Annulation controversée d'une excommunication...

Annulation controversée d'une excommunication

Mise à jour le dimanche 25 janvier 2009 à 4 h 24

Photo: AFP/Filippo Monteforte

Dans un geste qui s'en voulait un de rapprochement, le pape Benoît XVI a annulé samedi les excommunications de quatre évêques catholiques intégristes, prononcées en 1988.
En tentant de faire disparaître un schisme avec une frange ultraconservatrice de l'Église catholique, Benoît XVI a toutefois créé une controverse d'un autre ordre.
Le pape a en effet annulé l'excommunication de l'évêque britannique Richard Williamson, qui a récemment tenu des propos négationnistes. Dans une entrevue à la télévision suédoise, la semaine dernière, M. Williamson a déclaré qu'il ne croyait pas que des juifs étaient morts dans des chambres à gaz durant l'Holocauste. « Je ne crois pas qu'il y ait eu des chambres à gaz. Je crois que 200 000 à 300 000 juifs sont morts dans les camps de concentration, mais aucun dans des chambres à gaz », a déclaré l'évêque britannique.
« C'est terrible qu'un évêque niant la Shoah, un fait historique incontestable, soit réhabilité et légitimé. Les phrases qu'il a prononcées sont totalement inacceptables, et pas seulement de la part des juifs », a déclaré à l'agence Ansa le président de l'Union des communautés juives italiennes, Renzo Gattegna.
Le grand rabbin de Rome, Riccardo Di Segni, a souligné que si l'évêque Williamson était de nouveau habilité à ordonner des prêtres, cela poserait un problème important. Le président du Comité juif international, le rabbin David Rosen, s'est interrogé sur l'impact politique de cette décision du pape. « Tant que le Vatican n'exige pas une rétractation, c'est l'Église tout entière qui est contaminée », a-t-il dit.
Le porte-parole du Vatican, Federico Lombardi, a insisté sur le fait que la décision du pape ne voulait pas dire qu'il était d'accord avec les idées de Richard Williamson.
« Je suis certain qu'en tant qu'homme qui a connu le régime nazi dans sa propre chair, il comprend qu'il faut être prudent et très sélectif », a rétorqué Shimon Samuels, du Centre Simon Wiesenthal à Paris. Joseph Ratzinger, celui qui est devenu Benoît XVI, a en effet été mobilisé au sein de l'armée nazie à l'âge de 16 ans. Après avoir déserté, il a été interné dans un camp de prisonniers de guerre américains en 1945.
Des excommunications nées d'une division
Les quatre évêques visés par la décision de samedi, Richard Williamson, le Suisse Bernard Fellay, l'Espagnol Alfonso de Gallareta et le Français Tissier de Mallerais, avaient été ordonnés par l'archevêque français Mgr Marcel Lefebvre en 1988, sans le consentement de Rome. Le Vatican les a excommuniés, ainsi que Mgr Lefebvre.
Fondateur de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-IX, Mgr Marcel Lefebvre est un catholique ultraconservateur s'opposant aux réformes adoptées lors du concile Vatican II, dont l'abandon de la messe en latin. Par des décisions comme ces annulations d'excommunications et la permission de revenir à d'anciennes pratiques comme la messe en latin, le pape Benoît XVI tente de réconcilier ces diverses branches de l'Église.
Radio-Canada.ca avec Agence France Presse et Associated Press

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