PALESTINE 20 septembre (conflit international inévitable ... ?)
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PALESTINE 20 septembre (conflit international inévitable ... ?)
Palestine : un Etat aux forceps
Publié le 31-08-11 à 16:28 Modifié le 03-09-11 à 10:00 par Le Nouvel Observateur
Le veto de Washington empêchera sans doute la Palestine de devenir dans trois semaines le 194e Etat membre de l'ONU, même si elle doit accéder à un nouveau statut international. Ce qui suffit à inquiéter Israël. Par René Backmann
(Article paru dans le Nouvel Observateur du 1er septembre 2011)
DE NOTRE ENVOYE SPECIAL
"Croyez-vous que nous avions un autre choix que le recours à l'ONU ? Depuis près de vingt ans, nous avons tout tenté pour préserver ou relancer le processus de paix. Tout : rencontres secrètes, négociations directes sous patronage américain, pourparlers indirects avec navette américaine, échanges discrets ou publics avec représentants du Quartette. En vain. Des personnalités israéliennes et palestiniennes ont présenté en 2003, à Genève, une initiative équitable et réaliste. Encore en vain. Obama, à peine élu, a tenté de mettre son charisme dans la balance. Toujours en vain. Et pendant ce temps, Israël construisait impunément en Cisjordanie un mur de séparation de 700 kilomètres, et augmentait jour après jour la population de ses colonies. Au point que, depuis Oslo, le nombre de colons israéliens a doublé. Et qu'ils sont aujourd'hui un demi-million.”
"Nous sautons dans l'inconnu"
Sa jovialité naturelle atténue l'indignation de ce confident du président palestinien dont le bureau s'ouvre sur des collines ensoleillées hérissées d'immeubles neufs et de grues, témoignages de la fièvre immobilière qui grise Ramallah. Mais, sans quitter des yeux l'écran de télévision où défilent les images de chars et de fusillades reçues de Syrie par Al-Jazeera, il ne cherche pas à cacher son inquiétude à trois semaines du pari diplomatique à haut risque tenté par Mahmoud Abbas : “Nous sautons dans l'inconnu.”
Le 20 septembre, si tout se passe comme prévu, le représentant du Liban, qui préside actuellement le Conseil de Sécurité de l'ONU, présentera au secrétaire général Ban Ki-moon une demande officielle d'admission de l'Etat de Palestine - dans les frontières de 1967 : Cisjordanie, Jérusalem-Est et bande de Gaza - aux Nations unies.
Au moins 124 pays - sur les 193 membres de l'ONU - ont déjà annoncé qu'ils reconnaissent l'Etat palestinien et qu'ils voteront pour son admission. Une vingtaine d'autres au moins auraient, selon le négociateur palestinien Saeb Erekat, promis de les imiter. Le seuil requis des deux tiers de votes favorables (129 Etats) semble donc largement dépassé. Mais, les dirigeants palestiniens le savent déjà, leur pays ne deviendra pas, après le Soudan du Sud, le 194e Etat membre de l'ONU. Il faudrait pour cela le vote favorable de 9 des 15 membres du Conseil de Sécurité, dont, impérativement, celui des cinq membres permanents (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine). Et Washington a déjà annoncé que les Etats-Unis opposeraient leur veto à la demande des Palestiniens.
L'administration Obama épouse désormais la position israélienne
Pourquoi ? Officiellement parce que cette initiative créerait un “fait accompli diplomatique” qui pourrait compromettre une reprise des négociations. En réalité, parce que l'administration Obama, qui épouse désormais la position israélienne, refuse de voir le conflit israélo-palestinien internationalisé et exposé, dans toute sa rudesse, devant le forum des nations. Au mieux, les Palestiniens obtiendront de l'Assemblée générale le curieux statut d'“Etat non membre”, plus propice à l'action diplomatique que leur actuelle position d'observateur. Ce statut - dont dispose aujourd'hui le Saint-Siège - leur permettra de renforcer leur présence au sein des grandes organisations de l'ONU et confortera l'assise juridique de leur combat contre l'occupation et la colonisation israéliennes.
Envisagé depuis plusieurs années, le recours aux Nations unies est devenu inévitable aux yeux des responsables palestiniens après l'échec de la dernière phase des négociations, en septembre 2010. En refusant le gel des constructions dans les colonies que réclamait le Quartette (Etats-Unis, Union européenne, Russie, Nations unies) et qu'exigeaient les Palestiniens pour reprendre le dialogue, Benyamin Netanyahou a satisfait son électorat et affirmé sa fidélité à ses convictions idéologiques, mais il a contraint Mahmoud Abbas à changer de stratégie plus vite que prévu. Les brevets de bonne gestion décernés en 2010 au Premier ministre Salam Fayyad par le FMI, la Banque mondiale et l'ONU, qui jugeaient l'Autorité palestinienne assez performante pour assumer les responsabilités d'un Etat, avaient rassuré les Palestiniens et leurs partenaires sur la perspective de l'indépendance. Mais nombre de conseillers de Mahmoud Abbas estimaient que l'édification et le rodage des institutions de l'Etat pouvaient aller de pair avec la poursuite des négociations.
palestine
Ce sont les initiatives unilatérales de Netanyahou en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, la passivité de Barack Obama, révélatrice de son affaiblissement face au Premier ministre israélien et l'impuissance du Quartette qui ont précipité le choix des dirigeants palestiniens. “Au rythme où Israël réquisitionne les terres, constitue des réserves foncières pour l'expansion des colonies et construit en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, il n'y aura bientôt plus rien à négocier, constate Khalil Tafakji, ancien cartographe de la délégation palestinienne. En dehors de quatre cantons autour des villes principales, qui représentent moins de 40% du territoire, Israël contrôle la majorité de la Cisjordanie. Dans l'indifférence générale. Et je ne suis pas sûr que notre offensive aux Nations unies puisse y changer quelque chose.”
“La négociation bilatérale qui a, depuis vingt ans, la faveur d'Israël et des Etats-Unis nous a conduits dans une impasse, constate Ghassan Khatib, politologue devenu porte-parole de l'Autorité palestinienne. Les Israéliens sont trop forts pour faire des concessions. Nous sommes trop faibles pour faire autre chose que dénoncer leur arrogance. Pourquoi l'approche multilatérale qui caractérise notre recours à l'ONU les indispose-t-elle ? Parce que la stratégie israélienne, que soutient Washington, est fondée sur une politique de puissance et de mépris du droit international qui s'accommode du huis clos diplomatique. Si elle est exposée aux regards de la communauté internationale, les véritables raisons du blocage des négociations vont devenir manifestes. Ce qui ne manquera pas d'accroître l'isolement d'Israël, de souligner l'embarras et l'hypocrisie de Washington, de révéler les divisions de l'Union européenne et la faiblesse des Arabes. Nous nous serions bien passés de ces dommages collatéraux mais les dés sont jetés.”
“Plusieurs millions d'euros” de munitions et de matériel antiémeutes
Pour associer l'opinion publique à son offensive diplomatique, l'Autorité palestinienne a prévu l'organisation en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et à Gaza, de manifestations populaires “puissantes et pacifiques”. Elles devraient, pour éviter tout risque de dérapages violents, rester à distance des colonies, des points de passage de la barrière de séparation et des postes militaires israéliens. Des réunions de préparation entre officiers des services de sécurité israéliens et palestiniens se tiennent depuis plusieurs semaines. Pour plus de précaution, le ministre de la Défense israélien, Ehoud Barak, a cependant admis avoir acheté “plusieurs millions d'euros” de munitions et de matériel antiémeutes et engagé une campagne de collecte de renseignements dans les territoires palestiniens.
Un risque de “tsunami diplomatique”...
Présentée par certains analystes israéliens comme un risque de “tsunami diplomatique”, l'initiative palestinienne est en réalité davantage considérée comme une gêne - un “changement des règles du jeu” - que comme un véritable danger. Au ministère des Affaires étrangères, où l'on n'espère plus convaincre 50 à 70 pays de voter contre l'admission de la Palestine à l'ONU, un diplomate demande, ironique, “ce que les Palestiniens vont bien pouvoir faire de tous les soutiens qu'ils auront reçus, une fois qu'ils seront rentrés à Ramallah”. Le chef de la diplomatie, Avigdor Lieberman, jamais avare d'un excès de langage, annonce “la préparation par l'Autorité palestinienne d'un bain de sang” et propose “d'abolir les accords d'Oslo”. Le vice-Premier ministre Moshe Ya'alon, ancien chef d'étatmajor de l'armée, propose de “donner aux Palestiniens une leçon qu'ils n'oublieront pas”. D'autres responsables menacent de fermer tous les points de passage entre Israël et le territoire palestinien, de couper l'eau et l'électricité, livrées par Israël et de ne plus verser les taxes perçues par les douanes israéliennes au nom de l'Autorité palestinienne.
"Dans tous les cas, le chaos nous guette"
Quelle serait alors la réponse palestinienne ? La démission de Mahmoud Abbas ? Possible. “Il a 76 ans, sa santé est précaire, il rêve de voir grandir ses petits- enfants”, constate l'un de ses conseillers. Un ministre envisage la dissolution pure et simple de l'Autorité palestinienne, le désarmement de ses forces de police, le transfert de l'administration des territoires occupés à la puissance occupante. Un ancien du Fatah plaide pour “une intifada populaire non violente”. “Dans tous les cas, prévient Ghassan Khatib, le chaos nous guette.” D'autres, comme le philosophe Sari Nusseibeh, estiment qu'il est désormais trop tard pour espérer la coexistence de deux Etats et que les Palestiniens doivent se résigner, au moins pour un temps, à une “vie décente” dans un Etat unique israélo-palestinien. “Ce que je redoute surtout, après septembre, c'est la déception, la frustration, la colère de mes compatriotes s'ils constatent que leur vie quotidienne ne s'améliore pas et que leur aspiration à un Etat indépendant a été trahie, s'inquiète Akram Haniyeh, directeur du quotidien «Al Ayyam» à Ramallah. Avant le vote de l'ONU, il faut que nos dirigeants disent la vérité au peuple.”
René Backmann-Le Nouvel Observateur
(Article paru dans "le Nouvel Observateur" du 1er septembre 2011)
Voir photos et carte sur source :
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110831.OBS9546/palestine-un-etat-aux-forceps.html
En UDP
Publié le 31-08-11 à 16:28 Modifié le 03-09-11 à 10:00 par Le Nouvel Observateur
Le veto de Washington empêchera sans doute la Palestine de devenir dans trois semaines le 194e Etat membre de l'ONU, même si elle doit accéder à un nouveau statut international. Ce qui suffit à inquiéter Israël. Par René Backmann
(Article paru dans le Nouvel Observateur du 1er septembre 2011)
DE NOTRE ENVOYE SPECIAL
"Croyez-vous que nous avions un autre choix que le recours à l'ONU ? Depuis près de vingt ans, nous avons tout tenté pour préserver ou relancer le processus de paix. Tout : rencontres secrètes, négociations directes sous patronage américain, pourparlers indirects avec navette américaine, échanges discrets ou publics avec représentants du Quartette. En vain. Des personnalités israéliennes et palestiniennes ont présenté en 2003, à Genève, une initiative équitable et réaliste. Encore en vain. Obama, à peine élu, a tenté de mettre son charisme dans la balance. Toujours en vain. Et pendant ce temps, Israël construisait impunément en Cisjordanie un mur de séparation de 700 kilomètres, et augmentait jour après jour la population de ses colonies. Au point que, depuis Oslo, le nombre de colons israéliens a doublé. Et qu'ils sont aujourd'hui un demi-million.”
"Nous sautons dans l'inconnu"
Sa jovialité naturelle atténue l'indignation de ce confident du président palestinien dont le bureau s'ouvre sur des collines ensoleillées hérissées d'immeubles neufs et de grues, témoignages de la fièvre immobilière qui grise Ramallah. Mais, sans quitter des yeux l'écran de télévision où défilent les images de chars et de fusillades reçues de Syrie par Al-Jazeera, il ne cherche pas à cacher son inquiétude à trois semaines du pari diplomatique à haut risque tenté par Mahmoud Abbas : “Nous sautons dans l'inconnu.”
Le 20 septembre, si tout se passe comme prévu, le représentant du Liban, qui préside actuellement le Conseil de Sécurité de l'ONU, présentera au secrétaire général Ban Ki-moon une demande officielle d'admission de l'Etat de Palestine - dans les frontières de 1967 : Cisjordanie, Jérusalem-Est et bande de Gaza - aux Nations unies.
Au moins 124 pays - sur les 193 membres de l'ONU - ont déjà annoncé qu'ils reconnaissent l'Etat palestinien et qu'ils voteront pour son admission. Une vingtaine d'autres au moins auraient, selon le négociateur palestinien Saeb Erekat, promis de les imiter. Le seuil requis des deux tiers de votes favorables (129 Etats) semble donc largement dépassé. Mais, les dirigeants palestiniens le savent déjà, leur pays ne deviendra pas, après le Soudan du Sud, le 194e Etat membre de l'ONU. Il faudrait pour cela le vote favorable de 9 des 15 membres du Conseil de Sécurité, dont, impérativement, celui des cinq membres permanents (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine). Et Washington a déjà annoncé que les Etats-Unis opposeraient leur veto à la demande des Palestiniens.
L'administration Obama épouse désormais la position israélienne
Pourquoi ? Officiellement parce que cette initiative créerait un “fait accompli diplomatique” qui pourrait compromettre une reprise des négociations. En réalité, parce que l'administration Obama, qui épouse désormais la position israélienne, refuse de voir le conflit israélo-palestinien internationalisé et exposé, dans toute sa rudesse, devant le forum des nations. Au mieux, les Palestiniens obtiendront de l'Assemblée générale le curieux statut d'“Etat non membre”, plus propice à l'action diplomatique que leur actuelle position d'observateur. Ce statut - dont dispose aujourd'hui le Saint-Siège - leur permettra de renforcer leur présence au sein des grandes organisations de l'ONU et confortera l'assise juridique de leur combat contre l'occupation et la colonisation israéliennes.
Envisagé depuis plusieurs années, le recours aux Nations unies est devenu inévitable aux yeux des responsables palestiniens après l'échec de la dernière phase des négociations, en septembre 2010. En refusant le gel des constructions dans les colonies que réclamait le Quartette (Etats-Unis, Union européenne, Russie, Nations unies) et qu'exigeaient les Palestiniens pour reprendre le dialogue, Benyamin Netanyahou a satisfait son électorat et affirmé sa fidélité à ses convictions idéologiques, mais il a contraint Mahmoud Abbas à changer de stratégie plus vite que prévu. Les brevets de bonne gestion décernés en 2010 au Premier ministre Salam Fayyad par le FMI, la Banque mondiale et l'ONU, qui jugeaient l'Autorité palestinienne assez performante pour assumer les responsabilités d'un Etat, avaient rassuré les Palestiniens et leurs partenaires sur la perspective de l'indépendance. Mais nombre de conseillers de Mahmoud Abbas estimaient que l'édification et le rodage des institutions de l'Etat pouvaient aller de pair avec la poursuite des négociations.
palestine
Ce sont les initiatives unilatérales de Netanyahou en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, la passivité de Barack Obama, révélatrice de son affaiblissement face au Premier ministre israélien et l'impuissance du Quartette qui ont précipité le choix des dirigeants palestiniens. “Au rythme où Israël réquisitionne les terres, constitue des réserves foncières pour l'expansion des colonies et construit en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, il n'y aura bientôt plus rien à négocier, constate Khalil Tafakji, ancien cartographe de la délégation palestinienne. En dehors de quatre cantons autour des villes principales, qui représentent moins de 40% du territoire, Israël contrôle la majorité de la Cisjordanie. Dans l'indifférence générale. Et je ne suis pas sûr que notre offensive aux Nations unies puisse y changer quelque chose.”
“La négociation bilatérale qui a, depuis vingt ans, la faveur d'Israël et des Etats-Unis nous a conduits dans une impasse, constate Ghassan Khatib, politologue devenu porte-parole de l'Autorité palestinienne. Les Israéliens sont trop forts pour faire des concessions. Nous sommes trop faibles pour faire autre chose que dénoncer leur arrogance. Pourquoi l'approche multilatérale qui caractérise notre recours à l'ONU les indispose-t-elle ? Parce que la stratégie israélienne, que soutient Washington, est fondée sur une politique de puissance et de mépris du droit international qui s'accommode du huis clos diplomatique. Si elle est exposée aux regards de la communauté internationale, les véritables raisons du blocage des négociations vont devenir manifestes. Ce qui ne manquera pas d'accroître l'isolement d'Israël, de souligner l'embarras et l'hypocrisie de Washington, de révéler les divisions de l'Union européenne et la faiblesse des Arabes. Nous nous serions bien passés de ces dommages collatéraux mais les dés sont jetés.”
“Plusieurs millions d'euros” de munitions et de matériel antiémeutes
Pour associer l'opinion publique à son offensive diplomatique, l'Autorité palestinienne a prévu l'organisation en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et à Gaza, de manifestations populaires “puissantes et pacifiques”. Elles devraient, pour éviter tout risque de dérapages violents, rester à distance des colonies, des points de passage de la barrière de séparation et des postes militaires israéliens. Des réunions de préparation entre officiers des services de sécurité israéliens et palestiniens se tiennent depuis plusieurs semaines. Pour plus de précaution, le ministre de la Défense israélien, Ehoud Barak, a cependant admis avoir acheté “plusieurs millions d'euros” de munitions et de matériel antiémeutes et engagé une campagne de collecte de renseignements dans les territoires palestiniens.
Un risque de “tsunami diplomatique”...
Présentée par certains analystes israéliens comme un risque de “tsunami diplomatique”, l'initiative palestinienne est en réalité davantage considérée comme une gêne - un “changement des règles du jeu” - que comme un véritable danger. Au ministère des Affaires étrangères, où l'on n'espère plus convaincre 50 à 70 pays de voter contre l'admission de la Palestine à l'ONU, un diplomate demande, ironique, “ce que les Palestiniens vont bien pouvoir faire de tous les soutiens qu'ils auront reçus, une fois qu'ils seront rentrés à Ramallah”. Le chef de la diplomatie, Avigdor Lieberman, jamais avare d'un excès de langage, annonce “la préparation par l'Autorité palestinienne d'un bain de sang” et propose “d'abolir les accords d'Oslo”. Le vice-Premier ministre Moshe Ya'alon, ancien chef d'étatmajor de l'armée, propose de “donner aux Palestiniens une leçon qu'ils n'oublieront pas”. D'autres responsables menacent de fermer tous les points de passage entre Israël et le territoire palestinien, de couper l'eau et l'électricité, livrées par Israël et de ne plus verser les taxes perçues par les douanes israéliennes au nom de l'Autorité palestinienne.
"Dans tous les cas, le chaos nous guette"
Quelle serait alors la réponse palestinienne ? La démission de Mahmoud Abbas ? Possible. “Il a 76 ans, sa santé est précaire, il rêve de voir grandir ses petits- enfants”, constate l'un de ses conseillers. Un ministre envisage la dissolution pure et simple de l'Autorité palestinienne, le désarmement de ses forces de police, le transfert de l'administration des territoires occupés à la puissance occupante. Un ancien du Fatah plaide pour “une intifada populaire non violente”. “Dans tous les cas, prévient Ghassan Khatib, le chaos nous guette.” D'autres, comme le philosophe Sari Nusseibeh, estiment qu'il est désormais trop tard pour espérer la coexistence de deux Etats et que les Palestiniens doivent se résigner, au moins pour un temps, à une “vie décente” dans un Etat unique israélo-palestinien. “Ce que je redoute surtout, après septembre, c'est la déception, la frustration, la colère de mes compatriotes s'ils constatent que leur vie quotidienne ne s'améliore pas et que leur aspiration à un Etat indépendant a été trahie, s'inquiète Akram Haniyeh, directeur du quotidien «Al Ayyam» à Ramallah. Avant le vote de l'ONU, il faut que nos dirigeants disent la vérité au peuple.”
René Backmann-Le Nouvel Observateur
(Article paru dans "le Nouvel Observateur" du 1er septembre 2011)
Voir photos et carte sur source :
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110831.OBS9546/palestine-un-etat-aux-forceps.html
En UDP
Invité- Invité
Re: PALESTINE 20 septembre (conflit international inévitable ... ?)
Analyse | |
samedi, 03 septembre 2011 | |
Par Guy Millière Les intentions actuelles du Hamas, même si elles ne sont pas énoncées explicitement, apparaissent assez claires. Et l’on peut penser, qu’en procédant ou en laissant procéder à des tirs récurrents en direction d’Israël, depuis les attentats d’Eilat le 18 août dernier, ses chefs misent sur une attaque israélienne. Celle-ci susciterait aussitôt, pensent-ils, une vague d’indignation internationale, et renforcerait sans doute le vote en faveur de la création unilatérale d’un Etat palestinien à l’ONU, le 20 septembre, en poussant les pays encore hésitants à sauter le pas. Celle-ci renforcerait, pensent-ils encore, le poids du Hamas auprès de la population arabe palestinienne, en le signalant comme la cible principale de l’ennemi israélien. Celle-ci, pensent-ils toujours, susciterait aussi la colère de la « rue arabe », ce qui serait un facteur favorable pour la montée vers le pouvoir des Frères musulmans en Egypte, tout en détournant l’attention de la situation en Syrie. Le poids régional de l’Iran s’en trouverait renforcé, le régime syrien serait sauvé, l’Autorité Palestinienne pourrait difficilement faire autrement que manifester sa solidarité, ce qui permettrait au Hamas d’accroître son poids vis-à-vis de celle-ci. On peut donc déduire, sur ces bases, que les réactions mesurées d’Israël, jusqu’à présent, semblent justifiées. Il parait clair, cependant, que, si des ripostes mesurées paraissent effectivement justifiées dans l’immédiat, elles devront, tôt ou tard, céder la place à des réactions plus décisives. C’est, d’abord, une question de principe : il n’est ni tolérable ni admissible que la population du sud d’Israël endure beaucoup plus longtemps un harcèlement, sporadique, mais meurtrier : nulle population n’a à vivre constamment sous la menace de la violence. Israël, comme tout Etat de droit, a l’obligation d’assurer la sécurité de tous ses habitants. C’est, ensuite, une question de stratégie : Israël a beaucoup perdu, ces dernières années, de son aptitude à dissuader ceux qui l’agressent de frapper. Savoir, qu’en cas d’agression, la riposte de l’Etat hébreu sera lourde et conséquente, fait hésiter celui qui a des intentions délétères. Savoir que la riposte sera légère et non décisive, entretient les hésitations. Israël doit restaurer sa capacité de dissuasion ; ce qui implique une action à même de faire passer à ceux qui agressent Israël le goût et l’envie de recommencer pour de longues années. C’est, enfin, une question de défense prenant en compte le moyen terme. Israël est confronté à une situation, qui, en matière de sécurité, se détériore. Le Sinaï est une zone de chaos et d’infiltrations djihadistes, qui fait que la frontière avec l’Egypte est à nouveau une frontière dangereuse et risque de l’être de plus en plus. Gaza n’a quasiment plus de frontière avec l’Egypte, ce qui permet au Hamas de s’approvisionner en armes de plus en plus nombreuses et de plus en plus efficaces. De plus, depuis l’action de renversement du régime libyen, le contenu des arsenaux de Kadhafi trouve aisément le chemin du Sinaï et de Gaza. Le Hezbollah continue à accumuler des armes et à se préparer à l’affrontement. Le glissement de l’Irak dans la direction d’une soumission à l’Iran est à même, si le régime Assad est sauvé en Syrie, de créer une continuité terrestre allant de Téhéran jusqu’à Beyrouth et aux frontières nord d’Israël. La marine iranienne manœuvre aujourd’hui dans la mer Rouge. On peut, pour finir, anticiper des réactions de la population arabe des territoires occupés par l’Autorité Palestinienne à partir du vingt septembre, et l’armée israélienne, d’ailleurs, les anticipe déjà. Je ne peux savoir ce que décidera le cabinet israélien, mais faire passer au Hamas le message que ses dirigeants deviendront des cibles, au cas où la moindre roquette, le moindre missile se trouve encore tiré en direction d’Israël, devrait constituer un impératif dès aujourd’hui, quand bien même le Dôme de fer a fait la preuve de son efficacité. Et si une roquette ou un missile est encore tiré - pseudo « trêve » ou non -, la menace devrait être mise à exécution au plus tôt. Tous les dirigeants du Hamas doivent être concernés et visés. Si des tirs continuent, il semblerait judicieux d’envisager une opération plus vaste, visant à éradiquer le Hamas, à détruire toutes les armes et toutes les caches d’armes à Gaza, et à occuper à nouveau le couloir Philadelphie. Je ne doute pas que ces options sont sur la table de l’état-major de Tsahal. Si un soulèvement a lieu dans les territoires occupés par l’Autorité Palestinienne, non seulement ce soulèvement devra être contenu et réprimé (ce sera le cas), mais l’idée de déclarer les zones de la Judée-Samarie non occupées par l’Autorité Palestinienne comme soumises à la loi israélienne, devrait, selon moi, être mise en application. Cette idée est celle de plusieurs membres du gouvernement israélien, et je ne doute pas qu’ils la réaffirmeront avec vigueur le moment venu. Il est évident, de surcroît, qu’une déclaration unilatérale d’un Etat palestinien devra être considérée comme la mort officielle des accords d’Oslo, qui, de toute façon, étaient morts dès leur naissance. Je ne doute pas que ce sera dit, le moment venu, par le gouvernement d’Israel. Le Hezbollah, le cas échéant, et si les décisions que j’évoque sont prises, se risquera-t-il à entrer en guerre ? La réponse me semble être : non, si Israël déclare qu’une intervention du Hezbollah serait considérée comme une déclaration de guerre à Israël par la Syrie, pays protecteur du Hezbollah. La survie du régime Assad est bien trop précieuse pour l’Iran, et celui-ci demandera au Hezbollah de s’abstenir. L’Egypte, elle-même, le cas échéant, n’entrera pas en guerre : l’armée égyptienne sait que si elle le faisait, les Etats-Unis lui couperaient immédiatement les vivres. Le Hamas a, présentement, des intentions aisées à déchiffrer. Et ses dirigeants considèrent qu’une attaque israélienne leur serait favorable. Si le Hamas continue ce jeu sanglant pendant quelque temps, et si l’attaque israélienne, différée de quelques semaines, a néanmoins lieu, les considérations des dirigeants du Hamas pourraient se révéler très fausses. L’Autorité palestinienne, en déchirant à la face du monde les accords d’Oslo, pourrait elle-même découvrir assez vite qu’elle a pris le risque de trop. L’indignation internationale, si Israël agit après le vingt septembre, se fera sentir, mais ce ne sera, après tout, qu’une vague d’indignation supplémentaire. Les Européens ne sont que des Européens, et si la France et le Royaume-Uni jouent les matamores après la chute du régime libyen, il n’empêche que ce sont les forces aériennes et les forces spéciales américaines qui ont donné, en Tripolitaine, les coups essentiels. Obama est en assez mauvaise posture aux Etats-Unis et ne peut lui-même pas grand-chose contre Israël. Source: www.menapress.org |
Gilles- Hiérophante contre le nouvel ordre mondial
- Messages : 25748
Localisation : Québec -Canada
Inscription : 25/03/2008
Invité- Invité
Re: PALESTINE 20 septembre (conflit international inévitable ... ?)
Tout juste
Avant 2022 mais c'est long à expliquer............
Lotfi- Dans la prière
- Messages : 5061
Inscription : 01/08/2011
Re: PALESTINE 20 septembre (conflit international inévitable ... ?)
A ce sujet, je vous livre aussi l'éditorial des DNA de ce jour. Je trouve cette analyse relativement pertinente.
L’impasse de tous les dangers
imprimerenvoyercommenter
partager : Quel chaudron, le Moyen-Orient ! Semaine après semaine s’ajoutent de nouveaux ingrédients explosifs comme s’il fallait préparer une déflagration générale. Partout, les mèches, longues ou courtes, sont posées. Et on ignore qui assumera le rôle du boutefeu, tant les incertitudes sont grandes dans toute la région.
Il y a d’abord la Syrie. Nul ne sait quand le clan Assad capitulera après avoir déjà infligé tant de souffrances à son peuple. Nul ne sait quel régime succédera à la dictature et avec quelle politique, en sachant que l’Iran garde l’œil sur Damas, indispensable base logistique à Téhéran dans son soutien au Hezbollah libanais. En sachant aussi que tout changement de régime en Syrie aura des conséquences dans un Liban paralysé. Elles pourraient être positives, si une nouvelle Syrie optait pour une vraie démocratie. Mais le pire est aussi à craindre. Rien d’étonnant si Israël surveille de très près sa frontière Nord...
Avant la fin du mois, l’ONU devrait – si l’Autorité de Ramallah maintient sa requête – se prononcer sur la demande d’adhésion de la Palestine, donc également sur une reconnaissance internationale d’un Etat palestinien. Toute adhésion devant obtenir l’aval du Conseil de sécurité, elle sera certainement rejetée par le veto américain. Néanmoins, l’Assemblée générale des Nations Unies a le pouvoir, sans en référer au Conseil de sécurité, de rehausser le statut actuel des Palestiniens d’ «observateurs» en «représentation étatique d’un pays non membre» (comme le Vatican). Pour Mahmoud Abbas, qui voit en l’ONU sa dernière arme dans la lutte contre la poursuite de la politique de colonisation israélienne, ce serait déjà une victoire ! Même s’il risque de chèrement la payer dans la mesure où le gouvernement Netanyahou menace de rompre ce qui reste des accords d’Oslo, notamment les transferts financiers à l’Autorité palestinienne des taxes prélevées par Israël sur les marchandises à destination de la Cisjordanie. Une asphyxie des Territoires mènerait vite à une énième Intifada. A Gaza, le Hamas ne resterait pas longtemps à l’écart, le Hezbollah non plus. L’effervescence serait garantie dans tous les pays arabes...
Et il y a l’Egypte en transition de plus en plus réservée envers Israël, bien que son armée qui détient le vrai pouvoir au Caire doive compter sur l’Etat hébreu pour que le Sinaï ne se transforme pas en repaire terroriste. Les relations israélo-jordaniennes sont glaciales. Avec la Turquie, elles sont gelées. Même si les récentes menaces d’Ankara ne doivent pas être prises au premier degré, elles témoignent d’un incroyable gâchis diplomatique : Israël n’a plus aucun allié dans la région, aucun allié musulman.
Tout le Moyen-Orient est dans l’impasse. Sans oublier les problèmes sociaux en Israël. Sans oublier la guerre civile larvée en Irak et les guérillas menées contre les Kurdes par la Turquie et l’Iran...
Or, l’Histoire de ces cinquante dernières années a appris que le Moyen-Orient ne connaissait qu’une seule issue à l’impasse. Celle dégagée par les armes.
vinz 109- Contemplatif
- Messages : 1876
Inscription : 26/12/2009
Re: PALESTINE 20 septembre (conflit international inévitable ... ?)
L'Article de l'éditorial des DNA de ce jour montre des failles d'analyses et des excès de jugement et un amour sans merci pour l'Etat le plus criminel du monde
Lotfi- Dans la prière
- Messages : 5061
Inscription : 01/08/2011
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