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Cinci a écrit:Vrai que cette émission est assez bonne dans l'ensemble.




 Puis le nom de Salamito me dit quelque chose, j'essaie de me rappeler l'une de ses interventions qui aura pu me réjouir. Je songe à une sortie publique mais dont j'ai oublié l'objet, une sortie qui remonte à quelques années. 

andree78 a écrit:Un rappel: la dédicace du livre d'AHC est jeudi (demain) à Paris 

thanneguy a écrit:
J'y ai trouvé une mine d'informations, de trucs et d'astuces pour faire face en cas de situation de survie, de chaos sociétal, de guerre civile etc, l'auteure est catholique  pratiquante et le prix attractif pour un sujet si important : 20 €.

Face à la guerre

Dans les années 1920, certains accuseront Pie XI de germanophilie à cause du soutien qu'il sembla apporter à ceux qui voulaient construire une Europe nouvelle fondée sur la réconciliation de la France et de l'Allemagne. L'accusation était injuste. Si dès avant son accession au pontificat, Mgr Ratti fut un grand admirateur de la science et des universités allemandes, et aussi des organisations catholiques allemandes, si nombreuses et si bien structurées, il n'était point un admirateur inconditionnel de l'Allemagne. 

Et encore moins pendant la guerre de 1914-1918. Mgr Ratti fut très impressionné par les débuts de la guerre et par l'invasion de la Belgique dont l'Allemagne violait la neutralité. Il comptait des amis en Belgique. Il s'inquiéta pour eux. Quand l'Italie entrera à son tour dans la guerre, aux côtés des Alliés, l'année suivante, Mgr Ratti dira à un prélat qui était un de ses collaborateurs à la bibliothèque Vaticane : «Si les Allemands entraient à Milan, je crois que j'en mourrais.» 

En une autre circonstance, il se montra un ardent patriote italien. En 1917, les armées italiennes subirent une grande défaite à Caporetto face aux armées autrichiennes. L'armée italienne fit appel à des volontaires et aux armées alliées pour sauver la situation. Mgr Ratti dit alors à son ami Mgr Caccia Dominioni que, s'il n'était pas aussi vieux - il avait soixante ans - il aurait demandé à aller au front (2)

Source : Yves Chiron, Pie XI, 2004 

(2) propos rapportés par C. Confanolieri, Pio XI visto da vicino, Turin, 1957 

«Parmi les premiers actes du pontificat, il y a une décision concernant la France. Jeanne d'Arc avait été béatifiée en 1909 par Pie X et canonisée en 1920 par Benoit XV. Les cardinaux, archevêques et évêques de France avaient adressé alors une supplique à ce dernier pape pour qu'il proclame Notre-Dame de l'Assomption patronne principale de la France et sainte Jeanne d'Arc patronne secondaire. Benoit XV était disposé à accéder à cette demande, mais il en fut empêché par la mort. Aussi Pie XI, par une lettre apostolique du 2 mars [1922], «acceptait de remplir les voeu de Notre très regretté prédécesseur». Le pape se plaisait à rappeler la dévotion traditionnelle de la France dont témoignent, disait-il, ses docteurs et ses théologiens, ses trente-quatre cathédrales dédiées à la Vierge et «les apparitions répétées par lesquelles la Mère de Dieu a semblé approuver et confirmer la dévotion du peuple français». Il saluait aussi en sainte Jeanne d'Arc l'héroïne de la religion et de la patrie. 


Dans une première lettre sur les séminaires, Pie XI rappelle aussi que le fondement des études théologique doit être la philosophie scolastique, meilleur rempart contre le modernisme. «Les professeurs de philosophie, écrit le pape, doivent suivre non seulement la manière et la méthode de saint Thomas, mais encore sa doctrine et ses principes; ils mettront d'autant plus d'ardeur à lui être fidèles qu'ils savent que les modernistes et les autres ennemis de la foi catholique  ne craignent et ne redoutent aucun docteur de l'Église  à l'égal de saint Thomas».

Ubi Arcano Dei

La première encyclique de Pie XI est datée du 23 décembre 1922. Le pape commençait par déplorer qu'à l'issue de la guerre les peuples n'aient pas retrouvé une véritable paix et que des discordes intestines se soient développées dans les sociétés. Il en nommait deux : la lutte des classes (ulcère mortel) et les conflits de partis, «jeu déloyal des factions que favorise la démocratie». Il pointait aussi du doigt, de manière sévère, la destruction de la famille. 

On doit relever encore parmi les maux signalés par Pie XI, le nationalise immodéré. L'expression reviendra à plusieurs reprises durant le pontificat et sera un élément à charge pour condamner l'Action française, le national-socialisme et certains aspects du fascisme. Pour le moment, dans cette encyclique de la fin de 1922, Pie XI prend la peine de distinguer le sain patriotisme de sa dérive : «Cet amour même de sa patrie et de sa race, source puissante de multiples vertus et d'actes d'héroïsme lorsqu'il est réglé par la loi chrétienne, n'en devient pas moins un germe d'injustice et d'iniquités nombreuses si, transgressant les règles de la justice et du droit, il dégénère en nationalisme immodéré (immoderatum nationis amorem)» 

La cause de tous les maux des sociétés et des malheurs des pays se trouve dans l'oubli de Dieu : «C'est pour s'être misérablement séparé de Dieu et de Jésus-Christ que de leur bonheur d'autrefois les hommes sont tombés dans cet abîme de maux. Les lois perdent de leur efficacité parce que Dieu et Jésus-Christ ont été exclus de la législation et des affaires publiques et parce que l'autorité ne tire plus son origine de Dieu, mais des hommes. 

Pie XI en arrivait alors au remède. Il faut d'abord obtenir la pacification des esprits. La véritable paix ne peut provenir que du Christ et de son Église. Il faut rétablir le règne du Christ dans la famille, à l'école, dans la société. «Le jour, écrit le pape, ou États et gouvernements se feront un devoir sacré de régler dans leur vie politique au dedans et au-dehors sur les enseignements et les préceptes de Jésus-Christ, alors, mais alors seulement, ils jouiront à l'intérieur d'une paix profitable, entretiendront des rapports de mutuelle confiance, et résoudront pacifiquement les conflits qui pourraient surgir.» 

Dès le début de son pontificat, Pie XI a entendu maintenir une ligne doctrinal ferme. Dans le premier document sur les séminaires, nous l'avons vu, il avait préconisé la philosophie scolastique et thomiste «contre les modernistes et les autres ennemis de la foi». Dans sa première encyclique, il avait renouvelé la condamnation contre le modernisme dogmatique. Mais Pie XI ne s'en est pas tenu au renouvellement de la condamnation et à la mise en place de nouveaux garde-fous. Il a étendu son analyse à d'autres formes de modernisme. Dans Ubi Arcano Dei, il avait mis en cause «ceux qui dans leurs discours, leurs écrits et tout l'ensemble de leur vie, agissent exactement comme si les enseignements et les ordres promulgués à tant de reprises par les souverains pontifes, notamment par Léon XIII, Pie X et Benoit XV, avaient perdu leur valeur première ou même n'avaient plus du tout à être pris en considération».Étaient visés par là non pas tant des clercs mais des laïcs catholiques qui oeuvrent dans la vie publique et la vie sociale sans faire référence aux enseignements précis de l'Église et sans en tenir suffisamment compte. Pie XI est sévère pour ceux-là. «Ce fait révèle comme une sorte de modernisme moral, juridique et social». 

Ce diagnostique est essentiel pour comprendre la suite du magistère de Pie XI, notamment son enseignement sur le Christ-Roi. De ce point de vue, la première encyclique, programmatique, trouve son prolongement dans l'encyclique sur le Christ-Roi, Quas Primas, qui paraît exactement deux ans plus tard. C'est une encyclique antimoderniste, mais le modernisme visé n'est pas immédiatement un danger pour la foi - même s'il peut le devenir -, c'est un danger pour les sociétés chrétiennes. Dans sa première encyclique, Pie XI l'avait défini comme un «modernisme moral, juridique et social», cette fois, il lui donne un autre nom, le «Laïcisme» qu'il qualifie de «peste de notre époque«.(Quas Primas, 11 décembre 1925)

La nouvelle encyclique n'est pourtant pas d'abord une encyclique de condamnation, c'est une encyclique de doctrine. Son objet premier est d'instituer une nouvelle fête, celle du Christ-Roi, qui devra être célébrée dans le monde entier, chaque année, le dernier dimanche d'octobre. Le pape demandait aussi que ce même jour soit renouvelée chaque annèe la consécration du genre humain au Sacré Coeur de Jésus. 

Pie XI s'inscrivait ainsi dans un courant de dévotion au Sacré Coeur qui s'était développée dans les dernières décennies du XIXe siècle, revivifié en particulier par la béatification en 1864 de Marguerite Marie Alacoque, la religieuse qui, au XVIIe siècle, avait reçue des messages du Sacré Coeur à Paray-le-Monial. 

Aussi trouve-ton dans Quas Primas un exposé très développé sur la royauté universelle de Jésus-Christ. Une doctrine qui n'était pas nouvelle - Pie XI l'enracinait dans l'Écriture Sainte, et elle s'appuyait sur la doctrine thomiste - mais qui n'avait jamais été exposée de manière aussi ample par ses prédécesseurs. 

Aucun domaine n'échappe à la souveraineté du Christ, écrivait le pape : «Il règne sur les intelligences humaines, à cause de la pénétration de son esprit et de l'étendue de sa science, mais surtout parce qu'il est la Vérité et que c'est de lui nécessairement que les hommes doivent tenir la vérité et docilement l'accepter. On dit qu'il règne sur les volontés humaines, parce qu'en lui à la sainteté de la volonté divine correspondait une parfaite rectitude et soumission de la volonté humaine, mais aussi parce que sous ses inspirations et ses impulsions notre volonté libre s'enthousiasme pour les plus nobles causes. On dit enfin qu'il est le roi des coeurs, à cause de son inconcevable charité, qui surpasse toute compréhension humaine et de son talent d'attirer les coeurs par la douceur et la bonté.» 

Pie XI précise dans cette encyclique que la royauté du Christ n'est pas uniquement spirituelle : «Ce serait une erreur grossière de refuser au Christ-Roi la souveraineté sur les choses temporelles, quelles qu'elles soient : il tient du Père sur les créatures un droit absolu, lui permettant de disposer de tout à son gré. Il est l'unique auteur pour l'État comme pour chaque citoyen, de la prospérité et du vrai bonheur.»

Le pape n'hésitait pas à se faire directif : «Les chefs d'État ne sauraient donc refuser de rendre - en leur nom personnel et avec tout le peuple - des hommages publics de respect et de soumission à la souveraineté du Christ; tout en sauvegardant leur autorité, ils travailleront ainsi à promouvoir et développer la prospérité nationale.»

Yves Chiron, Pie XI, p. 142 

«Comme pour mieux marquer les esprits, six canonisations eurent lieu quasiment en même temps, en moins de deux semaines du mois de mai : Thérèse de l'Enfant Jésus  fut canonisée le 17 mai ; Pierre Canisius, le grand apôtre jésuite de la reconquête catholique de l'Allemagne, le 21; Marie-Madeleine Postel, la fondatrice des Soeurs des Écoles chrétiennes de la Miséricorde, et Madeleine-Sophie Barat, la fondatrice des Dames du Sacré-Coeur, le 24; Jean-Eudes et Jean-Marie Vianney, le curé d'Ars, le 31. 

Sur les six nouveaux saints de cette année jubilaire, cinq étaient français. 

La cérémonie de canonisation de Thérèse de Lisieux, «L'étoile de mon pontificat», dira Pie XI, marqua sans doute l'apogée du jubilé. Cette canonisation faisait l'unanimité et attira un nombre considérable de fidèles : «Ruisselante de lumière, la nef de Saint-Pierre débordait de soixante mille personnes. Un cortège de plus de quatre mille religieux, prêtres et prélats, de deux cent cinquante archevêques et évêques, de trente-quatre cardinaux, chiffre exceptionnel pour l'époque, témoignait de la popularité et du rayonnement de la carmélite».

La canonisation du curé d'Ars, le 31 mai suivant, en la fête de la Pentecôte, attira aussi un important public français. Une vingtaine de députés et de sénateurs français assistèrent à la cérémonie, ainsi que les cardinaux de Lyon et de Rennes et une trentaine d'évêques. Pie XI avait tenu à ce que des curés de campagne français assistent à la canonisation de celui qu'on leur proposait comme modèle. Près de cinq cent curés français purent faire le pèlerinage, la plupart avaient réussi à venir à Rome grâce à la générosité de leurs fidèles, mais pour une centaine d'entre eux Pie XI lui-même paya les frais du voyage et du séjour. 

Parmi les cent vingt-cinq nouveaux bienheureux de cette année sainte, on relève cent dix-neuf martyrs, ce qui montre une volonté de proposer à la vénération des fidèles des chrétiens qui ont offert leur vie pour le Christ. Et parmi ces martyrs, quatre-vingt-sept étaient des missionnaires ou des fidèles de pays de mission («Les martyrs du Canada» au XVIIe siècle et les «martyrs de Corée» au XIXe siècle). Il y avait aussi la béatification de victimes de la Révolution française : trente-deux religieuses exécutées à Orange en juillet 1794.