Vatican II et l'unité et l'unicité de l'Eglise
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Vatican II et l'unité et l'unicité de l'Eglise
Voici la première partie d'une conférence sur quelques "Aspects de l'ecclésiologie catholique dans la réception de Vatican II" de Mgr Guido Pozzo, Secrétaire de la Commission Pontificale Ecclesia Dei, donnée aux prêtres européens de la Fraternité Saint-Pierre le vendredi 2 juillet 2010 à Wigratzbad.
Ce même jour, Mgr Pozzo a célébré une messe solennelle à l’église de Maria Thann en présence de plus d’une centaine de prêtres et séminaristes de la Fraternité. Le lendemain eurent lieu les ordinations sacerdotales conférées par la Cardinal Cañizares à cinq diacres.
Ce même jour, Mgr Pozzo a célébré une messe solennelle à l’église de Maria Thann en présence de plus d’une centaine de prêtres et séminaristes de la Fraternité. Le lendemain eurent lieu les ordinations sacerdotales conférées par la Cardinal Cañizares à cinq diacres.
[b]C'est vraiment difficile d'imaginer un plus grand contraste existant d'une part entre les documents officiels de Vatican II, le Magistère postérieur des Papes, les interventions de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, et d'autre part, tant d'idées ou de déclarations ambiguës, douteuses et souvent contraires à la saine doctrine catholique, qui se sont multipliées dans des milieux catholiques et en général dans l'opinion publique.
Quand nous parlons du Concile Vatican II et de sa réception, le point essentiel de référence devrait maintenant être unique, celui que le Magistère papal a exprimé très clairement et sans ambiguïté. Lors de son Discours à la Curie Romaine du 22 Décembre, le pape Benoît XVI a déclaré: « La question suivante apparaît : pourquoi l'accueil du Concile, dans de grandes parties de l'Eglise, s'est-il jusqu'à présent déroulé de manière aussi difficile? Eh bien, tout dépend de la juste interprétation du Concile ou - comme nous le dirions aujourd'hui - de sa juste herméneutique, de la juste clef de lecture et d'application.
Les problèmes de la réception sont nés du fait que deux herméneutiques contraires se sont trouvées confrontées et sont entrées en conflit. L'une a causé de la confusion, l'autre, silencieusement mais de manière toujours plus visible, a porté et porte des fruits.
• D'un côté, il existe une interprétation que je voudrais appeler "herméneutique de la discontinuité et de la rupture"; celle-ci a souvent pu compter sur la sympathie des mass media, et également d'une partie de la théologie moderne.
• D'autre part, il y a l'"herméneutique de la réforme", du renouveau dans la continuité de l'unique sujet-Eglise, que le Seigneur nous a donné; c'est un sujet qui grandit dans le temps et qui se développe, restant cependant toujours le même, l'unique sujet du Peuple de Dieu en marche ».
(cf. Benedetto XVI, Insegnamenti, vol. I, 2005, Ed. Vaticana, Città del Vaticano 2006, pp. 1023 sg.).
Évidemment, si le Saint-Père parle de deux interprétations ou clés de lecture divergentes, l’une de la discontinuité ou rupture avec la tradition catholique, et l’autre du renouvellement dans la continuité, cela signifie que la question cruciale de la source, ou le point vraiment déterminant du travail de désorientation et de confusion qui a caractérisé et caractérise encore notre époque ne provient pas du Concile Vatican II en tant que tel, et qu’il n'est pas l’enseignement objectif contenu dans ses documents, mais c’est l'interprétation de cet enseignement.
Dans cet exposé je me propose de développer brièvement deux aspects particuliers, afin de mettre en évidence les points clés pour une interprétation correcte de la doctrine conciliaire, en confrontation aux déviations et équivoques causées par l’herméneutique de la discontinuité :
I. L'unité et l'unicité de l'Église catholique.
II. L'Eglise catholique et les religions en rapport avec le salut.
Dans ma conclusion, je voudrais faire enfin quelques considérations sur les causes de l'herméneutique de la discontinuité avec la Tradition, en particulier en soulignant la forma mentis qui la sous-tend.I. L'unité et l'unicité de l'Église catholique.
1. Contre l'opinion, partagée par de nombreux théologiens, que Vatican II a introduit des changements radicaux dans notre compréhension de l'Église, il convient de noter tout d'abord que le Concile reste sur le terrain de la tradition en ce qui concerne la doctrine de l'Eglise. Cela n’exclue pas toutefois que le Concile ait produit de nouvelles directives et explicité certains aspects spécifiques.
La nouveauté par rapport aux déclarations antérieures au Concile consiste déjà dans le fait que les relations de l'Eglise catholique avec les Églises orthodoxes et les communautés évangéliques nées de la Réforme luthérienne sont traitées comme une question distincte et dans un mode formellement positif, tandis que dans l’encyclique Mortalium animos de Pie XI (1928), par exemple, l'objectif était de délimiter et de distinguer clairement l'Eglise catholique des confessions chrétiennes non-catholiques.
2. Pourtant, en premier lieu, Vatican II insiste sur la position d’unité et d'unicité de la véritable Église, en référence à l'Eglise catholique existante : elle «est» cette seule Eglise du Christ, celle qu’on professe dans le symbole comme une, sainte, catholique et
apostolique » ( LG .
Deuxièmement, le Concile répond à la question de savoir où l’on peut trouver la véritable Église : « Cette Église, constituée et organisée en ce monde comme une société, subsiste dans l'Église catholique » (LG . Et pour éviter toute ambiguïté quant à l'identification de la véritable Eglise du Christ avec l'Eglise catholique, on ajoute que c'est l'Eglise « gouvernée par le Successeur de Pierre et les Évêques en communion avec lui » (LG . L'unique Eglise du Christ a donc dans l'Église catholique sa réalisation, son existence, sa stabilité. Il n'y a pas d’autre Église du Christ à côté de l'Eglise catholique. Avec cela on dit - au moins implicitement - que l'Eglise de Jésus-Christ n'est pas divisée en elle-même, ni même dans sa substance, et que son unité indivisible n'est pas annulée par les nombreuses divisions entre les chrétiens.
Cette doctrine de l'indivisibilité de l'Eglise du Christ, de son identification substantielle avec l’Eglise catholique, est réitérée dans les documents de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Mysterium Ecclesiae (1973), Dominus Iesus, 16 et 17 (2000) et dans les Réponses aux dubia sur certaines questions ecclésiologiques (2007).
L’expression Subsistit dans Lumen Gentium 8 signifie que l'Eglise du Christ ne s’est pas perdue dans les vicissitudes de l'histoire, mais continue d'exister comme un sujet unique et indivisible par l'Église catholique. L'Église du Christ subsiste, se retrouve et se reconnaît dans l'Eglise catholique. En ce sens, il y a une continuité parfaite avec la doctrine enseignée par le Magistère précédemment (Léon XIII, Pie XI et Pie XII).
3. Avec l'expression "subsistit in", la doctrine du Concile- conformément à la tradition catholique - entendait exactement exclure toute forme de relativisme ecclésiologique.
Dans le même temps le remplacement par le « subsistit in » de l’expression « est » utilisée par l’Encyclique Mystici Corporis de Pie XII, entendait affronter le problème œcuménique en mode plus direct et explicite que ce qui s’était fait dans le passé. Bien que l'Eglise soit une et se trouve en un seul sujet, il existe en dehors de ce sujet, des éléments ecclésiaux vrais et réels, qui, toutefois, étant propres à l'Eglise catholique, poussent vers l'unité catholique.
Le mérite du Concile est d’une part d'avoir exprimé l'unité, l'indivisibilité et la non multiplicité de l'Eglise catholique, et d’autre part d’avoir reconnu que, même chez les confessions chrétiennes non-catholiques existent des dons et des éléments qui ont le caractère ecclésial, et qui justifient et poussent à travailler pour le rétablissement de l'unité de tous les disciples du Christ.
L’affirmation d’être l'unique Eglise du Christ ne saurait être interprétée en effet au point de ne pas reconnaître la différence essentielle entre les fidèles du Christ baptisés non-catholiques, et les non-baptisés. On ne peut en effet mettre sur le même plan quant à la question de l'appartenance à l'Église, les chrétiens non-catholiques, et ceux qui n'ont pas reçu le baptême. L'Église catholique et les églises et communautés ecclésiales non catholiques ne sont pas dans un rapport de rien à tout, mais de communion partielle et pleine communion.
4. Le paradoxe, pour ainsi dire, de la différence entre l'unicité de l'Eglise catholique, et l’existence d’éléments véritablement ecclésiaux en dehors de cet unique sujet, reflète le caractère contradictoire de la division et du péché.
Mais cette division est quelque chose de totalement différent de la vision relativiste qui considère la division entre les chrétiens, non pas comme une rupture douloureuse, mais comme la manifestation de nombreuses variantes doctrinales du même thème, vision dans laquelle toutes les variations ou divergences seraient en quelque sorte justifiées et devrait être reconnues et acceptées comme des différences ou des divergences.
L'idée qui en dérive, c'est que l'œcuménisme devrait consister en la reconnaissance réciproque et respectueuse de la diversité, et le christianisme serait à la fin l’ensemble des fragments de la réalité chrétienne. Cette interprétation de la pensée conciliaire est une expression de la discontinuité ou rupture avec la tradition catholique, et représente une falsification profonde du Concile.
5. Pour retrouver une interprétation authentique du Concile dans la ligne d’une évolution dans la continuité substantielle avec la doctrine traditionnelle de l'Église, il convient de noter que les éléments de « sanctification et de vérité » que les autres Eglises et communautés chrétiennes ont en commun avec l'Église catholique, forment la base de la communion ecclésiale mutuelle, et le fondement qui caractérise cette communion de façon vraie, authentique et réelle.
Mais il serait nécessaire d'ajouter, pour être complet, que, en ce qu’elles ont de vrai, ces communautés ne se séparent pas de l'Église catholique mais en ce qui sépare ces communautés, cela les connote comme non-Eglise.
Par conséquent, ces communautés sont « un instrument du salut » (UR 3) pour la part qu'elles ont en commun avec l'Église catholique, et leurs fidèles en raison de cette partie commune peuvent obtenir le salut ; mais pour la partie qui est étrangère ou opposée à l'Église catholique, elles ne sont pas des instruments de salut (étant sauf ce qui relève de la conscience erronée invinciblement ; dans ce cas, l'erreur n'est pas imputable, même si elle est toujours classée comme conscience erronée) [cf. par exemple. le fait d'ordination de femmes à la prêtrise et l'épiscopat, ou l’ordination de personnes homosexuelles dans certaines communautés anglicanes ou vieille-catholiques] .
6. Vatican II enseigne que tous les baptisés en tant que tels sont incorporés au Christ (UR 3), mais en même temps, déclare qu'on ne peut parler que d'une « aliqua communio etsi non perfecta » (une certaine communion quoique non parfaite) entre les croyants dans le Christ et les baptisés non-catholiques d’une part, et l'Église catholique d’autre part (UR 3).
Le baptême constitue le lien sacramentel de l'unité des croyants dans le Christ. Toutefois, ce qui est affirmé n'est que le début et le commencement, pour ainsi dire, parce que le baptême tend intrinsèquement à l’acquisition de toute la vie dans le Christ. Par conséquent le baptême est ordonné à la profession intègre de foi, à la pleine communion dans l'institution de salut voulue par le Christ, qui est l'Église, et enfin à la pleine insertion dans la communion eucharistique (UR 22).
C'est tellement évident que l'appartenance à l’Eglise ne peut pas se maintenir pleinement, si la vie baptismale a ensuite un cours sacramentel et doctrinal objectivement défectueux et altéré. Une Église est pleinement identifiable seulement là où se trouvent réunis les éléments « sacrés » nécessaires et inaliénables qui la constituent comme Église: la succession apostolique (qui implique la communion avec le Successeur de Pierre), les sacrements, la Sainte Écriture.
Quand l’un de ces éléments manque ou est défectueusement présent, la réalité ecclésiale est altérée en proportion de l’absence constatée. En particulier, le terme « Eglise » peut légitimement être attribué aux Églises orientales séparées, et ne peut l’être pour les Communautés nées de la Réforme, parce que ces dernières n'ont pas la succession apostolique, et la perte de la plupart des sacrements, et spécialement de l’Eucharistie, blesse et affaiblit une partie substantielle de leur ecclésialité (cf. Dominus Iesus, 16 et 17).
7. L'Eglise catholique a en elle toute la vérité, parce qu’elle est le corps et l’épouse du Christ. Toutefois, elle ne la comprend pas pleinement. C’est pourquoi Elle doit être guidée par l'Esprit « dans la vérité toute entière » (Jn 16:13). Une chose est l’être, autre chose la connaissance plénière de l'être.
Ainsi, la recherche et la connaissance progressent et se développent. De même, les membres de l'Eglise catholique ne vivent pas toujours à la hauteur de sa vérité et de sa dignité. Ainsi, l'Eglise catholique peut se développer dans sa compréhension de la vérité, dans le sens de s’approprier en connaissance de cause et par la réflexion ce qu'elle est déjà ontologiquement et existentiellement.
Dans ce contexte, nous comprenons l'utilité et la nécessité du dialogue œcuménique, pour récupérer ce qui peut avoir été marginalisé ou obscurci dans certaines périodes historiques, et pour reprendre dans la synthèse de l’existence chrétienne des notions en partie oubliées. Le dialogue avec les non-catholiques n'est jamais stérile ou formel, en présupposant cependant que l'Église a conscience d'avoir en son Seigneur la plénitude de la vérité et des moyens de salut.
Ces précisions doctrinales aident à développer une théologie en pleine continuité avec la tradition et en même temps en lien avec l'orientation et l'approfondissement voulu par le Concile Vatican II et le Magistère successif jusqu’à ce jour.
jean-louis- Contre la Franc Maconnerie
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