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SAGESSE OU PHILOSOPHIE

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SAGESSE OU PHILOSOPHIE Empty SAGESSE OU PHILOSOPHIE

Message par Invité Sam 1 Juin 2013 - 0:38

http://www.canal-u.tv/video/universite_de_tous_les_savoirs/sagesse_ou_philosophie.1216

SAGESSE OU PHILOSOPHIE

Selon leur notion initiale, la sagesse demeurerait l'idéal - elle est pour les dieux, reconnaît ostensiblement Platon -, tandis que nous autres hommes ne pouvons qu'y aspirer, ne pouvons que l' " aimer ", aussi serons ­ nous " philo­sophes ". Mais on sait aussi que la philosophie naissante a relégué, et déjà chez Platon, la sagesse dans l'inconsistance de tout ce qui n'est pas un savoir démontré (ou révélé) ; et ce dédain est allé croissant avec le développement de la philosophie. Car la philosophie grandit, elle peut se targuer d'avoir une histoire, et l'autre non.

En conséquence, la sagesse s'est vu traiter à l'envers, non plus en sur­ mais en sous­ philosophie : elle serait une pensée qui n'oserait pas se risquer (pour atteindre l'absolu, la vérité), ou plutôt qui aurait renoncé - pensée molle, sans arête, émoussée, tempérée. Pensée plate, pour tout dire, et purement résiduelle (le lieu commun), stagnant si loin de l'essor fascinant des idées. En passant par la pensée chinoise, mais aussi par Montaigne, notre propos sera de tenter de redonner consistance à la notion de sagesse -, en revenant à l'infra­philosophique à partir duquel a prospéré la philosophie, et sans verser dans ce sous­ de ce qui n'en serait qu'un sous­ produit.



La sagesse en philosophie

Du latin sapientia, elle est relative à l’intelligence, au jugement, au bon sens, à la prudence, au savoir, à la science, à la philosophie.

Elle est couramment utilisée pour désigner le caractère de celui qui est raisonnable, ou qui fait preuve de modération dans les désirs.

Dans la tradition classique, de l’Antiquité jusqu’aux cartésiens, elle se rapporte, en revanche, au savoir, à la science, à la philosophie, la connaissanceparfaite, englobant généralement l’idée de vertu. Elle est un prélude à un troisième sens dérivé de celui-ci car elle s’entend aussi du caractère de celui qui est un sage, qui réalise un type moral idéal, qui parvient à la vertu.

Définitions de Philosophes sur la sagesse :

- Descartes :
« Par la sagesse, on n’entend pas seulement la prudence dans les affaires, mais une parfaite connaissance de toutes les choses que l’homme peut savoir, tant par la conduite de sa vie que par la conservation de sa santé et l’invention de tous les arts.»
- Aristote :
“Le sage possède la connaissance de toutes les choses, dans la mesure où cela est possible”
- Gide :
« Je ne crois nullement que le dernier mot de la sagesse soit de s’abandonner à la nature, et de laisser libre cours aux instincts : mais je crois qu’avant de chercher à les réduire et domestiquer, il importe de les bien comprendre – car nombre des disharmonies dont nous avons à souffrir ne sont qu’apparentes et dues uniquement à des erreurs d’interprétation. »
- Molière :
« A force de sagesse, on peut être blâmable. »
- Héraclite :
“La sagesse est une seule chose. Elle consiste à connaître la pensée par laquelle toutes choses sont dirigées par toutes choses”


La philosophie comme sagesse

« Se moquer de la philosophie, c'est vraiment philosopher »
Blaise Pascal, Les Pensées

«La philosophie a cela d'utile, qu'elle sert à nous consoler de son inutilité». Cette boutade m'inspire pour répondre à une interrogation formulée autour de moi sous différentes formes: à quoi sert la philosophie ? qu'est-ce que la philosophie ? Y a t-il une différence entre philosophie et sagesse ? quand sait-on que l'on fait de la philosophie?

Je suis allé revoir mes notes de collège- un petit retour en arrière de 32 ans - pour répondre à cette question. J'ai consulté également un certain nombre d'ouvrages récents, publiés par certains professeurs de niveau collégial. Il m'a semblé que ce que j'avais appris au collège à la fin des années 60 était plus clair et plus précis que ce que je lisais aujourd'hui dans ces livres, fort bien présentés, mais qui me laissaient toujours sur mon appétit !

Ces pages, mal dactylographiées, mal présentées m'ont permis d'apprendre quelque chose que je ne retrouvais pas dans certaines publications plus modernes, plus récentes. Je vous les résume avec un brin de nostalgie...et sans mépris pour ceux qui écrivent aujourd'hui sur le sens à donner à la philosophie.

1. Étymologie

L'étymologie du mot philosophie permet d'avoir un aperçu rapide de ce qu'est ce savoir particulier. Le mot vient du grec philosophos, de philos, ami, et sophia, sagesse. La philosophie est donc l'amour de la sagesse.

Le mot sophia a eu comme sens primitif l'habileté manuelle dans un art quelconque. Plus tard, il en vint à désigner l'habileté dans les beaux-arts: musique, poésie. Enfin, le mot sophia (sagesse) désigna le savoir en général, avec bien entendu un caractère d'excellence. La sagesse, à l'origine était donc liée à l'habileté manuelle. Il était donc normal de parler de la sagesse du cordonnier, du potier, du flûtiste, du peintre, du sculpteur, puis de la sagesse du mathématicien, du savant, de l'orateur, etc.

En latin, le mot sagesse vient de sapientia, du verbe sapere , qui signifie avoir le palais délicat, avoir du goût. Plus largement, le mot fait référence à un être connaisseur, à une personne qui peut bien juger en tout domaine. On rejoint ainsi le concept grec de sagesse: un savoir supérieur à la moyenne.

La philosophie est donc l'amour ou la recherche d'un savoir éminent, un savoir supérieur. La philosophie, c'est ce qui donne du «goût » à l'existence humaine ! Ne pas en faire, ou en faire peu, c'est se condamner à avoir une vie fade.


2. Origine du mot

La tradition enseigne, selon les écrits de Cicéron (Tusculanes, V, 3.8 ), que c'est Pythagore qui fut l'inventeur du mot. Les premiers penseurs de la Grèce antique étaient appelés sages ou sophistes. Les deux mots ont été longtemps synonymes. Le sophiste ou le sage était l'homme qui excellait dans un art, l'homme qui était savant.

Le mot sophiste est victime ensuite d'une certaine dérive et devient rapidement péjoratif. A Athènes, au Ve siècle, le sophiste est un maître de rhétorique, celui qui excelle dans l'art de persuader, en utilisant souvent des arguments captieux. Le sophiste se vante de faire triompher n'importe quelle thèse, présente la fausseté sous des visages de vérité. Il corrompt ainsi l'esprit des jeunes et le scandale des scandales, se fait payer par l'État, pour colporter ses erreurs.

Pythagore n'osa pas se faire appeler sage ou sophiste. Plus humble et plus modeste, il ne voulut se faire appeler qu'ami ou amant de la sagesse.


3. Sens du mot philosophie

L'étymologie et l'origine du mot nous permettent d'avoir une idée générale de ce qu'est la philosophie. Dépassant l'histoire du mot et ses racines grecques ou latines, il faut maintenant essayer de définir plus précisément ce qu'elle est.

La tâche est ardue. Il semble, qu'il y a présentement autant de définitions de la philosophie, qu'il y a de professeurs de philosophie. Il n'est pas facile de s'entendre sur cette question. La consultation d'un bonne quinzaine d'ouvrages récents, publiés par les professeurs de philosophie enseignant dans les collèges du Québec, m'a convaincu de l'impossibilité d'en arriver à une définition commune. Et pourtant, si on revenait à l'étymologie du terme, à ses origines grecques et latines, il me semble que cela pourrait être relativement facile.

La philosophie, dans la grande tradition aristotélicienne, c'était la totalité du savoir rationnel. La philosophie, c'était la réflexion rationnelle sur tout ce qui touchait la vie humaine. La sagesse consistait à réfléchir sur tout le savoir humain: physique, mathématiques, etc. Le savoir des savoirs était évidemment le savoir qui débouchait sur la réflexion métaphysique, ou philosophie première. La sagesse acquise était donc cette connaissance acquise par les seules lumières de la raison naturelle, et celle-ci incluait tout le savoir humain.

Cette conception de la philosophie s'est maintenue jusqu'au Moyen Âge. La Renaissance, avec le développement des sciences, a fait en sorte que les sciences, développées et diversifiées à l'infini, se sont séparées du savoir philosophique. Cette scission se maintient encore de nos jours. L'opposition est toujours là. On oppose toujours les sciences dites exactes ou expérimentales avec la philosophie, de telle façon, que la philosophie n'est plus tellement vue comme une science... Elle est vue, tout au plus, comme un verbiage sans consistance, un discours qui ne mène nulle part.

L'enseignement de la philosophie est même périodiquement remis en question dans les collèges et, qui plus est, le fossé s'élargit constamment entre les «scientifiques» et les «philosophes». Personne n'oserait dire aujourd'hui, comme on le faisait jadis, que le professeur de mathématiques est un sage. Ce serait l'insulte suprême, si on affublait le chimiste, le physicien, du nom de «philosophe».

Dans la mentalité actuelle, le philosophe n'est pas sérieux. Il est vu souvent comme un «pelleteux» de nuages! Comme les philosophes ne s'entendent plus entre eux sur la définition de leur propre savoir, il ne saurait être question qu'on les prenne pour des gens rigoureux, de véritables «scientifiques». Le désintéressant des jeunes face à la classe de philosophie est fort révélateur.

Pour moi, qui a été formé à l'école dite traditionnelle, la philosophie demeure la science de toutes choses, par les premiers principes, à la lumière de la raison. La philosophie est la recherche d'une explication de l'univers, y compris l'homme, par les causes, les principes ou les raisons dernières, c'est-à-dire des causes au-delà desquelles on ne peut pas remonter.

Le Moyen Âge ne craignait pas de dire que la sagesse ou la philosophie remonte jusqu'aux causes premières, aux causes ultimes. La science - dite exacte ou expérimentale- s'arrête aux causes secondes. La philosophie, en s'appuyant parfois sur les causes secondes, livre un savoir qui se fonde finalement que sur les causes ultimes ou dernières.

La définition de la philosophie que je jugerais satisfaisante serait donc celle-ci: la philosophie est la connaissance de toutes choses, par leurs raisons dernières, acquises à la seule lumière de la raison naturelle. L'univers est donc l'objet matériel de la connaissance philosophique; les causes suprêmes constituent son objet formel. La philosophie s'intéresse à tout ce qui est, s'interroge sur tout ce qui se passe dans l'univers ,tout ce qui est compréhensible, par les causes suprêmes.

Cette façon de voir les choses me paraît valable pour tous les courants philosophiques. Il y a, sans doute, de grandes divergences sur la nature des principes dans l'histoire de la philosophie. Le marxisme pense que le cause suprême est la matière. Hegel affirme que la cause suprême se trouve dans l'Esprit. Pour Spinoza, c'est la Substance. Pour Aristote, la cause ultime est l'Acte pur. Pour Platon, c'est le monde des Idées. Pour Thomas d'Aquin, la sagesse suprême culmine en un Dieu créateur.

Les philosophies matérialistes, idéalistes ou panthéistes cherchent toutes à expliquer l'univers par les causes suprêmes. Elles peuvent diverger sur ce qu'est cette cause ultime, mais toutes y réfèrent. Au fond, il n'y a sans doute que les sceptiques qui sont incapables d'accepter la définition proposée. Leur sagesse consiste dans le doute. Le doute ne permet pas de définir, car il ne permet jamais dire que ce qui est, est vraiment ce qui...est !

Il reste que l'on pourrait même questionner les partisans du scepticisme qui enseignent sans cesse les raisons de douter dans tout ce qui touche l'existence humaine. Comme les sceptiques ramènent habituellement leurs raisons de douter à quelques chefs principaux, il est permis de croire, que sans s'en rendre compte, ils cherchent eux aussi, les raisons dernières... de tout mettre en doute !


4. Description de la sagesse

C'est dans un ouvrage qui a fait les délices de ma vie intellectuelle, alors que je franchissais le cap de mes 18 ans, que je trouve la meilleure description de la philosophie. Je retourne donc volontairement à un vieux livre, un peu jauni, un texte de Roger Verneaux (Introduction générale et Logique) que j'utilisais avec joie à la fin de mon cours à l'École normale. ( Note: Pour ceux qui ont perdu quelques notions de l'histoire, le Québec de jadis, formait ses enseignants et ses enseignantes dans des Écoles appelées « École normale », c'est-à-dire des écoles spécialisées où étaient enseignées les normes, les règles à suivre pour devenir un excellent enseignant ou enseignante. Il faudrait les restaurer. ).

Aristote a formellement défini la sagesse au livre VI de l'Éthique à Nicomaque ( voir édition Vrin, 1959, p.259 et suivantes). La Métaphysique ( livre K ) reprend en quelque sorte les mêmes idées et la majorité des auteurs du Moyen Âge se sont inspirés de ces grands textes malheureusement trop méconnus.

La sagesse est un habitus ( je n'écris pas habitude ), c'est-à-dire une disposition de l'esprit, une vertu intellectuelle. L'habitus peut être inné ou acquis par l'exercice. L'habitus se définit par son acte et l'acte à son tour est défini par son objet.

Selon les philosophes du XIIIe siècle, il y a cinq grandes vertus intellectuelles fondamentales. Ces vertus portent le nom de sagesse, d'intelligence, de science, d'art et de prudence. Les philosophes de cette grande époque, beaucoup moins noire qu'on ne le dit ou qu'on le laisse croire, divisent ensuite ces cinq vertus en deux groupes principaux: intelligence, science et sagesse concernent la fonction spéculative de l'esprit, ou si l'on veut, l'intellect spéculatif. Ces vertus perfectionnent l'esprit en tant qu'il connaît simplement. Art et prudence concernent la fonction pratique de l'esprit. Art et prudence perfectionnent l'esprit humain, en tant qu'il dirige l'activité de l'homme.

L'intelligence (comme habitus, non pas comme faculté) est la connaissance des premiers principes de la démonstration, principes qui sont indémontrables, et qui n'ont d'ailleurs pas besoin de démonstration parce qu'ils sont évidents. En ce sens, l'intelligence est la connaissance des vérités évidentes. La science est la connaissance des conclusions de la démonstration, ou la connaissance des vérités démontrées. La sagesse est la considération des causes premières. L'art ( ou encore la technique ) est l'application de la raison à la fabrication des objets. La prudence est l'application de la raison à la direction des actes humains dont le siège est dans la volonté. (Roger Verneaux, Introduction générale et Logique, p. 14).

Regardons la vertu intellectuelle qui nous préoccupe le plus pour le moment, à savoir la sagesse. Le caractère fondamental de la sagesse est le suivant: la sagesse est toujours à la recherche de la raison ultime, la raison dernière des choses. La sagesse remonte jusqu'à la cause finale de tout être et de toutes choses.

Cette définition de la sagesse implique que la sagesse est THÉORIQUE ou SPÉCULATIVE. La fin de la sagesse est la contemplation des causes premières. En soi, elle ne vise aucune application pratique. Elle n'a, il va de soi, AUCUNE UTILITÉ. Elle est absolument désintéressée. En ce sens, la boutade que j'ai lancée au début de cette petite réflexion est justifiée. La philosophie est absolument inutile. Elle n'est que nécessaire. La sagesse apporte cependant une grande joie - la joie de connaître - à tous ceux qui s'y livrent. Aristote y voyait là le souverain bien de l'homme.

Il important de faire toutes ses distinctions. La sagesse, ainsi définie, est donc différentes des sciences particulières. Les sciences exactes ou expérimentales ne portent que sur un domaine limité. Elles ne remontent jamais au-delà des causes secondes. Elle explique un phénomène par un autre phénomène. La science exacte s'abstient forcément de sortir de son champ d'investigation qui est celui de l'expérimental et du calculable. Il y a donc une différence d'ordre entre les sciences exactes ou expérimentales et la sagesse, science de toutes choses, par les premiers principes, à la lumière de la raison.

Il est aisé de tirer quelques conséquences de ces précisions. La première, fort importante, est que l'explication scientifique d'un fait n'entame pas son explication philosophique. La philosophie ne peut pas être la synthèse des vérités acquises par les sciences exactes (comme le voulait ou le croyait Auguste Comte),ou encore le prolongement d'une science particulière par des hypothèses invérifiables (Teilhard de Chardin). La compilation des données scientifiques ne nous fait pas passer dans le domaine philosophique. Le prolongement des sciences exactes dans la philosophie conduit au mythe, parfois à la poésie!

L'inverse est aussi vrai. L'explication philosophique ne peut jamais entamer l'explication scientifique. Aux yeux du savant, l'explication philosophique est sans valeur. Et il a raison. Par contre, il n'y a pas non plus pire «scientifique» que celui qui se transforme en «philosophe», tout en utilisant les méthodes particulière de sa science.

L'un peut «se transformer» en l'autre, mais en n'oubliant jamais que passer de la philosophie à la science exacte, c'est passer à un autre ordre du savoir,et que la méthode de l'une ne s'applique pas à la méthode de l'autre. L'objet de la philosophie est toujours les causes premières ou ultimes; l'objet de la science est toujours les causes secondes. Oublier cela, c'est nuire à la fois à la science et à la philosophie.

Le fait que les sciences exactes et la philosophie ne soient pas du même ordre de savoir, m'amène à tirer cette deuxième conséquence. Il est absolument vain de vouloir introduire en philosophie la méthode d'une science particulière, sous prétexte qu'elle a fort bien réussi en science exacte. Descartes l'a fait en considérant la mathématique comme la science-type. Kant l'a fait avec la physique de Newton. Comte l'a fait avec la sociologie, Bergson avec la psychologie d'introspection,et Brunschvicg en modelant la philosophie sur la physique-mathématique. La tentative moderne de renouvelée le discours philosophique, en le modelant sur le discours des sciences exactes, ne sera jamais valable, pour les raisons que nous avons données antérieurement.

La sagesse transcende les sciences expérimentales. Elle ne nie pas l'ordre dans lesquelles celles-ci évoluent. Elle respecte ce que les sciences réalisent dans leur domaine, elle s'appuie parfois sur leurs découvertes, mais ne transpose jamais leurs procédés dans l'ordre philosophique.

La voie de la sagesse n'est pas celle des sciences exactes. A chaque fois que le philosophe tente de jouer au «scientifique» (le terme est pris au sens de science exacte) pour appuyer ses propos, il erre de quelque façon, puisqu'il choisit une voie qui le mène hors de son champ de compétence. Il détourne le discours philosophique de son objet même, qui est celui de la recherche de la vérité par les causes ultimes, ou par les causes premières. La philosophie ne méprise pas la science, ne rejette pas les conclusions du savant. La philosophie les accepte pour ce qu'elles sont, c'est-à-dire des conclusions acceptables, certaines, mais parfois provisoires. Il ne transpose jamais les façons de faire du savant dans l'ordre qui le préoccupe.


5. Sapientia considerat causas primas

La notion de sagesse est analogique. La sagesse comporte des degrés et donc, elle peut être plus ou moins parfaite. Les auteurs du Moyen âge parlent des sagesses relatives et de la sagesse pure et simple.

Les sagesses relatives considèrent les causes suprêmes dans un domaine déterminé, comme la nature ou la vie humaine. La seconde (la sagesse pure et simple) considère les causes absolument premières et donc absolument universelles. La sagesse pure ou simple ou la sagesse première peut être assimilée à la métaphysique, à la cause absolument première de tout l'univers qui est Dieu. Aristote voyait juste lorsqu'il plaçait le souverain bien de l'homme dans la sagesse, la contemplation de l'Acte Pur.

La sagesse pure et simple (la métaphysique) n'est cependant pas... simple du tout. Elle est même fort complexe. Elle est, en dernier essor, la contemplation de la cause suprême de l'univers. La sagesse première comporte d'abord une part d'intelligence, en tant que celle-ci saisit, formule et défend les principes premiers et évidents, qui commandent toute espèce de démonstration. Ces principes premiers sont connus. Ce sont les principes d'identité et de contradiction.

La sagesse pure et simple (la métaphysique) comporte aussi une part de science, parce qu'elle démontre certaines vérités. Car les causes premières ne sont pas évidentes. Dieu, par exemple, n'est pas évident. Il n'est pas évident quant à son existence et quant à sa nature. Il faut donc, avant d'arriver à le contempler, passer par un certain nombre de raisonnements.

Bref, si on voulait être juste et tout à fait formel, on devrait dire, que seule la contemplation de Dieu est sagesse. Et que toutes les démarches de la raison préparent et suivent cette contemplation. Régis Jolivet a sans doute raison d'écrire:« Au fond de toutes les inquiétudes de l'homme et de toutes les spéculations des philosophes, il n'y a peut-être qu'un problème, qui est le problème de Dieu. Dieu existe-t-il et, s'il existe, quelle est sa nature.» (Jolivet, Le Dieu des philosophes et des savants, p.7).


6. Sapientis est ordinare

Le sage connaît les causes premières. Parce qu'il connaît les causes ultimes, le philosophe est capable d'ordonner. C'est même la propriété principale de la sagesse.

Le lien entre les deux est facile à faire en ce qui concerne la conduite humaine. Car parmi les causes, la principale est la cause finale ou la fin poursuivie. Seul celui qui connaît la fin dernière de l'univers et de l'homme est capable de diriger ses actes en vue de son épanouissement personnel.

L'idée peut sembler moins claire en ce qui concerne l'activité spéculative de l'homme, c'est-à-dire les sciences. Pourtant, lorsqu'on y pense bien, la sagesse est comme la tête, le chef, de toutes les sciences particulières. La sagesse dirige et juge toutes les connaissances, particulièrement les connaissances issues des sciences exactes.

La sagesse, si elle joue bien son rôle, ne viendra jamais s'immiscer dans la recherche scientifique. Le faire, serait s'abaisser. Elle perdrait ainsi rapidement son caractère de sagesse. Si l'on dit qu'elle «dirige » l'activité scientifique, c'est parce qu'elle pose les principes que toutes sciences supposent. Limitons-nous à l'exemple du principe de contradiction. Toutes les sciences exactes l'utilisent constamment, mais aucune s'arrête pour y réfléchir. Seule, la sagesse le prend pour objet, l'explique, le juge et surtout le défend.

De plus, la sagesse juge les sciences, non seulement quant à leurs principes, mais encore quant à leurs conclusions. Il arrive parfois qu'une conclusion scientifique soit en opposition avec une vérité philosophique. Si cela arrive ou arrivait, le sage ne devrait pas craindre de la déclarer fausse et irrecevable.

Un exemple courant. Au nom de la science, certains «philosophes» (???) arrivent à nier l'existence de l'âme spirituelle et immortelle. Au nom de la science, certains «philosophes» (???) arrivent à nier l'existence de Dieu. Le philosophe ne doit pas craindre de montrer que la nature des sciences expérimentales interdit de tirer de telles conclusions, justement parce que leur point de vue et leur méthode ne peuvent et ne conduiront jamais à prouver quelque chose qui est en dehors de leur champ de compétence. Ce n'est pas au laboratoire de physique ou de chimie qu'on arrivera à prouver ou pas l'existence de Dieu, à prouver l'existence de l'âme humaine spirituelle et immortelle.

De plus, la philosophie - et c'est son droit absolu -peut déclarer fausse une conduite scientifique qui contredit une des ses vérités. Mais elle n'est pas en mesure non plus déclarer vraie une conclusion scientifique qui ne contredit pas sa vérité. Les conclusions des scientifiques sont vraies dans l'ordre qu'ils s'imposent. Les conclusions philosophiques sont tout aussi vraies dans leur ordre propre. Il ne faut jamais mélanger les ordres, les points de vue et les méthodes utilisées.


7. Définition finale

La philosophie est la science de toutes choses, par les premiers principes, sous la lumière de la raison. C'est la définition que j'ai apprise lorsque j'étais à l'École normale en 1958, alors âgé de 18 ans. Il me semble, aujourd'hui, encore et toujours, que c'est la définition la meilleure et la plus complète.

Les définitions de la philosophie abondent. J'en ai déniché une nouvelle quelques années avant de terminer ma carrière d'enseignant, qui rejoignait sensiblement celle que j'avais apprise dans ma vie de jeune homme. Je vous la donne en conclusion.

La philosophie, c'est l'intelligence s'exerçant à partir de la réalité donnée, sur un certain nombre de problèmes, qui ne relèvent pas des sciences expérimentales, mais qui cependant relèvent de l'ordre de la raison.

Cette définition est l'une des meilleures que je connaisse, mise à part celle que j'ai apprise dans ma jeunesse. Mais je préfère toujours celle que j'ai mémorisée alors que je me préparais à devenir jeune enseignant. Plus concise, elle disait tout. La philosophie, est la réflexion sur toutes choses. La philosophie réfère toujours aux causes premières ou ultimes. La philosophie, répond toujours à partir de la lumière de la raison naturelle. Bref, le sage doit donc non seulement connaître les conclusions découlant des principes, mais encore posséder la vérité sur les principes eux- mêmes. Salut vieil Aristote !


Sources : http://cafe.rapidus.net/neturcot/textes/1999/sagesse.html

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