Saint Césaire d'Arles-Sermons
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Saint Césaire d'Arles-Sermons
saint Césaire d’Arles
Sermons de saint Césaire d’Arles
SERMON 1 1
Sur Abraham
1. Nous venons d'écouter une lecture du Livre saint, et nous avons entendu le Seigneur
s'adresser à Abraham en ces termes : «Quitte ton pays, ta famille et la maison de ton père» (Gn
12,1). Il est certain, mes très chers frères, que tout ce qui est écrit dans l'Ancien Testament
préfigure sous forme d'exemple et d'allégorie le Nouveau Testament; cela nous est confirmé par
l'Apôtre, lorsqu'il dit : «Cela leur arrivait pour servir d'exemple; or cela a été écrit pour notre
instruction, à nous qui touchons à la fin des temps» (1 Cor 10,11). Par conséquent, si ces écrits
nous sont destinés, il faut nous attendre à ce que s'accomplissent spirituellement en nous les
événements qu'Abraham a vécus réellement, dans la mesure où nous vivons religieusement et
dans le respect de la justice.
«Quitte ton pays, ta famille et la maison de ton père», dit le Seigneur. Tout cela, mes frères,
se trouve réalisé en nous par le sacrement du baptême : nous le croyons et nous le ressentons
ainsi. Notre pays, c'est notre chair; nous parvenons à quitter notre pays quand nous nous
détournons des habitudes charnelles pour suivre les traces du Christ. D'ailleurs, cela ne vous
réjouit-il pas de le voir quitter son pays, c'est-à-dire sortir de lui-même l'orgueilleux qui se fait
humble, le coléreux qui se fait pacifique, le débauché qui se fait chaste, l'avare qui se fait
généreux, l'envieux qui se fait bienveillant, le cruel qui se fait doux ? Et précisément, mes frères,
celui pour qui quitter son pays est une réussite est celui en qui une telle transformation s'opère
pour l'amour de Dieu. J'ajouterai enfin que nous avons coutume de dire, entre nous, à propos de
quelqu'un de mauvais qui se mettrait subitement à faire de bonnes actions : «Cet homme-là est
sorti de lui-même.» L'expression «sortir de soi-même» convient tout à fait à celui qui se complaît
désormais dans la vertu après s'être débarrassé de ses vices. «Quitte ton pays», dit le Seigneur.
Notre pays, c'est-à-dire notre chair, qui, avant le baptême, portait la mort en elle, et qui devient
terre de vie par le baptême. C'est cette même terre que le psalmiste évoque lorsqu'il dit : «Je le
crois, je verrai la bonté de Yahvé sur la terre des vivants» (Ps 26,13). Par le baptême, nous
sommes donc devenus terre des vivants et non des mourants, autrement dit des vertus et non
des vices, à la condition toutefois que nous ne regagnions pas le bourbier du vice une fois
baptisés et que, devenus terre des vivants, nous ne commettions pas d'actes funestes et
coupables.
«Et viens vers le pays que je t'indiquerai», dit encore le Seigneur (Gn 12,1). Il est évident
que nous nous rendrons avec joie dans le pays que Dieu nous a montré, dès lors que nous aurons
chassé vices et péchés de notre terre, c'est-à-dire de notre chair, par notre propre effort.
2. «Quitte ta famille», dit le Seigneur. Il faut interpréter cette parenté comme l'ensemble
des vices et péchés qui nous sont pour ainsi dire inhérents et qui ne cessent de se cumuler et de
s'entretenir depuis l'enfance. Nous quittons donc notre famille quand, par la grâce du baptême,
nous faisons le vide en nous de tous nos vices et nos péchés; cela suppose néanmoins
qu'ensuite nous conjuguions tous nos efforts, avec l'aide de Dieu, pour nous couvrir de vertus,
une fois nos vices expulsés. En effet, si nous espérons être lavés de tous les maux par le
baptême tout en restant paresseux et indolents, je crains que ce qui est annoncé dans l'Évangile
ne s'accomplisse en nous : «Lorsque l'esprit impur est sorti de l'homme, il erre par des lieux
arides en quête de repos, et il n'en trouve pas. Si par la suite il revient dans sa demeure et qu'il la
trouve vide, il prend alors avec lui sept autres esprits plus mauvais que lui, et l'état final de cet
homme devient pire que le premier» (Mt 12,43-45). Il s'agit donc de quitter notre famille, c'est-àdire
nos vices et nos péchés, de telle sorte que nous n'ayons jamais plus envie de revenir à ces
maux comme un chien à son vomi.
3. «Quitte la maison de ton père», dit le Seigneur. Cela aussi, nous devons le prendre au
sens spirituel. Notre père était le diable avant que nous recevions la grâce du Christ : c'est ce
dont le Seigneur accuse les Juifs dans l'Évangile en disant : «Vous êtes du diable, votre père, et
ce sont les désirs de votre père que vous voulez accomplir» (Jn 8,44). Or, s'il dit que le diable est
le père des hommes, ce n'est pas pour exprimer qu'ils sont nés de lui, mais qu'ils ont épousé ses
défauts; l'idée n'est pas qu'ils ont pu naître de lui, mais qu'ils ont voulu l'imiter. Il est vrai que le
psalmiste nous rappelle aussi que notre père a été tout d'abord le diable, lorsqu'il prête ces
paroles à Dieu s'adressant à l’Église : «Écoute, ma fille, regarde et tends l'oreille, oublie ton peuple
et la maison de ton père» (Ps 44,11). «Écoute, ma fille», dit-il; celui qui prononce ces paroles ne
peut être que le père, et quand il dit «oublie ton peuple et la maison de ton père», il l'engage sans
aucun doute à quitter son père. Dieu le Père nous enjoint donc de
quitter le diable notre père en opérant en nous un changement
heureux et bénéfique. C'est bien le diable notre père que nous
quittons dans la mesure où nous nous appliquons, avec l'aide de
Dieu, à toujours esquiver et à fuir ses ruses et ses fourberies.
4. Mais toutes ces facultés que nous avons, mes frères, que
ce soit de quitter notre pays, c'est-à-dire nos habitudes charnelles,
de rompre avec notre famille, c'est-à-dire nos vices et nos péchés,
ou de nous enfuir de la maison du diable notre père, nous ne les
devons pas à nos propres forces, mais à la grâce que le Christ
nous a accordée. Aussi devons-nous nous efforcer, dans la mesure
de nos capacités et avec l'aide de Dieu, d'éviter tout retour à un
compromis ou à des sympathies avec le diable, tout retour aux
vices ou aux appétits charnels, à l'instar de ce qui est écrit : «Te
voilà guéri; ne pèche plus, de peur qu'il ne t'arrive pire encore» (Jn
5,14). D'autant plus qu'il nous est permis non seulement d'accéder
à la grâce de Dieu, mais encore de pactiser ou de nous lier d'amitié
avec Lui pourvu que nous nous inspirions de la foi d'Abraham et
que nous persistions dans nos bonnes actions. C'est bien dans cet
esprit d'ailleurs que le Seigneur adresse à Moïse ces propos qu'il
nous faut considérer avec la plus grande crainte: lorsque le
Seigneur vous aura livré la terre des Cananéens, «gardez-vous de
faire alliance avec les habitants du pays où vous allez entrer, de
peur qu'ils ne constituent un piège au milieu de vous» (Ex 34,12).
Quand bien même nous croyons que la grâce du baptême a
chassé de nous nos fautes et nos péchés, il ne fait pourtant aucun
doute que si, par la suite, nous renouons des liens avec ces vices
et ces péchés, au point de faire corps avec eux et de sombrer dans
la luxure et la cupidité, cette amitié nous entraînera à notre ruine.
Aussi devons-nous conjuguer tous nos efforts, avec l'aide de Dieu,
pour obtenir le salut de notre âme; faisons en sorte que la vertu
s'incruste au plus profond de notre coeur, dont le mal s'était
emparé, afin que s'accomplisse en nous ce que le bienheureux
Isaac, prêtant ses traits au Christ, dit à son fils en le bénissant:
«Oui, l'odeur de mon fils est comme l'odeur d'un champ fertile que
Yahvé a béni» (Gn 27,27). Puisse-t-il daigner le réaliser, lui en qui
règnent l'honneur et la gloire, avec le Père et le Fils, pour les
siècles des siècles. Amen.
Sermons de saint Césaire d’Arles
SERMON 1 1
Sur Abraham
1. Nous venons d'écouter une lecture du Livre saint, et nous avons entendu le Seigneur
s'adresser à Abraham en ces termes : «Quitte ton pays, ta famille et la maison de ton père» (Gn
12,1). Il est certain, mes très chers frères, que tout ce qui est écrit dans l'Ancien Testament
préfigure sous forme d'exemple et d'allégorie le Nouveau Testament; cela nous est confirmé par
l'Apôtre, lorsqu'il dit : «Cela leur arrivait pour servir d'exemple; or cela a été écrit pour notre
instruction, à nous qui touchons à la fin des temps» (1 Cor 10,11). Par conséquent, si ces écrits
nous sont destinés, il faut nous attendre à ce que s'accomplissent spirituellement en nous les
événements qu'Abraham a vécus réellement, dans la mesure où nous vivons religieusement et
dans le respect de la justice.
«Quitte ton pays, ta famille et la maison de ton père», dit le Seigneur. Tout cela, mes frères,
se trouve réalisé en nous par le sacrement du baptême : nous le croyons et nous le ressentons
ainsi. Notre pays, c'est notre chair; nous parvenons à quitter notre pays quand nous nous
détournons des habitudes charnelles pour suivre les traces du Christ. D'ailleurs, cela ne vous
réjouit-il pas de le voir quitter son pays, c'est-à-dire sortir de lui-même l'orgueilleux qui se fait
humble, le coléreux qui se fait pacifique, le débauché qui se fait chaste, l'avare qui se fait
généreux, l'envieux qui se fait bienveillant, le cruel qui se fait doux ? Et précisément, mes frères,
celui pour qui quitter son pays est une réussite est celui en qui une telle transformation s'opère
pour l'amour de Dieu. J'ajouterai enfin que nous avons coutume de dire, entre nous, à propos de
quelqu'un de mauvais qui se mettrait subitement à faire de bonnes actions : «Cet homme-là est
sorti de lui-même.» L'expression «sortir de soi-même» convient tout à fait à celui qui se complaît
désormais dans la vertu après s'être débarrassé de ses vices. «Quitte ton pays», dit le Seigneur.
Notre pays, c'est-à-dire notre chair, qui, avant le baptême, portait la mort en elle, et qui devient
terre de vie par le baptême. C'est cette même terre que le psalmiste évoque lorsqu'il dit : «Je le
crois, je verrai la bonté de Yahvé sur la terre des vivants» (Ps 26,13). Par le baptême, nous
sommes donc devenus terre des vivants et non des mourants, autrement dit des vertus et non
des vices, à la condition toutefois que nous ne regagnions pas le bourbier du vice une fois
baptisés et que, devenus terre des vivants, nous ne commettions pas d'actes funestes et
coupables.
«Et viens vers le pays que je t'indiquerai», dit encore le Seigneur (Gn 12,1). Il est évident
que nous nous rendrons avec joie dans le pays que Dieu nous a montré, dès lors que nous aurons
chassé vices et péchés de notre terre, c'est-à-dire de notre chair, par notre propre effort.
2. «Quitte ta famille», dit le Seigneur. Il faut interpréter cette parenté comme l'ensemble
des vices et péchés qui nous sont pour ainsi dire inhérents et qui ne cessent de se cumuler et de
s'entretenir depuis l'enfance. Nous quittons donc notre famille quand, par la grâce du baptême,
nous faisons le vide en nous de tous nos vices et nos péchés; cela suppose néanmoins
qu'ensuite nous conjuguions tous nos efforts, avec l'aide de Dieu, pour nous couvrir de vertus,
une fois nos vices expulsés. En effet, si nous espérons être lavés de tous les maux par le
baptême tout en restant paresseux et indolents, je crains que ce qui est annoncé dans l'Évangile
ne s'accomplisse en nous : «Lorsque l'esprit impur est sorti de l'homme, il erre par des lieux
arides en quête de repos, et il n'en trouve pas. Si par la suite il revient dans sa demeure et qu'il la
trouve vide, il prend alors avec lui sept autres esprits plus mauvais que lui, et l'état final de cet
homme devient pire que le premier» (Mt 12,43-45). Il s'agit donc de quitter notre famille, c'est-àdire
nos vices et nos péchés, de telle sorte que nous n'ayons jamais plus envie de revenir à ces
maux comme un chien à son vomi.
3. «Quitte la maison de ton père», dit le Seigneur. Cela aussi, nous devons le prendre au
sens spirituel. Notre père était le diable avant que nous recevions la grâce du Christ : c'est ce
dont le Seigneur accuse les Juifs dans l'Évangile en disant : «Vous êtes du diable, votre père, et
ce sont les désirs de votre père que vous voulez accomplir» (Jn 8,44). Or, s'il dit que le diable est
le père des hommes, ce n'est pas pour exprimer qu'ils sont nés de lui, mais qu'ils ont épousé ses
défauts; l'idée n'est pas qu'ils ont pu naître de lui, mais qu'ils ont voulu l'imiter. Il est vrai que le
psalmiste nous rappelle aussi que notre père a été tout d'abord le diable, lorsqu'il prête ces
paroles à Dieu s'adressant à l’Église : «Écoute, ma fille, regarde et tends l'oreille, oublie ton peuple
et la maison de ton père» (Ps 44,11). «Écoute, ma fille», dit-il; celui qui prononce ces paroles ne
peut être que le père, et quand il dit «oublie ton peuple et la maison de ton père», il l'engage sans
aucun doute à quitter son père. Dieu le Père nous enjoint donc de
quitter le diable notre père en opérant en nous un changement
heureux et bénéfique. C'est bien le diable notre père que nous
quittons dans la mesure où nous nous appliquons, avec l'aide de
Dieu, à toujours esquiver et à fuir ses ruses et ses fourberies.
4. Mais toutes ces facultés que nous avons, mes frères, que
ce soit de quitter notre pays, c'est-à-dire nos habitudes charnelles,
de rompre avec notre famille, c'est-à-dire nos vices et nos péchés,
ou de nous enfuir de la maison du diable notre père, nous ne les
devons pas à nos propres forces, mais à la grâce que le Christ
nous a accordée. Aussi devons-nous nous efforcer, dans la mesure
de nos capacités et avec l'aide de Dieu, d'éviter tout retour à un
compromis ou à des sympathies avec le diable, tout retour aux
vices ou aux appétits charnels, à l'instar de ce qui est écrit : «Te
voilà guéri; ne pèche plus, de peur qu'il ne t'arrive pire encore» (Jn
5,14). D'autant plus qu'il nous est permis non seulement d'accéder
à la grâce de Dieu, mais encore de pactiser ou de nous lier d'amitié
avec Lui pourvu que nous nous inspirions de la foi d'Abraham et
que nous persistions dans nos bonnes actions. C'est bien dans cet
esprit d'ailleurs que le Seigneur adresse à Moïse ces propos qu'il
nous faut considérer avec la plus grande crainte: lorsque le
Seigneur vous aura livré la terre des Cananéens, «gardez-vous de
faire alliance avec les habitants du pays où vous allez entrer, de
peur qu'ils ne constituent un piège au milieu de vous» (Ex 34,12).
Quand bien même nous croyons que la grâce du baptême a
chassé de nous nos fautes et nos péchés, il ne fait pourtant aucun
doute que si, par la suite, nous renouons des liens avec ces vices
et ces péchés, au point de faire corps avec eux et de sombrer dans
la luxure et la cupidité, cette amitié nous entraînera à notre ruine.
Aussi devons-nous conjuguer tous nos efforts, avec l'aide de Dieu,
pour obtenir le salut de notre âme; faisons en sorte que la vertu
s'incruste au plus profond de notre coeur, dont le mal s'était
emparé, afin que s'accomplisse en nous ce que le bienheureux
Isaac, prêtant ses traits au Christ, dit à son fils en le bénissant:
«Oui, l'odeur de mon fils est comme l'odeur d'un champ fertile que
Yahvé a béni» (Gn 27,27). Puisse-t-il daigner le réaliser, lui en qui
règnent l'honneur et la gloire, avec le Père et le Fils, pour les
siècles des siècles. Amen.
sga- MEDIATEUR
- Messages : 1336
Inscription : 13/06/2014
Re: Saint Césaire d'Arles-Sermons
SERMON 2 2
Le songe d’Abraham
Vous avez entendu, mes très chers frères, dans la lecture de l'Ecriture Sainte que l'on vient de nous faire, que le Seigneur parlant à Abram, lui dit, prenez une vache de trois ans, une chèvrede trois ans, et un bélier qui fait aussi de trois ans, une tourterelle et une colombe. Abram prenant
donc tous ces animaux, les divisa par la moitié (en les fendant depuis la tête jusqu’à la queue) et mit les deux parties qu’il avait coupées vis-a-vis l’une, de l’autre, (Gen 15) (laissant un espace pour passer entre deux) mais il ne divisa pas les oiseaux. Or les oiseaux (de proie) venaient fondre sur
ces bêtes mortes, et Abram les en chassait. Mais lorsque le soleil se couchait, Abram fut surpris d'un profond sommeil, et il tomba dans un horrible effroi, se trouvant comme tout enveloppé de ténèbres, lors donc que le soleil fut couché (et qu’Abram fut endormi) il se forma une obscurité
ténébreuse; il parut un four d’où sortait une grande fumée (signes sensibles des maux que sa postérité devait souffrir), il vis Dieu sous la figure d'une lampe ardente, qui passait au travers de ces bêtes divisées, (pour confirmer l'alliance qu'il contractait avec lui). Je désire, mes très chers frères, d’expliquer en peu de mots à votre charité, autant que Dieu m'en fera la grâce, ce que tout cela signifie. Le Seigneur avait dit à Abraham qu'il serait le père de plusieurs nations; aussi toutes
les nations que croient et qui croiront jamais en Jésus Christ, quoiqu'elles ne soient pas nées d'Abraham selon la chair, ne laissent pas d'être ses enfants, par l'imitation de sa foi. Les Juifs ayant dégénéré de la foi de leur origine, leur infidélité en a fait, d'enfants d'Abraham qu'ils sont selon la chair, des enfants du démon selon l'esprit, ce qui les a fait appeler race de vipères dans L'Evangile; au contraire tous les gentils, par la sincérité de leur foi en Jésus Christ, ont mérité d'être appelles les Ecriture enfants d'Abraham. Ces nations nous sont ici représentées par cette vache, ce bélier et cette chèvre de trois ans; par cette tourterelle et cette colombe; leur âge commun de trois ans signifie que les nations dévoient croire le mystère de la sainte Trinité : mais quoique tous ceux qui sont dans l'église catholique disent, qu’ils croient en la sainte Trinité, ils ne sont pas tous pour cela des chrétiens spirituels; il y en a aussi de charnels, qui ne craignent pas de commettre des péchés et même des crimes; comme donc ces deux espèces de chrétiens font mêlés ensemble, c'est pour les représenter, qu’Abraham eut ordre d'ajouter une tourterelle et une
colombe aux trois autres animaux; car la tourterelle et la colombe représentent les spirituels, et les trois autres animaux, les charnels.
2. L'Ecriture nous dit, qu’Abraham divisa ces trois animaux en deux, et en plaça les parties ainsi divisées, vis-à-vis l'une de l'autre; mais qu'il ne divisa pas les oiseaux, ce qu'il faut bien remarquer. Pourquoi cette différence, mes frères, ceci sans doute, n'est pas sans mystère dans l'Église catholique, les spirituels ne sont pas divisés, les charnels le sont; ils font opposés les uns aux autres, dit ailleurs l'Ecriture : or ils sont divisés, opposés les uns aux autres, parce que les sensuels et les mondains, quoiqu'animés des mêmes passions, ont des intérêts différents, et
cherchent sans cesse à se supplanter les uns les autres; ainsi ils sont divisés, séparés les uns des autres, opposés les uns aux autres. Pour les spirituels, comme ils n'ont qu'un coeur et qu'une âme pour Dieu, qu'ils n'ont tous qu'une même volonté, ils ne sont point divisés, ils ne sont point
opposés les uns aux autres; semblables à ces oiseaux qui les représentent, comme nous l’avons dit, ce sont des tourterelles en chasteté, des colombes en simplicité. Car tous ceux qui, dans l'Église catholique, sont animés de la crainte du Seigneur, sont désignés sous ces beaux noms d’amateurs; de la chasteté et de la simplicité, et peuvent tous dire avec le psalmiste : Qui me
donnera des ailes comme à la colombe, je volerai et me reposerai (Ps 54,7) : et encore, la tourterelle a trouve un nid pour y mettre ses petits en sureté (cf. Ps 83,4) : et pendant que les charnels, divisés entr'eux, et en eux-mêmes sont accablés dans ce monde sous le poids des chaînes de leurs passions, les spirituels, au contraire, s'élèvent déjà au-dessus de la terre, par la pratique et l'amour des vertus : l’amour de Dieu, et l'amour du prochain, comme deux ailes, les élèvent vers le ciel, et leur font dire avec l’Apôtre : pour nous, nous vivons déjà dans le ciel, comme en étant citoyens; (Phil 3,20) et répondre, avec autant d'assurance que de foi, au prêtre, lorsqu'il dit : Elevez vos coeurs; nous les avons élevés vers Dieu, ce qu’assurément très peu de chrétiens, dans l’Eglise peuvent dire avec sincérité et vérité. Abraham, donc, ne divisa pas les oiseaux parce que les spirituels, qui n’ont qu'un coeur et qu'une âme, comme je l’ai déjà dit, ne
peuvent être séparés du double amour de Dieu et du prochain, mais défient avec assurance toutes les créatures avec l'apôtre : Qui nous séparera de l'amour de Jésus Christ, (Rom disent-ils, sera-ce l'affliction, ou les angoisses, ou la persécution, etc. ? ce qu’il termine par assurer qu'aucune autre créature ne pourra jamais nous séparer de l’amour de Dieu en Jésus Christ notre Seigneur. Voilà la différence qu'il y a entre ces deux espèces de chrétiens : les tourments même ne peuvent séparer les spirituels de Jésus Christ; et il ne faut quelquefois que des discours oisifs, des conversations inutiles pour en séparer les charnels. L’épée, la mort n'en sépare pas les premiers; les seules inclinations sensuelles en séparent les autres; les plus fâcheuses adversités n'intimident pas les spirituels, les délices de la prospérité amollissent les charnels : Voilà ce que
représentait Abraham en partageant en deux ces trois animaux et ne divisant pas les oiseaux.
3. Mais lorsque le soleil fut couché, Abram tomba dans un horrible effroi et une obscurité ténébreuse : il parut un four enflammé d'où sortait une grande fumée et une lampe ardente qui passait au travers de ces bêtes qu'il avait divisées. (Gen 15,17) Il était tard; cela signifie la fin du
monde. Mais pourquoi l'écriture marque-t-elle si expressément que cette lampe ardente passait entre les divisions de ces bêtes immolées, et qu'il n'est point dit qu’elle toucha les oiseaux ? d'où vient cette différence ? Je viens de vous le dire, mes frères, ces animaux figuraient toutes les
nations, qui dévoient croire en Jésus Christ; dans ces nations, qui font profession de la foi, il y a des charnels et des spirituels ; c’est-à-dire, non seulement des bons, mais aussi des méchants :
c'est donc pour représenter d'avance ces deux espèces de chrétiens, que ces animaux sont divisés; et cette lampe de feu qui passe entre ces divisions, signifie ce que dit l’apôtre, que le jour du Seigneur fera connaître (cette distinction), (cf. I Cor 3,13) parce qu'il sera découvert par le feu,
et que le feu mettra à l'épreuve l'ouvrage de chacun. Ce four enflammé, d'où sortait une grande fumée, et cette lampe ardente représentaient donc le jour du jugement. Il n’est donc pas étonnant de voir Abraham, à la vue de ce grand jour, saisi de crainte, d'effroi et d'une obscurité ténébreuse;
car, enfin, vous le savez, mes frères, et ce saint homme ne l'ignorait pas, qu'en ce jour terrible à peine le juste sera sauvé; comment donc l'impie et le pécheur paraîtront-ils devant le Seigneur ?
En ce jour terrible, où nous sommes avertis qu'il y aura des pleurs et des grincements de dents,des lamentations, des hurlements, des regrets inutiles et une repentance tardive et infructueuse;jour auquel les fondements des montagnes seront ébranlés, et toute la terre dévorée par un feu qui la consumera jusques dans ses abîmes; jour auquel, selon saint Pierre, l'ardeur du feu dissoudra les cieux, et fera fondre tous les éléments; jour auquel Jésus Christ dit que les vertus des cieux seront ébranlées, que le soleil s’obscurcira, que la lune ne donnera plus sa lumière, et que les étoiles tomberont du ciel : alors, mes frères, alors que deviendront les impies ? Que deviendront les ivrognes, les adultères, les médisants et les calomniateurs; les ravisseurs du bien d'autrui, les envieux, les superbes et les arrogants ? Que diront-ils pour excuse ? Tant de fois avertis, et surpris néanmoins, par ce jour épouvantable, sans être préparés ? Au son éclatant de la trompette; à la voix de l'archange, encore plus éclatante, le monde entier fera retentir ses mugissements; le Seigneur viendra dépeupler la terre, dit le prophète, la réduire comme un désert, en exterminer les impies; les criminels, les pécheurs seront précipités dans un étang de
feu, la fumée de leurs tourments, dit l'Écriture, s'élèvera dans les siècles des siècles; quelle pensez-vous que sera alors la frayeur et le frémissement, l'obscurité et les ténèbres qui saisiront les criminels, les tièdes, les paresseux ? Réveillons-nous donc enfin de notre assoupissement, mes frères, pendant qu'il en est encore temps; et, pour n’être pas surpris par ce jour épouvantable, pour n'être pas condamnés à ces supplices éternels, étudions, accomplissons,comme de bons et fidèles serviteurs, la volonté de notre maître, afin de n’être pas tourmentés en
enfer par ces flammes vengeresses, qui traverseront les charnels, figurés par ces animaux divisés, parce qu'eux mêmes auront été partagés et divisés par les attraits et les intérêts opposés de différentes passions; mais qu'en ce jour terrible, figuré par ce jour ardent et fumant, jour redoutable aux bons même, rassurés par l’amour et la pratique de la simplicité de la colombe et de la chasteté de la tourterelle, nous soyons élevés vers le ciel, par les ailes spirituelles de ces deux vertus, et que nous soyons emportés sur les nuées, comme le dit l’apôtre, pour aller dans les airs au-devant de Jésus Christ (I Th 4,7) et demeurer toujours avec lui, par le secours de la
grâce du même Jésus Christ à qui appartient, avec le Père et le saint Esprit, tour honneur et gloire dans les siècles de siècles. Amen.
Le songe d’Abraham
Vous avez entendu, mes très chers frères, dans la lecture de l'Ecriture Sainte que l'on vient de nous faire, que le Seigneur parlant à Abram, lui dit, prenez une vache de trois ans, une chèvrede trois ans, et un bélier qui fait aussi de trois ans, une tourterelle et une colombe. Abram prenant
donc tous ces animaux, les divisa par la moitié (en les fendant depuis la tête jusqu’à la queue) et mit les deux parties qu’il avait coupées vis-a-vis l’une, de l’autre, (Gen 15) (laissant un espace pour passer entre deux) mais il ne divisa pas les oiseaux. Or les oiseaux (de proie) venaient fondre sur
ces bêtes mortes, et Abram les en chassait. Mais lorsque le soleil se couchait, Abram fut surpris d'un profond sommeil, et il tomba dans un horrible effroi, se trouvant comme tout enveloppé de ténèbres, lors donc que le soleil fut couché (et qu’Abram fut endormi) il se forma une obscurité
ténébreuse; il parut un four d’où sortait une grande fumée (signes sensibles des maux que sa postérité devait souffrir), il vis Dieu sous la figure d'une lampe ardente, qui passait au travers de ces bêtes divisées, (pour confirmer l'alliance qu'il contractait avec lui). Je désire, mes très chers frères, d’expliquer en peu de mots à votre charité, autant que Dieu m'en fera la grâce, ce que tout cela signifie. Le Seigneur avait dit à Abraham qu'il serait le père de plusieurs nations; aussi toutes
les nations que croient et qui croiront jamais en Jésus Christ, quoiqu'elles ne soient pas nées d'Abraham selon la chair, ne laissent pas d'être ses enfants, par l'imitation de sa foi. Les Juifs ayant dégénéré de la foi de leur origine, leur infidélité en a fait, d'enfants d'Abraham qu'ils sont selon la chair, des enfants du démon selon l'esprit, ce qui les a fait appeler race de vipères dans L'Evangile; au contraire tous les gentils, par la sincérité de leur foi en Jésus Christ, ont mérité d'être appelles les Ecriture enfants d'Abraham. Ces nations nous sont ici représentées par cette vache, ce bélier et cette chèvre de trois ans; par cette tourterelle et cette colombe; leur âge commun de trois ans signifie que les nations dévoient croire le mystère de la sainte Trinité : mais quoique tous ceux qui sont dans l'église catholique disent, qu’ils croient en la sainte Trinité, ils ne sont pas tous pour cela des chrétiens spirituels; il y en a aussi de charnels, qui ne craignent pas de commettre des péchés et même des crimes; comme donc ces deux espèces de chrétiens font mêlés ensemble, c'est pour les représenter, qu’Abraham eut ordre d'ajouter une tourterelle et une
colombe aux trois autres animaux; car la tourterelle et la colombe représentent les spirituels, et les trois autres animaux, les charnels.
2. L'Ecriture nous dit, qu’Abraham divisa ces trois animaux en deux, et en plaça les parties ainsi divisées, vis-à-vis l'une de l'autre; mais qu'il ne divisa pas les oiseaux, ce qu'il faut bien remarquer. Pourquoi cette différence, mes frères, ceci sans doute, n'est pas sans mystère dans l'Église catholique, les spirituels ne sont pas divisés, les charnels le sont; ils font opposés les uns aux autres, dit ailleurs l'Ecriture : or ils sont divisés, opposés les uns aux autres, parce que les sensuels et les mondains, quoiqu'animés des mêmes passions, ont des intérêts différents, et
cherchent sans cesse à se supplanter les uns les autres; ainsi ils sont divisés, séparés les uns des autres, opposés les uns aux autres. Pour les spirituels, comme ils n'ont qu'un coeur et qu'une âme pour Dieu, qu'ils n'ont tous qu'une même volonté, ils ne sont point divisés, ils ne sont point
opposés les uns aux autres; semblables à ces oiseaux qui les représentent, comme nous l’avons dit, ce sont des tourterelles en chasteté, des colombes en simplicité. Car tous ceux qui, dans l'Église catholique, sont animés de la crainte du Seigneur, sont désignés sous ces beaux noms d’amateurs; de la chasteté et de la simplicité, et peuvent tous dire avec le psalmiste : Qui me
donnera des ailes comme à la colombe, je volerai et me reposerai (Ps 54,7) : et encore, la tourterelle a trouve un nid pour y mettre ses petits en sureté (cf. Ps 83,4) : et pendant que les charnels, divisés entr'eux, et en eux-mêmes sont accablés dans ce monde sous le poids des chaînes de leurs passions, les spirituels, au contraire, s'élèvent déjà au-dessus de la terre, par la pratique et l'amour des vertus : l’amour de Dieu, et l'amour du prochain, comme deux ailes, les élèvent vers le ciel, et leur font dire avec l’Apôtre : pour nous, nous vivons déjà dans le ciel, comme en étant citoyens; (Phil 3,20) et répondre, avec autant d'assurance que de foi, au prêtre, lorsqu'il dit : Elevez vos coeurs; nous les avons élevés vers Dieu, ce qu’assurément très peu de chrétiens, dans l’Eglise peuvent dire avec sincérité et vérité. Abraham, donc, ne divisa pas les oiseaux parce que les spirituels, qui n’ont qu'un coeur et qu'une âme, comme je l’ai déjà dit, ne
peuvent être séparés du double amour de Dieu et du prochain, mais défient avec assurance toutes les créatures avec l'apôtre : Qui nous séparera de l'amour de Jésus Christ, (Rom disent-ils, sera-ce l'affliction, ou les angoisses, ou la persécution, etc. ? ce qu’il termine par assurer qu'aucune autre créature ne pourra jamais nous séparer de l’amour de Dieu en Jésus Christ notre Seigneur. Voilà la différence qu'il y a entre ces deux espèces de chrétiens : les tourments même ne peuvent séparer les spirituels de Jésus Christ; et il ne faut quelquefois que des discours oisifs, des conversations inutiles pour en séparer les charnels. L’épée, la mort n'en sépare pas les premiers; les seules inclinations sensuelles en séparent les autres; les plus fâcheuses adversités n'intimident pas les spirituels, les délices de la prospérité amollissent les charnels : Voilà ce que
représentait Abraham en partageant en deux ces trois animaux et ne divisant pas les oiseaux.
3. Mais lorsque le soleil fut couché, Abram tomba dans un horrible effroi et une obscurité ténébreuse : il parut un four enflammé d'où sortait une grande fumée et une lampe ardente qui passait au travers de ces bêtes qu'il avait divisées. (Gen 15,17) Il était tard; cela signifie la fin du
monde. Mais pourquoi l'écriture marque-t-elle si expressément que cette lampe ardente passait entre les divisions de ces bêtes immolées, et qu'il n'est point dit qu’elle toucha les oiseaux ? d'où vient cette différence ? Je viens de vous le dire, mes frères, ces animaux figuraient toutes les
nations, qui dévoient croire en Jésus Christ; dans ces nations, qui font profession de la foi, il y a des charnels et des spirituels ; c’est-à-dire, non seulement des bons, mais aussi des méchants :
c'est donc pour représenter d'avance ces deux espèces de chrétiens, que ces animaux sont divisés; et cette lampe de feu qui passe entre ces divisions, signifie ce que dit l’apôtre, que le jour du Seigneur fera connaître (cette distinction), (cf. I Cor 3,13) parce qu'il sera découvert par le feu,
et que le feu mettra à l'épreuve l'ouvrage de chacun. Ce four enflammé, d'où sortait une grande fumée, et cette lampe ardente représentaient donc le jour du jugement. Il n’est donc pas étonnant de voir Abraham, à la vue de ce grand jour, saisi de crainte, d'effroi et d'une obscurité ténébreuse;
car, enfin, vous le savez, mes frères, et ce saint homme ne l'ignorait pas, qu'en ce jour terrible à peine le juste sera sauvé; comment donc l'impie et le pécheur paraîtront-ils devant le Seigneur ?
En ce jour terrible, où nous sommes avertis qu'il y aura des pleurs et des grincements de dents,des lamentations, des hurlements, des regrets inutiles et une repentance tardive et infructueuse;jour auquel les fondements des montagnes seront ébranlés, et toute la terre dévorée par un feu qui la consumera jusques dans ses abîmes; jour auquel, selon saint Pierre, l'ardeur du feu dissoudra les cieux, et fera fondre tous les éléments; jour auquel Jésus Christ dit que les vertus des cieux seront ébranlées, que le soleil s’obscurcira, que la lune ne donnera plus sa lumière, et que les étoiles tomberont du ciel : alors, mes frères, alors que deviendront les impies ? Que deviendront les ivrognes, les adultères, les médisants et les calomniateurs; les ravisseurs du bien d'autrui, les envieux, les superbes et les arrogants ? Que diront-ils pour excuse ? Tant de fois avertis, et surpris néanmoins, par ce jour épouvantable, sans être préparés ? Au son éclatant de la trompette; à la voix de l'archange, encore plus éclatante, le monde entier fera retentir ses mugissements; le Seigneur viendra dépeupler la terre, dit le prophète, la réduire comme un désert, en exterminer les impies; les criminels, les pécheurs seront précipités dans un étang de
feu, la fumée de leurs tourments, dit l'Écriture, s'élèvera dans les siècles des siècles; quelle pensez-vous que sera alors la frayeur et le frémissement, l'obscurité et les ténèbres qui saisiront les criminels, les tièdes, les paresseux ? Réveillons-nous donc enfin de notre assoupissement, mes frères, pendant qu'il en est encore temps; et, pour n’être pas surpris par ce jour épouvantable, pour n'être pas condamnés à ces supplices éternels, étudions, accomplissons,comme de bons et fidèles serviteurs, la volonté de notre maître, afin de n’être pas tourmentés en
enfer par ces flammes vengeresses, qui traverseront les charnels, figurés par ces animaux divisés, parce qu'eux mêmes auront été partagés et divisés par les attraits et les intérêts opposés de différentes passions; mais qu'en ce jour terrible, figuré par ce jour ardent et fumant, jour redoutable aux bons même, rassurés par l’amour et la pratique de la simplicité de la colombe et de la chasteté de la tourterelle, nous soyons élevés vers le ciel, par les ailes spirituelles de ces deux vertus, et que nous soyons emportés sur les nuées, comme le dit l’apôtre, pour aller dans les airs au-devant de Jésus Christ (I Th 4,7) et demeurer toujours avec lui, par le secours de la
grâce du même Jésus Christ à qui appartient, avec le Père et le saint Esprit, tour honneur et gloire dans les siècles de siècles. Amen.
sga- MEDIATEUR
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Re: Saint Césaire d'Arles-Sermons
SERMON 3 3
Sur le serviteur qu'Abraham envoya vers Rébécca.
1. Nous venons d'entendre, dans la lecture qui nous a été faite, que le saint patriarche
Abraham ayant fait approcher de lui son serviteur, lui donna ses ordres en ces termes : Mettez votre main sous ma cuisse, afin que je vous fasse jurer par le Dieu du ciel et de la terre, que vous ne prendrez aucune des filles de ce pays-ci, pour la faire épouser à mon fils; (Gen 24,2) et qu'en effet ce serviteur mit sa main sermons sur sous la cuisse de son maître, et lui fit le serment qu'il demandent.
Entendre ceci à la lettre, mes frères, se contenter d'entendre à la lettre tout ce qu'on nous
lit dans l'ancien Testament, on n'en tirerait pas grande utilité, ou même aucune, pour son
instruction. De quelle utilité nous peut-il être en effet de savoir, qu'Abraham a envoyé son
domestique dans un pays bien éloigné, pour y prendre une femme pour son fils ? Ne voyons nous pas la même chose arriver très souvent parmi nous ? S'il n'était donc question que de cette histoire à la lettre, quel profit pourraient en retirer les fidèles, qui s'assemblent dans l'église pour entendre la parole de Dieu ? Mais nous, mes frères, instruits par l'Apôtre saint Paul, (cf. I Cor 19,11) nous savons que tout ce qui est écrit, n'arrivait et ne se passait chez les Juifs qu'en figure, et pour nous tracer les choses qui s'accomplissent présentement pour nous dans la vérité.
En suivant cette ouverture que nous donne l'Apôtre, lorsqu'Abraham dit à son serviteur :
mettez votre main sous ma cuisse, et jurez par le Dieu du ciel et de la terres; que veut-il dire par là ? Mettez votre main sous ma cuisse, C'est comme si ce saint homme lui eut dit : mettez votre main sur l'autel, touchez l’arche de l'alliance, étendez votre main vers le temple de Dieu, et jurez moi. Ce serviteur touchait son maître, et il jurait par le Dieu du ciel et de la terre. Certainement ce saint patriarche ne se trompait pas en donnant cet ordre; mais éclairé par l'esprit de prophétie, et plein de foi aux promesses que Dieu lui avait si souvent et si solennellement réitérées, il savait que le Messie, Maître du ciel et de la terre, naîtrait un jour de sa postérité : c'était donc par le Dieu vivant et véritable que ce serviteur prêtait serment, et non par son maître qu'il touchait. Aussi lisons-nous qu'Abraham engendra Isaac, qu'lsaac engendra Jacob, que Jacob engendra Juda, de la postérité duquel est né le Christ, qui est le Seigneur.
2. Ce serviteur étant arrivé en Mésopotamie, s'arrêta près d'une fontaine, et fit en luimême
cette prière : Seigneur, Dieu de mon maître, si vous usez envers lui de miséricorde, me voilà
arrêté près de ce puits, faites donc que la jeune fille qui viendra y puiser de l'eau, et à qui je dirai : Donnez-moi à boire, et qui me répondra : buvez et je puiserai aussi de l’eau pour vos chameaux; soit celle que vous destinez à mon maître Isaac. A peine ce serviteur avait-il achevé cette prière secrète, que parut Rebecca, portant un vaisseau sur son épaule. Ce serviteur lui dit : donnez-moi à boire. Elle aussitôt ôtant son vaisseau de dessus son épaule, lui dit : Buvez Seigneur, et je puiserai aussi de l’eau pour vos chameaux: et lui ayant demandé de qui elle était fille, elle lui répondit, qu'elle était fille de Bathuel et soeur de Laban. Le serviteur fit aussitôt une profonde inclination, et adora Dieu, reconnaissant que était les parents d'Abraham son maître, et tira des bracelets et des pendants d'oreilles pour la parer. Rebecca retournée à la maison de son père, apprit ceci à ses parents, qui étant sortit au-devant du serviteur d’Abraham; le reçurent chez eux avec joie et avec honneur; il leur parla de Rebecca, les priant de la donner pour femme à Isaac son maître;à quoi ils répondirent : appelons la fille, et sachons d’elle-même son sentiment. L’ayant donc appelée, ils lui demandèrent : Voulez-vous bien aller avec cet homme ? Je le veux bien,répondit-elle. (cf. Gen 24,12 et suiv.)
3. Voyons présentement, en peu de mots, autant que nous le pourrons, mes très chers
frères, ce que tout cela signifie. C'est pour la seconde fois qu’Abraham représente Dieu le Père. Il l'avait représenté une première fois, en offrant don fils en sacrifice : il le représente encore ici, en envoyant son serviteur pour prendre une femme pour ce cher fils : et ce serviteur lui-même est la figure des apôtres et des prophètes. Abraham envoyé son serviteur en un pays éloigné, pour y prendre une femme pour son fils : parce que Dieu devait envoyer ses apôtres par toute la terre, pour former, par le ministère de leur parole, l'Eglise catholique, qui est l'unique épouse de son Fils unique : car, comme ce fut par l’entremise de ce serviteur d'Abraham que Rebecca fut amenée pour être la femme d'Isaac, de même ça été et c'est encore par le ministère et la prédication de ces apôtres que Dieu a rassemblé, des nations les plus éloignées, un peuple qui forme l'Eglise des Gentils, dont Jésus Christ son Fils est le véritable époux. Vous demanderez peut-être où Dieu a trouvé et rassemblé ces différents peuples, pour en former l'épouse de son Fils ? Vous prévenez ma réponse : il les a rassemblés auprès d'une fontaine. Sans doute, mes très chers frères, si la multitude des nations ne se fut approchée du baptême, jamais ces peuples n'auraient été unis et associés à Jésus Christ. Rebecca trouve donc le serviteur d'Abraham auprès d'un puits; voilà la figure : la multitude des nations à trouvé Jésus Christ au baptême; voilà la Vérité.
Continuons de voir ce qui se passa auprès de cette fontaine mystérieuse. Ce serviteur tira
des pendants d'oreilles et des bracelets d'or, et les donna à Rébécca. Vous savez que dans le
style de l'Ecriture, les mains signifient les oeuvres. Suivant cette idée, il est aisé de reconnaître dans les pendants d'oreilles, la docilité à la parole de Dieu, et dans les bracelets, la fidélité à faire les oeuvres de Dieu; il est aussi aisé de reconnaître que Jésus Christ a fait à son Église l'un et l’autre présent. Comme dans la figure ce serviteur présenta des pendants d'oreilles à Rébécca pour la parer, dans la vérité Jésus Christ a donné à son Eglise la parole de Dieu même, plus précieuse, sans comparaison, que les pierreries les plus recherchées; et encore, comme ce serviteur mit des bracelets aux mains de Rébécca, quelles oeuvres de sainteté Jésus Christ n'a-til pas donné à son Eglise ? Je vous le demande, mes très chers frères, pouvez-vous entendre, pouvez-vous voir de vos yeux ces merveilles sans être pénétrés de joie et de reconnaissance, sans rendre à Dieu mille actions de grâces du don de la miséricorde de Jésus Christ, qui accomplit en nous réellement et dans la vérité, ce qui n'était que figure dans ces anciens ? Car, de même que Rébécca n’eût pas eu ni ces pendants d’oreille ni ces bracelets, si Isaac ne les lui avait envoyés par son serviteur; de même l'Eglise n'aurait pas eu non plus la parole de Dieu, la docilité à cette parole, ni des oeuvres vraiment saintes, si Jésus Christ ne lui eut fait ces riches présents par sa grâce et par le ministère de ses apôtres.
Achevons ces belles figures. Les parents de Rebecca lui demandent si elle veut bien aller
avec ce serviteur; et elle répondit : J’irai volontiers. N'est-ce pas encore là ce qu'on a pratiqué au baptême à votre égard ? Chez Bathuel on demande le sentiment de Rebecca; à l'entrée de
l'Eglise on demande le vôtre. Là, on demande à cette jeune fille : Voulez-vous bien aller avec cet homme ? et elle répond : J'irai volontiers. Ici on vous demande : Croyez-vous en Jésus Christ; et vous avez répondu : Je crois. On n'aurait pas mené Rebecca vers Isaac contre son gré, et si elle n'y avait consenti expressément; l'Eglise, de même, ne serait pas unie à Jésus Christ si elle n'y consentait expressément en disant : Je crois.
4. Ce serviteur donc reçoit Rébécca de la main de ses parents, et la conduit à Isaac. Si
vous y faites attention, mes frères, vous verrez qu'ici les figures se rencontrent et se développent mutuellement. Rébécca, en arrivant, trouva Isaac au puits du jurement. Encore ici un puits. Le serviteur d'Isaac avait trouvé Rébécca auprès d'un puits; et voilà que Rébécca trouve à son tour Isaac auprès du puits du jurement. Je vous expliquais cela tout-à-l'heure; Jésus Christ n'a formé son Église, et l'Eglise n'a reconnu et professé Jésus Christ que par le sacrement de baptême.
Isaac, dit le texte sacré, était sorti dans la campagne, vers le soir pour méditer. Cette campagne était la figure du monde. Isaac s’était avancé dans la campagne, pour méditer; parce que Jésus Christ devait venir dans le monde, pour combattre contre le démon et le vaincre. Le démon lui a fait souffrir la mort injustement; et c'est précisément par cette mort injuste, qu’il était souverainement juste, que notre divin Sauveur triomphât de lui d'une manière bien éclatante, c'est-à-dire, qu’en mourant, il a détruit la mort, et que par sa résurrection, il a assuré la vie à ceux qui croiraient en lui. Enfin Rébécca fut unie et devint l'épouse d'Isaac; ainsi présentement l'Eglise est unie spirituellement à Jésus Christ son époux, dont elle reçoit dès ici-bas le sang, comme un gage précieux du royaume éternel, qui lui est promis en dot, et préparé dans le ciel; ce qui fait dire à l’apôtre Pierre : ce n’est ni l’or, ni avec l’argent que vous avez été rachetés, mais avec le sang précieux de Jésus Christ comme d'un agneau sans tache.
5. Isaac prit donc Rébécca pour sa femme, et l’introduisit dans la tente de sa mère; de
même Jésus Christ a pris l’Église pour son épouse, et l’a établie à la place de la Synagogue.
L’infidélité de la Synagogue l'a séparée de Dieu, et lui a causé la mort; la foi a uni l’Eglise à Jésus Christ et lui a donné la vie. Isaac ayant donc épousé Rébécca, l’affection qu'il eut pour elle fut grande, qu’elle tempéra la douleur que la mort de sa mère l'avait causée. N'hésitez pas à regarder la mort de Sara comme la figure de l’infidélité de la Synagogue : Sara meurt, et Rébécca est mise à sa place; la Synagogue est répudiée, afin de lui substituer l'Eglise. Répétons ce beau trait. Isaac épousa Rébécca; et l'affection qu'il eut pour elle fut si grande, quelle tempéra la douleur que la mort de sa mère lui avait causée. Jésus Christ a pris l'Eglise pour son épousé, et il l'a si tendrement aimée que cet amour a tempéré la douleur qu'il avait bien voulu ressentir de la Synagogue qui lui avait donné naissance. Ne craignons pas de dire que l'infidélité de la Synagogue a causé de la tristesse à Jésus Christ, puisque nous ne craignons pas de dire que la foi de l'Eglise lui a donné de la joie. Il a rejette la nation des Juifs, non pas à la vérité toute entière, mais pour le gros de ce seul peuple qu'il a perdu, cause de la méchanceté et de l’incrédulité de la Synagogue : il a acquis le monde entier à la foi de l’Eglise.
Quand je parle de l'Eglise, vous n’ignorez pas, mes très chers frères, que c'est de nousmêmes
que je parle : oui, c’est nous-mêmes, qui sommes cette épouse, et qu'il a rachetée de son
sang précieux, comme je viens de le dire : que chacun de nous donc, non seulement conserve
par sa grâce, mais augmente et fasse croître soigneusement en soi-même les biens précieux qu'il a reçus de la libéralité de Jésus Christ, afin qu'il ne se trouve en lui rien de souillé par la luxure, rien de bouffi par l'orgueil et l’arrogance, rien de brûlé par le feu de la colère, rien de terni par l'avarice, rien de desséché par le venin mortel de l'envie. N'est-il pas juste, au fond, que cet époux céleste, le plus beau des enfants des hommes, ne voie rien en nous, de tous ces péchés, qui puise blesser les yeux de sa Majesté; lui à qui tout honneur, empire et puissance appartiennent, avec le Père et le saint Esprit, dans les siècles des siècles. Amen.
Sur le serviteur qu'Abraham envoya vers Rébécca.
1. Nous venons d'entendre, dans la lecture qui nous a été faite, que le saint patriarche
Abraham ayant fait approcher de lui son serviteur, lui donna ses ordres en ces termes : Mettez votre main sous ma cuisse, afin que je vous fasse jurer par le Dieu du ciel et de la terre, que vous ne prendrez aucune des filles de ce pays-ci, pour la faire épouser à mon fils; (Gen 24,2) et qu'en effet ce serviteur mit sa main sermons sur sous la cuisse de son maître, et lui fit le serment qu'il demandent.
Entendre ceci à la lettre, mes frères, se contenter d'entendre à la lettre tout ce qu'on nous
lit dans l'ancien Testament, on n'en tirerait pas grande utilité, ou même aucune, pour son
instruction. De quelle utilité nous peut-il être en effet de savoir, qu'Abraham a envoyé son
domestique dans un pays bien éloigné, pour y prendre une femme pour son fils ? Ne voyons nous pas la même chose arriver très souvent parmi nous ? S'il n'était donc question que de cette histoire à la lettre, quel profit pourraient en retirer les fidèles, qui s'assemblent dans l'église pour entendre la parole de Dieu ? Mais nous, mes frères, instruits par l'Apôtre saint Paul, (cf. I Cor 19,11) nous savons que tout ce qui est écrit, n'arrivait et ne se passait chez les Juifs qu'en figure, et pour nous tracer les choses qui s'accomplissent présentement pour nous dans la vérité.
En suivant cette ouverture que nous donne l'Apôtre, lorsqu'Abraham dit à son serviteur :
mettez votre main sous ma cuisse, et jurez par le Dieu du ciel et de la terres; que veut-il dire par là ? Mettez votre main sous ma cuisse, C'est comme si ce saint homme lui eut dit : mettez votre main sur l'autel, touchez l’arche de l'alliance, étendez votre main vers le temple de Dieu, et jurez moi. Ce serviteur touchait son maître, et il jurait par le Dieu du ciel et de la terre. Certainement ce saint patriarche ne se trompait pas en donnant cet ordre; mais éclairé par l'esprit de prophétie, et plein de foi aux promesses que Dieu lui avait si souvent et si solennellement réitérées, il savait que le Messie, Maître du ciel et de la terre, naîtrait un jour de sa postérité : c'était donc par le Dieu vivant et véritable que ce serviteur prêtait serment, et non par son maître qu'il touchait. Aussi lisons-nous qu'Abraham engendra Isaac, qu'lsaac engendra Jacob, que Jacob engendra Juda, de la postérité duquel est né le Christ, qui est le Seigneur.
2. Ce serviteur étant arrivé en Mésopotamie, s'arrêta près d'une fontaine, et fit en luimême
cette prière : Seigneur, Dieu de mon maître, si vous usez envers lui de miséricorde, me voilà
arrêté près de ce puits, faites donc que la jeune fille qui viendra y puiser de l'eau, et à qui je dirai : Donnez-moi à boire, et qui me répondra : buvez et je puiserai aussi de l’eau pour vos chameaux; soit celle que vous destinez à mon maître Isaac. A peine ce serviteur avait-il achevé cette prière secrète, que parut Rebecca, portant un vaisseau sur son épaule. Ce serviteur lui dit : donnez-moi à boire. Elle aussitôt ôtant son vaisseau de dessus son épaule, lui dit : Buvez Seigneur, et je puiserai aussi de l’eau pour vos chameaux: et lui ayant demandé de qui elle était fille, elle lui répondit, qu'elle était fille de Bathuel et soeur de Laban. Le serviteur fit aussitôt une profonde inclination, et adora Dieu, reconnaissant que était les parents d'Abraham son maître, et tira des bracelets et des pendants d'oreilles pour la parer. Rebecca retournée à la maison de son père, apprit ceci à ses parents, qui étant sortit au-devant du serviteur d’Abraham; le reçurent chez eux avec joie et avec honneur; il leur parla de Rebecca, les priant de la donner pour femme à Isaac son maître;à quoi ils répondirent : appelons la fille, et sachons d’elle-même son sentiment. L’ayant donc appelée, ils lui demandèrent : Voulez-vous bien aller avec cet homme ? Je le veux bien,répondit-elle. (cf. Gen 24,12 et suiv.)
3. Voyons présentement, en peu de mots, autant que nous le pourrons, mes très chers
frères, ce que tout cela signifie. C'est pour la seconde fois qu’Abraham représente Dieu le Père. Il l'avait représenté une première fois, en offrant don fils en sacrifice : il le représente encore ici, en envoyant son serviteur pour prendre une femme pour ce cher fils : et ce serviteur lui-même est la figure des apôtres et des prophètes. Abraham envoyé son serviteur en un pays éloigné, pour y prendre une femme pour son fils : parce que Dieu devait envoyer ses apôtres par toute la terre, pour former, par le ministère de leur parole, l'Eglise catholique, qui est l'unique épouse de son Fils unique : car, comme ce fut par l’entremise de ce serviteur d'Abraham que Rebecca fut amenée pour être la femme d'Isaac, de même ça été et c'est encore par le ministère et la prédication de ces apôtres que Dieu a rassemblé, des nations les plus éloignées, un peuple qui forme l'Eglise des Gentils, dont Jésus Christ son Fils est le véritable époux. Vous demanderez peut-être où Dieu a trouvé et rassemblé ces différents peuples, pour en former l'épouse de son Fils ? Vous prévenez ma réponse : il les a rassemblés auprès d'une fontaine. Sans doute, mes très chers frères, si la multitude des nations ne se fut approchée du baptême, jamais ces peuples n'auraient été unis et associés à Jésus Christ. Rebecca trouve donc le serviteur d'Abraham auprès d'un puits; voilà la figure : la multitude des nations à trouvé Jésus Christ au baptême; voilà la Vérité.
Continuons de voir ce qui se passa auprès de cette fontaine mystérieuse. Ce serviteur tira
des pendants d'oreilles et des bracelets d'or, et les donna à Rébécca. Vous savez que dans le
style de l'Ecriture, les mains signifient les oeuvres. Suivant cette idée, il est aisé de reconnaître dans les pendants d'oreilles, la docilité à la parole de Dieu, et dans les bracelets, la fidélité à faire les oeuvres de Dieu; il est aussi aisé de reconnaître que Jésus Christ a fait à son Église l'un et l’autre présent. Comme dans la figure ce serviteur présenta des pendants d'oreilles à Rébécca pour la parer, dans la vérité Jésus Christ a donné à son Eglise la parole de Dieu même, plus précieuse, sans comparaison, que les pierreries les plus recherchées; et encore, comme ce serviteur mit des bracelets aux mains de Rébécca, quelles oeuvres de sainteté Jésus Christ n'a-til pas donné à son Eglise ? Je vous le demande, mes très chers frères, pouvez-vous entendre, pouvez-vous voir de vos yeux ces merveilles sans être pénétrés de joie et de reconnaissance, sans rendre à Dieu mille actions de grâces du don de la miséricorde de Jésus Christ, qui accomplit en nous réellement et dans la vérité, ce qui n'était que figure dans ces anciens ? Car, de même que Rébécca n’eût pas eu ni ces pendants d’oreille ni ces bracelets, si Isaac ne les lui avait envoyés par son serviteur; de même l'Eglise n'aurait pas eu non plus la parole de Dieu, la docilité à cette parole, ni des oeuvres vraiment saintes, si Jésus Christ ne lui eut fait ces riches présents par sa grâce et par le ministère de ses apôtres.
Achevons ces belles figures. Les parents de Rebecca lui demandent si elle veut bien aller
avec ce serviteur; et elle répondit : J’irai volontiers. N'est-ce pas encore là ce qu'on a pratiqué au baptême à votre égard ? Chez Bathuel on demande le sentiment de Rebecca; à l'entrée de
l'Eglise on demande le vôtre. Là, on demande à cette jeune fille : Voulez-vous bien aller avec cet homme ? et elle répond : J'irai volontiers. Ici on vous demande : Croyez-vous en Jésus Christ; et vous avez répondu : Je crois. On n'aurait pas mené Rebecca vers Isaac contre son gré, et si elle n'y avait consenti expressément; l'Eglise, de même, ne serait pas unie à Jésus Christ si elle n'y consentait expressément en disant : Je crois.
4. Ce serviteur donc reçoit Rébécca de la main de ses parents, et la conduit à Isaac. Si
vous y faites attention, mes frères, vous verrez qu'ici les figures se rencontrent et se développent mutuellement. Rébécca, en arrivant, trouva Isaac au puits du jurement. Encore ici un puits. Le serviteur d'Isaac avait trouvé Rébécca auprès d'un puits; et voilà que Rébécca trouve à son tour Isaac auprès du puits du jurement. Je vous expliquais cela tout-à-l'heure; Jésus Christ n'a formé son Église, et l'Eglise n'a reconnu et professé Jésus Christ que par le sacrement de baptême.
Isaac, dit le texte sacré, était sorti dans la campagne, vers le soir pour méditer. Cette campagne était la figure du monde. Isaac s’était avancé dans la campagne, pour méditer; parce que Jésus Christ devait venir dans le monde, pour combattre contre le démon et le vaincre. Le démon lui a fait souffrir la mort injustement; et c'est précisément par cette mort injuste, qu’il était souverainement juste, que notre divin Sauveur triomphât de lui d'une manière bien éclatante, c'est-à-dire, qu’en mourant, il a détruit la mort, et que par sa résurrection, il a assuré la vie à ceux qui croiraient en lui. Enfin Rébécca fut unie et devint l'épouse d'Isaac; ainsi présentement l'Eglise est unie spirituellement à Jésus Christ son époux, dont elle reçoit dès ici-bas le sang, comme un gage précieux du royaume éternel, qui lui est promis en dot, et préparé dans le ciel; ce qui fait dire à l’apôtre Pierre : ce n’est ni l’or, ni avec l’argent que vous avez été rachetés, mais avec le sang précieux de Jésus Christ comme d'un agneau sans tache.
5. Isaac prit donc Rébécca pour sa femme, et l’introduisit dans la tente de sa mère; de
même Jésus Christ a pris l’Église pour son épouse, et l’a établie à la place de la Synagogue.
L’infidélité de la Synagogue l'a séparée de Dieu, et lui a causé la mort; la foi a uni l’Eglise à Jésus Christ et lui a donné la vie. Isaac ayant donc épousé Rébécca, l’affection qu'il eut pour elle fut grande, qu’elle tempéra la douleur que la mort de sa mère l'avait causée. N'hésitez pas à regarder la mort de Sara comme la figure de l’infidélité de la Synagogue : Sara meurt, et Rébécca est mise à sa place; la Synagogue est répudiée, afin de lui substituer l'Eglise. Répétons ce beau trait. Isaac épousa Rébécca; et l'affection qu'il eut pour elle fut si grande, quelle tempéra la douleur que la mort de sa mère lui avait causée. Jésus Christ a pris l'Eglise pour son épousé, et il l'a si tendrement aimée que cet amour a tempéré la douleur qu'il avait bien voulu ressentir de la Synagogue qui lui avait donné naissance. Ne craignons pas de dire que l'infidélité de la Synagogue a causé de la tristesse à Jésus Christ, puisque nous ne craignons pas de dire que la foi de l'Eglise lui a donné de la joie. Il a rejette la nation des Juifs, non pas à la vérité toute entière, mais pour le gros de ce seul peuple qu'il a perdu, cause de la méchanceté et de l’incrédulité de la Synagogue : il a acquis le monde entier à la foi de l’Eglise.
Quand je parle de l'Eglise, vous n’ignorez pas, mes très chers frères, que c'est de nousmêmes
que je parle : oui, c’est nous-mêmes, qui sommes cette épouse, et qu'il a rachetée de son
sang précieux, comme je viens de le dire : que chacun de nous donc, non seulement conserve
par sa grâce, mais augmente et fasse croître soigneusement en soi-même les biens précieux qu'il a reçus de la libéralité de Jésus Christ, afin qu'il ne se trouve en lui rien de souillé par la luxure, rien de bouffi par l'orgueil et l’arrogance, rien de brûlé par le feu de la colère, rien de terni par l'avarice, rien de desséché par le venin mortel de l'envie. N'est-il pas juste, au fond, que cet époux céleste, le plus beau des enfants des hommes, ne voie rien en nous, de tous ces péchés, qui puise blesser les yeux de sa Majesté; lui à qui tout honneur, empire et puissance appartiennent, avec le Père et le saint Esprit, dans les siècles des siècles. Amen.
sga- MEDIATEUR
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Re: Saint Césaire d'Arles-Sermons
Sur la Charité
1. Frères bien-aimés, si nous pouvions nous offrir plus souvent à votre chère présence, il nous serait possible, avec l’aide du Christ, et en puisant aux sources abondantes des saintes Écritures, de répandre dans vos âmes, sinon de larges ruisseaux, du moins quelques pauvres gouttes ; de cette façon, la terre riche et fertile de votre cœur, ayant reçu la pluie de la parole de Dieu, pourrait produire une abondante moisson de bonnes œuvres ; ainsi le Maître, en venant dans le champ de votre âme, se réjouirait de trouver un rendement de trente, que dis-je, de soixante et même de cent pour un, récolte pour laquelle il prépare une grange dans le ciel, et non le feu de l’enfer. Mais puisque nos multiples occupations nous en empêchent, si nous, votre humble serviteur, ne pouvons nous rendre présent aussi souvent que vous le désireriez, nous avons l’intention de vous expliquer dans notre homélie, avec la permission de Dieu, quelque chose de court, mais de suffisamment important pour son utilité spirituelle ; dans cette brièveté, si vous faites bien attention, vous pouvez trouver ce qui convient à votre âme.
Quelle est donc cette chose, courte certes, mais si importante qu’elle pourrait suffire à l’humanité ? L’Apôtre le dit : « Le but de ce précepte, c’est la charité qui part d’un cœur pur, d’une conscience bonne et d’une foi sincère » (1 Tim 1, 5). Attention, mes frères ! Que peut-on trouver de plus magnifique dans la réalité que cette charité partant d’un cœur pur, d’une conscience bonne, d’une foi sincère ? Ces brèves paroles ont assez de charme pour être retenues par cœur, assez de douceur pour être gardées fidèlement. Quoi de plus doux que la charité, frères bien-aimés ? Celui qui l’ignore, qu’il goûte et qu’il constate. Que doit-il donc goûter, celui qui désire que la douceur de cette charité se fasse sentir de lui ? Écoutez, frères, la parole de l’Apôtre : « Dieu est amour » (1 Jn 4, 8 ). Quoi de plus doux, mes frères ? Celui qui l’ignore, qu’il écoute le psalmiste : « Goûtez et voyez combien le Seigneur est bon » (Ps 33, 9). Dieu donc est charité, et celui qui a la charité, Dieu demeure en lui et lui en Dieu (cf. Jn 6, 57 - 1 Jn 4, 15).
2. Si tu as la charité, tu as Dieu ; et si tu as Dieu, que ne possèdes-tu pas ? Le riche, s’il n’a pas la charité, que possède-t-il ? Le pauvre, s’il a la charité, que ne possède-t-il pas ? On croit peut-être qu’il est riche, celui dont le coffre est plein d’or, et qu’il n’est pas riche, celui dont la conscience est pleine de Dieu. Non, mes frères ; celui-là seul se voit vraiment riche en qui Dieu daigne habiter. Que pourras-tu en effet ignorer des Écritures, si c’est la charité, c’est-à-dire Dieu, qui a pris possession de toi-même ? Quelles bonnes œuvres ne pourras-tu accomplir, si tu as mérité de porter en ton cœur la source des bonnes œuvres ? Quel adversaire craindre, si tu as mérité d’avoir en toi Dieu lui-même comme roi ? Retenez donc bien et gardez, frères bien-aimés, le doux et salutaire lien de la charité. Mais, avant toutes choses, gardez la charité vraie, non celle que l’on promet seulement en paroles sans la conserver dans son cœur, mais celle qui s’exprime par notre bouche tout en étant sans cesse présente à notre cœur. De cette façon se réalisera en nous la parole de l’Apôtre : « Enracinés et fondés dans la charité » (Éph 3, 17) : dans la charité, il n’y a jamais rien de mal, inversement dans la cupidité on n’a jamais rien trouvé de bon.
3. Ces deux racines, frères bien-aimés, sont plantées dans deux champs différents par deux cultivateurs différents : l’une par le Christ dans le cœur des bons, l’autre par le diable dans le cœur des méchants. De la racine de la charité ne pousse rien de mauvais, pas plus que rien de bon ne vient de celle de la cupidité. Car la Vérité ne ment pas, elle qui, dans l’Évangile, à propos de ces deux racines, déclare catégoriquement : « Un bon arbre produit de bons fruits, un mauvais arbre en produit de mauvais » ; et aussi « Un bon arbre ne peut produire de mauvais fruits, pas plus qu’un mauvais ne peut en produire de bons » (Mt 7, 17.18). Ce n’est pas moi qui le dis, mes frères, c’est le Seigneur. Donc, que votre charité soit si riche qu’elle s’étende non seulement à vos amis, mais jusqu’à vos ennemis ; il est vraiment le fils de l’Amour, celui qui, selon le précepte du Seigneur, aura aimé même ses ennemis.
Mais maintenant que vous venez d’entendre la louange de la charité en même temps que la condamnation de la cupidité, que chacun réfléchisse et considère le champ de son cœur : celui qui reconnaîtra en lui-même la charité, qu’il se réjouisse, qu’il en garde avec toute la vigilance de son âme les saintes semences ; celui qui au contraire aura remarqué dans le champ de son cœur ne fût-ce qu’une petite racine de cupidité, avec l’aide du Christ, qu’il l’extirpe, pour y planter la charité.Car, tant qu’il n’aura pas voulu le faire, il ne pourra porter de bons fruits ; et comme il ne porte pas de bons fruits, le Seigneur dit de lui dans l’Évangile : « Tout arbre qui ne produit pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu » (Mt 7, 19). Si cela ne te plaît pas de donner des fruits exquis de charité, n’as-tu pas à craindre le feu avec le bois sec de tes péchés ? Oui, « tout arbre qui ne produit pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu ». Tant que tu garderas la même racine, tu ne pourras donner des fruits normaux ; vainement tu promets le bien en paroles sans pouvoir le réaliser, aussi longtemps que la bonté n’est pas enracinée dans ton cœur. Ces deux racines donc, comme je l’ai dit, sont plantées par deux agriculteurs : l’une l’est par le Christ dans le cœur des fidèles, l’autre par le diable dans l’âme des superbes ; ainsi l’une est plantée au ciel, l’autre en enfer.
4. Mais quelqu’un va me dire : « Si elle est plantée dans le cœur des fidèles, ces fidèles à coup sûr on les voit encore en ce monde, comment donc cette racine peut-elle être plantée au ciel ? » Veux-tu savoir pourquoi ? C’est que les cœurs des fidèles sont le ciel, eux qui s’élèvent chaque jour vers lui à la voix du prêtre : « Élevons nos cœurs », alors tous répondent : « Nous les avons tournés vers le Seigneur ». Et l’Apôtre de son côté nous dit : « Notre vie est au ciel » (Phi 3, 20). Si donc la vie des fidèles est au ciel, parce que la vraie charité est en eux, c’est que la racine de la charité a été plantée au ciel. Inversement, la racine de la cupidité, qui est au cœur des superbes, parce que toujours ils désirent la terre, ne comprennent que la terre, plaçant en elle toute leur espérance, on peut bien dire qu’elle est planée en enfer.
5. Malgré cela, les pécheurs orgueilleux ne doivent pas désespérer, pas plus que les justes humbles s’enorgueillir en quoi que ce soit, comme si c’était leur propre mérite ; car si les justes se font des illusions sur eux-mêmes, ils perdent bientôt la racine de la charité ; et de leur côté si les pécheurs se tournent vers la pénitence, extirpent la cupidité, ils reprennent bientôt la plante de la charité. Donc ceux qui sont bons, qu’ils gardent ce qu’ils ont reçu comme un don de Dieu ; ceux qui sont mauvais, qu’ils aient à cœur de recouvrer ce qu’ils ont tristement perdu.
Que personne ne se réserve de faire pénitence et garder la douceur de la charité plus tard, au moment où l’on est en train de quitter la vie ; que personne ne remette en somme à la vieillesse pour recourir au remède de la pénitence, car on ne sait « de quoi le jour prochain sera fait » (Pr 27, 1). Quel risque de différer son salut jusqu’au temps de la vieillesse, alors qu’on ne peut être certain d’un seul jour de délai ! Donc, si nous voulons ne pas avoir à craindre la mort, nous devons être toujours prêts, afin que, quand le Seigneur nous fera rappeler de ce monde, nous paraissions devant le Juge éternel avec une conscience tranquille et libre, non avec désespoir, mais avec joie, et que nous ayons le bonheur d’entendre alors ces paroles : « C’est bien, serviteur bon et fidèle, puisque tu as été fidèle pour de petites choses, je t’établirai sur de grandes ; entre dans la joie de ton Maître » (Mt 25, 21). Que dans sa bonté, il nous conduise à cette joie, le Seigneur qui vit et règne.
sga- MEDIATEUR
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