Connaitre les Anges (partie 3)

Quel est le nom le plus exact qui puisse être donné aux Anges ?

Le nom le plus exact, le plus théologique qu’on puisse donner aux anges est celui qu’ils ont reçu des Pères de L’Eglise grecque ; ce nom est : hiérarchie céleste, (de hieros : « sacré » et de arché : « principe, commencement »). En effet, ce nom exprime bien la nature des anges, ces êtres infiniment riches, situés au sommet dans l’échelle des grandeurs créées, différenciées par leur degré de participation à la vie et à la lumière de Dieu. C’est leur ressemblance elle-même qui fonde leur essence. Hiérarchie implique donc l’idée de source sacrée découlant comme par cascade à partir de l’être Divin, qui est commencement absolu, se déversant librement d’ange à ange, d’esprit supérieur à esprit inférieur, chaque ange devenant le principe (arché) et l’illuminateur d’un autre ange qui reçoit sa lumière et à son tour la déverse sur son inférieur. On voit combien plus riche, plus lumineux et plus dynamique est le nom de « hiérarchie céleste » que celui d’ « esprit pur ».

Quel est le fondement de l’idée de hiérarchie ?

On répond généralement que le même Dieu, qui a fait l’univers de la nature et l’univers de la Grâce, les gouverne l’un et l’autre conformément au régime le meilleur, qui est de faire participer les êtres à son gouvernement et de leur donner, en conséquence, non seulement de posséder eux-mêmes les biens, mais de les distribuer autour d’eux : « Si le gouvernement doit amener à la perfection les choses gouvernées, un gouvernement est d’abord d’autant meilleur que le gouverneur communique aux choses créées une perfection plus grande. Or, il y a plus de perfection à être bon soi-même et cause de bonté pour les autres, que d’être simplement bon soi-même. Aussi Dieu gouverne-t-IL les choses de telles manière qu’IL fait de certaines d’entre elles les causes de gouvernement des autres : tel un maître qui ferait ses disciples non seulement savants mais encore docteurs des autres » (Saint Thomas, Ia Q. 103, a.6). Cette vue est authentique. Elle donne la raison suprême de la loi d’inégalité inscrite au cœur même de l’être créé et qui règne sur tout l’univers de la nature, c'est-à-dire le monde, et sur tout l’univers de la grâce, c’est-à-dire L’Eglise.

(Journet, L’Eglise du Verbe Incarné. Desclée de Brouwer, 1962, t. II, p.990. Saint Augustin, 2000,vol.III, p.1613.)