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♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Bannie10

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♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

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Visage de J?sus Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

Message par Maud Lun 16 Juin 2014 - 6:56

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Maria_29


En allant à Técua. Le vieil Éli-Anna

Ils sont encore à onze quand ils reprennent la route. Onze visages pensifs et dégoûtés autour du visage affligé de Jésus qui a pris congé des sœurs et qui, après un instant de réflexion, avant de franchir la grille, ordonne à Simon le Zélote et à Barthélemy : "Vous, restez ici. Vous me rejoindrez à Tecua chez Simon, ou bien dans la maison de Nike, près de Jéricho, ou à Bethabara; cela, s'il vient. Et... servez la Charité. Vous m'avez compris ?"

"Va en toute tranquillité, Maître. Nous n'offenserons en aucune manière l'amour du prochain" assure Barthélemy.

"Quelque soit l'heure où il vous rejoindra, partez de suite."

"Tout de suite, Maître. Et... merci de la confiance que tu as en nous" dit le Zélote.

Ils échangent un baiser, et pendant qu'un serviteur ferme le portail et que Jésus s'éloigne, les deux qui sont restés reviennent avec les sœurs vers la maison.

Jésus est en avant, seul, derrière, Pierre entre Matthieu et Jacques d'Alphée; puis Philippe avec André, Jacques et Jean de Zébédée. En dernier lieu, silencieux autant que les autres, viennent Thomas et Jude Thaddée. Mais je me suis mal exprimée. Pierre aussi est silencieux. Ses deux compagnons échangent quelques mots, mais lui, qui est entre les deux, ne parle pas. Il marche taciturne, la tête basse, et il semble échanger un muet colloque avec les pierres et l'herbe sur lesquelles il marche.

Les deux derniers aussi ont à peu près la même attitude. Thomas semble plongé dans la contemplation d'une petite branche de saule qu'il effeuille, feuille après feuille, et il regarde chaque feuille après l'avoir détachée comme pour en étudier la couleur vert pâle d'un côté, argentée de l'autre, ou les veines de la trame. Jude Thaddée regarde fixement tout droit devant lui. Je ne sais pas s'il regarde l'horizon qui, après le franchissement d'une crête, s'ouvre sur la clarté vaporeuse d'une plaine à l'aurore, ou s'il regarde uniquement la tête blonde de Jésus qui a rejeté en arrière le bord de son manteau comme pour jouir sur sa tête du doux soleil de décembre. Elle finit en même temps l'occupation de Thomas et la contemplation de l'horizon ou du Maître de la part de Jude Thaddée. Ce dernier abaisse les yeux et tourne la tête pour regarder son compagnon alors que Thomas, après avoir réduit sa branchette à une petite cravache, lève les yeux pour regarder le Thaddée. Un regard aigu et en même temps bon et triste qui rencontre un même regard.

"C'est ainsi, ami ! C'est vraiment ainsi !" dit Thomas comme s'il terminait une conversation.
"Oui, c'est ainsi. Et ma douleur est bien grande... Pour moi, il y a en plus l'amour de parent..."
"Je comprends. Mais... Tu as un tourment d'affection au cœur, mais, et moi ? J'ai un remords qui me tourmente, et c'est pire encore."

"Un remords, toi ? Tu n'as rien qui motive un remords. Tu es bon et fidèle. Jésus est content de toi et nous, nous n'avons jamais eu de toi aucun motif de scandale. Comment alors te vient cette impression de remords ?"

"D'un souvenir. Le souvenir du jour où j'ai décidé de suivre le nouveau Rabbi qui était apparu au Temple... Judas et moi, nous étions à côté et nous avons admiré l'attitude et les paroles du Maître. Et j'ai décidé de le rechercher... J'étais encore plus décidé que Judas et je l'ai pour ainsi dire traîné. Lui dit le contraire, mais il en est ainsi. Voilà la cause de mon remords : d'avoir insisté pour qu'il vienne... J'ai apporté une douleur continuelle à Jésus. Mais Judas, je le savais, était bien vu de... beaucoup de gens, et je pensais qu'il pouvait être utile. J'étais sot comme tous ceux qui ne savent penser qu'à un roi d'Israël plus grand que David et Salomon, mais toujours un roi... un roi comme Lui dit qu'il ne sera jamais, j'avais vivement désiré que parmi les disciples il y eût lui qui pouvait être utile !... Je l'espérais et c'est seulement maintenant que je comprends, que je comprends de plus en plus la justice de Jésus qui ne l'accueillit pas tout de suite, qui lui défendit même de le chercher... Un remords, te dis-je ! Un remords ! Cet homme n'est pas bon."

"Il n'est pas bon, mais ne te crée pas des remords. Ce n'est pas par malice que tu as fait ce que tu as fait, et par conséquent il n'y a pas de faute. Je te le dis."

"En es-tu bien sûr ? Ou le dis-tu pour me consoler ?"

"Je le dis parce que c'est vrai. Ne pense plus au passé, Thomas. Cela ne sert pas à le supprimer..."

"Tu parles bien ! Mais réfléchis ! Si à cause de moi mon Maître subissait des malheurs... J'ai le cœur plein d'anxiété et de soupçons. Je suis un pécheur car je juge le compagnon et mon jugement est sans pitié. Et je suis pécheur car je devrais croire aux paroles du Maître... Lui excuse Judas... Toi... tu y crois à ton Frère ?"

"En tout, sauf en cela. Mais ne te désole pas. Nous avons tous la même pensée. Même Pierre, qui se consume tant, s'efforce de penser toute sorte de bien de cet homme, même André qui est plus doux qu'un agnelet, même Matthieu, le seul d'entre nous qui n'a pas de dégoût pour aucun pécheur ou pécheresse. Et Jean si affectueux et si pur, qui a l'heureux sort de ne pas craindre le mal ni le vice, car il est si rempli de charité et de pureté qu'il n'a pas de place pour accueillir autre chose. Et il l'a mon frère. Je parle de Jésus, et certainement il a aussi d'autres pensées avec cela, des pensées pour lesquelles il voit la nécessité de garder Judas... jusqu'à ce qu'il aura épuisé toute tentative de le rendre bon."

"Oui. Mais... comment cela finira-t-il ? Il a de nombreuses... Il n'a pas... Enfin, tu comprends sans que je le dise. Où en arrivera-t-il ?"

"Je ne sais pas... Peut-être il se séparera de nous... Peut-être il restera pour attendre de voir qui est le plus fort dans cette lutte entre Jésus et le monde hébraïque..."

"Et autre chose ? Ne penses-tu pas que lui, dès maintenant, sert déjà deux maîtres ?"
"C'est certain."

"Et tu ne crains pas qu'il puisse servir les plus nombreux, de façon à nuire totalement au Maître ?"

"Non. Je ne l'aime pas, mais je ne puis penser qu'il... Du moins pour le moment, non. Certainement pourtant je le craindrai s'il arrive un jour que la faveur de la foule abandonne le Maître. Alors que si une acclamation populaire le consacrait notre roi et notre chef, je suis certain que Judas abandonnerait tout le monde pour Lui. C'est un profiteur... Que Dieu le retienne, et protège Jésus et nous tous !..."

Les deux s'aperçoivent qu'ils ont beaucoup ralenti leur marche et qu'ils sont à une grande distance de leurs compagnons, et sans plus parler, ils se mettent à marcher rapidement pour les rejoindre.

"Maïs que faisiez-vous ? demande Matthieu. Le Maître vous demandait..."

Thomas et le Thaddée se hâtent d'aller trouver Jésus.

"De quoi parliez-vous ?" demande Jésus en fixant leurs visages.

Les deux se regardent. Parler ? Ne pas parler ? La sincérité l'emporte. "De Judas" disent-ils ensemble.

"Je le savais, mais j'ai voulu mettre votre sincérité à l'épreuve. Vous m'auriez affligé si vous m'aviez menti... Mais n'en parlez plus et surtout de cette manière. Il y a tant de bonnes choses dont on peut parler. Pourquoi s'abaisser toujours à considérer ce qui est très, trop matériel ? Isaïe dit : "Laissez l'homme qui a l'esprit dans les narines" [1]. Moi je vous dis : cessez d'analyser cet homme et occupez-vous de son esprit. L'animal qui est en lui, son monstre, ne doit pas attirer vos regards ni vos jugements; mais ayez de l'amour, un amour douloureux et actif pour son esprit. Délivrez-le du monstre qui le tient. Vous ne savez pas,"...
Il se retourne pour appeler les sept autres : "Venez tous ici, car à tous est utile ce que je dis parce que vous avez tous les mêmes pensées dans le cœur... Vous ne savez pas que vous apprenez davantage à travers Judas de Kériot qu'à travers toute autre personne ? Vous trouverez beaucoup de Judas et très peu de Jésus dans votre ministère apostolique. Les Jésus seront bons, doux, purs, fidèles, obéissants, prudents, sans avidité. Il y en aura bien peu... Mais combien, combien de Judas de Kériot vous trouverez, vous et ceux qui vous suivront et vos successeurs, sur les chemins du monde ! Et pour être maître et savoir, vous devez suivre cette école... Lui, avec ses défauts, vous montre l'homme tel qu'il est; Moi, je vous montre l'homme tel qu'il devrait être. Deux exemples également nécessaires. Vous, en connaissant bien l'un et l'autre, vous devez chercher à changer le premier dans le second... Et que ma patience soit votre règle."

"Seigneur, j'ai été un grand pécheur, et je serai certainement un exemple, moi aussi. Mais je voudrais que Judas, qui n'est pas un pécheur comme je l'ai été, devienne le converti que je suis. Est-ce de l'orgueil de le dire ?"

"Non, Matthieu, ce n'est pas de l'orgueil. Tu rends honneur à deux vérités en le disant. La première c'est qu'elle est véridique la sentence qui dit : "La bonne volonté de l'homme opère des miracles divins". La seconde c'est que Dieu t'a aimé infiniment, dès le temps où tu n'y pensais pas, et Il agissait ainsi parce que ne Lui était pas inconnue ta capacité d'héroïsme. Tu es le fruit de deux forces : ta volonté et l'amour de Dieu. Et je mets en premier lieu ta volonté, car sans elle, vain aurait été l'amour de Dieu. Vain, inerte..."

"Mais Dieu ne pourrait-il pas nous convertir sans notre volonté ?" demande Jacques d'Alphée.

"Certainement. Mais ensuite la volonté de l'homme serait toujours requise pour persister dans la conversion obtenue miraculeusement."

"Alors, en Judas, cette volonté n'a pas existé et n'existe pas ni avant de te connaître, ni maintenant..." dit avec impétuosité Philippe. Certains rient, d'autres soupirent.
Jésus est le seul qui défende l'apôtre absent : "Ne le dites pas ! Il l'a eue et il l'a, mais la mauvaise loi de la chair la domine par intervalles. C'est un malade... Un pauvre frère malade. Dans toute famille, il y a le faible, le malade, celui qui est la peine, l'angoisse, la charge de la famille. Et pourtant n'est-il pas le plus aimé de sa mère, l'enfant frêle ? N'est-il pas le plus choyé de ses frères le petit frère malheureux ? N'est-il pas celui auquel son père donne la meilleure bouchée en l'enlevant pour lui du plat, pour lui donner une joie, pour ne pas lui faire comprendre qu'il est un poids, et ne pas lui rendre pesante de cette façon son infirmité ?"
"C'est vrai, tout à fait vrai. Ma sœur jumelle était frêle en étant enfant; toute la force c'était moi qui l'avais prise. Mais l'amour de toute la famille l'a tellement soutenue, que maintenant c'est une épouse et une mère florissante" dit Thomas.

"Voilà. Vous, avec votre frère spirituel débile, faites ce que vous feriez avec un frère à la santé débile. Je n'aurai pas une parole de reproche. Vous n'êtes pas plus que Moi. Votre patient amour est le reproche le plus fort et auquel on peut ne pas réagir. À Tecua, je laisserai Matthieu et Philippe pour attendre Judas... Que le premier se souvienne qu'il a été pécheur, et le second qu'il est père..."

"Oui, Maître, nous nous en souviendrons."

"À Jéricho, s'il n'est pas encore avec nous, je laisserai André et Jean, et qu'eux se souviennent que tous n'ont pas reçu dans la même mesure les dons gratuits de Dieu... Mais allez trouver ce vieux mendiant qui vacille sur la route. La ville est en vue. Avec l'obole il pourra se procurer du pain."

"Seigneur, il ne nous est pas permis. Judas s'en est allé avec la bourse..., dit Pierre, et les sœurs ne nous ont rien donné."

"Tu as raison, Simon. Elles sont comme étourdies par la douleur et nous avec elles. Peu importe. Nous avons un peu de pain. Nous sommes jeunes et forts. Donnons-le au vieil homme pour qu'il ne tombe pas en route."

Ils fouillent dans leurs sacs, rassemblent des morceaux de pain, les donnent au petit vieux qui les regarde étonné.

"Mange, mange !" dit Jésus pour l'encourager et il le fait boire à sa gourde tout en lui demandant où il va.

"À Tecua. Il y a un grand marché demain. Mais depuis hier, je n'ai pas mangé."

"Tu es seul ?"

"Plus que seul... Mon fils m'a chassé..." La voix sénile déchire le cœur quand on l'entend.

"Dieu t'ouvrira les portes de son Royaume si tu sais croire en sa miséricorde "

"Et en celle de son Messie. Mais mon fils n'aura pas le Messie, car il ne peut avoir le Messie, lui qui le hait, au point de haïr son père parce qu'il l'aime."

"C'est pour cela qu'il t'a chassé ?"

"Pour cela, et pour ne pas perdre l'amitié de certains qui le persécutent. Il a voulu leur montrer que sa haine dépasse la leur, au point qu'elle domine même la voix du sang."
"Quelle horreur !" disent tous les apôtres.

"Ce serait plus horrible si moi j'avais les mêmes pensées que mon fils" dit avec véhémence le petit vieux.

"Mais, qui est-ce ? Si j'ai bien compris ce doit être quelqu'un qui est puissant et qu'on écoute..." dit Thomas.

"Homme, ce n'est pas un père qui dira le nom de son fils coupable pour le faire mépriser. Je dois dire que j'ai faim et froid, moi qui à force de travail avais augmenté le bien-être de la maison pour rendre mon garçon heureux. Mais rien de plus que cela. Réfléchis que je suis de Judée et que lui est aussi de Judée et qu'ainsi nous sommes de la même race, mais ne pensons pas la même chose. Le reste est inutile."

"Et tu ne demandes rien à Dieu, toi qui es un juste ?" questionne doucement Jésus.
"Qu'il touche le cœur de mon enfant et l'amène à croire ce que je crois."

"Mais pour toi, seulement pour toi, tu ne demandes rien ?"

"De rencontrer Celui qui pour moi est le Fils de Dieu, pour le vénérer et mourir ensuite."
"Mais si tu meurs, tu ne le verras plus. Tu seras dans les Limbes..."

"Pour peu de temps. Tu es un rabbi, n'est-ce pas ? J'y vois très peu... L'âge... mes nombreuses larmes, et la faim aussi... Mais je vois les nœuds de ta ceinture... Si tu es un bon rabbi, comme il me semble, tu dois te rendre compte toi aussi que le temps est arrivé, le temps dont parle Isaïe, je veux dire. Et elle va arriver l'heure où l'Agneau prendra sur Lui tous les péchés du monde et portera tous nos maux et toutes nos douleurs, et pour ce motif sera transpercé et immolé pour que nous soyons guéris et en paix avec l'Éternel [2]. Et alors, pour les esprits aussi, ce sera la paix... Je l'espère en me confiant à la miséricorde de Dieu."

"Tu n'as jamais vu le Maître ?"

"Non. Je l'ai entendu parler dans le Temple, aux fêtes. Mais je suis petit, et l'âge me rapetisse encore, et j'y vois peu, comme je l'ai dit. Aussi, si je vais dans la foule, je ne vois pas à cause de ceux qui sont devant moi, et si je reste loin, je ne vois pas à cause de la distance. Oh ! je voudrais le voir ! Au moins une fois !"

"Tu le verras, père, Dieu te contentera. Et à Tecua, tu as où aller ?"

"Non. Je resterai sous un portique ou sous une entrée. J'y suis habitué désormais."

"Viens avec Moi. Je connais un bon Israélite. Il t'accueillera au nom de Jésus, le Maître de Galilée."

"Toi aussi, tu es galiléen, pourtant. Je le vois à ton accent."

"Oui... Tu es fatigué ? Mais nous sommes déjà aux premières maisons. Tu vas bientôt te reposer et tu pourras te restaurer."

Jésus se penche pour dire quelque chose à Pierre, et Pierre se déplace pour dire aux autres ce que lui a dit Jésus, et que je ne saisis pas. Puis, avec les fils d'Alphée et Jean, il accélère la marche pour entrer dans la ville. Jésus le suit avec les autres en réglant son pas sur celui du petit vieux qui ne parle plus, tout à fait à bout, de sorte qu'il finit par rester en arrière avec André et Matthieu.

La ville paraît vide. C'est midi et beaucoup de gens sont dans les maisons pour le repas. Après quelques mètres, voici Pierre : "C'est fait, Seigneur. Simon l'accueille parce que c'est Toi qui l'amènes et il te remercie d'avoir pensé à lui."

"Bénissons le Seigneur ! Il y a encore des justes en Israël. Ce vieillard en est un, et Simon un autre. Oui, il y a encore des gens qui sont bons, miséricordieux, fidèles au Seigneur. Et cela compense tant d'amertumes, et fait espérer que la justice divine s'adoucira à cause de ces justes."

"Pourtant !... Un fils qui chasse son père certainement pour ne pas perdre l'amitié de quelque puissant pharisien !"

"À ce point peut arriver la haine pour Toi ! J'en suis indigné !" dit Philippe.
"Oh ! vous en verrez bien davantage !" répond Jésus.

"Davantage ? Et qu'y a-t-il de plus qu'un père que l'on chasse parce qu'il ne te hait ? Il est énorme le péché de cet homme !..."

"Plus énorme sera le péché d'un peuple contre son Dieu... Mais attendons le vieil homme..."

"Qui peut bien être son fils ?"

"Un pharisien !"

"Un synhédriste !"

"Un rabbi." Les avis sont divers.

"Un malheureux. Ne cherchez pas à savoir. Aujourd'hui il a frappé son père, demain, il me frappera Vous voyez donc que le péché de Judas, de s'être ainsi éloigné comme un gamin, n'est rien en comparaison. Et pourtant, je prierai pour ce fils ingrat, pour cet hébreux qui offense Dieu, pour qu'il se repente. Vous, faites la même chose... Viens, père. Comment t'appelles-tu ?"

"Éli-Anna. Je n'ai jamais été heureux ! Mon père est mort avant ma naissance et ma mère en m'enfantant. La mère de ma mère, qui m'a élevé, m'a donné les deux noms de mon père et de ma mère réunis."

"Vraiment tu es un Éli, homme, et ton fils ressemble à Finnes [3]" dit Philippe qui ne peut se résigner à un pareil péché.

"Que Dieu ne le veuille pas, homme. Finnes est mort pécheur et il est mort quand l'arche fut prise. Cela serait un malheur pour son âme et pour tout Israël" répond le petit vieux.
"Tu vois, cette maison m'est amie et j'obtiens ce que je lui demande. Elle appartient à une certain Simon, homme juste devant Dieu et devant les hommes. Il t'accueille par amour pour Moi si tu acceptes cet endroit" dit Jésus avant de frapper à la porte.

"Et puis-je faire un choix ? J'invoquerai les bénédictions du Ciel sur celui qui me donnera le pain et l'abri de la charité. Mais je veux travailler. Ce n'est pas une honte d'être serviteur. C'est une honte de commettre le péché..."

"Nous allons le dire à Simon" dit Jésus avec un sourire de compassion, en regardant le vieillard réduit à rien par les privations et la douleur morale.

On ouvre la porte : "Entre, Maître, la paix soit avec Toi et avec ceux qui sont avec Toi. Où est ce frère que tu m'amènes ? Que je puisse lui donner le baiser de paix et de bienvenue" dit un homme d'environ cinquante ans.

"Le voilà, et que le Seigneur te récompense."

"Je le suis. Tu es mon hôte, et qui te possède, possède Dieu. Je ne t'attendais pas, et je ne puis t'honorer comme je voudrais. Mais j'entends dire que tu comptes repasser d'ici quelques jours et je serai prêt à t'accueillir comme il convient."

Ils sont maintenant dans une pièce où sont préparés des bassins fumants pour les ablutions. Le vieillard reste intimidé contre la porte, mais le maître de maison le prend par la main et l'amène à un siège, veut le déchausser de sa main, le servir comme un roi, et puis lui mettre des sandales neuves, alors que le vieillard dit : "Pourquoi ? Mais pourquoi ? Je suis venu pour servir et tu me sers ! Ce n'est pas juste."

"C'est juste, homme. Je ne puis suivre le Rabbi parce que ma maison demande ma présence, mais comme le dernier disciple du Maître saint je m'arrange pour mettre en pratique ses paroles."

"Tu le connais bien. Tu le connais vraiment, car tu es bon. Nombreux sont ceux qui le connaissent en Israël, mais comment ? Avec leurs yeux et leur haine, et donc ils ne le connaissent pas. On connaît une femme quand on n'ignore plus rien d'elle et qu'on la possède tout entière. Il en est ainsi de Jésus de Nazareth, que je ne connais pas de vue, mais que je connais plus que tant de gens car je crois qu'en Lui se trouve la Sagesse. Mais toi, tu le connais vraiment, et Lui et sa doctrine."

L'homme regarde Jésus, mais il ne dit rien.

Le vieillard reprend : "J'ai dit à ce Rabbi que je veux travailler..."

"Oui, oui, nous trouverons un travail pour toi, mais pour le moment viens à table. Maître, tes disciples vont bientôt arriver. Pouvons-nous nous mettre à table quand même ou préfères-tu les attendre ?"

"Je voudrais les attendre, mais si tu as du travail à faire..."

"Oh ! Maître, tu sais que c'est une joie pour moi d'obéir à ton plus petit désir."

Le petit vieux a en ce moment un premier soupçon sur l'identité de l'Homme qui l'a secouru en route, puis il le regarde, le regarde, puis il regarde ses compagnons... les examine attentivement... et tourne autour d'eux... Les fils d'Alphée entrent avec Jean. Jésus les appelle par leurs noms.

"Oh ! Dieu Très-Haut ! Mais alors... C'est Toi !" s'écrie le vieillard et il se jette par terre pour le vénérer.

Son étonnement n'est pas inférieur à celui des autres. Elle est si étrange cette façon de reconnaître le Maître ! Si bien que Pierre lui demande : "Qu'y a-t-il de spécial dans ces noms si communs en Israël, pour te faire comprendre que tu es en face du Messie ?"

"C'est que je connais Judas. Il vient toujours chez mon fils et... " il s'arrête, gêné d'avoir nommé son fils...

"Mais moi, je ne t'ai jamais vu, homme" dit le Thaddée en se mettant bien en face de lui et en se baissant pour être bien vis à vis.

"Moi non plus je ne te connais pas. Mais un Judas, disciple du Christ, vient souvent chez mon fils, et j'ai entendu parler d'un Jean, d'un Jacques, d'un Simon ami de Lazare de Béthanie et de tant d'autres choses... Entendre trois des noms connus pour être ceux des disciples les plus intimes du Maître ! Et Lui, si bon !... J'ai compris, voilà ! Mais où est l'autre Judas?"

"Il n'est pas là, mais c'est vrai. Tu as compris. C'est Moi. Le Seigneur est bon, père. Tu as désiré me voir, et tu m'as vu. Bénissons les miséricordes de Dieu... Ne t'écarte pas, Éli-Anna. Tu restais près de Moi quand j'étais pour toi un voyageur et rien de plus. Pourquoi veux-tu t'éloigner de Moi maintenant que tu sais que je suis le But ? Tu ne sais pas combien ton cœur m'a consolé ! Tu ne peux le savoir. C'est Moi, et non pas toi, qui ai le plus reçu... Quand les trois quarts d'Israël, et plus encore, me haïssent au point de se rendre criminels, quand les faibles s'éloignent de mon chemin, quand les tribulations de l'ingratitude, de la rancœur, de la calomnie, me blessent de toutes parts, quand je ne puis trouver de soulagement dans la pensée que mon Sacrifice sera le salut pour Israël, trouver quelqu'un comme toi, Ô père, c'est avoir une compensation pour ma douleur... Tu ne sais pas... Personne ne sait les tristesses de plus en plus profondes du Fils de l'homme. J'ai soif d'amour... et trop de cœurs sont des sources taries auxquelles il est inutile de m'approcher... Mais allons..."

Et en tenant près de Lui le vieillard, il entre dans la pièce où les tables sont déjà prêtes...

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2007/07-217.htm
TOME : 7/ 217




♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Jesus_15
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Visage de J?sus Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

Message par Maud Mar 17 Juin 2014 - 6:51

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Maria_30

Jésus parle à Tecua



L'arrière de la maison de Simon de Tecua est simplement une place bordée par les deux ailes de la maison. Je dis place, car les jours de marché, comme celui que je vois, on ouvre en trois endroits la solide grille qui la sépare d'une place publique plus grande et de nombreux vendeurs envahissent, avec leurs étalages, les portiques qui se trouvent sur les trois côtés de la maison et dont je comprends maintenant l'intérêt... financier, car Simon, en bon hébreu, perçoit de chaque marchand le prix de la place qu'il occupe. Il se fait suivre du petit vieux revêtu d'un habit convenable et il le présente à tous les vendeurs en disant : "Voilà, dorénavant, c'est à lui que vous payerez le prix convenu." Puis, une fois fait le tour des portiques, il dit à Éli-Anna : "Voilà ton travail. Ici, et à l'intérieur, avec l'auberge et les écuries. Il n'est ni difficile ni fatigant, mais il te montre l'estime que j'ai pour toi. J'ai chassé, l'un après l'autre, trois employés parce qu'ils n'étaient pas honnêtes. Mais tu me plais et puis c'est Lui qui t'a amené. Et le Maître sait connaître les cœurs. Allons le trouver maintenant pour Lui dire que, s'il veut, c'est le bon moment pour parler." Et il s'en va, suivi du petit vieux...

Les gens envahissent de plus en plus la place et le bruit ne cesse d'augmenter. Des femmes qui viennent faire leurs emplettes; des marchands de bestiaux; des acquéreurs de bœufs de labour ou d'autres animaux; des paysans courbés sous le poids de paniers de fruits et qui vantent leur marchandise; des couteliers avec leurs étalages d'instruments tranchants et qui, avec un bruit infernal, frappent les haches sur des souches pour montrer la solidité de la lame, ou bien qui avec un marteau frappent sur des faux suspendues à des chevalets pour faire voir la trempe parfaite de la lame, ou qui soulèvent des socs et à deux mains les piquent dans la terre, qui s'ouvre blessée, pour donner une preuve de la solidité du soc auquel aucun terrain ne résiste; et des chaudronniers avec des amphores et des seaux, des poêles et des lampes, dont ils frappent le métal en faisant un bruit assourdissant pour montrer qu'il est massif et ils crient à pleins gosiers pour offrir des lampes à un ou plusieurs becs pour les fêtes prochaines de Casleu ; et par dessus tous ces bruits, monotone et perçant comme le cri plaintif de la chouette durant la nuit, le cri des mendiants, disséminés aux points stratégiques du marché.

Jésus vient de la maison avec Pierre et Jacques de Zébédée. Je ne vois pas les autres. Je pense qu'ils font un tour dans la ville pour annoncer le Maître, car je vois que la foule le reconnaît tout de suite et que beaucoup de gens accourent alors que s'affaiblissent les voix et le bruit du marché. Jésus fait donner l'obole à quelques mendiants et il s'arrête pour saluer deux hommes qui, suivis de leurs serviteurs, allaient quitter le marché après leurs achats. Mais maintenant ils s'arrêtent, eux aussi, pour écouter le Maître. Et Jésus commence à parler en tirant son sujet de ce qu'il voit :

"Chaque chose en son temps, chaque chose à sa place. On ne tient pas le marché le sabbat, et on ne fait pas de commerce dans les synagogues, et on ne travaille pas non plus la nuit, mais au contraire pendant qu'il fait jour. Seul celui qui est pécheur fait du commerce le jour du Seigneur, ou profane par des relations humaines les lieux destinés à la prière, ou agit en voleur pendant la nuit en commettant des vols et des crimes. De même le commerçant honnête s'affaire à prouver aux acheteurs la bonne qualité de ses denrées et la solidité de ses outils, et l'acheteur s'en va satisfait de sa bonne acquisition. Mais si par exemple, à force d'astuce, le vendeur réussissait à tromper l'acheteur, et que ce dernier se rendait compte que l'outil ou la denrée achetée n'était pas de bonne qualité, et qu'il avait payé trop cher, est-ce que l'acheteur n'aurait pas recours à des moyens de défense, qui vont du minimum de ne plus jamais rien acheter à ce marchand et à un maximum d'avoir recours au juge pour récupérer son argent ? C'est ce qui arriverait, et ce serait juste.

Et pourtant ne voyons-nous pas, nous en Israël, le peuple trompé par des gens qui vendent des marchandises avariées pour des bonnes et dénigrent celui qui vend de bonnes

marchandises, puisqu'il est le Juste du Seigneur ? Oui, nous les voyons tous. Hier soir plusieurs d'entre vous sont venus raconter les menées des mauvais vendeurs, et Moi, j'ai dit : "Laissez faire. Gardez vos cœurs fermes, et Dieu pourvoira".

Ceux qui vendent des choses qui ne sont pas bonnes, qui offensent-ils ? Vous ? Moi ? Non. Dieu, Lui-même. Celui qui est coupable, ce n'est pas tant celui qui est trompé que celui qui trompe. Ce n'est pas tant un péché contre l'homme que contre Dieu que de chercher à écouler des choses qui ne sont pas bonnes, pour que celui qui veut acheter n'aille pas vers les choses bonnes. Moi je ne vous dis pas : réagissez, vengez-vous. Ce n'est pas une parole qui puisse venir de Moi. Je vous dis seulement : écoutez le vrai son des paroles, observez bien, en pleine lumière, les actions de celui qui vous parle, goûtez la première gorgée ou la première bouchée qui vous est offerte, et si vous sentez un son aigre, si la conduite d'autrui a quelque chose de ténébreux, si la saveur qui vous reste dans le cœur vous trouble, repoussez ce qui vous est offert comme une chose qui n'est pas bonne. La sagesse, la justice, la charité ne sont jamais aigres, ne troublent pas et n'aiment pas agir dans l'ombre.

Je sais que j'ai été précédé par mes disciples, et je vous laisse deux de mes apôtres. De plus, hier soir, par mes actions plus que par mes paroles, j'ai témoigné d'où je viens et avec quelle mission. Il n'est donc pas besoin de longs discours pour vous attirer à ma voie. Réfléchissez et ayez la volonté d'y rester. Imitez les fondateurs de cette ville à la limite de l'aride désert . Ne cessez pas de penser qu'en dehors de ma doctrine, c'est l'aridité du désert, alors que dans ma doctrine se trouvent les sources de la Vie. Et si nombreux que soient les événements qui peuvent survenir, ne vous troublez pas, ne vous scandalisez pas. Rappelez-vous les paroles du Seigneur dans Isaïe. Elle ne sera jamais raccourcie ni devenue petite ma main pour combler de bienfaits ceux qui suivent mes voies , de même qu'elle ne sera jamais réduite à rien la main du Très-Haut pour frapper ceux qui me donnent — à Moi qui suis venu et qui en ai trouvé bien peu pour m'accueillir, à Moi qui ai appelé, et bien peu m'ont répondu — l'offense et la douleur. Car, de même que celui qui me fait honneur honore le Père qui m'a envoyé, ainsi celui qui me méprise, méprise Celui qui m'a envoyé. Et d'après l'antique loi du talion celui qui me repousse sera repoussé.

Mais vous qui avez accueilli ma parole, ne craignez pas les opprobres des hommes et ne tremblez pas à cause de leurs outrages adressés d'abord à Moi, et ensuite à vous parce que vous m'aimez. Moi, bien que je semble persécuté et que je semblerai frappé, je vous consolerai et vous protégerai. Ne craignez pas, ne craignez pas l'homme mortel qui est aujourd'hui et qui demain ne sera qu'un souvenir et de la poussière. Mais craignez le Seigneur, craignez-le avec un saint amour, pas avec peur, craignez de ne pas savoir l'aimer en proportion de son amour infini. Je ne vous dis pas : faites telle ou telle chose. Ce qu'il faut faire, vous le savez. Je vous dis : aimez. Aimez Dieu et son Christ, aimez votre prochain comme je vous l'ai enseigné. Et vous ferez tout, si vous savez aimer.

Je vous bénis, habitants de Tecua, ville à la lisière du désert mais oasis de paix pour le Fils de l'homme persécuté, et que ma bénédiction soit dans vos cœurs et dans vos maisons, maintenant et toujours."

"Reste, Maître ! Reste avec nous. Le désert a toujours été bon pour les saints d'Israël ! [4]"
"Je ne puis. J'en ai d'autres qui m'attendent. Vous êtes en Moi, Moi en vous, puisque nous nous aimons."

Jésus a du mal à passer à travers les gens qui le suivent, oubliant le commerce et toute autre chose. Malades guéris qui le bénissent encore, cœurs consolés qui le remercient, mendiants qui le saluent : "Vivante Manne de Dieu"... Le petit vieux est à ses côtés, il y reste jusqu'aux limites de la ville. Et c'est seulement quand Jésus bénit Matthieu et Philippe qui restent à Tecua, qu'il se décide à quitter son Sauveur et il le fait avec des baisers sur les pieds nus du Maître, des pleurs et des paroles de reconnaissance.

"Lève-toi, Éli-Anna, et viens que je te donne un baiser. Un baiser d'un fils à un père, et que cela te récompense de tout. Je t'applique les paroles du prophète : "Toi qui pleures, tu ne pleureras plus, car le Miséricordieux a eu pitié de toi" [5]. Le Seigneur t'a donné un peu de pain et un peu d'eau. Je n'ai pu faire davantage. Si tu as été chassé par un seul, j'ai pour me chasser tous les puissants d'un peuple, et c'est beaucoup si je trouve pour Moi et mes apôtres un peu de nourriture et un abri. Mais tes yeux ont vu Celui que tu désirais, et tes oreilles ont entendu mes paroles, de même que ton cœur doit sentir mon amour. Va, et sois en paix car tu es un martyr de la justice, un des précurseurs de tous ceux qui seront persécutés à cause de Moi. Ne pleure pas, père !" et il dépose un baiser sur sa tête chenue.

Le vieillard Lui rend son baiser sur la joue et Lui murmure à l'oreille : "Défie-toi de l'autre Judas, mon Seigneur, je ne veux pas souiller ma langue... Mais défie-toi. Ce n'est pas avec de bonnes pensées qu'il vient chez mon fils..."

"Oui. Mais ne pense plus au passé. Tout sera bientôt fini et personne ne pourra plus me nuire. Adieu, Éli-Anna. Le Seigneur est avec toi."

Ils se séparent...

"Maître, que t'a dit le vieillard tout bas ?" demande Pierre qui marche à côté de Jésus et avec peine, car Jésus fait de grands pas avec ses longues jambes, chose interdite à Pierre de si petite taille.

"Pauvre vieillard ! Que veux-tu qu'il me dise que je ne sache déjà ?" répond Jésus en évitant une réponse précise.

"Il parlait de son fils, hein ? Il t'a dit qui c'est ?"

"Non, Pierre. Je te l'assure. Il a gardé ce nom dans son cœur."

"Mais tu le connais pourtant ?"

"Je le connais, mais je ne te le dirai pas."

Un silence prolongé. Puis, tourmentée, la question de Pierre et son aveu. "Mais pourquoi, Maître, dans quel but l'Iscariote va-t-il dans la maison d'un homme très mauvais tel que le fils d'Éli-Anna ? J'ai peur, Maître ! Il n'a pas de bons amis. Il n'y va pas ouvertement. Il n'a pas en lui la force de résister au mal. J'ai peur, Maître. Pourquoi ? Pourquoi Judas va-t-il chez ces gens et en cachette ?" Le visage de Pierre exprime une interrogation anxieuse.

Jésus le regarde et ne répond pas. Que doit-il répondre en effet ? Quoi, pour ne pas mentir et lancer le fidèle Pierre contre l'infidèle Judas ? Il préfère laisser parler Pierre.

"Tu ne réponds pas ? Moi, depuis hier, depuis le moment où le vieillard a cru reconnaître Judas parmi nous, je n'ai pas de paix. C'est comme le jour où tu as parlé avec l'épouse du sadducéen. Tu te souviens ? Tu te rappelles mon soupçon ?"

"Je me le rappelle. Et toi, tu te rappelles les paroles que je t'ai dites alors ?"

"Oui, Maître."

"Il n'y a pas autre chose à dire Simon. Les actions de l'homme ont une apparence différente de la réalité. Mais je suis content d'avoir pourvu aux besoins de cet homme. C'est comme si Ananias était revenu. Et vraiment, si Simon de Tecua ne l'avait pas accueilli, je l'aurais conduit dans la maisonnette de Salomon, pour y avoir toujours un père pour nous attendre. Mais pour Éli, c'est mieux ainsi. Simon est bon, il a de nombreux petits-enfants. Éli aime les enfants... Et les enfants font oublier tant de choses douloureuses..."

Avec son habituel savoir faire pour distraire l'interlocuteur et l'amener à d'autres sujets, quand il trouve qu'il ne convient pas de répondre à des questions dangereuses, Jésus a distrait Pierre de sa pensée. Et il continue de lui parler des enfants qu'il a connus ça et là, pour arriver à lui rappeler Margziam qui peut-être à cette heure retire les filets après avoir péché dans le beau lac de Génésareth.

Pierre est loin maintenant de la pensée d'Éli et de Judas, et il sourit en demandant : "Mais, après la Pâque, nous y allons, n'est-ce pas ? C'est si beau ! Oh ! beaucoup plus qu'ici. Nous, galiléens, nous sommes des pécheurs pour ceux de Judée... Mais pour vivre ici ! Oh ! Miséricorde éternelle ! Si nous nous serons châtiés, certainement dans cette région il n'y aura pas de récompense."

Jésus appelle les autres restés en arrière et il s'éloigne avec eux sur la route réchauffée par le soleil de décembre.

*

SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2007/07-218.htm
TOME : 7 / 218
https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t18376-oeuvre-de-maria-valtorta-presentation-des-disciples-de-jesus


♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Jasus_22
Jésus en compagnie de Pierre et de Jacques de Zébédée
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Visage de J?sus Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

Message par Maud Mer 18 Juin 2014 - 6:48

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Maria_31


À Jéricho



Jésus est très attendu. Une foule de gens séjournent dans les campagnes proches de la ville et attendent, À peine un observateur, juché sur un noyer élevé, a-t-il jeté le cri : "Voici l'Agneau de Dieu !" que les gens se lèvent et accourent vers Jésus qui arrive dans les premières brumes du crépuscule.

"Maître ! Maître ! Nous t'attendions depuis si longtemps ! Nos malades ! Nos enfants ! Ta bénédiction ! Les vieillards t'attendent pour s'éteindre en paix ! Si tu nous bénis, Seigneur, nous serons préservés du malheur !" les gens parlent tous ensemble, alors que Jésus lève la main en des gestes répétés de bénédiction, et répète : "Paix, paix, paix à vous tous !" Les apôtres qui sont encore avec Lui sont pris dans les remous de la foule, séparés de Jésus qu'empêché presque d'avancer ceux-là mêmes qui se plaignent doucement d'avoir tant attendu.

Le pauvre Zachée lutte convulsivement pour atteindre Jésus, pour se faire entendre de Lui, au moins pour se faire voir. Mais, petit comme il l'est, et n'étant pas très agile ni très fort, il se trouve toujours repoussé par de nouvelles vagues de la foule, et son cri se perd dans la grande clameur, et sa personne disparaît dans la confusion des têtes, des bras, des vêtements qui s'agitent. C'est inutilement qu'il supplie et parfois fait des reproches pour obtenir un peu de pitié. Les gens sont toujours égoïstes pour ceux qui leur procurent le plaisir et cruels pour les plus faibles. Le pauvre Zachée, épuisé par les efforts qu'il a faits, convaincu de leur inutilité, perd la volonté de lutter et, mortifié, il se résigne. En effet comment pouvoir réussir désormais si de chaque rue débouchent d'autres gens, et les rues semblent autant de ruisseaux qui débouchent tous dans un fleuve unique : le chemin parcouru par Jésus ? Et chaque affluent nouveau, qui amène un nouveau flot et rend plus impénétrable la foule au point d'être effrayé de s'y trouver, repousse en arrière le pauvre Zachée.

Le Thaddée le voit et essaie de se frayer un passage pour le sortir du coin de la rue où la foule l'a repoussé et bloqué. Mais à son tour Jude d'Alphée se trouve repoussé par ceux qui le poussent par derrière et sa tentative échoue. Thomas, fort de sa robustesse, travaille des coudes et crie de sa voix puissante : "Faites place !" au cours d'une même tentative... Hélas ! Les gens forment une muraille plus solide que des pierres et en même temps plus flexible que du caoutchouc : elle plie, mais ne s'ouvre pas. Ce n'est plus un embrassement, mais une chaîne impossible à rompre. Thomas aussi se résigne.

Et Zachée perd tout espoir, car Didyme est le dernier des apôtres entraîné par le courant. Et finalement le courant passe... Il est passé... Lambeaux d'étoffes, nœuds, franges, épingles à cheveux, boucles de vêtements, gisent sur le sol pour témoigner de sa violence. Il y a jusqu'à une petite sandale d'enfant, toute écrasée, et qui semble attendre tristement le petit pied qui l'a perdue... Zachée se met à la suite de tout le monde, triste lui aussi comme cette petite chaussure arrachée par la foule à son petit propriétaire.

Jésus n'est même plus visible. Un détour de la rue l'a dérobé à la vue du pauvre Zachée... Mais quand, dernier de la foule, il arrive sur la place où autrefois il avait son comptoir, il voit que les gens se sont arrêtés en criant, priant, suppliant. Et il voit que Jésus, monté sur un perron, fait avec les bras et la tête un signe de dénégation et il dit quelque chose que l'on ne peut comprendre dans le mugissement de la foule. Et enfin il voit que Jésus descendu, non sans peine de son piédestal, reprend sa marche et tourne, oui, tourne justement du côté où se trouve sa maison. Alors Zachée reprend toute son ardeur. Les gens sont nombreux, mais la place est large, et par conséquent la foule est moins compacte et peut être... percée comme une haie pas trop épaisse par quelqu'un de bien décidé et qui n'a pas peur des écorchures. Et Zachée devient un coin, une catapulte, un bélier, heurte les gens, bouscule, s'insinue, distribue et reçoit des coups de poings au visage, des coups de coude dans l'estomac et des coups de pieds dans les tibias, mais il se fraie un passage, il avance... Le voilà du côté opposé.,. Mais là, il n'y a plus de place, c'est de nouveau la muraille impénétrable. Quelques pas le séparent de Jésus déjà arrêté près de sa maison. Mais s'il y avait des déserts et des fleuves pour l'en séparer il aurait plus d'espoir de réussir à le rejoindre. Il se fâche, crie, impose : "Je dois aller chez moi ! Laissez-moi passer ! Ne voyez-vous pas qu'il veut venir chez moi ?"

Il n'aurait pas dû le dire ! Cela attise dans la foule la volonté d'avoir le Maître dans d'autres maisons. Certains rient en se moquant du pauvre Zachée, d'autres lui répondent méchamment. Il n'y a personne qui ait pitié. Au contraire, ils se mettent à crier et à s'agiter pour empêcher le Maître de voir et d'entendre Zachée. Et certains crient : "Tu n'en as déjà eu que trop de Lui, vieux pécheur !"

Je crois qu'à tant d'animosité n'est pas étranger le souvenir des anciennes exactions et vexations... L'homme, même le mieux disposé pour le surnaturel, conserve presque toujours un petit coin où est vivant l'amour de son pécule et où est encore plus vivant le souvenir de celui qui a fait tort à ce pécule...

Mais l'heure de l'épreuve est passée pour Zachée, et Jésus récompense sa constance. Jésus crie avec toute la force de sa voix : "Zachée ! Viens vers Moi. Laissez-le passer car je veux entrer dans sa maison."

Force est bien d'obéir. La foule se serre pour faire place et Zachée s'avance, rouge de fatigue, rouge de joie, et il essaie de remettre en ordre ses cheveux décoiffés, son vêtement déboutonné, sa ceinture qui avec ses nœuds est sur les reins au lieu d'être par devant. Il cherche son manteau, qui sait où il est !... Peu importe. Il est maintenant devant Jésus, à demi courbé pour Lui rendre hommage. Il ne peut faire davantage car il a à peine l'espace pour se courber un peu.

"Paix à toi, Zachée. Viens donc, que je te donne le baiser de paix. Tu l'as bien mérité" dit Jésus en souriant d'un sourire vraiment joyeux, juvénile qui, en fait, le fait paraître rajeuni.
"Oh ! oui. Seigneur. Je l'ai bien mérité. Comme il est difficile de te rejoindre, Seigneur" dit Zachée en se dressant le plus qu'il peut pour se mettre au niveau de Jésus qui se penche pour l'embrasser, et en le faisant, il fait voir un visage qui saigne à cause d'une écorchure sur la joue droite et qui a un œil bleu pour un coup de coude qu'il a reçu dans l'orbite.

Jésus l'embrasse et puis lui dit : "Mais ce n'est pas pour cette fatigue que je te récompense. Mais pour les autres, secrètes pour tant de gens, mais que Moi je connais. Oui, c'est vrai. Me rejoindre est difficile et ce n'est pas la foule l'unique obstacle, ce n'est même pas l'obstacle le plus difficile que l'on rencontre pour me rejoindre.

Mais, Ô peuple qui m'as pour ainsi dire porté en triomphe, l'obstacle le plus difficile, le plus formé, qui se reforme toujours après que l'on a essayé de le rompre ou de le surmonter, c'est le moi personnel. Je semblais ne rien voir, mais j'ai tout vu. Et j'ai tout apprécié. Et qu'ai-je vu ? J'ai vu un pécheur converti, quelqu'un qui avait le cœur dur, qui aimait ses aises, qui était orgueilleux, vaniteux, luxurieux et avare. Et je l'ai vu se dépouiller de son ancien moi même dans les choses peu importantes, et changer ses manières d'agir et ses affections comme en celles-ci, pour accourir vers son Sauveur, lutter pour le rejoindre, et supplier humblement, et recevoir patiemment des quolibets et des reproches, et souffrir en son corps à cause des heurts de la foule et dans son cœur pour se voir repoussé en arrière de tout le monde, sans même pouvoir recueillir un de mes regards. Et j'ai vu d'autres choses en lui, des choses que vous aussi connaissez, mais dont vous ne voulez pas tenir compte bien que par elles vous avez été soulagés.

Vous direz : "Et comment le connais-tu, Toi qui n'habites pas parmi nous ?" Je vous réponds : de même que je lis dans le cœur des hommes, ainsi je n'ignore pas les actions des hommes et je sais être juste et récompenser en proportion du chemin fait pour me rejoindre, des efforts faits pour raser la forêt sauvage qui couvrait l'esprit, le rendre bon, en débarrasser tout ce qui n'était pas l'arbre de vie, de le planter en roi dans le moi, en l'entourant des plantes des vertus pour qu'il soit honoré, en veillant pour qu'aucun animal immonde, parce que rampant, parce qu'avide de corruption, ou lascif, ou oisif — les différentes passions mauvaises — ne se niche dans le feuillage, mais que seul l'habite, cet esprit qui est le vôtre, ce qui est bon et susceptible de louer le Seigneur, c'est-à-dire les affections surnaturelles : autant d'oiseaux chanteurs et de doux agneaux disposés à être immolés, disposés à la louange parfaite pour l'amour de Dieu.

Et de même que je n'ai pas ignoré les œuvres de Zachée, ses pensées, ses fatigues, ainsi je n'ai pas ignoré que chez plusieurs de cette ville, qui m'ont acclamé, il y a un amour plutôt sensible que spirituel. Si vous m'aimiez selon la justice, vous auriez eu pitié de votre concitoyen, vous ne l'auriez pas mortifié en lui rappelant le passé. Ce passé que lui a annulé, et dont Dieu ne se souvient pas parce qu'il ne revient pas sur le pardon qu'il a accordé à moins que la créature ne pèche de nouveau. Et Il y revient pour le juger pour le nouveau péché, non plus pour celui qui a été pardonné. Or je vous dis, et je vous le donne comme votre compagnon dans les méditations de la nuit, que ce n'est pas dans les acclamations que consiste un véritable amour pour Moi, mais dans l'accomplissement de ce que je fais et enseigne dans la pratique de l'amour réciproque, de l'humilité et de la miséricorde, en vous souvenant que pour la partie matérielle vous avez été formé d'une même boue et que la boue a toujours de l'attrait pour le marécage, et que par conséquent, si jusqu'à présent la force qui est en vous et qui vous a tenu soulevé au-dessus du marécage : l'esprit, n'a jamais connu de défaites — et c'est une chose impossible car l'homme est pécheur et Dieu seul est sans péché —demain votre esprit pourrait en connaître, et de plus nombreuses et plus graves que celles du vieux pécheur désormais né de nouveau à la Grâce, redevenu par elle un être jeune et nouveau comme un jeune enfant, ayant pour lui l'humilité qui lui vient du souvenir d'avoir été pécheur, et la volonté décidée de faire dans le reste de sa vie autant de bien qu'il suffirait pour remplir une vie longue et toute consacrée au bien, au point de réparer, et dans une mesure pleine et débordante, tout le mal qu'il peut avoir fait.

Demain je vous parlerai. Pour ce soir, j'ai terminé. Allez avec mon avertissement et bénissez Dieu qui vous envoie le Médecin pour exciser votre sensualité cachée sous un voile de santé spirituelle, comme des maladies cachées qui rongent la vie sous le voile d'une apparente santé... Viens, Zachée,"

"Oui, mon Seigneur. Je n'ai plus qu'un vieux serviteur et j'ouvre moi-même la porte et avec elle mon cœur ému, oh ! combien ! pour ton infinie bonté."

Et après avoir ouvert la grille, il fait entrer Jésus et les apôtres, et il le conduit vers la maison à travers le jardin devenu un potager... La maison aussi est dépouillée de tout superflu. Zachée allume une lampe et appelle le serviteur.

"Voilà. Le Maître est ici. Il dort ici avec les siens et soupe ici. As-tu préparé comme j'ai dit ?"
"Oui, sauf les légumes que je vais jeter maintenant dans l'eau bouillante, tout est prêt."
"Alors, change de vêtement, et va dire à ceux que tu sais que Lui est ici, et qu'ils viennent."
"J'y vais, maître. Sois béni Toi, Maître, qui me fais mourir content !" Il s'en va.

"C'est le serviteur de mon père qui est resté avec moi; les autres, je les ai congédiés. Mais lui m'est cher. C'était la voix qui ne se taisait jamais quand je péchais, et je le maltraitais à cause de cela. Maintenant, après Toi, c'est celui que j'aime plus que tout autre... Venez, amis. Il y a ici du feu et ce qui peut refaire des membres fatigués et glacés. Toi, Maître, dans ma propre pièce..." et il le conduit vers une chambre au fond d'un couloir.

Il entre, ferme la porte, mélange de l'eau chaude dans un broc, déchausse Jésus, le sert. Avant de Lui remettre les sandales, il baise le pied nu et se le met sur le cou en disant : "Ainsi ! Pour que tu écrases les restes du vieux Zachée !" Il se lève, regarde Jésus avec un sourire qui lui tremble sur les lèvres, un sourire humble, quelque peu mouillé de larmes. Il a un geste pour indiquer tout l'environnement. 421> Il dit : "J'ai tant péché, ici ! Mais j'ai tout changé, pour que ce qui avait cette saveur ne me fût plus présent... Les souvenirs... Je suis faible... J'ai laissé seulement vivre le souvenir de ma conversion dans ces murs dépouillés, dans ce lit dur... Le reste... J'en ai fait de l'argent parce qu'il ne m'en restait plus et que je voulais faire du bien. Assieds-toi, Maître..."

Jésus s'assoit sur un siège de bois, et Zachée se met par terre, à ses pieds, moitié assis, moitié agenouillé. Il recommence à parler.

"Je ne sais si j'ai bien fait, si tu peux approuver mon travail. Peut-être ai-je commencé par où je devais finir, mais eux aussi y sont. Et seul un vieux publicain peut n'avoir pas de dégoût pour eux en Israël. Non, j'ai mal dit. Non seulement un vieux publicain, mais Toi aussi, ou plutôt c'est Toi qui m'as enseigné à les aimer vraiment. Auparavant ils étaient mes complices dans le vice, mais je ne les aimais pas. Maintenant je les réprime, mais je les aime. Toi et moi. Le tout Saint, le pécheur converti. Toi, parce que tu n'as jamais péché et que tu veux nous donner la joie, qui est tienne, de l'Homme sans faute. Et moi, car j'ai tant péché et je sais comme elle est douce la paix qui vient du fait d'être pardonné, racheté, renouvelé... Je l'ai voulue pour eux. Je les ai cherchés. Oh ! cela a été dur au commencement ! Je voulais les rendre bons et il y avait moi que je devais rendre bon... Quelle peine ! Me surveiller car je me rendais compte qu'ils me surveillaient. Il aurait suffi d'un rien pour les éloigner... Et puis... Plusieurs péchaient par besoin, par nécessité de métier. J'ai tout vendu afin d'avoir de l'argent pour les entretenir jusqu'à ce qu'ils trouvent d'autres métiers moins avantageux, plus fatigants, mais honnêtes. Et il y a toujours quelqu'un d'eux qui vient, un peu par curiosité, un peu par désir d'être un homme et pas seulement un animal. Et je dois les recevoir, eux, tant qu'ils ne se sont pas faits au nouveau joug. Plusieurs se sont circoncis : un premier pas vers le vrai Dieu. Mais je ne l'impose pas. J'ai de larges bras pour embrasser les misères, moi qui ne peux en éprouver du dégoût. Je voudrais, moi aussi, leur donner ce que tu voudrais donner à tous : la joie de n'avoir plus de remords puisque nous ne pouvons pas être sans faute comme Toi. Maintenant dis-moi, ô mon Seigneur, si j'ai trop osé."

"Tu as bien travaillé, Zachée. Tu leur donnes plus que tu n'espères et plus que tu ne penses que je veuille donner aux hommes. Non seulement la joie d'être pardonnés, sans remords, mais celle d'être bientôt des habitants de mon Royaume céleste. Je n'ignorais pas les œuvres que tu faisais; je te suivais dans ton avancée sur le chemin ardu mais glorieux de la charité; car c'est de la charité, et de la plus pure. Tu as compris la parole du Royaume. Peu l'ont comprise parce que survit en eux la conception antique et la conviction d'être déjà saints et savants. Toi, une fois enlevé de ton cœur le passé, tu es resté vide, et tu as pu, tu as voulu plutôt, mettre en ton intérieur les paroles nouvelles, l'avenir, l'éternel. Continue ainsi, Zachée, et tu seras l'exacteur de ton Seigneur Jésus" dit Jésus pour finir en souriant et en mettant sa main sur la tête de Zachée.

"Tu m'approuves, Seigneur ? En tout ?"

"En tout, Zachée. Je l'ai dit aussi à Nike qui me parlait de toi. Nike te comprend; elle est ouverte à la pitié universelle."

"Nike m'aidait beaucoup. Mais maintenant, je ne la vois qu'à chaque nouvelle lune... J'aurais voulu la suivre, mais Jéricho est favorable à mon nouveau travail..."

"Elle ne restera pas longtemps à Jérusalem... Tu te déplacerais pour rien. Ensuite Nike reviendra ici..."

"Après quand, Seigneur ?"

"Après la proclamation de mon Royaume."

"Ton Royaume... J'ai peur de ce moment. Ceux qui maintenant se disent tes fidèles, sauront-ils l'être alors ? Car certainement il y aura des soulèvements et des luttes entre ceux qui t'aiment et ceux qui te haïssent... Tu le sais, Seigneur, que tes ennemis soudoient jusqu'à des voleurs, la lie du peuple, pour avoir des partisans prêts à faire nombre pour s'imposer aux autres ? Je l'ai su par un de mes pauvres frères... Oh ! entre celui qui vole légalement, entre celui qui vole l'honneur et qui dépouille un voyageur, y a-t-il peut-être beaucoup de différence ? J'ai volé moi aussi légalement, jusqu'à ce que tu me sauves, mais je n'aurais pas, même alors, secondé ceux qui te haïssent... Lui est un jeune, un voleur, oui un voleur. Un soir que j'étais allé vers l'Adomin pour attendre trois de mes semblables qui venaient d'Ephraïm avec des bestiaux achetés à meilleur marché, je l'ai trouvé aux aguets dans une gorge. Je lui ai parlé... Je n'ai jamais eu de famille, et pourtant je croîs que si j'avais eu des fils, je leur aurais parlé ainsi, pour les persuader de changer de vie. Il m'a expliqué comment et pourquoi il était devenu voleur... Oh ! que de fois les vrais coupables sont des gens qui semblent ne faire rien de mal !,.. Je lui ai dit : "Ne vole plus. Si tu as faim, il y a encore un pain pour toi. Je te trouverai un travail honnête. Puisque tu n'es pas devenu homicide, arrête-toi, sauve-toi". Et je l'ai persuadé. Il m'a dit qu'il était resté seul parce que les autres avaient été achetés pour une grosse somme d'argent par ceux qui te haïssent, et maintenant ils sont prêts à fomenter des soulèvements et à se dire tiens pour scandaliser le peuple, cachés dans les grottes du Cédron, dans les tombeaux, vers le Faselo [1], dans les cavernes au nord de la ville, au milieu des tombeaux des Rois et des Juges, partout... Que veulent-ils faire, Ô Seigneur ?"

"Josué a pu arrêter le soleil mais eux, avec tous leurs moyens, ne pourront arrêter la volonté de Dieu."

"Ils ont l'argent, Seigneur ! Le Temple est riche, et n'est pas corban pour eux l'or offert au Temple, s'il leur sert pour triompher."

"Ils n'ont rien; c'est Moi qui a la force. Leur édifice tombera comme les feuilles séchées par les vents d'automne dont un enfant aurait fait un château. Ne crains pas, Zachée, ton Jésus sera Jésus."

"Dieu le veuille, Seigneur !... On nous appelle. Allons."...

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2007/07-219.htm
Tome : 7 /219


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Jéricho
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Visage de J?sus Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

Message par Maud Jeu 19 Juin 2014 - 5:57

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Maria_32

Prédication à Jéricho



Jésus sort de la maison de Zachée. La matinée est avancée. Il a avec Lui Zachée, Pierre et Jacques d'Alphée. Les autres apôtres sont peut-être déjà dispersés dans la campagne pour annoncer que le Maître est dans la ville.

Derrière le groupe de Jésus avec Zachée et les apôtres, il y en a un autre, très... varié pour les physionomies, l'âge, les vêtements. Il n'est pas difficile de déclarer avec certitude que ces hommes appartiennent à des races différentes, peut-être même hostiles entre elles, mais les événements de la vie les ont amenés dans cette ville palestinienne et les ont réunis, pour que de leurs profondeurs, ils remontent vers la lumière. Ce sont pour la plupart des visages flétris de gens qui ont usé et abusé de la vie de plusieurs manières, des yeux fatigués pour la plupart. Chez d'autres : des regards que leur long entraînement à des occupations de... rapine fiscale ou de commandement brutal a rendu rapaces et durs, et parfois cet ancien regard réapparaît de dessous un voile humble et pensif qu'y a mis la nouvelle vie. Et cela se produit particulièrement quand quelqu'un de Jéricho les regarde d'un air méprisant ou murmure quelques insolences à leur adresse; puis leur regard redevient las, humble, et leurs têtes s'abaissent humiliées.

Jésus se retourne par deux fois pour les observer et, les voyant en arrière, qui ralentissent leur marche à mesure qu'ils approchent de l'endroit choisi pour parler et déjà plein de gens, il ralentit sa marche pour les attendre, et à la fin il leur dit : "Passez devant Moi, et ne craignez pas. Vous avez défié le monde quand vous faisiez le mal, vous ne devez pas le craindre maintenant que vous vous en êtes dépouillés. Ce qui vous a servi alors pour le maîtriser, l'indifférence du jugement du monde, unique arme pour le lasser de juger, servez-vous-en encore maintenant et il se lassera de s'occuper de vous, et il vous absorbera, bien que lentement, pour vous faire disparaître dans la grande masse anonyme qu'est ce misérable monde auquel, en vérité, on donne trop d'importance.

Les hommes, au nombre de quinze, obéissent et passent devant.

"Maître, voilà là-bas les malades de la campagne" dit Jacques de Zébédée en allant à la rencontre de Jésus et en Lui montrant un coin attiédi par le soleil.

"J'arrive. Les autres, où sont-ils ?"

"Parmi les gens, mais ils t'ont déjà vu et ils vont arriver. Avec eux il y a aussi Salomon, Joseph d'Emmaüs, Jean d'Éphèse, Philippe d'Arbela. Ils vont chez ce dernier et ils viennent de Joppé, Lidda et Modin. Ils ont avec eux des hommes de la côte et des femmes. Ils te cherchaient même, car ils ne sont pas d'accord entre eux pour le jugement à porter sur une femme. Mais ils vont te parler..."

Jésus en effet est bientôt entouré des autres disciples qui le saluent avec vénération. Derrière eux se trouvent ceux qui sont nouvellement attirés à la doctrine de Jésus. Mais Jean d'Éphèse ne s'y trouve pas et Jésus en demande la raison.

"Il s'est arrêté avec une femme et les parents de cette dernière dans une maison, loin des gens. Quant à la femme, on ne sait si elle est possédée ou prophétesse. Elle dit des choses merveilleuses au dire de ceux de son pays, mais les scribes qui l'ont entendue l'ont jugée possédée. Les parents ont appelé plusieurs fois les exorcistes, mais ils n'ont pas pu chasser le démon qui la tient et la fait parler. Pourtant l'un d'eux a dit au père de la femme (c'est une veuve vierge restée dans sa famille) "Pour ta fille il faut le Messie Jésus. Lui comprendra ses paroles et il saura d'où elles viennent. Moi, j'ai essayé d'imposer à l'esprit qui parle en elle de s'en aller au nom de Jésus dit le Christ. Toujours les esprits de ténèbres se sont enfuis quand je me suis servi de ce Nom. Cette fois, non. Je dis à ce sujet : ou c'est Belzébuth en personne qui parle et réussit à résister même à ce Nom que je prononce, ou c'est l'Esprit même de Dieu et qui par conséquent ne craint pas puisqu'il est une seule chose avec le Christ.

Je crois plutôt à cette dernière explication qu'à la première. Mais pour en être certain, seul le Christ peut juger. Lui comprendra les paroles et leur origine". Et il a été maltraité par les scribes présents, qui l'ont déclaré possédé lui aussi comme la femme et comme Toi. Pardonne-moi, si je dois le dire... Et des scribes ne nous ont plus lâchés et il y en a de garde auprès de la femme car ils veulent établir si elle a pu être avisée de ton arrivée. En effet elle dit qu'elle connaît ton visage et ta voix et qu'elle te reconnaîtrait entre des milliers, alors qu'il est prouvé qu'elle n'est jamais sortie de son village et même de sa maison depuis l'époque, il y a quinze ans, où son mari mourut la veille de la fête nuptiale; et il est prouvé aussi que tu n'es jamais passé par son village qui est Betléchi. Et les scribes attendent cette dernière preuve pour la déclarer possédée. Veux-tu la voir tout de suite ?"

"Non. Je dois parler aux gens et la rencontre serait trop bruyante ici au milieu de la foule. Va dire à Jean d'Éphèse et aux parents de la femme, et aux scribes aussi, que je les attends tous au début du coucher du soleil dans les bois le long du fleuve, sur le sentier du gué. Va."

Et Jésus, après avoir congédié Salomon qui a parlé au nom de tous, va trouver les malades qui demandent leur guérison et il les guérit. Il y a une femme âgée ankylosée par l'arthrite, un paralytique, un jeune homme idiot, une fillette que je dirais tuberculeuse, et deux qui ont les yeux malades.

La foule pousse de bruyants cris de joie.
Mais la série des malades n'est pas encore terminée. Une mère s'avance, défigurée par le chagrin, soutenue par deux amies ou parentes et elle s'agenouille pour dire : "J'ai mon fils qui se meurt. On ne peut l'amener ici... Aie pitié de moi !"

"Peux-tu croire sans mesure ?"

"Tout, ô mon Seigneur !"

"Alors, retourne chez toi."

"Chez moi !... Sans Toi !..." La femme le regarde un moment, angoissée, puis elle comprend. Le pauvre visage se transfigure. Elle crie : "J'y vais, Seigneur. Et béni sois-tu et le Très-Haut qui t'a envoyé !" Et elle s'en va en courant plus agile que ses compagnes elles-mêmes...

Jésus se tourne vers quelqu'un de Jéricho, un digne habitant. "Cette femme est-elle hébraïque ?"

"Non. Du moins pas de naissance. Elle vient de Milet . Cependant elle a épousé l'un de nous et, depuis lors, elle partage notre foi."

"Elle a su croire mieux que beaucoup d'hébreux" observe Jésus.

Puis, montant en haut du perron d'une maison, il fait son geste habituel d'ouvrir les bras, qui précède son allocution et sert à imposer silence. L'ayant obtenu, il rassemble les plis de son manteau, qui s'était ouvert sur la poitrine quand il faisait son geste, et il le tient de la main gauche, alors qu'il abaisse sa droite, dans le geste de qui fait un serment, en disant : "Écoutez, Ô habitants de Jéricho, les paraboles du Seigneur et qu'ensuite chacun les médite dans son cœur et en tire la leçon pour nourrir son esprit. Vous pouvez le faire car ce n'est pas d'hier, ni de la dernière lune, ni même de l'autre hiver que vous connaissez la parole de Dieu. Avant que je sois le Maître, Jean, mon Précurseur , vous avait préparé à ma venue, et depuis que je le suis, mes disciples ont labouré ce sol sept et sept fois pour y semer toute la semence que je leur avais donnée. Vous pouvez donc comprendre la parole et la parabole.

À qui comparerai-je ceux qui, après avoir été des pécheurs, se sont ensuite convertis ? Je les comparerai à des malades qui guérissent.

À qui comparerai-je les autres qui n'ont pas péché publiquement, ou qui, plus rares que des perles noires, n'ont jamais fait, même en secret, des fautes graves ? Je les comparerai à des personnes saines.

Le monde est composé de ces deux catégories : que ce soit pour l'esprit ou bien pour la chair et le sang. Mais si les comparaisons sont les mêmes, différente est la manière du monde d'en user avec les malades guéris, qui étaient malades dans leur chair, de celle dont il use avec les pécheurs convertis, c'est-à-dire avec les malades de l'esprit qui trouvent la santé.

Voici ce que nous voyons : quand un malade, même de la lèpre, qui est le malade le plus dangereux et qu'il faut isoler à cause du danger, obtient la grâce de la guérison, après avoir été examiné par le prêtre et purifié, on l'admet de nouveau dans la société, et ceux de sa ville lui font même fête parce qu'il est guéri, revenu à la vie, à la famille, aux affaires. C'est une grande fête dans la famille et la ville quand quelqu'un qui était lépreux réussit à obtenir grâce et à guérir ! C'est à qui parmi les membres de sa famille et les habitants lui apportera une chose ou l'autre, et s'il est seul et sans maison ou sans mobilier, lui offrira un lit ou du mobilier et tout le monde dit : "C'est un privilégié de Dieu. C'est son doigt qui l'a guéri, faisons-lui donc honneur et honorons Celui qui l'a créé de nouveau"e t il est juste d'agir ainsi. Et quand, malheureusement au contraire, quelqu'un a les premiers signes de la lèpre, avec quel amour angoissé les parents et les amis le comblent de tendresse, tant qu'il est encore possible de le faire, comme pour lui donner en une seule fois le trésor des affections qu'ils lui auraient données en plusieurs années pour qu'il les emmène avec lui dans son tombeau d'être vivant.

Mais pourquoi alors pour les autres malades n'agit-on pas ainsi ? Un homme commence à pécher, et les membres de sa famille, et surtout ses concitoyens, le voient. Pourquoi alors ne cherchent-ils pas avec amour à l'arracher au péché ?

Une mère, un père, une épouse, une sœur encore le font, mais il est déjà difficile que les frères le fassent et je ne dis pas que le fassent les enfants du frère du père ou de la mère. Les concitoyens, enfin, ne savent que critiquer, se moquer, être insolents, se scandaliser, exagérer les péchés du pécheur, le montrer du doigt, le tenir éloigné comme un lépreux, ceux qui sont les plus justes, se rendre ses complices pour jouir à ses dépens, ceux qui ne sont pas justes. Mais ce n'est que bien rarement qu'une bouche, et surtout un cœur, va trouver le malheureux avec pitié et fermeté, avec une patience et un amour surnaturel, et se soucie de freiner la descente dans le péché.
Et comment ? Ne serait-elle pas plus grave, vraiment grave et mortelle, la maladie de l'esprit ? Ne prive-t-elle pas, et pour toujours, du Royaume de Dieu ? La première des charités envers Dieu et envers le prochain ne doit-elle pas être ce travail de guérir un pécheur pour le bien de son âme et la gloire de Dieu ?

Et quand un pécheur se convertit, pourquoi s'obstiner à le juger, à sembler regretter qu'il ait retrouvé la santé spirituelle ? Voyez-vous démentis vos pronostics d'une damnation certaine de l'un de vos concitoyens ? Mais vous devriez en être heureux car Celui qui vous donne le démenti c'est le Dieu miséricordieux, qui vous donne une mesure de sa bonté pour vous faire reprendre courage après vos fautes plus ou moins graves.

Et pourquoi persister à vouloir voir souillé, méprisable, digne de rester isolé ce que Dieu et la bonne volonté d'un cœur ont rendu net, admirable, digne de l'estime des frères, et même de leur admiration ?

Mais vous vous réjouissez bien si votre bœuf, votre âne ou votre chameau, ou une brebis du troupeau ou le pigeon préféré guérit d'une maladie ! Vous vous réjouissez bien si un étranger, dont vous vous rappelez à peine le nom pour en avoir entendu parler à l'époque où il fut isolé comme lépreux, redevient guéri ! Et pourquoi alors ne vous réjouissez-vous pas pour ces guérisons de l'esprit, pour ces victoires de Dieu ? Le Ciel est dans la jubilation quand un pécheur se convertit. Le Ciel : Dieu, les anges très purs, ceux qui ne savent pas ce que c'est que pécher. Et vous, vous les hommes, voulez-vous être plus intransigeants que Dieu ?

Rendez, rendez juste votre cœur et reconnaissez la présence du Seigneur, non seulement dans les nuages de l'encens et les cantiques du Temple, dans le lieu où seulement la sainteté du Seigneur, dans le Grand Prêtre, doit entrer et qui devrait être saint, comme son nom l'indique, mais aussi dans le prodige de ces esprits ressuscités, de ces autels à nouveau consacrés sur lesquels l'Amour de Dieu descend avec ses feux pour allumer le sacrifice."

Jésus est interrompu par la mère de tout à l'heure qui veut l'adorer avec des cris de bénédiction. Jésus l'écoute, la bénit et la renvoie chez elle, pour reprendre son discours interrompu.

"Et si d'un pécheur qui autrefois vous a donné un spectacle scandaleux, vous recevez maintenant un spectacle édifiant, ne le méprisez pas, mais imitez-le. Car personne n'est tellement parfait qu'il soit impossible qu'un autre l'instruise. Et le Bien est toujours une leçon qu'il faut écouter, même si celui qui le pratique a été autrefois un objet de réprobation. Imitez et aidez. Car en agissant ainsi, vous glorifierez le Seigneur et vous montrerez que vous avez compris son Verbe. Ne soyez pas comme ceux qu'en votre cœur vous critiquez parce que leurs actions ne correspondent pas à leurs paroles. Mais faites en sorte que toutes vos bonnes actions viennent couronner toutes vos bonnes paroles. Et alors vous serez vraiment regardés et écoutés avec bienveillance par l'Éternel.

Écoutez cette autre parabole pour comprendre quelles sont les choses qui ont de la valeur aux yeux de Dieu. Elle vous enseignera à vous corriger d'une pensée qui n'est pas bonne et qui est en beaucoup de cœurs. La plupart des hommes se jugent par eux-mêmes, et comme un homme sur mille est vraiment humble, il se produit ainsi que l'homme se juge parfait, lui seul parfait, alors que chez le prochain, il remarque des péchés par centaines.

Un jour deux hommes qui étaient allés à Jérusalem pour affaires, montèrent au Temple, comme il convient à tout bon Israélite chaque fois qu'il met les pieds dans la Cité Sainte. L'un était pharisien, l'autre publicain. Le premier était venu pour percevoir les revenus de certains magasins et pour faire ses comptes avec ses intendants qui habitaient dans les environs de la ville. L'autre pour verser les impôts perçus et pour demander la pitié au nom d'une veuve qui ne pouvait payer la taxe de sa barque et des filets, car la pêche, faite par l'aîné des fils, suffisait à peine pour donner à manger à ses nombreux autres fils.

Avant de monter au Temple, le pharisien était passé chez les tenanciers des magasins et avait jeté un coup d'œil sur ces magasins qu'il avait vu remplis de marchandises et d'acheteurs. Il s'était complu en lui-même, il avait appelé le tenancier du lieu et lui avait dit : "Je vois que ton commerce marche bien".

"Oui, grâce à Dieu, je suis content de mon travail. J'ai pu augmenter le stock de marchandises, et j'espère faire encore davantage. J'ai amélioré le magasin, et l'année qui vient je n'aurai pas les dépenses de bancs et d'étagères et j'aurai donc plus de gain".

"Bien ! Bien ! J'en suis heureux ! Combien paies-tu pour cet endroit ?"

"Cent didrachmes par mois. C'est cher, mais la situation est bonne... "

"Tu l'as dit. La situation est bonne. Par conséquent je double la redevance".

"Mais, seigneur, s'écria le marchand. De cette manière, tu m'enlèves tout profit !"

"C'est juste. Dois-je peut-être t'enrichir, et à mes dépens ? Vite. Ou bien tu me donnes deux mille quatre cents didrachmes [3] et tout de suite, ou je te mets dehors, et je prends la marchandise. Le lieu est à moi, et j'en fais ce que je veux''.

Ainsi fit-il pour le premier, le second, le troisième de ses tenanciers, doublant pour tous la redevance, restant sourd à toute prière. Comme le troisième, chargé de famille voulait résister, il appela les gardes et fit poser les scellés en mettant dehors le malheureux.
Puis, dans son palais, il examina les registres des intendants pour trouver de quoi les punir comme paresseux et pour accaparer la part qu'ils s'étaient réservée de droit. L'un d'eux avait son fils mourant et, à cause de ses nombreuses dépenses, il avait vendu une partie de son huile pour payer les remèdes. Il n'avait donc rien à donner au maître exigeant.

"Aie pitié de moi, maître. Mon pauvre fils va mourir, et après je ferai des travaux supplémentaires pour te rembourser ce qui te semble juste. Mais maintenant, tu le comprends, je ne puis".

"Tu ne peux pas ? Je vais te faire voir si tu peux ou si tu ne peux pas". Et étant allé au pressoir avec le pauvre intendant, il enleva le reste d'huile que l'homme s'était réservé pour sa misérable nourriture et pour alimenter la lampe qui lui permettait de veiller son fils pendant la nuit.

Le publicain, de son côté, étant allé chez son supérieur et ayant versé les impôts perçus, s'entendit dire : "Mais ici, il manque trois cent soixante as [4]. Comment donc cela ?"

"Voilà, je vais te le dire. Dans la ville il y a une veuve qui a sept enfants. Le premier seul est en âge de travailler, mais il ne peut aller loin de la rive avec la barque parce que ses bras sont encore faibles pour la rame et la voile et il ne peut payer un garçon de barque. Restant près de la rive, il prend peu de poissons, et sa pêche suffit à peine pour nourrir ces huit malheureuses personnes. Je n'ai pas eu le cœur d'exiger la taxe"

"Je comprends, mais la loi c'est la loi. Malheur, si on savait qu'elle a pitié ! Tout le monde trouverait des raisons pour ne pas payer. Que le jeune change de métier et vende la barque s'ils ne peuvent pas payer".

"C'est leur pain pour l'avenir... et c'est le souvenir du père".

"Je comprends, mais on ne peut transiger".

"C'est bien. Mais moi, je ne puis penser à huit malheureux privés de leur unique bien. Je paie de ma bourse les trois cent soixante as".

Après avoir fait ces choses, les deux montèrent au Temple. En passant dans la salle du Trésor, le pharisien tira avec ostentation de son sein une bourse volumineuse et il la secoua jusqu'à la dernière piécette dans le Trésor. Dans cette bourse se trouvait l'argent pris en plus aux commerçants et le prix de l'huile enlevée à l'intendant et vendue tout de suite à un marchand. Le publicain, de son côté, jeta une poignée de piécettes après avoir pris ce qui lui était nécessaire pour retourner chez lui. L'un et l'autre donnèrent donc ce qu'ils avaient et même, en apparence, le plus généreux était le pharisien car il avait donné jusqu'à la dernière piécette qu'il avait sur lui. Cependant, il faut réfléchir que dans son palais il avait d'autre argent et qu'il avait des crédits ouverts auprès des riches changeurs.

De là, ils allèrent devant le Seigneur. Le pharisien tout à fait en avant près de la limite de l'Atrium des Hébreux, vers le Saint; le publicain tout au fond, presque sous la voûte qui menait dans la Cour des Femmes, et il restait courbé, accablé par la pensée de sa misère par rapport à la Perfection divine. Et ils priaient l'un et l'autre.

Le pharisien, tout droit, presque insolent, comme s'il était le maître du lieu et comme si c'était lui qui daignait rendre hommage à un visiteur, disait : "Voici que je suis venu te vénérer dans la Maison qui est notre gloire. Je suis venu bien que je sente que Tu es en moi, car je suis juste. Je sais l'être. Cependant, bien que je sache que c'est par mon mérite que je suis tel, je te remercie, comme la loi le prescrit, de ce que je suis. Je ne suis pas rapace, injuste, adultère, pécheur comme ce publicain qui, en même temps que moi, a jeté dans le Trésor une poignée de piécettes. Moi, Tu l'as vu, j'ai donné tout ce que j'avais sur moi. Cet avare, au contraire, a fait deux parts et il t'a donné la plus petite, l'autre certainement il va la garder pour faire bombance et pour les femmes. Mais moi, je suis pur. Je ne me contamine pas, moi. Je suis pur et juste, je jeûne deux fois la semaine, je paie la dîme de tout ce que je possède. Oui, je suis pur, juste et béni car je suis saint. Gardes-en le souvenir, Seigneur".

Le publicain, dans son coin éloigné, n'osait pas lever son regard vers les portes précieuses du Temple et, en se frappant la poitrine, il priait ainsi : "Seigneur, je ne suis pas digne de me tenir dans ce lieu. Mais Tu es juste et saint et Tu me le permets encore, car Tu sais que l'homme est pécheur et que s'il ne vient pas vers Toi, il devient un démon. Oh ! mon Seigneur ! Je voudrais t'honorer nuit et jour et je dois pendant tant d'heures être l'esclave de mon travail : dur travail qui m'humilie, parce qu'il est douleur pour mon prochain le plus malheureux, mais je dois obéir à mes supérieurs parce que c'est mon pain. Fais, ô mon Dieu, que je sache accommoder le devoir envers mes supérieurs, avec la charité envers mes pauvres frères, pour qu'en mon travail je ne trouve pas ma condamnation. Tout travail est saint s'il est fait avec charité.

Garde ta charité toujours présente en mon cœur, pour que moi, le misérable que je suis, je sache avoir pitié de ceux qui me sont soumis, comme Tu as pitié de moi, grand pécheur. J'aurais voulu t'honorer davantage, ô Seigneur, tu le sais. Mais j'ai pensé que prendre l'argent destiné au Temple pour soulager huit cœurs malheureux était une chose meilleure que de le verser au Trésor et puis faire verser des larmes de désolation à huit innocents malheureux. Pourtant, si je me suis trompé, fais-moi le comprendre, ô Seigneur, et je te donnerai jusqu'à la dernière piécette et je retournerai au pays à pied en mendiant mon pain. Fais-moi comprendre ta justice. Aie pitié de moi, ô Seigneur, car je suis un grand pécheur". Voilà la parabole.

En vérité, en vérité je vous dis que le pharisien sortit du Temple avec un nouveau péché ajouté à ceux déjà faits avant de monter au Moriah, alors que le publicain en sortit justifié et la bénédiction de Dieu l'accompagna à sa maison et y demeura, car il avait été humble et miséricordieux et ses actions avaient été encore plus saintes que ses paroles, alors que le pharisien n'était bon qu'en paroles et extérieurement alors qu'en son intérieur, il était l'ouvrier de Satan et faisait ses œuvres par orgueil et dureté de cœur, et Dieu le haïssait pour ce motif.

Celui qui s'exalte sera toujours, tôt ou tard, humilié. Si ce n'est pas ici, ce sera dans l'autre vie. Celui qui s'humilie sera exalté particulièrement là-haut au Ciel où on voit les actions des hommes dans leur véritable vérité.

Viens, Zachée, Venez vous qui êtes avec lui et vous, mes apôtres et disciples, et je vous parlerai encore en particulier."

Et s'enveloppant dans son manteau, il revient dans la maison de Zachée.

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2007/07-220.htm
Tome : 7 /220





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Jésus en compagnie de Zachée
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Message par Maud Ven 20 Juin 2014 - 7:06

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Maria_33



Dans la maison de Zachée avec les convertis



Ils sont tous rassemblés dans une pièce vaste et dépouillée. Autrefois, certainement, elle était belle. Maintenant, ce n'est plus qu'un grand local. Ils ont apporté les sièges et les lits pris dans les salles à manger ou dans les chambres à coucher, et ils se sont tous assis autour du Maître qu'ils ont fait asseoir sur une sorte de fauteuil tout en bois sculpté couvert d'un tapis de haute lice. Le meuble le plus luxueux de la maison.

Zachée parle d'un domaine acheté avec l'argent recueilli entre eux : "Nous devions pourtant faire quelque chose ! L'oisiveté n'est pas un bon remède pour ne pas pécher. C'est un terrain encore peu fertile car il avait été négligé, comme nous, et comme nous plein de ronces, de pierres, de places arides et d'herbes nuisibles, Nike nous a prêté ses serviteurs paysans pour nous apprendre comment faire pour dégager les puits négligés, pour nettoyer les champs, et tailler le peu d'arbres qu'il y avait et en planter des jeunes. Nous savions tant de choses... mais pas les saints travaux de l'homme. Mais dans ce travail, si nouveau pour nous, nous trouvons vraiment une vie nouvelle. Rien ne rappelle le passé autour de nous. Seule la conscience les rappelle, mais c'est bien... Nous sommes des pécheurs... Viendras-tu le voir ?"

"Nous sortirons ensemble d'ici pour nous diriger vers le Jourdain, et je m'arrêterai en cet endroit. Tu me dis qu'il est justement sur le chemin qui va au fleuve..."

"Oui, Maître, mais c'est en mauvais état. La maison tombe en ruines, et elle est vide de meubles. Nous n'avions pas d'argent pour tout... après avoir, dans la mesure où on a pu le faire, réparé nos manquements au prochain. Ceux-ci, sauf Démétes, Valens et Lévi, trop âgés pour certaines privations et qui dorment ici, se contentent du foin, Seigneur."

"Bien des fois, je n'ai pas même cela. Je dormirai sur le foin, Moi aussi, Zachée. J'y ai dormi mes premiers sommeils et ils étaient doux car l'amour les veillait. Je puis y dormir aussi ce sommeil et il ne sera pas tourmenté car je le prendrai parmi des hommes chez qui est revenue la bonne volonté."

Et il regarde d'un regard qui est une caresse ces prémices des rachetés de tous pays. Et eux le regardent... Ce ne sont pas des hommes qui ont les larmes faciles. Qui sait même combien de pleurs ils ont fait verser. Leurs visages sont autant de livres sur lequel est écrit leur passé malheureux, et si maintenant leur nouvelle vie voile la brutalité de ces paroles, on peut cependant encore assez les déchiffrer pour permettre de voir de quels gouffres ils remontent vers la Lumière. Et pourtant leurs visages s'éclairent, s'illuminent, leurs regards prennent de l'assurance, une lueur d'espérance surnaturelle, de satisfaction morale y brille quand ils entendent le Maître leur dire qu'ils sont revenus à la bonne volonté.

Zachée dit : "Alors tu approuves tout ce que j'ai fait ? Vois, Maître, j'avais dit ce jour-là : "Je te suivrai" et je voulais vraiment te suivre matériellement. Mais justement ce soir-là vint chez moi Démétes pour une de celles… pour un de ses infâmes marchés... et il avait besoin d'argent. Il venait de Jérusalem... parce qu'on la dit sainte, mais il n'y a pas de honte qu'on y trouve, et les premiers à vouloir cette honte ce sont des gens qui ensuite nous lapident comme si nous étions lépreux... Mais ce sont nos péchés que je dois dire et non les leurs. Je n'avais plus d'argent, je te l'avais donné, tout. Même celui qui était encore dans ma maison c'était comme s'il était déjà donné, car j'en avais déjà fait les parts que je devais rendre à ceux à qui je l'avais soutiré par l'usure. Je lui ai dit : "Je n'ai pas d'argent, mais je possède ce qui vaut plus que tous les trésors". Et je lui ai raconté ma conversion, tes paroles, la paix qui était en moi... J'ai tant parlé que la lumière du jour nouveau est entrée pour blanchir les visages et rendre les lampes inutiles pendant que je parlais encore. Ce que j'ai dit exactement, je ne sais pas. Je sais que lui a donné un grand coup de poing sur la table à laquelle nous étions assis, et s'est écrié : "Mercure a perdu un de ses fidèles et les satyres un compagnon. Prends aussi cet argent : il n'y en avait pas assez pour le crime, mais assez pour donner du pain à un mendiant, et prends-moi avec toi. Je veux connaître un parfum après tant de puanteurs". Et il est resté.
Nous sommes allés ensemble à Jérusalem, moi pour vendre des objets, lui pour se libérer de tout... engagement.

Et en revenant j'ai dit... — j'avais prié au Temple, depuis si longtemps, avec le cœur pur et pacifié d'un enfant — je me suis dit à moi-même : "Est-ce que cela ce n'est pas suivre le Maître et peut-être le suivre mieux de rester à Jéricho où mes amis publicains, malheureux comme moi, tenanciers de tripots, ruffians, usuriers, surintendants de galériens et de forçats, d'esclaves, tortionnaires de toutes les misères, soldats sans loi ni pitié, noceurs pour oublier leurs remords dans l'ivresse, viennent me trouver pour employer leur argent maudit, ou me proposer des affaires, ou m'inviter à des banquets et autres souillures infâmes ? La ville me méprise. Les hébreux me tiennent toujours pour pécheur, mais eux, non. Eux sont comme moi. Eux sont immondes, mais peuvent avoir en eux quelque chose qui les pousse au bien et ils ne trouvent personne pour leur tendre une main secourable. Moi, je les ai aidés dans le mal. Peut-être ont-ils péché aussi à cause de mes conseils, de ce que je leur ai demandé parfois. J'ai le devoir de les aider pour venir au bien. De même que j'ai rendu à ceux à qui j'avais fait tort, de même que j'ai réparé pour mes concitoyens, de même je dois chercher à réparer avec eux".

Et je suis resté ici. Ils sont venus, tantôt l'un, tantôt l'autre, de cette ville ou d'une autre, et je leur ai parlé. Ce ne sont pas tous qui ont été comme Démétes. Certains se sont enfuis après m'avoir méprisé, d'autres ont tergiversé, d'autres se sont arrêtés, mais après quelque temps sont retournés à leur enfer. Ceux-ci sont restés. Et désormais je sens que je dois te suivre ainsi, que nous devons te suivre ainsi, pour lutter avec nous-mêmes, pour supporter les mépris du monde qui ne sait pas nous pardonner. Il ne nous manque pas les larmes du cœur quand nous voyons que le monde ne pardonne pas, quand les souvenirs nous reviennent... et ils sont si nombreux et si pénibles... Chez certains, ils sont..."

"L'horrible Némésis qui nous reproche nos crimes et qui nous promet la vengeance outre tombe" dit l'un d'eux.

"Ce sont les lamentations de ceux qui étaient épuisés et que j'ai frappés pour les faire travailler."

"Ce sont les malédictions de ceux que j'ai rendus esclaves après avoir pris par l'usure tout leur avoir."

"Ce sont les supplications des veuves et des orphelins qui ne pouvaient pas payer et auxquels j'ai confisqué, au nom de la loi, leurs dernières ressources."

"Ce sont les férocités accomplies dans les pays conquis sur des gens désarmés, terrorisés par la défaite."

"Ce sont les larmes de ma mère, de ma femme, de ma fille, mortes de privations, alors que je gaspillais tout en festins."

"Ce sont... Oh ! pour moi, c'est le crime sans nom ! Seigneur, moi je n'ai pas de sang sur les mains, je n'ai pas dérobé d'argent, je n'ai pas imposé de gabelles exagérées, d'intérêts usuraires, je n'ai pas frappé les vaincus, mais j'ai exploité toutes les misères, je me suis enrichi sur les filles innocentes des vaincus, sur des orphelines, sur des femmes vendues pour un pain comme de la marchandise. J'ai fait le tour du monde pour saisir ces occasions, derrière les armées, là où il y avait la disette, là où le débordement d'un fleuve avait enlevé toute nourriture, là où une épidémie avait laissé des jeunes vies sans protection, et j'en ai fait une marchandise, une infâme et pourtant innocente marchandise. Infâme pour moi qui en tirais de l'argent, innocente car elle n'en connaissait pas encore l'horreur. Seigneur, j'ai sur les mains la virginité de fillettes déshonorées, et l'honneur de jeunes épouses prises dans les villes conquises. Mes magasins... et mes lupanars étaient célèbres, Seigneur. Ne me maudis pas, maintenant que tu sais !..."

Les apôtres se sont involontairement écartés du dernier qui a parlé. Jésus se lève et s'approche de lui. Il lui met la main sur l'épaule et lui dit : "C'est vrai ! Ton crime est grand. Tu as beaucoup à réparer. Mais Moi, la Miséricorde, je te dis que même si tu étais le démon en personne et si tu avais sur toi tous les crimes de la Terre, si tu le veux, tu peux tout réparer et être pardonné par Dieu, par le Dieu vrai, grand et paternel. Si tu veux. Unis ta volonté à la mienne. Moi aussi, je veux que tu sois pardonné. Unis-toi à Moi.

Donne-moi ton pauvre esprit déshonoré, ruiné, couvert de cicatrices et avili, depuis que tu as quitté le péché. Je le mettrai dans mon Cœur, là où je mets les plus grands pécheurs, et je l'emmènerai avec Moi dans le Sacrifice rédempteur. Le sang le plus saint, celui de mon Cœur, le dernier sang de Celui qui sera consumé pour les hommes, se répandra sur les plus grandes ruines et les régénérera. Pour le moment, aie l'espérance, une espérance plus grande que ton crime immense, dans la miséricorde de Dieu, car elle est sans bornes, Ô homme, pour qui sait se confier à elle."

L'homme voudrait bien prendre et baiser cette main posée sur son épaule, si pâle et si décharnée sur son vêtement brun, et sur son épaule robuste, mais il n'ose pas. Jésus comprend et il lui présente la main en disant : "Baise sa paume, homme. Je retrouverai ce baiser pour guérir une de mes tortures.

Main baisée, main blessée. Baisée par amour, blessée par l'amour. Oh ! si tous savaient embrasser la grande Victime, et qu'Elle mourût dans son vêtement de plaies en sachant que dans chacune se trouvent les baisers, les affections de tous les hommes rachetés !" et il tient la paume de sa main appuyée sur les lèvres rasées de l'homme dont, à cause de tout son ensemble, je dirais qu'il est romain. Il l'y tient jusqu'à ce que l'homme s'en détache comme rassasié, après avoir éteint la brûlure de ses remords en buvant la Miséricorde du Seigneur dans le creux de la main divine.

Jésus revient à sa place et, en passant, pose sa main sur la chevelure bouclée d'un tout jeune homme. Je lui donnerais à peine vingt ans, si encore il n'est pas plus jeune. Lui n'a jamais parlé. Il est certainement de race hébraïque. Jésus l'interroge : "Et toi, mon fils, tu ne dis rien à ton Sauveur ?"

Le jeune homme lève la tête et le regarde... Ce regard est tout un discours. C'est une histoire de douleur, de haine, de repentir, d'amour.

Jésus, un peu penché sur lui, les yeux dans les yeux du jeune, y lit quelque histoire muette et il dit : "C'est pour cela que je t'ai appelé "fils". Tu n'es plus seul. Pardonne à tous ceux de ton sang et aux étrangers, comme Dieu te pardonne. Et aime l'Amour qui t'a sauvé. Viens un moment avec Moi, je veux te dire un mot en particulier."

Le jeune homme se lève et le suit. Quand ils sont seuls, Jésus lui dit : "Je veux te dire ceci, fils. Le Seigneur t'a beaucoup aimé bien que cela n'apparaisse pas à un jugement superficiel. La vie t'a beaucoup éprouvé. Les hommes t'ont grandement nui. L'une et les autres pouvaient faire de toi une ruine irréparable. Derrière eux il y avait Satan qui était envieux de ton âme, mais sur toi il y avait l'œil de Dieu et cet œil béni a arrêté tes ennemis. Son amour a envoyé Zachée sur ton sentier, et avec Zachée, Moi qui te parle. Maintenant Moi qui te parle, je te dis que tu dois trouver dans cet amour tout ce que tu n'as pas eu, tu dois oublier tout ce qui t'a aigri, et pardonner, pardonner à ta mère, pardonner à ton maître infâme, te pardonner à toi-même. N'aie pas pour toi une mauvaise haine, fils. Aie de la haine pour le temps où tu as péché, mais pas pour ton esprit qui a su quitter ce péché. Que ta pensée soit pour ton esprit une bonne amie et qu'ensemble ils atteignent la perfection."

"Parfait, moi !"

"Tu as entendu ce que j'ai dit à cet homme ? Et pourtant lui a été au fond de l'abîme !... Et merci, fils !"

"De quoi, mon Seigneur ? C'est moi qui dois te dire merci..."

"De n'avoir pas voulu aller chez ceux qui achètent des hommes pour me trahir."

"Oh ! Seigneur, et pouvais-je le faire sachant que tu ne nous méprises pas, même nous les voleurs ? J'étais moi aussi parmi ceux qui t'ont apporté l'agneau au Carit. L'un de nous a été pris par les romains — c'est du moins ce que l'on dit; ce qui est certain, c'est que bien avant des Tabernacles on ne l'a plus vu dans les refuges de voleurs — cet homme-là m'a dit tes paroles dans une vallée près de Modin... Car moi alors je n'étais pas encore avec les voleurs. J'y suis allé à la fin du dernier Adar et je les ai quittés au commencement d'Etanim. Mais je n'ai rien fait qui mérite ton merci. Tu étais bon. J'ai voulu être bon. Et avertir un de tes amis... puis-je l'appeler ainsi Zachée ?"

"Oui, tu peux. Tous ceux qui m'aiment sont mes amis. Toi aussi, tu l'es."

"Oh !... j'ai voulu avertir pour que tu fasses attention à Toi. Mais un avertissement ne mérite pas un merci..."

"Je te le répète : c'est parce que tu ne t'es pas vendu contre Moi que je te remercie. C'est cela qui a de la valeur."

"Et l'avertissement, non ?"

"Mon fils, rien ne pourra empêcher la Haine de m'assaillir. As-tu jamais vu un torrent qui déborde ?"

"Oui, j'étais près de Jabès Galaad et j'ai vu la ruine produite par le fleuve sorti de son lit avant d'arriver au Jourdain."

"Et est-ce que quelque chose a pu arrêter les eaux ?"

"Non, elles ont tout couvert et ruiné, elles ont renversé jusqu'à des maisons."

"Ainsi en est-il de la Haine. Mais elle ne me renversera pas. J'en serai submergé, mais non détruit. Et à l'heure très amère, l'amour de celui qui n'a pas voulu haïr l'Innocent sera mon réconfort, ma lumière dans les ténèbres de cette heure de Ténèbres, ma douceur dans le calice de vin mélangé de fiel et de myrrhe."

"Toi ?... Tu parles de Toi comme si... C'est pour les voleurs ce calice, pour celui qui va à la mort de la croix. Mais, tu n'es pas un voleur ! Tu n'es pas coupable ! Tu es..."

"Le Rédempteur. Donne-moi un baiser, fils."

II lui prend la tête dans ses mains et dépose un baiser sur son front et puis il se penche pour recevoir le baiser du jeune homme. C'est un baiser timide qui effleure tout juste la joue décharnée... Et puis le jeune tombe en pleurant sur la poitrine de Jésus.

"Ne pleure pas, mon fils ! Je suis sacrifié par l'amour. Et c'est toujours un doux sacrifice, même si c'est un tourment pour la nature humaine."

Il le tient dans ses bras jusqu'à ce qu'il ait fini de pleurer, et puis il revient en le tenant près de Lui, par la main, à la place qu'avait Pierre auparavant.

Il recommence à parler : "Pendant que nous prenions notre nourriture, l'un d'entre vous, qui n'est pas d'Israël, a dit qu'il voulait demander une explication. Qu'il le fasse maintenant parce que bientôt nous devrons retourner parmi les gens et ensuite nous quitter."

"C'est moi qui ai dit cela. Mais plusieurs désirent le savoir. Zachée ne sait pas bien l'expliquer ni non plus d'autres d'entre nous qui sont de ta religion. Nous l'avons demandé à tes disciples quand ils sont passés par ici, mais ils ne nous l'ont pas dit avec clarté."

"Que veux-tu donc savoir ?"

"Nous ne savions même pas que nous avions une âme. C'est-à-dire... nous au moins aurions dû le savoir car nos anciens... Mais nous ne lisions plus les anciens. Nous étions des bêtes... Et nous ne savions plus ce qu'est cette âme. Maintenant même nous ne le savons pas. Qu'est-ce que l'âme ? La raison peut-être ? Nous ne le croyons pas, parce que, dans ce cas, nous aurions été sans elle et nous avons entendu dire que sans l'âme il n'y a pas de vie. Qu'est donc l'âme que l'on nous dit incorporelle, que l'on nous dit immortelle, si ce n'est pas la raison ? La pensée est incorporelle, mais elle n'est pas immortelle car elle cesse avec notre vie. Même l'homme le plus sage ne pense plus après la mort."

"L'âme n'est pas la pensée, homme. L'âme, c'est l'esprit, le principe immatériel de la vie, le principe impalpable, mais vrai, qui anime tout l'homme et dure après l'homme. C'est pour cela qu'elle est dite immortelle. C'est une chose tellement sublime que la pensée, même la plus puissante, n'est rien en comparaison. La pensée a une fin, mais l'âme, bien qu'elle ait un commencement n'a pas de fin. Bienheureuse ou damnée, elle continue d'exister.
Bienheureux ceux qui savent la garder pure ou la rendre pure après l'avoir rendue impure, pour la rendre à son Créateur comme Lui l'a donnée à l'homme pour animer son humanité."

"Mais est-elle en nous, ou au-dessus de nous, comme l'œil de Dieu ?"

"En nous."

"Prisonnière jusqu'à la mort, alors ? Esclave ?"

"Non. Reine. Dans la pensée éternelle, l'âme, l'esprit, est la chose qui règne dans l'homme, dans l'animal créé que l'on appelle : homme. Elle est venue du Roi et Père de tous les rois et pères, son souffle et son image, son don et son droit, et elle a pour mission de faire de la créature appelée homme, un roi du grand royaume éternel, de faire de la créature appelée homme un dieu au-delà de la vie, un "vivant" dans la Demeure du très sublime, unique Dieu, elle a été créée reine, et avec l'autorité et le destin d'une reine. Ses servantes ce sont toutes les vertus et facultés de l'homme, son ministre la bonne volonté de l'homme, son serviteur la pensée, servante et élève la pensée de l'homme. C'est par l'esprit que la pensée acquiert puissance et vérité, acquiert justice et sagesse, et peut s'élever à une perfection royale. Une pensée privée de la lumière de l'esprit aura toujours des lacunes et des ténèbres, et ne pourra jamais comprendre les vérités. En effet pour celui qui est séparé de Dieu pour avoir perdu la royauté de l'âme, ces vérités sont plus incompréhensibles que des mystères. La pensée de l'homme sera aveugle, elle sera hébétée, s'il lui manque le point d'appui du levier indispensable pour comprendre, pour s'élever en quittant la Terre et en s'élançant vers les hauteurs, à la rencontre de l'Intelligence, de la Puissance, de la Divinité en un mot. C'est à toi que je parle ainsi, Démétes, parce que tu n'as pas toujours été seulement un changeur, et tu peux comprendre, et expliquer aux autres."

"Tu es vraiment un voyant, Maître. Non, je n'ai pas été seulement un changeur... Cela a même été le dernier degré de ma descente... Dis-moi, Maître. Mais si l'âme est reine, pourquoi alors ne règne-t-elle pas et ne dompte-t-elle pas la pensée mauvaise et la chair mauvaise de l'homme"

"Dompter ne serait ni liberté ni mérite, ce serait oppression."

"Mais la pensée et la chair accablent souvent l'âme, je parle de moi, de nous, et la rendent trop souvent esclave. C'est pour cela que je disais qu'elle était en nous esclave. Comment Dieu peut-il permettre qu'une chose si sublime — tu l'as définie "souffle de Dieu et son image" — soit avilie par ce qui est inférieur ?"

"La Pensée divine était que l'âme ne connût pas l'esclavage. Mais oublies-tu l'ennemi de Dieu et de l'homme ? Les esprits inférieurs vous sont connus à vous aussi."

"Oui, et tous avec des désirs cruels. Pour mon compte, je puis dire en me rappelant l'enfant que j'étais, que c'est seulement à ces esprits infernaux que je puis attribuer l'homme que je suis devenu et que j'ai été jusqu'au seuil de la vieillesse. Maintenant je retrouve l'enfant égaré d'alors. Mais pourrai-je me rendre assez enfant pour revenir à la pureté d'alors ? La marche à rebours est-elle peut-être permise ?"

"Pas besoin de revenir en arrière. Tu ne pourrais le faire. Le temps écoulé ne revient plus. On ne peut le faire revenir et on ne peut y revenir. Mais ce n'est pas nécessaire.

Certains d'entre vous sont de lieux où on connaît la théorie de l'école pythagoricienne. C'est une théorie erronée. Les âmes, une fois passé leur séjour sur la Terre, ne reviennent plus jamais sur la Terre dans aucun corps. Pas dans un animal, car il ne convient pas qu'une chose aussi surnaturelle qu'elle est, habite dans une brute. Pas dans un homme, car comment le corps serait-il récompensé une fois réuni à l'âme au jugement dernier si cette âme avait été revêtue de plusieurs corps ? On dit chez ceux qui croient à cette théorie que c'est le dernier corps qui a la jouissance, parce qu'au cours des purifications successives, pendant les vies successives, c'est seulement dans la dernière réincarnation que l'âme atteint une perfection qui mérite une récompense. C'est une erreur et une offense ! Une erreur et une offense envers Dieu puisque c'est admettre que Lui n'a pu créer qu'un nombre limité d'âmes. Erreur et offense envers l'homme en le jugeant si corrompu qu'il mérite difficilement une récompense. Il ne sera pas tout de suite récompensé, il devra subir une purification après la vie quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent, mais la purification prépare à la joie. Aussi celui qui se purifie est déjà quelqu'un de sauvé. Et une fois sauvé, il jouira avec son corps après le dernier Jour. Il ne pourra avoir qu'un corps seul pour son âme, qu'une seule vie ici-bas, et c'est avec le corps que lui ont fait ceux qui l'ont procréé, et avec l'âme que le Créateur lui a créée pour vivifier sa chair, qu'il jouira de la récompense.

La réincarnation n'est pas accordée, comme il n'est pas donné de faire marche arrière dans le temps. Mais se recréer par un mouvement d'une libre volonté, oui, c'est accordé, et Dieu bénit cette volonté et l'aide. Vous tous l'avez eue. Voilà alors que l'homme pécheur, vicieux, souillé, criminel, voleur, corrompu, corrupteur, homicide, sacrilège, adultère, sous le bain du repentir, renaît spirituellement, détruit la substance corrompue du vieil homme, disperse le moi mental encore plus corrompu, comme si la volonté de se racheter était un acide qui attaque et détruit l'enveloppe malsaine où se cache un trésor, et met à nu le propre esprit purifié, redevenu sain, revêtu d'une nouvelle pensée, d'un nouveau vêtement pur, bon, enfantin. Oh ! un vêtement qui peut s'approcher de Dieu, qui peut couvrir dignement l'âme recréée, et la garder et l'aider jusqu'à sa supercréation qui est la sainteté achevée qui demain — dans un demain peut-être lointain, si on le voit avec l'esprit et la mesure du temps humain, très proche si on le contemple par la pensée de l'éternité — sera glorieuse dans le Royaume de Dieu.

Et tous peuvent, en le voulant, recréer en eux-mêmes le pur enfant des jours de l'enfance, l'enfant affectueux, humble, franc, bon, que sa mère serrait sur son sein, que son père regardait avec fierté, que l'ange de Dieu aimait et que Dieu contemplait avec amour. Vos mères ! Elles étaient peut-être des femmes de grande vertu... Dieu ne laissera pas leur vertu sans récompense. Faites donc en sorte d'en avoir une pareille pour vous réunir à elles, quand il y aura pour tous les vertueux une seule chose : le Royaume de Dieu pour les bons. Peut-être elles n'étaient pas bonnes, et ont contribué à votre ruine. Mais si elles ne vous ont pas aimés, si vous ne connaissez pas l'amour, si cette absence d'amour vous a rendus mauvais, maintenant qu'un Amour divin vous a recueillis, soyez saints, pour pouvoir dans une joie céleste jouir de l'Amour qui surpasse tout amour.

Avez-vous autre chose à demander ?"

"Non, Seigneur. Nous avons tout à apprendre, mais pour le moment nous ne voyons pas autre chose..."

"Je vais vous laisser Jean et André pour quelques jours. Ensuite je vous enverrai des disciples bons et sages. Je veux que les poulains sauvages connaissent les voies du Seigneur et ses pâturages, comme ceux d'Israël, car je suis venu pour tous et je les aime tous de la même manière. Levez-vous et allons."

Et il sort le premier dans le jardin défriché, suivi de près par les siens qui se plaignent doucement; "Maître, tu leur as parlé comme peu souvent tu parles à ceux que tu as choisis..."



"Et vous vous en plaignez ? Ne savez-vous pas que c'est ainsi que l'on fait aussi dans le monde quand on veut conquérir quelqu'un que l'on aime ? Mais avec ceux dont nous savons qu'ils nous aiment de tout eux-mêmes, et sont désormais de notre famille, il n'est pas besoin de l'art de la conquête. Il suffit de se voir pour être les uns dans les autres, dans la joie et la paix" dit Jésus avec un sourire divin, vraiment divin tant il communique de joie.

Et les apôtres ne se plaignent plus, et même ils le regardent bienheureux en se perdant dans l'allégresse de l'amour mutuel.

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2007/07-221.htm
TOME : 7 /221


♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Jasus_26
Maud
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Visage de J?sus Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

Message par Maud Sam 21 Juin 2014 - 6:48

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Maria_34


Jésus se prononce sur Sabéa de Betléchi


C'est une bien pauvre exploitation celle qui alimente le groupe hétérogène des amis de Zachée Surtout maintenant que c'est l'hiver, elle ne réjouit certes pas le cœur. Mais pourtant eux l'aiment et la montrent à Jésus avec fierté : les trois champs à blé, labourés et bruns, le verger avec quelques arbres de bon rapport, et les autres encore jeunes pour espérer qu'ils donnent des fruits, quelques pauvres rangées de vignes, le potager... une petite étable avec une vache et un âne pour la noria, un réduit avec quelques poules et cinq couples de colombes, six brebis, un taudis avec une cuisine et trois chambres, un hangar qui sert de bûcher, de débarras et de grenier à foin, un puits à la bouche ébréchée, et une citerne à l'eau fangeuse. Rien de plus.

"Si la saison est favorable..."

"Si les bêtes ont des petits..."

"Si les petits arbres s'enracinent..."

Tout est au conditionnel... Des espoirs très précaires...

Mais quelqu'un se rappelle ce qu'il a entendu dire une des années précédentes : la prodigieuse récolte qu'avait eue Doras grâce à une bénédiction donnée par le Maître pour que Doras fût humain avec ses serviteurs paysans, et il dit : "Et si tu bénissais ce lieu... Doras aussi était pécheur..."

"Tu as raison. Ce que j'ai fait, sachant que je n'aurais pas changé ce cœur, je le ferai aussi pour vous dont le cœur est changé."

Et il ouvre les bras pour bénir en disant : "Je le fais tout de suite car je veux vous persuader que je vous aime."

Puis ils poursuivent la route, vers le fleuve, en côtoyant des champs labourés avec leur grasse terre noire et des vergers que la saison a dépouillés.

À un détour, voilà quelques pharisiens qui s'avancent : "Paix à Toi, Maître. Nous t'avons attendu ici pour... te vénérer."

"Non, Pour être sûrs que je ne triche pas. Vous avez bien fait. Soyez persuadés que je n'ai pas eu manière de voir la femme, ni aucun de ceux qui sont avec elle. Vous, toi et toi, étiez de garde à la maison de Zachée, et vous avez vu que personne de nous n'est sorti. Vous m'avez précédé sur le chemin, et vous avez vu que personne de nous n'est allé en avant. Vous avez sur le cœur de m'imposer des conditions, pour l'entrevue avec cette femme, et je vous dis que je les accepte avant même que vous ne les fassiez."

"Mais... si tu ne les connais pas..."

"N'est-il pas vrai que vous voulez les faire ?"

"C'est vrai."

"De même donc que je connais vos intentions, que vous seuls connaissez, je sais aussi ce que vous allez me dire, et je vous dis que j'accepte ce que vous voulez me proposer, car cela servira à glorifier la Vérité. Parlez."

"Sais-tu ce dont il s'agit ?"

"Je sais que vous jugez possédée cette femme, et que pourtant aucun exorciste n'a pu chasser le démon. Et je sais que pourtant elle ne dit pas de paroles démoniaques. C'est ce que disent ceux qui l'ont entendue parler."

"Peux-tu jurer que tu ne l'as jamais vue ?"

"Le juste ne jure jamais, car il sait qu'il a le droit d'être cru sur parole. Je vous dis que je ne l'ai jamais vue et que je ne suis jamais passé par son village, et tout le village peut le confirmer."

"Et pourtant elle prétend connaître ton visage et ta voix."

"En effet son âme me connaît, de par la volonté de Dieu."

"Tu dis par la volonté de Dieu. Mais comment peux-tu l'affirmer ?"

"On m'a dit qu'elle dit des paroles inspirées."

"Le démon aussi parle de Dieu."

"Mais avec des erreurs mêlées à dessein, pour dévoyer les hommes dans des pensées erronées."

"Eh bien... nous voudrions que tu nous laisses éprouver cette femme."

"De quelle manière ?"

"Tu ne la connais vraiment pas ?"

"Je vous dis que non."

"Alors voilà. Nous envoyons quelqu'un pour crier : "Voici le Seigneur" et nous voyons si elle salue celui qui est avec ce dernier comme si c'était Toi."

"Pauvre preuve ! Mais je l'accepte pourtant. Choisissez parmi ceux qui m'accompagnent ceux que vous voulez envoyer en avant, et Moi, je vous suivrai avec les autres. Cependant si la femme parle, vous devez la laisser parler pour que je juge ses paroles."

"C'est juste. Le pacte est fait et nous le tiendrons loyalement."

"Qu'il en soit ainsi et que cela serve à toucher votre cœur."

"Maître, nous ne sommes pas tous des adversaires. Certains de nous sont indécis... et ont une volonté sincère de voir ce qui est vrai pour te suivre" dit un scribe.

"C'est vrai. Et eux seront encore aimés de Dieu."

Les scribes examinent les apôtres et s'étonnent de l'absence de plusieurs et en particulier de l'Iscariote, et puis ils choisissent Jude Thaddée et Jean. Ils prennent en plus le jeune voleur converti qui est pâle et maigre et avec une chevelure légèrement rousse, ceux en somme dont l'âge et la physionomie ont des points communs avec le Maître.

"Nous allons en avant avec eux. Toi, reste ici avec nos compagnons et avec les tiens, et suis-nous d'ici un moment."

Ainsi font-ils.

Ils sont déjà en vue des bois qui bordent le fleuve. Un soleil d'hiver à son couchant dore le sommet des arbres et répand une vive lumière jaune sur les personnes rassemblées près des arbres,

"Voici ! Voici le Messie ! Levez-vous ! Venez à sa rencontre !" crient les scribes qui sont allés en avant en prenant un sentier qui aboutit à un rouvre [2] gigantesque aux racines puissantes à demi découvertes qui peuvent servir de sièges à ceux qui s'abritent près de son tronc.

Le groupe de personnes rassemblées tout autour se retourne, se lève, s'ouvre et se sépare pour aller à la rencontre de ceux qui viennent. Près du tronc, il reste seulement trois scribes, Jean d'Ephèse, et un homme et une femme âgés, plus une autre femme assise sur une racine en saillie, le dos au tronc, la tête penchée sur ses genoux que serrent ses bras enlacés, elle est toute couverte d'un voile violet si foncé qu'il paraît noir. Elle semble étrangère à tout, et le cri ne la fait pas bouger.

Un scribe touche son épaule : "Le Maître est ici, Sabéa. Lève-toi et salue-le."

La femme ni ne répond ni ne bouge.

Les trois scribes se regardent et sourient ironiquement en faisant un signe entendu aux autres qui s'avancent. Et comme ceux qui attendaient, ne voyant pas Jésus, s'étaient tus, ils crient plus fort que jamais, eux et leurs compagnons, pour que la femme ne s'aperçoive pas de la supercherie.

"Femme, dit un scribe à la vieille mère qui est avec la fille Toi, au moins, salue le Maître et dis à ta fille de le faire."

La femme se prosterne en même temps que son mari devant le Thaddée et Jean et le voleur repenti et puis, se levant, elle dit à sa fille : "Sabéa, ton Seigneur est ici. Vénère-le."
La jeune femme ne bouge pas.

Les scribes accentuent leur sourire ironique et l'un d'eux, maigre, avec un gros nez, dit d'une voix nasale et traînante : "Tu ne t'attendais pas à cette épreuve, n'est-ce pas ? Et ton cœur tremble, tu sens que ton renom de prophétesse est en danger et tu ne tentes pas ta chance... Il me semble que cela suffit pour te déclarer menteuse..."

Du coup, la femme relève la tête, elle rejette son voile en arrière et regarde avec ses yeux bien ouverts tout en disant : "Je ne mens pas, ô scribe. Et je n'ai pas peur car je suis dans la vérité. Où est le Seigneur ?"

"Comment ? Tu dis que tu le connais et tu ne le vois pas ? Il est devant toi."

"Aucun d'eux n'est le Seigneur. C'est pour cela que je n'ai pas bougé. Aucun d'eux."

"Aucun d'eux ? Comment ? Ce galiléen blond, ce n'est pas le Seigneur ? Moi, je ne le connais pas, mais je sais qu'il est blond, avec des yeux de ciel."

"Ce n'est pas le Seigneur."

"Alors, celui-ci grand et sévère. Regarde quels traits de roi. C'est Lui, certainement."
"Non, ce n'est pas le Seigneur. Le Seigneur n'est pas parmi eux" et la femme abaisse de nouveau sa tête dans ses genoux comme avant.

Il se passe quelque temps. Puis voilà que Jésus s'avance. Les scribes ont imposé le silence au peu de gens qui sont là. Aussi son arrivée n'est trahie par aucun hosanna.

Jésus s'avance entre Pierre et son cousin Jacques. Il marche lentement... Silencieusement... L'herbe touffue amortit tout bruit de pas. Pendant que la vieille essuie ses larmes avec son voile et qu'un scribe l'offense en disant : "Votre fille est folle et menteuse", pendant que le père soupire et fait même des reproches à sa fille, Jésus arrive au bout du sentier et s'arrête.

La jeune femme, qui n'a pu rien entendre, qui n'a pu rien voir, bondit debout, rejette son voile découvrant ainsi toute la tête, tend les bras en poussant un cri puissant : "Le voilà qui vient à moi mon Seigneur ! C'est Lui le Messie, ô hommes, qui voulez me tromper et m'humilier. Je vois sur Lui la lumière de Dieu qui me l'indique et je l'honore !" et elle se jette à terre, mais en restant à sa place, à environ deux mètres de Jésus, le visage contre terre, dans l'herbe, elle crie : "Je te salue, ô Roi des peuples, ô Admirable, ô Prince de paix, Père du siècle sans fin, Chef du nouveau peuple de Dieu !" [3] et elle reste prosternée, sous son ample manteau foncé, d'un violet presque noir comme le voile.

Mais quand elle s'est mise debout contre le tronc noir - et après avoir rejeté son voile, elle est restée, les bras tendus en avant comme une statue — j'ai pu remarquer que sous son manteau elle porte un habit de lourde laine d'un blanc d'ivoire, serré simplement par un cordon au cou et à la ceinture. Et surtout j'ai pu admirer sa beauté de femme d'âge mûr. Elle peut avoir environ trente ans, et trente ans en Palestine équivalent au moins à quarante des nôtres en général; si la très Sainte Marie fait exception à cette règle, pour les autres femmes la maturité vient de bonne heure et surtout pour celles qui sont brunes de cheveux et de visage, et plantureuses comme celle-ci.

C'est le type classique de la femme hébraïque. Je crois qu'elles étaient ainsi Rachel et Ruth et Judith, célèbres pour leur beauté. Grande, plantureuse et pourtant élancée, la peau lisse et d'une pâleur un peu brune, la bouche petite aux lèvres un peu grosses d'un rouge vif, nez droit, long et fin, deux yeux profonds, sombres, veloutés dans un arc de cils longs et fournis, un front haut, lisse, royal, un ovale plutôt allongé, et une chevelure d'ébène magnifique comme une couronne d'onyx. Non pas un joyau, mais un corps de statue et une majesté de reine.

Voilà qu'elle se lève en présentant ses mains longues, brunes, très belles, unies au bras par un fin poignet. La voilà de nouveau debout contre le tronc foncé. Elle regarde maintenant le Maître en silence, secouant la tête parce que des scribes lui disent : "Tu te trompes, Sabéa. Ce n'est pas Lui le Messie, mais c'est celui que tu as vu auparavant sans le reconnaître."

Elle secoue sa tête, ferme, sévère, et ne détache pas les yeux du Seigneur. Et puis son visage se transfigure, en prenant une expressions dont je ne sais dire si elle est de joie fervente ou de somnolence extatique. Elle a de l'un et de l'autre. Elle paraît pâlir comme quelqu'un qui va s'évanouir alors que toute la vie se concentre dans les yeux qui deviennent lumineux, d'une lumière de joie, de triomphe, d'amour... Je ne sais. Rient-ils, ces yeux ? Non, ils ne rient pas comme ne rit pas la bouche sévère. Et pourtant il y a en eux une lumière de joie et ces yeux acquièrent de plus en plus une intensité puissante qui vous frappe. Jésus la regarde de son regard doux, un peu triste.

"Tu vois que c'est une folle ?" Lui murmure un scribe.

Jésus ne réplique pas. La main gauche pendant le long de son côté, la droite tenant son manteau sur la poitrine, il regarde et se tait.

La femme ouvre la bouche et étend les bras comme avant. Elle semble un gigantesque papillon aux ailes violettes, et au corps de vieil ivoire. Et un nouveau cri sort de ses lèvres : "O Adonaï, tu es grand ! Toi seul es grand, à Adonaï ! Tu es grand au Ciel et sur la Terre, dans le temps et dans les siècles des siècles, et au-delà du Temps, depuis toujours et pour toujours, ô Seigneur, Fils du Seigneur. Sous tes pieds se trouvent tes ennemis et l'amour de ceux qui t'aiment soutient ton trône. "

La voix se fait de plus en plus assurée et forte alors que ses yeux se détachent du visage de Jésus et regardent dans le lointain, un peu au-dessus des têtes qui sont autour d'elle, attentives, et qu'elle, qui se tient debout contre le tronc du rouvre, qui est lui-même sur une levée de terre, domine sans difficulté.

Après une pause, elle reprend : "Le trône de mon Seigneur est orné de douze pierres, celles des douze tribus des justes. Dans la grande perle qu'est le trône, le trône blanc et précieux resplendissant du Très Saint Agneau, sont enchâssés des topazes avec des améthystes, des émeraudes avec des saphirs, et des rubis avec des sardoines, et des agates et des chrysolites et des béryls, des onyx, des jaspes, des opales. Ceux qui croient, ceux qui espèrent, ceux qui aiment, ceux qui se repentent, ceux qui vivent et meurent dans la justice, ceux qui souffrent, ceux qui quittent l'erreur pour la Vérité, ceux qui étaient durs de cœur et sont devenus doux en son Nom, les innocents, les repentis, ceux qui se dépouillent de tout afin d'être agiles pour suivre le Seigneur, les vierges à l'esprit resplendissant d'une lumière semblable à une aube du Ciel de Dieu... Gloire au Seigneur ! Gloire à Adonaï ! Gloire au Roi assis sur son trône ! "

La voix est une sonnerie. Les gens sont secoués par un frémissement. La femme semble réellement voir ce qu'elle dit comme si la nuée dorée qui navigue dans un ciel serein et qu'elle semble suivre de son regard ravi, était pour elle une lentille qui lui permît de voir les gloires célestes. Elle se repose comme fatiguée, mais sans changer d'attitude. Seulement son visage se transfigure encore plus, par la pâleur de l'épidémie et l'éclat des yeux.

Puis elle recommence à parler en abaissant son regard sur Jésus qui l'écoute attentivement, au milieu d'un cercle de scribes qui secouent la tête, sceptiques et moqueurs, et des apôtres et des fidèles que fait pâlir une émotion sacrée. Elle recommence à parler d'une voix distincte, mais moins forte : "Je vois ! Je vois dans l'Homme ce qui se cache dans l'Homme. Saint est l'Homme, mais mes genoux se plient devant le Saint des Saints renfermé dans l'Homme."

La voix redevient forte, impérieuse comme un commandement : "Regarde ton Roi, ô peuple de Dieu ! Connais son Visage ! La Beauté de Dieu est devant toi. La Sagesse de Dieu a pris une bouche pour t'instruire.

Ce ne sont plus les prophètes, Ô peuple d'Israël, qui te parlent de l'Innommable. C'est Lui-même. Lui, qui connaît le mystère qu'est Dieu, qui te parle de Dieu. Lui, qui connaît la Pensée de Dieu, qui t'approche de son sein, ô peuple encore enfant après tant de siècles, et qui te nourrit du lait de la Sagesse de Dieu pour te rendre adulte en Dieu. C'est pour le faire qu'il s'est incarné dans un sein, dans le sein d'une femme d'Israël, plus grande que toute autre femme devant Dieu et les hommes.

Elle a ravi le cœur de Dieu par une seule de ses palpitations de colombe. La beauté de son esprit a séduit le Très-Haut et Il a fait d'elle son trône. Marie d'Aaron a péché car elle avait le péché en elle. Déborah jugea ce qu'il fallait faire, mais ne le fit pas de ses mains Jahel fut courageuse mais se souilla de sang. Judith était juste et craignait le Seigneur, et Dieu fut dans ses paroles et lui permit son acte pour qu'Israël fût sauvé, mais par amour de la patrie elle usa d'une ruse homicide Mais la Femme qui l'a engendré surpasse ces femmes parce qu'elle est la servante parfaite de Dieu et qu'elle le sert sans pécher. Toute pure, innocente et belle, c'est le bel Astre de Dieu, de son lever à son coucher. Toute belle, resplendissante et pure, pour être Étoile et Lune, Lumière pour les hommes afin qu'ils trouvent le Seigneur.

Elle ne précède pas et ne suit pas l'Arche sainte, comme Marie d'Aaron, car elle est elle-même l'Arche. Sur l'eau trouble de la Terre couverte par le déluge des fautes, elle glisse et sauve, car celui qui entre en elle trouve le Seigneur. Colombe sans tache, elle sort et porte l'olivier, l'olivier de paix aux hommes car elle est la belle Olive. Elle se tait, et dans son silence elle parle et opère plus que Déborah, Jahel et Judith, et elle ne conseille pas la bataille, ne pousse pas aux massacres, ne répand pas d'autre sang que le sien le plus choisi, celui dont elle a fait son Fils. Mère malheureuse ! Mère sublime !... Judith craignait le Seigneur, mais sa fleur avait appartenu à un homme. Mais elle, sa fleur inviolée, elle l'a donnée au Très-Haut, et le Feu de Dieu est descendu dans le calice du suave lys et un sein de femme a contenu et porté la Puissance, la Sagesse et l'Amour de Dieu. Gloire à la Femme ! Chantez, ô femmes d'Israël, ses louanges !"

La femme se tait comme si sa voix était épuisée. En effet, je ne sais comment elle fait pour tenir ce ton si fort.

Les scribes disent : "Elle est folle ! Elle est folle ! Fais-la taire. Folle ou possédée. Impose de s'en aller à l'esprit qui la tient."

"Je ne puis. Il n'y a que l'esprit de Dieu, et Dieu ne se chasse pas Lui-même."

"Tu ne le fais pas parce qu'elle te loue, Toi et ta Mère, et cela charme ton orgueil."

"Scribe, réfléchis à ce que tu sais de Moi, et tu verras que je ne connais pas l'orgueil."

"Et pourtant seul un démon peut parler en elle pour célébrer ainsi une femme !... La femme ! Et qu'est la femme en Israël et pour Israël ? Et qu'est-elle sinon un péché aux yeux de Dieu ? La séduite et la séductrice ! S'il n'y avait pas la foi, on hésiterait à penser que la femme a une âme. Il lui est interdit de s'approcher du Saint, à cause de son impureté. Et elle dit que Dieu est descendu en elle !..." dit un autre scribe scandalisé, et ses compagnons lui font écho.

Jésus dit sans regarder personne en face, il semble se parler à Lui-même : "La Femme écrasera la tête du Serpent... La Vierge concevra et enfantera un Fils qui sera appelé

Emmanuel... Un germe sortira de la racine de Jessé, une fleur viendra de cette racine et sur Lui se reposera l'Esprit du Seigneur" Cette Femme. Ma Mère. Scribe, pour l'honneur de ta science, rappelle-toi et comprends les paroles du Livre."

Les scribes ne savent que répondre. Ces paroles, ils les ont dites mille fois et dites comme vraies. Peuvent-ils maintenant les nier ? Ils se taisent.

Quelqu'un ordonne d'allumer des feux, car le froid se fait sentir près de la rive où court le vent du soir. On obéit, et des feux de branches flambent en cercle autour du groupe qui se serre.

La lumière dansante du feu semble réveiller la femme qui s'était tue et qui restait les yeux fermés, comme recueillie en elle-même. Elle rouvre les yeux, se secoue. Elle regarde de nouveau Jésus et Crie de nouveau : "Adonaï ! Adonaï, Tu es grand ! Chantons au Divin un cantique nouveau ! Shalem ! Shalem ! Malchich !!... Paix ! Paix ! ô Roi à qui rien ne résiste !..."

La femme se tait tout à coup. Elle tourne les yeux, pour la première fois depuis qu'elle parle, sur ceux qui entourent Jésus, et elle fixe les scribes comme si elle les voyait pour la première fois, et sans motif apparent, des larmes se forment dans ses grands yeux, et son visage devient triste et sans éclat. Elle parle à présent lentement, et d'une voix profonde comme quelqu'un qui parle de choses douloureuses : "Non. Il y en a qui te résistent ! Ô peuple, écoute ! Depuis ma douleur, ô peuple de Betléchi, tu m'as entendue parler. Après des années de silence et de douleur, j'ai entendu et j'ai dit ce que j'entendais. Maintenant je ne suis plus au milieu des verts bosquets de Betléchi, vierge veuve qui trouve dans le Seigneur son unique paix. Je n'ai pas autour de moi mes seuls concitoyens pour leur dire : "Craignons le Seigneur car l'heure est arrivée d'être prêts à son appel. Faisons beau le vêtement de notre cœur pour ne pas être indignes en sa présence. Ceignons-nous de force car l'heure du Christ est l'heure de l'épreuve. Purifions-nous comme des hosties pour l'autel pour pouvoir être accueillis par Celui qui l'envoie. Que celui qui est bon devienne meilleur. Que celui qui est orgueilleux devienne humble. Que celui qui souffre de la luxure se dépouille de sa chair pour pouvoir suivre l'Agneau. Que l'avare devienne généreux car Dieu nous comble dans son Messie, et que chacun pratique la justice afin de pouvoir appartenir au Peuple du Béni qui vient".

Maintenant je parle devant Lui, et devant ceux qui croient en Lui et aussi devant ceux qui ne croient pas et qui se moque du Saint et de ceux qui parlent et croient en son Nom, et en Lui. Mais je n'ai pas peur. Vous dites que je suis folle, vous dites qu'en moi parle un démon. Je sais que vous pourriez me faire lapider comme blasphématrice. Je sais que ce que je vous dirai vous paraîtra insulte et blasphème, et que vous me haïrez. Mais je n'ai pas peur. La dernière, peut-être, des voix qui parlent de Lui avant sa Manifestation, j'aurai peut-être le sort de plusieurs autres voix, et je n'ai pas peur. Trop long est l'exil dans le froid et la solitude de la Terre, pour qui pense au sein d'Abraham, et au Royaume de Dieu que le Christ nous ouvre, plus saint que le saint sein d'Abraham.

Sabéa de Carmel de la descendance d'Aaron ne craint pas la mort, mais elle craint le Seigneur. Et elle parle quand Il la fait parler pour ne pas désobéir à sa volonté, et elle dit la vérité, car elle parle de Dieu avec les paroles que Dieu lui donne. Je ne crains pas la mort, même si vous m'appelez démon et me lapidez comme blasphématrice, même si mon père et ma mère et mes frères meurent à cause de ce déshonneur, je ne tremblerai pas de peur et de peine. Je sais que le démon n'est pas en moi, car en moi se tait tout foyer mauvais et Betléchi toute entière le sait. Je sais que les pierres ne pourront arrêter mon chant plus longtemps que la durée d'une respiration, et qu'ensuite je pourrai chanter plus librement au-delà de la Terre. Je sais que Dieu réconfortera la douleur de ceux de mon sang, et elle sera courte, alors qu'éternel sera ensuite leur joie de parents martyrs d'une martyre. Je ne crains pas votre mort, mais celle qui me viendrait de Dieu si je n'obéissais pas. Et je parle. Et je dis ce qui m'est transmis. Ô peuple, écoute, et écoutez, vous, scribes d'Israël."

Elle élève de nouveau sa voix affligée et elle dit : "Une voix, une voix me vient d'en haut et elle crie dans mon cœur. Elle dit : "L'ancien Peuple de Dieu ne peut chanter le nouveau cantique parce qu'il n'aime pas son Sauveur. Chanteront le cantique nouveau ceux qui seront sauvés de toutes les nations, ceux du Peuple nouveau du Christ Seigneur, non ceux qui haïssent mon Verbe"... Horreur ! (elle pousse réellement un cri qui donne le frisson). La voix donne la lumière; la lumière donne la vue ! Horreur ! Je vois !" Elle hurle plutôt qu'elle ne crie. Elle se tord comme si elle était retenue de force devant un spectacle redoutable qui lui torturait le cœur et qu'elle cherchait à y mettre fin par la fuite. Le manteau glisse de ses épaules, et elle reste dans son vêtement blanc contre le grand tronc noir. Dans la lumière qui baisse lentement dans le reflet vert du bois, et dans celui rougeâtre de la flamme qui danse, son visage prend un aspect tragique et puissant. Des ombres se forment sous les yeux autour des narines, au-dessous des lèvres. On dirait un visage creusé par la douleur. Elle se tord les mains en répétant plus doucement : "Je vois ! Je vois !" et elle boit ses larmes pendant qu'elle continue : "Je vois les crimes de ce peuple qui est le mien, et je suis impuissante à les arrêter. Je vois le cœur de mes compatriotes et je ne puis le changer. Horreur ! Horreur ! Satan a quitté son séjour et il est venu demeurer dans leur cœur."

"Fais-la taire !" commandent les scribes à Jésus.

"Vous avez promis de la laisser parler..." répond Jésus.

La femme continue : "Visage contre terre, dans la boue, ô Israël qui sais encore aimer le Seigneur. Couvre-toi de cendres, revêts le cilice. Pour toi ! Pour eux ! Jérusalem ! Jérusalem, sauve-toi ! Je vois une ville qui entre en tumulte pour demander un crime. J'entends, j'entends les cris de ceux qui, haineux, appellent un sang sur eux. Je vois qu'on élève la Victime dans la Pâque de Sang et ce Sang qui coule, et ce Sang qui crie plus que le sang d'Abel, alors que s'ouvrent les cieux et que la terre tremble et que le soleil s'obscurcit. Et ce Sang ne crie pas vengeance, mais demande la pitié pour son Peuple qui le tue, pitié pour nous !

Jérusalem !!! Convertis-toi ! Ce Sang ! Ce Sang ! Un fleuve ! Un fleuve qui lave le monde en guérissant tout mal, en effaçant toute faute... Mais pour nous, pour nous d'Israël, ce Sang c'est du feu, pour nous c'est le scalpel qui écrit sur les fils de Jacob le nom de déicide et la malédiction de Dieu. Jérusalem ! Aie pitié de toi-même et de nous !..."

"Mais fais-la taire, nous te l'ordonnons !" crient les scribes pendant que la femme sanglote en se couvrant le visage,

"Je ne puis imposer à la Vérité de se taire."

"Vérité ! Vérité ! C'est une folle qui délire ! Quel Maître es-tu si tu prends pour vérité les paroles d'une femme qui délire ?"

"Et quel Messie es-tu si tu ne sais pas faire taire une femme ?"

"Et quel Prophète es-tu si tu ne sais pas mettre en fuite le démon ? Et pourtant, d'autres fois, tu l'as fait !"

"Il l'a fait, oui. Mais maintenant cela ne Lui convient pas. C'est un jeu bien combiné pour effrayer les foules !"

"Et j'aurais choisi cette heure, ce lieu et cette poignée d'hommes pour le faire, quand je pouvais le faire à Jéricho, quand j'ai eu cinq mille personnes et davantage qui m'ont suivi et entouré plusieurs fois, quand l'enceinte du Temple a été trop petite pour accueillir tous ceux qui voulaient m'entendre ? Et est-ce que peut-être le démon peut dire des paroles de sagesse ? Qui de vous, en conscience, peut dire qu'une parole erronée est sortie de ces lèvres ? Ne résonnent-elles pas sur ses lèvres, avec une voix de femme, les terribles paroles des prophètes ? N'entendez-vous pas le hurlement de Jérémie et les pleurs d'Isaïe et des autres prophètes ? N'entendez-vous pas la voix de Dieu à travers la créature, la voix qui cherche à se faire accueillir pour votre bien ? Moi, vous ne m'écoutez pas. Je parle, vous pouvez le penser, en ma faveur. Mais elle, qui m'est inconnue, quelle faveur espère-t-elle de ces paroles ?

Qu'en aura-t-elle sinon votre mépris, vos menaces, peut-être votre vengeance ? Non, je ne lui impose pas silence ! Et même, pour que ces quelques personnes l'entendent, et pour que vous aussi vous l'entendiez et puissiez vous repentir, je lui ordonne : "Parle ! Parle, je te le dis, au nom du Seigneur !"

Maintenant c'est Jésus qui en impose, c'est le Christ puissant des heures de miracle, aux grands yeux magnétiques dans leur splendeur d'étoile bleue, que la flamme d'un brasier allumé entre la femme et Lui avive encore davantage.

La femme, au contraire, accablée par la douleur, est moins royale et elle reste, la tête inclinée, le visage voilé par ses mains et par ses cheveux noirs qui se sont défaits et retombent sur ses épaules et en avant, comme un voile de deuil sur son vêtement blanc.

"Parle, je te le dis. Elles ne sont pas sans fruit tes douloureuses paroles. Sabéa, de la race d'Aaron, parle !"

La femme obéit. Mais elle parle doucement, si doucement que tous se serrent plus près pour mieux l'entendre. Elle semble se parler à elle-même, en regardant vers le fleuve qui court en bruissant à sa droite avec un dernier reflet de ses eaux, dans les dernières lueurs du jour. Elle semble parler au fleuve : "O Jourdain, fleuve sacré des pères, à l'onde céruléenne et crépue comme une soie précieuse, qui reflètes les pures étoiles et la lune candide, et caresses les saules de tes rives, tu es le fleuve de paix et pourtant tu connais tant de douleur. O Jourdain, qui aux heures de tempête transportes sur tes eaux gonflées et troubles les sables de mille torrents et ce qu'ils ont arraché, et parfois arraches un tendre arbuste sur lequel il y a un nid et le transportes en tourbillonnant vers l'abîme mortel de la Mer Salée, tu n'as pas pitié du couple d'oiseaux qui en volant et en criant de douleur suivent leur nid détruit par ta violence; ainsi tu verras, ô Jourdain sacré, frappé par la colère divine, arraché aux maisons et à l'autel, aller à sa ruine, pour périr dans une Mort plus grande, tu verras aller le peuple qui n'a pas voulu le Messie. Mon peuple, sauve-toi ! Crois en ton Seigneur ! Suis ton Messie ! Reconnais-le pour ce qu'il est. Non un roi de peuples et d'armées. C'est le Roi des âmes, de tes âmes, de toutes les âmes. Il est descendu pour rassembler les âmes justes, il remontera pour les conduire au Royaume éternel. Ô vous qui encore pouvez aimer, serrez-vous près du Saint ! Ô vous qui avez à cœur le sort de la patrie, unissez-vous au Sauveur.

Que ne meure pas toute entière la descendance d'Abraham ! Fuyez les faux prophètes aux bouches de mensonge et aux cœurs de rapine qui veulent vous arracher au Salut. Sortez des ténèbres qui s'élèvent autour de vous. Écoutez la voix de Dieu ! Les grands que vous craignez aujourd'hui, sont déjà poussière dans le décret de Dieu. Il n'y a qu'un seul Vivant. Les lieux où ils règnent et d'où ils oppriment sont déjà des ruines. Un seul dure. Jérusalem ! Où sont les orgueilleux fils de Sion dont tu te vantes ? Où sont les rabbis et les prêtres, qui étaient ton ornement et en lesquels tu te complaisais ? Regarde-les ! Accablés, enchaînés, ils s'en vont vers l'exil, à travers les ruines de tes palais, la puanteur de ceux qui sont morts par l'épée ou la faim. Elle est sur toi la fureur de Dieu, Ô Jérusalem qui repousses ton Christ et le frappes au visage et au cœur. Toute beauté est détruite en toi. Toute espérance est morte pour toi. Le Temple et l'autel sont profanés..."

"Fais-la taire ! Elle blasphème ! Fais-la taire, nous te le disons."

"...l'éphod est arraché. Il ne sert plus..."

"Tu es coupable si tu ne lui impose pas silence !"

"...car il ne règne plus. Il y en a un autre, un Pontife éternel, et il est saint et envoyé par Dieu : Roi et Prêtre pour l'éternité, par Celui qui prend comme siennes les offenses faites au Christ et en exerce les vengeances. Un autre Pontife. Le Vrai, le Saint, Oint par Dieu et par son Sacrifice, à la place de ceux sur le front desquels la tiare est un déshonneur, car elle couvre des pensées d'horreur !..."

"Tais-toi, maudite ! Tais-toi, ou nous te frappons !" et les scribes la mènent rudement, mais elle semble ne pas sentir.

Le peuple proteste violemment; "Laissez-la parler, vous qui parlez tant. Elle dit la vérité. C'est ainsi, il n'y a plus de sainteté parmi vous. Un seul est le Saint et vous le tourmentez."

Les scribes jugent prudent de se taire et la femme poursuit de sa voix lasse et dolente : "Il était venu t'apporter la paix, et tu Lui as fait la guerre... Le salut. Et tu l'as méprisé... L'amour. Et tu l'as haï... Le miracle. Et tu l'as appelé démon... Ses mains ont guéri tes malades. Et tu les as transpercées. Il t'apportait la Lumière. Et tu as couvert de crachats et d'ordure son visage. Il t'apportait la Vie. Et tu Lui as donné la mort. Israël, pleure ton erreur et ne t'en prends pas au Seigneur alors que tu vas vers ton exil, un exil qui n'aura pas de fin comme ceux d'autrefois. Tu parcourras toute la Terre, Israël, mais comme un peuple vaincu et maudit, poursuivi par la voix de Dieu et par les mêmes paroles dites à Caïn. Et tu ne pourras revenir ici reconstruire un nid solide, sinon quand tu reconnaîtras avec les autres peuples que Lui est Jésus, le Christ, le Seigneur Fils du Seigneur..." La voix de la femme est blanche de peine et de fatigue, lasse comme la voix de quelqu'un qui meurt.

Mais elle ne se tait pas encore, au contraire elle se ranime pour un dernier commandement : "À terre, peuple qui sais encore aimer. Couvre-toi de cendre, revêts-toi d'un cilice. La fureur de Dieu est suspendue sur nous comme un nuage chargé de grêle et d'éclairs sur un champ maudit."

La femme tombe à genoux, les bras tendus vers Jésus, et elle crie : "Paix, paix, Ô Roi de justice et de paix ! Paix, ô Adonaï grand et puissant, auquel le Père Lui-même ne résiste pas ! Implore pour nous la paix, par ton Nom, ô Jésus, Sauveur et Messie, Rédempteur et Roi, et Dieu, trois fois saint !" et elle s'abat, secouée par des sanglots, le visage sur l'herbe.

Les scribes entourent Jésus, en le tirant à part et ils éloignent toute autre personne par des regards et des paroles menaçantes, et l'un d'entre eux dit : "Le moins que tu puisses faire, c'est de la guérir. Car, si tu veux vraiment dire qu'elle n'a pas de démon, tu ne peux nier qu'elle soit malade. Des femmes !... Et des femmes sacrifiées par le destin... Leur vitalité doit bien s'épancher quelque part... et elles divaguent... et elles voient des choses irréelles... et surtout elles te voient, Toi qui es jeune et beau... et"

"Tais-toi, bouche de serpent ! Toi-même, tu ne crois pas à ce que tu dis" décoche Jésus d'un air impérieux qui coupe la parole sur les lèvres du scribe maigre, au gros nez qui, au commencement, avait bafoué la femme comme fausse prophétesse.

"N'offensons pas le Maître. Nous l'avons choisi comme juge d'un cas que nous n'arrivions pas à juger..." dit un autre scribe. C'est celui qui, allé à la rencontre de Jésus sur la route avec les autres, a dit à Jésus que tous les scribes ne Lui sont pas opposés, mais que certains l'observent aussi pour juger et avec une volonté sincère de le suivre s'ils le jugent Dieu.

"Mais tais-toi, Joël, dit Alamot, fils de Abia ! Seul un avorton comme toi peut dire ces paroles" lui disent méchamment les autres.

Le scribe devient congestionné sous l'insulte, mais il se domine et répond avec dignité : "Si la nature n'a pas favorisé ma personne, cela n'a pas amputé mon intelligence. Au contraire, en m'enlevant beaucoup de plaisirs, elle a fait de moi un homme sage, et si vous étiez saints, vous n'humilieriez pas l'homme, mais vous respecteriez le sage."

"Bien ! Parlons de ce qui nous préoccupe. Tu as le devoir de la guérir, Maître, car dans son délire, elle épouvante les gens et offense le sacerdoce, les pharisiens et nous."

"Si elle vous avait loués, me demanderiez-vous de la guérir ?" demande doucement Jésus.

"Non. Car cela servirait à rendre les gens respectueux envers nous, ce peuple capricieux qui nous hait en son cœur et nous méprise quand il le peut" répond un scribe sans s'apercevoir qu'il tombe dans un piège.

"Mais ne serait-elle pas encore une malade ? N'aurais-je pas le devoir de la guérir ?" demande encore doucement Jésus. Il semble un écolier qui demande à son maître ce qu'il doit faire. Et les scribes aveuglés par l'orgueil ne comprennent pas qu'ils sont en train de se trahir...

"En ce cas, non. Au contraire ! La laisser, la laisser à son délire ! Faire tout ce qui est possible pour que les gens la croient prophétesse. L'honorer ! L'indiquer..."

"Mais, si c'était des choses qui ne seraient pas vraies ?!..."

"Oh ! Maître ! Une fois enlevé ce qu'elle dit contre nous, le reste serait très utile pour relever la fierté d'Israël contre le romain, à rabaisser l'orgueil du peuple envers nous !"

"Mais on ne pourrait lui dire : "Parle ainsi, mais ne dis pas cela" dit fermement Jésus, "Et pourquoi ?"

"Parce que celui qui délire parle sans savoir ce qu'il dit."

"Oh ! avec de l'argent et quelques menaces... on obtiendrait tout. On contrôlait aussi les prophètes..."

"Je ne suis pas au courant, en vérité..."

"Hé ! c'est que tu ne sais pas lire entre les lignes et que tout n'a pas été laissé par écrit."

"Mais l'esprit prophétique ne connaît pas d'influence extérieure, ô scribe. Il vient de Dieu et Dieu ne s'achète pas et on ne l'effraie pas" dit Jésus en changeant de ton. C'est le commencement de sa contre-attaque.

"Mais elle n'est pas une prophétesse. Ce n'est plus le temps des prophètes."

"Ce n'est plus le temps des prophètes ? Et pourquoi ?"

"Parce que nous ne les méritons pas. Nous sommes trop corrompus."

"Vraiment ? Et c'est toi qui le dis ? Toi qui tout à l'heure la jugeais digne de châtiment parce qu'elle disait la même chose ?"

Le scribe reste désorienté. Un autre vient à son secours : "Le temps des prophètes a fini avec Jean. Ils ne servent plus."

"Et pourquoi donc ?"

"Parce que tu es là pour dire la Loi et pour parler de Dieu."

"Même au temps des prophètes, il y avait la Loi et la Sagesse parlait de Dieu, et pourtant eux aussi existaient."

"Mais que prophétisaient-ils ? Ta venue. Tu es venu. Ils ne servent plus."

"Cent et cent fois, je me suis entendu demander par vous, par les prêtres et les pharisiens, si j'étais ou non le Christ, et parce que je l'affirmais j'ai été traité de blasphémateur et de fou et on a pris des pierres pour me les lancer. N'est-tu pas Sadoc, appelé le scribe d'or ?" dit Jésus, en montrant le scribe au gros nez, qui a maltraité la femme après avoir essayé de la tromper.

"Je le suis, eh bien ?"

"Eh bien, c'est toi, justement toi, qui as été le premier à Giscala comme au Temple, à commencer la violence contre Moi [4]. Mais Moi, je te pardonne. Je te rappelle seulement que tu le faisais en disant que je ne pouvais être le Christ, alors que maintenant tu soutiens le contraire, Et je te rappelle aussi le défi que je t'ai fait à Cédés D'ici peu tu verras s'en accomplir une partie. Quand la lune sera revenue à la phase où maintenant elle brille dans le ciel, je te donnerai la preuve, la première. L'autre tu l'auras quand le grain, qui maintenant dort en terre, agitera ses épis encore verts au vent de Nisan. Mais à ceux qui disent que les prophètes sont inutiles, je réponds : "Et qui pourra imposer des limites au Seigneur Très-Haut ?


" En vérité, en vérité je vous dis qu'il y aura toujours des prophètes tant qu'il y aura des hommes. Ce sont les flambeaux au milieu des ténèbres du monde. Ce sont les foyers au milieu de la glace du monde. C'est le son des trompettes qui réveillent les endormis. Ce sont les voix qui rappellent Dieu et ses vérités tombées dans l'oubli et négligées avec le temps, et qui portent à l'homme la voix directe de Dieu, en suscitant des frémissements d'émotion chez les oublieux, les apathiques fils de l'homme. Il auront d'autres noms, mais une pareille mission et un même sort d'humaine douleur et de joie surhumaine.

Malheur s'il n'y avait pas ces esprits que le monde haïra et que Dieu suraimera !

Malheur s'il n'y en avait pas pour souffrir et pardonner, aimer et travailler dans l'obéissance au Seigneur ! Le monde périrait au milieu des ténèbres, du froid, d'une torpeur mortelle, d'une hébétude, d'une ignorance sauvage et abrutissante. Et pour cela, Dieu les suscitera et il y en aura toujours. Et qui pourra imposer à Dieu de ne pas le faire ? Toi, Sadoc ? ou toi ? ou toi ? En vérité je vous dis que même les esprits d'Abraham, de Jacob et de Moïse, d'Élie et d'Élisée, ne pourraient imposer à Dieu ces limites, et Dieu seul sait combien ils étaient saints et quelles lumières éternelles ils sont."

"Alors, tu ne veux pas guérir la femme, ni non plus la condamner ?"

"Non."

"Et tu l'estimes prophétesse ?"

"Inspirée, oui."

"Tu es un démon comme elle. Partons. Il ne convient pas de perdre d'autre temps avec des démons" dit Sadoc, en bousculant le Christ, comme un faquin, pour l'écarter.

Un grand nombre le suivent. Certains restent, parmi eux celui qu'ils ont appelé Joël Alamot.

"Et vous ne les suivez pas ?" demande Jésus en montrant ceux qui s'en vont.

"Non, Maître. Nous allons partir parce qu'il fait nuit, mais nous voulons te dire que nous croyons à ton jugement. Dieu peut tout, c'est vrai, et pour nous qui tombons dans des fautes nombreuses, Il peut susciter des esprits qui nous rappellent à la justice" dit l'un d'eux très âgé
.
"Tu as bien parlé. Et l'humilité que tu montres est, aux yeux de Dieu, plus grande que ton savoir."

"Alors souviens-toi de moi quand tu seras dans ton Royaume."

"Oui, Jacob."

"Comment sais-tu mon nom ?"

Jésus sourit sans répondre.

"Maître, souviens-toi aussi de nous" disent les trois autres. Et le dernier qui parle, Joël Alamot, dit aussi : "Et bénissons le Seigneur qui nous a donné cette heure."

"Bénissons le Seigneur !" répond Jésus.

Ils se saluent et se séparent.

Jésus se réunit à ses apôtres et, avec eux, il va près de la femme qui a encore repris la position qu'elle avait au début : ramassée sur elle-même sur la racine qui fait saillie.

Son père et sa mère demandent avec angoisse au Maître : "C'est donc un démon, notre fille ? Ils l'ont dit avant de s'en aller."

"Non, elle ne l'est pas. Soyez en paix, et aimez-la car son sort est très douloureux, comme tous les sorts semblables au sien."

"Mais ils ont dit que tu avais jugé de la sorte..."

"Ils ont menti, Moi, je ne mens pas. Soyez en paix."

Jean d'Ephèse s'avance avec Salomon et les autres disciples :
"Maître, Sadoc les a menacés, je te le dis."

"Eux ou elle ?"

"Eux et elle. N'est-ce pas, vous deux ?"

"Oui. Ils nous on dit, à sa mère et à moi, que si nous ne savons pas faire taire notre fille, malheur à nous. Et à Sabéa ils ont dit : "Si tu parles, nous te dénoncerons au Sanhédrin". Nous prévoyons de mauvais jours pour nous !... Mais notre cœur est en paix à cause de ce que tu nous as dit... et nous supporterons le reste. Mais pour elle... Que devons nous faire ? Conseille-nous, Seigneur."

Jésus réfléchit et répond ensuite : "N'avez-vous pas des parents loin de Betléchi ?"
"Non, Maître."

...Jésus réfléchit et puis lève son visage et regarde Joseph, Jean d'Ephèse et Philippe d'Arbela. Il ordonne : "Vous vous mettrez en voyage avec eux, et puis de Betléchi, avec elle et son trousseau, vous irez à Aëra. Vous direz à la mère de Timon de la garder en mon nom. Elle sait ce que c'est que d'avoir un fils persécuté."

"Nous allons le faire, Seigneur. C'est une bonne décision. Aëra est éloignée et hors de leur atteinte" disent les trois.

Le père et la mère de Sabéa baisent les mains du Maître, le remercient et le bénissent.
Jésus se penche sur la femme, touche sa tête voilée pour l'appeler doucement : "Sabéa, écoute-moi !'

La femme lève la tête et le regarde, et puis glisse à genoux.

Jésus lui pose la main sur la tête : "Écoute, Sabéa. Tu vas aller où je t'envoie, auprès d'une mère. J'aurais voulu t'envoyer auprès de la mienne, mais cela ne m'est pas possible. Continue à servir le Seigneur dans la justice et l'obéissance. Je te bénis, femme. Va en paix."

"Oui, mon Seigneur, et mon Dieu. Mais quand je devrai parler, pourrai-je ?..."

"L'Esprit qui t'aime te guidera suivant le moment. Ne doute pas de son amour. Sois humble, chaste, simple et sincère, et Lui ne t'abandonnera pas. Va en paix !"

Il se réunit de nouveau aux apôtres et à Zachée avec les siens qui s'étaient arrêtés à quelques pas, pour retenir aussi les autres curieux.

"Allons. Il fait nuit. Je ne sais pas comment vous allez faire pour retourner à Jéricho, vous qui devez y aller."

"C'est plutôt pour la femme et ses parents, disons. Mais si tu le juges bon, nous resterons hors de la maison et Toi et eux, vous pourrez y dormir jusqu'au matin" propose un des amis de Zachée.

"Bonne idée. Allez dire à Sabéa de venir avec les siens et avec les disciples. Ils y dormiront. Moi, je resterai avec vous. Ce n'est pas une nuit venteuse. Nous ferons des feux et nous attendrons l'aube ainsi. Moi vous instruisant, et vous m'écoutant."

Et lentement il se met en chemin à la première clarté de la lune...

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2007/07-222.htm
TOME : 7/ 222





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Message par Silvano Sam 21 Juin 2014 - 22:07


Lisez l'épisode de la prophétesse Sabéa de Bétléchi !

C'est énooorme !

Une scène de théâtre prophétique du destin d'Israël ! Puissant, vrai et inattendu car pas retranscrit dans les 4 Evangiles.

https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t17231p810-9829-decouverte-quotidienne-de-l-oeuvre-de-maria-valtorta-9829#268342

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Message par Maud Dim 22 Juin 2014 - 7:09

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Maria_35


À Béthabara


"Paix à Toi, Maître !" c'est le salut des disciples bergers qui sont allés en avant les jours précédents et qui attendent au-delà du gué, avec les malades qu'ils ont rassemblés et d'autres personnes désireuses d'entendre le Maître.

"Paix à vous. Il y a longtemps que vous m'attendez ?"

"Trois jours."

"J'ai été retenu en route. Allons vers les malades."

"Nous avons fait dresser des tentes pour les abriter sans faire la navette des villages voisins. Du lait, ils en ont donné pour eux nos amis bergers, qui maintenant sont ici avec leurs troupeaux et t'attendent" disent les disciples tout en conduisant Jésus sous un bosquet touffu qui pourrait servir de toit à qui s'y réfugierait.

Il y a là une vingtaine de petites tentes dressées sur des pieux, ou d'un tronc à un autre, et dessous se trouve le triste petit peuple des malades qui attendent et, dès qu'ils comprennent quel est celui qui vient, ils poussent le cri habituel : "Jésus, Fils de David, aie pitié de nous."

Jésus ne veut pas les faire attendre longtemps et en se montrant, ou plutôt en se penchant d'une tente à l'autre, sa grande taille ne Lui permettant pas de se tenir debout à l'intérieur, il met dans chacune son visage et son sourire qui est déjà une grâce. Le soleil qu'il a derrière Lui projette son ombre sur les grabats et sur les visages émaciés ou les membres inertes. Il ne dit qu'une courte phrase : "Paix à vous qui croyez" et puis il passe à la tente suivante.

Et un cri le suit. Un cri qui se répète comme se répète sa phrase, un cri qui se répète dans la tente qu'il vient de quitter comme si c'était l'écho de celui qui est sorti de la tente précédente : "Je suis guéri. Hosanna au Fils de David !"


Et le petit peuple des malades, d'abord étendu sous les tentes sombres, sort et se groupe derrière les pas du Maître, un petit peuple tout en fête, qui jette les bâtons et les béquilles, qui s'enveloppe dans les couvertures du brancard abandonné, qui enlève les pansements désormais inutiles et qui surtout exulte dans la joie de la guérison.

Ils sont tous guéris maintenant et Jésus se retourne avec son sourire le plus doux pour dire : "Le Seigneur a récompensé votre foi. Bénissons ensemble sa bonté" et il entonne le psaume : "Acclamez joyeusement Dieu par toute la Terre, servez le Seigneur avec allégresse. Venez en sa présence dans la jubilation. Reconnaissez que le Seigneur est Dieu, que Lui nous a faits... "

Les gens le suivent comme ils peuvent. Certains, qui ne sont peut-être pas d'Israël, suivent le chant en le fredonnant, mais leur cœur chante et la lumière de leurs visages le montre. Dieu certainement accueillera ce pauvre fredon, mieux que le chant parfait et aride de quelques pharisiens.

Matthias dit à Jésus : "O Seigneur, en parlant à ceux qui attendent ta parole, rappelle-leur notre Jean."

"Je pensais le faire, car cet endroit me ramène encore plus vivement au cœur, la figure du Baptiste" et entouré par les gens, il monte sur une bande de terre surélevée, couverte d'une herbe fine, et il commence à parler.

"Qu'êtes-vous venus chercher en ce lieu ? La santé du corps, Ô malades, et elle vous a été donnée. La parole qui évangélise, et vous l'avez trouvée. Mais la santé du corps doit être la préparation à la recherche de la santé de l'esprit, de même que la parole qui évangélise doit être la préparation à votre volonté de justice. Malheur si la santé du corps se bornait à la joie de la chair et du sang en restant inerte pour ce qui est de l'esprit !

Je vous ai fait louer le Seigneur qui vous a donné le bienfait avec la santé. Mais une fois passé le moment de la jubilation, il ne faut pas cesser de montrer votre reconnaissance au Seigneur, et elle se manifeste dans la volonté sincère de l'aimer.

Tout don de Dieu n'est rien, bien qu'il soit chargé de forces actives, si l'homme n'a pas la volonté de faire par compensation le don de son propre esprit à Dieu.

Ce lieu a entendu la prédication de Jean. Plusieurs de vous certainement l'ont entendue. Tant de gens, en Israël, l'ont entendue, mais elle n'a pas produit en tous les mêmes résultats bien que le Baptiste ait dit à tous les mêmes paroles.


Comment donc tant de différence ? D'où vient-elle ? De la volonté différente des hommes qui ont recueilli ces paroles. Pour certains, elles les ont réellement préparés à Moi, et par conséquent à leur sainteté. Pour d'autres, au contraire, elles les ont préparés contre Moi, et par conséquent à leur injustice. Comme le cri d'une sentinelle, elles ont résonné, et l'armée des esprits s'est divisée bien qu'il n'y ait eu qu'un seul cri. Une partie d'entre eux se sont préparés pour suivre leur Chef, une partie d'entre eux se sont armés et ont étudié des plans pour le combattre, Moi et ceux qui me suivent. Et c'est pour cela qu'Israël sera vaincu, car un royaume divisé en lui-même ne peut être fort et les étrangers en profitent pour le subjuguer.

Il en est de même en chaque esprit. En tout homme, il y a des forces bonnes et des forces qui ne le sont pas. La Sagesse parle à l'homme tout entier, mais ils sont peu nombreux les hommes qui savent vouloir faire régner une seule partie, celle qui est bonne. Pour la volonté de choisir une seule partie et de la faire reine, les fils du siècle ont plus de capacités. Eux savent être complètement mauvais quand ils veulent l'être, et ils rejettent comme des vêtements inutiles les parties bonnes qui pourraient résister en eux.

Au contraire les hommes qui n'appartiennent pas au siècle, et qui sont poussés vers la Lumière, ne savent que difficilement imiter les fils du siècle et rejeter loin d'eux les vêtements qu'ils répudient, les parties mauvaises qui essaient de résister en eux. J'ai dit que si un œil est un scandale il faut l'arracher, que si une main est un scandale, il faut la couper, car il vaut mieux entrer mutilé dans la Lumière éternelle, que dans les Ténèbres éternelles avec les deux yeux ou les deux mains[2].

Le Baptiste était un homme de notre temps. Plusieurs d'entre vous l'ont connu. Imitez son exemple héroïque. Lui, par amour pour le Seigneur et pour son âme, a jeté bien plus qu'un œil ou une main, mais sa vie même pour être fidèle à la Justice.

Plusieurs de vous auront peut-être été ses disciples et diront encore qu'ils l'aiment. Mais souvenez-vous que l'amour pour Dieu et pour les maîtres qui conduisent à Dieu se montre en faisant ce qu'ils ont enseigné, en imitant leurs œuvres de justice, et en aimant Dieu avec tout soi-même, jusqu'à l'héroïsme. Voici alors qu'en agissant ainsi, les dons de santé et de sagesse que Dieu a accordés ne restent pas inactifs et ne deviennent pas condamnation, mais sont au contraire une échelle pour monter à la demeure de mon Père et du vôtre, qui nous attend tous dans son Royaume.

Faites, pour votre bien, faites que le sacrifice du Baptiste : toute une vie de sacrifice terminée par le martyre; et mon sacrifice; toute une vie de sacrifice et qui se termine en un martyre cent et cent fois plus grand que celui de mon Précurseur, ne restent pas inactifs pour vous.

Soyez justes, ayez la foi, ayez l'obéissance à la parole du Ciel, renouvelez-vous dans la Loi Nouvelle. Que la Bonne Nouvelle soit pour vous vraiment bonne, en vous rendant bons et dignes de jouir de la Bonté, c'est-à-dire du Seigneur Très-Haut dans un Jour éternel. Sachez distinguer les vrais bergers des faux et suivez ceux qui vous donnent les paroles de Vie qu'ils ont apprises de Moi.

Elle est proche la fête des Lumières, la célébration de la Dédicace du Temple. Rappelez-vous qu'elles ne sont rien les lampes nombreuses en l'honneur de la fête et du Seigneur, si votre cœur reste sans lumière. La lumière c'est la charité, et la douille la volonté d'aimer le Seigneur par les œuvres bonnes. Rappeler la Dédicace du Temple est une bonne chose, mais il est beaucoup plus grand et meilleur et plus agréable au Seigneur de dédier à Dieu son propre esprit et de le reconsacrer par l'amour. Des esprits justes dans des corps justes, car le corps ressemble aux murs qui entourent l'autel et l'esprit c'est l'autel sur lequel descend la gloire du Seigneur. Dieu ne peut descendre sur des autels profanés par les propres péchés ou par des contacts avec des chairs mordues par la luxure ou des pensées mauvaises.

Soyez bons. La peine de l'être dans les continuelles épreuves de la vie est compensée avec usure par la récompense future et, dès maintenant, par la paix qui console le cœur des justes à la fin de chacune de leurs journées, quand ils s'étendent pour le repos et trouvent leur oreiller exempt de remords, cauchemar de ceux qui veulent des jouissances illicites et n'arrivent qu'à se donner une agitation sans paix.

N'enviez pas les riches. Ne haïssez personne. Ne désirez pas ce que vous voyez aux autres. Soyez contents de votre état en pensant que de faire la Volonté de Dieu en toute chose, c'est la clef qui ouvre les portes de la Jérusalem éternelle.

Je vous quitte. Beaucoup d'entre vous ne me verront plus, car je vais aller préparer les places de mes disciples... Je bénis spécialement vos enfants, vos femmes que je ne verrai plus. Et puis vous, les hommes... Oui. Je veux vous bénir... Ma bénédiction servira à ne pas faire tomber les plus forts et à relever les plus faibles. Seuls pour ceux qui me trahiront en me haïssant ma bénédiction sera sans valeur."

Il les bénit tous ensemble, et puis il bénit les femmes et embrasse les enfants et lentement il revient vers le gué avec les cinq apôtres restés avec Lui et les disciples ex-bergers.

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2007/07-223.htm
Tome : 7 /223
https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t18376-oeuvre-de-maria-valtorta-presentation-des-disciples-de-jesus




♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Bethar10
Betharaba ou Béthanie du Jourdain : lieu où Jean- Baptiste prêchait et baptisait
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Message par Maud Lun 23 Juin 2014 - 7:07

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Maria_36

Sur le chemin du retour à Nobé


Ils sont déjà sur les pentes de l'Oliveraie et les trois couples d'apôtres, laissés à Jéricho, à Tecua, et à Béthanie sont de nouveau réunis au Maître.

Mais Judas de Kériot est toujours absent et les apôtres en parlent à voix basse...

Jésus est d'une tristesse infinie.

Les apôtres, qui le remarquent, disent entre eux : "C'est certainement à cause de Lazare. C'est vraiment un homme fini... Et les sœurs font peine à voir... Le Maître ne peut même pas s'arrêter dans cette maison, avec tant de rancœur qui le poursuit. Cela aurait été un réconfort pour le malade et les sœurs, et aussi pour le Maître."

"Moi, je ne puis comprendre pourquoi il ne le guérit pas !" s'exclame Thomas.

"Ce serait juste même. Un ami... qui l'aide tant... Un juste..." murmure Barthélemy.

"Ah ! pour être juste, c'est vraiment un juste. Je crois qu'en ces jours, tu t'en es persuadé..." dit le Zélote à Barthélemy.

"Oui, c'est vrai. Et c'est vrai aussi ce que tu sous-entends. Je n'étais pas bien convaincu de sa justice... Avec ces relations qu'ils avaient avec les gentils, avec l'éducation reçue du père qui était très, très... je dirais condescendant à de nouvelles formes de vie différentes des nôtres..."

"La mère était un ange" dit Simon le Zélote d'un air décidé.

"C'est peut-être pour cela qu'ils sont des justes... Survolons le passé de Marie. Maintenant elle s'est rachetée..." dit Philippe.

"Oui. Mais tout cela me rendait méfiant. Maintenant je suis vraiment convaincu et je m'étonne que le Maître..."

"Mon Frère, dit Jacques d'Alphée, sait évaluer la valeur des créatures. Nous en avons souffert nous aussi pendant très longtemps, par suite d'une jalousie naturelle, humaine, en voyant les étrangers exaucés plus que nous qui étions de sa famille. Mais maintenant nous avons compris que l'erreur était dans notre pensée et la justice dans la sienne. Nous regardions sa manière de faire comme de l'indifférence et même comme une dépréciation, une incompréhension de notre valeur. Maintenant, on a compris. Lui préfère attirer à Lui ceux qui sont difformes et informes. Lui... séduit par ses moyens infinis les âmes plus mesquines, plus éloignées, plus en danger. Vous rappelez-vous la parabole de la brebis égarée [1] ? La vérité, la clef de sa manière d'agir se trouve dans cette parabole.

Quand il voit que ses brebis fidèles le suivent ou restent où et comme Lui les veut, son esprit se repose, mais il se sert de ce repos pour courir après celles qui sont égarées. Il sait que nous l'aimons, que Lazare et ses sœurs l'aiment, que les femmes disciples l'aiment et de même les bergers, aussi il ne perd pas son temps avec nous en des preuves spéciales d'amour. Il ne cesse pas de nous aimer. Il nous a toujours dans son cœur. Nous mêmes y entrons et ne voulons pas en sortir. Mais les autres... les pécheurs, les égarés !... Il doit leur courir après, les attirer par son amour et ses miracles, par sa puissance. Et il le fait. Lazare, Marie et Marthe continueront de l'aimer, même sans miracle..."

"C'est vrai, dit André. Pourtant... qu'aura-t-il voulu dire par son dernier salut ? Vous l'avez entendu : "L'amour du Seigneur pour vous se manifestera en proportion de votre amour. Et souvenez-vous que l'amour a deux ailes pour être parfait, deux ailes d'autant plus démesurées qu'il est plus parfait : la foi et l'espérance"."

"Oui ! Qu'aura-t-il voulu dire ?" se demandent plusieurs.

Un silence. Puis Thomas, avec un grand soupir conclut son discours intérieur : "...Pourtant ce n'est pas toujours que sa bonne patience obtient la rédemption. Moi aussi, j'ai souffert parfois pour la préférence qu'il montre à Judas de Kériot..."

"Préférence ? Il ne me semble pas. Il le reprend comme tout autre d'entre nous..." dit André.

"Par justice, oui. Mais considère combien plus de rigueur mériterait cet homme..."

"C'est vrai."

"Eh bien, j'en ai souffert parfois. Mais maintenant je comprends qu'il le fait certainement parce que... c'est le plus informe de nous."

"Le plus malheureux, dois-tu dire, Thomas ! dit le Thaddée. Le plus malheureux. Vous croyez que cette tristesse (et il montre Jésus qui marche en avant, seul, absorbé en sa peine) Lui vient de la maladie de Lazare et des larmes de ses sœurs. Moi, je vous dis qu'elle vient de l'absence de Judas. Il espérait qu'il le rejoindrait en allant à Bethabara. Il espérait au moins le retrouver à Jéricho, Tecua ou à Béthanie au retour. À présent il n'espère plus. Il a la certitude que Judas agit mal. Je n'ai pas cessé de l'observer... et j'ai vu que son visage a pris cet aspect de déréliction absolue quand toi, Barthélemy, tu as dit : 'Judas n'est pas venu"

"Mais il connaît les choses avant qu'elles soient, j'en suis certain !" s'exclame Jean.

"Beaucoup, pas toutes. Je pense que son Père Lui en tient quelques-unes cachées par pitié" dit le Zélote.

Les onze se divisent en deux groupes : ceux qui acceptent une version et ceux qui sont pour l'autre, et chacun apporte ses raisons pour soutenir la sienne.

Jean s'écrie : "Oh ! moi, je ne veux écouter ni l'un ni l'autre, ni non plus moi-même ! Nous sommes tous de pauvres hommes, et nous ne pouvons voir juste. Je vais trouver Jésus et Lui demander."

"Non. Il pourrait penser à autre chose et avec cette question penser à Judas et souffrir davantage" dit André.

"Mais non. Certes je ne Lui dirai pas que nous parlions de Judas. Je lui parlerai ainsi... sans allusion."

"Va, va ! dit Pierre en poussant Jean. Cela servira à le distraire. Vous ne voyez pas comme il est affligé ?"

"J'y vais. Qui vient avec moi ?"

"Va, va seul. Avec toi, il parle sans retenue. Et ensuite tu nous diras..."

Jean y va.

"Maître !"

"Jean ! Que veux-tu ?" et Jésus, avec un sourire lumineux sur le visage, entoure de son bras son préféré, en le tenant près de Lui tout en marchant.

"Nous parlions entre nous et nous avions des doutes sur une chose. Celle-ci : connais-tu tout l'avenir, ou bien t'est-il caché en partie ? Les uns disaient une chose, les autres une autre."

"Et toi, que disais-tu ?"

"Je disais qu'il valait bien mieux te le demander."

"Et ainsi tu es venu. Tu as bien fait. Cela au moins nous sert, à toi et à Moi, à jouir d'un moment d'amour... C'est si rare, désormais, de pouvoir avoir un peu de paix !..."

"C'est vrai ! Comme ils étaient beaux les premiers temps !..."

"Oui. Pour l'homme que nous sommes, oui, ils étaient plus beaux. Mais pour l'esprit qui est en nous, ceux-ci sont meilleurs, parce que maintenant la Parole de Dieu est plus connue et parce que nous souffrons davantage. Plus on souffre, et plus on rachète, Jean... Aussi, tout en se souvenant des temps sereins, nous devons aimer davantage ceux qui nous donnent de la douleur, et qui avec la douleur nous donnent des âmes. Mais je réponds à ta question. Écoute. Je n'ignore pas, comme Dieu, et je n'ignore pas, comme homme. Je connais les événements à venir car je suis avec le Père depuis avant le temps et je vois au-delà du temps. Comme homme, exempt des imperfections et des limites inhérentes à la Faute et aux fautes, j'ai le don de l'introspection des cœurs. Ce don n'est pas limité au Christ. Mais il appartient à des degrés divers à tous ceux qui, ayant atteint la sainteté, sont tellement unis à Dieu, qu'ils peuvent se dire qu'ils n'opèrent pas par eux-mêmes, mais avec la Perfection qui est en eux. Je puis donc te répondre que je n'ignore pas comme Dieu les siècles à venir, et que comme homme juste je n'ignore pas l'état des cœurs."

Jean réfléchit et se tait.

Jésus le laisse un moment, puis il dit : "Par exemple, je vois en toi cette pensée : "Mais alors mon Maître connaît exactement l'état de Judas de Kériot !"

"Oh ! Maître !"

"Oui, je le connais. Je le connais et je continue d'être son Maître, et je voudrais que vous continuiez d'être ses frères."

"Maître saint !... Mais vraiment tu connais toujours tout ? Nous disons parfois que cela n'est pas, car tu vas dans des endroits où tu trouves des ennemis. Avant d'y aller, tu sais que tu vas les y trouver, et tu y vas pour les combattre par ton amour, pour les soumettre à l'amour, ou bien... tu ne le sais pas et tu ne vois les ennemis que quand tu les as en face et tu lis leurs cœurs ? Une fois tu m'as dit — tu étais si triste aussi alors, et toujours pour la même raison — que tu étais comme quelqu'un qui ne voit pas..."

"J'ai éprouvé aussi ce martyre de l'homme : de devoir avancer sans voir, en me confiant totalement à la Providence. Je dois connaître tout de l'homme, sauf la faute consommée. Et cela non par l'effet d'une barrière mise par mon Père à la chair, au monde et au démon, mais par ma volonté d'homme. Je suis comme vous. Mais je sais vouloir plus que vous. Aussi je subis les tentations, mais je ne cède pas aux tentations et c'est en cela que réside, comme pour vous, mon mérite."

"Des tentations, Toi !... Cela me paraît presque impossible..."

"Parce que tu en souffres peu. Tu es pur, et tu penses que Moi l’étant plus que toi, je ne dois pas connaître la tentation. De fait la tentation charnelle est si faible pour ma chasteté, qu'elle n'est jamais sensible au moi. C'est comme si un pétale frappait un bloc de granit sans fissures. Il s'en va plus loin... Le démon lui-même s'est lassé d'envoyer contre Moi ce dard. Mais, ô Jean, tu ne sais pas combien d'autres tentations m'entourent ?"

"Toi ? Tu n'es pas avide de richesses ni d'honneurs... Quoi donc ?..."

"Et tu ne penses pas que j'ai une vie, des affections, et des devoirs aussi, envers ma Mère, et que ces choses m'incitent à fuir le danger ? Lui. le Serpent, appelle cela "danger", mais son vrai nom c'est "Sacrifice". Et tu ne penses pas que Moi aussi j'ai des sentiments ? Le moi moral n'est pas absent en Moi, et il souffre des offenses, des mépris, des duplicités. Oh ! mon Jean ! Tu ne te demandes pas quel dégoût j'éprouve pour le mensonge et le menteur ? Sais-tu combien de fois le démon me porte à réagir à ces choses qui me donnent de la douleur, pour me faire sortir de la mansuétude, pour me rendre dur, intransigeant ? Et enfin, tu ne penses pas combien de fois souffle son souffle brûlant d'orgueil qui dit : "Glorifie-toi de ceci ou de cela. Tu es grand. Le monde t'admire. Les éléments te sont soumis !" La tentation de se complaire d'être saint ! La plus subtile ! Combien perdent la sainteté déjà acquise a cause de cet orgueil !

Comment Satan a-t-il corrompu Adam ? En tentant les sens, la pensée, l'esprit. Et ne suis-je pas l'Homme qui doit recréer l'homme ? C'est de Moi que viendra la nouvelle Humanité, Et voilà que Satan cherche les mêmes chemins pour détruire, et pour toujours, la race des fils de Dieu. Maintenant va trouver tes compagnons et répète-leur mes paroles. Et ne te demande pas si je sais ou si je ne sais pas ce que fait Judas. Pense que je t'aime. Cette pensée ne suffit-elle pas pour occuper un cœur ?" Il lui donne un baiser et le congédie.

Et resté seul de nouveau, il lève les yeux vers le ciel que l'on voit à travers le feuillage des oliviers et il gémit : "Mon Père ! Fais qu'au moins jusqu'à la dernière heure je puisse tenir caché le Crime, pour empêcher que mes bien-aimés se souillent de sang.

Aie pitié d'eux, mon Père ! Ils sont trop faibles pour ne pas réagir à l'offense ! Qu'ils n'aient pas la haine au cœur à l'heure de la Charité parfaite !" et il essuie les larmes que Dieu seul voit...

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2007/07-224.htm
TOME : 7 /224



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Visage de J?sus Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

Message par Maud Mar 24 Juin 2014 - 6:30

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Maria_37


À Nobé . Judas de Kériot n'est plus soumis


"Oui, Maître ! Judas de Kériot est ici depuis plusieurs jours. Il est venu un soir de sabbat. Il paraissait fatigué et hors d'haleine. Il disait qu'il t'avait perdu dans les rues de Jérusalem et qu'il avait couru te chercher dans toutes les maisons où tu vas d'ordinaire. Il venait ici chaque soir. Il va bientôt être ici. Le matin il s'en va, et il dit qu'il va dans les environs pour te prêcher."

"C'est bien, Élise... Et tu l'as cru ?"

"Maître, tu sais que je n'aime pas cet homme. Si mes fils devaient être ainsi, j'aurais prié le Seigneur de me les prendre. Non, je n'ai pas cru à ses paroles, mais par amour pour Toi, j'ai gardé mon jugement pour moi... Et j'ai été maternelle avec lui. De cette façon, au moins, j'ai obtenu qu'il revienne ici chaque soir."

"Tu as bien fait." Jésus la regarde très fixement et lui demande à l'improviste : "Où est Anastasica ?"

Le visage d'Élise prend une couleur violacée, de personne âgée, mais elle répond franchement; "À Béthsur."

"Tu as bien fait aussi pour cette chose. Et, je t'en prie, aie pitié de l'homme."

"C'est parce que j'ai pitié de lui que j'ai voulu étouffer l'incendie avant qu'il n'éclatât scandaleusement ou, du moins, qu'il n'effraie la fille."

"Que Dieu te bénisse, femme juste..."

"Tu souffres beaucoup, Maître ?"

"Je souffre, c'est vrai. À une mère je peux le dire."

"À une mère, tu peux le dire... Si tu n'étais pas Jésus, le Seigneur, je voudrais recevoir ta tête lasse sur mon épaule et serrer sur mon cœur ton cœur affligé. Mais tu es tellement saint qu'une femme, autre que ta Mère, ne peut te toucher..."

"Élise, bonne amie de ma Mère, et bonne mère, ton Seigneur bientôt sera touché par des mains beaucoup moins saintes que les tiennes, et baisé... oh !... Et ensuite, d'autres mains... Élise, s'il t'était permis de toucher le Saint des Saints, avec quel esprit le ferais-tu ? T'en abstiendrais-tu peut-être si la voix de Dieu, à travers la fumée de l'encens, te demandait de l'amour pour avoir enfin une caresse d'amour après que tant s'approchent de Lui sans amour ?"

"Mon Seigneur ! Mais si Dieu me le demandait, j'irais à genoux couvrir de baisers le lieu saint, et que Dieu puisse être satisfait, consolé par mon amour !" .

"Et alors, Élise, bonne amie de ma Mère, fidèle et bonne disciple de ton Sauveur affligé, permets-moi de poser ma tête sur ton cœur car mon cœur est affligé au point d'éprouver des peines mortelles."

Et Jésus, restant assis où il est, près d'Élise qui est tout près, debout, pose réellement son front contre la poitrine de la vieille disciple, et des larmes silencieuses coulent le long du vêtement sombre de la femme qui ne peut se retenir de poser la main sur la tête inclinée sur son cœur, et quand elle sent tomber des larmes sur ses pieds, nus dans ses sandales, elle se penche pour effleurer d'un baiser les cheveux de Jésus. Elle pleure silencieusement à son tour, en levant les yeux vers le ciel, dans une muette prière. Elle semble une très ancienne Mère Douloureuse. Elle n'essaie pas d'autres paroles ni d'autres gestes, mais elle est tellement "mère" dans son attitude qu'elle ne pourrait l'être davantage.

Jésus lève son visage et la regarde. Il a un pâle sourire et il dit : "Que Dieu te bénisse pour ta pitié. Oh ! une mère est bien nécessaire quand la douleur accable les forces de l'homme !"

Il se lève, regarde encore la disciple et dit : "Que cette heure reste entre toi et Moi en tous ses détails. C'est pour cela que je suis venu seul en avant."

"Oui, Maître. Mais tu ne peux plus rester seul. Fais venir ta Mère."

"D'ici deux lunes elle sera avec Moi..." et il va ajouter quelque chose quand en bas, dans la cuisine, résonne la forte voix, toujours un peu effrontée et ironique de Judas de Kériot :

"Encore à ta gravure, vieux ? Il fait froid ! Et ici, il n'y a pas de feu. J'ai faim, et rien n'est préparé. Élise dort, peut-être ? Elle a voulu faire toute seule. Mais les vieux sont lents, et leur mémoire est débile. Hé ! Tu ne parles pas ? Tu es tout à fait sourd ce soir ?"

"Non. Mais je te laisse parler, toi qui es apôtre, et il ne me convient pas de te faire des reproches" répond le vieillard.

"Des reproches ? Pourquoi ?"

"Cherche en toi-même, et tu trouveras."

"Ma conscience ne parle pas..."

"C'est signe qu'elle est déformée ou que tu l'as estropiée."

"Ha ! Ha ! Ha !" et Judas doit sortir de la cuisine, car on entend claquer une porte et puis des bruits de pas dans l'escalier.

"Je descends pour préparer, Maître."

"Va, Élise."

Élise descend de la chambre du haut et trouve aussitôt Judas qui va mettre le pied sur la terrasse.

"J'ai faim et froid, moi."

"C'est tout ? Alors tu as bien peu encore, homme."
"Et que devrais-je avoir de plus ?"

"Oh ! Tant de choses !..." La voix d'Élise s'éloigne.

"Ce sont tous de vieux sots. Ouf !..." Il pousse la porte et se trouve en face Jésus. La stupeur le fait reculer d'un pas. Il se reprend pour dire : "Maître !! Paix à Toi !"

"Paix à toi, Judas." Jésus reçoit le baiser de l'apôtre, mais ne le lui rend pas.

"Maître. Tu as... Tu ne me donnes pas un baiser ?"

Jésus le regarde et se tait.

"C'est vrai. J'ai fait erreur, et ne pas m'embrasser c'est le moins que tu puisses me faire. Pourtant ne me juge pas trop sévèrement. Ce jour-là m'ont entrepris certains qui... ne t'aimaient pas et j'ai discuté avec eux au point d'en perdre la voix. Puis... J'ai dit : "Qui sait où il est allé ?!" et je suis revenu ici pour t'attendre. N'est-ce pas ta maison, désormais ?"

"Tant qu'on me le permet."

"Tu ne voudras me garder rancune pour cela ?"

"Non. Je te fais seulement considérer l'exemple que tu as donné aux autres."

"Oh ! J'entends déjà leurs paroles. Mais j'ai de quoi me justifier auprès d'eux. Avec Toi je ne le fais même pas car je sais que tu m'as déjà pardonné."

"Je t'ai déjà pardonné, c'est vrai."

De la part de Judas on s'attendrait à un acte d'humilité, d'amour pour tant de bonté. Au contraire, il en a un tout opposé, un acte de dépit et il s'écrie : "Mais il n'y a donc pas moyen de te voir en colère ?! Quel homme es-tu ?"

Jésus se tait et Judas le regarde, lui debout, Jésus assis, la tête penchée et il hoche la tête avec un sourire mauvais sur les lèvres. Et, pour lui, l'incident est surmonté. Il se met à parler de choses et d'autres comme s'il était le plus en règle de tous.

Il fait nuit. Les bruits de la rue cessent.

"Descendons" commande Jésus.

Ils descendent dans la cuisine où luit le feu et où brûle une lampe à trois becs.
Jésus, fatigué, s'assoit près du foyer et paraît sommeiller dans la tiédeur de la pièce...
On frappe. Le vieillard ouvre. Ce sont les apôtres. Pierre, entré le premier, voit Judas et l'entreprend : "On peut savoir où tu as été ?"

"Ici, tout simplement ici. J'aurais été stupide de courir ça et là après des êtres disparus. Je suis venu ici Où j'étais certain que vous seriez revenus."

"C'est une belle façon d'agir !"

"Le Maître ne m'a pas fait de reproches. Et du reste, sache que je n'ai pas perdu mon temps. J'ai évangélisé tous les jours et j'ai même fait des miracles et cela est bon."
"Et qui t'avait autorisé ?" dit sévèrement Barthélemy.

"Personne. Ni toi, ni personne. Mais il suffit d'être des... de la... Bref : les gens s'étonnent et murmurent et rient de nous, apôtres qui ne faisons rien. Et moi, qui le sais, j'ai agi pour tous. Et j'ai encore fait davantage. Je suis allé voir Elchias et je lui ai prouvé que l'on n'agit pas mal quand on est saint. Ils étaient nombreux. Je les ai convaincus. Vous verrez qu'ils ne nous troubleront plus. Et maintenant je suis content."

Les apôtres se regardent. Ils regardent Jésus. Son visage est impénétrable. Il semble voilé par une grande lassitude physique. Cela seulement se voit.

"Tu pouvais pourtant faire cela avec la permission du Maître, observe Jacques d'Alphée. Nous n'avons pas cessé d'être inquiets à cause de toi."

"Oh ! bien ! Maintenant vous êtes délivrés de toute inquiétude. Lui ne m'aurait jamais donné la permission. Il nous... protège trop. C'est au point que les gens murmurent qu'il est jaloux de nous, qu'il craint que nous en fassions plus que Lui, et même qu'il nous punit. Les gens ont une langue mordante. La vérité, au contraire, c'est que nous Lui sommes plus chers que la pupille de ses yeux. N'est-ce pas, Maître ? Et il craint que nous courions des dangers ou que nous fassions... piètre figure. Et nous aussi, en notre intérieur, nous pensions être en quelque sorte punis et que Lui était jaloux..."

"Pour cela, non ! Moi, je ne l'ai jamais pensé !" interrompt Thomas. Et les autres lui font écho. Sauf le Thaddée qui plante ses yeux francs et très beaux dans les yeux très beaux aussi mais fuyants de Judas et dit : "Et comment as-tu pu faire des miracles, toi ? Au nom de qui ?"

"Comment ? Au nom de qui ? Mais tu ne te rappelles pas que c'est Lui qui nous a donné ce pouvoir ? Nous l'a-t-il peut-être enlevé ? Non, que je sache. Et pour cela..."

"Et pour cela, moi je ne me permettrais jamais de faire quelque chose sans son consentement et son ordre."

"Eh bien, moi, j'ai voulu le faire. Je craignais de ne plus savoir faire. Je l'ai fait. Je suis heureux !" et il coupe court en sortant dans le jardin obscur.

Les apôtres se retournent pour regarder. Ils sont stupéfaits de tant d'audace. Mais personne n'a le cœur de dire quelque chose qui puisse faire souffrir davantage leur Maître dont le visage trahit la souffrance.

Ils se débarrassent des sacs que Jean, André et Thomas portent en haut. Et Barthélemy, en se penchant pour ramasser une branche sèche tombée d'un fagot, murmure à Pierre : "Dieu veuille que ce ne soit pas le démon qui l'ait aidé !"

Pierre fait un geste des mains comme pour dire : "Miséricorde !" mais ne réplique pas un mot. Il va trouver Jésus, Lui pose une main sur l'épaule en Lui demandant : "Tu es tellement fatigué ?"

"Tellement, Simon."

"C'est prêt, Maître. Viens à table. Ou bien... Non, reste ici, près du feu. Je vais t'apporter le lait et le pain" dit Élise. Et en effet, après avoir mis sur un plateau une grande écuelle de lait fumant et du pain couvert de miel, elle le porte à Jésus et elle attend qu'il prie debout pour offrir la nourriture. Puis elle s'accroupit par terre, la bonne vieille, toute maternelle, prise toute entière par le désir de le consoler et elle Lui sourit en l'encourageant à manger, et répondant à Jésus qui lui reproche doucement d'avoir étendu du miel sur le pain : "Je te donnerais mon sang pour te fortifier, mon Maître ! C'est le pauvre miel de mon jardin de Béthsur et il ne peut fortifier que ton corps. Mais mon cœur..."

Les autres mangent autour de la table, avec l'appétit robuste des gens qui ont beaucoup marché. Et Judas, tranquille, presque effronté, mange avec eux, et il n'y a que lui pour parler...

Il parle encore lorsque Jésus commande : "Allez, chacun dans la maison qui le loge. La paix soit avec vous."

Restent avec Lui Judas, Barthélemy, Pierre et André. Et Jésus commande tout de suite le repos. Il éprouve une lassitude mortelle, au point de ne plus pouvoir supporter la fatigue de parler et d'entendre parler et moi, je pense, de supporter l'effort de se dominer en ce qui concerne Judas de Kériot.

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2007/07-225.htm
TOME : 7 / 225
https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t18376-oeuvre-de-maria-valtorta-presentation-des-disciples-de-jesus




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Judas de Kériot
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Visage de J?sus Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

Message par Maud Mer 25 Juin 2014 - 7:08

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Maria_38

À Nobé. Les jours suivants


Ce sont de froides et sereines journées d'hiver. Sur le sommet de la petite montagne sur laquelle est construite Nobé, le vent ne manque pour ainsi dire jamais, tempéré pourtant par le soleil qui, de l'aurore au coucher du soleil, caresse de ses rayons les maisons et les jardins où verdoient les légumes d'hiver : de petits jardins à l'abri des maisons, aux petits parterres verts de légumes, et d'autres de la couleur de la terre quand elle est bien nourrie, parterres nus, déjà prêts pour ensemencer les légumes. L'œil, en regardant tout autour, là où il ne voit pas la grisaille des oliviers ou les rangées serpentines et squelettiques des vignes dépouillées, voit de petits champs labourés, déjà ensemencés de céréales qui vont germer aux premières tiédeurs du précoce printemps palestinien, attiédi par le soleil. Je dirais presque que dans les journées sereines, telles que celle que je contemple, on sent déjà une tiédeur printanière, une tiédeur germinative, au point que sur les amandiers en espaliers sur les murs des maisons, se gonflent les bourgeons sur les branches qui, il y a quelques jours, étaient tout à fait arides. Des bourgeons qui sortent tout juste sur les branches sombres, sombres encore eux aussi, mais qui déjà attestent que la vie monte, que le réveil est proche dans le tronc robuste.

Dans le petit jardin de Jean, à l'arrière de la maison, il y a une petite bande de terre cultivée, alors que sur un côté elle est ombragée par un noyer. Et dans la petite bande s'élève justement un gros amandier, peut-être plus vieux que le maître, si bien adossé à la maison qu'il a dû, sur une bonne partie du tronc, envoyer ses branches seulement de trois côtés, empêché qu'il était sur le quatrième par le mur de la maisonnette. Mais plus haut l'arbre s'ébouriffe en un entrelacement de branches qui, quand elles seront en fleurs, devront faire une nuée légère au-dessus de la pauvre terrasse, une précieuse tente plus belle qu'un baldaquin royal.

Pour ne pas rester oisifs, Jésus et les apôtres travaillent sous le soleil qui réjouit et réchauffe. En habits courts, ceux qui s'y entendent en menuiserie et en serrurerie réparent ou font de nouveaux outils et des cadres. D'autres binent le terrain, rechaussent des légumes transplantés, renforcent une haie de roseaux secs et d'aubépine verte qui font de deux côtés une clôture au petit jardin, ou bien taillent l'amandier et le noyer et lient des sarments de vigne que le vent de l'hiver a détachés. J'ai remarqué que là où est Jésus, on n'est jamais oisif. Lui, tout le premier, enseigne la beauté du travail manuel, quand sont suspendus les travaux d'évangélisation. Aujourd'hui aussi Jésus travaille avec ses cousins pour réparer une porte dont le bas était pourri et dont la serrure était à moitié détachée. De leur côté, Philippe et Barthélemy travaillent avec des cisailles et des faucilles sur de vieux arbres fruitiers, pendant que les pêcheurs bricolent avec des cordages et de vieilles couvertures, certains faisant des réparations très... masculines, d'autres installant des anneaux et des poulies, peut-être dans l'intention de créer, sur la terrasse, un vélarium utile en été.

"Tu seras très bien ici, Élise" promet Pierre en se penchant du muret de la terrasse pour parler à la vieille disciple qui file de la laine, assise contre le mur ensoleillé.

"Oui. Quand la vigne sera attachée et l'amandier arrangé, ce sera vraiment un bon endroit en été" dit Philippe entre ses dents car il a dans la bouche des joncs avec lesquels il lie les sarments aux échalas.

Jésus lève la tête pour regarder, alors qu'Élise la lève pour regarder le Maître et elle dit : "Qui sait si nous serons ici en été..."

"Pourquoi ne devrait-on pas y être, femme ?" demande André.

"Mais... je ne sais pas... Je ne fais plus de projets depuis que... Depuis que j'ai vu que tous mes pronostics se terminaient par un tombeau."

"Oh ! mais le Maître devrait mourir pour que nous ne soyons plus ici ! Désormais le Maître a choisi ce lieu pour domicile. N'est-ce pas, Maître ?" demande Thomas.

"C'est vrai. Mais c'est vrai aussi ce que dit Élise..." répond Jésus en travaillant avec le rabot le côté de la porte qu'il répare.

"Mais tu es jeune et surtout en bonne santé !"

"On ne meurt pas seulement de maladie" dit encore Jésus.

"Qui parle de mort ? dit Barthélemy. Toi, Maître ? Pour Toi ?... Vraiment, depuis quelque temps, la rancœur semble calmée. Regarde : personne ne nous trouble plus. Ils savent que nous sommes ici. Hier même nous les avons rencontrés en revenant de la ville avec les achats et ils ne nous ont pas troublés."

"Oui, nous aussi, alors que nous allions à travers les villages voisins pour annoncer que tu es ici. Mais aucun ennui. Et pourtant, nous avons rencontré Elchias et Simon, et puis Sadoc et Samuel, et encore Nahum justement avec Doras Et même ils nous ont salués. N'est-ce pas, Jacques ?" dit Jean en s'adressant à son frère.

"Oui. Il faut convenir que Judas de Kériot a vraiment bien travaillé alors qu'en notre cœur nous le critiquions. Une fois revenus ici, plus d'ennuis ! Les faits ont confirmé ses paroles. Il semble que l'on soit revenu aux beaux temps de "La Belle Eau" Au début de ce temps... Oh ! si c'était vrai !" dit Jacques de Zébédée.

"Si cela pouvait être vrai !" dit Pierre en soupirant.

"Le temps n'est pas toujours serein quand le tonnerre ne gronde pas" dit sentencieusement Élise en faisant tourner son fuseau.

"Que voudrais-tu dire par là ?" demande Pierre.

"Je dis que parfois une grande paix, dans un lieu exposé aux bourrasques, est le prélude d'une tempête plus dangereuse que jamais. Tu devrais le savoir, toi qui es pêcheur."

"Hé ! je le sais, femme ! Le lac est parfois un immense bassin plein d'huile bleue. Mais presque toujours, quand la voile pend et que l'eau est ainsi immobile, une tempête est proche, et des plus mauvaises. Vent de bonace, vent de tombeau pour les navigateurs."

"Hum ! Oui. C'est pour cela que si j'étais à votre place, je me défierais de tant de paix. Trop de paix !"

"Mais alors ! Si pendant qu'il y a la guerre on souffre parce qu'il y a la guerre, et que quand il y a la paix on souffre parce qu'il peut venir une guerre plus cruelle encore, quand est-ce que l'on a la joie ?" demande Thomas.

"Dans l'autre vie. Ici la douleur est toujours prête."

"Oh ! comme tu es lugubre, femme ! Il est bien éloigné mon temps de joie, alors ! Je suis un des plus jeunes ! Réjouis-toi, Barthélemy, tu es plus près d'en jouir. Toi et le Zélote" plaisante Jacques de Zébédée.

"Lugubre et rusée, femme ! Ah ! les femmes âgées ! Mais elles devinent parfois. Même ma mère, quand elle dit à l'un de nous : "Attention ! Tu es en chemin pour faire une sottise pour tel et tel motif" elle devine toujours" dit Thomas qui se penche pour gratter la terre.

"Les femmes sont malignes ou fourbes plus que des renards. Nous ne valons rien, nous, en comparaison, pour comprendre certaines choses que l'on voudrait qu'elles ne comprennent pas" dit Pierre sentencieusement.

"Toi, tais-toi. Tu es tombé sur une femme qui te croirait même si tu lui disais que le Liban s'est fait de beurre. Ce que tu dis est loi pour elle. Elle écoute, croit et se tait" dit André à son frère.
"Oui... mais sa mère compte aussi pour elle et pour cent autres femmes. Quel serpent !"
Tout le monde rit, y compris Élise et le vieil homme qui aide les jeunes à biner.

Rentrent le Zélote, Mathieu et Judas de Kériot.

"Tout est fait, Maître. Nous sommes las ! Quelle longue tournée. Mais demain, je me repose. Ce sera votre tour demain" dit l'Iscariote à ceux qui piochaient le terrain, et il va vers eux en prenant une pioche pour travailler.

"Mais si tu es fatigué, pourquoi travailles-tu ?" lui demande Thomas.

"Parce que j'ai des jeunes plantes à planter. Cet endroit est pelé comme le crâne d'un vieux et c'est dommage" dit-il sentencieusement en enfonçant la pioche dans le sol par d'énergiques coups de pieds.

"Ce n'était pas ainsi au bon vieux temps ! Mais, ensuite... Trop de choses sont mortes, et pour moi, ce n'était pas la peine que je travaille à les refaire. Je suis vieux et plus que vieux, j'étais désolé" répond le vieillard.

"Mais quels trous fais-tu ! C'est bon pour des arbres, pas pour de jeunes plantes, comme tu dis" observe Philippe qui descend après avoir lié les vignes.

"Quand un arbre est jeune, c'est toujours une petite plante. Telles sont les miennes. Le temps est favorable. Celui qui me les a données me l'a assuré. Sais-tu qui, Maître ? Ce parent d'Elchias qui est cultivateur; et il cultive bien. Un verger ! Et des oliviers ! Il était en train de renouveler une partie de l'oliveraie. Je lui ai dit : "Donne-moi de ces plantes". "Pour qui ?" a-t-il demandé. "Pour un petit vieux de Nobé qui nous donne l'hospitalité. Elles serviront à me faire pardonner tous les scandales que je lui ai donnés."

"Non, mon garçon. Ce n'est pas par les plantes mais par une bonne conduite que cela peut arriver. Et avec Dieu. Moi... moi je regarde, prie et pardonne. Mais mon pardon... Pourtant je te suis reconnaissant pour les plantes... Bien que... Crois-tu que je pourrai en manger les fruits ?"

"Pourquoi pas ? Il faut toujours espérer. Et même vouloir triompher... Et alors on triomphe."
"On ne triomphe pas de la vieillesse ! Et je ne le désire pas."

"De beaucoup d'autres choses aussi on ne triomphe pas. S'il suffisait de vouloir pour posséder ! Moi, j'aurais mes fils" soupire Élise.

"Maître, dit Matthieu, les paroles d'Élise me rappellent une question que certains nous ont posée aujourd'hui en route. Ils demandaient, car il s'était produit un fait dans un village, si le miracle est toujours preuve de sainteté. Je leur disais que oui, mais eux disaient que non. En effet dans ce village, aux confins de la Samarie, celui qui avait fait des choses extraordinaires n'était certainement pas un juste. Je les ai fait taire en disant que l'homme juge toujours mal et que celui dont ils disaient qu'il n'était pas juste, l'était, peut-être plus qu'eux. Toi, qu'en dis-tu ?"

"Je dis que vous avez tous raison, chacun de son côté. Toi en disant que le miracle est toujours une preuve de sainteté : généralement il en est ainsi, et encore en disant qu'il ne faut pas juger pour ne pas se tromper. Mais eux aussi avaient raison de soupçonner d'autres sources pour ce que l'homme avait fait d'extraordinaire."

"Quelles sources ?" demande l'Iscariote.

"Des sources ténébreuses. Il y a des créatures déjà adoratrices de Satan, car elles ont le culte de l'orgueil, qui pour s'imposer aux autres se vendent elles-mêmes au Ténébreux, afin de l'avoir pour ami" lui répond Jésus.

"Mais est-ce possible ? N'est-ce pas une légende des pays païens que l'homme puisse faire des contrats avec le démon ou des esprits infernaux ?" demande Jean stupéfait.

"C'est possible. Pas comme on le raconte dans les légendes païennes, pas avec de l'argent ou des contrats matériels, mais en adhérant au Mal. mais en choisissant, en se donnant soi-même au Mal afin d'avoir une heure de triomphe quelconque. En vérité je vous dis que ceux qui se vendent au Maudit, pour arriver à leur but, sont plus nombreux qu'on ne croit."

"Et ils réussissent ? Ils ont vraiment ce qu'ils demandent ?" demande André.

"Pas toujours et pas tout. Mais ils ont quelque chose."

"Et comment est-ce possible ? Le démon est-il assez puissant pour pouvoir simuler Dieu ?"

"Tellement... et rien, si l'homme était saint. Mais c'est que bien souvent l'homme est de lui-même un démon. Nous combattons les possessions évidentes, bruyantes, tapageuses. De celles-ci, tout le monde s'en rend compte... Elles sont... peu agréables aux gens de la famille ou de la ville, et se présentent surtout sous des formes matérielles. L'homme est toujours frappé par ce qui est lourd, ce qui choque ses sens. Ce qui est immatériel et perceptible seulement pour l'immatériel : raison et esprit, il ne le remarque pas, et même s'il le remarque, il ne s'en soucie pas, surtout si cela ne lui nuit pas. Ces possessions cachées échappent donc à notre pouvoir d'exorcistes ! Et elles sont les plus dommageables, car elles travaillent sur la partie la plus choisie, avec la partie la plus choisie et sur d'autres parties choisies : de raison à raison, d'esprit à esprit. Ce sont comme des miasmes corrupteurs, impalpables qu'on ne remarque pas jusqu'au moment où la fièvre avertit celui qui en est frappé qu'il est atteint."
Tous demandent : "Et Satan aide ? Vraiment ? Pourquoi ? Et pourquoi Dieu le laisse faire ? Et le laissera-t-il toujours faire ? Même après que tu régneras ?"

"Satan aide pour finir d'asservir. Dieu le laisse faire, car de cette lutte entre le Haut et le Bas, entre le Bien et le Mal, émerge la valeur de la créature. La valeur et la volonté. Il le laissera toujours faire, même après que je me serai élevé. Mais alors Satan aura contre lui un ennemi bien grand et l'homme aura une amie bien puissante."

"Qui ? Qui ?"

"La Grâce."

"Oh ! bien ! Alors pour ceux de notre temps, sans la grâce, il sera plus facile d'être asservis, mais la chute sera aussi moins grave" dit l'Iscariote, toujours en bêchant.

"Non, Judas, le jugement sera le même."

"C'est une chose injuste alors, car si nous sommes moins aidés, par conséquent nous devrions être moins condamnés."

"Tu n'as pas tous les torts" dit Thomas.

"Au contraire il a tort, Thomas. Car nous d'Israël, nous avons déjà tant de foi, d'espérance, de charité, et tant de lumières de Sagesse que nous ne pouvons avoir l'excuse de l'ignorance.

Vous, ensuite, vous qui avez déjà la Grâce pour votre Maîtresse depuis presque trois années, vous serez déjà jugés comme ceux du temps nouveau" dit Jésus en appuyant beaucoup sur les mots et en regardant Judas qui a levé la tête et qui, tout pensif, fixe le vide.

Puis Judas de Kériot hoche la tête, comme s'il concluait son raisonnement intérieur, et en enfonçant de nouveau sa pioche dans le sol, il demande : "Et celui qui se donne ainsi au démon, que devient-il ?"

"Un démon."

"Un démon ! De cette façon si moi, par exemple, pour affirmer que ton contact donne un pouvoir surnaturel, je faisais des choses... que tu critiques, je serais un démon ?..."

"Tu Tas dit."

"J'espère bien que tu ne les fais pas pourtant" dit André presque épouvanté.

"Moi ? Ah ! Ah ! Je plante les arbustes pour notre vieillard" et il court vers l'autre côté du jardin et revient avec cinq plantes que la terre qui enveloppe les racines rend sûrement pesantes.

"Mais es-tu venu de Beteron avec cette charge sur les épaules ?" demande Pierre.

"D'au-delà de Gabaon, devrais-tu dire ! C'est là que se trouvent en partie les vergers de Daniel. Quelle terre magnifique. Regardez !..." et il effrite entre ses doigts la terre qui enveloppe les racines, puis il détache le lacet qui tient les cinq tigelles déjà grosses comme le bras. Deux seulement ont à leur extrémité un peu de feuillage, et c'est un feuillage d'olivier.

"Voilà, celui-ci pour Jésus, et l'autre pour Marie, qui sont la paix du monde. Je les plante les premiers car je suis un homme de paix. Ici... et là" et il les place aux deux extrémités de la petite bande de terre. "Et ici un pommier, jeune et bon comme celui de l'Eden, pour te rappeler, ô Jean, que toi aussi tu viens d'Adam et que tu ne dois pas t'étonner si... je puis être pécheur. Attention, toi, au Serpent... Et ici... Non, ici, ce n'est pas bien. Là, sur le devant, près du mur, ce jeune figuier. Comment se fait-il qu'il n'y ait pas un figuier dans le jardin, quand ici ils poussent comme du chiendent ? Et au trou du milieu, nous allons mettre ce jeune amandier. Il apprendra du centenaire la puissance de la production. Voilà qui est fait ! Ton petit jardin sera beau à l'avenir... et en le regardant tu te souviendras de moi."

"Je me souviendrais quand même de toi, car tu as été ici avec le Maître. Tout me parlera de ce temps. Et en regardant les choses, je dirai : "Comme un fils, Lui a voulu remettre en ordre ma maison !" Pourtant... si je pouvais avoir une volonté différente de celle qui peut-être est déjà inscrite au Ciel, je voudrais ne pas avoir à me rappeler ce temps si beau pour moi, plus beau que quand ces arbres, maintenant vieux, étaient jeunes et que moi j'étais jeune et aussi mon épouse, et qu'ici ma petite fille jouait ... et que j'avais plaisir à soigner le pommier et le grenadier, le figuier et la vigne, car avides étaient les menottes de ma fille et il était beau de voir mon épouse assise à l'ombre verte des arbres pour tisser ou pour filer... Depuis... ma fille est partie... et si oublieuse !... Malade et puis morte mon épouse... Pour qui et pourquoi soigner ce qui autrefois était beau ? Et tout est mort, sauf les deux vieux qui se souviennent de mon enfance. Je voudrais mourir avant d'avoir à me souvenir et alors qu'ici il y a une femme juste comme l'était Lia. Je te remercie pour les plantes, pour le travail, pour tout. Je vous remercie tous. Mais je prie mon Seigneur d'arracher ma vieille plante de cette terre avant que se couche cette heure de paix pour le vieux Jean..."

Jésus s'approche de lui et lui met la main sur l'épaule, doux et austère à la fois : "Tu as su faire tant de choses dans ta longue vie. Il t'en manque encore une : celle d'accepter de Dieu l'heure de la mort sans demander qu'elle soit avancée ou retardée d'une minute. Tu t'es résigné à tant de choses. C'est pour cela que Dieu t'aime. Sache te résigner à la plus difficile : à vivre quand on désirerait seulement mourir. Et maintenant rentrons. Le soleil descend derrière les montagnes et le froid croît vite. Le sabbat commence.

Après, nous finirons les travaux..." et ramassant la scie, la pioche et le marteau, il rentre dans la maison pendant que les autres fagotent les branches coupées, arrosent les arbustes plantés et posent sur ses gonds la porte remise à neuf.

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2007/07-226.htm
TOME : 7 /226



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Visage de J?sus Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

Message par Maud Jeu 26 Juin 2014 - 6:38

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Maria_39

Jésus attend Judas de Kériot qui est luxurieux


Nobé toute entière dort encore. C'est la première lueur du jour. L'aube, dans les lueurs apaisées de l'hiver, est d'une délicatesse de teintes irréelles. Ce n'est pas la lumière vert argentée des aubes d'été qui s'affirme si rapidement et se change en or pâle et ensuite en un rouge de plus en plus accentué. Mais un vert jade, nuancé d'un gris bleu très léger, l'indique à l'orient par un petit demi-cercle, bas à la limite de l'horizon : un point d'une luminosité voilée, et pour ainsi dire lasse, comme celle de la pâle flamme du soufre allumé derrière un rideau de fumée blanchâtre. Et elle hésite à s'allonger sur le ciel encore gris tout en étant serein et avec encore des étoiles qui regardent le monde. Elle hésite à repousser la grisaille pour faire place à sa précieuse couleur de pâle jade et au pur cobalt du ciel palestinien. Elle paraît, timide et frileuse, s'arrêter à la limite de l'orient. Elle s'y attarde encore, dilatant insensiblement son demi-cercle de luminosité sulfureuse et à peine diluée de vert pâle en une couleur blanche mêlée d'un souvenir de jaune, quand elle se trouve annulée par un rosé subit qui dégage le ciel du dernier voile de la nuit et le rend net et précieux comme un baldaquin de satin couleur de saphir, et un feu s'allume au bout de l'horizon comme si un mur venait de tomber découvrant une fournaise ardente. Mais est-ce du feu ou un rubis allumé par un feu caché ?

Non, c'est le soleil qui émerge : le voici. À peine pointe-t-il de la courbe de l'horizon que déjà il a trouvé moyen de peindre de corail rosé un flocon de nuages et de changer en diamants les gouttes de rosée à la cime des arbres à feuilles persistantes. Un grand rouvre, à l'extrémité du village, a un voile de diamants sur ses feuilles bronzées tournées vers l'orient. Elles semblent autant de claires étoiles qui palpitent dans les branches de ce géant dont la cime plonge dans l'azur. Peut-être dans la nuit des étoiles sont descendues trop bas sur le village pour murmurer des secrets célestes aux habitants de Nobé, ou peut-être pour consoler par leur lumière pure l'Homme qui éveillé marche silencieusement là-haut, sur la terrasse de Jean.

Oui, parce que seul, dans Nobé endormie, Jésus est éveillé et il arpente la terrasse de la maisonnette, les bras croisés sous son manteau qui le couvre tout entier étroitement pour le défendre du froid et qui Lui sert aussi de capuchon, Jésus, chaque fois qu'il arrive à un bout de la terrasse, regarde au dehors, en se penchant pour voir la rue qui passe par le centre du village; la rue est encore à demi obscure, vide, silencieuse. Et puis il reprend sa marche en avant et en arrière, en avant et en arrière, lentement, en silence, la plupart du temps la tête penchée, méditatif, observant parfois le ciel de plus en plus lumineux et les couleurs vagues de l'aube et de l'aurore, ou suivant du regard le vol frémissant du premier passereau réveillé par la lumière qui quitte la tuile hospitalière d'un toit voisin pour descendre becqueter au pied du vieux pommier de Jean et puis s'envole de nouveau, après avoir vu Jésus, avec un cip-cip effrayé qui réveille les autres oiseaux nichés ça et là.

D'un enclos arrive un bêlement de brebis qui se perd en tremblant dans l'air. De la rue vient un bruit de pas pressés.

Jésus se penche pour regarder, et puis il court vivement par le petit escalier, entre dans la cuisine obscure et referme la porte derrière Lui.

Les pas se rapprochent, résonnent maintenant dans le jardin à côté de la maison; s'arrêtent devant l'entrée de la cuisine, une main essaie la serrure, se rend compte que la clef n'y est pas, actionne alors le verrou que l'on peut remuer du dehors aussi bien que de l'intérieur, une voix dit en même temps : "Quelqu'un serait-il déjà levé ?" Une main encore ouvre la porte avec précaution sans la faire grincer. La tête de Judas de Kériot passe par l'ouverture... Il regarde... Obscurité complète. Froid. Silence.

"Ils ont laissé la porte ouverte... Et pourtant... Elle me paraissait fermée... Du reste, chose sans importance !... On ne vole pas les pauvres, et en est-il de plus misérables que nous... Hé !... Mais espérons que... cela ne dure pas ainsi. Où est ce maudit briquet ?... Je ne le trouve pas... Si je réussis à allumer le feu... c'est que je suis rentré tard, oui, vraiment trop tard... Mais où peut-il être ? Il y a trop de mains à le toucher. Sur le foyer ? Non... Sur la table ? Non... Sur les bancs ? Non... Sur l'étagère ?... Non plus... Cette porte vermoulue grince quand on l'ouvre... Bois vermoulu... gonds rouillés... Tout est vieux, moisi, horrible ici. Ah ! pauvre Judas ! Et il n'y est pas... Il me faudra vraiment entrer chez le vieux..." Tout en parlant, il est allé en tâtant, ça et là, invisible dans l'ombre, prudent comme un voleur ou un oiseau de nuit pour éviter les obstacles qui pourraient faire du bruit... Il se heurte contre un corps et il a un cri d'épouvante étouffé.

"Ne crains pas. C'est Moi. Et le briquet est dans ma main. Le voici. Allume" dit Jésus paisiblement.

"Toi, Maître ? Que faisais-tu ici seul, dans le noir, dans le froid... Il y aura beaucoup de malades certainement aujourd'hui après le sabbat et deux jours de temps pluvieux, mais ils ne seront pas ici si tôt. Eux se mettent en marche des villes voisines seulement maintenant, car ce n'est seulement qu'à présent que l'on comprend qu'aujourd'hui il ne pleuvra pas. Le vent de la nuit a déjà essuyé les routes."

"Je le sais, mais allume. Il ne convient pas à des gens honnêtes de parler ainsi dans les ténèbres, mais c'est bon pour des voleurs, des menteurs, des luxurieux et des assassins. Les complices de mauvaises actions aiment les ténèbres. Moi, je ne suis le complice de personne."

"Moi non plus, Maître. Je voulais préparer un bon feu et c'est pour cela que je me suis levé de bonne heure... Que dis-tu, Maître ? Tu as murmuré entre tes lèvres et je n'ai pas compris."

"Allume donc."

"Ah !... J'ai vu ainsi qu'il fait beau. Mais il fait froid. Tous auront plaisir à trouver un bon feu... Tu t'es levé en m'entendant remuer ici ou à cause du vieux qui... Il a encore ses douleurs ?... Voilà, finalement ! L'amadou et le briquet paraissaient humides, au point qu'ils ne voulaient pas faire d'étincelle... Ils sont trempés..."

Une petite flamme se lève de la mèche d'une lampe, petite, tremblante... mais suffisante pour voir les deux visages : le visage pâle du Christ, le visage brun et imperturbable de Judas.

"Maintenant j'allume le feu... Tu es pâle comme un mort. Tu n'as pas dormi ! Et à cause de ce vieillard ! Tu es trop bon."

"C'est vrai. Je suis trop bon. Avec tout le monde, même avec ceux qui ne le méritent pas. Mais le vieillard le mérite. C'est un homme honnête, un cœur fidèle. Pourtant ce n'est pas pour lui que j'ai veillé, mais pour un autre. C'est vrai. L'amadou et le briquet étaient humides, mais ce n'était pas à cause d'un bol renversé ou d'un autre liquide répandu accidentellement, mais à cause de mes larmes qui sont tombées dessus. C'est vrai. Il fait beau mais froid, et le vent a ressuyé les routes et vers l'aube, pourtant, la rosée est tombée. Touche mon manteau, il en est humide... Et puis l'aube est venue pour montrer le temps serein, la lumière est venue pour montrer une place vide, et le soleil de l'aurore est venu pour faire briller la rosée sur les feuilles et les larmes sur les cils. C'est vrai. Aujourd'hui il y aura beaucoup de malades, mais ce n'était pas eux que j'attendais. Je t'attendais toi. Car c'est pour toi que j'ai veillé toute la nuit. C'est pour toi que, ne pouvant rester enfermé ici pour t'attendre, je suis monté sur la terrasse pour jeter au vent mon appel, pour montrer aux étoiles ma douleur, à l'aurore mes larmes. Ce n'est pas le vieillard malade mais le jeune dévoyé, le disciple qui fuit le Maître, l'apôtre de Dieu qui préfère l'égout au Ciel et le mensonge à la Vérité, qui m'ont tenu debout toute le nuit pour t'attendre.

Et quand j'ai entendu tes pas, je suis descendu ici... pour t'attendre encore. Non plus ta personne qui maintenant m'était proche et errait avec des mouvements de voleur dans la cuisine obscure, mais ton sentiment... J'ai attendu une parole... Et tu n'as pas su la dire quand tu m'as senti debout contre toi. Celui auquel tu es en train de vendre ton esprit ne t'a donc pas averti que je savais ? Mais non ! Il ne pouvait t'avertir ni te suggérer la seule parole que tu pouvais, que tu devais dire, si tu avais été un juste. Et il t'a suggéré des mensonges que je ne demandais pas, inutiles, offensants plus encore que ta fugue nocturne. Il te les a suggérés en ricanant, content de t'avoir fait descendre un autre degré et de m'avoir donné une autre douleur. C'est vrai. Il viendra beaucoup de malades, mais le plus grand malade ne viendra pas à son Médecin. Et le Médecin lui-même est malade de douleur pour ce malade qui ne veut pas guérir. C'est vrai. Tout est vrai. Même que j'ai murmuré un mot que tu n'as pas compris. Après ce que je t'ai dit, tu le devines ?"

Jésus a parlé à voix basse, mais si incisive et si douloureuse et en même temps si sévère que Judas, qui aux premiers mots était souriant, bien droit, effronté, tout près de Jésus, s'est peu à peu retiré et rétracté comme si chaque mot avait été un coup, alors que Jésus s'est toujours plus redressé, vraiment Juge et vraiment tragique dans son attitude douloureuse.

Judas, bloqué maintenant entre une huche et le coin du mur, murmure : "Mais... Je ne sais..."

"Non ? Eh bien je te le dis, car je ne crains pas de dire ce qui est vrai. Menteur ! Voilà ce que je t'ai dit. Et si on supporte encore l'enfant menteur parce qu'il ne sait pas la portée d'un mensonge et qu'on lui enseigne à ne plus en dire, chez un homme on ne le supporte pas, et chez un apôtre, disciple de la Vérité elle-même, il provoque le dégoût. Un dégoût total. Voilà pourquoi je t'ai attendu toute la nuit et pourquoi j'ai pleuré en mouillant la table là où était le briquet, et ensuite j'ai pleuré en veillant et en t'appelant de toute mon âme à la lumière des étoiles, voilà pourquoi je suis trempé par la rosée comme l'amant des Cantiques [1]. Mais c'est inutilement que ma tête est couverte de rosée et les boucles de mes cheveux des gouttes de la nuit; c'est inutilement que je frappe à la porte de ton âme et que je lui dis : "Ouvre-moi, car je t'aime, bien que tu ne sois pas immaculée". Et même c'est justement parce qu'elle est tachée que je veux entrer en elle et la purifier. C'est justement parce qu'elle est malade que je veux entrer pour la guérir. Fais attention, Judas ! Prends garde que l'Époux ne s'éloigne, et pour toujours, et que tu ne puisses plus le trouver... Judas, tu ne parles pas ?..."

"Il est trop tard pour parler, désormais ! Tu l'as dit : je te dégoûte. Chasse-moi..."

"Non. Les lépreux eux-mêmes me dégoûtent, mais j'en ai pitié et s'ils m'appellent, j'accours et je les purifie. Ne veux-tu pas être purifié ?"

"Il est trop tard... et c'est inutile. Je ne sais pas être saint. Chasse-moi, te dis-je."

"Je ne suis pas l'un de tes amis pharisiens qui appellent immondes une infinité de choses et les fuient ou les chassent durement alors qu'ils pourraient les purifier par la charité. Je suis le Sauveur et je ne chasse personne..."

Un long silence. Judas reste dans son coin. Jésus appuie son dos à la table et fatigué, souffrant, semble se soutenir grâce à elle... Judas lève la tête. Il le regarde hésitant et murmure : "Et si je te quittais, que ferais-tu ?"

"Rien. Je respecterais ta volonté, en priant pour toi. Pourtant à mon tour, je te dis que même si tu me quittes, c'est désormais trop tard."

"Pour quoi, Maître ?"

"Pour quoi ? Tu le sais comme Moi... Allume le feu, maintenant. On marche au-dessus. Étouffons le scandale ici, entre nous. Pour tous, nous aurons eu un court sommeil... et nous aurons été réunis par un désir de chaleur... Mon Père !..."

Et pendant que Judas approche la flamme aux branches déjà mises sur le foyer et souffle pour allumer des copeaux, Jésus lève les mains au-dessus de sa tête et puis s'en presse les yeux...

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2007/07-227.htm
Tome : 7/ 227

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Judas_10
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Visage de J?sus Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

Message par Maud Lun 30 Juin 2014 - 6:40

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Maria_40


Jésus attend Judas de Kériot qui est luxurieux



Nobé toute entière dort encore. C'est la première lueur du jour. L'aube, dans les lueurs apaisées de l'hiver, est d'une délicatesse de teintes irréelles. Ce n'est pas la lumière vert argentée des aubes d'été qui s'affirme si rapidement et se change en or pâle et ensuite en un rouge de plus en plus accentué. Mais un vert jade, nuancé d'un gris bleu très léger, l'indique à l'orient par un petit demi-cercle, bas à la limite de l'horizon : un point d'une luminosité voilée, et pour ainsi dire lasse, comme celle de la pâle flamme du soufre allumé derrière un rideau de fumée blanchâtre. Et elle hésite à s'allonger sur le ciel encore gris tout en étant serein et avec encore des étoiles qui regardent le monde. Elle hésite à repousser la grisaille pour faire place à sa précieuse couleur de pâle jade et au pur cobalt du ciel palestinien. Elle paraît, timide et frileuse, s'arrêter à la limite de l'orient. Elle s'y attarde encore, dilatant insensiblement son demi-cercle de luminosité sulfureuse et à peine diluée de vert pâle en une couleur blanche mêlée d'un souvenir de jaune, quand elle se trouve annulée par un rosé subit qui dégage le ciel du dernier voile de la nuit et le rend net et précieux comme un baldaquin de satin couleur de saphir, et un feu s'allume au bout de l'horizon comme si un mur venait de tomber découvrant une fournaise ardente. Mais est-ce du feu ou un rubis allumé par un feu caché ?

Non, c'est le soleil qui émerge : le voici. À peine pointe-t-il de la courbe de l'horizon que déjà il a trouvé moyen de peindre de corail rosé un flocon de nuages et de changer en diamants les gouttes de rosée à la cime des arbres à feuilles persistantes. Un grand rouvre, à l'extrémité du village, a un voile de diamants sur ses feuilles bronzées tournées vers l'orient. Elles semblent autant de claires étoiles qui palpitent dans les branches de ce géant dont la cime plonge dans l'azur. Peut-être dans la nuit des étoiles sont descendues trop bas sur le village pour murmurer des secrets célestes aux habitants de Nobé, ou peut-être pour consoler par leur lumière pure l'Homme qui éveillé marche silencieusement là-haut, sur la terrasse de Jean.

Oui, parce que seul, dans Nobé endormie, Jésus est éveillé et il arpente la terrasse de la maisonnette, les bras croisés sous son manteau qui le couvre tout entier étroitement pour le défendre du froid et qui Lui sert aussi de capuchon, Jésus, chaque fois qu'il arrive à un bout de la terrasse, regarde au dehors, en se penchant pour voir la rue qui passe par le centre du village; la rue est encore à demi obscure, vide, silencieuse. Et puis il reprend sa marche en avant et en arrière, en avant et en arrière, lentement, en silence, la plupart du temps la tête penchée, méditatif, observant parfois le ciel de plus en plus lumineux et les couleurs vagues de l'aube et de l'aurore, ou suivant du regard le vol frémissant du premier passereau réveillé par la lumière qui quitte la tuile hospitalière d'un toit voisin pour descendre becqueter au pied du vieux pommier de Jean et puis s'envole de nouveau, après avoir vu Jésus, avec un cip-cip effrayé qui réveille les autres oiseaux nichés ça et là.

D'un enclos arrive un bêlement de brebis qui se perd en tremblant dans l'air. De la rue vient un bruit de pas pressés.

Jésus se penche pour regarder, et puis il court vivement par le petit escalier, entre dans la cuisine obscure et referme la porte derrière Lui.

Les pas se rapprochent, résonnent maintenant dans le jardin à côté de la maison; s'arrêtent devant l'entrée de la cuisine, une main essaie la serrure, se rend compte que la clef n'y est pas, actionne alors le verrou que l'on peut remuer du dehors aussi bien que de l'intérieur, une voix dit en même temps : "Quelqu'un serait-il déjà levé ?" Une main encore ouvre la porte avec précaution sans la faire grincer. La tête de Judas de Kériot passe par l'ouverture... Il regarde... Obscurité complète. Froid. Silence.

"Ils ont laissé la porte ouverte... Et pourtant... Elle me paraissait fermée... Du reste, chose sans importance !... On ne vole pas les pauvres, et en est-il de plus misérables que nous... Hé !... Mais espérons que... cela ne dure pas ainsi. Où est ce maudit briquet ?... Je ne le trouve pas... Si je réussis à allumer le feu... c'est que je suis rentré tard, oui, vraiment trop tard... Mais où peut-il être ? Il y a trop de mains à le toucher. Sur le foyer ? Non... Sur la table ? Non... Sur les bancs ? Non... Sur l'étagère ?... Non plus... Cette porte vermoulue grince quand on l'ouvre... Bois vermoulu... gonds rouillés... Tout est vieux, moisi, horrible ici. Ah ! pauvre Judas ! Et il n'y est pas... Il me faudra vraiment entrer chez le vieux..." Tout en parlant, il est allé en tâtant, ça et là, invisible dans l'ombre, prudent comme un voleur ou un oiseau de nuit pour éviter les obstacles qui pourraient faire du bruit... Il se heurte contre un corps et il a un cri d'épouvante étouffé.

"Ne crains pas. C'est Moi. Et le briquet est dans ma main. Le voici. Allume" dit Jésus paisiblement.

"Toi, Maître ? Que faisais-tu ici seul, dans le noir, dans le froid... Il y aura beaucoup de malades certainement aujourd'hui après le sabbat et deux jours de temps pluvieux, mais ils ne seront pas ici si tôt. Eux se mettent en marche des villes voisines seulement maintenant, car ce n'est seulement qu'à présent que l'on comprend qu'aujourd'hui il ne pleuvra pas. Le vent de la nuit a déjà essuyé les routes."

"Je le sais, mais allume. Il ne convient pas à des gens honnêtes de parler ainsi dans les ténèbres, mais c'est bon pour des voleurs, des menteurs, des luxurieux et des assassins. Les complices de mauvaises actions aiment les ténèbres. Moi, je ne suis le complice de personne."

"Moi non plus, Maître. Je voulais préparer un bon feu et c'est pour cela que je me suis levé de bonne heure... Que dis-tu, Maître ? Tu as murmuré entre tes lèvres et je n'ai pas compris."
"Allume donc."

"Ah !... J'ai vu ainsi qu'il fait beau. Mais il fait froid. Tous auront plaisir à trouver un bon feu... Tu t'es levé en m'entendant remuer ici ou à cause du vieux qui... Il a encore ses douleurs ?... Voilà, finalement ! L'amadou et le briquet paraissaient humides, au point qu'ils ne voulaient pas faire d'étincelle... Ils sont trempés..."

Une petite flamme se lève de la mèche d'une lampe, petite, tremblante... mais suffisante pour voir les deux visages : le visage pâle du Christ, le visage brun et imperturbable de Judas.

"Maintenant j'allume le feu... Tu es pâle comme un mort. Tu n'as pas dormi ! Et à cause de ce vieillard ! Tu es trop bon."

"C'est vrai. Je suis trop bon. Avec tout le monde, même avec ceux qui ne le méritent pas. Mais le vieillard le mérite. C'est un homme honnête, un cœur fidèle. Pourtant ce n'est pas pour lui que j'ai veillé, mais pour un autre. C'est vrai. L'amadou et le briquet étaient humides, mais ce n'était pas à cause d'un bol renversé ou d'un autre liquide répandu accidentellement, mais à cause de mes larmes qui sont tombées dessus. C'est vrai. Il fait beau mais froid, et le vent a ressuyé les routes et vers l'aube, pourtant, la rosée est tombée. Touche mon manteau, il en est humide... Et puis l'aube est venue pour montrer le temps serein, la lumière est venue pour montrer une place vide, et le soleil de l'aurore est venu pour faire briller la rosée sur les feuilles et les larmes sur les cils. C'est vrai. Aujourd'hui il y aura beaucoup de malades, mais ce n'était pas eux que j'attendais. Je t'attendais toi. Car c'est pour toi que j'ai veillé toute la nuit. C'est pour toi que, ne pouvant rester enfermé ici pour t'attendre, je suis monté sur la terrasse pour jeter au vent mon appel, pour montrer aux étoiles ma douleur, à l'aurore mes larmes. Ce n'est pas le vieillard malade mais le jeune dévoyé, le disciple qui fuit le Maître, l'apôtre de Dieu qui préfère l'égout au Ciel et le mensonge à la Vérité, qui m'ont tenu debout toute le nuit pour t'attendre.

Et quand j'ai entendu tes pas, je suis descendu ici... pour t'attendre encore. Non plus ta personne qui maintenant m'était proche et errait avec des mouvements de voleur dans la cuisine obscure, mais ton sentiment... J'ai attendu une parole... Et tu n'as pas su la dire quand tu m'as senti debout contre toi. Celui auquel tu es en train de vendre ton esprit ne t'a donc pas averti que je savais ? Mais non ! Il ne pouvait t'avertir ni te suggérer la seule parole que tu pouvais, que tu devais dire, si tu avais été un juste. Et il t'a suggéré des mensonges que je ne demandais pas, inutiles, offensants plus encore que ta fugue nocturne. Il te les a suggérés en ricanant, content de t'avoir fait descendre un autre degré et de m'avoir donné une autre douleur. C'est vrai. Il viendra beaucoup de malades, mais le plus grand malade ne viendra pas à son Médecin. Et le Médecin lui-même est malade de douleur pour ce malade qui ne veut pas guérir. C'est vrai. Tout est vrai. Même que j'ai murmuré un mot que tu n'as pas compris. Après ce que je t'ai dit, tu le devines ?"

Jésus a parlé à voix basse, mais si incisive et si douloureuse et en même temps si sévère que Judas, qui aux premiers mots était souriant, bien droit, effronté, tout près de Jésus, s'est peu à peu retiré et rétracté comme si chaque mot avait été un coup, alors que Jésus s'est toujours plus redressé, vraiment Juge et vraiment tragique dans son attitude douloureuse.

Judas, bloqué maintenant entre une huche et le coin du mur, murmure : "Mais... Je ne sais..."

"Non ? Eh bien je te le dis, car je ne crains pas de dire ce qui est vrai. Menteur ! Voilà ce que je t'ai dit. Et si on supporte encore l'enfant menteur parce qu'il ne sait pas la portée d'un mensonge et qu'on lui enseigne à ne plus en dire, chez un homme on ne le supporte pas, et chez un apôtre, disciple de la Vérité elle-même, il provoque le dégoût. Un dégoût total. Voilà pourquoi je t'ai attendu toute la nuit et pourquoi j'ai pleuré en mouillant la table là où était le briquet, et ensuite j'ai pleuré en veillant et en t'appelant de toute mon âme à la lumière des étoiles, voilà pourquoi je suis trempé par la rosée comme l'amant des Cantiques [1]. Mais c'est inutilement que ma tête est couverte de rosée et les boucles de mes cheveux des gouttes de la nuit; c'est inutilement que je frappe à la porte de ton âme et que je lui dis : "Ouvre-moi, car je t'aime, bien que tu ne sois pas immaculée". Et même c'est justement parce qu'elle est tachée que je veux entrer en elle et la purifier. C'est justement parce qu'elle est malade que je veux entrer pour la guérir. Fais attention, Judas ! Prends garde que l'Époux ne s'éloigne, et pour toujours, et que tu ne puisses plus le trouver... Judas, tu ne parles pas ?..."

"Il est trop tard pour parler, désormais ! Tu l'as dit : je te dégoûte. Chasse-moi..."

"Non. Les lépreux eux-mêmes me dégoûtent, mais j'en ai pitié et s'ils m'appellent, j'accours et je les purifie. Ne veux-tu pas être purifié ?"

"Il est trop tard... et c'est inutile. Je ne sais pas être saint. Chasse-moi, te dis-je."

"Je ne suis pas l'un de tes amis pharisiens qui appellent immondes une infinité de choses et les fuient ou les chassent durement alors qu'ils pourraient les purifier par la charité. Je suis le Sauveur et je ne chasse personne..."

Un long silence. Judas reste dans son coin. Jésus appuie son dos à la table et fatigué, souffrant, semble se soutenir grâce à elle... Judas lève la tête. Il le regarde hésitant et murmure : "Et si je te quittais, que ferais-tu ?"

"Rien. Je respecterais ta volonté, en priant pour toi. Pourtant à mon tour, je te dis que même si tu me quittes, c'est désormais trop tard."

"Pour quoi, Maître ?"

"Pour quoi ? Tu le sais comme Moi... Allume le feu, maintenant. On marche au-dessus. Étouffons le scandale ici, entre nous. Pour tous, nous aurons eu un court sommeil... et nous aurons été réunis par un désir de chaleur... Mon Père !..."

Et pendant que Judas approche la flamme aux branches déjà mises sur le foyer et souffle pour allumer des copeaux, Jésus lève les mains au-dessus de sa tête et puis s'en presse les yeux...

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SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2007/07-227.htm
Tome : 7/ 227



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Judas de Kériot


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Message par François_1 Mar 1 Juil 2014 - 5:08

On ne peut pas dire que Judas n'a pas eu ses chances de se repentir de sa mauvaise conduite. Et que Jésus ne donne pas une infinité de chances à tous.

Merci Maud pour cet autre partage intéressant de l'Évangile selon M. Valtorta.

Bonne journée!

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Message par Maud Mar 1 Juil 2014 - 7:11

Merci François  Laughing 

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Jésus et Valéria. Le miracle du petit Lévi à Nobé:


Jésus est au milieu de malades ou de pèlerins venus vers Lui de nombreux endroits de la Palestine. Il y a jusqu'à un navigateur de Tyr qu'un accident de mer a rendu paralysé et qui raconte son infortune : la chute d'un fardeau provoquée par le roulis, et les lourdes marchandises lui sont tombées dessus et ont blessé son échine. Il n'est pas mort, mais c'est pour lui pire que la mort car, perdu comme il l'est, il oblige ses parents à laisser leur travail pour le soigner. Il dit qu'il est allé avec eux à Capharnaüm et puis à Nazareth et qu'il a su par Marie que Lui était en Judée et précisément à Jérusalem. "Elle m'a donné les noms des amis qui pouvaient te loger, et un galiléen de Sephoris m'a dit que tu es ici. Et je suis venu. Je sais que tu ne méprises personne, pas même les samaritains. Et j'espère que tu m'exauceras. J'ai tant de foi." Sa femme ne parle pas, mais se tenant accroupie près du grabat sur lequel on a posé le malade, elle regarde Jésus avec des yeux plus suppliants que toute parole.

"Où as-tu été touché ?"

"Au-dessous du cou. C'est justement là que j'ai eu le choc le plus fort et que j'ai entendu dans ma tête un bruit semblable à celui du bronze que l'on frappe. Ensuite il a fait place au continuel mugissement d'une mer en tempête et des lumières, des lumières de toutes couleurs se sont mises à danser devant moi... Puis je n'ai plus rien senti pendant plusieurs jours. Nous naviguions dans les eaux de Cintium et je me suis retrouvé à la maison, je ne sais comment. Et j'ai retrouvé le mugissement dans la tête et les lumières dans les yeux pendant des jours et des jours. Puis cela a passé... mais les bras sont restés morts et de même les jambes. Un homme fini à quarante ans, et j'ai sept enfants, Seigneur."

"Femme, soulève ton mari et découvre l'endroit qui a été frappé."

La femme obéit sans parler. Par des mouvements adroits et maternels, aidée par celui qui est venu avec elle, je ne sais si c'est son frère ou son beau-frère, elle passe un bras sous les épaules de son mari alors que de l'autre main elle soutient la tête et avec la délicatesse avec laquelle on tournerait un nouveau-né, elle soulève le corps lourd de son siège. Une cicatrice encore rouge indique l'endroit du principal choc.

Jésus se penche. Tout le monde allonge le cou pour regarder. Jésus appuie la pointe des doigts sur la cicatrice en disant : "Je veux !"

L'homme a une secousse comme si un courant électrique l'avait touché et pousse un cri : "Quel feu !"

Jésus détache les doigts des vertèbres blessées et il dit : "Lève-toi !"

L'homme ne se le fait pas dire deux fois. Appuyer sur son siège ses bras inertes depuis des mois, se secouer pour se dégager de ceux qui le soutiennent, jeter ses jambes en bas du brancard, et se mettre debout, c'est fait en beaucoup moins de temps que je n'en ai employé pour décrire les phases du miracle.

La femme crie, le parent crie, l'homme guéri lève les bras au ciel, rendu muet par la joie. Un instant de joie stupéfaite, puis il tourne sur lui-même, avec l'assurance de l'homme le plus agile, et il se trouve face à Jésus. Il retrouve alors sa voix et il crie : "Sois béni Toi et Celui qui t'a envoyé ! Je crois au Dieu d'Israël, et à Toi, son Messie" et il se jette à terre pour baiser les pieds de Jésus pendant que crient les gens.

Puis ce sont les autres miracles sur des enfants, des femmes, des vieillards pour la plupart.

Puis Jésus parle.

"Vous avez vu le miracle des os fracturés qui se raffermissent et des membres morts qui redeviennent vivants. Cela, c'est le Seigneur qui vous l'a accordé pour fortifier la foi chez ceux qui croient et la susciter chez ceux qui ne l'ont pas. Et le miracle a été accordé à des gens de tous les lieux, venus ici chercher la santé, poussés par la foi en mon pouvoir de guérison.

Il y a ici des juifs et des galiléens, des libanais et des syro-phéniciens, des habitants de la Batanée lointaine et des bords de la mer. Et tous sont venus, sans souci de la saison et de la longueur du parcours, et les parents les ont accompagnés sans murmurer, sans se plaindre des travaux restés en suspens ou des commerces abandonnés, car tout sacrifice était nul en comparaison de ce qu'ils allaient obtenir. Et comme sont tombés les égoïsmes et les incertitudes de l'homme, ainsi sont tombées les idées politiques ou religieuses qui constituaient une sorte de muraille empêchant de se considérer tous frères, tous égaux pour la vie et la souffrance, pour désirer et espérer la santé et le réconfort.

Et Moi, à tous ceux qui ont su s'unir dans une espérance qui est déjà de la foi, j'ai accordé la santé et le réconfort, car il est juste qu'il en soit ainsi.

Je suis le Pasteur universel et je dois accueillir toutes les brebis qui veulent entrer dans mon troupeau. Je ne fais pas de distinction entre les brebis saines et les malades, entre les brebis faibles et les fortes, entre les brebis qui me connaissent, étant déjà du troupeau de Dieu, et les brebis qui jusqu'à maintenant ne me connaissaient pas et ne connaissaient même pas le vrai Dieu. Car je suis le Pasteur de l'Humanité, et je prends mes brebis dans tous les lieux où elles se trouvent et se dirigent vers Moi. Ce sont des brebis maigres, sales, avilies, ignorantes, frappées par des pasteurs qui ne les ont pas aimées et les ont repoussées en les disant immondes ? Il n'y a pas d'impureté qui ne puisse être purifiée. Et il n'y a pas d'impureté qui, voulant se purifier et demandant de l'aide pour y arriver, puisse être repoussée avec l'excuse qu'elle est telle.

Les bons désirs, c'est Dieu qui les suscite. S'il les suscite, c'est signe qu'il désire qu'ils deviennent réalité. C'est le même Esprit de Dieu qui demande par des prières ineffables cette absorption de tous les hommes de la part de l'Amour, car l'Esprit de Dieu désire se répandre et s'enrichir. Se répandre en aimant un nombre illimité d'êtres à peine suffisant pour donner satisfaction à son Infinité d'Amour, et s'enrichir de l'amour d'un nombre illimité d'êtres attirés à Lui par la douceur de ses parfums. Il n'est donc permis à personne de mépriser et de repousser celui qui veut entrer dans le saint troupeau.

Ceci dit pour ceux d'entre vous qui peuvent cultiver dans leur cœur les idées d'une grande partie d'Israël, des idées de distinction et de jugement qui ne sont pas aimées de Dieu car elles sont contraires à son dessein de faire de tous les peuples un Peuple unique qui porte le Nom du Messie envoyé par Lui.

Cependant, en ce moment, je parle aussi à toutes celles venues du dehors, aux brebis jusqu'à présent sauvages et qui éprouvent le désir d'entrer dans le troupeau unique de l'Unique Pasteur. Et je dis : que rien ne les décourage, que rien ne les avilisse. Il n'y a pas de paganisme, il n'y a pas d'idolâtrie, il n'y a pas de vie différente de celle que j'enseigne, qu'on ne puisse renier et repousser pour permettre à l'esprit de se refaire à neuf, délivré de toute plante mauvaise pour être capable de recevoir de nouvelles semences et de revêtir un nouveau vêtement.

Et c'est cela, plus encore que la santé des membres, qui devrait pousser les peuples vers Moi. De la même façon — et cela sert pour les hébreux de Palestine comme pour les hébreux et les prosélytes de la Diaspora et comme pour les gentils — de même que vous savez venir à Moi pour que soit enlevé à vos chairs malades, le joug de l'infirmité, ainsi sachez venir pour que soit enlevé à votre esprit le joug du péché ou du paganisme. Tous, vous devriez me demander en premier lieu, et désirer de toutes vos forces, d'être délivrés de ce qui rend votre esprit esclave de forces mauvaises qui le dominent. Vous devriez vouloir d'abord cette libération, vouloir comme premier miracle le Royaume de Dieu en vous. Parce que, une fois ce Royaume de Dieu venu en vous, toute autre chose vous sera donnée, et donnée de manière que le don ne pèse pas comme un châtiment dans l'autre vie.

Vous n'avez pas réfléchi aux intempéries, aux fatigues, aux pertes d'argent pour obtenir la santé des membres, qui même s'ils sont guéris aujourd'hui, dans un proche avenir périront de mort physique. C'est du même cœur que vous devriez savoir tout affronter pour obtenir la santé de l'esprit, et la Vie éternelle, et la possession du Royaume de Dieu, Les mépris ou les menaces des parents ou des concitoyens ou des puissances, que sont-ils en comparaison de ce que vous aurez tous, de quelque endroit que vous veniez, si vous savez venir à la Vérité et à la Vie ? Qui hésiterait à aller en un lieu où il saurait que l'attend une vie heureuse, pour rester une journée à une fête qui finit au coucher du soleil ? Et pourtant c'est ce que font beaucoup. Pour se rassasier, pendant une fraction de temps, des insipides et inutiles joies du monde, ils évitent d'accourir au lieu où ils trouveraient pour toujours une vraie nourriture, une vraie santé, une vraie joie et sans peur de se la voir arracher par une haine ennemie.

Dans le royaume de Dieu, il n'y a pas de haine, pas de guerre, pas d'injustices. Celui qui sait y entrer ne connaît plus la douleur, l'angoisse, les vexations, mais il possède la paix joyeuse qui émane de mon Père.

Je vous congédie. Allez. Retournez dans vos villages. Désormais mes disciples sont nombreux et répandus dans toutes les régions de la Palestine, Écoutez-les, si vous voulez connaître ma Doctrine et être prêts pour le jour de la décision de laquelle dépendra la vie éternelle d'un grand nombre. Je vous donne ma paix pour qu'elle vienne avec vous."

Et Jésus, après avoir béni la foule, rentre dans la maison... Les apôtres restent encore dehors pendant quelque temps, puis ils rentrent pour le repas car le soleil, déjà haut dans le ciel, indique que C'est midi.

Ils s'assoient à la table rustique pour prendre la nourriture composée de fromages, de chicorée cuite à l'eau et assaisonnée avec de l'huile, et après la bénédiction des mets, ils parlent des événements de la matinée. Ils se félicitent que le nombre des disciples qui évangélisent soit désormais tel que le Maître soit soulagé de la fatigue de parler continuellement dans les conditions de fatigue où il se trouve.

En effet Jésus, ces derniers temps, est devenu encore plus maigre. Sa couleur, qui est naturellement d'un blanc d'ivoire foncé avec à peine une teinte de rosé sous la couleur brune de la peau, au sommet des joues, est maintenant tout à fait blanche, semblable à un pétale de magnolia qui a perdu sa fraîcheur. À moi, qui ayant vécu longtemps à Milan connais la couleur délicate du marbre de Candoglia qui a servi à la construction du magnifique Dôme, le visage du Seigneur, en ces derniers mois douloureux de sa vie terrestre, me paraît vraiment de la couleur de ce marbre qui n'est pas blanc, qui n'est pas rosé, qui n'est pas jaune, mais rappelle avec les nuances les plus délicates ces trois couleurs. Les yeux sont plus profonds et semblent donc plus sombres, peut-être aussi une ombre de lassitude offusque les paupières et les orbites. Des yeux de quelqu'un qui dort peu, pleure beaucoup et souffre. Et la main semble plus longue, parce qu'elle est décharnée et pâlie, douce main de mon Seigneur qui montre déjà le relief des tendons et les veines, qui a des creux par suite de la maigreur sous laquelle transparaît l'ossature sous-jacente, sainte main martyre, déjà prête pour le clou qui la transpercera et où il sera facile aux bourreaux de trouver le point où mettre le clou car il n'y a pas de voile de graisse sur la main ascétique de mon Seigneur. Maintenant elle s'abandonne comme par lassitude sur le bois sombre de la table, alors que Lui secoue sa tête en souriant péniblement à ses apôtres qui s'aperçoivent de l'infinie lassitude de ses membres, de sa voix, et surtout de son cœur, trop affligé, trop épuisé par l'effort de devoir tenir unis tant de cœurs différents, de devoir supporter et tenir caché le déshonneur du disciple incorrigible...

Pierre décrète : "Toi, jusqu'à la Fête de la Dédicace, il faut absolument que tu te reposes. À ceux qui viennent, c'est nous qui y penserons. Toi, tu iras... Mais, oui ! Chez Thomas. Tu seras tout près et en paix. "

Thomas appuie la proposition de Pierre, mais Jésus secoue la tête. Non. Il ne veut pas y aller.

"Eh bien, alors, tu ne parleras pas ces jours-ci. Nous pouvons le faire. Ce ne seront pas des paroles élevées : nous nous en tiendrons à ce que nous savons et Toi, tu t'occuperas seulement des malades."

"Cela, nous aussi pouvons le faire" dit Judas Iscariote.

"Hum ! Moi, j'y renonce" dit Pierre.

"Et pourtant, tu l'as déjà fait !"

"Certainement. Quand le Maître n'était pas avec nous et que nous devions le représenter et le faire aimer. Mais à présent il est là et c'est Lui qui fait le miracle. Lui seul en est digne. Le miracle, nous ! Mais si nous avons besoin de recevoir celui de notre rénovation, parce que, de nous-mêmes, je m'en aperçois bien, nous ne ferons jamais rien de bien. Nous sommes des misérables, pécheurs et ignorants."

"Parle pour toi, je t'en prie. Moi je ne me sens pas du tout misérable !" réplique Judas de Kériot.

"Le Maître est las. Sa lassitude est plutôt morale que physique. S'il est vrai que nous l'aimons, évitons les disputes. C'est ce qui l'épuisé le plus" dit sévèrement le Zélote.

Jésus lève les yeux pour regarder l'apôtre âgé, toujours si sage, et il lui tend la main par dessus la table pour le caresser. Le Zélote prend dans ses mains brunes cette main blanche et il la baise.

"Tu as raison. Mais moi aussi, si je dis qu'il doit absolument se reposer. Il semble malade !..." insiste Pierre.

Tous sont d'accord, y compris le vieux Jean et Élise qui dit : "Il y a si longtemps que je le dis. Pour cela, je voudrais..."

Un coup à la porte.

André, qui en est le plus proche, va ouvrir et il sort en refermant la porte derrière lui.
Il rentre : "Maître, il y a une femme. Elle insiste pour te voir. Elle a une fillette avec elle. Elle doit être de haute condition, malgré la simplicité de son vêtement. Elles ne sont pas malades, ni elle ni sa fille, dirais-je. Mais je ne sais pourquoi elle a un voile si épais. La fillette a des fleurs splendides dans les bras. »

"Renvoie-la. Nous étions en train de dire qu'il doit se reposer, et tu ne le laisses même pas finir de manger !" bougonne Pierre.

"Je le lui ai dit. Mais elle m'a répondu qu'elle ne fatiguera pas le Maître, et que Lui aura certainement de la joie de la voir."

"Dis-lui qu'elle revienne demain à l'heure de tout le monde. Maintenant le Maître va se reposer."

"André, accompagne-la dans la chambre du haut. J'arrive tout de suite" dit Jésus.

"Voilà ! Je le savais ! C'est ainsi qu'il se ménage ! Exactement comme nous disions de le faire !" Pierre est fâché.

Jésus se lève et avant de sortir il passe derrière Pierre, lui met les mains sur les épaules, se penche un peu pour déposer un baiser sur ses cheveux en disant : "Bon, Simon ! Celui qui m'aime soulage ma lassitude plus que le repos sur un lit."

"Sais-tu si c'est quelqu'une qui t'aime ?"

"Oh ! Simon ! L'inquiétude te fait dire des paroles dont tu t'es déjà repenti car tu te rends compte qu'elles sont sottes ! Bon ! Bon ! Une femme qui vient avec une enfant innocente, qui m'amène son enfant innocente les bras chargés de fleurs, ne peut être que quelqu'une qui m'aime et qui voit mon besoin de trouver un peu d'amour et de pureté au milieu de tant de haine et de souillure." Et il s'en va ensuite en montant l'escalier de la terrasse, alors qu'André, une fois sa mission accomplie, rentre dans la cuisine.

La femme est sur la porte de la pièce supérieure. Grande, élancée sous un lourd manteau gris, le visage voilé par une toile de soie ivoire qui descend de la capuche fermée autour de son visage. La fillette, une enfant encore car elle peut avoir au maximum trois ans, a un petit vêtement de laine blanche et une cape blanche aussi, avec la capuche. Mais la capuche a glissé en arrière de ses boucles d'une délicate couleur châtain clair, car la petite regarde la femme en levant son petit visage qui émerge des fleurs qu'elle serre étroitement dans ses bras. Des fleurs splendides qu'on ne peut trouver que dans ces pays pendant le froid décembre : des roses carnées mélangées avec de délicates fleurs blanches que je ne connais pas; je ne suis pas très forte en floriculture.

Jésus a à peine posé le pied sur la terrasse qu'il s'entend saluer par la petite voix de l'enfant qui court à sa rencontre, poussée par la femme, en disant : "Ave, Domine Jesu !"

Jésus penche sa haute personne sur sa minuscule dévote, et en posant une main sur ses cheveux, lui dit : "La paix soit avec toi", et puis il se relève et suit la fillette qui, avec un gazouillement joyeux, revient vers la femme qui s'est inclinée profondément, en se déplaçant de devant la porte pour laisser passer le Maître.

Jésus la salue d'un signe de tête, et entre dans la pièce pour aller s'asseoir sur le premier siège qu'il trouve, silencieux comme s'il attendait, Il est très roi. Assis sur son pauvre siège de bois sans dossier, il paraît assis sur un trône tant est austère sa dignité. Sans manteau, avec son seul vêtement de laine d'un bleu très foncé, sans ornements, un peu déteint sur les épaules où la pluie, le soleil, la poussière et la sueur ont attaqué la couleur, vêtement propre, mais pauvre, il paraît vêtu de pourpre tant est majestueux son comportement. Très rigide, presque hiératique la pose de sa tête sur son cou, avec ses mains sur les genoux, les paumes ouvertes, les pieds nus sur le pavé nu de vieilles briques, avec comme fond le mur nu et à peine blanchi à la chaux avec, suspendu derrière sa tête non pas un drap ni un baldaquin mais un tamis pour la farine et une corde où sont suspendus des paquets d'ails et d'oignons, il est plus imposant que s'il avait sous ses pieds un pavage précieux, un mur d'or derrière Lui et un voile de pourpre orné de gemmes sur la tête.

Il attend. Sa majesté paralyse la femme en une stupeur de vénération. La fillette même se tait et reste immobile près de la femme, un peu effrayée peut-être. Mais Jésus sourit en disant : "Je suis ici pour vous. Ne craignez pas."

Et alors toute crainte tombe. La femme murmure quelque chose à la fillette et la fillette s'avance, suivie par la femme, et elle va contre les genoux de Jésus et elle dépose sur ses genoux toutes ses fleurs en disant : "Les roses de Faustina à son Sauveur." Elle le dit lentement comme quelqu'un qui ne connaît pas une langue qui n'est pas la sienne. Pendant ce temps la femme s'est agenouillée derrière la fillette, en rejetant son voile en arrière. C'est Valeria, la mère de la petite, qui salue Jésus de son salut romain : "Salut, ô Maître."

"Que Dieu vienne à toi, femme. Comment donc es-tu ici ? Et seule ainsi ?" dit Jésus tout en caressant la petite qui n'a plus peur, et qui non contente d'avoir mis les fleurs sur les genoux de Jésus, fouille avec ses menottes dans le bouquet parfumé et choisit celles qui, selon elle, sont les plus belles en disant : "Prends ! Prends ! C'est pour Toi, sais-tu ?" et elle lève tantôt une rose, tantôt une des larges ombrelles blanches à petites étoiles odorantes, près du visage de Jésus qui les prend et les remet sur le tas parfumé.

Pendant ce temps, Valeria parle : "J'étais à Tibériade car ma fille était un peu malade et notre médecin l'avait conseillé..." Valeria fait une longue pause, change de couleur et puis dit à la hâte : "et j'avais une si grande souffrance au cœur et je te désirais. Car pour ma souffrance, un seul médecin pouvait trouver la guérison : Toi, Maître qui en toutes choses as des paroles de justice... Je serais donc venue de toutes façons. Par l'égoïsme d'avoir ton réconfort, et aussi pour savoir ce que je dois faire pour... Oui, pour montrer ma reconnaissance envers Toi et ton Dieu qui m'avez accordé d'avoir mon enfant... Mais nous savons tant de choses, Maître. Les rapports des plus petits faits de la Colonie sont journellement déposés sur la table de travail de Ponce Pilate. Il en prend connaissance, mais pour prendre des décisions à leur sujet il s'en rapporte beaucoup à Claudia... Beaucoup de rapports parlent de Toi et des hébreux qui entretiennent l'agitation dans le pays, en faisant de Toi en même temps une enseigne de réveil national et une cause de haine civile. Claudia voit juste quand elle dit à son mari que dans toute la Palestine, il n'y en a qu'un seul dont il ne doit pas craindre qu'il soit pour lui une cause de malheur : Toi. Et Pilate l'écoute jour après jour... Jusqu'à présent la plus forte c'est Claudia. Mais si demain une autre force dominait Pilate... J'ai donc su et senti que mon innocente t'aurait consolé..."

"Tu as eu un cœur plein de pitié et éclairé, femme. Que Dieu t'éclaire totalement et veille sur ton enfant, maintenant et toujours."

"Merci, Seigneur. J'ai besoin de Dieu..." Des larmes tombent des yeux de Valeria.
"Oui, tu en as besoin. En Dieu tu trouveras tout réconfort, et tu sauras trouver un guide pour être juste en jugeant, pardonnant, en aimant encore, et surtout pour éduquer cette petite, afin qu'elle ait la vie heureuse de ceux qui sont les enfants du vrai Dieu.

Tu vois : le Dieu que tu ne connaissais pas, dont peut-être tu t'étais moquée, de Lui et de sa Loi, si différent de vos dieux et de vos lois et pratiques religieuses; que tu avais certainement offensé par une manière de vivre où la vertu n'était pas respectée en tant de choses, légères encore, si tu veux, mais qui conduisaient à blesser plus grièvement la vertu et à offenser la Divinité qui t'a créée, toi aussi; ce Dieu t'a tant aimée que par une douleur que tu ressentais avec ton humanité de mère, et de mère qui ne connaît pas la vie future et par conséquent le caractère temporaire de la séparation de la chair de sa chair, t'a tant aimée qu'il t'a amenée à Moi. Il t'a aimée au point de me conduire à Césarée quand tu agonisais pour ainsi dire sur la chair de ton enfant qui se refroidissait déjà dans l'agonie. Il t'a tant aimée qu'il te l'a rendue afin que tu aies toujours présentes à ton esprit la bonté et la puissance du Dieu vrai, et que tu possèdes un frein contre la licence païenne et un réconfort dans toutes tes douleurs de femme mariée. Il t'a tant aimée que, par une autre douleur, Il a renforcé en toi la volonté de venir à la Voie, à la Vérité, à la Vie, et de t'y fixer avec ton enfant, pour qu'elle au moins, dès sa prime enfance, possède ce qui est réconfort et paix, salut et lumière dans les tristes journées de la Terre, et les ait pour être préservée de tout ce qui te fait souffrir dans la meilleure partie de ton être, et dans la partie affective. La première, instinctivement bonne et incapable de supporter la sombre boue où elle est obligée de vivre. La seconde, désordonnée dans sa bonté.

C'est que dans tes affections, tu es païenne, ô femme. Ce n'est pas ta faute. C'est la faute du siècle où tu vis et de la gentilité dans laquelle tu as grandi. Seul celui qui est dans la vraie religion sait donner aux affections leur valeur, leur mesure et leurs justes manifestations. Toi, mère ignorante de la vie éternelle, tu as aimé ta petite d'une manière désordonnée, et en la voyant mourir, tu te révoltais désespérément contre cette perte, rendue folle par la mort qui allait survenir. Comme quelqu'un qui voit saisi par un fou l'être qui lui est le plus cher et le voit suspendu au-dessus d'un abîme du fond duquel il ne pourrait revenir s'il y tombait, et ne pourrait pas même être rapporté comme froide dépouille au baiser de son amour, ainsi tu voyais ta Fausta déjà suspendue au-dessus de l'abîme du néant... Pauvre mère qui n'aurait plus eu sa fille ! Ni dans sa chair ni dans son esprit. Le néant. La fin, la fin inexorable qu'est la mort pour ceux qui ne croient pas à la Vie spirituelle.

Toi, épouse païenne, aimante, fidèle, tu as aimé dans ton époux le dieu terrestre d'un amour charnel, ton beau dieu qui se faisait adorer par toi, en abaissant ta dignité d'égale à une servilité d'esclave. Que la femme soit soumise à son mari, humble, fidèle, chaste. Oui. Lui, l'homme, est le chef de la famille, mais chef ne veut pas dire despote. Chef ne veut pas dire maître capricieux auquel est permis tout caprice non seulement sur la chair mais sur la meilleure partie de l'épouse. Vous dites : "Où toi, Caïus, là moi, Caïa". Pauvres femmes d'un lieu où la licence se trouve jusque dans les histoires de vos dieux, celles d'entre vous qui ne sont pas d'une impudicité effrénée, comment pouvez-vous être là où sont vos époux ? Il est inévitable qu'une femme, qui n'est pas licencieuse et corrompue, se détache avec dégoût et éprouve une douleur vraiment atroce comme si des fibres se déchiraient, un effroi, un écroulement de tout le culte envers le mari contemplé jusque là comme un dieu, quand elle découvre que celui qu'elle adorait comme un dieu est un être misérable, dominé par une animalité brutale, licencieux, adultère, distrait, indifférent, qui se moque des sentiments et de la dignité de son épouse.

Ne pleure pas. Moi aussi je sais tout et même sans avoir besoin des rapports des centurions. Ne pleure pas, femme. Apprends, au contraire, à aimer ton mari dans l'ordre."

"Je ne peux plus l'aimer, il ne le mérite plus. Je le méprise. Je ne m'avilirai pas moi-même en l'imitant, mais je ne peux plus l'aimer. Tout est fini entre nous. Je l'ai laissé partir... sans essayer de le retenir... Au fond, je lui ai été reconnaissante, une dernière fois, pour son éloignement... Je ne le rechercherai pas. Du reste, quand donc a-t-il été pour moi un compagnon ? Une fois tombé le bandeau de mon adoration, je me rappelle maintenant et je juge ses actions. Était-il peut-être avec mon cœur, quand je pleurais de devoir le suivre ici, en quittant ma mère malade et ma patrie, alors que j'étais nouvelle épouse et près d'enfanter ? Lui, avec ses amis, riait fat de mes larmes et de mes nausées, m'avertissant seulement de ne pas salir son vêtement. Était-il peut-être à côté de moi, dans la nostalgie de mon dépaysement ? Non, dehors, avec ses amis, aux festins où mon état ne me permettait pas d'aller... Était-il peut-être penché avec moi sur le berceau du bébé ? Quand on lui montra la fille, il se mit à rire en disant : "J'aurais bien envie de la faire mettre par terre. Ce n'est pas pour avoir des filles que j'ai pris le joug matrimonial". Il n'assista pas à la purification en disant que c'était une pantomime inutile. Et parce que la petite pleurait, il dit en sortant : "Qu'on lui donne le nom de Libitina, et qu'elle soit consacrée à la déesse". Et quand Fausta fut mourante, partagea-t-il mon angoisse ? Où était-il la nuit qui précéda ta venue ? Dans la maison de Valérien à un banquet. Mais je l'aimais : c'était, tu as dit juste, mon dieu. Tout me paraissait bon, juste en lui. Il me permettait de l'aimer... et j'étais l'esclave la plus esclave de ses volontés. Sais-tu pourquoi il m'a écartée de lui ?"

"Je le sais. Parce que dans ta chair, l'âme s'était réveillée et que tu n'étais plus une femelle, mais une femme."

"C'est ainsi. J'ai voulu faire de ma maison une maison vertueuse... et lui s'est fait envoyer à Antioche près du Consul, en m'imposant de ne pas le suivre et il a emmené avec lui ses esclaves favorites. Oh ! je ne le suivrai pas ! J'ai ma fille, j'ai tout."

"Non. Tu n'as pas tout. Tu as une partie, une petite partie du Tout, ce qui te sert à être vertueuse. Le Tout, c'est Dieu. Ta fille ne doit pas être une raison d'injustice envers le Tout, mais de justice. Pour elle et avec elle, tu as le devoir d'être vertueuse."

"Je suis venue pour te consoler, et c'est Toi qui me consoles. Mais je suis venue aussi pour te demander comment éduquer cette petite pour la rendre digne de son Sauveur. J'avais pensé me faire votre prosélyte et de la faire telle elle aussi..."

"Et ton mari ?"

"Oh ! tout est fini avec lui."

"Non. Tout commence. Tu es toujours son épouse. Le devoir d'une bonne épouse est de rendre bon son conjoint."

"Il dit qu'il veut divorcer, et il le fera certainement. Pour cela..."

"Et il le fera. Mais il ne l'a pas encore fait et tant qu'il ne Ta pas fait, tu es son épouse, même d'après votre loi. Et comme telle, tu as le devoir de rester comme épouse à ta place. Ta place est celle de seconde pour ton mari dans la maison, près de ta fille, en présence des serviteurs et du monde. Tu penses : lui a donné le mauvais exemple. C'est vrai. Mais cela ne te dispense pas de donner, toi, un exemple de vertu. Lui s'en est allé, c'est vrai. Toi, prends sa place auprès de ta fille et des serviteurs.

Tout ne mérite pas des reproches dans vos coutumes. Quand Rome était moins corrompue, ses femmes étaient chastes, laborieuses, et elles servaient la divinité par une vie de vertu et de foi. Même si leur condition misérable de païennes les faisait servir des faux dieux, l'idée était bonne. Elles donnaient leur vertu à l'Idée de la religion, au besoin d'un respect pour une religion, pour une Divinité dont le vrai nom leur était inconnu, mais dont elles sentaient l'existence et qui était plus grand que l'Olympe licencieux, que les divinités avilies qui le peuplaient selon les légendes mythologiques. Inexistant votre Olympe, inexistants vos dieux. Mais vos vertus antiques étaient le fruit de la conviction vraie qu'il fallait être vertueux pour pouvoir être regardé avec amour par les dieux; elles étaient le fruit du devoir que vous aviez le sentiment d'avoir envers les divinités que vous adoriez.

Aux yeux du monde, particulièrement de notre monde judaïque, vous paraissiez sots pour cet honneur que vous donniez à ce qui n'existe pas. Mais pour la Justice éternelle et vraie, pour le Dieu Très-Haut, Unique et Tout Puissant Créateur de toutes les créatures et de toutes choses, ces vertus, ce respect, ce devoir n'étaient pas vains. Le bien est toujours le bien, la foi a toujours valeur de foi, la religion a toujours valeur de religion si celui qui les suit et les pratique est convaincu d'être dans le vrai.

Je t'exhorte à imiter vos antiques femmes, chastes, laborieuses et fidèles, en restant à ta place, colonne et lumière dans ta maison et de ta maison. Ne crois pas que les serviteurs aient pour toi moins de respect parce que tu es restée seule. Jusqu'à présent ils t'ont servie par crainte et parfois avec un sentiment caché de haine et de révolte. Dorénavant ils te serviront avec amour. Les malheureux aiment ceux qui sont malheureux. Tes esclaves connaissent la douleur. Ta joie était pour eux un aiguillon amer. Tes peines, en te dépouillant du froid éclat de maîtresse, au sens le plus odieux du mot, te revêtiront d'une lumière chaude de pitié. Tu seras aimée, Valeria, et par Dieu et par ta fille et par tes serviteurs. Et même si tu n'étais plus l'épouse, mais la divorcée, rappelle-toi (Jésus se lève) que la séparation légale ne supprime pas le devoir de la femme d'être fidèle à son serment d'épouse.

Tu voudrais entrer dans notre religion. Un de ses préceptes divins c'est que la femme est la chair de la chair de l'époux et que rien ni personne ne peut séparer ce que Dieu a fait une seule chair. Nous aussi, nous avons le divorce. Il est venu comme un fruit mauvais de la luxure humaine, du péché d'origine, de la corruption des hommes. Mais il n'est pas venu spontanément de Dieu. Dieu ne change pas sa parole. Et Dieu avait dit, en inspirant à Adam, innocent encore, et parlant par conséquent avec une intelligence que la faute n'avait pas offusquée, les paroles : que les époux, une fois unis, devaient être une seule chair . La chair ne se sépare pas de la chair autrement que par le malheur de la mort ou de la maladie.

Le divorce mosaïque, accordé pour éviter des péchés atroces, n'accorde à la femme qu'une liberté bien mesquine. La divorcée est toujours une femme diminuée dans la pensée des hommes, soit qu'elle reste telle, soit qu'elle passe à des secondes noces. Dans le jugement de Dieu, c'est une malheureuse si elle devient divorcée par suite de la malveillance de l'époux et reste divorcée; mais elle n'est qu'une pécheresse, une adultère, si elle le devient par ses abjectes propres fautes et se remarie. Mais toi, si tu veux entrer dans notre religion, tu le fais pour Me suivre, et alors Moi, Verbe de Dieu, le temps de la religion parfaite étant venu, je te dis ce que je dis à beaucoup. Il n'est pas permis à l'homme de séparer ce que Dieu a uni et est toujours adultère celui ou celle qui du vivant de son conjoint passe à d'autres noces.

Le divorce est une prostitution légale, qui met l'homme et la femme en situation de commettre des péchés de luxure. La femme divorcée reste difficilement veuve d'un homme vivant, et veuve fidèle. L'homme divorcé ne reste jamais fidèle au premier mariage. Aussi bien l'un que l'autre, en passant à d'autres unions, descendent du niveau des hommes à celui des brutes, auxquelles il est permis de changer de femelle à tout appel des sens. La fornication légale, dangereuse pour la famille et la Patrie, est criminelle à l'égard des innocents. Les enfants des divorcés doivent juger leurs parents. Jugement sévère que celui des enfants ! Les enfants doivent condamner au moins un des deux parents. Et les enfants, à cause de l'égoïsme des parents, sont condamnés à une vie affective mutilée.

Que si ensuite, aux conséquences familiales du divorce, qui prive du père ou de la mère des enfants innocents, s'ajoute le nouveau mariage du conjoint auquel ont été confiés les enfants, à la condamnation d'une vie affective mutilée de l'un des deux membres, s'ajoute l'autre mutilation : celle de la perte, plus ou moins totale, de l'affection de l'autre membre, séparé, ou totalement absorbé, par le nouvel amour et les enfants du nouveau mariage.

Parler de noces, de mariage, dans le cas d'une nouvelle union d'un divorcé ou d'une divorcée, c'est profaner le sens et la chose de ce qu'est le mariage. Seule la mort de l'un des conjoints et le veuvage qui en résulte pour l'autre, peut justifier les secondes noces, bien que je juge qu'il serait meilleur de s'incliner devant le verdict toujours juste de Celui qui règle les destinées des hommes, et de se renfermer dans la chasteté quand la mort a mis fin à l'état matrimonial, en se consacrant tout entier aux enfants et en aimant dans ses enfants le conjoint passé à l'autre vie. C'est un amour dépouillé de toute matérialité, saint et vrai.

Pauvres enfants ! Connaître après la mort ou l'écroulement du foyer, la dureté d'un second père ou d'une seconde mère et l'angoisse de voir les caresses partagées avec d'autres fils qui ne sont pas des frères !

Non. Dans ma religion le divorce n'existera pas. Et adultère et pécheur sera celui qui contractera le divorce civil pour contracter une nouvelle union. La loi humaine ne changera pas mon décret. Le mariage, dans ma religion, ne sera plus un contrat civil, une promesse morale, faite et sanctionnée par la présence de témoins préposés pour la chose. Mais ce sera un indissoluble lien rivé, soudé, sanctifié par la puissance sanctifiante que je donnerai au contrat, devenu Sacrement. Pour te faire comprendre : rite sacré. Ce pouvoir aidera à pratiquer saintement tous les devoirs matrimoniaux, mais il sera aussi l'affirmation de l'indissolubilité du lien.

Jusqu'à présent, le mariage est un contrat réciproque naturel et moral entre deux personnes de sexe différent, À partir du moment où ma loi existera, il sera étendu à l'âme des conjoints. Il deviendra par conséquent aussi un contrat spirituel, sanctionné par Dieu par l'intermédiaire de ses ministres. Tu sais maintenant qu'il n'y a rien au-dessus de Dieu. Donc ce que Lui aura uni, aucune autorité, aucune loi ou caprice humain ne pourra le séparer.

Le "où tu es Caïus, je serai moi Caïa" de votre rite se perpétue dans l'au-delà, dans notre rite, dans mon rite, car la mort n'est pas la fin, mais la séparation temporaire de l'époux et de l'épouse, et le devoir d'aimer dure aussi au-delà de la mort. C'est pour cela que je dis que je voudrais la chasteté chez les veufs. Mais l'homme ne sait pas être chaste. Et c'est aussi pour cela que je dis que les conjoints ont le devoir de s'améliorer l'un l'autre.

Ne hoche pas la tête. Tel est le devoir, et il faut accomplir ce devoir si on veut vraiment Me suivre."

"Tu es dur, aujourd'hui, Maître."

"Non. Je suis Maître et j'ai en face de Moi une créature qui peut grandir dans la vie de la Grâce. Si tu n'étais pas ce que tu es, je t'imposerais moins. Mais tu as une bonne trempe et la souffrance purifie et trempe toujours plus ton métal. Un jour tu te souviendras de Moi et tu me béniras d'avoir été ce que je suis."

"Mon mari ne reviendra pas en arrière..."

"Et toi, tu iras de l'avant. En tenant par la main ton innocente, tu marcheras sur le chemin de la Justice sans haine, sans vengeance, et aussi pourtant sans attente inutile et sans regret pour ce qui est perdu."

"Tu le sais alors que je l'ai perdu !"

"Je le sais, mais ce n'est pas toi qui l'as perdu, c'est lui qui t'a perdue. Il ne te méritait pas. Maintenant écoute... C'est dur. Oui. Tu m'as apporté des roses et des sourires innocents pour me consoler, .. Moi... Je ne puis que te préparer à porter la couronne d'épines des épouses abandonnées... Mais, réfléchis; si le temps pouvait revenir en arrière et te ramener à ce matin où Fausta était mourante, et si ton cœur était mis dans l'alternative de choisir entre ta fille et ton mari, devant nécessairement perdre l'un des deux, toi, que choisirais-tu ?,,."

La femme réfléchit, pâle mais courageuse dans sa souffrance après les quelques larmes qu'elle a versées au début du dialogue... Puis elle se penche sur sa petite qui est assise sur le pavé et s'amuse à mettre des fleurettes blanches autour des pieds de Jésus. Elle la prend, l'embrasse et crie : "C'est elle que je choisirais, car à elle je puis donner mon cœur même et la faire grandir comme j'ai appris que l'on doit vivre. Mon enfant ! Et être unies aussi au-delà de la vie. Moi toujours sa mère, elle toujours ma fille !" et elle la couvre de baisers alors que la petite se serre à son cou, toute amour et sourires.

"Dis-moi, oh ! dis-moi, Maître, Toi qui apprends à vivre en héros, ce que, comment l'élever pour être toutes les deux dans ton Royaume ? Quelles paroles, quelles actions lui enseigner ?..."

"Il n'est pas besoin de paroles ni d'actes particuliers. Sois parfaite pour qu'elle reflète ta perfection. Aime Dieu et le prochain pour qu'elle apprenne à aimer. Vis sur la Terre avec tes affections en Dieu. Elle t'imitera. Ainsi pour l'instant. Plus tard mon Père, qui vous a aimées d'une manière spéciale, pourvoira à vos besoins spirituels, et vous deviendrez sages dans la foi qui portera mon Nom. C'est tout ce qu'il y a à faire. Dans l'amour de Dieu, tu trouveras tout frein contre le Mal. Dans l'amour du prochain, tu auras une aide contre l'accablement de la solitude. Et enseigne à pardonner. À toi-même... et à ton enfant. Comprends-tu ce que je veux dire ?"

"Je comprends... C'est juste... Maître, je te quitte. Bénis une pauvre femme... qui est plus pauvre qu'une mendiante qui a son compagnon fidèle..."

"Où es-tu maintenant ? À Jérusalem ?"

"Non, à Béther. Jeanne, qui est si bonne, m'a envoyé dans son château... Je souffrais trop là-haut... Je vais y rester jusqu'à ce que Jeanne vienne à Jérusalem, ce qui ne va pas tarder. Elle descend en Judée avec ta Mère et les autres disciples aux premières tiédeurs du printemps. Ensuite, je resterai avec elle quelque temps. Puis les autres viendront et j'irai avec elles. Mais le temps aura déjà pansé ma blessure."

"Le temps, et surtout Dieu et le sourire de ta fillette. Adieu, Valeria. Que le Dieu vrai, que tu cherches avec un esprit qui est bon, te réconforte et te protège," Jésus met la main sur la tête de la petite pour la bénir. Puis il s'approche de la porte fermée en demandant : "Tu es venue seule ?"

"Non, avec une affranchie. La char m'attend dans le bois à l'entrée du village. Nous verrons-nous encore, Maître ?"

"Pour la Dédicace, je serai à Jérusalem, au Temple."

"j'y serai, Maître. J'ai besoin de tes paroles pour ma nouvelle vie..."

"Va tranquille. Dieu ne laisse pas sans aide celui qui le cherche."

"Je crois... Oh ! il est bien triste notre monde païen !"

"Il y a de la tristesse partout où il n'y a pas une vraie vie en Dieu.

Même en Israël, on pleure... C'est parce qu'on ne vit plus dans la Loi de Dieu. Adieu. La paix soit avec toi."

La femme se courbe en une inclination profonde et elle suggère quelque chose à la petite. Et la fillette lève le visage, tend ses petits bras et elle répète de sa petite voix de pinson : "Ave, Domine Jesu !"

Jésus se penche pour cueillir sur sa petite bouche le baiser innocent qui déjà s'y forme, et la bénit encore... Puis il rentre dans la pièce et s'assoit pensif près des fleurs éparses sur le sol.
Il se passe ainsi quelque temps, puis quelqu'un frappe à la porte.

"Viens."

La porte s'entrouvre et dans l'entrebâillement apparaît la figure honnête de Pierre.

"C'est toi ? Viens..."

"Non. C'est Toi qui devrais venir avec nous. Il fait froid ici. Quelles belles fleurs ! Un grand prix !" Pierre, en parlant, observe son Maître.

"Oui, un grand prix. Mais l'acte et la façon dont il a été accompli a plus de valeur que les fleurs. Elles m'ont été apportées par la fillette de Valeria, la romaine amie de Claudia."
"Hé ! je sais ! je sais ! Et pourquoi ?"

"Pour me consoler. Elles savent ce que je souffre, et Valeria a eu cette pensée. Elle a pensé que les fleurs d'une innocente pourraient me consoler..."

"Une romaine !... Et nous d'Israël, nous ne te donnons que de la douleur... Judas a deviné juste. Il disait qu'il avait vu un char arrêté et que la femme était certainement une romaine... et... il était troublé, Maître..." Pierre est tout à fait interrogateur.

Mais Jésus dit seulement : "Où est Judas ?"

"Dehors. Je veux dire sur la route, près du bois. Il veut voir qui est venu te trouver..."

"Descendons."

Judas est déjà dans la cuisine. Il se retourne en voyant entrer Jésus et il dit : "Même si tu voulais le nier, tu ne pourrais nier que cette femme est venue pour... se plaindre de quelque chose ! Elles ont encore autre chose à dire ? Elles n'ont pas d'autres occupations que d'épier et de rapporter et..."

"Je ne suis pas tenu de te répondre, mais je le fais pour tout le monde. Et Simon Pierre sait déjà qui c'est, et je dis à tous pourquoi elle est venue. Même les créatures en apparence les plus heureuses peuvent avoir besoin de réconfort et de conseil... André, monte pour prendre les fleurs apportées par la fillette et porte-les au petit Lévi."

"Pourquoi ?"

"Parce qu'il est mourant."

"Il est mourant ? Mais moi, je l'ai vu à l'heure de tierce, et il était bien portant" dit Barthélemy stupéfait.

"Il était en bonne santé. Avant le soir, il sera mort."

"S'il est si mal, il ne jouira pas des fleurs..."

"Non. Mais, dans la maison effarée, les fleurs envoyées par le Sauveur diront une parole lumineuse."

Jésus s'assoit alors que tous parlent de la fragilité de la vie et Élise met son manteau en disant : "Je vais moi aussi avec André... Cette pauvre mère !..."

On voit André et Élise qui s'éloignent avec les fleurs dans leurs mains...

Jésus se tait. Judas aussi se tait, indécis. Jésus est silencieux mais pas sévère... Judas lui tourne autour, aiguillonné par le désir de savoir, par l'angoisse torturante de quelqu'un qui n'a pas la conscience en paix. Mais il finit par attirer Pierre à part pour l'interroger. Il se rassure après avoir parlé avec Pierre et il va piquer Matthieu qui écrit tranquillement sur un coin de la table.

André revient en courant. Il parle, essoufflé : "Maître... l'enfant est vraiment mourant... À l'improviste... On dirait des fous... Mais quand Élise a dit : "C'est le Seigneur qui les envoie" et moi... je croyais qu'ils comprenaient : "pour le lit funèbre", la mère et le père... en même temps, ont dit : "Oh ! c'est vrai ! Cours l'appeler. Il le guérira".

"La parole de la foi. Allons" et Jésus sort presque en courant. Naturellement tout le monde le suit, même le vieux Jean, tout en boitant, derrière tout le monde.

La maison est au bout du village, mais Jésus y arrive bientôt et se fraie un passage parmi les gens qui encombrent la porte ouverte. Il va droit à une pièce au fond de l'entrée, car c'est une maison vaste qui a beaucoup d'habitants, peut-être frères entre eux.

Dans la pièce, penchés sur le lit improvisé, le père, la mère et Élise... Ils ne voient Jésus que quand il dit : "La paix à cette maison."

Alors les malheureux parents quittent le lit et se jettent aux pieds de Jésus. Élise seule reste où elle est, occupée à frictionner avec des substances aromatiques les membres qui se refroidissent.

Le petit est vraiment à toute extrémité, son corps a déjà la lourdeur et l'abandon de la mort, et son petit visage est de cire avec des narines fuligineuses et des lèvres violacées. Le petit respire difficilement avec des spasmes de sa petite poitrine et chaque respiration semble la dernière tant elle est éloignée de la précédente.

La mère pleure, le visage sur les pieds de Jésus. Le père, lui aussi courbé jusqu'à terre, dit :

"Aie pitié ! Aie pitié !" Il ne sait dire autre chose.

Jésus dit : "Lévi, viens vers Moi" et il lui tend les bras.

Le petit, un enfant d'environ cinq ans, a comme une secousse, comme si quelqu'un l'avait appelé à haute voix pendant qu'il dormait. Il s'assoit sans difficulté et de ses petits poings il se frotte les yeux, regarde autour de lui avec étonnement, et voyant Jésus qui lui sourit, il se jette en bas de son petit lit et va avec assurance, dans sa petite tunique, vers le Sauveur.

Les parents, courbés comme ils sont, ne voient rien, mais les exclamations d'Élise qui crie; "Bonté éternelle !", et des apôtres et des curieux qui de l'entrée poussent un "Oh !" de stupéfaction, les avertissent de ce qui arrive; ils lèvent leurs visages de par terre et ils voient leur petit garçon là, en bonne santé, comme s'il n'avait jamais été mourant.

La joie fait rire, fait pleurer, crier et se taire, selon les réactions de chacun. Ici, elle produit une stupeur muette, comme effrayée... Il y a trop de différence entre la situation précédente et l'actuelle, et les deux pauvres parents, déjà étourdis par la douleur, hésitent à accueillir la joie.

Mais enfin ils y réussissent alors que l'enfant se trouve dans les bras de Jésus, et alors au mutisme succède un flot de paroles mêlées à des cris de joie et de bénédiction, et il est difficile de suivre ce déluge de paroles qui surabondent en désordre. Je reconstruis d'après elles que vers l'heure de sexte l'enfant, qui jouait dans le jardin, était rentré à la maison en se plaignant de douleurs abdominales. La grand-mère l'avait pris dans ses bras et tenu près du feu, et il semblait aller mieux. Mais ensuite, un peu avant l'heure de none, il avait été pris de vomissements de matières fécales et était tout de suite entré en agonie. La péritonite foudroyante classique.

Le père avait couru à Jérusalem aux premiers signes du mal et était revenu avec un médecin. Ce dernier, après avoir vu l'enfant qui dans l'entre-temps s'était mis à vomir, avait dit : "Il ne peut vivre" et il s'en était allé... En effet, d'une minute à l'autre, le mal empirait et déjà l'enfant se refroidissait. Les parents, dans l'angoisse de ce malheur imprévu, étaient incapables de penser à son salut prochain. C'est seulement quand André et Élise étaient entrés avec des fleurs en disant : "Jésus les envoie à Lévi" qu'ils avaient eu une sorte de lumière intérieure et avaient dit : "Jésus va le sauver."

"Et tu l'as sauvé, éternellement béni ! Tes fleurs ! L'espérance ! La foi ! Oh ! oui ! la foi en ton amour pour nous ! Mais comment as-tu su ? Béni ! Demande de nous ce que tu veux ! Commande comme à des esclaves ! Nous te devons tout !..."

Jésus les écoute, tenant toujours l'enfant dans ses bras. Il les laisse parler jusqu'à ce qu'ils soient fatigués, que leurs nerfs soumis à une si grande tension se soient détendus en se soulageant. Puis il dit doucement : "J'aime les enfants et les cœurs fidèles. Vous tous de Nobé êtes très bons pour Moi. Si je suis bon avec ceux qui me haïssent, que donnerai-je à ceux qui m'aiment ? Je savais... et je savais aussi que la douleur vous faisait oublier la Source de la Vie. J'ai voulu vous indiquer le chemin..."

"Mais pourquoi n'es-tu pas venu de Toi-même, Seigneur ? Tu craignais peut-être que nous ne t'accueillions pas ?"

"Non. Je savais que vous m'auriez accueilli avec amour. Mais parmi ceux qui sont autour de nous, il y avait quelqu'un qui avait besoin de se persuader que je n'ignore rien de ce qui concerne les hommes et l'état des cœurs . Et j'ai voulu aussi que d'autres comprennent que Dieu répond à ceux qui l'invoquent avec foi. Maintenant soyez en paix et grandissez toujours dans la foi en la miséricorde de Dieu. Que la paix soit avec vous tous. Adieu, Lévi. Va trouver ta mère maintenant. Adieu, femme. Consacre aussi au Seigneur celui que tu portes en ton sein en souvenir de la bonté dont le Seigneur a usé envers toi. Adieu, homme. Conserve ton esprit dans la justice."

Il se retourne pour partir en passant, non sans peine, à travers les parents qui se pressent dans l'entrée : grands-parents, oncles, cousins du miraculé, qui veulent tous parler à Jésus, le bénir, être bénis par Lui, baiser ses vêtements, ses mains...

Et puis, après la nombreuse parenté, ce sont les gens du village qui veulent faire la même chose, mais ceux-ci se déversent sur la route derrière Jésus en laissant à leur joie ceux de la maison bénie par le miracle. Et dans les chemins sombres désormais, avec le bruit habituel des heures de fête, Nobé toute entière reconduit Jésus à la maisonnette de Jean, et il faut toute l'autorité des apôtres pour persuader aux citadins de retourner à leurs maisons pour laisser en paix le Maître, et à l'autorité ils doivent ajouter aussi des moyens plus énergiques en les menaçant que s'ils ne le laissent pas reposer, le lendemain ils s'en iront tous de là, pour réussir dans leur entreprise.

Et finalement le Fatigué peut se reposer... .

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2007/07-228.htm
TOME : 7 /228
https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t18376-oeuvre-de-maria-valtorta-presentation-des-disciples-de-jesus




♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Jasus_31
Maud
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Visage de J?sus Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

Message par Maud Mer 2 Juil 2014 - 7:26

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Maria_42

Jésus et la pécheresse envoyée pour le tenter


Les peuples pris en masse, les hommes pris en particulier, sont toujours un peu enfants et un peu sauvages, ou du moins primitifs, très sensibles par conséquent à tout ce qui sent la nouveauté, l'extraordinaire et résonne comme une fête.

L'approche des solennités a toujours le pouvoir d'exalter les hommes comme si la festivité faisait disparaître ce qui les rend tristes et las. Dès l'approche d'une fête, un je ne sais quoi d'entrain, de légère exaltation, frappe tout le monde, comme si cette approche ressemblait au tam-tam des sauvages dans leurs fêtes idolâtres ou leurs entreprises belliqueuses.

Et les apôtres aussi, à l'approche des Encénies, sont dans cet état d'euphorie. Bavards, joyeux, ils se mettent à faire des projets, à rappeler les fêtes passées. Un peu de mélancolie marque les conversations, mais ensuite l'air de fête les reprend et les pousse à agir pour que tout soit beau pendant la festivité.

Les lampes dans la maison de Jean sont-elles peu nombreuses ? Oh ! la maison de Thomas à Rama en est pleine ! Et Thomas part pour Rama pour prendre des lampes. L'huile n'est pas abondante ? Oh ! Élise a beaucoup d'huile à Béthsur, et elle l'offre. Et André et Jean vont à Béthsur pour prendre l'huile. Pour cuire les fouaces, il faut un feu doux de brindilles ? Voici les deux Jacques qui s'en vont par les monts pour en ramasser. Il semble qu'il y ait peu de farine, d'orge et de miel pour les plats rituels ? Et que fait-elle à Jérusalem Nike, qui s'est presque offensée de ce que l'on ne lui demande jamais rien, si ce n'est pour donner de son miel blond, de la farine et de l'orge de son beau domaine ? Et Pierre et Simon le Zélote s'en vont chez Nike alors que Jude d'Alphée aide Élise à embellir la maison, et c'est jusqu'au vieux Barthélemy qui partage la commune allégresse et avec Philippe donne une bonne couche de chaux à la cuisine enfumée pour la rendre plus gaie.

Judas Iscariote se réserve la partie décorative et ne cesse de revenir avec des branches de semper virens odorantes et garnies de baies et il les dispose avec grâce sur les étagères et autour du manteau du foyer.

Et la veille des Encénies, la maisonnette semble préparée pour accueillir une épouse, tant elle est changée avec sa brillante vaisselle de cuivre, ses lampes claires comme le soleil, ses rameaux joyeux sur les murs blanchis, alors que l'odeur du pain et des fouaces se répand dans l'air déjà parfumé par les rameaux coupés.

Jésus laisse faire. Il paraît si loin de tous, très pensif, triste même. Il répond à ceux qui l'interrogent, en demandant, par la question qu'ils posent, un compliment pour ce qu'ils ont fait. Ce sont ces questions qui me permettent de reconstituer les travaux faits par les disciples, avec leurs remarques : "N'ai-je pas eu une bonne idée, moi, d'aller à la maison prendre des lampes ?"; ou : "Avons-nous bien fait Philippe et moi de tout blanchir ? C'est clair et gai et cela semble plus grand"; ou encore : "Tu vois, Maître ? Élise est contente. Il lui semble être dans sa maison du temps de ces fils. Aujourd'hui elle chantait en mettant son huile dans les lampes et en pétrissant son miel dans la farine et en le délayant dans le lait pour l'orge"; et encore : "Que Elchias dise ce qu'il veut, mais un peu de verdure, cela fait bien. Au fond !... Si le Créateur a fait les branchages, c'est pour que nous nous en servions, n'est-ce pas ?"; tout cela me permet de reconstituer le travail fait par chacun. Mais si Jésus répond aussi à ces questions, qui supposent un désir de louange, sa pensée est absente. Et cela se voit.

Le soir tombe. Après les derniers saluts des habitants qui, avant de s'enfermer dans leurs maisons, passent la tête dans la cuisine pour saluer le Maître, le silence s'établit dans Nobé. C'est l'heure du souper, et c'est déjà l'heure du repos pour les enfants et pour les vieillards, pour tous ceux que la maladie ou l'âge rend délicats.

Ce doit être l'usage de faire des cadeaux pour les Encénies. Je vois en effet qu'à peine le vieux Jean s'est retiré dans sa petite pièce près de la cuisine, Élise et les apôtres se mettent à finir l'une un vêtement, les autres des objets utiles taillés dans le bois, et un rideau en filet, avec des ficelles teintes en rouge, vert, jaune et indigo, travail spécial des pêcheurs.

Thomas, Matthieu, Barthélemy et le Zélote s'occupent à regarder.

"Voilà. J'ai fini" dit Élise en se levant et en secouant le vêtement pour le débarrasser des fils qui pouvaient y rester.

"Cela lui tiendra chaud, pauvre vieux ! dit Pierre en palpant l'étoffe. Hé ! nous, les hommes, sans les femmes, nous sommes vraiment malheureux. Je me demande, sans toi, à quoi nous serions réduits après des mois d'absence de la maison. Je suis capable de faire cela, mais s'il fallait accrocher une boucle !..."

"Tu as été rapide aussi. Tu ressembles à mon épouse" dit Barthélemy.

"Moi aussi, j'ai fini. Le bois était bon, facile à découper et en même temps résistant" dit Jude Thaddée en déposant sur la table sombre une boîte pouvant servir au sel ou aux épices.

"Mon travail, au contraire, est encore inachevé. Il y a une veine dure qui ne veut pas se laisser travailler. Peut-être je ne vais pas réussir le travail, je le regrette. C'était beau ces veines sombres sur le bois plus clair. Regarde, Jésus. Ne rappellent-elles pas des sommets de montagnes peints sur du bois ?" dit Jacques d'Alphée et il montre une espèce de vase dont je ne sais pas à quel usage il peut être destiné, d'une forme vraiment belle, avec un couvercle à coupole et des veines gracieuses sur la panse et le couvercle. Mais c'est justement sur le couvercle, près du pommeau de prise, que le bois résiste avec opiniâtreté.

"Insiste, insiste; tu y arriveras. Chauffe le fer au rouge. Tu attaqueras la fibre et tu réussiras.

Une fois enlevée la première couche..." répond Jésus qui a observé.

"Mais ne va-t-il pas s'abîmer avec le feu ?" demande Matthieu.

"Non, s'il s'en sert habilement. Et du reste ! Ou ce moyen ou tout jeter."

Jacques chauffe le poinçon coupant puis approche la pointe rouge du point résistant. Odeur de bois brûlé...

"Assez ! Maintenant travaille et tu vas réussir" dit Jésus. Et il aide son cousin en tenant le couvercle serré comme dans un étau. Deux fois la lame glisse et effleure les doigts de Jésus.

"Enlève ta main, Frère. Je ne voudrais pas te blesser..." dit Jacques d'Alphée, mais Jésus continue de tenir le vase.

La troisième fois le ciseau fait saigner le pouce de Jésus.

"Voilà ! Tu vois ? Tu t'es fait mal ! Fais-moi voir !"

"Ce n'est rien. Deux gouttes de sang..." répond Jésus en secouant son doigt pour que tombe le sang qui coule de la coupure. "Essuie plutôt le couvercle, il est resté taché" ajoute-t-il ensuite.

"Non, laissez-le ! Il est précieux ainsi. Essuie ici ton doigt, Maître, ici à mon voile. Ton sang, sang béni" dit Élise et elle enveloppe la main dans le lin de son voile.
Le couvercle, cause de tant de malheurs, est vaincu. La rayure est achevée.

"Il voulait d'abord faire du mal" commente le Zélote.

"Oui ! Et ensuite il s'est laissé faire, bois têtu !" dit Thomas.

"Par le fer, le feu et la douleur. Cela semble une des phrases chères aux romains" observe Simon le Zélote.

"À moi, je ne sais pourquoi, cela me rappelle les prophètes en certains points. Nous aussi, nous sommes du bois têtu... et faudra-t-il le fer, le feu et la douleur pour nous rendre bons ?" demande Barthélemy.

"En vérité, il les faudra. Et cela ne servira pas encore. Moi je travaille avec le feu et avec ma douleur, mais tous les cœurs ne savent pas imiter ce bois... Silence ! Dehors, il y a quelqu'un... C'est un bruit de pas..."

Ils écoutent. On n'entend rien.

"Peut-être le vent, Maître. Il y a des feuilles sèches dans le jardin..."

"Non. C'étaient des pas..."

"Quelque animal nocturne. Moi, je n'entends rien."

"Ni moi, ni moi..."

Jésus écoute. Il paraît écouter. Puis il lève son visage et fixe Judas de Kériot qui lui aussi écoute, écoute de toutes ses oreilles, plus que les autres. Il le regarde si fixement que Judas demande : "Pourquoi me regardes-tu ainsi, Maître ?" Mais il n'y a pas de réponse car une main frappe à la porte.

Des quatorze visages que la lampe éclaire, seul celui de Jésus reste ce qu'il était. Les autres changent de couleur.

"Ouvrez ! Ouvre, Judas de Kériot !"

"Moi, non, je n'ouvre pas ! Ce pourrait être des malfaiteurs venus exprès pendant la nuit. Qu'il n'arrive pas que je te nuise !"

"Ouvre toi, Simon de Jonas."

"Jamais de la vie ! Je jette la table contre l'entrée, plutôt !" dit Pierre et il s'apprête à le faire.

"Ouvre, Jean, et ne crains pas."

"Oh ! si vraiment tu veux faire entrer, moi, je m'en vais chez le vieillard. Moi, je ne veux rien voir" dit l'Iscariote et ce disant, il parcourt en quatre grands pas la distance qui le sépare de la porte du vieillard et disparaît dans sa pièce.

Jean, debout près de la porte, la main sur la clef, regarde Jésus avec effroi et murmure : "Seigneur !..."

"Ouvre, et ne crains pas."

"Mais oui. Enfin nous sommes treize hommes forts. Ils ne vont pas être une armée ! Avec quatre poings et beaucoup de cris — Élise, tu vas crier s'il le faut — nous les mettrons en fuite. Nous ne sommes pas dans un désert !" dit Jacques de Zébédée et il quitte son vêtement et retrousse les manches de sa tunique ou de son sous-vêtement prêt à se défendre. Pierre l'imite.

Jean, encore hésitant, ouvre la porte, regarde par l'ouverture et ne voit rien. Il crie : "Qui est-ce qui dérange ?"

Une voix de femme répond, faible, comme si elle était souffrante : "Une femme. Je veux le Maître."

"Ce n'est pas une heure pour venir dans les maisons, dit Pierre qui s'était placé derrière Jean. Si tu es malade, comment es-tu dehors à cette heure ? Si tu es lépreuse, comment t'aventures-tu dans un village ? Si tu es affligée, reviens demain. Va, va retourne à tes affaires."

"Oh ! par pitié ! Je suis seule sur la route. J'ai froid. J'ai faim. Et je suis malheureuse. Appelez-moi le Maître. Lui a pitié..."

Les apôtres regardent Jésus, interdits. Jésus est très sévère et se tait. Ils referment la porte.

"Que fait-on Maître ? Nous lui donnons au moins un peu de pain ? Il n'y a pas de place, il faudra aller dans les maisons avec une inconnue..." intervient Philippe.

"Attends. Moi je vais voir" dit Barthélemy, en saisissant une lampe pour y voir clair.

"Il n'est pas nécessaire que tu y ailles . La femme n'a ni faim, ni froid et elle sait très bien où aller. Elle n'a pas peur de la nuit. Mais c'est une malheureuse, bien qu'elle ne soit ni malade ni lépreuse. C'est une prostituée, et elle vient pour me tenter. Je vous en dis tant pour que vous sachiez que je sais, pour que vous vous persuadiez que je sais. Et je vous dis encore qu'elle ne vient pas par un caprice personnel, mais elle vient parce qu'elle est payée pour venir." Jésus parle à haute voix, assez haut pour qu'on puisse l'entendre dans la pièce à côté où se trouve Judas.

"Et qui veux-tu qui ait fait cela ? Dans quel but ? dit Judas lui-même en réapparaissant dans la cuisine. Les pharisiens, certainement pas; les scribes non plus, ni non plus les prêtres si c'est une prostituée. Et je ne crois pas que les hérodiens soient assez... rancuniers pour se donner certains ennuis pour... Et je ne sais pas non plus pourquoi."

"Le pourquoi, je te le dis, Moi. Pour pouvoir arriver à dire que je suis un pécheur, quelqu'un qui a des relations avec les pécheresses publiques. Et tu sais autant que Moi qu'il en est ainsi. Et je te dis aussi que je ne maudis ni elle ni ceux qui l'ont envoyée. Je suis encore et toujours la Miséricorde et je vais la trouver. Si tu juges bon venir avec Moi, viens donc. Je vais la trouver car c'est vraiment une malheureuse. Elle dit qu'elle l'est croyant dire un mensonge, car elle est jeune, belle et bien payée, saine et contente de sa vie infâme, mais elle est malheureuse. C'est l'unique vérité qu'elle dit parmi tant de mensonges. Précède-moi et assiste à l'entretien."

*Moi, non, je n'y assiste pas ! Pourquoi devrais-je le faire ?"

"Afin de témoigner à ceux qui t'interrogent."

"Et qui veux-tu qui m'interroge ? Parmi nous, il n'y a personne pour poser des questions, et les autres... Je ne vois personne, moi."

"Obéis. Passe devant."

"Non. Je ne veux pas obéir en cela, et tu ne peux m'obliger à approcher une courtisane."

"Heu ! Qu'es-tu ? Le Grand Prêtre ? J'y vais, moi, Maître, et sans peur que je prenne quoi que ce soit" dit Pierre.

"Non. Je vais seul. Ouvre."

Jésus sort dans le jardin. Dans le noir absolu d'une nuit encore sans lune, on ne voit rien. La porte de la cuisine se rouvre et Pierre vient dehors avec une lampe. "Prends au moins cela, Maître, si vraiment tu ne veux pas de moi" dit-il à haute voix. Et ensuite tout bas : "Fais pourtant attention que nous sommes derrière la porte. Si tu as besoin, appelle..."

"Oui. Va. Et ne vous disputez pas entre vous."

Jésus prend la lampe et la lève pour y voir. Derrière le gros tronc du noyer, il y a une forme humaine. Jésus fait deux pas vers elle, et commande : "Suis-moi." Et il va se mettre sur le petit banc de pierre contre la maison, du côté de l'orient.

La femme s'avance toute voilée et penchée. Jésus pose la lampe sur la pierre, près de Lui.

"Parle." L'ordre est tellement austère, raide, il est tellement Dieu que la femme, au lieu d'avancer et de parler, recule et se penche plus encore, silencieuse.

"Parle, te dis-je. Tu m'as demandé, je suis venu. Parle" dit-il avec une nuance de douceur dans la voix.

Silence.

"Alors c'est Moi qui parle. Je te demande : pourquoi me hais-tu tant, au point de servir ceux qui veulent ma ruine et y rêvent de toutes les manières et en cherchent toutes les causes possibles ? Réponds. Quel mal t'ai-je fait, ô malheureuse ? Quel mal t'a fait l'Homme qui même dans son cœur ne t'a pas méprisée pour la vie infâme que tu mènes ? Quoi ? Est-ce que l'Homme t'a corrompue, lui qui même dans son cœur ne t'a pas désirée, pour que tu doives le haïr plus que ceux qui t'ont prostituée et qui te méprisent chaque fois qu'ils viennent à toi ? Réponds ! Que t'a fait Jésus de Nazareth, le Fils de l'homme, que tu connais à peine de vue pour l'avoir rencontré dans les rues de la ville, Jésus qui ignore ton visage et qui ne se soucie pas de tes grâces car c'est seulement de ton âme qu'il recherche l'image souillée, défigurée, pour la connaître et pour la guérir ? Parle donc !

Tu ne sais pas qui je suis ? Si, tu le sais en partie. Tu le sais même aux deux tiers. Tu sais que je suis un homme et que ma personne te plaît. C'est ce que t'a dit ton animalité effrénée. Et ta langue de femme ivre l'a dit à celui qui a recueilli l'aveu de tes sens et s'en est fait une arme pour me nuire

Tu sais que je suis Jésus de Nazareth, le Christ. Cela te l'ont dit ceux qui, exploitant ton désir charnel, t'ont payée pour que tu viennes ici me tenter. Ils t'ont dit : "Lui se dit le Christ, les foules le disent le Saint, le Messie. Ce n'est qu'un imposteur. Nous avons besoin d'avoir les preuves de sa misère d'homme. Donne-nous-les, et nous te couvrirons d'or". Toi, par un reste de justice, le dernier reste du trésor de justice que Dieu avait mis dans ta chair avec l'âme, et que tu as brisée et dispersée, tu ne voulais pas me faire de mal parce que, à ta manière, tu m'aimais, alors eux t'ont dit : "Nous ne Lui ferons pas de mal. Au contraire. Nous te l'abandonnons l'homme en te donnant les moyens de le faire vivre en roi près de toi. Il nous suffit de pouvoir nous dire à nous-mêmes, pour mettre notre conscience en paix, que Lui est simplement un homme. Une preuve que nous sommes dans la vérité en ne le croyant pas Messie". C'est ce qu'ils t'ont dit, et tu es venue. Mais si j'acceptais ta flatterie, ce serait l'enfer sur Moi. Eux sont déjà tout prêts à me couvrir de boue et à s'emparer de Moi. Et tu sers d'instrument pour faire cela.

Tu vois que Moi je ne t'interroge pas. Je parle parce que je sais sans avoir besoin de demander. Mais si tu sais ces deux choses, la troisième, tu ne la sais pas. Tu ne sais pas qui je suis, excepté que je suis homme et Jésus. Tu vois l'homme. Les autres te disent : "C'est le Nazaréen". Mais Moi je vais te dire qui je suis. Je suis le Rédempteur. Pour racheter, je dois être sans péché. Ma possible sensualité d'homme, regarde comme je l'ai foulée aux pieds. Comme je fais avec cette chenille dégoûtante qui dans les ténèbres se dirigeait d'une fange à une autre fange pour ses amours lascives, ainsi je l'ai foulée aux pieds toujours. C'est ainsi que je la foule aux pieds en ce moment aussi. Et c'est ainsi que je suis disposé à t'arracher ta maladie, et à la fouler aux pieds pour t'en délivrer afin de te rendre saine et sainte. Car je suis le Rédempteur. Cela seulement. J'ai pris un corps d'homme pour vous sauver, pour détruire le péché, non pas pour pécher. Je l'ai pris pour enlever vos péchés, pas pour pécher avec vous. Je l'ai pris pour vous aimer, mais d'un amour qui donne sa vie, son sang, sa parole, tout, pour vous conduire au Ciel, à la Justice, non pas pour vous aimer comme une brute. Et même pas comme un homme, car je suis plus qu'un homme.

Sais-tu exactement qui je suis ? Tu ne le sais pas. Tu ne connaissais même pas la portée de ce que tu venais faire. Et de cela je te pardonne sans que tu me le demandes. Tu ne savais pas. Mais de ta prostitution ! Comment as-tu pu vivre dans cet état ? Tu n'étais pas ainsi. Tu étais bonne. Oh ! malheureuse ! Tu ne te rappelles pas ton enfance ? Tu ne te rappelles pas les baisers de ta mère ? Ses paroles ? Et les heures de prière ? Les paroles de la Sagesse que tu entendais expliquer le soir par ton père et au sabbat par le chef de la synagogue... Qui t'a rendue hébétée et ivre ? Tu ne te souviens pas ? Tu ne regrettes pas ? Dis-moi ! Es-tu vraiment heureuse ? Tu ne réponds pas. Je parle pour toi. Je dis : non, tu n'es pas heureuse. Quand tu te réveilles tu trouves à ton chevet ta honte pour te donner le premier tour quotidien de torture. Et la voix de ta conscience te crie son reproche pendant que tu te coiffes et te parfumes pour plaire. Et tu sens une odeur infâme dans les essences les plus fines, et les mets les plus rares te donnent la nausée. Et tes colliers te pèsent comme une chaîne, ce qu'ils sont. Et pendant que tu ris et séduis, en ton intérieur quelque chose gémit. Et tu t'enivres pour vaincre l'ennui et la nausée de ta vie. Et tu hais ceux que tu dis aimer pour en tirer profit. Et tu te maudis toi-même. Et ton sommeil est lourd de cauchemars. Et la pensée de ta mère est une épée dans ton cœur. Et la malédiction de ton père ne te laisse pas en paix. Et puis ce sont les offenses de ceux que tu rencontres, les cruautés de ceux qui usent de toi, sans pitié, jamais. Tu es une marchandise. Tu t'es vendue. La marchandise une fois acquise, on en use comme on veut. On la déchire, on la consume, on la foule aux pieds, on lui crache dessus. C'est le droit de l'acquéreur. Tu ne peux te révolter... Et elle te rend heureuse cette situation ? Non. Tu es désespérée. Tu es enchaînée. Tu es torturée. Sur la Terre tu es une loque dégoûtante que chacun peut fouler aux pieds. Si en une heure de peine, tu essaies de trouver du réconfort en élevant ton esprit vers Dieu, tu sens la colère de Dieu sur toi, prostituée, et le Ciel fermé plus encore que pour Adam. Si tu te sens mal tu as la terreur de mourir car tu connais ton sort. C'est pour toi l'Abîme.

Oh ! malheureuse ! Et cela ne suffisait pas encore ? Tu voudrais à la chaîne de tes fautes unir celle d'être la ruine du Fils de l'homme ? De Celui qui t'aime ? Du Seul qui t'aime. Car c'est aussi pour ton âme qu'il s'est revêtu de chair. Je pourrais te sauver si tu le voulais. Sur l'abîme de ton abjection se penche l'abîme de la Sainteté Miséricordieuse et elle attend de toi un désir de salut pour te tirer de l'abîme de ta souillure. Tu penses en ton cœur qu'il est impossible que Dieu te pardonne. Tu tires le fond de cette pensée que tu as de la comparaison avec le monde qui ne te pardonne pas d'être la prostituée. Mais Dieu n'est pas le monde. Dieu est Bonté. Dieu est Pardon. Dieu est Amour.

Tu es venue vers Moi, payée pour me nuire. En vérité je te dis que le Créateur, pour sauver une créature, peut tourner en bien même ce qui est mal. Et, si tu le veux, c'est en bien que se changera ta venue vers Moi. N'aie pas honte de ton Sauveur, n'aie pas honte de Lui montrer ton cœur nu. Même si tu veux le cacher, il le voit et pleure sur lui. Pleure. Aime. N'aie pas honte de te repentir. Sois audacieuse dans le repentir comme tu l'as été dans la faute. Tu n'es pas la première prostituée qui pleure à mes pieds et que je ramène à la justice... Je n'ai jamais chassé une créature, si coupable qu'elle fût. J'ai cherché au contraire à l'attirer et à la sauver. C'est ma mission.

Ne me fait pas horreur l'état d'un cœur. Je connais Satan et ses œuvres. Je connais les hommes et leurs faiblesses. Je connais la condition de la femme qui paie, comme il est juste, plus durement que l'homme les conséquences de la faute d'Ève. Je sais donc juger et compatir, et je dis que plus qu'envers les femmes tombées je suis sévère envers ceux qui les amènent à tomber. Pour toi, malheureuse, je suis plus sévère à l'égard de ceux qui t'ont envoyée que pour toi qui es venue sans savoir exactement à quoi tu te prêtais. J'aurais préféré que tu sois venue, poussée par un désir de rédemption comme tes autres sœurs. Mais si tu exauces le désir de Dieu et si tu fais d'une mauvaise action la pierre angulaire de ta nouvelle vie, je te dirai la parole de paix..."

Jésus, qui au début était très sévère, s'est fait de plus en plus doux, tout en demeurant ainsi :... Dieu qui exclut toute faiblesse de sentiment, et aussi toute erreur d'appréciation sur sa bonté. Maintenant il se tait, regarde la femme, restée toujours debout, mais courbée, courbée de plus en plus, à quelques deux mètres de Lui. Au milieu de son discours, elle a porté au visage, en les appuyant sur le voile, deux belles mains qui se détachent sur le manteau sombre, toutes ornées d'anneaux. Elle a des bracelets aux poignets de ses bras nus jusqu'aux coudes.

Je ne pourrais pas dire si la femme pleure ou non. Si elle le fait, c'est certainement en silence, car on n'entend pas de sanglots et on ne voit pas de secousses. Elle ressemble à une statue tant elle est immobile dans ses vêtements sombres. Puis, tout d'un coup, elle tombe à genoux et se pelotonne sur le sol. Alors elle pleure vraiment et elle ne se retient pas de le faire voir, et puis restant ainsi, comme un chiffon par terre, elle parle : "C'est vrai ! Tu es vraiment un prophète... Tout est vrai... Ils m'ont payée pour cela... Mais ils m'avaient dit que c'était pour un pari... Ils t'auraient découvert dans ma maison... Mais aussi près de Toi..."

"Femme, je n'écoute que le récit de tes fautes..." interrompt Jésus.

"C'est vrai. Je n'ai pas le droit d'accuser quelqu'un car je suis une fosse d'immondices. Tout est vrai. Je ne suis pas heureuse... Je ne jouis pas des richesses, des festins, des amours... Je rougis en pensant à ma mère... J'ai peur de Dieu et de la mort... Je hais les hommes qui me paient. Tout ce que tu as dit est vrai. Mais ne me chasse pas, Seigneur. Personne jamais, depuis ma mère, ne m'a parlé comme Toi. Et même tu m'as parlé avec encore plus de douceur que ma mère qui dans les derniers temps était dure avec moi à cause de ma conduite... Pour ne plus l'entendre je me suis enfuie à Jérusalem... Mais Toi... Et pourtant c'est comme si ta douceur était de la neige sur le feu qui me dévore. Mon feu se calme, et même c'est un autre feu. Il était ardent, mais il ne donnait ni lumière ni chaleur. J'étais de glace et dans les ténèbres. Oh ! combien j'ai voulu souffrir ! Que de douleurs inutiles et maudites je me suis données ! Seigneur, je t'ai dit à travers la porte entrouverte que j'étais une malheureuse et d'avoir pitié. C'étaient des paroles mensongères qu'ils m'avaient enseigné de te dire pour t'attirer dans le piège. Ils m'avaient dit qu'ensuite ma beauté aurait faite le reste... Ma beauté ! Mes vêtements !..."

La femme se lève. Maintenant qu'elle s'est redressée, je vois qu'elle est grande. Elle a arraché son voile et son manteau et elle apparaît dans sa vraie beauté de femme brune à la peau très blanche. Ses yeux, agrandis par le bistre, sont grands et très beaux. Ils ont un regard d'innocence étonnée qu'il est étrange de trouver chez une femme de ce genre. Peut-être les pleurs les ont-ils déjà lavés. La femme arrache et piétine l'étoffe du manteau, déchire son voile, arrache les boucles précieuses de l'un et de l'autre et les jette au sol, enlève ses bagues et ses bracelets, lance au loin les ornements de sa tête, saisit les boucles frisées remplies de barrettes brillantes et se les arrache et se dépeigne pour faire disparaître l'artifice de sa coiffure dans une furie de sacrifice qui est même effrayante. Le collier qu'elle a au cou, arraché violemment, s'égrène sur le sol, et son pied chaussé de sandales ornées piétine les gemmes et les écrase; la ceinture précieuse suit le sort commun, et de même une broche qui retenait avec art l'étoffe du vêtement sur la poitrine. Et tout cela pendant qu'à voix basse, angoissée, elle répète : "Loin ! Loin ! Choses maudites. Loin ! Vous et ceux qui me les ont données. Au loin, ma beauté ! Au loin, mes cheveux ! Au loin, ma peau de jasmin !"

Vivement elle saisit une pierre pointue qu'elle voit sur le sol et se frappe jusqu'au sang le visage, la bouche; elle se griffe avec ses ongles colorés. Le sang dégoutte des blessures, ses traits se gonflent sous les coups... jusqu'à ce que sa furie s'apaise. Haletante, épuisée, défigurée, dépeignée, déchirée, dans un vêtement souillé par le sang et la terre, elle se jette sur le sol aux pieds de Jésus en gémissant : "Et maintenant tu peux me pardonner, si tu vois mon cœur, car il n'y a plus rien de mon passé, plus rien de... Tu as triomphé. Seigneur, de tes ennemis et de ma chair... Pardonne-moi mon péché..."

"Je te l'avais déjà pardonné quand je suis venu à ta rencontre. Lève-toi et ne pèche jamais plus."

"Dis-moi ce que je dois faire, pour le faire."

"Éloigne-toi des lieux de ton péché, de ceux qui savent qui tu es. Ta mère..."

"Oh ! mon Seigneur ! Elle ne m'accueillera plus. Elle me hait à cause de mon père qui est mort, par ma faute, en me maudissant."

"Si t'accueille Dieu qui est Dieu, et s'il t'accueille parce qu'il est Père, peut-elle ne pas t'accueillir la mère qui t'a engendrée et qui est femme comme toi ? Va humblement à elle. Pleure à ses pieds comme tu pleures aux miens. Fais-lui tes aveux comme tu l'as fait à Moi. Dis-lui ta souffrance, invoque sa pitié. Ta mère attend ce moment depuis des années. Elle l'attend pour mourir en paix. Supporte ses paroles d'amoureux reproche comme tu as supporté les miennes. Moi, j'étais pour toi l'étranger et pourtant tu m'as écouté. C'est ta mère, tu as donc un double devoir de l'écouter avec respect."

"Tu es le Messie, tu es plus que ma mère."

"Tu le dis maintenant. Mais quand tu es venue pour me tenter, tu ne savais pas que j'étais le Messie, et pourtant tu as écouté mes paroles."

"Tu étais si différent des hommes... ainsi... Tu es Saint, ô Jésus de Nazareth !"

"Ta mère est sainte comme mère et comme créature. Par ses prières, tu as trouvé
miséricorde auprès de Dieu. Elle est toujours sainte, la mère ! Et Dieu veut qu'on lui fasse honneur."

"Je l'ai déshonorée. Tout le village le sait."

"Raison de plus pour aller à elle et lui dire : "Mère, pardon". Et pour lui consacrer ta vie, pour la dédommager des peines qu'elle a souffertes à cause de toi."

"Je le ferai... Mais... Seigneur, ne me renvoie pas à Jérusalem. Eux m'attendent... et je ne sais pas si je saurai résister aux menaces... Laisse-moi ici jusqu'à l'aube, et ensuite..."

"Attends un moment."

Jésus se lève, va vers la porte de la cuisine, frappe, se fait ouvrir. Il dit : "Élise, viens dehors."
Élise obéit. Jésus la conduit vers la femme qui, voyant venir une autre femme et âgée, a un mouvement de honte et cherche à couvrir son visage et son vêtement provocant avec les restes du manteau et du voile déchirés.

"Écoute, Élise. Je quitte immédiatement cette maison. Tu diras à mes apôtres qu'ils me rejoignent à l'aurore à la Porte d'Hérode. Tous, sauf Judas de Kériot qui doit venir avec Moi. Tu feras dormir cette femme avec toi. Tu peux prendre mon lit car je ne reviendrai pas à Nobé d'ici longtemps. Demain, quand Jean s'éveillera, toi et lui accompagnerez cette femme où elle vous dira. Tu lui donneras un vêtement ordinaire et un de tes manteaux. Et vous l'aiderez en tout."

"C'est bien, Seigneur. Il sera fait comme tu veux. Je regrette pour Jean..."

"Moi aussi, je voulais lui faire plaisir, mais la haine des hommes interdit au Fils de l'homme de donner une heure de fête à un juste..."

"Et ensuite, Seigneur ?"

"Ensuite ? Tu peux retourner à Béthsur, en attendant... Adieu, Élise. Que ma bénédiction et ma paix soient avec toi. Adieu, femme. Je te confie à une mère et à un juste. Cependant, si tu crois devoir retourner prendre tes affaires..."

"Non. Je ne veux rien avoir du passé."

"Mais ma brave femme ! Tu ne peux certainement pas tout laisser à l'abandon. Tu n'as pas des serviteurs ni des parents ?" dit Élise.

"Je n'ai qu'une servante... et..."

"Tu devras la congédier, tu devras..."

"Je te prie de le faire, toi, à ton retour. Aide-moi à guérir tout à fait, ô femme." Et dans sa voix, il y a une véritable angoisse.

"Oui, ma fille ! Oui. Ne t'inquiète pas. Demain, nous penserons à tout. Viens maintenant en haut avec moi" et Élise la prend par la main et la conduit à l'étage par l'escalier dans une des petites chambres, puis elle descend rapidement : "J'ai pensé qu'il serait bien que tout le monde te voie sans elle, Seigneur. Et que l'on ne sache pas où elle est. Ces bijoux..." Elle se penche pour ramasser bagues et bracelets, boucles et épingles de coiffure et la ceinture et autant de perles qu'elle peut trouver du collier brisé : "Qu'est-ce que j'en fais, Seigneur ?"

"Viens avec Moi. Tu as raison. Il est bien qu'ils me voient."

Ils entrent dans la cuisine. Tous regardent Jésus d'un air interrogateur. Le vieux Jean s'est levé aussi, peut-être réveillé par une discussion.

"Élise, donne à Thomas les choses précieuses. Et toi, Thomas, tu les vendras demain à quelque orfèvre. Cela servira pour les pauvres. Oui, ce sont des bijoux de femme, de cette femme. C'est la réponse à ceux qui pensent qu'une chair peut tenter le Fils de l'homme et l'écarter de sa mission. Et c'est aussi un conseil, pour ceux qui me haïssent, que toute machination est inutile pour trouver matière d'accusation. Jean, Élise te dira ce que tu dois faire. Je te bénis..."

"Tu me quittes, Seigneur ?" Le vieillard est affligé.

"Je le dois. Adieu. Que la paix soit avec toi." Il se tourne vers les apôtres : "Allez vous reposer. Tous, sauf Judas de Kériot qui vient avec Moi."

"Mais où ? Il fait nuit" objecte Judas.

"Prier. Cela ne te fera pas de mal, à moins que tu craignes l'air de la nuit si tu le respires avec Moi."

Judas baisse la tête et de mauvaise grâce il prend son manteau pendant que Jésus prend le sien.

"Demain, à la Porte d'Hérode, à l'aurore. Nous irons au Temple et..."

"Non !" Le non est unanime. Celui de Judas est le plus fort.

"Nous irons au Temple. N'as-tu pas dit peut-être que tu les as persuadés de me laisser en paix ?"

"C'est vrai."

"Et alors, nous irons au Temple. Viens." Et il se dirige vers la sortie.

"Et ainsi, elle est déjà finie la fête que nous avions préparée..." dit Pierre en soupirant.

"Finie avant de commencer, dois-tu dire" lui répond Jacques de Zébédée.

Jésus est déjà sur le seuil de la porte ouverte. Il se retourne et bénit. Puis il disparaît dans la nuit.

Dans la cuisine, tous sont muets. Enfin Matthieu demande à Élise : "Mais qu'est-il arrivé, enfin ?"

"Je ne sais pas. Il y avait une femme en pleurs. Et il m'a dit ce qu'il vous a dit aussi à vous. Qui était-ce, d'où et pourquoi est-elle venue, je ne sais pas..."


"Bien. Allons..." et tous s'en vont, sauf Matthieu et Barthélemy qui dorment à la maison.

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2007/07-229.htm
TOME : 7 /229


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Message par Maud Jeu 3 Juil 2014 - 7:23

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Maria_43


Jésus et Judas de Kériot vers Jérusalem


L'aube éclaire l'horizon. Le bois d'oliviers qui couvre la colline s'éclaire tout doucement et sort de l'ombre. Les troncs encore dans l'ombre sont invisibles alors que les frondaisons argentées se montrent déjà. Il semble que du brouillard se soit répandu sur la colline mais ce n'est que la grisaille des feuillages dans la lumière incertaine du matin.

Jésus est seul sous les oliviers, mais ce n'est pas le Gethsémani, car le Gethsémani est parallèle, je dirai ainsi, au Moriah, alors qu'ici le Moriah reste en face. Nous sommes donc au nord de Jérusalem, au-delà des tombeaux des rois. Jésus prie encore et il ne cesse pas de le faire même quand le gazouillis des oiseaux Lui indique que le jour est venu. C'est seulement quand le premier rayon du soleil, maintenant levé, éclaire un point d'or dans l'or jusqu'à ce moment plutôt terne des coupoles du Temple qu'il se met debout, il se lève et secoue son manteau qui a des traces de terre et quelques petites feuilles sèches attachées à la lourde étoffe. Il se lisse, avec la main, la barbe et les cheveux et puis rajuste son vêtement et sa ceinture, il observe les brides de ses sandales, remet son manteau et descend en bas de la colline par un sentier à peine marqué entre les troncs. Peut-être se dirige-t-il vers cette maisonnette à mi-pente du toit de laquelle monte un peu de fumée. Mais non. Il tourne par un chemin plus large qui descend vers la route principale qui mène à la ville.

Derrière Lui, l'Iscariote dégringole de la colline. Je dis dégringole car il court comme un fou pour rejoindre le Maître, et arrivé à portée de voix, il l'appelle. Jésus s'arrête. Judas le rejoint tout essoufflé : "Maître... heureusement pour moi que j'ai pensé à venir te chercher ! Tu t'en allais ainsi sans moi ? Hier soir tu me disais de t'attendre dans la maison, que tu serais certainement venu. Au contraire..."

"N'ai-je pas dit à tout le monde de m'attendre à la Porte d'Hérode à l'aurore [1]. C'est l'aurore, et je vais à la Porte d'Hérode."

"Oui mais... c'était pour les autres. Nous deux nous étions ensemble."

"Ensemble ?" Jésus est très sérieux.

"Mais oui, Maître. Nous sommes venus ensemble. Tu l'as voulu. Puis tu as préféré aller prier tout seul, mais j'étais disposé à venir avec Toi."

"À Nobé, tu as montré clairement qu'il ne t'était pas agréable de passer la nuit en prière avec ton Maître et je t'ai épargné de faire un acte de vertu forcé. Il n'aurait servi à rien.

Le bien, il faut savoir le faire spontanément pour qu'il ait du parfum et qu'il soit fécond. Dans le cas contraire, ce n'est qu'une... pantomime et parfois c'est pire qu'une pantomime."

"Mais, moi... Pourquoi es-tu si sévère avec moi depuis quelque temps ? Tu ne m'aimes plus ?"

"C'est avec plus de raison que Moi je pourrais te demander : tu ne m'aimes plus ? Mais je ne te le demande pas parce que cette question serait une chose inutile et que Moi, je ne fais jamais des choses inutiles."

"Hé ! bien sûr ! Car tu sais bien que je t'aime !"

"Je voudrais le savoir, Judas de Kériot. Et je voudrais pouvoir te dire : je sais que tu m'aimes. Mais de même que je ne fais jamais de choses inutiles, ainsi je ne dis jamais de paroles fausses. Je ne te dis donc pas que je sais que tu m'aimes."

"Mais comment Maître ! Je ne t'aime pas ? Je ne travaille pas pour Toi ? Peux-tu en douter ? Cela m'afflige. Moi qui dès que je comprends qu'une chose t'afflige je ne la fais plus et je veille pour qu'elle ne soit pas faite ! Regarde : j'ai compris qu'il te déplaisait que je... sorte la nuit. Je ne suis plus sorti. J'ai compris que te fatiguaient exagérément les discussions de tes adversaires. Je suis allé — et on ne m'a pas épargné les offenses — leur dire d'y renoncer, et tu vois que tu n'as plus été importuné, et j'espère que tu ne le seras pas non plus au Temple. Tu n'es pas juste, Maître, avec le pauvre Judas !"

"Tu es le premier, parmi ceux qui me suivent, à me taxer d'injustice..."

"Oh ! pardon ! Mais tes paroles, ta sévérité, m'affligent tellement que ne sais plus réfléchir. Cela m'affole, crois-le. Allons, ma paix, faisons la paix entre nous. Je veux être avec Toi, comme si je n'étais qu'un avec Toi. Ensemble toujours..."

"Autrefois, nous l'étions. Mais maintenant dis-moi, Judas : quand donc le sommes-nous ?"

"Encore cette nuit-là ? Ou encore parce que je ne suis pas venu avec Toi à Bethabara ? Mais tu sais pourquoi je ne suis pas venu. Pour ton bien... Et cette nuit-là... Je suis un homme jeune, Seigneur ! Mais à part ces moments où, je l'avoue, je puis m'être trompé, et même certainement où je me suis trompé, je suis toujours près de Toi."

"Ce n'est pas du voisinage corporel que je parle, mais du voisinage spirituel, de celui de la pensée et du cœur. Tu es loin, Judas, de ton Sauveur, et tu t'en éloignes de plus en plus."

"Voilà ! Pour moi tous les reproches ! Et pourtant tu vois avec quelle humilité je les reçois. Je t'ai dit : "Renvoie-moi". Tu m'as retenu... et alors, que veux-tu de moi ?"

"Ce que je veux !! Je voudrais ne pas avoir pris inutilement une Chair pour toi. C'est cela que je voudrais ! Mais désormais tu appartiens à un autre père, à un autre pays, tu parles une autre langue... Oh ! Que faire, mon Père, pour purifier le temple profané de celui qui est ton fils et mon frère ?" Jésus pleure, très pâle, en parlant à son Père.

Judas aussi prend un visage terreux et s'écarte un peu en silence. Jésus le dépasse de quelques pas et descend, la tête penchée, enfermé dans sa douleur. Et alors Judas fait un geste de mépris, de menace, je dirais de cruel serment derrière l'Innocent. Son visage, jusqu'alors masqué par une patine hypocrite de douceur et d'humilité, devient anguleux, dur, brutal, cruel. Vraiment démoniaque. Toute la haine, mais une haine qui n'est pas humaine, est dans le feu de ses noires pupilles, et ce feu de haine se concentre sur la haute personne de Jésus. Puis, après un haussement d'épaules et un coup de pied coléreux, Judas met un point final à son raisonnement intérieur et il se remet en chemin, après s'être repris, comme quelqu'un qui a pris une décision désormais irrévocable.

La ville est proche avec ses murailles. Des gens se pressent aux portes : étrangers, maraîchers, habitants des villages voisins. Parmi ceux qui sont près des murs se trouvent les onze apôtres qui, voyant le Maître, vont à sa rencontre.

"Maître, pendant que nous attendions ici, il est venu un homme pour te chercher. Il a dit que Valeria te prie d'aller près de la synagogue des affranchis romains, mais d'y aller vraiment, qu'elle s'y trouvera."

"C'est bien. Nous allons y aller. Allons d'abord chez Joseph de Sephoris car mon vêtement n'est pas propre."

"Où as-tu dormi, Seigneur ?" demande Pierre.

"Nulle part, Simon. J'ai prié sur la colline et la terre était humide et boueuse même. Tu vois."

"Pourquoi prier ainsi en plein air, Seigneur ? Cela pourrait te faire mal..."

"Les éléments ne nuisent pas au Fils de l'homme. Les choses de Dieu sont bonnes... Ce sont les hommes qui haïssent l'Homme."

Pierre soupire... Ils s'éloignent vers la maison du galiléen, suivis par les autres...

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2007/07-230.htm
TOME : 7/230




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Message par Maud Ven 4 Juil 2014 - 6:51

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Maria_44


Jésus à la synagogue des affranchis romains


La synagogue des romains est exactement à l'opposé du Temple, près de l'Hippique Il y a des gens qui attendent Jésus et quand on l'a signalé au début de la route, des femmes, les premières, vont à sa rencontre. Jésus est avec Pierre et le Thaddée.

"Salut, Maître. Je te suis reconnaissante de m'avoir exaucée. Tu viens d'entrer dans la ville ?"
"Non. J'y suis depuis l'heure de prime. J'ai été au Temple."

"Au Temple ? Ils ne t'ont pas insulté ?"

"Non. L'heure était matinale, et on ignorait ma venue."

"Je t'avais fait appeler pour cela... et aussi parce qu'il y a ici des gentils qui voudraient t'entendre parler. Depuis plusieurs jours ils allaient au Temple pour t'attendre, mais on se moquait d'eux et même on les menaçait. Hier j'y étais moi aussi, et j'ai compris qu'ils t'attendaient pour t'insulter. J'ai envoyé des hommes à toutes les portes. Avec l'or on obtient tout..."

"Je te suis reconnaissant. Mais je ne puis pas ne pas monter au Temple, Moi, Rabbi d'Israël. Ces femmes, qui sont-elles ?"

"Mon affranchie Tusnilde, barbare deux fois, Seigneur, des forêts de Teutberg. Une proie de ces avances imprudentes qui ont coûté tant de sang humain [1]. Mon père en a fait cadeau à ma mère, et elle me l'a donnée pour mes noces. De ses dieux aux nôtres et des nôtres à Toi, car elle fait ce que je fais. Elle est tellement bonne. Les autres femmes sont des épouses de gentils qui t'attendent, de toutes les régions, la plupart souffrantes, venues avec les navires de leurs maris."

"Entrons dans la synagogue..."

Le chef, debout sur le seuil, s'incline et se présente : "Matthatias Sicule, Maître. A Toi louanges et bénédictions."

"La paix à toi."

"Entre. Je ferme la porte pour rester tranquilles. La haine est telle que les briques ont des yeux et les pierres des oreilles pour t'observer et te dénoncer, Maître. Peut-être valent-ils mieux ceux-ci qui, pourvu qu'on ne touche pas à leurs intérêts, nous laissent faire" dit le vieux chef qui marche à côté de Jésus pour le conduire au-delà d'une petite cour dans une vaste pièce qui est la synagogue.

"Guérissons d'abord les malades, Matthatias. Leur foi mérite d'être récompensée" dit Jésus, et il passe d'une femme à l'autre en imposant les mains.

Quelques-unes sont en bonne santé, mais c'est leur petit qui est dans leurs bras, qui est souffrant, et Jésus guérit l'enfant. Il y a une fillette complètement paralysée et qui crie, une fois guérie : "Sitaré te baise les mains, Seigneur !"

Jésus, qui était déjà passé, se retourne en souriant et demande : "Tu es syrienne ?"

La mère explique : "Phénicienne, Seigneur, d'au-delà de Sidon. Nous sommes sur les rives du Tamiri et j'ai dix autres fils et deux autres filles, une qui s'appelle Sira et l'autre Tamira. Sira est veuve bien qu'elle ne soit qu'un peu plus qu'enfant, si bien qu'étant libre, elle s'est établie auprès de son frère ici, dans la ville et elle est une de tes fidèles. C'est elle qui nous a dit que tu peux tout."

"Elle n'est pas avec toi ?"

"Si, Seigneur, derrière ces femmes."

"Avance" commande Jésus.

La femme s'avance, craintive.

"Tu ne dois pas avoir peur de Moi si tu m'aimes" dit Jésus pour la réconforter.

"Je t'aime. C'est pour cela que j'ai quitté Alexandroscène, car je pensais que je t'aurais encore entendu et... que j'aurais appris à accepter ma douleur..." Elle pleure.

"Quand es-tu restée veuve ?"

"À la fin de votre Adar... Si tu avais été là, Zéno ne serait pas mort. Il le disait... car il t'avait entendu et il croyait en Toi..."

"Et alors, il n'est pas mort, ô femme, car celui qui croit en Moi vit. Ce n'est pas ce jour où vit la chair, la vraie vie. La vie est celle que l'on obtient en croyant et en suivant la Voie, la Vérité, la Vie, et en agissant conformément à sa parole. Même s'il s'est agi de croire et de suivre pendant peu de temps, et de travailler pendant peu de temps, vite interrompu par la mort du corps, même s'il s'agit d'un seul jour, d'une seule heure, je te le dis en vérité que cette créature ne connaîtra plus la mort. En effet mon Père, qui est le Père de tous les hommes, ne calculera pas le temps passé dans ma Loi et dans ma Foi, mais la volonté de l'homme de vivre jusqu'à sa mort dans cette Loi et cette Foi.

Je promets la vie éternelle à celui qui croit en Moi et agit selon ce que je dis, en aimant le Sauveur, en propageant cet amour, en pratiquant mes enseignements dans le temps qui lui est accordé. Les ouvriers de ma vigne, ce sont tous ceux qui viennent et disent : "Seigneur, accueille-moi parmi tes ouvriers" et qui restent dans cette volonté, jusqu'à ce que mon Père ne juge terminée leur journée. En vérité, en vérité je vous dis qu'il y aura des ouvriers qui auront travaillé une seule heure, leur dernière heure, et qui auront une récompense plus rapide que ceux qui auront travaillé depuis la première heure, mais toujours avec tiédeur, poussés au travail uniquement par la pensée de ne pas mériter l'enfer, c'est-à-dire par la peur du châtiment. Ce n'est pas cette façon de travailler que mon Père récompense par une gloire immédiate. Au contraire, à ces calculateurs égoïstes qui ont le souci de faire le bien et seulement le peu de bien qu'il faut pour ne pas se donner une peine éternelle, le Juge éternel donnera une longue expiation. Ils devront apprendre à leurs dépens, par une longue expiation, à se donner un esprit actif en amour, et en un amour vrai, tout tourné vers la gloire de Dieu.

Et je vous dis encore que dans l'avenir il y en aura beaucoup, spécialement parmi les gentils, qui seront les ouvriers d'une heure et même de moins d'une heure, qui deviendront glorieux dans mon Royaume parce que, en cette heure unique de correspondance à la Grâce qui les aura invités à entrer dans la Vigne du Seigneur, ils auront atteint la perfection héroïque de la Charité . Aie donc courage, femme. Ton mari n'est pas mort, mais il vit. Il n'est pas perdu pour toi, mais uniquement séparé de toi pour quelque temps. Toi, maintenant, comme une épouse qui n'est pas encore entrée dans la maison de l'époux, tu dois te préparer aux vraies noces immortelles avec celui que tu pleures. Oh ! heureuses noces de deux esprits qui se sont sanctifiés et qui se réunissent de nouveau pour l'éternité là où il n'y a plus de séparation, ni de crainte de désaffection, ni de peine, là où les esprits jubileront dans l'amour de Dieu et dans l'amour réciproque ! La mort, pour les justes, c'est la vraie vie, car rien ne peut menacer la vitalité de l'esprit, c'est-à-dire sa permanence dans la Justice. Ne pleure pas et ne regrette pas ce qui est caduque, ô Sira. Élève ton esprit, et vois, avec justice et vérité. Dieu t'a aimée en sauvant ton conjoint du danger que les œuvres du monde ruinent sa foi en Moi."

"Tu m'as consolée, ô Seigneur. Je vivrai comme tu dis. Que tu sois béni, et avec Toi ton Père, pour l'éternité."

Le chef de la synagogue dit au moment où Jésus va passer : "Puis-je te faire une objection, sans que cela te paraisse une offense ?"

"Parle. Je suis ici : Maître, pour donner la sagesse à ceux qui m'interrogent."

"Tu as dit que certains deviendront tout de suite glorieux au Ciel. Le Ciel n'est-il pas fermé ? Est-ce que les justes ne sont pas dans les Limbes en attendant d'y entrer ?"

"C'est ainsi : le Ciel est fermé, et il ne sera ouvert que par le Rédempteur. Mais son heure est venue. En vérité je te dis que le jour de la Rédemption a déjà son aube à l'orient et que ce sera bientôt plein jour. En vérité, je te dis qu'il n'arrivera pas d'autre fête après celle-ci, avant ce jour. En vérité je te dis que déjà je force les portes, car je suis déjà au sommet du mont de mon sacrifice... Mon sacrifice déjà presse sur les portes du Ciel car il est déjà en action. Quand il sera accompli, rappelle-toi cela, ô homme, s'ouvriront les rideaux sacrés et les portes célestes. Car Jéhovah ne sera plus présent par sa gloire dans le Saint des Saints, et il sera inutile de mettre un voile entre l'Inconnaissable et les mortels, et l'Humanité qui nous a précédés et qui fut juste retournera à l'endroit qui lui était destiné, avec en tête le Premier-né, déjà complet en sa chair et en son esprit, et avec ses frères dans le vêtement de lumière qu'ils auront jusqu'au moment où leurs chairs aussi seront appelées à la jubilation."

Jésus prend le ton chantant particulier que prend un chef de synagogue ou un rabbi quand il répète les paroles bibliques ou les psaumes, et il dit : "Et Il m'a dit : "Prophétise à ces ossements et dis-leur : 'Os arides, écoutez la parole du Seigneur... Voici ! J'infuserai en vous l'esprit et vous vivrez. Je mettrai sur vous les nerfs et Je ferai croître sur vous les chairs, J'étendrai la peau, Je vous donnerai l'esprit et vous vivrez et vous saurez que Je suis le Seigneur... Voici ! J'ouvrirai vos tombeaux... Je vous en ferai sortir... Quand J'aurai infusé en vous mon esprit vous aurez la vie et Je vous ferai reposer sur la terre qui est la vôtre."

Il reprend sa manière de parler habituelle et abaisse ses bras qu'il avait tendus en avant, et il dit : "Deux sont ces résurrections de ce qui est aride, mort à la vie. Deux, qui se reflètent dans les paroles du prophète. La première c'est la résurrection à la Vie et dans la Vie, c'est-à-dire dans la Grâce qui est Vie, de ceux qui accueillent la Parole du Seigneur, l'esprit engendré par le Père, qui est Dieu comme le Père dont Il est le Fils, et qui s'appelle Verbe, le Verbe qui est Vie et qui donne la Vie, cette Vie dont tous ont besoin et dont Israël est privé comme les gentils. Que si, pour Israël, jusqu'à présent il suffisait pour avoir la vie éternelle d'espérer et d'attendre la Vie qui vient du Ciel, dorénavant, pour avoir la Vie, Israël devra accueillir la Vie. En vérité je vous dis que ceux de mon peuple qui ne m'accueillent pas Moi-Vie, n'auront pas la Vie, et ma venue sera pour eux une cause de mort, car ils auront repoussé la Vie qui venait à eux pour se communiquer. L'heure est venue où Israël sera partagé entre ceux qui vivent et ceux qui sont morts.

C'est l'heure de choisir et de vivre ou de mourir. La Parole a parlé, elle a montré son Origine et sa Puissance, elle a guéri, enseigné, ressuscité et bientôt elle aura accompli sa mission. Il n'y a plus d'excuse pour ceux qui ne viennent pas à la Vie, Le Seigneur passe. Une fois passé, il ne revient pas. Il n'est pas revenu en Égypte pour redonner la vie aux fils premiers-nés de ceux qui l'avaient méprisé et opprimé en ses fils. Il ne reviendra pas non plus cette fois après que l'immolation de l'Agneau aura décidé les sorts. Ceux qui ne m'accueillent pas avant le passage, et qui me haïssent et me haïront, n'auront pas mon Sang sur leurs esprits pour les sanctifier, et ils ne vivront pas, et ils n'auront pas leur Dieu avec eux, pour le reste de leur pèlerinage sur la Terre. Sans la Divine Manne, Sans la nuée protectrice et lumineuse, sans l'Eau qui vient du Ciel, privés de Dieu, ils iront vagabonds à travers le vaste désert qu'est la Terre, toute la Terre, tout un désert si pour ceux qui la parcourent manque l'union avec le Ciel, le voisinage du Père et Ami : Dieu. Et il y a une seconde résurrection : celle universelle, dans laquelle les os calcinés et dispersés depuis des siècles redeviendront frais et couverts de nerfs, de chair et de peau. Et ce sera le Jugement. Et la chair et le sang des justes jubileront avec l'esprit dans le Royaume éternel, et la chair et le sang des damnés souffriront avec l'esprit dans l'éternel châtiment. Je t'aime, ô Israël; je t'aime, ô Gentilité; je t'aime, ô Humanité ! Et c'est pour cet amour que je vous invite à la Vie et à la Résurrection bienheureuses"

Les gens rassemblés dans la vaste salle sont comme fascinés. Il n'y a pas de différence entre l'étonnement des hébreux et celui des autres, d'autres lieux et d'autres religions. Je dirais même que ceux dont l'étonnement marque le plus de respect, ce sont les étrangers.

Quelqu'un, un petit vieux très digne, murmure entre ses dents.

"Qu'as-tu dit, ô homme ?" demande Jésus en se retournant.

"J'ai dit que... Je me répétais les paroles que pendant ma jeunesse j'avais entendues de mon maître d'enseignement : "Il est accordé à l'homme de s'élever par la vertu à une perfection divine. Il y a dans la créature un reflet du Créateur qui se révèle d'autant plus que l'homme s'ennoblit lui-même dans la vertu, quasi consommant la matière dans le feu de la vertu. Et il est accordé à l'homme de connaître l'Être qui, au moins une fois dans la vie d'un homme, avec une affection sévère ou paternelle, se montre à la créature pour qu'elle puisse dire : 'Je dois être bon. Je serais un malheureux si je ne le suis pas ! Parce qu'une Puissance immense a brillé devant moi pour me faire comprendre que la vertu est un devoir et qu'elle est signe de la noble nature de l'homme'. Vous trouverez cet éclair de la Divinité tantôt dans la beauté de la nature, tantôt dans la parole d'un mourant, ou même dans le regard d'un malheureux qui vous regarde et juge, ou dans le silence de la personne aimée qui sans rien dire réprouve une votre action déshonorante, vous le trouverez dans la frayeur d'un enfant devant un de vos actes de violence, ou dans le silence des nuits quand vous êtes seuls avec vous-mêmes et, dans la pièce la plus close et la plus solitaire, vous percevrez un autre Moi, bien plus puissant que le vôtre, qui parle avec un son sans son.

Et celui-là sera le Dieu, ce Dieu qui doit exister, ce Dieu que la Création adore même sans en avoir conscience, ce Dieu qui, Unique, satisfait vraiment le sentiment des hommes vertueux, qui ne se sentent pas satisfaits et consolés par nos cérémonies et nos doctrines, ni devant les autels vides, bien vides, bien qu'une statue les surmonte". Je connais bien ces paroles, car depuis de nombreux lustres, je les répète comme ma loi et mon espérance. J'ai vécu, travaillé, et aussi souffert et pleuré. Mais j'ai tout supporté, et j'espère avec vertu, en espérant rencontrer avant de mourir ce Dieu dont Hermogène m'avait promis que je l'aurais connu. Maintenant je me disais que je l'ai vraiment vu. Et cela n'a pas été comme un éclair, ni comme un son sans son j'ai entendu la parole. Mais c'est dans une sereine et très belle forme d'homme que m'est apparu le Divin, et je l'ai entendu et je suis rempli d'un étonnement sacré. L'âme, cette chose que les hommes véritables admettent, mon âme t'accueille, Ô Perfection, et elle te dit : "Enseigne-moi ton Chemin et ta Vie et ta Vérité pour qu'un jour, moi, homme solitaire, je me réunisse à Toi, Suprême Beauté."

"Nous nous réunirons. Et je te dis encore que, plus tard, tu seras réuni à Hermogène."

"Mais il est mort sans te connaître !"

"Ce n'est pas la seule connaissance matérielle qui est nécessaire pour me posséder. L'homme, qui par sa vertu arrive à sentir le Dieu inconnu et à vivre vertueux pour rendre hommage à ce Dieu inconnu, peut bien se dire qu'il a connu Dieu parce que Dieu s'est révélé à lui pour récompenser sa vie vertueuse. Malheur s'il était nécessaire de me connaître personnellement ! Bientôt plus personne n'aurait le moyen de se réunir à Moi. En effet, c'est Moi qui vous le dis, bientôt le Vivant quittera le royaume des morts pour retourner au Royaume de la Vie, et les hommes n'auront plus d'autre moyen de me connaître que par la foi et l'esprit. Mais, au lieu de s'arrêter, la connaissance de ma personne se propagera, et avec perfection, car elle sera exempte de tout ce qui est pesanteur des sens. Dieu parlera, Dieu opérera, Dieu vivra, Dieu se révélera aux âmes de ses fidèles avec son inconnaissable et parfaite Nature. Et les hommes aimeront le Dieu-Homme. Et le Dieu-Homme aimera les hommes avec des moyens nouveaux, avec des moyens ineffables que son amour infini aura laissés sur la Terre avant de s'en retourner auprès du Père après avoir tout accompli."

"Oh ! Seigneur ! Seigneur !" s'écrient plusieurs."Dis-nous donc comment nous pourrons te trouver et savoir que c'est Toi qui nous parles et où tu es, quand tu seras parti !" Et certains ajoutent : "Nous sommes des gentils et nous ne connaissons pas ta loi. Nous n'avons pas le temps de rester ici et de te suivre. Comment ferons-nous pour avoir cette vertu qui nous fait mériter de connaître Dieu ?"

Jésus sourit avec une lumineuse beauté dans la joie des conquêtes qu'il a faites parmi les gentils, et il explique doucement : "Ne vous préoccupez pas de connaître beaucoup de lois. Eux viendront (et il met les mains sur les épaules de Pierre et du Thaddée) pour porter ma Loi dans le monde. Mais tant qu'ils ne seront pas venus, ayez comme Loi les quelques phrases qui suivent où se trouve résumée toute ma Loi de Salut.

Aimez Dieu de tout votre cœur. Aimez les autorités, les parents, les amis, les serviteurs, le peuple, et même les ennemis, comme vous aimez vous-mêmes. Et pour être sûrs de ne pas pécher, avant de faire n'importe quelle action, soit qu'elle soit commandée, soit qu'elle soit spontanée, demandez-vous : "Aimerais-je que me soit fait ce que je vais faire à celui-ci ?" Et si vous voyez que vous ne l'aimeriez pas, ne le faites pas.

Avec ces simples lignes, vous pourrez tracer en vous le chemin par lequel Dieu viendra à vous et par lequel vous irez à Dieu. En effet personne n'aimerait qu'un fils fût ingrat envers lui, que quelqu'un le tuât, qu'un autre le vole ou lui enlève son épouse ou déshonorât sa sœur ou sa fille ou s'emparât de sa maison, de ses champs ou de ses serviteurs fidèles. Avec cette règle, vous serez de bons fils et de bons parents, bons maris, bons frères, bons commerçants, véritables amis. Ainsi vous serez vertueux et Dieu viendra à vous.

J'ai autour de Moi non seulement des hébreux et des prosélytes chez qui il n'y a pas de malice, je veux dire qui ne sont pas venus à Moi pour me prendre en défaut comme font ceux qui vous ont chassés du Temple pour vous empêcher de venir à la Vie, mais aussi des gentils de tous les pays du monde. Je vois des crétois et des phéniciens mêlés aux habitants du Pont et de la Phrygie, et il y a aussi quelqu'un des plages qui bordent la mer inconnue chemin vers des terres inconnues où je serai aussi aimé. Et je vois des grecs avec des sicules et des habitants de la Cyrénaïque avec des asiatiques. Eh bien, je vous dis : allez ! Dites dans vos pays que la Lumière est dans le monde et qu'ils viennent à la Lumière. Dites que la Sagesse a quitté les Cieux afin de se faire pain pour les hommes, eau pour les hommes qui languissent. Dites que la Vie est venue pour guérir et ressusciter ce qui est malade ou mort. Et dites... dites que le temps court rapidement comme un éclair en été. Que vienne celui qui désire Dieu. Son esprit connaîtra Dieu. Que vienne celui qui désire guérir. Ma main, tant qu'elle sera libre, donnera la guérison à ceux qui l'invoquent avec foi.

Dites... Oui ! Allez, et allez avec empressement et dites que le Sauveur attend ceux qui attendent et désirent une aide divine, à la Pâque, dans la Cité Sainte. Dites-le à ceux qui en ont besoin et aussi à ceux qui sont simplement curieux. Du mouvement impur de la curiosité peut jaillir pour eux l'étincelle de la foi en Moi, de la Foi qui sauve. Allez ! Jésus de Nazareth, le Roi d'Israël, le Roi du monde, appelle pour les rassembler les représentants du monde afin de leur donner les trésors de ses grâces et les avoir comme témoins de son élévation qui consacrera son triomphe pour les siècles des siècles, comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs.

Allez ! Allez !

À l'aube de ma vie terrestre vinrent, de divers endroits, les représentants de mon peuple pour adorer le Tout Petit dans lequel l'Immense se cachait. La volonté d'un homme, qui se croyait puissant et était un serviteur de la volonté de Dieu, avait ordonné le recensement dans l'Empire. Obéissant à un ordre inconnu et inéluctable du Très-Haut, ce païen devait se faire le héraut de Dieu qui voulait tous les hommes d'Israël, répandus dans toutes les parties de la Terre, dans la Terre de ce peuple, près de Bethléem Ephrata, pour s'étonner des signes venus du Ciel au premier vagissement d'un Nouveau-Né. Et comme cela ne suffisait pas encore, d'autres signes parlèrent aux gentils et leurs représentants vinrent adorer le Roi des rois, petit, pauvre, loin de son couronnement terrestre, mais déjà, oh ! mais déjà Roi en présence des anges.

Elle est venue l'heure où je serai Roi en présence des peuples avant de retourner là d'où je viens.

Au couchant de ma journée terrestre, au soir de ma vie d'homme, il est juste qu'il y ait des hommes de tous peuples pour voir Celui que l'on doit adorer et en qui se cache toute la Miséricorde. Et qu'ils jouissent, les bons, les prémices de cette moisson nouvelle, de cette Miséricorde qui s'ouvrira comme les nuées de Nisan pour gonfler les fleuves des eaux salutaires, capables de faire fructifier les arbres plantés sur les rives, comme on lit dans Ezéchiel."

Et Jésus recommence à guérir les malades hommes et femmes, et prend leurs noms, car maintenant tous veulent dire le leur : "Moi Zilla... Moi Zabdi... Moi Gail... Moi André... Moi Théophane... Moi Selima... Moi Olinto... Moi Philippe... Moi Elissa... Moi Bérénice... Ma fille Gaia... Moi Argénide... Moi... Moi... Moi..."

Il a fini. Il voudrait partir. Mais combien Lui demandent de rester, de parler encore !

Et quelqu'un, peut-être borgne, car il a un œil couvert d'une bande dit, pour le retenir encore :

"Seigneur, j'ai été frappé par quelqu'un jaloux de mon bon commerce. J'ai sauvé avec peine ma Vie, mais j'ai perdu un œil, crevé par le coup. Maintenant mon rival est devenu pauvre et il est mal vu; il s'est enfui dans un pays près de Corinthe. Moi, je suis de Corinthe. Que devrais-je faire pour celui qui a failli me tuer ? Ne pas faire aux autres ce qu'il ne me plairait pas de recevoir, c'est bien, mais de lui, j'ai déjà reçu... et du mal, beaucoup de mal..." et son visage est si expressif qu'on y lit sa pensée inexprimée : "et je devrais donc prendre ma revanche..."

Mais Jésus le regarde avec une lueur de sourire dans son œil bleu saphir, oui, mais avec la dignité d'un Maître sur tout son visage, et il lui dit : "C'est toi, un grec qui me le demandes ? Vos grands hommes n'ont-ils peut-être pas dit que les mortels deviennent semblables à Dieu quand ils correspondent à deux dons que Dieu leur accorde pour les rendre semblables à Lui et qui sont : pouvoir être dans la vérité et faire du bien au prochain ?"

"Ah ! oui ! Pythagore !"

"Et n'ont-ils pas dit que l'homme se rapproche de Dieu non par la science, ou la puissance, ou autrement, mais en faisant du bien ?"

"Ah ! oui ! Démosthène ! Mais, excuse-moi, Maître, si je te le demande... Tu n'es qu'un hébreux, et les hébreux n'aiment pas nos philosophes... Comment sais-tu ces choses ?"

"Homme, parce que j'étais la Sagesse qui inspirait aux intelligences ce qu'expriment ces paroles. Je suis là où le Bien est actif. Toi, grec, écoute les conseils des sages où c'est encore Moi qui parle. Fais du bien à qui t'a fait du mal et tu seras appelé saint par Dieu. Et maintenant laissez-moi aller. Il y en a d'autres qui m'attendent. Adieu, Valeria, et ne crains pas pour Moi. Ce n'est pas encore mon heure. Quand ce sera l'heure, toutes les armées de César seront incapables d'opposer une barrière à mes adversaires."

"Salut, Maître, et prie pour moi."

"Pour que la paix te possède. Adieu. Paix à toi, chef. Paix pour ceux qui croient et pour ceux qui tendent à la paix."

Et avec un geste qui est salut et bénédiction, il sort de la salle, traverse la cour et sort sur le chemin...

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2007/07-231.htm
Tome : 7/231
https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t18376-oeuvre-de-maria-valtorta-presentation-des-disciples-de-jesus




♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Jasus_35
Jésus à la Synagogue
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Visage de J?sus Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

Message par Maud Sam 5 Juil 2014 - 6:48

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Maria_45


Judas et les ennemis de Jésus



Je ne vois pas Jésus, ni Pierre, ni Jude d'Alphée, ni Thomas, mais je vois les neuf autres qui marchent dans la direction du faubourg d'Ophel.

Les gens qui sont sur les routes ne sont pas la grande foule de Pâque, de la Pentecôte et des Tabernacles. Ce sont plus ou moins les gens de la ville. Peut-être que les Encénies n'étaient pas très importantes et n'exigeaient pas la présence des hébreux à Jérusalem. Il n'y avait que ceux qui par hasard se trouvaient dans la ville, ou ceux des villages voisins de Jérusalem, qui venaient dans la ville pour monter au Temple. Les autres, à cause de la saison ou du caractère spécial de la fête, restaient dans leurs villes et dans leurs maisons.

Pourtant beaucoup de disciples qui par amour du Seigneur ont quitté maisons et parents, intérêts et travaux, sont à Jérusalem et ils se sont unis aux apôtres. Je ne vois cependant pas Isaac, ni Abel [1], ni Philippe ni non plus Nicolaï, qui est allé accompagner Sabéa à Aéra. Ils parlent entre eux familièrement, racontant et écoutant tous les faits qui se sont produits pendant le temps où ils ont été séparés. On dirait pourtant qu'ils ont déjà vu le Maître, peut-être au Temple, car ils ne s'étonnent pas de son absence. Ils marchent lentement, et de temps à autre, ils s'arrêtent, comme pour attendre, regardant en avant et en arrière, regardant par les chemins qui descendent de Sion sur cette route qui conduit vers les portes méridionales de la ville.

L'Iscariote est presque en arrière de tous les autres et il fait l'orateur dans un groupe de disciples pleins de bonne volonté plutôt que de science. Par deux fois il est appelé nommément par certains juifs qui suivent le groupe, sans pourtant s'y mêler. Je ne sais quelles sont leurs intentions ou de quoi ils sont chargés. Et par deux fois l'Iscariote hausse les épaules sans même se retourner, mais la troisième fois il est obligé de le faire car un juif quitte son groupe, traverse d'autorité celui des disciples, prend Judas par la manche et l'oblige à s'arrêter en lui disant : "Viens ici un moment car nous devons te parler."

"Je n'ai pas le temps et je ne peux pas" répond l'Iscariote d'un air tranchant.

"Va, va. Nous t'attendons. Car tant que nous ne voyons pas Thomas, nous ne pouvons sortir de la ville" lui dit André qui est le plus près de lui.

"C'est bon, allez en avant, je viendrai bientôt" dit Judas sans aucune bonne volonté visible de faire ce qu'il doit faire.

Resté seul, il dit à celui qui l'importune : "Eh bien ? Que veux-tu ? Que voulez-vous ? Vous n'avez pas encore fini de m'ennuyer ?"

"Oh ! Oh ! Quels airs tu te donnes ! Pourtant quand nous t'appelions pour te donner de l'argent, tu ne trouvais pas que nous t'ennuyions ! Tu es orgueilleux, homme ! Mais il y a quelqu'un qui peut te rendre humble... Souviens-t-en."

"Je suis un homme libre et..."

"Non, tu n'es pas libre. Libre est celui que d'aucune manière nous ne pouvons rendre esclave, et tu en connais le nom. Toi !... Tu es esclave de tout et de tous, et tout d'abord de ton orgueil. Bref. Fais attention que si tu ne viens pas avant sexte [2] dans la maison de Caïphe, malheur à toi !" Un "malheur" vraiment menaçant.

"C'est bien ! Je viendrai, mais vous feriez mieux de me laisser tranquille, si vous voulez..."

"Quoi ? Quoi, marchand de promesses, bon à rien..." Judas se libère en poussant violemment celui qui le tient et il se sauve en disant : "Je parlerai quand j'y serai."

Il rejoint les autres de son groupe. Il est songeur et un peu embarrassé. André lui demande avec empressement : "Mauvaises nouvelles ? Non, hein ! Peut-être ta mère..."

Judas, qui au début l'avait regardé de travers tout prêt à lui faire une réponse âcre, se fait plus humain et dit : "Oui. Des nouvelles pas bien bonnes... Tu sais... la saison... Maintenant... car il me vient maintenant à l'esprit un ordre du Maître. Si cet homme ne m'avait pas arrêté, j'allais l'oublier, cela aussi... Mais il m'a nommé le lieu où il habite et, à la suite de ce nom, je me suis rappelé l'ordre qui m'a été donné. Eh bien maintenant, quand j'irai pour cela, j'irai aussi chez cet homme et j'en saurai davantage..."

André, simple et honnête comme il l'est, est bien loin de soupçonner que son compagnon puisse mentir, et il dit avec empressement : "Mais va, va tout de suite. Moi je le dirai aux autres. Va, va ! Enlève-toi ce souci..."

"Non, non. Je dois attendre Thomas à cause de l'argent. Un moment de plus ou de moins..."
Les autres, qui s'étaient arrêtés pour l'attendre, les regardent venir.

"Judas a eu de tristes nouvelles" dit André prévenant.

"Oui... en quelques mots. Mais j'en saurai davantage quand j'irai faire ce que je dois..."

"Quoi ?" demande Barthélemy.

"Voici Thomas qui vient en courant" dit Jean au même instant, et Judas en profite pour ne pas répondre.

"Je vous ai fait attendre ? Beaucoup ? C'est que je voulais faire une bonne affaire... et j'ai réussi. Regardez cette belle bourse. C'est bon pour les pauvres. Le Maître sera content." [3]
"Il le fallait. Nous n'avions pas la moindre piécette pour les mendiants" dit Jacques d'Alphée.
"Donne-la-moi" dit l'Iscariote, en tendant la main vers la lourde bourse que Thomas balance dans ses mains.

"Mais vraiment... Jésus m'a chargé de la vente, et je dois remettre entre ses mains ce que j'ai reçu."

"Tu Lui en diras le montant. Donne-moi maintenant car je suis pressé de partir."

"Non, je ne te la donne pas ! Jésus m'a dit pendant que nous traversions le Sixte [4] : 'Ensuite, tu me donneras la somme'. Et moi je le fais."

"De quoi as-tu peur ? Que je l'allège ou que je t'enlève le mérite de la vente ? À Jéricho, moi aussi, j'ai vendu et avantageusement. Depuis des années, c'est moi qui suis chargé de l'argent. C'est mon droit."

"Oh ! Écoute : si tu veux faire une histoire pour cela, tiens. Je me suis acquitté de ma charge, et je ne me soucie pas du reste. Tiens, tiens. Il y a tant de choses plus belles que cela !..." et Thomas passe la bourse à Judas.

"Vraiment, si le Maître a dit..." dit Philippe.

"Mais, pas de sophismes ! Allons plutôt, maintenant que nous sommes tous ensemble. Le Maître a dit d'être à Béthanie avant sexte. Nous avons à peine le temps" dit Jacques de Zébédée.

"Alors moi je vous quitte. Vous, allez en avant. Moi, je vais et je reviens."

"Mais, non ! Il a dit bien clairement : Soyez tous unis" dit Matthieu.

"Tous unis, vous. Mais moi, je dois partir. Maintenant surtout que j'ai des nouvelles de la mère !..."

"La chose peut aussi s'interpréter ainsi. Si lui a eu des ordres que nous ne connaissons pas..." dit Jean, conciliant.

Les autres, sauf André et Thomas, semblent peu portés à le laisser aller mais ils finissent par dire : "Eh bien, va. Mais fais vite et sois prudent..."

Et Judas s'enfuit par une ruelle qui mène sur la colline de Sion, pendant que les autres reprennent leur marche.

"Cependant, ce n'est pas juste" dit Simon le Zélote, après quelque temps. "Nous n'avons pas bien agi. Le Maître avait dit : 'Restez toujours ensemble et soyez bons'. Nous avons désobéi au Maître. J'en suis tourmenté."

"Je le pensais, moi aussi..." lui répond Matthieu.

Les apôtres sont tous en groupe depuis qu'ils ont dû décider de ce qu'ils devaient faire. J'ai remarqué que les disciples s'écartent toujours avec respect quand les apôtres se réunissent pour discuter.

Barthélemy dit : "Faisons ainsi. Congédions ceux qui nous suivent, dès maintenant, sans attendre d'être sur la route de Béthanie. Et puis divisons-nous en deux groupes et restons à attendre Judas, les uns sur la voie basse, les autres sur la voie haute. Les plus agiles sur la voie basse, les autres sur la voie haute. Même si le Maître nous précède il nous verra arriver ensemble car un groupe attendra l'autre hors de Béthanie."

La chose est décidée. Ils congédient les disciples et puis ils vont tous ensemble jusqu'à l'endroit d'où on peut tourner vers le Gethsémani et prendre la voie haute sur le Mont des Oliviers, et d'autre part, en côtoyant le Cédron, on prend la voie basse pour Béthanie et Jéricho...

Pendant ce temps Judas s'enfuit en courant comme si on le poursuivait. Il continue pendant quelque temps à monter la rue étroite qui mène vers le sommet de Sion en direction du couchant, puis il tourne par une petite rue encore plus étroite, presque une ruelle qui, au lieu de monter, descend vers le midi. Il est soupçonneux, il court et, de temps en temps, il se retourne, comme effrayé. Il craint visiblement d'être suivi. La ruelle tortueuse qui suit les détours des maisons placées en désordre s'ouvre maintenant sur une campagne étendue. Il y a une colline au-delà de la vallée qui est au-delà des murs, une colline basse couverte d'oliviers au-delà de l'aride pierraille de la vallée de Hinnon. Judas court maintenant rapidement, en traversant les haies qui bornent les jardins des dernières maisons contre les murs, les pauvres maisons des pauvres de Jérusalem, et pour sortir de la ville, il ne prend pas la Porte de Sion qui est tout près, mais il monte en courant, vers une autre porte un peu à l'ouest.

Il est hors de la ville. Il trotte comme un poulain pour faire vite. Il passe comme le vent près d'un aqueduc, puis, sourd à leurs lamentations, près des tristes grottes des lépreux de Hinnon. Il est clair qu'il cherche les endroits que fuient les autres. Il va directement vers la colline couverte d'oliviers, solitaire au sud de la ville. Il pousse un soupir de soulagement quand il est sur ses pentes et il ralentit sa marche. Il rajuste son couvre-chef, sa ceinture, son vêtement qu'il avait relevé, regarde en se protégeant du soleil car il l'a dans les yeux, vers l'orient, vers l'endroit où se trouve la route basse qui conduit à Béthanie et Jéricho, mais il ne voit rien qui le trouble.

Au contraire, un coin de la colline le sépare de cette route. Il sourit. Il se met à monter lentement, pour faire passer son essoufflement, sur la colline. Entre-temps il réfléchit. Plus il réfléchit, plus il devient sombre. Certainement il monologue en lui-même, mais en silence. À un certain point, il s'arrête, enlève la bourse de son sein, la regarde, puis la remet dans son sein, après en avoir divisé le contenu, en en mettant une partie dans sa bourse peut-être pour que soit moins visible le volume qu'il a caché dans son sein.

Il y a une maison au milieu des oliviers, une belle maison, la plus belle de la colline, car les autres maisons qui sont éparses sur les pentes, dépendances de la belle maison ou séparées, sont bien humbles. Il y arrive par une sorte de chemin ensablé qui traverse les oliviers bien alignés. Il frappe à la porte, se fait reconnaître, il entre. Il va avec assurance au-delà de l'atrium, dans une cour carrée qui a de nombreuses portes sur ses côtés. Il ouvre l'une d'elles. Il entre dans une vaste pièce où se trouvent diverses personnes dont je reconnais le visage sournois et haineux de Caïphe, celui ultra-pharisien d'Elchias, celui de fouine du synhédriste Félix, avec le visage de vipère de Simon. Plus loin se trouve Doras, fils de Doras, dont les traits rappellent de plus en plus ceux de son père, et avec lui Cornélius et Tolmaï. Et il y a les autres scribes, Sadoc et Canania, âgé, parcheminé, mais jeune en méchanceté, et Collascebona l'Ancien, et Nathanaël ben Faba et puis un certain Doro, un Simon, un Joseph, un Joachim que je ne connais pas. Caïphe dit les noms, moi je les écris. Lui termine : "... rassemblés ici pour te juger."

Judas a un visage curieux : à la fois peureux, dépité, violent, mais il se tait. Il ne fait pas voir son hauteur. Les autres l'entourent moqueurs, et chacun dit la sienne.

"Eh bien ! Qu'en as-tu fais de notre argent ? Que nous dis-tu, homme sage, homme qui fait tout et vite et bien ? Où est ton travail ? Tu es un menteur, un bavard bon à rien. Où est la femme ? Tu ne l'as même plus ? Et ainsi, au lieu de nous servir, tu le sers Lui, hein ? Est-ce ainsi que tu nous aides ?" C'est un assaut criant et braillant, menaçant, et duquel beaucoup de paroles m'échappent.

Judas les laisse crier à leur aise. Quand ils sont fatigués et essoufflés, c'est lui qui parle : "J'ai fait ce que j'ai pu. Est-ce ma faute si c'est un homme que personne ne peut faire pécher ? Vous vouliez éprouver sa vertu, avez-vous dit. Moi je vous ai donné la preuve que Lui ne pèche pas. J'ai donc servi votre dessein. Avez-vous réussi peut-être, vous tous, à le mettre dans la situation d'un accusé ? Non. De toutes vos tentatives de le faire apparaître comme un pécheur, de l'attirer dans un piège, il est sorti plus grand qu'auparavant. Et alors, si vous n'avez pas réussi, vous, avec votre rancœur, devais-je réussir, moi qui ne le hais pas, qui suis seulement déçu d'avoir suivi un pauvre innocent, trop saint pour pouvoir être un roi, et un roi qui écrase ses ennemis ? Quel mal m'a-t-il fait, Lui, pour que je Lui fasse du mal ? Je parle ainsi car je pense que vous le haïssez au point de vouloir sa mort. Je ne peux plus croire que vous voulez seulement persuader le peuple que c'est un fou, et nous persuader, me persuader, pour notre bien, et Lui-même par pitié pour Lui. Vous êtes trop généreux avec moi, et trop furieux de le voir au-dessus du mal, pour que je puisse le croire. Vous m'avez demandé ce que j'ai fait de votre argent. J'en ai fait l'usage que vous savez. Pour convaincre la femme, j'ai dû beaucoup dépenser... Et je n'ai pas réussi à le faire avec la première et..."

"Mais tais-toi ! Rien n'est vrai. Elle était folle de Lui, et certainement elle est venue tout de suite. Du reste tu l'as garanti car tu disais qu'elle te l'avait avoué. Tu es un voleur. Qui sait à quoi t'a servi notre argent !"

"À ruiner mon âme, assassins d'une âme ! À faire de moi un sournois, quelqu'un qui n'a plus de paix, quelqu'un qui devient suspect de Lui et de ses compagnons. Car, sachez-le, Lui m'a découvert... Oh ! s'il m'avait chassé ! Mais il ne me chasse pas. Non. Il ne me chasse pas. Il me défend, il me protège, il m'aime !... Votre argent !... Mais pourquoi en ai-je accepté la première piécette ?"

"Parce que tu es un malheureux. En attendant, tu as joui de notre argent et maintenant tu pleures de l'avoir dépensé. Menteur ! En attendant, rien n'a réussi et les foules autour de Lui deviennent plus nombreuses et sont de plus en plus fascinées. Notre ruine approche, et par ta faute !"

"La mienne ? Pourquoi alors n'avez-vous pas osé le prendre et l'accuser de vouloir se faire roi ? Vous m'avez pourtant dit que vous avez voulu le tenter, bien que je vous ai dit que c'était inutile, que Lui n'a pas faim de pouvoir. Pourquoi ne l'avez-vous pas amené à pécher contre sa mission si vous êtes si braves ?"

"Parce qu'il s'est échappé de nos mains. C'est un démon qui disparaît, quand il le veut, comme de la fumée. Il est comme un serpent : il fascine, on ne peut plus rien faire quand il vous regarde."

"Quand il regarde ses ennemis : vous. Car moi je vois que quand il regarde ceux qui ne le haïssent pas de tout eux-mêmes, comme vous faites, alors son regard fait bouger, fait agir. Oh ! son regard ! Pourquoi il me regarde ainsi et il me rend bon, moi qui suis un monstre pour moi-même, et pour vous qui me rendez monstre dix fois plus ?!"

"Que de paroles ! Tu nous avais assuré que pour le bien d'Israël tu nous aurais aidé. Mais tu ne comprends pas, ô malheureux, que cet homme est notre ruine ?"

"Notre ? De qui ?" .

"Mais de tout le peuple ! Les romains..."

"Non. C'est seulement votre ruine. C'est pour vous que vous craignez. Vous savez que Rome ne sévira pas contre nous à cause de Lui. Vous le savez cela, comme moi je le sais, comme le peuple le sait. Mais vous tremblez parce que vous savez, parce que vous craignez que Lui vous jette hors du Temple, du Royaume d'Israël. Et il ferait bien. Il ferait bien de débarrasser son aire de vous, hyènes immondes, ordures, aspics !..." Il est furieux.

Ils le saisissent, le secouent, rendus furieux à leur tour, c'est tout juste s'ils ne le jettent pas par terre... Caïphe lui crie en plein visage : "C'est bien. C'est ainsi, mais si c'est ainsi, nous avons le droit de défendre ce qui est à nous. Et puisque les petits moyens ne suffisent plus pour Lui persuader de fuir, de laisser le champ libre, voilà que maintenant nous allons agir par nous-mêmes, te laissant de côté, lâche serviteur, marchand de paroles. Et après Lui, nous te servirons toi aussi, n'en doute pas et..."

Elchias ferme la bouche à Caïphe et lui dit avec son flegme glacial de serpent venimeux : "Non. Pas ainsi. Tu exagères, Caïphe. Judas a fait ce qu'il a pu. Tu ne dois pas le menacer. Au fond, n'a-t-il pas les mêmes intérêts que nous ?"

"Mais es-tu sot, Elchias ? Moi, les intérêts de celui-ci ? Mais moi, je veux que Lui soit écrasé ! Et Judas veut qu'il triomphe, pour triompher avec Lui. Et tu dis..." crie Simon.

"Paix, paix ! Vous dites toujours que je suis sévère. Mais voilà qu'aujourd'hui je suis le seul qui soit bon. Il faut comprendre Judas et l'excuser. Il nous aide comme il peut. C'est pour nous un bon ami, mais c'est aussi, naturellement, un ami du Maître. Son cœur est angoissé... Il voudrait sauver le Maître, lui-même, et Israël... Comment concilier des choses si opposées ? Laissons-le parler."

La meute se calme. Judas peut enfin parler, et il dit : "Elchias a raison. Moi... Que voulez-vous de moi ? Je ne le sais pas encore exactement. J'ai fait ce que j'ai pu. Moi, je ne puis faire davantage. Lui est par trop plus grand que moi. Il lit dans mon cœur... et il ne me traite jamais comme je le mérite. Moi, je suis un pécheur, et Lui le sait et il m'absout. Si j'étais moins lâche, je devrais... Je devrais me tuer pour me mettre dans l'impossibilité de Lui faire du mal". Judas s'assoit, accablé, le visage dans les mains, les yeux écarquillés et perdus dans le vide, il souffre visiblement dans la lutte entre ses instincts opposés...

"Fariboles ! Que veux-tu qu'il sache ? Tu agis ainsi parce que tu t'es repenti de t'être mis en avant !" s'écrie le dénommé Cornélius.

"Et s'il en était ainsi ? Oh, s'il en était ainsi ! Si je m'étais réellement repenti et devenu capable de rester dans ce sentiment !..."

"Mais vous le voyez ? Mais vous l'entendez ? Nos pauvres deniers !" croasse Canania.
"Nous avons que faire avec quelqu'un qui ne sait pas ce qu'il veut. C'est pire qu'un hébété que nous avons choisi !" renchérit Félix.

"Un hébété ? Une marionnette, dois-tu dire ! Le Galiléen le tire avec une ficelle, il va au Galiléen. Nous le tirons, nous, et il vient à nous" s'écrie Sadoc.

"Eh bien, si vous êtes tellement plus habiles que moi, agissez par vous-mêmes. Moi, à partir d'aujourd'hui, je m'en désintéresse. Ne vous attendez plus un renseignement ni un mot. D'ailleurs je ne pourrai plus vous les donner car Lui, désormais, est sur ses gardes et il me surveille..."

"Mais, si tu as dit qu'il t'absout ?"

"Oui. Il m'absout, mais c'est justement parce qu'il sait tout. Il sait tout ! Il sait tout ! Oh !" Judas met son visage dans ses mains.

"Et va-t'en, alors, femme en vêtements d'homme, avorton, mal bâti ! Va-t'en ! Nous agirons par nous-mêmes. Et prends garde, prends garde de ne pas Lui parler de cela, car autrement nous te le ferons payer."

"Je m'en vais ! Je m'en vais ! Si seulement je n'étais jamais venu ! Pourtant rappelez-vous ce que je vous ai déjà dit. Lui a rencontré ton père, Simon, ton beau-frère, Elchias. Je ne crois pas que Daniel ait parlé. J'étais présent et je ne l'ai jamais vu parler à part. Mais ton père ! Il n'a pas parlé, d'après ce que disent mes condisciples. Il n'a même pas révélé ton nom. Il s'est borné à dire que son fils l'a chassé parce qu'il aimait le Maître et qu'il n'approuvait pas ta conduite. Mais il a déjà dit que nous nous voyons, que je viens chez toi... Et il pourrait dire le reste, aussi. Tecua n'est pas au bout du monde... Ne dites pas ensuite que moi j'ai parlé quand il y en a trop déjà qui connaissent vos projets."

"Mon père ne parlera plus jamais. Il est mort" dit lentement Simon.

"Mort ? Tu l'as tué ? Horreur ! Pourquoi t'ai-je dit où il était !..."

"Moi, je n'ai tué personne. Je n'ai pas bougé de Jérusalem. Il y a tant de manières de mourir.

Tu es étonné qu'un vieillard, et un vieillard qui s'en va exiger de l'argent soit tué ? Du reste... c'est sa faute. S'il était resté tranquille, s'il n'avait pas eu des yeux et des oreilles et une langue pour voir, écouter, et faire des reproches, il serait encore honoré et servi dans la maison de son fils..." dit Simon avec une lenteur exaspérante.

"En somme... tu l'as fait tuer ? Parricide !"

"Tu es fou : le vieux a été frappé, il est tombé, sa tête a heurté, il est mort. Un accident, un simple accident. Cela a été mauvais pour lui d'exiger de l'argent d'un malandrin..."

"Je te connais, Simon. Et je ne puis croire... Tu es un assassin..." Judas en est tout interdit.
L'autre lui rit au nez en répétant : "Et toi, tu délires. Tu vois un crime où il n'y a qu'un malheur. Je l'ai appris seulement avant-hier et j'ai pris des mesures, pour tirer vengeance et lui rendre honneur. Mais, si j'ai pu honorer le cadavre, je n'ai pas pu prendre l'assassin. Quelque voleur certainement, descendu de l'Adomin pour étaler sur les marchés le produit de ses vols... Qui peut maintenant le prendre ?"

"Je ne crois pas... Je ne crois pas... Je pars ! Je pars ! Laissez-moi aller !... Vous êtes... pires que des chacals... Je pars ! Je pars !" et il ramasse son manteau qui était tombé et il va sortir.

Mais Canania le saisit de sa main de rapace : "Et la femme ? Où est la femme Qu'a-t-elle dit ?

Qu'a-t-elle fait ? Tu le sais ?"

"Je ne sais rien... Laissez-moi partir..."

"Tu mens ! Tu es un menteur !" crie Canania.

"Je ne le sais pas. Je le jure. Elle est venue, cela est certain, mais personne ne l'a vue. Ni moi qui ai dû partir de suite avec le Rabbi. Ni mes compagnons. Je les ai habilement interrogés... J'ai vu les bijoux brisés qu'Élise a apportés dans la cuisine... et je ne sais rien d'autre. Je le jure par l'Autel et le Tabernacle !"

"Et qui peut te croire ? Tu es un lâche. Comme tu trahis ton Maître, tu peux nous trahir nous aussi. Mais attention à toi !"

"Je ne trahis pas. Je le jure par le Temple de Dieu !"

"Tu es un parjure. Ton visage le dit. C'est Lui que tu sers et pas nous..."
"Non. Je le jure sur le Nom de Dieu."

"Dis-le, si tu l'oses pour confirmer ton serment !"

"Je le jure sur Jéhovah !" et il prend un teint terreux en prononçant ainsi le nom de Dieu, Il tremble, il balbutie, il ne sait même plus le dire comme on le prononce d'ordinaire. Il semble dire un j, une h, un v très traîné, je dirais terminé en aspiration. Je le reconstituerais ainsi : Jeocvèh, En somme sa prononciation est étrange.

Un silence, effrayant dirais-je, règne dans la pièce. Ils se sont même écartés de Judas... Mais ensuite Doras et un autre disent : "Répète le même serment pour confirmer que tu ne serviras que nous..."

"Ah, non ! Maudits ! Cela non ! Je vous jure que je ne vous ai pas trahis et que je ne vous dénoncerai pas au Maître, et déjà je fais un péché. Mais mon avenir, je ne le lie pas à vous, à vous qui demain, au nom de mon serment, pourriez m'imposer... n'importe quoi, même un crime. Non ! Dénoncez-moi au Sanhédrin comme sacrilège, dénoncez-moi comme assassin aux romains. Je ne me défendrai pas. Je me ferai tuer... Et ce sera une bonne chose pour moi. Mais moi, je ne jure plus... je ne jure plus..." et il se dégage par des efforts violents de celui qui le tient et il s'enfuit en criant : "Sachez pourtant que Rome vous surveille, que Rome aime le Maître..." Une sortie retentissante qui fait résonner la maison indique que Judas est sorti de ce repaire de loups.

Ils se regardent en face... La rage, et peut-être la peur, les rend livides... Et ne pouvant passer leur colère et leur peur sur personne, ils se disputent entre eux. Chacun cherche à faire endosser à l'autre la responsabilité des démarches qui ont été faites et des conséquences qu'elles peuvent avoir. Les uns reprochent une chose, les autres une autre. Les uns pour le passé, les autres pour l'avenir. Certains crient; "Tu as voulu séduire Judas"; d'autres : "Vous avez mal fait de le maltraiter, vous vous êtes découverts !"; certains proposent; "Courons-lui après avec de l'argent, avec des excuses..."

"Ah ! cela non !" crie Elchias qui reçoit le plus de reproches. "Laissez-moi faire et vous devrez me dire que je suis sage. Judas, quand il n'aura plus d'argent, se fera doux. Oh ! doux comme un agneau !" et il rit comme un serpent. "Il tiendra bon aujourd'hui, demain, peut-être un mois... Mais ensuite... Il est trop vicieux pour pouvoir vivre dans la pauvreté que lui donne le Rabbi.... et il viendra à nous... Ha ! Ha ! Laissez-moi faire ! Laissez-moi faire ! Moi, je sais..."

"Oui. Mais, en attendant... Tu as entendu ? Les romains nous épient ! Les romains l'aiment ! Et c'est vrai. Ce matin même, et hier et avant-hier, il y en avait pour l'attendre dans l'Atrium des Païens. Les femmes de l'Antonia y sont toujours... Elle viennent jusque de Césarée pour l'entendre..."

"Des caprices de femmes ! Je ne m'en préoccupe pas. L'homme est beau et il parle bien. Elles sont folles des bavards démagogues et des philosophes. Pour elles, le Galiléen est l'un d'eux, rien de plus. Et il leur sert pour se distraire dans leurs loisirs. Il faut de la patience pour réussir ! De la patience et de la ruse, et du courage aussi. Mais vous n'en avez pas, et vous voulez agir mais sans paraître. Moi, je vous l'ai dit ce que je ferais. Mais vous ne voulez pas..."

"Moi, je crains le peuple. Il l'aime trop. Amour par ci, amour par là... Qui le touche ? Si nous le chassons Lui, nous serons chassés nous... Il faut..." dit Caïphe.

"Il faut ne plus laisser échapper l'occasion. Combien nous en avons perdu ! À la première qui se présente, il faut faire pression sur ceux qui sont incertains parmi nous, et puis agir aussi avec les romains."

"C'est vite dit ! Mais quand, où avons-nous eu l'occasion de le faire ? Lui ne pèche pas, ne cherche pas le pouvoir, ne..."

"Si elle n'existe pas, on la crée... Et maintenant partons. En attendant, demain, nous le surveillerons... Le Temple est à nous. Dehors, c'est Rome qui commande. Dehors, il y a le peuple pour le défendre. Mais à l'intérieur du Temple..."

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2007/07-232.htm
Tome : 7 / 232




♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Judas_13
Judas
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Visage de J?sus Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

Message par Maud Dim 6 Juil 2014 - 6:36

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Maria_46

Les sept lépreux guéris.
Jésus aux apôtres et à Marthe et Marie.



Jésus, avec Pierre et Jude Thaddée, marche rapidement dans un. endroit triste, pierreux, à côté de la ville. Comme je ne vois pas les verts oliviers, mais un monticule, ou plutôt des monticules peu ou pas du tout verdoyants qui sont au couchant de Jérusalem, parmi lesquels se trouve le triste Golgotha, je pense être vraiment en dehors du côté ouest de la ville.

"Nous pourrons donner quelque chose avec ce que nous avons pu acquérir. Ce doit être terrible de vivre dans des tombeaux l'hiver" dit le Thaddée, chargé de paquets comme l'est Pierre.

"Je suis content d'être allé chez les affranchis pour avoir ces deniers pour les lépreux. Pauvres malheureux ! En ces jours de fête, personne ne pense à eux. Tout le monde jouit... eux pensent à leurs maisons perdues... Hélas ! Si au moins ils croyaient en Toi ! Y croiront-ils, Maître ?" dit Pierre toujours si simple, si attaché à son Jésus.

"Espérons-le, Simon, espérons-le. Prions en attendant..." et ils continuent en priant.
La triste vallée de Hinnon se montre avec ses tombeaux de vivants.

"Allez en avant et donnez" dit Jésus.

Les deux s'en vont en parlant à haute voix. Des visages de lépreux se font voir aux entrées des grottes et des abris.

"Nous sommes les disciples du Rabbi Jésus, dit Pierre. Il va venir et il nous envoie pour vous donner de l'aide. Combien êtes-vous ?"

"Sept ici. Trois de l'autre côté, au-delà de En Rogel" dit l'un d'eux au nom de tous.
Pierre ouvre son paquet, le Thaddée le sien. Ils font dix parts du pain, du fromage, du beurre, des olives. L'huile, où mettre l'huile qui est dans une petite jarre ?

"Que l'un de vous apporte un récipient là sur le rocher. Vous partagerez l'huile en frères que vous êtes et au nom du Maître qui prêche l'amour envers le prochain" dit Pierre.

Cependant un lépreux, en boitant, descend vers eux qui sont allés près d'un large rocher, et il y pose une cruche ébréchée. Il les regarde pendant qu'ils versent l'huile, et demande avec étonnement : "Vous n'avez pas peur d'être si près de moi ?" En effet entre les apôtres et le lépreux, il n'y a que le rocher.

"Nous n'avons peur, nous, que d'offenser l'amour. Lui nous a envoyés en disant de vous secourir car celui qui appartient au Christ doit aimer comme le Christ aime. Que cette huile puisse ouvrir votre cœur, lui donner la lumière comme si déjà elle était allumée dans la lampe de votre cœur. Le temps de la Grâce est venu pour ceux qui espèrent dans le Seigneur Jésus. Ayez foi en Lui, Lui est le Messie et il guérit les corps et les âmes. Lui peut tout, car il est l'Emmanuel" dit le Thaddée avec sa dignité qui toujours en impose.

Le lépreux reste avec sa cruche dans les mains et le regarde comme fasciné. Puis il dit : "Je sais qu'Israël a son Messie car en parlent les pèlerins qui viennent dans la ville pour le chercher, et nous écoutons leurs conversations. Mais moi je ne l'ai jamais vu car je suis venu ici depuis peu. Et vous dites qu'il me guérirait ? Parmi nous, il y en a qui le blasphèment et d'autres qui le bénissent, et moi, je ne sais pas qui croire."

"Ceux qui le maudissent sont-ils bons ?"

"Non. Ils sont cruels et ils nous maltraitent. Ils veulent les meilleures places et les parts les plus abondantes. Et nous ne savons pas si nous pourrons rester ici à cause de cela."

"Tu vois donc que seul celui qui loge en lui l'enfer hait le Messie. C'est que l'enfer se sent déjà vaincu par Lui et pour cela le hait. Mais moi, je te dis qu'il faut l'aimer, et avec foi, si on veut avoir du Très-Haut la grâce, ici et au-delà de la Terre" dit encore le Thaddée.

"Si je voudrais avoir la grâce ! Je suis marié depuis deux ans et j'ai un petit garçon qui ne me connaît pas. Je suis lépreux depuis peu de mois. Vous le voyez." En effet il a peu de marques.

"Et alors, adresse-toi au Maître avec foi. Regarde ! Il arrive. Avertis tes compagnons et reviens ici. Il passera et te guérira."

L'homme monte la côte en boitant et il appelle : "Uria ! Gioab ! Adina ! Et vous aussi qui ne croyez pas. Le Seigneur vient pour nous sauver."

Une, deux, trois. Trois détresses de plus en plus grandes s'avancent. Pourtant la femme se montre à peine. C'est une horreur vivante... Peut-être elle pleure, et peut-être elle parle, mais il n'est pas possible de comprendre car sa voix est un son inarticulé qui sort de ce qui était la bouche, mais qui maintenant n'est plus que deux mâchoires dépourvues de dents, découvertes, horribles...

"Oui, je te dis qu'ils m'ont dit de venir vous appeler, qu'il vient nous guérir."

"Moi, non ! Je n'ai pas cru les autres fois... et il ne m'écoutera plus... et puis je ne peux plus marcher" dit plus distinctement la femme, qui sait avec quelle difficulté. Elle s'aide jusque de ses doigts pour tenir les lambeaux de ses lèvres afin de se faire comprendre.

"Nous te porterons, Adina..." disent les deux hommes et celui de la cruche.

"Non... Non... Moi j'ai trop péché..." et elle s'affaisse là où elle est...

Trois autres accourent, comme ils peuvent, autoritaires, et ils disent : "Donne-nous l'huile, en attendant, et puis allez trouver Belzébuth si vous voulez."

"L'huile est pour tous !" dit celui de la cruche en cherchant à défendre son trésor. Mais les trois, violents, cruels, l'écrasent et lui arrachent la cruche.

"Voilà ! C'est toujours ainsi... Un peu d'huile depuis si longtemps !... Mais le Maître vient... Allons le trouver. Tu ne viens vraiment pas Adina ?"

"Je n'ose pas..."

Les trois descendent vers le rocher. Ils s'arrêtent pour attendre Jésus à la rencontre duquel sont allés les deux apôtres. Et une fois qu'il est arrivé, ils crient : "Aie pitié de nous, Jésus d'Israël ! Nous espérons en Toi, Seigneur !"

Jésus lève son visage. Il les regarde de son regard inimitable. Il demande : "Pourquoi voulez-vous la santé ?"

"Pour nos familles, pour nous... C'est horrible de vivre ici..."

"Vous n'êtes pas seulement chair, fils. Vous avez une âme aussi et elle a plus de valeur que la chair. C'est d'elle que vous devez vous préoccuper. Ne demandez donc pas seulement la guérison pour vous, pour vos familles, mais pour avoir le temps de connaître la Parole de Dieu et de vivre pour mériter son Royaume. Êtes-vous des justes ? Devenez-le davantage. Êtes-vous des pécheurs ? Demandez de vivre pour avoir le temps de réparer le mal que vous avez commis... Où est la femme ? Pourquoi ne vient-elle pas ? Elle n'ose pas affronter le visage du Fils de l'homme, alors qu'elle n'a pas craint d'avoir à rencontrer le visage de Dieu quand elle péchait ? Allez lui dire qu'il lui a été beaucoup pardonné à cause de son repentir et de sa résignation, et que l'Éternel m'a envoyé pour absoudre tous les péchés de ceux qui se sont repentis de leur passé."

"Maître, Adina ne peut plus marcher..."

"Allez l'aider à descendre ici et apportez un autre récipient. Nous vous donnerons encore de l'huile..."

"Seigneur, il y en a à peine pour les autres" lui dit Pierre à voix basse, pendant que les lépreux vont chercher la femme.

"Il y en aura pour tous. Aie foi, car il est plus facile pour toi d'avoir foi sur ce point qu'il ne l'est pour ces malheureux d'avoir foi que leur corps redevienne ce qu'il était."

Pendant ce temps, là-haut, dans les grottes, une rixe a éclaté entre les trois lépreux mauvais pour la répartition de la nourriture...

La femme descend, portée dans les bras... et elle gémit, comme il lui est permis : "Pardon ! Pour le passé ! Pour n'avoir pas demandé pardon les autres fois !... Jésus, Fils de David, aie pitié de moi'."

Ils la déposent au pied du rocher, et sur le rocher ils déposent une sorte de marmite toute bosselée.

Jésus demande : "Que dites-vous ? Est-il plus facile d'augmenter l'huile dans un vase ou de faire croître la chair là où la lèpre l'a détruite ?"

Un silence... puis justement la femme dit : "L'huile. Mais aussi la chair parce que tu peux tout. Et tu peux me donner aussi l'âme de mes premières années. Je crois Seigneur,"

Oh ! le sourire divin ! C'est comme une lumière qui se répand, pleine de douceur, de joie, de suavité ! Et elle est dans les yeux, et sur les lèvres, et dans la voix quand il dit : "À cause de ta foi, sois guérie et pardonnée. Et vous de même. Et ayez de l'huile et de la nourriture pour vous restaurer. Et allez vous faire voir au prêtre . comme il est prescrit. Demain, à l'aurore, je reviendrai avec des vêtements et vous pourrez aller en sauvegardant la décence. Allons ! Louez le Seigneur. Vous n'êtes plus lépreux !"

C'est alors que les quatre, qui jusqu'à ce moment avaient les yeux fixés sur le Seigneur, se regardent et crient leur étonnement. La femme voudrait se redresser, mais elle est trop nue pour le faire. Son vêtement tombe en lambeaux et il y a plus de nu que de couvert en elle. Elle reste à moitié cachée par le rocher en une pudeur qui n'est pas seulement pour Jésus, mais pour ses compagnons, avec les traits de son visage recomposés, plus effilés seulement à cause des privations. Elle pleure en disant sans arrêt : "Béni ! Béni ! Béni !" et ses bénédictions se mêlent aux blasphèmes horribles des trois mauvais lépreux, rendus furieux de voir les autres guéris. Les ordures et les pierres volent.

"Vous ne pouvez rester ici. Venez avec Moi. Il ne vous arrivera aucun mal. Regardez. La route est vide. L'heure de sexte ramène les habitants dans les maisons. Vous irez jusqu'à demain auprès des autres lépreux. Ne craignez pas. Venez derrière Moi. Tiens, femme" et il lui donne son manteau pour se couvrir.

Les quatre, un peu craintifs, un peu abasourdis, le suivent comme quatre agneaux. Ils parcourent ce qui reste de la vallée de Hinnon, traversent la route, vont vers Siloan, autre triste emplacement de lépreux. Jésus s'arrête au pied des talus et commande : "Montez et dites-leur que demain à prime, je serai ici. Allez et faites la fête avec eux en annonçant le Maître de la Bonne Nouvelle." Il leur fait donner tout ce qui reste de nourriture et les bénit avant d'en prendre congé...

"Allons maintenant. C'est déjà plus de sexte" dit Jésus en se retournant pour revenir sur la voie basse qui va à Béthanie.

Mais tout de suite, un cri le rappelle : "Jésus, Fils de David, aie aussi pitié de nous !"
"Ils n'ont pas attendu l'aube, eux" observe Pierre.

"Allons les trouver. Si peu nombreuses sont les heures où je puis faire du bien sans que ceux qui me haïssent troublent la paix de ceux à qui j'ai fait du bien !" répond Jésus et il revient sur ses pas en tenant sa tête droite vers les trois lépreux de Siloan qui se sont présentés sur le terre-plein de la petite colline et qui répètent leur cri, aidés par ceux qui sont déjà guéris et qui sont derrière eux.

Jésus se contente de tendre les mains et de dire : "Qu'il vous soit fait comme vous demandez. Allez et vivez dans les voies du Seigneur." Il les bénit alors que la lèpre s'efface de leurs corps comme fond au soleil une légère couche de neige. Et Jésus s'en va en toute hâte, suivi par les bénédictions des miraculés qui de leur terre-plein tendent leurs bras en un embrassement plus vrai que s'il était réellement donné.

Ils reviennent sur le chemin pour Béthanie, qui suit le cours du Cédron qui fait une courbe à angle aigu, après une centaine de pas de Siloan. Mais une fois dépassé le tournant, on peut voir l'autre partie de la route qui continue pour Béthanie et voilà, tout seul, marchant rapidement, Judas de Kériot.

"Mais c'est Judas !" s'écrie le Thaddée qui le voit le premier.

"Pourquoi ici ? Seul ? Ohé ! Judas !" crie Pierre.

Judas se retourne tout d'un coup. Il est pâle, presque verdâtre. Pierre le lui dit : "Tu as vu le démon, que tu es de la couleur des laitues ?"

"Que fais-tu ici, Judas ? Pourquoi as-tu quitté les compagnons ?" demande en même temps Jésus.

Judas a déjà repris possession de lui-même. Il dit : "J'étais avec eux, j'ai rencontré quelqu'un qui avait des nouvelles de ma mère. Regarde..." et il fouille dans sa ceinture. De la main il se frappe le front en disant : "Je l'ai laissée chez cet homme ! Je voulais te faire lire la lettre... Ou bien je l'ai perdue en route... Elle n'est pas très bien, et même elle a été malade... Mais voilà les compagnons... Ils se sont arrêtés. Ils t'ont vu... Maître, je suis bouleversé..."

"Je le vois."

"Maître... voici les bourses. J'en ai fait deux pour... pour ne pas attirer l'attention... J'étais seul..."

Les apôtres Barthélemy, Philippe, Matthieu, Simon et Jacques de Zébédée sont un peu gênés, ils s'approchent de Jésus affectueusement, mais avec la conscience d'avoir manqué.

Jésus les regarde et dit : "Ne le faites plus. Il n'est jamais bon pour vous de vous séparer. Si je vous dis de ne pas le faire, c'est parce que je sais que vous avez besoin de vous soutenir mutuellement. Vous n'êtes pas assez forts pour pouvoir agir seuls. Unis, l'un freine ou soutient l'autre. Divisés..."

"C'est moi, Maître, qui ai donné le mauvais conseil, parce que nous nous sommes souvenus ensuite que tu avais dit de ne pas nous séparer, d'aller tous ensemble à Béthanie, et Judas s'en était allé pour un juste motif, et nous n'avons pas songé à aller avec lui. Pardonne-moi, Seigneur" dit Barthélemy avec humilité et franchise.

"Bien sûr que je vous pardonne. Mais je vous le répète : ne le faites plus. Réfléchissez qu'obéir sauve toujours au moins d'un péché : celui de présumer d'être capable d'agir par soi-même. Vous ne savez pas combien le démon tourne autour de vous afin de saisir tous lesmotifs pour vous faire pécher, et vous faire nuire à votre Maître qui est déjà tellement persécuté. Ce sont des temps de plus en plus difficiles pour Moi et pour l'organisme que je suis venu former.

C'est pourquoi il faut beaucoup de précautions pour éviter qu'il soit, je ne dis pas blessé et tué, car il ne le sera jamais plus jusqu'à la fin des siècles, mais couvert de boue. Ses adversaires vous regardent attentivement, ne vous perdent jamais de vue, de même qu'ils pèsent tous mes actes et toutes mes paroles, et cela pour avoir de quoi dénigrer. Si vous vous montrez querelleurs, divisés, imparfaits de quelque manière, même pour des choses de peu d'importante, eux rassemblent et manipulent ce que vous avez fait et le lancent comme de la boue et une accusation contre Moi et mon Église qui est en train de se former. Vous le voyez ! Je ne vous fais pas de reproches, mais je vous donne des conseils.

Pour votre bien. Oh ! ne savez-vous pas, mes amis, que même les choses les meilleures, ils les manipuleront et les présenteront pour pouvoir m'accuser avec un semblant de justice ?

Allons, donc. À l'avenir, soyez plus obéissants et plus prudents."

Les apôtres sont tout émus par la douceur de Jésus. Judas de Kériot ne cesse de changer de couleur. Il reste humblement, un peu en arrière de tous, jusqu'à ce que Pierre lui dise : "Que fais-tu là ? Tu n'as pas plus de torts que les autres. Viens donc en avant avec les autres" et il est bien forcé d'obéir.

Ils marchent rapidement car, bien qu'il y ait du soleil, il y a une bise qui les invite à marcher pour se réchauffer. Et ils ont déjà fait un bout de chemin quand Nathanaël, qui a froid et le dit en s'emmitouflant plus que jamais dans son manteau, remarque que Jésus n'a que son seul vêtement : "Maître, mais qu'en as-tu fait de ton manteau ?"

"Je l'ai donné à une lépreuse. Nous avons guéri et consolé sept lépreux."

"Mais tu dois avoir froid ! Prends le mien" dit le Zélote, en ajoutant : "Dans les tombeaux glacials je me suis habitué au vent d'hiver."

"Non, Simon. Regarde ! Là, c'est déjà Béthanie. Nous serons bientôt dans la maison, et je n'ai pas du tout froid. J'ai eu aujourd'hui beaucoup de joie spirituelle et elle est plus confortable qu'un chaud manteau."

"Frère, tu nous donnes des mérites que nous n'avons pas. C'est Toi, pas nous, qui as guéri et consolé..." dit le Thaddée.

"Vous avez préparé les cœurs à la foi dans le miracle. Vous avez donc avec Moi et comme Moi aidé à guérir et consoler. Si vous saviez comme je me réjouis de vous associer à Moi en toutes mes œuvres ! Ne vous rappelez-vous pas les paroles de Jean de Zacharie, mon cousin : "Il faut que Lui croisse et que moi je diminue" ? Il le disait justement car tout homme, si grand qu'il soit, fût-ce même Moïse et Élie, s'assombrit comme une étoile enveloppée par les rayons du soleil à l'apparition de Celui qui vient des Cieux et qui est plus que tout homme parce qu'il est Celui qui vient du Père très Saint. Mais Moi aussi, fondateur d'un Organismequi durera autant que les siècles et qui sera saint comme son Fondateur et Chef, d'un Organisme qui durera pour me représenter, et sera une seule chose avec Moi, de même que les membres et le corps de l'homme sont une seule chose avec la tête qui les domine, Moi je dois dire : "Il faut que ce corps s'illumine et que Moi je perde mon éclat".

Vous devrez me continuer. Moi, bientôt, je ne serai plus parmi vous, ici sur la Terre, ici matériellement, pour diriger mes apôtres, les disciples et ceux qui me suivent... Je serai, cependant, spirituellement avec vous, toujours, et vos esprits sentiront mon Esprit, recevront ma Lumière. Mais vous devrez paraître, en première ligne, lorsque je serai retourné là d'où je suis venu. C'est pour cela que je m'applique graduellement à vous préparer à paraître les premiers. Vous me faites observer parfois; "Tu nous envoyais davantage les premiers temps". Vous deviez être connus.

Maintenant que vous l'êtes, maintenant que pour ce petit coin de la Terre vous êtes déjà "les Apôtres", je vous garde toujours unis à Moi, participant à toute mon action, de façon que le monde dise : "Lui les a associés aux œuvres qu'il accomplit, parce qu'ils resteront après Lui pour le continuer". Oui, mes amis. Vous devez être toujours plus en avant, devenir plus éclairés, me continuer, être Moi, pendant que Moi, comme une mère qui lentement cesse de soutenir son petit enfant qui a appris à marcher, je me retire... Il ne doit pas être brusque le passage de Moi à vous. Les petits du troupeau, les humbles fidèles en seraient effrayés. Je les passe doucement de Moi à vous, pour qu'ils n'aient pas l'impression d'être seuls, même un seul moment. Et vous, aimez-les, tellement, comme Moi je les aime. Aimez-les en souvenir de Moi, comme je les ai aimés..."

Jésus se tait en se perdant dans une de ses pensées intimes. Et il en sort seulement quand, un peu en dehors de Béthanie, il rencontre les autres apôtres venus par l'autre chemin. Réunis, ils continuent vers la maison de Lazare. Jean dit qu'ils sont déjà attendus car les serviteurs les ont vus et il dit que Lazare est très malade.

"Je le sais. C'est pour cela que je vous ai dit que nous resterons dans la maison de Simon [3]. Mais je n'ai pas voulu m'éloigner sans le saluer encore une fois."

"Mais pourquoi ne le guéris-tu pas ? Ce serait si juste. Tes meilleurs serviteurs, tu les laisse tous mourir. Moi, je ne comprends pas..." dit l'Iscariote toujours audacieux, même dans ses meilleurs moments.

"Ce n'est pas nécessaire que tu comprennes à l'avance."

"Oui. Ce n'est pas nécessaire. Mais sais-tu ce que disent tes ennemis ? Que tu guéris quand tu peux, pas quand tu veux, que tu protèges quand tu peux... Ne sais-tu pas que ce vieillard de Tecua est déjà mort ? Et mort assassiné ?"

"Mort ? Qui ? Éli-Anna ? Comment ?" demandent-ils tous, agités. Seulement Pierre demande : "Et comment le sais-tu ?"

"Je l'ai su par hasard tout à l'heure dans la maison où j'ai été, et Dieu sait que je ne mens pas. Il paraît que c'est un voleur, descendu en qualité de marchand, qui au lieu de payer la place l'a tué..."

"Pauvre vieux ! Quelle vie malheureuse ! Quelle triste mort ! Tu ne parles pas, Maître ?" disent plusieurs.

"Il n'y a rien à dire hormis que le vieillard a servi le Christ jusqu'à sa mort. S'il pouvait en être ainsi de tous !"

"Dis un peu, fils d'Alphée, mais n'est-ce pas peut-être comme tu disais, hein ?" demande Pierre au Thaddée.

"C'est possible. Un fils qui par haine chasse son père, et pour une haine de cette nature, peut être capable de tout. Mon Frère, elles sont bien vraies tes paroles : "Et le frère sera contre son frère et le père contre ses fils".

"Oui. Et qui agira ainsi croira servir Dieu. Yeux aveugles, cœurs endurcis, esprits sans lumière. Et pourtant vous devrez les aimer" dit Jésus.

"Mais comment ferons-nous pour aimer ceux qui nous traiteront ainsi ? Ce sera beaucoup si nous ne réagissons pas et si nous supportons leurs actions avec résignation..." s'écrie Philippe.

"Je vous donnerai un exemple qui vous instruira. En son temps. Et si vous m'aimez, vous ferez ce que je ferai."

"Voici Maximin et Sara. Lazare doit être bien mal, si les sœurs ne viennent pas à ta rencontre !" observe le Zélote.

Les deux accourent et se prosternent. Même sur leurs visages, dans leurs vêtements, c'est l'aspect abattu qu'imprimé la douleur et la lassitude aux membres des familles où on lutte contre la mort. Ils disent simplement : "Maître, viens..." mais avec un air si affligé qu'il vaut plus qu'un long discours. Et ils conduisent tout de suite Jésus à la porte du petit appartement de Lazare, alors que les autres serviteurs s'occupent des apôtres.

Au léger coup donné à la porte, Marthe accourt et l'entrouvre en passant dans l'entrebâillement son visage amaigri et pâle : "Maître ! Viens. Béni que tu es !"

Jésus entre, traverse la pièce qui précède celle du malade, et entre dans la pièce elle-même. Lazare dort, Lazare ? Un squelette, une momie jaunâtre qui respire... C'est déjà une tête de mort son visage, et dans le sommeil est encore plus visible sa destruction qui en fait déjà une tête décharnée par la mort. La peau cireuse et tirée brille aux angles pointus des pommettes, des mâchoires, sur le front, sur les orbites tellement creusées qu'elles paraissent sans yeux, sur le nez tranchant qui semble s'être allongé sans mesure tant est annulé le contour des joues. Les lèvres sont pâles au point de disparaître, et il semble qu'elles ne puissent se fermer sur les deux rangées de dents à moitié découvertes, entrouvertes... déjà un visage de mort.

Jésus se penche pour regarder. Il se redresse, regarde les deux sœurs qui le regardent avec toute leur âme concentrée dans leurs yeux, âme douloureuse, âme pleine d'espoir. Il leur fait un signe et sans bruit retourne dehors dans la petite cour qui précède les deux pièces. Marthe et Marie le suivent. Elles ferment la porte derrière elles.

Seuls, les trois entre les quatre murs, en silence, sous le ciel bleu, ils se regardent. Les sœurs ne savent même plus demander, ne savent même plus parler.

Mais Jésus parle : "Vous savez qui je suis. Moi je sais qui vous êtes. Vous savez que je vous aime. Moi, je sais que vous m'aimez. Vous connaissez ma puissance. Moi, je connais votre foi en Moi. Vous savez aussi, toi particulièrement Marie, que plus on aime et plus

on obtient. C'est aimer que de savoir espérer et croire au-delà de toute mesure et de toute réalité qui puisse démentir la foi et l'espérance. Eh bien, pour tout cela, Moi je vous dis de savoir espérer et croire en dépit de toute réalité contraire. Vous me comprenez ? Je dis : sachez espérer et croire en dépit de toute réalité contraire. Je ne puis m'arrêter que quelques heures. Le Très-Haut sait combien, comme Homme, je voudrais m'arrêter, ici avec vous, pour l'assister et le consoler, vous assister et vous réconforter. Mais comme Fils de Dieu, je sais qu'il est nécessaire que je m'en aille, que je m'éloigne...

Que je ne sois pas ici quand... vous me désirerez plus que l'air que vous respirez. Un jour, bientôt, vous comprendrez les raisons qui maintenant pourront vous paraître cruelles. Ce sont des raisons divines. Douloureuses pour Moi Homme, comme pour vous.

Douloureuses maintenant. Maintenant, parce que vous ne pouvez en embrasser la beauté et la sagesse, et Moi je ne puis vous le révéler. Quand tout sera accompli, alors vous comprendrez et vous jouirez… Écoutez. Quand Lazare sera... mort. Ne pleurez pas ainsi ! Alors faites-moi appeler tout de suite, Et, en attendant, occupez-vous des funérailles et invitez beaucoup de gens, comme il convient pour Lazare et pour votre maison. Lui, c'est un grand juif. Peu l'estiment pour ce qu'il est. Mais lui en dépasse beaucoup aux yeux de Dieu... Je vous ferai savoir où je suis pour que vous puissiez toujours me trouver."

"Mais pourquoi n'être pas ici, au moins à ce moment-là ? Nous nous résignons, oui, à sa mort... Mais Toi... Mais Toi... Mais Toi..." Marthe sanglote, ne pouvant rien dire d'autre, étouffant ses pleurs dans ses vêtements...

Marie, au contraire, regarde Jésus, fixement, fixement, comme hypnotisée... et elle ne pleure pas.

"Sachez obéir, sachez croire, espérer... sachez dire toujours oui à Dieu... Lazare vous appelle... Allez. Maintenant je vais venir... Et si je n'ai plus la possibilité de vous parler à part, rappelez-vous ce que je vous ai dit."

Et alors qu'elles rentrent en toute hâte, Jésus s'assoit sur un banc de pierre et il prie.

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2007/07-233.htm
Tome : 7 /233




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Jésus avec Ses Apôtres et Marthe et Marie
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Visage de J?sus Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

Message par Maud Lun 7 Juil 2014 - 7:30

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Maria_47

Jésus à la fête de la Dédicace du Temple


Il n'est pas possible de rester immobile dans la matinée froide et venteuse. Au sommet du Moriah, le vent qui vient du nord-est s'abat piquant, faisant envoler les vêtements et rougissant les visages et les yeux. Et pourtant il y a des gens qui sont montés au Temple pour les prières. Manquent au contraire tous les rabbis avec leurs groupes particuliers d'élèves, et le Portique paraît plus vaste, et surtout plus digne, en l'absence des rassemblements tapageurs et pompeux qui l'occupent d'ordinaire.

Et ce doit être une chose très étrange de le voir si vide, car tout le monde s'en étonne comme d'une chose inhabituelle, et Pierre en est même méfiant. Mais Thomas, qui semble encore plus robuste, enveloppé comme il l'est dans un ample et lourd manteau, dit : "Ils se seront enfermés dans quelque pièce de peur de perdre la voix. Tu les regrettes ?" et il rit.

"Moi, non ! Si je pouvais ne jamais plus les voir ! Mais je ne voudrais pas que ce fût..." et il regarde l'Iscariote qui ne parle pas, mais qui saisit le coup d'œil de Pierre et dit : "Ils ont vraiment promis de ne pas donner d'autres ennuis, sauf dans le cas où le Maître les... scandaliserait. Certainement ils seront sur leurs gardes, mais puisque ici on ne pèche pas et on n'offense pas, ils sont absents."

"Cela vaut mieux ainsi, et que Dieu te bénisse, garçon, si tu as réussi à les rendre raisonnables."

Il est encore de bonne heure. Il y a peu de gens dans le Temple. Je dis "peu", et c'est ce qu'il semble, étant donné son immensité qui, pour paraître plein, a besoin de masses de peuple. Deux ou trois cent personnes ne se voient même pas dans cet ensemble de cours, de portiques, d'atriums, de corridors...

Jésus, seul Maître dans le vaste Portique des Païens, va et vient en parlant avec les siens et avec les disciples qu'il a déjà trouvés dans l'enceinte du Temple. Il répond à leurs objections et à leurs questions, éclaire des points qu'eux n'ont pas su éclairer, pour eux-mêmes et pour les autres.

Arrivent deux gentils, ils le regardent et s'en vont sans rien dire. Il passe des gens attachés au Temple, ils le regardent mais ne disent rien eux non plus. Quelques fidèles s'approchent, saluent, écoutent, mais ils sont encore peu nombreux.

"Restons-nous encore ici ?" demande Barthélemy.

"Il fait froid et il n'y a personne. Pourtant cela fait plaisir d'être ici ainsi en paix. Maître, aujourd'hui tu es vraiment dans la Maison de ton Père et en Maître" dit en souriant Jacques d'Alphée, et il ajoute : "C'est ainsi que devait être le Temple quand il y avait Néhémie et les rois sages et pieux."

"Moi, je dirais de partir. De là, ils nous épient..." dit Pierre.

"Qui ? Les pharisiens ?"

"Non. Ceux qui sont passés avant et d'autres. Partons, Maître..."

"J'attends des malades. Ils m'ont vu entrer dans la ville. Le bruit s'est certainement répandu. Ils vont venir quand il fera plus chaud. Restons au moins jusqu'au tiers de sexte" répond Jésus. Et il recommence à faire les cents pas pour ne pas rester immobile dans l'air froid.

En effet, après quelque temps, quand le soleil cherche à adoucir les effets de la tramontane, une femme arrive avec une fillette malade et elle demande sa guérison. Jésus la satisfait. La femme dépose son obole aux pieds de Jésus en disant : "C'est pour les autres enfants qui souffrent." L'Iscariote ramasse l'argent.

Plus tard, sur un brancard, on apporte un homme âgé dont les jambes sont malades. Et Jésus le guérit.

En troisième lieu arrive un groupe de personnes qui prient Jésus de sortir hors des murs du Temple pour chasser le démon d'une fillette dont les cris déchirants se font entendre jusqu'à l'intérieur. Et Jésus se dirige derrière eux, en sortant sur la route qui mène à la ville. Des gens, parmi lesquels il y a des étrangers, se sont serrés autour de ceux qui tiennent la fillette qui écume et se débat en chavirant les yeux. Des gros mots de toutes sortes sortent de ses lèvres et sortent d'autant plus que Jésus s'approche d'elle, de même elle se débat plus fortement. C'est avec peine que la tiennent quatre hommes jeunes et robustes. Et avec les insultes, sortent des cris de reconnaissance pour le Christ, et des supplications angoissées de l'esprit qui la possède pour qu'on ne le chasse pas, et aussi des vérités, répétées avec monotonie : "Allez ! Ne me faites pas voir ce maudit ! Va-t'en ! Va-t'en ! Cause de notre ruine. Je sais qui tu es. Tu es... Tu es le Christ. Tu es... Tu n'as pas reçu d'autre onction que celle de là-haut. La puissance du Ciel te couvre et te défend. Je te hais ! Maudit ! Ne me chasse pas.

Pourquoi nous chasses-tu et ne veux-tu pas de nous alors que tu gardes près de Toi une légion de démons dans un seul ? Ne sais-tu pas que l'enfer tout entier est dans un seul ? Si, tu le sais... Laisse-moi ici, au moins jusqu'à l'heure de..." La parole s'arrête parfois comme étranglée, d'autres fois elle change, ou s'arrête avant, ou se prolonge à travers des cris inhumains comme quand il crie : "Laisse-moi entrer au moins en lui. Ne m'envoie pas là-bas dans l'Abîme ! Pourquoi nous hais-tu, Jésus, Fils de Dieu ? Est-ce que cela ne te suffit pas ce que tu es ? Pourquoi veux-tu aussi nous commander ? Nous ne voulons pas de tes ordres, nous ! Pourquoi es-tu venu pour nous persécuter, si nous, nous t'avons renié ? Va-t'en ! Ne nous verse pas dessus les feux du Ciel ! Tes yeux ! Quand ils seront éteints, nous rirons... Ah ! Non ! Pas même alors... Tu nous vaincs ! Tu nous vaincs ! Sois maudit Toi et le Père qui t'a envoyé, et Celui qui vient de vous et est vous... Aaaah !"

Le dernier cri est vraiment épouvantable, le cri d'une créature égorgée dans laquelle entre lentement le fer homicide, et il a commencé du fait que Jésus, après avoir arrêté plusieurs fois, par commandement mental, les paroles de l'obsédée, y met fin en touchant d'un doigt le front de la fillette. Et le cri se termine dans une convulsion horrible jusqu'à ce que, avec un fracas qui tient du ricanement et du cri d'un animal de cauchemar, le démon la quitte en criant :

"Mais je ne vais pas loin... Ha ! Ha ! Ha !" suivi immédiatement d'un bruit sec comme celui de la foudre, bien que le ciel soit absolument clair.

Beaucoup s'en vont terrorisés. D'autres s'approchent encore davantage pour observer la fillette qui s'est calmée tout d'un coup en s'affaissant dans les bras de ceux qui la tenaient. Elle reste ainsi quelques instants, et puis elle ouvre les yeux, sourit, se voit parmi les gens sans voile sur le visage et sur la tête, et elle baisse son visage pour le cacher sur le bras qu'elle lève. Ceux qui l'accompagnent voudraient qu'elle remercie le Maître, mais il dit : "Laissez-la dans sa pudeur. Son âme me remercie déjà.

Reconduisez-la à sa maison, chez sa mère. C'est sa place de fillette..." et il tourne le dos aux gens pour rentrer dans le Temple, à la place qu'il occupait.

"Tu as vu, Seigneur, que plusieurs juifs étaient venus derrière nous ? J'en ai reconnu quelques-uns... Les voilà ! Ce sont ceux qui nous épiaient avant. Regarde comme ils discutent entre eux..." dit Pierre.

"Ils sont en train de décider dans lequel d'entre eux le diable est entré. Il y a aussi Nahum, l'homme de confiance de Anna. C'est l'homme de la situation..." dit Thomas.

"Oui. Et tu n'as pas vu parce que tu avais le dos tourné, mais le feu s'est ouvert justement sur sa tête" dit André qui en claque des dents. "J'étais près de lui, et j'ai eu une peur !..."

"Vraiment, ils étaient tous unis, eux. Pourtant j'ai vu le feu s'ouvrir sur nous et j'ai cru mourir... J'ai même tremblé pour le Maître. Il paraissait vraiment suspendu au-dessus de sa tête" ditMatthieu.

"Mais non. Moi, au contraire, je l'ai vu sortir de la fillette et éclater sur le mur du Temple" réplique Lévi, le berger disciple.

"Ne discutez pas entre vous. Le feu n'a indiqué ni celui-ci, ni celui-là. Il a été seulement le signe que le démon s'était enfui" dit Jésus.

"Mais il a dit qu'il n'allait pas loin !..." objecte André.

"Paroles de démon... Il ne faut pas les écouter. Louons plutôt le Très-Haut pour ces trois fils d'Abraham guéris dans leur corps et leur âme."

Pendant ce temps un grand nombre de juifs sortis d'ici ou de là — mais il n'y a dans leur groupe ni un pharisien, ni un scribe, ni un prêtre — s'approchent de Jésus et l'entourent, et l'un d'eux s'avance en disant : "De grandes choses tu as faites en ce jour ! Vraiment des œuvres de prophète et de grand prophète. Et les esprits des abîmes ont dit de Toi de grandes choses, mais leurs paroles ne peuvent être acceptées si ta parole ne les confirme pas. Nous sommes effrayés à cause de ces paroles, mais nous craignons aussi une grande tromperie car on sait que Belzébuth est un esprit de mensonge. Nous ne voudrions pas nous tromper, ni être trompés. Dis-nous donc qui tu es, de ta bouche de vérité et de justice."

"Et ne vous l'ai-je pas dit de nombreuses fois qui je suis ? Cela fait presque trois ans que je vous le dis, et avant Moi vous l'a dit Jean au Jourdain et la Voix de Dieu venue des Cieux. "
"C'est vrai. Mais nous n'y étions pas les autres fois. Nous... Toi qui es juste, tu dois comprendre notre angoisse. Nous voudrions croire en Toi comme Messie. Mais trop de fois, désormais, le peuple de Dieu a été trompé par de faux Christ. Console notre cœur qui espère et qui attend, par une parole assurée, et nous t'adorerons."

Jésus les regarde sévèrement. Ses yeux semblent percer leur chair et mettre leurs cœurs à nu. Puis il dit : "En vérité de nombreuses fois les hommes savent mieux que Satan dire des mensonges. Non, vous ne m'adorerez pas. Jamais. Quoi que je vous dise. Et même si vous arriviez à le faire, qui adoreriez-vous ?"

"Qui ? Mais notre Messie !
"
"Vous vaudriez tant ? Qui est pour vous le Messie ? Répondez pour que je sache ce que vous valez."

"Le Messie ? Mais le Messie est celui qui, par ordre de Dieu, réunira Israël dispersé et en fera un peuple triomphal sous le pouvoir duquel sera le monde. Et quoi ? Tu ne sais pas ce qu'est le Messie ?"

"Je le sais comme vous vous ne le savez pas. Donc pour vous c'est un homme qui, surpassant David et Salomon et Judas Maccabée, fera d'Israël la Nation qui sera la reine du monde ?"

"C'est cela. Dieu l'a promis. Toute vengeance, toute gloire, toute revendication viendra du Messie promis."

"Il est dit : "Tu n'adoreras pas d'autre que le Seigneur ton Dieu ". Pourquoi alors m'adoreriez-vous si vous ne pouviez voir en Moi que l'Homme-Messie ?"

"Et quoi d'autre devons-nous voir en Toi ?"

"Quoi ? Et c'est avec ces sentiments que vous venez m'interroger ? Races de vipères sournoises et venimeuses ! Et sacrilèges aussi. Car, si en Moi vous ne pouviez voir autre chose que le Messie humain et m'adoriez, vous seriez idolâtres. C'est à Dieu seul qu'il faut donner l'adoration. Et en vérité, je vous dis une fois encore que Celui qui vous parle est plus que le Messie que vous vous représentez avec une mission et des fonctions et des pouvoirs que vous, dépourvus d'esprit et de sagesse, vous imaginez. Le Messie ne vient pas pour donner à son peuple un royaume tel que vous le croyez. Il ne vient pas exercer des vengeances sur d'autres puissants. Son Royaume n'est pas de ce monde et sa puissance dépasse tout autre pouvoir limité de ce monde."

"Tu nous mortifies, Maître. Si tu es Maître et si nous sommes ignorants, pourquoi ne veux-tu pas nous instruire ?"

"Cela fait trois ans que je le fais, et vous êtes de plus en plus dans les ténèbres parce que vous repoussez la Lumière."

"C'est vrai. C'est peut-être vrai. Mais ce qui a été dans le passé peut ne plus être dans l'avenir. Et quoi ? Toi qui as pitié des publicains et des courtisanes et tu absous les pécheurs, veux-tu être sans pitié pour nous, seulement parce que nous avons la tête dure et que nous avons du mal à comprendre qui tu es ?"

"Ce n'est pas que vous avez du mal. C'est que vous ne voulez pas comprendre. Être hébété ne serait pas une faute. Dieu a tant de lumières qu'il pourrait faire la lumière dans l'intelligence la plus obtuse mais pleine de bonne volonté. C'est elle qui manque en vous, et même vous avez une volonté opposée. C'est pour cela que vous ne comprenez pas qui je suis."

"C'est peut-être comme tu dis. Tu vois comme nous sommes humbles. Mais nous t'en prions au nom de Dieu, réponds à nos questions. Ne nous tiens pas davantage en suspens. Jusqu'à quand notre esprit devra-t-il demeurer incertain ? Si tu es le Christ, dis-le-nous ouvertement."

"Je vous l'ai dit. Dans les maisons, sur les places, sur les routes, dans les villages, sur les monts, le long des fleuves, en face de la mer, devant les déserts, dans le Temple, dans les synagogues, sur les marchés je vous l'ai dit, et vous ne croyez pas. Il n'y a pas de lieu en Israël qui n'ait entendu ma voix. Jusqu'aux lieux qui portent abusivement le nom d'Israël depuis des siècles, mais qui se sont séparés du Temple, jusqu'aux lieux qui ont donné leur nom à notre terre mais qui de dominateurs sont devenus sujets, et qui pourtant ne se libérèrent jamais complètement de leur erreur pour venir à la Vérité, jusqu'à la Syro-Phénicie que fuient les rabbis comme une terre de péché, tous ont entendu ma voix et appris mon existence.

Je vous l'ai dit, et vous ne croyez pas à mes paroles. J'ai agi, et à mes actions vous n'avez pas apporté votre pensée avec un esprit bon. Si vous l'aviez fait avec l'intention droite de vous renseigner sur Moi, vous seriez arrivés à avoir foi en Moi, car les œuvres que je fais au nom de mon Père témoignent de Moi. Les gens de bonne volonté qui sont venus à ma suite, parce qu'ils m'ont reconnu comme Pasteur, ont cru à mes paroles et au témoignage que donnent mes œuvres.

Et quoi ? Croyez-vous peut-être que ce que je fais n'a pas pour but votre intérêt ? L'intérêt de toutes les créatures ? Détrompez-vous. Et ne pensez pas que l'intérêt est donné par la santé de l'individu retrouvée par ma puissance, ou la libération de l'obsession ou du péché de tel ou tel. Cela est un intérêt limité à l'individu. C'est trop peu de chose en comparaison de la puissance qui se trouve libérée et de la source surnaturelle, plus que surnaturelle : divine, qui la libère, pour que ce soit l'unique intérêt. Il y a l'intérêt collectif des œuvres que je fais. L'intérêt d'enlever tout doute à ceux qui sont incertains, de convaincre ceux qui sont opposés en plus que celui de renforcer toujours plus la foi des croyants.

C'est pour cet intérêt collectif, en faveur de tous le hommes présents et à venir, car mes œuvres apporteront leur témoignage sur Moi auprès des générations à venir et les convaincront à mon sujet, c'est pour cela que mon Père me donne la puissance de faire ce que je fais. Rien ne se fait sans une fin qui soit bonne dans les œuvres de Dieu. Souvenez-vous en toujours. Méditez cette vérité."

Jésus s'arrête un moment. Il fixe son regard sur un juif qui se tient la tête inclinée et il dit ensuite : "Toi qui es en train de réfléchir ainsi, toi dont le vêtement est couleur d'olive mûre, toi qui te demandes si Satan aussi a été créé pour une bonne fin, ne fais pas le sot pour t'opposer à Moi et chercher l'erreur dans mes paroles. Je te réponds que Satan n'est pas l'œuvre de Dieu mais de la libre volonté de l'ange rebelle. Dieu en avait fait son ministre glorieux et l'avait donc créé pour une bonne fin. Voilà : toi maintenant, en parlant à ton moi, tu dis : "Alors Dieu est sot, puisqu'il avait donné la gloire à un futur rebelle et confié ses volontés à un désobéissant". Je te réponds : "Dieu n'est pas sot, mais parfait dans ses actions et ses pensées. Il est le tout Parfait. Les créatures sont imparfaites, même les plus parfaites. Il y a toujours en elles un point d'infériorité par rapport à Dieu.

Mais Dieu, qui les aime, a accordéaux créatures le libre arbitre, pour que par lui la créature se perfectionne dans les vertus et se rende ainsi plus semblable à Dieu son Père". Et je te dis encore, ô moqueur et astucieux chercheur de péché dans mes paroles, que du Mal, qui s'est volontairement formé, Dieu tire encore une bonne fin : celle de servir à rendre les hommes possesseurs d'une gloire méritée. Les victoires sur le Mal sont la couronne des élus. Si le Mal ne pouvait susciter une bonne conséquence pour ceux qui sont de bonne volonté. Dieu l'aurait détruit, car rien de ce qui est dans la Création ne doit être dépourvu d'incitation ou de conséquences bonnes.

Tu ne réponds pas ? Il t'est dur de devoir proclamer que j'ai lu dans ton cœur et que j'ai triomphé des suppositions injustes de ta pensée tortueuse ? Je ne te forcerai pas à le faire. En présence de tant de monde, je te laisserai dans ton orgueil. Je ne réclame pas que tu me proclames victorieux, mais quand tu seras seul avec ceux qui te sont semblables, et avec ceux qui vous ont envoyés, alors avoue aussi que Jésus de Nazareth a lu les pensées de ton esprit et a étranglé tes objections dans ta gorge par la seule arme de sa parole de vérité.

Mais laissons là cette interruption personnelle et revenons aux personnes nombreuses qui m'écoutent. Si même une seule de ce grand nombre convertissait son esprit à la Lumière, je serais récompensé de la peine de parler à des pierres, ou plutôt à des tombeaux remplis de vipères.

Je disais que ceux qui m'aiment m'ont reconnu comme Pasteur à cause de mes paroles et de mes œuvres. Mais vous, vous ne croyez pas, vous ne pouvez pas croire, parce que vous n'êtes pas de mes brebis.

Qu'êtes-vous ? Je vous le demande. Posez-vous la question à l'intérieur de votre cœur. Vous n'êtes pas sots, vous pouvez vous connaître pour ce que vous êtes. Il vous suffit d'écouter la voix de votre âme qui n'est pas tranquille de continuer d'offenser le Fils de Celui qui l'a créée. Vous, tout en sachant ce que vous êtes, vous ne le direz pas. Vous n'êtes ni humbles ni sincères, mais Moi je vous dis ce que vous êtes. Vous êtes en partie des loups, en partie des chevreaux sauvages. Mais aucun d'entre vous, malgré la peau d'agneau que vous portez pour vous faire passer pour des agneaux, n'est un agneau véritable. Sous la toison moelleuse et blanche, vous avez tous les couleurs féroces, les cornes pointues, les crocs et les griffes du bouc ou du fauve, et vous voulez rester tels, car il vous plaît d'être tels, et vous rêvez férocité et révolte.

Vous ne pouvez donc m'aimer, et vous ne pouvez me suivre et me comprendre. Si vous entrez dans le troupeau, c'est pour nuire, pour apporter la douleur ou le désordre. Mes brebis ont peur de vous. Si elles étaient comme vous êtes, elles devraient vous haïr, mais elles ne savent pas haïr. Ce sont les agneaux du Prince de la paix, du Maître d'amour, du Pasteur miséricordieux. Et elles ne savent pas haïr. Elles ne vous haïront jamais, comme Moi je ne vous haïrai jamais. Je vous laisse la haine, qui est le fruit mauvais de la triple concupiscence, avec le moi déchaîné dans l'animal homme, qui vit oublieux d'être aussi esprit en plus que chair. Moi, je garde ce qui est mien : l'amour. Et cela je le communique à mes agneaux et je vous l'offre aussi à vous pour vous rendre bons.

Si vous vous rendez bons, alors vous me comprendrez et vous viendrez à mon troupeau, semblables aux autres qui s'y trouvent. Nous nous aimerions. Les brebis et Moi, nous nous aimons. Elles m'écoutent, elles reconnaissent ma voix. Vous, vous ne comprenez pas ce qu'est en vérité connaître ma voix. C'est ne pas avoir de doute sur son origine et la discerner entre mille autres voix de faux prophètes, comme une véritable voix venue du Ciel. Maintenant et toujours, même parmi ceux qui se croient des fidèles de la Sagesse, et le sont en partie, il y en aura beaucoup qui ne sauront pas discerner ma voix des autres voix qui parleront de Dieu avec plus ou moins de justice, mais qui seront toutes des voix inférieures à la mienne...".

"Tu dis toujours que bientôt tu t'en vas et ensuite tu veux dire que toujours tu parleras ?

Quand tu seras parti, tu ne parleras plus" objecte un juif avec le ton méprisant dont il parlerait à un diminué mental.

Jésus répond encore de son ton patient et affligé qui a pris seulement un son sévère quand il a parlé au début aux juifs, et ensuite, quand il a répondu aux objections intérieures de ce juif : "Je parlerai toujours, pour que le monde ne devienne pas tout entier idolâtre. Et je parlerai aux miens, à ceux que j'ai choisis pour vous répéter mes paroles.

L'Esprit de Dieu parlera, et eux comprendront ce que les sages eux-mêmes ne sauront pas comprendre. En effet les savants étudieront la parole, la phrase, la manière, le lieu, le comment, l'instrument, à travers lesquels la Parole parle, alors que ceux que j'ai choisis ne se perdront pas dans ces études inutiles, mais écouteront, perdus dans l'amour, et comprendront puisque ce sera l'Amour qui leur parlera. Eux distingueront les pages ornées des savants ou les pages menteuses des faux prophètes, des rabbis d'hypocrisie, qui enseignent des doctrines corrompues ou enseignent ce qu'ils ne pratiquent pas, ils les distingueront des paroles simples, vraies, profondes qui viendront de Moi. Mais le monde les haïra à cause de cela, car le monde me hait Moi-Lumière et il hait les fils de la Lumière, le monde ténébreux qui aime les ténèbres propices à son péché.

Mes brebis me connaissent et me connaîtront et me suivront toujours, même sur les chemins sanglants et douloureux que je parcourrai le premier, et qu'eux parcourront après Moi. Les chemins qui conduisent les âmes à la Sagesse. Les chemins que le sang et les pleurs de ceux qui sont persécutés parce qu'ils enseignent la justice, rendent lumineux parce qu'ils brillent dans le brouillard des fumées du monde et de Satan, et sont comme des sillages d'étoiles pour conduire ceux qui cherchent la Voie, la Vérité, la Vie, et ne trouvent personne pour les y conduire, car c'est de cela que les âmes ont besoin : de ceux qui les conduisent à la Vie, à la Vérité, au juste Chemin. Dieu est plein de pitié pour ceux qui cherchent et ne trouvent pas non pas par leur faute, mais par la paresse des pasteurs idoles. Dieu est plein de pitié pour les âmes qui, laissées à elles-mêmes, se perdent et sont accueillies par les ministres de Lucifer, tout prêts à accueillir ceux qui se sont égarés, pour en faire des prosélytes de leurs doctrines.

Dieu est plein de pitié pour ceux qui sont trompés seulement parce que les rabbis de Dieu, les prétendus rabbis de Dieu, se sont désintéressés d'eux. Dieu est plein de pitié pour ceux qui vont à la rencontre du découragement, des brouillards, de la mort, par la faute de faux maîtres, qui de maîtres n'ont que le vêtement et l'orgueil d'être appelés de ce nom. Et pour ces pauvres âmes, comme Il a envoyé les prophètes pour son peuple, comme Il m'a envoyé Moi pour le monde entier, ainsi ensuite, après Moi, Il enverra les serviteurs de la Parole, de la Vérité et de l'Amour pour répéter mes paroles. Car ce sont mes paroles qui donnent la Vie. C'est pourquoi mes brebis de maintenant et de plus tard auront la Vie que je leur donne à travers ma Parole qui est Vie éternelle pour ceux qui l'accueillent, et ne périront jamais et que personne ne pourra arracher de mes mains."

*Nous n'avons jamais repoussé les paroles des vrais prophètes. Nous avons toujours respecté Jean qui a été le dernier prophète" répond un juif avec colère, et ses compagnons lui font écho.

"Il est mort à temps pour ne pas être mal vu de vous et être persécuté même par vous. S'il était encore parmi les vivants, son "il n'est pas permis" dit pour un inceste charnel, il vous le dirait aussi à vous qui commettez un adultère spirituel par votre fornication avec Satan contre Dieu, et vous le tueriez comme vous avez l'intention de me tuer."

Les juifs manifestent bruyamment avec colère, déjà disposés à frapper, las de devoir feindre la douceur.

Mais Jésus ne s'en préoccupe pas. Il élève la voix pour dominer le tumulte et il crie : "Et vous m'avez demandé qui je suis, ô hypocrites ? Vous disiez que vous vouliez le savoir pour être certains ? Et vous dites maintenant que Jean a été le dernier prophète ? Et par deux fois vous vous condamnez pour un péché de mensonge. Une première fois parce que vous dites n'avoir jamais repoussé les paroles des vrais prophètes, la seconde fois parce qu'en disant que Jean est le dernier prophète et que vous croyez aux vrais prophètes, vous excluez que Moi aussi je sois un prophète, au moins un prophète, et un vrai prophète. Bouches mensongères ! Cœurs trompeurs ! Oui, en vérité, en vérité, Moi, ici, dans la maison de mon Père, je proclame que je suis plus que Prophète. Moi j'ai ce que mon Père m'a donné. Ce que mon Père m'a donné est plus précieux que tout et que tous, car c'est une chose sur laquelle la volonté et la puissance des hommes ne peuvent porter leurs mains rapaces. J'ai ce que Dieu m'a donné, et qui tout en étant en Moi est toujours en Dieu, et personne ne peut le ravir des mains de mon Père ni à Moi, car c'est la même Nature Divine. Le Père et Moi nous sommes Un."

"Ah ! Horreur ! Blasphème ! Anathème ! !" La clameur des juifs résonne dans le Temple et encore une fois les pierres, qui servent aux changeurs et aux marchands de bestiaux pour tenir en place leurs enclos, sont des munitions pour ceux qui cherchent des armes pouvant servir à frapper.

Mais Jésus s'élève, les bras croisés sur la poitrine, Il est monté sur un banc de pierre pour être encore plus haut et plus visible et, de là, il les domine des rayons de ses yeux de saphir. Il domine et darde ses regards. Il est si majestueux qu'il les paralyse. Au lieu de lancer les pierres, ils les jettent ou les gardent dans leurs mains, mais sans avoir désormais l'audace de les lancer contre Lui. Même la clameur se calme pour faire place à une frayeur étrange. C'est vraiment Dieu qui se manifeste dans le Christ. Et quand Dieu se manifeste ainsi, l'homme, même le plus arrogant, se fait petit et effrayé.

Je pense quel mystère est caché en ayant vu les juifs être si féroces le Vendredi Saint. Quel mystère dans l'absence de ce pouvoir de domination chez le Christ ce jour-là. C'était vraiment l'heure des Ténèbres, l'heure de Satan, et eux seuls régnaient... La Divinité, la Paternité de Dieu avait abandonné son Christ, et Lui n'était plus rien que la Victime...

Jésus reste ainsi quelques minutes, puis il recommence à parler à cette foule vendue et lâche qui a perdu toute arrogance par le seul fait d'avoir vu un éclair divin : "Eh bien ? Que voulez-vous faire ? Vous m'avez demandé qui j'étais. Je vous l'ai dit. Vous êtes devenus furieux. Je vous ai rappelé ce que j'ai fait, je vous ai fait voir et vous rappeler beaucoup d'œuvres bonnes provenant de mon Père et accomplies grâce au Pouvoir qui me vient de mon Père. Pour laquelle de ces œuvres me lapidez-vous ? Pour avoir enseigné la justice ? Pour avoir apporté aux hommes la Bonne Nouvelle ? Pour être venu vous inviter au Royaume de Dieu ? Pour avoir guéri vos malades, rendu la vue à vos aveugles, donné le mouvement aux paralytiques, la parole aux muets, pour avoir délivré les obsédés, ressuscité les morts, pour avoir fait du bien aux pauvres, pardonné aux pécheurs, aimé tout le monde, même ceux qui me haïssent : vous et ceux qui vous envoient ? Pour laquelle de ces œuvres voulez-vous donc me lapider ?"
"Ce n'est pas pour les œuvres bonnes que tu as faites que nous te lapidons, mais pour ton blasphème, parce qu'étant homme, tu te fais Dieu."

"N'est-il pas écrit dans votre Loi : "J'ai dit : vous êtes des dieux et des fils du Très-Haut" ?

Maintenant s'il a appelé "dieux" ceux auxquels Il a parlé pour leur donner un ordre : celui de vivre de façon que la ressemblance et l'image de Dieu qui est dans l'homme apparaisse manifestement et que l'homme ne soit ni un démon ni une brute; si les hommes sont appelés des "dieux" dans l'Écriture, tout inspirée par Dieu, et pour cela l'Écriture ne peut être modifiée ni annulée selon le plaisir et l'intérêt de l'homme; pourquoi dites-vous que je blasphème, Moi que le Père a consacré et envoyé dans le monde, parce que je dis : "Je suis le Fils de Dieu" ? Si je ne faisais pas les œuvres de mon Père, vous auriez raison de ne pas croire en Moi. Mais Moi je les fais. Et vous ne voulez pas croire en Moi. Alors, croyez au moins à ces œuvres afin que vous sachiez et reconnaissiez que le Père est en Moi et que je suis dans le Père."

La tempête des cris et des violences recommence plus forte qu'auparavant. De l'une des terrasses du Temple où certainement ils étaient à l'écoute et cachés des prêtres, des scribes et des pharisiens, poussent de nombreux cris : "Mais emparez-vous de ce blasphémateur. Désormais sa faute est publique. Tous nous avons entendu. À mort le blasphémateur qui se proclame Dieu ! Donnez-lui le même châtiment qu'au fils de Salumit de Dabri . Qu'on l'emmène hors de la ville et qu'on le lapide ! C'est notre droit ! Il est dit : 'Que le blasphémateur soit mis à mort "

Les cris des chefs excitent la colère des juifs qui tentent de s'emparer de Jésus et de le remettre lié aux mains des magistrats du Temple qui sont en train d'accourir, suivis par les gardes du Temple.

Mais plus rapides qu'eux sont encore une fois les légionnaires. Surveillant depuis l'Antonia, ils ont suivi le tumulte, et ils sortent de leur caserne pour venir à l'endroit où on crie. Et ils n'ont de respect pour personne. Les hampes des lances manœuvrent activement sur les têtes et les échines. Et ils s'excitent mutuellement par des plaisanteries et des gros mots à travailler sur les juifs : "À la niche, chiens ! Faites place ! Frappe dur sur ce teigneux, Licinus. Partez ! La peur vous rend puants plus que jamais ! Mais que mangez-vous, corbeaux, pour sentir si mauvais ? Tu parles bien, Bassus. Ils se purifient, mais ils empestent. Regarde là ce gros nez ! Au mur ! Au mur, que nous prenions vos noms ! Et vous, hiboux, descendez de là-haut. Désormais nous vous connaissons. Le centurion aura à rédiger un bon rapport pour le Chef. Non ! Celui-là laisse-le, c'est un apôtre du Rabbi. Tu ne vois pas qu'il a une figure d'homme et non de chacal ? Regarde ! Regarde comme ils s'enfuient de ce côté ! Et laisse-les aller ! Pour les persuader, il faudrait les enfiler tous sur nos lances ! Alors seulement nous les aurions domptés ! Si cela pouvait être demain ! Ah ! mais toi, tu es pris et tu ne t'échappes pas. Je t'ai vu, tu sais ? La première pierre c'était la tienne. Tu en répondras d'avoir frappé un soldat de Rome... Celui-ci aussi. Il nous a maudit en insultant les enseignes. Ah ! Oui ? Vraiment ? Viens, nous te les ferons aimer dans nos prisons..." Et ainsi, en les chargeant et en les raillant, en arrêtant certains, en mettant les autres en fuite, les légionnaires dégagent la vaste cour.

Mais c'est quand les juifs voient arrêter réellement deux des leurs qu'ils se dévoilent pour ce qu'ils sont : lâches, lâches, lâches. Ou bien ils s'enfuient en caquetant comme une volée de poulets qui voient descendre l'épervier, ou bien ils se jettent aux pieds des soldats pour implorer la pitié, avec une servilité et des flatteries révoltantes.

Un vieux ridé, un des plus acharnés contre Jésus, s'accroche aux mollets d'un gradé en l'appelant "magnanime et juste". Le gradé s'en dégage par une vigoureuse secousse qui envoie rouler le juif à trois pas en arrière et il crie : "Va-t'en, vieux renard teigneux" et, se tournant vers un compagnon et montrant son mollet, il dit : "Ils ont des ongles de renards et de la bave de serpents. Regarde ici ! Par Jupiter Maximus ! Maintenant je m'en vais tout de suite aux Thermes pour effacer les marques de ce vieux baveux !" et réellement il s'en va fâché, avec son mollet tout éraflé.

J'ai tout à fait perdu Jésus de vue. Je ne pourrais dire où il est allé, par quelle porte il est sorti. J'ai seulement vu, pendant quelque temps, émerger et disparaître dans la confusion, les visages des deux fils d'Alphée et de Thomas, qui luttaient pour se frayer un chemin, et ceux de quelques disciples bergers occupés au même travail. Puis eux aussi sont disparus et il ne m'est resté que les dernières criailleries des perfides juifs occupés à courir ça et là pour empêcher les légionnaires de les arrêter et de les reconnaître.

J'ai l'impression que pour les légionnaires ce fut une fête de pouvoir flanquer une raclée aux hébreux pour se dédommager de toute la haine dont ils sont gratifiés.

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2007/07-234.htm
TOME : 7 /234



♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Mes_br10
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Visage de J?sus Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

Message par Maud Mar 8 Juil 2014 - 7:21

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Maria_48


Jésus va à la grotte de la Nativité pour s'isoler.


Jésus est derrière le Temple, près de la Porte des Troupeaux, hors de la ville [1]. Il a autour de Lui les apôtres et les disciples bergers, sauf Lévi, effrayés et même furieux. Je ne vois aucun autre des disciples qui étaient auparavant au Temple avec Lui. Ils discutent entre eux. Je pourrais dire qu'ils discutent entre eux et avec Jésus, et avec Judas de Kériot en particulier. Ils reprochent à ce dernier les colères des juifs et le font avec une ironie quelque peu mordante. Judas les laisse parler et répète : "J'ai parlé avec des pharisiens, des scribes et des prêtres, et il n'y avait aucun d'eux parmi les gens."

Ils reprochent à Jésus de ne pas avoir arrêté la discussion après l'avoir fait tomber une première fois. Et Jésus répond : "Je devais compléter ma manifestation,"

Et encore, ils sont en désaccord sur l'endroit où aller, maintenant que le sabbat est proche et que ce sont des jours de fête. Simon Pierre propose Joseph d'Arimathie, étant donné qu'il n'y a pas lieu d'aller à Béthanie causer du dérangement, surtout depuis que Jésus a déclaré qu'il ne faut plus aller à Béthanie.

Thomas répond : "Joseph n'est pas chez lui, ni non plus Nicodème. Ils sont partis à cause de la fête. Je les ai salués hier quand nous attendions Judas et ils me l'ont dit."

"Chez Nike, alors" propose Matthieu.

"Elle est à Jéricho pour la fête" répond Philippe.

"Chez Joseph de Sephoris" dit Jacques d'Alphée.

"Hum ! Joseph... dit Pierre. Nous ne lui ferons pas un cadeau ! Il a eu des ennuis et... mais oui, je le dis ! Il vénère le Maître, mais il veut être tranquille. Il ressemble à une barque prise entre deux courants opposés... et pour être toujours à flot... il tient compte de tout le lest, même du petit Martial... au point que cela lui semble trop beau de l'avoir passé à Joseph d'Arimathie."

"Ah ! c'est pour cela qu'il était avec lui hier ? !" s'exclame André.

"Bien sûr ! Il vaut mieux donc le laisser apaiser dans un petit port bien tranquille... Hé ! on n'est pas très courageux ! Et le Sanhédrin fait peur à tout le monde !" dit encore Pierre.

"Parle pour toi, je t'en prie. Moi, je n'ai peur de personne" dit l'Iscariote.

"Moi non plus. Pour défendre le Maître je défierais toutes les légions. Mais nous, c'est nous... Les autres... Hé ! Ils ont leurs affaires, leurs maisons, leurs épouses, leurs filles... Ils y pensent."

"Nous aussi, nous les avons" observe Barthélemy.

"Mais nous sommes les apôtres et..."

"Et vous êtes pareils aux autres. Ne critiquez personne car l'épreuve n'est pas encore venue" dit Jésus.

"Elle n'est pas venue ? Et que veux-tu de plus que celles que nous avons déjà passées ? Et pourtant tu as vu aujourd'hui comme je t'ai défendu ! Tous nous t'avons défendu. Mais moi, plus que tous ! J'ai fait de la place avec certaines poussées qui auraient chaviré une barque !... Une idée ! Allons à Nobè. Le vieillard sera heureux !"

"Oui. Oui. À Nobé." Tous sont d'accord.

"Jean n'y est pas. Vous feriez la route pour rien. Vous pouvez aller à Nobé, mais pas chez Jean."

"Vous pouvez ! Et toi, tu ne peux pas ?"

"Je ne veux pas, Simon de Jonas. J'ai déjà où aller pour ces soirs des Encénies. Mais, Moi absent, vous pouvez être tranquilles n'importe où. C'est pour cela que je vous dis : allez où vous voulez. Je vous bénis. Je vous rappelle de rester unis de corps et d'esprit, soumis à Pierre votre chef, mais pas comme à un maître, plutôt comme à un frère aîné. Dès que Lévisera de retour avec mon sac nous nous séparerons."

"Cela non, mon Seigneur ! Te laisser aller seul, jamais de la vie !" s'exclame Pierre.

"Toujours, si je le veux, Simon de Jonas. Mais ne crains pas. Je ne resterai pas en ville. Personne, à moins d'être ange ou démon, ne découvrira mon abri."

"C'est bien. Comme il y a trop de démons qui te haïssent. Moi, je te dis que tu n'iras pas seul !"

"Il y a aussi des anges, Simon. Et Moi, j'irai."

"Mais où ? Mais dans quelle maison puisque tu as refusé les meilleures ou volontairement ou par suite des circonstances ?! Tu n'iras certainement pas, en cette saison, dans une grotte sur les monts ?"

"Et s'il en était ainsi ? Ce serait toujours moins glacial que les cœurs des hommes qui ne m'aiment pas" dit Jésus comme s'il se parlait à Lui-même, en baissant la tête pour cacher une larme qui brille dans ses yeux.

"Voici Lévi. Il vient en courant" dit André qui regarde du bord de la route.

"Alors donnons-nous la paix et séparons-nous. Si vous voulez aller à Nobé, vous avez juste le temps avant le coucher du soleil."

Lévi arrive tout essoufflé : "Ils te cherchent partout, Maître... Me l'ont dit ceux qui t'aiment... Ils ont été dans de nombreuses maisons surtout de pauvres gens..."

"T'ont-ils vu ?" demande Jacques de Zébédée.

"Bien sûr. Ils m'ont même arrêté. Mais moi, qui le savais déjà, j'ai dit : "Je vais à Gabaon" et je suis sorti par la Porte de Damas et j'ai couru derrière les murs... Je n'ai pas menti, Seigneur, car eux et moi, nous allons à Gabaon après le sabbat. Cette nuit, nous resterons dans les campagnes de la cité de David… Ce sont des jours de souvenir pour nous..." et il regarde Jésus avec un sourire angélique sur son visage viril et barbu, un souvenir qui réveille dans ses traits l'enfant de la nuit lointaine.

"C'est bien. Allez vous aussi et vous de même, j'irai Moi aussi. Chacun par son chemin. Vous me précéderez dans le village de Salomon où je serai dans quelques jours. Et avant de vous quitter, je vous répète les paroles que je vous ai dites avant de vous envoyer deux par deux à travers les villes [2] : 'Allez, prêchez, annoncez que le Royaume de Dieu est très proche. Guérissez les malades, purifiez les lépreux, ressuscitez les morts de l'esprit et de la chair en leur imposant en mon Nom la résurrection de l'esprit, la recherche de Moi qui est la Vie, ou la résurrection de la mort. Et ne vous enorgueillissez pas de ce que vous faites. Évitez les disputes entre vous et avec ceux qui ne nous aiment pas. N'exigez rien pour ce que vous faites. Allez plutôt parmi les brebis perdues de la maison d'Israël que parmi les gentils et les samaritains, et cela non par aversion mais parce que vous n'êtes pas encore à même de pouvoir les convertir. Donnez ce que vous avez sans vous préoccuper du lendemain. Faites tout ce que vous m'avez vu faire, et dans un esprit semblable au mien. Voilà, je vous donne le pouvoir de faire ce que je fais, et que je veux que vous fassiez pour que Dieu soit glorifié." Il souffle sur eux, les embrasse un par un et les congédie.

Tous s'éloignent à regret, en se retournant plusieurs fois. Lui les salue de la main jusqu'à ce qu'il les voie tous partis, puis il descend dans le lit du Cédron, parmi les buissons. Il s'assoit sur un rocher de la rive près de l'eau qui bouillonne. Il boit de cette eau claire et certainement glaciale. Il se lave le visage, les mains, les pieds, puis il reprend ses vêtements et revient s'asseoir. Il réfléchit... Et il ne s'aperçoit pas de ce qui arrive autour. En effet l'apôtreJean, qui s'était déjà éloigné avec ses compagnons, revient seul et l'imite en se cachant dans un buisson épais...

Jésus reste là quelque temps, puis il se lève, met son sac en bandoulière et en suivant le Cédron, parmi les buissons, il arrive au puits de En Rogel et puis il tourne vers le sud-ouest pour prendre la route de Bethléem. Jean, à une centaine de mètres en arrière, le suit tout emmitouflé dans son manteau, pour n'être pas reconnu.

Ils marchent sans arrêt le long des chemins dépouillés par l'hiver. Jésus, de son long pas, dévore la route. Jean le suit non sans peine parce qu'il doit être prudent pour n'être pas découvert. Par deux fois Jésus s'arrête et se retourne. La première fois en passant près de la petite colline où Judas alla pour parler avec Caïphe et compagnie, la seconde fois près d'un puits où il s'assoit et grignote un peu de pain en buvant ensuite à l'amphore d'un homme. Puis il reprend sa marche, alors que le soleil descend, descend, descend... et qu'arrive le crépuscule. Il arrive au tombeau de Rachel quand la dernière rougeur du couchant s'éteint en une traînée de violet. Le ciel, vers l'occident, semble une tonnelle de glycines en fleurs alors qu'à l'orient il a déjà le pur cobalt d'un froid firmament hivernal d'orient et déjà les premières lueurs des étoiles apparaissent aux plus lointaines limites du ciel.

Jésus se hâte pour être en place avant que la nuit soit complète. Mais, arrivé à un point élevé d'où l'on voit toute la petite ville de Bethléem, il s'arrête, regarde, soupire... Puis il descend rapidement. Il n'entre pas dans la ville, il en contourne les dernières maisons et il va tout droit aux ruines de la maison ou tour de David, à l'endroit où il est né. Il passe le ruisseau qui coule près de la grotte. Il met le pied sur le petit espace couvert de feuilles sèches... Il jette un coup d'œil à l'intérieur. Il n'y a personne. Il entre...

Jean reste plus en deçà, prudemment, pour n'être ni entendu ni vu. Il fouille, il regarde. Plutôt à tâtons qu'avec la vue, il trouve une autre des étables en ruines. Il y entre à son tour et fait de la lumière dans un coin. Il y a un peu de paille, une litière sale, quelques branches, du foin dans la mangeoire.

Jean est content. Il se parle à lui-même : "Au moins... j'entendrai... et... Ou nous mourons ensemble, ou je le sauve." Puis il soupire et il dit : "Et il est né ainsi. Et il vient ici pour pleurer sa douleur... Et... Ah ! Dieu éternel ! Sauve ton Christ ! Mon cœur tremble, ô Dieu Très-Haut, car Lui s'isole toujours avant de grandes œuvres... Et quelle grande œuvre peut-il faire, sinon se manifester comme le Roi Messie ? Oh ! toutes ses paroles sont en mon intérieur... Je suis un sot enfant et je comprends peu. Tous nous comprenons peu, ô notre éternel Père ! Mais moi, j'ai peur. J'ai peur ! Car Lui parle de mort, et de mort pénible et de trahison et de choses horribles... J'ai peur ! J'ai peur, mon Dieu ! Fortifie mon cœur, Seigneur éternel. Fortifie mon cœur de pauvre enfant comme certainement tu fortifies celui de ton Fils pour les événements à venir... Oh ! moi je le sens ! Il est venu ici pour cela, pour t'entendre plus que jamais, et se fortifier dans ton amour. Moi, je l'imite, Ô Père très Saint ! Aime-moi et fais que moi je t'aime pour avoir la force de tout souffrir sans lâcheté pour réconforter ton Fils."

Jean prie longuement, debout, les bras levés, à la lumière tremblante des deux branches qu'il a allumées sur le foyer primitif. Il prie jusqu'à ce qu'il voie que le feu va s'éteindre. Puis il monte dans la large mangeoire et s'accroupit dans le foin. Ce n'est plus qu'une ombre dans l'ombre, enveloppé comme il l'est dans son manteau foncé, et la caverne enveloppée comme elle l'est dans les ténèbres. Jusqu'au moment où un premier rayon de la lune pénètre par l'ouverture tournée vers l'orient, pour dire que c'est la nuit profonde. Mais Jean, fatigué, s'est endormi. Sa respiration et le léger bruissement du ruisseau sont les seuls bruits en cette nuit de décembre.

En haut le ciel, sur lequel flottent des nuages légers comme des voiles que la lune heurte, semble parcouru tout entier par des troupes angéliques... Mais il n'y a pas de chants angéliques pourtant. Par intervalles, dans les ruines, se répondent les "hou ! hou ! hou !" lamentables des oiseaux de nuit, et parfois ils se terminent par cet espèce de rire de sorcière particulier aux chouettes et, de loin, arrive une plainte qui ressemble à un ululement. Un chien enfermé dans un bercail et qui jappe à la lune, ou bien un loup auquel le vent apporte l'odeur d'une proie et qui se bat les flancs avec sa queue et ulule de désir sans oser approcher des étables bien gardées ? Je ne sais.

Puis voici des voix et des bruits de pas et une lumière rougeâtre qui tremble dans les ruines. Et voilà, l'un derrière l'autre, les disciples

bergers Matthias, Jean, Lévi, Joseph, Daniel,Benjamin, Élie, Siméon. Matthias tient élevée une branche allumée pour éclairer la route. Mais celui qui court en avant, c'est Lévi et, le premier, il passe la tête à l'intérieur de la grotte de Jésus. Tout de suite il se retourne et fait signe de s'arrêter et de se taire et il regarde encore... et puis, en déplaçant sa main droite en arrière, il fait signe aux autres de venir et il s'écarte, en gardant un doigt sur les lèvres pour dire de garder le silence, pour laisser la place aux autres qui, l'un après l'autre, regardent et se retirent tout émus comme Lévi.

"Que faisons-nous ?" dit Élie dans un murmure.

"Nous restons ici à le contempler" dit Joseph.

"Non. Il n'est permis à personne de violer les secrets spirituels des âmes. Retirons-nous" dit Matthias.

"Tu as raison. Entrons dans l'étable à côté, nous serons encore ici et près de Lui" dit Lévi.
"Allons-y" disent-ils. Mais avant de s'éloigner, ils regardent encore une fois, à la dérobée, à l'intérieur de la grotte de la Nativité et puis ils se retirent, émus, en cherchant à ne pas faire de bruit.

Mais quand ils sont sur le seuil de l'étable voisine, ils entendent le ronflement de Jean.
"Il y a quelqu'un" dit Matthias en s'arrêtant.

"Qu'est-ce que cela fait ? Entrons nous aussi. Comme s'est réfugié ici quelque mendiant, car c'est certainement un mendiant, de même nous pouvons nous y réfugier" réplique Benjamin.

Ils entrent en tenant haut la branche allumée. Jean tout pelotonné sur son lit improvisé et incommode, le visage caché par ses cheveux et son manteau, continue de dormir. Ils s'approchent doucement dans l'intention de s'asseoir sur la paille étendue près de la crèche, mais en le faisant Daniel jette un coup d'œil plus attentif sur le dormeur, et il le reconnaît. Il dit : "C'est l'apôtre du Seigneur, Jean de Zébédée. Ils se sont réfugiés ici pour prier... et le sommeil a vaincu l'apôtre... Retirons-nous. Il pourrait se trouver humilié de se savoir découvert endormi au lieu que livré à la prière..."

Ils reviennent dehors et à regret ils entrent dans le refuge qui suit celui-là. Et même Siméon s'en plaint : "Pourquoi ne pas rester sur le seuil de sa grotte, et le regarder de temps en temps ? Nous sommes restés pendant tant d'années sous la rosée et la lumière des étoiles pour veiller les agneaux, et pour l'Agneau de Dieu, nous ne le ferions pas ? Nous en avons bien le droit, nous qui l'avons adoré pendant son premier sommeil !"

"Tu as raison comme homme et comme adorateur de l'Homme-Dieu. Mais qu'as-tu vu, en regardant ici à l'intérieur ? L'Homme, peut-être ? Non. Nous, sans le vouloir, nous avons franchi le seuil infranchissable après avoir écarté le triple voile étendu pour protéger le mystère, et nous avons vu ce que le Grand Prêtre lui-même ne voit pas en entrant dans le Saint des Saints. Nous avons vu les amours ineffables de Dieu avec Dieu. Il ne nous est pas permis de les épier encore. La puissance de Dieu pourrait punir nos pupilles audacieuses qui ont vu l'extase du Fils de Dieu. Oh ! soyons contents de ce que nous avons eu ! Nous voulions venir ici pour passer la nuit en prière avant de nous éloigner pour notre mission. Prier et nous rappeler la nuit lointaine... Nous avons au contraire contemplé l'amour de Dieu ! Oh ! Il nous a vraiment beaucoup aimé l'Éternel en nous donnant la joie de la contemplation du Tout-Petit et celle de souffrir pour Lui, et celle de l'annoncer au monde comme disciples de l'Enfant-Dieu et de l'Homme-Dieu ! Maintenant Il nous a accordé aussi ce mystère... Bénissons le Très-Haut et ne désirons pas davantage !" dit Matthias, et j'ai l'impression qu'il a le plus d'autorité parmi les bergers pour sa sagesse et sa justice.

"Tu as raison. Dieu nous a beaucoup aimés. Nous ne devons pas exiger
davantage. Samuel,Joseph, et Matthias n'ont eu que la joie d'adorer le Tout-Petit et de souffrir pour Lui. Jonas est mort sans pouvoir le suivre. Isaac lui-même n'est pas ici pour voir ce que nous avons vu. Et s'il y a quelqu'un qui le mérite, c'est Isaac qui s'est consumé pour l'annoncer" dit Jean.

"C'est vrai ! C'est vrai ! Comme Isaac aurait été heureux de voir cela ! Mais nous le lui dirons" dit Daniel.

"Oui. Mettons tout dans notre cœur pour le lui dire" dit Élie.

"Et aux autres disciples et fidèles !" s'écrie Benjamin.

"Non, pas aux autres. Et pas par égoïsme, mais par prudence et par respect pour le mystère. Si Dieu le veut, l'heure viendra où nous pourrons le dire. Pour l'instant nous devons savoir nous taire, dit encore Matthias et, s'adressant à Siméon : Tu as été comme moi disciple de Jean. Rappelle-toi comme il nous instruisait en matière de prudence sur les choses saintes :

"Si un jour Dieu, comme déjà Il vous a comblés de bienfaits, vous comble encore de dons extraordinaires, que cela ne vous rende pas des bavards ivres. Rappelez-vous que Dieu se manifeste aux esprits, qui sont enfermés dans la chair car ce sont des gemmes célestes qui ne doivent pas être exposées aux souillures du monde. Soyez saints dans vos membres et vos sens pour savoir freiner toute poussée charnelle. En vos yeux comme en vos oreilles, en votre langue comme en vos mains. Et saints dans votre pensée pour savoir freiner l'orgueil de faire savoir ce que vous avez. Car les sens et les organes et l'intelligence doivent servir et non pas régner. Servir l'esprit, ne pas régner sur l'esprit. Ils doivent protéger l'esprit, non pas le troubler.

Par conséquent sur les mystères de Dieu en vous, sauf un ordre explicite, mettez le sceau de votre prudence, comme l'esprit a celui de son emprisonnement temporaire dans la chair. Ce seraient des choses tout à fait inutiles, mauvaises et dangereuses que la chair et l'intelligence, si elles ne servaient pas à donner du mérite par l'affliction que nous leur donnons pour répondre aux excitations qu'ils nous donnent, et si elles ne servaient pas à servir de temple pour l'autel sur lequel plane la gloire de Dieu : notre esprit". Vous vous le rappelez ? Toi, Jean et toi, Siméon ? J'espère que oui, car si vous ne vous rappeliez pas les paroles de notre premier maître, vraiment il serait mort pour vous. Un maître vit tant que sa doctrine vit dans ses disciples. Et si ensuite il est remplacé par un maître plus grand, et pour les disciples de Jésus, par le Maître des maîtres, il n'est jamais permis d'oublier les paroles du premier, qui nous ont préparés à comprendre et à aimer avec sagesse l'Agneau de Dieu."

"C'est vrai. Tu parles avec sagesse. Nous t'obéirons."

"Mais comme il est pénible, fatigant, résister alors que l'on est ainsi tout près de Lui, de ne pas le regarder encore une fois ! Sera-t-il encore comme il était ?" demande Siméon.

"Qui sait ! Comme son visage resplendissait !"

"Plus que la lune par une nuit sereine !"

"II y avait sur sa bouche un sourire divin..."

"Et de ses pupilles sortait une larme divine..."

"Il ne disait pas de paroles mais, en Lui, tout était prière."

"Qu'aura-t-il donc vu ?"

"L'Éternel son Père. En doutes-tu ? Il n'y a que cette vue pour donner cet aspect. Et, que dis-je ? Plutôt que de le voir, Il était avec Lui, en Lui ! Le Verbe avec la Pensée ! Et ils s'aimaient !...

Ah !..." dit Lévi qui parait en extase lui aussi.

"C'est bien pour cela que je disais qu'il ne nous est pas permis de rester ici. Considérez qu'il n'a pas même voulu son apôtre avec Lui...
"
"C'est vrai ! Maître saint ! Il en a besoin, plus qu'une terre desséchée n'a besoin d'eau, d'être inondé par l'amour de Dieu ! Si grande est la haine autour de Lui !..."

"Mais aussi si grand est l'amour. Moi je voudrais... Oui, je le fais ! Le Très-Haut est ici présent. Je m'offre et je dis : "Seigneur, Dieu Très-Haut, Dieu et Père de ton peuple, qui acceptes et consacres les cœurs et les autels et immoles les victimes qui te sont agréables, que ta volonté descende comme un feu et me consume comme victime avec le Christ, comme le Christ et par le Christ, ton Fils et ton Messie, mon Dieu et Maître. C'est à Toi que je me recommande. Exauce ma prière". Et Matthias, qui a prié debout, les bras levés, revient s'asseoir sur le tas de branchages qui leur sert de siège.

La lune cesse d'éclairer la caverne, car elle tourne vers l'occident. Son éclat se répand encore sur la campagne, mais elle n'est plus ici à l'intérieur, et ainsi les visages et les choses disparaissent dans une seule ombre. Les paroles aussi se font plus rares et les voix plus amorties. Jusqu'au moment où la somnolence triomphe de la bonne volonté et il n'y a plus que des paroles détachées, parfois sans réponses... Le froid, qui se fait piquant vers l'aube, est un stimulant contre le sommeil, et ils se relèvent, allument des branches, réchauffent leurs membres engourdis...

"Comment va-t-il faire, Lui, qui certainement ne pense pas au feu ?" dit Lévi qui claque presque des dents.

"Et aura-t-il au moins de la nourriture ?" demande Élie qui ajoute : "Maintenant nous n'avons plus que notre amour et un peu de vivres misérables... et c'est le sabbat, aujourd'hui..."

"Sais-tu ? Nous mettons toute notre nourriture sur le seuil de la grotte et puis nous partons. Nous pourrons trouver toujours un pain avant le soir chez Rachel ou chez Eliscià. Et nous serons la providence de la Providence, du Fils de Celui qui a pourvu à tout pour nous" propose Joseph.

"Oui, oui. Faisons une belle flambée pour y voir clair et nous bien réchauffer, et puis portons tout là-bas et nous nous éloignerons avant qu'avec l'aube Lui ou l'apôtre sorte et nous voie."

À la lueur du feu, ils ouvrent leurs sacs et en tirent du pain, des fromages secs, quelques pommes. Puis ils prennent une charge de bois et sortent sans bruit pendant que Matthias les éclaire avec une branche tirée du feu. Ils mettent exactement tout au dehors de l'entrée de la grotte, le bois par terre et par dessus le pain et les autres aliments.

Puis ils se retirent, repassent le ruisseau, l'un derrière l'autre, et ils s'en vont au début d'une première clarté silencieuse de l'aube qu'un chant de coq déchire tout à coup.

*
SOURCE :
http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2007/07-235.htm
TOME : 7 /235
https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t18376-oeuvre-de-maria-valtorta-presentation-des-disciples-de-jesus



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Tour de David et Grotte de Bethléem
Maud
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Visage de J?sus Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

Message par Maud Mer 9 Juil 2014 - 7:09

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Maria_49

Jésus et Jean de Zébédée

C'est une sereine mais rigoureuse matinée d'hiver. Le givre a blanchi de la farine cristalline de ses cristaux le sol et les herbes, et il a fait des brindilles sèches qui gisent sur le sol, de précieux bijoux saupoudrés de perles.

Jean sort de sa caverne. Il est très pâle dans son vêtement noisette foncé. Il doit avoir aussi très froid ou bien il est souffrant. Je ne sais. Je sais qu'il est d'une pâleur presque livide et il a la démarche mal assurée de quelqu'un qui n'est pas bien. Il va vers le ruisseau, se demande s'il va ou non y plonger les mains, puis il se décide et, après les avoir jointes, boit une gorgée de cette eau limpide, mais certainement très froide. Il secoue ses mains et il finit de les sécher avec un pan de son vêtement, puis il reste indécis... Il regarde vers les ruines où se trouve Jésus et vers son abri. Il revient vers lui lentement mais, arrivé à l'ouverture qui sert d'entrée, il a une sorte d'étourdissement et chancelle. Il tomberait s'il ne s'appuyait au mur à moitié ruiné. Il reste là, la tête contre son bras replié, en s'appuyant au mur pendant quelque temps et puis il lève la tête et regarde autour de lui... Il n'entre plus dans sa tanière. En rasant le mur, en s'accrochant aux pierres branlantes et sans crépi, il fait les quelques pas qui le séparent de l'étable où est Jésus, et arrivé presque sur le seuil, il se jette à genoux et gémit : "Jésus, mon Seigneur, aie pitié de moi !"

Jésus apparaît bientôt : "Jean ? Que fais-tu ? Qu'as-tu ?"

"Oh ! mon Seigneur ! J'ai faim ! Il y a presque deux jours que je ne mange rien. J'ai faim et froid..." et il claque des dents, très pâle.

"Viens ! Viens à l'intérieur !" dit Jésus en l'aidant à se relever.

L'apôtre, soutenu par le bras de Jésus, pleure, la tête penchée sur son épaule et soupire : "Ne me punis pas, Seigneur, si je t'ai désobéi..."

Jésus lui répond en souriant : "Tu es déjà puni. Tu es comme quelqu'un qui expire... Assieds-toi ici sur cette pierre. Maintenant je vais faire du feu et te donner à manger..." et Jésus allume des petites branches et fait une belle flambée dans le rustique foyer près de la porte. L'odeur des branches brûlées et la gaieté des flammes se répandent dans la misérable caverne. Jésus enfile sur une brindille les morceaux de pain, les présente à la flamme et quand il voit qu'ils sont chauds, les couvre du cœur gras des fromages laissés par les bergers, et le fromage revient et file sur le pain que maintenant Jésus tient au-dessus de la flamme comme si c'était un plat.

"Mange maintenant et ne pleure pas" dit-il en souriant toujours et en passant le pain à Jean, qui pleure sans bruit comme un enfant épuisé, et ne cesse pas de pleurer même en mangeant avec avidité cette nourriture réconfortante.

Jésus se tourne vers la crèche et il en revient avec des pommes qu'il met sous la cendre qui s'est échauffée sous la chaleur du bois qui brûle, soutenu par deux pierres qui font office de chenets.

"Cela va mieux maintenant ?" dit-il en s'assoyant près de son apôtre qui fait signe que oui de la tête sans cesser de pleurer.

Jésus lui passe un bras autour du cou et l'attire à Lui, ce qui augmente les pleurs de Jean encore trop épuisé et trop troublé peut-être par la peur d'un reproche, par l'émotion de se voir ainsi accueilli, pour savoir faire autre chose que pleurer.

Jésus le tient étroitement serré contre Lui sans parler tant que l'autre mange, puis il lui dit :

"Pour l'instant cela suffit. Les pommes, tu les auras plus tard. Je voudrais te donner un peu de vin, mais je n'en ai pas. J'ai trouvé avant-hier, à l'aube, du bois et de la nourriture en dehors de l'étable, mais il n'y avait pas de vin et je ne puis donc t'en donner. S'il était plus tard, je pourrais chercher du lait auprès des bergers que j'ai vu en train de faire paître leurs troupeaux au-delà du ruisseau, mais les troupeaux ne sortent pas tant que le givre n'a pas fondu..."

"Je suis mieux. Seigneur... Ne te fais pas de souci pour moi."

"Et toi alors de quoi t'affliges-tu pour ressembler justement à un arbre que le soleil débarrasse du givre ?" dit Jésus en souriant encore plus vivement et en embrassant Jean en haut du front.

"Parce que je suis bourrelé de remords, Seigneur... et... Oui ! Laisse-moi aller ! Je dois te parler à genoux, te demander pardon..."

"Pauvre Jean ! Vraiment un effort supérieur à ce que tu peux t'a affaibli même l'intelligence. Et crois-tu que Moi j'ai besoin de tes paroles pour te juger et t'absoudre ?"

"Oui, oui. Tu sais tout, je le sais. Mais je n'aurai pas de paix tant que je ne t'aurai pas dit mon péché, ou plutôt mes péchés. Laisse-moi aller, laisse-moi accuser mes fautes."

"Eh bien, parle, si cela doit te donner la paix."

Jean glisse à genoux et levant son visage en larmes, il dit : "J'ai péché par désobéissance, par présomption et par... je ne sais pas si je dis bien en le disant : par humanité. Mais certainement c'est ma faute la plus récente, la plus grave, celle qui me donne la douleur la plus grande et qui me dit quel serviteur inutile, et même plutôt égoïste, bas, je suis."

Les larmes inondent vraiment son visage alors que pour Jésus le sourire se fait toujours plus lumineux. Jésus reste un peu penché sur son apôtre en pleurs et le divin sourire est toute une caresse sur la douleur de Jean.

Mais Jean est tellement affligé qu'il n'a même pas le réconfort de ce sourire, et il continue : "Je t'ai désobéi. Tu avais dit que nous ne devions pas nous séparer et je me suis tout de suite séparé des compagnons et je les ai scandalisés. J'ai répondu de travers à Judas de Kériot qui me faisait observer que je péchais. J'ai dit : "Tu l'as fait hier , et je le fais aujourd'hui. Tu l'as fait pour avoir des nouvelles de ta mère, je le fais pour être avec le Maître et veiller sur Lui, pour le défendre"... J'ai présumé de moi, car je voulais le faire... Moi, pauvre incapable, te défendre, Toi ! Et puis j'ai présumé parce que je voulais t'imiter. J'ai dit : "Certainement Lui prie et jeûne. Je ferai ce qu'il fait et dans la même intention que Lui". Et au contraire..." Les pleurs font place aux sanglots alors que l'aveu de la misère de l'homme, de la matière qui a triomphé de la volonté de l'esprit, sort des lèvres de Jean : "Et au contraire... j'ai dormi. Tout de suite j'ai dormi ! Et je ne me suis réveillé qu'en plein jour et je t'ai vu aller au ruisseau, te laver, revenir ici et j'ai compris qu'ils auraient pu même s'emparer de Toi sans que je fusse prêt à te défendre.

Et puis je voulais faire pénitence et jeûner, mais je n'ai pas été capable de le faire. Par petits morceaux, presque pour ne pas manger, j'ai fini par manger le premier jour mon peu de pain. Tu sais que je n'avais rien d'autre. Et je n'étais pas encore rassasié que j'avais tout fini. Et le lendemain j'ai eu encore plus faim, et cette nuit... Oh ! la nuit dernière j'ai peu dormi à cause de la faim et du froid, et cette nuit je n'ai pas dormi du tout... et je n'ai pas su résister davantage ce matin... et je suis venu parce que j'ai eu peur de mourir d'épuisement... et c'est cela qui me fait le plus de mal : de n'avoir pas su veiller pour prier et veiller sur Toi, mais d'avoir su le faire à cause des tiraillements de la faim... Je suis un serviteur imbécile et lâche. Punis-moi, Jésus !"

"Pauvre enfant ! Je voudrais que tout le monde eût à déplorer des fautes comme les tiennes ! Mais écoute, lève-toi et écoute-moi, et la paix reviendra en ton cœur. As-tu désobéi aussi à Simon de Jonas ?"

"Non, Maître. Je ne l'aurais jamais fait parce que tu as dît que nous devions lui rester soumis comme à un frère aîné. Mais lui, quand je lui ai dit : "Mon cœur n'est pas tranquille de le voir partir seul", il a répondu : "Tu as raison. Mais moi je ne puis aller car j'ai l'obligation de vous conduire. Toi, vas-y, et que Dieu soit avec toi". Les autres ont élevé la voix, et Judas plus que les autres. Ils ont rappelé l'obéissance et ont même fait des reproches à Simon Pierre."

"Ils ont ? Sois sincère, Jean."

"C'est vrai, Maître. C'est Judas qui a fait des reproches à Simon et m'a assez maltraité. Les autres ont seulement dit : "Le Maître a ordonné de rester ensemble". Et c'était à moi qu'ils le disaient, pas à notre chef. Mais Simon a répondu : "Dieu voit l'intention de l'acte et Il pardonnera. Et le Maître pardonnera car c'est de l'amour" et il m'a béni et donné un baiser et envoyé à ta suite, comme le jour que tu es allé avec Chouza au-delà du lac. "

"Et alors, Moi, je n'ai pas à t'absoudre de cette faute..."

"Parce qu'elle est trop grave ?"

"Non. Parce qu'elle n'existe pas. Reviens ici, Jean, à côté de ton Maître et écoute sa leçon.Il faut savoir appliquer les ordres avec justice et discernement, en sachant comprendre l'esprit de l'ordre, non seulement les lettres qui composent l'ordre. J'ai dit : "Ne vous séparez pas". Tu t'es séparé et par conséquent tu aurais péché. Mais auparavant j'avais dit : "Soyez unis de corps et d'esprit, soumis à Pierre". Par ces paroles, je l'ai choisi comme mon légitime représentant parmi vous, avec pleine faculté de juger et de vous commander. Par conséquent, ce que Pierre a fait ou fera en mon absence sera bien fait. Parce que Moi, l'ayant investi du pouvoir de vous conduire, l'Esprit du Seigneur qui est en Moi sera aussi avec lui, et le guidera pour donner les ordres que les circonstances imposent et que la Sagesse suggérera à l'Apôtre chef, pour le bien de tous. Si Pierre t'avait dit : "N'y va pas" et si tu étais quand même venu, le bon mouvement de ton acte : la volonté de me suivre par amour qui veut me défendre et être avec Moi dans les dangers, n'aurait pas été suffisante pour annuler ta faute. Il aurait vraiment fallu mon pardon. Mais Pierre, ton Chef, t'a dit : "Va". L'obéissance envers lui te justifie complètement. En es-tu persuadé ?"

"Oui, Maître."

"Dois-je t'absoudre de la faute de présomption ? Dis-moi, sans te demander si je vois ton cœur. As-tu présumé orgueilleusement de vouloir m'imiter pour pouvoir dire : "Par ma volonté, j'ai aboli les nécessités de la chair, parce que je peux ce que je veux" ? Réfléchis bien..."

Jean réfléchit, puis il dit : "Non, Seigneur. En m'examinant bien, non, je ne l'ai pas fait pour cela. J'espérais pouvoir le faire parce que j'ai compris que la pénitence est une souffrance pour la chair mais une lumière pour l'esprit. J'ai compris que c'est un moyen pour fortifier notre faiblesse et obtenir tant de Dieu. Tu le fais pour cela, et moi, c'est pour cela que je voulais le faire. Et je crois ne pas me tromper en disant que si tu le fais, Toi qui es fort, qui es puissant, saint, moi, nous, nous devrions le faire toujours, s'il était toujours possible de le faire, pour être moins faibles et moins matériels. Mais je n'ai pas pu le faire. J'ai toujours faim, moi, et grande envie de dormir..." et ses larmes recommencent à couler lentement, humblement, véritable aveu des limites des capacités de l'homme.

"Eh bien, cette petite misère de la chair, crois-tu qu'elle a été inutile ? Oh ! comme tu t'en souviendras dans l'avenir, quand tu seras tenté d'être sévère et exigeant avec tes disciples et tes fidèles ! Elle te reviendra à la pensée pour te dire : "Souviens-toi que toi aussi tu as cédé à la fatigue, à la faim. Ne veuille pas que les autres soient plus forts que toi. Sois un père pour tes fidèles comme ton Maître a été un Père pour toi, ce matin-là". Tu aurais très bien pu veiller et ne pas sentir ensuite cette grande faim. Mais le Seigneur a permis que tu sois soumis à ces besoins de la chair pour te rendre humble, toujours plus humble, et toujours plus rempli de compassion pour tes semblables. Beaucoup ne savent pas distinguer entre tentation et faute consommée. La première est une épreuve qui donne du mérite et n'enlève pas la grâce, la seconde est une chute qui enlève le mérite et la grâce. D'autres ne savent pas distinguer entre événements naturels et fautes, et se font un scrupule d'avoir péché alors que, et c'est ton cas, ils ont seulement obéi à des lois naturelles qui sont bonnes. En disant "bonnes", je distingue les lois naturelles des instincts effrénés.

Car tout ce qu'on appelle maintenant "lois naturelles" n'est pas cela et n'est pas bon. Elles étaient bonnes toutes les lois attachées à la nature humaine que Dieu avait données aux premiers parents : le besoin de nourriture, de repos, de boisson. Puis, avec le péché, les instincts animaux ont pénétré et se sont mêlés aux lois naturelles avec les dérèglements, les sensualités de toutes espèces, souillant ce qui était bon, par défaut de modération. Et Satan a entretenu le feu, fomenté les vices par ses tentations. Maintenant tu vois que si ce n'est pas un péché de céder au besoin de repos et de nourriture, c'est au contraire un péché de faire bombance, de s'enivrer, de rester longtempsoisif. Même le besoin de s'unir et de procréer n'est pas un péché, au contraire Dieu a donné l'ordre de le faire pour peupler d'hommes la Terre, mais il n'est pas bon l'acte d'union pour la seule satisfaction des sens. Es-tu persuadé aussi de cela ?"

"Oui, Maître. Mais alors dis-moi une chose : ceux qui ne veulent pas procréer pèchent-ils contre Dieu ? Tu disais une fois que l'état de virginité est bon."

"C'est le plus parfait. Comme il est plus parfait l'état de celui qui, non content de faire bon usage des richesses, s'en dépouille tout à fait. Ce sont des perfections auxquelles peuvent parvenir les créatures, et elles en seront grandement récompensées. Il y a trois choses qui sont les plus parfaites : la pauvreté volontaire, la chasteté perpétuelle, l'obéissance absolue en tout ce qui n'est pas péché. Ces trois choses rendent l'homme semblable aux anges. Et il en est une tout à fait parfaite : donner sa propre vie par amour pour Dieu et ses frères. Cette chose rend la créature semblable à Moi parce qu'elle la porte à l'amour absolu. Et celui qui aime parfaitement est semblable à Dieu, il est absorbé en Dieu et fondu avec Lui. Sois donc en paix, mon bien-aimé. Il n'y a pas de faute en toi. Je te le dis. Pourquoi donc pleures-tu davantage ?"

"C'est qu'il y a toujours une faute : celle d'avoir su venir vers Toi par besoin et d'avoir su veiller à cause de la faim, pas par amour. Je ne me le pardonnerai jamais, cela ne m'arrivera plus. Je ne dormirai plus alors que tu souffres. Je ne t'oublierai jamais en dormant alors que tu pleures."

"N'engage pas l'avenir, Jean. Ta volonté est prête, mais elle pourrait encore être vaincue par la chair, et tu en aurais un profond et inutile avilissement si ensuite tu te souvenais de cette promesse que tu te serais faite à toi-même, sans l'avoir gardée ensuite par fragilité de la chair. Écoute. Moi je te dis ce que tu dois dire pour être en paix, quoi qu'il t'arrive. Dis avec Moi :

"Moi, avec l'aide de Dieu, je me propose, autant qu'il me sera possible, de ne plus céder aux lourdeurs de la chair". Et sois ferme dans cette volonté. Si ensuite un jour, même sans le vouloir, la chair lasse et affligée arrive à vaincre ta volonté, eh bien, alors, comme maintenant tu diras : "Je reconnais que je suis un pauvre homme comme tous mes frères, et que cela me serve pour rabaisser mon orgueil". Oh ! Jean ! Jean ! Ce n'est pas ton sommeil innocent qui peut me donner de la douleur ! Tiens. Cela va te réconforter tout à fait. Nous allons les partager en bénissant ceux qui me les ont offertes" et il prend les pommes maintenant cuites et toutes chaudes et Il en donne trois à Jean et en garde trois pour Lui.

"Qui te les a données, Seigneur ? Qui est venu te trouver ? Qui savait que tu étais ici ? Je n'ai pas entendu des voix ni des pas. Et pourtant, depuis la première nuit, je n'ai pas cessé de veiller..."

"Je suis sorti au point du jour. Il y avait du bois devant l'entrée et par dessus du pain, du fromage et des pommes. Je n'ai vu personne. Mais il n'y a que quelques-uns qui peuvent avoir eu le désir de répéter un pèlerinage et un geste d'amour..." dit lentement Jésus.

"C'est vrai ! Les bergers ! Ils l'avaient dit : "Nous allons nous rendre dans la terre de David... Ce sont des jours de souvenir..." Mais pourquoi ne se sont-ils pas arrêtés ?"

"Pourquoi ! Ils ont adoré et..."

"Et ils ont eu pitié. Ils t'ont adoré Toi et ils ont eu pitié de moi... Ils sont meilleurs que nous, ces hommes."

"Oui. Ils ont conservé bonne, toujours meilleure leur volonté. Pour eux, il a été sans dommage le don que Dieu leur a fait..." Jésus ne sourit plus. Il réfléchit et devient triste. Puis il se secoue. Il regarde Jean qui le regarde et il dit : "Eh bien ! Allons-nous partir ? N'es-tu plus épuisé ?"

"Non, Maître. Je ne vais pas être très résistant, je crois, car j'ai les membres endoloris, mais je crois que je puis marcher."

"Et alors partons. Va prendre ton sac, pendant que je recueille les restes dans le mien et partons. Nous allons prendre le chemin qui va vers le Jourdain pour éviter Jérusalem."

Et au retour de Jean, ils se mettent en route en refaisant la route faite pour venir, et ils s'éloignent à travers la campagne qui se réchauffe au doux soleil de décembre.

*

SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2007/07-236.htm
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Jean de Zébédée ( 1er Apôtre de Jésus et évangéliste )
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Message par Maud Jeu 10 Juil 2014 - 7:58

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Maria_50

Jésus, Jean et Manaën


Ils sont déjà dans les terres qui se ressentent du voisinage de la Mer Morte, en dehors de toute piste, se dirigeant directement vers le nord-est. À part l'aspérité du terrain rempli de pierres coupantes et de cristaux de sel, et couvert d'herbes basses et épineuses, la marche est bonne et surtout tranquille, car à perte de vue il n'y a pas âme qui vive, et la température est douce et le terrain est sec.

Ils parlent entre eux. Ils doivent avoir trouvé, les jours précédents, des bergers et avoir séjourné parmi eux, car ils en parlent. Ils parlent aussi d'un enfant guéri. Doucement, en s'aimant. Même quand ils se taisent, ils se parlent avec leur cœur en se regardant avec le regard de quelqu'un qui est heureux d'être avec un ami bien-aimé. Ils s'assoient pour se reposer et prendre un peu de nourriture, se remettent en route, toujours avec cet air paisible qui donne la paix à mon cœur rien qu'à le voir.

"Ici se trouve Galgala" dit Jésus en montrant en avant un groupe de maisons qui reflètent leur blancheur au soleil, sur un monticule vers le nord-est. "Désormais, nous approchons du fleuve."

"Et nous entrons à Galgala pour la nuit ?"

"Non, Jean. J'ai évité intentionnellement toute ville, et je vais éviter aussi celle-là. Si nous trouvons quelque autre berger, nous irons avec lui. Si nous voyons près de la route, que nous allons bientôt atteindre, des caravanes sur le point de s'arrêter pour la nuit, nous demanderons d'être accueillis sous leurs tentes. Les nomades du désert sont toujours hospitaliers et c'est l'époque où on les rencontre facilement. Si personne ne nous reçoit, nous dormirons à la belle étoile, unis tous les deux sous nos manteaux et nous serons veillés par les anges."

"Oh ! oui. Tout sera toujours meilleur que la nuit de tristesse, de la dernière nuit que j'ai passée là-bas à Bethléem !"

"Mais pourquoi n'es-tu pas venu à Moi tout de suite ?"

"Parce que je me sentais coupable. Et puis je disais aussi : Jésus est si bon qu'il ne me grondera pas, mais au contraire me consolera, comme tu as fait. Et alors la pénitence que je voulais faire, où serait-elle allée ?"

"Nous l'aurions faite ensemble, Jean. Moi aussi je suis resté sans nourriture et sans feu, malgré les aliments et le bois trouvés le matin."

"Oui. Mais quand on est avec Toi, il n'y a plus rien, rien. Quand je suis avec Toi, je ne souffre plus de rien. Je te regarde, je t'écoute, et je suis tout à fait heureux."

"Je le sais. Et je sais aussi qu'en personne ma pensée ne s'imprime comme en mon Jean, et je sais aussi que tu sais comprendre et te taire quand il y a lieu. Tu me comprends, oui, parce que tu m'aimes. Jean, écoute-moi. D'ici quelque temps..."

"Quoi, Seigneur ?" demande tout de suite Jean en l'interrompant, en le saisissant par le bras, en l'arrêtant pour le regarder en face, avec des yeux effrayés et interrogateurs et son visage devenu blême.

"D'ici quelque temps cela fait trois ans que j'évangélise . Tout ce qu'il fallait dire aux foules, je l'ai dit. Désormais celui qui veut m'aimer et me suivre a tous les éléments pour le faire avec assurance. Les autres... Quelques-uns seront persuadés par les faits, la plupart resteront sourds, même devant ceux-ci. Mais à ces derniers, j'ai peu de choses à dire. Et je les dirai. Car la justice aussi doit être sauvegardée, en plus de la miséricorde. Jusqu'à présent, la miséricorde s'est tue bien des fois et sur beaucoup de choses. Mais avant de se taire pour toujours, le Maître parlera aussi avec la sévérité d'un juge. Mais je ne voulais pas te parler de cela. Je voulais te dire que sous peu, ayant dit au troupeau tout ce qu'il fallait dire pour qu'il m'appartienne, je me recueillerai beaucoup pour prier et me préparer. Et quand je ne prierai pas, je me consacrerai à vous. Comme j'ai fait au début, je ferai aussi à la fin. Lesfemmes disciples viendront. Ma Mère viendra. Nous nous préparerons tous à la Pâque. Jean, je te demande dès maintenant de te consacrer beaucoup à ces disciples. À ma Mère, en particulier..."

"Mon Seigneur, mais que puis-je donner à ta Mère qu'elle ne possède déjà surabondamment et au point d'en avoir à donner à nous tous ?"

"Ton amour. Suppose que tu es pour elle comme un second fils. Elle t'aime et tu l'aimes. Vous avez un unique amour qui vous unit : l'amour pour Moi. Moi, son Fils selon la chair et le cœur, je serai toujours plus... absent, absorbé dans mes... occupations. Et elle souffrira, parce qu'elle sait... Elle sait ce qui va arriver. Tu dois la consoler aussi à ma place, devenir tellement son ami qu'elle puisse pleurer sur ton cœur et en avoir du réconfort. Elle n'est pas pour toi une inconnue, ma Mère. Tu as déjà vécu avec elle. Mais c'est autre chose de le faire comme disciple qui aime d'un amour respectueux la Mère de son Maître, et autre chose de le faire en fils. Je veux que tu le fasses en fils pour qu'elle souffre un peu moins quand elle ne m'aura plus."

"Seigneur, tu vas mourir ? Tu parles comme quelqu'un qui va mourir ! Tu m'affliges..."

"Je vous l'ai dit plusieurs fois que je dois mourir. C'est comme si je parlais à des enfants distraits ou qui n'arrivent pas à comprendre. Oui, je vais à la mort. Je le dirai aussi aux autres, mais plus tard. À toi, je le dis maintenant. Souviens-t-en, Jean."

"Je m'efforce de me rappeler tes paroles, toujours... Mais celle-là est si douloureuse..."

"Que tu fais tout ce que tu peux, pour l'oublier, veux-tu dire ? Pauvre enfant ! Ce n'est pas toi qui oublies, toi qui te rappelles. Ce n'est pas toi par ta volonté. C'est ton humanité même qui ne peut se rappeler cette chose trop grande pour qu'elle puisse la supporter, la chose trop grande, et tu ne sais même pas complètement combien elle sera grande, monstrueuse, la chose trop grande qui t'étourdit comme une masse tombée de haut sur ta tête. Et pourtant, c'est ainsi. Bientôt désormais je vais aller à la mort et ma Mère restera seule. Je mourrai avec une goutte de douceur, dans mon océan de douleur, si je vois en toi un "fils" pour ma Mère..."

"Oh ! mon Seigneur ! Si je suis capable... s'il ne m'arrive pas comme à Bethléem, oui, je le ferai. Je veillerai avec un cœur de fils. Mais que pourrai-je lui donner qui la console si elle te perd Toi ? Que pourrai-je lui donner si moi aussi je suis comme quelqu'un qui a tout perdu, que la douleur abruti ? Comme ferai-je, moi qui n'ai pas su veiller et souffrir maintenant, dans le calme, pendant une nuit et pour un peu de faim ? Comment ferai-je ?"

"Ne t'agite pas. Prie beaucoup en ce temps-ci. Je te garderai beaucoup avec Moi et avec ma Mère. Jean tu es notre paix, et tu le seras encore alors. Ne crains pas, Jean. Ton amour fera tout."

"Oh ! oui, Seigneur ! Garde-moi beaucoup avec Toi. Moi, tu le sais, je ne tiens pas à paraître, à faire des miracles, je veux, et je sais, seulement aimer..."

Jésus dépose encore un baiser sur son front vers les tempes, comme dans la grotte...
Ils sont en vue de la route qui va au fleuve. Ici, il y a des pèlerins qui aiguillonnent leurs montures ou qui hâtent leur marche pour être, avant la nuit, dans les endroits où on peut s'arrêter. Mais tous s'en vont emmitouflés, car après le coucher du soleil, le froid devient rigoureux et personne ne remarque les deux voyageurs qui vont rapidement vers le fleuve.

Un cavalier, au trot soutenu, presque au galop, les rejoint et les dépasse et s'arrête après quelques mètres à cause d'un encombrement d'ânes près d'un petit pont à cheval sur un gros ruisseau, qui veut se donner des airs de torrent et qui s'en va en écumant vers le Jourdain ou la Mer Morte. Pendant qu'il attend son tour pour passer, il se retourne et a un geste de surprise. Il descend de selle et, en tenant son cheval par les rênes, il revient en arrière vers Jésus et Jean qui ne l'ont pas remarqué.

"Maître ! Comment donc es-tu ici ? Et seul avec Jean" demande le cavalier en rejetant en arrière les bords de son couvre-chef, qui étaient baissés sur son visage pour servir de capuchon et je pourrais dire de masque pour le protéger du vent et de la poussière. Le visage brun et viril de Manaën apparaît.

"Paix à toi, Manaën. Je vais vers le fleuve pour le passer, mais je doute que je puisse le faire avant la nuit. Et toi, où allais-tu ?"

"À Machéronte, dans la dégoûtante tanière. Tu n'as pas où dormir ? Viens avec moi. Je me rendais vivement à une auberge sur la route des caravanes. Ou, si tu préfères, je vais dresser la tente sous les arbres du fleuve. J'ai sur la selle tout ce qu'il faut."

"Je préfère cela. Mais toi, certainement, tu préférerais l'auberge."

"C'est Toi que je préfère, mon Seigneur. Je regarde comme une grande grâce de t'avoir rencontré. Allons-y alors. Je connais les rives du fleuve comme si c'étaient les couloirs de ma maison. Au pied des coteaux de Galgala, il y a un bois à l'abri des vents, avec de l'herbe en abondance pour ma bête et du bois pour faire du feu. Nous y serons bien."

Ils s'en vont rapidement en tournant vraiment du côté de l'orient et en quittant la route qui va au gué ou à Jéricho. Ils arrivent bientôt à la lisière d'un bois touffu qui descend des pentes du coteau et s'étend sur la plaine vers les rives.

"Je vais à cette maison. On me connaît. Je vais demander du lait et de la paille pour tous" dit Manaën en s'en allant avec son cheval et il revient même vite suivi de deux hommes qui portent des bottes de paille sur leurs épaules et un petit seau de cuivre rempli de lait.

Ils entrent sous le bois sans parler. Manaën fait jeter la paille par terre et congédie les deux hommes. Des poches de la selle, il sort l'amadou et le briquet, et il fait du feu avec les nombreuses branches qui sont sur le sol. Le feu réjouit et réchauffe. Le chaudron, placé sur deux pierres que Jean a apportées, chauffe et, pendant ce temps, Manaën, après avoir enlevé la selle du cheval, monte la tente moelleuse de poil de chameau, en la liant à deux piquets enfoncés dans le sol et en l'appuyant au tronc robuste d'un arbre centenaire. Il étend sur l'herbe une peau de brebis qui était aussi attachée à l'arçon, y place la selle et dit : "Maître, viens. C'est un abri de cavalier du désert, mais il protège de la rosée et de l'humidité du sol. Pour nous, la paille suffira. Et je t'assure, Maître, que les tapis précieux et les baldaquins, les sièges du palais royal me semblent moins, beaucoup moins beaux que ton trône et que cette tente et cette paille; et les mets succulents que plus d'une fois j'ai goûtés n'auraient jamais eu la saveur du lait et du pain que nous allons prendre ensemble là dessous. Je suis heureux, Maître !"

"Moi aussi, Manaën, et Jean aussi certainement. La Providence nous a réunis ce soir pour notre commune joie."

"Ce soir et demain, Maître, et aussi après-demain jusqu'à ce que je te sache en sûreté parmi tes apôtres. Je pense que tu vas les rejoindre..."

"Oui, je vais les retrouver. Ils m'attendent dans la maison de Salomon."

Manaën le regarde, puis il dit : "Je suis passé par Jérusalem... Et j'ai été informé. Par Béthanie. Et j'ai compris pourquoi tu ne t'y étais pas arrêté. Tu fais bien de te retirer. Jérusalem est un corps rempli de poison et de pourriture, plus que le pauvre Lazare..."
"Tu l'as vu ?"

"Oui. Affligé par les tourments du corps et par ceux du cœur, pour Toi. Il meurt très affligé, Lazare... Mais je voudrais mourir moi aussi plutôt que de voir le péché de nos compatriotes."

"Elle était en fermentation la ville ?" demande Jean, qui surveille le feu.

"Très. Divisée en deux partis. Et, chose étrange, les romains ont usé de clémence envers certains arrêtés pour sédition la veille. On dit en secret que c'est pour ne pas augmenter l'agitation. On dit aussi que le Proconsul viendra bientôt à Jérusalem, plus tôt que prévu. Sera-ce un bien, je ne sais. Je sais que certainement Hérode l'imitera, et ce sera certainement un bien pour moi car je pourrai être près de Toi. Avec un bon cheval — et les écuries de l'Antipas ont de rapides chevaux arabes — ce sera vite fait d'aller de la ville au fleuve, si tu t'y arrêtes..."

"Oui, je m'y arrête. Pour l'instant, du moins..."

Jean apporte le lait chaud dans lequel chacun trempe son pain, après que Jésus ait offert et béni. Manaën offre des dattes, blondes comme du miel.

"Mais où avais-tu tant de choses ?" demande Jean étonné.

"La selle d'un cavalier est un petit marché, Jean. Il y a de tout pour l'homme et pour la bête" répond Manaën avec un sourire franc sur son visage brun. Il réfléchit un moment, puis il demande : "Maître, est-il permis d'aimer les animaux qui nous servent et qui si souvent le font avec plus de fidélité que l'homme ?"

"Pourquoi cette question ?"

"Parce que récemment, j'ai essuyé des mépris et des reproches de la part de certains qui m'ont vu recouvrir avec la couverture, qui maintenant nous sert de tente, mon cheval tout en sueur de la course qu'il avait faite."

"Et ils ne t'ont pas dit autre chose ?"

Manaën, interdit, regarde Jésus... et se tait.

"Parle avec sincérité. Ce n'est pas murmurer et ce n'est pas m'offenser de dire ce qu'ils t'ont dit, pour lancer une nouvelle poignée de boue contre Moi."

"Maître, tu sais tout. Vraiment tu sais tout et il est inutile de vouloir te cacher nos pensées ou celles des autres. Oui, ils m'ont dit : "On voit que tu es un disciple de ce samaritain. Tu es un païen comme Lui qui viole même les sabbats pour se rendre impur en touchant des animaux impurs".

"Ah ! c'était sûrement Ismaël !" s'écrie Jean.

"Oui, et d'autres avec lui. J'ai répliqué : "Je vous comprendrais si vous me disiez que je suis impur parce que je vis auprès de la cour d'Antipas et non pas parce que j'ai soin d'un animal qui a été créé par Dieu". Ils m'ont répondu, car dans le groupe il y avait aussi des hérodiens — il est facile d'en voir depuis quelque temps et cela aussi est absolument étonnant car auparavant il y avait entre eux une brouille sérieuse — ils m'ont répondu : "Nous ne jugeons pas les actions de l'Antipas, mais les tiennes. Jean le Baptiste lui-même était à Machéronte, et il avait des relations avec le roi. Mais il est toujours resté un juste. Toi, au contraire, tu es un idolâtre..." Les gens se groupaient et je me suis arrêté pour ne pas les exciter. Depuis quelque temps cette excitation est entretenue par certains de tes faux fidèles qui les poussent à se révolter contre ceux qui s'opposent à Toi, ou qui commettent des injustices en se disant tes disciples envoyés par Toi..."

"Mais c'en est trop ! Maître ? Jusqu'où iront-ils ?" demande Jean agité.

"Pas au-delà de la limite qu'ils pourront atteindre. Au-delà de cette limite, c'est Moi seul qui m'avancerai et la Lumière resplendira et personne ne pourra plus douter que je suis le Fils de Dieu. Mais venez ici près de Moi et écoutez. Auparavant, alimentez le feu."

Les deux, bien contents, se jettent sur l'épaisse peau de brebis étendue sur le sol sous les pieds de Jésus qui est assis sur la selle écarlate contre la tente, appuyée au tronc de l'arbre. Manaën est presque allongé, le coude appuyé au sol, la tête appuyée sur la main, les yeux dans les yeux de Jésus. Jean est assis sur ses talons, et appuie sa tête contre la poitrine de Jésus, l'entourant d'un bras dans sa pose habituelle.

"Quand le Créateur eut créé la Création, et lui eut donné pour roi l'homme créé à son image et à sa ressemblance, Il montra à l'homme toutes les créatures créées et Il voulut que l'homme leur donnât un nom pour les distinguer les unes des autres, et on lit dans la Genèse "que tout nom qu'Adam donna aux animaux était bon, c'était le vrai nom" . Et on lit encore dans la Genèse que Dieu, ayant créé l'Homme et la Femme, dit : "Faisons l'Homme à notre image et à notre ressemblance pour qu'il soit le maître des poissons de la mer, des volatiles du ciel, des bêtes, et de toute la Terre et des reptiles qui rampent sur elle" .

Et quand Il eut créé une compagne pour Adam, la femme, faite comme lui à l'image et à la ressemblance de Dieu, comme il ne convenait pas que la Tentation aux aguets tentât et corrompît encore plus hideusement le mâle créé à l'image de Dieu, Dieu dit à l'homme et à la femme : "Croissez, multipliez-vous, et remplissez la Terre et faites en sorte qu'elle vous soit soumise, et soyez les maîtres des poissons de la mer, des volatiles du ciel et de tous les animaux qui se meuvent sur la Terre" . Et Il dit encore : "Voilà que Je vous ai donné toutes les plantes qui font une semence sur la Terre et tous les arbres qui ont en eux la semence de leur espèce pour qu'ils servent de nourriture à vous et à tous les animaux de la Terre et aux oiseaux du ciel et à ce qui se meut sur la terre et a en soi une âme vivante, pour qu'ils aient la vie"

Les animaux et les plantes et tout ce que le Créateur a créé pour l'utilité de l'homme représentent donc un don d'amour et un patrimoine donné en garde par le Père à ses fils, afin qu'ils en usent dans leur intérêt et avec gratitude envers Celui qui a donné toute providence. Il faut donc les aimer et les traiter avec un soin convenable.

Que diriez-vous d'un fils auquel le père a donné des vêtements, des meubles, de l'argent, des champs, des maisons, en lui disant : "Je te les donne pour toi et pour tes descendants pour que vous ayez de quoi être heureux. Usez de tout cela avec amour en souvenir de mon amour qui vous le donne", et si ensuite ils laissaient tout tomber en ruines ou dilapidaient tous ses biens ? Vous diriez qu'ils n'ont pas fait honneur à leur père et qu'ils n'ont pas aimé leur père et ses dons. Pareillement l'homme doit avoir soin de ce que Dieu, avec un soin providentiel, a mis à sa disposition.

Soin ne veut pas dire idolâtrie, ni affection déréglée pour les bêtes ou les plantes, ou quelque autre chose. Soin veut dire sentiment de pitié et de reconnaissance pour les choses de moindre importance qui nous servent et qui ont leur vie, c'est-à-dire leur sensibilité.

L'âme vivante des créatures inférieures dont parle la Genèse n'est pas une âme telle que celle de l'homme. C'est la vie, simplement la vie, c'est-à-dire d'être sensible aux choses actuelles tant matérielles qu'affectives. Quand un animal est mort, il est insensible car avec la mort, pour lui, c'est la vraie fin. Il n'y a pas d'avenir pour lui, mais tant qu'il est vivant, il souffre de la faim, du froid, de la lassitude et il est sensible aux blessures, à la souffrance, à la jouissance, à l'amour, à la haine, à la maladie et à la mort. Et l'homme, en souvenir de Dieu qui lui a donné ce moyen pour rendre moins dur son exil sur la Terre, doit être humain envers les serviteurs inférieurs que sont pour lui les animaux. Dans le livre de Moïse, n'est-il pas prescrit peut-être d'avoir des sentiments d'humanité même pour les animaux, que ce soit volatiles ou quadrupèdes ?

En vérité je vous dis qu'il faut savoir regarder avec justice les œuvres du Créateur. Si on les regarde avec justice, on voit qu'elles sont "bonnes". Et une chose bonne doit toujours être aimée. On voit que ce sont des choses données à bonne fin et par une impulsion d'amour, et que comme telles nous pouvons, nous devons les aimer en voyant, au-delà de l'être fini, l'Être Infini qui les a créées pour nous. On voit que ce sont des choses utiles et qui, comme telles, doivent être aimées. Rien, rappelez-vous-le bien, n'a été fait sans but dans l'Univers. Dieu ne perd pas sa parfaite Puissance en des choses inutiles. Ce brin d'herbe n'est pas moins utile que le tronc puissant auquel s'appuie notre asile temporaire. La goutte de rosée, la petite perle de givre, ne sont pas moins utiles que l'immense mer. Le moucheron n'est pas moins utile que l'éléphant, et le ver qui vit dans la boue n'est pas moins utile que la baleine. Il n'y a rien d'inutile dans la Création. Dieu a tout fait à bonne fin, par amour pour l'homme. L'homme doit user de tout avec une intention droite et avec amour pour Dieu qui lui a donné tout ce qui existe sur la Terre, pour que ce soit soumis au roi de la Création.

Tu as dit, ô Manaën, que l'animal sert souvent mieux les hommes que les hommes. Je dis que les animaux, les plantes, les minéraux, les éléments sont tous supérieurs à l'homme pour l'obéissance, en suivant, passivement, les lois de la Création, ou en suivant activement l'instinct qu'a mis en eux le Créateur, ou en se prêtant à la domestication dans le but pour lequel ils ont été créés. L'homme, qui devrait être la perle de la Création, en est trop souvent la laideur. Il devrait être la note qui répond davantage au chœur des êtres célestes pour louer Dieu, et trop souvent il est la note discordante qui lance des imprécations ou des blasphèmes, ou se révolte, ou dédie son chant à la louange de la créature au lieu de l'adresser au Créateur. L'idolâtrie, par conséquent. Donc l'offense, donc la souillure. Et cela c'est le péché.

Sois donc en paix, Manaën. Ta pitié pour un cheval qui est trempé de sueur pour t'avoir servi, n'est pas un péché. Le péché, ce sont les larmes que l'on fait verser à ses semblables et les amours effrénés qui sont une offense envers Dieu, qui est digne de tout l'amour de l'homme".

"Mais, en restant près de l'Antipas, est-ce que je pèche ?"

"Dans quel but y restes-tu ? Par plaisir ?"

"Non, Maître. Pour veiller sur Toi. Tu le sais. Maintenant aussi j'y allais pour cela, car je sais qu'ils ont envoyé des messagers à Hérode pour l'exciter contre Toi."

"Et alors, il n'y a pas de péché. N'aimerais-tu pas mieux rester avec Moi, dans ma pauvreté de vie ?"

"Et tu me le demandes ? Je l'ai dit au début. Cette nuit sous la tente, la pauvre nourriture que nous avons mangée, sont incomparables pour moi. Oh ! si ce n'était que pour écouter les sifflements des serpents il faut rester près de leur tanière, je resterais avec Toi ! J'ai compris la vérité de ta mission. Je me suis trompé un jour , mais cela m'a servi à comprendre et je ne sortirai plus de la justice."

"Tu vois ! Il n'y a rien d'inutile. Même l'erreur pour celui qui tend au Bien est un moyen pour le Bien. L'erreur tombe comme l'enveloppe d'une chrysalide, et voilà que sort le papillon qui n'est pas difforme, qui ne pue pas, qui ne rampe pas, mais vole pour chercher les calices des fleurs et les rayons de la lumière. Et les âmes qui sont bonnes sont ainsi. Elles peuvent se laisser, pour un moment, envelopper par les misères et les difficultés mortifiantes, mais ensuite elles s'en dégagent et volent de fleur en fleur, de vertu en vertu, vers la Lumière, vers la Perfection. Louons le Seigneur pour ses œuvres de continuelle miséricorde, qui agissent même à l'insu de l'homme dans le cœur de l'homme et autour de lui."

Et Jésus prie, se mettant à genoux, car la tente, basse et étroite, ne permet pas d'autre position. Puis, après avoir alimenté le feu devant la tente, attaché le cheval, ils se préparent au repos, se promettant de veiller à tour de rôle sur le feu et l'animal, sur lequel Manaën a jeté la lourde toison pour lui servir de couverture et le protéger de la fraîcheur de la nuit.

Jésus et Manaën se jettent sur la litière de paille et s'enveloppent dans leurs manteaux pour dormir. Jean, craignant d'être pris par le sommeil, fait les cent pas en dehors de la tente pour nourrir le feu et surveiller le cheval, qui le regarde de son œil noir intelligent et bat le sol en mesure avec son sabot en secouant la tête, faisant retentir les chaînettes d'argent de son harnachement et en broutant les tiges aromatiques de fenouil sauvage poussées au pied de l'arbre auquel il est attaché. Et comme Jean lui en offre de plus belles, poussées un peu plus loin, il hennit de plaisir et il cherche à frotter ses naseaux doux et rosés contre le cou de l'apôtre.

Au loin, dans le grand silence de la nuit, on entend venir le calme bruissement du fleuve.


************************************************
Jésus dit :

"Et même la troisième année de vie publique prend fin. Maintenant arrive la période préparatoire à la Passion. Celle dans laquelle en apparence tout semble se borner à un petit nombre d'actions et à un petit nombre de personnes. C'est comme si ma figure et ma mission s'estompaient. En réalité Celui qui paraissait vaincu et écrasé, était le héros qui se préparait à l'apothéose et autour de Lui ce n'étaient pas les personnes mais les passions des personnes qui se concentraient et se portaient a leurs limites extrêmes.

Tout ce qui a précédé, et qui peut-être pour certains épisodes a paru sans but pour des lecteurs mal disposés ou superficiels, s'éclaire ici d'une lumière sombre ou resplendissante. Et surtout les figures les plus importantes. Celles que beaucoup ne veulent pas reconnaître utiles à connaître, justement parce que s'y trouvent les leçons pour les maîtres de maintenant qui ont plus que jamais besoin d'être instruis pour devenir de vrais maîtres de l'esprit. Comme je l'ai dit à Jean et à Manaën, rien n'est inutile de ce que Dieu fait, pas même le mince brin d'herbe. Ainsi, il n'est rien de superflu dans ce travail. Ni les figures resplendissantes ni celles qui sont faibles et ténébreuses. Au contraire, pour les maîtres de l'esprit, les figures faibles et ténébreuses sont d'une plus grande utilité que les figures bien dessinées et héroïques.

Comme du haut d'une montagne, près du sommet, on peut embrasser toute la configuration de la montagne, et la raison d'être des bois, des torrents, des prés et des pentes, pour arriver de la plaine au sommet, et d'où on voit toute la beauté du panorama, et plus on se persuade fortement que les œuvres de Dieu sont toutes utiles et superbes et que l'une sert et complète l'autre et que toutes concourent pour former la beauté de la Création; de la même façon, pour celui qui a l'esprit droit, la diversité des figures, des épisodes, des leçons, de ces trois années de vie évangélique, contemplées comme du haut du sommet du mont de mon œuvre de Maître, servent à donner la vision exacte de ce complexe politique, religieux, social, collectif, spirituel, égoïste jusqu'au crime ou altruiste jusqu'au sacrifice, où je fus un Maître et où je suis devenu Rédempteur. Le caractère grandiose du drame ne se voit pas dans une seule scène, mais dans toutes les parties de ce drame. La figure du protagoniste émerge des lumières diverses dont l'illuminent les parties secondaires.

Désormais près du sommet, et le sommet c'était le Sacrifice pour lequel je m'étais incarné, une fois dévoilés tous les replis secrets des cœurs et toutes les menées des sectes, il n'y a qu'à faire comme le voyageur arrivé prés de la cime : regarder, regarder toutes les choses et tous les gens. Connaître le monde hébraïque. Connaître ce que j'étais : l'Homme au-dessus des sens, de l'égoïsme, de la rancœur, l'Homme qui a dû être tenté, par tout un monde, pour la vengeance, le pouvoir, même les joies honnêtes du mariage et du foyer, qui a dû tout supporter pour vivre au contact du monde et en souffrir car infinie était la distance entre l'imperfection et le péché du monde et ma Perfection et qui, à toutes les voix, à toutes les séductions, à toutes les réactions du monde, de Satan et du moi, a su répondre : "Non", et rester pur, doux, fidèle, miséricordieux, humble, obéissant, jusqu'à la mort de la Croix.

Comprendra-t-elle tout cela, la société de maintenant à laquelle je donne cette connaissance de Moi-même pour la rendre forte contre les assauts de plus en plus violents de Satan et du monde ?

Aujourd'hui aussi, comme il y a maintenant vingt siècles, il y aura la contradiction parmi ceux pour qui je me révèle. Je suis encore une fois un signe de contradiction. Mais non pas Moi, par Moi-même, mais par rapport à ce que je suscite en eux. Les bons, ceux de bonne volonté, auront les réactions bonnes des bergers et des humbles. Les autres auront des réactions mauvaises comme les scribes, les pharisiens, les sadducéens et les prêtres de ce temps Chacun donne ce qu'il a. Le bon qui vient au contact des mauvais déchaîne en eux un bouillonnement de plus grande perversité. Et le jugement sera déjà fait pour les hommes, comme il le fut le Vendredi de la Parascève, d'après la manière dont ils auront jugé, accepté et suivi le Maître qui. dans une nouvelle tentative d'infinie miséricorde, s'est fait connaître une fois encore.

À ceux qui ouvriront les yeux et me reconnaîtront et diront : "C'est Lui ! Était-ce pour cela que notre cœur brûlait dans notre poitrine pendant qu'il nous parlait et nous expliquait les Écritures ?".

Ma paix à eux et a toi, petit, fidèle, affectueux Jean."

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Visage de J?sus Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

Message par Maud Ven 11 Juil 2014 - 6:38

Je reviens Jeudi prochain .
En union de prières
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Message par Maud Jeu 17 Juil 2014 - 7:00

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Les juifs chez Lazare

Un groupe nombreux et pompeux de juifs sur des montures de luxe entre dans Béthanie. Ce sont des scribes et des pharisiens, sans compter quelques sadducéens et hérodiens, déjà vus une autre fois, si je ne me trompe au banquet de la maison de Chouza afin de tenter Jésus pour qu'il se proclame roi . Ils sont suivis de serviteurs à pied.

La cavalcade traverse lentement la petite ville, et le bruit des sabots sur le terrain durci, le tintement des harnachements, les voix des hommes, attirent hors de chez eux les habitants qui regardent, et avec une frayeur visible s'inclinent en salutations profondes pour ensuite se redresser et se réunir en groupes qui bavardent.

"Avez-vous vu ?"

"Tous les synhédristes de Jérusalem."

"Non. Joseph l'Ancien, Nicodème et d'autres n'y étaient pas."

"Et les pharisiens les plus connus."

"Et les scribes."

"Et celui qui était à cheval, qui était-ce ?"

"Et certainement ils vont chez Lazare."

"Il doit être près de mourir."

"Je ne puis comprendre pourquoi le Rabbi n'y est pas."

"Et comment veux-tu, puisqu'ils le cherchent pour le faire mourir, ceux de Jérusalem ?"

"Tu as raison. Et de plus, certainement, ces serpents qui sont passés viennent pour voir si le Rabbi est ici."

"Dieu soit loué qu'il n'y soit pas !"

"Sais-tu ce qu'ils ont dit à mon époux, au marché de Jérusalem ? D'être prêts, que bientôt Lui va se proclamer roi et que nous devrons tous l'aider à faire... Comment ont-ils dit ? Bah ! Une parole qui voulait dire comme si moi je disais que je renvoie tout le monde de la maison et que je deviens la maîtresse."

"Un complot ?...Une conjuration ?...Une révolte ?..." demandent-ils et suggèrent-ils.
Un homme dit : "Oui, ils m'en ont parlé à moi aussi. Mais je n'y crois pas."

"Mais ce sont des disciples du Rabbi qui le disent !..."

"Hum ! Que le Rabbi use de violence et destitue le Tétrarque pour usurper un trône qui, avec justice ou non, appartient aux hérodiens, je ne le crois pas. Tu ferais bien de dire à Joachimde ne pas croire à tous ces bruits..."

"Mais sais-tu que celui qui l'aidera sera récompensé sur la Terre et au Ciel ? Moi, je serais bien contente que mon mari le soit. J'ai une quantité d'enfants, et la vie est difficile. Si on pouvait avoir une place parmi les serviteurs du Roi d'Israël !"

"Écoute, Rachel, moi je pense qu'il vaut mieux que je garde mon jardin et mes dattiers. S'il me le disait, Lui, oh ! alors je laisserais tout pour le suivre. Mais dit par d'autres !..."

"Mais ce sont ses disciples."

"Je ne les ai jamais vus avec Lui, et puis...Non. Ils se font passer pour des agneaux, mais ils ont certaines figures de bandits qui ne me persuadent pas."

"C'est vrai. Depuis quelque temps il se passe des choses étranges et on dit toujours que ce sont des disciples du Rabbi qui en sont les auteurs. Le dernier est d'avant le sabbat. Certains d'entre eux ont malmené une femme qui portait des œufs au marché et lui ont dit : "Nous les voulons au nom du Rabbi galiléen."

"Tu crois qu'il pourrait vouloir ces choses ? Lui qui donne et ne prend pas ? Lui qui pourrait vivre parmi les riches et préfère rester parmi les pauvres, et donner son manteau, comme le disait à tout le monde cette lépreuse guérie qu'a rencontrée Jacob ?"

Un autre homme, qui s'est joint au groupe et qui a écouté, dit: "Tu as raison. Et cette autre chose qu'on dit, alors ? Que le Rabbi nous fera arriver de grands malheurs car les romains nous puniront tous à cause de ses excitations ? Vous y croyez, vous ? Moi, je dis — et je ne me trompe pas car je suis vieux et sage — moi je dis que ceux qui nous disent à nous pauvres gens que le Rabbi veut prendre le trône par la violence et chasser aussi les romains — s'il pouvait en être ainsi ! si c'était possible de le faire ! — aussi bien que ceux qui commettent des violences en son nom, et que ceux qui poussent à la révolte en promettant des avantages pour l'avenir, comme ceux qui voudraient faire haïr le Rabbi en tant qu'individu dangereux qui amènera des malheurs, je dis que tous ces gens sont des ennemis du Rabbi, qui cherchent sa ruine pour triompher à sa place. N'y croyez pas ! Ne croyez pas aux faux amis des pauvres gens ! Voyez comme ils sont passés orgueilleusement ? À moi, pour un peu, ils allaient me donner une volée de coups de bâtons parce que je mettais du temps à faire rentrer les brebis et que je gênais leur marche... Nos amis, ceux-là ? Jamais. Ce sont nos vampires et, que le Seigneur ne le veuille pas, des vampires pour Lui aussi."

"Toi, qui es près des champs de Lazare, sais-tu s'il est mort ?"

"Non, il n'est pas mort. Il est entre la mort et la vie... J'en ai demandé des nouvelles à Saraqui cueillait des feuilles de plantes aromatiques pour les lavages."

"Et alors pourquoi ceux-ci sont-ils venus ?"

"Bah ! Ils ont tourné autour de la maison, sur l'arrière, sur les cotés, autour de l'autre maison du lépreux, et puis ils sont partis vers Bethléem."

"Mais je vous l'ai dit, moi ! Ils sont venus voir si le Rabbi était là ! Pour Lui faire du mal. Sais-tu ce que c'était pour eux de pouvoir Lui faire du mal ? Et justement dans la maison de Lazare ? Dis donc, Natân. Cet hérodien n'était-il pas celui qui autrefois était l'amant de Marie de Théophile ?"

"C'était lui. Il voulait peut-être se venger, de cette façon, sur Marie..."

Un jeune garçon arrive en courant. Il crie: "Que de gens dans la maison de Lazare ! Je venais du ruisseau avec Lévi, Marc, et Isaïe, et nous avons vu. Les serviteurs ont ouvert le portail et pris les montures, et Maximin est accouru à la rencontre des juifs et d'autres sont accourus avec de grandes inclinations. Marthe et Marie sont sorties de la maison avec leurs servantes pour les saluer. On voulait en voir davantage, mais ils ont fermé le portail et sont tous allés dans la maison." L'enfant est tout ému à cause des nouvelles qu'il apporte et de ce qu'il a vu...

Les adultes en parlent entre eux.

*

SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2008/08-001.htm
TOME : 8 /001

https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t18376-oeuvre-de-maria-valtorta-presentation-des-disciples-de-jesus




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Béthanie sur la carte
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Visage de J?sus Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

Message par Maud Ven 18 Juil 2014 - 7:05

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Maria_52 Lévite 


Les juifs avec Marthe et Marie


Bien que brisée de douleur et de fatigue, Marthe est toujours la maîtresse de maison qui sait accueillir et recevoir, en faisant honneur avec cette distinction parfaite de la vraie maîtresse de maison. Ainsi, maintenant, après avoir conduit toute cette compagnie dans une des salles, elle donne des ordres pour que l'on apporte les rafraîchissements qui sont d'usage et pour que les hôtes aient tout ce qui peut être de confort.

Les serviteurs circulent mélangeant des boissons chaudes ou des vins précieux et offrant des fruits magnifiques, des dattes blondes comme le topaze, du raisin sec, quelque chose qui ressemble à notre raisin de Damas, dont les grappes sont d'une perfection fantastique, du miel filant, le tout dans des amphores, des coupes, des plats, des plateaux précieux. Et Marthe veille attentivement pour que personne ne soit laissé de côté, et même selon l'âge et peut-être les individus, dont les goûts lui sont connus, elle contrôle ce que les serviteurs offrent. Ainsi elle arrête un serviteur qui allait vers Elchias avec une amphore remplie de vin et une coupe, et elle lui dit: "Tobie, pas de vin, mais de l'eau de miel et du jus de dattes." Et à un autre: "Certainement Jean préfère le vin Offre-lui le vin blanc de raisin sec." Et elle-même offre au vieux scribe Cananias du lait chaud abondamment sucré avec du miel blond en disant: "Ce sera bon pour ta toux. Tu t'es sacrifié pour venir, souffrant comme tu l'es, et par ce temps froid. Je suis émue de vous voir si prévenants."

"C'est notre devoir, Marthe. Euchérie était de notre race, une vraie juive qui nous a tous honorés."

"L'honneur à la mémoire vénérée de ma mère me touche le cœur. Je répéterai à Lazare ces paroles."

"Mais nous voulons le saluer, un si bon ami !" dit, faux comme toujours, Elchias qui s'est approché.

"Le saluer ? Ce n'est pas possible. Il est trop épuisé."

"Oh ! Nous ne le dérangerons pas, n'est-ce pas, vous tous ? Il nous suffit d'un adieu du seuil de sa chambre" dit Félix.

"Je ne puis, je ne puis vraiment pas. Nicomède s'oppose à toute fatigue et à toute émotion."

"Un regard à l'ami mourant ne peut le tuer, Marthe, dit Collascebona. Nous aurions trop de peine de ne pas l'avoir salué !"

Marthe est agitée, hésitante. Elle regarde vers la porte, peut-être pour voir si Marie vient à son aide, mais Marie est absente.

Les juifs remarquent cette agitation et Sadoc, le scribe, le fait remarquer à Marthe: "On dirait que notre venue te trouble, femme."

"Non. Non, pas du tout. Comprenez ma douleur. Cela fait des mois que je vis près d'un mourant et... je ne sais plus... je ne sais plus me comporter comme autrefois aux fêtes..."

"Oh ! ce n'est pas une fête ! dit Elchias. Nous ne voulions même pas pour nous tant d'honneurs ! Mais peut-être... Peut-être tu veux nous cacher quelque chose et c'est pour cela que tu ne nous montres pas Lazare et que tu nous interdis sa chambre. Eh ! Eh ! On sait ! Mais ne crains pas ! La chambre d'un malade est un asile sacré pour quiconque, crois-le..."

"Il n'y a rien à cacher dans la chambre de notre frère. Il n'y a rien de caché. Elle n'accueille qu'un mourant auquel ce serait pitié d'épargner tout souvenir pénible. Et toi,Elchias, et vous tous, vous êtes pour Lazare des souvenirs pénibles" dit Marie de sa splendide voix d'orgue, en apparaissant sur le seuil et en tenant écarté de la main le rideau pourpre.

"Marie !" gémit Marthe suppliante, pour l'arrêter.

"Rien, ma sœur, laisse-moi parler... Elle s'adresse aux autres: Et pour vous enlever tout doute, que l'un de vous — ce sera un seul souvenir du passé qui revient pour l'affliger — vienne avec moi si la vue d'un mourant ne le dégoûte pas et la puanteur de la chair qui meure ne lui donne pas la nausée."

"Et toi, tu n'es pas un souvenir affligeant ?" dit ironiquement l'hérodien, que j'ai déjà vu je ne sais où, en quittant son coin et en se mettant en face de Marie.

Marthe exhale un gémissement. Marie a le regard d'un aigle inquiet. Ses yeux lancent des éclairs. Elle se redresse hautaine, oubliant la fatigue et la douleur qui la courbaient, et avec l'expression d'une reine offensée, elle dit: "Oui, moi aussi je suis un souvenir. Mais non pas de douleur, comme tu dis. Je suis le souvenir de la Miséricorde de Dieu. Et en me voyant Lazare meurt en paix car il sait qu'il remet son esprit entre les mains de l'Infinie Miséricorde."

"Ha ! Ha ! Ha ! Ce n'était pas ainsi que tu parlais autrefois ! Ta vertu ! À celui qui ne te connaît pas, tu pourrais la mettre bien en vue..."

"Mais pas à toi, n'est-ce pas ? Au contraire, je la mets justement sous tes yeux, pour te dire que l'on devient comme ceux que l'on fréquente. Autrefois, malheureusement, je te fréquentais, et j'étais comme toi. Maintenant je fréquente le Saint et je deviens honnête."

"Une chose détruite ne se reconstruit pas, Marie."

"En effet le passé : toi, vous tous, vous ne pouvez plus le reconstruire. Vous ne pouvez pas reconstruire ce que vous avez détruit. Pas toi qui m'inspires du dégoût, pas vous qui au temps de la douleur avez offensé mon frère, et maintenant, dans un but qui n'est pas clair, voulez montrer que vous êtes ses amis."

"Oh ! Tu es audacieuse, femme. Le Rabbi t'aura chassé plusieurs démons, mais il ne t'a pas rendue douce !" dit un homme d'environ quarante ans.

"Non, Jonathas ben Anna. Il ne m'a pas rendue faible, mais forte de l'audace de qui est honnête, de qui a voulu redevenir honnête et qui a rompu tout lien avec le passé pour se faire une nouvelle vie.

Allons ! Qui vient voir Lazare ?" Elle est impérieuse comme une reine, elle les domine tous par sa franchise, impitoyable jusque contre elle-même. Marthe, au contraire, est angoissée, elle a des larmes dans ses yeux qui fixent en suppliant Marie pour qu'elle se taise.

"Moi, je viens !" dit avec un soupir de victime Elchias, faux comme un serpent.

Ils sortent ensemble. Les autres s'adressent à Marthe : "Ta sœur !... Toujours ce caractère. Elle ne devrait pas. Elle a tant à se faire pardonner" dit Uriel, le rabbi vu à Giscala, celui qui a frappé d'une pierre Jésus .

Marthe, sous le fouet de ces paroles, retrouve sa force et elle dit : "Dieu l'a pardonnée. Tout autre pardon est sans valeur après celui-là. Et sa vie actuelle est un exemple pour le monde." Mais l'audace de Marthe a vite fait de tomber et elle fait place aux pleurs. Elle gémit toute en larmes : "Vous êtes cruels ! Envers elle... et envers moi... Vous n'avez pas pitié, ni de la douleur passée, ni de la douleur actuelle. Pourquoi êtes-vous venus ? Pour offenser et faire souffrir ?"

"Non, femme. Non. Uniquement pour saluer le grand juif qui meurt. Pas pour autre chose ! Pas pour autre chose ! Tu ne dois pas mal interpréter nos intentions qui sont droites. Nous avons appris l'aggravation par Joseph et Nicodème et nous sommes venus... comme eux, les deux grands amis du Rabbi et de Lazare. Pourquoi voulez-vous nous traiter d'une manière différente, nous qui aimons comme eux le Rabbi et Lazare ? Vous n'êtes pas justes. Peux-tu peut-être dire qu'eux, ainsi que Jean, Eléazar, Philippe, Josué et Joachim, ne sont pas venus prendre des nouvelles de Lazare, et que Manaën aussi n'est pas venu ?..."

"Je ne dis rien, mais je m'étonne que vous soyez si bien informés de tout. Je ne pensais pas que même l'intérieur des maisons était surveillé par vous. Je ne savais pas qu'il existait un précepte nouveau en plus des six cent treize : celui d'enquêter, d'épier l'intimité des familles... Oh ! excusez ! Je vous offense ! La douleur m'affole et vous l'exaspérez."

"Oh ! Nous te comprenons, femme ! Et c'est parce que nous avons pensé que vous étiez affolées que nous sommes venus vous donner un bon conseil. Envoyez chercher le Maître. Même hier sept lépreux sont venus louer le Seigneur parce que le Rabbi les a guéris. Appelez-le aussi pour Lazare."

"Il n'est pas lépreux, mon frère, crie Marthe bouleversée. C'est pour cela que vous avez voulu le voir ? C'est pour cela que vous êtes venus ? Non. Il n'est pas lépreux ! Regardez mes mains ! Je le soigne depuis des années et il n'y a pas de lèpre sur moi. J'ai la peau rougie par les aromates, mais je n'ai pas de lèpre. Je ne..."

"Paix ! Paix, femme. Et qui te dit que Lazare est lépreux ? Et qui vous soupçonne d'un péchéaussi horrible que celui de cacher un lépreux ? Et crois-tu que, malgré votre puissance , nous ne vous aurions pas frappés si vous aviez péché ? Même sur le corps d'un père et d'une mère, d'une épouse et des enfants nous sommes capables de passer afin de faire respecter les préceptes. Je te le dis, moi, Jonathas d'Uziel."

"Mais certainement ! C'est ainsi ! dit Archélaüs. Et maintenant nous te disons, pour le bien que nous te voulons, pour l'amour que nous avions pour ta mère, pour l'amour que nous avons pour Lazare: appelez le Maître. Tu secoues la tête ? Veux-tu dire que désormais c'est trop tard ? Comment ? Tu n'as pas foi en Lui, toi, Marthe, disciple fidèle ? C'est grave cela ! Commences-tu, toi aussi, à douter ?"

"Tu blasphèmes, ô scribe. Moi, je crois au Maître comme au Dieu vrai."

"Et alors, pourquoi ne veux-tu pas essayer ? Lui a ressuscité les morts... Du moins c'est ce que l'on dit... Peut-être ne sais-tu pas où il est ? Si tu veux, nous allons le chercher, nous allons t'aider nous" insinue Félix.

"Mais non !" dit Sadoc pour l'éprouver. "Certainement dans la maison de Lazare on sait où est le Rabbi. Dis-le franchement, femme, et nous partirons à sa recherche et nous te l'amènerons, et nous serons présents au miracle pour jouir avec toi, avec vous tous."

Marthe est hésitante, presque tentée de céder. Les autres la pressent alors qu'elle dit : "Où il est je ne le sais pas... Je ne le sais pas vraiment... Il est parti il y a plusieurs jours et il nous a saluées comme quelqu'un qui part pour longtemps... Ce serait un réconfort pour moi de savoir où il est... Au moins de le savoir... Mais je ne le sais pas, en vérité..."

"Pauvre femme ! Mais nous t'aiderons... Nous te l'amènerons" dit Cornélius.

"Non ! Il ne faut pas. Le Maître... c'est de Lui que vous parlez, n'est-ce pas ? Le Maître a dit que nous devons espérer au-delà de ce qu'il est possible d'espérer, et en Dieu seul . Et nous le ferons" tonne Marie qui revient avec Elchias, qui la quitte tout de suite et se penche pour parler avec trois pharisiens.

"Mais il meurt, à ce que j'entends dire !" dit l'un de ces trois qui est Doras.

"Et avec cela ? Qu'il meure ! Je ne m'opposerai pas au décret de Dieu et je ne désobéirai pas au Rabbi."

"Et que veux-tu espérer au-delà de la mort, ô folle ?" dit l'hérodien en se moquant d'elle.

"Quoi ? La Vie !" C'est un cri de foi absolue.

"La Vie ? Ha ! Ha ! Sois sincère. Tu sais que devant une mort véritable son pouvoir est nul, et dans ton sot amour pour Lui, tu ne veux pas que cela paraisse."

"Sortez tous ! Ce serait à Marthe de le faire, mais elle vous craint. Moi je crains seulement d'offenser Dieu qui m'a pardonnée et je le fais donc à la place de Marthe. Sortez tous. Il n'y a pas de place dans cette maison pour ceux qui haïssent Jésus Christ. Dehors ! À vos tanières ténébreuses ! Dehors tous. Ou je vous ferai chasser par les serviteurs comme un troupeau de gueux immondes."

Elle est imposante dans sa colère. Les juifs s'esquivent, lâches à l'extrême, devant cette femme. Il est vrai que cette femme semble un archange irrité...

La salle se désencombre et les regards de Marie, à mesure qu'ils franchissent le seuil un par un en passant devant elle, créent une immatérielle fourche caudine sous laquelle doit s'abaisser l'orgueil des juifs vaincus. La salle reste vide finalement.

Marthe s'écrase sur le tapis et éclate en sanglots.

"Pourquoi pleures-tu, ma sœur ? Je n'en vois pas la raison..."

"Oh ! tu les as offensés... et eux t'ont offensée, nous ont offensées... et maintenant ils vont se venger... et..."

"Mais tais-toi, sotte femmelette ! Sur qui veux-tu qu'ils se vengent ? Sur Lazare ?

Auparavant ils doivent délibérer, et avant qu'ils décident... Oh ! on ne se venge pas sur un gulal ! Sur nous ? Et avons-nous besoin de leur pain pour vivre ? Nos biens, ils n'y toucheront pas. Sur eux se projette l'ombre de Rome. Et sur quoi alors ? Et même s'ils le pouvaient, ne sommes-nous pas deux femmes jeunes et fortes ? Ne pouvons-nous pas travailler ? Est-ce que peut-être Jésus n'est pas pauvre ? N'a-t-il pas été un ouvrier notre Jésus ? Ne serions-nous pas plus

semblables à Lui étant pauvres et travailleuses ? Mais glorifie-toi de le devenir ! Espère-le ! Demande-le à Dieu !"

"Mais ce qu'ils t'ont dit..."

"Ha ! Ha ! Ce qu'ils m'ont dit ! C'est la vérité. Je me le dis moi aussi. J'ai été une immonde. Maintenant je suis l'agnelle du Pasteur ! Et le passé est mort. Allons, viens auprès de Lazare."

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2008/08-002.htm
TOME : 8 /02



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Visage de J?sus Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

Message par Maud Sam 19 Juil 2014 - 7:15

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Maria_53


Marthe fait prévenir le Maître


Je me trouve encore dans la maison de Lazare et je vois que Marthe et Marie sortent dans le jardin pour accompagner un homme plutôt âgé, d'aspect très digne et je dirais que ce n'est pas un hébreu car il a le visage complètement rasé comme les romains.

Une fois qu'ils sont un peu éloignés de la maison, Marie lui demande : "Eh bien, Nicomède ? Que dis-tu de notre frère ? Nous le voyons très... malade... Parle."

L'homme ouvre les bras dans un geste de commisération qui constate le caractère inéluctable du fait, et il dit en s'arrêtant : "Il est très malade... Je ne vous ai jamais trompées depuis les premiers temps où je l'ai soigné. J'ai tout essayé, vous le savez. Mais cela n'a pas servi. J'ai aussi... espéré, oui, j'ai espéré qu'il pourrait au moins vivre en réagissant contre l'épuisement de la maladie grâce à la bonne nourriture et aux cordiaux que je lui préparais. J'ai essayé aussi des poisons indiqués pour préserver le sang de la corruption et pour soutenir les forces selon les vieux principes des grands maîtres de la médecine. Mais le mal est plus fort que les remèdes employés. Ces maladies sont une sorte de corrosion. Elles détruisent, et quand elles apparaissent à l'extérieur, l'intérieur des os est déjà envahi. Comme la sève d'un arbre monte du bas jusqu'au sommet, ainsi, dans ce cas, la maladie s'est étendue depuis le pied à tout le corps..."

"Mais il n'a que les jambes de malades..." dit Marthe en gémissant.

"Oui. Mais la fièvre détruit là où vous pensez qu'il n'y a que santé. Regardez cette petite branche tombée de cet arbre: elle paraît rongée ici près de la cassure. Mais, voilà... (il la brise entre ses doigts). Voyez-vous ? Sous l'écorce lisse, il y a la carie jusqu'à l'extrémité qui semble encore vivante parce qu'il y a encore des petites feuilles. Lazare, désormais est... mourant, pauvres sœurs ! Le Dieu de vos pères, les dieux et les demi-dieux de notre médecine n'ont rien pu faire... ou voulu faire. Je parle de votre Dieu... Et donc... oui, je prévois que désormais la mort est très proche à cause aussi de l'augmentation de la fièvre, symptôme de la corruption entrée dans le sang, des mouvements désordonnés du cœur et de l'absence de stimulations et de réactions chez le malade et dans tous ses organes. Vous voyez ! Il ne se nourrit plus, il ne retient pas le peu qu'il prend, et il n'assimile pas ce qu'il retient. C'est la fin...
Et — croyez à un médecin qui vous est reconnaissant en souvenir de Théophile — et ce qu'il faut plutôt désirer, c'est la mort désormais... Ce sont des maux effroyables.

Depuis des milliers d'années ils détruisent l'homme et l'homme n'arrive pas à les détruire. Les dieux seuls le pourraient si..." Il s'arrête, les regarde en passant ses doigts sur son menton rasé. Il réfléchit puis il dit : "Pourquoi n'appelez-vous pas le Galiléen ? C'est votre ami. Lui peut, car il peut tout. J'ai contrôlé des personnes qui étaient condamnées et qui sont guéries. Il sort de Lui une force étrange. Un fluide mystérieux qui ranime et rassemble les réactions dispersées et leur impose de vouloir guérir... Je ne sais pas, Je sais que je l'ai suivi aussi, en restant mêlé à la foule, et j'ai vu des choses merveilleuses... Appelez-le. Moi, je suis un gentil, mais j'honore le Thaumaturge mystérieux de votre peuple. Et je serais heureux si Lui pouvait ce que moi je n'ai pas pu."

"Lui est Dieu, Nicomède. Il peut donc tout. La force que tu appelles fluide, c'est sa volonté de Dieu" dit Marie.

"Je ne me moque pas de votre foi. Au contraire je la pousse à grandir jusqu'à l'impossible. Du reste... On lit que les dieux sont descendus parfois sur la Terre. Moi... je n'y avais jamais cru... Mais avec la science et la conscience d'homme et de médecin, je dois dire qu'il en est ainsi, car le Galiléen opère des guérisons que seul un dieu peut opérer."

"Non pas un dieu, Nicomède. Le vrai Dieu" insiste Marie.

"C'est bien. Comme tu veux. Et moi je croirai en Lui et je deviendrai son disciple si je vois que Lazare... ressuscite. Car désormais, plutôt que de guérison, c'est de résurrection qu'il faut parler. Appelez-le donc et d'urgence... car, si je ne suis pas devenu idiot, il mourra tout au plus d'ici le troisième crépuscule à partir de celui-ci. J'ai dit "tout au plus". Ce pourrait être avant, désormais."

"Oh ! si nous pouvions ! Mais nous ne savons pas où il est..." dit Marthe.

"Moi, je le sais. C'est un de ses disciples qui me l'a dit et qui allait le rejoindre en accompagnant des malades, et deux étaient des miens. Il est au-delà du Jourdain, près du gué. C'est ce qu'il a dit. Vous, peut-être, savez mieux l'endroit."

"Ah ! dans la maison de Salomon, certainement !" dit Marie.

"C'est très loin ?"

"Non, Nicomède."

"Et alors, envoyez-lui tout de suite un serviteur pour Lui dire de venir. Je vais revenir plus tard et je reste ici pour voir son action sur Lazare. Salut, dominae. Et... réconfortez-vous mutuellement." Il s'incline et s'en va vers la sortie où un serviteur l'attend pour tenir son cheval et lui ouvrir le portail.

"Que faisons-nous, Marie ?" demande Marthe après avoir vu partir le médecin.
"Nous obéissons au Maître. Il a dit de le faire appeler après la mort de Lazare. Et nous le ferons."

"Mais, une fois qu'il va être mort... à quoi servira-t-il d'avoir le Maître ici ? Pour notre cœur, oui, ce sera utile. Mais pour Lazare !... J'envoie un serviteur l'appeler."

"Non. Tu détruirais le miracle. Lui a dit de savoir espérer et croire contre toute réalité contraire. Et si nous le faisons, nous aurons le miracle, j'en suis sûre. Si nous ne savons pas le faire, Dieu nous laissera avec notre présomption de vouloir faire mieux que Lui, et Il ne nous accordera rien."

"Mais tu ne vois pas combien souffre Lazare ? Tu ne te rends pas compte comment, dans les moments où il est conscient, il désire le Maître ? Tu n'as pas de cœur, toi, de refuser cette dernière joie à notre pauvre frère !... Notre pauvre frère ! Notre pauvre frère ! Bientôt nous n'aurons plus de frère ! Plus de père, plus de mère, plus de frère ! La maison détruite, et nous seules, comme deux palmiers dans un désert." Elle est prise d'une crise de douleur, je dirais même d'une crise de nerfs toute orientale, et elle s'agite, se frappant le visage et se décoiffant.

Marie la saisit, lui impose : "Tais-toi ! Tais-toi, te dis-je ! Il peut entendre. Je l'aime plus et mieux que toi et je sais me dominer. Tu sembles une femmelette malade. Tais-toi, dis-je ! Ce n'est pas par cette agitation que l'on change les destinées, ni non plus que l'on émeut les cœurs. Si tu le fais pour émouvoir le mien, tu te trompes. Penses-y bien. Le mien se brise dans l'obéissance. Mais il tient bon par elle."

Marthe, dominée par la force de sa sœur et par ses paroles, se calme quelque peu. Mais dans sa douleur, plus calme maintenant, elle gémit en appelant sa mère : "Maman ! Oh ! maman, console-moi. Il n'y a plus de paix en moi depuis que tu es morte. Si tu étais ici, maman ! Si le chagrin ne t'avait pas tuée ! Si tu étais ici, tu nous guiderais et nous t'obéirions pour le bien de tous... Oh !..."

Marie change de couleur. Sans faire de bruit elle pleure le visage angoissé et se tordant les mains sans parler.

Marthe la regarde et elle dit: "Notre mère, quand elle fut près de mourir, me fit promettre que je serais une mère pour Lazare. Si elle était ici..."

"Elle obéirait au Maître, car c'était une femme juste. C'est inutilement que tu essaies de m'émouvoir. Dis-moi donc que j'ai assassiné ma mère par les douleurs que je lui ai données. Je te dirai: "Tu as raison". Mais si tu veux me faire dire que tu as raison de vouloir le Maître, je te dis: "Non". Et je dirai toujours : "Non". Et je suis certaine que du sein d'Abraham elle m'approuve et me bénit. Allons à la maison."

"Plus rien ! Plus rien !"

"Tout ! C'est tout que tu devrais dire. En vérité tu écoutes le Maître et tu sembles attentive pendant qu'il parle, mais ensuite tu ne te rappelles pas ce qu'il dit. Ne nous a-t-il pas toujours dit qu'aimer et obéir nous rend fils de Dieu et héritiers de son Royaume ? Et alors comment peux-tu dire que nous allons rester sans plus rien, si nous avons Dieu et si nous possédons le Royaume grâce à notre fidélité ? Oh ! comme, en vérité, il faut être absolues, comme je l'ai été, dans le mal, pour pouvoir être aussi, et savoir, et vouloir être absolues dans le bien, dans l'obéissance, dans l'espérance, dans la foi, dans l'amour !..."

"Tu permets aux juifs de se moquer du Maître et de faire des insinuations sur son compte. Tu les as entendus avant-hier..."

"Et tu penses encore aux croassements de ces corneilles et aux cris de ces vautours ? Mais laisse-les cracher ce qu'ils ont en eux ! Que t'importe le monde ? Qu'est le monde par rapport à Dieu ? Regarde : moins que ce taon dégoûtant, engourdi par le froid ou empoisonné pour avoir sucé des ordures et que j'écrase ainsi" et elle donne un énergique coup de talon à un taon qui chemine lentement sur le gravier du sentier. Puis elle prend Marthe par le bras en disant: "Allons, viens à la maison et..."

"Au moins faisons le savoir au Maître. Envoyons Lui dire qu'il est mourant, sans dire autre chose..."

"Comme s'il avait besoin de l'apprendre de nous ! Non, ai-je dit, C'est inutile. Lui a dit : "Quand il sera mort, faites-le-moi savoir". Et nous le ferons. Pas avant."

"Personne, personne n'a pitié de ma douleur ! Et toi moins que tous..."

"Et cesse de pleurer ainsi. Je ne puis le supporter..." Dans sa douleur elle se mord les lèvres pour donner du courage à sa sœur et ne pas pleurer elle aussi.

Marcelle sort en courant de la maison, suivie de Maximin : "Marthe ! Marie ! Accourez ! Lazare est mal, il ne répond plus..."

Les deux sœurs arrivent en courant pour entrer dans la maison... et après un moment, on entend la forte voix de Marie qui donne des ordres pour les secours qui s'imposent et on voit les serviteurs qui accourent avec des cordiaux et des bassins d'eau bouillante, et on entend des chuchotements et on voit des gestes de douleur...

Le calme revient tout doucement après tant d'agitation. On voit les serviteurs qui parlotent entre eux, moins agités, mais qui ponctuent leurs dires par des gestes qui marquent un grand découragement. Certains hochent la tête, d'autres ouvrent les bras et les lèvent vers le ciel comme pour dire: "C'est ainsi", d'autres pleurent et d'autres encore veulent espérer un miracle.

Voici de nouveau Marthe, pâle comme une morte. Elle regarde derrière elle pour voir si on la suit. Elle regarde les serviteurs qui se serrent anxieux autour d'elle. Elle se tourne pour regarder si de la maison il sort quelqu'un pour la suivre. Puis elle dit à un serviteur : "Toi ! Viens avec moi."

Le serviteur se détache du groupe et la suit vers la tonnelle des jasmins et y entre. Marthe parle sans quitter des yeux la maison qu'elle peut voir à travers l'entrelacement des branches :

"Écoute bien. Quand tous les serviteurs vont être rentrés, et que je leur aurai donné des ordres pour qu'ils soient occupés dans la maison, tu iras aux écuries, tu prendras un cheval des plus rapides, tu le selleras... Si par hasard quelqu'un te voit, dis que tu vas chercher le médecin... Tu ne mens pas et je ne t'apprends pas à mentir car vraiment je t'envoie au Médecin béni... Prends avec toi de l'avoine pour la bête et de la nourriture pour toi et cette bourse pour tout ce qui pourrait arriver. Sors par la petite porte et passe par les champs labourés pour que les sabots ne fassent pas de bruit. Éloigne-toi de la maison, puis prends la route de Jéricho et galope sans jamais t'arrêter, même la nuit. As-tu compris ? Sans jamais t'arrêter. La nouvelle lune éclairera ta route si l'obscurité vient pendant que tu galopes encore. Pense que la vie de ton maître est entre tes mains et dépend de ta rapidité. Je me fie à toi."

"Maîtresse, je te servirai comme un esclave fidèle."

"Va au gué de Béthabara. Passe-le et va au village après Béthanie d'au-delà du Jourdain. Sais-tu ? Là où Jean baptisait au début."

"Je sais. J'y suis allé moi aussi pour me purifier."

"Dans ce village se trouve le Maître. Tout le monde t'indiquera la maison où il habite. Mais, si au lieu de suivre la route principale, tu suis les rives du fleuve, cela vaut mieux. On te voit moins et tu trouves la maison par toi-même. C'est la première de l'unique route du village qui va de la campagne au fleuve. Tu ne peux te tromper: une maison basse sans terrasse ni chambre du haut, avec le jardin qui se trouve, quand on vient du fleuve, avant la maison, un jardin fermé par un petit portail de bois et une haie d'aubépine, je crois, une haie en somme. Tu as compris ? Répète."

Le serviteur répète patiemment.

"C'est bien. Demande de parler avec Lui, avec Lui seul, et dis-lui que tes maîtresses t'envoient pour Lui dire que Lazare est très malade, qu'il va mourir, que nous n'en pouvons plus, que Lazare veut le voir et qu'il vienne tout de suite, tout de suite par pitié. As-tu bien compris ?"

"J'ai compris, maîtresse."

"Et ensuite, reviens tout de suite, de façon que personne ne remarque trop ton absence. Prends une lanterne avec toi pour les heures sombres. Va, cours, galope, crève le cheval, mais reviens vite avec la réponse du Maître."

"Je le ferai, maîtresse."

"Va ! Va ! Tu vois ? Ils sont déjà tous rentrés dans la maison. Va tout de suite. Personne ne te verra faire les préparatifs. Je te porterai moi-même la nourriture. Va, je te la mettrai au seuil du petit portail. Va ! Et que Dieu soit avec toi. Va !..."

Elle le pousse, anxieuse, et puis court rapidement à la maison en prenant toutes les précautions et tout de suite après se glisse au dehors par une porte secondaire, du côté sud, avec un petit sac dans les mains, rase une haie jusqu'à la première ouverture, tourne, disparaît...

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2008/08-003.htm
TOME : 8 / 03
https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t18376-oeuvre-de-maria-valtorta-presentation-des-disciples-de-jesus

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Visage de J?sus Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

Message par Maud Lun 21 Juil 2014 - 6:45

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 28 Maria_54


Marthe fait prévenir le Maître


Je me trouve encore dans la maison de Lazare et je vois que Marthe et Marie sortent dans le jardin pour accompagner un homme plutôt âgé, d'aspect très digne et je dirais que ce n'est pas un hébreu car il a le visage complètement rasé comme les romains.

Une fois qu'ils sont un peu éloignés de la maison, Marie lui demande : "Eh bien, Nicomède ? Que dis-tu de notre frère ? Nous le voyons très... malade... Parle."

L'homme ouvre les bras dans un geste de commisération qui constate le caractère inéluctable du fait, et il dit en s'arrêtant : "Il est très malade... Je ne vous ai jamais trompées depuis les premiers temps où je l'ai soigné. J'ai tout essayé, vous le savez. Mais cela n'a pas servi. J'ai aussi... espéré, oui, j'ai espéré qu'il pourrait au moins vivre en réagissant contre l'épuisement de la maladie grâce à la bonne nourriture et aux cordiaux que je lui préparais. J'ai essayé aussi des poisons indiqués pour préserver le sang de la corruption et pour soutenir les forces selon les vieux principes des grands maîtres de la médecine. Mais le mal est plus fort que les remèdes employés. Ces maladies sont une sorte de corrosion. Elles détruisent, et quand elles apparaissent à l'extérieur, l'intérieur des os est déjà envahi. Comme la sève d'un arbre monte du bas jusqu'au sommet, ainsi, dans ce cas, la maladie s'est étendue depuis le pied à tout le corps..."

"Mais il n'a que les jambes de malades..." dit Marthe en gémissant.

"Oui. Mais la fièvre détruit là où vous pensez qu'il n'y a que santé. Regardez cette petite branche tombée de cet arbre: elle paraît rongée ici près de la cassure. Mais, voilà... (il la brise entre ses doigts). Voyez-vous ? Sous l'écorce lisse, il y a la carie jusqu'à l'extrémité qui semble encore vivante parce qu'il y a encore des petites feuilles. Lazare, désormais est... mourant, pauvres sœurs ! Le Dieu de vos pères, les dieux et les demi-dieux de notre médecine n'ont rien pu faire... ou voulu faire. Je parle de votre Dieu... Et donc... oui, je prévois que désormais la mort est très proche à cause aussi de l'augmentation de la fièvre, symptôme de la corruption entrée dans le sang, des mouvements désordonnés du cœur et de l'absence de stimulations et de réactions chez le malade et dans tous ses organes. Vous voyez ! Il ne se nourrit plus, il ne retient pas le peu qu'il prend, et il n'assimile pas ce qu'il retient. C'est la fin...

Et — croyez à un médecin qui vous est reconnaissant en souvenir de Théophile — et ce qu'il faut plutôt désirer, c'est la mort désormais... Ce sont des maux effroyables.

Depuis des milliers d'années ils détruisent l'homme et l'homme n'arrive pas à les détruire. Les dieux seuls le pourraient si..." Il s'arrête, les regarde en passant ses doigts sur son menton rasé. Il réfléchit puis il dit : "Pourquoi n'appelez-vous pas le Galiléen ? C'est votre ami. Lui peut, car il peut tout. J'ai contrôlé des personnes qui étaient condamnées et qui sont guéries. Il sort de Lui une force étrange. Un fluide mystérieux qui ranime et rassemble les réactions dispersées et leur impose de vouloir guérir... Je ne sais pas, Je sais que je l'ai suivi aussi, en restant mêlé à la foule, et j'ai vu des choses merveilleuses... Appelez-le. Moi, je suis un gentil, mais j'honore le Thaumaturge mystérieux de votre peuple. Et je serais heureux si Lui pouvait ce que moi je n'ai pas pu."

"Lui est Dieu, Nicomède. Il peut donc tout. La force que tu appelles fluide, c'est sa volonté de Dieu" dit Marie.

"Je ne me moque pas de votre foi. Au contraire je la pousse à grandir jusqu'à l'impossible. Du reste... On lit que les dieux sont descendus parfois sur la Terre. Moi... je n'y avais jamais cru... Mais avec la science et la conscience d'homme et de médecin, je dois dire qu'il en est ainsi, car le Galiléen opère des guérisons que seul un dieu peut opérer."

"Non pas un dieu, Nicomède. Le vrai Dieu" insiste Marie.

"C'est bien. Comme tu veux. Et moi je croirai en Lui et je deviendrai son disciple si je vois que Lazare... ressuscite. Car désormais, plutôt que de guérison, c'est de résurrection qu'il faut parler. Appelez-le donc et d'urgence... car, si je ne suis pas devenu idiot, il mourra tout au plus d'ici le troisième crépuscule à partir de celui-ci. J'ai dit "tout au plus". Ce pourrait être avant, désormais."

"Oh ! si nous pouvions ! Mais nous ne savons pas où il est..." dit Marthe.

"Moi, je le sais. C'est un de ses disciples qui me l'a dit et qui allait le rejoindre en accompagnant des malades, et deux étaient des miens. Il est au-delà du Jourdain, près du gué. C'est ce qu'il a dit. Vous, peut-être, savez mieux l'endroit."

"Ah ! dans la maison de Salomon, certainement !" dit Marie.

"C'est très loin ?"

"Non, Nicomède."

"Et alors, envoyez-lui tout de suite un serviteur pour Lui dire de venir. Je vais revenir plus tard et je reste ici pour voir son action sur Lazare. Salut, dominae. Et... réconfortez-vous mutuellement." Il s'incline et s'en va vers la sortie où un serviteur l'attend pour tenir son cheval et lui ouvrir le portail.

"Que faisons-nous, Marie ?" demande Marthe après avoir vu partir le médecin.
"Nous obéissons au Maître. Il a dit de le faire appeler après la mort de Lazare. Et nous le ferons."

"Mais, une fois qu'il va être mort... à quoi servira-t-il d'avoir le Maître ici ? Pour notre cœur, oui, ce sera utile. Mais pour Lazare !... J'envoie un serviteur l'appeler."

"Non. Tu détruirais le miracle. Lui a dit de savoir espérer et croire contre toute réalité contraire. Et si nous le faisons, nous aurons le miracle, j'en suis sûre. Si nous ne savons pas le faire, Dieu nous laissera avec notre présomption de vouloir faire mieux que Lui, et Il ne nous accordera rien."

"Mais tu ne vois pas combien souffre Lazare ? Tu ne te rends pas compte comment, dans les moments où il est conscient, il désire le Maître ? Tu n'as pas de cœur, toi, de refuser cette dernière joie à notre pauvre frère !... Notre pauvre frère ! Notre pauvre frère ! Bientôt nous n'aurons plus de frère ! Plus de père, plus de mère, plus de frère ! La maison détruite, et nous seules, comme deux palmiers dans un désert." Elle est prise d'une crise de douleur, je dirais même d'une crise de nerfs toute orientale, et elle s'agite, se frappant le visage et se décoiffant.

Marie la saisit, lui impose : "Tais-toi ! Tais-toi, te dis-je ! Il peut entendre. Je l'aime plus et mieux que toi et je sais me dominer. Tu sembles une femmelette malade. Tais-toi, dis-je ! Ce n'est pas par cette agitation que l'on change les destinées, ni non plus que l'on émeut les cœurs. Si tu le fais pour émouvoir le mien, tu te trompes. Penses-y bien. Le mien se brise dans l'obéissance. Mais il tient bon par elle."

Marthe, dominée par la force de sa sœur et par ses paroles, se calme quelque peu. Mais dans sa douleur, plus calme maintenant, elle gémit en appelant sa mère : "Maman ! Oh ! maman, console-moi. Il n'y a plus de paix en moi depuis que tu es morte. Si tu étais ici, maman ! Si le chagrin ne t'avait pas tuée ! Si tu étais ici, tu nous guiderais et nous t'obéirions pour le bien de tous... Oh !..."

Marie change de couleur. Sans faire de bruit elle pleure le visage angoissé et se tordant les mains sans parler.

Marthe la regarde et elle dit: "Notre mère, quand elle fut près de mourir, me fit promettre que je serais une mère pour Lazare. Si elle était ici..."

"Elle obéirait au Maître, car c'était une femme juste. C'est inutilement que tu essaies de m'émouvoir. Dis-moi donc que j'ai assassiné ma mère par les douleurs que je lui ai données. Je te dirai: "Tu as raison". Mais si tu veux me faire dire que tu as raison de vouloir le Maître, je te dis: "Non". Et je dirai toujours : "Non". Et je suis certaine que du sein d'Abraham elle m'approuve et me bénit. Allons à la maison."

"Plus rien ! Plus rien !"

"Tout ! C'est tout que tu devrais dire. En vérité tu écoutes le Maître et tu sembles attentive pendant qu'il parle, mais ensuite tu ne te rappelles pas ce qu'il dit. Ne nous a-t-il pas toujours dit qu'aimer et obéir nous rend fils de Dieu et héritiers de son Royaume ? Et alors comment peux-tu dire que nous allons rester sans plus rien, si nous avons Dieu et si nous possédons le Royaume grâce à notre fidélité ? Oh ! comme, en vérité, il faut être absolues, comme je l'ai été, dans le mal, pour pouvoir être aussi, et savoir, et vouloir être absolues dans le bien, dans l'obéissance, dans l'espérance, dans la foi, dans l'amour !..."

"Tu permets aux juifs de se moquer du Maître et de faire des insinuations sur son compte. Tu les as entendus avant-hier..."

"Et tu penses encore aux croassements de ces corneilles et aux cris de ces vautours ? Mais laisse-les cracher ce qu'ils ont en eux ! Que t'importe le monde ? Qu'est le monde par rapport à Dieu ? Regarde : moins que ce taon dégoûtant, engourdi par le froid ou empoisonné pour avoir sucé des ordures et que j'écrase ainsi" et elle donne un énergique coup de talon à un taon qui chemine lentement sur le gravier du sentier. Puis elle prend Marthe par le bras en disant: "Allons, viens à la maison et..."

"Au moins faisons le savoir au Maître. Envoyons Lui dire qu'il est mourant, sans dire autre chose..."

"Comme s'il avait besoin de l'apprendre de nous ! Non, ai-je dit, C'est inutile. Lui a dit : "Quand il sera mort, faites-le-moi savoir". Et nous le ferons. Pas avant."

"Personne, personne n'a pitié de ma douleur ! Et toi moins que tous..."

"Et cesse de pleurer ainsi. Je ne puis le supporter..." Dans sa douleur elle se mord les lèvres pour donner du courage à sa sœur et ne pas pleurer elle aussi.

Marcelle sort en courant de la maison, suivie de Maximin : "Marthe ! Marie ! Accourez ! Lazare est mal, il ne répond plus..."

Les deux sœurs arrivent en courant pour entrer dans la maison... et après un moment, on entend la forte voix de Marie qui donne des ordres pour les secours qui s'imposent et on voit les serviteurs qui accourent avec des cordiaux et des bassins d'eau bouillante, et on entend des chuchotements et on voit des gestes de douleur...

Le calme revient tout doucement après tant d'agitation. On voit les serviteurs qui parlotent entre eux, moins agités, mais qui ponctuent leurs dires par des gestes qui marquent un grand découragement. Certains hochent la tête, d'autres ouvrent les bras et les lèvent vers le ciel comme pour dire: "C'est ainsi", d'autres pleurent et d'autres encore veulent espérer un miracle.

Voici de nouveau Marthe, pâle comme une morte. Elle regarde derrière elle pour voir si on la suit. Elle regarde les serviteurs qui se serrent anxieux autour d'elle. Elle se tourne pour regarder si de la maison il sort quelqu'un pour la suivre. Puis elle dit à un serviteur : "Toi ! Viens avec moi."

Le serviteur se détache du groupe et la suit vers la tonnelle des jasmins et y entre. Marthe parle sans quitter des yeux la maison qu'elle peut voir à travers l'entrelacement des branches :

"Écoute bien. Quand tous les serviteurs vont être rentrés, et que je leur aurai donné des ordres pour qu'ils soient occupés dans la maison, tu iras aux écuries, tu prendras un cheval des plus rapides, tu le selleras... Si par hasard quelqu'un te voit, dis que tu vas chercher le médecin... Tu ne mens pas et je ne t'apprends pas à mentir car vraiment je t'envoie au Médecin béni... Prends avec toi de l'avoine pour la bête et de la nourriture pour toi et cette bourse pour tout ce qui pourrait arriver. Sors par la petite porte et passe par les champs labourés pour que les sabots ne fassent pas de bruit. Éloigne-toi de la maison, puis prends la route de Jéricho et galope sans jamais t'arrêter, même la nuit. As-tu compris ? Sans jamais t'arrêter. La nouvelle lune éclairera ta route si l'obscurité vient pendant que tu galopes encore. Pense que la vie de ton maître est entre tes mains et dépend de ta rapidité. Je me fie à toi."

"Maîtresse, je te servirai comme un esclave fidèle."

"Va au gué de Béthabara. Passe-le et va au village après Béthanie d'au-delà du Jourdain. Sais-tu ? Là où Jean baptisait au début."

"Je sais. J'y suis allé moi aussi pour me purifier."

"Dans ce village se trouve le Maître. Tout le monde t'indiquera la maison où il habite. Mais, si au lieu de suivre la route principale, tu suis les rives du fleuve, cela vaut mieux. On te voit moins et tu trouves la maison par toi-même. C'est la première de l'unique route du village qui va de la campagne au fleuve. Tu ne peux te tromper: une maison basse sans terrasse ni chambre du haut, avec le jardin qui se trouve, quand on vient du fleuve, avant la maison, un jardin fermé par un petit portail de bois et une haie d'aubépine, je crois, une haie en somme. Tu as compris ? Répète."

Le serviteur répète patiemment.

"C'est bien. Demande de parler avec Lui, avec Lui seul, et dis-lui que tes maîtresses t'envoient pour Lui dire que Lazare est très malade, qu'il va mourir, que nous n'en pouvons plus, que Lazare veut le voir et qu'il vienne tout de suite, tout de suite par pitié. As-tu bien compris ?"

"J'ai compris, maîtresse."

"Et ensuite, reviens tout de suite, de façon que personne ne remarque trop ton absence. Prends une lanterne avec toi pour les heures sombres. Va, cours, galope, crève le cheval, mais reviens vite avec la réponse du Maître."

"Je le ferai, maîtresse."

"Va ! Va ! Tu vois ? Ils sont déjà tous rentrés dans la maison. Va tout de suite. Personne ne te verra faire les préparatifs. Je te porterai moi-même la nourriture. Va, je te la mettrai au seuil du petit portail. Va ! Et que Dieu soit avec toi. Va !..."

Elle le pousse, anxieuse, et puis court rapidement à la maison en prenant toutes les précautions et tout de suite après se glisse au dehors par une porte secondaire, du côté sud, avec un petit sac dans les mains, rase une haie jusqu'à la première ouverture, tourne, disparaît...

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2008/08-003.htm
TOME : 8 / 03
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Visage de J?sus Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

Message par François_1 Lun 21 Juil 2014 - 16:51

Maud a écrit:Et moi je croirai en Lui et je deviendrai son disciple si je vois que Lazare... ressuscite.
Dans notre difficulté de croire parfois nous voulons tous voir des signes de la part de Dieu.

Thomas ne croyait pas que Jésus était ressuscité et avait besoin de toucher ses plaies. Les scribes et les pharisiens demandaient des signes à Jésus. Des jeunes de nos jours m'ont dit quelques fois: "quand je verrai, je croirai".

Pourtant, Jésus a bien dit "Heureux ceux qui croient sans avoir vu" (Jn 20, 29).

Demandons-Lui le beau cadeau de la foi sans nécessairement avoir vu de signes.

Merci Maud pour ce partage quotidien de cette œuvre de M. Valtorta.

Bonne journée!

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