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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 14:05

Quelquefois, ce sera un cordonnier qui emploiera du mau-vais cuir et du mauvais fil ; et qui les fera payer comme bons. Ou encore, ce sera un tailleur qui, sous prétexte qu'il ne reçoit pas un assez bon prix de façon, gardera un morceau d'étoffe sans en rien dire. O mon Dieu ! que la mort va faire découvrir de voleurs !... C'est encore un tisserand qui gâte une partie de son fil, plutôt que de prendre la peine de le débrouiller ; ou bien, il en mettra du moindre, et gardera, sans en rien dire, celui qu'on lui a confié. Voilà une femme à qui l'on donnera du chanvre à filer, elle en jet-tera une partie, sous prétexte qu'il n'est pas bien peigné, en garde-ra quelque peu, et, mettant son fil dans un endroit humide, le poids y sera tout de même. Elle ne pense peut-être pas qu'il appar-tient à un pauvre domestique, auquel ce fil ne fera point d'usage, parce qu'il est déjà à moitié pourri : elle sera donc cause des nom-breux jurements qu'il fera contre son maître . Un berger sait très bien qu'il n'est pas permis de mener paître dans ce pré, ou ce bois ; n'importe, si on ne le voit pas, cela lui suffit. Un autre sait que l'on a défendu d'aller ramasser l'ivraie dans ce blé parce qu'il est en fleur ; il regarde si personne ne le voit et il y entre. Dites-moi, M.F., seriez-vous bien contents si votre voisin vous faisait cela ? Non, sans doute ; eh bien ! croyez que celui ........
Si maintenant nous examinons la conduite des ouvriers, il en est une bonne partie qui sont des voleurs. Dans un moment vous en serez convaincus. – Si on les fait travailler à prix faits , soit pour piocher, soit pour miner, ou pour tout autre travail ; ils en massacreront la moitié, et ne laisseront pas que de bien se faire payer. Si on les loue à la journée, ils se contentent de bien travail-ler quand le maître les regarde, et ensuite ils se mettent à causer ou à ne rien faire. Un domestique ne fera pas difficulté de rece-voir et bien traiter ses anis en l'absence de ses maîtres, sachant bien que ceux-ci ne le souffriraient pas. D'autres feront de grosses aumônes, afin d'être considérés comme des personnes charita-bles... Ne devraient-ils pas, au contraire, donner de leur gage qu'ils dissipent si souvent en vanités ? Si cela vous est arrivé, n'oubliez pas que vous êtes obligés à rendre à qui de droit tout ce que vous avez donné aux pauvres, à l'insu et contre le gré de vos maîtres. C'est encore un premier domestique, auquel son patron aura confié la surveillance des autres ou de ses ouvriers, et qui, sur leur demande, leur donnera du vin ou toute autre chose ; fai-tes-y bien attention : si vous savez donner, il faudra savoir rendre, sous peine de damnation. Un homme d'affaire aura été chargé d'acheter du blé, du foin ou de la paille, il dira au marchand : « Faites-moi un billet, sur lequel vous compterez en plus à mon maître quelques bichets de blé, dix, douze quintaux de paille ou de foin que vous ne m'en livrez. Cela ne peut pas faire tort. » Or, si ce pauvre aveugle livre un tel billet, il est obligé de rendre lui-même l'argent que cet homme va faire donner en plus à son maî-tre, sinon, il doit se résoudre à aller brûler en enfer.
Si nous nous tournons maintenant du côté des maîtres, je crois que nous ne manquerons pas d'y trouver des voleurs. En ef-fet, combien de maîtres ne donnent pas tout ce dont ils sont convenus avec leurs domestiques ; qui, voyant arriver la fin de l'année, font tout leur possible pour les faire partir, afin de n'avoir point à les payer. Si une bête vient à périr malgré les soins de ce-lui qui en était chargé, ils lui en retiendront le prix sur son gage de sorte qu'un pauvre enfant aura travaillé toute l'année, et au bout de ce temps se trouvera sans rien : Combien encore, ayant promis de la toile, la feront faire ou plus étroite, ou de plus mauvais fil, ou même la font attendre plusieurs années ; jusqu'au point qu'il faut les appeler en justice pour les obliger à payer. Combien enfin en labourant, fauchant, moissonnant, dépassent les bornes ; ou bien coupent chez leur voisin un scion pour s'en faire un manche de pioche, une riote ou une corde à leur charrette. N'avais-je pas raison de dire, M.F., que si nous examinions de bien près la conduite des gens du monde, nous ne trouverions que des voleurs et des adroits ? Ne manquez pas de vous examiner sur ce que nous venons de dire : si votre conscience crie, hâtez-vous de réparer le mal que vous avez fait, et tandis qu'il en est temps encore, rendez de suite, si vous le pouvez, ou, au moins, travaillez de toutes vos forces à vous mettre en état de restituer ce que vous avez mal acquis : Rappelez-vous aussi de dire dans vos confessions combien de fois vous avez négligé de rendre, quand vous étiez en état de le faire ; car, Dieu vous en donnant la pen-sée, ce sont là tout autant de grâces méprisées. Je vous parlerai aussi d'un vol assez commun dans les familles, où certains héritiers, lors du partage, dissimulent autant de bien qu'ils le peuvent. Ceci est un véritable larcin, et on est obligé à restitution, sans quoi l'on est perdu.
Je vous l'ai dit en commençant, rien n'est plus commun que l'injustice, et rien de plus rare que la restitution : il eu est peu, comme vous voyez, qui n'aient quelque chose sur la conscience. Hé bien ! où sont ceux qui restituent ? Je n'en sais rien. Cepen-dant, M.F., quoique nous soyons obligés de rendre le bien mal ac-quis sous peine de damnation, lorsque nous le rendons, Dieu ne laisse pas de nous récompenser. Un exemple vous le prouvera clairement, Un boulanger, qui avait, depuis plusieurs années, fait usage de faux poids et de fausses mesures, voulant mettre sa conscience en repos, consulta son confesseur, qui lui conseille de faire, pendant quelque temps, le poids un peu plus fort, Le bruit s'en étant répandu, le concours de clients devint très grand, et, quoiqu'il gagnât peu, Dieu permit qu'en restituant, il augmentât considérablement sa fortune.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 14:05

III. – Maintenant, allez-vous dire, nous pouvons espérer connaître, du moins en gros, la manière dont nous pouvons faire tort. Mais comment et à qui faut-il donc rendre ? – Vous voulez restituer ? Eh bien ! écoutez-moi un instant, et vous allez le sa-voir. Il ne faut pas se contenter de rendre la moitié, ni les trois quarts ; mais tout, si vous le pouvez ; sans quoi vous serez dam-nés. Il en est qui, sans examiner le nombre de personnes auxquel-les ils ont fait tort, feront quelque aumône, ou feront dire quelques messes ; et, après cela, ils se croiront en sûreté. C'est vrai, les au-mônes et les messes sont de très bonnes choses ; mais il faut qu'elles soient données de votre argent, et non pas de celui de vo-tre prochain. Cet argent n'est pas à vous ; donnez-le à son maître, et ensuite donnez du vôtre, si vous voulez : vous ferez très bien. Savez-vous comment saint Chrysostome appelle ces aumônes ? les aumônes de Judas et du démon. Lorsque Judas eut vendu No-tre-Seigneur, se voyant condamné, il courut rendre l'argent aux docteurs ; ceux-ci, quoique très avares, ne le voulurent point ac-cepter ; ils en achetèrent un champ pour enterrer les étrangers. – Mais, me direz-vous, quand ceux à qui on a fait tort sont morts, à qui faut-il donc rendre ? Ne peut-on pas le garder ou le donner aux pauvres ? – Mon ami, voilà ce que vous devez faire. S'ils ont des enfants, c'est à eux à qui vous devez donner ; s'ils n'ont point d'enfants, c'est aux parents, aux héritiers ; s'ils n'ont point d'héri-tiers, vous devez aller trouver votre pasteur, qui vous dira ce que vous avez à faire. Il en est d'autres qui disent : J'ai bien fait tort à un tel, mais il est assez riche : je connais une pauvre personne qui en a un bien plus grand besoin. Mon ami, donnez à cette personne de votre bien ; mais rendez à votre prochain le bien que vous lui avez pris. – Il en fera un mauvais usage. – Cela ne vous regarde, pas ; donnez-lui son bien, priez pour lui et dormez tranquille .
Hélas ! aujourd'hui les gens du monde sont si avares, si atta-chés aux biens de la terre, que, croyant n'avoir jamais assez eu, c'est à qui sera le plus adroit et trompera le mieux les autres. Mais vous, M.F., n'oubliez pas que si vous connaissez les personnes à qui vous avez fait tort, quand même vous auriez donné le double aux pauvres ; si vous ne rendez pas au maître ce que vous lui avez pris, vous serez damnés. Je ne sais pas si votre conscience est tranquille, j'en doute bien !... J'ai dit que le monde est rempli de voleurs et d'adroits. Les marchands volent en trompant avec les poids et les mesures ; ils profitent de la simplicité d'une personne pour vendre plus cher, ou pour acheter meilleur marché, les maî-tres volent les domestiques en leur faisant perdre une partie de leurs peines ; d'autres, en les leur faisant attendre un temps considérable, en leur décomptant jusqu'à un jour de maladie, comme s'ils avaient pris leur mal chez un voisin et non à leur ser-vice !... De leur côté, les domestiques volent leurs maîtres, tantôt en ne faisant pas leur ouvrage, tantôt en laissant perdre le bien par leur faute ; un ouvrier se fait payer, tandis que son ouvrage est fait à moitié. Ceux qui tiennent les cabarets ; ces réservoirs d'iniqui-tés, ces portes de l'enfer, ces calvaires où Jésus-Christ est sans cesse crucifié ; ces écoles infernales où Satan enseigne sa doc-trine, où se détruisent la religion et les mœurs. Les cabaretiers, dis-je, volent le pain d'une pauvre femme et de ses enfants en donnant du vin à ces ivrognes, qui dépensent le dimanche tout ce qu'ils auront gagné la semaine. Un granger détournera mille cho-ses à son profit, avant que le maître ne partage, et n'en tiendra pas compte. O mon Dieu ! où en sommes-nous ? Que de choses à exa-miner à l'heure de la mort !... Si leur conscience crie trop fort, ces gens-là iront trouver un ministre du Seigneur. Ils voudraient obte-nir la remise de leur dette ; si, au contraire, on les presse de resti-tuer, ils trouveront mille prétextes pour prouver que d'autres leur ont fait tort aussi, et qu'ils ne le peuvent en ce moment : Ah ! mon ami, je ne sais pas si le bon Dieu va se contenter de vos raisons ? Si vous vouliez retrancher un peu de ces vanités, de ces gourman-dises, de ces jeux ; aller un peu moins au cabaret et à la danse, et redoubler votre travail ; vous auriez bientôt acquitté une partie de vos dettes : Prenez bien garde, si vous ne faites pas votre possible pour rendre à chacun ce que vous lui devez, quelque pénitence que vous fassiez, vous ne laisserez pas de tomber en enfer : vous en êtes sûrs !...
Vous en trouverez d'assez aveugles pour dire que leurs en-fants le feront après leur mort. Vos enfants, mon ami, le feront comme vous le faites. D'ailleurs, voulez-vous que vos enfants aient plus soin de votre âme que vous-même ? Vous serez damné, voilà ce qu'il vous arrivera. Dites-moi, avez-vous donc bien satis-fait à toutes les petites injustices que vos parents avaient faites ? Vous vous en êtes bien gardés ; et vos pauvres parents sont en en-fer, pour n'avoir pas restitué de leur vivant, se fiant trop à votre bon vouloir. Enfin, pour couper plus court, combien en est-il parmi ceux qui m'écoutent que leurs parents ont chargés, il y a peut-être plus de vingt ans, de faire des aumônes, ou bien de don-ner des messes, et aucun ne l'a fait. Ils s'en sont bien gardés ! Ils préfèrent agrandir leurs terres, fréquenter les jeux et les cabarets, acheter des vanités à leurs enfants.
Saint Antonin rapporte qu'un usurier aima mieux mourir sans sacrements que de rendre ce qui ne lui appartenait pas. Il n'avait que deux fils ; l'un craignait Dieu et l'autre, non. Celui qui avait souci du salut de son âme fut si touché de l'état malheureux dans lequel son père était mort, qu'après avoir employé une partie de sa fortune à réparer les injustices paternelles, il se fit moine, pour n'avoir plus à penser qu'à Dieu seul. L'autre, au contraire, dissipa tout son argent en débauches et mourut subitement. La nouvelle en fut portée au religieux, qui se mit aussitôt en oraison. Il vit alors en esprit la terre entr'ouverte, et, dans son centre, un gouffre profond vomissant des flammes. Au milieu de ces flam-mes, son père et son frère brûlaient et se maudissaient l'un l'autre. Le père maudissait son fils ; car, voulant lui laisser plus de biens, il n'avait pas craint de se damner pour lui, et le fils reprochait à son père les mauvais exemples qu'il en avait reçus.
Vous parlerai-je de ceux qui attendent jusqu'à leur mort avant de restituer ? Je vais vous prouver par deux exemples que, le moment venu, ou vous ne le voudrez pas, ou, quand même vous le voudriez, vous ne le pourrez plus. 1? Vous ne le voudrez pas. On raconte que le père d'une nombreuse famille étant sur le point de mourir, ses enfants lui dirent : « Père, vous le savez, ce bien que vous nous laissez n'est pas à nous : il faudrait le rendre. – Mes enfants, leur dit le père, si je rendais tout ce qui n'est pas à moi, il ne vous resterait presque rien. – Père, nous aimons mieux travailler pour gagner notre vie, que si vous étiez damné. – Non, mes enfants, je ne veux pas restituer ; vous ne savez pas ce que c'est que d'être pauvres. – Si vous ne rendez pas, vous irez en en-fer. – Non, je ne rendrai rien. » Il meurt en réprouvé... O mon Dieu ! comme le péché d'avarice aveugle l'homme ! 2? J'ai dit que, quand même vous le voudriez à ce moment, vous ne le pour-rez pas. Il est rapporté par un missionnaire qu'un père, voyant sa fin prochaine, fit venir ses enfants près de son lit, et leur dit : « Mes enfants, vous savez que j'ai fait tort à bien du monde ; si je ne rends pas, je suis perdu. Allez chercher un notaire, pour rece-voir mes dispositions. – Eh quoi ! mon père, lui répondent ses en-fants, voudriez-vous vous déshonorer et nous aussi, en vous fai-sant passer pour un malhonnête homme ? Voudriez-vous nous ré-duire à la misère, et nous envoyer mendier notre pain. – Mais, mes enfants, si je ne restitue pas, je serai damné ! » Un de ses fils impies ne craignit pas de lui dire : « Mon père, vous craignez donc l'enfer ? Allez, l'on s'habitue à tout : dans huit jours, vous y serez accoutumé... »
Eh bien, M.F., que concluons-nous de tout cela ? Que vous êtes fameusement aveugles ! Vous perdez vos âmes pour laisser quelques pouces de terre, ou quelques biens de fortune à vos en-fants, qui, loin de vous en savoir gré, se moqueront de vous, tan-dis que vous brûlerez dans les flammes. Finissons en disant que nous sommes des insensés, de ne penser qu'à amasser des biens, qui nous rendent malheureux quand nous les recueillons, pendant que nous les possédons, quand nous les quittons, et encore pen-dant l'éternité. Soyons plus sages, M.F., attachons-nous à ces biens qui nous suivront dans l'autre vie, et feront notre bonheur pendant des jours sans fin : ce que je vous souhaite...

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 14:05

23ème DIMANCHE APRÈS LA PENTE-CÔTE
Sur la mort du juste



Pretiosa in conspectu Domini, mors sanctorum ejus.
La mort des justes est précieuse aux yeux du Seigneur.
(PS. CXV, 15.)

La mort, M.F., est un juste sujet de trouble et de frayeur pour le pécheur impénitent, qui se voit forcé de quitter ses plai-sirs. Accablé de douleur, assiégé de la pensée du jugement qu'il va subir, dévoré à l'avance par la crainte des horreurs de l'enfer où il va bientôt être précipité, il se voit comme abandonné des créa-tures et de Dieu même. Mais, par une loi toute contraire, la mort remplit de joie et de consolation l'homme de bien qui aura vécu selon l'Évangile, marché sur les traces de Jésus-Christ même, et satisfait à la justice divine par une vraie pénitence. Les justes re-gardent la mort comme la fin de leurs maux, de leurs chagrins, de leurs tentations et de toutes leurs misères ; ils la considèrent comme le commencement de leur bonheur ; elle leur procure l'en-trée à la vie, au repos et à la béatitude éternelle. Mais, M.F., il n'est point d'hommes, et même jusqu'aux plus scandaleux qui ne désirent et ne souhaitent cette précieuse mort. Ce qui est incom-préhensible, c'est que tous nous désirons une bonne mort, et que presque personne ne prend les moyens de se rendre heureux. C'est un aveuglement difficile à expliquer ; cependant, comme je désire ardemment que vous fassiez tous une bonne mort ; je vais vous engager à vivre de manière à pouvoir espérer ce bonheur, en vous montrant 1? les avantages d'une bonne mort, et 2? les moyens de la rendre bonne.

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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 14:05

I. – Si nous devions mourir deux fois, nous pourrions en ex-poser une ; mais l'on ne meurt qu'une fois , et de notre mort dé-pend notre éternité. Là où l'arbre tombe, il reste. Si une personne se trouve, au moment de la mort, dans quelque mauvaise habi-tude, sa pauvre âme, tombera côté de l'enfer ; si, au contraire, elle est en bon état, elle prendra le chemin du ciel. O heureux chemin qui nous conduit à la jouissance des biens parfaits ! Devrions-nous passer par les flammes du purgatoire, nous sommes sûrs d'y arriver. Toutefois, cela dépendra de la vie que nous aurons me-née : il est certain que notre mort sera conforme à notre vie ; si nous avons vécu en bons chrétiens et selon Dieu, nous mourrons de même en bons chrétiens pour vivre éternellement avec Dieu. Au contraire, si nous vivons selon nos passions, dans les plaisirs et le libertinage, nous mourrons infailliblement dans le péché . N'oublions jamais cette vérité qui a converti tant de pécheurs : où l'arbre tombera, il restera pour jamais . Mais, M.F., la mort, par elle-même, n'est pas si effrayante qu'on veut bien le croire, puis-qu'il ne tient qu'à nous de la rendre heureuse, belle et agréable. Saint Jérôme était près de mourir ; ses amis le lui ayant annoncé, il sembla réunir toutes ses forces pour s'écrier : « O heureuse et bonne nouvelle ! ô mort, venez bientôt ! ah ! qu'il y a longtemps que je vous désire ! venez me délivrer de toutes les misères de ce monde ! Venez, c'est vous qui m'allez réunir à mon Sauveur ! » S'adressant aux assistants : « Mes amis, pour ne pas craindre la mort et la trouver douce, il faut marcher dans le chemin que Jé-sus-Christ nous a tracé, et se mortifier continuellement. » En ef-fet, c'est à l'heure de la mort qu'un bon chrétien commence à être récompensé du bien qu'il a pu faire pendant sa vie ; à ce moment, le ciel semble s'ouvrir pour lui faire goûter la douceur des biens célestes. Voici, sur ce sujet, un bel exemple. Saint François de Sa-les visitant son diocèse, fut prié de venir auprès d'un bon paysan malade qui désirait ardemment, avant de mourir, recevoir sa bé-nédiction. En toute hâte, le saint évêque se rendit auprès de lui, et trouva dans ce mourant un jugement encore fort sain. En effet, le malade témoigna à son évêque la joie qu'il avait de le voir, et de-manda à se confesser. Quand il eut fini, se voyant seul avec le saint prélat, il lui fit cette question : « Monseigneur, dois-je bien-tôt mourir ? » Le saint, croyant que la frayeur portait le malade à faire cette demande, lui répondit pour le rassurer, qu'il avait vu des malades revenir de plus loin, et que du reste, il devait mettre sa confiance en Dieu, à qui seul appartient notre vie comme notre mort. – « Mais encore, Monseigneur, croyez-vous que je meure ? » – « Mon fils, à cela un médecin répondrait mieux que moi ; tout au plus, vous dirai-je que votre âme est en fort bon état, et peut-être dans un autre temps, n'auriez-vous pas d'aussi bonnes dispositions. Ce que vous avez donc de mieux à faire, c'est de vous abandonner entièrement à la providence et à la miséricorde de Dieu ; afin qu'il dispose de vous selon son bon plaisir. » – « Monseigneur, reprit le paysan ce n'est pas la crainte de mourir qui me fait vous demander si je mourrai de cette maladie ; mais bien plutôt la crainte de vivre plus longtemps. » Le saint, surpris d'un langage aussi extraordinaire, et, sachant qu'une grande vertu ou une excessive tristesse étaient seules capables de faire naître le désir de la mort, demanda au malade d'où lui venait ce dégoût pour la vie. « Oh ! Monseigneur, s'écrie le malade, ce monde est si peu de chose ! je ne sais comment on peut aimer cette vie. Si le bon Dieu ne nous forçait d'y rester jusqu'à ce qu'il nous en retire, il y longtemps que je n'y serais plus. – Est-ce la souffrance, la pauvreté, qui vous a ainsi dégoûté de la vie ? – Non, Monsei-gneur, j'ai mené une vie fort sereine jusqu'à l'âge de soixante-dix ans où vous me voyez, et, grâce à Dieu, je ne sais pas ce que c'est que la pauvreté. – Peut-être avez-vous eu quelque mécontente-ment de la part de votre femme, ou de vos enfants ? – Point du tout, ils ne m'ont jamais causé le moindre chagrin, et ont toujours cherché à me rendre heureux ; la seule chose que je regretterais en quittant le monde, serait de les quitter. – Pourquoi donc désirez-vous la mort avec tant d'ardeur ? – C'est que j'ai entendu dire dans les prédications tant de merveilles sur l'autre vie et les joies du pa-radis que ce monde est pour moi comme un cachot et une pri-son. » Alors, parlant de l'abondance du cœur, ce paysan ajouta des choses si belles et si sublimes sur le ciel, que le saint évêque se retira ravi d'admiration, et profita lui-même de cet exemple, pour s'animer à mépriser les choses créées et à soupirer après le bon-heur du ciel.

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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 14:06

N'avais-je pas raison de vous dire que la mort est douce et consolante pour un bon chrétien ; car elle le délivre de toutes les misères de la vie et le met en possession des biens éternels. O mi-sérable vie, comment peut-on s'attacher si fort à toi !... Job nous dit en peu de mots ce que c'est que la vie : « L'homme vit fort peu de temps et sa vie est remplie de misères. Comme une fleur, il ne fait que paraître, et déjà se flétrit. Il est comme l'ombre qui passe et s'enfuit . » Il n'y a point, en effet, d'animal au monde qui soit autant que l'homme, rempli de misères. Depuis la tête jusqu'aux pieds, il n’est pas un endroit qui ne soit sujet à toutes sortes de maladies. Sans compter les craintes, les frayeurs de maux qui, le plus souvent, ne nous arriveront jamais. Et la mort, M.F., nous délivre de toutes ces misères . Saint Paul écrivant aux Hébreux leur dit : « Nous sommes ici comme de pauvres bannis, qui n'ont point de cité permanente ; mais nous en cherchons une qui est dans l'autre monde . » Quelle joie, M F. pour une personne qui a été bannie de son pays, et conduite pour de longues années en es-clavage, lorsqu'on lui annonce que son exil est fini, qu'elle va re-venir dans sa patrie, voir ses parents et ses amis ! Or, le même bonheur attend une âme qui aime Dieu, et languit ici-bas, dans le désir d'aller le voir au ciel au milieu des saints, qui sont ses véri-tables parents et amis. Elle soupire donc ardemment après le mo-ment de sa délivrance.
La mort, M.F., est à l'homme de bien ce que le sommeil est au laboureur, qui se réjouit à l'approche de la nuit où il va trouver le repos des fatigues de la journée. La mort délivre le juste de la prison de son corps ; c'est ce qui faisait dire à saint Paul : « Ah ! malheureux homme que je suis ! qui me délivrera de ce corps de mort ? » – « Tirez-moi, mon Dieu, disait le saint roi David, tirez mon âme de la prison de ce corps, parce que les justes m'attendent, jusqu'à ce que vous m'ayez donné ma récompense. Ah ! qui me donnera des ailes comme à la colombe ? » Et l'Épouse du cantique « Si vous avez vu mon bien-aimé, dites-lui que je languis d'amour ! » Hélas ! notre pauvre âme est dans notre corps comme un diamant dans la boue. O heureuse mort, qui nous délivre de tant de misères !... Saint Grégoire rapporte qu'un pauvre homme nommé Préneste, depuis longtemps perclus de tous ses membres, étant près de mourir, pria les assistants de chanter. On lui demanda pourquoi, et ce qui pouvait le réjouir dans l'état où il était. « Ah ! dit-il, c'est que bientôt mon âme va quitter mon corps ! Tout à l'heure je vais être délivré de cette prison ! » Lorsqu'ils eurent chanté un moment, ils entendirent une agréable musique d'anges. Oh ! leur dit le moribond, n'entendez-vous pas les anges qui chantent ? laissez, laissez-les chanter ! » et il mourut. A l'instant, il se répandit autour de lui une odeur si agréable, que la chambre en fut embaumée. Dans cet exemple, M.F., nous voyons s'accomplir à la lettre ce que Dieu dit par la bouche du prophète Isaïe : « Lève toi, Jérusalem ma bien-aimée, réveille-toi, car tu as bu de ma main, jusqu'à la lie, le calice de ma colère..., tous les maux sont venus ensemble fondre sur toi... Écoute, Jérusalem, pauvre cité, tu ne boiras plus à l'avenir le calice de mon indignation... ; revêts-toi de ta force, Sion ; revêts-toi des vêtements de ta gloire... Sors de ta poussière, et romps les fers de ton cou !... »
Qui pourrait comprendre, M.F., la, grandeur des joies de sainte Liduwine ? Après vingt-sept ans de maladie, rongée par un chancre et dévorée par les vers, se voyant à la fin de ses maux, elle s'écrie : « O bonheur ! tous mes maux sont finis !... Heureuse nouvelle ! Précieuse mort, hâte-toi ! Je te désire depuis si long-temps ! » Quelle satisfaction pour saint Clément, martyr, lors-qu'après trente-deux ans de prison et de supplices ; on vint lui an-noncer sa condamnation, à mort ! « O heureuse nouvelle ! s'écrie-t-il, adieu prison, tortures et bourreaux ! voici donc enfin le terme de ma vie et de mes souffrances. O mort, que tu es précieuse, ah ! ne tarde pas !... ; ô mort tant désirée, viens mettre le comble à mon bonheur en me réunissant à mon Dieu !… »
Qu'un chrétien est donc heureux, s'il a le courage de marcher sur les traces de son divin Maître !... Mais en quoi consiste la vie de Jésus-Christ ? Le voici, M.F. Elle consiste en trois choses, sa-voir : les prières ; les actions et les souffrances. Vous voyez que dans sa vie publique, le Sauveur s'est souvent retiré à l'écart pour prier, et qu'il était toujours en action pour le salut des âmes. Or, il faudrait, M.F., que la pensée de Dieu nous fût aussi naturelle que la respiration. Pendant sa vie de prières et d'actions, Jésus-Christ a beaucoup souffert, tantôt la pauvreté, tantôt les persécutions, tan-tôt les humiliations et toutes sortes de mauvais traitements. « Ma vie, nous dit-il par son prophète, a défailli dans la douleur, et mes années dans les gémissements, ma force s'est affaiblie dans la pauvreté . » La vie d'un bon chrétien peut-elle être autre chose que celle d'un homme attaché à la croix avec Jésus-Christ ? Un juste est un crucifié.
Nous voyons que les saints ont trouvé tant de plaisirs dans la douleur, qu'ils semblaient ne pouvoir s'en rassasier. Voyez ce grand pape Innocent Ier : il était couvert d'ulcères des pieds à la tête, cependant il n'était pas encore content, et soupirait sans cesse après de nouvelles souffrances. Il les demandait chaque jour à Dieu par ses prières. « Mon Dieu, disait-il, augmentez mes dou-leurs, des maladies encore plus cruelles, pourvu que vous me donniez de nouvelles grâces ! » – « Pour-quoi, lui disait-on, de-mandez-vous à Dieu un surcroît de souffrances ? vous êtes déjà couvert de plaies. » – « Vous ne savez pas combien est grand le mérite des souffrances. Ah ! si vous pouviez comprendre ce que vaut la douleur, comme vous l'aimeriez ! » Saint Ignace le martyr, crai-gnant que les lions et les tigres ne vinssent à lui lécher les pieds, comme cela arrivait quelquefois, fit entendre ces belles pa-roles : « Quand est-ce que je vous baiserai, bêtes farouches, vous qui êtes préparées pour mon sup-plice ! Ah ! quand vous caresse-rai-je ? Si vous ne voulez pas me dévorer je vous exciterai ; afin que vous tombiez sur moi avec plus de fureur ; je vous presserai pour que vous vous hâtiez de me dévorer. » Il écrivait à ses disci-ples : « Je vous écris pour vous annoncer combien je suis heu-reux ! je vais mourir pour Jésus-Christ mon Dieu ! Tout ce que je vous demande c'est de ne rien faire pour m'arracher à la mort, je sais ce qui m'est avantageux. Je suis le froment de Dieu. Il faut que je sois moulu entre les dents des lions pour devenir un pain digne de Jésus-Christ . »
Entendez encore saint André qui s'écrie à la vue de la croix sur laquelle il va perdre la vie : « O heureuse croix, par toi je vais être réuni à mon Maître ! ah ! bénite croix, reçois-moi entre tes bras ; puisque, de tes bras, je serai reçu entre ceux de mon Dieu. » La foule, voyant ce bon vieillard attaché à la croix ; voulait mettre en pièces le proconsul et détacher le saint. « Non, mes enfants, leur cria saint André du haut de sa croix, laissez-moi, laissez moi terminer une vie si misérable, puisque, de là, je vais à mon Dieu . » Saint Laurent est étendu sur un gril de fer, les flammes qui, autrefois, ont épargné les trois enfants dans la fournaise de Babylone, le brûlent impitoyablement. Il est déjà rôti d'un côté, et pour toute récompense il demande d'être retourné de l'autre côté ; afin que, dans le ciel, toutes les parties de son corps soient égale-ment glorieuses. Sans doute, M.F., cet exemple est un miracle de la grâce, qui est toute-puissante dans celui qui aime Dieu ; mais voyez sainte Paule. Cette dame romaine était torturée par de vio-lentes douleurs qu'elle éprouvait dans l'estomac, elle aima mieux mourir, que de boire une goutte de vin qu'on voulait lui faire prendre . Saint Grégoire nous rapporte ce trait d'un pauvre mais célèbre mendiant ; qui, étant demeuré plusieurs années paralyti-que, ne pouvant se remuer sur la paille où il couchait, souffrait des douleurs inconcevables, et, cependant, ne cessa pas un instant de sa vie de bénir Dieu. Il mourut en chantant ses louanges.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 14:06

Ah ! dit saint Augustin, qu'il est consolant de mourir avec la conscience en paix ! Le repos de l'âme et la tranquillité du cœur sont les dons les plus précieux que nous puissions obtenir, nous dit le Saint-Esprit, il n'y a point de plaisir comparable à la joie du cœur . Le juste, dit le même Docteur, ne craint pas la mort, puis-qu'elle va le réunir à son Dieu et le mettre en possession de tontes sortes de délices. Voyez la joie que les saints font paraître en al-lant à la mort... Voyez, nous dit saint Jean Chrysostome, l'intrépi-dité et la joie avec laquelle saint Paul va à Jérusalem, quoiqu'il soit certain des mauvais traitements qui l'attendent : « Je sais qu'il n'y a pour moi que des tribulations et des chaînes ; je sais les per-sécutions et les maux que j'y souffrirai ; mais, n'importe, je ne crains rien, parce que je suis persuadé que j'ai affaire à un bon maître qui ne m'abandonnera pas. Jésus-Christ lui-même est ma caution et mon garant. » Et voyant pleurer ses disciples, l'apôtre ajoutait : « Que faites-vous, en pleurant et affligeant mon cœur ? car moi, je suis prêt, non seulement à être lié mais à mourir à Jé-rusalem pour le nom du Seigneur Jésus . » Nous ne sommes pas sûrs, il est vrai, d'être comme saint Paul, les amis du bon Dieu ; cependant, quoique pécheurs, si nous avons confessé nos péchés avec un sincère regret, et que nous ayons tâché de satisfaire autant que nous avons pu, par la prière et la pénitence ; mais surtout, si à une grande douleur de nos péchés vient se joindre un ardent amour pour le bon Dieu, nous pouvons avoir confiance : nos pé-chés ont été noyés dans le sang précieux de Jésus-Christ, comme l'armée de Pharaon dans la mer Rouge. M.F., il y avait trois croix sur le calvaire, celle de Jésus-Christ, qui est la croix de l'inno-cence, nous ne pouvons aspirer à celle-là, parce que nous avons péché. Puis, celle du bon larron, la croix de pénitence : ce doit être la nôtre. Imitons le bon larron, qui profita des derniers ins-tants de sa vie, pour se repentir, et, de sa croix monta au ciel. Jé-sus-Christ le lui annonça : « Aujourd'hui même tu sera, avec moi dans le paradis » La dernière croix est celle du mauvais larron ; nous devons la laisser à ces pécheurs qui veulent mourir dans leur péché... Mais, pour nous, M.F., nous pouvons certainement, si nous le voulons bien, être du nombre de ceux qui font une bonne mort.
A la mort, tout nous quitte : biens, parents et amis ; mais ici, ce qui est un supplice pour le pécheur procure au juste une grande joie. Dites-moi quel chagrin, en effet, pourrait éprouver un bon chrétien à sa dernière heure ! Pourrait-il regretter ces biens, qu'il a méprisés toute sa vie ? Son corps ? il le regarde comme un cruel ennemi, qui l'a mis plus d'une fois en danger de perdre son âme. Serait-ce les plaisirs du monde ? Non, sans doute, puisqu'il a pas-sé sa vie dans les gémissements, la pénitence et les larmes. Non, M.F., il ne regrette rien de tout cela. La mort ne fait que le séparer de ce qu'il a toujours haï et méprisé ; c'est-à-dire, le péché, le monde et les plaisirs. En s'en allant, il emporte avec lui tout ce qu'il a le plus aimé : ses vertus et ses bonnes œuvres ; il quitte toutes sortes de misères pour aller prendre possession d'innom-brables richesses ; il quitte le combat pour aller jouir de la paix ; il quitte un ennemi cruel, le démon, pour aller se reposer dans le sein du meilleur de tous les pères. Oui, ses bonnes œuvres le conduisent en triomphe devant Dieu, qui lui apparaît, non comme un juge, mais comme un tendre ami, qui après avoir compati à ses souffrances, ne désire rien autre chose que de le récompenser.
Le prophète Isaïe nous apprend que nos bonnes œuvres iront solliciter la bonté de Dieu, nous ouvriront la porte du paradis, et nous marqueront notre demeure dans le ciel. Il est parfaitement vrai que nos bonnes œuvres nous accompagneront. Voici un bel exemple du pieux roi Ezéchias. Le Saint-Esprit nous montre ce roi orné de tous les mérites du juste. Il s'attache de tout son cœur à la pratique des bonnes œuvres, son intention est pure, le motif de toutes ses actions est uniquement celui de plaire à Dieu. Il observe fidèlement, et avec grand respect, toutes les cérémonies de la loi. Mais qu'arriva-t-il ? Le voici. Tout lui réussit pendant sa vie. Mais à l'heure de sa mort toute sa magnificence et ses richesses, qui étaient très grandes, le quittèrent ; ses sujets les plus fidèles furent forcés de l'abandonner ; tandis que ses bonnes œuvres ne le quit-tèrent point. Par elles, il prie Dieu de lui faire grâce : « Je vous en conjure, Seigneur, souvenez-vous que j'ai toujours marché devant vous avec un cœur pur et droit ; j'ai toujours cherché ce que j'ai cru vous être plus agréable . » Telle est, M.F., l'heureuse fin d'une personne qui a travaillé toute sa vie à bien faire tout ce qu'elle a fait, en vue de plaire à Dieu seul. « Heureux, dit saint Jean, ceux qui meurent dans le Seigneur, car leurs œuvres les sui-vent ! » Oui, M.F., nous emporterons tout ce que nous avons de plus précieux ; les biens qui doivent passer, nous les laisserons sur la terre, et ce qui doit durer éternellement nous suivra. Le solitaire sera accompagné de son silence, de sa retraite et de toutes ses oraisons ; le religieux sera accompagné de ses macérations, de ses jeûnes et abstinences ; le prêtre de tous ses travaux apostoliques : il y verra toutes les âmes qu'il a converties et qui seront sa récom-pense et sa gloire ; le chrétien fidèle retrouvera toutes les bonnes confessions et communions qu'il aura faites, toutes les vertus qu'il aura pratiquées pendant sa vie. Heureuse mort, M.F., que celle du juste ! Écoutez le prophète Isaïe : « Dites au juste qu'il est heu-reux, parce qu'il recueillera le fruit de ses œuvres . »
Vous conviendrez donc que la mort du juste est bien pré-cieuse aux yeux de tous les hommes ; qu'un prêtre aille visiter un tel mourant, sa seule présence l'affermira dans la foi et l'espé-rance ; qu'on lui parle de Dieu et de ses grâces, aussitôt son amour s'enflammera comme une fournaise ardente ; qu'on lui parle des derniers sacrements, ce qui glace un pécheur de frayeur et de crainte, il est inondé d'un torrent de délices ; car son Dieu va venir en son cœur pour le conduire avec lui au paradis. Saint Grégoire nous rapporte que sa tante sainte Tharsille, étant près de mourir, s'écria, transportée : « Ah ! voilà mon Dieu ! voilà mon époux ! » et elle expira dans un élan d'amour. Voyez encore saint Nicolas de Tolentino . Pendant les huit derniers jours de sa maladie, lors-qu'il avait reçu le corps du Sauveur, on entendait les anges chan-ter dans sa chambre ; et quand ces chants eurent cessé, il mourut : les anges l'emmenèrent au ciel avec eux. Heureuse mort que celle du juste !.. Sainte Thérèse ayant apparu toute brillante de gloire à une religieuse de son ordre, elle l'assura que Notre-Seigneur était présent à sa mort, et avait conduit son âme au ciel. Heureuse l'âme qui peut être assistée à la mort par Jésus-Christ lui-même !... Qu'il est doux et consolant de mourir dans l'amitié de Dieu !... N'est-ce pas une première récompense du bien que l'on a pu faire pendant sa vie ?

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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 14:06

II. – Je sais, M.F., que nous désirons tous faire une bonne mort ; mais ce n'est pas assez de le désirer, il faut encore travailler à mériter ce bonheur, ce grand bonheur. Voulez-vous savoir ce qui nous peut procurer ce bien ? Le voici en peu de mots. Parmi les moyens que nous devons prendre pour bien mourir, j'en choi-sis trois, qui, avec la grâce de Dieu, nous conduiront infaillible-ment à une bonne mort. Il faut nous y préparer 1? par une sainte vie ; 2? par une véritable pénitence si nous avons péché, et 3? par une parfaite conformité de notre mort à celle de Jésus-Christ.
On meurt pour l'ordinaire, comme l'on a vécu : c'est là une de ces grandes vérités que l'Écriture et les saints Pères nous affir-ment en maint endroit. Si vous vivez en bons chrétiens, vous êtes sûrs de mourir en bons chrétiens ; mais si vous vivez mal, vous êtes sûrs de faire une mauvaise mort. Le prophète Isaïe dit : « Malheur à l'impie qui ne pense qu'à mal faire, parce qu'il sera traité comme il le mérite : à la mort il recevra le salaire des œu-vres de ses mains . » Il est vrai cependant que l'on peut quelque-fois, par une espèce de miracle, mal commencer et bien finir ; mais cela arrive si rarement que, d'après saint Jérôme, la mort est ordinairement l'écho de la vie ; vous croyez qu'alors vous revien-drez au bon Dieu ? non, vous périrez dans le mal.
Mais si, étant touchés de repentir, vous commencez à vivre chrétiennement, vous serez du nombre de ces pénitents qui atten-drissent le cœur de Dieu et gagnent son amitié. Quoique moins riches, ils ne laissent pas que d'aller au ciel, et c'est d'eux préci-sément que Dieu se sert pour manifester sa miséricorde. Le Saint-Esprit nous dit : « Si vous avez un ami, faites-lui du bien avant votre mort . » Eh ! M.F., pouvons-nous avoir un meilleur ami que notre âme ? Faisons pour elle tout ce que nous pourrons ; car au moment que nous voudrons lui faire du bien, nous ne le pour-rons plus !... La vie est courte. Si vous différez de vous convertir jusqu'à l'heure de votre mort, vous êtes des aveugles ; puisque, vous ne savez ni le moment, ni le lieu où vous mourrez, peut-être sans secours. Qui sait si vous n'irez point paraître cette nuit même, couverts de péchés devant le tribunal de Jésus-Christ ?... Non, M.F., ce n'est pas ce que vous devez faire ; vous devez vous purifier, et vous tenir toujours en état de paraître devant votre juge. Voici un exemple qui vous fera voir que celui qui retarde de jour en jour son retour à Dieu, meurt comme il a vécu. Le cardinal Pierre Damien nous rapporte qu'un religieux avait passé la meil-leure partie de sa vie en chicanes et en disputes avec ses frères. Étant au lit de la mort, ses frères le conjuraient de confesser ses péchés, d'en demander pardon à Dieu et d'en faire pénitence, avec un bon propos de n'y plus retomber, si la santé lui était rendue. Ils n'en tirèrent pas un seul mot. Mais un peu plus tard, ayant repris la parole, il leur parla, et de quoi ? hélas ! de ce qui avait fait le sujet de ses conversations pendant sa vie : de procès et autres af-faires. Ses frères le suppliaient de songer à son âme ; tout fut inu-tile, il se rendormit et mourut ainsi, sans donner le moindre signe de repentir. Oui, M.F., telle vie, telle mort. N'espérez pas un mi-racle que Dieu ne fait que rarement ; vous vivez dans le péché, vous mourrez dans le péché.
Un grand nombre d'exemples nous prouve qu'après une mauvaise vie, nous ne devons pas attendre une bonne mort. Nous lisons dans l'Écriture sainte , qu'Abimélech, prince fier et orgueilleux, s'empara du royaume qu'il devait partager avec ses frères, et les fit mourir afin de régner seul. Comme il attaquait une place, les assiégés s'étant réfugiés dans une tour, il s'en approcha pour y mettre le feu. Une femme qui le vit du haut du rempart, lui jeta une pierre et lui fendit la tête. Ce malheureux se sentant bles-sé, appela son écuyer et lui dit : « Tire ton épée et perce moi le corps... Fais-moi promptement mourir, afin de m'épargner la confusion d'avoir été tué par une femme. » Quelle étrange conduite, M. F : ? Est-il le premier prince qui ait été ainsi blessé ? Pourquoi, donc veut-il que son écuyer le tue ? Hélas ! c'est qu'il n'a été toute sa vie qu'un ambitieux !... Saül venait de livrer ba-taille aux Amalécites, le sort des armées était très incertain ; il se sentait perdu, car il était déjà blessé, et voyait l'armée ennemie prête à fondre sur lui. S'appuyant sur son épée, et voyant venir der-rière lui un soldat, il lui dit : « Viens ici, mon ami, qui es-tu ? » « Je suis un Amalécite. » – « Eh bien ! fais-moi une grâce : jette-toi sur moi et me tue ; parce que je suis accablé de douleur ; je ne saurais mourir, achève-moi . » Et pourquoi, M.F., ce misérable veut-il mourir de la main d'un Amalécite ? Était-ce donc le seul prince qui ait perdu une bataille ? Ne vous étonnez pas de cela, nous répondent les saints Pères, c'est un prince qui, pendant sa vie, s'est livré aux vices, qui s'est laissé dominer par l'envie, l'ava-rice et par toutes sortes de passions. Pourquoi meurt-il d'une ma-nière si déshonorante ? C'est qu'il a mal vécu. Tout le monde sait qu'Absalon avait été toute sa vie désobéissant et rebelle à son bon père. L'heure de sa mort que Dieu avait marquée de toute éternité, étant enfin arrivée, comme il passait sous un arbre, il y resta sus-pendu par les cheveux. Joab le voyant, lui tira trois coups de flè-ches . D'où vient, M.F., la fin malheureuse de ce prince ? sinon que toute sa vie il n'avait été qu'un mauvais fils. Il meurt de cette sorte, parce qu'il avait mal vécu.
Vous voyez donc clairement, M.F., que si nous voulons faire une bonne mort, il faut mener une vie chrétienne et faire pé-nitence pour nos péchés ; il faut exciter en nous, avec la grâce de Dieu, une humilité profonde, dans un cœur plein de regret d'avoir offensé un maître si bon. Mais un troisième moyen, pour nous préparer à bien mourir, c'est de régler notre mort sur celle de Jé-sus-Christ. Quand on porte le bon Dieu à un malade, on porte aus-si la croix ; ce n'est pas seulement pour chasser le démon, mais bien plus, pour que ce Sauveur crucifié serve de modèle au mori-bond, et afin que, jetant les yeux sur l'image d'un Dieu crucifié pour son salut, il se prépare à la mort comme Jésus-Christ s'y est préparé. La première chose que fit Jésus-Christ avant de mourir fut de se séparer de ses apôtres ; un malade doit faire de même, s'éloigner du monde, et se détacher autant qu'il peut des personnes qui lui sont les plus chères pour ne s'occuper plus que de Dieu seul et de son salut. Jésus-Christ sachant que sa mort était proche, se prosterna la face contre terre dans le jardin des Oliviers, en priant avec instances . Voilà bien ce que doit faire un malade aux approches de la mort ; il doit prier avec ferveur, et dans son agonie, s'unir à l'agonie de Jésus-Christ. Le malade qui veut rendre son mal méritoire doit accepter la mort avec joie, ou, du moins, avec une grande soumission à la volonté de son Père céleste ; pensant qu'il faut absolument mourir pour aller voir Dieu, et que c'est là tout notre bonheur. Saint Augustin nous dit que celui qui ne veut pas mourir, porte la marque d'un réprouvé. Oh ! M.F., qu'un chrétien qui a bien vécu est heureux à ce dernier moment ! Il quitte toutes sortes de misères pour entrer en posses-sion de toutes sortes de biens !... Heureuse séparation ! Elle nous unit à notre souverain bien qui est Dieu même !... C'est ce que je vous souhaite.

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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 14:07

Tome 4 des Sermons de saint Jean Marie Vianney

TABLE DES MATIERES

3 MAI INVENTION DE LA SAINTE CROIX
Sur la Croix 2
24 JUIN FÊTE DE SAINT JEAN-BAPTISTE 17
1er AOUT 33
SUR LE MARTYRE DES MACHABÉES 33
15 AOUT FÊTE DE L'ASSOMPTION DE LA STE VIERGE Sur les grandeurs de Marie. 48
8 SEPTEMBRE
FÊTE DE LA NATIVITÉ DE LA STE VIERGE 61
PREMIER DIMANCHE D'OCTOBRE
FÊTE DU SAINT ROSAIRE 75
2 OCTOBRE
FÊTE DES SAINTS ANGES GARDIENS 89
1er NOVEMBRE
FÊTE DE TOUS LES SAINTS Sur la Sainteté 105
DEUXIÈME SERMON POUR LA FÊTE DE TOUS LES SAINTS
Sur le culte des Saints et des saintes Images 116
2 NOVEMBRE
COMMÉMORATION DES MORTS 126
AUTRE SERMON POUR LE JOUR DES MORTS 141
SERMON POUR LA FÊTE DU SAINT PATRON 151
SERMON POUR LA FÊTE DE LA DÉDICACE
Du respect que l'on doit avoir dans les églises 166
SERMON SUR LA RELIGION 182
SERMON SUR LA CONFIRMATION Dispositions qu'il faut avoir pour recevoir ce sacrement. 193
SERMON SUR L'EXTRÊME-ONCTION 206
SERMONS INÉDITS 220
SERMON SUR L'EXAMEN DE CONSCIENCE 220
SERMON SUR LES QUALITÉS
DE LA CONFESSION 238
SERMON SUR LE PÉCHÉ MORTEL 253
SERMON SUR LA COMMUNION INDIGNE 268
SERMON SUR LES DEVOIRS DES PARENTS 284
SERMON SUR LES INDULGENCES 303

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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 14:08

3 MAI

INVENTION DE LA SAINTE CROIX
Sur la Croix


Complacuit reconciliare omnia in ipsum, pacificans per sanguinem crucis ejus, sive quæ in terris , sive quæ in cælis sunt.
Il a plu à Dieu de réconcilier tout par Jésus-christ et en lui, pacifiant par le sang de sa croix ce qui est, soit sur la terre, soit dans les cieux.
(S. Paul aux Coloss., I, 20.)

Qui de nous, M.F., pourra jeter les yeux sur cette croix sainte et sacrée, sur laquelle Jésus-Christ a perdu la vie, sans être pénétré de la plus vive reconnaissance ? Quoi ! M.F., Jésus-Christ égal à son Père meurt pour nous sauver ! O croix sainte ! O croix précieuse ! Sans vous, jamais de ciel sans vous, jamais de Dieu ! sans vous, toujours pleurer dans les enfers ! Sans vous, jamais de bonheur en l'autre vie ! Oui, c'est cette croix qui a fait descendre du ciel le Fils de Dieu, par le désir qu'il avait de mourir sur elle, et de racheter ainsi le monde entier. Que la vue de cette croix rappelle de biens à un chrétien qui n'a pas encore perdu la foi ! Hélas ! qu'étions--nous avant que cette croix fût teinte du sang adorable du Fils de Dieu ! Nous étions bannis du ciel, séparés pour toujours de notre Dieu, condamnés à passer notre éternité dans des flammes, à pleurer et souffrir pendant des jours sans fin. Allons souvent au pied de cette croix, et nous verrons en elle la clef qui nous a ouvert la porte du ciel et fermé celle de l'enfer. O mon Dieu, si tant de biens nous sont donnés par elle, quel respect et quelle estime ne devons-nous pas en faire ! Pour augmenter en vous ce respect, je vais vous montrer 1° les bienfaits que nous recevons de la croix, et 2° l'es-time que nous devons en faire.

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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 14:08

1. – Avant que la croix fût sanctifiée par la mort d'un Dieu fait homme, les démons étaient sur la terre, et, semblables à des lions, dévoraient tout ce qui se présen-tait à eux. Cet esprit de ténèbres l'avoua un jour à saint Antoine, en lui disant que, depuis l'avènement du Mes-sie, il était enchaîné et ne pouvait nuire qu'à ceux qui le voulaient. Saint Antoine, dans toutes ses tentations, si fréquentes et si violentes, n'avait pas d'autres armes que le signe salutaire de la croix . Aussi fut-il toujours victorieux de son ennemi. Sainte Thérèse, par un seul signe de croix, mit en fuite le démon, qui lui apparaissait un jour sous la forme d'une montagne entr'ouverte et prête à l'engloutir. Je n'entrerai pas dans un long détail des biens que nous recevons de la croix. C’est la croix qui nous a valu une éternité de bonheur ; c'est elle qui a changé la colère du Seigneur en un amour infini ; c'est elle qui a arraché les foudres des mains du Père éternel, pour les remplir de toutes sortes de biens et de bénédic-tions. C'est encore la croix qui nous procure nos bonnes pensées, nos bons désirs, les remords de conscience, la douleur de nos péchés passés. Ah ! ce n'est pas encore assez !... C'est par cette croix que nous sommes devenus les enfants et les amis de Dieu, les frères et les membres de Jésus-christ, les héritiers de son bonheur éternel ; c'est encore sur elle qu'a pris naissance cette belle reli-gion qui nous donne, avec ses consolations, l'espérance d'un avenir heureux. De cette croix, les sacrements tirent toute leur efficacité. O belle et sainte croix, que de biens tu nous as mérités ! C'est toi qui fais que le sang adorable de Jésus-christ ruisselle chaque jour sur nos autels pour apaiser la colère de Dieu !... C'est sur la croix, qu'a été semée cette manne céleste, c'est-à-dire l'adorable sacre-ment de l'Eucharistie, qui sera, jusqu'à la fin des siècles, la nourriture de nos âmes. C'est cette croix qui a porté ces raisins mystérieux, dont le jus abreuve notre âme pendant son exil. Le pécheur y trouve sa conversion et le juste la persévérance. O belle et précieuse croix ! que celui qui viendrait souvent à tes pieds serait fort et ter-rible contre les puissances de l'enfer ! De plus, je dis que la vue de la croix fait la gloire des saints dans le ciel, et le désespoir des damnés dans les enfers. En effet, les élus dans le ciel voient que la gloire et le bonheur dont ils jouissent leur sont venus de la croix, et que sur ce bois sacré, a pris naissance cet amour qui doit les eni-vrer éternellement. Au contraire, la seule présence de cette crois fera le désespoir des damnés. Ils se rappelle-ront, qu'elle aurait pu être pour eux l'instrument du salut, un moyen d'éviter le malheur éternel, et une source abondante de secours et de grâces. Ah ! triste souvenir de tant de biens méprisés !…
Ce n'est que par la croix que nous pouvons aller au ciel. II y a différentes espèces de croix : les unes sont intérieures et invisibles, les autres visibles ou sensibles. Les premières s'appesantissent sur tous les mortels sans exception d'un seul ; nous avons chacun la nôtre. Trai-tons cela familièrement. 1° Vous me demandez ce que c'est qu'une croix invisible ? J'entends sous ce nom, par exemple, une violente tentation qui vous poursuit vive-ment pour vous faire tomber dans le péché ; une calom-nie que l'on débite contre vous ; une perte de bien ; un tort que l'on vous fait ; une maladie qui semble ne plus vouloir vous quitter. C'est encore une croix invisible que ces railleries, ces mépris dont on vous couvrira sans relâche. Toutes ces croix sont adoucies, et perdent pres-que toute leur amertume, par la vue de la croix sur laquelle notre bon Sauveur est mort pour nous arracher des griffes du démon. Voulez-vous trouver vos peines légères ou plutôt douces et agréables ? Venez avec moi un instant au pied de la croix, sur laquelle nous avons été enfantés en Jésus-christ. Etes-vous méprisé ? Voyez votre Dieu entre les mains des Juifs, traîné par les che-veux, jeté contre les murs, les yeux bandés, les mains liées derrière le dos, frappé de grands coups de poings et de bâtons, tandis qu'on lui demande qui l'a frappé ? Êtes-vous pauvre ? Eh bien ! voyez ce Dieu dans une crè-che, couché sur un peu de paille. En voulez-vous davan-tage ? Portez vos regards sur la croix, et vous verrez ce Dieu mourir dépouillé de ses vêtements. Êtes-vous calomnié ? Écoutez les blasphèmes et les malédictions que l'on vomit contre un Dieu, venu sur la terre pour l'inonder de bénédictions. Tout ce que l'on dit contre lui est faux ; et comment se venge-t-il ? En priant pour ceux qui le calomnient. Êtes-vous dans les souffrances, les infirmités ? Levez vos yeux sur cette croix, considérez votre Dieu attaché, mourant de la mort la plus cruelle et la plus douloureuse. Mon Père, pardonnez, de grâce, à ceux qui me font mourir : c'est pour eux que je perds la vie, c'est pour leurs péchés que je souffre. Que souf-frons-nous, mes amis, si nous le comparons à ce que Jésus-Christ a enduré pour nous ?
Ah ! M.F., que les saints connaissaient bien mieux que nous le prix des souffrances !... Voyez saint Jean de la Croix, frappé par ses religieux jusqu'à tomber dans son sang. Notre-Seigneur lui apparaît et lui dit : « Jean, que veux-tu que je te donne, pour tout ce que tu souffres avec tant d'amour ? » – « Ah ! Seigneur, de grâce, ne diminuez pas mes souffrances ; mais, au contraire, faites pour toute récompense, que je souffre toujours davan-tage, puisque vous, l'innocence même, avez enduré tant de tourments ». Saint Bernard ne pouvait regarder la croix sans verser des larmes en voyant ce qu'un Dieu avait souffert pour nous. Écoutez ce que Jésus-Christ dit un jour à saint Pierre, martyr, lorsqu'il se plaignait des outrages qu'on lui faisait : « Et moi, Pierre, qu'ai-je fait lorsqu'on m'a crucifié ? » Oui, M.F., au pied de la croix nous apprendrons ce qu'est le péché, le prix de notre âme et l'amour d'un Dieu pour les hommes. C'est au pied de la croix que nous trouverons les plus douces consolations dans nos peines, les plus grandes forces dans nos tentations, et à l'heure de la mort, la plus ferme confiance. Venons donc souvent au pied de cette croix répandre notre cœur et nous y apprendrons ce qu'un Dieu a fait pour nous, et ce que nous devons faire pour lui.
2° J'ai dit en premier lieu qu'au pied de la croix nous apprendrons ce qu'est le péché, et l'horreur que nous devons en avoir. Le feu de l'enfer, il est vrai, semble nous faire comprendre quelque chose de son énormité, puisque, pour une seule pensée d'orgueil qui aura duré à peine une ou deux minutes, si nous mourons dans ce péché, nous serons condamnés à aller brûler dans les brasiers allumés par la colère d'un Dieu Tout-Puissant . Une personne aura volé cinquante sous ou trois francs à son voisin ; si, le pouvant, elle ne l'a pas rendu, ce péché seul la précipitera pour jamais dans les abîmes . Et ainsi de tous les autres péchés : cela fait frémir .... O mon Dieu, que l'homme qui le commet est aveugle ! Mais plus aveugle encore est celui qui l'a commis, et, se voyant dans cet état, pousse la fureur jusqu'à y rester. Cependant j'ose vous dire que l'amour d'un Dieu mou-rant sur la croix, nous montre d'une manière encore plus sensible, la malice et la fureur du péché. En effet, si nous considérons tout ce que Jésus-Christ a souffert pour l'ex-pier : les humiliations, les outrages, les blasphèmes qu'on a vomis contre lui, son crucifiement et sa mort, l'on peut dire : Il n'y a que Dieu pour savoir ce qu'est le péché.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 14:08

En second lieu, j'ai dit que la croix nous montre l'amour infini d'un Dieu pour ses créatures. Ah ! mes enfants, nous dit-il du haut de la croix sur laquelle il est cloué ; voyez si vous pouvez trouver un amour semblable au mien ; pouvais-je faire plus, que de mourir pour vous ? Ah ! si nous regardions cette croix avec les yeux de la foi, pourrions-nous ne pas nous écrier comme saint Paul : O croix sainte et sacrée ! ô croix d'amour, que de biens vous nous apportez ! Ah ! mes enfants, vous n'aimeriez pas votre Dieu ! Oui, M.F., si nous aimions véritablement notre Dieu, nous ne vivrions que pour lui ! En cela je veux dire que nous devons le prendre pour modèle, être contents de nous voir humiliés, méprisés, calomniés, et loin de nous venger, regarder tout cela, au contraire, comme venant de la main de Dieu, et comme une grande grâce qu'il nous accorde. Si vous vouliez imiter Jésus-Christ, vous fuiriez les plaisirs, les bals, les danses, les jeux et les cabarets ; car Jésus-Christ a condamné tout cela, par l'exemple d'une vie pénitente et retirée. Imitez Jésus-Christ et vous ne craindrez point la mort ; au contraire, ce sera un bonheur puisqu'elle vous réunira à lui. Si vous vivez sans vous attacher aux choses de la terre, votre cœur sera tout pour le ciel.
J'ai dit ensuite, M.F., que la croix fera toute la con-solation du chrétien qui l'aura portée avec joie pendant sa vie. En effet, où sera votre ressource dans ce terrible moment qui décidera de votre sort éternel ? Où porterez--vous vos regards, où adresserez-vous vos soupirs et vos prières, si ce n'est vers la croix ? Qu'exposera-t-on à vos yeux, que mettra-t-on entre vos mains, que vous appli-quera-t-on sur les lèvres ? Rien autre, M.F., que la croix. Quel nom vous fera-t-on prononcer dans ce mo-ment ? Le nom de Jésus et de Jésus crucifié. Oh ! quelle consolation pour un chrétien de tenir en mourant une croix entre ses mains, si elle a été pendant sa vie le sujet de ses méditations et de son amour ! Alors il pourra dire à son Juge : « Seigneur, vous voyez que je n'ai jamais fui ou méprisé votre croix ; je l'ai portée avec plaisir ; les humiliations, les injures et les souffrances, loin de m'abattre et me décourager, m'ont rempli de joie et de courage. » O mon Dieu, si nous pouvions com-prendre combien les croix nous sont un grand bienfait de votre main ! Ne perdons jamais de vue, M.F., qu'à la mort, la croix sera notre seule ressource. Mais aussi quel désespoir pour celui qui, à sa dernière heure, verra cette croix qu'il aura méprisée pendant sa vie et dont il aura rougi par crainte d'une raillerie ! Quel désespoir lorsque Jésus-Christ va confronter sa vie avec celle de ce pécheur ! Lorsqu'il opposera son humilité et les mépris qu'il a endurés, à l'orgueil de ce pécheur, sa pauvreté à l'ava-rice, sa pureté aux actions infâmes, le pardon de ses ennemis aux vengeances, ses pénitences et ses larmes aux plaisirs, ses jeûnes aux gourmandises de ce misé-rable ! Que deviendront alors ces pauvres malheureux, qui, pendant leur vie, n'auront eu aucun trait de ressem-blance avec leur Sauveur ?... 0 mon Dieu ! peut-on penser à cela, et ne pas mourir de douleur !... Un Dieu vit et meurt dans les souffrances, et un chrétien, quoique chargé de péchés, ne veut rien souffrir !... Hélas ! que de repentirs à l'heure de la mort ! mais il sera trop tard.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 14:08

II. – Je vais vous parler maintenant des croix visibles, et vous donner la raison de leur multiplicité, de leur bénédiction et de si grands honneurs que l'Église leur rend. Si les croix intérieures sont si nombreuses, si les croix visibles, images de celle où notre Dieu est mort, sont aussi en grand nombre ; c'est afin que nous ayons toujours présent à la pensée que nous sommes les enfants d'un Dieu crucifié. Ne soyons pas étonnés, M.F., des honneurs que l'Église rend à ce bois sacré, qui nous procure tant de grâces et de si grands avantages. Nous voyons que l'Église fait le signe de la croix dans toutes les cérémonies, dans l'administration de tous les sacrements. – Pourquoi cela ? me direz-vous. – Mon ami, le voici : c'est que toutes nos prières et tous les sacrements tirent de la croix leur force et leur vertu. Pendant le saint Sacrifice de la sainte Messe, qui est l'action la plus grande, la plus auguste et la plus sublime de toutes celles qui peuvent glorifier Dieu, à chaque ins-tant le prêtre fait le signe de la croix. Dieu veut que nous n'en perdions jamais le souvenir, comme le moyen le plus sûr de notre salut et l'instrument le plus redou-table au démon. Il nous a même créés en forme de croix, afin que tout homme fût l'image de cette croix, sur la-quelle Jésus-Christ est mort pour nous sauver. Voyez comme l'Église s'empresse d'en multiplier le nombre elle en fait l'ornement spécial de nos églises, de tous ses autels ; elle les place sur les endroits les plus élevés, pour nous montrer le triomphe remporté sur l'ennemi de notre salut. Quoi de plus touchant que ce monument glorieux, qui nous met devant les yeux l'abrégé de toutes les souffrances de notre bon Sauveur ? Ne semble--t-il pas nous dire : Voyez, mes enfants, ce que j'ai fait pour mériter vos hommages ! O mon Dieu, un tel spec-tacle n'est-il pas capable de toucher le cœur le plus dur et le plus enfoui dans les ordures du péché ? 0 mon Dieu, qu'un cœur tant soit peu sensible y trouve de consolations et de larmes ! Un chrétien pourrait-il jeter les yeux sur ce bois sacré, sans sentir se réveiller en lui les remords de la conscience, sans reconnaître ce qu'il est et ce qu'il doit faire ?
1° Pourquoi place-t-on des croix près des villes et des villages ? C'est pour montrer la profession publique qu'un chrétien doit faire de la religion de Jésus-Christ, et pour rappeler aux passants qu'ils ne doivent jamais perdre le souvenir de la mort et de la passion du Sauveur. Ce signe salutaire nous distingue des idolâtres, comme autrefois la circoncision distinguait le peuple juif d'avec les infi-dèles. Aussi voyons-nous que dès que l'on veut détruire la religion, l'on commence par renverser ces monu-ments. Les premiers chrétiens regardaient comme leur plus grand bonheur de porter sur eux ce signe salutaire de notre Rédemption. Autrefois, les femmes, les filles portaient une croix dont elles faisaient leur ornement le plus précieux: elles la suspendaient à leur cou, montrant par là qu'elles étaient les servantes d'un Dieu crucifié. Mais, à mesure que la foi a diminué, et que la religion s'est affaiblie, ce signe sacré est devenu rare, ou, pour mieux dire, a presque disparu. Voyez comme le démon entraîne au mal par degré. Elles ont commencé à retran-cher l’image du Crucifié et de la sainte Vierge, et se sont contentées de porter une croix qu'elles appellent papillon. Après cela, le démon les a poussées plus loin : elles ont pris pour remplacer ce signe sacré, une chaîne, qui n'est autre chose qu'un ornement de vanité, et qui, bien loin d'attirer sur elles les bénédictions du Ciel, ne fait, au contraire, que les engager dans les voies et les embû-ches du démon. Voyez la différence, entre une chaîne et une croix : par la croix, nous sommes devenus en-fants libres ; par la croix, Jésus-Christ nous a délivrés de la tyrannie du démon, où le péché nous avait conduits. La chaîne, au contraire, est un signe d'esclavage ; c'est--à-dire que par cet instrument de vanité, nous quittons Dieu en nous donnant au démon. Seigneur ! que le monde a changé depuis les premiers chrétiens, qui se faisaient un honneur et une sainte joie de porter ce signe sacré de notre religion !...

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 14:09

2° L'intention de l'Église est que nous ayons tous des croix dans nos maisons, pour ne jamais perdre de vue que nous sommes chrétiens et disciples d'un Dieu cru-cifié. On connaît vite si la religion règne dans une maison, par les croix et les images que l'on y trouve. En entrant dans une maison, je cherche des yeux, tout autour, le signe de notre Rédemption. Si je ne le trouve point, je ne puis m'empêcher de déplorer le malheur de la maison et de ceux qui sont dedans. Oh ! M.F., que la présence et la vue d'une croix est salutaire ! Sou-vent, il ne faut qu'un regard sur un crucifix, pour adoucir les peines les plus profondes et les plus dou-loureuses, pour nous faire faire les sacrifices les plus grands, et pratiquer les vertus les plus sublimes. Qui pourrait encore avoir le courage de satisfaire une passion quelle qu'elle soit, en voyant un Dieu cloué sur une croix ? Qui trouverait trop grande ses souffrances, en considérant un Dieu dont le corps est tout en lambeaux par les coups qu'il a reçus dans sa flagellation ? Qui pourrait trouver difficile la pratique de la vertu, en voyant un Dieu qui n'a rien commandé qu'il n'ait commencé à pratiquer lui-même. Personne donc, ne doit laisser sa maison sans ce signe salutaire, afin que tous ceux qui entrent puissent reconnaître que vous êtes chrétiens, et que vous en faites profession publique. Un chrétien ver-tueux doit avoir un beau crucifix, quelques belles images, et les regarder comme le plus bel ornement et l'honneur de sa maison. De temps à autre portez vos regards sur les images ou le crucifix, faites une petite réflexion sur ce que Jésus-Christ a souffert pour nous et combien il nous a aimés. En voyant l'image de la Sainte Vierge, car vous ne devez jamais laisser vos maisons sans une représentation de cette bonne Mère, priez-la de vous recevoir vous et votre famille sous sa sainte pro-tection. Quand vous considérez les images des saints, pensez aux vertus qu'ils ont pratiquées, aux pénitences qu'ils ont faites pendant leur vie, pour mériter le bon-heur dont ils jouissent maintenant dans le ciel. Que doit-on penser d'une maison où l'on ne trouve ni christ, ni autre signe de religion ? Hélas ! on pense qu'elle est habitée par des gens qui ont perdu la foi, qui sont devenus les ennemis de la croix, et ne sont plus chré-tiens que de nom. Ah ! combien est grand le nombre de ceux qui ne sont plus chrétiens que de nom, et dont la conduite est semblable à celle des païens !
Ah ! me direz-vous, c'est un peu fort ! Nous ne sommes pas fâchés d'être chrétiens, au contraire : expli-quez-nous comment nous n'avons plus que le titre de chrétien ? – Eh ! mes amis, c'est facile. C'est lorsque vous craignez de faire vos actes de religion devant le monde, et que, vous trouvant dans une maison, vous n'osez pas faire le signe de croix avant de manger, ou, bien que, pour le faire, vous vous tournez de l'autre côté, crainte d'être aperçu et raillé ; c'est lorsque, enten-dant sonner l'Angelus, vous faites semblant de ne pas l'entendre, et vous ne le dites pas, de peur qu'on ne se moque de vous. Ou encore, lorsque le bon Dieu vous donne la pensée d'aller vous confesser, vous dites: « Oh ! je n'y vais pas, l'on se moquerait de moi. » Si vous vous comportez de cette manière, vous ne pouvez pas dire que vous êtes chrétiens. Non, mes amis, vous êtes, comme autrefois les Juifs, rejetés, ou plutôt, vous vous êtes séparés vous-mêmes ; vous n'êtes que des apostats ; votre langage le prouve, et votre manière de vivre le manifeste assez clairement. Pourquoi, M.F., avait-on donné le nom d'apostat à l'empereur Julien ? – C'est, me direz-vous, parce qu'il était d'abord chrétien et qu'ensuite il vécut comme les païens. – Eh bien ! mes amis, quelle différence y a-t-il entre votre conduite et celle des païens ? Savez-vous quels sont les vices ordi-naires chez les païens ? Les uns, corrompus par le vice infâme de l'impureté, vomissent de leur bouche toutes sortes d'abominations ; les autres, adonnés à la gour-mandise, ne recherchent que les bons morceaux ou se remplissent de vin ; toute l'occupation de leurs filles n'est que dans la parure et le désir de plaire. Que pensez--vous, M.F., de cette conduite ? – C'est la conduite de personnes qui n'ont point l'espérance d'une autre vie. -Vous avez raison. Et quelle différence y a-t-il entre votre vie et la leur ? Si vous voulez parler franchement, vous conviendrez qu'il n'y en a aucune, et que, par con-séquent, vous n'êtes chrétiens que de nom. O mon Dieu ! que vous avez peu de chrétiens pour vous imiter ! Hélas ! s'il y en a si peu pour porter leur croix, il y en aura aussi bien peu pour vous bénir pendant l'éter-nité.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 14:09

3° On plante des croix bénites dans les champs, et on en place dans les endroits où sont les récoltes : la raison en est que nos péchés semblent continuellement presser la justice de Dieu pour attirer sur nous les fléaux de sa colère ; les grêles, les gelées, les sécheresses, les inon-dations. Comme par la croix le Fils de Dieu nous a réconciliés avec son Père, et nous a mérité les trésors célestes ; l'intention de l'Église est, en les plaçant dans les champs, d'en écarter les calamités. La bénédiction qu'elles reçoivent est pour demander à Dieu de ne pas détourner ses yeux miséricordieux des champs où elles sont plantées, et d'y répandre ses bénédictions. Mais ce n'est pas tout de planter des croix, il faut encore le faire avec piété, avec foi, et surtout ne pas être alors en état de péché ; vous êtes sûrs que si vous les plantez avec de tels sentiments, le bon Dieu bénira vos terres et les garantira de malheur temporel. Si vos croix ne pro-duisent pas l'effet que vous deviez en attendre, ce n'est pas difficile à concevoir, c'est que vous allez les planter sans foi, sans piété ; c'est qu'en les plantant, vous n'avez peut-être pas même dit un Pater et un Ave à genoux ; ou, si vous avez prié, c'est peut-être un genou à terre et l'autre en l'air. Si cela est, comment voulez--vous que le bon Dieu bénisse vos récoltes ? Mais lorsque vous les retrouvez , c'est bien une autre abomi-nation !... Oh ! que la religion a donc perdu de son ancienne beauté ! Oui, ces croix sont vraiment plantées dans des champs de païens, et non de chrétiens. O mon Dieu ! dans quel malheureux siècle sommes-nous donc arrivés !...
Lorsque l'Église institua cette sainte cérémonie, chacun enviait le bonheur de placer ces croix dans son champ, on le faisait avec le respect le plus profond. Lorsqu'on les retrouvait, soit en moissonnant, soit en vendangeant, on se prosternait la face contre terre pour adorer Jésus-Christ, mort sur la croix pour nous, et on exprimait ainsi sa reconnaissance de ce qu'il avait bien voulu conserver et bénir la récolte. Tous, les larmes aux yeux, baisaient le signe sacré de notre Rédemption. Hélas ! mon Dieu, ce n'est plus ainsi que les chrétiens, vous témoignent, leur reconnaissance ! Oserai-je le dire ? Ils imitent Judas et les Juifs ! Ils ressemblent aux Juifs, lorsqu'ils fléchissaient le genou pour insulter sa royauté ; ils imitent Judas, qui le baisa avec une bouche souillée des plus grands crimes. Les uns et les autres ne lui rendaient ce semblant de respect que par dérision ; n'est ce pas là vraiment ce que vous faites quand vous rencontrez une croix ? Au lieu de témoigner à Dieu votre reconnaissance de ce qu'il a bien voulu bénir et conserver les fruits de la terre ; n'est-ce pas une injure que vous lui faites, que de la baiser en riant ? N'est ce pas faire acte de dérision ou plutôt, d'idolâtrie, que de présenter une poignée de blé, comme si vous encensiez la personne qui tient la croix. Allez, malheureux, ou dans ce monde ou dans l'autre, le bon Dieu vous punira. Pères de famille, ne vous avais-je pas dit, il y a deux ans, qu'au moment de la moisson, vous deviez prendre toutes les croix qui sont dans vos champs, afin d'éviter leur Profa-nation ? Ne vous avais-je pas recommandé de les remettre sur vos gerbiers, et, quand vous avez battu votre blé, de les faire brûler, dans la crainte qu'elles ne fussent pro-fanées ? Si vous n'avez pas fait cela, vous êtes très cou-pables ; vous devez ne pas manquer de vous en confesser. Hélas ! qui pourrait compter toutes les horreurs qui se commettent au moment de la moisson, ou des ven-danges, dans ces moments où Dieu, dans sa bonté et sa charité, couvre la terre des dons de sa providence ! L'homme ingrat semble redoubler alors ses injures, et multiplier ses outrages. Comment osez-vous murmurer de ce que vos récoltes manquent, de ce que la grêle ou la gelée vous les enlèvent ? Ah ! plutôt, soyez dans l'étonnement, de ce que, malgré tant de péchés, le bon Dieu veut encore vous donner votre nécessaire, et bien plus qu'il ne faut encore ! O mon Dieu, que l'homme est mi-sérable et aveugle !

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 14:09

4° Le signe de la croix est l’arme la plus terrible contre le démon ; aussi, l'Église veut-elle que, non seu-lement nous l'ayons continuellement devant les yeux, pour nous rappeler ce que notre âme vaut, ce qu'elle a coûté à Jésus-Christ ; mais encore que nous le fassions à tout moment sur nous-mêmes : en nous couchant, lorsque nous nous éveillons la nuit, lorsque nous nous levons, quand nous commençons nos actions, et surtout lorsque nous sommes tentés. Nous pouvons dire qu'un chrétien qui fait le signe de la croix avec des sentiments de piété, c'est-à-dire, bien pénétré de l'action qu'il accomplit, fait trembler tout l'enfer .Une personne tentée qui fait ce signe de notre salut avec une foi vive peut dire qu'elle écrase les démons et réjouit toute 1a cour céleste. Voyez saint Antoine, à qui les démon, faisaient une guerre rude et continuelle ; de quels moyen: se servait-il pour se défendre, sinon du signe de notre Rédemption ? Un jour que les démons le tentaient, il leur dit : « Que vous êtes peu de chose ! moi qui ne suis qu'un pauvre solitaire, pouvant à peine me tenir droit, accablé par la pénitence, d'un seul signe de croix je vous mets tous en déroute ». Il est raconté dans la vie de sainte Justine , que Cyprien le magicien, épris de sa beauté, s'était vendu au démon, pour qu'il employât tous ses artifices afin de la porter au mal. Le démon ne tarda pas à lui avouer qu'il ne pouvait rien sur elle, parce que, à la première tentation, elle faisait le signe de la croix, et qu'ainsi elle rendait ses efforts inutiles.
Mais quand nous faisons le signe de la croix, il faut le faire non par habitude, mais avec respect, avec attention, en pensant à ce que nous faisons. O mon Dieu ! de quel saint tremblement ne serions-nous pas pénétrés, si, en le faisant sur nous, nous nous rappelions que nous pro-nonçons tout ce que nous avons de plus saint et de plus sacré dans notre religion ! Voyez de quelle dévotion nous serions pénétrés, si nous pensions que nous nom-mons les trois personnes de la très sainte et très adora-ble Trinité : le Père, qui nous a créés et tirés du néant comme tout ce qui existe ; le Fils, qui a pris un corps et une âme dans le sein de la très sainte Vierge, qui s'est sa-crifié pour nous sauver tous de l'enfer, et nous mériter un bonheur éternel ; le Saint-Esprit, qui fait de notre cœur son temple, à qui nous sommes redevables de toutes les bonnes inspirations et de tous les bons désirs que nous avons. Voyez. M.F., si vous faisiez toutes ces réflexions combien vous seriez pénétrés d'amour et de reconnais-sance envers ce Dieu en trois personnes, surtout lorsque, entrant à l'église, vous prenez de l'eau bénite. Oh ! s'il en était ainsi, l'on n'entrerait qu'en tremblant. C'est pourquoi, lorsque vos enfants commencent à remuer les bras, il faut bientôt leur faire former ce signe sacré, et leur en inspirer le plus grand respect.
5° Vous me demanderez peut-être ce que veulent dire ces mots : Invention de la sainte Croix, Exaltation de la sainte Croix ? Mes amis, ce sont deux fêtes dont l'une se fait le 3 mai, et l’autre le 14 septembre. Voici l'origine de la première : Il y avait 326 ans que Jésus-christ était mort , l'empereur Constantin combattant contre le tyran Maxence, vit dans les airs une croix plus brillante que le soleil, et sur laquelle étaient écrites ces paroles : « Par ce signe, tu seras victorieux de ton ennemi. » L'empereur, frappé d'un tel prodige, fit aussitôt peindre ce signe sacré sur ses armes et ses drapeaux, et rem-porta une victoire éclatante. Sainte Hélène, sa mère, conçut envers la croix de Jésus-christ une telle dévo-tion, qu'elle ne se donna plus de repos qu'elle ne l'eût trouvée. Elle alla donc à Jérusalem. Dieu lui ayant fait connaître le lieu où elle était, après de pénibles recher-ches, elle la trouva ainsi que les deux autres croix des larrons. Afin de distinguer quelle était celle du Sauveur, on apporta un mort qui, étant mis sur les deux premières, ne ressuscita point. Mais lorsqu'on l'eut déposé sur la troisième, le mort se leva et se mit à marcher . Cette croix a été la source d'un nombre infini de mira-cles. Saint Jean Chrysostome l'appelle l'espérance des chrétiens, la résurrection des morts, la consolation des pauvres, l'espoir des riches, la confusion des orgueilleux et le tourment de l'enfer. O mes enfants, nous dit saint Epiphane, gravons ce signe salutaire sur le sommet de nos portes, sur nos fronts, sur notre bouche, sur notre poi-trine ; revêtons-nous souvent de cette armure impéné-trable contre le démon. Ne restons jamais sans avoir sur nous ce signe sacré. Dieu, pour nous montrer com-bien il tenait à ce que le bois sacré sur lequel il est mort, fût vénéré dans tout l'univers comme une source de bénédiction, a permis que, pendant plusieurs siècles, le bois de la sainte croix ne diminuât pas, malgré que l'on en prît sans cesse. Dans la suite, lorsque cette sainte relique eut été exposée dans tout le monde chrétien, elle diminua ; maintenant il est à croire qu'il n'y a pas de pays où l'on ne possède un morceau de ce bois sur laquelle Jésus-christ a opéré notre salut. Telle est l'ori-gine de cette fête qui s'appelle l'Invention de la sainte Croix, parce que c'est le jour qu'elle a été trouvée par sainte Hélène, mère de l'empereur Constantin. La fête que l'on célèbre le 14 septembre, rappelle que cette sainte croix étant restée quatorze ans chez les Barbares, qui l'avaient enlevée de Jérusalem, l'empereur Héraclius, victorieux des Perses, formula dans le traité de paix qu'on lui rendrait ce bois sacré. On le rapporta en triomphe à Jérusalem, et voilà pourquoi l'on fait, le 14 septembre, la fête de l'Exaltation de la sainte Croix.
Les saints, M.F., ont tous aimé la croix, ils y ont trouvé leur force et leur consolation. Voyez sainte Lidu-wine à qui trente-huit ans de souffrances ne semblent qu'un éclair, tant son cœur se dilate dans cette source d'amour ... – Mais, me direz-vous, faut-il donc avoir toujours quelque chose à souffrir ? tantôt la maladie ou la pauvreté ; tantôt la médisance ou la calomnie ; une perte de bien ou une infirmité ? – On vous calomnie, mon ami, on vous accable d'injures: on vous fait tort, tant mieux. C'est bonne marque ; ne vous tourmentez pas: vous êtes dans le chemin qui mène au ciel. Savez-vous quand il faudrait pleurer ? Je ne sais pas si vous le compren-drez ; mais ce serait précisément si, au contraire vous n'aviez rien à souffrir, que tout le monde vous estimât et vous respectât ; vous devriez porter envie à ceux qui ont le bonheur de passer leur vie dans la souffrance, les mépris et la pauvreté. Oubliez-vous donc que, dans votre baptême, vous avez accepté une croix, que vous ne devez quitter qu'à la mort, et que c'est la clef dont vous vous servirez pour ouvrir la porte du ciel ? Oubliez-vous donc ces paroles du Sauveur : « Mon fils, si vous voulez venir après moi, prenez votre croix et suivez-moi, » non un jour, non une semaine, ni une année, mais toute votre vie ? Les saints avaient peur de passer quelques ins-tants sans souffrir, parce qu'ils regardaient ce temps là comme perdu. D'après sainte Thérèse, l'homme n'est en ce monde que pour souffrir, et dès qu'il cesse de souffrir, il doit cesser de vivre. Saint Jean de la Croix demande à Dieu avec larmes, pour toute récompense de ses travaux, de lui faire la grâce de souffrir toujours davantage.
De tout cela, M.F., que devons-nous conclure ? Le voici. Prenons la résolution de porter un grand respect à toutes les croix qui sont bénites, et qui nous représen-tent en abrégé tout ce que notre Dieu a souffert pour nous. Rappelons-nous que de la croix découlent toutes les grâces qui nous sont accordées, et que, par conséquent, une croix bénite est une source de bénédictions ; que nous devons faire souvent sur nous le signe de la croix, et toujours avec un grand respect ; et enfin, que jamais nos maisons ne restent dépourvues de ce symbole salu-taire. Inspirez à vos enfants, M.F., le plus grand res-pect pour la croix et, sur vous-mêmes, ayez toujours une croix bénite, elle vous gardera du démon, du feu du ciel et de tout danger. Ah ! M.F., que cette croix donne de forces à ceux qui ont la, foi !... Qu'à la vue de cet instrument de salut les souffrances sont peu de choses !... O belle et précieuse Croix ! que d'heureux vous faites, même en ce monde, et que de saints pour l'autre !... Ainsi soit-il.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 14:09

24 JUIN
FÊTE DE SAINT JEAN-BAPTISTE

Mirabilis Deus in sanctis suis.
Dieu est admirable dans ses saints.
(Ps. LXVII, 36.)

Tel fut le langage du Prophète-Roi, en considérant la grandeur des biens et des grâces que Dieu accorde à ceux qui l'aiment. Oui, sans doute, M.F., tout ce que Dieu a fait est admirable : tout nous annonce un Dieu infini en sagesse, en puissance, en miséricorde et en toute sorte de perfections. Mais, nous pouvons affirmer que dans ses saints il a fait quelque chose de plus particulier, ou, pour mieux dire, il a voulu retracer en eux toutes les vertus que Jésus-Christ son Fils a pratiquées pendant sa vie mortelle. En effet, voulons-nous con-naître quelle a été sa vie cachée ? Allons trouver ces anciens solitaires dont les cheveux ont blanchi dans les forêts, et nous verrons en eux ses propres vertus. Voulons-nous connaître, du moins en partie, la beauté et l'estime qu'il a fait de la plus belle des vertus, la pureté ? Entrons dans les monastères, et nous verrons des per-sonnes de l'un et de l'autre sexe crucifier sans cesse leur chair, pour conserver en eux une si belle vertu. Voulons-nous connaître sa vie apostolique ? Considérons tous ces apôtres et tous ces missionnaires, qui traver-sent les mers pour annoncer l'Évangile aux idolâtres, qui sacrifient leur santé et leur vie pour sauver ces pauvres âmes. Désirons-nous avoir une idée de la vie souffrante de Jésus-Christ ? Allons trouver ces foules de martyrs, voyons leurs supplices : les uns meurent sur des chevalets ou des brasiers ardents, les autres sont moulus entre les dents des lions, ou encore expirent au milieu des plus affreux tourments. Oui, M.F., il nous semble revoir en tous ces saints, la vie propre de Jésus--Christ. C'est précisément ce qui faisait dire d'avance au saint Roi-Prophète : « O mon Dieu, que vous êtes admi-rable dans vos saints ! » Cependant, M.F., nous pou-vons dire que saint Jean-Baptiste, dont nous faisons la fête, et que nous avons le bonheur d'avoir pour protec-teur particulier, renferme en lui seul toutes les vertus des autres saints. La vie du Sauveur a été tout employée à plaire à son Père, à sauver les âmes et à faire péni-tence : telle aussi a été la vie de saint Jean-Baptiste. La vie de Jésus-Christ a été pure ; pure a été celle de saint Jean-Baptiste. Dès l'âge le plus tendre, il se retira dans le désert, dont il ne sortit que pour combattre le péché et mourir pour son Dieu, avant que son Dieu ne mourût pour lui. Jésus-Christ est mort pour réparer la gloire de son Père : saint Jean est mort pour soutenir les droits de son Dieu. Oh ! M.F., que de vertus l'on découvre dans ce grand saint ! Il est vrai que Marie tient le pre-mier rang après son Fils ; mais nous pouvons dire qu'a-près Marie, saint Jean-Baptiste tient le premier rang. Pour vous engager, M.F., à avoir une grande confiance à cet incomparable saint, je vais vous faire connaître quelques-unes des grâces que le bon Dieu lui a faites, de préférence aux autres élus.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 14:09

Si nous voulons faire l'éloge de certains saints, nous commençons à montrer les vices auxquels ils se sont d'abord abandonnés ; puis nous tâchons de les noyer dans leurs larmes, et de les couvrir par les pénitences qu'ils ont pratiquées pendant le reste de leur vie. Nous voyons d'un côté la faiblesse humaine, et de l'autre la puissance de la grâce. Parlons-nous de sainte Madeleine ? Nous commençons par raconter sa misérable vie, en-suite les larmes qu'elle a versées et les pénitences qu'elle a faites pour apaiser la justice de Dieu. Vous parlons-nous de saint Pierre ? Nous vous disons qu'après avoir eu le malheur de renier son divin Maître, il pleura amèrement, et sa pénitence dura autant que sa vie. Leurs larmes et leurs pénitences nous consolent ; mais cependant leurs péchés nous affligent, parce qu'ils ont offensé un Dieu si bon et qui mérite tant d'être aimé ! Mais, M.F., chez notre bon et grand saint Jean-Baptiste, nous ne trouvons rien qui puisse nous attrister. Tout doit, au contraire, nous réjouir ; car nous ne voyons en lui que du bien et point de mal : il n'a que des vertus et point de péchés. On ne commence à compter les vertus des autres saints et leurs pénitences qu'à partir d'un certain âge ; mais, de saint Jean-Baptiste, nous pouvons commencer à dire des merveilles, même avant sa naissance. Oh ! M.F., qu'il fait bon louer un saint dans lequel nous ne voyons que les vertus les plus sublimes ! Mais la grande difficulté que nous trouvons à faire l'éloge de saint Jean-Baptiste, c'est que ses vertus sont portées à un si haut degré de perfection et tellement au-dessus des connaissances de l'homme, qu'il nous semble témé-raire de vouloir entreprendre d'en dire quelque chose. Ne devrions-nous pas nous contenter de louer et de bénir le Seigneur, qui l'a distingué de tous les autres saints d'une manière si extraordinaire ? Saint Jean-Baptiste est le seul homme qui soit resté si peu de temps sous la tyrannie du péché ; il n'avait encore que six mois, lorsque Jésus-Christ vint lui-même le sanctifier dans le sein de sa mère : grâce qui n'a été accordée qu'à lui seul. L'on dit bien que le prophète Jérémie a été sanctifié dans le sein de sa mère, mais les saints Pères doutent que ce soit de la même manière.
Pour vous donner une idée de la grandeur de notre saint, je vous dirai qu'il fut l'ambassadeur du Père éter-nel, qui l'envoya pour annoncer la venue de son Fils sur la terre. Oui, M.F., ce grand saint fut comme cette belle étoile du matin, annonçant le lever du soleil qui doit réchauffer la terre et ranimer la nature. Le ciel fit tant de cas de saint Jean-Baptiste, qu'il employa tout ce qu'il y avait de plus grand dans sa cour, pour annoncer sa venue. Ce fut ce même ange qui annonça la concep-tion du Sauveur et celle de saint Jean. Ce fut, nous pouvons le dire, un enfant tout céleste : il a été formé dans le sein d'une mère, la plus sainte que la terre ait jamais portée, après la sainte Vierge . Ce fut là plutôt l'ouvrage de la grâce que celui de la nature ; car ses parents étaient fort avancés en âge et hors d'état d'avoir des enfants.
Saint Augustin demande pourquoi l'on célèbre la naissance de saint Jean-Baptiste, tandis que, pour tous les autres saints, la fête ne se célèbre que le jour de leur mort ? « C'est, nous dit-il, que les autres saints n'ont pas été choisis de Dieu ni avant de naître, ni même en naissant, mais seulement dans le cours de leur vie, après bien des combats et des pénitences ; saint Jean-Baptiste, au contraire, a été choisi de Dieu, non seulement en naissant, mais même avant de naître ; avant de voir le jour, il est prophète ; il est encore dans le sein de sa mère, que déjà il reconnaît le Sauveur du monde, lui-même encore dans le sein de la très sainte Vierge. »
Oui, M.F., disons-le, avant que ses yeux fussent ou-verts, il contemplait son Dieu et son Sauveur, promis depuis tant de siècles. Aussi voyons-nous que sa vie a été un prodige continuel. Sa naissance fut semblable à ce beau soleil qui paraît tous les jours, portant de toute part la joie et la fécondité. Son berceau fut comme une montagne de baume, qui répand ses parfums jusqu'aux extrémités de la terre. En effet, quand saint Jean vint au monde, tous ses parents, tous ceux des environs étaient ravis d'admiration ; on les entendait se dire les uns aux autres : « Que va devenir un jour cet enfant ? Vraiment, la main toute-puissante de Dieu est sur lui » Oui, M.F., de quelque côté que nous considérions ce saint, nous ne voyons rien en lui que de grand. 1° Il est grand par le nom de Jean qui lui fut donné ; 2° il est grand par les grâces dont le ciel l'a comblé ; 3° il est grand par la mission que Dieu lui a assignée ; 4° il est grand par les vertus sublimes qu'il a pratiquées ; 5° il est grand devant Dieu ; 6° il est grand devant les hommes ; 7° enfin, il est grand dans sa mort. N'est-ce pas un abîme de grandeurs ? N'ai-je pas raison de vous dire qu'on gagne-rait tout autant de garder le silence, que de vouloir en-treprendre l'éloge d'un si grand saint, tant ses vertus et ses privilèges sont au-dessus des connaissances d'un mortel ! Oh ! Que de grâces, M.F., nous pouvons obtenir du ciel par sa protection !

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 14:10

Je dis donc 1° que saint Jean est grand par le nom que l'ange lui a donné. Ce fut le Père éternel qui lui choisit ce nom, pour nous montrer que cet enfant serait tout céleste. Le nom de Jean signifie grâces, bénédic-tion, privilège extraordinaire. 2° Je dis qu'il est grand par les faveurs que le ciel lui accorda. Le bon Dieu, en effet, ne suivit point les lois ordinaires pour effacer en lui le péché originel : il fut sanctifié dans le sein de sa mère. Saint Ambroise nous dit que la grâce de Dieu l'anime, même avant d'avoir la vie, et saint Pierre Chry-sologue, que Dieu le met dans le ciel avant que ses pieds ne touchent la terre ; il lui donne l'esprit divin avant l'esprit humain, et lui fait présent de sa grâce avant que la nature ait formé son corps. Oui, ajoute ce grand saint, Dieu le fait vivre en lui avant qu'il ne vive de la vie naturelle. Mais si nous voulons avoir de cette grandeur une idée encore plus sublime, il faut considérer que Jésus-Christ lui-même, comme homme, lui a mérité ces grâces, et que la sainte Vierge fut choisie par le Père éternel pour en être la dépositaire. Oh ! M.F., que de grâces, que de vertus, que de grandeurs renfermées dans un seul saint ! ... A peine Jésus-Christ est-il conçu dans le sein de sa mère, qu'il part, ou plutôt il lui com-mande d'aller promptement trouver sa cousine Élisa-beth, afin de sanctifier son précurseur. « Il semble, dit saint Pierre Damien, que le Fils de Dieu n'est venu sur la terre que pour celui-là seul : il laisse tous les autres hommes pour ne chercher que saint Jean. » Il donne une force extraordinaire à sa Mère pour traverser les montagnes de la Judée, ce qu'elle fait avec une vitesse incroyable. A l'arrivée de Marie, sainte Élisabeth et saint Jean-Baptiste sont saisis d'un doux ravissement. Élisa-beth ouvre la bouche pour publier les faveurs que Dieu lui fait par la visite de Marie ; Jean-Baptiste tres-saille de joie, et adore son Dieu et son Sauveur, avant même de le voir des yeux du corps. Ah ! Heureuse sanctification qui a été faite par Jésus-Christ lui-même avec tant de bienveillance et d'empressement !
Mais à cet amour prévenant de Jésus-Christ ajoutons, M.F., les prévenances de Marie, la dispensatrice de ses grâces. Oh ! quel bonheur pour saint Jean-Baptiste, qui, au sortir du sein de sa mère, fut mis entre les bras de la sainte Vierge ! Oh ! M.F., quelle effusion de grâces, pendant les trois mois qu'elle demeura chez sa cousine Elisabeth ! Que de fois n'a-t-elle pas pris cet enfant entre ses bras. Que de fois ne l'a-t-elle pas porté et baisé ? Saint Ambroise nous dit que la sainte Vierge avait tant de pureté et de sainteté, surtout depuis qu'elle avait conçu et enfanté le Fils de Dieu, qu'elle communiquait la pureté à tous ceux qui la voyaient. Il est impossible, dit ce Père, de la regarder sans se sentir brûler d'amour pour cette belle et précieuse vertu. Saint Denis l'Aréopa-gite dit que, même après l'Ascension de Jésus-Christ, elle avait tant de grâces, tant de charmes, tant d'attraits, tant de sainteté ; on voyait en elle tant de majesté et de rayons de la divinité, que tous l'auraient adorée comme une déesse, si la foi ne l'eût défendu . Si donc tous ceux qui la regardaient seulement se sentaient remplis d'une si grande pureté, quelle pureté n'aura-t-elle pas dû communiquer à saint Jean-Baptiste, en le caressant, en l'embrassant, en répandant sur ses lèvres l'esprit de la grâce par son haleine virginale ; car, en ce moment, Jésus et Marie n'étaient pour ainsi dire qu'une personne ? Jésus, dans ces temps heureux pour Marie, ne respirait que par la bouche de Marie ; le souffle et l'haleine de Marie n'étaient que la respiration de Jésus. Si Marie avait tant d'empire sur les âmes après l'Ascension de Jésus-Christ, quel torrent de grâces ne dut-elle pas répandre sur saint Jean, alors que Jésus-Christ était dans son sein ? O heureux enfant ! O heureuse mère ! Que de grâces la visite de Marie vous a procurées ! Ne devons-nous pas croire que le petit cœur de saint Jean fut, dans ces moments heu-reux, un brasier de flammes de l'amour divin ? Mais si tant de grâces sont accordées à sa naissance, que sera--ce donc durant le cours de sa vie ? A chaque instant, Dieu lui donne de nouvelles faveurs ; il les lui donne dès le sein de sa mère, et il ne s'arrêtera que dans le moment où le roi Hérode lui fera trancher la tête, pour la faire porter à l'infâme Hérodiade.
3° Saint Jean-Baptiste est grand par la mission que Dieu le Père lui a assignée de toute éternité. Le Saint--Esprit n'en parle qu'avec des transports d'admiration : il nous apprend que le Père Éternel l'a choisi pour annon-cer aux hommes la venue du Sauveur. Les prophètes et les figures l'ont désigné longtemps d'avance ; mais Jean-Baptiste est lui-même la voix de Dieu criant dans le désert, annonçant au peuple que le royaume des cieux est pro-che, que le Sauveur est déjà sur la terre. Voyant venir à lui le Fils de Dieu, Jean, tout ravi de joie, se tourne vers le peuple en disant : « Voici l'Agneau de Dieu, voici celui qui efface les péchés du monde » Voici le Ré-dempteur du monde, promis et attendu depuis quatre mille ans ; c'est lui-même qui vient racheter les hom-mes... « faites donc de dignes fruits de pénitence ! » Oui, M.F., cet office de précurseur est si relevé, que nous n'avons point de termes pour en parler dignement. Le Père éternel a voulu que saint Jean-Baptiste prit les intérêts de son Fils ; c'est à lui seul qu'il semble vouloir confier le soin de sa cause, comme étant le cœur le plus pur et le plus digne. Mais ce qui augmente presque à l'infini la grandeur de saint Jean-Baptiste, c'est d'avoir eu l'honneur de baptiser son Dieu ; cette mission achève entièrement de mettre le comble à sa gloire. « O mon Dieu ! s'écrie saint Augustin avec des transports d'admi-ration, quelle plus grande gloire pour un serviteur, que celle de baptiser son Sauveur et son Maître ? Quel hon-neur pour une créature de voir à ses pieds son Créa-teur » « Mes enfants, nous dit Tertullien, pour tou-cher le corps adorable de Jésus-Christ, il fallait que saint Jean-Baptiste eût une pureté proportionnée à celle de la sainte Vierge, » ce qui semble le mettre presque au même rang.
4° Saint Jean-Baptiste est grand par les vertus sublimes qu'il a pratiquées. Je ne vous parlerai pas, M.F., de ses vertus intérieures ; c'est un chaos qui n'a point de fond, et que Dieu seul a pu sonder : tout au plus pouvons-nous parler de celles qui ont paru aux yeux des hommes, et qui ont rempli le monde d'étonnement. Si nous voulons considérer sa pénitence, son zèle infati-gable, son détachement et sa grande humilité, nous ne saurons de quelle vertu il faut d'abord parler. Je dis d'abord qu'il sortit de la maison paternelle encore enfant, pour aller dans un désert où il vécut seul, dans la com-pagnie des bêtes sauvages ; il n'avait pour tout vêtement qu'une tunique grossière, faite de poils de chameau. Sa nourriture se composait d'un peu de miel sauvage et de sauterelles . L'eau seule lui suffisait pour boisson, encore en prenait-il si peu que Jésus-Christ nous dit « qu'il ne mangeait ni ne buvait » nous faisant ainsi comprendre qu'il prenait peu de chose pour soutenir sa vie. Nous voyons, il est vrai, beaucoup de saints aller passer le reste de leurs jours dans les bois ; mais ils avaient de quoi se loger et pourvoir à leurs besoins. Saint Jean, nous pouvons le dire, est le seul qui soit entré si jeune dans les forêts. En effet, il aurait eu à peine dix-huit mois, lorsque le roi Hérode conçut le barbare des-sein de faire mourir tous les enfants au-dessous de deux ans. Son père, Zacharie, conseilla à Élisabeth, sa femme, de prendre l'enfant et de fuir, afin d'éviter le massacre. En effet, après toutes les merveilles dont on avait été témoin à sa naissance, il était à craindre qu'on ne le prit pour le Messie. Pour épargner la mort à son enfant, Élisa-beth s'enfuit dans les bois en toute hâte, s'abandonnant ainsi aux mains de la Providence ; mais, hélas ! Quarante jours après, elle mourut ! Les officiers du roi étant venus trouver Zacharie, lui demandèrent où étaient l'en-fant et sa mère ? Le père répondit qu'il ne pouvait le leur dire. Écumant de rage, ils l'assommèrent entre le vesti-bule et l'autel ; car il était alors à prier dans le temple . Mais que va devenir notre saint Jean, n'ayant pas encore deux ans, au milieu d'un bois, sans père, sans mère, sans espérance du moindre secours humain ? Cela vous étonne peut-être, mais ne craignez rien, tout ceci ne se fait que par un ordre exprès de la Providence. Quoique ses parents fussent de grands saints, ils n'étaient pas encore dignes cependant d'avoir soin de cet enfant incomparable ; c'était aux anges qu'était réservé cet honneur. A peine Élisabeth fut-elle morte, que le Père Éternel envoya, non pas seulement un ange, mais une foule d'anges, qui veillèrent à la conservation de cet enfant céleste, jusqu'au moment où il put se suffire à lui-même. Nous savons bien que le Seigneur envoya plusieurs fois à ses saints de quoi secourir leur misère aux uns, des corbeaux, tel qu'à un saint Paul, ermite ; aux autres, des chiens, comme à saint Roch ; des biches, comme à saint Gilles ; il commanda une fois à un ange d'aller porter de la nourriture au prophète Élie, dans le temps que la reine Jézabel le persécutait . Mais pour notre saint Jean, les animaux n'auraient osé approcher de l'ambassadeur du Père Éternel. Ce n'était pas assez d'un ange, il fallait que le ciel entier s'employât pour lui seul. Notre saint est donc privé des bras maternels ; mais tout aussitôt les anges viennent et l'entourent. « O mon Dieu ! s'écrie l'illustre cardinal Baronius, quel prodige de merveilles que cet enfant, qui, même en naissant, étonne le ciel et la terre ! »

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 14:10

Sa pénitence commence presque avec sa vie. Ah ! pauvre enfant, pourquoi faites-vous pénitence ? C'est vrai, il n'est pas le seul qui ait fait pénitence. Quand nous parcourons les vies des Saints, nous y trouvons des rigueurs qui font frémir et confondent notre lâcheté. Les uns passent sept ou huit jours sans boire ni manger ; d'autres, tel qu'un saint Siméon Stylite , vont même jusqu'à quarante jours ; ou bien ils endureront des tourments à faire mourir de frayeur, ici qu'un saint Venance, une sainte Reine, et bien d'autres encore. Néanmoins, nous voyons que tous avaient péché, et tous, par consé-quent, avaient besoin de faire pénitence pour satisfaire à la justice divine. Mais notre saint Jean, pourquoi fait-il pénitence ? Sa voix n'est-elle pas la plus sainte et la plus pure de toutes les vies, après celle de la sainte Vierge ? En voici la raison. Étant l'ambassadeur du Père Éternel pour annoncer la venue de son Fils, il fallait qu'il fût orné des plus sublimes vertus, et que sa seule présence commençât à ébranler et à toucher les cœurs par l'exem-ple d'une vie si innocente et si pénitente. Les larmes et les gémissements sont toute sa nourriture et son occupa-tion ; il n'est aucune vertu qu'il ne pratique au plus haut degré de perfection. Si, après tant d'années de larmes et, de pénitences, il quitte son désert, c'est pour annoncer au peuple et préparer la venue du Messie ; s'il eut tant de courage, c'est qu'il espérait donner sa vie pour son Sauveur, avant que son Sauveur ne la donnât pour lui.
Il fut grand par son zèle. Il parlait avec tant d'ardeur, avec un zèle si enflammé, qu'il étonnait tout le monde. L'on croyait voir en lui le prophète Élie revenu sur la terre et monté sur son char tout de feu, pour convertir les pécheurs les plus endurcis. Rien n'est capable de l'arrêter ; partout où il trouve le vice, il le combat avec un zèle inouï. Il reproche aux pécheurs leur vie hon-teuse, et les menaces de la colère de Dieu s'ils ne font pénitence : « Races de vipères, leur dit-il, qui vous a appris à fuir la colère du Seigneur prête à tomber sur vous ? Faites donc de dignes fruits de pénitence, ne retar-dez plus votre conversion ; car la cognée est au pied de l'arbre, et tout arbre qui ne porte pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu . » « Oui, s'écrie saint Bernard, il était tellement enflammé de l'amour de Dieu, que ses paroles étaient comme des charbons ardents, capables d'embraser les cœurs les plus glacés et de convertir les pécheurs les plus endurcis. » Si on lui demandait ce qu'il fallait faire pour se préparer à la venue du Messie « Que celui, leur disait-il, qui a deux habits en donne un aux pauvres. Que celui qui a du pain en donne à celui qui n'en a point . » Enfin, dans l'ardeur de son zèle, ayant appris que le roi s'abandonnait au vice infâme de l'impureté, il va à la cour, et lui reproche hardiment une vie si honteuse et si indigne. Cependant, il savait très bien que cette démarche lui coûterait la vie ; n'im-porte, la gloire de Dieu est attaquée, cela lui suffit pour que ni les menaces, ni les tourments ne puissent l'arrê-ter ; il foule tout sous ses pieds, il ne se croit au monde que pour défendre les intérêts de son Dieu, et, dès que l'occasion s'en présente, il la saisit. Ah ! plût à Dieu que ses ministres d'aujourd'hui fussent tous dans les mêmes dispositions, et que ni les promesses, ni les menaces ne fussent pour eux un sujet de trahir leur conscience ! Oui, M.F., ce grand saint brûlait du désir de donner sa vie pour son Sauveur. Oh ! si nous avions tous ce bonheur, et si nous faisions pour cela tout ce qui serait en notre pouvoir, que de péchés de moins, que de vertus et de bonnes œuvres de plus ! ...
Il est grand par son détachement des biens de ce monde et le mépris même de la vie. Il a, en quelque sorte, surpassé Jésus-Christ dans sa pauvreté. Si Jésus--Christ n'a pas voulu naître dans une maison qui appar-tînt à ses parents ; cependant, quelque temps après, il est revenu à Nazareth, dans la maison de sa mère. Saint Jean-Baptiste, au contraire, quitta la maison paternelle à l'âge de dix-huit mois environ, et il n'y revint jamais. Le Fils de Dieu fut bien pauvre dans ses vêtements et sa nourriture ; saint Jean-Baptiste, pour ainsi dire, l'a été encore davantage. Le Fils de Dieu avait des habits ordinaires ; lui, n'a qu'une peau de chameau toute héris-sée de poils. La nourriture du Fils de Dieu est un peu de pain ordinaire ; celle de saint Jean-Baptiste est un peu de miel sauvage et quelques sauterelles. Le Fils de Dieu se reposait sur un bien mauvais lit ; saint Jean n'avait que la terre nue. Aussi Jésus-Christ lui-même dit que Jean-Baptiste ne mangeait ni ne buvait, pour nous mon-trer la grandeur de sa pénitence. Le Sauveur du monde avait encore la compagnie de ses parents ; saint Jean-Baptiste n'eut que la compagnie des bêtes sauvages. N'est-il pas vrai, M.F. ? nous sommes forcés de l'avouer, l'on ne peut trouver le fond de cet océan de vertus, et tout ce que nous pouvons en dire n'est rien.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 14:10

Il est grand par son humilité. Jamais, M.F., la terre n'a eu le bonheur de voir un saint aussi humble. Il est, après la sainte Vierge, tout ce qu'il y a de plus grand, et il se compare à tout ce qu'il y a de plus vil et de plus faible sur la terre. Il jouit, aux yeux du monde, de la plus haute réputation : les uns le regardent comme un ange descendu du ciel, les autres le prennent pour le Messie lui-même. En effet, les pontifes et les premiers d'entre les Juifs avaient conçu de lui une si grande idée, qu'ils lui envoyèrent tout ce qu'il y avait de plus consi-dérable dans leur nation, tel que les prêtres et les lévites, pour savoir de lui-même et de sa propre bouche, qui il était. On lui demanda d'abord s'il était le Messie ; car une vie remplie de tant de prodiges, si retirée et si pé-nitente, ne pouvait, à leurs yeux, convenir qu'au Messie. Cet abîme d'humilité leur répond sans détours : « Non. » Ne pouvant se persuader qu'il fût un homme ordinaire, ils lui demandent s'il est Elie ; sachant que ce prophète était un homme de miracles. II dit de nouveau : « Non, je ne le suis pas. » « Mais, lui disent-ils, si vous n'êtes ni le Messie, ni un prophète, dites-nous qui vous êtes, afin que nous rendions raison à ceux qui nous ont en-voyés vers vous. » « Eh bien ! leur répond ce prodige d'humilité, je suis la voix de celui qui crie dans le dé-sert : Préparez les voies du Seigneur, faites péni-tence » Pouvait-il mieux montrer son humilité, di-sant qu'il n'est que le son d'une voix retentissant dans le désert ? Peut-on trouver quelque chose de plus faible et de moindre valeur que le son de la voix ? « Celui qui vient après moi est infiniment plus grand que moi, je ne suis pas même digne de toucher le cordon de ses souliers. » O humilité incomparable ! Il pouvait très bien s'attribuer la qualité de prophète, puisqu'il est envoyé de Dieu pour annoncer la venue de son Fils ; mais, afin de détruire la bonne opinion que l'on avait de lui, il se sert des termes les plus capables de le faire confondre avec le commun des mortels. « Il est aisé, M.F., nous dit saint Augustin, de ne pas désirer les louanges quand on ne veut pas nous les donner ; mais il est difficile de ne pas prendre plaisir à les entendre lorsqu'on les publie devant nous. »
5° Saint Jean-Baptiste est grand devant Dieu, parce que Jésus-Christ lui-même a fait son panégyrique, et qu'il a loué toutes ses belles vertus. Assurément, il y a bien de la différence entre les louanges que donnent les hommes, et celles que Dieu donne lui-même. Tous les hommes sont sujets à se tromper, mais Dieu n'estime et ne loue que ce qui est digne d'être estimé ou loué. O quelle gloire pour notre saint d'avoir été grand devant Dieu ! C'est le plus grand des honneurs. Jésus-Christ en a fait tant d'estime, qu'il n'a pas voulu qu'un homme ordinaire, ni même un ange, fît l'éloge de ses vertus ; il a voulu le faire lui-même : montrant ainsi qu'il n'y avait nulle créature dans le ciel ni sur la terre, capable de le faire dignement. Nous lisons, il est vrai, dans l'Écriture sainte, que Dieu dit, parlant de Moïse, de Joseph, du prophète Nathan et du prophète Élie, qu'ils ont été grands devant les rois de la terre ; mais, pour être grand devant Dieu, saint Jean-Baptiste seul est mis à ce rang. Si j'osais, je dirais que Dieu semble vouloir l'égaler à lui-même. L'ange, messager de l'Incarnation, se sert des mêmes paroles, en parlant à Marie et en parlant à Éli-sabeth : « Le Fils qui naîtra de vous sera grand devant Dieu et devant les hommes. » D'après cela, M.F., n'avais-je pas raison de vous dire que nulle créature n'était capable de faire l'éloge de cet ange terrestre ? Jésus-Christ, il est vrai, a bien loué Madeleine pour avoir embrassé ses pieds ; il a bien loué le Centenier et la Chananéenne, en disant qu'il n'y avait point de foi si grande en tout Israël, mais cela n'est dit que pour quel-ques vertus particulières ; il prend, au contraire, un sin-gulier plaisir à parler de chacune des perfections de notre saint. Écoutez-le quand, s'adressant aux Juifs, il leur parle de sa fermeté : « Qu'êtes-vous allés voir dans le désert ? Un roseau agité par le vent ? » c'est-à-dire un homme ordinaire, qui a pour apanage l'inconstance et la faiblesse, qui plie à tous les vents. Mais non, c'est un homme inébranlable, et inviolablement attaché aux lois de son Dieu. Entendez-le parler de sa pénitence. Qui êtes- vous allé voir ? « Avez-vous vu un homme vêtu délicate-ment » comme les mondains ? « Non, ces personnes se tiennent dans les maisons des grands. » Enfin, pour porter ses louanges comme à l'infini, il dit que « nul d'entre les enfants des femmes ne peut l'égaler . » Que peut--on dire de plus, M.F. ? Quand Jésus-Christ a loué quel-ques vertus, il ne les a jamais mises au-dessus de celles d'autres saints ; mais, quand il loue Jean-Baptiste, il exalte sa sainteté au-dessus de celle de tous les autres hommes. Encore, il finit par assurer que « c'est un pro-phète, et plus qu'un prophète. » Oh ! M.F., que de grâces et que de bénédictions nous obtiendrions, si nous avions le bonheur d'avoir une vraie confiance en ce grand saint ! ...

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 14:11

6° Saint Jean est grand devant les hommes. Plusieurs siècles avant, les prophètes ont annoncé sa naissance, et ils ont employé, en parlant de sa venue, toute l'élo-quence que le Saint-Esprit leur avait donnée. Le pro-phète Isaïe le peint sous la figure d'une voix retentis-sante, qui se fera entendre dans tous les déserts de la Judée . Jérémie le compare à un mur d'airain et à une flèche embrasée, pour nous montrer sa constance et son zèle pour la gloire de Dieu . Malachie l'appelle un ange, pour nous montrer la beauté et la grandeur de sa pureté . « L'opinion que l'on avait de lui était si grande, dit saint Jean Damascène, que tout le peuple le suivait en le prenant pour le Messie. Quand il eut le bonheur de baptiser Jésus-Christ, on lui eût attribué ces paroles qu'on entendit descendre du ciel. « C'est ici mon Fils bien-aimé, » si le Saint-Esprit, qui parut alors sous la forme d'une colombe, n'eût fait connaître le Fils de Dieu en se reposant sur sa tête. » Après sa mort, on a cru voir en la personne de Jésus-Christ, Jean-Baptiste ressuscité. Les Pères de l'Église ne savent en quels termes parler de lui, tant ils trouvent ses mérites au--dessus de leur science. Saint Pierre Chrysologue l'appelle l'école de la vertu, le modèle de la sainteté, la règle de la justice, le martyr de la virginité, l'exemple de la chas-teté, le prédicateur de la pénitence, la voix des apôtres, la lumière du monde, le témoin de Dieu et le sanctuaire de la sainte Trinité. Et pour vous donner une idée de l'estime que l'Église du ciel, et de la terre fait de notre saint, je vous dirai que Dieu avait inspiré à son Église la pensée de célébrer trois messes le jour de sa nais-sance, comme à la naissance du Sauveur ; tant sa vie a de conformité avec celle du divin Maître. Hé bien ! M.F., vous faisiez-vous une telle idée de la grandeur, de la dignité et de la sainteté de notre Jean-Baptiste ? Ah ! mes amis, pourquoi avons-nous si peu de dévotion et de confiance aux saints ? C'est que nous n'avons jamais pris la peine de connaître les vertus et les pénitences qu'ils ont pratiquées, et le pouvoir qu'ils ont auprès du bon Dieu.
7° Enfin, saint Jean-Baptiste est grand par sa mort. Elle est parfaitement conforme à celle de Jésus-Christ. Jésus-Christ a tracé 1e chemin du ciel à tous les saints, quant à saint Jean-Baptiste, il l'a fait marcher devant lui. Jean-Baptiste l'a précédé au désert, avant lui il a embrassé la pénitence extérieure, avant lui il a prêché, avant lui il est mort. Le Sauveur a été délaissé et aban-donné de tous ses amis, excepté de sa sainte Mère ; saint Jean semble l'avoir été encore davantage. Jésus-Christ dans sa passion, est suivi de plusieurs saintes femmes en pleurs ; saint Jean n'est consolé de personne : à l'exemple de son divin Maître, il va mourir dans les tourments et l'abandon universel. Quand le bienheureux saint Étienne fut lapidé par les Juifs, il eut le bonheur d'être encouragé par le Seigneur lui-même, qui ouvrit les cieux, et, par cette brèche, se montra à lui. Saint Jean souffre une mort encore plus amère que saint Etienne, car si Jésus eût voulu consoler saint Jean, il n'aurait pas eu besoin d'ouvrir les cieux ; mais, seule-ment, de faire quelques pas pour venir de Galilée en Judée.
Il aurait pu au moins lui envoyer un ange pour le consoler comme il fit à saint Pierre, qui, ayant été mis en prison dans la même ville de Jérusalem par l'ordre d'Hérode, un ange lui fut envoyé qui brisa ses chaînes, et le rendit sain et sauf aux fidèles . Pourquoi donc, M.F., Jésus-Christ n'agit-il pas de la sorte envers son parent, le plus innocent de tous les saints, le plus aus-tère de tous les confesseurs dans les rigueurs de la péni-tence, le plus chaste parmi les vierges, le plus mortifié et le plus affligé des martyrs dans sa passion et dans sa mort ? Ne vous étonnez pas, M.F., de voir un si grand saint, dont Dieu lui-même a tant fait d'éloges, mourir sans consolation et abandonné à sa dernière heure ; après avoir été pendant toute sa vie une image vivante de Jésus-Christ, il fallait qu'il le fût encore dans sa mort. De même que le Fils de Dieu devait être, à son dernier moment, abandonné de son Père, de même aussi il fal-lait que notre saint fût abandonné de son propre parent. Le zèle que Jésus-Christ fit paraître pour la gloire de son Père, sa liberté de reprendre le vice, lui attirèrent des accusateurs et des faux témoins. Il en fut de même pour saint Jean-Baptiste . Hérode voyant sa liberté à le reprendre, le fit mettre en prison sur la demande d'Hé-rodiade, femme adultère. Ceux qui témoignèrent à faux contre Jésus-Christ étaient des gens méprisables ; ceux qui firent condamner saint Jean-Baptiste, étaient tout ce que la terre avait porté de plus infâme : un roi impu-dique, une femme adultère et sa fille qui n'était pas moins infâme. Pendant que le roi et toute sa cour étaient livrés à la débauche et à l'impudicité, celle-ci dansa avec tant de grâce, que le roi promit de lui donner ce qu'elle voudrait, quand ce serait la moitié de son royaume. L'infâme fille s'adressa à sa mère pour savoir ce qu'elle devait demander au roi. Cette mère adultère, ennemie du plus saint des hommes : « Allez, dit-elle, prenez ce plat, et apportez-moi la tête de Jean. » La malheureuse fille, digne d'une telle mère, va aussitôt trouver le roi. « Donnez-moi, dit-elle, dans ce plat, et sur-le-champ, la tête de Jean-Baptiste. » Le roi sembla avoir horreur de cette demande, mais, ne voulant passer pour inconstant, il commanda au bourreau d'aller trancher la tête à Jean. Cette fille criminelle, plus joyeuse de cette tête, que de la moitié du royaume d'Hérode, s'en va toute triom-phante la porter à sa mère, qui, écumant de rage, ose porter ses mains impures sur la langue du plus saint des enfants des hommes, et, prenant le poinçon dont elle bouclait ses cheveux, la perce et reperce en mille endroits, pour se venger de la liberté qu'avait pris le saint de lui reprocher ses crimes. Hélas ! M.F., qui ne serait pas touché de compassion à la vue de tant de cruautés ! Jésus-Christ fut couvert de son sang à la fla-gellation ; saint Jean-Baptiste ne le fut pas moins dans sa passion, puisque son sang semblait lui avoir fait un second vêtement. Jésus-Christ ne fut plus persécuté après sa mort ; notre grand saint éprouva, même après sa mort, la fureur de ses ennemis. Qui de nous ne serait pas étonné de voir un si grand saint souffrir tant de supplices, sans que Jésus prenne sa défense ? Ah ! M.F., c'est que Dieu voulait élever Jean au plus haut degré de perfec-tion et de gloire. Il voulut que sa vie et sa mort ne fus-sent qu'un martyre continuel. Dieu ne tarda pas à punir les auteurs de la mort de Jean. La fille impudique, traversant un jour une rivière, fut prise, dit-on, entre deux morceaux de glaces qui lui tranchèrent la tête. Quant à Hérode et à l'adultère Hérodiade, accusés par Agrippa d'avoir tramé une sédition, et forcés de s'exiler en Espa-gne, ils moururent l'un et l'autre en chemin, accablés de maux de toute espèce.
Tout ceci nous montre que les souffrances et les per-sécutions ont été et seront toujours le partage des saints et des bons chrétiens, et que nous devons nous réjouir lorsque nous sommes méprisés et persécutés des gens du monde. Demandons, M.F., au bon Dieu, pendant l'octave de cette belle fête, qu'il veuille nous accorder, par l'intercession de notre grand saint, les vertus qu'il a pratiquées pendant sa vie, et surtout son humilité, qu'il a portée à un si haut degré ; sa pureté, qu'il a défendue aux dépens de sa vie ; son détachement des biens ter-restres et son mépris de la mort ; enfin, son union par-faite avec Dieu. Oui, allons nous adresser en toute con-fiance à saint Jean-Baptiste ; rappelons-nous qu'il est encore plus puissant dans le ciel que sur la terre, qu'il nous obtiendra des grâces pour le temps, et la gloire pour l'éternité. C'est le bonheur que je vous souhaite...

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 14:11

1er AOUT
SUR LE MARTYRE DES MACHABÉES


Parati sumus mori, magis quam patrias Dei leges prævaricari.
Nous sommes prêts à mourir plutôt que de violer la loi de Dieu et de notre pays.
(II L. des Machabées, VII, 2 )


Telle fut, M.F., la réponse que fit l'illustre famille des Machabées à Antiochus, ce fameux persécuteur de la reli-gion. Ces jeunes Hébreux répondirent avec courage : « Nous devons à Dieu un amour à toute épreuve, et aucun tourment ne pourra nous faire violer la fidélité que nous lui devons ; nous voici, vous pouvez nous faire souffrir, nos corps sont en votre pouvoir ; mais notre foi, notre amour, vous n'en êtes pas le maître, vous n'avez point d'empire sur nous en cela ; ne vous attendez donc pas à ce que nous fassions quelque chose qui puisse déplaire au Seigneur, nous sommes heureux de mourir. » Ils ne balancent pas, ils sont résolus, avec la grâce de Dieu, de perdre non seulement leurs biens, leur honneur, mais encore leur vie. Voyez-vous le courage de ces anciens martyrs, qui avaient beaucoup moins de grâces que nous ? Non, M.F., ces saints martyrs n'avaient pas vu, comme nous, Jésus-Christ portant sa croix sur le Calvaire ; ils n'avaient pas encore vu ces foules de martyrs, qui, à l'exemple de Jésus-Christ, ont donné leur vie avec tant de courage ; mais c'étaient eux qui traçaient le chemin. Ils n'avaient pas, comme nous, le bonheur d'entendre la voix de Jésus-Christ, qui, du haut de la croix, semble nous dire : » Venez, mes enfants ; venez, montez sur votre Calvaire, comme je suis monté sur le mien. » Voilà bien un langage capable de nous donner des forces. Mais non, ils n'avaient pas le même bonheur ! Oh : si nos pères reparaissaient au milieu de nous, pourraient--ils nous reconnaître pour leurs enfants et leurs héritiers dans la foi ? Hélas ! combien parmi nous qui, non par la crainte de la mort ni même de la perte de leurs biens, mais par un petit respect humain, une petite crainte d'être raillé, abandonnent leur Dieu et rougissent d'être de bons chrétiens ? Combien d'autres déshonorent cette religion sainte par une vie toute païenne et toute mon-daine ? Pour vous engager, M.F., à ne rien craindre quand il s'agit de plaire à Dieu et de sauver votre âme, je vais vous mettre devant les yeux le courage des saints martyrs de l'Ancien Testament et de quelques-uns du Nouveau. Mais ne nous contentons pas d'admirer leur intrépidité et leur zèle pour la gloire de Dieu et le salut de leur âme. Confrontons leur vie avec la nôtre, leur courage avec notre lâcheté, leurs tourments avec notre horreur de la pénitence ; voyons si nous pouvons comme eux espérer le ciel en faisant ce que nous faisons. Hélas, que de chrétiens damnés !... Faisons, pour les imiter, tout ce qui sera en notre pouvoir.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 14:11

I – Si nous ouvrons les Livres saints, nous voyons que de tout temps, les bons ont été persécutés par les méchants. C'est ce à quoi il faut nous attendre, si nous voulons espérer le ciel. Voyez Abel et Caïn, Joseph et ses frères, David et Saül, Jacob et Ésaü, etc., etc. Nous n'avons point d'autre partage sur la terre, ceux qui ont passé avant nous le démontrent assez. De tout temps, ceux qui ont voulu être à Dieu ont fait le sacrifice de leurs biens, de leur réputation et de leur vie même ; si nous voulons espérer leur récompense, nous devons faire comme eux, sinon nous n'aurons jamais le bonheur d'al-ler participer à leur joie. Voici un exemple pour mieux vous en convaincre. Nous lisons dans l'Ancien Testa-ment que les Juifs, revenus de la captivité de Babylone, furent en paix jusqu'au moment où l'impie Antiochus monta sur le trône. Ce méchant roi excita la plus cruelle persécution qu'ils eussent encore jamais vue jusqu'alors ; Dieu le permit, il est vrai, pour éprouver ses serviteurs ; et d'ailleurs, le prophète Daniel la leur avait annoncée . Le dessein de ce roi impie était d'abolir entièrement, s'il le pouvait, le culte du vrai Dieu. II ordonna sous peine de mort, de profaner le jour du sabbat et des fêtes, de dépouiller les lieux saints, de bâtir des autels et des temples au démon, et de sacrifier des animaux défendus par la loi. II fit placer une idole infâme dans le temple, les livres de la loi furent détruits et jetés au feu. Si l'on trouvait quelques Juifs qui voulussent servir le Seigneur, ils étaient aussitôt pris et punis de mort. La ville sainte fut abandonnée de ses propres sujets et devint la demeure des païens. Le saint temple devint dé-sert, toutes les fêtes furent changées en deuil ; cepen-dant, malgré toutes ces terreurs que l'on commençait à répandre pour forcer les Juifs à renoncer au vrai Dieu, plusieurs prirent la résolution de ne rien faire contre la loi, et de mourir plutôt que de la violer.
Un de ceux qui se montrèrent les plus intrépides fut un bon vieillard nommé Éléazar, âgé de quatre-vingt-dix ans, connu pour sa vie pure et innocente . Ses persé-cuteurs le prirent et lui commandèrent de manger de la viande qui avait été offerte aux idoles, sinon, on le ferait mourir selon la loi du mauvais roi. Voyant qu'il refusait, on voulut le contraindre ; les uns lui ouvraient la bouche, les autres lui mettaient la viande dedans, comme si ces insensés ne savaient pas que la volonté seule fait le pé-ché, et qu'une action où le cœur n'a point de part n'est pas un péché. Éléazar fut invincible, il préféra la mort plutôt que d'obéir à l'empereur en mangeant de la viande défendue par la loi. « Je préfère, dit-il, une mort inno-cente à une vie criminelle. » Pendant qu'il allait avec joie à la mort, il eut à subir une épreuve de la part de ses amis, et, pour cela même, bien plus redoutable que celle que lui faisait endurer le roi impie. Étant venu le trouver, ils lui dirent en pleurant : « Mon ami, nous ve-nons ici pour vous sauver, comme nous nous sommes sauvés nous-mêmes. Nous ferons apporter de la viande qui n'a pas été offerte aux idoles, c'est-à-dire au démon, et, par complaisance, vous la toucherez seulement, et nous dirons aux officiers du roi que vous avez obéi. Voilà un moyen bien sûr pour éviter la mort et vous rendre à votre nation. » Mais le saint martyr s'écria : « Non, non, jamais je ne ferai cela ; qu'on me mène de suite au sup-plice, plutôt que de commettre une lâcheté semblable, qui outragerait mon Dieu ; que l'on me jette tout vivant dans le tombeau, je le préfère mille fois. Eh quoi ! mon Dieu, l'on me croit capable, à mon âge, de dissimuler, de faire croire que ma religion n'est qu'une superstition ! Moi, laisser un si mauvais exemple à la jeunesse qui se propose de me prendre pour modèle ?... moi, leur laisser croire que j'ai été séduit par l'amour de la vie et par la crainte des supplices ? Non, non ! ... jamais, dans le peu de jours qui me reste à vivre, je ne me laisserai aller à une semblable lâcheté. Quand bien même je pourrais aujourd'hui, en prostituant mon âme et ma conscience, échapper aux supplices des hommes, pourrai-je échapper à la justice de Dieu ? Non, mourons avec constance, mes amis, et montrons-nous dignes de notre âge, puisque Dieu daigne nous choisir pour nous donner en spec-tacle à la jeunesse. La mort la plus cruelle est aussi douce qu'elle est glorieuse, quand c'est à Dieu qu'on fait le sacrifice de sa vie. Pourquoi craindrais-je de perdre une vie que bientôt je serai obligé de quitter sans mérite, tandis qu'en la donnant dès aujourd'hui à Dieu, j'en reçois une si belle récompense pour l'éternité !... Venez, bourreaux, ajoutait-il avec un courage extraordi-naire, venez, et vous verrez les sacrifices que peuvent faire ceux qui sont aidés de la force d'En-Haut ; vous aller m'ôter un reste de vie pour m'en procurer une éternelle. Ah ! il me semble voir les anges qui viennent à moi, pour emmener mon âme dans le ciel ; non, non, mes amis, je ne crains ni les tourments ni la mort, tout cela est un bien pour moi. Mourons pour notre Dieu, et nous lui montrerons que nous l'aimons véritablement. Mourons, mes enfants, et nous quitterons la guerre et les souffrances pour aller dans un lieu de paix, de joie et de délices. Oui, mon Dieu, je vous fais volontiers le sacrifice de ma vie ! » Oh ! M.F., que ces sentiments sont beaux ! qu'ils sont dignes de la grandeur d'une belle âme et d'une religion aussi sainte qu'est la nôtre. Toutes ces belles paroles qu'il prononça en présence de ses bourreaux auraient bien dû les toucher et changer leur cœur ; mais non, ils n'en deviennent que plus furieux. L'on se rue sur ce pauvre vieillard, on le jette par terre, on le dépouille, on le lie ; les bourreaux armés de verges, le frappent jusqu'à en perdre la respiration ; mais au milieu de tant de douleurs, il ramasse le peu de force qui lui reste, et s'adresse au Seigneur : « Vous le savez, O mon Dieu, c'est pour vous que je souffre dans la crainte de vous offenser ; mon Dieu, soutenez-moi, faites que je meure pour l'amour de vous ! » On ne cessa de le frapper jusqu'à ce qu'il eût rendu sa belle âme à Dieu.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 14:11

Quel exemple pour nous, M.F., mais quelle honte pour tant de chrétiens lâches, qui, tant de fois, par un maudit respect humain, transgressent les lois de l'Église en mangeant de la viande les jours défendus ! Dites-moi, si vous aviez été mis à de pareilles épreuves, auriez--vous fait comme ce bon vieillard de quatre-vingt-dix ans, qui préféra la mort plutôt que de faire semblant de man-ger de la viande défendue par la loi des Juifs ? Quelle condamnation pour tant d'apostats qui foulent aux pieds cette loi sainte ! Allez dans une foire, dans un cabaret, un vendredi ou un autre jour où il est défendu de man-ger de la viande ; voyez ces tables qui en sont couvertes, examinez ceux qui en mangent. Hélas ! ce sont des pères, des mères de famille, des maîtres et maîtresses, qui, peut-être, auront leurs enfant et leurs domestiques avec eux ; ce sont de ces mauvais chrétiens, sacrilèges même, qui auront rempli leur devoir pascal, et qui déjà tant de fois ont promis de ne plus transgresser cette loi ! Quelle idée se fait-on aujourd'hui de Dieu, de sa religion et de ses lois ? Hélas ! M.F., notre sainte reli-gion n'est plus, aux yeux du plus grand nombre de chrétiens, qu'une chimère, qu'un fantôme ; l'on ne con-serve plus maintenant qu'un certain extérieur, quand rien ne nous gêne, quand rien ne nous coûte ; mais à la moindre chose, nous méprisons tout, et nous semblons n'être plus que des apostats. Oh ! que de chrétiens perdus !... Qu'ils sont malheureux de commettre le péché avec tant de réflexion, connaissant si bien qu'ils font mourir Jésus-Christ, qu'ils lui arrachent leur pauvre âme pour la traîner en enfer !... Que pourront-ils répon-dre lorsque Jésus-Christ les jugera ? Diront-ils que c'est leur fragilité ou la misère qui les a portés à faire cela ? Quelle honte pour ces malheureux apostats dont les uns ont péché par impiété en raillant les lois de l'Église, les autres par un maudit respect humain ! Ils ont préféré perdre leur âme, outrager Dieu, plutôt que de supporter la honte d'une parole sortie de la bouche d'un impie, d'un libertin !...
Venons-en, M.F., à d'autres exemples, et nous ver-rons que si la vieillesse est naturellement plus ferme dans la foi, l'âge le plus tendre nous fournit aussi des exemples qui ne sont pas moins grands. Après les com-bats de ce bon vieillard, l'on vit entrer sur les rangs une mère avec ses sept enfants dans la fleur de l'âge. Ils avaient tant de candeur et de modestie qu'ils faisaient l'admiration de tout le monde. Le cruel Antiochus se les fit tous amener devant lui, il leur commanda sur le champ de manger de la viande qui avait été offerte au démon, et cela, sans répliquer, selon les ordres qu'il avait donnés. Tous, d'une voix unanime, refusèrent de le faire. Sur ce refus, il les fit dépouiller devant lui, et ordonna qu'on les frappât à coups de fouets et de nerfs de bœuf, jusqu'à ce que leur corps fût tout déchiré. L'aîné des sept frères, sans s'étonner de ce traitement, prend la parole et dit au tyran : « Que demandez-vous de nous ? Apprenez que nous savons souffrir et mourir, mais non trahir la loi du Seigneur. » Cette réponse mit l'impie Antiochus dans une si grande fureur, qu'il com-manda de faire rougir sur le champ des chaudières d'ai-rain, et, pendant que tous les bourreaux s'empressaient de lui obéir, outré de colère contre ce jeune homme qui venait de le braver au nom de tous, il lui fait couper la langue, arracher la peau de la tête, couper les extré-mités des pieds et des mains, et cela en présence de sa mère et de tous ses frères. Il lui fait appliquer des lames de fer rouge dans toutes les parties de son corps. Comme après ce cruel tourment il vivait encore, il ordonne de le jeter dans la chaudière d'airain que le feu avait rendue aussi ardente qu'un barre de fer sortant du feu, et le regarde impitoyablement brûler. Pendant ce temps-là, sa mère et ses frères s'encourageaient les uns les autres à souffrir. » Allons, mes enfants, leur crie cette mère, courage ! Par notre mort, nous pouvons glorifier Dieu et nous rendre heureux pendant l'éternité ; puisque nous sommes tous condamnés à mourir par suite du péché de nos premiers parents, mourons ; notre mort est de quelques instants, et nous aurons une ré-compense, un bonheur éternel. » Le premier étant mort, l'on se saisit du second. On commença par lui arracher les cheveux avec la peau de la tête, en lui demandant s'il voulait manger de la viande qu'on lui allait présen-ter. Il leur répondit qu'il saurait bien souffrir et mourir à l'exemple de son frère, mais que jamais il n'aurait la lâcheté de violer la loi du Seigneur. On lui fit souffrir les mêmes tourments, on lui coupa les pieds et les mains. N'ayant plus qu'un soupir, il dit au roi : « Méchant prince, vous nous faites perdre la vie présente ; mais nous sommes assurés que le Seigneur, pour lequel nous la perdons, nous la rendra éternelle. » Après celui-ci, l'on passe au troisième, qui se présente de lui-même, et sans attendre qu'on l'interroge s'offre aux mêmes sup-plices. On lui demande ses mains qu'il présente avec joie : « C'est du ciel, dit-il, que j'ai reçu ces membres, je vous les livre volontiers pour les faire souffrir, puisque, par ces souffrances, je puis glorifier Dieu et m'assurer le ciel. »

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 14:12

Ah ! M.F., si nous avions une foi aussi vive que celle de ces saints martyrs, quel mépris ne ferions-nous pas de nos corps et de nos plaisirs sensuels ?... Aurions--nous le courage de leur sacrifier si facilement notre âme et notre éternité ?... Ah ! si nous pensions bien à notre résurrection, qui sera glorieuse à proportion que nos corps auront été méprisés et persécutés !... Avec quelle gloire vont paraître ces foules de martyrs qui ont laissé mettre leurs corps en lambeaux !... Le roi et tous ses courtisans ne connaissant pas assez les forces que nous donne la religion, ne pouvaient revenir de leur surprise. Ils n'en devinrent que plus enragés. Antiochus vint au quatrième, il ne se donnait plus la peine de menacer, parce qu'il savait bien que c'était un temps perdu, il en venait aussitôt aux tourments. Il lui fit donc arracher la peau. On lui coupe les pieds et les mains, on le jette dans une chaudière brûlante : « Je ne crains pas vos ordres, lui dit encore celui-ci, car une résurrection glo-rieuse nous attend, et le Dieu que nous servons est toute notre espérance ; pour vous, vous ressusciterez un jour, mais ce ne sera pas pour la vie, une mort éter-nelle vous attend. » L'on se saisit du cinquième, et le roi tout en fureur dit : « Voyons s'ils seront également insensibles. » L'enfant n'attend pas d'être pris par les bourreaux, il court au-devant d'eux, et du milieu des flammes où son pauvre corps était déjà tout en pièces, il lève avec tranquillité les yeux vers le tyran : « Vous faites de nous maintenant ce que vous voulez, mais viendra un moment où vous éprouverez à votre tour la rigueur de la justice divine. » Le roi ne pouvant plus se posséder : « Achevons, dit-il à ses bourreaux, d'exter-miner cette famille insolente. » Le sixième arrive, la douceur peinte sur le front ; il s'avance avec joie et se livre sans frayeur entre les mains des bourreaux. Ces furieux se mettent à le déchirer, lui arrachent et lui coupent les pieds et les mains : « Que crains-tu, impi-toyable roi ? dit le généreux martyr, il n'en reste plus qu'un qui est mon frère, et ma mère ; un enfant et une femme ; mes frères m'attendent dans le ciel, vous me faites mourir, j'en suis bien content. » Cependant, ce qui est le plus digne d'admiration, c'est l'attitude de cette pauvre mère, qui voit périr tous ses enfants devant ses yeux, et cela en un seul jour, sans verser une larme. Elle sut si bien retenir sa douleur, qu'au contraire, elle faisait tout ce qu'elle pouvait pour les encourager. O mères qui m'écoutez, si vos enfants ne sont pas reli-gieux, ou plutôt, s'ils sont sans religion, ne vous en prenez qu'à vous-mêmes !... Si vous aviez le bonheur d'imiter cette mère généreuse, si, comme elle, vous pensiez que vous n'avez des enfants que pour les don-ner au ciel !... « Ah ! mes enfants, leur criait-elle, pen-dant qu'on déchirait leur corps et qu'on les coupait en morceaux, mes enfants, courage, mourez pour le Sei-gneur, et le ciel est à vous ! perdez une vie misérable, et vous en aurez une heureuse et éternelle. » Hélas ! com-bien de pauvres mères, trop faibles, voient courir leurs enfants au mal, ou plutôt aux enfers, sans verser une larme, peut-être même, sans dire un Pater et un Ave ! Laissons, M.F., ces tristes enseignements.
Cependant, de sept enfants, il n'en restait plus à cette pauvre mère qu'un seul, le plus jeune. Antiochus, couvert de honte de n'avoir pu vaincre ces enfants, voulut faire un dernier effort pour gagner au moins celui-ci. Il lui fit de belles promesses, disant qu'il le mettrait au nombre de ses favoris, pourvu qu'il abandonnât sa religion. Mais cet enfant était inébranlable. Le roi, feignant la compassion appela la courageuse mère : « Sauvez au moins, je vous prie, ce dernier enfant. Il fera votre bonheur et, votre consolation par les faveurs dont je le comblerai. » Pères et mères, venez vous instruire ; écoutez le langage d'une mère qui sait que ses enfants lui sont donnés pour les conduire au ciel et non pour les damner. Elle lui dit en présence du roi : « Mon fils, ayez pitié de celle qui vous a porté neuf mois dans son sein, qui vous a nourri trois ans de son lait et qui vous a élevé jusqu'à l'âge où vous êtes ; regardez, mon fils, ce beau ciel, vous n'êtes sur la terre que pour y aller ; voyez vos frères qui sont déjà sur des trônes de gloire, ils vous attendent ; à leur exemple, donnez volontiers votre vie pour votre Dieu. » Ces paroles inspirèrent à l'enfant un si grand amour de Dieu, qu'il se tourne vers le bourreau en lui disant « Qu'attendez-vous ? Croyez-vous que je vais obéir à vos ordres impies ? Non, non, je veux montrer que je suis digne de marcher sur les traces de mes frères, que votre cruauté a placés sur des trônes de gloire. Ils m'atten-dent : les voyez-vous qui me tendent les mains ; oui, j'abandonne comme eux mon corps et ma vie pour la défense de la loi de mon Dieu. » Alors le roi fut si en fureur de voir qu'une femme et des enfants se moquaient de lui, qu'il le fait encore souffrir davantage. Il lui fait couper les pieds et les mains... et finit par le jeter dans une chaudière rougie au feu, où ce bourreau, dans sa joie diabolique, prenait plaisir à le voir tourmenter. La mère reste seule, au milieu des membres épars de ses fils ; de quelque côté qu'elle tourne ses regards, elle voit les pieds, les mains, la peau et la langue de ses enfants, que l'on avait jetés çà et là, autour d'elle, pour la torturer davantage. Antichius n'ayant plus d'espé-rance de gagner la mère, lui fit souffrir des tourments si cruels, qu'elle mourut dans les supplices, bénissant Dieu de ce qu'il lui avait donné, le bonheur de voir tous ses enfants mourir avant elle pour aller au ciel. Ainsi mourut cette bienheureuse mère, qui ne quitta la terre que pour le paradis. Heureuse mère d'avoir sept enfants qui sont maintenant placés sur sept trônes de gloire. O heureux enfants, d'avoir eu une telle mère ! qui ne vous a mis au monde que pour vous conduire à la possession de Dieu !
Pour Antiochus, ce malheureux tyran, la main ven-geresse du Tout-Puissant le punit visiblement ; il fut frappé d'une plaie invisible et incurable, juste punition d'un bourreau qui avait inventé tant de supplices pour faire souffrir les serviteurs de Dieu. Il tomba de son chariot, se meurtrit tout le corps. Ses entrailles fourmil-laient de vers, ses chairs tombaient par lambeaux ; il répandait une puanteur si insupportable, que personne ne pouvait ni l'approcher ni le servir. Se sentant frappé de la main invisible de Dieu, il fit de grandes promesses et prit les plus belles résolutions ; mais le Saint-Esprit nous dit que la crainte seule des tourments lui faisait faire tout cela. Dieu n'écouta pas sa prière, et ce mal-heureux prince mourut mangé par les vers. Voilà la fin ordinaire de ces impies, qui semblent ne vivre que pour outrager Dieu, et porter les autres au mal. Le bon Dieu se lassant de leurs impiétés, les frappe, et les jette en enfer pour en débarrasser la terre.
Si la différence, M.F., a été si grande entre Antiochus et cette mère avec ses enfants, elle l'est encore bien plus maintenant : le roi est dans les enfers, tandis que la mère et les enfants sont dans le ciel. Oh ! qu'il y a peu de chrétiens aujourd'hui qui soient prêts, je ne dis pas à donner leur vie pour le bon Dieu, comme ont fait ces enfants, mais même à supporter la moindre chose pour ne pas violer les lois de notre sainte religion. Combien y en a-t-il qui ne font ni confession ni communion pascale ? qui ne font point d'attention aux jeûnes com-mandés par l'Église, et qui passent ce saint temps comme un autre, sans mortifications, sans peut-être se priver de manger entre les repas ? Hélas ! combien d'autres fré-quentent les cabarets, ou, sans faire tout cela, passent ces jours consacrés à la pénitence, sans faire une prière ou une bonne oeuvre de plus ? Combien en est-il qui ne font point difficulté de manquer l'office de la paroisse, et qui, peut-être, manqueront trois dimanches de suite, sachant très bien de quoi l'Église les menace ? Combien de pères et de maîtres forcent leurs enfants et leurs domestiques à travailler le saint jour du dimanche, com-bien de pauvres enfants restent peut-être des mois entiers sans assister aux offices ! Hélas ! que de maîtres damnés !
D'autres ne se contentent pas de violer les lois de l'Église, de les mépriser, de les railler, ils ne font point de cas de la parole de Dieu qu'ils ne regardent que comme la parole d'un homme. Combien, pendant les saints offices sont sans dévotion, et laissent aller leur esprit partout où il veut ! Ils savent à peine ce qu'ils viennent faire à l'église, et seraient bien embarrassés de répondre si on leur demandait pourquoi ils viennent à la sainte Messe ? Combien se mettent à peine à genoux !... L'on ne l'ait point difficulté de manquer les vêpres, les ins-tructions, le chapelet, le chemin de la croix et la prière du soir. Il en est qui ne font presque jamais de visites au Saint-Sacrement entre les offices, et passent le saint jour du dimanche moins bien que les autres jours. Oh ! comment osent-ils espérer le ciel ? Comment peuvent-ils croire que le bon Dieu leur fera miséricorde dans ce moment terrible où les plus grands saints ont tremblé ; eux dont la vie n'a été que bonnes couvres, et qui, pour quelques légères fautes, ont fait tant de pénitences

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 14:12

Combien y en a-t-il encore parmi ces pauvres chré-tiens, qui passent des journées entières sans penser au bon Dieu et sans faire un petit retour sur eux-mêmes c'est-à-dire sur leur pauvre vie ; afin de concevoir de l'horreur de leurs péchés, et pour s'exciter à faire quel-ques bonnes actions dans le but d'attirer la miséricorde de Dieu sur eux ? Voilà. M.F., la conduite du plus grand nombre des chrétiens de nos jours: l'on ne pense nulle-ment à son salut, on est tout occupé des affaires tempo-relles, l'on regarde la mort comme ne devant venir jamais. Cependant ce moment arrive pour tout le monde ; et si nous n'avons rien fait pour nous assurer le ciel, alors tous nos péchés se présentent en foule à notre mémoire, toutes les grâces que nous avons méprisées, toutes les bonnes oeuvres et prières que nous aurions pu faire et que nous n'avons pas faites ; nous voyons, dans ce triste moment, toutes les âmes que nous avons per-dues par nos mauvais exemples, et que nous aurions pu conduire à Dieu, si nous leur en avions donné de bons. Oh ! que de malheurs attendent une personne qui a vécu sans religion, sans pénitences et sans examiner à quoi les commandements de Dieu et de l'Église l'obligeaient !.. Ce n'est pas ainsi qu'il faut faire, ce n'est pas ainsi que les saints ont fait ; ils avaient tellement à cœur de plaire à Dieu et de sauver leurs âmes, que non seulement ils évitaient les moindres péchés, mais encore ils passaient toute leur vie dans les bonnes couvres, les larmes et la pénitence. Un grand nombre de martyrs ont donné leur vie pour s'assurer le ciel, nous en avons de beaux exemples dans l'histoire des saints du Nouveau Testament. Je vous citerai celui de saint Côme et de saint Damien .

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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 14:12

II. – C'étaient deux frères jumeaux. Leur mère qui avait la crainte du Seigneur, prit tous les soins possibles pour leur inspirer l'amour de Dieu ; elle leur parlait sou-vent du bonheur de ceux qui donnent leur vie pour Jésus-Christ. Ces frères, qui n'avaient que de bons exemples devant les yeux, ne pouvaient pas moins faire que d'imiter les vertus de leur mère. O quelle grâce, quel bonheur pour les enfants que d'avoir des parents sages ! Oh ! que de pauvres enfants damnés, et qui se-raient au ciel s'ils avaient eu des parents bien religieux ! Mon Dieu ! est-il bien possible que le défaut de religion des parents, précipite tant d'âmes en enfer ? Malheureux parents, qui semblent n'avoir des enfants que pour les traîner en enfer !... Comment des enfants qui n'ont que de mauvais exemples devant les yeux, peuvent-ils prati-quer la vertu ? Les enfants seront-ils meilleurs que leurs parents, qui ne font ni Pâques ni confession, qui ne font point de prière, qui se lèvent et se couchent comme des bêtes de somme ; des parents qui n'ont que de mau-vaises raisons à la bouche ; qui vont jusqu'à railler, critiquer la religion et ceux qui la pratiquent, qui tour-nent en ridicule la confession et ceux qui se confessent ? Les enfants, dis-je, seront-ils meilleurs que leurs pa-rents, qui les laissent vivre à leur aise, qui leur per-mettent les jeux, les danses, les cabarets ; qui eux--mêmes peut-être, y passent des nuits presque entières avec toutes sortes de libertins ? Si un pasteur à la vue de si mauvais exemples veut leur faire connaître leur faute et celles de leurs enfants, ils se mettront en colère, ils le blâmeront, il en diront du mal, ils feront mille contradictions à leurs enfants. Oh ! que de pauvres enfants vont maudire le moment de leur naissance, et leurs parents, qui, loin de les aider à se sauver, se sont prêtés à les perdre, par leur peu de soin à leur faire con-naître leurs devoirs de religion et la grandeur du pé-ché !... Hélas ! M.F., vous ne reconnaîtrez que trop cela un jour !...
Mais revenons à nos saints qui ont eu le bonheur d'a-voir des parents si vertueux ! Ayant achevé leurs études, ils se rendirent très habiles dans la connaissance de la médecine. Leur science était accompagnée du don de la grâce, de sorte que, en allant voir seulement leurs ma-lades, ils leur rendaient la santé : les aveugles voyaient, les boiteux marchaient, les sourds entendaient, et les dé-mons fuyaient à leur seule présence. L'éclat de tant de merveilles les faisait admirer de tout le monde. Mais cette haute réputation fut la cause de leur martyre. Les empereurs Dioclétien et Maximien ayant renouvelé la persécution contre les fidèles, ils envoyèrent le président Lysias dans la ville d'Égée pour les rechercher et les punir selon la loi. Lysias arrivant dans cette ville, on lui dénonça les deux médecins comme allant de pro-vinces en provinces, et faisant des prodiges étonnants au nom de celui qu'ils appelaient Jésus-Christ. On ajouta qu'ainsi plusieurs abandonnaient le culte des idoles, pour embrasser une religion toute nouvelle. Lysias, sur ce rapport, les envoya prendre. Quand ils furent devant lui, il leur dit en colère : « Vous êtes donc ces séducteurs qui allez par les villes et les provinces, soulevant le peuple contre les dieux de l'empire, sous prétexte de leur faire adorer un homme crucifié ? Dès ce moment, si vous ne renoncez à ce Dieu et si vous n'obéissez pas aux édits des empereurs, il n'y a point de supplices que je n'emploie pour vous faire souffrir. Dites-moi vos noms et votre pays. » – « Nous sommes de l'Arabie, nous nous appelons l'un Côme, l'autre Damien, nous avons encore trois frères, qui, comme nous, adorent le vrai Dieu. » Il leur ordonna, d'offrir de l'encens au démon. Sur leur refus, il les fait appliquer à la torture et leur fait endurer des cruautés épouvantables. Cependant les saints martyrs étaient tellement fortifiés de la grâce de Dieu, qu'ils ne sentaient pas même leurs tourments ; ils lui dirent : « Vous nous faites souffrir bien faiblement ; si vous avez d'autres supplices, employez-les, car nous ne sentons pas ceux-là. » Le préfet, mourant de rage, et pour s'en débar-rasser au plus tôt, les fait jeter dans la mer. Mais un ange rompit leurs liens, les retira des eaux et les ramena sur le rivage. Le préfet attribuant cela au démon, leur dit de lui apprendre leurs sortilèges, afin de s'en servir comme eux. « Nous ne savons pas, dirent les martyrs, ce que c'est que la magie. C'est au nom de Jésus-Christ que nous faisons tout cela ; si vous voulez vous faire chrétien, vous reconnaîtrez la vérité de ce que nous vous disons. » – « Au nom du dieu Apollon, reprit Lysias, je veux faire le même prodige. » Ce blasphème ne fut pas plus tôt sorti de sa bouche, que deux démons se saisirent de lui, le frappèrent sans miséricorde, et l'au-raient tué si les saints ne les avaient pas chassés. « Vous voyez bien, lui dirent-ils, que vos dieux ne sont que des démons qui ne cherchent qu'à vous nuire ; recon-naîtrez-vous maintenant notre Dieu pour le seul véri-table ? Détestez donc vos idoles. » Malgré cette grâce, le préfet resta insensible ; bien plus, il fit conduire ses libérateurs en prison. Le lendemain il les fit ramener, voyant qu'il ne pouvait les vaincre, il fit allumer un grand feu et les fit jeter dedans. Mais ils se promenaient dans le feu sans la moindre douleur ; au contraire, ils étaient comme dans un jardin de délices, chantant des cantiques d'actions de grâces ; et le feu qui les res-pectait, alla brûler les idolâtres, dont un grand nombre perdirent la vie. Ces merveilles auraient dû convertir le préfet, elles ne firent que l'endurcir de plus en plus. Il les fit appliquer sur le chevalet, où les bourreaux les tourmentèrent jusqu'à en perdre la respiration ; ensuite on les attacha chacun à une croix, afin de les massacrer à coups de pierres ; mais elles retournaient avec impé-tuosité sur ceux qui les jetaient. Lysias, irrité de ce qu'il ne pouvait venir à bout de les faire mourir, prit lui-même des pierres pour les leur jeter à la tête ; mais elles revinrent sur lui avec tant de force qu'elles lui cassèrent les dents. Il fit ensuite prendre des flèches aux soldats, afin de les lancer contre les saints ; mais celles-ci encore, loin de leur nuire, se retournèrent et tuèrent un grand nombre d'hommes et de femmes qui étaient venus voir ce spectacle. Le préfet, désespérant de pouvoir les faire mourir dans les tortures, les fit dé-capiter.
Voilà ce que peut la grâce dans un bon chrétien et dans des enfants que les parents ont élevés avec soin, en leur inspirant un grand amour pour Dieu, un vrai mépris des biens de ce monde et même de la vie. Heu-reux enfants et heureux parents ! Voilà, M.F., com-ment les parents sages sauvent leurs enfants ! Vous avez vu, d'ailleurs, comment les parents sans religion traînent avec eux en enfer leurs pauvres enfants, par leurs mauvais exemples et le peu de soin qu'ils pren-nent de les bien élever dans l'amour du Dieu. Finissons, M.F., en disant que nous ne sommes pas, il est vrai, exposés à d'aussi grandes épreuves que ces saints ; mais que, si nous voulions faire un bon usage des peines que nous éprouvons, nous pourrions aussi mériter la cou-ronne du martyre. Combien de maladies, de contradic-tions, d'humiliations, de mépris ! Que de fois il nous faut renoncer à notre propre volonté, combien d'efforts nous avons à faire pour pardonner et pour aimer ceux qui nous font du mal ! Eh bien ! M.F., voilà le martyre que le bon Dieu veut que nous endurions pour mériter le même bonheur dont jouissent maintenant les saints. Demandons souvent, M.F., à ces bons saints de nous obtenir cette force, ce courage dans nos épreuves de chaque jour : nous travaillerons ainsi pour plaire à Dieu et pour le ciel. C'est le bonheur que je vous souhaite.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 14:23

15 AOUT
FÊTE DE L'ASSOMPTION DE LA STE VIERGE

Sur les grandeurs de Marie .


Quia respexit humilitatem ancillæ suæ.
Parce que le Seigneur a regardé la bassesse de sa servante.
(S. Luc, I, 48.)

Si nous voyons, M.F., la sainte Vierge s'abaisser, dans son humilité, au-dessous de toutes les créatures, nous voyons aussi cette humilité l'élever au-dessus de tout ce qui n'est pas Dieu. Non, ce n'est point les grands de la terre qui l'ont fait monter à ce suprême degré de dignité où nous avons le bonheur de la contempler aujourd'hui. Les trois personnes de la Très Sainte Tri-nité l'ont placée sur ce trône de gloire ; elles l'ont pro-clamée Reine du ciel et de la terre, en la rendant dépo-sitaire de tous les célestes trésors. Non, M.F., nous ne comprendrons jamais assez les grandeurs de Marie, et le pouvoir que Jésus-Christ son divin Fils lui a donné ; nous ne connaîtrons jamais bien le désir qu'elle a de nous rendre heureux. Elle nous aime comme ses enfants ; elle se réjouit du pouvoir que Dieu lui a donné, afin de nous être plus utile. Oui, Marie est notre médiatrice c'est elle qui présente à son divin Fils toutes nos prières, nos larmes et nos gémissements ; c'est elle qui nous attire les grâces nécessaires pour notre salut. Le Saint--Esprit nous dit que Marie, entre toutes les créatures, est un prodige de grandeur, un prodige de sainteté et un prodige d'amour. Quel bonheur pour nous, M.F., quelle espérance pour notre salut ! Ranimons notre con-fiance envers cette bonne et tendre Mère, en considérant !° sa grandeur ; 2° son zèle pour notre salut ; 3° ce que nous devons faire pour lui plaire et mériter sa pro-tection.

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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 14:23

I. – Parler des grandeurs de Marie, M.F., c'est vou-loir diminuer l'idée sublime que vous vous en faites ; car saint Ambroise nous dit que Marie est élevée à un si haut degré de gloire, d'honneur et de puissance, que les anges mêmes ne peuvent le comprendre ; cela est réservé à Dieu seul. De là, je conclus que tout ce que vous pourrez entendre, ne sera toujours rien ou presque rien, auprès de ce qu'elle est aux yeux de Dieu. Le plus bel éloge que l'Église puisse nous en donner, c'est de dire que Marie est la Fille du Père Éternel, la Mère du Fils de Dieu Sauveur du monde, l'Épouse du Saint--Esprit. Si le Père Éternel a choisi Marie pour sa fille par excellence, quel torrent de grâces ne doit-il pas verser dans son âme ? Elle en reçut, à elle seule, plus que tous les anges et tous les saints ensemble. Il com-mença par la préserver du péché originel, grâce qui n'a été accordée qu'à elle seule. Il l'a fixée dans cette grâce, avec une parfaite assurance qu'elle ne la perdrait jamais. Oui, M.F., le Père Éternel l'enrichit des dons du ciel, à proportion de la grande dignité à laquelle il devait l'éle-ver. Il forma en elle un temple vivant des trois Per-sonnes de la Très Sainte Trinité. Disons encore mieux, il fit pour elle tout ce qu'il était possible de faire pour une créature. Si le Père Éternel a pris tant de soin à l'égard de Marie, nous voyons aussi le Saint-Esprit venir l'embellir lui-même à un tel degré, que dès l'instant de sa conception, elle devint l'objet des complaisances des trois Personnes divines. Marie seule a le bonheur d'être la fille du Père Éternel, elle a aussi celui d'être la mère du Fils et l'épouse du Saint-Esprit. Par ces dignités incomparables, elle se voit associée aux trois Personnes de la Sainte Trinité, pour former le corps adorable de Jésus-Christ. C'est d'elle que Dieu devait se servir pour renverser ou ruiner l'empire du démon. C'est elle que les trois Personnes divines employèrent pour sauver le monde, en lui donnant un Rédempteur. Auriez-vous jamais pensé que Marie fût un tel abîme de grandeur, de puissance et d'amour ? Après le corps adorable de Jésus-Christ, elle fait le plus bel ornement de la cour céleste…
Nous pouvons dire que le triomphe de la sainte Vierge dans le ciel, est la consommation de tous les mérites de cette auguste Reine du ciel et de la terre. Ce fut dans ce moment qu'elle reçut le dernier ornement de son incom-parable dignité de Mère de Dieu. Après avoir subi quel-que temps les misères diverses de la vie et les humi-liations de la mort, elle alla jouir d'une vie, la plus glorieuse et la plus heureuse dont une créature puisse jamais jouir. Nous nous étonnons parfois que Jésus, qui aimait tant sa mère, l'ait laissée si longtemps sur la terre après sa résurrection. La raison de ceci, c'est qu'il voulait, par ce retard, lui procurer une plus grande gloire, et que du reste, les apôtres avaient encore besoin de sa personne pour être consolés et conduits. C'est Marie qui a révélé aux apôtres les plus grands secrets de la vie cachée de Jésus-christ. C’est encore Marie qui a levé l'étendard de la virginité, qui en a fait connaître tout l'éclat, toute la beauté, et nous montre l'inestimable récompense réservée à ce saint état.
Mais reprenons, M.F., continuons à suivre Marie jusqu'au moment où elle quitte ce monde. Jésus-Christ voulut qu'avant d'être élevée au ciel, elle pût revoir encore une fois tous ses apôtres. Tous, saint Thomas excepté, furent miraculeusement transportés autour de son pauvre lit. Par un excès de cette humilité qu'elle avait toujours portée à un très haut degré, elle leur baisa à tous les pieds, et leur demanda leur bénédiction. Cet acte la préparait à l'éminente gloire à laquelle son Fils devait l'élever. Ensuite Marie leur donna à tous sa bénédiction. Il me serait impossible de vous faire com-prendre les larmes que répandirent en ce moment les apôtres, sur la perte qu'ils allaient faire. La sainte Vierge n'était-elle pas, après le Sauveur, tout leur bonheur, toute leur consolation ? Mais Marie, pour adoucir un peu leur peine, leur promit de ne pas les oublier auprès de son divin Fils. On croit que le même ange qui lui avait annoncé le mystère de l'Incarnation, vint lui marquer, de la part de son Fils, l'heure de sa mort. La sainte Vierge répondit à l'ange : « Ah ! quel bonheur ! et combien je désirais ce moment ! » Après cette heureuse nouvelle, elle voulut faire son testament, qui fut bientôt fait. Elle avait deux tuniques, elle les donna à deux vierges, qui la servaient depuis longtemps. Elle se sentit alors brûler de tant d'amour que son âme, semblable à une fournaise ardente, ne pouvait plus res-ter dans son corps. Heureux moment !...
Pouvons-nous voir, M.F., les merveilles qui s'opèrent à cette mort, sans nous sentir un ardent désir de vivre saintement pour mourir saintement ? C'est vrai, nous ne devons pas nous attendre à mourir d'amour, mais au moins ayons l'espérance de mourir dans l'amour de Dieu. Marie ne craint nullement la mort, puisque la mort va la mettre en possession du bonheur parfait ; elle sait que le ciel l'attend, et qu'elle en sera un des plus beaux ornements. Son Fils et toute la cour céleste s'avancent pour célébrer cette brillante fête, tous les saints et saintes du ciel n'attendent que les ordres de Jésus, pour venir chercher cette Reine et l'emmener en triomphe dans son royaume. Tout est préparé dans le ciel pour la recevoir ; elle va goûter des honneurs au-dessus de tout ce que l'on peut concevoir. Pour sortir de ce monde, Marie ne subit point la maladie, car elle est exempte de péché. Malgré son grand âge, son corps ne fut jamais décrépit comme celui des autres mortels, au contraire, il semblait qu'à mesure qu'il approchait de la fin, il prenait un nouvel éclat. Saint Jean Damascène nous dit que ce fut Jésus-Christ lui-même qui vint cher-cher sa mère. Ainsi disparaît ce bel astre qui pendant soixante et douze ans a éclairé le monde. Oui, M.F., elle revoit son Fils, mais sous un aspect bien différent de celui où elle l'avait vu, lorsque, tout couvert de sang, il était cloué à la croix.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 14:23

O Amour divin, voilà la plus belle de vos victoires et de toutes vos conquêtes ! Vous ne pouviez rien faire de plus, mais aussi vous ne pouviez rien faire de moins. Oui, M F., s'il fallait que la mère d'un Dieu mourût, elle ne pouvait mourir que d'un transport d'amour. O belle mort ! ô mort heureuse ! ô mort désirable ! Ah ! qu'elle est dédommagée de ce torrent d'humiliations et de douleurs dont sa sainte âme a été inondée pendant sa vie mortelle ! Oui, elle revoit son Fils, mais tout autre que le jour où elle l'avait vu pendant sa douloureuse passion, entre les mains de ses bourreaux, portant sa croix, couronné d'épines, sans pouvoir le soulager. Oh ! non, elle ne le voit plus sous ce triste appareil, capable d'anéantir les créatures tant soit peu sensibles ; mais elle le voit, dis-je, tout brillant de lumière, revêtu d'une gloire qui fait toute la joie et le bonheur du ciel ; elle voit les anges et les saints qui tous l'environnent, le louent, le bénissent et l'adorent jusqu'à l'anéantissement. Oui, elle revoit ce tendre Jésus, exempt de tout ce qui peut le faire souffrir. Ah ! qui de nous ne voudrait pas travailler à aller rejoindre la Mère et le Fils dans ce lieu de délices ? Quelques moments de combats et de souf-frances sont grandement récompensés.
Ah ! M.F., quelle mort heureuse ! Marie ne craint rien, parce qu'elle a toujours aimé son Dieu ; elle ne regrette rien, parce qu'elle n'a jamais rien possédé que son Dieu., Voulons-nous mourir sans crainte ? Vivons, comme Marie, dans l'innocence ; fuyons le péché, qui fait tout notre malheur pour le temps et pour l'éternité. Si nous avons été assez malheureux pour le commettre, à l'exem-ple de saint Pierre, pleurons jusqu'à notre mort, et que nos regrets ne finissent qu'avec la vie. A l'exemple du saint roi David, descendons dans le tombeau en versant des pleurs ; lavons nos âmes dans l'amertume de nos larmes . Voulons-nous, comme Marie, mourir sans chagrin ? Vivons comme elle, sans nous attacher aux choses créées ; faisons comme elle, n'aimons que Dieu seul, ne désirons que lui seul, ne cherchons qu'à lui plaire dans tout ce que nous faisons. Heureux le chrétien, qui ne quitte rien pour trouver tout !...
Approchons encore un instant de ce pauvre grabat, qui est si heureux de soutenir cette perle précieuse, cette rose toujours fraîche et sans épines, ce globe de gloire et de lumière, qui doit donner un nouvel éclat à toute la cour céleste. Les anges, dit-on, entonnèrent un can-tique d'allégresse dans l'humble demeure où était le saint corps, et elle était remplie d'une odeur si agréable, qu'il semblait que toutes les douceurs du ciel y fussent descendues. Allons, M.F., accompagnons du moins en esprit, ce convoi sacré ; suivons ce tabernacle où le Père avait renfermé tous ses trésors, et qui va être caché, pour quelque temps, comme l'a été le corps de son divin Fils. La douleur et les gémissements rendirent silencieux les apôtres et tous les fidèles venus en foule pour voir encore une fois la Mère de leur Rédempteur. Mais étant revenus à eux-mêmes, ils commencèrent tous à chanter des hymnes et des cantiques pour honorer le Fils et la Mère. Une partie des anges monta au ciel pour conduire en triomphe cette âme sans égale ; l'autre, resta sur la terre pour célébrer les obsèques du saint corps. Je vous le demande, M.F., qui serait capable de nous faire la peinture d'un si beau spectacle ? D'un côté, l'on entendait les esprits bienheureux employer toute leur industrie céleste, pour témoigner la grande joie qu'ils avaient de la gloire de leur Reine ; de l'autre, on voyait les apôtres et un grand nombre de fidèles, élever aussi leurs voix pour seconder l'harmonie de ces chantres célestes. Saint Jean Damascène nous dit qu'avant de mettre le saint corps dans le tombeau, ils eurent tous le bonheur de baiser ses mains saintes et sacrées, qui, tant de fois, avaient porté le Sauveur du monde. Dans ce moment, il n'y eut pas un malade qui ne reçût sa gué-rison ; il n'y eut pas une personne dans Jérusalem qui ne demandât quelque grâce au bon Dieu par la média-tion de Marie et qui ne l'obtînt. Dieu le voulait ainsi pour nous montrer que tous ceux qui, dans la suite, auraient recours à elle, étaient bien sûrs de tout obtenir.
Quand chacun, nous dit le même saint, eut contenté sa dévotion et reçu l'effet de ses demandes, l'on pensa à la sépulture de la Mère de Dieu. Les apôtres, selon la coutume des Juifs, ordonnèrent de laver le saint corps et de l'embaumer. Ils chargèrent donc de cet office deux vierges au service de Marie. Celles-ci, par un fait tout miraculeux, ne purent voir ni toucher le saint corps. L'on crut reconnaître en cela la volonté de Dieu, et l'on ensevelit le corps avec tous ses vêtements. Si Marie, sur la terre, fut d'une humilité sans égale, sa mort et sa sépulture furent aussi sans égales, par la grandeur des merveilles qui s'opérèrent alors. Ce furent les apôtres eux-mêmes qui portèrent le précieux dépôt, et ce cortège saint et sacré traversa la ville de Jérusalem jusqu'au lieu de la sépulture, qui était le bourg de Gethsémani, dans la vallée de Josaphat. Tous les fidèles l'accompagnèrent avec des flambeaux à la main, plusieurs se joignaient à cette troupe pieuse, qui portait l'arche de la nouvelle alliance et la conduisait au lieu de son repos. Saint Ber-nard nous dit que les anges faisaient eux-mêmes leur procession, précédant et suivant le corps de leur Souve-raine avec des cantiques d'allégresse ; tous ceux qui étaient présents entendaient le chant de ces anges, et partout où passait ce saint corps, il répandait une odeur délicieuse, comme si toutes les douceurs et les parfums célestes étaient descendus sur la terre. Il y eut, ajoute ce saint, un malheureux juif, qui, mourant de rage de voir que l'on rendait tant d'honneurs à la Mère de Dieu, se jeta sur le corps pour le faire tomber dans la boue ; mais il ne l'eut pas plus tôt touché, que ses deux mains tombèrent desséchées. S'étant repenti, il pria saint Pierre qu'on le fît approcher du corps de la sainte Vierge. En le touchant, ses deux mains se replacèrent d'elles-mêmes sans qu'elles parussent avoir été jamais séparées. Le corps de la Mère de Dieu ayant été déposé avec respect dans le sépulcre, les fidèles se retirèrent à Jérusalem ; mais les anges continuèrent à chanter, pendant trois jours, les louanges de Marie. Les apôtres venaient les uns après les autres, pour s'unir aux anges qui restaient au-dessus du tombeau. Au bout de trois jours, saint Thomas, qui n'avait pas assisté à la mort de la Mère de Dieu, vint demander à saint Pierre le bonheur de voir encore une fois le corps virginal. Ils allèrent donc au sépulcre, et n'y trouvèrent plus que les vêtements. Les anges l'avaient emportée dans le ciel, car on ne les en-tendait plus. Pour vous faire une fidèle description de son entrée glorieuse et triomphante dans le ciel, il fau-drait, M.F., être Dieu lui-même, qui, dans ce moment, voulut prodiguer à sa Mère toutes les richesses de son amour, de sa reconnaissance. Nous pouvons dire qu'il rassembla alors tout ce qui fut capable d'embellir son triomphe dans le ciel. « Ouvrez-vous, portes du ciel, voici votre Reine qui quitte la terre pour embellir les cieux par la grandeur de sa gloire, par son immensité de mérites et de dignité. » Quel spectacle ravissant ! jamais le ciel n'avait vu entrer dans son enceinte une créature si belle, si accomplie, si parfaite et si riche de vertus. « Quelle est celle-ci, dit l'Esprit-Saint, qui s'élève du désert de cette vie, toute comblée de délices et d'amour, appuyée sur le bras de son bien-aimé ?... » Approchez, les portes du ciel s'ouvrent, et toute la cour céleste se prosterne devant elle comme devant sa Sou-veraine. Jésus-Christ lui-même la conduit dans son triomphe, et la fait asseoir sur le plus beau trône de son royaume. Les trois Personnes de la Très Sainte Trinité lui mettent sur la tête une brillante couronne et la ren-dent dépositaire de tous les trésors du ciel. Oh ! M.F., quelle gloire pour Marie ! mais aussi quel sujet d'espé-rance pour nous, de la savoir si élevée en dignité, et de connaître le grand désir qu'elle a de sauver, nos âmes !

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