras de mon Fils. Il est si fort et si pesant que je ne puis plus le maintenir. Depuis le temps que je souffre pour vous autres ! Si je veux que mon Fils ne vous abandonne pas, je suis chargée de le prier sans cesse. (…) S’ils se convertissent, les pierres et les rochers deviendront des monceaux de blé et les pommes de terre seront ensemencées par les terres. (…) » Son message achevé, la « Belle Dame » gravit un raidillon et disparaît dans la lumière. Une consigne est laissée aux enfants : « Eh bien, mes enfants, vous le ferez passer à tout mon peuple ! Allons, mes enfants, faites-le bien passer à tout mon peuple ! »
L’engouement de tout un peuple. De retour au village, les deux enfants commencent à raconter cette histoire invraisemblable, à Madame Pra puis au curé du village : une « Belle Dame », toute de lumière, leur serait apparue dans les alpages et leur aurait parlé longuement. Pouvait-on croire ces jeunes bergers racontant un fait n’ayant eu d’autres témoins qu’eux-mêmes ? Difficile, et pourtant, la population est troublée.
Les suites de l’apparition. Fin 1847, un premier rapport au chanoine Rousselot est positif. Malgré les nombreuses interrogations (Mgr de Bonald, le futur Mgr Dupanloup…) voire la menace des gendarmes, leur témoignage ne varie pas. Le 19 septembre 1851, après une enquête longue et rigoureuse, Mgr Philibert de Bruillard, évêque de Grenoble, déclare dans un mandement : « L’apparition de la Sainte Vierge à deux bergers sur la montagne de La Salette [...] porte en elle-même tous les caractères de la vérité et que les fidèles sont fondés à la croire indubitable et certaine. » Le 25 mai 1852, l’évêque pose devant 15 000 pèlerins la première pierre d’un grand sanctuaire comportant une église de style néo-roman et une hôtellerie attenante, et annonce à ses diocésains la constitution d’un corps spécial de prêtres pour être au service de ces pèlerins. Ils seront les « Missionnaires de Notre-Dame de La Salette ». En 1855, Mgr Jacques Ginoulhiac, nouvel évêque de la ville, confirma la décision de son prédécesseur et ajouta : « La mission des bergers est finie, celle de l’Église commence. » À la suite de pèlerinages et de guérisons, plus de 900 chapelles en France et à l’étranger reproduisent cette apparition de Notre-Dame. Achevée en 1861, agrandie en 1897, la basilique (dont le statut fut établi le 21 août 1879) est classée monument historique depuis 1945.
Depuis plus d’un siècle et demi, les foules ne cessent d’affluer à Notre-Dame de La Salette (deuxième plus grand pèlerinage de France après Lourdes), poussées par leur curiosité ou en quête d’une élévation spirituelle, malgré la difficulté du chemin. Ils sont accueillis depuis 1962 par l’Association des Pèlerins de La Salette (A.P.S.).
Aujourd’hui, le sanctuaire de La Salette est l’un des plus hauts lieux chrétiens de France.
Religieux de St Vincent de Paul, curé de la paroisse Notre-Dame de La Salette, Paris 15ème
Les protagonistes. Deux enfants, Mélanie et Maximin, pauvres parmi les pauvres, ignorants parmi les ignorants, mais deux enfants au cœur pur, furent les témoins d’une apparition de Marie sur la montagne de La Salette (Isère). Maximin Giraud a 11 ans et Mélanie Calvat 14 ans. Lui est né à Corps (Isère) le 26 août 1835. Sa mère, Anne-Marie Templier, meurt alors qu’il n’a que 17 mois. Son père Germain Giraud, charron, se remarie peu de temps après. Malmené par sa belle-mère, le petit Maximin passe alors beaucoup de temps à l’extérieur, s’amusant avec son chien et gardant sa chèvre. Mélanie Calvat, quatrième des dix enfants d’un tailleur de pierres de Corps, est née le 7 novembre 1831. Très jeune, elle est sollicitée par ses parents sans le sou pour garder le bétail dans les fermes environnantes, voire pour mendier dans la rue. Tous deux sont sans culture et sans éducation religieuse.
Les trois phases de l’apparition. Samedi 19 septembre 1846, veille de la fête de Notre-Dame des Sept-Douleurs, les deux enfants gardent un troupeau de vaches dans la montagne alpine à 1 800 mètres d’altitude, au lieu-dit La Salette.
1. La Vierge en pleurs. Après un repas près de la fontaine des Hommes puis une courte sieste, ils se réveillent et s’inquiètent du sort des bêtes. C’est alors qu’ils aperçoivent, dans le petit ravin de la Sézia, un globe de feu d’un mètre de diamètre environ. Soudain, l’insolite lumière tourbillonne, puis s’entrouvre. Stupéfaits, les deux enfants remarquent une forme humaine, une « Belle Dame », assise, les coudes appuyés sur les genoux et qui pleure.
2. La conversation. Mélanie et Maximin ignorent qui est cette « Belle Dame ». Celle-ci se lève, s’avance légèrement et leur dit : « Avancez mes enfants, n’ayez pas peur, je suis ici pour vous conter une grande nouvelle »
3. L’Assomption. Traversant la Sézia, la « Belle Dame » gravit la pente du ravin, au lieu de monter tout droit, elle décrit une sorte de « S » très allongé. Arrivée sur le plateau, la « Belle Dame » s’élève, elle reste un moment suspendue en l’air, puis disparaît peu à peu. L’apparition est finie. Elle a duré, suppose-t-on, environ une demi-heure, mais elle sembla aux enfants aussi brève qu’un éclair.
Le message de Marie. D’abord assise et toute en larmes, la « Belle Dame » se lève et leur parle longuement, en français et en patois, de « son Fils » tout en citant des exemples tirés du concret de leur vie. « Avancez, mes enfants, n’ayez pas peur, je suis ici pour vous conter une grande nouvelle. (…) » Toute la clarté dont elle est formée et qui les enveloppe tous les trois, vient d’un grand crucifix qu’elle porte sur sa poitrine, entouré d’un marteau et de tenailles. Elle porte sur ses épaules une lourde chaîne et, à côté, des roses. Sa tête, sa taille et ses pieds sont entourés de roses. Elle poursuit : « Si mon peuple ne veut pas se soumettre, je suis forcée de laisser aller le bras de mon Fils. Il est si fort et si pesant que je ne puis plus le maintenir. Depuis le temps que je souffre pour vous autres ! Si je veux que mon Fils ne vous abandonne pas, je suis chargée de le prier sans cesse. (…) S’ils se convertissent, les pierres et les rochers deviendront des monceaux de blé et les pommes de terre seront ensemencées par les terres. (…) » Son message achevé, la « Belle Dame » gravit un raidillon et disparaît dans la lumière. Une consigne est laissée aux enfants : « Eh bien, mes enfants, vous le ferez passer à tout mon peuple ! Allons, mes enfants, faites-le bien passer à tout mon peuple ! »
L’engouement de tout un peuple. De retour au village, les deux enfants commencent à raconter cette histoire invraisemblable, à Madame Pra puis au curé du village : une « Belle Dame », toute de lumière, leur serait apparue dans les alpages et leur aurait parlé longuement. Pouvait-on croire ces jeunes bergers racontant un fait n’ayant eu d’autres témoins qu’eux-mêmes ? Difficile, et pourtant, la population est troublée.
Les suites de l’apparition. Fin 1847, un premier rapport au chanoine Rousselot est positif. Malgré les nombreuses interrogations (Mgr de Bonald, le futur Mgr Dupanloup…) voire la menace des gendarmes, leur témoignage ne varie pas. Le 19 septembre 1851, après une enquête longue et rigoureuse, Mgr Philibert de Bruillard, évêque de Grenoble, déclare dans un mandement : « L’apparition de la Sainte Vierge à deux bergers sur la montagne de La Salette [...] porte en elle-même tous les caractères de la vérité et que les fidèles sont fondés à la croire indubitable et certaine. » Le 25 mai 1852, l’évêque pose devant 15 000 pèlerins la première pierre d’un grand sanctuaire comportant une église de style néo-roman et une hôtellerie attenante, et annonce à ses diocésains la constitution d’un corps spécial de prêtres pour être au service de ces pèlerins. Ils seront les « Missionnaires de Notre-Dame de La Salette ». En 1855, Mgr Jacques Ginoulhiac, nouvel évêque de la ville, confirma la décision de son prédécesseur et ajouta : « La mission des bergers est finie, celle de l’Église commence. » À la suite de pèlerinages et de guérisons, plus de 900 chapelles en France et à l’étranger reproduisent cette apparition de Notre-Dame. Achevée en 1861, agrandie en 1897, la basilique (dont le statut fut établi le 21 août 1879) est classée monument historique depuis 1945.
Depuis plus d’un siècle et demi, les foules ne cessent d’affluer à Notre-Dame de La Salette (deuxième plus grand pèlerinage de France après Lourdes), poussées par leur curiosité ou en quête d’une élévation spirituelle, malgré la difficulté du chemin. Ils sont accueillis depuis 1962 par l’Association des Pèlerins de La Salette (A.P.S.).
Suite tous les samedis
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1906
SAINTE ÉLISABETH PLONGE AU CŒUR DE LA TRINITÉ ET NOUS ENTRAÎNE À SA SUITE
SAINTE ÉLISABETH PLONGE AU CŒUR DE LA TRINITÉ ET NOUS ENTRAÎNE À SA SUITE
Canonisée le 16 octobre 2016 par le pape François, Élisabeth de la Trinité entre au Carmel de Dijon (Côte-d’Or) à l’âge de 21 ans. Le 21 novembre 1904, fête de la Présentation de Marie, elle écrit sa célèbre prière, comme une offrande totale d’elle-même à la Trinité. Consumée par la maladie d’Addison, elle meurt le 9 novembre 1906.
Une Sœur du Carmel de Dijon
Enfance. Élisabeth Catez est née le 18 juillet 1880 à Farges-en-Septaine (Cher), peu avant le déménagement de ses parents pour Dijon. Orpheline de père à l’âge de sept ans, elle grandit dans un foyer chaleureux auprès de sa sœur Guite (Marguerite) de deux ans plus jeune qu’elle, et de sa mère. Le trio est profondément uni et très ouvert : réceptions mondaines, visites, et chaque année, de grandes vacances dans le Sud, le Jura ou en Lorraine. Le 19 avril 1891, elle fait sa première communion à l’église Saint-Michel, et reçoit la grâce de se sentir habitée par le Christ.
Une célèbre prière. En ce soir du 21 novembre 1904 au Carmel de Dijon, Sœur Élisabeth de la Trinité termine sa retraite, toute prise par une grâce qu’elle ne révèlera à personne. Seule dans sa cellule, elle prend un petit carnet et déchire une page. Poussée par l’expérience très forte et toute intérieure qu’elle vient de vivre, elle se met à écrire : « Ô mon Dieu, Trinité que j’adore… ». Aujourd’hui, celui qui lit cette prière se trouve devant une évidence : Élisabeth vit de la présence de Dieu en elle, une présence vivante, agissante, aimante. Une présence qui déborde sur cette page trop petite pour contenir tout ce qui se passe dans l’âme de la jeune moniale qui n’a plus que deux ans à vivre, et qui, sans le vouloir, va laisser ce soir-là au monde le secret qui a fait de sa vie « un ciel anticipé ».
La victoire de Dieu. Les premières années de la future sainte avaient pourtant donné quelques soucis. Fille d’officier, tempérament impérieux, colérique, la petite Sabeth était alors un vrai volcan, « très diable » diront sa mère et tous ceux qui l’approchaient ! Longuement, elle a lutté sans grand succès pour vaincre son « terrible caractère ». Il faudra attendre ses 11 ans pour que l’amour de Dieu remporte la pleine victoire : au jour de sa première communion, tant désirée, la présence de Jésus, son amour et sa paix ont envahi son cœur. La sous-prieure du Carmel, qu’elle rencontre en ce jour, lui révèle le sens de son prénom : « Élisabeth, maison de Dieu. » Dès lors, sa vie est transformée : la violence qui l’habite n’a pas disparu mais elle est canalisée, orientée et elle n’a plus qu’un désir : rendre heureux son Dieu en rendant heureux tous ceux qui l’entourent.
La mélodie de la vie. Premier prix de piano au conservatoire à 13 ans, Élisabeth aurait pu devenir une pianiste renommée. L’interprète virtuose de Liszt et de Chopin ne se laisse pourtant pas griser par les louanges dont elle est l’objet, de la part de ses amies bien sûr, mais aussi des journaux et des grands noms du piano de l’époque. Une autre musique, une autre voix résonne plus fort dans son cœur, celle de Jésus à qui elle se consacre sans réserve et à qui elle brûle de se donner en entrant au Carmel. L’opposition farouche de sa mère à ce projet la fera grandir dans l’obéissance, la confiance et l’abandon. En attendant de pouvoir réaliser son rêve, elle poursuit sa route en vivant la vie des jeunes filles de son milieu : sorties mondaines, mais aussi vie paroissiale fervente, chorale, service des pauvres, retraites… Elle aime passionnément ses amis et les grands voyages qu’elle entreprend chaque année à travers toute la France. La musique silencieuse qui l’habite de cesse pas pour autant et rayonne sur tous ceux qui l’entourent et pressentent qu’Élisabeth n’est pas « comme les autres » et même, diront certains, qu’elle « voit Dieu »…
Le silence du Carmel. Entrée au Carmel à 21 ans, Élisabeth reçoit un nom nouveau qui l’enchante : Élisabeth de la Trinité. Une Carmélite réputée de Beaune (Côte-d’Or) avait déjà porté ce nom au XVIIe siècle. La Trinité ! C’est ce Mystère d’amour qui déjà l’habite, la brûle. C’est, écrira-t-elle plus tard : « La maison paternelle dont nous ne devons jamais sortir. » Plus que tout, c’est « le trop grand Amour » de Dieu pour nous auquel nous devons croire à travers tout. C’est Dieu Père, Fils et Esprit, présent à chaque instant de nos vies pour nous faire vivre de sa vie. Élisabeth veut lui rendre amour pour amour au cœur du quotidien, dans la vie de la communauté. Et dans ses lettres, elle partage à ses amis, laïcs pour la plupart, la merveilleuse découverte : nous sommes tous appelés, tous aimés, tous habités par la Présence au fond de nous-mêmes. Nous devons régulièrement nous recueillir en présence de Dieu, pour devenir « louange de gloire » selon les mots de saint Paul (Ephésiens I, 11), et faire de notre corps le trône de la Très Sainte Trinité où celle-ci daigne venir habiter.
La jeune fille a renoncé au piano pour entrer dans le silence, la solitude du Carmel. Un silence qui n’est pas vide et néant, mais écho de la Parole de Dieu. Et en ce 21 novembre 1904, Élisabeth laisse jaillir de son cœur les notes qu’elle couche sur cette feuille, cette partition que la musicienne qu’elle reste va jouer silencieusement mais avec toute son âme. Elle compose alors sa célèbre prière : « Ô mon Dieu, Trinité que j’adore », où elle se livre entièrement... (cf. compléments). Consumée par la maladie d’Addison, elle meurt à Dijon le 9 novembre 1906, âgée de 26 ans, en murmurant : « Je vais à la Lumière, à l’Amour, à la Vie ! »
La béatification. Un premier « miracle » obtenu par l’intercession d’Élisabeth fut reconnu le 17 février 1984. Il s’agissait de la guérison de Dom Jean Chanut, moine de l’Abbaye de Cîteaux, alors Maître des novices. Âgé de 31 ans en 1938, il fut atteint de tuberculose des reins. Malgré l’ablation d’un rein, la maladie gagna tout l’appareil uro-génital. Dom Jean Chanut souffrait beaucoup, ne pouvait plus assurer ses charges et s’acheminait vers la mort. En janvier 1943, sur le conseil d’un prédicateur de retraite, la communauté de Cîteaux commença une neuvaine de prière se confiant à l’intercession de Sœur Élisabeth. Au terme de la neuvaine, le malade sentit un regain d’énergie et put reprendre rapidement l’observance intégrale de la Règle, veilles et jeûnes sévères. De plus, à partir de cette date, les examens biologiques firent constamment la preuve de l’absence du bacille de Koch. Dom Chanut devint par la suite Prieur puis Abbé de Cîteaux et mourut en Afrique en 1980, sans avoir jamais eu de rechute de tuberculose. Ce miracle permit la béatification d’Élisabeth le 25 novembre 1984 par le pape saint Jean Paul II qui la présente comme un guide sûr et une lumière pour tous.
Élisabeth est canonisée le 16 octobre 2016 par le pape François
Vers la canonisation. Un second « miracle » était nécessaire pour ouvrir la voie à la canonisation. Une jeune femme belge, Marie-Paul Stevens, professeur de religion à Malmedy, âgée de 39 ans en 1997, découvre peu à peu qu’elle est atteinte d’une maladie orpheline, le syndrome de Sjøgren, avec de multiples conséquences très handicapantes puis de plus en plus douloureuses. Elle doit abandonner sa profession en 1998 et malgré de multiples traitements, la maladie s’aggrave en 2000-2001, avec d’insupportables douleurs. Tous les amis de Marie-Paul ainsi que notre Carmel prient Élisabeth pour sa guérison. Elle-même ne demande pas de guérir mais décide d’aller à Flavignerot avant de mourir, pour remercier Élisabeth qu’elle aime et prie depuis son adolescence, car elle l’a tellement aidée dans sa maladie. Arrivée avec ses amis sur le Parking du Carmel le 2 avril 2002, elle s’assied épuisée sur une pierre, et se lève soudain : « Je n’ai plus mal ! » Les symptômes ont disparu… Quelques mois plus tard, elle fera 350 km à pied en pèlerinage pour rendre grâce… Il faudra du temps et de nombreux examens médicaux entre 2012 et 2016 pour que soit reconnue officiellement la guérison, jusqu’à ce décret du 3 mars 2016, puis le consistoire du 20 juin 2016. Élisabeth est canonisée le 16 octobre 2016 par le pape François.
voir également https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t38064-canonisation-d-elisabeth-de-la-trinite-le-16-0ctobre-a-rome#383767
Suite tous les SamedisUne Sœur du Carmel de Dijon
Enfance. Élisabeth Catez est née le 18 juillet 1880 à Farges-en-Septaine (Cher), peu avant le déménagement de ses parents pour Dijon. Orpheline de père à l’âge de sept ans, elle grandit dans un foyer chaleureux auprès de sa sœur Guite (Marguerite) de deux ans plus jeune qu’elle, et de sa mère. Le trio est profondément uni et très ouvert : réceptions mondaines, visites, et chaque année, de grandes vacances dans le Sud, le Jura ou en Lorraine. Le 19 avril 1891, elle fait sa première communion à l’église Saint-Michel, et reçoit la grâce de se sentir habitée par le Christ.
Une célèbre prière. En ce soir du 21 novembre 1904 au Carmel de Dijon, Sœur Élisabeth de la Trinité termine sa retraite, toute prise par une grâce qu’elle ne révèlera à personne. Seule dans sa cellule, elle prend un petit carnet et déchire une page. Poussée par l’expérience très forte et toute intérieure qu’elle vient de vivre, elle se met à écrire : « Ô mon Dieu, Trinité que j’adore… ». Aujourd’hui, celui qui lit cette prière se trouve devant une évidence : Élisabeth vit de la présence de Dieu en elle, une présence vivante, agissante, aimante. Une présence qui déborde sur cette page trop petite pour contenir tout ce qui se passe dans l’âme de la jeune moniale qui n’a plus que deux ans à vivre, et qui, sans le vouloir, va laisser ce soir-là au monde le secret qui a fait de sa vie « un ciel anticipé ».
La victoire de Dieu. Les premières années de la future sainte avaient pourtant donné quelques soucis. Fille d’officier, tempérament impérieux, colérique, la petite Sabeth était alors un vrai volcan, « très diable » diront sa mère et tous ceux qui l’approchaient ! Longuement, elle a lutté sans grand succès pour vaincre son « terrible caractère ». Il faudra attendre ses 11 ans pour que l’amour de Dieu remporte la pleine victoire : au jour de sa première communion, tant désirée, la présence de Jésus, son amour et sa paix ont envahi son cœur. La sous-prieure du Carmel, qu’elle rencontre en ce jour, lui révèle le sens de son prénom : « Élisabeth, maison de Dieu. » Dès lors, sa vie est transformée : la violence qui l’habite n’a pas disparu mais elle est canalisée, orientée et elle n’a plus qu’un désir : rendre heureux son Dieu en rendant heureux tous ceux qui l’entourent.
La mélodie de la vie. Premier prix de piano au conservatoire à 13 ans, Élisabeth aurait pu devenir une pianiste renommée. L’interprète virtuose de Liszt et de Chopin ne se laisse pourtant pas griser par les louanges dont elle est l’objet, de la part de ses amies bien sûr, mais aussi des journaux et des grands noms du piano de l’époque. Une autre musique, une autre voix résonne plus fort dans son cœur, celle de Jésus à qui elle se consacre sans réserve et à qui elle brûle de se donner en entrant au Carmel. L’opposition farouche de sa mère à ce projet la fera grandir dans l’obéissance, la confiance et l’abandon. En attendant de pouvoir réaliser son rêve, elle poursuit sa route en vivant la vie des jeunes filles de son milieu : sorties mondaines, mais aussi vie paroissiale fervente, chorale, service des pauvres, retraites… Elle aime passionnément ses amis et les grands voyages qu’elle entreprend chaque année à travers toute la France. La musique silencieuse qui l’habite de cesse pas pour autant et rayonne sur tous ceux qui l’entourent et pressentent qu’Élisabeth n’est pas « comme les autres » et même, diront certains, qu’elle « voit Dieu »…
Le silence du Carmel. Entrée au Carmel à 21 ans, Élisabeth reçoit un nom nouveau qui l’enchante : Élisabeth de la Trinité. Une Carmélite réputée de Beaune (Côte-d’Or) avait déjà porté ce nom au XVIIe siècle. La Trinité ! C’est ce Mystère d’amour qui déjà l’habite, la brûle. C’est, écrira-t-elle plus tard : « La maison paternelle dont nous ne devons jamais sortir. » Plus que tout, c’est « le trop grand Amour » de Dieu pour nous auquel nous devons croire à travers tout. C’est Dieu Père, Fils et Esprit, présent à chaque instant de nos vies pour nous faire vivre de sa vie. Élisabeth veut lui rendre amour pour amour au cœur du quotidien, dans la vie de la communauté. Et dans ses lettres, elle partage à ses amis, laïcs pour la plupart, la merveilleuse découverte : nous sommes tous appelés, tous aimés, tous habités par la Présence au fond de nous-mêmes. Nous devons régulièrement nous recueillir en présence de Dieu, pour devenir « louange de gloire » selon les mots de saint Paul (Ephésiens I, 11), et faire de notre corps le trône de la Très Sainte Trinité où celle-ci daigne venir habiter.
La jeune fille a renoncé au piano pour entrer dans le silence, la solitude du Carmel. Un silence qui n’est pas vide et néant, mais écho de la Parole de Dieu. Et en ce 21 novembre 1904, Élisabeth laisse jaillir de son cœur les notes qu’elle couche sur cette feuille, cette partition que la musicienne qu’elle reste va jouer silencieusement mais avec toute son âme. Elle compose alors sa célèbre prière : « Ô mon Dieu, Trinité que j’adore », où elle se livre entièrement... (cf. compléments). Consumée par la maladie d’Addison, elle meurt à Dijon le 9 novembre 1906, âgée de 26 ans, en murmurant : « Je vais à la Lumière, à l’Amour, à la Vie ! »
La béatification. Un premier « miracle » obtenu par l’intercession d’Élisabeth fut reconnu le 17 février 1984. Il s’agissait de la guérison de Dom Jean Chanut, moine de l’Abbaye de Cîteaux, alors Maître des novices. Âgé de 31 ans en 1938, il fut atteint de tuberculose des reins. Malgré l’ablation d’un rein, la maladie gagna tout l’appareil uro-génital. Dom Jean Chanut souffrait beaucoup, ne pouvait plus assurer ses charges et s’acheminait vers la mort. En janvier 1943, sur le conseil d’un prédicateur de retraite, la communauté de Cîteaux commença une neuvaine de prière se confiant à l’intercession de Sœur Élisabeth. Au terme de la neuvaine, le malade sentit un regain d’énergie et put reprendre rapidement l’observance intégrale de la Règle, veilles et jeûnes sévères. De plus, à partir de cette date, les examens biologiques firent constamment la preuve de l’absence du bacille de Koch. Dom Chanut devint par la suite Prieur puis Abbé de Cîteaux et mourut en Afrique en 1980, sans avoir jamais eu de rechute de tuberculose. Ce miracle permit la béatification d’Élisabeth le 25 novembre 1984 par le pape saint Jean Paul II qui la présente comme un guide sûr et une lumière pour tous.
Élisabeth est canonisée le 16 octobre 2016 par le pape François
Vers la canonisation. Un second « miracle » était nécessaire pour ouvrir la voie à la canonisation. Une jeune femme belge, Marie-Paul Stevens, professeur de religion à Malmedy, âgée de 39 ans en 1997, découvre peu à peu qu’elle est atteinte d’une maladie orpheline, le syndrome de Sjøgren, avec de multiples conséquences très handicapantes puis de plus en plus douloureuses. Elle doit abandonner sa profession en 1998 et malgré de multiples traitements, la maladie s’aggrave en 2000-2001, avec d’insupportables douleurs. Tous les amis de Marie-Paul ainsi que notre Carmel prient Élisabeth pour sa guérison. Elle-même ne demande pas de guérir mais décide d’aller à Flavignerot avant de mourir, pour remercier Élisabeth qu’elle aime et prie depuis son adolescence, car elle l’a tellement aidée dans sa maladie. Arrivée avec ses amis sur le Parking du Carmel le 2 avril 2002, elle s’assied épuisée sur une pierre, et se lève soudain : « Je n’ai plus mal ! » Les symptômes ont disparu… Quelques mois plus tard, elle fera 350 km à pied en pèlerinage pour rendre grâce… Il faudra du temps et de nombreux examens médicaux entre 2012 et 2016 pour que soit reconnue officiellement la guérison, jusqu’à ce décret du 3 mars 2016, puis le consistoire du 20 juin 2016. Élisabeth est canonisée le 16 octobre 2016 par le pape François.
voir également https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t38064-canonisation-d-elisabeth-de-la-trinite-le-16-0ctobre-a-rome#383767
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1859
LE SAINT CURÉ D’ARS : UNE « VIEILLE AFFECTION » POUR LA VIERGE MARIE
LE SAINT CURÉ D’ARS : UNE « VIEILLE AFFECTION » POUR LA VIERGE MARIE
Jean-Marie Baptiste Vianney, dit le Curé d'Ars ou le saint Curé d'Ars (1786-1859), a toujours vécu sous le regard de la Vierge Marie qu’il affirmait « bien connaître ». Patron des prêtres de France et des curés du monde, il fut le curé d’Ars (aujourd’hui Ars-sur-Formans, dans l’Ain) pendant 41 ans.
Père Frédéric Vollaud Chapelain du sanctuaire d'Ars
La place de Marie dans l'histoire du Salut. Toute l'Écriture et la Tradition nous disent la volonté de Dieu d'associer Marie à la réalisation de l'histoire du Salut. Cela s'accomplit au moment de la vie terrestre de Jésus, mais aussi tout au long de l'histoire de l'Église qui, à l'image de Marie, Vierge et Mère, continue d'enfanter le Corps du Christ.
Le Curé d'Ars a la foi « catholique ». Il reçoit tout ce qui est cru. Cela oriente son action et détermine ses choix. Puisqu'il est dans la volonté de Dieu que Marie ait une place parmi les hommes qui cheminent vers le Ciel, Jean-Marie Vianney lui donne « toute » sa place. Puisqu'elle a encore une œuvre à accomplir, il compte sur elle. Autrement dit, son rapport avec la Vierge Marie n'est pas de l'ordre de la dévotion privée, facultative. Elle fait partie intégrante des éléments qu'il faut tenir ensemble pour l'accomplissement de l'œuvre du Salut. Sans opposer la vie affective à l'intelligence de la foi, le Curé d'Ars prend tout : « La Sainte Vierge est ma plus vieille affection. Je l'ai aimée avant de la connaître ! »
Une dévotion qui remonte à l’enfance. La maman de Jean-Marie Vianney, Marie Belluse, a aidé, guidé, conduit cette âme naturellement bien disposée, à un bel épanouissement de sa vie spirituelle où la Vierge Marie trouve tout naturellement sa place. Cette dévotion n'est pas plaquée sur sa vie. Elle y est parfaitement intégrée.
Sa vie spirituelle imprègne sa vie humaine, marque sa vie quotidienne. On sait qu'il lui a coûté de donner son chapelet à sa sœur Gothon « pour l'amour de Dieu ». Sa mère l'a remplacé par une statue de Notre-Dame à laquelle il va être très attaché. « Il ne la quittait ni le jour ni la nuit », dira Catherine Lassagne.
C'est devant elle qu'il prie lorsque sa mère le retrouve à quatre ans, dans l'étable de Dardilly (Rhône-Alpes). C'est cette même statuette qu'il lance devant lui dans le sillon pour se donner du cœur à l'ouvrage... Comme sa mère le lui a appris, quand il entendait sonner l'heure à l'horloge de la paroisse, il se découvrait et récitait un Ave Maria. Il gardera cette habitude avec ses paroissiens. Marie l'accompagne tout au long de sa rude montée vers le sacerdoce.
Une particulière dévotion envers l'Immaculée-Conception. Nous savons aussi que Jean-Marie Vianney a une dévotion particulière envers l'Immaculée-Conception de la Vierge Marie, une confiance d'enfant vis-à-vis de sa mère. « Lui-même, pour obtenir une parfaite pureté de cœur, s'était lié par un vœu inspiré par sa piété mariale.
Une fois par jour le Regina Cœli et six fois par jour la prière : Bénie soit la Très Sainte et Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu. À jamais. Ainsi soit-il » (Abbé Alexis Tailhades, P. O 1517). Dès son arrivée à Écully (Rhône), comme vicaire de l'Abbé Balley, et bien avant la proclamation du dogme, il se fait l'ardent défenseur de son Immaculée-Conception. « Il copiait des prières en l'honneur de l'Immaculée Conception et les répandait dans la paroisse. » « Il composa, avec Mr Balley, le chapelet de l'Immaculée Conception, que l'on récite encore à Ars tous les soirs », précise Jeanne-Marie Chanay, une paroissienne. C'est un amour qu'il veut partager avec les autres.
« J'ai si souvent puisé à cette source (le cœur de la Très Sainte Vierge) qu'il n'y resterait plus rien depuis longtemps, si elle n'était pas inépuisable... » (MONNIN II 589) C'est une confiance qu'il voudrait rendre contagieuse.
À Ars, une pastorale concrète marquée par de grands événements. C'est surtout à Ars-sur-Formans (Ain) que le nouveau prêtre donnera la mesure de sa dévotion à la Vierge.
Cette dévotion est, avec son culte envers l'Eucharistie, le grand ressort de sa sainteté. Il fonde d'abord la confrérie du Saint Rosaire pour les jeunes filles de la paroisse. En 1820, il restaure la chapelle de la Vierge, bien trop modeste à son goût. La statue dorée qu'on y voit encore sera achetée en 1834 après les apparitions de Notre-Dame à sainte Catherine Labouré.
Le Curé d'Ars en a entendu parler et y fera allusion dans ses catéchismes. En 1823, Mr Vianney organise un pèlerinage paroissial d'action de grâces à Notre-Dame de Fourvière. Le 1er mai 1836 a lieu la consécration de la paroisse à l'Immaculée-Conception (18 ans avant la proclamation du dogme !) Les noms de ses paroissiens sont placés dans un cœur de vermeil suspendu au cou de la Vierge Marie. En 1844, il installe une statue de Marie au-dessus de la porte principale de l'église car « Marie est la portière du ciel ». Le 8 décembre 1854, il fête avec beaucoup de solennité la proclamation du dogme de l'Immaculée-Conception. « J'ai toujours pensé qu'il manquait un rayon à l'éclat des vérités catholiques. C'est une lacune qui ne pouvait demeurer dans la Religion. »
Des événements quotidiens sous le regard de Marie. Le Curé d'Ars célèbre la messe tous les samedis en l'honneur de la Vierge Marie, dans sa chapelle, et assure une prédication à chaque fête mariale.
Ces jours-là, les communions sont toujours nombreuses et l'église ne désemplit pas. C'est une pastorale qui veut rejoindre chacun et faire grandir une dévotion personnelle envers Marie.
Pour cela, il distribue des images et des médailles. Il en fait frapper une spécialement lors d'une épidémie de choléra pour se mettre sous la protection de Marie conçue sans péché. Sur beaucoup de maisons dans le village, on peut voir une statue de la Vierge veillant sur les foyers.
Et dans les vieilles familles, on est fier aujourd'hui encore de montrer les images offertes par le saint Curé et signées par lui.
Les apparitions de Marie au saint Curé. Comment terminer cette brève évocation de la place de Marie dans la vie spirituelle de saint Jean-Marie Vianney sans évoquer la question des apparitions dont une au moins bénéficie d'un témoin direct ? Question délicate car le saint a toujours refusé de s'étendre sur le sujet, laissant seulement entendre que : « Avec la Sainte Vierge, nous nous connaissons bien. » Le 8 mai 1840, à une heure de l'après-midi, Étiennette Durié apportait au saint Curé une somme considérable pour des fondations de messes. Elle est alors témoin d'une conversation entre le saint et une dame vêtue de blanc, le front couronné d'étoiles. Elle participe elle-même à la conversation, demandant d'être emportée au ciel (elle est atteinte d'un cancer). Après la vision, elle déclare : « J'ai cru que c'était la Sainte Vierge. »
- « Vous ne vous êtes pas trompée... J'étais trop content de voir ma Mère. »
C'est peut-être de cet événement dont il parlera à un visiteur de marque qu'il recevait des années plus tard dans sa chambre : « On n'oserait pas mettre le pied sur tel carreau si l'on savait ce qui s'y est passé. »
Une vie parmi les siens. D'une manière générale, on peut dire que la dévotion mariale de saint Jean-Marie Vianney a constitué, avec sa piété eucharistique et la conscience très vive de sa mission de confesseur, la force d'attraction qui le ramènera sans cesse à son poste dès qu'il aura la tentation de le fuir, accablé par son « indignité » et la responsabilité des âmes confiées à son ministère de curé.
C'est de Marie, au sanctuaire de Beaumont, lors de sa fuite à Dardilly en 1843, qu'il reconnaîtra avoir reçu la force de renoncer à sa volonté propre. L'abbé Raymond raconte : « Après un moment de repos et de prière, le Curé d'Ars dit la messe du Saint Esprit... Il implora aussi la protection de Marie et le secours de ses suffrages, afin de connaître si Dieu le destinait à mener dans ce sanctuaire sa mission extraordinaire. » À peine revenu à la sacristie, le Curé d’Ars lui dit : « Le Bon Dieu ne me veut pas ici... Retournons à Ars. » Et le lendemain de son retour, quelqu'un pouvait écrire : « Monsieur le Curé est content de la Sainte Vierge qui lui a inspiré de revenir parmi les siens. »
Grâce à Marie, la paroisse d’Ars gardera son curé jusqu'à sa mort, 16 ans plus tard, le 4 août 1859.
Père Frédéric Vollaud Chapelain du sanctuaire d'Ars
La place de Marie dans l'histoire du Salut. Toute l'Écriture et la Tradition nous disent la volonté de Dieu d'associer Marie à la réalisation de l'histoire du Salut. Cela s'accomplit au moment de la vie terrestre de Jésus, mais aussi tout au long de l'histoire de l'Église qui, à l'image de Marie, Vierge et Mère, continue d'enfanter le Corps du Christ.
Le Curé d'Ars a la foi « catholique ». Il reçoit tout ce qui est cru. Cela oriente son action et détermine ses choix. Puisqu'il est dans la volonté de Dieu que Marie ait une place parmi les hommes qui cheminent vers le Ciel, Jean-Marie Vianney lui donne « toute » sa place. Puisqu'elle a encore une œuvre à accomplir, il compte sur elle. Autrement dit, son rapport avec la Vierge Marie n'est pas de l'ordre de la dévotion privée, facultative. Elle fait partie intégrante des éléments qu'il faut tenir ensemble pour l'accomplissement de l'œuvre du Salut. Sans opposer la vie affective à l'intelligence de la foi, le Curé d'Ars prend tout : « La Sainte Vierge est ma plus vieille affection. Je l'ai aimée avant de la connaître ! »
Une dévotion qui remonte à l’enfance. La maman de Jean-Marie Vianney, Marie Belluse, a aidé, guidé, conduit cette âme naturellement bien disposée, à un bel épanouissement de sa vie spirituelle où la Vierge Marie trouve tout naturellement sa place. Cette dévotion n'est pas plaquée sur sa vie. Elle y est parfaitement intégrée.
Sa vie spirituelle imprègne sa vie humaine, marque sa vie quotidienne. On sait qu'il lui a coûté de donner son chapelet à sa sœur Gothon « pour l'amour de Dieu ». Sa mère l'a remplacé par une statue de Notre-Dame à laquelle il va être très attaché. « Il ne la quittait ni le jour ni la nuit », dira Catherine Lassagne.
C'est devant elle qu'il prie lorsque sa mère le retrouve à quatre ans, dans l'étable de Dardilly (Rhône-Alpes). C'est cette même statuette qu'il lance devant lui dans le sillon pour se donner du cœur à l'ouvrage... Comme sa mère le lui a appris, quand il entendait sonner l'heure à l'horloge de la paroisse, il se découvrait et récitait un Ave Maria. Il gardera cette habitude avec ses paroissiens. Marie l'accompagne tout au long de sa rude montée vers le sacerdoce.
Une particulière dévotion envers l'Immaculée-Conception. Nous savons aussi que Jean-Marie Vianney a une dévotion particulière envers l'Immaculée-Conception de la Vierge Marie, une confiance d'enfant vis-à-vis de sa mère. « Lui-même, pour obtenir une parfaite pureté de cœur, s'était lié par un vœu inspiré par sa piété mariale.
Une fois par jour le Regina Cœli et six fois par jour la prière : Bénie soit la Très Sainte et Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu. À jamais. Ainsi soit-il » (Abbé Alexis Tailhades, P. O 1517). Dès son arrivée à Écully (Rhône), comme vicaire de l'Abbé Balley, et bien avant la proclamation du dogme, il se fait l'ardent défenseur de son Immaculée-Conception. « Il copiait des prières en l'honneur de l'Immaculée Conception et les répandait dans la paroisse. » « Il composa, avec Mr Balley, le chapelet de l'Immaculée Conception, que l'on récite encore à Ars tous les soirs », précise Jeanne-Marie Chanay, une paroissienne. C'est un amour qu'il veut partager avec les autres.
« J'ai si souvent puisé à cette source (le cœur de la Très Sainte Vierge) qu'il n'y resterait plus rien depuis longtemps, si elle n'était pas inépuisable... » (MONNIN II 589) C'est une confiance qu'il voudrait rendre contagieuse.
À Ars, une pastorale concrète marquée par de grands événements. C'est surtout à Ars-sur-Formans (Ain) que le nouveau prêtre donnera la mesure de sa dévotion à la Vierge.
Cette dévotion est, avec son culte envers l'Eucharistie, le grand ressort de sa sainteté. Il fonde d'abord la confrérie du Saint Rosaire pour les jeunes filles de la paroisse. En 1820, il restaure la chapelle de la Vierge, bien trop modeste à son goût. La statue dorée qu'on y voit encore sera achetée en 1834 après les apparitions de Notre-Dame à sainte Catherine Labouré.
Le Curé d'Ars en a entendu parler et y fera allusion dans ses catéchismes. En 1823, Mr Vianney organise un pèlerinage paroissial d'action de grâces à Notre-Dame de Fourvière. Le 1er mai 1836 a lieu la consécration de la paroisse à l'Immaculée-Conception (18 ans avant la proclamation du dogme !) Les noms de ses paroissiens sont placés dans un cœur de vermeil suspendu au cou de la Vierge Marie. En 1844, il installe une statue de Marie au-dessus de la porte principale de l'église car « Marie est la portière du ciel ». Le 8 décembre 1854, il fête avec beaucoup de solennité la proclamation du dogme de l'Immaculée-Conception. « J'ai toujours pensé qu'il manquait un rayon à l'éclat des vérités catholiques. C'est une lacune qui ne pouvait demeurer dans la Religion. »
Des événements quotidiens sous le regard de Marie. Le Curé d'Ars célèbre la messe tous les samedis en l'honneur de la Vierge Marie, dans sa chapelle, et assure une prédication à chaque fête mariale.
Ces jours-là, les communions sont toujours nombreuses et l'église ne désemplit pas. C'est une pastorale qui veut rejoindre chacun et faire grandir une dévotion personnelle envers Marie.
Pour cela, il distribue des images et des médailles. Il en fait frapper une spécialement lors d'une épidémie de choléra pour se mettre sous la protection de Marie conçue sans péché. Sur beaucoup de maisons dans le village, on peut voir une statue de la Vierge veillant sur les foyers.
Et dans les vieilles familles, on est fier aujourd'hui encore de montrer les images offertes par le saint Curé et signées par lui.
Les apparitions de Marie au saint Curé. Comment terminer cette brève évocation de la place de Marie dans la vie spirituelle de saint Jean-Marie Vianney sans évoquer la question des apparitions dont une au moins bénéficie d'un témoin direct ? Question délicate car le saint a toujours refusé de s'étendre sur le sujet, laissant seulement entendre que : « Avec la Sainte Vierge, nous nous connaissons bien. » Le 8 mai 1840, à une heure de l'après-midi, Étiennette Durié apportait au saint Curé une somme considérable pour des fondations de messes. Elle est alors témoin d'une conversation entre le saint et une dame vêtue de blanc, le front couronné d'étoiles. Elle participe elle-même à la conversation, demandant d'être emportée au ciel (elle est atteinte d'un cancer). Après la vision, elle déclare : « J'ai cru que c'était la Sainte Vierge. »
- « Vous ne vous êtes pas trompée... J'étais trop content de voir ma Mère. »
C'est peut-être de cet événement dont il parlera à un visiteur de marque qu'il recevait des années plus tard dans sa chambre : « On n'oserait pas mettre le pied sur tel carreau si l'on savait ce qui s'y est passé. »
Une vie parmi les siens. D'une manière générale, on peut dire que la dévotion mariale de saint Jean-Marie Vianney a constitué, avec sa piété eucharistique et la conscience très vive de sa mission de confesseur, la force d'attraction qui le ramènera sans cesse à son poste dès qu'il aura la tentation de le fuir, accablé par son « indignité » et la responsabilité des âmes confiées à son ministère de curé.
C'est de Marie, au sanctuaire de Beaumont, lors de sa fuite à Dardilly en 1843, qu'il reconnaîtra avoir reçu la force de renoncer à sa volonté propre. L'abbé Raymond raconte : « Après un moment de repos et de prière, le Curé d'Ars dit la messe du Saint Esprit... Il implora aussi la protection de Marie et le secours de ses suffrages, afin de connaître si Dieu le destinait à mener dans ce sanctuaire sa mission extraordinaire. » À peine revenu à la sacristie, le Curé d’Ars lui dit : « Le Bon Dieu ne me veut pas ici... Retournons à Ars. » Et le lendemain de son retour, quelqu'un pouvait écrire : « Monsieur le Curé est content de la Sainte Vierge qui lui a inspiré de revenir parmi les siens. »
Grâce à Marie, la paroisse d’Ars gardera son curé jusqu'à sa mort, 16 ans plus tard, le 4 août 1859.
Suite tous les Samedis
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1931
ELLE EST LÀ ! LE PÈRE LAMY : MARIE EN TOUTE SIMPLICITÉ
ELLE EST LÀ ! LE PÈRE LAMY : MARIE EN TOUTE SIMPLICITÉ
Ordonné prêtre en 1886, le Père Jean-Édouard Lamy (1853-1931) est chargé par la Sainte Vierge avec qui il a une relation intime de fonder un pèlerinage à Notre-Dame-des-Bois (Haute-Marne) ainsi qu’une congrégation religieuse. Après un essai de fondation infructueux et de courte durée, il meurt le 1er décembre 1931 chez son ami le comte Paul Biver qui continuera son œuvre.
Un Frère
serviteur de Jésus et de Marie
« Un second curé d’Ars ». On connaît bien cette exclamation du saint Curé d’Ars : « Il est là ! », balbutiement d’un homme saisi, interdit, devant le mystère de la présence de Jésus au Saint-Sacrement.
Trois mots devenus emblématiques de la spiritualité du saint Curé. On pourrait résumer la personne et la spiritualité du Père Lamy (1853-1931), « un second curé d’Ars » comme le qualifiait le cardinal Léon Amette (1850-1920), archevêque de Paris, par une exclamation analogue : « Elle est là ! » Conséquence cette fois de la prise de conscience émerveillée de la présence de Marie.
Marie se dit, en simplicité. Ce qui frappe chez le Père Lamy, c’est son intimité avec Marie, depuis son enfance (on l’appelait « l’enfant au chapelet ») jusque dans sa vie religieuse (oblat de saint François de Sales) et sacerdotale (curé de la Courneuve, en Seine-Saint-Denis).
Elle donne et façonne une postérité spirituelle qui se traduit notamment dans la fondation d’un pèlerinage marial au sanctuaire de Notre-Dame des Bois, près du village de Violot (Haute-Marne), à 15 km au sud-est de Langres, et de la Congrégation des Serviteurs de Jésus et de Marie. Si, bien d’autres saints ont été avant lui « au moule de Marie » (selon l’expression de saint Louis-Marie Grignon de Montfort), le Père Lamy en vit et en parle de manière toute simple, parfois familière, ce qui fait son originalité.
Que n’a-t-on écrit sur « les gloires de Marie », insistant sur ses privilèges, ses titres ; montrant souvent la sainte Vierge presque « inabordable », comme s’en plaignait sainte Thérèse de Lisieux.
Avec le Père Lamy, Marie est présentée comme « en son ménage », selon un mode de présence familière et d’une proximité s’exprimant jusque dans les moindres détails de la vie quotidienne.
Lors d’une de ses apparitions au Père Lamy, Marie commente la qualité des ornements du prêtre : « C’est du faux ! »
Une relation unique.
Jusque dans son expérience mystique, le Père Lamy parle de Marie en des termes dont la familiarité peut surprendre, voire choquer et qui nous montrent la Mère de Dieu comme abolissant toute distance avec nous, y compris celle du respect humain. « Elle était de taille médiocre », dira d’elle le Père Lamy après son apparition à la Courneuve.
Voilà une description assez inhabituelle de la Mère de Dieu ! L’homme n’hésite pas à dire de la sainte Vierge qu’elle est une « habile chiffonnière », ayant devant les yeux ses chers chiffonniers de la Courneuve dont les activités, souvent répréhensibles, lui offrent pourtant un bon exemple pour parler de la mission de Marie.
Comme eux, elle sait enjoliver les choses les plus laides pour en présenter le brin de mérite à son Fils. Derrière la rugosité du vocabulaire, c’est de la bonne théologie !
Et la Vierge Marie prend le Père Lamy pour ainsi dire « sur son terrain », en lui apparaissant au moment le moins opportun, en toute simplicité, alors qu’il nettoie son église, à genoux par terre, en tablier. Le Père Lamy, occupé à son travail, n’en sait rien et doit en être averti par l’archange Gabriel : « La Reine des Cieux est là ! » (on retrouve notre exclamation emblématique).
Le Père Lamy est alors tout confus de se trouver en pareille posture, ce qui fait rire la Vierge ! « J'ai piqué un fard. Je ne savais où me mettre ; j'aurais voulu rentrer sous terre. J'ai enlevé ma barrette ; mais, pour le tablier (gesticulant), je tirais sur les cordons, et plus je tirais, plus je serrais. (…) « Tenez, le voilà tout rouge ! », a-t-elle dit aux saints en voyant que je me démenais. »
Marie se vit, en simplicité.
Cette simplicité s’exprime également dans le choix d’un lieu de pèlerinage et d’une statue assortie.
Le 9 septembre 1909, le Père Lamy est comme chaque année en pèlerinage à Gray (Haute-Saône) pour y prier Notre Dame en sa basilique. Il y célèbre la messe quand la Vierge descend doucement vers l’autel et lui sourit.
Elle lui annonce la guerre de 1914, lui demande la fondation d’une Congrégation (ce sera les Serviteurs de Jésus et de Marie qu’il fondera en 1930, juste avant sa mort) et d’un pèlerinage (celui de Notre-Dame des Bois). Pour ce dernier, le Père Lamy doit se procurer une statue.
Il l’achète à contre cœur chez un brocanteur, sur les indications de Marie, déçu qu’il est par son manque de goût ! Quant au lieu du pèlerinage, c’est une masure perdue qui sert de refuge aux bûcherons et aux chasseurs au milieu d’un bois…
On y devine qu’il ne s’y dit pas que des prières. Mais si, en fait de statue et de pèlerinage, on aurait pu rêver mieux de la part de Celle qu’il appelait avec son époque « la Très sainte Vierge », on ne discute pas car « c’est le choix de la Mère de Dieu ».
Marie priée et vénérée dans un lieu et à travers une représentation sans fards : les choix du Père Lamy expriment Marie comme il en a l’expérience, en toute simplicité, plutôt que dans ses gloires.
Un homme humble, « comme un rien ». C’est bien le mot de simplicité qui illustre la qualité maîtresse du Père Lamy, comme la conséquence de son intimité avec Marie.
On pourrait dire que, tout au long de sa vie, Marie a simplifié le Père Lamy, au sens noble que la Tradition donne à ce mot (la simplicité de la colombe chère à saint François de Sales).
Les témoins ont relevé que le Père Lamy passait inaperçu, comme du reste la Mère de Dieu et son divin Fils : « Le Père Lamy n’était-il pas comme un rien ? », dira de lui son confident et ami Jacques Maritain.
Dans l’action, l’union à Marie donnait au Père Lamy de voir simple, d’aller tranquillement de l’avant, malgré une impressionnante pauvreté de moyens. En effet, seul, sans vicaire, presque aveugle pendant plusieurs années, le Père Lamy dirige une Œuvre de jeunesse et lui donne un rayonnement considérable (à Troyes comme oblat de saint François de Sales) ; il relève la paroisse de la Courneuve.
Invité lors d’une réunion du fameux Cercle Maritain, alors qu’on y brassait des concepts et discutait théologie mariale, on interroge le Père Lamy, sans doute un peu dépassé par le tour que prennent les débats. Sa réponse : « Elle est bonne, elle est très bonne ! », qui arrache des larmes à ce pieux et grave auditoire ; car vivre avec Marie donne une qualité d’être qui touche et transforme les cœurs.
Le Père Lamy meurt le 1er décembre 1931 chez son ami le comte Paul Biver qui continuera son œuvre!!
Un Frère
serviteur de Jésus et de Marie
« Un second curé d’Ars ». On connaît bien cette exclamation du saint Curé d’Ars : « Il est là ! », balbutiement d’un homme saisi, interdit, devant le mystère de la présence de Jésus au Saint-Sacrement.
Trois mots devenus emblématiques de la spiritualité du saint Curé. On pourrait résumer la personne et la spiritualité du Père Lamy (1853-1931), « un second curé d’Ars » comme le qualifiait le cardinal Léon Amette (1850-1920), archevêque de Paris, par une exclamation analogue : « Elle est là ! » Conséquence cette fois de la prise de conscience émerveillée de la présence de Marie.
Marie se dit, en simplicité. Ce qui frappe chez le Père Lamy, c’est son intimité avec Marie, depuis son enfance (on l’appelait « l’enfant au chapelet ») jusque dans sa vie religieuse (oblat de saint François de Sales) et sacerdotale (curé de la Courneuve, en Seine-Saint-Denis).
Elle donne et façonne une postérité spirituelle qui se traduit notamment dans la fondation d’un pèlerinage marial au sanctuaire de Notre-Dame des Bois, près du village de Violot (Haute-Marne), à 15 km au sud-est de Langres, et de la Congrégation des Serviteurs de Jésus et de Marie. Si, bien d’autres saints ont été avant lui « au moule de Marie » (selon l’expression de saint Louis-Marie Grignon de Montfort), le Père Lamy en vit et en parle de manière toute simple, parfois familière, ce qui fait son originalité.
Que n’a-t-on écrit sur « les gloires de Marie », insistant sur ses privilèges, ses titres ; montrant souvent la sainte Vierge presque « inabordable », comme s’en plaignait sainte Thérèse de Lisieux.
Avec le Père Lamy, Marie est présentée comme « en son ménage », selon un mode de présence familière et d’une proximité s’exprimant jusque dans les moindres détails de la vie quotidienne.
Lors d’une de ses apparitions au Père Lamy, Marie commente la qualité des ornements du prêtre : « C’est du faux ! »
Une relation unique.
Jusque dans son expérience mystique, le Père Lamy parle de Marie en des termes dont la familiarité peut surprendre, voire choquer et qui nous montrent la Mère de Dieu comme abolissant toute distance avec nous, y compris celle du respect humain. « Elle était de taille médiocre », dira d’elle le Père Lamy après son apparition à la Courneuve.
Voilà une description assez inhabituelle de la Mère de Dieu ! L’homme n’hésite pas à dire de la sainte Vierge qu’elle est une « habile chiffonnière », ayant devant les yeux ses chers chiffonniers de la Courneuve dont les activités, souvent répréhensibles, lui offrent pourtant un bon exemple pour parler de la mission de Marie.
Comme eux, elle sait enjoliver les choses les plus laides pour en présenter le brin de mérite à son Fils. Derrière la rugosité du vocabulaire, c’est de la bonne théologie !
Et la Vierge Marie prend le Père Lamy pour ainsi dire « sur son terrain », en lui apparaissant au moment le moins opportun, en toute simplicité, alors qu’il nettoie son église, à genoux par terre, en tablier. Le Père Lamy, occupé à son travail, n’en sait rien et doit en être averti par l’archange Gabriel : « La Reine des Cieux est là ! » (on retrouve notre exclamation emblématique).
Le Père Lamy est alors tout confus de se trouver en pareille posture, ce qui fait rire la Vierge ! « J'ai piqué un fard. Je ne savais où me mettre ; j'aurais voulu rentrer sous terre. J'ai enlevé ma barrette ; mais, pour le tablier (gesticulant), je tirais sur les cordons, et plus je tirais, plus je serrais. (…) « Tenez, le voilà tout rouge ! », a-t-elle dit aux saints en voyant que je me démenais. »
Marie se vit, en simplicité.
Cette simplicité s’exprime également dans le choix d’un lieu de pèlerinage et d’une statue assortie.
Le 9 septembre 1909, le Père Lamy est comme chaque année en pèlerinage à Gray (Haute-Saône) pour y prier Notre Dame en sa basilique. Il y célèbre la messe quand la Vierge descend doucement vers l’autel et lui sourit.
Elle lui annonce la guerre de 1914, lui demande la fondation d’une Congrégation (ce sera les Serviteurs de Jésus et de Marie qu’il fondera en 1930, juste avant sa mort) et d’un pèlerinage (celui de Notre-Dame des Bois). Pour ce dernier, le Père Lamy doit se procurer une statue.
Il l’achète à contre cœur chez un brocanteur, sur les indications de Marie, déçu qu’il est par son manque de goût ! Quant au lieu du pèlerinage, c’est une masure perdue qui sert de refuge aux bûcherons et aux chasseurs au milieu d’un bois…
On y devine qu’il ne s’y dit pas que des prières. Mais si, en fait de statue et de pèlerinage, on aurait pu rêver mieux de la part de Celle qu’il appelait avec son époque « la Très sainte Vierge », on ne discute pas car « c’est le choix de la Mère de Dieu ».
Marie priée et vénérée dans un lieu et à travers une représentation sans fards : les choix du Père Lamy expriment Marie comme il en a l’expérience, en toute simplicité, plutôt que dans ses gloires.
Un homme humble, « comme un rien ». C’est bien le mot de simplicité qui illustre la qualité maîtresse du Père Lamy, comme la conséquence de son intimité avec Marie.
On pourrait dire que, tout au long de sa vie, Marie a simplifié le Père Lamy, au sens noble que la Tradition donne à ce mot (la simplicité de la colombe chère à saint François de Sales).
Les témoins ont relevé que le Père Lamy passait inaperçu, comme du reste la Mère de Dieu et son divin Fils : « Le Père Lamy n’était-il pas comme un rien ? », dira de lui son confident et ami Jacques Maritain.
Dans l’action, l’union à Marie donnait au Père Lamy de voir simple, d’aller tranquillement de l’avant, malgré une impressionnante pauvreté de moyens. En effet, seul, sans vicaire, presque aveugle pendant plusieurs années, le Père Lamy dirige une Œuvre de jeunesse et lui donne un rayonnement considérable (à Troyes comme oblat de saint François de Sales) ; il relève la paroisse de la Courneuve.
Invité lors d’une réunion du fameux Cercle Maritain, alors qu’on y brassait des concepts et discutait théologie mariale, on interroge le Père Lamy, sans doute un peu dépassé par le tour que prennent les débats. Sa réponse : « Elle est bonne, elle est très bonne ! », qui arrache des larmes à ce pieux et grave auditoire ; car vivre avec Marie donne une qualité d’être qui touche et transforme les cœurs.
Le Père Lamy meurt le 1er décembre 1931 chez son ami le comte Paul Biver qui continuera son œuvre!!
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1704
JACQUES-BÉNIGNE BOSSUET, LUMIÈRE DU ROI-SOLEIL
JACQUES-BÉNIGNE BOSSUET, LUMIÈRE DU ROI-SOLEIL
« L’Aigle de Meaux », Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704), fut célèbre dans toute l’Europe pour sa hauteur d’esprit qui lui a permis, en une période de grands questionnements, de rester fidèle à l’Église, d’abord à la Cour de Louis XIV, puis comme évêque de Meaux (Seine-et-Marne).
Matthieu-Alexandre Durand Conservateur de la bibliothèque diocésaine de Meaux
Introduction.
Osons la question :
Jacques-Bénigne Bossuet mérite-il de sortir du tombeau ? Le plus célèbre des évêques de Meaux s’est doucement retiré de notre paysage culturel et semble promis à rester figé dans l’attitude grandiose et surhumaine de son portait le plus connu peint par Hyacinthe Rigaud. Là, tout le dépeint victorieux et dominateur, drapé dans des habits de Cour et posant dans une stabilité que rien ne saurait troubler. Il en fut bien autrement. Bossuet n’a pas été le bâtisseur paisible d’une somptueuse cathédrale, mais bien l’ouvrier affairé et pressé tentant de réparer les fissures et les brèches qui menaçaient partout l’édifice en cette seconde moitié du XVIIe siècle. Courageusement, il a hérité des grands doutes exprimés à la Renaissance, auxquels on n’avait pu vraiment répondre à cause des guerres de Religion. Il a su bien connaître son époque où l’individualisme et le rationalisme choisis par les sceptiques « libertins » remettaient en cause certaines vérités jugées par lui essentielles. Dans l’histoire intellectuelle et spirituelle de l’Europe, il a posé les grandes questions, relevé les contradictions et exposé les impasses avec perspicacité. Ses combats concernent encore l'homme d'aujourd'hui car ils ont été menés avec clarté sur les questions essentielles de l’inquiétude humaine.
Les années de formation. Jacques-Bénigne Bossuet naît le 27 septembre 1627 à Dijon (Côte-d’Or) dans une famille de magistrats. Il apprend son latin chez les Jésuites qui lui font découvrir aussi les auteurs antiques. C’est à l’âge de 14 ans qu’il découvre la Bible, empruntée dans le cabinet de son père, objet de ravissement dont il se rappellera toute sa vie. Le jeune homme poursuit ses études à Paris en philosophie puis en théologie, au collège de Navarre. Coiffé du bonnet de docteur, le jeune homme voit une carrière de professeur se présenter à lui, mais il ne choisit pas cette voie. Car déjà, il médite gravement sur la mort : « J’ai peu de temps, j’ai beaucoup de chemin à faire, peut-être en ai-je encore moins que je ne pense. » À Paris il rencontre Vincent de Paul et se prépare à être ordonné prêtre à son école : résolument il orientera sa théologie vers l’action. Dans la vie de cet homme, en matière de foi, pas d’accident ni de brutale conversion, mais une foi solide qui se construit lentement. De tous les Pères de l’Église, c’est saint Augustin qu’il préfère. En son œuvre, ô prodige ! Il trouve tout. Bossuet ménage aussi une place aux Pères grecs, et notamment à saint Jean Chrysostome, plus simple et charnel, de qui il puisera le goût d’une parole imaginative et éclatante. Penché sur l’Écriture, écoutant attentivement l’écho de la Tradition, le regard sur l’Église, il a, sur des bases solides, profondément établi sa croyance. Ordonné prêtre en 1652, il s’installe à Metz où il a obtenu une prébende de chanoine. Dans cette ville de garnison où se côtoient militaires, catholiques, juifs et protestants, le jeune prêtre fait de nombreuses rencontres qui lui serviront. Son père est l’ami du ministre protestant Paul Ferri, ils vont faire connaissance et Bossuet entame son œuvre de controversiste en publiant une Réfutation du catéchisme du sieur Paul Ferry en 1655. Le public ne se trompe pas en reconnaissant la grande qualité de l’ouvrage qui lui fait même gagner l’amitié du pasteur.
À l’école de saint Vincent de Paul. En 1659, il retourne à Paris où il va prêcher pendant dix ans. On retrouve l’influence de Vincent de Paul dans son puissant sermon Sur l’éminente dignité des pauvres où il rappelle que les pauvres sont premiers dans l’Église et que les riches n’y sont que pour les servir. Grâce à Monsieur Vincent, il apprend à prêcher sans jargonner, en maniant les mots simples pour toucher les cœurs. En ces années, le royaume de France retourne à la paix après des décennies de guerre et la Cour cherche le divertissement. À 35 ans, Bossuet sait que l’ennemi véritable est le catholicisme mondain, nivelant les exigences chrétiennes à l’aune des avancements de sa petite carrière. Devenu le porte-voix des libertins de la Cour, Molière sera en esprit son principal adversaire dans cette lutte. Une grande espérance se porte sur le jeune Louis XIV, dont on espère qu’il soulagera les maux de son peuple, mais celui-ci bientôt affiche son goût du faste et ne cache plus sa maîtresse Louise de La Vallière. En 1662, Bossuet est choisi pour prêcher le carême devant le roi et sa Cour, au palais du Louvre, et dans son premier sermon sur la prédication évangélique, il n’hésite pas à proclamer : « Jésus-Christ n’est plus écouté. » La semaine suivante, il expose courageusement la misère du royaume où les rois « rendront compte à Dieu de ce qu’ils peuvent. » Sans doute frappée par la force de l’orateur, Louise de Vallière s’est enfuie de la Cour et Louis XIV a dû lui courir après ! Furieux, il n’assistera pas au magnifique sermon sur la mort. Bossuet aurait-il échoué ? Il est félicité, mais non rappelé.
Au service du roi pour l’unité du royaume. Cependant, l’amertume du roi Soleil ne dura qu’un temps. Très vite, il reconnaît en lui l’homme de valeur capable de devenir le précepteur du dauphin. Nommé en 1669 évêque de Condom (Gers), Bossuet y renonce rapidement pour s’occuper à temps plein de cette nouvelle charge qu’il exercera dix ans. Le prédicateur se fait philosophe et historien. Pour le bien du royaume, le dauphin doit comprendre que les princes ne sont que les instruments d’une volonté divine qui les dépasse. Le discernement spirituel, pour les princes comme pour les paysans, c’est d’apprécier l’action providentielle de Dieu dans l’ordinaire des choses. Bossuet fait venir également des scientifiques et ne cache pas son admiration pour cette science qui oblige « les venins mêmes à se tourner en remède. »
Pour la conversion des protestants. C’est dans un même esprit d’unité qu’il poursuit son travail en direction des protestants. Convaincu que les controverses doctrinales n’aboutissaient à rien, il décide de porter ses efforts sur les conversions individuelles. En 1671, Bossuet publie une Exposition de la doctrine de l'Église catholique sur les matières de controverse, où il innove en évitant un vocabulaire de combat pour rappeler l’essentiel. Cependant, le roi estime qu’il est temps d’accélérer la lutte contre la « religion prétendue réformée » et révoque l’édit de Nantes en 1685. Bossuet le soutient. En Europe, on s’étonne de voir l’homme de l’Exposition sur la doctrine, soucieux de réconciliation, soutenir ce brutal interdit. En 1688, il publie son Histoire des variations des Églises protestantes, où il démontre que la vérité est immuable tandis que le principe du protestantisme est de toujours varier. La force de ce livre est telle que nombreux sont les protestants à reconnaître le vrai de sa thèse mais, loin de revenir dans le giron de l’Église, certains assument bientôt cette variation comme un principe de valeur ! Bossuet n’avait pas prévu qu’en voulant confondre ses adversaires, il les pousserait encore plus loin de Rome...
Évêque de Meaux. En 1680, le dauphin se marie et Bossuet a fini sa tâche. Le roi le remercie en le faisant l’année suivante évêque de Meaux, où il se montre très attentif, résidant en son diocèse, prêchant souvent et visitant ses paroisses. Énergique, il compose un catéchisme, soutient les conférences ecclésiastiques et publie des commentaires bibliques pour la bonne formation de son clergé. À la belle saison, il réside dans son agréable propriété de Germigny, en bord de Marne, où il profite du spectacle de la nature. Ce charmant tableau du bon évêque du XVIIe siècle aurait pu suffire à en faire déjà un homme admirable. Mais loin d’être une retraite pour son esprit et son cœur, son épiscopat meldois sera une période active de lutte intellectuelle et religieuse pour celui qui est considéré comme la voix de l’Église de France. (Voir « compléments »)
Une voix qui tombe. La paix civile obtenue, on comptait sur l’évêque de Meaux pour construire la paix morale et religieuse et celui-ci pensait avoir trouvé la formule victorieuse. Mais au soir de sa vie, Bossuet voyait les nuages s’accumuler à l’horizon. D’Angleterre et de Hollande, arrivaient de nouvelles philosophies promises à un grand avenir. Le pouvoir politique l’abandonnait dans sa lutte contre Richard Simon. La Cour l’avait dupé quand il avait rédigé pour l’Église de France quatre articles définissant ses droits pour délimiter le pouvoir pontifical (la Déclaration des Quatre articles en 1682) et que le roi avait abandonnés. Amertume et tristesse chez Bossuet, que de voir certaines intelligences se détourner radicalement de la Bible et de la Tradition. Avec perspicacité, il prévoit les conséquences lointaines des principes excessifs qu’il a combattus. Sentant le péril, il devient plus violent et, pour la première fois, oublie toute mesure. En 1694, dans son Traité de la concupiscence, il condamne le libre exercice de l’esprit, la science, le divertissement et le rire. Bossuet rejoint Blaise Pascal et le dépasse : il impose la sécession aux chrétiens. Dans ses Maximes et réflexions sur la Comédie, il s’emporte contre le père Caffaro qui défend le théâtre, dans lequel Bossuet ne voit qu’instrument excitant les passions. Il pressent qu’« un grand combat se prépare contre l’Église sous le nom de la philosophie cartésienne » et, désabusé de n’avoir pu insérer le christianisme dans le monde, il s’autorise une grande colère. Les dernières notes de la vie de Bossuet furent-elles donc dissonantes ? Heureusement pas, car l’évêque de Meaux se replonge dans les délices de la méditation et partage avec les religieuses de son diocèse ses pensées les plus élevées et les plus profondes. Dans ses Méditations sur l’Évangile et ses Élévation sur les Mystères, on le sent écrire avec le cœur au bout de la plume : « Relis mon âme ce doux commandement d’aimer. » Souffrant, il apprend qu’il est atteint de la maladie de la pierre. Il se fait alors relire l’Évangile de saint Jean mais ne peut, faute de temps, achever sa Défense de la Tradition et des Saints Pères. En août 1702, il prêche une dernière fois à la cathédrale de Meaux. Installé à Paris pour se soigner, il meurt paisiblement le 12 avril 1704 dans son domicile rue Sainte-Anne. Selon ses volontés, il sera enterré dans la cathédrale de Meaux, au cœur de son cher diocèse auquel il avait consacré tant de soins.
Bossuet a su observer son temps tel qu’il l’était
Conclusion. Avouons-le, la vie et l’œuvre de Bossuet nous impressionnent par leur cohérence. Tout entier possédé par le désir de faire connaître Dieu, il veut aussi éclairer l’homme sur l’impact de ses choix individuels sur le destin collectif. Fidèle à une révélation intérieure et doué d’une intelligence qui lui permettait d’examiner les questions difficiles et, dans la confusion des esprits, de porter une sentence claire, Bossuet a su observer son temps tel qu’il l’était. Orateur superbe et écrivain puissant, doué d’une force de travail sortant de l’ordinaire, et riche de qualités humaines qui font les grands cœurs, nous aurions finalement pu lui reprocher de ne pas avoir assumé le rôle de docteur de l’Église de France, s’il l’avait seulement rejeté. Mais courageusement, il a embrassé cette grave responsabilité et ne s’est pas contenté d’être un simple analyste en œuvrant par différents moyens pour éviter les ruptures, empêcher les folies et enseigner les simples comme les grands esprits. Quand on relit aujourd’hui ses lignes sur notre condition humaine, ses avis sur les excès de notre cœur et de notre raison, ou sur les pénibles questions de nos capacités, on est saisi par le regard perçant qu’il a jeté sur notre propre vie. C’est que l’ « Aigle de Meaux » a voulu que tous cherchent et trouvent, en prenant la hauteur qui le caractérise. Sa perspicacité à voir l’aboutissement de certains principes nous encourage à faire ce même effort mais c’est peut-être dans son appel à ne pas être esclave de nos propres opinons individuelles que Bossuet demeure pour nous le sage qu’il serait bien imprudent d’oublier.
Matthieu-Alexandre Durand Conservateur de la bibliothèque diocésaine de Meaux
Introduction.
Osons la question :
Jacques-Bénigne Bossuet mérite-il de sortir du tombeau ? Le plus célèbre des évêques de Meaux s’est doucement retiré de notre paysage culturel et semble promis à rester figé dans l’attitude grandiose et surhumaine de son portait le plus connu peint par Hyacinthe Rigaud. Là, tout le dépeint victorieux et dominateur, drapé dans des habits de Cour et posant dans une stabilité que rien ne saurait troubler. Il en fut bien autrement. Bossuet n’a pas été le bâtisseur paisible d’une somptueuse cathédrale, mais bien l’ouvrier affairé et pressé tentant de réparer les fissures et les brèches qui menaçaient partout l’édifice en cette seconde moitié du XVIIe siècle. Courageusement, il a hérité des grands doutes exprimés à la Renaissance, auxquels on n’avait pu vraiment répondre à cause des guerres de Religion. Il a su bien connaître son époque où l’individualisme et le rationalisme choisis par les sceptiques « libertins » remettaient en cause certaines vérités jugées par lui essentielles. Dans l’histoire intellectuelle et spirituelle de l’Europe, il a posé les grandes questions, relevé les contradictions et exposé les impasses avec perspicacité. Ses combats concernent encore l'homme d'aujourd'hui car ils ont été menés avec clarté sur les questions essentielles de l’inquiétude humaine.
Les années de formation. Jacques-Bénigne Bossuet naît le 27 septembre 1627 à Dijon (Côte-d’Or) dans une famille de magistrats. Il apprend son latin chez les Jésuites qui lui font découvrir aussi les auteurs antiques. C’est à l’âge de 14 ans qu’il découvre la Bible, empruntée dans le cabinet de son père, objet de ravissement dont il se rappellera toute sa vie. Le jeune homme poursuit ses études à Paris en philosophie puis en théologie, au collège de Navarre. Coiffé du bonnet de docteur, le jeune homme voit une carrière de professeur se présenter à lui, mais il ne choisit pas cette voie. Car déjà, il médite gravement sur la mort : « J’ai peu de temps, j’ai beaucoup de chemin à faire, peut-être en ai-je encore moins que je ne pense. » À Paris il rencontre Vincent de Paul et se prépare à être ordonné prêtre à son école : résolument il orientera sa théologie vers l’action. Dans la vie de cet homme, en matière de foi, pas d’accident ni de brutale conversion, mais une foi solide qui se construit lentement. De tous les Pères de l’Église, c’est saint Augustin qu’il préfère. En son œuvre, ô prodige ! Il trouve tout. Bossuet ménage aussi une place aux Pères grecs, et notamment à saint Jean Chrysostome, plus simple et charnel, de qui il puisera le goût d’une parole imaginative et éclatante. Penché sur l’Écriture, écoutant attentivement l’écho de la Tradition, le regard sur l’Église, il a, sur des bases solides, profondément établi sa croyance. Ordonné prêtre en 1652, il s’installe à Metz où il a obtenu une prébende de chanoine. Dans cette ville de garnison où se côtoient militaires, catholiques, juifs et protestants, le jeune prêtre fait de nombreuses rencontres qui lui serviront. Son père est l’ami du ministre protestant Paul Ferri, ils vont faire connaissance et Bossuet entame son œuvre de controversiste en publiant une Réfutation du catéchisme du sieur Paul Ferry en 1655. Le public ne se trompe pas en reconnaissant la grande qualité de l’ouvrage qui lui fait même gagner l’amitié du pasteur.
À l’école de saint Vincent de Paul. En 1659, il retourne à Paris où il va prêcher pendant dix ans. On retrouve l’influence de Vincent de Paul dans son puissant sermon Sur l’éminente dignité des pauvres où il rappelle que les pauvres sont premiers dans l’Église et que les riches n’y sont que pour les servir. Grâce à Monsieur Vincent, il apprend à prêcher sans jargonner, en maniant les mots simples pour toucher les cœurs. En ces années, le royaume de France retourne à la paix après des décennies de guerre et la Cour cherche le divertissement. À 35 ans, Bossuet sait que l’ennemi véritable est le catholicisme mondain, nivelant les exigences chrétiennes à l’aune des avancements de sa petite carrière. Devenu le porte-voix des libertins de la Cour, Molière sera en esprit son principal adversaire dans cette lutte. Une grande espérance se porte sur le jeune Louis XIV, dont on espère qu’il soulagera les maux de son peuple, mais celui-ci bientôt affiche son goût du faste et ne cache plus sa maîtresse Louise de La Vallière. En 1662, Bossuet est choisi pour prêcher le carême devant le roi et sa Cour, au palais du Louvre, et dans son premier sermon sur la prédication évangélique, il n’hésite pas à proclamer : « Jésus-Christ n’est plus écouté. » La semaine suivante, il expose courageusement la misère du royaume où les rois « rendront compte à Dieu de ce qu’ils peuvent. » Sans doute frappée par la force de l’orateur, Louise de Vallière s’est enfuie de la Cour et Louis XIV a dû lui courir après ! Furieux, il n’assistera pas au magnifique sermon sur la mort. Bossuet aurait-il échoué ? Il est félicité, mais non rappelé.
Au service du roi pour l’unité du royaume. Cependant, l’amertume du roi Soleil ne dura qu’un temps. Très vite, il reconnaît en lui l’homme de valeur capable de devenir le précepteur du dauphin. Nommé en 1669 évêque de Condom (Gers), Bossuet y renonce rapidement pour s’occuper à temps plein de cette nouvelle charge qu’il exercera dix ans. Le prédicateur se fait philosophe et historien. Pour le bien du royaume, le dauphin doit comprendre que les princes ne sont que les instruments d’une volonté divine qui les dépasse. Le discernement spirituel, pour les princes comme pour les paysans, c’est d’apprécier l’action providentielle de Dieu dans l’ordinaire des choses. Bossuet fait venir également des scientifiques et ne cache pas son admiration pour cette science qui oblige « les venins mêmes à se tourner en remède. »
Pour la conversion des protestants. C’est dans un même esprit d’unité qu’il poursuit son travail en direction des protestants. Convaincu que les controverses doctrinales n’aboutissaient à rien, il décide de porter ses efforts sur les conversions individuelles. En 1671, Bossuet publie une Exposition de la doctrine de l'Église catholique sur les matières de controverse, où il innove en évitant un vocabulaire de combat pour rappeler l’essentiel. Cependant, le roi estime qu’il est temps d’accélérer la lutte contre la « religion prétendue réformée » et révoque l’édit de Nantes en 1685. Bossuet le soutient. En Europe, on s’étonne de voir l’homme de l’Exposition sur la doctrine, soucieux de réconciliation, soutenir ce brutal interdit. En 1688, il publie son Histoire des variations des Églises protestantes, où il démontre que la vérité est immuable tandis que le principe du protestantisme est de toujours varier. La force de ce livre est telle que nombreux sont les protestants à reconnaître le vrai de sa thèse mais, loin de revenir dans le giron de l’Église, certains assument bientôt cette variation comme un principe de valeur ! Bossuet n’avait pas prévu qu’en voulant confondre ses adversaires, il les pousserait encore plus loin de Rome...
Évêque de Meaux. En 1680, le dauphin se marie et Bossuet a fini sa tâche. Le roi le remercie en le faisant l’année suivante évêque de Meaux, où il se montre très attentif, résidant en son diocèse, prêchant souvent et visitant ses paroisses. Énergique, il compose un catéchisme, soutient les conférences ecclésiastiques et publie des commentaires bibliques pour la bonne formation de son clergé. À la belle saison, il réside dans son agréable propriété de Germigny, en bord de Marne, où il profite du spectacle de la nature. Ce charmant tableau du bon évêque du XVIIe siècle aurait pu suffire à en faire déjà un homme admirable. Mais loin d’être une retraite pour son esprit et son cœur, son épiscopat meldois sera une période active de lutte intellectuelle et religieuse pour celui qui est considéré comme la voix de l’Église de France. (Voir « compléments »)
Une voix qui tombe. La paix civile obtenue, on comptait sur l’évêque de Meaux pour construire la paix morale et religieuse et celui-ci pensait avoir trouvé la formule victorieuse. Mais au soir de sa vie, Bossuet voyait les nuages s’accumuler à l’horizon. D’Angleterre et de Hollande, arrivaient de nouvelles philosophies promises à un grand avenir. Le pouvoir politique l’abandonnait dans sa lutte contre Richard Simon. La Cour l’avait dupé quand il avait rédigé pour l’Église de France quatre articles définissant ses droits pour délimiter le pouvoir pontifical (la Déclaration des Quatre articles en 1682) et que le roi avait abandonnés. Amertume et tristesse chez Bossuet, que de voir certaines intelligences se détourner radicalement de la Bible et de la Tradition. Avec perspicacité, il prévoit les conséquences lointaines des principes excessifs qu’il a combattus. Sentant le péril, il devient plus violent et, pour la première fois, oublie toute mesure. En 1694, dans son Traité de la concupiscence, il condamne le libre exercice de l’esprit, la science, le divertissement et le rire. Bossuet rejoint Blaise Pascal et le dépasse : il impose la sécession aux chrétiens. Dans ses Maximes et réflexions sur la Comédie, il s’emporte contre le père Caffaro qui défend le théâtre, dans lequel Bossuet ne voit qu’instrument excitant les passions. Il pressent qu’« un grand combat se prépare contre l’Église sous le nom de la philosophie cartésienne » et, désabusé de n’avoir pu insérer le christianisme dans le monde, il s’autorise une grande colère. Les dernières notes de la vie de Bossuet furent-elles donc dissonantes ? Heureusement pas, car l’évêque de Meaux se replonge dans les délices de la méditation et partage avec les religieuses de son diocèse ses pensées les plus élevées et les plus profondes. Dans ses Méditations sur l’Évangile et ses Élévation sur les Mystères, on le sent écrire avec le cœur au bout de la plume : « Relis mon âme ce doux commandement d’aimer. » Souffrant, il apprend qu’il est atteint de la maladie de la pierre. Il se fait alors relire l’Évangile de saint Jean mais ne peut, faute de temps, achever sa Défense de la Tradition et des Saints Pères. En août 1702, il prêche une dernière fois à la cathédrale de Meaux. Installé à Paris pour se soigner, il meurt paisiblement le 12 avril 1704 dans son domicile rue Sainte-Anne. Selon ses volontés, il sera enterré dans la cathédrale de Meaux, au cœur de son cher diocèse auquel il avait consacré tant de soins.
Bossuet a su observer son temps tel qu’il l’était
Conclusion. Avouons-le, la vie et l’œuvre de Bossuet nous impressionnent par leur cohérence. Tout entier possédé par le désir de faire connaître Dieu, il veut aussi éclairer l’homme sur l’impact de ses choix individuels sur le destin collectif. Fidèle à une révélation intérieure et doué d’une intelligence qui lui permettait d’examiner les questions difficiles et, dans la confusion des esprits, de porter une sentence claire, Bossuet a su observer son temps tel qu’il l’était. Orateur superbe et écrivain puissant, doué d’une force de travail sortant de l’ordinaire, et riche de qualités humaines qui font les grands cœurs, nous aurions finalement pu lui reprocher de ne pas avoir assumé le rôle de docteur de l’Église de France, s’il l’avait seulement rejeté. Mais courageusement, il a embrassé cette grave responsabilité et ne s’est pas contenté d’être un simple analyste en œuvrant par différents moyens pour éviter les ruptures, empêcher les folies et enseigner les simples comme les grands esprits. Quand on relit aujourd’hui ses lignes sur notre condition humaine, ses avis sur les excès de notre cœur et de notre raison, ou sur les pénibles questions de nos capacités, on est saisi par le regard perçant qu’il a jeté sur notre propre vie. C’est que l’ « Aigle de Meaux » a voulu que tous cherchent et trouvent, en prenant la hauteur qui le caractérise. Sa perspicacité à voir l’aboutissement de certains principes nous encourage à faire ce même effort mais c’est peut-être dans son appel à ne pas être esclave de nos propres opinons individuelles que Bossuet demeure pour nous le sage qu’il serait bien imprudent d’oublier.
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1922
PIE XI PROCLAME NOTRE DAME DE L'ASSOMPTION PATRONNE PRINCIPALE DE FRANCE
PIE XI PROCLAME NOTRE DAME DE L'ASSOMPTION PATRONNE PRINCIPALE DE FRANCE
Tous les royaumes de la terre, et d’abord tous les royaumes chrétiens, qu’ils le sachent ou l’ignorent, quelles que soient les formes de leurs États, sont confiés à la garde de la Mère de Dieu, dont le Fils, Jésus-Christ, est le Roi, puisqu’il est le Roi de l’Univers.
Il suffit de penser pour s’en convaincre au Mexique de Notre Dame de Guadalupe, à la Pologne de Notre Dame de Czestochowa, au Portugal de Notre Dame de Fatima.
De l’Afrique à la Chine, de l’Argentine à la Russie, tous les pays, tous les continents de la terre sont l’apanage de la Reine des Cieux.
« Royaume de France, Royaume de Marie » (Regnum Galliae, Regnum Mariae). En ces quelques mots, tout est dit. La France, fille aînée de l’Église, est l’un des pays, sinon le pays, privilégiés par Notre Dame. En 1922, le pape Pie XI proclame d’ailleurs Notre Dame de l’Assomption patronne principale de la France.
Dominique Ponnau
Historien de l'art, conservateur général honoraire du patrimoine
Le Liban se confie à la Vierge Marie. Certains lieux du monde ont de cet apanage une idée claire et s’en réclament.
Ainsi, en 2010, le Liban a fait récemment du 25 mars, solennité de l’Annonciation, un jour de Fête Nationale, où se rencontrent toutes les composantes de son peuple, chrétiennes et musulmanes, dans l’amour que porte à la Vierge-Mère le pays tout entier.
C’est à la Reine de la Paix que cette terre, déchirée par tant de rivalités et de haines, a eu l’audace unanime de se confier. Comme si la « Porte du Ciel », l’un des titres que lui donnent ses litanies, était celle par où peuvent entrer dans le Sanctuaire divin, pour y contempler la beauté du Seigneur des mondes et communier en lui, tant de fils que tout oppose, parfois jusqu’au sang, y compris leurs conceptions si différentes de l’Adoration.
Par le seuil du sanctuaire de l’Adoration, dont Marie est la porte grande ouverte, passent, pour tous les Libanais, l’Espérance, la Grâce de la Paix de Dieu.
Une France immortelle ? Non, la France n’est pas le seul Royaume de Notre Dame. Cependant, la France est le pays qui, plus qu’aucun autre, a pris envers Notre Dame un engagement solennel de fidélité, qui durera aussi longtemps que durera ce pays, c’est-à-dire, je l’espère bien, autant que durera le monde. Écrivant cela, je n’oublie pas les mots prophétiques de Paul Valéry peu après la Première Guerre mondiale : « Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. »
La France mourra-t-elle avant que ne meure le monde ? J’entends, la France de notre amour, la « France, Mère des arts, des armes et des lois », de l’harmonie des paysages naturels et spirituels, de l’équilibre entre la modestie et la grandeur, qui enfanta le dicton allemand : « Heureux comme Dieu en France », ou le dicton polonais :
« Le ciel est trop haut et la France est trop loin ».
Qui peut affirmer que cette France-là durera aussi longtemps que le monde ? Qui peut même affirmer qu’elle ne relève pas déjà de temps révolus ?
Je me refuse à le croire. Je m’y refuse de toute la force de mon amour pour « notre mère la France », comme le disaient naguère encore les Libanais (trop souvent abandonnés par cette mère comme les autres chrétiens du Proche-Orient), car elle a pour toujours la gravité de Notre Dame du Puy et l’ineffable douceur de Notre Dame de Chartres. Gravité de la Mère des douleurs. Douceur de la Mère de compassion et de tendresse.
Nul pays ne fut l’objet d’une consécration à Notre Dame aussi absolue et solennelle
La consécration solennelle de la France à la Vierge Marie. Si parfois, à nos yeux recrus de larmes, peut paraître révolu le temps de la France, que s’éclaire et se purifie notre regard !
Qu’il voie, au-delà des apparences, que ne peut-être révolu le temps de Notre Dame, le temps de Notre Dame de France !
À travers les pires vicissitudes, ne peut être révolu l’engagement de la France envers la Mère de Dieu, aussi ancien qu’elle, car son amour pour cette Mère lui fut toujours consubstantiel, mais engagement solennellement pris « à perpétuité » le 10 février 1638 par le Roi Louis XIII.
Nul pays, je crois, ne fut l’objet d’une consécration à Notre Dame aussi absolue et solennelle, s’étendant à tout son avenir. Cette consécration, à la réalisation de laquelle prit grande part le successeur de Louis XIII, le Dauphin espéré, Louis-Dieudonné qui devint Louis XIV, s’étendit à la France toute entière, qui, au jour prévu pour en faire mémoire, le 15 août, solennité de l’Assomption, organisa, d’abord dans chaque église, puis dans les rues des villes et villages, la fameuse procession, dont la tradition a été si heureusement reprise à Paris par le Cardinal Lustiger et son successeur le Cardinal Vingt-Trois.
Notre Dame de France en difficulté Cette consécration pourtant ne suivit pas toujours un cours paisible.
La Révolution la rejeta, installant au lieu et place de Notre-Dame, dans le chœur de la cathédrale de Paris désaffectée, une actrice affublée du titre de « Déesse Raison », qui reçut les hommages des nouveaux princes, ennemis de la « superstition ».
Quand vint le Concordat, la cathédrale est rendue au culte catholique et celui-ci n’y fut plus aboli. Cependant, Napoléon, né un 15 août, s’inventa un saint patron, d’existence et de nom approximatifs, qui fut opportunément célébré ce jour-là, si bien que, sous son règne, on ne sut plus exactement si, lors de la commémoration du vœu de Louis XIII, on honorait l’Assomption de Notre Dame ou l’anniversaire et la fête de l’Empereur…
Quant à la République, tant que dura le Concordat, elle célébra l’Assomption de la Vierge le 15 août, et, quand intervint la fameuse loi de 1905, d’inspiration hostile au catholicisme, mais qui, à l’instar des autres religions, le respecta, elle s’abstint de célébrer cette Solennité mais ne la remit pas en cause.
Notre Dame de l’Assomption, patronne principale de la France. En 1922, première année de son pontificat, le pape Pie XI proclame Notre Dame de l’Assomption patronne principale de la France.
Dans sa lettre apostolique « Galliam, Ecclesiae filiam primogenitam », il affirme :
« …Nous déclarons et confirmons que la Vierge Marie Mère de Dieu, sous le titre de son Assomption dans le ciel, a été régulièrement choisie comme principale patronne de toute la France auprès de Dieu, avec tous les privilèges et les honneurs que comportent ce noble titre et cette dignité… »
Notre Dame de la paix. Un signe éclatant de la persistance, dans l’esprit public (et, fût-ce officieusement, dans celui des Autorités de la Nation), du lien d’amour indissoluble entre la France et la Vierge Marie, fut donné à la fin août 1944, lors de la Libération, quand le Général De Gaulle signifia avec grandeur et émotion (au battement sublime du gros bourdon) que la Reine de France, de la France républicaine, demeurait Notre-Dame en sa demeure de Paris, dont le Magnificat ébranlait d’allégresse les voûtes multiséculaires.
Moments inoubliables pour la France et pour Paris, que ne font nullement pâlir, mais au contraire resplendir, des actes comme le Serment de Koufra, prêté en pleine guerre, le 2 mars 1941, par le Général Leclerc et ses hommes, de ne pas cesser le combat avant que les couleurs de la France ne flottent de nouveau sur la flèche de la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg.
Citons aussi le choix de la cathédrale Notre-Dame de Reims par le Général De Gaulle et le Chancelier Adenauer pour y faire célébrer en leur présence le 8 juillet 1962, une messe solennelle de réconciliation entre l’Allemagne et la France et d’invocation à la Paix.
Acte que commémorèrent en 2012, en ce même lieu, mais cette fois sans la messe, Madame Merkel et Monsieur Hollande.
Des protestations récentes. Notre-Dame de Paris, Notre-Dame de Strasbourg, Notre-Dame de Reims, quels symboles !
La cathédrale du vœu, la cathédrale des luttes fratricides transcendées, la cathédrale du sacre…
Toutes les trois, comme des milliers d’églises de France, placées sous les auspices de la Vierge Marie ! Qui oserait y redire ?
Quelques-uns, de nos jours, s’y risquent pourtant, peut-être tant est épaisse et vaste leur ignorance. Ils vinrent troubler récemment la liturgie dominicale à Notre-Dame de Paris, ou s’allongèrent sur son parvis, quand le maire de notre capitale, Monsieur Delanoë, inaugura le nouveau nom de celui-ci : « Parvis de Notre-Dame, Place Jean-Paul II ».
La plus virulente des protestataires, une adjointe au maire, indiqua outrée la cause principale de son indignation : on avait osé « associer le nom de Jean-Paul II à celui de Notre Dame ! »
Elle ignorait sans doute que la devise de ce saint Pape, si épris de la France, était « Totus Tuus », « Je suis tout entier à toi », devise empruntée à saint Louis-Marie Grignon de Montfort, l’un des plus grands saints français, théologien par excellence de Notre Dame, qui fut le saint de prédilection de Jean-Paul II. « Totus tuus », « Je suis tout entier à toi, Notre Dame » !
La sainte humilité de la France. La sainteté française est fraternelle à toutes les saintetés, d’où qu’elles viennent, en quelque lieu de la terre, en quelque période du temps où elles se soient épanouies.
Il serait très difficile, peut-être impossible, de la qualifier. Pourtant, il me semble qu’elle a un visage qui lui est propre, le visage de l’humilité.
On ne saurait imaginer un saint ou une sainte de France qui ne soit humble, au sens du Magnificat de Marie : « Il renverse les puissants de leurs trônes ; Il élève les humbles.
» Oh, bien sûr, les saints et les saintes de France ont leur grandeur, leur noblesse ; ils ont leur fierté ! Il n’y a pas plus noble, ni plus fier que sainte Jeanne d’Arc, que sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, que sainte Élisabeth de la Trinité, qui, pour le Seigneur, voulait être une « louange de gloire ».
Toutes les trois eurent d’ailleurs à purifier, chacune à sa manière, leur tempérament fougueux. Je les aime toutes les trois ardemment, avec une préférence pour Jeanne peut-être, brûlée à 19 ans à l’issue d’un procès parmi les plus iniques de l’histoire avec celui de Jésus, mené en présence de l’occupant par des autorités ecclésiastiques de sa propre nation, décidées d’avance à la condamner plutôt qu’à la juger (voir article sur le procès de Jeanne d’Arc).
Oui, Jeanne, patronne secondaire de la France, est la fierté même, la hardiesse, le courage, à un degré insurpassé, et peut-être inégalé.
Mais elle est aussi une jeune fille, presque une enfant, très pure, et pas seulement sur le registre des examens indiscrets qu’elle dut subir à Poitiers puis à Rouen, elle est pure comme une fontaine de cristal. Elle prie sans cesse, elle prie ses Voix, bien sûr, saint Michel, sainte Catherine, sainte Marguerite, mais la sainte Vierge plus que tout autre. Enfant, elle disait très souvent son chapelet ; en prison, elle récite l’Ave Maria.
Elle aime la sainte Vierge. Elle l’aime pour elle-même, mais plus encore parce qu’elle est la Mère de Jésus, son grand amour. L’ignorante a une théologie très saine, très sûre, la théologie d’une âme droite. C’est elle qu’il faut lire sur son oriflamme où elle a fait peindre, entre deux anges, de part et d’autre d’une épée : « Jhesus, Maria ». Mais Jeanne, la fière fille de France, est l’humilité même. « Êtes-vous en état de grâce ? » « Si je n’y suis, Dieu veuille m’y mettre. Si j’y suis, Dieu veuille m’y garder. »
Les manifestations de la Vierge. En France, il y a Jeanne ; mais il y a Thérèse, sa grande amie ; il y a Catherine Labouré, qu’un ange conduit de nuit dans la chapelle de la rue du Bac où Marie l’attend ; il y a Bernadette, à qui, si courtoisement, la Vierge s’adresse et lui révèle le mystère de son « Immaculée Conception »…
Il y a aussi les enfants de Pontmain, petits villageois pauvres de Mayenne, qui, seuls dans la nuit enneigée sous la menace de l’envahisseur, voient la Vierge sans autres paroles que celles s’écrivant en lettres d’or sous ses pieds ; il y a l’impressionnante apparition, toujours à des enfants, de « celle qui pleure » à la Salette sur les terribles malheurs présents et futurs de la France et du monde si l’on ne se convertit pas. Il y a encore la tendre présence de Marie à l’île Bouchard, en faveur des familles de France…
Il y a, il y a…. Je ne crois ni exagérer, ni pécher par orgueil nationaliste en disant que nul pays n’a été au même degré que la France favorisé des marques d’amour de Notre Dame qui choisit des enfants pour en témoigner.
Elle trouve en eux ses humbles messagers pour, leur dit-elle, « le faire passer à mon peuple ». Mais qu’en fait donc aujourd’hui son peuple ?
Notre Dame à tous.
Partout en France, quand la Vierge se manifeste, joyeuse ou douloureuse, c’est dans la beauté sereine et si harmonieuse de nos contrées. Et presque toujours à des enfants.
Non que nous manquions de grandes et belles villes, ni de géants de la sainteté. À leurs manières si différentes, saint Louis Grignon de Montfort et saint Bernard sont des géants.
Saint Bernard, dans son amour de Marie, atteint les plus hauts sommets de la beauté, saint Louis-Marie ceux de la tendresse.
Mais il existe, même chez ces géants, une humble clarté mariale dont ils resplendissent.
Quand ils évoquent leur Dame, tels des chevaliers courtois, ils redeviennent des enfants devant leur Mère.
Et cette grâce de l’enfance habite les plus sublimes chefs d’œuvre enfantés par le génie français, se mettant de tout cœur au service de leur Dame, de Notre Dame. Notre-Dame d’Amiens, Notre-Dame de Bourges, Notre-Dame de Chartres, Notre-Dame de Cléry, Notre-Dame de Paris, Notre-Dame du Puy, Notre-Dame de Reims, Notre-Dame de Sens, Notre-Dame de Strasbourg, chacune de ces « Notre-Dame » est la Dame de chacun de nous.
Nos artistes, nos poètes, l’ont tous compris (ce sont, avec les saints et les enfants, ses plus chers enfants).
Villon, Corneille, Bloy, Péguy… Tant et tant d’autres…
Écoutons l’un d’eux, Bernanos : « Le regard de la Vierge est le seul regard vraiment enfantin, le seul vrai regard d’enfant qui se soit jamais levé sur notre honte et sur notre malheur.
Oui, mon petit, pour la bien prier, il faut sentir ce regard qui n’est pas tout-à-fait celui de l’indulgence - car l’indulgence ne va pas sans quelque expérience amère - mais de la tendre compassion, de la surprise douloureuse, d’on ne sait quel sentiment encore, inconcevable, inexprimable, qui la fait plus jeune que le péché, plus jeune que la race dont elle est issue, et bien que Mère par la grâce, Mère des grâces, la cadette du genre humain. »
« La cadette du genre humain », voilà ce qu’est Notre Dame de France.
Il suffit de penser pour s’en convaincre au Mexique de Notre Dame de Guadalupe, à la Pologne de Notre Dame de Czestochowa, au Portugal de Notre Dame de Fatima.
De l’Afrique à la Chine, de l’Argentine à la Russie, tous les pays, tous les continents de la terre sont l’apanage de la Reine des Cieux.
« Royaume de France, Royaume de Marie » (Regnum Galliae, Regnum Mariae). En ces quelques mots, tout est dit. La France, fille aînée de l’Église, est l’un des pays, sinon le pays, privilégiés par Notre Dame. En 1922, le pape Pie XI proclame d’ailleurs Notre Dame de l’Assomption patronne principale de la France.
Dominique Ponnau
Historien de l'art, conservateur général honoraire du patrimoine
Le Liban se confie à la Vierge Marie. Certains lieux du monde ont de cet apanage une idée claire et s’en réclament.
Ainsi, en 2010, le Liban a fait récemment du 25 mars, solennité de l’Annonciation, un jour de Fête Nationale, où se rencontrent toutes les composantes de son peuple, chrétiennes et musulmanes, dans l’amour que porte à la Vierge-Mère le pays tout entier.
C’est à la Reine de la Paix que cette terre, déchirée par tant de rivalités et de haines, a eu l’audace unanime de se confier. Comme si la « Porte du Ciel », l’un des titres que lui donnent ses litanies, était celle par où peuvent entrer dans le Sanctuaire divin, pour y contempler la beauté du Seigneur des mondes et communier en lui, tant de fils que tout oppose, parfois jusqu’au sang, y compris leurs conceptions si différentes de l’Adoration.
Par le seuil du sanctuaire de l’Adoration, dont Marie est la porte grande ouverte, passent, pour tous les Libanais, l’Espérance, la Grâce de la Paix de Dieu.
Une France immortelle ? Non, la France n’est pas le seul Royaume de Notre Dame. Cependant, la France est le pays qui, plus qu’aucun autre, a pris envers Notre Dame un engagement solennel de fidélité, qui durera aussi longtemps que durera ce pays, c’est-à-dire, je l’espère bien, autant que durera le monde. Écrivant cela, je n’oublie pas les mots prophétiques de Paul Valéry peu après la Première Guerre mondiale : « Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. »
La France mourra-t-elle avant que ne meure le monde ? J’entends, la France de notre amour, la « France, Mère des arts, des armes et des lois », de l’harmonie des paysages naturels et spirituels, de l’équilibre entre la modestie et la grandeur, qui enfanta le dicton allemand : « Heureux comme Dieu en France », ou le dicton polonais :
« Le ciel est trop haut et la France est trop loin ».
Qui peut affirmer que cette France-là durera aussi longtemps que le monde ? Qui peut même affirmer qu’elle ne relève pas déjà de temps révolus ?
Je me refuse à le croire. Je m’y refuse de toute la force de mon amour pour « notre mère la France », comme le disaient naguère encore les Libanais (trop souvent abandonnés par cette mère comme les autres chrétiens du Proche-Orient), car elle a pour toujours la gravité de Notre Dame du Puy et l’ineffable douceur de Notre Dame de Chartres. Gravité de la Mère des douleurs. Douceur de la Mère de compassion et de tendresse.
Nul pays ne fut l’objet d’une consécration à Notre Dame aussi absolue et solennelle
La consécration solennelle de la France à la Vierge Marie. Si parfois, à nos yeux recrus de larmes, peut paraître révolu le temps de la France, que s’éclaire et se purifie notre regard !
Qu’il voie, au-delà des apparences, que ne peut-être révolu le temps de Notre Dame, le temps de Notre Dame de France !
À travers les pires vicissitudes, ne peut être révolu l’engagement de la France envers la Mère de Dieu, aussi ancien qu’elle, car son amour pour cette Mère lui fut toujours consubstantiel, mais engagement solennellement pris « à perpétuité » le 10 février 1638 par le Roi Louis XIII.
Nul pays, je crois, ne fut l’objet d’une consécration à Notre Dame aussi absolue et solennelle, s’étendant à tout son avenir. Cette consécration, à la réalisation de laquelle prit grande part le successeur de Louis XIII, le Dauphin espéré, Louis-Dieudonné qui devint Louis XIV, s’étendit à la France toute entière, qui, au jour prévu pour en faire mémoire, le 15 août, solennité de l’Assomption, organisa, d’abord dans chaque église, puis dans les rues des villes et villages, la fameuse procession, dont la tradition a été si heureusement reprise à Paris par le Cardinal Lustiger et son successeur le Cardinal Vingt-Trois.
Notre Dame de France en difficulté Cette consécration pourtant ne suivit pas toujours un cours paisible.
La Révolution la rejeta, installant au lieu et place de Notre-Dame, dans le chœur de la cathédrale de Paris désaffectée, une actrice affublée du titre de « Déesse Raison », qui reçut les hommages des nouveaux princes, ennemis de la « superstition ».
Quand vint le Concordat, la cathédrale est rendue au culte catholique et celui-ci n’y fut plus aboli. Cependant, Napoléon, né un 15 août, s’inventa un saint patron, d’existence et de nom approximatifs, qui fut opportunément célébré ce jour-là, si bien que, sous son règne, on ne sut plus exactement si, lors de la commémoration du vœu de Louis XIII, on honorait l’Assomption de Notre Dame ou l’anniversaire et la fête de l’Empereur…
Quant à la République, tant que dura le Concordat, elle célébra l’Assomption de la Vierge le 15 août, et, quand intervint la fameuse loi de 1905, d’inspiration hostile au catholicisme, mais qui, à l’instar des autres religions, le respecta, elle s’abstint de célébrer cette Solennité mais ne la remit pas en cause.
Notre Dame de l’Assomption, patronne principale de la France. En 1922, première année de son pontificat, le pape Pie XI proclame Notre Dame de l’Assomption patronne principale de la France.
Dans sa lettre apostolique « Galliam, Ecclesiae filiam primogenitam », il affirme :
« …Nous déclarons et confirmons que la Vierge Marie Mère de Dieu, sous le titre de son Assomption dans le ciel, a été régulièrement choisie comme principale patronne de toute la France auprès de Dieu, avec tous les privilèges et les honneurs que comportent ce noble titre et cette dignité… »
Notre Dame de la paix. Un signe éclatant de la persistance, dans l’esprit public (et, fût-ce officieusement, dans celui des Autorités de la Nation), du lien d’amour indissoluble entre la France et la Vierge Marie, fut donné à la fin août 1944, lors de la Libération, quand le Général De Gaulle signifia avec grandeur et émotion (au battement sublime du gros bourdon) que la Reine de France, de la France républicaine, demeurait Notre-Dame en sa demeure de Paris, dont le Magnificat ébranlait d’allégresse les voûtes multiséculaires.
Moments inoubliables pour la France et pour Paris, que ne font nullement pâlir, mais au contraire resplendir, des actes comme le Serment de Koufra, prêté en pleine guerre, le 2 mars 1941, par le Général Leclerc et ses hommes, de ne pas cesser le combat avant que les couleurs de la France ne flottent de nouveau sur la flèche de la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg.
Citons aussi le choix de la cathédrale Notre-Dame de Reims par le Général De Gaulle et le Chancelier Adenauer pour y faire célébrer en leur présence le 8 juillet 1962, une messe solennelle de réconciliation entre l’Allemagne et la France et d’invocation à la Paix.
Acte que commémorèrent en 2012, en ce même lieu, mais cette fois sans la messe, Madame Merkel et Monsieur Hollande.
Des protestations récentes. Notre-Dame de Paris, Notre-Dame de Strasbourg, Notre-Dame de Reims, quels symboles !
La cathédrale du vœu, la cathédrale des luttes fratricides transcendées, la cathédrale du sacre…
Toutes les trois, comme des milliers d’églises de France, placées sous les auspices de la Vierge Marie ! Qui oserait y redire ?
Quelques-uns, de nos jours, s’y risquent pourtant, peut-être tant est épaisse et vaste leur ignorance. Ils vinrent troubler récemment la liturgie dominicale à Notre-Dame de Paris, ou s’allongèrent sur son parvis, quand le maire de notre capitale, Monsieur Delanoë, inaugura le nouveau nom de celui-ci : « Parvis de Notre-Dame, Place Jean-Paul II ».
La plus virulente des protestataires, une adjointe au maire, indiqua outrée la cause principale de son indignation : on avait osé « associer le nom de Jean-Paul II à celui de Notre Dame ! »
Elle ignorait sans doute que la devise de ce saint Pape, si épris de la France, était « Totus Tuus », « Je suis tout entier à toi », devise empruntée à saint Louis-Marie Grignon de Montfort, l’un des plus grands saints français, théologien par excellence de Notre Dame, qui fut le saint de prédilection de Jean-Paul II. « Totus tuus », « Je suis tout entier à toi, Notre Dame » !
La sainte humilité de la France. La sainteté française est fraternelle à toutes les saintetés, d’où qu’elles viennent, en quelque lieu de la terre, en quelque période du temps où elles se soient épanouies.
Il serait très difficile, peut-être impossible, de la qualifier. Pourtant, il me semble qu’elle a un visage qui lui est propre, le visage de l’humilité.
On ne saurait imaginer un saint ou une sainte de France qui ne soit humble, au sens du Magnificat de Marie : « Il renverse les puissants de leurs trônes ; Il élève les humbles.
» Oh, bien sûr, les saints et les saintes de France ont leur grandeur, leur noblesse ; ils ont leur fierté ! Il n’y a pas plus noble, ni plus fier que sainte Jeanne d’Arc, que sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, que sainte Élisabeth de la Trinité, qui, pour le Seigneur, voulait être une « louange de gloire ».
Toutes les trois eurent d’ailleurs à purifier, chacune à sa manière, leur tempérament fougueux. Je les aime toutes les trois ardemment, avec une préférence pour Jeanne peut-être, brûlée à 19 ans à l’issue d’un procès parmi les plus iniques de l’histoire avec celui de Jésus, mené en présence de l’occupant par des autorités ecclésiastiques de sa propre nation, décidées d’avance à la condamner plutôt qu’à la juger (voir article sur le procès de Jeanne d’Arc).
Oui, Jeanne, patronne secondaire de la France, est la fierté même, la hardiesse, le courage, à un degré insurpassé, et peut-être inégalé.
Mais elle est aussi une jeune fille, presque une enfant, très pure, et pas seulement sur le registre des examens indiscrets qu’elle dut subir à Poitiers puis à Rouen, elle est pure comme une fontaine de cristal. Elle prie sans cesse, elle prie ses Voix, bien sûr, saint Michel, sainte Catherine, sainte Marguerite, mais la sainte Vierge plus que tout autre. Enfant, elle disait très souvent son chapelet ; en prison, elle récite l’Ave Maria.
Elle aime la sainte Vierge. Elle l’aime pour elle-même, mais plus encore parce qu’elle est la Mère de Jésus, son grand amour. L’ignorante a une théologie très saine, très sûre, la théologie d’une âme droite. C’est elle qu’il faut lire sur son oriflamme où elle a fait peindre, entre deux anges, de part et d’autre d’une épée : « Jhesus, Maria ». Mais Jeanne, la fière fille de France, est l’humilité même. « Êtes-vous en état de grâce ? » « Si je n’y suis, Dieu veuille m’y mettre. Si j’y suis, Dieu veuille m’y garder. »
Les manifestations de la Vierge. En France, il y a Jeanne ; mais il y a Thérèse, sa grande amie ; il y a Catherine Labouré, qu’un ange conduit de nuit dans la chapelle de la rue du Bac où Marie l’attend ; il y a Bernadette, à qui, si courtoisement, la Vierge s’adresse et lui révèle le mystère de son « Immaculée Conception »…
Il y a aussi les enfants de Pontmain, petits villageois pauvres de Mayenne, qui, seuls dans la nuit enneigée sous la menace de l’envahisseur, voient la Vierge sans autres paroles que celles s’écrivant en lettres d’or sous ses pieds ; il y a l’impressionnante apparition, toujours à des enfants, de « celle qui pleure » à la Salette sur les terribles malheurs présents et futurs de la France et du monde si l’on ne se convertit pas. Il y a encore la tendre présence de Marie à l’île Bouchard, en faveur des familles de France…
Il y a, il y a…. Je ne crois ni exagérer, ni pécher par orgueil nationaliste en disant que nul pays n’a été au même degré que la France favorisé des marques d’amour de Notre Dame qui choisit des enfants pour en témoigner.
Elle trouve en eux ses humbles messagers pour, leur dit-elle, « le faire passer à mon peuple ». Mais qu’en fait donc aujourd’hui son peuple ?
Notre Dame à tous.
Partout en France, quand la Vierge se manifeste, joyeuse ou douloureuse, c’est dans la beauté sereine et si harmonieuse de nos contrées. Et presque toujours à des enfants.
Non que nous manquions de grandes et belles villes, ni de géants de la sainteté. À leurs manières si différentes, saint Louis Grignon de Montfort et saint Bernard sont des géants.
Saint Bernard, dans son amour de Marie, atteint les plus hauts sommets de la beauté, saint Louis-Marie ceux de la tendresse.
Mais il existe, même chez ces géants, une humble clarté mariale dont ils resplendissent.
Quand ils évoquent leur Dame, tels des chevaliers courtois, ils redeviennent des enfants devant leur Mère.
Et cette grâce de l’enfance habite les plus sublimes chefs d’œuvre enfantés par le génie français, se mettant de tout cœur au service de leur Dame, de Notre Dame. Notre-Dame d’Amiens, Notre-Dame de Bourges, Notre-Dame de Chartres, Notre-Dame de Cléry, Notre-Dame de Paris, Notre-Dame du Puy, Notre-Dame de Reims, Notre-Dame de Sens, Notre-Dame de Strasbourg, chacune de ces « Notre-Dame » est la Dame de chacun de nous.
Nos artistes, nos poètes, l’ont tous compris (ce sont, avec les saints et les enfants, ses plus chers enfants).
Villon, Corneille, Bloy, Péguy… Tant et tant d’autres…
Écoutons l’un d’eux, Bernanos : « Le regard de la Vierge est le seul regard vraiment enfantin, le seul vrai regard d’enfant qui se soit jamais levé sur notre honte et sur notre malheur.
Oui, mon petit, pour la bien prier, il faut sentir ce regard qui n’est pas tout-à-fait celui de l’indulgence - car l’indulgence ne va pas sans quelque expérience amère - mais de la tendre compassion, de la surprise douloureuse, d’on ne sait quel sentiment encore, inconcevable, inexprimable, qui la fait plus jeune que le péché, plus jeune que la race dont elle est issue, et bien que Mère par la grâce, Mère des grâces, la cadette du genre humain. »
« La cadette du genre humain », voilà ce qu’est Notre Dame de France.
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1783
SAINT BENOÎT-JOSEPH LABRE : LE VAGABOND DE DIEU
SAINT BENOÎT-JOSEPH LABRE : LE VAGABOND DE DIEU
Patron des sans-abri encore méconnu du grand public, saint Benoît-Joseph Labre (1748-1783), natif du Nord de la France, passa de nombreuses années de sa vie à parcourir, comme un mendiant, les églises et sanctuaires de France et d’ailleurs pour prier Dieu.
Jean-Marc Potdevin Co-fondateur du réseau social Entourage
Extrait de l’Homélie du Pape Benoît XVI pour la messe de son 85e anniversaire (Rome, 16 avril 2012) :
« Le jour de mon anniversaire et de mon baptême, le 16 avril, la liturgie de l’Église a placé trois signes qui m’indiquent où conduit la route et qui m’aident à la trouver.
En premier lieu, il y a la mémoire de sainte Bernadette Soubirous, la voyante de Lourdes ; puis il y a l’un des saints les plus particuliers de l’histoire de l’Église, Benoît-Joseph Labre. (…)
Benoît-Joseph Labre, le pieux pèlerin mendiant du XVIIIe siècle qui, après plusieurs tentatives inutiles, trouve finalement sa vocation de partir en pèlerinage comme mendiant - sans rien, sans aucun soutien et en ne gardant rien pour lui de ce qu’il recevait, si ce n’est ce dont il avait strictement besoin -, partir en pèlerinage à travers toute l’Europe, dans tous les sanctuaires de l’Europe, de l’Espagne jusqu’à la Pologne, et de l’Allemagne jusqu’à la Sicile : un saint vraiment européen !
Nous pouvons également dire : un saint un peu particulier qui, en mendiant, vagabonde d’un sanctuaire à l’autre et ne veut rien faire d’autre que prier et, avec cela, rendre témoignage à ce qui compte dans cette vie : Dieu. (…) Ainsi, c’est un saint de la paix, précisément dans la mesure où c’est un saint sans aucune exigence, qui meurt pauvre de tout et qui est pourtant béni par chaque chose. »
Nous découvrons donc en ce 15 avril, veille de sa fête, l’importance pour Benoît XVI (et pour nous tous) de ce saint méconnu mort pauvre et « SDF », à Rome le 16 avril 1783. Il avait 35 ans. On meurt jeune quand on est sans-abri ! En France, aujourd’hui, la moyenne d’âge des 501 morts de la rue de l’année 2016 est de 49 ans. Benoît-Joseph eut cependant la consolation de rendre le dernier soupir dans une maison, celle du boucher Zaccarelli qui le recueillit après l’avoir trouvé évanoui sur les marches de Notre-Dame-des-Monts, son église romaine préférée.
Un « saint est mort ». Le jour de sa mort, le Mercredi Saint, les enfants – qui avaient de son vivant accablé Benoît de détritus et des pires injures – s’élancèrent soudain dans les rues de Rome avec tous les gosses du quartier en criant : « Le saint est mort ! Le saint est mort ! »
La foule accourut attirée par la rumeur et réclama son transfert à sa chère église de Notre-Dame-des-Monts.
Le curé s’y opposa - pour enterrer un pauvre, il n’était pas besoin de grande cérémonie - mais il y eut dans le quartier une sorte de révolte populaire à laquelle on dut céder. Il fallut même faire appel aux soldats pour frayer un chemin au travers de la multitude au convoi qui l’emmenait à Notre-Dame-des-Monts au milieu des cris des enfants : « Le saint est mort ! »
Les premiers miracles.
Certains pensaient que cette excitation populaire s’apaiserait vite.
Mais le Vendredi Saint, une foule si grande se pressa devant Notre-Dame-des-Monts qu’on dut surseoir à la sépulture et porter le corps de Benoît dans la nef. Le peuple célébrait un des siens à la face de Rome. Quelques grands seigneurs ou dignitaires se présentèrent le soir et demandèrent la faveur d’entrer dans l’église par l’arrière.
Le Samedi Saint, la foule fut encore plus nombreuse et une première femme souffrant d’ulcères à la gorge depuis trois ans fut guérie.
On cria au miracle. Les carrosses arrivèrent par les ruelles, la foule se grossit de bourgeois, d’artisans, de grands seigneurs, de prélats. Le jour de Pâques, les soldats furent débordés : on venait maintenant des alentours de Rome.
Quand on ensevelit Benoît, ses membres restèrent souples et de son corps s’exhala seulement l’odeur des fleurs.
L’église resta fermée plusieurs jours, ce qui n’arrêta pas l’affluence qui empêchait désormais les offices.
Le Saint-Sacrement dut être transféré dans une autre église. Et ce fut seulement vers la fin du mois de juin, plus de deux mois après sa mort, que l’on put congédier les soldats.
L’ouverture officielle du procès informatif débuta quelques semaines avant, le 13 mai, moins d’un mois après sa mort.
Un passionné de Dieu.
Arrêtons-nous un instant sur la vie de Benoît.
Né le 26 mars 1748 à Amettes (Pas-de-Calais), au diocèse de Boulogne, dans le Nord de la France, il est l'aîné d'une famille de 15 enfants.
Alors qu’il rêve de devenir moine pour être au plus proche de Dieu, il passe son enfance dans les champs avec son père cultivateur et ses frères. Mais dès l’âge de 19 ans, il tente sa chance auprès de différents monastères pour accomplir ce qu’il pense être sa destinée.
Sans succès. Ici, on ne prend pas de novices, là on le trouve trop jeune, ailleurs, sa santé est trop fragile. Il finira par entendre de la bouche du Père Abbé de la Grande Trappe de Sept-Fons (Allier) : « Dieu vous veut ailleurs. » Qu’à cela ne tienne. Le jeune homme ira ailleurs, sur la route, sur les routes, prier Dieu sans cesse et toujours.
Sur le chemin du Seigneur.
Pendant sept ans, de 1770 à 1777, Benoît n’a de cesse de visiter tous les sanctuaires célèbres ; il sillonne sans trêve ni repos tous les chemins, cherchant de préférence les chemins de traverse, où il peut s'entretenir plus commodément avec Dieu.
Il connaît toutes les églises entre le Rhône et les Alpes. La marche a cette vertu : le silence et les pas deviennent une prière.
Il a cet art merveilleux d’arrêter les sots discours, en mettant un frein à tout ce qui peut blesser la bonté et la modestie.
En sept ans, il parcourt près de 30 000 kilomètres dans le plus grand dénuement, vivant uniquement de la charité des personnes rencontrées.
Vers la fin de sa vie, Rome devient l’élue de son cœur. Il y passe des journées entières en prière dans les églises, suivant notamment la dévotion des Quarante-Heures devant le Saint-Sacrement (d’où son surnom de « saint des Quarante-Heures »), logeant avec d'autres pauvres dans les ruines du Colisée, distribuant ce qu'on lui donne.
C’est dans cette ville qu’il est retrouvé mourant le 16 avril 1783.
Un amour particulier pour Marie.
Benoît portait le rosaire autour du cou et le priait chaque jour. Une dévotion spéciale l’unissait au culte marial : devant l’image de la Sainte Vierge, dans les différentes abbayes ou églises de France, d’Allemagne de Belgique ou d’Italie (il aimait en particulier la basilique de Lorette, sur la côte adriatique), à chaque fois émanait de lui un ravissement, un silence, des jeûnes, une longue assistance aux offices… et surtout des heures passées dans la contemplation du « Fiat voluntas tua ! » (« Que votre volonté soit faite ! »).
Une question demeure… En revenant de Saint-Jacques-de-Compostelle l’année 1773, il s’arrêta à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), à Rians (Var), puis à Artigues (Var) où il logea au hameau des Bellons entre décembre 1773 et février 1774.
Pour un bon marcheur comme lui, le sanctuaire de Cotignac se trouvait donc à moins d’une journée de marche, mais chose très étonnante, on ne trouve aucune trace de son passage dans ce lieu ; ni chez les historiens ni même dans les nombreuses légendes.
J’ai personnellement rencontré Labre lors de mon propre chemin vers Compostelle en 2008, dans un petit livret du pèlerin, où j’ai pu longuement méditer ses mots en marchant, qui devraient percuter chacun de nous, hommes et femmes du XXIe siècle : « Ce que vous possédez vous possède. » Le poète français Paul Verlaine dira de lui : « Saint Benoît-Joseph Labre, la seule gloire française du XVIIIe siècle, mais quelle gloire ! »
Benoît fut déclaré vénérable le 31 mars 1792 puis élevé au rang de bienheureux par le pape Pie IX le 2 juin 1859.
Il fut canonisé à Rome par Léon XIII le 8 décembre 1881, jour de la fête de l’Immaculée Conception. Saint Benoît-Joseph Labre est le saint patron des sans-abri. Sa devise est la suivante : « Quaere super nos » : « Cherche au-dessus de nous », empruntée au livre X des Confessions de saint Augustin (lorsque le saint se rend compte que Dieu n’est pas dans la nature autour de nous, mais se trouve bien au-dessus).
Jean-Marc Potdevin Co-fondateur du réseau social Entourage
Extrait de l’Homélie du Pape Benoît XVI pour la messe de son 85e anniversaire (Rome, 16 avril 2012) :
« Le jour de mon anniversaire et de mon baptême, le 16 avril, la liturgie de l’Église a placé trois signes qui m’indiquent où conduit la route et qui m’aident à la trouver.
En premier lieu, il y a la mémoire de sainte Bernadette Soubirous, la voyante de Lourdes ; puis il y a l’un des saints les plus particuliers de l’histoire de l’Église, Benoît-Joseph Labre. (…)
Benoît-Joseph Labre, le pieux pèlerin mendiant du XVIIIe siècle qui, après plusieurs tentatives inutiles, trouve finalement sa vocation de partir en pèlerinage comme mendiant - sans rien, sans aucun soutien et en ne gardant rien pour lui de ce qu’il recevait, si ce n’est ce dont il avait strictement besoin -, partir en pèlerinage à travers toute l’Europe, dans tous les sanctuaires de l’Europe, de l’Espagne jusqu’à la Pologne, et de l’Allemagne jusqu’à la Sicile : un saint vraiment européen !
Nous pouvons également dire : un saint un peu particulier qui, en mendiant, vagabonde d’un sanctuaire à l’autre et ne veut rien faire d’autre que prier et, avec cela, rendre témoignage à ce qui compte dans cette vie : Dieu. (…) Ainsi, c’est un saint de la paix, précisément dans la mesure où c’est un saint sans aucune exigence, qui meurt pauvre de tout et qui est pourtant béni par chaque chose. »
Nous découvrons donc en ce 15 avril, veille de sa fête, l’importance pour Benoît XVI (et pour nous tous) de ce saint méconnu mort pauvre et « SDF », à Rome le 16 avril 1783. Il avait 35 ans. On meurt jeune quand on est sans-abri ! En France, aujourd’hui, la moyenne d’âge des 501 morts de la rue de l’année 2016 est de 49 ans. Benoît-Joseph eut cependant la consolation de rendre le dernier soupir dans une maison, celle du boucher Zaccarelli qui le recueillit après l’avoir trouvé évanoui sur les marches de Notre-Dame-des-Monts, son église romaine préférée.
Un « saint est mort ». Le jour de sa mort, le Mercredi Saint, les enfants – qui avaient de son vivant accablé Benoît de détritus et des pires injures – s’élancèrent soudain dans les rues de Rome avec tous les gosses du quartier en criant : « Le saint est mort ! Le saint est mort ! »
La foule accourut attirée par la rumeur et réclama son transfert à sa chère église de Notre-Dame-des-Monts.
Le curé s’y opposa - pour enterrer un pauvre, il n’était pas besoin de grande cérémonie - mais il y eut dans le quartier une sorte de révolte populaire à laquelle on dut céder. Il fallut même faire appel aux soldats pour frayer un chemin au travers de la multitude au convoi qui l’emmenait à Notre-Dame-des-Monts au milieu des cris des enfants : « Le saint est mort ! »
Les premiers miracles.
Certains pensaient que cette excitation populaire s’apaiserait vite.
Mais le Vendredi Saint, une foule si grande se pressa devant Notre-Dame-des-Monts qu’on dut surseoir à la sépulture et porter le corps de Benoît dans la nef. Le peuple célébrait un des siens à la face de Rome. Quelques grands seigneurs ou dignitaires se présentèrent le soir et demandèrent la faveur d’entrer dans l’église par l’arrière.
Le Samedi Saint, la foule fut encore plus nombreuse et une première femme souffrant d’ulcères à la gorge depuis trois ans fut guérie.
On cria au miracle. Les carrosses arrivèrent par les ruelles, la foule se grossit de bourgeois, d’artisans, de grands seigneurs, de prélats. Le jour de Pâques, les soldats furent débordés : on venait maintenant des alentours de Rome.
Quand on ensevelit Benoît, ses membres restèrent souples et de son corps s’exhala seulement l’odeur des fleurs.
L’église resta fermée plusieurs jours, ce qui n’arrêta pas l’affluence qui empêchait désormais les offices.
Le Saint-Sacrement dut être transféré dans une autre église. Et ce fut seulement vers la fin du mois de juin, plus de deux mois après sa mort, que l’on put congédier les soldats.
L’ouverture officielle du procès informatif débuta quelques semaines avant, le 13 mai, moins d’un mois après sa mort.
Un passionné de Dieu.
Arrêtons-nous un instant sur la vie de Benoît.
Né le 26 mars 1748 à Amettes (Pas-de-Calais), au diocèse de Boulogne, dans le Nord de la France, il est l'aîné d'une famille de 15 enfants.
Alors qu’il rêve de devenir moine pour être au plus proche de Dieu, il passe son enfance dans les champs avec son père cultivateur et ses frères. Mais dès l’âge de 19 ans, il tente sa chance auprès de différents monastères pour accomplir ce qu’il pense être sa destinée.
Sans succès. Ici, on ne prend pas de novices, là on le trouve trop jeune, ailleurs, sa santé est trop fragile. Il finira par entendre de la bouche du Père Abbé de la Grande Trappe de Sept-Fons (Allier) : « Dieu vous veut ailleurs. » Qu’à cela ne tienne. Le jeune homme ira ailleurs, sur la route, sur les routes, prier Dieu sans cesse et toujours.
Sur le chemin du Seigneur.
Pendant sept ans, de 1770 à 1777, Benoît n’a de cesse de visiter tous les sanctuaires célèbres ; il sillonne sans trêve ni repos tous les chemins, cherchant de préférence les chemins de traverse, où il peut s'entretenir plus commodément avec Dieu.
Il connaît toutes les églises entre le Rhône et les Alpes. La marche a cette vertu : le silence et les pas deviennent une prière.
Il a cet art merveilleux d’arrêter les sots discours, en mettant un frein à tout ce qui peut blesser la bonté et la modestie.
En sept ans, il parcourt près de 30 000 kilomètres dans le plus grand dénuement, vivant uniquement de la charité des personnes rencontrées.
Vers la fin de sa vie, Rome devient l’élue de son cœur. Il y passe des journées entières en prière dans les églises, suivant notamment la dévotion des Quarante-Heures devant le Saint-Sacrement (d’où son surnom de « saint des Quarante-Heures »), logeant avec d'autres pauvres dans les ruines du Colisée, distribuant ce qu'on lui donne.
C’est dans cette ville qu’il est retrouvé mourant le 16 avril 1783.
Un amour particulier pour Marie.
Benoît portait le rosaire autour du cou et le priait chaque jour. Une dévotion spéciale l’unissait au culte marial : devant l’image de la Sainte Vierge, dans les différentes abbayes ou églises de France, d’Allemagne de Belgique ou d’Italie (il aimait en particulier la basilique de Lorette, sur la côte adriatique), à chaque fois émanait de lui un ravissement, un silence, des jeûnes, une longue assistance aux offices… et surtout des heures passées dans la contemplation du « Fiat voluntas tua ! » (« Que votre volonté soit faite ! »).
Une question demeure… En revenant de Saint-Jacques-de-Compostelle l’année 1773, il s’arrêta à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), à Rians (Var), puis à Artigues (Var) où il logea au hameau des Bellons entre décembre 1773 et février 1774.
Pour un bon marcheur comme lui, le sanctuaire de Cotignac se trouvait donc à moins d’une journée de marche, mais chose très étonnante, on ne trouve aucune trace de son passage dans ce lieu ; ni chez les historiens ni même dans les nombreuses légendes.
J’ai personnellement rencontré Labre lors de mon propre chemin vers Compostelle en 2008, dans un petit livret du pèlerin, où j’ai pu longuement méditer ses mots en marchant, qui devraient percuter chacun de nous, hommes et femmes du XXIe siècle : « Ce que vous possédez vous possède. » Le poète français Paul Verlaine dira de lui : « Saint Benoît-Joseph Labre, la seule gloire française du XVIIIe siècle, mais quelle gloire ! »
Benoît fut déclaré vénérable le 31 mars 1792 puis élevé au rang de bienheureux par le pape Pie IX le 2 juin 1859.
Il fut canonisé à Rome par Léon XIII le 8 décembre 1881, jour de la fête de l’Immaculée Conception. Saint Benoît-Joseph Labre est le saint patron des sans-abri. Sa devise est la suivante : « Quaere super nos » : « Cherche au-dessus de nous », empruntée au livre X des Confessions de saint Augustin (lorsque le saint se rend compte que Dieu n’est pas dans la nature autour de nous, mais se trouve bien au-dessus).
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M1234- Hiérophante contre le nouvel ordre mondial
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1897
LA VIERGE MARIE DANS LA VIE DE SAINTE THÉRÈSE DE L’ENFANT-JÉSUS DE LA SAINTE FACE
LA VIERGE MARIE DANS LA VIE DE SAINTE THÉRÈSE DE L’ENFANT-JÉSUS DE LA SAINTE FACE
Saint Jean-Paul II reconnaissait en proclamant Thérèse « docteur de l’Église », le 19 octobre 1997, que la théologie mariale de Thérèse annonce celle de Vatican II et ce qu’il a lui-même proposé dans son encyclique sur « la Mère du Rédempteur ».
Parcourons ensemble les rencontres avec Marie de celle qui se demanda un jour d’août 1897 : « Qui est-ce qui aurait pu inventer la Sainte Vierge ? »
Frère Philippe de Jésus
OCD, prieur du couvent de Lisieux
À Alençon de 1873 à 1877. Les « années ensoleillées » de la petite enfance ont laissé en l’âme de Thérèse une « douce empreinte ».
La prière familiale quotidienne se fait au pied d’une reproduction de la Vierge de Bouchardon, statue qui va jouer un rôle considérable dans la vie de Thérèse. Née le 2 janvier 1873 à Alençon (Orne), Marie-Françoise Thérèse Martin est baptisée en l’église Notre-Dame le 4 janvier. La famille de Louis et Zélie Martin est une famille mariale : le premier prénom de leurs neuf enfants est Marie.
La prière est à la première place de la vie du couple, qui, chaque matin à 5h30 se rend ensemble à la « messe des ouvriers » à l’église Notre-Dame. La famille a également une grande dévotion à Notre-Dame des Victoires de Paris, « qui est comme un petit paradis terrestre » (lettre de Louis Martin du 10 octobre 1863).
Après avoir effectué avec ses trois aînées Marie, Pauline et Léonie un pèlerinage à Lourdes, Zélie, atteinte d’un cancer du sein, meurt le 28 août 1877.
Dans la maison des Buissonnets à Lisieux de 1877 à 1888.
Après le déménagement à Lisieux (Calvados) dans la maison des Buissonnets, Thérèse raconte comment elle vivait le mois de Marie : « Étant trop petite pour aller au mois de Marie, je restais avec Victoire (la servante de la famille à Lisieux) et faisais avec elle mon petit mois de Marie que j’arrangeais à ma façon.
» Après que sa « deuxième maman », sa sœur Pauline, est entrée au carmel sous le nom de Sœur Agnès de Jésus, Thérèse tombe gravement malade à Pâques 1883. « Cependant, elle avait un Soleil auprès d’elle, ce Soleil était la statue miraculeuse de la Sainte Vierge qui avait parlé deux fois à Maman, et souvent, bien souvent, la petite fleur tournait sa corolle vers cet Astre béni...
Un jour je vis Papa entrer dans la chambre de Marie où j’étais couchée ; il lui donna plusieurs pièces d’or avec une expression de grande tristesse et lui dit d’écrire à Paris et de faire dire des messes à Notre-Dame des Victoires pour qu’elle guérisse sa pauvre petite fille. »
Le dimanche de Pentecôte, le 13 mai, Thérèse se sent miraculeusement guérie.
« Tout à coup la Sainte Vierge me parut belle, si belle que jamais je n’avais rien vu de si beau, son visage respirait une bonté et une tendresse ineffable, mais ce qui me pénétra jusqu’au fond de l’âme ce fut le ravissant sourire de la Sainte Vierge. Alors toutes mes peines s’évanouirent… Ah ! pensai-je, la Sainte Vierge m’a souri, que je suis heureuse. »
Le 8 mai 1884, Thérèse fait sa première communion et prononce la consécration à la Vierge Marie : « Il était bien juste que je parle au nom de mes compagnes à la Mère du Ciel, moi qui avais été privée si jeune de ma Mère de la terre. »
En octobre 1886, sa sœur et marraine Marie entre au carmel de Lisieux sous le nom de sœur Marie du Sacré-Cœur. Secouée par tous ces événements, hypersensible, Thérèse est transformée à Noël 1886.
Elle nommera cet événement : « La grâce de ma complète conversion. » La grâce de Noël lui donne ce qu’elle désirait depuis longtemps : être délivrée de sa trop grande sensibilité et de « ce cercle étroit où je tournais ne sachant comment en sortir ».
« C’était au carmel qu’il me serait possible de trouver le manteau de la Sainte Vierge »
Des difficultés d’entrer au carmel.
Maintenant, elle se sent assez forte et libre de réaliser sa vocation. Le jour de la Pentecôte, le 29 mai 1887, elle reçoit de son père l’autorisation d’entrer au carmel et le 31 mai elle est reçue comme enfant de Marie à l’école de l’Abbaye.
Mais à cette jeune fille de 14 ans s’interposent l’opposition de son oncle, celle du supérieur du carmel, l’abbé Delatroëtte, et la réponse évasive de l’évêque, Mgr Hugonin.
Décidée, elle entreprend alors en novembre un voyage à Rome pour demander au Pape la permission d’être carmélite.
À Notre-Dame des Victoires, elle reçoit une grâce de libération des scrupules dont elle souffrait depuis sa guérison : « La Sainte Vierge m’a fait sentir que c’était vraiment elle qui m’avait souri et m’avait guérie. J’ai compris qu’elle veillait sur moi, que j’étais son enfant, aussi je ne pouvais plus lui donner que le nom de "Maman" car il me semblait encore plus tendre que celui de Mère...
Avec quelle ferveur ne l’ai-je pas priée de me garder toujours et de réaliser bientôt mon rêve en me cachant à l’ombre de son manteau virginal !...
Ah ! C’était là un de mes premiers désirs d’enfant...
En grandissant j’avais compris que c’était au carmel qu’il me serait possible de trouver véritablement le manteau de la Sainte Vierge et c’était vers cette montagne fertile que tendaient tous mes désirs. »
À la fin de l’année 1887, elle obtient les permissions nécessaires, et le 9 avril 1888, où l’on fêtait l’Annonciation, elle devient postulante au carmel de Lisieux.
Thérèse carmélite.
Tout le carmel est marial : il est « l’Ordre de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont-Carmel ». Thérèse prend l’habit le 10 janvier 1889, la dernière fête à laquelle son père peut participer avant les années douloureuses de sa maladie et de son internement au Bon Sauveur de Caen.
Après le noviciat qu’elle effectue « entièrement cachée sous le voile de la Sainte Vierge », Thérèse s’engage définitivement par les vœux de la profession perpétuelle le 8 septembre 1890. « Quelle belle fête que la nativité de Marie pour devenir l’épouse de Jésus !
C’était la petite Sainte Vierge d’un jour qui présentait sa petite fleur au petit Jésus...
ce jour-là tout était petit excepté les grâces et la paix que j’ai reçues, excepté la joie paisible que j’ai ressentie le soir en regardant les étoiles scintiller au firmament, en pensant que bientôt le beau Ciel s’ouvrirait à mes yeux ravis et que je pourrais m’unir à mon Époux au sein d’une allégresse éternelle.
» « Lancée à pleines voiles sur les flots de la confiance et de l’amour », par le prédicateur de la retraite communautaire, le père Alexis Prou, en octobre 1891, la conviction de se confier sans réserve à l’amour de Dieu se développe toujours plus en elle.
L’écriture pour grandir dans la foi.
Après la mort de leur père le 29 juillet 1894, Céline entre au carmel sous le nom de sœur Geneviève de Sainte Thérèse.
À cette époque, sous le priorat de mère Agnès, Thérèse commence à écrire : poésies, pièces de théâtre, prières et surtout en 1895 le début de son autobiographie (aujourd’hui célèbre sous le titre Histoire d’une âme), le Manuscrit A, qu’elle compose sous le regard de la statue de la Vierge du sourire placée dans l’antichambre de sa cellule monastique.
Dans une clarté croissante, se trace peu à peu la « petite voie » de confiance et d’amour. Le 9 juin 1895, en la fête de la Trinité, elle fait son « offrande à l’amour miséricordieux ». C’est à la « Sainte Vierge, ma Mère chérie que j’abandonne mon offrande, la priant de vous la présenter ».
La découverte capitale de l’Amour miséricordieux donne à Thérèse une clé d’interprétation pour toute son existence. « Je ne vais faire qu’une seule chose : Commencer à chanter ce que je dois redire éternellement ʺLes Miséricordes du Seigneur !!!ʺ... » L’apostolat de la prière pour deux jeunes missionnaires, l’abbé Maurice Bellière et l’abbé Adolphe Roulland, l’initie à la mission pour le monde entier.
« Je voudrais être missionnaire non seulement pendant quelques années, mais je voudrais l’avoir été depuis la création du monde et l’être jusqu’à la consommation des siècles... » Pour la fête de mère Agnès, elle écrit une pièce de théâtre racontant la « fuite en Égypte ».
Elle met sur les lèvres de saint Joseph ces paroles comme une confidence et une invitation : « Regardez bien ce que fait Marie. Imitez-la. »
« La Sainte Vierge ne manque jamais de me protéger aussitôt que je l’invoque »
Une fin douloureuse.
L’hémoptysie (rejet de sang par la bouche) de la nuit du Vendredi Saint 1896 ouvre le temps de la lutte avec la mort.
De Pâques 1896 jusqu’à son décès, Thérèse vit une nuit de la foi à travers laquelle elle se sent séparée de la certitude du Ciel, de la Patrie céleste comme par « un mur qui s’élève jusqu’aux cieux » ; mais elle reconnaît en Marie « plongée dans l’angoisse du cœur » l’exemple de l’âme qui cherche le Seigneur « dans la nuit de la foi ».
« Non, la Sainte Vierge ne sera jamais cachée pour moi. » Pendant la retraite de septembre 1896, elle comprend de manière nouvelle son appel à l’amour infini : « Ma vocation, c’est l’amour...
Oui j’ai trouvé ma place dans l’Église... dans le Cœur de l’Église, ma Mère, je serai l’Amour... ainsi je serai tout. »
La dernière poésie qu’elle écrit en mai 1897 s’intitule Pourquoi je t’aime ô Marie. Dans cette poésie, « j’ai dit tout ce que je prêcherais sur elle », affirmera-t-elle au mois d’août, dans les grandes souffrances de sa maladie.
On retrouve dans cette poésie le fruit des méditations de Thérèse, qui lisait « par-dessus tout l’Évangile » pour y découvrir Marie « dans sa vie réelle ».
En juin 1897, elle poursuit l’écriture de l’histoire de sa vie, le Manuscrit C, dédié à la Mère prieure Marie de Gonzague.
Elle y montre la manière de vivre dans la nuit « quand il ne reste que l’amour », la joie d’aimer comme Jésus aime, la puissance de la prière « qui dilate le cœur et unit à Jésus ». Elle reconnaît qu’elle a eu « toute sa vie tant de mal à dire (s)on chapelet ».
« J’ai beau m’efforcer de méditer les mystères du rosaire, je n’arrive pas à fixer mon esprit...
Longtemps je me suis désolée de ce manque de dévotion qui m’étonnait, car j’aime tant la Sainte Vierge qu’il devrait m’être facile de faire en son honneur des prières qui lui sont agréables.
Maintenant je me désole moins, je pense que la Reine des Cieux étant ma Mère, elle doit voir ma bonne volonté et qu’elle s’en contente… La Sainte Vierge me montre qu’elle n’est pas fâchée contre moi, jamais elle ne manque de me protéger aussitôt que je l’invoque. »
Après des mois de délabrement physique, de grandes souffrances et d’épreuves intérieures, Thérèse meurt dans son carmel de Lisieux, le 30 septembre 1897 à l’âge de 24 ans.
Le 8 septembre, d’une main tremblante, elle avait écrit au crayon cette ultime prière adressée à Marie : « Ô Marie, si j’étais la Reine du Ciel et que vous soyez Thérèse, je voudrais être Thérèse afin que vous soyez la Reine du Ciel !!!.... »
Origine d’une grande ferveur populaire (le carmel de Lisieux reçoit 500 lettres par jour en 1914), Thérèse est béatifiée le 29 avril 1923, puis canonisée le 17 mai 1925 par le pape Pie XI, pour qui elle constitue « l’étoile de son pontificat ». Elle devient patronne des missions en 1927, puis patronne secondaire de la France le 3 mai 1944, quelques semaines avant la Libération.
Parcourons ensemble les rencontres avec Marie de celle qui se demanda un jour d’août 1897 : « Qui est-ce qui aurait pu inventer la Sainte Vierge ? »
Frère Philippe de Jésus
OCD, prieur du couvent de Lisieux
À Alençon de 1873 à 1877. Les « années ensoleillées » de la petite enfance ont laissé en l’âme de Thérèse une « douce empreinte ».
La prière familiale quotidienne se fait au pied d’une reproduction de la Vierge de Bouchardon, statue qui va jouer un rôle considérable dans la vie de Thérèse. Née le 2 janvier 1873 à Alençon (Orne), Marie-Françoise Thérèse Martin est baptisée en l’église Notre-Dame le 4 janvier. La famille de Louis et Zélie Martin est une famille mariale : le premier prénom de leurs neuf enfants est Marie.
La prière est à la première place de la vie du couple, qui, chaque matin à 5h30 se rend ensemble à la « messe des ouvriers » à l’église Notre-Dame. La famille a également une grande dévotion à Notre-Dame des Victoires de Paris, « qui est comme un petit paradis terrestre » (lettre de Louis Martin du 10 octobre 1863).
Après avoir effectué avec ses trois aînées Marie, Pauline et Léonie un pèlerinage à Lourdes, Zélie, atteinte d’un cancer du sein, meurt le 28 août 1877.
Dans la maison des Buissonnets à Lisieux de 1877 à 1888.
Après le déménagement à Lisieux (Calvados) dans la maison des Buissonnets, Thérèse raconte comment elle vivait le mois de Marie : « Étant trop petite pour aller au mois de Marie, je restais avec Victoire (la servante de la famille à Lisieux) et faisais avec elle mon petit mois de Marie que j’arrangeais à ma façon.
» Après que sa « deuxième maman », sa sœur Pauline, est entrée au carmel sous le nom de Sœur Agnès de Jésus, Thérèse tombe gravement malade à Pâques 1883. « Cependant, elle avait un Soleil auprès d’elle, ce Soleil était la statue miraculeuse de la Sainte Vierge qui avait parlé deux fois à Maman, et souvent, bien souvent, la petite fleur tournait sa corolle vers cet Astre béni...
Un jour je vis Papa entrer dans la chambre de Marie où j’étais couchée ; il lui donna plusieurs pièces d’or avec une expression de grande tristesse et lui dit d’écrire à Paris et de faire dire des messes à Notre-Dame des Victoires pour qu’elle guérisse sa pauvre petite fille. »
Le dimanche de Pentecôte, le 13 mai, Thérèse se sent miraculeusement guérie.
« Tout à coup la Sainte Vierge me parut belle, si belle que jamais je n’avais rien vu de si beau, son visage respirait une bonté et une tendresse ineffable, mais ce qui me pénétra jusqu’au fond de l’âme ce fut le ravissant sourire de la Sainte Vierge. Alors toutes mes peines s’évanouirent… Ah ! pensai-je, la Sainte Vierge m’a souri, que je suis heureuse. »
Le 8 mai 1884, Thérèse fait sa première communion et prononce la consécration à la Vierge Marie : « Il était bien juste que je parle au nom de mes compagnes à la Mère du Ciel, moi qui avais été privée si jeune de ma Mère de la terre. »
En octobre 1886, sa sœur et marraine Marie entre au carmel de Lisieux sous le nom de sœur Marie du Sacré-Cœur. Secouée par tous ces événements, hypersensible, Thérèse est transformée à Noël 1886.
Elle nommera cet événement : « La grâce de ma complète conversion. » La grâce de Noël lui donne ce qu’elle désirait depuis longtemps : être délivrée de sa trop grande sensibilité et de « ce cercle étroit où je tournais ne sachant comment en sortir ».
« C’était au carmel qu’il me serait possible de trouver le manteau de la Sainte Vierge »
Des difficultés d’entrer au carmel.
Maintenant, elle se sent assez forte et libre de réaliser sa vocation. Le jour de la Pentecôte, le 29 mai 1887, elle reçoit de son père l’autorisation d’entrer au carmel et le 31 mai elle est reçue comme enfant de Marie à l’école de l’Abbaye.
Mais à cette jeune fille de 14 ans s’interposent l’opposition de son oncle, celle du supérieur du carmel, l’abbé Delatroëtte, et la réponse évasive de l’évêque, Mgr Hugonin.
Décidée, elle entreprend alors en novembre un voyage à Rome pour demander au Pape la permission d’être carmélite.
À Notre-Dame des Victoires, elle reçoit une grâce de libération des scrupules dont elle souffrait depuis sa guérison : « La Sainte Vierge m’a fait sentir que c’était vraiment elle qui m’avait souri et m’avait guérie. J’ai compris qu’elle veillait sur moi, que j’étais son enfant, aussi je ne pouvais plus lui donner que le nom de "Maman" car il me semblait encore plus tendre que celui de Mère...
Avec quelle ferveur ne l’ai-je pas priée de me garder toujours et de réaliser bientôt mon rêve en me cachant à l’ombre de son manteau virginal !...
Ah ! C’était là un de mes premiers désirs d’enfant...
En grandissant j’avais compris que c’était au carmel qu’il me serait possible de trouver véritablement le manteau de la Sainte Vierge et c’était vers cette montagne fertile que tendaient tous mes désirs. »
À la fin de l’année 1887, elle obtient les permissions nécessaires, et le 9 avril 1888, où l’on fêtait l’Annonciation, elle devient postulante au carmel de Lisieux.
Thérèse carmélite.
Tout le carmel est marial : il est « l’Ordre de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont-Carmel ». Thérèse prend l’habit le 10 janvier 1889, la dernière fête à laquelle son père peut participer avant les années douloureuses de sa maladie et de son internement au Bon Sauveur de Caen.
Après le noviciat qu’elle effectue « entièrement cachée sous le voile de la Sainte Vierge », Thérèse s’engage définitivement par les vœux de la profession perpétuelle le 8 septembre 1890. « Quelle belle fête que la nativité de Marie pour devenir l’épouse de Jésus !
C’était la petite Sainte Vierge d’un jour qui présentait sa petite fleur au petit Jésus...
ce jour-là tout était petit excepté les grâces et la paix que j’ai reçues, excepté la joie paisible que j’ai ressentie le soir en regardant les étoiles scintiller au firmament, en pensant que bientôt le beau Ciel s’ouvrirait à mes yeux ravis et que je pourrais m’unir à mon Époux au sein d’une allégresse éternelle.
» « Lancée à pleines voiles sur les flots de la confiance et de l’amour », par le prédicateur de la retraite communautaire, le père Alexis Prou, en octobre 1891, la conviction de se confier sans réserve à l’amour de Dieu se développe toujours plus en elle.
L’écriture pour grandir dans la foi.
Après la mort de leur père le 29 juillet 1894, Céline entre au carmel sous le nom de sœur Geneviève de Sainte Thérèse.
À cette époque, sous le priorat de mère Agnès, Thérèse commence à écrire : poésies, pièces de théâtre, prières et surtout en 1895 le début de son autobiographie (aujourd’hui célèbre sous le titre Histoire d’une âme), le Manuscrit A, qu’elle compose sous le regard de la statue de la Vierge du sourire placée dans l’antichambre de sa cellule monastique.
Dans une clarté croissante, se trace peu à peu la « petite voie » de confiance et d’amour. Le 9 juin 1895, en la fête de la Trinité, elle fait son « offrande à l’amour miséricordieux ». C’est à la « Sainte Vierge, ma Mère chérie que j’abandonne mon offrande, la priant de vous la présenter ».
La découverte capitale de l’Amour miséricordieux donne à Thérèse une clé d’interprétation pour toute son existence. « Je ne vais faire qu’une seule chose : Commencer à chanter ce que je dois redire éternellement ʺLes Miséricordes du Seigneur !!!ʺ... » L’apostolat de la prière pour deux jeunes missionnaires, l’abbé Maurice Bellière et l’abbé Adolphe Roulland, l’initie à la mission pour le monde entier.
« Je voudrais être missionnaire non seulement pendant quelques années, mais je voudrais l’avoir été depuis la création du monde et l’être jusqu’à la consommation des siècles... » Pour la fête de mère Agnès, elle écrit une pièce de théâtre racontant la « fuite en Égypte ».
Elle met sur les lèvres de saint Joseph ces paroles comme une confidence et une invitation : « Regardez bien ce que fait Marie. Imitez-la. »
« La Sainte Vierge ne manque jamais de me protéger aussitôt que je l’invoque »
Une fin douloureuse.
L’hémoptysie (rejet de sang par la bouche) de la nuit du Vendredi Saint 1896 ouvre le temps de la lutte avec la mort.
De Pâques 1896 jusqu’à son décès, Thérèse vit une nuit de la foi à travers laquelle elle se sent séparée de la certitude du Ciel, de la Patrie céleste comme par « un mur qui s’élève jusqu’aux cieux » ; mais elle reconnaît en Marie « plongée dans l’angoisse du cœur » l’exemple de l’âme qui cherche le Seigneur « dans la nuit de la foi ».
« Non, la Sainte Vierge ne sera jamais cachée pour moi. » Pendant la retraite de septembre 1896, elle comprend de manière nouvelle son appel à l’amour infini : « Ma vocation, c’est l’amour...
Oui j’ai trouvé ma place dans l’Église... dans le Cœur de l’Église, ma Mère, je serai l’Amour... ainsi je serai tout. »
La dernière poésie qu’elle écrit en mai 1897 s’intitule Pourquoi je t’aime ô Marie. Dans cette poésie, « j’ai dit tout ce que je prêcherais sur elle », affirmera-t-elle au mois d’août, dans les grandes souffrances de sa maladie.
On retrouve dans cette poésie le fruit des méditations de Thérèse, qui lisait « par-dessus tout l’Évangile » pour y découvrir Marie « dans sa vie réelle ».
En juin 1897, elle poursuit l’écriture de l’histoire de sa vie, le Manuscrit C, dédié à la Mère prieure Marie de Gonzague.
Elle y montre la manière de vivre dans la nuit « quand il ne reste que l’amour », la joie d’aimer comme Jésus aime, la puissance de la prière « qui dilate le cœur et unit à Jésus ». Elle reconnaît qu’elle a eu « toute sa vie tant de mal à dire (s)on chapelet ».
« J’ai beau m’efforcer de méditer les mystères du rosaire, je n’arrive pas à fixer mon esprit...
Longtemps je me suis désolée de ce manque de dévotion qui m’étonnait, car j’aime tant la Sainte Vierge qu’il devrait m’être facile de faire en son honneur des prières qui lui sont agréables.
Maintenant je me désole moins, je pense que la Reine des Cieux étant ma Mère, elle doit voir ma bonne volonté et qu’elle s’en contente… La Sainte Vierge me montre qu’elle n’est pas fâchée contre moi, jamais elle ne manque de me protéger aussitôt que je l’invoque. »
Après des mois de délabrement physique, de grandes souffrances et d’épreuves intérieures, Thérèse meurt dans son carmel de Lisieux, le 30 septembre 1897 à l’âge de 24 ans.
Le 8 septembre, d’une main tremblante, elle avait écrit au crayon cette ultime prière adressée à Marie : « Ô Marie, si j’étais la Reine du Ciel et que vous soyez Thérèse, je voudrais être Thérèse afin que vous soyez la Reine du Ciel !!!.... »
Origine d’une grande ferveur populaire (le carmel de Lisieux reçoit 500 lettres par jour en 1914), Thérèse est béatifiée le 29 avril 1923, puis canonisée le 17 mai 1925 par le pape Pie XI, pour qui elle constitue « l’étoile de son pontificat ». Elle devient patronne des missions en 1927, puis patronne secondaire de la France le 3 mai 1944, quelques semaines avant la Libération.
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1494
NOTRE-DAME DU CHÊNE, REINE DU SILENCE ET DE LA COMPASSION
NOTRE-DAME DU CHÊNE, REINE DU SILENCE ET DE LA COMPASSION
À Notre-Dame du Chêne, la Vierge Marie n'a pas parlé... elle est restée silencieuse. Voilà la richesse du lieu ! Faisant écho au silence de Marie à la basilique, il y a le silence de Jésus au Saint-Sépulcre. La basilique et la réplique du Saint-Sépulcre se répondent à Notre-Dame du Chêne, explicitant le mystère le plus caché de Marie, son silence et sa compassion. Une riche histoire glorieuse, mais aussi un lieu prophétique pour aujourd'hui et demain...
Frère Alain-Dominique
Recteur du sanctuaire Notre-Dame du Chêne
Les origines. Nous sommes en 1494, sur les terres de la province d’Anjou, à la frontière du Maine, à un peu moins de cinq kilomètres du village de Vion (Sud de l’actuel département de la Sarthe), sur les terres des comtes de Sablé. Sur la lande se dresse un vieux chêne qui attire l’attention des bergers et des paysans de la région : de nuit, ils voient des feux brillants comme des étoiles en couronner la cime. Le jour, l’arbre est animé par le joyeux manège de colombes qui voltigent autour de son feuillage, sans jamais s’en éloigner. Malgré leurs efforts, ils ne peuvent ni les attraper, ni les chasser. Ils se mettent donc à prier autour de cet arbre, qui semble posséder des pouvoirs étonnants.
Miracles et guérisons. L'abbé James Buret, curé de Vion, interroge les uns et les autres ; puis, poussé par l’Esprit-Saint, il décide de placer dans un creux du chêne une petite statuette en terre cuite de la Vierge Marie. Dès lors, celle-ci se manifeste. Un jeune homme, qui déroba un bouquet déposé près de la statuette, est pris de forts torticolis. Interrogé par ses parents, il avoue son forfait. Le bouquet volé remis en place, son mal disparaît. Marie multiplie les guérisons et les conversions... L’oratoire primitif construit autour de l’arbre devient vite trop petit pour accueillir tous les pèlerins, et une première chapelle est construite en 1515. La même année, un infirme du village de Juigné (Sarthe) qui marche difficilement vers l’image de la Vierge Marie avec trois cierges à la main recouvre la santé. En 1595, une femme qui ramasse du bois a la vision (ou l’apparition) de Notre-Dame du Chêne au-dessus du toit de la chapelle. Elle est là ! Elle ne dit rien… Vingt-six ans plus tard, une nourrice obtient la guérison d’un enfant difforme dont elle avait la garde après avoir prié chaque jour Notre-Dame pendant six semaines. En dépit des difficultés des guerres de religion puis de la Révolution, le pèlerinage à Notre-Dame du Chêne prend de plus en plus d’ampleur ; au milieu du XIXe siècle, il attire environ 60 000 pèlerins par an. Don Guéranger, abbé de la célèbre abbaye voisine de Solesmes, y préside en 1857 une réunion de Conférences de Saint-Vincent de Paul. La Vierge Marie y est honorée, aimée et, par elle, l'adoration et un culte sont rendus à Dieu. En 1869, Mgr Charles Fillion, évêque du Mans, envisage de construire une nouvelle église à la place de la petite chapelle. Elle est terminée en 1872 et devient basilique en 1894.
Lumière des vocations. L'une des peintures murales de la basilique raconte l'histoire d'Élisabeth de Quatrebarbes. Jeune fille, elle se sent appelée à entrer au carmel. Mais face au refus de sa famille, elle vient supplier Dieu à Notre-Dame du Chêne en 1617 pour comprendre ce qu'elle doit faire. Se sentant confirmée dans son désir, elle devient religieuse sous le nom de Mère Élisabeth de la Trinité, et même prieure en 1626, au carmel de Beaune (Côte d’Or). Les litanies invoquent ainsi : « Notre-Dame du Chêne, Lumière des vocations. » Beaucoup de petits clercs, accueillis par les missionnaires diocésains au petit séminaire de Notre-Dame du Chêne, sont en effet devenus prêtres sur cette terre riche pour l'éclosion des vocations.
La basilique. Au détour de la route, le visiteur est aujourd’hui surpris par l'irruption devant ses yeux de la flèche de la basilique haute de 50 mètres. Non, pas une petite chapelle... mais un bel édifice de 44 mètres de long surmonté d'une grande couronne. Remontant la nef, large de 6,50 mètres, il trouvera dans le haut de l'abside la statuette miraculeuse. Autour d'elle, la belle histoire de Notre-Dame du Chêne est inscrite sur les murs du chœur sous la forme de peintures murales. Au-dessus, des vitraux réalisés par les ateliers du carmel du Mans retracent l'histoire du Salut à travers le mystère de Marie.
Les offices à la basilique. Les six Frères de Saint-Jean, installés en 2010 à Notre-Dame du Chêne par Mgr Yves Le Saux, évêque du Mans, y assurent la Liturgie des Heures et les deux messes quotidiennes. Les grandes fêtes de la Vierge Marie y sont célébrées avec une ferveur particulière. Le sanctuaire s'est offert de célébrer chaque samedi, et à perpétuité, la messe pour la France promise par vœu par la ville du Mans en 1870, en gage de toute sa confiance en Marie.
Le Saint-Sépulcre de Notre-Dame du Chêne. En 1896, pour célébrer le 800e anniversaire de la première croisade prêchée dans cette région par le pape français Urbain II, des pèlerins de la région décident de partir en pèlerinage à Jérusalem. Dans un chêne, ils taillent une grande croix qui fera le trajet par mer jusqu’à la Ville Sainte et qu’ils porteront sur la Via Dolorosa (« Chemin de la souffrance » : rue de la vieille ville de Jérusalem emprunté par Jésus avant sa crucifixion) le long des ruelles qui montent au Golgotha (ou « Mont Calvaire », lieu de la crucifixion de Jésus). Sur place, ils sont impressionnés par les lieux saints qu’ils traversent, tout particulièrement par le Saint-Sépulcre et la basilique de la Résurrection dans laquelle il est enchâssé. C’est ainsi que naît l’idée de reproduire ce monument à Notre-Dame du Chêne. La première pierre est posée alors que la croix se trouve encore à Jérusalem. À son retour des lieux saints, la croix est implantée près de l'édicule, et un calvaire, constitué de statues « grandeur nature », l’entoure bientôt. Un parc paysagé de buis, représentant le plan de la basilique de la Résurrection, est planté tout autour. En vue de célébrer pour la première fois l'office de la Mise au Tombeau du Christ, pendant la Semaine Sainte 2017, une « pierre d'onction », copie de celle de Jérusalem, est venue compléter cette représentation des lieux saints. Le site de Notre-Dame du Chêne appelle ainsi à suivre la Vierge Marie dans son mystère de compassion. Comment a-t-elle vécu au pied de la croix, comment a-t-elle vécu le Samedi Saint ? En quoi ce mystère est-il important pour l'Église et le monde en 2017 ?
Le Centre Spirituel. Vers 1850, Mgr Bouvier, évêque du Mans, conçoit le projet d’installer des missionnaires diocésains à Notre-Dame du Chêne. Son successeur construit en 1860 une grande maison qui deviendra de nos jours le Centre Spirituel. Cette maison, tenue par quatre missionnaires et un chapelain, permet d'héberger et de restaurer les pèlerins et retraitants de passage. Avec la Bellangerie, une maison plus petite et située sur la place de la basilique, la capacité d'accueil du Centre Spirituel est de 90 personnes. La Bellangerie est tout particulièrement adaptée à l'accueil des familles. La « Grande Maison », complétée par les salles Saint-Jean, Sainte-Hildegarde et Saint-Joseph, toutes renouvelées, est le lieu des sessions, retraites et autres enseignements principalement prêchés par les six Frères de Saint-Jean. Il y a les retraites spirituelles et bientôt un programme pour une écologie intégrale.
Le jardin. Le sanctuaire baigne paisible au cœur de dix hectares de nature verdoyante et offre aux visiteurs, soucieux de se ressourcer, un silence profond qui n'est pas étranger aux mystères de Marie et de Jésus. Tout dispose en effet à une profonde intériorité et permet aux visiteurs de se recentrer en Dieu et, par Lui, en soi. Le jardin redevient dès 2017 un lieu important du sanctuaire ; pour son silence mais aussi par sa beauté où les Frères, les amis du Sanctuaire mais aussi les pèlerins sont invités à découvrir toute la richesse de l'encyclique Loué sois-Tu. Sur la sauvegarde de la Maison Commune du pape François.
Un lieu prophétique ? Si l'histoire du lieu commence en 1494 sans message explicite, la main maternelle de Marie ne l'a jamais quitté. Encore aujourd'hui, elle est là, dans sa compassion. Elle accueille et porte la nature blessée de l'homme et de la terre. Elle nous invite avec saint Jean, saint François et le pape François à écouter le cri du pauvre ; de ce Dieu qui s'est fait pauvre en Jésus, de ce Frère et de cette Sœur en humanité qui portent ce cri. Elle invite chacun à écouter le cri de son propre cœur ; elle invite à entendre le cri de la terre et de la nature. Encore aujourd'hui, la Vierge Marie bénit ses enfants à travers la brise légère qui soutenait autrefois le vol des colombes et le feu de l'Esprit. Notre-Dame du Chêne est devenu le lieu de pèlerinage le plus important du diocèse du Mans, avec environ 70 000 visiteurs par an.
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Frère Alain-Dominique
Recteur du sanctuaire Notre-Dame du Chêne
Les origines. Nous sommes en 1494, sur les terres de la province d’Anjou, à la frontière du Maine, à un peu moins de cinq kilomètres du village de Vion (Sud de l’actuel département de la Sarthe), sur les terres des comtes de Sablé. Sur la lande se dresse un vieux chêne qui attire l’attention des bergers et des paysans de la région : de nuit, ils voient des feux brillants comme des étoiles en couronner la cime. Le jour, l’arbre est animé par le joyeux manège de colombes qui voltigent autour de son feuillage, sans jamais s’en éloigner. Malgré leurs efforts, ils ne peuvent ni les attraper, ni les chasser. Ils se mettent donc à prier autour de cet arbre, qui semble posséder des pouvoirs étonnants.
Miracles et guérisons. L'abbé James Buret, curé de Vion, interroge les uns et les autres ; puis, poussé par l’Esprit-Saint, il décide de placer dans un creux du chêne une petite statuette en terre cuite de la Vierge Marie. Dès lors, celle-ci se manifeste. Un jeune homme, qui déroba un bouquet déposé près de la statuette, est pris de forts torticolis. Interrogé par ses parents, il avoue son forfait. Le bouquet volé remis en place, son mal disparaît. Marie multiplie les guérisons et les conversions... L’oratoire primitif construit autour de l’arbre devient vite trop petit pour accueillir tous les pèlerins, et une première chapelle est construite en 1515. La même année, un infirme du village de Juigné (Sarthe) qui marche difficilement vers l’image de la Vierge Marie avec trois cierges à la main recouvre la santé. En 1595, une femme qui ramasse du bois a la vision (ou l’apparition) de Notre-Dame du Chêne au-dessus du toit de la chapelle. Elle est là ! Elle ne dit rien… Vingt-six ans plus tard, une nourrice obtient la guérison d’un enfant difforme dont elle avait la garde après avoir prié chaque jour Notre-Dame pendant six semaines. En dépit des difficultés des guerres de religion puis de la Révolution, le pèlerinage à Notre-Dame du Chêne prend de plus en plus d’ampleur ; au milieu du XIXe siècle, il attire environ 60 000 pèlerins par an. Don Guéranger, abbé de la célèbre abbaye voisine de Solesmes, y préside en 1857 une réunion de Conférences de Saint-Vincent de Paul. La Vierge Marie y est honorée, aimée et, par elle, l'adoration et un culte sont rendus à Dieu. En 1869, Mgr Charles Fillion, évêque du Mans, envisage de construire une nouvelle église à la place de la petite chapelle. Elle est terminée en 1872 et devient basilique en 1894.
Lumière des vocations. L'une des peintures murales de la basilique raconte l'histoire d'Élisabeth de Quatrebarbes. Jeune fille, elle se sent appelée à entrer au carmel. Mais face au refus de sa famille, elle vient supplier Dieu à Notre-Dame du Chêne en 1617 pour comprendre ce qu'elle doit faire. Se sentant confirmée dans son désir, elle devient religieuse sous le nom de Mère Élisabeth de la Trinité, et même prieure en 1626, au carmel de Beaune (Côte d’Or). Les litanies invoquent ainsi : « Notre-Dame du Chêne, Lumière des vocations. » Beaucoup de petits clercs, accueillis par les missionnaires diocésains au petit séminaire de Notre-Dame du Chêne, sont en effet devenus prêtres sur cette terre riche pour l'éclosion des vocations.
La basilique. Au détour de la route, le visiteur est aujourd’hui surpris par l'irruption devant ses yeux de la flèche de la basilique haute de 50 mètres. Non, pas une petite chapelle... mais un bel édifice de 44 mètres de long surmonté d'une grande couronne. Remontant la nef, large de 6,50 mètres, il trouvera dans le haut de l'abside la statuette miraculeuse. Autour d'elle, la belle histoire de Notre-Dame du Chêne est inscrite sur les murs du chœur sous la forme de peintures murales. Au-dessus, des vitraux réalisés par les ateliers du carmel du Mans retracent l'histoire du Salut à travers le mystère de Marie.
Les offices à la basilique. Les six Frères de Saint-Jean, installés en 2010 à Notre-Dame du Chêne par Mgr Yves Le Saux, évêque du Mans, y assurent la Liturgie des Heures et les deux messes quotidiennes. Les grandes fêtes de la Vierge Marie y sont célébrées avec une ferveur particulière. Le sanctuaire s'est offert de célébrer chaque samedi, et à perpétuité, la messe pour la France promise par vœu par la ville du Mans en 1870, en gage de toute sa confiance en Marie.
Le Saint-Sépulcre de Notre-Dame du Chêne. En 1896, pour célébrer le 800e anniversaire de la première croisade prêchée dans cette région par le pape français Urbain II, des pèlerins de la région décident de partir en pèlerinage à Jérusalem. Dans un chêne, ils taillent une grande croix qui fera le trajet par mer jusqu’à la Ville Sainte et qu’ils porteront sur la Via Dolorosa (« Chemin de la souffrance » : rue de la vieille ville de Jérusalem emprunté par Jésus avant sa crucifixion) le long des ruelles qui montent au Golgotha (ou « Mont Calvaire », lieu de la crucifixion de Jésus). Sur place, ils sont impressionnés par les lieux saints qu’ils traversent, tout particulièrement par le Saint-Sépulcre et la basilique de la Résurrection dans laquelle il est enchâssé. C’est ainsi que naît l’idée de reproduire ce monument à Notre-Dame du Chêne. La première pierre est posée alors que la croix se trouve encore à Jérusalem. À son retour des lieux saints, la croix est implantée près de l'édicule, et un calvaire, constitué de statues « grandeur nature », l’entoure bientôt. Un parc paysagé de buis, représentant le plan de la basilique de la Résurrection, est planté tout autour. En vue de célébrer pour la première fois l'office de la Mise au Tombeau du Christ, pendant la Semaine Sainte 2017, une « pierre d'onction », copie de celle de Jérusalem, est venue compléter cette représentation des lieux saints. Le site de Notre-Dame du Chêne appelle ainsi à suivre la Vierge Marie dans son mystère de compassion. Comment a-t-elle vécu au pied de la croix, comment a-t-elle vécu le Samedi Saint ? En quoi ce mystère est-il important pour l'Église et le monde en 2017 ?
Le Centre Spirituel. Vers 1850, Mgr Bouvier, évêque du Mans, conçoit le projet d’installer des missionnaires diocésains à Notre-Dame du Chêne. Son successeur construit en 1860 une grande maison qui deviendra de nos jours le Centre Spirituel. Cette maison, tenue par quatre missionnaires et un chapelain, permet d'héberger et de restaurer les pèlerins et retraitants de passage. Avec la Bellangerie, une maison plus petite et située sur la place de la basilique, la capacité d'accueil du Centre Spirituel est de 90 personnes. La Bellangerie est tout particulièrement adaptée à l'accueil des familles. La « Grande Maison », complétée par les salles Saint-Jean, Sainte-Hildegarde et Saint-Joseph, toutes renouvelées, est le lieu des sessions, retraites et autres enseignements principalement prêchés par les six Frères de Saint-Jean. Il y a les retraites spirituelles et bientôt un programme pour une écologie intégrale.
Le jardin. Le sanctuaire baigne paisible au cœur de dix hectares de nature verdoyante et offre aux visiteurs, soucieux de se ressourcer, un silence profond qui n'est pas étranger aux mystères de Marie et de Jésus. Tout dispose en effet à une profonde intériorité et permet aux visiteurs de se recentrer en Dieu et, par Lui, en soi. Le jardin redevient dès 2017 un lieu important du sanctuaire ; pour son silence mais aussi par sa beauté où les Frères, les amis du Sanctuaire mais aussi les pèlerins sont invités à découvrir toute la richesse de l'encyclique Loué sois-Tu. Sur la sauvegarde de la Maison Commune du pape François.
Un lieu prophétique ? Si l'histoire du lieu commence en 1494 sans message explicite, la main maternelle de Marie ne l'a jamais quitté. Encore aujourd'hui, elle est là, dans sa compassion. Elle accueille et porte la nature blessée de l'homme et de la terre. Elle nous invite avec saint Jean, saint François et le pape François à écouter le cri du pauvre ; de ce Dieu qui s'est fait pauvre en Jésus, de ce Frère et de cette Sœur en humanité qui portent ce cri. Elle invite chacun à écouter le cri de son propre cœur ; elle invite à entendre le cri de la terre et de la nature. Encore aujourd'hui, la Vierge Marie bénit ses enfants à travers la brise légère qui soutenait autrefois le vol des colombes et le feu de l'Esprit. Notre-Dame du Chêne est devenu le lieu de pèlerinage le plus important du diocèse du Mans, avec environ 70 000 visiteurs par an.
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Rendez-vous tous les samedis avec
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1357
LE LINCEUL DU CHRIST ARRACHÉ AUX BYZANTINS SE RETROUVE FINALEMENT À LIREY, EN CHAMPAGNE
Le Linceul du Christ arraché aux Byzantins se retrouve finalement à Lirey, en Champagne
Le très célèbre Suaire aujourd’hui appelé « Linceul de Turin », est apparu en France à partir de 1357, dans la petite ville de Lirey, à une quinzaine de kilomètres au sud de la ville de Troyes en Champagne, selon la première mention historique documentée non contestée à ce jour.
Jean Dartigues Ingénieur en retraite, conférencier, secrétaire de l'association Montre nous ton Visage - Études sur le Linceul depuis 1950
Comment ce tissu a-t-il pu arriver là et d’où pouvait-il venir ? Le Linceul de Turin est selon toute probabilité le « linge d’Édesse », très connu dans l'Antiquité, appelé souvent à tort Mandylion. On s'en convainc en suivant son itinéraire : Eusèbe de Césarée (écrivain de Palestine, 264 - environ 340) évoque dans son « Histoire Ecclésiastique » la légende du roi Abgar qui aurait reçu une image miraculeuse du Christ. Il est question ensuite à Édesse (aujourd’hui Urfa, dans l’extrême sud-est de la Turquie) d’une image mystérieuse, « non faite de main d’homme » (acheiropoïète selon le terme grec), qui repousse, paraît-il, les Perses en 544.
À partir de cette date, on constate un changement radical dans la représentation du Christ. Après les premières représentations symboliques (pain, ancre, poisson) le Christ avait été représenté comme un jeune pasteur grec imberbe (notamment dans les catacombes et dans toutes les églises antiques Milan, Ravenne, etc.). Puis, très curieusement, à partir du VIe siècle, toutes les représentations du Christ vont changer relativement brutalement dans le monde chrétien oriental. On va lui substituer une image de face, des cheveux longs avec une raie centrale, une barbe bifide, un visage ovale et un nez allongé, avec bien souvent une double mèche au sommet du front, à l’endroit où il y a une double tache de sang sur le Linceul. On le constate par exemple sur la monnaie de l’Empereur Justinien, frappée en 565, ainsi que sur la magnifique image du Christ du monastère Sainte Catherine en 550, sur les icônes de la Basilique Sainte Sophie à Constantinople, à Ohrid en Macédoine, à Palerme, au Mont Athos, etc. Partout la ressemblance de ce nouveau « canon » avec le visage du Christ sur le Linceul est frappante. On en est donc venu naturellement à imaginer que le « linge d'Édesse », probablement à l'origine de cette nouvelle iconographie, pouvait être le Linceul de Turin. En effet, les représentations du linge d'Édesse en notre possession, se rapprochent du visage du Linceul en imaginant le Linceul replié huit fois sur lui-même.
En 650, Édesse est conquise par le califat islamique mais le « linge d'Édesse » reste vénéré malgré la présence musulmane, ce qui lui permettra providentiellement d’échapper aux destructions liées à la crise iconoclaste entre 730 à 787. Le second concile de Nicée (787) rétablit la légitimité des images, en utilisant comme argument essentiel « l'image d'Édesse », pour légitimer l'usage des images sacrées : « En tant qu'homme parfait, le Christ non seulement peut, mais doit être représenté et vénéré en image. » Léon, lecteur de l'église de Constantinople, est cité comme témoin principal et atteste avoir vu à Édesse l'image d'un linceul.
En 943, l’Empire byzantin lance une expédition ponctuelle et assiège Édesse dans le but d’acquérir la précieuse relique. Pour éviter une dégradation de ce linge, les chrétiens préfèrent négocier et acquérir ce célèbre trésor, par le versement de 12 000 pièces d'or. Ils la ramènent à l’Empereur de Byzance, dans une procession triomphale le 15 août 944. Cette réception grandiose sera illustrée ultérieurement (au XIIe siècle) dans le manuscrit de Jean Skylitzes. À cette occasion, Grégoire le Référendaire évoque dans une homélie « cette empreinte qui nous donne ici le visage du Christ », qui « est embellie par les gouttes de sang jaillies de son côté ». Cette relique sera conservée dans la chapelle du Palais du Boucoléon (Constantinople), puis dans l’église Sainte-Marie des Blachernes.
En 1190, le Linceul est précisément dessiné dans le Codex de Pray. Un pèlerin hongrois de passage à Constantinople livre un témoignage saisissant dans ce premier texte hongrois conservé à la Bibliothèque de Budapest (découvert au XVIIIe siècle par le jésuite Georgius Pray qui laisse son nom au manuscrit), sur lequel on peut reconnaître le Christ dans l’état et la position exacte du Linceul de Turin : nudité, croisement des bras dans la même position que le Linceul, pouces cachés, traces de sang, tentative d'imitation des chevrons, trous, etc… Suite à toutes ces constatations et indices convergents, la probabilité pour que le Linceul de Turin soit ainsi passé par Constantinople est très grande.
En 1203, le chevalier picard Robert de Clari, auteur d’une chronique sur la quatrième Croisade, décrit le Linceul à Constantinople : « Il y a un monastère appelé Sainte-Marie des Blachernes », où il aperçut « le Linceul où Notre Sire fut enveloppé, qui chaque vendredi se dressait tout droit, si bien qu'on pouvait y voir la figure de Notre Seigneur ».
En 1204, la quatrième Croisade détournée de son but dévaste Constantinople. 33 000 croisés français et 17 000 Vénitiens, lancés par le pape Innocent III, partent délivrer Jérusalem conquis par Saladin en 1187. Suite à des querelles confuses et à l'âpreté relative au gain des Vénitiens, ils vont attaquer et piller Constantinople pendant plusieurs jours à partir du 14 avril 1204. Au cours de cette dévastation, les soldats de Venise et de France vont se déshonorer par un pillage généralisé, en s'appropriant tous les trésors d’or, d’argent et d’ivoire de tous les édifices possibles. Robert de Clary témoigne de la disparition du linceul au cours du pillage : « Plus jamais personne, ni Grec, ni Français, ne sut ce que ce Linceul devint quand la ville fut prise. » Cette disparition suscita un grand émoi, car les Byzantins considéraient vraiment leur linceul comme une relique insigne. Dans sa lettre au pape Innocent III, Théodore Ange Comnène, neveu du dernier empereur, réclame la restitution de « la relique la plus sacrée, le linteum, dans lequel le Christ avait été enveloppé ». « Nous savons que le sacré Linceul est à Athènes. »
À partir de cette date et jusqu'en 1357, les indices disparaissent et une foison d'hypothèses a été émise, toutes fragiles (*).
En 1357, le Linceul se retrouve à Lirey, en Champagne. Ce linge y réapparait dans la famille d’un certain Geoffroy de Charny, seigneur de Lirey tué en 1356 en défendant le roi Jean II, à la bataille de Maupertuis dite « de Poitiers ». Sans être un grand du royaume, ce proche du roi joua un rôle important. Il laissa une veuve dans le besoin, Jeanne de Vergy. Celle-ci organisa en 1357 à Lirey, les première ostensions du Linceul du Christ dans la collégiale de Lirey. L'évêque de Troyes, Henri de Poitiers, prit ombrage du succès de ces ostensions et les fit interdire jusqu'en 1388. Elles reprirent à cette date et le nouvel évêque Pierre d'Arcis envoya au pape Clément VII, un célèbre mémorandum repris aujourd'hui par tous les opposants au Linceul. En réponse, le Pape émet deux bulles en 1390 pour autoriser les ostensions. Veuve et sans enfant, Jeanne de Vergy « fait don » le 22 mars 1453, de la précieuse relique au duc Louis de Savoie qui lui donnera gracieusement les revenus de la seigneurie de Varembon…
De 1453 à 1983, le « Saint Suaire » reste donc la propriété de la Maison de Savoie. D’abord dans son château de Chambéry, puis à partir de 1502 dans la « Sainte chapelle » où il subira, dans la nuit du 3 au 4 décembre 1532, un incendie qui y fera des brûlures et de nombreux trous. Par une chance incroyable, due au pliage, une partie importante de l'empreinte ne fut pas altérée. Puis, le Linceul fut transféré à Turin en 1578. Il restera la propriété de la Maison de Savoie jusqu’à la mort, en 1983, du grand-duc Umberto II de Savoie qui en fit don au Vatican par testament.
En conclusion, l’ensemble de ces témoignages semble très cohérent et ce parcours pourrait tout à fait être celui du Linceul du Christ, qui semble être passé par Jérusalem et par le désert de Judée si l’on en croit l’analyse des pollens de Max Frei, Avinoam Danin, Uri Baruch, les époux Whanger et Marzia Boi. Ces études sur les pollens retrouvés sur le Linceul restent cependant contestées par manque de preuves.
Enfin, au-delà de cette analyse historique, l’analyse scientifique de ce drap si mystérieux conclut aussi à l’authenticité (cf proposition de formation en bas de cette page). Ce linge en lin pur, sans mélange de laine animale selon les traditions juives antiques, tissé en chevrons, a commencé à étonner la science après la photographie de l’avocat italien Secundo Pia le 28 mai 1898. Lors de la révélation du négatif, l’image corporelle de couleur sépia et peu visible, devint une image beaucoup plus nette. Le Suaire se comporte en fait comme un négatif photographique : une notion tout à fait inconnue avant l’invention de la photographie au XIXe siècle. Cette découverte qui fit l’effet d’une bombe et qui engendra immédiatement de très intenses polémiques, intervint un an seulement après la mort en 1897 de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face, qui avait dédié sa vie à la Sainte Face du Christ...
À partir de ces différentes analyses, il n’est pas inutile d’approcher la question à partir d’un arbre logique :
1. Le Linceul a été réalisé par une personne : cette hypothèse, la plus courante, d'un faussaire du Moyen Âge n’est pas valide pour plusieurs raisons.
- Toutes les analyses scientifiques de spectrographies prouvent l’absence des composants d'une peinture (pigments et liant).
- D'autre part, on observe sur la vue négative une vingtaine de détails, présents sur le Linceul et absolument inconnus au Moyen Âge : image en négatif, intensité liée au relief, tuméfactions diverses (visage et dos), position des clous dans le carpe, position dissymétrique du corps, sang rouge sous l’action de la bilirubine, présence d’aragonite invisible à l'œil et identique à celle de Jérusalem (sur le genou, sous les pieds et sur le nez), présence de quatre muscles fessiers tétanisés ne touchant pas le sol, anomalies de proportion, etc. Il est frappant que l’image que ce corps a transmise, soit si conforme, et sans aucune erreur, à l’intégralité des textes évangéliques de la Passion du Christ, avec tous les détails de la flagellation, du port du patibulum, de la crucifixion, du couronnement d’épines, du coup de lance post mortem, du transport au tombeau, etc. De plus, cette image nous a même révélé des détails sur le crucifiement que nous ne connaissions pas jusqu’alors, comme par exemple la position dissymétrique des condamnés sur la croix. Ces détails inconnus au XIVe siècle, ne pouvaient pas non plus être imaginés donc a fortiori réalisés par un faussaire. Cette hypothèse est donc vraiment impossible.
2. Si elle n'a pas été réalisée par une personne, l'empreinte s’est donc faite soit par contact, soit à distance, par un rayonnement. L’hypothèse d’une image produite par contact est exclue, car il devrait y avoir dans ce cas une déformation de l’empreinte sur les côtés de la tête et du corps, ce qui élargirait l'image.
3. Il reste une production par rayonnement. Il faudrait d'abord que ce rayonnement génère une oxydation déshydratante, identique à celle observée sur l'empreinte du Linceul. Le biophysicien français J-B Rinaudo a montré, par l'irradiation de lin à partir d'un accélérateur de particules, qu'un jet de protons répondait à la question, ainsi qu'à la possibilité de donner le relief 3D. Avec des réglages adéquats, l'empreinte obtenue a la même épaisseur que sur le Linceul. Il a imaginé alors que l'éclatement de particules de deutérium sur la peau devrait générer un double flux de protons et de neutrons. Après avoir expérimenté le jet de protons, il s'est attaqué à une irradiation de neutrons. Le Père Rinaudo a pu prouver expérimentalement que l'irradiation de neutrons « rajeunissait » la cible de tissu. Ainsi, son hypothèse d'éclatement de deutérium utilise des phénomènes naturels connus et pourrait expliquer aussi bien la nature de l'empreinte que le rajeunissement du tissu, ce qui rendrait le résultat de l'analyse au carbone 14 sans signification. Le premier vrai problème réellement impénétrable est donc l'origine de cet éclatement du deutérium. D'où viendrait l'énergie nécessaire à cet éclatement ? Le deuxième problème, particulièrement insoluble, est de savoir pourquoi ce rayonnement se serait produit de manière directionnelle, perpendiculairement au tissu, de façon à dessiner une image parfaite, alors que tous les rayonnements connus sont d’habitude omnidirectionnels ? En résumé, le rayonnement dont on parle est actuellement doublement incompréhensible…
Finalement, l'explication de l'origine de l'image semble devoir rester cachée aux hommes. Après plus de 500 000 heures d’étude par des chercheurs de haut niveau (le Linceul est de très loin, aujourd’hui, l’objet matériel le plus étudié au monde), la science doit s’avouer vaincue, n’ayant aucune explication valable à fournir à ce jour. La seule explication cohérente se situe au-delà de la science : car pour interpréter l'image du Linceul, les chrétiens pensent naturellement à quelque chose semblable à un « flash » de la résurrection. Comme pour la démonstration de l’existence de Dieu, il s’agit bien évidemment de la conclusion d’un raisonnement indirect, car il n’y a aucun élément scientifique pour prouver cela positivement et directement, mais il n’y a aujourd’hui aucune autre explication disponible qui soit cohérente. En toute logique, un effet absolument singulier ne peut être effectivement produit que par une cause absolument singulière...
Ce linge qui ne pouvait ni être conçu ni être réalisé au Moyen Âge est donc bien réellement « une provocation à l’intelligence » comme disait Jean-Paul II. Au total, les conclusions auxquelles toutes ces études et raisonnements nous conduisent aujourd’hui semblent nous obliger à considérer le Linceul de Turin comme un signe clair, fort et finalement assez incontestable que Dieu donne à notre époque pour qu'elle reconnaisse la réalité des mystères de l'Incarnation, de la souffrance, de la mort et de la Résurrection de son Fils !
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(*) Note de l’Association Marie de Nazareth : Jean Dartigues considère qu’il y a beaucoup d’hypothèses et trop peu de certitudes pour évoquer sérieusement ces 150 années qui séparent la disparition du Linceul du Christ en 1204 lors du sac de Constantinople de sa réapparition à Lirey en Champagne en 1357, mais Jean-Michel Mahenc a proposé le 28 avril 2017 avec l’Association Marie de Nazareth une projection en la Basilique Notre-Dame de Bonne Garde à Longpont-sur-Orge (91) où il évoquait la concordance d’un certain nombre de faits :
- on sait qu’en 1204, le chevalier champenois Othon de la Roche avait son campement à côté de l’église des Blachernes, lors du sac de Constantinople ;
- on sait également qu’en 1205, il devint Duc d’Athènes et que ses successeurs y gouverneront durant plus d’un siècle, jusqu’en 1451 ;
- dans sa lettre au Pape déjà citée, Théodore Ange Comnène, neveu du dernier empereur, écrira aussi « Le vol de si nombreuses choses sacrées va contre le droit des hommes et les lois de Dieu. Nous savons que ces choses sacrées sont conservées à Venise, en France et autres pays des pillards, le sacré Linceul étant à Athènes (!) » ;
- à partir de 1354, le Linceul volé aux Byzantins se retrouve comme par hasard en Champagne, dans l’héritage de Geoffroy de Charny, qui fut tué - comme l’explique Jean Dartigues - en 1356, laissant une veuve, Jeanne de Vergy, qui organisa en 1357 en France les premières ostensions du Linceul du Christ ;
- Pierre d’Arcis, évêque de Troyes, veut faire alors interdire ces ostensions, mais le pape Clément VII intervient de manière surprenante pour les autoriser, en mettant comme seule condition qu’elles se fassent avec discrétion, ce qui est somme toute une attitude assez logique si l‘on considère que le Pape savait bien qu’il s’agissait d’une relique arrachée aux byzantins dans des conditions qui allaient effectivement « contre le droit des hommes et les lois de Dieu »…
Même si on manque de preuves, la présence de Champenois du début à la fin de l’épisode 1204-1357 est quand même une coïncidence frappante que chacun pourra apprécier comme il le souhaite…
Compléments NDLR : L’analyse du groupe sanguin (AB) et de la position des plaies est aussi très cohérente avec ce qu’on trouve sur les autres reliques que sont le Suaire d’Oviedo et la Tunique d’Argenteuil, comme semblent l’indiquer les études de Jean-Maurice Clercq.
LE LINCEUL DU CHRIST ARRACHÉ AUX BYZANTINS SE RETROUVE FINALEMENT À LIREY, EN CHAMPAGNE
Le Linceul du Christ arraché aux Byzantins se retrouve finalement à Lirey, en Champagne
Le très célèbre Suaire aujourd’hui appelé « Linceul de Turin », est apparu en France à partir de 1357, dans la petite ville de Lirey, à une quinzaine de kilomètres au sud de la ville de Troyes en Champagne, selon la première mention historique documentée non contestée à ce jour.
Jean Dartigues Ingénieur en retraite, conférencier, secrétaire de l'association Montre nous ton Visage - Études sur le Linceul depuis 1950
Comment ce tissu a-t-il pu arriver là et d’où pouvait-il venir ? Le Linceul de Turin est selon toute probabilité le « linge d’Édesse », très connu dans l'Antiquité, appelé souvent à tort Mandylion. On s'en convainc en suivant son itinéraire : Eusèbe de Césarée (écrivain de Palestine, 264 - environ 340) évoque dans son « Histoire Ecclésiastique » la légende du roi Abgar qui aurait reçu une image miraculeuse du Christ. Il est question ensuite à Édesse (aujourd’hui Urfa, dans l’extrême sud-est de la Turquie) d’une image mystérieuse, « non faite de main d’homme » (acheiropoïète selon le terme grec), qui repousse, paraît-il, les Perses en 544.
À partir de cette date, on constate un changement radical dans la représentation du Christ. Après les premières représentations symboliques (pain, ancre, poisson) le Christ avait été représenté comme un jeune pasteur grec imberbe (notamment dans les catacombes et dans toutes les églises antiques Milan, Ravenne, etc.). Puis, très curieusement, à partir du VIe siècle, toutes les représentations du Christ vont changer relativement brutalement dans le monde chrétien oriental. On va lui substituer une image de face, des cheveux longs avec une raie centrale, une barbe bifide, un visage ovale et un nez allongé, avec bien souvent une double mèche au sommet du front, à l’endroit où il y a une double tache de sang sur le Linceul. On le constate par exemple sur la monnaie de l’Empereur Justinien, frappée en 565, ainsi que sur la magnifique image du Christ du monastère Sainte Catherine en 550, sur les icônes de la Basilique Sainte Sophie à Constantinople, à Ohrid en Macédoine, à Palerme, au Mont Athos, etc. Partout la ressemblance de ce nouveau « canon » avec le visage du Christ sur le Linceul est frappante. On en est donc venu naturellement à imaginer que le « linge d'Édesse », probablement à l'origine de cette nouvelle iconographie, pouvait être le Linceul de Turin. En effet, les représentations du linge d'Édesse en notre possession, se rapprochent du visage du Linceul en imaginant le Linceul replié huit fois sur lui-même.
En 650, Édesse est conquise par le califat islamique mais le « linge d'Édesse » reste vénéré malgré la présence musulmane, ce qui lui permettra providentiellement d’échapper aux destructions liées à la crise iconoclaste entre 730 à 787. Le second concile de Nicée (787) rétablit la légitimité des images, en utilisant comme argument essentiel « l'image d'Édesse », pour légitimer l'usage des images sacrées : « En tant qu'homme parfait, le Christ non seulement peut, mais doit être représenté et vénéré en image. » Léon, lecteur de l'église de Constantinople, est cité comme témoin principal et atteste avoir vu à Édesse l'image d'un linceul.
En 943, l’Empire byzantin lance une expédition ponctuelle et assiège Édesse dans le but d’acquérir la précieuse relique. Pour éviter une dégradation de ce linge, les chrétiens préfèrent négocier et acquérir ce célèbre trésor, par le versement de 12 000 pièces d'or. Ils la ramènent à l’Empereur de Byzance, dans une procession triomphale le 15 août 944. Cette réception grandiose sera illustrée ultérieurement (au XIIe siècle) dans le manuscrit de Jean Skylitzes. À cette occasion, Grégoire le Référendaire évoque dans une homélie « cette empreinte qui nous donne ici le visage du Christ », qui « est embellie par les gouttes de sang jaillies de son côté ». Cette relique sera conservée dans la chapelle du Palais du Boucoléon (Constantinople), puis dans l’église Sainte-Marie des Blachernes.
En 1190, le Linceul est précisément dessiné dans le Codex de Pray. Un pèlerin hongrois de passage à Constantinople livre un témoignage saisissant dans ce premier texte hongrois conservé à la Bibliothèque de Budapest (découvert au XVIIIe siècle par le jésuite Georgius Pray qui laisse son nom au manuscrit), sur lequel on peut reconnaître le Christ dans l’état et la position exacte du Linceul de Turin : nudité, croisement des bras dans la même position que le Linceul, pouces cachés, traces de sang, tentative d'imitation des chevrons, trous, etc… Suite à toutes ces constatations et indices convergents, la probabilité pour que le Linceul de Turin soit ainsi passé par Constantinople est très grande.
En 1203, le chevalier picard Robert de Clari, auteur d’une chronique sur la quatrième Croisade, décrit le Linceul à Constantinople : « Il y a un monastère appelé Sainte-Marie des Blachernes », où il aperçut « le Linceul où Notre Sire fut enveloppé, qui chaque vendredi se dressait tout droit, si bien qu'on pouvait y voir la figure de Notre Seigneur ».
En 1204, la quatrième Croisade détournée de son but dévaste Constantinople. 33 000 croisés français et 17 000 Vénitiens, lancés par le pape Innocent III, partent délivrer Jérusalem conquis par Saladin en 1187. Suite à des querelles confuses et à l'âpreté relative au gain des Vénitiens, ils vont attaquer et piller Constantinople pendant plusieurs jours à partir du 14 avril 1204. Au cours de cette dévastation, les soldats de Venise et de France vont se déshonorer par un pillage généralisé, en s'appropriant tous les trésors d’or, d’argent et d’ivoire de tous les édifices possibles. Robert de Clary témoigne de la disparition du linceul au cours du pillage : « Plus jamais personne, ni Grec, ni Français, ne sut ce que ce Linceul devint quand la ville fut prise. » Cette disparition suscita un grand émoi, car les Byzantins considéraient vraiment leur linceul comme une relique insigne. Dans sa lettre au pape Innocent III, Théodore Ange Comnène, neveu du dernier empereur, réclame la restitution de « la relique la plus sacrée, le linteum, dans lequel le Christ avait été enveloppé ». « Nous savons que le sacré Linceul est à Athènes. »
À partir de cette date et jusqu'en 1357, les indices disparaissent et une foison d'hypothèses a été émise, toutes fragiles (*).
En 1357, le Linceul se retrouve à Lirey, en Champagne. Ce linge y réapparait dans la famille d’un certain Geoffroy de Charny, seigneur de Lirey tué en 1356 en défendant le roi Jean II, à la bataille de Maupertuis dite « de Poitiers ». Sans être un grand du royaume, ce proche du roi joua un rôle important. Il laissa une veuve dans le besoin, Jeanne de Vergy. Celle-ci organisa en 1357 à Lirey, les première ostensions du Linceul du Christ dans la collégiale de Lirey. L'évêque de Troyes, Henri de Poitiers, prit ombrage du succès de ces ostensions et les fit interdire jusqu'en 1388. Elles reprirent à cette date et le nouvel évêque Pierre d'Arcis envoya au pape Clément VII, un célèbre mémorandum repris aujourd'hui par tous les opposants au Linceul. En réponse, le Pape émet deux bulles en 1390 pour autoriser les ostensions. Veuve et sans enfant, Jeanne de Vergy « fait don » le 22 mars 1453, de la précieuse relique au duc Louis de Savoie qui lui donnera gracieusement les revenus de la seigneurie de Varembon…
De 1453 à 1983, le « Saint Suaire » reste donc la propriété de la Maison de Savoie. D’abord dans son château de Chambéry, puis à partir de 1502 dans la « Sainte chapelle » où il subira, dans la nuit du 3 au 4 décembre 1532, un incendie qui y fera des brûlures et de nombreux trous. Par une chance incroyable, due au pliage, une partie importante de l'empreinte ne fut pas altérée. Puis, le Linceul fut transféré à Turin en 1578. Il restera la propriété de la Maison de Savoie jusqu’à la mort, en 1983, du grand-duc Umberto II de Savoie qui en fit don au Vatican par testament.
En conclusion, l’ensemble de ces témoignages semble très cohérent et ce parcours pourrait tout à fait être celui du Linceul du Christ, qui semble être passé par Jérusalem et par le désert de Judée si l’on en croit l’analyse des pollens de Max Frei, Avinoam Danin, Uri Baruch, les époux Whanger et Marzia Boi. Ces études sur les pollens retrouvés sur le Linceul restent cependant contestées par manque de preuves.
Enfin, au-delà de cette analyse historique, l’analyse scientifique de ce drap si mystérieux conclut aussi à l’authenticité (cf proposition de formation en bas de cette page). Ce linge en lin pur, sans mélange de laine animale selon les traditions juives antiques, tissé en chevrons, a commencé à étonner la science après la photographie de l’avocat italien Secundo Pia le 28 mai 1898. Lors de la révélation du négatif, l’image corporelle de couleur sépia et peu visible, devint une image beaucoup plus nette. Le Suaire se comporte en fait comme un négatif photographique : une notion tout à fait inconnue avant l’invention de la photographie au XIXe siècle. Cette découverte qui fit l’effet d’une bombe et qui engendra immédiatement de très intenses polémiques, intervint un an seulement après la mort en 1897 de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face, qui avait dédié sa vie à la Sainte Face du Christ...
À partir de ces différentes analyses, il n’est pas inutile d’approcher la question à partir d’un arbre logique :
1. Le Linceul a été réalisé par une personne : cette hypothèse, la plus courante, d'un faussaire du Moyen Âge n’est pas valide pour plusieurs raisons.
- Toutes les analyses scientifiques de spectrographies prouvent l’absence des composants d'une peinture (pigments et liant).
- D'autre part, on observe sur la vue négative une vingtaine de détails, présents sur le Linceul et absolument inconnus au Moyen Âge : image en négatif, intensité liée au relief, tuméfactions diverses (visage et dos), position des clous dans le carpe, position dissymétrique du corps, sang rouge sous l’action de la bilirubine, présence d’aragonite invisible à l'œil et identique à celle de Jérusalem (sur le genou, sous les pieds et sur le nez), présence de quatre muscles fessiers tétanisés ne touchant pas le sol, anomalies de proportion, etc. Il est frappant que l’image que ce corps a transmise, soit si conforme, et sans aucune erreur, à l’intégralité des textes évangéliques de la Passion du Christ, avec tous les détails de la flagellation, du port du patibulum, de la crucifixion, du couronnement d’épines, du coup de lance post mortem, du transport au tombeau, etc. De plus, cette image nous a même révélé des détails sur le crucifiement que nous ne connaissions pas jusqu’alors, comme par exemple la position dissymétrique des condamnés sur la croix. Ces détails inconnus au XIVe siècle, ne pouvaient pas non plus être imaginés donc a fortiori réalisés par un faussaire. Cette hypothèse est donc vraiment impossible.
2. Si elle n'a pas été réalisée par une personne, l'empreinte s’est donc faite soit par contact, soit à distance, par un rayonnement. L’hypothèse d’une image produite par contact est exclue, car il devrait y avoir dans ce cas une déformation de l’empreinte sur les côtés de la tête et du corps, ce qui élargirait l'image.
3. Il reste une production par rayonnement. Il faudrait d'abord que ce rayonnement génère une oxydation déshydratante, identique à celle observée sur l'empreinte du Linceul. Le biophysicien français J-B Rinaudo a montré, par l'irradiation de lin à partir d'un accélérateur de particules, qu'un jet de protons répondait à la question, ainsi qu'à la possibilité de donner le relief 3D. Avec des réglages adéquats, l'empreinte obtenue a la même épaisseur que sur le Linceul. Il a imaginé alors que l'éclatement de particules de deutérium sur la peau devrait générer un double flux de protons et de neutrons. Après avoir expérimenté le jet de protons, il s'est attaqué à une irradiation de neutrons. Le Père Rinaudo a pu prouver expérimentalement que l'irradiation de neutrons « rajeunissait » la cible de tissu. Ainsi, son hypothèse d'éclatement de deutérium utilise des phénomènes naturels connus et pourrait expliquer aussi bien la nature de l'empreinte que le rajeunissement du tissu, ce qui rendrait le résultat de l'analyse au carbone 14 sans signification. Le premier vrai problème réellement impénétrable est donc l'origine de cet éclatement du deutérium. D'où viendrait l'énergie nécessaire à cet éclatement ? Le deuxième problème, particulièrement insoluble, est de savoir pourquoi ce rayonnement se serait produit de manière directionnelle, perpendiculairement au tissu, de façon à dessiner une image parfaite, alors que tous les rayonnements connus sont d’habitude omnidirectionnels ? En résumé, le rayonnement dont on parle est actuellement doublement incompréhensible…
Finalement, l'explication de l'origine de l'image semble devoir rester cachée aux hommes. Après plus de 500 000 heures d’étude par des chercheurs de haut niveau (le Linceul est de très loin, aujourd’hui, l’objet matériel le plus étudié au monde), la science doit s’avouer vaincue, n’ayant aucune explication valable à fournir à ce jour. La seule explication cohérente se situe au-delà de la science : car pour interpréter l'image du Linceul, les chrétiens pensent naturellement à quelque chose semblable à un « flash » de la résurrection. Comme pour la démonstration de l’existence de Dieu, il s’agit bien évidemment de la conclusion d’un raisonnement indirect, car il n’y a aucun élément scientifique pour prouver cela positivement et directement, mais il n’y a aujourd’hui aucune autre explication disponible qui soit cohérente. En toute logique, un effet absolument singulier ne peut être effectivement produit que par une cause absolument singulière...
Ce linge qui ne pouvait ni être conçu ni être réalisé au Moyen Âge est donc bien réellement « une provocation à l’intelligence » comme disait Jean-Paul II. Au total, les conclusions auxquelles toutes ces études et raisonnements nous conduisent aujourd’hui semblent nous obliger à considérer le Linceul de Turin comme un signe clair, fort et finalement assez incontestable que Dieu donne à notre époque pour qu'elle reconnaisse la réalité des mystères de l'Incarnation, de la souffrance, de la mort et de la Résurrection de son Fils !
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(*) Note de l’Association Marie de Nazareth : Jean Dartigues considère qu’il y a beaucoup d’hypothèses et trop peu de certitudes pour évoquer sérieusement ces 150 années qui séparent la disparition du Linceul du Christ en 1204 lors du sac de Constantinople de sa réapparition à Lirey en Champagne en 1357, mais Jean-Michel Mahenc a proposé le 28 avril 2017 avec l’Association Marie de Nazareth une projection en la Basilique Notre-Dame de Bonne Garde à Longpont-sur-Orge (91) où il évoquait la concordance d’un certain nombre de faits :
- on sait qu’en 1204, le chevalier champenois Othon de la Roche avait son campement à côté de l’église des Blachernes, lors du sac de Constantinople ;
- on sait également qu’en 1205, il devint Duc d’Athènes et que ses successeurs y gouverneront durant plus d’un siècle, jusqu’en 1451 ;
- dans sa lettre au Pape déjà citée, Théodore Ange Comnène, neveu du dernier empereur, écrira aussi « Le vol de si nombreuses choses sacrées va contre le droit des hommes et les lois de Dieu. Nous savons que ces choses sacrées sont conservées à Venise, en France et autres pays des pillards, le sacré Linceul étant à Athènes (!) » ;
- à partir de 1354, le Linceul volé aux Byzantins se retrouve comme par hasard en Champagne, dans l’héritage de Geoffroy de Charny, qui fut tué - comme l’explique Jean Dartigues - en 1356, laissant une veuve, Jeanne de Vergy, qui organisa en 1357 en France les premières ostensions du Linceul du Christ ;
- Pierre d’Arcis, évêque de Troyes, veut faire alors interdire ces ostensions, mais le pape Clément VII intervient de manière surprenante pour les autoriser, en mettant comme seule condition qu’elles se fassent avec discrétion, ce qui est somme toute une attitude assez logique si l‘on considère que le Pape savait bien qu’il s’agissait d’une relique arrachée aux byzantins dans des conditions qui allaient effectivement « contre le droit des hommes et les lois de Dieu »…
Même si on manque de preuves, la présence de Champenois du début à la fin de l’épisode 1204-1357 est quand même une coïncidence frappante que chacun pourra apprécier comme il le souhaite…
Compléments NDLR : L’analyse du groupe sanguin (AB) et de la position des plaies est aussi très cohérente avec ce qu’on trouve sur les autres reliques que sont le Suaire d’Oviedo et la Tunique d’Argenteuil, comme semblent l’indiquer les études de Jean-Maurice Clercq.
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1917
NOTRE-DAME DE FATIMA : DES APPARITIONS EXCEPTIONNELLES
Le 13 mai 1917, il y a 100 ans aujourd'hui, en pleine Première Guerre mondiale, la Vierge Marie apparaît dans un village du centre du Portugal à trois jeunes bergers : Francisco, Jacinta et Lucia. Entre mai et octobre de la même année, les enfants assistent ensemble à six apparitions au cours desquelles Notre Dame de Fatima transmet un message essentiel, rapidement diffusé au monde entier.
Yves de Lassus Auteur du site www.fatima100.fr
Trois jeunes bergers au Portugal. Alors que la guerre fait rage en Europe depuis l’été 1914, le Portugal, pays fortement catholique mais dominé par un gouvernement anticlérical depuis 1911, n’entre dans le conflit aux côtés de la Triple-Entente (France, Royaume-Uni, Russie) qu’en mars 1916. Si le pays envoie en France un contingent de plus de 50 000 soldats, les affrontements ne touchent pas le sol portugais. Le pays reste largement rural et peu cultivé. Dans la petite paroisse (200 habitants) de Fatima, dont le nom vient d’une Arabe musulmane convertie au catholicisme au Moyen Âge, à 170 km au nord de Lisbonne, les enfants passent plus de temps auprès des troupeaux qu’à l’école. Parmi eux, figurent Lucia de Jesus dos Santos (née le 22 mars 1907), son cousin Francisco Marto (né le 11 juin 1908) et la sœur de celui-ci, Jacinta Marto (née le 11 mars 1910), qui gardent souvent les moutons au lieu-dit la Cova da Iria.
Premiers phénomènes surnaturels. Dès 1915, les enfants vivent des apparitions. C’est d’abord Lucia, accompagnée de deux amies, qui voit un ange silencieux sur la colline du Cabeço. L’année suivante, le même ange apparaît trois fois à Lucia, Francisco et Jacinta. Au printemps, il se présente comme « l’Ange de la paix » et leur enseigne la prière suivante : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime. Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas, qui ne vous aiment pas. » Pendant l’été, près d’un puits, il se présente comme « l’Ange du Portugal », et demande aux enfants de prier beaucoup et de pratiquer de nombreux sacrifices pour la réparation des péchés et la conversion de ceux qui les commettent. Enfin, à l’automne, l’ange fait communier miraculeusement les enfants avant de leur donner la prière suivante : « Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je vous offre le très précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ présent dans tous les tabernacles du monde, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels Il est Lui-même offensé. Et par les mérites infinis de son Très Saint Cœur et du Cœur Immaculé de Marie, je vous demande la conversion des pauvres pécheurs. »
La première apparition (13 mai). Ces premières visites étaient destinées à préparer les enfants aux apparitions de la Vierge Marie elle-même. Lucia a alors 10 ans, Francisco bientôt 9 ans et Jacinta 7 ans. Le 13 mai 1917, vers midi, apparaît une lueur dans le ciel, puis une dame rayonnant de lumière, vêtue de blanc, tenant dans sa main droite un chapelet. Elle avertit de ses intentions pacifiques (« N’ayez pas peur, je ne vous veux pas de mal »), révèle qu’elle vient du Ciel et demande aux enfants de revenir ici six fois de suite, tous les 13 du mois. Lucia pose des questions et apprend que tous trois iront au Ciel un jour, mais que Francisco devra d’abord réciter beaucoup de chapelets. La Dame enseigne enfin aux enfants à s’offrir à Dieu en réparation des péchés et à souffrir en réparation et pour la conversion des pécheurs. Malgré sa promesse, Jacinta parle de l’apparition et s’attire les moqueries des villageois et l’incrédulité du curé.
La deuxième apparition (13 juin). Un mois plus tard, la Dame est au rendez-vous. Une grande clarté apparaît devant 50 personnes venues par curiosité, sur les dires de Jacinta, mais seuls les enfants aperçoivent la Sainte Vierge. Celle-ci leur demande de réciter le chapelet tous les jours et annonce que Lucia, qui devra apprendre à lire et à écrire, aura la mission de propager la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, tandis que Francisco et Jacinta iront bientôt au Ciel.
La troisième apparition (13 juillet). La foule des curieux grimpe à 4 000 personnes alors que la Dame en blanc apparaît de nouveau aux enfants seuls. C’est l’apparition la plus importante. La Vierge rappelle sa recommandation de réciter le chapelet tous les jours « pour obtenir la paix dans le monde et la fin de la guerre, parce qu’elle seule peut les obtenir ». Elle fait ensuite voir l’Enfer aux enfants, puis promet la fin de la guerre et un miracle au mois d’octobre. Un secret particulier en trois parties est également révélé aux enfants, dans lequel il est notamment dit qu’Il y aura une autre guerre si on continue d’offenser Dieu et que la Russie doit être consacrée au Cœur Immaculée de Marie pour l’empêcher de répandre ses erreurs à travers le monde (les enfants ne connaissaient pas ce pays, ils pensaient que la Vierge parlait sans doute d’une femme très méchante).
La quatrième apparition (19 août). Le 13 août, 18 000 personnes sont présentes sur le lieu habituel des apparitions, mais rien ne se passe. En effet, les enfants ne sont pas là : ils ont été arrêtés par le gouverneur anticlérical, qui souhaite prendre connaissance des secrets des enfants. Malgré les pressions, ces derniers ne parlent pas et sont relâchés deux jours plus tard. C’est en gardant comme à l’habitude leur troupeau à la Cova da Iria, le 19 août, que les enfants reçoivent la visite de la Dame, qui leur demande encore de prier et de faire construire une chapelle. Elle promet de nouveau un miracle pour le 13 octobre.
La cinquième apparition (13 septembre). Un peu moins d’un mois plus tard, près de 30 000 curieux viennent au rendez-vous. La Dame recommande encore le chapelet et les pénitences pour la fin de la guerre, mais limite les austérités des enfants qui s’étaient imposé le port d’une corde qu’ils avaient décidé de porter autour de la taille 24 heures par jour pour se mortifier : il ne faudra plus la porter la nuit.
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La dernière apparition (13 octobre). C’est l’apparition la plus spectaculaire. La Sainte Vierge, qui donne son nom Notre Dame du Rosaire, désire l’édification d’une chapelle à son nom et annonce la fin prochaine de la guerre. Survient alors le « miracle du soleil », annoncé trois fois, attendu et observé par les 50 000 à 80 000 personnes présentes, dont le journaliste anticlérical Avelino de Almeida. Il fera paraître un récit sensationnel dans le journal O Seculo le 15 octobre suivant. La pluie qui tombait à verse s’arrêta soudainement, le soleil changea d’apparence, se mis à tourbillonner dans le ciel pendant dix minutes, puis sembla foncer sur la foule, ce qui créa la panique, avant qu’il ne reprenne sa position normale. À la fin, alors que tout le monde était trempé jusqu'aux os, chacun eut la surprise de trouver ses habits et le sol absolument secs. L'Évêché de Leira Fatima recueillera par la suite des milliers de témoignages, tous concordants, jusqu’à 40 km à la ronde. Ce grand miracle eut beaucoup de retentissement dans le pays et fit parler des apparitions, qui cessèrent alors définitivement.
Francisco et Jacinta, atteints de la grippe espagnole, meurent en 1919 et 1920. Ils sont béatifiés le 13 mai 2000 par le pape Jean-Paul II, puis canonisés le 13 mai 2017 par le pape François. Quant à Lucia, elle ressent rapidement une vocation religieuse et entre au noviciat des Sœurs de sainte Dorothée, puis au Carmel de Coimbra (Portugal), où elle meurt le 13 février 2005, peu avant Jean-Paul II. Par ses écrits, c’est elle qui contribue à propager et à faire comprendre l’importance des apparitions de Fatima.
Comment analyser les événements de Fatima ?
Il faut souligner d’abord le caractère exceptionnel de ces apparitions. Le contenu du message est d’une très grande richesse : dès 1915, il rappelle l’existence des anges, puis la pratique des vertus théologales (foi, espérance et charité). Il insiste aussi sur la nécessité de la prière pour la conversion des pécheurs, et sur la valeur des sacrifices et des souffrances offertes ; ainsi que la valeur propitiatoire de la messe (elle apporte le Salut en actualisant le sacrifice du Christ sur la Croix). La Vierge Marie rappelle les fins dernières en parlant du Paradis, du Purgatoire et de l’Enfer, elle souligne l’importance de la communion des saints (la prière des vivants peut soulager la souffrance des âmes qui attendent au Purgatoire) et recommande le chapelet comme moyen de sanctification privilégié. Les apparitions sont également remarquables par l’authentification de leur origine divine, grâce au miracle du soleil. Outre ce miracle, inexplicable par la science, elles sont confirmées par une série de prophéties annoncées par la Vierge et vérifiées par la suite comme la mort rapide de Francisco et Jacinta, la fin anticipée de la guerre pour le Portugal (après l’élection d’un nouveau président en décembre, le Portugal retire ses troupes des champs de bataille dès avril 1918), la focalisation sur la Russie (qui ne connaîtra la révolution communiste qu’en novembre 1917) et ses « erreurs » répandues dans le monde ou ce que Sœur Lucia révèlera lors de l’enquête canonique de 1930 et dans ses écrits de 1941 des deux premiers secrets qui mentionnent l’élection d’un Pape nommé Pie XI, la venue d’un signe éclatant dans le ciel (une sorte d’aurore boréale visible dans la nuit du 25 au 26 janvier 1938), peu avant l’éclatement d’une Seconde Guerre mondiale. La richesse de leur contenu et la force de leur confirmation donnent donc aux apparitions de Fatima un caractère très particulier.
Les paroles de la Vierge ont principalement se déploient dans trois registres : elle montre, elle annonce, elle demande. Elle montre l’Enfer ; elle annonce les errements du communisme et le cataclysme de la Seconde Guerre mondiale ; elle demande de la part de Dieu que l’on organise la dévotion à son Cœur Immaculé.
Le message transmet ainsi l’expression d’une volonté divine capitale pour notre temps. Notre Dame de Fatima affirme la volonté divine que le Cœur Immaculé de Marie soit davantage prié, connu et aimé, pour la plus grande gloire de Dieu comme en avait déjà eu l’intuition saint Louis-Marie Grignion de Montfort. Le 13 juin, elle dit que « Jésus veut » ; le 13 juillet, elle insiste : « Dieu veut. » L’objet essentiel de cette demande divine est « d’établir dans le monde » la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, qui complète celle du Sacré-Cœur de Jésus révélée à Paray-le-Monial, et qui s’accompagne de cinq pratiques spécifiques :
- la récitation quotidienne du chapelet ;
- l’offrande des pénitences et des sacrifices rencontrés dans l’accomplissement de notre devoir d’état et dans l’observance de la loi de Dieu, en réparation des péchés et pour la conversion des pécheurs ;
- la communion réparatrice des premiers samedis du mois ;
- la consécration au Cœur immaculé de Marie de la Russie mais aussi du monde, des personnes et des collectivités (paroisses, communes, pays, monde) ;
- le port du scapulaire de Notre Dame du Mont-Carmel.
La Vierge Marie promet de grands bienfaits liés à cette dévotion. « À qui embrassera cette dévotion, je promets le Salut » (13 juin 1917, promesse refaite à Lucia dans des termes très semblables le 10 décembre 1925). Des grâces particulières sont prévues pour chaque pratique :
- la paix dans le monde pour la récitation quotidienne du chapelet ;
- la conversion des pécheurs pour l'offrande des sacrifices et la communion réparatrice ;
- la paix et la conversion pour ceux qui sont consacrés au Cœur Immaculé de Marie ;
- la préservation des peines de l'Enfer pour ceux qui portent le scapulaire au moment de leur mort.
De fait, la chute miraculeuse du communisme est venue juste après la consécration du monde au Cœur Immaculé le Marie, le 25 mars 1984. La Sainte Vierge avait prophétisé : « Le Saint Père aura beaucoup à souffrir », et lorsque le pape Jean-Paul II a survécu par miracle à l’attentat du 13 mai 1981 sur la place Saint-Pierre de Rome, il a été conduit à faire le lien. « Une main a tiré, une autre a guidé la balle », dira-t-il plus tard en enchâssant la balle qui l’avait frappé dans la couronne de la Vierge de Fatima. Le délitement du bloc communiste à partir de 1985 qui conduira à la chute du mur de Berlin en 1989 se fera sans la moindre effusion de sang, et la renaissance du Christianisme en Russie laisse espérer l’accomplissement prochain des magnifiques promesses de la Vierge : « À la fin, mon Cœur Immaculé triomphera, la Russie se convertira et il sera accordé au monde un certain temps de paix. »
NOTRE-DAME DE FATIMA : DES APPARITIONS EXCEPTIONNELLES
Le 13 mai 1917, il y a 100 ans aujourd'hui, en pleine Première Guerre mondiale, la Vierge Marie apparaît dans un village du centre du Portugal à trois jeunes bergers : Francisco, Jacinta et Lucia. Entre mai et octobre de la même année, les enfants assistent ensemble à six apparitions au cours desquelles Notre Dame de Fatima transmet un message essentiel, rapidement diffusé au monde entier.
Yves de Lassus Auteur du site www.fatima100.fr
Trois jeunes bergers au Portugal. Alors que la guerre fait rage en Europe depuis l’été 1914, le Portugal, pays fortement catholique mais dominé par un gouvernement anticlérical depuis 1911, n’entre dans le conflit aux côtés de la Triple-Entente (France, Royaume-Uni, Russie) qu’en mars 1916. Si le pays envoie en France un contingent de plus de 50 000 soldats, les affrontements ne touchent pas le sol portugais. Le pays reste largement rural et peu cultivé. Dans la petite paroisse (200 habitants) de Fatima, dont le nom vient d’une Arabe musulmane convertie au catholicisme au Moyen Âge, à 170 km au nord de Lisbonne, les enfants passent plus de temps auprès des troupeaux qu’à l’école. Parmi eux, figurent Lucia de Jesus dos Santos (née le 22 mars 1907), son cousin Francisco Marto (né le 11 juin 1908) et la sœur de celui-ci, Jacinta Marto (née le 11 mars 1910), qui gardent souvent les moutons au lieu-dit la Cova da Iria.
Premiers phénomènes surnaturels. Dès 1915, les enfants vivent des apparitions. C’est d’abord Lucia, accompagnée de deux amies, qui voit un ange silencieux sur la colline du Cabeço. L’année suivante, le même ange apparaît trois fois à Lucia, Francisco et Jacinta. Au printemps, il se présente comme « l’Ange de la paix » et leur enseigne la prière suivante : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime. Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas, qui ne vous aiment pas. » Pendant l’été, près d’un puits, il se présente comme « l’Ange du Portugal », et demande aux enfants de prier beaucoup et de pratiquer de nombreux sacrifices pour la réparation des péchés et la conversion de ceux qui les commettent. Enfin, à l’automne, l’ange fait communier miraculeusement les enfants avant de leur donner la prière suivante : « Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je vous offre le très précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ présent dans tous les tabernacles du monde, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels Il est Lui-même offensé. Et par les mérites infinis de son Très Saint Cœur et du Cœur Immaculé de Marie, je vous demande la conversion des pauvres pécheurs. »
La première apparition (13 mai). Ces premières visites étaient destinées à préparer les enfants aux apparitions de la Vierge Marie elle-même. Lucia a alors 10 ans, Francisco bientôt 9 ans et Jacinta 7 ans. Le 13 mai 1917, vers midi, apparaît une lueur dans le ciel, puis une dame rayonnant de lumière, vêtue de blanc, tenant dans sa main droite un chapelet. Elle avertit de ses intentions pacifiques (« N’ayez pas peur, je ne vous veux pas de mal »), révèle qu’elle vient du Ciel et demande aux enfants de revenir ici six fois de suite, tous les 13 du mois. Lucia pose des questions et apprend que tous trois iront au Ciel un jour, mais que Francisco devra d’abord réciter beaucoup de chapelets. La Dame enseigne enfin aux enfants à s’offrir à Dieu en réparation des péchés et à souffrir en réparation et pour la conversion des pécheurs. Malgré sa promesse, Jacinta parle de l’apparition et s’attire les moqueries des villageois et l’incrédulité du curé.
La deuxième apparition (13 juin). Un mois plus tard, la Dame est au rendez-vous. Une grande clarté apparaît devant 50 personnes venues par curiosité, sur les dires de Jacinta, mais seuls les enfants aperçoivent la Sainte Vierge. Celle-ci leur demande de réciter le chapelet tous les jours et annonce que Lucia, qui devra apprendre à lire et à écrire, aura la mission de propager la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, tandis que Francisco et Jacinta iront bientôt au Ciel.
La troisième apparition (13 juillet). La foule des curieux grimpe à 4 000 personnes alors que la Dame en blanc apparaît de nouveau aux enfants seuls. C’est l’apparition la plus importante. La Vierge rappelle sa recommandation de réciter le chapelet tous les jours « pour obtenir la paix dans le monde et la fin de la guerre, parce qu’elle seule peut les obtenir ». Elle fait ensuite voir l’Enfer aux enfants, puis promet la fin de la guerre et un miracle au mois d’octobre. Un secret particulier en trois parties est également révélé aux enfants, dans lequel il est notamment dit qu’Il y aura une autre guerre si on continue d’offenser Dieu et que la Russie doit être consacrée au Cœur Immaculée de Marie pour l’empêcher de répandre ses erreurs à travers le monde (les enfants ne connaissaient pas ce pays, ils pensaient que la Vierge parlait sans doute d’une femme très méchante).
La quatrième apparition (19 août). Le 13 août, 18 000 personnes sont présentes sur le lieu habituel des apparitions, mais rien ne se passe. En effet, les enfants ne sont pas là : ils ont été arrêtés par le gouverneur anticlérical, qui souhaite prendre connaissance des secrets des enfants. Malgré les pressions, ces derniers ne parlent pas et sont relâchés deux jours plus tard. C’est en gardant comme à l’habitude leur troupeau à la Cova da Iria, le 19 août, que les enfants reçoivent la visite de la Dame, qui leur demande encore de prier et de faire construire une chapelle. Elle promet de nouveau un miracle pour le 13 octobre.
La cinquième apparition (13 septembre). Un peu moins d’un mois plus tard, près de 30 000 curieux viennent au rendez-vous. La Dame recommande encore le chapelet et les pénitences pour la fin de la guerre, mais limite les austérités des enfants qui s’étaient imposé le port d’une corde qu’ils avaient décidé de porter autour de la taille 24 heures par jour pour se mortifier : il ne faudra plus la porter la nuit.
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La dernière apparition (13 octobre). C’est l’apparition la plus spectaculaire. La Sainte Vierge, qui donne son nom Notre Dame du Rosaire, désire l’édification d’une chapelle à son nom et annonce la fin prochaine de la guerre. Survient alors le « miracle du soleil », annoncé trois fois, attendu et observé par les 50 000 à 80 000 personnes présentes, dont le journaliste anticlérical Avelino de Almeida. Il fera paraître un récit sensationnel dans le journal O Seculo le 15 octobre suivant. La pluie qui tombait à verse s’arrêta soudainement, le soleil changea d’apparence, se mis à tourbillonner dans le ciel pendant dix minutes, puis sembla foncer sur la foule, ce qui créa la panique, avant qu’il ne reprenne sa position normale. À la fin, alors que tout le monde était trempé jusqu'aux os, chacun eut la surprise de trouver ses habits et le sol absolument secs. L'Évêché de Leira Fatima recueillera par la suite des milliers de témoignages, tous concordants, jusqu’à 40 km à la ronde. Ce grand miracle eut beaucoup de retentissement dans le pays et fit parler des apparitions, qui cessèrent alors définitivement.
Francisco et Jacinta, atteints de la grippe espagnole, meurent en 1919 et 1920. Ils sont béatifiés le 13 mai 2000 par le pape Jean-Paul II, puis canonisés le 13 mai 2017 par le pape François. Quant à Lucia, elle ressent rapidement une vocation religieuse et entre au noviciat des Sœurs de sainte Dorothée, puis au Carmel de Coimbra (Portugal), où elle meurt le 13 février 2005, peu avant Jean-Paul II. Par ses écrits, c’est elle qui contribue à propager et à faire comprendre l’importance des apparitions de Fatima.
Comment analyser les événements de Fatima ?
Il faut souligner d’abord le caractère exceptionnel de ces apparitions. Le contenu du message est d’une très grande richesse : dès 1915, il rappelle l’existence des anges, puis la pratique des vertus théologales (foi, espérance et charité). Il insiste aussi sur la nécessité de la prière pour la conversion des pécheurs, et sur la valeur des sacrifices et des souffrances offertes ; ainsi que la valeur propitiatoire de la messe (elle apporte le Salut en actualisant le sacrifice du Christ sur la Croix). La Vierge Marie rappelle les fins dernières en parlant du Paradis, du Purgatoire et de l’Enfer, elle souligne l’importance de la communion des saints (la prière des vivants peut soulager la souffrance des âmes qui attendent au Purgatoire) et recommande le chapelet comme moyen de sanctification privilégié. Les apparitions sont également remarquables par l’authentification de leur origine divine, grâce au miracle du soleil. Outre ce miracle, inexplicable par la science, elles sont confirmées par une série de prophéties annoncées par la Vierge et vérifiées par la suite comme la mort rapide de Francisco et Jacinta, la fin anticipée de la guerre pour le Portugal (après l’élection d’un nouveau président en décembre, le Portugal retire ses troupes des champs de bataille dès avril 1918), la focalisation sur la Russie (qui ne connaîtra la révolution communiste qu’en novembre 1917) et ses « erreurs » répandues dans le monde ou ce que Sœur Lucia révèlera lors de l’enquête canonique de 1930 et dans ses écrits de 1941 des deux premiers secrets qui mentionnent l’élection d’un Pape nommé Pie XI, la venue d’un signe éclatant dans le ciel (une sorte d’aurore boréale visible dans la nuit du 25 au 26 janvier 1938), peu avant l’éclatement d’une Seconde Guerre mondiale. La richesse de leur contenu et la force de leur confirmation donnent donc aux apparitions de Fatima un caractère très particulier.
Les paroles de la Vierge ont principalement se déploient dans trois registres : elle montre, elle annonce, elle demande. Elle montre l’Enfer ; elle annonce les errements du communisme et le cataclysme de la Seconde Guerre mondiale ; elle demande de la part de Dieu que l’on organise la dévotion à son Cœur Immaculé.
Le message transmet ainsi l’expression d’une volonté divine capitale pour notre temps. Notre Dame de Fatima affirme la volonté divine que le Cœur Immaculé de Marie soit davantage prié, connu et aimé, pour la plus grande gloire de Dieu comme en avait déjà eu l’intuition saint Louis-Marie Grignion de Montfort. Le 13 juin, elle dit que « Jésus veut » ; le 13 juillet, elle insiste : « Dieu veut. » L’objet essentiel de cette demande divine est « d’établir dans le monde » la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, qui complète celle du Sacré-Cœur de Jésus révélée à Paray-le-Monial, et qui s’accompagne de cinq pratiques spécifiques :
- la récitation quotidienne du chapelet ;
- l’offrande des pénitences et des sacrifices rencontrés dans l’accomplissement de notre devoir d’état et dans l’observance de la loi de Dieu, en réparation des péchés et pour la conversion des pécheurs ;
- la communion réparatrice des premiers samedis du mois ;
- la consécration au Cœur immaculé de Marie de la Russie mais aussi du monde, des personnes et des collectivités (paroisses, communes, pays, monde) ;
- le port du scapulaire de Notre Dame du Mont-Carmel.
La Vierge Marie promet de grands bienfaits liés à cette dévotion. « À qui embrassera cette dévotion, je promets le Salut » (13 juin 1917, promesse refaite à Lucia dans des termes très semblables le 10 décembre 1925). Des grâces particulières sont prévues pour chaque pratique :
- la paix dans le monde pour la récitation quotidienne du chapelet ;
- la conversion des pécheurs pour l'offrande des sacrifices et la communion réparatrice ;
- la paix et la conversion pour ceux qui sont consacrés au Cœur Immaculé de Marie ;
- la préservation des peines de l'Enfer pour ceux qui portent le scapulaire au moment de leur mort.
De fait, la chute miraculeuse du communisme est venue juste après la consécration du monde au Cœur Immaculé le Marie, le 25 mars 1984. La Sainte Vierge avait prophétisé : « Le Saint Père aura beaucoup à souffrir », et lorsque le pape Jean-Paul II a survécu par miracle à l’attentat du 13 mai 1981 sur la place Saint-Pierre de Rome, il a été conduit à faire le lien. « Une main a tiré, une autre a guidé la balle », dira-t-il plus tard en enchâssant la balle qui l’avait frappé dans la couronne de la Vierge de Fatima. Le délitement du bloc communiste à partir de 1985 qui conduira à la chute du mur de Berlin en 1989 se fera sans la moindre effusion de sang, et la renaissance du Christianisme en Russie laisse espérer l’accomplissement prochain des magnifiques promesses de la Vierge : « À la fin, mon Cœur Immaculé triomphera, la Russie se convertira et il sera accordé au monde un certain temps de paix. »
Rendez-vous tous les samedis avec
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
merci Marie du 65 pour ce beau travail de recherche , que Notre Dame de Fatima ; Sainte Jeanne d'Arc et tous les saints qui nous ont précédés , puissent intervenir dans la grâce, afin d'aider les pauvres pécheurs que nous sommes à réaliser quels moments magnifiques nous sommes en train de vivre, le monde nouveau.En union de prières.
Marie-Ange
Marie-Ange
Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
demande depuis 60 ans, encore peu répandue
htts-du-mois/18-la-communion-reparatrice-des-premiers-samedis-du-mois
LES CINQ PREMIERS SAMEDIS DU MOIS
« Pour éviter la guerre, avait dit Notre-Dame, le 13 juillet 1917,à Fatima,
je demande la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé
(ce qui à ce jour n’a toujours pas été fait comme la Vierge l’avait demandée)
la Communion réparatrice des premiers samedis
Au cours de l'apparition, Notre-Dame dit:
« Regarde, ma fille, mon cœur entouré d'épines que les hommes ingrats,
à tout moment, lui enfoncent par des blasphèmes et des ingratitudes.
Toi, du moins, cherche à me consoler, et dis que je promets d'assister à l'heure de la mort, avec toutes les grâces nécessaires au salut, tous ceux qui, le premier samedi, cinq mois de suite,
se confesseront,
recevront la sainte Communion,
réciteront le chapelet
et me tiendront compagnie pendant 15 mn
en méditant les 15 mystères du Rosaire,
avec l'intention de me faire réparation. »
Le 15 février 1926 et le 17 décembre 1927, Sœur Lucie écrit:
« De la pratique de la dévotion des premiers samedis,
unie à la consécration au Cœur immaculé de Marie,dépend la guerre ou la paix du monde ».
CINQ SAMEDIS POUR CINQ OFFENSES.
I) Les blasphèmes contre l'Immaculée Conception.
2) Contre la virginité perpétuelle de Marie.
3) Contre sa Maternité divine et contre le refus de la reconnaître également comme Mère des hommes
4) Le mépris et la haine contre cette Mère immaculée et l'indifférence que l'on cherche à mettre dans le cœur des enfants.
5) L'outrage de ceux qui l'attaquent dans ses saintes images.
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
marieangesl a écrit:merci Marie du 65 pour ce beau travail de recherche , que Notre Dame de Fatima ; Sainte Jeanne d'Arc et tous les saints qui nous ont précédés , puissent intervenir dans la grâce, afin d'aider les pauvres pécheurs que nous sommes à réaliser quels moments magnifiques nous sommes en train de vivre, le monde nouveau.En union de prières.
Marie-Ange
coucou Marie-Ange
C'est avec plaisir!!!
Je tiens à vous remercier pour un petit mot reçu ce matin (vous comprendrez)
Que Dieu vous bénisse
Amitiés
Merci @azaïs pour ton partage
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1951
LE PÈRE JACQUES SEVIN, ÂME ET PÈRE DU SCOUTISME CATHOLIQUE DE FRANCE
En juillet1920, 13 ans après la naissance du scoutisme, le Père Jacques Sevin (1882-1951) cofonde les Scouts de France, mouvement qui se développe d’une manière remarquable.
Comptant 200 membres l’année de sa création, il en rassemble 75 000 en 1939. L’action du Père Sevin, tant par sa connaissance de la méthode de Baden-Powell (1857-1941) que par l’adaptation qu’il en réalise pour le monde catholique, explique cet immense succès.
Les idées qu’il développe dans son livre Le scoutisme vont être reprises dans le monde entier.
Jean-Jacques Gauthé
Historien du scoutisme, membre du conseil d’administration des Scouts et Guides de France
Les débuts du scoutisme catholique en France. C’est en 1911 que le scoutisme apparaît en France, quatre ans après sa fondation par Baden-Powell le 29 juillet 1907 sur l’île de Brownsea, dans le Dorsetshire (Angleterre).
Les deux premiers mouvements scouts créés dans notre pays sont les Éclaireurs unionistes, mouvement protestant, et les Éclaireurs de France, mouvement neutre sur le plan religieux.
En dehors de quelques individualités, tel Marc Sangnier (1873-1950, journaliste et homme politique français), le monde catholique reste à l’écart de la dynamique du scoutisme qui touche au total 15 000 jeunes en France en 1914.
Dans une société française très marquée par la loi de séparation des Églises et de l’État (1905), les catholiques sont méfiants envers cette nouveauté. Elle vient de Grande-Bretagne, ennemie héréditaire. Elle est promue par un général anglican.
Celui-ci développe de surprenantes conceptions éducatives, fondées sur le jeu, la nature, la vie en équipes, une loi et une promesse, sous-tendues par une conception optimiste de l’existence et des relations humaines, le tout dans une perspective interreligieuse. En effet, pour Baden-Powell, si le scout doit absolument avoir une religion, peu importe laquelle.
Le Révérend-Père (R.P.) Jacques Sevin va faire comprendre au monde catholique français, puis international, l’importance et l’intérêt que présente la méthode éducative de Baden-Powell.
À l’été 1920, il est, avec quelques autres précurseurs – le chanoine Antoine Cornette, Paul Coze et Édouard de Macédo – à l‘origine de la création d’une association de scouts catholiques : les Scouts de France.
Le R.P. Sevin en quelques mots. Né le 7 décembre 1882 à Lille (Nord), Jacques Sevin, est l’aîné d’une famille de sept enfants.
Baptisé le lendemain en l’église Notre-Dame de Consolation, il est consacré à la Vierge Marie dont enfant il portera les couleurs bleu et blanc.
Après des études à Amiens (Somme), il devient novice jésuite. Passionné de poésie, il écrit des vers qui révèlent son grand amour de la Vierge Marie et son attachement au Cœur de Jésus.
En 1901, il doit quitter la France en raison des lois contre les congrégations et poursuit ses études en Belgique. Il y est ordonné prêtre le 2 août 1914 et reste dans ce pays jusqu’en 1919, le déclenchement de la Première Guerre mondiale l’empêchant de revenir en France. Le R.P. Sevin va jouer un rôle essentiel dans l’organisation du scoutisme catholique en France jusqu’à sa mise à l’écart de la direction des Scouts de France en mars 1933 en raison de divergences de vues.
Il se retire alors avec dignité de ce qui a été la première œuvre de sa vie.
Malgré la meurtrissure, il lui restera d’une fidélité absolue sans jamais la critiquer. En 1944, il crée la seconde œuvre de sa vie, une congrégation religieuse féminine très inspirée du scoutisme et dévolue à l’éducation : la Sainte Croix de Jérusalem, installée à Boran-sur-Oise (Oise).
C’est là qu’il meurt le 19 juillet 1951 et qu’il est enterré.
Le R.P. Sevin, un fondateur. Le R.P. Sevin est l’un des principaux organisateurs des Scouts de France qui se développent rapidement à travers toute la France à partir de juillet 1920.
Il organise leur structuration en publiant divers manuels, mais surtout en mettant au point leurs textes fondateurs. C’est ainsi qu’il adapte le texte de la loi scoute de Baden-Powell en dix articles, résumé des valeurs morales du scoutisme sur lequel le scout s’engage lors de sa promesse :
« Le scout met son honneur à mériter confiance, le scout est loyal… »
Le Père Sevin introduit la référence à Dieu dans la loi scoute et complète le texte initial de la promesse scoute par la référence à l’Église. Il y ajoute trois principes : « Le scout est fier de sa foi, le scout est fils de France, le devoir du scout commence à la maison. » Il « sacralise » en quelque sorte le scoutisme de Baden-Powell en lui donnant une forte identité catholique.
De nouveaux symboles. Le R.P. Sevin contribue également à créer l’imaginaire des Scouts de France.
Il dessine leur insigne : une croix de Jérusalem chargée d’une fleur de lys. Elle renvoie à la fois à la chevalerie – le scout des années 1920 et 1930 est vu comme un chevalier contemporain – mais aussi à l’universalité du Salut du genre humain, aux quatre coins du monde, symbolisés par les quatre branches de la croix. Les nombreux chants qu’il écrit contribuent aussi à structurer l’imaginaire du scoutisme catholique. Les plus connus sont le Chant de Promesse et le Chant des Adieux.
Bien d’autres, tels le Cantique des patrouilles, la Légende du feu ou Chamarande marqueront profondément les esprits.
Un livre de référence. En 1922, le R.P. Sevin publie son principal ouvrage : Le scoutisme. Celui-ci démontre d’abord son excellente connaissance du scoutisme de Baden-Powell.
Le Père Sevin qui parle anglais est allé le rencontrer en Grande-Bretagne dès 1913. Les notes de bas de page de son livre comprennent de multiples références aux ouvrages de Baden-Powell.
Ce dernier dira d’ailleurs, pendant un congrès, que « la meilleure réalisation de sa propre pensée venait d’un religieux français ». Le R.P. Sevin explique longuement comment le scoutisme peut parfaitement s’intégrer dans le monde catholique.
Il contredit habilement les multiples critiques nées en son sein depuis 1911, telles les accusations de naturalisme, de lien avec la franc-maçonnerie, de pratique de la religion de l’honneur ou de panthéisme.
Il affirme que la loi scoute est « l’âme du scoutisme », que le système des patrouilles est son pivot et que la vie en plein air est une nécessité absolue. Le R.P. Sevin ne se contente pas d’écrire sur le scoutisme, il l’a mis en pratique dès 1917, alors qu’il était en Belgique, en organisant une troupe de scouts catholiques à Mouscron avec Léon Maes.
Ses écrits sont donc aussi le fruit de sa pratique personnelle.
Le R.P. Sevin, un formateur. Le Père Sevin insiste sur l’importance de la formation des cadres du scoutisme. Dès 1923, il installe au château de Chamarande (Essonne), un camp de formation pour les chefs scouts, à l’image de celui installé par Baden-Powell dès 1919 en Grande-Bretagne à Gilwell.
Le Père a compris que la formation des cheftaines et des chefs, sous forme de « camp-école » d’une semaine, était l’une des principales clés de la réussite. Cheftaines et chefs vivent en camp, sous la tente, pratiquent des activités de scoutisme et réfléchissent à leur rôle d’éducateur.
C’est dans ce « camp-école » de Chamarande, dirigé par le R.P. Sevin lui-même jusqu’à sa mise à l’écart en 1933, que des milliers de jeunes se formeront pour assurer le succès des Scouts de France.
Ce système qui continua après le départ du jésuite fonctionne encore aujourd’hui. Les Scouts et Guides de France utilisent ainsi le terme de « Cham » pour désigner l’une de leurs plus importantes formations de cadres. Ce modèle de formation sera d’ailleurs repris par de nombreuses associations scoutes catholiques dans le monde.
Le R.P. Sevin, un précurseur. Si le Père Sevin a été l’un précurseur par son action chez les Scouts de France, il l’a été aussi dans d’autres domaines.
Dès 1927, il est ainsi l’un des premiers en France à envisager la création de troupes scoutes pour les handicapés physiques. Celles-ci démarrent à Berck (Pas-de-Calais) dans les sanatoriums accueillant de jeunes paralysés. En 1928, il est l’un des pionniers du dialogue interreligieux en encourageant vivement l’action de Robert Gamzon (1905-1961) dans la création des Éclaireurs Israélites de France (EIF), le mouvement de scoutisme juif. De même dès 1948, le R.P. Sevin envisage, bien avant le concile de Vatican II, l’ordination de diacres permanents.
L’ensemble des qualités du R.P. Sevin a conduit le pape Benoit XVI à le proclamer Vénérable le 10 mai 2012, un premier pas dans le processus de béatification.
Le R.P. Sevin, un pont entre les mouvements de scoutisme catholique. Dans les années 1960-1970, le scoutisme catholique connaît plusieurs ruptures liées à l‘évolution générale de la société française et aux réformes pédagogiques engagées par les Scouts de France et les Guides de France, mouvement catholique de scoutisme féminin créé en 1923.
De ces ruptures, naîtront les Guides et Scouts d’Europe (AGSE) qui concernent aujourd’hui 30 000 jeunes en France et les Scouts Unitaires de France (SUF) qui en touchent 28 000. Les Scouts et Guides de France (SGdF), nés en 2004 de la fusion des Scouts de France et des Guides de France, touchent de nos jours 77 000 jeunes. Ils illustrent l’existence de sensibilités différentes au sein de l’Église catholique qui reconnaît aujourd’hui ces trois mouvements. On compte également d’autres associations scoutes catholiques plus petites, comme les Scouts de Riaumont (fondés en 1966) ou les Europa Scouts (créés en 1986).
Si les relations entre ces trois grands mouvements ont été conflictuelles et tendues dans le passé, celles-ci se sont sensiblement améliorées surtout depuis le centenaire du scoutisme célébré en 2007, aux cotés des associations scoutes laïque (Éclaireuses et Éclaireurs de France), protestante (Éclaireuses et Éclaireurs unionistes de France), musulmane (Scouts Musulmans de France) et juive (Éclaireuses et Éclaireurs Israélites de France.)
Aujourd’hui, le R.P. Sevin reste un pont incontournable entre ces trois grands mouvements du scoutisme catholique français qui se réfèrent toujours à lui et à Baden-Powell.
Rendez-vous tous les Samedis avec
LE PÈRE JACQUES SEVIN, ÂME ET PÈRE DU SCOUTISME CATHOLIQUE DE FRANCE
En juillet1920, 13 ans après la naissance du scoutisme, le Père Jacques Sevin (1882-1951) cofonde les Scouts de France, mouvement qui se développe d’une manière remarquable.
Comptant 200 membres l’année de sa création, il en rassemble 75 000 en 1939. L’action du Père Sevin, tant par sa connaissance de la méthode de Baden-Powell (1857-1941) que par l’adaptation qu’il en réalise pour le monde catholique, explique cet immense succès.
Les idées qu’il développe dans son livre Le scoutisme vont être reprises dans le monde entier.
Jean-Jacques Gauthé
Historien du scoutisme, membre du conseil d’administration des Scouts et Guides de France
Les débuts du scoutisme catholique en France. C’est en 1911 que le scoutisme apparaît en France, quatre ans après sa fondation par Baden-Powell le 29 juillet 1907 sur l’île de Brownsea, dans le Dorsetshire (Angleterre).
Les deux premiers mouvements scouts créés dans notre pays sont les Éclaireurs unionistes, mouvement protestant, et les Éclaireurs de France, mouvement neutre sur le plan religieux.
En dehors de quelques individualités, tel Marc Sangnier (1873-1950, journaliste et homme politique français), le monde catholique reste à l’écart de la dynamique du scoutisme qui touche au total 15 000 jeunes en France en 1914.
Dans une société française très marquée par la loi de séparation des Églises et de l’État (1905), les catholiques sont méfiants envers cette nouveauté. Elle vient de Grande-Bretagne, ennemie héréditaire. Elle est promue par un général anglican.
Celui-ci développe de surprenantes conceptions éducatives, fondées sur le jeu, la nature, la vie en équipes, une loi et une promesse, sous-tendues par une conception optimiste de l’existence et des relations humaines, le tout dans une perspective interreligieuse. En effet, pour Baden-Powell, si le scout doit absolument avoir une religion, peu importe laquelle.
Le Révérend-Père (R.P.) Jacques Sevin va faire comprendre au monde catholique français, puis international, l’importance et l’intérêt que présente la méthode éducative de Baden-Powell.
À l’été 1920, il est, avec quelques autres précurseurs – le chanoine Antoine Cornette, Paul Coze et Édouard de Macédo – à l‘origine de la création d’une association de scouts catholiques : les Scouts de France.
Le R.P. Sevin en quelques mots. Né le 7 décembre 1882 à Lille (Nord), Jacques Sevin, est l’aîné d’une famille de sept enfants.
Baptisé le lendemain en l’église Notre-Dame de Consolation, il est consacré à la Vierge Marie dont enfant il portera les couleurs bleu et blanc.
Après des études à Amiens (Somme), il devient novice jésuite. Passionné de poésie, il écrit des vers qui révèlent son grand amour de la Vierge Marie et son attachement au Cœur de Jésus.
En 1901, il doit quitter la France en raison des lois contre les congrégations et poursuit ses études en Belgique. Il y est ordonné prêtre le 2 août 1914 et reste dans ce pays jusqu’en 1919, le déclenchement de la Première Guerre mondiale l’empêchant de revenir en France. Le R.P. Sevin va jouer un rôle essentiel dans l’organisation du scoutisme catholique en France jusqu’à sa mise à l’écart de la direction des Scouts de France en mars 1933 en raison de divergences de vues.
Il se retire alors avec dignité de ce qui a été la première œuvre de sa vie.
Malgré la meurtrissure, il lui restera d’une fidélité absolue sans jamais la critiquer. En 1944, il crée la seconde œuvre de sa vie, une congrégation religieuse féminine très inspirée du scoutisme et dévolue à l’éducation : la Sainte Croix de Jérusalem, installée à Boran-sur-Oise (Oise).
C’est là qu’il meurt le 19 juillet 1951 et qu’il est enterré.
Le R.P. Sevin, un fondateur. Le R.P. Sevin est l’un des principaux organisateurs des Scouts de France qui se développent rapidement à travers toute la France à partir de juillet 1920.
Il organise leur structuration en publiant divers manuels, mais surtout en mettant au point leurs textes fondateurs. C’est ainsi qu’il adapte le texte de la loi scoute de Baden-Powell en dix articles, résumé des valeurs morales du scoutisme sur lequel le scout s’engage lors de sa promesse :
« Le scout met son honneur à mériter confiance, le scout est loyal… »
Le Père Sevin introduit la référence à Dieu dans la loi scoute et complète le texte initial de la promesse scoute par la référence à l’Église. Il y ajoute trois principes : « Le scout est fier de sa foi, le scout est fils de France, le devoir du scout commence à la maison. » Il « sacralise » en quelque sorte le scoutisme de Baden-Powell en lui donnant une forte identité catholique.
De nouveaux symboles. Le R.P. Sevin contribue également à créer l’imaginaire des Scouts de France.
Il dessine leur insigne : une croix de Jérusalem chargée d’une fleur de lys. Elle renvoie à la fois à la chevalerie – le scout des années 1920 et 1930 est vu comme un chevalier contemporain – mais aussi à l’universalité du Salut du genre humain, aux quatre coins du monde, symbolisés par les quatre branches de la croix. Les nombreux chants qu’il écrit contribuent aussi à structurer l’imaginaire du scoutisme catholique. Les plus connus sont le Chant de Promesse et le Chant des Adieux.
Bien d’autres, tels le Cantique des patrouilles, la Légende du feu ou Chamarande marqueront profondément les esprits.
Un livre de référence. En 1922, le R.P. Sevin publie son principal ouvrage : Le scoutisme. Celui-ci démontre d’abord son excellente connaissance du scoutisme de Baden-Powell.
Le Père Sevin qui parle anglais est allé le rencontrer en Grande-Bretagne dès 1913. Les notes de bas de page de son livre comprennent de multiples références aux ouvrages de Baden-Powell.
Ce dernier dira d’ailleurs, pendant un congrès, que « la meilleure réalisation de sa propre pensée venait d’un religieux français ». Le R.P. Sevin explique longuement comment le scoutisme peut parfaitement s’intégrer dans le monde catholique.
Il contredit habilement les multiples critiques nées en son sein depuis 1911, telles les accusations de naturalisme, de lien avec la franc-maçonnerie, de pratique de la religion de l’honneur ou de panthéisme.
Il affirme que la loi scoute est « l’âme du scoutisme », que le système des patrouilles est son pivot et que la vie en plein air est une nécessité absolue. Le R.P. Sevin ne se contente pas d’écrire sur le scoutisme, il l’a mis en pratique dès 1917, alors qu’il était en Belgique, en organisant une troupe de scouts catholiques à Mouscron avec Léon Maes.
Ses écrits sont donc aussi le fruit de sa pratique personnelle.
Le R.P. Sevin, un formateur. Le Père Sevin insiste sur l’importance de la formation des cadres du scoutisme. Dès 1923, il installe au château de Chamarande (Essonne), un camp de formation pour les chefs scouts, à l’image de celui installé par Baden-Powell dès 1919 en Grande-Bretagne à Gilwell.
Le Père a compris que la formation des cheftaines et des chefs, sous forme de « camp-école » d’une semaine, était l’une des principales clés de la réussite. Cheftaines et chefs vivent en camp, sous la tente, pratiquent des activités de scoutisme et réfléchissent à leur rôle d’éducateur.
C’est dans ce « camp-école » de Chamarande, dirigé par le R.P. Sevin lui-même jusqu’à sa mise à l’écart en 1933, que des milliers de jeunes se formeront pour assurer le succès des Scouts de France.
Ce système qui continua après le départ du jésuite fonctionne encore aujourd’hui. Les Scouts et Guides de France utilisent ainsi le terme de « Cham » pour désigner l’une de leurs plus importantes formations de cadres. Ce modèle de formation sera d’ailleurs repris par de nombreuses associations scoutes catholiques dans le monde.
Le R.P. Sevin, un précurseur. Si le Père Sevin a été l’un précurseur par son action chez les Scouts de France, il l’a été aussi dans d’autres domaines.
Dès 1927, il est ainsi l’un des premiers en France à envisager la création de troupes scoutes pour les handicapés physiques. Celles-ci démarrent à Berck (Pas-de-Calais) dans les sanatoriums accueillant de jeunes paralysés. En 1928, il est l’un des pionniers du dialogue interreligieux en encourageant vivement l’action de Robert Gamzon (1905-1961) dans la création des Éclaireurs Israélites de France (EIF), le mouvement de scoutisme juif. De même dès 1948, le R.P. Sevin envisage, bien avant le concile de Vatican II, l’ordination de diacres permanents.
L’ensemble des qualités du R.P. Sevin a conduit le pape Benoit XVI à le proclamer Vénérable le 10 mai 2012, un premier pas dans le processus de béatification.
Le R.P. Sevin, un pont entre les mouvements de scoutisme catholique. Dans les années 1960-1970, le scoutisme catholique connaît plusieurs ruptures liées à l‘évolution générale de la société française et aux réformes pédagogiques engagées par les Scouts de France et les Guides de France, mouvement catholique de scoutisme féminin créé en 1923.
De ces ruptures, naîtront les Guides et Scouts d’Europe (AGSE) qui concernent aujourd’hui 30 000 jeunes en France et les Scouts Unitaires de France (SUF) qui en touchent 28 000. Les Scouts et Guides de France (SGdF), nés en 2004 de la fusion des Scouts de France et des Guides de France, touchent de nos jours 77 000 jeunes. Ils illustrent l’existence de sensibilités différentes au sein de l’Église catholique qui reconnaît aujourd’hui ces trois mouvements. On compte également d’autres associations scoutes catholiques plus petites, comme les Scouts de Riaumont (fondés en 1966) ou les Europa Scouts (créés en 1986).
Si les relations entre ces trois grands mouvements ont été conflictuelles et tendues dans le passé, celles-ci se sont sensiblement améliorées surtout depuis le centenaire du scoutisme célébré en 2007, aux cotés des associations scoutes laïque (Éclaireuses et Éclaireurs de France), protestante (Éclaireuses et Éclaireurs unionistes de France), musulmane (Scouts Musulmans de France) et juive (Éclaireuses et Éclaireurs Israélites de France.)
Aujourd’hui, le R.P. Sevin reste un pont incontournable entre ces trois grands mouvements du scoutisme catholique français qui se réfèrent toujours à lui et à Baden-Powell.
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M1234- Hiérophante contre le nouvel ordre mondial
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1916
CHARLES DE FOUCAULD, « UN SAINT POUR AUJOURD’HUI »
Converti au catholicisme de son enfance à l’âge de 28 ans, Frère Charles de Foucauld (1858-1916) développe au cours de sa vie un grand amour pour les plus pauvres et pour le Dieu de Jésus-Christ, « modèle unique ».
Aujourd’hui, son charisme inspire une large famille spirituelle qui rassemble 13 000 personnes.
Marie-Christine Lacroix Petite Sœur de l’Évangile du Père de Foucauld
Une curiosité précoce. Charles de Foucauld est né le 15 septembre 1858 à Strasbourg. Dès son plus jeune âge, il subit des deuils successifs :
perte de ses parents avant six ans, perte de sa grand-mère paternelle devant ses yeux d’enfant, perte de son grand-père maternel alors qu’il a 20 ans. Vicomte appartenant à une ancienne famille aristocratique française, il manifeste très tôt la volonté d’aller connaître les « autres » : les pauvres, les petits, les besogneux, les mal-aimés, ceux que la vie ne favorise pas.
Durant son temps de garnison, lorsqu’il est militaire de carrière, il s’adonne notamment à d’étranges escapades dans la campagne environnante, déguisé en mendiant et demandant l’aumône.
En 1883-84, Charles se lance dans un voyage d’exploration du Maroc, se faisant passer pour un rabbin.
Une aventure pleine de périls qui lui vaut la notoriété et lui fait vivre l’ivresse de la rencontre.
Une conversion prodigieuse. Frère Charles fait partie des « recommençants », selon l’expression employée de nos jours.
Éduqué dans un milieu catholique, il abandonne à 15 ans toute pratique religieuse et vit une jeunesse pleine de mondanités et de plaisirs. « Je suis allé loin de vous, loin de votre maison, dans le pays de l’incrédulité, de l’indifférence », dira-t-il.
Tenté un moment par l’Islam (problématique bien actuelle !), admirant la simplicité du dogme et la ferveur des croyants, c’est grâce à sa cousine Marie de Bondy qu’il revient à la foi chrétienne.
Dans l’intimité des églises, il répète cette étrange prière : « Mon Dieu si vous existez, faites que je vous connaisse. »
Et peu à peu, le Seigneur le saisit jusqu’à sa conversion en l’église Saint-Augustin à Paris fin octobre 1886.
Il vit alors avec intensité cette rencontre avec un Dieu riche en miséricorde qui l’accueille tel qu’il est dans le confessionnal du Père Henri Huvelin (1830-1910), son futur directeur spirituel.
Un changement radical se produit en lui, une prise de conscience que la compassion divine est plus forte que le péché. Dès lors, Dieu devient le socle de sa vie. « Ma vocation religieuse date de la même heure que ma foi. » Il n’y a plus de demi-mesure, il va jusqu’au bout de l’amour et du don.
Le jour même de sa mort, il écrira à son ami Louis Massignon : « Comme chrétiens, nous devons donner l’exemple du sacrifice », puis fera cette autre déclaration, véritable testament spirituel : « On n’aimera jamais assez. » « Dieu nous aime bien plus qu’une mère ne peut aimer son enfant », écrit-il, toujours le jour de sa mort, à sa cousine Marie. Se savoir aimé, c’est commencer une nouvelle vie. Il se remémore alors sa vie avant sa conversion : « Vous me faisiez sentir une tristesse profonde, un vide douloureux… pendant ce qu’on appelle les fêtes » ; et porte sur lui-même ce jugement impitoyable : « J’étais moins un homme qu’un porc. »
À 28 ans, Charles peut « revêtir la tunique d’innocence » du Fils Prodigue, et commencer une nouvelle vie.
Ses débuts en tant que moine.
En janvier 1890, à 32 ans, Charles devient moine trappiste en Ardèche, à Notre-Dame des Neiges ; puis dans un monastère plus pauvre en Syrie, à Akbès.
Rapidement, il demande à poursuivre sa quête spirituelle ailleurs, loin de la sécurité qu’offre une maison religieuse.
Il sort de la Trappe pour marcher sur les pas de Jésus en Terre Sainte et devient domestique dans un couvent de clarisses à Nazareth.
Il tente de discerner la volonté de Dieu jour après jour, dans une vie qui semble instable, car hors des sentiers habituels. Mais, malgré les apparences, Charles se laisse modeler par l’Esprit qui le conduit sur des chemins inédits. Un peu marginal dans ses choix, il a le souci d’obéir à l’Église, en respectant scrupuleusement les lois et les règlements en vigueur.
Un prêtre atypique.
Ordonné prêtre à Viviers (Ardèche) en 1901 (non pour le prestige social attaché à la fonction mais pour offrir « le banquet divin » aux plus pauvres), Frère Charles décide de s'installer dans le Sahara algérien à Béni-Abbès.
Il exerce un ministère plutôt classique d’aumônier militaire, dispensant sacrements et catéchèse avec un zèle exemplaire.
Quand il devient le seul chrétien en terre d’Islam, il se prive pendant des mois de la présence du Saint-Sacrement afin de respecter les normes ecclésiastiques en vigueur, qui n’acceptaient pas qu’un prêtre seul puisse dire la messe.
Atypique, ermite-missionnaire comme il lui arrive de se présenter, brûlant du désir d’annoncer la Bonne Nouvelle d’un Dieu d’amour, il est arrêté dans ses élans quand il réalise que la manière d’évangéliser doit être différente.
Lui aspire à vivre avant l’heure ce que préconisera le chapitre 1 de la constitution Gaudium et Spes du 7 décembre 1965 : « Les chrétiens doivent partager les joies et les peines, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent et qui sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. »
Pour Charles, il faudrait davantage respecter la liberté de conscience, construire d’abord une relation d’amitié avec les Touaregs, valoriser la religion naturelle et partager leur mode de vie.
Or nous « les ignorons à un degré effrayant », s’indigne Frère Charles parlant de la relation des Européens avec les indigènes. Ce dernier pense qu’il faudrait se lancer dans une pré-mission pour apprendre à connaître le milieu à évangéliser, idée nouvelle à une époque où la plupart des missionnaires n’ont guère ces préoccupations.
Il faut souligner ici l’immense travail linguistique de Frère Charles pour connaître la langue et la culture touarègue (il rédige des dictionnaires, une grammaire, un recueil de poèmes et de chansons, etc.).
Une vie au milieu des pauvres.
Sa vie fut aussi atypique dans sa conception de la vie religieuse.
Il refuse les grandes structures où les religieux sont coupés du monde et se protègent de lui.
Il rêve de mettre en place « de petits foyers d’amour », de petites structures insérées au milieu du peuple pauvre s’exposant au coude à coude avec lui. Il accepte par avance d’être vulnérable, avec une seule règle de conduite : donner à l’amour la première place pour se réserver la dernière.
Sur son réveil, il a fait marquer cette devise significative « Jésus Caritas.
Il est l’heure d’aimer Dieu ». Tout un programme ! Fasciné par le mystère de l’incarnation, il veut avant tout imiter le Dieu de Jésus-Christ, le « modèle unique ».
Un Dieu agenouillé devant sa créature indigne (Philippiens II, 6), un Dieu humble ouvrier pendant 30 ans à Nazareth.
Il veut « descendre » comme son maître et s’approcher en priorité de ceux « qui souffrent, des pauvres, des malades ».
C’est donner mais aussi savoir recevoir d’eux, car comme on le dit beaucoup de nos jours : « Les pauvres nous évangélisent. » « Le jour on ne cesse de frapper à ma porte, écrit-il, et la nuit qui serait le temps propice pour la prière, je m’endors misérablement » (confidence éplorée au Père Huvelin le 15 décembre 1902). Difficile équilibre à trouver entre deux exigences : une vie de relation à Dieu, son « Bien-Aimé Frère et Seigneur Jésus », et sa vie de relation aux frères.
Au cours de sa vie, Frère Charles a envoyé des milliers de lettres (plus de 4 400 répertoriées) à des parents et amis, dans le souci d’aider, de réconforter, de conseiller et d’accompagner. Il veut aimer chacun dans le cœur de Dieu. « Habituer tous les habitants chrétiens, musulmans, juifs et idolâtres à me regarder comme leur frère. » Sa vie religieuse n’est pas un écran mais un creuset pour aimer davantage. Il veut aimer comme Dieu aime.
Devenir « compagnon des pauvres comme Jésus » et « aller aux hommes en frère malgré leur indignité, leurs défauts, leurs vices et leurs crimes ». « Vouloir aimer, c’est aimer », écrit-il. « Plus nous aimons Dieu, plus nous aimons les hommes. ». Ces deux amours ne sont pas en concurrence mais se confortent mutuellement. Le Père Huvelin disait de son protégé qu’il avait fait « de la religion un amour ». Cela ne l’a pas empêché, pour défendre la population pauvre contre d’éventuels assaillants (le désert étant en proie aux bandes armées sur fond de Première Guerre mondiale), de conserver dans le fortin de Tamanrasset où il habite, vivres et munitions (ce qui suscitera finalement des convoitises, et provoquera indirectement sa mort).
Des instincts novateurs.
Bien avant Vatican II, Frère Charles a l’intuition qu’il faut donner aux laïcs la place qu’ils méritent dans la Sainte Église et notamment dans la mission d’évangélisation. Selon lui, ils peuvent aller là où n’entre pas le prêtre à la manière de Priscille et Aquila dans les Actes des Apôtres (chapitre XVIII), et témoigner de ce que doit être un véritable disciple de Jésus dans le monde.
Il est urgent, dit-il, « d’envoyer dans les colonies d’authentiques commerçants, des cultivateurs, des artisans et non des marchands d’alcool », « des bons chrétiens des deux sexes et les conversions viendront d’elles-mêmes ».
D’ailleurs, Jésus n’était-il pas un laïc ? Il met en place, peu avant sa mort, une sorte de confrérie pour évangéliser les colonies : le « Directoire ». Il se rend alors en 1913 en France pour solliciter des autorités ecclésiastiques un appui.
Mais il n’y rencontre qu’un accueil mitigé, tant est novatrice son association où les adhérents sont « sans distinction de sexe, d’état, célibataires ou mariés, prêtres ou laïcs ». Une association qui comptera 45 membres affiliés, lui Charles sera le numéro 9 du groupe.
Autre preuve de son esprit pionnier, Charles sait que l’évangélisation ne peut se dissocier d’un travail de pastorale sociale, de promotion humaine car chacun doit être respecté dans sa dignité.
Il dénonce à la manière du pape François, les oublis des priorités évangéliques : « Oublier les brebis galeuses pour s’occuper des brebis grasses et dociles »… un disciple du Christ ne peut le tolérer. Écœuré par les injustices, il dénonce aussi l’esclavage qui sévit encore en Afrique du Nord avec la complicité du pouvoir français en place.
Il remue ciel et terre auprès des autorités religieuses laxistes et prudentes pour arriver à l’éradication de cette « monstruosité », refusant d’être « un chien muet » par peur ou par lâcheté. Avant l’aggiornamento de Vatican II, il donne une grande importance à la Parole de Dieu qui doit nourrir la foi au risque de la voir s’étioler. Une Parole vivante qui travaille le croyant comme « la goutte d’eau qui tombe et retombe sur une dalle toujours à la même place ».
Un « phare » au XXe siècle.
Charles est tragiquement assassiné le 1er décembre 1916 aux portes de son ermitage à Tamanrasset, en Algérie. Bien que sa vie fut courte (à peine 58 ans), elle fut ô combien riche et mouvementée !
Une vie travaillée par l’Esprit souvent imprévisible, atypique par bien des aspects, mais une vie qui peut être qualifiée de résolument moderne dans son parcours spirituel.
Très vite, il est considéré comme un martyr aimé de tous. Le voilà Frère universel « post mortem » qui a donné naissance à une famille spirituelle répandue dans le monde entier. Une vingtaine de groupes s’efforcent aujourd’hui de refléter au mieux certains aspects de sa personnalité riche et complexe, mais aucun, à lui seul, n’épuise la totalité de son message.
Le Père Yves Congar (religieux dominicain, 1904-1995), artisan du concile Vatican II, l’a présenté, à l’instar de Thérèse de Lisieux, comme « un phare mystique pour le XXe siècle ».
Quant au grand théologien Ur Von Balthasar (1905-1988), il a qualifié Charles de Foucauld comme « le signal d’une contemplation gratuite, sans égards pour les résultats immédiats mais d’une fécondité en profondeur pour l’Église ».
Son procès en béatification commence dès 1927. Interrompu durant la guerre d'Algérie, il reprend ultérieurement et Charles de Foucauld est déclaré vénérable le 24 avril 2001 par Jean-Paul II.
Le 13 novembre 2005 à Rome, le pape Benoit XVI le déclare bienheureux, offrant à l’Église Universelle une nouvelle icône de sainteté dans un monde en mal de repères.
La foi de nos jours n’est pas comme un acquis scellé, mais une recherche à poursuivre inlassablement. « Mon Dieu, donnez-moi la foi ! Mon Dieu, je crois, mais augmentez ma foi » (méditations à Nazareth).
Cette recherche rend Frère Charles proche des catholiques, des non-croyants, et aussi des croyants des autres religions.
Il a témoigné d’une ouverture d’esprit œcuménique avant l’heure. Se trouve en lui un charisme à découvrir, une lumière, comme celle d’un « phare » qui souhaite nous aider à secouer nos torpeurs et vivre mieux d’espérance, de charité et de foi.
CHARLES DE FOUCAULD, « UN SAINT POUR AUJOURD’HUI »
Converti au catholicisme de son enfance à l’âge de 28 ans, Frère Charles de Foucauld (1858-1916) développe au cours de sa vie un grand amour pour les plus pauvres et pour le Dieu de Jésus-Christ, « modèle unique ».
Aujourd’hui, son charisme inspire une large famille spirituelle qui rassemble 13 000 personnes.
Marie-Christine Lacroix Petite Sœur de l’Évangile du Père de Foucauld
Une curiosité précoce. Charles de Foucauld est né le 15 septembre 1858 à Strasbourg. Dès son plus jeune âge, il subit des deuils successifs :
perte de ses parents avant six ans, perte de sa grand-mère paternelle devant ses yeux d’enfant, perte de son grand-père maternel alors qu’il a 20 ans. Vicomte appartenant à une ancienne famille aristocratique française, il manifeste très tôt la volonté d’aller connaître les « autres » : les pauvres, les petits, les besogneux, les mal-aimés, ceux que la vie ne favorise pas.
Durant son temps de garnison, lorsqu’il est militaire de carrière, il s’adonne notamment à d’étranges escapades dans la campagne environnante, déguisé en mendiant et demandant l’aumône.
En 1883-84, Charles se lance dans un voyage d’exploration du Maroc, se faisant passer pour un rabbin.
Une aventure pleine de périls qui lui vaut la notoriété et lui fait vivre l’ivresse de la rencontre.
Une conversion prodigieuse. Frère Charles fait partie des « recommençants », selon l’expression employée de nos jours.
Éduqué dans un milieu catholique, il abandonne à 15 ans toute pratique religieuse et vit une jeunesse pleine de mondanités et de plaisirs. « Je suis allé loin de vous, loin de votre maison, dans le pays de l’incrédulité, de l’indifférence », dira-t-il.
Tenté un moment par l’Islam (problématique bien actuelle !), admirant la simplicité du dogme et la ferveur des croyants, c’est grâce à sa cousine Marie de Bondy qu’il revient à la foi chrétienne.
Dans l’intimité des églises, il répète cette étrange prière : « Mon Dieu si vous existez, faites que je vous connaisse. »
Et peu à peu, le Seigneur le saisit jusqu’à sa conversion en l’église Saint-Augustin à Paris fin octobre 1886.
Il vit alors avec intensité cette rencontre avec un Dieu riche en miséricorde qui l’accueille tel qu’il est dans le confessionnal du Père Henri Huvelin (1830-1910), son futur directeur spirituel.
Un changement radical se produit en lui, une prise de conscience que la compassion divine est plus forte que le péché. Dès lors, Dieu devient le socle de sa vie. « Ma vocation religieuse date de la même heure que ma foi. » Il n’y a plus de demi-mesure, il va jusqu’au bout de l’amour et du don.
Le jour même de sa mort, il écrira à son ami Louis Massignon : « Comme chrétiens, nous devons donner l’exemple du sacrifice », puis fera cette autre déclaration, véritable testament spirituel : « On n’aimera jamais assez. » « Dieu nous aime bien plus qu’une mère ne peut aimer son enfant », écrit-il, toujours le jour de sa mort, à sa cousine Marie. Se savoir aimé, c’est commencer une nouvelle vie. Il se remémore alors sa vie avant sa conversion : « Vous me faisiez sentir une tristesse profonde, un vide douloureux… pendant ce qu’on appelle les fêtes » ; et porte sur lui-même ce jugement impitoyable : « J’étais moins un homme qu’un porc. »
À 28 ans, Charles peut « revêtir la tunique d’innocence » du Fils Prodigue, et commencer une nouvelle vie.
Ses débuts en tant que moine.
En janvier 1890, à 32 ans, Charles devient moine trappiste en Ardèche, à Notre-Dame des Neiges ; puis dans un monastère plus pauvre en Syrie, à Akbès.
Rapidement, il demande à poursuivre sa quête spirituelle ailleurs, loin de la sécurité qu’offre une maison religieuse.
Il sort de la Trappe pour marcher sur les pas de Jésus en Terre Sainte et devient domestique dans un couvent de clarisses à Nazareth.
Il tente de discerner la volonté de Dieu jour après jour, dans une vie qui semble instable, car hors des sentiers habituels. Mais, malgré les apparences, Charles se laisse modeler par l’Esprit qui le conduit sur des chemins inédits. Un peu marginal dans ses choix, il a le souci d’obéir à l’Église, en respectant scrupuleusement les lois et les règlements en vigueur.
Un prêtre atypique.
Ordonné prêtre à Viviers (Ardèche) en 1901 (non pour le prestige social attaché à la fonction mais pour offrir « le banquet divin » aux plus pauvres), Frère Charles décide de s'installer dans le Sahara algérien à Béni-Abbès.
Il exerce un ministère plutôt classique d’aumônier militaire, dispensant sacrements et catéchèse avec un zèle exemplaire.
Quand il devient le seul chrétien en terre d’Islam, il se prive pendant des mois de la présence du Saint-Sacrement afin de respecter les normes ecclésiastiques en vigueur, qui n’acceptaient pas qu’un prêtre seul puisse dire la messe.
Atypique, ermite-missionnaire comme il lui arrive de se présenter, brûlant du désir d’annoncer la Bonne Nouvelle d’un Dieu d’amour, il est arrêté dans ses élans quand il réalise que la manière d’évangéliser doit être différente.
Lui aspire à vivre avant l’heure ce que préconisera le chapitre 1 de la constitution Gaudium et Spes du 7 décembre 1965 : « Les chrétiens doivent partager les joies et les peines, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent et qui sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. »
Pour Charles, il faudrait davantage respecter la liberté de conscience, construire d’abord une relation d’amitié avec les Touaregs, valoriser la religion naturelle et partager leur mode de vie.
Or nous « les ignorons à un degré effrayant », s’indigne Frère Charles parlant de la relation des Européens avec les indigènes. Ce dernier pense qu’il faudrait se lancer dans une pré-mission pour apprendre à connaître le milieu à évangéliser, idée nouvelle à une époque où la plupart des missionnaires n’ont guère ces préoccupations.
Il faut souligner ici l’immense travail linguistique de Frère Charles pour connaître la langue et la culture touarègue (il rédige des dictionnaires, une grammaire, un recueil de poèmes et de chansons, etc.).
Une vie au milieu des pauvres.
Sa vie fut aussi atypique dans sa conception de la vie religieuse.
Il refuse les grandes structures où les religieux sont coupés du monde et se protègent de lui.
Il rêve de mettre en place « de petits foyers d’amour », de petites structures insérées au milieu du peuple pauvre s’exposant au coude à coude avec lui. Il accepte par avance d’être vulnérable, avec une seule règle de conduite : donner à l’amour la première place pour se réserver la dernière.
Sur son réveil, il a fait marquer cette devise significative « Jésus Caritas.
Il est l’heure d’aimer Dieu ». Tout un programme ! Fasciné par le mystère de l’incarnation, il veut avant tout imiter le Dieu de Jésus-Christ, le « modèle unique ».
Un Dieu agenouillé devant sa créature indigne (Philippiens II, 6), un Dieu humble ouvrier pendant 30 ans à Nazareth.
Il veut « descendre » comme son maître et s’approcher en priorité de ceux « qui souffrent, des pauvres, des malades ».
C’est donner mais aussi savoir recevoir d’eux, car comme on le dit beaucoup de nos jours : « Les pauvres nous évangélisent. » « Le jour on ne cesse de frapper à ma porte, écrit-il, et la nuit qui serait le temps propice pour la prière, je m’endors misérablement » (confidence éplorée au Père Huvelin le 15 décembre 1902). Difficile équilibre à trouver entre deux exigences : une vie de relation à Dieu, son « Bien-Aimé Frère et Seigneur Jésus », et sa vie de relation aux frères.
Au cours de sa vie, Frère Charles a envoyé des milliers de lettres (plus de 4 400 répertoriées) à des parents et amis, dans le souci d’aider, de réconforter, de conseiller et d’accompagner. Il veut aimer chacun dans le cœur de Dieu. « Habituer tous les habitants chrétiens, musulmans, juifs et idolâtres à me regarder comme leur frère. » Sa vie religieuse n’est pas un écran mais un creuset pour aimer davantage. Il veut aimer comme Dieu aime.
Devenir « compagnon des pauvres comme Jésus » et « aller aux hommes en frère malgré leur indignité, leurs défauts, leurs vices et leurs crimes ». « Vouloir aimer, c’est aimer », écrit-il. « Plus nous aimons Dieu, plus nous aimons les hommes. ». Ces deux amours ne sont pas en concurrence mais se confortent mutuellement. Le Père Huvelin disait de son protégé qu’il avait fait « de la religion un amour ». Cela ne l’a pas empêché, pour défendre la population pauvre contre d’éventuels assaillants (le désert étant en proie aux bandes armées sur fond de Première Guerre mondiale), de conserver dans le fortin de Tamanrasset où il habite, vivres et munitions (ce qui suscitera finalement des convoitises, et provoquera indirectement sa mort).
Des instincts novateurs.
Bien avant Vatican II, Frère Charles a l’intuition qu’il faut donner aux laïcs la place qu’ils méritent dans la Sainte Église et notamment dans la mission d’évangélisation. Selon lui, ils peuvent aller là où n’entre pas le prêtre à la manière de Priscille et Aquila dans les Actes des Apôtres (chapitre XVIII), et témoigner de ce que doit être un véritable disciple de Jésus dans le monde.
Il est urgent, dit-il, « d’envoyer dans les colonies d’authentiques commerçants, des cultivateurs, des artisans et non des marchands d’alcool », « des bons chrétiens des deux sexes et les conversions viendront d’elles-mêmes ».
D’ailleurs, Jésus n’était-il pas un laïc ? Il met en place, peu avant sa mort, une sorte de confrérie pour évangéliser les colonies : le « Directoire ». Il se rend alors en 1913 en France pour solliciter des autorités ecclésiastiques un appui.
Mais il n’y rencontre qu’un accueil mitigé, tant est novatrice son association où les adhérents sont « sans distinction de sexe, d’état, célibataires ou mariés, prêtres ou laïcs ». Une association qui comptera 45 membres affiliés, lui Charles sera le numéro 9 du groupe.
Autre preuve de son esprit pionnier, Charles sait que l’évangélisation ne peut se dissocier d’un travail de pastorale sociale, de promotion humaine car chacun doit être respecté dans sa dignité.
Il dénonce à la manière du pape François, les oublis des priorités évangéliques : « Oublier les brebis galeuses pour s’occuper des brebis grasses et dociles »… un disciple du Christ ne peut le tolérer. Écœuré par les injustices, il dénonce aussi l’esclavage qui sévit encore en Afrique du Nord avec la complicité du pouvoir français en place.
Il remue ciel et terre auprès des autorités religieuses laxistes et prudentes pour arriver à l’éradication de cette « monstruosité », refusant d’être « un chien muet » par peur ou par lâcheté. Avant l’aggiornamento de Vatican II, il donne une grande importance à la Parole de Dieu qui doit nourrir la foi au risque de la voir s’étioler. Une Parole vivante qui travaille le croyant comme « la goutte d’eau qui tombe et retombe sur une dalle toujours à la même place ».
Un « phare » au XXe siècle.
Charles est tragiquement assassiné le 1er décembre 1916 aux portes de son ermitage à Tamanrasset, en Algérie. Bien que sa vie fut courte (à peine 58 ans), elle fut ô combien riche et mouvementée !
Une vie travaillée par l’Esprit souvent imprévisible, atypique par bien des aspects, mais une vie qui peut être qualifiée de résolument moderne dans son parcours spirituel.
Très vite, il est considéré comme un martyr aimé de tous. Le voilà Frère universel « post mortem » qui a donné naissance à une famille spirituelle répandue dans le monde entier. Une vingtaine de groupes s’efforcent aujourd’hui de refléter au mieux certains aspects de sa personnalité riche et complexe, mais aucun, à lui seul, n’épuise la totalité de son message.
Le Père Yves Congar (religieux dominicain, 1904-1995), artisan du concile Vatican II, l’a présenté, à l’instar de Thérèse de Lisieux, comme « un phare mystique pour le XXe siècle ».
Quant au grand théologien Ur Von Balthasar (1905-1988), il a qualifié Charles de Foucauld comme « le signal d’une contemplation gratuite, sans égards pour les résultats immédiats mais d’une fécondité en profondeur pour l’Église ».
Son procès en béatification commence dès 1927. Interrompu durant la guerre d'Algérie, il reprend ultérieurement et Charles de Foucauld est déclaré vénérable le 24 avril 2001 par Jean-Paul II.
Le 13 novembre 2005 à Rome, le pape Benoit XVI le déclare bienheureux, offrant à l’Église Universelle une nouvelle icône de sainteté dans un monde en mal de repères.
La foi de nos jours n’est pas comme un acquis scellé, mais une recherche à poursuivre inlassablement. « Mon Dieu, donnez-moi la foi ! Mon Dieu, je crois, mais augmentez ma foi » (méditations à Nazareth).
Cette recherche rend Frère Charles proche des catholiques, des non-croyants, et aussi des croyants des autres religions.
Il a témoigné d’une ouverture d’esprit œcuménique avant l’heure. Se trouve en lui un charisme à découvrir, une lumière, comme celle d’un « phare » qui souhaite nous aider à secouer nos torpeurs et vivre mieux d’espérance, de charité et de foi.
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M1234- Hiérophante contre le nouvel ordre mondial
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1961
MARIA VALTORTA :
À LA REDÉCOUVERTE DE L’ÉVANGILE
Maria Valtorta (1897-1961) est une mystique catholique italienne.
À 37 ans, elle est clouée au lit et y demeure 27 ans, jusqu’à sa mort qui met un terme à ses visions constituant un panorama précis de la vie de Jésus qu’elle décrira en 15 000 pages.
François-Michel Debroise Animateur de www.maria-valtorta.org : site spécialisé dans l’œuvre de Maria Valtorta, et auteur de plusieurs articles et vidéos sur le sujet.
Depuis sa fondation, le Christ renouvelle constamment son Église : d’effusions successives de l’Esprit en conciles, de grands réformateurs en puissantes révélations privées…
De tous temps, l’Esprit-Saint nous remémore ce que Jésus nous a légué (cf. Jean XIV, 26) et nous invite à en saisir graduellement toute la portée pour aller plus en profondeur (Catéchisme de l’Église catholique ou CEC, § 66).
Il en est ainsi de l’Évangile.
À plusieurs époques, des mystiques eurent la vision des scènes de l’Évangile, la plupart vécurent la Passion de diverses manières.
Il en fut ainsi pour Marie d’Ágreda au XVIIe siècle ou d’Anne-Catherine Emmerich au XIXe.
Mais aucune n’eut des visions aussi complètes et aussi précises que Maria Valtorta (1897-1961). Dans d’autres cas, les hommes, croyant bien faire, voulurent « perfectionner la perfection » selon le mot de Jésus à Maria Valtorta.
Mais en modifiant ainsi ce que le Ciel avait si parfaitement confié aux voyantes, ces hommes ont gravement altéré les révélations primitives.
Les visions de Maria
Valtorta sont donc de pure source : c’est là leur valeur, une valeur à préserver.
Qui est Maria Valtorta ?
Née le 14 mars 1897 à Caserte (Campanie), près de Naples, en Italie du Sud, Maria Valtorta est une mystique laïque catholique.
Fille unique issue d’une famille cultivée mais modeste, elle suit des études secondaires classiques pour une fille de son époque, mais ne poursuit pas au-delà sur injonction de sa mère.
Il n’en est pas de même de sa spiritualité qui se développe à la lecture de Thérèse de Lisieux et lui fait entrevoir son chemin d’abandon confiant à l’Amour miséricordieux.
En 1920, le jour de son 23e anniversaire, un jeune anarchiste lui brise les reins d’un coup de barre de fer. Elle découvre alors la voie paradoxale de la souffrance aimante qui l’amène au don de sa vie comme hostie.
« Ô mon Bien-Aimé, confie-t-elle dans un acte d’offrande, par la croix que je te demande, par la vie que je t’offre, par l’amour auquel j’aspire, fais de moi une heureuse victime de ton Amour miséricordieux . »
Une intime de Jésus. Contrariétés et souffrances s’accumulent alors, pendant que les grâces abondent encore plus.
À 37 ans, elle est clouée au lit et y demeure 27 ans, jusqu’à sa mort, alors que tous les médecins la voient condamnée à court terme dès le début. En 1943, elle croit sa mort proche et l’accueille avec sérénité.
Son confesseur, frappé de sa grandeur d’âme, lui demande d’écrire sa biographie, ce qu’elle fait en deux mois.
C’est alors qu’elle reçoit sa première vision de la vie de Jésus en Palestine, il y a 2000 ans.
Ses visions durent jusqu’en 1947, constituant un panorama précis des 1 218 jours de la vie publique de Jésus dont elle décrit un jour sur trois.
C’est un descriptif minutieux et vivant complété par des scènes de l’Évangile de l’enfance, de la jeunesse de Marie et des premiers temps de l’Église.
Dans le même temps, son intimité avec le Christ la rend dépositaire de leçons pour notre temps.
Elle écrit 15 000 pages sur 122 cahiers d’une traite et sans rature, puis les visions qu’elle nous rapporte cessent brutalement, mais l’intimité avec Jésus demeure. Son œuvre complète, tous titres confondus, est diffusée à ce jour à plus de quatre millions de volumes dans le monde entier, dans 27 langues.
Inconnue de son vivant, Maria Valtorta meurt le 12 octobre 1961 à Viareggio, en Toscane, près de Lucques (Italie du Nord) quelques années après la publication, alors anonyme, de ses écrits, il y a 60 ans.
Elle est enterrée à Florence dans la basilique de la Santissima Annunziata, haut-lieu des Servites de Marie (elle était membre du tiers-ordre de la congrégation).
En avril 2001, ceux-ci demandent l’introduction de sa cause en béatification. Le 15 octobre 2011, la messe du 50e anniversaire de sa mort est présidée à Florence par un ancien nonce apostolique.
Une œuvre en butte aux contradictions.
Son œuvre principale finit par être publiée sous le titre de L’Évangile tel qu’il m’a été révélé.
Ce titre est repris de la façon familière dont elle désignait ses visions et non pas de l’affirmation anathème d’un nouvel Évangile. Ce livre fut en butte à de nombreuses controverses dont la plus étonnante fut sa mise à l’index.
Ce n’est pas en soi une surprise car, à la même époque, le Saint-Office condamnait les révélations de sainte Faustine et « persécutait » Padre Pio selon le mot d’une de ses biographes.
La surprise vient plutôt de ce que la mise à l’index frappa une publication encouragée par Pie XII lui-même après la lecture personnelle qu’il en avait faite.
Il avait conclu son audience par cet imprimatur, verbal il est vrai, mais attesté par les témoins : « Publiez l’œuvre telle quelle. Il n’y a pas lieu de donner une opinion quant à son origine, qu’elle soit extraordinaire ou non.
Ceux qui liront, comprendront. » Il va sans dire que la mise à l’index n’intervint qu’après la mort du Souverain Pontife et qu’elle ne fit pas l’unanimité.
La seconde contradiction vient de l’ignorance où l’œuvre fut longtemps cantonnée, officiellement considérée comme « une vie romancée de Jésus ».
Pourtant pas moins de trois recteurs d’universités pontificales attestèrent de la valeur dogmatique et exégétique de ces écrits.
Deux saints et deux bienheureux en recommandèrent la lecture.
Mère Teresa l’emmenait dans ses déplacements avec sa Bible et son bréviaire.
L’Église du Kerala, en Inde, salua unanimement la traduction de l’œuvre en sa langue et les évêques chinois appelèrent à poursuivre la traduction dans la leur langue
En effet, à l’usage, on s’aperçoit de la puissance de cette révélation privée sur ses lecteurs qui redécouvrent ainsi la beauté de l’Évangile éternel, retournent à Dieu, voire même se convertissent.
Peut-on redécouvrir l’Évangile à l’occasion d’une révélation privée ?
Oui, c’est même fait pour cela dit l’Église dans son Catéchisme :
« Le rôle des révélations privées, même reconnues, n’est pas "d’améliorer" ou de "compléter" la Révélation définitive du Christ, mais d’aider à en vivre plus pleinement à une certaine époque de l’histoire ».
Même si elles n’appartiennent pas au dépôt de la Foi, elles ne doivent en aucun cas être dépréciées (le cardinal Ratzinger au sujet de Fatima ni méprisées, dit saint Paul qui enjoint de les examiner pour les discerner et en garder le meilleur.
Que peut donc apporter de telles révélations privées, et notamment les visions de Maria Valtorta ?
1 - D’abord et principalement la confirmation de l’Évangile éternel tel qu’il nous est transmis par la tradition. Les écrits de Maria Valtorta balayent toutes les hypothèses hostiles qui, sous couvert de rectitude scientifique, veulent en faire une révélation manipulée, dégénérée, affabulée ou incomplète.
2 - Ils les balayent non par le recours à l’autorité du Magistère, que l’incroyance conteste, mais par l’arme même qui sert à l’attaquer : l’approche scientifique.
Désormais, avec l’accès collectif aux ressources en ligne, tout peut se vérifier et se vérifier par tous. Dans les dernières années, plusieurs études ont été publiées , mettant à jour des connaissances surprenantes des récits de Maria Valtorta dans des domaines aussi divers que l’archéologie, l’histoire, la géographie, la géologie, la botanique, la zoologie, la chronologie, les us et coutumes, etc. L’humble Maria Valtorta, grabataire, ne pouvait disposer, en aucun cas, de toutes ces connaissances rares vérifiées sur 12 000 données de l’œuvre.
3 - La mise en situation du lecteur qui devient un disciple parmi les disciples : il est pèlerin, à travers le temps et l’espace, à la suite de Jésus. La lecture, pourtant longue (5 000 pages en dix volumes) se fait captivante : l’œuvre se lit et se relit, sans épuisement.
4 - Un éclaircissement sur des points qui semblent contradictoires ou obscurs, mais qui ne le sont pas : dans Maria Valtorta, les récits de l’Évangile sont tous d’une simplicité évangélique. De multiples exemples peuvent illustrer ce propos On se reportera avec profit à l’épisode de la Cananéenne dans lequel Jésus fait montre, dans l’Évangile, d’une dureté qui n’a rien à voir avec le reste de son attitude.
5 - Une restauration de l’Évangile authentique écorné parfois par le temps et de multiples traductions qui actualisent le texte initial au point que plusieurs versions sont nécessaires pour restituer la lumière primitive des textes.
Il en est ainsi du « sabbat second premier » (Luc VI, 1) que mentionne la Vulgate, mais qui a disparu des bibles contemporaines, mises à part les bibles protestantes qui n’en explicitent pas le sens, si évident dans Maria Valtorta [21].
L’invitation à lire. Jésus révèle à un mystique, Don Michelini [22], que l’œuvre de Maria Valtorta est appelée à un grand avenir dans « l’Église renouvelée ».
L’exemple des saints qui s’en nourrirent, démontre qu’on ne peut prendre cette prophétie à la légère.
Il n’y a pas d’obligation à ouvrir la première page de cette œuvre, seulement une invitation, celle d’un Pape qui refermait la vie de Jésus de Maria Valtorta en concluant :
« Qui lira, comprendra. »
MARIA VALTORTA :
À LA REDÉCOUVERTE DE L’ÉVANGILE
Maria Valtorta (1897-1961) est une mystique catholique italienne.
À 37 ans, elle est clouée au lit et y demeure 27 ans, jusqu’à sa mort qui met un terme à ses visions constituant un panorama précis de la vie de Jésus qu’elle décrira en 15 000 pages.
François-Michel Debroise Animateur de www.maria-valtorta.org : site spécialisé dans l’œuvre de Maria Valtorta, et auteur de plusieurs articles et vidéos sur le sujet.
Depuis sa fondation, le Christ renouvelle constamment son Église : d’effusions successives de l’Esprit en conciles, de grands réformateurs en puissantes révélations privées…
De tous temps, l’Esprit-Saint nous remémore ce que Jésus nous a légué (cf. Jean XIV, 26) et nous invite à en saisir graduellement toute la portée pour aller plus en profondeur (Catéchisme de l’Église catholique ou CEC, § 66).
Il en est ainsi de l’Évangile.
À plusieurs époques, des mystiques eurent la vision des scènes de l’Évangile, la plupart vécurent la Passion de diverses manières.
Il en fut ainsi pour Marie d’Ágreda au XVIIe siècle ou d’Anne-Catherine Emmerich au XIXe.
Mais aucune n’eut des visions aussi complètes et aussi précises que Maria Valtorta (1897-1961). Dans d’autres cas, les hommes, croyant bien faire, voulurent « perfectionner la perfection » selon le mot de Jésus à Maria Valtorta.
Mais en modifiant ainsi ce que le Ciel avait si parfaitement confié aux voyantes, ces hommes ont gravement altéré les révélations primitives.
Les visions de Maria
Valtorta sont donc de pure source : c’est là leur valeur, une valeur à préserver.
Qui est Maria Valtorta ?
Née le 14 mars 1897 à Caserte (Campanie), près de Naples, en Italie du Sud, Maria Valtorta est une mystique laïque catholique.
Fille unique issue d’une famille cultivée mais modeste, elle suit des études secondaires classiques pour une fille de son époque, mais ne poursuit pas au-delà sur injonction de sa mère.
Il n’en est pas de même de sa spiritualité qui se développe à la lecture de Thérèse de Lisieux et lui fait entrevoir son chemin d’abandon confiant à l’Amour miséricordieux.
En 1920, le jour de son 23e anniversaire, un jeune anarchiste lui brise les reins d’un coup de barre de fer. Elle découvre alors la voie paradoxale de la souffrance aimante qui l’amène au don de sa vie comme hostie.
« Ô mon Bien-Aimé, confie-t-elle dans un acte d’offrande, par la croix que je te demande, par la vie que je t’offre, par l’amour auquel j’aspire, fais de moi une heureuse victime de ton Amour miséricordieux . »
Une intime de Jésus. Contrariétés et souffrances s’accumulent alors, pendant que les grâces abondent encore plus.
À 37 ans, elle est clouée au lit et y demeure 27 ans, jusqu’à sa mort, alors que tous les médecins la voient condamnée à court terme dès le début. En 1943, elle croit sa mort proche et l’accueille avec sérénité.
Son confesseur, frappé de sa grandeur d’âme, lui demande d’écrire sa biographie, ce qu’elle fait en deux mois.
C’est alors qu’elle reçoit sa première vision de la vie de Jésus en Palestine, il y a 2000 ans.
Ses visions durent jusqu’en 1947, constituant un panorama précis des 1 218 jours de la vie publique de Jésus dont elle décrit un jour sur trois.
C’est un descriptif minutieux et vivant complété par des scènes de l’Évangile de l’enfance, de la jeunesse de Marie et des premiers temps de l’Église.
Dans le même temps, son intimité avec le Christ la rend dépositaire de leçons pour notre temps.
Elle écrit 15 000 pages sur 122 cahiers d’une traite et sans rature, puis les visions qu’elle nous rapporte cessent brutalement, mais l’intimité avec Jésus demeure. Son œuvre complète, tous titres confondus, est diffusée à ce jour à plus de quatre millions de volumes dans le monde entier, dans 27 langues.
Inconnue de son vivant, Maria Valtorta meurt le 12 octobre 1961 à Viareggio, en Toscane, près de Lucques (Italie du Nord) quelques années après la publication, alors anonyme, de ses écrits, il y a 60 ans.
Elle est enterrée à Florence dans la basilique de la Santissima Annunziata, haut-lieu des Servites de Marie (elle était membre du tiers-ordre de la congrégation).
En avril 2001, ceux-ci demandent l’introduction de sa cause en béatification. Le 15 octobre 2011, la messe du 50e anniversaire de sa mort est présidée à Florence par un ancien nonce apostolique.
Une œuvre en butte aux contradictions.
Son œuvre principale finit par être publiée sous le titre de L’Évangile tel qu’il m’a été révélé.
Ce titre est repris de la façon familière dont elle désignait ses visions et non pas de l’affirmation anathème d’un nouvel Évangile. Ce livre fut en butte à de nombreuses controverses dont la plus étonnante fut sa mise à l’index.
Ce n’est pas en soi une surprise car, à la même époque, le Saint-Office condamnait les révélations de sainte Faustine et « persécutait » Padre Pio selon le mot d’une de ses biographes.
La surprise vient plutôt de ce que la mise à l’index frappa une publication encouragée par Pie XII lui-même après la lecture personnelle qu’il en avait faite.
Il avait conclu son audience par cet imprimatur, verbal il est vrai, mais attesté par les témoins : « Publiez l’œuvre telle quelle. Il n’y a pas lieu de donner une opinion quant à son origine, qu’elle soit extraordinaire ou non.
Ceux qui liront, comprendront. » Il va sans dire que la mise à l’index n’intervint qu’après la mort du Souverain Pontife et qu’elle ne fit pas l’unanimité.
La seconde contradiction vient de l’ignorance où l’œuvre fut longtemps cantonnée, officiellement considérée comme « une vie romancée de Jésus ».
Pourtant pas moins de trois recteurs d’universités pontificales attestèrent de la valeur dogmatique et exégétique de ces écrits.
Deux saints et deux bienheureux en recommandèrent la lecture.
Mère Teresa l’emmenait dans ses déplacements avec sa Bible et son bréviaire.
L’Église du Kerala, en Inde, salua unanimement la traduction de l’œuvre en sa langue et les évêques chinois appelèrent à poursuivre la traduction dans la leur langue
En effet, à l’usage, on s’aperçoit de la puissance de cette révélation privée sur ses lecteurs qui redécouvrent ainsi la beauté de l’Évangile éternel, retournent à Dieu, voire même se convertissent.
Peut-on redécouvrir l’Évangile à l’occasion d’une révélation privée ?
Oui, c’est même fait pour cela dit l’Église dans son Catéchisme :
« Le rôle des révélations privées, même reconnues, n’est pas "d’améliorer" ou de "compléter" la Révélation définitive du Christ, mais d’aider à en vivre plus pleinement à une certaine époque de l’histoire ».
Même si elles n’appartiennent pas au dépôt de la Foi, elles ne doivent en aucun cas être dépréciées (le cardinal Ratzinger au sujet de Fatima ni méprisées, dit saint Paul qui enjoint de les examiner pour les discerner et en garder le meilleur.
Que peut donc apporter de telles révélations privées, et notamment les visions de Maria Valtorta ?
1 - D’abord et principalement la confirmation de l’Évangile éternel tel qu’il nous est transmis par la tradition. Les écrits de Maria Valtorta balayent toutes les hypothèses hostiles qui, sous couvert de rectitude scientifique, veulent en faire une révélation manipulée, dégénérée, affabulée ou incomplète.
2 - Ils les balayent non par le recours à l’autorité du Magistère, que l’incroyance conteste, mais par l’arme même qui sert à l’attaquer : l’approche scientifique.
Désormais, avec l’accès collectif aux ressources en ligne, tout peut se vérifier et se vérifier par tous. Dans les dernières années, plusieurs études ont été publiées , mettant à jour des connaissances surprenantes des récits de Maria Valtorta dans des domaines aussi divers que l’archéologie, l’histoire, la géographie, la géologie, la botanique, la zoologie, la chronologie, les us et coutumes, etc. L’humble Maria Valtorta, grabataire, ne pouvait disposer, en aucun cas, de toutes ces connaissances rares vérifiées sur 12 000 données de l’œuvre.
3 - La mise en situation du lecteur qui devient un disciple parmi les disciples : il est pèlerin, à travers le temps et l’espace, à la suite de Jésus. La lecture, pourtant longue (5 000 pages en dix volumes) se fait captivante : l’œuvre se lit et se relit, sans épuisement.
4 - Un éclaircissement sur des points qui semblent contradictoires ou obscurs, mais qui ne le sont pas : dans Maria Valtorta, les récits de l’Évangile sont tous d’une simplicité évangélique. De multiples exemples peuvent illustrer ce propos On se reportera avec profit à l’épisode de la Cananéenne dans lequel Jésus fait montre, dans l’Évangile, d’une dureté qui n’a rien à voir avec le reste de son attitude.
5 - Une restauration de l’Évangile authentique écorné parfois par le temps et de multiples traductions qui actualisent le texte initial au point que plusieurs versions sont nécessaires pour restituer la lumière primitive des textes.
Il en est ainsi du « sabbat second premier » (Luc VI, 1) que mentionne la Vulgate, mais qui a disparu des bibles contemporaines, mises à part les bibles protestantes qui n’en explicitent pas le sens, si évident dans Maria Valtorta [21].
L’invitation à lire. Jésus révèle à un mystique, Don Michelini [22], que l’œuvre de Maria Valtorta est appelée à un grand avenir dans « l’Église renouvelée ».
L’exemple des saints qui s’en nourrirent, démontre qu’on ne peut prendre cette prophétie à la légère.
Il n’y a pas d’obligation à ouvrir la première page de cette œuvre, seulement une invitation, celle d’un Pape qui refermait la vie de Jésus de Maria Valtorta en concluant :
« Qui lira, comprendra. »
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202
IRÉNÉE DE LYON, UN THÉOLOGIEN PASTORAL
Saint Irénée (entre 120 et 140- vers 202), deuxième évêque de Lyon, est l’un des Pères de l’Église.
Héritier de saint Polycarpe, lui-même disciple de l’apôtre Jean, il passa sa vie à défendre la Tradition de l’Église contre les hérésies, en se fondant notamment sur la succession apostolique.
Bernard Berthod
Historien et écrivain lyonnais
Repères biographiques.
La vie d’Irénée est principalement connue par les témoignages rapportés par Eusèbe de Césarée dans son Histoire ecclésiastique, histoire reprise et embellie par saint Grégoire de Tours trois siècles plus tard, ainsi que par ce qu’il dit de lui-même dans ses œuvres.
Irénée nait en Asie Mineure (Turquie actuelle), sans doute à Smyrne entre 120 et 140, dans une communauté chrétienne déjà affermie et conduite par l’évêque Polycarpe de Smyrne (martyrisé en 155) qu’il côtoie et dont il devient le disciple.
Un fragment d’une lettre cité par Eusèbe atteste la présence d’Irénée à Rome en 177 ; il est alors prêtre, missionné par l’Église de Lyon auprès du pontife Eleuthère. La communauté lyonnaise le charge de porter son avis sur le Montanisme en conseillant la conciliation.
Ce séjour à Rome a sans doute permis à Irénée d’échapper à la persécution qui se déroule à Lyon la même année.
À son retour, il est désigné pour succéder à Pothin, mort en prison.
Son activité pastorale demeure inconnue mais sa voix est écoutée dans l’Église.
Lorsque le pape Victor menace d’excommunier ceux qui célèbrent la Pâque selon le comput juif et non le dimanche suivant, Irénée intervient et tout en indiquant que la Pâque doit être célébrée un dimanche, il encourage l’évêque de Rome à ne pas procéder par voie disciplinaire.
Il se révèle ainsi être un artisan de paix et d’unité en honneur à son nom dérivé de « Eirènè » : « la paix ».
On parle d’ailleurs d’irénisme pour désigner un comportement qui recherche à tout prix la concorde entre plusieurs partis très différents (le mot a cependant pris un sens péjoratif).
Sa mort, vers l’an 202, demeure mystérieuse.
La tradition et la liturgie lyonnaise lui décernent la palme du martyre mais ce n’est pas sûr. Ni Eusèbe, ni Tertullien n’en parlent ; le premier à le désigner comme martyr est saint Jérôme, dans son Commentaire sur Isaïe, vers 397. Grégoire de Tours reprend cette tradition.
Un théologien pastoral.
Si son activité pastorale demeure méconnue, l’aspect littéraire de son activité a en revanche traversé les siècles.
Irénée a écrit des traités théologiques parce qu’il était avant tout pasteur.
On lui doit plusieurs écrits sur la Science, la prédication apostolique, mais son œuvre majeure est un traité réfutant la gnose et de nombreuses hérésies :
l’Adversus hæreses (Contre les hérésies) dont le titre complet est Dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur.
Ce long texte divisé en cinq livres représente la première synthèse théologique de grande ampleur où se trouve récapitulée la foi de l’Église et présente de nombreuses intuitions reprises dans les siècles suivants.
L’ouvrage est destiné à lutter contre l’hérésie gnostique de ceux qui pensent obtenir le salut par l’acquisition d’un savoir tenu secret au plus grand nombre et non pas par le sacrifice du Christ.
Il montre que le Christ par sa mort et sa résurrection « récapitule » toute l’œuvre créatrice de Dieu.
Cette vision de l’économie du Salut montre que :
« Celui qui apporte la nouveauté, c’est Celui qui a été annoncé. La nouveauté de l’Évangile n’est pas soudaine, elle a été désirée et entrevue et elle est réalisée en nous par une sorte d’anticipation pour nous accoutumer à ce qui sera notre bonheur » (Maurice Jourjon).
La mise en valeur de la tradition apostolique. Tout vient des Apôtres et tout converge vers eux : « La Tradition des Apôtres, qui a été manifestée dans le monde entier, c’est en toute Église qu’elle peut être perçue par tous ceux qui veulent voir la vérité.
» Afin d’asseoir avec autorité sa défense de la Tradition, Irénée recourt à la généalogie de « l’Église très grande, très ancienne et connue de tous », fondée par les Apôtres Pierre et Paul dans la capitale de l’empire romain.
La succession des évêques se lit la vérité de l’Évangile conservée avec une fidélité absolue par ceux qui en sont les dépositaires.
Il assoit ainsi la catholicité de son Église sur l’Eucharistie, la Tradition, le siège apostolique de Rome et son importance dans la chrétienté primitive.
Un des premiers théologiens marials. Irénée est l’un des premiers à évoquer la Vierge et son rôle, faisant un parallèle entre Ève et Marie : « De même que celle-là avait été séduite de manière à désobéir à Dieu, de même celle-ci se laissa persuader d’obéir à Dieu, afin que, de la vierge Ève, la Vierge Marie devînt l’avocate ; et, de même que le genre humain avait été assujetti à la mort par une vierge, il en fut libéré par une Vierge, la désobéissance d’une vierge ayant été contrebalancée par l’obéissance d’une Vierge. »
Culte.
La tradition lyonnaise veut que le corps du pontife ait été conservé dans une basilique funéraire dédiée à saint Jean, qui a plusieurs fois changé de nom avant de prendre celui de Saint-Irénée.
Lors de la prise de Lyon par les Huguenots du baron des Adrets en 1560, le cimetière est profané et les restes mortels du saint sont jetés dans la Saône.
Après la reconstruction de l’église, les fidèles continuent à y vénérer le saint et son tombeau, désormais vide. Vers 1850, le cardinal de Bonald, archevêque de Lyon, obtient de Rome quelques reliques d’Irénée et les fait déposer dans un reliquaire dessiné par Pierre Bossan, futur architecte de Notre-Dame de Fourvière et réalisé par l’orfèvre lyonnais André Favier. Ce reliquaire, toujours en place, permet aux Lyonnais de perpétuer la dévotion à leur deuxième évêque.
Saint Irénée est fêté dans l'Église romaine le 28 juin jusqu’en 1960, puis le 3 juillet, et le 23 août dans l'Église byzantine.
Après Augustin, il est le Père le plus cité par le Concile Vatican II.
L’héritage d’Irénée à travers Polycarpe de Smyrne qui a connu l’apôtre Jean a entrainé l’Église de Lyon à se dire d’origine apostolique.
IRÉNÉE DE LYON, UN THÉOLOGIEN PASTORAL
Saint Irénée (entre 120 et 140- vers 202), deuxième évêque de Lyon, est l’un des Pères de l’Église.
Héritier de saint Polycarpe, lui-même disciple de l’apôtre Jean, il passa sa vie à défendre la Tradition de l’Église contre les hérésies, en se fondant notamment sur la succession apostolique.
Bernard Berthod
Historien et écrivain lyonnais
Repères biographiques.
La vie d’Irénée est principalement connue par les témoignages rapportés par Eusèbe de Césarée dans son Histoire ecclésiastique, histoire reprise et embellie par saint Grégoire de Tours trois siècles plus tard, ainsi que par ce qu’il dit de lui-même dans ses œuvres.
Irénée nait en Asie Mineure (Turquie actuelle), sans doute à Smyrne entre 120 et 140, dans une communauté chrétienne déjà affermie et conduite par l’évêque Polycarpe de Smyrne (martyrisé en 155) qu’il côtoie et dont il devient le disciple.
Un fragment d’une lettre cité par Eusèbe atteste la présence d’Irénée à Rome en 177 ; il est alors prêtre, missionné par l’Église de Lyon auprès du pontife Eleuthère. La communauté lyonnaise le charge de porter son avis sur le Montanisme en conseillant la conciliation.
Ce séjour à Rome a sans doute permis à Irénée d’échapper à la persécution qui se déroule à Lyon la même année.
À son retour, il est désigné pour succéder à Pothin, mort en prison.
Son activité pastorale demeure inconnue mais sa voix est écoutée dans l’Église.
Lorsque le pape Victor menace d’excommunier ceux qui célèbrent la Pâque selon le comput juif et non le dimanche suivant, Irénée intervient et tout en indiquant que la Pâque doit être célébrée un dimanche, il encourage l’évêque de Rome à ne pas procéder par voie disciplinaire.
Il se révèle ainsi être un artisan de paix et d’unité en honneur à son nom dérivé de « Eirènè » : « la paix ».
On parle d’ailleurs d’irénisme pour désigner un comportement qui recherche à tout prix la concorde entre plusieurs partis très différents (le mot a cependant pris un sens péjoratif).
Sa mort, vers l’an 202, demeure mystérieuse.
La tradition et la liturgie lyonnaise lui décernent la palme du martyre mais ce n’est pas sûr. Ni Eusèbe, ni Tertullien n’en parlent ; le premier à le désigner comme martyr est saint Jérôme, dans son Commentaire sur Isaïe, vers 397. Grégoire de Tours reprend cette tradition.
Un théologien pastoral.
Si son activité pastorale demeure méconnue, l’aspect littéraire de son activité a en revanche traversé les siècles.
Irénée a écrit des traités théologiques parce qu’il était avant tout pasteur.
On lui doit plusieurs écrits sur la Science, la prédication apostolique, mais son œuvre majeure est un traité réfutant la gnose et de nombreuses hérésies :
l’Adversus hæreses (Contre les hérésies) dont le titre complet est Dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur.
Ce long texte divisé en cinq livres représente la première synthèse théologique de grande ampleur où se trouve récapitulée la foi de l’Église et présente de nombreuses intuitions reprises dans les siècles suivants.
L’ouvrage est destiné à lutter contre l’hérésie gnostique de ceux qui pensent obtenir le salut par l’acquisition d’un savoir tenu secret au plus grand nombre et non pas par le sacrifice du Christ.
Il montre que le Christ par sa mort et sa résurrection « récapitule » toute l’œuvre créatrice de Dieu.
Cette vision de l’économie du Salut montre que :
« Celui qui apporte la nouveauté, c’est Celui qui a été annoncé. La nouveauté de l’Évangile n’est pas soudaine, elle a été désirée et entrevue et elle est réalisée en nous par une sorte d’anticipation pour nous accoutumer à ce qui sera notre bonheur » (Maurice Jourjon).
La mise en valeur de la tradition apostolique. Tout vient des Apôtres et tout converge vers eux : « La Tradition des Apôtres, qui a été manifestée dans le monde entier, c’est en toute Église qu’elle peut être perçue par tous ceux qui veulent voir la vérité.
» Afin d’asseoir avec autorité sa défense de la Tradition, Irénée recourt à la généalogie de « l’Église très grande, très ancienne et connue de tous », fondée par les Apôtres Pierre et Paul dans la capitale de l’empire romain.
La succession des évêques se lit la vérité de l’Évangile conservée avec une fidélité absolue par ceux qui en sont les dépositaires.
Il assoit ainsi la catholicité de son Église sur l’Eucharistie, la Tradition, le siège apostolique de Rome et son importance dans la chrétienté primitive.
Un des premiers théologiens marials. Irénée est l’un des premiers à évoquer la Vierge et son rôle, faisant un parallèle entre Ève et Marie : « De même que celle-là avait été séduite de manière à désobéir à Dieu, de même celle-ci se laissa persuader d’obéir à Dieu, afin que, de la vierge Ève, la Vierge Marie devînt l’avocate ; et, de même que le genre humain avait été assujetti à la mort par une vierge, il en fut libéré par une Vierge, la désobéissance d’une vierge ayant été contrebalancée par l’obéissance d’une Vierge. »
Culte.
La tradition lyonnaise veut que le corps du pontife ait été conservé dans une basilique funéraire dédiée à saint Jean, qui a plusieurs fois changé de nom avant de prendre celui de Saint-Irénée.
Lors de la prise de Lyon par les Huguenots du baron des Adrets en 1560, le cimetière est profané et les restes mortels du saint sont jetés dans la Saône.
Après la reconstruction de l’église, les fidèles continuent à y vénérer le saint et son tombeau, désormais vide. Vers 1850, le cardinal de Bonald, archevêque de Lyon, obtient de Rome quelques reliques d’Irénée et les fait déposer dans un reliquaire dessiné par Pierre Bossan, futur architecte de Notre-Dame de Fourvière et réalisé par l’orfèvre lyonnais André Favier. Ce reliquaire, toujours en place, permet aux Lyonnais de perpétuer la dévotion à leur deuxième évêque.
Saint Irénée est fêté dans l'Église romaine le 28 juin jusqu’en 1960, puis le 3 juillet, et le 23 août dans l'Église byzantine.
Après Augustin, il est le Père le plus cité par le Concile Vatican II.
L’héritage d’Irénée à travers Polycarpe de Smyrne qui a connu l’apôtre Jean a entrainé l’Église de Lyon à se dire d’origine apostolique.
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M1234- Hiérophante contre le nouvel ordre mondial
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
il devrait y avoir un lexique de toutes ces frisques en 1è ou dernière page
Elles sont passionnantes !
merci @Marie du 65
Elles sont passionnantes !
merci @Marie du 65
azais- MEDIATEUR
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1932
À BEAURAING, LA VIERGE AU CŒUR D’OR CONVERTIT LES PÉCHEURS
Du 29 novembre 1932 au 3 janvier 1933, la Vierge Marie s’est montrée à cinq enfants de Beauraing (province de Namur), dans le sud de la Belgique, à quelques kilomètres de la frontière française.
À la fin de ses apparitions, elle leur a montré son cœur comme un cœur d’or nimbé de lumière.
Père Christophe Rouard Vice-recteur des sanctuaires de Beauraing
Vice-recteur des sanctuaires de Beauraing
La première apparition.
Le 29 novembre 1932, vers 18h, M. Voisin, employé de gare, demande à ses enfants Fernande (15 ans) et Albert (11 ans) d’aller rechercher leur sœur Gilberte (13 ans) au pensionnat tenu par les Sœurs de la Doctrine Chrétienne de Nancy, à Beauraing, en Belgique wallonne.
Chemin faisant, les enfants invitent leurs amies Andrée Degeimbre (14 ans) et sa petite sœur Gilberte (9 ans) à les accompagner. Lorsqu’Albert sonne à la porte d’entrée du pensionnat, il se retourne et aperçoit soudain la Sainte Vierge qui se promène en l’air, au-dessus du pont de chemin de fer qui surplombe la route de Rochefort.
Sa sœur et ses amies, incrédules, se retournant, voient elles aussi, « la belle dame ».
Quand Sœur Valéria vient ouvrir la porte, les enfants lui signalent la présence de la Vierge. Ne croyant pas à ces « bêtises », la religieuse part chercher Gilberte à l’étude.
Lorsque cette dernière, ignorant ce qui vient de se passer, arrive sur le seuil de la porte, elle voit, elle aussi, la Sainte Vierge dans les airs au-dessus du pont.
Effrayés, les cinq enfants retournent chez eux en courant, se promettant néanmoins de revenir le lendemain à la même heure.
La Vierge au cœur d’or.
Le 30 novembre, la Sainte Vierge apparaît de nouveau aux enfants au-dessus du pont.
Ils la voient encore au même endroit le 1er décembre, puis près du houx situé à quelques mètres de la porte d’entrée du pensionnat, enfin elle disparaît de nouveau et se montre sous une branche de l’aubépine près de la grille d’entrée du jardin.
C’est là que Marie se manifestera encore à eux une trentaine de fois, jusqu’au 3 janvier 1933.
La « belle dame » est vêtue d’une longue robe blanche, avec de légers reflets bleus. Sa tête est recouverte d’un long voile blanc qui tombe sur ses épaules.
Autour, sortent de fins rayons de lumière qui forment comme une couronne.
Marie tient habituellement ses mains jointes et sourit. À partir du 29 décembre, les enfants aperçoivent, entre ses bras ouverts, son cœur tout illuminé, tel un cœur d’or nimbé de lumière.
C’est de cette vision que viendra l’appellation de Notre Dame de Beauraing : « la Vierge au cœur d’or ».
Un message.
Le 2 décembre, à la question des enfants :
« Que nous voulez-vous ? », Marie parle pour la première fois et leur demande d’être bien sages.
« Oui, nous le serons toujours », crient les enfants.
Puis le soir, lors d’une nouvelle apparition, elle s’exprime de nouveau :
- « Est-ce vrai que vous serez toujours bien sages ? »
- « Oui », répondent-ils encore.
Le 8 décembre, les enfants tombent en extase durant un quart d’heure.
Le docteur Lurquin passe une flamme sous la main de Gilberte Voisin, picote à l’aide d’un canif la main des deux Gilberte, projette une lumière vive dans les yeux de Gilberte Voisin.
Le docteur Goethals la pince vigoureusement à plusieurs reprises, met sa main devant ses yeux et tente de l’éblouir au moyen d’une lampe de poche.
Les enfants n’ont aucune réaction. Ils ne ressentent rien et n’en gardent aucun souvenir. « Elle était plus belle que jamais ! », diront-ils.
Une foule de curieux de plus en plus nombreuse entoure chaque jour les enfants. Le 17 décembre, Marie dit vouloir la construction d’une chapelle. Le 21, à la demande :
« Dites-nous qui vous êtes », Marie se nomme : « Je suis la Vierge Immaculée. » Deux jours plus tard, les enfants demandent :
- « Pourquoi venez-vous ici ? »
- « Pour qu’on vienne ici en pèlerinage ! »
À partir du 30 décembre, Marie révèle l’essentiel de son message : « Priez, priez beaucoup », dit-elle aux enfants. Le 1er janvier 1933, elle insiste : « Priez toujours. »
Le 3, Marie confie un secret aux trois plus jeunes.
Ces secrets ne seront jamais révélés.
Elle fait à Gilberte Voisin la promesse suivante :
« Je convertirai les pécheurs ». Quand elle parle à Andrée, elle se nomme à nouveau : « Je suis la Mère de Dieu, la Reine des Cieux. »
Puis elle dit adieu aux quatre plus jeunes. Fernande, la plus âgée du groupe, n’a encore rien vu.
Elle reste à genoux devant l’aubépine lorsqu’une boule de feu apparaît. Une foule très nombreuse peut voir cette boule de feu brûler sans consumer l’arbuste.
La Vierge apparaît alors à Fernande seule, comme sortant de la boule de feu qui, elle, disparaît.
Elle lui demande :
- « Aimez-vous mon Fils ? »
- « Oui », répond Fernande.
- « M’aimez-vous ? »
- « Oui. »
- « Alors, sacrifiez-vous pour moi. Adieu. »
Il faut noter que, quelques semaines plus tard, d’autres apparitions mariales ont lieu à quelques dizaines de kilomètres plus au Nord-Est, à Banneux (province de Liège), toujours en Belgique francophone, entre janvier et mars 1933, à la jeune Mariette Beco (1921-2011).
Elles seront reconnues le 22 août 1949, peu après celles de Beauraing, par l’évêque de Liège.
Les enfants ont beaucoup souffert des interrogatoires qu’ils devaient subir chaque soir
Reconnaissance des apparitions par l’Église.
À l’époque, on n’a pas cru les enfants tout de suite, loin de là !
La véracité de leurs dires a été mise à l’épreuve.
Durant les apparitions, les cinq enfants ont beaucoup souffert des interrogatoires serrés qu’ils devaient subir chaque soir, séparément, menés par des dizaines de notables.
Ils ont aussi dû faire face à l’incrédulité de nombre de personnes, parfois même à celle de leurs propres parents.
Gilberte Degeimbre, à la fin de sa vie, en parlait encore avec douleur. Par la suite, pour diverses raisons, il a fallu attendre plus de 15 ans pour qu’enfin les apparitions soient reconnues authentiques par l’Église.
Mgr Heylen, alors évêque de Namur, diocèse où se situe Beauraing, met rapidement en place une commission d’enquête diocésaine.
Il est personnellement favorable aux apparitions de Beauraing.
Le 26 mai 1933, il donne le sacrement de confirmation à Albert Voisin. Dans son rapport de 1937, la commission namuroise, sans se prononcer définitivement, penche en faveur de l’hypothèse du surnaturel divin.
Mais en 1935, le Saint-Office a soustrait à Mgr Heylen la capacité de porter un jugement sur les faits de Beauraing et a confié l’instruction du dossier au cardinal de Malines, Mgr Van Roey.
Le 23 novembre 1937, la commission malinoise déclare que le caractère surnaturel des faits n’est pas établi.
Il faut attendre 1942 pour que les choses bougent à nouveau.
Mgr Charue succède à Mgr Heylen à Namur. Il rouvre le dossier et met en place une nouvelle commission d’enquête namuroise, qui peut répondre aux objections contenues dans le dossier malinois.
Reste à reconquérir la capacité de juger les faits. Il l’obtient du Saint-Office dès fin 1942.
Il autorise alors le culte de Notre-Dame de Beauraing le 2 février 1943.
Cependant, une réflexion du cardinal Sbaretti, selon laquelle le caractère surnaturel des faits n’est pas pleinement établi, le hante. Il cherche des confirmations complémentaires.
C’est ici que deux guérisons miraculeuses jouent un rôle majeur.
Deux miracles reconnus.
En 1933, Maria Van Laer de Turnhout est âgée de 33 ans et infirme depuis ses 18 ans.
Elle est atteinte d’une maladie infectieuse grave, le Mal De Pott, qui provoque l’ankylose des vertèbres du cou et l’empêche de redresser la tête.
Le docteur Vogels juge son état désespéré et estime ne plus rien pouvoir faire pour elle.
Le 23 juin 1933, sa tante et deux religieuses infirmières la conduisent en ambulance à Beauraing.
de la traversée de Namur, on la croit mourante. Près de l’aubépine, elle prie avec les cinq enfants.
Rien ne se passe.
Gilberte Degeimbre en la quittant lui dit :
« Gardez confiance, Madame, on continue à prier. » Le voyage du retour est très pénible.
Le lendemain matin à son réveil, le mal a disparu, elle se lève seule, s’habille et marche.
La tête s’est redressée, l’enflure a disparu. Quelques années plus tard, elle devient religieuse franciscaine de la Sainte-Famille sous le nom de Sœur Pudentia et soignera les malades jusqu’à sa mort en 1980.
Madame Group épouse Acar, de Saint-Nicolas-Waes (Belgique flamande), âgée de 43 ans, est atteinte du cancer de la matrice.
Les hémorragies sont abondantes et l’opération imminente ; mais elle refuse la chirurgie et préfère aller prier avec son fils Notre-Dame de Beauraing pour implorer sa guérison le 30 juillet 1933.
Au cours du voyage du retour, elle se sent bien.
Le 28 août, son médecin, le docteur Van de Putte de Gent, l’examine et constate que le mal a disparu.
Le 6 mars 1934, il confirme la guérison miraculeuse et remet une attestation qui arrive aux autorités diocésaines.
Dans un décret daté du 2 juillet 1949, Mgr André-Marie Charue, évêque de Namur, reconnaît en même temps le caractère miraculeux de ces deux guérisons et l’authenticité des apparitions de Beauraing.
Développement des sanctuaires. Depuis 1933, de nombreux pèlerins sont venus prier la Vierge au cœur d’or.
Ils sont accueillis dans les sanctuaires de Beauraing, qui ont été édifiés au fil du temps.
La chapelle votive demandée par Marie a été construite par Michel Claes de 1947 à 1954.
Son architecture exprime de façon symbolique la force de la Vierge contre le mal et le récit de ses apparitions à Beauraing (cinq ouvertures symbolisent les cinq enfants, les 17 claveaux de l’arcade d’entrée rappellent le 17 décembre, date où Marie a réclamé la chapelle...).
L’édifice est béni par Mgr Charles-Marie Himmer, évêque de Tournai, les 21 et 22 août 1954, dans l’octave de l’Assomption (fête reconnue comme dogme catholique depuis 1950).
En 1968, le cardinal Léon-Joseph Suenens, archevêque de Malines-Bruxelles, inaugure deux églises superposées à l’arrière de cette chapelle, construites afin d’accueillir les groupes de pèlerins.
Le 18 mai 1985, le sanctuaire a reçu la visite du pape Jean-Paul II.
Une relique du saint Pape a été installée dans la crypte Saint-Jean, située sous le jardin des apparitions, le 1er mai 2015. L’église supérieure, dont l’autel est consacré à la Mère de Dieu, a été érigée au rang de basilique mineure par le pape Benoît XVI le 22 août 2013, devant une foule nombreuse.
L’école des Sœurs est aujourd’hui la Maison de l’Accueil.
Les pèlerins, qui viennent de toute la Belgique, mais aussi de la France voisine, de Hollande et de nombreux autres pays d’Europe et du monde, peuvent y loger et s’y restaurer. D’autres lieux, intérieurs et extérieurs, ont été aménagés pour les accueillir.
Des grâces nombreuses.
Les cinq enfants qui ont vu la Vierge sont maintenant décédés.
La plus jeune, Gilberte Degeimbre, est morte le 10 février 2015.
Les grâces qui touchent toutes les dimensions de la vie concrète des gens sont aujourd’hui très nombreuses.
Deux guérisons ont été reconnues comme miraculeuses, mais d’innombrables autres grâces ont été données à Beauraing :
consolations, conversions, réconciliations, solutions, protections, guérisons du corps, du cœur, de l’esprit… (quelques témoignages récents en compléments).
On peut noter que la Vierge Marie apparaît deux fois en Belgique en 1933 (Beauraing et Banneux), exactement au moment où Hitler prend le pouvoir en Allemagne (30 janvier 1933).
En mai 1940, sept ans plus tard, Hitler parvient à envahir la France en prenant la route des Ardennes... en particulier la route de Beauraing à Givet sur laquelle ont eu lieu les apparitions. Beauraing n'aura aucun dégât, contrairement au voisinage !
À BEAURAING, LA VIERGE AU CŒUR D’OR CONVERTIT LES PÉCHEURS
Du 29 novembre 1932 au 3 janvier 1933, la Vierge Marie s’est montrée à cinq enfants de Beauraing (province de Namur), dans le sud de la Belgique, à quelques kilomètres de la frontière française.
À la fin de ses apparitions, elle leur a montré son cœur comme un cœur d’or nimbé de lumière.
Père Christophe Rouard Vice-recteur des sanctuaires de Beauraing
Vice-recteur des sanctuaires de Beauraing
La première apparition.
Le 29 novembre 1932, vers 18h, M. Voisin, employé de gare, demande à ses enfants Fernande (15 ans) et Albert (11 ans) d’aller rechercher leur sœur Gilberte (13 ans) au pensionnat tenu par les Sœurs de la Doctrine Chrétienne de Nancy, à Beauraing, en Belgique wallonne.
Chemin faisant, les enfants invitent leurs amies Andrée Degeimbre (14 ans) et sa petite sœur Gilberte (9 ans) à les accompagner. Lorsqu’Albert sonne à la porte d’entrée du pensionnat, il se retourne et aperçoit soudain la Sainte Vierge qui se promène en l’air, au-dessus du pont de chemin de fer qui surplombe la route de Rochefort.
Sa sœur et ses amies, incrédules, se retournant, voient elles aussi, « la belle dame ».
Quand Sœur Valéria vient ouvrir la porte, les enfants lui signalent la présence de la Vierge. Ne croyant pas à ces « bêtises », la religieuse part chercher Gilberte à l’étude.
Lorsque cette dernière, ignorant ce qui vient de se passer, arrive sur le seuil de la porte, elle voit, elle aussi, la Sainte Vierge dans les airs au-dessus du pont.
Effrayés, les cinq enfants retournent chez eux en courant, se promettant néanmoins de revenir le lendemain à la même heure.
La Vierge au cœur d’or.
Le 30 novembre, la Sainte Vierge apparaît de nouveau aux enfants au-dessus du pont.
Ils la voient encore au même endroit le 1er décembre, puis près du houx situé à quelques mètres de la porte d’entrée du pensionnat, enfin elle disparaît de nouveau et se montre sous une branche de l’aubépine près de la grille d’entrée du jardin.
C’est là que Marie se manifestera encore à eux une trentaine de fois, jusqu’au 3 janvier 1933.
La « belle dame » est vêtue d’une longue robe blanche, avec de légers reflets bleus. Sa tête est recouverte d’un long voile blanc qui tombe sur ses épaules.
Autour, sortent de fins rayons de lumière qui forment comme une couronne.
Marie tient habituellement ses mains jointes et sourit. À partir du 29 décembre, les enfants aperçoivent, entre ses bras ouverts, son cœur tout illuminé, tel un cœur d’or nimbé de lumière.
C’est de cette vision que viendra l’appellation de Notre Dame de Beauraing : « la Vierge au cœur d’or ».
Un message.
Le 2 décembre, à la question des enfants :
« Que nous voulez-vous ? », Marie parle pour la première fois et leur demande d’être bien sages.
« Oui, nous le serons toujours », crient les enfants.
Puis le soir, lors d’une nouvelle apparition, elle s’exprime de nouveau :
- « Est-ce vrai que vous serez toujours bien sages ? »
- « Oui », répondent-ils encore.
Le 8 décembre, les enfants tombent en extase durant un quart d’heure.
Le docteur Lurquin passe une flamme sous la main de Gilberte Voisin, picote à l’aide d’un canif la main des deux Gilberte, projette une lumière vive dans les yeux de Gilberte Voisin.
Le docteur Goethals la pince vigoureusement à plusieurs reprises, met sa main devant ses yeux et tente de l’éblouir au moyen d’une lampe de poche.
Les enfants n’ont aucune réaction. Ils ne ressentent rien et n’en gardent aucun souvenir. « Elle était plus belle que jamais ! », diront-ils.
Une foule de curieux de plus en plus nombreuse entoure chaque jour les enfants. Le 17 décembre, Marie dit vouloir la construction d’une chapelle. Le 21, à la demande :
« Dites-nous qui vous êtes », Marie se nomme : « Je suis la Vierge Immaculée. » Deux jours plus tard, les enfants demandent :
- « Pourquoi venez-vous ici ? »
- « Pour qu’on vienne ici en pèlerinage ! »
À partir du 30 décembre, Marie révèle l’essentiel de son message : « Priez, priez beaucoup », dit-elle aux enfants. Le 1er janvier 1933, elle insiste : « Priez toujours. »
Le 3, Marie confie un secret aux trois plus jeunes.
Ces secrets ne seront jamais révélés.
Elle fait à Gilberte Voisin la promesse suivante :
« Je convertirai les pécheurs ». Quand elle parle à Andrée, elle se nomme à nouveau : « Je suis la Mère de Dieu, la Reine des Cieux. »
Puis elle dit adieu aux quatre plus jeunes. Fernande, la plus âgée du groupe, n’a encore rien vu.
Elle reste à genoux devant l’aubépine lorsqu’une boule de feu apparaît. Une foule très nombreuse peut voir cette boule de feu brûler sans consumer l’arbuste.
La Vierge apparaît alors à Fernande seule, comme sortant de la boule de feu qui, elle, disparaît.
Elle lui demande :
- « Aimez-vous mon Fils ? »
- « Oui », répond Fernande.
- « M’aimez-vous ? »
- « Oui. »
- « Alors, sacrifiez-vous pour moi. Adieu. »
Il faut noter que, quelques semaines plus tard, d’autres apparitions mariales ont lieu à quelques dizaines de kilomètres plus au Nord-Est, à Banneux (province de Liège), toujours en Belgique francophone, entre janvier et mars 1933, à la jeune Mariette Beco (1921-2011).
Elles seront reconnues le 22 août 1949, peu après celles de Beauraing, par l’évêque de Liège.
Les enfants ont beaucoup souffert des interrogatoires qu’ils devaient subir chaque soir
Reconnaissance des apparitions par l’Église.
À l’époque, on n’a pas cru les enfants tout de suite, loin de là !
La véracité de leurs dires a été mise à l’épreuve.
Durant les apparitions, les cinq enfants ont beaucoup souffert des interrogatoires serrés qu’ils devaient subir chaque soir, séparément, menés par des dizaines de notables.
Ils ont aussi dû faire face à l’incrédulité de nombre de personnes, parfois même à celle de leurs propres parents.
Gilberte Degeimbre, à la fin de sa vie, en parlait encore avec douleur. Par la suite, pour diverses raisons, il a fallu attendre plus de 15 ans pour qu’enfin les apparitions soient reconnues authentiques par l’Église.
Mgr Heylen, alors évêque de Namur, diocèse où se situe Beauraing, met rapidement en place une commission d’enquête diocésaine.
Il est personnellement favorable aux apparitions de Beauraing.
Le 26 mai 1933, il donne le sacrement de confirmation à Albert Voisin. Dans son rapport de 1937, la commission namuroise, sans se prononcer définitivement, penche en faveur de l’hypothèse du surnaturel divin.
Mais en 1935, le Saint-Office a soustrait à Mgr Heylen la capacité de porter un jugement sur les faits de Beauraing et a confié l’instruction du dossier au cardinal de Malines, Mgr Van Roey.
Le 23 novembre 1937, la commission malinoise déclare que le caractère surnaturel des faits n’est pas établi.
Il faut attendre 1942 pour que les choses bougent à nouveau.
Mgr Charue succède à Mgr Heylen à Namur. Il rouvre le dossier et met en place une nouvelle commission d’enquête namuroise, qui peut répondre aux objections contenues dans le dossier malinois.
Reste à reconquérir la capacité de juger les faits. Il l’obtient du Saint-Office dès fin 1942.
Il autorise alors le culte de Notre-Dame de Beauraing le 2 février 1943.
Cependant, une réflexion du cardinal Sbaretti, selon laquelle le caractère surnaturel des faits n’est pas pleinement établi, le hante. Il cherche des confirmations complémentaires.
C’est ici que deux guérisons miraculeuses jouent un rôle majeur.
Deux miracles reconnus.
En 1933, Maria Van Laer de Turnhout est âgée de 33 ans et infirme depuis ses 18 ans.
Elle est atteinte d’une maladie infectieuse grave, le Mal De Pott, qui provoque l’ankylose des vertèbres du cou et l’empêche de redresser la tête.
Le docteur Vogels juge son état désespéré et estime ne plus rien pouvoir faire pour elle.
Le 23 juin 1933, sa tante et deux religieuses infirmières la conduisent en ambulance à Beauraing.
de la traversée de Namur, on la croit mourante. Près de l’aubépine, elle prie avec les cinq enfants.
Rien ne se passe.
Gilberte Degeimbre en la quittant lui dit :
« Gardez confiance, Madame, on continue à prier. » Le voyage du retour est très pénible.
Le lendemain matin à son réveil, le mal a disparu, elle se lève seule, s’habille et marche.
La tête s’est redressée, l’enflure a disparu. Quelques années plus tard, elle devient religieuse franciscaine de la Sainte-Famille sous le nom de Sœur Pudentia et soignera les malades jusqu’à sa mort en 1980.
Madame Group épouse Acar, de Saint-Nicolas-Waes (Belgique flamande), âgée de 43 ans, est atteinte du cancer de la matrice.
Les hémorragies sont abondantes et l’opération imminente ; mais elle refuse la chirurgie et préfère aller prier avec son fils Notre-Dame de Beauraing pour implorer sa guérison le 30 juillet 1933.
Au cours du voyage du retour, elle se sent bien.
Le 28 août, son médecin, le docteur Van de Putte de Gent, l’examine et constate que le mal a disparu.
Le 6 mars 1934, il confirme la guérison miraculeuse et remet une attestation qui arrive aux autorités diocésaines.
Dans un décret daté du 2 juillet 1949, Mgr André-Marie Charue, évêque de Namur, reconnaît en même temps le caractère miraculeux de ces deux guérisons et l’authenticité des apparitions de Beauraing.
Développement des sanctuaires. Depuis 1933, de nombreux pèlerins sont venus prier la Vierge au cœur d’or.
Ils sont accueillis dans les sanctuaires de Beauraing, qui ont été édifiés au fil du temps.
La chapelle votive demandée par Marie a été construite par Michel Claes de 1947 à 1954.
Son architecture exprime de façon symbolique la force de la Vierge contre le mal et le récit de ses apparitions à Beauraing (cinq ouvertures symbolisent les cinq enfants, les 17 claveaux de l’arcade d’entrée rappellent le 17 décembre, date où Marie a réclamé la chapelle...).
L’édifice est béni par Mgr Charles-Marie Himmer, évêque de Tournai, les 21 et 22 août 1954, dans l’octave de l’Assomption (fête reconnue comme dogme catholique depuis 1950).
En 1968, le cardinal Léon-Joseph Suenens, archevêque de Malines-Bruxelles, inaugure deux églises superposées à l’arrière de cette chapelle, construites afin d’accueillir les groupes de pèlerins.
Le 18 mai 1985, le sanctuaire a reçu la visite du pape Jean-Paul II.
Une relique du saint Pape a été installée dans la crypte Saint-Jean, située sous le jardin des apparitions, le 1er mai 2015. L’église supérieure, dont l’autel est consacré à la Mère de Dieu, a été érigée au rang de basilique mineure par le pape Benoît XVI le 22 août 2013, devant une foule nombreuse.
L’école des Sœurs est aujourd’hui la Maison de l’Accueil.
Les pèlerins, qui viennent de toute la Belgique, mais aussi de la France voisine, de Hollande et de nombreux autres pays d’Europe et du monde, peuvent y loger et s’y restaurer. D’autres lieux, intérieurs et extérieurs, ont été aménagés pour les accueillir.
Des grâces nombreuses.
Les cinq enfants qui ont vu la Vierge sont maintenant décédés.
La plus jeune, Gilberte Degeimbre, est morte le 10 février 2015.
Les grâces qui touchent toutes les dimensions de la vie concrète des gens sont aujourd’hui très nombreuses.
Deux guérisons ont été reconnues comme miraculeuses, mais d’innombrables autres grâces ont été données à Beauraing :
consolations, conversions, réconciliations, solutions, protections, guérisons du corps, du cœur, de l’esprit… (quelques témoignages récents en compléments).
On peut noter que la Vierge Marie apparaît deux fois en Belgique en 1933 (Beauraing et Banneux), exactement au moment où Hitler prend le pouvoir en Allemagne (30 janvier 1933).
En mai 1940, sept ans plus tard, Hitler parvient à envahir la France en prenant la route des Ardennes... en particulier la route de Beauraing à Givet sur laquelle ont eu lieu les apparitions. Beauraing n'aura aucun dégât, contrairement au voisinage !
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M1234- Hiérophante contre le nouvel ordre mondial
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1274
THOMAS D’AQUIN, UN SAVANT ET UN SAINT
Saint Thomas d’Aquin (1225-1274) est un théologien catholique italien, doué pour la philosophie, grand contemplatif de la Vérité, le Verbe de Dieu.
Une réelle symphonie se manifeste entre sa vie mystique et son esprit scientifique.
La devise dominicaine « Contemplata aliis tradere » (« Transmettre aux autres les réalités contemplées ») découle de cette vie évangélique.
Frère Édouard Divry, o.p. Docteur en théologie
Dominicain de la Province de Toulouse
Un enfant précoce.
Alors que les demoiselles du Château de Roccasecca (région du Latium, Italie centrale) n’y arrivent pas, sa mère, Théodora, force le petit Thomas âgé de trois ans tout au plus à ouvrir sa main droite serrée : elle y trouve un papier replié. Intriguée, elle le déplie : elle y lit la salutation angélique en latin !
« Ave Maria gratia plena… » (« Salut Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi, tu es bénie entre les femmes et béni le fruit de ton ventre Jésus »).
Nous sommes vers l’an de grâce 1229, à la frontière entre les États pontificaux et le Royaume des Deux-Siciles dont le roi est aussi l’empereur du Saint-Empire romain germanique, le terrible Frédéric II qui sera deux fois excommunié par l’Église pour ses mauvaises actions.
Selon un usage médiéval, cet enfant précoce est donné à l’abbaye bénédictine du Mont-Cassin (Cassino, Italie centrale) où saint Benoît a terminé sa vie au Ve siècle, un lieu prestigieux dont la famille d’Aquin espère un jour hériter des bénéfices.
Ce petit prodige, Thomas, de famille noble, ne pourrait-il pas devenir un jour abbé du Mont-Cassin ?
La découverte des « Frères Prêcheurs ».
Thomas posera une question embarrassante aux moines :
« Qu’est-ce que Dieu ? » (« Quid est Deum ? »)
Il mettra toute sa vie à y répondre lui-même, en élaborant une théologie pleinement chrétienne à partir de la sagesse acquise de la philosophie réaliste et de celle reçue par la révélation biblique.
Mais les événements bousculent ce havre de prière et de travail : à partir de 1239, Frédéric II menace le Mont-Cassin.
Après neuf ans passés comme oblat dans cette abbaye bénédictine, Thomas est envoyé par ses parents en un lieu qui leur semble sûr pour poursuivre ses études, plus au Sud, au Studium regni (qui n'est pas encore une université, mais une académie locale), à Naples.
C’est un double éblouissement qui y attend le jeune homme : la philosophie d’Aristote dispensée par de vrais maîtres et la découverte d’un mode de vie tout nouveau, celui de cet ordre religieux que l’on nommera plus tard les Dominicains.
Thomas est doublement conquis par leur enseignement et par leur vie régulière. Il ne voudra plus séparer deux quêtes : vérité et mendicité, et décide de prendre l’habit des « Frères Prêcheurs », ainsi qu’ils sont aussi appelés.
Un attachement fort à l’habit blanc.
La famille d’Aquin, qui voit toujours Thomas à la tête du Mont-Cassin, s’y oppose vertement, bien qu’il dépasse les 18 ans.
Le Maître de l’Ordre des Prêcheurs préfère éviter le conflit et envoie le novice Thomas vers Paris. Mais le convoi est intercepté et ce dernier est mis en résidence forcée à Roccasecca, la demeure familiale.
Fort de stature, il a résisté aux soldats de l’empereur qui voulaient lui arracher son bel habit blanc dominicain.
Le blanc est un signe de pauvreté par rapport au noir qui nécessite de l’encre très coûteuse à l’époque.
Tout est tenté pour faire changer d’avis le jeune Thomas, même les ruses les plus grossières, charnelles. Rien n’y fait.
Il ne veut pas revenir à sa robe noire bénédictine, car il a été saisi par un bien qu’il voit supérieur, l’appartenance à ce qui lui semblera « le plus semblable à l’Ordre angélique ».
Un an de solitude à Roccasecca lui permet de méditer et d’assimiler intégralement la Bible et le Livre des Sentences de celui qui sera l’évêque de Paris, un théologien de renom, Pierre Lombard.
Il écrira plus tard que « le bien consiste en perfection et en acte » (« bonum in perfectione et actu consistit ») (II Sentent., 35, 1, 1).
Quand il retrouve sa liberté, il reprend la même direction où l’obéissance le conduisait : Paris.
Conflits entre séculiers et réguliers. Dans la capitale du Royaume de France, où règne alors saint Louis, les lieux universitaires pour étudier sont multiples.
L’université de Paris, fondée en 1215, est rapidement dominée par les ordres religieux mendiants (surtout franciscains et dominicains).
Parallèlement, le chanoine Robert de Sorbon développe un collège pour les étudiants pauvres qui portera plus tard son nom : la Sorbonne (1253).
Les prêtres séculiers, liés directement aux évêques, acceptent mal de perdre des places d’enseignants universitaires devant la montée en puissance des ordres mendiants, que les jeunes vocations choisissent de préférence.
Ainsi les conflits prévisibles entre séculiers et réguliers ne manqueront pas d’éclater.
Disciple de Frère Albert le Grand. Thomas suit les cours d’un grand savant, un saint également, Frère Albert le Grand (vers 1200-1280), lui aussi Dominicain.
Celui-ci donnera son nom à la place Mauber (= Maître-Albert), à Paris. L’ordre dominicain se développe et souhaite s’implanter à Cologne :
Frère Albert et Frère Thomas sont ainsi envoyés outre-Rhin.
Ils rentreront à Paris quatre ans plus tard, avant que Frère Albert ne soit choisi comme évêque de Cologne, où il retournera, mais cette fois sans Thomas.
Saint Albert prendra toujours la défense de son disciple, studieux et très intériorisé, depuis le jour où des étudiants, jaloux sans doute, nommeront ce dernier « le bœuf muet de Sicile », jusqu’après sa mort où certaines de ses thèses réalistes (ou parfois leurs interprétations fautives) seront provisoirement contestées à Paris par des maîtres fatigués (1277-1325).
Au reste, ce sont les disciples de ces maîtres parisiens qui condamneront Jeanne d’Arc et favoriseront le conciliarisme, hérésie qui défend la supériorité d’un concile œcuménique (réunion des évêques en assemblée plénière, universelle) sur la primauté du Pape.
Un grand théologien.
Blond, le teint hâlé, fort, d’une certaine corpulence, assez taciturne au début de sa vie, il a le front élevé et dégarni, le regard perçant.
Thomas ne perd rien de ce qu’il apprend et accumule les succès intellectuels : il devient bachelier, puis Maître en sacrée théologie.
Il enseigne à l’université et au couvent Saint-Jacques à Paris, lieu d’études des Dominicains.
Sa parole attire des foules d’étudiants avides de contemplation, de vérité.
Il contribuera amplement à la réputation scientifique de la théologie enseignée à Paris.
La future Sorbonne lui doit beaucoup. Son originalité est d’adapter Aristote, philosophe et grand logicien antique, fin observateur de la nature (qu’il a connu par des traductions latines des originaux grecs), à la pensée chrétienne.
Le pape Jean-Paul II s’appuiera notamment sur saint Thomas dans son encyclique Fides et ratio (14 septembre 1998), montrant qu’il n’y a pas du tout incompatibilité entre la foi et la raison.
Dans la Somme de théologie, son ouvrage majeur, saint Thomas d’Aquin développe une méthode très rigoureuse qui expose, pour chacun des multiples aspects de la doctrine catholique, diverses objections, une réponse argumentée et les solutions aux objections précitées, prenant en compte les références bibliques, mais aussi les données de la nature.
Cependant, les tensions continuent entre enseignants séculiers et réguliers et Thomas, qui a pris le parti de ces derniers, est envoyé en Italie. Son renom le précède à la cour du Pape, elle-même réfugiée à Orvieto (au nord de Viterbe), suite à des mouvements populistes à Rome.
Les papes successifs seront en admiration devant la clarté de la doctrine de Thomas. Urbain IV lui confie de rédiger les prières de la liturgie de la Fête-Dieu, créée depuis peu en l’honneur du Saint-Sacrement.
Saint Thomas est ainsi l’auteur des célèbres hymnes latines Sacris solemniis (d’où est extrait le Panis angelicus), Verbum supernum (d’où vient O salutaris hostia), Pange lingua (dont plusieurs couplets forment le Tantum ergo) et de la séquence Lauda Sion, dont les textes sont tous considérés comme des modèles pour leur clarté doctrinale.
La paternité de l’Adoro te devote, qui lui est attribuée, reste discutée.
Un écrivain zélé.
Il retourne ensuite à Naples, puis est envoyé pour un deuxième séjour à Paris, avant de revenir à Naples. Tout ce temps est employé à l’enseignement et à la rédaction de beaucoup d’ouvrages.
Au total, il écrit, avec la même concentration, huit millions de mots, aidé désormais par des secrétaires à qui il dicte ses ouvrages.
Face à cette application, des frères lui feront croire qu’un bœuf ailé vole dans les airs.
Thomas, en se penchant au dehors, sous l’œil espiègle de ceux-ci, avertit :
« J’aurais été moins étonné de voir un bœuf voler qu’un religieux mentir. »
Après sa messe quotidienne célébrée avec ferveur, il assiste à une seconde par dévotion, puis s’attelle à enseigner ou écrire.
Sa seule récréation : marcher seul dans le cloître, la tête haute, tout en méditant.
Il ne manque jamais la prière de complies, l’ultime prière communautaire avant le coucher des religieux.
Ses œuvres recouvrent des sujets variés dont les principaux sont des commentaires de l’Écriture Sainte qui inspirent toute sa théologie, des sommes de théologie, des commentaires des Pères et d’Aristote.
L’aide de Dieu ne lui manque pas pour venir à bout d’un tel travail.
Il prie souvent avant de répondre à chaque question.
Rien que le Seigneur
Un jour son secrétaire le supplie à genoux de dire avec qui il s’entretenait, la nuit précédente, sur un texte du prophète Isaïe.
Thomas aurait préféré garder le secret, mais l’appel à la charité finit par le faire céder.
Il avoue en pleurant à son Frère Réginald que ce sont les saints Pierre et Paul eux-mêmes qui l’ont instruit. Le sacristain de Naples témoignera avoir vu, un matin avant Matines, saint Thomas soulevé de terre, et avoir entendu le crucifix déclarer au Docteur angélique :
« Tu as bien écrit de moi, Thomas. Quelle récompense veux-tu de moi en échange ? »
Qu’aurions-nous répondu à une telle demande…?
Le saint répond sans hésitation : « Rien d’autre que toi, Seigneur. »
Ces extases finissent par l’épuiser.
Il déclare dans ses écrits n’être que de la paille en comparaison de ce qu’il a contemplé.
Ce qu’il a aperçu mystiquement est à sa théologie scientifique ce que grain est à la paille.
Les grains de l’épi, qui prolongent la paille si nécessaire à ceux-ci, valent tout simplement plus que le chaume.
La perfection de l’homme s’avère surtout surnaturelle : elle ne se développe que sur la croix.
Un saint parmi les savants
Il cesse d’écrire sauf lorsque la charité l’y contraint.
Dette à l’égard de son origine bénédictine, il offre une dernière expertise théologique à l’abbé du Mont-Cassin, alors qu’il passe tout prêt, en se rendant au concile de Lyon (7 mai-17 juillet 1274) où il est convoqué, mais qu’il n’atteindra pas.
Heurté par une branche sur la route alors qu’il monte un âne, il doit s’aliter chez sa sœur qui lui fait offrir providentiellement, à sa demande, des harengs frais qui ne sont pas de saison.
Il demande pourtant d’achever ses jours dans une maison religieuse : l’abbaye cistercienne Sainte-Marie de Fossanova n’est pas loin.
La Vierge Marie lui procure son dernier havre.
Il y médite encore le Cantique des Cantiques et puis rend son âme à Dieu en recevant une dernière fois le viatique (la communion eucharistique reçue pour le grand passage d’ici-bas vers l’au-delà) dans une admirable fidélité à la sainte Église :
« J’ai beaucoup écrit et enseigné au sujet de ce très saint corps et des autres sacrements dans la foi du Christ et de la Sainte Église romaine, à la correction de laquelle j’expose et je soumets tout. » (6 mars 1274).
Il meurt le 7 mars 1274, à 49 ans, l’âge de saint Basile le Grand (†379), le moine dont saint Benoît se déclare tributaire (cf. Règle 73, 5).
Canonisé le 18 juillet 1323, il est proclamé docteur de l’Église par le pape saint Pie V en 1567, peu après la fin du concile du Trente.
En 1879, le pape Léon XIII, dans son encyclique Aeterni Patris, remet au goût du jour les études thomistes et déclare que les écrits de Thomas d'Aquin expriment adéquatement la doctrine de l'Église.
Le pape fait de lui le patron des universités et des écoles catholiques.
« Le plus saint parmi les savants et le plus savant parmi les saints » (Bienheureux Paul VI), débutait ainsi une renommée ininterrompue qui fera de lui le « Docteur commun » de la théologie, le plus recommandé, entre tous, par l’Église catholique aujourd’hui (cf. concile Vatican II, Optatam Totius, 16 ; Gravissimum Educationis, 10).
Saint Thomas d’Aquin est fêté le 28 janvier, jour anniversaire de la translation de son corps dans l’église des Jacobins à Toulouse en 1369. Trop peu de gens savent que le Docteur angélique est enterré en France !
THOMAS D’AQUIN, UN SAVANT ET UN SAINT
Saint Thomas d’Aquin (1225-1274) est un théologien catholique italien, doué pour la philosophie, grand contemplatif de la Vérité, le Verbe de Dieu.
Une réelle symphonie se manifeste entre sa vie mystique et son esprit scientifique.
La devise dominicaine « Contemplata aliis tradere » (« Transmettre aux autres les réalités contemplées ») découle de cette vie évangélique.
Frère Édouard Divry, o.p. Docteur en théologie
Dominicain de la Province de Toulouse
Un enfant précoce.
Alors que les demoiselles du Château de Roccasecca (région du Latium, Italie centrale) n’y arrivent pas, sa mère, Théodora, force le petit Thomas âgé de trois ans tout au plus à ouvrir sa main droite serrée : elle y trouve un papier replié. Intriguée, elle le déplie : elle y lit la salutation angélique en latin !
« Ave Maria gratia plena… » (« Salut Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi, tu es bénie entre les femmes et béni le fruit de ton ventre Jésus »).
Nous sommes vers l’an de grâce 1229, à la frontière entre les États pontificaux et le Royaume des Deux-Siciles dont le roi est aussi l’empereur du Saint-Empire romain germanique, le terrible Frédéric II qui sera deux fois excommunié par l’Église pour ses mauvaises actions.
Selon un usage médiéval, cet enfant précoce est donné à l’abbaye bénédictine du Mont-Cassin (Cassino, Italie centrale) où saint Benoît a terminé sa vie au Ve siècle, un lieu prestigieux dont la famille d’Aquin espère un jour hériter des bénéfices.
Ce petit prodige, Thomas, de famille noble, ne pourrait-il pas devenir un jour abbé du Mont-Cassin ?
La découverte des « Frères Prêcheurs ».
Thomas posera une question embarrassante aux moines :
« Qu’est-ce que Dieu ? » (« Quid est Deum ? »)
Il mettra toute sa vie à y répondre lui-même, en élaborant une théologie pleinement chrétienne à partir de la sagesse acquise de la philosophie réaliste et de celle reçue par la révélation biblique.
Mais les événements bousculent ce havre de prière et de travail : à partir de 1239, Frédéric II menace le Mont-Cassin.
Après neuf ans passés comme oblat dans cette abbaye bénédictine, Thomas est envoyé par ses parents en un lieu qui leur semble sûr pour poursuivre ses études, plus au Sud, au Studium regni (qui n'est pas encore une université, mais une académie locale), à Naples.
C’est un double éblouissement qui y attend le jeune homme : la philosophie d’Aristote dispensée par de vrais maîtres et la découverte d’un mode de vie tout nouveau, celui de cet ordre religieux que l’on nommera plus tard les Dominicains.
Thomas est doublement conquis par leur enseignement et par leur vie régulière. Il ne voudra plus séparer deux quêtes : vérité et mendicité, et décide de prendre l’habit des « Frères Prêcheurs », ainsi qu’ils sont aussi appelés.
Un attachement fort à l’habit blanc.
La famille d’Aquin, qui voit toujours Thomas à la tête du Mont-Cassin, s’y oppose vertement, bien qu’il dépasse les 18 ans.
Le Maître de l’Ordre des Prêcheurs préfère éviter le conflit et envoie le novice Thomas vers Paris. Mais le convoi est intercepté et ce dernier est mis en résidence forcée à Roccasecca, la demeure familiale.
Fort de stature, il a résisté aux soldats de l’empereur qui voulaient lui arracher son bel habit blanc dominicain.
Le blanc est un signe de pauvreté par rapport au noir qui nécessite de l’encre très coûteuse à l’époque.
Tout est tenté pour faire changer d’avis le jeune Thomas, même les ruses les plus grossières, charnelles. Rien n’y fait.
Il ne veut pas revenir à sa robe noire bénédictine, car il a été saisi par un bien qu’il voit supérieur, l’appartenance à ce qui lui semblera « le plus semblable à l’Ordre angélique ».
Un an de solitude à Roccasecca lui permet de méditer et d’assimiler intégralement la Bible et le Livre des Sentences de celui qui sera l’évêque de Paris, un théologien de renom, Pierre Lombard.
Il écrira plus tard que « le bien consiste en perfection et en acte » (« bonum in perfectione et actu consistit ») (II Sentent., 35, 1, 1).
Quand il retrouve sa liberté, il reprend la même direction où l’obéissance le conduisait : Paris.
Conflits entre séculiers et réguliers. Dans la capitale du Royaume de France, où règne alors saint Louis, les lieux universitaires pour étudier sont multiples.
L’université de Paris, fondée en 1215, est rapidement dominée par les ordres religieux mendiants (surtout franciscains et dominicains).
Parallèlement, le chanoine Robert de Sorbon développe un collège pour les étudiants pauvres qui portera plus tard son nom : la Sorbonne (1253).
Les prêtres séculiers, liés directement aux évêques, acceptent mal de perdre des places d’enseignants universitaires devant la montée en puissance des ordres mendiants, que les jeunes vocations choisissent de préférence.
Ainsi les conflits prévisibles entre séculiers et réguliers ne manqueront pas d’éclater.
Disciple de Frère Albert le Grand. Thomas suit les cours d’un grand savant, un saint également, Frère Albert le Grand (vers 1200-1280), lui aussi Dominicain.
Celui-ci donnera son nom à la place Mauber (= Maître-Albert), à Paris. L’ordre dominicain se développe et souhaite s’implanter à Cologne :
Frère Albert et Frère Thomas sont ainsi envoyés outre-Rhin.
Ils rentreront à Paris quatre ans plus tard, avant que Frère Albert ne soit choisi comme évêque de Cologne, où il retournera, mais cette fois sans Thomas.
Saint Albert prendra toujours la défense de son disciple, studieux et très intériorisé, depuis le jour où des étudiants, jaloux sans doute, nommeront ce dernier « le bœuf muet de Sicile », jusqu’après sa mort où certaines de ses thèses réalistes (ou parfois leurs interprétations fautives) seront provisoirement contestées à Paris par des maîtres fatigués (1277-1325).
Au reste, ce sont les disciples de ces maîtres parisiens qui condamneront Jeanne d’Arc et favoriseront le conciliarisme, hérésie qui défend la supériorité d’un concile œcuménique (réunion des évêques en assemblée plénière, universelle) sur la primauté du Pape.
Un grand théologien.
Blond, le teint hâlé, fort, d’une certaine corpulence, assez taciturne au début de sa vie, il a le front élevé et dégarni, le regard perçant.
Thomas ne perd rien de ce qu’il apprend et accumule les succès intellectuels : il devient bachelier, puis Maître en sacrée théologie.
Il enseigne à l’université et au couvent Saint-Jacques à Paris, lieu d’études des Dominicains.
Sa parole attire des foules d’étudiants avides de contemplation, de vérité.
Il contribuera amplement à la réputation scientifique de la théologie enseignée à Paris.
La future Sorbonne lui doit beaucoup. Son originalité est d’adapter Aristote, philosophe et grand logicien antique, fin observateur de la nature (qu’il a connu par des traductions latines des originaux grecs), à la pensée chrétienne.
Le pape Jean-Paul II s’appuiera notamment sur saint Thomas dans son encyclique Fides et ratio (14 septembre 1998), montrant qu’il n’y a pas du tout incompatibilité entre la foi et la raison.
Dans la Somme de théologie, son ouvrage majeur, saint Thomas d’Aquin développe une méthode très rigoureuse qui expose, pour chacun des multiples aspects de la doctrine catholique, diverses objections, une réponse argumentée et les solutions aux objections précitées, prenant en compte les références bibliques, mais aussi les données de la nature.
Cependant, les tensions continuent entre enseignants séculiers et réguliers et Thomas, qui a pris le parti de ces derniers, est envoyé en Italie. Son renom le précède à la cour du Pape, elle-même réfugiée à Orvieto (au nord de Viterbe), suite à des mouvements populistes à Rome.
Les papes successifs seront en admiration devant la clarté de la doctrine de Thomas. Urbain IV lui confie de rédiger les prières de la liturgie de la Fête-Dieu, créée depuis peu en l’honneur du Saint-Sacrement.
Saint Thomas est ainsi l’auteur des célèbres hymnes latines Sacris solemniis (d’où est extrait le Panis angelicus), Verbum supernum (d’où vient O salutaris hostia), Pange lingua (dont plusieurs couplets forment le Tantum ergo) et de la séquence Lauda Sion, dont les textes sont tous considérés comme des modèles pour leur clarté doctrinale.
La paternité de l’Adoro te devote, qui lui est attribuée, reste discutée.
Un écrivain zélé.
Il retourne ensuite à Naples, puis est envoyé pour un deuxième séjour à Paris, avant de revenir à Naples. Tout ce temps est employé à l’enseignement et à la rédaction de beaucoup d’ouvrages.
Au total, il écrit, avec la même concentration, huit millions de mots, aidé désormais par des secrétaires à qui il dicte ses ouvrages.
Face à cette application, des frères lui feront croire qu’un bœuf ailé vole dans les airs.
Thomas, en se penchant au dehors, sous l’œil espiègle de ceux-ci, avertit :
« J’aurais été moins étonné de voir un bœuf voler qu’un religieux mentir. »
Après sa messe quotidienne célébrée avec ferveur, il assiste à une seconde par dévotion, puis s’attelle à enseigner ou écrire.
Sa seule récréation : marcher seul dans le cloître, la tête haute, tout en méditant.
Il ne manque jamais la prière de complies, l’ultime prière communautaire avant le coucher des religieux.
Ses œuvres recouvrent des sujets variés dont les principaux sont des commentaires de l’Écriture Sainte qui inspirent toute sa théologie, des sommes de théologie, des commentaires des Pères et d’Aristote.
L’aide de Dieu ne lui manque pas pour venir à bout d’un tel travail.
Il prie souvent avant de répondre à chaque question.
Rien que le Seigneur
Un jour son secrétaire le supplie à genoux de dire avec qui il s’entretenait, la nuit précédente, sur un texte du prophète Isaïe.
Thomas aurait préféré garder le secret, mais l’appel à la charité finit par le faire céder.
Il avoue en pleurant à son Frère Réginald que ce sont les saints Pierre et Paul eux-mêmes qui l’ont instruit. Le sacristain de Naples témoignera avoir vu, un matin avant Matines, saint Thomas soulevé de terre, et avoir entendu le crucifix déclarer au Docteur angélique :
« Tu as bien écrit de moi, Thomas. Quelle récompense veux-tu de moi en échange ? »
Qu’aurions-nous répondu à une telle demande…?
Le saint répond sans hésitation : « Rien d’autre que toi, Seigneur. »
Ces extases finissent par l’épuiser.
Il déclare dans ses écrits n’être que de la paille en comparaison de ce qu’il a contemplé.
Ce qu’il a aperçu mystiquement est à sa théologie scientifique ce que grain est à la paille.
Les grains de l’épi, qui prolongent la paille si nécessaire à ceux-ci, valent tout simplement plus que le chaume.
La perfection de l’homme s’avère surtout surnaturelle : elle ne se développe que sur la croix.
Un saint parmi les savants
Il cesse d’écrire sauf lorsque la charité l’y contraint.
Dette à l’égard de son origine bénédictine, il offre une dernière expertise théologique à l’abbé du Mont-Cassin, alors qu’il passe tout prêt, en se rendant au concile de Lyon (7 mai-17 juillet 1274) où il est convoqué, mais qu’il n’atteindra pas.
Heurté par une branche sur la route alors qu’il monte un âne, il doit s’aliter chez sa sœur qui lui fait offrir providentiellement, à sa demande, des harengs frais qui ne sont pas de saison.
Il demande pourtant d’achever ses jours dans une maison religieuse : l’abbaye cistercienne Sainte-Marie de Fossanova n’est pas loin.
La Vierge Marie lui procure son dernier havre.
Il y médite encore le Cantique des Cantiques et puis rend son âme à Dieu en recevant une dernière fois le viatique (la communion eucharistique reçue pour le grand passage d’ici-bas vers l’au-delà) dans une admirable fidélité à la sainte Église :
« J’ai beaucoup écrit et enseigné au sujet de ce très saint corps et des autres sacrements dans la foi du Christ et de la Sainte Église romaine, à la correction de laquelle j’expose et je soumets tout. » (6 mars 1274).
Il meurt le 7 mars 1274, à 49 ans, l’âge de saint Basile le Grand (†379), le moine dont saint Benoît se déclare tributaire (cf. Règle 73, 5).
Canonisé le 18 juillet 1323, il est proclamé docteur de l’Église par le pape saint Pie V en 1567, peu après la fin du concile du Trente.
En 1879, le pape Léon XIII, dans son encyclique Aeterni Patris, remet au goût du jour les études thomistes et déclare que les écrits de Thomas d'Aquin expriment adéquatement la doctrine de l'Église.
Le pape fait de lui le patron des universités et des écoles catholiques.
« Le plus saint parmi les savants et le plus savant parmi les saints » (Bienheureux Paul VI), débutait ainsi une renommée ininterrompue qui fera de lui le « Docteur commun » de la théologie, le plus recommandé, entre tous, par l’Église catholique aujourd’hui (cf. concile Vatican II, Optatam Totius, 16 ; Gravissimum Educationis, 10).
Saint Thomas d’Aquin est fêté le 28 janvier, jour anniversaire de la translation de son corps dans l’église des Jacobins à Toulouse en 1369. Trop peu de gens savent que le Docteur angélique est enterré en France !
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M1234- Hiérophante contre le nouvel ordre mondial
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
65 minutes d'écoute : sur la charité la seule Vertu qui ne "passera pas "Marie du 65 a écrit:1274
THOMAS D’AQUIN, UN SAVANT ET UN SAINT
ça vaut le coup : prenons de bonnes notes !!
et après : action / reaction !
azais- MEDIATEUR
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
Merci azaïs
Je n'ai pas écouté (encore) la vidéo, à savoir que tous les sujets que je poste chaque jour sont "brut de pomme" (rire) c'est à dire un texte point barre à part celui-ci avec images, donc je fais des recherches images,
vidéos tout ce que je peux trouver pour agrémenter mes textes, cela me demande un travail énorme, trois à quatre heures ici, alors tu penses bien que je ne peux donner mes réactions de suite!
A Plus
Je n'ai pas écouté (encore) la vidéo, à savoir que tous les sujets que je poste chaque jour sont "brut de pomme" (rire) c'est à dire un texte point barre à part celui-ci avec images, donc je fais des recherches images,
vidéos tout ce que je peux trouver pour agrémenter mes textes, cela me demande un travail énorme, trois à quatre heures ici, alors tu penses bien que je ne peux donner mes réactions de suite!
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M1234- Hiérophante contre le nouvel ordre mondial
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1938
SAINTE FAUSTINE, APÔTRE DE LA MISÉRICORDE DIVINE
Sainte Faustine (1905-1938) est une mystique catholique polonaise qui a transmis au monde un message important sur la miséricorde divine.
Saint Jean-Paul II la présente ainsi dans une homélie du 13 mars 1994
« Elle est une grande mystique, l’une des plus importantes dans l’Histoire de l’Église. Elle avait une belle proximité avec Jésus-Christ (…) Venant de ce milieu [la Pologne], j’ai apporté ici une inspiration, presque un devoir :
Tu ne peux pas ne pas écrire sur la miséricorde.
Ainsi est née la deuxième encyclique de mon pontificat :
Dives in Misericordia [30 novembre 1980]. »
Violetta Wawer Responsable de l’association Pour La Miséricorde Divine.
Un grand désir d’aimer Dieu.
Sainte Faustine est née le 25 août 1905, dans le village de Glogowiec, dans les environs de Lodz, au centre de la Pologne (à l’époque partie intégrante de l’empire russe).
Troisième des dix enfants de Marianne et Stanislas Kowalski, elle reçoit au baptême le prénom d’Hélène.
Son éducation à l’école ne dure que trois ans, faute de moyens financiers et, à seize ans, elle commence à travailler comme domestique.
Dès l’âge de sept ans, elle sent un appel à la vie religieuse.
C’est à cet âge-là qu’elle entend pour la première fois la voix de Dieu dans son âme,
« c’est-à-dire l’invitation à une vie plus parfaite » (Petit Journal, 7).
Depuis sa prime enfance, Faustine désire ainsi devenir une grande sainte :
« Tu sais, Seigneur, que depuis ma prime enfance, je désirais devenir une grande sainte, c’est-à-dire t’aimer comme personne ne t’a jamais aimé.
Je voudrais crier au monde entier : aimez Dieu car Il est bon et grande est sa Miséricorde » (Petit Journal, 1372).
Rencontrer Jésus. À l’âge de 18 ans, elle demande à ses parents la permission d’entrer au couvent.
Ses parents refusent catégoriquement car ils n’ont pas de moyens financiers pour payer la contribution demandée par les congrégations religieuses. Elle se résigne et essaie de vivre « comme les autres », mais « son âme ne trouvait contentement en rien »!
Un dimanche, elle se rend au bal.
Pendant que tout le monde s’amuse, elle éprouve des tourments intérieurs.
Au moment où elle commence à danser, elle aperçoit soudain près d’elle, Jésus. Jésus supplicié, dépouillé de ses vêtements, couvert de plaies, qui lui dit ces paroles :
« Jusqu’à quand vais-Je te supporter, et jusqu’à quand vas-tu me décevoir ? » (Petit Journal, 9)
L’entrée au couvent.
Sainte Faustine part pour Varsovie, sans point de chute précis. Là, elle redouble d’efforts pour accomplir la Volonté de Dieu et ne plus décevoir le Seigneur.
Après avoir frappé aux portes de différents couvents, elle est acceptée en août 1925 dans la Congrégation des Sœurs de Notre-Dame de la Miséricorde à Varsovie (vouée à la vénération de Marie, Mère de Miséricorde), mais doit encore travailler un an comme domestique pour rassembler l’argent de sa dot.
Elle a 20 ans au moment de son entrée au couvent et reçoit, à sa prise d’habit, le nom de Sœur Marie Faustine.
Durant ses 13 ans de vie religieuse, elle remplit les modestes charges de cuisinière, jardinière et sœur portière dans les diverses maisons de la congrégation (Varsovie, Plock, Vilnius qui appartient alors à la Pologne, Cracovie).
Sa vie, très simple en apparence, cache une grande richesse d’union avec Dieu.
Comme beaucoup de saints, elle vit la nuit de la foi, porte des stigmates invisibles et possède le don de bilocation.
À la demande de son directeur spirituel, le bienheureux Père Michel Sopocko, sainte Faustine écrit Le Petit Journal.
Dans cet ouvrage, elle décrit ses expériences mystiques et précise les demandes faites par le Seigneur.
Message de la Miséricorde Divine.
Le Seigneur Jésus, qui lui apparaît plusieurs fois, confie à sainte Faustine une grande mission :
rappeler au monde son Amour Miséricordieux. «
Ma Fille, dis que je suis l’Amour et la Miséricorde en personne » (Petit Journal, 374), demande Jésus à Sœur Faustine.
Il assure : « L’humanité n’aura pas de paix tant qu’elle ne s’adressera pas avec confiance à la Divine Miséricorde » (Petit Journal, 132).
Par l’intermédiaire de sainte Faustine, le Seigneur offre au monde entier différents moyens pour vénérer davantage la Miséricorde Divine.
- L’image de Jésus Miséricordieux :
Jésus lui apparaît à Plock le 22 février 1931, le regard baissé, vêtu d’un grand vêtement blanc, avec deux grands rayons rouge et blanc sortant de son cœur, puis lui demande de faire représenter et vénérer le tableau de cette apparition, accompagné de l’invocation
« Jésus, j’ai confiance en toi » (Jezu ufam tobie en polonais ; Petit Journal, 47-49).
Peint à Vilnius en juillet 1934, sur fond noir, par l’artiste Eugène Kazimirowski, le tableau fut plusieurs fois déplacé pendant la Seconde Guerre mondiale puis la période communiste, avant d’être restauré en 1986 et en 2003 et installé au sanctuaire de la Miséricorde divine à Vilnius en 2005.
En mars 1943, après la mort de sainte Faustine, Adolf Hyla peint un autre tableau de la vision, plus lumineux, en ex-voto pour la chapelle des Sœurs de la Miséricorde à Cracovie. Il existe donc deux versions de l’image de la Miséricorde Divine.
- La fête de la Miséricorde Divine :
c’est lors de la même apparition du 22 février 1931 que Jésus demande que le premier dimanche après Pâques, jusque-là appelé « Dimanche in albis (en blanc) », soit consacré à la Miséricorde (Petit Journal, 49, 299, 699).
Le 30 avril 2000, jour de la canonisation de sainte Faustine, saint Jean-Paul II a accédé à la demande du Christ en instituant la fête de la Miséricorde Divine. Lui-même est mort le 2 avril 2005 au soir, la veille de cette fête.
- Le chapelet de la Miséricorde Divine :
le 13 septembre 1935 à Vilnius, sainte Faustine reçoit la révélation d’une prière qui suit la forme du chapelet marial et remplace les formules habituelles par de courtes invocations à la Miséricorde Divine (Petit Journal, 474-476, 848, 1541).
Jésus lui précise : « Par ce chapelet, tu obtiendras tout, si ce que tu demandes est conforme à ma volonté » (Petit Journal, 1731).
- L’heure de la Miséricorde Divine :
Le 10 octobre 1937, Jésus demande à sainte Faustine d’implorer particulièrement la Miséricorde pour les pécheurs à 15 heures, le moment de sa mort lors du Vendredi Saint, en se plongeant en prière dans l’abandon de son agonie et dans les souffrances de sa Passion (Petit Journal, 1320, 1572).
Par ces dévotions, le Christ demande surtout que nous ayons confiance en lui et que nous aimions notre prochain. « Ultime planche de salut pour l’humanité », la Miséricorde représente une puissance infinie de pardon appelant tout pécheur au repentir et à la conversion.
Jésus demande à sainte Faustine de faire connaître au monde entier sa Miséricorde (Petit Journal, 687) :
« Tu es la secrétaire de Ma miséricorde, je t'ai choisie pour cette fonction dans cette vie et dans la vie future. J
Je le veux ainsi, malgré tous les obstacles que l’on dressera contre toi ; sache que ma prédilection ne changera pas » (Petit Journal, 1605).
Une Sœur « misérable » ?
En effet, beaucoup de Sœurs se moquent de la jeune femme, assurant que Jésus ne peut se trouver dans une telle intimité avec un être aussi imparfait et misérable, le Seigneur n’étant en rapport intime qu’avec des âmes saintes.
Dans ces moments difficiles, Sœur Faustine se tourne vers Jésus, se qualifiant de poussière incapable et d’être misérable ; le priant de donner toutes ces grâces à quelqu’un d’autre. Elle le supplie de ne pas lui demander de si grandes choses. Le Seigneur lui répond que c’est justement parce qu’elle est misérable qu’il souhaite se servir d’elle pour montrer au monde la puissance de sa Miséricorde (Petit Journal, 133).
Il lui dit qu’elle préparerait le monde à son ultime venue (Petit Journal, 429).
Sainte Faustine écrira ainsi :
« Je sens bien que ma mission ne s’arrêtera pas à ma mort mais qu’elle ne fera que commencer. Ô âmes qui doutez, je soulèverai le voile du Ciel pour vous convaincre de la bonté de Dieu (…) Dieu est Amour et Miséricorde. » (Petit Journal, 281).
La mort d’une sainte.
Sœur Faustine, le corps ravagé par la tuberculose et les souffrances, offerte pour la conversion des pécheurs, meurt en odeur de sainteté le 5 octobre 1938 à Cracovie (Sud de la Pologne), âgée de 33 ans à peine.
Quelque temps avant sa mort, le bienheureux Père Michel Sopocko (1888-1975), son père spirituel, lui rendit visite à l’hôpital, puis dans sa cellule au couvent.
Il la vit alors en extase.
Il raconte : « Une fois, j’ai vu Sœur Faustine en extase. C’était le 2 septembre 1938, lorsque je lui ai rendu visite à l’hôpital de Pradnik.
Sorti de sa chambre, je me suis rappelé que je devais lui remettre quelques dizaines d’exemplaires, imprimés à Cracovie, des prières qu’elle avait composées (neuvaine, litanies, chapelet) sur la Miséricorde Divine.
Je suis donc retourné pour les lui remettre. Quand j’ai ouvert la porte de sa chambre, je l’ai vue plongée dans la prière, dans une position assise, mais presque suspendue au-dessus du lit.
Son regard était fixé sur un objet invisible, ses prunelles légèrement dilatées. Elle n’avait pas remarqué que j’étais entré.
Ne voulant pas la déranger, je m’apprêtais à sortir, mais, peu après, quand elle revint à elle, elle me demanda de l’excuser de n’avoir ni entendu qu’on frappait à la porte, ni vu que j’étais entré.
Je lui remis ces prières et la saluai ; elle m’a dit « Au revoir au Ciel ! » Lorsque, ensuite, (…) je lui ai rendu visite pour la dernière fois à Lagiewniki, elle ne voulait plus ou plutôt ne pouvait pas me parler car, a-t-elle dit : « Je suis occupée par mon union avec Dieu. »
Effectivement, elle donnait l’impression d’un être surnaturel. (…)
Le 25 septembre 1938, Faustine a prédit qu’elle allait mourir dix jours plus tard. En effet, après mon retour à Vilnius, j’ai reçu une dépêche indiquant que le 5 octobre 1938 elle s’était endormie dans le Seigneur. Je suis fortement convaincu de sa sainteté. Elle m’a promis de m’aider du haut du ciel. » [1]
Le premier dimanche après Pâques, le 18 avril 1993, le pape Jean-Paul II proclame Sœur Faustine Bienheureuse.
Sept ans plus tard, le 30 avril 2000, le premier dimanche après Pâques, le Pape la canonise (c’est la première sainte du Jubilé de l’an 2000) et institue le jour même la Fête de la Miséricorde Divine pour toute l’Église.
À cette occasion, il dira : « Et toi, Faustine, don de Dieu à notre temps, obtiens-nous de percevoir la profondeur de la Miséricorde divine, aide-nous à en faire l’expérience vivante et à en témoigner à nos frères.
Que ton message de lumière et d’espérance se diffuse dans le monde entier, pousse les pécheurs à la conversion, dissipe les rivalités et les haines, incite les hommes et les nations à la pratique de la fraternité.
Aujourd’hui, en tournant le regard avec toi vers le visage du Christ ressuscité, nous faisons nôtre ta prière d’abandon confiant et nous disons avec une ferme espérance : « Jésus, j’ai confiance en Toi ! » »
[1] Jésus, Roi de Miséricorde, Éditions Pour La Miséricorde Divine, 2014, p. 52.
SAINTE FAUSTINE, APÔTRE DE LA MISÉRICORDE DIVINE
Sainte Faustine (1905-1938) est une mystique catholique polonaise qui a transmis au monde un message important sur la miséricorde divine.
Saint Jean-Paul II la présente ainsi dans une homélie du 13 mars 1994
« Elle est une grande mystique, l’une des plus importantes dans l’Histoire de l’Église. Elle avait une belle proximité avec Jésus-Christ (…) Venant de ce milieu [la Pologne], j’ai apporté ici une inspiration, presque un devoir :
Tu ne peux pas ne pas écrire sur la miséricorde.
Ainsi est née la deuxième encyclique de mon pontificat :
Dives in Misericordia [30 novembre 1980]. »
Violetta Wawer Responsable de l’association Pour La Miséricorde Divine.
Un grand désir d’aimer Dieu.
Sainte Faustine est née le 25 août 1905, dans le village de Glogowiec, dans les environs de Lodz, au centre de la Pologne (à l’époque partie intégrante de l’empire russe).
Troisième des dix enfants de Marianne et Stanislas Kowalski, elle reçoit au baptême le prénom d’Hélène.
Son éducation à l’école ne dure que trois ans, faute de moyens financiers et, à seize ans, elle commence à travailler comme domestique.
Dès l’âge de sept ans, elle sent un appel à la vie religieuse.
C’est à cet âge-là qu’elle entend pour la première fois la voix de Dieu dans son âme,
« c’est-à-dire l’invitation à une vie plus parfaite » (Petit Journal, 7).
Depuis sa prime enfance, Faustine désire ainsi devenir une grande sainte :
« Tu sais, Seigneur, que depuis ma prime enfance, je désirais devenir une grande sainte, c’est-à-dire t’aimer comme personne ne t’a jamais aimé.
Je voudrais crier au monde entier : aimez Dieu car Il est bon et grande est sa Miséricorde » (Petit Journal, 1372).
Rencontrer Jésus. À l’âge de 18 ans, elle demande à ses parents la permission d’entrer au couvent.
Ses parents refusent catégoriquement car ils n’ont pas de moyens financiers pour payer la contribution demandée par les congrégations religieuses. Elle se résigne et essaie de vivre « comme les autres », mais « son âme ne trouvait contentement en rien »!
Un dimanche, elle se rend au bal.
Pendant que tout le monde s’amuse, elle éprouve des tourments intérieurs.
Au moment où elle commence à danser, elle aperçoit soudain près d’elle, Jésus. Jésus supplicié, dépouillé de ses vêtements, couvert de plaies, qui lui dit ces paroles :
« Jusqu’à quand vais-Je te supporter, et jusqu’à quand vas-tu me décevoir ? » (Petit Journal, 9)
L’entrée au couvent.
Sainte Faustine part pour Varsovie, sans point de chute précis. Là, elle redouble d’efforts pour accomplir la Volonté de Dieu et ne plus décevoir le Seigneur.
Après avoir frappé aux portes de différents couvents, elle est acceptée en août 1925 dans la Congrégation des Sœurs de Notre-Dame de la Miséricorde à Varsovie (vouée à la vénération de Marie, Mère de Miséricorde), mais doit encore travailler un an comme domestique pour rassembler l’argent de sa dot.
Elle a 20 ans au moment de son entrée au couvent et reçoit, à sa prise d’habit, le nom de Sœur Marie Faustine.
Durant ses 13 ans de vie religieuse, elle remplit les modestes charges de cuisinière, jardinière et sœur portière dans les diverses maisons de la congrégation (Varsovie, Plock, Vilnius qui appartient alors à la Pologne, Cracovie).
Sa vie, très simple en apparence, cache une grande richesse d’union avec Dieu.
Comme beaucoup de saints, elle vit la nuit de la foi, porte des stigmates invisibles et possède le don de bilocation.
À la demande de son directeur spirituel, le bienheureux Père Michel Sopocko, sainte Faustine écrit Le Petit Journal.
Dans cet ouvrage, elle décrit ses expériences mystiques et précise les demandes faites par le Seigneur.
Message de la Miséricorde Divine.
Le Seigneur Jésus, qui lui apparaît plusieurs fois, confie à sainte Faustine une grande mission :
rappeler au monde son Amour Miséricordieux. «
Ma Fille, dis que je suis l’Amour et la Miséricorde en personne » (Petit Journal, 374), demande Jésus à Sœur Faustine.
Il assure : « L’humanité n’aura pas de paix tant qu’elle ne s’adressera pas avec confiance à la Divine Miséricorde » (Petit Journal, 132).
Par l’intermédiaire de sainte Faustine, le Seigneur offre au monde entier différents moyens pour vénérer davantage la Miséricorde Divine.
- L’image de Jésus Miséricordieux :
Jésus lui apparaît à Plock le 22 février 1931, le regard baissé, vêtu d’un grand vêtement blanc, avec deux grands rayons rouge et blanc sortant de son cœur, puis lui demande de faire représenter et vénérer le tableau de cette apparition, accompagné de l’invocation
« Jésus, j’ai confiance en toi » (Jezu ufam tobie en polonais ; Petit Journal, 47-49).
Peint à Vilnius en juillet 1934, sur fond noir, par l’artiste Eugène Kazimirowski, le tableau fut plusieurs fois déplacé pendant la Seconde Guerre mondiale puis la période communiste, avant d’être restauré en 1986 et en 2003 et installé au sanctuaire de la Miséricorde divine à Vilnius en 2005.
En mars 1943, après la mort de sainte Faustine, Adolf Hyla peint un autre tableau de la vision, plus lumineux, en ex-voto pour la chapelle des Sœurs de la Miséricorde à Cracovie. Il existe donc deux versions de l’image de la Miséricorde Divine.
- La fête de la Miséricorde Divine :
c’est lors de la même apparition du 22 février 1931 que Jésus demande que le premier dimanche après Pâques, jusque-là appelé « Dimanche in albis (en blanc) », soit consacré à la Miséricorde (Petit Journal, 49, 299, 699).
Le 30 avril 2000, jour de la canonisation de sainte Faustine, saint Jean-Paul II a accédé à la demande du Christ en instituant la fête de la Miséricorde Divine. Lui-même est mort le 2 avril 2005 au soir, la veille de cette fête.
- Le chapelet de la Miséricorde Divine :
le 13 septembre 1935 à Vilnius, sainte Faustine reçoit la révélation d’une prière qui suit la forme du chapelet marial et remplace les formules habituelles par de courtes invocations à la Miséricorde Divine (Petit Journal, 474-476, 848, 1541).
Jésus lui précise : « Par ce chapelet, tu obtiendras tout, si ce que tu demandes est conforme à ma volonté » (Petit Journal, 1731).
- L’heure de la Miséricorde Divine :
Le 10 octobre 1937, Jésus demande à sainte Faustine d’implorer particulièrement la Miséricorde pour les pécheurs à 15 heures, le moment de sa mort lors du Vendredi Saint, en se plongeant en prière dans l’abandon de son agonie et dans les souffrances de sa Passion (Petit Journal, 1320, 1572).
Par ces dévotions, le Christ demande surtout que nous ayons confiance en lui et que nous aimions notre prochain. « Ultime planche de salut pour l’humanité », la Miséricorde représente une puissance infinie de pardon appelant tout pécheur au repentir et à la conversion.
Jésus demande à sainte Faustine de faire connaître au monde entier sa Miséricorde (Petit Journal, 687) :
« Tu es la secrétaire de Ma miséricorde, je t'ai choisie pour cette fonction dans cette vie et dans la vie future. J
Je le veux ainsi, malgré tous les obstacles que l’on dressera contre toi ; sache que ma prédilection ne changera pas » (Petit Journal, 1605).
Une Sœur « misérable » ?
En effet, beaucoup de Sœurs se moquent de la jeune femme, assurant que Jésus ne peut se trouver dans une telle intimité avec un être aussi imparfait et misérable, le Seigneur n’étant en rapport intime qu’avec des âmes saintes.
Dans ces moments difficiles, Sœur Faustine se tourne vers Jésus, se qualifiant de poussière incapable et d’être misérable ; le priant de donner toutes ces grâces à quelqu’un d’autre. Elle le supplie de ne pas lui demander de si grandes choses. Le Seigneur lui répond que c’est justement parce qu’elle est misérable qu’il souhaite se servir d’elle pour montrer au monde la puissance de sa Miséricorde (Petit Journal, 133).
Il lui dit qu’elle préparerait le monde à son ultime venue (Petit Journal, 429).
Sainte Faustine écrira ainsi :
« Je sens bien que ma mission ne s’arrêtera pas à ma mort mais qu’elle ne fera que commencer. Ô âmes qui doutez, je soulèverai le voile du Ciel pour vous convaincre de la bonté de Dieu (…) Dieu est Amour et Miséricorde. » (Petit Journal, 281).
La mort d’une sainte.
Sœur Faustine, le corps ravagé par la tuberculose et les souffrances, offerte pour la conversion des pécheurs, meurt en odeur de sainteté le 5 octobre 1938 à Cracovie (Sud de la Pologne), âgée de 33 ans à peine.
Quelque temps avant sa mort, le bienheureux Père Michel Sopocko (1888-1975), son père spirituel, lui rendit visite à l’hôpital, puis dans sa cellule au couvent.
Il la vit alors en extase.
Il raconte : « Une fois, j’ai vu Sœur Faustine en extase. C’était le 2 septembre 1938, lorsque je lui ai rendu visite à l’hôpital de Pradnik.
Sorti de sa chambre, je me suis rappelé que je devais lui remettre quelques dizaines d’exemplaires, imprimés à Cracovie, des prières qu’elle avait composées (neuvaine, litanies, chapelet) sur la Miséricorde Divine.
Je suis donc retourné pour les lui remettre. Quand j’ai ouvert la porte de sa chambre, je l’ai vue plongée dans la prière, dans une position assise, mais presque suspendue au-dessus du lit.
Son regard était fixé sur un objet invisible, ses prunelles légèrement dilatées. Elle n’avait pas remarqué que j’étais entré.
Ne voulant pas la déranger, je m’apprêtais à sortir, mais, peu après, quand elle revint à elle, elle me demanda de l’excuser de n’avoir ni entendu qu’on frappait à la porte, ni vu que j’étais entré.
Je lui remis ces prières et la saluai ; elle m’a dit « Au revoir au Ciel ! » Lorsque, ensuite, (…) je lui ai rendu visite pour la dernière fois à Lagiewniki, elle ne voulait plus ou plutôt ne pouvait pas me parler car, a-t-elle dit : « Je suis occupée par mon union avec Dieu. »
Effectivement, elle donnait l’impression d’un être surnaturel. (…)
Le 25 septembre 1938, Faustine a prédit qu’elle allait mourir dix jours plus tard. En effet, après mon retour à Vilnius, j’ai reçu une dépêche indiquant que le 5 octobre 1938 elle s’était endormie dans le Seigneur. Je suis fortement convaincu de sa sainteté. Elle m’a promis de m’aider du haut du ciel. » [1]
Le premier dimanche après Pâques, le 18 avril 1993, le pape Jean-Paul II proclame Sœur Faustine Bienheureuse.
Sept ans plus tard, le 30 avril 2000, le premier dimanche après Pâques, le Pape la canonise (c’est la première sainte du Jubilé de l’an 2000) et institue le jour même la Fête de la Miséricorde Divine pour toute l’Église.
À cette occasion, il dira : « Et toi, Faustine, don de Dieu à notre temps, obtiens-nous de percevoir la profondeur de la Miséricorde divine, aide-nous à en faire l’expérience vivante et à en témoigner à nos frères.
Que ton message de lumière et d’espérance se diffuse dans le monde entier, pousse les pécheurs à la conversion, dissipe les rivalités et les haines, incite les hommes et les nations à la pratique de la fraternité.
Aujourd’hui, en tournant le regard avec toi vers le visage du Christ ressuscité, nous faisons nôtre ta prière d’abandon confiant et nous disons avec une ferme espérance : « Jésus, j’ai confiance en Toi ! » »
[1] Jésus, Roi de Miséricorde, Éditions Pour La Miséricorde Divine, 2014, p. 52.
Rendez-vous tous les Samedis avec
M1234- Hiérophante contre le nouvel ordre mondial
- Messages : 26371
Age : 70
Localisation : Vendée (Marie du 85)
Inscription : 12/01/2016
Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1907
SŒUR MARIE-MARTHE CHAMBON, APÔTRE DES SAINTES PLAIES
Sœur Marie-Marthe Chambon, apôtre des Saintes Plaies
De ses nombreuses rencontres avec Jésus-Christ, Sœur Marie-Marthe Chambon (1841-1907), religieuse savoyarde, a reçu la mission de faire connaître à tous la dévotion au chapelet des Cinq Plaies.
Les Sœurs de la Visitation de Thonon-les-Bains
Une enfant modeste et pieuse. Le 6 mars 1841, Françoise Chambon naît à la Croix Rouge, petit hameau en bordure de Chambéry (Savoie), dans une famille très pauvre (on dirait aujourd’hui « en dessous du seuil de pauvreté »).
Elle est baptisée le même jour.
La maison où elle voit le jour, c’est-à-dire une misérable cahute au toit de chaume et au sol de terre battue, existe toujours.
Une plaque commémorative a été posée le 15 septembre 2012 à l’initiative des Sœurs de la Visitation de Marclaz (Thonon-les-Bains, Haute-Savoie).
Françoise est l’aînée d’une sœur et de six frères (dont un mort au berceau).
Bien que très pauvres des biens de ce monde, ses parents sont riches des valeurs du cœur humain et de la foi chrétienne qu’ils savent transmettre à leurs enfants : droiture, bonté, honnêteté, sens du travail, piété solide.
Première rencontre avec Jésus. Régulièrement, Françoise participe à la prière du chapelet chez sa tante ou au chemin de Croix de la paroisse (actuelle église Saint-Pierre de Lémenc, à Chambéry).
C’est là que Jésus vient la rejoindre et l’appeler déjà à vivre dans son mystère d’abaissement et de pauvreté.
C’est au cours d’un chemin de Croix le Vendredi-Saint (elle a 8 ou 9 ans), qu’elle voit pour la première fois Jésus attaché à la Croix, tout couvert de sang, tout déchiré « selon ses propres dires ».
Aucune parole dans cette vision, mais elle ressent un ardent désir de le suivre. Jésus grandit dans son cœur. Pour lui prouver son amour, rien ne lui semble trop difficile : elle demande à sa mère comme une faveur de prendre sa soupe sans beurre, elle se lève aussi la nuit pour prier jusqu’à ce qu’on l’oblige à se recoucher.
C’est une façon à elle de se préparer à recevoir pour la première fois Jésus dans la communion eucharistique – une préparation que vont parfaire sa tante et le curé de la paroisse.
Ces éléments de catéchisme seront les seuls qu’elle possèdera jusqu’à son entrée au monastère ; durant son enfance pauvre et laborieuse, elle n’aura jamais le loisir d’apprendre à lire et à écrire.
Une relation intime avec le Christ.
Le 8 septembre 1850, arrive le grand jour de sa première communion.
Ici, une nouvelle faveur sera déterminante pour toute sa vie : elle voit l’Enfant Jésus qui lui promet de lui tenir compagnie et de la visiter ainsi à chaque communion.
Pour qualifier les bienfaits de la communion eucharistique, elle se contente de dire :
« On a le paradis dans le cœur ! » Un paradis qui ne la quitte pas lorsqu’elle travaille aux champs pour aider ses parents:
« Nous étions toujours ensemble », dira t-elle, en parlant de l’Enfant Jésus.
Déjà, on voit se dessiner les grands attraits de sa vie.
Pauvreté de Jésus dans la crèche, dans sa vie cachée à Nazareth.
Pauvreté de Jésus dans l’hostie.
Pauvreté de Jésus sur la Croix : richesse infinie contenue dans sa Passion, dans ses Saintes Plaies qui sont comme des paroles silencieuses de son Amour rédempteur pour chaque âme.
Les entendre et les transmettre, voilà le trésor de la petite Françoise que Jésus va lui dévoiler tout au long de sa vie. Un trésor qu’elle veut nous faire partager encore aujourd’hui.
Une mission liée aux Saintes Plaies.
Peu après la réunion de la Savoie à la France (1860), Françoise est admise au Tiers-Ordre de Saint-François-d’Assise (1861), puis choisit finalement en février 1862 d’entrer à la Visitation de Chambéry, à proximité immédiate de l’église de son enfance, où la supérieure l’admet comme aspirante au rang des Sœurs converses (c’est-à-dire parmi les Sœurs chargées des travaux domestiques et du pensionnat du monastère).
« Je voulais n’être occupée que de Lui, ne penser qu’à Lui », dira-t-elle.
Le 29 avril 1863, après neuf mois de postulat, Françoise Chambon reçoit avec le voile blanc le nom de Marie-Marthe, si bien approprié à celle qui devait unir au labeur quotidien incessant, une « rare intensité de vie intérieure », selon l’expression de ses premières biographes.
Sa vie laborieuse et cachée est le terreau de cette vie intime particulièrement développée.
Unie très profondément à Jésus dans le mystère de sa Sainte Enfance et celui de sa Passion, elle déclare avoir reçu de lui une « mission » : « celle d’invoquer sans cesse personnellement les Saintes Plaies et celle de raviver dans le monde cette dévotion ».
Le 2 août 1864, en la fête de Notre-Dame des Anges, Sœur Marie-Marthe se lie irrévocablement à Jésus par la profession religieuse.
Elle a 23 ans.
L’épreuve d’une voie peu commune.
À partir de mai 1866, Dieu se manifeste à Sœur Marie-Marthe de façon extraordinaire, accompagné par la Vierge Marie, les Anges et de nombreux Saints.
« Monsieur le Curé me permettait souvent de communier.
Quelquefois, c'était la Sainte Vierge qui me donnait son petit Jésus.
Un jour de la Nativité, le Saint-Sacrement était exposé ; après la grand'messe, je suis restée et j'ai vu la Sainte Vierge.
Elle avait son petit Jésus et elle me l'a donné. »
Pendant 25 ans environ, ce sont des visions, des paroles intérieures qu’elle transmet fidèlement à ses deux Supérieures successives : Mère Marie-Alexis Blanc et Mère Thérèse Eugénie Revel.
Épreuve pour Sœur Marie-Marthe et son humilité, cette voie peu commune est aussi une épreuve pour le discernement de celles qui la dirigent.
S’appuyant sur les conseils de sages guides spirituels, Mère Eugénie Revel et Mère Marie-Alexis Blanc acceptent par obéissance de recueillir fidèlement par écrit ce que leur transmet Sœur Marie-Marthe de la part du Seigneur.
Les autres Sœurs de la communauté n’en sauront jamais rien… mais elles remarquent la piété profonde de Sœur Marie-Marthe, son activité étonnamment débordante au pensionnat, à l’entretien des pièces du monastère et au jardin. «
Elle fait le travail de deux Sœurs », disent-elles en parlant de Marie-Marthe.
Ses défauts naturels dont elle ne se défait pas cachent ses dons exceptionnels, ainsi que toutes les grâces qu’elle obtient pour le monastère, les âmes du Purgatoire, les malades, et tous ceux pour qui elle invoque Notre Seigneur.
Au début du premier cahier (il y en aura quatre), Mère Eugénie Revel écrit ceci : « Dieu semble avoir choisi cette humble fille pour renouveler la Dévotion aux Saintes Plaies de Notre Seigneur, les faire valoir en les offrant continuellement pour la conversion des pécheurs et le soulagement des âmes du Purgatoire. Les Saintes Plaies lui sont montrées de manière sensible, aux yeux de son âme tous les jours, plusieurs fois. »
La Passion
Jésus semble vouloir l’associer plus étroitement à sa Passion.
En septembre 1866, Sœur Marie-Marthe, à sa demande, obtient de sa supérieure la permission de passer ses nuits en prière, auprès du Tabernacle ou dans sa cellule, allongée sur le plancher avec un cilice (ceinture parfois à clous à porter serrée sur la cuisse) et une couronne d’épines.
Cela lui est accordé après beaucoup d’épreuves et de signes qui confirment la volonté expresse de Jésus.
Le 18 avril 1867, Jésus demande à Soeur Marie-Marthe la communion journalière.
En septembre de la même année, lorsque sévit en Savoie une nouvelle épidémie de choléra, la prière des Saintes Plaies demandée par Jésus est mise sous la forme de « Rosaire des Saintes Plaies » par les supérieures (1868).
C’est aussi à cette époque que Jésus demande l’Heure Sainte du vendredi pour honorer ses Cinq Plaies.
Les 25, 26 et 27 septembre 1867, Sœur Marie-Marthe reçoit des révélations sur le mystère de la Trinité, la Crèche et la Croix (triduum de grâces).
Le 17 octobre, Soeur Marie-Marthe scelle son offrande aux Saintes Plaies pour le monde entier et le bien de sa communauté entre les mains de sa supérieure Thérèse-Eugénie Revel :
« Je, Soeur Marie-Marthe Chambon, promets à Notre-Seigneur Jésus-Christ de m’offrir tous les matins à Dieu le Père, en union avec les Divines Plaies de Jésus Crucifié, pour le salut du monde entier et pour le bien et la perfection de ma Communauté.
Je l’adorerai dans tous les coeurs qui le reçoivent dans la Sainte Eucharistie…
Je le remercierai de ce qu’Il veut bien venir dans tant de cœurs qui sont si peu préparés.
Je promets à Notre-Seigneur d’offrir toutes les 10 minutes – avec le secours de sa grâce et en esprit d’obéissance – les Divines Plaies de son Sacré Corps au Père Éternel… d’unir toutes mes actions à ses Saintes Plaies, selon les intentions de son Cœur adorable, pour le triomphe de la Sainte Église, pour les pécheurs et les âmes du Purgatoire, pour tous les besoins de ma communauté, ceux du noviciat, du pensionnat et en expiation de toutes les fautes qui s’y commettent.
Tout ceci par amour, sans obligation de péché (en cas d’oubli).
"Père Éternel, je vous offre les Plaies de Notre Seigneur Jésus-Christ pour guérir celles de nos âmes." Telle est la formule de cette offrande.
» Les 22 et 23 octobre 1867, la confirmation de la dévotion des Saintes Plaies au sein de l’Ordre de la Visitation est donnée à Soeur Marie-Marthe en plusieurs visions.
Une fin douloureuse
À partir du 25 janvier 1869 jusqu’au mois de septembre 1873, Sœur Marie-Marthe ne vit que de l’Eucharistie, son seul aliment pendant quatre ans.
Le 12 juin 1874, les stigmates extérieurs lui sont donnés.
Les dernières années de sa vie (1893-1907), Sœur Marie-Marthe connaît l’épreuve de la nuit, le silence de Dieu ; ce qui ne ralentit pas sa ferveur ni son activité. C’est le temps du silence des semailles, de l’enfouissement…
Le 13 février 1907, elle reçoit l’Extrême onction et vit l’offrande de cinq semaines d’une maladie très douloureuse.
Le 21 mars 1907, Jésus vient la chercher aux premières vêpres de la Compassion de la Vierge Marie.
Après ses funérailles le 23 mars, l’inhumation a lieu au cimetière de la ville puis, quelques années plus tard, dans la chapelle de Notre-Dame des Sept Douleurs à Lémenc.
Aujourd’hui, les restes de Sœur Marie-Marthe reposent à la Visitation de Thonon-les-Bains.
Vers la béatification
En même temps que se répand la dévotion aux Saintes Plaies (autorisée par le pape saint Pie X en 1908), s’étend le renom de son humble apôtre, ainsi que la confiance en son crédit auprès de Dieu.
Procurer la gloire de Dieu, le Salut des âmes, telle était son unique ambition : « Mon Jésus, j’ai soif des âmes pour votre gloire », disait-elle.
Un procès pour la béatification de Sœur Marie-Marthe avait été ouvert de 1934 à 1936.
SŒUR MARIE-MARTHE CHAMBON, APÔTRE DES SAINTES PLAIES
Sœur Marie-Marthe Chambon, apôtre des Saintes Plaies
De ses nombreuses rencontres avec Jésus-Christ, Sœur Marie-Marthe Chambon (1841-1907), religieuse savoyarde, a reçu la mission de faire connaître à tous la dévotion au chapelet des Cinq Plaies.
Les Sœurs de la Visitation de Thonon-les-Bains
Une enfant modeste et pieuse. Le 6 mars 1841, Françoise Chambon naît à la Croix Rouge, petit hameau en bordure de Chambéry (Savoie), dans une famille très pauvre (on dirait aujourd’hui « en dessous du seuil de pauvreté »).
Elle est baptisée le même jour.
La maison où elle voit le jour, c’est-à-dire une misérable cahute au toit de chaume et au sol de terre battue, existe toujours.
Une plaque commémorative a été posée le 15 septembre 2012 à l’initiative des Sœurs de la Visitation de Marclaz (Thonon-les-Bains, Haute-Savoie).
Françoise est l’aînée d’une sœur et de six frères (dont un mort au berceau).
Bien que très pauvres des biens de ce monde, ses parents sont riches des valeurs du cœur humain et de la foi chrétienne qu’ils savent transmettre à leurs enfants : droiture, bonté, honnêteté, sens du travail, piété solide.
Première rencontre avec Jésus. Régulièrement, Françoise participe à la prière du chapelet chez sa tante ou au chemin de Croix de la paroisse (actuelle église Saint-Pierre de Lémenc, à Chambéry).
C’est là que Jésus vient la rejoindre et l’appeler déjà à vivre dans son mystère d’abaissement et de pauvreté.
C’est au cours d’un chemin de Croix le Vendredi-Saint (elle a 8 ou 9 ans), qu’elle voit pour la première fois Jésus attaché à la Croix, tout couvert de sang, tout déchiré « selon ses propres dires ».
Aucune parole dans cette vision, mais elle ressent un ardent désir de le suivre. Jésus grandit dans son cœur. Pour lui prouver son amour, rien ne lui semble trop difficile : elle demande à sa mère comme une faveur de prendre sa soupe sans beurre, elle se lève aussi la nuit pour prier jusqu’à ce qu’on l’oblige à se recoucher.
C’est une façon à elle de se préparer à recevoir pour la première fois Jésus dans la communion eucharistique – une préparation que vont parfaire sa tante et le curé de la paroisse.
Ces éléments de catéchisme seront les seuls qu’elle possèdera jusqu’à son entrée au monastère ; durant son enfance pauvre et laborieuse, elle n’aura jamais le loisir d’apprendre à lire et à écrire.
Une relation intime avec le Christ.
Le 8 septembre 1850, arrive le grand jour de sa première communion.
Ici, une nouvelle faveur sera déterminante pour toute sa vie : elle voit l’Enfant Jésus qui lui promet de lui tenir compagnie et de la visiter ainsi à chaque communion.
Pour qualifier les bienfaits de la communion eucharistique, elle se contente de dire :
« On a le paradis dans le cœur ! » Un paradis qui ne la quitte pas lorsqu’elle travaille aux champs pour aider ses parents:
« Nous étions toujours ensemble », dira t-elle, en parlant de l’Enfant Jésus.
Déjà, on voit se dessiner les grands attraits de sa vie.
Pauvreté de Jésus dans la crèche, dans sa vie cachée à Nazareth.
Pauvreté de Jésus dans l’hostie.
Pauvreté de Jésus sur la Croix : richesse infinie contenue dans sa Passion, dans ses Saintes Plaies qui sont comme des paroles silencieuses de son Amour rédempteur pour chaque âme.
Les entendre et les transmettre, voilà le trésor de la petite Françoise que Jésus va lui dévoiler tout au long de sa vie. Un trésor qu’elle veut nous faire partager encore aujourd’hui.
Une mission liée aux Saintes Plaies.
Peu après la réunion de la Savoie à la France (1860), Françoise est admise au Tiers-Ordre de Saint-François-d’Assise (1861), puis choisit finalement en février 1862 d’entrer à la Visitation de Chambéry, à proximité immédiate de l’église de son enfance, où la supérieure l’admet comme aspirante au rang des Sœurs converses (c’est-à-dire parmi les Sœurs chargées des travaux domestiques et du pensionnat du monastère).
« Je voulais n’être occupée que de Lui, ne penser qu’à Lui », dira-t-elle.
Le 29 avril 1863, après neuf mois de postulat, Françoise Chambon reçoit avec le voile blanc le nom de Marie-Marthe, si bien approprié à celle qui devait unir au labeur quotidien incessant, une « rare intensité de vie intérieure », selon l’expression de ses premières biographes.
Sa vie laborieuse et cachée est le terreau de cette vie intime particulièrement développée.
Unie très profondément à Jésus dans le mystère de sa Sainte Enfance et celui de sa Passion, elle déclare avoir reçu de lui une « mission » : « celle d’invoquer sans cesse personnellement les Saintes Plaies et celle de raviver dans le monde cette dévotion ».
Le 2 août 1864, en la fête de Notre-Dame des Anges, Sœur Marie-Marthe se lie irrévocablement à Jésus par la profession religieuse.
Elle a 23 ans.
L’épreuve d’une voie peu commune.
À partir de mai 1866, Dieu se manifeste à Sœur Marie-Marthe de façon extraordinaire, accompagné par la Vierge Marie, les Anges et de nombreux Saints.
« Monsieur le Curé me permettait souvent de communier.
Quelquefois, c'était la Sainte Vierge qui me donnait son petit Jésus.
Un jour de la Nativité, le Saint-Sacrement était exposé ; après la grand'messe, je suis restée et j'ai vu la Sainte Vierge.
Elle avait son petit Jésus et elle me l'a donné. »
Pendant 25 ans environ, ce sont des visions, des paroles intérieures qu’elle transmet fidèlement à ses deux Supérieures successives : Mère Marie-Alexis Blanc et Mère Thérèse Eugénie Revel.
Épreuve pour Sœur Marie-Marthe et son humilité, cette voie peu commune est aussi une épreuve pour le discernement de celles qui la dirigent.
S’appuyant sur les conseils de sages guides spirituels, Mère Eugénie Revel et Mère Marie-Alexis Blanc acceptent par obéissance de recueillir fidèlement par écrit ce que leur transmet Sœur Marie-Marthe de la part du Seigneur.
Les autres Sœurs de la communauté n’en sauront jamais rien… mais elles remarquent la piété profonde de Sœur Marie-Marthe, son activité étonnamment débordante au pensionnat, à l’entretien des pièces du monastère et au jardin. «
Elle fait le travail de deux Sœurs », disent-elles en parlant de Marie-Marthe.
Ses défauts naturels dont elle ne se défait pas cachent ses dons exceptionnels, ainsi que toutes les grâces qu’elle obtient pour le monastère, les âmes du Purgatoire, les malades, et tous ceux pour qui elle invoque Notre Seigneur.
Au début du premier cahier (il y en aura quatre), Mère Eugénie Revel écrit ceci : « Dieu semble avoir choisi cette humble fille pour renouveler la Dévotion aux Saintes Plaies de Notre Seigneur, les faire valoir en les offrant continuellement pour la conversion des pécheurs et le soulagement des âmes du Purgatoire. Les Saintes Plaies lui sont montrées de manière sensible, aux yeux de son âme tous les jours, plusieurs fois. »
La Passion
Jésus semble vouloir l’associer plus étroitement à sa Passion.
En septembre 1866, Sœur Marie-Marthe, à sa demande, obtient de sa supérieure la permission de passer ses nuits en prière, auprès du Tabernacle ou dans sa cellule, allongée sur le plancher avec un cilice (ceinture parfois à clous à porter serrée sur la cuisse) et une couronne d’épines.
Cela lui est accordé après beaucoup d’épreuves et de signes qui confirment la volonté expresse de Jésus.
Le 18 avril 1867, Jésus demande à Soeur Marie-Marthe la communion journalière.
En septembre de la même année, lorsque sévit en Savoie une nouvelle épidémie de choléra, la prière des Saintes Plaies demandée par Jésus est mise sous la forme de « Rosaire des Saintes Plaies » par les supérieures (1868).
C’est aussi à cette époque que Jésus demande l’Heure Sainte du vendredi pour honorer ses Cinq Plaies.
Les 25, 26 et 27 septembre 1867, Sœur Marie-Marthe reçoit des révélations sur le mystère de la Trinité, la Crèche et la Croix (triduum de grâces).
Le 17 octobre, Soeur Marie-Marthe scelle son offrande aux Saintes Plaies pour le monde entier et le bien de sa communauté entre les mains de sa supérieure Thérèse-Eugénie Revel :
« Je, Soeur Marie-Marthe Chambon, promets à Notre-Seigneur Jésus-Christ de m’offrir tous les matins à Dieu le Père, en union avec les Divines Plaies de Jésus Crucifié, pour le salut du monde entier et pour le bien et la perfection de ma Communauté.
Je l’adorerai dans tous les coeurs qui le reçoivent dans la Sainte Eucharistie…
Je le remercierai de ce qu’Il veut bien venir dans tant de cœurs qui sont si peu préparés.
Je promets à Notre-Seigneur d’offrir toutes les 10 minutes – avec le secours de sa grâce et en esprit d’obéissance – les Divines Plaies de son Sacré Corps au Père Éternel… d’unir toutes mes actions à ses Saintes Plaies, selon les intentions de son Cœur adorable, pour le triomphe de la Sainte Église, pour les pécheurs et les âmes du Purgatoire, pour tous les besoins de ma communauté, ceux du noviciat, du pensionnat et en expiation de toutes les fautes qui s’y commettent.
Tout ceci par amour, sans obligation de péché (en cas d’oubli).
"Père Éternel, je vous offre les Plaies de Notre Seigneur Jésus-Christ pour guérir celles de nos âmes." Telle est la formule de cette offrande.
» Les 22 et 23 octobre 1867, la confirmation de la dévotion des Saintes Plaies au sein de l’Ordre de la Visitation est donnée à Soeur Marie-Marthe en plusieurs visions.
Une fin douloureuse
À partir du 25 janvier 1869 jusqu’au mois de septembre 1873, Sœur Marie-Marthe ne vit que de l’Eucharistie, son seul aliment pendant quatre ans.
Le 12 juin 1874, les stigmates extérieurs lui sont donnés.
Les dernières années de sa vie (1893-1907), Sœur Marie-Marthe connaît l’épreuve de la nuit, le silence de Dieu ; ce qui ne ralentit pas sa ferveur ni son activité. C’est le temps du silence des semailles, de l’enfouissement…
Le 13 février 1907, elle reçoit l’Extrême onction et vit l’offrande de cinq semaines d’une maladie très douloureuse.
Le 21 mars 1907, Jésus vient la chercher aux premières vêpres de la Compassion de la Vierge Marie.
Après ses funérailles le 23 mars, l’inhumation a lieu au cimetière de la ville puis, quelques années plus tard, dans la chapelle de Notre-Dame des Sept Douleurs à Lémenc.
Aujourd’hui, les restes de Sœur Marie-Marthe reposent à la Visitation de Thonon-les-Bains.
Vers la béatification
En même temps que se répand la dévotion aux Saintes Plaies (autorisée par le pape saint Pie X en 1908), s’étend le renom de son humble apôtre, ainsi que la confiance en son crédit auprès de Dieu.
Procurer la gloire de Dieu, le Salut des âmes, telle était son unique ambition : « Mon Jésus, j’ai soif des âmes pour votre gloire », disait-elle.
Un procès pour la béatification de Sœur Marie-Marthe avait été ouvert de 1934 à 1936.
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M1234- Hiérophante contre le nouvel ordre mondial
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Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
1933
À BANNEUX, LA « VIERGE DES PAUVRES » SOULAGE LES SOUFFRANCES
Les huit apparitions de la Vierge Marie à la petite Mariette Beco pendant l’hiver 1933 ont fait du hameau de Banneux en Belgique wallonne, au sud-est de Liège, un lieu de pèlerinage qui accueille chaque année un demi-million de pèlerins du monde entier.
Abbé Leo Palm Recteur du sanctuaire de la Vierge des Pauvres, Banneux
Une famille modeste peu pratiquante.
Dimanche 15 janvier 1933 vers 19 heures.
Nous sommes dans la cuisine de la famille Beco.
Un poêle à charbon chauffe la petite pièce, une lampe à pétrole se trouve sur la table de la cuisine.
Les Beco vivent à l’écart : papa a construit une petite maison ouvrière pour les siens à un bon kilomètre du village de Banneux, dans la commune de Louveigné (intégrée depuis 1977 à la commune de Sprimont).
Les parents y vivent avec leurs sept enfants nés sur douze ans. Mariette (12 ans) est l’aînée, « l’active petite maman d’un ménage où la vraie maman, épuisée, est souvent malade ».
Une journée éreintante touche à sa fin : trois des sept enfants ont été souffrants.
Maman berce le dernier-né qui a à peine trois mois.
Papa est allé mettre au lit la petite Simone dans la pièce à côté.
Il s’est étendu auprès de la fillette et s’est endormi. Alphonse et André dorment à l’étage.
Le petit René est couché sur une paillasse à côté du banc sur lequel Mariette est agenouillée.
Elle guette le retour de son frère Julien, en vadrouille depuis le matin.
Qu’ont-ils fait ce dimanche-là ?
Nous n’en savons pas grand-chose.
Mais nous savons qu’ils n’ont pas été à l’église, car les Beco ne pratiquent pas, en tout cas pas avec une régularité exemplaire.
Il est vrai que Mariette avait commencé le catéchisme en vue de la première communion (qui se faisait à l’âge de 12 ans), mais depuis trois mois, elle n’y était plus allée.
Elle ne s’entendait guère avec le chapelain Louis Jamin, avait exprimé le souhait de ne plus suivre la catéchèse, et son papa n’en avait pas fait un problème.
« Tu ne feras pas ta communion, c’est tout. »
L’apparition de la Vierge Marie.
Mariette guette le retour de son frère Julien, mais c’est quelqu’un d’autre qui se présentera ce soir-là dans le jardinet.
Une dame, très belle, très jeune, rayonnante d’une lumière intérieure.
- « Mon Dieu, maman, je vois une dame dans le jardin !
Si bien habillée, si élégante ! »
- « Laisse-moi tranquille, c’est des sottises ! »
- « Mon Dieu, maman, on dirait la sainte Vierge ! »
- « Oui, c’est peut-être la sainte Vierge », ironise la maman.
Pourtant, la maman sort de son engourdissement : sa fille n’est pas du genre à rêvasser, encore moins de choses pieuses.
Mariette aurait-elle aussi de la fièvre ?
Madame Beco vient à la fenêtre, soulève le rideau et voit également une silhouette blanche :
« C’est une macrale (une sorcière) », dit-elle.
Mariette se met à égrener le chapelet qu’elle avait trouvé quelques jours auparavant sur la route.
La belle dame lui fait signe de la main, l’invitant à sortir.
Mariette se dirige vers la porte, mais sa mère donne un tour de clé, l’empêchant ainsi de rejoindre la dame.
Quand Mariette revient à la fenêtre, la lumière a disparu.
Quand Julien rentre, il se fait réprimander.
Mais pour une fois, il a une bonne excuse : l’abbé Jamin est en train de former le patronage et il a emmené les enfants en excursion.
Mariette lui confie qu’elle a vu
« quelque chose de beau ».
Pour toute réponse, elle reçoit cette phrase :
« Tu es sotte ! »
Et tout le monde va se coucher.
Dieu vient à l’homme.
Le lendemain matin alors que le père Beco allume le feu, sa femme lui raconte tout.
Dans le jardin, elle lui montre l’endroit où se tenait la silhouette.
Les Beco sont un couple très uni, ils n’ont pas de secret l’un pour l’autre, et ils adorent leurs enfants.
Quand Mariette descend, le père l’accueille de mauvaise humeur :
« Tu deviens sotte ? »
Mais devant le regard limpide de son aînée, il se ravise, se fait indiquer l’endroit de l’apparition.
Mariette indique exactement le même lieu que Madame Beco.
Alors le père se pose des questions : sa fille ne lui a jamais menti. Elle lui ressemble, et pas plus que lui, elle ne supporte de voir sa loyauté mise en doute.
Voilà une famille tout à fait normale.
Une dimension n’est pas très présente : la vie de foi, la vie chrétienne, la prière, la pratique religieuse.
Apparemment, Marie ne s’en offusque pas.
Un proverbe allemand dit
: « Si le prophète ne vient pas à la montagne, la montagne ira au prophète. »
L’homme ne va plus à Dieu ?
Qu’à cela ne tienne, alors Dieu viendra à l’homme.
La terre se désintéresse du Ciel, le Ciel ne saurait ignorer la terre.
Il nous arrive d’être assez bête pour croire que nous pouvons nous passer de Dieu.
Heureusement, Dieu ne nous en veut pas et n’hésite pas à nous dire qu’il ne peut pas se passer de nous
. Il me semble que la famille Beco est représentative de beaucoup de familles de l’époque et d’aujourd’hui.
Dieu, Jésus, l’Esprit saint, Marie, les saints ne trouvent pas la place qu’ils devraient avoir.
« Source jaillissant en vie éternelle »
Lorsque la belle dame revient le 18 janvier, Mariette l’attend dehors : à genoux sur le sentier, elle récite le chapelet, alors que sa maman ne l’avait jamais vu prier.
Plus question donc que maman l’empêche de sortir ; la petite a pris les devants. Marie la rejoint dans le jardin et l’invite à la suivre : confiante, la voyante se met en route, sans trop savoir où elles vont.
La belle dame, et c’est remarquable, avance à reculons, toujours tournée vers Mariette, un peu comme une maman qui apprend à son petit enfant à faire ses premiers pas.
À deux reprises, elles s’arrêtent, Mariette s’agenouille et dit quelques « Ave ». Puis, elles repartent.
Après une petite centaine de mètres, Mariette fait un quart de tour et se tourne : au pied d’un talus, il y a une petite source.
La flaque d’eau est recouverte d’une couche de glace, car il fait glacial : - 12°.
« Poussez vos mains dans l’eau.
» Mariette brise la glace et s’exécute.
« Cette source est réservée pour moi. »
Le lendemain, la belle dame révélera son nom, le vocable sous lequel elle est invoquée à Banneux :
« JE SUIS LA VIERGE DES PAUVRES. »
À nouveau, elle conduit Mariette à la source. Un malentendu fait apparaître la candeur de la petite.
« Belle Dame, hier vous avez dit que cette source est réservée pour moi, pourquoi pour moi ? » (et elle se montre elle-même).
Avec un grand sourire, la dame clarifie les choses : « Pas pour toi ; ni pour moi : pour toutes les nations, pour les malades. »
L’eau de notre baptême.
Où se noue notre relation vitale avec le Christ, si ce n’est dans l’eau du baptême ?
Marie entreprend donc avec Mariette et chacun de nous un pèlerinage à la source de notre foi!
« Vierge des Pauvres, conduis-nous à Jésus, source de la grâce », dit la première invocation.
« Pousser les mains dans l’eau », c’est se ressourcer dans la grâce de notre baptême qui a fait du fils d’homme que nous sommes un fils de Dieu.
« L’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source jaillissant en vie éternelle » (Jean IV, 14).
Le mot « nations » (que Mariette ne connaissait d’ailleurs pas) nous fait évidemment penser à la dernière parole de Jésus dans l’évangile selon saint Matthieu :
« Allez, dit le Seigneur aux apôtres, de toutes les nations, faites des disciples ; baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ; et apprenez-leur à garder tous mes commandements » (Matthieu XXVIII, 19).
Et l’eucharistie, me direz-vous peut-être ?
« Je désirerais une petite chapelle ! »
Tel fut le désir exprimé par la Vierge des Pauvres le 20 janvier, avant d’imposer les mains sur Mariette et de disparaître.
Une syncope empêche la fillette de se souvenir avec précision de la fin de l’apparition.
En tout cas, elle n’a pas entendu la Belle Dame lui dire « Au revoir ».
Le chapelain Jamin voit dans le geste de la Vierge la fin des apparitions ; mais Mariette ne peut le croire.
Fidèlement, elle sort chaque soir pour prier le chapelet.
Son désir est si fort qu’elle prie parfois jusqu’à sept chapelets !
Sa vie a d’ailleurs complètement changé : le mercredi matin, elle va à la messe et au catéchisme.
Pendant trois longues semaines, rien ne se passe : l’abbé Jamin semble avoir raison.
Le 11 février : joie immense.
La Vierge apparaît pour la cinquième fois, conduit l’enfant vers la source et lui confie la raison de sa venue :
« Je viens soulager la souffrance. »
Ce même soir, Mariette, accompagnée d’un prêtre qui a assisté à l’apparition, retrouve le chapelain.
Chemin faisant, ils parlent ensemble.
« As-tu déjà fait ta première communion ? »
La question suscite un désir dans le cœur de la voyante, car arrivée à la cure, elle exprime son intention de communier dès le lendemain matin.
Les objections du chapelain n’y changent rien : Mariette communie pour la première fois le dimanche 12 février 1933.
« Je désirerais une petite chapelle ! »
Spontanément, nous pensons à la chapelle qui se trouve maintenant dans le jardin de la famille Beco.
Mais plus profondément, ne sommes-nous pas chacun et chacune cette petite chapelle dans laquelle le Seigneur veut venir habiter ?
Et de manière éminente chaque fois que nous recevons le Seigneur Jésus dans l’eucharistie ?
Est-ce que, par l’imposition des mains, Marie n’a pas béni en Mariette le désir de l’eucharistie pour qu’il grandisse et se réalise le lendemain de sa cinquième visite ?
Des gestes divins.
L’imposition des mains peut avoir de multiples significations.
Elle peut être signe de bénédiction (Matthieu XIX, 13 :
Jésus bénit les enfants qu’on lui amène).
Elle peut apporter la guérison aux malades (cf. Marc XVI, 18 ; Jacques V, 14 ; Actes IX, 17). Elle peut vouloir signifier la mise à part pour une mission particulière (1 Timothée IV, 14 et 2 Timothée I, 6 : Paul confère l’ordination à son disciple Timothée).
La « bonne parole » devient ainsi un bienfait.
Mais quel est donc le bien que Dieu veut nous faire quand il promet de nous bénir ?
Une belle image utilisée par un père de l’Église, saint Irénée de Lyon, peut nous aider à voir le sens profond de l’imposition des mains et de la bénédiction.
Lorsqu’il médite sur le mystère de la Trinité, il parle du Fils et de l’Esprit comme des « mains de Dieu ».
« Comme si Dieu n’avait pas ses mains à lui !
De toute éternité, il a auprès de lui le Verbe et la Sagesse, le Fils et l’Esprit.
C’est par eux et en eux qu’il fait toutes choses. »
(Contre les hérésies, IV, 20, 1 SC 101bis, p. 626).
Avec ses deux mains, par le Christ et par l’Esprit Saint, le Père veut façonner chaque créature, en particulier l’être humain qui est à son image et à sa ressemblance.
Parce que nous avons repoussé le Seigneur, la ressemblance s’est effacée.
Mais si nous le désirons, le Père nous reprend en main pour nous recréer.
L’imposition des mains et la parole de bénédiction sont alors des gestes divins qui veulent nous rendre notre dignité profonde, celle de fils et filles de Dieu.
L’essor du pèlerinage.
Le village de Banneux était déjà consacré à la Vierge Marie avant les apparitions.
Pour la remercier d’avoir été épargnés lors de l’invasion allemande en août 1914, les habitants l’avaient en effet renommé Banneux-Notre-Dame.
Cependant, l’événement était tombé dans l’oubli et les familles du village ne se manifestaient pas par leur ferveur. Après les apparitions de 1933, l’abbé Jamin constate que l’atmosphère change radicalement, de nombreuses familles revenant durablement à la pratique.
Avec la construction d’une chapelle, inaugurée dès l’été 1933, puis la reconnaissance des apparitions par l’évêque de Liège Mgr Louis-Joseph Kerkhofs, le 22 août 1949 (la même année que les apparitions voisines de Beauraing), un pèlerinage actif s’est mis en place, qui dure jusqu’à nos jours.
Des triduums des malades y sont notamment organisés.
Adieu. Mariette est née le 25 mars 1921, jour de l’Annonciation : raison pour laquelle on l’a appelée Mariette, petite Marie. Joyeux événement chez les Beco.
Mais en 1921, ce 25 mars était aussi le Vendredi Saint.
Oui, Banneux est un entrelacement de mystères joyeux et de mystères douloureux. Mariette a connu tant de souffrances dans sa vie.
Ce qui lui a permis de tenir la tête hors de l’eau, c’est la prière (« Priez beaucoup », dit la Vierge lors des trois dernières apparitions) ; mais c’est aussi et surtout la promesse de Marie :
« Ma chère enfant, je prierai pour toi. »
Elle est décédée le vendredi 2 décembre 2011, premier vendredi du temps de l’Avent, ce temps de grâce où toute l’Église crie de tout cœur :
« Viens, Seigneur Jésus. »
Oui, ce jour-là, Jésus est venu la prendre chez lui, exactement neuf mois après l’anniversaire de la dernière apparition.
Elle s’est éteinte inopinément alors que l’infirmière faisait sa toilette.
L’ « Adieu » de la Sainte Vierge du 2 mars 1933, lors de sa huitième apparition, avait fait pleurer Mariette parce qu’il avait remplacé l’ « au-revoir » par lequel les autres apparitions s’étaient terminées. « Nous cheminons dans la foi, non dans la claire vision. » (2 Corinthiens V, 7)
Un long chemin de foi de 78 ans et neuf mois a débouché, enfin, sur la claire vision.
À BANNEUX, LA « VIERGE DES PAUVRES » SOULAGE LES SOUFFRANCES
Les huit apparitions de la Vierge Marie à la petite Mariette Beco pendant l’hiver 1933 ont fait du hameau de Banneux en Belgique wallonne, au sud-est de Liège, un lieu de pèlerinage qui accueille chaque année un demi-million de pèlerins du monde entier.
Abbé Leo Palm Recteur du sanctuaire de la Vierge des Pauvres, Banneux
Une famille modeste peu pratiquante.
Dimanche 15 janvier 1933 vers 19 heures.
Nous sommes dans la cuisine de la famille Beco.
Un poêle à charbon chauffe la petite pièce, une lampe à pétrole se trouve sur la table de la cuisine.
Les Beco vivent à l’écart : papa a construit une petite maison ouvrière pour les siens à un bon kilomètre du village de Banneux, dans la commune de Louveigné (intégrée depuis 1977 à la commune de Sprimont).
Les parents y vivent avec leurs sept enfants nés sur douze ans. Mariette (12 ans) est l’aînée, « l’active petite maman d’un ménage où la vraie maman, épuisée, est souvent malade ».
Une journée éreintante touche à sa fin : trois des sept enfants ont été souffrants.
Maman berce le dernier-né qui a à peine trois mois.
Papa est allé mettre au lit la petite Simone dans la pièce à côté.
Il s’est étendu auprès de la fillette et s’est endormi. Alphonse et André dorment à l’étage.
Le petit René est couché sur une paillasse à côté du banc sur lequel Mariette est agenouillée.
Elle guette le retour de son frère Julien, en vadrouille depuis le matin.
Qu’ont-ils fait ce dimanche-là ?
Nous n’en savons pas grand-chose.
Mais nous savons qu’ils n’ont pas été à l’église, car les Beco ne pratiquent pas, en tout cas pas avec une régularité exemplaire.
Il est vrai que Mariette avait commencé le catéchisme en vue de la première communion (qui se faisait à l’âge de 12 ans), mais depuis trois mois, elle n’y était plus allée.
Elle ne s’entendait guère avec le chapelain Louis Jamin, avait exprimé le souhait de ne plus suivre la catéchèse, et son papa n’en avait pas fait un problème.
« Tu ne feras pas ta communion, c’est tout. »
L’apparition de la Vierge Marie.
Mariette guette le retour de son frère Julien, mais c’est quelqu’un d’autre qui se présentera ce soir-là dans le jardinet.
Une dame, très belle, très jeune, rayonnante d’une lumière intérieure.
- « Mon Dieu, maman, je vois une dame dans le jardin !
Si bien habillée, si élégante ! »
- « Laisse-moi tranquille, c’est des sottises ! »
- « Mon Dieu, maman, on dirait la sainte Vierge ! »
- « Oui, c’est peut-être la sainte Vierge », ironise la maman.
Pourtant, la maman sort de son engourdissement : sa fille n’est pas du genre à rêvasser, encore moins de choses pieuses.
Mariette aurait-elle aussi de la fièvre ?
Madame Beco vient à la fenêtre, soulève le rideau et voit également une silhouette blanche :
« C’est une macrale (une sorcière) », dit-elle.
Mariette se met à égrener le chapelet qu’elle avait trouvé quelques jours auparavant sur la route.
La belle dame lui fait signe de la main, l’invitant à sortir.
Mariette se dirige vers la porte, mais sa mère donne un tour de clé, l’empêchant ainsi de rejoindre la dame.
Quand Mariette revient à la fenêtre, la lumière a disparu.
Quand Julien rentre, il se fait réprimander.
Mais pour une fois, il a une bonne excuse : l’abbé Jamin est en train de former le patronage et il a emmené les enfants en excursion.
Mariette lui confie qu’elle a vu
« quelque chose de beau ».
Pour toute réponse, elle reçoit cette phrase :
« Tu es sotte ! »
Et tout le monde va se coucher.
Dieu vient à l’homme.
Le lendemain matin alors que le père Beco allume le feu, sa femme lui raconte tout.
Dans le jardin, elle lui montre l’endroit où se tenait la silhouette.
Les Beco sont un couple très uni, ils n’ont pas de secret l’un pour l’autre, et ils adorent leurs enfants.
Quand Mariette descend, le père l’accueille de mauvaise humeur :
« Tu deviens sotte ? »
Mais devant le regard limpide de son aînée, il se ravise, se fait indiquer l’endroit de l’apparition.
Mariette indique exactement le même lieu que Madame Beco.
Alors le père se pose des questions : sa fille ne lui a jamais menti. Elle lui ressemble, et pas plus que lui, elle ne supporte de voir sa loyauté mise en doute.
Voilà une famille tout à fait normale.
Une dimension n’est pas très présente : la vie de foi, la vie chrétienne, la prière, la pratique religieuse.
Apparemment, Marie ne s’en offusque pas.
Un proverbe allemand dit
: « Si le prophète ne vient pas à la montagne, la montagne ira au prophète. »
L’homme ne va plus à Dieu ?
Qu’à cela ne tienne, alors Dieu viendra à l’homme.
La terre se désintéresse du Ciel, le Ciel ne saurait ignorer la terre.
Il nous arrive d’être assez bête pour croire que nous pouvons nous passer de Dieu.
Heureusement, Dieu ne nous en veut pas et n’hésite pas à nous dire qu’il ne peut pas se passer de nous
. Il me semble que la famille Beco est représentative de beaucoup de familles de l’époque et d’aujourd’hui.
Dieu, Jésus, l’Esprit saint, Marie, les saints ne trouvent pas la place qu’ils devraient avoir.
« Source jaillissant en vie éternelle »
Lorsque la belle dame revient le 18 janvier, Mariette l’attend dehors : à genoux sur le sentier, elle récite le chapelet, alors que sa maman ne l’avait jamais vu prier.
Plus question donc que maman l’empêche de sortir ; la petite a pris les devants. Marie la rejoint dans le jardin et l’invite à la suivre : confiante, la voyante se met en route, sans trop savoir où elles vont.
La belle dame, et c’est remarquable, avance à reculons, toujours tournée vers Mariette, un peu comme une maman qui apprend à son petit enfant à faire ses premiers pas.
À deux reprises, elles s’arrêtent, Mariette s’agenouille et dit quelques « Ave ». Puis, elles repartent.
Après une petite centaine de mètres, Mariette fait un quart de tour et se tourne : au pied d’un talus, il y a une petite source.
La flaque d’eau est recouverte d’une couche de glace, car il fait glacial : - 12°.
« Poussez vos mains dans l’eau.
» Mariette brise la glace et s’exécute.
« Cette source est réservée pour moi. »
Le lendemain, la belle dame révélera son nom, le vocable sous lequel elle est invoquée à Banneux :
« JE SUIS LA VIERGE DES PAUVRES. »
À nouveau, elle conduit Mariette à la source. Un malentendu fait apparaître la candeur de la petite.
« Belle Dame, hier vous avez dit que cette source est réservée pour moi, pourquoi pour moi ? » (et elle se montre elle-même).
Avec un grand sourire, la dame clarifie les choses : « Pas pour toi ; ni pour moi : pour toutes les nations, pour les malades. »
L’eau de notre baptême.
Où se noue notre relation vitale avec le Christ, si ce n’est dans l’eau du baptême ?
Marie entreprend donc avec Mariette et chacun de nous un pèlerinage à la source de notre foi!
« Vierge des Pauvres, conduis-nous à Jésus, source de la grâce », dit la première invocation.
« Pousser les mains dans l’eau », c’est se ressourcer dans la grâce de notre baptême qui a fait du fils d’homme que nous sommes un fils de Dieu.
« L’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source jaillissant en vie éternelle » (Jean IV, 14).
Le mot « nations » (que Mariette ne connaissait d’ailleurs pas) nous fait évidemment penser à la dernière parole de Jésus dans l’évangile selon saint Matthieu :
« Allez, dit le Seigneur aux apôtres, de toutes les nations, faites des disciples ; baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ; et apprenez-leur à garder tous mes commandements » (Matthieu XXVIII, 19).
Et l’eucharistie, me direz-vous peut-être ?
« Je désirerais une petite chapelle ! »
Tel fut le désir exprimé par la Vierge des Pauvres le 20 janvier, avant d’imposer les mains sur Mariette et de disparaître.
Une syncope empêche la fillette de se souvenir avec précision de la fin de l’apparition.
En tout cas, elle n’a pas entendu la Belle Dame lui dire « Au revoir ».
Le chapelain Jamin voit dans le geste de la Vierge la fin des apparitions ; mais Mariette ne peut le croire.
Fidèlement, elle sort chaque soir pour prier le chapelet.
Son désir est si fort qu’elle prie parfois jusqu’à sept chapelets !
Sa vie a d’ailleurs complètement changé : le mercredi matin, elle va à la messe et au catéchisme.
Pendant trois longues semaines, rien ne se passe : l’abbé Jamin semble avoir raison.
Le 11 février : joie immense.
La Vierge apparaît pour la cinquième fois, conduit l’enfant vers la source et lui confie la raison de sa venue :
« Je viens soulager la souffrance. »
Ce même soir, Mariette, accompagnée d’un prêtre qui a assisté à l’apparition, retrouve le chapelain.
Chemin faisant, ils parlent ensemble.
« As-tu déjà fait ta première communion ? »
La question suscite un désir dans le cœur de la voyante, car arrivée à la cure, elle exprime son intention de communier dès le lendemain matin.
Les objections du chapelain n’y changent rien : Mariette communie pour la première fois le dimanche 12 février 1933.
« Je désirerais une petite chapelle ! »
Spontanément, nous pensons à la chapelle qui se trouve maintenant dans le jardin de la famille Beco.
Mais plus profondément, ne sommes-nous pas chacun et chacune cette petite chapelle dans laquelle le Seigneur veut venir habiter ?
Et de manière éminente chaque fois que nous recevons le Seigneur Jésus dans l’eucharistie ?
Est-ce que, par l’imposition des mains, Marie n’a pas béni en Mariette le désir de l’eucharistie pour qu’il grandisse et se réalise le lendemain de sa cinquième visite ?
Des gestes divins.
L’imposition des mains peut avoir de multiples significations.
Elle peut être signe de bénédiction (Matthieu XIX, 13 :
Jésus bénit les enfants qu’on lui amène).
Elle peut apporter la guérison aux malades (cf. Marc XVI, 18 ; Jacques V, 14 ; Actes IX, 17). Elle peut vouloir signifier la mise à part pour une mission particulière (1 Timothée IV, 14 et 2 Timothée I, 6 : Paul confère l’ordination à son disciple Timothée).
La « bonne parole » devient ainsi un bienfait.
Mais quel est donc le bien que Dieu veut nous faire quand il promet de nous bénir ?
Une belle image utilisée par un père de l’Église, saint Irénée de Lyon, peut nous aider à voir le sens profond de l’imposition des mains et de la bénédiction.
Lorsqu’il médite sur le mystère de la Trinité, il parle du Fils et de l’Esprit comme des « mains de Dieu ».
« Comme si Dieu n’avait pas ses mains à lui !
De toute éternité, il a auprès de lui le Verbe et la Sagesse, le Fils et l’Esprit.
C’est par eux et en eux qu’il fait toutes choses. »
(Contre les hérésies, IV, 20, 1 SC 101bis, p. 626).
Avec ses deux mains, par le Christ et par l’Esprit Saint, le Père veut façonner chaque créature, en particulier l’être humain qui est à son image et à sa ressemblance.
Parce que nous avons repoussé le Seigneur, la ressemblance s’est effacée.
Mais si nous le désirons, le Père nous reprend en main pour nous recréer.
L’imposition des mains et la parole de bénédiction sont alors des gestes divins qui veulent nous rendre notre dignité profonde, celle de fils et filles de Dieu.
L’essor du pèlerinage.
Le village de Banneux était déjà consacré à la Vierge Marie avant les apparitions.
Pour la remercier d’avoir été épargnés lors de l’invasion allemande en août 1914, les habitants l’avaient en effet renommé Banneux-Notre-Dame.
Cependant, l’événement était tombé dans l’oubli et les familles du village ne se manifestaient pas par leur ferveur. Après les apparitions de 1933, l’abbé Jamin constate que l’atmosphère change radicalement, de nombreuses familles revenant durablement à la pratique.
Avec la construction d’une chapelle, inaugurée dès l’été 1933, puis la reconnaissance des apparitions par l’évêque de Liège Mgr Louis-Joseph Kerkhofs, le 22 août 1949 (la même année que les apparitions voisines de Beauraing), un pèlerinage actif s’est mis en place, qui dure jusqu’à nos jours.
Des triduums des malades y sont notamment organisés.
Adieu. Mariette est née le 25 mars 1921, jour de l’Annonciation : raison pour laquelle on l’a appelée Mariette, petite Marie. Joyeux événement chez les Beco.
Mais en 1921, ce 25 mars était aussi le Vendredi Saint.
Oui, Banneux est un entrelacement de mystères joyeux et de mystères douloureux. Mariette a connu tant de souffrances dans sa vie.
Ce qui lui a permis de tenir la tête hors de l’eau, c’est la prière (« Priez beaucoup », dit la Vierge lors des trois dernières apparitions) ; mais c’est aussi et surtout la promesse de Marie :
« Ma chère enfant, je prierai pour toi. »
Elle est décédée le vendredi 2 décembre 2011, premier vendredi du temps de l’Avent, ce temps de grâce où toute l’Église crie de tout cœur :
« Viens, Seigneur Jésus. »
Oui, ce jour-là, Jésus est venu la prendre chez lui, exactement neuf mois après l’anniversaire de la dernière apparition.
Elle s’est éteinte inopinément alors que l’infirmière faisait sa toilette.
L’ « Adieu » de la Sainte Vierge du 2 mars 1933, lors de sa huitième apparition, avait fait pleurer Mariette parce qu’il avait remplacé l’ « au-revoir » par lequel les autres apparitions s’étaient terminées. « Nous cheminons dans la foi, non dans la claire vision. » (2 Corinthiens V, 7)
Un long chemin de foi de 78 ans et neuf mois a débouché, enfin, sur la claire vision.
Rendez-vous tous les Samedis avec
M1234- Hiérophante contre le nouvel ordre mondial
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Localisation : Vendée (Marie du 85)
Inscription : 12/01/2016
Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
Merci Mariedu 65 pour cette belle recherche sur la Mère des pauvres de Banneux, puisse la Vierge Marie venir soulager les nombreux malades de corps et d'esprit.
Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
Coucou Marie-Ange,
Bien heureuse que cela t'ai plu!
Oui, tu as raison, on se comprend!!
Amitiés
Bien heureuse que cela t'ai plu!
puisse la Vierge Marie venir soulager les nombreux malades de corps et d'esprit. a écrit: a écrit:
Oui, tu as raison, on se comprend!!
Amitiés
M1234- Hiérophante contre le nouvel ordre mondial
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Inscription : 12/01/2016
Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
merci Mariedu65
j'aime beaucoup les lieux mariaux, je suis déjà partie deux fois à Banneux où est érigée une statue du Padre Pio qui est mon père spirituel;là je me prépare pour Medjugorjé, un lieu que j'affectionne en particulier où la Vierge convertie les cœurs.
Bonne fête du Mont Carmel et bon dimanche.
Marie-Ange
j'aime beaucoup les lieux mariaux, je suis déjà partie deux fois à Banneux où est érigée une statue du Padre Pio qui est mon père spirituel;là je me prépare pour Medjugorjé, un lieu que j'affectionne en particulier où la Vierge convertie les cœurs.
Bonne fête du Mont Carmel et bon dimanche.
Marie-Ange
Re: Notre Histoire avec Marie-Frise- & Redécouvrons notre Passé!!!!
marieangesl a écrit:merci Mariedu65
j'aime beaucoup les lieux mariaux, je suis déjà partie deux fois à Banneux où est érigée une statue du Padre Pio qui est mon père spirituel;là je me prépare pour Medjugorjé, un lieu que j'affectionne en particulier où la Vierge convertie les cœurs.
Bonne fête du Mont Carmel et bon dimanche.
Marie-Ange
Bon Pèlerinage Marie-Ange et Bonne Fête du Mont Carmel que nous célébrons aujourd'hui!!
M1234- Hiérophante contre le nouvel ordre mondial
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