La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
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Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
694. Comme le dragon ignorait la sagesse et là prudente cachée de notre Princesse, quoiqu'il la reconnût forte et inébranlable dans ses puissances, et ressentit la résistance de la vertu divine, son ancien orgueil persévérait néanmoins, attaquant la Cité de Dieu par des manières diverses et par de différentes batteries. Nais, bien que l'ennemi rempli de ruses mît en usage toutes ses machines avec autant de vigueur que d'artifice, elles ne firent pourtant non plus d'effet que celles d'un faible fourmi contre un mur de diamant. Notre Princesse était la femme forte à laquelle le cœur de son Époux pouvait se fier, sans crainte d'être trompé dans ses désirs. La force, la pureté et la charité dont elle était armée, embellie et revêtue, lui servaient d'ornement (1). Le superbe et immonde serpent ne pouvait supporter cet objet, dont la vue l'éblouissait et le troublait par une nouvelle confusion ; ainsi il se détermina à lui ôter la vie, animant toute cette troupe de malins esprits à faire leurs derniers efforts pour en venir à bout. Ils employèrent quelque temps à cette entreprise, qui fut aussi vaine que les autres.
(1) Prov., XXXI, 11 et 25.
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695. La connaissance d'un mystère si caché m'a causé une grande admiration, considérant jusqu'où la fureur de Lucifer s'étendit contre la très-sacrée Vierge dans ses premières années; et, par un autre endroit, la secrète et vigilante protection du Très-Haut pour la défendre. Je vois combien le Seigneur était attentif à protéger son Épouse, son Élue et son unique entre les créatures, et je regarde en même temps tout l'enfer converti en fureur contre elle, pour lui faire ressentir les prémices de la plus grande indignation qu'il eût exercée jusqu'alors envers aucune autre créature, et avec quelle facilité le pouvoir divin dissipe tous le efforts et tous les artifices infernaux. O plus qu'infortuné et misérable Lucifer, combien la grandeur de ton orgueil et de ta témérité surpasse-t-elle celle de ta force (1) ! Tu es trop faible et trop petit pour une si extravagante présomption; commence de te défier de toi-même, et ne te promets point tant de triomphes; puisqu'une jeune et tendre fille t'a écrasé la tète et t'a vaincu en toutes les manières, avoue que tu vaux peu de chose, et que tu n'en sais pas davantage, puisque tu as ignoré le plus grand secret du Roi, et que son pouvoir t'a humilié par l'instrument que tu méprisais le plus, qui est une jeune et faible fille par sa propre nature. Oh! que ton ignorance serait grande si les mortels se prévalaient de la protection du Très-Haut, de l'exemple, de l'imitation et de l'intercession de cette victorieuse et triomphante Reine des anges et des hommes
(1) Isa., XVI, 8.
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(1) Prov., XXXI, 11 et 25.
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695. La connaissance d'un mystère si caché m'a causé une grande admiration, considérant jusqu'où la fureur de Lucifer s'étendit contre la très-sacrée Vierge dans ses premières années; et, par un autre endroit, la secrète et vigilante protection du Très-Haut pour la défendre. Je vois combien le Seigneur était attentif à protéger son Épouse, son Élue et son unique entre les créatures, et je regarde en même temps tout l'enfer converti en fureur contre elle, pour lui faire ressentir les prémices de la plus grande indignation qu'il eût exercée jusqu'alors envers aucune autre créature, et avec quelle facilité le pouvoir divin dissipe tous le efforts et tous les artifices infernaux. O plus qu'infortuné et misérable Lucifer, combien la grandeur de ton orgueil et de ta témérité surpasse-t-elle celle de ta force (1) ! Tu es trop faible et trop petit pour une si extravagante présomption; commence de te défier de toi-même, et ne te promets point tant de triomphes; puisqu'une jeune et tendre fille t'a écrasé la tète et t'a vaincu en toutes les manières, avoue que tu vaux peu de chose, et que tu n'en sais pas davantage, puisque tu as ignoré le plus grand secret du Roi, et que son pouvoir t'a humilié par l'instrument que tu méprisais le plus, qui est une jeune et faible fille par sa propre nature. Oh! que ton ignorance serait grande si les mortels se prévalaient de la protection du Très-Haut, de l'exemple, de l'imitation et de l'intercession de cette victorieuse et triomphante Reine des anges et des hommes
(1) Isa., XVI, 8.
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Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
696. La très-forte et très jeune Marie était dans de continuelles et ferventes prières parmi ces successives tentations et ces combats obstinés; elle y disait au Seigneur : « A cette heure, mon Dieu, que je suis dans la tribulation, vous serez avec moi; à cette heure
que je vous invoque de tout mon coeur et que je a cherche vos justifications, vous exaucerez mes demandes (1); maintenant que je souffre de si grandes violences, vous répondrez pour moi (2). Vous êtes mon Seigneur et mon Père , ma force et mon refuge; vous me tirerez par votre saint Nom du danger, vous me conduirez par le chemin assuré, et m'entretiendrez comme votre fille. » Elle rappelait aussi dans son esprit plusieurs mystères de la sainte Écriture, et singulièrement les psaumes qui parlent contre les ennemis invisibles (3), et c'est par ces armes invincibles quelle combattait et vainquait Lucifer, avec des complaisances inconcevables du Seigneur, et de très-grands mérites pour elle, sans perdre en la moindre chose la paix, la fermeté et la tranquillité intérieure, auxquelles elle se fortifiait toujours plus, ayant sans cesse son très-pur esprit dans les hauteurs célestes.
697. Après avoir triomphé de ces tentations, elle commença d'entrer dans un nouveau combat, que le serpent lui livra par l'entremise des créatures,, et cet esprit malicieux envoya pour cela quelques étincelles d'envie et d'émulation contre la très-sainte vierge
(1) Ps. CX, 16; CXVIII, 145. — (2)Isa., XXXVIII, 14. — (3) Ps., XXX, 14.
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dans le coeur de ses compagnes qui se trouvaient dans le Temple. Le remède de ce poison était d'autant plus difficile, qu'il procédait de la ponctualité avec laquelle notre auguste Princesse s'avançait à l'exercice de toutes les vertus, croissant en sagesse et en grâce devant Dieu et devant les hommes; car, où l'ambition de l'honneur pique, les lumières mêmes de la vertu aveuglent le jugement, et y allument ensuite la flamme de l'envie. Le dragon suscitait à ces pauvres, filles plusieurs pensées qui leur persuadaient qu'en vue des vertus éclatantes de la très-pure Marie, elles étaient obscurcies et peu estimées; que leurs propres négligences y étaient mieux connues de la maîtresse et des prêtres, et que la seule Marie serait préférée de chacun dans toutes les occasions.
198. Les compagnes de notre Reine ouvrirent leur coeur à cette mauvaise semence et la laissèrent croître, comme imprudentes et peu exercées qu'elles étaient dans les combats spirituels, jusqu'à ce qu'elle fût changée en une aversion intérieure contre la très-pure Marie. Cette haine passa à l'indignation, avec laquelle elles la voyaient et la fréquentaient, ne pouvant supporter la modestie de cette innocente colombe, parce que le dragon incitait ces filles mal avisées, les revêtant de la même fureur qu'il avait conçue contre la Mère des vertus. La tentation se fortifiant toujours plus, ne tarda pas à éclater par les effets; ces filles vinrent à se la communiquer entre elles, ignorant de quel esprit elles étaient prévenues, dans cette conférence elles résolurent d'inquiéter et de
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persécuter la Reine de l'univers, qu'elles ne connaissaient pas, jusqu'à prétendre de la faire chasser du Temple, et l'ayant tirée à part, elles lui dirent des paroles fort rudes, la traitant d'une manière fort hautaine, de brouillonne, d'hypocrite, et qu'elle ne songeait qu'à acquérir par ses artifices les bonnes grâces de la maîtresse et l'approbation des prêtres, et à leur rendre toutes sortes de mauvais offices par ses murmures, exagérant même les moindres fautes qu'elles faisaient, ne considérant pas qu'elle était la plus inutile de toutes, et que pour ce sujet elles la regardaient comme un petit démon.
que je vous invoque de tout mon coeur et que je a cherche vos justifications, vous exaucerez mes demandes (1); maintenant que je souffre de si grandes violences, vous répondrez pour moi (2). Vous êtes mon Seigneur et mon Père , ma force et mon refuge; vous me tirerez par votre saint Nom du danger, vous me conduirez par le chemin assuré, et m'entretiendrez comme votre fille. » Elle rappelait aussi dans son esprit plusieurs mystères de la sainte Écriture, et singulièrement les psaumes qui parlent contre les ennemis invisibles (3), et c'est par ces armes invincibles quelle combattait et vainquait Lucifer, avec des complaisances inconcevables du Seigneur, et de très-grands mérites pour elle, sans perdre en la moindre chose la paix, la fermeté et la tranquillité intérieure, auxquelles elle se fortifiait toujours plus, ayant sans cesse son très-pur esprit dans les hauteurs célestes.
697. Après avoir triomphé de ces tentations, elle commença d'entrer dans un nouveau combat, que le serpent lui livra par l'entremise des créatures,, et cet esprit malicieux envoya pour cela quelques étincelles d'envie et d'émulation contre la très-sainte vierge
(1) Ps. CX, 16; CXVIII, 145. — (2)Isa., XXXVIII, 14. — (3) Ps., XXX, 14.
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dans le coeur de ses compagnes qui se trouvaient dans le Temple. Le remède de ce poison était d'autant plus difficile, qu'il procédait de la ponctualité avec laquelle notre auguste Princesse s'avançait à l'exercice de toutes les vertus, croissant en sagesse et en grâce devant Dieu et devant les hommes; car, où l'ambition de l'honneur pique, les lumières mêmes de la vertu aveuglent le jugement, et y allument ensuite la flamme de l'envie. Le dragon suscitait à ces pauvres, filles plusieurs pensées qui leur persuadaient qu'en vue des vertus éclatantes de la très-pure Marie, elles étaient obscurcies et peu estimées; que leurs propres négligences y étaient mieux connues de la maîtresse et des prêtres, et que la seule Marie serait préférée de chacun dans toutes les occasions.
198. Les compagnes de notre Reine ouvrirent leur coeur à cette mauvaise semence et la laissèrent croître, comme imprudentes et peu exercées qu'elles étaient dans les combats spirituels, jusqu'à ce qu'elle fût changée en une aversion intérieure contre la très-pure Marie. Cette haine passa à l'indignation, avec laquelle elles la voyaient et la fréquentaient, ne pouvant supporter la modestie de cette innocente colombe, parce que le dragon incitait ces filles mal avisées, les revêtant de la même fureur qu'il avait conçue contre la Mère des vertus. La tentation se fortifiant toujours plus, ne tarda pas à éclater par les effets; ces filles vinrent à se la communiquer entre elles, ignorant de quel esprit elles étaient prévenues, dans cette conférence elles résolurent d'inquiéter et de
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persécuter la Reine de l'univers, qu'elles ne connaissaient pas, jusqu'à prétendre de la faire chasser du Temple, et l'ayant tirée à part, elles lui dirent des paroles fort rudes, la traitant d'une manière fort hautaine, de brouillonne, d'hypocrite, et qu'elle ne songeait qu'à acquérir par ses artifices les bonnes grâces de la maîtresse et l'approbation des prêtres, et à leur rendre toutes sortes de mauvais offices par ses murmures, exagérant même les moindres fautes qu'elles faisaient, ne considérant pas qu'elle était la plus inutile de toutes, et que pour ce sujet elles la regardaient comme un petit démon.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
699. La très-prudente Vierge ouït toutes ces injures et plusieurs autres sans se troubler aucunement; elle leur répondit avec une profonde humilité : « C'est avec justice, mes chères compagnes, que vous me tenez ces discours, car je suis véritablement la moindre et la plus imparfaite de toutes; mais vous, mes sueurs, vous devez pardonner mes fautes comme étant mieux avisées, et m'enseigner dans mon ignorance, me conseillant dans toutes les occasions, afin que je sois assez heureuse que de pratiquer ce qui sera le plus saint et le plus agréable à votre goût. Je vous prie, mes bonnes amies, de ne me pas refuser votre amitié, quoique je sois si inutile, et d'être persuadées que je veux bien faire tout ce que je pourrai pour la mériter, car je vous aime et je vous honore comme votre très humble servante, et je le ferai en tout ce en quoi il vous plaira faire l'épreuve de ma bonne volonté.
341
Commandez-moi donc, mes chères sueurs, et dites moi ce que vous souhaitez que je fasse. n
700. Ces humbles et douces raisons de la très-patiente Marie n'amollirent point le tueur endurci de ses compagnes, possédées de la même rage que le dragon avait conçue contre elle; au contraire: s'irritant toujours plus, il les incitait et les irritait aussi, afin que la morsure et le venin du serpent, répandu contre la femme qui avait été un grand signe dans le ciel (1), s'irritassent davantage par la douceur' du remède. Cette persécution dura plusieurs jours, sans que l'humilité, la patience et la modestie de l'auguste Reine fussent assez puissantes pour diminuer la haine de ses compagnes: au contraire, le démon leur inspira encore plusieurs mouvements remplis de témérité, afin qu'elles missent les mains sur la très-innocente brebis, la maltraitassent et lui ôtassent même la vie. Mais le Seigneur ne permit pas que des pensées si sacrilèges fussent exécutées; tout ce qu'elles purent faire fut de l'injurier et de la pousser en passant. Tout cela se passait en secret, sans que la maîtresse ni les prêtres en eussent connaissance. Cependant la très-sainte Vierge acquérait des mérites incomparables et de riches dons du Très-Haut par l'occasion qu'elle recevait d'exercer toutes les vertus envers sa divine Majesté et envers les mêmes créatures qui la persécutaient. Elle pratiqua à leur égard des actes héroïques de charité et d'humilité, rendant le bien
(1) Apoc., XII, 15.
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pour le mal, les bénédictions pour les malédictions; les supplications pour les blasphèmes (1), et accomplissant en toutes choses le plus parfait et le plus élevé de la loi divine. Envers le Très-Haut elle exerça les plus excellentes vertus, elle pria pour celles qui la maltraitaient, et s'humilia comme si. elle eût été la plus abjecte et la plus digne des injures qu'elle recevait, causant en cela de l'admiration aux anges; et nous pouvons dire que tout ce qu'elle fit dans jette (encontre surpassait l'entendement humain et le plus haut mérite des séraphins.
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Commandez-moi donc, mes chères sueurs, et dites moi ce que vous souhaitez que je fasse. n
700. Ces humbles et douces raisons de la très-patiente Marie n'amollirent point le tueur endurci de ses compagnes, possédées de la même rage que le dragon avait conçue contre elle; au contraire: s'irritant toujours plus, il les incitait et les irritait aussi, afin que la morsure et le venin du serpent, répandu contre la femme qui avait été un grand signe dans le ciel (1), s'irritassent davantage par la douceur' du remède. Cette persécution dura plusieurs jours, sans que l'humilité, la patience et la modestie de l'auguste Reine fussent assez puissantes pour diminuer la haine de ses compagnes: au contraire, le démon leur inspira encore plusieurs mouvements remplis de témérité, afin qu'elles missent les mains sur la très-innocente brebis, la maltraitassent et lui ôtassent même la vie. Mais le Seigneur ne permit pas que des pensées si sacrilèges fussent exécutées; tout ce qu'elles purent faire fut de l'injurier et de la pousser en passant. Tout cela se passait en secret, sans que la maîtresse ni les prêtres en eussent connaissance. Cependant la très-sainte Vierge acquérait des mérites incomparables et de riches dons du Très-Haut par l'occasion qu'elle recevait d'exercer toutes les vertus envers sa divine Majesté et envers les mêmes créatures qui la persécutaient. Elle pratiqua à leur égard des actes héroïques de charité et d'humilité, rendant le bien
(1) Apoc., XII, 15.
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pour le mal, les bénédictions pour les malédictions; les supplications pour les blasphèmes (1), et accomplissant en toutes choses le plus parfait et le plus élevé de la loi divine. Envers le Très-Haut elle exerça les plus excellentes vertus, elle pria pour celles qui la maltraitaient, et s'humilia comme si. elle eût été la plus abjecte et la plus digne des injures qu'elle recevait, causant en cela de l'admiration aux anges; et nous pouvons dire que tout ce qu'elle fit dans jette (encontre surpassait l'entendement humain et le plus haut mérite des séraphins.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
701. Il arriva un jour que ces filles étant enivrées de la tentation diabolique, emmenèrent notre jeune Princesse dans une chambre des plus retirées, et croyant y être en toute liberté, elles la chargèrent l'imprécations et d'outrages atroces, afin d'aigrir sa douceur et d'ébranler sa modestie immobile par quelque emportement indiscret. Mais comme la Reine des vertus ne pouvait être, même pour un instant, esclave d'aucun défaut, sa patience se montra plus invincible lorsqu'elle fut plus nécessaire : ainsi elle leur répondit avec plus de douceur et de bénignité. Étant extrêmement fâchées de ne pouvoir arriver à leur fin, elles haussèrent la voix d'une manière si 'extraordinaire , que, se faisant entendre dans le Temple contre la coutume, elles y causèrent une grande nouveauté et une étrange confusion. Les prêtres et la maîtresse accoururent au bruit, et le
(1) I Cor., IV, 13.
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Seigneur donnant lieu à cette nouvelle affliction dé son Épouse, ils demandèrent avec sévérité la causé de ce trouble. Et la paisible colombe se taisant, les autres filles répondirent avec beaucoup d'indignation et dirent : « Marie de Nazareth nous inquiète toutes par son terrible naturel, et nous insulte en votre absence de telle sorte, que si elle ne sort du Temple; il ne nous sera pas possible de vivre en paix avec elle. Si nous la supportons elle est hautaine, et si nous la reprenons elle se moque de nous, se prosternant à nos pieds avec une humilité feinte, et ensuite elle nous brouille ensemble par ses murmures. »
702. Les prêtres et la maîtresse menèrent la Reine de l'univers à une autre chambre, et là ils la reprirent avec une sévérité proportionnée à la créance qu'ils donnèrent alors à ses compagnes; et après l'avoir exhortée de se corriger et d'agir comme l'où devait agir dans la maison de Dieu, ils la menacèrent que si elle ne le faisait, ils la congédieraient du Temple. Cette menace fut le plus grand châtiment qu'on lui pouvait donner, comme si elle eût été coupable, étant pourtant innocente en toutes les manières. Ceux qui recevront l'intelligence et la lumière du Seigneur pour connaître quelque partie de la très profonde humilité de l'auguste Marie, comprendront quelque chose des effets que ces mystères causaient dans son cœur très-bon, parce qu'elle se croyait la plus, abjecte des enfants d'Adam, la plus indigne de vivre parmi eux et de marcher même sur la terre. La très-prudente Vierge s'attendrit un peu par cette menace,
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et, mêlant ses paroles avec ses larmes, elle répondit aux prêtres ; « Mes seigneurs, je vous remercie de la faveur que vous me faites de me reprendre et de m'enseigner, comme la plus imparfaite et la plus digne de correction; mais je vous supplie de me pardonner, puisque vous êtes les ministres du Très-Haut, de dissimuler mes fautes et de me conduire en toutes choses, afin que dans la suite je puisse mieux plaire à sa divine Majesté et à mes sœurs, que je n'ai fait jusqu'à présent; c'est ce que je propose de nouveau avec la grâce du Seigneur, et je commente dès maintenant. »
(1) I Cor., IV, 13.
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Seigneur donnant lieu à cette nouvelle affliction dé son Épouse, ils demandèrent avec sévérité la causé de ce trouble. Et la paisible colombe se taisant, les autres filles répondirent avec beaucoup d'indignation et dirent : « Marie de Nazareth nous inquiète toutes par son terrible naturel, et nous insulte en votre absence de telle sorte, que si elle ne sort du Temple; il ne nous sera pas possible de vivre en paix avec elle. Si nous la supportons elle est hautaine, et si nous la reprenons elle se moque de nous, se prosternant à nos pieds avec une humilité feinte, et ensuite elle nous brouille ensemble par ses murmures. »
702. Les prêtres et la maîtresse menèrent la Reine de l'univers à une autre chambre, et là ils la reprirent avec une sévérité proportionnée à la créance qu'ils donnèrent alors à ses compagnes; et après l'avoir exhortée de se corriger et d'agir comme l'où devait agir dans la maison de Dieu, ils la menacèrent que si elle ne le faisait, ils la congédieraient du Temple. Cette menace fut le plus grand châtiment qu'on lui pouvait donner, comme si elle eût été coupable, étant pourtant innocente en toutes les manières. Ceux qui recevront l'intelligence et la lumière du Seigneur pour connaître quelque partie de la très profonde humilité de l'auguste Marie, comprendront quelque chose des effets que ces mystères causaient dans son cœur très-bon, parce qu'elle se croyait la plus, abjecte des enfants d'Adam, la plus indigne de vivre parmi eux et de marcher même sur la terre. La très-prudente Vierge s'attendrit un peu par cette menace,
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et, mêlant ses paroles avec ses larmes, elle répondit aux prêtres ; « Mes seigneurs, je vous remercie de la faveur que vous me faites de me reprendre et de m'enseigner, comme la plus imparfaite et la plus digne de correction; mais je vous supplie de me pardonner, puisque vous êtes les ministres du Très-Haut, de dissimuler mes fautes et de me conduire en toutes choses, afin que dans la suite je puisse mieux plaire à sa divine Majesté et à mes sœurs, que je n'ai fait jusqu'à présent; c'est ce que je propose de nouveau avec la grâce du Seigneur, et je commente dès maintenant. »
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
703. Notre Reine ajouta d'autres raisons remplies de sincérité et de modestie, de sorte que la maîtresse et les prêtres la laissèrent, après l'avoir avertie de nouveau de ce en quoi elle était très-savante. Elle s'en alla incontinent joindre ses compagnes, et, se prosternant à leurs pieds, elle leur demanda pardon, comme si les fautes qu'on lui imputait eussent pu se trouver en elle, qui était la Mère de l'innocence. Alors elles la reçurent avec quelque douceur, croyant que ses larmes étaient des effets du châtiment et de la correction des prêtres et de la maîtresse, qu'elles avaient réduits à leurs mauvaises intentions. Le dragon, qui tramait secrètement cette insigne méchanceté, augmenta la fierté de toutes ces filles, élevant leurs cœurs imprudents à une plus grande témérité; et, comme elles avaient déjà fait quelque impression dans celui des prêtres, elles continuèrent avec plus d'effronterie de tâcher de leur faire perdre, par de nouvelles inventions, l'estime qui leur
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pouvait encore rester pour la très-sainte Vierge. Elles inventèrent pour cela de nouveaux mensonges par l'impulsion du même démon; mais le Très-Haut ne souffrit jamais qu'on dit ni présumât des choses fort considérables ni indécentes de celle qu'il avait choisie pour être Mère très-sainte de son Fils unique. Il permit seulement que l'indignation et la tromperie des filles du Temple exagérassent beaucoup quelques petites fautes qu'elles avaient controuvées, et que leur malice lui imputait; toutes ces subtilités ne servirent qu'à découvrir leur méchanceté, qui, étant jointe aux réprimandes de la maîtresse et des prêtres, donnait occasion à notre très-humble et très-innocente Marie d'exercer les vertus et d'accroître les dons du Très-Haut et ses propres mérites.
704. Tout ce que notre Reine faisait était agréable aux yeux du Seigneur, qui trouvait ses délices dans la très-suave odeur de cet humble nard (1), méprisé et maltraité des créatures qui ne le connaissaient pas. Elle redoublait ses plaintes et ses larmes par la longue absence de son bien-aimé; et dans une de ces occasions elle lui dit ; « Mon souverain bien et Seigneur des miséricordes infinies, on ne doit pas être sur pris si toutes les créatures me baissent et s'arment contre moi, puisque vous, qui êtes mon Maître et mon Créateur, m'avez abandonnée. Mon ingratitude envers vos bienfaits mérite bien plus de rigueur; mais je vous reconnais et vous avoue toujours pour
(1) Cant., I, 11.
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mon, refuge et mon trésor : vous seul êtes ma richesse, mon bien-aimé et mon repos; et si vous m'êtes tout cela et que vous soyez absent de moi, comment est-ce que mon coeur affligé pourra se consoler et s'apaiser? Les créatures font ce qu'elles doivent à mon égard; elles n'arrivent pas même à me traiter comme je le mérite, parce que vous êtes doux à affliger et très-libéral à récompenser. Faites, mon Seigneur et mon Père, une juste compensation de mes négligences avec la douleur que votre absence me cause, et rendez avec largesse le bien que a vos créatures me procurent, en m'obligeant à toua paître toujours plus votre bonté et ma bassesse; élevez, Seigneur, l'indigente de la poussière (1); renouvelez celle qui est la plus abjecte des créatures, et faites que je voie votre divine face, et je serai sauvée (2). »
705. Il n'est pas possible ni même nécessaire de raconter tout ce qui arriva à notre grande Reine dans cette épreuve de ses vertus; mais, la laissant en elle-même pour le présent, nous dirons qu'elle est un modèle animé qui nous doit enseigner à supporter avec joie les plus rudes tribulations, puisque nous sommes dans la nécessité de recevoir de très-rigoureuses peines et de très-dures afflictions pour satisfaire à nos péchés et dompter notre orgueil sous le joug de la mortification. Notre très-innocente colombe ne commit aucun péché, il ne se trouva aucune faute en elle, et elle souffrit
(1) I Reg., II, 8. — (2) Ps. LXXIX, 4.
347
avec un humble silence et une patience inébranlable d'être gratuitement haïe et persécutée. Soyons donc confondus en sa présence, nous qui prenons la moindre injure pour une offense irréparable (quoiqu’elles doivent être toutes légères à ceux qui se sont attiré la colère de Dieu), n'ayant même aucun repos que nous ne nous en soyons vengés. Le Très-Haut pouvait éloigner de son élue et de sa Mère toute sorte de persécution; mais s'il eût usé en cela de son pouvoir, il ne l'eut pas manifesté en se conservant celle qui était persécutée, il ne lui aurait pas donné des gages si assurés de son amour, ni elle n'aurait pas joui du doux fruit d'aimer ses ennemis et ses persécuteurs. Nous nous rendons indignes de tant de biens lorsque, dans les injures qu'on nous fait, nous élevons la voix contre les créatures, et le coeur orgueilleux contre Dieu même, qui les gouverne en toutes choses, et elles ne veulent point s'assujettir à leur Créateur et à leur justificateur, qui sait et connaît ce dont elles ont besoin pour faire leur salut.
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pouvait encore rester pour la très-sainte Vierge. Elles inventèrent pour cela de nouveaux mensonges par l'impulsion du même démon; mais le Très-Haut ne souffrit jamais qu'on dit ni présumât des choses fort considérables ni indécentes de celle qu'il avait choisie pour être Mère très-sainte de son Fils unique. Il permit seulement que l'indignation et la tromperie des filles du Temple exagérassent beaucoup quelques petites fautes qu'elles avaient controuvées, et que leur malice lui imputait; toutes ces subtilités ne servirent qu'à découvrir leur méchanceté, qui, étant jointe aux réprimandes de la maîtresse et des prêtres, donnait occasion à notre très-humble et très-innocente Marie d'exercer les vertus et d'accroître les dons du Très-Haut et ses propres mérites.
704. Tout ce que notre Reine faisait était agréable aux yeux du Seigneur, qui trouvait ses délices dans la très-suave odeur de cet humble nard (1), méprisé et maltraité des créatures qui ne le connaissaient pas. Elle redoublait ses plaintes et ses larmes par la longue absence de son bien-aimé; et dans une de ces occasions elle lui dit ; « Mon souverain bien et Seigneur des miséricordes infinies, on ne doit pas être sur pris si toutes les créatures me baissent et s'arment contre moi, puisque vous, qui êtes mon Maître et mon Créateur, m'avez abandonnée. Mon ingratitude envers vos bienfaits mérite bien plus de rigueur; mais je vous reconnais et vous avoue toujours pour
(1) Cant., I, 11.
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mon, refuge et mon trésor : vous seul êtes ma richesse, mon bien-aimé et mon repos; et si vous m'êtes tout cela et que vous soyez absent de moi, comment est-ce que mon coeur affligé pourra se consoler et s'apaiser? Les créatures font ce qu'elles doivent à mon égard; elles n'arrivent pas même à me traiter comme je le mérite, parce que vous êtes doux à affliger et très-libéral à récompenser. Faites, mon Seigneur et mon Père, une juste compensation de mes négligences avec la douleur que votre absence me cause, et rendez avec largesse le bien que a vos créatures me procurent, en m'obligeant à toua paître toujours plus votre bonté et ma bassesse; élevez, Seigneur, l'indigente de la poussière (1); renouvelez celle qui est la plus abjecte des créatures, et faites que je voie votre divine face, et je serai sauvée (2). »
705. Il n'est pas possible ni même nécessaire de raconter tout ce qui arriva à notre grande Reine dans cette épreuve de ses vertus; mais, la laissant en elle-même pour le présent, nous dirons qu'elle est un modèle animé qui nous doit enseigner à supporter avec joie les plus rudes tribulations, puisque nous sommes dans la nécessité de recevoir de très-rigoureuses peines et de très-dures afflictions pour satisfaire à nos péchés et dompter notre orgueil sous le joug de la mortification. Notre très-innocente colombe ne commit aucun péché, il ne se trouva aucune faute en elle, et elle souffrit
(1) I Reg., II, 8. — (2) Ps. LXXIX, 4.
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avec un humble silence et une patience inébranlable d'être gratuitement haïe et persécutée. Soyons donc confondus en sa présence, nous qui prenons la moindre injure pour une offense irréparable (quoiqu’elles doivent être toutes légères à ceux qui se sont attiré la colère de Dieu), n'ayant même aucun repos que nous ne nous en soyons vengés. Le Très-Haut pouvait éloigner de son élue et de sa Mère toute sorte de persécution; mais s'il eût usé en cela de son pouvoir, il ne l'eut pas manifesté en se conservant celle qui était persécutée, il ne lui aurait pas donné des gages si assurés de son amour, ni elle n'aurait pas joui du doux fruit d'aimer ses ennemis et ses persécuteurs. Nous nous rendons indignes de tant de biens lorsque, dans les injures qu'on nous fait, nous élevons la voix contre les créatures, et le coeur orgueilleux contre Dieu même, qui les gouverne en toutes choses, et elles ne veulent point s'assujettir à leur Créateur et à leur justificateur, qui sait et connaît ce dont elles ont besoin pour faire leur salut.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
Instruction de la Reine du ciel.
706. Puisque vous faites réflexion, ma fille, sur le modèle qu'on peut trouver dans ces événements, je veux qu'il vous serve d'instruction, afin que vous la conserviez avec estime dans votre coeur, le disposant
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à recevoir avec joie les persécutions et les calomnies des créatures, quand vous aurez le bonheur de participer à ce bienfait. Les enfants de perdition, aveuglés de la vanité qu'ils suivent, ne découvrent pas le trésor que la souffrance et le pardon des injures renferment; ils font gloire de la vengeance, qui est même, selon la loi naturelle, la plus grande des bassesses et le plus noir de tous les vices, parce qu'elle part d'un cœur inhumain et s'oppose le plus il. la raison : au contraire, celui qui les pardonne et les oublie, quoiqu'il n'ait pas la foi divine ni la lumière de ]'Évangile, devient par cette magnanimité comme roi de la même nature, parce qu'il reçoit d'elle ce qui en est le plus noble et le plus excellent, et n'est point sujet à l'infâme tribut de se rendre irraisonnable par la vengeance.
707. Que si le vice de la vengeance s'oppose si fort à la même nature, considérez, ma chère fille, quelle opposition il y aura entre elle et la grâce, et combien le vindicatif sera odieux et horrible aux yeux de mon très-saint Fils, qui se fit homme passible, et qui ne mourut et souffrit que pour pardonner, et qu'afin que le genre humain obtint le pardon des injures commises contre le même Seigneur. La vengeance s'oppose à cette intention, à ses œuvres, à sa propre nature, à sa bonté infinie, et elle détruit en quelque façon Dieu, du moins autant qu'il dépend du vindicatif; ainsi il mérite que Dieu emploie tout son pouvoir pour l'anéantir. Il y a la même différence entre celui qui pardonne les injures et le vindicatif, qu'entre le Fils unique et
349
l'ennemi de nos âmes : celui-ci provoque toute la force de l'indignation de Dieu, et l'autre mérite et acquiert tous les biens, parce qu'il est en cette grâce la très-parfaite image du Père céleste.
706. Puisque vous faites réflexion, ma fille, sur le modèle qu'on peut trouver dans ces événements, je veux qu'il vous serve d'instruction, afin que vous la conserviez avec estime dans votre coeur, le disposant
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à recevoir avec joie les persécutions et les calomnies des créatures, quand vous aurez le bonheur de participer à ce bienfait. Les enfants de perdition, aveuglés de la vanité qu'ils suivent, ne découvrent pas le trésor que la souffrance et le pardon des injures renferment; ils font gloire de la vengeance, qui est même, selon la loi naturelle, la plus grande des bassesses et le plus noir de tous les vices, parce qu'elle part d'un cœur inhumain et s'oppose le plus il. la raison : au contraire, celui qui les pardonne et les oublie, quoiqu'il n'ait pas la foi divine ni la lumière de ]'Évangile, devient par cette magnanimité comme roi de la même nature, parce qu'il reçoit d'elle ce qui en est le plus noble et le plus excellent, et n'est point sujet à l'infâme tribut de se rendre irraisonnable par la vengeance.
707. Que si le vice de la vengeance s'oppose si fort à la même nature, considérez, ma chère fille, quelle opposition il y aura entre elle et la grâce, et combien le vindicatif sera odieux et horrible aux yeux de mon très-saint Fils, qui se fit homme passible, et qui ne mourut et souffrit que pour pardonner, et qu'afin que le genre humain obtint le pardon des injures commises contre le même Seigneur. La vengeance s'oppose à cette intention, à ses œuvres, à sa propre nature, à sa bonté infinie, et elle détruit en quelque façon Dieu, du moins autant qu'il dépend du vindicatif; ainsi il mérite que Dieu emploie tout son pouvoir pour l'anéantir. Il y a la même différence entre celui qui pardonne les injures et le vindicatif, qu'entre le Fils unique et
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l'ennemi de nos âmes : celui-ci provoque toute la force de l'indignation de Dieu, et l'autre mérite et acquiert tous les biens, parce qu'il est en cette grâce la très-parfaite image du Père céleste.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
708. Je veux que vous sachiez , ma fille, que le Seigneur agréera plus de vous voir souffrir et pardonner les injures avec un coeur tranquille pour son amour que si vous faisiez par votre choix de rudes pénitences et versiez même votre propre sang. Humiliez-vous envers ceux qui vous persécutent, aimez-les et priez pour eux de tout votre coeur ; par cette pratique votre amour s'attirera le coeur de Dieu , vous monterez au degré le plus parfait de la sainteté et vous vaincrez tout l'enfer. Par mon humilité et ma douceur je confondais ce grand dragon, persécuteur des hommes; sa fureur ne pouvait supporter ces vertus, qui le chassaient de ma présence plus vite que la foudre; ainsi je remportai par leur moyen de grandes victoires pour mon âme et de glorieux triomphes pour l'exaltation de la Divinité. Quand quelque personne s'emportait contre moi , je ne concevais aucune indignation contre elle, parce que je connaissais fort bien qu'elle était un instrument du Très-Haut, dont sa divine providence se servait pour mon propre avantage; cette connaissance et la considération que je faisais , qu'elle était créature de mon Seigneur et capable de sa grâce, m'inclinaient et me forçaient même à l'aimer avec sincérité , et je n'étais point en repos que je ne lui eusse procuré, autant qu'il m'était possible , le salut éternel en récompense de ce bienfait.
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709. Tâchez donc d'imiter ce que vous avez découvert et écrit; montrez-vous très-douce, très-pacifique et très-agréable à ceux qui vous seront importuns ; faites-en une estime particulière, et gardez-vous de prendre vengeance du même Seigneur en la prenant de ses instruments; ne méprisez point la précieuse perle des injures, et autant qu'il dépendra de vous, rendez toujours le bien pour le mal, le bienfait pour les offenses, l'amour pour la haine, la louange pour les opprobres, la bénédiction pour les imprécations, et vous serez fille parfaite de vôtre Père (1), épouse bien-aimée de votre Maître, mon amie et ma très-chère.
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709. Tâchez donc d'imiter ce que vous avez découvert et écrit; montrez-vous très-douce, très-pacifique et très-agréable à ceux qui vous seront importuns ; faites-en une estime particulière, et gardez-vous de prendre vengeance du même Seigneur en la prenant de ses instruments; ne méprisez point la précieuse perle des injures, et autant qu'il dépendra de vous, rendez toujours le bien pour le mal, le bienfait pour les offenses, l'amour pour la haine, la louange pour les opprobres, la bénédiction pour les imprécations, et vous serez fille parfaite de vôtre Père (1), épouse bien-aimée de votre Maître, mon amie et ma très-chère.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
CHAPITRE XIX. Le Très-Haut découvrit aux prêtres l'innocence de la très-sainte Vierge, et à elle-même que heureuse mort de sa mère sainte Anne s'approchait, à laquelle elle se trouva.
710. Le Très-Haut ne dormait point (2) parmi les douces plaintes de sa très-chère épouse Marie : au contraire, il leur donnait toutes ses attentions, quoiqu'il lit semblant de ne les pas entendre, à cause des
(1) Rom., XII, 14; Matth., V, 48. — (2) Ps., CXX, 4.
351
grandes complaisances qu'il prenait de la voir continuer avec tant de constance dans l'exercice de ses peines, qui lui procuraient de si glorieux -triomphes et causaient tant de nouveaux sujets d'admiration et de louange aux esprits angéliques. Le feu lent de cette persécution dont nous venons de parler, durait toujours, afin que la divine Marie se renouvelât comme un phénix dans les cendres de son humilité, et que son très-amoureux coeur et son très-pur esprit renaquissent en un être et en un état nouveau de la divine grâce. Mais quand le temps auquel Dieu avait déterminé d'arrêter l'envie et l'émulation aveugle de ces filles déçues fut arrivé, ne voulant pas permettre que leurs puérilités fissent perdre le crédit à celle qui devait être l'honneur et la beauté de toute la nature et de la grâce , alors ce miséricordieux Seigneur parla en songe au prêtre, et lui dit : « Ma servante Marie est agréable à mes yeux, elle est parfaite, elle est mon élue, et très-innocente de ce dont on l'accuse. » Anne, la maîtresse des filles, reçut la même révélation. Et sitôt qu'il fut jour le prêtre et la maîtresse se communiquèrent la lumière et l'avis qu'ils venaient de recevoir du Seigneur. Cette connaissance céleste qu'ils eurent d'avoir été trompés, leur causa une sensible douleur; ils appelèrent notre auguste Princesse, lui demandèrent pardon d'avoir trop facilement ajouté foi aux fausses accusations de ses compagnes, et lui proposèrent tous les expédients possibles pour la retirer et pour la défendre de leur persécution et des peines qu'elle en pouvait recevoir.
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710. Le Très-Haut ne dormait point (2) parmi les douces plaintes de sa très-chère épouse Marie : au contraire, il leur donnait toutes ses attentions, quoiqu'il lit semblant de ne les pas entendre, à cause des
(1) Rom., XII, 14; Matth., V, 48. — (2) Ps., CXX, 4.
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grandes complaisances qu'il prenait de la voir continuer avec tant de constance dans l'exercice de ses peines, qui lui procuraient de si glorieux -triomphes et causaient tant de nouveaux sujets d'admiration et de louange aux esprits angéliques. Le feu lent de cette persécution dont nous venons de parler, durait toujours, afin que la divine Marie se renouvelât comme un phénix dans les cendres de son humilité, et que son très-amoureux coeur et son très-pur esprit renaquissent en un être et en un état nouveau de la divine grâce. Mais quand le temps auquel Dieu avait déterminé d'arrêter l'envie et l'émulation aveugle de ces filles déçues fut arrivé, ne voulant pas permettre que leurs puérilités fissent perdre le crédit à celle qui devait être l'honneur et la beauté de toute la nature et de la grâce , alors ce miséricordieux Seigneur parla en songe au prêtre, et lui dit : « Ma servante Marie est agréable à mes yeux, elle est parfaite, elle est mon élue, et très-innocente de ce dont on l'accuse. » Anne, la maîtresse des filles, reçut la même révélation. Et sitôt qu'il fut jour le prêtre et la maîtresse se communiquèrent la lumière et l'avis qu'ils venaient de recevoir du Seigneur. Cette connaissance céleste qu'ils eurent d'avoir été trompés, leur causa une sensible douleur; ils appelèrent notre auguste Princesse, lui demandèrent pardon d'avoir trop facilement ajouté foi aux fausses accusations de ses compagnes, et lui proposèrent tous les expédients possibles pour la retirer et pour la défendre de leur persécution et des peines qu'elle en pouvait recevoir.
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Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
711. Celle qui était mère de l’humilité ouït cette proposition, et répondit au prêtre et à la maîtresse : « C'est à moi que les corrections sont dues, c'est pourquoi je vous supplie de me les continuer, puisque je les demande et les estime comme en ayant un grand besoin. La compagnie de mes soeurs m'est fort agréable, et je veux faire tout mon possible pour ne la pas perdre et pour la mériter, puisque je leur suis si redevable de ce qu'elles m'y ont soufferte; et en reconnaissance de cette faveur je désire toujours plus de les servir; mais si vous me commandez quelque autre chose, je suis prête à vous obéir.» Cette réponse de l'auguste Marie confirma et consola davantage le prêtre et la maîtresse des filles; ils approuvèrent son humble demande, mais dans la suite ils en prirent un plus grand soin, la regardant avec un nouveau respect et une affection plus tendre. La très-humble Vierge demanda, selon sa coutume, au prêtre et à la maîtresse de baiser leurs mains et ensuite leur bénédiction, après quoi ils la laissèrent. Mais comme le courant d'une eau cristalline entraîne après soi les sens et la volonté de celui qui en est altéré; ainsi le coeur de notre incomparable Dame fut attiré par le désir de nouvelles souffrances, car étant altérée et embrasée de l'amour divin, elle craignait avec douleur d'être privée du riche trésor des afflictions par les expédients que le prêtre et la maîtresse avaient résolu de prendre.
712. Notre Reine se retira incontinent, et parlant au Très-Haut dans sa solitude, elle lui dit ; « Pourquoi, mon aimable Seigneur, usez-vous de tant de rigueur envers moi? Pourquoi une si longue ab sente et un si grand oubli de celle qui ne peut vivre sans vous? Que si dans ma triste solitude privée de votre douce et amoureuse vue, les gages assurés de votre amour qui étaient les petits travaux que je souffrais pour lui, me consolaient, comment pour rai-je vivre maintenant dans les peines de votre absence sans ce soulagement? Pourquoi, Seigneur, me retirez-vous sitôt cette faveur? Quel autre que vous eût pu changer le coeur des prêtres et de la maîtresse? Mais je ne méritais pas la grâce de leurs charitables corrections, et je ne suis pas digne de souffrir des travaux, puisque je ne le suis pas non plus de jouir de votre très-douce et très-désirée présence. Si je n'ai pas su vous plaire, mon divin Seigneur, je me corrigerai à l'avenir de mes négligences, et si vous donnez quelque soulagement à mes peines, elles n'en pourront recevoir aucun pendant que mon âme sera privée des délices (le o votre divine face; mais je désire, mon époux, avec ardeur et soumission, que votre très-sainte volonté s'accomplisse en toutes chose. »
713. Les prêtres et la maîtresse ayant été désabusés par cet avertissement, la persécution que souffrait notre souveraine Princesse cessa; le Seigneur adoucit aussi la mauvaise humeur des filles qui la lui faisaient souffrir, arrêtant la fureur du démon qui les irritait. dais l'absence par laquelle il se cachait à sa divine
354
Épouse dura (chose étrange) l'espace de dix ans, bien que le Très-Haut l'interrompit quelquefois, tirant le voile de sa face afin que sa bien-aimée reçût quelque soulagement; ces doux intervalles ne lui furent pourtant pas fort fréquents pendant ce temps-là, et elle ne les recevait point avec tant de caresses que dans les premières années de son enfance. Cette absence du Seigneur fut convenable, afin que notre Reine se disposât par l'exercice de toutes les vertus et avec une perfection accomplie, à la dignité à laquelle le Très-Haut la destinait; que si elle eût joui toujours de la vue de sa divine Majesté par les manières qui lui étaient successivement et si souvent communiquées dans le temps de son enfance (comme nous avons déjà déclaré au chapitre XIVe de ce livre), elle n'eût pas pu souffrir par l'ordre commun de pure créature.
712. Notre Reine se retira incontinent, et parlant au Très-Haut dans sa solitude, elle lui dit ; « Pourquoi, mon aimable Seigneur, usez-vous de tant de rigueur envers moi? Pourquoi une si longue ab sente et un si grand oubli de celle qui ne peut vivre sans vous? Que si dans ma triste solitude privée de votre douce et amoureuse vue, les gages assurés de votre amour qui étaient les petits travaux que je souffrais pour lui, me consolaient, comment pour rai-je vivre maintenant dans les peines de votre absence sans ce soulagement? Pourquoi, Seigneur, me retirez-vous sitôt cette faveur? Quel autre que vous eût pu changer le coeur des prêtres et de la maîtresse? Mais je ne méritais pas la grâce de leurs charitables corrections, et je ne suis pas digne de souffrir des travaux, puisque je ne le suis pas non plus de jouir de votre très-douce et très-désirée présence. Si je n'ai pas su vous plaire, mon divin Seigneur, je me corrigerai à l'avenir de mes négligences, et si vous donnez quelque soulagement à mes peines, elles n'en pourront recevoir aucun pendant que mon âme sera privée des délices (le o votre divine face; mais je désire, mon époux, avec ardeur et soumission, que votre très-sainte volonté s'accomplisse en toutes chose. »
713. Les prêtres et la maîtresse ayant été désabusés par cet avertissement, la persécution que souffrait notre souveraine Princesse cessa; le Seigneur adoucit aussi la mauvaise humeur des filles qui la lui faisaient souffrir, arrêtant la fureur du démon qui les irritait. dais l'absence par laquelle il se cachait à sa divine
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Épouse dura (chose étrange) l'espace de dix ans, bien que le Très-Haut l'interrompit quelquefois, tirant le voile de sa face afin que sa bien-aimée reçût quelque soulagement; ces doux intervalles ne lui furent pourtant pas fort fréquents pendant ce temps-là, et elle ne les recevait point avec tant de caresses que dans les premières années de son enfance. Cette absence du Seigneur fut convenable, afin que notre Reine se disposât par l'exercice de toutes les vertus et avec une perfection accomplie, à la dignité à laquelle le Très-Haut la destinait; que si elle eût joui toujours de la vue de sa divine Majesté par les manières qui lui étaient successivement et si souvent communiquées dans le temps de son enfance (comme nous avons déjà déclaré au chapitre XIVe de ce livre), elle n'eût pas pu souffrir par l'ordre commun de pure créature.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
714. Néanmoins, quoique les visions intuitives et abstractives de la divine essence, et celles des anges, dont il a été parlé au même chapitre, fussent suspendues pour la très-sainte Vierge dans cette sorte d'absence du Seigneur, son âme et ses, puissances ne laissaient pas d'avoir plus de dons, de grâces et de lumière surnaturelle que tous les saints ensemble, parce qu'en cela la main du Très-Haut ne fut jamais raccourcie envers elle; mais par rapport aux visions fréquentes de ses premières années, j'appelle absence du Seigneur le temps considérable qu'elle en fut privée. Elle commença de souffrir cette absence huit jours avant la mort de son père saint Joachim ; incontinent après elle ressentit les persécutions que les
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esprits infernaux avaient résolu de lui faire tant par eux-mêmes que par le moyen des autres créatures, de sorte que ces peines accompagnèrent notre aimable Princesse jusqu'à la douzième année de son, age, à laquelle étant arrivée elle ouït un jour les saints anges, qui lui dirent sans pourtant se manifester à elle ; « Marie, la fin de la vie de votre sainte mère Anne s'approche, le Très-Haut a déterminé de la délivrer de la prison du corps mortel, et de donner une heureuse fin à ses travaux et à ses peines. »
715. Le coeur de la pitoyable fille fut attendri par ce nouveau et douloureux avis; et se prosternant en la présence du Très-Haut, elle fit une fervente prière pour la bonne mort de sa sainte mère, et elle dit : « Roi des siècles, invisible et éternel, Seigneur immortel et puissant, Créateur de l'univers; bien que je ne sois que cendre et que poussière, (1), et que j'aie sujet de croire avoir déplu à votre divine Majesté, je ne laisserai pas pour cela de parler à mon Seigneur et de répandre mon coeur en sa présence, espérant, mon Dieu, que vous ne mépriserez pas celle qui a toujours confessé votre saint nom. Envoyez, Seigneur, en paix votre servante, qui a désiré avec une foi invincible et avec une espérance ferme, d'accomplir votre divine volonté. Faites qu'elle sorte de ce monde victorieuse et triomphante de ses ennemis, et qu'elle aille su port assuré de vos saints élus, que votre puissant
(1) Gen., XVIII, 27.
356
bras la fortifie, et que cette même droite qui a rendu ses voies parfaites l'assiste dans la fin de la course de notre mortalité, afin qu'elle repose, mon divin Père, en la paix de votre grâce et de votre amitié, elle qui l'a toujours procurée de toutes les forces de son coeur. »
716. Le Seigneur ne répondit point sensiblement à cette demande de sa bien-aimée; mais la réponse fut une faveur admirable qu'il fit et à la fille et à la mère. Car cette même nuit sa divine Majesté commanda aux anges de la très-sainte Vierge de la porter réellement à la présence de sa mère malade, et qu'un d'entre eux tint sa place en prenant un corps aérien de sa même forme. Les anges obéirent au divin commandement , et ils portèrent leur Reine et la nôtre à la chambre de sa mère sainte Anne. Sitôt qu'elle y fut elle s'approcha d'elle avec beaucoup de respect, elle lui baisa la main, et lui dit ; « Ma très-chère mère et très-honorée dame, le Seigneur soit votre lumière et votre force, et soit béni, puisqu'il n'a pas voulu , par un effet de son infinie bonté, que je fusse privée du bonheur de votre dernière bénédiction. Accordez-la-moi , je vous en prie, ma très-chère mère, et consolez de cette faveur cette pauvre nécessiteuse. » Sainte Anne lui donna sa bénédiction, et rendit grâces avec une intime affection au Seigneur d'uni tel bienfait, comme celle qui connaissait le mystère de sa fille et de sa Reine; elle la remercia aussi de l'amour qu'elle venait de lui témoigner dans une telle occasion.
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esprits infernaux avaient résolu de lui faire tant par eux-mêmes que par le moyen des autres créatures, de sorte que ces peines accompagnèrent notre aimable Princesse jusqu'à la douzième année de son, age, à laquelle étant arrivée elle ouït un jour les saints anges, qui lui dirent sans pourtant se manifester à elle ; « Marie, la fin de la vie de votre sainte mère Anne s'approche, le Très-Haut a déterminé de la délivrer de la prison du corps mortel, et de donner une heureuse fin à ses travaux et à ses peines. »
715. Le coeur de la pitoyable fille fut attendri par ce nouveau et douloureux avis; et se prosternant en la présence du Très-Haut, elle fit une fervente prière pour la bonne mort de sa sainte mère, et elle dit : « Roi des siècles, invisible et éternel, Seigneur immortel et puissant, Créateur de l'univers; bien que je ne sois que cendre et que poussière, (1), et que j'aie sujet de croire avoir déplu à votre divine Majesté, je ne laisserai pas pour cela de parler à mon Seigneur et de répandre mon coeur en sa présence, espérant, mon Dieu, que vous ne mépriserez pas celle qui a toujours confessé votre saint nom. Envoyez, Seigneur, en paix votre servante, qui a désiré avec une foi invincible et avec une espérance ferme, d'accomplir votre divine volonté. Faites qu'elle sorte de ce monde victorieuse et triomphante de ses ennemis, et qu'elle aille su port assuré de vos saints élus, que votre puissant
(1) Gen., XVIII, 27.
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bras la fortifie, et que cette même droite qui a rendu ses voies parfaites l'assiste dans la fin de la course de notre mortalité, afin qu'elle repose, mon divin Père, en la paix de votre grâce et de votre amitié, elle qui l'a toujours procurée de toutes les forces de son coeur. »
716. Le Seigneur ne répondit point sensiblement à cette demande de sa bien-aimée; mais la réponse fut une faveur admirable qu'il fit et à la fille et à la mère. Car cette même nuit sa divine Majesté commanda aux anges de la très-sainte Vierge de la porter réellement à la présence de sa mère malade, et qu'un d'entre eux tint sa place en prenant un corps aérien de sa même forme. Les anges obéirent au divin commandement , et ils portèrent leur Reine et la nôtre à la chambre de sa mère sainte Anne. Sitôt qu'elle y fut elle s'approcha d'elle avec beaucoup de respect, elle lui baisa la main, et lui dit ; « Ma très-chère mère et très-honorée dame, le Seigneur soit votre lumière et votre force, et soit béni, puisqu'il n'a pas voulu , par un effet de son infinie bonté, que je fusse privée du bonheur de votre dernière bénédiction. Accordez-la-moi , je vous en prie, ma très-chère mère, et consolez de cette faveur cette pauvre nécessiteuse. » Sainte Anne lui donna sa bénédiction, et rendit grâces avec une intime affection au Seigneur d'uni tel bienfait, comme celle qui connaissait le mystère de sa fille et de sa Reine; elle la remercia aussi de l'amour qu'elle venait de lui témoigner dans une telle occasion.
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Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
717. Ensuite notre Princesse adressant sa vue et ses affections à sa sainte mère, la disposa à recevoir la mort avec courage, et entre plusieurs raisons d'une très-grande consolation qu'elle lui allégua, elle lui dit celles-ci; « Ma très-chère mère, il faut que nous passions par la porte de la mort pour arriver à la vie éternelle que nous espérons; ce passage est amer et pénible, mais fructueux, parce qu'on le reçoit par le bon plaisir divin, parce qu'il est le principe de la sûreté et du repos, et parce que la créature satisfait aussi par son moyen aux négligences et aux manquements quelle a commis en ne vivant pas avec toute la perfection qu'elle devait. Recevez, ma bonne mère, la mort; payez par elle la dette commune avec joie, et partez assurée pour aller à la compagnie de nos saints pères les patriarches, les prophètes, les justes et amis de Dieu, où vous attendrez avec eux la rédemption que le Très-Haut nous enverra par le moyen de notre Sauveur, son salutaire; la certitude de cette espérance servira de soulagement jusqu'à ce que la possession du bien que nous espérons tous arrive.»
718. Sainte Anne répondit à sa très-sainte fille avec un amour réciproque, et avec une consolation digne d'une telle mère et d'une telle fille dans cette occasion; elle lui dit avec une tendresse maternelle : « Marie, ma chère fille, acquittez-vous maintenant de ce que vous me devez; ne m'oubliez pas en la présence de notre Dieu et de notre créateur; représentez-lui le besoin que j'ai de sa divine protection
358
en cette heure; souvenez-vous des obligations que vous m'avez, puisque je vous ai conçue et portée neuf mois dans mon sein, et qu'ensuite je vous ai nourrie de ma propre substance, et vous garde toujours dans mon coeur. Demandez, ma fille, au Seigneur qu'il étende, la main de ses miséricordes infinies sur cette créature inutile qui en a est sortie, et qu'il me fasse part de sa bénédiction en cette heure de ma mort; puisque toujours comme maintenant toute ma confiance n'a été qu'en son saint nom, ne m'abandonnez pas, mon cher cœur, jusqu'à ce que vous ayez fermé mes yeux.« Vous demeurez orpheline et sans aucun secours humain; mais vous vivrez en la protection du Très Haut, et vous espérerez en ses miséricordes anciennes. Marchez, ma chère fille, par le chemin des justifications du Seigneur (1), et demandez à sa divine Majesté qu'elle gouverne vos affections et vos puissances, et qu'elle soit le maître qui vous enseigne sa sainte loi. Ne sortez pas du Temple avant que d'avoir embrassé un état, et que cela soit par le sage conseil des prêtres du Seigneur, et après avoir demandé continuellement à Dieu a qu'il dispose de tout ce qui vous regarde selon son bon plaisir, et de vous donner, si c'est sa volonté, un époux de la tribu de Juda et de la lignée de David. Vous ferez part aux pauvres (envers lesquels vous serez libérale et charitable) des biens de
(1) Ps. CXVIII, 27.
359
votre père Joachim et des miens, qui vous appartiennent. Vous garderez votre secret dans le plus intime de votre coeur, et vous demanderez incessamment au Tout-Puissant qu'il veuille par sa miséricorde envoyer au monde son salutaire, et la rédemption par le Messie promis. Je supplie sa bonté infinie d'être votre refuge, et d'accompagner de sa bénédiction celle que je vous donne. »
718. Sainte Anne répondit à sa très-sainte fille avec un amour réciproque, et avec une consolation digne d'une telle mère et d'une telle fille dans cette occasion; elle lui dit avec une tendresse maternelle : « Marie, ma chère fille, acquittez-vous maintenant de ce que vous me devez; ne m'oubliez pas en la présence de notre Dieu et de notre créateur; représentez-lui le besoin que j'ai de sa divine protection
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en cette heure; souvenez-vous des obligations que vous m'avez, puisque je vous ai conçue et portée neuf mois dans mon sein, et qu'ensuite je vous ai nourrie de ma propre substance, et vous garde toujours dans mon coeur. Demandez, ma fille, au Seigneur qu'il étende, la main de ses miséricordes infinies sur cette créature inutile qui en a est sortie, et qu'il me fasse part de sa bénédiction en cette heure de ma mort; puisque toujours comme maintenant toute ma confiance n'a été qu'en son saint nom, ne m'abandonnez pas, mon cher cœur, jusqu'à ce que vous ayez fermé mes yeux.« Vous demeurez orpheline et sans aucun secours humain; mais vous vivrez en la protection du Très Haut, et vous espérerez en ses miséricordes anciennes. Marchez, ma chère fille, par le chemin des justifications du Seigneur (1), et demandez à sa divine Majesté qu'elle gouverne vos affections et vos puissances, et qu'elle soit le maître qui vous enseigne sa sainte loi. Ne sortez pas du Temple avant que d'avoir embrassé un état, et que cela soit par le sage conseil des prêtres du Seigneur, et après avoir demandé continuellement à Dieu a qu'il dispose de tout ce qui vous regarde selon son bon plaisir, et de vous donner, si c'est sa volonté, un époux de la tribu de Juda et de la lignée de David. Vous ferez part aux pauvres (envers lesquels vous serez libérale et charitable) des biens de
(1) Ps. CXVIII, 27.
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votre père Joachim et des miens, qui vous appartiennent. Vous garderez votre secret dans le plus intime de votre coeur, et vous demanderez incessamment au Tout-Puissant qu'il veuille par sa miséricorde envoyer au monde son salutaire, et la rédemption par le Messie promis. Je supplie sa bonté infinie d'être votre refuge, et d'accompagner de sa bénédiction celle que je vous donne. »
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
719. Parmi ces entretiens si relevés et si divins, l'heureuse mère sainte Anne ressentit les dernières douleurs de la mort, ou plutôt de la vie, et s'étant appuyée sur le trône de la grâce, qui étaient les bras de sa très-sainte fille Marie, elle rendit sa très-pure âme à son Créateur. Et après qu'elle lui eut fermé les yeux, comme sa mère le lui avait demandé, laissant le sacré corps accommodé d'une manière fort décente, les saints anges rapportèrent leur Reine dans le Temple. Le Très-Haut n'empêcha point que la force de l'amour naturel ne lui fit ressentir avec beaucoup de tendresse et dé douleur la mort de son heureuse mère, et par cette mort sa propre solitude dans laquelle elle se trouvait privée d'un tel secours: Mais ces mouvements douloureux furent en notre Reine très-saints et très-parfaits, gouvernés et réglés par la grâce de sa très-innocente pureté, et de sa très-prudente innocence, par laquelle elle loua le Très-Haut pour les miséricordes infinies qu'il avait pratiquées en la vie et en la mort de sa sainte mère; cependant ses douces et amoureuses plaintes sur l'absence du Seigneur continuaient toujours.
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720. La très-sainte fille ne put pas pénétrer toute la consolation que son heureuse mère reçut par sa présence à l'heure de sa mort, parce qu'elle ignorait sa propre dignité et le mystère que sa mère connaissait, ayant toujours gardé ce secret, comme le Très-Haut le lui avait commandé. Mais celle qui était la, lumière de ses yeux, et qui la devait être de tout l'univers, se trouvant à son chevet, et cette sainte malade expirant entre ses bras, elle ne pouvait pas plus désirer en sa vie mortelle pour avoir la plus heureuse fin qu'aucun des mortels eût jamais eue jusqu'à elle. Sainte Anne mourut plus remplie de mérites que d'années; et sa très-sainte âme fut placée par les anges dans le sein d'Abraham, reconnue et honorée de tous les patriarches, les prophètes et les justes qui s'y trouvaient. Cette très-sainte Dame eut naturellement un tueur grand et magnanime, un entendement clair et relevé; elle était fervente, et avec cela fort tranquille et pacifique; elle avait une médiocre taille, quelque peu au-dessous de celle de sa très-sainte fille Marie, le visage rond, les manières toujours égales et fort modestes, la couleur blanche et vermeille; enfin elle fut mère de celle qui le fut de Dieu même, et cette dignité renferme plusieurs perfections. Sainte Anne vécut cinquante-six ans, partagés en cette manière : elle en avait vingt-quatre quand elle se maria à saint Joachim; elle en passa vingt dans son mariage sans enfant, en sa quarante-quatrième année elle accoucha de la très-pure Marie, et douze qu'elle vécut après la naissance de cette
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Reine, dont trois en sa compagnie, et neuf que celle-ci demeura dans le Temple, font cinquante-six ans.
721. J'ai ouï dire qu'il se trouve des personnes qui tiennent que cette grande et admirable dame se maria trois fois, et qu'en chacune elle fut mère d'une des trois Maries, et que d'autres auteurs soutiennent le contraire. Pour moi j'ai reçu, par la seule bonté immense du Seigneur, une grande lumière touchant la vie de cette heureuse sainte, et il ne m'a jamais été découvert qu'elle se soit mariée à d'autres qu'à saint Joachim, ni qu'elle ait eu d'autres filles que Marie, Mère de Jésus-Christ. Peut-être qu'à cause que cela n'était pas nécessaire à l'histoire divine que j'écris il ne m'a pas été déclaré si sainte Anne fut mariée trois fois ou bien une seule fois, ou si les autres Maries, qu'on appelle sueurs, étaient cousines germaines, filles des sueurs de sainte Anne. Elle avait quarante-huit ans quand son époux Joachim mourut, et le Très-Haut la choisit et la tira d'entre celles de son sexe, afin qu'elle fût mère de Celle qui fut supérieure à toutes les pures créatures, et inférieure seulement à Dieu, mais pourtant sa propre mère; et parce qu'elle a eu cette fille, et qu'elle a été par elle aïeule du Verbe incarné, toutes les nations peuvent appeler cette très-fortunée sainte bienheureuse.
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720. La très-sainte fille ne put pas pénétrer toute la consolation que son heureuse mère reçut par sa présence à l'heure de sa mort, parce qu'elle ignorait sa propre dignité et le mystère que sa mère connaissait, ayant toujours gardé ce secret, comme le Très-Haut le lui avait commandé. Mais celle qui était la, lumière de ses yeux, et qui la devait être de tout l'univers, se trouvant à son chevet, et cette sainte malade expirant entre ses bras, elle ne pouvait pas plus désirer en sa vie mortelle pour avoir la plus heureuse fin qu'aucun des mortels eût jamais eue jusqu'à elle. Sainte Anne mourut plus remplie de mérites que d'années; et sa très-sainte âme fut placée par les anges dans le sein d'Abraham, reconnue et honorée de tous les patriarches, les prophètes et les justes qui s'y trouvaient. Cette très-sainte Dame eut naturellement un tueur grand et magnanime, un entendement clair et relevé; elle était fervente, et avec cela fort tranquille et pacifique; elle avait une médiocre taille, quelque peu au-dessous de celle de sa très-sainte fille Marie, le visage rond, les manières toujours égales et fort modestes, la couleur blanche et vermeille; enfin elle fut mère de celle qui le fut de Dieu même, et cette dignité renferme plusieurs perfections. Sainte Anne vécut cinquante-six ans, partagés en cette manière : elle en avait vingt-quatre quand elle se maria à saint Joachim; elle en passa vingt dans son mariage sans enfant, en sa quarante-quatrième année elle accoucha de la très-pure Marie, et douze qu'elle vécut après la naissance de cette
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Reine, dont trois en sa compagnie, et neuf que celle-ci demeura dans le Temple, font cinquante-six ans.
721. J'ai ouï dire qu'il se trouve des personnes qui tiennent que cette grande et admirable dame se maria trois fois, et qu'en chacune elle fut mère d'une des trois Maries, et que d'autres auteurs soutiennent le contraire. Pour moi j'ai reçu, par la seule bonté immense du Seigneur, une grande lumière touchant la vie de cette heureuse sainte, et il ne m'a jamais été découvert qu'elle se soit mariée à d'autres qu'à saint Joachim, ni qu'elle ait eu d'autres filles que Marie, Mère de Jésus-Christ. Peut-être qu'à cause que cela n'était pas nécessaire à l'histoire divine que j'écris il ne m'a pas été déclaré si sainte Anne fut mariée trois fois ou bien une seule fois, ou si les autres Maries, qu'on appelle sueurs, étaient cousines germaines, filles des sueurs de sainte Anne. Elle avait quarante-huit ans quand son époux Joachim mourut, et le Très-Haut la choisit et la tira d'entre celles de son sexe, afin qu'elle fût mère de Celle qui fut supérieure à toutes les pures créatures, et inférieure seulement à Dieu, mais pourtant sa propre mère; et parce qu'elle a eu cette fille, et qu'elle a été par elle aïeule du Verbe incarné, toutes les nations peuvent appeler cette très-fortunée sainte bienheureuse.
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Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
Instruction de la très-sainte Vierge.
722. Ma fille, la plus grande science de la créature est de s'abandonner entre les mains de son Créateur, qui sait pourquoi il l'a formée et comment il la doit gouverner. Ses propres intérêts consistent à vivre dans l'obéissance et dans l'amour de son Seigneur, qui est très-fidèle envers ceux qui tâchent de lui être agréables par ces moyens; il se charge de tous les événements qui peuvent arriver à ceux qui se fient à sa vérité infaillible, afin qu'ils en sortent victorieux et avantagés. Il afflige et corrige les justes par des adversités, il les console et les vivifie par des faveurs (1), il les anime par des promesses et les intimide par des menaces; il s'absente pour augmenter toujours plus les affections de l'amour, il se manifeste pour les récompenser et les conserver, et par cette admirable variété il rend la vie des élus et. plus belle et plus agréable. C'est tout ce qui m'arrivait en ce que vous venez d'écrire, sa divine miséricorde me visitant et me préparant par diverses sortes de faveurs, par des afflictions de l'ennemi, par des persécutions des créatures, par la perte de mes parents et par l'abandonnement de tous.
723. Parmi cette diversité d'exercices le Seigneur n'oubliait pas ma faiblesse: il joignit à la douleur de la mort de ma mère la consolation de m'y trouver
(1) I Reg., II, 6.
363
présente. O âme! que de biens les créatures perdent pour ne pas pénétrer cette sagesse! Elles refusent dans leurs ténèbres la conduite de la divine Providence, qui est forte, douce et efficace, qui mesure les cieux et les éléments (1), compte les pas (2), pèse les pensées, et dispose toutes choses en faveur des créatures; et cependant elles ne se confient qu'à leur propre prévoyance , qui est dure, inefficace et faible, aveugle, incertaine et précipitée. Ce mauvais principe cause des dommages irréparables à la créature, parce qu'elle-même se prive de là divine protection et renonce à l'honneur d'avoir son Dieu pour son refuge et son tuteur. Joint que s'il lui arrive d'obtenir quelquefois ce qu'elle souhaite par le moyen de la sagesse charnelle et diabolique, à laquelle elle donne toute sa confiance, alors elle se croit heureuse dans son malheur, et boit avec un sensible plaisir le mortel poison de la mort éternelle parmi les trompeuses douceurs qu'elle reçoit dans l'abandonnement et l'inimitié de Dieu.
724. Connaissez donc, ma fille, ce danger, et jetez tous vos soins sans aucune crainte en la providence de votre Dieu et Seigneur, qui, étant infini en sagesse et en pouvoir, vous aime beaucoup plus que vous ne vous aimez vous-même, et vous destine de plus grands biens que vous ne sauriez en désirer ni en demander. Fiez-vous à cette bonté et à ses promesses, qui sont fidèles et sans tromperie. Écoutez ce qu'elle dit par
(1) Isa., XL, 12. — (2) Job., XXXI, 4.
364
son prophète au juste, que tout va bien pour lui (1), acceptant ses désirs et ses soins, et s'en chargeant pour les récompenser avec largesse. Par cette très-assurée confiance, vous arriverez pendant la vie mortelle à une participation de la béatitude dans la tranquillité et dans la paix de votre conscience; et bien que vous vous trouviez environnée des flots impétueux des tentations et des adversités, que vous soyez atteinte des douleurs de la mort et entourée des peines de l'enfer (2), espérez et souffrez avec patience, car par elle vous ne perdrez pas le port de la grâce et du bon plaisir du Très-Haut.
722. Ma fille, la plus grande science de la créature est de s'abandonner entre les mains de son Créateur, qui sait pourquoi il l'a formée et comment il la doit gouverner. Ses propres intérêts consistent à vivre dans l'obéissance et dans l'amour de son Seigneur, qui est très-fidèle envers ceux qui tâchent de lui être agréables par ces moyens; il se charge de tous les événements qui peuvent arriver à ceux qui se fient à sa vérité infaillible, afin qu'ils en sortent victorieux et avantagés. Il afflige et corrige les justes par des adversités, il les console et les vivifie par des faveurs (1), il les anime par des promesses et les intimide par des menaces; il s'absente pour augmenter toujours plus les affections de l'amour, il se manifeste pour les récompenser et les conserver, et par cette admirable variété il rend la vie des élus et. plus belle et plus agréable. C'est tout ce qui m'arrivait en ce que vous venez d'écrire, sa divine miséricorde me visitant et me préparant par diverses sortes de faveurs, par des afflictions de l'ennemi, par des persécutions des créatures, par la perte de mes parents et par l'abandonnement de tous.
723. Parmi cette diversité d'exercices le Seigneur n'oubliait pas ma faiblesse: il joignit à la douleur de la mort de ma mère la consolation de m'y trouver
(1) I Reg., II, 6.
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présente. O âme! que de biens les créatures perdent pour ne pas pénétrer cette sagesse! Elles refusent dans leurs ténèbres la conduite de la divine Providence, qui est forte, douce et efficace, qui mesure les cieux et les éléments (1), compte les pas (2), pèse les pensées, et dispose toutes choses en faveur des créatures; et cependant elles ne se confient qu'à leur propre prévoyance , qui est dure, inefficace et faible, aveugle, incertaine et précipitée. Ce mauvais principe cause des dommages irréparables à la créature, parce qu'elle-même se prive de là divine protection et renonce à l'honneur d'avoir son Dieu pour son refuge et son tuteur. Joint que s'il lui arrive d'obtenir quelquefois ce qu'elle souhaite par le moyen de la sagesse charnelle et diabolique, à laquelle elle donne toute sa confiance, alors elle se croit heureuse dans son malheur, et boit avec un sensible plaisir le mortel poison de la mort éternelle parmi les trompeuses douceurs qu'elle reçoit dans l'abandonnement et l'inimitié de Dieu.
724. Connaissez donc, ma fille, ce danger, et jetez tous vos soins sans aucune crainte en la providence de votre Dieu et Seigneur, qui, étant infini en sagesse et en pouvoir, vous aime beaucoup plus que vous ne vous aimez vous-même, et vous destine de plus grands biens que vous ne sauriez en désirer ni en demander. Fiez-vous à cette bonté et à ses promesses, qui sont fidèles et sans tromperie. Écoutez ce qu'elle dit par
(1) Isa., XL, 12. — (2) Job., XXXI, 4.
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son prophète au juste, que tout va bien pour lui (1), acceptant ses désirs et ses soins, et s'en chargeant pour les récompenser avec largesse. Par cette très-assurée confiance, vous arriverez pendant la vie mortelle à une participation de la béatitude dans la tranquillité et dans la paix de votre conscience; et bien que vous vous trouviez environnée des flots impétueux des tentations et des adversités, que vous soyez atteinte des douleurs de la mort et entourée des peines de l'enfer (2), espérez et souffrez avec patience, car par elle vous ne perdrez pas le port de la grâce et du bon plaisir du Très-Haut.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
CHAPITRE XX. Le Très-Haut se manifeste à sa bien-aimée Marie, notre Princesse, par une faveur singulière.
725. Notre auguste Princesse ressentait déjà les approches de l'agréable jour de la vue du souverain bien qu'elle désirait avec tant d'ardeur, et elle reconnaissait en ses puissances, comme par un crépuscule avant-coureur, la force des rayons de cette lumière divine qui commençait de s'en approcher. Elle s'embrasait toute par la proximité de la flamme invisible
(1) Isa., V,10. — (2) Ps. XVII, 5 et 6.
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qui éclaire et brûle sans consumer, et son esprit étant visité par les premières impressions de cette nouvelle clarté, elle demandait à ses anges, et leur disait; « Mes amis et mes seigneurs, mes gardes très-vigilants et très-fidèles, dites-moi quelle est l'heure de ma nuit? Quand est-ce qu'arrivera l'aurore de mon beau jour, auquel mes yeux verront le Soleil de justice qui les éclaire, et qui donne la vie à mes affections et à mon esprit? » Les princes célestes lui répondirent ; « Épouse du Très-Haut, Celui que votre coeur désire comme sa vérité et sa lumière, est proche; il ne tardera pas beaucoup, puisqu'il commente déjà de paraître. » Par cette réponse une partie du voile qui lui cachait la vue des substances spirituelles fut ôtée, elle découvrit les saints anges, et elle les vit, comme elle avait accoutumé, en leur être propre, et sans aucun empêchement du corps ni des sens.
726. Par ces espérances qu'elle venait de recevoir, et par la vue des esprits angéliques, les pénibles désirs qu'elle avait de voir son bien-aimé s'adoucirent quelque peu. Mais cette sorte d'amour, qui cherche le très-noble objet de la volonté, ne peut être satisfait qu'avec lui; et quoique la créature qui en est atteinte soit avec les anges et avec les saints, son coeur, blessé des amoureuses flèches du Tout-Puissant, ne saurait reposer sans lui. Néanmoins notre divine Princesse, ressentant une secrète joie par la promesse qu'elle avait reçue d'être bientôt consolée, dit à ses anges ; « Princes célestes, flambeaux
366
de la lumière inaccessible où se trouve mon bien aimé, pourquoi ai-je mérité d'être privée si longtemps de votre vue? En quoi vous ai-je déplu? Dites-moi, messeigneurs et mes maîtres, en quoi ai-je été négligente, afin que je ne vous perde plus par ma faute. » Ils lui répondirent : « Souveraine Princesse et Épouse du Tout-Puissant, nous obéissons à la voix de notre Créateur, nous nous conduisons tous par sa sainte volonté; il nous envoie comme des esprits qui lui appartiennent, et nous ordonne ce qui lui plaît; il nous a commandé de nous cacher de votre vue, quand il vous priva de la sienne, nous ordonnant pourtant d'employer tous nos soins à vous secourir et à vous défendre sans nous manifester. Nous avons accompli ce commandement, quoique vous n'y prissiez pas garde. »
725. Notre auguste Princesse ressentait déjà les approches de l'agréable jour de la vue du souverain bien qu'elle désirait avec tant d'ardeur, et elle reconnaissait en ses puissances, comme par un crépuscule avant-coureur, la force des rayons de cette lumière divine qui commençait de s'en approcher. Elle s'embrasait toute par la proximité de la flamme invisible
(1) Isa., V,10. — (2) Ps. XVII, 5 et 6.
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qui éclaire et brûle sans consumer, et son esprit étant visité par les premières impressions de cette nouvelle clarté, elle demandait à ses anges, et leur disait; « Mes amis et mes seigneurs, mes gardes très-vigilants et très-fidèles, dites-moi quelle est l'heure de ma nuit? Quand est-ce qu'arrivera l'aurore de mon beau jour, auquel mes yeux verront le Soleil de justice qui les éclaire, et qui donne la vie à mes affections et à mon esprit? » Les princes célestes lui répondirent ; « Épouse du Très-Haut, Celui que votre coeur désire comme sa vérité et sa lumière, est proche; il ne tardera pas beaucoup, puisqu'il commente déjà de paraître. » Par cette réponse une partie du voile qui lui cachait la vue des substances spirituelles fut ôtée, elle découvrit les saints anges, et elle les vit, comme elle avait accoutumé, en leur être propre, et sans aucun empêchement du corps ni des sens.
726. Par ces espérances qu'elle venait de recevoir, et par la vue des esprits angéliques, les pénibles désirs qu'elle avait de voir son bien-aimé s'adoucirent quelque peu. Mais cette sorte d'amour, qui cherche le très-noble objet de la volonté, ne peut être satisfait qu'avec lui; et quoique la créature qui en est atteinte soit avec les anges et avec les saints, son coeur, blessé des amoureuses flèches du Tout-Puissant, ne saurait reposer sans lui. Néanmoins notre divine Princesse, ressentant une secrète joie par la promesse qu'elle avait reçue d'être bientôt consolée, dit à ses anges ; « Princes célestes, flambeaux
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de la lumière inaccessible où se trouve mon bien aimé, pourquoi ai-je mérité d'être privée si longtemps de votre vue? En quoi vous ai-je déplu? Dites-moi, messeigneurs et mes maîtres, en quoi ai-je été négligente, afin que je ne vous perde plus par ma faute. » Ils lui répondirent : « Souveraine Princesse et Épouse du Tout-Puissant, nous obéissons à la voix de notre Créateur, nous nous conduisons tous par sa sainte volonté; il nous envoie comme des esprits qui lui appartiennent, et nous ordonne ce qui lui plaît; il nous a commandé de nous cacher de votre vue, quand il vous priva de la sienne, nous ordonnant pourtant d'employer tous nos soins à vous secourir et à vous défendre sans nous manifester. Nous avons accompli ce commandement, quoique vous n'y prissiez pas garde. »
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
727.« Dites-moi donc maintenant (leur repartit la très-sainte Vierge) où est mon Maître, mon bien a et mon Créateur? Dites-moi si mes yeux tarderont a à le voir, ou si j'ai été assez malheureuse que de lui déplaire en quelque chose, afin que cette très-vile créature pleuré amèrement la cause de sa peine. Ministres et ambassadeurs du grand Roi, a ayez pitié de mon affliction amoureuse, et donnez moi des nouvelles de mon bien-aimé? » — « Tout maintenant vous allez voir, souveraine Princesse (lui répondirent les anges), Celui que votre âme désire; mêlez cette confiance avec votre douce peine. Notre Dieu ne se refuse pas à ceux qui le cherchent véritablement, et avec autant d'ardeur que vous le
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cherchez; l'amour de sa bonté est grand, souveraine Princesse, envers ceux qui se préparent à le recevoir; il satisfera avec largesse vos souhaits. » Les saints anges ne faisaient pas difficulté de l'appeler Souveraine, tant parce qu'ils étaient assurés de sa très-prudente humilité que parce qu'ils feignaient de confondre ce titre honorable avec celui d'Épouse du Très-Haut, ayant été témoins des épousailles que sa divine Majesté célébra avec cette Reine. Et comme sa sagesse infinie disposa que les anges, lui cachant seulement le titre et la dignité de Mère du Verbe jusqu'au temps qu'il avait déterminé, lui rendissent en tout le reste de grands honneurs, c'est pour ce sujet qu'ils lui en donnèrent plusieurs témoignages, quoiqu'ils l'honorassent beaucoup plus en secret qu'en apparence.
728. Notre auguste Princesse attendait l'arrivée de son Époux et du souverain bien parmi ces amoureux entretiens, lorsque les séraphins qui l'assistaient commencèrent à la préparer par une nouvelle illustration de ses puissances, gage assuré et disposition agréable du bien qu'elle attendait. Mais comme ces faveurs allumaient davantage la flamme ardente de son amour, ne pouvant pas encore arriver à sa fin désirée, les élans de ses amoureuses plaintes croissaient toujours plus, et dans ces élans elle dit aux séraphins ; « Esprits a suprêmes qui êtes les plus immédiats à mon bien, a miroirs très-reluisants où son divin portrait étant représenté avec éclat, j'avais accoutumé de le regarder avec une sensible joie de mon âme, dites-moi
368
où est la lumière qui vous éclaire et qui vous remplit de beauté ? Dites pourquoi mon bien-aimé tarde si longtemps? Dites-moi ce qui l'empêche de me consoler de sa présence? Si c'est par ma faute, je me corrigerai; si c'est que je ne mérite pas l'accomplissement de mon désir, je me conformerai à son bon plaisir, et s'il se plait en ma douleur, je la supporterai avec joie; mais, dites-moi, comment pourrai-je vivre sans ma propre vie? comment me pourrai je conduire sans ma lumière? »
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cherchez; l'amour de sa bonté est grand, souveraine Princesse, envers ceux qui se préparent à le recevoir; il satisfera avec largesse vos souhaits. » Les saints anges ne faisaient pas difficulté de l'appeler Souveraine, tant parce qu'ils étaient assurés de sa très-prudente humilité que parce qu'ils feignaient de confondre ce titre honorable avec celui d'Épouse du Très-Haut, ayant été témoins des épousailles que sa divine Majesté célébra avec cette Reine. Et comme sa sagesse infinie disposa que les anges, lui cachant seulement le titre et la dignité de Mère du Verbe jusqu'au temps qu'il avait déterminé, lui rendissent en tout le reste de grands honneurs, c'est pour ce sujet qu'ils lui en donnèrent plusieurs témoignages, quoiqu'ils l'honorassent beaucoup plus en secret qu'en apparence.
728. Notre auguste Princesse attendait l'arrivée de son Époux et du souverain bien parmi ces amoureux entretiens, lorsque les séraphins qui l'assistaient commencèrent à la préparer par une nouvelle illustration de ses puissances, gage assuré et disposition agréable du bien qu'elle attendait. Mais comme ces faveurs allumaient davantage la flamme ardente de son amour, ne pouvant pas encore arriver à sa fin désirée, les élans de ses amoureuses plaintes croissaient toujours plus, et dans ces élans elle dit aux séraphins ; « Esprits a suprêmes qui êtes les plus immédiats à mon bien, a miroirs très-reluisants où son divin portrait étant représenté avec éclat, j'avais accoutumé de le regarder avec une sensible joie de mon âme, dites-moi
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où est la lumière qui vous éclaire et qui vous remplit de beauté ? Dites pourquoi mon bien-aimé tarde si longtemps? Dites-moi ce qui l'empêche de me consoler de sa présence? Si c'est par ma faute, je me corrigerai; si c'est que je ne mérite pas l'accomplissement de mon désir, je me conformerai à son bon plaisir, et s'il se plait en ma douleur, je la supporterai avec joie; mais, dites-moi, comment pourrai-je vivre sans ma propre vie? comment me pourrai je conduire sans ma lumière? »
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
729. Les séraphins répondant à ces douces plaintes, lui dirent ; « Souveraine Dame, votre bien-aimé ne tarde pas lorsqu'il s'absente et s'arrête pour votre profit et pour votre amour; puisqu'il afflige ceux qu'il aime le plus pour les consoler, qu'il les attriste pour augmenter leur joie, et qu'il se retire pour être trouvé. Il veut que vous semiez avec larmes, pour recueillir ensuite avec joie le doux fruit de la douleur; que si le bien-aimé ne se cachait, on ne le chercherait jamais avec les soins et les peines que son absence cause; l'âme ne renouvellerait pas ses affections, et l'estime qu'elle doit avoir de son trésor ne serait pas si grande. »
730. On lui donna cette lumière dont nous avons parlé ci-devant pour purifier ses puissances; ce n'est pas qu'elle eût aucune faute à purger, car elle n'en pouvait point commettre;. mais quoique tous ses mouvements et toutes ses opérations en cette absence du Seigneur, eussent été méritoires et saints, néanmoins ces nouveaux dons étaient nécessaires pour
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apaiser dans son esprit et dans ses puissances les mouvements que lui causaient les amoureuses peines qu'elle ressentait d'avoir perdu la présence du Seigneur, et pour la changer de cet état pénible où elle était en ce présent état de nouvelles et de différentes faveurs; parce que pour proportionner les puissances à l'objet et à la manière de le voir, il fallait les renouveler et les disposer. Et c'est ce que les séraphins firent en la manière que nous avons racontée su chapitre XIV° de ce livre. Ensuite le Seigneur lui donna le dernier ornement ou qualité pour la préparer à la dernière disposition immédiate et à la vision qu'il lui voulait manifester.
730. On lui donna cette lumière dont nous avons parlé ci-devant pour purifier ses puissances; ce n'est pas qu'elle eût aucune faute à purger, car elle n'en pouvait point commettre;. mais quoique tous ses mouvements et toutes ses opérations en cette absence du Seigneur, eussent été méritoires et saints, néanmoins ces nouveaux dons étaient nécessaires pour
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apaiser dans son esprit et dans ses puissances les mouvements que lui causaient les amoureuses peines qu'elle ressentait d'avoir perdu la présence du Seigneur, et pour la changer de cet état pénible où elle était en ce présent état de nouvelles et de différentes faveurs; parce que pour proportionner les puissances à l'objet et à la manière de le voir, il fallait les renouveler et les disposer. Et c'est ce que les séraphins firent en la manière que nous avons racontée su chapitre XIV° de ce livre. Ensuite le Seigneur lui donna le dernier ornement ou qualité pour la préparer à la dernière disposition immédiate et à la vision qu'il lui voulait manifester.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
731. Cette sorte d'élévation causait dans les puissances de notre auguste Reine les effets et les opérations d'amour et des vertus que le Seigneur prétendait, ce qui est tout ce que j'en puis exprimer; et sa divine Majesté se trouvant parmi ces mêmes puissances, ôta le voile qui la couvrait, et après y avoir été si longtemps cachée, elle se manifesta à son épouse, à son unique et à sa bien-aimée Marie par une vision abstractive de sa divinité. Bien que cette vision fût par des espèces et non pas immédiate, elle fut pourtant très-claire et très-relevée en son genre; et le Seigneur essuya par elle les larmes continuelles de notre Reine, récompensa ses affections et ses amoureuses peines, satisfit son désir, et elle se reposa entièrement dans une abondance de délices et entre les bras de son bien-aimé (1). Ce fut là que la jeunesse
(1) Cant., VIII, 5.
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de cette aigle embrasée d'amour se renouvela (1), pour élever toujours plus son vol dans la région impénétrable de la Divinité; et elle monta si haut par les espèces, quelle conserva d'une manière admirable après cette vision, qu'aucune autre créature n'a pu .y arriver ni même le comprendre.
732. La joie que la très-pure Marie reçut dans cette vision devait être mesurée tant à l'extrème douleur par où elle avait passé, qu'aux grands mérites qu'elle avait acquis par son moyen. Pour moi, je ne Puis dire autre chose, sinon que où la douleur se trouva la plus grande, la consolation le fut aussi (2), et que la patience, l'humilité, la force, la constance, les affections et les amoureuses peines furent en Marie durant tout le temps de cette absence, plus excellentes qu’elles n'ont jamais été en aucune autre créature. Il n'y eut que cette seule et unique Dame qui sut pénétrer ce que cette sagesse avait de plus relevé, et qui sut donner le juste poids à la privation de la vue du Seigneur, et ressentir son absence avec toutes les circonstances requises; elle sut aussi le chercher avec patience, souffrir avec humilité toutes les afflictions qu'il lui envoyait et les supporter avec force, le glorifier avec un amour ineffable, estimer ensuite ses faveurs et profiter de sa jouissance.
(1) Cant., VIII, 5.
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de cette aigle embrasée d'amour se renouvela (1), pour élever toujours plus son vol dans la région impénétrable de la Divinité; et elle monta si haut par les espèces, quelle conserva d'une manière admirable après cette vision, qu'aucune autre créature n'a pu .y arriver ni même le comprendre.
732. La joie que la très-pure Marie reçut dans cette vision devait être mesurée tant à l'extrème douleur par où elle avait passé, qu'aux grands mérites qu'elle avait acquis par son moyen. Pour moi, je ne Puis dire autre chose, sinon que où la douleur se trouva la plus grande, la consolation le fut aussi (2), et que la patience, l'humilité, la force, la constance, les affections et les amoureuses peines furent en Marie durant tout le temps de cette absence, plus excellentes qu’elles n'ont jamais été en aucune autre créature. Il n'y eut que cette seule et unique Dame qui sut pénétrer ce que cette sagesse avait de plus relevé, et qui sut donner le juste poids à la privation de la vue du Seigneur, et ressentir son absence avec toutes les circonstances requises; elle sut aussi le chercher avec patience, souffrir avec humilité toutes les afflictions qu'il lui envoyait et les supporter avec force, le glorifier avec un amour ineffable, estimer ensuite ses faveurs et profiter de sa jouissance.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
733. La très-sainte Vierge ayant été élevée en cette vision, se prosterna par son affection en la présence divine, et dit à sa Majesté : « Seigneur incompréhensible
(1) Ps. CII, 5. — (2) II Cor., I, 5.
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et souverain bien de mon âme, puisque vous élevez de la poussière ce pauvre vermisseau, recevez, Seigneur, l'ouvrage de votre bonté, recevez votre propre gloire avec celle que vos saints courtisans vous donnent en très-humbles actions de grâces des bontés dont vous comblez mon âme; et si mes œuvres vous ont été désagréables, comme partant d'une créature basse et terrestre, réformez maintenant en moi, mon divin Maître, tout ce qui vous déplaît. O bonté infinie, O unique sagesse, purifiez et renouvelez ce cœur, faites qu'il vous. soit agréable et qu'il soit humble et repentant afin que vous ne le rejetiez plus. Si je n'ai pas reçu les petits travaux et la mort de mes parents comme je le devais, et si je me suis éloignée en quelque chose de votre bon plaisir, réglez, mon Dieu, mes puis lances , et agissez envers moi comme Seigneur tout-puissant, comme Père absolu, et comme l'unique Époux de mon âme. »
734. Le Très-Haut répondit à cette humble prière Mon Épouse et ma Colombe, la douleur de la mort de vos parents et le sentiment des autres afflictions ne sont pas des fautes, mais des effets naturels de la condition humaine; et par l'amour avec lequel vous vous êtes conformée en toutes choses à la disposition de ma divine volonté, vous avez mérité de nouveau ma grâce et ma complaisance. Je distribue, comme Seigneur de toutes choses, la véritable lumière et ses effets par ma sagesse; je forme successivement le jour et la nuit; je cause la sérénité
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et je donne aussi le temps propre à la tempête, afin qu'on exalte et mon pouvoir et ma gloire, que l'âme y marche plus assurée avec le contre-poids de sa propre connaissance, que les flots agités des a tribulations la fasse plus tôt arriver au port assuré de mon amitié et de ma grâce, et qu'étant plus remplie de mérites, elle m'oblige de la recevoir avec plus de bienveillance. Voilà, ma bien-aimée, l'ordre admirable de ma sagesse, et c'est pour ce sujet que vous avez tardé si longtemps à me voir; a parce que je veux que vous pratiquiez la plus grande
sainteté et la plus grande perfection. Servez-moi donc , ma très-chère, puisque je suis votre Époux et le Dieu des miséricordes infinies, et puisque mon nom est admirable dans la diversité de mes grandes œuvres. »
735. Notre Reine Marie sortit de cette vision toute renouvelée et toute remplie d'une nouvelle science de la Divinité et des mystères cachés du grand Roi, qu'elle glorifiait. et louait par des cantiques et par des élans continuels de son esprit entièrement calmé; et à mesure que les faveurs qu'elle en recevait, s'augmentaient, son humilité et toutes ses autres vertus croissaient aussi. Sa prière ordinaire était de faite toujours ce qui serait, le plus agréable à la volonté du Très-Haut, et de l'accomplir en toutes choses; et elle passa quelques jours en cet état, jusqu'à ce que arriva, ce que, je dirai au chapitre suivant.
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(1) Ps. CII, 5. — (2) II Cor., I, 5.
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et souverain bien de mon âme, puisque vous élevez de la poussière ce pauvre vermisseau, recevez, Seigneur, l'ouvrage de votre bonté, recevez votre propre gloire avec celle que vos saints courtisans vous donnent en très-humbles actions de grâces des bontés dont vous comblez mon âme; et si mes œuvres vous ont été désagréables, comme partant d'une créature basse et terrestre, réformez maintenant en moi, mon divin Maître, tout ce qui vous déplaît. O bonté infinie, O unique sagesse, purifiez et renouvelez ce cœur, faites qu'il vous. soit agréable et qu'il soit humble et repentant afin que vous ne le rejetiez plus. Si je n'ai pas reçu les petits travaux et la mort de mes parents comme je le devais, et si je me suis éloignée en quelque chose de votre bon plaisir, réglez, mon Dieu, mes puis lances , et agissez envers moi comme Seigneur tout-puissant, comme Père absolu, et comme l'unique Époux de mon âme. »
734. Le Très-Haut répondit à cette humble prière Mon Épouse et ma Colombe, la douleur de la mort de vos parents et le sentiment des autres afflictions ne sont pas des fautes, mais des effets naturels de la condition humaine; et par l'amour avec lequel vous vous êtes conformée en toutes choses à la disposition de ma divine volonté, vous avez mérité de nouveau ma grâce et ma complaisance. Je distribue, comme Seigneur de toutes choses, la véritable lumière et ses effets par ma sagesse; je forme successivement le jour et la nuit; je cause la sérénité
372
et je donne aussi le temps propre à la tempête, afin qu'on exalte et mon pouvoir et ma gloire, que l'âme y marche plus assurée avec le contre-poids de sa propre connaissance, que les flots agités des a tribulations la fasse plus tôt arriver au port assuré de mon amitié et de ma grâce, et qu'étant plus remplie de mérites, elle m'oblige de la recevoir avec plus de bienveillance. Voilà, ma bien-aimée, l'ordre admirable de ma sagesse, et c'est pour ce sujet que vous avez tardé si longtemps à me voir; a parce que je veux que vous pratiquiez la plus grande
sainteté et la plus grande perfection. Servez-moi donc , ma très-chère, puisque je suis votre Époux et le Dieu des miséricordes infinies, et puisque mon nom est admirable dans la diversité de mes grandes œuvres. »
735. Notre Reine Marie sortit de cette vision toute renouvelée et toute remplie d'une nouvelle science de la Divinité et des mystères cachés du grand Roi, qu'elle glorifiait. et louait par des cantiques et par des élans continuels de son esprit entièrement calmé; et à mesure que les faveurs qu'elle en recevait, s'augmentaient, son humilité et toutes ses autres vertus croissaient aussi. Sa prière ordinaire était de faite toujours ce qui serait, le plus agréable à la volonté du Très-Haut, et de l'accomplir en toutes choses; et elle passa quelques jours en cet état, jusqu'à ce que arriva, ce que, je dirai au chapitre suivant.
373
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
Instruction de la Reine du ciel.
736. Ma fille, je vous redirai souvent la leçon de la plus. grande sagesse des âmes, qui consiste à acquérir la connaissance de la croix par l'amour des travaux, en les souffrant à mon imitation avec patience. Que si la condition des mortels n'était pas si grossière, ils les désireraient pour le seul bon plaisir de leur Dieu et de leur Seigneur, qui leur a fait connaître que sa volonté et ses complaisances s'y rencontraient, puisque le serviteur fidèle et affectionné doit toujours préférer l'agrément de son maître à sa propre commodité. Mais la grossièreté -des mondains les empêche d'en user de la sorte avec leur Seigneur, ignorant, après tant de déclarations, que tout leur remède dépend de suivre Jésus-Christ par la croix, et qu'il faut que les enfants coupables souffrent avec leur Père innocent, et que les membres se conforment à leur chef, afin que le fruit de la rédemption leur soit profitable.
737. Recevez donc, ma fille, cette instruction, et gravez-la au plus profond de votre cœur, et sachez qu'en qualité de fille du Très-Haut, d'épouse de mon très-saint Fils et de ma disciple, quand même vous seriez en liberté de choisir, vous devriez acheter pour votre ornement la précieuse perle des souffrances, afin de vous rendre plus agréable à votre Seigneur et à votre Époux; et préférer les travaux de sa croix à ses caresses et à ses faveurs, parce qu'en choisissant les consolations et les délices, votre amour-propre y peut
374
avoir beaucoup de part; mais, dans l'élection des tribulations et des peines, le seul amour de Jésus-Christ s'y rencontre. Que si, pour innocent qu'on soit, l'on doit toujours préférer les peines aux satisfactions de l'esprit, quelle est la folie des hommes pécheurs, d'aimer avec tant d'aveuglement les plaisirs sensibles et charnels, et d'avoir si fort en horreur tout ce qu'ils pourraient souffrir pour Jésus-Christ et pour le salut de leurs âmes !
738. Votre prière continuelle, ma fille, doit être de redire sans cesse: Me voici, Seigneur, que voulez-vous faire de moi (1) ? Mon coeur est préparé et tranquille; il est tout disposé (2), que voulez-vous, Seigneur, que . je fasse pour vous? Faites que cette prière soit en vous sincère et véritable, et qu'elle parte plutôt du profond de votre coeur que de votre bouche. Vos pensées doivent être relevées, et votre intention droite, pure et noble;* elle ne doit avoir d'autre but que de faire en toutes choses ce qui sera le plus agréable au Seigneur, qui distribue les travaux, sa grâce et ses faveurs avec poids et mesure. Examinez toujours par quelles pensées, par quelles actions, et en quelles occasions vous pouvez déplaire ou agréer davantage à votre bien-aimé, afin que vous connaissiez ce que vous devez retrancher ou désirer en vous. Eloignez au plus tôt le moindre désordre pour petit qu'il soit, ou ce qui est le moins pur et le moins parfait, quoiqu'il vous paraisse permis et de quelque utilité : parce que vous devez croire
(1) Act., IX, 6. — (2) Ps. LVI, 8.
375
mauvais et inutile pour vous tout ce qui n'est pas le plus agréable su Seigneur, et nulle imperfection ne vous doit paraître petite si elle déplaît à Dieu. Avec cette soigneuse crainte et cette sainte précaution, vous marcherez assurée, et soyez persuadée, ma tres-chère fille, que toutes les exagérations humaines ne sauraient exprimer la grande récompense que le Très-Haut réserve pour les âmes qui, vivent dans cette application.
736. Ma fille, je vous redirai souvent la leçon de la plus. grande sagesse des âmes, qui consiste à acquérir la connaissance de la croix par l'amour des travaux, en les souffrant à mon imitation avec patience. Que si la condition des mortels n'était pas si grossière, ils les désireraient pour le seul bon plaisir de leur Dieu et de leur Seigneur, qui leur a fait connaître que sa volonté et ses complaisances s'y rencontraient, puisque le serviteur fidèle et affectionné doit toujours préférer l'agrément de son maître à sa propre commodité. Mais la grossièreté -des mondains les empêche d'en user de la sorte avec leur Seigneur, ignorant, après tant de déclarations, que tout leur remède dépend de suivre Jésus-Christ par la croix, et qu'il faut que les enfants coupables souffrent avec leur Père innocent, et que les membres se conforment à leur chef, afin que le fruit de la rédemption leur soit profitable.
737. Recevez donc, ma fille, cette instruction, et gravez-la au plus profond de votre cœur, et sachez qu'en qualité de fille du Très-Haut, d'épouse de mon très-saint Fils et de ma disciple, quand même vous seriez en liberté de choisir, vous devriez acheter pour votre ornement la précieuse perle des souffrances, afin de vous rendre plus agréable à votre Seigneur et à votre Époux; et préférer les travaux de sa croix à ses caresses et à ses faveurs, parce qu'en choisissant les consolations et les délices, votre amour-propre y peut
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avoir beaucoup de part; mais, dans l'élection des tribulations et des peines, le seul amour de Jésus-Christ s'y rencontre. Que si, pour innocent qu'on soit, l'on doit toujours préférer les peines aux satisfactions de l'esprit, quelle est la folie des hommes pécheurs, d'aimer avec tant d'aveuglement les plaisirs sensibles et charnels, et d'avoir si fort en horreur tout ce qu'ils pourraient souffrir pour Jésus-Christ et pour le salut de leurs âmes !
738. Votre prière continuelle, ma fille, doit être de redire sans cesse: Me voici, Seigneur, que voulez-vous faire de moi (1) ? Mon coeur est préparé et tranquille; il est tout disposé (2), que voulez-vous, Seigneur, que . je fasse pour vous? Faites que cette prière soit en vous sincère et véritable, et qu'elle parte plutôt du profond de votre coeur que de votre bouche. Vos pensées doivent être relevées, et votre intention droite, pure et noble;* elle ne doit avoir d'autre but que de faire en toutes choses ce qui sera le plus agréable au Seigneur, qui distribue les travaux, sa grâce et ses faveurs avec poids et mesure. Examinez toujours par quelles pensées, par quelles actions, et en quelles occasions vous pouvez déplaire ou agréer davantage à votre bien-aimé, afin que vous connaissiez ce que vous devez retrancher ou désirer en vous. Eloignez au plus tôt le moindre désordre pour petit qu'il soit, ou ce qui est le moins pur et le moins parfait, quoiqu'il vous paraisse permis et de quelque utilité : parce que vous devez croire
(1) Act., IX, 6. — (2) Ps. LVI, 8.
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mauvais et inutile pour vous tout ce qui n'est pas le plus agréable su Seigneur, et nulle imperfection ne vous doit paraître petite si elle déplaît à Dieu. Avec cette soigneuse crainte et cette sainte précaution, vous marcherez assurée, et soyez persuadée, ma tres-chère fille, que toutes les exagérations humaines ne sauraient exprimer la grande récompense que le Très-Haut réserve pour les âmes qui, vivent dans cette application.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
CHAPITRE XXI. Le Très-Haut commande à la très-sainte Vierge de prendre l'état de mariage, et la réponse à ce commandement.
739. Notre très-belle Princesse étant arrivée à sa treizième année et demie, et étant déjà fort avancée en grandeur de corps et d'esprit, de vertus et de mérites, eut une autre vision abstractive de la Divinité en la même forme que les autres de cette espèce dont nous avons parlé. Nous pouvons dire qu'il arriva en cette vision la même chose que l'Écriture dit être arrivée il Abraham quand Dieu lui commanda de sacrifier son fils bien-aimé Isaac, unique gage de toutes ses espérances : Dieu tenta Abraham, dit Moïse (1), éprouvant
(1) Gen., XXII, 1 et 2.
376
sa prompte obéissance pour la couronner. Nous pouvons dire aussi que Dieu tenta notre auguste Maîtresse en cette vision; il lui commanda de prendre l’état de mariage. En quoi nous découvrirons aussi la vérité, qui dit combien les jugements du Seigneur sont incompréhensibles, et combien ses voies et ses pensées sont élevées au-dessus des nôtres (1). Celles de la très-pure Marie étaient autant éloignées de celles que le Très-Haut lui découvrit en lui ordonnant de recevoir un époux pour sa garde et pour sa compagnie, que le ciel l'est de la terre (2), parce qu'elle avait désiré et résolu de n'en avoir aucun durant toute sa vie, autant qu’il pouvait dépendre de sa volonté, renouvelant souvent le veau de chasteté qu’elle avait fait de si bonne heure.
744. Le Très-Haut avait célébré avec la très-pure Marie ces épousailles solennelles que nous avons racontées, après qu'elle fut entrée dans le Temple, les confirmant par l'approbation du veau de chasteté, qu'elle lit avec tant de gloire en la présence de tons les esprits angéliques. La très chaste colombe avait renoncé à toute sorte de commerce humain et aux attachements de la terre, à l'espérance et à l'amour de toutes les créatures: elle était toute transformée en l'amour le plus par de ce souverain bien qui ne manque jamais, étant persuadée qu'elle serait plus chaste en l'aimant, plus pure en le touchant, et plus vierge en le recevant. Le commandement que le Seigneur lui fit de recevoir,
(1) Rom., XI, 33. — (2) Isa., LV, 9.
377
un époux terrestre, sans qu'elle s'y attendit et sans lui découvrir autre chose alors, fut un grand sujet d'admiration dans le coeur très-innocent de cette sainte fille, qui vivait dans l'assurance de n'avoir point d'autre époux que le même Dieu qui le lui commandait. Cette épreuve ut bien plus grande que celle d'Abraham, puisqu'il n'aimait pas tant son fils Isaac (1) que l'auguste Marie n'aimait la chasteté inviolable.
739. Notre très-belle Princesse étant arrivée à sa treizième année et demie, et étant déjà fort avancée en grandeur de corps et d'esprit, de vertus et de mérites, eut une autre vision abstractive de la Divinité en la même forme que les autres de cette espèce dont nous avons parlé. Nous pouvons dire qu'il arriva en cette vision la même chose que l'Écriture dit être arrivée il Abraham quand Dieu lui commanda de sacrifier son fils bien-aimé Isaac, unique gage de toutes ses espérances : Dieu tenta Abraham, dit Moïse (1), éprouvant
(1) Gen., XXII, 1 et 2.
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sa prompte obéissance pour la couronner. Nous pouvons dire aussi que Dieu tenta notre auguste Maîtresse en cette vision; il lui commanda de prendre l’état de mariage. En quoi nous découvrirons aussi la vérité, qui dit combien les jugements du Seigneur sont incompréhensibles, et combien ses voies et ses pensées sont élevées au-dessus des nôtres (1). Celles de la très-pure Marie étaient autant éloignées de celles que le Très-Haut lui découvrit en lui ordonnant de recevoir un époux pour sa garde et pour sa compagnie, que le ciel l'est de la terre (2), parce qu'elle avait désiré et résolu de n'en avoir aucun durant toute sa vie, autant qu’il pouvait dépendre de sa volonté, renouvelant souvent le veau de chasteté qu’elle avait fait de si bonne heure.
744. Le Très-Haut avait célébré avec la très-pure Marie ces épousailles solennelles que nous avons racontées, après qu'elle fut entrée dans le Temple, les confirmant par l'approbation du veau de chasteté, qu'elle lit avec tant de gloire en la présence de tons les esprits angéliques. La très chaste colombe avait renoncé à toute sorte de commerce humain et aux attachements de la terre, à l'espérance et à l'amour de toutes les créatures: elle était toute transformée en l'amour le plus par de ce souverain bien qui ne manque jamais, étant persuadée qu'elle serait plus chaste en l'aimant, plus pure en le touchant, et plus vierge en le recevant. Le commandement que le Seigneur lui fit de recevoir,
(1) Rom., XI, 33. — (2) Isa., LV, 9.
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un époux terrestre, sans qu'elle s'y attendit et sans lui découvrir autre chose alors, fut un grand sujet d'admiration dans le coeur très-innocent de cette sainte fille, qui vivait dans l'assurance de n'avoir point d'autre époux que le même Dieu qui le lui commandait. Cette épreuve ut bien plus grande que celle d'Abraham, puisqu'il n'aimait pas tant son fils Isaac (1) que l'auguste Marie n'aimait la chasteté inviolable.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
741. Mais la très-prudente Vierge suspendit son jugement à un commandement si surprenant, et ne l'appliqua qu'à espérer et à croire mieux qu'Abraham en l'espérance contre l'espérance (2), et elle dit au Seigneur ; « Dieu éternel, d'une majesté incompréhensible, Créateur du ciel et de la terre, et de a tout ce que s'y trouve renfermé; vous, Seigneur, qui pesez les vents et qui prescrivez, par votre puissance les limites à la mer (3), toutes choses étant soumises à votre volonté (4), vous pouvez faire de ce petit vermisseau tout ce qu'il vous plaira, sans que je manque jamais à ce que je vous ai promis. Que si je ne m'écarte point, mon bien-aimé, de votre hou plaisir, je confirme de nouveau que je veux être chaste tout le temps de ma vie, et que je ne veux point d'autre maître ni d'autre époux que vous, mon divin Seigneur; et puisque je dois, comme votre créature, vous obéir, il est de votre soin, mon cher, Époux, de tirer ma faiblesse humaine de cette peine
(1) Gen., XXII. — (2) Rom., IV, 18. — (3) Job., XXVIII, 25; Ps. CIII, 9. — (4) Esth., XIII, 9.
378
en laquelle votre saint amour me met. » La très-chaste Marie se troubla quelque peu, comme il lui arriva dans la suite en l'ambassade de l'archange saint Gabriel (1); mais, quoiqu'elle ressentit quelque tristesse, cela n'empêcha pas qu'elle ne rendît la plus héroïque obéissance qu'elle eût pratiquée jusqu'alors; de sorte qu'elle se soumit entièrement à la volonté du Seigneur. Sa divine Majesté lui répondit : «Marie, apaisez votre coeur; votre résignation m'est agréable; la puissance de mon bras n'est pas sujette aux lois; je prends sur mon soin tout ce qui vous sera le plus convenable. »
742. La très-sainte Vierge revint de la vision à son état ordinaire avec cette seule promesse du Très-Haut, et elle fut continuellement agitée entre la suspension et l’espérance dans lesquelles le commandement et la promesse divine l'avaient laissée; le Seigneur la voulant obliger par ce moyen à multiplier ses larmes et de nouvelles affections d'amour et de confiance, de foi, d'humilité, d'obéissance, de chasteté, et de plusieurs autres vertus, qu'il nous serait impossible de raconter. Pendant que notre Princesse s'occupait avec quelque douleur à cette prière et à ces perplexités soumises et prudentes, Dieu parla dans un songe au souverain prêtre, qui était saint Siméon, et lui commanda de se disposer à marier Marie, pille de Joachim et d'Anne de Nazareth, parce que sa divine Majesté la regardait avec un soin et avec un amour particulier. Le saint
(1) Luc., I, 29.
379
prêtre répondit à Dieu, et lui demanda de faire connaître celui avec lequel Marie devait se marier. Le Seigneur lui ordonna d'assembler les autres prêtres et les docteurs, et de leur exposer comme cette fille était seule et orpheline, et qu'elle n'avait aucune volonté de s'engager dans le mariage; mais que la coutume étant qu'aucune fille aînée ne sortirait du Temple sans se marier, il était convenable de lui faire embrasser cet état avec la personne qu'ils jugeraient le plus à propos.
(1) Gen., XXII. — (2) Rom., IV, 18. — (3) Job., XXVIII, 25; Ps. CIII, 9. — (4) Esth., XIII, 9.
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en laquelle votre saint amour me met. » La très-chaste Marie se troubla quelque peu, comme il lui arriva dans la suite en l'ambassade de l'archange saint Gabriel (1); mais, quoiqu'elle ressentit quelque tristesse, cela n'empêcha pas qu'elle ne rendît la plus héroïque obéissance qu'elle eût pratiquée jusqu'alors; de sorte qu'elle se soumit entièrement à la volonté du Seigneur. Sa divine Majesté lui répondit : «Marie, apaisez votre coeur; votre résignation m'est agréable; la puissance de mon bras n'est pas sujette aux lois; je prends sur mon soin tout ce qui vous sera le plus convenable. »
742. La très-sainte Vierge revint de la vision à son état ordinaire avec cette seule promesse du Très-Haut, et elle fut continuellement agitée entre la suspension et l’espérance dans lesquelles le commandement et la promesse divine l'avaient laissée; le Seigneur la voulant obliger par ce moyen à multiplier ses larmes et de nouvelles affections d'amour et de confiance, de foi, d'humilité, d'obéissance, de chasteté, et de plusieurs autres vertus, qu'il nous serait impossible de raconter. Pendant que notre Princesse s'occupait avec quelque douleur à cette prière et à ces perplexités soumises et prudentes, Dieu parla dans un songe au souverain prêtre, qui était saint Siméon, et lui commanda de se disposer à marier Marie, pille de Joachim et d'Anne de Nazareth, parce que sa divine Majesté la regardait avec un soin et avec un amour particulier. Le saint
(1) Luc., I, 29.
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prêtre répondit à Dieu, et lui demanda de faire connaître celui avec lequel Marie devait se marier. Le Seigneur lui ordonna d'assembler les autres prêtres et les docteurs, et de leur exposer comme cette fille était seule et orpheline, et qu'elle n'avait aucune volonté de s'engager dans le mariage; mais que la coutume étant qu'aucune fille aînée ne sortirait du Temple sans se marier, il était convenable de lui faire embrasser cet état avec la personne qu'ils jugeraient le plus à propos.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
743. Le prêtre Siméon obéit aux ordres divins; et, ayant assemblé les autres, il leur découvrit la volonté du Très-Haut, et leur proposa la complaisance que sa divine Majesté avait pour cette fille, Marie de Nazareth, comme il lui avait été révélé; et que, se trouvant dans le Temple privée de ses parents, il était de leur obligation de prendre un soin particulier de ce qui la regardait, et de lui chercher un époux digne d'une fille si honnête, si vertueuse et si irréprochable en ses mœurs, comme ils l'avaient tous reconnu durant le temps qu'elle y avait demeuré ; joint que la personne, le bien, la qualité et les autres avantages qui se trouvaient eu elle étaient si considérables, qu'il fallait prendre bien garde à qui on devait la confier. Il leur dit aussi que Marie de Nazareth n'avait point d'inclination pour le mariage, mais qu'il n'était pas juste qu'elle sortit du Temple sans embrasser cet état, parce qu'elle était orpheline et aînée.
744. Après que cette affaire eut été proposée et bien considérée dans l'assemblée, des prêtres et des docteurs, ils délibérèrent tous par une impulsion du Ciel
380
qu'en une chose où l'on devait désirer si fort de bien rencontrer, et où le Seigneur avait déclaré son bon plaisir, il fallait consulter sa sainte volonté et lui demander qu'il découvrît par quelque signe celui qui serait le plus propre pour être l'époux de Marie, et que cet époux fût de la maison et de la lignée de David, afin que la loi fût accomplie. Ils déterminèrent pour cela un jour auquel tous les jeunes hommes de cette lignée qui étaient en Jérusalem se devaient assembler dans le Temple : et ce fut justement le jour auquel notre Princesse achevait sa quatorzième année. Et, comme il était nécessaire de lui donner connaissance de cette résolution et de lui demander son consentement, le prêtre Siméon l'appela, et lui proposa l'intention que lui et les autres prêtres avaient de lui donner un époux avant qu'elle sortit du Temple.
745. La très-prudente Vierge, ayant son visage couvert d'une pudeur virginale, répondit au prêtre avec une grande modestie et une profonde humilité ; « Pour moi, Monseigneur, j'ai désiré, autant qu'il pouvait dépendre de ma volonté, de garder la chasteté toute ma vie en me consacrant à mon Dieu et à son sera vice dans ce saint Temple, en reconnaissance des grands biens que j'y ai reçus; et je n'ai jamais eu Y aucune inclination pour le mariage, me croyant incapable des soins qu'il entraîne après soi. Voilà mon intention; mais vous, Monseigneur, qui êtes en la place de Dieu, m'enseignerez ce qui sera le plus conforme à sa sainte volonté. — Ma fille, lui répliqua le prêtre, le Seigneur recevra vos saints désirs;
381
mais faites réflexion qu'aucune des filles d'Israël ne refuse présentement de se marier pendant que nous attendons, selon les divines prophéties, la venue du Messie; et c'est pour cela que celle qui a des enfants parmi nous s'estime heureuse et bénie. Vous pourrez servir Dieu avec beaucoup de perfection dans cet état, et, afin que vous y rencontriez une personne qui seconde vos bonnes intentions, nous ferons des prières su Seigneur, et nous lui demanderons, comme je vous ai dit, qu'il nous découvre par quelque signe l'époux qui lui sera le plus agréable d'entre ceux de la lignée de David; et vous, ma fille, demandez la même chose par des prières continuelles, afin que le Très-Haut vous regarde et nous conduise tous. »
746. Cela arriva neuf jours avant celui qu'on avait déterminé pour prendre la dernière résolution et pour exécuter ce qui avait été arrêté. Pendant ce temps-là, la très-sainte Vierge redoubla ses prières, ses larmes et ses soupirs, et demanda su Seigneur l'accomplissement de sa divine volonté en une chose qui lui était si importante, et qui la jetait dans de si grandes peines. Le Seigneur lui apparut et lui dit: « Mon Épouse et ma Colombe, apaisez votre coeur affligé, et éloignez-en le trouble et la tristesse : je suis attentif à vos désirs et à vos prières; je gouverne toutes choses, et le prêtre est conduit par ma lumière; je vous donnerai un époux qui ne s'opposera pas à vos saints désirs, mais plutôt vous les confirmera avec le secours de ma grâce : je vous le chercherai parfait et selon
382
mon coeur, et je le choisirai d'entre mes serviteurs a mon pouvoir est infini, et ma protection ne vous manquera jamais. »
744. Après que cette affaire eut été proposée et bien considérée dans l'assemblée, des prêtres et des docteurs, ils délibérèrent tous par une impulsion du Ciel
380
qu'en une chose où l'on devait désirer si fort de bien rencontrer, et où le Seigneur avait déclaré son bon plaisir, il fallait consulter sa sainte volonté et lui demander qu'il découvrît par quelque signe celui qui serait le plus propre pour être l'époux de Marie, et que cet époux fût de la maison et de la lignée de David, afin que la loi fût accomplie. Ils déterminèrent pour cela un jour auquel tous les jeunes hommes de cette lignée qui étaient en Jérusalem se devaient assembler dans le Temple : et ce fut justement le jour auquel notre Princesse achevait sa quatorzième année. Et, comme il était nécessaire de lui donner connaissance de cette résolution et de lui demander son consentement, le prêtre Siméon l'appela, et lui proposa l'intention que lui et les autres prêtres avaient de lui donner un époux avant qu'elle sortit du Temple.
745. La très-prudente Vierge, ayant son visage couvert d'une pudeur virginale, répondit au prêtre avec une grande modestie et une profonde humilité ; « Pour moi, Monseigneur, j'ai désiré, autant qu'il pouvait dépendre de ma volonté, de garder la chasteté toute ma vie en me consacrant à mon Dieu et à son sera vice dans ce saint Temple, en reconnaissance des grands biens que j'y ai reçus; et je n'ai jamais eu Y aucune inclination pour le mariage, me croyant incapable des soins qu'il entraîne après soi. Voilà mon intention; mais vous, Monseigneur, qui êtes en la place de Dieu, m'enseignerez ce qui sera le plus conforme à sa sainte volonté. — Ma fille, lui répliqua le prêtre, le Seigneur recevra vos saints désirs;
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mais faites réflexion qu'aucune des filles d'Israël ne refuse présentement de se marier pendant que nous attendons, selon les divines prophéties, la venue du Messie; et c'est pour cela que celle qui a des enfants parmi nous s'estime heureuse et bénie. Vous pourrez servir Dieu avec beaucoup de perfection dans cet état, et, afin que vous y rencontriez une personne qui seconde vos bonnes intentions, nous ferons des prières su Seigneur, et nous lui demanderons, comme je vous ai dit, qu'il nous découvre par quelque signe l'époux qui lui sera le plus agréable d'entre ceux de la lignée de David; et vous, ma fille, demandez la même chose par des prières continuelles, afin que le Très-Haut vous regarde et nous conduise tous. »
746. Cela arriva neuf jours avant celui qu'on avait déterminé pour prendre la dernière résolution et pour exécuter ce qui avait été arrêté. Pendant ce temps-là, la très-sainte Vierge redoubla ses prières, ses larmes et ses soupirs, et demanda su Seigneur l'accomplissement de sa divine volonté en une chose qui lui était si importante, et qui la jetait dans de si grandes peines. Le Seigneur lui apparut et lui dit: « Mon Épouse et ma Colombe, apaisez votre coeur affligé, et éloignez-en le trouble et la tristesse : je suis attentif à vos désirs et à vos prières; je gouverne toutes choses, et le prêtre est conduit par ma lumière; je vous donnerai un époux qui ne s'opposera pas à vos saints désirs, mais plutôt vous les confirmera avec le secours de ma grâce : je vous le chercherai parfait et selon
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mon coeur, et je le choisirai d'entre mes serviteurs a mon pouvoir est infini, et ma protection ne vous manquera jamais. »
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
747. La très-sainte Vierge répondit au Seigneur : « Souverain bien et amour de mon âme, vous n'ignorez pas le secret de mon coeur, et lés désirs que vous a y avez mis dès l'instant que vous me donnâtes l'être; conservez-moi donc, mon divin Époux, chaste et pure, comme je l'ai désiré par vous et pour vous. Ne méprisez point mes soupirs, et ne m'éloignez pas de votre divine face. Ayez égard, Seigneur, à ma faiblesse, puisque je ne suis, par ma bassesse, qu'un chétif ver de terre; que si je commets quelque a faute dans l'état de mariage, je manquerai à votre égard et à mes désirs : faites que j'arrive au véritable but de votre bon plaisir, et que mon peu de mérite ne vous rebute point de m'accorder cette grâce; quoique je ne sois que poussière inutile (1), je crierai aux pieds de votre divine grandeur, et j'espérerai en vos miséricordes infinies. »
748. La très-chaste fille s'adressait aussi à ses saints anges, qu'elle surpassait en sainteté et en pureté, et leur communiquait plusieurs fois les peines qu'elle ressentait touchant le nouvel état qu'elle attendait. Et ces esprits célestes lui dirent un jour : « Épouse du Très-Haut, car vous ne pouvez pas ignorer ni a oublier ce titre, encore moins l'amour qu'il vous porte, et qu'il est tout-puissant et véritable;
(1) Gen., XVIII, 27.
apaisez, souveraine Dame, votre coeur; puisque le ciel et la terre cesseront plutôt d'être, que la vérité de ses promesses ne manque de s'effectuer (1). Votre divin Époux se charge de tout ce qui vous regarde; la puissance de son bras, qui domine sur les éléments et sur toutes les créatures, peut suspendre la force des flots impétueux, et empêcher la véhémence de leurs opérations, afin que le feu ne bride point, et que la terre ne soit point pesante. Ses profonds jugements sont saints et impénétrables; ses décrets sont justes et admirables; les créatures ne peuvent pas les comprendre, mais elles doivent les respecter. Que si sa divine Grandeur veut que vous la serviez dans le mariage, il sera mieux pour vous de lui être agréable en cet état, que de lui déplaire dans un autre. Son infinie Majesté vous conduira sans doute par ce qui sera le meilleur, le plus parfait et le plus saint; soyez assurée de ses promesses. » Les peines de notre Princesse diminuèrent quelque peu par cette exhortation angélique; et elle leur demanda de nouveau de l'assister, de la garder, et de représenter au Seigneur sa soumission, puisqu'elle attendait avec résignation tout ce que sa divine volonté voudrait ordonner.
(1) Matth., XXIV, 34.
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748. La très-chaste fille s'adressait aussi à ses saints anges, qu'elle surpassait en sainteté et en pureté, et leur communiquait plusieurs fois les peines qu'elle ressentait touchant le nouvel état qu'elle attendait. Et ces esprits célestes lui dirent un jour : « Épouse du Très-Haut, car vous ne pouvez pas ignorer ni a oublier ce titre, encore moins l'amour qu'il vous porte, et qu'il est tout-puissant et véritable;
(1) Gen., XVIII, 27.
apaisez, souveraine Dame, votre coeur; puisque le ciel et la terre cesseront plutôt d'être, que la vérité de ses promesses ne manque de s'effectuer (1). Votre divin Époux se charge de tout ce qui vous regarde; la puissance de son bras, qui domine sur les éléments et sur toutes les créatures, peut suspendre la force des flots impétueux, et empêcher la véhémence de leurs opérations, afin que le feu ne bride point, et que la terre ne soit point pesante. Ses profonds jugements sont saints et impénétrables; ses décrets sont justes et admirables; les créatures ne peuvent pas les comprendre, mais elles doivent les respecter. Que si sa divine Grandeur veut que vous la serviez dans le mariage, il sera mieux pour vous de lui être agréable en cet état, que de lui déplaire dans un autre. Son infinie Majesté vous conduira sans doute par ce qui sera le meilleur, le plus parfait et le plus saint; soyez assurée de ses promesses. » Les peines de notre Princesse diminuèrent quelque peu par cette exhortation angélique; et elle leur demanda de nouveau de l'assister, de la garder, et de représenter au Seigneur sa soumission, puisqu'elle attendait avec résignation tout ce que sa divine volonté voudrait ordonner.
(1) Matth., XXIV, 34.
384
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
Instruction que la Reine du ciel me donna.
749. Ma très-chère fille, les jugements du Seigneur sont très-relevés et très-vénérables; les créatures ne les doivent point sonder, puisqu'elles sont dans l'impossibilité de les pénétrer. Sa divine Majesté me commanda de prendre l'état de mariage, et elle me cacha alors son secret; mais il fallait que cela s'exécutât de la sorte afin que mes couches fussent honorables su monde, qui réputait le Verbe incarné dans mon sein pour enfant de mon Époux, parce qu'il en ignorait alors le mystère. Ce fut aussi un moyen convenable pour le cacher à Lucifer et à ses démons, qui étaient fort irrités contre moi, et faisaient tous leurs efforts pour pratiquer il mon égard leur furieuse indignation. Et quand il me vit prendre l'état commun des femmes mariées, il s'aveugla, croyant qu'il était incompatible d'avoir un homme pour époux et d'être Mère de Dieu; et cette méprise l'apaisa un peu, et lui fit donner quelque trêve à sa malice. Le Très-Haut eut aussi d'autres fins dans mon mariage, qui ont été manifestées, quoiqu'elles me fussent cachées alors, parce que cela était ainsi convenable.
750. Je veux que vous sachiez ma fille, que la plus grande douleur et la plus sensible affliction que j'eusse endurée jusqu'à ce jour, fut d'apprendre que je devais avoir un homme pour époux , le Seigneur ne m'en déclarant pas le mystère; et si sa divine vertu ne m'eût
385
fortifiée dans cette peine, et ne m'eût laissé quelque confiance, quoique assez obscure et sans détermination, je serais morte par la force de la douleur. Vous comprendrez par là combien la créature doit être soumise à la volonté du Très-Haut, et qu'elle doit assujettir son faible entendement sans s'amuser à sonder les secrets inaccessibles et impénétrables de sa divine Majesté. Et quand la créature trouve quelque difficulté ou quelque danger en ce que le Seigneur ordonne, elle doit se, confier en lui, et croire qu'il ne la met point dans le péril pour l'abandonner ensuite, mais plutôt pour l'en faire sortir victorieuse et triomphante, si elle coopère de son côté au secours qu'elle en reçoit; que si lame veut examiner les jugements de sa sagesse, et se satisfaire avant que de croire et d'obéir, alors elle fait injure à la gloire et à la majesté de son Créateur, et perd en même temps le mérite qu'elle pourrait acquérir.
751. Je reconnaissais que le Très-Haut est au-dessus de toutes les créatures, qu'il n'a pas besoin de nos raisonnements, et qu'il ne veut qu'une volonté soumise, puisqu'on ne lui peut donner aucun conseil, mais seulement obéissance et louange. Et quoique je m’affligeasse beaucoup pour l'amour de la chasteté, à cause que je ne savais pas ce qu'il me commanderait dans l'état de mariage, néanmoins cette douleur et cette peine ne me rendirent pas assez curieuse que de vouloir examiner sa conduite : au contraire elles servirent à rendre mon obéissance plus excellente et plus agréable à sa divine Majesté. Sur cet exemple
386
vous devez régler la soumission que vous êtes obligée d'avoir pour tout ce que vous connaîtrez être du bon plaisir de votre Époux et de votre Seigneur, vous abandonnant en sa protection et en la fermeté de ses promesses infaillibles; vous devez aussi vous laisser conduire sans résister à ses commandements, ni à ses inspirations, en ce en quoi vous aurez l'approbation de ses prêtres et de vos supérieurs.
749. Ma très-chère fille, les jugements du Seigneur sont très-relevés et très-vénérables; les créatures ne les doivent point sonder, puisqu'elles sont dans l'impossibilité de les pénétrer. Sa divine Majesté me commanda de prendre l'état de mariage, et elle me cacha alors son secret; mais il fallait que cela s'exécutât de la sorte afin que mes couches fussent honorables su monde, qui réputait le Verbe incarné dans mon sein pour enfant de mon Époux, parce qu'il en ignorait alors le mystère. Ce fut aussi un moyen convenable pour le cacher à Lucifer et à ses démons, qui étaient fort irrités contre moi, et faisaient tous leurs efforts pour pratiquer il mon égard leur furieuse indignation. Et quand il me vit prendre l'état commun des femmes mariées, il s'aveugla, croyant qu'il était incompatible d'avoir un homme pour époux et d'être Mère de Dieu; et cette méprise l'apaisa un peu, et lui fit donner quelque trêve à sa malice. Le Très-Haut eut aussi d'autres fins dans mon mariage, qui ont été manifestées, quoiqu'elles me fussent cachées alors, parce que cela était ainsi convenable.
750. Je veux que vous sachiez ma fille, que la plus grande douleur et la plus sensible affliction que j'eusse endurée jusqu'à ce jour, fut d'apprendre que je devais avoir un homme pour époux , le Seigneur ne m'en déclarant pas le mystère; et si sa divine vertu ne m'eût
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fortifiée dans cette peine, et ne m'eût laissé quelque confiance, quoique assez obscure et sans détermination, je serais morte par la force de la douleur. Vous comprendrez par là combien la créature doit être soumise à la volonté du Très-Haut, et qu'elle doit assujettir son faible entendement sans s'amuser à sonder les secrets inaccessibles et impénétrables de sa divine Majesté. Et quand la créature trouve quelque difficulté ou quelque danger en ce que le Seigneur ordonne, elle doit se, confier en lui, et croire qu'il ne la met point dans le péril pour l'abandonner ensuite, mais plutôt pour l'en faire sortir victorieuse et triomphante, si elle coopère de son côté au secours qu'elle en reçoit; que si lame veut examiner les jugements de sa sagesse, et se satisfaire avant que de croire et d'obéir, alors elle fait injure à la gloire et à la majesté de son Créateur, et perd en même temps le mérite qu'elle pourrait acquérir.
751. Je reconnaissais que le Très-Haut est au-dessus de toutes les créatures, qu'il n'a pas besoin de nos raisonnements, et qu'il ne veut qu'une volonté soumise, puisqu'on ne lui peut donner aucun conseil, mais seulement obéissance et louange. Et quoique je m’affligeasse beaucoup pour l'amour de la chasteté, à cause que je ne savais pas ce qu'il me commanderait dans l'état de mariage, néanmoins cette douleur et cette peine ne me rendirent pas assez curieuse que de vouloir examiner sa conduite : au contraire elles servirent à rendre mon obéissance plus excellente et plus agréable à sa divine Majesté. Sur cet exemple
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vous devez régler la soumission que vous êtes obligée d'avoir pour tout ce que vous connaîtrez être du bon plaisir de votre Époux et de votre Seigneur, vous abandonnant en sa protection et en la fermeté de ses promesses infaillibles; vous devez aussi vous laisser conduire sans résister à ses commandements, ni à ses inspirations, en ce en quoi vous aurez l'approbation de ses prêtres et de vos supérieurs.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
CHAPITRE XXII. On célèbre les épousailles de la très-sainte Vierge avec le très-chaste Joseph.
752. Le jour déterminé arriva auquel, comme nous avons dit au chapitre précédent, notre Princesse achevait la quatorzième année de son âme; en ce jour les jeunes hommes de la tribu de Juda et de la lignée de David (dont notre souveraine Maîtresse descendait) qui étaient alors en la ville de Jérusalem, s'assemblèrent. Joseph, originaire de Nazareth et habitant de la sainte cité, reçut ordre de se trouver avec eux, parce qu'il était un de ceux de la race royale de David. Il avait alors trente-trois ans, étant bien fait, d'un visage agréable, mais d'une modestie incomparable,
387
et surtout très-chaste en ses pensées et en ses couvres; ses inclinations étaient très-saintes, et il avait fait dès sa douzième année le veau de chasteté. II était parent au troisième degré de la vierge Marie; sa vie était très-pure, et irrépréhensible aux yeux de Dieu et des hommes.
753. Tous les jeunes hommes étant assemblés su Temple, unirent leurs prières avec celles des prêtres , et demandèrent au Seigneur qu'il leur inspirât ce qu'ils devaient faire. Le Très-Haut parla au coeur du souverain prêtre, lui inspirant de faire prendre à chacun de ces jeunes hommes une baguette sèche, et qu’ils demandassent tous avec une vive foi à sa divine Majesté qu'elle découvrit par ce moyen celui qu'elle avait choisi pour être l'époux de Marie. Et comme personne n'ignorait la vertu et l'honnêteté de cette sainte fille, ni le bruit qui s'était répandu de sa beauté, de ses biens et de sa qualité, qu'elle était aînée et unique en sa maison, chacun souhaitait de mériter le bonheur de l'avoir pour épouse. Il n'y eut parmi eux que le très-humble et, très-juste Joseph qui se crût -in ligne d'un si grand bien; et se souvenant du voeu de chasteté qu'il avait fait, et après avoir proposé de nouveau de l'observer toute sa vie, il se résigna à la volonté divine, s'abandonnant entièrement à tout ce qu'elle voudrait disposer; mais cela n'empêchait pas qu'il n'eût plus de vénération et plus d'estime que tous les autres pour la très-sainte fille.
754. Tous ceux qui étaient assemblés faisant cette prière , on vit fleurir la seule baguette que Joseph
388
portait, et l'on vit en même temps descendre une très-belle colombe revêtue d'une splendeur admirable, qui se mit sur la tête du même saint; ensuite Dieu lui parla intérieurement et lui dit ; « Joseph, mon serviteur, Marie doit être votre épouse; recevez-la avec soin et avec respect, car elle est agréable à mes yeux; elle est très-juste et très-pure de corps et d'esprit: vous ferez tout ce qu'elle vous dira. » Par la déclaration et le signe du ciel, les prêtres se déterminèrent de donner à, Marie saint Joseph pour époux, comme celui que Dieu même lui avait choisi. Et appelée par eux pour les épousailles, celle qui était excellente comme le soleil et plus belle que la lune (1), sortit, et paraissant en présence de tous avec une majesté plus qu'angélique , et avec une beauté , une honnêteté et une grâce incomparable, les prêtres la marièrent avec Joseph, le plus chaste et le plus saint des hommes.
755. L'auguste Marie , avec un air modeste et attendri, et comme Reine d'une majesté très-humble, prit congé des prêtres et de la maîtresse, demanda leur bénédiction et pardon à ses compagnes, et les remercia toutes des bienfaits qu'elle en avait reçus. Elle fit tout cela en partie avec des manières accompagnées d'une très-profonde humilité, et en partie avec des paroles fort brèves et fort prudentes, parce qu'elle parlait très-peu dans toutes les occasions, et que tout ce quelle disait était d'un très-grand poids.
(1) Cant., VI, 9.
389
Elle sortit du Temple avec une sensible douleur de le quitter contre ses inclinations et contre ses désirs, et étant accompagnée par quelques-uns des ministres qui servaient au Temple dans les choses temporelles, qui étaient séculiers et des plus considérables d'entre eux , elle s'en alla avec son époux Joseph à Nazareth, patrie des deux nouveaux époux. Et bien que saint Joseph fût né en ce lieu, néanmoins, par la disposition du Très-Haut, il était allé demeurer à Jérusalem à cause de quelque revers de fortune, où elle lui fut si favorable, qu'il eut le bonheur d'être l'époux de celle que Dieu avait choisie pour être sa propre Mère.
752. Le jour déterminé arriva auquel, comme nous avons dit au chapitre précédent, notre Princesse achevait la quatorzième année de son âme; en ce jour les jeunes hommes de la tribu de Juda et de la lignée de David (dont notre souveraine Maîtresse descendait) qui étaient alors en la ville de Jérusalem, s'assemblèrent. Joseph, originaire de Nazareth et habitant de la sainte cité, reçut ordre de se trouver avec eux, parce qu'il était un de ceux de la race royale de David. Il avait alors trente-trois ans, étant bien fait, d'un visage agréable, mais d'une modestie incomparable,
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et surtout très-chaste en ses pensées et en ses couvres; ses inclinations étaient très-saintes, et il avait fait dès sa douzième année le veau de chasteté. II était parent au troisième degré de la vierge Marie; sa vie était très-pure, et irrépréhensible aux yeux de Dieu et des hommes.
753. Tous les jeunes hommes étant assemblés su Temple, unirent leurs prières avec celles des prêtres , et demandèrent au Seigneur qu'il leur inspirât ce qu'ils devaient faire. Le Très-Haut parla au coeur du souverain prêtre, lui inspirant de faire prendre à chacun de ces jeunes hommes une baguette sèche, et qu’ils demandassent tous avec une vive foi à sa divine Majesté qu'elle découvrit par ce moyen celui qu'elle avait choisi pour être l'époux de Marie. Et comme personne n'ignorait la vertu et l'honnêteté de cette sainte fille, ni le bruit qui s'était répandu de sa beauté, de ses biens et de sa qualité, qu'elle était aînée et unique en sa maison, chacun souhaitait de mériter le bonheur de l'avoir pour épouse. Il n'y eut parmi eux que le très-humble et, très-juste Joseph qui se crût -in ligne d'un si grand bien; et se souvenant du voeu de chasteté qu'il avait fait, et après avoir proposé de nouveau de l'observer toute sa vie, il se résigna à la volonté divine, s'abandonnant entièrement à tout ce qu'elle voudrait disposer; mais cela n'empêchait pas qu'il n'eût plus de vénération et plus d'estime que tous les autres pour la très-sainte fille.
754. Tous ceux qui étaient assemblés faisant cette prière , on vit fleurir la seule baguette que Joseph
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portait, et l'on vit en même temps descendre une très-belle colombe revêtue d'une splendeur admirable, qui se mit sur la tête du même saint; ensuite Dieu lui parla intérieurement et lui dit ; « Joseph, mon serviteur, Marie doit être votre épouse; recevez-la avec soin et avec respect, car elle est agréable à mes yeux; elle est très-juste et très-pure de corps et d'esprit: vous ferez tout ce qu'elle vous dira. » Par la déclaration et le signe du ciel, les prêtres se déterminèrent de donner à, Marie saint Joseph pour époux, comme celui que Dieu même lui avait choisi. Et appelée par eux pour les épousailles, celle qui était excellente comme le soleil et plus belle que la lune (1), sortit, et paraissant en présence de tous avec une majesté plus qu'angélique , et avec une beauté , une honnêteté et une grâce incomparable, les prêtres la marièrent avec Joseph, le plus chaste et le plus saint des hommes.
755. L'auguste Marie , avec un air modeste et attendri, et comme Reine d'une majesté très-humble, prit congé des prêtres et de la maîtresse, demanda leur bénédiction et pardon à ses compagnes, et les remercia toutes des bienfaits qu'elle en avait reçus. Elle fit tout cela en partie avec des manières accompagnées d'une très-profonde humilité, et en partie avec des paroles fort brèves et fort prudentes, parce qu'elle parlait très-peu dans toutes les occasions, et que tout ce quelle disait était d'un très-grand poids.
(1) Cant., VI, 9.
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Elle sortit du Temple avec une sensible douleur de le quitter contre ses inclinations et contre ses désirs, et étant accompagnée par quelques-uns des ministres qui servaient au Temple dans les choses temporelles, qui étaient séculiers et des plus considérables d'entre eux , elle s'en alla avec son époux Joseph à Nazareth, patrie des deux nouveaux époux. Et bien que saint Joseph fût né en ce lieu, néanmoins, par la disposition du Très-Haut, il était allé demeurer à Jérusalem à cause de quelque revers de fortune, où elle lui fut si favorable, qu'il eut le bonheur d'être l'époux de celle que Dieu avait choisie pour être sa propre Mère.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
756. Étant arrivés à Nazareth, on la Princesse du ciel avait les maisons et les autres biens de ses bienheureux parents, ils y furent reçus et visités de toute leur parenté et de leurs amis, avec les réjouissances et les applaudissements qu'on a coutume de témoigner en de semblables occasions. Après s'être acquittés fort saintement de tous les devoirs que la civilité demande, et avoir satisfait à ces obligations temporelles de la conversation et du commerce des hommes avec beaucoup d'honnêteté, nos très-saints mariés Joseph et Marie se trouvèrent libres et débarrassés dans leur maison. La coutume avait introduit parmi les Juifs que les époux examineraient pendant les premiers jours de leur mariage leur naturel, afin qu'ils vécussent par cette connaissance mutuelle avec plus de tranquillité et de paix.
757. En un de ces jours, saint Joseph dit à son épouse Marie : a Madame, je rends grâces au Très-
390
Haut de m'avoir fait la faveur de me choisir pour votre époux lorsque je méritais le moins cet bon heur et que je me croyais le plus indigne de votre compagnie; mais sa divine Majesté, qui peut, quand elle veut, élever le pauvre, a usé de cette miséricorde envers moi, et je désire que vous m'aidiez, comme je l'espère, de votre bonté et de votre vertu, à lui rendre la reconnaissance que je lui dois, en la servant avec droiture de cœur. En tout ce qui regardera son service je serai votre serviteur, et je vous prie, par l'affection sincère avec laquelle je vous estime, de suppléer aux biens qui me manquent et à beaucoup de qualités que je n'ai pas, et que je devrais avoir pour être votre époux; faites-moi connaître, Madame, votre volonté, afin que je l'accomplisse. »
758. La très-sainte Épouse ouit ce discours avec un cœur humble et avec un air accompagné d'une douce gravité, et répondit au saint ; « Monseigneur, je suis bien aise que le Très-Haut m'ayant destinée au mariage, ait eu la bonté de vous choisir pour mon époux et pour mon maître, et que les services que je prétends vous. rendre aient été approuvés de sa divine volonté; mais si vous me le permettez, je vous dirai les intentions et les pensées que je désire vous déclarer sur ce sujet » Le Très- Haut prévenait par sa grâce le cœur sincère de saint Joseph, et l'enflammait de nouveau en son divin amour par le moyen des raisons de la très-sainte Vierge. Et le saint repartit à son, épouse : « Parlez, Madame, car
391
votre serviteur écoute. » Dans cette occasion la Reine de l'univers était assistée par les mille anges de sa garde en forme visible, comme elle le leur avait demandé. La cause de cette demande fut, parce que le Seigneur fit que la très-pure Marie connût le respect et le- soin avec lesquels elle. devait parler à son époux, l'ayant laissée dans la retenue et dans la crainte naturelle qu'elle avait toujours, eue de parler toute seule avec un homme, ce qui ne lui était jamais arrivé jusqu'alors, si ce n'est peut-être dans quelque rencontre avec le souverain prêtre; et tout cela eut lieu afin qu'elle agît en toutes choses avec une plus grande grâce- et un plus grand mérite.
757. En un de ces jours, saint Joseph dit à son épouse Marie : a Madame, je rends grâces au Très-
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Haut de m'avoir fait la faveur de me choisir pour votre époux lorsque je méritais le moins cet bon heur et que je me croyais le plus indigne de votre compagnie; mais sa divine Majesté, qui peut, quand elle veut, élever le pauvre, a usé de cette miséricorde envers moi, et je désire que vous m'aidiez, comme je l'espère, de votre bonté et de votre vertu, à lui rendre la reconnaissance que je lui dois, en la servant avec droiture de cœur. En tout ce qui regardera son service je serai votre serviteur, et je vous prie, par l'affection sincère avec laquelle je vous estime, de suppléer aux biens qui me manquent et à beaucoup de qualités que je n'ai pas, et que je devrais avoir pour être votre époux; faites-moi connaître, Madame, votre volonté, afin que je l'accomplisse. »
758. La très-sainte Épouse ouit ce discours avec un cœur humble et avec un air accompagné d'une douce gravité, et répondit au saint ; « Monseigneur, je suis bien aise que le Très-Haut m'ayant destinée au mariage, ait eu la bonté de vous choisir pour mon époux et pour mon maître, et que les services que je prétends vous. rendre aient été approuvés de sa divine volonté; mais si vous me le permettez, je vous dirai les intentions et les pensées que je désire vous déclarer sur ce sujet » Le Très- Haut prévenait par sa grâce le cœur sincère de saint Joseph, et l'enflammait de nouveau en son divin amour par le moyen des raisons de la très-sainte Vierge. Et le saint repartit à son, épouse : « Parlez, Madame, car
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votre serviteur écoute. » Dans cette occasion la Reine de l'univers était assistée par les mille anges de sa garde en forme visible, comme elle le leur avait demandé. La cause de cette demande fut, parce que le Seigneur fit que la très-pure Marie connût le respect et le- soin avec lesquels elle. devait parler à son époux, l'ayant laissée dans la retenue et dans la crainte naturelle qu'elle avait toujours, eue de parler toute seule avec un homme, ce qui ne lui était jamais arrivé jusqu'alors, si ce n'est peut-être dans quelque rencontre avec le souverain prêtre; et tout cela eut lieu afin qu'elle agît en toutes choses avec une plus grande grâce- et un plus grand mérite.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
759. Les saints anges obéirent à leur Reine, et n'étant sensibles qu'à sa seule vue, ils l'assistèrent de leur présence., et en cette nombreuse compagnie elle dit à saint Joseph ; « Monseigneur et mon époux, il est juste que nous rendions grâces et que nous donnions gloire et louange à notre Dieu et Créateur, qui est infini en bonté et incompréhensible en ses jugements, et qui a fait éclater sa grandeur et sa miséricorde en nous choisissant pour son service.« Je me reconnais plus redevable à sa divine Majesté qu'aucune autre créature et plus que toutes en semble, parce que j'ai reçu de sa main très-libérale plus de largesses, lorsque je les méritais le moins. En ma plus tendre jeunesse, poussée par la force de cette vérité qui me communiqua la lumière en me désabusant de tout ce qui est visible, je me consacrai à Dieu par le voeu que je lui fis d'être
392
toute ma vie chaste d'esprit et de corps; je suis à lui et je le reconnais pour mon Époux et pour mon Maître , et je suis dans une volonté inébranlable de lui garder la foi de la chasteté. Je veux , Monseigneur, que vous m'aidiez à accomplir ce voeu, et en a tout le reste je serai votre fidèle servante pour prendre soin de votre vie autant que la mienne durera. Recevez, mon époux, cette sainte résolution , et confirmez-la par la vôtre ,afin qu'en nous offrant en sacrifice agréable à notre Dieu , il nous reçoive en bonne odeur, et nous nous procurions les biens éternels que nous espérons. »
760. Le très-chaste Joseph, tout rempli de joie par le discours de sa très-sainte épouse, lui répondit Madame, en me déclarant vos chastes pensées et vos saintes résolutions, vous avez pénétré et ouvert mon cœur, que je n'ai pas voulu vous découvrir avant que vous m'eussiez manifesté le vôtre. Je me reconnais aussi le plus obligé d'entre les hommes au Seigneur de l'univers, parce qu'il m'a appelé de fort bonne heure par sa véritable lumière, afin que je l'aimasse avec droiture de coeur. Je veux bien que vous sachiez, Madame, que dès la douzième année de mon âge je fis aussi promesse de servir le Très-Haut en chasteté perpétuelle; je renouvelle maintenant le même voeu, pour ne pas empêcher le vôtre : au contraire je vous promets en présence de sa divine Majesté de vous y aider autant qu'il dé pendra de moi, afin que vous la serviez en toute pureté et que vous l'aimiez selon vos désirs. Je
393
serai avec sa grâce votre très-fidèle serviteur, et je vous prie de recevoir mes chastes affections, de me regarder comme votre frère, et de n'avoir jamais aucun autre amour que celui que vous devez à ce divin Seigneur, et ensuite à moi. » Durant cet entretien le Très-Haut confirma de nouveau dans le cœur de saint Joseph la vertu de chasteté et l'amour saint et pur qu'il devait porter à son épouse la très sainte Vierge: ainsi le saint eut cet amour en un degré très-éminent, et notre auguste Reine le lui augmentait et lui ravissait le coeur par sa très-prudente, conversation.
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toute ma vie chaste d'esprit et de corps; je suis à lui et je le reconnais pour mon Époux et pour mon Maître , et je suis dans une volonté inébranlable de lui garder la foi de la chasteté. Je veux , Monseigneur, que vous m'aidiez à accomplir ce voeu, et en a tout le reste je serai votre fidèle servante pour prendre soin de votre vie autant que la mienne durera. Recevez, mon époux, cette sainte résolution , et confirmez-la par la vôtre ,afin qu'en nous offrant en sacrifice agréable à notre Dieu , il nous reçoive en bonne odeur, et nous nous procurions les biens éternels que nous espérons. »
760. Le très-chaste Joseph, tout rempli de joie par le discours de sa très-sainte épouse, lui répondit Madame, en me déclarant vos chastes pensées et vos saintes résolutions, vous avez pénétré et ouvert mon cœur, que je n'ai pas voulu vous découvrir avant que vous m'eussiez manifesté le vôtre. Je me reconnais aussi le plus obligé d'entre les hommes au Seigneur de l'univers, parce qu'il m'a appelé de fort bonne heure par sa véritable lumière, afin que je l'aimasse avec droiture de coeur. Je veux bien que vous sachiez, Madame, que dès la douzième année de mon âge je fis aussi promesse de servir le Très-Haut en chasteté perpétuelle; je renouvelle maintenant le même voeu, pour ne pas empêcher le vôtre : au contraire je vous promets en présence de sa divine Majesté de vous y aider autant qu'il dé pendra de moi, afin que vous la serviez en toute pureté et que vous l'aimiez selon vos désirs. Je
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serai avec sa grâce votre très-fidèle serviteur, et je vous prie de recevoir mes chastes affections, de me regarder comme votre frère, et de n'avoir jamais aucun autre amour que celui que vous devez à ce divin Seigneur, et ensuite à moi. » Durant cet entretien le Très-Haut confirma de nouveau dans le cœur de saint Joseph la vertu de chasteté et l'amour saint et pur qu'il devait porter à son épouse la très sainte Vierge: ainsi le saint eut cet amour en un degré très-éminent, et notre auguste Reine le lui augmentait et lui ravissait le coeur par sa très-prudente, conversation.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
761. Les deux très-saints et très-chastes époux ressentirent une joie et une consolation incomparable par la vertu divine que le bras du Tout-Puissant opérait en eux, et l'auguste Princesse promit à saint Joseph de seconder ses désira comme celle qui était la maîtresse des vertus, et qui opérait en toutes sans aucune contradiction ce qui en était le plus relevé et le plus excellent. Le Très-Haut donna aussi à saint Joseph une pureté toute nouvelle et un empire absolu sur ses passions, afin qu'il servit son épouse Marie sans nul obstacle, dans un parfait dégagement, et avec une grâce autant admirable qu'extraordinaire, et qu'il suivît en la servant la volonté et le bon plaisir du Seigneur. Ils firent le partage des biens. que saint Joachim et sainte Anne avaient laissés à leur très-sainte fille; une partie fut offerte au Temple où elle avait demeuré, l'autre fut appliquée aux pauvres, et la troisième resta sous la conduite et la disposition
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du saint époux Joseph, notre Reine ne se réservant que le soin de le servir et de travailler dans la maison, parce que la très-prudente Vierge se dispensa toujours de vendre et d'acheter, et de tout ce qui regardait le dehors, comme je l'ai marqué dans un autre endroit.
762. Saint Joseph avait appris en ses premières années le métier de charpentier, comme un des plus honnêtes et des plus propres pour gagner l'entretien de sa vie, parce qu'il était pauvre des biens de for tune, ainsi que je l'ai déjà dit; il demanda à sa très-sainte épouse si elle agréerait qu'il exerçât ce métier pour la servir et acquérir quelque chose en faveur dés pauvres, puisqu'il fallait travailler et n'être point oisif. La très-prudente Vierge y consentit, avertissant saint Joseph que le Seigneur ne voulait pas qu'ils fussent riches, mais pauvres et amateurs et protecteurs des pauvres autant que le bien qu'ils avaient le leur pourrait permettre. Après quoi les deux saints mariés eurent une sainte dispute, sur ce que chacun voulait obéir -à l'autre comme supérieur. Mais la très-pure Marie, qui était la très-humble d'entre les humbles, vainquit en humilité, et ne voulut point permettre que, l'homme étant le chef, l'ordre de la nature fût renversé; ainsi elle fit consentir son époux à recevoir ses obéissances en toutes choses, lui demandant seulement la permission de faire l'aumône aux pauvres du Seigneur : ce que le saint lui accorda.
763. Saint Joseph ayant reconnu par une nouvelle
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lumière du Ciel, durant ces premiers jours dont nous venons de parler, le naturel de son épouse Marie, sa rare prudence, sa profonde humilité, sa pureté incomparable, et toutes les vertus ensemble, au delà de tout ce qu'il en pouvait espérer, fut de nouveau ravi en admiration; l'esprit rempli de joie, le cœur tout enflammé par d'ardentes affections, il ne cessait de louer le Seigneur et de lui rendre de nouvelles actions de grâces pour lui avoir donné une telle épouse sans l'avoir méritée. Et afin que cette oeuvre fût très-parfaite en tout (parce qu'elle était le principe de la plus grande que Dieu devait opérer par sa toute-puissance), ce même Seigneur fit que la Princesse du ciel répandit par sa présence et par sa vue une crainte et un respect si grand dans le coeur de son Époux, que nous n'avons point de termes pour le pouvoir exprimer. Et cela résultait d'une rayonnante splendeur de la divine lumière que saint Joseph voyait sortir du visage de notre Reine, joint qu'elle avait une majesté ineffable qui l'accompagnait toujours, étant revêtue de ce merveilleux éclat avec d'autant plus de raison que Moïse quand il descendit de la montagne (1), que l'entretien qu'elle eut avec Dieu avait été plus long et plus intime que le sien.
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du saint époux Joseph, notre Reine ne se réservant que le soin de le servir et de travailler dans la maison, parce que la très-prudente Vierge se dispensa toujours de vendre et d'acheter, et de tout ce qui regardait le dehors, comme je l'ai marqué dans un autre endroit.
762. Saint Joseph avait appris en ses premières années le métier de charpentier, comme un des plus honnêtes et des plus propres pour gagner l'entretien de sa vie, parce qu'il était pauvre des biens de for tune, ainsi que je l'ai déjà dit; il demanda à sa très-sainte épouse si elle agréerait qu'il exerçât ce métier pour la servir et acquérir quelque chose en faveur dés pauvres, puisqu'il fallait travailler et n'être point oisif. La très-prudente Vierge y consentit, avertissant saint Joseph que le Seigneur ne voulait pas qu'ils fussent riches, mais pauvres et amateurs et protecteurs des pauvres autant que le bien qu'ils avaient le leur pourrait permettre. Après quoi les deux saints mariés eurent une sainte dispute, sur ce que chacun voulait obéir -à l'autre comme supérieur. Mais la très-pure Marie, qui était la très-humble d'entre les humbles, vainquit en humilité, et ne voulut point permettre que, l'homme étant le chef, l'ordre de la nature fût renversé; ainsi elle fit consentir son époux à recevoir ses obéissances en toutes choses, lui demandant seulement la permission de faire l'aumône aux pauvres du Seigneur : ce que le saint lui accorda.
763. Saint Joseph ayant reconnu par une nouvelle
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lumière du Ciel, durant ces premiers jours dont nous venons de parler, le naturel de son épouse Marie, sa rare prudence, sa profonde humilité, sa pureté incomparable, et toutes les vertus ensemble, au delà de tout ce qu'il en pouvait espérer, fut de nouveau ravi en admiration; l'esprit rempli de joie, le cœur tout enflammé par d'ardentes affections, il ne cessait de louer le Seigneur et de lui rendre de nouvelles actions de grâces pour lui avoir donné une telle épouse sans l'avoir méritée. Et afin que cette oeuvre fût très-parfaite en tout (parce qu'elle était le principe de la plus grande que Dieu devait opérer par sa toute-puissance), ce même Seigneur fit que la Princesse du ciel répandit par sa présence et par sa vue une crainte et un respect si grand dans le coeur de son Époux, que nous n'avons point de termes pour le pouvoir exprimer. Et cela résultait d'une rayonnante splendeur de la divine lumière que saint Joseph voyait sortir du visage de notre Reine, joint qu'elle avait une majesté ineffable qui l'accompagnait toujours, étant revêtue de ce merveilleux éclat avec d'autant plus de raison que Moïse quand il descendit de la montagne (1), que l'entretien qu'elle eut avec Dieu avait été plus long et plus intime que le sien.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
764. Ensuite la très-sainte Vierge eut une vision divine, en laquelle le Seigneur lui dit; « Mon Épouse, ma bien-aimée et mon élue, voyez combien je suis fidèle en mes paroles envers ceux qui m'aiment et
(1) Exod., XXXIV, 30.
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qui me craignent; répondez donc maintenant à ma a fidélité en gardant les lois de mon épouse en toute sainteté, pureté et perfection : la compagnie de mon serviteur Joseph, que je vous ai donnée, vous y aidera; obéissez-lui comme vous le devez, et ayez soin de sa consolation, car telle est ma volonté. » La très-pure Marie répondit; « Je vous loue et vous glorifie, mon Dieu, pour le conseil admirable et la providence paternelle dont vous avez usé envers moi, indigne et pauvre créature; tous mes désirs sont de vous obéir et de vous plaire comme votre servante, qui vous est plus obligée qu'aucune autre créature. Accordez-moi , Seigneur, votre divin secours, afin qu'il m'assiste et me conduise en toutes choses, et que je puisse toujours faire ce qui vous sera le plus agréable; que je m'acquitte aussi par son moyen des obligations de l'état auquel vous me mettez, et que comme votre fidèle esclave je ne m'écarte jamais de vos ordres et de votre bon plaisir. Donnez-moi votre bénédiction, car avec elle j'obéirai à votre serviteur Joseph, et je le servirai comme vous me le commandez, mon divin Maître et mon Créateur ! »
765. La maison et le mariage de Marie et de Joseph furent fondés sur ces divins appuis, et dès le huitième jour de septembre, jour auquel on fit les épousailles, jusqu'au vingt-cinquième de mars suivant, que l'incarnation du Verbe arriva (comme je le dirai dans la seconde partie), les deux époux vécurent en façon que le Très-Haut les disposa mutuellement. à l'oeuvre
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pour laquelle le-Très-Haut les avait choisis; et notre auguste Dame ordonna les choses qui regardaient leurs personnes et leur maison, comme on le verra dans les chapitres suivants.
(1) Exod., XXXIV, 30.
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qui me craignent; répondez donc maintenant à ma a fidélité en gardant les lois de mon épouse en toute sainteté, pureté et perfection : la compagnie de mon serviteur Joseph, que je vous ai donnée, vous y aidera; obéissez-lui comme vous le devez, et ayez soin de sa consolation, car telle est ma volonté. » La très-pure Marie répondit; « Je vous loue et vous glorifie, mon Dieu, pour le conseil admirable et la providence paternelle dont vous avez usé envers moi, indigne et pauvre créature; tous mes désirs sont de vous obéir et de vous plaire comme votre servante, qui vous est plus obligée qu'aucune autre créature. Accordez-moi , Seigneur, votre divin secours, afin qu'il m'assiste et me conduise en toutes choses, et que je puisse toujours faire ce qui vous sera le plus agréable; que je m'acquitte aussi par son moyen des obligations de l'état auquel vous me mettez, et que comme votre fidèle esclave je ne m'écarte jamais de vos ordres et de votre bon plaisir. Donnez-moi votre bénédiction, car avec elle j'obéirai à votre serviteur Joseph, et je le servirai comme vous me le commandez, mon divin Maître et mon Créateur ! »
765. La maison et le mariage de Marie et de Joseph furent fondés sur ces divins appuis, et dès le huitième jour de septembre, jour auquel on fit les épousailles, jusqu'au vingt-cinquième de mars suivant, que l'incarnation du Verbe arriva (comme je le dirai dans la seconde partie), les deux époux vécurent en façon que le Très-Haut les disposa mutuellement. à l'oeuvre
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pour laquelle le-Très-Haut les avait choisis; et notre auguste Dame ordonna les choses qui regardaient leurs personnes et leur maison, comme on le verra dans les chapitres suivants.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
766. Mais je ne puis empêcher que mon affection n'éclate, avant que de les commencer, sur le sort fortuné du plus heureux des mortels, saint Joseph. D'où vous est venu, ê homme de Dieu, un si grand bonheur, qu'entre les enfants d'Adam on ait pu dire de vous seul, que le même Dieu fût si fort à vous, qu'on le prit pour votre Fils unique? Le Père, éternel vous donne sa Fille, le fils vous remet sa véritable Mère, le Saint-Esprit vous confie son Épouse et vous met en sa place, et toute la très-sainte Trinité vous donne son élue, son unique et son excellente comme le soleil, pour votre légitime épouse. Connaissez-vous bien, mon grand saint, votre dignité? Pénétrez-vous vos avantages? Savez-vous que celle que vous venez de recevoir pour femme est Reine et Maîtresse du ciel et de la terre, et que vous êtes le dépositaire des trésors inestimables de Dieu même? Voyez, homme divin, quel précieux gage vous avez, et sachez que si vous ne rendez pas les anges et les séraphins envieux, votre bonheur et le mystère que votre mariage renferme leur causent de grandes admirations. Recevez les congratulations de tant de faveurs et de joies au nom de tout le genre humain. Vous avez entre vos mains le registre des divines miséricordes, vous êtes le maître et l'époux de celle qui n'a que Dieu au-dessus d'elle, vous serez riche et heureux
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parmi les hommes et parmi les anges. Souvenez-vous de notre pauvreté et notre misère, et de moi chétif ver de terre, qui désire d'être votre fidèle servante enrichie et favorisée de votre puissante intercession.
Instruction de la Reine du ciel.
767. Ma fille, vous trouverez par l'exemple que j'ai donné dans l'état de mariage auquel le Très-Haut me mit, la condamnation de l'excuse que les âmes qui s'y trouvent engagées, allèguent pour ne pratiquer pas la perfection. Il n'est rien d'impossible à Dieu ni à celui non plus qui espère en lui avec une vive foi, et qui s'abandonne entièrement à sa divine disposition. Je vivais dans la maison de mon époux avec la même perfection que dans le Temple, parce qu'en changeant d'état je ne perdis pas l'affection, ni le désir, ni le soin de l'aimer et de le servir; au contraire je les augmentai,, afin que rien ne m'empêchât de m'acquitter des obligations d'épouse; c'est pourquoi Dieu m'assistait toujours plus par son secours, et sa puissante main disposait toutes choses selon mes désirs. Et c'est ce que le Seigneur ferait envers toutes les créatures, si de leur côté elles répondaient à ses faveurs; mais elles jettent la faute sur l'état de mariage : et en cela elles se trompent elles-mêmes, parce que l'empêchement de leur perfection et de leur sainteté
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ne vient pas de cet état, mais des soins vains et superflus qu'elles y prennent , et de ce qu'elles préfèrent leur propre satisfaction su bon plaisir du Seigneur.
768. Que s'il n'y a point d'excuse dans le monde pour ne pas suivre la perfection de la vertu, il y en aura encore moins dans la religion à cause des saintes occupations et des moyens faciles qu'il y a de la pratiquer. Ne vous croyez jamais empêchée pour l'office de supérieure que vous avez, puisque Dieu vous y ayant mise par la voie de l'obéissance, vous ne devez pas vous méfier de son assistance et de sa protection, car il se chargea dès le même jour du soin de vous Sonner les forces et les secours pour vous acquitter des obligations de votre charge, et particulièrement de celle de la perfection avec laquelle vous le devez aimer et servir. Tâchez de vous rendre agréable à votre Seigneur par le sacrifice de votre volonté, en vous soumettant avec patience à tout ce que sa divine providence ordonne, que si vous n'y portez aucun obstacle, je vous assure de sa protection, et que vous connaîtrez toujours par votre propre expérience la puissance de son bras, qui conduira toutes vos oeuvres à la plus grande perfection.
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parmi les hommes et parmi les anges. Souvenez-vous de notre pauvreté et notre misère, et de moi chétif ver de terre, qui désire d'être votre fidèle servante enrichie et favorisée de votre puissante intercession.
Instruction de la Reine du ciel.
767. Ma fille, vous trouverez par l'exemple que j'ai donné dans l'état de mariage auquel le Très-Haut me mit, la condamnation de l'excuse que les âmes qui s'y trouvent engagées, allèguent pour ne pratiquer pas la perfection. Il n'est rien d'impossible à Dieu ni à celui non plus qui espère en lui avec une vive foi, et qui s'abandonne entièrement à sa divine disposition. Je vivais dans la maison de mon époux avec la même perfection que dans le Temple, parce qu'en changeant d'état je ne perdis pas l'affection, ni le désir, ni le soin de l'aimer et de le servir; au contraire je les augmentai,, afin que rien ne m'empêchât de m'acquitter des obligations d'épouse; c'est pourquoi Dieu m'assistait toujours plus par son secours, et sa puissante main disposait toutes choses selon mes désirs. Et c'est ce que le Seigneur ferait envers toutes les créatures, si de leur côté elles répondaient à ses faveurs; mais elles jettent la faute sur l'état de mariage : et en cela elles se trompent elles-mêmes, parce que l'empêchement de leur perfection et de leur sainteté
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ne vient pas de cet état, mais des soins vains et superflus qu'elles y prennent , et de ce qu'elles préfèrent leur propre satisfaction su bon plaisir du Seigneur.
768. Que s'il n'y a point d'excuse dans le monde pour ne pas suivre la perfection de la vertu, il y en aura encore moins dans la religion à cause des saintes occupations et des moyens faciles qu'il y a de la pratiquer. Ne vous croyez jamais empêchée pour l'office de supérieure que vous avez, puisque Dieu vous y ayant mise par la voie de l'obéissance, vous ne devez pas vous méfier de son assistance et de sa protection, car il se chargea dès le même jour du soin de vous Sonner les forces et les secours pour vous acquitter des obligations de votre charge, et particulièrement de celle de la perfection avec laquelle vous le devez aimer et servir. Tâchez de vous rendre agréable à votre Seigneur par le sacrifice de votre volonté, en vous soumettant avec patience à tout ce que sa divine providence ordonne, que si vous n'y portez aucun obstacle, je vous assure de sa protection, et que vous connaîtrez toujours par votre propre expérience la puissance de son bras, qui conduira toutes vos oeuvres à la plus grande perfection.
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