♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
L'Espérance s’épanouit comme une fleur pour celui qui appuie sa tête sur mon sein maternel
Catéchèse du lundi 3 avril 1944 (lundi saint)
Marie dit :
"Si ma présence avait sanctifié le Baptiste, elle n'avait pas enlevé pour Élisabeth la condamnation venue d'Ève. "Tu auras des fils dans la douleur avait dit l'Éternel. Moi seule, sans tache et sans union humaine, ai été exempte de la douleur de l'enfantement.
La tristesse et la douleur sont les fruits de la faute. Moi qui étais la "Sans faute", je devais connaître pourtant la douleur et la tristesse parce que j'étais la Co-rédemptrice. Mais je ne connus pas le déchirement de l'enfantement. Non. Je n'ai pas connu cette souffrance.
Mais, crois-moi, ma fille, qu'il n'y a jamais eu et qu'il n'y aura jamais tourment d'enfantement semblable à mon enfantement de Martyre d'une Maternité spirituelle accomplie sur le plus dur des lits : celui de ma croix, au pied du gibet de mon Fils qui mourait.
Quelle est la mère qui est contrainte à générer de telle façon, et à mêler le tourment de ses entrailles qui se déchiraient en entendant le râle de sa Créature agonisante au déchirement intérieur pour avoir à surmonter l'horreur de devoir dire: "Je vous aime.
Venez à moi qui suis votre Mère" aux assassins de son Fils, qui était né du plus sublime amour qu'ait jamais vu le Ciel, de l'union d'amour d'un Dieu avec une vierge, d'un baiser de Feu, de l'embrassement de la Lumière, qui se firent Chair et du sein d'une femme firent le Tabernacle de Dieu ?
"Que de douleur, pour être mère !" disait Élisabeth. Si grande, mais un rien en comparaison de la mienne.
"Laisse-moi mettre les mains sur ton sein". Oh ! si dans votre souffrance vous me demandiez toujours cela !
Je suis l'Éternelle Porteuse de Jésus. Il réside en mon sein, comme tu l'as vu l'an passé, comme une Hostie en l'ostensoir. Qui vient à moi, le trouve. Qui s'appuie sur moi, le touche. Qui s'adresse à moi, Lui parle. Je suis son Vêtement. Il est mon Âme. Encore plus, plus uni maintenant qu'il ne le fut pendant les neuf mois qu'il se développait en mon sein, mon Fils est uni à moi, sa Maman. Et toute douleur se calme et toute espérance fleurit et toute grâce coule pour qui vient à moi et pose sa tête sur mon sein.
Je prie pour vous. Rappelez-le. La béatitude d'être au Ciel, vivant dans le rayonnement de Dieu, ne me fait pas oublier mes fils qui souffrent sur la terre. Et je prie. Le Ciel entier prie, car le Ciel aime. Le Ciel c'est la charité vivante. Et la Charité a pitié de vous.
Mais, s'il n'y avait que moi, ce serait déjà une prière suffisante pour les besoins de qui espère en Dieu, puisque je ne cesse de prier pour vous tous : saints et dépravés, pour donner aux saints la joie, pour donner aux méchants le repentir qui sauve.
Venez, venez, ô fils de ma douleur. Je vous attends au pied de la Croix pour vous faire grâce."
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
La circoncision du Baptiste
Je vois la maison en fête. C'est le jour de la circoncision. Marie a pris soin que tout soit beau et en ordre. Les pièces brillent de lumière et aussi les plus belles étoffes, les plus beaux meubles, c'est une splendeur. Il y a beaucoup de monde.
Marie se déplace, agile parmi les groupes, toute belle dans son plus beau vêtement blanc.
Élisabeth, révérée comme une matrone, jouit délicieusement de la fête. Le bébé est sur son sein, repu de lait.
Vient le moment de la circoncision]. "Nous l'appellerons Zacharie. Tu te fais vieux et il convient que ton nom soit donné à l'enfant" disent les hommes.
"Certainement non !" s'écrie la mère. "Son nom est Jean. Son nom doit être un témoignage de la puissance de Dieu."
"Mais quand donc y a-t-il eu un Jean dans notre parenté ?"
"N'importe. Il doit s'appeler Jean."
"Que dis-tu, Zacharie ? Tu veux qu'il ait ton nom, n'est-ce pas ?" Zacharie fait signe que non. Il prend la tablette et écrit : "Jean est son nom" et il a à peine fini d'écrire qu'il ajoute avec sa langue libérée : "puisque Dieu a fait une grande grâce à moi son père et à sa mère, et à ce petit, son nouveau serviteur, qui passera en effet sa vie à glorifier le Seigneur, et il sera appelé grand dans la suite des siècles et aux yeux de Dieu, parce qu'il s'emploiera à convertir les cœurs au Seigneur Très-Haut. L'ange l'a dit, et moi je ne l'ai pas cru .Mais maintenant je crois et la Lumière se fait en moi, Elle est parmi nous et vous ne la voyez pas,
Son sort sera d'être ignorée parce que les hommes ont l'esprit encombré, endormi. Mais mon fils la verra et parlera d'Elle et tournera vers Elle les cœurs des justes d'Israël. Oh ! bienheureux ceux qui croiront en Elle et croiront toujours à la Parole du Seigneur. Et Toi, sois béni, Seigneur Éternel, Dieu d'Israël parce que tu as visité et racheté ton peuple en lui suscitant un puissant Sauveur dans la maison de David, son serviteur.
Comme tu as promis par la bouche des saints Prophètes, depuis les temps anciens de nous délivrer de nos ennemis et des mains de ceux qui nous haïssent, pour exercer ta miséricorde envers nos pères et montrer que tu n'oublies pas ta sainte alliance.
Tel est le serment que tu as fait à Abraham notre père : de nous accorder que sans crainte, délivrés de la main de nos ennemis, nous te servions, dans la sainteté et la justice, en ta présence, pendant toute la vie" et ainsi jusqu'à la fin .
Les personnes présentes sont dans la stupeur : pour le nom, pour le miracle et pour les paroles de Zacharie.
Élisabeth à la première parole de Zacharie, avait hurlé de joie. Maintenant elle pleure pendant que Marie la tient embrassée et la caresse joyeusement.
On porte ailleurs le nouveau-né pour la circoncision. Quand on le rapporte, le petit Jean crie de toute sa voix. Même le lait de sa maman ne le calme pas. Il se débat comme un jeune poulain. Mais Marie le prend et le berce, et lui se tait et se calme.
"Mais regardez !" dit Sara. "Il ne se tait que lorsqu'elle le prend !"
Les gens s'en vont lentement. Dans la pièce, il ne reste que Marie avec le bébé dans les bras et Élisabeth toute heureuse.
Zacharie entre et ferme la porte. Il regarde Marie avec les larmes aux yeux. Il veut parler, puis se tait. Il s'avance. Il s'agenouille devant Marie. "Bénis le misérable serviteur du Seigneur" lui dit-il. "Bénis-le, puisque tu peux le faire, toi qui le portes en ton sein.
La parole de Dieu m'a parlé quand j'ai reconnu mon erreur et que j'ai cru à tout ce qui m'avait été dit. Je te vois, et aussi ton heureuse destinée. J'adore en toi le Dieu de Jacob. Toi, mon premier Temple, où le premier prêtre devenu conscient peut à présent prier l'Éternel. Tu es bénie, toi qui as obtenu grâce pour le monde et lui portes le Sauveur.
Pardonne à ton serviteur, s'il n'a pas vu au premier abord ta majesté. C'est toutes les grâces que tu nous as apportées avec ta venue, parce que où tu vas, ô Pleine de Grâce, Dieu opère ses miracles et saints sont les murs où tu entres, saintes deviennent les oreilles qui entendent ta voix et les chairs que tu touches. Saints les cœurs parce que tu donnes les grâces, Mère du Très-Haut, Vierge annoncée par les prophètes et attendue pour donner au peuple de Dieu le Sauveur."
Marie sourit, allumée par l'humilité, et elle parle : "Louange au Seigneur. A Lui seul. C'est de Lui, pas de moi que vient toute grâce. Et Lui t'a accordé sa grâce pour que tu l'aimes et le serves à la perfection le reste de ta vie, pour mériter son Royaume que mon Fils ouvrira aux Patriarches, aux Prophètes, aux justes du Seigneur. Et toi, maintenant qui peux prier devant le Saint, prie pour la Servante du Très-Haut, parce que être la Mère du Fils de Dieu, c'est une bienheureuse destinée, être Mère du Rédempteur c'est une destinée d'atroce douleur, Prie pour moi, qui heure après heure sens grandir le poids de ma souffrance.
Et c'est toute une vie qu'il me faudra le porter. Et si je n'en vois pas les détails, je sens que ce sera un poids plus lourd que si sur mes épaules de femme se posait le monde et que je dusse l'offrir au Ciel. Moi, moi seule, pauvre femme ! Mon Enfant ! Mon Fils ! Ah ! qu'à présent le tien ne pleure pas si je le berce. Mais pourrai-je moi bercer le mien pour calmer sa douleur ? ...
Prie pour moi, Prêtre du Seigneur. Mon cœur tremble comme une fleur sous la bourrasque. Je regarde les hommes et je les aime, mais derrière leurs visages, je vois apparaître l'Ennemi qui en fait des ennemis de Dieu, de Jésus, mon Fils..."
La vision s'évanouit avec la vue de la pâleur de Marie, de ses larmes où brille son regard.
Circoncision de Jean le Baptiste
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Disposez votre esprit à accueillir la lumière
Catéchèse du mercredi 4 avril 1944 (mercredi-saint)
Marie dit :
"À qui reconnaît sa faute et s'en repent et s'accuse humblement d'un cœur sincère, Dieu pardonne. Il ne pardonne pas seulement : Il récompense. Oh ! mon Seigneur, comme Il est bon envers qui est humble et sincère ! Envers celui qui croit en Lui et se fie à Lui ! Désencombrez votre esprit de tout ce qui l'encombre et le rend inerte. Disposez-le à accueillir la Lumière. Comme un phare dans les ténèbres, Elle vous est un guide et un saint réconfort.
Amitié avec Dieu, béatitude de ceux qui lui sont fidèles, richesse que rien n'égale, qui te possède n'est jamais seul et ne ressent pas l'amertume de le désespoir. Tu ne supprime pas la douleur, ô sainte amitié, car la douleur a été le destin d'un Dieu incarné et elle peut être le destin de l'homme. Mais tu rends cette douleur douce en son amertume, tu y mélanges une clarté et une caresse qui, comme une touche céleste, soulèvent la croix.
Et, quand la Bonté Divine vous donne une grâce, usez du bienfait reçu pour rendre gloire à Dieu. Ne soyez pas des fous qui, d'un objet utile se font une arme nuisible ou comme des prodigues qui transforment leur richesse en misère.
C'est trop la douleur que vous me donnez, ô fils, derrière le visage de qui je vois apparaître l'Ennemi, celui qui se rue contre mon Jésus. Trop de douleur ! Je voudrais être pour tous la Source de la Grâce. Mais trop d'entre vous ne veulent pas de la Grâce. Vous demandez "grâces" mais avec une âme qui ne possède pas la Grâce. Et comment la Grâce peut-elle vous secourir si vous en êtes les ennemis ?
Le grand mystère du Vendredi Saint approche. Tout, dans les temples, le rappelle et le célèbre. Mais il faut célébrer et en rappeler le souvenir dans vos cœurs, en vous battant la poitrine, comme ceux qui descendaient du Golgotha, et dire : "Celui-là est vraiment le fils de Dieu le Sauveur", et dire : "Jésus par ton Nom, sauve-nous",et dire : "Père, pardonne-nous". Et finalement : "Seigneur, je ne suis pas digne; mais si tu me pardonnes et viens vers moi, mon âme sera guérie et je ne veux pas, non, je ne veux plus pécher pour retourner à mon mal et en haine envers Toi".
Priez, mes fils, avec les paroles de mon Fils. Dites avec Lui au Père, pour vos ennemis : "Père pardonne-leur". Appelez le Père qui s'est retiré de vous, indigné par vos erreurs : "Père, Père, pourquoi m'as-tu abandonné ?
Je suis pécheur, mais si tu m'abandonnes, je périrai. Reviens, Père Saint, pour que je me sauve". Confiez à l'Unique, qui peut le conserver à l'abri des coups du démon, votre bien éternel, votre esprit : "Père, entre tes mains, je remets mon esprit".
Oh ! si humblement et d'un cœur affectueux, vous remettez votre esprit à Dieu, Lui vous conduit, comme un père son petit, et ne permet pas que rien ne lui fasse tort. Jésus, en ses agonies, a prié pour vous enseigner à prier. Je vous le rappelle en ces jours de la Passion.
Et toi, Marie, toi qui vois ma joie de Mère et en es extasiée, ramène à ta mémoire cette pensée: que j'ai possédé Dieu à travers une douleur sans cesse grandissante.
Il est descendu en moi avec le Germe de Dieu et comme un arbre gigantesque agrandi jusqu'à toucher le Ciel de sa cime et aussi l'Enfer par ses racines, quand j'ai reçu sur mon sein la dépouille inanimée de la Chair de ma chair, quand j'en ai vu et compté les déchirures atroces, quand j'ai touché son cœur qui avait été lacéré pour consommer la douleur jusqu'à la dernière goutte de son sang "
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
La présentation du Baptiste au Temple
Catéchèse du mercredi 5 et du jeudi 6 avril 1944
Dans la nuit du mercredi au jeudi de la semaine sainte voici ce que je vois :
D'un char confortable auquel est attachée aussi la monture de Marie, je vois descendre Zacharie, Élisabeth et Marie qui tient Zacharie, Élisabeth et Marie qui tient le petit Jean, et Samuel avec un agneau et, dans une cage, une colombe. Ils descendent devant l'écurie habituelle où doivent s'arrêter tous les pèlerins qui se rendent au Temple, pour remiser leurs montures.
Marie appelle le petit homme qui en est propriétaire et lui demande si aucun Nazaréen n'est venu le jour précédent ou aux premières heures de la matinée. "Personne, femme" répond le petit vieux. Marie demeure étonnée, mais n'ajoute rien d'autre.
Elle fait détacher son âne par Samuel et puis rejoint Zacharie et Élisabeth. Elle explique le retard de Joseph : "Il aura été retenu par quelque chose, mais il viendra certainement aujourd'hui." Elle reprend le bébé qu'elle avait donné à Élisabeth et ils se dirigent vers le Temple.
Zacharie reçoit les honneurs des gardes, les saluts et les compliments des autres prêtres. Il est splendide aujourd'hui Zacharie avec ses vêtements sacerdotaux et sa joie de père heureux. On dirait un Patriarche. Je pense qu'Abraham devait lui ressembler quand il se réjouissait d'offrir Isaac au Seigneur.
Je vois la cérémonie de la présentation du nouvel Israélite et la purification de la mère. Elle est encore plus pompeuse que pour la présentation de Marie, parce que Jean est le fils d'un prêtre et les prêtres font grande fête. Ils accourent en nombre et s'affairent autour du petit groupe des femmes et du nouveau-né.
Des gens aussi se sont approchés par curiosité et j'entends les commentaires. Comme Marie a l'enfant sur les bras pendant qu'on se dirige vers l'endroit coutumier les gens croient que c'est la mère. Mais une femme dit : "Ce n'est pas possible. Ne voyez-vous pas qu'elle est enceinte ? Le bambin n'a que quelques jours et elle, elle est déjà grosse."
"Pourtant" dit un autre "il n'y a qu'elle qui puisse être la mère. L'autre est vieille. Ce doit être une parente, mais elle ne peut être mère à l'âge qu'elle a."
"Suivons-les, et nous verrons qui a raison." Et la stupeur augmente quand on voit que celle qui accomplit le rite de la purification, c'est Élisabeth. Elle offre son agneau bêlant pour l'holocauste et la colombe pour le péché.
"C'est elle la mère, tu as vu ?"
"Non !"
"Oui." Les gens chuchotent, incrédules encore. Ils font tant de bruit qu'un "Pschit !" impérieux part du groupe des prêtres qui assistent à la cérémonie. Les gens se taisent un moment, mais les chuchotements se font plus forts quand Élisabeth rayonnante d'une sainte fierté prend le bambin et pénètre dans le Temple pour en faire la présentation au Seigneur.
"C'est bien elle."
"C'est toujours la mère qui fait l'offrande."
"Quel miracle est-ce donc jamais ?"
"Que sera cet enfant accordé à un âge si avancé à cette femme ?"
"Qu'est-ce que cela présage ?"
"Vous ne savez pas ? dit quelqu'un qui arrive tout essoufflé. C'est le fils du prêtre Zacharie, de la descendance d'Aaron, celui-là qui devint muet pendant qu'il offrait l'encens au Sanctuaire."
"Mystère ! Mystère ! Et maintenant il parle de nouveau ! La naissance de son fils lui a délié la langue."
"Quel esprit lui aura parlé et rendue morte sa langue pour l'habituer à garder le silence sur les secrets de Dieu ?"
"Mystère ! Quelle vérité sera révélée à Zacharie ?"
"Son fils serait-il le Messie qu'attend Israël ?"
"Il est né en Judée, mais pas à Bethléem et pas d'une vierge. Il ne peut être le Messie."
"Qui donc est-il ?"
Mais la réponse reste dans le secret de Dieu et les gens restent avec leur curiosité.
La cérémonie est achevée. Les prêtres font fête, maintenant à la mère aussi et au bébé. La seule à qui on ne fait pas attention, qu'on évite même dédaigneusement, quand on s'aperçoit de son état, c'est Marie.
Une fois les félicitations finies, la plupart se remettent en route et Marie veut retourner à l'hôtellerie pour voir si Joseph est arrivé. Il n'est pas arrivé. Marie reste déçue et pensive.
Élisabeth se préoccupe de sa situation. "Nous pouvons rester jusqu'à la sixième heure mais ensuite, nous devons partir pour être à la maison avant la première veille. Il est encore trop petit pour rester la nuit tombée."
Et Marie calme et triste : "Je resterai dans une cour du Temple. J'irai trouver mes maîtresses... Je ne sais. Mais je ferai quelque chose."
Zacharie intervient avec un projet immédiatement accepté, comme une bonne solution. "Allons chez les parents de Zébédée c'est sûrement là que Joseph va te chercher et s'il ne venait pas, il te sera facile de trouver quelqu'un pour t'accompagner vers la Galilée. Dans cette maison il y a un va-et-vient continuel de pêcheurs de Génésareth."
Ils prennent la monture de Marie et vont chez les parents de Zébédée, qui au fond ne sont que ceux qui ont donné l'hospitalité à Marie et Joseph quatre mois auparavant.
Les heures passent vite et Joseph ne paraît point. Marie maîtrise sa peine en berçant le petit, mais on voit qu'elle est pensive. Comme pour cacher son état, elle n'a pas enlevé son manteau bien qu'il fasse une chaleur qui fait transpirer tout le monde.
Finalement, un grand coup à la porte annonce Joseph. Le visage de Marie resplendit rasséréné.
Joseph la salue, après qu'elle s'est présentée tout d'abord le saluant avec respect : "La bénédiction de Dieu sur toi, Marie !"
"Et sur toi, Joseph et louange au Seigneur que tu sois venu ! C'est que Zacharie et Élisabeth allaient partir pour être à la maison avant la nuit."
"Ton messager est arrivé à Nazareth pendant que j'étais à Cana pour des travaux. J'ai été informé hier soir et je suis parti tout de suite. Mais ayant marché sans arrêt, je suis en retard parce que l'âne avait perdu un fer. Pardonne-moi."
"C'est à toi de me pardonner d'être restée si longtemps loin de Nazareth ! Mais regarde: ils étaient si heureux de m'avoir avec eux, c'est pourquoi j'ai voulu leur faire plaisir jusqu'à maintenant."
"Tu as bien fait, Femme. Et le bambin où est-il ?" Ils entrent dans la pièce où se trouve Élisabeth qui donne son lait à Jean avant de partir. Joseph complimente les parents pour la robustesse de l'enfant. Élisabeth l'enlève de son sein pour le montrer à Joseph, mais il crie et se débat comme si on l'écorchait.
Tout le monde rit de ses protestations, même les parents de Zébédée qui sont accourus apportant des fruits frais pour tout le monde, du lait, du pain et un grand plat de poissons, ils rient et s'unissent à la conversation des autres.
Marie parle très peu. Elle reste tranquille et silencieuse assise dans son coin, les mains sur son sein, sous son manteau. Et même quand elle boit une tasse de lait et mange une grappe de raisin doré avec un peu de pain, elle parle peu et ne bouge guère. Elle regarde Joseph avec un mélange de peine et d'inquiétude. Lui aussi la regarde et après quelque temps, se penchant sur son épaule, lui demande :
"Es-tu fatiguée ? Souffres-tu ? Tu es pâle et triste."
"J'ai de la peine de me séparer du petit Jean. Je l'aime bien. Je l'ai porté sur mon cœur presque dès sa naissance..."
Joseph ne pose pas d'autre question. L'heure du départ est venue pour Zacharie. Le char s'arrête à la porte et tout le monde s'approche. Les deux cousines s'embrassent affectueusement. Marie embrasse plusieurs fois le bébé avant de le reporter sur le sein de sa mère déjà assise dans son char. Puis elle salue Zacharie et lui demande sa bénédiction.
Quand elle s'agenouille devant le prêtre, le manteau glisse de ses épaules et ses formes apparaissent dans la lumière intense d'un après-midi d'été. Je ne sais si Joseph le remarque à ce moment occupé qu'il est à saluer Elisabeth. Le char s'éloigne.
Joseph rentre avec Marie qui reprend sa place dans un coin à moitié éclairé. "S'il ne te déplaisait pas de voyager de nuit, je proposerais de partir au crépuscule. La chaleur est forte dans la journée. La nuit, au contraire, est fraîche et tranquille. C'est pour toi que je le dis pour ne pas t'exposer trop au soleil. Pour moi, ce n'est rien d'être exposé à la canicule. Mais toi..."
"Comme tu veux Joseph. Oui, je crois que ce serait bien de voyager de nuit. "
"La maison est bien en ordre, et aussi le jardinet. Tu verras quelles belles fleurs ! Tu arrives à temps pour voir tout fleuri. Le pommier, le figuier et la vigne sont chargés de fruits comme jamais et le grenadier, j'ai dû lui mettre des tuteurs tant ses branches sont chargées de fruits déjà bien formés qu'on n'a jamais vu chose pareille en ce temps-ci. Et puis l'olivier ... Tu auras de l'huile en abondance.
Il a eu une floraison miraculeuse et pas une fleur ne s'est perdue; toutes ont déjà donné une petite olive. Quand elles seront mûres, l'arbre sera couvert de perles noires. Il n'y a que toi pour avoir un si beau jardin dans toute Nazareth. Même les parents en sont étonnés. Et Alphée dit que c'est un miracle."
"Tes soins l'ont créé."
"Oh ! non ! Pauvre homme que je suis ! Qu'ai-je donc fait, moi ? Un peu de soins aux arbres et un peu d'eau aux fleurs... Sais-tu ? Je t'ai fait une fontaine, tu n'auras pas besoin de sortir pour avoir de l'eau. Je l'ai amenée au fond, près de la grotte, et j'y ai mis une vasque. Je l'ai conduite de la source qui se trouve au-dessus de l'olivier de Mathias.
Elle est pure et abondante. C'est par un petit ruisseau que je te l'ai amenée. J'ai fait un petit canal bien couvert et maintenant l'eau arrive et chante comme une harpe. Ça me faisait de la peine de te voir aller à la fontaine du pays et en revenir chargée d'amphores remplies d'eau."
"Merci, Joseph. Tu es bon !" Les deux époux se taisent maintenant comme fatigués, Joseph sommeille même. Marie prie.
Le soir arrive. Les hôtes insistent pour qu'ils mangent encore avant de se mettre en route. Joseph mange du pain et du poisson. Marie seulement des fruits et du lait.
Puis c'est le départ. Ils montent sur leurs ânes. Comme à l'aller, Joseph a installé sur le sien le coffre de Marie et avant que Marie ne monte il regarde si la selle est bien en place. Je remarque que Joseph regarde Marie quand elle monte en selle; mais il ne dit rien Le voyage a commencé au moment où les étoiles, les premières se mettent à clignoter dans le ciel.
Ils se hâtent vers les portes pour les atteindre avant qu'elles ne soient fermées, peut-être, Quand ils sortent de Jérusalem et ils prennent la grand-route qui va vers la Galilée, déjà les étoiles fourmillent dans toute l'étendue du ciel. Il y a grand silence dans la campagne. On n'entend que le chant d'un rossignol et les pieds des deux ânes qui battent en cadence le terrain de la route durci par la sécheresse de l'été.
*
Pésentation de Jean le Baptiste au Temple
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Si Joseph avait été moins saint,
Dieu ne lui aurait pas accordé sa lumière
Catéchèse du mercredi 5 et du jeudi 6 avril 1944
Marie dit :
"C'est la veille du Jeudi Saint. A certains, cette vision paraîtra hors de propos. Mais ta douleur d'amante de Jésus Crucifié est en ton cœur et y persiste, même si une douce vision se présente. C'est comme la tiédeur qui se développe d'une flamme, qui est encore du feu et ce n'est plus du feu. Le feu c'est la flamme, pas la tiédeur qu'elle répand autour d'elle.
Aucune vision béatifiante ou purifiante ne viendra t'enlever du cœur cette douleur. Regarde-la comme précieuse, plus que ta vie même : c'est en effet, le plus grand don que Dieu puisse faire à celui qui croit en son Fils. D'ailleurs, ma vision, dans sa paix, s'harmonise bien avec la commémoration de cette semaine.
Mon Joseph aussi a eu sa Passion. Et elle commença à Jérusalem quand il se rendit compte de mon état, et elle a duré des jours comme pour Jésus et pour moi[1][1]. Et spirituellement elle ne fut pas moins douloureuse. C'est uniquement par la sainteté de Joseph, mon époux, qu'elle s'est maintenue sous une forme tellement digne et secrète qu'elle est passée peu connue à travers les siècles.
Oh ! Notre première Passion ! Qui peut en dire l'intime et silencieuse intensité ? Qui peut en dire ma douleur en constatant que le Ciel ne m'avait pas encore exaucée en révélant à Joseph le mystère ? Qu'il l'ignorait, je l'avais compris en le voyant à mon égard simplement respectueux comme à l'ordinaire.
S'il avait su que je portais en moi le Verbe de Dieu, il aurait adoré ce Verbe en mon sein, avec des actes de vénération dus à Dieu, et il n'aurait pas manqué de les faire, comme moi je n'aurais pas refusé de les recevoir, non pas pour moi, mais pour Celui qui était en moi, que je portais comme l'Arche d'Alliance portait les tables de la Loi et les vases de la manne.
Qui peut dire mon combat contre le découragement qui tentait de m'accabler pour me persuader que j'avais espéré en vain dans le Seigneur ? Oh ! je crois que ce fut une rage de Satan ! Je sentais le doute me saisir aux épaules et allonger ses tentacules pour emprisonner mon âme et l'arrêter dans sa prière.
Le doute, si dangereux, mortel pour l'esprit. Mortel car c'est bien la première attaque de la maladie qui se nomme "désespoir" et contre laquelle l'esprit doit réagir de toutes ses forces pour ne pas voir périr son âme et perdre Dieu.
Qui pourrait dire avec une exacte vérité la douleur de Joseph, ses pensées, le trouble de ses affections ? Comme une petite embarcation prise dans une grande bourrasque, il se trouvait dans un tourbillon d'idées opposées, de réflexions plus pénibles et plus cruelles l'une que l'autre.
En apparence, c'était un homme trahi par sa femme. Il voyait crouler en même temps son bon renom et l'estime du monde à cause d'elle, il se voyait déjà montré du doigt et l'objet de la compassion du pays. Il voyait l'amour et l'estime qu'il avait pour moi tomber morts devant l'évidence du fait.
Ici sa sainteté resplendit encore plus que la mienne, et j'en témoigne avec mon amour d'épouse, car je veux que vous l'aimiez, mon Joseph, cet homme sage et prudent, patient et bon, qui n'est pas étranger au mystère de la Rédemption, auquel il a été intimement lié, parce qu'il usa sa douleur et lui-même pour celui-ci, en sauvant le Sauveur au prix de son sacrifice et par sa grande sainteté.
S'il avait été moins saint, il aurait agi humainement en me dénonçant comme adultère pour me faire lapider et faire périr avec moi le fruit de mon péché. S'il avait été moins saint, Dieu ne lui aurait pas donné la lumière pour le guider en une telle épreuve.
Mais Joseph était saint. Son esprit, toute pureté, vivait en Dieu. La charité en lui était ardente et forte. Et par sa charité, il vous sauva le Sauveur, tant en ne me dénonçant pas auprès des anciens, qu'en laissant tout par une prompte obéissance pour emmener Jésus en Égypte.
Journées peu nombreuses, mais terribles par leur intensité, celles de la passion de Joseph et de ma passion, de cette première passion dont je dus souffrir. Car je comprenais sa souffrance et ne pouvais la lui enlever aucunement pour rester fidèle à l'ordre de Dieu qui m'avait dit : "Tais-toi !"
Et quand à notre arrivée à Nazareth, je le vis me quitter après un laconique salut, courbé et vieilli, pour ainsi dire, en peu de temps, quand je vis qu'il ne venait pas chez moi le soir comme il en avait l'habitude, je vous le dis, mes fils, mon cœur éploré eut à souffrir une douleur aiguë.
Enfermée dans ma maison, seule, dans la maison où tout me rappelait l'Annonciation et l'Incarnation, et où tout me ramenait au cœur le souvenir de Joseph uni à moi dans une virginité sans tache, je dus résister au découragement, aux insinuations de Satan et espérer, espérer, espérer. Et prier, prier, prier. Et pardonner, pardonner, pardonner à Joseph son soupçon, sa révolte de juste indigné.
Mes fils : il faut espérer, prier, pardonner, pour obtenir que Dieu intervienne en notre faveur. Vous aussi vous avez à vivre votre passion. Vos fautes l'ont méritée. Je vous enseigne comment la surmonter et la transformer en joie. Espérez sans mesure, priez sans défiance, pardonnez pour qu'il vous soit pardonné. Le pardon de Dieu, mes fils, sera la paix a laquelle vous aspirez.
Je ne vous dirai rien d'autre, pour le moment, sauf qu'après le triomphe de Pâques, ce sera le silence. Compatissez à ce qu'endure votre Rédempteur, écoutez ses plaintes et comptez ses blessures et ses larmes. Chaque larme a été versée pour vous et ses blessures c'est pour vous qu'il les a reçues. Tout autre vision s'efface devant celle qui vous rappelle la Rédemption qu'il a accomplie pour vous."
Joseph
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
L'édit de recensement
Vision du dimanche 4 juin 1944
Je vois encore la maison de Nazareth : la petite pièce où se tient habituellement Marie pour les repas. En ce moment, elle est occupée à un ouvrage de toile blanche. Elle pose son travail pour aller allumer une lampe. La nuit descend et la lumière verdâtre qui entre par la porte entr'ouverte sur le jardin devient insuffisante.
Elle la ferme. Je me rends compte que sa grossesse est très avancée. Mais elle est encore si belle. Sa démarche est aisée, et gracieux est tout son comportement. Rien de cette lourdeur que l'on remarque chez la femme qui va bientôt donner le jour à un enfant. Seul, le visage est changé.
Maintenant, c'est "la femme". Tout d'abord, au temps de l'Annonciation, c'était une toute jeune fille, au visage calme, mais qui ignore : un visage d'enfant innocent. Depuis, dans la maison d'Élisabeth, au moment de la naissance du Baptiste, son visage s'était plus affiné, sa beauté avait mûri. Maintenant, c'est le visage tranquille, mais empreint d'une douce majesté de la femme qui atteint sa perfection dans la maternité.
Marie, maintenant est devenue réellement "la femme", pleine de dignité et de grâce. Même son sourire s'est épanoui en une douceur majestueuse. Comme elle est belle !
Joseph entre. Il semble revenir du pays, car il entre par la porte extérieure et non par celle de l'atelier. Marie lève la tête et lui sourit. Aussi Joseph lui sourit. Mais il semble fatigué, préoccupé. Marie l'observe, se demandant ce qu'il y a. Puis elle se lève, prend le manteau que Joseph est en train d'enlever et le pose sur une banquette.
Joseph s'assied près de la table. Il y appuie le coude, la tête sur une main pendant que préoccupé, il caresse, caresse sa barbe de l'autre main.
"Tu as quelque préoccupation qui te fait souffrir ? demande Marie. Puis-je te consoler ?"
"Tu es toujours ma consolation, Marie. Mais cette fois, c'est un gros souci... Pour toi."
"Pour moi, Joseph ? Qu'y a-t-il donc ?"
"Ils ont affiché un édit sur la porte de la synagogue. C'est l'ordre de recensement de tous les Palestiniens. Il faut aller se faire inscrire au lieu d'origine. Pour nous, nous devons aller à Bethléem..."
"Oh !" interrompt Marie, en mettant la main sur son sein.
"Cela t'impressionne, n'est-ce pas ? C'est dur, je le sais."
"Non, Joseph, Ce n'est pas cela. Je pense... je pense aux Saintes Écritures : Rachel, mère de Benjamin et épouse de Jacob, dont naîtra l'Étoile : le Sauveur. Rachel enterrée à Bethléem dont il est dit : " Et toi, Bethléem Ephrata, tu es le plus petit canton de Juda, mais de toi sortira le Dominateur ‘’ Le Dominateur promis à la race de David, il naîtra là..."
"Tu crois... tu crois que le moment est déjà venu ? Oh ! comment ferons-nous ?" Joseph est complètement désemparé. Il regarde Marie d'un regard de pitié.
Elle s'en aperçoit. Elle sourit. C'est à elle-même qu'elle sourit, plutôt qu'à lui. Un sourire qui semble dire : "C'est un homme, un juste, mais un homme. Il voit les choses en homme. Il pense en homme. Aie pitié de lui, mon âme, et amène-le à juger des choses par l'esprit." Mais sa bonté la pousse à le rassurer. Elle ne ment pas, mais cherche à le distraire de sa peine. "Je ne sais pas, Joseph. Le temps est proche, mais le Seigneur ne pourrait-Il pas le retarder pour t'enlever cette préoccupation ? Lui peut tout. Ne crains pas."
"Mais le voyage ? ...Qui sait quelle foule ! Trouverons-nous un bon logement ? Aurons-nous le temps de retourner ? Et si... si tu devais être Mère, là-bas, comment ferons-nous ? Nous n'avons pas de maison... Nous ne connaissons plus personne..."
"Ne crains pas, tout ira bien. Dieu fait trouver un refuge à l'animal qui doit avoir son petit. Voudrais-tu qu'Il ne le fasse pas trouver pour son Messie ? Fions-nous à Lui. N'est-ce pas ? Fions-nous toujours à Lui. Plus l'épreuve est grande et plus il faut avoir confiance. Comme deux enfants, mettons notre main dans sa main de Père. Lui nous guide. Soyons-Lui tout à fait abandonnés. Vois comme Il nous a conduits jusqu'ici avec amour. Un père, le meilleur des pères, n'aurait pu nous apporter tant d'attention.
Soyons ses fils et ses serviteurs, accomplissons sa volonté, Rien de mal ne peut nous arriver. Même cet édit, c'est sa volonté. Qui est-il donc César ? Un instrument entre les mains de Dieu. Depuis le moment où le Père décida de pardonner à l'homme, Il a fixé d'avance les évènements pour que son Christ naquît à Bethléem. Elle, la plus petite cité de Juda, n'existait pas encore et déjà sa gloire était annoncée.
Il fallait que cette gloire se manifeste, la Parole de Dieu ne saurait mentir - et elle mentirait si le Messie naissait ailleurs - et voilà qu'un puissant se lève, si loin d'ici. Il nous a conquis et veut connaître le nombre de ses sujets, maintenant, et alors que le monde est en paix... Oh ! qu'est-ce que notre petite fatigue, si nous pensons à la beauté de cet instant de paix, Joseph ?
Penses-y: un temps où il n'y a pas de haine dans le monde ! Peut-il exister une heure plus heureuse pour le lever de "l'Étoile", dont la lumière est divine et l'influence est rédemption ? Oh ! n'aie pas peur, Joseph. Si les routes ne sont pas sûres, si la foule rend difficile le voyage, les anges nous défendront et nous feront escorte. Pas à nous, mais à leur Roi. Si nous ne trouverons pas de refuge, ils nous abriteront sous leurs ailes. Rien de mal ne nous arrivera. Rien ne peut arriver: Dieu est avec nous.
Joseph la regarde et l'écoute, extasié. Les rides de son front s'effacent, le sourire revient. Il se dresse sans ennui et sans tristesse. Il sourit. "Tu es la bénie, Soleil de mon âme ! Toi, la bénie, tu sais tout voir dans la lumière de la Grâce dont tu es remplie ! Ne perdons pas de temps, alors. Il faut partir, au plus vite et... revenir au plus vite car tout, ici, est prêt pour le... pour le..."
"Pour notre Fils, Joseph. Tel il doit paraître aux yeux du monde, rappelle-toi-le. Le Père a entouré de mystère sa venue et ce n'est pas à nous d'en enlever le voile. Lui, Jésus, le fera, quand ce sera l'heure..."
La beauté du visage, du regard, de la physionomie, de la voix de Marie quand elle dit : "Jésus" ne peut pas se décrire. C'est déjà l'extase.
Et sur cette extase la vision s'évanouit
Joseph inquiet de la grossesse de Marie en vue du recencement
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Toujours un grand merci Maud pour la continuation de ces magnifiques écrits.
Je t`embrasse
Manuela.
Je t`embrasse
Manuela.
Manuela- Gloire à toi Seigneur Jésus-Christ
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Merci Manuela cela me fait bien plaisir
Je t'embrasse aussi
Maud
Je t'embrasse aussi
Maud
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Aimer est satisfaire celui qu’on aime au delà du sentiment et de l’intérêt
- Amour de l' Epouse
- Amour Conjugal
- Confiance en Dieu
- Humilité et Orgueil
*
Catéchèse du dimanche 4 juin 1944
Marie dit :
"Je n'ajoute pas beaucoup, car mes paroles sont déjà un enseignement.
J'attire pourtant l'attention des épouses sur un point. Trop d'unions se défont par la faute des femmes qui n'ont pas cet amour qui est tout : gentillesse, pitié, attention affectueuse, réconfort pour le mari. Sur l'homme ne pèse pas la souffrance physique qui pèse lourdement sur la femme.
Mais sur lui pèsent toutes les préoccupations morales : nécessité du travail, décisions à prendre, responsabilité devant les pouvoirs constitués et devant sa propre famille... Oh ! Que de choses ne pèsent-elles pas sur l'homme ! Et combien il a besoin lui aussi de réconfort !
Et bien, l'égoïsme est tel qu'au mari fatigué, découragé, méconnu, préoccupé, la femme ajoute le poids de ses plaintes inutiles et parfois injustes. Tout cela parce qu'elle est égoïste. Elle n'aime pas.
Aimer ce n'est pas chercher sa propre satisfaction sensible ou intéressée. Aimer c'est satisfaire celui qu'on aime en dépassant la sensibilité et l'intérêt, c'est donner à son esprit l'aide dont il a besoin pour pouvoir tenir ses ailes ouvertes dans les cieux de l'espérance et de la paix.
Autre point sur lequel j'attire votre attention. J'en ai déjà parlé, mais j'insiste : la confiance en Dieu. La confiance résume en elle les vertus théologales. Qui a confiance, cela veut dire qu'il a la foi. Avoir confiance suppose qu'on espère.
Avoir confiance, c'est faire preuve d'amour. Aimer une personne, espérer et croire en elle, c'est là la confiance. Autrement, non. Dieu mérite une telle confiance qui doit être la nôtre. Si nous l'accordons à de pauvres hommes capables de n'y pas correspondre, pourquoi la refuser à Dieu qui ne nous manque jamais ?
La confiance est aussi humilité. L'orgueilleux dit : "Je me suffis à moi-même. Je ne me fie pas à celui-ci parce que c'est un incapable, un menteur, un prétentieux...". L'humble dit : "Je me fie à lui. Pourquoi ne m'y fierai-je pas ? Pourquoi devrai-je penser que je suis meilleur que lui ?".
Et avec plus de raison encore, il parle ainsi de Dieu : "Pourquoi dois-je me défier de Celui qui est bon ? Pourquoi dois-je penser que je puis me suffire à moi-même ?" Dieu se donne à celui qui est humble, mais s'éloigne de l'orgueilleux.
La confiance est aussi obéissance. Et Dieu aime l'obéissant. L'obéissance signifie que nous nous reconnaissons pour ses fils et que nous reconnaissons Dieu pour notre Père. Et un père ne peut qu'aimer lorsqu'il est un vrai père. Dieu est notre vrai Père et un Père parfait.
Le troisième point que je veux que vous méditiez, se base toujours sur la confiance. Aucun évènement ne peut survenir sans la permission de Dieu. Es-tu donc un puissant ? Tu l'es parce que Dieu l'a permis. Es-tu soumis à l'autorité ? Tu l'es parce que Dieu l'a permis.
"Cherche donc, ô puissant, à ne pas faire de ta puissance un mal. Ce serait toujours "ton mal" même si, pour commencer, c’était le mal des autres. Parce que si Dieu permet, il ne permet pas tout, et si tu dépasses les bornes, il te frappe et te brise.
De ton côté, toi qui est simple sujet, cherche à faire, de cette condition qui est la tienne, un aimant qui attire sur toi la protection céleste. Et ne maudis jamais. Laisses-en à Dieu le soin. C’est à Lui, Seigneur de tous les hommes, qu’il appartient de bénir et de maudire ses créatures.
"Va en paix".
Amour personnel des époux
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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1er Tome.46.
Le voyage vers Bethléem
Je vois une grande route. Il y a une énorme foule. Des ânes qui vont, chargés de meubles et de personnes. Des ânes qui reviennent. Les gens éperonnent leurs montures, et qui va à pied se hâte parce qu'il fait froid.
L'air est pur et sec. Le ciel est serein, mais tout a ce semblant précis des jours de plein hiver. La campagne dépouillée semble plus vaste. Les pâturages ont une herbe courte, brûlée par les vents d'hiver.
Sur les pâturages, les troupeaux cherchent un peu de nourriture, et cherchent le soleil qui naît lentement. Ils se serrent l'un contre l'autre parce qu'ils ont froid, eux aussi. Ils bêlent, levant le museau et regardant le soleil comme pour lui dire : "viens vite, qu'il fait froid !" Le terrain présente des ondulations qui se font de plus en plus nettes.
C'est un vrai paysage de collines. Il y a des dépressions herbeuses et des pentes de petites vallées et des crêtes. La route passe au milieu et se dirige vers le sud-est.
Marie est sur son âne gris, toute enveloppée dans un épais manteau. Sur le devant de la selle se trouve ce dispositif déjà vu au voyage vers Hébron et, par-dessus, le coffre avec les objets les plus nécessaires.
Joseph marche à côté, tenant la bride : "Es-tu fatiguée ?" demande-t-il de temps en temps.
Marie le regarde en souriant et dit : "Non." A la troisième fois, elle ajoute : "C'est toi plutôt qui dois marcher à pied qui serais fatigué."
"Oh ! moi, pour moi ce n'est rien. Je pense que si j'avais trouvé un autre âne, tu aurais pu être plus à ton aise et nous aurions pu aller plus vite. Mais, je n'en ai pas trouvé. Tout le monde a besoin de montures, en ce moment. Mais courage ! Bientôt nous serons à Bethléem. Au-delà de cette montagne, c'est Ephrata."
Ils restent silencieux. La Vierge, quand elle ne parle plus, parait se recueillir en une prière intérieure. Elle sourit doucement à une de ses pensées et tout en ayant les yeux sur la foule, elle ne semble plus voir si c'est un homme, une femme, un vieillard, un berger, un riche ou un pauvre. Mais ce qu'elle voit, c'est à elle seulement.
"As-tu froid ?" demande Joseph, parce que le vent se lève.
"Non, merci."
Mais Joseph n'a pas confiance. Il lui touche les pieds qui pendent sur le flanc de l'âne, les pieds chaussés de sandales et qu'on voit dépasser à peine de son long vêtement. Il doit les trouver froids car il secoue ta tête. Il enlève une couverture qu'il porte en bandoulière et l'étend sur les jambes de Marie et jusque sur son sein de façon que les mains soient bien au chaud sous la couverture et le manteau.
Ils rencontrent un berger qui coupe la route avec son troupeau, qu'il fait passer d'un pâturage sur la droite à un autre sur la gauche. Joseph se penche pour lui dire quelque chose. Le berger lui répond par un signe d'assentiment. Joseph prend l'âne et le fait passer derrière le troupeau dans le pâturage. Le berger tire un bol grossier de sa besace, trait une grosse brebis aux mamelles gonflées et passe le bol à Joseph qui l'offre à Marie.
"Dieu vous bénisse tous les deux" dit Marie. "Toi pour ton amour et toi pour ta bonté. Je prierai pour toi."
"Vous venez de loin ?"
"De Nazareth" répond Joseph.
"Et vous allez ?"
"A Bethléem."
"Long voyage pour la femme en cet état , C'est ta femme ?"
"Oui, c'est ma femme."
"Avez- vous où aller ?"
"Non."
"C'est bien ennuyeux : Bethléem est pleine de gens venus de partout pour se faire inscrire ou pour aller ailleurs faire la même démarche. Je ne sais si vous trouverez un logement. Connaissez. vous l'endroit ?"
"Pas beaucoup."
"Eh ! bien... je te renseigne... à cause d'elle (et il désigne Marie). Cherchez l'auberge. Elle sera pleine, mais je vous l'indique pour vous donner un point de repère. Elle est dans une place, la plus grande. Vous partez de la rue principale. Vous ne pouvez pas vous tromper.
Il y a une fontaine devant l'auberge, qui est grande et passe avec un portail. Elle sera pleine. Mais si vous ne trouvez rien à l'auberge et dans les maisons, passez par derrière de l'auberge dans la direction de la campagne. Il y a des écuries dans la montagne, qui parfois servent aux marchands allant à Jérusalem pour y mettre leurs animaux quand il n'y a pas de place à l'auberge.
Ce sont des écuries, vous comprenez, dans la montagne : elles sont humides, froides et sans portes. Mais c'est toujours un refuge parce que la femme... ne peut rester sur la route. Peut-être là vous trouverez une place avec du foin pour dormir et aussi pour l'âne. Et que Dieu vous accompagne."
"Et que Dieu te donne joie" répond Marie. Joseph à son tour lui dit : "La paix soit avec toi."
Ils reprennent la route. Une dépression plus vaste apparaît de l'escarpement qu'ils ont franchi. Dans la dépression, en haut et en bas des pentes qui l'entourent, il y a des maisons et encore des maisons. C'est Bethléem.
"Nous voici sur la terre de David, Marie. Maintenant tu vas te reposer. Tu me semble tellement fatiguée..."
"Non. Je pensais... Je pense..." Marie prend la main de Joseph et lui dit avec un sourire radieux : "Je crois vraiment que le moment est venu."
"Dieu de miséricorde ! Comment allons-nous faire ?"
"Ne crains pas, Joseph. Ne te laisse pas troubler. Vois comme je suis calme, moi ?"
"Mais tu souffres beaucoup ?"
"Oh ! non. Je suis remplie de joie. Une telle joie, si forte, si belle, si irrésistible, que mon cœur bat fort, fort et me dit : "Il naît ! Il naît !" Il le dit à chaque battement. C'est mon Petit qui frappe à la porte de mon cœur et qui me dit : "Maman, me voici pour te donner le baiser de Dieu". Oh ! quelle joie, mon Joseph !"
Mais Joseph n'est pas à la joie. Il pense à l'urgence de trouver un abri et il hâte le pas. Porte après porte, il demande un abri.
Rien. Tout est occupé. Ils arrivent à l'auberge. Elle est pleine jusque sous les portiques rustiques, qui entourent la grande cour intérieure, de gens qui bivouaquent.
Joseph laisse Marie sur l'âne à l'intérieur de la cour et il sort pour chercher dans d'autres maisons. Il revient découragé. Il n'y a rien. Le précoce crépuscule d'hiver commence à étendre ses voiles. Joseph supplie l'aubergiste. Il supplie des voyageurs. Eux sont des hommes en bonne santé. Ici c'est une femme sur le point de mettre au monde un enfant.
Qu'ils aient pitié ! Rien. Voici un riche pharisien qui le regarde avec un mépris visible, et, quand Marie s'approche, il s'écarte comme s'il s'était approché d'une lépreuse. Joseph le regarde et la rougeur de l'indignation lui monte au visage. Marie met la main sur le poignet de Joseph, pour le calmer et dit : "N'insiste pas. Partons. Dieu y pourvoira."
Ils sortent, ils suivent le mur de l'auberge. Ils tournent par une ruelle encastrée entre elle et de pauvres maisons. Ils contournent l'auberge. Ils cherchent. Voilà des espèces de grottes, de caves, dirai-je, plutôt que des écuries, tant elles sont basses et humides. Les plus belles sont déjà occupées. Joseph est accablé.
"Ohé ! Galiléen !" lui crie par derrière un vieil homme. "Là au fond, sous ces ruines, il y a une tanière. Peut-être n'y a-t-il encore personne."
Ils s'approchent de cette "tanière." C'est vraiment une tanière. Parmi les décombres d'un bâtiment en ruines, il y a un refuge, au-delà duquel se trouve une grotte, un trou dans la montagne plutôt qu'une grotte.
On dirait que ce sont les fondations d'une ancienne construction auxquelles servent de toit les matériaux étayés par ces troncs d'arbre à peine équarris.
Pour y voir plus clair, car il y a très peu de jour, Joseph sort de l'amadou et un briquet, et allume une petite lampe qu'il sort de la besace qu'il porte en bandoulière. Il entre, Un mugissement le salue. "Viens. Marie, elle est vide, il n'y a qu'un bœuf." Joseph sourit : "Ça vaut mieux que rien ! ..."
Marie met pied à terre et entre.
Joseph a fixé la petite lampe à un clou dans l'un des troncs qui servent de pilier. On voit la voûte couverte de toiles d'araignées, le sol en terre battue et tout disloqué avec des trous, des cailloux, des détritus et des excréments et couvert de tiges de paille. Au fond, un bœuf se retourne et regarde avec ses grands yeux tranquilles pendant que du foin lui pend des lèvres. Il y a un siège grossier et deux pierres dans un coin, près d'une fente. Le noir de ce recoin indique que c'est là qu'on fait du feu.
Marie s'approche du bœuf. Elle a froid. Elle lui met les mains sur le cou pour en sentir la tiédeur. Le bœuf mugit et se laisse faire. Il semble comprendre. De même quand Joseph le pousse plus loin pour enlever beaucoup de foin au râtelier et faire un lit pour Marie.
Le râtelier est double : celui où mange le bœuf et par-dessus une sorte d'étagère où se trouve une provision de foin. C'est celle-là que prend Joseph. Le bœuf laisse faire. Il fait aussi une place pour l'âne qui, fatigué et affamé, se met tout de suite à manger. Joseph découvre aussi un seau renversé tout cabossé. Il sort parce que dehors il y a un ruisseau et revient avec de l'eau pour l'âne.
Puis il s'empare d'une botte formée de branches, déposée dans un coin et essaye de balayer le sol. Ensuite il étend du foin, en fait un lit, près du bœuf dans l'angle le plus sec et le plus abrité. Mais, il le trouve humide ce pauvre foin, et il soupire. Il allume le feu et, avec une patience de chartreux, il sèche le foin par poignées en le tenant près du feu.
Marie, assise sur un tabouret, fatiguée, regarde et sourit. C'est fini. Marie s'installe de son mieux sur le foin moelleux avec les épaules appuyées sur un tronc. Joseph complète... l'ameublement en étendant son manteau qui fait office de tente sur le trou qui sert d'entrée.
Un abri très relatif. Puis il offre du pain et du fromage à la Vierge et lui donne à boire de l'eau d'une gourde. "Dors maintenant" lui dit-il après. "Moi, je veillerai pour que le feu ne s'éteigne pas. Il y a du bois, heureusement. Espérons qu'il dure et brûle. Je pourrai épargner l'huile de la lampe."
Marie s'allonge, obéissante. Joseph la couvre avec le manteau même de Marie et la couverture qu'elle avait d'abord aux pieds.
"Mais toi... tu auras froid."
"Non, Marie. Je reste près du feu. Tâche de te reposer. Demain ça ira mieux."
Marie ferme les yeux sans se faire prier. Joseph se rencogne dans son coin sur le tabouret avec des brindilles à côté. Il y en a peu. Je ne pense pas qu'elles durent longtemps.
Voici comme ils sont situés : Marie à droite, avec les épaules tournées vers la porte, à moitié cachée par un tronc d'arbre et par le corps du bœuf qui s'est accroupi dans la litière. Joseph à gauche, tourné vers la porte et par conséquent en diagonale, avec le visage tourné vers le feu et les épaules vers Marie. Il se retourne de temps en temps pour la regarder et la voit tranquille, comme si elle dormait.
Il utilise peu à peu les branches et les jette une par une sur le feu pour qu'il ne s'éteigne pas, pour qu'il donne de la lumière et pour que ce peu de bois dure. Il n'y a plus que la lueur, tantôt plus vive, tantôt presque morte du feu, car la lampe est à bout de combustible et dans la pénombre se détache seulement la blancheur du bœuf, du visage et des mains de Joseph. Tout le reste n'est qu'une masse qui se fond dans l'épaisseur de la pénombre.
"On ne vous dit rien" dit Marie.
"La vision parle d’elle-même. À vous d’en tirer la leçon de charité, d’humilité et de pureté qui en découle. Repose-toi. Repose-toi en veillant comme j’ai veillé en attendant Jésus. Il viendra t’apporter sa paix"
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Joseph cherche un logement à Bethléem
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
( Le plus beau Jour pour l' humanité a été celui-là )
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Naissance de Jésus notre Seigneur
Je vois encore l'intérieur de ce pauvre refuge pierreux où, partageant le sort des animaux, Marie et Joseph ont trouvé asile.
Le petit feu sommeille ainsi que son gardien. Marie soulève doucement la tête de sa couche, et regarde. Elle voit Joseph, la tête inclinée sur la poitrine, comme s'il réfléchissait, et elle pense que la fatigue a triomphé de sa bonne volonté de rester éveillé. Elle sourit, d'un bon sourire. Faisant moins de bruit que ne peut en faire un papillon qui se pose sur une rose, elle s'assied, puis s'agenouille.
Elle prie avec un sourire radieux sur le visage. Elle prie, les bras étendus non pas précisément en croix, mais presque, les paumes dirigées vers le haut et en avant, et elle ne paraît pas fatiguée de cette pose pénible. Puis, elle se prosterne, le visage contre le foin, dans une prière encore plus profonde. Une prière prolongée.
Joseph s'éveille. Il voit le feu presque mort et l'étable presque dans les ténèbres. Il jette une poignée de brindilles et la flamme se réveille. Il y ajoute des branches plus grosses, puis encore plus grosses car le froid doit être piquant, le froid de la nuit hivernale et tranquille qui pénètre partout dans ces ruines.
Le pauvre Joseph tout près comme il l'est de la porte - appelons ainsi l'ouverture que son manteau essaye d'obstruer - doit être gelé. Il approche les mains près de la flamme, défait ses sandales et approche ses pieds. Il se chauffe. Quand le feu est bien pris, et que sa clarté est assurée, il se tourne. Il ne voit rien, pas même cette blancheur du voile de Marie qui traçait une ligne claire sur le foin obscur. Il se lève et lentement s'approche de la couchette.
"Tu ne dors pas, Marie ?" demande-t-il. Il le demande trois fois, jusqu'à ce qu'elle en prenne conscience et réponde : "Je prie."
"Tu n'as besoin de rien ?"
"Non, Joseph."
"Essaie de dormir un peu, de reposer au moins."
"J'essaierai, mais la prière ne me fatigue pas."
"Adieu, Marie."
"Adieu, Joseph."
Marie reprend sa position. Joseph pour ne plus céder au sommeil s'agenouille près du feu et il prie. Il prie avec les mains qui lui couvrent le visage. Il ne les enlève que pour alimenter le feu et puis il revient à sa brûlante prière. À part les crépitements du bois et le bruit du sabot de l'âne, qui de temps en temps frappe le sol, on n'entend rien.
Un faisceau de lumière lunaire se glisse par une fissure du plafond et semble une lame immatérielle d'argent qui s'en va chercher Marie. Il s'allonge peu à peu à mesure que la lune s'élève dans le ciel et l'atteint finalement. Le voilà sur la tête de l'orante. Il la nimbe d'une blancheur éclatante.
Marie lève la tête comme pour un appel du ciel et elle s'agenouille de nouveau. Oh ! comme c'est beau ici ! Elle lève sa tête qui semble resplendir de la lumière blanche de la lune, et elle est transfigurée par un sourire qui n'est pas humain. Que voit-elle ? Qu'entend-elle ? Qu'éprouve-t-elle ?
Il n'y a qu'elle qui pourrait dire ce qu'elle vit, entendit, éprouva à l'heure fulgurante de sa Maternité. Je me rends seulement compte qu'autour d'elle la lumière croit, croit, croit. On dirait qu'elle descend du Ciel, qu'elle émane des pauvres choses qui l'environnent, qu'elle émane d'elle surtout.
Son vêtement, d'azur foncé, a à présent la couleur d'un bleu d'une douceur céleste de myosotis, les mains et le visage semblent devenir azurés comme s'ils étaient sous le feu d'un immense et clair saphir. Cette couleur me rappelle, bien que plus légère, celle que je découvre dans la vision du saint Paradis et aussi celle de la vision de l'arrivée des Mages. Elle se diffuse surtout toujours plus sur les choses, les revêt, les purifie, leur communique sa splendeur.
La lumière se dégage toujours plus du corps de Marie, absorbe celle de la lune, on dirait qu'elle attire en elle tout ce qui peut arriver du ciel. Désormais, c'est elle qui est la Dépositaire de la Lumière, celle qui doit donner cette Lumière au monde.
Et cette radieuse, irrésistible, incommensurable, éternelle, divine Lumière qui va être donnée au monde, s'annonce avec une aube, une diane, un éveil de la lumière, un chœur d'atomes lumineux qui grandit, s'étale comme une marée qui monte, monte en immenses volutes d'encens, qui descend comme un torrent, qui se déploie comme un voile...
La voûte, couverte de fissures, de toiles d'araignées, de décombres en saillie qui semblent miraculeusement équilibrées, noire, fumeuse, repoussante, semble la voûte d'une salle royale. Chaque pierre est un bloc d'argent, chaque fissure une clarté opaline, chaque toile d'araignée un baldaquin broché d'argent et de diamants.
Un gros lézard, engourdi entre deux blocs de pierre, semble un collier d'émeraude oublié là, par une reine; une grappe de chauve-souris engourdies émettent une précieuse clarté d'onyx. Le foin qui pend de la mangeoire la plus haute n'est plus de l'herbe : ce sont des fils et des fils d'argent pur qui tremblent dans l'air avec la grâce d'une chevelure flottante.
La mangeoire inférieure, en bois grossier, est devenue un bloc d'argent bruni. Les murs sont couverts d'un brocart où la blancheur de la soie disparaît sous une broderie de perles en relief. Et le sol... qu'est-ce maintenant le sol ? Un cristal illuminé par une lumière blanche. Les saillies semblent des roses lumineuses jetées sur le sol en signe d'hommage; et les trous, des coupes précieuses, d'où se dégagent des arômes et des parfums.
Et la lumière croît de plus en plus. L'œil ne peut la supporter. En elle, comme absorbée par un voile de lumière incandescente, disparaît la Vierge... et en émerge la Mère
Oui, quand la lumière devient supportable pour mes yeux, je vois Marie avec son Fils nouveau-né dans ses bras. Un petit Bébé rose et grassouillet qui s'agite et se débat avec ses mains grosses comme un bouton de rose et des petits pieds qui iraient bien dans le cœur d'une rose; qui vagit d'une voix tremblotante exactement comme celle d'un petit agneau qui vient de naître, ouvrant la bouche, rouge comme une petite fraise de bois, montrant sa petite langue qui bat contre son palais couleur de rose; qui remue sa petite tête si blonde qu'on la croirait sans cheveux, une petite tête ronde que la Maman soutient dans le creux de l'une de ses mains pendant qu'elle regarde son Bébé et l'adore, pleurant et riant tout ensemble et qu'elle s'incline pour y déposer un baiser, non pas sur la tête innocente, mais sur le milieu de la poitrine sous lequel se trouve le petit cœur, qui bat, qui bat pour nous... là où un jour sera la blessure. Elle la panse d'avance, cette blessure, sa Maman, avec son pur baiser d'Immaculée.
Le bœuf éveillé par la clarté se dresse avec un grand bruit de sabots et il mugit. L'âne relève la tête et brait. C'est la lumière qui les réveille, mais j'aime penser qu'ils ont voulu saluer leur Créateur pour eux-mêmes et pour tous les animaux.
Joseph aussi, qui comme extasié priait avec autant d'intensité qu'il s'était abstrait de tout ce qui l'entourait, se secoue et entre ses doigts dont il se couvre le visage, il voit filtrer la lumière étrange. Il découvre le visage, lève la tête, se retourne. Le bœuf debout, lui cache Marie, mais elle l'appelle : "Joseph, viens."
Joseph accourt et devant le spectacle s'arrête comme foudroyé de révérence, il va tomber à genoux là où il se trouve. Mais Marie insiste : "Viens, Joseph." Elle appuie la main gauche sur le foin et tenant de la main droite l'Enfant qu'Elle serre sur son cœur, elle se lève et se dirige vers Joseph qui marche hésitant, pris entre le désir d'avancer et la peur d'être irrespectueux.
Au pied de la couche les deux époux se rencontrent et se regardent en pleurant de bonheur.
"Viens" dit Marie "offrons Jésus au Père."
Pendant que Joseph s'agenouille, elle, debout, entre les deux poutres qui soutiennent la voûte, élève sa Créature entre ses bras et dit : "Me voici. C'est pour Lui, ô Dieu, que je te dis cette parole. Me voici pour faire ta volonté. Et avec Lui, moi, Marie et Joseph mon époux.
Voici tes serviteurs, Seigneur. Que soit accomplie par nous, à toute heure et en toute occasion, ta volonté pour ta gloire et ton amour." Puis Marie se penche et dit : "Prends, Joseph" et Elle offre l'Enfant.
"Moi ! À Moi ! Oh ! Non ! Je ne suis pas digne !" Joseph est tout effrayé, anéanti à l'idée de devoir toucher Dieu.
Mais Marie insiste en souriant : "Tu en es bien digne. Personne ne l'est plus que toi. C'est pour cela que Dieu t'a choisi. Prends-le, Joseph, et tiens-le pendant que je cherche les langes."
Joseph, rouge comme la pourpre, avance les bras et prend le petit bourgeon de chair qui crie parce qu'il a froid. Quand il l'a entre les bras, il ne persiste pas dans l'intention de le tenir par respect éloigné de lui. Il le serre contre son cœur et éclatant en sanglots : "Oh ! Seigneur ! Mon Dieu !" et il se penche pour baiser ses petits pieds et les sent glacés.
Alors, il s'assoit sur le sol, le serre sur son sein. Avec son habit marron, avec ses mains il s'ingénie à le couvrir, à le réchauffer, à le défendre contre la bise nocturne. Il voudrait bien aller du côté du feu, mais là il y a un courant d'air qui entre par la porte. Mieux vaut rester où il est.
Il vaut mieux même aller entre les deux animaux qui les protégeront du courant d'air et donneront un peu de chaleur. Il va se mettre entre le bœuf et l'âne avec les épaules tournées vers la porte, penché sur le Nouveau-né pour lui faire de sa poitrine une niche dont les parois sont une tête grise aux longues oreilles et un grand museau blanc aux naseaux fumants et aux bons yeux humides.
Marie a ouvert le coffre et en a tiré les linges et les langes. Elle est allée près du feu pour les réchauffer. La voilà qui va vers Joseph et enveloppe le Bébé dans les linges tiédis, puis elle protège la petite tête avec son voile. "Où allons-nous le mettre maintenant ?" dit-elle.
Joseph regarde autour, réfléchit... "Attends, dit-il. Poussons plus loin les deux animaux et leur foin. Tirons en bas le foin de la mangeoire qui est plus haut et mettons-le ici à l'intérieur. Le bord de cette mangeoire le protégera de l'air, le foin lui fera un oreiller et le bœuf par son souffle le réchauffera un peu." Et Joseph se met à l'ouvrage, pendant que Marie berce son Petit en le serrant sur son cœur et en appuyant sa joue sur la petite tête pour la réchauffer.
Joseph ravive le feu sans épargner le bois pour faire une belle flamme. Il réchauffe le foin et peu à peu le sèche et le met sur le sein pour l'empêcher de refroidir. Puis, quand il en a assez amoncelé pour faire un petit matelas à l'Enfant, il va à la mangeoire et l'arrange pour en faire un berceau. "C'est prêt, dit-il. Maintenant il faudrait bien une couverture pour empêcher le foin de le piquer, et pour le couvrir..."
"Prends mon manteau" dit Marie.
"Tu auras froid."
"Oh ! cela ne fait rien ! La couverture est trop rugueuse. Le manteau est doux et chaud. Je n'ai pas du tout froid. Mais que Lui ne souffre plus."
Joseph prend l'ample manteau de moelleuse laine bleue sombre et l'arrange en double sur le foin, avec un pli qui penche hors de la crèche. Le premier lit du Sauveur est prêt.
Et la Mère, de sa douce démarche ondoyante, le porte et le dépose, le recouvre avec le pli du manteau qu'elle amène aussi autour de la tête nue qui enfonce dans le foin, à peine protégé des piqûres par le mince voile de Marie. Il ne reste à découvert que le petit visage gros comme le poing, et les deux, penchés sur la crèche, radieux, le regardent dormir son premier sommeil. La chaleur des langes et du foin a arrêté ses pleurs et apporté le sommeil au doux Jésus
*
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Oh, la vision de la Naissance du Sauveur!
Comme elle est belle, dans sa pureté, et sa simplicité!
Comme elle est belle, dans sa pureté, et sa simplicité!
Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
"Moi, Marie, j’ai racheté la femme par ma divine maternité"
Marie dit :
"Je t'avais promis que Lui serait venu t'apporter sa paix. Te rappelles-tu cette paix qui était en toi au jour de Noël ? Quand tu m'as vue avec mon Bébé ? Alors c'était ton temps de paix. Maintenant c'est ton temps de peine. Mais, tu le sais désormais : c'est dans la souffrance que l'on gagne la paix et toute grâce pour nous et pour le prochain.
Jésus-Homme redevint Jésus-Dieu après les terribles souffrances de la Passion. Il redevint la Paix. Paix dans le Ciel d'où il était venu et d'où maintenant il répand sa paix sur ceux qui, dans le monde, l'aiment. Mais aux heures de la Passion, Lui, Paix du monde, fut privé de cette paix. Il n'aurait pas souffert, s'il l'avait possédée. Et il devait souffrir. Complètement souffrir.
*
Moi, Marie, j'ai racheté la femme avec ma Maternité divine. Mais cela ne fut que le début. de la rédemption de la femme. Me refusant à toute union humaine par le vœu de virginité, j'avais repoussé toute satisfaction charnelle en méritant ainsi la grâce de Dieu. Mais ce n'était pas encore suffisant. En effet, le péché d'Ève était comme un arbre à quatre branches : orgueil, cupidité, gourmandise, luxure. Et ces quatre branches devaient être coupées avant de stériliser l'arbre jusqu'en ses racines.
C'est en m'humiliant jusqu'au plus profond de moi-même que j'ai vaincu l'orgueil. Je me suis humiliée devant tout le monde. Je ne parle pas de mon humilité devant Dieu. Elle est due au Très-Haut par toute créature. Son Verbe la possédait. Je devais l'avoir , moi, femme. Mais as-tu réfléchi à toutes ces humiliations que j'ai dû supporter, et sans me défendre, d'aucune manière, de la part des hommes ?
Même Joseph, qui était juste, m'avait accusée en son cœur. Les autres qui n'étaient pas justes, avaient péché en médisant de ma grossesse, et la rumeur de leurs paroles était venue comme un flot amer se briser contre mon honneur de femme. Ce furent les premières des humiliations innombrables que ma vie de Mère de Jésus et du genre humain me procurèrent.
Humiliations de pauvreté, humiliations de réfugiée, humiliations pour les reproches des parents et amis qui, ne connaissant pas la vérité, taxaient de faiblesse ma conduite maternelle à l'égard de Jésus, devenu jeune homme, humiliations pendant les trois années de son ministère, humiliations cruelles à l'heure du Calvaire, humiliations jusqu'à reconnaître que je n'avais pas de quoi acheter une place et des aromates pour la sépulture de mon Fils
*J'ai vaincu la cupidité des premiers parents en renonçant d'avance à ma Créature.*
Une mère ne renonce jamais que par force à sa créature. Si elle est réclamée à son cœur par la patrie, l'amour d'une épouse ou Dieu Lui-même, elle se raidit contre la séparation. C'est naturel. Le fils croît dans le sein maternel et on ne coupe jamais complètement le lien qui tient sa personne unie à la nôtre.
Même quand on a rompu le canal vital de l'ombilic, il reste toujours un nerf qui part du cœur de la mère, un nerf spirituel, plus vivant et plus sensible qu'un nerf physique et qui est branché sur le cœur du fils. Et on le sent s'étirer à en faire souffrir si l'amour de Dieu ou d'une créature, le devoir patriotique éloignent le fils de la mère. Et il se brise en déchirant le cœur si la mort arrache un fils à une mère.
Et moi, j'ai renoncé, dès l'instant que je l'ai eu, à mon Fils; Je l'ai donné à Dieu, je l'ai donné à vous. Moi, du Fruit de mon sein, je me suis dépouillée pour réparer la faute d'Ève du fruit dérobé à Dieu.
*J'ai vaincu la gourmandise, celle du savoir et celle de la jouissance, en acceptant de savoir uniquement ce que Dieu voulait que je sache*, sans demander à moi-même ou à Lui plus que ce qui m'avait été dit. J'ai cru, sans chercher. J'ai vaincu la gourmandise de la jouissance car je me suis refusé toute satisfaction sensuelle; Ma chair, je l'ai mise sous mes pieds.
La chair, instrument de Satan, je l'ai mise avec Satan, sous mon talon afin de m'en faire un escabeau pour m'approcher du Ciel .Le Ciel, mon but ! Là où est Dieu, ma seule faim, une faim qui n'est pas gourmandise mais nécessité bénie par Dieu qui ne veut nous voir d'appétit que pour Lui seul.
*J'ai vaincu la luxure * qui est la gourmandise portée jusqu'à la gloutonnerie.
En effet, tout vice non réfréné conduit à un vice plus grand. La gourmandise d'Ève, déjà condamnable, l'a conduite à la luxure. Il ne lui a pas suffi de se satisfaire seule, elle a voulu pousser sa faute jusqu'au raffinement. Elle a connu la luxure et l'a enseignée à son compagnon. J'ai bouleversé les termes, et au lieu de descendre, j'ai toujours monté. Au lieu de faire déchoir, j'ai toujours attiré vers les sommets, et de mon compagnon, qui était un homme honnête, j'en ai tait un ange.
Dès que je possédais Dieu, et avec Lui ses richesses infinies, je me suis hâtée de me dépouiller en disant : "Voilà : qu'elle soit faite pour Lui et par Lui ta volonté". Chaste est celui-là qui possède la retenue, non seulement de la chair, mais encore des affections et des pensées.
Je devais être la Chaste pour réduire à rien l'Impudique de la chair, du cœur et de l'esprit. Je n'ai pas quitté cette retenue en ne disant pas même de mon Fils, qui était uniquement à moi sur la terre comme il était uniquement à Dieu au Ciel : "Celui-ci est à moi, je le veux".
Pourtant cela ne suffisait pas encore, pour rendre à la femme la paix perdue par Ève. Cette paix, je vous l'ai obtenue au pied de la Croix, en voyant mourir Celui que tu as vu naître. En me sentant arracher les entrailles au cri de ma Créature qui mourait, je me suis vidée de tout féminisme : je n'étais plus chair, mais ange. Marie, la Vierge unie comme épouse à l'Esprit, est morte à ce moment-là.
Il restait la Mère de la Grâce, celle qui par son tourment vous a engendrés à la Grâce et vous l'a donnée. La femelle que j'avais re-consacrée femme la nuit de Noël, a acquis au pied de la Croix le moyen de devenir la créature des Cieux.
Moi, j'ai fait cela, pour vous, en me refusant toute satisfaction, même sainte. De vous, réduites par Ève à être des femelles pas supérieures aux compagnes des animaux, j'ai fait, pourvu que vous le vouliez, les saintes de Dieu. J'ai atteint ce sommet pour vous.
Comme Joseph, je vous ai portées vers les hauteurs. Le rocher du Calvaire est pour moi le Mont des Oliviers. Là, j'ai pris mon élan pour porter jusqu'aux Cieux, l'âme de nouveau sanctifiée de la femme, en même temps que ma chair, glorifiée pour avoir porté le Verbe de Dieu, et j'ai supprimé en moi jusqu'à la dernière trace d'Ève, la dernière racine de cet arbre aux quatre rameaux empoisonnés et la racine enfoncée dans les sens qui avait entraîné à sa chute l'humanité, et qui, jusqu'à la fin des siècles et jusqu'à la dernière femme, vous mordra les entrailles.
C'est de l'endroit où je resplendis dans le rayonnement de l'Amour que je vous appelle et vous indique le Remède pour vous vaincre vous-mêmes : la Grâce de mon Seigneur et le Sang de mon Fils.
Et toi, ma parole, repose ton âme dans la lumière de cette première aube de Jésus pour avoir la force au cours des crucifixions qui ne te seront pas épargnées, parce que c'est ici que nous te voulons, ici où on arrive par le chemin de la douleur, parce que c'est ici que nous te voulons où l'on monte d'autant plus haut qu'on a supporté davantage de peine pour obtenir la Grâce au monde.
Va en paix, je suis avec toi."
La Divine Maternité de Marie
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Adoration des bergers
Vision du jeudi 7 juin 1944 (Vigile du Corps du Christ)
J'écris en présence de mon Jésus-Maître. Pour moi, tout pour moi. Revenu pour moi, depuis tant de temps, tout pour moi. Vous direz : "Mais, comment ? Cela fait presque un mois que tu reviens à entendre et à voir, et tu dis que tu l'as enfin après si longtemps ?" Je réponds encore une fois ce que, de vive voix et par écrit, j'ai dit plusieurs fois.
C’est autre chose que de voir et autre chose que d'entendre et surtout autre chose, de voir et entendre pour les autres ou de voir et entendre tout pour moi, exclusivement pour moi. Dans le premier cas je suis une spectatrice, une répétitrice de ce que je vois et entends, mais si cela me donne la joie car ce sont toujours des choses qui vous causent une grande joie, il est vrai aussi que c'est une joie qui est extérieure. Les mots disent mal ce que je ressens si bien.
Mais, je ne sais mieux m'exprimer. En somme, je veux dire que ma joie ressemble à celle de quelqu'un qui lit un beau livre ou voit une belle scène. Il en est ému, la goûte, en admire l'harmonie, il pense : "Quelle belle chose ce serait d'être à la place de cette personne !" Tandis que dans le second cas, quand l'audition et la vision est pour moi, alors "cette personne" c'est moi. Elle est pour moi la parole que j'entends, pour moi la figure que je vois.
C'est moi et Lui. Moi et Marie. Moi et Jean. Vivants, vrais, réels, tout proches. Non pas en face de moi comme si je voyais passer un film, mais à côté de mon lit, se déplaçant dans la chambre ou s'appuyant aux meubles, ou assis, ou debout comme des personnes vivantes, mes hôtes; ce qui est bien différent d'une vision pour tout le monde. En somme tout cela est "pour moi."
Et aujourd'hui, et même hier depuis l'après-midi, Jésus est ici, avec son vêtement ordinaire de laine blanche, d'un blanc qui tire sur l'ivoire, si différent par sa pesanteur et sa teinte du vêtement éclatant qui semble d'un lin immatériel, si blanc qu'on dirait qu'il est fait de fils de lumière, qui le couvre dans le Ciel. Il est ici avec ses mains belles et longues et effilées, d'un blanc de vieil ivoire, avec son beau visage allongé et pâle où resplendissent ses yeux dominateurs et doux de saphir sombre entre les cils épais d'un châtain étincelant de blond roux.
Il est ici avec ses beaux cheveux longs blonds et souples, d'un blond roux plus vif dans les parties éclairées et plus sombre dans le fond des plis. Il est ici ! Il est ici ! Il me sourit et me regarde écrire de Lui. Comme il faisait à Viareggio... et comme il ne faisait plus depuis la Semaine Sainte... me donnant toute cette désolation qui devenait fièvre et presque désespérance quand, à la douleur qui me venait d'être privée de Lui, s'ajoutait encore celle d'être privée de vivre là au moins où je l'avais vu et pouvais dire : "Là, il s'est appuyé. Là, il s'est assis.
Là il s'est penché pour mettre sa main sur ma tête" et là où étaient morts les miens. Oh ! qui ne l'a pas éprouvé ne peut comprendre ! Non, il n'y a pas de raison de prétendre de jouir de toutes ces faveurs. Nous savons bien que ce sont des grâces gratuites, que nous ne méritons pas et nous ne pouvons prétendre qu'elles durent quand elles nous sont accordées. Nous le savons bien. Et plus elles nous sont données, et plus nous nous anéantissons dans l'humilité en reconnaissant notre répugnante misère en face de l'Infinie Beauté et de la Divine Richesse qui se donne à nous.
Mais que dites-vous, Père ? Un fils ne désire-t-il pas voir son père et sa mère ? Une femme voir son mari ? Et quand la mort ou une longue absence les prive de leur vue, ne trouvent-ils pas un réconfort dans le fait de vivre là où ils ont vécu ? S'ils doivent quitter ce lieu, ne souffrent-ils pas doublement, parce qu'ils ont perdu aussi le lieu où l'absent partagea leur amour ? Peut-on leur reprocher de souffrir de cette douleur ? Non. Et pour moi ? Jésus n'est-il pas mon Père et mon Époux ? Plus cher; beaucoup plus cher qu'un père ou un époux ? Et qu'il me soit tel, jugez d'après la façon dont j'ai supporté la mort de ma mère. J'ai souffert, savez-vous ?
Je pleure encore car je l'aimais malgré son caractère. Mais vous avez vu comment j'ai franchi cette passe. Jésus était là. Et il m'était plus cher que maman. Dois-je Le dire. J'ai souffert, et je souffre davantage maintenant de la mort de maman qui remonte à huit mois que je n'ai souffert alors. C'est que dans ces deux derniers mois, j'étais sans Jésus pour moi et sans Marie pour moi et même maintenant, il suffit qu'ils me laissent un moment pour que je ressente plus que jamais ma désolation d'orpheline malade et je sois replongée dans l'humaine et amère douleur de ces jours inhumains.
J'écris sous les yeux de Jésus et donc je n'exagère pas et je ne déforme rien. Ce n'est pas ma manière, d'ailleurs, mais même si j'étais ainsi, il me serait impossible de rester sous ce regard. J'ai écrit ceci, en cet endroit où je n'ai pas l'habitude de le faire, car pour les visions de Marie, je ne les interromps pas par la manifestation de mon pauvre moi.
Je sais déjà que je dois continuer à manifester ses gloires. Sa Maternité, à tous les instants, n'a-t-elle pas été une couronne de gloire ? Je suis très malade et il me coûte beaucoup d'écrire. Je suis une loque. Mais quand il s'agit de la faire connaître pour qu'Elle soit davantage aimée, je ne calcule pas. Les épaules me font mal ? Le cœur cède ? Ma tête souffre ? La fièvre monte ? N'importe ! Que Marie soit connue toute beauté et tendresse, comme je la vois, par la bonté de Dieu et la sienne, et cela me suffit
Plus tard je vois une vaste étendue de campagne. La lune est au zénith et elle cingle tranquille dans un ciel tout constellé. Les étoiles paraissent des clous de diamant enfoncés dans un immense baldaquin de velours bleu foncé. Et la lune rie au milieu avec sa figure toute blanche d'où descendent des fleuves de lumière laiteuse qui donnent une teinte blanche au paysage. Les arbres dépouillés de leur feuillage se détachent plus grands et sombres sur cette blancheur, pendant que les murets qui surgissent çà et là ressemblent à du lait caillé. Une maisonnette, dans le lointain, semble être un bloc de marbre de Carrare.
Sur ma droite, je vois une sorte de hangar qui est construit partie en maçonnerie, partie en bois. De là, sort de temps en temps un bêlement intermittent et bref. Ce doit être des brebis qui rêvent ou qui croient l'aube proche à cause du clair de lune. C'est une clarté, excessive même, tant elle est intense, et qui s'accroît comme si l'astre s'approchait de la terre ou étincelait par suite d'un mystérieux incendie.
Un berger s'avance sur le seuil. Il lève le bras à hauteur du front pour ménager ses yeux et regarde en l'air. Il semble impossible qu'on doive s'abriter de la clarté de la lune, mais elle est si vive qu'elle éblouit, en particulier celui qui sort d'un enclos, d'ordinaire ténébreux. Tout est calme, mais cette clarté est étonnante.
Le berger appelle ses compagnons. Ils vont tous à la porte. Un tas d'hommes hirsutes, de tous âges. Il y a des adolescents et d'autres qui déjà blanchissent. Ils commentent le fait étrange et les plus jeunes ont peur, spécialement un garçon d'une douzaine d'années qui se met à pleurer, s'attirant les moqueries des plus vieux.
"De quoi as-tu peur, sot que tu es ?" lui dit le plus vieux . "Tu ne vois pas que l'air est tranquille ? Tu n'as jamais vu un clair de lune ? Es-tu toujours resté sous la robe de la maman comme un poussin sous la poule couveuse ? Mais, tu en verras des choses ! Une fois j'étais allé vers les monts du Liban, plus loin encore. Je montais. J'étais jeune et la marche ne me fatiguait pas. J'étais riche aussi à cette époque... Une nuit, je vis une lumière telle que je pensai qu'Élie allait revenir avec son char de feu. Le ciel était tout embrasé. Un vieux - le vieux c'était lui - me dit : "Un grand événement va bientôt se produire dans le monde. Et pour nous ce fut un événement : l'arrivée des soldats de Rome. Oh ! tu en verras si tu vis..."
Mais le pastoureau ne l'écoute plus. Il semble n'avoir plus peur. En effet, il quitte le seuil et s'esquive de derrière les épaules d'un berger musclé derrière lequel il s'était réfugié et sort dans le parc qui se trouve devant le hangar. Il regarde en l'air et marche comme un somnambule ou comme s'il était hypnotisé par quelque chose qui le captive totalement. À un moment il crie : "Oh !" et reste comme pétrifié, les bras légèrement ouverts. Les autres se regardent, étonnés.
"Mais qu'a donc ce sot ?" dit quelqu'un.
"Demain je le ramène à sa mère. Je ne veux pas d'un fou pour garder les brebis" dit un autre.
Et le vieux qui a parlé précédemment dit alors : "Allons voir avant de juger. Appelez aussi les autres qui dorment et prenez des bâtons. Il y a peut-être une mauvaise bête ou des malandrins..."
Ils rentrent, ils appellent les autres bergers et sortent avec des torches et des matraques. Ils rejoignent l'enfant.
"Là, là" murmure-t-il en souriant. "Au-dessus de l'arbre regardez cette lumière qui arrive. On dirait qu'elle s'avance sur un rayon de lune. La voilà qui approche. Comme elle est belle !"
"Moi, je ne vois qu'une clarté un peu vive."
"Moi aussi."
"Moi aussi" disent les autres.
"Non. Je vois quelque chose qui ressemble à un corps" dit un autre en qui je reconnais le berger qui a donné le lait à Marie.
"C'est un... c'est un ange !" crie l'enfant. "Le voilà qui descend et s'approche... Par terre ! À genoux devant l'Ange de Dieu !"
Un "oh !" prolongé et respectueux s'élève du groupe des bergers qui tombent le visage contre terre et paraissent d'autant plus frappés par l'apparition qu'ils sont plus âgés. Les plus jeunes sont à genoux et regardent l'ange qui s'approche toujours plus, et s'arrête en l'air déployant ses grandes ailes, blancheur de perles dans la blancheur lunaire qui l'enveloppe, au-dessus du mur d'enceinte.
"Ne craignez pas, je ne vous porte pas malheur. Je vous apporte la nouvelle d'une grande joie pour le peuple d'Israël et pour tous les peuples de la terre." La voix angélique, c'est une harpe harmonieuse qui accompagne des voix de rossignols.
"Aujourd'hui, dans la cité de David, est né le Sauveur." À ces mots, l'ange ouvre plus grandes ses ailes et les agite comme par un tressaillement de joie et une pluie d'étincelles d'or et de pierres précieuses paraît s'en échapper. Un véritable arc-en-ciel qui dessine un arc de triomphe au-dessus du pauvre parc.
"...le Sauveur qui est le Christ." L'ange brille d'une lumière plus éclatante. Ses deux ailes, maintenant arrêtées et tendues vers le ciel semblent deux voiles immobiles sur le saphir de la mer, deux flammes qui montent ardentes.
"...Christ, le Seigneur !" L'ange replie ses ailes de lumière et s'en couvre comme d'un survêtement de diamant sur un habit de perles, il s'incline comme pour adorer avec les bras serrés sur le cœur et le visage qui disparaît, incliné comme il est sur la poitrine, dans l'ombre du haut des ailes repliées. On ne voit plus qu'une forme allongée et lumineuse, immobile pendant la durée d'un Gloria.
Mais voici qu'il bouge. Il rouvre les ailes et lève son visage où la lumière s'épanouit en un sourire paradisiaque et il dit : "Vous le reconnaîtrez à ces signes : dans une pauvre étable, derrière Bethléem, vous trouverez un bébé enveloppé dans des langes couché dans une mangeoire d'animaux, parce que pour le Messie, il n'y a pas eu de toit dans la cité de David." En disant cela, l'ange devient grave, même triste.
Mais des Cieux arrive une foule – oh ! quelle foule ! - une foule d'anges qui lui ressemblent, une échelle d'anges qui descendent dans l'allégresse, éclipsent la lune par leur lumière paradisiaque. Ils se rassemblent autour de l'ange annonciateur, en agitant leurs ailes, en répandant des parfums, en une harmonie musicale où toutes les voix les plus belles de la création se retrouvent, mais portées à la perfection de leur sonorité.
Si la peinture est l'effort de la matière pour devenir lumière, ici la mélodie est l'effort de la musique pour exprimer aux hommes la beauté de Dieu, et entendre cette mélodie c'est connaître le Paradis, où tout est harmonie de l'amour qui de Dieu se donne, se répandant pour réjouir les bienheureux et retourner de ceux-ci à Dieu et Lui dire : "Nous t'aimons !"
Le "Gloria" angélique se répand en ondes de plus en plus étendues sur la campagne tranquille, ainsi que la lumière. Les oiseaux unissent leurs chants pour saluer cette lumière précoce et les brebis leurs bêlements pour ce soleil anticipé, comme si les animaux qui saluaient leur Créateur, venu au milieu d'eux pour les aimer comme Homme et en plus comme Dieu.
Le chant décroît, et la lumière aussi pendant que les anges remontent aux Cieux... Les bergers reviennent à eux-mêmes.
"As-tu entendu ?"
"Allons-nous voir ?"
"Et les animaux ?"
"Oh ! il ne leur arrivera rien. Allons pour obéir à la parole de Dieu"
"Mais, où aller ?"
"N'a-t-il pas dit qu'il était né aujourd'hui et qu'il n'avait pas trouvé de logement à Bethléem ?" Et le berger qui a donné le lait c'est lui qui parle maintenant. "Venez, je sais. J'ai vu la femme et elle m'a fait de la peine. Je lui ai indiqué un endroit pour elle, parce que je pensais bien qu'elle ne trouverait pas de logement, et à l'homme je lui ai donné du lait pour elle. Elle est si jeune et si belle. Elle doit être bonne comme l'ange qui nous a parlé. Venez, venez. Allons prendre du lait, des fromages, des agneaux et des peaux tannées de brebis. Ils doivent être très pauvres et... qui sait quel froid pour Celui que je n'ose nommer ! Et penser que j'ai parlé à la Mère comme à une pauvre épouse ! ..."
Ils vont au hangar et en sortent, peu après, portant qui des récipients de lait, qui des fromages ronds enveloppés dans des filets de sparterie, qui des paniers avec un agneau bêlant, qui des peaux de brebis apprêtées.
"Moi je porte une brebis qui a eu un agneau il y a un mois. Son lait est excellent. Il pourra leur être utile si la femme en manque. Elle me semblait une bambine, et si pâle ! ... Un teint de jasmin, au clair de lune" dit le berger du lait. Et il les conduit.
Ils s'en vont, éclairés par la lune et des torches, après avoir fermé le hangar et l'enceinte. Ils vont par les sentiers champêtres, à travers des haies de ronces dépouillées par l'hiver. Ils font le tour de Bethléem et arrivent à l'étable non par le chemin qu'avait suivi Marie, mais en sens contraire. Ainsi ils ne passent pas devant les grottes mieux aménagées mais trouvent immédiatement le refuge qu'ils cherchent. Ils s'approchent.
"Entre !"
"Moi, je n'ose pas."
"Entre, toi."
"Non."
"Regarde au moins."
"Toi, Lévi qui as vu l'ange le premier, cela veut dire que tu es plus bon que nous, regarde." Vraiment ils l'avaient d'abord traité de fou... mais maintenant il leur est utile que le gamin ose ce qu'eux n'osent pas.
L'enfant hésite mais se décide ensuite. Il s'approche du refuge, écarte un peu le manteau... et s'arrête en extase.
"Que vois-tu ?" lui demandent-ils anxieux à voix basse.
"Je vois une femme toute jeune et belle et un homme penché sur une mangeoire et j'entends... j'entends un bébé qui pleure et la femme lui dit d'une voix... oh ! quelle voix !"
"Que dit-elle ?"
"Elle dit : "Jésus, mon tout petit ! Jésus, amour de ta Maman ! Ne pleure pas, mon petit Enfant !" Elle dit : "Oh ! si je pouvais te dire : 'Prends le lait, mon tout petit ! ' Mais je ne l'ai pas encore ! " Elle dit : "Tu as si froid, mon amour ! Le foin te pique. Quelle douleur pour ta Maman de t'entendre pleurer ainsi ! Sans pouvoir te soulager". Elle dit : "Dors, ma petite âme ! Mon cœur se fend de t'entendre et de voir tes larmes". Elle l'embrasse et réchauffe ses petits pieds avec ses mains. Elle est penchée abaissant ses mains sur la mangeoire.
"Appelle ! Montre que tu es là !"
"Moi non. Vous plutôt qui nous avez conduit et la connaissez."
Le berger ouvre la bouche et se borne à un soupir bruyant.
Joseph se retourne et vient à la porte. "Qui êtes-vous ?"
"Des bergers. Nous vous apportons de la nourriture et de la laine. Nous venons adorer le Sauveur."
"Entrez."
Ils entrent dans l'étable qui s'éclaire à la lumière des torches. Les vieux poussent les jeunes devant eux.
Marie se retourne et sourit : "Venez" dit-elle. "Venez !" et elle les invite de la main et par son sourire et elle prend le garçon qui a vu l'ange et l'attire à elle, tout près de la crèche. Et l'enfant regarde, radieux.
Les autres, invités aussi par Joseph, s'avancent avec leurs cadeaux, et avec des paroles brèves, émues, les déposent aux pieds de Marie. Ils regardent le petit Bébé qui pleure doucement et ils sourient, émus et heureux.
L'un d'eux plus hardi dit : "Prends, Mère, elle est soyeuse et propre. Je l'avais préparée pour le bambin qui va bientôt naître chez nous, mais je te la donne. Mets ton Fils dans cette laine, elle sera douce et chaude." Et il offre une peau de brebis, une très belle peau avec une longue toison de laine toute blanche.
Marie soulève Jésus et l'en enveloppe. Elle le montre aux bergers qui, à genoux sur la litière du sol, le regardent extasiés.
Ils se font plus hardis et l'un d'eux propose : "Il faudrait Lui donner une gorgée de lait ou mieux de l'eau et du miel. Mais nous n'avons pas de miel. On en donne aux tout petits. J'ai sept enfants, je suis au courant... "
"Voilà du lait. Prends, Femme. "
"Mais il est froid. Il faut du chaud. Où est Élie ? C'est lui qui a la brebis."
Élie doit être l'homme au lait, mais il n'est pas là. Il s'est arrêté dehors et regarde par une fente et il est perdu dans l'obscurité de la nuit.
"Qui vous a amenés ici ?"
"Un ange nous a dit de venir et Élie nous a conduits. Mais où est-il à présent ?"
Un bêlement de la brebis le trahit.
"Avance, on demande de toi."
Il entre avec la brebis, intimidé d'être le plus remarqué.
"C'est toi ?" dit Joseph qui le reconnaît. Et Marie lui sourit en disant : "Tu es bon."
Ils traient la brebis, et trempant l'extrémité d'un linge dans le lait chaud et écumeux, Marie baigne les lèvres du Petit qui suce cette douceur crémeuse. Ils sourient tous, et plus encore lorsque avec le coin de la toile encore entre les lèvres, Jésus s'endort dans la tiédeur de la laine.
"Mais vous ne pouvez rester ici. Il fait froid et humide. Et puis... avec cette odeur d'animaux ! Ça ne va pas... et ça ne va pas pour le Sauveur."
"Je le sais" dit Marie avec un grand soupir. "Mais il n'y a pas de place pour nous à Bethléem."
"Prends courage, ô Femme. Nous allons te chercher une maison."
"Je vais en parler à ma patronne, dit l'homme au lait, Élie. Elle est bonne. Elle vous accueillera, dut-elle vous céder sa pièce. Dès qu'il va faire jour, je lui en parle. Elle a sa maison toute pleine, mais elle vous donnera une place."
"Pour le Petit au moins. Moi et Joseph, n'importe si nous restons encore par terre. Mais pour le Petit..."
"Ne soupire pas, Femme, j'y pense. Je raconterai à beaucoup de gens ce qui nous a été dit. Vous ne manquerez de rien. Pour le moment, prenez ce que notre pauvreté peut vous donner. Nous sommes des bergers..."
"Nous sommes pauvres, nous aussi" dit Joseph. "Et ne pouvons vous dédommager."
"Oh ! nous ne voulons pas ! Même si vous le pouviez nous ne le voudrions pas ! Le Seigneur nous a déjà récompensés. La paix, il l'a promise à tout le monde. Les anges disaient : "Paix aux hommes de bonne volonté". Mais à nous, il l'a déjà donnée car l'ange a dit que cet Enfant, c'est le Sauveur, le Christ, le Seigneur.
Nous sommes pauvres et ignorants, mais nous savons que les Prophètes disent que le Sauveur sera le Prince de la Paix et à nous il a dit d'aller l'adorer. Ainsi il nous a donné sa paix. Gloire à Dieu au plus haut des Cieux et gloire à celui qui est son Christ ! Et toi, sois bénie, Femme qui l'a engendré ! Tu es Sainte puisque tu as mérité de le porter ! Commande-nous, comme une Reine, car nous serons contents de te servir. Que pouvons-nous faire pour toi ?"
"Aimer mon Fils, et avoir toujours dans le cœur vos pensées de maintenant."
"Mais pour toi, tu ne désires rien ? Tu n'as pas de parents à qui faire savoir que ton Fils est né ?"
"Oui, j'en aurais. Mais ils ne sont pas près d'ici. Ils sont à Hébron..."
"J'y vais moi" dit Élie. "Qui sont-ils ?"
"Zacharie, le prêtre, et Élisabeth ma cousine."
"Zacharie, oh ! Je le connais bien. En été je vais sur ces montagnes où il y a de riches et beaux pâturages et je suis l'ami de son berger. Quand je vais te savoir arrangée, je vais chez Zacharie."
"Merci, Élie."
"De rien. C'est grand honneur pour moi, pauvre berger, d'aller parler au prêtre et de lui dire : "Le Sauveur est né"."
"Non. Tu lui diras : "Marie de Nazareth, ta cousine, a dit que Jésus est né, et de venir à Bethléem "
"C'est ainsi que je dirai."
"Dieu t'en récompense, je me souviendrai de toi, de vous tous..."
"Tu parleras à ton Enfant de nous ?"
"Oui."
"Je suis Élie."
"Moi Lévi."
"Moi Samuel."
"Moi Jonas."
"Moi Isaac."
"Moi Tobie."
"Moi Jonathas."
"Et moi Daniel."
"Et Siméon, moi."
"Et moi, mon nom est Jean."
"Moi je m'appelle Joseph et mon frère Benjamin, nous sommes jumeaux."
"Je me rappellerai vos noms."
"Il nous faut partir... Mais nous reviendrons... Et nous t'en amènerons d'autres pour adorer ! ..."
"Comment revenir au parc en laissant ce Petit ?"
"Gloire à Dieu qui nous l'a montré !"
"Fais-nous baiser son habit" dit Lévi avec un sourire d'ange.
Marie lève doucement Jésus et, assise sur le foin, présente aux baisers, les pieds minuscules, enveloppés d'un linge. Ceux qui ont de la barbe se l'essuient d'abord. Tous, presque, pleurent et quand ils doivent partir, ils sortent à reculons, laissant leur cœur près de la crèche...
La vision se termine ainsi pour moi : Marie assise sur la paille avec l'Enfant sur son sein et Joseph qui accoudé au bord de la crèche, regarde et adore.
Adoration des Bergers
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Chez les bergers se trouvent toutes les qualités requises pour être les adorateurs du Verbe
Catéchèse du mercredi 7 juin 1944, Vigile du Corps du Christ
Jésus dit :
"Aujourd'hui c'est Moi qui parle. Tu es très fatiguée, mais prends encore un peu de patience. C'est la veille de la Fête-Dieu. Je pourrais te parler de l'Eucharistie et des saints qui se sont faits les apôtres de son culte, comme je t'ai parlé des saints qui ont été les apôtres du Sacré-Cœur.
Mais je veux te parler d'une autre chose et d'une catégorie d'adorateurs de mon Corps qui sont pour lui des précurseurs de ce culte. Et ce sont les bergers, les premiers adorateurs de mon Corps de Verbe devenu Homme. Une fois je t'ai dit, et cela est dit aussi par mon Église, que les Saints Innocents sont les premiers martyrs du Christ. Maintenant je te dis que :
Les bergers sont les premiers adorateurs du Corps de Dieu. En eux il y a toutes les qualités requises pour être des adorateurs de mon Corps, âmes eucharistiques.
Une foi assurée : ils croient à l'ange promptement et aveuglément.
La générosité : ils donnent toute leur richesse au Seigneur.
L'humilité : ils s'approchent des personnes plus pauvres humainement d'eux, modestement, avec des actes qui n'humilient pas, et se disent leurs serviteurs.
Le désir : ce qu'ils ne peuvent donner d'eux-mêmes, ils s'ingénient promptement à le procurer avec un zèle courageux.
La promptitude de l'obéissance : Marie désire que Zacharie soit averti et Élie y va tout de suite. Il ne remet pas à plus tard !
L'amour, enfin : ils ne peuvent s'arracher de la crèche, et toi tu dis : "Ils y laissent leur cœur", C'est bien dit.
Mais ne faudrait-il pas se comporter ainsi, même avec mon Sacrement ?
C'est une autre chose, mais c'est pour toi seule que je le dis : remarque à qui se montre d'abord l'ange et qui mérite d'éprouver les sentiments affectueux de Marie. Au jeune garçon, Lévi. À qui a une âme d'enfant, Dieu se montre et montre ses mystères. il lui permet d'entendre les paroles divines et celles de Marie. Et qui a une âme d'enfant a aussi la sainte hardiesse de Lévi et dit : "Fais-moi baiser le vêtement de Jésus". Il le dit à Marie, parce que Marie est toujours celle qui vous donne Jésus. Elle, la porteuse de l'Eucharistie, Elle le Ciboire Vivant.
Qui va à Marie me trouve. Qui me demande à Elle me reçoit par Elle. Le sourire de ma Mère, quand une créature Lui dit : "Donne-moi ton Jésus, que je l'aime" fait briller les Cieux d'une plus vive et joyeuse splendeur, tant elle en a de la joie.
Dis-lui donc : "Fais-moi baiser le vêtement de Jésus, fais-moi baiser ses plaies ...Et ose encore davantage. Dis-lui : "Fais reposer ma tête sur le cœur de ton Jésus pour y puiser la béatitude"
Viens et repose-toi, comme Jésus au berceau, entre Jésus et Marie.
Les Bergers Adorateurs du Verbe
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Visite de Zacharie
Vision du jeudi 8 juin 1944
Je vois une longue pièce où j'ai vu la rencontre des Mages avec Jésus et leur adoration. Je comprends que je suis dans la maison hospitalière où a été accueillie la Sainte Famille. Et j'assiste à l'arrivée de Zacharie.
Élisabeth ne l'accompagne pas. La propriétaire de la maison court dehors à la rencontre de l'hôte qui arrive. Elle le conduit près d'une porte basse et frappe, puis se retire discrètement.
Joseph ouvre et pousse une exclamation de joie en voyant Zacharie. Il le fait entrer dans la petite pièce, étroite comme un corridor : "Marie donne le sein au Petit. Attends un peu, assieds-toi, car tu dois être fatigué." Il offre une place à l'hôte sur le lit et s'assied à côté de lui.
J'entends Joseph qui lui demande des nouvelles du petit Jean et Zacharie répond : "Il pousse vigoureusement comme un petit poulain. Mais maintenant il souffre un peu des dents. À cause de cela nous n'avons pas voulu l'apporter. Il fait très froid, aussi Élisabeth n'est pas venue non plus. Elle ne pouvait le laisser sans lait. Elle en est désolée, mais la saison est tellement rigoureuse !"
"En effet le temps est très froid" répond Joseph.
"L'homme que vous m'avez envoyé m'a dit que vous n'aviez pas de maison au moment de la naissance. Qui sait à quel point vous avez dû souffrir."
"Oui, beaucoup vraiment. Mais nous avons eu plus de peur que de mal. Nous avions peur que cela fît tort au Bébé. Les premiers jours, nous avons dû rester sur place. Nous ne manquions de rien, pour nous, parce que les bergers portèrent la bonne nouvelle aux Bethléemites et que beaucoup nous apportèrent des cadeaux. Mais il nous manquait une maison, une chambre en bon état, un lit... et Jésus pleurait tellement, la nuit surtout, à cause du vent qui entrait de tous côtés. Je faisais un peu de feu, très peu parce que la fumée faisait tousser l'Enfant... et le froid restait. Deux animaux chauffaient trop peu surtout du côté où l'air s'engouffre. Nous n'avions pas d'eau chaude pour le laver, ni de linge sec pour le changer.
Oh ! Il a beaucoup souffert ! Et Marie souffrait de le voir souffrir. Je souffrais moi aussi... tu peux penser quelle souffrance c'était pour elle qui était sa Mère. Elle Lui donnait son lait et ses larmes, son lait et son amour ...Maintenant ici, ça va mieux. J'avais préparé un berceau si commode et Marie y avait mis un matelas douillet. Mais il est à Nazareth ! Ah ! s'il était né là-bas, ç'aurait été bien différent !"
"Mais le Christ devait naître à Bethléem. Les Prophètes l'avaient annoncé."
Marie entre, les ayant entendus parler. Elle est toute vêtue de laine blanche. Elle a quitté l'habit foncé qu'elle avait pour le voyage et dans la grotte. Elle a un vêtement tout blanc comme je l'ai déjà vue d'autres fois. Elle n'a rien sur la tête et porte entre ses bras Jésus endormi, rassasié de lait, dans ses langes blancs.
Zacharie se lève respectueusement et s'incline avec vénération. Puis il s'approche et regarde Jésus avec les marques du plus grand respect. Il est penché, pas tant pour le voir mieux, que pour Lui rendre hommage. Marie le lui présente et Zacharie le prend avec de telles marques d'adoration, qu'il semble porter un ostensoir. C'est réellement, l'Hostie qu'il porte en ses bras, l'Hostie déjà offerte et dont le sacrifice sera consommé lorsqu'elle aura été donnée aux hommes, comme nourriture d'amour et de rédemption.
Zacharie rend Jésus à Marie. Ils s'assoient tous et Zacharie redit à Marie le motif pour lequel Élisabeth n'a pas pu venir et la peine qu'elle en a éprouvée. "Elle avait préparé, ces derniers mois, du linge pour ton Enfant béni. Je te l'ai apporté, il est sur le char, en bas."
Il se lève, sort et revient avec un gros paquet et un autre plus petit. Du gros paquet dont Joseph le débarrasse tout de suite, et de l'autre il tire ses cadeaux : une moelleuse couverture de laine tissée à la main, du linge et des petits vêtements.
Du second paquet il tire du miel, de la farine très blanche, du beurre et des pommes pour Marie, des galettes pétries et cuites par Élisabeth et tant d'autres choses qui disent l'affection maternelle de la reconnaissante cousine pour la jeune Mère.
"Tu diras à Élisabeth que je lui suis bien reconnaissante et à toi aussi, je suis reconnaissante. J'aurais eu tant de joie à la voir, mais je comprends ses raisons. Et aussi j'aurais bien voulu revoir le petit Jean..."
"Mais vous le verrez au printemps. Nous viendrons vous voir."
"Nazareth est trop loin" dit Joseph.
"Nazareth ? Mais vous devez rester ici. Le Messie doit grandir à Bethléem. C'est la Cité de David. Le Très-Haut l'a amené par l'intermédiaire de la volonté de César à naître dans la terre de David, la terre sainte de la Judée. Pourquoi le porter à Nazareth ? Vous savez comment chez les Juifs on juge les Nazaréens. Demain, cet Enfant devra être le Sauveur de son peuple. Il ne faut pas que la capitale méprise son Roi parce qu'il vient d'une région qu'elle méprise. Vous savez comme moi combien le Sanhédrin est susceptible et combien méprisantes les trois principales castes Et puis, ici près de moi, je pourrai vous aider quelque peu et mettre tout ce que j'ai, non seulement de biens matériels, mais de qualités morales au service de ce Nouveau-Né.
Et quand il sera en âge de comprendre, je serai heureux de Lui servir de maître comme à mon enfant, pour obtenir que, devenu grand, il me bénisse. Nous devons penser à la grandeur de son destin et que pour ce motif il doit pouvoir se présenter au monde avec toutes les cartes pour gagner facilement sa partie. Lui, bien sûr, possédera la Sagesse, mais aussi le seul fait qu'un prêtre Lui ait servi de maître le fera accepter plus facilement par les pharisiens exigeants et les scribes. Cela facilitera sa mission."
Marie regarde Joseph et Joseph regarde Marie. Par-dessus la tête innocente du Bébé, qui dort, rose et ignorant, s'engage un muet échange de questions. Et ces questions sont empreintes de tristesse. Marie pense à sa petite maison. Joseph pense à son travail. Ici tout est à refaire dans un endroit où il y a quelques jours, ils étaient des inconnus. Ici, il n'y à rien des chers objets restés là-bas et préparés avec tant d'amour pour le Petit.
Et Marie le dit : "Mais comment faire ? Là-bas, nous avons tout laissé. Joseph avait tant travaillé pour mon Jésus sans épargner la fatigue et l'argent. Il avait travaillé de nuit pour pouvoir travailler le jour pour les autres, et gagner ainsi de quoi acheter les bois les plus beaux, la laine la plus fine, le lin le plus blanc afin de préparer tout pour Jésus. Il avait construit des ruches et avait fait des travaux de maçonnerie pour donner une autre organisation à la maison, afin que le berceau pût être dans ma pièce et y rester jusqu'à ce que Jésus ait grandi et pouvoir donner une place au lit, puisque Jésus restera avec moi jusqu'au jour où il ne sera plus un jeune garçon."
"Joseph peut y aller et prendre ce que vous avez laissé."
"Et où le mettre ? Tu sais, Zacharie, que nous sommes pauvres. Nous n'avons que le travail et la maison. L'une et l'autre nous donnent de quoi aller de l'avant sans avoir faim. Ici, du travail nous en trouverons... peut-être. Mais il nous faudra toujours penser à une maison. Cette brave femme ne peut nous donner toujours l'hospitalité. Et moi, je ne puis imposer à Joseph des sacrifices au-delà de ceux qu'il consent déjà à faire pour moi."
"Oh ! moi ! Pour moi ce n'est rien. Je pense à la douleur de Marie, moi. A la peine de ne pas vivre dans sa maison..."
Marie a deux grosses larmes dans les yeux.
"Je pense que cette maison doit lui être bien chère, comme le Paradis pour le prodige qui s'y est accompli... Je parle peu, mais je comprends tellement ! Si ce n'était que pour cela, je ne me tourmenterais pas. Je ferai double travail, c'est tout. Je suis fort et jeune pour travailler le double de ce que je faisais et pourvoir à tout. Et si Marie ne souffre pas trop... et si tu dis qu'il est bien d'agir ainsi... pour moi... me voilà. Je fais ce qui vous paraît le plus juste. Il suffit que cela soit utile pour Jésus."
"Et ce sera utile, sûrement. Pensez-y et vous en verrez les raisons."
"On dit aussi que le Messie sera appelé Nazaréen..." objecte Marie.
"C'est vrai, mais au moins, tant qu'il n'est pas adulte, faites-le grandir en Judée. Le Prophète a dit : "Et toi, Bethléem Ephrata, tu seras la plus grande, car de toi sortira le Sauveur" Il ne parle pas de Nazareth. Peut-être cette appellation Lui sera donnée pour je ne sais quelle raison. Mais sa terre, est celle-ci."
"Tu le dis prêtre, et nous... et nous... avec douleur nous t'écoutons... et te donnons raison. Mais quelle douleur !... Quand verrai-je cette maison où je suis devenue Mère ?" Marie pleure, doucement. Et je le comprends son chagrin. Ah ! si je le comprends !
La vision cesse pour moi sur les pleurs de Marie.
Zacharie
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Joseph protège aussi les âmes consacrées
Catéchèse du jeudi 8 juin 1944
Marie me dit ensuite :
"Tu le comprends, je le sais. Mais tu me verras pleurer encore plus fort. Pour l'instant je t'élève l'esprit en te montrant la sainteté de Joseph. C'était un homme, c'est à dire qu'il n'avait d'autre aide pour son esprit que sa sainteté. Pour moi, j'avais tous les dons de Dieu dans ma condition d'Immaculée. Je ne savais pas que je l'étais, mais dans mon âme il y avait des ressources d'activité et qui me donnaient des forces spirituelles. Mais lui, n'était pas immaculé. Il portait en lui l'humanité avec sa lourde pesanteur et il devait, avec tout ce poids, s'élever vers la perfection, au prix d'un effort incessant, une application de toutes ses facultés pour avoir la volonté d'atteindre la perfection et d'être agréable à Dieu.
Oh ! mon saint époux ! Saint en toutes choses, même les plus humbles de l'existence. Saint pour sa chasteté angélique. Saint pour son honnêteté d'homme. Saint pour sa patience, pour son ardeur au travail, pour sa sérénité toujours égale, pour sa modestie, pour tout. Sa sainteté éclate aussi dans cet événement. Un prêtre lui dit : "C'est bien que tu t'établisses ici". Et lui, qui sait pourtant au-devant de quelles plus grandes fatigues il s'en va, il dit : "Pour moi, ce n'est rien. Je pense à la douleur de Marie. N'était-ce pas pour cela, je ne me tourmenterais pas pour moi, il suffit que la chose soit utile à Jésus". Jésus, Marie : ses angéliques amours. Il n'a rien aimé d'autre sur la terre, mon saint époux et à cet amour il s'est voué tout entier comme serviteur.
On l'a fait protecteur des familles chrétiennes et des travailleurs et de tant de catégories. Mais ce n'est pas seulement des agonisants, des époux, des travailleurs, c'est aussi des âmes consacrées dont on devrait faire le protecteur. Qui, parmi les consacrés de ce monde au service de Dieu, quelque il soit, s'est-il consacré, comme lui au service de son Dieu, acceptant tout, renonçant à tout, supportant tout, accomplissant tout avec promptitude, gaieté, bonne humeur constante, comme il l'a fait ? Il n'y en a aucun.
Et voilà une autre chose que je te fais remarquer, deux choses même. Zacharie est prêtre. Joseph ne l'est pas, mais regarde comme lui, qui ne l'est pas, a l'esprit tourné vers le Ciel plus que le prêtre. Zacharie pense humainement et c'est humainement qu'il interprète les Écritures, ce n'est pas la première fois qu'il le fait, il se laisse trop guider par le bon sens humain; Il en a été puni, mais il y retombe encore, bien que moins gravement. Il avait dit pour la naissance de Jean : "Comment sera-ce possible si moi je suis vieux et ma femme stérile ?" Il dit maintenant : "Pour aplanir son chemin, le Christ doit grandir ici" et avec cette racine d'orgueil qui reste chez les meilleurs, il pense pouvoir, lui, être utile à Jésus. Non pas utile comme Joseph veut l'être en le servant, mais utile en Lui servant de maître... Dieu lui a pardonné pour sa bonne intention, mais "le Maître" avait-il besoin de maîtres ?
J'ai cherché de lui faire voir la lumière dans les prophéties. Mais lui se croyait plus savant que moi et accommodait à sa façon son interprétation. J'aurais pu insister et vaincre. Mais - et c'est là la seconde observation que je te fais faire - mais j'ai respecté le prêtre en raison de sa dignité, non pas de son savoir.
Le prêtre est, généralement, toujours éclairé par Dieu. J'ai dit "généralement". Il l'est quand c'est un vrai prêtre. Ce n'est pas l'habit qui lui donne son caractère sacré, c’est l’âme. Pour juger si quelqu'un est un vrai prêtre, il faut juger de ce qui sort de son âme. Comme l'a dit mon Jésus, c'est de l'âme que sortent les choses qui sanctifient ou corrompent : celles qui manifestent entièrement la manière d'agir d'un individu. Eh bien, quand quelqu'un est un vrai prêtre, il est généralement toujours inspiré par Dieu. Quant aux autres qui ne le sont pas, il faut avoir pour eux une surnaturelle charité et prier pour eux.
Mais mon Fils t'a déjà mise au service de cette rédemption et je n'insiste pas. Sois joyeuse de souffrir pour qu'augmente le nombre des vrais prêtres. Quant à toi, repose-toi sur la parole de qui te guide, crois et obéis à ses conseils.
Obéir sauve toujours. Même si le conseil que l'on reçoit n'est pas en tout point parfait. Tu le vois : nous avons obéi et ce fut heureux. Il est vrai qu'Hérode se borna à faire exterminer les enfants de Bethléem et des environs. Mais Satan n'aurait-il pu le pousser et étendre cette marée de crimes bien plus loin et pousser à un crime pareil tous les personnages puissants de Palestine pour faire supprimer le futur Roi des Juifs ?
Il l'aurait pu. Et cela serait arrivé dans les premiers temps du Christ, quand des prodiges avaient éveillé l'attention des foules et le regard des puissants. Comment aurions-nous pu, si c'était arrivé, traverser toute la Palestine pour venir de la lointaine Nazareth en Égypte, terre hospitalière pour les Hébreux persécutés et faire le voyage avec un petit bébé et pendant le déchaînement d'une persécution ? Il était plus facile, bien qu'également douloureux de fuir de Bethléem. L'obéissance sauve toujours. Souviens-toi de cela, et le respect à l'égard du prêtre est toujours une marque d'intégrité chrétienne.
Malheur - et Jésus l'a dit - malheur aux prêtres qui perdent leur flamme apostolique ! Malheur aussi à qui se croit autorisé à les mépriser ! Ce sont eux, en effet, qui consacrent et distribuent le Vrai Pain qui descend du Ciel. Ce contact les rend saints, comme un calice sacré, même si leur personne ne l'est pas. Ils en répondent à Dieu. Pour vous ne voyez que leur dignité et ne vous souciez pas du reste.
Ne soyez pas plus intransigeants que votre Seigneur Jésus, qui à leur ordre laisse le Ciel et descend pour être élevé par leurs mains. Apprenez de Lui, et s'ils sont aveugles, s'ils sont sourds, si leur âme est paralytique et leur pensée malade, s'ils ont la lèpre des fautes qui contrastent avec leur mission, si ce sont des Lazare au tombeau, appelez Jésus pour qu'il leur rende la santé et la vie.
Appelez-le par votre prière et votre souffrance, ô âmes victimes. Sauver une âme c'est prédestiner au Ciel la propre. Mais sauver une âme sacerdotale, c'est sauver un grand nombre d'âmes, parce que tout prêtre saint est comme un filet qui amène les âmes à Dieu. Et sauver un prêtre, c'est-à-dire le sanctifier, le sanctifier à nouveau, est faire de lui un filet mystique. Chaque proie à lui ajoute un nouvel éclat de lumière à votre couronne éternelle.
Va en paix
St Joseph
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Présentation de Jésus au Temple
Vision du mardi 1er février 1944
Je vois partir d'une petite maison très modeste un couple de personnes. D'un petit escalier extérieur descend une très jeune mère avec, entre ses bras, un bébé dans un lange blanc
Je reconnais, c'est notre Maman. C'est toujours elle, pâle et blonde, agile et si gentille en toutes ses démarches. Elle est vêtue de blanc, avec un manteau d'azur pâle qui l'enveloppe. Sur la tête un voile blanc. Elle porte son Bébé avec tant de précautions. Au pied du petit escalier, Joseph l'attend auprès d'un âne gris.
Joseph est habillé de marron clair, aussi bien pour l'habit que pour le manteau. Il regarde Marie et lui sourit. Quand Marie arrive près de l'âne, Joseph se passe la bride sur le bras gauche, et prend pour un moment le Bébé qui dort tranquille pour permettre à Marie de mieux s'installer sur la selle. Puis, il lui rend Jésus et ils se mettent en marche.
Joseph marche à côté de Marie en tenant toujours la monture par la bride et en veillant qu'elle marche droit et sans trébucher. Marie tient Jésus sur son sein et, par crainte que le froid ne puisse Lui nuire, elle étend sur Lui un pli de son manteau. Ils parlent très peu, les deux époux, mais ils se sourient souvent.
La route qui n'est pas un modèle du genre se déroule à travers une campagne que la saison a dépouillée. Quelque autre voyageur se rencontre avec les deux ou les croise, mais c'est rare.
Puis voici des maisons qui se découvrent et des murs qui enserrent une ville. Les deux époux entrent par une porte, puis commence le parcours sur le pavé très disjoint de la ville. La marche devient beaucoup plus difficile, soit à cause du trafic qui fait arrêter l'âne à tout moment, soit parce que sur les pierres et les crevasses qui les interrompent il a de continuelles secousses qui dérangent Marie et l'Enfant.
La route n'est pas plane : elle monte bien que légèrement. Elle est étroite entre les hautes maisons aux entrées aussi étroites et basses et aux rares fenêtres sur la rue. En haut, le ciel se montre avec tant de morceaux d'azur de maison à maison ou de terrasse à terrasse. En bas sur la rue, il y a des gens qui crient et croisent, d'autres personnes à pied ou à âne, ou conduisant des ânes chargés et d'autres, en arrière d'une encombrante caravane de chameaux. À un certain endroit passe avec beaucoup de bruits de sabots et d'armes une patrouille de légionnaires romains qui disparaissent derrière une arcade qui enjambe une rue très étroite et pierreuse.
Joseph tourne à gauche et prend une rue plus large et plus belle. J'aperçois l'enceinte crénelée que je connais déjà tout au fond de la rue.
Marie descend de l'âne près de la porte où se trouve une sorte d'abri pour les ânes. Je dis "abri" parce que c'est une espèce de hangar ou mieux d'abri couvert jonché de paille avec des piquets munis d'anneaux pour attacher les quadrupèdes. Joseph donne quelque argent à un garçon qui est accouru, pour acheter un peu de foin et il tire un seau d'eau a un puits rudimentaire situé dans un coin, pour la donner à l'âne.
Puis, il rejoint Marie et ils entrent tous deux dans l'enceinte du Temple. Ils se dirigent d'abord vers un portique où se trouvent ces gens que Jésus fustigea plus tard vigoureusement : les marchands de tourterelles et d'agneaux et les changeurs. Joseph achète deux blanches colombes. Il ne change pas d'argent. On se rend compte qu'il a déjà ce qu'il faut.
Joseph et Marie se dirigent vers une porte latérale où on accède par huit marches, comme on dirait qu'ont toutes les portes, en sorte que le cube du Temple est surélevé au-dessus du sol environnant. Cette porte a un grand hall comme les portes cochères de nos maisons en ville, pour en donner une idée, mais plus vaste et plus décoré. La il y a à droite et à gauche deux sortes d'autels c'est-à-dire deux constructions rectangulaires dont au début je ne vois pas bien a quoi elles servent. On dirait des bassins peu profonds car l'intérieur est plus bas que le bord extérieur surélevé de quelques centimètres.
Je ne sais si c'est Joseph qui a appelé : voila qu'accourt un prêtre. Marie offre les deux pauvres colombes et moi qui comprends leur sort, je détourne mon regard. J'observe les ornements du très lourd portail, du plafond, du hall. Il me semble pourtant voir, du coin de l’œil, que le prêtre asperge Marie avec de l'eau, Ce doit être de l'eau, car je ne vois pas de tache sur son habit. Puis, Marie, qui, en même temps que les colombes avait donné au prêtre une petite poignée de monnaie (j'avais oublié de le dire), entre avec Joseph dans le Temple proprement dit, accompagnée par le prêtre.
Je regarde de tous côtés. C'est un endroit très orné. Sculptures à têtes d'anges avec rameaux et ornements courent le long des colonnes, sur les murs et le plafond. Le jour pénètre par de longues et drôles fenêtres, étroites, sans vitres naturellement et disposées obliquement sur le mur. Je suppose que c'est pour empêcher d'entrer les averses.
Marie s'introduit jusqu'à un certain endroit, puis s'arrête. À quelques mètres d'elle il y a d'autres marches et au-dessus une autre espèce d'autel au-delà duquel il y a une autre construction.
Je m'aperçois que je croyais être dans le Temple et au contraire j'étais au dedans des bâtiments qui entourent le Temple proprement dit, c'est-à-dire le Saint, et au-delà duquel il semble que personne, en dehors des prêtres, ne puisse entrer. Ce que je croyais être le Temple n'est donc qu'un vestibule fermé qui, de trois côtés, entoure le Temple où est renfermé le Tabernacle. Je ne sais si je me suis très bien expliquée, mais je ne suis pas architecte ou ingénieur.
Marie offre le Bébé, qui s'est éveillé et tourne ses petits yeux innocents tout autour, vers le prêtre, avec le regard étonné des enfants de quelques jours. Ce dernier le prend sur ses bras et le soulève à bras tendus, le visage vers le Temple en se tenant contre une sorte d'autel qui est au-dessus des marches. La cérémonie est achevée. Le Bébé est rendu à sa Mère et le prêtre s'en va.
Il y a des gens, des curieux qui regardent. Parmi eux se dégage un petit vieux, courbé qui marche péniblement en s'appuyant sur une canne, Il doit être très vieux, je dirais plus qu'octogénaire. Il s'approche de Marie et lui demande de lui donner pour un instant le Bébé. Marie le satisfait en souriant.
C'est Siméon, j'avais toujours cru qu'il appartenait à la caste sacerdotale et au contraire, c'est un simple fidèle, à en juger du moins par son vêtement. Il prend l'Enfant, l'embrasse. Jésus lui sourit avec la physionomie incertaine des nourrissons. Il semble qu'il l'observe curieusement, parce que le petit vieux pleure et rit à la fois et les larmes font sur sa figure des dessins emperlés en s'insinuant entre les rides et retombant sur la barbe longue et blanche vers laquelle Jésus tend les mains : C'est Jésus, mais c'est toujours un petit bébé et, ce qui remue devant lui, attire son attention et lui donne des velléités de se saisir de la chose pour mieux voir ce que c'est. Marie et Joseph sourient, et aussi les personnes présentes qui louent la beauté du Bébé.
J'entends les paroles du saint vieillard et je vois le regard étonné de Joseph, l'émotion de Marie, les réactions du petit groupe des personnes présentes, les unes étonnées et émues aux paroles du vieillard les autres prises d'un fou rire. Parmi ces derniers se trouvent des hommes barbus et de hautains membres du Sanhédrin qui hochent la tête. Ils regardent Siméon avec une ironique pitié.
Ils doivent penser que son grand âge lui a fait perdre la tête. Le sourire de Marie s'éteint en une plus vive pâleur, lorsque Siméon lui annonce la douleur. Bien qu'elle sache, cette parole lui transperce l'âme Marie s'approche davantage de Joseph pour trouver du réconfort; elle serre passionnément son Enfant sur son sein et, comme une âme altérée, et le boit les paroles d'Anne qui, étant femme, a pitié de la souffrance de Marie et lui promet que l'Éternel adoucira l'heure de sa douleur en lui communiquant une force surnaturelle : "Femme, Celui qui a donné le Sauveur à son peuple ne manquera pas de te donner son ange pour soulager tes pleurs.
L'aide du Seigneur n'a pas manqué aux grandes femmes d'Israël et tu es bien plus que Judith et que Yaël. Notre Dieu te donnera un cœur d'or très pur pour résister à la mer de douleur par quoi tu seras la plus grande Femme de la création, la Mère. Et toi, Petit, souviens-toi de moi à l'heure de ta mission."
Ici s'arrête pour moi la vision
Présentation de Jésus au Temple
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Enseignements qui jaillissent de la scène précédente
Catéchèse du mardi 1er février 1944
Jésus dit :
"Deux enseignements, qui conviennent à tous, se dégagent de la description que tu as donnée.
Premier enseignement : ce n'est pas au prêtre, plongé dans les rites, et avec l'esprit absent, mais à un simple fidèle que se dévoile la vérité.
Le prêtre toujours en relation avec la Divinité, appliqué au soin de tout ce qui se rapporte à Dieu, consacré à tout ce qu'il y a de plus élevé pour un être de chair, aurait dû voir tout de suite quel était le petit Enfant qu'on venait offrir au Temple ce matin-là. Mais pour qu'il pût le voir il lui aurait fallu un esprit vivant. Pas uniquement l'habit qui recouvrait un esprit sinon mort, du moins endormi. L'Esprit de Dieu peut, s'Il le veut, tonner et secouer comme la foudre et le tremblement de terre même l'esprit le plus fermé.
Il le peut. Mais généralement comme Il est Esprit d'ordre comme est Ordre Dieu en toutes ses Personnes et en sa manière d'agir, Il se répand et parle, je ne dis pas là où il rencontre un mérite suffisant pour recevoir son effusion - car alors il y en aurait bien peu qui auraient cette grâce et toi non plus ne jouirais pas de ses lumières - mais là où Il voit une suffisante "bonne volonté" pour attirer cette effusion.
Comment déploie-t-on cette bonne volonté ? Par une vie qui, dans la mesure du possible, vient toute de Dieu. Dans la foi, l'obéissance, la pureté, la charité, la générosité, la prière. Pas dans les pratiques extérieures : dans la prière. Il y a moins de différence entre la nuit et le jour qu'entre les pratiques et la prière.
La prière c'est une communion d'esprit avec Dieu d'où on sort revigoré et décidé à être toujours plus de Dieu. La pratique extérieure est une habitude quelconque avec des buts divers mais toujours égoïstes. Elle vous laisse comme vous êtes ou même avec en plus un péché de mensonge et de paresse.
Siméon avait cette bonne volonté. La vie ne lui avait pas épargné les angoisses et les épreuves. Mais il n'avait pas perdu sa bonne volonté. Les vicissitudes des années n'avaient pas entamé ni ébranlé la foi qu'il avait dans le Seigneur, dans ses promesses et n'avaient pas interrompu sa bonne volonté d'être toujours plus digne de Dieu.
Et Dieu, avant que les yeux de son serviteur fidèle ne se ferment à la lumière du soleil, en attendant de s'ouvrir au Soleil de Dieu, rayonnant des Cieux ouverts à mon ascension après le Martyre, Dieu lui envoya un rayon de son Esprit qui le dirigea vers le Temple pour voir la Lumière même, venue au monde.
"Conduit par l'Esprit-Saint" dit l'Évangile. Oh ! si les hommes savaient quel Ami parfait est l'Esprit-Saint ! Quel Guide ! Quel Maître ! S'ils l'aimaient et l'invoquaient cet Amour de la Très Sainte Trinité, cette Lumière de la Lumière, ce Feu du Feu, cette Intelligence, cette Sagesse ! Combien ils seraient plus instruits de ce qu'il est nécessaire de savoir !
Vois, Marie; voyez mes fils. Siméon a attendu toute une longue vie avant de "voir la Lumière", avant de savoir accomplie la promesse de Dieu. Mais il n'a jamais douté. Il ne s'est jamais dit : "C'est inutile que je persévère dans l'espérance et la prière".
Il a persévéré. Il a obtenu de "voir" ce que ne voient pas le prêtre et les membres du Sanhédrin orgueilleux et aveuglés : le Fils de Dieu, le Messie, le Sauveur, en ce corps d'enfant qui lui donnait tiédeur et sourires. Il a eu le sourire de Dieu, première récompense de sa vie honnête et pieuse, à travers mes lèvres de Bébé.
Deuxième leçon : les paroles d'Anne. Elle aussi prophétesse voit en Moi, Nouveau-Né, le Messie. Et cela, étant donné son don prophétique, lui est naturel. Mais, écoute, écoutez ce que, poussée par la foi et la charité, elle dit à ma Mère. Faites-en une lumière pour votre esprit qui tremble en ce temps de ténèbres, en cette Fête de la Lumière.
"À qui a donné un Sauveur ne fera pas défaut le pouvoir de donner son ange pour essuyer tes larmes, vos larmes". Pensez que Dieu s'est donné Lui-même pour anéantir l’œuvre de Satan dans les esprits. Ne pourra-t-Il pas vaincre maintenant les satans qui vous torturent ? Ne pourra-t-Il pas essuyer vos pleurs en mettant en fuite ces satans et en rendant la paix de son Christ ? Pourquoi ne le Lui demandez-vous pas avec foi ? Une foi vraie, irrésistible devant laquelle la rigueur de Dieu, indigné par vos fautes si nombreuses, tombe avec un sourire, tandis que le pardon arrive apportant l'aide qui en est sa conséquence et sa bénédiction qui est l'arc-en-ciel au-dessus de cette terre submergée par un déluge de sang voulu par vous-mêmes ?
Réfléchissez : le Père, après avoir puni les hommes par le Déluge, se dit à Lui-Même et à son Patriarche : "Je ne maudirai plus la terre à cause des hommes parce que les sentiments et les pensées du cœur humain sont inclinés vers le mal dès l'adolescence. Je ne punirai plus tout être vivant comme je l'ai fait" .Et il est resté fidèle à sa parole, Il n'a plus envoyé de déluge.
Mais vous, combien de fois vous êtes-vous dit et avez-vous dit à Dieu: "Si nous nous sauvons, cette fois, si Tu nous sauves, nous ne ferons plus jamais de guerres, jamais plus" et puis n'en avez-vous pas toujours fait de plus terribles ? Combien de fois, menteurs, et sans respect pour le Seigneur et pour votre parole ? Et pourtant Dieu vous aiderait, encore une fois, si la grande masse des fidèles l'appelait avec une foi et un amour irrésistibles.
Vous tous, qui trop peu nombreux pour contrebalancer la foule de ceux qui maintiennent toute vive la rigueur de Dieu, restez cependant dévoués à Dieu en dépit des menaces terribles de l'heure présente suspendues sur les têtes et qui croissent d'un instant à l'autre.
Mettez votre angoisse aux pieds de Dieu. Lui saura vous envoyer son ange, comme il a envoyé le Sauveur au monde. Ne craignez pas. Restez unis à la Croix. Elle a toujours triomphé des embûches du démon qui par la férocité des hommes et les tristesses de la vie cherche à incliner au désespoir, c'est-à-dire à la séparation d'avec Dieu, les cœurs qu'il ne peut prendre d'une autre manière".
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Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Berceuse de la Vierge
Vision du mardi 28 novembre 1944
Ce matin j'ai eu un délicieux réveil. J'étais encore dans les nuées du sommeil quand j'ai entendu une voix très pure qui chantait doucement une lente berceuse. On aurait dit, une berceuse de Noël tant cela paraissait lente et archaïque. J'en suivais ce motif et cette voix qui me donnait un bonheur croissant et me rendait ma lucidité sous sa douce ondée. Finalement j'étais éveillée et j'ai compris. J'ai dit : "Je te salue, Marie, pleine de Grâce !" car c'était la Maman qui chantait et Elle s'est mise à chanter plus fort, après m'avoir dit : "Moi aussi, je te salue. Viens et sois heureuse !"
Et je l'ai vue, dans la maison de Bethléem, dans la pièce qu'elle occupait, en train de bercer Jésus pour l'endormir, Dans la pièce il y avait le métier à tisser de Marie et des travaux de couture. Marie paraissait avoir suspendu son travail, pour donner le sein au Bébé, changer ses langes ou plutôt ses draps car c'était déjà un bébé de quelques mois, six mois, huit au plus dirais-je. Elle comptait reprendre le travail quand l'Enfant serait endormi.
C'était vers le soir. Le crépuscule déjà tout à fait avancé avait laissé le ciel tranquille parsemé de flocons d'or. Des troupeaux revenaient à leur parc, broutant les derrières herbes d'un pré fleuri et bêlaient en levant le museau.
Le Bébé tardait à s'endormir. Il paraissait un peu agité comme s'il était agacé par ses dents ou quelque "bobo" de l'enfance.
J'ai écrit, comme j'ai pu, dans l'obscurité de cette heure à peine, à peine matinale; le chant sur un morceau de papier et maintenant je le recopie ici.
*
"Petits nuages dorés, qui semblez les troupeaux du Seigneur. Sur le pré tout en fleurs un autre troupeau est là qui regarde. Mais si j'avais tous les troupeaux qui sont sur la terre, le petit agneau qui m'est le plus cher, ce serait toujours Toi. Dors, dors, dors, dors,.. Et ne pleure plus…
Mille étoiles reluisantes sont là, dans le ciel, et regardent; Tes suaves pupilles, oh ! ne les fais plus pleurer. Tes yeux de saphir sont les étoiles de mon cœur; Tes pleurs sont ma douleur ! Oh ! ne pleure plus. Dors, dors, dors, dors… Et ne pleure plus...
Tous les anges resplendissants, qui sont dans le Paradis, font une couronne pour Toi innocent, pour se réjouir de ton visage. Mais Tu pleures et Tu veux ta Maman. Tu veux la Maman, Maman, Ma.." qui est ici autour de Toi pour te dire "dodo". Dodo, dodo, dodo, do... Dors, dors, dors, dors... Et ne pleure plus...
Voici le ciel qui est tout rose, c'est l'aurore qui revient, et la Maman ne repose pas encore pour ne pas te faire pleurer. Réveillé Tu diras : "Maman !". "Mon Fils" je répondrai, et te baisant, c'est l'amour et la vie que je te donnerai avec le lait. Dors, dors, dors, dors... Et ne pleure plus... Sans ta Maman Tu ne peux rester pas même si Tu rêvais le Ciel. Viens, viens ! Sous mon voile je te ferai dormir. Ma poitrine ton oreiller, et mes bras ton berceau. Ne crains rien ! Car je suis près de Toi. Dors, dors, dors, dors... Et ne pleure plus...
Moi, je serais toujours avec Toi. Tu es la vie de mon cœur. Il dort... on le dirait une fleur, posée sur le sein. Il dort... Faites tout doucement ! C'est que... peut-être Il voit le Père Saint... Cette vision essuie les pleurs de mon doux Jésus... Il dort, il dort, il dort, il dort, et ne pleure plus..."
*
Dire la grâce de cette scène est impossible. Ce n'est qu'une mère qui berce un bébé. Mais quelle Mère et quel Bébé ! On peut donc penser quelle grâce, quel amour, quelle pureté, et quel Ciel se trouvent dans cette petite, grande, délicieuse scène dont le souvenir me réjouit et dont il reste, pour en confirmer la réalité, l'air que je me répète pour vous le faire entendre à vous aussi. Mais je n'ai pas, moi la voix d'argent très pur de Marie, la voix virginale de la Vierge !... Et je semblerai un méchant accordéon. N'importe. Je ferai comme je pourrai. Quelle belle pastorale que ce serait pour la chanter autour de la Crèche de Noël !
La Maman balançait d'abord lentement le berceau de bois, Puis voyant que Jésus ne s'apaisait pas, elle l'a pris sur ses genoux assise près de la fenêtre ouverte, à côté du berceau, et le balançant doucement au rythme du chant, elle a répété la berceuse deux fois jusqu'à ce que le petit Jésus ait fermé les yeux, tourné sa petite tête vers le sein maternel et se soit endormi ainsi, son petit visage enfoui dans la chaleur de son sein, une main appuyée sur la poitrine maternelle près de sa joue rosée et l'autre abandonnée sur le sein.
Le voile de Marie couvrait sa Sainte Petite Créature. Puis Marie s'est levée avec des précautions infinies et a déposé son Jésus dans le berceau. Elle l'a couvert de linges légers, a étendu un voile pour le garder des mouches et de l'air et elle est restée à contempler son Trésor endormi.
Elle avait une main sur le cœur, l'autre encore appuyée au berceau toute prête à le bercer si l'Enfant menaçait de se réveiller et elle souriait, radieuse, un peu penchée sur le berceau pendant que l'ombre et le silence descendaient sur la terre et envahissaient la petite chambre virginale.
Quelle paix ! Quelle beauté ! J'en suis ravie !
Ce n'est pas une vision grandiose et peut-être la jugera-t-on inutile dans l'ensemble des autres, car elle ne révèle rien de spécial. Je le sais. Mais pour moi, c'est une vraie grâce. C'est ainsi que je l'apprécie, car elle me rend l'esprit tranquille, pur, pénétré par l'amour comme recréé par les mains de la Maman. Je pense que dans ce sens là il vous plaira à vous aussi. Nous sommes des "tout petits", nous. Cela vaut mieux ! Nous plaisons à Jésus. Que les autres, savants et compliqués, pensent ce qu'ils voudront nous trouvant "puérils", nous n'avons pas à nous en occuper. N'est-ce pas ?
*
Marie chante une Berceuse à Jésus
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Adoration des trois Mages
Vision du lundi 28 février 1944
Celui qui m'avertit intérieurement me dit :
"Appelle ces contemplations que tu vas avoir et que je te présenterai : "Les Évangiles de la Foi" car, pour toi et pour les autres, ils viendront mettre en lumière la puissance de la Foi et de ses fruits, et vous assurer dans votre foi en Dieu. "
Je vois Bethléem, petite et toute blanche, rassemblée comme une couvée de poussins sous la lumière des étoiles. Deux rues principales s'y coupent à angle droit, l'une venant d'au-delà du pays, c'est la route principale qui continue au delà de la ville, et l'autre qui coupe la ville dans toute sa largeur mais ne va pas plus loin. D'autres petites rues découpent ce petit pays, sans la moindre trace d'un plan d'ensemble comme nous le concevons, mais s'adaptant au terrain qui est à plusieurs niveaux, et aux maisons qui se distribuent ça et là selon les accidents du sol et les caprices des constructeurs. Tournées les unes à droite, les autres à gauche, d'autres de biais par rapport à la rue qui les borde, elles l'obligent à se présenter comme un ruban qui se déroule avec des sinuosités au lieu d'être un chemin rectiligne qui va d'un endroit à l'autre sans déviation.
De temps en temps il y a une petite place, soit pour un marché, soit pour une fontaine, soit parce que, à cause des constructions qui se dressent au hasard, elle est restée une portion de travers où l'on ne peut plus rien construire.
À l'endroit où il me semble que je dois particulièrement m'arrêter, il y a précisément une de ces petites places irrégulières. Elle devrait être carrée ou au moins rectangulaire. Elle s'amène comme un trapèze si bizarre qu'on dirait un triangle acutangle dévié au sommet. Le côté le plus long, la base du triangle, est un bâtiment large et bas, le plus large du pays. Du dehors, c'est une haute muraille lisse et nue sur laquelle s'ouvrent à peine deux portes cochères maintenant bien closes.
À l'intérieur, au contraire, sur toute une cour carrée il y a de nombreuses fenêtres au premier étage, pendant qu'au rez-de-chaussée on voit des portiques qui entourent des cours jonchées de paille et de détritus avec des vasques pour abreuver chevaux et autres animaux. Aux rustiques colonnes des portiques il y a des anneaux pour attacher les animaux et, sur un côté, un vaste hangar pour abriter les troupeaux et les montures. Je comprends qu'il s'agit de l'auberge de Bethléem.
Sur deux autres côtés de même longueur il y a des maisons et des maisonnettes les unes précédées d'un jardinet; d'autres non, parce que parmi elles il yen a qui ont la façade sur la place et d'autres à l'arrière. Sur l'autre côté plus étroit, en face le caravansérail, il y a une unique maisonnette avec un petit escalier extérieur qui donne accès au milieu de la façade aux chambres du premier étage. Elles sont toutes fermées car il fait nuit. Il n'y a personne dans les rues à cause de l'heure.
Je vois qu'augmente la clarté nocturne qui tombe d'un ciel constellé d'étoiles si belles dans le ciel d'Orient, si vivantes et si grandes qu'elles paraissent toutes proches et qu'il serait facile de les rejoindre et de les toucher, ces fleurs qui brillent sur le velours du firmament. Je lève les yeux pour me rendre compte de la source de cette croissance de lumière. Une étoile de grandeur inhabituelle, comme une petite lune, s'avance dans le ciel de Bethléem. Les autres semblent s'éclipser et lui donner passage, comme des suivantes au service de la reine, tant son éclat les surpasse et les fait disparaître. Du globe qui semble un énorme et clair saphir éclairé de l'intérieur par un soleil, part un sillage lumineux dans lequel, à la prédominance du clair saphir se fondent les blonds des topazes, les verts des émeraudes, la lueur opalescente des opales, les clartés sanguines des rubis et les doux scintillements des améthystes.
Toutes les pierres précieuses de la terre sont dans ce sillage qui parcourt le ciel d'un mouvement rapide et ondulant comme s'il était vivant. Mais la couleur qui domine, c'est cette couleur qui semble pleuvoir du globe de l'étoile : la paradisiaque couleur de pâle saphir qui descend pour colorer d'argent azuré les maisons, les rues, le sol de Bethléem, berceau du Sauveur.
Ce n'est plus la pauvre cité, qui pour nous ne serait qu'une agglomération rurale. C'est une fantastique cité de contes de fées où tout est d'argent. L'eau des fontaines et des vasques est comme du diamant liquide.
Avec la splendeur d'un plus vif éclat, l'étoile s'arrête au-dessus de la petite maison qui se trouve sur le côté étroit de la petite place. Ni ses habitants, ni ceux de Bethléem ne la voient parce qu'ils dorment dans les maisons fermées. Cependant l'étoile accélère les palpitations de sa lumière, et sa queue vibre et se balance davantage en décrivant des demi-cercles dans le ciel qui s'éclaire tout entier par l'effet de ce filet d'astres qu'elle entraîne, de ce filet de pierres précieuses qui resplendissent de mille couleurs sur les autres étoiles comme pour leur communiquer une parole joyeuse.
La petite maison est toute baignée de ce feu liquide de perles. Le toit de la petite terrasse, le petit escalier de pierre sombre, la petite porte, tout est un bloc de pur argent saupoudré d'une poussière de diamants et de perles. Nul palais de roi n'a eu, ni n'aura un perron semblable à celui-ci fait pour recevoir les pas des anges, pour servir à la Mère qui est la Mère de Dieu. Ses petits pieds de Vierge Immaculée peuvent se poser sur cette éclatante blancheur, ses petits pieds destinés à se poser sur les degrés du trône de Dieu.
Mais la Vierge ne sait rien de cette féerie. Elle veille près du berceau du Fils et prie. En son âme elle possède des splendeurs qui surpassent celles dont l'étoile embellit les choses.
De la rue principale s'avance un défilé : chevaux harnachés et d'autres conduits à la main, dromadaires et chameaux, les uns montés, les autres chargés. Le son des sabots fait un bruit d'eau qui ruisselle, en les heurtant, sur les pierres d'un torrent. Arrivés sur la place, tous s'arrêtent. Le défilé, sous le rayonnement de l’étoile, est d'une splendeur fantastique.
Les ornements des très riches montures, les habits des cavaliers, les visages, les bagages, tout resplendit ravivant et unissant le propre éclat des métaux, des cuirs, des soies, des gemmes, des pelages, à la clarté de l'étoile. Les yeux rayonnent et les bouches sourient parce que une autre splendeur s'est allumée en leur cœur : celle d'une joie surnaturelle.
Pendant que les serviteurs se dirigent vers le caravansérail avec les animaux, trois personnages de la caravane descendent de leurs montures respectives qu'un serviteur conduit ailleurs et se dirigent à pied vers la maison. Là, ils se prosternent, front contre terre, baisant la poussière. Ce sont trois personnages puissants comme l'indiquent leurs très riches habits. L'un, de peau très foncée, à peine descendu d'un chameau s'enveloppe tout entier dans un magnifique vêtement de soie blanche. Son front est ceint d’un cercle de métal précieux et il a à la taille une riche ceinture d'où pendent un poignard ou une épée dont la garde est ornée de gemmes. Les deux autres, descendus de deux magnifiques chevaux, sont vêtus l'un] d'une étoffe rayée très belle où domine la couleur jaune.
Cet habit est fait comme un long domino garni d'un capuchon et d'un cordon qui semblent faits tout d'une pièce en filigrane d'or tant ils sont ornés de broderie d'or. Le troisième porte une chemise de soie bouffante qui sort d'un large et long pantalon serré aux pieds. Il est enveloppé dans un châle très fin, véritable jardin fleuri tant sont vives les couleurs dont il est orné tout entier. Sur la tête un turban retenu par une chaînette ornée de chatons de diamants.
Après avoir vénéré la maison où réside le Sauveur, ils se relèvent et se rendent au caravansérail où les serviteurs ont frappé et fait ouvrir.
Ici s'arrête la vision.
Elle reprend trois heures plus tard avec la scène de l'adoration des Mages à Jésus.
Voilà le jour. Un beau soleil resplendit dans un ciel d'après-midi. Un serviteur des trois mages traverse la place et monte le petit escalier de la maisonnette. Il rentre. Il sort. Il retourne à l'auberge.
Les trois Mages sortent, suivis chacun de son propre serviteur. Ils traversent la place. Les rares passants se retournent pour regarder les majestueux personnages qui passent très lentement avec solennité. Entre la venue du serviteur et celle des trois, il s'est passé un bon quart d'heure ce qui a donné aux habitants de la maisonnette le temps de se préparer à recevoir les hôtes.
Ceux-ci sont encore plus richement vêtus que le soir précédent. Les soies resplendissent, les gemmes brillent, un grand panache de plumes de grand prix parsemé d'écailles encore plus précieuses étincelle sur la tête de celui qui porte le turban.
L'un des serviteurs porte un coffre tout orné de marqueteries dont les garnitures métalliques sont en or buriné. Le second porte une coupe d'un travail très fin, couvert par un couvercle tout en or ciselé. Le troisième une sorte d'amphore large et basse, en or également, avec une fermeture en forme de pyramide qui à son sommet porte un brillant. Ces objets doivent être lourds, car les serviteurs ont peine à les porter, spécialement celui qui est chargé du coffre.
Les trois montent l'escalier et entrent. Ils pénètrent dans une pièce qui va de la route à l'arrière de la maison. On aperçoit le jardinet par derrière à travers une fenêtre ouverte au soleil. Des portes s'ouvrent dans les deux autres murs, d'où regardent les propriétaires de la maison : un homme, une femme et trois ou quatre enfants entre deux âges.
Marie est assise avec l'Enfant sur son sein et Joseph debout à côté. Mais elle se lève aussi et s'incline quand elle voit entrer les trois Mages. Elle est toute vêtue de blanc. Si belle dans son simple habit blanc qui la couvre de la base du cou aux pieds, des épaules aux poignets délicats, si belle avec la tête couronnée de tresses blondes, en son visage que l'émotion couvre d'un rose plus vif, en ses yeux qui sourient avec douceur, avec une bouche qui s'ouvre pour saluer : "Dieu soit avec vous." Les trois Mages en restent un instant interdits. Puis ils s'avancent, se prosternent à ses pieds et la prient de s'asseoir.
Eux non, ils ne s'assoient pas malgré l'invitation de Marie. Ils restent à genoux appuyés sur leurs talons. En arrière et à genoux aussi, sont les trois serviteurs. Ils sont tout de suite derrière le seuil. Ils ont posé devant eux les trois objets qu'ils portaient et ils attendent. Les trois Sages contemplent le Bébé. Il me paraît avoir de neuf mois à un an tant il est éveillé et robuste. Il repose sur le sein de sa Mère.
Il sourit et jase avec une voix de petit oiseau. Il est tout vêtu de blanc, comme la Maman, avec des sandalettes minuscules aux pieds. Un petit vêtement très simple : une tunicelle d'où sortent les petits pieds remuants, les mains grassouillettes qui voudraient tout saisir, et surtout le très joli petit visage où brillent les yeux d'azur foncé, et la bouche qui fait des fossettes des deux côtés quand il rit et découvre ses premières petites dents. Les petites boucles de cheveux semblent une poussière d'or tant ils sont brillants et vaporeux.
Le plus âgé des Sages parle au nom de tous. Il explique à Marie qu'ils ont vu, une nuit du mois de décembre précédent une nouvelle étoile qui s'est allumée dans le ciel avec une inhabituelle splendeur. Jamais les cartes célestes n'avaient porté cet astre ou ne l'avaient signalé. Son nom était inconnu. Elle n'avait pas de nom. Née du sein de Dieu, elle avait fleuri pour dire aux hommes une vérité bénie, un secret de Dieu. Mais les hommes n'en avaient pas fait cas, car leurs âmes étaient plongées dans la boue. Ils ne levaient pas leurs regards vers Dieu et ne savaient pas lire les paroles qu'Il trace - qu'Il en soit éternellement béni - avec les astres de feu sur la voûte des cieux.
Eux l'avaient vue et s'étaient efforcés de comprendre sa voix. Renonçant de bon cœur au peu de sommeil qu'ils accordaient à leurs membres, oubliant de manger, ils s'étaient plongés dans l'étude du Zodiaque. Et les conjonctions des astres, le temps, la saison, les calculs des anciens temps et des combinaisons astronomiques leur avaient dit le nom et le secret de l'étoile. Son nom : "Messie". Son secret : "Être le Messie venu au monde". Et ils étaient partis pour l'adorer chacun à l'insu des autres. Traversant monts et déserts, vallées et fleuves, voyageant de nuit, ils étaient venus vers la Palestine car l'étoile allait dans cette direction.
Et chacun, des trois points différents de la terre, s'en allait vers cette direction, et ils s'étaient trouvés ensuite ensemble au-delà de la Mer Morte. La volonté de Dieu les avait réunis là, et ensemble ils étaient allés de l'avant se comprenant, bien que chacun parlât sa langue propre, comprenant et pouvant parler les langues des pays traversés par un miracle de l'Éternel.
Ensemble ils étaient allés à Jérusalem parce que le Messie devait être le Roi de Jérusalem, le roi des Juifs. Mais l'étoile s'était cachée sur le ciel de cette ville. Ils avaient senti leurs cœurs se briser de douleur et s'étaient examinés pour savoir s'ils avaient démérité de Dieu, Mais s'étant rassurés la conscience, ils étaient allés trouver le roi Hérode pour lui demander dans quel palais était né le Roi des Juifs qu'ils étaient venus adorer. Le roi, ayant réuni les princes des prêtres et les scribes, leur avait demandé où pouvait naître le Messie et ils avaient répondu : "À Bethléem de Juda."
Ils étaient venus vers Bethléem et l'étoile était réapparue à leurs yeux, avait quitté la Cité Sainte et le soir précédent avait augmenté de splendeurs. Le ciel était tout embrasé. Puis, l'étoile s'était arrêtée, rassemblant la lumière des autres étoiles en son rayonnement, au-dessus de cette maison. Ils avaient compris que c'était là que se trouvait le Divin Né.
Maintenant ils l'adoraient, offrant leurs pauvres cadeaux et, par-dessus tout, leur cœur qui n'avait jamais cessé de bénir Dieu pour la grâce qu'Il leur avait accordée et d'aimer son Fils dont ils voyaient la sainte Humanité. Ensuite ils retourneraient rendre compte au roi Hérode parce que lui aussi désirait l'adorer.
"Voici à la fois, l'or qu'il convient à un roi de posséder, voici l'encens comme il convient à un Dieu, et voici, ô Mère, voici la myrrhe parce que ton Enfant Né, qui est Dieu, est aussi un Homme et dans sa chair et sa vie d'homme il connaîtra l'amertume et la loi inévitable de la mort. Notre amour voudrait ne pas les dire, ces paroles et penser que sa chair est éternelle comme son Esprit. Mais, ô Femme, si nos cartes et surtout nos âmes ne se trompent pas, Lui, ton Fils est le Sauveur, le Christ de Dieu et pour ce motif il devra, pour sauver la terre, prendre sur Lui le mal de la terre dont un des châtiments est la mort.
Cette résine est pour cette heure, pour que ses chairs saintes ne connaissent pas la pourriture de la corruption et conservent leur intégrité jusqu'à la résurrection. Qu'à cause de ces dons, Lui se souvienne de nous et sauve ses serviteurs en leur donnant son Royaume." Pour l'instant, pour en être sanctifiés, qu'elle, sa Mère, offre son petit Enfant "à notre amour. Et en baisant ses pieds descende sur nous la bénédiction céleste."
Marie, qui a surmonté l'effroi provoqué par les paroles des Sages et a caché sous un sourire la tristesse de la funèbre évocation, offre le Bébé. Elle le met sur les bras du plus ancien qui l'embrasse et reçoit ses caresses, et puis le passe aux autres.
Jésus sourit et joue avec les chaînettes et les franges des trois. Il regarde avec curiosité l'écrin ouvert plein d'une matière jaune et brillante. Il rit en voyant que le soleil fait un arc-en-ciel en touchant le brillant du couvercle de la myrrhe.
Puis les trois rendent le Bébé à sa Mère et se lèvent. Marie aussi se lève. Le plus jeune des Mages donne à son serviteur l'ordre de sortir, alors on s'incline de chaque côté. Les trois parlent encore un peu. Ils ne peuvent se décider à quitter cette maison. Des larmes d'émotion se voient dans tous les yeux. A la fin ils se dirigent vers la sortie, accompagnés de Marie et de Joseph.
Le Bébé a voulu descendre et donner sa petite main au plus ancien des trois. Il marche ainsi, une main dans la main de Marie, l'autre dans celle du Sage qui se penche pour le conduire. Jésus a le pas encore incertain de l'enfant et rit en frappant du pied la bande lumineuse que fait le soleil sur le pavé.
Arrivés au seuil - il ne faut pas oublier que la pièce prenait toute la longueur de la maison - les trois personnages prennent congé en s'agenouillant une dernière fois et en baisant les pieds de Jésus. Marie, penchée sur le Bébé, prend sa petite main et la guide pour faire un geste de bénédiction sur la tête de chacun des Mages. C'est déjà un signe de croix tracé par les petits doigts de Jésus que guide Marie.
Puis les trois descendent l'escalier. La caravane est déjà là toute prête et qui attend. Les bossettes des chevaux resplendissent au soleil couchant. Les gens se sont rassemblés sur la petite place pour voir l'insolite spectacle.
Jésus rit en battant les petites mains. La Maman l'a soulevé et appuyé au large parapet qui borde le palier. Elle le tient, avec un bras sur sa poitrine pour l'empêcher de tomber. Joseph est descendu avec les trois et tient l'étrier à chacun d'eux pendant qu'ils montent à cheval ou à chameau.
Maintenant, serviteurs et maîtres, tout le monde est en selle. On donne le signal du départ. Les trois se courbent jusque sur le cou de leurs montures pour un ultime salut. Joseph s'incline. Marie aussi, et elle se met à guider la petite main de Jésus en un geste d'adieu et de bénédiction
*
Les trois Rois Mages
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Réflexions sur la foi des Mages
Catéchèse du lundi 28 février 1944
Jésus dit :
"Et maintenant ? Que vous dire, maintenant, ô âmes qui sentez mourir votre foi ?
Ces Sages d'orient n'avaient rien qui les assurât de la vérité. Rien de surnaturel. Seulement leurs calculs astronomiques et leur travail de réflexion qu'une vie intègre rendait parfaite.
Et pourtant, ils ont eu la foi. Foi en tout : foi dans la science, foi dans leur conscience, foi dans la bonté divine.
Par la science ils ont cru au signe de l'étoile nouvelle qui ne pouvait être que "celle" attendue depuis des siècles par l'humanité : le Messie.
Par la conscience ils ont eu la foi dans la même voix qui, recevant les "voix" célestes, leur disait : "C'est cette étoile qui indique la venue du Messie".
Par leur bonté, ils ont eu foi que Dieu ne les aurait pas trompés et, puisque leur intention était droite, Dieu les aurait aidés de toutes façons pour atteindre leur but.
Et ils ont réussi. Eux seuls, parmi tant de gens qui étudient les signes, ils ont compris ce signe, parce qu'eux seuls avaient dans l'âme le désir anxieux de connaître les paroles de Dieu avec une intention droite dont la pensée profonde était de donner sans retard à Dieu louange et honneur.
Ils ne recherchaient pas un intérêt personnel. Bien plus, ils vont au devant des fatigues et des dépenses et ne demandent aucune compensation humaine. Ils demandent seulement que Dieu se souvienne d'eux et les sauve pour l'éternité. De même qu'ils ne pensent pour l'avenir à aucune récompense humaine, ainsi quand ils décident leur voyage, ils n'ont aucune préoccupation humaine. Vous, vous auriez formulé mille prétextes : "Comment ferai-je à faire un si long voyage, dans des pays et parmi des peuples de langues différentes ? Me croira-t-on ou m'emprisonnera-t-on comme espion ? Quelle aide me donnera-t-on pour franchir déserts et fleuves et montagnes ? Et la chaleur ? Et le vent des hauts plateaux ? Et les fièvres qui règnent dans les zones marécageuses ? Et les fleuves gonflés par les pluies ? Et la nourriture différente ? Et les langues diverses ? Et... et... et…". C'est ainsi que vous raisonnez. Eux n'ont pas raisonné de cette façon. Ils disent avec une sincère et sainte audace : "Toi, ô Dieu, tu lis ce que nous avons dans le cœur et tu vois quelle fin nous poursuivons. Nous nous remettons entre tes mains. Accorde-nous la joie surhumaine d'adorer ta Seconde Personne faite Chair pour le salut du monde."
Suffit. Et ils se mettent en chemin depuis les Indes lointaines. Des chaînes mongoliques sur lesquelles planent seulement les aigles et les vautours, où Dieu leur parle avec le fracas des vents et des torrents et il écrit des paroles mystérieuses sur les pages illimitées des neiges. Des terres où naît le Nil et d'où il s'avance, veine d'un verte d'azur jusqu'au cœur azuré de la Méditerranée, ni pics, ni forêts, ni sables, océans desséchés et plus dangereux que les océans marins n'arrêtent leur marche. Et l'étoile brille sur leurs nuits, les empêchant de dormir. Quand on cherche Dieu, les habitudes animales doivent céder à des impatiences et des nécessités surhumaines.
L'étoile les amène du nord, de l'orient et du midi, et par un miracle de Dieu elle s'avance pour eux trois vers un même point. De même, par un autre miracle, elle les rassemble après de si longs parcours en ce même point. Et par un autre miracle encore, leur fait, anticipation de la Sagesse de la Pentecôte, le don de comprendre et de se faire comprendre, comme au Paradis où on parle une seule langue : celle de Dieu.
Un seul moment d'effroi les assaille quand l'étoile disparaît. Alors, humbles parce que réellement grands, ils ne pensent pas que ce soit par la méchanceté des hommes que la chose arrive, que les gens corrompus de Jérusalem ne méritent pas de voir l'étoile. Ils pensent que c'est eux-mêmes qui ont démérité de Dieu et ils s'examinent, tremblants et contrits, déjà prêts à demander pardon.
Mais leur conscience les rassure. Âmes habituées à la méditation, leur conscience est très sensible. Elle s'est affinée par une attention constante, une introspection aiguë qui fait de leur intérieur un miroir où se reflètent les plus petites traces des évènements journaliers. Ils s'en sont fait une maîtresse, une voix qui prévient et se fait entendre, je ne dis pas à la plus petite erreur mais à un simple regard vers la déviation ou l'erreur vers ce qui est humain, vers la complaisance pour ce qui est le moi. Aussi, quand ils se mettent en face de cette maîtresse, de ce miroir sévère et clair, ils savent qu'il ne mentira pas. Maintenant, elle les rassure et ils reprennent courage.
"Oh ! douceur d'avoir conscience qu'il n'y a rien en nous de contraire à Dieu ! De savoir qu'Il regarde avec complaisance l'âme du fils fidèle et la bénit. De ce sentiment vient un accroissement de foi et de confiance et d'espérance et la force d'âme et la patience. En ce moment c'est la tempête. Mais elle passera, puisque Dieu m'aime et sait que je l'aime et Il ne manquera pas de m'aider, une fois de plus" .Ainsi parlent ceux qui possèdent la paix, la paix qui vient d'une conscience droite qui dirige souverainement chacune de leurs actions.
J'ai dit qu'ils étaient "humbles parce qu'ils étaient réellement grands". Dans votre vie, au contraire, qu'arrive-t-il ? Qu'un individu, non pas parce qu'il est grand, mais parce qu'il est violent, et il tire sa puissance avec la complicité de son influence et de votre sotte idolâtrie, voilà pourquoi il n'est jamais humble.
Il y a de pauvres malheureux qui, pour le fait qu'ils sont majordomes d'un personnage influent, huissiers d'un bureau, employés d'une administration, sujets de celui qui leur a procuré une place, ils prennent des poses de demi-dieux. Ils font pitié !…
Eux, les trois Sages, étaient réellement grands. Par leur vertu surnaturelle, en premier lieu, par leur science ensuite, et enfin par leur richesse. Mais ils se considèrent comme un néant : poussière sur la poussière de la terre par rapport au Dieu Très-Haut qui crée les mondes par un sourire et les sème comme des graines pour rassasier le regard des anges avec des colliers d'étoiles.
Mais s'ils se considèrent comme rien en face du Dieu Très-Haut qui a créé la planète sur laquelle ils vivent et lui a donné une extraordinaire variété, en disposant, Lui Sculpteur Infini d’œuvres sans limites, ici, d'un coup de pouce une couronne de douces collines et là, une ossature de dômes et de pics qui semblent des vertèbres de la terre, de ce corps démesuré qui a pour veines les fleuves, pour bassins les lacs, pour cœur les océans, pour vêtements les forêts, pour voiles les nuages, pour ornements les glaciers cristallins, pour gemmes les turquoises et les émeraudes, les opales et les béryls de toutes nuances qui, avec les bois et les vents, chantent le grand chœur de louanges à leur Seigneur.
Mais ils se sentent néant, en leur sagesse, en présence du Dieu Très-Haut d'où leur vient la sagesse et qui leur a donné un regard plus pénétrant que celui de leurs yeux pourvoir les réalités : les yeux de l'âme qui savent lire dans les choses des paroles que n'a pas écrites une main humaine mais qui ont été gravées par la pensée de Dieu.
Mais ils ont conscience de leur néant comme possesseurs de richesses : atomes en comparaison des richesses du Possesseur de l'univers qui répand les métaux et les gemmes dans les astres et les planètes et des richesses inépuisables dans le cœur de ceux qui l'aiment.
Arrivés devant une pauvre maison, dans la plus insignifiante des cités de Juda, ils ne hochent pas la tête en disant : "impossible !", mais ils courbent l'échine, fléchissent les genoux, s’humilient surtout en leur cœur et adorent. Là, derrière ce pauvre mur, Dieu se trouve, ce Dieu qu'ils ont toujours invoqué n'osant jamais espérer d'avoir même de loin la possibilité de le voir, mais ils l'invoquent pour le bien du genre humain, pour "leur" bien éternel. Oh ! c'est seulement cela qu'ils souhaitaient, de pouvoir le voir, le connaître, le posséder dans la vie où il n'y a plus d'aubes ni de crépuscules.
Il est là, derrière ce pauvre mur. Sans doute son cœur de Bambin, qui est pourtant le cœur d'un Dieu, perçoit les battements du cœur de ces trois qui, prosternés sur la poussière du chemin, crient : "Saint, Saint, Saint. Béni le Seigneur notre Dieu. Gloire à Lui au plus haut des Cieux et paix à ses serviteurs. Gloire, gloire, gloire et bénédiction". C'est cela qu'ils demandent avec un cœur tremblant d'amour. Pendant la nuit et la matinée qui suit, ils se préparent par la prière la plus vive à communier avec Dieu-Enfant. Ils ne vont pas vers cet autel qu'est un sein virginal qui porte l'Hostie Divine, comme vous y allez, l'âme remplie de préoccupations humaines.
Ils oublient sommeil et nourriture, et s'ils prennent les plus beaux habits, ce n'est pas par vanité humaine, mais pour faire honneur au Roi des rois. À la cour des souverains les dignitaires entrent avec les plus beaux habits. Et pourquoi n'iraient-ils pas voir ce Roi avec leurs habits de fête ? Et quelle fête y aurait-il pour eux, plus grande que celle-là ?
Oh ! dans leurs pays lointains à plusieurs reprises, ils ont dû se parer pour des hommes qui étaient leurs égaux, pour les fêter et leur faire honneur. Il est donc juste de prosterner aux pieds du Roi Suprême, pourpre et joyaux, soies et plumes précieuses. Mettre à ses pieds, à ses doux petits pieds, les textiles de la terre, les gemmes de la terre, les plumes de la terre, les métaux de la terre - tout qui appartient à son œuvre - pour que, elles aussi, ces choses de la terre adorent leur Créateur. Et ils seraient heureux si la Petite Créature leur ordonnait de s'allonger sur le sol pour offrir un tapis vivant à ses pas de Bambin et leur marcher dessus, Lui qui a laissé les étoiles pour eux, poussière, poussière, poussière.
Ils sont humbles et généreux, obéissants aux "voix" du Très-Haut. Elles ordonnent de porter des cadeaux au Roi Nouveau-Né. Ils portent eux-mêmes ces dons. Ils ne disent pas : "Il est riche et n'en a pas besoin. Il est Dieu et ne connaîtra pas la mort". Ils obéissent. Et ce sont eux qui les premiers secourent la pauvreté du Sauveur. Comme il sera utile cet or pour ceux qui demain seront des fugitifs ! Comme elle sera expressive cette myrrhe pour celui qui bientôt sera mis à mort! Comme il sera pieux cet encens pour qui devra respirer la puanteur de la luxure des hommes qui bouillonne autour de sa pureté infinie !
Ils sont humbles, généreux, obéissants et respectueux l'un de l'autre. Les vertus enfantent toujours d'autres vertus. Après celles qui s'adressent à Dieu, voilà celles qui s'adressent au prochain. C'est le respect qui devient charité. Au plus vieux il est réservé de parler au nom de tous, de recevoir pour le premier le baiser du Seigneur, et de le conduire par la main : Les autres pourront encore le voir, mais lui, il est âgé, non. Il est bien proche le jour où il retournera à Dieu. Il le verra ce Christ, après sa mort cruelle et le suivra dans le sillage des sauvés, quand il retournera au Ciel. Mais il ne le verra plus sur cette terre, et alors, pour viatique, il lui reste la tiédeur de la petite main qui se fie à sa main déjà ridée.
Il n'y a aucune envie chez les autres, mais au contraire un surcroît de respect pour le vieux sage. Il a mérité plus qu'eux et pendant un plus long temps. Le Dieu-Enfant le sait. Elle ne se fait pas encore entendre la Parole du Père, mais son geste est parole. Bénie soit son innocente parole qui indique l'ancien comme son préféré.
Mais, ô mes fils, il y a deux autres enseignements qui ressortent de cette vision.
L'attitude de Joseph qui sait se tenir à "sa" place. Présent, comme gardien et protecteur de la Pureté et de la Sainteté, mais il n'en usurpe pas les droits. C'est Marie, avec son Jésus, qui reçoit les hommages et à qui est adressée la parole. Joseph s'en réjouit pour Elle et ne se fait pas de souci d'être un personnage secondaire. Joseph est un juste : il est le Juste. Et il est juste toujours, même à cette heure. Les vapeurs de la fête ne lui montent pas au cerveau. Il reste humble et juste.
Il est heureux des cadeaux. Pas pour lui. Mais il pense qu'avec ces présents il pourra procurer une vie plus facile à son Épouse et à l'Enfant. Il n'y a pas en Joseph de désir de richesses. C'est un travailleur, et il continuera de travailler. Mais que "Eux", ses deux amours aient un peu d'aise et de confort. Ni lui, ni les Mages ne savent que ces dons serviront pour une fuite et une vie d'exil où ces richesses se dispersent comme des nuages chassés par le vent, et encore à un retour dans leur patrie. Ils auront alors tout perdu, clients et mobilier, ils ne trouveront que les murs de leur maison protégés par Dieu car c'était là qu'Il s'était uni à la Vierge et s'était fait Chair.
Joseph est humble, lui gardien de Dieu et de Celle qui était la Mère de Dieu et l'Épouse du Très-Haut, jusqu'à présenter l'étrier à ces vassaux de Dieu. C'est un pauvre charpentier parce que la violence des hommes a dépouillé les héritiers de David de leurs possessions royales. Mais il est toujours de race royale et a les manières d'un roi. C'est pour lui aussi qu'a été dit : "il était humble parce que vraiment grand".
Dernier, doux, expressif enseignement. C'est Marie qui prend la main de Jésus, qui ne sait pas encore bénir, et la guide dans le geste saint.
C'est toujours Marie qui prend la main de Jésus et la guide, maintenant encore. Maintenant Jésus sait bénir. Mais parfois, sa main transpercée retombe lasse et découragée parce qu'il est inutile de bénir. Vous détruisez ma bénédiction. Elle retombe encore indignée parce que vous me maudissez. C'est alors Marie qui contient cette indignation en baisant cette main. Oh ! le baiser de ma Mère ! Qui résisterait à ce baiser ? Puis, de ses doigts délicats, avec un amour si impérieux, elle prend mon poignet et me force à bénir. Je ne puis repousser ma Mère, mais il faut passer par Elle pour la faire votre Avocate.
Elle est ma Reine, avant d'être la vôtre, et son amour pour vous a des indulgences que le mien même ne connaît pas. Et Elle, sans parole, avec les perles de ses larmes et l'évocation de ma Croix dont Elle me fait tracer le signe en l'air, plaide votre cause et me persuade : "Tu es le Sauveur. Sauve !".
Voilà, mes fils, "l'Évangile de la Foi" dans la vision de la scène des Mages. Méditez et imitez, pour votre bien."
*
Vendredi 3 mars 1944.
Jésus dit :
"Écris cela seulement Il y a quelques jours, tu disais que tu meurs sans voir satisfait ton désir de visiter les Lieux Saints. Tu les vois et comme ils étaient quand je les ai sanctifiés par ma présence. Maintenant, après vingt siècles de profanations par haine ou par amour, ils ne sont plus comme ils étaient, Donc, à présent, toi, tu les vois et qui va en Palestine ne les voit pas. Ne t'attriste donc pas.
Deuxième chose : tu te lamentes de ce que même les livres qui parlent de Moi te semblent n'avoir plus de saveur aucune alors qu'autrefois tu les aimais tant. Cela aussi vient des conditions où tu te trouves. Comment veux-tu que te paraissent plus parfaites les œuvres humaines lorsque c'est par mes soins que se manifeste à toi la réalité des faits ? Cette impression peut se produire même avec de bonnes traductions. Elles altèrent toujours la force de la phrase originelle.
Les descriptions humaines, aussi bien pour les lieux que pour les faits et les sentiments, sont des "traductions" et pour cela toujours incomplètes, inexactes, sinon dans les paroles et les faits, mais dans les sentiments. Surtout maintenant que le rationalisme en a abîmé la vie qui s'y exprimait. Aussi quand je donne à quelqu'un de voir et de savoir, toute autre description paraît froide et laisse insatisfait et dégoûté.
Troisièmement: c'est vendredi. Je veux que tu revives ma souffrance. Je veux cela de toi aujourd'hui, que tu la revives dans ton esprit et ta chair. C'est assez. Souffre avec paix et amour. Je te bénis."
*
Les Rois Mages
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Merci beaucoup Maud
Luca- Gloire à toi Seigneur Jésus-Christ
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La fuite en Égypte
Vision du vendredi 9 juin 1944
Je vois en esprit la scène suivante :
C'est la nuit. Joseph dort sur sa couchette dans sa chambre minuscule. Un sommeil tranquille de qui se repose de beaucoup de travail accompli honnêtement et soigneusement.
Je le vois dans l'obscurité de la pièce, à peine amoindrie par un filet de lumière lunaire qui entre par la fente de la fenêtre à peine entrebâillée mais pas fermée complètement, comme si Joseph avait chaud dans ce petit local, ou comme s'il voulait avoir ce petit filet de lumière pour pouvoir se régler sur l'aube et se lever promptement. Il repose sur un côté, et dans son sommeil sourit à je ne sais quelle vision, qu'il a, à un songe. Mais le sourire se change en effroi. Il soupire profondément comme s'il avait un cauchemar et s'éveille en sursaut
Il s'assied sur le lit, se frotte les yeux et regarde autour de lui. Il regarde vers la petite fenêtre d'où vient le filet de lumière, La nuit est profonde, mais il saisit le vêtement étendu au pied du lit, et toujours assis sur le lit l'enfile sur la tunique blanche aux manches courtes qu'il a sur la peau. Il écarte les couvertures, met les pieds à terre et cherche ses sandales. Il les enfile et les lace. il se lève et se dirige vers la porte en face de son lit, pas celle qui est sur le côté du lit et qui conduit à la pièce où furent accueillis les Mages. Il frappe doucement, à peine un tic-tic, avec l'extrémité des doigts.
Il doit comprendre qu'on l'invite à entrer, car il ouvre précautionneusement la porte et la referme sans bruit. Avant de se diriger vers la porte, il a allumé une petite lampe à huile à une seule flamme et s'éclaire avec elle.
Il entre, dans une chambre un peu plus grande que la sienne et où se trouve une couchette basse près d'un berceau. Il y a déjà une veilleuse allumée dont la petite flamme qui tremble dans un coin semble une petite étoile lumineuse faible et dorée qui permet de voir sans gêner le sommeil de qui dort.
Mais Marie ne dort pas. Elle est agenouillée près du berceau dans son vêtement clair et elle prie, veillant Jésus qui dort tranquillement. Jésus qui a l'âge où je l'ai vu dans la vision des Mages. Un enfant d'un an environ, beau, rose et blond avec sa jolie petite tête aux cheveux bouclés enfoncée dans l'oreiller et une main fermée sous la gorge.
"Tu ne dors pas ? demande Joseph à voix basse, étonné. Pourquoi ? Jésus n'est pas bien ?"
"Oh, non ! Il est bien. Je prie. Mais je dormirai après. Pourquoi es-tu venu, Joseph ?" Marie parle en restant à genoux comme elle était.
Joseph parle à voix très basse pour ne pas éveiller le Bébé mais avec animation.
"Il faut partir tout de suite d'ici, mais tout de suite. Prépare le coffre et un sac avec tout ce que tu peux y mettre. Je préparerai le reste. J'emporterai le plus de choses possible... À l'aube nous fuyons. Je le ferais encore plus tôt, mais je dois parler à la propriétaire de la maison..."
"Mais pourquoi cette fuite ?"
"Je t'expliquerai après, c'est pour Jésus. Un ange me l'a dit : "Prends l'Enfant et la Mère et fuis en Égypte". Ne perds pas de temps. Je vais préparer tout ce que je puis."
Pas besoin de dire à Marie de ne pas perdre de temps. Dès qu'elle a entendu parler d'un ange, de Jésus et de fuir, elle a compris qu'il y a danger pour sa Créature et a bondi debout plus pâle avec son visage de cire, en portant angoissée une main sur son cœur. Elle a commencé à marcher, rapide et légère, à ranger les vêtements dans le coffre et dans un grand sac qu'elle a étendu sur son lit encore intact, Elle est angoissée mais elle ne perd pas la tête, elle fait les choses avec empressement mais aussi avec ordre. De temps en temps en passant près du berceau, elle regarde le Bébé qui dort, sans savoir.
"As-tu besoin d'aide ?" demande de temps à autre Joseph en passant la tête à la porte entrebâillée.
"Non, merci" répond toujours Marie.
Seulement quand le sac est plein et il doit être lourd, elle appelle Joseph pour qu'il l'aide à le fermer et à l'enlever du lit. Mais Joseph ne veut pas qu'on l'aide et se débrouille seul en prenant le long paquet et en le portant dans sa petite pièce.
"Est-ce que je dois prendre les couvertures de laine ?" demande Marie.
"Prends le plus possible, car le reste nous le perdrons. Mais prends tout ce que tu peux. Ce sera utile parce que... parce que nous devons rester loin longtemps, Marie !..." Joseph est très triste en disant cela.
Et pour Marie on peut penser ce qu'il en est. Elle plie en soupirant ses couvertures et celles de Joseph, qui les lie avec une corde.
"Nous laisserons les courtepointes et les nattes, dit-il en ficelant les couvertures. Même si je prends trois ânes, je ne peux trop les charger. Nous avons à parcourir une longue et pénible route, en partie à travers les montagnes et en partie dans le désert. Couvre bien Jésus.
Les nuits seront tellement froides dans les montagnes et le désert. J'ai pris les cadeaux des Mages qui nous seront utiles là-bas. Tout ce que j'ai, je le dépense pour acheter les deux ânes. Nous ne pouvons pas les renvoyer et je dois payer comptant. Je vais sans attendre l'aube. Je sais où les trouver. Toi, finis de tout préparer" et il sort.
Marie recueille encore quelque objet, puis après avoir observé Jésus, elle sort et revient avec des petits vêtements qui paraissent encore humides, peut-être lavés de la veille. Elle les plie, les enroule dans un linge et les met avec le reste. Plus rien. Elle se tourne et voit dans un coin un petit jouet de Jésus : une petite brebis taillée dans le bois.
Elle la prend en sanglotant et l'embrasse. Le bois porte les traces des petites dents de Jésus et les oreilles de la brebis sont toutes mordillées. Marie caresse cet objet sans valeur, taillé dans un morceau de bois blanc, mais de si grand prix pour elle parce qu'il lui dit l'affection de Joseph pour Jésus et lui parle de son Bébé. Elle le joint aux autres objets sur le coffre fermé.
Maintenant il n'y a vraiment plus rien. Jésus seulement dans son berceau. Marie pense qu'il faudrait bien préparer le Bébé. Elle va au berceau et le remue un peu pour réveiller le Petit. Mais il gémit un instant, se retourne et continue de dormir. Marie caresse doucement les boucles de ses cheveux. Jésus ouvre sa petite bouche pour bailler. Marie se penche et le baise sur la joue. Jésus achève de se réveiller. Il ouvre les yeux. Il voit la Maman et sourit et tend ses mains vers son sein.
"Oui, amour de ta Maman. Oui, le lait. Avant l'heure habituelle... Mais tu es toujours prêt à sucer ta Maman, mon saint petit agneau !"
Jésus rit et joue en agitant ses petits pieds hors des couvertures agitant les bras avec une de ces joies enfantines, si charmantes à voir. Il appuie ses pieds contre l'estomac de sa Maman, se courbe et appuie sa tête blonde sur son sein. Puis il se rejette en arrière et rit en saisissant les cordons qui ferment le vêtement de Marie et en essayant de l'ouvrir. Dans sa chemisette de lin, il apparaît très beau, grassouillet, rose comme une fleur.
Marie se penche et restant ainsi en travers du berceau dont elle se fait une protection, elle pleure et rit à la fois, pendant que le Bébé babille avec ces paroles – qui n'en sont pas - de tous les bébés et où on distingue nettement "Maman". Il la regarde étonné de la voir pleurer. Il étend la main vers les larmes claires qui sillonnent les joues de Marie et la mouille en faisant des caresses. Puis dans cette délicieuse attitude, il s'appuie de nouveau sur le sein maternel, se serre tout contre en le caressant de sa petite main.
Marie baise sa chevelure, le prend, s'assied et l'habille. Voilà : le petit vêtement de laine est enfilé et ses pieds ont chacun des sandales minuscules. Elle lui donne le lait et Jésus suce avidement le bon lait de sa Maman. Quand il lui semble qu'à droite il n'en vient plus qu'un peu, il s'en va chercher à gauche et rit, et ce faisant il regarde par en dessous sa Maman. Puis il s'endort, la tête sur le sein de Marie, sa petite joue rose et ronde contre le sein blanc et arrondi de sa Mère.
Marie se relève, doucement et le dépose sur la courte pointe de son lit. Elle le couvre de son manteau. Elle va au berceau et plie les petites couvertures. Elle se demande si elle doit prendre aussi le petit matelas. Il est si petit ! Elle peut le prendre, Elle le met, avec l'oreiller, près des objets qui sont déjà sur le coffre; Et elle pleure sur le berceau vide, pauvre Maman, persécutée dans sa Créature !
Joseph revient : "Es-tu prête ? Jésus l'est-il aussi ? As-tu pris ses couvertures, sa petite couchette ? Nous ne pouvons emporter le berceau, mais au moins qu'il ait son petit matelas, le pauvre Petit qu'ils cherchent à faire mourir !"
"Joseph !" Elle pousse un cri pendant qu'elle s'accroche au bras de Joseph.
"Oui, Marie, à le faire mourir ! Hérode veut sa mort... parce qu'il en a peur ... pour son pouvoir royal, il a peur de cet Innocent, ce fauve immonde. Que fera-t-il quand il apprendra qu'il est en fuite, je ne sais. Mais nous serons loin alors. Je ne crois pas qu'il se vengera en le cherchant jusqu'en Galilée. Déjà il serait trop difficile de découvrir que nous sommes Galiléens et encore moins de Nazareth, et qui nous sommes, exactement. A moins que Satan ne l'aide pour le remercier d'être pour lui un serviteur dévoué. Mais... si cela arrivait... Dieu nous aidera de son côté. Ne pleure pas Marie. Te voir pleurer m'afflige bien plus que de devoir partir pour l'exil. "
"Pardonne-moi, Joseph ! Ce n'est pas pour moi que je pleure; ni pour le peu de bien que je perds. C'est pour toi... Tu as déjà dû tellement te sacrifier ! Et maintenant tu vas te trouver sans clients, sans maison ! Combien je te coûte, Joseph !"
"Combien ? Non, Marie. Tu ne me coûtes pas. Tu me consoles. Toujours. Ne pense pas à demain. Nous avons les richesses des Mages. Elles nous aideront pour les premiers temps. Puis, je trouverai du travail. Un ouvrier honnête et capable se débrouille, tout de suite. Tu as vu ici. Je n'arrivais pas à trouver du temps pour tout faire."
"Je sais, mais qui te guérira de ta nostalgie ?"
"Et toi, qui te guérira de la nostalgie de la maison qui t'est si chère ?"
"Jésus. En le possédant j'ai encore ce que j'ai eu là-bas."
"Et moi, possédant Jésus, je possède la patrie que j'espérais retrouver il y a quelques mois. Je possède mon Dieu. Tu vois que je n'ai rien perdu de ce qui par-dessus tout m'est cher. Il nous suffit de sauver Jésus et alors tout nous reste. Même si nous ne devions plus voir ce ciel, ces campagnes et celles plus chères de la Galilée, nous aurions tout parce que nous l'avons, Lui. Viens, Marie, l'aube commence à poindre il est temps de saluer notre hôtesse et de charger nos affaires. Tout ira bien."
Marie se lève obéissante. Elle s'enveloppe dans son manteau pendant que Joseph fait un dernier paquet qu'il emporte en sortant.
Marie soulève délicatement le Bébé, l'enveloppe dans un châle et le serre sur son cœur. Elle regarde les murs qui l'ont abritée des mois durant et les effleure de la main. Bienheureuse maison qui as mérité d'être aimée et bénie par Marie ! Elle sort. Elle traverse la petite pièce qui était celle de Joseph, elle entre dans l'autre pièce. La propriétaire , toute en larmes, l'embrasse et la salue. Soulevant un coin du châle, elle baise au front le Bébé qui dort tranquille. Ils descendent le petit escalier extérieur.
Il y a une première clarté de l'aube qui permet tout juste de distinguer les objets. Dans cette pénombre on aperçoit les trois montures. La plus robuste porte les charges. Les autres ont la selle. Joseph s'applique à bien disposer le coffre et les paquets sur le bât du premier âne. Je vois empaquetés et posés sur le haut du sac les outils de charpentier. De nouveau, adieux et larmes, puis Marie monte sur son âne, pendant que la propriétaire tient Jésus à son cou et le baise une dernière fois avant de le rendre à sa Mère, Joseph aussi monte en selle après avoir attaché son âne à celui qui porte les bagages pour être libre de tenir l'ânon de Marie.
La fuite commence pendant que Bethléem, qui rêve encore à la scène fantasmagorique des Mages, dort tranquillement, inconsciente de ce qui l'attend
C'est la fin de la vision.
*
La Fuite en Egypte
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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La Sainte Famille en Égypte
Vision du mardi 25 janvier 1944
La douce vision de la Sainte Famille. C'est en Égypte. Je n'en puis douter car je vois le désert et une pyramide
Je vois une maisonnette toute blanche, qui n'a que le rez-de-chaussée. Une pauvre maison de très pauvres gens. Les murs sont à peine crépis et revêtus d'une seule couche de chaux. La petite maison a deux portes, voisines l'une de l'autre qui donnent accès à deux uniques pièces où, pour l'instant, je n'entre pas. L'habitation est au milieu d'un petit terrain sableux enclos de roseaux enfoncés dans le sol, faible défense contre les voleurs. Cela ne peut servir que contre quelque chien ou chat vagabond. Mais, au fait, qui aurait idée de voler là où il est visible qu'il n'y a pas ombre de richesse ?
Sur l'enceinte des roseaux, rendue ainsi plus épaisse et moins misérable on a fait pousser des plantes grimpantes qui me paraissent être de modestes liserons. Sur un seul côté, un arbuste de jasmin en fleurs et un buisson de roses des plus communes. Le terrain est cultivé patiemment, bien qu'aride et pauvre, pour en faire un petit jardin.
Je vois de très maigres légumes dans quelques petites plates-bandes au milieu, sous un arbre de haute futaie que je ne puis identifier, il projette un peu d'ombre sur le terrain brûlé par le soleil et sur la petite maison. À cet arbre est attachée une petite chèvre blanche et noire qui broute et rumine les feuilles de quelques branches jetées sur le sol.
Et là, sur une natte étendue par terre se trouve Jésus Enfant. Il me paraît avoir deux ans, deux ans et demi au maximum. Il joue avec des morceaux de bois taillés qui semblent des brebis ou des chevaux et avec des rubans de bois blanc moins bouclés que ses cheveux d'or. Avec ses petites mains potelées, il cherche à mettre ces colliers de bois aux cous de ses animaux.
Il est bon et souriant. Très beau. Une petite tête avec des cheveux d'or tous bouclés, épais. Son teint est clair, délicatement rosé, ses yeux vifs, brillants, d'azur foncé. L'expression est naturellement différente, mais je reconnais la couleur des yeux de mon Jésus : deux saphirs sombres très beaux. Il est vêtu d'une longue chemise blanche qui Lui sert de tunique. Les manches arrivent au coude.
Aux pieds, rien pour le moment. Les minuscules sandales sont sur la natte et servent elles aussi de jouet au Bébé. Il y attelle ses animaux qui tirent la sandale par la courroie comme si c'était une petite charrette. Ce sont des sandales très simples : une semelle et deux courroies qui partent l'une de la pointe, l'autre du talon. Celle qui part de la pointe bifurque ensuite à un certain endroit. Une partie passe dans l'ouverture de la courroie qui vient du talon pour aller s'agrafer avec l'autre partie qui forme un anneau au cou du pied.
Un peu à l'écart, elle aussi à l'ombre de l'arbre, c'est la Madone. Elle tisse sur un métier rustique et surveille le Bébé. Je vois ses mains minces et blanches aller et venir en jetant la navette sur la trame et le pied chaussé d'une sandale qui meut la pédale. Elle porte une tunique, couleur violet rosé comme la couleur de la fleur de mauve. Elle a la tête nue et ainsi je peux observer qu'elle a ses cheveux blonds séparés en deux bandeaux sur la tête. Ils sont ensuite simplement tressés et retombent agréablement sur la nuque.
Les manches de son vêtement sont longues et plutôt étroites. Pas d'autre ornement que sa beauté et la très douce expression de son visage. Son teint, la couleur des cheveux et des yeux, la forme du visage tout est comme je la vois d'ordinaire. Ici elle paraît très jeune à peu près dans les vingt ans .
A un moment elle se lève et se penche vers le Bébé; elle Lui remet ses sandales et les lace soigneusement. Puis, elle le caresse et Lui dépose un baiser sur la tête et sur les yeux. Le Bébé balbutie et elle répond, mais je ne comprends pas les paroles. Puis, elle revient à son métier; sur la toile et sur la trame elle étend un linge, prend le tabouret sur lequel elle était assise, et le porte à la maison. Le Bébé la suit du regard, sans l'importuner quand elle le laisse seul.
On voit que le travail est fini et que le soir arrive. En effet, le soleil descend sur les sables dénudés et un véritable incendie envahit tout le ciel derrière la lointaine pyramide.
Marie revient, prend Jésus par la main et le fait se lever de sa natte. Le Bambin obéit sans résistance. Pendant que la Maman ramasse les jouets et la natte, et les rentre à la maison. Lui court, trottinant de ses petites jambes vers la chevrette et lui met les bras au cou. La chevrette bêle et frotte son museau contre les épaules de Jésus.
Marie revient. Maintenant elle a un long voile sur la tête et une amphore dans les mains. Elle prend Jésus par sa menotte et ils se dirigent tous les deux en tournant autour de la maisonnette vers l'autre façade.
Je les suis admirant la grâce du tableau. La Madone qui règle son pas sur celui du Bambin et le Bambin qui trottine à son côté. Je vois les talons rosés qui se lèvent et se posent avec la grâce spéciale de la démarche des enfants, dans le sable du sentier. Je note que sa petite tunique ne descend pas jusqu'aux pieds mais arrive seulement au milieu du mollet. Elle est très proprette, toute simple, retenue à la taille par un cordon, blanc lui aussi.
Je vois que sur le devant de la maison la haie est interrompue par une grille rustique. Marie l'ouvre pour sortir sur la rue. C'est une pauvre rue à l'extrémité d'une cité ou d'un pays quelconque là où ce dernier fait place à la campagne. C'est un chemin de sable avec quelque autre maisonnette comme celle-ci avec un pauvre jardinet.
Je ne vois personne. Marie regarde du côté du centre, pas vers la campagne, comme si elle attendait quelqu'un, puis elle se dirige vers un bassin ou un puits quelconque qui se trouve à quelque dix mètres au dessus et sur lequel des palmiers font un cercle d'ombre. Je vois que le terrain à cet endroit est couvert d'herbes verdoyantes.
Ici je vois arriver en avant par la rue un homme pas trop grand, mais robuste. Je reconnais Joseph qui sourit. Il est plus jeune que quand je l'avais vu dans la vision du Paradis. Il paraît avoir quarante ans au plus. La barbe et les cheveux sont épais et noirs, la peau plutôt bronzée, les yeux foncés. Un visage honnête et agréable, un visage qui inspire confiance. En voyant Jésus et Marie, il hâte le pas. Il a sur l'épaule gauche une espèce de scie et une sorte de rabot, et à la main il tient d'autres outils de son métier, différents de ceux de maintenant mais pas tellement. Il semble revenir de travailler de chez quelqu'un.
Il porte un vêtement de couleur entre noisette et marron pas très long — il arrive un peu au-dessus de la cheville — et les manches arrêtent au coude. A la taille, une ceinture de cuir, me semble-t-il. Une vraie tenue de travailleur. Aux pieds des sandales avec des courroies qui s'entrecroisent aux chevilles.
Marie sourit. Le Bébé pousse des cris de joie et tend son bras libre. Quand les trois se rencontrent, Joseph se penche pour présenter au Bébé un fruit qui par la forme et la couleur semble une pomme. Puis il tend les bras. Le Bébé laisse sa Mère et se blottit dans les bras de Joseph courbant sa tête dans le creux de l'épaule de Joseph qui Lui donne et en reçoit des baisers. Un mouvement tout plein de gracieuse affection.
J'oubliais de dire que Marie s'était empressée de prendre les outils de Joseph pour le laisser libre d'embrasser le Bébé.
Puis Joseph qui s'était accroupi pour se mettre au niveau de Jésus, se relève, reprend de la main gauche ses outils et avec le bras droit tient serré sur sa poitrine robuste, le petit Jésus. Il se dirige vers la maison pendant que Marie va à la fontaine remplir son amphore.
Entré dans l'enceinte de la maison, Joseph met par terre le Bébé, prend le métier de Marie et le rentre, puis trait la chèvre. Jésus observe attentivement ces opérations et regarde Joseph qui enferme la chèvre dans un petit réduit construit sur un côté de la maison.
Le soir tombe. J'observe le rouge du crépuscule qui prend une teinte violacée au-dessus des sables où par la chaleur l'air semble en vibration. La pyramide paraît plus sombre.
Joseph entre dans la maison dans une pièce qui doit être à la fois atelier, cuisine, salle à manger. On croit que l'autre est réservée au repos, mais je n'y entre pas. Au niveau du sol, il y a un foyer allumé et, toujours dans cette pièce, un établi de menuisier, une petite table, des tabourets, des étagères avec, dessus, quelques pièces de vaisselle et deux lampes à huile. Dans un coin le métier de Marie. Il y a beaucoup, beaucoup d'ordre et de propreté. Demeure très pauvre, mais très propre.
Voilà une remarque que je fais : dans toutes les visions relatives à la vie humaine de Jésus, j'ai remarqué que Lui, aussi bien que Marie et Joseph, ainsi que Jean ont toujours des vêtements en bon état et propres, une chevelure soignée, sans recherche, des habits modestes, une coiffure simple mais d'une netteté qui leur donne de la distinction.
Marie revient avec l'amphore et on ferme la porte sur la nuit qui tombe rapidement. La pièce est éclairée par une lampe que Joseph a allumée et qu'il a placée sur son établi où il se penche pour travailler encore à des bricoles pendant que Marie prépare le souper. Le feu aussi éclaire la pièce. Jésus, les mains appuyées sur l'établi et la tête dressée, observe ce que fait Joseph.
Puis ils s'assoient à table après avoir prié. Ils ne font pas naturellement le signe de croix, mais ils prient. C'est Joseph qui prie et Marie qui répond. Mais je ne comprends rien. Ce doit être un psaume. Mais on le dit dans une langue qui m'est totalement inconnue.
Puis on s'assied. Maintenant la lampe est sur la table. Marie a sur son sein Jésus à qui elle fait boire le lait de la chevrette. Elle y trempe des morceaux de pain coupés dans une miche ronde dont la croûte est noire, noire aussi à l'intérieur. Ce doit être un pain de seigle ou d'orge. C'est parce que c'est du pain bis qui a beaucoup de son. Joseph mange en même temps du pain et du fromage, un morceau de fromage avec beaucoup de pain. Puis Marie assoit Jésus sur un petit tabouret en face d'elle.
Elle apporte des légumes cuits - ils me semblent cuits à l'eau et assaisonnés comme nous les faisons nous aussi d'ordinaire - elle en mange, elle aussi après que Joseph s'est servi. Jésus mange tranquillement sa pomme et sourit, découvrant ses petites dents blanches. Le repas se termine avec des olives ou des dattes : je ne comprends pas bien : pour des olives elles sont trop claires, pour des dattes elles sont trop dures. Du vin, rien. Repas de pauvres gens.
Mais elle est si grande la paix que l'on respire dans cette pièce. La vue d'un riche appartement de roi ne pourrait me présenter rien d'aussi charmant. Et quelle harmonieuse entente !
Jésus ce soir ne parle pas. Il ne m'explique pas la scène. Il m'enseigne par la vision qu'il me donne, et c'est tout. Qu'il en soit toujours et pareillement béni
La Sainte Famille en égypte
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Dans cette maison l’ordre est respecté
Catéchèse du mercredi 26 janvier 1944
Jésus dit :
"La leçon pour toi et pour tous les autres est donnée par les choses que tu vois. Leçon d'humilité, de résignation, de parfaite entente, proposée à toutes les familles chrétiennes et particulièrement aux familles chrétiennes de ce moment particulier et douloureux.
Tu as vu une pauvre maison, et ce qui est pénible, une pauvre maison dans un pays étranger.
Nombreux sont les fidèles "passables" qui prétendraient avoir une vie matérielle facile, bien à l'abri de la plus petite peine, une vie prospère et heureuse, uniquement parce qu'ils prient et me reçoivent dans l'Eucharistie, parce qu'ils prient et communient pour "leurs" besoins, non pas pour les besoins pressants des âmes et pour la gloire de Dieu (il est bien rare, en effet, qu'en priant on ne soit pas égoïste).
Joseph et Marie me possédaient Moi, le vrai Dieu, comme leur fils. Et pourtant ils n'eurent même pas la pauvre satisfaction d'être si pauvres, mais dans leur patrie, dans leur pays où ils étaient connus, où au moins il y avait une petite maison "à eux" et le problème du logement n'aurait pas été uni à tous les autres; dans leur pays où il eût été plus facile de se procurer un travail et pouvoir à la vie, puisqu'ils y étaient connus.
C'est à cause de Moi qu'ils sont deux rescapés dans un climat différent, dans un pays différent si triste en comparaison des douces campagnes de la Galilée, et aussi avec une langue, des mœurs différentes au milieu d'une population qui ne les connaît pas, mais qui a cette méfiance habituelle que les populations ont pour les rescapés et les inconnus.
Ils sont privés de ces meubles confortables et chers de "leur" maisonnette, de tant, tant de petites choses humbles et nécessaires mais qui ne le paraissaient pas là-bas, tandis qu'ici, avec ce dénuement qui les entoure, elles semblent pourtant si belles, comme ce superflu qui rend délicieuses les maisons des riches.
Ils ont la nostalgie du pays et de la maison, leur pensée court à ces pauvres choses laissées là-bas, au petit jardin-potager, ou peut-être plus personne ne pourvoit, à la vigne, au figuier et aux autres plantes utiles. Ils sont dans la nécessité de pourvoir à la nourriture de tous les jours, aux vêtements, au feu, à Moi enfant, à qui on ne peut pas donner la nourriture permise à soi-même
Et avec ça, beaucoup de peine dans le cœur. Pour les nostalgies, pour ce qui les attend demain, pour la méfiance du monde qui est rétif surtout dans les premiers temps car on n'accueille pas facilement les offres de travail de deux inconnus.
Pourtant, tu l'as vu, dans cette demeure plane la sérénité, le sourire, la concorde, et d'un commun accord, on tâche de la rendre plus belle, jusqu'au pauvre potager, afin que tout soit pareil à la maison qui a été quittée, et plus confortable encore. Il n'y a qu'une pensée : celle qui pour Moi, saint, la terre hostile me soit rendue moins misérable, à Moi qui viens de Dieu.
C'est un amour de croyants et de parents qui se manifeste avec mille soins; voilà une chevrette qui a coûté tant d'heures de travail en plus, les petits jouets sculptés sur les morceaux de bois restés, et les fruits achetés pour Moi seul, tandis qu'eux se privent même d'une bouchée de nourriture.
Père chéri de la terre, comme tu as été aimé de Dieu, de Dieu le Père du haut des Cieux, de Dieu le Fils, devenu Sauveur sur la terre !
Dans cette maison il n'y a pas de gens nerveux, susceptibles, de physionomies revêches, ni non plus de reproches réciproques, et encore moins envers Dieu qui ne les comble pas de bien-être matériel. Joseph ne reprochera pas à Marie d'être la cause des pertes qu'il a subies et Marie ne reprochera pas à Joseph de ne pas savoir lui procurer un plus grand bien-être.
Ils s'aiment saintement, c'est tout, et leur préoccupation n'est pas leur intérêt personnel, mais celui du conjoint. Le véritable amour ne connaît pas l'égoïsme. Et le véritable amour est toujours chaste, même s'il n'est pas parfait en ce domaine autant que celui de deux époux qui sont vierges. La chasteté, unie à la charité, entraîne derrière elle tout un cortège d'autres vertus et réalise, pour deux personnes qui s'aiment chastement, la perfection conjugale.
L'amour de ma Mère et de Joseph était parfait. Il portait à toute autre vertu et spécialement à la charité envers Dieu, béni à toute heure, même si sa sainte volonté était pénible pour la chair et pour le cœur; l'esprit chez ces deux saints était plus vivant et dominait tout. C'était cet esprit qui leur faisait magnifier le Seigneur en le remerciant de les avoir choisis comme gardiens de son Fils Éternel.
Dans cette maison on priait. On prie trop peu dans les maisons à présent. Au point du jour et du crépuscule, au début du travail, et vous vous asseyez à table sans une pensée pour le Seigneur qui avait permis de voir un nouveau jour, de pouvoir arriver à une nouvelle nuit, qui avait béni vos fatigues et permis qu'elles vous procurent cette nourriture, ce feu, ces vêtements, ce toit, toutes ces choses nécessaires aussi dans votre condition humaine.
Tout est toujours "bon" qui vient du Dieu Bon. Même si ces biens sont pauvres et peu abondants, l'amour leur donne de la saveur et du prix, l'amour qui vous fait voir en l'Éternel Créateur le Père qui vous aime.
Dans cette maison on était frugal. On l'aurait été, même si l'argent n'avait pas manqué. On mangeait pour vivre, on ne mangeait pas pour satisfaire la gourmandise, avec l’insatiabilité des goinfres et les caprices des gourmands qui absorbent les aliments jusqu'à s'en alourdir et gaspillent leur avoir en produits coûteux sans penser à ceux qui n'ont pas leur content ou doivent se priver, sans réfléchir qu'en se modérant ils pourraient épargner à beaucoup les souffrances de la faim.
Dans cette maison on aime le travail. On l'aimerait même si l'argent abondait car, en travaillant l'homme obéit au commandement de Dieu et échappe au vice qui comme un lierre tenace enserre et étouffe les oisifs semblables à des masses inertes. La nourriture est bonne, agréable le repos, satisfait le cœur quand on a bien travaillé et on apprécie un moment de détente entre un travail et un autre. Dans la maison et dans l'esprit de qui aime le travail, le vice aux multiples visages n'y entre pas. Et comme il n'y pousse pas, il s'y développent l'affection, l'estime, le respect réciproques. Dans une atmosphère de pureté grandissent les tendres rejetons qui donneront naissance à de futures familles où fleurira la sainteté.
Dans cette maison règne l'humilité. Quelle leçon d'humilité, pour vous orgueilleux ! Marie aurait eu, humainement parlant, mille et mille raisons de s'enorgueillir et de se faire adorer par son conjoint. Il y en a tant, parmi les femmes qui le font parce qu'elles ont une culture plus étendue, une naissance noble, une fortune supérieure à celle de leur mari. Marie est Épouse et Mère de Dieu et pourtant elle sert son conjoint, elle ne se fait pas servir et elle est toute affectueuse pour lui. Joseph est le chef de maison que Dieu a jugé digne, si digne d'être chef de famille, de recevoir de Dieu la garde du Verbe Incarné et de l'Épouse de l'Éternel Esprit, et pourtant il veille attentivement à alléger pour Marie fatigues et travaux. Il se charge des plus humbles occupations d'une maison pour épargner les fatigues à Marie et puis comme il peut, autant qu'il le peut lui fait plaisir, s'ingénie à rendre l'habitation plus pratique et d'égayer par les fleurs le petit jardin.
Dans cette maison on respecte l'ordre surnaturel, moral, matériel. Dieu est le Chef Suprême et c'est à Lui que l'on rend le culte et l'amour : ordre surnaturel. Joseph est le chef de la famille et on lui donne affection, respect, obéissance: c'est l'ordre moral. La maison est un don de Dieu, comme les vêtements et le mobilier. En toutes ces choses c'est la Providence de Dieu qui se manifeste, de ce Dieu qui donne aux brebis leurs toisons, aux oiseaux leur plumage, aux prés la verdure, le foin aux animaux domestiques, le grain et le feuillage aux volatiles et qui tisse le vêtement des lys de la vallée.
La maison, les vêtements, les meubles on les reçoit avec gratitude en bénissant la main divine qui les fournit, en les traitant avec respect en tant que dons du Seigneur sans les regarder de mauvaise grâce parce qu'ils sont pauvres, sans les abîmer en abusant de la Providence: c'est l'ordre matériel.
Tu n'as pas compris les paroles échangées dans le dialecte de Nazareth, ni les mots de la prière, mais le spectacle des choses a donné une grande leçon. Méditez-la vous qui avez tant à souffrir pour avoir manqué à Dieu en tant de choses et parmi elles aussi en celles où ne manquèrent jamais les saints Époux qui furent ma Mère et mon père.
Et toi, sois heureuse en te rappelant le petit Jésus. Souris en pensant à ses petits pas d'enfant. Sous peu tu le verras cheminer sous sa croix. Et ce sera une vision de larmes."
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Dernière édition par Maud le Mar 23 Oct 2012 - 9:37, édité 1 fois
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Quelle magnifique leçon de vie,de paix, de don de soit et de sacrifice au nom de l'Amour de notre Seigneur.
elle est si belle la vie avec le bon Dieu
Merci Maud
elle est si belle la vie avec le bon Dieu
Merci Maud
flou- Combat l'antechrist
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Première leçon de travail de Jésus
Vision du mardi 21 mars 1944
Je vois apparaître, doux comme un rayon de soleil en un jour de pluie, mon Jésus, petit enfant de cinq ans environ tout blond et charmant dans son simple habit bleu ciel qui descend à moitié de ses mollets grassouillets. Il joue dans le petit jardin avec de la terre. Il en fait des petits tas et y plante des petites branches comme pour faire des bosquets en miniature; avec des cailloux il fait des chemins et puis, il voudrait faire un petit lac au pied de ces minuscules collines.
Pour y arriver, il prend un fond de quelque plat qu'il enterre jusqu'au bord. Puis il le remplit d'eau avec un récipient qu'il plonge dans un bassin servant de lavoir ou pour l'arrosage du petit jardin. Mais il n'arrive qu'à mouiller son vêtement et spécialement les manches. L'eau fuit du plat fêlé et peut-être fissuré et... le lac est à sec.
Joseph apparaît sur le seuil et tout à fait silencieux reste à regarder pendant quelque temps le travail du Bambin et sourit. C'est bien un spectacle égayant et qui fait sourire. Puis pour l'empêcher de se mouiller davantage, il l'appelle. Jésus se retourne souriant et voyant Joseph, court vers lui, les bras tendus. Joseph, avec un coin de son court vêtement de travail, essuie les petites mains salies et mouillées et embrasse Jésus. Et un doux dialogue se noue entre les deux.
Jésus explique son travail et son jeu et les difficultés qu'il rencontre dans l'exécution. Il voulait faire un lac comme celui de Génésareth (ce qui me fait supposer qu'on Lui en avait parlé ou qu'on l'y avait conduit). Il voulait le faire en petit pour s'amuser. Ici était Tibériade, là Magdala, plus loin Capharnaüm. Cette route, en passant par Cana, conduisait à Nazareth. Il voulait lancer des petites barques sur le lac : ces feuilles sont des barques pour aborder l'autre rive, mais l'eau fuit....
Joseph observe et s'intéresse comme si c'était une chose sérieuse. Puis il Lui propose de faire le lendemain un petit lac, non pas avec un plat ébréché, mais avec un petit bassin de bois, bien collé, sur lequel Jésus aurait pu lancer des petites barques de bois que Joseph Lui aurait appris à fabriquer. Justement en ce moment il Lui apportait des petits instruments de travail faits exprès pour Lui afin qu'il pût sans fatigue apprendre à s'en servir.
"Comme ça je t'aiderai" dit Jésus avec un sourire.
"Comme ça tu m'aideras et tu deviendras un brave menuisier. Viens les voir."
Ils entrent dans l'atelier. Joseph Lui montre un petit marteau, une petite scie, des minuscules tournevis, un petit rabot, étalés sur un établi de menuisier en herbe, un établi à la taille du petit Jésus.
"Vois : pour scier, on met le bois en l'appuyant de cette façon. On prend la scie de cette manière en prenant garde de ne pas toucher les doigts, on scie. Essaye..."
La leçon commence. Jésus rougit par l'effort qu'il fait, il serre les lèvres, scie avec attention et puis il rabote la petite planche, et même si un peu tordue elle lui semble jolie. Joseph le félicite et Lui apprend à travailler avec patience et amour.
Marie revient. Elle était sûrement sortie de la maison. Elle s'arrête à l'entrée et regarde. Les deux ne la voient pas, car ils tournent le dos. La Maman sourit en voyant le zèle de Jésus qui manie le rabot et la tendresse avec laquelle Joseph l'instruit.
Mais Jésus devait sentir ce sourire. Il se retourne, voit la Maman et court à elle avec sa planche à moitié rabotée et la lui montre. Marie admire et se penche pour donner un baiser à Jésus. Elle redresse ses cheveux ébouriffés, essuie la sueur de son visage, écoute affectueusement Jésus qui lui promet de lui faire un petit escabeau pour qu'elle soit plus à l'aise quand elle travaille. Joseph, debout près du minuscule établi, les mains aux hanches, regarde et sourit.
J'ai assisté à la première leçon de travail de mon Jésus et toute la paix de cette famille sainte s'est écoulée en moi.
Jésus apprend auprès de Joseph et Marie le métier de charpentier
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Je n’ai pas voulu m’affranchir bruyamment des règles de la croissance
Jésus dit :
"Je t'ai consolée, mon âme, avec une vision de ma petite enfance heureuse dans sa pauvreté, parce que entourée de l'affection de deux saints, les plus grands que le monde ait possédé.
On dit que Joseph fut mon nourricier. Bien sûr, il n'a pas pu, puisqu'il était homme, me donner le lait comme Marie qui m'en a nourri, mais il s'est fatigué au travail pour me procurer le pain et des aliments fortifiants. Il a eu pour Moi la tendresse d'une vraie mère. J'ai appris de lui - et jamais élève n'eut un meilleur maître - tout ce qui d'un bambin fait un homme et un homme qui doit gagner son pain.
Si mon intelligence de Fils de Dieu était parfaite, il faut réfléchir et croire que je n'ai pas voulu m'affranchir bruyamment des règles de la croissance. Rabaissant donc la perfection de mon intelligence divine au niveau de la compréhension humaine, je me suis assujetti à avoir pour maître un homme et à avoir besoin d'un maître. Que si par la suite j'ai appris rapidement, cela ne m'enlève pas le mérite de m'être mis sous la dépendance d'un homme, ni à cet homme juste le mérite d'avoir nourri ma petite intelligence des connaissances nécessaires à la vie.
Les doux moments passés à côté de Joseph qui comme en jouant m'amenait à être capable de travailler, je ne les oublierai pas, même maintenant que je suis au Ciel. Et, quand je revois mon père putatif, et le petit jardinet et l'atelier enfumé, il me semble voir apparaître la Maman avec son sourire qui rendait le logis merveilleux et me comblait de joie.
Combien les familles auraient à apprendre de cette perfection d'époux qui s'aimèrent comme nuls autres ne se sont aimés !
Joseph était le chef. Indiscutée et indiscutable son autorité dans la famille. Devant elle s'inclinait respectueusement celle de l'Épouse et Mère de Dieu et le Fils de Dieu s'y assujettissaient. Tout était bien fait, de ce que Joseph décidait de faire, sans discussions, sans objections, sans résistances. Sa parole était notre petite loi que nous suivions.
Et, malgré cela, en lui quelle humilité ! Jamais un abus de pouvoir, jamais un vouloir déraisonnable venant du fait de son autorité. L'épouse était sa douée conseillère et si dans son humilité profonde elle se considérait comme la servante de son conjoint, lui tirait de la sagesse de Celle qui était pleine de Grâce, la lumière qui le guidait en toutes circonstances.
Et Moi, je grandissais comme une fleur protégée par deux arbres vigoureux, entre deux amours qui s'entrelaçaient au-dessus de Moi, pour me protéger et m'aimer.
Non, tant que ma jeunesse me fit ignorer le monde, je ne regrettais pas le Paradis. Dieu le Père et le Divin Esprit n'étaient pas absents parce que Marie en était remplie, et les anges avaient là leur demeure car rien ne les éloignait de cette maison.
L'un d'eux, pourrais-je dire, s'était incarné et c'était Joseph, âme angélique, libérée du poids de la chair uniquement occupé à servir Dieu et ses intérêts et à l'aimer comme l'aiment les séraphins. Le regard de Joseph ! Tranquille et pur comme la lumière d'une étoile qui ignore les concupiscences de la terre. C'était notre repos, notre force.
Beaucoup s'imaginent que je n'ai pas humainement souffert quand s'éteignit le regard de ce saint qui veillait sur notre maison. Si j'étais Dieu et si je connaissais comme tel le sort heureux de Joseph, et si, pour cette raison, je n'étais pas affligé de son départ, qui après un court séjour aux Limbes lui devait ouvrir le Ciel, comme Homme, j'ai pleuré dans la maison privée de son affectueuse présence.
J'ai pleuré sur l'ami disparu. Et n'aurais-je pas dû pleurer sur ce saint qui m'était si proche, sur le cœur duquel j'avais dormi tout petit et qui pendant tant d'années m'avait entouré de son amour ?
Enfin je fais observer aux parents comment sans le secours d'une formation pédagogique, Joseph sut faire de Moi un brave travailleur.
À peine arrivé à l'âge où je pouvais manier les outils, il ne me laissa pas moisir dans l'oisiveté, il me mit au travail, et de mon amour pour Marie il se fit le premier auxiliaire pour m'encourager au travail. Confectionner des objets utiles pour la Maman, c'est ainsi qu'il inculquait le respect dû à la maman que tout fils devrait avoir. C'était sur ce levier du respect et de l'amour qu'il s'appuyait pour former le futur charpentier.
Où sont aujourd'hui les familles dans lesquelles on fait aimer le travail aux jeunes enfants pour leur apprendre à faire plaisir à leurs parents ? Les enfants, maintenant, sont des despotes dans la maison. Ils grandissent durs, indifférents, grossiers envers leurs parents. Ils les considèrent comme leurs domestiques, leurs esclaves. Ils ne les aiment pas et en sont peu aimés. C'est qu'en faisant de vos fils des violents coléreux, vous vous séparez d'eux avec un absentéisme honteux.
Ils sont les fils de tout le monde. Mais à vous ils ne vous appartiennent pas, ô parents du XX° siècle. Ils sont beaucoup plus les fils de la nourrice, de l'institutrice, ils appartiennent au collège, si vous êtes riches. Aux compagnons, à la rue, à l'école, si vous êtes pauvres.
Ils ne sont plus à vous. Vous, les mères, vous les engendrez et c'est tout. Vous, les pères, vous n'en avez pas davantage de souci. Mais un fils, n'est pas seulement un être de chair. C'est une intelligence, un cœur, un esprit. Croyez-le, donc, personne plus qu'un père et une mère n'a le droit et le devoir de former cette intelligence, ce cœur, cet esprit.
La famille existe et doit exister. Il n'y a pas de théorie ou de progrès qui puisse s'opposer à cette vérité sans provoquer la ruine. D'une famille qui se désagrège, ne peuvent venir dans l'avenir que des hommes et des femmes toujours plus dépravés et qui causeront de plus grandes ruines.
Et je vous dis en vérité, qu'il vaudrait mieux qu'il n'y eût plus de mariages, ni d'enfants sur la terre, plutôt que d'y avoir des familles moins unies tels que sont les tribus de singes, des familles qui ne sont pas des écoles de vertu, de travail, d'amour, de religion, mais un chaos où chacun vit pour soi comme des engrenages mal assemblés qui finissent par se rompre.
Rompez, désagrégez. Les fruits de cette désagrégation de la plus sainte des sociétés, vous les voyez, vous les subissez. Continuez donc, si vous voulez. Mais ne vous lamentez pas si cette terre devient toujours plus un enfer, repaire de monstres qui dévorent familles et nations. Vous le voulez : qu'il en soit ainsi."
Jésus adolescent
*
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Marie, maîtresse de Jésus, de Jude et de Jacques
Vision du dimanche 29 octobre 1944
Jésus dit :
"Viens, petit Jean et vois. Tenue par ma main qui te conduit, reviens en arrière aux années de mon enfance. Et tout ce que tu verras devra être inséré dans l'Évangile de mon enfance où je veux que soit mise aussi la vision du séjour de la Famille en Égypte. Vous mettrez dans cet ordre : la Famille en Égypte, puis la première leçon de travail de Jésus Enfant, ensuite la scène qui va être décrite maintenant, puis la scène de la majorité (promise aujourd'hui 25-11) en dernier lieu la scène de Jésus parmi les docteurs au Temple à sa douzième fête de Pâques. Ce n'est pas sans raison que je te ferai voir la scène d'aujourd'hui.
Elle éclaire au contraire des détails sur mes premières années et les relations avec la parenté. C'est un cadeau pour toi, dans la fête de ma Royauté pour toi qui sens passer en toi-même la paix de la maison de Nazareth quand tu la vois. Écris."
Je vois la pièce où d'ordinaire on prend les repas et où Marie fait des travaux de tissage ou de couture. Cette pièce est voisine de l'atelier de Joseph d'où l'on entend son travail actif et diligent. Ici, au contraire, c'est le silence. Marie coud des bandes d'étoffe de laine. C'est sûrement elle qui les a tissées. Elles ont un demi-mètre environ de large et le double de longueur. Il doit s'agir d'un manteau pour Joseph. De la porte, ouverte sur le jardin, on aperçoit les haies toutes ébouriffées de ces marguerites de couleur azur-violet qu'on appelle communément "Marie" ou "Ciel étoile". Je ne connais pas le terme botanique exact.
Elles sont en fleurs, ce doit donc être l'automne. Pourtant les frondaisons ont encore une jolie couleur verte bien fournie et les abeilles, dont les deux ruches sont adossées à un mur ensoleillé, volent en bourdonnant, dansant, dans la lumière du soleil, d'un figuier à la vigne puis à un grenadier chargé de fruits arrondis. Ces fruits sont éclatés par excès de maturité et font voir des colliers de rubis sucrés alignés à l'intérieur d'un écrin rouge vert à compartiment jaunes.
Sous les arbres Jésus joue avec deux bambins à peu près du même âge. Ils sont frisés mais pas blonds. L'un d'eux est vraiment brun : une tête d'agneau noir qui fait ressortir encore davantage la blancheur de la peau du visage rond où s'ouvrent deux yeux d'un azur violacé, très beaux. L'autre a les cheveux moins frisés, châtain foncé, ses yeux sont châtains.
Son teint est plus brun mais nuancé de rosé aux joues. Jésus, avec sa tête blonde entre les deux chevelures foncées, paraît avoir déjà un nimbe lumineux. Ils jouent ensemble, bien d'accord avec des petites charrettes sur lesquelles se trouvent... des marchandises variées : feuilles, cailloux, rubans et morceaux de bois. Ils jouent aux marchands. Jésus est le client qui fait des achats pour la Maman. Il lui porte tantôt un objet, tantôt un autre. Marie reçoit avec un sourire ses acquisitions.
Mais ensuite le jeu change. Un des deux enfants propose : "Faisons l'Exode à travers l'Égypte. Jésus sera Moïse, moi Aaron et toi... Marie."
"Mais je suis un garçon !"
"Peu importe ! Fais-le quand même. Tu es Marie et tu danses devant le veau d'or qui sera cette ruche."
"Je ne danse pas. Je suis un homme et je ne veux pas être une femme. Je suis un fidèle et je ne veux pas danser devant l'idole."
Jésus intervient : "Ne jouons pas ce passage. Prenons-en un autre : quand Josué fut élu comme successeur de Moïse .Ainsi, plus question de ce vilain péché d'idolâtrie, et Jude sera content d'être un homme et mon successeur. N'est-ce pas que tu es content ?"
"Oui, Jésus, mais alors, Toi tu dois mourir parce que Moïse meurt ensuite .Je ne veux pas que tu meures. Toi qui m'aimes tellement."
"Nous devons tous mourir... Mais, Moi, avant de mourir, je bénirai Israël et bien qu'il n'y ait que vous, en vous bénissant je bénirai tout Israël."
On accepte. Mais voilà qu'une question se pose: est-ce que le peuple d'Israël après avoir si longtemps marché avait encore les chars qu'il possédait à sa sortie d'Égypte ? Les avis sont différents. On recourt à Marie : "Maman, je dis que les Israélites avaient encore les chars, Jacques dit que non, Jude ne sait pas à qui donner raison. Toi le sais-tu ?"
"Oui, mon Fils. Le peuple nomade avait encore ses chars. Quand il s'arrêtait on faisait les réparations. Sur les chars montaient les plus faibles et on transportait sur eux les denrées et toutes les choses nécessaires à un peuple si nombreux. Sauf l'Arche, portée par des hommes, tout le reste était sur les chars."
La question est réglée. Les enfants vont au fond du jardin et de là, en psalmodiant se dirigent vers la maison. Jésus est en tête et chante des psaumes, de sa voix argentine. Derrière Lui viennent Jude et Jacques portant une carriole qui représente le Tabernacle. Mais, étant donné qu'ils doivent faire aussi la partie du peuple, en plus de celle de Josué et d'Aaron, avec leurs ceintures qu'ils ont enlevées, ils se sont attaché aux pieds les chars en miniature et défilent ainsi, sérieux comme de vrais acteurs. Ils parcourent toute la tonnelle, passent devant la porte de la pièce où se trouve Marie, et Jésus dit : "Maman, salue l'Arche qui passe." Marie se lève avec un sourire et se penche vers son Fils qui passe rayonnant, dans un nimbe de soleil.
Puis Jésus gravit l'escarpement qui sert de limite à la maison ou plutôt au jardin. Et là, au-dessus de la grotte, il se tient debout et parle à... Israël. Il dit les ordres et les promesses de Dieu présente Josué comme chef, l'appelle à Lui et Jude monte à son tour sur l'escarpement. Il l'encourage et le bénit Puis il se fait apporter une... tablette (c'est une large feuille de figuier) et il écrit le cantique et le lit, pas tout mais une bonne partie et il semble qu'il le lit sur la feuille. Ensuite, il fait ses adieux à Josué qui l'embrasse en pleurant, et il monte plus haut, exactement au sommet de l'escarpement. Là, il bénit tout Israël c'est à dire les deux garçons prosternés jusqu'à terre, puis il s'allonge sur l'herbe courte, ferme les yeux et... meurt.
Marie était restée souriante, sur le seuil. Quand elle le voit étendu inerte, elle crie : "Jésus, Jésus, lève-toi ! Ne reste pas comme cela ! Ta maman ne veut pas te voir mort !"
Jésus se lève avec un sourire, court à Marie et lui donne un baiser. Jacques et Jude arrivent et eux aussi ont leurs caresses de la part de Marie.
"Comment Jésus peut-il se rappeler ce cantique si long et si difficile, et toutes ces bénédictions ?" demande Jacques.
Marie sourit et répond simplement : "Il a une excellente mémoire et il est très attentif quand je lis."
"Moi, à l'école, je suis attentif, mais je ne tarde pas à m'endormir avec toutes ces lamentations... Je n'apprendrai jamais, alors ?"
"Tu apprendras, tiens-toi tranquille."
On frappe à la porte. Joseph traverse rapidement le jardin et la pièce et il ouvre.
"Paix à vous, Alphée et Marie !"
"À vous aussi, et bénédiction."
C'est le frère de Joseph avec sa femme. Un char rustique auquel est attelé un âne robuste est arrêté dans la rue.
"Avez-vous fait un bon voyage ?"
"Excellent, et les enfants ?"
"Ils sont au jardin avec Marie."
Mais les enfants accourent déjà pour saluer leur maman. Marie arrive aussi, tenant Jésus par la main. Les deux belles-sœurs s'embrassent.
"Ont-ils été gentils ?"
"Tout à fait sages et gentils. Tous les parents vont bien ?"
"Tous vont très bien, et de Cana, ils vous envoient tous ces cadeaux : raisin, pommes, fromages, miel. Et... Joseph ? J'ai trouvé exactement ce que tu voulais pour Jésus. C'est sur le char, dans ce gros panier rond."
La femme d'Alphée se met à rire. Elle se penche sur Jésus qui la regarde en écarquillant les yeux. Elle l'embrasse sur ses deux yeux d'azur et Lui dit : "Sais-tu ce que j'ai pour toi ? Devine."
Jésus réfléchit et ne trouve pas. Je me doute qu'il le fait exprès pour donner à Joseph la joie de Lui faire une surprise. En effet Joseph rentre, portant un panier rond. Il le pose par terre devant Jésus, coupe la corde qui tient en place le couvercle, le lève... et une petite brebis, toute blanche, un vrai flocon d'écume, apparaît, endormie sur une litière de foin très propre.
Jésus a un "Oh !" étonné et ravi. Sur le point de se précipiter sur la petite bête, il se retourne et court vers Joseph encore courbé par terre. Il l'embrasse et le baise en le remerciant.
Les cousins regardent la bestiole avec admiration. Elle s'est éveillée et dressant son petit museau rosé, elle bêle, cherchant sa maman. On la sort du panier et on lui présente une poignée de trèfle. Elle la broute en promenant autour d'elle ses doux yeux.
Jésus se met à dire : "Pour Moi ! Pour Moi ! Père, merci !"
"Elle te plaît beaucoup ?"
"Oh ! tellement ! Blanche, propre... une agnelle... oh !" et il met les bras au cou de la brebis. Il met sa tête blonde sur la tête de la bestiole et reste ainsi, heureux.
"À vous aussi, j'en ai apporté deux" dit Alphée à ses fils. "Mais elles sont noires. Vous n'êtes pas ordonnés comme Jésus et si elles étaient blanches, vous ne sauriez pas les garder aussi propres. Ce sera votre troupeau. Vous les garderez ensemble, et ainsi vous ne resterez plus à flâner sur les routes, vous deux, gamins, et à lancer des pierres."
Les enfants accourent sur le char et regardent les deux autres brebis, plutôt noires que blanches.
Jésus est resté avec la sienne; il la porte au jardin, lui donne à boire et elle le suit comme si elle l'avait toujours connu. Jésus l'appelle. Il lui a donné le nom de "Neige" et elle répond en bêlant joyeusement.
Les hôtes ont pris place à table et Marie leur sert du pain, des olives et du fromage. Elle apporte aussi une amphore avec du cidre ou de l'hydromel, je ne sais pas : je vois que le liquide est clair, tout à fait clair. Ils parlent entre eux, pendant que les enfants jouent avec les trois brebis que Jésus a voulu rassembler pour donner aux autres de l'eau et un nom. "La tienne, Jude, s'appellera "Étoile" car elle a un signe sur le front. Et la tienne "Flamme" parce qu'elle a la couleur de certaines flammes de bruyères mortes."
"Entendu."
Les grandes personnes entrent dans la conversation. C'est Alphée qui parle : "J'espère avoir résolu ainsi l'histoire des querelles entre garçons. C'est toi, Joseph, qui m'en as donné l'idée. Je me suis dit : "Mon frère veut une petite brebis pour Jésus, pour le distraire un peu. J'en prendrai deux, pour ces garçons, pour les faire tenir un peu tranquilles et pour ne pas avoir avec les autres parents des discussions pour des têtes ou des genoux écorchés. Un peu l'école, un peu les brebis, je réussirai à les tenir tranquilles". Mais, cette année, toi aussi, tu devrais envoyer Jésus à l'école. Il a l'âge."
"Je n'enverrai jamais Jésus à l'école" dit Marie en lui coupant la parole. On est étonnée de la voir parler ainsi et parler avant Joseph.
"Pourquoi ? L'Enfant doit étudier pour être capable, le moment venu, de subir l'examen de majorité..."
"L'Enfant sera instruit, mais il n'ira pas à l'école. C'est décidé."
"Tu seras la seule, en Israël à agir ainsi."
‘’ Je serai la seule, mais c'est ainsi que je ferai. N'est-ce pas, Joseph ?"
"C'est vrai. Jésus n'a pas besoin d'aller à l'école. Marie a été élevée au Temple et c'est un vrai docteur pour la connaissance de la Loi. Elle sera sa Maîtresse. C'est ma volonté aussi."
"Vous le gâtez, ce Garçon."
"Tu ne peux pas le dire. C'est le meilleur enfant de Nazareth. L'as-tu jamais entendu pleurer, faire des caprices, refuser obéissance, manquer de respect ?"
"Pour ça, non, mais cela arrivera si on continue de le gâter."
"Ce n'est pas gâter ses enfants que de les garder près de soi. C'est les aimer intelligemment et avec bon cœur. C'est ainsi que nous l'aimons, notre Jésus et puisque Marie est plus instruite que le maître d'école, c'est elle qui sera la Maîtresse de Jésus."
"Et quand il sera homme, ton Jésus sera une femmelette à qui une mouche fera peur."
"Non, il ne le sera pas. Marie est femme forte qui sait donner une éducation virile. Moi aussi, je ne suis pas un faible et je sais donner des exemples virils. Jésus est une créature sans défauts physiques et moraux. Il grandira donc, droit et fort en son corps et en son esprit. Sois tranquille, Alphée. Il ne déshonorera pas la famille. D'ailleurs c'est décidé et ça suffit."
"Marie a décidé et toi..."
"Et si c'était vrai ? N'est-ce pas beau que deux personnes qui s'aiment soient toutes disposées à avoir la même pensée et le même vouloir parce que, mutuellement, l'une embrasse les vues de l'autre et les fait siennes ? Si Marie voulait des choses déraisonnables, je dirais : "Non". Mais les choses qu'elle demande sont pleines de sagesse, je les approuve et je les fais miennes. Nous nous aimons, nous, comme au premier jour... et ce sera ainsi tant que nous vivrons. N'est-ce pas, Marie ?"
"Oui Joseph et, mais que cela n'arrive jamais, si l'un devait mourir sans l'autre, nous nous aimerions encore."
Joseph caresse la tête de Marie comme si elle était encore une enfant, et elle le regarde avec son œil paisible et affectueux.
La belle-sœur intervient : "Vous avez bien raison. Ah ! si je pouvais enseigner ! À l'école nos fils apprennent le bien et le mal. Au foyer, le bien seulement. Mais moi je ne sais pas... Si Marie..."
"Que veux-tu, belle-sœur ? Ne te gêne pas pour le dire. Tu sais que je t'aime et que je suis heureuse quand je puis te faire plaisir."
"Je disais... Jacques et Jude sont un peu plus âgés que Jésus. Ils vont déjà à l'école... mais pour ce qu'ils savent !... Au contraire, Jésus connaît déjà si bien la Loi !... Je voudrais... Voilà, voudrais-tu les prendre eux aussi, quand tu fais la classe à Jésus ? Je pense qu'ils deviendraient meilleurs et plus instruits. Ils sont cousins, au fond, et qu'ils s'aiment comme des frères, c'est bien... Je serais si heureuse !"
"Si Joseph veut bien et aussi ton mari, j'y suis toute disposée. Parler pour un, ou pour trois, c'est pareil. Revoir toute l'Écriture, c'est de la joie. Qu'ils viennent."
Les trois bambins qui étaient entrés tout doucement ont entendu et ils attendent la décision.
"Ils te feront désespérer. Marie" dit Alphée.
"Non! Avec moi ils sont toujours bons. N'est-ce pas que vous serez gentils si je vous fais la classe?"
Les deux accourent près d'elle, l'un à droite, l'autre à gauche. Ils lui mettent les bras autour du cou, la tête sur l'épaule et font les plus belles promesses.
"Laisse-les essayer, Alphée, et laisse-moi aussi essayer. Je crois que tu n'en seras pas mécontent. Ils viendront chaque jour, le soir à la sixième heure. Cela suffira, crois-le. Je sais l'art d'enseigner sans fatiguer. Les enfants, on les captive et on les distrait en même temps. Il faut les comprendre, les aimer et en être aimé. On obtient tout d'eux. Et vous m'aimez, n'est-ce pas ?"
Deux gros baisers lui répondent.
"Tu le vois ?"
"Je vois. Je n'ai plus qu'à te dire : "Merci". Et Jésus, que dira-t-il en voyant sa Mère occupée avec les autres ? Que dis-tu, Jésus ?"
"Je dis : "Bienheureux ceux qui se tiennent près d'Elle , et l'écoutent et qui établissent leur demeure près de la sienne". Comme pour la Sagesse, bienheureux qui est ami de ma Mère et je suis heureux que ceux que j'aime soient ses amis."
"Mais qui met de telles paroles sur les lèvres de l'Enfant ?" demande Alphée étonné.
"Personne, frère. Personne au monde."
C'est la fin de la vision.
Et Jésus dit :
"Et Marie fut ma maîtresse, celle de Jacques et de Jude. Voilà pourquoi nous nous aimâmes comme des frères, en plus de la parenté, unis par le savoir et l'éducation comme trois sarments d'un même tronc. Ma Maman, Docteur comme nul autre en Israël, cette douce Maman à Moi. Siège de la Sagesse et de la vraie Science. Elle nous instruisit pour la vie du monde et pour celle du Ciel. Je dis : "nous instruisit" car je fus son écolier pas autrement que mes cousins. Et le "sceau" fut maintenu sur le secret de Dieu contre la curiosité de Satan, maintenu sous l'apparence d'une vie commune.
T'es-tu réjouie dans cette scène suave ? Maintenant, reste en paix. Jésus est avec toi."
Jésus enfant -dessin
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Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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