Ce psy va vous faire aimer la frustration !
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Ce psy va vous faire aimer la frustration !
Ce psy va vous faire aimer la frustration !
Le psychologue Didier Pleux rencontre de plus en plus de patients qui, faisant passer leur propre plaisir avant tout, ont un problème avec la frustration. Il milite pour la régulation de nos instincts.
Vous avez toujours dénoncé l’intolérance à la frustration. En vingt ans, avez-vous observé une évolution chez vos patients devenus adultes ?
Depuis vingt ans, les pathologies en lien avec l’intolérance à la frustration se sont accentuées, notamment des crises d’angoisse et des dépressions réactionnelles. De nombreux patients n’attendent que la fin des privations pour « en profiter deux fois plus », comme si vivre se résumait à la fête, aux restaurants et aux voyages. Bien sûr, ces activités sont bonnes, mais l’équilibre entre désir de jouissance et réalité est plus intéressant. Or, peu de mes patients ont considéré les restrictions sanitaires comme un changement à accepter. Pendant le confinement, je n’ai pas vu beaucoup de monde s’occuper mieux de sa famille ou aller voir les plus démunis. Au lieu de cela, lors du premier confinement, la plupart de mes clients se sont gargarisés d’apéritifs vidéo et de séries. Un plaisir immédiat qui demande d’être toujours plus rassasié.
À quel moment le plaisir immédiat ne satisfait-il plus personne ?
Les apéritifs et les séries s’épuisent, mais la réalité reste la même. Que faire lorsque la jouissance immédiate ne peut plus avoir lieu ? Quand il laisse libre cours à son instinct de jouissance, l’homme devient un animal. Il peut en venir à tuer un policier ! Sans arriver à cet extrême, les intolérants à la frustration multiplient les incivilités. L’humain n’est pas fait pour la frustration, mais s’il ne l’inclut pas, c’est pire. De plus, en recherchant et en demeurant à tout prix dans l’« happycratie », on régresse, on se déshumanise.
Ajuster le principe de plaisir à celui de la réalité, n’était-ce pas déjà le but de Freud ?
À la fin du XIXe siècle, la société était castratrice. Pour Freud, la réalité était l’ennemie, elle interdisait d’être, et les pulsions non assouvies étaient alors refoulées. Aujourd’hui, c’est l’inverse : le plaisir domine dans la réalité. Nous sommes dans une période de défoulement, pas de refoulement. À nous de nous accommoder de la réalité et, ainsi, de nous humaniser.
Comment accepter une réalité frustrante ?
Notre biologie primaire nous entraîne vers la jouissance immédiate. On pourrait croire Dominique Strauss-Kahn idiot d’avoir séduit une femme juste avant l’élection présidentielle, et pourtant il est très intelligent. Simplement, à force de toujours satisfaire notre instinct de jouissance, qui en demande toujours davantage, nous devenons emprisonnés dans notre plaisir, et nous ne réfléchissons plus. Les neurosciences nous ont appris que plus nous pensons une émotion et nous donnons de la force au conscient, avec notre cortex, plus nous maîtrisons le pulsionnel. Comprendre d’où vient une appétence démesurée est déjà un premier pas.
Mais si nous identifions d’où vient la racine de nos comportements peccamineux, pouvons-nous pour autant nous en départir ?
Comprendre d’où vient le problème est déjà un premier pas, mais il y a une seconde phase : dépasser ses automatismes de pensée, une pensée qui, je le rappelle, incite à céder à une pulsion qui produit une jouissance immédiate. Il ne suffit pas de justifier ses comportements par une carence éducative. Je prends l’exemple d’un patient qui a souffert d’un père très autoritaire, et refuse ainsi d’avoir la moindre autorité sur son enfant. C’est la « synthèse de vie » qu’il fait. Mais il peut la contester ! Il peut devenir un éducateur équilibré, ni trop autoritaire ni trop permissif. Toutefois, cela nécessite de sa part un effort, cela lui demande de penser différemment ses instincts et ses pulsions, pour empêcher sa pulsion primaire baisser les bras dans l’éducation de ses enfants. Les personnes intolérantes à la frustration ont du mal avec cette seconde phase.
Accepter les frustrations peut-il donc rendre plus heureux ?
D’abord, la frustration renforce l’estime de soi et la résilience : je suis un humain faillible, mais je peux réguler cette faillibilité. Ensuite, le plaisir, après avoir accepté le déplaisir, est dix fois plus grand que celui d’une jouissance immédiate. Il est frustrant sur le moment d’apprendre ses verbes irréguliers, mais quelle satisfaction de savoir ensuite parler anglais !
Que faut-il pour contester sa synthèse de vie ?
On peut muscler son cerveau en augmentant son seuil de tolérance à la frustration. Bien sûr, l’éducation reste le meilleur moyen. Nous avons vu que le principe de plaisir est une pente naturelle chez l’homme, et l’enfant n’y déroge pas. L’enfant ne va pas écrire à ses grands-parents pour les remercier ou s’occuper de sa petite sœur si on ne le lui demande pas. À l’heure du Covid-19, au lieu de répéter à leurs adolescents que leur adolescence est gâchée, que les parents leur disent plutôt de s’occuper des autres ou d’en profiter pour changer leur rapport au temps et à la consommation.
Accepter la frustration de la réalité n’est pas accepter de souffrir, mais savoir accepter la réalité. C’est la raison pour laquelle je m’oppose à une éducation qui n’inclue rien de déplaisant. On peut surtout mettre en place une discipline de vie, s’imposer du sport, moins de sucre, tout en se donnant du lest. Une régulation équilibrée permet de tenir. En tout cas, ce n’est pas en se disant : « Vivement la fin des restrictions sanitaires que j’en profite deux fois plus » que l’on va mieux vivre. Cependant, lorsque la dépendance au plaisir est installée, il est difficile de s’en sortir seul. On peut alors convoquer un tuteur de résilience, qui peut être un ami, un conjoint ou Dieu. Sur ce point, une fois encore, je vais à l’encontre de la psychologie classique qui revendique l’autonomie de l’humain.
Olivia de Fournas
https://www.famillechretienne.fr/36585/article/ce-psy-va-vous-faire-aimer-la-frustration
Invité- Invité
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