♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Ah bon. Sa mère avait l'air de beaucoup l'aimer. C'est triste qu'il ait trahit Jésus... Penses-tu qu'il est perdu?
François_1- Contre le nouvel ordre mondial
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Localisation : Québec, Canada
Inscription : 04/06/2011
Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Oui, je le crois. Dans les Actes des apôtres, c'est ce que semble indiquer Pierre dans un de ses discours.
Et dans Maria Valtorta, dans le tome 9, celui de la Passion du Christ, cela est dit explicitement:
"Si Judas s'était jeté aux pieds de la Mère en disant : 'Pitié', la Mère l'aurait recueilli comme un blessé"
Voici un extrait de ce chapitre:
Et dans Maria Valtorta, dans le tome 9, celui de la Passion du Christ, cela est dit explicitement:
"Si Judas s'était jeté aux pieds de la Mère en disant : 'Pitié', la Mère l'aurait recueilli comme un blessé"
Voici un extrait de ce chapitre:
En vérité je vous dis que si l'Enfer n'avait pas déjà existé, et existé parfait en ses tourments, il aurait été créé pour Judas encore plus horrible et éternel, parce que de tous les pécheurs et de tous les damnés il est le plus damné et le plus pécheur, et pour lui éternellement il n'y aura pas d'adoucissement de sa condamnation.
Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Merci pour les renseignements Emmanuel.
Je ne voudrais pas être à la place de Judas.
C'est triste qu'il ne se soit pas repenti.
Bonne journée,
Francois
Je ne voudrais pas être à la place de Judas.
C'est triste qu'il ne se soit pas repenti.
Bonne journée,
Francois
François_1- Contre le nouvel ordre mondial
- Messages : 513
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Inscription : 04/06/2011
Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Adieu à Jutta
En une tranquille matinée, Jésus parle au peuple de Jutta. Oh! on peut vraiment dire que Jutta toute entière est à ses pieds. Même les bergers, habituellement dispersés sur les mamelons des montagnes, sont là, en arrière de la foule avec leurs brebis. Même ceux qui d'habitude vont ailleurs, aux champs, aux bois, aux marchés, sont là. Et ils y sont les vieillards croulants et, tout autour de Jésus, les enfants rieurs, et les fillettes et les jeunes mariées et celles qui mettront bientôt au monde un enfant et celles qui le portent sur leur sein. Jutta toute entière.
L'éperon de la montagne qui s'étend vers le sud est l'amphithéâtre qui accueille ce paisible rassemblement. Assis sur l'herbe ou à cheval sur le muret de pierres sèches, avec autour un vaste horizon, au-dessus le ciel sans limites, en bas le torrent qui rit et scintille au soleil du matin, dans la beauté des monts herbeux, boisés, eux, les gens de Jutta. écoutent le Maître qui parle, debout, adossé à un noyer très élevé, la blancheur de son vêtement de lin se détachant sur le fond sombre du tronc, le visage souriant, les yeux brillants de la joie d'être aimé, les cheveux illuminés par la caresse des rayons venant de l'orient.
Dans un silence respectueux, attentif, rompu seulement par les chants des oiseaux et le bruit du torrent qui coule en bas, ses paroles descendent lentement dans les cœurs et sa voix parfaite emplit l'air tranquille de son harmonie.
Pendant que j'écris, il est en train de répéter encore une fois la nécessité d'obéir au Décalogue, perfectionné, dans son application aux cœurs, par sa doctrine d'amour "pour édifier dans les esprits la demeure où le Seigneur habitera jusqu'au jour où ceux qui ont vécu dans la fidélité à la Loi iront habiter en Lui dans le Royaume des Cieux." Ce sont ses paroles. Et il continue : "Parce qu'il en est ainsi. L'inhabitation de Dieu dans les hommes et des hommes en Dieu se fait par l'obéissance à sa Loi, qui commence par un commandement d'amour et qui est toute amour du premier au dernier précepte du Décalogue. C'est la vraie maison que Dieu veut, où Dieu habite, et la récompense du Ciel. possédée par l'obéissance à la Loi, est la vraie Maison où vous habiterez avec Dieu, éternellement
Car - rappelez-vous Isaïe dans son chapitre 66 - Dieu n’a pas de demeure sur la Terre, qui n'est qu'un escabeau, un escabeau seulement pour son immensité, et Il a pour trône le ciel. qui est toujours petit, un rien, pour contenir l'Infini, mais Il l'a dans le cœur des hommes. Seule la très parfaite bonté du Père de tout amour peut accorder à ses fils de l'accueillir, et c'est un mystère infini, qui se perfectionne de plus en plus, que le Dieu Un et Trine, le très pur Esprit Triniforme, puisse être dans le cœur des hommes. Oh ! quand, quand, ô Père Saint, me permettras-Tu de faire de ceux qui t'aiment non plus seulement un temple pour notre Esprit, mais grâce à ta perfection d'amour et de pardon, un tabernacle, en faisant de tout cœur fidèle l'arche où se trouve le vrai Pain du Ciel, comme il le fut dans le sein de celle qui est Bénie entre toutes les femmes ?
Oh ! très aimés disciples de Jutta qui m'a été préparée par un juste, ayez à l'esprit le Prophète et ce qu'il dit, et c'est le Seigneur qui parle, en s'adressant à ceux qui construisent des vides temples de pierre, où il n'y a pas de justice ni d'amour, et qui ne savent pas construire en eux-mêmes le trône de leur Seigneur par l'obéissance à ses commandements. Le Prophète dit : "Qu'est-ce que cette maison que vous m'édifiez et qu'est-ce que ce lieu de mon repos ?" Et il veut dire : "Croyez-vous me posséder parce que vous m'élevez de pauvres murs ? Croyez-vous me rendre heureux par vos pratiques mensongères auxquelles ne correspond pas la sainteté de la vie ?" Non. On ne possède pas Dieu par des choses extérieures qui cachent des plaies et le vide, comme un manteau d'or jeté sur un lépreux ou sur une statue d'argile dont l'intérieur est creux, sans la vie de l'âme.
Et le Seigneur le dit, en reconnaissant. Lui, le Maître du monde, sa pauvreté de Roi qui a trop peu de sujets, de Père qui a trop de fils qui ont fui de sa demeure : "Vers qui tournerai-je mon regard sinon vers le pauvre, vers celui qui a un cœur contrit qui tremble à mes paroles ?" Pourquoi tremble-t-il ? Par la seule peur de Dieu ? Non. Par un profond respect, par un amour véritable. Par humilité de sujet, de fils qui dit, qui reconnaît que le Seigneur est le Tout et que lui n'est rien et qui tremble d'émotion en se sentant aimé, pardonné, aidé par le Tout.
Oh ! Ne cherchez pas Dieu parmi les orgueilleux ! Il n'est pas là. Ne le cherchez pas parmi les cœurs durs. Il n'est pas là. Ne le cherchez pas parmi ceux qui sont endurcis. Il n'est pas là. Il est chez les simples, chez les purs, chez les miséricordieux, chez ceux qui sont pauvres en esprit, chez les doux, chez ceux qui pleurent sans faire d'imprécations, chez ceux qui recherchent la justice, chez les persécutés, chez les pacifiques. C'est là qu'est Dieu. Il est en ceux qui se repentent et qui veulent le pardon et qui cherchent l'expiation. Et eux ne font pas le sacrifice d'un bœuf ou d'une brebis, l'offrande de ceci ou de cela, pour être applaudis, par la superstitieuse terreur d'un châtiment, par l'orgueil de paraître parfaits. Mais ils font le sacrifice de leur cœur contrit et humilié, s'ils sont pécheurs; de leur cœur obéissant jusqu'à l'héroïsme, s'ils sont justes. Voilà ce qui plaît au Seigneur.
Voilà pour quelles offrandes Il se donne avec ses ineffables trésors d'amour et de délices surnaturelles. Aux autres, II ne se donne pas. Eux ont déjà leurs pauvres délices dans les abominations, et il est inutile que Dieu les appelle sur ses chemins, puisqu'ils ont déjà choisi le leur. A eux, II n'enverra que l'abandon, l'épouvante et la punition, parce qu'ils n'ont pas répondu au Seigneur, ils n'ont pas obéi, ils ont fait le mal sous les yeux de Dieu, avec le mépris et la perversité qu'ils ont choisie.
Mais vous, vous mes aimés de Jutta, vous qui tremblez d'amour dans la connaissance de Dieu, vous qui, à cause de Moi, êtes méprisés comme des sots par les puissants, et qui continuez de m'aimer malgré les mépris, vous qui êtes repoussés, et le serez de plus en plus à cause de mon Nom et de Moi, répudiés comme des bâtards d'Israël, comme des bâtards de Dieu, alors que justement en vous et en ceux qui sont comme vous est greffée la bouture de la Vie éternelle, de Celui qui a sa racine dans le Père, et qui pour cela êtes une partie de Dieu, qui êtes de Dieu, vous qui vivez de sa sève, vous à qui on voudrait persuader que vous êtes dans l'erreur, vous dont les yeux sont simples mais éclairés par la Grâce. Ils voudraient se justifier à vos yeux pour ne pas paraître sacrilèges et malfaiteurs, à vous auxquels il est dit : "Que le Seigneur montre sa gloire et nous le reconnaîtrons par votre joie elle-même". Vous aurez la joie. Eux seront confondus.
Oh ! J'entends déjà, après la confusion qui les écrasera, mais ne les rendra pas meilleurs, j'entends déjà les vipères qui ne cessent d'être nuisibles que quand on a écrasé leurs têtes exécrables, et qui mordent et tuent même si elles sont coupées en deux, même s'il n'émerge que leurs têtes d'une manifestation écrasante de Dieu, déjà je les entends crier : "Comment le Seigneur peut-Il avoir enfanté tout d'un coup son nouveau peuple, si nous, portés depuis si longtemps dans son sein, nous ne sommes pas encore nés à la Lumière ? Est-ce que quelqu'une peut enfanter sans que le cri des douleurs emplisse la maison ? Le Seigneur a-t-Il pu enfanter avant le temps ? La Terre peut-elle jamais enfanter en un seul jour et est-ce qu'un peuple entier peut être enfanté en même temps ?"
Moi, je réponds et rappelez-vous-la cette réponse pour la donner à ceux qui vous persécuteront en vous méprisant : "Ils n'auraient jamais pu naître à la Lumière ceux qui sont un fruit mort dans le sein de Dieu, fruit qui s'est desséché parce qu'il s'est détaché de la matrice et est resté inerte, comme un mal caché dans le sein au lieu d'être un embryon qui se développe. n Et pour rejeter de son sein la semence morte et avoir des fils, pour que son Nom ne meure pas sur la Terre, Dieu s'est rendu fécond de nouveaux fils, marqués de son Tau et, dans le secret, dans le silence, pour que Satan et les satans qui servent Lucifer ne puissent nuire, en devançant le temps par l'ardeur de son amour, Il a enfanté son Fils et Il enfante en même temps son nouveau peuple, car le Seigneur peut tout. Oh ! Lui le dit par la bouche du prophète Isaïe : "Est-ce que peut-être Je ne pourrai pas enfanter, Moi qui fais enfanter les autres ? Moi qui donne aux autres la fécondité, Je serai stérile ?"
Réjouissez-vous avec la Jérusalem des Cieux, exultez avec elle, vous tous qui aimez le Seigneur ! Réjouissez-vous avec elle d'une vraie joie, vous qui attendez, vous qui espérez, vous qui souffrez !
Oh ! revenez, revenez à Moi, paroles ! Paroles venues du Verbe de Dieu. Paroles dites par le porte-parole de Dieu : Isaïe, son prophète. Venez, revenez à la Source, ô paroles éternelles, pour être répandues sur ce parterre de Dieu, sur ce troupeau, sur cette race !
Oh ! Venez ! C'est une des heures et des assemblées pour lesquelles vous avez été données, ô paroles prophétiques, ô résonances d'amour, ô voix de vérité !
Voici qu'elles viennent ! Voici qu'elles reviennent à Celui qui les a inspirées ! Voici que Moi, au nom du Père, de mon Être, et de l'Esprit, je les dis à ceux qui sont aimés de Dieu, choisis parmi le troupeau de Dieu, qui ne devait compter que des agneaux, et s'est corrompu avec des béliers et des animaux encore plus immondes. Vous boirez et serez rassasiés aux mamelles de la Consolation Divine et tirerez d'abondantes délices de la gloire multiforme de Dieu.
Voilà ! Le Seigneur vous dit : Je verserai sur vous comme un fleuve de paix et comme un torrent qui inonde, il y aura sur vous beaucoup plus que la gloire des nations. La gloire du Ciel vous inondera. Vous la sucerez portés sur son sein, et sur ses genoux vous recevrez ses caresses. Oui, comme une mère caresse son enfant, comme Moi je caresse ce petit auquel j'ai donné mon nom (et Jésus prend le petit Jésaï des bras de sa mère qui est presque à ses pieds, au milieu de ses trois enfants) ainsi je vous consolerai vous qui m'aimez et continuerez de m'aimer et bientôt vous serez consolés pour toujours dans mon Royaume. Vous le verrez et votre cœur sera dans la joie, et vos os reverdiront comme l'herbe, étant libérés de toute peur à cause de votre fidélité, quand le Seigneur viendra dans le feu, sur un bige semblable à un tourbillon, pour conduire dans le feu de l'amour et de la justice, et pour punir ou exalter, en séparant les agneaux des loups, c'est-à-dire de ceux qui croyaient se sanctifier et se rendre purs et qui, au contraire, se rendaient idolâtres.
Le Seigneur, qui part maintenant, viendra, et bienheureux ceux qu'il trouvera persévérants jusqu'à la fin.
Voici mon adieu et avec lui ma bénédiction. Agenouillez-vous pour que je vous fortifie par elle. Que le Seigneur vous bénisse et vous garde. Que le Seigneur vous montre sa face et ait pitié de vous. Que le Seigneur vous donne sa paix.
Allez ! Laissez-moi congédier les bons d'entre les bons de Jutta."
Les gens s'en vont à regret. Mais voilà qu'un enfant dit à Jésus : "Seigneur, laisse-moi te baiser la main", et comme Jésus y consent, tous veulent donner un baiser à la chair sainte de l'Agneau de Dieu. Même ceux qui s'étaient éloignés vers le village reviennent et c'est une pluie de baisers : baisers d'enfants sur le visage, baisers des vieillards sur les mains, et baisers des femmes sur les pieds nus dans l'herbe, avec des larmes et des paroles d'adieu et de bénédiction.
Jésus les accueille patiemment et il a pour tous un salut particulier.
Finalement il a satisfait tout le monde... Il reste la famille hospitalière... Et elle se serre contre Jésus. Et Sara dit : "Tu ne viendras vraiment plus ?"
"Non, femme, jamais plus. Mais nous ne serons pas séparés. Mon amour sera toujours avec toi, avec vous, et le vôtre avec Moi. Vous ne m'oublierez pas, je le sais. Mais je vous dis : même aux heures les plus terribles qui viendront, n'accueillez pas le Mensonge, pas même comme hôte de passage ou comme envahisseur imprévu... Donne-moi le petit, Sara."
La femme donne Jésaï, et Jésus s'assoit sur l'herbe avec Jésaï sur son sein et il parle penché sur les cheveux du bébé : "Rappelez-vous toujours que je suis l'Agneau qu'Isaac vous a fait aimer avant même que vous me connaissiez, et qu'un agneau est toujours innocent, comme ce petit, même si on le couvre d'une peau de loup pour le faire passer pour un malfaiteur. Rappelez-vous que je suis encore plus innocent que ce tout petit... qui, lui bienheureux ! à cause de son innocence et de sa jeunesse ne pourra comprendre les calomnies des hommes sur son Seigneur et ainsi n'en sera pas troublé... et il continuera de m'aimer ainsi... comme maintenant... Ayez son cœur, ayez-le pour l'Agneau, pour l'Ami, pour l'Innocent, pour le Sauveur, qui vous aime et vous bénit d'une manière toute spéciale. Adieu, Marie ! Viens me donner un baiser... Adieu, Emmanuel ! Viens toi aussi... Adieu, Jésaï, agnelet de l'Agneau... Soyez bons... Aimez-moi..."
"Tu pleures, Seigneur !?" demande la fillette étonnée, en voyant briller une larme dans les cheveux de Jésaï.
"Il pleure ?" demande le mari de Sara.
"Tu pleures, ô Maître ! Pourquoi ?" demande la femme.
"Ne vous affligez pas de mes larmes. Elles sont amour et bénédiction... Adieu, Sara. Adieu, homme. Venez comme les autres, baiser votre Ami qui part..." et, après avoir reçu sur les mains les baisers des deux époux, il remet l'enfant dans les bras de la mère. Il bénit encore et puis rapidement commence la descente par le sentier par où il était venu.
Les voix d'adieu de ceux qui sont restés le suivent : profonde celle de l'homme, émue celle de la femme, perçantes celles des enfants, jusqu'au bas de la colline. Puis ce n'est plus que le torrent, qu'ils remontent vers le nord, qui salue encore le Maître qui quitte pour toujours la terre de Jutta.
*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-086.htm
TOME : 6/84
https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t18376-oeuvre-de-maria-valtorta-presentation-des-disciples-de-jesus
Jésus
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Anne et Marie de Kériot. Adieux à la mère de Judas
« Seigneur, tu ne viendrais pas avec moi, avec moi seule, chez une mère malheureuse ? C'est ce que je désire plus que toute autre chose » dit Marie de Simon. Elle se tient respectueusement en face de Jésus, alors qu'après le repas de midi les apôtres se sont dispersés pour se reposer, avant de reprendre la route dans la soirée. Jésus, de son côté, est à l'ombre des pommiers chargés de pommes vertes qui commencent à mûrir. Il semble que Marie reprenne une conversation déjà commencée.
« Oui, femme. Moi aussi, je désire rester avec toi, seuls dans ces dernières heures, comme je l'ai été dans les premières. Allons. » Ils rentrent dans la maison, Jésus pour prendre son manteau, Marie pour prendre son voile et son manteau.
Ils s'en vont par des chemins à travers les champs, parmi les pommiers et d'autres arbres de haute futaie. Il fait encore chaud. Des champs de moissons mûres arrivent des souffles brûlants. Mais le vent de la montagne tempère la chaleur qui en plaine serait insupportable.
« Il me déplaît de te faire marcher par cette chaleur. Mais plus tard... nous ne pourrions plus. Et j'ai tant désiré cette chose, sans jamais oser te la demander. Tout à l'heure tu m'as dit : "Marie, pour te montrer que je t'aime comme si tu étais pour Moi une mère, je te dis : demande-moi ce que tu désires, et je te contenterai" et alors j'ai osé. Seigneur, sais-tu où nous allons ? »
« Non, femme. »
« Nous allons chez celle qui devait être la belle-mère de Judas... (Marie soupire douloureusement). Elle devait... Elle ne l'est pas et elle ne le sera jamais car Judas a abandonné la jeune fille qui est morte de chagrin... et la mère a de la rancœur pour moi et pour mon fils. Elle ne cesse de nous maudire... Judas est tellement... est tellement... tellement faible devant le Mal qu'il n'a besoin que des seules bénédictions !... Je voudrais que tu lui parles... Tu peux la persuader... lui dire que cela a été une grâce qu'il n'y ait pas eu les noces... lui dire que je n'y suis pour rien... lui dire qu'elle meure sans rancœur; car la femme meurt lentement, l'âme étranglée. Je voudrais qu'entre nous il y eût la paix... car moi, j'en ai souffert, honteuse de ce qui est arrivé, et c'est avec douleur que je vois déchirée une amitié avec une femme qui était pour moi une compagne depuis le moment où je suis venue ici comme épouse. En somme tu sais, Seigneur... »
« Oui, n'aie pas d'inquiétude. Ta demande est juste, et je me charge de cette bonne démarche. »
Après avoir franchi une petite vallée, ils montent sur une autre élévation de terrain sur laquelle se trouve un village.
« Anne réside ici depuis la mort de sa fille, dans sa propriété. Avant, elle était à Kériot. Mais tant qu'elle y vivait et qu'on s'y rencontrait, ses reproches me déchiraient le cœur. »
Ils obliquent par un sentier peu avant le village et arrivent à une maison basse au milieu des champs.
« Voilà ! Oh ! le cœur me tremble maintenant que je suis ici ! Elle ne voudra pas me voir... elle me chassera... elle sera fâchée, et son pauvre cœur souffrira davantage... Maître... »
« Oui. J'y vais, Moi. Reste jusqu'à ce que je t'appelle. Et prie pour m'aider. »
Jésus s'avance, seul, jusqu'à la porte grande ouverte de la maison où il entre avec son doux salut.
Une femme accourt : « Que veux-tu ? Qui es-tu ? »
« Je viens apporter du soulagement à ta maîtresse. Conduis-moi à elle. »
« Un médecin ? Inutile ! Il n'y a plus d'espoir, son cœur meurt. »
« Il y a encore l'âme à soigner. Je suis le Rabbi. »
« Inutile aussi à ce titre. Elle ne se repose pas sur l'Éternel et elle ne veut pas entendre de sermons. Laisse-la tranquille. »
« C'est parce qu'elle est dans cet état que je suis venu. Laisse-moi passer et elle sera moins malheureuse dans ses derniers jours. »
La femme hausse les épaules et elle dit : « Entre ! »
Un couloir à demi obscur et frais, des portes. Au fond, la dernière est entrouverte, et il en sort des lamentations. La femme y va et entre en disant : « Maîtresse, c'est un rabbi qui veut te parler. »
« Pourquoi ?... Pour me dire que je suis maudite ? Que je n'aurai pas la paix même dans l'autre vie ? » dit-elle haletante, fâchée.
« Non. Pour te dire que ta paix sera complète, pourvu que tu le veuilles et tu seras heureuse avec ta Jeanne éternellement » dit Jésus en apparaissant sur le seuil.
La malade, jaune, enflée, haletante sur son lit, appuyée à de nombreux oreillers, le regarde et dit : « Oh ! Quelles paroles ! C'est la première fois qu'un rabbi ne me fait pas de reproches... Quelle espérance !... Ma Jeanne... avec moi... dans la béatitude... plus de douleur... la douleur donnée par un maudit... que n'a pas empêché celle qui l'a engendré... et qui m'a trahie... après m'avoir flattée... Ma pauvre fille... » et elle halète de plus en plus fort.
« Tu le vois, tu la rends malade. Je le savais. Sors. »
« Non. Va-t-en. Laisse-moi seul... »
La femme sort en secouant la tête. Jésus s'approche du lit lentement. Il essuie avec bonté la sueur de la malade qui a du mal à le faire avec ses mains invraisemblablement enflées, lui donne de l'air avec un éventail de palmier. Il lui donne à boire, car elle cherche à se rafraîchir avec la boisson qui est sur sa petite table. Il ressemble à un fils près de sa mère malade. Puis il s'assied, doucement mais fermement décidé à accomplir sa mission.
La femme l'observe tout en se calmant et, avec un sourire de souffrance, elle Lui dit : « Tu es beau et tu es bon. Qui es-tu, ô Rabbi? Tu as la délicatesse de ma fille bien-aimée en me donnant du réconfort. »
« Je suis Jésus de Nazareth ! »
« Toi ?! Toi ?!... Chez moi ?... Pourquoi ?...»
« Parce que je t'aime. J'ai une Mère, Moi aussi, et en toute mère, je vois la mienne, et dans les larmes des mères, je vois celles de ma Mère... »
« Pourquoi ? Ta Mère pleure ? Pourquoi ? Elle a perdu un autre fils ? »
« Pas encore... Je suis son Fils unique et je vis encore. Mais elle pleure déjà parce qu'elle sait que je dois mourir. »
« Oh ! Oh ! La malheureuse ! Savoir à l'avance qu'un fils va mourir ! Mais comment le sait-elle ? Tu es sain. Tu es fort. Tu es bon. Moi, je me suis fait des illusions jusqu'à sa mort et elle était si malade !... Comment ta Mère peut-elle savoir que tu dois mourir ? »
« Parce que je suis le Fils de l'homme, prédit par les prophètes. Je suis l'Homme des douleurs qu'a vu Isaïe, le Messie chanté par David et décrit dans ses tortures de Rédempteur. Je suis le Sauveur, le Rédempteur, ô femme. Et la mort m'attend, horrible... et ma Mère y assistera... et ma Mère sait, depuis le moment où je suis né, que son cœur sera ouvert comme le mien par la douleur... Ne pleure pas... Par ma mort j'ouvrirai à ta Jeanne les portes du Paradis... »
« A moi aussi ! A moi aussi ! »
« Oui. En son temps. Mais tu dois d'abord apprendre à aimer et à pardonner. A revenir à l'amour, à être juste, et à pardonner... Autrement tu ne pourras pas aller au Ciel, avec Jeanne, avec Moi... »
La femme pleure angoissée. Elle gémit : « Aimer... Aimer quand les hommes nous ont appris à haïr... quand Dieu a cessé de nous aimer en manquant pour nous de pitié, c'est difficile... Comment aimer quand les hommes nous ont torturées, et les amies blessées, et quand Dieu nous a abandonnées ?... »
« Non. Pas abandonnées. Moi, je suis ici. Pour te dire les promesses célestes. Pour te donner l'assurance que ta douleur finira en joie pourvu que tu le veuilles. Anne, écoute-moi... Tu pleures à cause des noces annulées, tu en fais la cause de toute ta douleur, tu accuses d'assassinat un homme pour ce motif et de complicité sa mère malheureuse. Ecoute, Anne. Il ne se passera que peu de mois pour que tu voies que ce fut une grâce du Ciel que Jeanne n'ait pas été l'épouse de Judas... »
« Ne le nomme pas ! » crie la femme.
« Je le nomme. Et pour te dire que tu dois remercier le Seigneur et que tu le remercieras dans quelques mois... »
« Je serai bientôt morte... »
« Non. Tu seras vivante et tu te souviendras de Moi, et tu comprendras qu'il y a des douleurs plus grandes que la tienne... »
« Plus grandes ? Ce n'est pas possible ! »
« Et que sera celle de ma Mère qui me verra mourir en croix ? » Jésus s'est levé. Il est imposant. « Et celle de la mère de celui qui trahira Jésus Christ, le Fils de Dieu ? Pense, ô femme, à cette mère... Toi... Kériot toute entière, et les campagnes et au-delà, ont eu compassion de ta douleur ! Tu as pu t'en glorifier comme d'une couronne de martyre. Mais cette mère ! Comme Caïn, mais étant Abel : la victime de son fils traître, meurtrier de Dieu, sacrilège, maudit, elle ne pourra supporter un regard d'homme, car tout regard sera comme une pierre pour la lapider, et en toute voix d'homme, en toute parole, il lui semblera entendre une malédiction, une injure, et elle ne trouvera pas de refuge sur la Terre, jamais, jusqu'à sa mort, jusqu'à ce que Dieu qui est juste prenne avec Lui la martyre, en lui faisant oublier qu'elle est la mère du meurtrier de Dieu, en lui donnant la possession de Dieu... N'est-ce pas la plus grande douleur celle de cette mère ?... »
« Oh ! douleur immense !... »
« Tu vois... Sois bonne, Anne. Reconnais que Dieu a été bon dans sa manière d'agir... »
« Mais ma fille est morte ! Judas l'a faite mourir pour chercher une plus grande dot... Sa mère l'a approuvé. »
« Non. Cela, non. C'est Moi qui te le dis, Moi qui vois dans les cœurs. Judas - c'est mon apôtre mais je le dis - il a mal agi et en sera puni. Mais la mère est innocente. Elle t'aime, elle voudrait que tu l'aimes... Anne, vous êtes deux mères malheureuses. Mais si toi, tu te glorifies de ta fille morte, innocente, pure, que le monde célèbre avec honneur... Marie de Simon ne peut se glorifier de son fils. Ses actions sont blâmées par les hommes. »
« C'est vrai. Mais s'il avait épousé Jeanne, il ne serait pas blâmé. »
« Mais d'ici peu tu aurais vu Jeanne mourir de chagrin, car Judas périra de mort violente. »
« Que dis-tu ? Oh ! malheureuse Marie ! Quand ? Comment ? Où ? »
« Bientôt. Et d'une manière horrible... Anne ! Anne ! Tu es bonne ! Tu. es mère ! Tu sais ce que c'est que la douleur d'une mère ! Anne, redeviens l'amie de Marie ! Que la douleur vous unisse comme devait vous unir la joie. Permets-moi de partir content de savoir qu'elle aura une amie, une seule, une au moins... »
« Seigneur... l'aimer... cela veut dire lui pardonner... C'est très pénible... Il me semble ensevelir de nouveau ma fille... De la tuer, moi aussi... »
« Ce sont des pensées qui viennent des Ténèbres ! Ne les écoute pas. Écoute-moi, Moi qui suis la Lumière du monde. La Lumière te dit que moins amer a été le sort de Jeanne mourant vierge que si elle était morte veuve de Judas. Crois-moi, Anne. Et pense que plus malheureuse que toi est Marie de Simon... »
La femme pense, pense, lutte, pleure, et dit : « Mais moi, je l'ai maudite, elle et le fruit de ses entrailles ! J'ai péché... »
« Et Moi, je t'en absous. Et plus tu l'aimeras, plus le Ciel t'absoudra. »
« Mais si je suis son amie... je rencontrerai Judas. Je ne puis. Seigneur, faire cela !... »
« Tu ne le rencontreras plus. Moi, je ne reviendrai plus jamais à Kériot et Judas non plus. Nous avons déjà salué les habitants... »
« Oh ! Tu as dit... »
« Que je ne reviendrai plus. Judas a dit qu'il ne pourra plus venir jusqu'après mon élévation. Mais lui croit qu'il me verra monter sur un trône et ce qui m'attend, au contraire, c'est la mort de la croix. Et il croit devenir un de mes ministres. Au contraire, c'est la mort qui l'attend. Mais toi, tu ne diras pas cela. Jamais. Que la mère ignore jusqu'à ce que tout soit accompli. Tu l'as dit : "La malheureuse ! Savoir à l'avance que le fils doit mourir". Mais si les souffrances de ma Mère, même pour cela, tendent déjà à augmenter les mérites de mon Sacrifice, pour Marie de Simon c'est de la pitié de se taire. Tu ne parleras pas. »
« Non, Seigneur. Je le jure au nom de ma Jeanne. »
« Je veux une autre promesse ! Grande ! Sainte ! Tu es bonne. Tu m'aimes déjà... »
« Oui. Tellement. Je suis en paix depuis que tu es ici... »
« Quand Marie de Simon n'aura plus de fils, et que le monde la couvrira de... mépris, toi, toi seule tu lui ouvriras ta maison et ton cœur. Me le promets-tu ? Au nom de Dieu et de Jeanne. Elle, elle l'aurait fait car Marie était toujours pour elle la mère de celui qu'elle aimait toujours » continue Jésus.
« ... Oui ! » et elle pleure...
« Que Dieu te bénisse, ô femme, et te donne la paix... et la santé... Viens, allons à la rencontre de Marie, pour lui donner le baiser de paix... »
« Mais... Seigneur... Moi, je ne peux pas marcher. J'ai les jambes enflées et inertes. Tu vois ? Je suis ici, habillée, mais je ne suis qu'un tronc...»
« Tu l'étais. Viens ! » et il lui tend la main pour l'inviter.
La femme, les yeux dans les yeux de Jésus, déplace ses jambes, les sort du lit. pose par terre ses pieds déchaussés, se lève, marche... Elle paraît fascinée. Elle ne se rend même pas compte de la guérison qui est survenue... Elle sort. la main toujours dans celle de Jésus, dans le couloir à moitié obscur... Elle va vers la sortie. Elle y est presque arrivée quand elle rencontre la servante d'auparavant qui pousse un cri de joie effrayée... Les autres serviteurs accourent, craignant que ce ne soit signe de mort. Ils voient leur maîtresse, tout à l'heure mourante et avec de la rancœur pour Marie de Simon, qui court, les bras tendus, après avoir quitté Jésus, vers Marie humiliée, elle l'appelle, l'accueille sur son cœur, et toutes les deux pleurent...
...Pendant le retour à sa maison, après l'adieu de paix, Marie de Simon remercie le Seigneur et demande : « Quand viendras-tu faire d'autres bienfaits ? »
« Jamais plus, ô femme. Je l'ai déjà dit aux habitants. Mais mon cœur sera toujours avec toi. Rappelle-toi, rappelle-toi toujours que je t'ai aimée et que je t'aime. Rappelle-toi que je sais que tu es bonne, et que Dieu t'aime pour cela. Rappelle-le-toi toujours.
Même au moment des heures terribles. Que jamais l'idée ne te vienne que Dieu te juge coupable. A ses yeux ton âme apparaîtra toujours comme ornée des pierres précieuses de tes vertus et des perles de ta souffrance. Marie de Simon, mère de Judas, je veux te bénir, je veux t'embrasser et te donner un baiser pour que ton baiser maternel, sincère, fidèle, soit pour Moi une compensation de tout autre... pour que mon baiser soit pour toi une compensation de toute douleur. Viens, mère de Judas. Et merci, merci pour tout ce que tu m'as donné d'amour et d'honneur » et il l'embrasse et il la baise au front, comme il le fait pour Marie d'Alphée.
« Mais, nous nous verrons encore ! Je viendrai à la Pâque... »
« Non. Ne viens pas. Je t'en prie. Veux-tu me faire plaisir ? Ne viens pas. Les femmes à la Pâque prochaine, non ! »
« Mais pourquoi ?... »
« Parce qu'il y aura un terrible soulèvement à Jérusalem, à la prochaine Pâque. Ce ne sera pas la place des femmes ! Et même... Marie, j'ordonnerai à ton parent de te rejoindre. Restez ensemble. Tu en as besoin car... désormais Judas ne pourra plus t'aider, ni venir... »
« Je ferai comme tu dis... Donc jamais plus, jamais plus je ne verrai ton visage où se reflète la paix du Ciel ? Quelle paix tu as déversé de tes yeux dans mon cœur douloureux... » Marie pleure.
« Ne pleure pas. La vie est courte. Ensuite tu me verras pour toujours dans mon Royaume. »
« Alors tu penses que ton humble servante y entrera ?... »
« Je vois déjà ta place dans la troupe des martyrs et des corrédempteurs. Ne crains pas. ô Marie. Le Seigneur sera ton éternelle récompense. Allons. Le soir arrive et c'est l'heure de se remettre en route... »
Et ils refont la route à travers les champs et les pommeraies jusqu'à la maison où les apôtres attendent. Jésus brusque les adieux, bénit, se met à la tête des siens... Il s'en va... Marie pleure, à genoux...
*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-085.htm
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Juda
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Adieu à Jutta
En une tranquille matinée, Jésus parle au peuple de Jutta. Oh! on peut vraiment dire que Jutta toute entière est à ses pieds. Même les bergers, habituellement dispersés sur les mamelons des montagnes, sont là, en arrière de la foule avec leurs brebis. Même ceux qui d'habitude vont ailleurs, aux champs, aux bois, aux marchés, sont là. Et ils y sont les vieillards croulants et, tout autour de Jésus, les enfants rieurs, et les fillettes et les jeunes mariées et celles qui mettront bientôt au monde un enfant et celles qui le portent sur leur sein. Jutta toute entière.
L'éperon de la montagne qui s'étend vers le sud est l'amphithéâtre qui accueille ce paisible rassemblement. Assis sur l'herbe ou à cheval sur le muret de pierres sèches, avec autour un vaste horizon, au-dessus le ciel sans limites, en bas le torrent qui rit et scintille au soleil du matin, dans la beauté des monts herbeux, boisés, eux, les gens de Jutta. écoutent le Maître qui parle, debout, adossé à un noyer très élevé, la blancheur de son vêtement de lin se détachant sur le fond sombre du tronc, le visage souriant, les yeux brillants de la joie d'être aimé, les cheveux illuminés par la caresse des rayons venant de l'orient. Dans un silence respectueux, attentif, rompu seulement par les chants des oiseaux et le bruit du torrent qui coule en bas, ses paroles descendent lentement dans les cœurs et sa voix parfaite emplit l'air tranquille de son harmonie.
Pendant que j'écris, il est en train de répéter encore une fois la nécessité d'obéir au Décalogue, perfectionné, dans son application aux cœurs, par sa doctrine d'amour "pour édifier dans les esprits la demeure où le Seigneur habitera jusqu'au jour où ceux qui ont vécu dans la fidélité à la Loi iront habiter en Lui dans le Royaume des Cieux." Ce sont ses paroles. Et il continue : "Parce qu'il en est ainsi. L'inhabitation de Dieu dans les hommes et des hommes en Dieu se fait par l'obéissance à sa Loi, qui commence par un commandement d'amour et qui est toute amour du premier au dernier précepte du Décalogue. C'est la vraie maison que Dieu veut, où Dieu habite, et la récompense du Ciel. possédée par l'obéissance à la Loi, est la vraie Maison où vous habiterez avec Dieu, éternellement.
Car - rappelez-vous Isaïe dans son chapitre 66 - Dieu n’a pas de demeure sur la Terre, qui n'est qu'un escabeau, un escabeau seulement pour son immensité, et Il a pour trône le ciel. qui est toujours petit, un rien, pour contenir l'Infini, mais Il l'a dans le cœur des hommes. Seule la très parfaite bonté du Père de tout amour peut accorder à ses fils de l'accueillir, et c'est un mystère infini, qui se perfectionne de plus en plus, que le Dieu Un et Trine, le très pur Esprit Triniforme, puisse être dans le cœur des hommes. Oh ! quand, quand, ô Père Saint, me permettras-Tu de faire de ceux qui t'aiment non plus seulement un temple pour notre Esprit, mais grâce à ta perfection d'amour et de pardon, un tabernacle, en faisant de tout cœur fidèle l'arche où se trouve le vrai Pain du Ciel, comme il le fut dans le sein de celle qui est Bénie entre toutes les femmes ?
Oh ! très aimés disciples de Jutta qui m'a été préparée par un juste, ayez à l'esprit le Prophète et ce qu'il dit, et c'est le Seigneur qui parle, en s'adressant à ceux qui construisent des vides temples de pierre, où il n'y a pas de justice ni d'amour, et qui ne savent pas construire en eux-mêmes le trône de leur Seigneur par l'obéissance à ses commandements. Le Prophète dit : "Qu'est-ce que cette maison que vous m'édifiez et qu'est-ce que ce lieu de mon repos ?" Et il veut dire : "Croyez-vous me posséder parce que vous m'élevez de pauvres murs ? Croyez-vous me rendre heureux par vos pratiques mensongères auxquelles ne correspond pas la sainteté de la vie ?" Non. On ne possède pas Dieu par des choses extérieures qui cachent des plaies et le vide, comme un manteau d'or jeté sur un lépreux ou sur une statue d'argile dont l'intérieur est creux, sans la vie de l'âme.
Et le Seigneur le dit, en reconnaissant. Lui, le Maître du monde, sa pauvreté de Roi qui a trop peu de sujets, de Père qui a trop de fils qui ont fui de sa demeure : "Vers qui tournerai-je mon regard sinon vers le pauvre, vers celui qui a un cœur contrit qui tremble à mes paroles ?" Pourquoi tremble-t-il ? Par la seule peur de Dieu ? Non. Par un profond respect, par un amour véritable. Par humilité de sujet, de fils qui dit, qui reconnaît que le Seigneur est le Tout et que lui n'est rien et qui tremble d'émotion en se sentant aimé, pardonné, aidé par le Tout.
Oh ! Ne cherchez pas Dieu parmi les orgueilleux ! Il n'est pas là. Ne le cherchez pas parmi les cœurs durs. Il n'est pas là. Ne le cherchez pas parmi ceux qui sont endurcis. Il n'est pas là. Il est chez les simples, chez les purs, chez les miséricordieux, chez ceux qui sont pauvres en esprit, chez les doux, chez ceux qui pleurent sans faire d'imprécations, chez ceux qui recherchent la justice, chez les persécutés, chez les pacifiques. C'est là qu'est Dieu. Il est en ceux qui se repentent et qui veulent le pardon et qui cherchent l'expiation. Et eux ne font pas le sacrifice d'un bœuf ou d'une brebis, l'offrande de ceci ou de cela, pour être applaudis, par la superstitieuse terreur d'un châtiment, par l'orgueil de paraître parfaits. Mais ils font le sacrifice de leur cœur contrit et humilié, s'ils sont pécheurs; de leur cœur obéissant jusqu'à l'héroïsme, s'ils sont justes. Voilà ce qui plaît au Seigneur. Voilà pour quelles offrandes Il se donne avec ses ineffables trésors d'amour et de délices surnaturelles. Aux autres, II ne se donne pas. Eux ont déjà leurs pauvres délices dans les abominations, et il est inutile que Dieu les appelle sur ses chemins, puisqu'ils ont déjà choisi le leur. A eux, II n'enverra que l'abandon, l'épouvante et la punition, parce qu'ils n'ont pas répondu au Seigneur, ils n'ont pas obéi, ils ont fait le mal sous les yeux de Dieu, avec le mépris et la perversité qu'ils ont choisie.
Mais vous, vous mes aimés de Jutta, vous qui tremblez d'amour dans la connaissance de Dieu, vous qui, à cause de Moi, êtes méprisés comme des sots par les puissants, et qui continuez de m'aimer malgré les mépris, vous qui êtes repoussés, et le serez de plus en plus à cause de mon Nom et de Moi, répudiés comme des bâtards d'Israël, comme des bâtards de Dieu, alors que justement en vous et en ceux qui sont comme vous est greffée la bouture de la Vie éternelle, de Celui qui a sa racine dans le Père, et qui pour cela êtes une partie de Dieu, qui êtes de Dieu, vous qui vivez de sa sève, vous à qui on voudrait persuader que vous êtes dans l'erreur, vous dont les yeux sont simples mais éclairés par la Grâce. Ils voudraient se justifier à vos yeux pour ne pas paraître sacrilèges et malfaiteurs, à vous auxquels il est dit : "Que le Seigneur montre sa gloire et nous le reconnaîtrons par votre joie elle-même". Vous aurez la joie. Eux seront confondus.
Oh ! J'entends déjà, après la confusion qui les écrasera, mais ne les rendra pas meilleurs, j'entends déjà les vipères qui ne cessent d'être nuisibles que quand on a écrasé leurs têtes exécrables, et qui mordent et tuent même si elles sont coupées en deux, même s'il n'émerge que leurs têtes d'une manifestation écrasante de Dieu, déjà je les entends crier : "Comment le Seigneur peut-Il avoir enfanté tout d'un coup son nouveau peuple, si nous, portés depuis si longtemps dans son sein, nous ne sommes pas encore nés à la Lumière ? Est-ce que quelqu'une peut enfanter sans que le cri des douleurs emplisse la maison ? Le Seigneur a-t-Il pu enfanter avant le temps ? La Terre peut-elle jamais enfanter en un seul jour et est-ce qu'un peuple entier peut être enfanté en même temps ?"
Moi, je réponds et rappelez-vous-la cette réponse pour la donner à ceux qui vous persécuteront en vous méprisant : "Ils n'auraient jamais pu naître à la Lumière ceux qui sont un fruit mort dans le sein de Dieu, fruit qui s'est desséché parce qu'il s'est détaché de la matrice et est resté inerte, comme un mal caché dans le sein au lieu d'être un embryon qui se développe.Et pour rejeter de son sein la semence morte et avoir des fils, pour que son Nom ne meure pas sur la Terre, Dieu s'est rendu fécond de nouveaux fils, marqués de son Tau et, dans le secret, dans le silence, pour que Satan et les satans qui servent Lucifer ne puissent nuire, en devançant le temps par l'ardeur de son amour, Il a enfanté son Fils et Il enfante en même temps son nouveau peuple, car le Seigneur peut tout. Oh ! Lui le dit par la bouche du prophète Isaïe : "Est-ce que peut-être Je ne pourrai pas enfanter, Moi qui fais enfanter les autres ? Moi qui donne aux autres la fécondité, Je serai stérile ?"
Réjouissez-vous avec la Jérusalem des Cieux, exultez avec elle, vous tous qui aimez le Seigneur ! Réjouissez-vous avec elle d'une vraie joie, vous qui attendez, vous qui espérez, vous qui souffrez !
Oh ! revenez, revenez à Moi, paroles ! Paroles venues du Verbe de Dieu. Paroles dites par le porte-parole de Dieu : Isaïe, son prophète. Venez, revenez à la Source, ô paroles éternelles, pour être répandues sur ce parterre de Dieu, sur ce troupeau, sur cette race !
Oh ! Venez ! C'est une des heures et des assemblées pour lesquelles vous avez été données, ô paroles prophétiques, ô résonances d'amour, ô voix de vérité !
Voici qu'elles viennent ! Voici qu'elles reviennent à Celui qui les a inspirées ! Voici que Moi, au nom du Père, de mon Être, et de l'Esprit, je les dis à ceux qui sont aimés de Dieu, choisis parmi le troupeau de Dieu, qui ne devait compter que des agneaux, et s'est corrompu avec des béliers et des animaux encore plus immondes. Vous boirez et serez rassasiés aux mamelles de la Consolation Divine et tirerez d'abondantes délices de la gloire multiforme de Dieu.
Voilà ! Le Seigneur vous dit : Je verserai sur vous comme un fleuve de paix et comme un torrent qui inonde, il y aura sur vous beaucoup plus que la gloire des nations. La gloire du Ciel vous inondera. Vous la sucerez portés sur son sein, et sur ses genoux vous recevrez ses caresses. Oui, comme une mère caresse son enfant, comme Moi je caresse ce petit auquel j'ai donné mon nom (et Jésus prend le petit Jésaï des bras de sa mère qui est presque à ses pieds, au milieu de ses trois enfants) ainsi je vous consolerai vous qui m'aimez et continuerez de m'aimer et bientôt vous serez consolés pour toujours dans mon Royaume. Vous le verrez et votre cœur sera dans la joie, et vos os reverdiront comme l'herbe, étant libérés de toute peur à cause de votre fidélité, quand le Seigneur viendra dans le feu, sur un bige semblable à un tourbillon, pour conduire dans le feu de l'amour et de la justice, et pour punir ou exalter, en séparant les agneaux des loups, c'est-à-dire de ceux qui croyaient se sanctifier et se rendre purs et qui, au contraire, se rendaient idolâtres.
Le Seigneur, qui part maintenant, viendra, et bienheureux ceux qu'il trouvera persévérants jusqu'à la fin.
Voici mon adieu et avec lui ma bénédiction. Agenouillez-vous pour que je vous fortifie par elle. Que le Seigneur vous bénisse et vous garde. Que le Seigneur vous montre sa face et ait pitié de vous. Que le Seigneur vous donne sa paix.
Allez ! Laissez-moi congédier les bons d'entre les bons de Jutta."
Les gens s'en vont à regret. Mais voilà qu'un enfant dit à Jésus : "Seigneur, laisse-moi te baiser la main", et comme Jésus y consent, tous veulent donner un baiser à la chair sainte de l'Agneau de Dieu. Même ceux qui s'étaient éloignés vers le village reviennent et c'est une pluie de baisers : baisers d'enfants sur le visage, baisers des vieillards sur les mains, et baisers des femmes sur les pieds nus dans l'herbe, avec des larmes et des paroles d'adieu et de bénédiction.
Jésus les accueille patiemment et il a pour tous un salut particulier.
Finalement il a satisfait tout le monde... Il reste la famille hospitalière... Et elle se serre contre Jésus. Et Sara dit : "Tu ne viendras vraiment plus ?"
"Non, femme, jamais plus. Mais nous ne serons pas séparés. Mon amour sera toujours avec toi, avec vous, et le vôtre avec Moi. Vous ne m'oublierez pas, je le sais. Mais je vous dis : même aux heures les plus terribles qui viendront, n'accueillez pas le Mensonge, pas même comme hôte de passage ou comme envahisseur imprévu... Donne-moi le petit, Sara."
La femme donne Jésaï, et Jésus s'assoit sur l'herbe avec Jésaï sur son sein et il parle penché sur les cheveux du bébé : "Rappelez-vous toujours que je suis l'Agneau qu'Isaac vous a fait aimer avant même que vous me connaissiez, et qu'un agneau est toujours innocent, comme ce petit, même si on le couvre d'une peau de loup pour le faire passer pour un malfaiteur. Rappelez-vous que je suis encore plus innocent que ce tout petit... qui, lui bienheureux ! à cause de son innocence et de sa jeunesse ne pourra comprendre les calomnies des hommes sur son Seigneur et ainsi n'en sera pas troublé... et il continuera de m'aimer ainsi... comme maintenant... Ayez son cœur, ayez-le pour l'Agneau, pour l'Ami, pour l'Innocent, pour le Sauveur, qui vous aime et vous bénit d'une manière toute spéciale. Adieu, Marie ! Viens me donner un baiser... Adieu, Emmanuel ! Viens toi aussi... Adieu, Jésaï, agnelet de l'Agneau... Soyez bons... Aimez-moi..."
"Tu pleures, Seigneur !?" demande la fillette étonnée, en voyant briller une larme dans les cheveux de Jésaï.
"Il pleure ?" demande le mari de Sara.
"Tu pleures, ô Maître ! Pourquoi ?" demande la femme.
"Ne vous affligez pas de mes larmes. Elles sont amour et bénédiction... Adieu, Sara. Adieu, homme. Venez comme les autres, baiser votre Ami qui part..." et, après avoir reçu sur les mains les baisers des deux époux, il remet l'enfant dans les bras de la mère. Il bénit encore et puis rapidement commence la descente par le sentier par où il était venu.
Les voix d'adieu de ceux qui sont restés le suivent : profonde celle de l'homme, émue celle de la femme, perçantes celles des enfants, jusqu'au bas de la colline. Puis ce n'est plus que le torrent, qu'ils remontent vers le nord, qui salue encore le Maître qui quitte pour toujours la terre de Jutta.
*
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Adieu à Hébron
Et voici Hébron au milieu de ses bois et de ses prés. L'entrée de Jésus est saluée par des cris d'hosannas par les premiers qui le voient et qui en partie vont l'annoncer dans tout le village.
Le chef de la synagogue accourt, accourent les miraculés de l'année précédente et puis les notables. Chacun veut avoir le Seigneur comme hôte. Mais Jésus dit, en remerciant tout le monde : "Non, je ne reste que le temps de vous parler... Allons donc à la pauvre, à la sainte maison du Baptiste. Que je la salue elle aussi... C'est une terre de miracle. Vous ne le savez pas."
"Oh! nous le savons, Maître. Ceux qui ont été guéris là sont parmi nous!..." disent plusieurs.
"Bien avant l'an dernier elle a été une terre de miracle. Elle l'a été il y a trente-trois ans pour la première fois, quand la grâce du Seigneur reverdit les entrailles desséchées afin d'en faire un arbre pour la douce pomme de mon Précurseur. Elle le fut il y a trente-deux ans quand par une opération mystérieuse, je l'ai présanctifié alors que nous étions, lui et Moi, deux fruits qui mûrissaient dans un sein profond.
Et puis quand j'ai rendu au père de Jean l'usage de la parole. Mais, aux secrètes opérations de l'Incarné pas encore né, se rattache depuis deux ans un grand miracle que vous tous ignorez. Vous rappelez-vous la femme qui habitait à l'intérieur de cette maison ?..."
"Qui, Aglaé ?" demandent plusieurs.
"Elle. Je lui ai rendu la vie, non pas dans ses entrailles mais dans son âme desséchée par le paganisme et par le péché, et je l'ai rendue féconde en justice, en la délivrant de ce qui la retenait, aidé par sa bonne volonté. Et je vous la donne en modèle. Ne vous scandalisez pas. En vérité je vous dis qu'elle mérite d'être citée en exemple et imitée, car il y en a peu en Israël qui ont fait autant de chemin que cette païenne pécheresse pour rejoindre les sources de Dieu."
"Nous la croyions enfuie avec d'autres amants... Certains disaient qu'elle était changée, qu'elle était bonne... Mais nous disions : "C'est un caprice !" Et il y en avait même qui disaient qu'elle était venue à Toi pour... pécher..." explique le chef de la synagogue.
"Elle est venue en fait me trouver, mais pour être rachetée."
"Nous avons fait un péché de jugement..."
"Pour cela je vous dis: "Ne jugez pas".
"Et où est-elle maintenant ?"
"Dieu seul le sait. Dans une dure pénitence, certainement. Priez pour la soutenir... Je te salue, ô maison sainte de mon Parent et Précurseur ! Paix à toi ! Bien que maintenant tu sois vide et désolée, toujours paix à toi, ô sainte demeure de paix et de foi !" Jésus entre, en bénissant, dans le jardin devenu inculte et avance au milieu des herbes envahissantes. Il côtoie ce qui autrefois était une tonnelle ou des espaliers bien rangés de lauriers et de buis, et qui maintenant sont un fouillis ébouriffé de lierres, de clématites, de liserons qui les étouffent. Il va au fond, vers les restes de ce qui était le tombeau, et il reste là.
Les gens forment un cercle silencieux autour de Lui.
"Fils de Dieu, peuple d'Hébron, écoute !
Pour que vous ne soyez pas troublés et induits en erreur de jugement sur votre Sauveur comme vous l'avez été pour la pécheresse, je viens vous confirmer et vous fortifier dans la foi. Je viens vous donner le viatique de ma parole pour qu'elle reste lumineuse en vous à l'heure des ténèbres et pour que Satan ne vous fasse pas perdre le chemin du Ciel.
Il viendra bientôt des heures où vos cœurs diront en gémissant les paroles du psaume d'Asaph, chantre prophétique, et vous direz : "Pourquoi, ô Dieu, nous as-tu rejetés pour toujours ? Pourquoi ta fureur s'enflamme-t-elle contre les petites brebis que Tu fais paître?" et vous pourrez vraiment alors élever comme un droit de protection la Rédemption désormais accomplie, et crier : "Ce peuple est le tien et Tu l'as racheté !" pour invoquer la protection contre les ennemis qui auront fait tout le mal possible dans le Sanctuaire véritable où Dieu réside comme au Ciel, dans le Christ du Seigneur, et qui, après avoir, pour commencer, abattu le Saint, chercheront ensuite à abattre ses murs : ses fidèles. Vrais profanateurs et persécuteurs de Dieu, plus que Nabuchodonosor et qu'Antiochos, plus que ceux qui viendront après, ils lèvent déjà les mains pour m'abattre dans leur orgueil sans limites qui ne veut pas de conversion, qui ne veut pas de foi, de charité, de justice et qui, comme le levain dans une masse de pâte, gonfle et déborde du Sanctuaire, devenu la citadelle des ennemis de Dieu.
Fils, écoutez ! Quand vous serez persécutés pour m'avoir aimé, fortifiez votre cœur en pensant qu'avant vous j'ai été le Persécuté. Souvenez-vous qu'ils ont déjà dans la gorge le hurlement de leur cri de triomphe et qu'ils préparent les bannières pour qu'elles flottent au vent dans une heure de victoire, et que sur chaque bannière il y aura un mensonge contre Moi qui semblerai être le Vaincu, le Malfaiteur, le Maudit.
Vous secouez la tête ? Vous ne croyez pas ? Votre amour vous empêche de croire... C'est une grande chose que l'amour ! Une grande force... et un grand danger ! Oui, un danger. Le choc de la réalité à l'heure des ténèbres sera d'une violence surhumaine dans les cœurs que l'amour, pas encore parfaitement réglé, rend aveugles. Vous ne pouvez pas croire que Moi, le Roi, le Puissant, je puisse être à la merci de gens de rien. Vous ne pourrez le croire alors surtout, et un doute naîtra : "Etait-ce vraiment Lui ? Et s'il l'était, comment a-t-il pu être vaincu ?"
Rendez vos cœurs plus forts pour cette heure-là ! Sachez-le : "en un instant" les ennemis du Saint auront brisé les portes, jetant tout par terre, et allumé un feu de haine pour le Saint de Dieu; ils auront abattu et jeté par terre le Tabernacle du Nom très Saint, en disant dans leurs cœurs : "Faisons cesser sur la Terre toutes les fêtes de Dieu" car c'est une fête d'avoir Dieu parmi vous, en disant : "Que ne se voient plus ses enseignes, qu'il n'y ait plus aucun prophète qui nous connaisse pour ce que nous sommes".
Mais rapidement, plus rapidement encore, Celui qui a donné ses limites à la mer et qui a écrasé dans les eaux les têtes immondes des crocodiles sacrés et de leurs adorateurs, Celui qui a fait jaillir les sources et couler les torrents et desséché des fleuves pérennes, Celui qui a fait le jour et la nuit, l'été et le printemps, la vie et la mort, Celui qui a tout fait, fera ressusciter, comme il est dit, son Christ, et Il sera Roi. Roi pour l'éternité. Et ceux qui seront restés fermes dans la foi régneront avec Lui au Ciel.
Rappelez-vous cela. Et quand vous me verrez élevé et méprisé, ne chancelez pas. Et quand vous serez élevés et méprisés, ne chancelez pas.
Oh ! Père ! mon Père ! Moi, je te prie, au nom de ceux-ci qui te sont chers et qui me sont chers. Exauce ton Verbe, écoute le Propitiateur ! N'abandonne pas aux animaux les âmes de ceux qui te louent en m'aimant, n'oublie pas pour toujours les âmes de tes petits. Prends soin, ô Dieu bon, de tes promesses parce que les lieux ténébreux de la Terre sont des repaires d'iniquité d'où sort la terreur pour effrayer tes petits. Père ! Oh ! mon Père ! Que l'humble qui espère en Toi ne reparte pas confondu ! Que le pauvre et le besogneux louent ton Nom pour l'aide que Tu leur donneras !
Lève-toi, ô Dieu ! Je t'en prie pour cette heure, pour ces heures ! Lève-toi, ô Dieu ! A cause du sacrifice de Jean et de la sainteté de tes patriarches et de tes prophètes ! A cause de mon sacrifice, mon Père, défends ce troupeau qui est le tien et le mien ! Donne-lui la lumière dans les ténèbres, la foi et la force contre les séducteurs ! Donne-toi, ô Père ! Donne-nous, maintenant, demain et toujours jusqu'à l'entrée dans ton Royaume ! Nous, dans leurs cœurs jusqu'au moment où eux soient là où Nous sommes dans les siècles des siècles. Et qu'il en soit ainsi."
Comme il n'y a pas de miracles à accomplir, Jésus passe dans les rangs de la foule extasiée et il bénit, un par un, ses auditeurs. Il reprend sa marche sous le soleil déjà haut que rendent supportable les frondaisons des arbres et l'air de la montagne. Par derrière, en groupes, les apôtres parlent entre eux.
Ils parlent sans arrêt. "Quels discours ! Ils font frémir !" dit Barthélemy.
"Mais comme ils sont tristes ! Ils font pleurer !" soupire André.
"Hé ! c'est son adieu. J'ai raison, moi. Il va vraiment vers le trône" s'exclame Judas Iscariote.
"Le trône ? Hum ! Il me semble qu'il parle de persécutions plutôt que d'honneurs !" observe Pierre.
"Mais non ! Le temps des persécutions est fini ! Ah ! moi, je suis heureux !" crie l'Iscariote.
"Tant mieux pour toi ! Moi je voudrais être encore aux jours où nous étions inconnus, il y a deux ans... ou à "La Belle Eau"... J'ai peur des jours à venir..." dit Jean.
"Parce que tu as un cœur de faon... Mais moi ! Je vois déjà l'avenir... Des cortèges !... Des chanteurs !... Un peuple prosterné !... Les honneurs des autres nations !... Oh ! c'est l'heure ! Les chameaux de Madian et les foules de partout viendront... et ce ne seront pas les trois pauvres Mages... mais une multitude... Israël grand comme Rome. Plus que Rome... Dépassées les gloires des Macchabées, celles de Salomon... toutes les gloires... Lui, le Roi des rois... et nous ses amis... Oh ! Dieu Très-Haut ! Qui me donnera la force pour cette heure ?... Si mon père vivait encore !..." Judas est exalté. Son visage resplendit quand il évoque l'avenir qu'il rêve de vivre...
Jésus est très en avant. Mais il s'arrête, le futur roi selon Judas, et assoiffé, il joint ses mains pour prendre de l'eau dans un ruisselet et boire... comme l'oiseau du bois ou l'agneau en train de paître. Puis il se retourne et dit : "Ici il y a des fruits sauvages. Cueillons-en pour apaiser notre faim..."
"Tu as faim, Maître ?" demande le Zélote.
"Oui" avoue humblement Jésus.
"Bien sûr ! Hier soir tu as tout donné à ce malheureux !" s'exclame Pierre.
"Mais pourquoi n'as-tu pas voulu t'arrêter à Hébron ?" demande Philippe.
"Parce que Dieu m'appelle ailleurs. Vous, vous ne savez pas."
Les apôtres haussent les épaules et se mettent à cueillir les petits fruits encore verts des arbres sauvages épars sur les pentes des montagnes. Il semble que ce sont des petites pommes sauvages. Et le Roi des rois s'en nourrit en même temps que ses compagnons qui font des grimaces à cause de l'âpreté du fruit sauvage et vert. Jésus, absorbé, mange et sourit.
"Tu me fais presque enrager !" s'exclame Pierre.
"Pourquoi ?"
"Parce que tu pouvais être bien et faire plaisir à ceux d'Hébron et, au contraire, tu te fais mal au ventre et tu t'agaces les dents sur ce poison amer et plus acide que de l'herbe au vitriol !"
"Oh ! J'ai vous qui m'aimez ! Quand je serai élevé et que j'aurai soif et faim, je penserai avec regret à cette heure, à cette nourriture, à vous qui maintenant êtes avec Moi, et qui alors..."
"Mais alors tu n'auras ni soif ni faim ! Un roi a de tout ! Et nous te serons encore plus proches !" s'exclame l'Iscariote.
"Tu le dis."
"Et tu penses que cela ne sera pas, Maître ?" demande Barthélemy.
"Non, Barthélemy. Quand je t'ai vu sous le figuier, ses fruits étaient si verts que qui les aurait cueillis en aurait eu la langue et la gorge brûlées... Mais plus doux que les rayons de miel sont les fruits verts du figuier ou de ces arbres en comparaison de ce que sera pour Moi mon élévation... Allons..."
et il se remet en marche le premier, tout en avant, méditatif, alors que, derrière, les douze bavardent sans arrêt
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SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-087.htm
TOME : 6/87
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Hébron
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Maud a écrit:Elle. Je lui ai rendu la vie, non pas dans ses entrailles mais dans son âme desséchée par le paganisme et par le péché,
Ce passage m'a rappelé mon ancienne vie sans Jésus. Moi aussi il m'a fait revivre.
François_1- Contre le nouvel ordre mondial
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Adieu à Béthsur
Il fait à peine jour quand les voyageurs infatigables arrivent en vue de Béthsur.
Fatigués, les vêtements fripés à cause d'un repos certainement très inconfortable dans les bois, ils regardent avec joie la ville désormais proche où ils sont certains de trouver l'hospitalité.
Les paysans qui se rendent à leurs travaux sont les premiers à rencontrer Jésus, et ils pensent bien faire de laisser en plan leurs travaux pour revenir à la ville écouter le Maître. Et ainsi font des bergers après Lui avoir demandé s'il reste ou non.
"Je quitterai Béthsur ce soir" répond Jésus.
"Et tu parleras, Maître ?"
"Certainement."
"Quand ?"
"Tout de suite."
"Nous avons les troupeaux... Ne pourrais-tu pas parler ici, dans la campagne ? Les brebis brouteraient l'herbe et nous ne perdrions pas ta parole."
"Suivez-moi. Je le ferai sur les pâtures au nord. Je dois d'abord voir Élise."
Les bergers avec leurs bâtons font revenir leurs brebis, et ils se mettent en arrière des hommes avec leurs troupeaux bêlants. Ils traversent le village. Mais la nouvelle est déjà parvenue à la maison d'Élise, et c'est sur la place qui se trouve devant la maison qu'Élise et Anastasica rendent leurs hommages de disciples au Maître qui les bénit.
"Entre dans ma maison, Seigneur. Tu l'as libérée de la douleur et elle veut être pour Toi un réconfort en tous ses habitants et en ses meubles" dit Élise.
"Oui, Élise. Mais tu vois quelle foule nous suit ? Maintenant je vais parler à tous et puis, après l'heure de tierce, je viendrai et je resterai dans ta maison pour repartir le soir. Et nous parlerons entre nous..." promet Jésus pour consoler Élise qui espérait un plus long séjour et qui montre un visage déçu en apprenant les intentions de Jésus. Mais Élise est une bonne disciple et elle n'objecte rien. Elle demande seulement la permission de donner des ordres aux serviteurs avant d'aller avec les autres là où Jésus se dirige. Et elle le fait avec empressement, bien différente de la femme inerte de l'année précédente...
Jésus est déjà en place dans un pré où joue le soleil dont les rayons passent à travers le mince feuillage des arbres de haute futaie qui, si je ne me trompe, sont des frênes. Il est en train de guérir un jeune enfant et un vieillard qui sont malades, le premier d'un mal interne, l'autre des yeux. Il n'y a pas d'autres malades et Jésus bénit les petits que les mères Lui présentent, en attendant patiemment qu'Élise le rejoigne avec Anastasica.
Les voilà enfin, et Jésus commence tout de suite à parler.
"Peuple de Béthsur, écoute.
L'an dernier je vous ai dit ce qu'il fallait faire pour gagner le Royaume de Dieu. Maintenant je vous le confirme pour que vous ne perdiez pas ce que vous avez gagné. C'est la dernière fois que le Maître vous parle ainsi, à une réunion où il ne manque personne. Par la suite, je pourrai vous rencontrer encore, par hasard, en particulier ou en petits groupes, sur les routes de notre patrie terrestre. Ensuite, plus tard encore, je pourrai vous voir dans mon Royaume. Mais ce ne sera jamais plus comme maintenant.
Dans l'avenir, tant de choses vous seront dites sur Moi, contre Moi, de vous et contre vous. Ils voudront vous terroriser.
Moi, je vous dis avec Isaïe : Ne craignez pas car je vous ai rachetés et je vous ai appelés par votre nom. Seuls ceux qui voudront m'abandonner auront une raison de craindre. Pas ceux qui, m'étant fidèles, m'appartiennent. Ne craignez pas ! Vous êtes miens et je suis vôtre. Ni les eaux des fleuves, ni les flammes des bûchers, ni les pierres, ni les épées, ne pourront vous séparer de Moi si vous restez en Moi. Au contraire, de plus en plus les flammes, les eaux, les épées et les pierres vous uniront à Moi, et vous serez d'autres Moi-même et vous aurez ma récompense. Je serai avec vous à l'heure des tourments, avec vous dans les épreuves, avec vous jusqu'à la mort; et ensuite, rien ne pourra plus nous séparer.
Oh ! mon peuple ! Peuple que j'ai appelé et rassemblé, que j'appellerai et rassemblerai plus encore quand je serai élevé pour attirer tout à Moi, ô peuple choisi, peuple saint, ne crains pas car je suis et je serai avec toi, et tu m'annonceras, mon peuple, et pour cela vous qui le composez serez appelés mes ministres et à vous je donnerai, je donne dès maintenant l'ordre de parler au septentrion, à l'orient, à l'occident et au midi, de faire en sorte que les fils et les filles du Dieu Créateur, même ceux des extrêmes confins du monde, me reconnaissent pour leur Roi et m'appellent par mon vrai Nom, et possèdent la gloire pour laquelle ils ont été créés et soient la gloire de Celui qui les a faits et formés.
Isaïe le dit que, pour croire, les tribus et les nations appelleront des témoins de ma gloire. Et où trouverai-je des témoins si le Temple et le palais royal, si les castes puissantes me haïssent et mentent parce qu'elles ne veulent pas dire que je suis Celui que Je suis ? Où les trouverai-je ? Les voilà, ô Dieu, mes témoins ! Ceux que j'ai instruits dans la Loi, ceux que j'ai guéris dans leur corps et leur esprit, ceux qui étaient aveugles et qui voient maintenant, sourds et maintenant entendent, muets et qui savent maintenant dire ton Nom, ceux qui étaient opprimés et sont maintenant délivrés, tous, tous ceux pour lesquels ton Verbe a été Lumière, Vérité, Chemin, Vie.
Vous êtes mes témoins, les serviteurs que j'ai choisis pour que vous sachiez et croyiez et compreniez qui je suis vraiment. Moi, je suis le Seigneur, le Sauveur. Croyez-le pour votre bien. En dehors de Moi, il n'y a pas d'autre Sauveur. Sachez-le croire contre toute insinuation humaine ou satanique. Oubliez toute chose qui vous a été dite par une bouche autre que la mienne et qui est différente de ma parole. Repoussez tout autre chose qui pourra vous être dite dans l'avenir. A quiconque voudra vous faire abjurer le Christ, dites : "Ses œuvres parlent à notre esprit" et soyez persévérants dans la foi.
J'ai beaucoup fait pour vous donner une foi intrépide. J'ai guéri vos malades et soulagé vos douleurs, comme un bon Maître je vous ai instruits, et comme un Ami je vous ai écoutés, j'ai rompu avec vous le pain et partagé la boisson. Mais ces choses sont encore œuvres de saint et de prophète. J'en ferai d'autres, et qui seront capables d'enlever tout doute que pourront susciter les ténèbres, comme un tourbillon soulève des nuages de tempête dans la sérénité d'un ciel d'été. Laissez passer la nuée en restant fermes dans la charité pour votre Jésus, pour ce Jésus qui a laissé le Père pour venir vous sauver et qui laissera la vie pour vous donner le Salut.
Vous, vous que j'ai aimés et que j'aime bien plus que Moi-même, car il n'y a pas d'amour plus grand que de s'immoler pour le bien de ceux qu'on aime, veuillez n'être pas inférieurs à ceux qui dans la prophétie d'Isaïe sont appelés bêtes sauvages, dragons et autruches, c'est-à-dire gentils, idolâtres, païens, immondes. Eux, quand j'aurai donné par Moi-même le témoignage de la puissance de mon amour et de ma Nature, en triomphant par Moi seul même de la Mort - c'est en effet une chose que l'on peut constater et que personne, s'il n'est menteur, ne pourra nier – diront : "C'était le Fils de Dieu!" et triomphant des obstacles en apparence insurmontables, de siècles et de siècles d'un paganisme immonde, de ténèbres. de vices, viendront à la Lumière, à la Source, à la Vie. Ne soyez, ne soyez pas comme trop en Israël qui ne m'offrent pas d'holocauste, qui ne m'honorent pas par des victimes, mais au contraire me peinent par leurs iniquités et me rendent victime de la dureté de leur âme, qui à mon amour qui pardonne répondent par une haine souterraine qui mine le terrain pour me faire tomber et pour pouvoir dire : "Vous voyez ? Il est tombé parce que Dieu l'a foudroyé".
Habitants de Béthsur, soyez forts. Aimez ma Parole parce qu'elle est vraie, et mon Signe parce qu'il est saint. Que le Seigneur soit toujours avec vous et que vous soyez avec les serviteurs du Seigneur, tous unis, pour que chacun de vous soit là où je vais et qu'il se fasse une éternelle demeure dans le Ciel, pour tous ceux qui, après avoir surmonté la tribulation et remporté la victoire, mourront dans le Seigneur et dans le Seigneur ressusciteront pour toujours !"
"Seigneur, mais qu'as-tu voulu dire ? Il y avait dans ton discours des cris de triomphe et des cris de douleur !" disent certains.
"Oui. Tu ressembles à quelqu'un qui se sait environné d'ennemis" disent d'autres.
"Et tu as l'air de dire que nous aussi le serons" disent d'autres.
"Qu'y a-t-il dans ton avenir, ô Seigneur ?" disent d'autres encore.
"La gloire !" dit Judas de Kériot.
"La mort !" soupire Élise en pleurant.
"La Rédemption. L'accomplissement de ma mission. Ne craignez pas. Ne pleurez pas. Aimez-moi. Je suis heureux d'être le Rédempteur. Viens, Élise. Allons à ta maison..." et il se met en tête pour s'y diriger en fendant la foule troublée par des émotions contraires.
"Mais pourquoi, Seigneur, toujours ces discours ?!" demande sur un ton de reproche Judas. Et il ajoute : "Ils ne sont pas d'un roi."
Jésus ne lui répond pas. Il répond par contre à son cousin Jacques qui Lui demande, avec des larmes qui brillent dans ses yeux : "Pourquoi, ô Frère, cites-tu toujours des passages du Livre dans tes adieux ?"
"Pour que ceux qui m'accusent ne disent pas que je délire et que je blasphème, et pour que ceux qui ne veulent pas se rendre à la réalité comprennent que depuis toujours la Révélation m'a montré comme le Roi d'un Royaume qui n'est pas humain, qui se dessine, se construit et se cimente par l'immolation de la Victime, de l'unique Victime qui peut recréer le Royaume des deux détruit par Satan et les premiers parents. L'orgueil, la haine, le mensonge, la luxure, la désobéissance, ont détruit. L'humilité, l'obéissance, l'amour, la pureté, le sacrifice, reconstruiront... Ne pleure pas, femme. Ceux que tu aimes et qui m'attendent soupirent après l'heure de mon immolation..."
Ils entrent dans la maison et pendant que les apôtres s'occupent à se reposer et à calmer leur faim, Jésus va dans le jardin rangé, fleuri, et, seul avec Élise, il l'écoute parler : "Maître, moi seule sais que Jeanne veut te parler en secret. Elle m'a envoyé Jonathas. Il m'a dit : "Pour des choses très graves". Même la fille que tu m'as donné - et que tu en sois béni - l'ignore. Jeanne a envoyé des serviteurs dans toutes les directions pour te chercher. Mais ils ne t'ont pas trouvé..."
"J'étais très loin et je serais allé encore plus loin si l'esprit ne m'avait pas poussé à revenir... Élise, tu vas venir avec Moi et le Zélote chez Jeanne. Les autres resteront ici pendant deux jours à se reposer et puis ils viendront à Béther. Tu reviendras avec Jonathas."
"Oui, mon Seigneur..." Élise le regarde, maternelle, elle le scrute... Elle ne peut retenir une parole : "Tu souffres ?"
Jésus hoche la tête sans dire vraiment non, mais avec un découragement visible.
"Je suis une mère... Tu es mon Dieu... mais... Oh ! mon Seigneur ! Que penses-tu que veuille Jeanne ? Tu as parlé de mort, et moi je l'ai compris parce qu'au Temple les jeunes filles lisaient beaucoup les Écritures qui parlent de Toi Sauveur, et je me souviens de ces paroles. Tu parlais de mort et ton visage resplendissait d'une joie céleste... Maintenant ton visage ne resplendit pas... Marie était pour moi comme une fille... et tu es son Fils... Aussi, si ce n'est pas péché de le dire, je te vois un peu comme mon fils... Ta Mère est au loin... Mais c'est une mère qui est à côté de Toi. Béni de Dieu, ne puis-je soulager ta peine ?"
"Déjà tu la soulages parce que tu m'aimes. Qu'est-ce je pense de ce que Jeanne doit me dire ? Ma vie est comme ce rosier. Les rosés c'est vous, bonnes disciples. Mais, les rosés enlevées, que reste-t-il ? Des épines..."
"Mais nous te resterons fidèles jusqu'à la mort."
"C'est vrai. Jusqu'à la mort ! Et le Père vous bénira pour le réconfort que vous me donnez. Entrons dans la maison.
Reposons-nous. Au crépuscule nous partirons pour Béther."
*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-088.htm
TOME : 6/88
Jésus en route..
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Alléluia
François_1 a écrit:Maud a écrit:Elle. Je lui ai rendu la vie, non pas dans ses entrailles mais dans son âme desséchée par le paganisme et par le péché,
Ce passage m'a rappelé mon ancienne vie sans Jésus. Moi aussi il m'a fait revivre.
Alléluia au Seigneur François!
C'est certain que cette oeuvre de Jésus Via M.Valtorta à d'autant plus de saveur et d'importance qu'on à vécu le salut et l'amour du Fils et Verbe de Dieu!
Alléluia!!
Sofoyal- Combat l'antechrist
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
À Béther
Jésus, suivi du Zélote qui conduit par la bride l'âne monté par Elise, frappe à la porte du gardien de Béther. Ils n'ont pas fait la même route que l'autre fois et ils sont arrivés aux possessions de Jeanne du petit village qui s'étale sur les pentes occidentales de la montagne sur laquelle s'élève le château.
Le gardien, qui reconnaît le Seigneur, s'empresse d'ouvrir toute grande la grille qui est à côté de sa petite maison et qui donne accès au jardin qui précède l'habitation. C'est le commencement de ce lieu de rêve que sont les jardins des roseraies de Jeanne. Une odeur pénétrante de roses fraîches et d'essence de rose flotte dans l'air chaud du crépuscule et, quand la brise du soir venant de l'orient passe en faisant onduler les rosiers en fleurs, le parfum se fait plus pénétrant, plus frais, plus vrai, car il provient des coteaux plantés de rosiers et il triomphe du lourd parfum d'essence qui sort d'un bas et large appentis appuyé contre le mur occidental de la propriété.
Le gardien explique : "Ma maîtresse est là. Chaque soir elle y vient à l'heure où se rassemblent ceux qui s'occupent de la cueillette et de l'essence. Elle leur parle, les interroge, les soigne, les réconforte. Oh ! Elle est bonne, notre maîtresse ! Elle l'a toujours été. Mais depuis qu'elle est ta disciple !... Maintenant je vais l'appeler. C'est une période de gros travaux et les cueilleurs habituels ne suffisent pas, bien que depuis Pâque il y a en plus de nouveaux serviteurs et de nouvelles servantes qu'elle a engagés. Attends-moi, Seigneur..."
"Non, j'y vais Moi. Que Dieu te bénisse et te donne la paix" dit Jésus en levant la main pour bénir le vieux gardien que jusqu'alors il a écouté patiemment. Et après l'avoir quitté, il s'en va vers le bas et large appentis.
Mais le bruit des pas sur la terre dure du sentier fait lever la tête à Mathias quelque peu curieux et, avec un cri, l'enfant se précipite dehors, les bras déjà ouverts et levés pour inviter à l'embrassement qu'il désire. "Il y a Jésus ! Il y a Jésus !" crie-t-il en courant. Et quand il est déjà dans les bras du Seigneur qui le baise, Jeanne s'avance au milieu de ses serviteurs.
"Le Seigneur !" crie-t-elle à son tour, et elle tombe à genoux pour le vénérer tout de suite de l'endroit où elle se trouve. Elle se prosterne et puis se relève, avec un visage que l'émotion colore d'une teinte pourpre semblable aux pétales d'une rosé épanouie. Puis elle vient vers Jésus et se prosterne encore pour baiser ses pieds.
"La paix à toi, Jeanne. Tu voulais me voir ? Je suis venu."
"Je voulais te voir... Oui, Seigneur..." Jeanne devient pâle et sérieuse. Jésus le remarque.
"Lève-toi, Jeanne. Chouza se porte bien?"
"Oui, mon Seigneur."
"Et la petite Marie, que je ne vois pas ici ?"
"Elle aussi, Seigneur... Elle est allée avec Esther apporter des remèdes à un serviteur malade."
"C'est pour ce serviteur que tu m'as appelé ?"
"Non, Seigneur... Pour... Toi." Jeanne, c'est bien visible, ne veut pas parler en présence de tous les gens qui les ont entourés.
Jésus le comprend et il dit : "C'est bien. Allons voir tes rosiers..."
"Tu dois être fatigué, Seigneur. Tu as besoin de manger... Tu as soif..."
"Non. Nous nous sommes arrêtés pendant les heures chaudes dans une maison des disciples des bergers. Je ne suis pas fatigué..."
"Alors allons... Jonathas, tu prépareras tout pour le Seigneur et pour ceux qui l'accompagnent... Descends, Mathias..." commande-t-elle à l'intendant qui se tient respectueusement près d'elle et à l'enfant qui s'est fait un nid dans les bras de Jésus et, caressant, tient sa petite tête brune dans le creux du cou de Jésus comme un tourtereau sous l'aile paternelle. L'enfant soupire de peine, pourtant il s'apprête à obéir.
Mais Jésus dit : "Non. Il va venir avec nous et ne nous dérangera pas. Ce sera le petit ange devant lequel il ne peut y avoir d'actes ou d'entretiens scandaleux, et qui empêchera le plus léger soupçon de naître dans les cœurs. Allons..."
"Maître, Élise et moi, nous entrons dans la maison ou bien nous veux-tu tout près ?" demande le Zélote.
"Allez, vous aussi."
Jeanne conduit Jésus par une large allée qui traverse le jardin. Ils se dirigent vers les roseraies qui descendent et remontent les versants opposés qui forment le domaine fleuri de la disciple. Et Jeanne continue. On dirait qu'elle veut vraiment s'isoler là où il n'y a que des rosiers et des arbres et des oiseaux dans les branches, qui se disputent une place pour dormir ou font un dernier tour à leurs nids.
Les roses, ce soir encore en boutons et qui demain épanouies tomberont sous les ciseaux, exhalent un puissant parfum avant de se reposer sous la rosée. Ils s'arrêtent dans une petite vallée entre deux replis de terrain sur lesquels forment de riants festons d'un côté des roses carnées et de l'autre des roses rouges comme des taches de sang en train de se coaguler. Il y a là un rocher qui peut servir de siège ou d'appui pour poser les paniers des cueilleurs. Il y a dans l'herbe et sur le rocher des roses et des pétales froissés qui témoignent du travail de la journée.
Jeanne, de sa main ornée de bagues, dégage le siège de ces débris et elle dit : "Assieds-toi, Maître. Je dois te parler... longuement."
Jésus s'assoit et Mathias se met à courir ça et là sur l'herbette jusqu'à ce qu'il s'intéresse grandement à la poursuite d'un gros crapaud venu prendre le frais dans la soirée, et il s'éloigne en criant et en sautant de joie, allant et venant derrière le pauvre crapaud, jusqu'à ce que le distraie le gîte d'un grillon dans lequel il se met à fouiller avec une petite brindille.
"Jeanne, je suis ici pour t'écouter... Tu ne parles pas ?" demande Jésus après un moment de silence et il cesse d'observer l'enfant pour regarder la disciple qui se tient debout devant Lui, sérieuse et silencieuse.
"Oui, Maître. Mais... c'est très difficile... et je crois que ce sera pénible à entendre..."
"Parle avec simplicité et confiance..."
Jeanne se laisse glisser sur l'herbe et à moitié assise sur les talons en contre bas par rapport à Jésus qui est assis sur le rocher, dans une pose austère et raide, distant comme homme plus que s'il était séparé par plusieurs mètres et de nombreux obstacles, mais voisin comme Dieu et Ami grâce à la bonté du regard et du sourire. Et Jeanne le regarde, le regarde dans la douceur du crépuscule d'un soir de mai. Enfin elle parle : "Mon Seigneur... avant de parler... j'ai besoin de t'interroger... de connaître ta pensée... de comprendre si je me suis trompée sur le sens de tes paroles... Je suis une femme, une sotte femme... peut-être ai-je rêvé... et que maintenant seulement je me rends compte... des choses comme tu les as dites, comme tu les as préparées, comme tu les veux pour ton Royaume... Peut-être Chouza a-t-il raison et moi tort..."
"Chouza t'a fait des reproches ?"
"Oui et non, Seigneur. Il m'a seulement dit. au nom de sa puissance maritale, que s'il en est comme les derniers faits le font penser, je dois te quitter car lui, dignitaire d'Hérode, ne peut permettre que son épouse conspire contre Hérode."
"Et quand donc as-tu été conspiratrice ? Qui pense à faire du tort à Hérode? Son pauvre trône si dégoûtant ne vaut pas ce siège au milieu des rosiers. Je m'assois ici, mais je ne m'assoirais pas sur son siège. Que Chouza se rassure! Ni le trône d'Hérode, ni même celui de César ne me font envie. Ce ne sont pas mes trônes et ce ne sont pas mes royaumes."
"Oh ! Oui, Seigneur ?! Béni que tu es ! Quelle paix tu me donnes ! Cela fait des jours que j'en souffre ! Mon Maître, saint et divin, mon cher Maître, mon Maître de toujours, tel que je t'ai compris, vu, aimé, tel que je t'ai cru. si élevé, si élevé au-dessus de la Terre, si... si divin, ô mon Seigneur et Roi céleste !" et Jeanne, ayant pris la main de Jésus, en baise respectueusement le dos, en restant à genoux comme en adoration.
"Mais qu'est-il donc arrivé ? Une chose que j'ignore, capable de te troubler ainsi, de brouiller en toi la limpidité de ma figure morale et spirituelle ? Parle !"
"Quoi ? Maître, les fumées de l'erreur, de l'orgueil, de la cupidité, de l'entêtement se sont élevées comme de puants cratères et ont embrouillé ton image dans la pensée de certains, de certaines... et ont essayé de faire la même chose en moi. Mais moi, je suis ta Jeanne, ta grâce, ô Dieu ! Et je ne me serais pas perdue. Au moins je l'espère, sachant combien Dieu est bon. Mais celui qui n'est qu'un embryon d'âme qui lutte pour se former, peut bien mourir à cause d'une déception. Mais celui qui n'est que quelqu'un qui d'une mer fangeuse, troublée par des courants violents, essaie de gagner le rivage, le port, de se purifier, de connaître d'autres lieux de paix, de justice, peut bien être vaincu par la fatigue s'il perd la confiance en ce rivage, en ces lieux, et se laisser reprendre par les courants, par la fange. Et moi j'étais affligée, torturée, par cette ruine des âmes, pour lesquelles j'implore Lumière. Les âmes que nous formons pour la Lumière éternelle nous sont encore plus chères que les corps auxquels nous donnons la lumière terrestre. Maintenant je comprends ce que c'est que d'être mère d'une chair et d'être mère d'une âme. On pleure pour notre petit enfant qui est mort, mais c'est seulement notre douleur. Pour un esprit que nous avons essayé de faire grandir dans ta Lumière et qui meurt, nous ne souffrons pas pour nous seuls. Mais avec Toi, avec Dieu... car notre Douleur pour la mort spirituelle d'une âme est aussi ta douleur, une infinie douleur de Dieu... Je ne sais pas si je m'explique bien..."
"Oh ! très bien. Mais fais un récit ordonné, si tu veux que je te console."
"Oui, Maître. Tu as envoyé à Béthanie Simon le Zélote et Judas de Kériot, n'est-ce pas ? Pour cette jeune fille hébraïque que les romaines t'ont donnée et que tu as envoyée à Nike..."
"Oui ! Eh bien ?..."
"Elle a voulu saluer ses bonnes maîtresses et Simon et Judas l'ont accompagnée à l'Antonia. Tu le sais ?"
"Je le sais. Eh bien ?"
"Maître... je dois te donner une douleur... Maître, tu n'es vraiment qu'un Roi de l'esprit ? Tu ne penses pas à des royaumes terrestres?"
"Mais non, Jeanne! Comment peux-tu encore le penser ?"
"Maître pour avoir la joie de te voir une fois de plus divin, seulement divin. Mais précisément parce que tu es tel, je dois te causer une douleur... Maître, l'homme de Kériot ne te comprend pas, et il ne comprend pas celle qui te respecte comme un sage, comme un grand philosophe, comme une Vertu sur la Terre, mais t'admire seulement pour cela et pour cela se fait ta protectrice. C'est étrange que des païennes comprennent ce que ne comprend pas un de tes apôtres, après avoir été si longtemps avec Toi..."
"Il est aveuglé par l'humanité, l'amour humain."
"Tu l'excuses... Mais il te nuit, Maître. Pendant que Simon parlait avec Plautina, Lidia et Valeria, Judas a parlé avec Claudia en ton nom, comme ton ambassadeur. Il voulait lui arracher des promesses pour une restauration du royaume d'Israël. Claudia l'a longuement interrogé... Lui a beaucoup parlé. Il pense certainement être au seuil de son rêve fou, là où le rêve se change en réalité. Maître. Claudia en est indignée. C'est une fille de Rome... Elle a l'empire dans le sang... Comment veux-tu qu'elle, justement elle, la fille de la gens Claudia, marche contre Rome ? Elle en a été si profondément choquée qu'elle a douté de Toi et de la sainteté de ta doctrine. Elle ne peut encore concevoir, comprendre la sainteté de ton Origine... Mais elle y arrivera parce qu'elle a bonne volonté. Elle y arrivera quand elle se sera rassurée sur ton compte. Pour l'instant tu lui parais un rebelle, un usurpateur, avide, faux... Plautina et les autres ont essayé de la rassurer... Mais elle veut de Toi une réponse immédiate."
"Dis-lui qu'elle ne craigne pas. Je suis le Roi des rois, Celui qui les crée et qui les juge, mais je n'aurai pas d'autre trône que celui de l'Agneau, d'abord immolé, ensuite triomphant au Ciel. Fais-le-lui savoir sans tarder."
"Oui Maître, je vais y aller personnellement. Avant qu'elles ne quittent Jérusalem, car Claudia est tellement indignée qu'elle ne reste pas davantage à l'Antonia... pour ne pas... voir les ennemis de Rome, dit-elle."
"Qui t'a dit cela ?"
"Plautina et Lidia. Elles sont venues... et Chouza était présent... et depuis... il m'a posé le dilemme. Ou bien tu es le Messie spirituel, ou bien je te quitte pour toujours."
Jésus a un sourire lassé sur son visage qui a pâli de douleur au récit de Jeanne, et il dit : "Chouza ne vient-il pas ici ?"
"Demain c'est le sabbat et il y sera."
"Et Moi je le rassurerai. Ne crains pas. Que personne ne craigne. Ni Chouza pour sa place à la Cour, ni Hérode pour d'éventuelles usurpations, ni Claudia pour l'amour de Rome, ni toi par la crainte de t'être trompée, de pouvoir être séparée... Que personne ne craigne... Moi seul je dois craindre... et souffrir..."
"Maître, cette douleur, je n'aurais pas voulu te la donner. Mais le silence aurait été une tromperie... Maître, comment te comporteras-tu avec Judas ?... J'ai peur de ses réactions... pour Toi, toujours pour Toi..."
"Avec vérité. Je lui ferai comprendre que je sais et que je désapprouve son acte et son obstination."
"Il me haïra car il comprendra que c'est par moi que tu sais..."
"Tu en souffres ?"
"Ta haine serait pour moi une douleur. Pas la sienne. Je suis une femme, mais plus virile que lui à ton service. Je te sers parce que je t'aime, non pour avoir des honneurs de Toi. Si demain, à cause de Toi, je perdais les richesses, l'amour de mon époux et même la liberté et la vie, je t'aimerais davantage parce que, alors, je n'aurais que Toi à aimer et pour m'aimer" dit Jeanne impétueusement en se levant.
Jésus aussi se lève et il dit : "Sois bénie, Jeanne, pour cette parole. Et reste en paix. Ni la haine ni l'amour de Judas ne peuvent changer ce qui est écrit dans le Ciel. Ma mission sera accomplie comme c'est décidé. N'aie pas de remords, jamais. Sois tranquille comme le petit Mathias qui, après avoir travaillé à faire une maison selon lui plus belle à son grillon, s'est endormi le front sur des pétales de roses et qui sourit... en croyant l'avoir sur les roses. Car la vie est belle quand on est innocent. Moi aussi je souris, même si ma vie humaine n'a pas de fleurs mais des pétales effeuillés, fanés. Mais au Ciel j'aurai toutes les roses de ceux qui sont sauvés... Viens. La nuit tombe. Bientôt nous n'allons plus voir le sentier."
Jeanne va prendre l'enfant dans ses bras.
"Laisse... Je le prends. Regarde comme il sourit ! Certainement il rêve au Ciel, à sa maman. Et toi... Moi aussi, dans mes peines de toutes les heures, je rêve au Ciel, à Maman et aux bonnes disciples."
Et lentement ils se dirigent vers la maison...
*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-089.htm
TOME: 6/89
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Jeanne de Chouza
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Jésus avec Pierre et Barthélemy à Béther
Jésus se promène à travers les bosquets de roses où s'active le travail des cueilleurs. Il trouve ainsi le moyen de parler avec tel ou tel et aussi avec la veuve et ses enfants, que Jeanne par amour pour Lui a prise comme servante à Pâque, après le banquet des pauvres. Ils ne semblent plus les mêmes. Refleuris, sereins, ils accomplissent joyeusement leur travail chacun selon ses capacités et les plus petits, qui ne savent pas encore distinguer une rose d'une autre pour la fraîcheur ou la couleur, pour le triage, jouent avec d'autres petits dans des endroits plus tranquilles et leurs cris d'oisillons humains se confondent avec ceux des oiseaux qui pépient dans le feuillage des arbres pour saluer leurs parents qui reviennent avec la becquée.
Jésus se dirige vers ces petits oisillons humains et il se penche, s'intéresse, caresse, apaise les petites disputes, relève ceux qui sont tombés et qui pleurnichent, souillés de terre, le front ou les menottes égratignées par le sol. Et les pleurs, les rixes, les jalousies s'arrêtent sur le coup sous la caresse et la parole de l'Innocent aux innocents, elles se changent en offrande de l'objet de la contestation ou de la chute du carabe doré, du caillou coloré ou brillant, de la fleur cueillie... Jésus en a les mains et la ceinture pleines, et il ne se fait pas voir quand il dépose les carabes ou les coccinelles sur les feuillages pour les rendre à la liberté. Combien de fois j'ai remarqué le tact parfait de Jésus même avec les tout petits, pour ne pas les mortifier, pour ne pas les décevoir ! Il a l'art et le charme de savoir les rendre meilleurs et de se faire aimer avec des riens, en apparence, qui en réalité sont des perfections d'un amour adapté à la petitesse de l'enfant...
Voici que je vois s'avancer d'un pas rapide, au point que ses vêtements s'agitent comme une voile remuée par le vent, Pierre, suivi de Barthélemy qui marche plus lentement.
Il arrive derrière le Maître penché sur des bébés qu'il caresse, certainement des enfants des cueilleuses, installés sur des paillasses à l'ombre des arbres. « Maître ! »
« Simon, comment donc es-tu ici ? Et toi, Barthélemy ? Vous deviez partir demain soir après le crépuscule du sabbat... »
« Maître, ne nous fais pas de reproches... Écoute-nous d'abord. »
« Je vous écoute. Et je ne vous fais pas de reproches, car je pense que c'est pour un motif grave que vous avez désobéi. Donnez-moi seulement l'assurance que personne de vous n'est malade ou blessé. »
« Non, non, Seigneur, aucun mal n'est arrivé » s'empresse de dire Barthélemy. Mais Pierre, sincère et toujours impétueux dit : « Hum ! Moi, je dis qu'il vaudrait mieux que nous avions tous les jambes cassées, et même la tête, plutôt que... »
« Qu'est-il arrivé alors ? »
« Maître, nous avons pensé qu'il valait mieux venir pour mettre fin à... » est en train de dire Barthélemy, quand Pierre l'interrompt : « Mais dépêche-toi de le dire ! » Et il termine : « Judas est devenu un démon depuis que tu es parti. On ne pouvait plus parler, plus discuter. Il querelle tout le monde... Et il a scandalisé tous les serviteurs d'Élise et d'autres encore... »
« Peut-être est-il devenu jaloux parce que tu as pris Simon avec Toi... » dit Barthélemy pour l'excuser en voyant que le visage de Jésus devient très sévère.
« Bien sûr, de la jalousie ! Vas-tu finir de l'excuser !... Ou bien je me querelle avec toi pour me défouler de n'avoir pu le quereller... Parce que, Maître, j'ai réussi à me taire ! Pense donc, à me taire ! Justement par obéissance et par amour pour Toi... Mais quel mal pour y arriver ! Bon ! A un moment que Judas s'est éloigné en claquant les portes, nous nous sommes consultés... Et nous avons pensé qu'il valait mieux partir pour mettre fin au scandale à Béthsur et... éviter de... de le gifler... Et je suis parti tout de suite avec Barthélemy. J'ai prié les autres qu'ils me laissent partir sans tarder avant son retour... car... car je sentais que je ne me serais plus contenu... Voilà. J'ai parlé. Maintenant fais-moi des reproches s'il te paraît que je me suis trompé. »
« Tu as bien fait. Vous avez tous bien fait. »
« Même Judas ? Ah ! non, mon Seigneur ! Ne dis pas cela ! Il a donné un indigne spectacle ! »
« Non. Lui n'a pas bien agi. Mais toi, ne le juge pas. »
« ...Non, Seigneur... » Le "non" a du mal à sortir. Un silence. Puis Pierre demande : « Mais au moins, dis-moi pourquoi Judas est devenu ainsi tout d'un coup ? Il paraissait devenu si bon ! On était si bien ! J'avais fait des prières et des sacrifices pour que cela dure... Car je ne peux pas te voir affligé. Et tu es affligé quand nous agissons mal... Et depuis les Encénies je sais que même le sacrifice d'une cuillerée de miel a de la valeur... Il a fallu que me l'enseigne un disciple, le plus petit des disciples, un pauvre enfant, cette vérité, à moi, ton sot apôtre. Mais je ne l'ai pas négligée, car j'en ai vu le fruit. Car j'ai compris, moi aussi, tête dure, quelque chose grâce à la lumière de la Sagesse qui s'est penchée avec bonté sur moi, qui est descendue jusqu'à moi, le grossier pêcheur, l'homme pécheur.
J'ai compris qu'il ne faut pas seulement t'aimer en paroles mais en te sauvant les âmes par le sacrifice. Pour te donner une joie. Pour ne pas te voir comme tu es maintenant, comme tu étais au mois de Scebat.[1] Si pâle et si affligé, mon Maître et Seigneur que nous ne sommes pas dignes d'avoir, nous qui ne te comprenons pas, nous vers de terre près de Toi, Fils de Dieu, nous fange près de Toi, Etoile, nous ténèbres près de Toi, Lumière. Mais cela n'a servi à rien ! A rien ! C'est vrai. Mes pauvres offrandes... si pauvres... si mal faites... A quoi devaient-elles servir ? J'ai été orgueilleux en croyant qu'elles pouvaient servir... Pardonne-moi. Mais je t'ai donné ce que j'avais. Je me suis offert pour te donner tout ce que j'ai Et je croyais être justifié, parce que je t'ai aimé. ô mon Dieu, avec tout moi-même, avec tout mon cœur, avec toute mon âme, avec toutes mes forces, comme il est dit. Et maintenant je comprends cela aussi et je le dis, moi comme le dit toujours Jean. notre ange et je te prie (et il s'agenouille aux pieds de Jésus) d'augmenter ton amour en ton pauvre Simon, pour augmenter mon amour pour Toi, ô mon Dieu. » Et Pierre se courbe pour baiser les pieds de Jésus et reste ainsi. Barthélemy qui a écouté, l'admirant et l'approuvant, l'imite.
« Levez-vous, amis. Mon amour ne cesse de grandir en vous et il grandira de plus en plus. Et soyez bénis pour le cœur que vous avez. Quand les autres vont-ils venir ? »
« Avant le crépuscule. »
« C'est bien. Jeanne aussi, avec Élise et Chouza, reviendra avant le crépuscule. Nous passerons le sabbat ici et puis nous partirons. »
« Oui Seigneur. Mais pourquoi Jeanne t'a-t-elle appelé d'une manière si pressante ? Ne pouvait-elle pas attendre ? Il était décidé que l'on venait ici ! Par son imprudence elle a été cause de toute cette histoire !... »
« Ne lui fais pas de reproches, Simon de Jonas. Elle a agi avec prudence et amour. Elle m'a appelé parce qu'il y avait des âmes dont il fallait raffermir la bonne volonté. »
« Ah ! Alors je ne parle plus... Mais, Seigneur, pourquoi Judas a-t-il ainsi changé ? »
« N'y pense pas ! N'y pense pas ! Jouis de cet Eden tout fleuri et paisible. Jouis de ton Seigneur. Laisse et oublie l'humanité sous ses pires formes, dans les assauts qu'elle livre à l'esprit de ton pauvre compagnon. Rappelle-toi seulement de prier pour lui, beaucoup beaucoup. Venez. Allons trouver ces petits qui nous regardent étonnés. Je leur parlais de Dieu, il y a un instant, d'âme a âme avec amour, et aux plus grands avec les beautés de Dieu... »
Et il prend par la taille ses deux apôtres tout en se dirigeant vers un groupe d'enfants qui l'attendent.
*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-090.htm
TOME : 6/90
Barthélémy
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Maud a écrit:« Ah ! Alors je ne parle plus... Mais, Seigneur, pourquoi Judas a-t-il ainsi changé ? »
« N'y pense pas ! N'y pense pas ! Jouis de cet Eden tout fleuri et paisible. Jouis de ton Seigneur. Laisse et oublie l'humanité sous ses pires formes, dans les assauts qu'elle livre à l'esprit de ton pauvre compagnon. Rappelle-toi seulement de prier pour lui, beaucoup beaucoup.
On dirait bien que les prières n'ont pas suffit à sauver Judas. J'imagine qu'il manquait de bonne volonté. Aide-toi et le Ciel t'aidera comme on dit.
Merci de me faire découvrir cette œuvre Maud. J'avais des doutes au départ mais en la lisant je crois de plus en plus qu'elle vient du Seigneur.
Francois
François_1- Contre le nouvel ordre mondial
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Merci de me faire découvrir cette œuvre Maud. J'avais des doutes au départ mais en la lisant je crois de plus en plus qu'elle vient du Seigneur.
Merci François
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Adieu à Béther
Je ne sais pas comment je vais faire pour écrire, à bout de forces comme je suis par suite de continuelles crises cardiaques de jour et de nuit... Mais je vois et je dois écrire.
Je vois Jésus devant le palais de Jeanne à Béther. A cet endroit le jardin qui précède la maison s'élargit, en faisant deux ailes qui l'encerclent, formant ainsi une petite place semi-circulaire, sans arbres au milieu, entourée d'arbres très élevés et très vieux. Leur feuillage touffu frissonne sous la brise qui souffle sur le sommet de la colline et ils projettent une ombre favorable pour protéger du soleil quand il est à l'occident. Sous les arbres une haie de roses décrit un demi-cercle coloré et parfumé au bord de l'esplanade. C'est le crépuscule. En effet, à cause de la position élevée du château, on voit nettement que le soleil est descendu d'un arc important de son orbite sur l'horizon, et qu'il va se coucher derrière les montagnes qui sont à l'occident. André les montre à Philippe en rappelant la peur qu'ils ont éprouvée, là-bas à Bétginna, de devoir annoncer le Seigneur. On comprend que c'est sur ces montagnes que se trouve Bétginna où le Seigneur, il y a un an, guérit la fille de l'hôtelier, au commencement de sa pérégrination vers les rivages de la Méditerranée, si j'ai bon souvenir. Je suis seule, je ne puis me faire donner les fascicules des mois écoulés pour vérifier, et ma tête n'arrive pas à se rappeler.
Les apôtres sont tous présents. Je ne sais pas comment s'est passée la rencontre de Jésus avec Judas. En apparence il semble pour le mieux, en effet son visage ne trahit pas de réserve ni d'altération et Judas est désinvolte, gai, comme si de rien n'était. C'est au point qu'il est tout à fait aimable même avec les serviteurs les plus humbles, chose qui ne lui arrive pas facilement et qui disparaît complètement quand il est fâché.
Il y a encore Élise et, certainement venue avec les apôtres et la servante d'Élise, il y a Anastasica. Il y a aussi Chouza tout obséquieux et qui tient Mathias par la main; et Jeanne près d'Élise avec la petite Marie à son côté. Jonathas est en arrière de sa maîtresse.
Jésus est abrité du soleil, qui encore tape dur sur la façade occidentale, par une toile tendue au moyen de cordes et de poteaux, comme un baldaquin. En face de Lui sont tous les serviteurs et jardiniers de Béther et non seulement ceux qui sont au service habituel de la propriété, mais aussi les auxiliaires venus du village qui dépend du château. Ils sont à l'ombre du demi-cercle, abrités du soleil par le feuillage des arbres, silencieux, en rangs, attendant la bénédiction de Jésus qui semble prêt à partir attendant seulement que le crépuscule marque la fin du sabbat.
Jésus est maintenant un peu à part, en train de parler avec Chouza. Je ne sais pas ce qu'ils disent car ils parlent à voix basse, mais je vois que Chouza se confond en inclinations et en protestations, en mettant sa main droite sur sa poitrine comme pour dire : « Sur ma parole, tu peux être sûr que pour mon compte » et cætera.
Les apôtres par discrétion se sont groupés dans un coin. Mais personne ne peut les empêcher d'observer. Sur le visage de Pierre et de Barthélemy c'est le simple regard de quelqu'un qui sait un peu de quoi il s'agit. Sur le visage des autres, sauf de Judas, il y a de la crainte, une expression pénible spécialement sur les visages de Jacques d'Alphée, de Jean, de Simon et d'André alors que Jude d'Alphée paraît inquiet et sévère; et que Judas qui veut paraître désinvolte, regarde plus attentivement que tous et semble vouloir déchiffrer, d'après les gestes et le mouvement des lèvres, ce que disent Jésus et Chouza.
Les femmes disciples, silencieuses, respectueuses, observent elles aussi. Jeanne esquisse un sourire involontaire, un peu ironique dans sa tristesse, et elle semble avoir pitié de son époux quand Chouza, élevant la voix à la fin de l'entretien, proclame : « Ma dette de reconnaissance est telle qu'en aucune manière je ne pourrai jamais m'en acquitter. Aussi je t'accorde tout ce que j'ai de plus cher : ma Jeanne... Mais tu dois comprendre mon prévoyant amour pour elle... L'indignation d'Hérode... sa légitime défense... auraient éclaté en représailles sur nos biens, sur... sur notre influence... et Jeanne est habituée à ces choses, elle est délicate... elle en a besoin... Je veille sur ses intérêts. Mais je te jure, maintenant que je suis sûr qu'Hérode n'aura pas à s'indigner contre moi, comme d'un serviteur complice de son ennemi, que je ne ferai que te servir avec une joie complète, en accordant à Jeanne toute liberté... »
« C'est bien. Mais rappelle-toi que troquer les biens éternels contre un honneur humain temporel c'est comme troquer le droit d'aînesse contre un plat de lentilles. Et bien pire encore... »
Les paroles ont été entendues par les femmes disciples, mais aussi par les apôtres. A la plupart elles ont fait l'effet d'un discours académique, mais Judas de Kériot y a trouvé une intonation spéciale et il change de couleur et de physionomie en jetant un regard à la fois effrayé et irrité sur Jeanne... Je comprends que jusqu'à présent Jésus ne lui a pas parlé de ce qui est arrivé et que seulement maintenant Judas commence à soupçonner que son jeu est découvert.
Jésus s'adresse à Jeanne en lui disant : « Eh bien, maintenant faisons plaisir à la bonne disciple. Comme tu l'as désiré, je parlerai à tes serviteurs avant de partir. »
Il s'avance jusqu'à la limite de l'ombre qui s'allonge de plus en plus à mesure que le soleil descend. Il descend lentement et il ressemble déjà à une orange coupée à sa base et la coupure s'élargit alors que l'astre descend derrière les montagnes de Bétginna en laissant une rougeur de feu sur le ciel clair.
« Chers amis Chouza et Jeanne, et vous, leurs bons serviteurs qui connaissez déjà le Seigneur grâce à mon disciple Jonathas depuis de longues années, et grâce à Jeanne depuis qu'elle est ma disciple fidèle, écoutez.
J'ai fait mes adieux à tous les villages de Judée, où j'ai des disciples plus nombreux, grâce au travail des premiers disciples, les bergers, et à cause de la manière dont ils ont répondu au Verbe qui est passé en instruisant pour sauver. Maintenant je prends congé de vous, car jamais plus je ne reviendrai dans cet Eden si beau. Mais sa beauté ne lui vient pas seulement des rosiers et de la paix qui y règne, pas seulement de la bonne maîtresse qui en est la reine, mais de ce qu'ici on croit au Seigneur et qu'on vit selon sa Parole. Un paradis ! Oui. Qu'était le paradis d'Adam et d'Eve ? Un splendide jardin où on vivait sans pécher et où retentissait la voix de Dieu, aimée, accueillie avec joie par ses deux premiers enfants...
Eh bien, je vous exhorte à veiller pour que n'arrive pas ce qui est survenu dans l'Eden: que ne s'y insinue pas le serpent du mensonge, de la calomnie, du péché, pour qu'il ne morde pas votre cœur en vous séparant de Dieu. Veillez et restez fermes dans la Foi... Ne vous agitez pas. Ne faites pas des actes d'incrédulité. Cela pourrait arriver parce que le Maudit entrera, essaiera d'entrer, partout, comme il est déjà entré en beaucoup d'endroits pour détruire l’œuvre de Dieu. Et tant qu'il entre dans l'endroit, le Subtil, l'Astucieux, l'Infatigable, et qu'il scrute et qu'il prête l'oreille, dresse des embûches, bave, tente de séduire, il y a encore peu de mal. Rien ni personne ne peut l'empêcher de le faire. Il l'a fait au Paradis Terrestre...
Mais le plus grand mal c'est de le laisser séjourner sans le chasser. L'ennemi que l'on ne chasse pas finit par devenir le maître de l'endroit car il s'y installe et y construit ses repaires et ses citadelles. Donnez-lui tout de suite la chasse, mettez-le en fuite avec l'arme de la Foi, de la Charité, de l'Espérance dans le Seigneur. Mais le plus grand mal, le mal suprême, ensuite, c'est quand non seulement on le laisse vivre tranquillement parmi les hommes, mais quand on le laisse pénétrer de l'extérieur à l'intérieur, et qu'on le laisse se faire un nid dans le cœur de l'homme. Oh ! alors !! Et pourtant déjà beaucoup d'hommes l'ont accueilli dans leur cœur pour faire échec au Christ.
Ils ont accueilli Satan avec ses mauvaises passions en chassant le Christ. Et si encore ils n'avaient pas connu le Christ dans la vérité, si leur connaissance avait été superficielle, comme on se connaît entre voyageurs en se rencontrant par hasard sur une route, en ne se regardant souvent qu'un instant, en inconnus qui se voient pour la première et la dernière fois, parfois pour échanger seulement quelques mots pour s'enquérir du bon chemin, pour demander une pincée de sel, pour demander le briquet pour allumer le feu ou le couteau pour préparer la viande, s'il en avait été ainsi de la connaissance du Christ dans des cœurs qui maintenant, et davantage demain, de plus en plus, chassent le Christ pour faire place à Satan, on pourrait encore avoir pitié d'eux et les traiter avec miséricorde parce qu'ils ignorent le Christ.
Mais malheur à ceux qui me connaissent pour ce que je suis. réellement, qui se sont nourris de ma parole et de mon amour et maintenant me chassent pour accueillir Satan qui les séduit par des promesses trompeuses de triomphes humains dont la réalité sera l'éternelle damnation.
Vous, vous qui êtes humbles et ne rêvez pas aux trônes ni aux couronnes, vous qui ne cherchez pas les gloires humaines, mais la paix et le triomphe de Dieu, son Royaume, son amour, la vie éternelle, et cela seulement, ne les imitez jamais. Veillez ! Veillez ! Gardez-vous purs de toute corruption, forts contre les insinuations, contre les menaces, contre tout. »
Judas, qui a compris que Jésus sait quelque chose, est devenu un masque terreux. Ses yeux dardent des éclairs mauvais sur le Maître et Jeanne... Il se retire derrière ses compagnons, comme pour s'appuyer au mur. En réalité il le fait pour cacher son désappointement.
Jésus continue après une brève interruption qui semble destinée à séparer la première partie de son instruction de la seconde.
Il dit : « Il fut un temps où le jezraélite Naboth avait une vigne près du palais d'Achab, roi de Samarie. C'était une vigne de ses pères, très chère par conséquent à son cœur, quasi sacrée pour lui car c'était l'héritage que lui avait laissé son père, après l'avoir hérité à son tour de son propre père, et ce dernier du sien, et ainsi de suite. Des générations d'ancêtres avaient sué dans cette vigne pour la rendre toujours plus florissante et plus belle. Naboth l'aimait beaucoup. Achab lui dit : "Cède-moi ta vigne qui touche ma maison et me sera donc très utile pour en faire un jardin pour moi et pour ceux qui sont avec moi. En échange, je te donnerai une vigne meilleure, ou de l'argent si tu préfères". Mais Naboth répondit : "Je regrette de te déplaire, ô roi, mais je ne peux te faire ce plaisir. Cette vigne est un héritage de mes pères et elle est sacrée pour moi. Dieu me garde de te céder l'héritage de mes pères".
Méditons cette réponse. Trop peu la méditent, trop peu en Israël. Beaucoup, la plupart, ceux dont j'ai parlé d'abord, chassent facilement le Christ pour accueillir Satan, sans respect pour l'héritage des pères, pourvu qu'ils aient beaucoup d'argent ou beaucoup de terrain, c'est-à-dire beaucoup d'honneurs et l'assurance de n'être pas supplantés facilement, ils consentent à céder l'héritage des pères, c'est-à-dire l'idée messianique pour ce qu'elle est en vérité, ainsi qu'elle a été révélée aux saints d'Israël et qui devrait être sacrée dans ses plus petits détails, pas négligée, pas altérée, pas rabaissée par des limitations humaines. Combien, combien, combien troquent la lumineuse idée messianique, toute sainte et toute spirituelle, contre un fantoche de royauté humaine agité comme un épouvantail pour contrer, pour blasphémer les autorités et la vérité !
Moi, qui suis Miséricorde, je n'arrive pas à les maudire par les terribles malédictions de Moïse aux transgresseurs de la Loi. Mais derrière la Miséricorde il y a la Justice. Que chacun s'en souvienne !
Moi, pour mon compte, je leur rappelle - et s'il y a quelqu'un d'eux parmi ceux qui sont ici, qu'il reçoive de bonne grâce l'avertissement - je rappelle d'autres paroles de Moïse dites à ceux qui voulaient être plus que ce que Dieu avait fixé pour eux. Moïse dit à Coré, Dathan et Abiron, qui se disaient égaux à Moïse et Aaron et qui se révoltaient de n'être que des fils de Lévi dans le peuple d'Israël : "Demain le Seigneur fera connaître qui Lui appartient et II fera approcher de Lui les saints, ceux qu'il aura choisis s'approcheront de Lui. Mettez du feu dans vos encensoirs et sur le feu de l'encens en présence du Seigneur, et venez vous et les vôtres avec Aaron. Et nous verrons qui le Seigneur choisit. Vous vous élevez un peu trop, fils de Lévi !"
Vous, bons Israélites, vous savez quelle fut la réponse de Dieu à ceux qui voulaient s'élever un peu trop, en oubliant que Dieu choisit les places de ses fils, et choisit, et choisit avec justice, et choisit avec exactitude. Moi aussi, je dois dire : "Il y en a certains qui veulent s'élever un peu trop et seront punis de façon que les bons comprendront qu'eux ont blasphémé le Seigneur".
Ceux qui troquent l'idée messianique, telle que l'a révélée le Très-Haut, contre leur pauvre idée, humaine, lourde, bornée, vindicative, ne sont-ils pas semblables à ceux qui voulaient juger le saint qui était en Moïse et Aaron ? Ceux qui pour atteindre leur but, la réalisation de leur pauvre idée, veulent d'eux-mêmes prendre des initiatives, par orgueil en les disant plus justes que celles de Dieu, ne vous semble-t-il pas qu'ils veulent trop s'élever et de race de Lévi devenir illégalement race d'Aaron ? Ceux qui rêvent d'un pauvre roi d'Israël et le préfèrent au Roi des rois spirituel, ceux qui, à cause de leurs pupilles malades sécrètent l'orgueil et la cupidité qui leur donnent une image déformée des vérités éternelles écrites dans les livres saints, et auxquels la fièvre d'une humanité pleine de désirs charnels rend incompréhensibles les paroles claires de la Vérité révélée, ne sont-ils pas peut-être ceux qui troquent contre un rien sans valeur l'héritage de toute leur race ? L'héritage le plus sacré ?
Mais si eux le font, Moi, je ne troquerai pas l'héritage du Père et des pères et je mourrai fidèle à cette promesse qui vit depuis le moment où la Rédemption fut nécessaire, à cette obéissance qui est de toujours, car je n'ai jamais déçu mon Père et jamais ne le décevrai par la crainte d'une mort si horrible qu'elle soit. Qu'ils procurent, mes ennemis, les faux témoins, qu'ils feignent le zèle et des pratiques parfaites, cela ne changera rien à leur crime et à ma sainteté. Mais celui et ceux qui seront ses complices après l'avoir corrompu, croiront pouvoir étendre la main sur ce qui est a Moi, trouveront les chiens et les vautours qui se repaîtront de leur sang, de leur corps sur la Terre, et les démons qui se repaîtront de leur esprit sacrilège, sacrilège et déicide, dans l'Enfer.
Je vous ai dit cela pour que vous le sachiez. Pour que chacun le sache. Pour que celui qui est mauvais puisse se repentir, pendant qu'il peut encore le faire en imitant Achab. et pour que celui qui est bon ne soit pas troublé à l'heure des ténèbres.
O fils de Béther, adieu. Que le Dieu d'Israël soit toujours avec vous et que la Rédemption fasse descendre sa rosée sur un champ qui est pur pour qu'y germent toutes les semences répandues dans vos cœurs par le Maître qui vous a aimés jusqu'à la mort. »
Jésus les bénit et les regarde s'en aller lentement. Le crépuscule est arrivé. Seule une coloration rouge, qui se dégrade lentement en une couleur violacée, reste comme simple souvenir du soleil. Le repos sabbatique est fini. Jésus peut partir. Il embrasse les petits, salue les femmes disciples, salue Chouza. Et sur le seuil du portail, il se retourne encore et dit à haute voix, de manière que tous entendent : « Je parlerai, quand je pourrai le faire, à ces créatures. Mais toi, Jeanne, veille à leur faire savoir qu'en Moi il n'y a que l'ennemi de la Faute et le Roi de l'esprit. Et souviens-t-en, toi aussi, Chouza. Et ne crains pas. Personne n'a à craindre de Moi. Pas même les pécheurs puisque je suis le Salut. Seuls les impénitents jusqu'à la mort auront à craindre du Christ qui sera le Juge après avoir été le Tout Amour...
La paix soit avec vous » et il sort en tête et commence la descente...
*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-091.htm
TOME : 6/91
https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t18376-oeuvre-de-maria-valtorta-presentation-des-disciples-de-jesus
Judée
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Lutte et victoire spirituelle de Simon de Jonas
Je puis te contempler, mon Seigneur, pendant que tu descends par des chemins rapides vers une fertile vallée en laissant derrière Toi le château de Béther, encore lumineux dans le jour qui meurt là-haut, au sommet de sa colline fleurie... Laissant là-haut l'amour des femmes disciples, des petits, des humbles, et descendant vers les routes qui vont à Jérusalem, vers le monde… vers le bas... Et elles ne sont pas seulement plus obscures que les sommets parce que ce sont des "vallées" et que par conséquent le soleil, la lumière les a quittées depuis un moment, mais parce que surtout en bas, dans le monde, il y a l'embuscade, il y a la haine, il y a tant de mal qui t'attendent, mon Seigneur...
Jésus est tout à fait en tête. Forme blanche et silencieuse qui avance, majestueuse même en descendant par des sentiers malaisés et irréguliers qu'il a pris pour raccourcir le chemin. Dans la descente son long vêtement, son large manteau, balaient la pente et Jésus paraît déjà enveloppé du manteau royal qui fait une traîne derrière ses pas.
Derrière Lui, moins majestueux mais pareillement silencieux, les apôtres... Le dernier, à quelque distance, Judas dans son sombre dépit qui le rend laid. Parfois les plus simples : André, Thomas, se retournent pour le regarder et André lui dit même :
« Pourquoi restes-tu ainsi seul, si loin en arrière ? Tu te sens mal ? » Cela provoque une brutale repartie : « Pense pour toi » qui étonne André, d'autant plus qu'elle est accompagnée d'une épithète grossière.
Pierre est le second de la file des apôtres, derrière Jacques d'Alphée qui suit immédiatement le Maître. Et, dans le grand silence du soir dans les montagnes, Pierre a entendu. Il se retourne brusquement, et brusquement il va aller en arrière vers Judas. Puis il s'arrête. Il réfléchit un moment, et il court vers Jésus. Il le saisit rudement par un bras et le secoue en disant, angoissé : « Maître, tu m'assures qu'il en est bien comme tu l'as dit l'autre soir ? Que les sacrifices et les prières ne restent jamais sans résultat, même s'il semble qu'ils ne servent pas ?... »
Jésus, doux, triste, pâle, regarde son Simon qui sue dans l'effort qu'il fait pour ne pas réagir tout de suite à l'insulte, qui est tout rouge, qui tremble même. qui peut-être Lui fait mal tellement il Lui serre le bras, et il lui répond avec un sourire paisible et attristé : « Ils ne sont jamais sans récompense. Sois-en certain. »
Pierre le quitte et s'en va, non pas à sa place, mais sur la pente de la montagne parmi les arbres, et il se défoule en brisant, en brisant arbustes et jeunes plantes avec une violence qui visait ailleurs et qui se décharge ici sur les plantes.
« Mais que fais-tu ? Tu es fou ? » lui demandent plusieurs.
Pierre ne répond pas : il casse, casse, casse. Il se fait dépasser de tous les apôtres, de Judas... et il casse, casse, casse. Il semble travailler aux pièces tant il y met d'entrain. A ses pieds il a tout un fagot qui suffirait à rôtir un veau. Il s'en charge péniblement et se met à rejoindre ses compagnons. Je ne sais comment il fait ainsi empêtré par son manteau, le fardeau, la besace, sur le sentier malaisé. Mais il avance tout courbé, comme sous un joug...
Judas rit en le voyant arriver et lui dit : « Tu ressembles à un esclave ! »
Pierre a du mal à détourner la tête de dessous le joug et il va lui dire quelque chose, mais il se tait, serre les dents et avance.
« Je vais t'aider, frère » dit André.
« Non. »
« Mais pour un agneau cela fait trop de bois » observe Jacques de Zébédée.
Pierre ne répond pas. Il avance, ainsi chargé et il n en peut plus, semble-t-il, mais il tient bon.
Enfin Jésus s'arrête près d'une grotte, presque au bas de la descente et tous avec Lui. « Nous allons rester ici pour partir au point du jour » ordonne le Maître. « Préparez le souper. »
Alors Pierre jette son chargement par terre et il s'assoit dessus. sans expliquer à personne le motif de sa grande fatigue, alors qu'il y a du bois partout.
Mais pendant que l'un va ici, l'autre là pour prendre de l'eau de boisson, pour nettoyer le sol de la grotte et laver l'agneau qu'on va cuire, et Pierre reste seul avec son Maître, Jésus, debout, pose sa main sur la tête grisonnante de son Simon et il caresse cette tête honnête... Alors Pierre prend cette main et la baise. Il la tient contre sa joue et il la baise de nouveau, la caresse... Une goutte tombe sur la main blanche, qui n'est pas de la sueur de son rude et honnête apôtre, mais une larme silencieuse d'amour et de peine, de victoire après l'effort. Jésus se penche et l'embrasse en lui disant : « Merci, Simon ! »
Voilà : Pierre n'est sûrement pas un bel homme, mais quand il renverse sa tête en arrière pour regarder son Jésus qui l'a embrassé et remercié, car Lui, Lui seul a compris, la vénération, la joie le rendent beau...
C'est sur cette transformation que la vision cesse pour moi.
*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-092.htm
Jésus avec Simon de Jonas
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Maud a écrit:« Maître, tu m'assures qu'il en est bien comme tu l'as dit l'autre soir ? Que les sacrifices et les prières ne restent jamais sans résultat, même s'il semble qu'ils ne servent pas ?... »
Jésus, (...) lui répond avec un sourire paisible et attristé : « Ils ne sont jamais sans récompense. Sois-en certain. »
C'est encourageant. Ca fait longtemps que je prie pour mon frère qui n'est pas très bon chrétien et je ne vois toujours pas de résultats. J'avais d'ailleurs demandé l'aide des gens de ce forum.
Ca m'encourage à continuer à prier pour lui.
Francois
François_1- Contre le nouvel ordre mondial
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Jésus, (...) lui répond avec un sourire paisible et attristé : « Ils ne sont jamais sans récompense. Sois-en certain. »
Oui , François souvent je le constate et c'est pour cela qu'il ne faut jamais se décourager , la réponse arrive au moment choisi par le Seigneur
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
En allant vers Emmaüs de la plaine
L'aube met une clarté verte laiteuse sur la voûte du ciel, au-dessus de la vallée fraîche et silencieuse. Puis cette clarté si indéfinie, qui est et qui n'est pas encore de la lumière, baigne le haut des deux pentes. Elle semble caresser doucement les plus hauts sommets des monts de Judée et dire aux vieux arbres qui les couronnent : "Me voici, je descends du ciel, je viens de l'orient, précédant l'aurore, chassant les ombres, apportant la lumière, l'activité, la bénédiction d'un nouveau jour que Dieu vous accorde." Et les cimes s'éveillent avec le soupir des feuillages, le pépiement des premiers oiseaux, réveillés par ce premier frémissement des branchages, par cette première clarté. Et l'aube continue de descendre vers les buissons du sous-bois, puis vers les herbes, puis vers les pentes, de plus en plus bas et elle est saluée par des gazouillements de plus en plus nombreux dans les feuillages et le bruissement dans les herbes des lézards réveillés. Et puis elle atteint le petit torrent du fond, change ses eaux sombres en un opaque scintillement d'argent qui ne cesse de s'éclaircir et de devenir brillant. Et là-haut, dans le ciel, où l'indigo de la nuit s'était à peine éclairci en un pâle bleu verdâtre d'aube, se dessine la première annonce de l'aurore en le colorant de bleu clair teinté de rosé... Et puis voici un cirrus léger, floconneux, qui arrive, déjà tout mousseux et rosé...
Jésus sort de la grotte et regarde... Puis il se lave au torrent, se coiffe, s'habille, jette un coup d’œil dans la grotte... Il n'appelle pas... Il gravit au contraire la montagne et il va prier sur un pic qui fait saillie et qui est déjà assez élevé pour donner une large vue sur l'orient déjà tout rosi par l'aurore, sur l'occident encore teinté d'indigo. Il prie... il prie ardemment à genoux, les coudes à terre, presque allongé... Et il prie ainsi jusqu'à ce que d'en bas montent les voix des douze qui se sont réveillés et qui l'appellent.
Il se lève et répond : « J'arrive ! » et l'écho de l'étroite vallée répercute plusieurs fois l'écho de la voix parfaite. Il semble que la vallée transmette à la plaine, qu'on entrevoit à l'occident, la promesse du Seigneur : "J'arrive" pour que la plaine s'en réjouisse à l'avance.
Jésus se met en route en soupirant et en prononçant une phrase qui résume sa longue prière et l'explique : « Et Toi, Père, donne-moi ton réconfort... »
Il descend rapidement et, arrivé en bas, il salue d'un sourire très doux ses apôtres et avec les paroles habituelles : « La paix soit avec vous en cette nouvelle journée. »
« Et à Toi, Maître » répondent les apôtres. Tous, même Judas. Je ne sais pas s'il est rassuré par le silence de Jésus qui ne lui a pas fait de reproches et qui le traite comme tous les autres, ou si pendant la nuit il a médité un plan pour se tirer d'affaire. Son regard est moins torve et il se tient moins à l'écart, et même c'est justement lui qui pose la question au nom de tous : « Nous allons à Jérusalem ? Si oui, il faut revenir un peu en arrière et prendre ce pont. Au-delà il y a une route qui va directement à Jérusalem. »
« Non. Nous allons à Emmaüs de la plaine. »
« Mais pourquoi ? Et la Pentecôte ? »
« Il y a le temps. Je veux aller chez Nicodème et chez Joseph, par les plaines vers la mer... »
« Mais pourquoi ? »
« Parce que je n'y suis pas encore allé et ce peuple m'attend... Et parce que les bons disciples l'ont désiré. Nous aurons le temps de tout faire. »
« C'est cela que t'a dit Jeanne, C'est pour cela qu'elle t'a appelé ? »
« Il n'en était pas besoin. C'est à Moi, directement à Moi qu'ils l'ont dit, dans les jours de Pâque. Et je suis fidèle au rendez-vous. »
« Moi, je n'y irais pas... Ils sont peut-être déjà à Jérusalem... La fête est proche... Et puis... Tu pourrais rencontrer des ennemis, et... »
« Des ennemis, j'en rencontre partout et je les ai toujours près de Moi... » et Jésus darde son regard sur l'apôtre qui est sa douleur... Judas ne parle plus. Il est trop dangereux d'aller plus loin ! Il le sent et se tait.
Jean et André reviennent avec des petits fruits qui semblent appartenir à la famille des framboises ou des caprons, mais plus foncés, presque comme des mûres pas encore mûres, et ils les offrent au Maître : « Ils vont te plaire. Nous les avons remarqués hier soir, et nous sommes montés les cueillir pour Toi. Mange-les, Maître. Ils sont bons. »
Jésus caresse les deux bons et jeunes apôtres qui Lui offrent leurs fruits sur une large feuille lavée au torrent et qui, plus que les fruits, Lui offrent leur amour. Jésus choisit les plus beaux fruits et en donne un peu à chaque apôtre. Ils les mangent avec du pain.
« Nous avons cherché du lait pour Toi, mais il n'y avait pas encore de bergers... » dit André en s'excusant.
« N'importe. Allons vite pour être à Emmaüs avant la grande chaleur. »
Ils s'en vont et ceux qui ont le plus d'appétit mangent encore en marchant. La fraîche vallée s'élargit de plus en plus et elle finit par déboucher dans une plaine fertile où déjà les moissonneurs sont en plein travail.
« Je ne savais pas que Nicodème avait des maisons à Emmaüs » remarque Barthélemy.
« Pas à Emmaüs, plus loin. Des champs de parents dont il a hérité... » explique Jésus.
« Quelles belles campagnes ! » s'exclame le Thaddée.
En effet c'est une mer d'épis dorés où s'intercalent des vergers de rêve, des vignes qui déjà promettent une gloire de grappes. Arrosées comme elles sont par les centaines de petits torrents qui descendent des montagnes toutes proches, aux mois où l'irrigation est la plus nécessaire, avec des veines d'eaux souterraines, c'est un véritable éden agricole.
« Hum ! elle est plus belle que celle de l'an dernier. Au moins, il y a de l'eau et des fruits... » murmure Pierre.
« Celle de Saron est encore plus belle » lui répond le Zélote.
« Mais n'est-ce pas déjà celle-là ? »
« Non. elle vient après celle-là. Mais celle-là s'en rapproche... » Les deux apôtres se mettent à parler entre eux, en s'éloignant un peu.
« Propriétés de pharisiens, hein ? » demande Jacques de Zébédée en montrant la belle campagne.
« De juifs certainement. Ils ont pris les meilleures terres en les enlevant de mille manières aux premiers possesseurs ! » lui répond le Thaddée qui peut-être se souvient des biens paternels de Judée dont ils furent chassés en perdant une grande partie de leur fortune.
L'Iscariote est piqué au vif : « S'ils vous ont été pris, c'est parce que vous, galiléens, vous êtes moins saints, inférieurs... »
« Je te prie de te souvenir qu'Alphée et Joseph étaient de la race de David. Si bien que l'Édit les obligea d'aller s'inscrire à Bethléem de Juda. Et Lui, il est né là pour ce motif » répond calmement Jacques d'Alphée, en prévenant la riposte mordante de son fougueux frère, et en montrant le Seigneur qui est en train de parler avec Mathieu et Philippe.
« Oh ! c'est bien ! » dit Thomas conciliant et juste. « Moi, pour mon compte, je dis que du bon et du mauvais il y en a partout. Dans notre commerce, nous avons approché des gens de toutes races et je vous assure que j'ai trouvé des gens honnêtes et des gens malhonnêtes dans toutes les races. Et puis... Pourquoi se vanter d'être juifs ? Est-ce que par hasard c'est nous qui l'avons voulu ? Hum ! Est-ce que je savais quand j'étais dans le sein de ma mère ce que c'était que d'être juif ou galiléen ?! J'étais là... et j'y restais. Une fois né, j'étais dans les langes, bien au chaud, sans me demander si l'air que je respirais était juif ou galiléen... Je ne connaissais que le sein maternel... Et nous tous comme moi. Maintenant pourquoi se fâcher ainsi parce que l'un est né plus haut et l'autre plus bas ? Ne sommes-nous pas pareillement d'Israël ? »
« Tu as raison, Thomas » répond Jean. Et il conclut : « Et puis maintenant, nous sommes d'une seule race, celle de Jésus. »
« Oui, Lui - et je crois que cela a été voulu par le Très-Haut, pour nous apprendre que les divisions vont contre l'amour du prochain et que Lui est envoyé pour nous rassembler tous comme l'affectueuse poule dont parlent les livres saints - Lui est d'origine juive, mais conçu et habitant en Galilée, après être né à Bethléem, comme pour nous dire par la voix des faits que Lui est le Rédempteur d'Israël tout entier, du nord au midi. Et pour la seule raison qu'il est appelé "le Galiléen" on ne devrait pas avoir de mépris pour les galiléens » dit Jacques d'Alphée avec douceur et fermeté.
Jésus, qui en avant de quelques mètres semblait occupé à parler avec Mathieu et Philippe, se retourne pour dire : « Tu as bien parlé, Jacques d'Alphée. Tu comprends la Vérité et les vérités, et la justice de tous les actes de Dieu. En effet, rappelez-vous tous et toujours, que Dieu ne fait jamais rien sans but de même qu'il ne laisse sans récompense rien de ce qu'ont fait ceux qui ont le cœur droit.
Bienheureux ceux qui savent voir les raisons de Dieu dans les événements même les plus insignifiants et les réponses de Dieu aux sacrifices des hommes. »
Pierre se retourne et il est sur le point de parler. Puis il se tait et se borne à sourire à son Maître qui maintenant se réunit à ses apôtres car ils marchent maintenant sur une route de grande circulation à travers des champs dorés.
Ils marchent vers Emmaüs qui est déjà proche, un groupe de maisons d'un blanc aveuglant au milieu de la couleur blonde des grains mûrs et des vergers verdoyants.
« Maître ! Maître ! Arrête-toi ! Tes disciples ! » crient des voix lointaines, et une poignée d'hommes, laissant en plan des paysans qui se reposent un peu à l'ombre d'un pommier, courent vers Jésus par un sentier ensoleillé. Ce sont Mathias et Jean, ex-bergers, et disciples ensuite du Baptiste, et avec eux il y a Nicolaï, Abel ex-lépreux, Samuel, Hermastée et d'autres encore.
« Paix à vous. Vous êtes ici ? »
« Oui, Maître. Nous avons fait toutes les côtes de la mer. Maintenant nous allions vers Jérusalem. Plus haut se trouve Etienne avec d'autres, et plus haut encore, Hermas et d'autres. Et puis Isaac notre petit maître à tous, est encore plus haut, du moins il y était. Comme Timon était au-delà du Jourdain. Mais désormais ils seront tous en train d'aller à la fête de la Pentecôte. Nous nous sommes repartis en tant de groupes, petits, mais pas inactifs. Ainsi s'ils nous persécutent, ils pourront en capturer quelques-uns, mais pas tous » explique Mathias.
«Vous avez bien fait. Je me suis étonné de ne pas vous avoir trouvés dans toute la Judée méridionale... »
« Maître... Tu y allais... Qui mieux que Toi ? Et puis... Oh ! elle a eu plus qu'il ne faut pour devenir sainte !... Et au contraire !... Elle donne des pierres à qui apporte la parole du Ciel. Dans les gorges du Cédron, Élie et Joseph ont été frappés et ils sont allés au-delà du Jourdain, dans la maison de Salomon. Joseph a failli être tué par une pierre à la tête. Pendant huit jours, ils ont vécu dans une grotte profonde, avec quelqu'un que tu avais envoyé qui connaissait tous les secrets des montagnes. Puis, de nuit, lentement ils sont allés de l'autre côté... »
Les disciples et les apôtres sont agités par le souvenir et la nouvelle de ces persécutions, mais Jésus les calme en disant : « Les Innocents ont teint de la pourpre de leur sang innocent le chemin du Christ. Mais ce chemin devra être toujours empourpré pour effacer les empreintes du Mal sur le chemin de Dieu. C'est le chemin royal. Les martyrs l'empourprent par amour pour Moi. Bienheureux, entre les bienheureux, ceux qui à cause de Moi souffrent la persécution. »
« Maître, nous parlions à ces paysans. Toi, maintenant, ne vas-tu pas parler ? »
« Allez leur dire qu'au crépuscule je parlerai près de la porte d'Emmaüs. Maintenant le soleil m'en empêche. Allez. Et que Dieu soit avec vous. Je serai au bout de cette route. »
Il les bénit et reprend sa marche en cherchant de l'ombre, car le soleil est brûlant sur la route blanche sur laquelle donnent un peu d'ombre des platanes plantés sur les bords, à cet effet.
*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-093.htm
TOME : 6/93
Joseph d' Arimathie
Nicodème
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Prédication près d’Emmaüs de la plaine
Près de la porte d'Emmaüs il y a une maison de paysans. Silencieuse car tout le monde est aux champs, au travail. Sur l'aire il y a déjà des tas de gerbes des jours précédents et les foins sont entassés dans les fenils rustiques. Le soleil brûlant de midi dégage une odeur chaude des foins et des gerbes. Il n'y a pas d'autres bruits que le roucoulement des colombes et le piaillement des moineaux, toujours bruyants et querelleurs. Les uns et les autres vont sans arrêt du toit ou des arbres voisins aux tas de gerbes et de foin et, les premiers parmi ceux qui goûteront de ces produits, becquettent les épis dressés, se battent à coups d'ailes, luttent pour prendre le plus de graines possible, pour s'emparer des brins de foin les plus soyeux, avides, batailleurs, sans scrupules. Les uniques voleurs que l'on rencontre en Israël où, je l'ai remarqué, on a un très grand respect pour la propriété d'autrui. On laisse ouvertes les maisons et l'on ne garde pas les aires ou les vignobles ! À part les très rares voleurs de métier, les vrais brigands qui attaquent les gens dans les gorges des montagnes, il n'y a pas de petits voleurs ou même simplement... de gourmands qui mettent la main sur les arbres à fruits ou sur le pigeonneau d'autrui.
Chacun va son chemin, et même en traversant la propriété du prochain, c'est comme s'il n'avait pas d'yeux ni de mains. Il est vrai que l'on pratique si largement l'hospitalité, qu'il n'est pas nécessaire de voler pour pouvoir manger. C'est seulement pour Jésus, et à cause d'une haine si grande qu'elle fait négliger l'habitude séculaire de l'hospitalité pour le pèlerin, seulement pour Lui que se vérifie le fait de maisons qui refusent l'hospitalité et la nourriture. Mais pour les autres il y a généralement de la pitié et spécialement dans les classes les plus humbles.
Aussi c'est sans peur que les apôtres, après avoir frappé à la porte de la maison fermée et n'avoir trouvé personne, se sont mis à l'abri d'un hangar sous lequel se trouvent des outils agricoles et des jarres vides. Comme s'ils étaient les maîtres, ils ont pris comme sièges des bottes de foin, des seilles pour puiser de l'eau au puits, des cruches pour boire et pour tremper les bouchées de pain rassis et d'agneau froid qu'ils mangent quasi en silence tant ils sont engourdis et abasourdis par le soleil. Et c'est avec la même liberté avec laquelle ils ont utilisé les bottes de foin et les vases qu'ils s'allongent ensuite sur le foin odorant et c'est tout de suite un chœur de ronflements aux tons et aux rythmes variés.
Jésus Lui-même est fatigué, attristé plus que fatigué. Il regarde pendant un moment les douze dormeurs. Il prie, il réfléchit Il réfléchit en suivant machinalement des yeux les combats des moineaux et ceux des colombes, et le vol en flèche des hirondelles sur l'aire ensoleillée. Il semble que les cris stridents de ces rapides maîtresses de l'air apportent des réponses précises aux questions douloureuses que se pose Jésus. Puis Lui aussi s'allonge sur le foin et bientôt ses yeux tristes et doux de saphir se voilent sous ses paupières. Son visage s'immobilise dans le sommeil et, peut-être parce qu'il s'abîme dans le sommeil avec la tristesse au cœur, son visage prend beaucoup de l'expression d'épuisement et de douleur qu'il aura dans la mort...
Puis reviennent les paysans propriétaires de la maison: hommes, femmes, enfants. Et avec eux les disciples vus auparavant. Ils voient Jésus et les siens qui dorment sur le foin et leurs voix s'éteignent en un murmure pour ne pas les éveiller. Quelque mère donne une gifle à son petit qui ne veut pas se taire, ou du moins elle fait semblant. Un petit va, de son pas de tourtereau, et un doigt à la bouche, pour observer Jésus, "le plus beau" dit-il, qui dort, la tête appuyée sur son bras replié qui Lui sert d'oreiller. Et tous, déchaussés, sur la pointe des pieds, finissent par l'imiter, les premiers de tous, Mathias et Jean qui s'émeuvent de le voir ainsi sur le foin, et Mathias observe : "Comme dans son premier sommeil, maintenant aussi notre Maître, et moins heureux qu'alors... Sa Mère aussi Lui manque..."
"Oui. Il n'a que la persécution toujours proche. Mais nous, nous l'aimerons toujours, nous l'aimons toujours comme à cette heure-là..." répond Jean.
"Davantage encore, Mathias, davantage encore. Alors nous l’aimions seulement par notre foi et parce qu'il est doux d'aimer un bébé. Mais maintenant nous l'aimons aussi parce que nous avons la connaissance..."
"Tout petit il a été haï, Jean. Rappelle-toi ce qui arriva pour le frapper !..." et Mathias change de couleur à ce souvenir.
"C'est vrai... Mais qu'elle soit bénie cette douleur ! Nous avons tout perdu, sauf Lui. Et cela seul compte. À quoi nous aurait servi d'avoir encore les parents, la maison, notre petit bien-être, si Lui était mort ?"
"C'est vrai, tu as raison Mathias. Et à quoi nous servira d’avoir même le monde entier quand Lui ne sera plus dans le monde ?"
"Ne m'en parle pas... Alors nous serons vraiment abandonnés... Allez, vous autres, nous allons rester près du Maître" dit ensuite Jean en congédiant les paysans.
"Nous regrettons de n'avoir pas pensé à leur donner la clef. Ils auraient pu entrer dans la maison et être mieux..." dit l'homme le plus âgé de la maison.
"Nous le Lui dirons... Mais Lui sera heureux, rien qu’à cause de votre amour. Allez, allez..."
Les paysans vont à la maison et bientôt une fumée qui s élevé de la cheminée dit qu'ils sont en train de préparer la nourriture. Mais ils le font gentiment, en retenant les petits, en faisant peu de bruit... et sans bruit ils apportent ensuite la nourriture aux disciples et murmurent : "Pour eux, nous l'avons mise de côté... Pour quand ils s'éveilleront"
Puis le silence enveloppe la maison. Peut-être les moissonneurs, au travail depuis l'aube, se sont jetés sur les lits en ces heures où il serait impossible de rester dans les champs sous le soleil brûlant.
Les disciples aussi sommeillent... Même les colombes et les moineaux restent tranquilles. Seules les hirondelles dardent inlassablement, et leur vol rapide écrit des paroles azurées dans l'espace et des paroles d'ombre sur l'aire blanche...
Le petit de tout à l'heure, très beau dans la courte chemise à laquelle s'est réduit son vêtement à cette heure torride. met sa petite tête brune dans l'ouverture de la cuisine, jette un coup d’œil, avance avec précaution de ses pieds délicats qui souffrent sur le sol que le soleil rend brûlant. Sa chemise décolletée glisse presque en bas de son épaule grassouillette. Il rejoint les disciples, essaie de passer dessus pour aller de nouveau regarder Jésus. Mais ses petites jambes sont trop courtes pour pouvoir enjamber les corps musculeux des adultes et il bute en tombant sur Mathias qui s'éveille et voit le petit visage attristé presque aux larmes. Il sourit et dit en comprenant la manœuvre de l'enfant : "Viens ici, je vais te mettre entre Jésus et moi. mais reste silencieux et tranquille. Laisse-le faire dodo car il est fatigué." Et le petit, heureux, s'assoit et reste en admiration devant le beau visage de Jésus. Il le regarde, l'étudie et il a bien envie de Lui faire une caresse, de toucher ses cheveux d'or. Mais Mathias veille en souriant et ne le lui permet pas. Alors le petit demande doucement : "Fait-il dodo toujours ainsi ?"
"Toujours ainsi" répond Mathias.
"Il est fatigué ? Pourquoi ?"
"Parce qu'il marche tant, et il parle tant."
"Pourquoi parle-t-il et marche-t-il ?"
"Pour apprendre aux enfants à être bons, à aimer le Seigneur pour aller avec Lui au Ciel."
"Là-haut? Comment fait-on? C'est loin..."
"L'âme, sais-tu ce que c'est que l'âme ?"
"Non !"
"C'est la chose la plus belle qu'il y a en toi, et..."
"Plus belle que les yeux ? Maman dit que mes yeux sont deux étoiles. Elles sont belles les étoiles, sais-tu ?!"
Le disciple sourit et répond : "Elle est plus belle que les petites étoiles de tes yeux. car l'âme bonne est plus belle que le soleil."
"Oh ! Et où est-elle ? Où est-ce que je l'ai ?"
"Ici, dans ton petit cœur. Et elle voit, entend tout, et ne meurt jamais. Et quand quelqu'un ne fait jamais le méchant, et meurt en juste, son âme vole là-haut, avec le Seigneur."
"Avec Lui ?" et le petit montre Jésus.
"Avec Lui."
"Mais Lui, il l'a l'âme ?"
"Il a l'âme et la divinité, car il est Dieu cet Homme que tu regardes."
"Comment le sais-tu ? Qui te l'a dit ?"
"Les anges."
L'enfant, qui était complètement assis sur Mathias, ne peut recevoir tranquillement cette nouvelle et il se lève vivement en disant : "Tu as vu les anges ?" et il regarde Mathias en écarquillant les yeux. Si étonnante est la nouvelle qu'un instant il oublie Jésus et ainsi ne voit pas qu'il entrouvre ses yeux, réveillé par le léger cri de l'enfant et puis, avec un sourire, les referme en détournant la tête.
"Tais-toi ! Tu vois ? Tu l'éveilles... Je vais te renvoyer."
"Je reste tranquille. Mais comment sont les anges. Quand les as-tu vus ?" La petite voix est devenue un murmure et Mathias patiemment raconte la nuit de Noël au petit qui est revenu s’asseoir sur sa poitrine, extasié. Patiemment il répond à tous ses pourquoi : "Pourquoi était-il né dans une étable ? Il n'avait pas de maison ? Si pauvre au point de ne pas trouver une maison ? Et maintenant il n'a pas de maison ? Il n'a pas sa Mère ? Où est sa Mère ? Pourquoi le laisse-t-elle seul. elle qui sait que déjà on a voulu le tuer ? Elle ne l'aime pas ?..." Une pluie de questions et une pluie de réponses. Et la dernière - à laquelle Mathias répond : "Cette Mère sainte aime beaucoup son divin Fils, mais elle fait le sacrifice de sa douleur de le laisser aller pour que les hommes se sauvent. Pour se consoler, elle pense qu'il y a encore des hommes bons capables de l'aimer" - cela provoque cette réponse : "Et elle ne sait pas qu'il y a des enfants bons qui l'aiment ? Où est-elle ? Dis-le-moi que j'aille lui dire : "Ne pleure pas. Moi je donne l'amour à ton Fils"
Qu'en dis-tu ? Sera-t-elle contente ?"
"Tellement, enfant" dit Mathias en l'embrassant.
"Et Lui sera content ?"
"Tellement, tellement. Tu vas le Lui dire quand il va s'éveiller."
"Oh ! oui ! Mais quand va-t-il s'éveiller ?" L'enfant est anxieux.
Jésus n'y tient plus. Il se tourne, les yeux grand ouverts et avec un sourire lumineux, et il dit : "Tu me l'as déjà dit car j’ai tout entendu. Viens ici, enfant."
Oh ! l'enfant ne se le fait pas dire deux fois. Il se renverse sur Jésus, le caresse, Lui donne des baisers, touche son front avec le doigt et aussi ses sourcils, ses cils d'or, en se regardant dans les yeux bleus, en caressant sa barbe et ses cheveux soyeux, et en disant à chaque découverte : "Comme tu es beau ! Beau ! Beau !"
Jésus sourit et aussi Mathias. Et puis, à mesure que les autres s'éveillent, parce que maintenant le petit ne prend plus tant de précautions, les disciples et les apôtres sourient à la vue de cet examen attentif, répété de l'homme en miniature, à moitié nu, grassouillet, qui prend plaisir à passer sur le corps de Jésus pour l'observer de la tête aux pieds et finit par Lui dire : "Tourne-toi !" et explique ensuite : "Pour voir les ailes" et qui demande, déçu "Pourquoi ne les as-tu pas ?"
"Je ne suis pas un ange, mon enfant."
"Mais tu es Dieu ! Comment fais-tu pour être Dieu, si tu n'es pas plein d’ailes ? Comment feras-tu pour aller au Ciel ?"
"Je suis Dieu. Et justement parce que je suis Dieu, je n'ai pas besoin d’ailes. Je fais ce que je veux et je puis tout."
"Alors fais-moi des yeux comme les tiens. Ils sont beaux "
"Non. Ceux que tu as, c'est Moi qui te les ai donnés, et ils me plaisent ainsi. Demande plutôt que je te donne une âme de juste pour que tu m'aimes de plus en plus."
"Elle aussi, c'est Toi qui me l'as donnée et alors elle te plaira comme elle est" dit le petit avec sa logique enfantine.
"Oui. elle me plaît maintenant parce qu'elle est innocente Mais alors que tes yeux seront toujours de cette couleur d'olive mûre ton âme de blanche, peut devenir noire, si tu deviens méchant".
"Méchant, non. Je t'aime bien et je veux faire comme disaient les anges quand tu es né : "Paix à Dieu au Ciel, et gloire aux hommes de bonne volonté"" dit le petit en se trompant, ce qui provoque un bruyant éclat de rire chez les adultes, ce qui le mortifie et le rend muet.
Mais Jésus le console tout en rectifiant : "Dieu est toujours Paix mon enfant. Il est la Paix. Mais les anges Lui donnaient gloire pour la naissance du Sauveur, et ils donnaient aux hommes la première règle pour obtenir la paix qui serait venue de ma naissance : "avoir bonne volonté". Celle que tu veux."
"Oui. Alors donne-la-moi. Mets-la à l'endroit où cet homme dit que j'ai l'âme" et avec les deux index, il frappe plusieurs fois sur sa petite poitrine.
"Oui, petit ami. Comment t'appelles-tu?"
"Micaël !"
"Le nom du puissant Archange. Alors, la bonne volonté pour toi Micaël. Et que tu sois un confesseur du Dieu vrai, en disant aux persécuteurs comme ton angélique patron : "Qui est comme Dieu ?" Sois béni maintenant et toujours" et il lui impose les mains
Mais le petit n'est pas convaincu. Il dit : "Non. embrasses ici, sur l’âme. Et c'est à l'intérieur qu'entrera ta bénédiction et elle y restera enfermée" et il découvre sa petite poitrine pour que Jésus la baise afin qu'aucun obstacle ne s'interpose entre son petit corps et les lèvres divines.
Ceux qui sont là sourient et en même temps sont émus. Et il y a de quoi ! La foi merveilleuse de l'innocent qui, par instinct diraient certains, moi je dis sous la poussée de l'esprit, est allé vers Jésus, est vraiment émouvante et Jésus le fait remarquer en disant : "Ah ! si tous avaient le cœur des enfants !..."
Pendant ce temps les heures ont passé. La maison se ranime : des voix de femmes, d'enfants, d'hommes se font entendre. Et une mère crie : "Micaël ! Micaël ! Où es-tu ?" et on la voit apeurée qui regarde le puits profond avec une atroce pensée dans le cœur.
"Ne crains pas, femme. Ton fils est avec Moi."
"Oh ! je craignais... Il aime tant l'eau..."
"Et en effet il est venu à l'Eau Vive qui descend du Ciel pour donner la Vie aux hommes."
"Il t'a dérangé... Il m'a échappé si doucement que je ne m'en suis pas aperçue..." dit la femme pour s'excuser.
"Oh ! non ! Il ne m'a pas dérangé. Il m'a consolé ! Les enfants ne donnent jamais de douleur à Jésus."
Les hommes s'approchent et les autres femmes. Le chef de famille dit : "Entre pour te restaurer. Et pardonne-nous si nous ne t'avons pas fait le maître de la maison du moment où nous t'avons vu..."
"Je n'ai rien à pardonner. Je me suis trouvé bien ici. Ton respect me donne tout honneur. Nous avions de la nourriture et ton puits est frais, le foin est moelleux. C'est plus qu'il n'en faut pour le Fils de l'Homme. Je ne suis pas un satrape syrien."
Et Jésus, suivi des siens, entre dans la vaste cuisine pour prendre la nourriture, pendant que sur l'aire les hommes s'arrangent pour qu'il y ait de la place pour ceux qui déjà viennent de tous côtés afin d'entendre le Maître, et d'autres se hâtent de préparer des boissons, des vivres et à dépouiller un agnelet pour donner une provision de voyage aux évangélisateurs, et les femmes apportent des œufs et du beurre. Le beurre provoque les protestations de Pierre qui a raison de dire qu'on ne peut porter dans les besaces un aliment qui fond si facilement par ces chaleurs. Mais ce n'est pas pour rien qu'il y a des cruches... Et elles en emplissent une de beurre, la ferment et la descendent dans le puits pour la refroidir le plus possible.
Jésus remercie et voudrait limiter ces offrandes. Mais oui ! C'est peine perdue. D'autres dons arrivent de tous côtés et tous s'excusent de donner peu de chose...
Pierre murmure : "On voit bien qu'ici il y a eu les bergers. C'est une terre amendée... une bonne terre."
L'aire est pleine de gens, impassibles, bien que la fraîcheur ne soit pas encore venue et qu'un dernier rayon de soleil effleure encore l'aire.
Jésus commence à parler : "La paix soit avec vous ! Je ne suis pas ici, où je vois que déjà est connue la doctrine du Maître d'Israël par les soins des bons disciples, pour répéter ce que vous savez déjà. Je laisse aux bons disciples la gloire et le soin de vous avoir instruits et de le faire de plus en plus jusqu'à vous donner la parfaite assurance que je suis le Promis de Dieu et que ma Parole est de Dieu."
"Et tes miracles sont de Dieu, Béni que tu es !" crie une voix de femme du milieu de la foule, et beaucoup se retournent pour regarder dans cette direction. La femme élève en l'air un enfant rieur à la mine florissante et elle crie : "Maître, c'est le petit Jean que tu as guéri à "La Belle Eau". L'enfant, aux hanches brisées qu'aucun médecin ne pouvait guérir, que je t'ai apporté avec foi et que tu as guéri, en le tenant assis sur ton sein."
"Je m'en souviens, femme. Ta foi a mérité le miracle."
"Elle a grandi, Maître. Toute ma parenté croit en Toi. Va, fils, remercier le Sauveur. Laissez-le aller à Lui..." prie la femme. Et la foule s'écarte pour laisser passer l'enfant qui s'en va vivement vers Jésus en Lui tendant les bras pour pouvoir l'embrasser. Ce qui se produit au milieu des hosannas et des commentaires des gens de la ville ou des environs, car ceux de la campagne connaissent déjà le fait et n'en sont pas surpris.
Jésus reprend la parole en tenant l'enfant par la main.
"Et voici confirmée par une mère reconnaissante ma Nature, et confirmé le pouvoir de la foi sur le cœur de Dieu qui ne déçoit jamais les confiantes et justes demandes de ses fils.
Je vous invite à vous rappeler Judas Maccabée, quand il se présenta sur cette plaine pour étudier le formidable campement de Gorgias, fort de cinq mille fantassins et de mille cavaliers exercés à la bataille, bien pourvus de cuirasses, d'armes et de tours de guerre. Judas regardait avec ses trois mille fantassins, sans boucliers ni épées, et il sentait la crainte s'insinuer dans le cœur de ses soldats. Alors il parla, fort de son bon droit que Dieu approuvait parce qu'il ne visait pas l'injustice, mais la défense de la patrie envahie et profanée. Et il dit : "Que leur nombre ne vous effraie pas, n'ayez pas peur de leur attaque. Rappelez-vous comment nos pères furent sauvés dans la Mer Rouge, quand le Pharaon les poursuivait avec sa grande armée". Et ayant ranimé la foi dans la puissance de Dieu qui est toujours avec les justes, il apprit aux siens le moyen d'obtenir de l'aide. Il dit : "Élevons donc la voix vers le Ciel et le Seigneur aura pitié de nous, et se rappelant de l’alliance faite avec nos pères, aujourd'hui Il détruira devant nous cette armée, et toutes les nations sauront qu'il y a un Sauveur qui délivre Israël"
Voilà : je vous indique deux éléments capitaux pour avoir Dieu avec soi pour nous aider dans les justes entreprises. Le premier : pour posséder l'alliance, avoir l'âme juste de nos pères Rappelez-vous la sainteté, la promptitude des patriarches dans l’obéissance au Seigneur, que la chose demandée fût de faible ou de très grande importance. Rappelez-vous avec quelle fidélité ils restèrent fidèles au Seigneur. Nous nous lamentons beaucoup en Israël de ne plus avoir le Seigneur avec nous, bienveillant comme il l'était autrefois. Mais Israël a-t-il encore l'âme de ses pères ? Qui a rompu et ne cesse de rompre l'alliance avec le Père ?
Seconde chose capitale pour avoir Dieu avec soi : l’humilité. Judas Maccabée était un grand Israélite et un grand soldat, mais il ne dit pas : "Aujourd'hui je vais détruire cette armée et les nations auront que je suis le sauveur d'Israël". Non. Il dit : "Et le Seigneur détruira cette armée devant nous, qui sommes incapables de le faire, faibles comme nous sommes". Car Dieu est Père et Il a soin de ses petits et, pour les empêcher de périr, Il envoie ses puissants bataillons combattre avec des armes surhumaines les ennemis de ses enfants. Quand Dieu est avec nous, qui peut nous vaincre ? Ne cessez pas de vous dire cela maintenant et davantage dans l’avenir quand on voudra vous vaincre et non plus pour une chose d’importance relative comme une lutte nationale, mais pour une chose d'importance beaucoup plus grande dans le temps et dans ses conséquences comme elle l'est pour votre âme. Ne vous laissez pas dominer par la frayeur ou l'orgueil. Les deux sont dommageables.
Dieu sera avec vous si vous êtes persécutés à cause de mon Nom et Il vous donnera la force dans les persécutions. Dieu sera avec vous si vous êtes humbles, si vous reconnaissez que vous par vous-mêmes. n'êtes capables de rien. mais que vous pouvez tout si vous êtes unis au Père.
Judas ne se fit pas valoir en se parant du titre de Sauveur d'Israël Mais c'est au Dieu éternel qu'il donna ce titre. En effet c'est inutilement que les hommes s'agitent si Dieu n'est pas présent à leurs efforts. Au contraire, sans s'agiter est victorieux celui qui se fie dans le Seigneur.
Lui sait quand il est juste de récompenser par des victoires et quand il est juste de punir par des défaites. Bien sot est l'homme qui veut juger Dieu, le conseiller ou le critiquer. Vous imaginez une fourmi qui en observant le travail d'un sculpteur dirait : "Tu ne sais pas y faire, je ferais mieux et plus vite que toi" ? L'homme lui ressemble tout à fait quand il veut faire la leçon à Dieu. Et à sa figure ridicule, il unit celle d'un ingrat et d'un prétentieux, oublieux de ce qu'il est : une créature, et de ce qu'est Dieu : le Créateur. Donc si Dieu a créé un être si bien créé qu'il peut se croire capable de conseiller Dieu Lui-même, quelle sera la perfection de l'Auteur de toute créature ? Cette seule pensée devrait suffire pour rabaisser l'orgueil, pour détruire cette plante mauvaise et satanique, ce parasite qui, en s'insinuant dans un esprit, l'envahit, la supplante, l'étouffe, tue tout arbre bon, toute vertu qui sur la Terre rend l'homme grand, vraiment grand, non par la richesse ni par les couronnes, mais par la justice et la sagesse surnaturelle, et bienheureux dans le Ciel pour l'éternité.
Et regardons un autre conseil que nous donne le grand Judas Maccabée et les événements de ce jour-là dans cette plaine.
S'étant engagées dans la bataille, les troupes de Judas avec lesquelles Dieu était, vainquirent et mirent en déroute les ennemis, en les poursuivant jusqu'à Jézeron, Azot, Idumée et Jamnia dit l'histoire, et en passant une partie au fil de l'épée, en laissant sur les champs plus de trois mille cadavres. Mais Judas dit à ses soldats que la victoire avait enivrés: "Ne restez pas là à faire du butin car la guerre n'est pas finie, et Gorgias, avec son armée, est dans la montagne près de nous. Maintenant nous avons encore à combattre nos ennemis et à les vaincre complètement, et ensuite, tranquillement, vous ferez le butin". Et ils agirent ainsi et ils eurent une victoire assurée et un riche butin, et la délivrance, et en rentrant ils chantaient des bénédictions à Dieu car "Il est bon et sa miséricorde est éternelle".
L'homme aussi, n'importe quel homme, est comme les champs qui entourent la cité sainte des juifs. Entouré d'ennemis extérieurs et intérieurs, tous cruels, ayant tous l'espoir de livrer bataille à la cité sainte de chaque homme : son esprit, et de la livrer à l'improviste pour la prendre par surprise par mille ruses et la détruire. Les passions, que Satan cultive et excite, et que l'homme ne surveille pas par toute sa volonté pour les freiner, dangereuses s'il n'arrive pas à les maîtriser, mais inoffensives si elles sont surveillées comme un voleur enchaîné, et avec lesquelles le monde complote au moyen de toutes les séductions de la chair, de l'argent, de l'orgueil, ressemblent aux puissantes armées de Gorgias, cuirassées, pourvues de tours de guerre, d'archers, excellents tireurs, de cavaliers rapides, toujours prêts à commencer l'attaque sur les ordres du Mal.
Mais que peut le Mal si Dieu est avec l'homme qui veut être juste ? L'homme souffrira, restera blessé, mais sauvera sa liberté et sa vie, et il connaîtra la victoire après la bataille favorable. Mais celle-ci ne se produit pas une seule fois, mais recommence toujours, tant que dure la vie, ou tant que l'homme ne se dépouille pas suffisamment de son humanité et ne devient pas esprit plus que chair, esprit fondu avec Dieu que les flèches, les morsures, les feux de guerre ne peuvent blesser profondément et tombent après l'avoir frappé superficiellement comme peut le faire une goutte d'eau tombant sur un jaspe dur et brillant.
Ne vous arrêtez pas à faire du butin, ne vous distrayez pas tant que vous n'êtes pas au seuil de la vie, non pas de cette vie de la terre, mais de la vraie Vie des Cieux. Alors, victorieux, rassemblez votre butin et entrez, avancez glorieux devant le Roi des rois et dites : "J'ai vaincu. Voici mon butin. Je l'ai fait avec ton aide et ma bonne volonté, et je te bénis, Seigneur, parce que Tu es bon et que ta miséricorde est éternelle".
Cela c'est pour la vie en général, pour tout le monde. Mais pour vous, pour vous qui croyez en Moi, il y a une autre bataille qui vous guette. Plusieurs batailles. La bataille contre le doute, contre les paroles que l'on viendra vous dire, contre les persécutions.
Moi, je vais être élevé au lieu pour lequel je suis venu du Ciel. Ce lieu vous fera peur, vous paraîtra un démenti à mes paroles. Non. Regardez l'événement avec l’œil de l'esprit et vous verrez que ce qui arrivera sera la confirmation de ce que je suis réellement : non le pauvre roi d'un pauvre royaume, mais le Roi prédit par les prophètes, et aux pieds de son trône unique, immortel, comme les fleuves vont à l'océan, toutes les nations de la Terre viendront, en disant : "Nous t'adorons, ô Roi des rois et Juge éternel, parce que par ton saint Sacrifice tu as racheté le monde".
Résistez au doute. Moi, je ne mens pas. Je suis Celui dont parlent les prophètes. Comme la mère de Jean il y a un instant, élevez le souvenir de ce que j'ai fait pour vous, et dites : "Telles sont les œuvres de Dieu. Il nous les a laissées comme un souvenir, une confirmation, une aide pour croire et pour croire justement en cette heure". Luttez et vous vaincrez le doute qui étrangle la respiration de l'âme. Luttez contre les paroles qui vous seront dites.
Rappelez-vous les prophètes et mes œuvres, et répondez aux paroles hostiles par les prophètes et par les miracles que vous m'avez vu faire. N'ayez pas peur et ne soyez pas ingrats par peur, en taisant les miracles que j'ai faits pour vous. Luttez contre les persécutions, mais ne luttez pas en persécutant ceux qui vous persécutent, mais en donnant une confession héroïque à ceux qui voudront, par des menaces de mort, vous persuader de me renier. Luttez sans cesse contre les ennemis. Tous. Contre votre humanité, contre vos peurs, contre les compromissions indignes, les alliances intéressées, les pressions, les menaces, les tortures, la mort.
La mort !
Je ne suis pas un chef de peuple qui dit à son peuple : "Souffrez pour moi, alors que moi, je jouis". Non. Je souffre le premier pour vous donner l'exemple. Je ne suis pas un chef d'armées qui dit à ses armées : "Combattez pour me défendre, mourez pour me donner la vie". Non. Je combats le premier. Je mourrai le premier pour vous apprendre à mourir. Ainsi, comme j'ai toujours fait ce que j'ai dit de faire, prêchant la pauvreté je suis resté pauvre, la continence chaste, la tempérance tempérant, la justice juste, le pardon et j'ai pardonné et je pardonnerai. Comme j'ai fait tout cela, je ferai encore la dernière chose. Je vous apprendrai comment on rachète. Je vous l'enseignerai non pas avec des paroles mais avec des faits. Je vous apprendrai à obéir, en me soumettant à la plus dure obéissance : celle de ma mort...
Je vous apprendrai à pardonner, en pardonnant dans les derniers tourments comme j'ai pardonné sur la paille de mon berceau à l'Humanité qui m'avait arraché au Ciel. Je pardonnerai comme j'ai toujours pardonné. À tous. Pour ce qui me concerne, à tous. À mes petits ennemis, à ceux qui sont passifs, indifférents, changeants, et aux grands ennemis qui non seulement me donnent la douleur d'être apathiques à mon pouvoir et à mon désir de les sauver, mais qui me donnent et me donneront la douleur d'être les déicides. Je pardonnerai. Et comme je ne pourrai donner l'absolution aux déicides impénitents, je prierai encore, par les dernières douleurs, le Père pour eux... pour qu'il leur pardonne... parce qu'ils sont enivrés d'une liqueur satanique... Je pardonnerai... Et vous, pardonnez en mon Nom. Et aimez, aimez comme Moi j'aime, comme je vous aime et vous aimerai, éternellement.
Adieu. Le soir descend. Prions ensemble et puis que chacun retourne chez lui avec les paroles du Seigneur dans le cœur, et qu'elles se transforment en épis grenus pour vos faims futures, quand vous désirerez entendre encore l'Ami, le Maître, votre Sauveur, et seulement en lançant votre esprit dans les Cieux vous pourrez trouver Celui qui vous a aimés plus que Lui-même.
Notre Père qui êtes aux Cieux..." et Jésus, les bras ouverts, haute et blanche croix contre le mur foncé de la façade du nord, dit lentement le Pater.
Puis il bénit avec la bénédiction mosaïque. Il embrasse les enfants, il les bénit encore. Il prend congé et s'en va vers le nord en côtoyant Emmaüs sans y entrer.
Les teintes violacées du crépuscule absorbent lentement la douce vision du Maître qui s'en va, qui s'en va de plus en plus vers son destin. Dans la cour demi-obscure, c'est un silence de douleur paisible... Une sorte d'attente.
Puis les pleurs du petit Micaël, les pleurs d'un agnelet qui se trouve seul, rompt l'enchantement, et beaucoup d'yeux se baignent de larmes et beaucoup de lèvres répètent les paroles innocentes du petit : "Oh ! pourquoi es-tu parti ? Reviens ! Reviens !... Fais-le revenir. Seigneur !" et quand Jésus est vraiment disparu, la constatation désolée du fait accompli: "Jésus n'est plus là !» C'est inutilement que cherche à le consoler la mère du petit Micaël qui pleure comme s'il avait perdu plus que sa mère, et qui dans ses bras n'a plus d'yeux que pour le point où est disparu Jésus, et tend les bras en appelant : "Jésus ! Jésus !"... Jésus attend d'être un peu loin, puis il dit : "Nous irons à Joppé. Les disciples y ont beaucoup travaillé et on y attend la parole du Seigneur."
Il n'y a pas beaucoup d'enthousiasme pour le projet d'allonger encore la route, mais Simon le Zélote fait observer que de Joppé aux domaines de Nicodème et de Joseph on y va rapidement et par de belles routes. Jean est content d'aller vers la mer.
Et les autres, entraînés par ces considérations, finissent par aller plus volontiers par la route qui se dirige vers la mer.
*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-094.htm
TOME : 6/94
https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t18376-oeuvre-de-maria-valtorta-presentation-des-disciples-de-jesus
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
C'est beau de voir Jésus avec des enfants. À ma connaissance, il n'y a pas de dialogues entre Jésus et un enfant dans les Évangiles comme celui de ce texte de M. Valtorta. Très intéressant. Ca me fait penser au pape qui est lui aussi très bon avec les enfants.
Je me permets de partager quelques photos du pape avec des jeunes:
Francois
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Francois
François_1- Contre le nouvel ordre mondial
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Merci Joël , comme Jésus , Notre Bon Pape François aiment la compagnie des enfants
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
J'ai éprouver beaucoup de joie à lire ce récit et je pouvais presque entendre ce petit enfants parler avec Mathias et Jésus comme si j'y étais c'est tellement beaux
nancy.lekimeleemans- Aime le chapelet
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Merci Nancy
***
À Joppé Jésus parle à Judas de Kériot et à des gentils
Je vois Jésus assis dans la cour intérieure d'une maison d'aspect convenable sans être luxueuse. Il paraît très fatigué. Il est assis sur un banc de pierre situé près d'un puits aux rebords peu élevés, que recouvre l'arceau d'une tonnelle verte. Les grappes de raisin commencent à se former. La fleur doit être tombée depuis peu et les grains semblent être des grains de mil suspendus à des pédoncules verts. Jésus tient sur son genou droit la pointe du coude droit et il appuie son menton dans le creux de la main. Parfois, comme pour trouver une position plus confortable, il appuie son bras replié sur le rebord du puits et sa tête repose sur son bras, comme s'il voulait dormir. Alors ses cheveux voilent son visage fatigué, qui autrement apparaît pâle et sérieux entre les boucles d'un blond roux.
Une femme va et vient les mains enfarinées, en passant d'une pièce de la maison à un cagibi situé du côté opposé de la cour et où doit se trouver le four. A chaque fois, elle regarde Jésus, mais elle ne trouble pas son repos. Le soir doit être proche car le soleil effleure à peine le haut de la terrasse au-dessus du toit, de moins en moins, jusqu'à ce qu'il la quitte.
Une dizaine de colombes descendent en roucoulant dans la cour pour leur dernier repas. Elles tournoient autour de Jésus comme pour voir quel est cet inconnu et, défiantes, elles n'osent se poser sur le sol. Jésus quitte ses réflexions, il sourit, tend une main, la paume en dessus, et il dit : "Vous avez faim ? Venez" comme s'il parlait à des humains. La plus audacieuse se pose sur cette main et, après elle, une autre et une autre. Jésus sourit. "Je n'ai rien, Moi" dit-il devant leur roucoulement insistant. Et puis il appelle à haute voix: "Femme ! Tes colombes ont faim. As-tu du grain pour elles ?"
"Oui, Maître. Il est dans un sac sous le portique. J'arrive."
"Laisse-moi faire. Je vais le donner. Cela me plaît."
"Elles ne viendront pas. Elles ne te connaissent pas."
"Oh ! J'en ai sur les épaules et jusque sur la tête !..."
Jésus, en fait, marche avec son étrange plumet fait d'une colombe à la poitrine couleur de plomb qui semble une cuirasse précieuse aux reflets changeants.
La femme, incrédule, se montre et dit : "Oh !"
"Tu le vois ? Les colombes sont meilleures que les hommes. Elles comprennent qui les aime. Les hommes... non."
"Ne pense pas, Maître, à ce qui est arrivé. Il y en a peu ici qui te haïssent. Les autres, à peu près tous, t'aiment, te respectent au moins."
"Oh ! Je ne me trouble pas pour cela. Je le dis pour te faire remarquer que souvent les bêtes sont meilleures que les hommes."
Jésus a ouvert le sac, y a plongé sa longue main et il en a sorti du grain blond qu'il a mis dans un repli de son manteau. Il referme le sac et revient au milieu de la cour en se défendant contre l'invasion des colombes qui veulent se servir elles-mêmes. Il ouvre le pli de son manteau et jette le grain sur le sol, et il rit de voir la lutte et les rixes des oiseaux goulus. Le repas est vite consommé, et les colombes boivent à un plat creux qui est près du puits, en regardant encore Jésus.
"Allez maintenant, il n'y a plus rien."
Les bestioles volettent encore un peu sur les épaules et les genoux de Jésus, et puis elles retournent à leurs nids. Jésus retombe dans sa méditation.
Des coups violents à la porte. La femme court ouvrir: ce sont les disciples.
"Venez" dit Jésus. "Avez-vous distribué l'argent aux pauvres ?"
"Oui, Maître."
"Jusqu'à la dernière piécette ? Rappelez-vous que ce qui nous est donné n'est pas pour nous, mais pour la Charité. Nous sommes pauvres et nous vivons de la pitié d'autrui. Malheureux l'apôtre qui exploite sa mission à des fins humaines !"
"Et si un jour on se trouve sans pain et que l'on est accusé de violer la Loi parce qu'on égrène des épis comme font les moineaux ?"
"As-tu jamais manqué de quelque chose, Judas ? De quelque chose d'essentiel depuis que tu es avec Moi ? Es-tu quelquefois tombé de langueur sur la route ?"
"Non, Maître."
"Quand je t'ai dit : "Viens" t'ai-je promis du confort et des richesses ? Et dans mes paroles à ceux qui m'écoutent ai-je jamais dit que je donnerai aux "miens" des avantages sur la Terre ?"
"Non, Maître."
"Et alors, Judas ? Pourquoi es-tu à ce point changé ? Ne sais-tu pas, ne sens-tu pas que ton mécontentement, ta froideur me donnent de la douleur ? Ne vois-tu pas que ce mécontentement se communique à tes frères ? Pourquoi, Judas, ami, toi appelé à un pareil sort, toi venu avec tant d'enthousiasme à mon amour et à ma Lumière, m'abandonnes-tu maintenant ?"
"Maître, moi je ne t'abandonne pas. Je suis celui qui se soucie le plus de Toi, de tes intérêts, de ta réussite. Je voudrais te voir triompher partout, crois-le."
"Je le sais. Humainement tu veux cela. C'est déjà beaucoup. Mais ce n'est pas cela que je veux, Judas, mon ami... Je suis venu pour bien autre chose qu'un triomphe humain et une royauté humaine... Je suis venu, non pas pour donner à des amis des bribes d'un triomphe humain, mais pour vous donner une récompense large, bien tassée, abondante, une récompense qui n'est plus une récompense tellement elle est pleine: c'est, une participation à mon Règne éternel, c'est une union dans les droits des fils de Dieu... Oh ! Judas ! Pourquoi ce sublime héritage ne t'exalte-t-il pas ? On y accède par le renoncement, mais il ne connaît pas de crépuscule. Viens encore plus près, Judas.
Tu le vois ? Nous sommes seuls. Les autres ont compris que je voulais te parler, à toi, distributeur de mes... richesses, des aumônes que le Fils de l'Homme, que le Fils de Dieu reçoit pour les donner au nom de Dieu et de l'Homme à l'homme. Ils sont rentrés. Nous sommes seuls, Judas, dans cette heure si douce du soir dans laquelle nos cœurs volent vers nos maisons lointaines, vers nos mères qui certainement, en préparant leur souper solitaire, pensent à nous et caressent de la main la place où nous nous assoyions avant cette heure de Dieu en laquelle le Vouloir très Saint nous a pris pour le faire aimer en esprit et en vérité.
Nos mères ! La mienne, si sainte et si pure, qui vous aime tant et prie pour vous, amis de son Jésus... La mienne, qui n'a que cette paix dans l'angoisse de sa Maternité de Mère du Christ: celle de me savoir entouré de votre affection... Ne décevez pas, ne blessez pas ce cœur de Mère, amis. Ne le brisez pas par une seule mauvaise action ! Ta mère, Judas. Ta mère, la dernière fois que nous sommes passés par Kériot, elle n'en finissait pas de me bénir et elle voulait me baiser les pieds parce qu'elle est heureuse que son Judas soit dans la Lumière de Dieu, et elle me disait : "Oh ! Maître ! Rends-le saint mon Judas ! Que veut un cœur de mère, sinon le bien de son enfant ? Et quel bien qui soit plus grand que le Bien éternel ?" En effet quel bien plus grand, Judas, que celui auquel je veux vous amener et auquel on arrive en suivant mon Chemin ? C'est une sainte femme que ta mère, Judas, une vraie fille d'Israël. Je n'ai pas voulu qu'elle me baise les pieds, car vous êtes mes amis et parce que dans toutes vos mères, dans toute mère bonne, je vois la mienne, Judas. Et je voudrais que vous, dans la vôtre, vous voyiez la mienne dans son redoutable destin de Corédemptrice, et vous ne voudriez pas, non, vous ne voudriez pas la tuer parce que... parce qu'il vous semblerait tuer la vôtre.
Judas, ne pleure pas. Pourquoi pleurer ? Si tu n'as rien sur le cœur qui soit un remords envers ta mère et la mienne, pourquoi répandre ces larmes ? Viens ici, mets ta tête sur mon épaule et dis à ton Ami ton angoisse. Tu as manqué ? Tu te sens près de manquer ?
Oh ! ne reste pas seul ! Triomphe de Satan avec l'aide de Celui qui t'aime. Je suis Jésus, Judas. Je suis le Jésus qui guérit les malades et qui chasse les démons. Je suis le Jésus qui sauve... et qui t'aime tant, et qui se tourmente de te voir ainsi affaibli. Je suis le Jésus qui enseigne à pardonner soixante-dix fois sept fois. Mais Moi, Moi, en ce qui me concerne, ce n'est pas soixante-dix fois, mais sept cent fois, sept mille fois sept fois que je vous pardonne... et il n'y a pas de faute. Judas, il n'y a pas de faute. Judas, il n'y a pas de faute. Judas, que Moi je ne pardonne, que Moi je ne pardonne, que Moi je ne pardonne si le coupable repentant me dit : "Jésus, j'ai péché". Moins encore : s'il dit seulement: "Jésus !". Encore moins : s'il me regarde seulement, suppliant. Et les premières fautes que je pardonne, sais-tu, ami, à qui je les pardonne ? Aux plus coupables et aux plus repentis. Et les toutes premières que je pardonne, sais-tu quelles elles sont : celles faites contre Moi.
Judas ?... Tu ne trouves pas un mot à répondre à ton Maître ?... Si lourde est ton angoisse qu'elle te coupe la parole ? Crains-tu que je te dénonce ? Ne le crains pas ! Il y a si longtemps que je veux te parler ainsi, en te tenant sur mon cœur, comme deux jumeaux dans un seul berceau, enfantés ensemble, presque une seule chair, deux enfants qui ont échangé entre eux les seins tièdes et senti le goût de la salive du frère en même temps que la douceur du lait maternel. Maintenant je te possède et je ne te quitte pas jusqu'à ce que tu me dises que je t'ai guéri. Ne crains pas, Judas. C'est une confession que je veux. Mais tes compagnons penseront que c'est un colloque d'amour, tant rayonneront de paix réciproque, d'amour réciproque nos visages après ce colloque. Et je ferai en sorte qu'ils le croient de plus en plus en te tenant contre ma poitrine ce soir au souper, en trempant mon propre pain et en te le présentant comme à un préféré, et c'est à toi le premier que je donnerai la coupe après avoir rendu grâces à Dieu. Tu seras le roi du banquet, Judas, et tu le seras réellement. Épouse de l'Époux tu seras, ô âme que j'aime, si tu te rends pure et libre, en déposant ta poussière en mon sein purificateur.
Tu ne parles pas encore pour me dire ton chagrin ?"
"Tu m'as parlé avec tant de douceur... de la mère... de la maison... de ton amour... Un moment de faiblesse... Je suis tellement las !... Et il me semblait que tu ne m'aimais plus ainsi depuis quelque temps..."
"Non. Ce n'est pas cela. Dans tes paroles il n'y a qu'une seule vérité, et c'est que tu es las. Pas de la route, de la poussière, du soleil, de la boue, de la foule. Tu es las de toi. Ton âme est lasse de ta chair et de ton esprit. Si lasse qu'elle finira par s'éteindre de lassitude mortelle. Pauvre âme que Moi j'ai appelée aux splendeurs éternelles ! Pauvre âme qui sait que je t'aime, et qui te reproche de l'arracher à mon amour ! Pauvre âme qui te reproche, inutilement, comme Moi je te caresse inutilement de mon amour, d'agir sournoisement avec ton Maître. Mais ce n'est pas toi qui agis. C'est celui qui te hait et qui me hait. C'est pour cela que je te disais : "Ne reste pas seul". Eh bien, écoute. Mes nuits, tu sais que je les passe en grande partie à prier. Si un jour tu sens en toi le courage d'être un homme et la volonté d'être mien, viens à Moi pendant que tes compagnons dorment. Les étoiles, les fleurs, les oiseaux sont des témoins prudents et bons, silencieux, pleins de pitié. Les étoiles sont saisies d'horreur devant le crime qui arrive sous leur lumière, mais elles n'ont pas de voix pour dire aux hommes: "Celui-ci est un Caïn de son frère". Tu as compris, Judas ?"
"Oui, Maître. Mais crois-moi: je n'ai rien d'autre que de la lassitude et de l'émotion. Moi je t'aime de tout mon cœur et..."
"C'est bien. Il suffit."
"Tu me donnes un baiser, Maître ?"
"Oui, Judas, et je t'en donnerai d'autres..."
Jésus pousse un profond soupir, avec peine. Mais il baise Judas sur la joue. Et puis il lui prend la tête dans ses mains, et la tenant bien serrée en face de Lui à quelques décimètres, il la fixe, l'étudie, la transperce de son regard magnétique. Et Judas, ce malheureux, ne tressaille pas. Il reste en apparence imperturbable sous cet examen. Il devient seulement un peu pâle et pendant un instant il ferme les yeux.
Et Jésus baise ses paupières abaissées, et puis sa bouche, et puis son cœur, baissant la tête pour trouver le cœur du disciple... et il dit : «Voilà : pour chasser les nuées, pour te faire sentir la douceur de Jésus, pour fortifier ton cœur." Puis il le laisse et se dirige vers la maison, suivi de Judas.
"Tu arrives bien, Maître ! Tout est prêt, on n'attendait que Toi" dit Pierre.
"Bien. Je parlais avec Judas de tant de choses... N'est-ce pas, Judas ? Il faudrait s'occuper de ce pauvre vieux qui a eu son fils tué."
"Ah !" Judas saisit au vol l'occasion pour achever de se remettre et pour détourner, si jamais ils existaient, les soupçons des autres. "Ah ! Sais-tu, Maître ? Aujourd'hui nous avons été arrêtés par un groupe de gentils mêlés à des juifs des colonies romaines de Grèce. Ils voulaient savoir beaucoup de choses. Nous avons répondu comme nous avons pu. Mais nous ne les avons sûrement pas convaincus. Pourtant ils ont été bons et ils nous ont donné beaucoup d'argent. Le voilà, Maître. Nous pourrons faire beaucoup de bien." Et Judas met un gros sac de peau luxueuse sur la table et en tombant il émet un son argentin. Il est gros comme la tête d'un enfant.
"C'est bien, Judas, tu distribueras l'argent avec équité. Que voulaient savoir ces gentils ?"
"Des choses de la vie future... si l'homme a une âme et si elle est immortelle. Ils donnaient des noms de leurs maîtres. Mais nous... que pouvions-nous dire ?"
"Vous deviez leur dire de venir."
"Nous le leur avons dit. Ils viendront, peut-être."
Le repas se poursuit.
Jésus a pour voisin Judas et il lui donne du pain trempé dans la sauce qui se trouve sur le plat de la viande rôtie. Ils sont en train de manger des petites olives noires, quand on entend frapper à la porte. Et peu après la maîtresse de maison entre et elle dit : "Maître, c'est Toi qu'ils veulent."
"Qui est-ce ?"
"Des étrangers."
"Mais c'est impossible !"
"Le Maître est fatigué !"
"C'est toute la journée qu'il marche et qu'il parle !"
"Et puis ! Des gentils dans la maison ! Allons donc !" Les douze sont en émoi comme un essaim que l'on a dérangé.
"Chut ! Paix ! Ce n'est pas une fatigue pour Moi d'écouter qui me cherche. C'est mon repos."
"Ce pourrait être un piège, à cette heure !..."
"Non. Ce ne l'est pas. Restez tranquilles et reposez-vous. Moi, je me suis déjà reposé en vous attendant. J'y vais. Je ne vous demande pas de venir avec Moi... bien que... bien que je vous le dis : c'est justement parmi les gentils que vous devrez porter votre judaïsme qui ne sera plus que christianisme. Attendez-moi ici."
"Tu y vas seul ? Ah ! cela jamais !" dit Pierre, et il se lève.
"Reste où tu es. J'y vais seul."
Il sort. Il se présente à la porte qui donne sur la route. Dans le crépuscule, il y a une quantité d'hommes qui attendent.
"La paix soit avec vous. Vous voulez me voir ?"
"Salut, Maître !" C'est un vieillard imposant qui parle enveloppé dans un vêtement romain qui dépasse d'un petit manteau rond avec un capuchon relevé sur la tête. "Nous avons parlé aujourd'hui avec tes disciples, mais ils n'ont pas su nous donner beaucoup d'explications. Nous voudrions parler avec Toi."
"Vous êtes ceux de la riche obole ? Merci pour les pauvres de Dieu." Jésus s'adresse à la maîtresse de maison et lui dit : "Femme, je sors avec eux. Dis aux miens qu'ils viennent me retrouver près de la rive car, si je vois juste, ces gens sont des commerçants des magasins..."
"Et des navigateurs, Maître. Tu as vu juste."
Ils sortent tous ensemble sur la route illuminée par un beau clair de lune.
"Vous venez de loin ?" Jésus est au milieu du groupe avec, à côté de Lui, le vieillard qui a parlé le premier, un beau vieillard avec un net profil latin. De l'autre côté se trouve un autre d'un certain âge, au visage nettement hébraïque, et puis autour deux ou trois plutôt maigres au teint olivâtre, aux yeux éveillés et un peu ironiques, et d'autres plus robustes d'âges variables. Une dizaine de personnes.
"Nous sommes des colonies romaines de Grèce et d'Asie. En partie des juifs et en partie des gentils... Nous n'osions pas venir à cause de cela... Mais on nous a assuré que tu ne méprises pas les gentils... comme font les autres... Les juifs scrupuleux, je veux dire, ceux d'Israël, car ailleurs il y a aussi des juifs... moins rigides. Si bien que moi, romain, j'ai pour épouse une juive de Lycaonie, alors que lui a pour épouse une romaine, lui hébreux d'Éphèse."
"Je ne méprise personne, mais il faut être indulgent envers ceux qui ne savent pas encore penser que : le Créateur étant un, tous les hommes sont d'un même sang."
"Nous savons que tu es grand parmi les philosophes. Et ce que tu dis le confirme : grand et bon."
"Est bon celui qui fait le bien, non celui qui parle bien."
"Tu parles bien et tu agis bien. Tu es donc bon."
"Que voulez-vous savoir de Moi ?"
"Aujourd'hui, Maître, pardonne-nous si nous te fatiguons par notre curiosité. Mais il y a une curiosité qui est bonne parce qu'elle cherche la Vérité... Aujourd'hui nous voulions savoir des tiens la vérité sur une doctrine déjà ébauchée par les philosophes de l'Antiquité grecque et que Toi, nous dit-on, tu reviens enseigner plus vaste et plus belle. Eunique, mon épouse, a parlé avec des juifs qui t'ont entendu, et elle m'a répété ces paroles. Tu sais, Eunique qui est grecque, est cultivée et elle connaît les paroles des sages de sa patrie. Elle a trouvé des correspondances entre tes paroles et celles d'un grand philosophe grec, et même les paroles que tu as dites sont arrivées à Éphèse. Aussi, venus dans ce port, les uns pour le commerce, les autres pour les rites, nous nous sommes retrouvés entre amis et nous avons parlé. Les affaires n'empêchent pas de penser aussi à des choses plus élevées. Ayant rempli les magasins et chargé les bateaux, nous avons le temps de résoudre ce doute. Tu dis que l'âme est éternelle. Socrate a dit qu'elle est immortelle. Connais-tu les paroles du maître grec ?"
"Non. Je n'ai pas étudié dans les écoles de Rome et d'Athènes, mais parle. Je te comprends quand même. Je n'ignore pas la pensée du philosophe grec."
"Socrate, contrairement à ce que nous de Rome croyons, et contrairement aussi à ce que croient vos sadducéens, admet et soutient que l'homme a une âme et qu'elle est immortelle. Il dit que l'âme étant telle, la mort n'est pour elle qu'une libération et le passage d'une prison à un lieu libre où elle rejoint ceux qu'elle a aimés, et là elle connaît les sages, de la pensée desquels elle a entendu parler, et les grands, les héros, les poètes, et elle n'y trouve plus d'injustices ni de douleur, mais une félicité éternelle dans un séjour de paix, ouvert aux âmes immortelles qui ont vécu avec justice. Toi, Maître, qu'en dis-tu ?"
"En vérité je te dis que le maître grec, tout en étant dans l'erreur d'une religion qui n'est pas vraie, était dans la vérité en disant l'âme immortelle. En quête du Vrai et pratiquant la Vertu, il sentait au fond de son esprit murmurer la Voix du Dieu inconnu, du Vrai Dieu, du Dieu Unique : le Père très Haut, d'où je viens pour amener les hommes à la Vérité. L'homme a une âme, Une, Vraie, Éternelle, Maîtresse, capable de mériter la récompense ou le châtiment. Toute sienne, créée par Dieu, destinée dans la Pensée Créatrice à retourner à Dieu. Vous, gentils, vous vous adonnez trop au culte de la chair, œuvre admirable en vérité, sur laquelle se trouve la marque du Pouce éternel. Vous admirez trop l'intelligence, joyau renfermé dans l'écrin de votre tête et faisant couler de là ses rayons sublimes. Grand don, don supérieur du Dieu Créateur qui vous a formés selon sa Pensée et conforme à elle, et donc œuvre parfaite d'organes et de membres, et vous a donné la ressemblance avec sa Pensée et avec son Esprit. Mais la perfection de la ressemblance se trouve dans l'esprit. Car Dieu n'a pas les membres et l'opacité de la chair, comme Il n'a pas les sens et le foyer de la luxure. Mais c'est un Esprit très pur, éternel, parfait, immuable, infatigable en son action, se renouvelant sans cesse dans ses œuvres qu'il adapte paternellement au chemin d'ascension de sa créature. L'esprit, créé pour tous les hommes à partir d'une même Source de puissance et de bonté, ne connaît pas de différence de perfection initiale. Il n'y a qu'un seul Esprit Incréé, parfait et resté tel. Il y a trois esprits créés parfaits..."
"Tu es l'un d'eux, Maître."
"Pas Moi. Moi, dans ma chair, j'ai l'Esprit qui n'a pas été créé, mais qui a été engendré par le Père, par exubérance d'Amour."
"Qui donc ?"
"Les deux premiers parents d'où vient la race, créés parfaits et puis tombés, volontairement, dans l'imperfection. Le troisième, créé pour la joie de Dieu et de l'Univers, est trop au-dessus des possibilités de pensée et de foi du monde de maintenant pour que Moi je vous l'indique. Les esprits, disais-je, créés, venant d'une même Source avec une égale mesure de perfection, subissent ensuite, d'après leur mérite et leur volonté, une double métamorphose."
"Alors tu admets une seconde vie ?"
"Il n'y a qu'une seule vie. En elle, l'âme, qui a eu la ressemblance initiale avec Dieu, passe, grâce à la justice fidèlement pratiquée en toutes choses, à une plus parfaite ressemblance, je dirais à une seconde création d'elle-même, par laquelle elle évolue vers une double ressemblance avec le Créateur, en se rendant capable de posséder la sainteté qui est perfection de justice et ressemblance des fils avec le Père. Elle se trouve chez les bienheureux, c'est-à-dire en ceux dont votre Socrate dit qu'ils habitent l'Hadès. Mais je vous dis que quand la Sagesse aura dit ses paroles et les aura confirmées par le sang, ils seront les bienheureux du Paradis, du Royaume, c'est-à-dire, de Dieu."
"Et où sont-ils maintenant ?"
"Dans l'attente."
"De quoi ?"
"Du Sacrifice, du Pardon, de la Libération."
"On dit que le Messie sera le Rédempteur et que c'est Toi... C'est vrai ?"
"C'est vrai. Je le suis, Moi qui vous parle."
"Alors, tu devras mourir ? Pourquoi, Maître ? Le monde a tant besoin de Lumière, et tu veux le quitter ?"
"C'est toi, grec, qui me demande cela ? Toi, en qui trônent les paroles de Socrate ?"
"Maître, Socrate était un juste. Toi, tu es saint. Regarde quel besoin de sainteté a la Terre."
"Elle croîtra de dix mille puissances pour chaque douleur, pour chaque blessure, pour chaque goutte de mon Sang."
"Par Jupiter ! Jamais stoïque ne fut plus grand que Toi, qui ne te bornes pas à prêcher le mépris de la vie, mais qui t'apprêtes à t'en débarrasser."
"Je ne méprise pas la vie. Je l'aime comme la chose la plus utile pour acheter le salut du monde."
"Mais tu es jeune, Maître, pour mourir !"
"Ton philosophe dit qu'il est cher aux dieux celui qui est saint, et tu m'as appelé saint. Si je suis saint, je dois avoir soif de retourner à la Sainteté d'où je suis venu. On n'est jamais assez jeune, par conséquent, pour n'avoir pas cette soif. Socrate dit aussi que celui qui est saint aime à faire des choses agréables aux dieux. Quelle chose plus agréable que de rendre à l'embrassement du Père les enfants que la faute a éloignés et de donner à l'homme la paix avec Dieu, source de tout bien ?"
"Tu dis que tu ne connais pas les paroles de Socrate. Comment alors sais-tu ce que tu dis ?"
"Moi, je sais tout. La pensée des hommes, en tant que pensée bonne, n'est que la réflexion d'une de mes pensées. Ce qui n'est pas bon n'est pas de Moi, mais je l'ai lu dans la succession des temps, et j'ai su, je sais et je saurai quand cela a été, est, et sera dit. Moi, je sais."
"Seigneur, viens à Rome, phare du monde. Ici la haine t'environne. Là-bas la vénération t'environnera."
"Elle entourera l'homme, pas le Maître du surnaturel. Moi, je suis venu pour le surnaturel. Je dois l'apporter aux fils du Peuple de Dieu, bien qu'ils soient les plus durs avec le Verbe."
"Rome et Athènes ne te posséderont pas, alors ?"
"Elles me posséderont, ne craignez pas. Elles me posséderont. Ceux qui me voudront me posséderont."
"Mais s'ils te tuent..."
"L'esprit est immortel. Celui de tout homme. Ne le sera-t-il pas le mien, l'Esprit du Fils de Dieu ? Je viendrai par mon Esprit qui agira... Je viendrai... Je vois les foules sans nombre, et les Maisons que l'on élève en mon Nom... Je suis partout... Je parlerai dans les cathédrales et dans les cœurs... Mon évangélisation ne connaîtra pas de répit... L'Évangile parcourra la Terre... Tous les bons vers Moi... Et voilà... Je passe à la tête de mon armée de saints et je les amène au Ciel. Venez à la Vérité..."
"Oh ! Seigneur ! Nous avons l'âme enveloppée de formules et d'erreurs. Comment ferons-nous pour lui ouvrir les portes ?"
"Moi, je desserrerai les portes de l'Enfer. J'ouvrirai les portes de votre Hadès et de mes Limbes. Et je ne pourrai pas ouvrir les vôtres ? Dites : "Je veux" et comme une serrure faite d'ailes de papillons, elles tomberont en poussière au passage de mon Rayon."
"Qui viendra en ton Nom ?"
"Vous voyez cet homme qui vient en ce moment avec un autre un peu plus qu'adolescent ? Ils viendront à Rome et à la Terre. Et avec eux, beaucoup d'autres. Empressés, comme maintenant, à cause de mon amour qui les pousse et ne leur fait trouver de repos qu'à côté de Moi, ils viendront, pour l'amour de ceux qui sont rachetés par mon Sacrifice, vous chercher, vous rassembler, vous amener à la Lumière. Pierre ! Jean ! Venez. J'ai fini, je crois, et je suis à vous. Avez-vous autre chose à me dire ?"
"Rien d'autre, Maître. Nous partons emmenant avec nous tes paroles."
"Qu'elles germent en vous et poussent avec des racines éternelles. Allez. La paix soit avec vous."
"Salut à Toi, Maître."
Et la vision se termine...
*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-095.htm
TOME : 6/95
"Judas "de Kériot
***
À Joppé Jésus parle à Judas de Kériot et à des gentils
Je vois Jésus assis dans la cour intérieure d'une maison d'aspect convenable sans être luxueuse. Il paraît très fatigué. Il est assis sur un banc de pierre situé près d'un puits aux rebords peu élevés, que recouvre l'arceau d'une tonnelle verte. Les grappes de raisin commencent à se former. La fleur doit être tombée depuis peu et les grains semblent être des grains de mil suspendus à des pédoncules verts. Jésus tient sur son genou droit la pointe du coude droit et il appuie son menton dans le creux de la main. Parfois, comme pour trouver une position plus confortable, il appuie son bras replié sur le rebord du puits et sa tête repose sur son bras, comme s'il voulait dormir. Alors ses cheveux voilent son visage fatigué, qui autrement apparaît pâle et sérieux entre les boucles d'un blond roux.
Une femme va et vient les mains enfarinées, en passant d'une pièce de la maison à un cagibi situé du côté opposé de la cour et où doit se trouver le four. A chaque fois, elle regarde Jésus, mais elle ne trouble pas son repos. Le soir doit être proche car le soleil effleure à peine le haut de la terrasse au-dessus du toit, de moins en moins, jusqu'à ce qu'il la quitte.
Une dizaine de colombes descendent en roucoulant dans la cour pour leur dernier repas. Elles tournoient autour de Jésus comme pour voir quel est cet inconnu et, défiantes, elles n'osent se poser sur le sol. Jésus quitte ses réflexions, il sourit, tend une main, la paume en dessus, et il dit : "Vous avez faim ? Venez" comme s'il parlait à des humains. La plus audacieuse se pose sur cette main et, après elle, une autre et une autre. Jésus sourit. "Je n'ai rien, Moi" dit-il devant leur roucoulement insistant. Et puis il appelle à haute voix: "Femme ! Tes colombes ont faim. As-tu du grain pour elles ?"
"Oui, Maître. Il est dans un sac sous le portique. J'arrive."
"Laisse-moi faire. Je vais le donner. Cela me plaît."
"Elles ne viendront pas. Elles ne te connaissent pas."
"Oh ! J'en ai sur les épaules et jusque sur la tête !..."
Jésus, en fait, marche avec son étrange plumet fait d'une colombe à la poitrine couleur de plomb qui semble une cuirasse précieuse aux reflets changeants.
La femme, incrédule, se montre et dit : "Oh !"
"Tu le vois ? Les colombes sont meilleures que les hommes. Elles comprennent qui les aime. Les hommes... non."
"Ne pense pas, Maître, à ce qui est arrivé. Il y en a peu ici qui te haïssent. Les autres, à peu près tous, t'aiment, te respectent au moins."
"Oh ! Je ne me trouble pas pour cela. Je le dis pour te faire remarquer que souvent les bêtes sont meilleures que les hommes."
Jésus a ouvert le sac, y a plongé sa longue main et il en a sorti du grain blond qu'il a mis dans un repli de son manteau. Il referme le sac et revient au milieu de la cour en se défendant contre l'invasion des colombes qui veulent se servir elles-mêmes. Il ouvre le pli de son manteau et jette le grain sur le sol, et il rit de voir la lutte et les rixes des oiseaux goulus. Le repas est vite consommé, et les colombes boivent à un plat creux qui est près du puits, en regardant encore Jésus.
"Allez maintenant, il n'y a plus rien."
Les bestioles volettent encore un peu sur les épaules et les genoux de Jésus, et puis elles retournent à leurs nids. Jésus retombe dans sa méditation.
Des coups violents à la porte. La femme court ouvrir: ce sont les disciples.
"Venez" dit Jésus. "Avez-vous distribué l'argent aux pauvres ?"
"Oui, Maître."
"Jusqu'à la dernière piécette ? Rappelez-vous que ce qui nous est donné n'est pas pour nous, mais pour la Charité. Nous sommes pauvres et nous vivons de la pitié d'autrui. Malheureux l'apôtre qui exploite sa mission à des fins humaines !"
"Et si un jour on se trouve sans pain et que l'on est accusé de violer la Loi parce qu'on égrène des épis comme font les moineaux ?"
"As-tu jamais manqué de quelque chose, Judas ? De quelque chose d'essentiel depuis que tu es avec Moi ? Es-tu quelquefois tombé de langueur sur la route ?"
"Non, Maître."
"Quand je t'ai dit : "Viens" t'ai-je promis du confort et des richesses ? Et dans mes paroles à ceux qui m'écoutent ai-je jamais dit que je donnerai aux "miens" des avantages sur la Terre ?"
"Non, Maître."
"Et alors, Judas ? Pourquoi es-tu à ce point changé ? Ne sais-tu pas, ne sens-tu pas que ton mécontentement, ta froideur me donnent de la douleur ? Ne vois-tu pas que ce mécontentement se communique à tes frères ? Pourquoi, Judas, ami, toi appelé à un pareil sort, toi venu avec tant d'enthousiasme à mon amour et à ma Lumière, m'abandonnes-tu maintenant ?"
"Maître, moi je ne t'abandonne pas. Je suis celui qui se soucie le plus de Toi, de tes intérêts, de ta réussite. Je voudrais te voir triompher partout, crois-le."
"Je le sais. Humainement tu veux cela. C'est déjà beaucoup. Mais ce n'est pas cela que je veux, Judas, mon ami... Je suis venu pour bien autre chose qu'un triomphe humain et une royauté humaine... Je suis venu, non pas pour donner à des amis des bribes d'un triomphe humain, mais pour vous donner une récompense large, bien tassée, abondante, une récompense qui n'est plus une récompense tellement elle est pleine: c'est, une participation à mon Règne éternel, c'est une union dans les droits des fils de Dieu... Oh ! Judas ! Pourquoi ce sublime héritage ne t'exalte-t-il pas ? On y accède par le renoncement, mais il ne connaît pas de crépuscule. Viens encore plus près, Judas.
Tu le vois ? Nous sommes seuls. Les autres ont compris que je voulais te parler, à toi, distributeur de mes... richesses, des aumônes que le Fils de l'Homme, que le Fils de Dieu reçoit pour les donner au nom de Dieu et de l'Homme à l'homme. Ils sont rentrés. Nous sommes seuls, Judas, dans cette heure si douce du soir dans laquelle nos cœurs volent vers nos maisons lointaines, vers nos mères qui certainement, en préparant leur souper solitaire, pensent à nous et caressent de la main la place où nous nous assoyions avant cette heure de Dieu en laquelle le Vouloir très Saint nous a pris pour le faire aimer en esprit et en vérité.
Nos mères ! La mienne, si sainte et si pure, qui vous aime tant et prie pour vous, amis de son Jésus... La mienne, qui n'a que cette paix dans l'angoisse de sa Maternité de Mère du Christ: celle de me savoir entouré de votre affection... Ne décevez pas, ne blessez pas ce cœur de Mère, amis. Ne le brisez pas par une seule mauvaise action ! Ta mère, Judas. Ta mère, la dernière fois que nous sommes passés par Kériot, elle n'en finissait pas de me bénir et elle voulait me baiser les pieds parce qu'elle est heureuse que son Judas soit dans la Lumière de Dieu, et elle me disait : "Oh ! Maître ! Rends-le saint mon Judas ! Que veut un cœur de mère, sinon le bien de son enfant ? Et quel bien qui soit plus grand que le Bien éternel ?" En effet quel bien plus grand, Judas, que celui auquel je veux vous amener et auquel on arrive en suivant mon Chemin ? C'est une sainte femme que ta mère, Judas, une vraie fille d'Israël. Je n'ai pas voulu qu'elle me baise les pieds, car vous êtes mes amis et parce que dans toutes vos mères, dans toute mère bonne, je vois la mienne, Judas. Et je voudrais que vous, dans la vôtre, vous voyiez la mienne dans son redoutable destin de Corédemptrice, et vous ne voudriez pas, non, vous ne voudriez pas la tuer parce que... parce qu'il vous semblerait tuer la vôtre.
Judas, ne pleure pas. Pourquoi pleurer ? Si tu n'as rien sur le cœur qui soit un remords envers ta mère et la mienne, pourquoi répandre ces larmes ? Viens ici, mets ta tête sur mon épaule et dis à ton Ami ton angoisse. Tu as manqué ? Tu te sens près de manquer ?
Oh ! ne reste pas seul ! Triomphe de Satan avec l'aide de Celui qui t'aime. Je suis Jésus, Judas. Je suis le Jésus qui guérit les malades et qui chasse les démons. Je suis le Jésus qui sauve... et qui t'aime tant, et qui se tourmente de te voir ainsi affaibli. Je suis le Jésus qui enseigne à pardonner soixante-dix fois sept fois. Mais Moi, Moi, en ce qui me concerne, ce n'est pas soixante-dix fois, mais sept cent fois, sept mille fois sept fois que je vous pardonne... et il n'y a pas de faute. Judas, il n'y a pas de faute. Judas, il n'y a pas de faute. Judas, que Moi je ne pardonne, que Moi je ne pardonne, que Moi je ne pardonne si le coupable repentant me dit : "Jésus, j'ai péché". Moins encore : s'il dit seulement: "Jésus !". Encore moins : s'il me regarde seulement, suppliant. Et les premières fautes que je pardonne, sais-tu, ami, à qui je les pardonne ? Aux plus coupables et aux plus repentis. Et les toutes premières que je pardonne, sais-tu quelles elles sont : celles faites contre Moi.
Judas ?... Tu ne trouves pas un mot à répondre à ton Maître ?... Si lourde est ton angoisse qu'elle te coupe la parole ? Crains-tu que je te dénonce ? Ne le crains pas ! Il y a si longtemps que je veux te parler ainsi, en te tenant sur mon cœur, comme deux jumeaux dans un seul berceau, enfantés ensemble, presque une seule chair, deux enfants qui ont échangé entre eux les seins tièdes et senti le goût de la salive du frère en même temps que la douceur du lait maternel. Maintenant je te possède et je ne te quitte pas jusqu'à ce que tu me dises que je t'ai guéri. Ne crains pas, Judas. C'est une confession que je veux. Mais tes compagnons penseront que c'est un colloque d'amour, tant rayonneront de paix réciproque, d'amour réciproque nos visages après ce colloque. Et je ferai en sorte qu'ils le croient de plus en plus en te tenant contre ma poitrine ce soir au souper, en trempant mon propre pain et en te le présentant comme à un préféré, et c'est à toi le premier que je donnerai la coupe après avoir rendu grâces à Dieu. Tu seras le roi du banquet, Judas, et tu le seras réellement. Épouse de l'Époux tu seras, ô âme que j'aime, si tu te rends pure et libre, en déposant ta poussière en mon sein purificateur.
Tu ne parles pas encore pour me dire ton chagrin ?"
"Tu m'as parlé avec tant de douceur... de la mère... de la maison... de ton amour... Un moment de faiblesse... Je suis tellement las !... Et il me semblait que tu ne m'aimais plus ainsi depuis quelque temps..."
"Non. Ce n'est pas cela. Dans tes paroles il n'y a qu'une seule vérité, et c'est que tu es las. Pas de la route, de la poussière, du soleil, de la boue, de la foule. Tu es las de toi. Ton âme est lasse de ta chair et de ton esprit. Si lasse qu'elle finira par s'éteindre de lassitude mortelle. Pauvre âme que Moi j'ai appelée aux splendeurs éternelles ! Pauvre âme qui sait que je t'aime, et qui te reproche de l'arracher à mon amour ! Pauvre âme qui te reproche, inutilement, comme Moi je te caresse inutilement de mon amour, d'agir sournoisement avec ton Maître. Mais ce n'est pas toi qui agis. C'est celui qui te hait et qui me hait. C'est pour cela que je te disais : "Ne reste pas seul". Eh bien, écoute. Mes nuits, tu sais que je les passe en grande partie à prier. Si un jour tu sens en toi le courage d'être un homme et la volonté d'être mien, viens à Moi pendant que tes compagnons dorment. Les étoiles, les fleurs, les oiseaux sont des témoins prudents et bons, silencieux, pleins de pitié. Les étoiles sont saisies d'horreur devant le crime qui arrive sous leur lumière, mais elles n'ont pas de voix pour dire aux hommes: "Celui-ci est un Caïn de son frère". Tu as compris, Judas ?"
"Oui, Maître. Mais crois-moi: je n'ai rien d'autre que de la lassitude et de l'émotion. Moi je t'aime de tout mon cœur et..."
"C'est bien. Il suffit."
"Tu me donnes un baiser, Maître ?"
"Oui, Judas, et je t'en donnerai d'autres..."
Jésus pousse un profond soupir, avec peine. Mais il baise Judas sur la joue. Et puis il lui prend la tête dans ses mains, et la tenant bien serrée en face de Lui à quelques décimètres, il la fixe, l'étudie, la transperce de son regard magnétique. Et Judas, ce malheureux, ne tressaille pas. Il reste en apparence imperturbable sous cet examen. Il devient seulement un peu pâle et pendant un instant il ferme les yeux.
Et Jésus baise ses paupières abaissées, et puis sa bouche, et puis son cœur, baissant la tête pour trouver le cœur du disciple... et il dit : «Voilà : pour chasser les nuées, pour te faire sentir la douceur de Jésus, pour fortifier ton cœur." Puis il le laisse et se dirige vers la maison, suivi de Judas.
"Tu arrives bien, Maître ! Tout est prêt, on n'attendait que Toi" dit Pierre.
"Bien. Je parlais avec Judas de tant de choses... N'est-ce pas, Judas ? Il faudrait s'occuper de ce pauvre vieux qui a eu son fils tué."
"Ah !" Judas saisit au vol l'occasion pour achever de se remettre et pour détourner, si jamais ils existaient, les soupçons des autres. "Ah ! Sais-tu, Maître ? Aujourd'hui nous avons été arrêtés par un groupe de gentils mêlés à des juifs des colonies romaines de Grèce. Ils voulaient savoir beaucoup de choses. Nous avons répondu comme nous avons pu. Mais nous ne les avons sûrement pas convaincus. Pourtant ils ont été bons et ils nous ont donné beaucoup d'argent. Le voilà, Maître. Nous pourrons faire beaucoup de bien." Et Judas met un gros sac de peau luxueuse sur la table et en tombant il émet un son argentin. Il est gros comme la tête d'un enfant.
"C'est bien, Judas, tu distribueras l'argent avec équité. Que voulaient savoir ces gentils ?"
"Des choses de la vie future... si l'homme a une âme et si elle est immortelle. Ils donnaient des noms de leurs maîtres. Mais nous... que pouvions-nous dire ?"
"Vous deviez leur dire de venir."
"Nous le leur avons dit. Ils viendront, peut-être."
Le repas se poursuit.
Jésus a pour voisin Judas et il lui donne du pain trempé dans la sauce qui se trouve sur le plat de la viande rôtie. Ils sont en train de manger des petites olives noires, quand on entend frapper à la porte. Et peu après la maîtresse de maison entre et elle dit : "Maître, c'est Toi qu'ils veulent."
"Qui est-ce ?"
"Des étrangers."
"Mais c'est impossible !"
"Le Maître est fatigué !"
"C'est toute la journée qu'il marche et qu'il parle !"
"Et puis ! Des gentils dans la maison ! Allons donc !" Les douze sont en émoi comme un essaim que l'on a dérangé.
"Chut ! Paix ! Ce n'est pas une fatigue pour Moi d'écouter qui me cherche. C'est mon repos."
"Ce pourrait être un piège, à cette heure !..."
"Non. Ce ne l'est pas. Restez tranquilles et reposez-vous. Moi, je me suis déjà reposé en vous attendant. J'y vais. Je ne vous demande pas de venir avec Moi... bien que... bien que je vous le dis : c'est justement parmi les gentils que vous devrez porter votre judaïsme qui ne sera plus que christianisme. Attendez-moi ici."
"Tu y vas seul ? Ah ! cela jamais !" dit Pierre, et il se lève.
"Reste où tu es. J'y vais seul."
Il sort. Il se présente à la porte qui donne sur la route. Dans le crépuscule, il y a une quantité d'hommes qui attendent.
"La paix soit avec vous. Vous voulez me voir ?"
"Salut, Maître !" C'est un vieillard imposant qui parle enveloppé dans un vêtement romain qui dépasse d'un petit manteau rond avec un capuchon relevé sur la tête. "Nous avons parlé aujourd'hui avec tes disciples, mais ils n'ont pas su nous donner beaucoup d'explications. Nous voudrions parler avec Toi."
"Vous êtes ceux de la riche obole ? Merci pour les pauvres de Dieu." Jésus s'adresse à la maîtresse de maison et lui dit : "Femme, je sors avec eux. Dis aux miens qu'ils viennent me retrouver près de la rive car, si je vois juste, ces gens sont des commerçants des magasins..."
"Et des navigateurs, Maître. Tu as vu juste."
Ils sortent tous ensemble sur la route illuminée par un beau clair de lune.
"Vous venez de loin ?" Jésus est au milieu du groupe avec, à côté de Lui, le vieillard qui a parlé le premier, un beau vieillard avec un net profil latin. De l'autre côté se trouve un autre d'un certain âge, au visage nettement hébraïque, et puis autour deux ou trois plutôt maigres au teint olivâtre, aux yeux éveillés et un peu ironiques, et d'autres plus robustes d'âges variables. Une dizaine de personnes.
"Nous sommes des colonies romaines de Grèce et d'Asie. En partie des juifs et en partie des gentils... Nous n'osions pas venir à cause de cela... Mais on nous a assuré que tu ne méprises pas les gentils... comme font les autres... Les juifs scrupuleux, je veux dire, ceux d'Israël, car ailleurs il y a aussi des juifs... moins rigides. Si bien que moi, romain, j'ai pour épouse une juive de Lycaonie, alors que lui a pour épouse une romaine, lui hébreux d'Éphèse."
"Je ne méprise personne, mais il faut être indulgent envers ceux qui ne savent pas encore penser que : le Créateur étant un, tous les hommes sont d'un même sang."
"Nous savons que tu es grand parmi les philosophes. Et ce que tu dis le confirme : grand et bon."
"Est bon celui qui fait le bien, non celui qui parle bien."
"Tu parles bien et tu agis bien. Tu es donc bon."
"Que voulez-vous savoir de Moi ?"
"Aujourd'hui, Maître, pardonne-nous si nous te fatiguons par notre curiosité. Mais il y a une curiosité qui est bonne parce qu'elle cherche la Vérité... Aujourd'hui nous voulions savoir des tiens la vérité sur une doctrine déjà ébauchée par les philosophes de l'Antiquité grecque et que Toi, nous dit-on, tu reviens enseigner plus vaste et plus belle. Eunique, mon épouse, a parlé avec des juifs qui t'ont entendu, et elle m'a répété ces paroles. Tu sais, Eunique qui est grecque, est cultivée et elle connaît les paroles des sages de sa patrie. Elle a trouvé des correspondances entre tes paroles et celles d'un grand philosophe grec, et même les paroles que tu as dites sont arrivées à Éphèse. Aussi, venus dans ce port, les uns pour le commerce, les autres pour les rites, nous nous sommes retrouvés entre amis et nous avons parlé. Les affaires n'empêchent pas de penser aussi à des choses plus élevées. Ayant rempli les magasins et chargé les bateaux, nous avons le temps de résoudre ce doute. Tu dis que l'âme est éternelle. Socrate a dit qu'elle est immortelle. Connais-tu les paroles du maître grec ?"
"Non. Je n'ai pas étudié dans les écoles de Rome et d'Athènes, mais parle. Je te comprends quand même. Je n'ignore pas la pensée du philosophe grec."
"Socrate, contrairement à ce que nous de Rome croyons, et contrairement aussi à ce que croient vos sadducéens, admet et soutient que l'homme a une âme et qu'elle est immortelle. Il dit que l'âme étant telle, la mort n'est pour elle qu'une libération et le passage d'une prison à un lieu libre où elle rejoint ceux qu'elle a aimés, et là elle connaît les sages, de la pensée desquels elle a entendu parler, et les grands, les héros, les poètes, et elle n'y trouve plus d'injustices ni de douleur, mais une félicité éternelle dans un séjour de paix, ouvert aux âmes immortelles qui ont vécu avec justice. Toi, Maître, qu'en dis-tu ?"
"En vérité je te dis que le maître grec, tout en étant dans l'erreur d'une religion qui n'est pas vraie, était dans la vérité en disant l'âme immortelle. En quête du Vrai et pratiquant la Vertu, il sentait au fond de son esprit murmurer la Voix du Dieu inconnu, du Vrai Dieu, du Dieu Unique : le Père très Haut, d'où je viens pour amener les hommes à la Vérité. L'homme a une âme, Une, Vraie, Éternelle, Maîtresse, capable de mériter la récompense ou le châtiment. Toute sienne, créée par Dieu, destinée dans la Pensée Créatrice à retourner à Dieu. Vous, gentils, vous vous adonnez trop au culte de la chair, œuvre admirable en vérité, sur laquelle se trouve la marque du Pouce éternel. Vous admirez trop l'intelligence, joyau renfermé dans l'écrin de votre tête et faisant couler de là ses rayons sublimes. Grand don, don supérieur du Dieu Créateur qui vous a formés selon sa Pensée et conforme à elle, et donc œuvre parfaite d'organes et de membres, et vous a donné la ressemblance avec sa Pensée et avec son Esprit. Mais la perfection de la ressemblance se trouve dans l'esprit. Car Dieu n'a pas les membres et l'opacité de la chair, comme Il n'a pas les sens et le foyer de la luxure. Mais c'est un Esprit très pur, éternel, parfait, immuable, infatigable en son action, se renouvelant sans cesse dans ses œuvres qu'il adapte paternellement au chemin d'ascension de sa créature. L'esprit, créé pour tous les hommes à partir d'une même Source de puissance et de bonté, ne connaît pas de différence de perfection initiale. Il n'y a qu'un seul Esprit Incréé, parfait et resté tel. Il y a trois esprits créés parfaits..."
"Tu es l'un d'eux, Maître."
"Pas Moi. Moi, dans ma chair, j'ai l'Esprit qui n'a pas été créé, mais qui a été engendré par le Père, par exubérance d'Amour."
"Qui donc ?"
"Les deux premiers parents d'où vient la race, créés parfaits et puis tombés, volontairement, dans l'imperfection. Le troisième, créé pour la joie de Dieu et de l'Univers, est trop au-dessus des possibilités de pensée et de foi du monde de maintenant pour que Moi je vous l'indique. Les esprits, disais-je, créés, venant d'une même Source avec une égale mesure de perfection, subissent ensuite, d'après leur mérite et leur volonté, une double métamorphose."
"Alors tu admets une seconde vie ?"
"Il n'y a qu'une seule vie. En elle, l'âme, qui a eu la ressemblance initiale avec Dieu, passe, grâce à la justice fidèlement pratiquée en toutes choses, à une plus parfaite ressemblance, je dirais à une seconde création d'elle-même, par laquelle elle évolue vers une double ressemblance avec le Créateur, en se rendant capable de posséder la sainteté qui est perfection de justice et ressemblance des fils avec le Père. Elle se trouve chez les bienheureux, c'est-à-dire en ceux dont votre Socrate dit qu'ils habitent l'Hadès. Mais je vous dis que quand la Sagesse aura dit ses paroles et les aura confirmées par le sang, ils seront les bienheureux du Paradis, du Royaume, c'est-à-dire, de Dieu."
"Et où sont-ils maintenant ?"
"Dans l'attente."
"De quoi ?"
"Du Sacrifice, du Pardon, de la Libération."
"On dit que le Messie sera le Rédempteur et que c'est Toi... C'est vrai ?"
"C'est vrai. Je le suis, Moi qui vous parle."
"Alors, tu devras mourir ? Pourquoi, Maître ? Le monde a tant besoin de Lumière, et tu veux le quitter ?"
"C'est toi, grec, qui me demande cela ? Toi, en qui trônent les paroles de Socrate ?"
"Maître, Socrate était un juste. Toi, tu es saint. Regarde quel besoin de sainteté a la Terre."
"Elle croîtra de dix mille puissances pour chaque douleur, pour chaque blessure, pour chaque goutte de mon Sang."
"Par Jupiter ! Jamais stoïque ne fut plus grand que Toi, qui ne te bornes pas à prêcher le mépris de la vie, mais qui t'apprêtes à t'en débarrasser."
"Je ne méprise pas la vie. Je l'aime comme la chose la plus utile pour acheter le salut du monde."
"Mais tu es jeune, Maître, pour mourir !"
"Ton philosophe dit qu'il est cher aux dieux celui qui est saint, et tu m'as appelé saint. Si je suis saint, je dois avoir soif de retourner à la Sainteté d'où je suis venu. On n'est jamais assez jeune, par conséquent, pour n'avoir pas cette soif. Socrate dit aussi que celui qui est saint aime à faire des choses agréables aux dieux. Quelle chose plus agréable que de rendre à l'embrassement du Père les enfants que la faute a éloignés et de donner à l'homme la paix avec Dieu, source de tout bien ?"
"Tu dis que tu ne connais pas les paroles de Socrate. Comment alors sais-tu ce que tu dis ?"
"Moi, je sais tout. La pensée des hommes, en tant que pensée bonne, n'est que la réflexion d'une de mes pensées. Ce qui n'est pas bon n'est pas de Moi, mais je l'ai lu dans la succession des temps, et j'ai su, je sais et je saurai quand cela a été, est, et sera dit. Moi, je sais."
"Seigneur, viens à Rome, phare du monde. Ici la haine t'environne. Là-bas la vénération t'environnera."
"Elle entourera l'homme, pas le Maître du surnaturel. Moi, je suis venu pour le surnaturel. Je dois l'apporter aux fils du Peuple de Dieu, bien qu'ils soient les plus durs avec le Verbe."
"Rome et Athènes ne te posséderont pas, alors ?"
"Elles me posséderont, ne craignez pas. Elles me posséderont. Ceux qui me voudront me posséderont."
"Mais s'ils te tuent..."
"L'esprit est immortel. Celui de tout homme. Ne le sera-t-il pas le mien, l'Esprit du Fils de Dieu ? Je viendrai par mon Esprit qui agira... Je viendrai... Je vois les foules sans nombre, et les Maisons que l'on élève en mon Nom... Je suis partout... Je parlerai dans les cathédrales et dans les cœurs... Mon évangélisation ne connaîtra pas de répit... L'Évangile parcourra la Terre... Tous les bons vers Moi... Et voilà... Je passe à la tête de mon armée de saints et je les amène au Ciel. Venez à la Vérité..."
"Oh ! Seigneur ! Nous avons l'âme enveloppée de formules et d'erreurs. Comment ferons-nous pour lui ouvrir les portes ?"
"Moi, je desserrerai les portes de l'Enfer. J'ouvrirai les portes de votre Hadès et de mes Limbes. Et je ne pourrai pas ouvrir les vôtres ? Dites : "Je veux" et comme une serrure faite d'ailes de papillons, elles tomberont en poussière au passage de mon Rayon."
"Qui viendra en ton Nom ?"
"Vous voyez cet homme qui vient en ce moment avec un autre un peu plus qu'adolescent ? Ils viendront à Rome et à la Terre. Et avec eux, beaucoup d'autres. Empressés, comme maintenant, à cause de mon amour qui les pousse et ne leur fait trouver de repos qu'à côté de Moi, ils viendront, pour l'amour de ceux qui sont rachetés par mon Sacrifice, vous chercher, vous rassembler, vous amener à la Lumière. Pierre ! Jean ! Venez. J'ai fini, je crois, et je suis à vous. Avez-vous autre chose à me dire ?"
"Rien d'autre, Maître. Nous partons emmenant avec nous tes paroles."
"Qu'elles germent en vous et poussent avec des racines éternelles. Allez. La paix soit avec vous."
"Salut à Toi, Maître."
Et la vision se termine...
*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-095.htm
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"Judas "de Kériot
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Dans le domaine de Nicodème
Jésus y arrive par une fraîche aurore. Et elles sont belles ces fertiles campagnes du bon Nicodème aux premiers rayons du soleil. Belles, bien que beaucoup de champs soient déjà fauchés et présentent le même aspect des champs après la mort des blés, qui en meules d'or ou encore étendus comme des cadavres sur le sol, attendent d'être transportés sur les aires. Et avec eux meurent les bleuets étoiles couleur de saphir, les gueules-de-loup violettes, les corolles minuscules des scabieuses, les calices fragiles des campanules, les corolles riantes des camomilles et des marguerites, les coquelicots aux couleurs criardes, et cent autres fleurs en étoiles, en épis, en grappes, en corolles, riaient auparavant là où s'étend maintenant la couleur jaune des chaumes. Mais pour consoler le deuil de la terre dépouillée des blés il y a les frondaisons des arbres fruitiers de plus en plus pimpants avec leurs fruits qui grossissent et prennent des teintes variées et qui, en ce moment, brillent d'une poussière de diamants formée par la rosée que le soleil n'a pas encore évaporée.
Les paysans sont déjà au travail, heureux d'arriver à la fin du pénible travail de la moisson. Ils chantent tout en fauchant et rient gaiement rivalisant à qui sera le plus agile et le plus adroit à manier la faux et lier les gerbes... De nombreux bataillons de paysans bien nourris qui sont heureux de travailler pour un bon maître. Et, aux bords des champs ou derrière ceux qui lient les gerbes, des enfants, des veuves, des vieillards qui attendent pour glaner et qui attendent sans inquiétude, parce qu'ils savent qu'il y en aura pour tout le monde, comme toujours, "par ordre de Nicodème" comme l'explique une veuve à Jésus qui l'interroge.
"Lui surveille" dit-elle "pour qu'on laisse exprès de nombreux épis hors des gerbes, pour nous. Et non content encore d'une telle charité, après avoir pris une quantité convenable proportionnée à la semence, il nous distribue le reste. Oh ! il n'attend pas pour le faire l'année sabbatique ! Mais toujours il fait bénéficier le pauvre de son blé et il fait de même pour les oliviers et les vignes. C'est pour cela que Dieu le bénit par des récoltes miraculeuses. Les bénédictions des pauvres sont comme la rosée sur les graines et sur les fleurs et font que chaque graine produise plus d'épis et qu'aucune fleur ne tombe sans qu'un fruit se forme. Puis, cette année, il nous a fait savoir que tout est pour nous, parce que c'est une année de grâce. De quelle grâce parle-t-il, je ne sais pas. Si ce n'est qu'on dit entre nous les pauvres et parmi ses heureux serviteurs, que lui est secrètement un disciple de Celui qui se dit le Christ qui prêche l'amour pour les pauvres pour témoigner de l'amour à Dieu... Peut-être Toi tu le connais si tu es un ami de Nicodème... Car les amis ont habituellement les mêmes affections... Joseph d'Arimathie, par exemple, est un grand ami de Nicodème et on dit aussi de lui qu'il est un ami du Rabbi... Oh ! Qu'ai-je dit ! Que Dieu me pardonne ! J'ai nui à deux bons de la plaine !..." La femme est consternée.
Jésus sourit et demande : "Pourquoi, femme ?"
"Parce que... Oh ! Dis-moi, es-tu un véritable ami de Nicodème et de Joseph, ou es-tu quelqu'un du Sanhédrin, un des faux amis qui nuiraient aux deux bons s'ils avaient la certitude qu'ils sont des amis du Galiléen ?"
"Rassure-toi. Je suis un véritable ami des deux bons. Mais tu sais beaucoup de choses, ô femme ! Comment les sais-tu ?"
"Oh ! nous les connaissons tous ! Ceux de la haute avec haine, les petits gens avec amour. Parce que, même si nous ne le connaissons pas, nous aimons le Christ, nous les abandonnés que Lui seul aime et qu'il apprend à aimer. Et nous tremblons pour Lui... Si perfides sont les juifs, les pharisiens, les scribes et les prêtres !... Mais je te scandalise... Pardonne-moi. C'est une langue de femme et qui ne sait pas se taire...
Mais c'est parce que toute la douleur nous vient d'eux, les puissants qui nous oppriment sans pitié et qui nous obligent à des jeûnes que ne prescrit pas la Loi, mais qui sont imposés par la nécessité de trouver de l'argent pour payer toutes les dîmes qu'eux, les riches, ont mises sur les pauvres... Et c'est pour cela que tout l'espoir est dans le Royaume de ce Rabbi qui, s'il est si bon maintenant qu'il est persécuté, que sera-t-il donc quand il pourra être roi ?"
"Son Royaume n'est pas de ce monde, ô femme. Lui n'aura ni palais ni armées. Il n'imposera pas de lois humaines. Il ne distribuera pas de l'argent, mais il apprendra aux meilleurs à le faire. Et les pauvres trouveront non pas deux ou dix ou cent amis parmi les riches, mais tous ceux qui croient dans le Maître uniront leurs biens pour aider leurs frères sans biens. Car, désormais, on n'appellera plus "prochain" son semblable, mais "frère", au nom du Seigneur."
"Oh !..." La femme est stupéfaite en songeant à cette ère d'amour. Elle caresse ses enfants, sourit, puis elle lève la tête, et elle dit : "Alors tu m'assures que je n'ai pas nui à Nicodème... en parlant avec Toi ? Cela m'est venu si spontanément... Tes yeux sont si doux !... Si serein est ton aspect !... Je ne sais pas... Je me sens en sécurité comme si j'étais près d'un ange de Dieu... C'est pour cela que j'ai parlé..."
"Tu ne lui as pas nui, sois-en certaine. Au contraire tu as donné à mon ami une grande louange pour laquelle je le féliciterai, et il me sera plus cher que jamais. Tu es de cette région ?"
"Oh ! non, Seigneur. Je suis d'entre Lida et Bettegon. Mais quand il s'agit d'être soulagé, Seigneur, on court, même si la route est longue ! Plus longs sont les mois d'hiver et de faim..."
"Et plus longue que la vie est l'éternité. Il faudrait avoir pour l'âme la sollicitude que l'on a pour la chair, et courir là où sont les paroles de vie..."
"C'est ce que je fais avec les disciples du Rabbi Jésus, cet homme bon, sais-tu ? Le seul qui soit bon des trop nombreux rabbins que nous avons."
"Tu fais bien, femme" dit Jésus en souriant. Mais il fait signe à André et à Jacques de Zébédée qui sont avec Lui, pendant que les autres sont allés à la maison de Nicodème, de ne pas faire tout un manège pour faire comprendre à la femme que le Rabbi Jésus est celui qui lui parle.
"Certes que je fais bien. Moi, je veux être exempte du péché de ne pas l'avoir aimé et cru... Ils disent que c'est le Christ... Moi, je ne le connais pas, mais je veux croire car je pense qu'il arrivera malheur à ceux qui ne veulent pas le reconnaître comme tel."
"Et si ses disciples se trompaient ?" dit Jésus pour la tenter.
"Cela ne peut-être, Seigneur. Ils sont trop bons, humbles et pauvres pour penser qu'ils suivent quelqu'un qui n'est pas saint. Et puis... J'ai parlé avec des gens guéris par Lui. Ne fais pas le péché de ne pas croire, Seigneur ! Tu damnerais ton âme... Enfin... moi je pense que, même si nous nous trompions tous et si Lui n'était pas le Roi promis, il est certainement saint et ami de Dieu, s'il dit ces paroles et guérit les âmes et les corps... Et avoir de l'estime pour les bons, cela fait toujours du bien."
"Tu as bien parlé, persiste dans ta foi... Voilà Nicodème..."
"Oui. Avec des disciples du Rabbi. En effet ils sont dans les campagnes en train d'évangéliser les moissonneurs. Pas plus tard qu'hier, nous avons mangé de leur pain."
Nicodème, en vêtements courts, avance pendant ce temps sans apercevoir le Maître et il ordonne aux paysans de ne pas enlever un seul des épis qu'ils ont coupés. "Pour nous, nous en avons, du pain... Donnons le don de Dieu à ceux qui en sont privés. Et donnons-le sans crainte. Nous aurions pu avoir les moissons détruites par une gelée tardive. Il ne s'en est pas perdu un grain. Rendons à Dieu son pain en le donnant à ses enfants malheureux. Et je vous assure qu'elle sera encore plus fructueuse, à mille pour cent, la récolte de l'année prochaine parce que Lui a dit : "Une mesure débordante sera donnée à celui qui a donné"
Les paysans, respectueux et joyeux, écoutent et approuvent le Maître. Et Nicodème, de champ en champ, de groupe en groupe, répète son bon ordre.
Jésus, à demi caché par un rideau de roseaux près d'un fossé de séparation, approuve et sourit. Il sourit d'autant plus que Nicodème approche davantage et est imminente la rencontre et la surprise.
Le voilà qui saute le petit fossé pour aller vers d'autres champs... Et voilà qu'il reste pétrifié en face de Jésus qui lui tend les bras.
Il retrouve enfin la parole : "Maître saint, mais comment donc chez moi, Toi bénit ?"
"Pour te connaître, s'il y en avait encore besoin, par les paroles de tes témoins les plus vrais : ceux que tu combles de bienfaits..."
Nicodème est à genoux, courbé jusqu'au sol, et à genoux aussi les disciples dirigés par Etienne et Joseph d'Emmaüs de la montagne. Les paysans comprennent, les pauvres comprennent, et tous sont à terre, dans leur stupeur pleine de vénération.
"Levez-vous. Jusqu'à tout à l'heure, j'étais le voyageur qui inspire confiance... Voyez-moi encore comme tel, et aimez-moi sans peur. Nicodème, j'ai envoyé chez toi les dix qui manquent..."
"J'ai passé la nuit dehors pour veiller à ce que fût exécuté un ordre..."
"Oui. Dieu te bénit pour cet ordre. Quelle voix t'a dit que c'est une année de grâce, et pas l'année qui vient, par exemple ?"
"...Je ne sais pas... et je sais... Je ne suis pas prophète. Mais je ne suis pas obtus et à mon intelligence s'est unie une lumière du Ciel. Mon Maître... je voulais que les pauvres jouissent des dons de Dieu, pendant que Dieu est encore parmi les pauvres... Et je n'osais pas espérer te posséder, pour donner une suave saveur et une puissance sanctificatrice à ces blés, à mes olives, et aux vignes et aux vergers qui seront pour les pauvres enfants de Dieu, mes frères... Mais maintenant que tu es ici, lève ta main bénie et donne ta bénédiction, afin que, avec la nourriture de la chair, descende sur ceux qui s'en nourriront la sainteté qui émane de Toi."
"Oui, Nicodème, c'est un juste désir que le Ciel approuve." Et Jésus ouvre les bras pour bénir.
"Oh ! Attends ! Que j'appelle les paysans" et avec un sifflet, il siffle par trois fois, un sifflement aigu qui se répand dans l'air tranquille et provoque la course des moissonneurs, des glaneurs, des curieux qui arrivent de tous côtés. Une petite foule...
Jésus ouvre les bras et dit : "Par la vertu du Seigneur, par le désir de son serviteur, que la grâce du salut de l'esprit et de la chair descende dans chaque graine, chaque grain de raisin, et toute olive ou en tout fruit, qu'elle rende prospères et sanctifie ceux qui s'en nourrissent avec un esprit bon. pur de concupiscence et de haine, et désireux de servir le Seigneur en obéissant à sa divine et parfaite Volonté."
"Qu'il en soit ainsi" répondent Nicodème, André, Jacques et les autres disciples... "Qu'il en soit ainsi" répète la petite foule, en se levant, car elle s'était agenouillée pour que Jésus la bénisse.
"Suspends les travaux, ami. Je veux leur parler."
"Un don dans le don. Merci pour eux, ô Maître !"
Ils vont à l'ombre d'un verger feuillu et attendent d'être rejoints par les dix envoyés à la maison qui accourent essoufflés et déçus de ne pas avoir trouvé Nicodème.
Puis Jésus parle:
"La paix soit avec vous. À vous tous qui m'entourez, je veux proposer une parabole et que chacun en recueille l'enseignement et la partie qui lui convient davantage.
Écoutez : un homme avait deux fils. S'étant approché du premier, il lui dit : "Mon fils, viens travailler aujourd'hui dans la vigne de ton père". C'était une grande marque d'honneur de son père ! Il jugeait le fils capable de travailler là où jusqu'alors c'était le père qui avait travaillé. C'était signe qu'il voyait en son fils de la bonne volonté, de la constance, des capacités, de l'expérience, et de l'amour pour le père. Mais le fils, un peu distrait par des choses du monde, craignant de paraître un serviteur — Satan use de ces mirages pour éloigner du bien — craignant des moqueries et peut-être aussi des représailles des ennemis de son père, qui n'osaient pas lever la main sur lui mais qui auraient eu moins d'égards pour le fils, répondit : "Je n'y vais pas. Je ne désire pas y aller". Le père alla alors trouver l'autre fils pour lui dire ce qu'il avait dit au premier. Et le second fils répondit aussitôt : "Oui, père, j'y vais tout de suite".
Pourtant qu'arriva-t-il ? Le premier fils avait l'âme droite. Après un moment de faiblesse dans la tentation, de révolte, il se repentit d'avoir déplu à son père, et sans rien dire il s'en alla à la vigne. Il travailla tout le jour jusque tard dans la soirée. Il revint satisfait à la maison avec dans le cœur la paix du devoir accompli. Le second, au contraire, menteur et faible, sortit de la maison, c'est vrai, mais ensuite il perdit son temps à flâner dans le village, à faire des visites inutiles à des amis influents dont il espérait tirer du profit. Et il disait dans son cœur : "Le père est vieux et il ne sort pas de la maison. Je lui dirai que j'ai obéi, et il le croira..."
Mais le soir venu pour lui aussi, il revint à la maison, son aspect las d'homme oisif, ses vêtements sans faux plis, le manque d'assurance du salut donné au père qui l'observait et le comparaît avec l'aîné, qui était revenu fatigué, sale, mal peigné, mais joyeux et sincère avec son regard franc, humble et bon, qui, sans vouloir se vanter du devoir accompli, voulait pourtant dire au père : "Je t'aime et avec vérité, tellement que pour te faire plaisir, j'ai vaincu la tentation", parlaient clairement à l'intelligence du père, qui embrassa son fils fatigué en lui disant : "Tu es béni parce que tu as compris l'amour !"
En effet qu'en pensez-vous ? Lequel des deux avait aimé ? Certainement Vous dites : "Celui qui avait fait la volonté de son père". Et qui l'avait faite ? Le premier ou le second fils? ?"
"Le premier" répond la foule unanime.
"Le premier. Oui. En Israël aussi, et vous vous en lamentez, ce ne sont pas ceux qui disent : "Seigneur ! Seigneur !" en se frappant la poitrine sans avoir au cœur un vrai repentir de leurs péchés - et c'est si vrai que leur cœur devient de plus en plus dur - ce ne sont pas ceux qui observent les rites avec ostentation pour qu'on les appelle saints, mais dans la vie privée sont sans charité et sans justice; ce ne sont pas eux, qui se révoltent, en vérité, contre la Volonté de Dieu qui m'envoie et qui l'attaquent comme si c'était la volonté de Satan, et cela ne sera pas pardonné; ce ne sont pas eux qui sont les saints aux yeux de Dieu. Mais ce sont ceux qui, en reconnaissant que Dieu fait bien tout ce qu'il fait, accueillent l'Envoyé de Dieu et écoutent ses paroles pour savoir mieux faire, toujours mieux ce que veut le Père, qui sont saints et chers au Très-Haut.
En vérité je vous le dis : les ignorants, les pauvres, les publicains, les courtisanes passeront avant beaucoup de ceux que l'on appelle "maîtres", "puissants", "saints", et entreront dans le Royaume de Dieu. Et ce sera justice. En effet Jean est venu vers Israël pour le conduire sur les chemins de la Justice, et une trop grande partie en Israël ne l'a pas cru, l'Israël qui se donne à lui-même les titres de "docte et saint", mais les publicains et les courtisanes ont cru en lui. Et Moi je suis venu, et les doctes et les saints ne me croient pas, mais croient en Moi les pauvres, les ignorants, les pécheurs. Et j'ai fait des miracles, et à ces miracles ils n'ont même pas cru, et il ne leur est pas venu le repentir de ne pas croire en Moi. Au contraire leur haine est venue sur Moi et sur ceux qui m'aiment.
Eh bien je dis : "Bienheureux ceux qui savent croire en Moi, et faire cette volonté du Seigneur en laquelle se trouve le salut éternel". Augmentez votre foi et soyez constants. Vous posséderez le Ciel parce que vous aurez su aimer la Vérité.
Allez. Dieu soit avec vous, toujours."
Il les bénit et les congédie, et puis, à côté de Nicodème, il va vers la maison du disciple pour y rester pendant la grosse chaleur...
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SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-096.htm
TOME : 6/96
Jésus en compagnie de Nicodème
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Chez Joseph d’Arimathie
Là aussi on est en pleine moisson. Il vaudrait mieux dire : on était... maintenant les faux ne servent plus car il n'y a plus un seul épi dans ces champs encore plus proches du rivage de la Méditerranée que ceux de Nicodème. En effet Jésus n'est pas allé à Arimathie mais dans le domaine que Joseph possède dans la plaine, du côté de la mer, et qui, avant la moisson, devait être une autre petite mer d'épis tant il est étendu.
Une maison large, basse, toute blanche se trouve là, au milieu des champs moissonnés. Une maison de campagne, mais bien tenue. Ses quatre aires sont remplies de quantité de gerbes, disposées en faisceaux comme font les soldats avec leurs armes quand ils font la pause au camp. Des nombreux chars amènent ce trésor des champs aux aires, et des hommes nombreux les déchargent et les mettent en tas. Joseph va d'une aire à l'autre et veille à ce que tout soit fait et bien fait.
Un paysan, du haut d'un tas de gerbes amoncelées sur un char, annonce : "Nous avons fini, maître. Tout le grain est sur tes aires. C'est le dernier char de la dernière pièce."
"C'est bien. Décharge les gerbes et puis dételle les bœufs et conduis-les aux abreuvoirs et aux étables. Ils ont bien travaillé et mérité leur repos. Vous aussi vous avez bien travaillé et mérité le repos. Mais la dernière fatigue sera légère car, pour des bons cœurs, la joie d'autrui est un soulagement. Maintenant nous allons faire venir les fils de Dieu pour leur donner le don du Père. Abraham, va les appeler" dit-il ensuite en s'adressant à un patriarche qui est peut-être le premier des serviteurs paysans de ce domaine de Joseph Je le pense, en voyant le respect évident des autres serviteurs pour ce vieillard qui ne travaille pas mais qui surveille et donne des conseils pour aider le maître.
Et le vieillard s'en va... Je le vois qui se dirige vers une construction vaste et très basse, plus semblable à un hangar qu'à une maison, pourvue de deux portails gigantesques qui montent jusqu'à la gouttière. Je pense que c'est une sorte de magasin où l'on abrite les chars et tout l'attirail agricole. Il entre à l'intérieur et en sort suivi d'une foule hétérogène de tous les âges... et de toutes les misères... Il y a des êtres efflanqués mais sans disgrâces physiques, et il y a des estropiés, des aveugles, des manchots, des yeux malades... Beaucoup de veuves entourées de nombreux orphelins et aussi des femmes dont le mari est malade, tristes, abattues, décharnées à cause des veilles et des sacrifices qu'elles font pour soigner le malade.
Ils avancent avec cet aspect particulier des pauvres qui se rendent là où ils vont recevoir des bienfaits : regards timides, embarras de pauvres honnêtes, et pourtant un sourire qui affleure par dessus la tristesse que des jours de douleur ont imprimée sur les pâles visages et pourtant une petite étincelle triomphale, une sorte de réponse à l'acharnement du destin dans la longue série des jours tristes, un défi : "Pour nous aussi, c'est un jour de fête. Aujourd’hui, c'est fête, réjouissance, et soulagement pour nous !"
Les petits écarquillent les yeux devant les tas de gerbes plus hauts que la maison, et en les montrant disent à leurs mères : "Pour nous ? Oh ? c'est beau !" Les vieillards murmurent : "Que le Bénit bénisse celui qui a pitié !" Les mendiants, les estropiés, les aveugles, les manchots, ceux qui ont les yeux malades : "Nous aurons du pain, nous aussi, sans devoir tendre la main !" Et les malades à leurs parents : "Au moins nous pourrons nous soigner en sachant que vous ne souffrirez pas pour nous. Les remèdes nous feront du bien, maintenant." Et les parents aux malades : "Vous voyez ?
Maintenant vous ne direz plus que nous jeûnons pour vous laisser une bouchée de pain. A présent, soyez donc heureux !..." Et les veuves aux orphelins : "Mes enfants, il faudra bénir beaucoup le Père des cieux qui vous tient lieu de père et le bon Joseph qui est son administrateur. Maintenant nous ne vous entendrons plus pleurer de faim, ô fils qui n'avez que vos mères pour vous donner de l'aide... Les pauvres mères qui n'ont de riche que leur cœur..."
C'est un chœur et un spectacle réjouissant, mais qui fait venir aussi les larmes aux yeux...
Joseph, qui a devant lui ces malheureux, se met à parcourir les rangs, appelant les gens un par un, leur demandant combien ils sont dans la famille, de quand date le veuvage, ou la maladie, et le reste... et il prend note. Et pour chaque cas il commande aux paysans serviteurs : "Donnes-en dix." "Donnes-en trente."
"Donnes-en soixante" dit-il après avoir entendu un vieillard à moitié aveugle qui vient à lui avec dix-sept petits-enfants, tous au-dessous de douze ans, enfants de ses enfants, morts l'un pendant la moisson de l'année précédente, l'autre en enfantant... "et, dit le vieillard, le mari s'est consolé en se remariant au bout d'un an, me laissant les cinq fils en me disant qu'il s'en serait occupé. Jamais d'argent par contre !... Maintenant ma femme est morte, et je suis seul... avec eux..."
"Donnes-en soixante au vieux père. Et toi, père. reste pour que je te donne des vêtements pour les petits."
Le serviteur fait remarquer que s'il en donne soixante chaque fois, il n'y aura pas assez de grain pour tout le monde.
"Et où est ta foi ? Est-ce pour moi, peut-être, que j'entasse les gerbes et que je les distribue ? Non. Pour les fils les plus chers au Seigneur. Le Seigneur, Lui-même, pourvoira à ce qu'il y en ait assez pour tous" répond Joseph au serviteur.
"Oui, maître. Mais le nombre, c'est le nombre..."
"Mais la foi, c'est la foi. Et moi, pour te montrer que la foi peut tout. j'ordonne de doubler la mesure déjà donnée aux premiers. Qui a eu dix en ait dix autres, et qui vingt, vingt autres, et qu'on en donne cent vingt au vieillard. Fais ! Faites !"
Les serviteurs haussent les épaules et obéissent.
Et la distribution continue au milieu de l'étonnement joyeux des bénéficiaires qui se voient donner une mesure dépassant leurs plus folles espérances.
Et Joseph en sourit, caressant les petits qui s'affairent à aider leurs mères, ou aide les estropiés à faire leur petit tas, aide les vieux trop chancelants pour le faire, ou les femmes trop affaiblies. Il fait mettre de côté deux malades pour les faire bénéficier d'autres secours, comme il a fait pour le vieillard aux dix-sept petits-enfants. Les tas qui étaient plus hauts que la maison sont maintenant très bas, presque au sol. Mais tous ont eu leur part, et abondamment. Joseph demande : "Combien de gerbes reste-t-il encore ?"
"Cent douze, maître" disent les serviteurs après avoir compté les gerbes qui restent.
"Bien. Vous en prendrez..." Joseph parcourt la liste des noms qu'il a relevés et puis il dit : "Vous en prendrez cinquante. Vous les emporterez pour la semence car c'est une semence sainte, et que le reste soit donné aux chefs de familles à raison d'une gerbe par tête. Ils sont exactement soixante-deux ici."
Les serviteurs obéissent. Ils portent les cinquante gerbes et donnent le reste.
Maintenant les aires n'ont plus les gros tas d'or, mais par terre il y a soixante-deux tas de tailles différentes. Leurs propriétaires s'affairent à les lier et à les charger sur des carrioles primitives, ou sur des ânes qu'ils sont allés détacher d'une palissade à l'arrière de la maison.
Le vieil Abraham, qui a parlé avec les principaux des paysans serviteurs, s'avance avec eux vers le maître qui leur demande : "Eh bien ? Vous avez vu ? Il y en a eu pour tous et il en restait !"
"Mais, maître, ici il y a un mystère ! Nos champs ne peuvent pas donner le nombre de gerbes que tu as distribuées. Je suis né ici et j'ai soixante-dix-huit ans. Je fais la moisson depuis soixante six ans. Et je sais. Mon fils avait raison. Sans un mystère, nous n'aurions pas pu donner autant !..."
"Mais nous les avons pourtant bien données, Abraham. Tu étais à côté de moi. Les gerbes ont été données par les serviteurs. Il n'y a pas de sortilège, ce n'est pas une irréalité. Les gerbes, on peut encore les compter. Elles sont encore là, bien que séparées en tant de parties."
"Oui, maître. Mais... il n'est pas possible que les champs en aient donné autant !"
"Et la foi, mes fils ? Et la foi ? Qu'en faites-vous ? Le Seigneur pouvait-il démentir son serviteur qui promettait en son Nom et pour une fin qui était sainte ?"
"Alors tu as fait un miracle ?!" disent les serviteurs déjà prêts pour l'hosanna.
"Je ne suis pas un homme à faire des miracles, moi. Je suis un pauvre homme. C'est le Seigneur qui a agi. Il a lu dans mon cœur et II y a vu deux désirs : le premier était de vous amener à ma propre foi. Le second était de donner tant, tant, tant à mes frères malheureux. Dieu a consenti à mes désirs... et Il a agi... Que Lui en soit béni !" dit Joseph en s'inclinant respectueusement comme s'il était devant un autel.
"Et son serviteur avec Lui" dit Jésus qui jusqu'alors était resté caché au coin d'une maisonnette entourée d'une haie, four ou pressoir, et qui maintenant apparaît ouvertement sur l'aire où se trouve Joseph.
"Mon Maître et mon Seigneur !!" s'écrie Joseph en tombant à genoux pour vénérer Jésus.
"La paix à toi. Je suis venu pour te bénir au nom du Père, pour récompenser ta charité et ta foi. Je suis ton hôte. ce soir. Veux-tu ?"
"Oh ! Maître ! Tu me le demandes ? Seulement... Seulement, ici, ]e ne pourrai te faire honneur... Je suis au milieu des serviteurs et des paysans... dans ma maison de campagne... Je n'ai pas de nappes fines je n'ai pas de majordomes ni de serviteurs qualifiés... Je n’ai pas de mets raffinés... Je n'ai pas de vins choisis... Je n’ai pas d'amis . Ce sera une bien pauvre hospitalité... Mais tu m'excuseras. Pourquoi, Seigneur, ne m'as-tu pas fait prévenir ? J'aurais pourvu à tout... Mais. avant hier. Hermas avec les siens était ici... Je m'en suis même servi pour prévenir ceux auxquels je voulais donner, rendre, ce qui appartient à Dieu... Mais, il ne m'a rien dit, Hermas ! Si j'avais su !... Permets-moi. Maître, de donner des ordres que je cherche à y remédier...
Pourquoi souris-tu ainsi ?" demande Joseph, finalement. Il est tout sens dessus dessous a cause de la joie imprévue et de la situation que lui juge... désastreuse.
"Je souris pour tes tracas inutiles. Mais, Joseph, que cherches-tu ! Ce que tu as ?"
"Ce que j'ai ? Je n'ai rien."
"Oh ! comme tu es homme maintenant ! Pourquoi n’es-tu plus le Joseph spirituel d'il y a un instant, quand tu parlais en sage ? Quand tu promettais avec assurance à cause de ta foi, et pour donner la foi ?"
"Oh ! Tu as entendu ?"
"J'ai entendu et vu. Joseph. Cette haie de lauriers est très pratique pour voir que ce que j'ai semé n'est pas mort en toi, et c’est pour cela que je te dis que tu te donnes des tracas inutiles. Tu n’as pas de majordomes ni de domestiques qualifiés ? Mais ou la charité s'exerce il y a Dieu. et où il y a Dieu. il y a ses anges. Et quels majordomes veux-tu avoir qui soient plus capables qu’eux ? Tu n'as pas de mets ni de vins recherchés ? Et quelle nourriture veux-tu me donner et quelle boisson plus recherchée que l'amour que tu as eu pour eux et que celui que tu as pour Moi ? Tu n'as pas d'amis pour me faire honneur ? Et eux ? Quels amis plus chers que les pauvres et les malheureux pour le Maître qui a nom Jésus ? Allons.
Joseph ! Même si Hérode se convertissait et m'ouvrait ses appartements pour me recevoir et me faire honneur dans un palais purifié, et s'il y avait avec lui, pour m'honorer, les chefs de toutes les castes, je n'aurais pas une cour plus choisie que celle-là à laquelle je veux Moi aussi dire une parole et faire un cadeau. Permets-tu ?"
"Oh ! Maître ! Mais tout ce que tu veux, je le veux ! Commande."
"Dis-leur qu'ils se réunissent, ainsi que les serviteurs. Pour nous il y aura toujours un pain... Il vaut mieux qu'ils écoutent ma parole que courir ça et là affairés en pauvres soins."
Les gens s'entassent, empressés, étonnés...
Jésus parle : "Ici vous avez déjà appris que la foi peut multiplier le grain quand ce désir vient d'un désir d'amour. Mais ne bornez pas votre foi aux besoins matériels. Dieu a créé le premier grain de froment et, depuis lors, le froment a épié pour fournir le pain des hommes. Mais Dieu a créé aussi le Paradis qui attend ses habitants. Et il a été créé pour ceux qui vivent dans la Loi et restent fidèles malgré les épreuves douloureuses de la vie. Ayez foi, et vous réussirez à vous garder saints avec l'aide du Seigneur, tout comme Joseph a réussi à vous distribuer le grain en double mesure pour vous rendre deux fois heureux et confirmer ses serviteurs dans la foi. En vérité, en vérité je vous dis que si l'homme avait foi dans le Seigneur, et s'il agissait pour un juste motif, les montagnes elles-mêmes, enracinées dans le sol par leurs viscères de roches, ne pourraient résister et, sur l'ordre de celui qui a foi dans le Seigneur, elles se déplaceraient. Avez-vous foi en Dieu ?" demande-t-il en s'adressant à tous.
"Oui, ô Seigneur !"
"Qui est Dieu pour vous ?"
"Le Père très Saint, comme les disciples du Christ l'enseignent."
"Et le Christ, qui est-il pour vous ?"
"Le Sauveur, le Maître, le Saint !"
"Cela seulement ?"
"Le Fils de Dieu. Mais il ne faut pas le dire car les pharisiens nous persécutent si nous le disons."
"Mais vous, vous croyez qu'il l'est ?"
"Oui, ô Seigneur."
"C'est bien, croissez dans votre foi. Même si vous vous taisez, les pierres, les arbres, les étoiles, le sol, toutes les choses, proclameront que le Christ est le vrai Rédempteur et Roi. Ils le proclameront à l'heure de son élévation, quand Lui sera dans la pourpre très sainte et avec la couronne de la Rédemption. Bienheureux ceux qui sauront le croire dès maintenant, et le croiront davantage à ce moment-là, et auront foi dans le Christ et par conséquent la vie éternelle. L'avez-vous cette foi inébranlable dans le Christ ?"
"Oui, ô Seigneur. Apprends-nous où Il est, et nous le prierons d'augmenter notre foi pour être heureux ainsi." Et la dernière partie de la prière, la font non seulement les pauvres, mais aussi les serviteurs, les apôtres et Joseph.
"Si vous avez de la foi gros comme une graine de moutarde, et si cette foi qui est une perle précieuse vous la gardez dans votre cœur, sans vous la faire enlever par aucune chose humaine, ou surhumaine et mauvaise, vous pourriez tous même dire à ce mûrier puissant qui ombrage le puits de Joseph : "Déracine-toi et transplante-toi dans les flots de la mer".
"Mais le Christ, où est-Il ? Nous l'attendions pour être guéris. Les disciples ne nous ont pas guéris, mais ils nous ont dit : "Lui le peut". Nous, nous voudrions guérir pour travailler" disent les hommes malades ou handicapés.
"Et croyez-vous que le Christ le puisse ?" demande Jésus en faisant signe à Joseph de ne pas dire que le Christ c'est Lui.
"Nous le croyons. Lui est le Fils de Dieu. Il peut tout."
"Oui. Il peut tout... et il veut tout !" crie Jésus en étendant avec autorité le bras droit et en l'abaissant comme pour jurer. Et il termine par un cri puissant: "Et qu'il en soit ainsi, pour la gloire de Dieu !"
Et il va s'en aller vers la maison. Mais ceux qui ont été guéris, une vingtaine, crient, accourent, et l'enserrent dans un emmêlement de mains tendues pour le toucher, le bénir, chercher ses mains, ses vêtements, pour le baiser, le caresser. Ils l'isolent de Joseph, de tout le monde...
Et Jésus sourit, caresse, bénit... Il se dégage lentement et, encore poursuivi, il disparaît dans la maison alors que les hosannas s'élèvent dans le ciel qui prend des couleurs violacées au commencement du crépuscule.
*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-097.htm
TOME : 6/97
https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t18376-oeuvre-de-maria-valtorta-presentation-des-disciples-de-jesus
Joseph d' Arimathie
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Le sabbat dans la maison de Joseph d’Arimathie. Le synhédriste Jean
Joseph d'Arimathie se repose dans une pièce à demi-obscure car tous les rideaux sont descendus pour s'abriter du soleil. Un silence absolu règne dans toute la maison. Joseph sommeille sur un siège bas couvert d'une natte... Entre un serviteur qui se dirige vers son maître et le touche pour l'éveiller. Joseph ouvre les yeux encore mal éveillés et lève vers son serviteur un regard interrogatif.
"Maître, il y a ton ami Jean..."
"Mon ami Jean ?! Comment est-il ici si le sabbat n'est pas fini ?!" Joseph est réveillé sur le coup par la surprise de la visite d'un synhédriste un jour de sabbat et il ordonne : "Fais-le entrer tout de suite."
Le serviteur sort, et pendant qu'il attend, Joseph va et vient pensif, dans la pièce à demi-obscure et fraîche...
"Dieu soit avec toi, Joseph !" dit le synhédriste Jean, celui que nous avons vu lors du premier banquet donné pour Jésus à Arimathie et aussi dans la maison de Lazare à la dernière Pâque, toujours en qualité, sinon de disciple, du moins de personne qui n'a pas de haine pour Jésus.
"Et avec toi, Jean ! Mais... te sachant juste, je m'étonne de te voir avant le crépuscule..."
"C'est vrai. J'ai violé la loi du Sabbat. Et j'ai péché, sachant que je péchais. Il est donc grand mon péché... Et grand sera le sacrifice que je consommerai pour être pardonné. Mais beaucoup plus grand encore le motif qui m'a poussé à ce péché... Jéhovah, qui est juste, aura pitié de son serviteur coupable, à cause du grand motif qui m'a poussé à la faute..."
"Autrefois tu ne parlais pas ainsi. Pour toi le Très-Haut était seulement rigoureux, inflexible. Et tu étais parfait parce que tu le craignais comme un Dieu inexorable..."
"Oh ! parfait !... Joseph, je ne t'ai jamais confessé mes fautes secrètes... Mais, c'est vrai, je jugeais Dieu inexorable, comme beaucoup de personnes en Israël. On nous a appris à le croire ainsi : le Dieu des vengeances..."
"Et tu as continué de le croire même après que le Rabbi est venu pour faire connaître à son peuple le vrai Visage de Dieu, son vrai Cœur... Un Visage, un Cœur de Père..."
"C'est vrai. C'est vrai. Mais... je ne l'avais pas encore entendu parler longuement... Cependant... tu te rappelleras que dès la première fois que je l'ai vu au banquet dans ta maison, j'ai eu une attitude de respect... sinon d'amour pour le Rabbi."
"C'est vrai... Mais pour le bien que je te veux, je voudrais que tu arrives à une attitude d'amour pour Lui. C'est trop peu que le respect..."
"Toi, tu l'aimes, n'est-ce pas, Joseph ?"
"Oui. Et je te le dis bien que je sache que les Princes des Prêtres haïssent ceux qui aiment le Rabbi. Mais tu n'es pas capable d'être un délateur..."
"Non. Je n'en suis pas capable... Et je voudrais être comme toi. Mais y arriverai-je jamais ?"
"Je prierai pour que tu y arrives. Ce serait ton salut éternel, mon ami..."
Un silence plein de réflexions...
Puis Joseph demande : "Tu m'as dit qu'un grand motif t'a poussé à violer le sabbat. Quel est-il ? Puis-je te le demander sans être trop indiscret ? Je pense que tu es venu pour avoir de l'aide de ton ami... Et pour t'aider, je dois savoir..."
Jean se passe la main sur le front, large, légèrement dégarni d'un homme fait, il se serre le front, caresse machinalement ses cheveux qui commencent seulement à grisonner, sa barbe touffue et carrée... Puis il lève la tête et fixe Joseph en disant : "Oui, un grand motif et un motif pénible. Et... et une grande espérance..."
"Lesquels ?"
"Joseph, tu penses que ma maison est un enfer et bientôt ce ne sera plus une maison mais... mais une chose dévastée, perdue, détruite, finie ?"
"Quoi ? Que dis-tu ? Tu divagues ?"
"Non, je ne délire pas. Ma femme veut s'en aller... Cela t'étonne ?"
"...Oui... parce que... je l'ai toujours connue bonne et... parce que votre famille me paraissait exemplaire... toi, toute bonté... elle, toute vertu..."
Jean s'assoit, la tête dans les mains...
Joseph poursuit : "Maintenant... cette... cette décision... Moi... Voilà... je ne puis croire qu'elle ait manqué... ou que tu aies manqué... Mais je le crois encore moins d'elle... qui ne connaît que sa maison, ses enfants... Non !... En elle il ne peut y avoir de faute !..."
"En es-tu sûr ? Vraiment sûr ?"
"Oh ! pauvre ami ! Moi je n'ai pas l’œil de Dieu, mais pour autant que je puisse en juger, je le juge ainsi..."
"Tu ne penses pas qu'Anne soit.. infidèle... ?"
"Anne ?! Mais, mon ami ! Le soleil d'été t'a fait perdre la tête ? Infidèle avec qui ? Elle ne sort jamais de la maison, elle préfère la campagne à la ville. Elle travaille comme la première des servantes, elle est humble, réservée, travailleuse, affectueuse pour toi, pour les enfants. Une femme légère n'aime pas ces choses. Crois-le. Oh ! Jean, mais sur quoi fondes-tu tes soupçons ? Depuis quand ?"
"Depuis toujours."
"Depuis toujours ? Mais alors, c'est une maladie !…"
"Oui. Et... Joseph, moi j'ai beaucoup de torts. Mais je ne veux pas les avouer à toi seul. Avant hier, sont passés chez moi des disciples et des pauvres. Ils disaient que le Rabbi venait chez toi. Et hier... hier ce fut une journée de grande tempête pour ma maison... si bien qu'Anne a pris la décision que j'ai dite... Pendant la nuit, et quelle nuit, j'ai beaucoup réfléchi... Et j'ai conclu que seulement Lui, le Rabbi parfait..."
"Divin, Jean, divin !"
"...Comme tu veux... Que Lui seul peut me guérir et réparer... reconstruire ma maison, me rendre mon Anne... mes enfants... tout..." L'homme pleure et au milieu de ses larmes, il continue : "Parce que Lui seul voit et dit la vérité... Et je croirai à Lui... Joseph, mon ami, laisse-moi rester ici à l'attendre..."
"Le Maître est ici. Il va partir après le crépuscule. Je vais te le chercher" et Joseph sort...
Quelques minutes d'attente, puis de nouveau le rideau s'écarte pour laisser passer Jésus... Jean se lève, puis se courbe en un salut respectueux.
"La paix à toi, Jean. Pour quel motif m'as-tu cherché ?"
"Pour que tu m'aides à voir... et pour que tu me sauves. Je suis très malheureux. J'ai péché contre Dieu et contre ma chair jumelle. Et de péché en péché, j'en suis venu à violer la loi du sabbat. Absous-moi, Maître."
"La loi du sabbat ! Grande et sainte loi ! Et loin de Moi la pensée de la juger de peu d'importance et périmée. Mais pourquoi la places-tu avant le premier des commandements ? Et quoi ? Tu demandes l'absolution pour avoir violé le sabbat et tu ne demandes pas de l'être pour avoir manqué à l'amour et avoir torturé une innocente et pour avoir amené au désespoir et au seuil du péché l'âme de ton épouse ? Mais c'est de cela que tu devais te tourmenter plus que de toute autre chose ! De la calomnie que tu as commise à son égard..."
"Seigneur, je n'en ai parlé qu'avec Joseph, il y a un instant, avec personne d'autre, crois-le. Je tenais ma douleur tellement cachée que Joseph, mon bon ami, ne s'est aperçu de rien et qu'il en a été étonné. Maintenant, lui t'en a parlé, mais pour me venir en aide. Avec personne d'autre le juste Joseph ne parlera."
"Avec Moi, il n'a pas parlé, il m'a seulement dit que tu me cherchais."
"Oh! alors, comment sais-tu ?"
"Comment je sais? Comme Dieu connaît les secrets des cœurs.
Veux-tu que je te dise l'état du tien ?"...
Joseph est sur le point de se retirer discrètement, mais Jean lui-même l'arrête en disant : "Oh ! reste ! Tu es pour moi un ami ! Tu peux m'aider auprès du Rabbi, toi paranymphe de mon mariage !..." et Joseph revient.
"Veux-tu que je te le dise ? Veux-tu que je t'aide à te connaître ? Oh ! ne crains pas ! Je n'ai pas la main cruelle. Je sais découvrir les blessures, mais je ne les fais pas saigner pour les soigner. Je sais comprendre et être indulgent. Et je sais soigner et guérir, il suffit que l'on veuille être guéri. Toi tu as cette volonté, c'est pourquoi tu m'as cherché. Assois-toi ici, à côté de Moi, entre Joseph et Moi. Il a été le paranymphe de tes noces terrestres, je voudrais être Moi, le paranymphe de tes noces spirituelles... Oh ! si je le veux !... Ainsi ! Et maintenant écoute bien, et réponds avec franchise à tout. Toi, que penses-tu que soit l'acte de Dieu de la création de l'homme et de la femme pour qu'ils fussent unis ? Un acte bon ou un acte mauvais ?"
"Bon, Seigneur, comme toutes les choses faites par Dieu."
"Tu as bien répondu. Maintenant, dis-moi : si l'acte était bon, quelles devaient être ses conséquences ?"
"Bonnes pareillement, ô Seigneur. Et elles furent bonnes, bien que Satan soit entré pour les troubler, car Adam eut toujours réconfort d'Eve, et Eve réconfort d'Adam, et même le réconfort fut encore plus sensible lorsque seuls, exilés sur la terre, ils furent le soutien l'un de l'autre. Et bonnes les conséquences matérielles, c'est-à-dire les enfants par lesquels se propagea l'homme, et à travers lesquels brilla la puissance et la bonté de Dieu."
"Pourquoi ? Quelle puissance et quelle bonté ?"
"Mais... celle qui s'exerce en faveur des hommes. Si nous regardons en arrière... oui... il y a de justes punitions mais il y a, et plus nombreuses, les bontés... et c'est une bonté infinie que le pacte conclu avec Abraham et répété à Jacob et puis, et puis... répété jusqu'au jour d'aujourd'hui et répété par des bouches sans mensonge : les prophètes... jusqu'à Jean..."
"Et par celle du Rabbi, Jean" interrompt Joseph.
"Celle-là n'est pas une bouche de prophète... Ce n'est pas une bouche de Maître... C'est... davantage."
Jésus a un sourire à peine esquissé devant la... profession de foi encore implicite du synhédriste qui n'arrive pas à dire : "C'est une bouche divine" mais qui déjà le pense.
"Donc Dieu a bien fait d'unir l'homme et la femme. C'est dit. Mais comment veut-Il que soient homme et femme ?" demande Jésus.
"Une seule chair."
"C'est bien. Alors la chair peut-elle se haïr elle-même ?"
"Non."
"Un membre peut-il haïr l'autre membre ?"
"Non."
"Un membre peut-il se séparer de l'autre membre ?"
"Non. Une gangrène seule, ou une lèpre, ou un malheur peuvent couper un membre du reste du corps."
"Très bien. Par conséquent seule une chose douloureuse ou mauvaise peut séparer ce qui de par la volonté de Dieu, n'est qu'une unité ?"
"C'est ainsi, Maître."
"Et alors, pourquoi toi, convaincu de ces choses, n'aimes-tu pas ta chair, et pourquoi la hais-tu au point de faire naître une gangrène entre l'un et l'autre membre à cause de laquelle le membre mortifié, le membre le plus faible se sépare et te laisse seul ?"
Jean baisse la tête silencieusement en tordant les franges de son vêtement.
"Je vais te dire le pourquoi. C'est que Satan est entré, perturbateur comme toujours, entre toi et ton épouse. Ou plutôt: il est entré en toi avec un amour désordonné pour ton épouse. L'amour, quand il est désordonné, devient de la haine, Jean. Satan a travaillé ta sensualité de mâle pour arriver à te faire pécher. C'est par là qu'a commencé ton péché. Par un désordre qui a produit de plus en plus de nouveaux et graves désordres. En ton épouse, tu n'as pas vu seulement la bonne compagne et la mère de tes enfants, mais aussi un objet de plaisir, et cela a fait devenir tes pupilles comme celles du bœuf qui voit tout altéré. Tu as vu comme tu voyais. C'est ainsi que tu as vu ton épouse. Objet de plaisir pour toi, tu l'as jugée telle aussi pour les autres, d'où ta jalousie fiévreuse, ta peur sans raison, ta tyrannie coupable qui a fait d'elle une apeurée, une prisonnière, une torturée, une calomniée. Et qu'importe si tu ne lui donnes pas des coups de bâton, si tu ne lui fais pas des reproches publics ? Mais ton soupçon est bâton ! Mais ton doute est calomnie ! Tu la calomnies en pensant qu'elle est capable d'arriver à te trahir. Qu'importe si tu la traites comme son rang te l'impose ? Mais elle est pour toi pire qu'une esclave dans l'intimité de la maison, à cause de ta luxure bestiale qui l'avilit plus que tout, qu'elle a toujours supporté en silence et avec docilité, espérant te calmer, te persuader, te rendre bon, et qui n'a servi qu'à t'exaspérer de plus en plus, jusqu'à faire de ta maison un enfer où rugissent les démons de la luxure et de la jalousie. La jalousie ! Mais que veux-tu qu'il y ait de plus calomnieux pour une femme que la jalousie ? Et quelle chose indique plus clairement l'état réel d'un cœur que la jalousie ? Crois bien que là où elle se niche, si sotte, si déraisonnable, si dénuée de fondements, si outrageante, si obstinée, non, il n'existe pas d'amour du prochain ni de Dieu, mais il y a l'égoïsme. C'est de cela, pas d'une fin de sabbat violée, que tu dois te tourmenter ! Pour que l'on te pardonne, tu dois remédier à la dévastation que tu as provoquée..."
"Mais Anne veut s'en aller désormais... Viens la persuader, Toi... Toi seul, en l'entendant parler, tu peux juger si elle est réellement innocente et..."
"Jean !! Tu veux guérir et tu ne veux pas croire ce que je te dis ?"
"Tu as raison, Seigneur. Change-moi le cœur. C'est vrai : je n'ai pas de motif d'un soupçon fondé. Mais je l'aime tant... luxurieusement, c'est vrai... Tu as bien vu... et tout me porte ombrage..."
"Entre dans la Lumière, sors de la fièvre ardente des sens si atroce. Cela te coûtera au début... Mais il te coûterait beaucoup plus de perdre une bonne épouse et de gagner l'enfer pour payer ton péché de manque d'amour, de calomnie et d'adultère, et le sien, car je te rappelle que celui qui pousse une femme au divorce se met et la met sur le chemin de l'adultère. Si tu sais résister pendant une lune, au moins pendant une lune à ton démon, Moi, je te promets que ton cauchemar sera fini. Me le promets-tu ?"
"Oh ! Seigneur ! Seigneur ! Je voudrais... mais c'est un feu... Éteins-le-moi, Toi, Toi qui es puissant !..." Le synhédriste Jean est glissé à genoux devant Jésus et il pleure la tête dans ses mains qu'il appuie au sol.
"Je vais te l'apaiser, te le circonscrire. Je vais mettre un frein et des limites à ce démon. Mais tu as beaucoup péché, Jean, et tu dois travailler par toi-même à te relever. Ceux que j'ai convertis sont venus à Moi avec une volonté entière de devenir nouveaux, libres... Ils avaient déjà opéré, par leurs seules forces, le commencement de leur rédemption. Ainsi Mathieu, ainsi Marie de Lazare et d'autres encore. Tu es venu ici seulement pour savoir si elle était coupable et pour que je t'aide à ne pas perdre la source où s'abreuvait ton plaisir. Je circonscrirai le pouvoir de ton démon, non pendant une lune mais pendant trois lunes. Pendant ce temps, médite et élève-toi. Propose-toi de prendre une nouvelle vie d'époux, une vie d'homme doté d'une âme, et non la vie de brute que tu as menée jusqu'à présent. Et fortifie-toi par la prière et par la méditation, par la paix que je te donne pour trois mois, sache lutter et te conquérir la Vie éternelle et te reconquérir l'amour et la paix de ton épouse et de ta maison. Va !"
"Mais que vais-je dire à Anne ? Peut-être je vais la trouver déjà prête à partir... Quelles paroles après tant d'années... d'offenses, pour la persuader que je l'aime et que je ne veux pas la perdre ? Viens, Toi..."
"Je ne puis. Mais c'est si simple... Sois humble. Prends-la à part et avoue ton tourment. Dis-lui que tu es venu à Moi parce que tu veux que Dieu te pardonne. Et dis-lui de te pardonner car le pardon de Dieu te sera donné seulement si elle le demande pour toi et d'abord te le donne... Oh ! malheureux ! Quel bien, quelle paix tu as perdus avec ta fièvre ! Quel mal crée l'indiscipline des sens, le désordre dans les affections ! Allons, lève-toi, et va tranquille. Mais ne comprends-tu pas qu'elle, parce qu'elle est bonne et qu'elle t'est fidèle, est plus déchirée que toi à la pensée de te quitter et qu'elle n'attend qu'une parole de toi pour te dire : "Tout est pardonné" ? Allons, va. Le crépuscule est accompli désormais. Tu ne commets donc pas de péché en retournant à la maison... Et de l'avoir fait pour venir à ton Sauveur, ton Sauveur t'en absout. Va en paix et. ne pèche plus."
"Oh ! Maître ! Maître... je ne mérite pas ces paroles !... Maître... moi... Je voudrais t'aimer désormais..."
"Oui, oui. Va. Ne tarde pas. Et souviens-toi de cette heure, à l'heure où je serai l'Innocent calomnié."
"Que veux-tu dire ?"
"Rien. Va. Adieu" et Jésus se retire en quittant les deux synhédristes émus et enflammés de le juger vraiment saint et sage, comme Dieu seul peut l'être.
*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-098.htm
Jésus Maitre du Sabbat
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Les apôtres parlent
"J'ai hâte d'arriver sur les montagnes !" s'écrie Pierre haletant et essuyant la sueur qui coule le long des joues et du cou.
"Comment ? Toi qui haïssais les montagnes, tu les désires maintenant ?" demande, sarcastique, Judas l'Iscariote qui voyant s'évanouir la peur d'être découvert est redevenu prétentieux et insolent.
"Oui, vraiment, maintenant je les désire. En cette saison, elles sont favorables. Jamais comme ma mer... Elle, ah !... Mais d'ailleurs... je ne sais pas pourquoi les champs sont plus chauds après la moisson. C'est toujours le même soleil, pourtant..."
"Ce n'est pas qu'ils soient plus chauds. C'est qu'ils sont plus tristes et que l'on se lasse de les voir ainsi plus que quand ils ont les blés" répond avec bon sens Mathieu.
"Non, Simon a raison. Ils sont chauds de manière insupportable après la moisson. On n'a jamais eu pareille chaleur" dit Jacques de Zébédée.
"Jamais ? Et que fais-tu de celle que nous avons ressentie en allant chez Nike ?" réplique Judas.
"Jamais comme celle-ci" lui répond André.
"Bien sûr ! L'été est en avance de quarante jours et le soleil tape en conséquence" insiste Judas.
"C'est un fait que les chaumes dégagent plus de chaleur que les champs couverts d'épis, et cela aussi s'explique. Le soleil, qui auparavant s'arrêtait sur la surface des épis, échauffe maintenant directement le sol dénudé et brûlé. Ce dernier réverbère sa chaleur vers le haut, au contraire du soleil dont les rayons descendent vers le bas et l'homme se trouve entre deux feux" dit sentencieusement Barthélemy.
L'Iscariote rit ironiquement et il fait un grand salut à son compagnon en disant : "Rabbi Nathanaël, je te salue et je te remercie de ta docte leçon." Il est insolent comme jamais.
Barthélemy le regarde... et se tait. Mais Philippe le défend : "Il n'y a pas de quoi ironiser ! Son explication est juste ! Tu ne voudrais sûrement pas nier une vérité que des millions de cerveaux de bon sens ont jugée vraie, logique, facile à constater."
"Mais oui, mais oui ! Je le sais, je le sais que vous êtes doctes, expérimentés, pleins de bon sens, bons, parfaits... Vous êtes tout ! Tout ! Moi seul suis la brebis noire du blanc troupeau !... Moi seul suis l'agneau bâtard, l'opprobre qui se révèle et prend des cornes de bélier... Moi seul suis le pécheur, l'imparfait, la cause de tout le mal parmi nous, en Israël, dans le monde... peut-être aussi dans les étoiles... Je n'en puis plus ! Je n'en puis plus de voir que je suis le dernier, de voir que des nullités comme ces deux imbéciles qui parlent avec le Maître sont admirés comme deux oracles saints, je suis las de..."
"Écoute, mon garçon..." se met à dire Pierre qui est rouge plus par l'effort qu'il fait pour se contenir que par la chaleur.
Mais Jude Thaddée l'interrompt : "Tu mesures les autres avec ta mesure ? Toi, cherche à être une "nullité" comme le sont mon frère Jacques et Jean de Zébédée, et il n'y aura plus d'imperfections dans le groupe apostolique."
"Mais, n'ai-je pas raison ! L'imperfection, c'est moi. Ah ! c'en est trop ! Mais c'en est..."
"Oui, en effet je crois que Joseph nous a fait boire trop de vin... et avec cette chaleur, cela fait mal... Cela fait tourner le sang..." dit calmement, très calmement Thomas pour faire tourner en plaisanterie la dispute qui s'enflamme.
Mais Pierre a épuisé ses ressources de patience. Serrant les dents, fermant les poings, pour continuer de se dominer, il dit : "Écoute, mon garçon. Pour toi, il n'y a qu'un conseil à te donner : sépare-toi pour un peu de temps..."
"Moi ? Moi me séparer ? Sur ton ordre ? Seul le Maître peut me donner des ordres et c'est à Lui seul que j'obéis. Qui es-tu, toi ? Un pauvre..."
"Pêcheur, ignorant, grossier, bon à rien. Tu as raison... C'est ce que je me dis avant toi. Et devant notre Jéhovah omniprésent et qui voit tout, j'affirme que je préférerais la dernière place à la première, j'affirme que je voudrais te voir, toi, ou tout autre à ma place, mais plutôt toi, pour que tu sois délivré du monstre de la jalousie qui te rend injuste, et n'avoir qu'à obéir, à t'obéir, mon garçon... Et crois bien que cela me coûterait moins de fatigue que de devoir te parler en tant que "premier". Mais c'est Lui, le Maître, qui m'a fait le "premier" parmi vous... Et c'est à Lui que je dois obéir pour commencer, et à Lui plus qu'à tout autre... Et toi, tu dois obéir. Et avec mon bon sens de pêcheur, je te dis, non pas de te séparer, comme toi tu l'as compris en voyant du feu dans mes paroles les plus fraîches, mais de t'éloigner pour un peu de temps, de rester seul, de réfléchir... Tu te tenais bien de Béther à la vallée, derrière tout le monde ? Fais de même maintenant aussi... Le Maître en tête... toi en queue... Au milieu nous autres... les nullités... Il n'y a qu'à rester seul pour comprendre et se calmer...
Crois-moi... cela vaut mieux pour tous, pour toi tout le premier..." Et il le prend par le bras et le sort du groupe, en disant : "Reste ici pendant que nous rejoignons le Maître. Et puis... avance lentement, lentement... et tu verras passer... ton orage" et il le plante là pour rejoindre ses compagnons qui ont avancé de quelques mètres.
"Ouf ! J'ai plus sué en lui parlant qu'en marchant... Quel tempérament ! Mais on ne pourra jamais rien obtenir de lui ?"
"Jamais, Simon. Mon Frère s'obstine à le garder. Mais... il n'en fera jamais rien de bon" lui répond Jude Thaddée.
"C'est un vrai fléau que nous avons parmi nous !" murmure André et il dit pour finir : "Jean et moi, nous en avons presque peur et nous nous taisons toujours par crainte d'autres disputes."
"C'est la meilleure façon de faire" dit Barthélemy.
"Moi, je n'arrive pas à me taire" avoue le Thaddée.
"J'y arrive mal moi aussi... Mais j'ai trouvé le secret pour le faire" dit Pierre.
"Lequel ? Lequel ? Enseigne-le nous..." disent-ils tous.
"En travaillant comme un bœuf à la charrue. Un travail inutile, sûrement... Mais qui me sert à me faire déverser ce qui bout en mon intérieur sur... quelque chose qui ne soit pas Judas."
"Ah ! J'ai compris ! C'est pour cela que tu as fait cette hécatombe d'arbustes à la descente de la vallée ! C'est pour cela, hein ?" lui demande Jacques de Zébédée.
"Oui, c'est pour cela... Mais aujourd'hui... ici... je n'avais rien à briser sans faire de dégâts. Il n'y a que des arbres fruitiers et c'était dommage de les saccager... J'ai eu trois fois plus de fatigue à... me briser moi-même... pour ne pas être le vieux Simon de Capharnaüm... J'en ai les os endoloris..."
Barthélemy et le Zélote ont le même mouvement et les mêmes paroles : ils embrassent Pierre en s'écriant : "Et tu t'étonnes que Lui t'ait fait le premier parmi nous ? Tu es pour nous un maître..."
"Moi ? Pour cela ?... Cette bagatelle !... Je suis un pauvre homme... Mais je vous demande seulement de m'aimer en me donnant de doctes conseils, des conseils affectueux et simples. De l'amour et de la simplicité pour que je devienne comme vous... Et uniquement par amour pour Lui qui a déjà tant de peines..."
"Tu as raison. Que nous au moins nous ne Lui en donnions pas !" s'exclame Mathieu.
"J'ai eu une grande peur quand Jeanne l'a appelé. Vous ne savez vraiment rien, vous deux qui étiez allés en avant ?" demande Thomas.
"Non, certainement pas. Mais nous avons pensé intérieurement que c'était celui qui est derrière qui... en a fait une belle" répond Pierre.
"Tais-toi ! J'ai eu la même pensée en entendant le Maître parler le jour du sabbat" avoue Jude Thaddée.
"Moi aussi" ajoute Jacques de Zébédée.
"Tiens !... Je n'y avais pas pensé... pas même en voyant Judas si sombre, ce soir-là, et aussi grossier, il faut le dire" dit Thomas.
"Bon ! N'en parlons plus. Et cherchons à... le rendre meilleur par tant d'amour, tant de sacrifices, comme nous l'a appris Margziam..." dit Pierre.
"Que peut bien faire Margziam ?" demande André en souriant.
"Mais !... Nous serons bientôt avec lui. Je meurs d'impatience... Elles me coûtent vraiment ces séparations."
"Qui sait pourquoi le Maître les veut. Désormais... Margziam pourrait rester avec nous. Ce n'est plus un enfant et il n'est pas délicat" observe Jacques de Zébédée.
"Et puis... s'il a fait tant de chemin l'an passé alors qu'il était si grêle, à plus forte raison pourrait-il maintenant" dit Philippe.
"Moi, je pense que c'est pour lui éviter d'être présent à certaines choses déplaisantes..." dit Mathieu.
"Ou pour lui éviter certains contacts..." murmure le Thaddée qui ne supporte vraiment pas l'Iscariote.
"Peut-être avez-vous raison tous les deux" dit Pierre.
"Mais non ! Il doit le faire pour qu'il achève de devenir robuste ! Vous verrez que l'an prochain il va être avec nous" affirme Thomas.
"L'an prochain ! Le Maître sera-t-il encore avec nous, l'an prochain ?" demande Barthélemy pensif. "Ses discours me semblent à moi si... suggestifs..."
"N'en parle pas !" supplient les autres.
"Je ne voudrais pas en parler, mais s'en abstenir n'éloigne pas ce qui est marqué."
"Eh bien... Raison de plus pour nous de devenir bien meilleurs en ces mois... Pour ne pas Lui donner de douleurs et pour être prêts. Je veux Lui dire que maintenant, que nous allons être au repos en Galilée, il nous instruise beaucoup, beaucoup, spécialement nous les douze... Nous allons y être bientôt..."
"Oui, et il me tarde d'y être. Je suis âgé, et ces marches, par cette chaleur me donnent beaucoup d'ennuis secrets" avoue Barthélemy.
"A moi aussi. J'ai été un débauché et je suis plus vieux que l'on ne pense en comptant les années. Les débauches... hein ! Maintenant je les ressens toutes dans mes os... Et puis nous, fils de Lévi, nous souffrons de douleurs, vraiment par nature..."
"Et moi, j'ai été malade pendant des années... et cette vie, dans les cavernes, avec une nourriture peu abondante et misérable. Tout cela se ressent..." dit le Zélote.
"Mais si tu as toujours dit que depuis que tu as été guéri, tu t'es senti toujours fort ?"
demande derrière lui Judas qui les a rejoints. "L'effet du miracle est peut-être fini pour toi ?"
Le Zélote a une moue typique sur son visage laid et expressif. Il semble dire : "Il est ici ! Seigneur, donne-moi la patience !" Mais il répond avec la plus grande politesse : "Non. L'effet du miracle n'est pas fini. Et cela se voit. Je n'ai plus été malade, je suis fort, résistant. Mais les années sont les années et les fatigues sont les fatigues. Et ces chaleurs qui nous mettent en sueur comme si nous étions tombés dans un fossé, et puis ces nuits, je dirais glaciales en comparaison de la chaleur du jour, et qui gèlent la sueur sur nous, alors que la rosée finit d'humidifier les vêtements déjà trempés de sueur, tout cela ne me fait sûrement pas de bien. Et il me tarde d'être au repos pour m'occuper un peu de moi. Le matin, surtout si on dort à la belle étoile, je suis tout endolori. Si je deviens complètement malade, à quoi puis-je servir ?"
"A souffrir. Lui dit que la souffrance vaut le travail et la prière" lui répond André.
"Cela va bien, mais je préférerais le servir apostoliquement et..."
"Et tu es las, toi aussi. Avoue-le. Tu es las de continuer cette vie sans la perspective d'heures agréables, mais au contraire avec la perspective de persécutions et... de défaites. Tu commences à réfléchir que tu risques de redevenir le proscrit" dit Judas de Kériot.
"Je ne réfléchis à rien. Je dis que je me sens devenir malade."
"Oh ! comme il t'a guéri une fois !..." et Judas a un rire ironique.
Barthélemy sent l'imminence d'une autre discussion et il la détourne en appelant Jésus. "Maître ! Il n'y a rien pour nous? Tu es toujours en avant !..."
"Tu as raison, Barthélemy. Mais nous allons nous arrêter. Tu vois cette maisonnette ?
Allons-y car le soleil est trop fort. Ce soir nous reprendrons la marche. Il faut se hâter pour le retour à Jérusalem car la Pentecôte est toute proche."
"De quoi parliez-vous entre vous ?" demande Jude Thaddée à son frère.
"Mais figure-toi ! Nous avions commencé à parler de Joseph d'Arimathie et nous en sommes arrivés à parler de l'ancien domaine de Joachim à Nazareth et de son habitude, tant que cela lui fut possible, de garder pour lui la moitié des récoltes et de donner le reste aux pauvres, chose dont les anciens de Nazareth se souviennent si bien. Que de privations pour les deux justes Anne et Joachim ! Forcément, ils ont obtenu le miracle de la Fille, de cette Fille !...
Et avec Jésus, j'évoquais nos années d'enfance..." La conversation continue alors qu'ils avancent vers la maison au milieu des champs ensoleillés.
*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-099.htm
TOME : 6/99
Apôtres de Jésus
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Miracle du glanage dans la plaine
C'est par une campagne toute blonde de moissons que Jésus passe avec ses disciples. Il fait très chaud bien que l'on soit aux premières heures de la journée. Les moissonneurs fauchent les sillons tout garnis d'épis, en faisant des vides dans l'or des blés. Les faux brillent un instant au soleil, disparaissent dans les épis pour réapparaître de l'autre côté pour un autre instant, et les javelles plient et se couchent comme si elles étaient lasses d'être restées debout pendant des mois sur la terre échauffée par le soleil.
Des femmes passent, liant les gerbes derrière les faucheurs. Partout la campagne est occupée à ce travail. La moisson a été très bonne et les moissonneurs en sont tout réjouis.
Quand le groupe apostolique passe le long du chemin et quand les travailleurs en sont proches, plusieurs suspendent un instant leur travail. Ils s'appuient à leur faux, essuient leur sueur et regardent, et de même les femmes qui lient les gerbes. Dans leurs vêtements clairs, la tête couverte d'un linge blanc, elles paraissent autant de fleurs qui émergent de la terre dépouillée des blés, coquelicots, bleuets et marguerites. Les hommes, en tuniques courtes, bises ou jaunâtres, attirent moins le regard. Ils n'ont de clair que le linge lié par une ficelle sur la tête et qui retombe sur le cou et les joues. Dans cette blancheur, les visages bronzés par le soleil paraissent encore plus noirs.
Jésus, quand il voit qu'on le remarque, passe en saluant : "La paix et la bénédiction de Dieu soient avec vous" et les autres répondent : "Que la bénédiction de Dieu vienne sur Toi" ou bien plus simplement : "Qu'elle soit aussi avec Toi."
Certains, plus loquaces, intéressent Jésus aux moissons en disant : "Elle a été bonne cette année. Regarde ces épis grenus et comme ils sont serrés dans les sillons. On fatigue à les couper, mais c'est le pain !..."
"Soyez-en reconnaissants au Seigneur. Et vous savez que ce n'est pas en paroles, mais en actes, que l'on doit montrer sa reconnaissance. Soyez miséricordieux avec cette récolte en pensant que le Tout Puissant a été miséricordieux en donnant ses rosées et son soleil à vos champs pour que vous ayez beaucoup de grain. Rappelez-vous le précepte du Deutéronome. En récoltant la richesse que Dieu vous a donnée, pensez à celui qui n'a rien, et laissez-lui un peu du vôtre. Saint mensonge que celui-là qui est charité pour votre prochain et que Dieu voit. Il vaut mieux en laisser que de tout ramasser avec avidité. Dieu bénit ceux qui sont généreux. Donner vaut mieux que recevoir parce que cela oblige Dieu qui est juste à donner une récompense plus copieuse à celui qui a eu pitié."
Jésus passe et répète ses conseils d'amour.
Le soleil devient plus chaud. Les moissonneurs cessent le travail. Ceux qui sont à proximité rentrent chez eux, les autres se mettent à l'ombre des arbres et là se reposent, mangent, sommeillent.
Jésus aussi s'abrite dans un bosquet très touffu à l'intérieur de la campagne et, assis sur l'herbe, après avoir prié et offert la nourriture frugale de pain, de fromage et d'olives, il distribue les parts et mange en parlant avec les siens.
Il y a de l'ombre, de la fraîcheur et un grand silence. Le silence des heures ensoleillées de l'été. Un silence qui invite au sommeil et, en effet, la plupart sommeillent après le repas.
Jésus, non. Il repose, les épaules appuyées à un arbre, et pendant ce temps il s'intéresse au travail des insectes sur les fleurs. A un certain moment il fait signe à Jean, à Judas l'Iscariote et à un des plus âgés, qu'il appelle Barthélemy, et quand il les a autour de Lui, il dit : "Mais regardez ce petit insecte, quel travail il est en train de faire. Regardez : cela fait un moment que je le surveille. Il veut enlever à ce calice si petit le miel qui en remplit le fond et, comme il ne peut y arriver, regardez : il allonge d'abord une de ses petites pattes et puis l'autre, la plonge dans le miel et puis s'en nourrit. Au bout d'un moment il l'a vidé. Voyez quelle admirable chose est la Providence de Dieu ! N'ignorant pas que sans certains organes l'insecte, créé pour être une chrysolite volante au-dessus de la verdure des prés, n'aurait pu se nourrir, voilà qu'elle a muni les petites pattes de ces poils minuscules. Vous les voyez ? Toi, Barthélemy ?
Non ? Regarde. Maintenant je le prend et je te le montre à contre-jour" et délicatement il prend le scarabée qui semble d'or bruni et il le renverse sur sa main. Le scarabée fait le mort et tous les trois observent ses petites pattes. Et puis il remue ses pattes pour s'enfuir. Naturellement il n'y arrive pas, mais Jésus l'aide et le met sur ses pattes. La bestiole avance sur la paume et s'en va au bout des doigts, elle se penche, ouvre ses ailes, mais elle est méfiante. "Elle ne sait pas que Moi, je ne veux que le bien de tout être. Elle n'a que son petit instinct, parfait si on le compare à sa nature, suffisant pour tout ce dont elle a besoin, mais si inférieur à la pensée humaine. Aussi l'insecte n'est pas responsable s'il fait de mauvaises actions. L'homme, non. L'homme possède en lui-même une lumière de l'intelligence supérieure et il la possédera d'autant plus qu'il sera davantage instruit des choses de Dieu. Il sera donc responsable de ses actions."
"Alors, Maître" dit Barthélemy "nous que tu instruis, nous avons une grande responsabilité ?"
"Grande. Et dans l'avenir, vous en aurez davantage, quand le Sacrifice sera accompli et que la Rédemption sera venue, et avec elle la Grâce qui est force et lumière. Et après elle, viendra Celui qui vous rendra encore plus capable de vouloir. Celui, ensuite, qui ne voudra pas, sera très responsable."
"Alors, bien peu se sauveront !"
"Pourquoi, Barthélemy ?"
"Parce que l'homme est si faible !"
"Mais s'il fortifie sa faiblesse par sa confiance en Moi, il devient fort. Croyez-vous que Moi je ne comprends pas vos luttes ? Et que je ne compatis pas à vos faiblesses ? Vous voyez ? Satan est comme cette araignée qui est en train de tendre son piège, de cette petite branche à cette tige. Il est si fin et si traître ! Regardez comme resplendit ce fil. Il paraît être de l'argent d'un filigrane impalpable. Il sera invisible pendant la nuit et demain, à l'aube, il sera couvert de gemmes splendides, et les mouches imprudentes, qui tourniquent pendant la nuit à la recherche de nourritures plus ou moins propres, tomberont dedans, et aussi les légers papillons qui sont attirés par ce qui brille..."
Les autres apôtres se sont approchés, et ils écoutent la leçon tirée du règne végétal et du règne animal.
"...Eh bien, mon amour fait, à l'égard de Satan, ce que fait maintenant ma main. Il détruit la toile. Regardez comment l'araignée fuit et se cache. Elle a peur du plus fort. Satan aussi a peur du plus fort. Et le plus fort c'est l'Amour."
"Ne vaudrait-il pas mieux détruire l'araignée ?" dit Pierre, très pratique dans ses conclusions.
"Cela vaudrait mieux. Mais cette araignée fait son devoir. Il est vrai qu'elle tue les pauvres petits papillons si beaux, mais elle extermine aussi un grand nombre de mouches sales qui transportent les germes de maladies des malades à ceux qui sont sains, des morts aux vivants."
"Mais dans notre cas, que fait l'araignée ?"
"Que fait-elle Simon ? (Simon aussi est très âgé, et c'est lui qui se plaignait des rhumatismes.) Elle fait ce que fait la bonne volonté en vous. Elle détruit les tiédeurs, les apathies, les vaines présomptions. Elle vous oblige à rester vigilants. Quelle est la chose qui vous rend dignes de récompense ? La lutte et la victoire. Pouvez-vous avoir la victoire si vous n'avez pas de lutte ? La présence de Satan oblige à une vigilance continuelle. L'Amour, ensuite, qui vous aime, fait que cette présence n'est pas forcément nocive. Si vous restez près de l'Amour, Satan tente, mais il devient incapable de nuire vraiment."
"Toujours ?"
"Toujours, dans les grandes et les petites choses. Par exemple : une petite chose. A toi il conseille inutilement d'avoir soin de ta santé. Conseil rusé pour chercher à t'enlever à Moi. L'Amour te tient étroitement Simon, et tes douleurs perdent leur importance même à tes yeux."
"Oh ! Seigneur, tu sais ?..."
"Oui. Mais ne t'en accable pas. Allons, allons ! L'Amour te donnera tant de courage qu'il est maintenant le premier à sourire de ton humanité qui tremble à cause de ses rhumatismes..." Jésus rit de la confusion du disciple et il le serre contre Lui pour le consoler. Même en riant, il est plein de dignité. Les autres aussi rient.
"Qui vient aider cette pauvre vieille ?" dit Jésus en montrant une petite vieille qui, bravant la canicule, glane dans les sillons fauchés.
"Moi" dit Jean et avec lui Thomas et Jacques.
Mais Pierre tire Jean par la manche et, l'amenant un peu de côté, il lui dit : "Demande au Maître ce qui le rend si heureux. Je le Lui ai demandé, mais il m'a seulement dit: "Mon bonheur est de voir une âme qui recherche la Lumière". Mais si tu le Lui demandes... à toi il dit tout."
Jean est pris entre la retenue et, d'autre part, le désir de savoir et de contenter Pierre. Il rejoint lentement Jésus qui est déjà dans le champ en train de glaner. La petite vieille en voyant tous ces jeunes a un geste de désolation et se fatigue à s'activer.
"Femme ! Femme !" crie Jésus. "Je glane pour toi. Ne reste pas au soleil, mère. Je vais venir."
La petite vieille, interdite par tant de bonté, le regarde fixement, puis elle obéit, et elle dirige sa mince personne, courbée et un peu tremblante le long du filet d'ombre du talus qui limite le champ. Jésus marche rapidement en ramassant des épis. Jean le suit de près, plus loin Thomas et Jacques.
"Maître" dit Jean haletant "comment trouves-tu tant d'épis ? Moi, dans le sillon à côté, j'en trouve si peu !"
Jésus sourit et ne parle pas. Je ne pourrais le jurer, mais il me semble que les épis fauchés et non récoltés se lèvent là où l’œil divin se pose. Jésus ramasse et sourit. Il a une vraie gerbe d'épis dans les bras.
"Tiens, Jean, prends la mienne. Ainsi tu en as une quantité toi aussi, et la petite mère va être heureuse."
"Mais, Maître... Tu fais un miracle ? Il n'est pas possible que tu en trouves tant !"
"Chut ! C'est pour la petite mère... en pensant à la mienne et à la tienne. Regarde quelle petite vieille c'est !... Le bon Dieu, qui rassasie l'oiseau à peine né, veut remplir le minuscule grenier de cette petite grand-mère. Cela lui fera du pain pour les mois qui lui restent encore. Elle ne verra pas la prochaine moisson. Mais je ne veux pas qu'elle ait faim pendant son dernier hiver. Maintenant tu vas entendre ses exclamations.
Prépare-toi, Jean, à en avoir les oreilles déchirées, comme Moi, je me prépare à être baigné de larmes et de baisers..."
"Comme tu es gai, Jésus, depuis quelques jours ! Pourquoi ?"
"C'est toi qui veux le savoir ou quelqu'un qui t'envoie ?"
Jean, déjà rouge par la fatigue, devient cramoisi.
Jésus comprend : "Dis à celui qui t'envoie qu'il y a un de mes frères qui est malade et qui cherche sa guérison. Sa volonté de guérir me remplit de joie."
"Qui est-ce, Maître ?"
"Un de tes frères. Quelqu'un que Jésus aime. Un pécheur."
"Alors, ce n'est pas l'un de nous."
"Jean, tu crois que parmi vous il n'y a pas de péché ? Tu crois que je n'ai de joie qu'à cause de vous ?"
"Non, Maître. Je sais que nous aussi, nous sommes pécheurs, et que tu veux sauver tous les hommes."
"Et alors ? Je t'ai dit : "Ne cherche pas à savoir" quand il s'agissait de découvrir le mal. Je te dis la même chose maintenant qu'il s'agit d'une aurore de bien... La paix à toi, mère ! Voici nos épis. Mes compagnons vont venir avec les leurs."
"Dieu te bénisse, fils. Comment donc en as-tu trouvé autant ? Il est vrai que je n'y vois pas bien clair, mais ce sont deux gerbes, grosses, grosses..." La vieille les palpe, de sa main tremblante, elle les caresse, elle veut les soulever... Mais elle ne le peut.
"Nous allons t'aider. Où est ta maison ?"
"Celle-là" et elle montre une maisonnette au-delà des champs.
"Tu es seule, n'est-ce pas ?"
"Oui. Comment le sais-tu ? Et Toi, qui es-tu ?"
"Je suis quelqu'un qui a une mère."
"Et lui, c'est ton frère ?"
"C'est mon ami."
Par derrière Jésus, l'ami fait de grands signes à la vieille, mais elle a ses pupilles voilées et elle ne les voit pas, et d'autre part elle est trop occupée à regarder Jésus. Son cœur de vieille mère est tout ému.
"Tu es en sueur, fils. Viens ici, à l'abri de cet arbre. Assieds-toi. Regarde comme la sueur coule ! Essuie-toi avec mon voile. Il est usé, mais propre. Prends, prends, mon fils."
"Merci, mère."
"Bénie celle qui est ta mère, à Toi si bon. Dis-moi ton nom et le sien, pour que moi je les dise à Dieu afin qu'il vous bénisse."
"Marie et Jésus."
"Marie et Jésus... Marie et Jésus... Attends. Une fois j'ai beaucoup pleuré... Le fils de mon fils fut tué en défendant son garçon et cela fit mourir mon fils de chagrin... On disait que l'innocent fut tué parce qu'on cherchait quelqu'un du nom de Jésus... Maintenant je suis au seuil de la mort, et ce Nom revient..."
"Alors, tu pleurais à cause de ce Nom, mère. Que maintenant ce Nom te donne la bénédiction..."
"Tu es ce Jésus... Dis-le à une femme qui va mourir et qui a vécu sans maudire, parce qu'on lui dit que sa douleur servait à sauver le Messie pour Israël."
Jean redouble ses gestes. Jésus se tait.
"Oh ! dis-le-moi. Est-ce Toi ? Toi qui me bénirais à la fin de ma vie ? Au nom de Dieu, parle."
"C'est Moi."
"Ah !" La petite vieille se prosterne contre terre. "Mon Sauveur ! J'ai vécu dans l'attente et je n'espérais pas te voir. Est-ce que je verrai ton triomphe ?"
"Non, mère. Comme Moïse, tu mourras sans connaître ce jour. Mais je te donne à l'avance la paix de Dieu. Je suis la Paix. Moi la Route. Moi la Vie. Toi, mère et grand-mère de justes, tu me verras dans un autre triomphe qui sera éternel, et c'est Moi qui t'ouvrirai les portes, à toi, à ton fils, au fils de ton fils et à son garçon. Il est sacré pour le Seigneur ce garçon qui est mort pour Moi ! Ne pleure pas, mère..."
"Et moi, je t'ai touché ! Et Toi, tu as glané pour moi les épis! Oh ! comment ai-je mérité cet honneur ?!"
"A cause de ta sainte résignation. Viens, mère, à ta maison. Et que ce grain te donne du pain pour l'âme plus que pour le corps. Moi, je suis le vrai Pain qui est descendu du Ciel pour rassasier la faim de tous les cœurs. Vous (Thomas et Jacques les ont rejoints avec leurs javelles) prenez ces gerbes. Et allons."
Ils s'en vont tous les trois avec leur chargement d'épis. Jésus les suit avec la petite grand-mère qui pleure et murmure des prières. Ils arrivent à la maisonnette : deux petites pièces, un four minuscule, un figuier, un peu de vigne. Propreté et pauvreté.
"C'est ton asile ?"
"Oui. Bénis-le, Seigneur !"
"Appelle-moi : fils. Et prie pour que ma Mère ait du réconfort dans sa douleur, toi qui sais ce que c'est que la douleur d'une mère. Adieu, mère. Je te bénis au nom du Dieu vrai."
Et Jésus lève la main et bénit la petite demeure et puis il se penche, embrasse la petite vieille et la serre contre son cœur et baise sa tête couverte de quelques cheveux blancs. Elle pleure et effleure de ses lèvres les mains de Jésus, le vénère, l'aime...
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Jésus dit :
"II y a beaucoup de pourquoi dans ton cœur après cette dictée.
Un pourquoi que tu as dans le cœur, est toujours si je savais que Judas ne se serait pas sauvé malgré cet effort vers le salut.
Je le savais.
Et alors pourquoi étais-je heureux ?
Parce que ce seul désir présent, fleur dans la lande du cœur de Judas, faisait regarder avec bienveillance par mon Père mon disciple que j'aimais et que je n'aurais pas pu sauver. L’œil de Dieu sur un cœur ! Que voudrais-je sinon que le Père vous regarde tous et avec amour ?
Et je devais être heureux pour donner à ce malheureux jusqu'à ce moyen pour se relever. L'aiguillon de ma joie de le voir revenir à Moi.
Un jour, après ma Mort, Jean connut cette vérité et il la dit à Pierre, Jacques, André et aux autres, parce que j'en avais donné l'ordre au Préféré, auquel ne fut inconnu aucun secret de mon cœur. Il le sut et le dit pour que tous eussent une règle de conduite pour la direction des disciples et des fidèles.
A l'âme, qui après une chute, vient au ministre de Dieu et avoue son erreur envers l'ami ou le fils, envers l'époux ou le frère, et qui après s'être trompée vient dire : "Garde-moi avec toi, je ne veux plus errer pour ne pas donner de douleur à Dieu et à toi", on ne doit pas, entre autres choses, refuser la satisfaction de voir notre bonheur de la voir désireuse de nous rendre heureux.
Il faut un tact infini dans le soin des cœurs. Moi, la Sagesse, tout en sachant que dans le cas de Judas c'était inutile, je l'ai eu pour enseigner à tous l'art de racheter, d'aider celui qui se rachète.
Et maintenant, je te dis, à toi aussi comme à Simon le chananéen: "Allons, allons !" et je te serre contre Moi, pour te faire sentir qu'il y a quelqu'un qui t'aime.
De ces mains descendent les punitions, mais aussi les caresses, et de mes lèvres, des paroles sévères, mais aussi, plus nombreuses et dites avec plus de joie, des paroles de complaisance.
Va en paix, Marie. Tu n'as pas donné de peine à ton Jésus, et que cela soit ton réconfort."
*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-100.htm
TOME : 6/100
https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t18376-oeuvre-de-maria-valtorta-presentation-des-disciples-de-jesus
Blé
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Les apôtres entre eux et avec Jésus. Jésus et Pierre
Le groupe apostolique a tourné le dos à la plaine et c'est par des routes accidentées, par monts et par vallées, qu'il se dirige vers Jérusalem. Pour abréger le chemin, ils ont délaissé les grandes artères, pour prendre des raccourcis peu fréquentés, fatigants, mais très rapides.
En ce moment ils sont au fond d'une verte vallée bien arrosée et riche de fleurs et il n'y manque pas les plantes odorantes, chose qui fait observer au Thaddée qu'il est très juste d'appeler le muguet "lys de la vallée" et d'en louer la beauté fragile et pourtant résistante et si délicatement parfumée.
« Cependant ce sont des lys à l'envers. Ils regardent en bas au lieu de regarder en haut » observe Thomas.
« Et comme ils sont petits ! Nous avons des fleurs plus pimpantes. Je ne sais pourquoi on l'a tant loué... » dit Judas en heurtant du pied avec mépris une touffe de muguets en fleurs.
« Non ! Pourquoi ? Ils sont si gracieux ! » intervient André pour défendre les pauvres fleurs et il se penche pour ramasser les tiges brisées.
« On dirait du foin, rien de plus. Plus belle est la fleur de l'agave, si majestueuse, si puissante, digne de Dieu et de fleurir pour Dieu. »
« Moi, je vois davantage Dieu dans ces calices minuscules... Mais regarde quelle grâce !... Dentelés, presque concaves... Ils semblent en albâtre, en cire vierge, et travaillés par des mains extrêmement petites... Au contraire c'est l'Immense qui l'es a faits ! Oh ! Puissance de Dieu !... » André est presque extasié dans la contemplation des fleurs et la méditation de la Perfection créatrice.
« Tu me sembles une femmelette qui a les nerfs malades !... » bougonne Judas de Kériot avec un rire mauvais.
« Non » dit Thomas. « Je suis orfèvre et je m'y entends, moi aussi, et je trouve que ces fleurs sont une perfection. Il est bien plus difficile de les faire en métal que de faire une agave. Car, sache-le bien, ami, c'est l'infiniment petit qui révèle le talent de l'artiste. Donne-moi une fleur, André... Et toi, avec ton oeil bovin qui n'admire que le grandiose, viens ici et observe. Mais quel artiste pouvait faire ces coupes si légères, si parfaites, les orner de ces topazes minuscules là au fond, et les raccorder au pied par cette tige de filigrane ainsi courbée, si aérienne... Mais c'est une merveille !... »
« Oh ! que de poètes se sont levés parmi nous ! Toi aussi, Thomas, ainsi... »
« Je ne suis pas un imbécile, ni une femmelette, sais-tu ? Mais un artiste, un artiste sensible et je m'en vante. Maître, te plaisent-elles ? » Thomas interpelle le Maître qui a tout entendu sans parler.
« Tout me plaît de la Création, mais ces fleurs sont parmi mes préférées... »
« Pourquoi? » demandent plusieurs. Et en même temps Judas demande : « Même les vipères te plaisent ? » et il rit.
« Même elles, elles sont utiles... »
« Pour quoi ? » demandent plusieurs.
« Pour mordre. Ah !Ah !Ah ! » dit Judas avec un rire blessant.
« Alors elles devraient te plaire énormément à toi » lui réplique le Thaddée en coupant son rire sous un sous-entendu bien explicite. Maintenant ce sont les autres qui rient du coup bien porté.
Jésus ne rit pas. Au contraire, il est pâle et triste. Il regarde ses douze et en particulier les deux antagonistes qui se regardent l'un avec colère, l'autre avec sévérité, et il répond à tous, tout en répondant à l'Iscariote en particulier.
« Si Dieu les a faites, c'est qu'elles sont utiles. Il n'y a rien de totalement nuisible dans la création. Seul le Mal est nettement et seulement nuisible, et malheur à ceux qui se laissent mordre par lui. Un des fruits de sa morsure c'est l'incapacité de ne plus distinguer le Bien du Mal, c'est la déviation de la raison et de la conscience pervertie vers des choses qui ne sont pas bonnes, et c'est la cécité spirituelle par laquelle, ô Judas de Simon, on ne voit plus resplendir la puissance de Dieu dans les choses, même les plus petites. Elle est inscrite dans cette fleur par sa beauté, son parfum, sa forme si différente de celle de toute autre fleur, par cette goutte de rosée qui tremble et resplendit suspendue au cil cireux du minuscule pétale et qui paraît une larme de reconnaissance pour le Créateur qui a tout fait, et tout bien fait, tout utile, tout varié. Mais il est dit que tout était beau pour les premiers parents, jusqu'au moment où ils eurent la cataracte du péché... Et tout leur parlait de Dieu, jusqu'à ce que sur les choses ou plutôt dans leurs pupilles fût instillé le liquide qui déforma leur capacité de voir Dieu... Même actuellement, Dieu se révèle d'autant plus que l'esprit est davantage roi dans une créature... »
« Salomon a chanté les merveilles de Dieu, et de même David... et leur esprit n'était certainement pas roi ! Maître, cette fois, je te prends en défaut. »
« Mais impudent que tu es ! Comment oses-tu dire cela ? » dit Barthélemy en s'emportant.
« Laisse-le parler... Je n'en tiens pas compte. Ce sont des paroles que le vent emporte et dont les herbes et les arbres ne sont pas scandalisés. Nous, les seuls qui les entendions, nous savons leur donner le poids qu'elles méritent, n'est-ce pas ? Et nous ne nous en souvenons plus. La jeunesse est souvent irréfléchie, Barthélemy. Aies-en compassion... Mais quelqu'un m'avait demandé pourquoi je préférais le lys des vallées... Voici ce que je réponds : "A cause de son humilité". Tout en lui parle d'humilité... Les endroits qu'il aime... l'attitude de la fleur... Elle me fait penser à ma Mère... Cette fleur... Si petite ! Et pourtant voyez quelle odeur exhale une seule fleur. Tout autour, l'air en est parfumé... Ma mère aussi, humble, réservée, inconnue, qui ne demandait qu'à rester inconnue... Pourtant son parfum de sainteté fut si fort qu'il m'aspira du Ciel... »
« Tu vois un symbole de ta Mère, en cette fleur ? »
« Oui, Thomas. »
« Et tu penses que nos anciens, en louant le lys des vallées, en avaient le pressentiment ? » demande Jacques d'Alphée. « Alors ils l'ont comparée à d'autres plantes et d'autres fleurs : à la rose, à l'olivier, et aux plus gentils animaux :
tourterelles, colombes... »
« Chacun en disait ce qu'il voyait de plus beau dans la création. Et de la création. Elle est réellement la Toute Belle. Mais je l'appellerais Lys de la vallée et Olivier pacifique, si je devais célébrer ses louanges » et Jésus se rassérène et s'illumine en pensant à sa Mère et il s'éloigne pour s'isoler...
La marche continue, malgré la chaleur du milieu du jour, car le fond de la vallée présente une succession d'arbres qui abritent du soleil.
Pierre, après un moment, hâte sa marche et rejoint le Maître. Il l'appelle doucement: « Mon Maître ! »
« Mon Pierre ! »
« Est-ce que je te dérange si je viens avec Toi ? »
« Non, ami. Que veux-tu me dire de si urgent qui te pousse à venir près de ton Maître? »
« Une question... Maître, je suis un homme curieux... »
« Eh bien ? » Jésus sourit en regardant son apôtre.
« Et il me plaît de savoir tant de choses... »
« C'est un défaut, mon Pierre. »
« Je le sais... mais je crois que cette fois, ce n'est pas un défaut. Si je voulais savoir des choses qu'il ne faut pas, des friponneries pour pouvoir critiquer celui qui les a faites, oh ! alors ce serait un défaut. Mais tu vois que je ne t'ai pas demandé si Judas était pour quelque chose dans l'appel à Béther, et pourquoi... »
« Mais tu en avais un grand désir... »
« Oui. C'est vrai. Mais, au contraire, n'est-ce pas un mérite plus grand ? »
« C'est un mérite plus grand, comme c'est un grand mérite de se maîtriser soi-même. Ceci montre, en celui qui le fait, une bonne, une sérieuse évolution dans les choses spirituelles, une intelligence et une assimilation vraiment actives des enseignements du Maître. »
« Oui, hein ? Et en es-tu content ? »
« Oh ! Pierre, tu me le demandes ? J'en suis bienheureux. »
« Oui ? Vraiment ? O mon Maître ! Mais alors ton pauvre Simon est celui qui te rend si heureux ? »
« Oui. Mais ne le savais-tu pas déjà ? »
« Je n'osais pas le croire, mais en te voyant si heureux hier, je t'ai fait questionner. Car je pensais que ce pouvait être aussi Judas qui devenait meilleur... bien que je n'en ai pas de preuves... Mais je puis y voir mal. Jean m'a dit que tu lui as dit que tu es heureux parce qu'il y a quelqu'un qui devient saint... Puis, il y a un instant, tu me dis que tu es content de moi parce que je me rends meilleur. Maintenant je sais. Celui qui te rend heureux et réjoui, c'est moi, le pauvre Simon... Pourtant maintenant je voudrais que mes sacrifices fassent changer Judas. Je ne suis pas jaloux. Je voudrais que tous soient parfaits pour te rendre parfaitement heureux. Est-ce que j'y réussirai ? »
« Aie confiance, Simon, aie confiance et persévère. »
« Je le ferai ! Certes que je le ferai. Pour Toi... et aussi pour lui. Parce que ce n'est certainement pas réjouissant d'être toujours ainsi. Au fond... il pourrait presque être mon fils... Hum ! Vraiment je préfère servir de père à Margziam ! Mais... je lui servirai de père en travaillant pour lui donner une âme digne de Toi. »
« Et de toi, Simon » et Jésus se penche et baise ses cheveux.
Pierre est tout à fait heureux... Après un moment, il demande : « Et tu ne me dis pas autre chose ? Il n'y a rien d'autre de bon ? Quelque fleur parmi les épines que tu trouves partout ? »
« Si. Un ami de Joseph qui vient à la Lumière. »
« Vraiment ? Un synhédriste ? »
« Oui, mais il ne faut pas le dire. On doit prier, souffrir pour lui. Tu ne me demandes pas qui c'est ? Tu n'es pas curieux ? »
« Très ! Mais je ne le demande pas. Un sacrifice pour cet inconnu. »
« Béni sois-tu Simon ! Aujourd'hui tu me rends vraiment heureux. Continue ainsi et je t'aimerai de plus en plus, et de plus en plus Dieu t'aimera. Maintenant arrêtons-nous pour attendre les autres... »
*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2006/06-101.htm
TOME : 6/101
Jésus et Pierre Apôtre
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