♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
"Tu me le demandes ? Je vais te le dire si tu réponds à ma question. D'après toi quel est le plus grand, le prophète qui annonce le Messie, ou le Messie lui-même ?"
"Quelle demande ! Le Messie est plus grand : c'est le Rédempteur promis par le Très-Haut !"
"Alors, pourquoi les Prophètes ont-ils fait des miracles ? Par quel pouvoir ?
"
"Avec le pouvoir que Dieu leur donnait pour prouver aux foules que Dieu était avec eux."
"Hé bien, c'est par le même pouvoir que j'accomplis les miracles : Dieu est avec Moi. Je suis avec Lui. Je prouve aux foules qu'il en est ainsi et que le Messie peut bien, à plus forte raison et dans une plus large mesure, faire ce que les Prophètes ont pu faire."
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Jésus instruit Judas Iscariote
C'est encore Jésus et Judas. Après avoir prié dans le lieu le plus voisin du Saint permis aux hommes d'Israël, ils sortent du Temple.
Judas voudrait rester avec Jésus. Mais ce désir se heurte à l'opposition du Maître. "Judas, je désire rester seul pendant les heures de la nuit. .Pendant la nuit mon esprit tire sa nourriture du Père. Oraison, méditation et solitude me sont plus nécessaires que la nourriture matérielle. Celui qui veut vivre par l'esprit et porter les autres à vivre la même vie, doit faire passer la chair après - je dirais presque la tuer - pour donner tous ses soins à l'esprit. C'est vrai pour tous, Judas. Pour toi aussi, si tu veux vraiment appartenir à Dieu, c'est-à-dire au surnaturel."
"Mais nous sommes encore de la terre, Maître. Comment pourrions-nous délaisser la chair en donnant tous les soins à l'esprit ? N'est-ce pas ce que tu dis, en opposition avec le commandement de Dieu : "Tu ne tueras point ?". Est-ce que ce commandement n'interdit pas aussi de se tuer ? Si la vie est un don de Dieu, devons-nous l'aimer ou non ?"
"A toi, je répondrai comme je ne répondrais pas à une âme simple. Pour celle-ci il suffit de faire monter le regard de l'âme ou de l'esprit jusqu'aux sphères du surnaturel, pour la faire s'envoler avec nous vers les domaines de l'esprit. Toi, tu n'es pas un simple.
Tu as été formé dans une ambiance qui t'a affiné... mais qui aussi t'a souillé par ses subtilités et ses principes. Te rappelles-tu Salomon, Judas ? Il était sage, le plus sage de ces temps. Te rappelles-tu ce qu'il a dit après avoir exploré tout le savoir de cette époque ? "Vanité des vanités, tout est vanité. Craindre Dieu et observer ses commandements, c'est tout l'homme"
. Maintenant, je te dis qu'il faut savoir prendre en fait des mets, ce qui nourrit, mais pas le poison. Si nous nous rendons compte qu'un mets nous est nuisible parce qu'il provoque en nous des réactions néfastes, étant plus fort que nos humeurs naturelles qui pourraient le neutraliser, il faut renoncer à ce mets, même s'il flatte le goût. Le pain ordinaire et l'eau de source valent mieux que les plats compliqués de la table royale relevés par des épices qui troublent et empoisonnent."
"Que dois-je éviter, Maître? "
"Tout ce que tu sais qui te trouble. Car Dieu c'est la paix, et si tu veux te mettre sur le sentier de Dieu, tu dois désencombrer ton esprit, ton cœur et ta chair de tout ce qui n'est pas la paix et amène avec soi le trouble. Je sais qu'il est difficile de se réformer soi-même. Mais je suis ici pour t'aider à le réaliser. Je suis ici pour aider l'homme à redevenir fils de Dieu, à se refaire comme par une seconde création, une autogénération que l'on veut soi-même. Mais laisse-moi te répondre à ce que tu demandais pour que tu ne dises pas que tu es resté dans l'erreur par ma faute.
Il est vrai que le suicide est un véritable meurtre : qu'il s'agisse de notre vie ou de celle d'autrui, c'est un don de Dieu et à Dieu seul qui l'a donnée est réservé de pouvoir l'enlever. Qui se tue avoue son orgueil, et l'orgueil est haï de Dieu."
"Avoue l'orgueil ? Je dirais plutôt le désespoir."
"Et qu'est-ce que le désespoir, sinon de l'orgueil ? Réfléchis Judas. Pourquoi quelqu'un désespère-t-il ? Parce que les malheurs s'acharnent sur lui et que lui, par ses propres moyens, n'en peut venir à bout. Ou parce qu'il est coupable et qu'il juge que Dieu ne peut lui pardonner. Dans l'un et l'autre cas, n'est-ce pas peut être l'orgueil qui le domine ? L'homme qui ne veut se fier qu'à lui-même n'a plus l'humilité de tendre la main au Père et de Lui dire : "Je ne puis, mais Toi, tu le peux. Aide-moi, car c'est Toi qui donnes tout ce que j'espère et attends ". Cet autre homme qui dit: "Dieu ne peut me pardonner", il le dit parce mesurant Dieu à son aune, il sait que quelqu'un, offensé, comme il l'a offensé, ne pourrait pas pardonner.
.Là aussi c'est de l'orgueil. L'humble compatit et pardonne même s'il souffre de l'offense qu'il a reçue. L'orgueilleux ne pardonne pas. Il est orgueilleux aussi parce qu'il ne sait pas courber le front et dire : "Père j'ai péché, pardonne à ton pauvre fils coupable". Mais ne sais-tu pas, Judas, que tout sera pardonné par le Père, si le pardon est imploré d'un cœur sincère et contrit, humble et désireux de résurrection dans le bien ?"
"Mais certaines crimes rendent impossible le pardon. Ils ne peuvent pas être pardonnés."
"C'est toi qui le dis, et ce sera vrai parce que l'homme l'aura voulu. Mais en vérité, oh ! en vérité Je te dis que même après le délit des délits, si le coupable accourait aux pieds du Père - Il s'appelle Père pour cela, ô Judas, c'est un Père d'une perfection infinie - si, en pleurant, en suppliant de lui pardonner, il s'offrait à l'expiation, mais sans désespoir, le Père lui donnerait le moyen d'expier pour qu'il mérite le pardon et sauve son esprit."
"Alors, tu dis que les hommes cités par l'Écriture comme s'étant donné la mort ont mal agi."
"Il n'est pas permis de faire violence à personne et non plus à soi-même. Ils ont mal agi. Dans leur imparfaite connaissance du bien, ils auront en certains cas obtenu encore la miséricorde de Dieu. Mais quand le Verbe aura éclairé toute vérité et donné la force aux esprits avec son Esprit, à partir de ce moment, il ne sera plus pardonné à qui meurt dans le désespoir, ni à l'instant du jugement particulier ni après des siècles de Géhenne, ni au jugement général, ni jamais.
Dureté de Dieu, cela ? Non, justice. Dieu dira : "Tu as jugé, toi créature douée de raison et de science surnaturelle, créée libre par Moi, pour suivre le chemin que tu as choisi et tu as dit : 'Dieu ne me pardonne pas. Je suis pour toujours séparé de Lui. Je juge que je dois me faire justice pour mon délit. Je quitte la vie pour échapper aux remords" sans penser que les remords ne t'auraient plus atteint si tu étais venu sur mon sein paternel. Qu'il en soit fait selon ton jugement. Je ne violente pas la liberté que je t'ai donnée".
C'est cela que dira l'Éternel à celui qui se sera tué. Penses-y Judas : la vie est un don que l'on doit aimer. Mais quel don est-il ? Un don saint. Et alors, il faut l'aimer saintement. La vie dure tant que la chair résiste. Puis commence la grande Vie, l'éternelle Vie. De béatitude pour les justes, de malédiction pour ceux qui ne le sont pas. .La vie est-elle un but ou un moyen ? C'est un moyen. Elle est ordonnée à une fin qui est l'éternité. Et alors donnons à la vie ce qu'il faut pour qu'elle dure et pour servir l'esprit dans sa conquête.
Continence de la chair en tous ses désirs, en tous. Continence de la pensée en tous ses désirs, en tous. Continence du cœur dans toutes les passions humaines. Que sans limites au contraire soient les passions qui viennent du Ciel : amour de Dieu et du prochain, volonté de servir Dieu et le prochain, obéissance aux paroles divines, héroïsme dans le bien et dans la vertu.
Je t'ai répondu Judas. En es-tu persuadé ? L'explication te suffit-elle ? Sois toujours sincère et demande si tu n'es pas encore suffisamment instruit, je suis ici pour être le Maître de l'enseignement."
"J'ai compris et cela me suffit. Mais... c'est très difficile de faire ce que j'ai compris. Toi, tu le peux parce que tu es saint. Mais moi... je suis un homme, jeune, plein de vie..."
"C'est pour les hommes que je suis venu, Judas, pas pour les anges. Eux, ils n'ont pas besoin de Maître. Ils voient Dieu. Ils vivent dans son Paradis. Ils n'ignorent pas les passions des hommes, car l'Intelligence qui est leur Vie les met au courant de tout même ceux qui ne sont pas gardiens d'un homme. Mais, spirituels comme ils le sont, ils ne peuvent avoir qu'un péché comme l'eut l'un d'eux et il entraîna les moins solides en charité : l'orgueil.
La flèche qui défigura Lucifer, le plus beau des archanges, et en fit le monstre horrible de l'Abîme. Je ne suis pas venu pour les anges qui, après la chute de Lucifer, sont saisis d'horreur à la moindre trace d'une pensée d'orgueil. Mais je suis venu pour les hommes pour faire de ces hommes des anges.
L'homme était la perfection de la création. Il avait de l'ange l'esprit et de l'animal une beauté parfaite dans tout son être animal et moral. Il n'y avait pas de créature qui l'égalât. Il était le roi de la terre comme Dieu est le Roi du Ciel, et un jour, ce jour où il se serait endormi pour la dernière fois sur la terre, il serait devenu roi avec le Père dans le Ciel. Satan a coupé les ailes de l'ange-homme, il lui a mis des griffes de faune et la soif de l'impureté.
Il en a fait un être qui est plutôt un homme-démon qu'un homme tout court. Je veux effacer l'enlaidissement de Satan, supprimer la faim de la chair corrompue, souillée, rendre ses ailes à l'homme le ramener à la royauté, à partager l'héritage du Père et du Royaume céleste. Je sais que l'homme, s'il en a la volonté, peut faire tout ce que je dis pour redevenir un roi et un ange. Je ne vous dirai pas des choses que vous ne pourriez faire. .Je ne suis pas un de ces rhéteurs qui prêchent des doctrines impossibles. J'ai pris une vraie chair, pour connaître par l'expérience d'une nature charnelle ce que sont les tentations de l'homme."
"Et les péchés ?"
"Tentés, tous peuvent l'être. Pécheurs ceux-là seulement qui le veulent."
"Tu n'as jamais péché, Jésus ?"
"Je n'ai jamais consenti au péché. Et cela non parce que je suis le Fils du Père, mais parce que cela, je l'ai voulu pour montrer à l'homme que le Fils de l'homme n'a pas péché parce qu'il n'a pas voulu pécher et que l'homme, s'il ne veut pas le péché peut ne pas le commettre."
"Tu n'as jamais été tenté ?"
"J'ai 30 ans, Judas. Je n'ai pas vécu dans une caverne sur une montagne, mais parmi les hommes. Même si j'avais été dans l'endroit le plus solitaire de la terre, crois-tu que les tentations ne seraient pas venues ? Nous avons tout en nous : le bien et le mal. Tout nous les portons avec nous. Sur le bien souffle le souffle de Dieu et il l'avive comme un encensoir d'agréables et sacrés parfums. Sur le mal souffle Satan et il en fait un bûcher de flammes féroces. Mais la volonté attentive et la prière constante sont comme un sable humide sur les flammes infernales, elles l'étouffent et en triomphent."
"Mais si tu n'as jamais péché, comment peux-tu juger les pécheurs !"
"Je suis homme et je suis Fils de Dieu. Ce que je pourrais ignorer comme homme et en mal juger, je le connais et j'en juge comme Fils de Dieu. Et du reste !... Judas, réponds à cette question que je te pose : quelqu'un qui a faim, souffre-t-il plus en disant : "Maintenant je m'assieds à table", ou en disant : "Il n'y a pas de nourriture pour moi ?"
"Il souffre plus dans le second cas, car le seul fait de s'en savoir privé, lui ramène l'odeur des mets et les viscères se tordent de désir."
"Voilà : la tentation vous mord comme ce désir, Judas. Satan le rend plus aigu, plus précis, plus séduisant que tout assouvissement. En outre, l'acte apporte une satisfaction et parfois le dégoût, tandis que la tentation ne faiblit pas, mais comme un arbre qu'on a taillé développe une plus abondante floraison."
"Et tu n'as jamais cédé ?"
"Je n'ai jamais cédé."
"Comment as-tu pu ?"
"J'ai dit : "Mon Père, ne m'induis pas en tentation"
"Comment Toi, Messie, Toi qui opères des miracles, tu as demandé l'aide du Père ?"
"Non seulement l'aide : je lui ai demandé de ne pas m'induire en tentation. Crois-tu que parce que je suis Celui que Je suis, je puisse me passer du Père ? Oh ! non ! En vérité, je te le dis que le Père accorde tout au Fils, mais que aussi le Fils reçoit tout du Père. Et je te dis que tout ce qu'on demandera en mon Nom au Père, sera accordé. Mais nous voici à Get-Sami où j'habite. On en voit déjà les premiers oliviers au-delà des murs. Toi, tu habites au delà du Tofet. Déjà la nuit descend. Il vaut mieux que tu ne montes pas jusque là-haut. Nous nous reverrons demain, au même e droit.
Adieu... La paix soit avec toi."
"La paix aussi avec Toi, Maître... Mais je voudrais te dire encore une chose. Je t'accompagnerai jusqu'au Cédron, puis je reviendrai. Pourquoi résider dans ce lieu si humble ? Tu sais, les gens regardent à tant de choses. Ne connais-tu personne en ville qui ait une belle maison ? Moi, si tu veux, je peux te conduire chez des amis. Ils te donneront l'hospitalité par amitié pour moi, et ce serait une demeure plus digne de Toi."
"Tu le crois ? Moi, je ne le crois pas. Le digne et l'indigne se trouvent dans toutes les classes sociales. Et, sans manquer à la charité, mais, pour ne pas offenser la justice, je te dis que l'indigne, ce qui est malicieusement indigne, se trouve souvent chez les grands. Il n'est pas nécessaire ni utile d'être puissant pour être bon ou pour dissimuler ce qui est péché aux yeux de Dieu. Tout doit se retourner sous mon Signe. Et ne sera grand, non pas celui qui est puissant, mais celui qui est humble et saint."
"Mais pour être respecté, pour s'imposer..."
"Est-il respecté Hérode ? Et César est-il respecté ? Non. On le subit et les lèvres comme les cœurs, les maudissent. Aux bons et même seulement à ceux qui désirent l'être, crois bien, Judas que je saurai m'imposer plutôt par la modestie que par les air de grandeur ..."
"Mais alors... tu mépriseras toujours les puissants ? Tu t'en feras des ennemis ! Moi, qui pensais parler de Toi à beaucoup de gens que je connais et qui ont un nom..."
"Je ne mépriserai personne. J'irai vers les pauvres comme vers les riches, vers les esclaves comme vers les rois, vers les purs comme vers les pécheurs. Mais si je suis reconnaissant à qui me donnera du pain et un toit quand je serai fatigué, quelque soit le toit et la nourriture, je donnerai toujours la préférence à ce qui est humble.
Les grands ont déjà tant de joies. Les pauvres n'ont que la droiture de leur conscience, un amour fidèle, des enfants et se voient écoutés par ceux qui sont au-dessus d'eux. Moi, je serai toujours penché sur les pauvres, les affligés et les pécheurs. Je te remercie de ton obligeance. Mais laisse-moi à ce lieu de prière et de paix. Va, et que Dieu t'inspire ce qui est bien."
Jésus laisse le disciple et pénètre parmi les oliviers et tout se termine.
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Judas
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http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2002/index.htm
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Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Jésus se rencontre à Gethsémani avec Jean de Zébédée
Vision du jeudi 4 janvier 1945
Je vois que Jésus se dirige vers une petite maison basse et blanche au milieu de l'oliveraie. Un garçon tout jeune en sort, le salue. Il semble être de l'endroit car il a en mains des outils pour arroser et sarcler.
"Dieu soit avec Toi, Rabbi. Ton disciple Jean est venu et maintenant il est reparti pour aller à ta rencontre."
"Il y a longtemps ?"
"Non, il vient d'aller sur ce sentier. Nous croyions que tu serais venu du côté de Béthanie..."
Jésus part en vitesse, bondit dans l'autre sens. Il aperçoit Jean qui descend presque au pas de course vers la cité et il l'appelle.
Le disciple se retourne et avec un visage qu'illumine la joie, il crie : "Oh ! mon Maître !" et il revient en arrière en courant.
Jésus lui ouvre les bras et ils s'embrassent tous les deux affectueusement.
"Je venais te chercher ... Je croyais que tu avais été à Béthanie, comme tu l'avais dit."
"Oui, je voulais le faire. Je dois aussi commencer à évangéliser les alentours de Jérusalem. Mais ensuite j'ai été retenu en ville pour instruire un nouveau disciple."
"Tout ce que tu fais est bien fait, Maître et réussit. Tu le vois ? Tout à l'heure, même, nous nous sommes tout de suite retrouvés."
Ils marchent tous les deux. Jésus a un bras sur les épaules de Jean qui, étant plus petit, le regarde par dessous, bienheureux de cette intimité. Ils reviennent ainsi vers la petite maison.
"Il y a longtemps que tu es venu ?"
"Non, Maître. Je suis parti de Docco à l'aube avec Simon à qui j'ai dit ce que tu voulais. Puis, nous avons fait une pause dans la campagne de Béthanie en partageant la nourriture et en parlant de Toi aux paysans que nous rencontrions dans les champs. Quand le soleil est devenu moins chaud, nous nous sommes séparés. Simon est allé chez un ami auquel il voulait parler de Toi. C'est le propriétaire de Béthanie presque toute entière.
Il le connaissait auparavant, du vivant de leurs pères à eux deux. Mais demain Simon vient ici. Il m'a dit de te dire qu'il est heureux de te servir. C'est un homme très capable, Simon. Je voudrais être comme lui, mais je suis un garçon ignorant."
"Non Jean. Toi aussi tu fais très bien."
"Est-ce vrai que tu es réellement content de ton pauvre Jean ?"
"Très content, mon Jean, très."
"Oh! mon Maître !" Jean se penche affectueusement pour prendre la main de Jésus. Il la baise et la passe sur son visage comme pour le caresser.
Ils sont arrivés à la maisonnette. Ils sont entrés dans la cuisine basse et fumeuse. Le patron les salue : "La paix soit avec Toi."
Jésus répond : "Paix à cette maison et à toi et à qui vit avec toi. J'ai avec moi un disciple."
"Pour lui aussi, il y aura du pain et de l'huile."
"J'ai apporté du poisson séché que m'ont donné Jacques et Pierre. Et en passant à Nazareth, ta Mère m'a donné du pain et du miel pour Toi. J'ai marché sans arrêt, mais maintenant il sera dur."
"N'importe Jean, il aura toujours la saveur des mains de la Maman."
Jean tire ses trésors de la besace où ils étaient dans un coin. Je vois préparer le poisson sec d'une manière insolite. On le plonge quelques instants dans l'eau chaude, puis on le beurre avec de l'huile et on le fait griller sur la flamme.
Jésus bénit la nourriture et s'assied à table avec le disciple. A la même table le propriétaire, que j'entends appeler Jonas et son fils. La mère va et vient, apportant le poisson, les olives noires, des légumes cuits à l'eau et assaisonnés avec de l'huile. Jésus offre aussi du miel. Il l'offre à la mère en l'étendant sur le pain. "C'est de mon rucher, dit-il. Ma Mère prend soin des abeilles. Mange-le, il est bon. Tu es tellement bonne avec Moi, toi, Marie, qui mérites ça et plus encore" il ajoute parce que la femme ne voudrait pas le priver de ce doux miel.
Le repas se termine rapidement au milieu des conversations. Il est à peine fini et on a rendu grâces de la nourriture que l'on a prise, Jésus dit à Jean : "Viens, sortons un peu dans l'oliveraie. La nuit est tiède et claire. Il fera bon de rester un peu dehors."
Le patron dit : "Maître, je te salue. Je suis fatigué et mon fils aussi. Nous allons nous reposer. Je pousse la porte et je laisse la lumière sur la table. Tu sais comment faire."
"Oui, vas-y Jonas et éteins aussi la lampe. Il fait un si beau clair de lune que nous y verrons sans lumière."
"Mais ton disciple où dormira-t-il ?"
"Avec Moi. Sur ma natte, il y a encore de la place pour lui, n'est-ce pas Jean ?"
Jean, a l'idée de dormir près de Jésus, entre en extase. Ils sortent dans l'oliveraie, mais auparavant, Jean a pris quelque chose dans le sac posé dans le coin. Ils font quelques pas et arrivent sur un talus d'où on voit toute la ville de Jérusalem.
"Asseyons-nous ici et parlons entre nous" dit Jésus. Mais Jean préfère s'asseoir à ses pieds sur l'herbe courte et il reste, le bras appuyé sur les genoux de Jésus, la tête appuyée sur son bras, jetant de temps à autre un regard sur son Jésus. On dirait un enfant, près de la personne qui lui est la plus chère. "C'est beau, ici aussi, Maître. Regarde comme la cité semble grande, la nuit. Plus que le jour."
"C'est parce que la lumière de la lune en estompe les contours. Vois, on dirait qu'une lumière argentée en recule les limites. Regarde le sommet du Temple, là-haut. Ne semble-t-il pas suspendu dans le vide ?"
"Il semble que ce sont les anges qui le portent sur leurs ailes d'argent."
Jésus soupire. "Pourquoi soupires-tu, Maître ?"
"Parce que les anges ont abandonné le Temple. Son aspect de pureté et de sainteté se limite aux murs. Ceux qui devraient lui donner une âme - parce que chaque lieu a son âme, c'est à dire l'esprit pour lequel il fut édifié; le Temple devrait avoir l'âme de prière, de sainteté - mais ceux-là dis-je sont les premiers à la leur enlever.
On ne peut donner ce qu'on ne possède plus, Jean. Et s'il y a beaucoup de prêtres et de lévites qui vivent là, il n'y en a même pas un sur dix qui soit en état de donner la vie au Lieu Saint. C'est la mort qu'ils donnent. Ils lui communiquent la mort qui est en leur esprit, mort à ce qui est saint. Ils ont les formules mais ils n'ont pas la vie qui devrait les animer. Ce sont des cadavres qui n'ont de chaleur que celle qui leur vient de la putréfaction qui les gonfle."
"Est-ce qu'ils t'ont fait du mal, Maître ?" Jean est tout désolé.
"Non, ils m'ont même laissé parler quand je leur ai demandé de le faire."
"Tu l'as demandé ? Pourquoi ?"
"Parce que je ne veux pas être Moi, celui qui déclare la guerre. La guerre viendra quand même, car certains auront de Moi une sotte peur humaine, et je serai un reproche pour d'autres. Mais cela doit être sur leur livre pas sur le mien."
Il y a un moment de silence, puis Jean recommence à parler "Maître... Moi, je connais Anne et Caïphe. Ma famille a avec eux des rapports d'affaires et quand je me suis trouvé en Judée, à cause de Jean le Baptiste, je venais aussi au Temple et eux étaient gentils avec le fils de Zébédée. Mon père leur réserve toujours le meilleur poisson; c'est la coutume, sais-tu ? Quand on veut les avoir pour amis, garder leur amitié, il faut agir ainsi..."
"Je le sais." Le visage de Jésus s'assombrit.
"Eh ! bien si tu es d'accord, je parlerai de Toi au Grand-Prêtre. Et puis... si tu veux, je connais quelqu'un qui a des rapports d'affaires avec mon père. C'est un riche marchand de poisson. Il a une belle et grande maison près de l'Hippique, car ce sont des gens riches, mais aussi très bons. Tu y serais plus à ton aise et tu te fatiguerais moins. Pour arriver jusqu'ici on doit passer aussi par ce faubourg d'Ophel, si turbulent et toujours encombré d'ânes et de garçons querelleurs."
"Non, Jean. Je te remercie. Mais je suis bien ici. Vois-tu quelle paix ? Je l'ai dit aussi à l'autre disciple qui me faisait la même proposition. Lui disait : "Pour être mieux considéré"
"Moi, je disais pour que tu te fatigues moins."
"Je ne me fatigue pas. Je marcherai tant et ne me fatiguerai jamais. Sais-tu ce qui me fatigue ? L'indifférence. Oh ! ça quel poids; c'est comme si j'avais un poids sur le cœur."
"Moi, je t'aime, Jésus."
"Oui, et tu me soulages. Je t'aime tant, Jean, et t'aimerai toujours, car toi, tu ne me trahiras jamais."
"Te trahir ! Oh !"
"Et pourtant il y en a encore beaucoup qui me trahiront. Jean, écoute. Je t'ai dit que je me suis attardé pour instruire un nouveau disciple. C'est un jeune juif, instruit et connu."
"Alors, tu auras beaucoup moins de mal qu'avec nous, Maître. Je suis content que tu aies quelqu'un de plus capable que nous."
"Tu crois que j'aurai moins de mal ?"
"Et s'il est moins ignorant que nous, il te comprendra mieux et te servira mieux, surtout s'il t'aime mieux."
"Voilà : tu as bien dit. Mais l'amour ne se proportionne pas à l'instruction, ni non plus à l'éducation. Un cœur vierge aime avec toute la force de son premier amour. Cela vaut aussi pour la virginité de la pensée. Et l'amour s'imprime davantage dans un cœur et une pensée vierges que là où ont existé déjà d'autres amours. Mais si Dieu le veut... Écoute, Jean. Je te prie d'être pour lui un ami. Mon cœur tremble de te mettre, toi agneau jamais encore tondu, près de celui qui connaît la vie.
Mais aussi pourtant, il sera réservé parce qu'il sait que tu seras agneau, mais aussi un aigle, et si, blasé, il veut te faire toucher le sol, le sol fangeux, le sol du bon sens humain, toi, d'un coup d'aile, tu sauras te libérer et ne vouloir que l'azur et le soleil. Dans ce but, je te prie - en te gardant toi, tel que tu es - d'être l'ami du nouveau disciple que n'aimera pas Simon Pierre ni non plus les autres, pour faire passer en lui ton cœur ..."
"Oh ! Maître, mais n'y suffis-tu pas ?"
"Moi, je suis le Maître auquel il ne dira pas tout. Tu es le condisciple, beaucoup plus jeune, avec qui il est plus facile de s'ouvrir. Je ne te dis pas de me répéter ce que lui te diras. Je hais les espions et les délateurs, mais je te demande de l'évangéliser par ta foi et ta charité, par ta pureté, Jean. C'est une terre que souillent des eaux stagnantes. Il faut que le soleil de l'amour l'assainisse; que la purifie l'honnêteté des pensées, des désirs, des œuvres; que la foi la cultive. Tu peux le faire."
"Si tu crois que je le puisse... Oh ! oui. Si Tu me dis que je peux le faire, je le ferai. Par amour pour Toi."
"Merci, Jean."
"Maître, tu as parlé de Simon Pierre, et il me revient à l'esprit ce que je devais te dire d'abord. Mais la joie de t'entendre me l’a fait oublier la pensée. De retour à Capharnaüm depuis la Pentecôte, nous avons tout de suite trouvé la somme habituelle de cet inconnu. L'enfant l'avait portée à ma Mère. Je l'ai donnée à Pierre et lui me l'a rendue en me disant d'y puiser un peu pour le retour et le séjour à Docco.
Il m'avait dit de t'apporter le reste pour tes possibles besoins... parce que Pierre pensait qu'ici tout ne serait pas confortable... mais Toi, tu dis le contraire... Je n'ai pris que deux deniers pour deux pauvres rencontrés près d'Éphraïm Pour le reste j'ai vécu avec ce que m'avait donné ma mère et ce que m'ont donné de braves gens auxquels j'avais annoncé ton Nom. Voici la bourse."
"Je la distribuerai demain aux pauvres. Ainsi Judas apprendra nos habitudes."
"Ton cousin Jude est venu[2][2] ? Comment a-t-il fait pour être si rapide ? Il était à Nazareth et ne m'a pas parlé de partir ..."
"Non. Judas, c'est le nouveau disciple. Il est de Kériot, mais tu l'as vu à Pâques, ici, le soir de la guérison de Simon. Il était avec Thomas."
"Ah ! c'est lui ?" Jean est un peu interdit "C'est lui. Et Thomas que fait-il ?"
"Il a obéi à ton ordre en se séparant de Simon le Cananéen et en allant le long de la mer à la rencontre de Philippe et Barthélemy."
"Oui, je veux que vous vous aimiez sans préférences, en vous aidant réciproquement, en vous faisant l'un à l'autre bon visage. Personne n'est parfait, Jean. Ni les jeunes, ni les vieux. Mais avec de la bonne volonté, vous atteindrez la perfection et ce qui vous manquera, je le mettrai en vous. Vous êtes comme les fils d'une famille sainte.
Il y a en elle bien des caractères différents. L'un est rude, l'autre doux, l'un est courageux, l'autre timide, l'un impulsif, l'autre réservé. Si vous étiez tous pareils, il y en aurait un qui s'imposerait par la force, et tous les autres en seraient amoindris. Ainsi, au contraire, vous formez une union parfaite, parce que vous vous complétez les uns les autres. L'amour vous unit, doit vous unir, pour la cause de Dieu."
"Et pour Toi, Jésus."
"D'abord la cause de Dieu, et puis l'amour pour son Christ."
"Qu'est-ce que je suis, moi, dans notre famille ?"
"Tu es la paix aimante du Christ de Dieu. Es-tu fatigué, Jean ? Veux-tu rentrer ? Moi, je reste à prier."
"Je reste aussi à prier avec Toi."
"Eh ! bien reste."
Jésus dit des psaumes et Jean s'y associe, mais sa voix s’éteint et l'apôtre reste endormi, la tête sur le sein de Jésus qui sourit et étend son manteau sur les épaules du dormeur et puis continue sûrement à prier mentalement.
Sur ce, la vision prend fin
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"Jean le type parfait de ceux qui se font hostie pour Mon Amour"
Jésus dit ensuite : "Encore un parallèle entre Jean et un autre disciple. Parallèle d'où ressort plus claire la figure de mon préféré. Lui est celui qui se dépouille même de sa façon de penser et de juger pour être le "disciple". C'est celui qui se donne sans vouloir rien retenir de sa personnalité, de celle qu'il avait avant son élection, pas même une molécule. Judas est celui qui ne veut pas se dépouiller de lui-même. Et c'est donc une donation irréelle que la sienne. Il porte avec lui son moi que rend malade l'orgueil, la sensualité, la cupidité. Il garde sa façon de penser. Il neutralise ainsi les effets de la donation et de la grâce.
Judas : c'est le type de tous les apôtres manqués. Et il y en a tant !
Jean : c'est le type de ceux qui se font hostie pour mon amour. Ton modèle.
Moi et ma Mère nous sommes les hosties par excellence. Nous rejoindre est difficile, impossible même, parce que notre sacrifice fut d'une âpreté totale. Mais, mon Jean ! C'est l'hostie que peuvent imiter toutes les catégories de ceux qui m'aiment : vierge, martyr, confesseur, évangélisateur, serviteur de Dieu et de la Mère de Dieu, actif et contemplatif, c'est un exemple pour tous.
C'est celui qui aime.
Observe les différentes manières de raisonner. Judas examine, discute, se bute, et quand il paraît céder, il garde en réalité sa mentalité. Jean se prend pour un néant, il accepte tout, ne demande pas de raisons, et se contente de me plaire. Voilà le modèle.
Jean
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Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Merci Maud
... et nous montre le moyen
Jésus, par cela, a défini notre programme ..."Oui, je veux que vous vous aimiez sans préférences, en vous aidant réciproquement, en vous faisant l'un à l'autre bon visage. Personne n'est parfait, Jean. Ni les jeunes, ni les vieux. Mais avec de la bonne volonté, vous atteindrez la perfection et ce qui vous manquera, je le mettrai en vous. Vous êtes comme les fils d'une famille sainte.
Il y a en elle bien des caractères différents. L'un est rude, l'autre doux, l'un est courageux, l'autre timide, l'un impulsif, l'autre réservé. Si vous étiez tous pareils, il y en aurait un qui s'imposerait par la force, et tous les autres en seraient amoindris. Ainsi, au contraire, vous formez une union parfaite, parce que vous vous complétez les uns les autres. L'amour vous unit, doit vous unir, pour la cause de Dieu."
... et nous montre le moyen
Jean : c'est le type de ceux qui se font hostie pour mon amour. Ton modèle.
...Jean se prend pour un néant, il accepte tout, ne demande pas de raisons, et se contente de me plaire. Voilà le modèle.
carine- Gloire à toi Seigneur Jésus-Christ
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Sublime le dialogue entre Jésus et Juda ! Merci Maud !
Je relève au sujet de la Grâce :
Et au sujet du "désespoir" pouvant mener à certaines extrémités :
Quel plaisir de lire ces récits !
Silvano
Je relève au sujet de la Grâce :
Jésus dit ensuite : " ... Judas est celui qui ne veut pas se dépouiller de lui-même. Et c'est donc une donation irréelle que la sienne. Il porte avec lui son moi que rend malade l'orgueil, la sensualité, la cupidité. Il garde sa façon de penser. Il neutralise ainsi les effets de la donation et de la grâce".
Et au sujet du "désespoir" pouvant mener à certaines extrémités :
Il est vrai que le suicide est un véritable meurtre : qu'il s'agisse de notre vie ou de celle d'autrui, c'est un don de Dieu et à Dieu seul qui l'a donnée est réservé de pouvoir l'enlever. Qui se tue avoue son orgueil, et l'orgueil est haï de Dieu."
"Avoue l'orgueil ? Je dirais plutôt le désespoir."
"Et qu'est-ce que le désespoir, sinon de l'orgueil ? Réfléchis Judas. Pourquoi quelqu'un désespère-t-il ? Parce que les malheurs s'acharnent sur lui et que lui, par ses propres moyens, n'en peut venir à bout. Ou parce qu'il est coupable et qu'il juge que Dieu ne peut lui pardonner. Dans l'un et l'autre cas, n'est-ce pas peut être l'orgueil qui le domine ? L'homme qui ne veut se fier qu'à lui-même n'a plus l'humilité de tendre la main au Père et de Lui dire : "Je ne puis, mais Toi, tu le peux. Aide-moi, car c'est Toi qui donnes tout ce que j'espère et attends ". Cet autre homme qui dit: "Dieu ne peut me pardonner", il le dit parce mesurant Dieu à son aune, il sait que quelqu'un, offensé, comme il l'a offensé, ne pourrait pas pardonner.
.Là aussi c'est de l'orgueil. L'humble compatit et pardonne même s'il souffre de l'offense qu'il a reçue. L'orgueilleux ne pardonne pas. Il est orgueilleux aussi parce qu'il ne sait pas courber le front et dire : "Père j'ai péché, pardonne à ton pauvre fils coupable". Mais ne sais-tu pas, Judas, que tout sera pardonné par le Père, si le pardon est imploré d'un cœur sincère et contrit, humble et désireux de résurrection dans le bien ?"
"Mais certaines crimes rendent impossible le pardon. Ils ne peuvent pas être pardonnés."
"C'est toi qui le dis, et ce sera vrai parce que l'homme l'aura voulu. Mais en vérité, oh ! en vérité Je te dis que même après le délit des délits, si le coupable accourait aux pieds du Père - Il s'appelle Père pour cela, ô Judas, c'est un Père d'une perfection infinie - si, en pleurant, en suppliant de lui pardonner, il s'offrait à l'expiation, mais sans désespoir, le Père lui donnerait le moyen d'expier pour qu'il mérite le pardon et sauve son esprit."
"Alors, tu dis que les hommes cités par l'Écriture comme s'étant donné la mort ont mal agi."
"Il n'est pas permis de faire violence à personne et non plus à soi-même. Ils ont mal agi. Dans leur imparfaite connaissance du bien, ils auront en certains cas obtenu encore la miséricorde de Dieu. Mais quand le Verbe aura éclairé toute vérité et donné la force aux esprits avec son Esprit, à partir de ce moment, il ne sera plus pardonné à qui meurt dans le désespoir, ni à l'instant du jugement particulier ni après des siècles de Géhenne, ni au jugement général, ni jamais.
Quel plaisir de lire ces récits !
Silvano
Silvano- Contre la puce électronique
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
@carine et Sylvano
Merci de vos partages qui témoignent du mérite et la reconnaissance de cette Oeuvre
Fraternellement
Maud
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Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Jésus et l’Iscariote se rencontrent avec Simon le zélote et Jean
Je vois Jésus et Judas l'Iscariote qui vont et viennent près de l'une des portes de l'enceinte du Temple.
"Es-tu certain qu'il viendra ?" demande Judas.
"J'en suis certain. Il est parti à l'aube de Béthanie, et à Gethsémani il se sera rencontré avec mon premier disciple..."
Un silence, puis Jésus s'arrête et dévisage Judas. Il s'est mis en face de lui, Il l'étudie. Puis, il lui met une main sur l'épaule et lui demande : "Pourquoi, Judas ne me dis-tu pas ce que tu penses ?"
"Ce que je pense ? Je ne pense rien de particulier, en ce moment, Maître. Des questions, je t'en pose même trop. Tu ne peux sûrement pas te plaindre de mon mutisme."
"Tu me poses beaucoup de questions et me donnes beaucoup de renseignements sur la ville et ses habitants. Mais, tu ne m'ouvres pas ton âme. Quelle importance veux-tu qu'aient pour moi les renseignements sur la fortune et la composition de telle ou telle famille ? Je ne suis pas un désœuvré venu ici pour passer le temps. Tu sais pourquoi je suis venu et tu peux bien comprendre que j'ai d'abord à cœur d'être le Maître de mes disciples. C'est pour cela que je veux de leur part sincérité et confiance. Ton père t'aimait-il Judas ?"
"Il m'aimait beaucoup. J'étais son orgueil. Quand je revenais de l'école, et aussi, plus tard, quand je revenais à Kériot, de Jérusalem, il voulait que je lui dise tout. Il s'intéressait à tout ce que je faisais, avec joie, si c'était bien. Si c'était moins bon il me consolait. Si - parfois, on le sait bien, tout le monde se trompe - si parfois je m'étais trompé et avais encouru, un blâme, il me faisait voir le bien fondé du reproche qu'on m'avait adressé ou tout le tort de ma façon d'agir. Mais il le faisait si doucement... on aurait dit un grand frère. Pour finir, il disait toujours : "Cela je te le dis parce que je veux que mon Judas soit un juste. Je veux être béni à travers mon fils...". Mon père..."
Jésus qui n'a pas cessé de regarder avec attention le disciple sincèrement ému au souvenir de son père, dit : "Voilà, Judas, sois bien assuré de ce que je vais te dire. Nulle œuvre ne rendra ton père aussi heureux que le fait que tu sois pour moi un disciple fidèle. L'esprit de ton père exultera, là où il attend la lumière - car s'il t'a élevé ainsi, il devait être juste - en te voyant mon disciple. Mais, pour l'être, tu dois te dire : "J'ai retrouvé le Père que j'avais perdu, le père qui me semblait un frère aîné. Je l'ai retrouvé en mon Jésus, et à Lui, comme au père aimé, que je pleure encore, je dirai tout, pour qu'Il me guide, me bénisse ou me fasse de tendres reproches". Veuille l'Éternel et toi, surtout toi, veuillez faire que Jésus ait seulement à te dire : "Sois bon, je te bénis"
"Oh ! oui ! Jésus, oui. Si tu m'aimes à ce point, je saurai devenir bon, comme tu veux et comme le voulait mon père. Et ma mère n'aura plus cette épine au cœur. Elle disait toujours : "Tu n'as plus de guide, fils, et tu en as encore tant besoin". Quand elle saura que pour guide je t'ai, Toi !"
"Je t'aimerai comme aucun autre homme ne le pourrait, je t'aimerai tellement, je t'aime tellement. Ne me déçois pas."
"Non Maître, non. J'étais plein de contrastes : envies, jalousies, folie des grandeurs, amour du plaisir, tout en moi se heurtait aux bonnes inspirations. Il n'y a qu'un moment, vois ? Tu m'as causé une peine. Ou plutôt, ce n'est pas Toi qui l'a causée, mais ma mauvaise nature. Je croyais être ton premier disciple... Et Toi, tu m'as dit, que tu en avais déjà un autre."
"Tu l'as vu par toi-même. Tu ne te souviens pas que pour Pâques j'étais au Temple avec plusieurs Galiléens ?"
"Je croyais que c'était des amis... Je croyais avoir été le premier choisi pour un tel sort et, par conséquent, le préféré."
"Je ne fais pas de différences, en mon cœur entre les derniers et les premiers. Si le premier venait à manquer alors que le dernier serait saint, alors, là aux yeux de Dieu il faudrait que se fasse la distinction. Mais Moi, je les aimerais pareillement : le saint, d'un amour bienheureux, le pécheur d'un amour souffrant. Mais, voici Jean qui vient avec Simon. Jean, mon premier. Simon, celui dont je te parlais il y a deux jours. Simon et Jean, tu les as déjà vus. L'un était malade..."
"Ah ! le lépreux ! Je me souviens : déjà ton disciple !"
"Dès le lendemain."
"Et moi, pourquoi ai-je tant attendu ?"
"Judas ?!"
"C'est vrai, pardon."
Jean a aperçu le Maître et l'indique à Simon. Ils hâtent le pas. Le salut de Jean, c'est un baiser qu'il échange avec le Maître. Simon, par contre, se jette aux pieds de Jésus et les baise en s'écriant : "Gloire à mon Sauveur ! Bénis ton serviteur pour que ses actions soient saintes aux yeux de Dieu et moi, je le bénis pour t'avoir donné à moi !"
Jésus lui met la main sur la tête : "Oui, je te bénis, pour te remercier de ton travail. Lève-toi, Simon. Voici Jean, voici Simon : celui-là est mon dernier disciple. Lui aussi veut suivre la Vérité, un frère, par conséquent pour vous tous."
Ils se saluent entre eux : les deux juifs avec une réserve réciproque. Jean avec expansion.
"Tu es fatigué, Simon ?" demande Jésus.
"Non, Maître. Avec la santé m'est venue une vigueur que je ne me connaissais pas encore."
"Et je sais que tu l'emploies magnifiquement. J'ai parlé à beaucoup de gens et tous m'ont parlé de toi comme de quelqu'un qui les a déjà instruits sur le Messie."
Simon sourit, content. "Hier encore, j'ai parlé de Toi avec quelqu'un qui est un honnête Israélite. J'espère qu'un jour tu le connaîtras. Je voudrais que ce soit moi qui te conduise à lui."
"Ce n'est pas impossible."
Judas interrompt : "Maître, tu m'as promis de venir avec moi en Judée."
"Et j'y viendrai. Simon continuera d'instruire les personnes sur ma venue. Le temps est court, amis, et le peuple est si nombreux. Maintenant, je vais avec Simon. Ce soir, vous viendrez à ma rencontre sur la route du Mont des Oliviers et nous distribuerons de l'argent aux pauvres. Allez."
Jésus, resté seul avec Simon, lui demande : "Cette personne de Béthanie est un véritable Israélite ?"
"Un véritable Israélite. Il y a en lui toutes les idées à la mode, mais cependant aussi une attente vraie du Messie. Et, quand je lui ai dit : "Il est parmi nous", il m'a répondu aussitôt : "Quel bonheur de vivre à cette heure !"
"Nous irons chez lui un jour porter la bénédiction à sa demeure. Tu as vu le nouveau disciple ?"
"Je l'ai vu. Il est jeune et paraît intelligent."
"Oui, il l'est. Toi qui es juif, tu seras plus indulgent que les autres pour ses idées."
"Est-ce un désir ou un ordre ?"
"C'est un doux commandement. Toi, qui as souffert, tu peux avoir plus d'indulgence. La souffrance est maîtresse en tant de choses !"
"Si tu me l'ordonnes, je serai pour lui toute indulgence."
"Oui, c'est ça. Peut-être, mon Pierre, et pas lui seul sera-t-il un peu scandalisé de voir avec quel soin je m'occupe de ce disciple. Mais un jour, ils comprendront... Plus quelqu'un est mal formé et plus il a besoin de soins. Les autres... oh ! les autres se forment aussi par eux-mêmes, par le seul contact. Je ne veux faire tout, de moi-même. Je demande la volonté de l'homme et l'aide des autres pour former un homme. Je vous invite à m'aider.., et vous suis reconnaissant de votre aide."
"Maître, penses-tu que de lui te viennent des déceptions ?"
"Non, mais il est jeune, et il a grandi à Jérusalem..."
"Oh ! auprès de toi, il se corrigera de tous les vices de cette ville... J'en suis certain. Moi qui suis déjà vieux et me suis desséché dans la rancœur j'ai été tout renouvelé, du moment où je t'ai vu..."
Jésus murmure : "Ainsi soit-il !" Puis en élevant la voix : "Viens avec Moi au Temple, j'évangéliserai le peuple."
La vision se termine.
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Simon le Zélote
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Jean
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Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Jésus, Jean, Simon et Judas vont à Bethléem
Vision du dimanche 7 janvier 1945
Je vois, de très bon matin Jésus qui, toujours à la même Porte, se joint aux disciples Simon et Judas. Jésus, est déjà avec Jean. Et je l'entends qui dit : "Amis, je vous demande de venir avec Moi à travers la Judée, si cela ne vous est pas trop pénible, spécialement pour toi, Simon."
"Pourquoi ? Maître."
"Il est pénible de cheminer sur les montagnes de Judée... et peut-être il te sera plus pénible de rencontrer certains qui t'on fait du mal."
"Pour la marche, je t'assure, encore une fois que depuis que tu m'as guéri, je suis plus résistant qu'un jeune homme et qu'aucune fatigue ne me pèse, surtout quand c'est pour Toi, et à présent avec Toi. Pour les rencontres avec ceux qui m'ont nui, je n'éprouve plus de ressentiment pénible; il n'y a pas pour eux la moindre aversion dans le cœur de Simon depuis qu'il est à Toi. La haine est tombée, en même temps que les écailles du mal.
Et je ne sais, crois-le bien, si je dois te dire que tu as fait un plus grand miracle en guérissant ma chair rongée par le mal ou bien l'âme brûlée par la rancœur. Je pense ne pas me tromper en disant que le miracle plus grand fut ce dernier. Il est moins facile de guérir une plaie de l'esprit... Et tu m'as guéri d'un seul coup. Voilà le miracle. C'est qu'un homme ne guérit pas d'un seul coup, même s'il y emploie toutes ses forces, il ne guérit pas ainsi d'un habitus moral, si tu ne l'anéantis pas par ta volonté sainte."
"Tu ne te trompes pas dans ton jugement."
"Pourquoi n'agis-tu pas ainsi avec tous ?" demande Judas, la voix contrariée.
"Mais il le fait, Judas. Pourquoi parles-tu ainsi au Maître ? Ne te sens-tu pas différent depuis le jour que tu l'as approché ? Moi, j'étais déjà disciple de Jean le Baptiste, mais je me suis trouvé tout changé à partir du moment où il m'a dit : "Viens".
Jean, qui généralement n'intervient jamais et spécialement s'il s'agit de se produire devant le Maître ne le fait jamais, cette fois il ne peut se taire. Doux et affectueux, il a posé une main sur le bras de Judas comme pour le calmer et il lui parle d'un air essoufflé et persuasif. Puis, s'apercevant qu'il a parlé avant Jésus, il rougit et dit : "Pardon, Maître. J'ai parlé à ta place... mais, je voulais... je voulais que Judas ne te contriste pas."
"Oui, Jean. Mais il ne m'a pas contristé comme disciple. Quand il le sera, alors, s'il persiste dans sa manière de penser, alors il me chagrinera. La seule chose qui m'attriste, c'est de constater à quel point l'homme est corrompu par Satan qui lui dévie sa pensée. Sachez-le, tous. Tous vous avez votre pensée troublée par lui ! Mais, il viendra, oh ! il viendra le jour où tous aurez en vous la Force de Dieu, la Grâce. Vous aurez la Sagesse, avec son Esprit... Alors, vous aurez tout pour juger avec justice."
"Et nous jugerons tous avec justice ?"
"Non, Judas."
"Mais, parles-tu pour nous disciples ou pour tous les hommes ?"
"Je parle d'abord pour vous, puis pour tous les autres. Quand ce sera l'heure le Maître créera ses ouvriers et les enverra par le monde..."
"Ne le fais-tu pas déjà ?"
"Pour l'heure, je ne me sers de vous que pour dire : "Il y a le Messie, venez à Lui". Alors je vous rendrai capables de prêcher mon nom, d'accomplir des miracles en mon nom..."
"Oh ! même des miracles ?"
"Oui, sur les corps et sur les âmes."
"Oh! comme on nous admirera alors !" À cette idée, Judas est dans la jubilation.
"Nous ne serons plus avec le Maître alors, cependant... pour moi, j'aurai toujours peur d'accomplir quelque chose de divin avec mes moyens humains" dit Jean, et il regarde Jésus d'un air pensif et un peu triste aussi.
"Jean, si le Maître le permet, je voudrais te dire ma pensée" dit Simon.
"Dis-la à Jean; je désire que vous vous conseillez mutuellement."
"Tu sais déjà que c'est un conseil ?" Jésus sourit et se tait.
"Eh bien, alors, je te dis, Jean, que tu ne dois pas, et que nous ne devons pas craindre. Restons appuyés sur la sagesse du Maître saint et sur sa promesse. Si Lui nous dit : "Je vous enverrai" cela veut dire qu'il sait de pouvoir nous envoyer sans que nous lui nuisions à Lui et à nous, c'est à dire à la cause de Dieu qui nous est chère à tous, comme à une épouse à peine mariée. Si Lui nous promet de revêtir notre misère intellectuelle et spirituelle de l'éclat de la puissance que le Père Lui a donné pour nous, nous devons être certains qu'Il le fera et que nous serons rendus capables, non pas pour nous, mais par sa miséricorde.
Certainement donc, tout cela arrivera si nous ne mettrons pas d'orgueil, de désir humain dans notre action. Je pense que si nous gâtons notre mission, qui est toute spirituelle, avec des éléments terrestres, alors même la promesse du Christ ne s'accomplira pas. Ce ne sera pas par impuissance de sa part, mais parce que nous étranglerons sa puissance avec le lacet de l'orgueil, Je ne sais si je m'explique bien."
"Tu t'expliques très bien. C'est moi qui ai tort. Mais, sais-tu... je pense que, au fond désirer d'être admirés comme disciples du Messie devenus tellement siens pour avoir mérité de faire ce que Lui fait, c'est un désir de faire resplendir encore la puissante image du Christ dans le monde. Louange au Maître qui a de tels disciples, voilà ce que je veux dire moi." lui répond Judas.
"Tout n'est pas erreur dans ce que tu dis. Mais... vois-tu, Judas, je viens d'une caste qui est persécutée pour ... pour avoir mal compris ce qu'est et comment devait être le Messie. Oui. Si nous l'avions attendu avec une vue exacte de son être, nous n'aurions pu tomber dans des erreurs qui sont des blasphèmes contre la Vérité et une rébellion contre la loi romaine, c'est pourquoi de la part de Dieu et de Rome nous avons été punis. Nous avons voulu voir dans le Christ un conquérant et un libérateur d'Israël, un nouveau Macchabée et plus grand que le grand Judas (Macchabée)... Rien que cela. Et pourquoi ? Parce que plus que des intérêts de Dieu nous avons eu le souci des nôtres, de ceux de la patrie et des citoyens. Oh ! il est saint aussi, l'intérêt de la patrie.
Mais qu'est-ce devant le Ciel éternel ? Combien les longues heures des persécutions d'abord, et de ségrégation ensuite, lorsque fugitif je me cachais dans les tanières des bêtes sauvages, partageant leur couche et leur nourriture, pour échapper à la police romaine et surtout aux délations des faux amis; ou bien quand, attendant la mort, je goûtais par avance l'odeur du tombeau dans ma caverne de lépreux - combien j'ai réfléchi et vu : j'ai vu la vraie physionomie du Christ... la tienne, Maître humble et bon, la tienne, Maître et Roi de l'esprit, la tienne, ô Christ, fils du Père, qui nous conduis au Père et non pas à des cours royales de poussière, ni à une divinité de boue. Toi... Oh ! il m'est facile de te suivre... Parce que, pardonne mon hardiesse qui se proclame juste, parce que je te vois tel que je t'ai pensé. Je te reconnais. Tout de suite, je t'ai reconnu. Cela n'a pas été Te connaître, mais reconnaître Quelqu'un que déjà mon âme avait connu."
"C'est pour cela que je t'ai appelé... et pour cela que je t'emmène avec Moi, maintenant, dans ce premier voyage que je vais faire en Judée. Je veux que tu achèves de me reconnaître... et je veux que ceux-ci aussi que l'âge rend moins capables d'accéder au vrai par une méditation sévère, sachent comment leur Maître est arrivé à cette heure-ci... Vous comprendrez par la suite. Nous voici pas loin de la Tour de David. La Porte Orientale est proche."
"Nous sortons par-là ?"
"Oui, Judas, nous allons à Bethléem d'abord. Là où je suis né... Il est bon que vous le sachiez... pour le dire aux autres. Cela aussi fait partie de la connaissance du Messie et de l'Écriture. Vous trouverez les prophéties écrites dans les choses. Elles vous parleront non par la voix de la prophétie mais par celle de l'histoire. Faisons le tour du palais d'Hérode..."
"Le vieux renard malfaisant et luxurieux."
"Ne jugez pas. C'est Dieu qui juge. Prenons ce sentier à travers les jardins. Nous arrêterons à l'ombre d'un arbre, près de quelque maison hospitalière, tant que le soleil est brûlant. Ensuite, nous continuerons notre route."
La vision prend fin.
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Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Ah, Judas et "son esprit pratique"!!!!!!
Maud!
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AZUR- Combat avec Sainte Marie
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Jésus à Bethléem, dans la maison du paysan et à la grotte
Une route de plaine, pierreuse, poussiéreuse, desséchée par le soleil d'été. On avance à travers des oliviers plantureux tout couvert de petites olives à peine formées. Le sol, là où on n'a pas marché, a encore une couche des minuscules fleurs d'oliviers tombées après la fécondation.
Jésus avance avec les trois, en file indienne le long du bord de la route où l'ombre des oliviers a gardé l'herbe encore verte et où il y a moins de poussière.
La route tourne à angle droit et au delà, monte légèrement vers une cuvette qui a la forme d'un grand fer à cheval et sur laquelle sont disséminées des maisons et des maisonnettes assez nombreuses pour former un village. Exactement là où le chemin fait un coude, il y a une construction cubique surmontée d'une petite coupole basse. Elle est complètement fermée, et semble abandonnée.
"Voici, à cet endroit le tombeau de Rachel" dit Simon.
"Alors, nous sommes presque arrivés. Nous entrons tout de suite dans la ville ?"
"Non Judas. Je vous montrerai d'abord un endroit... Puis nous entrerons dans la ville et comme il fait encore jour et qu'il y aura clair de lune, nous pourrons parler à la population, si elle veut écouter."
"Veux-tu qu'elle ne t'écoute pas ?"
Ils sont arrivés au tombeau, ancien mais bien conservé, blanchi à la chaux.
Jésus s'arrête pour boire à un puits rustique tout proche. Une femme lui offre l'eau qu'elle est venue puiser. Jésus l'interroge : "Es-tu de Bethléem ?"
"Oui, mais maintenant, à l'époque des récoltes, je suis ici avec mon mari dans cette campagne pour m'occuper des jardins et des vergers. Et Toi, tu es Galiléen ?"
"Je suis né à Bethléem, mais j'habite à Nazareth de Galilée."
"Persécuté, Toi aussi ?"
"La famille. Mais pourquoi dis-tu : "Toi aussi " ? Parmi les habitants de Bethléem, y a-t-il beaucoup de persécutés ?"
"Et tu ne sais pas? Quel âge as-tu ?"
"Trente ans."
"Alors tu es né justement quand... oh ! quel malheur ! Mais pourquoi est-il né ici, Celui-là ?"
"Qui ?"
"Mais celui que l'on disait le Sauveur. Malédiction aux imbéciles qui dans l'ivresse de la boisson ont vu dans les nuées, des anges, ont entendu des voix du Ciel au milieu des bêlements des brebis et des braiments des ânes et qui, dans les nuées de l'ivresse prirent trois misérables pour les gens les plus saints de la terre. Malédiction sur eux et sur ceux qui auront cru en eux."
"Mais tu ne m'expliques pas avec toutes tes malédictions ce qui arriva. Pourquoi ces malédictions ?"
"Parce que... Mais, dis-moi : où veux tu aller ?"
"A Bethléem, avec mes amis. J'y ai des intérêts. Je dois saluer de vieux amis et leur porter le salut de ma Mère. Mais je voudrais d'abord savoir tant de choses, parce que nous sommes absents, nous de la famille depuis de nombreuses années. Nous laissâmes la ville quand j'avais quelques mois."
"Mais avant ce malheur, alors. Écoutes, si tu ne dédaigne pas la maison d'un paysan, viens partager avec nous le pain et le sel. Toi et les compagnons. Nous parlerons pendant le souper et je vous logerai jusqu'au matin. La maison est petite, mais sur le sol de l'étable, il y a une bonne couche de foin. La nuit est chaude et sereine. Si tu veux, tu peux dormir."
"Que le Seigneur d'Israël te récompense de ton hospitalité. Je viendrai avec joie dans ta maison."
"Le pèlerin porte avec lui sa bénédiction. Allons. Je dois verser encore six amphores d'eau, sur les légumes qui viennent de naître."
"Et je t'aiderai."
"Non tu es un seigneur. Ta manière de faire me le dit."
"Je suis un artisan, femme. Et celui-ci est un pêcheur. Ceux-ci, sont Juifs, fortunés et ont une situation. Pas Moi." Et il prend une amphore couchée tout près du mur très bas du puits. Il l'attache et la descend. Jean l'aide. Les autres aussi ne veulent pas moins faire. Ils disent à la femme : "Où est le jardin, montre nous-le. Nous porterons les jarres."
"Dieu vous bénisse ! J'ai les reins rompus de fatigue. Venez..." Et, pendant que Jésus sort son broc, les trois compagnons descendent par un sentier... puis reviennent avec les deux brocs vides, les remplissent et retournent. Et ils font ainsi, non pas trois fois, mais bien une dizaine de fois. Et Judas rit en disant : "Elle est en train de s'égosiller, à force de bénédictions. Nous donnons tant d'eau à la salade que, pendant au moins deux jours la terre sera humide et la femme ne se fatiguera pas les reins." Quand il revient pour la dernière fois, il dit : "Maître, je crois cependant que nous sommes mal tombés."
"Pourquoi ? Judas."
"Parce qu'elle en veut au Messie. Je lui ai dit : "Ne blasphème pas. Ne sais-tu pas que la plus grande grâce pour le peuple de Dieu, c'est le Messie ? Jéhovah l'a promis à Jacob et après lui à tous les Prophètes et justes d'Israël et tu le hais ?". Elle m'a répondu "Pas Lui, mais celui qui ont ainsi dénommé des bergers ivres et des maudits devins d'Orient". Et puisque c'est toi..."
"N'importe. Je sais que je suis fait pour être pour beaucoup un signe d'épreuve et de contradiction. Lui as-tu dit qui je suis ?"
"Non. Je ne suis pas sot. J'ai voulu préserver tes épaules et les nôtres."
"Tu as bien fait. Pas à cause des épaules, mais parce que je désire me manifester quand je le juge convenable. Allons."
Judas le conduit au jardin. La femme verse les trois derniers brocs et les conduit à une construction rustique au milieu du verger. "Entrez, dit-elle, mon mari est déjà à la maison."
Ils s'avancent vers une cuisine basse et enfumée. "La paix soit à cette maison" salue Jésus.
"Qui que tu sois, la bénédiction à Toi et aux tiens. Entre." répond l'homme. Et il apporte d'abord un bassin rempli d'eau pour que les quatre se rafraîchissent et se lavent. Puis ils entrent et s'assoient tous à une table grossière.
"Je vous remercie pour ma femme. Elle m'a dit. Je n'avais jamais approché des Galiléens. On m'avait dit qu'ils étaient grossiers et querelleurs. Mais, vous, vous avez été gentils et bons. Déjà fatigués... et tant travailler ! Vous venez de loin ?"
"De Jérusalem. Ceux-ci sont Juifs. Moi et cet autre, nous sommes de Galilée, Mais, crois-moi, homme : des bons et des mauvais il y en a partout."
"C'est vrai. Moi pour ma première fois je rencontre de bons Galiléens, je suis bien tombé. Femme, apporte à manger. Je n'ai que du pain, des légumes, des olives et du fromage. Je suis paysan."
"Je ne suis pas un seigneur, moi non plus. Je suis menuisier."
"Toi ? Avec ces manières ?"
La femme intervient : "L'hôte est de Bethléem, je t'ai dit, et les siens ont été persécutés. Ils auront été peut-être riches et instruits comme l'étaient Josué de Ur, Mathias d'Isaac, Lévi d'Abraham... pauvres malheureux !..."
"On ne t'a pas interrogée. Pardonnez-lui. Les femmes bavardent toujours plus que les moineaux, le soir."
"C'étaient des familles de Bethléem ?"
"Comment ? Tu ne sais pas qui c'était, si tu es de Bethléem ?"
"Nous avons fui alors que j'avais quelques mois..."
La femme, qui certainement doit être bavarde, se remet à parler: "Il est parti avant le massacre."
"Eh ! je le vois bien : autrement, il ne serait plus de ce monde. Tu n'y es jamais revenu ?"
"Non."
"Quel grand malheur ! Tu en trouveras peu de ceux, que Sara m'a dit que tu veux connaître et saluer. Beaucoup de morts, beaucoup de fugitifs, beaucoup... hélas ! dispersés, et on n'a jamais su s'ils sont morts dans le désert ou s'ils ont péri en prison pour les punir de leur révolte. Mais était-ce une révolte ? Qui serait resté impassible en voyant égorger tant d'innocents ? Non, il n'est pas juste que Lévi et Élie soient encore vivants pendant que tant d'innocents sont morts !"
"Qui sont-ils ces deux, et qu'ont-ils fait ?"
"Mais... au moins, tu as entendu parler du massacre d'Hérode... Plus de mille petits dans la ville, un autre millier dans les campagnes. Et tous, aussi, des garçons, à peu près tous, parce que dans leur furie, dans la nuit, dans la mêlée, les tueurs prirent, arrachèrent des berceaux, des lits de leurs mères, des maisons assiégées, même des petites filles et les transpercèrent, comme des gazelles en train de boire, visées par un archer. Et bien ! Tout cela pourquoi ? Parce qu'un groupe de bergers, qui pour lutter contre le froid nocturne avaient bu à grands traits une boisson, furent pris de délire et racontèrent qu'ils avaient vu des anges, entendu des chants, reçu un message et nous dirent, à nous de Bethléem : "Venez, adorez. Le Messie est né". Pense, le Messie dans une grotte !
En vérité, je dois dire que nous fûmes tous ivres, même moi, encore jeune homme, même ma femme qui n'avait que quelques années... parce que nous crûmes tous, et dans une pauvre femme de Galilée, nous voulûmes voir la Vierge qui enfante, elle dont ont parlé les Prophètes.
Mais elle était avec un grossier Galiléen. Son mari, certainement. Si elle était épouse, comment pouvait-elle être la "Vierge" ? Bref, nous crûmes. Cadeaux, adorations, maisons ouvertes pour les accueillir... Oh ! on avait bien su faire les choses. Pauvre Anne ! Elle y a perdu, ses biens et la vie et les fils de sa fille aussi, la première, la seule qui s'est sauvée parce qu'elle avait épousé un marchand de Jérusalem, perdirent leurs biens, parce que la maison fut brûlée et tout leur domaine rasé sur l'ordre d'Hérode. C'est maintenant un champ inculte où paissent les troupeaux."
"Tout cela par la faute des bergers ?"
"Non, par celle aussi de trois sorciers venus du royaume de Satan. Peut-être étaient-ils complices des trois... Et nous, imbéciles qui leur avons fait tant d'honneurs ! Ce pauvre chef de la synagogue ! Nous l'avons tué parce qu'il avait juré que les prophéties marquaient du sceau de la Vérité les paroles des bergers et des Mages..."
"Tout, par la faute des bergers et des Mages ?"
"Non, Galiléen, par notre faute aussi. A cause de notre crédulité. Il y avait si longtemps qu'on attendait le Messie ! Des siècles d'attente. Beaucoup de déceptions, les derniers temps avec les faux Messies. L'un était Galiléen, comme Toi, un autre s'appelait Théodas. Menteurs ! Le Messie, eux ? Ce n'étaient que des aventuriers à la recherche de la fortune ! Cela aurait dû être pour nous une leçon. Au contraire..."
"Et alors, pourquoi maudissez-vous tous les bergers et les mages ? Si vous jugez que vous aussi vous avez été des sots, alors vous devriez vous maudire, vous également. Mais la malédiction n'est pas permise par le commandement de l'amour. La malédiction attire la malédiction. Est-ce que vous avez la certitude que votre jugement est juste ? Ne pourrait-il pas être vrai que les bergers et les mages aient dit la vérité, révélée à eux par Dieu ? Pourquoi vouloir croire qu'ils ont été des menteurs ?"
"Parce que les années de la prophétie n'étaient pas accomplies. Depuis nous avons réfléchi... après que le sang qui avait rougi les vasques et les ruisseaux eut ouvert les yeux de notre intelligence."
"Est-ce que le Très-Haut n'aurait pas pu, par excès d'amour pour son peuple, anticiper la venue du Sauveur ? Sur quoi les mages basaient-ils leur affirmation ? Tu m'as dit qu'ils venaient de l'Orient..."
"Sur leurs calculs au sujet d'une nouvelle étoile."
"Et n'est-il pas dit: "Une étoile naîtra de Jacob et un sceptre s'élèvera d'Israël" ? Et Jacob n'est-il pas le grand patriarche et ne s'est-il pas arrêté dans cette terre de Bethléem qui lui était chère comme la prunelle de l’œil, parce que ce fut là que mourut sa bien aimée Rachel ?
Et encore, n'est-il pas sorti de la bouche d'un prophète : "Un rejeton sortira de la tige de Jessé et une fleur s'épanouira de cette racine "[1][1] ? Isai, père de David est né ici. Le bourgeon sur la souche, sciée à la racine par l'usurpation des tyrans, n'est-ce pas la "vierge" qui enfantera le Fils conçu non pas d'un homme, car alors Elle ne serait plus Vierge, mais de la volonté de Dieu, par quoi Il sera "l'Emmanuel", car Fils de Dieu, Il sera Dieu et, par conséquent, apportera Dieu au milieu du peuple de Dieu, comme son nom l'indique ?
Et ne sera-t-il pas annoncé, dit la prophétie, aux peuples des ténèbres, c'est à dire aux païens "par une grande lumière" ? Et l'étoile, vue par les mages ne pourrait-elle pas être l'étoile de Jacob, la grande lumière des deux prophéties de et d'Isaïe?
Et le massacre lui-même accompli par Hérode ne rentre-t-il pas dans les prophéties ? "Un cri s'est élevé... C'est Rachel qui pleure ses fils", Il était marqué que les os de Rachel, dans son tombeau d'Ephrata gémiraient et pleureraient à l'époque où, par le Sauveur, la récompense serait venue au peuple saint. Larmes qui se changeraient ensuite en un sourire céleste, comme l'arc-en-ciel que forment les dernières gouttes d'eau de l'orage, mais qui dit : "Voilà : le temps serein vous est accordé."
"Tu es très instruit. Es-tu rabbi ?"
"Je le suis."
"Et je m'en rends compte. Il y a dans tes paroles lumière et vérité. Mais pourtant... Oh ! trop de blessures saignent encore dans cette terre de Bethléem pour le Messie, vrai ou faux... Je ne lui conseillerais même pas de jamais venir ici. La terre le repousserait comme on repousse un bâtard à cause duquel les vrais fils sont morts. Mais, d'ailleurs... si c'était Lui... il est mort avec les autres qu'on a égorgés."
"Où habite maintenant Lévi, et Élie ?"
"Tu les connais ?"
L'homme a des soupçons. "Je ne les connais pas. Leur visage m'est inconnu, mais ce sont des malheureux et j'ai toujours pitié des malheureux. Je veux aller les trouver."
"Hum ! tu seras le premier depuis presque six lustres. Ils sont encore bergers, au service d'un riche Hérodien de Jérusalem qui s'est approprié les biens de beaucoup d'habitants qui ont été tués... Il y a toujours des profiteurs ! Tu les trouveras avec leurs troupeaux sur les hauteurs en direction d'Hébron. Mais, un conseil. Ne te fais pas voir par les Bethléemites à parler avec eux. Tu aurais à t'en repentir. Nous les supportons parce que... parce que il y a l'Hérodien. Si non..."
"Oh! la haine! Pourquoi haïr ?"
"Parce que c'est juste : ils nous ont fait du mal."
"Ils ont cru bien faire."
"Mais ils nous ont fait du mal et qu'ils en périssent. Nous devions les tuer, comme ils ont fait tuer avec leur folie. Mais nous étions hébétés... et après, il y a eu l'Hérodien."
"Sans lui, alors, même après le premier mouvement de révolte, encore compréhensible, vous les auriez tués ?"
"Maintenant encore nous les tuerions sans la peur de leur maître."
"Homme, je te dis : ne hais pas. Ne désire pas le mal. Ne désire pas faire le mal. Ici, il n'y a pas de faute, mais même s'il yen avait, pardonne. Au nom de Dieu pardonne. Dis-le aux autres Bethléemites. Quand la haine tombera de vos cœurs, Le Messie viendra, vous le connaîtrez alors car il est vivant. Il l'était déjà quand le massacre eut lieu, je vous Je dis.
Ce ne fut pas par la faute des bergers et des mages mais par la faute de Satan que le carnage se fit. Le Messie vous est né, ici. Il est venu apporter la lumière à la terre de ses pères. Fils d'une Mère vierge de la race de David. C'est dans les ruines de la maison de David qu'il a ouvert au mon- de le fleuve des grâces éternelles, qu'il a ouvert à l'homme le chemin de la vie..."
"Va-t-en, va-t-en, hors d'ici ! Toi, partisan de ce faux Messie qui ne pouvait être que faux, car il nous a apporté le malheur, à nous de Bethléem. Tu le défends, donc..."
"Silence, homme, je suis Juif et j'ai des amis haut placés. Tu pourrais te repentir de l'insulte" Judas bondit, saisissant par son vêtement le paysan, il le secoue, violent et enflammé de colère.
"Non, non, allez-vous-en. Je ne veux pas d'ennuis ni avec les Bethléemites, ni avec Rome et Hérode. Partez, maudits, si vous ne voulez pas que je vous laisse un souvenir. Dehors !..."
"Partons, Judas. Ne réagis pas. Laissons-le sur sa rancœur. Dieu ne pénètre pas là où il y a de la haine. Partons."
"Oui, partons, mais vous me le paierez."
"Non, Judas, non. Il ne faut pas parler ainsi. Ce sont des aveugles... Il yen aura tant sur ma route ! ..."
Ils sortent en suivant Simon et Jean qui sont déjà dehors et parlent avec la femme dans un coin de l'étable.
"Pardonne à mon mari, Seigneur. Je ne croyais pas faire tant de mal... Voilà, prends-les. Tu les prendras demain matin. Ils sont frais, d'aujourd'hui. Je n'ai rien d'autre... Pardon, où dormiras- tu ?" (Elle donne des œufs).
"N'y pense pas. Je sais où aller.
Va en paix à cause de ta bonté. Adieu."
Ils font quelques mètres en silence, puis Judas explose : "Pourquoi Toi, ne te fais-tu pas adorer ? Pourquoi ne pas faire aplatir par terre ce dégoûtant blasphémateur ? Par terre, aplati, pour t'avoir manqué à Toi, le Messie... Oh ! moi, je l'aurais fait. Les Samaritains, on les réduit en cendres par le miracle. Il n'y a que cela qui les secoue."
"Oh ! que de fois je l'entendrai dire ! Mais devrais-je réduire en cendres pour tout péché contre Moi !... Non... Judas. Je suis venu pour créer, non pas pour détruire."
"Bien, mais en attendant, ce sont les autres qui te détruisent." Jésus ne réplique pas.
Simon demande: "Où allons-nous, maintenant, Maître ?"
"Venez avec Moi. Je connais un endroit."
"Mais, si tu n'as jamais été ici, depuis que tu as fui, comment le connais-tu ?" demande, encore irrité, Judas.
"Je le connais. Il n'est pas beau. Mais j'y ai été une autre fois. Ce n'est pas à Bethléem. Un peu en dehors... Allons dans cette direction."
Jésus en avant, puis Simon, puis Judas, ensuite Jean... Dans le silence que rompt seulement le crissement des sandales sur les graviers du sentier, on entend un sanglot.
"Qui pleure ?" demande Jésus en se retournant. Et Judas : "C'est Jean. Il a eu peur."
"Non, je n'ai pas peur. J'avais déjà la main sur le coutelas que j'ai à la ceinture... mais je me suis rappelé ton : "Ne tue pas, pardonne". Tu le dis toujours..."
"Et alors, pourquoi pleures-tu ?" demande Judas.
"Parce que je souffre de voir que le monde ne veut pas de Jésus. Ne le reconnaît pas et ne veut pas le connaître. Oh ! une telle douleur ! Comme si on me faisait pénétrer dans le cœur des épines enflammées. Comme si j'avais vu piétiner ma mère et cracher au visage de mon père... Plus encore... Comme si j'avais vu les chevaux des Romains manger dans l'Arche Sainte et coucher dans le Saint des Saints."
Ne pleure pas, mon Jean. Tu le diras cette fois et d'innombrables autres fois : "Il était la Lumière venue briller au milieu des ténèbres, mais les ténèbres ne l'ont pas compris. Il est venu dans le monde qui par Lui a été fait, et le monde ne l'a pas connu. il est venu dans sa ville, dans sa maison, et les siens ne l'ont pas reçu". Oh ! ne pleure pas ainsi !"
"Cela n'arrive pas en Galilée !" soupire Jean.
"Alors, pas davantage en Judée, réplique, Judas. Jérusalem en est la capitale et il y a trois jours qu'on t'y saluait comme Messie par des "Hosanna". Ici, pays de bergers grossiers, de paysans de jardiniers... il ne faut pas se baser sur eux. Même les galiléens, allons, ne seront pas tous bons. Au reste Judas, le faux Messie d'où était-il ? On disait..."
."Assez, Judas. Il ne convient pas de se troubler. Je suis calme Soyez-le, vous aussi. Judas, viens ici. Je dois te parler." Judas le rejoint. "Prends la bourse. Tu feras les achats pour demain."
"Et, pour l'instant, où logerons-nous ?" Jésus sourit et se tait. La nuit est descendue. La lune revêt tout de blancheur. Les rossignols chantent dans les oliviers. Un ruisseau, c'est un ruban d'argent sonore. Des prés fauchés arrive une odeur de foin : chaude, vivante, dirait-on humaine. Quelque mugissement. Quelque bêlement. Et des étoiles, des étoiles, des étoiles... un semis d'étoiles sur le voile du ciel, un baldaquin de gemmes vivantes sur les collines de Bethléem.
"Mais ici !... Ce sont des ruines. Où nous conduis-tu ? Ce n'est plus la ville."
"Je le sais. Viens, suis le ruisseau, derrière Moi. Encore quelques pas, et puis... et puis, je t'offrirai le logement du Roi d'Israël."
Judas hausse les épaules et garde le silence. Encore quelques pas, puis voilà un tas de maisons en ruines des restes d'habitations... Une antre, entre deux fentes de hautes murailles.
Jésus dit : "Avez-vous l'amadou ? Allumez." Simon allume une lanterne qu'il tire de sa besace et la donne à Jésus.
"Entrez, dit le Maître, en levant la lumière. Entrez. C'est la chambre de la nativité du Roi d'Israël."
"Tu te trompes, Maître ! C'est une puante caverne. Ah ! pour moi, je n'y reste pas, sûrement ! Elle me dégoûte, humide, froide puante, pleine de scorpions, de serpents, peut-être..."
"Et pourtant, amis, ici, la nuit du 25 du mois d'Encénie, naquit de la Vierge, Jésus le Christ, l'Emmanuel, le Verbe de Dieu fait chair pour l'amour de l'homme : Moi, qui vous parle. Alors, aussi, comme maintenant, le monde fut sourd aux voix du Ciel qui s'adressaient au cœur... et il a repoussé la Mère... et ici... Non Judas, ne détourne pas le regard d'un air dégoûté de ces chouettes qui volent, de ces lézards verts, de ces toiles d'araignées. Ne relève pas avec dégoût ton beau vêtement brodé pour qu'il ne se souille pas sur le sol, couvert d'excréments d'animaux.
Ces chouettes sont les petites filles de celles qui furent les premiers jouets qui s'agitèrent sous les yeux du Bébé, pour lequel les anges chantaient le "Gloria" que les bergers entendirent, ivres de rien autre que d'une extatique joie ! de la vraie joie. Ces lézards, avec leur émeraude, furent les premières couleurs qui frappèrent ma pupille, les premières après la blancheur du vêtement et du visage maternel. Ces toiles d'araignées furent le baldaquin de mon berceau royal.
Ce sol, oh ! tu peux le fouler sans dédain... il est couvert d'excréments, mais il est sanctifié par son pied, Elle, la Sainte, là Grande Sainte, la Pure, l'Inviolée, la Mère de Dieu, Celle qui enfanta parce qu'Elle devait enfanter, qui enfanta parce que Dieu, et non pas l'homme, le lui dit et la rendit enceinte de Lui-Même. Elle, la Sans Tache, n'a foulé aux pieds. Tu peux y mettre tes pas. Et que Dieu veuille que par la plante de tes pieds te monte au cœur la pureté qui émana d'Elle..."
Simon s'est agenouillé. Jean s'en va directement à la crèche et pleure, la tête appuyée sur elle. Judas est effrayé... puis vaincu par l'émotion, et sans plus penser à son bel habit, se jette sur le sol, prend un coin du vêtement de Jésus, l'embrasse et se bat la poitrine en disant:
"Oh ! aie pitié, bon Maître, de l'aveuglement de ton serviteur ! Mon orgueil tombe,.. je te vois comme Tu es. Non pas le roi que je pensais, mais le Prince Éternel, le Père du siècle à venir, le Roi de la paix. Pitié, mon Seigneur et mon Dieu ! Pitié !"
"Oui, toute ma pitié. Maintenant, nous allons dormir où dormit l'Enfant et la Vierge, là où Jean a pris la place de la Mère en adoration, là où Simon paraît mon père putatif. Ou bien, si vous préférez, je vous parlerai de cette nuit..."
"Oh ! oui, Maître, fais-nous connaître ton épanouissement en ce monde."
"Pour qu'il soit une perle lumineuse en nos cœurs et pour que nous puissions le redire au monde."
"Et pour vénérer ta Mère, non seulement pour avoir été ta Mère, mais pour être... oh ! pour être la Vierge !"
C'est d'abord Judas qui a parlé, puis Simon, puis Jean avec son visage où les larmes se mêlent aux sourires, là tout près de la crèche
"Venez sur le foin. Écoutez..." et Jésus raconte la nuit de sa naissance "...
la Mère qui était déjà sur le point d'enfanter, vint, sur l'ordre de César Auguste, sur l'avis du délégué impérial, Publius Sulpicius Quirinus, alors qu'était gouverneur de la Palestine Sentius Saturninus.
L'avis ordonnait le recensement de tous les habitants de l'Empire. Ceux qui n'étaient pas esclaves devaient se rendre à leur lieu d'origine pour s'inscrire sur les registres de l'Empire. Joseph, époux de la Mère, était de la race de David et pareillement la Mère. Obéissant donc à cet avis, ils quittèrent Nazareth pour venir à Bethléem, berceau de la race royale.
Le temps était froid..."
Jésus continue le récit et tout cesse ainsi.
Grotte de Bethléem
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Bethléem sur la carte
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http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME 02/02-037.htm
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Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
"Et pourtant, amis, ici, la nuit du 25 du mois d'Encénie, naquit de la Vierge, Jésus le Christ, l'Emmanuel, le Verbe de Dieu fait chair pour l'amour de l'homme : Moi, qui vous parle. Alors, aussi, comme maintenant, le monde fut sourd aux voix du Ciel qui s'adressaient au cœur... et il a repoussé la Mère... et ici... Non Judas, ne détourne pas le regard d'un air dégoûté de ces chouettes qui volent, de ces lézards verts, de ces toiles d'araignées. Ne relève pas avec dégoût ton beau vêtement brodé pour qu'il ne se souille pas sur le sol, couvert d'excréments d'animaux.
Ces chouettes sont les petites filles de celles qui furent les premiers jouets qui s'agitèrent sous les yeux du Bébé, pour lequel les anges chantaient le "Gloria" que les bergers entendirent, ivres de rien autre que d'une extatique joie ! de la vraie joie. Ces lézards, avec leur émeraude, furent les premières couleurs qui frappèrent ma pupille, les premières après la blancheur du vêtement et du visage maternel. Ces toiles d'araignées furent le baldaquin de mon berceau royal.
Ce sol, oh ! tu peux le fouler sans dédain... il est couvert d'excréments, mais il est sanctifié par son pied, Elle, la Sainte, là Grande Sainte, la Pure, l'Inviolée, la Mère de Dieu, Celle qui enfanta parce qu'Elle devait enfanter, qui enfanta parce que Dieu, et non pas l'homme, le lui dit et la rendit enceinte de Lui-Même. Elle, la Sans Tache, l'a foulé aux pieds. Tu peux y mettre tes pas. Et que Dieu veuille que par la plante de tes pieds te monte au cœur la pureté qui émana d'Elle..."
Simon s'est agenouillé. Jean s'en va directement à la crèche et pleure, la tête appuyée sur elle. "
Pas de place à l'auberge!
C'est dans la pauvreté que naît Jésus, dans la pauvreté qu'on le trouve partout!
Ces chouettes sont les petites filles de celles qui furent les premiers jouets qui s'agitèrent sous les yeux du Bébé, pour lequel les anges chantaient le "Gloria" que les bergers entendirent, ivres de rien autre que d'une extatique joie ! de la vraie joie. Ces lézards, avec leur émeraude, furent les premières couleurs qui frappèrent ma pupille, les premières après la blancheur du vêtement et du visage maternel. Ces toiles d'araignées furent le baldaquin de mon berceau royal.
Ce sol, oh ! tu peux le fouler sans dédain... il est couvert d'excréments, mais il est sanctifié par son pied, Elle, la Sainte, là Grande Sainte, la Pure, l'Inviolée, la Mère de Dieu, Celle qui enfanta parce qu'Elle devait enfanter, qui enfanta parce que Dieu, et non pas l'homme, le lui dit et la rendit enceinte de Lui-Même. Elle, la Sans Tache, l'a foulé aux pieds. Tu peux y mettre tes pas. Et que Dieu veuille que par la plante de tes pieds te monte au cœur la pureté qui émana d'Elle..."
Simon s'est agenouillé. Jean s'en va directement à la crèche et pleure, la tête appuyée sur elle. "
Pas de place à l'auberge!
C'est dans la pauvreté que naît Jésus, dans la pauvreté qu'on le trouve partout!
AZUR- Combat avec Sainte Marie
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Inscription : 12/07/2012
Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Jésus à l’auberge de Bethléem et prédication sur les ruines de la maison d’Anne
Les premières heures d'un lumineux matin d'été. Le ciel se colore de rose sur quelques petits nuages qui semblent des effilochures de gaze tombées sur un tapis de satin couleur de turquoise. Il se fait tout un concert d'oiseaux déjà ivres de lumière... Passereaux, merles, rouges-gorges babillent, gazouillent, se bagarrent pour une tige, une chenille, une brindille à porter à leurs nids, pour se remplir le bec, ou pour prendre comme perchoirs. Des hirondelles piquent du ciel dans le petit ruisseau pour laver leurs plastrons de neige teints au sommet de rouille, et une fois rafraîchies, après avoir piqué un moucheron encore endormi sur une tige, s'envolent vers les hauteurs avec leurs ailes qui frappent l'air comme des lames d'acier bruni, en gazouillant gaiement.
Deux bergeronnettes vêtues de soie cendrée se promènent gracieusement comme deux demoiselles le long de la rive du ruisseau. Elles relèvent leur longue queue ornée de velours noir, se mirent, se trouvent belles et reprennent leur promenade, raillées par un merle, qui leur siffle par derrière, avec son long bec jaune, vrai gamin du bois. Dans un pommier sauvage à l'abondante frondaison, près des ruines, un rossignol appelle avec insistance, son compagnon, et ne se tait que lorsqu'il le voit arriver avec une longue chenille qui se tord sous l'étreinte du bec très fin. Deux bisets, probablement échappés de colombiers de la ville et qu'ont élu domicile dans les crevasses d'une tour en ruines, s'abandonnent à leurs effusions, lui séducteur, elle roucoulant pudiquement.
Jésus, les bras croisés, regarde toutes ces joyeuses petites bestioles et sourit.
"Déjà prêt, Maître ?" lui demande par derrière Simon.
"Déjà prêt. Les autres dorment-ils encore ?"
"Encore."
"Ils sont jeunes... Je me suis lavé à ce ruisseau... Une eau fraîche qui éclaircit les idées..."
"Maintenant, j'y vais."
Pendant que Simon vêtu seulement d'une courte tunique se lave et puis s'habille, Judas et Jean se lèvent.
"Dieu te garde, Maître. Nous sommes en retard ?"
"Non, c'est tout juste le matin, mais maintenant, faites vite et partons."
Les deux se lavent et puis revêtent leur tunique et leur manteau. Jésus, avant de se mettre en route, cueille des fleurettes qui ont poussées dans les fentes de deux rochers et les met dans une petite boîte de bois où se trouvent déjà d'autres choses que je ne distingue pas bien. Il explique : "Je les porterai à la Mère. Elles lui seront chères... Partons."
"Où, Maître ?"
"À Bethléem."
"Encore ? Il me semble que l'air n'en est pas bon pour nous..."
"N'importe. Allons. Je vous ferai voir où descendirent les Mages et où j'étais."
"Alors, excuse-moi, Maître, mais permets-moi de parler. Nous allons faire une chose. À Bethléem et à l'auberge, permets-moi de parler et de poser des questions. Pour vous, Galiléens, on ne vous aime pas beaucoup, en Judée et ici moins qu'ailleurs. Alors faisons ainsi : Toi et Jean on vous devine Galiléens rien qu'au vêtement. Trop simple. Et puis... ces cheveux ! Pourquoi vous obstinez-vous à les porter si longs ? Moi et Simon, nous vous donnons notre manteau et vous nous donnez le vôtre : toi, Simon à Jean et moi au Maître. Voilà : comme ça. Tu vois ? Vous paraîtrez tout de suite un peu plus juifs. Maintenant, ceci." Et il enlève sa coiffure : un turban à rayures jaunes, marron, rouges, vertes, comme le manteau, maintenu en place par un cordonnet jaune. Il le met sur la tête de Jésus et l'arrange le long des joues pour cacher les longs cheveux blonds. Jean prend la coiffure vert très foncé de Simon. "Oh ! maintenant, ça va mieux ! Moi, j'ai le sens pratique."
"Oui, Judas, tu as le sens pratique, c'est vrai. Prends garde, cependant, qu'il ne surpasse pas l'autre sens."
"Quel sens, Maître ?"
"Le sens spirituel."
"Oh ! non, mais, en certains cas, il faut savoir agir en politiques plus encore qu'en ambassadeurs. Et attention... sois indulgent aussi... c'est pour ton bien... Ne me contredis pas si je dis de choses... des choses... oui, voilà pas vraies."
"Que veux-tu dire ? Pourquoi mentir ? Je suis la Vérité, et je ne veux le mensonge ni en Moi, ni autour de Moi."
"Oh ! Je ne dirai que des demi mensonges. Je dirai que nous sommes tous de retour de pays lointains, d'Égypte par exemple, et que nous voulons avoir des nouvelles d'amis qui nous son chers. Nous dirons que nous sommes des Juifs, de retour d'exil... Au fond, en tout cela, il y a un peu de vrai... et puis, j'en raconte... de plus ou moins fausses."
"Mais ! Judas, pourquoi tromper ?"
"Laisse passer, Maître. Le monde se gouverne à coups de tromperies. Elles sont parfois nécessaires. Bien, pour te faire plaisir je dirai seulement que nous venons de loin et que nous somme Juifs. C'est vrai aux trois-quarts. Et toi, Jean, ne parle pas. Tu nous trahirais."
"Je resterai muet."
"Puis, si les choses tournent bien... alors, nous dirons le reste Mais j'ai peu d'espoir... Je suis rusé et je saisis les choses au vol."
"Je le vois, Judas. Mais je préférerais que tu sois simple."
"C'est peu utile. Dans ton groupe, je serai celui des missions difficiles. Laisse-moi faire."
Jésus est peu enthousiaste, mais il cède.
Ils s'en vont, tournent autour des ruines, puis longent un mur sans fenêtres derrière lequel on entend braire, mugir, hennir, bêler et les chameaux ou dromadaires aux énormes cris fantaisistes..Le mur fait un angle. Ils tournent. Les voilà sur la place de Bethléem. Le bassin de la fontaine est toujours au centre de la place qu'on aperçoit avec toujours sa forme de guingois, différent et pourtant du coté opposé à l'auberge. Là, où était la petite maison - je la vois encore quand j'y pense toute d'argent pur sous le rayonnement de l’étoile - là, un grande espace libre, couvert de débris. Seul le petit escalier est encore debout avec son petit balcon. Jésus regarde et soupire.
La place est pleine de gens autour des marchands de victuailles, d'ustensiles, d'étoffes, etc. Ils ont disposés sur des nattes ou mis dans des paniers leurs marchandises, à même sur le sol, et sont pour la plupart accroupis au centre de leurs... magasins, d'autres debout, criant et gesticulant, aux prises avec quelque acheteur qui discute.
"C'est jour de marché." dit Simon.
La porte, ou plutôt, la porte cochère de l'auberge est grande ouverte, et il en sort une file d'ânes chargés de marchandises.
Judas entre le premier. Il regarde tout autour. Il appelle, hautain, un petit garçon d'écurie, sale et en bras de chemise, c'est à dire avec un seul vêtement de dessous sans manches et qui lui arrive aux genoux. "Garçon ! crie-t-il. Le patron, tout de suite. Dépêche-toi, car je n'ai pas l'habitude d'attendre."
Le garçon y court en tirant par derrière un balai de branchages, "Mais, Judas ! Quelles façons !"
"Silence, Maître. Laisse-moi faire, Il faut qu'ils nous croient très riches, et de la ville."
Le patron accourt, se cassant l'échine en inclinations devant Judas, imposant avec le manteau rouge foncé de Jésus, sur son riche vêtement jaune d'or avec sa large ceinture et ses franges.
"Nous venons de loin, homme. Juifs de la communauté asiatique. Celui-ci persécuté, bethléemite d'origine, recherche des amis d'ici qui lui sont chers. Et nous avec Lui. Arrivons de Jérusalem où nous avons adoré le Très-Haut dans sa Maison. Peux-tu nous renseigner ?"
"Seigneur ... ton serviteur ... tout à toi. Commande."
"Nous voulons avoir des renseignements sur plusieurs... et spécialement sur Anne, la femme qui avait sa maison en face de ton auberge."
"Oh ! malheureuse ! Anne vous ne la trouverez plus que dans le sein d'Abraham et ses fils avec elle."
"Morte ? Pourquoi ?"
"Vous n'êtes pas au courant du massacre d'Hérode ? Tout le monde en a parlé et César le traita de "porc altéré de sang" [1][1]. Oh ! qu'ai-je dit ? Ne me dénonce pas. Es-tu un vrai juif ?"
"Voilà l'insigne de ma tribu. Alors, parle."
"Anne a été tuée par les soldats d'Hérode avec tous ses enfants, sauf une fille."
"Mais pourquoi ? Elle était si bonne !"
"Tu la connaissais ?"
"Très bien." Judas ment impudemment.
"Elle fut tuée pour avoir donné l'hospitalité à ceux qu'on disait père et Mère du Messie... Viens ici... dans cette pièce... les murs ont des oreilles, et parler de certaines choses... c'est dangereux."
Ils entrent dans une petite pièce obscure et basse. Ils s'assoient sur un divan très bas.
"Voici... j'ai eu le nez creux. Je ne suis pas aubergiste pour rien ! Je suis né ici, fils et petit fils d'aubergistes. J'ai la malice dans le sang, et je n'ai pas voulu d'eux. Peut-être je leur aurais trouvé un coin. Mais... galiléens... pauvres... inconnus... eh ! non, Ézéchias ne s'y laisse pas prendre ! Et puis... je sentais... je sentais qu'ils n'étaient pas comme les autres... cette femme... des yeux... un je ne sais quoi... non, non, elle devait avoir en elle le démon qui lui parlait. Et elle nous l'a apporté ici, à moi non, mais à la ville. Anne était plus innocente qu'une brebis et elle les a logés quelques jours après et avec le Bébé. On disait que c'était le Messie...
Oh ! que d'argent j'ai fait en ces jours ! Bien autrement qu'au recensement ! Il venait des gens, même qui n'avaient pas besoin de venir pour le recensement. Il en venait même de la mer, même de l'Égypte, pour voir... et cela pendant des mois ! Quels gains j'ai réalisés !... .Pour finir, il est venu trois rois, trois hommes puissants, trois mages... que sais-je ? Un cortège qui n'en finissait plus ! Ils m'ont pris toutes les écuries et ont payé en or autant de foin qu'il en eut fallu pour un mois, et puis ils sont partis, laissant tout ici, le jour suivant. Et quels cadeaux aux garçons, aux femmes de service ! Et à moi ! Oh ! ...Pour moi, du Messie, qu'il fût vrai ou faux, je ne puis dire que du bien. Il m'a fait gagner de l'argent à pleins sacs. Je n'ai pas essuyé d'ennuis graves. Pas de morts, non plus, car je venais tout juste de prendre femme. Alors... Mais les autres !"
"Nous voudrions voir les lieux du carnage."
"Les lieux ? Mais ce furent toutes les maisons. C'est par milliers que l'on compta les morts à Bethléem. Venez avec moi."
Ils prennent un escalier, montant sur une terrasse. D'en haut, on voit une grande étendue de campagne et Bethléem toute entière qui s'étend en éventail sur ses collines."
"Vous voyez où sont les ruines ? Ici, aussi furent brûlées des maisons parce que les pères défendirent leurs enfants les armes à la main. Vous voyez là cet espèce de puits couvert de lierre ? C'est ce qui reste de la synagogue. On la brûla avec le chef de la synagogue qui avait affirmé que c'était le Messie. Elle fut brûlée par des survivants, fous de rage à cause du meurtre de leurs enfants. Nous en avons eu des ennuis, depuis... Et ici, et là et là... Vous voyez ces tombeaux ? Ce sont des victimes... On dirait des brebis, couchées dans la verdure, à perte de vue. Tous innocents avec leurs pères et leurs mères... Vous voyez ce bassin ? Son eau était rougie de sang lorsque les sicaires y eurent lavé leurs armes et leurs mains. Et ce ruisseau, ici derrière, l'avez-vous vu ? ... Il était rougi par le sang qui lui était venu des égouts... Et ici, voyez, ici, en face. C'est tout ce qui reste de Anne."
Jésus pleure.
"Tu la connaissais bien ?"
Judas répond : "C'était comme une sœur pour sa Mère ! Pas vrai, ami ?"
Jésus répond seulement : "Oui."
"Je comprends" fait l'aubergiste, et il reste pensif. Jésus se penche pour parler doucement à Judas.
"Mon ami voudrait aller sur ces ruines" dit Judas.
"Eh ! qu'il y aille ! Elles sont à tout le monde !"
Ils descendent, saluent, s'en vont. L'aubergiste reste déçu. Peut-être il espérait un pourboire.
Ils traversent la place et montent le petit escalier, le seul qui est resté.
"C'est d'ici, dit Jésus, que ma Mère me fit saluer les Mages et que nous sommes descendus pour gagner l'Égypte."
Des gens regardent les quatre parmi les ruines. Quelqu'un demande : "Parents de la morte ?"
"Amis".
Une femme crie : "Ne faites pas de mal, vous du moins, à la morte, comme ses autres amis, alors qu'elle était vivante et qui s'échappèrent ensuite sains et saufs."
Jésus est debout sur la plate forme contre le muret qui la limite dominant donc la place de deux mètres à peu près, avec le vide en arrière. C'est un vide lumineux, qui le nimbe tout entier, rendant encore plus blanc son vêtement de lin très blanc qui seul le couvre, maintenant que son manteau s'est envolé de sur ses épaules faisant à ses pieds une sorte de piédestal multicolore. En arrière, encore, le fond de verdure et de broussailles de ce qui était le jardin et le domaine d'Anne, maintenant désolés et couverts de ruines.
Jésus étend les bras. Judas qui voit le geste dit : "Ne parle pas Ce n'est pas prudent !"
Mais Jésus remplit la place de sa voix puissante : "Hommes de Juda ! Hommes de Bethléem, écoutez ! Écoutez, ô vous, femmes de la terre qui fut sacrée pour Rachel ! Écoutez un descendant de David, qui a souffert, persécuté. Rendu digne de vous adresser la parole, il vous parle pour vous donner lumière et réconfort. Écoutez."
Les gens cessent de crier, de se disputer, de faire des achats et s'attroupent.
"C'est un rabbi !"
"Il vient sûrement de Jérusalem."
"Qui est-ce ?"
"Quel bel homme !"
"Quelle voix !"
"Quelles façons !"
"Eh ! s'il est de la race de David !"
"De la nôtre, alors !"
"Écoutons, écoutons !" Toute la foule s'est groupée autour de l'escalier qui paraît une tribune.
"Il est dit dans la Genèse : "Je mettrai des inimitiés entre toi et la femme... Elle t'écrasera la tête et tu essaieras de lui blesse le talon" [2][2]. Il est encore dit : "Je multiplierai tes souffrances et tes grossesses... et la terre produira des ronces et des épines". C'est la condamnation de l'homme, de la femme et du serpent.
Venu de loin pour vénérer la tombe de Rachel, j'ai entendu dans la brise du soir, dans la rosée de la nuit, dans la plainte matinale du rossignol, l'écho du sanglot de Rachel [3][3] l'ancienne, répété de bouche en bouche par les mères de Bethléem dans le secret des tombeaux ou dans le secret des cœurs. .J'ai entendu le rugissement de douleur de Jacob dans les veufs, qui n'ont plus d'épouses car la douleur les a tuées... Je pleure avec vous. Mais écoutez, frères de la même terre. Bethléem, terre bénie, la plus petite des cités de Juda, mais là plus grande aux yeux de Dieu et de l'humanité parce que berceau du Sauveur, comme le dit Michée [4][4], précisément parce que telle, parce que destinée à être le tabernacle sur lequel reposerait la gloire de Dieu, le Feu de Dieu, son Amour Incarné, a déchaîné la haine de Satan.
"Je mettrai des inimitiés entre toi et la femme. Elle t'écrasera sous son pied et tu l'attaqueras à son talon". Quelle inimitié plus grande que celle qui s'en prend aux enfants, le cœur du cœur de la femme ? Et quel pied est plus puissant que celui de la Mère du Sauveur ? Voilà pourquoi fut bien naturelle la vengeance de Satan vaincu, ce n'est pas vers le talon de la Mère mais vers le cœur des mères qu'il dirigea son attaque.
Oh ! angoisses innombrables des mères de perdre les enfants après les avoir engendrés ! Oh ! tribulation effroyable d'avoir semé et sué pour ses enfants de rester père sans plus avoir de descendance. Mais, réjouis-toi, Bethléem ! Ton sang pur, le sang des innocents a ouvert un chemin de flamme et de pourpre au Messie..."
La foule, dont le murmure s'accroît toujours plus depuis que Jésus a nommé le Sauveur et sa Mère, marque maintenant plus clairement son agitation.
"Tais-toi, Maître, dit Judas, et partons."
Mais Jésus ne l'écoute pas. Il continue : "...au Messie que la Grâce du Père-Dieu a sauvé des tyrans afin de le conserver au peuple, pour le sauver et ..."
Une voix stridente de femme crie : "Cinq, cinq, que j'en avais enfantés, et plus personne dans ma maison ! Misérable que je suis !" et elle crie comme une hystérique.
C'est le commencement de la bagarre.
Une autre se roule dans la poussière, déchire ses vêtements, montre son sein mutilé et crie : "Là, là, sur cette mamelle ils ont égorgé mon premier né ! L'épée a tranché la tête en même temps que mon sein. Oh ! mon Élisée !"
"Et moi ? et moi ? Voici ma maison ! Trois tombeaux en un seul que veille le père. Le mari et les enfants, tous ensemble. Voilà, voilà !... Si c'est le Sauveur, qu'il me rende mes enfants, qu'il me rende mon époux, qu'il me sauve du désespoir, qu'il me sauve de Béelzéboul."
Ils crient tous : "Nos fils, nos maris, nos pères, rendez-nous-les si c'est Lui le Sauveur !"
Jésus remue les bras, imposant le silence. "Frères de ma terre je voudrais vous rendre vos enfants, en vie, oui, en vie, Mais, je vous le dis : soyez bons, résignés. Pardonnez, espérez, réjouissez-vous dans l'espérance, jubilez dans la certitude. vous ne tarderez pas de retrouver vos enfants, anges dans, le Ciel, car le Messie va ouvrir les portes du Ciel, et si vous êtes justes, la mort sera pour vous la Vie qui arrive et l'Amour qui revient..."
"Ah ! Tu es le Messie ? Au nom de Dieu, dis-le." Jésus abaisse les bras de son geste si doux, si affectueux qu'il semble vouloir embrasser et il dit : "Je le suis."
"Va-t-en, va-t-en, c'est par ta faute, alors !" Une pierre vole au milieu des sifflets et des huées. Judas a une belle attitude... oh ! s'il avait été toujours ainsi ! Il se met devant le Maître, debout sur le mur du balcon, le manteau déployé et il reçoit sans peur les coups de pierres, il en saigne même. Il crie à Jean et à Simon : "Emmenez Jésus, derrière ces arbres. J'arrive, Allez, au nom du Ciel !" et à la foule : "Chiens enragés ! Je suis du Temple et je vous dénoncerai au Temple et à Rome."
La foule prend peur, un instant, mais bientôt elle reprend la bataille à coups de pierres, heureusement mal dirigées. Et Judas imperturbable reçoit la grêle, répondant par des injures aux malédictions de la foule. Il attrape même au vol un caillou et l'envoi sur la tête d'un petit vieux qui crie comme une pie qu'on plumerait vivante. Et, comme ils essaient de donner l'assaut à son piédestal, il attrape vivement une branche sèche par terre, car il est descendu du muret, et la fait tournoyer sur les échines, les têtes les mains, sans pitié.
Des soldats accourent et sous la menace des lances, ils s'ouvrent un chemin. "Qui es-tu ? Pourquoi cette rixe ?"
"Un juif assailli par ces gens du peuple. Il y avait avec moi un rabbi, connu des prêtres. Il parlait à ces chiens; ils se sont déchaînés et nous ont assailli."
"Qui es-tu ?"
"Judas de Kériot, précédemment au Temple, maintenant disciple du Rabbi Jésus de Galilée. Ami du pharisien Simon, du sadducéen Giocana, du conseiller du Sanhédrin, Joseph d'Arimathie, et enfin, ce que tu peux vérifier, d'Éléazar ben Anna, le grand ami du proconsul".
"Je vérifierai. Où vas-tu ?"
"Avec mon ami, à Keriot, puis à Jérusalem."
"Va, nous te protégerons."
Judas passe au soldat des pièces de monnaie. Ce doit être une chose défendue, mais... habituelle, car le soldat l'empoche en vitesse, et respectueux salue et sourit. Judas saute en bas de son estrade et court par bonds à travers le champ inculte et rejoint ses compagnons.
"Tu es bien blessé ?"
"Ce n'est rien, Maître, et puis, c'est pour Toi... Je leur ai riposté, aussi. Je dois être tout souillé de sang..."
"Oui, sur la joue. Il y a ici un filet d'eau."
Jean trempe un petit linge et lave la joue de Judas.
"Cela m'ennuie, Judas, mais, vois... même en leur disant que nous étions juifs, selon ton sens pratique..."
"Ce sont des bêtes. Je crois que tu en seras persuadé, Maître, et que tu n'insisteras pas."
"Oh ! non ! Pas par peur, mais parce que c'est inutile pour l'instant. Quand on ne veut pas de nous, on ne maudit pas, mais on se retire en priant pour les pauvres fous qui meurent de faim et ne voient pas le Pain. Allons par ce chemin à l'écart. Je crois qu'on pourra gagner la route d'Hébron... chez les bergers, si nous les trouvons."
"Pour nous faire attaquer à coups de pierres ?"
"Non, pour leur dire : "C'est Moi"."
"Eh ! Alors ! Ce sera la bastonnade !... Depuis trente ans qu'ils souffrent à cause de Toi !..."
"Nous verrons."
Ils passent par un bois épais, ombreux, frais, et je les perds de vue.
Massacre des Saints Innocents
*
Hérode le grand
Le persécuteur
Présentation générale
Ce personnage n'apparaît pas directement dans les scènes de l'Évangile vues par Maria Valtorta, mais son souvenir transparaît constamment, notamment dans l'évangile de l'enfance.
Souverain paranoïaque, craignant ce "roi" qui vient de naître et que lui annonce les mages , il fait tuer tous les enfants de Bethléem et des environs âgés de deux ans et moins (Mt 2,16-18). Deux mille enfants périrent ainsi, témoignent les survivants traumatisés , mais le chiffre est tempéré par Jésus dans une dictée. Il n'en reste pas moins que les crimes commis par ce despote en fin de vie écœurèrent jusqu'à la cour de Rome
Caractère et aspect
César le traita de "porc altéré de sang" (
Son nom
Nom d'origine Iduméenne (sud de la Judée)
Hérode le Grand Persécuteur
*
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Localisation : France
Inscription : 16/01/2010
Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
"Oui, Judas, tu as le sens pratique, c'est vrai. Prends garde, cependant, qu'il ne surpasse pas l'autre sens."
"Quel sens, Maître ?"
"Le sens spirituel."(...)
"Puis, si les choses tournent bien... alors, nous dirons le reste Mais j'ai peu d'espoir... Je suis rusé et je saisis les choses au vol."
"Je le vois, Judas. Mais je préférerais que tu sois simple."(..)
"Voici... j'ai eu le nez creux. Je ne suis pas aubergiste pour rien ! Je suis né ici, fils et petit fils d'aubergistes. J'ai la malice dans le sang, et je n'ai pas voulu d'eux. Peut-être
je leur aurais trouvé un coin. Mais... galiléens... pauvres... inconnus.. eh ! non, Ézéchias ne s'y laisse pas prendre....."
(..)" Une pierre vole au milieu des sifflets et des huées. Judas a une belle attitude... oh ! s'il avait été toujours ainsi ! Il se met devant le Maître, debout sur le mur du balcon, le manteau déployé et il reçoit sans peur les coups de pierres, il en saigne même..."
Ah, oui, c'est là: "pas de place à l'auberge!": pauvres, étrangers: ouste!
Seul moment où Judas se "comporte bien" mais ça ne dure pas! La nature reprend vite le dessus!
Être simple de coeur!
Les habitants de Bethléem sont indignés: comment ne pas compatir à leurs souffrances? pour tous les indignés, révoltés, souffrants dans leur âme, de ce monde!
"Quel sens, Maître ?"
"Le sens spirituel."(...)
"Puis, si les choses tournent bien... alors, nous dirons le reste Mais j'ai peu d'espoir... Je suis rusé et je saisis les choses au vol."
"Je le vois, Judas. Mais je préférerais que tu sois simple."(..)
"Voici... j'ai eu le nez creux. Je ne suis pas aubergiste pour rien ! Je suis né ici, fils et petit fils d'aubergistes. J'ai la malice dans le sang, et je n'ai pas voulu d'eux. Peut-être
je leur aurais trouvé un coin. Mais... galiléens... pauvres... inconnus.. eh ! non, Ézéchias ne s'y laisse pas prendre....."
(..)" Une pierre vole au milieu des sifflets et des huées. Judas a une belle attitude... oh ! s'il avait été toujours ainsi ! Il se met devant le Maître, debout sur le mur du balcon, le manteau déployé et il reçoit sans peur les coups de pierres, il en saigne même..."
Ah, oui, c'est là: "pas de place à l'auberge!": pauvres, étrangers: ouste!
Seul moment où Judas se "comporte bien" mais ça ne dure pas! La nature reprend vite le dessus!
Être simple de coeur!
Les habitants de Bethléem sont indignés: comment ne pas compatir à leurs souffrances? pour tous les indignés, révoltés, souffrants dans leur âme, de ce monde!
AZUR- Combat avec Sainte Marie
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Localisation : France
Inscription : 12/07/2012
Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Jésus et les bergers Élie, Lévi et Joseph
Les collines se font beaucoup plus élevées et boisées que celles de Bethléem et s'élèvent toujours plus, formant une vraie chaîne de montagnes Jésus monte, en tête, scrutant en avant, autour, comme s'il cherchait quelque chose. Il ne parle pas. Il écoute plutôt les bruits des bois que les paroles des disciples, quelques mètres à l'écart en arrière de Lui et qui parlent, entre eux.
Une sonnaille se fait entendre au loin, mais le vent apporte le son de la clochette. Jésus sourit. Il se retourne. "Je sens qu'il y a des troupeaux" dit-il.
"Où, Maître ?"
"Vers ce coteau, il me semble, mais le bois m'empêche de voir."
Jean ne dit mot. Il quitte son habit - le manteau, tous le portent roulé en bandoulière, car ils ont chaud - et gardant sa petite tunique courte, il embrasse un tronc élevé et lisse, un frêne, dirait-on et il grimpe, il grimpe... jusqu'à ce qu'il voie. "Oui, Maître, beaucoup de troupeaux, et trois bergers là-bas, derrière ce bois touffu." Il descend et tous y vont, rassurés.
"Et puis, sera-ce bien eux ?"
"Nous demanderons, Simon, et si ce n'est pas eux, ils nous diront quelque chose. Ils se connaissent entre eux."
Encore environ une centaine de mètres, puis voilà un grand pâturage vert, tout borné de gros arbres anciens. Des troupeaux nombreux se trouvent sur la pente du pré et broutent l'herbe abondante. Trois hommes les gardent. L'un est âgé, déjà tout blanc, les autres sont l'un vers la trentaine, l'autre vers la quarantaine environ.
"Attention, Maître, ce sont des pâtres..." conseille Judas, en voyant que Jésus presse le pas.
Mais Jésus ne répond même pas. Il avance, grand, beau, le visage éclairé par le soleil couchant, dans son blanc vêtement. On dirait un ange, tant il est lumineux... "La paix soit avec vous amis" dit-il il quand il est sur la limite du pré.
Les trois se retournent, étonnés. Un silence, puis le plus ancien
demande : "Qui es-tu ?"
"Quelqu'un qui t'aime."
"Tu serais le premier depuis de nombreuses années. D'où viens tu ?"
"De la Galilée."
"De la Galilée ? Oh !" L'homme le regarde attentivement. Les autres aussi se sont approchés. "De la Galilée" répète le berger et il ajoute doucement, comme se parlant à lui-même : "Lui aussi venait de Galilée... De quel endroit, Seigneur ?"
"De Nazareth."
"Oh ! dis-moi, alors. Y-est-il revenu un Bambin, avec une femme qui s'appelait Marie et un homme nommé Joseph, un Bambin, beau encore plus que sa Mère ? On n'a jamais vu de fleur plus belle sur les collines de Juda. Un Petit, né à Bethléem de Juda, au temps de l'édit ? Un Bambin fugitif ensuite pour le bonheur du monde. Un Bambin, que je donnerais ma vie pour le savoir sûrement vivant et maintenant un homme ?"
"Pourquoi dis-tu que ç'a été une grande chance pour le monde que sa fuite ?"
"Parce que Lui, c'était le Sauveur, le Messie, et que Hérode voulait sa mort. Je n'étais pas là quand Lui s'est enfui avec son père et sa Mère... Quand j'appris le massacre et je revins - car moi aussi, j'avais des enfants (il sanglote), Seigneur, et une femme... (il sanglote encore) et que je les vis massacrés (il sanglote), mais, je te jure, par le Dieu d'Abraham que pour Lui je tremblais plus que pour ma propre chair - quand j'appris qu'Il s'était enfui et pourtant, je ne pouvais m'informer et ne pus retrouver les miens égorgés...
A coups de pierres, comme un lépreux, comme un impur; j'ai été pris pour un assassin... et j'ai dû m'enfuir dans les bois, vivre comme un loup... jusqu'à ce que je trouve un maître. Oh ! ce n'est plus Anne... Celui-ci est dur et cruel... Si une brebis se blesse, si le loup m'emporte un agneau, ou être bâtonné jusqu'au sang ou bien perdre mes petites économies, travailler dans les bois pour les autres, faire n'importe quoi, mais payer, toujours le triple de la valeur. Mais, n'importe. J'ai toujours dit au Très-Haut: "Fais- moi voir ton Messie, fais-moi savoir au moins qu'Il est vivant et tout le reste n'est rien". Seigneur, je t'ai dit comme j'ai été traité par les Bethléemites et comme je suis traité par le patron. J'aurais pu rendre le mal pour le mal, ou faire le mal en volant, pour ne pas souffrir de la part du maître. Mais je n'ai voulu que pardonner, souffrir, être honnête car les anges ont dit : "Gloire à Dieu au plus haut des Cieux et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté"
"C'est ainsi qu'ils dirent ?"
"Oui, Seigneur, crois-le Toi, Toi au moins qui es bon. Sais-tu, au moins, et le crois-tu que le Messie est né. Personne ne veut plus le croire, Mais les anges ne mentent pas... et nous, nous n'étions pas ivres, comme ils l'ont dit. Celui-ci, tu vois, n'était alors qu'un enfant, et il fut le premier à voir l'ange. Il ne buvait que du lait, lui. Est-ce que le lait peut enivrer ? Les anges ont dit : "Aujourd'hui dans la cité de David est né le Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. Vous le reconnaîtrez à ceci : vous trouverez un Bébé couché dans une mangeoire, enveloppé de langes"
"C'est exactement cela qu'ils ont dit ? N'avez-vous pas mal entendu ? Ne vous trompez-vous pas, depuis si longtemps ?"
"Oh ! non, est-ce vrai, Lévi ? Pour ne pas oublier - d'ailleurs nous ne l'aurions pas pu, car c'étaient des paroles du Ciel et qui s'étaient gravées en lettres de feu dans nos cœurs - tous les matins, tous les soirs, au lever du soleil, quand brille la première étoile, nous le disons comme une prière, pour en avoir bénédiction force et réconfort, avec son nom à Lui et le nom de la Mère."
"Ah ! Vous disiez : "Christ" ?"
"Non, Seigneur, nous disions : "Gloire à Dieu au plus haut des Cieux et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté, par Jésus, le Christ, qui est né de Marie dans une étable de Bethléem et qui enveloppé dans des langes, était dans une mangeoire. C'est Lui qui est le Sauveur du monde "
"Mais, en somme, qui cherchez-vous ?"
"Jésus, le Christ, fils de Marie, le Nazaréen, le Sauveur."
"C'est Moi." Jésus s'illumine, à ces paroles, en se manifestant à ses fidèles et tenaces amis. Tenaces, fidèles, patients.
"Toi ! ô Seigneur, Sauveur, notre Jésus !" Les trois sont à terre et baisent les pieds de Jésus, pleurant de joie.
"Levez-vous. Debout, Élie, et toi Lévi, et toi que je ne connais pas."
"Joseph, fils de Joseph. "
"Ceux-ci sont mes disciples : Jean, galiléen, Simon et Judas, juifs."
Les bergers ne sont plus prosternés par terre, mais encore à genoux. Penchés en arrière sur leurs talons, ils adorent le Sauveur avec un regard d'amour, des lèvres qui tremblent d'émotion, les visages pâles ou rouges de joie.
Jésus s'assoit sur l'herbe. "Non, Seigneur sur l'herbe, non Toi; roi d'Israël, non."
"Laissez, amis. Je suis pauvre, un menuisier seulement pour le monde. Riche seulement d'amour pour le monde, et de l'amour que les bons me donnent. Je suis venu pour rester avec vous, rompre avec vous le pain du soir, dormir sur le foin à côté de vous, recevoir votre réconfort..."
"Oh ! réconfort ! Nous sommes grossiers et persécutés."
"Persécuté, moi aussi, mais vous me donnez ce que je cherche : l'amour, la fidélité, et l'espérance qui résiste après des années et donne sa fleur. Voyez ? Vous avez su attendre croyant sans hésitation que c'était Moi. Et Moi, je suis venu."
"Oh ! oui, Tu es venu. Maintenant, même si je meurs, je, n'ai plus rien qui me peine en fait d'espoir et d'attente."
"Non, Élie, tu vivras jusqu'après le triomphe du Christ. Toi qui as vu mon aube, tu dois voir ma splendeur. Et les autres ? Vous étiez douze : Élie, Lévi, Samuel, Jonas, Isaac, Tobie, Jonathas, Daniel, Siméon, Jean, Joseph, Benjamin. Ma Mère me disait toujours vos noms, les noms de mes premiers amis."
"Oh !" Les bergers sont toujours plus remués.
"Où sont les autres ?"
"Le vieux Samuel est mort, de vieillesse, depuis vingt ans. Joseph, tué en combattant, sur la porte de son enclos, en donnant le temps à son épouse, mère depuis quelques heures, de s'enfuir avec celui-ci que j'ai recueilli par amour pour mon ami, et pour ... et pour avoir encore des enfants autour de moi. J'ai pris aussi Lévi avec moi... Il était persécuté. Benjamin est berger sur le Liban, avec Daniel. Siméon, Jean et Tobie qui maintenant a pris le nom de Mathias, en souvenir de son père, tué lui aussi, sont disciples de Jean. Jonas est sur la plaine d'Esdrelon, au service d'un pharisien. Isaac a les reins malades, dans une misère absolue, et il est seul, à Jutta. Nous l’aidons comme nous pouvons... mais nous sommes tous battus et ce sont des gouttes d'eau dans un incendie. Jonathas est maintenant domestique chez un grand de la cour d'Hérode."
"Comment avez-vous pu, spécialement Jonathas, Jonas, Daniel et Benjamin, trouver ces emplois ?"
"Je me souvenais de Zacharie, ton parent... La Mère m'avait envoyé vers lui. Et quand nous nous trouvâmes aux prises avec la furie des Juifs, fugitifs et maudits, je les lui adressai. Il fut bon. Il nous protégea, nous nourrit, nous chercha des patrons, comme il put. J'avais déjà pris tout le troupeau d'Anne passé à l'Hérodien... et je suis resté avec lui... Devenu homme, le Baptiste a commencé à prêcher, Siméon, Jean et Tobie allèrent avec lui."
"Mais, maintenant, le Baptiste est prisonnier. "
"Oui. Et eux circulent aux environs de Machéronte, avec un petit troupeau. Il leur a été donné par un riche, disciple de Jean ton parent, pour écarter les soupçons."
"Je voudrais les voir tous."
"Oui, Seigneur. Nous irons leur dire : "Venez, il est vivant. il se souvient de nous et nous aime"
"Et il les veut au rang de ses amis."
"Oui, Seigneur."
"Mais, pour commencer, nous irons voir Isaac. Pour Samuel et Joseph, où sont-ils enterrés ?"
"Samuel, à Hébron - Il resta au service de Zacharie. Joseph... n'a pas de tombeau, Seigneur. Il fut brûlé avec sa maison."
"Pas dans les flammes des hommes cruels, mais dans les flammes du Seigneur, il sera bientôt dans la gloire. Je vous le dis; à toi, Joseph, fils de Joseph, je le dis. Viens, que je t'embrasse pour dire merci à ton père."
"Et mes enfants ?"
"Des anges, Élie, des anges qui rediront le "Gloria" quand le Sauveur sera couronné."
"Roi ?"
"Non, Rédempteur. Oh ! cortège des justes et des saints ! d'abord, les phalanges, blanches et pourpres des petits martyrs ! Et, après que sera ouverte la porte des Limbes, voici que nous monterons ensemble au Royaume où l'on ne meurt plus. Et puis, vous verrez et retrouverez, pères, mères et fils, dans le Seigneur ! Ayez foi."
"Oui, Seigneur. "
"Appelez-moi : Maître. La nuit tombe. La première étoile se montre. Dis ta prière avant le repas."
"Non, pas moi, Toi."
"Gloire à Dieu au plus haut des Cieux et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté, qui ont mérité de voir la Lumière et de la servir. Le Sauveur est parmi eux. Le Berger de race royale est au milieu de son troupeau. L'étoile du matin s'est levée. Réjouissez-vous, ô justes ! Réjouissez-vous dans le Seigneur, Lui qui a fait la voûte des cieux et y a semé les étoiles, Lui qui a fixé les limites des terres et de la mer, Lui qui a créé les vents et les pluies et réglé le cours des saisons pour donner pain et .vin à ses enfants, voici que maintenant il vous envoie une plus excellente nourriture : le Pain Vivant qui descend du Ciel, le Vin de la Vigne Éternelle. Venez, vous, prémices de mes adorateurs.Venez connaître le Père, en vérité; pour le suivre en sa sainteté et en avoir une récompense éternelle." Jésus a prié, debout, les bras ouverts, pendant que ses disciples et les bergers se tenaient à genoux.
Ensuite on présente du pain et une jatte de lait frais tiré. Comme il y a trois écuelles, ou trois courges évidées, je ne sais, c'est d'abord Jésus, avec Simon et Judas qui mangent, puis Jean à qui Jésus passe son bol, en même temps que Lévi et Joseph, et en dernier Élie.
Les troupeaux ne broutent plus. Ils ont formé une grande bande, serrés les uns contre les autres, en attendant qu'on les conduise peut-être à leur enclos. Mais, je vois au contraire que les trois bergers les conduisent dans le bois, sous un hangar rustique de branchages, entouré de cordages. Ils se mettent à préparer un lit de foin pour Jésus et ses disciples. On allume des feux, peut-être à cause des bêtes sauvages.
Judas et Jean s'étendent, et peu après s'endorment. Simon voudrait bien tenir compagnie à Jésus, mais peu après il s'endort lui aussi, assis sur le foin et le dos appuyé à un pieu.
Jésus reste éveillé avec les bergers. Et ils parlent : de Joseph, de Marie, de la fuite en Égypte, du retour ...Et puis après les informations affectueuses, voici des questions plus relevées : que faire pour servir Jésus ? Comment le pourront-ils, eux, grossiers bergers ?
Jésus les instruit et explique : "Maintenant je vais à travers la Judée. Vous serez toujours tenus informés par les disciples. Puis, je vous ferai venir. Rassemblez-vous, en attendant. Faites en sorte de vous informer mutuellement de ma présence en ce monde comme Maître et Sauveur. Faites-le savoir, comme vous pourrez. Je ne vous promets pas qu'on vous croira. J'ai essuyé dérision et poursuites. Vous aussi, vous les rencontrerez. Mais, comme-vous avez su être courageux et justes, dans cette attente, soyez-le plus encore, maintenant que vous êtes miens. Demain, nous irons à Jutta, puis à Hébron. Pouvez-vous venir ?"
"Oh ! oui ! Les routes sont à tout le monde, et les pâturages à Dieu. Seule Bethléem nous est interdite à cause de l'injuste haine. Les autres pays sont au courant... mais nous méprisent seulement en nous traitant "d'ivrognes" ; Aussi nous ne pourrons faire que peu de chose ici."
"Je vous appellerai ailleurs. Je ne vous abandonnerai pas."
"Pendant toute la vie ?"
"Pendant toute ma vie."
"Non, c'est moi qui mourrai d'abord, Maître. Je suis âgé."
"Tu le crois, pas Moi. Un des premiers visages que je vis, ce fut le tien, Élie. Ce sera un des derniers. J'emporterai dans ma pupille ton visage
bouleversé par la douleur de ma mort. mais après, c'est à toi de porter en ton cœur la radieuse vision d'un matin triomphal et c'est avec elle que tu attendras la mort... La mort : la rencontre éternelle avec Jésus que tu as adoré tout petit. Alors aussi, les anges chanteront le Gloria pour "l'homme de bonne volonté"
Je ne vois plus rien. La douce vision se voile. C'est la fin.
***
Élie (de Bethléem)
Berger de la Nativité, disciple
Présentation générale
Berger de la Nativité, employé par Anne l’hôtesse qui recueillera plus tard la sainte famille à Bethléem. Il offre un bol de lait à Joseph pour Marie enceinte et leur indique la grotte de la naissance .C’est lui qui portera une brebis sur ses épaules et leur trouvera un logement chez sa maîtresse .C'est lui aussi qui ira prévenir Zacharie à Hébron de la naissance du Promis
Après le massacre des innocents, dans lequel périssent égorgés sa femme et ses enfants, il sera mis en quarantaine avec Lévi par les bethléemites qui le tienne pour responsable de leurs malheurs .Ils sont pris "au service d'un riche Hérodien de Jérusalem qui s'est approprié les biens de beaucoup d'habitants qui ont été tués..." Les deux bergers fidèles récitent, soir et matin, le "Gloria" entendu des anges, avec l’espoir de revoir Jésus vivant. Ceci fini par arriver près d’Hébron .Ils partiront pour Jutta voir le berger Isaac malade dont il prennent soin.
Sa force et sa foi se manifestent dans des conditions dramatiques, lors de l'arrestation de Jésus : "C'est Élie, le berger, qui cherche à se faire un passage en faisant tournoyer une lourde matraque. Vieux, puissant, menaçant et fort, il réussit à rejoindre presque le Maître". .
Il retrouvera et ramènera l'apôtre Thomas incrédule et hébété par sa fuite après la mort de Jésus .
Caractère et aspect
Homme âgé, grand et robuste.
Parcours apostolique
Témoin de la Nativité - de la Crucifixion - de la Résurrection
Un des soixante-douze disciples envoyés en mission deux par deux
Son nom
Élie (Èlyahou) signifie "mon Dieu est éternel". Référence historique : le très grand prophète qui fut enlevé sur un char de feu.
***
Lévi (de Bethléem)
berger de la Nativité, disciple
Présentation générale
Orphelin de Bethléem. C'est le plus jeune des bergers de la nativité : "Celui-ci, tu vois, n'était alors qu'un enfant, (il avait alors une douzaine d’année). Il fut le premier à voir l'ange" .
Mis en quarantaine, avec Élie, après le massacre des innocents par le village. Il devient berger "au service d'un riche Hérodien de Jérusalem qui s'est approprié les biens de beaucoup d'habitants qui ont été tués..."
Caractère et aspect
Il a à peine quarante ans quand il retrouve Jésus dans les environs d’Hébron. Visage viril et barbu
Parcours apostolique
Témoin de la Nativité, de la crucifixion, de la Résurrection.
Un des soixante-douze disciples.
Son nom
Lévi signifie "Attachement". Référence historique : 3ème fils de Jacob et de Léa. Il est l'ancêtre des lévites, la classe sacerdotale.
***
Joseph
fils de Joseph, surnommé Justus, disciple-
Présentation générale
Berger de Bethléem (de Saba). Orphelin, fils de Joseph l’un des bergers de la Nativité tué lors du massacre des innocents en sauvant lui et sa mère. "Je croyais être le plus malheureux, parce que sans père. Mais je m'aperçois qu'il vaut mieux le pleurer mort qu'ennemi.Un des soixante-douze disciples. Compagnon de Lévi et d’Élie.
Il jouit d'un statut spécial : sans être compté au rang des apôtres, il bénéficie de la formation qui leur est réservée : " Je retiens ce fils (et il montre Joseph) car je lui délègue la charge de porter à ses compagnons mes paroles, pour qu'il se forme là un noyau solide qui ne m'annonce pas seulement en faisant connaître mon existence, mais les caractéristiques les plus essentielles de ma doctrine"
Caractère et aspect
Un visage Disciple de Jean Baptiste il est un des trois serviteurs à être avec lui à Machéronte grâce à l’entremise de Manaën. Il est mandaté par Jésus pour l’évangélisation : "Je lui délègue la charge de porter à ses compagnons mes paroles, pour qu'il se forme là un novulgaire qui prend une noblesse, une beauté, qui lui vient d'une lumière intérieure. "Joseph. Vous savez que ce jeune promet beaucoup ?" dit le Thaddée. "Oui. Isaac est un ange mais sa force est toute spirituelle. Mais Joseph est fort, même physiquement. Il a le même âge que nous." "Et il apprend facilement. Tu as entendu ce qu'a dit Hermas ? "S'il avait étudié, il serait un rabbi en plus d'être un juste" Et Hermas sait ce qu'il dit."
Parcours apostolique
Témoin de la Nativité - de la Crucifixion - de la Résurrection et de la Pentecôteyau solide qui ne m'annonce pas seulement en faisant connaître mon existence, mais les caractéristiques les plus essentielles de ma doctrine." - Blessé dans les gorges du Cédron avec Élie, ce sont les premières victimes des persécutions naissantes. Il trouve refuge dans la maison de Salomon où Jésus le guéri. "Je me fais gloire d'avoir versé du sang pour Toi, comme en versa mon père autrefois. Je te bénis de m'en avoir rendu digne !"
Présenté pour la place de douzième apôtre qui verra l’élection de Matthias .. Son nom
Joseph signifie "Que Dieu ajoute !". Référence historique : onzième fils de Jacob qu'il eu de Rachel. Ce fils préféré vu vendu par ses frères et devint l'intendant de Pharaon. Le surnom de Barsabbas (fils de son père) vient de son histoire personnelle.***
Montagnes de Judée*
*
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Oh, les bergers!
Lévi, tout jeune qui ose entrer dans la grotte, Elie, qui donne du lait à Marie, lui trouve la "grotte", perd sa famille et ceux qui restent qui deviennent disciples sauf oups, je croyais que c'était Isaac mais non, je ne me souviens plus du nom de celui qui est au service du pharisien odieux!????????
"Persécuté, moi aussi, mais vous me donnez ce que je cherche : l'amour, la fidélité, et l'espérance qui résiste après des années et donne sa fleur. Voyez ? Vous avez su attendre croyant sans hésitation que c'était Moi. Et Moi, je suis venu." Alléluia!
Lévi, tout jeune qui ose entrer dans la grotte, Elie, qui donne du lait à Marie, lui trouve la "grotte", perd sa famille et ceux qui restent qui deviennent disciples sauf oups, je croyais que c'était Isaac mais non, je ne me souviens plus du nom de celui qui est au service du pharisien odieux!????????
"Persécuté, moi aussi, mais vous me donnez ce que je cherche : l'amour, la fidélité, et l'espérance qui résiste après des années et donne sa fleur. Voyez ? Vous avez su attendre croyant sans hésitation que c'était Moi. Et Moi, je suis venu." Alléluia!
Dernière édition par AZUR le Ven 7 Déc 2012 - 18:55, édité 1 fois
AZUR- Combat avec Sainte Marie
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Jésus à Jutta, chez le berger Isaac
Une fraîche vallée, que remplit le bruit des eaux qui coulent vers le sud en bondissant et écumant dans un petit torrent d'argent qui fait jaillir sa riante fraîcheur sur les petits pâturages de ses rives, mais il semble que son humidité remonte aussi sur les pentes. C'est une émeraude, aux teintes variées qui monte du sol à travers les buissons et les arbustes du sous-bois, jusqu'à la cime des arbres de haute futaie, parmi lesquels des noyers nombreux, du bois proprement dit entrecoupé de clairières qui sont de verts plateaux d'herbe grasse, pâturages sains où les troupeaux refont leurs forces.
Jésus descend avec les siens et les trois bergers vers le torrent.
Patiemment il s'arrête quand il faut attendre une brebis qui s'attarde ou l’un des bergers qui doit courir après un agneau qui a perdu son chemin. C'est exactement le Bon Berger, maintenant. Lui aussi s'est muni d'une longue branche pour écarter les tiges des ronces et des aubépines et des clématites qui surgissent de tous côtés et cherchent à s'agriffer aux vêtements. Et cela complète sa physionomie pastorale.
"Tu vois, Jutta est là-haut. Nous allons passer le torrent. Il y a un gué utilisable en été sans aller jusqu'au pont. Il aurait été plus court de venir par Hébron, mais tu ne l'as pas voulu."
"Non, à Hébron après. Toujours d'abord
vers ceux qui souffrent. Les morts ne souffrent plus, quand ce sont des justes. Et Samuel était un juste. Pour les morts, ensuite, qui ont besoin de prières, il n'est pas nécessaire d'être auprès de leurs ossements pour les leur donner.
Les ossements ? Qu'est-ce ? La preuve de la puissance de Dieu qui a tiré l'homme de la poussière. Pas autre chose. Même l'animal a des ossements. Un squelette moins parfait que celui de l'homme, pour tout animal. Seul l'homme, le roi de la création, a la position droite du roi qui domine ses sujets, avec un visage qui regarde en face et en haut, sans avoir besoin de tordre le cou. En haut, là ou se trouve la Demeure du Père. Mais, ce sont toujours des ossements : poussière qui retourne à la poussière.
L'Éternelle Bonté a décidé de la reconstruire au Jour éternel pour donner aux bienheureux une joie encore plus vive. Pensez-y : non seulement les esprits seront réunis et s'aimeront comme sur la terre et beaucoup plus, mais ils jouiront de se revoir avec l'aspect qu'ils eurent sur la terre : les chers bébés aux cheveux bouclés comme l'étaient ceux des tiens, Élie, les pères et les mères aux cœurs et aux visages resplendissants d'amour comme les vôtres, Lévi et Joseph. Et même pour toi, Joseph, ce sera enfin la vision de ces visages dont tu as la nostalgie. Plus d'orphelins, plus de veufs, parmi les justes, là haut...
Les suffrages pour les morts, on peut les donner partout. C'est la prière d'un esprit, pour un esprit qui nous était uni, à l'Esprit Parfait qui est Dieu et qui est partout. Oh ! sainte liberté de tout ce qui est spirituel ! Pas de distances, pas d'exils, pas de prisons, pas de tombeaux... Rien qui divise et enchaîne à une impuissance pénible ce qui est en dehors et au-dessus des liens charnels. Vous allez, avec ce qu'il y a de meilleur en vous, vers vos bien-aimés. Eux vous rejoignent avec ce qu'ils ont de meilleur. Et tout, dans ces effusions d'esprits qui s'aiment, évolue autour du Feu Éternel de Dieu : Esprit absolument Parfait, Créateur de tout ce qui fut, est et sera, Amour qui vous aime et vous apprend à aimer ...
Mais, nous voici, au gué, je crois. Je vois une rangée de pierres qui affleurent au peu d'eau qu'il y a sur le fond."
"Oui, c'est celui-là, Maître. En temps de crue, c'est une bruyante cascade, maintenant, ce n'est plus que sept ruisselets qui rient en passant dans les intervalles des six grosses pierres du gué."
En fait, six grosses pierres, à peu près taillées, sont posées à un bon empan l'une de l'autre sur le fond du torrent, et l'eau qui formait d'abord un unique ruban brillant se sépare en sept petits rubans, pressée, dans sa course riante, de se réunir au delà du gué en une fraîcheur unique qui s'éloigne en courant, tout en bavardant avec le gravier du fond.
Les bergers surveillent le passage des brebis, qui en partie passent sur les pierres, et en partie préfèrent descendre dans l’eau qui n'a pas plus d'un empan de profondeur et boire cette onde diamantine qui écume et qui rit.
Jésus passe sur les pierres, et derrière lui les disciples. Ils reprennent la marche sur l'autre rive.
"Tu m'as dit que tu veux faire savoir à Isaac que tu es ici mais sans entrer dans le pays ?"
"Oui, c'est ce que je veux. "
"Alors, ce serait bien de se séparer. Moi, j’irai le trouver. Lévi et Joseph resteront avec le troupeau et avec vous. Je monte d'ici ce sera plus rapide."
Et Élie se met à gravir la pente vers un groupe de maisons toutes blanches qui resplendissent au soleil, tout là haut.
J'ai l'impression de le suivre. Le voilà aux premières maisons. Il prend un sentier entre les maisons et les jardins. Il fait quelques dizaines de mètres, puis tourne sur un chemin plus large d'où il entre sur une place. Je n'ai pas dit que tout cela se passait aux premières heures de la matinée. Je le dis maintenant pour expliquer que sur la place, il y a encore le marché.
Ménagères et vendeurs parlent à voix haute sous les arbres qui donnent de l’ombre à la place.
Élie va, sans hésiter, jusqu'au point où la place se continue par une route, une route assez belle. C'est la plus belle, peut-être du pays. A l'angle, il y a une masure, ou mieux une pièce. avec la porte ouverte. Presque sur le seuil, Un pauvre lit avec un infirme squelettique qui demande lamentablement une obole aux passants.
Élie entre en trombe. "Isaac... c'est moi."
"Toi ? Je ne t'attendais pas. Tu es venu à la dernière lune."
"Isaac... Isaac... Sais-tu. pourquoi je suis venu ?"
"Je ne sais... tu es ému... qu'est-ce qui arrive ?"
"J'ai vu Jésus de Nazareth ! C'est un homme, maintenant, un rabbi. Il est venu me chercher... et il veut nous voir. Oh ! Isaac tu te trouves mal ?"
En fait Isaac s'est laissé aller comme s’il mourait. Mais il se ressaisit : "Non. La nouvelle... Où est-Il ? Comment est-Il ? Oh ! si je pouvais le voir !"
"Il est en bas, dans la vallée. Il m'envoie te dire ceci, exactement ceci : "Viens, Isaac, car je veux te voir et te bénir". Je m'en vais appeler quelqu'un qui m'aide à te descendre."
"C'est ainsi qu'il a parlé ?"
"C'est ainsi, mais que fais-tu ?"
"J'y vais."
Isaac rejette les couvertures, remue les jambes inertes, les jette hors du grabat, les appuie au sol. Il se lève, encore un peu incertain et titubant. Tout cela instantanément, pendant qu'Élie le regarde, les yeux écarquillés... Finalement il comprend et crie... Une petite vieille s'amène, curieuse. Elle voit l'infirme debout, qui se drape, n'ayant rien d'autre, dans une des couvertures. Elle s'en va en criant, comme une poule effrayée.
"Allons... partons d'ici pour faire plus vite et échapper à la foule... Vite, Élie."
Les voilà qui sortent en courant par la porte du jardin de derrière. Ils poussent la fermeture de branches sèches. Ils sont dehors. Ils filent par un sentier misérable, puis par une ruelle à travers les jardins et de là descendent à travers les prés et les bosquets jusqu'au torrent.
"Voilà Jésus, dit Élie en le montrant du doigt. Ce grand et bel homme, blond, vêtu de blanc avec son manteau rouge...
"
Isaac court à travers le troupeau qui broute et avec un cri de triomphe, de joie, d'adoration se jette aux pieds de Jésus.
"Lève-toi, Isaac. Je suis venu t'apporter paix et bénédiction. Lève-toi, que je voie ton visage."
Mais Isaac ne peut se lever. C'est trop d'émotions à la fois et il reste avec ses larmes de bonheur, contre le sol.
"Tu es venu tout de suite. Tu ne t'es pas demandé si tu le pouvais..."
"Tu m'as dit de venir... et je suis venu."
"Il n'a pas même fermé sa porte ni ramassé son argent, Maître."
"N'importe, les anges veilleront sur sa demeure. Es-tu content, Isaac ?"
"Oh ! Seigneur !"
"Appelle-moi : Maître."
"Oui, Seigneur, mon Maître. Même sans être guéri, j'aurais été bien heureux de Te voir. Comment ai-je pu trouver tant de grâce près de Toi ?"
"A cause de ta foi et de ta patience, Isaac. Je sais combien tu as souffert !"
"Ce n'est rien, rien, plus rien ! Je t'ai trouvé vivant ! Tu es ici. Cela, c'est tout... Le reste, tout le reste est passé. Mais, Seigneur Maître, maintenant, tu ne t'en vas plus, n'est-ce pas ?"
"Isaac, j'ai tout Israël à évangéliser. Je pars... Mais, si je ne puis rester, tu peux me servir et me suivre. Veux-tu être mon disciple, Isaac ?"
"Oh ! mais, je ne serai pas bon !"
"Tu sauras confesser que Je suis ? Confesser en face des mépris et des menaces ? Et dire que c'est Moi qui t'ai appelé et que tu es venu ?"
"Même si tu ne le voulais pas, je dirais tout cela. En cela, je te désobéirais, Maître. Pardonne-moi si je le dis."
Jésus sourit. "Et alors tu vois que tu es bon pour faire le disciple ?"
"Oh ! s'il ne s'agit que de faire cela ! Je croyais que ce serai plus difficile. Qu’il faudrait aller a l'école des rabbis pour Te servir, Toi, le Rabbi des rabbis... et aller à l'école si vieux !…" En fait, l'homme a au moins cinquante ans.
"L'école, tu l'as déjà suivie, Isaac."
"Moi ? non."
"Oui, toi. N'as-tu pas continué à croire et à aimer, à respecter et bénir Dieu et le prochain, à ne pas être envieux, à ne pas désirer ce qui est à autrui et même ce que tu avais possédé et que tu n'avais plus, à ne dire que la vérité même si cela te nuisait, à ne pas commettre l'adultère avec Satan en faisant des péchés ? N'as tu pas fait tout cela, pendant ces trente années de malheurs !"
"Oui, Maître."
"Tu vois, l'école, tu l'as déjà faite, Continue ainsi et ajoute la révélation de mon existence dans le monde. Il n'y a rien d'autre à faire."
"Je t'ai déjà prêché, Seigneur Jésus. Aux enfants qui venaient quand, bancal, je suis arrivé dans ce pays, mendiant mon pain et faisant encore quelques travaux de tonte ou de traite et puis quand le mal s'est aggravé au dessous de la taille lorsqu'ils venaient autour de mon lit. Je parlais de toi aux enfants d'alors, et aux enfants de maintenant, fils de ces derniers... Les enfants sont bons et croient toujours. Je parlais du temps de ta naissance... des anges... de l'Étoile et des Mages... et de ta Mère... Oh ! dis-moi. Elle est vivante ?"
"Elle est vivante et te salue. Toujours Elle parlait de vous..."
"Oh ! La voir !"
"Tu la verras. Tu viendras dans ma maison, un jour. Marie te saluera, ami."
"Marie... Oui. Son nom, dans ma bouche est doux comme le miel. Il y a une femme à Jutta, oui, maintenant une femme, qui vient d'avoir son quatrième enfant. C'était autrefois une bambine, une de mes petites amies. A ses enfants elle a donné comme noms : Marie et Joseph aux deux premiers et, n'osant appeler le troisième Jésus, elle l'a nommé Emmanuel, nom de bénédiction pour elle même, sa maison et Israël. Et elle cherche quel nom donner au quatrième, né depuis six jours. Oh ! quand elle saura que je suis guéri ! Et que tu es ici ! Elle est bonne comme le pain de la maman, Sara, et bon aussi Joachim son époux. Et leurs parents ? C'est grâce à eux que je suis vivant. Ils m'ont toujours abrité et aidé."
"Allons chez eux leur demander abri pour les heures de soleil et leur apporter la bénédiction pour leur charité."
"De cet endroit, Maître. Ce sera plus commode pour le troupeau et pour échapper aux gens, certainement excités. La vieille qui m'a vu me dresser debout a certainement parlé."
Ils suivent le torrent, le laissent plus au sud pour prendre un sentier qui monte, plutôt rapide, en suivant un éperon de la montagne qui est fait comme la proue d'un navire. Maintenant le torrent est en direction opposée de la montée et court dans le fond entre deux rangées de montagnes qui se coupent en formant une belle vallée accidentée. Je reconnais l'endroit... C'est impossible de confondre, c'est celui de la vision de Jésus et des enfants que j'ai eue le printemps dernier.
Le muret bien connu en pierres sèches limite la propriété qui coupe la vallée. Voici les prés, avec les pommiers, les figuiers, les noyers. Voici la maison blanche sur un fond de verdure, avec son aile en saillie qui protége l'escalier, qui fait portique et abri. Voici la petite coupole, tout en haut. Voici le potager avec le puits, la tonnelle et les parterres...
Grands bruits de voix dans la maison. Isaac s'avance. Il entre et demande à grands cris : " Marie, Joseph, Emmanuel, où êtes- vous ? Venez vers Jésus."
Les trois petits accourent : une fillette de cinq ans environ et deux garçons de quatre et deux ans, le dernier au pas encore incertain. Ils restent bouche bée en présence du... ressuscité. Puis la bambine crie : " Isaac ! Maman ! Isaac est ici ! Judith a bien vu !"
D'une pièce où l'on mène grand bruit, sort une femme, la mère, florissante, brune, grande, belle, de la vision lointaine, toute belle en ses vêtements de fête : un habit de lin blanc c'est comme une riche chemise qui descend avec des plis jusqu'aux chevilles, serrée à ses flancs plutôt forts par un châle de plusieurs couleurs qui modèle des hanches puissantes, en retombant avec des franges à la hauteur des genoux en arrière et qui reste ouvert par devant après s'être croisé à la hauteur de la ceinture sous une boucle de filigrane. Un voile léger avec des branches de roses de couleur sur un fond havane est fixé sur les tresses noires comme un petit turban et puis descend de la nuque, avec des ondulations et des plis sur les épaules et la poitrine. Une couronne de petites médailles reliées par des anneaux la fixe sur la tête. Des boucles d'oreilles descendent avec des anneaux pesants. La tunique est tenue serrée par un collier d'argent qui passe par les oeillets du vêtement. Aux bras, des lourds bracelets d'argent.
"Isaac : mais comment ? Judith... je croyais que le soleil l'avait rendue folle... Tu marches ! Mais qu'y a-t-il eu ?"
"Le Sauveur, oh ! Sara ! C'est Lui ! Il est venu."
"Qui ? Jésus de Nazareth ? Où est-Il ?"
"Là, derrière le noyer qui demande si on le reçoit !"
"Joachim ! Mère ! Vous tous, venez ! C'est le Messie !" Femmes, hommes, garçons, bébés sortent en criant... mais quand ils voient Jésus, grand et majestueux, ils restent intimidés et comme pétrifiés.
"La paix à cette maison et à vous tous. La paix et la bénédiction de Dieu." Jésus marche lentement, souriant vers le groupe. "Amis voulez-vous donner asile au Voyageur ?!" et il sourit plus encore.
Son sourire triomphe des craintes. L'époux a le courage de parler : "Entre, Messie. Nous t'avons aimé sans te connaître. Nous t'aimerons davantage après avoir fait ta connaissance. La maison est en fête pour trois choses aujourd'hui : pour Toi, pour Isaac et pour la circoncision de mon troisième garçon. Bénis-le, Maître Femme, apporte le bébé! Entre, Seigneur ."
Ils entrent dans une pièce préparée pour la fête. Tables et mets tapis et branchages partout. Sara revient avec un beau nouveau-né entre les bras. Elle le présente à Jésus.
"Dieu soit avec lui, toujours. Quel nom a-t-il ?"
"Aucun. Celle-ci, c'est Marie, celui-là Joseph, cet autre Emmanuel, pour le dernier, il... n'a pas encore de nom."
Jésus regarde en face le groupe des deux époux et sourit : "Cherchez un nom, s'il doit être circoncis aujourd'hui..."
Les deux se regardent, le regardent, ouvrent la bouche, la referment sans rien dire. Tous sont attentifs.
Jésus insiste : "L'histoire d'Israël compte tant de grands noms, de doux noms, des noms bénits. Les plus doux, les plus bénits sont déjà donnés, mais peut-être y en a-t-il encore quelqu'autre."
Les deux époux s'écrient ensemble : "Le tien, Seigneur !" et l'épouse ajoute : "Mais il est trop saint..."
Jésus sourit et demande : "Quand sera la circoncision ?"
"Nous attendons l'opérateur."
"Je serai présent à la cérémonie; En attendant, je vous remercie pour mon Isaac. Maintenant, il n'a plus besoin des bons. Mais les bons ont encore besoin de Dieu. Vous avez appelé le troisième : ‘’Dieu avec nous’’. Mais Dieu vous l'avez depuis que vous avez eu de la charité pour mon serviteur. Soyez bénis. Sur terre et au Ciel on se souviendra de votre acte."
"Isaac s'en va, maintenant ? Il nous laisse ?"
"Vous en souffrez, mais lui doit servir son Maître. Puis il reviendra, et Moi aussi, je reviendrai. Vous, pendant ce temps, vous parlerez du Messie... Il en faut tant dire pour convaincre le monde ! Mais voici celui qu'on attend."
Un personnage solennel entre, avec un aide. Salut et inclinations. "Où est le bébé ?" demande-t-il avec hauteur.
"Il est ici. Mais, salue le Messie. Il est ici."
"Le Messie ? ...Celui-là qui a guéri Isaac ? Je sais, mais... nous en parlerons après. Je suis très pressé... Le bébé et son nom."
Les personnes présentes sont mortifiées des façons de l'homme. Mais Jésus sourit comme si les impolitesses ne s'adressaient pas à Lui. Il prend le petit, touche de ses beaux doigts le petit front, comme pour le consacrer et dit : "Son nom est Jésaï" et il le rend à son père, qui avec l'homme hautain et les autres va dans une pièce voisine. Jésus reste où il est jusqu'au retour de l'enfant qui fait entendre des cris désespérés.
"A Moi, le bébé, femme. Il ne pleurera plus." dit-il pour réconforter la mère angoissée. Le bébé, sur les genoux de Jésus se tait effectivement.
Jésus forme un groupe autour de lui, avec tous les petits autour, et puis les bergers et les disciples. Dehors, ce sont les bêlements des brebis qu’Élie a enfermées dans un enclos. Dans la maison, le bruit de la fête. On porte à Jésus et aux siens de friandises et des boissons, mais Jésus les distribue aux petits.
"Tu ne bois pas, Maître ? Tu n'acceptes pas. C'est de bon cœur."
"Je le sais, Joachim, et je les accepte cordialement. Mais laisse moi faire plaisir aux petits. C'est ma joie..."
"Ne t'occupe pas de cet homme, Maître."
"Non, Isaac. Je prie pour qu'il voie la Lumière. Jean, conduis les deux petits pour voir les brebis. Et toi, Marie, viens plus près et dis-moi : Qui suis-Je ?"
"Tu es Jésus, Fils de Marie de Nazareth, né à Bethléem : Isaac t'a vu et m'a donné le nom de ta Mère, pour que je sois bonne."
"Bonne comme l'ange de Dieu, pure plus qu'un lis éclos a sommet de la montagne, pieuse comme le lévite le plus saint doit l'être, pour l'imiter. Seras-tu cela ?"
"Oui, Jésus."
"Dis : Maître ou Seigneur, enfant."
"Laisse-la m'appeler par mon nom, Judas. Ce n'est qu'en passant sur des lèvres innocentes qu’il ne perd pas le son qu'il a su les lèvres de ma Mère. Tous, au cours des siècles, diront ce Nom les uns par intérêt, d’autres pour des raisons différentes et beaucoup pour le blasphémer. Seuls les innocents, sans calcul et sans haine, le diront avec un amour égal à celui de cette petite et de ma Mère. Les pécheurs aussi m'appelleront, mais par besoin de pitié. Ma Mère et les petits ! Pourquoi m'appelles-tu Jésus ?" dit-il en caressant la petite.
"Parce que je t'aime bien... comme mon père, ma maman et mes petits frères." dit-elle en embrassant les genoux de Jésus et elle rit en levant son visage.
Jésus se penche pour lui donner un baiser. Ainsi tout se termine.
***
Isaac (de Jutta)
berger de la Nativité, chef des disciples
Présentation générale
Ce judéen fait partie des bergers de la Nativité . Il est éprouvé par la vie : "Dans la nuit de ma misère, dans la tristesse de mon infirmité, je jouissais toujours d'un ciel parsemé d'étoiles : le visage de ma mère, unique joie de ma vie d'orphelin, le visage d'une épouse qui ne fut jamais mienne et à laquelle je gardais mon amour au delà de la mort" . Le massacre des innocents le chasse sur les routes comme tous les autres bergers. Il atterrit à Jutta, ville proche de Judée où sa maladie des reins s'aggrave au point de le rendre infirme .. Il y vit misérablement, aidé autant que faire se peut par les autres bergers de la Nativité, comme Élie, ainsi que par Joachim et Sara des voisins compatissants Guéri par Jésus, il deviendra un disciple important à qui sera confié une véritable mission d'évangélisation de Juda puis de formation des disciples et d’encadrement de leur action. "En attendant, tu te formeras avec Isaac. Il est tellement bon, et l'Esprit de Dieu l'a vraiment instruit durant sa longue maladie. Et c'est l'homme qui a toujours tout pardonné..." dis Jésus à Jean d’Endor . Une de ses premières missions est justement d’évangéliser la Judée "comme tu as fait à Jutta". Sa cabane de Jutta sera transformée par les habitants en salle de prière pour méditer l’enseignement de Jésus . Ainsi donc, s'il n'y avait le Cénacle et la fondation de l’Eucharistie, ainsi que tous les lieux où Jésus enseigne, ce lieu serait la première église chrétienne.
Infatigable évangélisateur, il est très actif et se voit confier des responsabilités pastorales (voir ci-dessous). Au hasard de ses déplacements, il rencontre, à Enon, le jeune Benjamin qu'il tente de soustraire à son maître cruel et violent en le rachetant. Peine perdue, l'argent est empoché et le pastoureau toujours maintenu, jusqu'à l'arrivée de Jésus
Caractère et aspect
L'infatigable pèlerin . La cinquantaine, petit. C'est un caractère fidèle que la maladie a trempé : "J'aurais plutôt repoussé la vie, au milieu des tourments que te repousser, mon souvenir béni, mon Jésus Nouveau-né !" "Maintenant, si je regarde en arrière, maintenant que de vieux je suis redevenu jeune, que vois-je du passé ? Rien. C'est le passé". "Isaac doit avoir détruit toute impatience, tout ressentiment, tout emportement pendant sa longue maladie... Il ne réagit jamais ! Même si on le gifle, il sourit... Quel homme paisible !" .
Parcours apostolique
Témoin de la Nativité, de la Crucifixion, de la Résurrection et de l'Ascension.
Isaac apparaît rapidement comme un meneur du groupe des disciples, actif, prenant des initiatives et se voyant confier des responsabilités par Jésus. "je fais dans ma mission ce que j'ai fait dans ma maladie." Isaac fait volontiers équipe avec Joseph d’Emmaüs le commerçant accusé d’inceste et Timon d'Aëra, le chef de la synagogue de la Belle-Eau . Il est nommé pasteur de ce petit troupeau grossi des premiers disciples . C'est bien sous le vocable de "chef" des disciples que Jésus le nomme
Ayant consacré sa vie à Jésus "de sa naissance à sa mort", il supplie le Ressuscité de l'emmener avec lui : "Maintenant voici ce que je voudrais : te suivre. Pourtant qu’il en soit comme tu veux, maintenant et toujours." . Son vœu sera exaucé : dans la nuit qui suit l'Ascension, Isaac mourra, mettant ainsi un terme à une vie consacrée de façon active, dans la douleur et l'effort, à Jésus
Son nom
Isaac (Iş'hac) exprime la joie "Que (Dieu) rie !". Référence historique : le fils qu'Abraham eu de Sara, pourtant âgée et stérile.
C'est Isaac qui failli être offert en holocauste.
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Jutta
le village qui accueille Isaac le berger
Habitants ou natifs
Isaac le berger de la Nativité – Joachim et Sara le couple qui recueille Isaac - Marie, Emmanuel, Joseph, Jésaï ses enfants – Judith, une voisine
Descriptif
L'éperon de la montagne qui s'étend vers le sud est l'amphithéâtre qui accueille ce paisible rassemblement. Assis sur l'herbe ou à cheval sur le muret de pierres sèches, avec autour un vaste horizon, au-dessus le ciel sans limites, en bas le torrent qui rit et scintille au soleil du matin, dans la beauté des monts herbeux, boisés.
Les paysages d'Éphraïm en Samarie rappellent ceux de Jutta (8.13)
Faits marquants
Isaac, berger de la Nativité, malade, vit misérablement dans une cabane, réconforté par quelques habitants. Il y évangélise la population. Après sa guérison par Jésus, sa cabane sera transformée par les habitants en salle de prière pour méditer l’enseignement de Jésus. À défaut d’être la première église, qui est le Cénacle, c’est la première salle de prière de la chrétienté. Ses habitants demeureront fidèles : "Mais vous mes aimés de Jutta, vous qui tremblez d'amour dans la connaissance de Dieu, vous qui, à cause de Moi, êtes méprisés comme des sots par les puissants alors que justement en vous et en ceux qui sont comme vous est greffée la bouture de la Vie éternelle, de Celui qui a sa racine dans le Père, et qui pour cela êtes une partie de Dieu, qui êtes de Dieu".
Son nom
Yatta ou Yutta – Sur une éminence peu élevée à 89 km au sud d'Hébron
Ville fortifiée, attribuée à la classe des prêtres.
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La Palestine au temps de Jésus
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Jutta sur la carte
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Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Chers lecteurs
je vous informe que samedi et Dimanche il y n'y aura pas de texte sur ce fil
Je vous souhaite une trés Bonne célébration de l' Immaculée Conception
Notre Vierge toute pure
Et un Saint Dimanche nourri par l' Eucharistie
Ce fil reprendra lundi
En union de prières
Maud
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Je vous souhaite une trés Bonne célébration de l' Immaculée Conception
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Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Jésus à Hébron.
La maison de Zacharie. Aglaé
"Vers quelle heure arriverons-nous ?" demande Jésus, qui marche au centre du groupe que précèdent les brebis qui broutent l'herbe des talus.
"Vers trois heures. Il y a environ dix milles" répond Élie.
"Et puis nous allons à Kériot ?" demande Judas.
"Oui. Nous y allons."
"Et n'était-il pas plus court d'aller de Jutta à Kériot ? Il ne doit pas être loin. Est-ce vrai, berger ?"
"Deux milles de plus, plus ou moins
"
"Ainsi, nous en faisons plus de vingt pour rien."
"Judas, pourquoi cette inquiétude ?" dit Jésus.
"Je ne suis pas inquiet, Maître, mais tu m'avais promis de venir à ma maison..."
"Et j'y irai. Je tiens toujours mes promesses."
"J'ai envoyé prévenir ma mère... et Toi, du reste, tu l'as dit : avec les morts, on est encore présent par l'esprit."
"Je l'ai dit. Mais, Judas, réfléchis : tu n'as pas encore souffert pour Moi. Ceux-ci, cela fait trente années qu'ils souffrent et ils n'ont jamais trahi, pas même le souvenir de Moi. Pas même le souvenir. Ils ne savaient pas si j'étais vivant ou mort... et pourtant ils sont restés fidèles. Ils se souvenaient de Moi, nouveau-né, enfant qui ne leur manifestait que mes pleurs et mon appétit au lait maternel, et pourtant, ils m'ont vénéré comme Dieu. A cause de Moi, ils ont été frappés, maudits, persécutés, comme la honte de la Judée, et pourtant leur foi à chaque coup ne vacillait pas, ne se desséchait pas, mais poussait des racines plus profondes et en devenait plus vigoureuse."
"A propos. Cela fait quelques jours que la question me brûle les lèvres. Ce sont tes amis, et ceux de Dieu, n'est-ce pas ? Les anges les ont bénis avec la paix du Ciel, n'est-il pas vrai ? Ils sont restés justes malgré toutes les tentations, n'est-ce pas ? Explique-moi, alors pourquoi ils ont été malheureux ? Et Anne ? Elle a été tuée pour t'avoir aimé..."
"Tu en conclus, par conséquent, que mon amour et celui qu'on me donne portent malchance."
"Non... mais..."
"Mais, c'est cela. Il me déplaît de te voir tellement fermé à la Lumière, tellement possédé par le sens humain. Non, laisse-le tranquille, Jean et toi aussi, Simon. Je préfère qu'il parle. Je ne lui en ferai jamais de reproches. Seulement je veux que les âmes s'ouvrent pour y faire entrer la lumière. Viens ici, Judas, écoute : Tu pars d'un jugement qui est commun à tant d'hommes qui vivent, à tant qui vivront. J'ai dit : jugement. Je devrais dire : erreur. Mais étant donné que vous le faites sans malice, par ignorance de ce qu'est la vérité, ce n'est pas une erreur, mais seulement un jugement imparfait comme le peut être le jugement d'un enfant. Et enfants, vous l'êtes, pauvres hommes. Et je suis ici Maître, pour faire de vous des adultes capables de discerner le vrai du faux, le bon du mauvais, le meilleur du bon. Écoutez donc.
Qu'est-ce que la vie ? C'est un temps d'attente, je dirais les limbes : des Limbes que vous donne le Dieu Père, pour prouver votre nature de bons fils ou de bâtards et pour vous réserver, d'après vos œuvres, un avenir qui ne connaîtra plus ni attentes ni épreuves.
Maintenant, vous, dites-moi : serait-il juste que quelqu'un parce qu'il a eu le rare avantage d'avoir la possibilité de servir Dieu d'une manière particulière, jouisse aussi d'un privilège spécial pendant toute sa vie ? Ne vous semble-t-il pas qu'il a déjà beaucoup reçu et que pour ce motif il puisse se dire heureux même s'il ne l'est pas humainement ? Ne serait-il pas injuste que celui qui possède déjà en son cœur la lumière d'une manifestation divine et le sourire approbatif de sa conscience, possède encore des honneurs et des biens terrestres ? Ne serait-ce pas aussi, imprudent ?"
"Maître, je dis que ce serait encore de la profanation. Pourquoi mettre des joies humaines, là où Tu es, Toi ? Quand quelqu'un te possède - et ils t'ont possédé, eux seuls riches en Israël pour t'avoir eu depuis trente ans - il ne lui faut avoir rien d'autre. On ne pose pas d’objet humain sur le Propitiatoire... et un vase consacré ne sert que pour des usages saints. Eux sont des consacrés, du jour qu'ils ont vu ton sourire... et rien, non, rien qui ne soit pas Toi ne doit entrer dans leur cœur qui te possède. Fussè-je, comme eux !" dit Simon.
"Cependant, tu t'es empressé, après avoir vu le Maître et après ta guérison, de reprendre possession de tes biens" répond ironiquement Judas.
"C'est vrai. Je l'ai dit et je l'ai fait; Mais sais-tu pourquoi ? Comment peux-tu juger si tu ne sais pas tout ? Mon homme d'affaires a reçu des ordres précis. Maintenant, Simon le Zélote est guéri - ses ennemis ne peuvent plus lui nuire, ni l'isoler, ni le faire poursuivre car il n'appartient plus à aucune secte, mais seulement à Jésus - il peut disposer de ses biens qu'un homme honnête et fidèle lui a gardés. Et moi, propriétaire encore pour une heure, j'ai fixé la destination de leur prix pour en tirer plus d'argent de leur vente et pouvoir dire... non, cela, je ne le dis pas."
"Ce sont les anges qui le disent pour toi, Simon et l'inscrivent dans le livre éternel." dit Jésus.
Simon regarde Jésus. Les deux regards se rencontrent l'un étonné, l'autre bénissant.
"Comme toujours, j'ai tort."
"Non, Judas, tu as le sens pratique. Toi-même tu le dis."
"Oh ! mais, avec Jésus ! ...Même Simon Pierre était attaché au sens pratique et maintenant au contraire !... Toi aussi Judas, tu deviendras comme lui. Il y a peu de temps que tu es avec le Maître, nous, il y a plus longtemps et nous sommes déjà meilleurs." dit Jean, toujours doux et conciliant.
"Il n'a pas voulu de moi. Autrement, j'aurais été à Lui depuis la Pâque." Judas est vraiment nerveux, aujourd'hui.
Jésus coupe court en disant à Lévi : "As-tu jamais été en Galilée ?"
"Oui, Seigneur."
"Tu viendras avec Moi, pour me conduire près de Jonas. Tu le connais ?"
"Oui, à Pâques, on se voyait toujours, j'allais vers lui alors." Joseph baisse la tête, mortifié. Jésus le voit. "Vous ne pouvez pas venir ensemble. Élie resterait seul avec le troupeau, mais tu viendras avec Moi jusqu'au passage de Jéricho, où nous nous séparerons pour quelque temps. Je te dirai ensuite ce que tu dois faire."
"Nous, plus rien ?"
"Vous aussi, Judas, vous aussi."
"On aperçoit des maisons." dit Jean qui précède les autres de quelques pas.
"C'est Hébron, à cheval sur deux rivières, avec sa crête. Tu vois, Maître, cette grande construction là-bas, un peu plus haute que les autres, dans cette verdure ? C'est la maison de Zacharie."
"Pressons le pas."
Ils parcourent rapidement les derniers mètres de route et entrent dans le pays. Les sonnailles des troupeaux font un bruit de castagnettes quand ils avancent sur les pierres irrégulières du chemin dont le pavage est très rudimentaire. Ils arrivent à la maison. Les gens regardent ce groupe d'hommes différents d'aspects, d'âges, de vêtements, au milieu de la blancheur du troupeau.
"Oh ! C'est changé ! Ici il y avait une grille" dit Élie. Maintenant à sa place, il y a un portail de fer qui coupe la vue et aussi un mur de clôture plus haut qu'un homme et ainsi, on ne voit rien. Peut-être y aura-t-il une ouverture par derrière. Allons voir."
Ils font le tour d'un vaste quadrilatère, d'un rectangle plutôt, mais le mur s'élève partout à la même hauteur.
"Le mur est construit depuis peu, dit Jean en l'observant. Il n'y a pas d'interruption et par terre il reste encore de la chaux et pierres."
"Je ne vois pas non plus le tombeau... Il était du côté du bosquet. Maintenant le bosquet est en dehors du mur et... et l'on dirait un terrain communal. On y fait du bois..." Élie est perplexe.
Un homme, un vieux bûcheron, de petite taille, mais robuste qui observe le groupe cesse de scier un tronc abattu et vient vers le groupe. "Qui cherchez-vous ?"
"Nous voulions entrer dans la maison pour prier au tombeau de Zacharie."
"Il n'y a plus de tombeau. Vous n'êtes pas au courant ? Qui êtes-vous ?"
"Je suis un ami de Samuel, le berger. Lui..."
"Il ne faut pas Élie..." dit Jésus, Élie se tait.
"Ah ! Samuel !... Oui, mais depuis que Jean, le fils de Zacharie est en prison, la maison n'est plus à lui. C'est un malheur, parce que lui faisait distribuer tous les revenus de sa propriété aux pauvres d'Hébron. Un matin il est venu un individu de la cour d'Hérode, il a jeté Joël dehors, a mis les scellés, puis est revenu avec des maçons pour faire construire le mur ...Le tombeau était là, au coin. Il n'en a pas voulu... et un matin, nous l'avons trouvé endommagé, déjà à moitié démoli... les pauvres ossements tous mélangés... Nous les avons ramassés comme nous avons pu... Ils sont maintenant dans un seul cercueil... Et, dans la maison du prêtre Zacharie, ce dégoûtant loge ses maîtresses.
Maintenant c'est une mime de Rome. C'est pour cela qu'il a élevé le mur. Il ne veut pas que l'on voie... La maison du prêtre, une maison close. La maison du miracle et du Précurseur ! Car c'est certainement lui, même si lui n'est pas le Messie. Et que d'ennuis nous avons eu pour le Baptiste ! Mais c'est notre grand ! Notre vraiment grand ! Déjà sa naissance était un miracle. Élisabeth, vieille comme un chardon sec, devint féconde comme un pommier d'Adar, premier miracle. Puis, arriva une cousine, une sainte, pour l'aider et délier la langue du prêtre. Elle s'appelait Marie. Je me souviens d'Elle bien qu'on ne la voyait que très rarement. Comment cela arriva-t-il, je ne sais.
On dit que pour faire plaisir à Élise elle lui fit poser la bouche muette de Zacharie sur son sein qui avait conçu, ou qu'on lut fit mettre ses doigts dans la bouche. Je ne sais pas bien, Ce qui est sûr, c'est qu'après neuf mois de silence, Zacharie parla en louant le Seigneur et en disant qu'il y avait le Messie. Je n'ai pas d'autres renseignements. Mais ma femme assure, elle qui y était ce jour, que Zacharie dit, en louant le Seigneur, que son fils serait allé en avant. Maintenant, moi, je dis : ce n'est pas comme les gens croient. Jean est le Messie et il va devant le Seigneur, comme Abraham allait devant Dieu. Voilà. N'ai-je pas raison ?"
"Tu as raison pour ce qui concerne l'esprit du Baptiste qui marche toujours devant Dieu, mais tu n'as pas raison en ce qui concerne le Messie."
"Alors celle dont on disait qu'Elle était la mère du Fils de Dieu - au dire de Samuel - Elle ne l'était pas réellement ? Elle ne l'est pas encore ?"
"Elle l'était. Le Messie est né, précédé de celui qui au désert éleva la voix, comme l'a dit le Prophète."
"Tu es le premier qui l'affirme. Jean, la dernière fois que Joël lui porta une peau de mouton, comme il le faisait tous les ans, à l'entrée de l'hiver, ne dit pas quand on l'interrogea sur le Messie: "Il existe". Quand lui le dira..."
"Homme, j'ai été disciple de Jean et je lui ai entendu dire : "Voici l'Agneau de Dieu" en le montrant du doigt..." dit Jean.
"Non, non, l'Agneau c'est lui. Véritable Agneau qui s'est développé tout seul, sans l'aide de sa mère et de son père, pour ainsi dire. A peine fils de la Loi, il s'est retiré dans les cavernes des montagnes en face du désert, et là il a grandi, s'entretenant avec Dieu. Élise et Zacharie sont morts et lui n'est pas venu. Père et mère, pour lui, c'était Dieu. Il n'y a pas de saint plus grand que lui. Demandez à tout Hébron, Samuel le disait, mais ce sont les Bethléemites qui doivent avoir eu raison. Le saint de Dieu, c'est Jean."
"Si quelqu'un te disait : "Je suis le Messie" que lui dirais-tu ?" demande Jésus.
"Je l'appellerais "blasphémateur" et je le chasserais à coup de pierres."
"Et s'il faisait un miracle pour prouver qu'il l'est ?"
"Je l'appellerais "possédé du démon". Le Messie viendra quand Jean se fera connaître dans sa véritable identité. La haine même d'Hérode en est la preuve. Lui, le rusé, sait que Jean est le Messie."
"Il n'est pas né à Bethléem."
"Mais, quand il sera libéré, après avoir annoncé lui-même son prochain avènement, il se manifestera à Bethléem. Bethléem aussi l'attend. Tandis que... oh ! vas-y, si tu n'as pas peur parler au Bethléemites d'un autre Messie... et tu verras."
"Vous avez une synagogue ?"
"Oui, tout droit, à deux cent pas, par ce chemin. Tu ne peux tromper. Tout près est la sépulture des restes violés."
"Adieu et que le Seigneur t'éclaire."
Ils s'en vont. Ils reviennent sur le devant.
Au portail, il y a une femme, jeune, à la tenue provocante. Très belle. "Seigneur, tu veux entrer dans la maison ? Entre."
Jésus la regarde, sévère comme un juge et ne parle pas. C'est Judas qui s'en charge, approuvé par tous. "Rentre, effrontée, ne nous profane pas de ta respiration, chienne famélique."
La femme rougit vivement et baisse la tête. Elle s'empresse de disparaître, confuse, insultée par les gamins et les passants.
"Qui est assez pur, pour dire : 'Je n'ai jamais désiré la pomme offerte par Ève ?' " dit Jésus, sévère, et il ajoute : "Indiquez-le moi, celui-là et j'irai le saluer : saint. Personne ? Et alors si, non pas par mépris, mais par faiblesse, vous vous sentez incapable de l'approcher, retirez-vous. Je n'oblige pas les faibles à une lutte inégale. Femme, je voudrais entrer.
Cette maison appartenait à quelqu'un qui m'était parent. Elle m'est chère."
"Entre, Seigneur, si tu n'éprouves pas de dégoût pour moi."
"Laisse la porte ouverte, pour que les gens voient et ne jasent pas..."
Jésus passe, sérieux, solennel. La femme le salue, subjuguée et n'ose bouger. Mais les insultes de la foule la piquent jusqu'a sang. Elle s'enfuit en courant au fond du jardin pendant que Jésus va jusqu'au pied de l'escalier, jette un coup d’œil par la porte entr'ouverte mais ne rentre pas. .Puis il va vers l'emplacement du tombeau, là où maintenant se trouve une espèce de petit temple païen.
"Les ossements des justes, même desséchés et dispersés répandent un baume purifiant et des semences de vie éternelle. Paix aux morts dont la vie a été bonne ! Paix aux purs qui dorment dans le Seigneur ! Paix à ceux qui ont souffert mais n'ont pas voulu connaître le vice ! Paix aux vrais grands du monde et du Ciel ! Paix !"
La femme, en suivant une haie qui la dissimule l'a rejoint. "Seigneur !"
"Femme."
"Ton nom, Seigneur."
"Jésus."
"Je ne l'ai jamais entendu. Je suis Romaine : mime et ballerine. Je ne suis experte qu'en lasciveté. Que veut dire ce Nom ? Le mien, c'est Aglaé et... et il veut dire : vice."
"Le mien veut dire: Sauveur."
"Comment sauves-tu ? Qui ?"
"Celui qui veut sincèrement le salut. Je sauve en enseignant à être pur, à vouloir la douleur ainsi que l'honneur, le bien à tout prix." Jésus parle sans aigreur, mais aussi sans se tourner vers la femme.
"Je suis perdue..."
"Je suis Celui qui cherche ceux qui sont perdus."
"Je suis morte."
"Je suis Celui qui donne la Vie."
"Je suis saleté et mensonge."
"Je suis Pureté et Vérité."
"Tu es Bonté, aussi, Toi qui ne me regarde pas, ne me touche pas, et ne me piétine pas. Pitié pour moi..."
"C'est à toi, d'abord d'avoir pitié de toi. De ton âme."
"Qu'est-ce que c'est, l'âme ?"
"C'est ce qui, de l'homme fait un dieu et non un animal. Le vice, le péché la tue, et, elle morte, l'homme devient un animal repoussant."
"Je pourrai te voir encore ?"
"Celui qui me cherche me trouve."
"Où résides-tu ?"
"Là où les cœurs ont besoin du médecin et des remèdes pour devenir honnêtes."
"Alors... je ne te verrai plus... Où je reste, on ne veut ni médecin, ni remède, ni honnêteté."
"Rien ne t'empêche de venir où je suis. Mon nom, on le criera dans les rues et il arrivera jusqu'à toi. Adieu."
"Adieu, Seigneur. Laisse-moi t'appeler "Jésus". Oh ! non pas par familiarité !... Pour que rentre un peu de salut en moi. Je suis Aglaé. Souviens-toi de moi."
"Oui, adieu." La femme reste au fond du jardin. Jésus sort, l'air sévère. Il regarde tout le monde. Il remarque la perplexité chez les disciples, le mépris chez les Hébronites. Un esclave ferme le portail.
Jésus va droit par le chemin. Il frappe à la synagogue. Un petit vieux s'avance, haineux. Il ne donne même pas à Jésus le temps de parler. "La synagogue est interdite, pas question de ce lieu saint, pour ceux qui parlent aux courtisanes. Va-t-en !"
Jésus se retourne sans parler et continue sa route, les siens derrière Lui. Jusqu'à la sortie d'Hébron. Alors, ils parlent.
"Pourtant, tu l'as bien voulu. Maître, dit Judas. Une courtisane !"
"Judas, en vérité je te le dis qu'elle s'élèvera au dessus de toi Et maintenant, toi qui me blâmes, que me dis-tu des Juifs ? Dans les lieux les plus saints de la Judée, nous avons été bafoués et chassés... Mais c'est ainsi. Le temps vient où Samarie et les Gentils adoreront le vrai Dieu, et le peuple du Seigneur sera souillé de sang et d'un crime... d'un crime au regard duquel les fautes des courtisanes qui vendent leur chair et leur âme seront peu de chose. Je n'ai pu prier sur les ossements de mes cousins et du juste Samuel. Mais n'importe. Reposez, ossements saints, réjouissez-vous, ô esprits qui les habitiez, La première résurrection est proche. Puis viendra le jour où on vous montrera aux anges comme ceux des serviteurs du Seigneur."
Jésus se tait et tout prend fin.
**
Aglaé
la jeune mime sicilienne devenue disciple puis recluse
Présentation générale
Romaine, 26 ans, fille unique du procurateur (intendant) d’un grand seigneur romain de Syracuse en Sicile. Cette jeune mime sicilienne a échoué à Hébron. Elle change radicalement sa vie dissolue après sa rencontre avec Jésus et devient disciple puis recluse.
Caractère et aspect
"Jeune et très belle" à la démarche ondulante. Mains fines
Parcours apostolique
Prostituée dès 14 ans, elle finit par aboutir, comme maîtresse de Sciammaï, dans une riche villa d’Hébron où avait vécu Jean Baptiste. Elle y rencontre Jésus et en est bouleversée. À son départ, elle lui fait don de bijoux dont les 4 millions d’euros (10,5 talents d'argent) de la vente, réalisée par Judas en 2.46, serviront opportunément à "soudoyer" la libération de Jean-Baptiste à Machéronte.
N’y tenant plus, elle part, en se voilant, à la recherche de Jésus . Elle l’écoute prêcher les dix commandements à la Belle-Eau, réfugiée dans une cabane de branchages en bord du Jourdain alors que règnent des conditions climatiques épouvantables de pluie et de froid . Elle se convertie, notamment lors du prêche sur la pureté où Jésus s’adresse indirectement à elle : "Fais-toi un nom nouveau auprès de Dieu (Aglaé veut dire ‘’rayonnante de beauté’’). Voilà ce qui a de la valeur. Tu es le vice. Deviens l’honnêteté. Deviens le sacrifice. Deviens la martyre de ton repentir. Tu as bien su martyriser ton cœur pour faire jouir la chair. Maintenant, sache martyriser ta chair pour donner une paix éternelle à ton cœur." Ce sera suivie d’une magnifique prière sacerdotale Pendant son séjour, elle est évangélisée discrètement par André . Elle est chassée, probablement à coups de pierre, par un groupe de pharisiens.
Errante, elle trouve accueil auprès de la Vierge Marie qui la confie temporairement à Suzanne de Cana. Son parcours est raconté par elle-même en 3.28. Harcelée, elle se réfugie sur la demande de Jésus, dans un endroit désert où elle achèvera une vie brève "Tu me rejoindras sans tarder là où je serai après mon sacrifice et le tien. " - "Dans la solitude où tu seras et où Satan t'assaillira avec une haineuse violence au fur et à mesure que tu appartiendras davantage au Ciel, tu trouveras un de mes apôtres autrefois pécheur, puis racheté.(Matthieu ? Simon ?)" "Alors ce n'est pas l'apôtre béni qui me parlait de Toi ? Il est trop honnête pour avoir été pécheur." "Pas celui-là, un autre. Il te rejoindra à l'heure juste. Il te dira ce que encore tu ne peux savoir.
Je lui ai rendu la vie, non pas dans ses entrailles mais dans son âme desséchée par le paganisme et par le péché, et je l'ai rendue féconde en justice, en la délivrant de ce qui la retenait, aidé par sa bonne volonté. Et je vous la donne en modèle. Ne vous scandalisez pas. En vérité je vous dis qu'elle mérite d'être citée en exemple et imitée, car il y en a peu en Israël qui ont fait autant de chemin que cette païenne pécheresse pour rejoindre les sources de Dieu. "Et où est-elle maintenant?" - "Dieu seul le sait. Dans une dure pénitence, certainement. Priez pour la soutenir...
Son nom
Ce nom signifie, à ce qu’elle dit elle-même, "vice". C'est, en fait, une transposition morale de son étymologie grecque : "aglaïa = rayonnante de beauté".
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Hébron
la ville de Jean-Baptiste et des patriarches
Habitants ou natifs
Élizabeth et Zacharie, tante et oncle de Jésus - Sara et Samuel, leurs serviteurs - Aglaé, la mime devenue disciple et recluse – Jean-Baptiste, le précurseur, cousin de Jésus - Sciammaï un dévoyé de la cour d'Hérode - Masala, l'estropié difforme.
Descriptif
"C'est Hébron, à cheval sur deux rivières, avec sa crête. Tu vois, Maître, cette grande construction là-bas, un peu plus haute que les autres, dans cette verdure ? C'est la maison de Zacharie." - "Et voici Hébron au milieu de ses bois et de ses prés".
Faits marquants
C'est le lieu de la Visitation et de la naissance du Baptiste puis sa circoncision- Jésus va se recueillir devant la maison du Baptiste devenue une maison de débauche pour son nouveau propriétaire - Il y rencontrera Aglaé qui se convertira.
Son nom.
Hébron - El-Khalil - Qiryath-Arba - Ville la plus élevée de Palestine, à 927 m au-dessus du niveau de la mer, à 30 km au sud-sud-ouest de Jérusalem - Autres orthographes : City of Arba, Hevron, Kiriath-Arba, Kirjath Arba
Ville fondée vers 1720 av. J.C. (Nombres 13,22). Abraham vécut dans son voisinage, à Mambré, pendant de longues périodes et fut enterré non loin de là.
David reçut par deux fois l'onction royale à Hébron (2Samuel 2,4 et 5,3) qui fut sa capitale pendant plus de sept ans. Absalon y commença sa rébellion (2Samuel 15,7).
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Aglaé d' Hébron
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Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Jésus à Kériot. Mort du vieux Saül
J'ai l'impression que la partie la plus escarpée, c'est à dire le nœud le plus étroit des montagnes de Judée, se trouve entre Hébron et Jutta. Mais je pourrais aussi me tromper et qu'il s'agisse d'une vallée qui s'ouvre plus largement sur des horizons assez vastes d'où se détachent des monts isolés et non plus une chaîne. Peut-être est-ce une cuvette entre deux chaînes, je ne sais. C'est la première fois que je la vois et je n'y comprends pas grand-chose. Dans des champs assez étroits mais bien tenus, cultures diverses de céréales : orge, seigle surtout, et aussi de beaux vignobles sur les terres les plus ensoleillées. Puis, en montant, des bois de pins et de sapins et d'autres essences forestières. Une route... discrète donne entrée sur un petit village.
"C'est le faubourg de Kériot. Je te prie de venir à ma maison de campagne. Ma mère t'y attend. Puis nous irons dans Kériot" dit Judas qui n'y tient plus, tant il est agité.
Je n'ai pas dit que maintenant Jésus n'est plus qu'avec Judas, Simon et Jean. Les bergers n'y sont plus. Peut-être sont-ils restés dans les pâturages d'Hébron ou retournés vers Bethléem.
"Comme tu veux, Judas. Mais nous pouvions aussi nous arrêter ici pour faire connaissance avec ta mère."
"Oh ! non, c'est une maison paysanne. Ma mère y vient au temps des récoltes. Mais ensuite elle reste à Kériot. Et, ne veux-tu pas que ma cité te voie ? Ne veux-tu pas lui porter ta lumière ?"
"Bien sûr que je le veux, Judas, mais tu sais déjà que je ne regarde pas à l'humilité de l'endroit qui me donne l'hospitalité."
"Mais aujourd'hui tu es mon hôte... et Judas sait recevoir." Ils font encore quelques mètres au milieu de maisonnettes disséminées dans la campagne, et femmes et hommes s'avancent, appelés par les enfants. C'est évident que c'est de la curiosité provoquée. Judas doit avoir battu le rappel.
"Voici ma pauvre maison. Excuse sa pauvreté." Mais la maison n'est pas une masure. C'est un cube à un seul étage, mais vaste et bien entretenu au milieu d'un verger touffu et prospère. Une ruelle privée, très propre va de la route à la maison.
"Me permets-tu de passer devant ? Maître ?"
"Vas-y."
Judas s'en va.
"Maître, Judas a fait les choses en grand." dit Simon. "Je m'en étais douté. Mais maintenant, j'en suis sûr. Tu dis, Maître, et tu as bien raison : esprit, esprit... Mais lui... lui ne l'entend pas ainsi. Il ne te comprendra jamais... ou bien tard." rectifie-t-il pour ne pas peiner Jésus.
Jésus soupire et se tait.
Judas sort avec une femme sur la cinquantaine environ. Elle est plutôt grande, mais pas tant que son fils à qui elle a donné ses yeux noirs et ses cheveux frisés. Mais ses yeux sont doux, plutôt tristes, tandis que ceux de Judas sont impérieux et fourbes.
"Je te salue, Roi d'Israël." dit-elle en se courbant comme une vraie sujette. "Permets à ta servante de te recevoir."
"Paix à toi, femme. Et que Dieu soit avec toi et avec ta créature."
"Oh ! oui, avec ma créature !" C'est plutôt un soupir qu'une réponse.
"Lève-toi, mère. J'ai une Mère, moi aussi et je ne puis permettre que tu me baises les pieds. Au nom de ma Mère, je te donne un baiser, femme. C'est ta sœur... en amour et dans la destinée douloureuse des mères de ceux qui sont marqués."
"Que veux-tu dire, Messie ?" demande Judas un peu inquiet. Mais Jésus ne répond pas. Il est en train d'embrasser la femme qu'il a relevée et à laquelle il donne un baiser sur les joues. Puis, la tenant par la main, il va vers la maison.
Ils entrent dans une pièce fraîche à laquelle donnent de l'ombre des rideaux à rayures frais. Tout est prêt : des boissons fraîches et des fruits aussi. Mais la mère de Judas appelle d'abord une servante qui apporte de l'eau et des essuie-mains. La maîtresse voudrait déchausser Jésus et laver ses pieds poussiéreux. Mais Jésus s'y oppose : "Non, mère. La mère est une créature trop sainte, surtout quand elle est honnête et bonne comme toi, pour que je permette que tu prennes une attitude d'esclave."
La mère regarde Judas... un regard étrange; et puis elle s'éloigne. Jésus s'est rafraîchi. Quand il va remettre ses sandales, la femme revient avec une paire de sandales neuves. "Voici, notre Messie. Je crois avoir bien fait… comme Judas voulait... Il m'a dit : "Un peu plus longues que les miennes et de même largeur".
"Mais, pourquoi, Judas ?"
"Tu ne veux pas me permettre de t'offrir un cadeau ? N'es-tu pas mon Roi et Dieu ?"
"Oui, Judas, mais tu ne devais pas donner tant de dérangement à ta mère. Tu sais comme je suis..."
"Je le sais. Tu es saint. Mais tu dois te présenter comme un Roi saint. C'est ce qui s'impose. Dans le monde où les neuf dixièmes sont des sots, il faut une présentation qui en impose. Je le sais."
Jésus a chaussé ses sandales neuves de cuir rouge aux courroies percées avec une empeigne qui monte jusqu'à la cheville. Beaucoup plus belles que ses simples sandales d'artisan et semblables aux sandales de Judas qui sont des escarpins d'où sortent seulement les bouts de pied.
"Le vêtement aussi, mon Roi. Je l'avais préparé pour mon Judas... Mais lui te le donne. C'est du lin : frais et neuf. Permets qu'une mère t'habille... comme s'il s'agissait de son fils."
Jésus se retourne pour regarder Judas... mais ne réplique pas. Il délace la gaine de son vêtement au cou et fait retomber l'ample tunique de ses épaules en restant avec la tunicelle de dessous. La femme lui passe le beau vêtement neuf. Elle lui présente une ceinture qui est un galon tout brodé d'où part un cordon qui finit en gros pompons. Jésus, certainement se sentira à l'aise dans ses vêtements frais et nets. Mais il ne paraît pas très heureux. Pendant ce temps, les autres se sont. nettoyés.
"Viens, Maître. Ce sont des fruits de mon modeste verger et cela c'est de l'hydromel que ma mère fabrique. Toi, Simon, peut-être tu préfères ce vin blanc, Prends. C'est de ma vigne. Et toi, Jean ? Comme le Maître ?" Judas jubile en versant dans de belles coupes d'argent, en montrant qu'il a des moyens.
La mère parle peu. Elle regarde... regarde... regarde son Judas... et plus encore elle regarde Jésus... Jésus, avant de manger, lui présente le plus beau fruit (ce sont de gros abricots, me semble-t-il, des fruits jaunes rouges, mais ce n'est pas des pommes) et quand il lui dit : "Toujours la mère, d'abord." ses yeux s'emperlent de larmes.
"Maman, le reste est fait ?" demande Judas.
"Oui, mon fils, je crois avoir tout bien fait, mais j'ai toujours vécu ici et je ne sais pas... je ne sais pas les habitudes des rois."
"Quelles habitudes, femme ? Quels rois ? Mais qu'as-tu fait, Judas ?"
"Mais n'es-tu pas le Roi promis à Israël ? Il est temps que le monde te salue comme tel et cela devait arriver pour la première fois ici, dans ma cité, dans ma maison. Je te vénère avec ce titre. Par amour pour moi et par respect pour ton nom de Messie de Christ, de Roi que les Prophètes t'ont donné par ordre de Jéhovah ne me démens pas."
"Femme, amis, je vous en prie. J'ai besoin de parler avec Judas. Je dois lui donner des ordres précis." La mère et les disciples se retirent.
"Judas, qu'as tu fait ? M'as-tu si peu compris jusqu'à présent Pourquoi m'abaisser au point de faire de Moi un puissant de la terre et même un ambitieux qui recherche cette puissance ? Et tu ne comprends pas que c'est rabaisser ma mission et même lui faire obstacle ? Oui, un obstacle, c'est indéniable. Israël est soumis à Rome. Tu sais ce qui advint quand il voulut s'élever contre Rome quelqu'un qui fait figure de chef populaire et qui laisse soupçonner d'organiser une guerre de libération. Tu as vu, ces jours-ci précisément tu as vu, comment on s'est acharné sur un Bébé parce qu'on voyait en Lui un futur roi, selon le monde. Et toi et toi !
Oh ! Judas qu'attends-tu d'une souveraineté charnelle pour Moi ?
Qu'espères-tu ? Je t'ai donné le temps de réfléchir et de décider. Je t'ai parlé bien clairement, dès la première fois. Je t'ai même repoussé, parce que je savais... parce que je sais, oui, parce que je sais, je lis, je vois ce qu'il y a en toi. Pourquoi vouloir me suivre si tu ne veux pas être tel que je veux ? Va-t-en, Judas ! Ne te nuis pas et ne me nuis pas... Va. Cela vaut mieux pour toi. Tu n'es pas un ouvrier fait pour ce travail... C'est trop au dessus de toi. En toi, c'est l'orgueil, la cupidité, avec ses trois branches c'est l'esprit de domination... même ta mère doit te craindre. C'est la propension au mensonge…
Non. Ce n'est pas cela que doit être celui qui veut me suivre. Judas : je ne te hais pas. Je ne te maudis pas. Je te dis seulement, et c'est avec la douleur de ne pouvoir changer quelqu'un que j'aime, je te dis seulement : va ton chemin, fais-toi une situation dans le monde puisque c'est cela que tu veux, mais ne reste pas avec Moi.
Mon chemin ! ...Ma royauté ! Oh ! quelles souffrances y seront ! Sais-tu où je serai Roi ? Quand on proclamera ma Royauté !
Ce sera quand je serai élevé sur un bois infâme, quand j'aurai pour pourpre mon propre sang, pour couronne des épines entrelacées, pour enseigne un écriteau infâme, pour trompettes, cymbales, orgues et cithares saluant celui qu'on a proclamé Roi, les blasphèmes de tout un peuple : de mon peuple. .Et sais-tu par le travail de qui tout cela ? De quelqu'un qui ne m'aura pas compris. Qui n'aura rien compris. Cœur de bronze vide, où l'orgueil, la sensualité, l'avarice auront distillé leurs poisons d'où sera né un entrelacement de serpents qui seront pour Moi une chaîne et... et pour lui une malédiction. Les autres ne connaissent pas aussi clairement ma destinée. Et, je t'en prie : n'en parle pas. Que cela reste entre toi et Moi. Du reste... c'est un reproche... et tu te tairas pour ne pas dire : "J'ai été blâmé...". As-tu compris, Judas ?"
Judas est violet, tant il est rouge. Il est debout devant Jésus. Il est confus, tête basse... Puis il se jette à genoux et pleure, la tête sur les genoux de Jésus, "Je t'aime, Maître, ne me repousse pas. Oui, je suis un orgueilleux, je suis un sot, mais ne me renvoie pas. Non, Maître, ce sera la dernière fois que je te manque. Tu as raison je n'ai pas réfléchi.
Mais même dans cette erreur il y a de l'amour. Je voulais te faire tant d'honneur... et que les autres aussi te le donnent... parce que je t'aime. Tu l'as dit, il y a trois jours : "Quand vous vous méprenez sans malice, par ignorance, ce n'est pas erreur mais jugement imparfait, jugement d'enfants, et Moi je suis ici pour vous faire devenir adultes". Voici, Maître, je suis ici contre tes genoux... Tu m'as dit que tu serais pour moi un père... contre tes genoux, comme si tu étais mon père, et je te demande pardon.
Je te demande de faire de moi un "adulte", un adulte saint... Ne me renvoie pas, Jésus, Jésus, Jésus... Non ! Tout n'est pas mauvais en moi. Tu vois : pour Toi, j'ai tout quitté et je suis venu. Tu es pour moi supérieur aux honneurs et aux avantages que j'obtenais en servant les autres. Toi, oui, Tu es l'amour du pauvre, du malheureux Judas qui voudrait ne te donner que de la joie et te donne au contraire de la douleur ..."
"Cela suffit, Judas. Une fois de plus, je te pardonne... Jésus paraît fatigué... Je te pardonne, dans l'espoir... dans l'espoir que dans l'avenir tu me comprennes."
"Oui, Maître, oui. Et maintenant pourtant, maintenant ne m'écrase pas sous le poids d'un démenti qui ferait de moi un objet de dérision. Tout Kériot sait que je venais avec le Descendant de David, le Roi d'Israël et s'est préparé à Te recevoir dans cette cité qui est la mienne... J'avais cru bien faire... de te faire voir comme il le fait pour inspirer la crainte et l'obéissance et de le faire voir à Jean, à Simon, et par eux aux autres qui t'aiment; mais te traitent d'égal à égal... Même ma mère serait humiliée d'être la mère d'un fils menteur et insensé. A cause d'elle, mon Seigneur .. et je te jure que je..."
"Ne me fais pas de serment, mais jure-toi à toi même, si tu le peux, de ne plus pécher en ce sens. A cause de ta mère et de habitants, je ne ferai pas l'affront de partir sans m'arrêter. Relève toi."
"Que dis-tu aux autres ?"
"La vérité..."
"Oh ! non."
"La vérité : que je t'ai donné des ordres pour aujourd'hui. Il y a toujours manière de dire la vérité sans offenser la charité. Allons. Appelle ta mère et les autres."
Jésus est plutôt sévère. Il ne se remet à sourire que quand Judas revient avec sa mère et les disciples. La femme scrute le visage de Jésus; mais elle y voit la bienveillance. Elle se rassure J'ai l'impression que c'est une âme en peine.
"Voulons-nous aller à Kériot ? Je suis reposé et je te remercie mère, de toutes tes bontés. Que le Ciel te récompense, et donne pour la charité que tu as envers moi, repos et joie au conjoint que tu pleures."
La femme cherche à lui baiser la main, mais Jésus lui met la main sur la tête, en la caressant, et ne la laisse pas faire.
"Le char est prêt, Maître. Viens."
Dehors, en fait voilà qu'arrive un char tiré par des bœufs. C'est un beau char, pratique, sur lequel on a disposé, pour servir de sièges, des coussins couverts de housses rouges.
"Monte, Maître."
"La mère, d'abord."
La femme monte, puis Jésus et les autres.
"Ici, Maître" (Judas ne l'appelle plus roi).
Jésus s'assoit sur le devant avec Judas près de Lui. En arrière la femme et les disciples. Le conducteur pique les bœufs et le stimule en marchant à côté.
Le trajet est court. Quatre cents mètres, un peu plus, puis voila qu'on aperçoit les premières maisons de Kériot, qui me paraît une petite cité bien ordinaire. Dans la rue ensoleillée, un petit garçon regarde, et puis part comme une fusée. Quand le char arrive aux premières maisons, les notables et le peuple sont là pour l'accueillir, avec des tentures et de la verdure et de la verdure et des tentures tout le long des rues d'une maison à l'autre. .Cris de joie et inclinations profondes, jusqu'à terre. Jésus désormais ne peut se dérober, du haut de son trône vacillant, il salue et bénit.
Le char continue et puis tourne au delà d'une place dans une autre rue. Il s'arrête devant une maison qui a le portail grand ouvert avec, sur le seuil, deux ou trois femmes, On s'arrête. On descend.
"Ma maison est à Toi, Maître."
"Paix à elle, Judas, paix et sainteté." Ils entrent. Au delà du vestibule, il y a une salle spacieuse avec des divans bas et des meubles ornés de marqueteries. Avec Jésus et les autres, entrent les notables du pays. Inclinations, curiosité, ambiance de fête solennelle.
Un vieillard imposant prononce un discours : "Grand événement pour le pays de Kériot de te posséder, ô Seigneur. Grand événement ! Jour heureux ! Événement de te posséder, et événement pour voir qu'un de ses fils est pour Toi un ami et un collaborateur. Béni, celui-ci qui t'a connu avant tout autre ! Béni sois-Tu cent fois pour t'être manifesté : Toi, l'Attendu des générations et des générations. Parle, Seigneur et Roi. Nos cœurs
attendent ta parole, comme une terre desséchée par un été brûlant attend les premières douces pluies de septembre."
"Merci, qui que tu sois. Merci. Et merci à ces habitants qui ont incliné leurs cœurs vers le Verbe du Père, vers le Père dont je suis le Verbe, pour que vous sachiez que ce n'est pas au Fils de l'homme qui vous parle, mais qu'au Seigneur Très-Haut, grâces et honneurs sont rendus pour ce temps de paix où Il a rétabli sa paternité brisée, avec les fils des hommes. Louange au Seigneur véritable, au Dieu d'Abraham qui a eu pitié et amour pour son peuple et lui a accordé le Rédempteur promis. Pas à Jésus, serviteur de l'Éternelle Volonté, mais à cette Volonté d'amour, gloire et louange."
"Tu parles en saint... Je suis le chef de la synagogue. Ce n'est pas le sabbat, mais viens dans ma maison pour expliquer la Loi, Toi sur qui, mieux que l'huile qui consacre les rois est l'onction de la Sagesse."
"Je vais venir."
"Mon Seigneur, peut-être, est fatigué..."
"Non, Judas, jamais fatigué de parler de Dieu et jamais désireux de décevoir les cœurs."
"Viens, alors, insiste le chef de la synagogue. Tout Kériot est là, dehors qui t'attend."
"Allons."
Ils sortent. Jésus entre Judas et le chef. Puis, autour, les notables et la foule, la foule, la foule. Jésus passe et bénit.
La synagogue donne sur la place. Ils entrent. Jésus va vers l'endroit d'où l'on enseigne. Il commence à parler, tout blanc dans son splendide vêtement, le visage inspiré, les bras étendus en son geste habituel.
"Peuple de Kériot : le Verbe de Dieu parle. Écoutez. Il n'est que la Parole de Dieu, Celui qui vous parle. Sa souveraineté vient du Père et retournera au Père lorsqu'il aura évangélisé Israël. Que les cœurs s'ouvrent à la vérité ainsi que les esprits pour ne pas stagner dans l'erreur où naît la confusion.
Isaïe a dit : "Les vols faits à main armée et les vêtements tachés de sang seront la proie du feu. Voici, qu'il nous est né un petit Enfant, qu'on nous a donné un Fils. Sur ses épaules repose le pouvoir Voici son Nom :
l'Admirable, le Conseiller, Dieu, le Fort, le Père du siècle à venir, le Prince de la paix". Voilà mon Nom. Laissons aux Césars et aux Tétrarques leurs proies. Pour Moi, je ferai un vol, mais pas un vol qui mérite d'être puni par le feu. Au contraire, j'arracherai au feu de Satan des proies et des proies pou les amener au Royaume de paix dont je suis le Prince et au siècle futur : l'éternité dont je suis le Père.
"Dieu" dit encore David, de la souche duquel je viens, comme il avait été prédit par ceux qui ont joui de la vision à cause de leur sainteté agréable à Dieu et choisie pour parler de Dieu, Dieu donc "a choisi un seul... mon fils... mais l’œuvre est grandiose, car il ne s'agit pas de préparer la maison d'un homme, mais une maison pour Dieu". C'est ainsi : Dieu, le Roi des rois, a choisi un seul, son Fils, pour construire dans les cœurs sa maison. Et il a déjà préparé les matériaux. Oh ! que d'or de charité ! et de cuivre et d'argent et de fer et de bois rares et de pierres précieuses !
Tout cela est en réserve dans son Verbe et Lui emploie ces matériaux pour construire en vous la demeure de Dieu. Mais, si l'homme n'aide pas le Seigneur, c'est inutilement que le Seigneur voudra construire sa maison. A l'or, on répond par l'or, à l'argent par l'argent, au cuivre par le cuivre, au fer par le fer. Cela veut dire qu'il faut donner amour pour amour, continence pour servir la Pureté, constance pour être fidèle, force pour tenir bon. Et puis apporter aujourd'hui la pierre, demain le bois; aujourd’hui le sacrifice, demain le travail, et bâtir, bâtir toujours le temple de Dieu en vous.
Le Maître, le Messie, le Roi de l'Israël éternel, du peuple éternel de Dieu vous appelle. Mais il veut que vous soyez purs pour cette œuvre, A bas l'orgueil : à Dieu les louanges. A bas les pensées humaines : c'est à Dieu qu'appartient le Royaume. Avec humilité dites avec Moi : "Tout t'appartient, Père. A Toi tout ce qui est bon. Apprends-nous à Te connaître et à Te servir en vérité". Dites : "Qui suis-je ?" Et reconnaissez que vous ne serez quelque chose que lorsque vous serez des demeures purifiées où Dieu puisse descendre et se reposer.
Tous, pèlerins et étrangers sur cette terre, sachez vous unir et marcher vers le Royaume promis. Le chemin : ce sont les commandements, accomplis non par crainte du châtiment, mais par amour pour Toi, Père Saint. L'arche : un cœur parfait où se trouve la manne nourrissante de la sagesse et où fleurit le rameau d'une volonté pure. Et, pour que la maison soit éclairée, venez à la Lumière du monde.
C'est Moi qui vous l'apporte. Je vous apporte la Lumière. Rien d'autre. Je ne possède pas de richesses et je ne promets pas d'honneurs terrestres, mais je possède toutes les richesses surnaturelles de mon Père, et à ceux qui suivront Dieu dans l'amour et la charité, je promets l'honneur éternel du Ciel.
La paix soit avec vous."
Les gens qui ont écouté avec attention, parlottent un peu inquiets. Jésus parle avec le chef de la synagogue. Viennent s'unir au groupe d'autres personnes, peut-être les notables.
"Maître... mais n'est-tu pas le Roi d'Israël ? On nous avait dit..."
"Je le suis."
" Mais, Tu as dit..."
"Que je ne possède ni ne promets les richesses du monde. Je ne peux dire que la vérité. C'est ainsi. Je sais vos pensées. Mais l'erreur vient d'une faute d'interprétation et du très grand respect que vous avez à l'égard du Très-Haut. On vous a dit : "Le Messie vient", et vous avez pensé, comme beaucoup en Israël, que Messie et roi, c'était une même chose.
Élevez plus haut votre esprit. Observez ce beau ciel d'été. Il vous paraît qu'il finit là, que sa limite c'est où l'air semble une voûte de saphir ? Non, plus loin il y a d'autres couches plus pures, des azurs plus nets, jusqu'à l'azur inimaginable du Paradis où le Messie amènera les justes morts dans le Seigneur. C'est la même différence entre la royauté messianique qu'imagine l'homme et la royauté réelle : toute divine."
"Mais pourrons-nous, nous pauvres hommes, lever les yeux jusqu'à ces hauteurs ?"
"Il suffit de le vouloir, et si vous le voulez, voici que je vous aiderai."
"Comment devons-nous t'appeler, si tu n'es pas roi ?"
"Maître, Jésus, comme vous voulez. Je suis le Maître et je suis Jésus, le Sauveur."
Un vieillard dit : "Écoute, Seigneur. Il y a longtemps, très longtemps, au temps de l'édit, arriva jusqu'ici la nouvelle qu'était né le Sauveur à Bethléem... et moi, j'y allais avec d'autres... Je vis un petit Bébé, tout comme les autres. Mais je l'adorais avec un sentiment de foi. Puis j'appris qu'il y en avait un autre, un saint du nom de Jean. Quel est le vrai Messie ?"
"Celui que tu as adoré. L'autre est son Précurseur. Grand saint aux yeux du Très-Haut. Mais pas Messie."
"Alors c'était Toi ?"
"C'était Moi. Et qu'as-tu vu autour du nouveau né que j'étais alors ?"
"Pauvreté et propreté, honnêteté et pureté... Un artisan aimable et sérieux qui s'appelait Joseph, artisan, mais de la race de David, une jeune Mère, blonde et gentille qui s'appelait Marie. Auprès de sa grâce pâlissent les plus belles roses d'Engaddi et paraissent laids les lis des parterres royaux. Et un Bébé aux grands yeux célestes, aux cheveux d'or pâle... Je n'ai rien vu d'autre... Et j'entends encore la voix de la Mère qui me dit : "Au nom de ma Créature, je te dis que le Seigneur soit avec toi, jusqu'à l'éternelle rencontre et que sa Grâce vienne au devant de toi sur ton chemin".
J'ai quatre vingt quatre ans... je suis au bout de ma route. Je n'espérais plus rencontrer la Grâce de Dieu. Mais, au contraire, je t'ai trouvé... et maintenant je ne désire plus voir une autre lumière qui ne soit pas la tienne... Oui, je Te vois sous ce vêtement de pitié qu'est la chair que tu as prise. Je te vois. Écoutez la voix de celui qui en mourant voit la Lumière de Dieu !"
Les gens s'attroupent autour du vieillard inspiré qui est dans le groupe de Jésus, et qui, sans plus s'appuyer sur sa canne, lève ses bras tremblants, avec sa tête toute blanche, sa longue barbe qui se partage en deux, une vraie tête de patriarche ou de prophète.
"Je le vois Celui-ci : l'Élu, le Suprême, le Parfait, descendu vers nous par la force de son amour, remonter à la droite du Père, devenir Un avec Lui. Mais voilà ! Ce n'est pas une Voix et une Essence Immatérielle comme Moïse vit le Très-Haut, et comme la Genèse dit que le premier couple le connut lorsqu'il leur parlait dans la brise du soir.
C'est comme une Chair réelle que je Le vois monter vers l'Éternel. Chair étincelante ! Chair glorieuse ! Oh ! Éclat de la chair divine ! Oh ! Beauté de l'Homme-Dieu ! C'est le Roi ! Oui. C'est le Roi. Non pas d'Israël : du monde. Et devant Lui s'inclinent toutes les royautés de la terre et tous les sceptres et toutes les couronnes s'anéantissent, dans l'éclat de son sceptre et de ses joyaux. Une couronne, il porte sur son front une couronne. Un sceptre, il a en sa main un sceptre. Sur la poitrine, il a le rationnal, perles et rubis y éclatent avec une splendeur jamais vue.
Des flammes en sortent comme d'une fournaise sublime. Aux poignets deux rubis et une boucle de rubis à ses pieds saints. Lumière, lumière des rubis ! Regardez, ô peuples, le Roi éternel ! Je te vois ! Je te vois ! Je monte avec Toi... Ah ! Seigneur ! Notre Rédempteur !... La lumière croît aux yeux de mon âme... Le Roi est orné de son Sang ! La couronne, ce sont des épines ensanglantées, le sceptre est une croix... Voici l'Homme ! Le voilà ! C'est Toi !... Seigneur, par ton immolation aie pitié de ton serviteur. Jésus, à ta pitié, je remets mon esprit."
Le vieillard, tout droit jusqu'alors, redevenu jeune dans le feu de la prophétie, s'affaisse tout à coup et tomberait si Jésus ne le tenait tout de suite contre sa poitrine.
"Saül !"
"Saül meurt !"
"Au secours !"
"Accourez !"
"Paix autour du juste qui meurt." dit Jésus, qui lentement s'est agenouillé pour pouvoir soutenir plus aisément le vieillard toujours plus pesant.
On fait silence.
Puis Jésus l'allonge complètement sur le sol. Il se redresse. "Paix à son esprit. Il est mort en voyant la Lumière. Dans l'attente qui sera brève, il verra déjà le visage de Dieu et sera heureux. Ce n'est pas la mort, c'est à dire la séparation d'avec la vie, pour ceux qui mourront dans le Seigneur."
Les gens, après quelque temps, s'éloignent en commentant la scène.
Restent les notables, Jésus, les siens et le chef de la synagogue.
"Il a prophétisé, Seigneur ?"
"Ses yeux ont vu la Vérité. Partons." Ils sortent.
"Maître, Saul est mort investi par l'Esprit de Dieu. Nous qui l'avons touché, sommes-nous purs, ou impurs ?"
"Impurs."
"Et Toi ?"
"Moi comme les autres. Je ne change pas la Loi, La Loi, c'est la loi et un Israélite l'observe. Nous sommes impurs. Entre le troisième jour et le septième, nous nous purifierons. Jusque là, nous sommes impurs. Judas, je ne reviens pas chez ta mère. Je n'apporte pas l'impureté à sa maison. Fais-la prévenir par qui tu pourras. Paix à cette cité. Partons."
Je ne vois plus rien.
***
Saül (de Kériot)
Le vieillard qui prophétise en mourant
Présentation générale
84 ans. A adoré Jésus enfant à Bethléem. Meurt à la synagogue dans les bras de Jésus après avoir vu sa gloire future. Je le vois : l'Élu, le Suprême, le Parfait, descendu vers nous par la force de son amour, remonter à la droite du Père, devenir Un avec Lui. C'est comme une Chair réelle que je Le vois monter vers l'Éternel. Chair étincelante ! Chair glorieuse ! Oh ! Éclat de la chair divine ! Oh ! Beauté de l'Homme-Dieu !
C'est le Roi ! Oui. C'est le Roi. Non pas d'Israël : du monde. Et devant Lui s'inclinent toutes les royautés de la terre et tous les sceptres et toutes les couronnes s'anéantissent, dans l'éclat de son sceptre et de ses joyaux.
Son nom
Shaoul veut dire "demandé à Dieu". Référence historique : le premier des rois d'Israël.
Kériot sur la carte
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Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Jésus sur le chemin du retour avec les bergers près d’Hébron
Jésus marche avec ses disciples sur un chemin, le long d'un torrent. Le long... c'est une façon de parler. Le torrent est en contrebas. En haut, le long de la côte, c'est la route en lacets, comme on en trouve facilement dans les pays montagneux. Jean est rouge comme de la pourpre, chargé comme un porte-faix d'un sac rebondi, plein. Judas, par ailleurs porte celui de Jésus avec le sien. Simon a seulement le sien et les manteaux. Jésus a repris son vêtement et ses sandales. La mère de Judas a donc dû le faire laver parce qu'il n'a pas de faux plis.
"Que de fruits ! Les beaux vignobles sur ces collines !" dit Jean auquel la chaleur et la fatigue ne font pas perdre sa bonne humeur. "Maître, est-ce le cours d'eau sur les rives duquel nos pères cueillirent les grappes miraculeuses ?"
"Non, c'est l'autre, et plus au midi. Mais toute la région était un endroit béni aux fruits excellents."
"Maintenant, elle ne l'est plus autant bien que belle encore."
"Trop de guerres ont dévasté le sol. C'est ici que s'est fait Israël... mais pour se faire, il dut le féconder avec son sang et celui des ennemis."
"Où les trouvons-nous, les bergers ?"
"A cinq milles d'Hébron, sur les rives du fleuve dont tu parlais."
"Au delà de cette colline, alors."
"Plus loin."
"Il fait très chaud. L'été... Où allons-nous après, Maître ?"
"Dans un endroit encore plus chaud, mais je vous prie de venir. Nous voyagerons de nuit. Les étoiles sont si claires qu'il n'y a pas d'obscurité. Je veux vous montrer un endroit..."
"Une ville ?"
"Non... un endroit... qui vous fera comprendre le Maître... peut-être mieux que ses paroles."
"Nous avons perdu des journées avec ce stupide incident. Il a tout gâté... et ma mère qui avait fait tant de préparatifs est restée déçue. Je ne sais plus pourquoi tu as voulu te séparer jusqu'à la purification."
"Judas, pourquoi appelles-tu stupide un fait qui fut une grâce pour un vrai fidèle. Ne voudrais-tu pas, toi, pour toi même une telle mort ? Il avait attendu toute sa vie le Messie. Il s'en était allé, déjà âgé par des chemins incommodes pour l'adorer quand on lui eut dit : "Il y est". Il avait conservé en son cœur pendant trente ans la parole de ma Mère.
L'amour et la foi l'ont investi de leurs feux, dans la dernière heure que Dieu lui réservait. Son cœur s'est brisé de joie, consumé, comme un holocauste agréable par le feu de Dieu. Quel sort meilleur que celui-là ? Il a gâté la fête que tu avais préparée ? Vois en cela une réponse de Dieu. On ne mélange pas ce qui est de l'homme avec ce qui vient de Dieu... Ta mère, elle m'aura encore. Ce vieillard ne devait plus m'avoir. Tout Kériot peut venir au Christ, le vieillard n'avait plus de force pour le faire. J'ai été heureux d'avoir accueilli sur mon cœur le vieux père mourant et d'avoir recommandé son esprit. Et, pour le reste... Pourquoi scandaliser en manifestant du mépris pour la Loi ? Pour dire : "Suivez-moi" il faut marcher. Pour amener sur une voie sainte, il faut suivre la même voie. Comment aurais-je pu ou comment pourrais-je dire : "Soyez fidèles", si Moi j'étais infidèle !"
"Je crois que cette erreur est la cause de notre décadence. Les rabbins et les pharisiens accablent le peuple sous le poids des prescriptions et puis... et puis, ils agissent comme celui qui a profané la maison de Jean en y faisant un lieu de débauche." observe Simon.
"C'est un homme d'Hérode..."
"Oui, Judas. Mais on trouve les mêmes fautes chez les castes que l'on dit, qui, d'elles-mêmes, se disent saintes. Qu'en dis-tu, Maître ?" dit Simon.
"Je dis que tant qu'il y aura une poignée de vrai levain et de vrai encens en Israël, on fera du pain et on parfumera l'autel."
"Que veux-tu dire ?"
"Je veux dire que si quelqu'un vient à la Vérité avec un cœur droit, la Vérité se répandra comme un levain dans la masse de farine et comme un encens pour Israël tout entier."
"Que t'a dit cette femme ?" demande Judas.
Jésus ne répond pas. Il se tourne vers Jean : "Cela pèse lourd et fatigue. Donne-moi ta charge."
"Non, Jésus, je suis entraîné et puis... la joie qu'en aura Isaac me la rend plus légère."
On a contourné le coteau. A l'ombre d'un bois, sur l'autre versant se trouvent les troupeaux d'Élie. Et les bergers, assis à l'ombre les gardent. Ils voient Jésus et accourent.
"La paix soit avec vous. Vous êtes ici ?"
"Nous pensions à Toi... et à cause du retard, nous demandant s'il fallait aller à ta rencontre ou obéir... nous avons décidé de venir jusqu'ici pour t'obéir, et à notre amour en même temps. Tu devais être ici depuis plusieurs jours."
"Nous avons dû nous arrêter..."
"Mais... rien de mal ?"
"Non, rien, ami. La mort d'un fidèle sur mon cœur. Rien d'autre."
"Que veux-tu qu'il arrive, berger ? Quand les choses sont bien préparées... Bien sûr il faut savoir les préparer et préparer les cœurs à les recevoir. Ma cité a donné au Christ tous les honneurs. N'est-ce pas vrai, Maître ?"
"C'est vrai, Isaac : nous y sommes passés en revenant de chez Sara. La cité de Jutta aussi, sans autre préparation que celle de la simple bonté et de la vérité des paroles d'Isaac, a su comprendre l'essentiel de ma doctrine et aimer, d'un amour pratique, désintéressé et saint. Elle t'a envoyé vêtements et nourriture, Isaac, et, aux oboles restées sur ton grabat, tous ont voulu ajouter quelque chose pour toi qui reviens dans le monde et qui manques de tout. Tiens. Je ne porte jamais d'argent, mais celui-là, je l'ai accepté parce qu'il est purifié par la charité."
"Non, Maître, garde-le, Toi. Je suis habitué à m'en passer."
"Maintenant tu devras aller dans des pays où je t'enverrai et tu en as besoin. L'ouvrier a droit au salaire, même s'il travaille sur les âmes... car il a encore un corps à nourrir, comme qui dirait l'âne qui aide son maître. Ce n’est pas grand-chose, mais tu sauras te débrouiller... Jean a dans ce sac des vêlements et des sandales. Joachim en a pris des siens. Ils seront grands... mais, il y a tant d'amour dans ce don !"
Isaac prend la besace et se retire derrière un buisson pour s'habiller. Il était encore pieds nus et vêtu de sa toge bizarre faite d'une couverture.
"Maître, dit Élie, cette femme... cette femme qui se trouve dans la maison de Jean... quand tu étais parti depuis trois jours et que nous faisions paître les troupeaux sur les prés d'Hébron - les prés sont à tout le monde et on ne pouvait pas nous chasser - cette femme nous envoya une servante avec cette bourse, en disant qu'elle voulait nous parler... Je ne sais pas si j'ai bien fait, mais la première fois, j'ai rendu la bourse et j'ai dit : "Je ne veux rien entendre"... Puis, elle m'a fait dire : "Viens, au nom de Jésus" et je suis allé... Elle a attendu le départ de son... oui, homme qui l'a pour maîtresse... Que de choses elle a voulu... oui, elle voulait savoir. Moi, j'ai dit peu de choses, par prudence. C'est une courtisane. Je craignais un piège pour Toi. Elle m'a demandé qui tu es, où tu résides, ce que tu fais, si tu es un seigneur... J'ai dit : "C'est Jésus de Nazareth. Il est de partout car c'est un maître et il donne son enseignement à travers la Palestine". J'ai dit que tu es pauvre, un simple artisan que la Sagesse a pénétré de sagesse... Rien de plus."
"Tu as bien fait." dit Jésus, et au même instant Judas s'écrie : "Tu as mal fait ! Pourquoi n'as-tu pas dit que c'était le Messie et le Roi du monde ? Chasse-la cette orgueilleuse Romaine sous l'éclat de la splendeur de Dieu !"
"Elle ne m'aurait pas compris, et puis étais-je certain qu'elle était sincère ? Tu l'as dit, toi, quand tu l'as vue ce qu'elle est. Pouvais-je jeter les choses saintes, et tout ce qui touche Jésus est saint, dans sa bouche, à elle ? Pouvais-je mettre Jésus en danger en lui donnant trop d'informations ? Que de tous les autres lui vienne le mal, mais pas de moi."
"Allons-nous-en, Jean, dire qu'Il est le Maître, expliquer la vérité sainte."
"Moi, non, à moins que Jésus me l'ordonne."
"Tu as peur ? Que veux-tu que cela te fasse ? En as-tu du dégoût ? Le Maître ne l'a pas eu !"
"Ni peur, ni dégoût. J'ai pitié d'elle. Mais je pense que si Jésus le voulait, il pouvait s'arrêter pour l'instruire. Il ne l'a pas fait, Il n'est pas indiqué que nous le fassions."
"Alors, il n'y avait pas de signes de conversion... Maintenant. Élie, fais voir la bourse." Et Judas renverse sur un pan de son manteau, car il s'est assis sur l'herbe, le contenu de la bourse. Anneaux, pendentifs, bracelets, un collier, tout roule : jaune d'or sur le jaune foncé du vêtement de Judas. "Un tas de bijoux !... Qu'en faisons-nous ?"
"Cela peut se vendre." dit Simon.
"Ce sont des choses compromettantes." objecte Judas qui pourtant les admire.
"Je le lui ai dit, moi aussi en les prenant. J'ai ajouté : "Ton maître te battra". Elle m'a répondu: "Ce ne sont pas ses affaires c'est à moi. J'en fais ce que je veux. Je sais que c'est l'or du péché... mais il sera purifié s'il sert pour qui est pauvre et saint. Pour qu'il se souvienne de moi" et elle pleurait."
"Vas-y Maître."
"Non."
"Envoie Simon."
"Non."
"Alors, j'y vais."
"Non."
Les "non" de Jésus sont secs et impérieux.
"Ai-je mal fait, Maître, de lui parler et d'accepter cet or ?" demande Élie qui voit Jésus soucieux.
"Tu n'as pas mal fait, mais il n'y a rien de plus à faire."
"Mais, peut-être cette femme veut se racheter et a besoin qu'on l'instruise..." objecte encore Judas.
"En elle se trouvent déjà tant d'étincelles capables d'allumer l'incendie dans lequel peut se consumer son vice, laissant l'âme à nouveau redevenue vierge par l'effet du repentir. Il y a peu de temps, je vous ai parlé du levain qui agit sur toute la pâte et en fait un pain sanctifié. Écoutez une courte parabole.
Cette femme, c'est la farine, une farine où le Malin a mélangé ses poussières d'enfer. Je suis le levain : cela signifie que ma parole est le levain. Mais s'il y a trop de son dans la farine, ou si on y a mélangé des graviers et du sable, et de la cendre encore en plus, peut-on faire le pain, même si le levain est excellent ? On ne peut le faire. Il faut enlever patiemment de la farine, son, cendres, gravier et sable. La Miséricorde passe et offre le crible... Le premier : il est fait de courtes vérités fondamentales. Il est nécessaire qu'elles soient comprises par quelqu'un qui est dans le filet d'une complète ignorance, du vice, des erreurs de la gentilité. Si l'âme les accueille, elle commence la première purification. La seconde arrive avec le crible de l'âme elle-même, qui confronte son être avec l'Être qui s'est manifesté.
Elle a horreur d’elle même et commence son travail. Par une opération toujours plus précise, après les pierres, après le sable, après la cendre, elle en arrive aussi à enlever ce qui est déjà de la farine, mais avec des grains encore grossiers, trop grossiers pour donner un pain excellent. Maintenant, voilà que tout est prêt. Alors, la Miséricorde revient et se mélange à cette farine préparée - cela aussi est préparation, Judas - elle la fait lever et en fait le pain. Mais, c'est une longue opération où agit la volonté de l'âme.
Cette femme... cette femme possède déjà en elle-même ce minimum qu'il était juste de lui donner et qui peut lui servir à accomplir son travail. Laissons-la faire, si elle le veut, sans la troubler. Tout est trouble pour l'âme qui se travaille : la curiosité, le zèle inconsidéré, les intransigeances comme une pitié exagérée."
"Alors, nous n'y allons pas ?"
"Non, et pour que personne d'entre vous n'aie de tentation, nous partons tout de suite. Dans le bois, il y a de l'ombre. Nous arrêterons au fond de la vallée du Térébinthe et là, nous nous séparerons. Élie reviendra à ses pâturages avec Lévi, pendant que Joseph viendra avec Moi au gué de Jéricho. Puis... nous nous retrouverons encore. Toi, Isaac, continue ce que tu as fait à Jutta en allant de là par Arimathie et Lidda pour arriver à Doco. Là nous nous retrouverons. Il y a la Judée à préparer et tu sais comment faire. Comme tu as fait à Jutta."
"Et nous ?"
"Vous, vous viendrez, comme je l'ai dit pour voir ma préparation[i][3]. Moi aussi, je me suis préparé à la mission."
"En allant près d'un rabbi ?"
"Non."
"Près de Jean ?"
"Je n'en ai reçu que le Baptême."
"Et alors ?"
"Bethléem a parlé avec les pierres et les cœurs. Là aussi, où je te conduis, Judas, les pierres, et un cœur, le mien, parleront en répondront à ta question."
Élie qui a apporté du lait et du pain noir dit : "J'ai cherché, pendant mon attente, et Isaac a cherché avec moi, à persuader le gens d'Hébron... Mais ils ne croient, ne jurent, ne veulent que Jean C'est leur "saint" et ils ne veulent que lui."
"Péché commun à beaucoup de pays et à beaucoup de croyant présents et futurs. Ils regardent l'ouvrier et non pas le patron qui a envoyé l'ouvrier. Ils posent des questions à l'ouvrier sans même lui dire : "Dis cela à ton patron" Ils oublient qu'il y a l'ouvrier parce qu'il y a le patron et que c'est le patron qui instruit l'ouvrier et le rend apte au travail. Ils oublient que l'ouvrier peut intercéder. Mais qu'il n'y en a qu'un qui puisse concéder : le patron. En ce cas, Dieu et son Verbe avec Lui. N'importe. Le Verbe en a de la douleur, mais pas de rancœur. Partons."
La vision se termine.
Berger d' Hébron
*
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Jésus à la montagne du jeûne et au massif de la tentation
Une très belle aube dans un lieu sauvage. Une aube en haut d'une pente montagneuse. A peine la première lueur du jour Dans le ciel les dernières étoiles visibles et un étroit croissant de la lune en décours qui reste, virgule d'argent, sur le velours sombre du ciel.
La montagne semble indépendante, sans liaison avec d'autre chaînes. Mais, c'est un vrai mont, pas une colline. La cime est beaucoup plus en haut et pourtant, à mi-hauteur on découvre un large horizon ce qui témoigne qu'on s'est élevé beaucoup au dessus du niveau du sol. Dans l'air frais du matin où se fraie sa route la lumière incertaine, blanc-verdâtre de l'aube, et qui se fait plus claire, se révèlent les contours et les détails que dissimulait d'abord la brume qui précède le jour, toujours plus sombre qu'une nuit, car la lumière des astres, dans le passage de la nuit au jour diminue et je dirais qu'elle s'efface. Je vois ainsi que la montagne est de roche nue, coupée d'anfractuosités qui forment des grottes, des antres et refuges dans la montagne. Dans les seuls endroits où un peu de terre s'est accumulée pour pouvoir recueillir aussi l'eau du ciel, et la conserver, il y a des touffes de verdure, des plantes qui n'ont guère qu'une tige épineuse, avec un rare feuillage et des buissons ligneux à ras de terre de végétaux qui semblent des baguettes vertes, et dont je ne sais pas le nom.
En bas se trouve une étendue, plus aride encore, plate, pierreuse et qui devient toujours plus aride à mesure qu'on se rapproche d'un point obscur, plus long que large, au moins cinq fois plus long que large. Je pense qu'il s'agit d'une oasis luxuriante qu'ont fait naître des eaux souterraines dans ce paysage désolé. Cependant, quand la lumière se fait plus vive, je vois que c'est une étendue d'eau. Une eau stagnante, sombre, morte. Un lac d'une tristesse infinie. Dans cette lumière encore incertaine, cela me remet en mémoire la vision du monde mort. Le lac semble attirer à lui l'image sombre du ciel, et toute la tristesse du paysage environnant. Il semble refléter dans ses eaux immobiles, le vert sombre des plantes épineuses et des herbes rigides qui sur des kilomètres et des kilomètres, en plaine et sur les pentes, sont l'unique parure du sol, et en faire un philtre de sombre tristesse qui s'en dégage et se répand sur tout l'environnement. Quelle différence avec le lumineux et riant lac de Génésareth !
En haut, en regardant le ciel, d'une absolue sérénité qui se fait toujours plus clair, en regardant la lumière qui de l'orient se répand comme une marée lumineuse, l'esprit redevient joyeux. Mais la vue de cette immense étendue d'eau morte vous serre le cœur. Aucun oiseau ne la survole. Aucun animal sur ses rives. Rien.
Pendant que je regarde cette désolation, la voix de Jésus vient me secouer : "Et, nous voici arrivés où je voulais." Je me retourne. Je le vois derrière moi, au milieu de Jean, Simon et Judas, près de la pente rocheuse de la montagne, là où arrive un sentier... il vaudrait mieux dire : là où un long travail des eaux, à la saison des pluies a érodé le calcaire, creusant au cours des siècles un canal à peine dessiné qui sert à l'écoulement des eaux venant des sommets et qui maintenant est un chemin pour les chèvres sauvages plutôt que pour les hommes.
Jésus regarde tout autour et répète : "Qui, c'est là que je voulais vous amener. Là le Christ s'est préparé à sa mission."
"Mais, ici, il n'y a rien !"
"Il n'y a rien, tu l'as dit."
"Avec qui étais-tu ?!"
"Avec mon esprit et avec le Père."
"Ah ! ce fut une halte de quelques heures !"
"Non, Judas, non pas de quelques heures, mais de plusieurs jours..."
"Mais, qui te servait ? Où as-tu dormi ?"
"J'avais pour serviteurs les onagres qui, la nuit, venaient dormir dans leur tanière... dans celle-ci où Moi aussi je m'étais réfugié. J'avais à mon service les aigles qui me disaient : "Il fait jour" avec leur cri sauvage quand ils partaient en chasse. J'avais pour amis les petits lièvres qui venaient brouter les herbes sauvages, pour ainsi dire à mes pieds... Ma nourriture et ma boisson c'était ce qui est nourriture et boisson pour les fleurs sauvages la rosée de la nuit, la lumière du soleil. Rien d'autre."
"Mais, pourquoi ?"
"Pour bien me préparer, comme tu dis, à ma mission. Les choses bien préparées réussissent bien. Tu l'as dit. Et mon affaire n'était pas la petite, l'inutile affaire de me mettre en lumière Moi, Serviteur du Seigneur, mais de faire comprendre aux hommes ce qu'est le Seigneur et par le moyen de cette compréhension de le faire aimer en esprit de vérité.
Misérable le serviteur du Seigneur qui pense à son triomphe et non à celui de Dieu ! Qui cherche à en tirer profit, qui songe à s'élever sur un trône fabriqué... oh ! fabriqué avec les intérêts de Dieu, avilis jusqu'à traîner par terre, eux qui sont des intérêts célestes. Ce n'est plus un serviteur, celui-là, même s'il en a l'aspect extérieur. C'est un marchand, un trafiquant, un être faux qui se trompe lui-même, qui trompe les hommes et voudrait tromper Dieu... un malheureux qui se prend pour un prince et qui est un esclave... Esclave du Démon son roi et son maître de mensonge. Ici, dans cette tanière, le Christ, pendant un grand nombre de jours a vécu de mortifications et de prière pour se préparer à sa mission. Et où voudrais tu que je fusse allé pour me préparer, Judas ?"
Judas est perplexe, désorienté. Il répond finalement : "Mais je ne saurais... Je pensais... chez quelque rabbi... près des Esséniens... Je ne sais."
"Et pouvais-je trouver un rabbi qui m'en dît davantage de ce que me disait la puissance et la sagesse de Dieu ? Et pouvais-je Moi - Moi, Verbe éternel du Père, qui étais quand le Père créa l'homme et qui sais par quel esprit immortel il est animé et de quelle capacité de libre jugement le Créateur l'a doté - pouvais-je aller chercher science et compréhension chez des gens qui nient l'immortalité de l'âme en niant la résurrection finale, qui nient le libre arbitre de l'homme en renvoyant dos à dos vertus et vices, actions saintes et mauvaises réglées par une destinée qu'ils disent fatale et invincible ? Ah ! non. Vous avez une destinée, oui. Vous l'avez. Dans l'esprit de Dieu qui vous a créés, il existe pour vous une destinée. Le Père la désire pour vous, et c'est une destinée d'amour, de paix, de gloire : "la sainteté qui fait de vous ses fils". Tel est le destin qui, présent à la pensée divine au moment où, avec de la boue, fut fait Adam, sera présent jusqu'à la création de la dernière âme humaine.
Mais le Père ne vous fait pas violence dans votre condition de roi. Le roi, s'il est prisonnier, n'est plus roi : il est déchu. Vous êtes rois parce que vous êtes libres dans votre petit royaume individuel, dans votre moi. En lui, vous pouvez faire ce que vous voulez, comme vous voulez.
En face, et aux frontières de votre petit royaume, vous avez un Roi ami et deux puissances ennemies. L'Ami vous montre les règles qu'il a faites pour rendre heureux ceux qui sont à Lui. Il vous les montre. Il vous dit : "Les voilà, avec elles est assurée l'éternelle victoire". Il vous les montre, Lui, le Sage et le Saint pour que vous puissiez, si vous le voulez, les mettre en pratique et en tirer une gloire éternelle. Les deux puissances ennemies sont Satan et la chair. Sous le nom de chair, je mets la vôtre et celle du monde : c'est à dire les pompes et les séductions du monde, c'est à dire la richesse, les fêtes, les honneurs, les puissances qui viennent du monde et qui s'y trouvent et qu'on n'acquiert pas toujours honnêtement et dont on sait encore moins user honnêtement si l'homme y parvient par suite d'un ensemble de circonstances. Satan, maître de la chair et du monde s'adresse à nous par lui-même et par la chair. Lui aussi a ses règles...
Oh ! s'il en a !... Et puisque le moi est entouré de chair et que la chair recherche la chair comme les parcelles de fer se dirigent vers l'aimant, et parce que le chant du Séducteur est plus doux que les roulades du rossignol énamouré au clair de lune dans le parfum de la roseraie, il est plus facile d'aller vers ces règles, de se soumettre à ces puissances, de leur dire : "Je vous tiens pour des amies. Entrez".
Entrez... Avez-vous jamais vu un allié qui reste toujours honnête, sans demander le cent pour un pour l'aide qu'il apporte ? Ainsi font-elles. Elles entrent... Elles deviennent maîtresses. Maîtresses ? Non : tyranniques. Elles vous attachent ô hommes aux bancs de galériens, elles vous y enchaînent, elles ne vous laissent plus dégager le cou de leur joug et leur fouet vous laisse des traces sanglantes si vous cherchez à leur échapper.
Oh ! se faire frapper jusqu'à en devenir une masse de chair broyée, devenue inutilisable au point que leur pied cruel la repousse, ou mourir sous les coups. Si vous savez vous donner ce martyre, vous donner ce martyre voilà alors que passe la Miséricorde, l'Unique qui puisse encore avoir pitié de cette répugnante misère pour laquelle le monde, un des deux maîtres, éprouve du dégoût et sur laquelle l'autre maître, Satan, décoche ses flèches vengeresses. Et la Miséricorde l'Unique qui passe auprès, se penche, l'accueille, la soigne, guérit et lui dit : "Viens, ne crains pas, Ne te regarde pas. Tes plaies ne sont plus que des cicatrices, mais tellement innombrables qu'elles te feraient horreur, tellement elles te défigure. Mais, Moi, ce n'est pas elles que je regarde, je regarde ta volonté. A cause ce cette bonne volonté, tu es ainsi marqué d'un signe, à cause de ce signe, je te dis : "je t'aime, viens avec Moi", et elle la porte dans son Royaume. Alors vous comprenez que Miséricorde et amitié Royale sont une même personne. Vous retrouvez les règles que Lui vous avait montrées et que vous n'aviez pas voulu suivre. Maintenant vous en avez la volonté... et arrivez à paix de la conscience d'abord, à la paix de Dieu ensuite.
Dites-moi, alors. Est-ce que cette destinée a été imposée par un Seul à tous, ou si personnellement chacun l'a voulue pour lui même ?"
"C'est chacun qui l'a voulue."
"Tu juges bien, Simon. Pouvais-je, Moi aller trouver ce qui nient la bienheureuse résurrection et le don de Dieu pour former ? C'est ici que je suis venu. J'ai pris mon âme de Fils l'homme et me la suis travaillée par les ultimes touches, tenant le travail de trente années d'anéantissement et de préparation pour aborder avec perfection mon ministère.
Maintenant, je vous demande de rester avec Moi, quelques jours, dans cette tanière. L'attente sera toujours moins désolée car nous serons quatre amis pour nous défendre contre les tristesses, les peurs, les tentations, les nécessités de la chair. Moi, j'étais seul. Ce sera moins pénible parce que maintenant c'est l'été, et ici, en altitude, il y le vent des sommets pour tempérer la chaleur. Moi j'y vins à la fin de la lune de Tebet et glacial était le vent qui descendait des neiges de la cime. L'attente sera moins torturante parce que plus courte et parce que nous avons maintenant ce minimum de nourriture qui peut apaiser notre faim, et dans les gourdes que je vous ai fait donner par les bergers, il y a assez d'eau pour ce court séjour. Moi... Moi, j'ai besoin d'arracher deux âmes à Satan
Il n'y a que la pénitence qui puisse en venir à bout. Je vous demande de l'aide. Cela servira aussi à votre formation. Vous apprendrez comment on arrache les proies à Mammon. Pas tant avec les paroles qu'avec le sacrifice... Les paroles !... Le vacarme satanique empêche qu'on les écoute… Les âmes qui sont la proie de l'Ennemi sont emportées dans un tourbillon de voix infernales... Voulez-vous rester avec Moi ? Mais si vous, vous ne voulez pas, partez. Moi je reste. Nous nous retrouverons à Tecua, près du marché."
"Non, Maître, je ne t'abandonne pas " dit Jean pendant qu'en même temps Simon s'écrie : "C'est pour nous élever que tu nous veux avec Toi dans cette rédemption." Judas... ne me paraît pas très enthousiaste mais il fait bon visage au... destin et dit : "Moi, je reste."
"Prenez alors les gourdes, les sacs et portez-les à l'intérieur et, avant que le soleil ne soit brûlant, cassez du bois et entassez-le près de l'ouverture. La nuit est froide, même en été ici, et toutes les bêtes ne sont pas inoffensives. Allumez tout de suite une branche, là de cette plante d'acacia gommeux. Il brûle bien. Nous la promènerons à travers les fissures pour chasser avec le feu aspics et scorpions. Allez-y "...
...Le même point de la montagne. Seulement, maintenant, c'est la nuit. Une nuit toute étoilée. Une beauté du ciel nocturne, comme je crois on ne peut jouir que dans ces pays déjà tropicaux. Étoiles d'une grandeur et d'un brillant merveilleux. Les grandes constellations semblent des grappes de brillants, de clairs topazes, de pâles saphirs, de doux opales, de tendres rubis. Elles tremblent, s'allument, s'éteignent, comme les regards quand les paupières les voilent un instant, et reprennent un éclat plus merveilleux. De temps à autre, une étoile filante trace dans le ciel une ligne de feu et disparaît vers on ne sait quel horizon. Un trait lumineux qui paraît le cri de joie d'une étoile charmée de voler ainsi dans ces prairies illimitées.
Jésus est assis à l'entrée de la caverne et parle aux trois qui font cercle avec Lui. Il doit y avoir eu du feu, parce que au milieu du cercle formé par les quatre, un tas de tisons a encore des lueurs de braises et rougit de son reflet les quatre visages.
"Oui, le séjour est terminé. Ce séjour. L'autre fois, il dura quarante jours... Et je vous redis encore : c'était encore l'hiver sur ces pentes,.. et je n'avais pas de nourriture. Un peu plus difficile que cette fois, n'est-ce pas ? Je sais que vous avez souffert aussi maintenant. Le peu que nous avions et que je vous donnais n'était rien spécialement pour la faim des jeunes. C'était tout juste pour vous empêcher de tomber de faiblesse. L'eau, il y en avait encore moins avec la chaleur torride du jour. Et vous direz que cela n'existait pas en hiver.
Mais alors c'était un vent sec qui descendait de la cime en brûlant les poumons et s'élevait de la plaine, chargé de la poussière du désert et desséchait plus encore que cette chaleur estivale que l'on peut adoucir en suçant ces fruits acidulés qui sont presque mûrs. Alors la montagne ne donnait que vent et herbes brûlées par le gel autour des acacias squelettiques. Je ne vous ai pas donné tout, car j'ai réservé les derniers pains et le dernier fromage avec la dernière gourde pour le retour ...Je sais ce que fut le retour, épuisé comme je l'étais dans la solitude du désert... Rassemblons nos affaires et partons. La nuit est encore plus claire que celle où nous sommes arrivés. Il n'y a pas de lune, mais le ciel pleut de la lumière. Partons. Gardez le souvenir de cette place. Sachez vous souvenir de la façon dont se prépara le Christ et dont se préparent les apôtres. C'est comme je l'ai enseigné que se préparent les apôtres."
Ils se lèvent. Simon, avec une branche remue les braises, les ravive, avant de les éteindre avec les pieds, avec des herbes sèches, et, à la flamme il allume un rameau d'acacia et le tient en l'air à l'entrée de la grotte pendant que Judas et Jean rassemblent les manteaux, les sacs et les gourdes dont une seule est encore pleine. Puis il éteint le rameau en le secouant contre le: roches, se charge de son sac, et comme tous les autres, se met le manteau en l'attachant à la taille pour qu'il ne gêne pas la marche.
Ils descendent sans plus parler l'un derrière l'autre par un sentier très rapide mettant en fuite de petits animaux qui broutent le peu d'herbes qui résiste encore au soleil. Le chemin est long et difficile. Finalement, ils arrivent à la plaine. La marche n'est pas très aisée non plus, ici, où pierres et éclats de pierres roulent traîtreusement sous le pied, en le blessant aussi, parce que la terre réduite en poussière les cache et qu'on ne peut les éviter, et où des buissons épineux brûlés par le soleil griffent les pieds et gênent la marche en s'accrochant au bas des vêtements. Mais le chemin est plus direct.
Là-haut, les étoiles sont toujours plus belles. Ils vont, ils vont, et vont, pendant des heures. La terre est toujours plus stérile et plus triste. Des éclats scintillants brillent dans des petites rides du sol, dans des trous parmi les aspérités du terrain. On dirait des éclats de brillants ternis. Jean se baisse pour les regarder. "C’est le sel du sous-sol. Il en est saturé. Il affleure avec les crues du printemps et puis se dessèche, Voilà pourquoi la vie ne résiste pas ici. La mer Orientale, par des veines profondes répand la mort à plusieurs stades alentour. Là seulement où des sources d’eau douce s’opposent à son action, là seulement on peut trouver des arbres pour s’abriter" explique Jésus.
Ils marchent encore. Puis Jésus s’arrête près de la grotte où je l’ai vu tenté par Satan. "Arrêtons nous ici. Assoyez-vous. D’ici peu ce sera le chant du coq. Depuis six heures nous marchons et vous devez avoir faim et soif, être fatigués. Prenez. Mangez et buvez assis ici autour de Moi, pendant que je vous dis encore une chose que vous direz aux amis et au monde." Jésus a ouvert son sac et en a tiré pain et fromage qu’il coupe et distribue et il verse de l’eau de sa calebasse dans un bol et la distribue aussi.
"Tu ne manges pas Maître ?"
"Non. Je vous parle. Écoutez. Il y eut une fois quelqu’un, un homme qui me demanda si j’avais jamais été tenté. Qui me demanda si je n’avais jamais péché. Qui me demanda si, au cours de la tentation, je n’avais jamais cédé. Et qui fut stupéfait de ce que Moi, le Messie, j’eus demandé, pour résister, l’aide du Père en disant : ''Père, ne m’induis pas en tentation".
Jésus parle doucement, comme s’il racontait un fait ignoré de tous... Judas baisse la tête comme s’il était gêné. Mais les autres sont tellement attentifs à regarder Jésus qu’ils ne s’en aperçoivent pas.
Jésus continue : "Maintenant, vous, mes amis, vous pourrez savoir ce que très légèrement cet homme apprit. Après le Baptême - j’étais pur, mais on ne l’est jamais suffisamment par rapport au Très-Haut et l’humilité de dire : “Je suis un homme pécheur” est déjà un baptême qui purifie le cœur - après le Baptême, je suis venu ici. J’avais été appelé “l’Agneau de Dieu” par celui qui, saint et prophète, voyait la Vérité et voyait l’Esprit descendre sur le Verbe et le faire l’oint par son chrême d’amour pendant que la voix du Père remplissait les cieux du son de ses paroles en disant : “Voici mon Fils Bien-Aimé, en qui je me suis complu ”. Toi, Jean, tu étais présent quand le Baptiste a répété les paroles... Après le Baptême, bien que pur par nature et pur par ma personnalité, je voulus “me préparer” Oui, Judas. Regarde-moi. Mon œil te dit ce que encore tait ma bouche. Regarde-moi, Judas. Regarde ton Maître qui n’a pas eu conscience d’être supérieur à l’homme du fait qu’il était le Messie et qui, même sachant qu’Il était l’Homme, a voulu l’être en tout, sauf dans la condescendance au mal. Voilà : c’est ainsi."
Maintenant Judas a levé le visage et regarde Jésus qu’il a en vis-à-vis. La lumière des étoiles fait briller les yeux de Jésus comme si c’était deux étoiles éclairant son pâle visage.
"Pour se préparer à être Maître, il faut avoir été écolier. Moi, je savais tout comme Dieu. Mon intelligence pouvait aussi me faire comprendre les luttes de l’homme par mon intelligence et intellectuellement. Mais un jour, quelque pauvre ami à moi, quelque pauvre fils à moi, aurait pu dire et me dire : “Tu ne sais pas ce que c’est que d’être un homme et d’avoir sentiments et passions“. Ç'aurait été un reproche juste. Je suis venu ici-même, là, sur ce mont, pour me préparer... non seulement à la mission... mais à la tentation. Voyez-vous ? Là où vous êtes assis, Moi je fus tenté. Par qui ? Par un mortel ? Non. Trop faible aurait été sa puissance. J’ai été tenté par Satan, directement.
J’étais épuisé. Depuis quarante jours, je ne mangeais plus... Mais tant que j’avais été perdu dans l’oraison, tout s’était anéanti, dans la joie de parler avec Dieu, plus qu’anéanti : devenu supportable. Je le ressentais comme un amoindrissement matériel, qui se bornait à la matière seule... Puis, je suis revenu au monde... sur les routes du monde... et j’ai ressenti les besoins de qui vit en ce monde. J’ai eu faim. J’ai eu soif. J’ai senti le froid piquant de la nuit du désert. J’ai senti mon corps brisé par le manque de repas, de couche, et du long chemin accompli dans de telles conditions d’épuisement qu’elles m’empêchaient d’aller plus loin...
Car j’ai une chair, Moi aussi, amis. une vraie chair. Et elle est sujette aux mêmes faiblesses qu’éprouvent toutes les chairs. Et avec la chair, j’ai un cœur. Oui. De l’homme j’ai pris la première et la seconde des trois parties qui constituent l’homme. J’ai pris la matière avec ses exigences et la sensibilité avec ses passions. Si par l’effet de ma volonté j’ai réduit dès avant leur naissance toutes les passions qui ne sont pas bonnes, j’ai laissé croître, puissantes comme des cèdres centenaires, les saintes passions de l’amour filial, de l’amour de la patrie, des amitiés, du travail, de tout ce qui est excellent et saint.
Et ici, j’ai senti la nostalgie de la Maman lointaine, j’ai ressenti le besoin de ses soins sur ma fragilité d’homme. Ici, j’ai senti se renouveler la souffrance de m’être séparé de l’unique qui m’aimât parfaitement. Ici, j’ai ressenti la souffrance qui m’était réservée et la douleur de sa douleur, pauvre Maman, qui n’aura plus de larmes, tant elle devra en répandre pour son Fils et à cause des hommes. Ici, j’ai ressenti la lassitude du héros et de l’ascète qui, en une heure de prémonition, se rend compte de l’inutilité de son effort... J’ai pleuré... La tristesse.. appel magique pour Satan. Ce n’est pas péché d’être triste si l’heure est torturante. C’est péché de s’abandonner à la tristesse et de tomber dans l’inertie ou le désespoir. Mais Satan s’amène tout de suite quand il voit quelqu’un qui tombe dans la langueur spirituelle.
Il est venu, en habits de voyageur serviable. Il prend toujours un aspect sympathique... J’avais faim.., et j’avais mes trente ans dans le sang. Il m’a offert son aide et il a commencé par me dire :
“Dis à ces pierres qu’elles deviennent des pains“. Mais, avant encore... oui... encore avant, il m’avait parlé de la femme... Oh ! il sait en parler. Il la connaît à fond. Il a commencé par la corrompre pour s’en faire une alliée dans son oeuvre de corruption. Je ne suis pas seulement le Fils de Dieu. Je suis Jésus, l’artisan de Nazareth. A cet homme qui me parlait alors, me demandant si je connaissais la tentation et m’accusait presque d’être injustement heureux parce que je n’avais pas péché, à cet homme j’ai dit :
“L’acte s’apaise dans la satisfaction. La tentation quand on la repousse ne tombe pas, mais se fait plus forte surtout parce que Satan l’excite“. J’ai repoussé la double tentation de la faim de la femme et de la faim du pain. Et sachez que Satan me proposait la première et il n’avait pas tort, d’après le jugement des hommes, comme la meilleure alliée pour m’imposer dans le monde.
La Tentation, qui n’était pas vaincue par mon : “Ce n’est pas seulement des sens que vit l’homme“, me parla alors de ma mission. Elle voulait séduire le Messie après avoir tenté l’homme jeune. Elle me poussa à annihiler les indignes ministres du Temple par un miracle... Le miracle, flamme du Ciel, ne se prête pas à se faire cercle d’osier pour qu’on s’en fasse une couronne... Et on ne tente pas Dieu en Lui demandant des miracles à des fins humaines. C’est cela que voulait Satan. Le motif présenté était un prétexte; la vérité était : “Glorifie-toi d’être le Messie“, pour m’amener à l’autre concupiscence, celle de l’orgueil.
Pas vaincu par mon : “Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu” il chercha à me circonvenir par la troisième force de sa nature: l’or : Oh ! l’or. Grande chose que le pain et plus grande la femme pour qui est affamé de pain ou de jouissance. Très grande chose l’acclamation des foules pour l’homme... Pour ces trois choses que de fautes se commettent ! Mais l’or... mais l’or... Clef qui ouvre, moyen de corruption, c’est l’alpha et l’oméga de quatre vingt dix neuf actions sur cent pour les hommes. Pour le pain et la femme, l’homme devient voleur. Pour la puissance il va jusqu’à l’homicide. Mais, pour l’or, il devient idolâtre. Le roi de l’or : Satan, m’a offert son or pour que je l’adore,.. Je l’ai transpercé avec les paroles éternelles : “Tu n’adoreras que le Seigneur ton Dieu ”
C’est ici, ici que cela est arrivé."
Jésus s’est levé. Il paraît plus grand qu’à l’ordinaire dans la plaine qui l’entoure, dans la lumière légèrement phosphorescente qui tombe des étoiles. Les disciples se lèvent aussi. Jésus continue a parler en fixant intensément Judas.
"Alors sont venus les anges du Seigneur... L’Homme avait remporté la triple victoire. L’Homme savait ce que voulait dire être homme et il avait vaincu. Il était épuisé. La lutte avait été plus épuisante que le jeûne prolongé... Mais l’esprit dominait... Je crois que les Cieux ont tressailli à mon affirmation complète de créature douée de raison. Je crois que, de ce moment est venu en Moi le pouvoir du miracle. J’avais été Dieu. J’étais devenu l’Homme. Maintenant, triomphant de l’animal conjoint à la nature humaine, voilà que j’étais l’Homme-Dieu. Je le suis. Et comme Dieu, je puis tout. Et comme Homme j’ai l’expérience de tout. Agissez, vous aussi, comme Moi, si vous voulez faire ce que je fais. Et faites-le en souvenir de Moi.
Cet homme s’étonnait que j’eusse demandé l’aide du Père et que je l’eusse prié de ne pas m’induire en tentation. De ne pas m’abandonner donc au risque d’une tentation qui dépasserait mes forces. Je crois que cet homme, maintenant qu’il sait, ne s’étonnera plus. Agissez vous aussi de même en souvenir de Moi, et pour vaincre comme Moi et ne doutez jamais en me voyant fort dans toutes les épreuves de la vie, victorieux dans la bataille des cinq sens, de la sensibilité et du sentiment, sur ma nature de véritable Être humain, et en plus d’Être divin. Rappelez-vous de tout cela.
Je vous avais promis de vous conduire là où vous auriez pu connaître le Maître... depuis l’aube de son jour : une aube pure comme celle qui va se lever jusqu’au midi de sa vie, ce midi d’où je suis parti pour aller à la rencontre du soir de ma vie... J’ai dit à l’un de vous : “Moi aussi, je me suis préparé “. Vous voyez que c’était vrai. Je vous remercie de m’avoir tenu compagnie dans ce retour à mon lieu de naissance et à mon lieu de pénitence. Les premiers contacts avec le monde, m’avaient déjà donné la nausée et apporté le découragement. Il est trop laid. Maintenant mon âme s’est nourrie de la moëlle du lion : de la fusion avec le Père dans l’oraison et dans la solitude. Je puis retourner dans le monde pour reprendre ma croix, ma première croix de Rédempteur : celle du contact avec le monde, avec le monde où trop peu nombreuses sont les âmes qui s’appellent Marie, qui s’appellent Jean ...
Maintenant, écoutez, toi spécialement Jean. Nous revenons vers la Mère et vers les amis. Je vous en prie : ne dites pas à la Mère la dureté qui s'est opposée à l'amour de son Fils. Elle en souffrirait trop. De cette cruauté de l'homme Elle souffrira tellement, tellement, tellement... mais ne lui présentons pas le calice dès maintenant. Il sera si amer quand il lui sera donné ! Si amer, que tel un poison, il se glissera comme un serpent dans ses viscères saintes et dans ses veines et les mordra, lui glacera le cœur. Oh ! ne dites pas à ma Mère que Bethléem et Hébron m'ont repoussé comme un chien ! Pitié pour Elle ! Toi Simon, tu es âgé et bon, tu es réfléchi et ne parleras pas, je le sais. Toi, Judas, tu es juif et tu ne parleras pas par fierté patriotique. Mais toi, Jean, toi galiléen et jeune, ne tombe pas dans le péché d'orgueil, de critique, de cruauté. Tais-toi. Plus tard... plus tard tu diras aux autres ce que, maintenant je te prie de taire. Même aux autres. Il y a déjà tant à dire en ce qui concerne le Christ. Pourquoi y mêler ce qui vient de Satan contre le Christ ? Amis, me promettez-vous tout cela ?"
"Oh ! Maître, bien sûr que nous te le promettons ! Sois tranquille !"
"Merci. Allons jusqu'à cette petite oasis. Il y a là une source, une citerne pleine d'eau fraîche, de l'ombre, de la verdure. La route vers le fleuve est en lisière. Nous pourrons y trouver nourriture et repos jusqu'au soir. A la clarté des étoiles, nous atteindrons le fleuve, le gué. Nous attendrons Joseph où nous nous joindrons à lui, s'il est déjà revenu. Allons."
Et ils se mettent en route, pendant qu'à l'orient une première lueur rose annonce qu'un nouveau jour se lève
Montagne du Jeûne et de la Tentation d'après l' Oeuvre de Maria Valtorta
http://maria-valtorta.org/Publication/TOME 02/02-044.htm
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Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Au gué du Jourdain.
Rencontre avec les bergers Jean, Mathias et Siméon
Je revois le gué du Jourdain : la verte avenue qui côtoie le fleuve sur l'une et l'autre rive, très fréquentée par les voyageurs à cause de son ombrage. Des files d'ânons accompagnés par des hommes vont et viennent.
Sur le bord du fleuve, trois hommes font paître quelques brebis. Sur la route, Joseph regarde vers le haut et le bas. De loin, là où une route part de ce chemin fluvial, Jésus se montre avec les trois disciples. Joseph appelle les bergers, et ceux-ci poussent les brebis sur la route en les faisant cheminer sur la berge herbeuse. Ils vont vivement à la rencontre de Jésus.
"Moi, je n’ose guère... Que lui dirai-je comme salut ?"
"Oh ! Il est si bon. Tu lui diras : "La paix soit avec Toi" Lui aussi salue toujours ainsi."
"Lui, oui... mais nous..."
"Et moi, qui suis-je ? Je ne suis même pas un de ses premiers adorateurs, et il m'aime tant... oh ! tant !"
"Lequel est-il ?"
"Le plus grand et blond."
"Nous lui parlerons du Baptiste, Mathias ?"
"Oh ! oui !"
"Ne croira-t-il pas que nous l'avons préféré à Lui ?"
"Mais non, Siméon. S'il est le Messie, il voit dans les cœurs et il verra dans le nôtre que dans le Baptiste nous ne cherchions que Lui."
"Tu as raison."
Maintenant, les deux groupes sont à quelques mètres l'un de l'autre. Jésus déjà sourit de son sourire qu'on ne saurait décrire. Joseph presse le pas. Les brebis se mettent à trotter, elles aussi, poussées par les pâtres.
"La paix soit avec vous." dit Jésus en levant les bras comme pour les embrasser. Et il précise : "La paix soit avec toi, Siméon, Jean et Mathias, mes fidèles et les fidèles de Jean le Prophète ! Paix à toi, Joseph." et il l'embrasse sur la joue. Les trois autres sont maintenant à genoux."Venez, amis, sous ces arbres, sur la grève du fleuve et parlons."
Ils descendent et Jésus s'assoit sur une souche qui dépasse, les autres par terre. Jésus sourit et les regarde très attentivement, un par un : "Laissez-moi que je connaisse vos visages. Les âmes, je les connais déjà, comme des âmes de justes qui s'attachent au bien qu'ils aiment, contre tous les intérêts du monde. Je vous apporte le salut d'Isaac, Élie et Lévi. Et un autre salut : celui de ma Mère. Des nouvelles du Baptiste, en avez-vous ?"
Les hommes, jusqu'alors rendus muets par la timidité, se rassurent. Ils trouvent des paroles : "Il est encore en prison, et notre cœur tremble pour lui, car il est dans les mains d'un homme cruel, dominé par une créature infernale et entouré d'une cour corrompue. Nous l'aimons... Tu le sais que nous l'aimons et que lui mérite notre amour.
Depuis que tu as quitté Bethléem, nous avons été frappés par les hommes... mais plus que par leur haine, nous fûmes désolés, abattus comme des arbres, que le vent a brisés pour t'avoir perdu, Toi. Puis, après des années de peine, comme quelqu'un qui aurait les paupières cousues, cherchant le soleil et ne pouvant le voir parce qu'il est aussi dans une prison et ne peut le découvrir dans la tiédeur qu'il sent sur sa peau, voilà que nous avons pris conscience que le Baptiste était l'homme de Dieu prédit par les prophètes pour préparer le chemin à son Christ, et nous sommes allés à lui. Nous nous sommes dit : "Si lui le précède, en allant vers lui, nous le trouverons". Car c'est Toi, Seigneur, celui que nous cherchions."
"Je le sais, et vous m'avez trouvé. Je suis avec vous."
"Joseph nous a dit que tu es venu chez le Baptiste. Nous n'étions pas ce jour là. Peut-être étions-nous allés pour lui, quelque part. Nous le servions, dans les services spirituels que lui nous demandait, avec tant d'amour, comme nous l'écoutions nous aussi avec amour malgré sa grande sévérité, parce qu'il n'était pas Toi le Verbe, mais c'était toujours les paroles de Dieu qu'il disait."
"Je le sais. Et celui-ci, vous ne le connaissez pas ?" et il montre Jean.
"Nous le voyions avec d'autres Galiléens dans les foules les plus fidèles au Baptiste. Et, si nous ne nous trompons pas, tu es celui dont le nom est Jean et de qui lui disait, à nous ses intimes : "Voilà moi le premier, lui le dernier. Et puis ce sera lui le premier et moi le dernier". On n'a jamais compris ce qu'il voulait dire."
Jésus se tourne vers sa gauche où se trouve Jean. Il l'attire contre son cœur avec un sourire encore plus lumineux... Il explique "Lui voulait dire qu'il était le premier à dire : "Voici l'Agneau" et celui-ci sera le dernier des amis du Fils de l'homme qui parlera aux foules, de l'Agneau; mais que, dans le cœur de l'Agneau il est le premier, parce qu'il lui est cher plus qu'aucun autre homme. Voilà ce que le Baptiste voulait dire. Mais, quand vous le verrez - car vous le verrez encore et le servirez encore, jusqu'à l'heure marquée - dites-lui qu'il n'est pas le dernier dans le cœur du Christ.
Ce n'est pas tant par le sang mais par la sainteté qu'il est l'aimé autant que celui-ci. Et vous, gardez-en le souvenir. Si l'humilité du saint lui fait proclamer qu'il est "le dernier", la Parole de Dieu le proclame pareil au disciple qui m'est cher. Dites-lui que celui-là je l'aime parce qu'il porte son nom et que je trouve en lui les traits du Baptiste chargé de préparer les âmes au Christ."
"Nous le lui dirons... Mais, le verrons-nous encore ?"
"Vous le reverrez."
"Oui, Hérode n'ose le tuer par crainte du peuple et, dans cette Cour avide et corrompue, il serait facile de procurer sa libération si nous avions beaucoup d'argent. Mais... mais malgré la grande somme d'argent donnée par des amis, il nous manque beaucoup encore. Et nous avons grande peur de ne pas arriver à temps... et il sera quand même tué."
"Combien croyez-vous qu'il vous manque pour le racheter ?"
"Pas pour le racheter, Seigneur. Hérodiade le hait trop et elle en impose trop à Hérode pour penser qu'on puisse arriver à le racheter. Mais... à Machéronte sont réunis, je crois, tout ceux qui ambitionnent le trône. Tous veulent jouir, tous veulent dominer : des ministres jusqu'aux serviteurs. Mais pour faire le coup, on exige de l'argent... Nous aurions même trouvé quelqu'un qui pour une grosse somme laisserait sortir le Baptiste. Hérode même, peut-être le désire... parce qu'il a peur. Rien que pour cela. Peur du peuple et peur de sa femme. Ainsi il satisferait le peuple, et sa femme ne l'accuserait pas de l'avoir mécontentée."
"Et combien demande cette personne ?"
"Vingt talents d'argent et nous n'en avons que douze et demi."
"Judas, tu as dit que ces joyaux sont très beaux."
"Beaux et de grande valeur."
"Combien peuvent-ils valoir ? Il me semble que tu t'y entends."
"Oui, je m'y entends. Pourquoi veux-tu savoir leur valeur, Maître ? Veux-tu les vendre ? Pourquoi ?"
"Peut-être... Dis-moi, combien peuvent-ils valoir ?"
"Vendus dans de bonnes conditions; au moins... au moins six talents. "
"En es-tu sûr ?"
"Oui, Maître. Le collier à lui seul, gros et lourd vaut au moins trois talents .
Je l'ai bien examiné. Et aussi les bracelets... Je me demande comment les poignets fins d'Aglaé pouvaient en supporter le poids."
"C'était des menottes pour elle, Judas."
"C'est vrai, Maître... mais beaucoup voudraient avoir de ces menottes-là !"
"Tu le crois ? Qui ?"
"Mais... beaucoup !"
"Oui, beaucoup qui n'ont de l'homme que le nom... Connaîtrais- tu un acheteur éventuel ?"
"En somme, tu veux les vendre ? Et pour le Baptiste ? Mais, regarde : c'est de l'or maudit !"
"Oh ! Incohérence humaine ! Tu viens de dire, avec un désir évident que beaucoup voudraient avoir cet or, et puis tu l'appelles maudit ?! Judas, Judas !... C'est de l'or maudit, oui, maudit. Mais elle a dit : "Il sera sanctifié servant à qui est pauvre et saint". C'est pour cela qu'elle l'a donné, pour que le bénéficiaire prie pour sa pauvre âme qui, comme une chrysalide, est en train de pousser dans la semence de son cœur. .Qui est plus saint et plus pauvre que le Baptiste ? Il est, par sa mission, l'égal d'Élie, mais pour la sainteté, il est plus grand qu'Élie. Il est plus pauvre que Moi. Moi, j'ai une Mère et une maison... Lorsqu'on les a pures et saintes comme je les ai, on n'est jamais des délaissés. Lui n'a plus de maison et même plus le tombeau de sa mère, Tout a été violé, profané par la perversité humaine. Quel est donc l'acheteur ?"
"Il y en a un à Jéricho et beaucoup à Jérusalem. Mais celui de Jéricho !!! Ah ! c'est un rusé levantin, batteur d'or, usurier, brocanteur, entremetteur, un voleur sûrement, homicide peut-être... certainement poursuivi par Rome. Il se fait appeler Isaac pour paraître hébreu, mais son vrai nom est Diomède. Je le connais bien..."
"On le voit !" interrompt Simon le Zélote qui parle peu mais observe tout. Et il demande : "Comment as-tu fait pour le connaître si bien ?"
"Mais... tu sais... Pour faire plaisir à des amis influents. Je suis allé le voir... et j'ai fait des affaires... Nous, du Temple... tu sais..."
"Oui ! ...vous faites tous les métiers !" conclut Simon avec une froide ironie. Judas rougit, mais se tait.
"Peut-il acheter ?" demande Jésus.
"Je crois. L'argent ne lui manque jamais. Certainement, il faut savoir vendre car c'est un grec, et astucieux et s'il voit qu'il a affaire à une personne honnête, à une... colombe qui sort du nid, il la plume à souhait. Mais s'il a affaire à un vautour comme lui..."
"Vas-y toi, Judas. Tu es le type qu'il faut. Tu as la ruse du renard et la rapacité du vautour. Oh ! pardonne, Maître. J'ai parlé avant Toi !"
"Je suis de ton avis et je dis donc à Judas d'y aller. Jean, va avec lui. Nous nous retrouverons au coucher du soleil. Le lieu du rendez-vous sera près de la place du marché. Va et fais pour le mieux."
Judas se lève aussitôt. Jean a les yeux implorants d'un petit chien que l’on chasse. Mais Jésus a repris la conversation avec les bergers et n'aperçoit pas ce regard implorant. Et Jean se met en route à la suite de Judas.
"Je voudrais vous rendre contents" dit Jésus.
"Tu nous seras toujours agréable, Maître. Que le Très-Haut te bénisse pour nous. Cet homme est ton ami ?"
"Il l'est. Ne te paraît-il pas qu'il puisse l'être ?"
Jean, le berger, baisse la tête et se tait. Le disciple Simon prend la parole : "Seul celui qui est bon sait voir. Moi, je ne suis pas bon et je ne vois pas ce que voit la Bonté. Je vois l'extérieur. Celui qui est bon pénètre jusqu'à l'intérieur. Toi aussi, Jean, tu vois comme moi, mais le Maître est bon... et il voit..."
"Que vois-tu, Simon en Judas ? Je t'ordonne de parler."
"Voici : je pense, en le regardant, à certains endroits mystérieux qui semblent être antres de fauves et marais fiévreux. On n'en voit seulement qu’un grand enchevêtrement et l'on y tourne au large, peureux. Au contraire... au contraire, par derrière il y a aussi des tourterelles et des rossignols et le sol est riche de sources bienfaisantes et d'herbes salutaires. Je veux croire que Judas soit ainsi... Je le crois parce que tu l'as pris, Toi qui sais..."
"Oui. Moi qui sais... Il y a beaucoup de replis dans le cœur de cet homme... Mais, il ne manque pas de bons côtés. Tu l'as vu à Bethléem, et même à Kériot. Si ce bon côté humain et qui n'est que bonté humaine s'élevait à la hauteur d'une bonté spirituelle, alors Judas serait tel que tu voudrais qu'il fût. Il est jeune..."
"Jean aussi est jeune..."
"Et en ton cœur tu achèves : et il est meilleur. Mais Jean, c'est Jean ! Aime-le Simon, ce pauvre Judas... Je t'en prie. Si tu l'aimes... il te paraîtra meilleur."
"Je m'y efforce, à cause de Toi... Mais, c'est lui qui brise tous mes efforts comme on fait des roseaux d'une rivière... Mais, Maître, il n'y a pour moi qu'une loi : faire ce que tu veux. C'est pourquoi j'aime Judas, en dépit de quelque chose qui crie en moi contre lui et en ma conscience."
"Quelle chose, Simon ?"
"Je ne sais pas exactement... Quelque chose comme le cri de la sentinelle dans la nuit... et qui me dit : "Ne dors pas ! Observe !" Je ne sais pas... Cette chose n'a pas de nom. Mais c'est... c'est un cri qui s'élève en moi contre lui."
"N'y pense plus, Simon, n'essaye pas de la préciser. Cela fait mal de connaître certaines vérités... et leur connaissance pourrait être pour toi, cause de méprises. Laisse faire à ton Maître. Toi, donne-moi ton amour et pense qu'il me fait plaisir:.."Et tout s'achève.[/color]
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Siméon (de Bethléem)
Berger de la Nativité, disciple
Présentation générale
Après le massacre de Hérode qui chasse les bergers de Bethléem, il devient berger sur le Liban. C'est un disciple de Jean-Baptiste, comme les bergers Jean et Matthias . Ils lui sont fidèles jusqu’à sa fin avec l'assentiment de Jésus.
Grâce à l’entremise de Manaën, lui-même disciple, Siméon sert aux écuries du château de Machéronte où le Baptiste a été enfermé pour la deuxième fois. A ce titre, il fait partie de ceux qui viennent annoncer sa mort à Jésus
Tous, ils suivront désormais Jésus.
Parcours apostolique
Témoin de la Nativité - de la Crucifixion - de la Résurrection
Son nom
Siméon, comme Simon (Chimon- Shim'ôn), veut dire "qui entend". Référence historique : le second fils de Jacob qui sera retenu en otage par son frère Joseph devenu intendant du Pharaon.
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Mathias (Matthias) surnom de Tobie (de Bethléem)
Berger de la Nativité, disciple et apôtre
Présentation générale
Berger de la Nativité devenu berger sur le Liban. De son vrai nom Tobie. Il prend le nom de son père tué dans le massacre des innocents. Disciple de Jean-Baptiste comme Jean et Siméon, eux aussi bergers de la Nativité. "En eux et spécialement en Mathias, la Sagesse est réellement présente"
Grâce à l’entremise de Manaën, il sert aux cuisines du château de Machéronte où le Baptiste a été enfermé. Certains détails de sa morts lui seront rapportés par Selma, servante de Hérodiade. À ce titre, il fait partie de ceux qui viennent annoncer sa mort à Jésus et qui, avec Siméon et Jean, ont recueillis son corps). Libre d'engagement, il pourra se consacrer alors totalement à la suite de Jésus.
Caractère et aspect
Doué d'un ascendant naturel : il a le plus d'autorité parmi les bergers pour sa sagesse et sa justice (7.235).
Parcours apostolique
Témoin de la Nativité - de la Crucifixion - de la Résurrection , de l'Ascension et de la Pentecôte )
Son nom : סמתיא (Mathias)
Mattathias - Matthias - Matthieu : viennent de l’hébreu "mattityah" don de l’Éternel - Référence historique : le père des frères Maccabées, libérateurs d'Israël (1Maccabées 2,1-5)
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Jean (de Bethléem)
berger de la Nativité, disciple
Présentation générale
Berger de la Nativité devenu berger sur le Liban. "un peu parent" de Jonas, le berger martyrisé par Doras. Disciple de Jean Baptiste avec Siméon et Matthias eux aussi bergers de la Nativité. Ils l'accompagneront par fidélité jusqu’au dernier moment. Grâce à l’entremise de Manaën, il sert aux cuisines du château de Machéronte où le Baptiste a été enfermé. A ce titre, il fait partie de ceux qui viennent annoncer sa mort à Jésus et qui, avec Mathias et Siméon, ont recueillis son corps
Parcours apostolique
Témoin de la Nativité - de la Crucifixion - de la Résurrection
Son nom
Jean veut dire "l’Éternel a fait grâce, a été favorable".
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Gué du Jourdain , tel représenté dans l'Oeuvre de Maria Valtorta
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Matthias le Berger , disciple et Apôtre
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
L’Iscariote vend à Diomède les bijoux d’Aglaé
Voici la place du marché à Jéricho, Mais ce n'est pas le matin, c'est le soir, au cours d'un long crépuscule très chaud de plein été. Du marché du matin il ne reste que des déchets : débris de légumes, monceaux des excréments, paille tombée des paniers ou des bâts des ânes, morceaux de chiffons... Sur le tout, c'est le triomphe des mouches et de ce que tout le soleil fait des fermentations et des exhalations puantes et malodorantes. La vaste place est déserte.
Quelques rares passants, quelques gamins querelleurs lancent des pierres aux oiseaux qui sont sur les arbres de la place. Quelques femmes qui vont à la fontaine. C'est tout.
Jésus arrive par une rue et regarde autour de lui, mais il ne voit encore personne. Patiemment il s'appuie à un tronc d'arbre et attend.
Il trouve moyen de parler aux gamins de la charité qui a sa source en Dieu et descend du Créateur sur toutes les créatures "Ne soyez pas cruels. Pourquoi voulez-vous troubler les oiseaux ? Ils ont leurs nids là-haut. Ils ont leurs petits. Ils ne font de mal à personne. Ils nous donnent leurs chants et procurent la propreté en mangeant les restes de l'homme et les insectes qui nuisent aux moissons et aux fruits. Pourquoi les blesser et les tuer en privant leurs petits de leurs pères et mères, ou ceux-ci de leurs petits. Seriez-vous contents de voir entrer un méchant dans votre maison la démolir, ou tuer vos parents ou vous emporter loin d'eux ? Non, vous ne le seriez pas.
Et alors pourquoi faire à ces créatures innocentes ce que vous ne voudriez pas que l'on vous fît ? Comment pourrez-vous un jour ne pas faire de mal à l'homme si, encore enfants, vous endurcissez votre cœur contre des petites créatures inermes[1][1] et gentilles comme les oiseaux ?
Ne savez-vous pas que la Loi dit : "Aime ton prochain comme toi-même" ? Qui n’aime pas son prochain ne peut non plus aimer Dieu. Et qui n'aime pas Dieu, comment peut-il aller dans sa Maison et Le prier ? Dieu pourrait leur dire, et le dit du haut des Cieux : "Va-t-en. Je ne te connais pas, un fils, toi ? Non, tu n'aimes pas tes frères, tu ne respecte pas en eux le Père qui les a faits. Tu n'es donc pas un frère ni un fils, mais un bâtard, mauvais fils pour Dieu, faux frère pour tes frères". Voyez comme Il aime, Lui, le Seigneur Éternel ? Aux mois les plus froids, Il fait trouver des greniers et des granges pour que les oiseaux puissent s'y abriter. Pendant les chaleurs, Il leur donne l'ombre des feuilles pour les protéger du soleil. .En hiver, dans les champs, le grain est à peine couvert de terre et il est facile de trouver les semences et de s'en nourrir.
En été, des fruits succulents soulagent la soif, ils peuvent faire des nids solides et chauds avec les brins de foin et la laine que les troupeaux laissent après les ronces. Et Il est le Seigneur. Vous, petits hommes, créés comme des oiseaux par Lui, frères par conséquent de ces petites créatures, pourquoi voulez-vous être différents en vous croyant permis d'être cruels envers tous ces petits animaux ? Soyez pour tous miséricordieux en ne privant aucun de ce qui lui revient, ni parmi les hommes, vos frères, ni parmi les animaux, vos serviteurs et amis, et Dieu..."
"Maître, appelle Simon, Judas arrive."
"...et Dieu sera miséricordieux envers vous en vous donnant tout ce qu'il vous faut, comme Il le fait pour ces créatures innocentes. Allez et emportez avec vous la paix de Dieu."
Jésus fend le cercle des garçons auxquels s'étaient joints des adultes et va vers Judas et Jean qui arrivent rapidement par une autre rue. Judas jubile. Jean sourit à Jésus... mais ne semble pas tout à fait heureux.
"Viens, viens, Maître. Je crois d'avoir bien fait. Mais viens avec moi. Dans la rue, on ne peut parler."
"Où ? Judas ?"
"A l'auberge. J'ai déjà retenu quatre pièces... oh ! c'est modeste, ne crains pas. Tout juste pour pouvoir se reposer sur un lit après tant de privations et cette chaleur, pour pouvoir manger comme des hommes et non comme des oiseaux sur la branche, et aussi pour parler tranquillement. J'ai très bien vendu. N'est-ce pas, Jean ?"
Jean acquiesce, sans beaucoup d'enthousiasme. Mais Judas est tellement content de son opération qu'il ne remarque pas le peu de satisfaction qu'éprouve Jésus pour un logement confortable, ni l'attitude encore moins enthousiaste de Jean. Et il continue : "Ayant vendu au dessus de mon estimation, je me suis dit : "Il est juste d'en prélever une petite somme, cent deniers,[2][2] pour nos lits et nos repas. Si nous sommes épuisés, nous qui avons toujours mangé, Jésus doit être tout à fait à bout". J'ai le devoir de veiller à ce qu'il ne tombe pas malade, mon Maître ! Devoir d'amour car tu m'aimes et je t'aime... J'ai prévu aussi pour vous et pour les troupeaux." dit-il aux bergers[3][3]. "J'ai pensé à tout."
Jésus ne dit mot. Il le suit avec les autres. Ils arrivent à une petite place secondaire. Judas dit : "Vois cette maison sans fenêtres sur la rue et cette porte si petite qui semble une fente ? C'est la maison du batteur d'or Diomède. On dirait une pauvre habitation, n'est-ce pas ? Mais il y a assez d'or pour acheter tout Jéricho et... ah ! ah ! ... - Judas rit malicieusement... - et dans cet or, on peut trouver beaucoup de colliers et de vaisselle et... et aussi d'autres objets de toutes les personnes qui ont le plus d'influence en Israël. Diomède... Oh ! tout le monde fait semblant de ne pas le connaître, mais tous le connaissent : depuis les Hérodiens à... à tout le monde, voilà. Sur ce mur sans ornement, pauvre, on pourrait écrire "Mystère et Secret". Si ces murs parlaient, il y aurait plus à se scandaliser que de la façon dont j'ai traité l'affaire, Jean !... Toi... tu en mourrais étouffé par la stupeur et le scrupule. Mais plutôt écoute, Maître. Ne m'envoie plus avec Jean pour certaines affaires. Il a manqué peu que tout échouât. Il ne sait pas saisir au vol, il ne sait pas nier, et avec un fourbe comme Diomède il faut être rapide et vif. "
Jean murmure : "Tu disais certaines choses ! Si imprévues et tellement... et tellement... Oui, Maître, ne m'envoie plus. Moi, je ne sais qu'aimer, moi..."
"Nous aurons difficilement besoin de pareilles ventes." répond Jésus qui est préoccupé.
"Voilà l'auberge. Viens Maître. Je vais parler puisque... j'ai tout arrangé."
Ils entrent et Judas parle avec le patron qui fait conduire les brebis dans une étable et puis conduit lui-même ses hôtes dans une petite pièce où se trouvent deux nattes qui servent de lits, de sièges et une table qu'on a préparés. Puis il se retire.
"Parlons tout de suite, Maître, pendant que les bergers son occupés après leurs troupeaux."
"Je t'écoute."
"Jean peut dire si je suis sincère."
"Je n'en doute pas. Entre honnêtes gens, il n'est pas besoin de serments et de témoignages. Parle."
"Nous sommes arrivés à Jéricho à la sixième heure. Nous étions en sueur comme des bêtes de somme. Je n'ai pas voulu donner Diomède l'impression d'une affaire pressée. Et je suis d'abord venu ici. Je me suis rafraîchi. J'ai pris un vêtement propre et j'a voulu qu'il fasse de même. Oh ! il ne voulait rien savoir de se faire parfumer et arranger les cheveux... Mais, j'avais fait mon plan, le long de la route !...
A l'approche du soir, j'ai dit : "Allons-y". Alors, nous étions reposés et frais, comme deux richards en voyage d'agrément. Quand nous étions près d'arriver chez Diomède, j'ai dit à Jean : "Toi, aide-moi. Ne me démens pas et sois vif pour comprendre". Mais il eut mieux valu le laisser dehors. Il ne m'a pas du tout aidé. Et même... Heureusement que je suis vif pour deux et j'ai fait face à tout. Le gabeleur sortait de la maison. "Bien !" me suis-je dit. "Si lui sort, nous trouverons de l'argent et ce que je veux pour faire le marché". Car le gabeleur, usurier et voleur comme tous ses semblables a toujours des colliers arrachés par menaces et usure à quelque pauvre que lui taxe illicitement pour avoir beaucoup à dépenser en orgies et femmes, Et il est très ami de Diomède qui achète et vend or et chair... Nous sommes entrés après que je me fus fait connaître. Je dis : entrés.
Parce que autre chose est d'aller à l'entrée où lui fait semblant de travailler l'or honnêtement, et autre chose descendre dans le souterrain où lui traite les vraies affaires. Il faut être très connu de lui pour cette dernière invitation. Quand il m'a vu, il m'a dit : "Tu veux encore vendre de l'or ? Le moment est peu favorable. J'ai peu d'argent". Sa chanson habituelle. Je lui ai répondu : "Je ne viens pas pour vendre, mais pour acheter. As-tu des bijoux pour une femme ? Mais beaux, riches, de grande valeur, lourds, en or pur ? " Diomède est resté stupéfait et il m'a demandé : "Tu veux une femme ?" "Ne t'occupe pas de cela" lui ai-je répondu. "Ce n'est pas pour moi. C'est pour cet ami qui est marié et veut acheter des bijoux d'or pour son aimée". Et ici, Jean a commencé à faire le bambin. Diomède qui le regardait l'a vu rougir comme la pourpre et a dit, en vieux dégoûtant qu'il est : "Eh ! le garçon, rien qu'à entendre nommer son épouse en devient tout fiévreux.
Elle est très belle, ta femme ?" a-t-il demandé. J'ai donné un coup de pied à Jean pour le réveiller et lui faire comprendre de ne pas faire l'imbécile. Mais il a répondu un "oui" si étouffé, que Diomède est entré en défiance. Alors, moi, j'ai parlé : "Qu'elle soit belle ou non, cela ne doit pas t'intéresser, vieux. Elle ne sera jamais du nombre des femmes pour lesquelles tu iras en enfer. C'est une jeune fille honnête, et bientôt une honnête épouse. Pas besoin de ton or. C'est moi qui m'occupe du futur mariage et je suis chargé d'aider le jeune homme... moi, Juif et citadin". "Lui est Galiléen, n'est-ce pas ?". Toujours ces cheveux qui vous trahissent ! "il est riche ?".
"Très".
Alors, nous sommes allés en bas et Diomède a ouvert ses caisses, et ses coffres-forts. Mais, dis la vérité, Jean, ne semblait-il pas d'être aux cieux devant toutes ces pierreries et cet or ? Colliers, guirlandes, bracelets, boucles d'oreille, résilles d'or et de pierres précieuses, épingles à cheveux, boucles, anneaux... ah ! quelles splendeurs ! D'un air très hautain j'ai choisi un collier à peu près comme celui d'Aglaé, et puis des épingles à cheveux, des anneaux, des bracelets... tous semblables à ceux que j'avais dans la bourse et en nombre égal. Diomède était stupéfait et demandait : "Encore" Mais qui est-il ? Et qui est son épouse ? Une princesse ? "Quand j'ai eu tout ce que je voulais, j'ai dit : "Le prix ?".
Oh ! quelle litanie de lamentations sur la dureté des temps sur les impôts, sur les risques, sur les voleurs. Oh ! quelle autre litanie pour m'assurer de son honnêteté ! Enfin, voici la réponse : "Réellement, puisque c'est toi, je te dirai la vérité. Sans exagération. Mais je ne puis en rabattre une seule drachme. Je demande douze talents d'argent". "Voleur !" ai-je dit. J'ai ajouté : "Partons, Jean. A Jérusalem nous trouverons quelqu'un de moins voleur que lui". Et j'ai fait semblant de sortir.
Mais il m'a couru par derrière. "Mon grand ami, mon ami chéri, viens, comprends ton pauvre serviteur. A moins, je ne puis pas. Je ne puis vraiment pas. Regarde. Je fais réellement un effort et je me ruine. Je le fais parce que tu m'as toujours donné ton amitié et que tu m'as fait faire des affaires. Onze talents, voilà. C'est ce que je donnerais si je devais acheter cet or à quelqu'un qui meurt de faim. Pas un denier de moins. Ce serait saigner à blanc mes vieilles veines".
N'est-ce pas qu'il disait cela ? Cela faisait rire et donnait la nausée. Quand je l'ai vu bien arrêté sur le prix, j'ai fait le coup, "Vieux dégoûtant, apprends que je veux non pas acheter, mais vendre. Voici ce que je veux vendre. Regarde : c'est beau comme tes bijoux. Or de Rome et nouvelle forme. Tu ne manqueras pas d'acheteurs. C'est à toi pour onze talents. C'est toi qui as fixé le prix. Tu en as fait l'estimation et tu paies".
Oh ! Alors !... "C'est une trahison ! Tu as trahi l'estime que j'avais pour toi ! Tu me ruines ! Je ne puis donner autant !" criait-il. "C'est toi qui as fait l'estimation. Paie", "Je ne puis pas". "Prends garde que je le porte à d'autres". "Non, ami" et il allongeait les mains vers le tas de bijoux d'Aglaé. ."Et alors, paies je devrais exiger douze talents, mais je m'en tiens à ta dernière estimation". "Je ne puis pas". "Usurier ! Prends garde, j'ai là un témoin et je peux te dénoncer comme voleur..." et je lui ai attribué d'autres vertus que je ne répète pas devant ce garçon...
A la fin, comme j'étais pressé de vendre et de faire vite, je lui ai promis un petit quelque chose, entre nous deux... Je ne tiendrai pas cette promesse. Quelle valeur a-t-elle, faite à un voleur ? J'ai conclu l'affaire pour dix talents et demi[5][5]. Nous sommes partis au milieu des doléances et des offres d'amitiés et... de femmes. Et Jean, pour un peu allait pleurer. Mais que t'importe qu'ils te prennent pour un vicieux ? Il suffit que tu ne le sois pas. Ne sais-tu pas que le monde c'est ça et qu'il te regarde comme un avorton ? Un jeune homme qui ne sait pas le goût de la femme ? Qui veux-tu qui te croie ? Ou s'ils te croient... oh ! en ce qui me concerne, je ne voudrais pas qu'on pense de moi ce que peuvent penser de toi ceux qui s'imaginent que tu n'as pas d'inclination de ce côté.
Voilà, Maître. Compte Toi-même. J'avais un tas de monnaie, mais je suis passé chez le gabeleur et lui ai dit : "Reprends-moi toute cette mitraille et donne-moi les talents que tu as reçus d'Isaac". Parce que j'avais eu cette dernière nouvelle en traitant mon affaire. Cependant, en dernier lieu, j'ai dit à Isaac-Diomède : "Souviens-toi que le Judas du Temple n'existe plus. Maintenant, je suis disciple d'un saint. Fais donc semblant de ne m'avoir jamais connu, si tu tiens à ta peau". Et pour un peu je lui tordais le cou à l'instant parce qu'il m'a mal répondu."
"Que t'a-t-il dit ?" demande Simon avec indifférence.
"Il m'a dit : "Toi, le disciple d'un saint ? Je ne le croirai jamais ou bien je verrai bientôt ici ton saint me demander une femme". Il m'a dit : "Diomède est une vieille crapule, un malheur du monde, mais toi, tu en es la jeune réplique. Et moi, je pourrais encore changer car ce n'est que vieux que je suis devenu ce que je suis. Toi, tu ne changes pas, tu es né comme ça".
Vieux dégoûtant ! Nie ton pouvoir, as-tu compris ?"
"Et, en bon grec qu'il est, il dit beaucoup de vérités."
"Que veux-tu dire, Simon ? Est-ce pour moi que tu parles ?"
"Non. Pour tout le monde. C'en est un qui connaît l'or et les cœurs, aussi bien l'un que l'autre. C'est un voleur, un dégoûtant, en tout ce qu'il y a de plus dégoûtant comme trafic. Mais on trouve en lui la philosophie des grands Grecs . Il connaît l'homme, animal aux sept vices capitaux, polype destructeur de tout bien, de toute honnêteté, de tout amour et de tant d'autres choses, en lui et dans les autres."
"Mais, il ne connaît pas Dieu."
"Et toi, tu voudrais le lui enseigner ?"
"Moi. Oui. Pourquoi ? Ce sont les pécheurs qui ont besoin de connaître Dieu."
"C'est vrai. Cependant... le maître doit le connaître pour l'enseigner."
"Et moi, je ne le connais pas ?"
"Paix, amis. Les bergers arrivent. Ne troublons pas leurs âme par des querelles entre nous. Tu as compté l'argent ? Cela suffit. Achève toute cette affaire comme tu l'as entreprise et, je te le répète, si possible, à l'avenir, ne mens pas, même pour faciliter une bonne action..."
Les bergers entrent. "Amis, voilà ici dix talents et demi. Il maque seulement cent deniers que Judas a prélevé pour les dépenses de logement. Prenez."
"Tu donnes tout ?" demande Judas.
"Tout. Je ne veux pas garder la moindre pièce de monnaie de cet argent. Nous avons l'obole de Dieu et de ceux qui honnêtement cherchent Dieu... et il ne nous manquera jamais l'indispensable. Crois-le. Prenez et soyez heureux, comme je le suis pour le Baptiste. Demain, vous irez à sa prison. Deux d'entre vous : Jean et Mathias, Siméon ira avec Joseph trouver Élie pour tout lui rapporter et à se renseigner pour l'avenir. Élie sait.
Puis Joseph reviendra avec Lévi. Le rendez-vous dans dix jours près de la porte des Poissons à Jérusalem, à la première heure. Et maintenant mangeons et prenons du repos. Demain, de bon matin, je pars avec les miens. Je n'ai rien d'autre à vous dire pour l'instant. Plus tard, vous aurez de mes nouvelles. "
La scène disparaît au moment où Jésus fait la fraction du pain.
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Les bijoux d' Aglaé d'après l' Oeuvre de Maria Valtorta
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Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Jésus pleure à cause de Judas
et Simon le zélote le réconforte
La campagne où se trouve Jésus est riche. Vergers magnifiques, vignobles splendides avec des grappes nombreuses qui commencent à prendre la couleur de l'or et du rubis. Jésus est assis dans un verger et mange des fruits que lui a offerts un paysan. Peut-être a-t-il parlé un peu auparavant car l'homme dit : "Je suis heureux d'apaiser ta soif, Maître. Ton disciple nous avait parlé de ta sagesse, mais nous sommes restés stupéfaits de t'écouter. Nous sommes près de la Cité Sainte, nous y allons fréquemment pour vendre des fruits et des légumes. On monte alors aussi au Temple et on entend les rabbis. Mais ils sont loin de parler comme Toi. On en revenait en disant : "S'il en est ainsi, qui arrivera au salut ?" Toi, au contraire ! Oh ! on dirait que l'on a le cœur allégé ! Un cœur qui redevient enfant tout en restant homme. Je suis inculte... je ne sais pas m'expliquer, voilà. Mais Toi, tu comprends certainement."
"Oui, je te comprends. Tu veux dire qu'avec le sérieux et la connaissance des choses qui est propre à l'adulte, tu ressens, après avoir écouté la Parole de Dieu, la simplicité, la foi, la pureté qui renaît en ton cœur et il te semble redevenir un bambin, sans fautes ni malices, avec autant de foi, que lorsque tenant la main de la maman tu montais au Temple pour la première fois, ou que tu priais sur ses genoux. C'est cela que tu veux dire."
"Cela, oui, exactement. Heureux vous, qui êtes toujours avec Lui !" dit-il ensuite à Jean, Simon et Judas qui mangent des figues succulentes, assis sur un petit muret. Et il termine : "Et moi je suis heureux de t'avoir donné l'hospitalité pour une nuit. Je ne crains plus de malheur dans ma maison car ta bénédiction y est entrée."
Jésus répond : "La bénédiction agit et persiste si les âmes restent fidèles à la Loi de Dieu et à mon enseignement. Dans le cas contraire, la grâce disparaît. Et c'est juste. Car s'il est vrai que Dieu donne le soleil et l'air aux bons comme aux méchants, pour qu'ils vivent, et s'ils sont bons deviennent meilleurs, et s'ils sont mauvais se convertissent, il est juste aussi que d'autre part, la protection du Père devienne châtiment pour le méchant afin de le rappeler par des peines au souvenir de Dieu."
"La douleur n'est-elle pas toujours un mal ?"
"Non, ami, c'est un mal du point de vue humain, mais d'un point de vue qui dépasse l'humain, c'est un bien. Elle augmente les mérites des justes qui la supportent sans désespérer ni se révolter et l'offrent, en s'offrant par leur résignation en sacrifice d'expiation pour leurs propres manquements et pour les fautes du monde. Elle est rédemption pour ceux qui ne sont pas justes."
"C'est si difficile de souffrir !" dit le paysan auquel se sont joints les membres de sa famille : une dizaine entre adultes et enfants.
"Je sais que l'homme trouve que c'est difficile. Et sachant comment l'homme l'aurait jugée telle, le Père ne l'avait pas donnée à ses fils. Elle est venue à la suite de la faute. Mais combien de temps dure la souffrance sur la terre ? Dans la vie d'un homme, peu de temps. Toujours peu, même si elle dure tout la vie. Maintenant je vous dis : n'est-il pas préférable de souffrir un peu de temps que toujours ? N'est-il pas préférable de souffrir ici qu'au Purgatoire ? Pensez, là le temps est multiplié par mille. Oh ! en vérité, je vous le dis qu'on ne devrait pas maudire mais bénir la souffrance et l'appeler "grâce" et l'appeler "pitié".
"Oh ! tes paroles, Maître ! Nous les buvons comme quelqu'un qui, en été, apaise sa soif avec de l'hydromel qu'il verse d'une amphore fraîche. Est-ce déjà demain que tu pars, Maître ?"
"Oui, demain, mais je reviendrai encore pour te remercier de tout ce que tu as fait pour Moi et ceux-ci, qui sont mes amis et pour te demander encore un pain et le repos."
"Toujours, Maître, tu les trouveras ici." Un homme s'amène avec un ânon chargé de légumes. "Voilà. Si ton ami veut aller... Mon fils se rend à Jérusalem pour le grand marché de la Parascève"
"Va, Jean, tu sais ce que tu dois faire. Dans quatre jours, nous nous reverrons. Ma paix soit avec toi." Jésus prend Jean dans ses bras et l'embrasse. Simon aussi fait de même.
"Maître, dit Judas. Si tu le permets, j'irai avec Jean. Je tiens à voir un ami. Chaque sabbat il est à Jérusalem. J'irais avec Jean jusqu'à Betphagé et puis je continuerai pour mon compte... C'est un ami de la maison... tu sais... ma mère m'a dit..."
"Je ne te demande rien, ami."
"Je suis désolé de te quitter. Mais d'ici quatre jours, je serai avec Toi de nouveau. Et je serai si fidèle jusqu'à t'ennuyer."
"Va donc. A l'aube qui se lèvera dans quatre jours, soyez à la Porte des Poissons. Adieu et que Dieu te garde."
Judas embrasse le Maître et s'en va à côté de l'ânon qui trottine sur la route poussiéreuse.
La nuit tombe sur la campagne qui se fait silencieuse. Simon observe le travail des horticulteurs qui arrosent leurs sillons.
Jésus est resté à sa place quelque temps. Puis il se lève, tourne derrière la maison et s'éloigne dans le verger. Il s'isole. Il va jusqu'au bosquet épais où de gros grenadiers sont séparés par des buissons peu élevés qui seraient bien des groseilliers. Mais je ne sais rien de précis. Ils n'ont pas de fruits et je connais peu leur feuillage. Jésus se cache là derrière. Il s'agenouille. Il prie... et puis se courbe, le visage contre terre, sur l'herbe et il pleure. C'est ce que ses soupirs profonds et entrecoupés me disent. Ce sont des pleurs découragés, sans sanglots, mais tellement tristes.
Il passe un long moment dans cette attitude. Voilà la faible clarté du crépuscule, mais il ne fait pas encore nuit pour empêcher de voir. Et dans la faible lumière, voici qu'on distingue par dessus un groseillier la figure laide et honnête de Simon. Il regarde, cherche et distingue la forme ramassée du Maître tout couvert de son manteau bleu foncé qui le fait presque disparaître dans les ombres du sol. On voit à peine la tête blonde et les mains jointes en prière, qui s'élèvent au-dessus de la tête appuyée sur les poignets. Simon le regarde de ses yeux plutôt bovins. Il comprend que Jésus est triste, par les soupirs qu'il pousse, et sa bouche aux lèvres épaisses et presque violettes s'ouvre: "Maître" appelle-t-il.
Jésus relève son visage. "Tu pleures, Maître, pourquoi ? Me permets-tu de venir ?" Le visage de Simon exprime l'étonnement et la peine. C'est un homme laid, décidément. Aux traits disgracieux, au teint olivâtre foncé, se joint la trace bleuâtre et profonde des cicatrices laissées par son mal. Mais il a un regard si bon que sa laideur disparaît.
"Viens, Simon, ami." Jésus s'est assis sur l'herbe. Simon s'assoit à côté de Lui.
"Pourquoi es-tu triste, mon Maître ? Moi, je ne suis pas Jean et je ne saurai te donner tout ce que lui te donne. Mais j'ai en moi le désir de te donner tout réconfort. Et je n'ai qu'une douleur : celle d'être incapable de le faire. Dis-moi : je t'ai peut-être déplu, ces jours derniers, au point d'être accablé de devoir rester avec moi ?"
"Non, mon bon ami, tu ne m'as jamais déplu depuis le moment où je t'ai vu. Et je crois que je n'aurai jamais de raisons de souffrir de toi."
"Et, alors, Maître ? Je ne suis pas digne de ta confiance, mais par mon âge, je pourrais presque être pour Toi un père, et tu sais quel désir j'ai toujours eu d'avoir un fils... Laisse-moi te caresser comme si tu m'étais un fils et qu'en ce moment de peine je te tienne lieu de père et de mère. C'est que tu as besoin de ta Mère pour oublier tant de choses..."
"Oh ! oui, de ma Mère !"
"Et, bien, en attendant que tu puisses te consoler près d'Elle, laisse à ton serviteur la joie de te consoler. Tu pleures, Maître, parce qu'il y a eu quelqu'un qui t'a déplu. Depuis plusieurs jours, ton visage est comme le soleil quand le voilent les nuages. Je t'observe. Ta bonté cache ta blessure, pour qu'on ne déteste pas celui qui te blesse. Mais cette blessure te fait souffrir et te donne la nausée. Mais, dis-moi, mon Seigneur : pourquoi n'éloignes-tu pas la source de cette peine ?"
"Parce que, humainement, c'est inutile et ce serait contre la charité."
"Ah ! Tu as compris que je parle de Judas ! C'est par lui que tu souffres. Comment peux-tu, Toi Vérité, supporter ce menteur ? Il ment sans changer de couleur. Il est fourbe plus qu'un renard, fermé plus qu'un rocher. Maintenant, il est parti. Pour quoi faire ? Combien d'amis peut-il avoir ? Je souffre de te laisser, mais je voudrais le suivre et voir... Oh ! non Jésus ! Cet homme... éloigne-le, mon Seigneur."
"C'est inutile. Ce qui doit être sera."
"Que veux-tu dire ?"
"Rien de spécial."
"Tu l'as laissé aller volontiers parce que... parce que il t'a dégoûté par sa manière d'agir à Jéricho."
"C'est vrai, Simon. Je te le dis encore : ce qui doit être sera, et Judas fait partie de cet avenir. Lui aussi doit y être !"
"Mais, Jean m'a dit que Simon-Pierre est toute franchise, tout feu... Est-ce qu'il le supportera celui-là ?"
"Il doit le supporter. Pierre a lui aussi sa partie à jouer et Judas est la trame sur laquelle il doit tisser sa part. C'est l'école où Pierre se formera plus qu'avec tout autre. Être bons avec des Jean, comprendre les esprits qui lui ressemblent, c'est à la portée même des idiots. Mais être bon avec un Judas, savoir comprendre les esprits comme le sien et être pour eux médecins et prêtres, c'est difficile, Judas est votre enseignement vivant."
"Le nôtre ?"
"Oui, le vôtre. Le Maître n'est pas éternel sur la terre. Il s'en ira après avoir mangé le pain le plus dur et bu le vin le plus âpre. Mais vous resterez pour me continuer ...et vous devez savoir. Car le monde ne finit pas avec le Maître, mais il dure après, jusqu'au retour final du Christ et au jugement final de l'homme. Et, en vérité, je te dis que pour un Jean, un Pierre, un Simon, un Jacques, André, Philippe, Barthélemy, Thomas il y a au moins autant de fois sept Judas. Et plus, plus encore !..."
Simon réfléchit et se tait. Puis il dit : "Les bergers sont bons, Judas les méprise, mais moi je les aime."
"Je les aime et les loue."
"Ce sont des âmes simples, comme il faut l'être pour te plaire."
"Judas a vécu en ville."
"Son unique excuse. Mais il y en a tant qu'ont vécu en ville, et pourtant... Quand viendras-tu chez mon ami ?"
"Demain, Simon. Bien volontiers car nous sommes seuls, Moi et toi. Je pense que c'est un homme cultivé et qui a, comme toi, de l'expérience."
"Il souffre beaucoup... Dans son corps et beaucoup plus dans son cœur. Maître... je voudrais te demander une chose: s'il ne te parle pas de ses tristesses, ne l'interroge pas, Toi, sur sa maison."
"Je ne le ferai pas, Je suis venu pour ceux qui souffrent, mais je ne force pas les confidences. Le chagrin a sa pudeur ..."
"Et moi, je ne l'ai pas respectée,.. Mais, j'ai senti tant de peine..."
"Tu es mon ami et déjà tu avais donné un nom à ma douleur. Moi, pour ton ami, je suis le Rabbin inconnu. Quand il me connaîtra... alors... Partons. La nuit est venue, Ne faisons pas attendre les hôtes qui sont fatigués.
Demain, à l'aube, nous irons à Béthanie."
Jésus pleure
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Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Jésus sur le chemin du retour avec les bergers d'Hébron
"Péché commun à beaucoup de pays et à beaucoup de croyant présents et futurs. Ils regardent l'ouvrier et non pas le patron qui a envoyé l'ouvrier. Ils posent des questions à l'ouvrier sans même lui dire : "Dis cela à ton patron" Ils oublient qu'il y a l'ouvrier parce qu'il y a le patron et que c'est le patron qui instruit l'ouvrier et le rend apte au travail. Ils oublient que l'ouvrier peut intercéder. Mais qu'il n'y en a qu'un qui puisse concéder : le patron. En ce cas, Dieu et son Verbe avec Lui. N'importe. Le Verbe en a de la douleur, mais pas de rancœur. Partons."
Ces paroles m'ont beaucoup interpellée! C'est tellement "humain"!
Jésus pleure à cause de Judas, Simon le Zélote le réconforte.
"Mais être bon avec un Judas, savoir comprendre les esprits comme le sien et être pour eux médecins et prêtres, c'est difficile, Judas est votre enseignement vivant."
Et...... Judas! Ah, il m'a fait horreur dès le début! Il faut être Divin pour l'aimer! Combien de Judas dans ce monde après Jésus? Pauvre Jésus!
"Péché commun à beaucoup de pays et à beaucoup de croyant présents et futurs. Ils regardent l'ouvrier et non pas le patron qui a envoyé l'ouvrier. Ils posent des questions à l'ouvrier sans même lui dire : "Dis cela à ton patron" Ils oublient qu'il y a l'ouvrier parce qu'il y a le patron et que c'est le patron qui instruit l'ouvrier et le rend apte au travail. Ils oublient que l'ouvrier peut intercéder. Mais qu'il n'y en a qu'un qui puisse concéder : le patron. En ce cas, Dieu et son Verbe avec Lui. N'importe. Le Verbe en a de la douleur, mais pas de rancœur. Partons."
Ces paroles m'ont beaucoup interpellée! C'est tellement "humain"!
Jésus pleure à cause de Judas, Simon le Zélote le réconforte.
"Mais être bon avec un Judas, savoir comprendre les esprits comme le sien et être pour eux médecins et prêtres, c'est difficile, Judas est votre enseignement vivant."
Et...... Judas! Ah, il m'a fait horreur dès le début! Il faut être Divin pour l'aimer! Combien de Judas dans ce monde après Jésus? Pauvre Jésus!
AZUR- Combat avec Sainte Marie
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
"Pour vous aussi, les bons sont dans la proportion qu’il y avait entre les bons et Judas"
Jésus dit ensuite :
"Petit Jean, que de fois j'ai pleuré, le visage contre terre, pour les hommes. Et, vous, vous voudriez souffrir moins que Moi ?
Même pour vous, les bons sont dans là proportion qu'il y avait entre les bons et Judas. Et plus un homme est bon, plus il a à souffrir. Mais, pour vous aussi - et cela je le dis spécialement pour ceux qui sont préposés au soin des cœurs - il est nécessaire de s'instruire en étudiant Judas. Tous vous êtes des "Pierre", vous les prêtres, et vous devez lier et délier.
Mais combien, combien, combien d'esprit d'observation, quelle fusion avec Dieu, quelle étude éveillée, quelles comparaisons avec la méthode de votre Maître vous devez faire pour être comme Lui, comme vous devez l’être.
A certains cela semblera inutile, humain, impossible ce que je mets en lumière. Ce sont ceux qui ont l'habitude de nier les phases humaines de la vie de Jésus, et font de Moi une chose tellement en dehors de la vie humaine qui n'est uniquement qu'une chose divine.
Où donc alors la Très Sainte Humanité, où le sacrifice de la Seconde Personne en revêtant une chair ? Oh ! Combien vraiment j'étais l'Homme parmi les hommes. J'étais l'Homme et pour cette raison, je souffrais de voir le traître et les ingrats. Pour cela je jouissais de l'amour de qui m'aimait ou se convertissait à Moi. C'est pour cela que je frémissais et pleurais devant le cadavre spirituel de Judas. J'ai frémi et pleuré devant un ami mort, mais je savais que je l'aurais rappelé à la vie et je jouissais de le voir déjà par son esprit dans les Limbes. Ici... Ici j'avais en face de Moi le Démon.
Et je ne dis rien de plus.
Toi, Jean (ici le surnom de Maria Valtorta), suis-moi. Faisons encore ce don aux hommes. Et puis...
Bienheureux ceux qui écoutent la parole de Dieu et s'efforcent de pratiquer, ce qu'elle dit.
Bienheureux ceux qui veulent me connaître pour m'aimer. En eux et pour eux, je serai bénédiction."
http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2002/02-048.htm
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Dernière édition par Maud le Lun 17 Déc 2012 - 6:26, édité 2 fois
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
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Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Rencontre de Jésus avec Lazare
à Béthanie
Une très claire aurore estivale. Plus qu'une aurore. Le jour déjà est né. Le soleil est sorti déjà de la ligne d'horizon et il monte toujours plus, riant à la terre riante. Il n'est pas un brin d'herbe, qui ne rie avec une goutte scintillante de rosée. On dirait que les astres de la nuit se sont pulvérisés en devenant or et pierreries pour toutes les tiges, pour toutes les frondaisons. C'est jusqu'aux cailloux qui couvrent le sol dont les éclats de silice couverts de rosée semblent une poudre de diamants et poussière d'or.
Jésus et Simon cheminent le long d'un petit chemin qui s'écarte de la route principale avec laquelle il forme un V. Ils vont vers de magnifiques vergers et des champs de lin de hauteur d'homme, prêt à être coupé. D'autres champs, plus loin ne montrent qu'un rougissement de coquelicots dans le jaune des blés.
"Nous sommes déjà dans les propriétés de mon ami. Tu vois, Maître, que la distance ne dépassait pas les prescriptions de la Loi. Je ne me serais jamais permis une tromperie avec Toi. Derrière cette pommeraie, il y a l'enceinte du jardin où se trouve la maison. Je t'ai fait justement arriver par ce raccourci pour respecter au mieux les limites fixées par la Loi."
"Il est très riche, ton ami !"
"Très, mais pas heureux. Il a encore des propriétés ailleurs."
"Il est pharisien ?"
"Le père ne l'était pas. Lui... est strict observateur de la Loi. Je te l'ai dit : un véritable Israélite."
Ils marchent encore un peu. Voici un mur élevé, et au delà, des arbres et des arbres où la maison se voit à peine. Le terrain ici est un peu surélevé, mais pas assez pour permettre à l’œil de découvrir le jardin, si beau que nous lui donnerions plutôt le nom de parc.
Ils tournent à l'angle du mur qui continue à la même hauteur, laissant retomber de son sommet des branches toutes couvertes de roses et de jasmins tout parfumés et splendides avec leurs corolles humides de rosée. Voici la lourde grille de fer ouvragé. Simon actionne le lourd battant de bronze.
"L'heure est bien matinale pour entrer, Simon." objecte Jésus.
"Oh ! mon ami se lève avec le soleil ne trouvant d'agrément que dans son jardin et parmi ses livres. La nuit est un tourment pour lui. Ne tarde pas, Maître, de lui donner ta joie."
Un serviteur ouvre la grille. "Aser, je te salue. Dis à ton maître que Simon le Zélote es venu avec son Ami."
Le serviteur s'en va vivement, après les avoir fait entrer, en disant : "Votre serviteur vous salue. Entrez, la maison de Lazare est ouverte aux amis."
Simon qui est un habitué, tourne non pas vers le sentier principal mais vers un sentier qui, au travers d'une bordure de rosiers, se dirige vers une tonnelle de jasmins.
En effet c'est par là que depuis un instant s'avance Lazare. Toujours maigre et pâle, comme je l’ai toujours vu, avec des cheveux courts, peu épais et sans boucles, rasé jusqu'au menton seulement Habillé de lin très blanc, il marche difficilement comme quelqu'un qui souffre des jambes. Quand il voit Simon, il le salue affectueusement et puis, comme il peut, court vers Jésus et se jette à genoux, en se baissant jusqu'au sol pour baiser la frange de son vêtement, en disant : "Je ne suis pas digne d'un tel honneur. Mais puisque ta sainteté s’abaisse jusqu'à ma misère, viens, mon Seigneur, entre et sois le Maître dans ma pauvre maison."
"Lève-toi, ami, et reçois ma paix." Lazare se lève et baise les mains de Jésus et le regarde avec une vénération qui n'est pas exempte de curiosité. Ils marchent vers la maison.
"Comme je t'ai attendu, Maître ! Chaque matin, à l’aube, je disais : "Il va venir aujourd'hui", et chaque soir je disais : "Aujourd'hui, encore il n'est pas venu !"
"Pourquoi m'attendais-tu si anxieusement ?"
"Parce que... qui attendons-nous, nous d'Israël, sinon Toi ?"
"Et tu crois que c'est moi, l'Attendu ?"
"Simon ne m'a jamais menti, et ce n'est pas un garçon qui s'exalte pour des nuées mensongères. L'âge et la souffrance l’ont mûri comme un sage. Et puis... même s'il ne t'avait pas connu par la réalité de ton être, tes œuvres auraient parlé et t'auraient proclamé "Saint". Qui fait les œuvres de Dieu doit être un homme de Dieu. Et Toi, tu les fais. Et tu les fais de telle façon qu'elles te proclament l'Homme de Dieu. Lui, mon ami, est venu à Toi attiré par ta renommée de thaumaturge et a obtenu le miracle. Et je sais que ton chemin est marqué par d'autres miracles. Pourquoi ne pas croire alors que tu es l'Attendu ? Oh ! Il est si doux de croire à ce qui est bon ! .
Tant de choses qui ne sont pas bonnes, nous devons feindre de les croire bonnes, par amour de la paix, parce qu'on n'y peut rien changer; tant de paroles rusées qui paraissent flatteries, louanges, gentillesses, et sont au contraire sarcasme et blâme, venin couvert de miel, nous devons montrer que nous y croyons, en sachant pourtant qu'elles sont venin, blâme et sarcasme... nous devons le faire parce que... on ne peut faire autrement et que nous sommes faibles contre tout un monde qui est puissant, et que nous sommes seuls contre tout un monde qui est pour nous un ennemi...
Pourquoi alors faire difficulté à croire ce qui est bon ? Au reste, les temps sont mûrs et les signes des temps existent. Ce qui pourrait encore manquer pour affermir notre foi et la mettre à l'abri du doute, cela, l'apporte notre volonté de croire et d'apaiser notre cœur dans la certitude que l'attente est finie et que le Rédempteur est là, le Messie existe... Celui qui rendra la paix à Israël et aux fils d'Israël. Celui qui... nous donnera un trépas tranquille, nous sachant rachetés et nous fera vivre sans ce souci nostalgique pour nos morts... Oh ! les morts ! Pourquoi les pleurer sinon parce que, n'ayant plus leurs enfants, ils n'ont pas encore le Père et Dieu ?"
"Il y a longtemps que ton père est mort ?"
"Trois ans, et sept qu'est morte ma mère. Mais, je ne les regrette plus depuis quelque temps... Moi aussi, je voudrais être où j'espère qu'ils sont en attendant le Ciel."
"Alors, tu n'aurais pas comme hôte le Messie."
"C'est vrai. Maintenant je suis plus favorisé qu'eux parce que je te possède... et mon cœur s'apaise dans cette joie. Entre, Maître. Accorde-moi l'honneur de faire de ma maison la tienne. Aujourd'hui, c'est le sabbat et je ne puis te faire l'honneur d’inviter des amis..."
"Ce n'est pas mon désir. Aujourd'hui je suis tout à celui qui est l'ami de Simon et le mien."
Ils entrent dans une belle salle où des serviteurs sont prêts à les recevoir.
"Je vous prie de les suivre, dit Lazare. Vous pourrez d'abord vous restaurer avec le repas du matin." Et, pendant que Jésus et Simon vont dans un autre endroit, Lazare donne des ordres aux serviteurs. Je me rends compte que la maison est riche, et seigneuriale aussi...
...Jésus boit du lait que Lazare veut absolument lui servir de sa main avant de s'asseoir pour le repas du matin.
Je m'aperçois que Lazare se tourne vers Simon et lui dit : "J'ai trouvé l'homme qui est disposé à acheter tes biens, et au prix que ton intendant a estimé juste. Pas une drachme de moins."
"Mais, est-il disposé à observer mes conditions ?"
"Oui, il accepte tout pour entrer en possession de ces terre et j'en suis, content, parce que, au moins je sais qui j'aurai comme voisin . Pourtant, de même que tu veux ne pas assister à la vente, lui aussi veut te demeurer inconnu. Je te prie d'accéder à son désir."
"Je ne vois pas de motif de m'y opposer. Toi, mon ami, tu me remplaceras... Tout ce que tu feras sera bien. Il suffit que mon fidèle serviteur ne soit pas mis à la rue... Maître : je vends, et pour mon compte, je suis heureux de n'avoir plus rien qui m'attache à quoi que ce soit qui ne soit pas ton service. Mais j'ai un serviteur fidèle qui est âgé, le seul qui m'est resté après mon malheur. Comme je te l'ai déjà dit, il m'a toujours aidé pendant que j'étais banni de la société. Il a pris soin de mes biens comme des siens, en les faisant passer, grâce à Lazare, pour ses biens, lui pour me sauver et subvenir à mes besoins, grâce à eux. Maintenant qu'il est âgé, il ne serait pas juste que je le laisse sans maison. J'ai décidé qu'une petite maison, à la limite de la propriété, reste en sa possession et qu'une partie de la somme lui soit remise pour ses besoins à venir. Les vieux, tu sais, ils sont comme le lierre. Quand ils ont toujours vécu dans un endroit, ils souffrent trop qu'on les en arrache. Lazare voulait le prendre chez lui, parce que Lazare est bon. Mais, j'ai préféré agir ainsi. Mon vieux serviteur souffrira moins..."
"Toi aussi, tu es bon, Simon. S'il n'y avait que des justes comme toi, ma mission serait plus facile..." observe Jésus.
"Tu trouves le monde rétif, Maître ?" demande Lazare.
"Le monde ? ...Non. La force du monde : Satan. Si lui n'était pas le maître des cœurs et ne les avait pas en sa possession, je ne trouverais pas de résistance. Mais le Mal est contre le Bien, et je dois vaincre en chacun le mal pour y mettre le bien... et tous ne le veulent pas..."
"C'est vrai. Ce n'est pas tous qui le veulent ! Maître : quelle paroles trouves-tu pour qui est coupable, pour le convertir, pour le soumettre ? Des paroles de réprimande sévère comme celle dont est remplie l'histoire d'Israël à l'égard des coupables, et le dernier à les employer c'est le Précurseur, ou des paroles de pitié ?"
"Je mets en œuvre l'amour et la miséricorde. Crois bien Lazare que, sur celui qui est tombé, un regard d'amour a plus de puissance qu'une malédiction."
"Et si l'amour est méprisé ?"
"Insister encore. Insister jusqu'au bout. Lazare, connais-tu ces terrains où la traîtrise du sol engloutit les imprudents ?"
"Oui, je les connais par mes lectures. Dans mon état de santé, je lis beaucoup et par passion et pour passer les longues heures d'insomnie. Je sais qu'il en existe en Syrie et en Égypte et d'autres encore près de la Chaldée et je sais qu'ils agissent comme des ventouses. Quand ils vous ont pris, ils vous aspirent. Un Romain dit que ce sont des bouches de l'Enfer habitées par des monstres païens. Est-ce vrai ?"
"Ce n'est pas vrai. Ce sont des formations spéciales du sol terrestre, L'Olympe n'est pas là dedans. On cessera de croire à l'Olympe, et ces terrains existeront toujours. Les progrès de l'homme pourront donner une explication plus véridique du fait mais ils ne pourront pas le faire disparaître. Maintenant, je te dis : comme tu les as connus par tes lectures, tu as pu lire aussi comment on peut sauver ceux qui y sont tombés."
"Oui, avec un cordage qu'on leur lance avec une perche, même avec une branche. Alors ce petit secours suffit pour donner à celui qui s'enlise, le peu d'aide qu'il lui faut pour se dégager et le fait se tenir tranquille sans se débattre, jusqu'à l'arrivée de secours plus efficaces."
"Et bien ! Le coupable, c'est celui qui s’est laissé posséder par un sol trompeur dont la surface est couverte de fleurs et qui par dessous est une boue mouvante. Crois-tu que si quelqu'un savait ce que c'est que de mettre un seul atome de soi au pouvoir de Satan, il le ferait ? Mais, il ne sait pas... et après... Ou il est paralysé par la stupeur et le venin du Mal, ou bien il s’affole et, pour échapper au remords de sa perdition, il se débat, s'enlise dans une autre fange, met en mouvement de lourdes ondes mouvantes par son mouvement inconsidéré et celles-ci précipitent sa perte. L'amour, c'est le cordage, le filin, la branche dont tu parles. Insister, insister... jusqu'à ce qu'il les saississe... Une parole... un pardon... une plus grande indulgence pour la faute... seulement pour arrêter la descente et attendre le secours de Dieu... Lazare sais-tu la Puissance du pardon ? Il amène Dieu à l'aide du sauveteur... Tu lis beaucoup ?"
"Beaucoup. Je ne sais pas si je fais bien. Mais la maladie et d'autres choses m'ont privé de nombreuses satisfactions humaines... et maintenant, je n'ai que la passion des fleurs et des livres... des arbres et aussi des chevaux,.. Je sais qu'on me critique. Mais puis-je aller sur mes terres en cet état (et il découvre ses énormes jambes toutes bandées) à pied ou sur le dos d'une mule. Je dois utiliser un char et rapide, en plus. C'est pour cela que j'ai pris des chevaux et que je m'y suis attaché, je l'avoue. Mais, si tu me dis que c'est mal... je les fais vendre."
"Non, Lazare, ce ne sont pas ces choses qui corrompent. Ce qui corrompt, c'est ce qui trouble l'esprit et l'éloigne de Dieu."
"Voici, Maître, une chose que je voudrais savoir. Je lis beaucoup. Je n'ai que ce réconfort. J'aime savoir... je crois qu'au fond il vaut mieux s'instruire que de faire le mal, qu'il vaut mieux lire que... que de faire d'autres choses. Mais je ne lis pas seulement nos écrits. J'aime connaître aussi le monde des autres : Rome et Athènes m'attirent. Maintenant, je sais combien de mal est venu à Israël quand il s'est corrompu au contact des Assyriens et de l'Égypte, et combien de mal nous ont fait les gouvernants hellénisants. Je ne sais si une personne privée peut faire à elle-même autant de mal que Juda s'est fait à lui-même et à nous ses fils. Mais Toi, qu'en penses-tu ? Je veux que Toi tu m'enseignes, Toi qui n'es pas un rabbi mais qui es le Verbe Sage et Divin."
Jésus le regarde fixement pendant quelques minutes d'un regard pénétrant, et en même temps lointain. Il semble qu'à travers le corps de Lazare, il lui scrute le cœur et qu'allant plus loin encore, il voit qui sait quoi... Il parle finalement : "Éprouves-tu un trouble en ce que tu lis ? Cela t'éloigne-t-il de Dieu et de sa Loi ?"
"Non Maître. Cela me pousse au contraire à comparer notre vérité à la fausseté païenne. Je les confronte et je médite les gloires d'Israël, ses justes, les Patriarches, les Prophètes et les louches figures des histoires étrangères. Je compare notre philosophie, si on peut donner ce nom à la Sagesse qui parle dans les textes sacrés, avec la pauvre philosophie grecque et romaine où il y a des étincelles, mais pas la flamme tranquille qui brûle et resplendit dans les livres de nos Sages. Et ensuite, avec encore plus de vénération, je m'incline en esprit pour adorer notre Dieu qui parle en Israël par l'intermédiaire dés faits, des personnes et de nos écrits."
"Et alors, continue à lire... cela te servira à connaître le monde païen... Continue. Tu peux continuer. Tu n'as pas le ferment du mal et de la gangrène spirituelle. Tu peux donc lire, et sans crainte. L'amour vrai que tu as pour ton Dieu rend stériles les germes profanes que la lecture pourrait introduire en toi. Dans toutes les actions de l'homme il y a une possibilité de bien ou de mal suivant la manière dont on les accomplit. Aimer n'est pas péché si on aime saintement. Travailler n'est pas péché, si on travaille quand il le faut. Gagner n'est pas péché, si on se contente d'un gain honnête. S'instruire n'est pas péché, si par l'instruction, on ne tue pas en soi l'idée de Dieu. Mais c'est péché même de servir à l'autel, si on le fait par intérêt personnel. En es-tu persuadé, Lazare ?"
"Oui, Maître. J'avais posé ces questions à d'autres, mais ils ont achevé de me mépriser ...Mais Toi, tu me donnes lumière et paix. Oh ! si tout le monde t'écoutait !... Viens, Maître : parmi les jasmins, il y a l'ombre et le silence. Il est doux de reposer en attendant le soir dans la fraîcheur de leur ombre."
Ils sortent et tout se termine.
Lazare : suivant l' Oeuvre de Maria Valtorta
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Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
"C'est pour cela que j'ai pris des chevaux et que je m'y suis attaché, je l'avoue. Mais, si tu me dis que c'est mal... je les fais vendre."
"Non, Lazare, ce ne sont pas ces choses qui corrompent. Ce qui corrompt, c'est ce qui trouble l'esprit et l'éloigne de Dieu."
"Tu peux donc lire, et sans crainte. L'amour vrai que tu as pour ton Dieu rend stériles les germes profanes que la lecture pourrait introduire en toi. Dans toutes les actions de l'homme il y a une possibilité de bien ou de mal suivant la manière dont on les accomplit. Aimer n'est pas péché si on aime saintement. Travailler n'est pas péché, si on travaille quand il le faut. Gagner n'est pas péché, si on se contente d'un gain honnête. S'instruire n'est pas péché, si par l'instruction, on ne tue pas en soi l'idée de Dieu."
A méditer!
"Non, Lazare, ce ne sont pas ces choses qui corrompent. Ce qui corrompt, c'est ce qui trouble l'esprit et l'éloigne de Dieu."
"Tu peux donc lire, et sans crainte. L'amour vrai que tu as pour ton Dieu rend stériles les germes profanes que la lecture pourrait introduire en toi. Dans toutes les actions de l'homme il y a une possibilité de bien ou de mal suivant la manière dont on les accomplit. Aimer n'est pas péché si on aime saintement. Travailler n'est pas péché, si on travaille quand il le faut. Gagner n'est pas péché, si on se contente d'un gain honnête. S'instruire n'est pas péché, si par l'instruction, on ne tue pas en soi l'idée de Dieu."
A méditer!
AZUR- Combat avec Sainte Marie
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Jésus revient à Jérusalem et au Temple.
Il écoute l’Iscariote. A Gethsémani
Jésus est avec Simon à Jérusalem. Ils fendent la foule des marchands et des ânes qui ressemble à une procession dans la rue, et pendant ce temps, Jésus dit : "Montons au Temple, avant d'aller à Gethsémani. Nous prierons le Père dans sa Maison."
"Ça seulement, Maître ?"
"Ça seulement. Je ne puis rester. Demain à l'aube, il y a le rendez-vous à la Porte des Poissons et si la foule me retient comment puis-je être libre d'y aller ? Je veux voir les autres bergers. Je les dissémine, ces vrais bergers, à travers la Palestine pour qu'ils rassemblent les brebis et pour que le Maître du troupeau soit connu au moins de nom, de façon que, quand je dis ce nom, elles sachent que c'est Moi le Maître du troupeau et elles viennent à Moi pour se faire caresser."
"Il est doux d'avoir un Maître comme Toi. Les brebis t'aimeront."
"Les brebis, mais pas les boucs... Après avoir vu Jonas, nous irons à Nazareth et puis à Capharnaüm. Simon Pierre et les autres souffrent d'une si longue absence... Nous irons leur faire plaisir et nous faire plaisir. L'été aussi nous donne ce conseil. La nuit est faite pour le repos et trop peu nombreux sont ceux qui font passer le repos après la connaissance de la Vérité. L'homme... oh l'homme ! Il oublie trop qu'il a une âme. Il ne pense qu'à la chair et ne se soucie que d'elle. Le soleil, pendant le jour est brûlant. Il empêche de voyager et il empêche d'enseigner sur les places et dans les rues. Il fait sommeiller les esprits comme les corps tellement il les fatigue. Et alors... allons enseigner mes disciples. Là dans la douce Galilée, verte et fraîche d'eaux. Tu n'y as jamais été ?"
"Une fois, en passant et en hiver, dans un de mes pénibles déplacements d'un médecin à l'autre. Elle me plaît..."
"Oh ! Elle est belle ! Toujours. En hiver et plus encore aux autres saisons. Maintenant, en été elle a des nuits tellement angéliques... Oui, elles semblent faites pour que s'y déploient des vols d'anges, tant elles sont pures. Le lac... le lac, dans son cadre de montagnes plus ou moins proches semble exactement fait pour parler de Dieu aux âmes qui cherchent Dieu. C'est un morceau de ciel tombé dans la verdure, et le firmament ne l'abandonne pas, mais s'y mire avec ses astres et en multiplie ainsi le nombre... comme pour les présenter au Créateur, disséminés sur une plaque de saphir. Les oliviers descendent presque jusqu'aux eaux et sont pleins de rossignols. Et eux aussi chantent leur louange au Créateur qui les fait vivre en ce lieu si doux et si tranquille.
Et ma cité de Nazareth ! Elle s'offre au baiser du soleil, toute blanche et verte, riante, entre les deux géants du grand et du petit Hermon et le piédestal des monts qui soutiennent le Thabor, piédestal des douces pentes toutes vertes qui dressent en face du soleil leur Thabor qui est souvent neigeux mais si beau quand le soleil en enveloppe le sommet. Il devient alors un albâtre teinté de rose, pendant qu'en face le Carmel a des lapis-lazuli à certaines heures de grand soleil où les marbres, les eaux, les bosquets et les prés y dessinent des veines de couleurs variées, et une délicate améthyste au lever du jour; puis un béryl bleu-violet vers le soir, et un seul bloc de sardoine quand la lune le montre tout sombre dans la couleur argentée et laiteuse de sa lumière. Et puis, en bas ! au midi, le tapis fertile et fleuri de la plaine d'Esdrelon.
Et puis... et puis, oh ! Simon ! Là bas il y a une Fleur ! C'est une Fleur qui vit solitaire exhalant pureté et amour pour son Dieu et pour son Fils ! Il y a ma Mère. Tu feras sa connaissance, Simon, et tu me diras s'il y a une créature comme Elle, même en fait de grâce humaine, sur la terre. Elle est belle, mais ce qui émane de son intérieur surpasse toute cette beauté. Si un brutal la dévêtait, la balafrait et la renvoyait errante, Elle apparaîtrait encore comme une Reine et en robe royale, car sa sainteté la revêtirait d'un manteau de splendeur. Le monde peut tout me donner en fait de mal, mais je pardonnerai tout au monde parce que pour venir au monde et le racheter, je l'ai eue, Elle, l'humble et grande Reine du Monde, que le monde ignore, mais c'est par elle qu'il a eu le Bien et l'aura davantage au cours des siècles.
Nous voici au Temple. Observons la forme judaïque du culte, mais, en vérité, je te dis que la vraie Maison de Dieu, l'Arche Sainte, c'est son Cœur, dont le voile est sa chair très pure, sur laquelle les vertus font une merveilleuse broderie."
Ils sont entrés et traversent un premier palier. Ils passent par un portique, se dirigeant vers un second palier.
"Maître : regarde là-bas Judas au milieu d'un groupe de gens. Et il y a aussi des pharisiens et des membres du Sanhédrin. Je vais écouter ce qu'il dit. Me laisses-tu aller ?"
"Va, je t'attendrai près du Grand Portique." Simon y va rapidement et se place de façon à entendre, mais sans être vu...
Judas parle avec une grande conviction : "...et ici il y a des personnes que vous tous connaissez et respectez, qui peuvent dire ce que j'étais. Et bien, je vous dis que Lui m'a changé. Je suis le premier racheté. Beaucoup d’entre vous vénèrent le Baptiste. Lui aussi le vénère et l'appelle : ''le saint, pareil à Élie pour sa mission, mais encore plus grand qu'Élie". Maintenant, si tel est le Baptiste, Celui que le Baptiste appelle "l'Agneau de Dieu" et jure qu'à cause de sa sainteté, il l'a vu couronné du Feu de l'Esprit de Dieu, pendant qu'une voix venue du Ciel le proclamait : "Fils bien aimé de Dieu qu'il faut écouter"; Celui-là ne peut être que le Messie... Il l'est. Je vous le jure. Je ne suis pas un rustre, ni un sot. C'est Lui. Je l'ai vu à l’œuvre et j'ai entendu ses paroles et je vous dis : c’est Lui le Messie, Le miracle lui obéit comme un esclave obéit à son maître. Maladies et disgrâces disparaissent sans laisser de traces et se changent en joie et santé. Et les cœurs changent encore plus que les corps. Vous le voyez par moi. N'avez-vous pas de malades, de peines à Lui soumettre ! Si oui, venez demain à l'aube à la Porte des Poissons. Il y sera et vous rendra heureux. En attendant, voilà : en son nom je donne aux pauvres ce secours."
Et Judas distribue des pièces de monnaie à deux estropiés et à trois aveugles et pour finir oblige une petite vieille à accepter les dernières pièces. Puis, il congédie la foule et reste avec Joseph d'Arimathie, Nicodème et d'autres qui me sont inconnus.
"Ah! maintenant, je suis bien ! s'exclame Judas. Je n'ai plus rien et je suis comme Lui le veut."
"En vérité, je ne te connais plus. Je croyais que c'était une plaisanterie, mais je vois que tu agis sérieusement." s'exclame Joseph.
"Sérieusement. Oh ! moi, pour le premier je ne me reconnais pas. Je suis encore une bête immonde en comparaison de Lui, mais déjà, je suis bien changé."
"Et tu n'appartiendras plus au Temple ?" demande un des auditeurs qui me sont inconnus.
"Oh ! non, j'appartiens au Christ. Celui qui s'en approche, à moins d’être un aspic, ne peut que l'aimer et ne désire plus que Lui."
"Il ne viendra plus ici ?"
"Certainement qu'il viendra. Mais pas maintenant."
"Je voudrais l'entendre."
"Il a déjà parlé en cet endroit, Nicodème."
"Je le sais. J'étais avec Gamaliel... je l'ai vu... mais je ne me suis pas arrêté."
"Qu'a-t-il dit, Nicodème, Gamaliel ?"
"Il a dit : "C'est quelque nouveau prophète". Il n'a rien dit d'autre."
"Et tu ne lui as pas dit ce que moi, je t'ai dit, Joseph ? Tu es son ami."
"Je le lui ai dit, mais il m'a répondu : "Nous avons déjà Jean Baptiste et, selon l'enseignement des scribes, il faut au moins cent ans d'intervalle entre lui et le Messie pour préparer le peuple à la venue du Roi. Moi, je dis qu'il en faut moins, a-t-il ajouté, car les temps sont désormais accomplis". Et il a dit enfin : "Cependant, je ne peux admettre que le Messie se manifeste ainsi. Un jour, j'ai cru qu'était commencée la manifestation du Messie parce que sa première lueur avait été vraiment un éclair céleste .
Mais après... un grand silence s'est fait et je pense que je me suis trompé".
"Essaye d'en parler encore. Si Gamaliel était avec nous, et vous avec lui..."
"Je ne vous le conseille pas, objecte un des trois inconnus. Le Sanhédrin est puissant et Anna le domine avec ruse et avidité. Si ton Messie veut vivre, je lui conseille de rester dans l'ombre. A moins qu'il ne s'impose par la force. Mais alors, il y a Rome…"
"Si le Sanhédrin l'entendait, il se convertirait au Christ."
"Ah ! Ah ! Ah !" s'exclament en riant les trois inconnus et ils disent : "Judas, nous te croyions changé, mais encore intelligent. Si c'est vrai ce que tu dis de Lui, comment peux-tu penser que le Sanhédrin le suive ? Viens, viens, Joseph. Cela vaut mieux pour tous. Que Dieu te protège, Judas, tu en as besoin." Et ils s'en vont. Judas reste avec Nicodème seul.
Simon s'éclipse et va vers le Maître. "Maître, je m'accuse d'avoir commis une calomnie, en mes paroles et en mon cœur. Cet homme me désoriente. Je le croyais presque ton ennemi et je l'ai entendu parler de Toi en de tels termes que peu d'entre-nous le font, spécialement ici où la haine pourrait supprimer le disciple d'abord, puis le Maître. Et je l'ai vu donner de l'argent aux pauvres et chercher à convaincre des membres du Sanhédrin..."
"Tu l'as vu, Simon ? Je suis content que tu l’aies vu en pareille circonstance. Tu le diras aussi aux autres quand ils l'accuseront. Bénissons le Seigneur pour cette joie que tu me donnes et pour l'honnêteté de ton aveu en disant : "J'ai péché", et pour le travail du disciple que tu croyais malfaisant et qui ne l’est pas."
Ils prient longuement et puis ils sortent. "Il ne t'a pas vu ?"
"Non. J'en suis sûr."
"N'en dis rien. C'est une âme très malade. Une louange lui ferait l'effet d'une nourriture donnée à un convalescent en proie à une grande fièvre stomacale. Elle le rendrait pire, car il se glorifierait d'avoir été remarqué. Et là où entre l’orgueil…"
"Je me tairai. Où allons-nous ?"
"Vers Jean. A cette heure de chaleur, il sera à la maison de l'Oliveraie."
Ils s'y rendent rapidement, en cherchant de l'ombre par les rues chauffées par un soleil ardent. Ils dépassent le faubourg poudreux, traversent la porte des remparts, sortent dans la campagne éblouissante, puis vont de là à l'oliveraie, et enfin à la maison.
Dans la cuisine fraîche et sombre à cause de la toile qui couvre la porte, se trouve Jean. Il sommeille, et Jésus l'appelle : "Jean !"
"Toi, Maître ? Je t'attendais ce soir."
"Je suis venu plus tôt. Comment t'es-tu trouvé, Jean ?"
"Comme un agneau qui a perdu son berger. Et je parlais à tout le monde de Toi, parce que parler de Toi, c'était déjà un peu Te posséder. J'ai parlé à certains parents, à des connaissances, à des étrangers. Et à Anna... Et à un estropié dont je me suis fait ami avec trois deniers. On me les avait donnés et je les lui ai donnés. Et aussi à une pauvre femme de l'âge de ma mère, qui pleurait dans un groupe de femmes sur le pas d'une porte. Je lui ai demandé : "Pourquoi pleures-tu ?".
Elle m'a dit : "Le médecin m'a déclaré : 'Ta fille est phtisique. Résigne-toi. Elle mourra au début d'octobre'. Je n'ai qu'elle. Elle est belle, bonne, elle a quinze ans. Elle devait se marier au printemps, et au lieu du coffre de noces, je dois préparer sa tombe". Je lui ai dit : "Je connais un Médecin qui peut te la guérir, si tu as de la foi". "Plus personne peut la guérir. Trois médecins l'ont vue. Elle crache déjà du sang". "Le mien" ai-je dit "n'est pas un médecin comme les tiens. Il ne soigne pas avec des remèdes. Mais par sa puissance C'est le Messie...". Une petite vieille, alors, lui a dit : "Oh ! crois Élise ! Je connais un aveugle qui a recouvré la vue grâce à Lui !" Et la mère, alors, est passée de la méfiance à l'espoir et elle t'attend... Ai-je bien fait ? Je n'ai fait que cela."
"Tu as bien fait. Et, ce soir, nous irons chez tes amis. Judas, tu ne l'as plus vu ?"
"Plus, Maître. Mais il m'a envoyé de la nourriture et de l'argent que j'ai donnés aux pauvres. Il m'a envoyé dire que je les emploie à mon gré, car ils étaient à lui."
"C'est vrai. Jean, demain nous allons vers la Galilée..."
"J'en suis joyeux, Maître. Je pense à Simon Pierre. Qui sais combien il t'attend ! Nous passons aussi par Nazareth ?"
"Également, et nous y restons, en attendant Pierre, André et ton frère Jacques."
"Oh ! nous restons en Galilée ?"
"Nous y restons quelque temps"
Jean en est heureux. Et tout se termine sur la vision de son bonheur.
****
Jérusalem
Quelle joie, quand on m’a dit: "Nous allons à la maison du Seigneur !" Nos pas s’arrêtent enfin devant toi, Jérusalem ! Jérusalem, ville bien bâtie, où tout se tient ensemble ! C’est chez toi que les tribus d’Israël, les tribus du Seigneur, viennent en pèlerinage pour louer le Seigneur. - Psaume 122(121)
***
Jean
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Judas l' Iscariote
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Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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