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La Cité Mystique de Dieu Marie d'Agreda extrait

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La Cité Mystique de Dieu Marie d'Agreda extrait Empty La Cité Mystique de Dieu Marie d'Agreda extrait

Message par sga Mar 20 Jan 2015 - 15:46

DEUXIÈME PARTIE. — LIVRE CINQUIÈME

CHAPITRE V. Trois jours après, la très-pure Marie et Joseph trouvèrent l'Enfant Jésus dans le Temple proposant des questions aux docteurs.

758. Dans le chapitre précédent, j'ai répondu en partie au doute qu'on pouvait avoir sur ce que, notre divine Reine accompagnant et servant son très-saint Fils avec une vigilance si attentive, elle le perdit néanmoins de vue, et le laissa s'écarter dans Jérusalem. Et quoiqu'il suffise de dire que le Seigneur lui-même en voulut disposer de la sorte, j'ajouterai pourtant ici quelque chose de plus, pour expliquer comment cette séparation se fit, sans qu'il y eût aucune négligence volontaire de la part de l'amoureuse Mère. Il est certain qu'outre que l'Enfant-Dieu profita, pour disparaître, de la multitude du peuple qui assistait à la fête, il se servit aussi d'un autre moyen surnaturel, qui était presque nécessaire pour divertir l'attention de sa prudente Mère et fidèle compagne,

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sans cela elle aurait infailliblement remarqué que le Soleil qui la conduisait dans toutes ses voies s'en éloignait. Or il arriva que, pendant que les hommes se séparaient des femmes, comme je l'ai dit, le puissant Seigneur répandit en sa très-pure Mère une vision intellectuelle de la Divinité, de sorte qu'il lui ravit toutes les puissances intérieures par la force de ce sublime objet, et l'éleva si fort au-dessus de ses sens, qu'elle n'en put user que pour poursuivre un assez long temps son chemin, et pour ce qui regarde le reste, elle se trouva par la vue du Seigneur tout abîmée dans la douceur de la divine consolation (1). Saint Joseph eut pour se tranquilliser les raisons que j'ai dites; et d'ailleurs, il fat aussi élevé à une haute contemplation qui lui rendit la pensée, et plus facile et plus mystérieuse, que l'Enfant allait avec sa Mère. Ce fut par ce moyen que cet adorable Enfant s'écarta de ses parents, et demeura à Jérusalem. Et lorsque notre Reine, ayant déjà beaucoup avancé son chemin, se trouva seule et sans son très-saint Fils, elle crut qu'il était avec son père putatif (2).
759. Cette séparation eut lieu fort près des portes de la ville, d'où l'Enfant-Dieu s'en retourna à travers les rues; et considérant alors par sa science divine tout ce qui lui devait arriver dans cette même ville, il l'offrit à son Père éternel pour le salut des âmes. Il demanda l'aumône pendant ces trois jours, pour anoblir dès lors l'humble mendicité, cette fille aînée de

(1) cant., V, 1. — (2) Luc., II, 44.

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la sainte pauvreté. Il visita les hôpitaux, il y consola tous les pauvres, et partagea avec eux les aumônes qu'il avait reçues; il rendit secrètement la santé du corps à plusieurs malades, et ü beaucoup de personnes celle de lame, les éclairant intérieurement, et les mettant dans le chemin de la vie éternelle. biais il opéra ces merveilles avec une plus grande abondance de grâce et de lumière en faveur de quelques-uns de ceux qui lui firent la charité, voulant accomplir par avance la promesse qu'il devait faire ensuite à son Église, l'assurant que celui qui reçoit un juste et un prophète en qualité de prophète, recevra la récompense due au juste (1).
760. Après qu'il se fut occupé d ces oeuvres, et à plusieurs autres selon la volonté du Père éternel, il alla au Temple. Et an jour que l'évangéliste saint Luc indique (2), les rabbins, qui étaient les docteurs de la loi, s'assemblèrent en un lieu où ils discutaient quelques doutes et quelques passages des Écritures. Dans cette occasion on y disputait sur la venue du Messie ; car les nouveautés et les merveilles qui avaient suivi la naissance de saint Jean et la venue des rois mages, avaient beaucoup accrédité parmi les Juifs l'opinion que les temps étaient accomplis, et que, bien qu'il fût inconnu, le Messie devait déjà être au monde. ils étaient tous assis en leurs places, avec cette autorité qui distingue d'ordinaire ceux qui passent pour savants. L'Enfant Jésus s'approcha de l'assemblée de

(1) Matth., X, 41 — (2) Luc., II, 46.

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ces docteurs; et Celui qui était le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs (1), la Sagesse infinie; Celui qui redresse les sages (2), se présenta devant les savants du monde comme un humble disciple (3), faisant connaître qu'il ne venait que pour ouïr la dispute, et s'informer du. sujet qu'on y proposait. Il s'agissait de savoir si le Messie promis était venu, ou si le temps de son avènement au monde était arrivé.
761. Les opinions des docteurs étaient fort opposées sur cet article; les uns assuraient la chose, et les autres la niaient. Et ceux qui tenaient la négative alléguaient quelques témoignages des fritures, et des prophéties entendues avec la grossièreté que l'Apôtre remarque (4); car la lettre tue, si elle est prise sans l'esprit. Or ces sages à leurs propres yeux avançaient que le Messie devait venir avec une majesté et une grandeur de roi, pour donner la liberté à son peuple par la grandeur de sa puissance, et le délivrer temporellement de la servitude des gentils ; et l’on ne voyait alors aucune apparence de cette puissance et de cette liberté, dans l’impossibilité où les Hébreux étaient de secouer le joug des Romains. Ce sentiment eut beaucoup de vogue parmi ce peuple grossier et aveugle; parce qu'il reprenait que pour lui seul la Majesté et la grandeur du Messie promis, aussi bien que la rédemption qu'il venait par son pouvoir divin accorder à son peuple, s'imaginant qu'elle devait être

(1) Apoc., XIX, 16. — (2) I Cor., I, 24. — (3) Sap., VII, 15. — (4) II Cor., III, 6.

temporelle et terrestre,, comme l'attendent toujours les Juifs aveuglés par les ténèbres qui remplissent leurs coeurs (1). Aujourd'hui même ils ne parviennent pas à comprendre que la gloire, la majesté et la puissance de notre Rédempteur, aussi bien que la liberté qu'il est venu donner au monde, ne sont point des choses terrestres , temporelles et périssables, mais célestes, spirituelles et éternelles, et qu'elles ne sont ; pas seulement pour les Juifs, quoiqu’ils en aient eu les prémices, mais pour tout le genre humain sans aucune exception.
762. Le Maître de la vérité , Jésus, reconnut quels dispute se terminait à cette erreur; car quoiqu'il y en eût quelques-uns qui soutinssent l'opinion contraire, le nombre en était fort petit; et ceux-là se trouvaient accablés par l'autorité et par les raisons des autres. Et comme cet adorable Seigneur était venu au monde pour rendre témoignage à la vérité, qui était lui-même (2), il ne voulut pas permettre dans cette occasion, en laquelle il importait extrêmement de la découvrir, que l'erreur contraire prévalût par l'autorité des docteurs. Sa charité immense ne put point supporter cette ignorance de ses oeuvres, et de ses fins très-sublimes chez les interprètes de la loi, qui devaient être  des ministres versés dans la véritable doctrine, pour enseigner au peuple le chemin de la vie, et lui en faire connaître l'auteur aussi bien que notre Rédempteur. L'Enfant-Dieu s'approcha

(1) Isa., VI, 10 ; II Cor., III, 15. — (2) Joan., XVIII, 37.

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davantage de l'assemblée, pour manifester la grâce qui était répandue sur ses lèvres (1). Il s'avança au milieu des interlocuteurs avec une rare majesté et avec une beauté admirable , exprimant le désir de proposer quelque doute. Et par ses manières nobles et agréables il inspira à ces docteurs l'envie de l'écouter avec attention.
763. Il prit la parole en ces termes : « J'ai entendu toute la discussion qui a eu lieu sur la venue du Messie, et les conclusions qui en ont été tirées. Avant de proposer mes objections contre cette solution, j'établis que les prophètes disent qu'il viendra avec une grande puissance et une grande majesté, a comme on vient de le prouver par les témoignages  qu'on a allégués. En effet, Isaïe dit qu'il sera notre Législateur, notre Roi, et Celui qui sauvera son peuple (2); et dans un autre endroit il assure qu'il accourra de loin avec une grande fureur (3), ce que David confirme en disant qu'il consumera tous ses ennemis (4). Daniel déclare que toutes les tribus et tous les peuples le serviront (5). L'Ecclésiastique dit qu'une grande multitude de saints viendra avec lui (6). Les Écritures sont remplies de semblables promesses, pour faire reconnaître son avènement  à des signes assez clairs, assez évidents, si on les  considère avec attention. Mais le doute est fondé sur la comparaison de ces passages avec d'autres

(1) Ps. XLIV, 3. — (2) Isa., XXXIII, 22. — (3) Isa., XXX, 27. — (4) Ps. XCVI, 3. — (5) Dan., VII, 14. — (6) Eccles., XXIV. 3, etc.

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passages des prophètes qui doivent être tous également vrais, bien qu'à la lettre ils paraissent contradictoires. Ainsi il faut nécessairement qu'ils accordent, et donner à chacun de ces passages un sens par lequel il puisse et doive se concilier avec les autres. Or comment entendrons-nous maintenant ce que dit le même Isaïe, qu'il viendra de la terre des vivants, et qui est-ce qui racontera sa génération ? qu'il sera rassasié d'opprobres, qu'il sera mené à la mort comme une brebis qu'on va égorger, et qu'il n'ouvrira point la bouche (1) ? Jérémie assure que les ennemis du Messie se réuniront pour le persécuter, pour mettre du poison dans son pain, et pour effacer son nom de la terre, quoiqu'ils ne doivent point réussir dans leur dessein (2). David a dit qu'il serait le rebut du peuple et l'opprobre des hommes, et qu'il serait foulé aux pieds et méprisé comme un ver de terre (3). Zacharie, qu'il viendrait doux et humble, et monté sur un vil animal (4). Tous les prophètes tiennent le même langage en parlant des marques que le Messie promis doit avoir. »
764. « Comment sera-t-il donc possible, ajouta l’Enfant-Dieu, d'accorder ces prophéties, si nous supposons que le Messie doive venir avec de puissantes armées et avec majesté, pour vaincre les rois et les monarques par la force et par l'effusion du

(1) Isa., LIII, 8, 11, 7. — (2) Jerem., XI, 19. — (3) Ps. XXI, 7 et 8. — (4) Zach., IX, 9.

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sang des étrangers? Nous ne pouvons pas nier que, devant venir deux fois, la première pour racheter le monde, et l'autre pour le juger, les prophéties ne doivent être appliquées à ces deux avènements, en attribuant à chacun ce qui lui appartient. Et comme les fins de ces mêmes avènements doivent être différentes, leurs circonstances le seront aussi, puisqu'il ne doit pas remplir le même office dans les deux cas , mais qu'au contraire les choses y seront fort opposées. Dans le premier il doit vaincre le démon et lui arracher l'empire qu'il a acquis sur les âmes par le premier péché. Et pour cela il doit d'abord satisfaire à Dieu pour tout le genre humain, et ensuite enseigner aux hommes par ses paroles et par ses exemples le chemin de la vie éternelle, les moyens de vaincre les ennemis de leur salut, comment ils doivent servir et adorer leur Créateur et Rédempteur, et de quelle manière ils sont obligés de répondre aux bienfaits qu'ils reçoivent de sa main libérale, et d'en faire un bon usage. Sa vie et sa doctrine doivent concourir à toutes ces fins dans le premier avènement. Le second aura lieu pour faire rendre compte à tous les hommes dans le jugement universel , et pour donner à chacun le prix dû à ses œuvres bonnes ou mauvaises; et alors il punira ses ennemis avec fureur et indignation; c'est ce que les prophètes disent de second avènement. »
765. « D'après toutes ces observations, si nous voulons supposer que le Messie paraîtra pour la

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première fois avec puissance et majesté, et que, comme le dit David (1), il règnera de la mer jusqu'à la mer, et que son règne sera glorieux , comme le disent d'autres prophètes (2) , tout cela ne peut être entendu matériellement d'un règne temporel ni d'un appareil de majesté sensible et extérieur, mais d'un nouveau règne spirituel qu'il établira dans une nouvelle Église qui s'étendra par tout l'univers avec majesté, avec puissance et avec des richesses immenses de grâce et de vertu contre le démon. Et avec cette juste interprétation, toutes les Écritures , qu'on ne saurait concilier dans un autre sens, se trouvent uniformes. Que si le peuple de Dieu est soumis à l'empire des Romains, sans pouvoir recouvrer son indépendance, ce n'est pas une marque que le Messie ne soit pas encore venu ; au contraire , c'est un témoignage infaillible qu'il est déjà au Inonde. Car notre patriarche Jacob a laissé cette marque afin que ses descendants le connussent, voyant la tribu de Juda sans le sceptre et sans le gouvernement d'Israël (3). Or vous avouez maintenant que ni cette tribu ni les autres ne l'ont et n'espèrent même de le recouvrer. Les semaines de Daniel (4), qui doivent être nécessairement accomplies, prouvent la même chose. Et ceux qui ont de la mémoire se souviendront de ce que j'ai

(1) Ps. LXXI, 8. — (2) Isa., LII, 6, etc.; Jerem., XXX, 9; Ezech., XXXVII, 22, etc.; Zach., IX, 10. — (3) Gen., XLIX, 10. — (4) Dan., IX, 25.

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entendu dire , savoir, qu'une grande splendeur a paru il y a quelques années dans Bethléem à minuit, et qu'il fut dit à de pauvres pasteurs que le Rédempteur était né (1); et qu'ensuite certains rois guidés par une étoile vinrent de l'Orient, cherchant le Roi des Juifs pour l'adorer (2). Et le tout était ainsi prophétisé (3). De sorte que le roi Hérode, père d'Archélaüs, frappé de ces signes infaillibles, fit mourir un très-grand nombre d'enfants, seulement dans l'espoir d'atteindre le Roi qui venait de naître, et qu'il voulait empêcher de pouvoir succéder au royaume d'Israël (4). »
766. L'Enfant Jésus joignit d'autres raisons à celles-là, et ce fut avec l'efficace de Celui qui, en proposant des doutes, enseignait avec un pouvoir divin. De sorte que les scribes et les docteurs qui l'entendirent restèrent dans le silence (5); et, convaincus par ses raisons, ils se regardaient les uns les autres, et se disaient avec une grande admiration : Quelle merveille est, celle-ci? Quel Enfant si prodigieux! D'où est-il sorti ? A qui appartient-il? Mais demeurant dans cet étonnement, ils ne découvrirent point quel était Celui qui les instruisait avec tant de lumière d'une vérité si importante. L'auguste Marie et son très-chaste époux saint Joseph arrivèrent à temps pour ouïr la fin de son discours. Et après qu'il l'eut achevé, tous les docteurs de la loi se levèrent

(1) Luc., II, 9, etc. — (2) Matth., II, 1, etc. — (3) Mich., V, 2 ; Ps. LXXI, 10; Isa., LX, 6. — (4) Matth., II, 16. — (5) Luc., IV, 32.

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avec une surprise extrême. Alors notre divine Dame, ravie de joie d'avoir retrouvé son trésor, s'approcha de son bien-aimé Fils, et en présence de toute l'assemblée lui dit ce que rapporte saint Luc (1) : Mon Fils, comment en avez-vous usé ainsi avec nous? Voici que nous vous cherchions, votre père et moi, fort affligés. La divine Mère lui fit cette amoureuse plainte avec autant de respect que d'affection, l'adorant comme son Dieu, et lui représentant sa douleur comme à son Fils. Sa Majesté lui répondit : Pourquoi me cherchiez-vous? ne saviez-vous pas qu'il fallait que je m'occupasse des choses qui regardent le service de mon Père (2)?
767. L'évangéliste dit (3) que la très-pure Marie et saint Joseph n'entendirent point le mystère de ces paroles, parce qu'il leur fut alors caché. Et cela provint de deux causes : d'une part, moissonnant dans la joie après avoir semé dans les larmes, ils furent tout absorbés par le bonheur de revoir leur riche trésor qu'ils avaient retrouvé. D'autre part ils n'arrivèrent pas assez tôt pour se mettre au courant de la matière qu'on avait traitée dans cette conférence. Outre ces raisons, il y en eut une autre pour notre très-prudente Reine: c'est, que le voile qui lui cachait l'intérieur de son très-saint Fils, où elle eût pu connaître tout ce qui s'était passé , ne fut écarté de ses yeux que quelque temps après qu'elle l'eut retrouvé. Les docteurs se retirèrent, repassant en leur esprit les merveilles qu'ils venaient d'ouïr de la Sagesse éternelle,

(1) Luc., II, 47. — (2) Ibid., 49. — (3) Ibid., 50.

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quoiqu'ils ne la connussent pas. De sorte que la bienheureuse Mère se trouvant presque seule avec son très-saint Fils, lui dit avec une tendresse maternelle : « Permettez, mon Fils, à mon coeur défaillant (et ce disant elle l'embrassa) de vous découvrir sa peine, afin qu'elle ne m'ôte pas la vie si elle est de quelque utilité à votre service. Ne m'éloignez point de votre présence, acceptez-moi pour votre servante, et si je vous ai perdu par ma faute, je vous en demande pardon, et je vous prie de me rendre digne de vous, et de ne me point châtier par votre absence. » L'Enfant-Dieu la reçut avec complaisance, et lui promit d'être son maître et son compagnon tout le temps qu'il serait convenable. Ces douces paroles calmèrent le coeur innocent et enflammé d'amour de notre grande Reine, et ils prirent le chemin de Nazareth.
768. Mais lorsqu'ils se furent un peu éloignés de Jérusalem , et qu'ils se trouvèrent seuls sur la route, la très-prudente Daine se prosterna , adora son très-saint Fils, et lui demanda sa bénédiction, parce qu'elle ne l'avait pas fait extérieurement au moment où elle le trouva dans le Temple au milieu de la foule : tant elle était attentive à ne perdre aucune occasion d'agir avec la plénitude de sa sainteté. L'Enfant Jésus la releva de terre et lui parla avec un air fort agréable et avec la plus grande douceur. Ensuite il écarta le voile mystérieux et lui découvrit de nouveau son âme très-sainte et ses opérations avec plus de clarté qu'auparavant. De sorte que la divine Mère apprit dans cette contemplation de l'intérieur de l'Enfant-Dieu

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toutes les oeuvres sublimes qu'il avait faites pendant les trois jours de son absence. Elle y vit également tout ce qui s'était passé dans la conférence des docteurs, ce que l'Enfant Jésus leur dit, et les raisons qu'il eut pour ne pas se manifester avec plus d'éclat comme le véritable Messie ; et cet adorable Enfant révéla à sa Mère Vierge plusieurs autres mystères, comme à celle en qui tous les trésors du Verbe incarné devaient être mis en dépôt, afin qu'elle rendit pour tous et en tous le retour de gloire et de louanges qui étaient ducs à l'auteur de tant (le merveilles. Et cette très-sainte Dame s'en acquitta selon le bon plaisir du Seigneur. Après quoi elle pria sa Majesté de reposer un peu dans la campagne, et de prendre quelque nourriture. Et le divin Enfant en accepta des mains de notre auguste Reine, qui prenait soin de tout comme Mère de la Sagesse (1).
769. La divine luire s'entretenait chemin faisant, avec son très-doux Fils, des mystères qu'il lui avait découverts dans son intérieur touchant la conférence des docteurs. Et le Maître céleste l'informa de nouveau verbalement de ce qu'il avait appris par révélation; et lui déclara notamment que ces docteurs et ces scribes n'avaient point reconnu en lui le Messie, à cause de la présomption et de la vanité qu'ils tiraient de leur science, parce que leur entendement était obscurci par les ténèbres de l'orgueil, qui les avaient empêchés de recevoir la divine lumière que

(1) Eccles., XXIV, 24.

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l'Enfant-Dieu avait si bien fait briller à leurs yeux; car ses raisons auraient suffi pour les convaincre s'ils eussent eu leur volonté disposée par l'humilité et par le désir de la vérité. C'est à cause des obstacles qu'ils lui opposèrent qu'ils ne la reconnurent pas, malgré son évidence. Notre Rédempteur convertit un grand nombre d'aines dans ce voyage. Et comme sa très-sainte Mère était présente, il l'employait pour instrument de ces merveilles; ainsi il éclairait les coeurs de tous ceux à qui elle parlait, au moyen des sages avis et des saintes instructions de notre auguste Princesse. Ils rendirent la santé à plusieurs malades, ils consolèrent les affligés, et ils ne perdirent aucune occasion convenable de répandre partout où ils allaient la grâce et les miséricordes. Et comme j'ai décrit, dans les autres voyages que j'ai racontés, des merveilles semblables à celles-ci, je ne m'y arrête pas plus longtemps , car le récit en exigerait plusieurs chapitres, et je suis forcée de passer à d'autres points de cette histoire qui sont plus importants.
770. Ils arrivèrent à Nazareth , où ils s'occupèrent comme je le dirai dans la suite. L'évangéliste saint Luc (1) renferme dus peu de paroles les mystères de leur vie, lorsqu'il dit que l'Enfant Jésus était soumis à ses parents (c'est-à-dire à sa très-sainte Mère et à son époux Joseph), et que sa divine Mère repassait et conservait toutes ces choses dans son coeur, et que Jésus croissait en sagesse (2), en age et en grave devant

(1) Luc., II, 51. — (2) Ibid., 52.

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Dieu et devant les hommes, ce dont je parlerai plus tard , selon les lumières qui me seront données. Je dis seulement ici que l'humilité et l'obéissance de notre Seigneur Jésus- Christ envers ses parents furent pour les anges un nouveau sujet d'admiration, aussi bien que la dignité et l'excellence de sa très-pure Mère, qui mérita que Dieu humanisé lui fût confié et assujetti, afin qu'elle en prit soin avec l'aide de saint Joseph, et qu'elle en disposât comme d'une chose qui lui appartenait. Et quoique cette soumission et cette obéissance fussent comme une conséquence de la maternité naturelle; néanmoins, pour user envers son Fils de ses droits et de son autorité de Mère, comme supérieure en cette qualité , il lui fallut une grâce différente de celle qu'elle reçut pour le concevoir et pour l'enfanter. De sorte que l'auguste Marie eut avec plénitude les grâces convenables et proportionnées pour tous ces ministères et offices : plénitude tellement surabondante qu'elle débordait sur l'aime du bienheureux époux saint Joseph, afin qu'il fût aussi le digue père putatif de Jésus-Christ et chef de cette très-sainte famille.
771. Notre illustre Princesse répondait de son côté par des oeuvres sublimes à l'obéissance et à la soumission que son bien-aimé Fils lui témoignait. Entre anti-es dons excellents elle eut alors une humilité quasi incompréhensible, et une ardente reconnaissance de ce que sa Majesté eût daigné retourner avec elle et demeurer en sa compagnie. Cette faveur, que notre divine Reine estimait des plus grandes et dont elle se

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croyait même indigne, accrut dans son très-fidèle coeur son amour et son zèle à servir son adorable Fils. Et elle lui en témoignait sa gratitude avec tant de ferveur, elle ne cessait de le servir avec tant d'attention, de ponctualité et d'empressement, et cela toujours à genoux , qu'elle excitait l'admiration des plus hauts séraphins. En outre , elle était très-soigneuse à l'imiter dans toutes ses actions , telles qu'elle les connaissait, et elle s'appliquait de toutes ses forces d'abord à étudier, puis à reproduire ses exemples. Elle blessait par cette plénitude de sainteté le coeur de notre Seigneur Jésus-Christ (1), et elle le tenait, pourrions-nous dire, captif dans les chaînes d'un amour invincible (2). Et cet adorable Seigneur étant ainsi attiré, comme Dieu et comme Fils véritable, par les doux charmes de l'incomparable Princesse, il se trouvait entre le Fils et la Mère une correspondance mutuelle et un divin cercle d'amour et d'oeuvres qui surpassaient tout ce que l'entendement créé peut concevoir. Car tous les fleuves des grâces et des faveurs du Verbe incarné entraient dans l'auguste Marie, comme dans l'océan des perfections, et cette mer ne regorgeait point, parce qu'elle était assez vaste pour les recevoir; mais ces fleuves retournaient à leur source (3), où l'heureuse Mère de la Sagesse lus renvoyait, afin qu'ils coulassent encore, comme si ces flux et ces reflux de la Divinité n'eussent été établis qu'entre l'Enfant-Dieu et sa Mère. C'est ici le mystère de ces

(1) Cant., II, 9. — (2) Os., XI, 4. — (3) Eccles., 1, 7

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humbles reconnaissances de l'Épouse, si souvent mentionnées dans les Cantiques : Mon bien-aimé est tout à moi, et je suis toute à lui ; il se plaît infiniment parmi les lis, jusqu'à ce que le jour commence à paraître et que les ombres soient dissipées. Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi; je suis à mon bien-aimé, et ses regards sont vers moi (1).
772. Il était comme inévitable que le feu de l'amour divin dont brûlait le coeur de notre Rédempteur, qui est venu l'allumer sur la terre (2), trouvant à sa portée une matière disposée comme l'était le coeur très-pur de sa Mère, causât par son activité extraordinaire des effets si sublimes, que le même Seigneur qui les avait opérés fût le seul qui pût aussi les connaître. On doit remarquer ici une chose qui m'a été révélée : c'est que le Verbe incarné ne mesurait point les témoignages extérieurs de l'amour qu'il portait à sa très-sainte Mère sur son inclination naturelle de fils, mais sur la capacité de mérites que présentait notre auguste Reine comme voyageuse , parce que cet adorable Seigneur savait que s'il l'eût favorisée dans ces démonstrations autant qu'il aurait été naturellement porté à le faire par affection filiale envers une telle Mère, elle eût été en quelque sorte empêchée, par la jouissance continuelle des délices qu'elle eût goûtées dans le commerce de son bien-aimé, de gagner tous les mérites qui lui étaient destinés. C'est pourquoi il réprima jusqu'à un certain point ce penchant naturel

(1) Cant. II, 16 et 17; VI, 2; VII, 10. — (2) Luc., XII, 49.

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de son humanité, et voulut que sa divine Mère, quoiqu'elle fût parvenue à une sainteté si éminente, continuât à agir, à souffrir, à mériter, en étant quelquefois privée de la douce récompense qu'elle aurait pu recevoir par les faveurs sensibles de son très-saint Fils. C'est pourquoi encore l'Enfant-Dieu montrait plus de réserve et de sévérité, même dans la conversation ordinaire. Et quoique notre diligente Darne le servit toujours avec un souverain respect, et lui fournit toujours avec le plus vif empressement tout ce dont il pouvait avoir besoin, notre aimable Sauveur ne manifestait pas toute la satisfaction que lui inspirait la sollicitude de sa Mère.

Instruction que la Reine du ciel nie donna.

773. Ma fille, toutes les rouvres de mon très-saint Fils et les miennes sont pleines d'une mystérieuse doctrine et de salutaires leçons pour les mortels, s'ils les considèrent avec une attention respectueuse. Sa Majesté s’absenta de moi afin que, la cherchant avec douleur et avec larmes, je la retrouvasse avec beaucoup de joie (1) et de profit pour mon âme. Je veux que, m'imitant en ce mystère, vous cherchiez le Seigneur

(1) Ps. CXXV, 5.

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avec une angoisse telle, qu'elle vous maintienne dans une vigilance continuelle et ne vous laisse vous reposer nulle part pendant toute votre vie, jusqu'à ce que vous l'ayez trouvé et que vous ne puissiez plus le perdre (1). Or, afin que vous pénétriez mieux le secret du Seigneur, il faut que vous remarquiez que sa sagesse infinie conduit de telle sorte les créatures capables de sa félicité éternelle, qu'elle les met dans le chemin de cette mémé félicité, mais à une grande distance et avec l'incertitude d'y jamais arriver, afin que, tant qu'elles n'y parviennent pas, elles ne,cessent de vivre dans l'inquiétude et dans une sainte tristesse, afin que cette inquiétude fasse naître en elles une crainte et une horreur continuelles da péché, qui est la seule chose qui puisse la leur faire perdre (2); et que, dans le tumulte de la conversation humaine, elles ne se laissent point entraîner ni enlacer par les choses visibles et terrestres. Le Créateur seconde leurs précautions en soutenant la raison naturelle par les vertus de foi et d'espérance, qui servent d'aiguillon à l'amour, par lequel les créatures cherchent et atteignent leur dernière fin. Et, indépendamment du secours de ces vertus et des autres dont il dépose le germe dates le baptême, il envoie à l'âme des inspirations qui l'excitent, dans l'absence du même Seigneur, à ne point l'oublier en s'oubliant elle-même pendant qu'elle est privée de son aimable présence, mais, au contraire, à poursuivre sa course jusqu'à ce qu'elle

(1) Cant., III, 4. — (2) Eccles., IX, 2.

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parvienne au but désiré, où elle verra tous ses goûts satisfaits et tous ses voeux accomplis (1).
774. Vous comprendrez par là la crasse ignorance des mortels, dont si peu s'arrêtent à considérer l'ordre mystérieux de leur création et de leur justification, et les oeuvres du Très-Haut tendant à une fin si sublime. Les plus grands maux que les créatures souffrent proviennent de cet oubli, qui leur fait prendre possession des biens terrestres et des plaisirs trompeurs comme s'ils devaient être leur félicité et leur dernière fin. C'est le plus grand désordre où ils puissent tomber contre l'ordre du Créateur, parce que les hommes veillent, durant leur vie si courte et si fugitive, jouir des choses visibles comme si elles étaient leur dernière fin, tandis qu'ils ne devraient user des créatures que pour acquérir le souverain bien, et non point pour le perdre. Or, pesez, ma très-chère fille, ce danger de la folie humaine, et regardez comme un écueil funeste tout ce que le monde offre d'agréable et de séduisant ; dites aux joies des sens qu'elles ne font que les tromper (2), engendrer la folie, enivrer le coeur, empêcher et détruire toute véritable sagesse. Soyez toujours dans une sainte crainte de perdre la vie éternelle, et, jusqu'à ce que vous l'ayez acquise, ne' vous réjouissez que dans le Seigneur. Fuyez la conversation des mortels, redoutez ses dangers; et si Dieu vous met par le moyen de l'obéissance dans quelque péril pour sa gloire, tout en comptant sur sa protection, ayez

(1) Ps., XVI, 17. — (2) Eccles., II, .

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soin de ne pas vous négliger et de vous tenir sur vos gardes. Ne livrez pas votre naturel confiant à l’amitié ni au commerce des créatures : c'est là que pour vous se trouve le plus grand danger; car le Seigneur vous a donné une humeur douce et reconnaissante, afin qu'il vous soit plus facile de ne point résister à ses opérations, et que vous employiez à son amour, le bienfait que vous en avez reçu. Mais si, vous donnez l’entrée à l'amour des créatures, elles vous entraîneront sans doute et vous éloigneront du souverain Bien, de sorte que vous renverserez l'ordre et les oeuvres de sa sagesse infinie; car c'est une chose indigne de consacrer le plus riche don de la nature à un objet qui n'en soit pas le plus noble et le plus excellent. Élevez-vous au-dessus de tout ce qui est créé et au-dessus de vous-même (1). Rehaussez les opérations de vos puissances, et montrez-leur comme le plus sublime de tous les objets l'être de Dieu, celui de mon Fils bien-aimé et votre, Époux, qui surpasse en beauté tous les enfants des hommes (2); aimez-le de tout votre coeur, de toute votre aime et de tout votre entendement.

(1) Thren., III, 28. — (2) Ps. XLIV, 2.

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