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Le Dogme du Purgatoire illustré par des Faits et des Révélations

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Le Dogme du Purgatoire illustré par des Faits et des Révélations - Page 2 Empty Re: Le Dogme du Purgatoire illustré par des Faits et des Révélations

Message par Charles-Edouard Lun 29 Aoû 2016 - 21:28

Chapitre 47
Avantages. - Faveurs temporelles. L'abbé Postel et la servante de Paris.

Le trait suivant est rapporté par l'abbé Postel, traducteur du P.Rossignoli. Il le dit arrivé à Paris vers 1827, et l'a inséré dans les Merveilles du purgatoire, sous le numéro 51.,. .
Une pauvre servante, élevée chrétiennement dans son village, avait adopté la sainte pratique de faire dire chaque mois, sur ses modiques épargnes, une messe pour les âmes souffrantes. Amenée avec ses maîtres dans la capitale, elle n'y manqua pas une seule fois, se faisant d'ailleurs une loi d'assister elle-même au divin sacrifice, et d'unir ses prières à celles du prêtre, spécialement en faveur de l'âme dont l'expiation avait plus besoin que de peu de chose pour être achevée. C'était sa demande ordinaire.
Dieu l’éprouva bientôt par une longue maladie, qui
(1) Voir Rossignoli Merv.16
- 282 -
non seulement la fit cruellement souffrir, mais lui fit perdre sa place et épuiser ses dernières ressources. Le jour où elle put sortir de l'hospice, il ne lui restait que vingt sous pour tout argent. Après avoir fait au ciel une prière pleine de confiance, elle se mit en quête d'une condition. On lui avait parlé d'un bureau de placement à l'autre extrémité de la ville, et elle s'y rendait, lorsque l'église de Saint-Eustache se trouvant sur sa route, elle y' entra. La vue d'un prêtre à l'autel lui rappela qu'elle avait manqué, ce mois à sa messe ordinaire des défunts, et que ce jour était précisément celui, où depuis bien des années elle s'était procuré cette consolation. Mais comment faire? Si elle se dessaisissait de son dernier franc, il ne lui resterait pas même de quoi apaiser sa faim. Ce fut un combat entre sa dévotion et la prudence humaine. La dévotion l’emporta . « Après tout, se dit-elle, le bon Dieu voit que c'est pour lui, et il ne saurait m'abandonner! »
- Elle entre à la sacristie, remet son offrande pour une messe, puis assiste à cette messe avec sa ferveur accoutumée.
Elle continuait sa route, quelques instants après, pleine d'une inquiétude que l'on comprend. Dénuée de tout absolument, que faire si un emploi lui manque? Elle était dans ces pensées, lorsqu'un jeune homme pâle, d'une taille élancée, d'un maintien distingué, s'approche d'elle et lui dit: «Vous cherchez une place?- Oui, monsieur.- Eh bien, allez à telle rue, tel numéro, chez Madame…je crois que vous lui conviendrez, et que vous serez bien là. » - Ayant dit ces mots, il disparut dans la foule des passants, sans attendre les remerciements que la pauvre fille lui adressait.
Elle se fait indiquer la rue, reconnaît le numéro et monte à l'appartement. Une domestique en sortait, tenant un paquet sous le bras, et murmurant des paroles de plainte et de colère. - IX Madame y est-elle? demanda la nouvelle venue. - -« Peut-être oui, peut-être non,

- 283 -
» répond l'autre; que m'importe? Madame ouvrira elle- même, si cela lui convient: je n'ai plus à m'en mêler.
» Adieu.» Et elle descend. Notre pauvre fille sonne en tremblant, et une voix douce lui dit d'entrer. Elle se trouve en face d'une Dame âgée, d'un aspect vénérable, qui l'encourage à exposer sa demande. - «Madame, dit la servante, j'ai appris ce matin que vous aviez besoin d'une femme de chambre, et je viens m'offrir à vous, on m'a assuré que vous m'accueilleriez avec bonté. - Mais, ma chère enfant, ce que vous dites là est fort extraordinaire.. Ce matin je n'avais besoin de personne; depuis une demi-heure seulement j'ai chassé une insolente domestique, et il n'est pas une âme au monde, hors elle et moi, qui le sache encore. Qui donc vous envoie? - C'est un monsieur, Madame, un jeune monsieur que j'ai rencontré dans la rue, qui m'a arrêtée pour cela, et j'en ai béni Dieu. car il faut absolument que je sois placée aujour-d'hui: il ne me reste pas un sou.»
La vieille Dame ne pouvait comprendre quel était ce personnage et se perdait en conjectures, lorsque la servante, levant les yeux au-dessus d'un meuble du petit salon, aperçut un portrait. « Tenez, Madame, dit-elle aussitôt, ne cherchez pas plus longtemps: voilà exactement la figure du jeune homme qui m'a parlé: c'est de sa part que je viens...»
A ces mots, la Dame pousse un grand cri et semble prête à perdre connaissance: Elle se fait redire toute cette histoire, celle de la dévotion aulx âmes du purgatoire, de la messe du matin, de la rencontre de l'étranger; puis se jetant au cou de la pauvre fille, elle l'embrasse avec effu- sion, et lui dit:« Vous ne serez point ma servante, vous êtes dès ce moment ma fille! C'est mon fils, mon fils unique que vous avez vu: mon fils mort depuis deux ans, qui vous a dû sa délivrance, je n'en puis douter, et à qui Dieu a permis de vous envoyer ici. Soyez donc


- 284 -
» bénie, et prions désormais ensemble pour tous ceux qui souffrent avant d'entrer dans la bienheureuse éternité. »


Chapitre 48

Avantages. - Faveurs temporelles. - La femme napolitaine et le billet mystérieux.
Pour montrer que les âmes du purgatoire témoignent leur reconnaissance même par des bienfaits temporels, le P. Rossignoli rapporte un fait arrivé à Naples, qui a quelque analogie avec celui qu'on vient de lire.
S'il n'est pas donné à tous d'offrir à Dieu la riche aumône de Judas Machabée, qui envoya à Jérusalem douze mille drachmes d'argent pour les sacrifices et les prières en faveur des morts; il en est bien peu qui ne puissent faire au moins le don de la pauvre veuve de l'Évangile, louée par le Sauveur lui-même. Elle ne donnait que deux oboles, mais, disait Jésus, ces deux oboles valaient plus que tout l'or des riches, parce que dans son indigence, elle avait donné ce qui lui était nécessaire pour vivre (1). Ce touchant exemple fut suivi par une humble femme napolitaine, qui avait le plus grand mal à subvenir aux besoins de sa famille. - Les ressources de la maison se bornaient au salaire journalier du mari, qui apportait tous les soirs le fruit de ses sueurs.
Hélas! un jour vint où ce pauvre père fut jeté en prison pour dettes, en sorte que toute la subsistance de la famille resta à la charge de la malheureuse mère, qui n'avait plus guère que sa confiance en Dieu. Elle conjurait avec foi la divine Providence de lui venir en aide, et

- 285 -
surtout de délivrer son mari, qui gémissait sous les verrous sans autre crime que son indigence.
Elle alla trouver un seigneur riche et bienfaisant, lui exposa sa triste situation et le supplia avec larmes de la secourir! Dieu permit qu'elle n'en reçut qu'une légère aumône, un carlin, pièce du pays qui vaut un peu moins de cinquante centimes. Désolée, elle entre dans une église pour supplier le Dieu des indigents de la protéger dans sa détresse, puisqu'elle n'a plus d'appui sur la terre. Elle était plongée dans sa prière et dans ses larmes, lorsque, par une inspiration -5ans doute de son bon ange, il lui vient à la pensée d'intéresser à sa situation les âmes du purgatoire, dont elle a entendu raconter les douleurs et la reconnaissance envers ceux qui les assistent. Pleine de confiance, elle entre à la sacristie, offre sa petite pièce et demande qu'on lui fasse la charité d'une messe des morts. Un bon prêtre qui était là s'empresse de la satisfaire, et monte à l'autel, pendant que prosternée sur le pavé, la pauvre femme assiste au sacrifice et offre ses prières pour les défunts.
Elle s'en retournait toute consolée, comme si elle eût eu l'assurance que Dieu avait exaucé sa prière. En parcourant les rues populeuses de Naples, elle se voit abordée par un vénérable vieillard, qui lui demande d'où elle vient et où elle va. L'infortunée lui explique sa détresse et l'usage qu'elle a fait de la modique aumône qu'on lui a donnée. Le vieillard se montre fort touché de sa misère, lui adresse des paroles d'encouragement, et lui remet un billet fermé avec ordre de le porter de sa part à un gentilhomme qu'il lui désigne; après quoi il s'éloigne.
La femme n'a rien de plus empressé que de porter le billet au gentilhomme désigné. Celui-ci, ouvrant le papier fut tout saisi et sur le point de s'évanouir: il a reconnu l'écriture de son père, mort depuis quelque temps. - Et d'où vous vient cette lettre? s'écrie-t-il hors de lui.
- Monsieur, répond la bonne femme, c'est un charitable vieillard qui m'a abordée dans la rue. Je lui ai

-286-
» exposé ma détresse et il m'a dit de venir vous trouver de sa part pour vous remettre ce billet; après quoi il s'est éloigné. Quant aux traits de son visage, ils ressemblaient beaucoup à ceux du tableau que vous avez là au-dessus de la porte. »
De plus en plus frappé de ces circonstances, le gentilhomme reprend le billet et lit tout haut: « Mon fils, votre père vient de quitter le purgatoire, grâce à une messe que la porteuse de cet écrit a fait célébrer ce matin.
» Elle est dans une grande nécessité, et je vous la recommande.»' - Il lit et relit ces lignes tracées par une main si chère, par un père qui est désormais du nombre des élus. Des larmes de bonheur inondent son visage; et se tournant vers la femme: «Pauvre mère; lui dit-il, vous, avez avec une faible aumône assuré la félicité éternelle de celui qui m'a donné la vie. Je veux à mon tour assurer votre félicité temporelle. Je me charge de tous vos besoins de vous et de votre famille. »
Quelle joie pour ce gentilhomme, quelle joie pour cette femme! Il serait difficile de dire de quel côté fut le plus grand bonheur,. Ce qui est plus important et plus facile, c'est de voir l'enseignement qui se dégage de cette histoire: elle nous apprend que la moindre charité envers les membres de l'Église souffrante est précieuse devant Dieu, et nous attire des miracles de miséricorde.

- 287 -

Chapitre 49

Avantages. - Faveurs; temporelles et spirituelles. - Christophe Sandoval à Louvain. - L'avocat renonçant au monde. - Le frère Lacci et le médecin Verdiano. .

Citons encore un fait, d'autant plus digne de figurer ici qu'un grand Pape, Clément VIII, y vit le doigt de Dieu et recommanda de le publier pour l'édification de l'Église. '
Plusieurs auteurs, dit le P. Rossignoli (1), ont rapporté le merveilleux secours que reçut des âmes du purgatoire Christophe Sandoval, archevêque de Séville. N'étant encore qu'un enfant, il avait l'habitude de distribuer en aumône pour les âmes une partie de l'argent qu'on Iui donnait pour ses menus plaisirs. Sa piété ne fit que croître avec les années: il donnait en vue des âmes tout ce dont il pouvait disposer, jusqu'à se river de mille choses qui lui eussent été utiles ou nécessaires.
Lorsqu'il suivait les cours de l'Université de Louvain, il arriva que les lettres qu'il attendait d'Espagne, restèrent en retard, et par suite il se trouva dépourvu d'argent, au point de ne plus avoir de quoi se nourrir. En ce moment un pauvre lui demanda l'aumône au nom des âmes du purgatoire: et, ce qui ne lui était jamais arrivé, il eut la douleur de la devoir refuser.
Désolé de cet incident, !l entra dans une église: Si je ne puis pas donner d'aumône, se disait-il, pour mes pauvres âmes, je veux du moins les aider en priant pour elles. »
A peine avait-il fini sa prière, qu'au sortir de l'église il fut abordé par un beau jeune homme, en habit de voyageur, qui le salua avec une bienveillance respectueuse.
Christophe éprouva un sentiment de religieuse frayeur,
1) -,Ver". 43.


1

- 288 -

comme s'il eût été en présence d'un esprit sous forme humaine..Mais il fut bientôt rassuré par son aimable interlocuteur, qui lui parla avec ..la plus grande politesse du marquis de Dania, son père, de ses parents, de Ses amis, absolument comme un espagnol, qui arrivait à l'heure même de la P.éninsule. II finit par le prier de venir avec lui à l'hôtel, où ils pourraient dîner ensemble et s'entretenir plus à l'aise.
Sandoval, qui n'avait pas mangé de la journée, accepta volontiers cette offre gracieuse. Ils se mirent donc à table et continuèrent à s'entretenir très amicalement ensemble.
Après le repas, l'étranger remit à Sandoval une certaine somme, qu'il lui pria d'accepter pour en faire tel usage qu'il lui plairait, ajoutant qu'il se la ferait rendre, quand il voudrait par le marquis son père, en Espagne. Puis, prétextant quelque affaire, il se retira et Christophe ne le revit jamais. Malgré toutes ses informations au sujet de cet inconnu, il ne parvint à aucun éclaircissement: per- sonne, ni à Louvain ni en Espagne, ne l'avait vu, personne ne connaissait un jeune homme semblable. Quant à l'argent, c'était exactement la somme dont le pieux Christophe avait besoin pour attendre ses lettres en retard; et jamais cet argent ne fut réclamé auprès de sa famille.
.. .
II demeura donc persuadé que le ciel avait fait un miracle en sa faveur, et avait envoyé à son secours quelqu'une des âmes qu'il avait lui-même secourues par ses prières et ses aumônes. Il fut confirmé dans ce sentiment par le Pape Clément VIII, auquel il raconta l'histoire, quand il se rendit à Rome pour recevoir ses bulles d'Évêque.
Ce Pontife frappé des circonstances particulières de cet événement, l'engagea à le faire connaître pour l'édification des fidèles; il y voyait une faveur du ciel, qui montre combien la charité envers les défunts est précieuse aux yeux de Dieu.
Telle est la reconnaissance des âmes saintes sorties de ce monde, qu'elles la témoignent même pour des services


- 289
qu'on leur a rendus pendant qu'ils étaient encore en vie. Il est rapporté dans les Annales des Frères Prêcheurs (1), que parmi ceux qui vinrent demander l'habit de S. Dominique en 1241, se trouvait un avocat, qui avait quitté sa profession, par suite de circonstances extraordinaires. Il avait été lié d'amitié avec un jeune homme fort pieux, qu'il assista charitablement dans la maladie dont il mourut. Après la mort de son ami, il n'oublia pas de faire pour son âme quelques prières, bien qu’il n'eût pas grande piété. Ce fut assez pour que le défunt lui procurât le plus grand des bienfaits, celui de la conversion et de la vocation religieuse.
Environ trente jours après sa mort, il apparut à l'avocat et le supplia de le secourir parce qu'il était en purgatoire .Vos peines sont-elles rigoureuses? 1 lui demanda son ami. - Hélas! répondit-il, si toute là terre avec ses forêts et ses montagnes était en feu, ce ne serait pas un brasier comme celui où je me trouve plongé.» -
L'avocat fut saisi d'effroi, sa foi se ranima, et songeant à sa propre âme: En quel état, demanda-t-il, me trouvé- je moi-même aux yeux de Dieu? - En mauvais état, répondit le défunt, et dans une profession dangereuse.
- Qu'ai-je à faire? Quel conseil me donnez vous? - Quittez le monde pervers où vous êtes engagé, et ne vous occupez que du salut de votre âme. » - L'avocat suivit ce conseil, donna tous ses biens aux pauvres et prit l'habit de S. Dominique.
Voici comment un saint religieux de la Compagnie de Jésus, sut reconnaître après sa mort, les services du médecin Verdiano qui l'avait traité dans sa dernière maladie. Le frère coadjuteur François La qui était mort au collège de Naples en 1098. C'était un homme de Dieu, plein de charité, de patience et d'une tendre dévotion envers la Sainte Vierge. Quelque temps après sa mort, le docteur Verdiano, entra d'assez bon matin dans l'église
(1iMalvenda, an. 1241.


- 290 -
du collège pour entendre la messe avant de commencer ses visites. C'était le jour où' l'on célébrait les obsèques du roi Philippe il, décédé quatre mois auparavant. Au moment où, sortant de l'église, il prenait de l'eau bénite, un religieux se présente à lui et demande pourquoi on avait dressé le catafalque et quel service on allait célébrer? - C'est celui du roi Philippe il, répondit-il.
En même temps Verdiano, étonné qu'un religieux fit cette question à un étranger, et ne distinguant point dans cet endroit peu éclairé les traits de son interlocuteur, demanda qui il était? - « Je suis, répondit-il, le frère François Lacci, à qui vous avez donné vos soins durant ma maladie. » - Le docteur le regarde attentivement et reconnait parfaitement les traits de Lacci. Stupéfait et saisi: « Mais, lui dit-il, vous êtes mort de cette maladie!
Vous souffrez donc au purgatoire et vous venez demander des suffrages. - Béni soit le Seigneur, je n'ai plus ni douleur ni tristesse; je n'ai plus besoin de suffrages:
Je suis dans les joies du paradis. -Et le roi Philippe il, est-il aussi déjà au ciel? - Oui il y est; mais placé au-dessous de moi, autant, qu'il était élevé au-dessus de moi sur la terre. Pour vous, docteur, ajouta Lacci, où comptez-vous aller faire votre première visite aujourd'hui? Verdiano lui ayant répondu qu'il allait de ce pas chez le patricien di Maio, fort ,malade alors, Lacci l'avertit de prendre garde à un grave danger qui le menaçait à la porte de cette maison. En effet, le médecin trouva en cet endroit une grande pierre placée de façon, qu'en la heurtant il eût pu faire une chute mortelle (1).
- Cette circonstance matérielle semble avoir été ménagée par la Providence, pour prouver à Verdiano qu'il n'avait pas été le jouet d'une illusion.
(1) Schinosi, Istoria della C. D. J. Napoli.

p.291

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Lun 29 Aoû 2016 - 21:30

Chapitre 50

Avantages – prières des âmes pour nous – Suarez – Ste Brigitte.  -  Sainte  Cath.  de  Bologne.  -  Le  vén.  Vianney.


Nous  venons  de  parler de la reconnaissance  des âmes;  elles  la  témoignent parfois  d'une manière très visible, comme  nous  avons  vu;  mais  le plus souvent  elles  l’exercent  invisiblement par  leurs prières. Les âmes prient pour  nous,  non seulement  quand après leur  délivrance elles  sont  avec  Dieu dans  le  ciel;  mais déjà dans le lieu de  leur exil et au milieu de  leurs  souffrances.  Quoiqu'elles ne puissent  prier pour elles-mêmes,  elles  obtiennent par leurs supplications  de grandes  grâces  pour nous. Tel est l'enseignement  exprès de deux  illustres  Théologiens, Bellarmin  et Suarez.  Il  Ces  âmes  sont saintes,  dit  Suarez  (1),  et  chères  à  Dieu; la charité  les  porte  à  nous aimer,  et  elles  savent,  au  moins  d'une  manière  générale,  , à quels  périls nous  sommes  exposés,  quel besoin nous avons du  secours divin.  Pourquoi  et donc ne prieraient-elles  pas  pour  leurs  bienfaiteurs?  1)
Pourquoi? Mais,  répondra-t-on, parce qu'  elles  ne  les connaissent  pas.  Dans  leur sombre  séjour  et au milieu de leurs tourments, comment  savent-elles  quels sont ceux qui les aident  par leurs suffrages?
A  cette objection on peut répondre d'abord, que les âmes  ~entent  au moins  le soulagement  qu'elles  reçoivent, et  le  secours  qui  leur  est  donné;  cela  suffit,  lors même, qu'elles  ignoreraient  d'où  il leur  vient,  pour appeler  les bénédictions  du ciel  sur leurs bienfaiteurs, quels qu'ils soient,  et qui sont  connus de Dieu.
Mais, de  fait,  ne  savent-elles  pas de  qui  leur  vient l'assistance  dans  leurs peines?  Leur  ignorance  en  ce  point

-  292 -
n'est  nullement  prouvée,  et  de  fortes  raisons  insinuent  que cette ignorance n'existe pas.  Leur  ange  gardien qui demeure  avec  elles  pour  leur donner  toutes  les  consolations en son pouvoir,  les  priverait-il  d'une  connaissance  si consolante?  Ensuite,  cette  connaissance  n'est-elle  pas  bien,  conforme au dogme de  la  communion  des saints? Le commerce  qui existe  entre  nous  et l'Eglise souffrante ne sera-t-il pas  d'autant  plus parfait qu'il sera  réciproque  et que  les âmes  connaîtront  mieux  leurs bienfaiteurs?
Cette doctrine se trouve  confirmée  par  une foule  de révélations  particulières  et par  la  pratique de  plusieurs saints  personnages.  Nous  avons dit  déjà  que  sainte  Brigitte, dans  un de  .ses  ravissements,  entendit  plusieurs  de ces  âmes  dire à haut~  voix:  « Seigneur, Dieu  tout-puissant,  rendez  le centuple  à ceux qui  nous  assistent  par leurs prières, et  qui  vous offrent des bonnes  œuvres pour nous  faire  jouir  de  la lumière de  votre divinité.  »
-  On  lit  dans  la vie de sainte  Catherine  dé Bologne  (1), qu'el1e  avait une dévotion pleine  de  tendresse  pour les âmes  du purgatoire;  qu'elle priait  pour elles/Souvent  et avec  beaucoup  de  ferveur; qu'elle  se  recommandait  à elles avec grande confiance dans. ses besoins spirituels,  et qu'elle engageait  les autres à  le  faire, en  leur  disant: « Quand  je veux  obtenir quelque  grâce  de notre Père  du ciel, j'ai  recours aux âmes qui sont détenues  dans  le purgatoire:  je  les  supplie de  présenter  à  la  divine majesté  ma  requête  en  leur nom, et  je sens  que  je suis exaucée  par  leur  entremise.  »  -  Un  saint prêtre de notre  temps,  dont  la cause  de  béatification  est  commencée à Rome, le vénérable  Vianney, curé d'Ars,  disait  à un ecclésiastique  qui le consultait: « Oh!  si l'on savait  combien  grande est la  puissance des bonnes  âmes du purgatoire  sur le cœur  de Dieu, et si l'on connaissait  bien  toutes  les grâces que  nous pouvons obtenir  par leur

-  293  -

intercession,  elles ne  seraient  pas  tant oubliées.  Il  faut bien  prier pour elles, afin qu'elles  prient bien  pour nous.  »
Cette  dernière  parole du vénérable  Vianney  indique  la vraie manière  de  recourir aux âmes  du purgatoire:  il  faut les aider pour obtenir en retour leurs prières et les effets de  leur reconnaissance:  n  faut bien  prier pour elles,  afin qu'elles  prient bien  pour nous.  Il  ne s'agit donc  pas  de  les invoquer comme  on  invoque les Saints du paradis;  tel n'est  pas  l'esprit de  l'Église,  qui avant  tout, prie pour les défunts  et les aide par  ses suffrages.  Mais  il  n'est nulle- ment contraire à I:esprit de l'Église, ni à la  piété chrétienne  de  procurer  des  secours  aux âmes  dans  l'intention d'obtenir  en retour par  leurs prières les faveurs qu'on désire. Ainsi c'est chose  louable  et pieuse d'offrir  une messe  pour  les défunts quand on a besoin d'une grâce particulière.
Si la prière des  âmes  est  si puissante  quand  elles sont encore  dans  les souffrances,  on conçoit aisément  qu'elle le sera  bien  davantage,'  quand,  entièrement  purifiées,  elles seront  devant  le trône  de Dieu.

Chapitre 51

Avantages.  -  Reconnaissance  du  divin  Époux  des âmes. La ven. Archangèle Panigarola et son père Gothard.
Si les âmes  sont reconnaissantes  envers  leurs bienfaiteurs, Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  qui  aime ces âmes, qui reçoit comme  fait à lui-même  tout le  bien qu'on  leur procure,  ne  rendra pas un moindre retour, souvent  dès cette  vie, et toujours  en l'autre.  Il  récompense ceux qui  font miséricorde,  et il  punit  ceux  qui  oublient  de la  faire  aux âmes souffrantes.

-  294 -
.  Voyons  d'abord  un exemple de châtiment.  La vénérable Archangèle Panigarola,  religieuse Dominicaine,  prieure

du monastère  de Sainte-Marthe,  à Milan,  avait un zèle extraordinaire pour le  soulagement  des âmes  du purgatoire. Elle priait  et faisait prier  pour  toutes  ses  connaissances,  et même  pour  les  inconnus,  dont la mort lui  était annoncée.  Son  père Gothard,  qu'elle aimait tendrement, était un  de ces chrétiens du  monde  qui ne s'occupent guère de prier  pour  les  défunts. Il  vint  à mourir,  et Archangèle  désolée,  comprenant  qu'elle devait  à ce cher défunt  moins  de  larmes  que  de  prières,  forma  la résolution de  le recommander  à Dieu  par des  suffrages  tout particuliers. Mais,  chose  étonnante cette  résolution  n'eut  presque aucun  effet: cette fille si pieuse  et si dévouée  à son  père, fit  peu de chose  pour  son âme:  Dieu permettait que, malgré  ses  saintes  résolutions,  elle la perdit constamment de vue pour s'occuper  des autres.  Enfin  un événement inattendu vint  lui donner  l'explication de  cet  oubli étrange et exciter  sa dévotion  en faveur  de son père.
Le  jour  de  la  Fête  des morts,  elle s'était  renfermée dans sa cellule,  s'occupant  uniquement d'exercices  de piété et de pénitence  pour les âmes.  Tout d'un coup  son ange  gardien  lui apparaît,  la prend par la main  et la conduit  en esprit en purgatoire. Là parmi  les âmes  qu'elle aperçut,  elle  reconnut  celle de  son  père,  plongée  dans  un étang  d'eau  glacée.  A peine  Gothard  a-t-il  vu sa  fille,  que, se soulevant  vers elle, il  lui  reproche en gémissant de l'abandonner dans ses souffrances,  tandis qu'elle a tarît de  charité pour les autres,  tandis  qu'elle ne cesse  de  soulager  et  de  délivrer  des  âmes  qui  lui  sont  étrangères.
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Archangèle  demeura  interdite  à  ces  reproches qu'elle reconnaissait  mériter;  bientôt  répandant  un  torrent  de larmes,  elle  répondit  avec  des sanglots  :  Je ferai,  ô mon  bien-aimé  père,  tout ce  que  vous  me demandez:  plaise au Seigneur  que mes supplications  vous délivrent  au plus tôt.  »  -  Cependant  elle ne pouvait revenir de son étonnement,  ni  comprendre  comment  elle eut ainsi  oublié un père  bien-aimé. Son ange l'ayant  ramenée,  lui  dit que cet oubli  avait  été l'effet  d'une disposition  de la justice divine.  « Dieu  l'a permis, dit-il,  en punition du peu de zèle que votre père a eu durant  sa  vie pour Dieu, pour son  âme  et pour celles  de  son  prochain. Vous  l'avez  vu tourmenté et transi d'un  froid  insupportable  dans  un lac de glace: c'est  le châtiment  de  sa  tiédeur  au service de Dieu et de son indifférence  à l'égard du salut des âmes.  Votre père n'avait pas de mauvaises  mœurs,  il est vrai; mais  il  ne montrait  aucun  empressement  pour le bien,  pour  les  œuvres  pieuses  et  charitables  auxquelles l'Église exhorte  les  fidèles.  Voilà pourquoi Dieu  a per-mis  qu'il fût  oublié,  même  de vous, qui auriez  trop diminué ses  peines.  La divine  justice  inflige d'ordinaire ce  châtiment  à ceux qui manquent  de ferveur et  de charité:  il  permet qu'on  se  conduise à  leur  égard, comme  ils se  sont  conduits  envers  Dieu et envers  leurs frères.  »  -  C'est  au reste , la règle de justice que le Sauveur établit  dans  l'Évangile:  On se  servira  envers  vous de la mesure dont vous vous serez servis (1).

Chapitre 52

Avantages.  -  Charité  envers  les âmes,  récompensée  par  Jésus-Christ,  -  Sainte  Cath,  de  Sienne  et Palmérine.  -:.-  Sainte  lJfad. de Pazzi et sa mère.
Le Seigneur  est  plus  porté à récompenser  qu'à punir; et s'il  inflige le châtiment  de  l'oubli à ceux qui  oublient 1es  âmes  si chères  à  son  cœur,  il  se montrera magnifiquement  reconnaissant  envers  ceux  qui l'assistent  dans  la
(1) Matth. Vil,  2. Rossign.  Merv. 22,

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personne  de ses  épouses  souffrantes.  Il  leur  dira  au  jour des  récompenses:  «  Venez, les  bénis  de  mon Père,  posséder  le royaume  qui vous  est  préparé. Vous avez  exercé la miséricorde  envers  vos  frères  nécessiteux  et  souffrants; or, en  vérité  je vous  le dis,  le bien  que  vous  avez fait  au moindre  d'entr'eux,  vous  l'avez  fait  à  moi-même (1).
Souvent  dès cette  vie, Jésus  récompense  par diverses faveurs les âmes  compatissantes  et  charitables. Sainte Catherine de  Sienne avait par  sa charité  converti une pécheresse,  appelée Palmérine, qui  mourut et  alla  au purgatoire. La sainte  ne se donna  point de  repos  qu'elle ne  l'eût  délivrée:  en  récompense  le Sauveur permit à cette  âme  bienheureuse  de  lui  apparaitre,  ou plutôt  lui- même  voulut la montrer  à sa  servante  comme  une magnifique  conquête  de  sa  charité.  Voici, d'après  le B. Raymond, les détails  de ce  fait.
Au milieu du  XIVe  siècle,  lorsque sainte  Catherine  de Sienne  édifiait sa  ville natale  par toutes  sortes  d'œuvres  de miséricorde,  une  femme,  nommée  Palmérine,  après  avoir été  l'objet  de  sa plus  tendre charité,  conçut  pour  sa bienfaitrice  une secrète  aversion, qui  dégénéra  bientôt en une  haine  implacable.  Ne pouvant  plus  la voir ni  l'entendre,  l'Ingrate  Palmérine  se  déchainait  contre  la servante  de Dieu et ne cessait  de  la  noircir  par les plus atroces  calomnies.  Catherine  fit  tout ce qui était en elle pour  l'adoucir:  ce  fut en vain;  aussi,  voyant  que  sa  bonté, son  humilité et ses  bienfaits  ne faisaient qu'enflammer  la fureur de  cette malheureuse,  elle pria Dieu avec  instance  d'amollir  lui-même son  cœur  endurci. Dieu  l'exauça en  frappant Palmérine d'une maladie mortelle  ; mais ce châtiment ne suffit pas pour  la faire rentrer  en elle-même:  en  retour  des  soins les plus tendres  que  la sainte lui  prodiguait, elle  l'accabla d'injures et la chassa  de sa  présence.

(1)  Matth.  XXV.  40.

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- Cependant  sa fin  approchait,  et  un  prêtre  fut appelé pour  lui  administrer  les sacrements. La malade fut  incapable de les recevoir  à cause de la  haine  qu'elle  nourrissait  et qu'elle  refusait  de déposer. A  cette triste  nouvelle, Catherine  voyant que la  malheureuse  avait  déjà un pied dans t'enfer,  répandit  un  torrent  de  larmes et fut  inconsolable.  Durant  trois  jours  et trois  nuits,  elle ne cessa  de supplier  Dieu pour elle, joignant  le jeûne à la  prière.  «Eh quoi!  Seigneur, disait-elle,  permettriez-vous  que cette âme  périsse  à  cause  de moi? Je  vous  en conjure,  accordez-moi  à tout prix sa  conversion  et son  salut. Punissez sur moi son  péché,  dont  je  suis  l'occasion:  ce  n'est  pas elle,  c'est  moi qu'il faut  frapper. Seigneur,  ne  me  refusez  pas la  grâce que je  vous demande:  je  ne vous quitterai point  que je  ne  l'aie  obtenue. Au nom de votre bonté, de votre miséricorde,  je  vous conjure,  très miséricordieux  Sauveur, de ne pas permettre que  l'âme de ma sœur quitte son corps,  avant d'être  rentrée en grâce  avec  VOUS.  »
Sa prière,  ajoute  l'historien  de sa  vie, était  si puissante  i qu'elle  empêchait  la  m3ladè de mourir.  L'agonie  durait depu.is  trois  jours  et trois  nuits,  au grand  étonnement des assistants.  Catherine  pendant  tout  ce temps continuait  à intercéder,  et  finit  par  remporter  la victoire.  Dieu  ne put lui  résister plus longtemps et fit un miracle  de miséricorde.
Un rayon céleste pénétra  dans le cœur de la moribonde, lui  fit  voir  sa  faute et la  toucha de  repentir. La  sainte, à qui Dieu  le  fit  connaitre,  accourut aussitôt;  et dès que la malade  l'aperçut, elle lui donna  toutes  les marques  possibles d'amitié  et  de respect, s'accusa de sa faute à haute voix,  reçut pieusement  les sacrements et mourut  dans la  grâce du  Seigneur.  ..  ,
"  Malgré:  cette  conversion  sincère,  il  était  bien  à  craindre qu'une  pécheresse,  à  peine échappée à  l'enfer,  n'eût à subir  un  rude  purgatoire.  La  charitable  Catherine  continua  à faire  tout  ce qui  était  en elle pour hâter à Palmérine  son entrée, dans la  gloire.

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Tant  de  charité  ne  pouvait  rester  sans  récompense.
« Notre-Seigneur,  écrit  le  B. Raymond, montra  cette âme sauvée  à son épouse.  Elle  était  si  brillante,  qu'elle  m'a dit  elle-même  qu'aucune  expression  n'était  capable  de rendre  sa beauté. Elle  n'avait pas encore  cependant revêtu la  gloire  de la  vision  béatifique,  mais  elle  avait  I’ éclat que donnent  la  création  et  la  grâce  du  baptême. Notre- Seigneur  lui  disait:  Voici,  ma  fille,  cette âme  perdue que tu m'as fait  retrouver.  Et  il  ajoutait:  Ne  te semble-t-elle pas bien belle  et bien  précieuse?  Qui ne  voudrait  supporter toute espèce  de peine pour  gagner une  créature si parfaite et  l'introduire  dans  la  vie  éternelle? Si  moi,  qui  suis la beauté suprême, d'où  découle  toute beauté,  j'ai  été captivé par  la  beauté des âmes au point de descendre sur  la  terre et de  répandre mon sang  pour  les  racheter;  à bien plus forte raison  devez-vous travailler  les uns pour  les  autres, afin que des créatures si admirables ne se  perdent pas.  ,Si je  t'ai montré  cette  âme,  c'est pour  que tu  sois  de plus en  plus ardente à  tout ce  qui regarde  le salut  des âmes.
Sainte Madeleine de Pazzi,  si pleine  de dévotion  pour tous  les défunts, épuisa toutes les ressources  de la charité chrétienne  en faveur de sa mère,  lorsque  celle-ci  vint  à mourir.  Quinze  jours  après sa mort, Jésus  voulant consoler son  épouse,  lui  montra  l'âme  de la  bien-aimée  défunte. Madeleine la  vit  dans le  paradis,  couverte d'une splendeur éblouissante et environnée de saints,  qui  paraissaient  lui porter beaucoup  d'intérêt.  Elle  l'entendit  ensuite  lui  donner trois conseils,  qui ne sortirent plus de  sa  mémoire.  « Ayez soin, ma  fille, lui  dit-elfe,  de descendre  le plus bas  que  vous  pourrez  dans  la  sainte humilité,  d'observer  religieusement  l'obéissance  et  d'accomplir avec  prudence tout ce  qu'elle  vous  prescrira. » -  Cela dit,  Madeleine vit  sa bienheureuse  mère se  soustraire  à ses regards,  et demeura inondée des plus  douces consolations(1).
(1) Cépari Vie de S Mad. Pazzi
-  299  -

Chapitre 53

Avantages.  -  Charité  pour les  défunts  récompensée.  -  S. Thomas d'Aquin,  sa sœur et le Frère  Romain. -  L'archiprêtre  Ponzoni et  don  Alphonse  Sanchez.  -  La  B.  Marguerite  et  la  Mère Greffier.
Le  Docteur Angélique.  S.  Thomas  d'Aquin,  pareillement  fort dévot  envers  les âmes,.  Fut récompensé  par plusieurs  apparitions, que l'on a connues  par  l'irrécusable témoignage  de  cet illustre Docteur  lui même  (1).
Il offrait particulièrement  à Dieu ses  prières  et  sacrifices pour les défunts  qu'il  avait connus, ou qui étaient de  sa parenté. Lorsqu'il était lecteur  de  théologie  à  l'Université de Paris,  il  perdit une  sœur ,  qui mourut au monastère  de Sainte- Marie  de Capoue,  dont elle était abbesse..  Dès  que le  Saint apprit son décès,  il  recommanda  son  âme  à Dieu avec ferveur. Quelques  jours après,  elle  lui  apparut, le conjurant  d'avoir pitié d'elle,  de  continuer  et de  redoubler ses  suffrages,  parce  qu'elle  souffrait  cruellement  dans les flammes  de  l'autre vie, Thomas  s'empressa  d'offrir à Dieu toutes  les  satisfactions  ne  son  pouvoir,  et  réclama  en  outre les  charitables  suffrages  de  plusieurs  de  ses  amis,  Il  obtint ainsi la  délivrance de  sa  sœur  qui vint-elle-même  lui  en donner  l'assurance.
Ayant été peu de  temps après,  envoyé  à Rome  par ses supérieurs,  l'âme de cette sœur  lui  apparut, mais cette fois  dans tout  l'éclat  du  triomphe et  de  la  joie, et elle lui  dit, que  ses  prières  pour elle étaient  exaucées,  qu'elle était délivrée de  toute souffrance  et qu'elle  allait pour toute  l'éternité se  reposer dans  le sein  de Dieu. Familiarisé avec  les choses  surnaturelles,  le Saint ne  craignit pas d'interroger  l'apparition, et de  lui  demander  ce qu'étaient
- 7 mars. Sa vie par Mafféi, et Ross. Merv.59

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devenus  ses  deux  frères,  Arnould  et  Landolphe, morts aussi  depuis  quelque  temps.  « Arnould est au  ciel,  répondit l'âme, et il jouit d’un  haut  degré de  gloire,  pour avoir  défendu  l'Eglise  et Le Souverain-Pontife contre  les impies  agressions  de l’empereur Fréderic.  Quant  à  Landolphe iI  est  encore  dans le purgatoire, où  il  souffre beaucoup et a grandement  besoin de  secours.  Pour VOUS, mon cher  frère  ajouta-t-elle une place magnifique  vous attend dans le paradis en récompense  de tout ce que  vous avez fait pour l'Eglise .Hâtez-vous  de mettre  la dernière main aux divers travaux que vous  avez entrepris,  car vous viendrez  bientôt  nous rejoindre.  L'histoire  rapporte qu’en  effet  le  saint Docteur ne vécut plus  longtemps après.
Une  autre fois, le  même Saint,  faisant oraison dans l'église de S. Dominique à Naples,  vit  venir à  lui  le Frère  Romain,  qui  lui  avait succédé  à  Paris  dans  la chaire  de Théologie.  Le Saint  crut  d'abord  qu'il  venait d'arriver de  Paris, car il  ignorait  sa mort;  il  se  leva donc, alla  à sa rencontre,  et  le salua en s’informant de sa santé et des motifs  de son  voyage. -  « Je  ne  suis  plus  de  ce monde,  lui  dit  le religieux  en souriant;  et par  la miséricorde  de Dieu je  SuiS  déjà en possession  du  souverain  Bien. Je  viens par  ses ordres vous  encourager  dans  vos travaux.  -  Suis-je en état  de grâce? demanda aussitôt Thomas.  -  Oui, mon  frère, et  vos œuvres  sont très agréables à Dieu.   Et  vous, avez-vous  subi  le purgatoire  -  Oui, pendant quinze  jours,  pour  diverses  infidélités  que je  n’avais pas suffisamment  expiées  auparavant.»  .
Alors  Thomas,  toujours préoccupé  des  questions  théologiques,  voulut  profiler  de  l'occasion  pour  éclaircir  le mystère de la vision  béatifique;  mais  il  lui  fut  répondu par  ce verset du Psaume 47:  Sicut  audivimus, bic vidimus in  civitate  Dei nostri;  ce que  nous avions  appris par  la foi, nous  l'avons vu de nos yeux dans la  cité de notre Dieu.

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-  En prononçant  ces  paroles,  l'apparition  s'évanouit,  laissant  l'angélique  Docteur  embrasé du désir  des biens éternels.
Plus  récemment,  au  XVIe  siècle, une  faveur  du même genre, peut-être  plus  éclatante,  fut  accordée à un  zélateur des âmes du  purgatoire,  ami  particulier  de  S.  Charles Borromée. Le  vénérable  Gratien  Ponzoni,  archiprêtre d'Arona,  s'intéressa toute sa  vie au  soulagement des âmes.
Pendant  la  fameuse  peste  qui  fit  tant  de  victimes  au diocèse de Milan,  Ponzoni;  non  content  de se multiplier pour administrer  les sacrements  aux  pestiférés, n'avait  pas craint  de  se faire  fossoyeur et  d'ensevelir  les  cadavres: car  la peur  avait  paralysé  tous  les  courages, et personne n'osait  se  charger  de cette  terrible  besogne. Il  avait  surtout  assisté à la  mort,  avec un  zèle et  une  charité  tout apostoliques, un grand nombre  de ces infortunés d'Arona; et  les  avait  convenablement  inhumés  dans le  cimetière  situé près  de son  église  de Sainte-Marie.
Un  jour,  après  l'office  de$ vêpres,  comme  il  passait auprès de  ce  cimetière, accompagné de  don  Alphonse Sanchez,  alors gouverneur d'Arona. Il  s'arrêta  tout  à  coup, frappé  d'une  vision  extraordinaire.  Craignant  d'être  le jouet  d'une hallucination,  il  se  tourna  vers don Sanchez, et  lui adressant  la parole:  Monsieur,  lui  demanda-t-il, voyez-vous  le  même  spectacle qui  se  présente  à  mes regards?  -  Oui,  reprit le gouverneur,  qui s'arrêtait  dans la  même contemplation  je  vois  une procession  de morts, qui  s'avancent  de leurs tombes  vers  l'église; et j'avoue  que, avant  que vous  m'en eussiez  parlé,  j'avais peine à  en croire  mes  yeux.  Assuré alors de  la réalité
de I’apparition, ce  sont probablement,  ajouta l'archiprêtre, les  récentes  victimes de  la peste  qui nous  font connaître  ainsi  qu'elles ont besoin  de  nos  prières. Aussitôt il  fit  sonner  les cloches et convoquer  les paroissiens  pour le  lendemain à  un service solennel en faveur  des  défunts (1).
(1) Vie du V  én. Ponzoni.  Cf. Ross.  Merv. 75. –

On voit  ici  deux personnages  que  l'élévation de  leur esprit met en garde contre tout péril  d'illusion, et qui, frappés  tous  deux en même  temps  de  la même  apparition, ne se  décident  à y ajouter  foi qu'après  avoir constaté  que
leurs yeux perçoivent le même  phénomène,  Il  n'y a pas là  la  moindre place à  l'hallucination,  et  tout  homme sérieux  doit admettre  la réalité  d'un  fait surnaturel  attesté par de  tels  témoins.  -,--  On ne saurait  non plus raisonnablement  révoquer  en doute  des apparitions  appuyées  sur le témoignage  d'un saint Thomas  d'Aquin,  et  citées  un peu  plus haut. Ajoutons  qu'on doit  pareillement  se  garder de  rejeter  légèrement  d'autres faits du  même  genre, du moment  qu'ils sont  attestés  par des  personnes  d'une  sainteté  reconnue  et vraiment  digues  de  foi. Il  faut de  la prudence,  sans  doute, mais une  prudence  chrétienne,  également éloignée  de  la crédulité et de cet esprit  trop entier que Jésus-Christ,  comme nous  l'avons  fait  observer ailleurs;  reprend  dans  un de  ses  apôtres:  Noli esse  incredulus, sed  fidelis, ne  sois  pas  incrédule,  mais  croyant  (1),
Monseigneur  Languet,  évêque  de Soissons,  fait la même remarque,  à propos  d'une circonstance  qu'il  cite dans  sa Vie de la  B.  Marguerite  Alacoque.  « La demoiselle  Billet, dit-il,  femme  du  médecin  de  la Maison;  c'est-à-dire,  du couvent  de Paray,  où  résidait  la Bienheureuse,  était venue à mourir. L'âme de  la  défunte apparut à  la  servante  de Dieu  pour lui  demander  des  prières, et elle la chargea  en même  temps d'avertir son mari de deux choses  secrètes, qui concernaient  la justice et son  salut. Sœur  Marguerite rendit  compte à la  mère Greffier,  sa supérieure,  de ce qu'elle avait vu. La supérieure  se moqua  de  la vision, et de celle qui la lui  rapportait: elle imposa  silence,  à  Marguerite, et lui  défendit  de  rien  dire  ni de  rien  faire  de ce qui lui  avait  été  demandé. L'humble  religieuse obéit avec simplicité et, avec

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la même  simplicité, elle rapporta à  la  mère Greffier  une seconde  sollicitation que lui  fit  encore  la défunte  peu  de jours après:  ce  que  cette  supérieure  méprisa  encore.  Mais la nuit, suivante  elle fut elle-même  troublée  par un bruit si horrible qui se  fit  entendre dans sa chambre, qu'elle en pensa mourir  d'effroi.  Elle  appela des sœurs,  et  ce secours vint  à  propos, car' elle  était  presque pâmée.
Quand  elle fut revenue  à elle, elle se  reprocha  son  incrédulité, et ne manqua  pas d'avertir  le médecin  de ce qui avait été  dit à la sœur  Marguerite.
» Le médecin  reconnut  que  l'avis venait  de Dieu, et en profita. Pour la mère Greffier, elle apprit par son  expérience, que  si  la  défiance  est ordinairement le parti  le plus sage,  il  ne  faut pas  /non plus la  pousser  trop loin, surtout quand  la gloire de Dieu et l'avantage  du prochain peuvent  y être  intéressés.  »

Charles-Edouard
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Le Dogme du Purgatoire illustré par des Faits et des Révélations - Page 2 Empty Re: Le Dogme du Purgatoire illustré par des Faits et des Révélations

Message par Charles-Edouard Lun 29 Aoû 2016 - 21:33

Chapitre 54

Avantages. ~ Pensée salutaire. - Satisfaire en cette vie plutôt qu'en l'autre. - S. Augustin et S. Louis Bertrand. - Le Frère Lourenço. - Le Père Michel de la Fontaine.
Outre les avantages que nous venons de considérer, la charité envers les défunts est singulièrement salutaire à ceux qui la pratiquent, parce qu'elle leur inspire la ferveur dans le service de Dieu et leur suggère les plus saintes pensées. Songer aux âmes du purgatoire c'est songer aux peines de l'autre vie, c'est se rappeler que tout péché demande son expiation, soit en cette vie soit en l'autre.
Or qui ne comprend qu'il vaut mieux satisfaire ici, puisque les châtiments futurs sont si terribles? Une voix semble sortir du purgatoire et nous dire cette sentence de

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l'Imitation: Il vaut mieux extirper maintenant nos vices, et expier nos péchés, que de remettre à les expier en l’autre monde (1). On se rappelle aussi cette autre parole, qui se lit au même chapitre: Là, une heure dans le tourment, sera plus terrible qu'ici-bas cent années de la plus amère et de la plus rigoureuse pénitence. »
- Alors, pénétré d'une crainte salutaire, on souffre volontiers les peines de la vie présente, et on dit à Dieu, avec S. Augustin et S. Louis Bertrand: Domine, hic ure, hic seca, hic non parcas, ut in œternum parcas: Seigneur, appliquez ici-bas le fer et le feu, ne m'épargnez point en cette vie, afin que vous m'épargniez en l'autre .
Le chrétien rempli de ces pensées, regarde les tribulations de la vie présente et en particulier les souffrances parfois bien douloureuses de la maladie, comme un purgatoire sur la terre, qui pourra le dispenser du purgatoire après ]a mort.
Le 6 janvier 1676, mourut à Lisbonne, âgé de soixante- dix-neuf ans, le serviteur de Dieu Gaspar Lourenço, frère coadjuteur de la Compagnie de Jésus, et porter de la maison Professe de cet Institut, lI était rempli de charité pour les pauvres et pour les âmes du purgatoire, Il se dépensait sans ménagement au service des malheureux, et leur enseignait, merveilleusement à bénir Dieu de la misère qui devait leur valoir le ciel. Lui-même était si pénétré du bonheur de souffrir pour Notre-Seigneur, qu'il se crucifiait presque sans mesure et ajoutait encore à ses austérités, la veille des jours de Communion. A l'âge de soixante-dix-huit ans, il n'acceptait aucun adoucissement aux jeûnes et aux abstinences de l'Eglise, et ne laissait passer aucun jour sans se flageller au moins deux fois Jusque dans sa dernière maladie, le Frère infirmier s'aperçut que les approches mêmes de Ia mort ne lui avaient pas fait quitter son cilice: tant il désirait mourir sur la croix.
(1) lmit.l,.24.

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Les seules douleurs de son agonie, qui fut cruelle, auraient du lui tenir lieu des plus rudes pénitences, Quand on lui demandait s'il souffrait beaucoup? Je fais mon purgatoire avant de partir pour le ciel, répondait-il d'un air radieux. - Le Frère Lourenço était né le jour de l'Epiphanie; et Notre-Seigneur lui avait révélé que ce beau jour devait être aussi celui de sa mort. Il en désigna même l’heure, dès la nuit précédente; et comme l'infirmier en le visitant vers l'aube du jour, lui disait avec un , sourire de doute: «N'est-ce donc pas aujourd'hui, mon Frère que vous comptez aller jouir de Dieu? - Oui, répondit-il, dès que j'aurai une dernière fois reçu le corps de mon Sauveur. Il reçut en effet la sainte communion; et à peine eut-il commencé son action de grâces, qu'il expira sans, effort, et sans agonie.
Il y a donc tout lieu de croire qu'il parlait avec une connaissance surnaturelle de la vérité, lorsqu'il disait: Je fais mon purgatoire avant de partir de ce monde.
Un autre serviteur de Dieu reçut de la Sainte Vierge elle-même l'assurance que les souffrances, terrestres lui tiendraient lieu de purgatoire. Je parle du ,Père Michel de la Fontaine, qui s'endormit du sommeil des justes le 11 février 1606 à Valence en Espagne. II fut un des premiers missionnaires qui travaillèrent au salut des peuples du Pérou. Son plus grand soin en instruisant les nouveaux convertis, était de leur inspirer une horreur souveraine du péché, et de les porter à la dévotion envers la Mère de Dieu en leur parlant des vertus de cette admirable Vierge, et en leur enseignant la manière de réciter le chapelet.
Marie de son côté ne lui refusait pas ses faveurs. Un jour que, épuisé de fatigue, Il gisait étendu sur la poussière, n'ayant pas la force de se relever, il fut visité par Celle que l'Eglise appelle avec raison la Consolatrice des affligés. Elle ranima son courage en lui disant : Confiance, mon Fils: Vos fatigues vous tiendront lieu de purgatoire;

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supportez saintement vos peines, et au sortir de cette vie, votre âme sera reçue dans le séjour des Bienheureux. Cette vision fut pour le père de la Fontaine, durant le reste de sa vie, et surtout à l'heure de sa mort, une source abondante de consolation. En reconnaissance de cette faveur, il pratiquait chaque semaine quelque pénitence extraordinaire. Au moment où il expira, un religieux d'une éminente vertu vit son âme monter au ciel, dans la compagnie de la Sainte Vierge, du prince des Apôtres, de S. Jean l'Évangéliste et de saint Ignace, fondateur de la Compagnie de Jésus.

Chapitre 55

Avantages, - Enseignements salutaires. - La B. Marie-des-Anges. - Saint Pierre Claver et le nègre malade. - Le nègre et le chapelet.

Outre les saintes pensées que suggère la dévotion envers les âmes, celles-ci contribuent parfois elles-mêmes directement au bien spirituel de leurs bienfaiteurs. Dans la vie (1) de la bienheureuse Marie-des-Anges, de l'Ordre du Carmel, il est dit qu'on croirait à peine combien étaient fréquentes les apparitions d'âmes du purgatoire, qui venaient implorer son secours, puis la remercier de leur délivrance. Souvent elles s'entretenaient avec la Bienheureuse, lui donnaient des avis utiles pour elle ou pour ses sœurs, et lui révélaient même des, choses de l'autre monde. Le mercredi dans l'octave de l'Assomption, écrit-elle, comme je faisais l'oraison du soir, une de nos bonnes sœurs m'apparut; elle était vêtue de blanc, envi-
(1) Par le Chan, Labis Tournai, Casterman.


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ronnée de gloire et de splendeur, et si belle, que je ne trouve ici bas rien à quoi la comparer. Redoutant quelque illusion du démon, je me munis du signe de la croix mais elle me fit un sourire et disparut peu après, Je priai Notre-:Seigneur de ne pas permettre que je fusse trompée par le démon. La nuit suivante, la sœur m'apparut encore, m'appela par mon nom et me dit: « Je viens de la part de Dieu pour vous faire savoir que je jouis des biens éternels; dites à notre mère Prieure qu'il n'entre pas dans les desseins de Dieu qu'elle sache ce qui doit lui arriver; dites-lui encore de mettre sa confiance en S. Joseph et dans les âmes du purgatoire. Ayant ainsi parlé elle disparut.
Saint Pierre Claver, l'apôtre des nègres de Carthagène, fut aidé par les âmes du purgatoire dans l'œuvre de son apostolat, Il n'abandonnait pas les âmes de ses chers nègres après la mort: pénitences, prières, messes, indulgences, « il leur appliquait, dit le P. FJeurian, historien de sa vie, tout ce qui dépendait de lui. Aussi arrivait-il souvent que ces âmes affligées, sûres de son crédit auprès de Dieu, venaient lui demander le secours de ses prières. La délicatesse et l'incrédulité de notre siècle ajoute le même auteur, ne m'empêcheront pas d'en rapporter ici quelques traits. Ils paraîtront peut-être dignes de la raillerie des esprits-forts; mais ne suffit-il pas de reconnaître un Dieu maître de ces sortes d'événements, et que d'ailleurs ils soient bien attestés pour qu'ils puissent trouver place dans une histoire écrite pour des lecteurs chrétiens?
Un nègre malade, qu'il avait retiré dans sa chambre et couché dans son lit, ayant entendu la nuit de grandes plaintes, la frayeur le fit courir promptement au Père CIaver, qui pour lors était à genoux en oraison: « 0 mon Père, lui dit-il; quel est donc ce grand bruit qui m'effraye ainsi et qui m'empêche de dormir! Retournez, mon fils, lui répondit le saint homme, et dormez sans crainte. » - Alors; l'ayant aidé à se remettre au lit, et
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lui ayant posé la couverture sur la tête, II ouvrit la porte de la chambre, dit quelques paroles, et tout à coup les plaintes cessèrent. Plusieurs autres nègres étant occupés à travailler dans une habitation éloignée de la ville, un d'eux alla pour couper du bois sur une montagne voisine. Comme il approchait de la forêt, il entendit que, du haut d'un arbre, on l'appelait par son nom. Il leva les yeux vers l'endroit d'où partait la voix, et ne voyant personne, il voulut s'enfuir pour rejoindre ses compagnons; mais il fut arrêté à un passage étroit par un spectre effrayant, qui commença â décharger sur lui de grands coups, avec un fouet garni de fer tout rouge de feu, en lui disant: Pourquoi n'as-tu pas ton chapelet ? Porte-le désormais et le dis pour les âmes du purgatoire. » - Le fantôme lui ordonna ensuite de demander à la maîtresse de l'habitation quatre écus qu'elle lui devait, et de les porter au P. Claver, pour faire dire des messes à son intention; après quoi il disparut.
Cependant au bruit des coups et aux cris du nègre, ses compagnons étant accourus, ils le trouvèrent plus mort que vif, et encore tout meurtri des coups qu'il avait reçus, sans pouvoir leur dire une parole. On le porta à l'habitation, où la maîtresse avoua qu'elle était effectivement redevable de la somme en question à un nègre qui était mort peu de temps auparavant. Le P. Claver ayant été informé de tout ce détail, fit dire les messes qu'on demandait, et donna un chapelet au nègre, qui ne manqua plus de le porter sur lui et de le réciter dans fa suite.

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Avantages. - Enseignements salutaires. - Sainte Mad. de Pazzi et la sœur Benoîte. - Le Père Paul Hoffée. - Le Vén. P. de la Colombière. - Louis Corbintti.
Sainte Madeleine de Pazzi reçut dans l'apparition d'une défunte les plus belles instructions sur les vertus religieuses, Il y avait dans son couvent une sœur, appelée Marie- Benoîte, qui se distinguait par sa piété, son obéissance et toutes les autres vertus qui font l'ornement des âmes saintes. Elle était si humble, dit le P. Cépari, et avait un tel mépris d'elle-même, que, sans la discrétion des Supérieurs, elle eût fait des extravagances, dans le seul but de se faire la réputation d’une tète sans prudence et sans jugement. Elle disait, à ce propos, qu'elle ne pouvait s'empêcher d'être jalouse de saint Alexis, qui avait su trouver le moyen de mener une vie cachée et méprisable aux yeux du monde. Elle était si souple et si prompte à l'obéissance, qu'elle courait comme un enfant au moindre signe de la volonté des supérieures; et que celles-ci avaient besoin, dans les ordres qu'elles lui donnaient, d'user d'une grande circonspection, de peur qu'elle n'allât au-delà de leurs désirs. Enfin elle était parvenue à exercer sur ses passions et sur tous ses appétits un tel empire, qu'il serait difficile d'imaginer une mortification plus parfaite. , Cette bonne sœur mourut presque subitement, après quelques heures seulement de maladie. Ie lendemain, qui était un samedi, lorsqu'on célébrait la sainte messe pour son âme, les religieuses ayant commencé à chanter le Sanctus, Madeleine fut ravie en extase. Pendant ce ravissement, Dieu lui fit voir cette âme dans la gloire sous une forme corporelle: elle était ornée d'une étoile d'or, qu'elle avait reçue en récompense de son ardente
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charité. Tous ses doigts étaient chargés d'anneaux précieux, à cause de la fidélité à toutes ses règles et du soin avec lequel elle avait, sanctifié ses actions les plus ordinaires. Elle portait sur la tête, une très riche couronne, parce qu'elle avait beaucoup ainsi l'obéissance et les souffrances pour Jésus-Christ. Enfin: elle surpassait en gloire une grande multitude de vierges et elle contemplait Jésus- Christ avec une singulière familiarité, parce qu'elle avait tant aimé l'humiliation, selon cette parole du Sauveur: Celui qui s'abaisse sera élevé (1). - Telle fut la sublime leçon que reçut la Sainte, en récompense de sa charité pour les défunts.
La pensée du purgatoire nous presse de travailler avec ardeur et de fuir les moindres fautes pour éviter les terribles expiations de l'autre vie. Le Père Paul Hoffée, qui mourut saintement à Ingolstadt, l'an 1608, se servait de ce stimulant pour lui-même et pour les autres. Il ne perdait jamais de vue le purgatoire et ne cessait de soulager les âmes, qui lui apparaissaient fréquemment pour solliciter ses suffrages. Comme il fut longtemps supérieur de ses frères en religion, il ,les exhortait souvent à le sanctifier d’abord eux-mêmes pour mieux sanctifier ensuite les autres, et à ne jamais négliger la moindre prescription de leurs règles; puis il ajoutait avec une grande simplicité « Je crains bien, sans cela, que vous ne veniez un jour, comme ,p1usieurs autres, me 'demander des prières pour vous tirer du purgatoire. »
Dans ses derniers moments, il ne faisait plus que s'entretenir avec Notre-Seigneur, sa sainte Mère et les Saints. Il fut sensiblement consolé par la visite d'une très-sainte âme , qui l'avait précédé de deux ou trois jours à peine dans le ciel, et l'invitait à venir lui-même pour jouir enfin, de la vue et de l'amour éternel de Dieu (2). ..
(1) Matth.XXIII, 12.
{2)Ménologe de la COlnp. de Jésus, Ii décemb.

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Quand nous disons que la pensée du purgatoire nous fait employer les moyens de l'éviter, nous supposons évidemment que nous avons à craindre d'y tomber. Or cette crainte est-elle fondée?- Pour peu qu'on réfléchisse à la sainteté requise pour entrer au ciel, et à la faiblesse humaine, source de tant de souillures, on comprend aisément que cette crainte n'est que trop fondée. D'ailleurs, les faits qu'on a lus plus haut, ne montrent-ils pas que les âmes les plus saintes, très-souvent ont encore une expiation à subir en l'autre vie?
Le Vén.Père Claude. de la Colombière mourut saintement à Paray, le 15 février 1682, comme le lui avait prédit la B. Marguerite Marie. Dès qu'il eut expiré une fille dévote vint annoncer sa mort à sœur Marguerite. La sainte religieuse, sans s'émouvoir et sans se répandre en regrets, dit simplement à cette personne: Allez prier Dieu pour lui, et faites en sorte que partout on prie pour le repos de son âme: » Le Père était mort à cinq heures du matin. Le même jour, sur le soir, elle écrivit à la même personne un billet en ces termes: Cessez de vous affliger, invoquez-le. Ne craignez rien. Il est plus puissant pour vous secourir que jamais. Ces deux avis font présumer qu'elle avait été averti surnaturellement de la mort de ce saint homme et de son état dans l'autre vie.
La paix et la tranquillité de sœur Marguerite à la mort d'un directeur qui lui avait été si utile, fut une autre Sorte de miracle. La bienheureuse n'aimait rien qu'en Dieu et pour Dieu; Dieu lui tenait lieu de tout, et consumait en elle, par le feu de son amour, toute sorte d'attachement.
La supérieure fut elle-même surprise, de sa tranquillité sur la mort du saint missionnaire, et encore plus de ce qu'elle ne lui demandait point la permission de faire quelque pénitence extraordinaire pour le repos de son âme, comme elle avait coutume de faire à la mort de ceux qu'elle avait connus, et pour qui, elle croyait devoir s'intéresser plus particulièrement. La Mère supérieure en


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demanda la cause à la servante de Dieu, qui lui répondit tout simplement: « Il n'en a pas besoin. Il est en état de prier Dieu pour nous, étant bien placé dans le ciel par la bonté et miséricorde du Cœur sacré de Notre Seigneur Jésus-Christ. Seulement, ajouta-t-elle, pour satisfaire à quelque négligence qui lui était restée dans l'exercice du divin amour, son âme a été privée de voir Dieu dès la sortie de son corps, jusqu'au moment où il fut déposé dans le tombeau. » (1)
Nous ajouterons, encore un exemple, celui du célèbre Père Corbinelli. Ce saint personnage ne fut pas exempté du purgatoire. Il est vrai qu'il ne s’y arrêta point, mais il eut besoin d'y passer avant d'être admis devant la face de Dieu. Louis Corbinelli, de la Compagnie de Jésus, mourut en odeur de sainteté dans la maison professe de Rome, l'an1591, presqu’en même temps que S. Louis de Gonzague. La mort tragique de Henri Il, roi de France, l'avait désabusé du siècle,. et décidé à se consacrer entièrement à Dieu. L'an 1559 de grandes fêtes se célébraient à Paris pour le mariage de la princesse Èlisabeth, fille de Henrri II. Entre autres réjouissances, on avait organisé un tournoi, où figurait la fleur de ta noblesse, l'élite de la chevalerie française. Le roi s'y montra au milieu d'une cour splendide. Parmi les spectateurs, accourus tllê!Jl8 de l'étranger, se trouvait le jeune Louis Corbinelli, venu de Florence, sa patrie, pour assister à ces brillantes fêtes. Corbinelli contemplait avec admiration la gloire du monarque Français, au faite de la grandeur et de la prospérité, lorsqu'il le vit tomber soudain, frappé d'un coup mortel par un jouteur imprudent. La lance mal dirigée de Montgomery avait percé le roi, qui expirait baigné dans son sang. En un clin d'œil toute cette gloire s'évanouissait, et la magnificence royale se couvrait d'un linceul. Cet évé-

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nement fit sur Corbinelii une impression salutaire: voyant à découvert la vanité des grandeurs humaines, il renonça au monde et embrassa l'état religieux dans la Compagnie de Jésus. Sa vie fut celle d'un saint et sa mort remplit de joie ceux qui en furent témoins. Elle arriva peu de jours avant celle de S. Louis de Gonzague alors malade au collège romain. Le jeune Saint annonça au Cardinal Bellarmin que l'âme du père Corbinelli était entrée dans la gloire; et comme le Cardinal lui demanda si elle n'avait pas passé par Je purgatoire? « Elle y a passé, répondit-il, mais sans s'y, arrêter.

Charles-Edouard
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Le Dogme du Purgatoire illustré par des Faits et des Révélations - Page 2 Empty Re: Le Dogme du Purgatoire illustré par des Faits et des Révélations

Message par Charles-Edouard Lun 29 Aoû 2016 - 21:35

Chapitre 56

Avantages.  -  Stimulant  de  ferveur.  -  Nous  précautionner.  -Probabilité  d'aller  en  purgatoire.  -  Moyens  de  s'y soustraire.- Emploi  de  ces  moyens.  -  Sainte  Cath. de  Gènes.
Si de  saints religieux  passent  par  le purgatoire,  quoique sans s'y arrêter  ,n'avons-nous pas à craindre d'y passer  à  notre tour et même de  nous  y arrêter plus ou moins  longtemps? Pouvons-nous  nous  endormir dans  une  sécurité  qui serait au moins  imprudente?  Notre  foi et notre conscience  nous disent assez  que  la crainte est  ici bien  fondée.  Je  vais  plus loin,  cher  lecteur, et  je dis, qu'avec  un peu  de  réflexion, vous  avouerez  vous-même,  qu'il est  très-probable  et presque certain que  vous  irez en purgatoire. N'est-il pas  vrai qu'en  sortant de  la  vie, votre âme entrera dans  un des trois séjours que  la  foi  nous  montre:  l'enfer, le  ciel,  le purgatoire ?  Irez-vous en enfer? Ce n'est  pas  probable: parce  que,  vous avez  en horreur  le  péché  mortel, et que pour  rien au monde  vous ne voudriez  le  commettre  ou le garder  sur votre conscience,  après l'avoir commis.  -


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Irez-vous  droit au  ciel? Vous  répondez  aussitôt  que  vous vous  sentez  bien  indigne  d'une telle  faveur.  -  Il  reste donc  le  purgatoire, et vous  devez  avouer qu'il  est très- pro9able,  presque  certain  que  vous  entrerez  .dans  le séjour des  expiations.
En  mettant sous vos yeux cette  grave situation  ne croyez  pas,  cher  lecteur, que  nous voulions vous  effrayer ou vous  ôter  l'espérance  d'entrer au  ciel  sans  purgatoire.
Au contraire, cette espérance  doit rester au  fond  de  nos cœurs,  elle est  conforme  à l'esprit de  Jésus-Christ,  qui ne désire  nullement  que  ses  disciples  aient besoin  des expiations  futures.  Il  a même  institué des  sacrements  et établi toutes  sortes  de moyens  pour  les aider  à  satisfaire  pleinement  en  ce monde. Mais  ces moyens sont  trop peu employés;  et  c'est  surtout  une  crainte  salutaire  qui stimule les âmes  afin qu'elles  les  emploient.
Or, quels  sont  les moyens  que nous avons,  d'éviter ou du moins  d'abréger  d'avance  et d'adoucir la  rigueur de notre purgatoire?  Ce  sont  évidemment  les  exercices  et  les œuvres qui  nous aideront  le  mieux à satisfaire en  ce monde  et à trouver miséricorde auprès de Dieu, savoir les suivants: La  dévotion  envers  la sainte  Vierge  Marie et  la  fidélité à porter son scapulaire; la  charité envers les  vivants  et les morts;  la mortification  et  l'obéissance; la pieuse  réception  des sacrements,  surtout  à  l'approche de  la  mort;  la  confiance  en la  divine miséricorde; et enfin  la  sainte  acceptation  de  la mort  en union avec  la mort de  Jésus-Christ  sur la croix.
Ces  moyens  sont assez  puissants  pour nous préserver du purgatoire; mais  il  faut  les  employer. Or  pour les employer  sérieusement  et  avec  persévérance,  une  condition est  nécessaire:  c'est  de  former la ferme   résolution de  satisfaire  en  ce monde  plutôt qu'en  l'autre. Cette  résolution doit être  basée  sur  la  foi, qui nous montre combien la  satisfaction est  légère en  cette  vie,  combien elle  est  terrible  au purgatoire. Hâtez-vous,  dit  Jésus-


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Christ,  de  vous  réconcilier  avec  votre adversaire  pendant que  vous  êtes  en  chemin  avec  lui;  de  peur  que  votre  adversaire  ne  vous  livre  au Juge, et que  le  juge ne  vous livre à son  ministre,  et que  vous ne soyez  envoyé  en  prison. En vérité  je vous  le dis, vous  ne sortirez  pas de  là, que vous n'ayez  payé  jusqu'à  la  dernière  obole  (1).
Se  réconcilier avec  son  adversaire  pendant le chemin, signifie,  dans la  bouche  du Sauveur,  apaiser  la  divine justice  et  satisfaire  pendant  le  chemin de  la  vie,  avant d'arriver  au terme  immobile,  à  cette  éternité  où toute pénitence  est  impossible  et où  il  faudra  subir les  rigueurs de la  justice. Ce conseil du Sauveur  n'est-il  pas sage?
Peut-on  sans  folie porter au tribunal  de Dieu une dette énorme  que  l'on aurait acquittée  facilement  par quelques œuvres  de  pénitence,  et qu'il  faudra  payer  alors par des années  de  supplices?  Celui,  dit Sainte  Catherine  de  Gênes,  qui se  purifie de ses  fautes  dans  la  vie présente,  satisfait avec un sou  à  une dette de mille  ducats; et celui qui  attend, pour s'acquitter,  jusqu'aux  jours  de l'autre  vie,  se  résigne  à donner  mille ducats  pour ce qu'il aurait payé avec  un  sou  en  temps  opportun.
Il  faut donc commencer  par  la  résolution, solide et efficace,  de  satisfaire  en ce monde: c'est  la pierre fondamentale.  Ce  fondement  bien affermi, on s'appliquera à employer  les moyens  énumérés  plus haut.
(1) Matth.  V, 21:.

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Chapitre 57

moyens  d'éviter  le  purgatoire.  Grande  dévotion à la S .  Vierge.-  Le Père  Jerôme Carvalho.  Sainte  Brigitte.  -  Le scapulaire  du Mont Carmel.
Un serviteur  de  Dieu résumait  ces  moyens  et les  réduisait  à deux en disant, que nous purifions  nos  âmes  par l'eau et  par  le  feu:  il voulait  dire,  par  l'eau des  larmes et de  la pénitence,  parole  feu de  la  charité et des bonnes œuvres  -  On  peut  en  effet tout  ramener à  ces deux  exercices,  et  cette  théorie est conforme  à  l'Écriture,  où nous  voyons  que  les âmes sont  lavées  de  leurs souillures et purifiées comme  l'or  dans la  fournaise.  Mais  comme nous  devons  moins  chercher  les  théories  que  la pratique, suivons  la méthode  que nous avons  indiquée, et qui est pratiquée avec  succès  par les saints  et  les  fidèles  fervents.
D'abord  pour  obtenir une grande  pureté d'âme  et  par conséquent  pour n'avoir pas  beaucoup  à redouter  le purgatoire,  il  faut avoir une grande  dévotion  à  la  très sainte Vierge Marie. Cette  bonne  Mère  aidera  tellement  ses  chers enfants  à préparer  leurs âmes,  et à leur adoucir  le purgatoire, qu’ils  peuvent  se  reposer dans  la plus grande  confiance.  Elle  veut du reste  elle-même  qu'ils  ne se  troublent pas  a ce,  sujet,  qu'ils ne  se  livrent pas  à des  craintes  excessives, comme  elle  daigne le déclarer  à  son  serviteur  Jérôme Carvalho,  dont nous avons parlé plus  haut:  Rassurez-vous, mon fils,  lui  dit-elle,  je  suis la  Mère de miséricorde pour mes chers enfants du purgatoire,  aussi bien que  pour ceux qui vivent sur  la  terre.  -  Dans  les  Révélations  de sainte Brigitte,  nous lisons  quelque chose  de  semblable: Je suis, dit  la Vierge  à cette  Sainte,  la Mère  de  tous  ceux qui sont  dans  le lieu de  l'expiation; mes  prières  adoucissent les  châtiments qui  leur  sont infligés. pour  leurs  fautes (1).
(1) Liv. 4, chap. 1.
.  ,
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Ceux qui  portent saintement le Scapulaire;  ont un droit spécial  à  la  protection  de  Marie.  La  dévotion du saint Scapulaire consiste, non en une manière de prier  comme  le  saint Rosaire; mais  dans  la  pieuse pratique  de porter une sorte de  vêtement, qui est comme  la livrée  de  la Reine des cieux.
Le  scapulaire  de Notre :Dame  du  Mont-Carmel,  dont nous parlons  ici, remonte pour son,  origine  au  XIII  siècle, et fut  prêché d'abord par  le Bienheureux  Simon Stock, cinquième Général de l'Ordre  des Carmes. Ce  célèbre serviteur de  Marie, né au comté.de Kent en Angleterre,  l'année 1180,  se  retira  jeune encore dans une forêt  solitaire  pour y  vivre  dans  la  prière  et  la  pénitence.  II  choisit  pour demeure le creux d'un  arbre,  où  il  attacha un crucifix  et une  image de la  sainte  Vierge,  qu'il  honorait  comme sa  Mère, et  qu'il  ne cessait d'invoquer  avec  le  plus  tendre amour. Depuis  douze ans il  la suppliait  de lui  faire  connaître  ce qu'il  pourrait  faire  de  plus agréable à elle  et à son divin  fils,  lorsque  la  Reine des cieux  lui  dit  d'entrer dans  l’Ordre  du Carmel,  particulièrement  dévoué  à  son culte.  Simon  obéit,  et, sous  la protection de Marie,  devint un religieux exemplaire, l'ornement  de  l'Ordre  des Carmes, dont  il  fut  élu  supérieur général en 1245. Un jour,  c'était le 16  juillet  1251,  la sainte Vierge  lui apparut,  entourée d'une multitude  d'esprits  célestes, et  le visage rayonnant  de  joie.  Elle  lui  présenta un  scapulaire de couleur  brune  en disant: « Reçois,  mon cher  fils, ce  scapulaire de ton Ordre:  c'est le  signe de ma confrérie  et la  marque  du  privilège  que  j'ai  obtenu pour  toi  et pour  les  confrères  du Carmel.  Quiconque  mourra, pieusement  revêtu de  cet habit, sera  préservé  des  feux  éternels. C'est  un signe de salut, une  sauvegarde  dans  les périls, le gage  d'une paix et d'une  protection  spéciales  jusqu'à  la fin des  siècles.  »
L'heureux  vieillard  publia  partout  la grâce qu'il  avait obtenue, montrant  le  scapulaire, guérissant des malades

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et opérant d'autres miracles,  comme  preuve de sa merveilleuse  vision. Aussitôt Édouard 1er,  roi  d'Angleterre, saint Louis  IX,  roi de  France,  et à leur exemple  presque tous  les  Souverains  de  l’  Europe,  ainsi  qu'un  grand  nombre de leurs sujets, prirent  le  saint  habit.  C'est  alors que commença  la  célèbre Confrérie du  Scapulaire,  qui  fut, bientôt  après;  canoniquement  ratifiée  par le Saint-Siège.
Non  contente d'avoir  accordé  ce  premier  privilège, Marie  fit une  autre promesse  à  l'avantage  des  associés  du scapulaire,  en  les assurant  d'une  prompte  délivrance  des peines du purgatoire. Environ  cinquante' ans après la mort du B,Simon "  l'illustre  Pontife Jean XXII  faisant oraison  de grand matin,' vit  apparaître  la Mère de Dieu,' environnée  de  lumière et portant  l'habit  du Carme.,  Elle lui  dit entre autres  choses  :  Si, parmi les religieux   ou les confrères  du Carmel,  il  s'en  trouve  que  leurs  fautes  conduisent  en  purgatoire , je  descendrai  au milieu  d'eux comme  une  tendre Mère;  le samedi  après  leur mort; je délivrerai de  leurs  peines  ceux  qui s'y trouvent,  et  je les conduirai  sur la montagne  sainte  de  la vie éternelle.  »
C'est  en ces  termes  que  le Pontife fait parler Marie, dans la célèbre  Bulle du 3 mars  1322,appelée communément Bulle sabbatine, il la  termine par ces  paroles: « J'accepte donc  cette  sainte  indulgence,  je la ratifie et la confirme  sur  la  terre,  comme  Jésus-Christ  l'a  gracieusement accordée  dans  les cieux  par  les,  mérites  de  la très-sainte Vierge.  Ce privilège a été confirmé dans  la suite par  un grand  nombre  de  Bulles  et de Décrets des Souverains Pontifes.
Telle  est  la dévotion  du saint  Scapulaire,  Elle est  sanctionnée par  la pratique  des  âmes  pieuses  dans  toute  la chrétienté,  par  le  témoignage  de  vingt-deux Papes,  par les  écrits d'un nombre  incalculable  de savants  auteurs,  et par des  miracles  multipliés depuis  600  ans; de  telle  sorte, dit  l'illustre  Benoit XIV,  que  celui  qui  oserait  révoquer  en  doute  la  solidité  de  la  dévotion au scapulaire;  ou nier ses privilèges,  serait un contempteur  orgueilleux de la  religion.  »

Chapitre 58

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Moyens  d’éviter  le purgatoire. -  Privilèges  du saint  Scapulaire.  -  Le vén.  P.  de  la Colombière.  -  Hôpital de Toulon. -  La Sabbatine.  -  Sainte  Thérèse.  -  Une  dame  d'Otrante.

D'après  ce qui précède,  la sainte Vierge  a  attaché  au saint scapulaire  deux  grands  privilèges; de  leur côté les Souverains-Pontifes  y ont ajouté  les  plus  riches  indulgences,  Nous ne dirons  rien  ici  des  indulgences;  mais nous  croyons  utile de  faire bien connaître  les deux  privilèges  précieux  connus,  l'un  sous  le  nom  de  la préservation,  l'autre sous  celui de  la délivrance ou de  la sabbatine.
Le premier est  l'exemption des peines  de l'enfer:  ln hoc  moriens  œternum  non patietur  incendium, celui qui mourra avec  cet  habit, ne  souffrira lilas le feu de  l'enfer.
Il  est  évident  que ceux qui mourraient en état de  péché mortel, même  revêtus  du  scapulaire, ne  seraient point exempts  de  la  damnation; et  tel n'est pas  le  sens  de  la promesse  de Marie, Cette  bonne  Mère  a promis de  disposer miséricordieusement  les choses  de manière que  ceux qui meurent  revêtus  de ce  saint  habit, auront une  grâce efficace  pour se  confesser  dignement  et pleurer  leurs  fautes; ou  que,  s'ils  sont  surpris par  une  mort  subite,  ils auront le temps  et la volonté  de  faire un  acte de contrition par- faite. On  ferait un volume des  faits miraculeux  qui  témoignent  de l'accomplissement  de  cette  promesse,  contentons-nous  d'en  citer l'un ou  l'autre.
Le Vénérable Père  Claude de  la Colombière  rapporte qu'une jeune  personne pieuse  d'abord,  et  portant  le saint scapulaire; eut  le malheur de s'éloigner  du bon chemin,

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Par suite  de  lectures  imprudentes  et de  la fréquentation de compagnies  dangereuses,  elle  fut  entraînée  dans  de graves  désordres  et  allait  tomber dans  le déshonneur.  Au lieu de se  tourner  vers Dieu  et  de  recourir  à la sainte Vierge, qui est  le refuge  des pécheurs,  elle s'abandonna à un sombre  désespoir.  Le démon  lui  suggéra  bientôt un remède à  ses maux,  l'affreux  remède du  suicide,  qui devait  la soustraire  à ses  misères  temporelles  en  la plongeant  dans  les  supplices  éternels. Elle  courut donc à la rivière, et revêtue encore  de son scapulaire  elle se  précipita dans  les  eaux. Chose  étonnante, elle  surnagea  au lieu d'enfoncer,  et  ne  trouvait point la mort qu'elle  cherchait. Un pêcheur  qui l'aperçut, voulut  accourir pour  la sauver; mais  la  malheureuse  le  prévint,  elle  ôta son scapulaire,  le  jeta loin  d'elle,  et  s'enfonça  aussitôt.  Le pêcheur  ne put la sauver,  mais  il  trouva  le  scapulaire  et reconnut  que cette livrée  sacrée  avait d'abord empêché cette  pécheresse  de mourir  dans l'acte de son  criminel suicide..
A l'hôpital de Toulon se  trouvait un officier  fort  impie  qui refusait  de voir le prêtre. Il  approchait de  la mort et tomba  dans  une  sorte  de  léthargie. On profita de  cet  état pour lui mettre  un scapulaire,  à  son  insu.  Il  revint bientôt à lui et dit avec  fureur: « Pourquoi  avez-vous  mis du feu  sur moi, un feu qui me brûle?  Ôtez-le,  ôtez-le.  »  -  On enleva  le saint habit,  et  le moribond retomba dans  son assoupissement.  On  invoqua la  sainte Vierge et on essaya  encore  une  fois de  revêtir  ce malheureux  pécheur de son  saint habit.  Il  s'en aperçut, l'arracha avec  rage, el l'ayant  jeté  loin de  lui en  blasphémant,  il  expira.
Le second  privilège,  celui  de  la  sabbatine  ou  de  la délivrance,  consiste  a être délivré  du  purgatoire par la sainte Vierge  le  premier samedi après  la  mort.  Pour jouir  de ce  privilège  il  faut observer  certaines  conditions, savoir: 1- Garder  la chasteté  propre  à son état.  2-  Réciterle petit office de la sainte Vierge.  Ceux  qui récitent l'office  canonial  satisfont par-là  même,  Ceux qui  ne savent  pas  lire,  doivent à la place de  l’office,  observer  les  jeûnes  prescrits  par l'Église  et  faire  maigre  tous  les mercredis,  vendredis  et samedis.  3° En cas de nécessité, l'obligation  de l'office,  l'abstinence  et  le  jeûne, peuvent être  commués  en d'autres  œuvres  pieuses par  ceux  qui  en ont le pouvoir.
Tel  est  le  privilège  de  la délivrance  avec  les  conditions pour en  jouir.  Si  l'on  se  rappelle  ce  qui  a  été dit plus haut des  rigueurs du purgatoire et de sa  durée,  on trouvera que  ce  privilège est bien précieux  et  les conditions  bien  faciles.
Nous savons que  des doutes ont  été  soulevés  sur l'authenticité de  la Bulle sabbatine;  mais, outre la  tradition constante  et  la pieuse  pratique des  fidèles, le grand Pape  Benoît  XIV,  dont .la science  éminente et la modération doctrinale  sont  connues,  se  prononce  en  sa  faveur.
De  plus, les Annales  des Carmes  rapportent des  faits miraculeux  en  grand  nombre,  qui confirment  la promesse faite par  la  Reine des cieux, I’ illustre  sainte Thérèse, dans  un de ses  ouvrages,  dit avoir vu  une âme délivrée le premier  samedi,  pour  avoir  fidèlement  observé  pendant sa  vie les conditions  de  la sabbatine.

Chapitre 59?


A Otrante,  ville  du  royaume  de Naples,  une Dame  de la  haute société éprouvait le  plus  sensible bonheur à suivre  les prédications d'un  Père  Carme, grand promoteur de  la dévotion envers  Marie. Il  assurait à ses  auditeurs  que  tout chrétien  portant pieusement  le  scapulaire et  observant  les  pratiques prescrites, rencontrerait la  divine  Mère au sortir de la vie,  et que cette grande consolatrice  des affligés viendrait,  le samedi suivant;  le  délivrer  de  toute souffrance  pour  l'emmener  avec elle  au séjour de la  gloire. Frappée  de si  précieux avantages, cette  dame  prit aussitôt  l'habit de  la saint!)  Vierge,  fermement  résolue  d'observer  fidèlement  les règles  de la con-

~  322 -
frérie. Sa  piété  prit de  grands  accroissements  : elle priait Marie jour  et nuit, mettant  en elle  toute  sa  confiance,  lui rendant  toutes  sortes  d'hommages:  Entre autres  faveurs qu'elle  lui  demandait,  elle  implorait  celle de mourir  un samedi,  afin d'être aussitôt délivrée du purgatoire.  Elle fut exaucée.  .
Quelques  années  après,  étant  tombée  malade,  malgré l'assurance  contraire  des médecins, elle déclara  que  son mal était grave  et la  conduirait à la mort. «  J'en  bénis Dieu, ajouta-t-elle,  dans  l'espérance  d'être bientôt  avec lui.  » - Sa maladie  fit en  effet  de  tels progrès,  que  le médecins  la jugèrent  sur  le point de mourir, et  déclarèrent à  l'unanimité  qu'elle  ne  passerait  pas  le  jour, qui était un  mercredi.  Vous  vous  trompez encore,  dit  la malade,  je vivrai  trois  jours de plus, et ne mourrai que  samedi.
L'événement  justifia  sa parole. Regardant  les jours  de souffrances  qui lui restaient  comme  un  trésor  inestimable, elle en  profita pour se  purifier et augmenter  ses  mérites.
Le samedi  venu, elle rendit l'âme  à son Créateur. Sa  fille,  très-pieuse  aussi, était  inconsolable  de  la perte  qu'elle  avait  faite. Comme  elle priait  dans  son  oratoire  pour  l'âme de  sa  chère mère, et  qu'elle  versait d'abondantes  larmes,  un  grand serviteur de Dieu,  favorisé  habituellement de  communications  surnaturelles vint la  trouver  et  lui dit:  « Cessez  de  pleurer, mon  enfant ou plutôt,  que votre  tristesse se change en  joie.  Je viens vous assurer de la part  de Dieu, qu'aujourd'hui  samedi, grâce  au privilège  accordé aux  confrères du  saint Scapulaire,  votre mère est montée au  ciel  et  a  été admise  parmi  les élus.. Consolez-vous  donc  et bénissez l'auguste  Vierge Marie, Mère  des  miséricordes.  »

- 323  -

Chapitre 60

Moyens  d'éviter  le  purgatoire.  -  Charité et  miséricorde. -  Le prophète Daniel  et  le  roi  de Babylone. -  S.  Pierre  Damien et  Jean Patrizzi.

.Nous  venons  de  voir  le premier  moyen d'éviter  le purgatoire,  une tendre  dévotion  envers  Marie; le second  moyen  consiste dans la  charité  et les œuvres  de miséricorde  sous toutes  les  formes.  Beaucoup  de péchés  lui  sont remis,  dit le  Sauveur  en parlant de Madeleine,  parce  qu'elle  a beaucoup aimé  (1),  -  Bienheureux  ceux  qui sont miséricor- dieux, parce qu'ils  obtiendront miséricorde (2), -  Ne  jugez point  et vous ne serez  point  jugés;  ne condamnez point  et vous  ne  serez pas  condamnés; remettez,  et  il  vous  sera remis {3); -  Si  vous remettez  aux  hommes  leurs offenses, votre  Père  céleste  vous  remettra  à vous aussi vos péchés  (4), Donnez  à quiconque  vous demande;  donnez  et  il vous sera donné:  car on  usera  pour  vous de  la même  mesure dont  vous  aurez  usé  pour les  autres  (0)  -Faites-vous  des amis  avec  les  richesses  de  l'iniquité, afin que,  lorsque  vous viendrez  à quitter  ce monde,  ils  vous reçoivent  dans  les tabernacles  éternels  (6),  -  Et le Saint-Esprit  dit par la bouche  du Prophète-Roi:  ,11eureux  celui qui s'occupe  du pauvre et de l'indigent:  au jour  mauvais  le Seigneur  le délivrera  (7J.
Toutes  ces  paroles  indiquent  clairement  que  la charité, la miséricorde,  la  bienfaisance,  soit,  envers  les pauvres, soit envers  les pécheurs,  soit envers  les ennemis  et ceux qui  nous font  du mal, soit enfin envers  les défunts qui sont  dans  une  si grande  nécessité,  nous  fera  trouver  miséricorde  au  tribunal du souverain  Juge
.

- 324  -
Les  riches  de  ce  monde  ont  beaucoup  à  craindre:  Malheur à  vous,  riches,  dit  le Fils de Dieu,  parce  que vous  avez  votre  consolation.  Malheur  à  vous  qui  êtes rassasiés,  parce que vous aurez  faim.  Malheur  à vous qui riez  maintenant,  parce  que vous  gémirez  et  vous  pleurerez  (1). Certes  ces  paroles  d'un  Dieu   doivent  faire  trem bler  les heureux du  siècle;  mais s'ils veulent,  ils  ont dans leurs  richesses  même  une  grande ressource  de  salut: ils  peuvent racheter  leurs  péchés et leurs  terribles  dettes par  de généreuses aumônes.  Que mon conseil  ô  roi,  dit Daniel à l’orgueilleux Nabuchodonosor,  vous  soit  agréable: rachetez  vos  péchés  par l'aumône,  et  vos  iniquités:  par  la miséricorde  envers  les pauvres  (2). -  Car  l'aumône,  dit Tobie à son  fils, délivre  de tout péché et de la mort,  et elle ne  laissera  point  l'âme  aller  dans  les  ténèbres. L'aumône sera une grande confiance devant  le Dieu  très-haut,  pour tous  ceux  qui  l'auront  faite  (3). -  Le  Sauveur  confirme tout  cela,  et  il  va  presque plus  loin,  lorsqu'il  dit  aux Pharisiens: Toutefois,  faites  l'aumône  de ce  que  vous avez, et tout sera pur  pour  vous  (4)  .
Quelle  n'est  donc  pas la  folie  des riches  qui  ont  en main  un  moyen  si  facile  d'assurer  leur  avenir,  et  ne songent pas  à l’employer?  Quelle  folie  de ne  pas faire bon usage  d'une  fortune  dont il  faudra  rendre  compte à Dieu?
Quelle folie  d’aller  brûler  en enfer  ou en purgatoire  pour laisser une  fortune  à des héritiers  avides  et  ingrats,  qui ne donneront  au  défunt  peut-être  pas une prière,  ni  une larme,  ni  même un  souvenir!
Ils  sont mieux  avisés ces chrétiens,  qui  comprennent qu'ils  ne sont devant Dieu que  les dispensateurs des biens qu'ils  ont  reçus  de  lui;  qui  ne  songent  qu'à  en disposer selon  les vues mêmes  de Jésus-Christ  à qui  ils  en devront tendre  compte;  qui  enfin  s'en  servent  pour  se  faire  des
(1) Luc,  VI,  24, - (2,  Dan,  IV, 24 – (3) Tob IV, 11 -
(4) Luc,  XI,  41.

p.325
amis,  des défenseurs,  des protecteurs  (dans l'éternité. Voici ce que rapporte S. Pierre Damien  dans  un de  ses opuscu1es  (1).  Un Seigneur  romain appelé  Jean  Patrizzi, venait de mourir.  Sa vie, quoique chrétienne, avait été comme  celle  de la  plupart  des  riches, fort  différente  de celle  du  divin  Maitre,  pauvre,  souffrant,  couronné d'épines; mais  heureusement,  il  s'était montré  fort charitable  pour  les  indigents,  allant  parfois  jusqu'à  se dépouiller de ses  vêtements pour  les  couvrir.    Peu de jours après  sa mort, un saint prêtre étant en prière,  fut ravi en esprit et transporté  dans  la basilique de  Sainte-Cécile, l’une des  plus célèbres  de Rome. Là  il  aperçut une  troupe de  célestes  vierges, sainte Cécile,  sainte Agnès,  sainte  Agathe  et autres,  qui  se  groupèrent  autour d'un  trône magnifique  où vint s'asseoir  la Reine  des  cieux environnée  d'une  cour nombreuse  d'anges  et de bienheureux.
En ce moment parut une pauvre petite  femme,  vêtue d'une  méchante  robe, mais  ayant  sur  les  épaules  une  fourrure précieuse..  Elle se mit  humblement aux pieds  de  la céleste Reine, joignant  les  mains, les yeux pleins  de larmes, et dit en soupirant: «  Mère des  miséricordes,  au nom de  votre  ineffable bonté.  je  vous supplie d'avoir pitié du malheureux Jean Patrizi, qui vient de mourir et qui souffre cruellement dans le purgatoire.
-  Trois fois  elle répéta  la même  prière,  y mettant  chaque  fois  plus de  ferveur, mais sans recevoir,  aucune  réponse. Enfin, élevant  encore  la voix,  elle ajouta: «Vous avez  bien, ô très-miséricordieuse  Reine, que  je suis  cette  mendiante  qui, à la porte de votre  grande  basilique,  demandais l'aumône  dans  le cœur  de  l'hiver, sans  autre  vêtement qu'un misérable  haillon. Oh! comme  je tremblais  de froid!  C'est  alors que Jean, Imploré par moi au nom de  Notre-Dame,  ôta de ses  épaules  et me donna cette
1) opusc. 34.
-  326 -
précieuse  fourrure, s'en  privant lui-même  pour me  couvrir.  Une si grande  charité,  faite en  votre nom,  ô Marie, ne mérite-t-elle  pas  quelque  indulgence?»
A cette touchante  requête,  la  Reine du ciel  jeta  sur  la suppliante un  regard  plein  d'amour.  «L'homme  pour lequel tu  pries,  lui  répondit-elle,  est  condamné  pour longtemps  à de  rudes souffrances  à cause  de ses  nombreux  péchés.  Mais  comme  il a eu  deux  vertus  spéciales, la  miséricorde  envers  les  pauvres  et  la dévotion pour mes  autels,  je  veux  user de condescendance  en sa faveur. »
A  ces  paroles  toute  la  sainte assemblée  témoigna  sa joie et sa  reconnaissance  envers  la Mère  de miséricorde.
Patrizzi  fut  amené: il  était  pâle,  défiguré, chargé  de chaînes  qui  lui  déchiraient les membres.  La Vierge le regarda  un moment avec une  tendre compassion,  puis ordonna  de  lui ôter ses  chaînes  et de  lui  donner  des  vêtements  de gloire,  afin  qu'il  pût se  joindre  aux  saints  et bienheureux  qui  environnaient  son trône. Cet  ordre  fut exécuté  à l'instant, et tout disparut.
Le saint prêtre qui avait  joui de cette vision, à  partir de  ce moment,  ne  cessa  plus de prêcher la  clémence  de Notre-Dame  envers  les  pauvres  âmes  souffrantes,  surtout envers  celles  qui ont eu une grande dévotion pour  son culte  et une  grande  charité pour les  pauvres  (1).
1) Ross. Merv.12

p.327

Charles-Edouard
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Le Dogme du Purgatoire illustré par des Faits et des Révélations - Page 2 Empty Re: Le Dogme du Purgatoire illustré par des Faits et des Révélations

Message par Charles-Edouard Lun 29 Aoû 2016 - 21:41

Chapitre 61

Moyens d'éviter le purgatoire. - La charité, - La B. Marguerite et les âmes souffrantes. - La novice et son père. - Une âme qui avait souffert sans se plaindre.
Parmi les révélations que le Sauveur a faites à la B.Marguerite Marie touchi1nt le purgatoire, il en est une qui fait connaître les peines particulièrement sévères infligées pour le manque de charité.. Un jour, raconte, Mgr Languet, Notre-Seigneur montra à sa Servante une quantité d'âmes souffrantes, privées du secours de la Sainte Vierge et des Saints, et même de la visite de leurs anges gardiens: c'était, lui dit le divin Maître, la punition de leur manque d'union avec leurs supérieurs, et de certaines mésintelligences. Plusieurs de ces âmes étaient destinées à rester longtemps dans d'horribles flammes. La Bienheureuse reconnut aussi beaucoup d'âmes qui avaient vécu dans la religion, et qui, à cause de leur manque d'union et de charité envers leurs frères, étaient privées de leurs suffrages et n'en recevaient aucun secours.
S'il est vrai que le Seigneur punit sévèrement les âmes qui ont oublié la charité; il sera d'une miséricorde ineffable pour celles qui auront pratiqué cette vertu de son Cœur. Ayez surtout, nous dit-il, par la bouche de son Apôtre S. Pierre. Ayez surtout une charité persévérante, les un pour les autres; car la charité couvre la multitude des péchés (1). - Ecoutons encore Mgr Languet dans la Vie de la B. Marguerite Marie.
C'est la Mère Greffier, dit-il, qui, dans le mémoire qu’elle a écrit sur la Bienheureuse après sa mort, atteste le fait suivant. Je ne puis l'omettre à cause des circonstances particulières qui ont manifesté la vérité de la révé-
1.1 Pet. IV, 8.
- 328 -
Lation, faite en cette circonstance à la servante de Dieu. .
Le père d'une des novices en fut l'occasion. Ce gentilhomme était décédé récemment, et on le recommanda aux prières de la communauté, La charité de Sœur Marguerite, alors maitresse des novices l'engagea à prier plus particulièrement pour lui.
La novice vint encore quelques jours après le recommander à ses prières. « Ma fille, lui dit alors sa sainte maitresse, tenez-vous en repos: votre père est en état de nous faire part de ses prières sans avoir besoin des nôtres. - Elle ajouta: « Demandez à Madame votre mère quelle est l'action généreuse que fit son mari avant sa mort: cette action lui a rendu le jugement de Dieu favorable.
L 'action dont parlait la servante de Dieu était ignorée de la novice: personne à Paray ne connaissait les circonstances d'une mort arrivée loin de cette ville. La novice ne vit sa mère qu'assez longtemps après, le jour de sa profession. Elle demanda alors quel était cet acte de générosité chrétienne que son père avait fait avant de mourir..
« Lorsqu'on lui apporta le saint Viatique, répondit sa mère, le boucher de la ville se joignit à ceux qui accompagnaient le Saint-Sacrement, et se mit dans un coin de la chambre. Le malade l'ayant aperçu l'appela par son nom, lui dit de s'approcher, et lui serrant amicalement la main avec une humilité peu commune dans les gens de condition, il lui demanda pardon pour quelques paroles trop dures qu’ïl lui avait dites quelque temps auparavant, et il voulut que tout le monde fût témoin de la satisfaction qu'il lui en faisait. » - Sœur Marguerite avait appris de Dieu seul ce qui s'était passé dans cette circonstance; et la novice, connut par là la vérité si consolante de ce qu'elle lui avait dit touchant l'heureux état de son père.
Ajoutons que Dieu, par cette révélation, a voulu nous montrer une fois de plus que la charité couvre la multitude

- 329 -
des péchés et nous fera trouver indulgence au jour de la justice.
La Bienheureuse Marguerite reçut du divin Maître une autre communication relative à la charité, II. lui montra l'âme d'une défunte dont l'expiation ne devait être que peu rigoureuse; et il lui dit, qu'entre toutes les bonnes œuvres que cette personne avait faites, il avait eu particulièrement égard à certaines humiliations qu'elle avait subies dans le monde: parce qu'elle les avait souffertes en esprit de charité, non seulement sans se plaindre, mais même sans en parler; le divin Maître ajouta que pour, récompense, il lui avait été doux et favorable à son jugement.

Chapitre 62

Moyens d'éviter le purgatoire. - Mortification chrétienne - S. Jean Berchmans - La B. Émilie de Yerceil et la religieuse s'ennuyant au. Chœur.

Le troisième moyen de bien satisfaire en ce monde, c'est la pratique de la mortification chrétienne et l'obéissance religieuse.
Nous portons toujours dans nos corps la mortification de Jésus, dit l'Apôtre, afin que la vie de Jésus se manifeste aussi dans nos corps (1). Cette mortification de Jésus que le chrétien doit porter en lui, c'est, dans un sens large, la part qu'il doit prendre aux souffrances de son divin Maître, en souffrant en union avec lui les, peines qui se rencontrent dans la vie, ou que l'on peut volontairement s'imposer.
La première et la meilleure mortification est celle
1) II Cor.IV, 10

-330-
s'attache à nos devoirs journaliers, la peine que nous devons prendre, l'effort que nous devons faire pour bien remplir tous les devoirs de notre état, et supporter les contrariétés de chaque jour. Lorsque S. Jean Berchmans disait, que sa principale mortification était la vie commune, il ne disait pas autre chose, parce que la vie commune pour lui résumait tous les devoirs de son état. .
Au reste, celui qui sanctifie les devoirs et les peines de chaque jour, et qui pratique ainsi la mortification fondamentale, ira bientôt plus loin, et s'imposera des privations et des peines volontaires, pour racheter les peines de l'autre vie.
Les moindres mortifications, les plus légers sacrifices, surtout quand ils se font par obéissance, sont d'un grand prix auprès de Dieu.
La bienheureuse Emilie, dominicaine, prieure du monastère de Sainte-Marguerite à Verceil, inspirait Il ses religieuses l'esprit d'obéissance parfaite, en vue du purgatoire. Un des points de la règle interdisait de boire hors des repas, Il moins d'une permission expresse de la supérieure. Or celle-ci, sachant, ce que nous avons vu plus haut, combien le sacrifice d'un verre d'eau a de valeur auprès de Dieu, avait pour pratique ordinaire de la refuser, afin de fournir à ses sœurs l'avantage d'une mortification facile; mais elle avait soin de leur adoucir ce refus en leur disant d'offrir leur soif Il Jésus, tourmenté d'une soif si cruelle sur la croix; elle leur conseillait aussi de souffrir cette peine légère en vue du purgatoire afin d'être moins tourmentées par les ardeurs des flammes expiatrices.
Il y avait dans sa communauté une sœur appelée Marie-Isabelle, qui avait l'esprit trop dissipé, aimait trop les conversations et autres distractions extérieures. Il en résultait qu'elle avait peu de goût pour la prière, qu'elle était négligente à l'office et s'acquittait à contrecœur de
ce devoir capital. Aussi ne montrait-elle aucun empres-

- 331
sement à se rendre au chœur; mais dès que l'office ,était fini, elle sortait la première. Un jour qu'elle s'en allait ainsi à la hâte et passait devant la stalle de la Prieure, celle-ci l'arrêta: « Où donc allez vous si vite, ma bonne sœur 1lui dit-elle, et qui vous presse de sortir avant toutes les autres « La sœur, prise au dépourvu, garda d'abord respectueusement le silence; puis elle avoua avec humilité qu'elle s'ennuyait à l'office et qu'il lui paraissait bien long: - « C'est fort bien, reprit la Prieure; mais s'il vous en coûte tant de chanter, commodément assise, les louanges de Dieu au milieu de vos sœurs, comment ferez-vous dans le purgatoire, quand vous serez retenue au milieu des flammes. Pour vous épargner cette terrible épreuve, ma chère fille, je vous ordonne à l'avenir, de ne plus quitter votre 'place que la dernière.
La sœur se soumit avec simplicité, comme une véritable enfant d'obéissance; elle en fut bien récompensée.
Le dégoût qu'elle avait éprouvé jusqu'alors pour des choses de Dieu, la quitta et fit place à une dévotion pleine de douceur. De plus, comme Dieu le fit connaitre à. la Bienheureuse Émilie, étant morte à quelque temps de là, elle obtient une grande diminution des peines qui l'attendaient dans l'autre vie: Dieu lui compta comme autant d'heures du purgatoire, les heures qu'elle avait passées dans la prière en esprit d'obéissance (1).
1) Diario domenic. 3 mai. Cf. Mer". 60. ---

Chapitre 63

Moyens d'éviter le purgatoire. - Les sacrements. - Les recevoir promptement. - Effet médicinal de l'Extrême-onction. - S. Alphonse de Liguori.

Nous avons indiqué comme quatrième.-moyen de satisfaire en ce monde, l'usage des sacrements, et surtout la réception sainte et chrétienne des derniers sacrements à l'approche de la mort.
Le divin Maître nous avertit dans l'.Évangile de nous bien préparer à la mort, afin qu'elle soit précieuse à ses yeux et le digne couronnement d'une vie chrétienne. Son amour pour nous lui fait souhaiter ardemment, que nous sortions de ce monde pleinement purifiés, débarrassés de toute dette envers Ia divine justice, et qu'en paraissant devant Dieu; nous soyons trouvés dignes d'être admis parmi les élus sans avoir besoin de passer par le purgatoire. C'est à cette fin que, d'ordinaire, il nous accorde, avant de mourir, les souffrances d'une maladie, et qu'il a institué des sacrements, pour nous aider à sanctifier ces souffrances et pour nous disposer parfaitement à paraître devant sa face.
Les sacrements qu'on doit recevoir en temps de maladie sont au nombre de trois: la confession, que l'on peut faire aussitôt que l'on veut; le saint Viatique et l'Extrême- Onction, que l'on peut recevoir dès qu'il y a danger de mort.' Cette circonstance du danger de mort doit s'entendre largement et dans le sens d'une appréciation morale: il n'est pas nécessaire qu'il y ait un danger imminent de mourir, ou que tout espoir de guérison soi~ perdu; il ne faut pas même que le danger de mort soit certain, il suffit qu'il soit probable et prudemment supposé; lors même

p.333
qu'il n'y aurait pas d'autre infirmité que la vieillesse (1).
Les effets des sacrements bien reçus répondent à tous les besoins, à tous les désirs légitimes des malades, Ces divins remèdes purifient l'âme de ses péchés et augmentent son ...trésor; de grâce sanctifiante; ils fortifient le malade et l'aident à supporter ses maux avec patience, à triompher des assauts du démon au moment suprême, et à ,faire généreusement à Dieu le sacrifice de sa vie. -
De plus, outre les effets qu'ils produisent, sur l'âme, les sacrements exercent la plus salutaire influence sur le corps. L'Extrême-onction surtout soulage le malade et adoucit ses douleurs; elle lui rend même la santé, si Dieu le juge, expédient pour son salut.
Les sacrements sont donc pour les fidèles un secours immense, un bienfait inestimable. Aussi n'est-il pas étonnant que l'ennemi des âmes mette tout en œuvre pour les priver d'un si grand bien. Ne pouvant enlever les sacrements à l'Église il tâche de les enlever aux malades, en faisant en sorte qu'ils ne les reçoivent pas, ou qu'ils les reçoivent tardivement et en perdent tous les avantages. Hélas que d'âmes se laissent prendre dans ce piège!
Que d'âmes, pour n'avoir pas reçu promptement les sacrements, tombent en enfer, ou, du moins, dans les plus profonds abîmes du purgatoire!
Pour éviter ce malheur, le premier soin du chrétien, en cas de maladie, doit être de songer aux sacrements et de les recevoir le plus promptement possible.
Nous disons qu'il faut recevoir les sacrements promptement, tandis que le malade possède encore l'usage de ses facultés, et nous appuyons sur cette circonstance: en voici les raisons
1° En recevant les sacrements promptement, le malade ayant encore assez de forces pour s'y

(1) Voir une brochure approuvée par tous les Évêques de Belgique et intitulée: Les médecins et les familles, Bruxelles, maison Goemaere. '

bien préparer, en recueillera tout le fruit.
2° Il a besoin d'être muni le plus tôt possible de ces divins secours, pour supporter les douleurs, vaincre les tentations, et sanctifier le précieux temps de la maladie.
3° Ce n'est qu'en recevant bien à temps les saintes Huiles, qu'il en peut ressentir les effet& pour la guérison corporelle.
Car il faut ici remarquer un point capital: le remède sacramentel de l'Onction sainte produit son effet sur la maladie, à la manière des remèdes médicaux. Semblable à un médicament exquis, il seconde la nature, dans Laquelle il suppose encore une certaine vigueur; en sorte que l'Extrême-onction ne peut exercer sa vertu médicinale, quand la nature est trop affaiblie et la vie presque éteinte. Aussi, bien des malades succombent, parce qu'ils diffèrent jusqu'à l'extrémité de recevoir ce sacrement; tandis qu'II n'est pas rare de voir se guérir ceux qui se hâtent de le demander.
Saint Alphonse (1) parle d'un malade, qui ne reçut que fort tard Extrême-Onction, et mourut bientôt après.
Or, Dieu fit connaître, dit le saint Docteur, par voie de révélation, que s'il eût reçu ce Sacrement plus tôt, il aurait recouvré la santé.
Toutefois l'effet le plus précieux des derniers sacrements est celui qu'ils produisent sur l'âme: ils la purifient des restes du péché et lui !ôtent, ou du moins diminuent ses dettes de peines temporelles, ils la fortifient pour supporter saintement les souffrances, ils la remplissent de confiance en Dieu et l'aident à accepter la mort des mains de Dieu, en union avec celle de Jésus-Christ.
1) Praxis confess, n. 274.

Charles-Edouard
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Le Dogme du Purgatoire illustré par des Faits et des Révélations - Page 2 Empty Re: Le Dogme du Purgatoire illustré par des Faits et des Révélations

Message par Charles-Edouard Lun 29 Aoû 2016 - 21:42

Chapitre 64

Moyens d'éviter le purgatoite, - La confiance en r Dieu. - S. François de Sales. - S. Philippe de Néri et la sœur Scolastique.

Le cinquième moyen d'obtenir indulgence devant le tribunal de Dieu, c'est d'avoir une grande confiance dans sa miséricorde. J'ai mis, Seigneur, ma confiance en vous, dit le Prophète, et je ne serai point confondu (1). Certes, celui qui a dit au bon larron: Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis, mérite bien que nous ayons en lui une confiance sans bornes. Saint François de Sales avouait, qu'à ne considérer que sa misère, il ne méritait que l'enfer; mais plein d'une humble confiance en la miséricorde de Dieu et dans les mérites de Jésus-Christ, il espérait fermement partager un jour le bonheur des élus. «Et que ferait Notre-Seigneur de sa vie éternelle, disait-il, s'il ne la donnait aux pauvres, petites et chétives créatures comme nous, qui ne voulons espérer qu'en sa souveraine bonté? Vive Dieu! J'ai cette confiance bien ferme au fond du cœur:, que nous vivrons éternellement avec Dieu. Nous serons un jour tous ensemble au ciel: il faut prendre courage, nous irons bientôt là-haut. Il faut disait-il encore, mourir entre deux oreillers, l'un de l'humble confession que nous ne méritons que l'enfer; l'autre d'une ,entière confiance que Dieu dans sa miséricorde nous donnera son paradis.
Ayant rencontré un jour un gentilhomme, effrayé à l’excès des jugements de Dieu, il lui dit: « Quiconque a un vrai désir de servir Notre-Seigneur et de fuir le péché, ne doit nullement se tourmenter de la pensée.

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de la mort et du jugement. S'il faut craindre l'une et l'autre, ce ne doit pas être- de cette crainte qui abat et déprime le vigueur de l'âme; mais d'une crainte mêlée de confiance, et par cela douce. Espérez en Dieu: qui espère en lui ne sera point confondu.
On lit dans 1a vie de S. Philippe de Néri, qu'étant allé un jour au monastère de Sainte-Marthe, à Rome, une des religieuses, appelée Scolastique, désira lui parler en particulier. Cette fille était tourmentée depuis longtemps d'une pensée de désespoir qu'elle n'avait osé découvrir à personne; mais pleine de confiance dans les lumières du Saint, elle résolut de lui ouvrir son cœur. Lorsqu'elle fut près de lui, avant qu'elle eût ouvert la bouche, l'homme de Dieu "lui dit en souriant: « C'est bien à tort, ma fille, que vous vous croyez dévouée aux flammes éternelles: le paradis est à vous! - Je ne puis le croire,
» mon Père', répondit-elle en poussant un profond soupir. - Vous ne le croyez pas? C'est là votre folie: vous allez le voir. Dites-moi, Scolastique, pour qui Jésus-Christ est-il mort? - Il est mort pour les pécheurs. - Et maintenant, dites-moi, êtes-vous une sainte? -, Hélas! répondit-elle en pleurant, je suis une grande pécheresse. - Ainsi donc, Jésus-Christ est mort pour vous, et assurément c'est pour vous ouvrir le ciel: il est donc ,bien clair que le paradis est à vous.
» Car pour vos péchés, vous les détestez, je n'en ai aucun doute. J) - La bonne religieuse, touchée de ces paroles commença à respirer. La lumière rentra dans son âme, la tentation se dissipa, et depuis ce moment, cette douce parole: Le paradis est à vous, ne cessa de la remplir de confiance et de joie. .
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. de la mort et du jugement. S'il faut craindre l'une et l'autre, ce ne doit pas être- de cette crainte qui abat et déprime le vigueur de l'âme; mais d'une crainte mêlée de confiance et par cela douce. Espérez en Dieu : qui espère en lui ne sera point confondu.
On lit dans la vie de S. Philippe de Néri, qu'étant allé un jour au monastère de Sainte-Marthe, à Rome, une des religieuses, appelée Scolastique, désira lui parler en particulier. Cette fille était tourmentée depuis longtemps d'une pensée de désespoir qu'elle n'avait osé découvrir à personne; mais pleine de confiance dans les lumières du Saint, elle résolut de lui ouvrir son cœur. Lorsqu'elle fut près de lui, avant qu'elle eût ouvert la bouche, l'homme de Dieu lui dit en souriant: « C'est bien à tort, ma fille, que vous vous croyez dévouée aux flammes éternelles: le paradis est à vous! : Je ne puis le croire, mon Père, répondit-elle en poussant un profond sou pir. - Vous ne le croyez pas? C'est là votre folie: vous allez le voir. Dites-moi, Sçolastique, pour qui Jésus-Christ est-il mort? - Il est mort pour les pécheurs. - Et maintenant, dites-moi, êtes-vous une sainte? - Hélas! répondit-elle en pleurant, je suis une grande pécheresse. - Ainsi donc, Jésus-Christ est mort pour vous, et assurément c'est pour vous ouvrir le ciel: il est donc ,bien clair que le paradis est à vous.
Car pour vos péchés, vous les détestez, je n'en ai aucun doute. - La bonne religieuse, touchée de ces paroles commença à respirer. La lumière rentra dans son âme, 1a tentation se dissipa, et depuis ce moment, cette douce parole: Le paradis est à vous, ne cessa de la remplir de confiance et de joie.

Chapitre 65

Moyens d'éviter le purgatoire.- Acceptation sainte de la mort. - Le Père Aquitanus. - S. Alphon8e de Liguori. - La vén. Françoise de Pampelune et la mourante non résignée. Le P. Vincent Caraffa et le condamné. –La sœur Marie de Saint-Joseph et la Mère Isabelle. - S. Jean de la Croix. -Douceur de la mort des Saints.

Le sixième moyen d'éviter le purgatoire, c'est l’acceptation humble et soumise de la mort, comme expiation de nos péchés; c'est l'acte généreux par lequel on fait à Dieu le sacrifice de sa vie, en union avec le sacrifice de Jésus- Christ sur la croix.
Veut-on un exemple de ce saint abandon De la vie entre les mains du Créateur? Le 2 décembre 1638 mourut à Brisach, sur la rive droite du Rhin, le Père Georges Aquitanus, de la Compagnie de Jésus. Deux fois il- se dévoua au service des pestiférés. Il arriva qu'à deux époques différentes la peste exerça ses ravages avec tant de fureur, qu'on ne pouvait guère approcher des malades sans être atteint de la contagion. Tout le monde fuyait et abandonnait les mourants à leur malheureux sort; mais le Père Aquitanus, mettant sa vie entre les mains de Dieu, se fit le serviteur et l'apôtre des malades: il s'employa tout entier à les soulager et à leur administrer les sacrements.
Dieu le conserva durant la première période; mais lorsque la peste eut repris avec recrudescence, et que l'homme de Dieu fut accouru une seconde fois au milieu des malades, le Seigneur accepta son sacrifice.
Alors, quand, victime de sa cl1arité, il était étendu sur son lit de mort, on lui demanda s'il faisait volontiers à Notre-Seigneur le sacrifice de sa vie? -- «Oh! Répondit- il plein de joie, si j'en avais des millions à lui offrit, il sait bien de quel cœur je les lui donnerais. »

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Un tel acte, on le comprend est bien méritoire aux yeux de Dieu. Ne ressemble-t-il pas à l'acte de suprême charité, accompli par les martyrs qui meurent pour Jésus- Christ, et qui efface, comme le Baptême, tous les péchés toutes les dettes ? Personne, dit le Sauveur, ne peut témoigner un plus grand amour, qu'en donnant sa vie pour ses amis (1).
Pour produire cet acte, précieux en cas de maladie, il est utile, pour ne pas dire nécessaire, que le malade connaisse son état et sache que sa fin approche. C'est donc lui causer un grand préjudice, lorsque par une fausse délicatesse, on le tient dans l'illusion. Il faut, dit S. Alphonse dans sa Pratique du confesseur, faire en sorte avec prudence que le malade connaisse le danger de son état.
Si le malade se berce lui-même d'illusions, si au lieu de se remettre entre les mains de Dieu, il ne songe qu'à guérir. Lors même qu'il recevrait tous les sacrements, il se fait à lui-même un tort déplorable.
On lit dans la Vie de la vénérable Mère Françoise du Saint-Sacrement, religieuse de Pampelune (2), qu'une âme fut condamnée à un long purgatoire pour n'avoir pas , eu au lit de la mort, une vraie soumission à la volonté, divine. C'était une jeune personne, d'ailleurs pleine de piété; mais quand la main glacée de la mort voulut cueillir sa jeunesse dans sa fleur, elle éprouva dans sa nature les plus vives résistances, et n'eut pas le courage de se remettre entre les mains, toujours bonnes, de son Père céleste: elle ne voulait pas mourir encore!... Elle n'en mourut pas moins; et la vénérable Mère Françoise, si fréquemment visitée par les âmes des défunts connut que celle-ci eut à expier par de longues souffrances son manque de soumission aux décrets de son Créateur.
(1) Joan. XV, 13.
{2) Par Joachim de Sainte-Marie. Rossign. Merv. 26.

p.339 -
La Vie du Père Caraffa (1) nous fournit un exemple plus consolant. Le P. Vincent Caraffa, général de la Compagnie de Jésus, fut appelé à préparer à la mort un jeune Seigneur condamné au dernier supplice et qui se croyait voué à la mort injustement. Mourir à la fleur de l'âge, quand on est riche, heureux, et que l'avenir nous sourit, c'est dur, il faut l'avouer; toutefois un criminel, en proie aux remords de sa conscience, pourrait s'y résigner et accepter le châtiment pour expier son forfait; mais un innocent!
Le Père avait donc une tâche difficile à remplir. Néanmoins, aidé de la grâce, il sut si bien prendre le malheureux, il lui parla avec tant d'onction des fautes de sa vie passée et de la nécessité de satisfaire à la divine justice, il lui fit si bien comprendre comment Dieu permettait ce châtiment temporel pour son bien, qu'il dompta sa nature révoltée et changea complètement les sentiments de son cœur. Le jeune homme, envisageant son supplice comme une expiation qui lui obtiendrait le pardon de Dieu, monta sur l'échafaud, non seulement avec résignation, mais avec une joie toute chrétienne. Jusqu'au dernier moment, jusque sous la hache du bourreau il bénissait en implorant sa miséricorde, à la grande édification du peuple qui assistait à son supplice.
Or, au moment où sa tête tombait, le Père Caraffa vit son âme monter triomphante au ciel. Il alla trouver aussitôt la mère du condamné, et, pour la consoler, il lui raconta ce qu'il avait vu. Il en était si transporté de joie, que, de retour dans sa cellule, il ne cessait de s'écrier:
Oh! le bienheureux! oh! le bienheureux!
La famille voulait faire célébrer un grand nombre de messes pour le repos de son âme: « C'est superflu, répondit le Père; il faut plutôt remercier Dieu et nous réjouir: car je vous déclare que cette âme n'a pas même
1) Par le Père Bartoli. Rossign. Merv. 97.
p.340
passé par le purgatoire.» - Un autre jour, qu'il était occupé à quelque travail, il s'arrêta tout à coup, changeant de visage et regardant vers le ciel comme s'Il y apercevait un spectacle merveilleux; puis on l'entendit s'écrier: 0 l'heureux sort l O l’heureux sort I Et comme son compagnon lui demandait l’expiation de ces paroles: Eh! mon Père, répondit-il, c'est l'âme du supplicié qui m'est apparue dans la gloire, Oh! que sa résignation lui a été profitable!»
La sœur Marie de Saint-Joseph, une des quatre premières Carmélites qui embrassèrent la réforme de sainte Thérèse, était une religieuse de grande vertu. La fin de sa carrière approchait, et Notre-Seigneur voulant que sa sainte épouse fut reçue en triomphe dans le ciel aussitôt après son dernier soupir, acheva de purifier et d’embellir son âme par les souffrances, qui marquèrent la fin de sa vie.
Les quatre derniers jours qu'elle passa sur cette terre, elle perdit la parole et l'usage de ses sens; elle était en proie à une douloureuse agonie; les religieuses avaient le cœur navré de la voir en cet état. La mère Isabelle de Saint-Dominique, prieure du couvent, s'approchant de la malade, .lui suggéra de faire beaucoup d'actes de résignation et d'abandon entre les mains de Dieu.
Sœur Marie de Saint-Joseph entendit et fit intérieurement ces actes, mais sans pouvoir donner aucun signe extérieur.
Elle mourut dans ces saintes dispositions et, le jour même de sa mort, tandis que la mère Isabelle entendait la messe, priant pour le repos de son âme, Notre-Seigneur lui montra Sa fidèle épouse couronnée de gloire, en lui disant: Elle est du nombre de ceux qui suivent l'Agneau, Marie de Saint Joseph de son côté, remercia la mère Isabelle de tout le bien qu'elle lui avait fait à l'heure de la mort. Elle ajoutai que les actes de résignation, qu'elle lui avait suggérés, lui avaient mérité une grande gloire en paradis, et l’avaient exemptée des peines du purgatoire {1).
Quel bonheur de ne quitter cette misérable vie. Que pour entrer dans la vie véritable et bienheureuse! Tous nous pouvons avoir ce bonheur, en employant les moyens que Jésus-Christ dans sa miséricorde nous fournit pour satisfaire en ce monde et pour préparer parfaitement nos âmes à paraître devant lui. L'âme ainsi préparée est remplie à sa dernière heure de la plus douce confiance: elle a comme un avant-goût du ciel; elle éprouve ce que S. Jean de la Croix a écrit de la mort d'un saint dans la Vive flamme de l'amour:
Le parfait amour de Dieu, dit-il, rend la mort agréable, et y fait trouver les plus grandes douceurs. L'âme qui aime est inondée d'un torrent de délices, lorsqu'elle voit approcher le moment où elle va jouir de la pleine possession de son Bien-Aimé. Sur le point d'être affranchie de la prison du corps qui se brise, iI lui semble 'qu'elle contemple déjà la gloire céleste, et que tout ce qui est en elle se transforme en amour.»
Vie de Ja Mère Isabelle,l. 3. C. 7.

FIN

PROTESTATION DE L'AUTEUR.

Pour nous conformer au décret d'Urbain VIII Sanctissimum, du 15 mars 1525, nous déclarons que, si nous avons cité en ce livre des faits, que nous présentons comme surnaturels, on ne doit attacher à notre opinion qu'une autorité personnelle et privée; l'appréciation de ces sortes de faits appartenant à l'autorité suprême de l'Église.


APPROBATIONS
Ego Josephus Van Reeth, Praepositus Provincialis Socie-tatis Jesu in Belgio, potestate ad hoc mihi facta ab Admodum Reverendo Patre Antonio Anderledy, ejusdem Societatis Praeposito Generali, facultatem concedo, ut opus cui titulus Le Dogme du purgatoire, illustré par des faits et des révé-lations particulières, a Patre F.-X. Schouppe S. J. con-scriptum, et a deputatis censoribus rite recognitum atque approbatum, typis mandetur.
In quorum fidem has litteras manu mea subscriptas et sigillo meo munitas dedi.
Brugis, die 14 aprilis 1888.
J. VAN REETH S. J.
Proep. Prox.
éditeur :
BRUXELLES
SOCIÉTÉ BELGE DE LIBRAIRIE
(SOCIÉTÉ ANONYME)
A. VANDENBROECK, DIRECTEUR
8, RUE TREURENBERG

PARIS
SOCIÉTÉ GÉN. DE LIBRAIRIE CATHOLIQUE
V. PALMÉ, DIRECTEUR GÉNÉRAL
76, RUE DES Sts-PÈRES

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Charles-Edouard
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