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La survivance de Louis XVII

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Message par Her Jeu 15 Avr 2010 - 23:57

Bonjour,

Après avoir étudier toutes les possibilités proposées concernant la survivance de l'enfant du Temple qui aurait été substitué à plusieurs reprises, par plusieurs enfants successifs, je ne retiens qu'une seule version qui me paraisse réellement plausible :

Je crois que l'enfant du Temple a été définitivement libéré après le 9 thermidor, la mort de Robespierre qui avait toujours voulu le garder comme monnaie d'échange contre les puissances monarchiques étrangères.

Je crois que Louis XVII a été libéré à la demande de Joséphine de Beauharnais qui, contrairement à son époux, a eu la chance d'échapper à la guillotine et elle fut libérée de prison aussitôt après le 9 thermidor. Etant une des rares personne de la noblesse à avoir gardé la tête sur les épaules et les plus sur la terre de France, passé les horreurs de la terreur, elle devint très populaire au sein de la jet-set parisienne de l'époque qui, après des flots de sang, ne rêvait que de fêtes et d'amusements. Dans un premier, elle devint la maîtresse de Barras qui lui refusa cette faveur. Puis elle devint la maîtresse du jeune Buonaparté fraîchement arrivé sans le sou de Toulon. C'est lui qui accepta et qui fit plier Barras car ce dernier sournois et prudent avait ressenti les qualités et l'ambition politique de l'étoile montante.

*****************************

Wikipédia :

Marie-Josèphe-Rose de Tascher de La Pagerie, plus connue sous le nom de Joséphine de Beauharnais, née le 23 juin 1763 aux Trois-Îlets en Martinique et décédée le 29 mai 1814 à Rueil-Malmaison, fut la première épouse de l'Empereur Napoléon Ier de 1796 à 1809 et impératrice des Français et reine d'Italie de 1804 à 1809.

Marie-Josèphe-Rose Tascher de La Pagerie est la fille aînée de Joseph-Gaspard de Tascher de La Pagerie (1735-1791), chevalier, seigneur de La Pagerie, et de Rose Claire des Vergers de Sannois (1736-1807), issue d'une famille de riches colons martiniquais. Elle tiendrait son prénom de la dauphine Marie-Josèphe de Saxe (belle-fille de Louis XV et mère de Louis XVI, Louis XVIII et Charles X) dont son père a été page.

Au cours de l'année 1777, M. de Beauharnais, un ami de la famille, propose à M. de La Pagerie d'unir deux de leurs enfants : le vicomte Alexandre de Beauharnais et Catherine Désirée de La Pagerie. Malheureusement, lorsque cette demande parvient aux La Pagerie, la jeune fille souhaitée vient de mourir, emportée par la tuberculose. Alexandre accepte alors la main de l'aînée Rose, qui quitte son île natale pour l'épouser le 13 décembre 1779 à Noisy-le-Grand.

Si Alexandre cherche à se faire un nom, Rose, elle, est reçue dans les cercles de la noblesse et même aux chasses du comte d'Artois, frère du roi, les Tascher de la Pagerie étant d'extraction suffisamment ancienne pour avoir le droit de fréquenter la famille royale quand les Beauharnais ne le sont pas. Le mariage de Rose et d'Alexandre ne fut pas heureux, Alexandre multipliant les liaisons et faisant injustement porter à sa femme l'échec de leur mariage. Le couple se sépara à l'amiable en décembre 1785.

Cependant, le couple donna naissance à deux enfants :

Eugène-Rose (1781-1824), vice-roi d'Italie il épousa en 1806 Augusta-Amélie de Bavière (1788-1851), et fut à l'origine des ducs de Leuchtenberg dont plusieurs descendants épousèrent des monarques européens.
Hortense Eugénie Cécile (1783-1837), qui épousa en 1802 un frère de Napoléon Louis Bonaparte, plus tard roi de Hollande, et fut la mère de Napoléon III et du duc de Morny.
Élu député aus états généraux et même président de l'assemblée législative au moment de la fuite à varennes, Alexandre est arrêté sur l'ordre du Comité de sûreté générale en 1794, puis guillotiné . C'est presque par miracle que sa femme évita l'échafaud tant elle s'était (assez naïvement) exposée pour sauver des royalistes bien qu'elle ait mis son fils en apprentissage chez un menuisier pour faire peuple. Emprisonnée en avril 1794, elle est relâchée le 6 août.
À sa sortie de prison, sa beauté et ses amitiés liées pendant sa détention lui ouvrent les portes des salons à la mode. Elle est alors tellement pauvre qu'on la dispense, lors des soirées, d'apporter son pain comme cela se faisait alors. Malgré sa pauvreté, la citoyenne Beauharnais s'arrange toujours pour être bien mise, contractant des dettes dont elle règle les plus criantes en jouant probablement de ses charmes.
Nouant une grande amitié avec Thérésa Tallien, elle passe pour être une des « reines » du Directoire, et devient la maîtresse de Barras dont elle était follement éprise et qu'elle voulait épouser. Elle est alors une femme entretenue. Mais Barras, se détachant d'elle, cherche à s'en débarrasser et lui présente un officier en disponibilité, Napoléon Bonaparte, censé lui apporter une certaine stabilité financière et une position convenable dans le monde. La veuve Beauharnais accepte ce mariage sans amour de sa part, certainement peu convaincue au début des capacités de son époux à se tailler une place dans les sphères du pouvoir. Celui-ci, très épris, jaloux et possessif, transforme le deuxième prénom de sa promise, Josèphe, en Joséphine pour ne pas avoir à prononcer un prénom prononcé par les amants de sa femme...

Joséphine épousa civilement Bonaparte le 9 mars 1796 à Paris. Il a vingt-sept ans, elle en a six de plus. Les deux époux trichent sur leur âge et, très vite, soutenant son mari, elle devient un relais efficace pour le promouvoir à Paris quand il est en campagne. Ce fut en grande partie grâce à son épouse que Bonaparte fut nommé général en chef de l’armée d’Italie. Joséphine tire de substantiels revenus sur des marchés de fournitures plutôt douteux avec l'armée afin de subvenir à ses goûts luxueux. L'entente avec sa belle-famille est des plus mauvaises, la soeur préférée de Napoléon, Pauline, qui a le même âge qu'Hortense, l'appelle "la vieille".
Leur vie de couple fut orageuse sous le Directoire, à cause des infidélités chroniques de Joséphine, qui refusait de quitter Paris pour suivre Napoléon dans ses campagnes. Par la suite, la situation s’est inversée, Napoléon ne répugnait pas à prendre des maîtresses dans l'entourage de son épouse, et Joséphine, qui ne l'ignorait pas, devait subir la présence de ses rivales.

*****************************

Je pense que Joséphine de Beauharnais n'a pas souhaité la libération des deux enfants par ambition politique mais uniquement par humanité pour ces deux orphelins de père et de mère.

*****************************

Wikipédia :

À la suite des événements du 9 thermidor, Maximilien Robespierre, décrété hors la loi, fut exécuté le 10 thermidor de l’an II (28 juillet 1794). Il fut amené en charrette sur la place de la Révolution en compagnie de 21 de ses partisans, dont son frère et Saint-Just pour y être guillotiné.
71 personnes de plus seront exécutées le lendemain, essentiellement des membres de la Commune insurrectionnelle de Paris, 12 le surlendemain.

*****************************

Je pense que l'enfant fut confié au futur comte de Lavalette qui avait le même âge que Napoléon, qu'il nomma Ministre des Postes (c'est-à-dire du renseignement) et qu'il maria à une des nièces de Joséphine.

Pourquoi, à votre avis, Napoléon ne sait-il jamais intéressé à l'énigme de l'enfant du Temple alors qu'il a su extraire du Vatican le dossier des Templiers ? Réponse : Parce qu'il en connaissait toute la vérité !...

*****************************

Wikipédia :

Antoine-Marie Chamans, comte de Lavalette, né le 14 octobre 1769 à Paris et mort en 1830, est un militaire français, directeur général des Postes sous le Premier Empire de 1804 à 1814 et pendant les Cent-Jours.

Lavalette est né à Paris le 14 octobre 1769. Son père, limonadier, le destine d’abord à l’état ecclésiastique mais il préfère rentrer dans l’étude d’un procureur, afin de se préparer à la profession d’avocat au collège d'Harcourt Après de bonnes études, le jeune Antoine devient secrétaire du bibliothécaire de Louis XVI. Favorable aux idées de la Révolution, il se prononce en faveur en faveur de la famille royale lors des journées des 5 et 6 octobre 1789, 20 juin et 10 août 1792 et s’oppose aux mouvements populaires.

Il s’engage alors dans l’armée et devient officier d’état-major du général Custine en l’an II, puis aide-de-camp de Baraguey d’Hilliers l’année suivante. Le général Napoléon Bonaparte, après la bataille d'Arcole en fait son aide-de-camp en remplacement de Muiron, tué lors de la bataille.

Il assiste aux négociations des préliminaires de paix de Leoben en qualité de secrétaire ; puis, en l’an V, Bonaparte l’envoie à Paris étudier l’esprit public, afin de l’instruire des causes de la lutte qui venait d’éclater entre la majorité des conseils et le Directoire. Le Directoire ayant découvert le but de sa mission, voulut, par des menaces, le déterminer à lui livrer la correspondance de son général ; mais Lavalette préfére la brûler.

Lavalette épouse le 22 avril 1798 Émilie de Beauharnais (1781-1855), nièce de Joséphine de Beauharnais. Un mois après, le jeune marié partit pour l’Égypte.

Il revient en France avec Bonaparte peu avant coup d'État du 18 brumaire. En janvier 1800, il est envoyé en mission diplomatique en Saxe et en Hesse. Enfin, après avoir été successivement administrateur de la caisse d'amortissement, commissaire central (1801), puis directeur général des Postes (19 mars 1804), Lavalette est nommé peu après à la section de l’Intérieur du Conseil d’État. Il est également directeur du Cabinet noir, le bureau de la censure.
Il est membre et commandeur de la Légion d'honneur, les 4 germinal et 25 prairial an XII, il fut élevé en 1808 au rang de comte de l'Empire, et le 30 juin 1811 à celui de grand officier de la Légion d’honneur.

Lors de la Première Restauration, Lavalette participe à une conspiration menée par les généraux Drouet d’Erlon, et Lefebvre-Desnouettes.

Le 20 mars 1815, apprenant le débarquement de Napoléon, Lavalette se présente à l’administration des postes et somme le directeur général Ferrand de se retirer. Napoléon s’est montré réservé à l’égard de sa démarche et a refusé de le faire ministre.
Lavalette est arrêté chez lui le 9 juillet 1815 et est traduit devant la Cour d’assises pour conspiration et usurpation de fonctions, il est condamné à mort le 21 novembre 1815.

Le 20 décembre, Émilie de Lavalette et sa fille rendent visite à leur mari et père. Lavalette parvient à tromper la surveillance des gardiens en mettant les habits de sa femme, qui reste dans la cellule, à sa place.
Lavalette trouve refuge dans l'appartement de fonction de Bresson chef de la division des fonds et de la comptabilité, au ministère des Affaires étrangères.

Il quitte Paris le 8 janvier 1816 avec la complicité de trois officiers anglais : Bruce, Hutchinson et le général Robert Wilson. Il revêt l’uniforme britannique et gagne Mons, en Belgique. Puis Antoine de Lavalette se dirige seul vers la Bavière, pays où il réside plusieurs années, avec la bienveillance d’Eugène de Beauharnais, d’Hortense, ses cousins, et du roi Maximilien.

Gracié en 1822, il rentre à Paris où il retrouve son épouse, Émilie, qui a perdu la raison suite à la perte de son enfant et à sa détention. Lavalette, mort sans doute d’un cancer des poumons à Paris le 15 février 1830, vivait depuis son retour dans la plus profonde retraite. Il a laissé des Mémoires.
Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise.

*****************************

En fait, Lavalette a été remercié par le Ciel pour avoir sauvé l'enfant. Lui-même a été substitué par épouse qui a prit sa place en prison, ce qui lui a sauvé la vie.

Déjà au siècle passé un noble Anglais du parti Jacobite des Stuart avait été sauvé de la même manière grâce à une substitution par son épouse...

Heureux ce temps où les épouses allaient jusqu'à offrir leur vie pour leurs maris.

C'est mon petit doigt qui m'a raconté tout cela...

Meilleures pensées
Hercule


Dernière édition par Hercule le Ven 11 Fév 2011 - 2:26, édité 1 fois

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Message par jld Jeu 15 Juil 2010 - 22:31

Savez vous que le Coeur présumé de Louis XVII a été prélevé,en cachette,au moment de son autopsie. Ce Coeur, après bien des péripéties, a été conservé et a fait l'objet d'analyse ADN. Les analyse révèlent qu'ilappartient bien à un enfant de Marie Antoinette.

Le débat porte actuellement plutôt sur la qestion de savoir si le Coeur analysé est de Louis XVII ou de son Frère décéd en 1789.

Les hypothèses et les recherches historiques laissent plutôt penser qu'il s'agit bien du Coer Louis XVII.

L'hypothèse faite à savoir que de Josépine de Beauharnais
aurait été à l'origine de la libération de l'enfant Roi ne paraît guère plausible même si elle est séduisante.

Napoléan qui devait, en effet, être au courant de la vérité - quelle qu'elle soit - n'aborde jamais le Sujet dans son exil de St Héleine.
Je n'ai rien lu de tel non plus dans les récits écrits au Sujet de Joséphine.

Mais pourquoi pas !
Il faudrait préciser vos sources

jld
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Message par pax et bonum Ven 16 Juil 2010 - 11:16

Il faudrait voir le blog d'Agnès Mignoni qui affirme que Louis XVII n'est pas l'enfant mort que l'on a retrouvé mais qu'il a été hébergé en cachette et a laissé une descendance...
Mais je ne cautionne pas ses dires!

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Message par Joannes Maria Ven 16 Juil 2010 - 14:04

Attention sur le blog d'Agnès-Mignoni il y a des affirmations totalement contraires à la foi catholique, telles que le fait de faire remonter des âmes de l'Enfer au purgatoire.

JM.
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Message par Gaëlle Ven 16 Juil 2010 - 18:02

pax et bonum a écrit:Il faudrait voir le blog d'Agnès Mignoni qui affirme que Louis XVII n'est pas l'enfant mort que l'on a retrouvé mais qu'il a été hébergé en cachette et a laissé une descendance...
Mais je ne cautionne pas ses dires!

http://avemaria-corse-2.spaces.live.com/

Tout à fait, pax et bonum ! Le 'hasard' de la vie a fait que j'ai rencontré dans le cadre professionnel une personne originaire d'Auvergne affirmant que ses ancêtres avaient abrité Louis XVII et que celui-ci avait bien une descendance...

N'ai pas encore eu le temps d'aller sur le blog que vous citez mais le ferai.

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Message par pax et bonum Sam 17 Juil 2010 - 10:23

De toute façon,nous avons eu un Louis XVIII,puis les deux Napoléons.On ne voit pas ce que pourrait apporter les liens du sang pour un éventuel "Grand Monarque".
Tout comme les juifs qui attendent encore le Christ,selon moi,on attend encore le Monarque qui déjà est venu en la personne du Général De Gaulle.Il a tout rétabli alors que tout était perdu.Il a remis la France sur pied dans le pire moment où elle n'existait plus et chanté le "Te Deum" d'action de grâces à la cathédrale Notre Dame.Puis comme président,il a donné à la France un prestige inégalé.
Qu'est-ce qu'un monarque pourrait faire de plus?!
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Message par Gaëlle Sam 17 Juil 2010 - 16:03

Ce que vous dites à propos de de Gaulle est intéressant, pax et bonum ; cependant les prophéties donnent des détails spécifiques concernant - semble-t-il - quelqu'un d'autre.

Charles de Gaulle lui-même - ET JE L'AI DEJA ECRIT SUR CE FORUM - a évoqué la Sainte Ampoule en disant qu'elle était entre les mains de qui il convient.

Quand j'aurai le temps (pour l'instant il fait beau à Bruxelles et je vais m'aérer) je continuerai l'investigation.

Hannah

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Message par namish Dim 25 Juil 2010 - 21:25

De Gaulle un grand Homme????
laisse moi rire depuis quand les grands Hommes se conduisent en lache, il avait la belle vie lui en angleterre pendant que les vrais Hommes risquaient leur vies tout les jours...
Pour moi il n'avait aucun charisme, et c'est pas seul derriere sa radio qu'il nous aurait fait gagner la guerre!

mais bon ce qui me fait sourire le plus c'est de le qualifier de grand monarque...

Si il n'était pas pret à risquer sa vie en restant en France, alors pour moi il n'avait rien de grand et encore moins de monarque!!!
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Message par violaine Dim 25 Juil 2010 - 21:40

@Namish

Pour moi De gaulle n'était pas un grand monarque , mais c 'est lhomme que Jésus a envoyé pour libérer la france, et la victoire a été acquise parce que De Gaulle avait mis la croix de lorraine sur son drapeau.

De gaulle n'est pas un lache mais un grand homme qui a su manoeuvré et diriger le pays.
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Message par Her Lun 26 Juil 2010 - 10:28

Bonjour,

Le thème du forum est : "La survivance de Louis XVII"

et vous voilà à nous parler d'Agnès Mignioni et du Général de Gaulle !...

Vous êtes vraiment incorrigibles à toujours papillonner en sens.

A mon humble avis, la personne la plus experte et la plus sensée dans ses analyses concernant le mystère de la Survivance de Louis XVII est Madame Laure de la Chapelle de Versailles. Tous les autres sont des "rigolos"...

J'aime les femmes intelligentes et débordantes de bon sens...

Meilleures pensées
Hercule

P.S. Voici ces écrits :

LES RECHERCHES

Exposés présentés au cours des réunions organisées en 2001


Réunion du 3 mars 2001

Après le 9 thermidor, la version officielle des faits ou le début de la manipulation de l'opinion publique

par Mme de la Chapelle

Comme l'on sait, la chute de Robespierre provoqua un important changement au Temple. La visite de Barras entraîna l'ouverture de la chambre où l'enfant - que l'on supposait être Louis XVII - était détenu au secret. La suite nombreuse de Barras, des citoyens assurant le service, ainsi que des membres du Comité de Sûreté Générale purent constater les conditions de la détention. Aussitôt, des articles parurent pour informer le public (dans le Courrier Universel, les Annales de la République Française etc ...) Mais nous allons voir que ces media, ainsi que des gens soi-disant bien informés, furent manipulés par des sources officieuses et que dès le mois de Thermidor, les fausses informations circulèrent. Elles sont intéressantes dans la mesure où elles sont la première mouture de la thèse d'Eckard, de Beauchesne et de presque tous les historiens du 19ème siècle.

Le premier document est une lettre de Nicolas Ruault, libraire éditeur parisien, datée du 23 thermidor (10 août 1794) :

“Le premier qui s'est ressenti du mieux que le 9 thermidor a produit est le jeune Dauphin, le malheureux enfant de Louis XVI, toujours prisonnier dans la grande Tour du Temple. Le Comité de Salut Public l'avait tenu jusqu'à ce jour dans la plus dégoûtante et la plus affreuse captivité. Voici un précis très exact et très vrai de la vie suppliciante à laquelle il avait condamné ce petit infortuné ... Peu de temps après le supplice de sa mère (erreur : avant) on le sépara de sa soeur et de sa tante Élisabeth : on le tint enfermé dans une des grandes salles (laquelle ?) de la principale Tour, sans communication avec qui que ce fût, sans instruction, sans aucune espèce d'amusements. Il y passait les jours et les nuits absolument seul, mal nourri, et dans une malpropreté mortelle. Il était obligé de faire les fonctions naturelles dans un coin de cette vaste pièce dont on n'enlevait les ordures qu'une fois par mois. (On entrait donc ?) Durant le froid, on lui donnait une petite quantité de bois qu'il fendait et qu'il allumait lui-même comme il pouvait dans un poêle dont la fumée l'étouffait (Seul, ce dernier détail est exact : tous les poêles fumaient au Temple) Ce pauvre enfant ne changeait de linge qu'une fois par mois. On lui passait sa nourriture par un tour ... Il était confié à la garde du plus dur, du plus grossier des hommes, à un nommé Simon, cordonnier, municipal de 1792, lequel couchait dans une pièce qui n'était séparée du petit prisonnier que par une très mince cloison. Trois fois par nuit ce vilain Argus frappait sur la cloison pour réveiller l'enfant et lui criait d'une voix de tonnerre : Capet, es-tu là ? Le malheureux petit prince était obligé de répondre chaque fois : Oui, je suis là . De sorte qu'il n'avait pas plus de repos le jour que la nuit.” (Cité par X. de Roche. “Louis XVII” p.399)

Simon était parti depuis six mois, mais, comme on avait pris soin de l'envoyer sur-le-champ à la guillotine, il ne pouvait guère se défendre. A la vérité, il fit un parfait bouc émissaire.

Voici le texte des “Annales de la République Française” : “Le fils de Capet profitera aussi de la révolution du 9 Thermidor (Même début que la lettre ci-dessus, donc même source probable). On sait que cet enfant avait été abandonné aux soins du cordonnier Simon, digne acolyte de Robespierre dont il a partagé le supplice” (Cité par A. Bourgeois : “Encore Louis XVII” , p.12)

En 1794, on mit toute l'horreur du traitement de l'enfant sur le dos de Simon. Plus tard, Beauchesne fut bien obligé de le dédouaner quelque peu, puisque le cordonnier était parti avant l'enfermement. Qu'à cela ne tienne, les municipaux héritèrent du fameux : « Capet, où es-tu ? Lève-toi ! ». L'expression fit fortune, puisqu'elle fut reprise par Chateaubriand dans sa célèbre interpellation à la Chambre des Pairs. Je doute fort que Simon, qui couchait dans la même chambre que le petit Capet, se soit réveillé trois fois par nuit pour demander à l'enfant où il pouvait bien être.

L'histoire de la cloison eut également du succès car Gomin se vanta, paraît-il, d'avoir fait faire de fausses cloisons derrière lesquelles il faisait cacher le Dauphin, pour le protéger de la fureur populaire qui voulait faire invasion dans la prison (Suvigny, p.58). C'est naturellement faux, mais corrobore un fait antérieur à son arrivée : personne ne savait vraiment où était détenu le petit Capet au début de 1794. On a vraiment voulu le soustraire à tous les regards et à toutes les tentatives d'évasion. On ne peut compter sur les municipaux, du moins ceux, et ils étaient peu nombreux, qui n'avaient pas été guillotinés, pour en savoir davantage. Ils observèrent un silence absolu sur les six premiers mois de l'an II. Pas de récits, pas de mémoires. Seuls les historiens officiels, sur les dires du seul Gomin, tentèrent d'établir une version - politiquement correcte - tout aussi manipulée que la première.

Nous essaierons une prochaine fois d’y voir plus clair, et d'abord de tenter de découvrir où était réellement détenu le petit Capet .

Corrélation entre l'action d'Hébert et les événements du Temple

par Mme Védrine

Novembre La convention refuse à la Commune le transfert des Prisonniers Royaux.

Décembre Arrestation des Hébertistes Vuieurt, Roussin, Mazuel

Janvier Le 3 Suppression des cumuls

le 5 Simon démissionne

le 19 Simon quitte la Tour, remet le Dauphin "en bonne santé" aux quatre commissaires

le 20 Les travaux d'enfermement commencent. Les Jacobins réclament la libération des Hébertistes. Robespierre les freine.

Février Hébert attaque Robespierre. Au Temple Monier, porte clef quitte le Tour. Tison est mis au secret. Robespierre tombe malade et s'absente du Comité de Sûreté Générale. La section Mutius Scevola demande le transfert des Prisonniers par la voix de Bourgeois, Hébertiste. La section des Lombards (Robespierriste) refuse.

Mars Appel de Ronsin (Hébertiste) à l'Insurrection contre le gouvernement du Comité de Salut Public. Les sections parisiennes ne bougent pas. Recul des Hébertistes. Robespierre revient au C.S.P. Arrestation d'Hébert et des Hébertistes, exécutés le 24. Au Temple, l'enfant est enfermé "dans la chambre où l'on n'entrait pas". On ne parle plus de lui jusqu'en Thermidor.

On doit voir en filigrane le complot d'Hébert pour s'emparer du dauphin.



Réunion du 31 mars 2001

Une nouvelle énigme dans l’affaire Louis XVII : la petite Tour du temple

par Mme Laure de La Chapelle

Histoire et topographie

Construite au XVIème siècle, postérieurement à la grosse Tour du Temple qui date du début du XIIIème siècle, la petite Tour flanquait le côté nord. Elle avait 25 mètres de haut (35 mètres avec ses tourelles). Sa longueur était de 14 mètres et sa largeur de 7 m 80. Ses mur étaient épais de trois pieds. La construction était surmontée d’une terrasse sur laquelle on éleva plus tard un toit léger rattaché au mur du donjon. On accédait à cette terrasse par un petit escalier à vis pratiqué dans une des tourelles et qui partait de la cuisine du troisième étage. “L’on montera au grenier par un ancien escalier en pierre qui communique dans la cuisine”.

Comme l’on sait, la famille royale y fut hébergée avec sa suite du 13 août 1792 au 29 septembre et 26 octobre ; mais il n’est pas indifférent d’étudier le plan de l’édifice, tel qu’il fut modifié pour le Garde des Archives vers 1749, ainsi que les transformations qu’y apporta plus tard Berthélémy.

Sous Louis XV, on aménagea trois étages au-dessus d’un rez-de-chaussée qui fut désormais laissé pratiquement à l’abandon, sans doute à cause de problèmes d’humidité ; pour rendre ces étages habitables, on créa un petit escalier de bois intérieur et on supprima l’escalier à vis pratiqué dans une des échauguettes ; chaque étage comprenait une entrée servant d’antichambre de huit pieds de large et trois pièces se faisant suite avec une garde-robe au centre :

- au premier, le bureau des archives, une petite pièce dite “serre-papiers” et un grand cabinet,

- au second, un salon de compagnie, un office et une salle à manger,

- enfin, au troisième, une grande cuisine, une petite chambre et une grande chambre à coucher.

Toutes ces pièces étaient largement éclairées (sauf celles du milieu) et pourvues de poêles ou de cheminées. Contrairement à ce que dit Lenôtre, l’étage entresolé était le second.

En 1792, un plan manuscrit - aimablement communiqué par M. Alain Bancel - montre l’ampleur des réfections effectuées par l’archiviste Berthélémy : au second et au troisième étage, les corridors d’entrée ont été réduits à chaque extrémité pour pratiquer garde-robes et cabinets de toilette ; et une antichambre supplémentaire a été créée au centre de chaque étage à l’emplacement primitif des garde-robes. Malheureusement, nous n’avons pas le plan du premier étage en 1792 : nous savons seulement qu’il comportait le bureau des commis des archives, transformé en salle à manger en 1792 pour la famille royale, puis une petite pièce, le “serre-papiers” comportant sans doute une bibliothèque, enfin le bureau de M. Berthélémy. Un détail très important est à noter : toutes les fenêtres, d’après le baron Hüe, furent murées “sur la majeure partie de leur ouverture”, à l’exception de celle du salon de compagnie au deuxième étage, qui devint la chambre de la reine. C’est cette chambre où l’on transporta l’enfant mourant en juin 1795, car c’était la seule à posséder encore une grande fenêtre qui laissait entrer l’air et la lumière nécessaires au malade.

Préparatifs dans la petite Tour en 1793

Après l’installation de la famille royale dans la grosse Tour, la petite Tour avait hébergé des employés du Temple et abritait également un billard, fréquenté par les hommes des postes de garde.

Mais à partir d’août 1793 et de la mainmise d’Hébert sur la direction du Temple, les choses changèrent progressivement. On commença par supprimer le corps de garde du premier étage de la grosse Tour et, un mois plus tard, en septembre 1793, on enleva le poêle de cet étage pour le transporter dans le nouveau corps de garde du fond du jardin (mémoires de poêlerie-fumisterie de Marguerite et Firino). On prit même la précaution d’enlever les tuyaux du poêle. Le premier étage de la grosse Tour ne pouvait donc plus servir, au moins pendant la saison froide.

Le poêle du billard fut remonté dans la chambre du citoyen Mathey, au troisième étage de la petite Tour : la suppression du billard était donc prévue.

Les occupants de la petite Tour ne furent pas longtemps épargnés : Fontaine et Mathey, le concierge, furent renvoyés en octobre 1793.

Mais le 28 novembre (7 frimaire) une facture nous apprend que “au premier étage couchait la femme de charge”. Il s’agit bien sûr du premier étage de la petite Tour, puisqu’on venait d’enlever le poêle du premier étage de la grosse Tour. Le maçon Santo fournira également cinquante petits carreaux pour la chambre de la femme de charge.

Au mois de décembre, nous avons étudié le cas de cette femme de charge en l’identifiant comme Jeanne Charlotte Gourlet, épouse du guichetier Louis Gourlet, lequel recevra une promotion inattendue quelques mois plus tard. En attendant, revenons au début de 1794 : le 18 nivôse (7 janvier), le serrurier Durand fournit une clé de sûreté pour la salle à manger, ainsi que pour l’armoire. De quelle salle à manger s’agit-il ?

Il est impossible que ce soit celle du deuxième étage de la grosse Tour puisque, les Simon étant sur le point de déménager, on ne pouvait garder le petit Capet dans une pièce en travaux, ni dans la salle à manger attenante qui ne comportait ni poêle, ni cheminée, qu’on ne pouvait donc chauffer en plein mois de janvier. Le mur de séparation avec l’antichambre était vitré, donc dangereux, et cette pièce ne comportait pas d’armoire.

Il s’agit encore une fois de la salle à manger de la petite Tour, au premier étage, utilisée à cet usage par la famille royale en 1792, et qui comportait une armoire à liqueurs.

Il est difficile de préciser si Jeanne Charlotte couchait dans cette pièce ou dans celle du fond (l’ancien bureau de Berthelémy). En tout cas, d’après le plan de Lenôtre, une seule porte donnait accès à l’appartement du premier, et donc une seule clé suffisait pour verrouiller tout l’étage.

Le 11 ventôse de l’an II (1er mars 1794), les fumistes viennent ramoner les poêles : ils commencent par le troisième étage “dans la chambre à coucher des femmes” et ensuite, très curieusement, au lieu de descendre au second, ils ramonent les tuyaux de la première pièce “dans la tour au premier étage”. Il s’agit de la petite Tour puisqu’on avait ôté le poêle de la grosse Tour. Il y avait donc des occupants à cet endroit. Mais on ne les nomme pas, pas plus qu’on ne dit s’il y avait quelqu’un au deuxième étage, où on nettoie les tuyaux du poêles “dans la première pièce” ; or, jusqu’au départ de Simon, et même un peu après, les ouvriers notaient bien sur leurs factures qu’ils travaillaient dans l’appartement du petit Capet. N’oublions pas cependant que les ouvriers devaient avoir l’habitude de ne pas voir l’enfant pendant les travaux.

Après le départ de Simon

Le témoignage incontournable pour cette époque est celui du Mémoire de Madame Royale. Il est si gênant pour la version officielle que même un historien royaliste comme Beauchesne a dû modifier les faits pour en tenir compte. Voici ce que dit la princesse : “Le 19 de janvier, nous entendîmes chez mon frère un grand bruit, ce qui nous fit conjecturer qu’il s’en allait du temple, et nous en fûmes convaincues quand, regardant par un trou de notre abat-jour, nous vîmes emporter beaucoup de paquets. Les jours d’après, nous entendîmes ouvrir sa porte, et toujours persuadées qu’il était parti, nous crûmes qu’on avait mis en bas quelque prisonnier allemand ou étranger ... Mais j’ai su depuis que c’était seulement Simon qui était parti.”

Elle ne signale plus l’ouverture de la porte de son frère jusqu’au 10 thermidor, jour où elle note : “J’entendis les verrous de mon frère qu’on ouvrait”. Madame Royale n’entend plus la voix de son frère, ni les bruits de serrure. Beauchesne confirme : “J’ai dit qu’elles ne pouvaient savoir même ce qui se passait à côté d’elles, dans la chambre du jeune orphelin”. D’ailleurs Beauchesne se trompe, sciemment ou non, en situant la chambre de Louis XVII dans l’ancienne chambre de Cléry (livre quatorzième). C’est d’autant plus curieux qu’au livre vingtième, Laurent dit à Gomin, le soir de l’arrivée de ce dernier au Temple, en arrivant au second étage : “Ici est le frère ; c’était l’appartement de leur père” (appartement, à l’époque, avait un sens moins étendu que de nos jours et signifiait chambre, pièce à vivre).

Il est donc vraisemblable que le petit Capet fut placé sous la surveillance de Jeanne Charlotte Gourlet pendant toute la durée des travaux, au premier étage de la petite Tour. Y resta-t-il plus longtemps ? On peut le penser, puisqu’on renvoya le porte-clefs Monnier en février, lequel fut remplacé le 27 du même mois par Louis Gourlet, mari de Jeanne Charlotte. Très discret, il assura, lors de l’interrogatoire de germinal an II, “qu’il n’a pu voir ce qui se faisait dans l’intérieur”. Et pourtant il était porte-clefs de l’intérieur de la Tour ! Ce même jour de février, on mettait le malheureux Tison au secret. Quel secret aurait-il pu surprendre, sinon le lieu où était détenu Louis Charles ?

Même les notes de blanchisserie que nous avons jusqu’à la mi-février montrent que, après une interruption due au départ de la mère Simon, la liste de linge donnée par “Charles” est visiblement dressée par un adulte ; elle est peu différente des listes Simon, à part le fait qu’on ne lui met plus de tablier - ce qu’il devait détester - et que, par contre, on lui donne plus de bonnets de nuit (précaution qui n’est guère le fait d’un enfant).

Que penser de la phrase du municipal Cressend qui déclara au mois de mars, non que le petit Capet était malheureux, comme le dit Beauchesne, mais qu’il était mal élevé, ce qui n’est pas la même chose ?

Que penser aussi du passage de ce même Beauchesne : “Dans la visite faite en commun par les municipaux de garde et par ceux qu’ils relevaient, parfois l’entretien se prolongeait : mille questions oiseuses s’échangeaient entre les collègues et amenaient un long interrogatoire ...”. Comment comprendre une longue conversation derrière un poêle allumé, à travers un “jour” enfumé, et à une distance respectable ?

Tous ces faits sont contradictoires et nous amènent à penser encore une fois à une manipulation de l’histoire de la détention de Louis XVII au Temple. Mais les municipaux qui connaissaient la vérité, pourquoi n’ont-ils pas parlé ?

Ceux qui ont échappé à la guillotine, et ils sont rares, n’ont jamais parlé de l’enfermement. Pas un témoignage sur cette époque : d’ailleurs on se garda bien deles interroger. Ils avaient prêté le serment de sûreté, comme tous ceux qui avaient été employés au Temple avant thermidor, et pensaient défendre un secret d’État : nul ne devait savoir exactement où était détenu le petit Capet. L’évasion était d’ailleurs la grande peur de la Convention et des Comités ; elle fut l’objet de maintes communications à l’Assemblée, d’accusations répétées aux procès des chefs républicains suspects et de royalistes comme Dillon ; cette peur dura jusqu’en octobre 1794 où des lettres de la Commission administrative de police provoquèrent la panique et une inspection nocturne au Temple.

Le résultat est que les historiens ne surent pas dans quel endroit de la Tour avait été enfermé Louis XVII : s’il a bien été détenu dans la petite Tour, c’est un fait qui change complètement la donne et qui peut nous amener à repenser complètement tout le problème de la sortie du Temple.



Réunion du 12 mai 2001

Un nouvel outil pour la recherche : les cartes de sûreté

par Mme de la Chapelle

Mme Laure de La Chapelle expose l'intérêt de consulter les "cartes de sûreté" délivrées à Paris au cours de la période 1792-1794. 170 000 de ces cartes sont enregistrées. Mme de La Chapelle présente les cartes établies aux noms de J. B. Gagné et F. Lapierre.

D'après le “Dictionnaire de la Révolution Française” de Boursin et Challamel (1893), “ces cartes étaient délivrées par les comités civils des sections ; elles étaient de deux sortes : Les unes pour les citoyens domiciliés à Paris , ayant au moins 14 ans, et les autres pour les “externes”, qui étaient obligés ou autorisés à y séjourner. Tout citoyen qui n'en était pas porteur était arrêté et détenu comme suspect. La délivrance de ces cartes était entourée d'un grand nombre de formalités ...”.Elles ont commencé à être en usage vers la fin de l'année 1792 et concernent toutes les sections. Malheureusement, beaucoup ont été perdues, des sections entières, comme la section des Tuileries, sont lacunaires et selon M. Hugel, que nous remercions de ces précisions, il manque les cartes d'un bon tiers des citoyens parisiens.

Malgré ces réserves, ces documents sont une source précieuse de renseignements sur la période 1792-1794 et leur lecture réserve des surprises. (Documents délivrés par la Bibliothèque Généalogique, 3, rue de Turbigo à Paris. Email : bipgen@wanadoo.fr )

Le problème des cartes Gagné.

En 1792, Gagné, le cuisinier du Temple, eut droit à deux cartes successives. Voici le libellé de la première :

PATRONYME : GAGNE

PRÉNOMS : Jean Baptiste

AGE : 43

QUALITÉ / PROF : Cuisinier

DOMIC. ACTUEL : Enclos du Temple

DOMIC. PRECED : Rue St Nicaise n°9

DATE ARR. PARIS : 4 ans

VIL. NAISS. LU : Versailles



Et voici la seconde :

PATRONYME : GAGNE

PRÉNOMS : Jean Bertelemis

AGE : 43

QUALITÉ / PROF : Cusinier (sic)

DOMIC. ACTUEL : Au Temple

DOMIC. PRECED. : Rue St Nicaise

DATE ARR. PARIS : Depuis 1787

VIL. NAISS. LU : Versailles

VIL. NAISS. RÉEL : Versailles

On voit qu'à côté d'erreurs due à la fantaisie des citoyens administrateurs, comme la diversité des noms de baptême, il en existe d'autres, manifestement dues au déclarant, qui était officier de la bouche du roi à Versailles fin juin 1786 (naissance de ses filles jumelles) et aux Tuileries en février 1792. Pourquoi aurait-il abandonné le service de la famille royale en 1787 pour venir seul à Paris, et reprendre son travail ensuite ? Deux réponses possibles :

- ou bien arriver à Paris en octobre 1789 avec le roi n'était pas vraiment bien vu, et Gagné a menti (une première fois ; ce ne sera pas la dernière) ;

- ou alors, il n'avait pas vraiment le sens des dates, ce qu'il prouvera également plus tard.

Il faut noter une chose importante : il n'existe pas de carte de sûreté au nom de son fils Marie Achille Gagné, qui pourtant avait eu 14 ans en janvier 1794.

La carte Lapierre.

Une autre carte de sûreté vient résoudre un petit problème soulevé par François Laurentie dans son monumental "Louis XVII". Je le cite : “On lit, dans le dossier Albouys, à la date du 19 mars 1835 (Bibliothèque Municipale de Cahors, ms.29, t.III, pp.96-98, n°406) : Déposition du sieur Jean Baptiste Bonvallot relative à l'existence du fils de Louis XVI ... 2° Le lendemain du jour où Mgr le Dauphin, fils de Louis XVI, fut sauvé du Temple, et à cinq heures du matin, le nommé François Lapierre, un des gardiens du Temple (entendez : membre de la garde Nationale) vint m'éveiller pour m'annoncer que ce prince avait été sauvé et s'était évadé du Temple la veille, vers sept heures du soir, qu'on lui avait substitué un enfant qu'on avait apporté dans une voiture de linge propre et qu'on l'avait emmené dans la même voiture chargée de linge sale.”

Commentaire de Laurentie : “C’est fort net, bien que la date de l'évasion fasse défaut. Mais nous ignorons le citoyen “François Lapierre, gardien du Temple”. Un François Lapierre a-t-il même été de garde au Temple pendant vingt quatre heures, à une date, qui devrait, elle aussi être fixée ? c'est ce qui n'est pas démontré. Plusieurs Lapierre, appartenant à la garde nationale, se trouvent nommés dans les procès verbaux de la Convention. Mais ils ne s'appelaient pas François”.

Les cartes de sûreté apportent un démenti formel à M. Laurentie. Voici celle de François Lapierre :

PATRONYME : LAPIERRE

PRÉNOMS : François

AGE : 43

QUALITÉ / PROF : Mason (maçon)

DOMIC. ACTUEL : Rue Mouffetard 26

DOMIC. PRECED : rue des Jardins section Larsenal (sic)

DATE ARR. PARIS : Natif

VIL. NAISS. LU : Paris

OBSERVATION : A déclaré ne savoir signer

Ce Lapierre apparaît dans le “Répertoire du Personnel Sectionnaire Parisien” de Soboul comme manouvrier et “batteur de plâtre”. Il était membre de la 36ème compagnie de la Garde Nationale. Il y a donc une très forte probabilité pour que ce soit lui l'interlocuteur de Bonvallot. Malheureusement, le témoignage de celui-ci a certainement subi des influences tardives et ne peut être accepté en l'état.

Une prochaine fois nous étudierons les cartes de Pierre Alexandre Petit du Petitval et du docteur Laveme ou Lavergne (Médecin à l'Hôtel-Dieu en l'an II)

Encore du nouveau sur Antoine Simon : son logement de la rue des Cordeliers

par Gérald Pietrek

M. Pietrek présente les éléments nouveaux que, dans le cadre des recherches qu'il poursuit à propos d'Antoine Simon, il a découverts récemment. Ces éléments concerne le logement occupé par Antoine Simon, rue des Cordeliers, vraisemblablement à partir du Ier juillet 1784.

Au cours de la réunion de notre Cercle, le 30 septembre de l'année dernière (1), je signalais avoir découvert deux documents inédits sur la vie parisienne et pré-révolutionnaire d'Antoine Simon, savoir :

1° Une ordonnance de saisie exécution rendue par défaut le 7 février 1786 contre Antoine Simon et sa femme, à la requête de Me Armand Louis Le Boulanger, pour une somme de 1.500 livres de loyers impayés depuis le 1er juillet 1784 (2);

2° Un acte de bail concédé le 17 janvier 1778 par une Dame Éléonore Giraud Le Boulanger, veuve de Louis Le Boulanger, seigneur d'Hacqueville, à Antoine Simon et à sa femme, d'une durée de 9 ans, à effet du 1er août suivant, pour une maison sise rue de Seine à Paris, comportant une boutique au rez-de-chaussée, 5 pièces au 1er étage, 5 pièces au 2éme étage, plus 2 greniers et une cave, plus 3 pièces dans un petit bâtiment de la cour, soit en tout 13 pièces, pour un loyer trimestriel de 250 livres, acte passé en l'étude de Me Nicolas-Charles Pijeau, notaire à Paris (3).

J'observais ensuite que, subitement, à partir du 1er juillet 1784, Simon avait cessé de payer ses loyers pour ledit logement, de sorte que, 18 mois plus tard, il était assigné au tribunal par un fils de Dame Le Boulanger et condamné au paiement de 6 trimestres de loyers arriérés, soit pour un total de 1.500 livres.

Ainsi, contrairement à la version véhiculée jusqu'à nos jours, ce n'est pas d'un emprunt de 1.500 livres que Simon était redevable, 1.000 livres à M. le président Boulanger et cinq cent à M. le marquis d'Hacqueville (4), mais tout bonnement de 18 mois de loyers impayés à Dame Le Boulanger, veuve de Louis Le Boulanger, seigneur d'Hacqueville (une seule et même personne) ! Et c'est pour non paiement de cette somme que Simon a fait l'objet d'une procédure d'exécution forcée mobilière. Ses meubles de la rue de Seine ayant été saisis puis vendus, ne disposant plus du matériel adéquat, le cordonnier aura du cesser son activité et, bien entendu, changer de logement.

Partant de là, j'ai vaillamment poursuivi mes investigations dans les volumineuses archives du Parc Civil du Châtelet de Paris. Ma persévérance a été récompensée par la découverte d'une autre sentence rendue par défaut contre Antoine Simon Maître cordonnier pour homme et sa femme, en date du 25 avril 1786, sur la requête de Me Armand Louis Le Boulanger (5). Ce document entérine logiquement la résiliation du bail pour le logement de la rue de Seine, suite aux loyers demeurés impayés. Mais il nous apprend aussi que Simon, d'une part, est en outre condamné à effectuer des travaux de réparations locatives, d'autre part - et surtout -, qu'il avait sous-loué son habitation de la rue de Seine - et là, c'est une très grande surprise qui démontre combien le personnage mérite d'être connu encore bien davantage ! ...

Simon ne demeurait donc plus rue de Seine depuis un certain temps déjà. Comme nous savons qu'il a cessé de payer ses loyers à partir du 1er juillet 1784, on peut supposer que c'est depuis cette date qu'il n'y réside plus et qu'il occupe un nouveau logement qui pourrait dès lors fort bien déjà être celui de la rue des Cordeliers. Se pose alors la question de savoir pourquoi avoir sous-loué la maison de la rue de Seine, plutôt que de résilier purement et simplement le bail pour aller tout bonnement vivre ailleurs. Il serait bien intéressant de pouvoir retrouver le contrat de sous-bail, ainsi que celui du bail souscrit par Simon pour son nouveau logement. Mais nous n'en connaissons pas les dates respectives, ni, surtout, le nom des notaires par devant lesquels ils ont été passé ! Cela revient à chercher une aiguille dans une meule de foin ! ... Mais ne désespérons pas de voir nos recherches aboutir.

Sachant que le logement de la rue des Cordeliers faisait partie d'une maison appartenant à un dénommé Antoine Le Roux Delafondée, Me chirurgien-dentiste (6), j'ai eu la bonne fortune de pouvoir retrouver trace de cet immeuble. Celui-ci a été acquis par Me le Roux Delafondée par voie d'adjudication forcée en date du 5 septembre 1767, pour une somme de 13 050 livres, dont 6 000 empruntées à un sieur Michel-René Maupetit. La procédure d'adjudication a été close le 12 novembre 1767 (7).

Les pièces du dossier nous fournissent la situation exacte de l'immeuble. Celui-ci, donnant sur la rue des Cordeliers, est localisé entre la rue de Tourraine et celle de l'observance, quasiment face à la rue du Paon (actuellement rue Danton). Comble de chance, cela nous permet de le repérer précisément sur le fameux plan de Turgot de 1739. Mais le dossier comporte aussi une description exhaustive de l'immeuble. En voici la transcription inédite :

“Une maison située à Paris, rue des Cordeliers, paroisse Saint-Cosme, consistante sur ladite rue des Cordeliers en une porte d'entrée carrée fermante à deux battants, un passage qui conduit à une petite cour, deux boutiques sur ladite rue, salles derrière communicantes sur ladite cour ou il y a une séparation de partage de ladite cour formée de planches qui communique à une serre pour la facilité desdites boutiques, une chambre lambrissée au dessus en mansarde couverte de thuilles berceau et cave sous ladite boutique, l'autre boutique ayant pareillement salle derrière et cave au dessous, au fond de ladite cour à gauche un escalier pris dans œuvre pour monter trois étages de chambres au dessus desdites boutiques et salies, deux cabinets d'aisance au dedans dudit escalier, greniers au dessus de ladite maison couverte de thuilles et de l'autre côté de ladite cour à droite une aile de bâtiment composée de trois étages de chambres ayant leur communication par les chambres donnant sur ladite rue des Cordeliers; tenant la totalité de ladite maison à droite à une maison appartenante à l'Hôtel-Dieu, d'autre côté à gauche à une maison appartenante au grand couvent des Cordeliers de Paris par derrière a .... .... et par devant sur ladite rue des Cordeliers.”

À noter dans ce descriptif, nonobstant le style "greffier", l'existence de deux cabinets d'aisance au dedans dudit escalier, comme marque, pour l'époque, d'un certain confort.

Voilà qui complète utilement la seule description que nous avons du modeste logement occupé par Simon au 2éme étage de la maison de la rue des Cordeliers (Cool, savoir un petit cabinet formant anti-chambre éclairée sur un corridor servant d'entrée, plus un petit cabinet éclairé par la porte d'entrée dicelui ouvrant sur la pièce ci-après décritte, plus une pièce ayant vue sur la rue.

Voici donc éclairci un aspect supplémentaire de la vie parisienne pré-révolutionnaire du personnage d'Antoine Simon, dont il s'avère combien il reste de choses à découvrir sur lui et combien toute la légende brodée à son encontre se doit vaille que vaille d'être reconsidérée de fond en comble ! Quelles autres surprises la vie du cordonnier, appelé à devenir instituteur du fils de Capet, peut-elle dés lors encore nous réserver ? Antoine Simon, n'oublions pas, fut, à un moment crucial, et demeure, de nos jours, le point incontournable de l'incarcération de la famille royale au Temple. Toujours mieux le connaître pourra peut-être contribuer utilement à résoudre l'énigme du petit Louis XVII qui fait l'objet de nos ardentes préoccupations et recherches à tous.

Je profite de l'occasion, pour rappeler, ne serais-ce qu'à nos nouveaux membres, mon ouvrage biographique “Simon Présidan”, paru aux Éditions Coprur à Strasbourg en 1997. J'y retrace non seulement la vie du célèbre cordonnier, mais encore je contrecarre l'infâme réputation d'imbécile, de failli et de bourreau d'enfant, dont la postérité l'a affublé à tort, n'en déplaise notamment à Monsieur de Beauchesne et à la bonne et belle Ville de Troyes, dont les instances dirigeantes ne mettent vraiment pas un empressement particulier à réhabiliter, comme il se devrait, la mémoire d'un des ses fils devenu célèbre. On se demande d'ailleurs bien pourquoi ! Car, si les Simon n'étaient pas parmi les plus fortunés, ils n'étaient en rien méprisables. Le père d'Antoine était certes marchand-boucher, de la puissante corporation des bouchers de Troyes, mais sa mère, Marie-Jeanne Adnet, était, il faut le souligner, fille de Jean Adnet, imprimeur et libraire à Troyes (9) ! C'est dire combien, par la force des choses, l'enfance d'Antoine à Troyes n'a pas dû être des plus primaires.

Dans mon second livre, “L'ombre du temple”, paru aux Éditions Le Sémaphore, fin de l'année écoulée, je suggère, nonobstant une affaire de cœur qui pollue le débat (désolé M. Philippe Delorme, il en va ainsi des mystères qui font la France), une solution tout à fait inédite à l'affaire Louis XVII, dans laquelle on retrouve, toujours et encore, le même cordonnier pour homme Antoine Simon.

Pour finir, l'ouvrage synthétique de notre président Jacques Hamann et de Maurice Étienne “Louis XVII et les 101 prétendants”, paru également aux Éditions Le Sémaphore, fin 1999, se doit d'être rappelé en cette circonstance. Merci pour votre sympathique attention.

(1) cf. compte-rendu.

(2) A.N. Y-8165.

(3) A.N. Min. Cen. ET/CV/1353.

(4) A.N. Min. Cen. ET/CXXII/855.

(5) A.N. Parc Civil du Châtelet.

(6) A.N. Min. Cen.

(7) A.N. Parc Civil du Châtelet de Paris.

(Cool A.N. Min. Cen.

(9) Archives de l'Aube.



Réunion du 9 juin 2001

Le Comte de Chambord et le cœur de Pelletan

par Mme de la Chapelle

Une précision utile : Laure de La Chapelle rappelle - pour ceux qui ne le sauraient pas encore - qu'elle n'est pas naundorffiste et appartient à un Cercle d'Études sur la Question Louis XVII qui ne privilégie ni solution historique, ni prétendant.

Il n’y eut, après la mort en 1829 du Docteur Pelletan, aucune tentative de son fils pour proposer à la famille royale le cœur prélevé par son père. Par contre, à la mort de Philippe Gabriel Pelletan, en 1879, son exécuteur testamentaire, Me Édouard Barre se mit en rapport avec Barrande, administrateur des biens du Comte de Chambord, afin de lui restituer le cœur dit “de Louis XVII”. D'après une lettre de Maurice Pascal, Chambord fut étonné de savoir le cœur sauvé de la destruction. Et il demanda une enquête. Le dossier de Me Barre, envoyé le 5 juin 1883, arriva à Frohsdorf (il arriva à prague chez Barrande le 11 juin 1883) deux mois avant la mort du Comte de Chambord. Il comprenait, d'après la lettre de réception de Barrande, le Mémoire du Docteur Pelletan et une notice biographique sur les Pelletan père et fils.

Il ne s'agit donc pas à proprement parler de “pièces constatant l'authenticité” du cœur, mais plutôt d'un rappel de l'historique de la question et d'une “enquête de moralité” sur la famille des détenteurs. Au reste, le comte de Chambord ne put guère prendre connaissance de ces deux documents. Très malade depuis le 16 juin, il sortit pour la dernière fois en voiture le 27 juin, reçut l'extrême onction le 5 juillet, puis le 21 août, et mourut le vendredi 24 août 1883.

Il est donc exclu que ce soit à cette époque que le comte de Chambord “ait reçu ce cœur (de Pelletan) après avoir fait examiner les pièces et documents qui en constatent l'authenticité” (Lettre du père Bole de 1885). D'ailleurs, le “cœur Pelletan”, à cette époque, était toujours en France, aux mains des héritiers du médecin. Il y restera jusqu'en 1895.

Voici les listes de documents constatant l'authenticité du cœur : elles datent de 1817. Une première liste, établie par le Chanoine Davranches d'après la déposition de Pelletan de mars 1817 devant Etienne Denis Pasquier, garde des Sceaux, comprend :

1° L'arrêté de la Convention (en fait du Comité de Sûreté Générale) du 17 prairial an III par lequel ledit sieur Pelletan a été nommé pour donner des soins à S.M. Louis XVII.

2° La lettre du même jour écrite par le secrétaire général de ce Comité et portant envoi de l'arrêté cy-dessus au sieur Pelletan.

3° La lettre du même Comité en date du 20 prairial, portant autorisation de placer une garde-malade auprès du roi.

4° La lettre par laquelle le secrétaire général a fait, le même jour, envoi de la précédente pièce au sieur Pelletan.

5° L'ordre donné par le Comité de Sûreté Générale le même jour 20 prairial, pour autoriser l'ouverture du corps.

6° Le procès-verbal dressé le lendemain 21 prairial, à l'effet de constater cette ouverture et signé Dumangin, Ph.-J. Pelletan, Lassus et H. Jean Roy.

La liste du Ministère de l'Intérieur (citée par P. Delorme, p.161) et datée de septembre 1817 comprend deux pièces supplémentaires :

1° Procès-verbal de l'audition des témoins d'où il résulte que le cœur conservé chez le sieur Pelletan est effectivement le cœur de S.M. Louis XVII.

2° Certificat du sieur Pelletan où il reconnaît avoir reçu de la dame veuve Tillos le cœur par lui conservé de ce jeune prince.

Au total, huit pièces qui sont bien les certificats d'authenticité du cœur prélevé par Pelletan. Ces pièces ont été répertoriées exactement à la même époque (septembre 1817) où était constaté à la mairie du Vème arrondissement de Paris, le dépôt du cœur du premier Dauphin Louis Joseph. Depuis, les documents originaux ont bel et bien disparu. Faut-il en conclure que les certificats constatant l'authenticité de l'un ont servi pour l'autre ? La lettre du père Bole le laisse supposer. La recherche continue sur cet incroyable imbroglio de l'histoire de deux cœurs.

Chronologie de l'existence du cœur du 1er Dauphin

Printemps 1817 : Dernière enquête sur le cœur prélevé par Pelletan, diligentée par Jacquinot de Pampelune sous les ordres du Garde des Sceaux Pasquier. Celui-ci dit aimablement à Pelletan : “Votre caractère connu mérite toute confiance, mais la soustraction et la restitution qui vous ont été faites du cœur, donnent à l'identité de l'objet une évidence qui était nécessaire.”

4 Septembre 1817 : Le Ministère de l'Intérieur avertit le garde des Sceaux qu'on a retrouvé le cœur du premier Dauphin. Il est déposé à la mairie du Vème. A la même date, et dans le même dossier, le Ministre de l'Intérieur accuse réception des pièces constatant l'authenticité du cœur prélevé par Pelletan au moment de la mort officielle. Intitulé de ce dossier : État des pièces constatant que le cœur de S.M. Louis XVII a été réellement conservé et existe encore aujourd'hui. Depuis ce moment, Pelletan n'entend plus parler de rien. Il devient “persona non grata”. Le cœur du Premier Dauphin et les pièces du dossier Pelletan disparaissent.

1821 : Mgr de Quelen se rend auprès de la Duchesse d'Angoulême avec le cœur de Pelletan et insiste pour le lui offrir. “Quand il eut fini, loin de recueillir fraternellement l'objet présenté, Madame le regarda d'un œil sec et refusa. Ce refus étonna Mgr de Quelen, et cet étonnement se peignit sur ses traits”. Madame prononça alors ces paroles : “Hélas, Monsieur l'archevêque, nous ne connaissons que trop le sort de mon malheureux frère ! ...” (Laurentie et Delorme, pp.200 et 201)

1975 : “Quelques souvenirs précieux étaient gardés au château de Frohsdorf, notamment une urne de cristal et d'or ornée du lys de France, sous lequel est gravé ce simple nom : Louis. Le cœur du Dauphin y est conservé” (Jean Neuvecelle “Le Figaro” 6-7 avril 1975). “Ce cœur, prélevé par Pelletan lors de l'autopsie de l'enfant mort au Temple, avait été conservé par la duchesse d'Angoulême” (“Point de vue” 18 avril 1975 et Delorme, pp.215 et 216). “Tous ceux qui se sont intéressés au problème que pose le sort de Louis XVII connaissent les tribulations du cœur prélevé par Pelletan ... Par contre, ils n'ont guère entendu dire que la duchesse d'Angoulême ait conservé celle relique ...” (G. Cagger) “Ce cœur n'a donc pas été conservé par la duchesse d'Angoulême, comme on l'a affirmé à tort, ni par le comte de Chambord qui l'a refusé à son tour aux héritiers de Pelletan.” (Institut des Sciences Historiques) (Delorme, p.218). “Qu'il soit permis de s'étonner que cette dame (la princesse Massimo) descendant du dernier roi Bourbon, ignore ce que tout le monde sait de l'origine douteuse de la relique et des circonstances de la venue entre les mains de son grand-père en 1895. N'oublions pas qu'à cette date, sa mère avait vingt et un ans et habitait avec ses parents. Il est difficilement croyable que la fille de don Carlos n'ait pas été au courant de l'événement et ait transmis à sa fille la ridicule fable selon laquelle la relique serait venue par héritage de la duchesse d'Angoulême et du Comte de Chambord !” (I.C.C. 1975 et Delorme p. 220). En fait en 1885, il y avait bien un cœur dit “de Pelletan” à Frohsdorf, reçu par le comte de Chambord (Père Bole). Sans aucun doute le cœur du premier Dauphin, Louis Joseph. Lettre de M. Franz T..., ancien ambassadeur, Viennois, intime des princesses Massimo, et particulièrement des Wurmbrand Stuppach (traduit de l'allemand) Vienne, le 17 mai 2000 “Il semble que le cœur de Louis XVII fut enlevé au moment de l'autopsie par le chirurgien (qui faisait le travail), enveloppé dans un mouchoir, et caché en dehors de la prison. Ce médecin le proposa à plusieurs personnes qui le refusèrent et il réussit - bien qu'elle n'en ait pas voulu - à ce que le cœur devienne la propriété de la Duchesse d'Angoulême ...” Ici, la contradiction est patente, et l'on voit bien se mélanger les traditions sur les cœurs des deux frères.

Il y a eu deux coeurs dits “de Louis XVII” à Frohsdorf. Lequel a été récemment analysé ?

par Laure de La Chapelle

Le texte du Père Bole, confesseur du Comte et de la Comtesse de Chambord pendant 17 ans, est adressé de Frohsdorf à son ami, le père jésuite Marin de Boylesve. Il prouve à l'évidence qu'à la date de cette lettre, le 17 octobre 1885, existait à Frohsdorf un cœur supposé être celui de Louis XVII prélevé par le Docteur Pelletan en 1795 lors de l'autopsie de l'enfant mort au Temple.

Le Comte de Chambord étant mort le 24 août 1883, le cœur était aux mains des Bourbons au moins depuis cette date. Or, nous savons que le véritable cœur prélevé par Pelletan et conservé par ses héritiers successifs, a constamment été refusé par la famille royale et n'a été accepté par don Carlos de Bourbon Parme qu'en 1895 donc 10 ans après la lettre du Père Bole. La Comtesse de Chambord étant morte en 1886, et le Père Bole lui-même en 1890, aucun d'eux n'a pu intervenir dans l'arrivée d'un nouveau cœur qui s'est ajouté en 1895 à celui qui était déjà détenu par la famille royale.

La première question qui se pose est la suivante : de quel cœur a-t-on prélevé I'A.D.N en l'an 2000 ?

Il y a de fortes chances pour que ce soit de celui qui était conservé par le comte de Chambord et vraisemblablement avant lui par la duchesse d'Angoulême. Ce cœur était sans doute celui du premier Dauphin, Louis Joseph, mort à sept ans en 1789, cœur qui avait été sauvé de la profanation du Val de Grâce et s'était retrouvé à la mairie du Vème arrondissement (12ème ancien) en 1817, sous la Restauration. Il est hors de question que la famille royale ait pu s'en désintéresser et omettre de le recueillir.

En présence de deux cœurs dits “de Pelletan”, Don Carlos en 1895 pouvait-il faire autrement que de garder celui qui était précieusement conservé par son oncle ? Le cœur de Louis Joseph en tout cas était véritablement celui du fils de Marie-Antoinette. Les descendants de don Carlos, d'ailleurs, ont confondu les deux origines. En 1975, un journaliste s'insurgeait : “Il est difficilement croyable que la fille de don Carlos n'ait pas été au courant de l'événement et ait transmis à sa fille la ridicule fable selon laquelle la relique serait venue par héritage de la duchesse d'Angoulême et du Comte de Chambord” (Ph. Delorme : “Louis XVII - La Vérité”, p.220). En fait, la princesse Massimo avait raison, mais ne pouvait savoir qu'à une époque, il y avait eu deux cœurs. L'analyse A.D.N. ne concerne pas le vrai cœur “de Pelletan” attribué à Louis XVII.

Bien d'autres choses sont encore à noter dans le texte du père Bole :

- L'absence du nom de Louis XVIII dans la liste de ceux qui “n'élevaient pas le moindre doute” sur le sort de Louis XVII.

- L'absence de remords chez les membres de la famille royale. Qu'avaient-ils fait pour en provoquer ?

- L'identité qui n'a jamais été authentifiée par les médecins, qui ont seulement reconnu le corps comme celui de l'enfant à qui ils donnaient des soins depuis quelques jours.

Référence du livre de Paul Éric Blanrue “Lumières sur le Comte de Chambord. Témoignage du Père Bole”. Bibl. de Versailles (Thiers in 8° 5386). Ce livre a été édité en 1995. (Communication et Tradition). Voici son texte, que j'ai pris in extenso :

“(Lettre du Père Bole du 17 octobre 1885) : “Trois choses me donnent une certitude morale sur la mort de Louis XVII au Temple” écrit le Père Bole “c'est d'abord la persuasion qu'en ont tous les membres de la famille royale. Ni Charles X, ni le duc et la duchesse d'Angoulême, ni Henri V ni sa sœur n'ont jamais élevé le moindre doute là-dessus”. Plus loin, il conclut “Ce n'est qu'après avoir examiné toutes les pièces et documents qui en constataient l'authenticité” que le Prince accepta de recevoir le cœur de l'enfant enlevé “au péril de sa vie” par le médecin chargé de l'autopsie, le docteur Pelletan.” (Fin de citation)

Le passage est tronqué environ des deux tiers par rapport au texte intégral. De plus, M. Blanrue, paraphrasant de manière inexacte la lettre du P. Bole, change le sens de la phrase : il ne s'agit pas “d'accepter de recevoir” le cœur de Pelletan, ce qui, à la rigueur, pourrait signifier une acceptation de principe, non encore passée dans les faits. La phrase exacte est : “Ce cœur, Mgr l'a reçu après avoir fait examiner toutes les pièces et documents etc ... ”. On voit ici la manipulation du sens, largement exploitée actuellement par MM. Blanrue et Delorme pour essayer d'échapper à la réalité innocemment révélée par le Père Bole : il y avait déjà un cœur à Frohsdorf en 1885.

LETTRES DU P. BOLE AU P. DE BOYLESVE - Depuis le 14 août 1869 au 20 décembre 1889 (recueil) - Lettre du 17 octobre 1885 (n° 136) - Extrait de la 3ème page de la lettre autographe :

“- Je connais parfaitement tout ce que vous me dites de Louis XVII; vous croyez à son évasion, moi non, sans entrer dans le fond de la question qui du reste a été traitée parfaitement et jugée plusieurs fois en pleine connaissance de cause, comme on peut le voir dans les considérants du jugement condamnant Naundorf et les plaignants. Trois choses me donnent une certitude morale de la mort de Louis XVII au Temple : - C'est d'abord la persuasion qu'en ont eu tous les membres de la famille royale. Ni Charles X, ni le duc ni la duchesse d'Angoulême ni H V (Henri V) ni sa sœur n'ont jamais élevé le moindre doute là-dessus et tous les Princes et Princesses sont morts sans l'ombre de remords, que dis-je ? sans même y penser. De plus, ces jours derniers, j'entendais Madame (la Comtesse de Chambord) répéter pour la centième fois que la Duchesse d'Angoulême avait toujours affirmé de la manière la plus formelle et la plus énergique la mort de son frère au Temple, qu'elle n'en était, hélas ! que trop certaine ! - Ensuite les procès-verbaux des 4 médecins désignés pour faire l'autopsie du cadavre et dont deux ont déclaré avoir parfaitement reconnu l'identité du jeune Prince. - Enfin l'enlèvement du cœur (souligné dans le texte) de ce royal enfant par le Dr Pelletan chargé par ses collègues de faire l'autopsie, pieux larcin fait au péril de sa vie. Se serait-il exposé à un si grand danger s'il n'avait pas été absolument certain que le cœur était bien celui du Prince qu'il avait connu et soigné, Ce cœur, Monseigneur (le comte de Chambord) l'a reçu après avoir fait examiner toutes les pièces et documents qui en constatent l'authenticité”.

(Texte transcrit sur l'original déposé aux Archives de la Compagnie de Jésus à Vanves par Laure de La Chapelle, vice-présidente du Cercle d'Études Historiques sur la Question Louis XVII.). Les annotations entre parenthèses ont été insérées pour faciliter la compréhension du texte.



Réunion du 29 septembre 2001

Actualités de l'été

par Mme de la Chapelle

Les membres du cercle seront heureux d'apprendre que “l'installation solennelle et définitive” (texte de l'invitation de l'Institut de la Maison de Bourbon) du cœur présumé de Louis XVII a été évitée et que, le 8 juin 2001, a été célébrée à la Basilique de Saint Denis une simple messe de Requiem.

L'avis autorisé d'un spécialiste de médecine légale (2 juillet 2001)

Il s'agit d'une lettre du Dr Geoffroy Lorin de la Grandmaison, du service d'Anatomie Pathologique et de Médecine Légale de l'Hôpital Raymond Poincaré à Garches (92) (Cette lettre m'a été aimablement communiquée par Madame Duvielbourg).

Le médecin répond à l'affirmation de M. Philippe Delorme, suivant laquelle la mensuration du cœur faite par le docteur Martellière (en 1895) pourrait avoir intégré le segment d'aorte ascendante de 2 cm - ce qui réduirait fortement la différence de taille des cœurs examinés en 1895 et en 2000 - Voici l'avis du spécialiste :

“Cette explication est peu vraisemblable, la hauteur du cœur étant normalement toujours mesurée de la pointe à la base du cœur, sans inclure l'aorte et l'artère pulmonaire. L'isolement du cœur est classiquement réalisé lors d'une autopsie de la façon suivante : Après ouverture du péricarde, une section de l'artère pulmonaire et de l'aorte ascendante est pratiquée par le sinus de Theile, suivie d'une section des veines caves et pulmonaires. Le cœur isolé présente donc toujours à sa base un segment d'aorte ascendante et d'artère pulmonaire, de longueur variable, faisant souvent de 1 à 3 cm. La présence d'une longueur identique d'aorte ascendante (2 cm) dans la description des deux cœurs ne peut donc servir comme argument d'identification”. (Fin de citation )

Cette conclusion très ferme clôt, à mon avis, le débat sur ce point.

M .Delorme et le cœur ... de Louis XIII !

Dans son numéro de juillet-août 2001, la revue “L’Intermédiaire des Chercheurs et Curieux” publie un stupéfiant article de M. Delorme sous le titre “Cœur conservé dans une urne”. A la fin de cet article, consacré à l'embaumement des cœurs à l'époque d'Anne d'Autriche, M. Delorme affirme qu'il a eu “l'insigne honneur” d'ouvrir l'urne qui contenait le cœur de Louis XIII (urne qui se trouverait dans la basilique de Saint-Denis et aurait également été sauvée à la Restauration !). Il prétend que le cœur, entouré de bandelettes, est “bourré” d'aromates ...

Si le cœur de Louis XIII se trouve bien à Saint-Denis, à quel titre M. Delorme avait-il eu l'autorisation d'en ouvrir officiellement le réceptacle ? Quelle autorité a donné le feu vert pour cette étrange exploration ? Et si le cœur était “entouré de bandelettes”, comment sait-on qu'il est bourré d'aromates ? Tout ceci est, bien sûr, à vérifier.

Retour à l'histoire

M Duval, membre du Cercle, m'envoie une intéressante étude sur Arnould Morin de Guérivière (1748-1824) père du faux dauphin Alexis Morin de Guérivière.

Arnould Morin de Guérivière était en 1795 secrétaire greffier de police de la section Bonne Nouvelle à Paris, et à ce titre, était bien placé pour fournir des passeports. Il en fournira, du reste à Genès Ojardias, voiturier, qui partit en Auvergne le 7 juin, veille de la mort de l'enfant du Temple, avec le jeune Alexis Morin. Pas si jeune que cela, Alexis, puisqu'il était né en 1779 et qu'il avait donc 16 ans. Et si l'on étudie de plus près la famille Morin, on s'aperçoit qu'Alexis Joseph avait un plus jeune frère, Nicolas Marie, né en 1786, et donc beaucoup plus près de l'âge de Louis XVII (Renseignements généalogiques provenant de M .Maurice Etienne). Je laisse ici la parole à M. Duval :

“Si la Convention a demandé Alexis qui était de faible constitution ..., c'est sans doute que celui-ci était le plus ressemblant avec le prisonnier du Temple. Dans ce cas, puisque Alexis avait 16 ans et était déjà grand, la Convention reconnaissait ipso facto que le prisonnier était grand et ressemblait à un enfant de 16 ans. Et cela était connu depuis le 9 thermidor : c'est-à-dire que Barras, Goupilleau et les autres conventionnels ne connaissaient que cet enfant. En effet, si l'on avait voulu trouver un enfant plus près de l'âge du Dauphin, il aurait fallu demander à Morin son second fils Nicolas, qui lui, avait quasiment l'âge du Dauphin puisqu'il était né en 1786. En conséquence, on peut légitimement considérer que l'enfant découvert le 9 thermidor avait déjà été substitué”.

C'est en effet un excellent indice supplémentaire que la substitution avait été effectuée avant l'arrivée de Barras au Temple le matin du 10 thermidor .



Réunion du 27 octobre 2001

Que s'est-il passé la nuit du 19 janvier 1794 ?

par Mme Védrine

Nous en sommes réduits aux hypothèses : voici celle de Mme de La Chapelle et la mienne, étayée par les faits et la logique.

Le 19 janvier vers 9 heures du soir, les 4 commissaires de garde : Lorinet, Cochefer, Lasnier et Legrand, montent au 2ème étage de la Tour, où vivent le Dauphin et le ménage Simon. Ils trouvent le petit Capet “en bonne santé” et donnent à Simon une décharge. Les Simon, qui dès cet instant n'ont plus la garde du Dauphin, descendent pour rentrer dans leur nouveau logis, Cour des Écuries, à deux pas de la Tour. Les commissaires descendent également, pour rejoindre la Salle du Conseil, au rez-de-chaussée, où ils dînent et où ils dorment.

Et l'enfant ? Peut-on penser que l'on va laisser seul dans l'appartement désert un enfant de huit ans, intrépide et remuant. L'enfermer dans sa chambre ? le fameux “jour” est déjà percé, il cherchera à passer à travers. La salle à manger ? elle à une cloison vitrée. Demain, à l'aube les ouvriers de Durand viendront travailler dans la chambre ; le plus simple est évidement qu'il descende avec tout le monde, et gagne dans la petite Tour, la salle à manger, pour laquelle on a fait il y a quelques jours “une clé de sûreté”. On sait que la Commune déclarait 6 mois plus tôt, qu'un enfant de cet âge ne pouvait se passer des soins “d'une personne du sexe”.

Mme de La Chapelle pense avec raison, que la “personne du sexe” qui remplace Marie Jeanne Simon est la citoyenne Gourlet, femme du guichetier du Grand Mur.

Le petit Capet est sans doute interné dans la petite Tour, tout au moins pendant la durée des travaux de la chambre.

Les faits :

les princesses ne l'entendent plus 19 janvier

clé de sûreté pour la salle à manger de la petite Tour 7 janvier -18 nivôse

on met sans raison un mois après Tison au secret 26 février - 8 ventôse

on renvoie Monié et le remplace par Gourlet 26 février - 8 ventôse

suppression du corps de garde du 1er étage, seul accès à la petite Tour août 93

Quel pêché Tison a pu commettre au fond de son cachot ? il a sans doute entendu la voix du Dauphin et s’en est ouvert à Monié. On s'est débarrassé des deux bavards. Monié a 34 ans ; il survivra 17 ans à son “arrêt de travail”.

La logique :

On facilite la sortie éventuelle en rapprochant le prisonnier de l'unique porte de la Tour ; on évite le passage très long des huit guichets qu'il faut ouvrir et fermer. Il suffit de descendre quelques marches pour sortir de la Tour.

On ne peut laisser le Prisonnier d'État dans une chambre où les ouvriers vont, viennent et travaillent ; quand on réintègrera l'Enfant du Temple dans sa chambre, elle sera aménagée de façon a ce que l'on ne puisse le voir qu'au travers d'un guichet barré.


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La survivance de Louis XVII Empty Re: La survivance de Louis XVII

Message par Her Lun 26 Juil 2010 - 10:46


LES DEUX COEURS
DE
LOUIS XVII

Etude historique
par Laure de La Chapelle
Vice Présidente du Cercle d’Etudes Historiques
Sur la Question Louis XVII
En préliminaire, afin de vous faciliter la compréhension de ce qui suit, l'auteur vous engage vivement à consulter la page du même site "LA PREUVE".

AVANT-PROPOS
Peuple, reçois sans murmurer la nouvelle : en l’an 2000, la voix empressée des médiats, et accessoirement une nouvelle avancée de la science, ont enterré solennellement le mythe.
On s’assied sur le cercueil, on a enfin trouvé le cadavre, les successeurs peuvent respirer :

Le petit Capet est mort au Temple, c’est son coeur qu’on a tronçonné et analysé, l’erreur est impossible, toute autre expérimentation est superflue, il est même déconseillé de réfléchir davantage.
Nous autres, chercheurs besogneux d’une histoire souvent manipulée, avons pourtant contre vents et marées, repris notre bâton de pèlerin, en abandonnant les patientes découvertes qui levaient peu à peu les épais mystères de la Tour du Temple.
Car, à qui fera-t-on croire que le petit garçon rondouillard, charmeur et insupportable avait pu devenir en quelques mois cet efflanqué galeux, aux dents cariées et à la voix inaudible, dans la chambre duquel soupirent à l’envi Mademoiselle de Bourbon Parme et Madame Chandernagor ?

Il fallait donc quitter la Tour, ce monde où même la facture de l’artisan recelait des pièges, où la peur, le non-dit, et le mensonge étaient de règle, et suivre le destin d’un coeur vagabond.
Mais avions-nous vraiment changé d’univers ? Le mensonge et la manipulation étaient-ils restés aux portes du Temple ? Depuis l’analyse A.D.N. tout s’était-il miraculeusement éclairci ?
Partis avec une âme « fraîche et joyeuse » dans cette quête de la vérité avec, comme seule boussole, la phrase du professeur Cassiman « Il s’agit du coeur d’un parent de Marie-Antoinette, mais c’est aux historiens de démontrer que c’est Louis XVII », nous avons vu les évidences s’effriter, les vérités s’obscurcir, et une fois de plus, comme aurait soupiré Lenôtre, l’histoire de Louis XVII se retourner comme une peau d’anguille.

C’est cette enquête irritante que nous allons vous faire partager, et ce sont des conclusions inattendues que nous allons vous dévoiler. Nous suivrez-vous sur ce chemin ardu ? Ou resterez-vous sur la voie aisée du consensus médiatique, qui a décidé en avril 2000 que « la science avait parlé » ? Peu importe ce qu’elle disait du reste, ou ce qu’on lui faisait dire. Seul comptait l’effet d’annonce et ses retombées sur les promoteurs de cette affaire de coeur, qui ont sans doute cru faire avancer l’Histoire.
CHAPITRE 1

Il n’y a plus d’énigme Louis XVII
Ce fut l’étonnement, assez inégalement partagé d’ailleurs, puisque les radios avaient déjà vendu la mèche et qu’un prince des plus charmants débarquait de la péninsule ibérique pour honorer de sa présence la cérémonie.
Sous les lambris respectables du Musée de l’Histoire de la Médecine, on enterra donc une fois de plus, mais pour l’occasion, avec faste et caméras, le roi Louis XVII. La démonstration scientifique fut bien un peu rapide et les projections sur boiseries complètement déformées. Mais quoi, pour les amateurs peu éclairés que nous étions, cela devait suffire.
Et si le professeur Lucotte, seul auditeur présent spécialiste de biologie moléculaire s’était dit réservé sur ces résultats, dépourvus, selon lui, d’un certain nombre de paramètres mathématiques ; si même la revue Natural Genetics ne pouvait, d’après le professeur Cassiman lui-même, admettre cette expertise, peu importait : nous devions tout croire, puisque la presse avait la foi et nous invitait militairement à la partager.

La science confirme le verdict de l’histoire. Il n’y a plus d’énigme Louis XVII
(Philippe Delorme, 19 avril 2000)
Oui, mais? une pensée impertinente me revint à l’esprit presque aussitôt. Un de mes amis m’avait, par le plus grand des hasards, envoyé peu de temps auparavant un exemplaire de la Revue Rétrospective de 1894, publication dirigée par Paul Cottin.
Et à la première page de ce document, figurait un fac simile photographique du coeur remis en 1895 à don Carlos, duc de Madrid, et représentant l’organe prélevé à l’autopsie du petit Capet par le chirurgien Pelletan : ce coeur précisément dont les magazines nous montrèrent bientôt de superbes reproductions en couleurs et grand format.
Avant même de laisser la parole aux spécialistes, plusieurs différences s’imposaient à première vue :
L’urne contenant le coeur en 2000 avait été ouverte : le viscère était suspendu en partie basse par un mince fil de fer, alors qu’en 1895, le coeur frôlait le couvercle, et que la suspension était constituée d’un petit cylindre en cuivre.
Les quinze morceaux de cristal, restes de la première urne Pelletan, avaient disparu.
Le coeur analysé était plus petit que celui de 1895.
Et enfin, les deux ventricules, sensiblement égaux en 2000, présentaient cent ans plus tôt des différences radicales : à cette époque, le ventricule gauche était très développé, et le droit aplati et déformé.
Bientôt, l’analyse des témoignages médicaux aux deux époques considérées précisa ces premières constatations :
Le 15 décembre 1999, le docteur Pfeiffer, pratiquant une analyse anatomique au laboratoire d’analyses médicales Thierry Coté, 245 rue Lecourbe à Paris, constatait :
Que l’échantillon ressemblait à un coeur humain de petite taille, pouvant correspondre au coeur d’un enfant de 5 à 12 ans. Il mesure 6 x 3 x 2 cm et les tissus sont desséchés, contractés et de consistance pétrifiée. La couleur globale est marron .
La partie pendante de l’aorte fait 2 cm
La paroi du ventricule droit mesure 1mm d’épaisseur, alors que celle du ventricule gauche est de 2mm. Le lumen de chaque ventricule est large et dilaté.
On ne peut faire aucune observation sur les valvules, car celles-ci ne sont pas visibles.
Voilà qui est clair et précis.
Revenons en 1895, époque de la remise par M. Edouard Dumont, détenteur du coeur, au comte Urbain de Maillé, représentant en France les intérêts de Don Carlos de Bourbon. Quatre médecins furent convoqués pour examiner le coeur « Pelletan ». Il n’est pas inutile de remarquer que le docteur Jouin, avait été appelé le 22 juin 1895 en qualité de médecin de la famille de Maillé. Que le docteur Chevassus avait répondu à la demande de M. le Comte de Maillé et que le docteur Siredey avait vu le viscère chez M. le comte de Maillé, 24 rue de l’Université, le 29 juin (La Chronique Médicale, 1er novembre 1895).
Venons-en au docteur Martellière qui, lui, ne précise pas son mandant ; par contre, dans son article de la Chronique Médicale, il affirme la vérité de ce qui suit :
Ce coeur est à l’état de dessication absolue, par suite de l’évaporation de l’alcool dans lequel il a été plongé pendant de longues années et qui a assuré sa conservation.
Il mesure environ 8 centimètres de longueur sur 3 de largeur. Le ventricule gauche, dont on suit parfaitement la direction des fibres musculaires, forme un bourrelet de vingt-cinq millimètres d’épaisseur qui constitue la masse principale de l’organe, à laquelle est accolé le ventricule droit aplati et de moindre épaisseur.
L’aorte, coupée à deux centimètres de son origine, présente une section ovalaire de quinze millimètres sur sept.
A raison de l’exiguïté du volume des ventricules et de la dimension réduite de l’aorte, j’estime qu’il n’est pas permis d’attribuer ce coeur à un enfant âgé de plus de dix ans.
Il est superflu de faire remarquer que ce coeur, pourtant complètement desséché, a perdu le tiers de sa hauteur en cent ans, et que les ventricules sont redevenus semblables !
Le docteur Jouin rive le clou :

Dans l’enfance, et à dix ans particulièrement, le coeur gauche est beaucoup plus développé que le coeur droit quant au système musculaire . Or, cette disposition caractéristique est absolument évidente sur l’organe examiné.

De fait, si le ventricule gauche mesurait deux centimètres et demi, le ventricule droit n’avait plus qu’un demi centimètre de large.
Que penser des ventricules identiques observés en l’an 2000 ?
Last, but not least, le docteur Jouin ajoute : Les valvules sigmoïdes également sont les valvules d’un enfant.
Il faut supposer qu’à notre époque, le docteur Pfeiffer avait oublié ses lunettes, puisqu’elle précisait (voir plus haut) qu’on ne peut faire aucune observation sur les valvules, car elles ne sont pas visibles.

Au reste, les médecins convoqués par le comte de Maillé assurèrent avec un parfait ensemble que le coeur examiné par eux était bien celui d’un enfant, de 9 à 11 ans pour le docteur Martellière, 8 à 11 ans pour le docteur Jouin, d’une dizaine d’années pour le docteur Chevassus et, de 8 à 12 ans pour le docteur Siredey.
Mais déjà cette belle unanimité était battue en brèche dès la publication des certificats des quatre médecins.
La Chronique médicale de novembre 1895 posait immédiatement le problème sous le titre :
Le coeur de Louis XVII ( ? ) est-il le coeur d’un enfant ?

Et introduisait l’expertise d’autres spécialistes par la remarque suivante :

Quelle que fût l’assurance des termes de ces certificats, un doute nous est venu : est-il vraiment si commode, est-il même possible d’arriver à une telle certitude de déductions, quand on n’a à sa disposition qu’une pièce desséchée, racornie, tour à tour exposée à l’air libre et plongée dans l’alcool, et qui, de plus, a subi toutes les vicissitudes que l’on sait ?
Ces doutes , nous les avons soumis à des maîtres anatomistes dont nul ne songera, nous l’espérons, à récuser l’autorité, et tous, bien qu’interrogés séparément, nous ont fait la même réponse : il est impossible de déterminer l’âge d’un coeur qui a perdu tout caractère, toute conformation comme celui dont il s’agit, même en pratiquant des coupes ;
Il est donc permis de conclure que nos confrères, MM. les Drs Chevassus, Siredey, Jouin, Martellière, ont été tout au moins imprudents dans leurs téméraires affirmations, leur bonne foi et leur loyauté demeurant hors de conteste.
A notre demande, M. Marc Sée, membre de l’Académie de Médecine, très versé dans les questions qui ont trait à l’anatomie, répond en ces termes dépourvus d’ambiguïté.
Je ne crois pas qu’il soit possible, dans les conditions énoncées, de se prononcer sur l’âge d’un coeur.
Il doit y avoir une différence, à ce point de vue, entre le coeur d’un enfant et celui d’un vieillard. Mais cette différence est moindre quand on compare des sujets dont l’âge ne varie que d’une dizaine d’années.
Le professeur Tillaux, lui, pense que la question est insoluble.
Un autre membre éminent du corps médical - désirant garder l’anonymat - mais dont le chroniqueur dit qu’il a enseigné l’anatomie à des générations d’élèves et qu’il laissera derrière lui une monumentale oeuvre scientifique, s’exprime en ces termes :
Au début de ma carrière, on se servait encore d’un mélange à parties égales d’alcool et d’eau qui rétractait considérablement les tissus. Vraisemblablement, c’est le liquide qu’aura employé Pelletan. Frappé de cet inconvénient, j’ai substitué au mélange hydro-alcoolique une solution saturée d’acide arsénieux, additionnée de 1/10 d’alcool. Cette solution est avantageuse, parce qu’elle rétracte à peine les tissus, pour ainsi dire pas du tout .
En tout cas, il me paraît impossible de dire qu’un coeur qui a été plongé tour à tour dans l’alcool et laissé à l’air libre est un coeur d’enfant ou d’adulte.

Voilà ce que disait un éminent anatomiste du traitement de conservation de l’époque révolutionnaire, procédé qu’il avait connu et perfectionné. Il faudra s’en souvenir, car d’aucuns ont pensé et écrit qu’on avait pu « embaumer » les coeurs en 1795 comme au 17ème siècle !
Le coeur de l’Enfant du Temple, ou d’autres coeurs comme, par exemple, celui du premier Dauphin peu de temps auparavant, ont donc subi, selon la consultation que nous venons de citer, un traitement à parties égales d’alcool et d’eau.
C’est s’aventurer beaucoup que d’affirmer, même à notre époque, que le viscère dont on a analysé l’A.D.N. était celui d’un sujet très jeune.
Et pourtant, le docteur Pfeiffer n’a pas hésité à dire que ce coeur était celui d’un enfant de 5 à 12 ans. Sans mettre en doute ses connaissances sur le procédé de conservation d’un viscère il y a deux cents ans, il me semble que la question reste posée.

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La survivance de Louis XVII Empty Re: La survivance de Louis XVII

Message par Her Lun 26 Juil 2010 - 10:47

CHAPITRE 2
Pelletan : sa personnalité, son histoire

La controverse qui s’éleva en 1895 sur le coeur prélevé par le docteur Philippe Jean Pelletan nous ramène inévitablement à celui qui fut à l’origine de toute l’affaire.
Qui était donc ce médecin, désigné à la mort de l’Enfant du Temple pour pratiquer l’autopsie, conjointement avec ses confrères Dumangin, Lassus et Jeanroy ?
Philippe Jean Pelletan naquit à Paris et fut baptisé en l’église St Jacques de la Boucherie le 5 mai 1747. Il était fils de Jean Pelletan, maître chirurgien, membre du Collège et de l’Académie Royale de Chirurgie, et de Anne Jeanne Davau, et avait un frère et une soeur, Henri Augustin et Anne Elisabeth, tous deux témoins à son premier mariage en 1777.
Le premier février de l’an 1777, Philippe Jean Pelletan épousait donc en l’église St Séverin à Paris Elisabeth Julie DUBUS ; le contrat de mariage avait été reçu par Me Caiez, le 25 janvier précédent.
Il faut remarquer parmi les témoins au contrat la présence d’Aignan Joseph SIGAUD, sans doute proche parent de Bernard Prosper SIGAUD, également médecin, et qui aurait avoué à Fabre d’Olivet après la Révolution avoir empoisonné l’Enfant du Temple en 1795.
De ce mariage avec Elisabeth Dubus, naquit le 6 janvier 1782, un fils, Pierre Pelletan.
A cette époque, Philippe Jean Pelletan demeurait à Paris, 10 rue St Christophe , actuellement Parvis Notre Dame : c’est une adresse essentielle à noter, car cette maison reviendra après sa mort à son héritier légitime et successeur, son premier fils, Pierre, qui y déposera un coeur après le sac de l’Archevêché en 1830.
Elisabeth Julie DUBUS étant décédée le 6 janvier 1787, Philippe Jean Pelletan se remaria en l’an III avec Denise Françoise VERCUREUR, (Contrat reçu par Me Petit le 28 pluviôse an III), non sans avoir eu entre temps un enfant naturel Gabriel Pelletan, né le 10 janvier 1792, lequel jouera, à part égale avec son demi-frère Pierre, un grand rôle dans cette histoire.
De sa seconde épouse, il eut une fille, Elisabeth Françoise, née le 22 juin 1797, restée célibataire et qui vécut avec son père ; elle habitait avec lui rue St André des Arts et après sa mort qui survint le 22 février 1868, elle fut enterrée également dans la tombe paternelle, au cimetière de Bourg-la-Reine.
Elisabeth Françoise Pelletan fit son testament le 28 janvier 1864, (Déposé chez Me Corrard , notaire à Paris, le 22-02-1868), instituant son demi-frère Gabriel légataire universel de ses biens, dont une maison héritée de sa mère rue de Grenelle Saint Honoré, n° 44.
Par ces dispositions singulières, elle déshéritait donc son demi-frère légitime, Pierre Pelletan, avantageant ainsi Gabriel Pelletan, l’enfant naturel de son père.
Philippe Jean Pelletan, domicilié sous la Restauration 41 rue St André des Arts, avait acheté une résidence secondaire à Bourg-la-Reine, où il mourra le 26 septembre 1829 (Scellés après décès du 27 septembre 1829, inventaire dressé par Me Lambert de Sainte Croix les 7 et 8 octobre 1829). Après ces quelques mentions sur sa biographie personnelle, voyons quel fut « l’homme public » Philippe Jean Pelletan, Professeur à la Faculté de Médecine de Paris, Chirurgien en chef de l’Hôtel-Dieu , Membre de l’Institut et de l’Académie de Médecine.
Philippe Delorme, dans son livre Louis XVII, la Vérité nous le décrit comme un médecin consciencieux, dévoué, laborieux, honnête, une victime de la vie, en quelque sorte, ni heureux, ni riche, tout ceci d’après une notice biographique d’Isidore Bourdon, célèbre inconnu de 1863.
Les contemporains en eurent une toute autre idée.
En 1786, il postule pour le poste de professeur de l’Ecole de Santé. Desault est nommé à sa place. Pelletan est très déçu, car c’est un ambitieux. Egalement arriviste, il entend supplanter tous ses collègues et aura de nombreux démêlés avec les uns et les autres, particulièrement avec Dumangin et Dupuytren.
En 1789, il s’enflamme pour les idées de la Révolution, est élu chirurgien-major de la Garde Nationale la même année ; dans l’enthousiasme révolutionnaire, il fait don à l’Assemblée Nationale de sa première année de traitement (in La Dynastie Médicale des Pelletan, Archives du Musée d’Histoire de la Médecine). Par la suite, il sera nommé au grand Hospice de l’Humanité (Hôtel-Dieu). C’est lui qui sera requis pour constater la mort de Marat.
Mallet du Pan, le publiciste suisse bien connu, écrit de lui en 1795 :
C’est un révolutionnaire féroce, qui servait d’espion au Comité de Sûreté Générale. Il formait dans la prison Saint Lazare des listes de victimes à guillotiner.
Autres temps, autre discours sous Bonaparte, Pelletan s’enflamme, mais cette fois pour le héros qui nous gouverne :
- Puis-je oublier l’honneur insigne d’avoir siégé auprès de ce grand homme ? Je l’admirais en silence : aujourd’hui, l’univers célèbre sa gloire et l’humanité entière jouit de ses bienfaits. Puisse son heureuse postérité égaler en nombre les étoiles du firmament ? (Préface de la Clinique Chirurgicale. Delorme, op. cit, p.126).
Sous l’Empire, il devient chevalier par lettres patentes du 16 décembre 1810 et chirurgien consultant de l’Empereur ; il est professeur à la Faculté de Médecine, membre de l’Institut et de l’Académie des Sciences, et concourt même à faire nommer Bonaparte membre de cette dernière institution.
Vae Victis ! le vent de l’histoire tourne et Pelletan ne manque pas de le suivre :
Après les Cent Jours, cette inconcevable catastrophe, Napoléon n’est plus qu’un usurpateur extravagant (in La Revue Rétrospective pp. 156 sqq. et 179).
En 1814, les essais de justification de son attitude pendant la période révolutionnaire (Préliminaire de son Mémoire) ne sont guère convaincants, même s’il essaye de se créer à posteriori un personnage de médecin de la nature, préférant toujours les plus malades ou les plus nécessiteux.
A la première Restauration, des erreurs de diagnostic relevées par Dupuytren entravèrent sa carrière : il échoua dans l’opération d’un ostéosarcome le 21 octobre 1814. Plus grave, se présenta en 1815 à l’Hôtel-Dieu un officier russe, assez proche du tsar Alexandre par ses fonctions ; il avait reçu un coup de fourche dans le haut de la cuisse ; Pelletan l’examine, trouve un foyer au-dessus de l’arcade crurale, et prompt à décider, l’ouvre d’un large coup de bistouri. Un large flot de sang inonde et aveugle le chirurgien. Pelletan croyait avoir affaire à l’artère iliaque et nous n’étions pas familiarisés alors en France avec la ligature des grandes artères (Récit de Lisfranc). Pelletan ne put arriver à arrêter l’hémorragie.
Il avait perdu la tête ; il entassa dans la plaie charpie sur charpie, la poussant jusque dans l’abdomen. Le malade mourut quelques heures après.
Dupuytren raconta l’aventure à sir James Wylie, médecin du tsar Alexandre. On fit une enquête et le 6 septembre 1815, par décision du Conseil Général des Hospices, Pelletan cessait d’être en activité de service à l’Hôtel-Dieu.
Retour à la Tour du Temple
Revenons avec le corps médical à la Tour du Temple. En mai 1793, le petit Louis Charles était tombé malade, et l’on nous dit que le docteur Thierry de Bussy prescrit un traitement anti-scrofuleux, (Delorme, op. cit. p.12). Voilà qui augure mal de l’avenir du malade et permet de préparer le lecteur à une mort par tuberculose. Malheureusement, ce n’est pas le sens qu’il faut donner aux prescriptions du Dr Thierry, et c’est un médecin actuel, le Dr Descamps, qui va nous interpréter les factures de l’apothicaire Robert pour mai et juin.

(Docteur Jacques Descamps, L’Enigme du Temple, 1975).
Le petit lait clarifié fait fonction de laxatif très léger et de vaccinothérapie intestinale. Le miel à haute dose (une livre) a un pouvoir laxatif puissant ; la médecine composée (séné, coriandre, sel de Glauber) est un laxatif à actions multiples. Les baies de genièvre sont des diurétiques. Le bouillon médicinal avec terre foliée minérale (acétate de soude) est à même visée thérapeutique.

Depuis quand les laxatifs soignent-ils la tuberculose ?
Le petit roi est atteint de constipation, ce qu’explique le manque d’exercice. Bien au contraire l’enfant du Temple souffrira d’une extrême faiblesse due à une diarrhée chronique.
C’est du moins ce que déclarera le docteur Pelletan à M. Pasquier, garde des sceaux, en 1817. Après avoir affirmé faussement au chancelier qu’il a soigné l’enfant pendant la maladie de Desault, alors qu’il est nommé seulement le 17 prairial de l’an II, (5 juin 1794) soit 5 jours après la mort de Desault et trois jours seulement avant la mort de l’Enfant du Temple, il ne met aucun empressement à se rendre à la Tour et écrit aux gardiens :

Citoïens, L’état du malade ne peut être rendu très inquiétant par les circonstances que vous me détaillez ? Quoique je sois extrêmement fatigué de mes travaux du jour, et qu’il soit onze heures du soir, je me transporterais sur le champ auprès de l’enfant, si je sçavois lui être de la moindre utilité.

C’est ce médecin perspicace qui sera chargé de l’ouverture du corps le 21 prairial de l’an II avec trois collègues : Dumangin, Lassus et Jeanroy.
L’autopsie officielle a-t-elle un caractère plus véridique ?
On peut en douter lorsqu’on lit dans le Mémoire écrit par Pelletan et publié en 1894 par la Revue Rétrospective :
Il fallut attribuer les engorgements du ventre et autres à un vice scrofuleux, ainsi que quelques autres dispositions physiques qu'il fallut taire.
En 1817, il affirmait au contraire à M. Jacquinot de Pampelune : Ce procès-verbal décrivit d’une manière exacte les engorgements du ventre et les tumeurs extérieures auxquels la mort a été justement attribuée et qui tenaient à un état scrofuleux.
Quand donc Pelletan dit-il la vérité ?
Au moins est-on sûr qu’il a bien prélevé le coeur, comme il l’affirme dans une déclaration entièrement écrite de sa main :

Nous nous réunîmes (lui et ses trois collègues) le lendemain 9 juin pour procéder à l’ouverture, et le procès-verbal fut dressé, contenant la vérité la plus exacte et portée jusqu‘au scrupule (sic) .
Etant particulièrement chargé de l’opération de l’ouverture et de la dissection, l’on m’abandonna de même le soin de restaurer le corps et de l’ensevelir. Mes confrères et le commissaire de la municipalité (le sieur Damont) ainsi que le concierge de la maison (le citoyen Lasne) qui avaient été présents à l’ouverture, s’éloignant de la table et causant entre eux, je me hasardai à m’emparer du coeur de l’enfant ; je l’entourai de son, l’enveloppai d’un linge et le mis dans ma poche, sans être aperçu. J’espérais bien qu’on ne s’aviserait pas de me fouiller en sortant de la maison. (Musée de la Préfecture de Police, Paris)

Sous la Restauration, cette déclaration sera agrémentée d’un lot de détails supplémentaires (Déposition à Jacquinot de Pampelune en 1817) qui suscitèrent de vives protestations chez les témoins présents à l’autopsie.
Dumangin, l’autre chirurgien nommé la veille de la mort de l’enfant, intervint énergiquement :

Si j’eusse été présent lors de la rédaction que j’ai sous les yeux, vous auriez eu grand embarras à détailler vos reproches aux gardiens, vos discours et le baiser que je ne vous ai pas vu poser sur la main du roi mourant ?
Vous avez cru, Monsieur, pouvoir accuser sans inconvénient de distraction, moi et MM. Jeanroy et Lassus au moment où vous dites avoir soustrait une partie précieuse du jeune roi. Qu’aviez-vous donc à redouter de ma part et de celle de nos confrères ? Rien.
Ce qui aurait pu vous déterminer, n’était-il pas plutôt l’oeil des gardiens, retirés dans un coin de la chambre ?
Votre conduite vous rend coupable, j’ose le dire, de la faute grave d’avoir négligé des témoignages qui laissent subsister un doute sur un point de fait de cette importance. (A. de Saint Gervais, Preuves authentiques ?).

Bon prince, Dumangin déclarera qu’il a vu Pelletan mettre quelque chose dans sa poche, sans pouvoir préciser ce que cela pouvait être.
Le gardien Etienne Lasne, dont on ne sait s’il était dans une embrasure de fenêtre ou dans un coin de la chambre, protesta tout aussi vigoureusement. Beauchesne en témoigne :

Le coeur ne fut pas déposé à Saint Denis. Les premiers doutes revinrent et prévalurent, confirmés surtout par les énergiques déclarations de Lasne, qui avait assisté à l’autopsie et qui n’avait pas, disait-il, quitté un seul instant des yeux l’opérateur.
la vivacité d’un honnête homme qui a bien vu ce qu’il a vu , et qui se sent le droit de rectifier une assertion erronée.

Le commissaire Damont n’en vit pas davantage. Et pourtant, il bénéficia d’un autre prélèvement de Pelletan :

Le sieur Damont, officier municipal, qui assistait à l’ouverture du corps, me pria de lui donner une poignée de cheveux ; ce que je fis avec les précautions nécessaires en pareil cas, et à la condition de m’en rendre la moitié : je ne réclamai pas cette moitié, ayant le coeur en ma possession. (Mémoire de Pelletan)

Il ne faut pas, une fois encore, être dupe de Pelletan, puisque Lafont d’Aussonne, historien de Marie Antoinette, rapporte en 1836 (Mémoires secrets et universels des malheurs et de la mort de la Reine de France) :

Le docteur Pelletan, qui avait présidé à l’autopsie, possédait et m’a montré le coeur du jeune roi Louis XVII et sa jolie chevelure blonde. Pelletan fils possède ces tristes dépouilles en sa maison, près de la cathédrale de Paris.

On comprend, après toutes ces palinodies, que la famille royale et le gouvernement aient fortement douté des affirmations de Pelletan et de l’authenticité du coeur.
Premières péripéties du coeur

Quelle que fût l’origine de ce coeur, Pelletan affirma qu’il avait été dérobé dans le tiroir de son bureau, où il l’avait rangé après l’avoir traité jusqu’à dessication complète et où il voisinait avec d’autres échantillons anatomiques. Il accusa du vol un de ses élèves, M. Jean Henry Tillos.
Dérobé, est-ce bien exact ?
Encore une fois, Pelletan déforme la vérité. En fait, il semble que, sous l’Empire, ne sachant trop que faire de ce viscère, si tant est qu’il l’ait prélevé, il l’ait confié à son élève qui venait de se marier ( le 29 janvier 1810 ) en précisant que c’était le coeur de Louis XVII.
Le malheureux Tillos mourra de phtisie pulmonaire deux ans plus tard (le 15 septembre 1812) mais apparemment, sans rien recommander à sa femme. Pourquoi l’aurait-il fait d’ailleurs ? L’élève craignait son maître et n’était sans doute entré en possession du coeur qu’avec son accord.
Deux ans plus tard encore, sous la Restauration, c’est une autre chanson !
Pelletan vit aussitôt le parti à tirer du coeur et exigea de la famille Tillos qu’il lui soit rendu ;
Le beau-père de Tillos, M. Guidon, s’exécuta, mais en demandant au chirurgien une décharge par écrit : il aurait été parfaitement capable, en effet, de poursuivre la famille de son élève pour vol. Voici le texte de cet acte de complaisance (ce sont les propres termes de Pelletan) :

Je reconnais avoir reçu des mains de Madame la veuve Tillos le coeur du dauphin dernier, mort dans les Tours du Temple, ayant donné des soins à ce précieux enfant pendant les vingt derniers jours de sa vie ( sic ) et ayant été chargé de faire l’ouverture de son corps, j’en avais extrait le coeur, soit comme l’objet de mes respects, soit dans l’espérance de le représenter un jour et M. Tillos étant alors mon élève intérieur, s’est trouvé chargé de surveiller la conservation de cet objet précieux.

La version d’un vol du coeur proclamée plus tard par Pelletan, ne résiste pas à l’examen des dates !
Que ce soit par l’intermédiaire du vicomte de Montmorency ou de M. de Chateaubriand, les offres de cet objet précieux à la famille royale furent constamment éludées ou repoussées ; le médecin commença par se plaindre :

On doit s’occuper de l’exhumation des restes de l’illustre enfant, et je ne suis pas même un des commissaires désignés, quoique personne ne soit plus capable que moi de reconnaître ces précieux restes.

Et là, on ne peut que donner raison à Pelletan ! Mais ses griefs ne s’arrêtèrent pas en si bon chemin :

J’ai la certitude que sa Majesté a connaissance du fait principal qui nous occupe et je reste dans l’embarras de savoir que faire des précieux dépôts qui sont entre mes mains.
Il n’y a qu’une intrigue obscure qui puisse éloigner le résultat de mes démarches. Je m’abstiens de la dénoncer ouvertement et me contenterai du mépris qu’elle doit inspirer, dans l’espérance qu’enfin la vérité parviendra à se faire connaître. (Signé : le chevalier Pelletan, le 13 juin 1816).

Deux ans plus tard, le médecin, devenu agressif, n’hésita plus à dénoncer :
Dans des Notes écrites pour Madame la marquise de Talaru le 30 novembre 1818 (publiées par la Gazette Hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie le 15 juin 1877), Pelletan accusa Dupuytren d’avoir contrefait son écriture dans une lettre adressée au duc de Duras et contenant des injures contre le père Elisée, chirurgien du Roi, qui lui aurait voué en conséquence une haine complète.
Décidément atteint de la manie de la persécution, Pelletan ajoute que deux billets anonymes et injurieux, adressés au doyen de notre Faculté, présentent encore la contrefaçon de mon écriture…
Et ne s’arrêtant pas en si bon chemin, il se livra à des insinuations malveillantes sur l’attitude de Louis XVIII :

Enfin, on ne craint pas de dire que Sa Majesté se prononce ouvertement pour exiger l’oubli des malheurs dont nous avons été moins cause que victime.
Qui ne reconnaît dans cette volonté l’indulgence et l’amour de la paix qui caractérisent le coeur de Sa Majesté ? n’est-ce pas le comble de la malveillance et de la mauvaise foi que d’étendre cette volonté bienfaisante de Sa Majesté à l’oubli des devoirs les plus sacrés à rendre à son illustre et infortuné prédécesseur ?
Tandis que les méchants calomnient ainsi les sentiments de Sa Majesté, ils ne laissent pas que de faire remarquer dans le public que l’on néglige un précieux dépôt qui constaterait seul la mort de Louis XVII, et nous mettrait à l’abri des prétentions criminelles et absurdes du premier intrigant qui voudrait se faire reconnaître pour la jeune victime du Temple.
Eh ! ne m’accuserait-on pas moi-même d’être un de ces intrigants, en ne reconnaissant pas l’authenticité du dépôt que je présente ?

A la vérité, Pelletan prononçait là des paroles prémonitoires ?
Apparition d’un deuxième coeur

En 1817, pourtant, le Ministère de l’Intérieur s’occupait de rassembler pièces et documents pouvant constater l’authenticité du coeur Pelletan.
Une première liste, établie par Chanoine-Davranches d’après la déposition du médecin de mars 1817 devant Etienne Denis Pasquier, Garde des Sceaux, comprend :
1° L’arrêté du Comité de Sûreté Générale du 17 prairial an III par lequel ledit sieur Pelletan a été nommé pour donner des soins à S.M. Louis XVII.
2° La lettre du même jour écrite par le Secrétaire Général de ce Comité et portant envoi de l’arrêté cy-dessus au sieur Pelletan.
3° La lettre du même Comité en date du 20 prairial, portant l’autorisation de placer une garde-malade près du roi.
4° La lettre par laquelle le Secrétaire Général a fait, le même jour, envoi de la précédente pièce au sieur Pelletan.
5° L’ordre donné par le Comité de Sûreté Générale le même jour 20 prairial , pour autoriser l’ouverture du corps.
6° Le procès-verbal dressé le lendemain 21 prairial, à l’effet de constater cette ouverture et signé Dumangin, Ph-J. Pelletan, Lassus et H. Jean Roy.

La liste définitive, en provenance du Ministère de l’Intérieur, porte l’en-tête suivant :

Etat des pièces constatant que le coeur de S.M. Louis XVII a été réellement conservé et existe encore aujourd’hui.

Cet état comporte deux pièces supplémentaires :

7° Procès-verbal de l’audition des témoins, d’où il résulte que le coeur conservé chez le sieur Pelletan est effectivement le coeur de S.M. Louis XVII.
8° Certificat du sieur Pelletan, où il reconnaît avoir reçu de la dame veuve Tillos le coeur par lui conservé de ce jeune Prince.

Ces huit pièces ont été envoyées au marquis de Dreux-Brézé, grand maître des cérémonies, par le Ministre secrétaire d’Etat de l’Intérieur.
La lettre du ministre est datée du 3 septembre 1817. Ce même jour, le même ministre confirmait dans une lettre au Garde des Sceaux, que le coeur de S.A.R. le Dauphin, fils aîné du Roi Louis XVI, se trouvait dans les mains du maire du 12éme arrondissement (5éme arrondissement actuel).

Cette découverte était stupéfiante !
En effet, tous les coeurs royaux déposés au Val de Grâce furent profanés en 1793 par la tourbe révolutionnaire ; comment le coeur du fils aîné du Roi Louis XVI et de la Reine Marie Antoinette avait-il pu en réchapper ?

Le 4 juin 1789, mourait au château de Meudon Louis Joseph Xavier François de France, Premier Dauphin, âgé de 7 ans, 3 mois et 12 jours.
Le procès-verbal d’autopsie (01 /1052) révélait une tuberculose osseuse très étendue ; mais les neuf éminents praticiens qui signèrent le document : Lemonnier, Vicq d’Azyr, Brunier, Petit, Lassonne, Andouillé, Loustaunau, Blanquier et Chavignat, notèrent que le coeur était sain, ce qui est d’une importance certaine pour la suite de cette étonnante histoire.
Que devint ce coeur , qui avait été transporté nuitamment au Val de Grâce le 12 juin 1789, par les mains du Cardinal de Montmorency et du duc de Chartres (futur Louis Philippe) ? C’est ce que nous apprend un rapport du Ministre de l’Intérieur en 1817.
RAPPORT AU ROI
Sire ,

Il vient d’être fait remise au Maire du 12ème arrondissement de Paris, par un sieur Thévenin, qui en était dépositaire, du coeur de S.A.R Mgr le Dauphin, fils aîné de S.M. Louis XVI.
M. le Préfet de la Seine en me donnant cet avis, me transmet les renseignements qu’il assure avoir été recueillis avec le plus grand soin par M. le Maire.
En brumaire de l’an 2 (octobre 1793), lors de la spoliation des tombeaux de la famille des Bourbons, au Val de Grâce, un sieur Legoy, Secrétaire du Comité de l’Observatoire assistant à cet enlèvement, recueillit un coeur, qui, suivant l’indication gravée sur la double enveloppe de plomb et de vermeil dont il était recouvert, était celui de S.A.R. Mgr le Dauphin, Louis, Joseph, Xavier, François, fils aîné de S.M. Louis XVI, né à Versailles le 22 octobre 1781 et mort à Meudon le 4 juin 1789.
Dans la crainte d’être inquiété à raison de ce dépôt, comme fonctionnaire public, le sieur Legoy le remit à son père.
Au décès de ce dernier, arrivé le 1er avril 1811, ce dépôt resta entre les mains de sa veuve.
Enfin, d’après l’intention plusieurs fois manifestée et jamais réalisée de la part de la dame Legoy de confier ce dépôt au sieur Guichard son voisin, la femme Malèvre, femme de confiance de cette dame et parente du sieur Thévenin détermina sa maîtresse, peu de temps avant son décès à le remettre au sieur Thévenin dernier détenteur.
Ces faits paraissent ne devoir laisser aucun doute sur l’origine et la sincérité de ce dépôt.
J’ai l’honneur de prier S.M. de vouloir bien me donner ses ordres à ce sujet .

Le sieur Legoy était bien secrétaire-greffier du commissaire de police de la section de l’Observatoire. (A. Soboul. Répertoire du personnel sectionnaire parisien de l’an II )
Quant au coeur de Louis Joseph, il était contenu dans une boîte de plomb en forme de coeur, comme le montre l’étiquette en cuivre arrondie qui la recouvrait et qui est conservée au Musée Crozatier, au Puy-en-Velay. Le tout protégé par un reliquaire en vermeil (argent doré) ainsi que le précise ce rapport.
En dépit de ces débuts d’enquête administrative, aucune décision ne suivit et le silence retomba sur les deux reliques.

Her
En adoration

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Message par Her Lun 26 Juil 2010 - 10:48

CHAPITRE 3
Les coeurs à l’Archevêché

Malgré toutes ses démarches et les assurances successives qu’il crut obtenir, Pelletan n’aboutit à rien. Et pourtant ?
En 1817, le ministre secrétaire d’Etat à l’Intérieur écrivait au Garde des sceaux :

L’intention du Roi était que le coeur de ce prince ( Louis XVII ) et celui de S.A.R. le Dauphin, fils aîné du Roi Louis XVI, qui se trouve dans les mains du maire du 12ème arrondissement, soient transportés à Saint Denis sans pompe et néanmoins avec les cérémonies convenables...

Plus tard, c’est l’archevêque de Paris, Mgr de Quelen, qui assure à Pelletan :

Qu’on devait très incessamment rendre au culte l’église du Val de Grâce et y faire la bénédiction ; que le projet était d’y placer le coeur du frère aîné de Louis XVII, qu’un avocat qu’il me nomma avait heureusement conservé (le sieur Thévenin ?) et que son intention et celle de M. de Clermont Tonnerre (ministre de la Guerre) étaient d’y faire placer en même temps le coeur de Louis XVII.

La cérémonie au Val de Grâce eut lieu, en avril 1826, mais aucun coeur n’y fut placé, comme le constata amèrement Pelletan qui avait été invité.
(Le caveau des Bourbons de cette église ne renferme toujours aujourd’hui que deux coeurs, celui du chirurgien Larrey et celui d’une Anglaise, miss Damby.)
Il faut remarquer que dans tous les projets de cérémonies funéraires, les sorts des coeurs des deux frères royaux étaient toujours liés ;
Nous allons pouvoir constater qu’ils le restèrent.

Désespéré de ne pas aboutir, Pelletan finit par obtenir de l’archevêque de Paris, Mgr de Quelen, qu’il accepte le dépôt de son coeur à l’archevêché , accompagné d’un Mémoire justificatif.
La décharge qu’en donna Hyacinthe de Quelen à Madame Pelletan le 23 mai 1828 est un document important :

Je, soussigné, reconnais avoir reçu comme un dépôt sacré, un vase de cristal rempli d’esprit de vin, renfermant un coeur desséché, que M. Pelletan assure par serment être celui du jeune roi Louis XVII, lequel coeur avait été soustrait et conservé par lui, ainsi qu’il en a tracé l’histoire dans un Mémoire qu’il m’a aussi remis.
Ce vase est composé de deux parties : la partie inférieure, semblable à un verre à pied, est garnie, au pied, d’un cercle de vermeil élaboré. Sur les deux côtés du vase, sont gravés, d’un côté, le chiffre de Louis XVII, surmonté d’une couronne royale ; de l’autre, un coeur entouré de rayons. La partie supérieure se compose d’un couvercle, aussi de cristal, surmonté d’un cercle formant couronne, sur laquelle sont gravées dix-sept étoiles , et d’un bouchon orné d’une fleur de lys de vermeil ;
Ces deux parties sont réunies par un cercle de vermeil dentelé en la partie supérieure, qui semble sceller l’endroit où les deux parties se rapprochent . L’une et l’autre partie sont enfin réunies par un ruban blanc de soie, scellé du cachet de M. Pelletan, qui empêche d’ouvrir le bocal.
M . Pelletan se trouvant indisposé, et ayant d’ailleurs épuisé tous les moyens qui étaient en son pouvoir pour remettre ce dépôt à la famille royale, m’a prié de le recevoir, mais je ne le reçois qu’à condition que je pourrai moi-même le rendre au roi, et je promets, si je ne puis réussir, de remettre ce dépôt à M. Pelletan ou à sa famille.

En mai 1829, peu de temps avant la mort de Pelletan, Mgr de Quelen , embarrassé par ce dépôt, demanda au roi Charles X de bien vouloir ordonner une enquête (La confiance ne régnait toujours pas au sujet du médecin) et de faire déposer le coeur soit à Notre-Dame, soit à Sainte Geneviève, soit à Saint Louis. Notez qu’il n’est pas question de Saint Denis ou du Val de Grâce, qui accueillaient les dépouilles royales.
Il n’y eut aucune décision de la Cour. Que devint le coeur du Premier Dauphin ?
Il avait très probablement précédé le coeur Pelletan à l’Archevêché.

Entrée en scène du petit neveu de Monseigneur de La Fare
.
C’est ce que nous apprend un certain Maurice Pascal dans un article publié dans un supplément du Littoral de la Somme du 16 novembre 1895 :

Il est inutile de faire remarquer, qu’au moment de la Restauration, après une longue et minutieuse enquête ; sur les désirs de Charles X et de la duchesse d’Angoulême, le Coeur fut déposé entre les mains de monseigneur de Quelen, archevêque de Paris ;
or, en cela le Coeur Royal ne faisait que suivre la même filière que suivait le Coeur de son frère, le Dauphin, premier fils de Louis XVI, décédé le 4 juin 1789.
Dans la bibliothèque de l’Archevêché, le Coeur de Louis XVII y rencontra le coeur de son frère aîné ; et si tous deux furent déposés en cette bibliothèque, et non en la chapelle de l’Archevêché, c’est qu’ils s’y trouvaient en plus grande sûreté et en plus grande discrétion, en attendant que la Décision Royale leur assignât à chacun, avec les cérémonies, honneurs et prérogatives qui leur étaient dus, un lieu de repos distinct, suivant le rang plus ou moins élevé que l’histoire leur avait attribué ; car si l’un des deux frères n’avait été qu’héritier, l’autre avait régné ?

Discrétion, voilà le maître mot de cette affaire de coeurs : et le souci continuel de ne rien révéler entraînera une cascade de conséquences imprévisibles, jusque, et y compris, à l’époque actuelle.
Revenons à Maurice Pascal, qui, lui, entr’ouvrit - très légèrement, il est vrai - ce rideau de discrétion.
Il était le fils de Louis Marie Pascal, notaire à Paris (Etude XCIV) de 1866 à 1875, ancien collègue et ami de Maître Barre, lequel prendra une place prépondérante dans l’histoire du coeur Pelletan dans la seconde moitié du 19ème siècle. Mais une autre parenté apparaît plus significative :
M. de Reiset, dans un article du Gaulois de 1906, nous en apprend en effet davantage sur la personne de Pascal :

Enfin, quand on a invoqué le nom du Cardinal de La Fare pour prétendre que la duchesse d’Angoulême lui avait avoué à sa dernière heure, que son frère n’était pas mort au Temple et qu’il s’était évadé, on a commis une nouvelle et grave inexactitude . Le cardinal est mort longtemps avant sa royale pénitente, ce qui suffit à couper court à toute discussion. Mais en outre, le petit neveu de Mgr de La Fare, M. Maurice Pascal, qui est en possession de tous les papiers de son grand-oncle, m’a affirmé de la façon la plus formelle que le cardinal n’avait jamais rien dit ni écrit qui pût faire supposer qu’à aucune époque il eût reçu de la duchesse d’Angoulême pareille confidence, ni qu’il eût ajouté foi à l’authenticité d’aucun des nombreux faux dauphins.

Petit neveu et héritier du confesseur de la duchesse d’Angoulême, Maurice Pascal était certainement très bien placé pour savoir comment la belle-fille de Charles X avait décidé, de concert avec le roi, de disposer du coeur du premier Dauphin.
Et tant pis si le petit neveu ignorait les confidences faites par son grand oncle, sous la Restauration , au général d’ Andigné, qui les révéla dans ses Mémoires (publiés, très tard, il est vrai, en 1901 chez Plon) :

Sous la Restauration, j’en parlai au cardinal de La Fare, archevêque de Sens ; il me répondit que madame la Dauphine était persuadée que son malheureux frère n’était pas mort au Temple, et qu’ainsi nous ne pourrions que renouveler ses douleurs sans la convaincre.


La route des deux coeurs se sépare : le sac de l’Archevêché de Paris en 1830

Le 29 juillet 1830, une tourbe de plus de deux mille émeutiers investissait les bâtiments de l’Archevêché, situé à l’emplacement actuel du square Notre-Dame. Persuadés d’y trouver des Jésuites et des fusils, ils enfoncèrent les portes des caves, pénétrèrent dans les appartements , forcèrent les meubles, s’emparèrent de l’argent, du linge, des vêtements, et commencèrent à briser glaces, cheminées, poêles, boiseries, portes et fenêtres.
Les livres des bibliothèques et les archives, plus ou moins déchirés, furent précipités dans la cour et les pillards allumèrent un feu sur le quai.
Laissons la parole à Limouzin-Lamothe (Vie de Mgr de Quelen) :

Pendant la dévastation, M. Desportes, administrateur de l’Hötel-Dieu, (dont les bâtiments étaient contigus à ceux de l’évêché) envoya deux de ses employés pour lui rendre compte de ce qui se passait. Ils essayèrent , mais en vain, de faire entendre raison aux émeutiers et signalèrent surtout que le feu, allumé sur le quai par les pillards et entretenu constamment par les objets que l’on y jetait, risquait d’incendier les bâtiments et la cathédrale elle-même.
M. Desportes, accompagné du docteur Bréchet, second médecin de l’hôpital, vint alors et fut assez heureux pour persuader les émeutiers de faire la chaîne afin d’éteindre le feu qu’ils avaient eux-mêmes allumé.
Cependant le pillage n’était pas terminé...

Après la salle capitulaire et la sacristie, le sac de la cathédrale fut évité de justesse.

La foule continuait cependant son travail de destruction à l’archevêché . Elle mettait le feu aux appartements, lorsque les docteurs Caillard et Bréchet vinrent le faire éteindre, en montrant le danger qui en résulterait pour les blessés de l’Hôtel-Dieu.
Vers quatre heures de l’après midi, M. Desportes, accompagné de quelques internes, arriva à son tour. Il déclara aux émeutiers que l’Hôtel-Dieu ne pouvait plus contenir les blessés (de la révolution de Juillet) et qu’il fallait installer pour eux de nouvelles salles dans l’archevêché. Il put ainsi les persuader de se retirer, et secondé par des gardes nationaux , fit évacuer tous les bâtiments.
Les gardes nationaux purent alors récupérer un certain nombre d’objets précieux que des pillards emportaient en se retirant.

L’action énergique, tant des médecins que des gardes nationaux, explique parfaitement la suite des événements, tels qu’on peut les reconstituer pour les coeurs déposés dans le bureau de Mgr de Quelen.
Quel fut leur sort et peut-on savoir ce qu’ils devinrent par la suite ?
Disons-le tout de suite : à cet instant précis, leur histoire se sépare, et nous devrons, pour chacun d’eux suivre une filière différente.

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Message par Her Lun 26 Juil 2010 - 10:49

CHAPITRE 4
La filière officielle : Gabriel Pelletan

Qui était donc Gabriel Pelletan, qui assura avoir miraculeusement retrouvé le coeur prélevé par son père sur un tas de sable, à l’Archevêché, quelques jours après la fin de l’émeute ?

Rappelons qu’il était fils naturel de Philippe Jean Pelletan.
Le nom de sa mère était peut-être DELATOUR. Nous lisons en effet dans l’attestation du docteur Martellière, publiée dans la Chronique Médicale de 1895 :

A l’occasion des fouilles opérées dans le cimetière Sainte Marguerite, qui firent découvrir les ossements d’un jeune homme de 16 ans environ, sachant que le coeur de Louis XVII légué par le docteur Gabriel Delatour à Monsieur et madame Prosper Deschamps, actuellement possédé par monsieur Edouard Dumont, était à Neuilly, rue Perronet, j’eus la curiosité de demander à voir ce coeur?

Né le 10 janvier 1792, dans une maison rue de Touraine (actuelle rue Dupuytren), il ne fut reconnu par Pelletan père qu’à l’âge de quinze ans, rue d’Hauteville, le 27 mars 1807.
Il demeura ensuite à Paris rue Saint Christophe, puis 41 rue St André des Arts, domiciles successifs de Philippe Jean Pelletan.
Sous l’Empire, il fut reçu docteur en Médecine et s’occupa principalement de chimie, mais acquit une réputation de praticien. Ses activités scientifiques, en particulier un Mémoire sur la spécialité des nerfs des sens, lui valurent la Légion d’Honneur.(in la Dynastie médicale des Pelletan, de Sonolet et Poulet).
Il participa à la campagne de Russie et fut décoré à 23 ans par le chirurgien militaire Larrey sur le champ de bataille de Waterloo (Delorme, op. cit. p.147).
Il épousa Anne Victoire LANTENOIS le 27 novembre 1827. A l’époque de son mariage, il était âgé de plus de 38 ans et habitait toujours 41 rue St André des Arts, dernier domicile de son père à Paris. Le contrat fut reçu le 26 novembre par Me Bourlier, prédécesseur de Me Barre.
Anne Victoire Lantenois était la fille unique d’Etienne Lantenois, avoué près le tribunal de la Seine, décédé à Paris le 6 janvier 1852, et d’Anne Françoise Louault, décédée à Paris-Passy le 26 novembre 1862 (Inventaires Lantenois des 26-03-1852 et 11-10-1862 ; leur tombe est au Cimetière du Nord).
Après leur mariage, Gabriel Pelletan et sa femme s’installèrent rue d’Hauteville, maison achetée par les beaux parents du médecin le 23 janvier 1828 à Mme Vve Chassagne, à qui Fanny Pelletan fit un legs testamentaire.
Anne Victoire Lantenois mourut à Paris le 2 août 1866. Gabriel Pelletan avait eu de son mariage deux filles :

Anne Gabrielle, née le 31 décembre 1828, décédée en 1841 sans alliance.
Fanny, née le 25 juin 1830, décédée sans alliance le 1er août 1876, avant son père, qui fut son légataire universel.
Gabriel Pelletan mourut à Paris le 11 octobre 1879, au 73 rue de Longchamp, sa résidence de campagne (achetée le 21 mars 1845. Acte reçu par Me Bourlier).
Son inventaire après décès révèle qu’il était propriétaire de cinq immeubles à Paris, et que son domicile rue d’Hauteville regorgeait de meubles, d’argenterie, de bijoux et de porcelaines précieuses. Mais le plus intéressant dans ce véritable bric à brac de montres, de tabatières en or, de châles et de dentelles provenant de la succession de sa fille, ce sont les médaillons représentant Napoléon et les miniatures du Roi de Rome.
Ainsi donc, Gabriel Pelletan était bonapartiste, et contrairement à son père qui avait retourné sa veste aussi vite que se succédaient les régimes politiques, il campait sur ses premières fidélités.
En effet, pas un portrait des Bourbons, pas une miniature de Louis XVII.

Et c’est cet homme qui, selon la Revue Rétrospective, bénéficiaire d’un renseignement inattendu, s’employa avec zèle à remuer des tas de débris dans la cour de l ‘Archevêché pour retrouver intégralement les morceaux de l’urne de cristal et son contenu !
Voyons cela de plus près.
Ce n’est que le 12 février 1854 que Gabriel Pelletan se décida à raconter l’histoire de sa découverte, soit vingt quatre ans après les faits.
Comment s’étonner alors qu’il se trompe de date (1831 au lieu de 1830), et qu’il ne retrouve pas le document permettant d’authentifier ses dires ?
Je fis signer la véracité de ses recherches et l’exactitude de notre heureux résultat par les personnes présentes. Plus tard, j’ai rédigé une note accompagnant ce certificat, mais je l’ai si bien cachée que je ne puis remettre la main dessus.

Voilà qui est extrêmement fâcheux !
D’autant que le récit est parfaitement invraisemblable ; nous allons l’examiner.
Un certain Lescroart, ouvrier imprimeur écrivit à Gabriel Pelletan pour lui signaler un hasard singulier qui aurait fait tomber entre ses mains pendant le pillage du palais épiscopal des pièces relatives aux restes du roi Louis XVII.
Pourquoi s’adressa-t-il à Gabriel et non à Pierre, le fils aîné et légitime de Philippe Jean ?
Pour cette première difficulté, la réponse est simple. Maurice Pascal, toujours lui, raconta que Lescroart avait jadis été bien soigné - le cas n’était pas si fréquent - par Pelletan père.
Le nom du chirurgien apparaissant à toutes les pages du Mémoire, il est en tout cas certain que Lescroart adressa son billet à la dernière adresse parisienne de Philippe Jean.
Ce dernier étant mort l’année précédente, la lettre parvint à sa fille, Elisabeth Françoise , qui habitait encore rue St André des Arts. Brouillée avec son frère Pierre, elle s’empressa de faire bénéficier du renseignement son demi-frère Gabriel (rappelons qu’il sera son héritier, au détriment de l’aîné) Gabriel, en effet, avait quitté le domicile qu’il partageait avec sa soeur et habitait depuis son mariage en 1827 rue d’Hauteville. Pour autant, faut-il croire Gabriel quand il nous raconte qu’aidé de Lescroart, et des personnes de garde au poste d’entrée de l’Archevêché, il retrouva une certaine quantité des débris de l’urne en un tas isolé , près de l’église et dans un amas de sable entre la porte attenant à la grille et l’église , le coeur entièrement intact. Voilà qui est déjà extraordinaire.
Mais relisons le récit de Gabriel :
On trouva que les livres (de la bibliothèque de Mgr de Quelen) cachaient derrière eux un étui en bois et un rouleau de papier ; Lescroart s’en saisit , et dévissa l’étui…
Cet étui, qu’est-il devenu ?
Qu’on ne nous dise pas qu’il n’a pas été retrouvé ! Dans la décharge donnée à Edouard Dumont par le duc de Madrid le 22 juin 1895, Me Paul Tollu note soigneusement la remise :

1° D’une boîte cylindrique en bois dur, jaune et verni, ayant dix centimètres de hauteur, non compris un centimètre en retrait, avec pas de vis. Cette boîte, fendue en deux endroits, de bas en haut, est retenue d’un côté par une bordure de papier blanc collée au bois et deux fils de laiton en cuivre serrant latéralement en bas et en haut ladite boîte ; laquelle est garnie intérieurement de velours grenat ;
2° Enfin de cinq morceaux du même bois jaune et verni paraissant être la partie supérieure du cylindre de la boîte ci-dessus ; sur l’un de ces morceaux, non garnis de velours, on lit, en caractères d’une écriture difficile et à la main Boîte brisée du coeur de L.
Ces débris sont accompagnés d’un fil de laiton de cuivre semblable à ceux ci-dessus décrits, et d’un autre fil de coton avec une petite bande de soie sur laquelle est un petit cachet en cire noire aux initiales G.P.

A qui fera-t-on croire que, non content d’avoir miraculeusement retrouvé un coeur dans du sable, et quinze morceaux ( dénombrés par Me Tollu ) d’urne en cristal, Gabriel Pelletan avait découvert en même temps un étui fendu en deux endroits et cinq morceaux formant le couvercle , sans doute en un tas isolé pour faciliter les recherches ! Les émeutiers mettaient-ils l’évêché à sac ou préparaient-ils un rallye ?

Il est impossible de suivre Gabriel Pelletan dans sa version des faits. Il est plus probable que Lescroart, poursuivi et frappé par un garde national, récupéra sur les lieux mêmes ou dans une rue adjacente tous les morceaux que lui disputait le soldat et les négocia avec Gabriel Pelletan.
Mais quelqu’un vit l’intérêt qu’il n’y ait aucune solution de continuité entre l’urne et le Mémoire cachés dans la bibliothèque de Mgr de Quelen et leur découverte par un successeur immédiat du chirurgien Pelletan. Et ce quelqu’un, ce fut Maître Barre.
Les contre-vérités de l’estimable Maître Barre

C’est dès l’arrivée de Maître Barre à la tête de l’étude LXVI, boulevard des Capucines, que le coeur de l’Enfant du Temple refit surface dans l’actualité.
En effet, Gabriel Pelletan , sans doute à cause de ses opinions politiques, ne se soucia nullement pendant vingt quatre ans de proposer le coeur aux Bourbons en exil.
Craignant peut-être que son frère Pierre ne le lui réclame - n’oublions pas qu’il avait renoncé à la succession de leur père - il le confia à sa mère jusqu’en 1853.
Mais l’année 1853 est précisément celle de l’arrivée aux affaires de son nouveau notaire, Maître Félix Edouard Barre.
Lequel était un ardent légitimiste et s’intéressa aussitôt à la relique royale que détenait son client.
Il y avait une condition pour prouver l’authenticité du viscère : que son propriétaire soit aussi le découvreur de « l’objet précieux ».
C’est ainsi que se monta le pittoresque récit de la découverte du coeur sur un tas de sable. Mais il est rare, lors d’un montage de ce genre, aussi soigneusement pesé soit-il , que l’on n’oublie pas un petit détail : le détail qui révèle l’imposture, c’est ici, l’oubli d’un étui en bois.
Qui suggéra cette fable à Gabriel Pelletan qui, lui, ne se souciait guère de sa « découverte » ? Son conseiller, Maître Barre, qui va dorénavant prendre la direction des opérations.
Et pour commencer, après le récit suggéré à son client, il va mettre en sûreté le coeur que Gabriel Pelletan réclama à sa mère en 1853 : ce coeur restera dans le coffre de l’étude jusqu’à sa remise par M. Edouard Dumont à l’envoyé de Don Carlos en 1895.

Maître Barre ne s’arrêta pas en aussi bon chemin.

Le testament mystique de Gabriel Pelletan

Avant de commencer les démarches auprès de la famille royale, démarches que son client n’aurait peut-être que médiocrement appréciées, Maître Barre devait prendre légalement la direction des opérations. Ce qui se fit en deux étapes successives :
Le 25 juin 1875, il fut désigné comme exécuteur testamentaire par la fille de Gabriel, Fanny Pelletan, qui devait mourir le 1er août 1876.
Dix jours après la mort de sa fille, Gabriel Pelletan prenait la même disposition :
Ma chère fille a nommé Me Edouard Barre , notaire, son exécuteur testamentaire, je veux qu’il soit aussi le mien . Je lui donne en conséquence la saisine et je le charge spécialement de réaliser au mieux des intérêts que je lui confie, la vente des immeubles que j’ai recueillis dans la succession de ma fille et au besoin ceux qui m’appartiennent personnellement afin d’acquitter les legs , frais et charges contenus en mon présent testament.
Dans ce but, je lui confère les pouvoirs les plus étendus, et pour le rémunérer de ses soins, je lui donne un diamant de vingt mille francs.

Pourvu d’une large fortune, Gabriel Pelletan fit en effet bon nombre de legs et désigna comme héritier un cousin de sa femme, Jacques Marie Prosper Deschamps. Celui-ci ne devait guère gêner l’action de Me Barre, puisqu’il mourait octogénaire deux ans plus tard.
Mais la disposition la plus importante, et pour nous, la plus inattendue, ce fut la tâche désignée par ce testament à Me Barre :

Ma chère fille étant morte avant d’avoir achevé l’oeuvre de Glück (célèbre compositeur allemand d’opéras au 18ème siècle), entreprise par elle, je veux, selon le désir qu’elle a exprimé, que le crédit dont elle parle dans son testament du vingt cinq juin mil huit cent soixante quinze, à ouvrir à Me Barre, son exécuteur testamentaire, sans en déterminer le chiffre, soit de cent mille francs ; cette somme sera prélevée par Me Barre son exécuteur testamentaire qui est aussi le mien ; il en aura la libre et entière disposition afin de pourvoir, non seulement aux frais matériels de cette publication, mais encore à tout ce qui peut s’y rattacher, et notamment afin de rémunérer largement les soins et le concours qui seront donnés à cette oeuvre.

La somme mise à la disposition du notaire était considérable.
Et notre étonnement non moins grand de constater que le testateur et sa fille ne disaient mot du coeur Pelletan.
Nanti d’une pareille somme, Me Edouard Barre se mit aussitôt à la tâche : c’est-à-dire dès l’année 1876, date du décès de Fanny Pelletan puis, plus activement en 1879, après le décès de Gabriel.
Je ne sais s’il s’attela à l’oeuvre de Glück, mais ce qui est certain, c’est qu’il commença aussitôt les recherches sur l’authenticité du coeur détenu dans son coffre. Et devant la curiosité qu’il soulevait à l’Académie ou à la Faculté de Médecine, il n’hésita pas, là encore, à faire preuve d’un bel esprit d’invention. Voici le témoignage du bibliothécaire de l’Académie de Médecine, le docteur Alexis Emmanuel Dureau, dont il mit les compétences à contribution :

Enfin, Gabriel Pelletan, que nous avons tous connu, est mort en 1879,
laissant à ses héritiers, avec une belle fortune, le soin de poursuivre les négociations entamées (avec la famille royale) soin qui était une sorte de condition du legs.
(Or, aucune clause concernant le coeur n’existait dans le testament de Gabriel !)
J’ai eu l’occasion, à cette époque, de voir le notaire chargé de continuer la restitution du dossier réclamé par la famille du comte de Chambord et il a copié, à l’Académie, les divers documents du temps que je lui ai mis sous les yeux ; il paraissait satisfait de ses recherches, mais la mort du comte de Chambord est survenue sur ces entrefaites. Le coeur de l’infortuné Louis XVII est peut-être encore relégué dans quelque vieux carton d’étude de notaire ! ( La Gazette Médicale de Paris, janvier 1891).

Le docteur Dureau n’avait rien à craindre, Me Barre n’allait pas laisser s’endormir l’affaire !
Il est superflu de noter que c’est de sa propre autorité - et avec l’accord du légataire universel, M. Prosper Deschamps - que le notaire commença après 1879, les négociations avec l’administrateur des biens du comte de Chambord, le sieur Barrande.

Me Barre offrit de restituer le coeur au Prince en ayant soin d’ajouter que l’offre était entièrement désintéressée pour l’avenir aussi bien que pour le présent, et faite dans le seul but de remplir un pieux devoir.
Par une lettre de Maurice Pascal à Paul Cottin du 15 août 1895 ( Bibliothèque de l’Arsenal
Ms 14029 ), nous apprenons que le comte de Chambord fut stupéfait de savoir le coeur sauvé du sac de l’Archevêché et qu’il demanda une enquête.
Son étonnement avait peut-être un autre motif, que nous découvrirons plus tard.

Me Barre dut rédiger une notice biographique sur les Pelletan père et fils, notice qu’il mit longtemps à mettre au point, puisque ce n’est que le 5 juin 1883 qu’il l’envoya à M. Barrande à Prague, en même temps que l’ancien Mémoire du docteur Pelletan père.
M. Barrande accusa réception de la notice et du Mémoire le 11 juin 1883, en ajoutant :

Par l’exposition des faits et des correspondances que vous avez clairement coordonnées, vous avez rendu facile l’appréciation des témoignages du docteur Pelletan.
Ces témoignages sont bien indispensables pour contrebalancer les impressions fâcheuses causées par les incidents extraordinaires qui ont troublé la continuité de leur précieux dépôt.
Je vais transmettre votre lettre et vos deux documents à Monseigneur le comte de Chambord, en le priant de vouloir bien les examiner à loisir. Nous attendons avec confiance le résultat de cet examen d’en haut ; j’espère qu’il sera conforme à vos voeux et qu’un lieu convenable et final de repos sera assigné à ce coeur plusieurs fois préservé de la destruction.
J’aurai l’honneur de vous transmettre les résolutions de Monseigneur, dès qu’elles me seront connues.
Les péripéties du coeur étaient décidément peu crédibles !
Au reste, elles ne purent convaincre personne puisque, très malade en juin 1883, le comte de Chambord mourut le 25 août de la même année ; M. Barrande décéda très rapidement après lui. Apparemment, il n’eut pas l’occasion de transmettre avant sa mort les documents au prince, car ils passèrent directement à l’un des exécuteurs testamentaires du comte de Chambord, M. Huet du Pavillon, comme le prouve une correspondance de ce dernier adressée en 1886 à Me Barre :

Ne voulant pas vous priver plus longtemps des deux documents qui m’ont été confiés après le décès du vénérable M . Barrande, je me décide à vous les restituer.

C’est donc dans la succession de Barrande qu’on les avait retrouvés.
Mais Me Barre n’était pas au bout de ses peines, et Huet du Pavillon ne lui laissa aucun espoir :

Si j’ai tardé aussi longtemps à vous adresser la réponse que ma lettre du 25 novembre 1884 vous faisait espérer, c’est que, jusqu’ici, je n’ai pu obtenir une décision de la part des princes héritiers de Mgr le comte de Chambord concernant la demande que vous m’avez formulée comme exécuteur testamentaire de M. Gabriel Pelletan.

Lequel aurait sans doute été bien étonné de savoir que ledit exécuteur testamentaire s’occupait avec beaucoup plus de zèle du coeur « Louis XVII » que de l’oeuvre de Glück !
Ce serait bien mal connaître Me Barre, que de croire qu’il en resterait là.
Où l’on voit Maître Barre toucher au but

L’héritier du comte de Chambord, don Carlos, duc de Madrid, ne s’était nullement empressé de recueillir « l’objet précieux » proposé par le notaire, coeur qui, d’ailleurs, depuis la mort de Gabriel Pelletan, avait déjà changé trois fois de mains.
Après M. Prosper Deschamps, décédé octogénaire en 1881, il passa à sa veuve, Mme Deschamps née Eugénie Brémard.
Laquelle mourut en 1887, en laissant le coeur à son fils unique, issu d’un précédent mariage, M. Edouard Dumont.
Malgré tous ces changements de propriétaire, Me Barre, devenu notaire honoraire, était toujours chargé de la relique et ne renonçait nullement à la donner aux Bourbons.
Mais cette fois, avec l’aide de Me Louis Marie Pascal , son ami et ancien collègue et du fils de ce dernier, Maurice Pascal, licencié en droit, passionné par les nécropoles royales, Me Barre réussit à s’entourer d’un groupe de fidèles légitimistes, ardents défenseurs de la cause du prétendant espagnol à la Couronne de France, don Carlos, duc de Madrid.
Ce prince était en effet, depuis la mort de son père, don Juan , en 1887, reconnu comme Charles XI par ses partisans, ce qui ne lui faisait qu’un plaisir mitigé, car il s’intéressait uniquement au trône d’Espagne, ce que prouve amplement une lettre adressée au prince de Valori le 14 septembre 1888, où il précise sa position sur les traités d’Utrecht signés par Louis XIV (qui renonçait pour son petit-fils Philippe V devenu roi d’Espagne à tout droit sur le trône de France) :
Plus respectueux des traités que l’Europe qui les a vingt fois violés, j’appartiens à l’Espagne. Je ne réclame pas une double et légitime couronne.
Je suis en Espagne le Roi de toutes les libertés nationales, mais je ne serai jamais en France le Roi de la Révolution.

Voilà qui augurait mal des nouvelles démarches de Me Barre. Mais ce dernier, qui n’ignorait pas sans doute que les prétendants n’aiment guère décevoir leurs partisans, sous peine de rester seuls avec leurs déclarations de principe, s’arma de courage et selon une expression familière, sut faire « monter la pression ».
C’est ainsi que le 2 juillet 1895, M. Maurice Pascal, toujours lui, remettait solennellement le coeur au duc de Madrid en son palais vénitien, après que décharge eût été donnée par don Carlos à M. Edouard Dumont, dernier détenteur de la relique.
Il n’est pas indifférent de noter les nombreux témoins qui signèrent à l’acte de décharge le 22 juin 1895
En tête, naturellement, le « deus ex machina » de toute l’affaire, Me Félix Edouard Barre en personne, grand triomphateur de la journée.
Et son alter ego, Maurice Pascal,
Sans oublier le publiciste de l’histoire du coeur, M. Paul Cottin, directeur de la Revue Rétrospective.
Suivis en bon ordre par une honorable cohorte de « Blancs d’Espagne », comme on les nommait alors :

En foule et dans le désordre, les Maillé, Cathelineau, Castelbajac, Cibeins, Laurentie, Damas, d’Anglade, Kermel, côtoyant l’ancienne grande Maîtresse du Palais de la comtesse de Chambord, la comtesse de Cibeins et l’épouse de Miguel de Marichalar, ancienne grande maîtresse du palais de la Duchesse de Madrid .On ne saurait les nommer tous.
En tout, une quarantaine de chauds partisans du duc de Madrid, qui considéraient qu’il était de l’intérêt bien compris de leur prétendant d’accepter le coeur offert par les héritiers de Pelletan.
Pour eux, la question était simple :
Louis XVII était mort au Temple le 8 juin 1795.
- C’est son coeur qu’avait prélevé le chirurgien Philippe Jean Pelletan.
- Toute discussion sur l’un de ces points était inconvenante.
- Ce coeur représentait une preuve indiscutable du bon droit de l’aîné des Bourbons à régner sur la France.
- Puisque les prétentions des descendants de Philippe Egalité n’étaient plus moralement acceptables :
Hérite-t-on, Seigneur, de ceux qu’on assassine ?
Le coeur détenu par Gabriel Pelletan et ses héritiers rejoignit donc, après le palais Lorédan à Venise, la chapelle du château de Froshdorf. Il avait été fidèlement reproduit, en fac simile photographique, dans la publication de Paul Cottin, la Revue Rétrospective, avant sa remise au comte de Maillé à Paris.
C’est le seul document qui reproduise ce coeur au 19ème siècle, et malgré la petite taille du fac simile, il est suffisamment précis pour qu’on puisse juger des caractéristiques de l’organe .

Où l’on voit un coeur refaire surface

Pendant près d’un siècle, l’existence du coeur offert au duc de Madrid demeura dans la brume épaisse qui recouvrit pour le public l’existence des propriétaires de Froshdorf.
De don Carlos, usufruitier du domaine, le château revint après sa mort en 1909 à son fils, don Jaime, à qui la comtesse de Chambord en avait fait don en nue-propriété. Il mourut en 1931 sans alliance.
Plus tard, une de ses soeurs, Béatrice, princesse Massimo en hérita, et après elle, ses quatre filles.
L’une d’entre elles, donna Maria de las Nieves - Madame Percy - emmena le coeur à Rome
après la vente de Froshdorf à l’Etat autrichien, et entreprit des démarches pour le rendre à la France ; M. Georges Albert Salvan nous en parle :

Je veux rendre cette relique à la France, lui déclara, au début de 1975, la princesse. Je suggérai alors de la remettre à M. Giscard d’Estaing, président de la République française, dont je connaissais les soeurs. La République ? Jamais ! répliqua-t-elle.
Avec son accord, je demandais alors conseil au secrétaire d’Etat à la Culture, M. Michel Guy, qui suggéra l’offrande du coeur au Mémorial de Saint Denis, présidé par le duc de Bauffremont.
En conclusion, j’atteste que le reliquaire qui nous a été présenté le 16 juin 1999 à Saint Denis était bien celui que j’ai vu à Rome il y a vingt trois ans.
( Extraits de la note remise à la conférence de presse d’avril 2000 et signée du 29 juin 1999 par M. Georges Albert Salvan )


Les photos de presse prises au moment de la remise de la relique au Mémorial de Saint Denis prouvent à l’évidence les assertions de M. Georges Albert Salvan : l’urne et son contenu remis à la France le 13 avril 1975 sont identiques à ceux qui ont été analysés vingt quatre ans plus tard . Et le coeur de l’an 2000 est bien sans discussion celui de 1975.

Mais celui de 1975 n’était déjà plus celui de 1894 . Que s’était-il passé ? Et s’il y a eu changement comment peut-on l’expliquer ?

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Message par Her Lun 26 Juil 2010 - 10:50

CHAPITRE 5
Un coup de théâtre : la lettre du Père Bole
Rien de moins aisé que de pénétrer les arcanes du château de Froshdorf et de sonder les arrière-pensées de la famille royale en exil. Repliée sur elle-même, ouverte à ses seuls partisans fidèles, méfiante depuis toutes les secousses politiques qu’elle avait dû subir, elle évitait par prudence de s’exposer à de nouveaux coups du sort.
Dans cette ambiance surréaliste où s’agitait en vase clos une cour fantôme, et où l’on prit la précaution de soustraire aux importuns après sa mort, les papiers du comte de Chambord, nul document indiscret ne pouvait parvenir à la postérité.

Seul le hasard d’une confidence faite au cours d’une correspondance privée conservée dans les archives d’un ordre religieux leva un coin du voile sur ce qui se passait à Froshdorf.
Et cette confidence, ce fut le confesseur du comte de Chambord lui-même, le père jésuite Bole, qui la fit à un de ses amis, le père Marin de Boylesve.
Le père Bole s’était déjà attiré les foudres de René de Monti de Rezé, un des intimes du comte de Chambord :

Bien qu’il fût médiocre d’intelligence et commun en toutes choses, le père Bole avait su, à force d’intrigues, capter rapidement la confiance absolue de Madame la comtesse de Chambord et devenir le confesseur du couple royal. Chaque jour, il conférait avec Madame, qui n’avait aucun secret pour lui, et dont la maladresse obstinée a toujours égalé la parfaite loyauté d’intentions?
Après la mort du prince, Madame, possédant Froshdorf avec son contenu, laissa les mains libres au père Bole, pour disposer des précieuses archives qui y reposaient. Aussi, quelques années plus tard, Madame et le père Bole disparus, quand M. François Laurentie, autorisé par le prince don Jaime, duc de Madrid, petit neveu et héritier de Madame, vint faire des recherches historiques au château, il ne trouva plus dans les archives que des miettes insignifiantes du passé. (Souvenirs sur le comte de Chambord,. Cte René de Monti de Rezé )

Accusation sans preuves : bien au contraire, l’entourage du comte et de la comtesse de Chambord prit, après leur mort, toutes les précautions nécessaires, ainsi que s’en plaint le père Bole dans une lettre au père de Boylesve du 2 juillet 1886 :

J’étais à Goritz, quand j’ai reçu la nouvelle : la mort de Madame, ses royales funérailles, la visite de cent Français accourus à ses obsèques, les préparatifs de mon départ pour Froshdorf, ma réinstallation provisoire dans ce château devenu par la perte de ses augustes maîtres un vrai tombeau ; l’apposition des scellés par le grand maréchalat, l’impossibilité de remplir les volontés testamentaires du Roi, qui me nommait examinateur de ses archives et de tous ses papiers, afin d’en brûler les pièces compromettantes, ces occupations et cent autres analogues ont absorbé tout mon temps et précipité mon départ.
C’est le 28 mai que j’ai quitté Froshdorf, après y avoir passé 17 ans…

Si les intimes des Bourbons en exil se méfiaient tant du père Bole, c’est qu’il avait partagé sans conteste l’intimité des princes : c’est ce qui donne toute sa valeur à la lettre où il parle de Louis XVII.
Datée du 17 octobre 1885, deux ans après la mort du comte de Chambord, elle est également adressée au père Marin de Boylesve. M. Paul Eric Blanrue l’avait citée en 1995 dans son livre Lumières sur le Comte de Chambord, mais en l’amputant des deux tiers et en changeant la signification de la phrase principale. Nous allons donc devoir citer ce texte dans son intégralité.
Lettre du P. Bole au P. de Boylesve
(Troisième page de la lettre autographe envoyée de Froshdorf le 17 octobre 1885)
Je connais parfaitement tout ce que vous me dites de Louis XVII ; vous croyez à son évasion, moi non, sans entrer dans le fond de la question qui du reste a été traitée parfaitement et jugée plusieurs fois en pleine connaissance de cause, comme on peut le voir dans les considérants du jugement condamnant Naundorf et les plaignants.

Trois choses me donnent une certitude morale de la mort de Louis XVII au Temple.
C’est d’abord la persuasion qu’en ont eu tous les membres de la famille royale. Ni Charles X, ni le duc ni la duchesse d’Angoulême ni H V (Henri V) ni sa soeur n’ont jamais élevé le moindre doute là-dessus et tous les Princes et Princesses sont morts sans l’ombre de remords, que dis-je ? sans même y penser. De plus, ces jours derniers, j’entendais Madame (la comtesse de Chambord) répéter pour la centième fois que la duchesse d’Angoulême avait toujours affirmé de la manière la plus formelle et la plus énergique la mort de son frère au Temple, qu’elle n’en était, hélas ! que trop certaine !

Ensuite les procès-verbaux des 4 médecins désignés pour faire l’autopsie du cadavre et dont deux ont déclaré avoir parfaitement reconnu l’identité du jeune Prince.

Enfin l’enlèvement du coeur (souligné dans le texte) de ce royal enfant par le Dr Pelletan chargé par ses collègues de faire l’autopsie, pieux larcin fait au péril de sa vie.
Se serait-il exposé à un si grand danger s’il n’avait pas été absolument certain que le coeur était bien celui du Prince qu’il avait connu et soigné ?
Ce coeur, Monseigneur (le comte de Chambord) l’a reçu après avoir fait examiner toutes les pièces et documents qui en constatent l'authenticité.
(Archives de la Compagnie de Jésus à Vanves)
Ce texte prouve à l’évidence qu’à la date de cette lettre, le 17 octobre 1885, existait à Froshdorf un coeur supposé être celui de Louis XVII prélevé par le docteur Pelletan en 1795 au cours de l’autopsie de l’enfant mort au Temple.
Le comte de Chambord étant mort le 24 août 1883, le coeur était aux mains des Bourbons au moins depuis cette date.
Or nous savons que le coeur prélevé par Pelletan, conservé par les héritiers de son fils Gabriel et proposé en vain à la famille royale par Maître Barre, était resté à Paris dans le coffre du notaire jusqu’en 1895, date à laquelle il fut remis à Don Carlos de Bourbon Parme au palais Lorédan à Venise.
Il fut donc accepté et reçu par un Bourbon dix ans après la lettre du père Bole.
De quel coeur parle donc le père Bole ?
La comtesse de Chambord étant morte en 1886, et le père Bole lui-même en 1890, aucun d’eux n’a pu intervenir dans l’arrivée d’un nouveau coeur qui s’est ajouté en 1895 à celui qui était déjà détenu par la famille royale.
S’il y a eu à Froshdorf deux coeurs dits tous deux « coeur Pelletan » la première question qui se pose est la suivante : de quel coeur a-t-on prélevé l’A.D.N. en l’an 2000 ?

Pour y répondre, nous allons devoir remonter le temps et revenir en 1830, époque où les coeurs des deux frères, Louis Joseph et Louis Charles, se trouvaient ensemble à l’Archevêché, dans le bureau de Mgr de Quelen.

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Message par Her Lun 26 Juil 2010 - 10:51

CHAPITRE 6
Retour en 1830 : la filière de Pierre Pelletan

Les coeurs des deux frères, répétons-le, se trouvaient ensemble chez Mgr de Quelen, avant le pillage de l’Archevêché, ainsi que le révèle Maurice Pascal dans l’article déjà cité du Littoral de la Somme, et dans une lettre à Paul Cottin, que ce dernier ne démentira pas dans les colonnes de la Revue Rétrospective :

Hier, j’ai passé toute ma journée à la bibliothèque de l’Arsenal ; Paul Cottin, bibliothécaire à l’Arsenal, et auteur de brochures sur le coeur de Louis XVII, m’a reçu fort aimablement ?D’une intelligence très cultivée et très vive, il a parfaitement compris l’extension qu’il fallait donner à certains faits, laissés beaucoup trop dans l’ombre, et souvent même insoupçonnés. Ainsi, la lenteur de l’enquête sous la Restauration ; la difficulté et la longueur de temps pour retrouver les témoins du drame ; la prudence exigée pour n’être point trompé après un pareil bouleversement ; l’acceptation très réelle que la famille royale avait faite du coeur en 1828 ; la même filière qu’avait suivie le coeur de son frère aîné, et ce, sur ordre de Charles X... (Arsenal ; ms.14029 /35)
Qu’était donc devenu l’autre coeur, celui du frère aîné de Louis XVII, le premier Dauphin Louis Joseph ? Avait-il disparu pendant le pillage de 1830 ? Personne ne semblait s’être inquiété de son sort, d’autant que sa présence à l’archevêché en même temps que le coeur Pelletan n’avait guère été notée par les historiens.
Dans la chronique scientifique d’un journal local, aujourd’hui bien oublié, l’Aveyron Républicain, daté du 2 décembre 1892, l’auteur d’un article sur le coeur de Louis XVII faisait une révélation stupéfiante : un coeur aurait été retrouvé au cours de l’émeute par Pierre Pelletan, le fils aîné du docteur Philippe Jean Pelletan ! Cet article donnait la référence d’un témoignage de base, publié dans la Gazette Médicale.
Comme le journaliste de Rodez n’en donnait ni la date, ni l’auteur, et que les Gazettes Médicales abondent en France, la recherche ne fut pas des plus aisées.
Mais, en novembre 2002, ce texte capital était débusqué, grâce à l’aide du Service Historique de la Médecine, dans les colonnes de la Gazette Médicale de Paris de l’année 1891.
(Gazette Médicale de Paris , 62ème année, 7ème série. Cote 90182)
Son auteur était le docteur Alexis Antoine Emmanuel DUREAU (1831-1904) -celui-là même à qui Me Barre avait eu affaire- qui fut nommé bibliothécaire en titre de l’Académie de Médecine en 1886 et chevalier de la Légion d’Honneur en 1897. C’est donc quelqu’un qui représentait la plus haute autorité officielle en matière de publications médicales et l’on peut à juste titre estimer qu’il n’a pas apporté son témoignage à la légère. Il le publia d’ailleurs à la demande de confrères non moins éminents, dont le professeur Paul Jules TILLAUX, titulaire de la chaire de Clinique Chirurgicale, à l’occasion de sa leçon d’ouverture de médecine opératoire en 1890.

Le docteur Dureau fit paraître sa réponse à la demande de renseignements du professeur Tillaux sur le coeur de Louis XVII, dans la rubrique qu’il dirigeait et dont le titre est significatif :
Documents pour servir à l’histoire de la Médecine

Voici ce document qui est capital dans la question si controversée des deux coeurs.

M. le professeur Tillaux, sympathique à tous, a inauguré son cours de clinique chirurgicale par une leçon très bien faite dans laquelle il a jeté un coup d’oeil sur l’histoire de cette clinique. Un détail de cette leçon nous a intéressé tout particulièrement : il s’agit du coeur de Louis XVII. L’on sait que Philippe Jean Pelletan, le grand chirurgien, émule et successeur de Desault, avait été chargé de faire l’autopsie du pauvre enfant mort au Temple et qu’il avait conservé le coeur du dauphin.
Pendant la restauration, Pelletan fit toutes les démarches nécessaires pour rendre à la famille royale le coeur conservé, mais d’une part, il n’était pas bien en cour, de l’autre il fallait démontrer l’authenticité de l’organe et Pelletan mourut en 1829, laissant à son fils, professeur comme lui, le soin de continuer les démarches.
M. le professeur Tillaux demande, avec notre confrère Corlieu, ce que le coeur de Louis XVII est devenu, je puis le leur dire.
En juillet 1830, il se trouvait sur le bureau de l’archevêque de Paris, de Quelen, et, l’archevêché ayant été pillé, la nouvelle en parvint à Pierre Pelletan , qui, pendant la bataille même, se rendit à l’archevêché occupé par la Garde Nationale.
Pelletan se fit connaître de l’officier commandant, et, accompagné par lui, se rendit de suite dans le cabinet de l’archevêque où, au milieu des papiers et objets divers qui jonchaient la pièce, il put retrouver la boîte intacte qui contenait le précieux viscère ; il le remporta chez lui, n’ayant pas le temps de chercher le volumineux dossier qui, jadis, avait accompagné la boîte.
Pelletan, pour obéir à la volonté de son père, une fois les événements politiques accomplis, se mit en devoir de reconstituer le dossier perdu, et au bout d’un certain temps, il entama avec le comte de Chambord, des négociations analogues à celles commencées avec Louis XVIII et Charles X, mais il mourut en 1845.
Son frère Gabriel Pelletan, que nous avons tous connu, est mort en 1879, laissant à ses héritiers, avec une belle fortune, le soin de poursuivre les négociations entamées, soin qui était une sorte de condition du legs.
J’ai eu l’occasion, à cette époque, de voir le notaire chargé de régler cette succession (Me Barre) ; devenu notaire honoraire depuis peu, il s’était chargé, comme l’un des exécuteurs testamentaires, de continuer la restitution du dossier réclamé par la famille du comte de Chambord et il a copié , à l’Académie, les divers documents du temps que je lui ai mis sous les yeux ; il paraissait satisfait de ses recherches, mais la mort du comte de Chambord est survenue sur ces entrefaites. Le coeur de l’infortuné Louis XVII est peut-être encore relégué dans quelque vieux carton d’étude de notaire.

La fin de ce texte a déjà été citée dans le chapitre concernant Gabriel Pelletan : là commence la confusion totale entre les deux coeurs. Le docteur Dureau sait en effet qu’un coeur a été découvert sur place par Pierre Pelletan ; il ignore que l’existence d’un autre va être révélée quelques jours après l’émeute par Lescroart. Il pense donc que le coeur plus tard possédé par Gabriel lui vient de son frère aîné : c’est bien ainsi qu’on peut interpréter la fin de son récit.
Mais les deux frères étaient brouillés et n’avaient plus aucun contact depuis la succession de leur père en 1829 : Pïerre ne sut pas que son frère possédait l’urne et le coeur Pelletan, ainsi que le Mémoire du chirurgien, qu’il chercha sans le retrouver - et pour cause - puisque Lescroart s’en était emparé quelques heures plus tôt sans doute dans la journée.
Pierre Pelletan, qui arriva à l’Archevëché vers quatre heures, en même temps que ses confrères de l’Hôtel-Dieu et la Garde Nationale, put en effet pénétrer sans trop de risques dans le bureau de Mgr de Quelen.
Mais qu’y trouva-t-il ? Ni le Mémoire, ni l’urne, mais la boîte en plomb intacte, autrefois contenue dans un reliquaire en vermeil et pourvue d’une étiquette en cuivre déclinant les noms et qualités du premier Dauphin. (L’étiquette, séparée de la boîte se trouve aujourd’hui au musée Crozatier du Puy-en-Velay).
Naturellement, étiquette et reliquaire avaient disparu ; seule restait la boîte en plomb qui n’intéressait nullement les pillards.
Pierre Pelletan, qui ne retrouva pas d’autres reliques, pensa sans doute qu’on avait donné au coeur offert à Mgr de Quelen par son père un contenant plus officiel qu’une urne de cristal. L’enveloppe en plomb et le reliquaire en vermeil étaient en effet utilisés pour les princes et certains grands du royaume. Maurice Pascal nous assure d’ailleurs dans sa lettre à Paul Cottin (op.cit.), que la même filière avait été suivie pour les deux coeurs et ce, sur l’ordre de Charles X, ce qui pouvait impliquer , sans pouvoir être affirmatif, la même présentation en vue d’une cérémonie ultérieure.

La présence immédiate de Pierre Pelletan au cours de l’émeute s’explique parfaitement : en effet, il avait hérité de son père une maison au 10 de la rue Saint Christophe ; C’est actuellement l’emplacement du parvis de Notre-Dame, d’où il était à même d’entendre distinctement le grondement de la foule. Et c’est dans cette maison qu’il abrita la relique récupérée, comme le signale Lafont d’Aussonne dans ses Mémoires secrets et universels des malheurs et de la mort de la reine de France (Paris, 1836) :

Le docteur Pelletan, qui avait présidé à l’autopsie, possédait et m’a montré le cœur du jeune roi Louis XVII et sa jolie chevelure blonde ; M. Pelletan fils possède ces tristes dépouilles , en sa maison, près la cathédrale de Paris.

C’est donc bien de l’adresse de Pierre Pelletan dont il s’agit : son frère Gabriel résidait, quant à lui, rue d’Hauteville, dans le 10ème arrondissement actuel.
A partir de cette double découverte de cœurs différents, les choses s’embrouillèrent très vite : les non-initiés ignorant totalement l’existence d’un deuxième cœur mélangèrent allègrement les témoignages, comme dans cette «causerie» du docteur Cabanès, publiée dans le Journal de Médecine de Paris le 4 juin 1893 (Bibl. Universitaire de Médecine. Réf. 91.161) :

Comment le précieux viscère se trouvait en 1830 entre les mains de l’archevêque de Paris, Mgr de Quelen, c’est ce que nous ne nous chargerons pas d’expliquer. Quoiqu’il en soit, le coeur de Louis XVII, que le docteur Pelletan avait enfermé dans une boîte de plomb, scellée de son sceau et remise à Mgr de Quelen, fut jeté dans la Seine lors du pillage de l’archevêché de Paris le 15 février 1831.
De Beauchesne, au lieu d’une boîte de plomb, décrit un vase de cristal, qui demeura en dépôt à l’archevêché de Paris, d’où il disparut lors du pillage de cet édifice, le 29 juillet 1830.
Le fils de Pelletan, (Pierre) aurait, selon d’autres, retrouvé à terre dans le cabinet de Mgr de Quelen, la boîte renfermant le coeur , qui avait, par un heureux hasard, échappé aux manifestations des insurgés.
Il faut croire que cette dernière version est la bonne, puisque le docteur Jules Pelletan, au dire du Dr Corlieu, fut assez heureux pour le retrouver et nous le fit voir.

Ici intervient donc un quatrième docteur Pelletan, Jules, le fils de Pierre. Nous le retrouverons un peu plus tard.

Le texte de Cabanès reflète l’incertitude la plus totale :
le coeur était-il dans une boîte de plomb ou un vase en cristal ?
le vase avait-il disparu totalement ?
la boîte fut-elle retrouvée par Pierre Pelletan ?
Ou fut-elle jetée dans la Seine ? Ce dernier témoignage proviendrait du comte de Lacépède, qui aurait confié au sieur Gruau, ami de Naundorf que :
Le bocal renfermant le coeur, ayant été trouvé à l’archevêché au moment où le peuple s’y porta avec violence, fut jeté dans la Seine, avec une partie du mobilier de l’archevêque.
Ce qui arrangeait tout le monde, puisque cette soustraction opportune ne laissait plus qu’un coeur. Malheureusement, cette version de seconde main parle d’un bocal, non d’une boîte. L’urne en cristal ayant bel et bien été retrouvée, nous retombons sur le problème précédent, dont les contemporains de Pierre et Gabriel Pelletan n’entrevirent jamais la solution :
Deux coeurs se trouvaient à l’archevêché, l’un dans une boîte, l’autre dans une urne ;
ils furent retrouvés dans des circonstances différentes et arrivèrent chacun chez un membre de la famille Pelletan, lesquels s’ignoraient.
Et cela ne s’arrangea pas par la suite !

Pierre Pelletan, sa personnalité, son histoire

Qui était le découvreur du coeur contenu dans la boîte en plomb ?
Pierre, fils aîné du docteur Philippe Jean Pelletan, naquit de son premier mariage avec Elisabeth Julie Dubus le 6 janvier 1782.
Il entra à l’Ecole Polytechnique à 15 ans, devint préparateur du célèbre physicien Charles, puis ouvrit un cours de chimie générale. Son père le fit recevoir chirurgien militaire en 1799.
Après avoir fait la campagne de Zurich, il fut reçu premier au 2ème concours de l’Internat des hôpitaux de Paris, le 27 avril 1803.
Il exerça alors dans le service de son père, mais ne s’intéressant guère à la chirurgie, il se rendit à Rouen où il fonda une fabrique de soude artificielle. Changeant encore de voie, il revint à Paris, où il soutint sa thèse de doctorat le 18 mars 1813 sur l’Influence des lois physiques et chimiques sur les phénomènes de la vie.

Ce fut un esprit intelligent, extrêmement ingénieux, passionné de l’invention de multiples procédés de chimie et de physique, mais diffluent et dispersé. Toute sa vie, il devait être aussi célèbre, mais non moins malheureux que son père. ( in La Dynastie des Pelletan, op.cit.)


Son mariage va le propulser dans un milieu social et politique radicalement différent : le 10 juillet 1813, il épousait à Paris Sophie Madeleine Antoinette BARTHES de MARMORIERES, née à Montreuil près Versailles et baptisée en l’église St Symphorien de cette ville le 6 avril 1776. Issue d’une célèbre famille de Languedoc, Sophie Barthès avait un oncle Chancelier de l’Université de Montpellier où campe toujours la statue de ce médecin illustre.
Son père, Antoine Barthès, seigneur de Marmorières, était en 1784 premier maréchal des logis des Gardes Suisses, Gouverneur honoraire des pages de Madame et surtout secrétaire particulier de Monseigneur, Comte d’Artois.
Cette dernière charge permet de comprendre les liens qui vont relier à la famille royale Pierre Pelletan, sa femme Sophie et son fils, Jules de Kinkelin.
Sophie Barthès était en effet veuve d’un premier mariage avec Jean Michel, baron de Kinkelin, né à Lindau en Bavière en 1777, secrétaire interprète du duc de Raguse, mort à Placentia en Estrémadure fin septembre 1811, âgé de 34 ans.
Elle avait eu trois enfants de ce premier mariage :
Paul Emile Athanase (1801-1879), qui épousera en 1846 Caroline du Périer du Mouriez (1822-1894) ;
Sophie, sans alliance ;
Jules Pierre Michel (1805-1873) qui sera adopté par son beau-père Pierre Pelletan, dont il sera la seule descendance masculine.
Après la mort de Sophie de Barthès , le 24 avril 1832, Pierre Pelletan épousa en secondes noces Lucile SANTOIR de VARENNE, fille d’un peintre paysagiste, Charles de Varenne.
Lucile, agréablement surnommée « l’ahurie de Chaillot » par ses soeurs Caroline et Dorothée, (toutes deux mortes phtisiques), eut deux filles de Pierre Pelletan :
Lydia, morte à cinq ans ;
Marie Julie, née le 2 juillet 1839 à Bruxelles.
C’est en effet à Bruxelles, le 12 août 1845, que devait mourir Pierre Pelletan. Miné par la tuberculose, ruiné par des spéculations malheureuses, il avait été contraint de résilier ses fonctions à la Faculté de Médecine et de se retirer en Belgique, où il exerça quelque temps au Conservatoire des Arts de Bruxelles. Il recevait de l’Université de France une maigre pension de retraite de 2.800 francs. Sa veuve, Lucile Santoir de Varenne, mourut à Paris pendant la Commune, le 13 avril 1871.

Pierre Pelletan, avant son exil à Bruxelles, eut-il le temps de tenter des démarches auprès des Bourbons pour leur rendre le coeur qu’il avait retrouvé dans le bureau de Mgr de Quelen ? Le docteur Dureau croit savoir qu’il commença des négociations, qui furent interrompues par sa mort prématurée en 1845. Il n’était d’ailleurs pas facile après 1830, d’atteindre la Famille Royale, qui, étant exilée, se trouvait alors, soit en Ecosse, soit en Bavière ; et à ce moment là, il n’y avait ni chemins de fer, ni télégraphes. (Maurice Pascal, op. cit.)
Le quatrième médecin de la dynastie : Jules de Kinkelin Pelletan
Lors du retour des Bourbons en 1814, Pierre Pelletan, sans doute influencé par les idées de la jeune femme qu’il avait épousée l’année précédente, accepta sans réserve les idées de la Restauration ; il en fut récompensé en devenant chirurgien ordinaire du roi, médecin de Louis XVIII, puis de Charles X. Très en faveur à la cour, contrairement à son père, il avait été choisi comme l’un des administrateurs de la Faculté de Médecine ; d’ailleurs cette position politique lui valut de sérieux avatars lors de la Révolution de 1830.
La faveur dont il put jouir sous la Restauration avait moins pour cause ses mérites personnels que ceux de la famille de sa première femme Sophie Barthès, veuve, comme on le sait, du baron de Kinkelin. C’est un de ses descendants qui révèle, dans une lettre manuscrite du 8 octobre 1950 :

C’est sans doute pendant l’émigration qu’ils se sont rencontrés, car, dans un article paru à l’occasion de la mort de mon grand père, il est mentionné, d’une part, que « son père (le baron de Kinkelin) avait accompagné le duc d’Angoulême » et, d’autre part , que Mademoiselle de Barthès avait suivi la Comtesse d’Artois en exil.

Les liens avec la famille de Charles X étaient donc très étroits depuis la Révolution. Leur fils, Jules de Kinkelin, eut dès lors de bonnes raisons d’être connu de la famille royale.
D’autres parents de Sophie de Barthès se distinguèrent par une action vigoureuse, mais toujours plus ou moins clandestine, en faveur des Bourbons exilés.
Une des soeurs de Sophie, Marie Françoise Paule de Barthès (1779-1836) épousa en 1799 Michel Ambroise, comte de Gimel. Sa biographie fut écrite par un Gimel, issu d’une branche cadette de cette famille :
Né à Montpellier le 9 décembre 1772 d’Etienne Michel de Gimel, avocat en Parlement, et d’Anne Marguerite Andrette de Madières, Michel Ambroise de Gimel entra au service en1790 comme cadet gentilhomme au régiment de Cambrésis et y fut fait sous–lieutenant en 1791. A la fin de la même année, il émigrait en Espagne où il fut aide de camp du vice-roi de Catalogne. Il fit la campagne de 1792 à l’armée des princes et fut désigné en 1793 comme capitaine dans les hussards de Contades.
Mais c’est la suite de sa carrière qui attire l’attention ; sa biographie révèle des activités spéciales :

Il fut alors appelé à Venise par le comte d’Antraigues, pour être employé dans la diplomatie (sic) pour les intérêts des princes, et fut présenté à S.M. Louis XVIII à Vérone.
Plus tard, envoyé en Languedoc avec des instructions particulières pour coopérer aux projets de Pichegru, il fut proscrit après le 18 fructidor et émigra de nouveau en Suisse…

Le récit de sa vie comporte encore de nombreuses activités diplomatiques et militaires, que nous ne détaillerons pas ici ; il suffit de souligner l’importance de Gimel comme agent de renseignement, également capable de remplir des missions délicates ou secrètes.

C’est dans cette famille, véritablement enracinée dans la tradition du dévouement à la famille royale, que naquit à Rouen le 22 avril 1806, Jules de Kinkelin, troisième enfant du baron de Kinkelin et de Sophie de Barthès. Après la mort de sa mère en 1832, par arrêt de la Cour Royale de Paris le 29 août 1834,

sur requête à elle présentée par Pierre Pelletan, docteur en médecine, demeurant à Paris rue du Fbg Montmartre n°25 et Jules de Kinkelin, docteur en médecine, demeurant même rue et numéro, ladite requête tendante à ce qu’il plaise à la Cour confirmer la sentence en adoption dont sera ci après parlé, la Cour confirme la sentence du Tribunal de 1ère instance de Paris du 30 juillet dernier ; en conséquence, dit qu’il y a lieu à l’adoption de Jules de Kinkelin par Pierre Pelletan…

Jules de Kinkelin fut donc adopté à 28 ans ; onze ans plus tard, son père adoptif mourait, après, toutefois, s’être remarié ! Ses demi-soeurs étant en bas âge, c’est Jules qui prendra à la suite de Pierre Pelletan la charge du coeur retrouvé à l’Archevêché, comme le révèle le docteur Cabanès qui eut vent de l’affaire, sans toutefois la comprendre.
Un faux espoir : le testament de Jules de Kinkelin
Une fois de plus, le docteur Cabanès, qui pensait n’avoir affaire qu’à un seul coeur, mélangea les protagonistes dans sa «Causerie» du 4 juin 1893 date à laquelle, il est vrai, le coeur offert à Don Carlos n’avait pas encore réapparu officiellement. Que nous dit-il ? :

Le comte de Chambord chargea un de ses conseillers M.P. Damas (sans doute le comte Maxence de Damas) de faire une enquête ; Aboutit-elle jamais ?
Il est à croire que non, puisque l’exécuteur testamentaire du petit-fils de Pelletan (ici, il confond Jules de Kinkelin et Gabriel Pelletan) se présentait vers 1876 dans diverses bibliothèques de Paris, pour composer le rapport qui servirait à établir l’identité de Louis XVII avec l’enfant du Temple !
Il y avait, en effet, cette clause bizarre dans le testament de Jules Pelletan :
que les héritiers ne rentreraient en possession de leurs legs que quand le fameux coeur aurait reçu un abri définitif dans la demeure du prétendant au trône de France.

Euréka ! Il ne restait plus qu’à mettre la main sur le testament de Jules de Kinkelin Pelletan.

Une nouvelle fois, ce fut la déception : Jules Pelletan, dans son testament du 19 mai 1867, après avoir pris des dispositions en faveur de sa femme, Marie Adélaïde Louise ANDRE, ne s’occupait de rien d’autre que de vitupérer contre son fils :

J’ai eu bien souvent besoin de l’avoir auprès de moi (il s’agit de sa femme) pour me consoler des chagrins poignants que m’a donnés depuis longtemps mon fils qui s’est marié malgré mes prières et mes menaces avec la fille d’un misérable escroc et qui a ainsi commencé à déshonorer un nom qu’il devait continuer à flétrir encore. Ma malédiction paternelle lui a été infligée, et je la confirme ici, dans cet écrit destiné à me survivre.

Evidemment, cela ne nous avançait guère, et il fallut se souvenir que c’était Maître Barre qui avait répandu la fable d’un testament - c’était celui de Gabriel - concernant le coeur.
Cette idée romantique avait prospéré et concernait maintenant tous les testaments Pelletan !
Encore une fois, l’affaire Louis XVII se retournait comme une peau de gant.

En relisant attentivement un passage de La Revue Rétrospective, une note attira mon attention : en faisant l’inventaire après décès de Gabriel Pelletan, Maître Barre et le légataire universel M. Prosper Deschamps, s’entendirent sur le coeur trouvé dans l’urne en cristal :
Il fut décidé, d’un commun accord, qu’on ne le comprendrait point dans l’inventaire, mais que M. Barre se mettrait en rapports avec l’administrateur des biens du comte de Chambord, et lui proposerait de le restituer au prince…
Cette décision fut un trait de lumière : il était inutile de chercher le double sort des coeurs dans des dispositions privées : ils furent considérés comme incessibles , appartenant déjà à l’histoire dans l’esprit des hommes qui eurent à en disposer.
De Paris à Froshdorf

Il restait à établir la filière qu’empruntèrent les deux coeurs pour arriver aux mains de la famille royale.
Nous connaissons déjà le chemin emprunté par le coeur appartenant à Gabriel Pelletan et offert en 1895 au duc de Madrid.
Par contre, si nous savions, par le père Bole, que le second coeur était arrivé à Froshdorf avant 1883, il restait à savoir qui l’avait donné au comte de Chambord.
Malade et ruiné, Pierre Pelletan n’avait sans doute pas pu achever ses démarches, comme le souligne le docteur Dureau. Alors, son fils adoptif, Jules de Kinkelin ? Sans doute, mais après le décès de la Duchesse d’Angoulême, qui ne supportait plus les rappels des drames de son existence. Le duc de Doudeauville, qui avait eu l’imprudence d’intervenir auprès de la Duchesse trois mois avant son décès , en faveur d’un prétendant (Richemont) fit les frais de la colère du comte de Chambord :

Après la mort de cette princesse, le duc de Doudeauville regarda comme un devoir d’aller faire une visite de deuil à M. le comte de Chambord. Il était loin de prévoir l’accueil qui l’attendait, après les témoignages d’amitié qu’il était habitué à recevoir du Prince.
Monsieur, lui dit Monseigneur, je n’oublierai jamais que vous avez empoisonné les derniers mois de la vie de ma tante avec votre fable absurde de Louis XVII , vous avez troublé par des remords imaginaires l’âme d’une sainte jusque dans son agonie.

Qu’on se rassure, peu après, les deux hommes se réconcilièrent.
Mais comment ne pas voir que si la Duchesse avait des doutes sur la mort de son frère, son neveu n’en avait pas, à cette époque du moins, et n’aurait pas hésité à accepter le coeur dit « de Pelletan ». La date est difficile à préciser, et devrait se situer entre 1851, décès de Marie Thérèse et 1873, époque où mourut Jules de Kinkelin.
Le secret le plus strict fut gardé.
Méfiance vis-à-vis des Pelletan ? Prudence politique ? Désir de se réserver une « preuve » historique d’un décès toujours controversé ? Il est difficile de trancher.
Après 1895, la question se posa d’une toute autre manière : il y avait abondance de coeurs « Pelletan » à Froshdorf ! Qu’allait-il donc se passer ?

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Message par Her Lun 26 Juil 2010 - 10:52

CHAPITRE 7
Un coeur de trop

Trois générations se succédèrent à Froshdorf entre 1895 et 1975, date du dépôt d’un seul coeur à Saint Denis, totalement différent de sa représentation du siècle précédent.
Qui avait pris l’initiative de vider l’urne des débris de cristal, témoins du premier bocal ?
Qui avait accroché le coeur avec un bout de fil de fer, au lieu d’utiliser l’accrochage en cuivre qui, sans doute, ne convenait plus au nouveau viscère ?
Il est difficile de croire à la responsabilité de Don Carlos, qui avait autour de lui de nombreux témoins de la remise de 1895 par Maurice Pascal au palais Lorédan.
N’oublions pas non plus qu’il n’avait que l’usufruit du château de Froshdorf, où il ne se plaisait guère : c’est son fils Jaime, qui en avait hérité de la comtesse de Chambord.

Quant aux princesses Massimo, mère et filles, il faut bien constater qu’elles étaient dépositaires de traditions contradictoires, au grand étonnement des journalistes en 1975 :

Qu’il soit permis de s’étonner que cette dame (la princesse Marie des Neiges Massimo) descendante du dernier roi Bourbon, ignore ce que tout le monde sait de l’origine douteuse de la « relique » et des circonstances de la venue entre les mains de son grand père en 1895. N’oublions pas qu’à cette date, sa mère avait 21 ans et habitait avec ses parents. Il est difficilement croyable que la fille de Don Carlos n’ait pas été au courant de l’événement et ait transmis à sa fille la ridicule fable selon laquelle la relique serait venue par héritage de la duchesse d’Angoulême et du Comte de Chambord ! (Delorme, op. cit. p.220).

Une haute personnalité autrichienne, (dont on nous demande de ne pas révéler le nom), très proche des descendantes de Don Carlos, nous a également rapporté par écrit qu’un coeur était devenu la propriété de la famille royale ; il parlait d’un reliquaire -et non d’une urne- déposé dans la chapelle du château de Froshdorf, mais ignorait à quel moment ce coeur y était arrivé.

Si les dernières détentrices semblent n’être pour rien dans une manipulation de reliques, il n’en est pas de même pour leur oncle, don Jaime, qui vécut à Froshdorf une grande partie de son existence. Il n’ignorait pas que son père avait eu la main forcée par les légitimistes français et avait dû accepter un viscère issu de la main d’un de ces révolutionnaires dont il avait horreur.
D’autant qu’il y avait un coeur « Pelletan » de trop : « l’oncle Chambord » en ayant déjà accepté un, avec, sans aucun doute, d’excellentes raisons, c’était là l’occasion d’une merveilleuse plaisanterie, que personne n’irait soupçonner.
Un étrange occupant à Froshdorf : don Jaime
En 1913, Maurice Paléologue, ambassadeur de France, se rendit à Froshdof avec son ami Alfred Dumaine, ambassadeur de France à Vienne, qui le prévint avant leur arrivée :

Le domaine de Froshdorf appartient maintenant au duc de Madrid, don Jaime, le fils de don Carlos, qui par le jeu combiné de la loi salique et du traité d’Utrecht, se considère aujourd’hui comme le seul prétendant légitime au trône d’Espagne et le chef véritable de la maison de France. Il a quarante-trois ans ; il est complètement décavé...C’est un sympathique aventurier qui a fait, il y a neuf ans, la guerre de Mandchourie avec un titre de colonel dans l’armée russe...Mais, puisqu’il est décavé, comment a-t-il le moyen d’habiter Froshdorf ?
On ne sait trop. Il s’est ruiné par des spéculations financières, par son opiniâtre déveine au baccara et même par ses libéralités, car il est très généreux de nature. Parfois ses soeurs, l’archiduchesse Salvator et la princesse Massimo le tirent d’embarras. Il jouit de la plus mauvaise réputation à Vienne...
Le château fut acquis en 1839 par le duc de Blacas, qui le rétrocéda à la duchesse d’Angoulême. Il devint en 1851 la propriété de la comtesse de Chambord. Le domaine s’étendait sur 3000 hectares, dont les environs, soit 30000 hectares, étaient loués pour la chasse.

Notre automobile s’arrête devant la grille, qui est ouverte. Le pavillon du concierge a toutes ses portes et fenêtres closes. Tandis que notre mécanicien cherche à qui parler, nous remarquons la dégradation et la malpropreté du jardin : pas une allée qui ne soit envahie par les mauvaises herbes. Et toutes les marches du perron qui borde la façade sont disjointes. Le plus triste aspect d’une maison abandonnée.
Cependant, voici que la porte vitrée qui accède au vestibule s’ouvre. Et nous voyons apparaître un homme qui peut avoir une quarantaine d’années. Il porte un vieux canotier, un veston défraîchi, pas de gilet, pas de cravate, pas de col ; un pantalon de toile jaunâtre, et pour chaussures, des espadrilles. Dumaine lui demande avec politesse et en allemand :
- Savez-vous si son Altesse Royale nous permettrait de visiter le château ? Nous sommes Français .
Alors, élevant à bout de bras son canotier, l’inconnu répond fièrement :
- L’Altesse Royale, c’est moi, don Jaime de Bourbon. Et puisque vous êtes français, seriez-vous des épiciers, je vous dis : Prenez la peine d’entrer. (Après cet exorde, les visiteurs parcourent les salons du rez-de-chaussée)

Au mur, beaucoup de tableaux dont l’intérêt me semble surtout historique ; puis beaucoup d’objets ayant appartenu à Louis XVI, à Marie Antoinette, au jeune Dauphin, à Madame Elisabeth, au duc et à la duchesse de Berry. On dirait un musée de pieuses reliques...
Sur ce, don Jaime allume un cigare. Puis :
- Voici maintenant, Messieurs, la chambre où mon oncle est mort. Vous remarquerez sur les murs la bannière du Sacré Coeur, un fanion des zouaves pontificaux, les prières pour la France brodées par les dames royalistes etc...
Quand il a terminé son boniment, il tire une bouffée de son cigare et nous lance avec un éclat de rire :
Mon pauvre oncle ne supportait pas l’odeur du tabac !

Tandis que nous montons à l’étage supérieur, un homme s’approche de nous, grand, mince, avec une chevelure et une barbe hirsutes, un nez de vautour, des joues creuses, une tête de forban. Il chuchote quelques mots en espagnol à don Jaime, qui se tourne vers nous :
- Messieurs, je vous présente mon aide de camp, le général Lopez . Il m’est tout dévoué, ce qui ne l’empêche pas d’être une canaille. Voici, Messieurs, pourquoi il nous dérange . Vous ne vous scandaliserez pas si je vous confie que j’attends une petite amie de Vienne, une délicieuse ballerine dont j’ai grand besoin, car je ne m’amuse pas tous les jours à Froshdorf. Lopez doit aller au-devant d’elle, mais il voudrait profiter de votre auto. Vous pensez bien que moi, je n’ai pas de voiture. Alors, Monsieur l’Ambassadeur, auriez-vous la gentillesse de me prêter votre auto pour amener ma petite amie ?
Dumaine griffonne sur un papier quelques mots pour son chauffeur et le remet au forban, qui s’éloigne avec dignité.
Arrivés au premier étage, nous pénétrons dans une chambre obscure, convertie en chapelle. Sur un panneau de marbre noir, je lis cette épitaphe :

Ici,
Après une longue vie de souffrances et d’épreuves,
Marie Thérèse Charlotte
Dauphine de France, duchesse d’Angoulême,
A rendu son âme à Dieu, le 19 octobre 1851

Profitant de notre silence méditatif, don Jaime s’esquive pour voir si sa petite amie est bien arrivée. Les mânes de la duchesse d’Angoulême doivent être soulagés de le voir partir. Nous évoquons alors la figure de celle que Chateaubriand a surnommée « la princesse des trônes et des échafauds ».
Comme nous achevons la récapitulation funèbre, don Jaime revient, la figure épanouie. Mais, par décence, il se met à l’unisson de nos pensées qu’il devine ; Et d’un air lugubre, il laisse tomber cette parole sur la fille de Louis XVI :
- Ah, celle-là, on peut dire qu’elle avait la guigne !
Plus rien à voir dans le château. Notre hôte s’écrie :
-Je ne veux pas vous laisser partir sans avoir bu à votre santé.
Et de l’antichambre, il nous pousse dans une petite salle à manger, dont l’ameublement se réduit à une table poussiéreuse, quelques chaises dégarnies et une étagère vide ; pas une seule pièce d’argenterie.
Nous revenons écoeurés de notre visite à Froshdorf ; il nous est pénible de penser que des reliques aussi touchantes et respectables sont devenues la propriété d’une arsouille.

Maurice Paléologue, dans cet étonnant récit intitulé « Un Carliste à Froshdorf » dépeint sur le vif un curieux personnage, qui ne rêve que de s’affranchir des pesantes traditions qu’il représente désormais seul dans ce château hanté par les souvenirs. S’amuser , c’est tout ce qui lui reste.
Et quoi de plus amusant, après tout, que de remplacer un coeur par un autre, surtout quand on ne fait pas confiance à ce qui vient de ces Français, épiciers ou sans-culottes, qui veulent vous imposer des reliques douteuses ?
Mais ne nous y trompons pas : l’hypothèse d’une intervention de don Jaime, si tentante qu’elle soit, reste une hypothèse : les preuves nous manquent encore pour retrouver, au cours d’un laps de temps aussi long, l’auteur de l’interversion des coeurs entre 1895 et 1975 ; la recherche reste très ouverte sur ce point, que seuls de nouveaux documents, ou une enquête sur le terrain, peuvent contribuer à éclaircir.
Louis Joseph et Louis Charles
Et c’est ainsi, par le bon vouloir de don Jaime - peut-être - qu’à Froshdorf - plus sûrement - le coeur de Louis Joseph, premier Dauphin de France remplaça le coeur de Louis Charles, qui n’était à coup sûr pas celui de Louis XVII.
Rien n’est jamais simple pour qui étudie depuis longtemps l’étrange énigme du sort du petit Capet. Croyait-on vraiment s’en tirer à si bon compte avec une simple analyse génétique ?
D’autres avaient déjà mordu la poussière avec la « trichoscopie », et sur la foi d’analyses de cheveux, avaient bouleversé l’ordre des candidats à la succession de Louis XVI.
Mais songez-y : Le sang de France ne se présume pas. Si l’on va trop vite en besogne, cet adage s’imposera aux apprentis sorciers. C’est à l’histoire de contrôler la science et de lui dire : Quel est ton objet ?
_______________________________________________________________________________

llustrations :
Fac simile de l’urne en 1894 et Vue de l’urne en l'an 2000

sur le site http://www.museelouisxvii.com/preuve.htm
Tous droits réservés pour tous pays

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Message par Her Lun 26 Juil 2010 - 11:01

Bonjour,

Le texte ci-dessus de Madame Laure de La Chapelle est magistral.
Cette grande dame sera honorée, en son temps, pour son discernement et pour sa clairvoyance...

Meilleures pensées
Hercule

http://www.museelouisxvii.com/coeurenfamille.htm

LAURE DE LA CHAPELLE DÉCOUVRE AUX ARCHIVES DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS À VANVES LA PREUVE QU'UN PREMIER CŒUR DIT "DE PELLETAN" SE TROUVAIT ENTRE LES MAINS DE LA FAMILLE ROYALE À FROSHDORF PLUS DE DOUZE ANS AVANT LA LIVRAISON ROCAMBOLESQUE D'UN DEUXIÈME CŒUR DIT AUSSI "DE PELLETAN" EN 1895.

CELA SIGNIFIE QUE LES HÉRITIERS DU COMTE DE CHAMBORD ÉTAIENT EN POSSESSION DES DEUX CŒURS DÈS 1895 ET QUE LES CONDITIONS D'UNE MANIPULATION ÉTAIENT RÉUNIES AVANT QUE L'UN D'EUX TROUVE ENFIN PRENEUR EN FRANCE.

SI ON ADMET LES RÉSULTATS DE L'ANALYSE ADN DE L'AN 2000 ATTRIBUANT LE CŒUR ANALYSÉ À UN MEMBRE DE LA FAMILLE DE HABSBOURG, ON PEUT LOGIQUEMENT PENSER QU'IL S'AGIT DU CŒUR DE LOUIS-JOSEPH, PREMIER DAUPHIN, MORT EN 1789.

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Message par Her Lun 26 Juil 2010 - 11:15

jld a écrit:Savez vous que le Coeur présumé de Louis XVII a été prélevé,en cachette,au moment de son autopsie. Ce Coeur, après bien des péripéties, a été conservé et a fait l'objet d'analyse ADN. Les analyse révèlent qu'ilappartient bien à un enfant de Marie Antoinette.

Le débat porte actuellement plutôt sur la qestion de savoir si le Coeur analysé est de Louis XVII ou de son Frère décéd en 1789.

Les hypothèses et les recherches historiques laissent plutôt penser qu'il s'agit bien du Coer Louis XVII.

L'hypothèse faite à savoir que de Josépine de Beauharnais
aurait été à l'origine de la libération de l'enfant Roi ne paraît guère plausible même si elle est séduisante.

Napoléan qui devait, en effet, être au courant de la vérité - quelle qu'elle soit - n'aborde jamais le Sujet dans son exil de St Héleine.
Je n'ai rien lu de tel non plus dans les récits écrits au Sujet de Joséphine.

Mais pourquoi pas !
Il faudrait préciser vos sources


Bonjour jld,

Soyez bien persuadé qu'au jour choisi par Dieu, toutes les sources et preuves d'authenticité nécessaires seront posées sur la table et montrées aux autorités concernées, c'est-à-dire aux autorités temporelles et à celles de la Sainte Eglise...

Dieu sait garder cacher ses trésors pour mieux les faire paraître de manière éblouissante au jour de triomphe.

Ainsi, Il a su garder caché les écrits du Père de Montfort pour les faire réapparaître à son heure. Il agit de même avec les écrits authentiques de Soeur Marie Lataste, avec les prophéties de la Sr de Saint Pierre et quelques autres...

Je suis persuadé qu'au jour du Sacre, tous les objets nécessaires au rituels réapparaîtrons de manière mystérieuse et miraculeuse.

C'est depuis longtemps ma conviction profonde.

Meilleures pensées
Hercule

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Message par P4572 Lun 26 Juil 2010 - 16:19

Mais que nous importe , qu'il soit mort dans la prison du temple ou bien quelque-part dans un pays Européens ?

Je ne comprends pas pourquoi toute cette littérature validerait une preuve de telle ou telle autre possibilité.

Si c'est un Bourbon légitime ou si c'est un autre qui doit revenir sur le trône de France, que nous importe du moment que ce soit Dieu qui nous le donne !

Ah qu'il sera bon alors de vivre et de servir dans notre pays étincelant de lumière Divine.

Mon âme a tellement soif de cela !

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Message par Her Dim 1 Aoû 2010 - 16:12

Bonjour Panetier,

Dieu a un plan sur l'humanité pour son relèvement,
et Il nous en parle très souvent, depuis des siècles, à travers les messages prophétiques donnés à ses âmes choisies...

Pendant ce temps dans des clans adverses qui Lui sont farouchement opposés, on s'affaire dans l'ombre par des stratégies, des complots, des annonces contraires à Ses vues pour mettre en avant tel prince ou tel autre autre... voulu par l'ambition de volontés uniquement humaines contraires à son plan d'amour sur le monde.

Il me semble judicieux d'essayer de comprendre le cours des événements actuels pour ne pas se laisser piéger dans les jours à venir qui seront des jours de très grande confusion.

Meilleures pensées
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Message par P4572 Dim 1 Aoû 2010 - 17:17

Ave Hercule,

Il nous en parle très souvent, depuis des siècles ?

Ca ne fait que 2 siècles qu'on a plus de roi depuis Napoléon.

Charles X et Louis XIII furent les derniers Bourbons.

Louis Philippe était un Orléans...

A part Marie-Julie de la Fraudais , je ne vois personne ( de fiable )qui nous ait parlé du retour d'un roi.

Ce retour a failli se faire avec un certain Henri , il fut manqué !

Soi disant, il resterait une sainte ampoule à Reims pour sacrer un nouveau roi ?

Marthe Robin a dit que la France serait à genoux et peut-être n'est elle pas si loin de l'être ( il n'y a qu'à voir les poudrières que sont devenues les banlieues ).

Il faut sans doute qu'elle soit par terre pour que Dieu puisse aider à la relever.
De toute façon , comme vous dites , il a un plan car il est le maître du temps et de l'histoire des hommes.

Alors merci de nous dire si vous avez d'autres éclairages qui ne sauraient pas reçus comme simple curiosité mais comme petite espérance.

bien à vous

Michel

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Message par Gaëlle Dim 1 Aoû 2010 - 23:10

panetier - que je félicite pour son bel avatar - a écrit :

"A part Marie-Julie de la Fraudais , je ne vois personne ( de fiable )qui nous ait parlé du retour d'un roi."

Bien sûr que si ! Avez-vous entendu parler du colonel Eric Muraise ? Connaissez-vous la prophétie d'Orval et celles de Kerizinen en Plounévez-Lochrist (en Bretagne, pour rappel) ?

Entre autres...

Qu'entendez-vous par 'fiable' ?

Hannah

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Message par P4572 Lun 2 Aoû 2010 - 0:28

Par fiable , j'entends le contraire de fantaisiste.
Quelque chose qui sonne juste; qui, s'il n'est pas encore reconnu par l'Eglise a beaucoup de chance de l'être un jour.

Marie-Julie était une mystique stigmatisée morte en odeur de sainteté.

J'irai voir si on trouve des messages de Kerezinen qui s'approchent du sujet.

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Message par Her Lun 2 Aoû 2010 - 10:53

Bonjour Panetier,

Marie-Julie Jahenny (à qui je dois en autres ma convversion) est certainement l'âme privilégiée qui a le plus prophétisé sur le venue du Saint Pape et du Grand Roi à la fin des temps, mais il y en a beaucoup d'autres qui en ont parlé au cours des siècles en donnant chacun des détails particuliers.

Meilleures Pensées
Raymond

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Message par Her Lun 2 Aoû 2010 - 10:56

Kérizinen - Notre Dame du Très Saint Rosaire
(1938-09-15)

Les apparitions de la Sainte Vierge à Kérizinen, un petit hameau de trois maisons du village de Plounévez-Lochrist, en Bretagne, entre Brest et Morlaix, ont débuté en 1938, à une humble paysanne, Jeanne-Louise Ramonet. La Sainte Vierge s’y est manifestée sous le vocable de Notre Dame du Très Saint Rosaire. Les révélations prophétiques y ont été extrêmement nombreuses.

Comme beaucoup de petites fermes de l'époque, la maison de la famille Ramonet, comportait une seule pièce surmontée d'un grenier. Dans cette pièce au sol de terre battue, une cheminée, des lits clos et, face à la fenêtre, une table et deux bancs. Attenant à la maison, à gauche une petite porcherie, à droite une étable et une grange. Il n'y a que deux hectares de terre. Il fallait chercher l'eau très loin et il n'y avait pas d'électricité.

C’est là que Jeanne-Louise naquit, le 7 Octobre 1910, en la fête du Très Saint Rosaire, dans une modeste famille de cultivateurs. Elle était la quatrième de neuf enfants. Durant sa jeunesse, elle souffrit d'une santé déficiente. Du fait de cette mauvaise santé, elle reçut fort peu d'instruction, mais ses parents qui étaient de fervents Chrétiens lui inculquèrent une foi solide. Elle aurait voulu entrer au couvent, mais sa mauvaise santé ne le permit pas.

En 1936, elle fut partiellement guérie lors d’un pèlerinage à Lourdes, ce qui lui permit d'assumer son travail à la ferme dont elle avait repris l’exploitation au décès de ses parents. Elle y travailla jusqu'à sa retraite en 1970.

En 1938, ses parents étant décédés, ses frères et sœurs dispersés, Jeanne-Louise vivait avec une de ses sœurs dans sa petite ferme. Elle avait alors 28 ans et certainement le nom de cette humble paysanne bretonne n'aurait jamais été connu si un événement extraordinaire ne s’était pas produit.

Tout a débuté le jeudi 15 septembre 1938. Jeanne-Louise gardait ses vaches dans un champ voisin de sa maison. Elle était assise sur le talus et tricotait. Tout à coup, elle fut surprise par une très vive lumière et, dans cet embrasement, elle vit une très belle Dame, paraissant 17 à 18 ans. Celle-ci était vêtue d'une robe bleue bordée de blanc et serrée à la taille par une double cordelière. Elle portait un voile et un manteau blancs ; Un chapelet aux grains blancs, à la chaîne dorée, pendait à son poignet droit.

D'instinct, Jeanne-Louise avait reconnu la Sainte Vierge, mais timide et réservée, elle garda son lourd secret pendant plus d'un an, jusqu'à la deuxième apparition qui eut lieu le 7 octobre 1939. Selon la demande de la Sainte Vierge, Jeanne-Louise s'en ouvrit alors à son confesseur qui lui ordonna le silence, ce qu'elle fit. C'est à la septième apparition, le 7 octobre 1940, que la Vierge déclara : "Je désire être honorée et invoquée en ce lieu sous le nom de Notre Dame du Très Saint Rosaire".

De 1938 à 1965, elle fut favorisée de nombreuses apparitions de Jésus et de Marie dans un champ proche de sa maison. Depuis sa retraite, Jeanne-Louise récitait tous les jours le Rosaire à 15 heures avec les pèlerins.

Elle a toujours vécu à Kérizinen, où elle s'est éteinte, munie des sacrements de l'Eglise, le dimanche 19 février 1995, à l'âge de 84 ans. Elle repose au cimetière de Plounévez-Lochrist.
Les apparitions dont bénéficia Jeanne-Louise furent presque toutes accompagnées de messages, dont plusieurs insistent sur la compassion de Marie. Lorsqu'ils apparaissent ensemble, Jésus et Marie dévoilent leurs deux Coeurs unis par un glaive, et demandent que soit répandue dans le monde la dévotion à leurs "deux Coeurs Unis dans le Saint Esprit".
Le Christ et la Sainte Vierge nous avertissent des grands périls qui menacent l'Eglise, la France et le monde, mais nous assurent aussi d'un prochain renouveau si nous nous convertissons : ils insistent sur la nécessité de recevoir les sacrements de la Réconciliation et de l'Eucharistie, sur la pratique de l'amour du prochain et sur l'importance de la prière, surtout du Rosaire médité.
Une source, promise par Notre Dame en 1949, a jailli en 1952 en contrebas du champ des apparitions. De nombreuses grâces ont été obtenues par cette eau. En 1949, sur le lieu même des apparitions, une petite guérite en verre fut offerte pour abriter une statuette de la Vierge. En 1956, un petit oratoire fut construit pour abriter les pèlerins. Ceux-ci ne cessant d'affluer, un oratoire beaucoup plus grand, englobant le premier, fut bâti en 1976. Depuis 1992, il existe aussi un accueil de jour, l'Accueil Saint-Joseph.

Le Rosaire est récité tous les jours à 15 heures dans l'oratoire, aux intentions de l'Eglise, du monde et pour les pèlerins.

Voici quelques-uns des messages reçus par Jeanne-Louise :

Message du Jeudi 15 septembre 1938 :

« La Sainte Vierge : N'aies aucune crainte. Je ne te veux aucun mal. Tu me verras différentes fois dans les années à venir, et là, Je te dirai qui Je suis et ce que Je demande.
Une nouvelle guerre menace l'Europe. Je l'éloignerai de quelques mois car Je ne puis rester sourde à tant de prières qui, en ce moment, s'élèvent vers moi, là-bas, à Lourdes, pour la paix ».

Message du Samedi 7 octobre 1939 :

« La Sainte Vierge : Le Monde ne cesse d'offenser Dieu par de très lourds péchés, surtout des péchés d'impureté, d'où cette guerre en châtiment de tant de fautes. Mais le Ciel n'est pas insensible à tant de misères et vient vous donner un moyen de salut : la paix, vous l'aurez sous peu, si vous savez l'acquérir, mais il faut, pour cela, que le peuple mène une vie de prières, de sacrifices, de pénitence, que surtout très souvent on groupe les enfants pour prier, pour réciter le chapelet suivi du "Parce Domine" pour les pécheurs.
Parles-en à ton Directeur et qu'il fasse publier ce Message. Je donnerai à ses paroles une force surnaturelle qui touchera les cœurs.
Toi-même continue, chaque jour, la récitation de ton Rosaire, mais applique-toi davantage dans la méditation des mystères car, saches le bien, le Rosaire sans mystères est comme un corps sans âme ».

Message du Jeudi 7 décembre 1939 :

« La Sainte Vierge : Redoublez de ferveur dans vos prières et vos sacrifices à l'approche du temps de Noël et Jésus vous apportera une paix comme vous le désirez tous. Armez-vous donc de la prière, du sacrifice tandis que vos soldats se servent d'armes matérielles. Il faut cela pour une victoire rapide. Si l'on écoute mes demandes la guerre prendra fin vers la mi-octobre 1940 ».

Message du Mardi 2 avril 1940 :

« La Sainte Vierge : Les prières se font moins nombreuses que les premiers mois de la guerre. Cette négligence, vous la subirez tous, mais principalement vos soldats. Il y en aura beaucoup de prisonniers, plusieurs mourront de privations et de misère sur le sol ennemi et par la suite, que de sang innocent y coulera ! La guerre sera dure et longue si l'on ne prête garde aux Messages que Je vous ai apportés ».

Message du mois de Mai 1940 :

« La Sainte Vierge : Enfants de France, bientôt sonneront, pour vous, des heures graves : le danger qui vous menace c'est l'invasion de votre pays par l'ennemi ; mais J'interviendrai à temps si tous plus unis que jamais crient leur espoir à Celui qui seul peut tout, à Celui qui tient le monde dans ses mains et au pouvoir de qui se tient, avec le sort des peuples, l'esprit de la volonté de leurs chefs, si tous joignent leurs prières pour que le Dieu de Miséricorde hâte, d'un geste tout puissant, la fin de cette malheureuse tempête.
À cause de ces apparitions, tu auras beaucoup à souffrir, plusieurs douteront de toi, mais tu trouveras sur ton chemin des amis pour te comprendre, te guider et même te suivre ; mais tu peux beaucoup pour les pécheurs par tes souffrances et tes peines acceptées avec résignation et sans murmure. Tu as dans ta paroisse un prêtre, grand et fidèle serviteur de Dieu, homme humble et détaché de la nature ».

Message du Lundi 7 octobre 1940 :

« La Sainte Vierge : Je suis la Mère du Christ, ce Christ si aimé dans ta paroisse. Je désire être honorée et invoquée, en ce lieu, sous le nom de "Notre Dame du Très Saint Rosaire" ».

Message du Mardi 5 mai 1942 :

« La Sainte Vierge : Bientôt la Russie apportera son aide à la guerre, ce qui provoquera un bon choc à vos ennemis, mais à dater de cette époque, priez, priez beaucoup, ô âmes chrétiennes pour ce grand ennemi de l'Église, sinon, dans l'après-guerre, les communistes siégeront un peu partout et l'Église recevra des tracasseries de leur part.
Demandez à Jésus, par Mon Cœur Immaculé, le retour des pécheurs et la conversion de la Russie.
Toutes les fois qu'il te sera possible, communie donc le premier samedi du mois en l'honneur de mon Cœur Immaculé, chose que je demande depuis de longues années sans qu'on y prête attention ».

Message du Vendredi 2 octobre 1942 :

« Jeanne-Louise : La Sainte Vierge m'a de nouveau parlé de tous ces châtiments et épreuves qui vont s'abattre sur la France et l'Europe et nous exhorte de plus en plus à beaucoup prier et à faire pénitence pour éviter ces châtiments ou du moins les adoucir.
Elle m'apprit ensuite à réciter le chapelet des Saintes Plaies du Christ en me disant qu'à chaque mot que nous prononçons de ce chapelet, Jésus se laisse toucher et laisse tomber une goutte de Son Sang sur l'âme d'un pécheur.
Méditation des Mystères douloureux.
"Christ Jésus, que votre règne arrive par le Cœur douloureux et Immaculé de Marie" ».

Message du Mercredi 2 février 1944 :

« La Sainte Vierge : J'ai beau demander des prières, des sacrifices, l'on ne m'écoute pas. Cependant, regarde à l'horizon, tout au-delà des gros nuages, vois une lueur encore bien pâle, mais qui brillera un jour qui n'est plus éloigné, ce sera votre délivrance, puis la fin de cette guerre, mais si le monde ne fait pénitence et ne revient à Dieu, de nouveaux et plus lourds châtiments l'attendent : une folle tempête se déchaînera sur le monde pécheur, vous l'apaiserez en vivant votre tâche quotidienne pour le Christ, en vous unissant tous par le Rosaire médité pour les pécheurs.
Ô âmes justes et droites ayez compassion pour cette multitude d'âmes qui sans souci de leur éternité se perdent chaque jour dans les plaisirs mondains.
Ô âmes pures et généreuses priez, priez beaucoup pour cette légion d'âmes qui, à chaque instant, offensent cruellement mon Fils par de très lourds péchés d'impureté. Que chaque Chrétien se fasse apôtre de son frère pécheur ; qu'il cherche et ramène au bercail les âmes égarées et que tous unis vivent avec et pour le Christ. Alors seulement commencera pour l'humanité, aujourd'hui hideuse sous la lèpre du péché, l'ère de paix qui durera jusqu'à la fin des temps.
Pour éloigner de la France révolution et persécutions religieuses, récitez tous, très souvent, le Rosaire médité.
Que chacun fasse donc son possible et Je ferai le reste. J'interviendrai. Mais si, comme en 1939, l'on repousse mes offres et mes demandes le choc sera inévitable.
Jeanne-Louise : La Sainte Vierge a donné cette belle et courte prière à réciter souvent : "O Jésus, je me donne à vous par le Cœur Douloureux et Immaculé de Marie pour être la consolation de votre Sacré-Cœur à tout jamais. Cœur Sacré de Jésus que votre règne arrive par le Cœur douloureux et Immaculé de Marie" ».

Message du 1er mai 1944 :

« Jeanne-Louise : J’ai eu la vision d’un tableau divisé en deux parties, la première représente des hommes voulant hisser un drapeau. Des prêtres veulent les empêcher, mais on les menace. On semble les injurier, leur lancer des pierres. Dans un coin, le démon, très gai, semble les exciter... Dans un autre coin, la Sainte Vierge est triste et pleure. À côté cette inscription : "Image de Communisme".
La deuxième partie représente un groupe de jeunes filles vêtues de bleu et blanc qui, constamment, récitent le Rosaire. À côté, cette inscription : Salut de Communisme ».

Message du Lundi 7 octobre 1946 :

« Jeanne-Louise : A l'endroit des apparitions un Rosaire dont le Christ et la chaîne étaient dorés et les grains blancs ; le Rosaire auréolé de cette inscription : "Courage aux fidèles persévérants du Rosaire : Ils vaincront, un jour, le Communisme " ».

Message du Mardi 7 octobre 1947 :

« Jeanne-Louise : La Sainte Vierge m'a de nouveau parlé de tous ces châtiments et épreuves qui vont s'abattre sur la France et l'Europe, et nous exhorte de plus en plus à beaucoup prier et à faire pénitence pour éviter ces châtiments ou du moins les adoucir.
Elle m'apprit ensuite à réciter "le Chapelet des Saintes Plaies du Christ" et me dit :
La Sainte Vierge : A chaque mot que vous prononcerez de ce chapelet, Jésus se laissera toucher et laissera tomber une goutte de son Sang sur l'âme d'un pécheur. Méditez les mystères douloureux.
Jeanne-Louise : Puis, prenant Elle-même son chapelet, la Sainte Vierge m'enseigna comment réciter "le Chapelet des Saintes Plaies du Christ".
La Sainte Vierge : O Jésus, Divin Rédempteur, soyez miséricordieux pour nous et pour le monde entier. Amen.
Dieu fort, Dieu saint, Dieu immortel, ayez pitié de nous et de tout le monde. Amen.
Grâce, Miséricorde, ô mon Jésus, pendant les dangers présents, couvrez-nous de votre Sang précieux. Amen.
Père Éternel, faites-nous miséricorde, par le Sang de Jésus-Christ, votre Fils unique, faites-nous miséricorde, nous vous en conjurons. Amen, Amen, Amen.
Sur les gros grains : "Père Éternel, je vous offre les Plaies de Notre Seigneur Jésus-Christ, pour guérir celles de nos âmes".
Sur les petits grains : "Mon Jésus, pardon et miséricorde par les mérites de vos Saintes Plaies".
À la fin de cette apparition, Jeanne-Louise nota sur son cahier : "Christ Jésus, que votre Règne arrive par le Cœur Douloureux et Immaculé de Marie" ».

Message du Samedi 29 mai 1948 :

« La Sainte Vierge : Il va y avoir une prochaine guerre lourde de conséquences. La France sera appelée à être envahie et occupée par une armée russe et c'est là que l'Église et les bons souffriront persécution de la part des sans-Dieu... Mais que l'on prête enfin attention à Mes demandes et Je vous préserverai de ces terribles ennemis, car Je descends pour vous épargner bien des peines, vous adoucir bien des maux.
Je descends pour relever et sauver la France. Dans quelque temps, Je lui donnerai un grand Chef, un Roi. Elle connaîtra alors un tel redressement que son influence spirituelle sera prépondérante dans l'Univers.
Mais Je descends surtout pour vos âmes, pour les pécheurs et c'est par la Bretagne, qui m'est restée le plus fidèle, que Je veux rechristianiser la France qui, revenue au Christ, revêtira un caractère tellement religieux qu'elle redeviendra lumière des peuples païens.
Quelques années après cette prochaine guerre, vous en subirez une autre, mais après laquelle les fidèles serviteurs du Christ jouiront d'une douce et juste paix : ce sera le règne de Jésus par Mon Cœur Immaculé.
Cependant, ces guerres peuvent être évitées si le monde repentant retournait à Dieu ».

Message du Lundi 17 juillet 1948 :

« La Sainte Vierge : Je te laisse cette lourde sentence que tu ne donneras que bien plus tard, si mes demandes sont repoussées : Sous quelques années cette province de Bretagne deviendra inhabitable, mais si, selon mes désirs, de cette terre que Je me suis choisie, il en sortait un Lourdes breton, son sol deviendrait fertile par ma bénédiction qui pleuvrait sur fruits et récoltes, leur donnant une grande fécondité ».

Message du Dimanche 6 mars 1949 :

« La Sainte Vierge : Je me tiens entre Dieu et vous, m'efforçant d'obtenir des délais à sa Justice et malgré cela, si les hommes ne se repentent pas et ne changent pas de vie, soufflera sur le Monde une affreuse tourmente, et c'est pourquoi si souvent de fois, J'interviens auprès de vous cherchant à recréer la liaison des hommes avec le Christ et par là, préserver l'humanité de la plus désastreuse des guerres ; car c'est le peuple de France que J'ai choisi pour renouer les liens brisés du Monde avec Dieu.
La France, cette France qui m'est si chère, aujourd'hui menacée de guerre, de révolution, d'invasion, restera-t-elle sourde à mes demandes, à mes avertissements ? Pourtant combien Je voudrais la sauver, lui donner un redressement puis un essor sans précédent. Mais, si vous ne le voulez, comment pourrais-Je l'opérer sans vous ? Votre sort ne dépend-il pas de votre liberté ? Je vous laisse un dernier espoir : qu'enfin l'on donne suite à mes demandes, que de ce lieu, vers moi, s'élèvent honneur, multiples et ferventes prières, et la France Je la sauverai. La France, des Russes Je la garderai. Et, ces derniers, touchés d'un soudain rayonnement se joindront à une sagesse nouvelle du Monde ».

Message du Samedi 5 mars 1955 :

« La Sainte Vierge : Je souffre de l'indifférence des hommes. Mon Cœur saigne des offenses, surtout impures, faites à mon Divin Fils, aussi l'heure de la Justice Divine ne peut tarder à sonner.
Mais, Chrétiens, courage, le Règne de Dieu est proche. Il s'ouvrira par un fait aussi éclatant qu'inattendu. Dieu se plaira à confondre l'orgueil des impies. Il brisera les obstacles et renversera les projets de ceux qui empêchent la lumière de se faire.
Mais pour hâter ce règne de Dieu, ce triomphe de l'Église, va et dis aux prêtres de bâtir, ici, une chapelle, d'y célébrer le Saint Sacrifice de la Messe avec Communion Réparatrice pour outrages impurs. Ils y trouveront grâces d'état et force. Les âmes justes s'y sanctifieront, les pécheurs s'y convertiront et ainsi le Monde en sera renouvelé et pacifié.
Et la France, cette nation de lumière, une fois sa dette payée, sera sauvée par des moyens en dehors de toute connaissance humaine et récompensée par une abondance de grâces et de bénédictions ; et toutes ces puissances qui, à ses côtés, auront combattu avec tant de courage et d'intrépidité, recevront cette belle récompense de prendre place au sein de l'Église Romaine et Catholique qui sortira elle-même renouvelée et rajeunie de ce baptême de sang ; car à la place de ces trônes impies, s'élèveront deux trônes glorieux, celui du Sacré-Cœur de Jésus et celui de mon Cœur Immaculé. Et ainsi le nom de Dieu sera glorifié par toute la terre. Car, plus le Monde aura été hostile au surnaturel, plus merveilleux et extraordinaires seront les faits qui confondront cette négation du surnaturel ».

Message du Jeudi 12 mai 1955 :

« La Sainte Vierge : Que le Saint Père et les prélats se tiennent en garde contre certains de ces prodiges étonnants et extraordinaires qui, en ces temps, se produisent et ne sont pas toujours célestes, mais souvent l'œuvre des ténèbres déchaînées sur terre, tendant ainsi à abolir tout ce qu'il y a de divin.
Le démon a déchaîné toute sa malice pour que mes apparitions ne soient pas reconnues en Bretagne, mais malgré lui. Je triompherai… »

Message du Samedi 1er octobre 1955 :

« La Sainte Vierge : Si la prière n'était sur vos lèvres et dans vos cœurs, je ne sais ce que Dieu ferait de vous, ce que deviendrait le pauvre Monde désemparé, désaxé. Et Satan qui n'arrête pas ses efforts de déchristianisation ! Aussi Dieu pourrait encore longtemps vous laisser livrés à vos ennemis, s'il n'y avait la prière et le sacrifice du juste qui attire Sa Clémence Divine et arrête sa Vengeance.
Oh oui ! le Monde est en grand danger, tant il est inondé par le péché ; mais, au cours des siècles derniers, à diverses reprises, le Monde a été sauvé par le Rosaire, et aujourd'hui ce ne sera ni les canons, ni les bombes, ni la force des hommes qui mettront fin aux guerres et aux tribulations ; mais, chers enfants de la Terre, d'un bout à l'autre du Monde unissez-vous, de nouveau, par cette arme puissante et efficace qu'est le Rosaire, par cette chaîne bénie qui relie la Terre avec le Ciel et Je me ferai la Mère de Miséricorde, la Colombe de réconciliation auprès de la Divine Justice, obtenant qu'une intervention radicale du Ciel mette fin aux maux dont souffre l'humanité.
Le Rosaire ! Laissez-moi, en ce jour, vous dire combien cette prière m'est agréable ; à chaque fois que vous la récitez, vous déposez sur mon front un diadème royal, renouvelant en cela ce geste filial du Saint Père proclamant ma Royauté : geste qui fut si doux à mon Cœur, si tendre à mon Fils et fit découler de la Puissance, Sagesse et Amour de la Très Sainte Trinité, un triple ruisseau de grâces inondant la terre entière.
Oui, les temps sont graves, les nations et les gouvernements se sont coalisés contre Dieu et le Christ ; le monde a condamné à l'ostracisme Celui qui est la Vie et la Paix, aussi, voyons-nous ce monde trembler et se fendre comme la montagne du Calvaire dans une convulsion d'agonie, signe avant-coureur d'une mort certaine et rapprochée.
Mais pour sauver ces nations sans base, ces peuples en débâcle, Je demande que le Monde soit de nouveau consacré, mais cette fois à nos deux Cœurs Unis.
Oh oui ! que vos familles, vos nations, le Monde entier soient consacrés, mais dans une même consécration, au Cœur Sacré et Miséricordieux de Jésus et à mon Cœur Douloureux et Immaculé ; à nos deux Cœurs Unis dans le Saint-Esprit… »

Message du Samedi 10 décembre 1955 :

« Lors de l'apparition précédente, où Jésus et Marie, pour la première fois, apparaissaient ensemble et découvraient leurs Cœurs unis et reliés, Jeanne-Louise avait vu jaillir du Cœur de Jésus deux rayons différents des autres : l'un rouge, l'autre blanc.
N'en comprenant pas la signification, elle en demande aujourd'hui le sens : "Que signifient ces deux Rayons rouge et blanc qui partent du Cœur de Notre-Seigneur ? "
La très Sainte Vierge : Ces Rayons blanc et rouge représentent l'Eau et le Sang qui jaillirent du Cœur de mon Fils lorsqu'il fût ouvert sur la Croix. Le blanc symbolise l'Eau qui purifie l'âme et le rouge, le sang qui est la vie de l'âme. Vous avez des mérites infinis à méditer ou à invoquer cette Eau et ce Sang qui jaillirent comme une source de Miséricorde pour vous tous du Coeur de votre Divin Sauveur
Dis aux pèlerins cette grande joie que Je ressens devant leur confiance, leurs prières, leurs efforts. Qu'ils continuent de venir nombreux, ici, en pèlerinage. Je les couvrirai de mes grâces et de ma bénédiction. Je soutiendrai et bénirai également tous ceux qui défendent ma cause d'apparitions.
Mais combien Je souffre de l'indifférence de mes fils prêtres qui ne répondent pas à mes désirs. Je comprends leur prudence, mais leur durcissement me serre le cœur. Oui, beaucoup de ministres de Dieu ne prennent pas suffisamment au sérieux mes demandes, les demandes de mon Fils. Prendront-ils à temps conscience de l'extrême gravité de nos Avertissements dont les Messages, d'une clarté totale, ont de vos jours plus d'actualité encore que par le passé ? Nous aideront-ils à sauver le Monde, en réalisant nos demandes ou les laisseront-ils aller à sa perte dans la confusion mondiale, malgré nos appels angoissés ?... »

Message du Mercredi 31 octobre 1956 :

« Jeanne-Louise : Tous attendent de vous un grand miracle.
La Sainte Vierge : Oui, Je sais. Je puis le faire, mon Fils m'en laisse la liberté ; Je vous le réserve dans quelque temps.
Voyez, déjà la paix semble fuir le Monde. Dieu pourrait, bientôt, affirmer ses droits en frappant vigoureusement sur le Monde pécheur. Depuis le temps que Je vous préviens ! Quel cas a-t-on fait de mes avertissements pourtant si maternels ? C'est dans ces temps d'angoisse, dans ces temps lugubres que vous le comprendrez, que vous sentirez le miracle de ma Présence parmi vous, car, visiblement, de ma protection Je couvrirai ces terres bretonnes desquelles doit surgir une France nouvelle, une France chrétienne gouvernée par ce Grand Monarque, envoyé spécial de Dieu comme défenseur de l'Église et de la liberté, et sous le règne duquel toute justice sera rendue ».

Message du Samedi 12 janvier 1957 :

« La Sainte Vierge : Contemple mon enfant, ce Monde 1957, entouré, recouvert de l'épais brouillard de ses graves et nombreux péchés, il sombrera dans la tristesse car Dieu, irrité, s'y penche et va le frapper sans pitié par de terribles fléaux et événements pour le purifier et le libérer de ses erreurs et désordres et préparer ainsi son redressement universel.

Mon amour est si grand pour les pécheurs que J'ai tout mis en œuvre pour qu'ils se sauvent, mais aujourd'hui, plus que jamais, les hommes résistent à la grâce et aux appels du Ciel. On ne veut pas comprendre ni mes avertissements, ni mes larmes qui, pourtant, sont des signes manifestes pour avertir que des événements douloureux sont suspendus sur le Monde et que les heures de grandes souffrances sont prochaines si les hommes ne retournent pas à Dieu.
Dans un dernier effort unissez donc vos prières, vos pénitences, vos larmes à mon Cœur Douloureux, attristé par la vision de tant d'âmes qui se perdent et de celle de l'Église blessée intérieurement et extérieurement. Sachez que mon Cœur, avec tout son Amour Maternel reste encore grand ouvert pour tous ceux qui, repentis, voudront s'y réfugier ; et Dieu qui est Amour, Bonté et Miséricorde, peut retarder l'heure de Sa Justice devant les sacrifices de tant d'âmes pures, saintes, ignorées peut-être, qui souffrent et prient pour le salut de l'humanité coupable. Comme «Victimes» Il les cueillera et, ainsi, bien des nations seront encore sauvées et purifiées ; le Monde connaîtra un redressement, l'Église un triomphe par le Règne, du Cœur de Jésus et de mon Cœur Immaculé, uni en tout à celui de mon Fils.
Ce que Je te dis, Je l'ai fait connaître à bien des âmes afin que tous soient avertis que l'heure de Dieu arrive.
Jeanne-Louise : Je vis descendre comme des boules de feu ; lorsqu'elles touchaient le tableau, elles éclataient et lançaient comme des éclairs qui semblaient tout détruire là où ils passaient ; cela laissait des vides à tel point que ce Monde ressemblait à des masses séparées l'une de l'autre, certaines tremblaient et s'écroulaient, tandis que le tout se recouvrait Comme d'une ombre noire. Lorsqu'il se dissipa, tout était clair et net, mais quel désastre cela représentait !
Quelle grâce que Notre Dame ait obtenu un sursis, supplions-La de nous sauver d'une telle catastrophe ! »

Message du Jeudi 21 novembre 1957 :

« La Sainte Vierge : Conformez-vous, toujours, à mes derniers Messages. Méditez-les, ce sont des grâces de prévoyance, des lumières pour l'avenir, car rien n'est plus propre à convertir les pécheurs que la crainte des châtiments et rien n'est plus encourageant, pour soutenir les justes, que la certitude de la victoire.
Si, autrefois, Dieu fit monter les eaux du déluge, progressivement, pour donner aux pécheurs le temps de se repentir, ainsi agit-Il aujourd'hui, dans son infinie Bonté, et surtout dans sa grande Miséricorde pour les pécheurs. Il frappe les localités successivement, afin d'avertir les témoins de se préparer à éviter ou à atténuer Sa Colère. Mais l'orage ne s'éloignera que si la foule, la masse des hommes se soumet à Dieu, à l'Évangile, à l'Église dans son enseignement et dans la réception des Sacrements. Que les fléaux purificateurs actuels vous donnent donc des conversions pratiques dans la masse et vous cesserez de craindre. Sinon, le Ciel ne purgera que par de plus grands châtiments qui auront le caractère de l'imprévu, de la soudaineté, de la violence et de l’irrésistibilité, qui provoqueront une mortalité prodigieuse de l'espèce humaine ; le dernier choc, surtout, sera épouvantable, moins général que le Déluge, mais plus cruel, car il sera de feu et de sang.
Dieu interviendra visiblement pour avoir raison de l'humanité révoltée, pour écraser l'impiété et éclairer le rationalisme. Il coupera, tranchera les membres gâtés et gangrenés de la société chrétienne, afin de sauver le reste du Corps mystique de son Église. Il vengera le sang de ses victimes, de ses justes que les impies auront persécutés ; et malgré tant de fléaux et de châtiments nécessaires à la purification du Monde, qui convertiront un bon nombre d'âmes, il y aura toujours des pécheurs jusqu'à la fin, des pécheurs impénitents devenant toujours plus méchants et furieux sous les coups de la Justice de Dieu. Sur ces pécheurs enracinés dans leur impénitence, Il fera subitement tomber son tonnerre et les écrasera d'une manière générale. On saura alors qu'il est le Maître de ce Monde qu'il a créé et dont on prétend Le chasser.
Oui, Dieu, touché des prières des justes et des cris de désespoir de l'humanité, plus épouvantables qu'aux jours du Déluge, interviendra miraculeusement comme Il a promis. Il sera semblable à une mère justement irritée envers son enfant insolent : elle l'embrasse après une rude correction acceptée avec respect et repentir. Il rendra la paix à la société et fera triompher l'Église. Ce triomphe de l'Église sera vraiment miraculeux dans l'extermination complète et imprévue des derniers coryphées du démon. Il sera incomparable et le plus beau de son Histoire, car il n'y en aura jamais eu de semblable ; il sera évangélique basé sur l'humilité dans le succès, le détachement des biens et des dignités de ce Monde et, surtout, l'amour pratique du Divin Crucifié. C'est surtout cela que vous devez voir, attendre, hâter, acheter. Combien de victimes, combien des martyrs l'ont acheté avant vous ! Oh justes ! soyez donc conscients des mystères de l'Histoire du Monde. Vivez d'avance dans la joie et l'espérance de ce triomphe qui vous est promis et auquel vous travaillez, tandis que les impies, malgré leur triomphe matériel et passager, marchent dans les ténèbres, vers leur fin fatale de vaincus.
Que mes célestes Messages soient donc une source constante de joie et d'espérance pour tous ceux qui, par leur foi, leur confiance et leur amour aident à la réalisation de ce grand triomphe, aujourd'hui très proche et qui sera un double règne d'Amour du Cœur de Jésus et de mon Cœur Immaculé.
Oh, regardez donc l'avenir, non par curiosité puérile et ridicule mais avec un esprit de sage prévoyance, afin d'écarter les maux ou du moins les atténuer, ce qui est certainement possible, car n'oubliez pas que Dieu n'a jamais cessé de manifester l'amour brûlant de Son Cœur qui est plénitude de Miséricorde. Mon Fils n'a-t-Il pas dit : «Je ne puis punir le Monde pécheur s'il invoque ma Miséricorde» ? Ah ; si le Monde le voulait ! Je n'aurai cessé de l'avertir jusqu'au bout. Mon Cœur saigne de son indifférence... »

Message du Lundi 13 octobre 1958 :

« Apparition du Sacré-Cœur et de la Sainte Vierge.
La Sainte Vierge : Le Monde n'a pas voulu écouter ma voix, ni celle de mon Fils, ni comprendre nos avertissements et nos larmes. C'est pourquoi vous voyez la main de Dieu qui frappe les hommes des plus terribles châtiments. C'est qu'à aucune époque de l'Histoire on n'a vu une pareille levée de boucliers contre Dieu ; jamais aucune génération n'a rompu plus absolument tout pacte avec le Ciel. On semble adresser très résolument à Dieu cette audacieuse parole : "Va-t-en !" Mais sachez-le, rien ne se fait de grand et de solide si on ne donne à Dieu la place qui Lui revient de droit. L'origine de vos malheurs est donc le refus de reconnaître à Dieu sa Souveraineté. Voyez ces nations abandonnées de Dieu, prêtes à s'entr'égorger par des guerres d'extermination, à se ruer les unes contre les autres et à couvrir le monde de sang et de ruines.
Mais Dieu est revenu à main armée, frappant et purifiant, répandant sur le Monde la coupe de Sa Colère, et le monde devra boire jusqu'à la lie cette coupe à cause des crimes sans nombre qui offensent le Dieu Trinitaire.
Je re-crie donc à nouveau aux pécheurs : Pénitence ! et aux justes : Patience et Confiance ! Oh ! aimez la Volonté de Dieu, aimez autant sa Justice que sa Miséricorde, car tout en Lui est adorable. Paix, confiance, abandon filial à la Providence, car tous ces malheurs sauveront un grand nombre d'âmes. Dieu ne bouleverserait-Il pas le Monde entier pour le salut d'une seule âme ; n'a-t-Il pas créé chaque homme pour sa Gloire ?
Voyez, dans cette période de purification, l'Esprit-Saint, comme un aigle divin, planer au-dessus des âmes et, de son regard de feu, fasciner celles qui ont compris qu'il est le centre de leur être. En secret, Il opère des merveilles jusqu'à ce que le nombre des victimes soit atteint. Ne vous alarmez donc pas en raison de tant d'événements mais, plus que jamais, il vous est nécessaire de prier et aussi d'agir, car si les hommes ont besoin du secours de Dieu, Dieu aussi demande le concours des hommes. Il a besoin de vous pour réaliser les desseins éternels de sa Providence. Faites-vous donc l'impérieux devoir d'être les dignes répondants et les fidèles messagers de nos Deux Cœurs si intimement unis dans le Saint-Esprit.
Priez beaucoup pour l'Église, priez beaucoup pour la France qui reste guettée par certains pays ennemis qui voudraient en faire leur proie. Croyez à son salut miraculeux, à son sauveur prédestiné, car les bras des hommes sont incapables de mettre ordre aux affaires publiques.
Le Sacré-Cœur : Ma fille, fais connaître aux hommes que mon Règne est très proche. Je régnerai en Maître malgré mes ennemis, mais Je régnerai avec et par ma Mère. Tiens ton cœur intimement uni à mon Cœur de Miséricorde dont les flots, actuellement se déversent avec tant d'abondance pour la purification et le salut pacifique de l'humanité ».

Message du Mardi 28 avril 1959 :

« Apparition du Sacré-Cœur et de la Sainte Vierge.
La Sainte Vierge : Vos épreuves continuent, les jours passent et toujours les mêmes soucis, la même crainte de l'avenir ; vous pouvez avec raison éprouver certaines inquiétudes, personne cependant n'a le droit de désespérer.
Si le monde menace de périr malgré toutes ses conquêtes, n'est-ce pas surtout parce que trop souvent, il renie et chasse Dieu. Il veut même le braver, faire croire qu'il est aussi puissant que Lui. Pauvres humains ! Ils peuvent défier le Ciel avec tous leurs engins qu'ils envoient dans l'atmosphère, mais Dieu leur a prouvé bien des fois qu'il est le Maître des astres et du soleil.
N'est-ce pas aussi parce que la plupart de mes enfants détournent la tête pour ne pas entendre ma voix ? "Prudence !" disent beaucoup.
Non : indifférence qui paralyse la Miséricorde Divine et fait éclater sa juste colère.
Cependant les humbles prières de tant d'âmes qui ont compris l'importance de nos Messages ont obtenu à la France la plus extraordinaire des rénovations. Une révolution s'annonçait affreuse, un revirement subit se fit ; sachez remercier. Et, dans ce sursis qui vous est accordé, continuez à prier, n'abandonnez pas, par lassitude ou désespérance, la seule bonne voie de salut que vous avez prise, même si les épreuves et les difficultés venaient à augmenter en nombre et en intensité, car l'avenir est encore bien sombre, et seules vos prières et pénitences peuvent conjurer l'orage des calamités nouvelles qui vous menacent.
Car la France aura beau déployer ses forces et exploiter ses richesses, si l'essentiel lui manque, à savoir : Dieu Lui-Même, tout ce qu'elle pourra entreprendre sera de nouveau compromis. Elle ne sera justifiée dans ses espoirs les plus légitimes que si elle retrouve sa vocation de nation chrétienne, à cause même des attentions divines dont elle a été et dont elle est toujours l'objet. Elle est, plus qu'aucune nation, coupable d'apostasie. Qu'elle fasse donc, de nouveau, confiance à Dieu qui lui a, tant de fois, donné des marques de Sa protection. Et moi, Je l'ai choisie pour être l'escabeau de mes pieds. Combien de fois n'ai-Je pas touché son sol pour que, bientôt et de nouveau, elle fléchisse les genoux devant Dieu et réponde à l'appel Divin qui lui a été adressé, en proclamant dans un grand élan d'amour et de reconnaissance la Royauté de mon Fils qu'il a Lui-même demandée, il y a près de trois siècles.
Continuez à beaucoup prier pour l'Église, qui traverse actuellement une crise affreuse, mais ayez confiance car ce qui peut vous sembler l'âge le plus sombre de l'Église est sur le point de produire ses triomphes les plus remarquables. Oh ! le merveilleux triomphe où l'Église sera humble et pauvre au milieu de la prospérité générale des affaires. Elle sera forte. Ses succès seront prodigieux ! Elle formera, de l'humanité entière un seul troupeau sous la houlette d'un seul pasteur, le Vicaire de mon Fils à Rome.
Le Sacré-Cœur : Lorsque le Monde rejeta Dieu, mon Père, Il m'envoya pour l’éclairer. Actuellement, le Monde me rejette à nouveau, c'est pourquoi Je vous ai envoyé ma Mère. Sa lumière s'élève dans la nuit pour conduire le Monde vers la paix.
Pourquoi serait-Elle donc sujet de tant de contradictions ? Elle est là pour une mission tellement grande ! Un lien entre Dieu et vous.
Vous ne croyez pas assez à son rôle dans l'Histoire du Salut et pourtant vous ne pouvez concevoir et construire votre vie spirituelle sans Elle, car Elle a une place et un rôle déterminés dans l'action divine par laquelle l'humanité est arrachée à sa condition pécheresse, pour participer à la vie de la Trinité. Vous ne pouvez donc accéder à l'économie rédemptrice sans acquérir une nouvelle situation vis-à-vis de ma Mère car, soyez-en convaincus. Elle est de tout temps inscrite dans le salut des hommes. Elle ne s'ajoute pas à la Rédemption, Elle est dans la Rédemption même. Elle était essentielle à la Rédemption, c'est pourquoi Je L'ai voulue à mes côtés lorsque, pour vous, Je mourais sur la Croix, pour qu'Elle collabore, jusqu'au bout, à votre Rédemption ; au Ciel Je L'ai voulue près de Moi, dans Son Corps Virginal, sans attendre l'apothéose des derniers jours.
Mes grâces, Je ne veux pas les distribuer seul mais par Elle qui devient ainsi le canal par où passent toutes les grâces. Sa dévotion n'est donc pas facultative, elle est absolument nécessaire. Considérez-La donc comme mon Complément Divin, votre Co-Rédemptrice.
Elle va avoir dans le Monde une place de choix qui vous obligera tous à passer par Elle, pour aller à Dieu ».

Message du Samedi 28 mai 1960 :

« La Sainte Vierge : Devant les châtiments qui vous frappent, permettez-moi de vous redire d'aimer la Volonté de Dieu, d'aimer autant sa Justice que sa Miséricorde.
Dieu a créé l'homme avec un Amour infini et, dans ses desseins infiniment miséricordieux, l'amour des plus tendres mères n'est que froideur comparée à l'Amour qu'il lui a voué. Mais quand l'homme méprise toutes Ses avances et ne cesse de L'outrager, n'est-il pas juste qu'il frappe ? Sachez que l'Amour méprisé se change en fureur, et qu'autant Il était prêt à élever l'homme en gloire et à le combler de biens, autant Il le précipite dans un abîme de maux.
Que cette pensée pénètre tous les hommes d'une crainte salutaire car c'est entre la crainte et l'espérance que l'âme doit opérer son salut.
Comprenez que, dans ces événements terribles qui surviennent comme : guerres, inondations, tremblements de terre, populations entières détruites par des cataclysmes, la Miséricorde de Dieu a beau jeu sur chaque âme atteinte par cette mort terrible. Comprenez que l'épouvante qui précède sert souvent d'expiation à bien des fautes, à bien des vies mauvaises, et il se passe, à cet instant suprême entre l'âme et Dieu, des mystères de pardon inénarrables... et ainsi, il y a un très grand nombre de pécheurs sauvés par l'épouvante du genre de mort qui les atteint.
Ne vous alarmez donc pas, mais mettez tous vos soins à rester maîtres de vous-mêmes dans la paix et la tranquillité du cœur. Qu'aucun événement ne vous afflige, sinon vos péchés et ceux des autres ; qu'aucun accident ne vous rende triste, car tout ce qui arrive dans le Monde est pour le mieux au point de vue de l'Amour que Dieu porte à Ses créatures.
Mais soyez heureux, vous tous qui avez foi et confiance en Dieu car bientôt surgira l'ère nouvelle. D'un seul geste, Dieu va tout bouleverser et faire disparaître tout ce qui est méchant. En un instant, tout sera changé, car les paroles et les promesses de Dieu ne seront pas vaines.
Revenez aux premiers temps pour la piété et la charité, développez tout ce qui édifie et porte à l'Amour de Dieu. C'est l'Amour qui triomphera et le monde nouveau aimera Dieu.
Soyez des apôtres d'Amour au cœur généreux. Portez, comme votre Maman du Ciel, la Croix de chaque jour ; invoquez-moi, le Monde a grand besoin de mon aide et Je ne puis descendre vers vous sans vous supplier de prier, sans vous lasser, pour la Sainte Église ; qu'elle puisse traverser vaillamment la période présente qui est extrêmement pénible, difficile et dure.
Avec mon Cœur maternel, Je veille sur elle, pour la protéger contre tous les dangers. Voyez, dans toute l'Histoire de l'Église, mon assistance est très manifeste ; tant les fidèles que le Clergé, tous ont bénéficié de mon secours maternel ».

Message du Samedi 18 février 1961 :

« Apparition de la Sainte Vierge et du Sacré-Cœur.
La Sainte Vierge : Les prophéties ont toujours existé dans l'Église de Dieu ; l'Ancien et le Nouveau Testament en contiennent beaucoup et elles sont de foi. Oui, l'esprit prophétique est inhérent à l'Église Catholique. Aussi, ne pas croire aux prophéties et apparitions en général, même modernes, c'est refuser à Dieu le droit de parler et de se manifester. Elles sont toujours des grâces qui vous instruisent des menaces divines et vous consolent ensuite en vous faisant mieux voir l'action de la Providence. Dieu n'avait-il pas annoncé, par ses envoyés : le Déluge, l'incendie de Sodome, la captivité de Babylone et même la ruine de Jérusalem avec la dispersion de la race Juive ?
Aujourd'hui, éprouvant le besoin de justifier les coups de Sa Colère avant le Jugement dernier, Il a besoin de vous avertir de l'arrivée des grands châtiments.
Certes, les prophéties de malheur sont toujours conditionnelles, elles ne sont que des menaces paternelles de la part de Dieu pour vous forcer à revenir à Lui par de saintes terreurs. Et voilà pourquoi on doit avoir à cœur de les propager comme un excellent moyen de conversion, puisque la Crainte de Dieu est le commencement de la Sagesse, de la Vertu et du Salut pour les pécheurs.
Que, surtout, prêtres et évêques, se rappelant qu'ils sont les sentinelles du Peuple de Dieu, se fassent un devoir de conscience de montrer l'orage de la Justice Divine. Il éclatera certainement, tôt ou tard, sur les nations impies ; car les nations n'ayant pas d'éternité doivent être punies, ici-bas, visiblement.
En dépit des grands avertissements du siècle dernier, le Peuple est-il plus soumis à Dieu, plus religieux et meilleur ?
Hélas, non ! Quand on sait - oh ! chose effroyable - que les deux tiers des hommes vivent en état de péché mortel, vous devez être moralement certains de l'arrivée du Grand Coup, à moins d'une conversion sincère et publique ; en supposant que Dieu ne soit pas fatigué de vous attendre et qu'il veuille bien vous donner le temps de faire pénitence, comme à certains moribonds.
N'hésitez donc pas, accordez aux avertissements céleste tout le respect dû à un Message Divin. Lisez les avertissements, répandez-les autour de vous avec tant de zèle et de dévouement que les âmes seront révolutionnées et sortiront de leur léthargie pour devenir meilleures et même saintes.
Le Sacré-Cœur : Je m'appelle l'Amour et Je suis plein de Miséricorde. Il m'est difficile de me révéler parce que les âmes refusent les révélations de mon Amour, l'humilité et la charité, les humiliations et les abnégations. Je ne me fatigue pas d'attendre, mais J'en souffre infiniment. J'attends la confiance du Monde pour lui jeter mes pardons à pleines mains ».

Message du Mercedi 26 avril 1961 :

« La Sainte Vierge : Dieu, dont la Sagesse ne change pas, me permet ces visites à ta Terre. Quelle tristesse de croire que J'ai parlé pour ne rien dire ! Surtout avec des larmes dans les yeux ! Pourquoi semble-t-il qu'un voile d'oubli veuille recouvrir cette grâce infinie accordée à votre siècle égaré ?
Considérez donc mes Révélations comme une Apocalypse Mariale concordant très bien avec l'Apocalypse de Saint Jean ; et si elle, doivent vous faire craindre et trembler avec raison, à la vue de l'avenir, elles doivent surtout vous consoler et vous fortifier. Les propager est donc un acte de charité envers le prochain afin de lui faire éviter la colère de Dieu en se convertissant au plus tôt.
Dieu vous les donne, non pour contenter votre curiosité, mais pour soutenir les bons, ceux qui veulent y croire par l'espérance, et leur indiquer ce qu'ils doivent faire dans les circonstances périlleuses ; et aussi pour convertir les pécheurs.
D'ailleurs, mon Fils Lui-Même, n'a pas révélé, les premiers jours, toute la perfection de la morale évangélique et tous ses secrets et ses mystères à ses propres apôtres, et c'est pourquoi Dieu permet les Messages actuels, qui sont comme des paraboles contenant de profonds mystères cachés dans ce qui n'est pas encore exploré. Il est donc temps de les étudier, car ils vous donneront la vraie lumière sur l'avenir.
Seul le surnaturel a le secret de la vraie science.
Aucun siècle n'aura vu tant de misères morales et physiques que celui que vous vivez, car te mal s'est accru sans cesse depuis deux cents ans : aussi, après tant de malheurs, vous êtes à la veille d'un cataclysme qui atteindra, la société humaine en général ; et si Dieu, dans sa Force et sa Sagesse, n'y mettait une limite l'humanité serait détruite par la cruauté des armes qui ont été inventées par la main des hommes et qui provoqueraient leur propre destruction, de terribles destructions dans l'univers entier, dans la création entière, celle que Dieu a créée par Amour et pour le bien et le bonheur de mes Enfants. Tout cela on veut le détruire : c'est l'enfer qui continue son jeu avec tous ses acolytes.
Mais croyez en moi et J'aurai, à nouveau, la victoire car nul ne doit douter que Je veuille donner la paix au monde, la vraie paix, celle qui exclut tout conflit, toute violence, tout trouble ; celle qui engendre le bonheur et la joie du cœur.
Cette paix, aidez-moi à l'obtenir de Dieu par votre charité et voire prière et bientôt, lorsque les historiens chercheront quel est l'événement qui a changé la face du monde et lui a apporté paix et prospérité, ils découvriront que ce ne fut pas une bataille, mais une prière, une prière offerte pour le monde entier dans le véritable esprit du catholicisme. Ce sera le plus grand événement religieux dans l'Histoire du Monde.
Le Sacré-Cœur : Je suis Jésus, avec son Cœur blessé mais tout miséricordieux. Je viens chercher et sauver ceux qui périssent. Croyez à mon Amour et ne craignez rien, mais venez dans mon Cœur par le Cœur de ma Mère.
Je n'avais, Moi, nul besoin de ma Mère pour me présenter en Sauveur. Comme Dieu, J'avais mille autres chemins pour arriver aux hommes. Si, donc, J'ai voulu passer par son sein unique et incomparable, c'est pour vous donner un exemple et un bienfait. Ma Mère est comme un pont d'or entre l'humanité et Moi, une intermédiaire d’espérance qui connaît les voies d'Amour les plus intimes de mon Cœur.
Car ainsi qu'Elle m'a façonné à Sa ressemblance dans Ses traits humains, ainsi à mon tour J'ai façonné son Ame et son Cœur à ma Divine Ressemblance ».

Message du Vendredi 1er octobre 1965 :

« La Sainte Vierge : Je reste et veille avec vous, gardant les yeux ouverts sur toutes vos misères, sur tous vos efforts, sur vos désirs d'aimer et cela tant que sur terre une seule âme aura encore besoin de mon secours.
J'aime votre confiance, mais il ne vous suffit pas de vous blottir au creux de mon épaule et là, les yeux fermés aux dangers de l'extérieur, le cœur ouvert à l'abandon, attendre. Non, ce que Je vous demande est plus austère, et plus exigeant. Croyez à l'Amour que Je vous porte.
Pour gagner la bataille, vous devez ouvrir tout grands vos yeux sur le Monde où pullule le danger, où les besoins sont renaissants : Vous devez aimer, prier et agir, lutter, mourir les armes à la main. Tant de graves intentions sollicitent vos prières et demandent que soient mobilisées toutes les valeurs spirituelles.
Pour progresser spirituellement, il faut bannir de vos pensées tout sentiment hostile et toute rancune. Il faut aimer, l'amour est le fruit parfait de l'esprit. Il s'avance pour panser les plaies de l'humanité, rapprocher les nations dans l'harmonie et apporter au Monde la paix et la prospérité.
Pour agir dans l'esprit d'amour, il faut que Dieu soit présent dans vos consciences. Gardez donc votre pensée sur le centre de votre être où réside la présence divine et vous ferez de rapides progrès dans la vie spirituelle.
Lorsque vous priez, pensez fermement que c'est Dieu qui agit en vous, qui s'exprime par vous, et vos prières deviendront extraordinairement efficaces.
Voulez-vous gagner toutes les victoires, celles des champs de bataille comme celles de l'amour qui dégèle les cœurs et les reconduit au port du salut ? Alors, priez le Rosaire.
À travers les siècles, J'ai démontré combien cette prière, résumé d'Évangile, m'était agréable. Elle est le remède providentiel aux maux dont souffre l'Humanité, mais elle n'est pleinement efficace que par l'imitation des vertus de mon Fils qui se révèle à vous, tout simplement et puissamment dans les quinze mystères proposés à votre contemplation. Efforcez-vous d'en prendre une conscience plus profonde, afin de devenir, à votre humble mesure, mais réellement, d'authentiques artisans de la paix et d'attirer, sur l'Église et le Monde, l'esprit d'Amour et de Lumière.
Avec vos Rosaires, formez une couronne qui recouvrira la Terre d'une onde de prières. Elle résistera une fois de plus au progrès des forces du Mal qui menacent l'Humanité, hâtant sans guerres ni révolutions, le triomphe pacifique de mon Cœur Immaculé, dans la paix, dans la justice et dans l'amour du Christ mon Fils ».

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Message par Dieu est Amour Ven 6 Aoû 2010 - 5:49

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Message par Her Dim 8 Aoû 2010 - 16:48

Bonjour "Dieu est amour",

Vous êtes libre de penser ce que bon vous semble...
Mais, à mon tour, je vous invite à relire les prophéties de Marie-Julie Jahenny et celles de la petite Olive, sans vous arrêter aux commentaires des auteurs !...

Meilleures pensées
Hercule

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Message par Dieu est Amour Dim 8 Aoû 2010 - 18:35

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Message par P4572 Dim 8 Aoû 2010 - 22:34

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La chapelle du « Christ-Roi, Prince de la Paix et Maître des nations » à Paris.

Ce sanctuaire dédié au Christ-Roi s'élevait au 16 rue Tournefort, sur le terrain du monastère des dames bénédictines du Saint-Sacrement. Sa construction fut lancée en 1935 par le cardinal Verdier, archevêque de Paris, et les supérieures du monastère, suite aux apparitions du Christ à l'une des religieuses, Olive Danzé, en religion Soeur Marie du Christ-Roi . Notre-Seigneur lui avait fait connaître son désir d’avoir un trône dressé sur la montagne Sainte-Geneviève, sous la forme d'une chapelle consacrée au triple vocable :

« Christ-Roi, Prince de la Paix et Maître des nations ».

Les dons affluèrent et le sanctuaire fut achevé vers 1940. Mais curieusement, l'année suivante, un ordre émanant de Rome força Soeur Olive à quitter le monastère de la rue Tournefort. Malgré la bienveillance du Pape Pie XII à son égard (il lui accordera une audience en 1953),

Soeur Olive ne put jamais réintégrer son monastère parisien et mourut en 1968 à Plogoff, dans sa Bretagne natale. Pendant ce temps, le monastère de la rue Tournefort se vidait et menaçait de fermer. Alors que les promoteurs immobiliers se présentaient, quelques catholiques tentèrent de sauver le sanctuaire du Christ-Roi. Mais les autorités religieuses ne s’impliquèrent pas, et les bâtiments du monastère de la rue Tournefort furent vendus.

Le sanctuaire du Christ-Roi fut démoli en février 1977, puis remplacée par un immeuble résidentiel. Les statues du sanctuaire, dont celle du Sacré-Coeur, furent recueillies par des particuliers et placées dans des oratoires privés.

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