La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
2 participants
Page 17 sur 28
Page 17 sur 28 • 1 ... 10 ... 16, 17, 18 ... 22 ... 28
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
73. A cette voix, la très-humble entre les humbles s'anéantit de telle sorte en la présence du Très-Haut, qu'il n'est pas possible à l'entendement humain de le comprendre : et s'étant entièrement soumise au bon plaisir divin, elle répondit avec une agréable timidité: « Voici, Seigneur, cette poussière; voici ce petit vermisseau; voici votre pauvre servante toute prête à exécuter ce qui vous sera le plus agréable. Servez-vous, mon bien-aimé, de cet instrument abject de votre volonté, conduisez-le par votre droite. » Ensuite le Très-Haut commanda à deux séraphins des plus proches de son trône et des plus excellents en dignité , d'assister cette divine fille, et, suivis de plusieurs autres de ces courtisans célestes, ils se mirent sous une forme visible su pied du trône, où la très-sainte Vierge se trouvait bien plus embrasée du divin amour que tous ces esprits séraphiques.
74. C'était un spectacle qui causait une nouvelle admiration et une joie inconcevable à toua les esprits angéliques, de voir une jeune fille dans ce lieu céleste, où aucune autre créature humaine n'avait jamais mis le pied et où elle fut sacrée pour être leur Reine et la plus voisine de Dieu parmi toutes les simples créatures : d'y voir cette femme inconnue et méprisée du monde dans une si haute estime; et d'y voir la nature humaine placée d'avance au milieu d'eux, et déjà nantie des gages d'une élévation supérieure à celle de tous les chœurs célestes. O quelle sainte émulation ne
517
devait pas causer cette rare merveille aux habitants primitifs de la sublime Jérusalem ! O quelles louanges ne chantaient-ils pas à Celui qui en était l'auteur ! O de quels sentiments d'humilité ne renouvelaient-ils pas l'expression en soumettant leurs entendements à la volonté divine! Ils reconnaissaient qu'il était juste et saint que Dieu élevât les humbles, qu'il favorisât l'humilité humaine et qu'il la préférât à l'angélique.
75. Les habitants du ciel étant dans cette juste admiration, la très-sainte Trinité, selon notre basse manière d'exprimer les choses divines, conférait en elle-même combien l'auguste Marie lui était agréable; avec combien de perfection elle avait répondu à tous les bienfaits qu'elle en avait reçus; sur ce qu'elle avait mérité par le secours de ses grâces; sur la proportion qu'il y avait entre la gloire qu'elle rendait à sa divine Majesté et les dons qu'elle en recevait; comme il ne se trouvait en elle ni péché, ni défaut, ni la moindre chose qui pût empêcher sou élévation à la dignité de Mère du Verbe , à laquelle elle était destinée. Les trois personnes divines déterminèrent dans cette conférence d'élever cette créature au suprême degré de grâce et d'amitié de Dieu lui-même, où aucune autre pure créature n'était encore arrivée et n'arriverait jamais. Après cette résolution la très-sainte Trinité se plut en la sainteté suprême de Marie, compte étant conçue dans son entendement divin.
76. Pour répondre à cette sainteté, et au témoignage de la bienveillance avec laquelle le Seigneur lui communiquait les nouvelles influences de sa nature
518
divine, sa Majesté ordonna que la très-sainte Vierge fût ornée visiblement d'une robe et de joyaux mystérieux, qui signifiassent les dons intérieurs des grâces, et les privilèges qu'elle recevait en qualité de Reine de l'univers et de son Épouse. Et quoi qu'elle eût reçu cet ornement et ces prérogatives d'Épouse en d'autres occasions, comme nous l'avons dit, lorsqu'elle fut présentée au Temple; néanmoins dans celle-ci la chose arriva avec de telles circonstances, qu'elles en renouvelaient l'excellence et en rehaussaient le merveilleux, parce que l'auguste Marie entrait dans une disposition plus proche du miracle de l'incarnation.
74. C'était un spectacle qui causait une nouvelle admiration et une joie inconcevable à toua les esprits angéliques, de voir une jeune fille dans ce lieu céleste, où aucune autre créature humaine n'avait jamais mis le pied et où elle fut sacrée pour être leur Reine et la plus voisine de Dieu parmi toutes les simples créatures : d'y voir cette femme inconnue et méprisée du monde dans une si haute estime; et d'y voir la nature humaine placée d'avance au milieu d'eux, et déjà nantie des gages d'une élévation supérieure à celle de tous les chœurs célestes. O quelle sainte émulation ne
517
devait pas causer cette rare merveille aux habitants primitifs de la sublime Jérusalem ! O quelles louanges ne chantaient-ils pas à Celui qui en était l'auteur ! O de quels sentiments d'humilité ne renouvelaient-ils pas l'expression en soumettant leurs entendements à la volonté divine! Ils reconnaissaient qu'il était juste et saint que Dieu élevât les humbles, qu'il favorisât l'humilité humaine et qu'il la préférât à l'angélique.
75. Les habitants du ciel étant dans cette juste admiration, la très-sainte Trinité, selon notre basse manière d'exprimer les choses divines, conférait en elle-même combien l'auguste Marie lui était agréable; avec combien de perfection elle avait répondu à tous les bienfaits qu'elle en avait reçus; sur ce qu'elle avait mérité par le secours de ses grâces; sur la proportion qu'il y avait entre la gloire qu'elle rendait à sa divine Majesté et les dons qu'elle en recevait; comme il ne se trouvait en elle ni péché, ni défaut, ni la moindre chose qui pût empêcher sou élévation à la dignité de Mère du Verbe , à laquelle elle était destinée. Les trois personnes divines déterminèrent dans cette conférence d'élever cette créature au suprême degré de grâce et d'amitié de Dieu lui-même, où aucune autre pure créature n'était encore arrivée et n'arriverait jamais. Après cette résolution la très-sainte Trinité se plut en la sainteté suprême de Marie, compte étant conçue dans son entendement divin.
76. Pour répondre à cette sainteté, et au témoignage de la bienveillance avec laquelle le Seigneur lui communiquait les nouvelles influences de sa nature
518
divine, sa Majesté ordonna que la très-sainte Vierge fût ornée visiblement d'une robe et de joyaux mystérieux, qui signifiassent les dons intérieurs des grâces, et les privilèges qu'elle recevait en qualité de Reine de l'univers et de son Épouse. Et quoi qu'elle eût reçu cet ornement et ces prérogatives d'Épouse en d'autres occasions, comme nous l'avons dit, lorsqu'elle fut présentée au Temple; néanmoins dans celle-ci la chose arriva avec de telles circonstances, qu'elles en renouvelaient l'excellence et en rehaussaient le merveilleux, parce que l'auguste Marie entrait dans une disposition plus proche du miracle de l'incarnation.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
77. Incontinent les deux séraphins revêtirent la très- sainte Vierge, par l'ordre du Seigneur, d'une robe fort majestueuse, qui, comme symbole de sa pureté et de sa grâce, était si lumineuse, d'une blancheur si rare et d'une beauté si éclatante, que si elle avait projeté sur le monde : un seul de ses rayons infinis, elle l'eût illuminé d'une clarté plus vive que toutes les étoiles ensemble, fussent-elles transformées en autant de soleils; parce que toute la lumière que nous voyons ici ne paraîtrait qu'obscurité en comparaison de ce rayon. Au même temps que les séraphins la revêtaient, le Très-Haut lui donna une profonde intelligence de l'obligation dans laquelle ce bienfait la mettait de correspondre à sa divine Majesté par la fidélité, par l'amour, par une sublime et excellente manière d'opérer en toutes choses, à, laquelle elle se sentait tenue; mais le Seigneur lui cachait toujours le dessein qu'il avait de prendre chair humaine
519
dans son sein virginal. Notre auguste Dame découvrait tout le reste, et par cette connaissance elle s'humiliait avec une singulière sagesse, et demandait le secours divin pour répondre fidèlement à une telle faveur.
78. Les mêmes séraphins lui mirent sur cette robe une ceinture fort riche, qui était un symbole de la sainte crainte qui lui était infuse; elle était d'un éclat extraordinaire, comme si elle eût été composée de diverses pierres précieuses. Au même moment la source de lumière dont la divine Princesse recevait les effusions, l'inonda d'un nouveau jour, afin quelle vît d'une manière toute spéciale les raisons pourquoi Dieu doit être craint de toutes les créatures. Avec ce don de crainte du Seigneur, elle fut dûment ceinte comme il seyait à une simple créature, qui devait traiter et converser si familièrement avec le Créateur lui-même, étant sa véritable Mère.
519
dans son sein virginal. Notre auguste Dame découvrait tout le reste, et par cette connaissance elle s'humiliait avec une singulière sagesse, et demandait le secours divin pour répondre fidèlement à une telle faveur.
78. Les mêmes séraphins lui mirent sur cette robe une ceinture fort riche, qui était un symbole de la sainte crainte qui lui était infuse; elle était d'un éclat extraordinaire, comme si elle eût été composée de diverses pierres précieuses. Au même moment la source de lumière dont la divine Princesse recevait les effusions, l'inonda d'un nouveau jour, afin quelle vît d'une manière toute spéciale les raisons pourquoi Dieu doit être craint de toutes les créatures. Avec ce don de crainte du Seigneur, elle fut dûment ceinte comme il seyait à une simple créature, qui devait traiter et converser si familièrement avec le Créateur lui-même, étant sa véritable Mère.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
79. Ensuite elle sentit qu'ils lui ornaient la tète d'une longue et magnifique chevelure réunie par une riche attache; elle était plus brillante que l'or le plus pur. Elle comprit qu'avec cet ornement, il lui était donné d'avoir toute sa vie des pensées relevées, divines et enflammées d'une très-ardente charité , signifiée par ce précieux métal. Elle reçut en même temps de nouveau les habitudes de sagesse et de science très-claire, qui devaient comme tresser et rassembler cette chevelure symbolique avec un art merveilleux, par une participation ineffable des attributs de science et de sagesse de Dieu. Elle obtint aussi
620
avec sa mystérieuse chaussure le privilège que tous ses pas et tous ses mouvements fussent très-beaux (1) , et toujours dirigés vers les fins les plus hautes et les plus saintes de la gloire du Très-Haut. Et ces fins furent atteintes avec une grâce, avec un soin et avec une diligence toute particulière, quand l'occasion se présenta d'opérer le bien, tant envers Dieu qu'envers le prochain , comme il arriva lorsqu'elle visita sainte Élisabeth et saint Jean (2).; de sorte que cette fille du Prince fut trouvée très-belle dans toutes ses démarches (3).
80. Ses mains furent ornées par des bracelets ayant reçu une nouvelle magnanimité pour pratiquer de grandes couvres par une participation de l'attribut de la magnificence; ainsi elle les étendit toujours sur des choses fortes (4). Elle eut les doigts enrichis dé bagues, afin que par les nouveaux dons du Saint-Esprit, elle exerçât les plus petites choses d'une manière. sublime, et avec une intention et des circonstances très-relevées qui devaient rendre toutes ses couvres magnifiques et admirables. Elle reçut aussi un collier rempli de pierres d'un éclat merveilleux et d'un prix inestimable; à ce collier était suspendu un chiffre mystérieux composé de trois pierres bien plus précieuses et excellentes que celles qui représentaient les trois vertus de foi, d'espérance et de charité; ce chiffre avait quelque rapport avec les trois
(1) Cant., VII, 1. — (2) Luc., I, 39. — (3) Cant., VII, 1. — (4) Prov., XXXI, 19.
521
personnes divines. Ces très-nobles vertus lui furent renouvelées dans cette occasion, pour l'usage qu'elle avait besoin d'en faire dans les mystères de l'incarnation et de la rédemption.
620
avec sa mystérieuse chaussure le privilège que tous ses pas et tous ses mouvements fussent très-beaux (1) , et toujours dirigés vers les fins les plus hautes et les plus saintes de la gloire du Très-Haut. Et ces fins furent atteintes avec une grâce, avec un soin et avec une diligence toute particulière, quand l'occasion se présenta d'opérer le bien, tant envers Dieu qu'envers le prochain , comme il arriva lorsqu'elle visita sainte Élisabeth et saint Jean (2).; de sorte que cette fille du Prince fut trouvée très-belle dans toutes ses démarches (3).
80. Ses mains furent ornées par des bracelets ayant reçu une nouvelle magnanimité pour pratiquer de grandes couvres par une participation de l'attribut de la magnificence; ainsi elle les étendit toujours sur des choses fortes (4). Elle eut les doigts enrichis dé bagues, afin que par les nouveaux dons du Saint-Esprit, elle exerçât les plus petites choses d'une manière. sublime, et avec une intention et des circonstances très-relevées qui devaient rendre toutes ses couvres magnifiques et admirables. Elle reçut aussi un collier rempli de pierres d'un éclat merveilleux et d'un prix inestimable; à ce collier était suspendu un chiffre mystérieux composé de trois pierres bien plus précieuses et excellentes que celles qui représentaient les trois vertus de foi, d'espérance et de charité; ce chiffre avait quelque rapport avec les trois
(1) Cant., VII, 1. — (2) Luc., I, 39. — (3) Cant., VII, 1. — (4) Prov., XXXI, 19.
521
personnes divines. Ces très-nobles vertus lui furent renouvelées dans cette occasion, pour l'usage qu'elle avait besoin d'en faire dans les mystères de l'incarnation et de la rédemption.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
81. On lui mit aux oreilles des pendants d'or attachés à .des boucles d'argent (1), préparant son ouïe par cet ornement à l'ambassade du saint archange Gabriel qu'elle devait bientôt entendre; elle reçut en même temps une science particulière, afin qu'elle l'écoutât avec attention, qu'elle lui répondit avec prudence, et que ses paroles fussent très-agréables à la volonté divine, et surtout afin que l'argent de sa pureté, ce métal pur et sonore, retentit aux oreilles du Seigneur, et que ces sacrées et tant désirées paroles : Fiat mihi secundum verbum tuum (2), fussent gravées dans le sein de la Divinité.
82. Sa robe fut ensuite parsemée de plusieurs chiffres, qui lui servaient comme de broderie de diverses couleurs rayonnantes; il y en avait qui disaient : Marie, Mère de Dieu, et d'autres Marie, Vierge et Mère mais le sens énigmatique et sacré que renfermaient ces chiffres mystérieux, ne lui fut pas alors découvert, mais seulement aux anges. Les éclatantes couleurs qui rehaussaient la beauté de sa robe étaient les habitudes excellentes de toutes les vertus qu'elle pratiquait par des actes très-éminents et dans un si haut degré de perfection, que toutes les autres créatures intelligentes n'y ont jamais pu arriver. Et
(1) Cant., I, 10. — (2) Luc., I, 38.
522
afin qu'il ne manquât rien à cette parure, elle eut le visage embelli de plusieurs illuminations qui lui vinrent de la proximité et de la participation de l'Être infini et des perfections de Dieu, car pour le recevoir réellement et véritablement dans son sein virginal, il était convenable qu'elle l'eût reçu auparavant par grâce dans lé plus sublime degré qui était possible à une pure créature.
83. Cette parure rendit notre auguste Princesse si belle et si ravissante, que ses attraits gagnèrent le coeur du souverain Roi (1), et lui donnèrent lieu de se complaire dans sa beauté. Je ne m'étends pas davantage sur les ornements dont elle fut revêtue d'une manière plus sublime et avec des effets plus divins que les autres fois, parce que j'ai parlé ailleurs de ses vertus, et je serai encore forcée de retoucher la même mature dans la suite de cette divine histoire. L'on ne doit pas être surpris de ces redites, parce que le pouvoir de Dieu étant infini, et le champ de la perfection et de la sainteté immense, on trouve toujours beaucoup à ajouter à ce que l'on en a dit, et l'on y découvre toujours de nouvelles merveilles, car l'incomparable Marie étant une mer impénétrable, nous ne faisons que voltiger sur la surface de ses grandeurs sans pouvoir jamais bien les pénétrer; mon entendement est rempli du peu qu'il en a connu, et une de ses peines est de ne pouvoir exprimer les pensées qu'il en a formées. En suite de ce que je viens de
(1) Ps. XLIV, 12.
523
dire, les mêmes anges ramenèrent notre Reine au lieu où ils l'avaient prise.
Instruction que la très-sainte Vierge me donna.
84. Ma fille, les garde-robes du Très-Haut sont fournies comme le doivent être celles d'un Roi-Dieu et d'un Seigneur tout-puissant; c'est pourquoi les miches ornements et les précieux joyaux qu'il y conserve pour embellir ses épouses et ses élues, sont sans nombre et sans mesure. Il pourrait enrichir une infinité d'âmes comme il enrichit la mienne, sans diminuer pour cela ses trésors. Que si sa main libérale n'en distribue à aucune autre créature autant qu'à moi, ce n'est pas qu'il ne le puisse ou qu'il ne le veuille, mais c'est parce qu'aucun ne se dispose à la grâce comme je le fis; et si le Tout-Puissant est très-libéral envers plusieurs et les enrichit beaucoup, c'est parce qu'elles apportent moins d'obstacles à ses faveurs, et s'y préparent mieux que les autres.
85. Je désire, ma très-chère, que vous ne mettiez aucun empêchement à l'amour que le Seigneur vous porte, et je veux que vous vous disposiez à recevoir les. dons et les joyaux qu'il vous destine, afin que vous soyez digne d'avoir part à son amitié. Sachez que toutes les âmes justes reçoivent cet ornement de sa libéralité; mais chacune le reçoit dans le degré d'
524
initié et de grâce dont elle s'est rendue capable. Et si vous souhaitez d'arriver, aux plus hauts degrés de cette perfection, et de vous rendre digne de la présence de votre Seigneur et de votre Époux, lichez de croître et de vous fortifier en amour : mais il faut que vous;sachiez que cet amour croît à mesure que la mortification s'augmente. Vous devez renoncer à tout ce: qui est terrestre et en perdre le souvenir; vous ne devez plus avoir d'inclination pour vous ni pour les choses visibles, et vous ne devez vous avancer que dans le seul amour divin: Purifiez-vous dans le sang de Jésus-Christ votre réparateur, et appliquez-vous-le plusieurs fois en renouvelant l'amoureuse douleur de la contrition de vos péchés. Par ce moyen vous lui serez agréable; il désirera votre beauté (1), et vos progrès seront accompagnés de toute sorte de perfection et de sainteté.
86. Le Seigneur vous ayant si fort favorisée et distinguée dans es bienfaits, il est juste que vous surpassiez plusieurs nations en reconnaissance, et que vous le glorifiiez par de continuelles louanges pour tant de faveurs qu'il a daigné vous faire. Que si le vice de l'ingratitude est si noir et si digne de punition dans les créatures, qui en ont moins reçu, quand leurs passions terrestres et grossières leur font oublier, avec un mépris impardonnable, les bienfaits du Seigneur; la faute que vous commettriez par cette vilenie serait bien plus grande après tant d'obligations que vous lui
(1) Ps. XLIV, 12.
525
devez. Prenez garde de vous tromper sous prétexte de vous humilier : parce qu'il y a une grande différence entre l'humilité reconnaissante et l'ingratitude faussement humiliée : et sachez que le Seigneur fait bien souvent de grandes faveurs aux indignes, pour manifester sa bonté et sa grandeur; et afin qu'aucun ne s'en enorgueillisse après les avoir reçues, il doit connaître sa propre bassesse et son peu de mérite; ce qui lui servira de contre-poids et de préservatif contre le poison de la présomption; mais ce discernement est toujours compatible avec la reconnaissance, parce qu'il lui fait découvrir que tout don parfait vient du Père des lumières (1); que les bienfaits lui appas tiennent, et que la créature ne les a jamais pu mériter par elle-même, mais qu'elle les reçoit de sa seule bonté; ainsi elle lui doit être entièrement soumise, et dévouée par une très-grande reconnaissance.
(1) Jacob., I, 17.
526
82. Sa robe fut ensuite parsemée de plusieurs chiffres, qui lui servaient comme de broderie de diverses couleurs rayonnantes; il y en avait qui disaient : Marie, Mère de Dieu, et d'autres Marie, Vierge et Mère mais le sens énigmatique et sacré que renfermaient ces chiffres mystérieux, ne lui fut pas alors découvert, mais seulement aux anges. Les éclatantes couleurs qui rehaussaient la beauté de sa robe étaient les habitudes excellentes de toutes les vertus qu'elle pratiquait par des actes très-éminents et dans un si haut degré de perfection, que toutes les autres créatures intelligentes n'y ont jamais pu arriver. Et
(1) Cant., I, 10. — (2) Luc., I, 38.
522
afin qu'il ne manquât rien à cette parure, elle eut le visage embelli de plusieurs illuminations qui lui vinrent de la proximité et de la participation de l'Être infini et des perfections de Dieu, car pour le recevoir réellement et véritablement dans son sein virginal, il était convenable qu'elle l'eût reçu auparavant par grâce dans lé plus sublime degré qui était possible à une pure créature.
83. Cette parure rendit notre auguste Princesse si belle et si ravissante, que ses attraits gagnèrent le coeur du souverain Roi (1), et lui donnèrent lieu de se complaire dans sa beauté. Je ne m'étends pas davantage sur les ornements dont elle fut revêtue d'une manière plus sublime et avec des effets plus divins que les autres fois, parce que j'ai parlé ailleurs de ses vertus, et je serai encore forcée de retoucher la même mature dans la suite de cette divine histoire. L'on ne doit pas être surpris de ces redites, parce que le pouvoir de Dieu étant infini, et le champ de la perfection et de la sainteté immense, on trouve toujours beaucoup à ajouter à ce que l'on en a dit, et l'on y découvre toujours de nouvelles merveilles, car l'incomparable Marie étant une mer impénétrable, nous ne faisons que voltiger sur la surface de ses grandeurs sans pouvoir jamais bien les pénétrer; mon entendement est rempli du peu qu'il en a connu, et une de ses peines est de ne pouvoir exprimer les pensées qu'il en a formées. En suite de ce que je viens de
(1) Ps. XLIV, 12.
523
dire, les mêmes anges ramenèrent notre Reine au lieu où ils l'avaient prise.
Instruction que la très-sainte Vierge me donna.
84. Ma fille, les garde-robes du Très-Haut sont fournies comme le doivent être celles d'un Roi-Dieu et d'un Seigneur tout-puissant; c'est pourquoi les miches ornements et les précieux joyaux qu'il y conserve pour embellir ses épouses et ses élues, sont sans nombre et sans mesure. Il pourrait enrichir une infinité d'âmes comme il enrichit la mienne, sans diminuer pour cela ses trésors. Que si sa main libérale n'en distribue à aucune autre créature autant qu'à moi, ce n'est pas qu'il ne le puisse ou qu'il ne le veuille, mais c'est parce qu'aucun ne se dispose à la grâce comme je le fis; et si le Tout-Puissant est très-libéral envers plusieurs et les enrichit beaucoup, c'est parce qu'elles apportent moins d'obstacles à ses faveurs, et s'y préparent mieux que les autres.
85. Je désire, ma très-chère, que vous ne mettiez aucun empêchement à l'amour que le Seigneur vous porte, et je veux que vous vous disposiez à recevoir les. dons et les joyaux qu'il vous destine, afin que vous soyez digne d'avoir part à son amitié. Sachez que toutes les âmes justes reçoivent cet ornement de sa libéralité; mais chacune le reçoit dans le degré d'
524
initié et de grâce dont elle s'est rendue capable. Et si vous souhaitez d'arriver, aux plus hauts degrés de cette perfection, et de vous rendre digne de la présence de votre Seigneur et de votre Époux, lichez de croître et de vous fortifier en amour : mais il faut que vous;sachiez que cet amour croît à mesure que la mortification s'augmente. Vous devez renoncer à tout ce: qui est terrestre et en perdre le souvenir; vous ne devez plus avoir d'inclination pour vous ni pour les choses visibles, et vous ne devez vous avancer que dans le seul amour divin: Purifiez-vous dans le sang de Jésus-Christ votre réparateur, et appliquez-vous-le plusieurs fois en renouvelant l'amoureuse douleur de la contrition de vos péchés. Par ce moyen vous lui serez agréable; il désirera votre beauté (1), et vos progrès seront accompagnés de toute sorte de perfection et de sainteté.
86. Le Seigneur vous ayant si fort favorisée et distinguée dans es bienfaits, il est juste que vous surpassiez plusieurs nations en reconnaissance, et que vous le glorifiiez par de continuelles louanges pour tant de faveurs qu'il a daigné vous faire. Que si le vice de l'ingratitude est si noir et si digne de punition dans les créatures, qui en ont moins reçu, quand leurs passions terrestres et grossières leur font oublier, avec un mépris impardonnable, les bienfaits du Seigneur; la faute que vous commettriez par cette vilenie serait bien plus grande après tant d'obligations que vous lui
(1) Ps. XLIV, 12.
525
devez. Prenez garde de vous tromper sous prétexte de vous humilier : parce qu'il y a une grande différence entre l'humilité reconnaissante et l'ingratitude faussement humiliée : et sachez que le Seigneur fait bien souvent de grandes faveurs aux indignes, pour manifester sa bonté et sa grandeur; et afin qu'aucun ne s'en enorgueillisse après les avoir reçues, il doit connaître sa propre bassesse et son peu de mérite; ce qui lui servira de contre-poids et de préservatif contre le poison de la présomption; mais ce discernement est toujours compatible avec la reconnaissance, parce qu'il lui fait découvrir que tout don parfait vient du Père des lumières (1); que les bienfaits lui appas tiennent, et que la créature ne les a jamais pu mériter par elle-même, mais qu'elle les reçoit de sa seule bonté; ainsi elle lui doit être entièrement soumise, et dévouée par une très-grande reconnaissance.
(1) Jacob., I, 17.
526
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
CHAPITRE VIII. Notre grande Reine demande, en la présence du Seigneur, l'exécution de l'incarnation et de la rédemption du genre humain, et sa divine Majesté lui accorde sa demande.
87. La divine Princesse était toute remplie de grâce et de beauté, et le coeur de Dieu était si touché de ses tendres affections et de ses ardents désirs (1), qu'il commençait à se déterminer de sortir du sein du Père éternel pour entrer dans ses sacrées entrailles, et de venir enfin su monde, qui l'attendait depuis plus de cinq mille ans. Mais comme cette nouvelle merveille devait être exécutée avec une plénitude de sagesse et d'équité, le Seigneur disposa les choses de telle sorte, que la même Reine du ciel fût digne Mère du Verbe incarné, et en même temps médiatrice efficace de sa venue, beaucoup plus qu'Esther ne le fut de la délivrance de son peuple (2). Le coeur de la très-sainte Vierge brûlait du feu que Dieu même y avait allumé, et elle ne cessait de lui demander le salut pour le genre humain; mais la très-humble Dame balançait entre la crainte et l'espérance, sachant que, par le
(1) Cant., IV, 9. —(2) Esth., VII, 8.
527
péché d'Adam, la sentence de mort et de la privation de la présence de Dieu était prononcée contre tous les mortels (1).
88. L'amour et l'humilité se livraient dans le cœur très-pur de Marie un divin combat, durant lequel elle ne cessait d'exhaler d'humbles et amoureux sentiments : « Oh! qui serait assez puissant pour obtenir la guérison de mes frères ! Oh! qui pourrait tirer du Père son Fils unique, et le décider à se faire mortel ! Oh! qui pourrait l'obliger de donner à notre nature ce baiser que l'Époux lui a demandé (2)! Mais nous descendons du transgresseur qui a coma mis le péché: comment pourrions-nous nous concilier la faveur de ce Fils? Comment pourrions-nous attirer Celui que nos premiers parents ont si fort dégoûté? O mon divin amour, que je serais heureuse si je vous voyais entre les bras de votre Mère, revêtu de notre nature (3)! O lumière de la lumière, Dieu véritable engendré par le Dieu véritable, quel bonheur si vous descendiez (4) et si vous abaissiez vos lumières pour éclairer ceux qui sont plongés dans les ténèbres (5), apaisant par ce moyen votre Père irrité! O Père éternel, si votre puis saut bras, qui est votre Fils unique, renversait le superbe Aman (6), notre ennemi le démon! Où se trouvera, Seigneur, la médiatrice qui nous tire de l'autel céleste cette braise de la divinité pour purifier
(1) Gen., III, 19. — (2) Cant., X, 1. — (3) Ib., VIII, 1. — (4) Ps. CXLIII, 5. — (5) Isa., IX, 2. — (6) Esth., XIV, 13.
528
le monde, comme le séraphin dont votre Prophète nous parle (1)? »
87. La divine Princesse était toute remplie de grâce et de beauté, et le coeur de Dieu était si touché de ses tendres affections et de ses ardents désirs (1), qu'il commençait à se déterminer de sortir du sein du Père éternel pour entrer dans ses sacrées entrailles, et de venir enfin su monde, qui l'attendait depuis plus de cinq mille ans. Mais comme cette nouvelle merveille devait être exécutée avec une plénitude de sagesse et d'équité, le Seigneur disposa les choses de telle sorte, que la même Reine du ciel fût digne Mère du Verbe incarné, et en même temps médiatrice efficace de sa venue, beaucoup plus qu'Esther ne le fut de la délivrance de son peuple (2). Le coeur de la très-sainte Vierge brûlait du feu que Dieu même y avait allumé, et elle ne cessait de lui demander le salut pour le genre humain; mais la très-humble Dame balançait entre la crainte et l'espérance, sachant que, par le
(1) Cant., IV, 9. —(2) Esth., VII, 8.
527
péché d'Adam, la sentence de mort et de la privation de la présence de Dieu était prononcée contre tous les mortels (1).
88. L'amour et l'humilité se livraient dans le cœur très-pur de Marie un divin combat, durant lequel elle ne cessait d'exhaler d'humbles et amoureux sentiments : « Oh! qui serait assez puissant pour obtenir la guérison de mes frères ! Oh! qui pourrait tirer du Père son Fils unique, et le décider à se faire mortel ! Oh! qui pourrait l'obliger de donner à notre nature ce baiser que l'Époux lui a demandé (2)! Mais nous descendons du transgresseur qui a coma mis le péché: comment pourrions-nous nous concilier la faveur de ce Fils? Comment pourrions-nous attirer Celui que nos premiers parents ont si fort dégoûté? O mon divin amour, que je serais heureuse si je vous voyais entre les bras de votre Mère, revêtu de notre nature (3)! O lumière de la lumière, Dieu véritable engendré par le Dieu véritable, quel bonheur si vous descendiez (4) et si vous abaissiez vos lumières pour éclairer ceux qui sont plongés dans les ténèbres (5), apaisant par ce moyen votre Père irrité! O Père éternel, si votre puis saut bras, qui est votre Fils unique, renversait le superbe Aman (6), notre ennemi le démon! Où se trouvera, Seigneur, la médiatrice qui nous tire de l'autel céleste cette braise de la divinité pour purifier
(1) Gen., III, 19. — (2) Cant., X, 1. — (3) Ib., VIII, 1. — (4) Ps. CXLIII, 5. — (5) Isa., IX, 2. — (6) Esth., XIV, 13.
528
le monde, comme le séraphin dont votre Prophète nous parle (1)? »
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
89. La très-sainte Vierge réitérait cette prière su huitième jour de la neuvaine; et étant ravie et élevée en Dieu au temps ordinaire de minuit, elle entendit sa divine Majesté lui répondre : « Venez, mon Épouse, ma Colombe et mon Élue; vous n'êtes pas comprise dans la loi commune (2); vous êtes exempte du péché et de ses effets dès l'instant de votre conception : lorsque je vous donnai l'être, je détournai a de vous le sceptre de ma justice, et je mis sur votre cou celui de ma grande clémence (3), afin que la loi générale du péché ne vous atteignit point.« Approchez-vous donc de moi, et ne craignez point dans votre humilité et dans la connaissance de votre nature : j'élève celui qui est humble, et je comble de richesses celui qui est pauvre; je suis dans vos a intérêts, et ma miséricorde libérale vous sera favorable. »
90. Notre Reine ouït intellectuellement ces paroles, ensuite elle sentit qu'elle était transportée corporellement au ciel par le ministère des saints anges, comme la veille, et vit que l'un d'eux avait pris sa place. Elle monta de nouveau à la présence du Très-Haut, si fort enrichie des trésors de sa grâce et de ses dons, si agréable et si belle, que c'était surtout alors que les esprits célestes , ravis d'admiration , se disaient les uns aux autres, en louant le Seigneur : « Quelle est
(1) Isa , VI, 6. — (2) Esth., XV, 13. — (3) Ibid., 15.
629
celle qui s'élève du désert si magnifiquement parée? Quelle est celle qui, appuyée sur bon bien-aimé(1), l’entraîne doucement avec elle jusque dans la terrestre demeure? Quelle est celle qui s'avance comme l'aurore à son lever, belle comme la lune, brillante comme le soleil (2)? Comment s'élève-t-elle si radieuse d'une terre pleine de ténèbres? Comment est-elle si forte et si généreuse dans une nature si fragile? Comment est-elle si puissante, qu'elle veuille vaincre le Tout-Puissant? Et comment, le ciel étant fermé aux enfants d'Adam, l'entrée en est-elle si libre à cette seule fille, qui est de cette même postérité? »
90. Notre Reine ouït intellectuellement ces paroles, ensuite elle sentit qu'elle était transportée corporellement au ciel par le ministère des saints anges, comme la veille, et vit que l'un d'eux avait pris sa place. Elle monta de nouveau à la présence du Très-Haut, si fort enrichie des trésors de sa grâce et de ses dons, si agréable et si belle, que c'était surtout alors que les esprits célestes , ravis d'admiration , se disaient les uns aux autres, en louant le Seigneur : « Quelle est
(1) Isa , VI, 6. — (2) Esth., XV, 13. — (3) Ibid., 15.
629
celle qui s'élève du désert si magnifiquement parée? Quelle est celle qui, appuyée sur bon bien-aimé(1), l’entraîne doucement avec elle jusque dans la terrestre demeure? Quelle est celle qui s'avance comme l'aurore à son lever, belle comme la lune, brillante comme le soleil (2)? Comment s'élève-t-elle si radieuse d'une terre pleine de ténèbres? Comment est-elle si forte et si généreuse dans une nature si fragile? Comment est-elle si puissante, qu'elle veuille vaincre le Tout-Puissant? Et comment, le ciel étant fermé aux enfants d'Adam, l'entrée en est-elle si libre à cette seule fille, qui est de cette même postérité? »
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
91. Le Très-Haut reçut son élue et son unique Épouse Marie en sa présence; et quoique la vision dé notre Reine ne fût qu'abstractive, elle y reçut néanmoins des faveurs inénarrables que le Seigneur avait réservées pour ce huitième jour, et elles opérèrent en elle une transformation si sublime, que Dieu même, qui y présidait, applaudit pour ainsi dire d'admiration à l'ouvrage de sa puissance, et en étant comme épris, il lui dit : Revertere, revertere, Sulamiiis, ut intueamur te (3). « Tournez-vous, ma chère Épouse, ma très-parfaite Colombe et ma bien-aimée, agréable à mes yeux; tournez-vous vers nous, afin que nous nous voyions et que nous prenions nos complaisances en votre beauté; je ne me repens point d'avoir créé l'homme, a au contraire je me plais en sa formation, puisque vous en êtes sortie; que mes esprits célestes voient
(1) Cant., VIII, 5. — (2) Cant., vt, 9. — (3) Ibid., 12
630
avec combien de raison j'ai voulu, et je veux vous choisir pour mon Épouse et pour Reine de toutes mes créatures ; qu'ils sachent que c'est avec justice que je me plais dans vous, en qui mon Fils unique trouvera le plus de gloire, après celle qu'il puise dans mon sein. Qu'ils connaissent que si j'ai justement répudié Ève, la première Reine de la terre, à cause de sa désobéissance , je vous élève et vous mets en la suprême dignité , faisant éclater ma magnificence et mon pouvoir envers vous à cause de votre très-pure humilité et de votre mépris de vous-même. »
(1) Cant., VIII, 5. — (2) Cant., vt, 9. — (3) Ibid., 12
630
avec combien de raison j'ai voulu, et je veux vous choisir pour mon Épouse et pour Reine de toutes mes créatures ; qu'ils sachent que c'est avec justice que je me plais dans vous, en qui mon Fils unique trouvera le plus de gloire, après celle qu'il puise dans mon sein. Qu'ils connaissent que si j'ai justement répudié Ève, la première Reine de la terre, à cause de sa désobéissance , je vous élève et vous mets en la suprême dignité , faisant éclater ma magnificence et mon pouvoir envers vous à cause de votre très-pure humilité et de votre mépris de vous-même. »
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
92. Les anges éprouvèrent ce jour-ci plus de joie accidentelle qu'ils n'en avaient encore éprouvé en aucun autre jour depuis leur création. Et lorsque la très-sainte Trinité proclama son Épouse Reine des créatures et Mère du Verbe , tous les esprits célestes la reconnurent avec enthousiasme pour leur Supérieure et célébrèrent sa gloire par des hymnes harmonieux , où ils louaient Celui qui l'avait ainsi exaltée. L'auguste Marie était si absorbée par tant d'admirables mystères dans l'abîme de la Divinité et dans la lumière de ses infinies perfections, que par une particulière disposition du Seigneur, elle ne s'aperçut pas de tout ce qui lui arriva, de sorte que son élection à la maternité divine lui fut encore cachée jusqu'au temps déterminé. Le Seigneur ne fit jamais tant de faveurs à aucune autre créature (1), et il ne manifesta
(1) Ps. CXLVII, 50.
531
la grandeur de son pouvoir envers aucune, comme il fit envers la très-pure Marie dans ce huitième jour.
93. Le Très-Haut, qui voulait faire éclater davantage sa magnificence, lui dit avec une bonté incomparable : « Ma chère Épouse et mon Élue, puisque vous vous êtes rendue si agréable à mes yeux, demandez-moi sans crainte ce que vous souhaitez; je vous assure, comme Dieu très-fidèle et comme Roi tout-puissant, que je ne rejetterai pas vos demandes
et que je satisferai vos désirs. » Notre grande Princesse s'humilia profondément; et, rassurée par la promesse royale du Seigneur, elle lui répondit : « Mon Dieu, si j'ai trouvé grâce devant vos Yeux, je parlerai en votre divine présence, et je vous dirai tout ce que j'ai dans le coeur, quoique je ne sois que poudre et que cendre (1). » Sa divine Majesté lui donna de nouvelles assurances, et lui enjoignit de demander tout ce qu'elle voudrait en présence de tous les courtisans du ciel , quand même ce serait une partie de son royaume (2). « Je ne demande pas pour moi, mon divin Seigneur (répondit la très-sainte Vierge), une partie de votre royaume; mais je le demande tout entier pour tous les hommes, qui sont mes frères. Je vous demande, mon très-puissant Roi , de nous envoyer par votre miséricorde, infinie votre Fils unique, notre Rédempteur, afin, que satisfaisant pour tous les péchés au monde,
(1) Gen., XVIII, 3 et 27; Ps. LXI, 9. — (2) Esth., V, 3.
532
votre peuple obtienne la liberté qu'il désire (1), que votre justice étant satisfaite, la paix soit annoncée aux hommes qui sont sur la terre , et que les portes du ciel qu'ils tenaient fermées par leurs péchés leur a soient ouvertes. Ne tardez pas, Seigneur, de nous a faire voir notre Sauveur (2); faites que la paix et la justice se donnent le doux embrassement et le à baiser pacifique que David demandait (3); donnez nous un maître, un guide, un restaurateur et un a chef (4), qui demeure et qui converse avec nous (5). Faites, mon Dieu, que le jour de vos promesses a arrive, accomplissez vos paroles et envoyez-nous notre Messie, qui est désiré depuis tant de siècles. Voilà, Seigneur, ce qui cause tous mes soupirs, ce qui augmente l'ardeur de mes prières et la confiance que j'ai en votre clémence infinie. »
(1) Ps. CXLVII, 50.
531
la grandeur de son pouvoir envers aucune, comme il fit envers la très-pure Marie dans ce huitième jour.
93. Le Très-Haut, qui voulait faire éclater davantage sa magnificence, lui dit avec une bonté incomparable : « Ma chère Épouse et mon Élue, puisque vous vous êtes rendue si agréable à mes yeux, demandez-moi sans crainte ce que vous souhaitez; je vous assure, comme Dieu très-fidèle et comme Roi tout-puissant, que je ne rejetterai pas vos demandes
et que je satisferai vos désirs. » Notre grande Princesse s'humilia profondément; et, rassurée par la promesse royale du Seigneur, elle lui répondit : « Mon Dieu, si j'ai trouvé grâce devant vos Yeux, je parlerai en votre divine présence, et je vous dirai tout ce que j'ai dans le coeur, quoique je ne sois que poudre et que cendre (1). » Sa divine Majesté lui donna de nouvelles assurances, et lui enjoignit de demander tout ce qu'elle voudrait en présence de tous les courtisans du ciel , quand même ce serait une partie de son royaume (2). « Je ne demande pas pour moi, mon divin Seigneur (répondit la très-sainte Vierge), une partie de votre royaume; mais je le demande tout entier pour tous les hommes, qui sont mes frères. Je vous demande, mon très-puissant Roi , de nous envoyer par votre miséricorde, infinie votre Fils unique, notre Rédempteur, afin, que satisfaisant pour tous les péchés au monde,
(1) Gen., XVIII, 3 et 27; Ps. LXI, 9. — (2) Esth., V, 3.
532
votre peuple obtienne la liberté qu'il désire (1), que votre justice étant satisfaite, la paix soit annoncée aux hommes qui sont sur la terre , et que les portes du ciel qu'ils tenaient fermées par leurs péchés leur a soient ouvertes. Ne tardez pas, Seigneur, de nous a faire voir notre Sauveur (2); faites que la paix et la justice se donnent le doux embrassement et le à baiser pacifique que David demandait (3); donnez nous un maître, un guide, un restaurateur et un a chef (4), qui demeure et qui converse avec nous (5). Faites, mon Dieu, que le jour de vos promesses a arrive, accomplissez vos paroles et envoyez-nous notre Messie, qui est désiré depuis tant de siècles. Voilà, Seigneur, ce qui cause tous mes soupirs, ce qui augmente l'ardeur de mes prières et la confiance que j'ai en votre clémence infinie. »
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
94. Le Très-Haut, qui pour se laisser gagner, inspirait et excitait les demandes de sa chère Épouse, les exauça avec des marques d'une bonté singulière, et il lui répondit avec une douceur inexprimable : « Vos prières sont agréables à ma volonté, et j'ai reçu avec complaisances vos demandes : qu'il soit fait comme vous le demandez; je veux, ma Fille et mon Épouse, ce que vous désirez; et en foi de cette vérité je vous donne ma parole et vous promets que dans fort peu de temps mon Fils unique descendra sur la terre, et se revêtira de la nature humaine,
(1) Ezech., XXXIV, 28. — (2) Isa., LII, 10. — (3) Ps. LXXXIV, 11. — (4) Isa., XXX, 20; LV, 4. — (6) Baruc., III, 3 38.
538
s'unissant avec cette même nature : ainsi vos pieux désirs seront accomplis. »
95. Notre grande Princesse sentit intérieurement, à ce témoignage de la divine parole, une nouvelle lumière et une pleine assurance qui la persuadaient que la longue nuit du péché et, des lois anciennes allait finir, et que le nouveau jour, de la rédemption du genre humain s'approchait. Et comme elle était si proche du Soleil de justice qui s'avançait pour prendre notre chair dans son sein virginal, elle, paraissait comme une très-belle aurore, resplendissante des rayons de la Divinité qui la transformait toute en elle-même, et pleine de sentiments d'amour et de reconnaissance pour le bienfait de la rédemption prochaine, elle donnait de continuelles louanges au Seigneur en son nom et en celui de tous les mortels. Elle employa tout le reste de ce jour en cette sainte occupation, après que les mêmes anges l'eurent replacée sur la terre. Je me plains toujours avec raison de mon ignorance et de ma faiblesse, qui me mettent dans l'impossibilité de bien expliquer ces mystères si relevés; mais si les esprits les plus éminents ne le pourront jamais faire entièrement, comment y pourrais-je réussir, moi qui ne suis qu'une pauvre femme? Que la lumière de la piété chrétienne supplée donc à mon ignorance, et que mon obéissance excuse, ma témérité.
534
(1) Ezech., XXXIV, 28. — (2) Isa., LII, 10. — (3) Ps. LXXXIV, 11. — (4) Isa., XXX, 20; LV, 4. — (6) Baruc., III, 3 38.
538
s'unissant avec cette même nature : ainsi vos pieux désirs seront accomplis. »
95. Notre grande Princesse sentit intérieurement, à ce témoignage de la divine parole, une nouvelle lumière et une pleine assurance qui la persuadaient que la longue nuit du péché et, des lois anciennes allait finir, et que le nouveau jour, de la rédemption du genre humain s'approchait. Et comme elle était si proche du Soleil de justice qui s'avançait pour prendre notre chair dans son sein virginal, elle, paraissait comme une très-belle aurore, resplendissante des rayons de la Divinité qui la transformait toute en elle-même, et pleine de sentiments d'amour et de reconnaissance pour le bienfait de la rédemption prochaine, elle donnait de continuelles louanges au Seigneur en son nom et en celui de tous les mortels. Elle employa tout le reste de ce jour en cette sainte occupation, après que les mêmes anges l'eurent replacée sur la terre. Je me plains toujours avec raison de mon ignorance et de ma faiblesse, qui me mettent dans l'impossibilité de bien expliquer ces mystères si relevés; mais si les esprits les plus éminents ne le pourront jamais faire entièrement, comment y pourrais-je réussir, moi qui ne suis qu'une pauvre femme? Que la lumière de la piété chrétienne supplée donc à mon ignorance, et que mon obéissance excuse, ma témérité.
534
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
Instruction de la Reine du ciel.
96. Ma très-chère fille; les ouvres admirables que le pouvoir divin opéra en moi dans ces mystères de l’incarnation du verbe, sont si fort au-dessus de la sagesse mondaine, que la chair, ni le sang, ni même les anges, ni les plus hauts séraphins ne les peuvent pénétrer, si Dieu ne leur en donne une intelligence particulière, n'étant pas capables d'eux-mêmes de connaître des mystères si profonds et si au-delà de la grâce des autres créatures. Louez-en, ma chère amie, le Seigneur, avec un ardent amour et avec une reconnaissance continuelle, et commencez maintenant de considérer avec beaucoup d'attention la grandeur de son divin amour et les grandes choses qu'il fait pour ses amis, dans le désir de les relever de leur bassesse et de les enrichir de divers dons. Si vous pénétrez bien cette vérité, elle vous rendra reconnaissante et vous portera à, faire toujours ce qui sera le plus grand et le plus parfait, comme une fille et une épouse très-fidèle.
97. Je veux bien vous avertir; afin de vous animer davantage, que le Seigneur dit plusieurs fois ces paroles à ses élues : Revertere, revertere, ut intueamur te (1), parce qu'il se plaît si fort en tout ce qu'elles font, qu'il n'est point de père parmi les mortels qui
(1) Cant., VI, 12.
535
reçoive tant de plaisir d'être avec son fils unique, et de. le voir accompli de tous points, ni d'artisan de trouver l'ouvrage de ses mains dans sa dernière perfection, ni de roi de se voir dans une ville forte et opulente qu'il viendrait de conquérir, -ni d'ami de jouir de la présence de son estime. Que le Très-Haut reçoit de satisfaction d'être avec ces âmes qu'il a choisies pour ces délices ! car à mesure qu'elles s'avancent dans la perfection, les faveurs et les complaisances du Seigneur croissent aussi. Que si les mortels qui ont la lumière de la foi pénétraient cette vérité, ils ne s'abstiendraient pas seulement de pécher pour cette seule complaisance du Très-Haut, mais ils feraient de grandes oeuvres et ils sacrifieraient même leur vie pour le service et pour l'amour de Celui qui est si libéral à récompenser, à caresser et à favoriser ceux qui lui sont fidèles.
98. Lorsque le Seigneur me dit ces paroles : Revertere, revertere (1), afin que je le regardasse, et que les esprits célestes me vissent, je connus qu'il me les disait avec tant de complaisance, que cette seule complaisance surpasse tout ce que sa divine Majesté a trouvé et trouvera de plus agréable dans toutes les âmes qui sont au plus haut degré de sainteté; je reçus dans cette occasion plus de témoignages de son infinie bonté que tous les apôtres, les martyrs, les confesseurs, les vierges, et que tous les autres saints ensemble. Et mon âme fut comblée d'une effusion si
(1) Cant., VI, 12.
536
abondante de grâces et tellement enrichie des communications de la Divinité, que vous ne le pouvez ni connaître ni expliquer parfaitement dans votre chair mortelle. Mais je vous déclare ce mystérieux secret afin que vous en bénissiez Celui qui en est l'auteur, et que vous tâchiez, sous ma protection, d'étendre votre bras sur des choses fortes (1) pendant tout le temps que votre bannissement de la patrie durera, et de vous rendre aussi agréable au Seigneur qu'il le désire, en faisant toujours votre possible pour vous attirer ses complaisances, en profitant de ses bienfaits et en les demandant pour vous et pour votre prochain avec une parfaite charité.
96. Ma très-chère fille; les ouvres admirables que le pouvoir divin opéra en moi dans ces mystères de l’incarnation du verbe, sont si fort au-dessus de la sagesse mondaine, que la chair, ni le sang, ni même les anges, ni les plus hauts séraphins ne les peuvent pénétrer, si Dieu ne leur en donne une intelligence particulière, n'étant pas capables d'eux-mêmes de connaître des mystères si profonds et si au-delà de la grâce des autres créatures. Louez-en, ma chère amie, le Seigneur, avec un ardent amour et avec une reconnaissance continuelle, et commencez maintenant de considérer avec beaucoup d'attention la grandeur de son divin amour et les grandes choses qu'il fait pour ses amis, dans le désir de les relever de leur bassesse et de les enrichir de divers dons. Si vous pénétrez bien cette vérité, elle vous rendra reconnaissante et vous portera à, faire toujours ce qui sera le plus grand et le plus parfait, comme une fille et une épouse très-fidèle.
97. Je veux bien vous avertir; afin de vous animer davantage, que le Seigneur dit plusieurs fois ces paroles à ses élues : Revertere, revertere, ut intueamur te (1), parce qu'il se plaît si fort en tout ce qu'elles font, qu'il n'est point de père parmi les mortels qui
(1) Cant., VI, 12.
535
reçoive tant de plaisir d'être avec son fils unique, et de. le voir accompli de tous points, ni d'artisan de trouver l'ouvrage de ses mains dans sa dernière perfection, ni de roi de se voir dans une ville forte et opulente qu'il viendrait de conquérir, -ni d'ami de jouir de la présence de son estime. Que le Très-Haut reçoit de satisfaction d'être avec ces âmes qu'il a choisies pour ces délices ! car à mesure qu'elles s'avancent dans la perfection, les faveurs et les complaisances du Seigneur croissent aussi. Que si les mortels qui ont la lumière de la foi pénétraient cette vérité, ils ne s'abstiendraient pas seulement de pécher pour cette seule complaisance du Très-Haut, mais ils feraient de grandes oeuvres et ils sacrifieraient même leur vie pour le service et pour l'amour de Celui qui est si libéral à récompenser, à caresser et à favoriser ceux qui lui sont fidèles.
98. Lorsque le Seigneur me dit ces paroles : Revertere, revertere (1), afin que je le regardasse, et que les esprits célestes me vissent, je connus qu'il me les disait avec tant de complaisance, que cette seule complaisance surpasse tout ce que sa divine Majesté a trouvé et trouvera de plus agréable dans toutes les âmes qui sont au plus haut degré de sainteté; je reçus dans cette occasion plus de témoignages de son infinie bonté que tous les apôtres, les martyrs, les confesseurs, les vierges, et que tous les autres saints ensemble. Et mon âme fut comblée d'une effusion si
(1) Cant., VI, 12.
536
abondante de grâces et tellement enrichie des communications de la Divinité, que vous ne le pouvez ni connaître ni expliquer parfaitement dans votre chair mortelle. Mais je vous déclare ce mystérieux secret afin que vous en bénissiez Celui qui en est l'auteur, et que vous tâchiez, sous ma protection, d'étendre votre bras sur des choses fortes (1) pendant tout le temps que votre bannissement de la patrie durera, et de vous rendre aussi agréable au Seigneur qu'il le désire, en faisant toujours votre possible pour vous attirer ses complaisances, en profitant de ses bienfaits et en les demandant pour vous et pour votre prochain avec une parfaite charité.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
CHAPITRE IX. Le Très-Haut fait de nouvelles faveurs à la très-sainte Vierge. — Il la met de nouveau en possession de l'empire de toutes les créatures, et ce fut la dernière disposition qu'elle reçut pour l'incarnation du Verbe.
99. Au dernier jour de la neuvaine, pendant laquelle le Très Haut préparait et embellissait de plus en plus-le tabernacle qu'il allait bientôt sanctifier par
(1) Prov., XXXI, 19.
537
sa venue (1), sa divine Majesté détermina d'y renouveler ses merveilles et de lui donner de nouvelles marques qui le devaient distinguer en redoublant toutes les faveurs qu'elle avait faites jusqu'à ce jour à notre auguste Princesse. Mais le Tout-Puissant opérait de telle sorte en elle, que. lorsqu'il tirait de ses trésors infinis des choses anciennes, il y en ajoutait toujours plusieurs nouvelles (2); et toutes ces merveilles sont renfermées et ce que Dieu devait s'humilier jusqu'à se faire homme, et une femme devait être élevée jusqu'à être sa propre Mère. Il ne pouvait arriver aucun changement en Dieu lorsqu'il descendit si bas que de prendre un corps humain, parce qu'il eut bien le pouvoir d'unir notre nature à sa personne sans rien perdre de son immutabilité; mais pour faire qu'une femme qui avait un corps terrestre donnât sa propre substance afin que Dieu s'y unit et se fit homme, il semblait qu'il fallut nécessairement franchir un espace infini, et que cette femme fût aussi distante des autres créatures qu'elle s'approchait davantage de Dieu.
100. Or, le jour arriva auquel la très-sainte Vierge, dans cette disposition, devait se trouver aussi proche de Dieu que d’être sa propre Mère. Dans cette nuit, à la même heure du plus grand silence, elle ouït la voix du Seigneur qui l'appelait comme dans les précédentes. La très-humble et très-prudente Reine, répondant à cette voix, dit : « Me voici, Seigneur,
(1) Ps. XLV, 5. — (2) Matth., XIII, 52.
538
mon coeur est préparé; faites de moi tout ce qu'il vous plaira. » Ensuite elle fut ravie eu corps et en âme, comme les autres jours, par le ministère de ses anges dans le ciel empyrée; et ayant été mise devant le trône royal du Très-Haut, sa puissante Majesté l'éleva et la plaça à son côté, lui marquant le siége et lieu quelle devait éternellement occuper en sa divine présence. Et ce fut le plus haut et le plus proche de Dieu, excepté celui qui lui était réservé pour l'humanité du Verbe , parce qu'il surpassait sans comparaison celui de tous les bienheureux.
99. Au dernier jour de la neuvaine, pendant laquelle le Très Haut préparait et embellissait de plus en plus-le tabernacle qu'il allait bientôt sanctifier par
(1) Prov., XXXI, 19.
537
sa venue (1), sa divine Majesté détermina d'y renouveler ses merveilles et de lui donner de nouvelles marques qui le devaient distinguer en redoublant toutes les faveurs qu'elle avait faites jusqu'à ce jour à notre auguste Princesse. Mais le Tout-Puissant opérait de telle sorte en elle, que. lorsqu'il tirait de ses trésors infinis des choses anciennes, il y en ajoutait toujours plusieurs nouvelles (2); et toutes ces merveilles sont renfermées et ce que Dieu devait s'humilier jusqu'à se faire homme, et une femme devait être élevée jusqu'à être sa propre Mère. Il ne pouvait arriver aucun changement en Dieu lorsqu'il descendit si bas que de prendre un corps humain, parce qu'il eut bien le pouvoir d'unir notre nature à sa personne sans rien perdre de son immutabilité; mais pour faire qu'une femme qui avait un corps terrestre donnât sa propre substance afin que Dieu s'y unit et se fit homme, il semblait qu'il fallut nécessairement franchir un espace infini, et que cette femme fût aussi distante des autres créatures qu'elle s'approchait davantage de Dieu.
100. Or, le jour arriva auquel la très-sainte Vierge, dans cette disposition, devait se trouver aussi proche de Dieu que d’être sa propre Mère. Dans cette nuit, à la même heure du plus grand silence, elle ouït la voix du Seigneur qui l'appelait comme dans les précédentes. La très-humble et très-prudente Reine, répondant à cette voix, dit : « Me voici, Seigneur,
(1) Ps. XLV, 5. — (2) Matth., XIII, 52.
538
mon coeur est préparé; faites de moi tout ce qu'il vous plaira. » Ensuite elle fut ravie eu corps et en âme, comme les autres jours, par le ministère de ses anges dans le ciel empyrée; et ayant été mise devant le trône royal du Très-Haut, sa puissante Majesté l'éleva et la plaça à son côté, lui marquant le siége et lieu quelle devait éternellement occuper en sa divine présence. Et ce fut le plus haut et le plus proche de Dieu, excepté celui qui lui était réservé pour l'humanité du Verbe , parce qu'il surpassait sans comparaison celui de tous les bienheureux.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
101. Ensuite elle vit de ce saint lieu où elle fut placée la Divinité par une vision abstractive, comme les autres fois; et sa propre dignité de Mère de Dieu lui étant toujours cachée, sa divine Majesté lui manifesta des mystères si nouveaux et si relevés, qu'il m'est impossible de les révéler à cause de leur profondeur et de mon ignorance. Elle vit de nouveau dans la Divinité toutes les choses créées, et plusieurs possibles et futures. Les choses matérielles lui furent manifestées, Dieu les lui faisant connaître par des sensations physiques et sensibles, comme si elles avaient toutes frappé ses organes extérieurs, et comme si elle les eût aperçues dans la sphère de sa puissance visuelle par les yeux du corps. Elle connut en général toute la fabrique de l'univers, qu'elle n'avait connu auparavant que par ses parties; elle connut distinctement les créatures qu'il contient, comme si elles se fussent présentées dans un tableau. Elle vit toute leur harmonie, leur ordre, leur connexion,
539
la dépendance qu'elles ont entre elles, et comme toutes ensemble sont soumises à la volonté divine, qui les a créées, qui les gouverne, et les conserve chacune en son lieu et en son être. Elle vit de nouveau tous les cieux, les étoilés, les éléments, leurs habitants, le purgatoire, les limbes, l'enfer, et tous ceux qui se trouvaient dans leurs abîmes. Et comme le lieu où la Reine des créatures avait été placée était le plus éminent après celui de l'humanité du Verbe, la science qu'elle reçut fut aussi la plus sublime, parce que n'étant inférieure qu'à Dieu seul elle devait être supérieure à tout ce qui est créé.
102. Pendant que notre auguste Princesse; était ravie en extase dans l'admiration de ce que le Très-Haut lui manifestait, et qu'elle rendait pour tout cela le retour de louange et de gloire qui était dit à un tel Seigneur, sa divine Majesté lui dit : « Je n'ai créé, ma chère Fille, mon Élue et ma Colombe, toutes les choses visibles que vous connaissez, et je ne les conserve par ma providence dans une si agréable variété, qu'à cause de l'amour que je porte aux hommes. Et je dois choisir et tirer d'entre toutes les âmes que j'ai créées jusqu'à présent et que j'ai a déterminé de créer jusqu'à la fin, une assemblée de fidèles, afin qu'ils soient séparés et lavés dans le sang de l'Agneau qui ôtera les péchés du monde (1). Ceux-là seront le fruit spécial de la rédemption qu'il doit opérer; ils jouiront de ses
(1) Apoc., VII, 14.
540
effets par le moyen de la nouvelle loi de grâce et des sacrements que leur Restaurateur y établira pour eux; et ensuite ceux qui persévéreront arriveront à la participation de ma gloire et de mon amitié éternelle. Ma première intention a été de créer pour ces élus tant de merveilleux ouvrages, et si tous me voulaient servir, adorer et connaître mon saint nom, je créerais volontiers pour tous et pour chacun en particulier tout autant de trésors que je mettrais à leur disposition.
539
la dépendance qu'elles ont entre elles, et comme toutes ensemble sont soumises à la volonté divine, qui les a créées, qui les gouverne, et les conserve chacune en son lieu et en son être. Elle vit de nouveau tous les cieux, les étoilés, les éléments, leurs habitants, le purgatoire, les limbes, l'enfer, et tous ceux qui se trouvaient dans leurs abîmes. Et comme le lieu où la Reine des créatures avait été placée était le plus éminent après celui de l'humanité du Verbe, la science qu'elle reçut fut aussi la plus sublime, parce que n'étant inférieure qu'à Dieu seul elle devait être supérieure à tout ce qui est créé.
102. Pendant que notre auguste Princesse; était ravie en extase dans l'admiration de ce que le Très-Haut lui manifestait, et qu'elle rendait pour tout cela le retour de louange et de gloire qui était dit à un tel Seigneur, sa divine Majesté lui dit : « Je n'ai créé, ma chère Fille, mon Élue et ma Colombe, toutes les choses visibles que vous connaissez, et je ne les conserve par ma providence dans une si agréable variété, qu'à cause de l'amour que je porte aux hommes. Et je dois choisir et tirer d'entre toutes les âmes que j'ai créées jusqu'à présent et que j'ai a déterminé de créer jusqu'à la fin, une assemblée de fidèles, afin qu'ils soient séparés et lavés dans le sang de l'Agneau qui ôtera les péchés du monde (1). Ceux-là seront le fruit spécial de la rédemption qu'il doit opérer; ils jouiront de ses
(1) Apoc., VII, 14.
540
effets par le moyen de la nouvelle loi de grâce et des sacrements que leur Restaurateur y établira pour eux; et ensuite ceux qui persévéreront arriveront à la participation de ma gloire et de mon amitié éternelle. Ma première intention a été de créer pour ces élus tant de merveilleux ouvrages, et si tous me voulaient servir, adorer et connaître mon saint nom, je créerais volontiers pour tous et pour chacun en particulier tout autant de trésors que je mettrais à leur disposition.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
103. « Et quand je n'aurais créé qu'une seule des créatures qui sont capables de ma grâce et de ma gloire, je la ferais elle seule maîtresse de tout ce qui est créé, puisque tout cela est moindre que de la faire participante de mon amitié et de ma félicité éternelle. Pour vous, ma chère Épouse, vous êtes mon élue et vous avez trouvé place dans mon coeur; ainsi je vous fais maîtresse de tous ces biens, et je vous en donne la possession et le domaine, afin qu'étant Épouse fidèle, comme je veux que vous le soyez, vous les dispensiez à ceux qui. me les demanderont par votre intercession, car c'est pour cela que je les mets entre vos mains. »
La très-sainte Trinité lui mit une couronne sur la tête en la consacrant Reine et Souveraine de tout ce qui est créé, et cette couronne était semée de chiures rayonnants d'une lumière de gloire, qui disaient Mère de Dieu, sans qu'elle en découvrit alors le sens mystérieux. Les esprits célestes en eurent pourtant connaissance, et furent remplis d'admiration à la vue
541
de la magnificence du Seigneur envers cette femme. bienheureuse, bénie entre toutes ses compagnes, qu'ils reconnurent pour leur Reine et Maîtresse légitime aussi bien que de tout l'univers.
104. La droite du Tout-Puissant opérait toutes ces merveilles avec un très-bel ordre de son infinie sagesse, parce qu'avant de descendre pour prendre chair humaine dans le sein virginal de cette Daine, il était convenable que les courtisans de ce grand Roi reconnussent sa bière pour leur Reine, et lui rendissent l'honneur qui lui était dû. Il était aussi juste et conforme à l'ordre que Dieu la fit premièrement Reine et ensuite bière du Prince des éternités; car celle qui devait enfanter le Prince devait nécessairement être Reine et reconnue pour telle de ses sujets; or il n'y avait nul inconvénient que les anges la connussent, il ne fallait pas la leur cacher : au contraire, il seyait à la majesté du Très-Haut que le tabernacle qu'il avait choisi pour sa demeure frit prévenu et honoré de toutes les excellences de dignité, de perfection, de grandeur et de magnificence dont il était capable, sans qu'il lui en manquât aucune; et c'est pour ce sujet que les saints anges la reçurent et la reconnurent pour leur Reine en lui rendant hommage.
105. Le Seigneur, voulant mettre la dernière main à cet ouvrage merveilleux (je veux dire l'incomparable Marie), étendit son puissant iras, et renouvela par lui-même l'esprit et lés puissances de cette grande Dame , lui donnant des illustrations, des habitudes et
542
des qualités toutes nouvelles, dont les grandeurs et les particularités ne peuvent être exprimées par nos termes. C'était le dernier coup de pinceau de cette image inanimée de Dieu (1), pour modeler en elle et sur elle la forme dont le Verbe éternel, qui est par essence l'image du Père éternel et la figure de sa substance, devait se revêtir (2). De sorte que ce Temple, la sacrée Marie, se trouva, bien mieux que celui de Salomon (3), tout revêtu dedans et dehors, du très-pur or de la Divinité, sans qu'on y pat découvrir la moindre marque terrestre de la paternité d'Adam. Elle fut toute déifiée par des traits et des devises de la Divinité, parce que le Verbe qui devait sortir du sein du Père éternel pour descendre dans celui de Marie, la préparé de telle sorte, qu'il y trouva à son arrivée tout le rapport possible qui pouvait se rencontrer entre la Mère et le Père.
La très-sainte Trinité lui mit une couronne sur la tête en la consacrant Reine et Souveraine de tout ce qui est créé, et cette couronne était semée de chiures rayonnants d'une lumière de gloire, qui disaient Mère de Dieu, sans qu'elle en découvrit alors le sens mystérieux. Les esprits célestes en eurent pourtant connaissance, et furent remplis d'admiration à la vue
541
de la magnificence du Seigneur envers cette femme. bienheureuse, bénie entre toutes ses compagnes, qu'ils reconnurent pour leur Reine et Maîtresse légitime aussi bien que de tout l'univers.
104. La droite du Tout-Puissant opérait toutes ces merveilles avec un très-bel ordre de son infinie sagesse, parce qu'avant de descendre pour prendre chair humaine dans le sein virginal de cette Daine, il était convenable que les courtisans de ce grand Roi reconnussent sa bière pour leur Reine, et lui rendissent l'honneur qui lui était dû. Il était aussi juste et conforme à l'ordre que Dieu la fit premièrement Reine et ensuite bière du Prince des éternités; car celle qui devait enfanter le Prince devait nécessairement être Reine et reconnue pour telle de ses sujets; or il n'y avait nul inconvénient que les anges la connussent, il ne fallait pas la leur cacher : au contraire, il seyait à la majesté du Très-Haut que le tabernacle qu'il avait choisi pour sa demeure frit prévenu et honoré de toutes les excellences de dignité, de perfection, de grandeur et de magnificence dont il était capable, sans qu'il lui en manquât aucune; et c'est pour ce sujet que les saints anges la reçurent et la reconnurent pour leur Reine en lui rendant hommage.
105. Le Seigneur, voulant mettre la dernière main à cet ouvrage merveilleux (je veux dire l'incomparable Marie), étendit son puissant iras, et renouvela par lui-même l'esprit et lés puissances de cette grande Dame , lui donnant des illustrations, des habitudes et
542
des qualités toutes nouvelles, dont les grandeurs et les particularités ne peuvent être exprimées par nos termes. C'était le dernier coup de pinceau de cette image inanimée de Dieu (1), pour modeler en elle et sur elle la forme dont le Verbe éternel, qui est par essence l'image du Père éternel et la figure de sa substance, devait se revêtir (2). De sorte que ce Temple, la sacrée Marie, se trouva, bien mieux que celui de Salomon (3), tout revêtu dedans et dehors, du très-pur or de la Divinité, sans qu'on y pat découvrir la moindre marque terrestre de la paternité d'Adam. Elle fut toute déifiée par des traits et des devises de la Divinité, parce que le Verbe qui devait sortir du sein du Père éternel pour descendre dans celui de Marie, la préparé de telle sorte, qu'il y trouva à son arrivée tout le rapport possible qui pouvait se rencontrer entre la Mère et le Père.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
106. Je n'ai point de nouveaux termes pour expliquer comme je voudrais les effets que toutes ces faveurs produisirent dans le coeur de notre grande Reine. Que si l’entendement humain ne les peut concevoir, comment pourrons-nous les exprimer par nos paroles ? Mais ce qui me cause plus d'admiration dans le lumière que j'ai reçue touchant ces mystères si sublimes, est l’humilité de cette divine Dame, et la sainte émulation qu'il y avait entre elle et le pouvoir divin c'était une rare merveille et un miracle de l’humilité, que de voir cette très-sainte fille élevée
(1) II Cor., IV, 4 . — (2) Hebr., I, 3. — (3) III Reg., VI, 30.
543
à la plus haute dignité et à la suprême sainteté après Dieu, et de voir en même temps qu'elle s'humiliât et s'anéantit jusqu'au-dessous de toutes les créatures, et que cette humilité fût assez forte pour l'empêcher d'avoir la moindre pensée qu'elle pût être la Mère du messie; et non-seulement cela, mais il ne se trouva pas même en elle l'ombre de la plus petite présomption. Son coeur et ses yeux ne s'élevèrent point (1) : au contraire, plus les oeuvres du bras du Seigneur l'élevaient, plus elle s'humiliait dans les bas sentiments d'elle-même. Aussi fut-il juste que le Tout-Puissant eût égard à son humilité, et que toutes les nations l'appelassent bienheureuse (2).
Instruction que la très-sainte Vierge me donna.
107. Ma fille, celle qui a un amour intéressé et servile n'est pas une digne épouse du Très-Haut, parce que l'épouse ne doit pas aimer ni craindre comme l'esclave, ni elle ne doit pas non plus servir comme une mercenaire. Mais quoique son amour doive être filial et généreux, ayant pour fin le bon plaisir et la bonté immense de son Époux; néanmoins elle a beaucoup de sujet de se croire obligée de le servir, lui qui se montre si riche et si libéral, quia créé
(1) Ps. CXXX, 1. — (2) Luc., I, 48. .
544
tant de sortes de biens visibles, à cause de l'amour qu'il porte aux âmes, afin que tous soient utiles à ceux qui servent sa divine )Majesté, lui enfin qui réserve tant de trésors cachés à ceux qui le craignent (1) et les leur distribue avec une excessive abondance de douceur, comme aux disciples de l'infaillible vérité. Je veux que vous vous reconnaissiez fort obligée à votre Seigneur, à votre Père, à votre Époux et à votre ami, voyant combien il enrichit les tunes, qui deviennent par sa grâce et ses filles et ses bien-aimées : puisqu'il a préparé comme Père puissant tant de biens inestimables pour ses enfants, et tous ces biens pour chacun en particulier, s'il était nécessaire. Le peu d'amour que les hommes lui portent, et l'ingratitude qu'ils témoignent, ne peuvent avoir aucune excuse parmi tant de motifs qu'ils ont de l'aimer et parmi tant de bienfaits qu'ils en reçoivent.
(1) II Cor., IV, 4 . — (2) Hebr., I, 3. — (3) III Reg., VI, 30.
543
à la plus haute dignité et à la suprême sainteté après Dieu, et de voir en même temps qu'elle s'humiliât et s'anéantit jusqu'au-dessous de toutes les créatures, et que cette humilité fût assez forte pour l'empêcher d'avoir la moindre pensée qu'elle pût être la Mère du messie; et non-seulement cela, mais il ne se trouva pas même en elle l'ombre de la plus petite présomption. Son coeur et ses yeux ne s'élevèrent point (1) : au contraire, plus les oeuvres du bras du Seigneur l'élevaient, plus elle s'humiliait dans les bas sentiments d'elle-même. Aussi fut-il juste que le Tout-Puissant eût égard à son humilité, et que toutes les nations l'appelassent bienheureuse (2).
Instruction que la très-sainte Vierge me donna.
107. Ma fille, celle qui a un amour intéressé et servile n'est pas une digne épouse du Très-Haut, parce que l'épouse ne doit pas aimer ni craindre comme l'esclave, ni elle ne doit pas non plus servir comme une mercenaire. Mais quoique son amour doive être filial et généreux, ayant pour fin le bon plaisir et la bonté immense de son Époux; néanmoins elle a beaucoup de sujet de se croire obligée de le servir, lui qui se montre si riche et si libéral, quia créé
(1) Ps. CXXX, 1. — (2) Luc., I, 48. .
544
tant de sortes de biens visibles, à cause de l'amour qu'il porte aux âmes, afin que tous soient utiles à ceux qui servent sa divine )Majesté, lui enfin qui réserve tant de trésors cachés à ceux qui le craignent (1) et les leur distribue avec une excessive abondance de douceur, comme aux disciples de l'infaillible vérité. Je veux que vous vous reconnaissiez fort obligée à votre Seigneur, à votre Père, à votre Époux et à votre ami, voyant combien il enrichit les tunes, qui deviennent par sa grâce et ses filles et ses bien-aimées : puisqu'il a préparé comme Père puissant tant de biens inestimables pour ses enfants, et tous ces biens pour chacun en particulier, s'il était nécessaire. Le peu d'amour que les hommes lui portent, et l'ingratitude qu'ils témoignent, ne peuvent avoir aucune excuse parmi tant de motifs qu'ils ont de l'aimer et parmi tant de bienfaits qu'ils en reçoivent.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
108. Faites donc réflexion, ma chère fille, que vous n'êtes point étrangère dans cette maison du Seigneur, qui est sa sainte Église (1); mais que vous y êtes domestique, et épouse de Jésus-Christ parmi les saints, entretenue par les faveurs et accoutumée aux caresses de l'Époux. Et parce que tous les trésors et toutes les richesses qui appartiennent à l'époux, appartiennent aussi à l'épouse légitime, considérez de combien de trésors immenses il vous rend participante et maîtresse. Jouissez-en donc comme domestique, c'est-à-dire comme étant chez vous; soyez zélée
(1) Ps. XXX, 20. — (2) Ephes., II, 19.
545
pour son honneur comme une fille et une épouse fervente; et reconnaissez toutes ses oeuvres et tous ses bienfaits, comme si votre Seigneur ne les eût créés que pour vous seule : aimez et honorez-le tant pour vous que pour votre prochain, envers qui il a été si libéral. Tâchez aussi d'imiter en tout cela, autant que vos faiblesses vous le permettront, ce que vous avez appris que je faisais : et sachez, ma fille, qu'il me sera fort agréable que vous exaltiez le Tout-Puissant par d'ardentes affections, pour toutes les faveurs que sa droite me fit pendant cette neuvaine, qui furent au-delà de tout ce que l'esprit humain peut concevoir.
(1) Ps. XXX, 20. — (2) Ephes., II, 19.
545
pour son honneur comme une fille et une épouse fervente; et reconnaissez toutes ses oeuvres et tous ses bienfaits, comme si votre Seigneur ne les eût créés que pour vous seule : aimez et honorez-le tant pour vous que pour votre prochain, envers qui il a été si libéral. Tâchez aussi d'imiter en tout cela, autant que vos faiblesses vous le permettront, ce que vous avez appris que je faisais : et sachez, ma fille, qu'il me sera fort agréable que vous exaltiez le Tout-Puissant par d'ardentes affections, pour toutes les faveurs que sa droite me fit pendant cette neuvaine, qui furent au-delà de tout ce que l'esprit humain peut concevoir.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
CHAPITRE X. La très-sainte Trinité envoie l'archange Gabriel pour annoncer à la très-pure Mère qu'elle était choisie pour être la Mère de Dieu.
109. Dieu avait déterminé de toute éternité le moment opportun où le grand mystère de piété, justifié dans l'esprit, prêché aux hommes, déclaré aux anges et cru dans le monde, devait être manifesté dans la chair (1); mais il le tenait caché dans le sein de sa
(1) I Tim., III, 16; Gal., IV, 4.
546
sagesse éternelle. Or la plénitude de ce temps arriva, qui était jusqu'alors fort vide, quoique rempli de prophéties et de promesses, parce qu'il lui manquait celle de la très-pure Marie, par la volonté et le consentement de laquelle tous les siècles devaient recevoir leur perfection (1), qui était le Verbe humanisé, passible et restaurateur. Ce mystère était prédestiné avant tous les siècles, afin qu'il f fût réalisé par l'intermédiaire de notre divine Vierge; et elle, se trouvant dans le monde, la rédemption du genre humain et la venue du Fils unique du Père ne devaient point être différées, puisque Dieu ne devait plus, pour ainsi dire, chercher pour sa demeure des tabernacles empruntés, ou des maisons étrangères (2); mais demeurer dans son propre temple construit et enrichi, au moyen de toutes les ressources qu'il lui avait consacrées, bien mieux que le temple de Salomon ne le fut par les trésors que son père David lui laissa à cet effet (3).
110. Le Très-Haut détermina, dans cette plénitude de temps prédéfini, d'envoyer son Fils unique su monde. Et confrontant, selon notre manière de concevoir et d'exprimer, les décrets de son éternité avec les prophéties et les témoignages qu'il avait donnés aux hommes dès le commencement des choses, et tout cela avec l'état et la sainteté à laquelle il avait élevé la très-pure Marie, il jugea qu'il était convenable pour la gloire de son saint nom que l'exécution de sa sainte volonté et de ce décret éternel fût manifestée
(1) I Cor., II, 7. — (2) II Reg., VII, 6. — (3) I Paralip , XXII, 5.
547
aux anges bienheureux , et qu'elle commençât à paraître par leur ministère. Sa divine Majesté fit entendre à l'archange Gabriel cette voix par laquelle elle. signifie sa volonté aux anges. Et quoique l'ordre commun quelle tient pour illuminer ses esprits célestes soit de commencer parles supérieurs, qui, selon leur rang hiérarchique,éclairent les inférieurs jusqu'à ce que cette illumination, en transmettant des uns aux autres ce que Dieu a révélé aux premiers, soit arrivée aux derniers, les choses ne se passèrent point ainsi en cette circonstance: car le saint archange reçut sa mission immédiatement du Seigneur.
109. Dieu avait déterminé de toute éternité le moment opportun où le grand mystère de piété, justifié dans l'esprit, prêché aux hommes, déclaré aux anges et cru dans le monde, devait être manifesté dans la chair (1); mais il le tenait caché dans le sein de sa
(1) I Tim., III, 16; Gal., IV, 4.
546
sagesse éternelle. Or la plénitude de ce temps arriva, qui était jusqu'alors fort vide, quoique rempli de prophéties et de promesses, parce qu'il lui manquait celle de la très-pure Marie, par la volonté et le consentement de laquelle tous les siècles devaient recevoir leur perfection (1), qui était le Verbe humanisé, passible et restaurateur. Ce mystère était prédestiné avant tous les siècles, afin qu'il f fût réalisé par l'intermédiaire de notre divine Vierge; et elle, se trouvant dans le monde, la rédemption du genre humain et la venue du Fils unique du Père ne devaient point être différées, puisque Dieu ne devait plus, pour ainsi dire, chercher pour sa demeure des tabernacles empruntés, ou des maisons étrangères (2); mais demeurer dans son propre temple construit et enrichi, au moyen de toutes les ressources qu'il lui avait consacrées, bien mieux que le temple de Salomon ne le fut par les trésors que son père David lui laissa à cet effet (3).
110. Le Très-Haut détermina, dans cette plénitude de temps prédéfini, d'envoyer son Fils unique su monde. Et confrontant, selon notre manière de concevoir et d'exprimer, les décrets de son éternité avec les prophéties et les témoignages qu'il avait donnés aux hommes dès le commencement des choses, et tout cela avec l'état et la sainteté à laquelle il avait élevé la très-pure Marie, il jugea qu'il était convenable pour la gloire de son saint nom que l'exécution de sa sainte volonté et de ce décret éternel fût manifestée
(1) I Cor., II, 7. — (2) II Reg., VII, 6. — (3) I Paralip , XXII, 5.
547
aux anges bienheureux , et qu'elle commençât à paraître par leur ministère. Sa divine Majesté fit entendre à l'archange Gabriel cette voix par laquelle elle. signifie sa volonté aux anges. Et quoique l'ordre commun quelle tient pour illuminer ses esprits célestes soit de commencer parles supérieurs, qui, selon leur rang hiérarchique,éclairent les inférieurs jusqu'à ce que cette illumination, en transmettant des uns aux autres ce que Dieu a révélé aux premiers, soit arrivée aux derniers, les choses ne se passèrent point ainsi en cette circonstance: car le saint archange reçut sa mission immédiatement du Seigneur.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
111. Gabriel, au pied du trône et toujours attentif aux ordres de l'Être suprême et immuable, s'inclina pour recueillir la manifestation de la divine volonté sa Majesté lui déclara et lui prescrivit l'ambassade qu'il devait faire à l'auguste Marie, et les paroles dont il devait se servir pour la saluer; de sorte que Dieu même en fut le premier auteur; il les forma dans son entendement divin, de là elles passèrent au saint archange, et de lui à la très-pure Marie. Le Seigneur révéla dans cette occasion plusieurs autres mystères de l'incarnation à ce prince céleste, et la très-sainte Trinité lui commanda d'aller annoncer à la divine Fille qu'elle était élue entre toutes les femmes pour être la Mère du Verbe éternel, et qu'elle le concevrait dans son sein virginal par (opération du Saint-Esprit, en conservent intacte sa virginité, et tout le reste que le messager céleste devait révéler à son auguste Reine et Maîtresse.
548
112. Ensuite sa divine Majesté déclara à tous les autres anges, comme le temps de la rédemption du genre humain était arrivé, et qu'elle se déterminait à descendre au monde sans plus différer, puisqu'elle avait déjà disposé et orné la très-pure Marie pour être sa Mère, lorsqu'en leur présence elle lui avait décerné cette suprême dignité. Les divins esprits ouïrent la voix de leur Créateur et lui chantèrent, pleins d'allégresse, des actions de grâces ineffables et de nouveaux cantiques de louange pour l'accomplissement de son éternelle et parfaite volonté, en y répétant toujours cet hymne de Sion : Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu des armées (1).« Vous êtes juste et puissant, Seigneur notre Dieu, qui habitez les lieux les plus élevés, et qui regardez les humbles de la terre (2). « Toutes vos couvres sont admirables, et vos pensées très-relevées. »
113. Le prince saint Gabriel, obéissant avec une joie particulière au commandement divin, descendit de l'empyrée, accompagné de plusieurs milliers d'anges radieux. de beauté, qui le suivaient sous une forme visible. Ce grand prince et ambassadeur céleste ressemblait à un adolescent d'une grâce et d'une beauté extraordinaires : son visage était tout rayonnant de gloire, son air majestueux, sa démarche grave, ses paroles remplies de sagesse et d'éloquence; et toutes ses manières, empreintes d'une modeste grandeur, représentaient plus de traits de la Divinité qu'aucun des
(1) Isa., VI, 3. — (2) Ps. CXII, 5.
549
autres anges que notre auguste Reine eût jusqu'alors vus sous cette forme. Il portait un diadème d'une splendeur singulière; ses vêtements pompeux brillaient de diverses couleurs d'un éclat admirable; il avait sur la poitrine une très-belle croix comme émaillée, qui découvrait le mystère de (Incarnation pour laquelle il était envoyé; et toutes ces circonstances attirèrent davantage l'attention de cette très-prudente Reine.
548
112. Ensuite sa divine Majesté déclara à tous les autres anges, comme le temps de la rédemption du genre humain était arrivé, et qu'elle se déterminait à descendre au monde sans plus différer, puisqu'elle avait déjà disposé et orné la très-pure Marie pour être sa Mère, lorsqu'en leur présence elle lui avait décerné cette suprême dignité. Les divins esprits ouïrent la voix de leur Créateur et lui chantèrent, pleins d'allégresse, des actions de grâces ineffables et de nouveaux cantiques de louange pour l'accomplissement de son éternelle et parfaite volonté, en y répétant toujours cet hymne de Sion : Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu des armées (1).« Vous êtes juste et puissant, Seigneur notre Dieu, qui habitez les lieux les plus élevés, et qui regardez les humbles de la terre (2). « Toutes vos couvres sont admirables, et vos pensées très-relevées. »
113. Le prince saint Gabriel, obéissant avec une joie particulière au commandement divin, descendit de l'empyrée, accompagné de plusieurs milliers d'anges radieux. de beauté, qui le suivaient sous une forme visible. Ce grand prince et ambassadeur céleste ressemblait à un adolescent d'une grâce et d'une beauté extraordinaires : son visage était tout rayonnant de gloire, son air majestueux, sa démarche grave, ses paroles remplies de sagesse et d'éloquence; et toutes ses manières, empreintes d'une modeste grandeur, représentaient plus de traits de la Divinité qu'aucun des
(1) Isa., VI, 3. — (2) Ps. CXII, 5.
549
autres anges que notre auguste Reine eût jusqu'alors vus sous cette forme. Il portait un diadème d'une splendeur singulière; ses vêtements pompeux brillaient de diverses couleurs d'un éclat admirable; il avait sur la poitrine une très-belle croix comme émaillée, qui découvrait le mystère de (Incarnation pour laquelle il était envoyé; et toutes ces circonstances attirèrent davantage l'attention de cette très-prudente Reine.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
114. Le divin ambassadeur, suivi de cette cour céleste, descendit à Nazareth, ville de la province de Galilée, où se trouvait la demeure de la très-sainte Vierge, qui était une pauvre maison. Le lieu de sa retraite était une fort petite chambre, dépourvue des ornements dont 1e monde se sert; elle en condamnait ainsi la vanité par le mépris qu'elle en faisait, et suppléait à leur absence par de plus grands biens spirituels. La divine Dame était alors âgée de quatorze ans six mois et dix-sept jours; car elle avait eu quatorze ans révolus le huit septembre: les six mois et dix-sept jours en sus se trouvaient depuis celui-là jusqu'à celui-ci, auquel le plus grand des mystères que Dieu ait opérés dans le monde fut exécuté.
115. Sa taille surpassait la taille des autres filles de son âge; elle était fort agréable en sa personne, très-bien proportionnée, d'une beauté et d'une perfection achevée : elle avait le visage ovale; les traits en étaient fins et délicats; il n'était ni trop plein ni trop maigre; le teint clair entant soit peu brun; le front large et bien fait; les sourcils bien arqués et bien dessinés; les yeux grands et modestes, d'une couleur entre le
550
noir et le pers, d'un éclat incomparable, mais tempéré par le sourire de l'innocence; le nez droit et régulier; la bouche petite, vermeille et délicatement prise; enfin elle était si merveilleusement belle, et tellement comblée de tous les dons de la nature, qu'il ne se rencontrera jamais aucune créature qui puisse l'égaler. Ceux qui la regardaient étaient en même temps, pénétrés de joie, de vénération, d'affection et de respect elle attirait leurs cœurs, et elle les retenait dans une douce crainte révérentielle; elle les forçait à la louer, et cependant la grandeur de ses grâces et de ses perfections imposait le silence; et elle causait dans tous ceux qui avaient le bonheur de la voir, de mystérieux effets qu'on ne peut facilement expliquer : enfin elle remplissait et animait les rimes d'influences et de mouvements célestes qui les conduisaient à Dieu.
116. Son habit était modeste, pauvre et propre; `d'un gris argenté, ou plutôt cendré, mais fort honnête. Lorsque l'ambassade du ciel s'approchait, Marie, ignorant qu'elle frit déjà commencée, était plongée dans la sublime contemplation d'un mystère due le Seigneur avait renouvelé en elle par cette multitude de faveurs qu'il lui avait faites pendant les neuf jours précédents. Et le Seigneur lui-même l'ayant assurée , comme nous avons dit, que son Fils unique ne tarderait pas de descendre pour prendre chair humaine, elle était fervente et joyeuse en la foi de cette divine parole, et redoublant ses humbles et ardentes affections, elle disait intérieurement: « Est-il possible que l’heureux temps soit arrivé où le Verbe du Père
551
éternel doit descendre pour naître et converser parmi les hommes (1)? que le monde en ait la possession? que les mortels puissent le voir (2)? que cette lumière inaccessible paraisse pour éclairer ceux qui sont plongés dans les ténèbres. (3)? Oh! qui mériterait de le voir et de le connaître ! Oh! qui pourrait baiser la terre que ses pieds adorables auraient foulée!
115. Sa taille surpassait la taille des autres filles de son âge; elle était fort agréable en sa personne, très-bien proportionnée, d'une beauté et d'une perfection achevée : elle avait le visage ovale; les traits en étaient fins et délicats; il n'était ni trop plein ni trop maigre; le teint clair entant soit peu brun; le front large et bien fait; les sourcils bien arqués et bien dessinés; les yeux grands et modestes, d'une couleur entre le
550
noir et le pers, d'un éclat incomparable, mais tempéré par le sourire de l'innocence; le nez droit et régulier; la bouche petite, vermeille et délicatement prise; enfin elle était si merveilleusement belle, et tellement comblée de tous les dons de la nature, qu'il ne se rencontrera jamais aucune créature qui puisse l'égaler. Ceux qui la regardaient étaient en même temps, pénétrés de joie, de vénération, d'affection et de respect elle attirait leurs cœurs, et elle les retenait dans une douce crainte révérentielle; elle les forçait à la louer, et cependant la grandeur de ses grâces et de ses perfections imposait le silence; et elle causait dans tous ceux qui avaient le bonheur de la voir, de mystérieux effets qu'on ne peut facilement expliquer : enfin elle remplissait et animait les rimes d'influences et de mouvements célestes qui les conduisaient à Dieu.
116. Son habit était modeste, pauvre et propre; `d'un gris argenté, ou plutôt cendré, mais fort honnête. Lorsque l'ambassade du ciel s'approchait, Marie, ignorant qu'elle frit déjà commencée, était plongée dans la sublime contemplation d'un mystère due le Seigneur avait renouvelé en elle par cette multitude de faveurs qu'il lui avait faites pendant les neuf jours précédents. Et le Seigneur lui-même l'ayant assurée , comme nous avons dit, que son Fils unique ne tarderait pas de descendre pour prendre chair humaine, elle était fervente et joyeuse en la foi de cette divine parole, et redoublant ses humbles et ardentes affections, elle disait intérieurement: « Est-il possible que l’heureux temps soit arrivé où le Verbe du Père
551
éternel doit descendre pour naître et converser parmi les hommes (1)? que le monde en ait la possession? que les mortels puissent le voir (2)? que cette lumière inaccessible paraisse pour éclairer ceux qui sont plongés dans les ténèbres. (3)? Oh! qui mériterait de le voir et de le connaître ! Oh! qui pourrait baiser la terre que ses pieds adorables auraient foulée!
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
117. « Que les cieux se réjouissent; que la terre se console, et que les hommes bénissent et glorifient Dieu (4), puisque leur félicité éternelle, s'approche. O enfants d'Adam affligés par le péché, mais pour tant ouvrages de mon bien-aimé, vous lèverez bien tôt la tête, et secouerez le joug de votre ancienne a servitude (5) ! Votre rédemption est proche; votre a salut viendra bientôt. O pères anciens, prophètes et justes, qui espérez dans le sein d'Abraham, qui a êtes détenus dans les limbes, vous allez recevoir votre consolation! Votre désiré le Rédempteur pro mis ne tardera pas (6). Exaltons-le tous, et chantons-lui des hymnes de louange. Oh! qui pourrait être la servante de ses servantes! Oh! qui se rait l'esclave de celle qu'Isaïe lui a. assignée pour Mère (7)! O Emmanuel, Dieu et homme véritable! a 0 Clef de David, qui devez ouvrir le ciel ( ! O Sagesse éternelle! O Législateur de la nouvelle Église,
(1) Baruch., III, 38. — (2) Isa., XL, 5. — (3) Ibid., IX, 5. — (4) Ps. XCV, 11. — (5) Isa., XIV, 25. — (6) Aggae., II, 8. — (7) Isa., VII, 14. — ( Ibid., XXII, 22.
552
venez, venez, Seigneur! Approchez-vous de nous! Délivrez votre peuple de la captivité, et que toute chair voie le salut (1). »
118. Lorsque saint Gabriel arriva, la très-sainte Vierge était occupée à ces demandes, à ces affections, et ravie dans des transports divins que je ne saurais expliquer. Elle était très-pure en son âme, très-parfaite en son corps, très-noble dans ses pensées, très-éminente en sainteté, remplie de grâces, si divinisée et si agréable aux yeux de Dieu, qu'elle put bien être sa digne Mère, et l'instrument efficace pour le faire sortir du sein du Père, et l'attirer dans le sien. Elle fut le puissant moyen de notre rédemption, et nous lui en sommes redevables à bien des titres; et c'est pour ce sujet qu'elle mérite que toutes les nations la bénissent et la louent éternellement (2). Je dirai dans le chapitre suivant ce qui arriva à l'entrée de l'ambassadeur céleste.
119. Je toucherai seulement ici une chose digne d'admiration, et c'est que pour l'accomplissement d'un si haut ministère, que le saint archange devait lui annoncer, et qui devait s'opérer en elle, sa divine b1ajesté la laissa dans l'état commun des vertus dont nous avons parlé dans la première partie. Le Très-Haut le disposa de la sorte, parce que ce mystère devait être opéré comme un sacrement de foi, et les opérations de cette vertu, aussi bien que celles d'espérance et de charité, devaient s y rencontrer : ainsi le
(1) Isa., XL, 5. — (2) Luc., I, 48.
553
Seigneur la laissa dans ces opérations, afin qu'elle crût et espéra en ses divines promesses. Et ces actes ayant précédé, il arriva ce que je dirai bientôt, selon que la faiblesse de mes termes et la grandeur des mystères qui augmentent mon impuissance, me le permettront.
(1) Baruch., III, 38. — (2) Isa., XL, 5. — (3) Ibid., IX, 5. — (4) Ps. XCV, 11. — (5) Isa., XIV, 25. — (6) Aggae., II, 8. — (7) Isa., VII, 14. — ( Ibid., XXII, 22.
552
venez, venez, Seigneur! Approchez-vous de nous! Délivrez votre peuple de la captivité, et que toute chair voie le salut (1). »
118. Lorsque saint Gabriel arriva, la très-sainte Vierge était occupée à ces demandes, à ces affections, et ravie dans des transports divins que je ne saurais expliquer. Elle était très-pure en son âme, très-parfaite en son corps, très-noble dans ses pensées, très-éminente en sainteté, remplie de grâces, si divinisée et si agréable aux yeux de Dieu, qu'elle put bien être sa digne Mère, et l'instrument efficace pour le faire sortir du sein du Père, et l'attirer dans le sien. Elle fut le puissant moyen de notre rédemption, et nous lui en sommes redevables à bien des titres; et c'est pour ce sujet qu'elle mérite que toutes les nations la bénissent et la louent éternellement (2). Je dirai dans le chapitre suivant ce qui arriva à l'entrée de l'ambassadeur céleste.
119. Je toucherai seulement ici une chose digne d'admiration, et c'est que pour l'accomplissement d'un si haut ministère, que le saint archange devait lui annoncer, et qui devait s'opérer en elle, sa divine b1ajesté la laissa dans l'état commun des vertus dont nous avons parlé dans la première partie. Le Très-Haut le disposa de la sorte, parce que ce mystère devait être opéré comme un sacrement de foi, et les opérations de cette vertu, aussi bien que celles d'espérance et de charité, devaient s y rencontrer : ainsi le
(1) Isa., XL, 5. — (2) Luc., I, 48.
553
Seigneur la laissa dans ces opérations, afin qu'elle crût et espéra en ses divines promesses. Et ces actes ayant précédé, il arriva ce que je dirai bientôt, selon que la faiblesse de mes termes et la grandeur des mystères qui augmentent mon impuissance, me le permettront.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
Instruction de la Reine du ciel.
120. Ma fille, je vous déclare maintenant avec une affection singulière ma volonté, et le désir que j'ai de vous voir travailler à vous rendre digne de la conversation intime et familière avec Dieu; vous devez vous y disposer avec un grand soin, en pleurant vos péchés, et en renonçant à tout ce qui est visible, et de telle sorte que vous n'occupiez vos pensées qu'en Dieu seul. Pour y réussir, il faut que vous mettiez en pratique tout ce que je vous ai enseigné jusqu'à présent et quant à ce que vous aurez à écrire dans la suite, je vous le dicterai. Je vous montrerai comme vous devez vous conduire dans cette familiarité et dans les faveurs fréquentes que vous recevrez de la bonté de Dieu, en le concevant dans votre coeur par la foi, par la lumière et par la grâce qu'il vous donnera. Que si vous ne vous disposez premièrement en suivant cet avis, vous n'obtiendrez jamais l'accomplissement de
554
vos désirs, ni moi le fruit des leçons que je vous donne comme votre maîtresse:
121. Or, puisque vous avez trouvé sans l'avoir mérité le trésor caché et la précieuse perle de ma doctrine (1), vous devez mépriser tout ce que vous pouvez avoir pour vous acquérir ce seul gage d'un prix inestimable; avec lui vous recevrez tous les biens (2), et vous vous rendrez digne de l'amitié intime du Seigneur et de son habitation éternelle dans votre coeur. En échange de ce grand bonheur, je veux que vous mouriez à tout ce qui est terrestre, que vous offriez votre volonté pleine de sentiments d'un amour reconnaissant, et qu'à mon exemple vous soyez si humble, que de votre côté vous soyez persuadée que vous ne valez rien, que vous êtes dans la dernière des impuissantes, que vous n'avez aucun mérite, et que vous n'êtes pas même digne d'être reçue pour esclave des servantes de Jésus-Christ.
122. Considérez combien j'étais éloignée de me croire élevée à la dignité de Mère de Dieu, à laquelle son infinie bonté me destinait; c'était pourtant après qu'il m'avait promis qu'il ne tarderait pas de venir au monde, m'obligeant à le désirer avec tant d'ardeur, que le jour avant l'exécution de ce merveilleux mystère, je serais sans doute morte dans ces amoureux transports, si la Providence divine ne m'eût fortifiée. J'étais remplie de consolation dans l'assurance où j'étais que le Fils unique du Père éternel descendrait
(1) Matth., XIII, 44 et 45. — (2) Sap., VII, 11
555
bientôt du ciel; et d'un autre côté mon humilité me faisait croire que, me trouvant dans le monde, je pourrais bien retarder sa venue. Pénétrez donc, ma très-chère fille, le secret mystérieux de mon coeur, voyez quel exemple est celui-là pour vous et pour tous les mortels! Et parce qu'il est difficile que vous receviez et écriviez une sagesse si sublime, regardez-moi en Dieu, où vous méditerez et découvrirez par le secours de sa lumière mes très-parfaites actions : suivez-moi en m'imitant et en marchant sur mes traces.
120. Ma fille, je vous déclare maintenant avec une affection singulière ma volonté, et le désir que j'ai de vous voir travailler à vous rendre digne de la conversation intime et familière avec Dieu; vous devez vous y disposer avec un grand soin, en pleurant vos péchés, et en renonçant à tout ce qui est visible, et de telle sorte que vous n'occupiez vos pensées qu'en Dieu seul. Pour y réussir, il faut que vous mettiez en pratique tout ce que je vous ai enseigné jusqu'à présent et quant à ce que vous aurez à écrire dans la suite, je vous le dicterai. Je vous montrerai comme vous devez vous conduire dans cette familiarité et dans les faveurs fréquentes que vous recevrez de la bonté de Dieu, en le concevant dans votre coeur par la foi, par la lumière et par la grâce qu'il vous donnera. Que si vous ne vous disposez premièrement en suivant cet avis, vous n'obtiendrez jamais l'accomplissement de
554
vos désirs, ni moi le fruit des leçons que je vous donne comme votre maîtresse:
121. Or, puisque vous avez trouvé sans l'avoir mérité le trésor caché et la précieuse perle de ma doctrine (1), vous devez mépriser tout ce que vous pouvez avoir pour vous acquérir ce seul gage d'un prix inestimable; avec lui vous recevrez tous les biens (2), et vous vous rendrez digne de l'amitié intime du Seigneur et de son habitation éternelle dans votre coeur. En échange de ce grand bonheur, je veux que vous mouriez à tout ce qui est terrestre, que vous offriez votre volonté pleine de sentiments d'un amour reconnaissant, et qu'à mon exemple vous soyez si humble, que de votre côté vous soyez persuadée que vous ne valez rien, que vous êtes dans la dernière des impuissantes, que vous n'avez aucun mérite, et que vous n'êtes pas même digne d'être reçue pour esclave des servantes de Jésus-Christ.
122. Considérez combien j'étais éloignée de me croire élevée à la dignité de Mère de Dieu, à laquelle son infinie bonté me destinait; c'était pourtant après qu'il m'avait promis qu'il ne tarderait pas de venir au monde, m'obligeant à le désirer avec tant d'ardeur, que le jour avant l'exécution de ce merveilleux mystère, je serais sans doute morte dans ces amoureux transports, si la Providence divine ne m'eût fortifiée. J'étais remplie de consolation dans l'assurance où j'étais que le Fils unique du Père éternel descendrait
(1) Matth., XIII, 44 et 45. — (2) Sap., VII, 11
555
bientôt du ciel; et d'un autre côté mon humilité me faisait croire que, me trouvant dans le monde, je pourrais bien retarder sa venue. Pénétrez donc, ma très-chère fille, le secret mystérieux de mon coeur, voyez quel exemple est celui-là pour vous et pour tous les mortels! Et parce qu'il est difficile que vous receviez et écriviez une sagesse si sublime, regardez-moi en Dieu, où vous méditerez et découvrirez par le secours de sa lumière mes très-parfaites actions : suivez-moi en m'imitant et en marchant sur mes traces.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
CHAPITRE XI. La très-pure Marie reçoit l'ambassade du saint archange. — Le mystère de l'Incarnation s'accomplit, elle conçoit le Verbe éternel dans son sein virginal.
123. Je veux confesser, en présence du ciel, de la terre, de leurs habitants et du Créateur universel, notre Dieu éternel, qu'au moment où je prends la plume pour décrire le profond mystère de l'Incarnation, je sens mon peu de force défaillir, ma langue se paralyser, mes discours se glacer, mes facultés s'évanouir; je me trouve tout interdite, et je ne sais plus que tourner mon intelligence éperdue du côté de la divine lumière qui me dirige et qui m'éclaire. A ses
558
rayons on tonnait toutes choses sans illusion, on les découvre sans détours, et je vois mon insuffisance, je reconnais l'impossibilité d'exprimer par de faibles paroles et par des phrases creuses ce que je puis concevoir d'un mystère qui renferme en abrégé Dieu même et la plus grande merveille de sa toute-puissance. Je vois dans ce mystère l'harmonie admirable de la providence et de la sagesse infinie avec laquelle le Seigneur l'a conduit de toute éternité et dès la création du. monde, afin que toutes ses oeuvres et ses créatures fussent comme un moyen adapté à la très-haute fin qu'il avait de descendre dans le monde pour s'y faire homme.
l24. Je vois comment le Verbe éternel attendit pour descendre du sein de son Père, et choisit comme le temps et l'heure la plus propre, le silence de la pleine nuit (1), qui figurait l'ignorance des mortels, lorsque la postérité d'Adam était ensevelie dans le profond sommeil de l'oubli et dans la funeste méconnaissance de son Dieu, sans qu'il y eût personne qui ouvrit la bouche pour le confesser et le bénir (2). A l'exception de quelques rares fidèles de son peuple, tout le reste du monde se taisait au fond de ses ténèbres, qu'avait accumulées une longue nuit de près de cinq mille deux cents ans sur les siècles et les peuples se succédant les uns aux autres, chacun à l'époque fixée d'avance et déterminée par la sagesse éternelle, afin que tous puissent rencontrer et reconnaître
(1) Sap., XVIII, 14. — (2) Rom., I, 18,
557
ce Créateur qui se manifestait sans cesse, en leur donnant la vie, l’être et le mouvement (1). Mais comme le jour de la lumière inaccessible n'était point encore arrivé, ils marchaient comme des aveugles, touchant les créatures sans y apercevoir la Divinité et sans la connaître; et dans cet aveuglement ils l'attribuaient à des choses sensibles et même à ce que la terre a de plus vil (2).
123. Je veux confesser, en présence du ciel, de la terre, de leurs habitants et du Créateur universel, notre Dieu éternel, qu'au moment où je prends la plume pour décrire le profond mystère de l'Incarnation, je sens mon peu de force défaillir, ma langue se paralyser, mes discours se glacer, mes facultés s'évanouir; je me trouve tout interdite, et je ne sais plus que tourner mon intelligence éperdue du côté de la divine lumière qui me dirige et qui m'éclaire. A ses
558
rayons on tonnait toutes choses sans illusion, on les découvre sans détours, et je vois mon insuffisance, je reconnais l'impossibilité d'exprimer par de faibles paroles et par des phrases creuses ce que je puis concevoir d'un mystère qui renferme en abrégé Dieu même et la plus grande merveille de sa toute-puissance. Je vois dans ce mystère l'harmonie admirable de la providence et de la sagesse infinie avec laquelle le Seigneur l'a conduit de toute éternité et dès la création du. monde, afin que toutes ses oeuvres et ses créatures fussent comme un moyen adapté à la très-haute fin qu'il avait de descendre dans le monde pour s'y faire homme.
l24. Je vois comment le Verbe éternel attendit pour descendre du sein de son Père, et choisit comme le temps et l'heure la plus propre, le silence de la pleine nuit (1), qui figurait l'ignorance des mortels, lorsque la postérité d'Adam était ensevelie dans le profond sommeil de l'oubli et dans la funeste méconnaissance de son Dieu, sans qu'il y eût personne qui ouvrit la bouche pour le confesser et le bénir (2). A l'exception de quelques rares fidèles de son peuple, tout le reste du monde se taisait au fond de ses ténèbres, qu'avait accumulées une longue nuit de près de cinq mille deux cents ans sur les siècles et les peuples se succédant les uns aux autres, chacun à l'époque fixée d'avance et déterminée par la sagesse éternelle, afin que tous puissent rencontrer et reconnaître
(1) Sap., XVIII, 14. — (2) Rom., I, 18,
557
ce Créateur qui se manifestait sans cesse, en leur donnant la vie, l’être et le mouvement (1). Mais comme le jour de la lumière inaccessible n'était point encore arrivé, ils marchaient comme des aveugles, touchant les créatures sans y apercevoir la Divinité et sans la connaître; et dans cet aveuglement ils l'attribuaient à des choses sensibles et même à ce que la terre a de plus vil (2).
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
125. Or, le jour fortuné luisit où le Très-Haut, méprisant les longs siècles d'une si lourde ignorance, détermina de se manifester aux hommes (3) et de commencer leur rédemption , en prenant leur nature dans le sein de la très-pure Marie, préparée, comme nous l'avons dit, à l'accomplissement de ce mystère. Et pour mieux expliquer ce qui m'en est découvert, il faut que je parle auparavant de quelques mystères qui arrivèrent au moment où le Verbe allait descendre du sein du Père éternel. Je présuppose que, bien qu'il y ait une distinction personnelle entre les trois personnes divines, comme la foi nous l'enseigne, il n'y a pourtant aucune inégalité dans la sagesse, dans la toute-puissance, ni dans les autres attributs, pas plus qu'il ne saurait y en avoir dans la substance de la nature divine; et comme elles sont égales en dignité et en perfection infinie, elles le sont aussi dans les opérations qu'on appelle du dehors, parce qu'elles aboutissent, hors de Dieu, à la production extérieure d'une créature ou d'une chose temporelle quelconque.
(1) Act., XVII, 27 et 28. — (2) Rom., I, 23. — ( Act., XVII, 30.
558
Ces opérations sont indivisibles entre les personnes divines; parce que ce n'est pas une seule qui les fait, mais toutes trois, en tant qu'elles sont un même Dieu et qu'elles ont une même sagesse, un même entendement et une même volonté; et comme le Fils fait, veut et opère ce que le Père fait et veut, tout de même le Saint-Esprit fait, veut et opère les mêmes choses que le Père et le Fils.
126. Toutes les trois personnes exécutèrent et opérèrent avec cette indivisibilité d'une même action l'œuvre de l'Incarnation, quoique la seule personne du Verbe reçût en soi la nature de l'homme, l'unissant hypostatiquement à elle-même; et c'est pour cela que nous disons que le Fils fut envoyé par le Père éternel, de l'entendement duquel il procède, et que le Père l'a envoyé par l'opération du Saint-Esprit, qui intervint dans cette mission. Or, comme la personne du Fils était celle qui venait s'humaniser, avant que dé descendre des cieux, sans sortir du sein du Père, il fit dans le divin consistoire, au nom de la même humanité dont il devait revêtir sa personne, une proposition et une demande par lesquelles il représenta ses mérites futurs, afin qu'en considération desdits mérites toute la race humaine obtint sa rédemption et le pardon des péchés pour lesquels il avait à satisfaire la justice divine. Il demanda le fiat de la volonté du Père qui l'envoyait, pour accepter ce rachat en considération de ses oeuvres, de sa très-sainte passion, et des mystères qu'il voulait opérer dans la nouvelle Église et dans la loi de grâce.
559
127. Le Père éternel accepta cette demande et les mérites prévus du Verbe, et lui accorda tout ce qui il proposa et tout ce qu'il demanda pour les mortels. Il lui recommanda aussi ses élus et ses prédestinés comme son héritage, et c'est pour ce sujet que notre Seigneur Jésus-Christ dit par l'organe. de saint Jean, qu'il ne perdit aucun de ceux que son Père lui donna (1), parce qu'il les conserva tous, excepté le fils de perdition, qui fut Judas (2). Et une autre fois il dit. Que personne ne ravirait de sa main, ni de celles de son Père, aucune de ses brebis (3). Il en serait de même pour tous les hommes, si la rédemption, qui fut suffisante pour tous, se trouvait par leur correspondance efficace pour tous et en tous; puisque sa divine miséricorde n'en a exclu aucun, pourvu que tous la reçussent par le moi en de leur Restaurateur.
128. Tout cela eut lieu, selon notre manière de concevoir, dans le ciel, au trône de la très- sainte Trinité, avant le fiat de la très-pure Marie, dont je vais bientôt parler. Au moment de la descente du Fils unique du Père dans son sein virginal, les cieux et toutes les créatures s'émurent; et les trois personnes divines, par suite de leur union inséparable, descendirent toutes avec le Verbe, qui seul devait s'incarner. Tous les membres de la milice céleste sortirent avec le Seigneur Dieu des armées, remplis d'une force invincible et d'une splendeur admirable. Et bien qu'il ne fait pas nécessaire de débarrasser le chemin, parce que la
(1) Joan., XVIII, 9. — (2) Ibid., XXVII, 12. — (3) Ibid., X, 28.
560
Divinité pénètre toutes choses, qu'elle occupe tous les espaces et que rien ne la saurait arrêter, néanmoins les lieux matériels, pour témoigner à leur Créateur leur profond respect, s'ouvrirent tous aussi bien que les éléments qui leur sont inférieurs; les étoiles augmentèrent et renouvelèrent leur lumière, la lune, le soleil et les autres planètes avancèrent leur cours pour rendre hommage à leur Seigneur, et pour assister à la plus grande de ses merveilles.
(1) Act., XVII, 27 et 28. — (2) Rom., I, 23. — ( Act., XVII, 30.
558
Ces opérations sont indivisibles entre les personnes divines; parce que ce n'est pas une seule qui les fait, mais toutes trois, en tant qu'elles sont un même Dieu et qu'elles ont une même sagesse, un même entendement et une même volonté; et comme le Fils fait, veut et opère ce que le Père fait et veut, tout de même le Saint-Esprit fait, veut et opère les mêmes choses que le Père et le Fils.
126. Toutes les trois personnes exécutèrent et opérèrent avec cette indivisibilité d'une même action l'œuvre de l'Incarnation, quoique la seule personne du Verbe reçût en soi la nature de l'homme, l'unissant hypostatiquement à elle-même; et c'est pour cela que nous disons que le Fils fut envoyé par le Père éternel, de l'entendement duquel il procède, et que le Père l'a envoyé par l'opération du Saint-Esprit, qui intervint dans cette mission. Or, comme la personne du Fils était celle qui venait s'humaniser, avant que dé descendre des cieux, sans sortir du sein du Père, il fit dans le divin consistoire, au nom de la même humanité dont il devait revêtir sa personne, une proposition et une demande par lesquelles il représenta ses mérites futurs, afin qu'en considération desdits mérites toute la race humaine obtint sa rédemption et le pardon des péchés pour lesquels il avait à satisfaire la justice divine. Il demanda le fiat de la volonté du Père qui l'envoyait, pour accepter ce rachat en considération de ses oeuvres, de sa très-sainte passion, et des mystères qu'il voulait opérer dans la nouvelle Église et dans la loi de grâce.
559
127. Le Père éternel accepta cette demande et les mérites prévus du Verbe, et lui accorda tout ce qui il proposa et tout ce qu'il demanda pour les mortels. Il lui recommanda aussi ses élus et ses prédestinés comme son héritage, et c'est pour ce sujet que notre Seigneur Jésus-Christ dit par l'organe. de saint Jean, qu'il ne perdit aucun de ceux que son Père lui donna (1), parce qu'il les conserva tous, excepté le fils de perdition, qui fut Judas (2). Et une autre fois il dit. Que personne ne ravirait de sa main, ni de celles de son Père, aucune de ses brebis (3). Il en serait de même pour tous les hommes, si la rédemption, qui fut suffisante pour tous, se trouvait par leur correspondance efficace pour tous et en tous; puisque sa divine miséricorde n'en a exclu aucun, pourvu que tous la reçussent par le moi en de leur Restaurateur.
128. Tout cela eut lieu, selon notre manière de concevoir, dans le ciel, au trône de la très- sainte Trinité, avant le fiat de la très-pure Marie, dont je vais bientôt parler. Au moment de la descente du Fils unique du Père dans son sein virginal, les cieux et toutes les créatures s'émurent; et les trois personnes divines, par suite de leur union inséparable, descendirent toutes avec le Verbe, qui seul devait s'incarner. Tous les membres de la milice céleste sortirent avec le Seigneur Dieu des armées, remplis d'une force invincible et d'une splendeur admirable. Et bien qu'il ne fait pas nécessaire de débarrasser le chemin, parce que la
(1) Joan., XVIII, 9. — (2) Ibid., XXVII, 12. — (3) Ibid., X, 28.
560
Divinité pénètre toutes choses, qu'elle occupe tous les espaces et que rien ne la saurait arrêter, néanmoins les lieux matériels, pour témoigner à leur Créateur leur profond respect, s'ouvrirent tous aussi bien que les éléments qui leur sont inférieurs; les étoiles augmentèrent et renouvelèrent leur lumière, la lune, le soleil et les autres planètes avancèrent leur cours pour rendre hommage à leur Seigneur, et pour assister à la plus grande de ses merveilles.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
129. Les mortels ne connurent point cette émotion ni ce renouvellement de toutes les créatures, tant parce que la chose arriva de nuit, que parce que le même Seigneur voulut qu'elle fût seulement manifestée aux anges, qui, initiés à des mystères aussi sublimes que vénérables, le louèrent avec un surcroît d'admiration: car ces mystères cachés aux hommes, encore éloignés de ces merveilles et de ces bienfaits, ravissaient les esprits célestes, auxquels alors il était seulement enjoint d'en bénir et glorifier l'auteur. Le Très-Haut fit naître pourtant au même moment dans le coeur de quelques justes une impression de joie extraordinaire et inaccoutumée , et ils en furent si doucement frappés, qu'ils y donnèrent tous une attention toute particulière. Ils conçurent du Seigneur des pensées plus grandes que jamais; plusieurs furent instinctivement portés à attribuer ce qu'ils ressentaient d'insolite à la venue du Messie , qui devait racheter le monde; mais ils tinrent tous la chose secrète, parce que, par une disposition expresse de la puissance divine, chacun croyait en être le seul favorisé.
561
130. Les autres créatures eurent aussi part à ce renouvellement. Les oiseaux redoublèrent leur chant,. les plantes augmentèrent leur odeur, et les arbres leurs fruits ; enfin toutes les créatures ressentirent en elles quelque changement favorable. Mais ceux qui éprouvèrent la joie la plus vive furent les saints pères et les justes, habitant les limbes , où l'archange saint Michel fut envoyé pour leur donner des nouvelles si agréables, qui furent pour eux un grand sujet de consolation. Il n'y eut que l'Enfer qui en fut affligé et qui en ressentit de nouvelles douleurs; parce qu'à la descente du Verbe éternel, les démons sentirent une force impétueuse du pouvoir divin qui les surprit, comme les flots d'une mer irritée, et qui les renversa tous dans, le plus profond des ténébreux abîmes sans qu'ils y pussent résister. Il est vrai que y par la permission divine, ils revinrent sur la terre , où ils firent toutes leurs diligences pour trouver la cause de ce qui venait de leur arriver; mais ils ne purent pas la découvrir, malgré les conférences qu'ils tinrent pour résoudre le cas, parce que le pouvoir divin leur cacha le mystère de l'Incarnation, comme il arriva encore lorsque la très sainte Vierge conçut le Verbe humanisé, ainsi que nous le verrons dans, la suite; car ils ne surent que Jésus-Christ était véritablement Dieu et homme, qu'au moment de sa mort, comme je le dirai en son lieu.
131. Le Très-Haut voulant réaliser ce mystère. l'archange Gabriel, accompagné d'une multitude innombrable d'anges ayant tous une forme humaine
562
d'un éclat et d'une beauté incomparables à proportion de leur élévation entra sous les traits que j'ai dépeints au chapitre précédent, dans la petite chambré où la très-pure Marie était en prière; c'était un jeudi, à sept heures du soir et à l'entrée de la nuit. La Princesse da ciel l'apercevant le regarda avec une modestie et avec une retenue admirable , et ce ne fut qu'autant qu'il fallait pour reconnaître en lui l'ange du Seigneur. Elle ne l'eut pas plutôt reconnu, qu'elle voulut avec son humilité ordinaire se prosterner. à ses Pieds, mais le saint ambassadeur ne le voulut pas permettre, au contraire il lui fit lui-même une profonde révérence comme à sa Reine et Maîtresse, en laquelle il. adorait les divins mystères de son Créateur; il savait d'ailleurs que dès ce jour-là les anciennes coutumes que les hommes avaient d'adorer les anges comme Abraham le fit (1), étaient, changées ; parce que la nature humaine étant élevée à la dignité de Dieu en la personne du Verbe, les hommes étaient en même temps adoptés pour ses enfants et pour compagnons, ou frères des mêmes anges, comme celui qui ne voulut pas recevoir l’adoration de l'évangéliste saint Jean, le lui dit (2).
132. Le saint archange salua notre Reine et la sienne; et il lui dit : Ave, gratia plena, Dominus tecum, benedicta tu in mulieribus (3). La plus humble des créatures, entendant cette nouvelle salutation de l’ange, fut troublée, sans perdre la tranquillité de son âme.
(1) Gen., XXVIII, 2. — (2) Apoc., XIX, 10. — (3) Luc., I, 28 et 29
563
Ce trouble eut deux principes en notre auguste Princesse : l'un fut sa très-profonde humilité par laquelle elle se croyait la dernière de toutes les créatures; et s'étant ouïe saluer et appeler bénie entre toutes les femmes, tandis qu'elle nourrissait de si bas sentiments d'elle-même, cela lui parut tout à fait étrange. Le second principe fut, que pendant qu'elle recevait ta salutation et qu'elle la considérait dans son coeur, le Seigneur lui fit connaître qu'il la choisissait pour être sa Mère, et cela la troubla beaucoup plus, parce qu'elle était fort éloignée de cette pensée. Alors l'ange la voyant dans ce trouble, poursuivit son discours, et lui déclara l'ordre du Seigneur, en ces termes: Marie, ne craignez point, parce que vous avez trouvé grâce devant Dieu. Je vous déclaré que vous concevrez dam votre sein. et que vous enfanterez un fils que vous nommerez Jésus. Il sera grand, et sera appelé le Fils du Très-Haut (1); et le reste que le saint archange acheva.
561
130. Les autres créatures eurent aussi part à ce renouvellement. Les oiseaux redoublèrent leur chant,. les plantes augmentèrent leur odeur, et les arbres leurs fruits ; enfin toutes les créatures ressentirent en elles quelque changement favorable. Mais ceux qui éprouvèrent la joie la plus vive furent les saints pères et les justes, habitant les limbes , où l'archange saint Michel fut envoyé pour leur donner des nouvelles si agréables, qui furent pour eux un grand sujet de consolation. Il n'y eut que l'Enfer qui en fut affligé et qui en ressentit de nouvelles douleurs; parce qu'à la descente du Verbe éternel, les démons sentirent une force impétueuse du pouvoir divin qui les surprit, comme les flots d'une mer irritée, et qui les renversa tous dans, le plus profond des ténébreux abîmes sans qu'ils y pussent résister. Il est vrai que y par la permission divine, ils revinrent sur la terre , où ils firent toutes leurs diligences pour trouver la cause de ce qui venait de leur arriver; mais ils ne purent pas la découvrir, malgré les conférences qu'ils tinrent pour résoudre le cas, parce que le pouvoir divin leur cacha le mystère de l'Incarnation, comme il arriva encore lorsque la très sainte Vierge conçut le Verbe humanisé, ainsi que nous le verrons dans, la suite; car ils ne surent que Jésus-Christ était véritablement Dieu et homme, qu'au moment de sa mort, comme je le dirai en son lieu.
131. Le Très-Haut voulant réaliser ce mystère. l'archange Gabriel, accompagné d'une multitude innombrable d'anges ayant tous une forme humaine
562
d'un éclat et d'une beauté incomparables à proportion de leur élévation entra sous les traits que j'ai dépeints au chapitre précédent, dans la petite chambré où la très-pure Marie était en prière; c'était un jeudi, à sept heures du soir et à l'entrée de la nuit. La Princesse da ciel l'apercevant le regarda avec une modestie et avec une retenue admirable , et ce ne fut qu'autant qu'il fallait pour reconnaître en lui l'ange du Seigneur. Elle ne l'eut pas plutôt reconnu, qu'elle voulut avec son humilité ordinaire se prosterner. à ses Pieds, mais le saint ambassadeur ne le voulut pas permettre, au contraire il lui fit lui-même une profonde révérence comme à sa Reine et Maîtresse, en laquelle il. adorait les divins mystères de son Créateur; il savait d'ailleurs que dès ce jour-là les anciennes coutumes que les hommes avaient d'adorer les anges comme Abraham le fit (1), étaient, changées ; parce que la nature humaine étant élevée à la dignité de Dieu en la personne du Verbe, les hommes étaient en même temps adoptés pour ses enfants et pour compagnons, ou frères des mêmes anges, comme celui qui ne voulut pas recevoir l’adoration de l'évangéliste saint Jean, le lui dit (2).
132. Le saint archange salua notre Reine et la sienne; et il lui dit : Ave, gratia plena, Dominus tecum, benedicta tu in mulieribus (3). La plus humble des créatures, entendant cette nouvelle salutation de l’ange, fut troublée, sans perdre la tranquillité de son âme.
(1) Gen., XXVIII, 2. — (2) Apoc., XIX, 10. — (3) Luc., I, 28 et 29
563
Ce trouble eut deux principes en notre auguste Princesse : l'un fut sa très-profonde humilité par laquelle elle se croyait la dernière de toutes les créatures; et s'étant ouïe saluer et appeler bénie entre toutes les femmes, tandis qu'elle nourrissait de si bas sentiments d'elle-même, cela lui parut tout à fait étrange. Le second principe fut, que pendant qu'elle recevait ta salutation et qu'elle la considérait dans son coeur, le Seigneur lui fit connaître qu'il la choisissait pour être sa Mère, et cela la troubla beaucoup plus, parce qu'elle était fort éloignée de cette pensée. Alors l'ange la voyant dans ce trouble, poursuivit son discours, et lui déclara l'ordre du Seigneur, en ces termes: Marie, ne craignez point, parce que vous avez trouvé grâce devant Dieu. Je vous déclaré que vous concevrez dam votre sein. et que vous enfanterez un fils que vous nommerez Jésus. Il sera grand, et sera appelé le Fils du Très-Haut (1); et le reste que le saint archange acheva.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
133. il ne se trouva parmi les pures créatures gîte notre très-prudente et très-humble Reine qui pût dûment estimer et pénétrer un mystère si nouveau et si surprenant, et c'est parce qu'elle en apprécia toutes les grandeurs qu'elle en fut ravie et troublée. Mais dans ce trouble elle tourna son humble coeur vers le Seigneur, qui ne pouvait pas lui refuser ses demandes, et elle lui demanda du plus profond de son aime une nouvelle lumière et un secours particulier pour se conduire selon son bon plaisir dans une affaire
(1) Luc., I, 30, 31 et 32.
565
d'une si grande importance; parce que, comme j'ai dit dans le chapitre précédent, le Très-Haut la laissa pour opérer ce mystère dans l'état commun de la foi, de l'espérance et de la charité, lui suspendant les autres sortes de faveurs intérieures auxquelles d'ordinaire elle était élevée. Dans cette disposition elle repartit à saint Gabriel ce que saint Luc rapporte : Comment cela se fera-t-il, car je ne connais point mon mari (1)? En même temps, elle représentait en elle-même au Seigneur le. voeu de chasteté qu'elle avait fait, et les épousailles que sa divine Majesté avait contractées avec elle.
134. L'ambassadeur céleste lui répondit : « Noble Dame, il est facile au pouvoir divin de vous rendre mère sans que vous connaissiez aucun homme ; le Saint-Esprit surviendra en vous par sa présence, il s'y trouvera d'une manière nouvelle, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre (2) , afin que le Saint des saints, qui sera appelé le Fils de Dieu, puisse naître devons. Je vous déclare aussi que votre cousine Élisabeth a conçu un fils dans sa
vieillesse, et que celle qu'on appelle stérile est présentement dans le sixième mois de sa grossesse (3) , car rien n'est impossible à Dieu; et Celui qui peut faire concevoir et enfanter une stérile, peut bien, illustre Dame, faire que vous deveniez sa Mère, tout en ne cessant point d'être vierge, et en marquant au contraire votre pureté d'un sceau plus
(1) Luc., I, 34. — (2) Ibid., 35. — (3) Ibid., 36.
565
inviolable. Dieu donnera au Fils que vous enfanterez le trône de David, son père, et il régnera à ja mais dans la maison de Jacob (1). Vous n'ignorez pas la prophétie d'Isaïe, qui dit qu'une vierge concevra et enfantera un fils qui sera appelé Emmanuel, c'est-à-dire Dieu avec nous (2). Cette prophétie est infaillible, et elle doit être accomplie en votre personne. Vous savez aussi le grand mystère du buisson ardent que Moïse vit brûler sans qu'il fût consumé ni endommagé par le feu (3), pour signifier le rapprochement des deux natures divine et humaine, a sans que la seconde soit consumée par la première; et pour montrer que la Mère du Messie le concevra et l'enfantera sans le moindre préjudice de son intégrité virginale. Souvenez-vous aussi, grande Dame, de la promesse que notre Dieu éternel fit au patriarche Abraham, qu'après la servitude de sa postérité en Égypte, ses descendants retourneraient en ce pays à la quatrième génération (4). Le mystère de cette promesse était que Dieu humanisé rachèterait alors par votre moyen tous les enfants d'Adam de l'oppression du démon. Et cette échelle que Jacob vit en songe (5) fut une figure expresse a du chemin royal que le Verbe incarné ouvrirait, afin que les mortels montassent au ciel et que les anges descendissent sur la terre, où le Fils unique du Père descendrait pour y converser avec les hommes, et leur communiquer les trésors de sa
(1) Luc., I, 32. — (2) Isa., VII, 14. — (3) Exod., III, 2. — (4) Gen., XV, 16. — (5) Gen., XXVIII, 12.
566
divinité par la participation des vertus et des perfections qui se trouvent en son être immuable, et éternel. »
(1) Luc., I, 30, 31 et 32.
565
d'une si grande importance; parce que, comme j'ai dit dans le chapitre précédent, le Très-Haut la laissa pour opérer ce mystère dans l'état commun de la foi, de l'espérance et de la charité, lui suspendant les autres sortes de faveurs intérieures auxquelles d'ordinaire elle était élevée. Dans cette disposition elle repartit à saint Gabriel ce que saint Luc rapporte : Comment cela se fera-t-il, car je ne connais point mon mari (1)? En même temps, elle représentait en elle-même au Seigneur le. voeu de chasteté qu'elle avait fait, et les épousailles que sa divine Majesté avait contractées avec elle.
134. L'ambassadeur céleste lui répondit : « Noble Dame, il est facile au pouvoir divin de vous rendre mère sans que vous connaissiez aucun homme ; le Saint-Esprit surviendra en vous par sa présence, il s'y trouvera d'une manière nouvelle, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre (2) , afin que le Saint des saints, qui sera appelé le Fils de Dieu, puisse naître devons. Je vous déclare aussi que votre cousine Élisabeth a conçu un fils dans sa
vieillesse, et que celle qu'on appelle stérile est présentement dans le sixième mois de sa grossesse (3) , car rien n'est impossible à Dieu; et Celui qui peut faire concevoir et enfanter une stérile, peut bien, illustre Dame, faire que vous deveniez sa Mère, tout en ne cessant point d'être vierge, et en marquant au contraire votre pureté d'un sceau plus
(1) Luc., I, 34. — (2) Ibid., 35. — (3) Ibid., 36.
565
inviolable. Dieu donnera au Fils que vous enfanterez le trône de David, son père, et il régnera à ja mais dans la maison de Jacob (1). Vous n'ignorez pas la prophétie d'Isaïe, qui dit qu'une vierge concevra et enfantera un fils qui sera appelé Emmanuel, c'est-à-dire Dieu avec nous (2). Cette prophétie est infaillible, et elle doit être accomplie en votre personne. Vous savez aussi le grand mystère du buisson ardent que Moïse vit brûler sans qu'il fût consumé ni endommagé par le feu (3), pour signifier le rapprochement des deux natures divine et humaine, a sans que la seconde soit consumée par la première; et pour montrer que la Mère du Messie le concevra et l'enfantera sans le moindre préjudice de son intégrité virginale. Souvenez-vous aussi, grande Dame, de la promesse que notre Dieu éternel fit au patriarche Abraham, qu'après la servitude de sa postérité en Égypte, ses descendants retourneraient en ce pays à la quatrième génération (4). Le mystère de cette promesse était que Dieu humanisé rachèterait alors par votre moyen tous les enfants d'Adam de l'oppression du démon. Et cette échelle que Jacob vit en songe (5) fut une figure expresse a du chemin royal que le Verbe incarné ouvrirait, afin que les mortels montassent au ciel et que les anges descendissent sur la terre, où le Fils unique du Père descendrait pour y converser avec les hommes, et leur communiquer les trésors de sa
(1) Luc., I, 32. — (2) Isa., VII, 14. — (3) Exod., III, 2. — (4) Gen., XV, 16. — (5) Gen., XXVIII, 12.
566
divinité par la participation des vertus et des perfections qui se trouvent en son être immuable, et éternel. »
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
135. Le saint archange informa la très-pure Marie par ces raisons et par plusieurs autres , dissipant par l'autorité des anciennes promesses et des prophéties de l'Écriture le trouble que son ambassade lui avait causé, aussi bien que par la foi et par la connaissance qu'elle avait, de toutes ces choses et du pouvoir infini du Très-Haut. Mais comme notre auguste Reine surpassait les anges même en sagesse, en prudence et en sainteté , elle différait sa réponse pour la donner avec autant de solidité qu'elle la donna, parce qu'elle fut telle que l'exigeait le plus grand des prodiges de la puissance divine. Cette dame considéra avec beaucoup de réflexion, que de sa réponse dépendaient le dégagement de la parole de la très-sainte Trinité, l'accomplissement de ses promesses et de ses prophéties, l'oblation du plus agréable sacrifice qui lui eût été encore offert, l'ouverture des portes du paradis, la victoire et le triomphe sur l'enfer, la rédemption de tout le genre humain, la satisfaction de la justice divine, l'établissement de la nouvelle loi de grâce, la gloire des hommes, la joie des anges; et tout ce qui est renfermé dans l'incarnation du Fils unique du Père, et qui se trouve caché sous cette adorable forme de serviteur qu'il devait prendre dans le sein virginal de Marie (1).
(1) Phil., II, 7.
567
136. C'est à la vérité une merveille bien grande et bien digne de notre admiration que le Très-Haut laissât entre les mains d'une jeune femme tous ces mystères et tant d'autres qui s'y trouvent renfermés, et que le tout dépendit de son flat. Mais aussi ce fut avec beaucoup de sûreté qu'il s'en rapporta à la sagesse et à la discrétion de cette femme forte et sublime, qui, après avoir médité ce que Dieu lui proposait, ne trompa point la confiance qu'il avait mise en elle (1). Aux opérations qui ont lieu au dedans de Dieu, la coopération des créatures est inutile, et Dieu ne l'attend pas pour opérer au dedans de lui-même; mais il en est autrement des œuvres contingentes du dehors, et comme son incarnation fut la plus grande et la plus excellente de toutes, il ne voulut pas l'exécuter sans la coopération et sens le consentement de la très-pure Marie, afin de donner par son moyen cette perfection à toutes les autres, et afin que nous fussions obligés de ce bienfait à la Mère de la sagesse et à notre Restauratrice.
137. Cette auguste Dame considéra et parcourut attentivement le champ immense de la dignité de Mère de Dieu, qu'il s'agissait d'acheter par un fiat; elle fut revêtue d'une force plus qu'humaine, elle goûta et elle vit que le commerce de la Divinité était. bon. Elle connut les voies de ses bienfaits cachés, elle s'orna de force et de beauté (2). Et lorsqu'elle eut conféré avec elle-même et avec l'ambassadeur céleste
(1) Prov., XXXI, 11. — (2) Ibid., 16, 17 et 18.
568
sur la grandeur de .mystères si hauts et si divins, lorsqu'elle fut bien pénétrée de l'objet de l'ambassade qu'elle recevait, son très-pur esprit fut ravi et absorbé dans l'admiration , dans le respect et dans un très-ardent amour de Dieu. A la suite de ces mouvements si vifs et de ces affections si véhémentes, et comme par leur effet naturel, son très-chaste coeur fut comme étreint et pressé par une force qui lui fit distiller trois gouttes de son très-pur sang dans son sein virginal, où le corps de notre Seigneur Jésus-Christ fut conçu et formé d'elles par l'opération et par la vertu du Saint-Esprit , de sorte que le coeur de la très-pure Marie a réellement et véritablement fourni, à force d'amour, la matière dont la très-sainte humanité du Verbe fut formée pour notre rédemption. Et tout cela arriva su moment où elle prononçait avec une humilité ineffable (ayant la tête un peu inclinée et les mains jointes) ces paroles qui furent le commencement de notre réparation : Ecce ancilla Domini, fiat mihi secundum verbum tuum (1).
(1) Phil., II, 7.
567
136. C'est à la vérité une merveille bien grande et bien digne de notre admiration que le Très-Haut laissât entre les mains d'une jeune femme tous ces mystères et tant d'autres qui s'y trouvent renfermés, et que le tout dépendit de son flat. Mais aussi ce fut avec beaucoup de sûreté qu'il s'en rapporta à la sagesse et à la discrétion de cette femme forte et sublime, qui, après avoir médité ce que Dieu lui proposait, ne trompa point la confiance qu'il avait mise en elle (1). Aux opérations qui ont lieu au dedans de Dieu, la coopération des créatures est inutile, et Dieu ne l'attend pas pour opérer au dedans de lui-même; mais il en est autrement des œuvres contingentes du dehors, et comme son incarnation fut la plus grande et la plus excellente de toutes, il ne voulut pas l'exécuter sans la coopération et sens le consentement de la très-pure Marie, afin de donner par son moyen cette perfection à toutes les autres, et afin que nous fussions obligés de ce bienfait à la Mère de la sagesse et à notre Restauratrice.
137. Cette auguste Dame considéra et parcourut attentivement le champ immense de la dignité de Mère de Dieu, qu'il s'agissait d'acheter par un fiat; elle fut revêtue d'une force plus qu'humaine, elle goûta et elle vit que le commerce de la Divinité était. bon. Elle connut les voies de ses bienfaits cachés, elle s'orna de force et de beauté (2). Et lorsqu'elle eut conféré avec elle-même et avec l'ambassadeur céleste
(1) Prov., XXXI, 11. — (2) Ibid., 16, 17 et 18.
568
sur la grandeur de .mystères si hauts et si divins, lorsqu'elle fut bien pénétrée de l'objet de l'ambassade qu'elle recevait, son très-pur esprit fut ravi et absorbé dans l'admiration , dans le respect et dans un très-ardent amour de Dieu. A la suite de ces mouvements si vifs et de ces affections si véhémentes, et comme par leur effet naturel, son très-chaste coeur fut comme étreint et pressé par une force qui lui fit distiller trois gouttes de son très-pur sang dans son sein virginal, où le corps de notre Seigneur Jésus-Christ fut conçu et formé d'elles par l'opération et par la vertu du Saint-Esprit , de sorte que le coeur de la très-pure Marie a réellement et véritablement fourni, à force d'amour, la matière dont la très-sainte humanité du Verbe fut formée pour notre rédemption. Et tout cela arriva su moment où elle prononçait avec une humilité ineffable (ayant la tête un peu inclinée et les mains jointes) ces paroles qui furent le commencement de notre réparation : Ecce ancilla Domini, fiat mihi secundum verbum tuum (1).
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
138. Ce fiat, si doux aux oreilles de Dieu et si favorable pour nous, ayant été prononcé, quatre choses furent opérées dans un instant. La première fut le très-saint corps de notre Seigneur Jésus-Christ, qui fut formé de ces trois gouttes de sang que le coeur de la sacrée Vierge fournit. La seconde fut la création de la très-sainte âme du même Seigneur, car elle fut aussi créée. La troisième fut l'union
(1) Luc., I, 38
569
de l'âme et du corps du Sauveur, union qui donna a son humanité toute la perfection dont elle était capable. Enfin la quatrième fut l'union hypostatique de la Divinité en la personne du Verbe avec l'humanité, qui par cette union devint le suppôt de l'incarnation ; de sorte que Jésus-Christ fut formé Dieu et homme véritable, pour être notre Seigneur et notre Rédempteur. Cette merveille arriva un vendredi , vingt-cinquième de mars, à la pointe du jour, dans l'année dé la création du monde 5199, selon que l'Église romaine, inspirée par le Saint-Esprit, le raconte dans le Martyrologe, et à la môme heure que notre père Adam fut formé. Cette supputation est la véritable, et c'est ce qui m'a été déclaré, l'ayant demandé par ordre de l'obéissance. Conformément à cela, le monde fut créé dans le mois de mars , qui répond au commencement de la création; et parce que les oeuvres du Très-Haut sont toutes parfaites et achevées (1), les plantes et les arbres sortirent de la main de sa divine Majesté avec leurs fruits, et ils ne les eussent jamais perdus si le péché n'eût altéré et corrompu toute la nature, comme je le dirai, s'il plait à Dieu, dans un autre traité; et je ne le dis pas présentement parce qu'il n'est pas nécessaire à celui-ci.
139. Dans le même instant que le Tout-Puissant célébra les épousailles de l'union hypostatique dans le sein de la très-sainte Vierge, elle fut élevée à la vision béatifique où la Divinité lui fut manifestée intuitivement,
(1) Deut., XXXII, 4
570
et elle y connut de très-hauts mystères dont je parlerai dans le chapitre qui suit. Elle y découvrit notamment le sens secret des chiffres, qui se trouvaient dans l'ornement qu'elle reçut, et dont j'ai parlé au chapitre septième, et elle eut aussi connaissance de ceux que les anges portaient. Le divin Enfant croissait dans ce lieu sacré par, l'aliment, par la substance et par le sang de sa très-sainte Mère, ainsi que les autres le font, quoiqu'il fut exempt de plusieurs choses que les enfants d'Adam souffrent dans cet état, la Reine du ciel n'ayant pas été sujette à de certains accidents qui ne Font pas essentiels à la génération, mais inhérents au péché, puisque cette nourriture que les autres mères descendantes d'Ève fournissent à leurs enfants avec des imperfections qui leur sont naturelles et communes, la très-sainte Vierge la fournissait au sien en exerçant des actes héroïques de toutes les vertus, et singulièrement de la charité. Et comme les opérations ferventes et les affections amoureuses de l'âme émeuvent le sang et les humeurs, par cette émotion la divine Providence communiquait à ce divin Enfant l'aliment naturel dont son humanité avait besoin pour se nourrir, pendant que sa divinité se récréait par la complaisance qu'elle prenait dans L'exercice des vertus héroïques de sa Mère. De sorte que la sacrée Vierge fournit au Saint-Esprit, pour la formation du corps, un sang pur et limpide, comme étant conçue sans péché et exempte de ses suites. Et bien loin de donner à son divin Enfant un sang impur et imparfait, comme les autres mères le donnent aux
aux
571
leurs, elle lui donnait. le plus pur, le plus substantiel et le plus délicat, parce qu'elle le lui communiquait à force d'affections d'amour et des autres vertus., Comme elle savait qu'elle devait partager la nourri, turc qu'elle prenait avec le Fils de Dieu et le sien elle la prenait toujours avec des dispositions si saintes; que les esprits célestes étaient ravis en admiration de voir en des actions si communes tant de mérites pour elle et tant de sujets de complaisance pour le Seigneur.
140. Cette divine Dame fût mise en possession de la dignité de Mère de Dieu avec des privilèges si éminents, que tout ce que j'ai dit jusqu'à présent, et que je dirai dans la suite, est fort au-dessous de leur excellence; il ne m'est pas possible de les expliquer, parce que l'entendement humain ne les saurait dûment concevoir, et les plus doctes même ne trouveront pas des termes assez justes pour exprimer ce qu'ils eu pourront découvrir. Les humbles, qui sont expérimentés en l'amour divin, en connaîtront quelque chose par la lumière infuse et par un certain goût intérieur qui fait pénétrer le secret de pareils mystères. L'auguste Marie ayant été élevée si haut et si ennoblie par cette nouvelle et merveilleuse assistance de la Divinité dans son sein virginal, ne devint pas seulement le ciel, le temple et la demeure de la très-sainte Trinité, mais cette pauvre, maison et ce petit oratoire furent aussi consacrés pour servir de nouveau sanctuaire au Seigneur. Les esprits angéliques qui y assistaient comme témoins de ce prodige, exaltaient
572
le Tout-Puissant avec une joie indicible; ils le bénissaient en la compagnie de cette très-heureuse Mère par de nouveaux cantiques de louange, et ils lui rendaient de continuelles actions de grâces en son nom et en celui du genre humain , qui ignorait le plus grand de ses bienfaits et les plus tendres marques de ses miséricordes.
(1) Luc., I, 38
569
de l'âme et du corps du Sauveur, union qui donna a son humanité toute la perfection dont elle était capable. Enfin la quatrième fut l'union hypostatique de la Divinité en la personne du Verbe avec l'humanité, qui par cette union devint le suppôt de l'incarnation ; de sorte que Jésus-Christ fut formé Dieu et homme véritable, pour être notre Seigneur et notre Rédempteur. Cette merveille arriva un vendredi , vingt-cinquième de mars, à la pointe du jour, dans l'année dé la création du monde 5199, selon que l'Église romaine, inspirée par le Saint-Esprit, le raconte dans le Martyrologe, et à la môme heure que notre père Adam fut formé. Cette supputation est la véritable, et c'est ce qui m'a été déclaré, l'ayant demandé par ordre de l'obéissance. Conformément à cela, le monde fut créé dans le mois de mars , qui répond au commencement de la création; et parce que les oeuvres du Très-Haut sont toutes parfaites et achevées (1), les plantes et les arbres sortirent de la main de sa divine Majesté avec leurs fruits, et ils ne les eussent jamais perdus si le péché n'eût altéré et corrompu toute la nature, comme je le dirai, s'il plait à Dieu, dans un autre traité; et je ne le dis pas présentement parce qu'il n'est pas nécessaire à celui-ci.
139. Dans le même instant que le Tout-Puissant célébra les épousailles de l'union hypostatique dans le sein de la très-sainte Vierge, elle fut élevée à la vision béatifique où la Divinité lui fut manifestée intuitivement,
(1) Deut., XXXII, 4
570
et elle y connut de très-hauts mystères dont je parlerai dans le chapitre qui suit. Elle y découvrit notamment le sens secret des chiffres, qui se trouvaient dans l'ornement qu'elle reçut, et dont j'ai parlé au chapitre septième, et elle eut aussi connaissance de ceux que les anges portaient. Le divin Enfant croissait dans ce lieu sacré par, l'aliment, par la substance et par le sang de sa très-sainte Mère, ainsi que les autres le font, quoiqu'il fut exempt de plusieurs choses que les enfants d'Adam souffrent dans cet état, la Reine du ciel n'ayant pas été sujette à de certains accidents qui ne Font pas essentiels à la génération, mais inhérents au péché, puisque cette nourriture que les autres mères descendantes d'Ève fournissent à leurs enfants avec des imperfections qui leur sont naturelles et communes, la très-sainte Vierge la fournissait au sien en exerçant des actes héroïques de toutes les vertus, et singulièrement de la charité. Et comme les opérations ferventes et les affections amoureuses de l'âme émeuvent le sang et les humeurs, par cette émotion la divine Providence communiquait à ce divin Enfant l'aliment naturel dont son humanité avait besoin pour se nourrir, pendant que sa divinité se récréait par la complaisance qu'elle prenait dans L'exercice des vertus héroïques de sa Mère. De sorte que la sacrée Vierge fournit au Saint-Esprit, pour la formation du corps, un sang pur et limpide, comme étant conçue sans péché et exempte de ses suites. Et bien loin de donner à son divin Enfant un sang impur et imparfait, comme les autres mères le donnent aux
aux
571
leurs, elle lui donnait. le plus pur, le plus substantiel et le plus délicat, parce qu'elle le lui communiquait à force d'affections d'amour et des autres vertus., Comme elle savait qu'elle devait partager la nourri, turc qu'elle prenait avec le Fils de Dieu et le sien elle la prenait toujours avec des dispositions si saintes; que les esprits célestes étaient ravis en admiration de voir en des actions si communes tant de mérites pour elle et tant de sujets de complaisance pour le Seigneur.
140. Cette divine Dame fût mise en possession de la dignité de Mère de Dieu avec des privilèges si éminents, que tout ce que j'ai dit jusqu'à présent, et que je dirai dans la suite, est fort au-dessous de leur excellence; il ne m'est pas possible de les expliquer, parce que l'entendement humain ne les saurait dûment concevoir, et les plus doctes même ne trouveront pas des termes assez justes pour exprimer ce qu'ils eu pourront découvrir. Les humbles, qui sont expérimentés en l'amour divin, en connaîtront quelque chose par la lumière infuse et par un certain goût intérieur qui fait pénétrer le secret de pareils mystères. L'auguste Marie ayant été élevée si haut et si ennoblie par cette nouvelle et merveilleuse assistance de la Divinité dans son sein virginal, ne devint pas seulement le ciel, le temple et la demeure de la très-sainte Trinité, mais cette pauvre, maison et ce petit oratoire furent aussi consacrés pour servir de nouveau sanctuaire au Seigneur. Les esprits angéliques qui y assistaient comme témoins de ce prodige, exaltaient
572
le Tout-Puissant avec une joie indicible; ils le bénissaient en la compagnie de cette très-heureuse Mère par de nouveaux cantiques de louange, et ils lui rendaient de continuelles actions de grâces en son nom et en celui du genre humain , qui ignorait le plus grand de ses bienfaits et les plus tendres marques de ses miséricordes.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
Instruction de la Mère de Dieu.
141. Ma fille, je vous vois dans l'admiration, et c'est avec raison, puisque vous venez d'apprendre par une nouvelle révélation le mystère dans lequel vous découvrez que la Divinité s'est humiliée jusqu'à s'unir avec la nature humaine dans le sein d'une pauvre fille comme j'étais. Je veux dore, ma très-chère, que vous employiez votre plus forte attention à considérer que Dieu ne s'abaissa pas de la sorte pour moi seule, mais qu'il le fit aussi bien pour vous que pour moi (1). Le Seigneur, est infini en miséricorde , et son amour n'a point de bornes; il prend un aussi grand soin d'une seule âme qui le reçoit, il se plait autant avec elle, que s'il n'en eût point créé d'autres; et qu'il ne se fût fait homme que pour elle seule. C'est pourquoi vous devez vous considérer comme étant seule dans le
(1) Gal., II, 29.
673
monde pour y reconnaître avec les plus ardentes affections la venue du Seigneur; ensuite vous lui rendrez des actions de grâces de ce qu'il y est venu également pour. tous. Que si vous pénétrez avec une vive foi que le même Dieu, dont les attributs sont infinis et la majesté éternelle, est descendu pour prendre chair humaine dans mon sein; que c'est lui-même qui vous cherche, qui vous appelle, qui vous caresse, et qui se donne tout à vous comme si vous étiez l'unique de ses créatures, cette pénétration vous fera sans doute découvrir ce à quoi un effet si admirable de sa bonté vous oblige, et vous fera changer cette admiration en des actes animés d'une foi la plus ferme et d'un amour le plus ardent, puisque vous êtes redevable de tout cela à un tel Roi et Seigneur, qui a daigné venir à vous lorsque vous ne le pouviez ni chercher ni trouver.
141. Ma fille, je vous vois dans l'admiration, et c'est avec raison, puisque vous venez d'apprendre par une nouvelle révélation le mystère dans lequel vous découvrez que la Divinité s'est humiliée jusqu'à s'unir avec la nature humaine dans le sein d'une pauvre fille comme j'étais. Je veux dore, ma très-chère, que vous employiez votre plus forte attention à considérer que Dieu ne s'abaissa pas de la sorte pour moi seule, mais qu'il le fit aussi bien pour vous que pour moi (1). Le Seigneur, est infini en miséricorde , et son amour n'a point de bornes; il prend un aussi grand soin d'une seule âme qui le reçoit, il se plait autant avec elle, que s'il n'en eût point créé d'autres; et qu'il ne se fût fait homme que pour elle seule. C'est pourquoi vous devez vous considérer comme étant seule dans le
(1) Gal., II, 29.
673
monde pour y reconnaître avec les plus ardentes affections la venue du Seigneur; ensuite vous lui rendrez des actions de grâces de ce qu'il y est venu également pour. tous. Que si vous pénétrez avec une vive foi que le même Dieu, dont les attributs sont infinis et la majesté éternelle, est descendu pour prendre chair humaine dans mon sein; que c'est lui-même qui vous cherche, qui vous appelle, qui vous caresse, et qui se donne tout à vous comme si vous étiez l'unique de ses créatures, cette pénétration vous fera sans doute découvrir ce à quoi un effet si admirable de sa bonté vous oblige, et vous fera changer cette admiration en des actes animés d'une foi la plus ferme et d'un amour le plus ardent, puisque vous êtes redevable de tout cela à un tel Roi et Seigneur, qui a daigné venir à vous lorsque vous ne le pouviez ni chercher ni trouver.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
142. Tout ce que cet adorable Seigneur vous peut donner hors de lui-même , vous paraîtrait fort grand, même en ne l'envisageant qu'au point de vue et avec des sentiments humains, sans élever votre esprit à ce souverain bien ; tant il est vrai que tout ce qui vient de la main d'un si grand Roi est digne d'une très-haute estime. Mais si vous le considérez en lui-même, à la lueur du divin flambeau de la foi, et si vous êtes assurée, comme vous le devez être, qu'il vous a rendue capable de sa Divinité; alors vous verrez que si Dieu ne se donnait pas à vous, tout ce qui est créé vous semblerait un néant, et deviendrait pour vous un objet de mépris; cette seule pensée satisfera tous
674
vos désirs, et vous comblera de consolation, lorsque vous ferez attention que vous avez un Dieu si amoureux, si aimable, si puissant, si doux, si riche; et qu'étant si infini en tontes choses, il a daigné s'humilier jusqu'à votre bassesse, pour vous relever de la poussière, pour enrichir votre pauvreté, et pour voué rendre l'office de pasteur, de père, d'époux et d'ami très-fidèle.
1143. Or prenez bien garde, ma fille, aux effets que ces vérités produiront au fond de votre coeur. Faites de sérieuses réflexions sur le très-doux amour que ce grand Roi vous témoigne par sa sollicitude continuelle, par les caresses et les faveurs qu'il vous prodigue, par les tribulations qu’ il vous envoie, par le don du flambeau que sa divine science a allumé dans votre âme, afin qu'elle connût à fond les grandeurs infinies de son être, le caractère admirable de ses oeuvres et les mystères les plus cachés, la vérité eu tontes choses et le néant de ce qui est visible,. Cette science est le principe essentiel et la base fondamentale de la doctrine que je vous ai enseignée, pour vous faire apprécier avec combien de respect et de retour vous devez recevoir les bienfaits da Seigneur votre Dieu, votre véritable bien, votre trésor, votre lumière et votre guide. Regardez-le comme un Dieu infini, amoureux et terrible. Soyez attentive à mes paroles et à mes instructions; vous trouverez en elle$ la pari de votre cour. et la lumière de vos yeux.
575
674
vos désirs, et vous comblera de consolation, lorsque vous ferez attention que vous avez un Dieu si amoureux, si aimable, si puissant, si doux, si riche; et qu'étant si infini en tontes choses, il a daigné s'humilier jusqu'à votre bassesse, pour vous relever de la poussière, pour enrichir votre pauvreté, et pour voué rendre l'office de pasteur, de père, d'époux et d'ami très-fidèle.
1143. Or prenez bien garde, ma fille, aux effets que ces vérités produiront au fond de votre coeur. Faites de sérieuses réflexions sur le très-doux amour que ce grand Roi vous témoigne par sa sollicitude continuelle, par les caresses et les faveurs qu'il vous prodigue, par les tribulations qu’ il vous envoie, par le don du flambeau que sa divine science a allumé dans votre âme, afin qu'elle connût à fond les grandeurs infinies de son être, le caractère admirable de ses oeuvres et les mystères les plus cachés, la vérité eu tontes choses et le néant de ce qui est visible,. Cette science est le principe essentiel et la base fondamentale de la doctrine que je vous ai enseignée, pour vous faire apprécier avec combien de respect et de retour vous devez recevoir les bienfaits da Seigneur votre Dieu, votre véritable bien, votre trésor, votre lumière et votre guide. Regardez-le comme un Dieu infini, amoureux et terrible. Soyez attentive à mes paroles et à mes instructions; vous trouverez en elle$ la pari de votre cour. et la lumière de vos yeux.
575
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
CHAPITRE XII. De ce que la très-sainte âme de notre seigneur Jésus-Christ fit dans le premier instant de sa conception, et ce que sa très-pure Mère opéra alors.
144. Pour mieux pénétrer les premières opérations de 1'âme très-sainte de notre Seigneur Jésus-Christ, il faut présupposer ce que nous avons dit dans le chapitre précédent an paragraphe, 138, que tout le substantiel de ce divin mystère, savoir, la formation du corps, la création et l'infusion de l'âme, l'union de l'humanité inséparable de la personne du Verbe, tout cela fut opéré simultanément, de sorte qu'on ne peut pas dire que notre Seigneur Jésus-Christ ait été un seul instant homme pur : car il fut toujours véritablement homme et Dieu , puisqu'au moment où il pouvait, à causé de son humanité, être appelé homme, il était déjà Dieu. Ainsi il n'est aucun instant auquel on puisse l'appeler simplement homme : il a toujours été Homme-Dieu et Dieu-Homme. Et comme l'être naturel, étant actif, peut incontinent exercer ses facultés, ainsi, au moment même où l’incarnation fut accomplie, l'âme très-sainte de notre Seigneur Jésus-Christ fut béatifiée par la vision et par l'amour béatifique, de manière que les
576
puissances de son entendement et de sa volonté s'élevèrent aussitôt, selon notre manière de concevoir, à la même divinité qu'avait trouvée son être de nature uni substantiellement à elle, et ces puissances s'unirent en même temps à l'être de Dieu par leurs opérations, afin que notre Seigneur Jésus-Christ fût entièrement. déifié et en son être et en ses opérations.
145. La grande merveille de ce mystère est que tant de gloire, que toute l'immensité divine fussent ramassées dans un aussi petit abrégé qu'était un corps qui n'était pas plus grand qu'une abeille: car le volume du très-saint corps de Jésus-Christ n'était pas plus considérable que cela, lorsque la conception et l'union hypostatique furent célébrées. La grande merveille, c'est encore que ce corps si réduit se trouvât à la fois dans là gloire et dans la passibilité : car l'humanité de Jésus-Christ, essentiellement compréhenseur, quoique voyageur du temps, fut glorieuse et passible tout ensemble. biais Dieu put bien, dans son pouvoir et clans sa sagesse infinie, abréger, si j'ose ainsi parler, si fort sa di. alité toujours infinie, que, sans qu'elle cessât de l'être, elle fût renfermée dans la sphère d'un si petit corps par une nouvelle et admirable manière d'y être. il fit aussi par la même toute-puissance, que l'âme très-sainte de. notre Seigneur Jésus-Christ fut bienheureuse dans la partie supérieure des plus nobles opérations, et que toute la gloire sans mesure qui lui causait son bonheur, fût comme retenue dans la suprême partie de son âme, suspendant les effets et les dons qu'elle devait communiquer à son corps; afin
577
que Jésus-Christ fût passible et voyageur aussi bien que compréhenseur; cela ne se faisant que pour donder lieu à notre rédemption par le moyen de sa passion et de sa mort.
144. Pour mieux pénétrer les premières opérations de 1'âme très-sainte de notre Seigneur Jésus-Christ, il faut présupposer ce que nous avons dit dans le chapitre précédent an paragraphe, 138, que tout le substantiel de ce divin mystère, savoir, la formation du corps, la création et l'infusion de l'âme, l'union de l'humanité inséparable de la personne du Verbe, tout cela fut opéré simultanément, de sorte qu'on ne peut pas dire que notre Seigneur Jésus-Christ ait été un seul instant homme pur : car il fut toujours véritablement homme et Dieu , puisqu'au moment où il pouvait, à causé de son humanité, être appelé homme, il était déjà Dieu. Ainsi il n'est aucun instant auquel on puisse l'appeler simplement homme : il a toujours été Homme-Dieu et Dieu-Homme. Et comme l'être naturel, étant actif, peut incontinent exercer ses facultés, ainsi, au moment même où l’incarnation fut accomplie, l'âme très-sainte de notre Seigneur Jésus-Christ fut béatifiée par la vision et par l'amour béatifique, de manière que les
576
puissances de son entendement et de sa volonté s'élevèrent aussitôt, selon notre manière de concevoir, à la même divinité qu'avait trouvée son être de nature uni substantiellement à elle, et ces puissances s'unirent en même temps à l'être de Dieu par leurs opérations, afin que notre Seigneur Jésus-Christ fût entièrement. déifié et en son être et en ses opérations.
145. La grande merveille de ce mystère est que tant de gloire, que toute l'immensité divine fussent ramassées dans un aussi petit abrégé qu'était un corps qui n'était pas plus grand qu'une abeille: car le volume du très-saint corps de Jésus-Christ n'était pas plus considérable que cela, lorsque la conception et l'union hypostatique furent célébrées. La grande merveille, c'est encore que ce corps si réduit se trouvât à la fois dans là gloire et dans la passibilité : car l'humanité de Jésus-Christ, essentiellement compréhenseur, quoique voyageur du temps, fut glorieuse et passible tout ensemble. biais Dieu put bien, dans son pouvoir et clans sa sagesse infinie, abréger, si j'ose ainsi parler, si fort sa di. alité toujours infinie, que, sans qu'elle cessât de l'être, elle fût renfermée dans la sphère d'un si petit corps par une nouvelle et admirable manière d'y être. il fit aussi par la même toute-puissance, que l'âme très-sainte de. notre Seigneur Jésus-Christ fut bienheureuse dans la partie supérieure des plus nobles opérations, et que toute la gloire sans mesure qui lui causait son bonheur, fût comme retenue dans la suprême partie de son âme, suspendant les effets et les dons qu'elle devait communiquer à son corps; afin
577
que Jésus-Christ fût passible et voyageur aussi bien que compréhenseur; cela ne se faisant que pour donder lieu à notre rédemption par le moyen de sa passion et de sa mort.
Re: La Cité Mystique de Dieu Vénérable Marie d'Agreda
146. La très-sainte humanité de Notre-Seigneur fut douée, à l'instant même de sa conception, de toutes les dispositions convenables et nécessaires pour le plein exercice de ses facultés et la réalisation de toutes les choses qu'il devait faire, tant comme compréhenseur que comme passible et pèlerin de la terre; ainsi il reçut la science bienheureuse et infuse, la grâce justifiante et les dons du Saint-Esprit, qui reposa sur lui, comme dit Isaïe (1). Il eut toutes les vertus, excepté la foi et l'espérance, qui ne peuvent compatir avec la vision et la possession béatifique. Et s'il se trouve quelque autre vertu qui présuppose quelque imperfection en celui qui l'a, elle ne pouvait pas être dans le Saint des saints, qui ne put commettre aucun péché, et dont la bouche ne proféra jamais aucune parole de mensonge (2). Il n'est pas nécessaire que nous nous étendions ici davantage sur la dignité et l'excellence de la science, de la grâce, des vertus et des perfections de notre Seigneur Jésus-Christ, parce que les saints docteurs et les théologiens l'enseignent amplement. Pour moi, il me suffit de savoir qu'il poussa la perfection dans tous les sens jusqu'aux dernières limites de la puissance divine, et au delà de tout ce que l'entendement humain peut
(1) Isa., XI, 2. — (2) I Petr., II, 22.
578
concevoir, parce qu'ayant la source de la vie (1), qui est la Divinité, son âme très-sainte devait, suivant l'expression de David, boire sans fin ni mesure de l'eau de son torrent (2). Ainsi il eut la plénitude de toutes les vertus et de toutes les perfections.
147. L'âme de notre Sauveur Jésus-Christ étant déifiée et enrichie de tous les dons de la Divinité, voici dans quel ordre eurent lieu ses opérations. Ce fut d'abord de voir et de connaître intuitivement la Divinité, comme elle est en soi, et comme elle était unie à sa très-sainte humanité. Ensuite elle l'aima d'un souverain amour béatifique. Après cela cette âme très-sainte reconnut l’ être de son humanité, inférieur à litre de Dieu, et elle s'humilia très-profondément; et elle rendit grâces avec la même humilité à l'Être immuable de Dieu, du bienfait de la création et de celui de l'union hypostatique, par laquelle elle fut élevée à l'Être de Dieu avec la nature humaine. Elle connut aussi que son humanité était passible, afin que le but de la rédemption pût être atteint. Dans cette connaissance, Jésus-Christ s'offrit en sacrifice propitiatoire pour être le Rédempteur du genre humain (3); et cet homme adorable recevant avec complaisance l’être passible, rendit grâces au Père éternel en son nom et en celui de tous les hommes. Il vit l'organisation de sa très-sainte humanité, la matière dont elle avait été formée, et comme la très-pure Marie la lui avait fournie par un mouvement ardent de sa
(1) Ps. XXXV, 10. — (2) Ps., CIX, 7. — (3) Hebr., X, 5 et 6.
579
charité, et par l'exercice des vertus les plus héroïques. Il prit possession de ce saint Tabernacle, il se plut dans sa demeure, il en agréa l'éminente beauté, et s'appropria au même moment pour toute l'éternité l'âme de la plus parfaite et de la plus pure des créatures. Il loua le Père éternel de l'avoir créée avec une telle prééminence de grâces et de dons, et de l'avoir exemptée, quoique issue d'Adam, de la loi commune du péché que toutes ses descendantes avaient encourue (1). Il pria pour saint Joseph et pour sa chaste compagne, dont il demanda le salut éternel. Toutes ces opérations et les autres qu'il fit furent aussi relevées qu'elles pouvaient l’être dans un véritable Homme-Dieu, et indépendamment de celles qui se rattachent à la vision et à l'amour béatifiques, il donna à toutes et à chacune de ses actions un mérite tel, qu'il aurait pu suffire au rachat d'une infinité de mondes s'il eût été possible de les trouver.
148. Notre rédemption eût été surabondante par le seul acte d'obéissance que fit la très-sainte humanité unie au Verbe, en acceptant la passibilité et en consentant avec plaisir à ce que la gloire de son âme ne rejaillit. point sur son corps. Mais, quoique la valeur d'un seul acte fût plus que suffisante pour notre rançon, il ne pouvait pas satisfaire l'amour immense que Jésus-Christ portait aux hommes, et qui l'a forcé à nous aimer avec une volonté effective jusqu'à la fin de l'amour, qui était celle de sa propre vie, en la donnant
(1) Rom., V, 12.
580
pour nous (1) avec des démonstrations et des circonstances de la plus grande affection que l'entendement humain et angélique ait pu imaginer. Que si notre Seigneur Jésus-Christ nous enrichit si fort dans le premier instant qu'il vint au monde, quels trésors, quelles richesses, quels mérites ne nous devait-il pas laisser, lorsqu'il en sortit par sa passion et par la mort de la croix, après trente-trois ans de travaux si grands et d'opérations si divines ! O amour immense ! O charité sans borne! O miséricorde sans mesure! O bonté très-libérale ! Mais, ô noire ingratitude et oubli damnable des mortels à la vue d'un bienfait aussi inouï qu'il est important! Que deviendrions-nous sans lui? Mais comment nous comporterions-nous envers ce divin Seigneur, s'il eût moins fait pour nous, puisque, ayant fait tout ce qu'il a pu, nous n'en sommes pas touchés? Si nous ne lui rendons pas le retour comme à notre Rédempteur, qui nous a donné la vie et la liberté éternelle, écoulons-le du moins comme notre Maître; suivons-le comme notre capitaine, comme notre guide et comme notre chef, qui nous enseigne le chemin de notre véritable félicité.
(1) Isa., XI, 2. — (2) I Petr., II, 22.
578
concevoir, parce qu'ayant la source de la vie (1), qui est la Divinité, son âme très-sainte devait, suivant l'expression de David, boire sans fin ni mesure de l'eau de son torrent (2). Ainsi il eut la plénitude de toutes les vertus et de toutes les perfections.
147. L'âme de notre Sauveur Jésus-Christ étant déifiée et enrichie de tous les dons de la Divinité, voici dans quel ordre eurent lieu ses opérations. Ce fut d'abord de voir et de connaître intuitivement la Divinité, comme elle est en soi, et comme elle était unie à sa très-sainte humanité. Ensuite elle l'aima d'un souverain amour béatifique. Après cela cette âme très-sainte reconnut l’ être de son humanité, inférieur à litre de Dieu, et elle s'humilia très-profondément; et elle rendit grâces avec la même humilité à l'Être immuable de Dieu, du bienfait de la création et de celui de l'union hypostatique, par laquelle elle fut élevée à l'Être de Dieu avec la nature humaine. Elle connut aussi que son humanité était passible, afin que le but de la rédemption pût être atteint. Dans cette connaissance, Jésus-Christ s'offrit en sacrifice propitiatoire pour être le Rédempteur du genre humain (3); et cet homme adorable recevant avec complaisance l’être passible, rendit grâces au Père éternel en son nom et en celui de tous les hommes. Il vit l'organisation de sa très-sainte humanité, la matière dont elle avait été formée, et comme la très-pure Marie la lui avait fournie par un mouvement ardent de sa
(1) Ps. XXXV, 10. — (2) Ps., CIX, 7. — (3) Hebr., X, 5 et 6.
579
charité, et par l'exercice des vertus les plus héroïques. Il prit possession de ce saint Tabernacle, il se plut dans sa demeure, il en agréa l'éminente beauté, et s'appropria au même moment pour toute l'éternité l'âme de la plus parfaite et de la plus pure des créatures. Il loua le Père éternel de l'avoir créée avec une telle prééminence de grâces et de dons, et de l'avoir exemptée, quoique issue d'Adam, de la loi commune du péché que toutes ses descendantes avaient encourue (1). Il pria pour saint Joseph et pour sa chaste compagne, dont il demanda le salut éternel. Toutes ces opérations et les autres qu'il fit furent aussi relevées qu'elles pouvaient l’être dans un véritable Homme-Dieu, et indépendamment de celles qui se rattachent à la vision et à l'amour béatifiques, il donna à toutes et à chacune de ses actions un mérite tel, qu'il aurait pu suffire au rachat d'une infinité de mondes s'il eût été possible de les trouver.
148. Notre rédemption eût été surabondante par le seul acte d'obéissance que fit la très-sainte humanité unie au Verbe, en acceptant la passibilité et en consentant avec plaisir à ce que la gloire de son âme ne rejaillit. point sur son corps. Mais, quoique la valeur d'un seul acte fût plus que suffisante pour notre rançon, il ne pouvait pas satisfaire l'amour immense que Jésus-Christ portait aux hommes, et qui l'a forcé à nous aimer avec une volonté effective jusqu'à la fin de l'amour, qui était celle de sa propre vie, en la donnant
(1) Rom., V, 12.
580
pour nous (1) avec des démonstrations et des circonstances de la plus grande affection que l'entendement humain et angélique ait pu imaginer. Que si notre Seigneur Jésus-Christ nous enrichit si fort dans le premier instant qu'il vint au monde, quels trésors, quelles richesses, quels mérites ne nous devait-il pas laisser, lorsqu'il en sortit par sa passion et par la mort de la croix, après trente-trois ans de travaux si grands et d'opérations si divines ! O amour immense ! O charité sans borne! O miséricorde sans mesure! O bonté très-libérale ! Mais, ô noire ingratitude et oubli damnable des mortels à la vue d'un bienfait aussi inouï qu'il est important! Que deviendrions-nous sans lui? Mais comment nous comporterions-nous envers ce divin Seigneur, s'il eût moins fait pour nous, puisque, ayant fait tout ce qu'il a pu, nous n'en sommes pas touchés? Si nous ne lui rendons pas le retour comme à notre Rédempteur, qui nous a donné la vie et la liberté éternelle, écoulons-le du moins comme notre Maître; suivons-le comme notre capitaine, comme notre guide et comme notre chef, qui nous enseigne le chemin de notre véritable félicité.
Page 17 sur 28 • 1 ... 10 ... 16, 17, 18 ... 22 ... 28
Sujets similaires
» La Cité Mystique de Dieu Marie d'Agreda extrait
» Marie d'Agreda "La Cité Mystique de Dieu" livre version numérisée
» APPEL DE MARIE, ROSE MYSTIQUE, AUX ENFANTS DE DIEU
» Couronne angélique de Dieu et de Marie, Rose mystique
» Vénérable Conchita mystique auteur de 60 000 pages manuscrites
» Marie d'Agreda "La Cité Mystique de Dieu" livre version numérisée
» APPEL DE MARIE, ROSE MYSTIQUE, AUX ENFANTS DE DIEU
» Couronne angélique de Dieu et de Marie, Rose mystique
» Vénérable Conchita mystique auteur de 60 000 pages manuscrites
Page 17 sur 28
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum