Connaitre les Anges (partie 4)

Pourquoi y a-t-il des hiérarchies dans l’ordre surnaturel ?

Parce que les réalités célestes ne sont que la réfraction de l’ordre divin lui-même. Les trois personnes divines sont égales en puissance et en majesté, mais elles se suivent dans un ordre de dépendance qui fait que l’un engendre, l’autre est engendré et que le troisième procède des deux premiers. Cette diversité est comme reproduite par les créatures célestes qui à leur tour deviennent l’archétype des créatures corporelles.
Dire que l’univers angélique est hiérarchisé, ce n’est pas l’assimiler aux pauvres graduations de nos administrations civiles ou militaires, c’est faire appel à une profusion innombrable de splendeurs diversifiées, reflets de la beauté première, dont chaque individu constitue une essence unique. C’est ce qu’avait perçu sainte Thérèse d’Avila à l’issue d’une vision dont elle avait été favorisée :
« Il a plu au Seigneur de m’accorder plusieurs fois la vision que voici. J’apercevais un ange auprès de moi, du coté gauche, sous une forme corporelle. Il ne m’arrive que très rarement de voir les anges, car bien qu’ils m’apparaissent souvent, je ne les vois pas à proprement parler : C’est le mode de vision dont j’ai parlé plus haut. Dans la vision présente, le Seigneur voulut que l’ange se montre sous cette forme : il n’était pas grand, mais petit et très beau, son visage enflammé semblait indiquer qu’il appartenait à la hiérarchie la plus élevée, celle des esprits tout embrasés d’amour. Ce sont, je pense, ceux que l’on nomme les Chérubins. Ils ne disent pas leurs noms mais je vois bien que dans le ciel il y a une différence de certains anges à d’autres, et de ceux –ci à d’autres encore ; mais je renonce à l’expliquer. » ( Autobiographie,ch.29.)



Quel fondement faut-il voir dans les noms donnés par la Sainte Ecriture aux hiérarchies célestes ?

Principautés, Trônes, Dominations…, nous ne prononçons nullement ces mots comme n’ayant pas de portée réelle, mais nous le faisons dans l’impuissance à saisir le degré de réalité qui les affecte. Les Anges sont des reflets personnels. Ce qui les constitue comme personnes, c’est le degré de participation à l’Être divin. Et cette différentiation est si profonde qu’elle a suscité dans la tradition ces noms de hiérarchies.



Dans quelle partie de l’Ecriture se trouve l’énumération des neuf chœurs des anges ?

Précisons d’abord que, d’après la classification du Pseudo-Denys, les neuf chœurs sont répartis en trois hiérarchies :

Séraphins, Chérubins, Trônes.
Puissances, Vertus, Domination.
Principautés, Archanges, Anges.

Voici maintenant l’origine scripturaire : Col. 1, I6 ; Eph. 1,2I et 3, I0 ; Rom.8,38.



Quelle réalité recouvre cette tradition des neuf chœurs des anges ?

Saint Grégoire le Grand s’est exprimé longuement sur ce sujet :
« Pourquoi avoir énuméré ces différents chœurs des anges, demeurés au Ciel, si nous n’expliquons pas également en détail leurs ministères. Le mot ange signifie en grec « annonciateur » et archange, « grand annonciateur ». Il faut encore savoir que le terme d’ange désigne une fonction, et non une nature. Car si les esprits bienheureux de la patrie céleste sont toujours des esprits, ils ne peuvent pas toujours être appelés des anges ; ils ne sont anges que lorsqu’ils annoncent quelque chose. C’est pourquoi le psalmiste affirme : « Des esprits, il fait ses anges » (Ps. 103,4). C’est comme s’il disait clairement : « Lui qui a toujours les esprits à sa disposition, il en fait ses anges quand il veut. » On appelle anges ceux qui annoncent des choses de moindre importance, archanges ceux qui annoncent les plus élevées. Voilà pourquoi ce ne fut pas un ange, mais l’archange Gabriel que Dieu envoya à la Vierge Marie (cf.Lc 1, 26). En un tel ministère, en effet, il convenait que le plus grand des anges vînt lui-même annoncer la plus grande des nouvelles. » (Saint Grégoire, Homélies sur les Evangiles, n° 34, p.445-446.)