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Tome 1,2,3,4 des Sermons + Etre prêtre selon le curé d'Ars

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Message par Charles-Edouard Mer 13 Aoû 2008 - 23:54

D'après cela, M.F., vous voyez donc qu'il n'y a qu'un mauvais cœur qui puisse juger mal de son prochain. D'ailleurs, on ne doit pas juger son prochain sans avoir égard à sa faiblesse et au repentir qu'il peut avoir de son péché. Ordinairement, et presque toujours, l'on se repent d'avoir pensé mal ou mal parlé des autres, parce que souvent, après avoir bien examiné, l'on reconnaît que ce que l'on a dit du prochain est faux. Il nous arrive ce qui arriva à ceux qui jugèrent la chaste Su-zanne, sur le rapport de deux faux témoins, sans vouloir même lui donner le temps de se justifier ; d'autres imitent la présomption et la malice des Juifs, qui publièrent que Jésus-Christ était un blasphémateur , qu’il était du démon enfin, d'autres se conduisent comme pharisien, qui, sans examiner si Madeleine avait renoncé à ses désordres, ou non, ne la considérait que comme une infâme pécheresse , quoiqu'il la vît affligée, accuser ses péchés et les pleurer aux pieds de Jésus-Christ son Sauveur et son Rédemp-teur.
Le pharisien, M.F., que Jésus-Christ nous présente comme un infâme modèle de ceux qui pensent et qui jugent mal du prochain, tomba, selon toute apparence, dans trois péchés. En condamnant ce pauvre publicain, il en pense mal, il en juge mal et il le condamne, sans seulement connaître les dispositions de son cœur. Il ne portait son jugement que par conjecture : voilà, M.F., le premier caractère du jugement téméraire. Il ne le méprise en lui-même que par un effet de son orgueil et de sa malice : voilà le second caractère de ce maudit péché. Enfin, ne sachant pas si ce qu'il lui imputait était vrai ou faux, il le jugea et le condamna ; pendant que ce pénitent, réduit, dans un coin du temple, frappait sa poitrine, et arrosait le pavé de ses larmes en demandant miséricorde au bon Dieu.
Je dis, 1° M.F., que ce qui donne occasion à tant de jugements téméraires, c'est que nous ne regardons cela que comme peu de chose ; tandis que, souvent, il peut y avoir un péché mortel, si la chose est une matière considérable. – Mais, me direz-vous, cela ne se passe que dans le cœur. – C'est précisément ce qui rend ce péché bien mauvais, en ce que notre cœur n'est créé que pour aimer le bon Dieu et le prochain ; et c'est être un traître…. Souvent, en effet, dans nos paroles nous faisons croire (aux autres) que nous les aimons, que nous avons bonne opinion d'eux ; tandis que, dans nous--mêmes, nous les haïssons. Mais il y en a qui croient que, quand ils ne disent pas ce qu'ils pensent, il n'y a point de mal. Il est vrai que le péché est moindre que quand on le manifeste à l'extérieur, parce que, alors, c'est un poison que nous tâchons de faire passer dans le cœur de notre voisin sur le compte du prochain.
Si ce péché est déjà si grand, quand même nous ne le commettons que dans le cœur, je vous laisse à penser ce qu'il est aux yeux de Dieu, quand nous avons le malheur de le manifester par des paroles. Cela doit nous porter à bien examiner les choses avant de porter notre jugement sur le compte de notre prochain, crainte de nous tromper : ce qui nous arrive souvent. Voyez un juge, lorsqu'il condamne quelque personne à mort : il fait venir les témoins, les uns après les autres ; il les interroge, il est extrêmement attentif (à examiner) s'ils ne se coupent point ; il les menace, il les regarde d'un air effrayant : ce qui jette l'effroi et la terreur dans leur cœur ; il fait même tous ses efforts pour tirer, s'il peut, la vérité de la bouche du coupable. Vous voyez que, sur le moindre doute, il suspend son jugement ; et, s'il se voit forcé de prononcer la sentence de mort, il ne le fait qu'en tremblant, dans la crainte où il est de condamner une personne innocente. Ah ! M.F., que de jugements téméraires de moins, si nous avions le bonheur de prendre toutes ces précautions, lorsque nous voulons juger la conduite et les actions de notre prochain. Ah ! M.F., que d'âmes de moins dans les enfers !
Le bon Dieu nous donne un bel exemple de la manière dont nous devons juger notre prochain, et cela dans la personne de notre premier père, Adam. Le Seigneur avait certainement tout vu et tout entendu ce qu'il avait dit et fait ; il pouvait bien condamner nos premiers parents sans autre examen ; mais non, pour nous apprendre à ne rien précipiter dans le jugement que nous voudrions porter sur les actions du prochain, il les interrogea l'un après l'autre, afin qu'ils avouassent le mal qu'ils avaient fait . D'où peut donc venir, M.F., cette foule de jugements si précipités sur le compte de nos frères ? Hélas ! d'un grand orgueil qui nous aveugle en nous cachant nos propres défauts, qui sont sans nombre, et, souvent, bien plus affreux que ceux des personnes de qui nous pensons ou parlons mal ; et nous pouvons dire que, presque toujours, nous nous trom-pons en jugeant mal les actions de nos voisins. J'en ai vu qui, très certainement, faisaient des jugements faux ; quoiqu'on leur fit bien apercevoir qu'ils se trompaient, ils n'en voulaient point pour cela démordre. Allez, allez, pauvres orgueilleux, le bon Dieu vous attend, et vers lui, vous serez bien forcés de reconnaître que ce n'était que votre orgueil qui vous a portés à penser mal de votre prochain. D'ailleurs, M.F., pour juger une per-sonne sur ce qu'elle fait ou sur ce qu'elle dit, et ne pas se tromper, il faudrait connaître les dispositions de son cœur et l'intention qu'elle avait en faisant ou disant cela. Hélas ! M.F., nous ne prenons pas toutes ces précau-tions : ce qui nous porte à tant faire de mal en exami-nant la conduite de nos voisins. Nous faisons comme si l'on condamnait à mort une personne d'après le simple rapport de quelques étourdis, sans vouloir lui donner le temps de se justifier.
Mais, me direz-vous peut-être, nous ne jugeons que ce que nous voyons, et d'après ce que nous avons en-tendu ; et ce dont nous sommes les témoins : « Je l'ai vu faire l'action, donc je l'assure ; je l'ai entendu de mes oreilles, ce qu'il a dit ; d'après cela, je ne puis pas me tromper. » – Eh bien ! moi, je vous dirai de commencer à rentrer dans votre cœur qui n'est qu'un tas d'orgueil, qui en est tout rôti : vous vous reconnaîtrez infiniment plus coupable que celui que vous jugez si témérairement, et vous avez grandement lieu de craindre qu'un jour vous ne le voyiez entrer dans le ciel, tandis que vous serez, vous, traînés avec les démons dans les enfers ! « Ah ! malheureux orgueilleux, nous dit saint Augustin, vous osez juger votre frère sur les moindres apparences du mal, et savez-vous s'il ne s'est pas déjà repenti de sa faute, et s'il n'est pas au nombre des amis de Dieu ? Prenez garde seulement qu'il ne prenne pas la place que votre orgueil vous met en grand danger de perdre. » Oui, M.F., tous ces jugements téméraires et toutes ces interprétations ne viennent que d'une personne qui a un orgueil secret, qui ne se connaît pas, et qui ose vouloir connaître l'intérieur de son prochain : ce qui n'est connu que de Dieu seul. Hélas ! M.F., si nous pouvions venir à bout de déraciner ce premier péché capital de notre cœur, jamais notre prochain ne ferait mal selon nous ; jamais nous ne nous amuserions à examiner sa conduite ; nous nous contenterions de pleurer nos péchés et de travailler, tant que nous pourrions, à nous corriger, et rien autre. Non, M.F., je ne crois pas qu'il y ait un péché plus à craindre et plus difficile à corriger, et cela, même parmi les personnes qui semblent remplir assez bien leurs devoirs de religion. Oui, M.F., une personne qui n'est pas atteinte de ce maudit péché peut se sauver sans de grandes pénitences ; en voici un bel exemple :
Il est rapporté dans l'histoire des Pères du désert qu'un religieux avait mené une vie très commune, qui, aux yeux des autres religieux, était fort imparfaite. Étant arrivé à la mort, le supérieur le voyait si tran-quille et si content qu'il lui semblait que le ciel lui fût assuré. Étonné de cette paix, craignant que ce ne fût cet aveuglement par lequel le démon en a tant trompé, il lui dit : « Mon frère, vous me paraissez bien tran-quille et comme une personne qui ne craint rien ; cepen-dant, votre vie n'a rien qui puisse vous rassurer ; au contraire, le peu de bien que vous avez fait doit vous effrayer, pour un moment où les plus grands saints ont tremblé. » – « Cela est vrai, mon père, lui répondit ce religieux, tout ce que j'ai pu faire est très peu de chose, et presque rien ; mais ce qui me console dans ce moment, c'est que, toute ma vie, je me suis occupé à accomplir le grand précepte du Seigneur, qui est donné à tout le monde, de ne penser, de ne parler, de ne juger mal de personne : je pensais que tous mes frères faisaient mieux que moi, j'ai toujours cru que j'étais le plus cri-minel du monde ; j'ai toujours caché et excusé leurs défauts, autant que le bon Dieu le voulait, et, puisque Jésus-Christ a dit : « Ne jugez point, et vous ne serez point jugé, » je m'attends à être jugé favorablement. Voilà, mon père, sur quoi je fonde mon espérance. » Le supérieur, tout étonné de cela, s'écrie : « Ah ! belle vertu, que vous êtes d'un grand prix aux yeux de Dieu ! Allez, mon frère, vous avez tout fait, le ciel vous est assuré ! » O belle vertu, que vous êtes rare ! Hélas ! vous êtes aussi rare que ceux qui sont pour le ciel sont rares !
En effet, M.F., qu'est-ce que c'est qu'un chrétien qui aura toutes les autres vertus s'il n'a pas celle-là ? Hélas ! ce n'est qu'un hypocrite, un faux, un méchant, qui, pour être vertueux extérieurement, n'en est que plus mauvais et plus méchant. Voulez-vous, M.F., con-naître si vous êtes au bon Dieu ? Voyez la manière dont vous vous conduisez avec votre prochain, voyez com-ment vous examinez et jugez ses actions. Allez, pauvres orgueilleux, pauvres envieux et pauvres jaloux, l'enfer vous attend, et rien autre. Mais touchons cela d'un peu plus près.
Dira-t-on du bien d'une fille en racontant ses bonnes qualités ? Ah ! vous dira l'un, si elle a de bonnes qua-lités, elle en a bien aussi de mauvaises ; elle fréquente la compagnie d'un tel qui n'a pas trop bonne réputation ; je suis bien sûr qu'ils ne se voient pas pour faire le bien. En voilà une telle, qui va bien parée, et qui pare bien ses enfants ; mais elle ferait bien mieux de payer ce qu'elle doit. A voir une telle, elle paraît bonne et affable à tout le monde, si vous la connaissiez comme moi, vous en jugeriez bien autrement ; elle ne fait toutes ces grimaces que pour mieux cacher ses désordres ; un tel va la demander en mariage, mais, s'il me demandait conseil, je lui dirais ce qu'il ne sait pas ; pour mieux dire, c'est un mauvais sujet. – Qui est cette personne qui passe ? dira un autre. Hélas ! mon ami, quand vous ne la connaîtriez pas, il n'y aurait pas grand mal ; je ne vous en dis rien de plus. Fuyez seulement sa compagnie, c'est un véritable scandaleux ; tout le monde le regarde comme tel. Tenez, c'est encore comme cette femme qui fait la sage et la dévote, il n'y a pas de plus mauvaise personne que la terre puisse porter ; d'ailleurs, c'est l'ordinaire que ces personnes qui veulent se faire passer pour être vertueuses, ou, si vous voulez, pour être sages, sont des méchantes, et les plus rancuneuses. – Peut-être que cette personne vous a fait quelque outrage ? – Oh ! non ; mais vous savez bien qu'elles sont toutes de même. Je me suis trouvé un jour avec une de mes anciennes connaissances, c'est un bon ivrogne et un fameux inso-lent – Peut-être, lui dira l'autre, qu'il vous a dit quelque chose qui vous a fâché ? – Ah ! non, il ne m'a jamais rien dit qui ne fut de dire, mais tout le monde le regarde comme cela. – Si ce n'était pas vous qui me le disiez, je ne voudrais pas le croire. – Quand il est avec ceux qui ne le connaissent pas, il sait assez faire l'hypocrite, pour faire croire qu'il est un homme honnête. C'est comme, un jour, je me suis trouvé avec un tel que vous connaissez bien, c'est aussi un homme ver-tueux : s'il ne fait tort à personne, il ne faut pas lui en savoir gré c'est bien quand il ne peut pas mieux faire ; Je vous assure que je ne voudrais pas me trouver seul avec lui. – Peut-être, lui dira l'autre, qu'il vous a fait tort quelquefois ? – Non, jamais, parce que je n'ai rien eu à faire avec lui. – Et comment savez-vous donc qu'il est si mauvais sujet ? – Oh ! ce n'est pas malaisé de le savoir, tout le monde le dit. C'est encore celui qui était un jour avec nous : à l'entendre parler, l'on dirait qu'il est l'homme le plus charitable du monde, et qu'il ne peut rien refuser à celui qui lui demande quelque chose ; tandis que c'est un avare fini, qui ferait dix lieues pour gagner deux sols ; je vous assure que maintenant l'on ne connaît plus le monde, l'on ne peut plus avoir confiance en personne. C’est encore celui qui vous par-lait tout à l'heure : il fait bien ses affaires, il se tient bien, tous ceux de chez lui vont bien rangés. Ce n'est pas bien malaisé, il ne dort pas toute la nuit. – Peut-être que vous l'avez vu prendre quelque chose ? – Oh ! non, je ne lui ai jamais rien vu prendre ; mais l'on a dit qu'une belle nuit, il est rentré chez lui bien chargé ; d'ailleurs, il n'a pas trop bonne réputation. I1 conclut, en disant : Je vous assure que je ne suis pas sans défaut mais je serais bien fâché de si peu valoir que ces gens-là.

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Message par Charles-Edouard Mer 13 Aoû 2008 - 23:54

Voyez-vous ce fameux pharisien, qui jeûne deux fois la semaine, qui paie la dîme de tout ce qu'il possède, et qui remercie le bon Dieu de n'être pas comme le reste des hommes, qui sont injustes, voleurs et adultères ! Voyez-vous cet orgueil, cette haine et cette jalousie !
Mais, dites-moi, M.F., sur quoi sont fondés tous ces jugements et ces sentences ? Hélas ! c'est sur de faibles apparences, et, le plus souvent, sur un on dit. Mais, peut-être me direz-vous que vous avez vu et entendu. Hélas ! vous pouvez la même chose vous tromper en voyant et en entendant, vous allez le voir. 1° Pour ne pas se tromper, il faut connaître les dispositions du cœur de la personne et son intention en faisant cette action. Voici un exemple qui va vous montrer, comme on ne peut pas mieux, que nous pouvons facilement nous tromper, et que nous nous trompons presque tou-jours. Dites-moi, M.F., qu'auriez-vous dit si vous aviez vécu du temps de saint Nicolas, et que vous l'eussiez vu venir, au milieu de la nuit, tourner autour de la maison de trois jeunes demoiselles, examinant bien et prenant bien garde que personne ne le vît. Voilà un évêque, auriez-vous tout de suite pensé, qui désho-nore son caractère, c'est un fameux hypocrite ; dans l'église il semble être un saint, et le voilà, au milieu de la nuit, à la porte de trois demoiselles qui n'ont pas trop bonne réputation. Cependant, M.F., cet évêque qui très certainement serait condamné, était un grand saint et très chéri de Dieu ; parce que ce qu'il faisait était la meilleure œuvre du monde. Afin d'éviter à ces jeunes personnes la honte de demander, il venait la nuit, et leur jetait de l'argent par leur fenêtre, craignant que la pauvreté les fît s'abandonner au péché. Si vous aviez vu la belle Judith quitter un habit de deuil, et prendre tout ce que la nature et l'art pouvaient lui fournir pour relever sa beauté qui était si extraordinaire ; vous auriez dit, la voyant entrer dans la chambre du général d'ar-mée, qui n'était qu'un vieux impudique ; la voyant, dis-je, sembler faire tout ce qu'elle pouvait pour lui plaire, vous auriez dit : « Voilà une femme de mauvaise vie . » Cependant, c'était une pieuse veuve, bien chaste et très agréable à Dieu, qui exposait sa vie pour sauver celle de son peuple. Dites-moi, M.F., avec votre préci-pitation de juger mal du prochain, qu'auriez-vous donc pensé si vous aviez vu le chaste Joseph sortir de la chambre de la femme de Putiphar, et en entendant crier cette femme, tenant entre ses mains un morceau du manteau de Joseph, le poursuivant comme un infâme qui avait voulu lui ravir son honneur ? De suite, sans examiner, vous auriez pensé et dit que ce jeune homme était un mauvais sujet et un libertin, d'avoir cherché à porter au mal la femme même de son maître, de qui il avait reçu tant de bienfaits. En effet, Putiphar, son maître, le condamne, et tout le monde le croit coupable, le blâme et le méprise ; mais le bon Dieu, qui connaît le fond du cœur et l'innocence de Joseph, le félicite de sa victoire, de ce qu'il avait préféré perdre sa réputation et sa vie même, plutôt que de perdre son innocence en commettant le moindre péché.
Conviendrez-vous avec moi, M.F., combien nous sommes en danger de juger mal les actions de notre prochain, malgré toutes les connaissances et les mar-ques certaines que nous croyons en avoir ? Ce qui doit nous porter à ne jamais juger des actions de notre pro-chain sans avoir bien réfléchi auparavant, et encore, seulement lorsque nous sommes chargés de la conduite de ces personnes, comme les pères et mères, les maîtres et maîtresses ; mais, pour toute autre personne, nous faisons presque toujours mal. Oui, M.F., j'ai vu des personnes, jugeant mal les intentions de leur pro-chain, dont je savais très bien que les intentions étaient bonnes. J'avais beau le leur bien faire comprendre, cela ne faisait rien. Ah ! maudit orgueil, que tu fais de mal et que tu conduis d'âmes en enfer ! Dites-moi, M.F., sommes-nous mieux fondés sur les jugements que nous portons sur les actions de notre prochain, que ceux qui auraient vu saint Nicolas qui roulait autour de cette maison, et qui tâchait de trouver la porte de la chambre de ces trois demoiselles ; sommes-nous plus sûrs que ceux qui auraient vu la belle Judith se parer si avanta-geusement et paraître si libre avec Holopherne ? Non, M.F., nous ne sommes pas plus sûrs des jugements que nous portons envers notre prochain que ne l'étaient ceux qui virent la femme de Putiphar avec un morceau du manteau de Joseph entre ses mains, et criant à tous ceux qui voulaient l'entendre qu'il avait voulu lui ravir son honneur. Voilà, M.F., trois exemples que le Saint--Esprit nous a laissés, pour nous apprendre combien les apparences sont trompeuses, et combien l'on s'expose à pécher en jugeant mal des actions du prochain ; surtout quand nous ne sommes pas obligés de rendre compte de leur conduite devant le tribunal de Dieu.
Nous voyons que ce pharisien jugeait bien téméraire-ment ce publicain d'être un voleur, parce qu'il recevait les impôts ; en disant, sans le savoir, qu'il demandait plus qu'il ne fallait et qu'il ne se servait de son autorité que pour faire des injustices. Cependant, ce prétendu voleur se retire des pieds de Dieu, justifié, et ce pha-risien, qui se croyait parfait, s'en va chez lui plus coupable ; ce qui nous montre que, le plus souvent, celui qui juge est plus coupable que celui qui est jugé.
Mais ces mauvais cœurs, ces cœurs orgueilleux, jaloux et envieux, puisque ce sont ces trois vices qui engen-drent tous ces jugements que l'on porte sur ses voisins. A-t-on volé quelqu'un ? A-t-on perdu quelque chose ? De suite, nous pensons que c'est peut-être bien un tel qui a fait cela, et nous le pensons sans même en avoir la moindre connaissance. Ah ! M.F., si vous connaissiez bien ce péché, vous verriez que c'est un des péchés les plus à craindre, qui est le moins connu et le plus difficile à corriger. Écoutez ces cœurs qui sont imbus de ce vice. Si quelqu'un exerce quelque emploi, quelque charge dans lesquels d'autres ont fait quelque injustice ; de suite, ils concluent que tous ceux qui pren-nent la place font de même, qu'ils ne valent pas mieux que les autres, qu'ils sont tous des voleurs et des adroits. Si, dans une famille, un enfant donne dans le travers, tous les autres ne valent rien. Si, dans une paroisse, quelques personnes ont eu fait quelque bassesse, toute la paroisse est composée de mauvais sujets. Si, parmi les prêtres, il y en a qui, peut-être, ne sont pas aussi saints qu'ils devraient l'être, tous les autres prêtres sont de même, ils ne valent tous rien : ce qui n'est ordinairement qu'un faux prétexte pour excuser sa propre indifférence pour son salut. Parce que Judas ne valut rien, voudriez--vous faire croire que les autres apôtres ne valaient rien ? De ce que Caïn était un mauvais sujet, pensez--vous que Abel, son frère, lui ressemblait ? Non, sans doute. Parce que les frères de Joseph furent si misé-rables et si méchants, croyez vous que Joseph fût de même ? Non, vraiment, puisqu'il est un saint. Si nous voyons une personne qui refuse l'aumône à quelqu'un, de suite nous disons que c'est un avare, qu'il a le cœur plus dur qu'un rocher, que, d'ailleurs, il n'a jamais rien valu ; tandis qu'il aura fait, en secret, de grandes cha-rités que nous ne verrons qu'au jugement.
Hélas ! M.F., disons que « chacun parle de l'abondance du cœur, » comme nous le dit très bien Jésus-Christ lui--même ; « nous connaissons un arbre à son fruit . » Voulez-vous connaître le cœur d'une personne ? écoutez--la parler. Un avare ne sait parler que des avares, de ceux qui trompent, qui sont injustes ; un orgueilleux ne cesse de vous casser la tête de ceux qui veulent se faire valoir, qui croient avoir beaucoup d'esprit, qui se louent de ce qu'ils font ou de ce qu'ils disent. Un impudique n'a pas autre chose à la bouche que : un tel mène mau-vaise vie ; il a affaire avec une telle, qui perd sa réputation ; et le reste, car ce serait trop long d'entrer dans ces détails.
Ah ! M.F., si nous avions le bonheur d'être exempts de l'orgueil et de l'envie, nous ne jugerions jamais per-sonne, nous nous contenterions de pleurer sur nos mi-sères spirituelles et de prier pour les pauvres pécheurs, et pas autre chose ; étant bien convaincus que le bon Dieu ne nous demandera compte que de nos actions et non de celles des autres. D'ailleurs, M.F., comment oser juger et condamner quelqu'un, quand même nous lui aurions vu commettre un péché ? Saint Augustin ne dit-il pas que celui qui était hier un pécheur peut être aujourd'hui un saint pénitent. Quand nous voyons bien du mal dans notre prochain, disons au moins : Hélas, si le bon Dieu ne m'avait pas accordé plus de grâces qu'à lui, j'aurais peut-être été encore plus loin. Oui, M.F., le jugement téméraire entraîne nécessairement avec lui la ruine et la perte de la charité chrétienne. En effet, M.F., dès que nous soupçonnons une personne de mal se conduire, nous n'avons plus d'elle cette bonne opinion que nous devrions avoir. D'ailleurs, M.F., ce n'est pas à nous que les autres doivent rendre compte de leur vie, mais à Dieu seul ; c'est vouloir nous établir juge de ce qui ne nous regarde pas ; les péchés des autres seront pour les autres, c'est-à-dire, pour eux, et les nôtres, pour nous. Le bon Dieu ne nous demandera pas compte de ce que les autres ont fait ; mais bien de ce que nous aurons fait nous-mêmes ; prenons seulement garde à nous et ne nous tourmentons pas tant des autres, en pensant et en disant ce qu'ils ont fait ou dit. Tout cela, M.F., n'est que peine perdue, qui ne peut venir que d'un fond d'orgueil semblable à celui de ce pha-risien, qui n'était occupé qu'à penser et à juger mal de son prochain, au lieu de bien s'occuper de lui-même et de gémir sur sa pauvre vie. Non, M.F., laissons la con-duite du prochain de côté, contentons-nous de dire, comme le saint roi David : « Mon Dieu, faites-moi la grâce de me connaître, tel que je suis ; afin que je voie ce qui peut vous déplaire, pour que je puisse me corriger, me repentir et obtenir le pardon. » Non, M.F., tant qu'une personne s'amusera à examiner la conduite des autres, ni elle ne se connaîtra, ni elle ne sera au bon Dieu, c'est-à-dire qu'elle vivra en orgueilleuse et en entêtée.
Notre-Seigneur nous dit : « Ne jugez point et vous ne serez point jugés. Mon Père vous traitera de la même manière que vous aurez traité les autres ; vous serez mesurés de la même mesure dont vous vous serez servis pour mesurer les autres . » D'ailleurs, M.F., qui est celui d'entre nous qui serait content qu'on jugeât mal de ce qu'il fait ou dit ? Personne. Notre-Seigneur ne dit-il pas : « Ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas que l'on vous fit . » Hélas ! M.F., que de péchés nous commettons de cette manière ! Hélas ! qu'il y en a qui ne les connaissent pas, et qui, par conséquent, ne s'en sont jamais accusés ! Mon Dieu, que de personnes damnées, faute de se faire instruire ou de bien réfléchir sur leur manière de vivre !

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Message par Charles-Edouard Mer 13 Aoû 2008 - 23:54

II. – Nous venons de voir combien ce péché est commun et affreux aux yeux de Dieu, et, en même temps, combien il est difficile de s'en corriger. Pour ne pas vous laisser sans vous donner le moyen de vous en corriger, voyons quels sont les remèdes que nous devons employer pour nous en préserver et pour nous en cor-riger, si nous avons le malheur de nous en être rendus coupables. Saint Bernard, ce grand saint, nous dit que, si nous voulons ne pas juger mal de notre prochain, il faut éviter cette curiosité, ce désir de trop savoir, et ne point nous informer de ce que fait l'un et dit l'autre, ni de ce qui se passe dans l'intérieur des maisons. Laissons aller le monde comme le bon Dieu permet qu'il aille, ne pensons et ne jugeons mal que de nous. L'on disait un jour à saint Thomas, qu'il avait trop bonne opinion des gens, et que plusieurs profitaient de sa bonté pour le tromper. Il leur fit cette belle réponse, bien digne d'être gravée à jamais dans nos cœurs : « Peut-être que cela est vrai ; mais je pense qu'il n'y a que moi qui sois capable de faire le mal, comme étant le plus misérable du monde ; j'aime beaucoup mieux que l'on me trompe, que si je me trompais en jugeant mal de mon pro-chain . Écoutez ce que Jésus-Christ nous dit lui--même, par la bouche de saint Jean : « Qui aime son pro-chain accomplit tous les commandements de Dieu . » Pour ne pas juger mal d'une personne, M.F., il faut toujours séparer ce qu'elle fait de l'intention qu'elle a pu avoir en le faisant. Peut-être, devez-vous penser en vous-même, ne croyait-il pas faire mal en le faisant ; peut-être, qu'il s'était proposé quelque bonne fin, ou bien, il aura été trompé lui-même ; qui sait ? c'est peut--être par légèreté et non par malice ; quelquefois on agit sans réfléchir, quand il verra ce qu'il a fait, il s'en repen-tira ; le bon Dieu pardonne facilement une action de légèreté, il se peut bien faire qu'un jour il soit un bon chrétien et un saint...
Saint Ambroise nous donne un bel exemple, dans l'éloge qu'il fait de l'empereur Valentinien, en nous disant que cet empereur ne jugeait jamais mal de per-sonne et qu'il ne punissait que le plus tard qu'il pouvait les crimes dans lesquels tombaient ses sujets. S'ils étaient jeunes, il attribuait leurs fautes à la légèreté de leur âge et à leur peu d'expérience. S'ils étaient âgés, il répondait que la faiblesse de l'âge et leur caducité pouvait bien leur servir d'excuse ; que peut-être, ils avaient longtemps résisté et combattu avant de faire le mal, et que le repentir avait certainement suivi de près le péché. S'ils étaient élevés à quelque dignité, il se disait à lui-même : hélas ! personne ne doute que les honneurs et les dignités ne soient un grand poids pour nous entraîner au mal ; à chaque instant l'on y ren-contre l'occasion de le faire. S'ils étaient simples par-ticuliers : mon Dieu, se disait-il, cette pauvre personne n'a peut-être fait mal que par crainte ; c'est sans doute pour ne pas vouloir déplaire à quelque personne qui lui avait fait du bien. S'ils étaient tout à fait pauvres : qui peut douter que la pauvreté ne soit quelque chose de bien dur ? c'est qu'ils avaient besoin de cela pour ne pas mourir de faim eux ou leurs enfants ; peut-être qu'ils ne l'ont fait qu'avec beaucoup de peine, avec la pensée de réparer le tort qu'ils faisaient. Mais, lorsque la chose était trop évidente, qu'il ne pouvait plus l'excuser : mon Dieu, s'écriait-il, que le démon est fin ! il y a peut-être combien de temps qu'il le tente ; il a fait cette faute, il est vrai, mais, peut-être que son repentir lui a déjà mérité son pardon auprès du bon Dieu ; que sait-on ? si le bon Dieu m'avait mis à de semblables épreuves, n'aurais-je pas fait plus mal encore ? Comment aurais-je le courage de le juger et de le punir ? il a bien le temps d'être jugé et puni par Dieu, qui ne peut pas se tromper dans son jugement ; tandis que, le plus souvent, nous nous trompons, faute de lumières ; mais je pense que le bon Dieu aura pitié de lui, et qu'un jour, il priera pour moi, qui peux tomber à tout moment et me perdre.
Voyez-vous, M.F., la manière dont se conduisait cet empereur ; voyez-vous comment il trouvait partout de quoi excuser les défauts de son prochain et tournait tout en bien et jamais en mal ? Ah ! M.F., c'est que son cœur était exempt de ce détestable orgueil et de cette noire jalousie ou envie, dont nous avons le malheur d'être couverts. Voyez, M.F., voyez la conduite des gens du monde, voyez s'ils ont cette charité chrétienne qui tourne tout en bien et jamais en mal. Hélas ! M.F., si nous avions le bonheur de jeter un coup d'œil sur notre vie passée, nous nous contenterions de pleurer nos malheurs d'avoir passé nos jours à faire le mal, et nous laisserions bien ce qui ne nous regarde pas.
Nous voyons, M.F., qu'il y a peu de vices que les saints aient eu plus en horreur que celui de la médi-sance. Nous lisons dans la vie de saint Pacôme que quand quelqu'un parlait mal du prochain, il en faisait paraître une aversion étonnante en disant que, de la bouche d'un chrétien, il ne devait jamais sortir des paroles désavantageuses contre le prochain. S'il ne pou-vait pas les empêcher de médire, il s'enfuyait avec préci-pitation ; afin de leur montrer par là, combien cela lui faisait de la peine . Saint Jean l'Aumônier, lorsqu'il voyait quelqu'un qui médisait en sa compagnie, il défen-dait à celui qui ouvrait la porte de le laisser rentrer une autre fois, s'il le voyait revenir, afin de lui apprendre à se corriger. Un saint solitaire disait un jour à saint Pacôme : « Mon père, comment peut-on s'empêcher de parler mal du prochain ? » Saint Pacôme lui répondit : « Il faut toujours avoir devant les yeux le portrait de notre prochain et le nôtre : si nous regardons attenti-vement le nôtre et ses défauts, alors nous sommes sûrs de bien estimer celui de notre prochain et de n'en parler jamais en mal ; nous l'aimerons au moins comme nous-même, le voyant beaucoup plus parfait que nous. Saint Augustin, étant évêque, avait une telle horreur de la médisance et du médisant que, pour arrêter une cou-tume si mauvaise et si indigne d'un chrétien, il avait fait écrire dans l'appartement où il mangeait, ces paro-les : « Quiconque aime à déchirer la réputation de son prochain, doit savoir que cette table lui est inter-dite ». Si quelqu'un, même des autres évêques, s'échappait en des paroles de médisance, il les reprenait si vivement, qu'il leur disait : « Ou effacez ces paroles qui sont écrites dans cet appartement, ou levez-vous et allez-vous-en dans vos maisons, avant que le dîner soit fini ; ou, si vous ne voulez quitter ces discours, moi--même je me lèverai et vous laisserai là. » Possidius, qui a écrit sa vie, nous dit qu'il a été témoin lui-même de ce fait.
Il est rapporté dans la vie de saint Antoine qu'il faisait un voyage avec plusieurs solitaires qui, durant toute la route, causaient de différentes bonnes choses ; mais comme il est très difficile, pour ne pas dire impos-sible, de parler longtemps sans tomber sur la conduite du prochain. au bout de leur voyage, saint Antoine dit à ces solitaires : « Vous avez eu bien du bonheur d'avoir eu pour compagnon ce bon vieillard, » et il se tourna de même vers un vieillard qui n'avait pas dit un mot dans tout le voyage, lui disant : « Eh bien ! mon père, n'est-ce pas que vous avez fait un bon voyage d'avoir rencontré la compagnie de ces solitaires ? » – « Il est vrai qu'ils sont bons, lui répondit le vieillard, mais ils n'ont point de porte à leur maison ; » voulant dire qu'ils n'avaient pas de retenue dans leurs paroles, et que, souvent, ils avaient blessé la réputation du pro-chain .
Ah ! M.F., concluons qu'il y en a bien peu qui met-tent des portes à leur maison, c'est-à-dire, à leur bou-che, pour ne pas l'ouvrir au désavantage du prochain. Heureux celui qui laissera la conduite du prochain, n'en étant pas chargé, pour ne penser qu'à soi-même en gémissant sur ses fautes et en faisant tous ses efforts pour s'en corriger ! Heureux celui qui n'occupera son esprit et son cœur que pour ce qui regarde le bon Dieu, et sa langue que pour demander pardon au bon Dieu, et qui n'aura des yeux que pour pleurer ses péchés !...

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Mer 13 Aoû 2008 - 23:55

11ème dimanche après la Pentecôte
Sur la Médisance

Solutum est vinculum linguae ejus, et loquebatur recte.
Sa langue se délia, et il parla très bien
(S. Marc, VII, 35.)
Qu'il serait à désirer, M.F., que l'on pût dire de cha-cun de nous ce que l'Évangile dit de ce muet que Jésus guérit, qu'il parlait très bien. Hélas ! M.F., ne pourrai--on pas, au contraire, nous reprocher que nous parlons presque toujours mal, surtout lorsque nous parlons de notre prochain. Quelle est, en effet, la conduite de la plupart des chrétiens de nos jours ? La voici. Critiquer, censurer, noircir et condamner ce que fait et dit le pro-chain : voilà de tous les vices le plus commun, le plus universellement répandu, et, peut-être, le plus mauvais de tous. Vice que l'on ne pourra jamais assez détester, vice qui a les suites les plus funestes, qui porte partout le trouble et la désolation. Ah ! plut à Dieu, de me donner un de ces charbons dont l'ange se servit pour purifier les lèvres du prophète Isaïe , afin d'en purifier la langue de tous les hommes ! Oh ! que de maux l'on bannirait de dessus la terre, si l'on pouvait en chasser la médisance ! Puissé-je, M.F., vous en donner tant d'horreur, que vous ayez le bonheur de vous en corriger pour toujours !
Quel est mon dessein, M.F. ? le voici. – C'est de vous faire connaître : 1° ce que c'est que la médisance ; 2° quelles en sont les causes et les suites ; 3° la nécessité et la difficulté de la réparer.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Mer 13 Aoû 2008 - 23:55

I. – Je ne veux pas entreprendre de vous montrer la grandeur, la noirceur de ce crime qui fait tant de mal ; c'est-à-dire, qui est la cause de tant de disputes, de haines, de meurtres et d'inimitiés qui durent souvent autant que la vie des personnes, vu qu'il n'épargne pas plus les bons que les mauvais ; il me suffit de vous dire que ce crime est un de ceux qui traînent le plus d'âmes en enfer. Je crois qu'il vous est plus nécessaire de vous faire connaître en combien de manières nous pouvons nous en rendre coupables ; afin que, connaissant le mal que vous faites, vous puissiez vous en cor-riger, et éviter les tourments qui lui sont préparés dans l'autre vie. Si vous me demandez : Qu'est-ce qu'une médisance ? je vous dirai : c'est faire connaître un défaut ou une faute du prochain d'une manière capable de nuire, plus ou moins, à sa réputation, et cela se fait en plusieurs manières.
1° On médit lorsqu'on impute au prochain un mal qu'il n'a pas fait ou un défaut qu'il n'a pas, c'est ce qui s'appelle calomnie ; crime infiniment affreux, qui, cependant, est très commun. Ne vous y trompez pas, M.F., de la médisance à la calomnie, il n'y a qu'un petit pas. Si nous examinons bien les choses, nous voyons que presque toujours, on ajoute ou augmente au mal qu'on dit du prochain. Une chose qui passe par plu-sieurs bouches n'est plus la même, celui qui l'a dite le premier ne la reconnaît plus, tant on change ou ajoute ; de là, je conclus qu'un médisant est presque toujours un calomniateur, et tout calomniateur est un infâme. Il y a un saint Père qui nous dit que l'on devrait chasser les médisants de la société des hommes comme des bêtes féroces.
2° L'on médit quand on augmente le mal que le pro-chain a fait. Vous avez vu quelqu'un qui a fait quelque faute ; que faites-vous ? au lieu de la couvrir du man-teau de la charité, ou, du moins, de la diminuer, vous la grossissez. Vous verrez un domestique qui se repo-sera un instant, un ouvrier, de même ; si quelqu'un vous en parle, vous direz, sans autre examen, qu'il est un fainéant, qu'il vole l'argent de son maître. Vous verrez passer une personne dans une vigne ou un ver-ger, elle prendra quelques raisins et quelques fruits, ce qu'elle ne devrait pas faire, il est vrai ; vous allez racon-ter à tous ceux que vous verrez qu'un tel est un voleur, qu'il faut prendre garde, quand même il n'a jamais rien volé ; ainsi du reste... C'est ce qu'on appelle médire par exagération. Écoutez saint François de Sales : « Ne dites pas, nous dit cet admirable saint, qu'un tel est un ivro-gne et un voleur, pour l'avoir vu voler ou s'enivrer une fois. Noé et Loth s'enivrèrent une fois ; cependant, ni l'un ni l'autre n'étaient ivrognes. Saint Pierre ne fut pas un blasphémateur pour avoir blasphémé dans une occasion . Une personne n'est pas vicieuse pour être tombée une fois dans le vice, et quand même elle tom-berait plusieurs fois, l'on court toujours risque de médire dans une accusation. C'est ce qui arriva à Simon le lépreux, lorsqu'il vit Madeleine aux pieds du Sauveur, qu'elle arrosait de ses larmes : « Si cet homme, disait-il, était un prophète comme on le dit, est-ce qu'il ne connaîtrait pas que c'est une pécheresse qui est à ses pieds ? » Il se trompait grossièrement : Madeleine n'était plus une pécheresse, mais une sainte pénitente, parce que ses péchés lui étaient tous pardonnés. Voyez encore cet orgueilleux pharisien, qui, se tenant au haut du temple, faisait l'étalage de toutes ses prétendues bonnes œuvres en remerciant Dieu de n'être pas de ces hommes qui sont adultères, injustes et voleurs, tel qu'est ce publicain. Il disait que ce publicain était un pécheur ; tandis qu'il avait été justifié à l'heure même . Ah ! mes enfants, nous dit cet aimable saint François de Sales, parce que la miséricorde de Dieu est si grande, qu'un seul instant suffit pour qu'il pardonne le plus grand crime du monde, comment pouvons-nous oser dire que celui qui était hier un grand pécheur le soit aujourd'hui ? » Je conclus en disant que, presque tou-jours, nous nous trompons lorsque nous jugeons mal du prochain, quelque apparence de vérité qu'ait la chose sur laquelle nous portons notre jugement.
3° Je dis que l'on médit quand on fait connaître, sans raison légitime, un défaut caché du prochain, ou une faute qui n'est pas connue. Il y a des personnes qui s'imaginent que quand elles savent quelque mal du pro-chain, elles peuvent le dire à d'autres et s'en entretenir. Vous vous trompez, mon ami. Qu'avons-nous, dans notre sainte religion, de plus recommandé que la charité ? La raison même nous inspire de ne pas faire aux autres ce que nous ne voudrions pas qu'on nous fit à nous-mêmes. Voyez cela un peu de près : serions-nous bien contents si quelqu'un nous avait vus faire une faute, et qu'il allât la publier à tout le monde ? non, sans doute ; au contraire : s'il avait la charité de la tenir cachée, nous lui serions bien reconnaissants. Voyez combien cela vous fâche si l'on dit quelque chose sur votre compte ou sur celui de votre famille : où est donc la justice et la charité ? tant que la faute de votre pro-chain est cachée, il conservera sa réputation ; mais dès que vous la faites connaître, vous lui enlevez sa réputation, et, en cela, vous lui faites un plus grand tort que si vous lui enleviez une partie de ses biens, puisque l'Esprit-Saint nous dit qu'une bonne réputation vaut mieux que les richesses .
4° On médit lorsqu'on interprète en mauvaise part les bonnes actions du prochain. Il y a des personnes qui sont semblables à l'araignée, qui change en poison la meilleure chose. Une pauvre personne, une fois sur la langue des médisants, est semblable à un grain de blé sous la meule du moulin : il est déchiré, écrasé et en-tièrement détruit. Ces personnes-là vous prêteront des intentions que vous n'avez jamais eues, elles empoison-neront toutes vos actions et vos démarches : si vous avez de la piété, que vous vouliez remplir fidèlement vos devoirs de religion, vous n'êtes plus qu'un hypo-crite, un dieu d'église et un démon de maison. Si vous faites des bonnes œuvres, elles penseront que c'est par orgueil, pour vous faire voir. Si vous fuyez le monde, vous serez un être singulier, une personne qui est faible d'esprit ; si vous avez soin de votre bien, vous n'êtes plus qu'un avare ; disons mieux, M.F. : la langue du médisant est comme un ver qui pique les bons fruits, c'est-à-dire, les meilleures actions du monde et tâche de les tourner en mauvaise part. La langue du médisant est une chenille qui salit les plus belles fleurs en y lais-sant la trace dégoûtante de son écume.
5° Je dis que l'on médit même en ne disant rien, et voici comment : on louera en votre présence une per-sonne que 1'on sait que vous connaissez ; vous n'en dites rien ou vous ne la louez que faiblement : votre silence et votre affectation font penser que vous savez sur son compte quelque chose de mauvais qui vous porte à ne rien dire. D'autres médisent par une manière de com-passion. Vous ne savez pas, disent-ils, vous connaissez bien une telle ; avez-vous entendu dire ce qui lui est arrivé ? que c'est donc dommage qu'elle se soit laissé tromper !... n'est-ce pas, vous êtes bien comme moi, vous ne l'auriez pas cru ?... Saint François nous dit qu'une pareille médisance est semblable à un trait enve-nimé, qu'on trempe dans l'huile, afin qu'il pénètre plus avant. Enfin, un geste, un sourire, un mais, un coup de tête, un petit air de mépris : tout cela fait beaucoup penser de la personne dont on parle.

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Message par Charles-Edouard Mer 13 Aoû 2008 - 23:55

Mais la médisance la plus noire et la plus funeste dans ses suites, c'est de rapporter à quelqu'un ce qu'un autre a dit de lui ou fait contre lui. Ces rapports pro-duisent les maux les plus affreux, qui font naître des sentiments de haine, de vengeance qui durent souvent jusqu'à la mort. Pour vous montrer combien ces sortes de gens sont coupables, écoutez ce que nous dit l'Esprit--Saint : « Il y a six choses que Dieu hait, mais il déteste la septième, cette septième ce sont les rapports . Voilà à peu près, M.F., en combien de manières l'on peut pécher par la médisance. Sondez votre cœur, et voyez si vous n'êtes, en rien, coupables sur cette matière.
D'abord, je vous dirai que l'on ne doit pas facilement croire le mal que l'on dit des autres, et, quoiqu'une personne accusée ne se défende pas, l'on ne doit pas croire que ce que l'on dit est bien sûr ; en voici un exemple qui vous montrera que nous pouvons tous nous tromper, et que nous ne devons croire que très difficilement le mal que l'on nous dit des autres. Il est rapporté dans l'histoire, qu'un homme veuf n'ayant qu'une fille unique fort jeune, la recommanda à un de ses parents et alla se faire religieux dans un monastère de solitaires. Sa vertu le fit aimer de tous les religieux. De son côté, il était très content de sa vocation ; mais, quelque temps après, pensant à sa fille, la tendresse qu'il sentit pour cette enfant le remplit de douleur et de tristesse de l'avoir ainsi abandonnée. Le père abbé s'en aperçut, et lui dit un jour : « Qu'avez-vous, mon frère, qui vous afflige tant ? » – « Hélas ! mon père, lui répondit le solitaire, j'ai laissé dans la ville une enfant fort jeune : voilà le sujet de ma peine. » L'abbé ne sachant pas que ce fût une fille, croyant que c'était un fils, lui dit : « Allez le chercher, amenez-le ici, et vous l'élèverez auprès de vous. » De suite, il part, regardant cela comme une voix du ciel, il va trouver sa petite fille qui s'appelait Marine. II lui dit de prendre le nom de Marin, lui défendit de jamais faire connaître qu'elle était une fille, et il l'amena dans son monastère. Son père prit tant de soin de lui montrer la nécessité de la per-fection dans une personne qui quittait le monde pour se donner à Dieu, que, dans peu de temps, elle devint un modèle de vertu, même pour les anciens religieux, toute jeune qu'elle était. Son père, avant de mourir, lui recommanda bien de nouveau de ne jamais dire qui elle était. Marine n'avait encore que dix-sept ans lorsque son saint père la laissa ; tous les religieux ne l'appelaient que le frère Marin. Son humilité qui était si profonde et sa vertu si peu commune la firent aimer et respecter de tous les religieux. Mais, le démon, jaloux de la voir marcher avec tant de rapidité dans la vertu, ou plutôt, Dieu, voulant l'éprouver, permit qu'elle fût calomniée de la manière la plus noire. Il lui eût été facile de faire reconnaître son innocence ; mais elle ne le fit pas. Vous allez voir qu'une personne qui aime véritablement Dieu, regarde tout ce que Dieu permet qu'il nous arrive, même la médisance et la calomnie, comme ne nous étant donné que pour notre bien. Les frères avaient coutume d'aller au marché certains jours de la semaine pour aller chercher leurs provisions, le frère les y accom-pagnait. Le maître de l'hôtellerie avait une fille, qui s'était abandonnée au péché avec un soldat. S'étant aperçu que sa fille était enceinte, il voulut savoir d'elle qui l'avait débauchée ; cette fille, pleine de malice, inventa la plus noire médisance et la plus affreuse calomnie, et dit à son père que c'était le frère Marin qui l'avait séduite, et qu'elle était tombée dans le péché avec lui. Le père, plein de fureur, vient faire ses plaintes à l'abbé, qui fut bien étonné d'un tel fait de la part du frère Marin, qui passait pour un grand saint. Le père abbé fit venir le frère Marin en sa présence, lui demanda ce qu'il avait fait, quelle vie il avait menée, quelle honte pour un religieux ! Le pauvre frère Marin, élevant son cœur à Dieu, pensa à ce qu'il devait répondre, et plutôt que de diffamer cette impudique fille, il se contenta de dire
« Je suis un pécheur qui mérite de faire pénitence. » L'abbé n'examina pas davantage, la croyant coupable du crime dont on l'accusait, la fit châtier sévèrement et la chassa du monastère. Mais, cette pauvre enfant, semblable à Jésus-Christ, reçoit les coups et les affronts sans ouvrir la bouche pour se plaindre, ni pour faire reconnaître son innocence, elle, à qui cela était si facile. Elle resta trois ans à la porte du monastère, étant regardée de tous les religieux comme une infâme ; quand les religieux passaient, elle se prosternait devant eux pour leur demander le secours de leurs prières, un pauvre morceau de pain pour ne pas mourir de faim. La fille de l'hôtellerie étant accouchée, garda pendant quelque temps cet enfant, ; mais dès qu'il fut sevré, elle l'envoya au frère Marin comme s'il en avait été le père. Sans rien faire paraître de son innocence, elle le reçut comme son enfant, le nourrit pendant deux ans, partageant avec cet enfant les petites aumônes qu'on lui faisait. Les reli-gieux, touchés de voir tant d'humilité, allèrent prier l'abbé d'avoir pitié du frère Marin, en lui représentant que, depuis cinq ans, il faisait pénitence à la porte du monastère, qu'il fallait le recevoir et lui pardonner pour l'amour de Jésus-Christ. Le père abbé l'ayant fait venir, lui fit de sanglants reproches : « Votre père était un saint, lui dit l'abbé, il vous fit entrer ici dès votre enfance, et vous avez eu l'effronterie de déshonorer cette maison par le crime le plus détestable ; cependant, je vous permets d'entrer dans cette maison avec cet enfant, dont vous êtes l'indigne père, et je vous condamne, pour l'expiation de votre péché, aux ouvrages les plus vils et les plus bas, et à servir tous les frères. Ce pauvre frère Marin, sans dire un mot de plainte, se soumet à tout, toujours content et toujours bien résolu de ne rien dire pour faire connaître qu'il n'était point coupable. Ce nou-veau travail, qu'à peine un homme robuste aurait pu soutenir, ne le découragea point. Cependant, au bout de quelque temps, accablé par la fatigue du travail et les austérités de ses jeûnes, il succomba, et, peu de temps après il mourut. L'abbé ordonna, par charité, qu'on lui rendît les derniers devoirs comme à un autre religieux ; mais, que pour donner plus d'horreur de ce vice, on l'enterrât loin du monastère, afin qu'on en perdît le souvenir. Mais, Dieu voulut faire connaître son innocence qu'elle avait tenue cachée si longtemps. Ayant reconnu que c'était une fille : « O mon Dieu, s'écrièrent-ils en se frappant la poitrine, comment cette sainte fille a-t-elle pu souffrir avec tant de patience, tant d'opprobres et d'afflictions, sans se plaindre, lui étant si facile de se justifier ? » Ils courent au père abbé, pous-sant de grands cris et répandant des larmes en abon-dance : « Venez, mon père, disent-ils, venez voir le frère Marin. » L'abbé, étonné de ces cris et de ces lar-mes, court vers cette pauvre fille innocente. Il fut saisi d'une si vive douleur, qu'il se mit à genoux, frappant la terre de son front et versant des torrents de larmes. Ils s'écrièrent tous ensemble, lui, et ses religieux éplorés : « O sainte et innocente fille, je vous conjure, par la miséricorde de Jésus-Christ, de me pardonner toutes les peines et les injustes reproches que je vous ai faits ! – Hélas ! s'écriait l'abbé, j'ai été dans l'ignorance, et vous avez eu assez de patience pour tout souffrir, et moi, trop peu de lumières pour reconnaître la sainteté de votre vie. » Ayant fait déposer le corps de cette sainte fille dans la chapelle du monastère, ils portèrent cette nouvelle au père de la fille qui avait accusé le frère Marin. Cette pauvre malheureuse, qui avait faussement accusé sainte Marine, était, depuis son péché, possédée du démon, et vint toute désespérée avouer son crime aux pieds de la sainte, lui en demandant pardon. Elle fut sur-le-champ délivrée par son intercession.

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Message par Charles-Edouard Mer 13 Aoû 2008 - 23:55

Voyez, M.F., combien la calomnie et la médisance font souffrir de pauvres innocents ! combien y a-t-il, même dans le monde, de pauvres personnes que l'on accuse faussement, et qu'au jugement nous reconnaîtrons innocentes. Cependant, ceux qui sont accusés de cette manière doivent reconnaître que c'est Dieu qui le permet, et que le meilleur moyen pour eux est de laisser entre les mains de Dieu leur innocence et ne point se tourmenter de ce que leur réputation peut en souffrir ; presque tous les saints ont fait cela. Voyez en-core saint François de Sales, qui fut accusé devant un rand nombre, d'avoir fait tuer un homme pour vivre avec sa femme. Le saint laissa tout entre les mains de Dieu, ne se finit point en peine de sa réputation. A ceux qui lui conseillaient de la défendre, il répondait qu'il laissait à celui qui avait permis que sa réputation fût flétrie, le soin de la rétablir dès qu'il le trouverait bon. Comme la calomnie est quelque chose de très sensible, Dieu permet que presque tous les saints aient été calom-niés. Je crois que le meilleur parti que nous ayons à prendre dans ces choses-là, c'est de ne rien dire, de bien demander au bon Dieu de souffrir tout cela pour l'amour de lui et de prier pour eux. D'ailleurs, Dieu ne permet cela que pour ceux sur lesquels il a de grandes vues de miséricorde. Si une personne est calomniée, c'est que Dieu a résolu de la faire parvenir à une haute perfection. Nous devons plaindre ceux qui noircissent notre répu-tation et nous réjouir par rapport à nous ; parce que ce sont des biens que nous ramassons pour le ciel. Reve-nons à notre matière, parce que notre principal but est de faire connaître le mal que le médisant se fait à lui--même.
Je vous dirai que la médisance est un péché mortel, lorsque c'est quelque chose de grave, puisque saint Paul met ce péché au nombre de ceux qui excluent du royaume des cieux . Le Saint-Esprit nous dit que le médisant est maudit de Dieu, qu'il est en abomination à Dieu et aux hommes . Il est vrai que la médisance est plus ou moins grande, selon la qualité, la proximité et la dignité des personnes de qui on parle. C'est, par conséquent, un plus grand péché de faire connaître les défauts et les vices de ses supérieurs, comme de son père et de sa mère, de sa femme, de son mari, de ses frères et sœurs et de ses parents, que ceux des étran-gers, parce que l'on doit avoir plus de charité pour eux que pour les autres. Parler mal des personnes consa-crées et des ministres de l'Église, c'est encore un plus grand péché, à cause des suites qui sont si funestes pour la religion et à cause de l'outrage que l'on fait à leur caractère. Écoutez, voici ce que le Saint-Esprit nous dit par la bouche de son prophète : « Médire de ses ministres, c'est toucher à la prunelle de son œil ; » c'est-à-dire, que rien ne peut l'outrager d'une manière si sensible, et par conséquent, crime toujours si grand que jamais vous ne pourrez le comprendre... Jésus-Christ nous dit aussi : « Celui qui vous méprise, me méprise . » Aussi, M.F., quand vous êtes avec des personnes d'une autre paroisse, qui sont toujours après parler mal de leur pasteur, il ne faut jamais y prendre part ; vous retirer, si vous le pouvez, ou bien, si vous ne le pouvez pas, ne rien dire.
D'après cela, M.F., vous conviendrez avec moi que pour faire une bonne confession il ne suffit pas de dire que l'on a médit du prochain ; il faut encore dire si c'est par légèreté, par haine, par vengeance, si nous avons cherché à nuire à sa réputation ; dire de quelles per-sonnes nous avons parlé : si c'est d'un supérieur, d'un égal, d'un père et d'une mère, de nos parents, des personnes consacrées à Dieu ; devant combien de per-sonnes : tout cela est nécessaire pour faire une bonne confession. Beaucoup de personnes se trompent sur ce dernier acte ; l'on s'accusera bien d'avoir médit du pro-chain, mais on ne dit ni de qui, ni quelle était l'in-tention en disant du mal de ces personnes, ce qui est cause de bien des confessions sacrilèges. D'autres, si on leur demande si ces médisances ont porté perte au prochain, vous répondront que non. – Mon ami, vous vous trompez ; toutes les fois que vous avez dit une chose qui n'était pas connue de la personne à qui vous parlez, cela porte perte au prochain, parce que vous avez toujours diminué dans l'esprit de cette personne la bonne estime qu'elle pouvait avoir de lui. De là, nous pouvons facilement conclure que presque jamais l'on ne médit sans nuire ou affaiblir, en quelque manière, la réputation du prochain. – Mais, me direz-vous, quand c'est public, il n'y a point de mal. – Mon ami, quand c'est public, c'est comme si une personne avait tout le corps couvert de lèpre, sinon un petit endroit, et que vous disiez, parce que ce corps est presque tout couvert de lèpre, il faut achever de l'en couvrir. C'est la même chose. Si la chose est publique, vous devez au contraire avoir de la compassion de ce pauvre malheureux, cacher, et diminuer sa faute autant que vous pouvez. Voyez s'il est juste, envoyant une personne malade sur le bord d'un précipice, de profiter de sa faiblesse et de ce qu'elle est prête à tomber, pour l'y pousser ? Eh bien ! voilà ce que l'on fait quand on renouvelle ce qui est déjà public. – Mais, me direz-vous, lorsqu'on le dit à un ami, avec promesse de ne le dire à personne ? – Vous vous trom-pez encore ; comment voulez-vous que les autres ne le disent pas, puisque vous ne pouvez pas vous empêcher de le dire ? C'est comme si vous disiez à quelqu'un : « Tenez, mon ami, je vais vous dire quelque chose, je vous prie d'être plus sage et plus discret que moi ; ayez plus de charité que moi ; ne faites pas, ne dites pas ce que je vous dis. » Je crois que le meilleur moyen, c'est de ne rien dire ; quoi que l'on fasse, que l'on dise, ne vous mêlez de rien, sinon de travailler à gagner le ciel. Jamais l'on n'est fâché de ne rien avoir dit, et presque toujours l'on se repent d'avoir trop parlé. L'Esprit--Saint nous dit que « tel qui parle tant, ne parle pas tou-jours bien . »

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Mer 13 Aoû 2008 - 23:56

II. – Voyons maintenant quelles sont les causes et les suites de la médisance. Il y a plusieurs motifs qui nous portent à médire du prochain. Les uns médisent par envie, c'est ce qui arrive, surtout parmi les gens du même état, pour s'attirer les pratiques ; ils diront du mal des autres : que leurs marchandises ne valent rien ; ou qu'ils trompent, qu'il n'y a rien chez eux et qu'il leur serait impossible de donner la marchandise à ce prix ; que plusieurs personnes s'en sont plaintes... qu'ils verront bien qu'elle ne leur fera pas bon usage... ou bien : que le poids n'y est pas ni la mesure. Un jour-nalier dira qu'un autre n'est pas bon ouvrier ; que voilà combien de maisons où il va, et qu'on n'en est pas trop content ; il ne travaille pas, il s'amuse ; ou bien : il ne sait pas travailler. « Ce que je vous dis, il n'en faut rien dire, ajoutent-ils, parce que cela lui porterait perte. » « Il faut », lui dites-vous ; il valait bien mieux vous -même ne rien dire, cela aurait été bien plus tôt, fait.
Un habitant verra que le bien de son voisin prospère mieux que le sien : cela le fâche, il en dira du mal. D'autres parlent mal de leurs voisins par vengeance si vous avez dit ou fait quelque chose à quelqu'un, même par devoir ou charité, ils chercheront à vous décrier, à inventer mille choses contre vous, afin de se venger. Si l'on dit du bien, cela les fâche, ils vous diront : « Il est bien comme les autres, il a bien ses défauts ; il a fait cela, il a dit cela ; vous ne le connaissez pas ? c'est que vous n'avez jamais eu à faire avec lui. » Plusieurs médisent par orgueil, ils croient se relever en rabaissant les autres, en disant du mal des autres ; ils feront valoir leurs prétendues bonnes qualités ; tout ce qu'ils diront et feront sera bien, et tout ce que les autres feront ou diront sera mal. Mais, la plupart médi-sent par légèreté, par une certaine démangeaison de parler, sans examiner si c'est vrai ou non ; il faut qu'ils parlent. Quoique ceux-là soient moins coupables que les autres, c'est-à-dire que ceux qui médisent par haine, par envie ou vengeance, ils ne sont pas sans péché ; quelque motif qui les fasse agir, ils ne flétrissent pas moins la réputation du prochain.
Je crois que le péché de médisance renferme presque tout ce qu'il y a de plus mauvais. Oui, M.F., ce péché renferme le poison de tous les vices, la petitesse de la vanité, le venin de la jalousie, l'aigreur de la colère, le fiel de la haine et la légèreté si indigne d'un chrétien ; c'est ce qui fait dire à saint Jacques, apôtre, « que la langue du médisant est pleine d'un venin mortel, qu'elle est un monde d'iniquité . » Si nous voulons nous donner la peine d'examiner, rien de si clair à concevoir. N'est-ce pas, en effet, la médisance qui sème presque partout la discorde, la division, qui brouille les amis, qui empêche les ennemis de se réconcilier, qui trouble la paix des ménages, qui aigrit le frère contre le frère, le mari contre la femme, la belle-fille contre sa belle--mère, le gendre contre son beau-père. Combien de ménages bien d'accord, qu'une seule mauvaise langue a mis sens dessus dessous, qui ne peuvent ni se voir, ni se parler. Qui en est la cause ? La seule mauvaise langue du voisin ou de la voisine...
Oui, M.F., la langue d'un médisant empoisonne toutes les bonnes actions et met à jour toutes les mau-vaises. C'est elle qui, tant de fois, répand sur toute une famille des taches, qui passent des pères aux en-fants, d'une génération à une autre, et qui, peut-être, ne s'effaceront jamais ? La langue médisante va même fouiller jusque dans le tombeau des morts, elle remue les cendres de ces pauvres malheureux, en faisant revi-vre, c'est-à-dire en renouvelant leurs défauts qui étaient ensevelis avec eux dans le tombeau. Quelle noirceur ! M.F., de quelle indignation ne seriez-vous pas pénétrés, si vous voyiez un malheureux acharné contre un ca-davre, le déchirer en mille pièces ? Cela vous ferait gé-mir de compassion. Eh bien ! le crime est encore bien plus grand d'aller renouveler les fautes d'un pauvre mort. Combien de personnes, qui ont cette habitude en parlant de quelqu'un qui sera mort : « Ah ! il en a bien fait en son temps, c'était un ivrogne accompli, un adroit fini, enfin, c'était un mauvais vivant. » Hélas ! mon ami, peut-être que vous vous trompez, et quand cela serait tel que vous le dites, peut-être qu'il est mainte-nant dans le ciel, le bon Dieu l'a pardonné. Mais où est votre charité ? Ne faites-vous pas attention que vous flétrissez la réputation de ses enfants, s'il en a, ou de ses parents ? seriez-vous content que l'on parlât de la sorte de vos parents ?
Avec la charité, nous n'aurions rien à dire de per-sonne, c'est-à-dire nous ne nous mettrions en peine d'examiner que notre conduite et non celle des autres. Mais, si vous mettez la charité de côté, vous ne trouverez pas un homme sur la terre en qui vous n'aperceviez quelque défaut ; de sorte que la langue du médisant trouve toujours de quoi dire. Non, M.F., nous ne con-naîtrons qu'au grand jour des vengeances, le mal que la langue d'un médisant a fait. Voyez, la seule calomnie qu'Aman fit contre les Juifs, parce que Mardochée n'a-vait pas voulu plier le genou devant lui, avait déterminé le roi à faire mourir tous les Juifs . Si la calomnie n'avait pas été découverte, la nation juive allait être définie : c'était le dessein du général. O mon Dieu ! que de sang répandu pour une seule calomnie ! Mais Dieu, qui n'abandonne jamais l'innocent, permit que ce mal-heureux périt par le même supplice dont il voulait faire périr les Juifs .
Mais, sans aller si loin, combien de mal ne fait pas une personne qui dira à son enfant du mal de son père ou de sa mère ou de ses maîtres. Vous lui en avez donné mauvaise opinion, il les regardera avec mépris ; s'il ne craignait pas d'être puni, il les outragerait. Les pères et mères, maîtres ou maîtresses les maudiront, leur jureront après, les traiteront durement ; qui sera la cause de tout cela ? votre mauvaise langue. Vous avez parlé mal des ministres de l'Église, et peut-être même de votre pasteur ; vous avez affaibli la foi en ceux qui vous écou-taient, ils ont abandonné les sacrements, ils vivent sans religion ; et qui en est la cause ? votre mauvaise langue. Vous êtes cause que ce marchand et cet ouvrier n'ont plus les mêmes pratiques, parce que vous les avez décriés. Cette femme, qui faisait bien bon ménage avec son mari, vous l'avez calomniée auprès de lui ; main-tenant, il ne peut plus la souffrir, de sorte que, depuis vos rapports, ce n'est plus que haine et malédiction.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Mer 13 Aoû 2008 - 23:56

III. – Si les suites de la médisance, M.F., sont si terribles, la difficulté de la réparer n'en est pas moins grande. Lorsque la médisance est considérable, M.F., il ne suffit pas de s'en confesser ; je ne veux pas dire qu'il ne faut pas s'en confesser ; non, M.F., si vous ne confessez pas vos médisances, vous serez damnés, malgré toutes les pénitences que vous pourrez faire ; mais je veux dire qu'en les confessant, il faut absolu-ment, si l'on peut, réparer la perte que la calomnie a causée à votre prochain, et comme le voleur qui ne rend pas le bien qu'il a volé ne verra jamais le ciel, de même, celui qui aura ôté la réputation à son prochain ne verra jamais le ciel, s'il ne fait pas tout ce qui dépendra de lui pour réparer la réputation de son voisin.
Mais, me direz-vous, comment faut-il donc faire pour réparer la réputation de son prochain ? – Le voici. Si ce que l'on a dit contre lui est faux, il faut absolument aller trouver toutes les personnes à qui on a parlé mal de cette personne, en disant que tout ce que l'on a dit était faux, que c'était par haine, par vengeance ou par légè-reté ; quand même nous devrions nous faire passer pour un menteur, un fourbe, un imposteur, nous devons le faire. Si ce que nous avons dit est vrai, nous ne pouvons pas nous dédire, parce qu'il n'est jamais permis de mentir ; mais l'on doit dire tout le bien que l'on connaît de cette personne, afin d'effacer le mal que l'on en a dit. Si cette médisance, cette calomnie lui ont causé quelque tort, l'on est obligé de le réparer autant qu'on le peut. Jugez d'après cela, M.F., combien il est difficile de réparer les suites de la médisance. Voyez, M.F., combien il est sensible d'aller publier que l'on est un men-teur ; cependant, si ce que nous avons dit est faux, il faut le faire, ou jamais de ciel ! Hélas ! M.F., que ce défaut de réparation va damner du monde ! Le monde est rempli de médisants et de calomniateurs, et il n'y en a presque point qui réparent, et, par conséquent, presque point qui seront sauvés. II n'y a pas de milieu, M.F., ou la réparation, si nous le pouvons, ou la dam-nation. C'est comme le bien que nous aurions pris ; nous serons damnés, si nous pouvons le rendre et que nous ne le rendions pas. Eh bien ! M.F., sentez-vous à présent le mal que vous faites par votre langue et la difficulté qu'il y a de le réparer ?
Il faut cependant comprendre que tout n'est pas médi-sance, lorsqu'on fait connaître les défauts d'un enfant à ses parents, d'un domestique à son maître, pourvu que ce soit dans la pensée qu'ils s'en corrigeront, qu'on n'en parle qu'à ceux qui peuvent y remédier et toujours guidé par les liens de la charité.
Je finis en disant que, non seulement, il est mal fait de médire et de calomnier, mais encore d'écouter la médisance et la calomnie avec plaisir ; car si personne n'écoutait, il n'y aurait pas de médisants. Par là, on se rend complice de tout le mal que fait le médisant. Saint Bernard nous dit qu'il est très difficile de savoir qui est le plus coupable de celui qui médit ou de celui qui écoute ; l'un a le démon sur la langue et l'autre dans les oreilles. – Mais, me direz-vous, que faut-il faire lors-qu'on se trouve dans une compagnie qui médit ? – Le voici. Si c'est un inférieur, c'est-à-dire, une personne qui soit au-dessous de vous, vous devez lui imposer silence de suite, en lui faisant voir le mal qu'elle fait. Si c'est une personne de votre rang, vous devez adroitement détourner la conversation en parlant d'autre chose, ou ne faisant pas semblant d'entendre ce qu'elle dit. Si c'est un supérieur, c'est-à-dire une personne qui est au-dessus de vous, il ne faut pas la reprendre ; mais faire paraître un air sérieux et triste, qui lui montre qu'il vous fait de la peine, et, si vous pouvez vous en aller, il faut le faire.
Que devons-nous conclure de tout cela, M.F. ? Le voici. C'est de ne pas prendre l'habitude de parler de la conduite des autres, de penser qu'il y aurait bien à dire sur notre compte si l'on nous connaissait tel que nous sommes, et de fuir les compagnies du monde autant que nous pouvons, de dire souvent comme saint Augus-tin : « Mon Dieu, faites-moi la grâce de me connaître tel que je suis. » Heureux ! mille fois heureux, celui qui ne se servira de sa langue que pour demander à Dieu le pardon de ses péchés et chanter ses louanges ! C'est ce que je .....

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Message par Charles-Edouard Mer 13 Aoû 2008 - 23:56

11ème dimanche après la Pentecôte
Sur les péchés cachés en confession


Adducunt et surdum et mutum.
Voici que l'on présenta à Jésus-Christ un homme qui était sourd et muet.
(S. Marc, VII, 32.)
Ce sourd et muet, M.F., que l'on présenta à Jésus-Christ pour être guéri, est la triste peinture d'un grand nombre de chrétiens, lorsqu'ils se présentent au tribu-nal de la pénitence. Les uns sont sourds à la voix de leur conscience, qui les presse de déclarer leurs péchés ; les autres sont muets, quand il faut les accuser ils se taisent, et par là, profanent les sacrements. O mon Dieu ! quel malheur ! Oui, M.F., cacher un péché mortel par honte ou par crainte, ou l'accuser de manière à ne pas le faire connaître tel que la conscience le reproche, c'est mentir à Jésus-Christ lui-même, c'est changer en poison mortel le remède sacré que la misé-ricorde de Dieu nous offre pour guérir les plaies que le péché a faites à notre pauvre âme. Ah ! que dis-je ? c'est nous rendre coupables du plus grand de tous les crimes, qui est le sacrilège. Ah ! plût à Dieu que ce crime fût aussi rare parmi les chrétiens que les mons-tres ! Ah ! plaise à Dieu que tout ce que je vais dire n'attaque personne de ceux qui sont ici ! Mais, hélas ! M.F., disons-le en pleurant amèrement, il est plus commun qu'on ne le pense ! O mon Dieu ! que le grand jour du jugement va faire trouver de confessions sacri-lèges ! O mon Dieu ! que de péchés qui n'ont jamais été connus, et qui vont paraître en ce moment ! O mon Dieu, un chrétien peut-il bien se rendre coupable d'un tel outrage envers son Dieu et son Sauveur !... Pour vous en donner autant d'horreur qu'il me sera possible, M.F., je vais dépeindre à vos yeux combien, en le commettant, un chrétien est barbare et cruel envers Jésus-Christ son Rédempteur, et combien il faut que la miséricorde de Dieu soit grande pour souffrir sur la terre un tel monstre, après un attentat aussi affreux.

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Message par Charles-Edouard Mer 13 Aoû 2008 - 23:56

I. – Oui, M.F., vous parler de la confession, c'est vous parler de tout ce qu'il y a de plus précieux dans notre sainte religion, si nous en exceptons la mort de Jésus-Christ et le sacrement de Baptême. Allez, M.F., allez interroger tous les damnés qui brûlent dans les enfers ; tous vous répondront qu'ils ne sont réprouvés que parce qu'ils n'ont pas eu recours à ce sacrement, ou parce qu'ils l'ont profané. Montez dans le ciel, demandez à tous les bienheureux assis sur ces trônes de gloire, ce qui les a conduits dans ce lieu si heureux ; presque tous vous diront que la confession a été le seul remède dont ils se sont servis pour sortir du péché et se réconcilier avec le bon Dieu. O belle religion, si l'on te méprise, c'est bien parce que l'on ne te connaît pas ! O consolante religion, que vous nous fournissez des moyens efficaces et faciles, pour revenir à Dieu quand nous avons eu le malheur de nous en éloigner par le péché ! – Mais, me direz-vous, qu'est-ce donc qui peut rendre nos confessions mauvaises ? – Mon ami, bien des choses sont cause de ce malheur. C'est 1° lorsque nous ne donnons pas assez de temps à nous examiner ; 2° lorsque nous ne déclarons pas nos péchés tels que nous les connaissons ; 3° lorsque nous n'avons pas assez de contrition pour recevoir l'absolution ; 4° lorsque en recevant l'absolution, nous ne sommes pas dans la réso-lution d'accomplir la pénitence que le prêtre nous donne ; et 5° quand nous ne voulons pas faire les resti-tutions que nous pouvons et devons faire, que le prêtre nous commande. Je vous assure, M.F., que la seule pensée d'entrer dans ce détail, me fait trembler ; je suis comme sûr que si la foi n'est pas éteinte en vous, et que si vous désirez véritablement votre salut, il y en aura bien peu parmi vous qui ne soient inquiets sur leurs confessions passées.
Allons, M.F., demandons à ces pauvres consciences, qui, depuis tant d'années, sont déchirées par les remords ; prenons d'une main ce flambeau des grands jours de vengeance, et de l'autre cette balance qui pèsera toutes les actions des hommes, et nous verrons ce que nous n'avons jamais vu, ou, du moins, ce que nous n'avons jamais voulu voir ; et nous entendrons les cris de cette conscience que vous avez tâché d'étouffer jusqu'à présent. Lâchez, M.F., la bride à tous vos remords, trop heureux, si vous n'avez pas encore perdu le don précieux de la foi, si le désespoir ne vous gagne pas en considérant l'abîme où vous vous êtes précipités. Entendez-vous cette pauvre âme, qui vous crie d'avoir pitié d'elle, car si la mort vous frappait dans cet état, elle serait damnée : « Ah ! de grâce, ayez pitié de moi, arrachez-moi de cet abîme où vous m'avez jetée ! Faut-il que je sois séparée pour jamais de mon Dieu, qui devait faire tout mon bonheur ? O mon Dieu ! ne vous voir jamais, quel malheur épouvantable ! » Mais non, M.F., venons-en à la preuve, et nous connaîtrons encore mieux si nous sommes du nombre de ces malheureux dont nous allons vous parler aujourd'hui.
Je dis donc 1°, M.F., que si nous ne prenons pas assez de temps pour nous examiner, nos confessions ne valent rien, pour ne pas dire qu'elles sont sacrilèges. Il est vrai qu'il n'est guère possible de déterminer le temps que nous devons employer pour notre examen. Celui qui est resté longtemps sans se confesser doit rester plus longtemps que celui qui se confesse souvent. D'après cela, nous devons y donner du temps selon l'état dans lequel nous sommes engagés, et selon le temps que nous ne nous sommes pas confessés. Don-nons-y le temps et les soins que nous donnerions à une affaire dont nous aurions bien à cœur la réussite.
L'examen est donc la première chose que nous devons faire pour espérer une bonne confession. On doit le commencer par la prière, en implorant de tout son cœur les lumières du Saint-Esprit et la protection de la sainte Vierge. Il faut faire quelque bonne action, comme d'entendre la sainte Messe ; et, si nous pou-vons, faire pour cela quelques petites privations dans nos repas, dans notre sommeil ; offrir nos peines de la journée au bon Dieu pour commencer à fléchir sa jus-tice. Ensuite il faut se retirer dans un coin, si l'on peut, ou du moins, à son réveil, ou pendant que l'on est en chemin, à mesure que le bon Dieu vous fait connaître vos péchés, lui en témoigner votre douleur. Il ne faut pas vous contenter de voir vos péchés une fois, mais plusieurs, et au point que vous les graviez dans votre mémoire, de manière à ne pas les perdre de vue, pour le moment où vous aurez le bonheur de vous en con-fesser ; car vous savez aussi bien que moi que si vous laissez quelques péchés mortels, faute de vous être examinés, quand même vous les auriez dits, si vous les aviez connus, cela n'empêcherait pas que votre confes-sion ne soit un sacrilège.
Si, avant de communier, vous vous rappelez de quel-ques péchés mortels, il faut bien prendre garde : si vous les avez laissés par votre faute, ou parce que vous n'avez pas assez donné de temps à votre examen, il faut, si vous le pouvez, vous réconcilier, et, si vous ne le pouvez, il faut encore examiner devant le bon Dieu si, en vous confessant de ce péché, le prêtre vous a donné la permission de communier Si vous êtes dans le doute, il vaut mieux laisser votre communion pour une autre fois. Hélas ! M.F., si nous prenions autant de précautions pour le salut de notre âme que nous en pre-nons pour bien faire nos affaires temporelles, toutes nos confessions seraient très bonnes et nous assureraient notre pardon ! Hélas ! que de confessions faites presque sans examen, sans préparation ! D'après cela, peut-on bien vivre tranquille dans un état si malheureux ?
Nous avons dit, en second lieu, qu'après avoir bien examiné notre conscience, il faut accuser nos péchés autant bien que nous le pouvons, si nous voulons en obtenir le pardon. Si je parlais à des impies ou à des incrédules, je commencerais à leur prouver toute la cer-titude de cette nécessité d'accuser ses péchés, mais, non, M.F., à vous cela serait inutile. Personne ne doute d'une grâce si précieuse, qui fait tout le bonheur d'un chrétien ici-bas ; car, après le péché, c'est sa seule et unique espérance pour obtenir le ciel. Je dis donc, M.F., que cette seconde condition est absolument né-cessaire pour que notre confession soit bonne. C'est l'accusation qui coûte le plus aux pécheurs orgueilleux ; c'est elle aussi qui fait le plus de confessions sacrilèges. Vous allez voir combien ces mauvais chrétiens prennent de détours pour paraître moins coupables : nous sommes plus occupés de la manière dont nous accuserons nos péchés pour éprouver moins de confusion, que de la manière de les dire tels que le bon Dieu les connaît. Combien de fois avons-nous senti notre conscience qui nous faisait connaître que nous ne les disions pas comme il faut, et nous nous tranquillisions en pensant que c'était bien la même chose. Combien de fois avons -nous été fâchés de si bien connaître nos péchés, et même d'en tant connaître, parce que nous nous trou-vions trop coupables ; au lieu de remercier le bon Dieu de tout notre cœur, de cette grande grâce. Combien de fois n'avons-nous pas choisi le moment où le prêtre a moins de temps, pour qu'il n'ait pas celui de nous faire aucune interrogation ? Combien de fois n'avons-nous pas dit nos péchés avec précipitation, sans laisser au prêtre le temps de nous faire dire les circonstances notables, qu'il est absolument nécessaire de découvrir pour faire une bonne confession.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Mer 13 Aoû 2008 - 23:57

Je ne parlerai pas, M.F., de ceux qui prient le bon Dieu de trouver des confesseurs qui ne les forcent pas à quitter leurs mauvaises habitudes. II ne veulent pas cependant y mourir ; mais ils ne sont pas résolus de les quitter pour le moment. Hélas ! ce sont de pauvres aveugles, qui courent en enfer à pas de géant et peut--être sans y penser. Mais combien en est-il qui, par ignorance ou par crainte, ne veulent pas seulement prendre la peine de s'examiner ni de distinguer les circonstances qui rendent le péché plus grave, ou qui le changent d'espèce. Je n'entrerai pas dans un grand détail, parce que, l'année passée, je vous ai assez expli-qué tout cela. Vous vous accusez bien d'avoir travaillé le dimanche ; mais vous ne dites pas pendant combien d'heures, ni combien de personnes vous avez fait tra-vailler, ni si c'est pendant les saints offices ; combien de personnes vous ont vues, ce qui les a scandalisées. Vous vous accusez bien d'avoir mangé de la viande les jours défendus ; mais vous ne dites pas combien de personnes en ont mangé à cause de vous, et combien vous ont vu, ce qui les a scandalisées, et, peut-être, les a portées à faire de même ; vous ne dites pas si vous avez sollicité vos enfants ou vos domestiques. Vous vous accusez bien d'avoir mangé de la viande ; mais vous ne dites pas si c'est par impiété, en vous raillant des commandements de l'Église ; vous dites bien que vous avez fait gras sans y penser ; mais vous ne dites pas que c'est votre gourmandise qui en a été la cause. Vous vous accusez bien d'avoir manqué à vos prières : votre Benedicite, vos grâces, vos Angelus, le signe de la croix passant devant une croix ou une église ; mais vous ne dites pas que c'est par respect humain, ce qui augmente considérablement votre péché. Vous vous accusez bien d'avoir eu des distractions dans vos prières ; mais vous ne dites pas que c'est pendant la sainte Messe et pen-dant vos pénitences, ce qui est souvent un péché mortel, et ce qui ne l'est pas dans les autres prières du jour. Vous dites bien que vous avez chanté de mauvaises chansons ; mais vous ne dites pas combien elles avaient de mauvaises raisons, et combien il y avait de personnes qui les ont entendues ; vous ne dites pas si vous les avez apprises à d'autres, si vous avez prié d'autres personnes de vous en apprendre. Vous vous accusez bien d'avoir dit du mal de votre prochain ; mais vous ne dites pas si c'est de votre père, de votre mère, ou des personnes consacrées à Dieu, ce qui rend votre péché plus considé-rable ; vous ne dites pas même que vous avez mal parlé de votre prochain par haine, par vengeance ou par jalousie, et que vous avez cherché les personnes qui lui voulaient du mal, afin d'en parler mieux à votre aise.
Mon Dieu, que de choses auxquelles l'on ne pense pas ! mon Dieu, que de confessions sacrilèges !
Mais voilà, M.F., une ruse dont le démon se sert pour en tromper et en perdre un grand nombre. Une personne aura caché un péché, il y a deux, ou trois ou dix ans, si vous voulez : étant trop tourmentée, elle s'en accuse comme si elle l'avait commis depuis sa der-nière confession, et après, pour cela, elle se croit tran-quille, bien qu'elle n'ait pas dit combien de confessions et de communions elle a faites, ni accusé de nouveau tous les péchés qu'elle a commis et confessés depuis ce temps-là. Mon Dieu, quel aveuglement ! Bien loin d'ef-facer son péché, elle ne fait qu'ajouter un nouveau sacrilège aux anciens. Ah ! qui pourrait, M.F., vous raconter le nombre d'âmes que le démon traîne en enfer de cette manière ? D'autres, qui auront commis quelques gros péchés, n'osant pas les accuser, demanderont à faire une confession générale ; afin d'envelopper ce péché avec les autres, comme l'ayant commis depuis longtemps. Vous vous trompez, votre confession ne vaut rien. Il faut accuser en particulier tous les péchés que vous avez commis depuis que vous avez reçu l'absolu-tion, si vous voulez que votre confession soit bonne.
Voici un autre piège que le démon nous tend. Quand il voit que les péchés que nous avons cachés nous tour-mentent trop, il tâche de nous calmer en nous disant que nous les confesserons la première fois que nous y retournerons, toujours dans l'espérance que, d'ici-là, nous serons morts ou que le bon Dieu nous aura aban-donnés. Oui, M.F., le sacrilège est un crime qui nous éloigne tellement de Dieu, qui éteint si vite la foi en nous, que, souvent, malgré tous les moyens que nous avons de sortir de cet état, nous ne le faisons pas, et cela, par un juste châtiment de Dieu, que nos sacrilèges nous ont attiré ; en voici un exemple effrayant. Le Père Lejeune rapporte un trait, qu'il nous dit tenir de la bouche de celui qui en a été témoin. Il nous dit qu'il y avait près de la ville de Bruxelles, une pauvre qui, aux yeux du monde, remplissait parfaitement bien ses devoirs de religion. Les gens la considéraient comme une sainte ; mais la pauvre malheureuse cachait toujours un péché honteux qu'elle avait commis dans sa jeunesse. Etant tombée malade de la maladie dont elle mourut, s'était comme évanouie un moment, et ayant repris la connaissance, elle appelle sa sœur qui la servait, en lui disant : « Ma sœur, je suis damnée. » Cette pauvre fille s'approcha de son lit et lui dit : « Ma sœur, vous rêvez réveillez-vous et recommandez-vous au bon Dieu. » – « Je ne rêve point, lui dit-elle, je sais bien ce que je dis ; je viens de voir la place qui m'est préparée en enfer. » Sa sœur court promptement chercher monsieur le curé. Celui-ci n'y étant pas, son frère, qui était son vicaire, vint vite à sa place pour voir cette pauvre malade ; et c'est de lui, nous dit le Père Lejeune, que je l'ai appris sur les lieux, faisant une mission. En nous accompa-gnant, il nous fit voir la maison ou était cette pauvre femme ; il nous fit tous pleurer en nous racontant ce trait. Il nous dit qu'étant entré dans la maison, il s'ap-procha de cette malade : « Eh bien ! ma bonne, qu'avez--vous donc vu qui vous a paru si effrayant ? » – « Mon-sieur, lui répondit-elle, je suis damnée ; je viens de voir la place qui m'est préparée en enfer, parce que, autre-fois, j'avais commis un tel péché. » Elle l'avoua devant tout le monde qui était dans la chambre. « Eh ! ma bonne, dites-le-moi en confession, et je vous en absou-drai. » – « Monsieur, lui dit-elle, je suis damnée. » – « Mais, lui dit le prêtre, vous êtes encore en vie et dans la voie du salut ; si vous voulez, je vous donnerai un billet signé de mon sang par lequel je m'obligerai, âme pour âme, à être damné pour vous dans le cas où vous le seriez, si vous voulez demander pardon à Dieu et vous confesser. » – « Je sais bien, lui dit-elle, que si je veux demander pardon de tout mon cœur au bon Dieu, il me pardonnera ; je sais que je puis réparer tous mes sacri-lèges ; mais je ne veux pas lui demander pardon, parce qu'il y a trop longtemps que j'abuse de ses grâces et que je le crucifie par mes sacrilèges. » Le prêtre resta trois jours et trois nuits à pleurer auprès de cette malade, sans pouvoir seulement lui faire faire un acte de contrition ni l'amener à se confesser ; au contraire, un moment avant de mourir, elle renia le bon Dieu, elle renonça à son baptême et se donna au démon. O mon Dieu, quel malheur ! Comprenez-vous, M.F., ce que c'est que de profaner les sacrements ? Ne voyez-vous pas que malgré tous les moyens que nous avons de réparer le mal que nous avons fait, nous n'en faisons rien ? Hélas ! une fois que le bon Dieu nous abandonne en punition de nos horreurs, que devenons-nous ? Hélas ! qu'il y en a qui sont de ce nombre, sans être si visibles aux yeux du monde ; mais qui, aux yeux de Dieu, ne sont pas moins coupables. Combien en est-il qui sont dans cet état, non parce qu'ils cachent leurs péchés, mais parce qu'ils n'ont point de contrition, parce qu'ils ne se corrigent nullement de leurs mauvaises habitudes ; qui vivent tou-jours de même, chez qui l'on ne voit point de change-ment. Mon Dieu, que de chrétiens damnés, et qui, aux yeux du monde, semblent être de bons chrétiens !
Vous voyez donc, M.F., que si nous comprenions bien ce que c'est que recevoir les sacrements, nous y apporterions bien d'autres dispositions que nous ne le faisons. Il est vrai que le plus grand nombre, en ca-chant leurs péchés, conservent toujours la pensée de les accuser ; mais, sans un miracle, ils n'en seront pas moins perdus. Si vous en voulez la raison, il est bien facile de vous la donner ; puisque, plus nous restons dans cet état épouvantable qui fait frémir le ciel et la terre, plus le démon prend d'empire sur nous, plus la grâce de Dieu se diminue, plus notre crainte s'augmente, plus nos sacrilèges se multiplient et plus nous recu-lons ; et par là, nous nous mettons presque dans l'im-possibilité de rentrer en grâce avec Dieu. Je vous en citerai cent exemples pour un. Dites-moi, M.F., est-ce que vous pouvez même espérer qu'après avoir passé dans le sacrilège peut-être de cinq à six ans, pendant les-quels vous avez plus outragé le bon Dieu que tous les Juifs ensemble, vous oseriez croire que le bon Dieu va vous donner toutes les grâces qu'il vous faudrait pour sortir de cet état épouvantable ; vous croyez peut-être qu'en con-sidérations de tant d'atrocités, dont vous vous êtes rendus coupables envers Jésus-Christ, vous n'aurez qu'à dire : « Je vais quitter le péché » et tout sera fini ? Hélas ! mon ami, qui vous garantit que Jésus-Christ ne vous aura pas fait la menace qu'il fit aux Juifs et prononcé la même sentence qu'il prononça contre eux : « Vous ne voulez profiter des grâces que je voulais vous donner ; mais je vous laisserai, et vous me chercherez, et vous ne me trouverez pas et vous mourrez dans votre péché . » Hélas ! M.F., notre pauvre âme, une fois entre les mains du démon, n'en sort pas si facilement que nous le croyons bien.
Voilà, M.F., ce que le démon fait pour nous tromper : quand nous commettons le péché, il nous le représente comme bien peu de chose. Il nous fait penser qu'il y en a bien d'autres qui en font plus que nous ; ou bien, que nous nous en confesserons, que nous en aurons aussitôt dit quatre que deux. Mais quand le péché est commis il fait tout le contraire : il nous le représente comme une montagne, il nous en donne tant d'horreur que nous n'avons plus la force de nous en confesser. Si nous sommes trop tourmentés d'avoir caché un péché, pour nous rassurer, il nous dit que nous le déclarerons à la première confession ; ensuite, il nous dit que nous n'en aurons pas le courage ; qu'il faut attendre une autre fois pour le dire. Prenez garde, M.F., il n'y a que le premier pas qui coûte ; une fois dans la prison du péché, il est extrêmement difficile d'en sortir.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Mer 13 Aoû 2008 - 23:57

Mais, de tous les péchés, celui qui nous fait faire le plus de sacrilèges, c'est celui qui est contre la sainte vertu de pureté ; ce maudit péché porte une telle infamie avec lui qu'il nous entraîne dans toutes sortes de malheurs ; et nous verrons, au jour du jugement, que le plus grand nombre de mauvaises confessions ont été rendues mauvaises par ce péché. Il est rapporté dans l'histoire qu'il y avait un jeune homme qui s'était con-sacré à Dieu dès sa jeunesse. Il s'était même retiré dans un bois pour vivre en solitaire. Il devint par ses grandes vertus, un sujet d'admiration pour tous les environs ; l'on en parlait comme d'un saint. Mais le démon, qui ne pouvait souffrir tant de vertus dans un si jeune homme, mit tous ses artifices pour le perdre. Il le poursuivait continuellement par de mauvaises pensées. Ce jeune homme avait aussitôt recours à la prière, en demandant au bon Dieu la force de ne pas succomber. Le démon ne le quittait ni jour ni nuit, toujours dans l'espérance qu'il le gagnerait. Hélas ! ce pauvre jeune homme, las de combattre, se rendit peu à peu ; et enfin, dans son cœur, il donna un consentement à un désir d'impureté. Hélas ! à peine eut-il consenti seulement à ce désir, qu'il se sentit tout troublé dans l'âme. Tant il est vrai, hélas ! que dès que le péché entre dans notre cœur, la paix de l'âme s'en va. Se voyant vaincu, il s'abandonna à une si profonde tristesse que rien ne pouvait le consoler ; il pleurait continuellement : « Ah ! Pélage, disait-il, en se parlant à lui-même, que tu as peu tardé à te laisser tromper ! toi qui, il y a si peu de temps, étais un enfant chéri de Dieu, et, maintenant, te voilà un enfant esclave du démon : il faudra bien t'en confesser, faire pénitence de ton péché. Mais, si je le confesse, que va-t-on penser de moi ! Je vais perdre l'estime que l'on a de moi dans le monde. » Au milieu de tant de sortes de pensées, étant allé vers la porte de son ermitage, il vit passer un personnage vêtu en pèlerin, qui lui dit : « Pélage, pour-quoi vous livrez-vous à une si profonde tristesse ; celui qui sert un Dieu si bon, ne doit pas être si triste ; si vous l'avez offensé, faites pénitence et confessez-vous, et sans doute, le bon Dieu étant si bon, vous pardon-nera. » – « Et où m'avez-vous connu ? lui demanda Pé-lage. » – « Je vous connais fort bien, répondit le pèlerin, pour Pélage qui passe pour un saint dans tout le pays. Si vous voulez sortir de cette tristesse, confessez-vous, et vous reprendrez l'ancienne paix de votre âme et votre première tranquillité. » Le pauvre Pélage demeura tout étonné de ce que lui disait le pèlerin, et, regardant de tous côtés, il n'aperçut plus son pèlerin, parce qu'il avait disparu : ce qui lui fit bien comprendre que c'était un avertissement du Ciel. Alors il résolut de faire une véri-table pénitence qui fût capable d'apaiser la justice de Dieu ; et pour mieux exécuter son dessein, il résolut d'aller dans un monastère voisin où l'on faisait de grandes pénitences. Il alla trouver le supérieur en lui disant qu'il avait un grand désir de prendre le saint habit. L'abbé et tous les religieux en eurent une grande joie, d'autant plus qu'il passait pour un grand saint. En effet, quand il fut dans le monastère, il était toujours le premier dans tous les exercices de piété ; il faisait de rigoureuses pénitences, il portait toujours un cilice et jeûnait fort exactement. Au bout de quelque temps, il tomba malade, il ne douta pas qu'il allait mourir Le bon Dieu dans sa miséricorde, en reconnaissance de tant de vertus qu'il avait pratiquées dans son monastère, lui donna de fortes pensées de se confesser de son péché caché ; mais jamais il n'eut la force de le confesser ; toujours retenu par la crainte et la honte, il confessa bien tous ses autres péchés avec un grand regret. Un moment après avoir reçu le saint Viatique, il mourut. Les religieux firent l'enterrement, non comme celui d'un mort ordinaire, mais d'un saint dont on commençait déjà à implorer la protection auprès du bon Dieu. Tous les habitants des pays voisins venaient en foule pour se recommander à ses prières. Hélas ! que le bon Dieu juge bien autrement que ces hommes. La nuit suivante, le sacristain s'étant levé pour aller sonner l'office, et passant par l'église, jeta les yeux sur l'endroit où était enterré Pélage ; il s'aperçut que le corps était sur la terre, et pensant qu'on ne l'avait pas bien couvert, il l'enterra sans rien dire. Mais le lendemain, il le trouva encore hors de sa tombe ; il remarqua que la terre l'avait rejeté dehors. Il alla trouver l'abbé et lui raconta ce qu'il avait vu. L'abbé fit rassembler tous ses religieux et ordonna d'aller à l'église. Étant auprès de la sépulture de Pelage, ils prièrent Notre-Seigneur Jésus-Christ de vouloir bien manifester sa volonté s'il fallait enterrer le défunt dans un lieu plus honorable ; ils s'adressèrent même au défunt, en lui disant à haute voix : « Vous, Pélage, qui avez été si obéissant pendant votre vie, dites-nous si c'est la volonté de Dieu que votre corps soit mis dans un endroit plus digne de vous ? » Alors le défunt jeta un cri épouvantable en leur disant : « Ah ! malheureux que je suis, pour avoir caché un péché en confession, je suis condamné au feu de l'enfer, pour autant de temps que Dieu sera Dieu ; si vous voulez vous en assurer, appro-chez-vous et regardez mon corps. » L'abbé s'approcha et vit son corps tout embrasé, semblable aux morceaux de fer qui sont dans une fournaise. Alors le défunt lui dit que la volonté de Dieu était qu'il fût jeté à la voirie comme une bête. Hélas ! quel malheur, M.F. ! combien il lui aurait été facile de se sauver puisqu'il était un saint sous le rapport de toutes les autres vertus ! O mon Dieu, quel malheur ! pour n'avoir pas eu la force de confesser un seul mauvais désir, qu'à peine avait-il laissé naître dans son cœur, il s'en était aussitôt repenti. Hélas ! que de regrets et que de larmes pendant toute l'éternité ! Hélas ! M.F., que ce péché fait faire de mauvaises con-fessions, ou plutôt que ce péché conduit d'âmes en enfer ! Hélas ! combien, parmi ceux qui maintenant m'écoutent, sont du nombre et auxquels il faut toutes leurs forces pour ne point le laisser paraître au dehors ! Ah ! mon ami, lâchez la bride à vos remords, laissez couler vos larmes, venez vous jeter aux pieds du Sei-gneur, et vous trouverez la paix et l'amitié de votre Dieu que vous avez perdues.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Mer 13 Aoû 2008 - 23:58

Mais, pensez-vous, je ne crois pas qu'il y en ait qui soient capables de cacher leurs péchés, parce qu'ils se-raient bien trop tourmentés. – Ah ! M.F., s'il me fallait prêter serment, pour affirmer qu'il y en a ou qu'il n'y en a point, je ne balancerais pas à dire qu'il y en a au moins cinq ou six qui sont brûlés par leurs remords et par leurs péchés, et qui m'entendent, et qui pensent que cela est vrai ; mais, prenez patience, vous les verrez au jour du jugement, et vous vous rappellerez ce que je vous dis aujourd'hui, O mon Dieu ! la honte ou la crainte peuvent-elles bien retenir un chrétien dans un état si épouvantable ? Ah ! mon ami, qu'est-ce que vous vous préparez à vous-même ? Vous n'osez pas vous en ouvrir à votre pasteur ? mais est-il seul dans le monde ? Ne trouveriez-vous pas des prêtres qui auraient la charité de vous recevoir ? Pensez-vous que l'on vous donnera une trop longue pénitence ? Ah ! mon ami, que cela ne vous arrête pas ! l'on vous aidera, l'on en fera la plus grande partie ; on priera pour vous, on pleurera vos péchés, pour attirer avec plus d'abondance les miséricordes de Dieu sur vous ! Mon ami, ayez pitié de cette pauvre âme qui a coûté si cher à Jésus-Christ !... O mon Dieu ! qui pourra jamais comprendre l'aveu-glement de ces pauvres pécheurs ! Vous avez caché votre péché, mon ami, mais il faudra qu'il soit connu un jour, et même aux yeux de tout l'univers ; tandis que, d'une parole, vous l'auriez caché pour jamais et vous change-riez votre enfer en une éternité de bonheur ! Hélas ! qu'un sacrilège conduit loin ces pauvres pécheurs ! ils ne veulent pas mourir dans cet état, mais ils n'ont pas la force d'en sortir. Mon Dieu, tourmentez-les si fort qu'ils ne puissent pas y rester !...
Nous avons dit, en troisième lieu, que le défaut de contrition rend nos confessions mauvaises. Quoique vous veniez de voir, par ce que nous avons dit, combien de personnes font de mauvaises confessions, je vous dirai cependant que, tout bien examiné, le défaut de contrition sera la cause du plus grand nombre de con-fessions sacrilèges. Je ne veux pas m'étendre sur cela, parce que je vous en parlerai peut-être dimanche ; je vous dirai seulement, en passant, que nous ne devons jamais nous confesser sans demander la contrition au bon Dieu de tout notre cœur, par de ferventes prières. C'est vrai, M.F., nous faisons très bien de nous tour-menter pour obtenir le bonheur de bien accuser nos péchés ; mais nous devons bien mieux encore nous tourmenter pour savoir si nous aurons bien la contrition de nos péchés. Quand nous avons le malheur de cacher un péché, c'est un tigre qui nous dévore ; mais le défaut de contrition ne nous fait rien. – Mais, me direz-vous, que faut-il faire pour l'avoir ? – Il faut premièrement la demander au bon Dieu quelque temps avant de vous confesser, et, si vous voulez savoir si vous l'avez, ce qui est assez facile, voyez si vous avez changé de vie. Pour que notre confession ne nous laisse point d'in-quiétudes, il faut, qu'après avoir confessé nos péchés, nous possédions les vertus qui leur sont contraires. Il faut que l'humilité, le mépris de nous-même, prenne la place de l'orgueil et de cette bonne opinion que nous avons de nous ; il faut que cet esprit de charité, de bonté et de miséricorde, prenne la place de cet esprit de haine, de vengeance, de jalousie et d'envie ; il faut que cet esprit de détachement des biens de ce monde succède à cet esprit d'avarice, de cupidité et au désir de tromper le prochain ; il faut que cet esprit de mortification et de larmes prenne la place de la gourmandise et de l'amour des plaisirs du monde ; il faut que cette belle vertu de pureté prenne la place sur le trône où le vice infâme était placé. Ah ! que dis-je, M.F. ? il faut que cette fer-veur, cet amour pour la prière et cette vigilance à rejeter les tentations du démon, remplacent cette tiédeur, cette négligence et cette indifférence pour tout ce qui a rapport à Dieu et au salut de notre âme, et que cette douceur, cette patience soient placées au même endroit où étaient placées ces colères, ces emportements et toutes ces malédictions ; en un mot, nous étions pécheurs, main-tenant que nous sommes confessés, il faut cesser de l'être. Hélas ! M.F., si nous ne voyons pas en nous ces changements, après tant de confessions et de commu-nions, tremblons, ou plutôt, revenons sur nos pas de crainte que nous n'en sentions, mais trop tard, la nécessité.
En quatrième lieu, M.F., nous disons que nos con-fessions ne valent rien quand nous ne disons pas le nombre de nos péchés mortels, du moins autant bien que nous le pouvons. Il y en a qui se contentent de dire : « Je m'accuse d'avoir juré, d'avoir dit de mauvaises chansons, et rien de plus. » Jamais vos confessions ne seront bonnes, si vous ne déterminez pas le nombre de vos péchés mortels. Il est vrai que l'on ne peut pas dire toujours au juste, mais il faut se rapprocher autant que l'on peut.
En cinquième lieu, nous avons dit qu'une confession, est mauvaise lorsqu'en recevant l'absolution, on n'a pas l'intention de faire la pénitence que le prêtre nous donne. Il ne faut pas se contenter de s'accuser d'avoir manqué sa pénitence ; mais, bien dire qu'en vous con-fessant, vous n'aviez pas l'intention de la faire ; ensuite, si vous l'avez manquée par négligence. Si vous l'avez manquée volontairement et que vous ayez confessé des péchés mortels, vous commettez un péché mortel. Nous devons toujours faire notre pénitence à genoux, à moins que le prêtre nous dise que nous pouvons la faire assis. Il y en a qui la font en marchant, en travaillant, ce n'est pas faire votre pénitence. Vous ne devez jamais la changer de vous-mêmes, ni même la faire changer à un autre prêtre, à moins que vous ne puissiez pas aller trouver celui qui vous l'a imposée ; et ce changement ne doit se faire que quand il vous est impossible de l'accomplir. Il y en a qui ne savent pas assez lire ; si on leur donne quelques prières sur des livres, par orgueil, ils ne veulent pas dirent qu'ils ne savent pas assez bien lire, et, ensuite, ils la disent tout de travers. Il faut dire tout simplement que vous ne savez pas assez lire, afin qu'on vous la change, et, si cela vous est arrivé, il faut le dire en confession, pour qu'on vous en donne une autre.
6° Nous avons dit que le défaut de restitution rend nos confessions sacrilèges. Je ne parle pas de ceux qui ont volé ou trompé le prochain et qui ne s'en confessent pas : ceux-là sont bien perdus ; mais je dis que ceux à qui le confesseur a ordonné quelques restitutions, si dans le moment qu'il recevaient l'absolution, ils n'ont pas eu l'intention de rendre, leur confession ne vaut rien ; et si vous avez manqué de rendre, le pouvant, comme vous l'aviez promis, il faut bien le dire en vous confessant. Convenez avec moi combien il est nécessaire de faire, de temps en temps, de petites revues de sa vie passée, afin de réparer les mauvaises confessions que nous aurions pu faire, même sans le connaître.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Mer 13 Aoû 2008 - 23:58

II. – Mais, hélas ! M.F., quelle vie malheureuse mènent ceux qui cachent leurs péchés en se confessant, et qui restent avec de tels bourreaux dans leur cœur ! Vous avez toujours la pensée que vous les accuserez dans une confession ou avant de mourir. Mon ami, vous êtes un aveugle, vous ne le ferez pas ; le démon vous en empêchera aussi bien dans vos autres confessions ou à l'heure de votre mort, qu'il vous en a empêché jusqu'à présent. Si vous en doutez, écoutez-moi et vous verrez que cela est vrai ; que celui qui vit dans le sacrilège est à peu prés sûr d'y mourir. Il est rapporté par le Père Jean Romain, de la Compagnie de Jésus, que le fameux Jean d'Avila, prêchant dans une ville d'Espagne, fut appelé pour entendre la confession d'une demoiselle qui, par les soins de sa mère, avait été élevée dans toutes sortes de vertus. Cette mère ne manquait pas de communier tous les samedis en l'honneur de la sainte Vierge. La mère étant morte, la fille continua dans la même dévotion, ajoutant, de plus, plusieurs aumônes, des jeûnes et autres bonnes œuvres. Comme elle enten-dait souvent prêcher le Père Jean d'Avila, elle en était vraiment touchée, elle se sentait vivement portée à la vertu. Étant tombée malade, elle le fit prier de venir la voir, parce qu'elle désirait bien se confesser à lui. Quoique son mal ne fût pas fort dangereux, elle voulait pourvoir de bonne heure au salut de son âme. Elle le priait d'avoir la charité de l'entendre, parce qu'il y avait longtemps qu'elle désirait se confesser et bien lui décou-vrir l'état de son âme. Le Père lui accorda avec joie ce qu'elle demandait. Elle commença à se confesser avec des marques d'une douleur si vive et avec une si grande abondance de larmes, que le Père était dans l'admiration de trouver une si belle âme, du moins en apparence. Sa confession étant finie, le Père s'en va tout consolé ; lui ayant donné l'absolution, il la laissait dans une grande sûreté pour son salut, toujours du moins en apparence. Il arriva cependant une chose fort extraordinaire. Le Frère, que ce Père avait mené pour l'accompagner, étant dans une autre chambre, voyait venir de temps en temps, du côté de la muraille, une main noire toute couverte de poils, qui serrait la gorge de la malade de manière qu'il semblait qu'elle voulût l'étouffer. Le Frère, voyant cela, fut fort étonné. Étant retourné au couvent, il va trouver le supérieur à qui il raconte ce qu'il avait vu. Le supérieur lui demanda s'il était bien sûr de cela. Il lui dit : « J'en suis aussi sûr que je suis sûr d'être devant vous. Pendant quelques instants j'en ai douté, mais, ayant encore redoublé d'attention, j'ai vu tout ce que je vous dis. » Alors le supérieur appelle le Père Jean, et, quoique ce fût la nuit, il lui commande de retourner chez la malade, en lui disant de faire tout ce qu'il pourrait pour l'engager à se réconcilier si elle se sentait quelque chose qui lui fit de la peine. Le Père part avec le même compagnon. Lorsqu'ils furent à la porte, ils entendirent des cris et des gémissements ; mais à peine eurent-ils frappés, qu'un valet vint leur dire que sa maîtresse était morte, que presque aussitôt après sa confession, elle avait perdu la parole et l'usage de ses sens, de sorte qu'elle n'avait pas pu communier. Après avoir vu la défunte, ils retournèrent au couvent où ils rendirent compte au supérieur de ce qui était arrivé, ce qui l'affligea beaucoup. Le Père qui avait con-fessé la malade fut saisi d'une si grande douleur qu'il se mit à pleurer amèrement, et s'en alla devant le Saint--Sacrement, où, étant prosterné, il commença à prier le Seigneur pour le repos de cette malheureuse fille, lui demandant de vouloir la retirer de la damnation éter-nelle. Après avoir prié quelques moments, il entendit un grand bruit comme de grosses chaînes qu'on traînait par terre. S'étant tourné du côté de ce bruit, il vit de-vant lui une personne environnée, depuis les pieds jus-qu'à la tête, de chaînes et de flammes obscures. Le Père, sans s'effrayer, lui demanda qui elle était. Elle lui répondit : « Je suis l'âme de cette malheureuse fille que vous êtes venu confesser ce matin, je suis celle pour qui vous priez, mais en vain. J'ai trompé le monde par mes hypocrisies et mes fausses vertus. Il faut que vous con-naissiez ces hypocrisies. Après la mort de ma mère, un jeune homme était épris d'amour pour moi ; je fis d'a-bord quelques résistances ; mais il vint à bout de ma faiblesse. Si ma faute fut grande, la répugnance que le démon fit naître en moi pour la confesser alla encore plus loin ; je sentais de vifs remords de conscience, la crainte des tourments où je me trouve maintenant m'était un supplice. Inconsolable et ne cherchant qu'à sortir de cette peine, j'avais résolu plusieurs fois de m'en confesser ; mais la honte et l'appréhension que mon confesseur perdit la bonne opinion qu'il avait de moi, m'en avait toujours empêchée.. Dans cette crainte, je voulus toujours continuer mes confessions et mes com-munions. Lorsque j'entendais vos sermons, c'était autant de dards qui me perçaient le cœur, et, je pris enfin la résolution de me confesser à vous : c'est pour cela que je vous fis appeler. Ah ! j'aurais bien dû commencer par mes sacrilèges, et non par les petites fautes ! car, en-suite, je n'eus jamais la force de vous accuser mon péché caché. Me voilà damnée pour jamais ! Ne perdez pas votre temps à prier pour moi. » – « Mais, quelle est la plus grande de vos peines ? » lui demanda le Père. « C'est de voir, lui répondit-elle, que j'aurais pu me sauver en avouant mon péché, aussi facilement que je viens de vous le dire, sans que j'en tire aucun fruit. » Après cela elle disparut, poussant des cris épouvantables et faisant un bruit effroyable avec ses chaînes.
Ah ! M.F., quel état est celui d'une âme qui va paraî-tre devant le tribunal de Jésus-Christ avec des sacri-lèges ! Cherchons dans les recoins les plus cachés de nos consciences, et, si nous sentons quelques remords, tâchons de les faire disparaître par une bonne confes-sion, qui est le seul remède, puisque ni les pénitences ni les aumônes ne pourront y remédier. Hélas ! M.F., un pauvre chrétien dans ce péché n'a aucun mérite dans toutes ses bonnes œuvres ; tout est perdu pour le ciel. Mon Dieu, peut-on bien vivre avec des sacrilèges sur sa conscience, surtout quand on les connaît ? N'est-on pas déjà en enfer par les remords que l'on éprouve conti-nuellement ? Peut-on trouver quelques plaisirs dans la vie ?

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 0:02

Saint Antoine nous rapporte ce que le bon Dieu révéla à un saint prélat, pendant qu'il entendait la confession d'une personne qui, par honte, cachait un péché d'im-pureté. Le saint voyant à côté d'elle un démon, lui de-manda ce qu'il faisait là. Le démon répondit qu'il obser-vait un précepte de Jésus-Christ. « Eh quoi ! lui dit le saint, depuis quel temps est-ce que tu observes les pré-ceptes de Jésus-Christ ? » – « Oui, lui dit le démon, moi qui avais ôté la honte à cette personne, pour qu'elle péchât plus hardiment, maintenant je la lui restitue ; afin qu'étant vaincue par la honte, elle ne confesse pas son péché. »
O mon Dieu ! qu'un orgueilleux est à plaindre et en danger de se damner ; puisque, en effet, si nous cachons nos péchés, si nous ne les disons pas tels qu'ils sont, ce n'est pas autre chose que l'effet de l'orgueil. O mon Dieu ! consentir à être damné ! ou, plutôt, échanger une humiliation de cinq minutes avec une éternité !... Hélas ! ces pauvres damnés accuseront leurs péchés cachés et leurs sacrilèges pendant toute l'éternité sans en pouvoir obtenir le pardon ; tandis que, dans ce monde, une simple accusation à un prêtre plein de charité, qui nous aide à demander au bon Dieu notre pardon, qui désire autant notre salut que nous-mêmes, nous eût sauvé. Ah ! non, non, M.F., ceci ne peut pas se comprendre ! porter son aveuglement jusqu'à un tel point !... Vous êtes tombé, mon ami, vous avez sans doute fait bien du mal ; mais, relevez-vous vite, puisque vous le pouvez encore ; peut-être que vous ne pourrez pas un autre jour, et en voici la preuve.
Il est rapporté dans l'histoire qu'un missionnaire était allé voir une malade pendant la nuit. Voyant que sa maladie allait la conduire à la mort, et s'étant approché de son lit, il lui dit : « Madame, vous voilà prête à rendre compte à Dieu de votre conduite, j'ai grand'peur que vous n'ayez caché quelques péchés dans vos confessions, et, si vous ne vous en accusez pas, vous serez damnée ; réfléchissez. » – « Est-il possible, s'écria la malade, il faut que je meure ? J'avoue, dit-elle au missionnaire, qu'il y a bien longtemps que je me confesse fort mal, en cachant par honte des péchés. » Mais, en disant cela, elle perdit la parole sans pouvoir dire un seul mot, mou-rut dans ce misérable état, et, sans doute, fut damnée. Hélas ! dans quel état d'horreur vont paraître ces per-sonnes au jour du jugement, étant toutes couvertes de sacrilèges ! Oh ! « montagnes, diront-elles, écroulez-vous sur nous, cachez-nous à Dieu » comme nous avons caché nos sacrilèges aux yeux du monde ! Mais non, tout se verra et tout paraîtra à la face de l'univers. Ah ! que de regrets d'avoir vécu trois ou quatre ans, peut-être, dans cet état, et avoir été dévoré par les remords de conscience sans avoir voulu y remédier !
Mais, dites-moi, que doit penser une personne qui se sent coupable de ce péché, quand elle reçoit l'absolution ? Que doit-elle penser quand le prêtre lui dit : « Allez en paix, et tâchez de bien persévérer ? » Ah ! si elle enten-dait Jésus-Christ qui, du haut du ciel, crie à son mi-nistre : « Arrête, arrête, malheureux, ce sang précieux que tu fais couler sur cette âme crie vengeance, il va écrire sa sentence de réprobation ; arrête, ministre, je réprouve et maudis cette âme ! » Ah ! malheureux, vous venez de vendre votre Dieu ! Allez, allez, perfide, traître Judas, allez à la table sainte pour achever l'œuvre de votre fureur ! allez lui donner la mort ! Ah ! si vous entendiez Jésus-Christ qui vous crie du fond de son tabernacle « Arrête, arrête, mon fils ! Ah ! de grâce, épargne ton Père ! Pourquoi veux-tu me faire mourir ? Arrête, ar-rête, mon fils, épargne ton Dieu, pourquoi veux-tu lui donner le coup de la mort ? » Ah ! si un chrétien pouvait comprendre la grandeur de son crime, pourrait-il porter sa fureur jusqu'à un tel excès contre un Dieu si bon, un Dieu qui nous aime plus que lui-même, qui ne veut et ne désire que notre bonheur ? O mon Dieu ! un chrétien qui aurait une fois commis un crime tel que le sacrilège, pourrait-il encore vivre ? Ne lui semblerait-il pas entendre sans cesse intérieurement, au dedans de lui-même, une voix, comme ce jeune homme qui avait tué son père : « O mon Fils, pourquoi m'as-tu égorgé, pourquoi m'as-tu ôté la vie ? » Un chrétien qui aurait eu ce malheur, pourrait--il encore une fois porter ses yeux sur cette croix, vers ce tabernacle : oh ! que dis-je ? vers cette table sainte où il a fait mourir Jésus-Christ, son Dieu et son Sauveur, d'une manière si épouvantable et si affreuse ? Oui, M.F., ce péché est épouvantable, quoique si commun ; il y aurait de quoi mourir d'y penser !...
Que devons-nous conclure de tout ce que nous venons de dire ? le voici. C'est qu'il nous faut prendre tous les moyens possibles pour bien faire nos confessions ; c'est de ne jamais recevoir l'absolution quand nous avons quelque mauvaise habitude, si nous ne sommes pas dans l'intention de nous corriger ; de ne jamais faire nos confessions à la hâte ; de ne jamais chercher les termes qui peuvent adoucir l'accusation de nos péchés ou les diminuer à nos yeux ou à ceux de notre confes-seur, et ne jamais nous confesser sans bien demander à Dieu la contrition de nos péchés. Enfin, quand il y aurait vingt ans, trente ans, que nous aurions des péchés ca-chés, il ne faut rien écouter, vite les avouer ; et si nous sommes sincères, nous sommes sûrs que le bon Dieu nous pardonnera ; au lieu que, si nous attendons à la mort, ou nous ne pourrons pas, ou peut-être même, par un châtiment terrible de la justice de Dieu, nous ne le voudrons pas, comme nous venons de le voir. Quand nous avons la pensée de cacher quelque péché, pensons vite quels reproches nous fera notre confesseur lui--même au jour du jugement, quand il verra que nous l'avons trompé. Oui, faisons tout ce que nous ferons comme nous voudrions l'avoir fait à l'heure de la mort, et tout sera bien fait. C'est ce que...

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 12:21

Tome 3 des Sermons de saint Jean Marie Vianney

TABLE DES MATIERES

12ème DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE 4
Sur le premier Commandement de Dieu 4
12ème DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE 23
Sur le premier Commandement de Dieu 23
12ème DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE 42
Sur l'amour du prochain. 42
13ème DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE 59
Sur l'Absolution 59
13ème DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE 76
Sur le service de Dieu. 76
14ème DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE 93
Sur le Monde. 93
15ème DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE 110
Sur la pensée de la mort 110
16ème DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE 126
Sur l'Humilité 126
17ème DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE 140
Sur l'amour de Dieu 140
17ème DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE 155
Sur la Charité 155
17ème DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE 171
Sur la pureté 171
18ème DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE 187
Sur la Tiédeur 187
18ème DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE 202
Sur l'Envie 202
19ème DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE 219
Sur l'Impureté 219
20ème DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE 235
Devoirs des parents envers les enfants 235
20ème DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE 252
Sur l'Ivrognerie 252
21ème DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE 268
Sur la colère 268
22ème DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE 285
Sur la restitution 285
23ème DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE 300
Sur la mort du juste 300

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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 12:21

12ème DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE

Sur le premier Commandement de Dieu
(PREMIER SERMON)

Diliges Dominum Deum tuum ex toto corde tuo.
Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur et de toutes vos forces.
(Deut., VI, 5.)


Pourquoi, M.F., le Seigneur nous fait-il un commandement de l'aimer de tout notre cœur : c'est-à-dire, sans partage, de la manière dont il nous a aimés lui-même ; de toute notre âme et de toutes nos forces ; en nous promettant une récompense éternelle, si nous y sommes fidèles, et une punition éternelle si nous y manquons ? Pour deux raisons : c'est 1? pour nous montrer la grandeur de son amour ; 2? que nous ne pouvons être heureux qu'en l'aimant et qu'enfin cet amour ne se trouve que dans l'accomplissement de ses Commandements. Oui, M.F., si tant de maux nous accablent dans ce monde, cela vient de ce que nous violons les commandements de Dieu ; puisqu'il nous dit lui-même : « Si vous gardez fidèlement mes commandements, je vous bénirai en toute manière ; mais si vous les transgressez, vous serez maudits en tout ce que vous ferez . » De sorte, M.F., que si nous voulons être heureux en ce monde, du moins, autant qu'il est possible de l'être, nous n'avons point d'autres moyens que d'observer fidèlement les commandements de Dieu ; et nous verrons que, tant que nous nous écarterons du chemin que les commandements de Dieu nous ont tracé, nous serons toujours malheureux, pour l'âme et pour le corps, dans ce monde et dans l'autre. Je vais donc vous montrer, M.F., que notre bonheur est attaché à notre fidélité à observer les commandements que le bon Dieu nous a faits.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 12:27

I. – Si nous ouvrons les livres saints, M.F., nous y verrons que tous ceux qui se sont fait un devoir de bien observer ce que les commandements de Dieu leur prescrivaient ont toujours été heureux, parce qu'il est très sûr que le bon Dieu n'abandonnera jamais celui qui se fait un devoir de faire tout ce qu'il lui commande. Notre premier père, Adam, nous en donne un bel exemple. Tant qu'il fut fidèle à observer les ordres du Seigneur, il fut heureux en toute manière : son corps, son âme, son esprit et tous ses sens n'avaient point d'autres penchants que vers Dieu ; les anges mêmes descendaient du ciel avec plaisir pour lui tenir compagnie. Ainsi aurait continué le bonheur de nos parents, s'ils avaient été fidèles à leurs devoirs ; mais ce moment mille fois heureux ne dura pas longtemps. Le démon, jaloux d'un tel bonheur, les eut bientôt perdus et privés de tous ces biens qui devaient durer toute l'éternité. Dès qu'ils eurent le malheur de transgresser les commandements du Seigneur, tout alla de travers pour eux : les chagrins, les maladies, la crainte de la mort, du jugement et d'une autre vie malheureuse, prirent la place de leur premier bonheur ; leur vie ne fut plus qu'une vie de larmes et de douleurs.
Le Seigneur dit à Moïse : « Dis à mon peuple que, s'il est fidèle à observer mes commandements, je le comblerai de toutes sortes de bénédictions ; mais que s'il ose les transgresser, je l'accablerai de toutes sortes de maux . » Le Seigneur dit à Abraham : « Parce que vous êtes fidèles à garder mes commandements, je vous bénirai en tout ; je multiplierai vos enfants comme les grains de sable qui sont au bord de la mer. Je bénirai tous ceux qui vous béniront ; je maudirai tous ceux qui vous maudiront ; de votre race naîtra le Sauveur du monde . » Il fit dire à son peuple lorsqu'il était prêt à entrer dans la Terre promise : « Les peuples qui habitent cette terre ont commis de grands péchés ; c'est pourquoi je veux les chasser pour vous mettre à leur place. Mais prenez bien garde de ne pas violer mes commandements. Si vous êtes fidèles à les observer, je vous bénirai en tout et partout. Lorsque vous serez dans vos champs, dans vos villes et dans vos maisons, je bénirai vos enfants, qui vous aimeront, vous respecteront, vous obéi-ront et vous donneront toutes sortes de consolations. Je bénirai vos fruits et vos bestiaux. Je commanderai au ciel de vous donner la pluie dans le temps convenable, autant qu'il en faudra pour arroser vos terres et vos prés : tout vous réussira . » Dans, un autre endroit, il leur dit : « Si vous gardez fidèlement mes commandements, je veillerai sans cesse à votre conservation ; vous serez sans crainte dans vos maisons ; j'empêcherai que les bêtes féroces vous nuisent, vous dormirez en paix : rien ne pourra vous troubler. Je serai toujours au milieu de vous. Je marcherai avec vous. Je serai votre Dieu et vous serez mon peuple . » Plus loin, il dit à Moise : « Dis à mon peuple que s'il observe bien mes lois, je le délivrerai de tous ces maux qui l'accablent. » Et le Saint-Esprit nous dit lui-même « que celui qui a le bonheur de bien garder les commandements du Seigneur est plus heureux que s'il possédait toutes les richesses de la terre . »
Dites-moi, auriez-vous jamais pensé que le bon Dieu eût tant à cœur de nous faire garder ses commandements, et qu'il nous promît tant de biens si nous sommes assez heureux que de les bien observer ? Vous conviendrez avec moi que nous devons faire consister tout notre bonheur à garder fidèlement ses commandements. Pour mieux vous convaincre, M.F., que, dès que nous transgressons les commandements de Dieu, nous ne pouvons être que malheureux, voyez ce qui se passa à l'égard de David. Tant qu'il fut fidèle à marcher dans le chemin que les commandements de Dieu lui avaient tracé ; tout alla bien pour lui : il était aimé, respecté et écouté de ses voisins. Mais dès l'instant qu'il voulut quitter d'observer les commandements de Dieu, de suite, son bonheur finit, et toutes sortes de maux lui tombèrent dessus. Les troubles, les remords de sa conscience prirent la place de cette paix et de ce calme dont il jouissait ; les larmes et la douleur furent son pain de tous les jours. Un certain jour qu'il gémissait tant sur ses péchés, on vint lui dire que son fils Amnon avait été poignardé dans son ivresse par son propre frère Absalon . Absalon chercha même à détruire son père, à lui ôter la vie pour régner à sa place ; David fut forcé d'aller se cacher dans les forêts pour éviter la mort . La peste lui enleva un nombre presque infini de sujets . Si vous allez plus loin, voyez Salomon : tant qu'il fut fidèle à garder les commandements de Dieu, il était le miracle du monde ; sa réputation s'étendait jusqu'à l'extrémité de la terre, puisque la reine de Saba vint de si loin, pour être témoin des merveilles que le Seigneur opérait en lui ; mais nous voyons que, dès qu'il eut le malheur de ne plus suivre les commandements de Dieu, tout alla mal pour lui . Après tant de preuves tirées de l'Écriture sainte, vous conviendrez avec moi, M.F., que tous nos maux ne viennent que de ce que nous n'observons pas fidèlement les commandements de Dieu, et que, si nous voulons espérer quelque bonheur et quelque consolation en ce monde, (du moins autant qu'il est possible d'en avoir, puisque ce monde n'est qu'un tissu de maux et de douleurs), le seul moyen de nous procurer ces biens, c'est de faire tout ce que nous pourrons pour plaire à Dieu en faisant ce qu'il nous ordonne par ses commandements.
Mais si nous passons de l'Ancien Testament au Nouveau, les promesses ne sont pas moins grandes. Au contraire, nous voyons que Jésus-Christ nous les fait toutes pour le ciel, parce que rien de ce qui est créé n'est capable de contenter le cœur d'un chrétien, qui n'est fait que pour Dieu qui seul peut le contenter .
Jésus-Christ nous engage fort à mépriser les choses de ce monde pour ne nous attacher qu'aux choses du ciel, qui ne finissent jamais. Nous lisons dans l'Évangile que Jésus-Christ se trouvant un jour avec des personnes qui semblaient ne penser qu'aux besoins du corps, i1 leur dit : « Ne vous mettez pas tant en peine de ce que vous mangerez ni de quoi vous vous vêtirez. » Et pour bien leur faire comprendre que tout ce qui regarde le corps est fort peu de chose : « Considérez, leur dit-il, les lis des champs, ils ne filent ni ne prennent soin d'eux ; voyez comment votre Père céleste prend soin de les vêtir ; car je vous assure que Salomon dans toute sa richesse et sa force n'a jamais été si bien vêtu que l'un d'eux. Voyez encore les oiseaux du ciel, qui ne sèment ni ne moissonnent ; ni ne renferment rien dans leur grenier, voyez comment votre Père céleste a soin de les nourrir. Gens de peu de foi, n'êtes-vous pas plus qu'eux ?... Cherchez, avant tout, le royaume des cieux ; c'est-à-dire, observez fidèlement mes commandements, et tout le reste vous sera donné avec abondance . »
Que voulons-nous dire par là, M.F. ? Qu'à un chrétien qui ne cherche qu'à plaire à Dieu et à sauver son âme, ce qui est nécessaire aux besoins du corps ne lui manquera jamais. – Mais, me direz-vous peut-être, quand nous n'avons rien, personne ne nous apporte rien. – D'abord, je vous dirai que tout ce que nous avons, nous le tenons de la bonté de Dieu, et rien de nous-mêmes. Mais, dites-moi, M.F., comment voulez-vous que le bon Dieu fasse des miracles pour nous ? Serait-ce parce qu'il y en a quelques-uns qui osent porter leur incrédulité et leur impiété jusqu'à vouloir croire que le bon Dieu n'existe pas, c'est-à-dire qu'il n'y a point de Dieu ? parce que d'autres, moins impies, sans être moins coupables, disent que le bon Dieu ne fait pas attention à ce qui se passe sur la terre, que le bon Dieu ne se mêle pas de si peu de chose ? et enfin, parce que d'autres ne veulent pas convenir que cette grande Providence est attachée à l'observance des commandements de Dieu et qu'ils comptent pour tout sur leur travail et leurs soins ? (ce qu'il me serait bien facile de vous prouver par vos travaux du dimanche, qui montrent véritablement que vous ne comptez rien sur Dieu, mais tout sur vous et sur votre travail ) Il y en a cependant qui croient à cette grande Providence, mais qui lui mettent une barrière impénétrable par leurs péchés.
Voulez-vous, M.F., éprouver la grandeur de la bonté de Dieu pour ses créatures ? faites-vous un devoir de bien observer tout ce que les commandements vous ordonnent, et vous serez étonnés de voir combien le bon Dieu prend soin de ceux qui ne cherchent qu'à lui plaire. Si vous en voulez voir les preuves, M.F., ouvrez les livres saints et vous en serez parfaitement convaincus. Nous lisons dans l'Écriture sainte que le prophète Élie, fuyant la persécution de la reine Jézabel, alla se cacher dans un bois. Étant là, dépourvu de tout secours humain, le Seigneur le laissera-t-il mourir de misère ? Non, certainement, M.F., le Seigneur, du haut du ciel, ne manque pas d'avoir les yeux sur son fidèle serviteur. De suite, il lui envoie un ange du ciel pour le consoler et lui porter tout ce qu'il lui fallait pour se nourrir : Voyez le soin que le Seigneur prend de nourrir la veuve de Sarepta. Il dit à son prophète : « Va trouver cette bonne veuve, qui me sert et observe mes commandements, avec fidélité ; tu multiplieras sa farine, crainte qu'elle ne souffre . » Voyez comment il commande à un autre prophète Habacuc d'aller porter à manger aux trois enfants qui étaient dans la fournaise de Babylone .
Si vous passez de l'ancienne loi à la nouvelle, les merveilles que le bon Dieu opère pour ceux qui ont soin de bien observer ses commandements, ne sont pas moins grandes. Voyez comment le bon Dieu nourrit des milliers de personnes avec cinq pains et deux poissons ; cela n'est pas difficile à comprendre, puisqu'ils cherchaient, premièrement, le royaume des cieux et le salut de leur âme en suivant Jésus-Christ. Voyez comment il prend soin de nourrir un saint Paul ermite, pendant quarante ans, par le ministère d'un corbeau ; preuve bien claire que le bon Dieu ne perd jamais de vue ceux qui l'aiment, pour leur fournir tout ce qui leur est nécessaire. Lorsque saint Antoine alla voir saint Paul, le bon Dieu lui envoya un double repas : Ô mon Dieu ! que vous aimez ceux qui vous aiment ! que vous avez peur qu'ils souffrent ! Dites-moi, M.F., qui commanda à ce chien d'aller chaque jour porter la petite provision à saint Roch dans un bois. Qui commanda à cette biche d'aller tous les jours donner son lait à l'enfant de Geneviève de Brabant dans son désert ? N'est-ce pas le bon Dieu, M.F. ? Et pourquoi, M.F., est-ce que le bon Dieu prend tant de soins de nourrir tous ces saints, sinon parce qu'ils étaient fidèles à observer tous les commandements qu'il leur donnait ?
Oui, M.F., nous pouvons dire que les saints faisaient consister tout leur bonheur à observer les commandements de Dieu, et qu'ils auraient mieux aimé souffrir toutes sortes de tourments que de les violer ; nous pouvons dire aussi que tous les martyrs n'ont été martyrs que parce qu'ils n'ont pas voulu violer les commandements de Dieu. En effet, M.F., demandez à sainte Reine, cette jeune vierge, pourquoi elle a tant enduré de tourments, ce qui lui fut d'autant plus sensible que ce fut son père qui fut son bourreau ? Il la fit pendre par ses cheveux à un arbre où il là fit frapper de verges jusqu'à ce que son pauvre petit corps innocent ne fût qu'une plaie. Après ces cruautés, qui firent frémir même les païens qui en furent témoins, il la fit conduire en prison, dans l'espérance qu'elle ferait ce qu'il lui commandait. La voyant inébranlable, il la fit ramener auprès de l'arbre, et ordonnant qu'on l'attachât comme la première fois par les cheveux, il la fit écorcher tout en vie. Quand la peau fut séparée de son corps, il la fit jeter, dans une chaudière d'huile bouillante, où il la regardait impitoyablement brûler. Si vous me demandez, M.F., pourquoi elle supporta tant de cruautés ? ah ! M.F., le voici. C'est qu'elle ne voulut pas transgresser le sixième commandement de Dieu, qui défend toute impureté . Pourquoi est-ce que la chaste Suzanne ne voulut pas consentir aux désirs de ces deux infâmes vieillards et qu'elle préféra plutôt la mort ? N'est-ce pas pour la même raison ? Qui fut la cause que le chaste Joseph fut décrié, calomnié auprès de Putiphar, son maître, et conduit en prison ? n'est-ce pas encore pour la même raison ? Pourquoi est-ce que saint Laurent se laissa coucher sur un brasier de charbons allumés ? N'est-ce pas parce qu'il ne voulut pas transgresser le premier commandement de Dieu, qui nous ordonne de n'adorer que Dieu et de l'aimer plus que nous-mêmes ? Oui ; M.F., si nous parcourons un peu les livres où sont renfermés les actions des saints, nous y voyons des exemples admirables et étonnants de leur fidélité à observer les commandements de Dieu, et nous voyons qu'ils ont préféré souffrir tout ce que les bourreaux ont pu inventer, plutôt que d'y manquer.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 12:28

Nous lisons dans l'histoire des martyrs du Japon, que l'empereur fit arrêter, dans un même endroit, vingt-quatre chrétiens ; à qui l'on fit souffrir tout ce que la rage des païens put leur inspirer. Les -martyrs se disaient les uns aux autres : « Prenons bien garde de ne pas violer les commandements de Dieu pour obéir à ceux de l'empereur ; prenons courage, le ciel vaut bien quelques souffrances qui ne durent que quelques moments. Espérons fermement, et le bon Dieu, pour qui nous voulons souffrir, ne nous abandonnera pas. »
Lorsqu'on les eut conduit dans le lieu où l'on devait les interroger, celui qui les avait menés faisant l'appel et croyant qu'il en manquait, cria à haute voix : « Mathieu ? où est Mathieu ? » Un soldat, qui, depuis longtemps, désirait se faire connaître pour chrétien, s'écrie : « Me voici, qu'importe, d'ailleurs, dit-il, la personne, je m'appelle aussi Mathieu et je suis chrétien comme lui. » Le juge, tout en fureur, lui demanda s'il le disait tout de bon. « Oui, répondit le soldat, il y a longtemps que je professe la religion chrétienne, j'espère ne jamais la quitter ; je ne désire que le moment de la manifester à l'extérieur. » De suite, le juge le fit mettre au nombre des martyrs. Il en eut tant de plaisir, qu'il en mourut de joie, avant de mourir dans les tourments. Parmi ce nombre, il y avait un enfant de dix ans. Le juge, le voyant si jeune, ne voulut pas, pendant quelque temps, le mettre sur la liste de ceux qui devaient mourir pour Jésus-Christ. Cet enfant était inconsolable de se voir privé de ce bonheur ; il protesta si fort que jamais il ne changerait et qu'il mourrait dans cette religion, il fit tant, qu'il força, pour ainsi dire, le juge à le mettre au nombre des martyrs. Il en eut une si grande joie, qu'il semblait ne pouvoir plus se posséder ; il voulait toujours être le premier, toujours répondre pour tous ; il aurait voulu avoir le cœur de tous les hommes pour les sacrifier tous à Jésus-Christ. Un seigneur païen, ayant appris que cet enfant était destiné à mourir avec les autres chrétiens, en fut touché de compassion. Il va lui-même trouver l'empereur, pour le prier d'avoir pitié de cet enfant, disant qu'il ne savait pas ce qu'il faisait. L'enfant, qui l'entendît, se tourna contre lui, en lui disant : « Seigneur, gardez votre compassion pour vous ; pensez seulement à vous faire baptiser et à faire pénitence, sans quoi, vous irez brûler avec les démons. » Ce seigneur, le voyant si bien résolu à la mort, le laissa. L'enfant, s'étant trouvé présent quand on leur lut leur sentence, qui portait qu'on leur couperait le nez et les oreilles, et qu'on les promènerait sur des charrettes par toute la ville, pour donner plus d'horreur de la religion chrétienne, et afin que les païens les accablassent d'injures ; ce pauvre petit eut une si grande joie, qu'il semblait qu'on venait de lui annoncer la possession d'un royaume entier. Les païens eux-mêmes étaient étonnés qu'un enfant si jeune eût tant de courage et éprouvât tant de joie de mourir pour son Dieu. Les bourreaux étant venus pour exécuter les ordres de l'empereur, tous ces saints martyrs allèrent se présenter à leur bourreau pour se faire découper, avec autant de tranquillité et de joie que si on avait voulu les conduire dans une salle de festin. Ils se laissèrent couper le nez et les oreilles avec la même tranquillité que si on leur avait coupé un morceau de leur habit. Leur pauvre corps était tout couvert de sang, ce qui fit horreur même aux païens qui en furent témoins. On entendait ceux-ci s'écrier de temps en temps : « Ô quelle cruauté ! ô quelle injustice de faire tant souffrir des personnes qui n'ont point fait de mal ! Voyez-vous, se disaient-ils les uns aux autres, voyez quel courage leur donne cette religion qu'ils professent. » Toutes les fois qu'on les interrogeait, ils ne répondaient rien, sinon qu'ils étaient chrétiens et qu'ils savaient souffrir et mourir, mais que jamais ils ne violeraient les commandements de leur Dieu, parce qu'ils faisaient consister tout leur bonheur à y être fidèles. Hélas ! ces pauvres martyrs, après qu'on les eût promenés par la ville sur ces charrettes, leur corps était tout couvert de sang ; les pierres étaient toutes ensanglantées et la terre était toute rouge du sang qui coulait, avec abondance de leurs plaies. Comme leur sentence portait qu'ils devaient mourir chacun sur une croix, celui qui les avait conduits pour la première fois, reconnut ces chrétiens. Ce qui le toucha grandement, ce fut cet enfant de dix ans. Il s'approcha de lui, en lui disant : « Mon enfant, vous êtes bien jeune, c'est bien dommage de mourir dans un âge si peu avancé ; si vous voulez, je me charge d'obtenir votre grâce auprès de l'empereur, et bien plus, une grande récompense : » Cet enfant, l'entendant parler de la sorte, se mit à rire en lui disant qu'il le remerciait bien ; mais de garder toutes ses récompenses pour lui-même, puisqu'il n'avait point d'espérance pour l'autre vie ; mais que, pour lui, il méprisait tout cela comme étant trop peu de chose ; que toute sa crainte était de ne pas avoir le bonheur de mourir, comme les autres martyrs, pour Jésus-Christ. Sa mère, qui était témoin de tout cela, quoique chrétienne, était inconsolable de voir mourir son enfant sur une croix. Ce pauvre petit, voyant sa mère si désolée, l'appela auprès de lui, en lui disant qu'il était peu édifiant pour une mère chrétienne de tant pleurer la mort d'un enfant martyr, comme si elle ne connaissait pas tout le prix d'un tel sacrifice ; qu'elle devrait, au contraire, l'encourager et remercier le bon Dieu d'une telle grâce. Cet enfant de bénédiction, un moment avant de mourir, dit des choses si belles et si touchantes sur le bonheur de ceux qui meurent pour Jésus-Christ, que les païens aussi bien que les chrétiens, tous fondaient en larmes. Lorsqu'on l'approcha de sa croix, avant d'y être attaché, il embrassa cette croix, il la baisa, il l'arrosa de ses larmes, tant il eut de joie de voir que véritablement il allait mourir pour son Dieu. Quand, ils furent tous sur leurs croix, l'on entendit une troupe d'anges qui chantaient le Laudate pueri Dominum, avec leur musique céleste ; ce qui fut entendu de tous les païens. Quel spectacle ! M.F., le ciel dans l'admiration !... la terre dans l'étonnement !... les assistants dans les larmes, et les martyrs dans l'allégresse, qui quittent la terre, c'est-à-dire toutes les souffrances et les misères de la vie, pour aller prendre possession d'un bonheur qui durera autant que Dieu même...
Eh bien ! M.F., dites-moi, qui porta tous ces martyrs à endurer tant de tourments ? si ce n'est pour ne pas vouloir violer les commandements de Dieu ? Quelle honte pour nous, M.F., lorsque Jésus-Christ nous confrontera avec eux ; nous, que, si souvent, un simple respect humain, un maudit qu'en dira-t-on, fait rougir, ou plutôt nous fait désavouer que nous sommes chrétiens, pour nous mettre du nombre des renégats.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 12:35

II. – Mais examinons cela, M.F., un peu plus de près, et nous verrons que, si le bon Dieu nous ordonne de garder fidèlement ses commandements, ce n'est que pour notre bonheur. Il nous dit lui-même qu'ils sont faciles à accomplir , et que, si nous les accomplissons, nous y trouverons la paix de nos âmes . Si, dans le premier commandement, le bon Dieu nous ordonne de l'aimer, de le prier et de ne nous attacher qu'à lui, et si nous devons le prier soir et matin, et souvent dans la journée, dites-moi, M.F., n'est-ce pas là le plus grand de tous les bonheurs pour nous, que le bon Dieu veuille bien nous permettre de nous présenter tous les matins devant lui, pour lui demander les grâces qui nous sont nécessaires pour passer saintement la journée ? N'est-ce pas une grâce qu'il nous fait, n'est-ce pas cette grâce, que le bon Dieu nous donne le matin, qui rend toutes nos actions méritoires pour le ciel ? n'est-ce pas ce qui nous les fait trouver moins dures ? Si ce même commandement nous ordonne de n'aimer que Dieu et de l'aimer de tout notre cœur, n'est-ce pas parce qu'il sait qu'il n'y a que lui qui puisse nous contenter et nous rendre heureux en ce monde ? Voyez une maison, où tous ne vivent que pour Dieu : n'est-ce pas un petit paradis ? Vous conviendrez donc avec moi, M.F., que ce commandement n'a rien que de doux et de consolant pour celui qui a le bonheur de l'observer avec fidélité.
Si nous passons au deuxième, qui nous défend toute sorte de jurements, de blasphèmes, d'imprécations et de malédictions, et toute sorte de colère, en nous recommandant la douceur, la chari-té, et la prévenance pour tous ceux qui nous environnent : dites-moi, M.F., qui sont ceux qui sont le plus heureux, ou de ceux qui se livrent à tous ces excès de colère, d'emportements et de malé-dictions, ou de ceux qui, dans tout ce qu'ils font ou disent, mon-trent cette égalité d'humeur, cette bonté, et qui s'étudient conti-nuellement à faire la volonté des autres ? Nous voyons donc que ce commandement ne contribue qu'à nous rendre heureux nous-mêmes et ceux qui sont avec nous.
Si nous venons au troisième, qui nous ordonne de passer sain-tement le jour du dimanche, en cessant toute sorte de travail manuel pour ne nous occuper que de ce qui regarde le service de Dieu et le salut de notre âme : dites-moi, M.F., n'est-ce pas pour notre bien ; puisque nous cessons de travailler pour ce monde qui n'est rien ? puisque nous ne sommes qu'un instant sur la terre, et qu'en priant ou faisant de bonnes œuvres, nous nous ramassons pour le ciel un trésor que nous ne quitterons jamais, et, par là, nous attirons sur notre travail de la semaine toute sorte de béné-dictions ? N'est-ce pas déjà un moyen pour notre bonheur ? Ce même commandement nous ordonne encore d'employer ce saint jour à pleurer nos péchés de la semaine, de nous en purifier par la vertu des sacrements : n'est-ce pas, M.F., nous forcer, pour ainsi dire, à ne chercher que notre bien, notre bonheur, et notre félicité éternelle ? Ne sommes-nous pas plus contents lorsque nous avons bien passé le saint jour du dimanche à prier le bon Dieu, que si nous avons eu le malheur de le passer dans les plaisirs, les jeux et les débauches ? Le troisième commandement n'a donc rien que de consolant et d'avantageux pour nous.
Si nous passons au quatrième, qui ordonne aux enfants d'ho-norer leurs parents, de les aimer, de les respecter et de leur souhai-ter et procurer tous les biens dont ils sont capables : dites-moi, n'est-ce pas une chose juste et raisonnable ? Des parents qui ont tant fait pour leurs enfants ! n'est-il pas juste que ces mêmes en-fants les aiment et leur donnent toutes les consolations dont ils sont capables ? Si ce commandement était bien observé, ces fa-milles ne seraient-elles pas un petit paradis par ce respect, cet amour que les enfants auraient pour leurs parents ! Si ce même commandement ordonne aux parents d'avoir bien soin des âmes de leurs enfants, et leur dit qu'un jour ils en rendront un compte rigoureux, n'est-ce pas une chose juste ; puisque ces âmes ont tant coûté à Jésus-Christ pour les sauver, et qu'elles seront la joie et la gloire de leurs parents pendant toute l'éternité ? Si ce même commandement ordonne aux maîtres et maîtresses d'avoir grand soin de leurs domestiques, de les regarder comme leurs enfants, ces maîtres ne sont-ils pas trop heureux de pouvoir aider à sauver des âmes qui ont tant coûté de tourments à un Dieu fait homme pour nous ? Disons mieux, M.F. : si ce commandement était bien observé, le ciel ne descendrait-il pas sur terre par la paix et le bonheur que nous y goûterions ?
Si nous passons au cinquième qui nous défend de faire tort à notre prochain dans ses biens, sa réputation et sa personne, n'est-ce pas une chose bien juste, puisque nous devons les aimer comme nous-mêmes, et une chose, en même temps, bien avanta-geuse pour nous, puisque Jésus-Christ nous dit que jamais le bien d'autrui n'entrera dans le ciel ? Vous voyez que ce commande-ment n'a rien de dur, puisque par lui nous nous assurons le ciel. Si nous passons au sixième commandement, qui nous défend toute impureté dans les pensées, les désirs et les actions ; n'est-ce pas pour notre paix et notre bonheur que le bon Dieu nous défend tou-tes ces choses ? Si nous avons le malheur de nous livrer à quel-ques-uns de ces mauvais péchés infâmes, votre pauvre âme n'est-elle pas comme dans un enfer ? n'êtes-vous pas tourmentés et le jour et la nuit ? D'un autre côté, votre corps et votre âme ne sont-ils pas destinés à être la demeure de la Très-Sainte Trinité ; ne doivent-ils pas, dis-je, aller passer une éternité avec les anges, au-près de Jésus-Christ qui est la pureté même ? Vous voyez donc que ce commandement ne nous est donné que pour notre bien et notre repos, même dès ce monde
Si le bon Dieu nous dit, M.F., par la voix de son Église : « Je vous commande de ne jamais laisser passer plus d'un an, sans vous confesser ; » dites-moi, ce commandement n'est-il pas pour nous montrer la grandeur de l'amour de Dieu pour nous ? Dites-moi, quand même l'Église n'aurait pas fait ce commandement, peut-on vivre tranquille avec le péché dans le cœur et le ciel fer-mé pour nous, étant exposés à chaque instant à tomber en enfer. Si le bon Dieu nous commande de le recevoir à Pâques, hélas ! M.F., une âme peut-elle bien vivre, ne faisant qu'un repas tous les ans ? Mon Dieu, que nous connaissons peu notre bien, notre bon-heur ! Si l'Église nous ordonne de nous priver de manger de la viande, de jeûner certains jours ; est-ce une chose injuste ; puis qu'étant pécheurs, nous devons nécessairement faire pénitence dans ce monde ou dans l'autre ? Et n'est-ce pas, en cela, changer contre de petites peines ou privations des maux bien rigoureux dans l'autre vie ?

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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 12:35

Ne conviendrez-vous pas avec moi, M.F., que si le bon Dieu nous a fait des commandements, nous oblige de les observer, cela n'est que pour nous rendre heu-reux dans ce monde et dans l'au-tre ? De sorte, M.F., que si nous voulons espérer quelques conso-lations et quelques adoucissements dans nos misères, nous ne les trouverons qu'en observant avec fidélité les commande-ments de Dieu ; et, tant que nous les violerons, nous ne serons que malheu-reux, même dès ce monde. Oui, M.F., quand même une personne serait maîtresse de la moitié du monde ; si elle ne fait pas consis-ter tout son bonheur à bien observer les commandements, ne sera que malheureuse. Voyez, M.F., lequel était le plus heureux de saint Antoine dans son désert, livré à toutes les rigueurs de la pé-nitence, ou de Voltaire, dans tous ses biens et ses plaisirs ; et, comme nous dit saint Paul, dans son abondance et sa crapule . Saint Antoine vit heureux, meurt content et, maintenant, jouit d'un bonheur qui ne finira jamais ; tandis que l'autre vit malheureux avec tous ses biens, meurt en désespéré, et maintenant, selon toute apparence, sans le juger, souffre comme un réprouvé. Pourquoi, M.F., cette grande différence ? c'est que l'un fait consister tout son bonheur à observer fidèlement les commandements de Dieu, et l'autre met tous ses soins à les violer et à les faire mépriser ; l'un, dans la pauvreté, est content ; et l'autre, dans l'abondance, est bien misérable ; ce qui nous montre, M.F., qu'il n'y a que Dieu seul qui puisse nous contenter et rien autre chose.
Voyez le bonheur que nous avons si nous observons fidèle-ment les commandements de Dieu, puisque nous lisons dans l'Évangile que Jésus-Christ nous dit : « Celui qui observe mes commandements m'aime et celui qui m'aime sera aimé de mon Père ; nous viendrons en lui et nous y ferons notre demeure . » Quel bonheur peut être plus grand et quelle grâce plus précieuse ; puisque en gardant les commandements de Dieu, nous attirons en nous tout le ciel. Le saint roi David avait bien raison de s'écrier : « Ô mon Dieu, que ceux qui vous servent sont heureux ! » Voyez encore combien le bon Dieu bénit les maisons de ceux qui obser-vent ses lois divines. Nous lisons dans l'Évangile que le père et la mère de saint Jean-Baptiste gardaient si bien les commandements que personne ne pouvait leur reprocher la moindre chose ; aussi le bon Dieu, en récompense, leur donna un enfant qui fut le plus grand de tous les prophètes. Ce fut un ange qui vint du ciel, pour leur annoncer cette heureuse nouvelle. Ce fut même le Père éter-nel qui lui donna le nom de Jean, qui veut dire : enfant de béné-diction et de bonheur. A peine Jésus-Christ est-il conçu dans le sein de sa mère, qu'il va lui-même dans cette maison, pour y ré-pandre toute sorte de bénédictions. Il sanctifia cet enfant, avant qu'il fût né, et remplit le père et la mère du Saint-Esprit . Voulez-vous, M.F., que le bon Dieu vous visite et vous comble de toute sorte de bénédictions ? tâchez de mettre tous vos soins à bien ob-server les commandements de Dieu, et tout ira bien chez vous.
Nous lisons dans l'Évangile qu'un jeune homme demanda à Jésus-Christ ce qu'il fallait faire pour avoir la vie, Le Sauveur lui répondit : « Si vous voulez avoir la vie éternelle, gardez mes commandements avec fidélité . » Notre-Seigneur s'entretenant un jour avec ses disciples sur le bonheur de l'autre vie, dit que le chemin qui conduit au ciel est étroit, qu'il y en a bien peu qui le cherchent véritablement, et, parmi ceux qui le trouvent, bien peu qui soient dans cette route : « ce n'est pas tous ceux qui disent : Seigneur, Seigneur, qui seront sauvés ; mais seulement ceux qui font la volonté de mon Père en gardant mes commandements. Plusieurs me diront au jour du jugement : Seigneur, nous avons prophétisé en votre nom ; nous avons chassé les démons du corps des possédés et nous avons fait de grands miracles. Je leur répon-drai : Retirez-vous de moi, ouvriers d'iniquité. Vous avez fait de grandes choses ; mais vous n'avez pas observé mes commande-ments ; je ne vous connais pas . » Jésus-Christ dit au disciple bien-aimé : « Soyez-moi fidèle jusqu'à la fin, et je vous donnerai la couronne éternelle . » Vous voyez donc, M.F., que notre salut est absolument attaché à l'observance des commandements de Dieu. Si vous avez quelque doute de savoir si vous serez sauvés ou damnés, prenez les commandements de Dieu et confrontez-les avec votre vie. Si vous voyez que vous marchez dans le chemin qu'ils vous ont tracé, ne vous mettez en peine que de persévérer ; mais, si vous vivez d'une manière tout opposée, vous aurez beau vous tourmenter, vous ne laisserez pas que d'être damnés .

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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 12:35

III. – Nous disons que si nous voulons avoir la paix de l'âme, il faut garder les commandements de Dieu, parce que le Saint-Esprit nous dit que celui qui a une conscience pure est comme dans un festin continuel . Il est très certain, M.F., que celui qui vit selon les lois de Dieu est toujours content, et, bien plus, rien n'est capable de le troubler. Saint Paul nous dit qu'il est plus heureux et plus content dans sa prison, dans ses souffrances, ses pénitences et sa pauvreté que ses bourreaux ne le sont dans leur liberté, leur abondance et leur crapule ; que son âme est remplie de tant de joie et de consolation, qu'elle déborde de tous côtés . Sainte Monique nous dit qu'elle fut toujours contente quoiqu'elle fut souvent maltraitée par son mari, qui était un païen . – Saint Jean de la Croix nous dit qu'il avait coulé les jours les plus heureux de sa vie, là où il avait le plus souffert. « Mais, au contraire, nous dit le prophète Isaïe, celui qui ne vit pas selon les lois du Seigneur ne sera ni content ni heureux. Sa conscience sera semblable à une mer agitée par une furieuse tempête, les troubles et les remords le suivront partout . » Si ces personnes veulent vous dire qu'elles sont en paix, ne les croyez pas, parce qu'elles sont des menteurs ; parce que le pécheur n'aura jamais la paix . Voyez-en la preuve, M.F., dans Caïn. Dès qu'il eut le malheur d'avoir tué son frère Abel, son péché fut, toute sa vie, son bourreau, qui ne le quitta qu'à la mort pour le traîner en enfer . Voyez encore les frères de Joseph . Voyez même Judas : après avoir vendu son divin Maître, il fut si tourmenté, qu'il alla se pendre à un figuier, tant la vie lui était à charge . Nous lisons dans l'histoire qu'un jeune homme, dans un accès de fureur, tua son pauvre père. Son péché ne lui donna de repos ni jour, ni nuit. Il lui semblait entendre son père qui lui criait : « Ah ! mon fils, pourquoi m'as-tu égorgé. » Il alla lui-même se dénoncer pour qu'on le fît mourir, pensant que l'enfer ne serait pas plus rigoureux. Hélas ! M.F., si nous avons le malheur de ne pas garder les commandements de Dieu, jamais nous ne serons contents, même avec les plus grands biens. Voyez Salomon, etc.
Mais, chose étrange, M.F., l'homme a beau être tourmenté et savoir les remèdes qu'il faut prendre pour avoir la paix avec son Dieu et avec lui-même, il aime mieux commencer son enfer que d'avoir recours aux remèdes que Jésus-Christ nous a donnés. Vous êtes malheureux, mon ami, pourquoi voulez-vous rester dans cet état ? Revenez à Jésus-Christ et vous retrouverez la paix de l'âme que vos péchés vous ont ravie.

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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 12:35

IV. – Nous disons que si nous ne gardons pas les comman-dements de Dieu, nous serons malheureux tous les jours de notre vie. Voyez-en la preuve dans Adam. Dès qu'il eut péché, le Sei-gneur lui dit : « Parce que tu as violé mes lois, la terre, pour toi, sera maudite ; elle ne produira d'elle-même que des ronces et des épines. Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front, et cela, tous les jours de ta vie . » Voyez Caïn ; le Seigneur lui dit : « Caïn, le sang de ton frère crie vengeance, tu seras errant, vagabond et fu-gitif tous les jours de ta vie . » Voyez encore Saül... De sorte, M.F., que, dès que nous cessons de suivre ce que les commande-ments de Dieu nous ordonnent, nous devons nous attendre à tou-tes sortes de maux spirituels et temporels. Pères et mères, voulez-vous être heureux ? Commencez à bien observer les commande-ments de Dieu vous-mêmes, afin que vous puissiez vous donner pour modèles à vos enfants, et que vous puissiez toujours leur dire : « Faites comme moi. » Si vous voulez qu'ils fassent bien leur prière, donnez-leur-en l'exemple. Voulez-vous qu'ils soient bien modestes à l'église, donnez-leur l'exemple ; mettez-les à côté de vous. Voulez-vous qu'ils observent bien le saint jour du di-manche ? commencez vous-mêmes. Voulez-vous qu'ils soient charitables ? soyez-le vous-mêmes. Hélas ! M.F., si tant de maux nous accablent, n'en cherchons point d'autres raisons que la multi-tude des péchés que nous commettons, en transgressant les com-mandements de Dieu. Plaignons, M.F., ceux qui viendront quel-ques siècles après nous. Hélas ! ce sera bien plus mauvais encore.
Voulons-nous, M.F., que Dieu cesse de nous châtier ? ces-sons nous-mêmes de l'offenser ; faisons comme les saints qui ont tout sacrifié plutôt que de violer ses saintes lois. Voyez un saint Barthélemy et une sainte Reine, qui ont été écorchés tout en vie, pour ne pas vouloir offenser Dieu. Voyez un saint Pierre et un saint André, qui ont été crucifiés sur une croix. Voyez toutes ces foules de martyrs qui ont enduré mille tourments pour ne pas transgresser les commandements. Voyez tous les combats qu'ont soutenus les saints Pères des déserts contre le démon et leurs pen-chants. Lorsque saint François d'Assise était sur une montagne pour prier, les habitants du voisinage vinrent lui demander de les délivrer, par ses prières, de quantité de bêtes féroces qui dévo-raient tout ce qu'ils avaient. Ce saint leur dit : « Mes enfants, cela ne vient que de ce que vous avez violé les commandements de Dieu ; revenez à Dieu et vous serez délivrés. » En effet, aussitôt qu'ils eurent changé de vie, ils furent délivrés.
De même, en finissant, disons que si nous voulons que nos maux spirituels et temporels finissent, finissons d'offenser le bon Dieu ; cessons de transgresser ses commandements. Cessez, M.F., de livrer votre cœur, votre esprit et peut-être même votre corps à l'impureté. Cessez, M.F., de fréquenter les jeux, les cabarets, les lieux de plaisirs. Cessez, M.F., les travaux du dimanche. Cessons de nous éloigner des sacrements. Cessons, M.F., de nous faire un jeu de violer les lois du jeûne et de l'abstinence ; quittons la route que suivent les païens, à qui les commandements ne sont pas connus. Cherchons, M.F., notre véritable bonheur qui ne peut se trouver qu'en Dieu seul, en accomplissant fidèlement les com-mandements. Cessons, M.F., de travailler à nous rendre malheu-reux pour l'éternité. Revenons à Dieu, M.F., et pensons que nous sommes chrétiens et que, par conséquent, nous devons combattre nos pen-chants et le démon ; fuir le monde et ses plaisirs, vivre dans les larmes, la pénitence et l'humilité. Disons comme le saint roi David : « Oui, mon Dieu ! je me suis éloigné de vos comman-dements par mes péchés ; mais, mon Dieu, aidez-moi, je revien-drai à vous par les larmes et la pénitence, et je marcherai tous les jours de ma vie dans la voie de vos commandements, qui me conduiront jusqu'à vous pour ne jamais vous perdre. » Heureux, M.F., celui qui imitera ce saint roi, qui, revenu à Dieu, ne le quitta jamais plus ! C'est là, M.F., ce que je vous souhaite.

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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 12:36

12ème DIMANCHE APRÈS LA PENTE-CÔTE
Sur le premier Commandement de Dieu
(DEUXIÈME SERMON)

Diliges Dominum Deum tuum.
Vous aimerez le Seigneur votre Dieu.
(S. Luc, X, 27.)

Adorer Dieu, M.F., et l'aimer, c'est la plus belle fonction de l'homme sur la terre ; puisque, par cette adoration, nous nous ren-dons semblables aux anges et aux saints qui sont dans le ciel. Ô mon Dieu ! quel honneur et quel bonheur pour une vile créature, d'avoir le pouvoir d'adorer et d'aimer un Dieu si grand, si puis-sant, si aimable et si bienfaisant ! Non, M.F., non, il me semble que Dieu n'aurait pas dû faire ce commandement ; mais seulement nous souffrir prosternés en sa sainte présence. Un Dieu, M.F., nous commander de l'aimer et de l'adorer !... pourquoi cela ; M.F. ? Est-ce que Dieu a besoin de nos adorations et de nos priè-res ? Dites-moi, M.F., est-ce nous qui plaçons ces rayons de gloire sur sa tête ? Est-ce nous qui augmentons sa grandeur et sa puissance, puisqu'il nous commande de l'aimer sous peine de châ-timents éternels ? Ah ! vil néant, créature indigne de ce bonheur, dont les anges même, tout saints et tout purs qu'ils sont, se recon-naissent infiniment indignes, et qui, si Dieu leur permet de se pros-terner devant lui, ne le font qu'en tremblant ! Ô mon Dieu ! que l'homme connaît peu son bonheur et son privilège !... Mais non, M.F., ne sortons pas de notre simplicité ordinaire. Ah ! M.F., cette pensée, que nous pouvons aimer et adorer un Dieu si grand, nous semble si au-dessus de nos mérites, qu'elle nous arrache de la voie de la simplicité. Ah ! M.F., pouvoir adorer Dieu, l'aimer et le prier ! Ô mon Dieu, quel bonheur !... qui pourra jamais-le com-prendre ?... Non, M.F., toutes nos adorations et toute notre amitié n'ajoutent rien au bonheur et à la gloire de notre Dieu ; mais, comme le bon Dieu ne veut que notre bonheur ici-bas, il sait qu'il ne se trouve que dans l'amour que nous aurons pour lui, et que tous ceux qui le chercheront hors de lui, ne le trouveront jamais. De sorte, M.F., que, quand le bon Dieu nous ordonne de l'aimer et de l'adorer, c'est qu'il veut nous forcer à être heureux. Voyons donc tous ensemble, 1? en quoi consiste cette adoration que nous devons à Dieu et qui nous rend si heureux, et 2? comment nous devons la lui rendre.

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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 12:36

I. – Si vous me demandez maintenant, M.F., ce que c'est qu'adorer Dieu. Le voici. C'est à la fois croire à Dieu et croire en Dieu. Remarquez bien, M.F., la différence qu'il y a entre croire à Dieu et croire en Dieu. Croire à Dieu, qui est la foi des démons, c'est croire qu'il y a un Dieu, qu'il existe, qu'il récompense la vertu et punit le péché. Ô mon Dieu ! que de chrétiens n'ont pas la foi des démons ! Ils nient l'existence de Dieu, et, dans leur aveugle-ment épouvantable et leur frénésie, osent soutenir qu'après ce monde, il n'y a ni punition ni récompense. Ah ! malheureux, si la corruption de votre cœur vous a portés jusqu'à un tel excès d'aveuglement, allez, interrogez un possédé du démon, il vous ap-prendra ce que vous devez croire de l'autre vie ; il vous dira que, nécessairement, le péché est puni et la vertu est récompensée. Oh ! quel malheur, M.F. ! Quand la foi est éteinte dans un cœur, de quelles extravagances n'est-on pas capable ? Mais, quand nous disons croire en Dieu, c'est reconnaître qu'il est notre Dieu, notre Créateur, notre Rédempteur, et que nous le prenons pour notre modèle ; c'est le reconnaître comme Celui dont nous dépendons en toutes choses, pour l'âme et pour le corps ; pour les choses spi-rituelles et pour les temporelles ; comme Celui de qui nous atten-dons tout, et sans lequel nous ne pouvons rien. Nous voyons dans la Vie de saint François qu'il passait des nuits entières sans faire d'autre prière que celle-ci : « Seigneur, vous êtes tout, et moi je ne suis rien ; vous êtes le créateur de toutes choses, vous êtes le conservateur de tout l'univers ; et moi je ne suis rien. »
Adorer Dieu, M.F., c'est lui offrir un sacrifice de tout nous-même, c'est-à-dire, M.F., être soumis à sa sainte volonté dans les croix, les afflictions, les maladies, les pertes de biens, et être prêt à donner volontiers notre vie pour son amour, s'il le faut. Disons, encore mieux, M.F., c'est lui faire une offrande universelle de tout ce que nous sommes : je veux dire, de notre corps par un culte ex-térieur, et de notre âme avec toutes ses facultés, par un culte inté-rieur. Expliquons cela, M.F., d'une, manière plus simple. Si je demandais à un enfant : Quand faut-il adorer Dieu, et comment faut-il l'adorer ? il me répondrait : « Le matin et le soir, et souvent dans la journée, c'est-à-dire, toujours. » C'est-à-dire, M.F., que nous devons faire sur la terre ce que les anges et les saints font dans le ciel. Le prophète Isaïe nous dit qu'il vit Notre-Seigneur assis sur un beau trône de gloire ; les séraphins l'adoraient avec un si grand respect, qu'ils couvraient leurs faces et leurs pieds de leurs ailes, et ils chantaient continuellement : « Saint, Saint, saint, est le grand Dieu des armées, gloire, honneur, adoration, lui soient rendus dans tous les siècles . »
Nous lisons dans la Vie de la bienheureuse Victoire, de l'or-dre de l'Incarnation, qu'il y avait une religieuse de son ordre, qui était très dévote et remplie de l'amour divin. Étant un jour en orai-son, Notre-Seigneur l'appela par son nom ; cette sainte lui répon-dit, dans sa simplicité ordinaire : « Mon divin Jésus, que voulez-vous de moi ? » Le Seigneur lui dit : « J'ai des séraphins dans le ciel qui me louent et me bénissent et m'adorent sans cesse ; je veux en avoir aussi sur la terre, je veux que vous soyez de ce nom-bre. » C'est dire, M.F., que la fonction des bienheureux dans le ciel, est de n'être occupé qu'à bénir le bon Dieu dans toutes ses perfections, et que nous devons faire tout de même, pendant que nous sommes sur la terre ; les saints, en triomphant et en jouis-sant, et nous, en combattant. Saint Jean nous dit qu'il vit une si grande troupe de saints, qu'il serait impossible de les compter ; ils étaient devant le trône de Dieu, disant de tout leur cœur et de toute leur force : « Honneur, bénédiction, action de grâces soient rendus à notre Dieu . »

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 12:36

II. – Je dis donc, M.F., que nous devons souvent adorer Dieu, 1? de corps : c'est-à-dire qu'il faut nous mettre à genoux, quand nous voulons adorer Dieu, pour lui montrer le respect que nous avons en sa sainte présence. Le saint roi David adorait le Seigneur sept fois par jour , et il se tenait si longtemps à genoux ; qu'il avoue lui-même, qu'à force de prier, et, en priant, de se tenir à genoux, ses genoux étaient devenus faibles et infirmes . Le pro-phète Daniel, étant à Babylone, se tournait contre Jérusalem, et adorait Dieu trois fois le jour . Nôtre-Seigneur lui-même, qui n'avait nullement besoin de prier, pour nous en donner l'exemple, passait souvent les nuits entières à prier , à genoux, le plus sou-vent la face contre terre ; comme il le fit dans le jardin des Olives. Il y a eu quantité de saints qui ont imité Jésus-Christ dans sa prière. Saint Jacques adorait souvent Dieu, non seulement à ge-noux, mais encore la face contre terre ; en sorte que son front, à force de toucher la terre, était devenu dur comme la peau d'un cha-meau . Nous voyons, dans la Vie de saint Barthélemy, qu'il fléchissait cent fois par jour le genou à terre et autant la nuit . Si vous ne pouvez pas, M.F., adorer le bon Dieu aussi souvent et à genoux ; au moins, faites-vous un devoir de le faire soir et matin et de temps en temps, dans le jour, quand vous êtes seuls dans vos maisons ; pour lui montrer que vous l'aimez et que vous le recon-naissez pour votre créateur et votre conservateur.
Surtout, M.F., après avoir donné notre cœur à Dieu en nous éveillant, nous étant débarrassés de toutes pensées qui n'ont pas rapport à Dieu, nous étant habillés avec modestie, sans perdre la présence de Dieu, il faut faire notre prière avec autant de respect qu'il est possible, et un peu longue si nous le pouvons. Il faut prendre bien garde de ne jamais rien faire avant d'avoir fait ses prières : comme faire son lit, une partie de son ménage, mettre sa marmite sur le feu, appeler ses domestiques ou ses enfants, aller donner à manger aux bêtes, ni ne jamais rien commander à ses enfants et à ses domestiques, avant qu'ils aient fait leur prière. Si vous le faisiez, vous seriez les bourreaux de leurs pauvres âmes, et, si vous l'avez fait, il faut vous en confesser et ne plus y retour-ner. Rappelez-vous bien que c'est le matin que le bon Dieu nous prépare toutes les grâces qui sont nécessaires pour passer sainte-ment la journée. De sorte que, si nous faisons mal notre prière ou si nous ne la faisons pas, nous perdons toutes les grâces que le bon Dieu nous avait destinées pour rendre nos actions méritoires. Le démon sait combien il est avantageux pour un chrétien de bien faire sa prière ; il n'oublie aucun moyen de nous la faire faire mal, ou manquer. Il disait un jour, par la bouche d'un possédé, que, s'il pouvait avoir le premier moment de la journée, il était sûr d'avoir tout le reste.
Pour faire votre prière comme il faut, il faut prendre de l'eau bénite, afin d'éloigner de vous le démon, et faire le signe de la croix, disant : « Mon Dieu, par cette eau bénite et par le Sang pré-cieux de Jésus-Christ votre Fils ; lavez-moi, purifiez-moi de tous mes péchés. » IL faut bien nous persuader que si nous le faisons avec foi, nous effacerons tous nos péchés véniels, en supposant que nous n'en ayons point de mortel. Ô mon Dieu ! un chrétien peut-il bien commettre un péché mortel qui lui ravit le ciel, le sé-pare de son Dieu pour toute l'éternité !... Ô mon Dieu, quel mal-heur, et, cependant, si peu connu du pécheur !
Je dis que nous devons faire notre prière à genoux, et non couché sur une chaise ou contre un lit, ni devant le feu ; quoique l'on puisse s'appuyer les mains sur le dossier d'une chaise. Il faut commencer notre prière par un acte de foi, la plus vive qu'il nous est possible, en nous pénétrant vivement de la présence de Dieu, c'est-à-dire, de la grandeur d'un Dieu si bon, qui veut bien nous souffrir en sa sainte présence, nous, qui, depuis bien longtemps, mériterions d'être abîmés dans les enfers. Il faut bien prendre garde de ne jamais se déranger, ni déranger ceux qui font leur prière, à moins que ce ne soit bien nécessaire : parce qu'on est cause qu'ils s'occupent de nous ou de ce que nous leur disons ; ils font mal leur prière, et, par conséquent, nous en sommes la cause. Si maintenant vous me demandez aussi comment il faut faire pour adorer, c'est-à-dire, prier Dieu continuellement ; car l'on ne peut pas être à genoux toute la journée. Rien de plus facile ; écoutez-moi un instant, et vous allez voir qu'on peut adorer Dieu et le prier, sans quitter son travail, en quatre manières ; mais cela, après avoir bien fait sa prière à genoux. Je dis en quatre maniè-res : par pensées, par désirs, par paroles, par actions. Je dis 1? par pensée. Quand on aime quelqu'un, ne trouve-t-on pas un certain plaisir à y penser ? Eh bien ! M.F., qui nous empêche de penser à Dieu pendant la journée, tantôt en pensant aux souffrances que Jésus-Christ a endurées pour nous ; combien il nous aime, com-bien il désire nous rendre heureux, puisqu'il a bien voulu mourir pour nous ; combien il a été bon de nous faire naître dans le sein de l'Église catholique, où nous trouvons tant de moyens de nous rendre heureux, c'est-à-dire, de nous sauver ; tandis que tant d'au-tres n'ont pas le même bonheur. De temps en temps, dans le cou-rant du jour, portons nos pensées et nos désirs vers le ciel, pour y contempler d'avance les biens et le bonheur que le bon Dieu nous y prépare après un moment de combat. Cette seule pensée, M.F., qu'un jour nous irons y voir le bon Dieu, et que nous serons déli-vrés de toute sorte de peine, ne devrait-elle pas nous consoler dans nos croix ? Si nous sommes chargés de quelque fardeau, pensons vite que nous sommes à la suite de Jésus-Christ, portant sa croix pour l'amour de nous ; unissons nos souffrances et nos peines à celles de ce divin Sauveur. Sommes-nous pauvres ? por-tons notre pensée dans la crèche : voyons et contemplons notre aimable Jésus couché sur une poignée de paille, sans aucune res-source humaine. Et, si vous voulez, regardez-le encore, mourant sur une croix, dépouillé même de ses habits. Sommes-nous ca-lomniés ? pensons, M.F., aux blasphèmes que l'on a vomis contre lui pendant sa passion, lui qui était la sainteté même. De temps en temps, pendant la journée, faisons prononcer à notre cœur ces douces paroles : « Mon Dieu, je vous aime, et je vous adore avec tous vos saints anges et tous vos saints qui sont dans le ciel. » No-tre-Seigneur dit un jour à sainte Catherine de Sienne : « Je veux, que tu fasses une retraite dans ton cœur et que tu t'y enfermes avec moi, et que tu me tiennes compagnie. » Quelle bonté, M.F., de la part de ce bon Sauveur, de prendre plaisir à converser avec une chétive créature ! Eh bien ! M.F., faisons de même ; entrete-nons-nous avec le bon Dieu, notre aimable Jésus, qui est dans no-tre cœur par sa grâce. Adorons-le, en lui donnant notre cœur ; ai-mons-le, nous donnant tout à lui. Ne passons jamais un jour sans le remercier de tant de grâces qu'il nous a accordées pendant notre vie ; demandons-lui pardon de nos péchés, en le priant de n'y plus penser, mais de les oublier pour l'éternité. Demandons-lui la grâce de ne penser qu'à lui, et de ne désirer que de lui plaire, dans tout ce que nous ferons pendant toute notre vie. « Mon Dieu, devons-nous dire, je désire vous aimer autant que tous les anges et tous les saints ensemble. Je veux unir mon amour à celui que, votre sainte Mère a eu pour vous, pendant qu'elle était sur la terre. Mon Dieu, quand est-ce que j'aurai le bonheur de vous aller voir un jour dans le ciel, afin de vous aimer plus parfaitement ? » Si nous sommes seuls dans nos maisons, qui nous empêche de nous met-tre à genoux ? Quand nous ne ferions que dire : « Mon Dieu, je veux vous aimer de tout mon cœur, avec tous ses mouvements et toutes ses pensées et ses désirs ; que le temps me dure de vous al-ler voir dans le ciel ! » Voyez-vous, M.F., comme il est facile de nous entretenir avec le bon Dieu et de le prier continuellement ? Voilà, M.F., ce que c'est que prier toute la journée.

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 12:37

2? Nous adorons Dieu par le désir du ciel. Comment ne pas désirer de posséder Dieu, de le voir, ce qui est tout notre bon-heur ?...
3? Nous disons que nous devons prier par paroles. Quand nous aimons quelqu'un, n'avons-nous pas un grand plaisir à nous entretenir de lui et à parler de lui ! Eh bien ! M.F., au lieu de par-ler de la conduite de l'un et de l'autre ; ce que nous ne faisons presque jamais sans offenser le bon Dieu ; qui nous empêche de tourner notre conversation du côté des choses de Dieu, soit en li-sant quelque Vie de Saint, soit en racontant ce que nous avons en-tendu dans une instruction, dans un catéchisme ? Entretenons-nous surtout de notre sainte religion ; du bonheur que nous avons dans la religion chrétienne, des grâces que le bon Dieu nous y fait. Hélas ! M., F., s'il ne faut qu'une mauvaise conversation pour per-dre une personne, souvent il n'en faut qu'une bonne pour la convertir, ou lui faire éviter le péché. Combien de fois, après avoir été avec quelqu'un qui nous à parlé du bon Dieu, nous sommes-nous sentis tout portés au bon Dieu ; avons-nous pensé à mieux faire !... Voilà ce qui faisait tant de saints au commence-ment de l'Église ; toutes les conversations, tous les discours étaient du bon Dieu. Par là, les chrétiens s'animaient les uns les autres ; ils concevaient toujours un nouveau goût pour les choses de Dieu.
4? Nous avons dit que nous devons adorer Dieu par nos ac-tions. Rien de plus facile, de plus méritoire : Si vous désirez sa-voir comment cela se fait, le voici. Pour que nos actions soient méritoires et soient une prière continuelle nous devons d'abord, le matin, offrir toutes nos actions en général ; c'est-à-dire, tout ce que nous ferons pendant la journée. Nous disons au bon Dieu, avant de commencer : « Mon Dieu, je vous offre toutes les pen-sées, les désirs, les paroles et les actions que je ferai pendant ce jour ; faites-moi la grâce de les bien faire et dans la seule vue de vous plaire. » Ensuite, de temps en temps, pendant la journée, nous renouvelons notre offrande, en disant à Dieu : « Vous savez, mon Dieu, vous savez que je vous ai promis dès le matin de tout faire pour l'amour de vous. » Si nous faisons quelque aumône, di-rigeons notre intention, en disant : « Mon Dieu, recevez cette au-mône, ou ce service que je vais rendre à mon prochain ; c'est pour vous demander telle grâce. » Une fois, vous les ferez en l'honneur de la mort et passion de Jésus-Christ, pour obtenir votre conver-sion ou celle de vos enfants, de vos domestiques ou d'autres per-sonnes qui vous intéressent ; une autre fois, en l'honneur de la très-sainte Vierge, pour demander sa sainte protection pour vous et pour d'autres. Si l'on nous commande quelque chose qui nous répugne, disons au bon Dieu : « Mon Dieu, je vous offre cela pour honorer le moment où l'on vous a fait mourir pour moi. » Faisons-nous quelque chose qui nous fatigue bien ? offrons-le au bon Dieu, afin qu'il nous délivre des peines de l'autre vie. Lorsque nous nous reposons un moment, regardons le ciel qui, un jour, se-ra notre demeure. Voyez, M.F., si nous avions le bonheur de nous comporter de cette manière, combien nous gagnerions pour le ciel, en ne faisant que ce que nous faisons, mais en le faisant uni-quement pour Dieu, et dans la seule vue de lui plaire. Saint Jean Chrysostome nous dit que trois choses se font aimer : la beauté, la bonté et l'amour. « Eh bien ! nous dit ce grand saint, le bon Dieu renferme toutes ces qualités. » Nous lisons dans la Vie de sainte Lidwine que, se sentant des douleurs très violentes, un ange lui apparut pour la consoler. Elle nous le dit elle-même : sa beauté lui parut si grande, et elle en fut si ravie, qu'elle oublia entièrement ses souffrances. Valérien ayant vu l'ange qui conservait la pureté de sainte Cécile, sa beauté le charma tant et lui toucha tellement le cœur, quoiqu'il fût encore païen, qu'il se convertit sur-le-champ . Saint Jean, le disciple bien-aimé, nous dit qu'il vit un ange d'une beauté si grande, qu'il voulut l'adorer, mais l'ange lui dit : « Ne faites pas cela, je ne suis qu'un serviteur de Dieu comme vous. » Lorsque Moïse demanda au Seigneur la grâce de lui faire voir sa face le Seigneur lui dit : « Moïse, il est impossi-ble à un homme mortel de voir ma face sans mourir ; ma beauté est si grande, que toute personne qui me verra, ne pourra vivre ; il faut que son âme sorte de son corps par la seule vue de ma beau-té ». Sainte Thérèse nous dit que Jésus-Christ lui était apparu souvent ; mais que jamais aucun homme ne pourra se former une idée de la grandeur de sa beauté, tant elle est au-dessus de tout ce que nous pouvons penser. Dites-moi, M.F., si nous avions le bon-heur de nous former une idée de la beauté de Dieu, pourrions-nous ne pas l'aimer ? Oh ! que nous sommes aveugles ! Hélas ! c'est que nous ne pensons qu'à la terre et aux choses créées, et non aux choses de Dieu, qui nous élèveraient jusqu'à lui, qui nous dé-montreraient quelque peu ses perfections, et qui toucheraient nos cœurs. Écoutez saint Augustin : « Ô beauté ancienne et toujours nouvelle ! je vous ai aimée bien tard ! » Il appelle la beauté de Dieu ancienne, parce qu'elle est de toute éternité, et il l'appelle toujours nouvelle, parce que, plus on la voit, plus on la trouve belle. Pourquoi est-ce, M.F., que les anges et les saints ne se las-seront jamais d'aimer Dieu et de le contempler ? C'est, M.F., qu'ils sentiront toujours un nouveau goût et un nouveau plaisir. Et pourquoi, M.F., ne ferions-nous pas la même chose sur la terre, puisque nous le pouvons ? Ah ! M.F., quelle vie heureuse nous mènerions en nous préparant le ciel !
Nous lisons dans la Vie de saint Dominique, qu'il s'était re-noncé si entièrement lui-même, qu'il ne pouvait penser, ni désirer, ni aimer autre chose que Dieu seul. Après avoir passé toute la journée à allumer dans les cœurs le feu de l'amour divin par ses prédications, il s'envolait la nuit dans le ciel, par ses contempla-tions et ses entretiens avec son Dieu. C'était toutes ses occupa-tions. Dans ses voyages, il ne pensait uniquement qu'à Dieu ; rien n'était capable de le distraire de cette heureuse pensée : que Dieu était bon, aimable, et qu'il méritait bien d'être aimé. Il ne pouvait comprendre comment il se pouvait trouver des hommes sur la terre qui pussent ne pas aimer le bon Dieu, puisqu'il était si aima-ble. Il versait des torrents de larmes sur le malheur de ceux qui ne voulaient pas aimer un Dieu si bon et si digne d'être aimé. Un jour, des hérétiques ayant cherché le moyen de le faire périr, mais le bon Dieu l'ayant sauvé par un miracle, un d'entre eux, lui de-manda ce qu'il aurait fait s'il était tombé entre leurs mains ? Il lui répondit : « Je sens un si grand désir d'aimer le bon Dieu, je vou-drais tant souffrir et mourir pour lui, que je vous aurais prié de me tuer, non d'un seul coup, mais de couper mes membres à tant pe-tits morceaux que vous auriez pu, ensuite de m'arracher la langue et les yeux, les uns après les autres, et, après avoir roulé le tronc de mon corps dans mon sang, de me couper la tête ; et je voudrais que tous les hommes fussent dans la même disposition que moi, parce que Dieu est si beau et si bon, que jamais l'on ne fera rien qui puisse approcher de ce qu'il mérite . » Eh bien ! M.F., est-ce aimer le bon Dieu que d'être dans une si belle disposition ? N'est-ce pas l'aimer tout de bon, de tout son cœur et plus que soi-même ?
Dites-moi, M.F., l'aimons-nous comme ce saint, nous qui semblons nous faire une espèce de plaisir de l'offenser, nous qui ne voulons pas faire le moindre sacrifice pour éviter le péché ? Dites-moi, M.F., aimons-nous le bon Dieu en manquant nos priè-res, en les faisant sans respect et sans dévotion ? Que de fois nous ne nous mettons pas seulement à genoux ? Aimons-nous le bon Dieu, M.F., lorsque nous ne donnons pas même le temps de prier le bon Dieu à nos domestiques ou à nos enfants ? Aimions-nous le bon Dieu, M.F., lorsque nous avons mangé de la viande les jours défendus ? Dites-moi, M.F., aimons-nous le bon Dieu lorsque nous travaillons les saints jours du dimanche ? Aimons-nous le bon Dieu lorsque nous sommes sans respect dans l'église, que nous y dormons, causons et tournons la tête ou que nous sortons dehors, pendant les offices ? Hélas ! M.F., disons-le en gémissant, que de fantômes d'adorateurs ! Hélas ! que de chrétiens qui ne sont chrétiens que de nom !
En troisième lieu, nous disons que nous devons aimer le bon Dieu parce qu'il est infiniment bon. Quand Moïse demanda au Seigneur de lui faire voir sa face, il lui dit : « Moïse, si je te fais voir ma face, je te montrerai l'abrégé et l'assemblage de tous les biens . » Nous lisons dans l'Évangile qu'une femme s'étant pros-ternée devant Notre-Seigneur, l'appela « Bon Maître. » Notre-Seigneur lui dit : « Pourquoi m'appelez-vous Bon Maître, il n'y a que Dieu seul qui soit bon ; » voulant nous dire qu'il est la source de toute sorte de biens. Sainte Madeleine de Pazzi nous dit qu'elle voudrait avoir assez de force pour se faire entendre aux quatre coins du monde, afin de dire à tous les hommes d'aimer le bon Dieu de tout leur cœur, parce qu'il est infiniment aimable. Nous lisons dans la Vie de saint Jacques, religieux de Saint Dominique , qu'il s'en allait dans les campagnes et dans les bois, criant, de toutes ses forces : « Ô ciel ! et vous, ô terre ! n'aimez-vous pas le bon Dieu aussi bien que les autres créatures, puisqu'il est infiniment digne d'être aimé ? Ô mon Sauveur ! si les hommes sont si ingrats que de ne pas vous aimer, ô vous, toutes les créatures, aimez votre Créateur, puisqu'il est si bon et si aima-ble ! » Ah ! M.F., si nous pouvions une fois comprendre combien l'on est heureux en aimant le bon Dieu, nous pleurerions nuit et jour d'avoir été si longtemps privés de ce bonheur !... Hélas ! que l'homme est misérable ! un simple respect humain, un petit qu'en-dira-t-on, lui empêchera de montrer à ses frères qu'il aime son Dieu !... Ô mon Dieu ! peut-on bien le comprendre ?...

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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 12:37

Nous lisons dans l'histoire que, en tourmentant saint Poly-carpe, ses bourreaux lui disaient : « Pourquoi est-ce que vous n'adorez pas les idoles ? » – « C'est, leur dit-il, que je ne peux pas ; parce que je n'adore qu'un seul Dieu, créateur du ciel et de la terre. ». – « Mais, lui disaient-ils, si vous ne faites pas ce que nous voulons, nous vous ferons mourir. » – « Je consens volontiers à mourir, mais jamais je n'adorerai le démon. » – « Mais quel mal trouvez-vous à dire : Seigneur César, et à sacrifier, pour sauver votre vie ? » – « Je ne le ferai pas, je préfère mourir. » – « Jure par la fortune de César, lui dit le juge, et dis des injures à ton Christ. » Le saint lui dit : « Comment pourrais-je dire des injures à mon Dieu : il y a quatre-vingts ans que je le sers, et il ne m'a fait que du bien. » Le peuple, tout en fureur d'entendre la manière dont il répondait au juge, s'écria : « C'est le docteur de l'Asie, le père des chrétiens ; livrez-le nous. ». – « Écoute, juge, lui dit le saint évêque, voici ma religion : je suis chrétien, je sais souffrir, mourir, et non dire des injures à mon Sauveur Jésus-Christ qui m'a tant aimé et qui mérite tant d'être aimé ! » – « Si tu ne veux pas obéir, lui dit le juge, je te ferai brûler tout vif. » – « Le feu dont vous me menacez ne dure qu'un moment ; mais vous ne connaissez pas celui de la justice de Dieu, qui brûlera éternelle-ment les impies. Que tardez-vous ! voilà mon corps prêt à rece-voir tous les tourments que vous pourrez inventer. » Tous les païens se mirent à crier : « Il mérite la mort, qu'il soit brûlé vif. » Hélas ! tous ces malheureux préparent le bûcher, comme des dé-sespérés, et pendant ce temps-là, saint Polycarpe se prépare à la mort, et remercie Jésus-Christ de lui faire part de son calice. Le bûcher étant prêt, on prit notre saint et on le jeta dedans ; mais les flammes, moins cruelles que les bourreaux, respectaient notre saint et faisaient autour de lui comme un voile, de sorte que son corps n'en reçut aucun dommage : ce qui obligea le persécuteur à le faire poignarder dans son bûcher. Le sang coula avec tant d'abondance que le feu en fut tout éteint . Voilà, M.F., ce que l'on appelle aimer le bon Dieu parfaitement, c'est l'aimer plus que sa vie même. Hélas ! où trouverions-nous des chrétiens, dans le malheureux siècle où nous vivons, qui fissent cela pour le bon Dieu ? Hélas ! qu'ils seraient semés bien clairs ! Mais aussi, qu'il en est peu qui iront au ciel !
Nous devons aimer le bon Dieu à cause des biens que nous en recevons continuellement. D'abord, notre premier bienfait, c'est notre création. Nous avons le bonheur d'être doués de tant de bel-les qualités : un corps et une âme formés par la main du Tout-Puissant ; une âme qui ne doit jamais périr, qui est destinée à al-ler passer son éternité avec les anges dans le ciel ; une âme, dis-je, qui est capable de connaître Dieu, de l'aimer et de le servir ; une âme qui est le plus bel ouvrage de la très sainte Trinité, une âme que Dieu seul surpasse. En effet toutes les créatures qui sont sur la terre périront ; au lieu que notre âme ne sera jamais détruite. Ô mon Dieu si nous étions tant soit peu pénétrés de ce bienfait, ne passerions-nous pas toute notre vie en actions de grâces, à la vue d'un don si grand et si précieux ?
Un autre bienfait qui n'est pas moindre, M.F., c'est le don que le Père éternel nous a fait de son Fils, qui a souffert et enduré tant de tourments pour nous racheter, après que nous nous fûmes ven-dus au démon par le péché d'Adam. Quel autre plus grand bienfait pouvait-il nous faire que d'établir une religion si sainte et si consolante pour tous ceux qui la connaissent et qui ont le bonheur de la pratiquer. Saint Augustin dit : « Ah ! belle religion, si l'on te méprise, c'est bien parce que l'on ne te connaît pas. » « Non, M.F., nous dit saint Paul, vous n'êtes plus vous-mêmes, vous avez été rachetés tous par le sang d'un Dieu fait homme . » « Ô mes en-fants, nous dit saint Jean, quel honneur pour de viles créatures d'avoir été adoptées pour les enfants de Dieu même, pour les frè-res de Jésus-Christ ! Quelle charité ; nous dit-il, que nous soyons appelés enfants de Dieu et que, véritablement, nous le soyons ; et qu'avec cette qualité si glorieuse, il nous promette encore le ciel ! »
Examinez encore, si vous voulez, tous ces bienfaits particu-liers : il nous a fait naître de parents chrétiens, il nous a conservé la vie, malgré que nous fussions ses ennemis ; il nous a tant de fois pardonné nos péchés, il nous a prodigué tant de grâces pen-dant toute notre vie. Après tout cela, M.F., est-il bien possible que nous n'aimions pas un Dieu si bon et si bienfaisant ? Ô mon Dieu ! quel malheur est comparable ! Nous lisons dans l'histoire, qu'un homme avait tiré une épine de la patte d'un lion ; ce même lion fut pris au bout de quelque temps pour être mis avec les au-tres dans la fosse. Cet homme, qui lui avait tiré son épine, fut condamné à être dévoré par les lions. Étant dans la fosse pour y être dévoré, ce lion le reconnut. Bien loin de le dévorer, il se jeta à ses pieds, et se laissa dévorer parles autres lions en défendant son bienfaiteur.
Ah ! ingrats que nous sommes, est-il bien possible que nous passions notre vie, sans vivre de manière à montrer au bon Dieu que nous lui sommes reconnaissants de tous ses bienfaits ? Com-prenez, si vous le pouvez, M, F., quelle sera notre honte, un jour, lorsque le bon Dieu nous montrera que les bêtes sans raison ont été plus reconnaissantes des moindres bienfaits qu'elles ont reçus des hommes, et que nous, comblés de tant de grâces, de lumières et de biens, bien loin d'en remercier notre Dieu, nous ne faisons que l'offenser ! Ô mon Dieu ! quel malheur est comparable à ce-lui-là ! Il est rapporté dans la Vie de saint Louis, roi de France, qu'étant allé dans la Terre sainte, un de ses cavaliers étant allé à la chasse, il entendit les gémissements d'un lion. S'étant approché, il vit ce lion qu'un gros serpent avait entouré de sa queue et com-mençait à manger. Ce cavalier trouva moyen de tuer le serpent. Ce lion en fut si reconnaissant, qu'il se mit à sa suite, comme un agneau qui suit son berger. Comme ce cavalier était obligé de tra-verser les mers, le lion ne pouvant entrer dans le vaisseau, se mit à la nage en suivant son bienfaiteur, jusqu'à ce qu'il eût perdu la vie dans les eaux. Quel exemple, M.F. : une bête perdre la vie pour témoigner sa reconnaissance à son bienfaiteur ! et nous, bien loin de témoigner la nôtre à notre Dieu, nous ne cessons de l'of-fenser par le péché qui lui fait tant d'outrages ! Saint Paul nous dit que celui qui n'aime pas Dieu n'est pas digne de vivre ; en effet, ou l'homme doit aimer son Dieu, ou il doit cesser de vivre.
Nous disons que nous devons aimer le bon Dieu parce qu'il nous le commande. Saint Augustin s'écrie, en nous parlant de ce commandement : «Ô aimable commandement ! Mon Dieu ! qui suis-je, pour que vous me commandiez de vous aimer ? Si je ne vous aime pas, vous me menacez de grandes misères : est-ce donc une petite misère que de ne pas vous aimer ? Quoi ! mon Dieu, vous me commandez de vous aimer ? N'êtes-vous pas infiniment aimable ? N'est-ce pas déjà trop que vous vouliez nous le permet-tre ? Ô quel bonheur pour une créature aussi misérable que nous de pouvoir aimer un Dieu si aimable ! Ah ! grâce inestimable, que vous êtes peu connue ! »
Nous lisons dans l'Évangile qu'un docteur de la loi dit un jour à Jésus-Christ : « Maître, quel est le plus grand de tous les commandements ? » Jésus-Christ lui répondit, le voici : « Vous aimerez le Seigneur de tout votre cœur, de toute votre âme et de toutes vos forces, » Saint Augustin nous dit : « Si vous avez le bonheur d'aimer le bon Dieu, vous deviendrez, en quelque sorte, semblable à lui ; si vous aimez la terre, vous deviendrez tout ter-restre ; mais si vous aimez les choses du ciel, vous deviendrez tout céleste. » Ô mon Dieu ! quel bonheur de vous aimer ; puisque vous aimant nous recevons toutes sortes de biens. Non, M.F., ne soyons pas étonnés si tant de grands du monde ont quitté le brouard du siècle pour aller s'ensevelir dans des forêts ou entre quatre murs, pour ne plus rien faire autre qu'aimer Dieu. Voyez un saint Paul, ermite, dont toute l'occupation, pendant quatre-vingts ans, fut de prier et aimer le bon Dieu le jour et la nuit. Voyez encore un saint Antoine auquel il semble que les nuits ne soient pas assez grandes pour louer, dans le silence, son Dieu et son Sauveur, et qui se plaint que le soleil vient trop vite . Aimer le bon Dieu, M.F., ah ! quel bonheur, quand nous aurons le bon-heur de le comprendre ! Jusqu'à quand, M.F., aurons-nous de la répugnance pour faire un ouvrage qui devrait faire tout notre bon-heur dans ce monde et notre félicité dans l'éternité ?... Aimer Dieu, M.F., ah ! quel bonheur !... Mon Dieu, donnez-nous la foi et nous vous aimerons de tout notre cœur.
Je dis que nous devons aimer le bon Dieu à cause des grands biens que nous en recevons. « Dieu, nous dit saint Jean, aime ceux qui l'aiment . » Dites-moi, M.F., pouvons-nous avoir un plus grand bonheur en ce monde que d'être aimés de Dieu même ? Ainsi, M.F., le bon Dieu nous aimera selon que nous l'aimerons, c'est-à-dire que si nous l'aimons beaucoup, il nous aimera beau-coup ; ce qui nous devrait porter à aimer le bon Dieu autant que nous le pouvons, et que nous en sommes capables. Cet amour sera la mesure de la gloire que nous aurons en paradis, elle sera à pro-portion de l'amour que nous aurons eu pour lui pendant notre vie ; ceux qui auront plus aimé le bon Dieu en ce monde auront une plus grande gloire dans le ciel, et l'aimeront davantage ; parce que la vertu de charité nous accompagnera toute l'éternité, et elle re-cevra un nouveau degré dans le ciel. Oh ! M.F., quel bonheur d'avoir beaucoup aimé le bon Dieu pendant notre vie ! nous l'ai-merons beaucoup dans le paradis.
Saint Antoine nous dit qu'il n'y a rien que le démon craigne tant qu'une âme qui aime le bon Dieu ; et que celui qui aime le bon Dieu porte avec lui la marque d'un prédestiné ; puisqu'il n'y a que les démons et les réprouvés qui n'aiment pas le bon Dieu. Hé-las ! M.F., le plus grand de tous les malheurs ; c'est qu'ils n'auront jamais le bonheur de l'aimer. Ô mon Dieu, peut-on bien y penser et ne pas mourir de regret !... Nous lisons dans la Vie de sainte Catherine de Gênes, qu'étant présente lorsqu'on exorcisait un pos-sédé, elle lui demanda comment il s'appelait. Le démon lui répon-dit qu'il s'appelait : Esprit sans amour de Dieu. « Eh quoi ! lui dit la sainte, tu n'aimas pas le bon Dieu qui est si aimable ? » – « Oh ! non, non, s'écria-t-il. » – « Ah ! je n'aurais jamais cru qu'il y eût une créature qui n'aimât pas le bon Dieu. » Elle tomba morte. Etant revenue à elle, comme on lui demanda ce qui l'avait fait évanouir, elle répondit que jamais elle n'aurait pu croire qu'il y eût une créature qui n'aimât pas le bon Dieu ; que cela l'avait tel-lement surprise, que le cœur lui avait manqué. Mais, dites-moi, M.F., n'avait-elle pas raison ? puisque nous ne sommes créés que pour cela seul. Dès que nous cessons d'aimer le bon Dieu, nous ne faisons pas ce que le bon Dieu veut que nous fassions.
En effet, M.F., quelle est la première demande que l'on nous a faite lorsque nous sommes venus au catéchisme pour nous ins-truire de notre religion ? « Qui vous a créé et conservé jusqu'à présent ? » Nous avons répondu : « C'est Dieu. » – « Et pourquoi encore ? » « Pour le connaître, l'aimer, le servir et, par ce moyen, acquérir la vie éternelle. » Oui, M.F., notre unique occupation sur la terre est d'aimer le bon Dieu ; c'est-à-dire de commencer à faire ce que nous ferons pendant toute l'éternité. Pourquoi encore de-vons-nous aimer le bon Dieu ? C'est, M.F., que tout notre bonheur se trouve et ne peut se trouver que dans l'amour de Dieu. De sorte, M.F., que quand nous n'aimerons pas le bon Dieu, nous serons toujours malheureux ; et si nous voulons avoir quelques consola-tions et quelques adoucissements dans nos peines, nous n'en trou-verons que dans l'amour que nous aurons pour Dieu. Si vous vou-lez vous en convaincre, allez trouver le plus heureux selon le monde ; s'il n'aime pas le bon Dieu, il ne sera que malheureux ; et au contraire, si vous allez trouver le plus malheureux aux yeux du monde, s'il vous répond qu'il aime Dieu, il est heureux sous tous les rapports. Ô mon Dieu ! ouvrez donc les yeux de notre âme, et nous chercherons notre bonheur où nous pouvons le trouver !

Charles-Edouard
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Message par Charles-Edouard Jeu 14 Aoû 2008 - 12:37

III. – Mais, me direz-vous en finissant, comment devons-nous donc aimer le bon Dieu ? – Comment il faut l'aimer, M.F. ? Écoutez saint Bernard, il va lui-même nous l'apprendre en nous disant que nous devons aimer Dieu sans mesure. « Comme Dieu est infiniment aimable, nous ne pourrons jamais l'aimer comme il le mérite. » Mais Jésus-Christ, lui-même nous apprend la mesure dont nous devons l'aimer, en nous disant : « Vous aimerez votre Dieu de toute votre âme, de tout votre cœur, de toutes vos forces. Vous graverez bien ces pensées dans votre esprit, et vous apprendrez toutes ces choses à vos enfants. » Saint Bernard nous dit, qu'aimer le bon Dieu de tout notre cœur, c'est l'aimer courageu-sement et avec ferveur : c'est-à-dire, être prêt à souffrir tout ce que le démon et le monde nous feront souffrir, plutôt que de ces-ser de l'aimer. C'est le préférer à tout, et n'aimer rien que pour l'amour de lui. Saint Augustin disait à Dieu : « Quand mon cœur, ô mon Dieu, sera trop grand pour vous aimer, alors j'aimerai quelque autre chose avec vous ; mais comme mon cœur sera tou-jours trop petit pour vous, et que vous êtes infiniment aimable, je n'aimerai jamais que vous. » Nous devons aimer le bon Dieu, non seulement comme nous-mêmes, mais encore plus que nous-mêmes, et être toujours dans la résolution de donner notre vie pour lui.
Nous pouvons dire que tous les martyrs l'ont véritablement aimé, puisqu'ils ont préféré souffrir la perte de leurs biens, le mé-pris, les prisons, les fouets, les roues, les gibets, le fer et le feu, et enfin tout ce que la rage des tyrans a pu inventer, plutôt que de l'offenser.
Il est rapporté dans l'histoire des martyrs du Japon, que quand on leur annonçait l'Évangile et qu'on les instruisait des grandeurs de Dieu, de ses bontés et de son amour pour les hommes ; surtout quand on leur apprenait les grands mystères de notre sainte reli-gion, tout ce que le bon Dieu avait fait pour les hommes : un Dieu naissant dans la pauvreté, un Dieu souffrant et mourant pour le salut, « oh ! qu'il est bon, s'écriaient-ils, qu'il est bon le Dieu des chrétiens ! oh ! qu'il est aimable ! » Mais quand on leur disait que ce même Dieu nous avait fait un commandement par lequel il nous ordonnait de l'aimer, et que si nous ne l'aimions pas il nous menaçait d'un châtiment éternel, ils en étaient si étonnés et si sur-pris qu'ils ne pouvaient en revenir. « Eh quoi ! disaient-ils, faire à des hommes raisonnables un précepte d'aimer Dieu, qui nous a tant aimés !... n'est-ce pas le plus grand de tous les malheurs que de ne l'aimer pas, et n'est-ce pas le plus grand de tous les bon-heurs que de l'aimer ? Eh quoi ! est-ce que les chrétiens ne sont pas toujours au pied des autels pour adorer leur Dieu, pénétrés de tant de bonté et tout embrasés de son amour ? » Mais quand on venait à leur apprendre qu'il y avait des chrétiens qui, non seule-ment ne l'aimaient pas, mais encore qui passaient presque toute leur vie à l'offenser : « Ô peuple ingrat ! ô peuple barbare ! s'écriaient-ils avec indignation, est-il bien possible que des chré-tiens soient capables de telles horreurs ! Ah ! dans quelle terre mau-dite habitent donc ces hommes sans cœur et sans senti-ments ? » Hélas ! M.F., si ces martyrs reparaissaient maintenant sur la terre, et qu'on leur fît le récit de tous outrages que les chré-tiens font à chaque instant à Dieu, à un Dieu si bon qui veut et qui ne cherche que leur bonheur éternel ; hélas ! M.F., pourraient-ils bien le croire ? Triste pensée, M.F., jusqu'à présent nous n'avons pas aimé le bon Dieu !....
Non seulement un bon chrétien doit aimer le bon Dieu de tout son cœur ; mais encore il doit faire tous ses efforts pour le faire aimer des autres hommes. Les pères et mères, les maîtres et maî-tresses doivent user de tout leur pouvoir pour le faire aimer de leurs enfants et de leurs domestiques. Oh ! qu'un père et une mère auront de mérite auprès du bon Dieu, si tous ceux qui sont avec eux l'aiment autant qu'il est possible ! – Oh ! que de bénédictions le bon Dieu répandrait sur ces maisons !... Oh ! que de biens et pour le temps et pour l'éternité !...
Mais quelles sont les marques par lesquelles nous reconnaî-trons que nous aimons le bon Dieu ? Les voici, M.F.. C'est si nous pensons souvent à lui, si notre esprit en est souvent occupé, si nous avons beaucoup de plaisir, si nous aimons à entendre parler de lui dans les instructions, et dans tout ce qui peut nous faire rappeler de lui. Si nous aimons le bon Dieu, M.F., nous crain-drons grandement de l'offenser, nous serons toujours sur nos gar-des, nous veillerons sur tous les mouvements de notre cœur, crainte d'être trompés par le démon. Mais le dernier moyen, c'est de le lui demander souvent, puisque son amour vient du ciel. Il faut y porter notre pensée pendant la journée, la nuit même, en nous éveillant, en produisant des actes d'amour de Dieu, lui di-sant : « Mon Dieu, faites-moi la grâce de vous aimer autant qu'il est possible que je vous aime. » Il faut avoir une grande dévotion à la sainte Vierge qui a aimé le bon Dieu, elle seule, plus que tous les saints ensemble : avoir une grande dévotion au Saint-Esprit, surtout à neuf heures du matin. Ce fut le moment où le Saint-Esprit descendit sur les apôtres, pour les embraser de son amour . A midi, il faut nous rappeler le mystère de l'Incarnation, où le fils de Dieu s'est incarné dans le sein de la bienheureuse Vierge Ma-rie, en lui demandant de descendre dans nos cœurs, comme il des-cendit dans le sein de sa bienheureuse Mère . A trois heures, il faut nous représenter ce bon et charitable Sauveur, qui meurt pour nous mériter un amour éternel. Nous devons, dans ce moment, produire un acte de contrition, pour lui témoigner le regret que nous avons de l'avoir offensé.
Concluons, M.F., que puisque notre bonheur ne peut se trou-ver que dans l'amour que nous aurons pour Dieu, nous devons grandement craindre le péché, puisque lui seul nous le fait perdre. Allez, M.F., puiser cet amour divin dans les sacrements que vous pouvez recevoir ! Allez à la table sainte avec un grand tremble-ment et avec une grande confiance, puisqu'il est notre Dieu, notre Sauveur et notre Père, qui ne veut que notre bonheur ; je vous le souhaite...

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