Du droit à l'euthanasie au devoir de mourir

"Euthanasie : du droit à l’obligation

Nous sommes en train de débattre du droit de se donner la mort. Beaucoup semblent d’accord pour établir ce droit, par respect de la liberté ou par compassion devant la souffrance. Ils ne le seraient plus s’ils réalisaient au prix de quelles obligations il s’achète. Acquérir un certain droit de mourir, c’est en effet renoncer à un certain droit de vivre.
Si la loi pose un droit, quel qu’il soit, elle pose en même temps déjà trois obligations, sans lesquelles ce droit serait vide et inexistant :

   ne pas s’opposer à l’exercice de ce droit ;
   fournir des moyens sans lesquels le droit resterait complètement théorique ;
   accepter de subir les effets résultant de son exercice.

Application : le droit pour X de se donner la mort implique pour les autres, pris collectivement, trois obligations : la première est de ne pas empêcher X de se la donner, la deuxième est de l’aider à se la donner, s’il n’a pas les moyens de le faire seul. Ces deux premières obligations sont évidentes. Mais quelle est la troisième ? L’obligation de se donner la mort, en certaines circonstances. Rien de moins. Et cela se démontre.

[...]

Maintenant, quand une personne a (par hypothèse) le devoir de se donner la mort, que va faire le groupe, que va faire la société, si cette personne refuse de faire son devoir, alors que « la nécessité publique, légalement constatée, l’exige évidemment » ? La réponse est tristement évidente. Elle y sera contrainte. Si donc on pose un droit de se donner la mort, on admet la possibilité d’une obligation de se la donner, dans certaines autres conditions. L’aide requise à l’accomplissement de cette obligation par le citoyen récalcitrant pourra prendre la forme de ces contraintes par lesquelles, disait Rousseau, « on le forcera à être libre ». Ne nous payons donc de mots. Nous ne pouvons acquérir ce droit de nous donner la mort qu’en reconnaissant à l’État le droit de nous la donner.
L’État usera de ce droit. Quand les finances publiques seront à bout, les vieux et les malades seront des bouches inutiles. Par solidarité ils auront à se suicider. C’est avec bienveillance et douceur qu’ils seront poussés à recevoir de force une affectueuse piqûre. Car nos élites ploutocratiques et libertaires se trouvent dès aujourd’hui devant le dilemme : ou bien remettre en question l’idéologie antifamiliale, le malthusianisme élitaire, l’éthique abortive et libertaire ; ou bien éviter par l’euthanasie forcée le chaos et la rébellion populaire dus à la faillite des assurances sociales."

Henri Hude

Pour tout lire :

https://lanef.net/2023/06/30/euthanasie-du-droit-a-lobligation/