La France, l'adieu aux armes ?(la tribune)
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La France, l'adieu aux armes ?(la tribune)
Ces quinze grandes dates qui ont marqué la conquête de l'espace
La France, l'adieu aux armes ? (2/5)
Défense
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Michel Cabirol | 26/08/2012, 22:28 - 1205 mots
Respectée pour ses compétences par ses alliés, l'armée française appartient encore au club restreint des puissances militaires autonomes. Mais elle est aujourd'hui face à un tournant pour maintenir ses ambitions opérationnelles pourtant déjà en mode de "juste suffisance". La très forte contrainte budgétaire et surtout la rédaction d'un nouveau Livre Blanc vont avoir certainement des conséquences sur ses moyens, et donc son fonctionnement. C'est ce qui ressort des auditions à l'Assemblée nationale des quatre grands patrons de l'armée française réalisées en juillet. Le premier des cinq états des lieux proposés par "latribune.fr" montre que les trois armées n'ont plus la capacité aujourd'hui de répondre à certains contrats opérationnels tels qu'ils ont été définis par le Livre blanc rédigé... en 2008.
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Le constat est clinique et l’aveu du chef d’état-major des armées, l’amiral Edouard Guillaud, terrible. "S’agissant du contrat de projection de 30.000 hommes (sur un an, ndlr), non, il n’est pas atteignable en l’état", affirme-t-il. Ce contrat avait été pourtant défini en 2008 dans le Livre blanc par l’ancien président de la République… Aujourd’hui, les trois armées ne sont plus capables de répondre à certains de ses contrats opérationnels, dont plusieurs de sécurité publique, en raison d’un manque d’effectifs, de moyens et de crédits. Et pourtant l’armée française a su répondre présente avec efficacité lors des opérations extérieures auxquelles elle a participé. Ainsi, en 2011, 13.500 soldats ont été envoyés en mission, dont sept majeures (Afghanistan, Libye, Côte d’Ivoire…), a rappelé l’amiral Guillaud.
C’est ce que pense également le chef d’état-major de l’armée de l’air, le général Jean-Paul Paloméros, qui prendra ses nouvelles fonctions fin septembre au sein de l’OTAN en tant que commandant suprême allié de la Transformation (SACT) : "les contrats les plus exigeants sont hors de portée dans la durée" pour l’armée de l’air, précise-t-il au détour d’une réponse à un député. Pourquoi ? Parce que notamment "dans le domaine du ravitaillement en vol, les lacunes liées au report du programme MRTT et au vieillissement des 14 avions ravitailleurs C135 et KC135, qui ont une moyenne d’âge de 48 ans ne permettent pas de répondre à la dimension la plus exigeante du contrat opérationnel", confirme la Cour des comptes. Ce qui n’a pas empêché le succès des Rafale et Mirage 2000 lors de l’opération Harmattan en Libye. "L’âge des ravitailleurs en vol est une incontestable faiblesse alors même que ces appareils nous permettent, entre autres, de projeter nos forces à plusieurs milliers de kilomètres", rappelle le général Jean-Paul Paloméros.
"Nous ne pouvons réaliser toutes les missions"
Mais c’est surtout la marine et l’armée de terre, qui ont de réelles difficultés à réaliser certains contrats opérationnels. Là aussi, le constat est terrible. "La juste suffisance veut dire que nous ne pouvons pas réaliser toutes les missions du contrat opérationnel de la marine en même temps", avoue le chef d’état-major de la marine, l’amiral Bernard Rogel, pourtant à la tête de la dernière marine européenne à posséder toutes les capacités pour intervenir. Concrètement, la Royale lors de l’opération Harmattan, qui a mobilisé 27 bâtiments de combat déployés pendant six mois, a dû abandonner "provisoirement certaines missions, notamment contre les narcotrafic ou l’immigration illégale ou des missions de sûreté au profit de la FOST (Force océanique stratégique, ndlr)".
D’une manière générale, il confirme que "compte tenu des missions qui nous sont données, je considère aujourd’hui que le format de la marine est juste suffisant". A tel point qu’en 2010 et 2011, la marine n’a pu déployer le groupe aéronaval, c’est-à-dire un groupe aérien complet, les frégates d’escorte, les sous-marins d’attaque (SNA) et une capacité de réaction autonome pour engager les opérations d’évacuation de ressortissants tel que le prévoit le contrat opérationnel conventionnel défini par le livre blanc. "Les indicateurs de performance montrent qu’en 2010 et 2011 ces objectifs n’ont pu être atteints", affirme le chef d’état-major de la marine. Ces indicateurs "montrent qu’en 2010 et en 2011 le dimensionnement actuel de la flotte et les contraintes liées aux arrêts techniques des bâtiments, ne permettent pas à la marine de tenir en permanence cette posture pour des raisons qui vont au-delà de la présence d’un seul porte-avions dans la flotte", précise la Cour des comptes.
La souveraineté de la France contestée sur certains de ses îlots
Cette "juste suffisance" doit également aujourd’hui prendre en compte l’extension de la zone économique exclusive (ZEE) de la France, qui dispose déjà de la deuxième ZEE derrière les Etats-Unis avec 11.000.000 kilomètres carrés, pour accéder aux richesses du plateau continental. Comme c’est le cas en Guyane où la France pourrait devenir une nation pétrolière. La marine dispose à titre d’exemple d’un patrouilleur aux îles Kerguelen ainsi qu’un système satellitaire pour protéger la légine, un poisson cher et apprécié aux Etats-Unis et en Asie que l’on trouve uniquement autour des Terres australes. "Si nous ne surveillons pas notre ZEE et ne montrons pas notre pavillon, nous serons pillés", assure l’amiral Rogel.
Déjà, la France est confrontée à une contestation de sa souveraineté sur certains de ses îlots du bout du monde tel que l’île de Clipperton aux confins de l’océan Pacifique, située à 1.280 kilomètres d’Acapulco au Mexique, les îles Eparses dans l’océan Indien situées autour de Madagascar, ou, enfin, Matthew et Hunter, deux petites îles inhabitées du Sud Pacifique, à 300 km à l'est de la Nouvelle-Calédonie. Pour protéger cette très vaste ZEE, la France dispose en tout et pour tout… de six frégates de surveillance et de 20 patrouilleurs. "On est loin de couvrir en permanence toute la superficie de la ZEE", indique le chef d’état-major de la marine.
"La technocratie budgétaire" pointée du doigt
Le chef d’état-major de l’armée de terre, le général Bertrand Ract Madoux, est lui aussi confronté à la juste suffisance, qui l’empêche de remplir tous ces contrats opérationnels. "Les contraintes budgétaires successives ont peu à peu rendu difficiles l’exécution et le soutien de certains de ces contrats opérationnels, notamment dans la durée ainsi que dans leur simultanéité", regrette-t-il. Et d’avertir, "certains domaines de spécialités sont aujourd’hui à un niveau plancher et ne pourront supporter de nouvelles réductions, sauf à imposer d’abandonner lesdites spécialités. Cela aurait pour conséquence de fragiliser la cohérence de l’ensemble des forces terrestres et d’hypothéquer leur efficacité et leurs capacités d’action". Ainsi, l’armée de terre ne dispose plus que d’un unique régiment dans de nombreuses spécialités : drones, lance-roquettes unitaire, artillerie sol-air, franchissement, armes NBC (nucléaires, bactériologiques et chimiques)… "Les difficultés de l’arme de terre, ndlr) rencontrées pour honorer totalement le contrat maximal sont liées au soutien dans le domaine des pièces détachées et des munitions. Elles pourraient fragiliser la capacité à tenir l’engagement dans la durée, en particulier si le renouvellement de plusieurs parcs anciens était à nouveau repoussé", explique la Cour des comptes.
C’est dans ce contexte difficile que l’armée de terre a franchi "à la baisse, cette année, le seuil symbolique des 100.000 militaires et 10.000 civils", regrette le général Ract Madoux. "Est-il raisonnable d’avoir une armée de terre en dessous de 100.000 hommes, c’est-à-dire au plus bas de son histoire dans un pays qui n’a jamais été aussi peuplé ?", s’interroge-t-il. Et de pointer du doigt "la technocratie budgétaire" : "Nous ne souhaiterions pas en effet que la technocratie budgétaire nous fasse collectivement passer dans un cadre toujours plus petits au détriment de la cohérence et au mépris d’une analyse objective des dangers de ce monde". Car, estime-t-il, "lorsqu’on réduit des enveloppes déjà insuffisantes, les difficultés sont inévitables".
Une puissance militaire autonome
Le chef d’état-major des armées, l’amiral Guillaud, donne quelques chiffres qui éclairent les données du débat. La Force océanique stratégique est mise en œuvre par 3.200 marins, soit l’effectif équivalent à celui des agents municipaux d’une ville comme Montpellier. L’effectif de l’armée de terre est équivalent à celui de la RATP et le groupe PSA pèse en effectifs deux fois plus que l’armée de terre. D’où sa conclusion, "notre outil de défense offre jusqu’à présent un rapport qualité-prix exceptionnel". Et de rappeler que la France appartient "au club très restreint des puissances militaires autonomes". Jusqu'à quand ?http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/20120826trib000716279/la-france-l-adieu-aux-armes-.html
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Défense
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Michel Cabirol | 26/08/2012, 22:28 - 1205 mots
Respectée pour ses compétences par ses alliés, l'armée française appartient encore au club restreint des puissances militaires autonomes. Mais elle est aujourd'hui face à un tournant pour maintenir ses ambitions opérationnelles pourtant déjà en mode de "juste suffisance". La très forte contrainte budgétaire et surtout la rédaction d'un nouveau Livre Blanc vont avoir certainement des conséquences sur ses moyens, et donc son fonctionnement. C'est ce qui ressort des auditions à l'Assemblée nationale des quatre grands patrons de l'armée française réalisées en juillet. Le premier des cinq états des lieux proposés par "latribune.fr" montre que les trois armées n'ont plus la capacité aujourd'hui de répondre à certains contrats opérationnels tels qu'ils ont été définis par le Livre blanc rédigé... en 2008.
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C’est ce que pense également le chef d’état-major de l’armée de l’air, le général Jean-Paul Paloméros, qui prendra ses nouvelles fonctions fin septembre au sein de l’OTAN en tant que commandant suprême allié de la Transformation (SACT) : "les contrats les plus exigeants sont hors de portée dans la durée" pour l’armée de l’air, précise-t-il au détour d’une réponse à un député. Pourquoi ? Parce que notamment "dans le domaine du ravitaillement en vol, les lacunes liées au report du programme MRTT et au vieillissement des 14 avions ravitailleurs C135 et KC135, qui ont une moyenne d’âge de 48 ans ne permettent pas de répondre à la dimension la plus exigeante du contrat opérationnel", confirme la Cour des comptes. Ce qui n’a pas empêché le succès des Rafale et Mirage 2000 lors de l’opération Harmattan en Libye. "L’âge des ravitailleurs en vol est une incontestable faiblesse alors même que ces appareils nous permettent, entre autres, de projeter nos forces à plusieurs milliers de kilomètres", rappelle le général Jean-Paul Paloméros.
"Nous ne pouvons réaliser toutes les missions"
Mais c’est surtout la marine et l’armée de terre, qui ont de réelles difficultés à réaliser certains contrats opérationnels. Là aussi, le constat est terrible. "La juste suffisance veut dire que nous ne pouvons pas réaliser toutes les missions du contrat opérationnel de la marine en même temps", avoue le chef d’état-major de la marine, l’amiral Bernard Rogel, pourtant à la tête de la dernière marine européenne à posséder toutes les capacités pour intervenir. Concrètement, la Royale lors de l’opération Harmattan, qui a mobilisé 27 bâtiments de combat déployés pendant six mois, a dû abandonner "provisoirement certaines missions, notamment contre les narcotrafic ou l’immigration illégale ou des missions de sûreté au profit de la FOST (Force océanique stratégique, ndlr)".
D’une manière générale, il confirme que "compte tenu des missions qui nous sont données, je considère aujourd’hui que le format de la marine est juste suffisant". A tel point qu’en 2010 et 2011, la marine n’a pu déployer le groupe aéronaval, c’est-à-dire un groupe aérien complet, les frégates d’escorte, les sous-marins d’attaque (SNA) et une capacité de réaction autonome pour engager les opérations d’évacuation de ressortissants tel que le prévoit le contrat opérationnel conventionnel défini par le livre blanc. "Les indicateurs de performance montrent qu’en 2010 et 2011 ces objectifs n’ont pu être atteints", affirme le chef d’état-major de la marine. Ces indicateurs "montrent qu’en 2010 et en 2011 le dimensionnement actuel de la flotte et les contraintes liées aux arrêts techniques des bâtiments, ne permettent pas à la marine de tenir en permanence cette posture pour des raisons qui vont au-delà de la présence d’un seul porte-avions dans la flotte", précise la Cour des comptes.
La souveraineté de la France contestée sur certains de ses îlots
Cette "juste suffisance" doit également aujourd’hui prendre en compte l’extension de la zone économique exclusive (ZEE) de la France, qui dispose déjà de la deuxième ZEE derrière les Etats-Unis avec 11.000.000 kilomètres carrés, pour accéder aux richesses du plateau continental. Comme c’est le cas en Guyane où la France pourrait devenir une nation pétrolière. La marine dispose à titre d’exemple d’un patrouilleur aux îles Kerguelen ainsi qu’un système satellitaire pour protéger la légine, un poisson cher et apprécié aux Etats-Unis et en Asie que l’on trouve uniquement autour des Terres australes. "Si nous ne surveillons pas notre ZEE et ne montrons pas notre pavillon, nous serons pillés", assure l’amiral Rogel.
Déjà, la France est confrontée à une contestation de sa souveraineté sur certains de ses îlots du bout du monde tel que l’île de Clipperton aux confins de l’océan Pacifique, située à 1.280 kilomètres d’Acapulco au Mexique, les îles Eparses dans l’océan Indien situées autour de Madagascar, ou, enfin, Matthew et Hunter, deux petites îles inhabitées du Sud Pacifique, à 300 km à l'est de la Nouvelle-Calédonie. Pour protéger cette très vaste ZEE, la France dispose en tout et pour tout… de six frégates de surveillance et de 20 patrouilleurs. "On est loin de couvrir en permanence toute la superficie de la ZEE", indique le chef d’état-major de la marine.
"La technocratie budgétaire" pointée du doigt
Le chef d’état-major de l’armée de terre, le général Bertrand Ract Madoux, est lui aussi confronté à la juste suffisance, qui l’empêche de remplir tous ces contrats opérationnels. "Les contraintes budgétaires successives ont peu à peu rendu difficiles l’exécution et le soutien de certains de ces contrats opérationnels, notamment dans la durée ainsi que dans leur simultanéité", regrette-t-il. Et d’avertir, "certains domaines de spécialités sont aujourd’hui à un niveau plancher et ne pourront supporter de nouvelles réductions, sauf à imposer d’abandonner lesdites spécialités. Cela aurait pour conséquence de fragiliser la cohérence de l’ensemble des forces terrestres et d’hypothéquer leur efficacité et leurs capacités d’action". Ainsi, l’armée de terre ne dispose plus que d’un unique régiment dans de nombreuses spécialités : drones, lance-roquettes unitaire, artillerie sol-air, franchissement, armes NBC (nucléaires, bactériologiques et chimiques)… "Les difficultés de l’arme de terre, ndlr) rencontrées pour honorer totalement le contrat maximal sont liées au soutien dans le domaine des pièces détachées et des munitions. Elles pourraient fragiliser la capacité à tenir l’engagement dans la durée, en particulier si le renouvellement de plusieurs parcs anciens était à nouveau repoussé", explique la Cour des comptes.
C’est dans ce contexte difficile que l’armée de terre a franchi "à la baisse, cette année, le seuil symbolique des 100.000 militaires et 10.000 civils", regrette le général Ract Madoux. "Est-il raisonnable d’avoir une armée de terre en dessous de 100.000 hommes, c’est-à-dire au plus bas de son histoire dans un pays qui n’a jamais été aussi peuplé ?", s’interroge-t-il. Et de pointer du doigt "la technocratie budgétaire" : "Nous ne souhaiterions pas en effet que la technocratie budgétaire nous fasse collectivement passer dans un cadre toujours plus petits au détriment de la cohérence et au mépris d’une analyse objective des dangers de ce monde". Car, estime-t-il, "lorsqu’on réduit des enveloppes déjà insuffisantes, les difficultés sont inévitables".
Une puissance militaire autonome
Le chef d’état-major des armées, l’amiral Guillaud, donne quelques chiffres qui éclairent les données du débat. La Force océanique stratégique est mise en œuvre par 3.200 marins, soit l’effectif équivalent à celui des agents municipaux d’une ville comme Montpellier. L’effectif de l’armée de terre est équivalent à celui de la RATP et le groupe PSA pèse en effectifs deux fois plus que l’armée de terre. D’où sa conclusion, "notre outil de défense offre jusqu’à présent un rapport qualité-prix exceptionnel". Et de rappeler que la France appartient "au club très restreint des puissances militaires autonomes". Jusqu'à quand ?http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/20120826trib000716279/la-france-l-adieu-aux-armes-.html
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