Maladie de Lyme chronique:danger de traitement antibiotique prolongés
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Maladie de Lyme chronique:danger de traitement antibiotique prolongés
http://realitesbiomedicales.blog.lemonde.fr/2017/06/19/maladie-de-lyme-chronique-le-danger-des-traitements-prolonges-par-antibiotiques/
« Maladie de Lyme chronique » : le danger des traitements prolongés par antibiotiques
Chez les patients présentant des symptômes chroniques attribués à la maladie de Lyme, affection transmise par piqûre de tiques, plusieurs études ont montré qu’il n’y a pas d’intérêt à prolonger les traitements antibiotiques. Plus précisément, un traitement qui n’a pas fait la preuve de son efficacité après deux ou trois semaines ne sera jamais plus efficace après plusieurs mois. Dès lors, il convient de ne pas prolonger l’utilisation d’antibiotiques dont le risque d’effets secondaires augmente avec le temps d’exposition aux traitements. Un rapport du bulletin épidémiologique hebdomadaire du Centre de contrôle et de prévention des maladies d’Atlanta (CDC, Géorgie, Etats-Unis), daté du 16 juin 2017, vient rappeler à quel point ces traitements à long terme peuvent avoir des conséquences redoutables, parfois mortelles.
Ces cas ont été rapportés par des médecins et autorités sanitaires du Colorado, de Californie, du Maryland, du Connecticut, de même que par le centre national des maladies infectieuses émergentes et zoonoses des CDC.
La maladie de Lyme est une infection causée par une bactérie, Borrelia burgdorferi. Egalement appelée borréliose, l’infection précoce se manifeste par l’apparition d’un érythème migrant (la lésion au point de piqûre s’étend progressivement de manière annulaire et centrifuge sur une période de quelques jours), de la fièvre, des maux de tête, de la fatigue. Non traitée, l’infection va se généraliser causant une atteinte des méninges entourant le cerveau (méningite), du cœur (cardite), des nerfs (neuropathie), des articulations (arthrite). Le traitement recommandé est la prise d’antibiotiques pendant deux à quatre semaines.
La « maladie chronique de Lyme » est une appellation utilisée pour décrire des patients suspects de souffrir de cette affection et qui présentent des symptômes persistants comprenant une fatigue, des douleurs musculosquelettiques généralisées et un déficit cognitif, non étayés par des des signes d’une infection active objectivement établis. Ces patients, dont certains présentent des symptômes invalidants, ne trouvent souvent pas de soulagement avec les traitements de la médecine traditionnelle. Ils n’ont pas toujours une écoute attentive et bienveillante de la part de leur médecin. Parfois même, ils éprouvent un sentiment de rejet ou d’incompréhension de sa part alors que leur douleur est insupportable. Dans ces conditions, nombreux sont ceux qui sont tentés de chercher de l’aide auprès de Lyme doctors, des médecins autoproclamés spécialistes de la maladie de Lyme ou de praticiens ayant recours à des médecines alternatives ou naturelles.
Pixabay
Certains médecins soutiennent que le diagnostic de maladie de Lyme chronique et son traitement sont justifiés même lorsqu’une sérologie est doublement négative (par Elisa et Western blot). Dans un tel contexte, certains n’hésitent pas à utiliser des tests non validés ou d’autres critères d’interprétation pour porter le diagnostic formel. Le risque est alors de méconnaître une autre pathologie en attribuant de façon erronée les symptômes à une « maladie de Lyme chronique ».
Les multiples thérapeutiques proposées à ces patients sont très variées. Elles vont de la prise d’antibiotiques pendant plusieurs mois, ou années, à des perfusions intraveineuses de péroxyde d’hydrogène ou d’immunoglobulines (anticorps). Certains praticiens proposent notamment l’oxygène hyperbare, des séances d’électromagnétisme, des anti-parasotaires, de consommer de l’ail (pour ses propriétés antibactériennes) ou encore des probiotiques. Certains vont même jusqu’à utiliser des transplantations de cellules souches. Pas moins de cinq études ont montré qu’un traitement prolongé par antibiotiques n’améliore pas le pronostic de ces patients souffrant d’une « maladie de Lyme chronique ». De tels traitements ont été associés à un risque d’effets indésirables graves, dont certains mortels.
Cathéter veineux central
Le rapport des CDC rapporte le cas d’une jeune femme trentenaire se plaignant de fatigue et de douleurs articulaires. Son médecin lui avait diagnostiqué une maladie de Lyme, une babésiose (autre maladie infectieuse d’origine parasitaire transmise par les tiques), et une autre infection à Bartonella, bactérie dont la tique est souvent porteuse. Les symptômes s’aggravent malgré plusieurs traitements antibiotiques par voie orale. On lui pose alors un cathéter veineux central (PICC, dans le jargon médical). Inséré au pli du coude, cette tubulure remonte dans la veine cave supérieure jusqu’à l’oreillette droite dans le cœur. Dans ce cas, elle sert à administrer en continu des médicaments anti-infectieux. Après trois semaines d’une double antibiothérapie, les douleurs articulaires ne cèdent pas. La patiente présente de la fièvre, une éruption cutanée. Sa tension artérielle chute. Hospitalisée en soins intensifs, elle est notamment traitée par des antibiotiques à large spectre par voie intraveineuse. Malgré une réanimation intensive, son état empire. La patiente décède. Son décès est dû à un choc septique, autrement dit une défaillance circulatoire aiguë causée par une infection. Après la pose d’un cathéter central, geste invasif destiné à administrer des antibiotiques par voie intraveineuse, cette patiente avait fait une complication : une infection avec présence de bactéries dans le sang (bactériémie).
Méconnaître un autre diagnostic
Un autre cas dramatique est décrit dans le bulletin des CDC. Il concerne une femme d’une cinquantaine d’années qui présente une faiblesse musculaire progressive, un gonflement et des picotements des mains et des pieds. Un médecin évoque une polyneuropathie démyélinisante inflammatoire chronique, c’est-à-dire une inflammation touchant plusieurs nerfs qui perdent leur gaine isolante de myéline. Malgré les nombreux traitements suivis pendant cinq ans, l’état de la patiente ne s’améliore pas. Le diagnostic de sclérose latérale amyotrophique (SLA) est alors porté. Cette affection neurologique atteint sélectivement les neurones assurant la motricité volontaire.
C’est alors que cette malade consulte un autre médecin et s’entend dire qu’elle souffre d’une maladie de Lyme chronique, de babésiose et de fièvre pourprée des montagnes rocheuses (Rocky Mountain spotted fever), due à une bactérie, Rickettsia rickettsie, transmise par la morsure de tiques. La patiente est traitée par phytothérapie et homéopathie. Sans effet. Un traitement par antibiotique par voie intraveineuse et quatre autres par voie orale lui est alors administré. Après 7 mois de cette antibiothérapie intensive, ses douleurs s’estompent mais la faiblesse musculaire s’aggrave. Elle est contrainte d’arrêter les antibiotiques lorsqu’une infection digestive sévère à Clostridium difficile survient, complication redoutable liée à la destruction d’une très importante quantité de la flore bactérienne intestinale (microbiote), secondaire à la prise d’antibiotiques. L’infection à C. difficile, devenue rebelle à tout traitement, a persisté pendant plus de deux ans, la patiente décédant finalement de complications d’une sclérose latérale amyotrophique.
Le rapport des CDC fait également état du cas d’une adolescente souffrant depuis plusieurs années de douleurs musculaires et articulaires, d’un mal de dos, de maux de tête et d’une léthargie. Le diagnostic de syndrome de fatigue chronique est posé, avant qu’elle ne soit étiquetée atteinte d’une maladie chronique de Lyme après avoir consulté dans une clinique spécialisée en médecine alternative. Elle y reçoit alors un cocktail de trois antibiotiques par voie orale pendant trois mois. Cette antibiothérapie doit être interrompue au vu du bilan biologique de la fonction hépatique (résultats anormaux concernant les enzymes du foie). Trois mois plus tard, on lui pose un cathéter veineux central pour lui administrer des antibiotiques par voie intraveineuse (IV), dont de la ceftriaxone. La jeune fille recevra une antibiothérapie en IV et par voie orale sans discontinuer pendant 5 mois sans aucune amélioration. Ceux-ci sont arrêtés, mais le cathéter veineux central (tube flexible fin) n’est pas retiré. Une semaine après l’arrêt des antibiotiques, l’état clinique de la jeune patiente se détériore. Elle frissonne, est pâle et a une fièvre à 39,4 °C. Elle consulte dans la même clinique où l’on lui prescrit à nouveau de la ceftriaxone par l’intermédiaire d’un cathéter veineux central. Rien n’y fait, le lendemain, admise aux urgences, la fièvre monte à 40,7 °C, la tension artérielle chute et le pouls s’emballe. Les examens de sang montre la présence de la bactérie du genre Acinetobacter. La fillette est traitée en soins intensifs pour son infection. Le cathéter veineux central est retiré. L’adolescente restera hospitalisée plusieurs semaines avant de regagner son domicile.
Recours à des tests non validés
Pour certains patients, la prescription d’antibiotiques confine à l’hérésie. Une femme d’une quarantaine d’années se fait piquer par plusieurs arthropodes. Elle développe un syndrome grippal avec douleurs des bras, des jambes, et du dos. Un an après, le diagnostic de maladie de Lyme est posé au vu de la sérologie positive (Elisa suivie d’un Western blot). Elle est alors traitée par deux cycles de 4 semaines d’antibiotique (doxycycline). La patiente se plaint de fatigue, de problèmes cognitifs et d’une faible tolérance à l’effort. Le diagnistic de « maladie de Lyme chronique » est posé sur la base d’examens biologiques non validés. Elle reçoit alors de la pénicilline par voie intramusculaire pendant 5 semaines, puis un antibiotique par IV pendant 4 mois puis un autre pendant 6 mois, toujours par IV via un cathéter. Un an plus tard, elle reçoit un antibiotique en IV via un nouveau cathéter, ainsi que deux antibiotiques et un antiparasitaire par voir orale pendant 4 semaines. La patiente ressent des douleurs dans le dos. Elle est hospitalisée. Le cathéter est retiré. Une bactérie (Pseudomonas aeruginosa) est retrouvée dans le sang et sur l’extrémité du cathéter. Le scanner révélera une destruction des deux vertèbres thoraciques. L’IRM montrera une ostéodiscite (infection du disque intervertébral et de vertèbres). Traitée en conséquence, son état finira par s’améliorer.
Immunoglobulines à gogo
L’administration prolongée d’immunoglobulines (concentré d’anticorps issus de donneurs de sang) est également dangereuse dans un tel contexte, comme le montre le cas d’une patiente d’une soixante d’années qui, une fois posé le diagnostic de « maladie de Lyme chronique », s’est vue prescrire des immunoglobulines IV toutes les trois semaines via un cathéter et une chambre implantable (petit boitier implanté sous la peau). Après de tels traitements pendant plus de dix ans, cette patiente développe de la fièvre et une douleur du cou. Les examens biologiques permettent de diagnostiquer une infection par staphylocoque doré (MSSA). Le cathéter est remplacé. Alors même que les médecins indiquent à la patiente qu’il importe que le nouveau cathéter soit retiré à la fin du traitement, la patiente en profite pour se faire prescrire à nouveau des immunoglobulines IV. Elle se fait réhospitaliser deux mois plus tard. Elle est une nouvelle fois traitée par antibiotiques. A sa sortie, la patiente reçoit un nouveau cathéter veineux et se voit administrer pour la énième fois des immunoglobulines IV. Avant d’être à nouveau hospitalisée pour un abcès paravertébral (collection de pus en regard de la colonne lombaire) qui, ne cèdera pas sous traitement antibiotique et devra nécessiter un drainage chirurgical.
« Ces cinq cas illustrent la sévérité et la diversité des effets secondaires pouvant être provoqués par des traitements non prouvés pour une maladie de Lyme chronique », soulignent les auteurs. En plus des dangers associés à un usage inapproprié d’antibiotiques, comme la sélection de bactéries résistantes, ces traitements peuvent amener à la réalisation de procédures non nécessaires, comme la pose d’un cathéter et d’une chambre implantable, et à une bactériémie (présence d’une bactérie pathogène dans le sang) entraînant une infection à distance.
Ces dérives thérapeutiques font aussi courir le risque de ne pas diagnostiquer la cause véritable des symptômes présentés par le patient et de ne donc pas administrer un traitement approprié. Elles pointent par ailleurs sur l’irresponsabilité de médecins peu scrupuleux, souvent auto-proclamés spécialistes de Lyme (les fameux Lyme doctors) qui profitent de la détresse et de la crédulité de patients prêts à tout pour être soulagés de leurs symptômes.
Prise en charge alternative en France
Une étude, réalisée par des cliniciens du CHRU de Clermont-Ferrand et parue dans le numéro daté de juin 2017 de la revue Médecine et Maladies Infectieuses, souligne pour les patients suspects de maladie de Lyme « une inadéquation entre les symptômes et les sérologies demandées » de même qu’ « une répétition inutile des sérologies ». Elle relève que « l’utilisation d’un nombre important de molécules sans qu’on puisse détecter une logique de prescription, tant sur la nature de la molécule que sur la durée, doit alerter sur les dérives de telles pratiques, ce d’autant qu’elles paraissent ici peu efficaces ».
A quand donc une étude clinique française qui rapportera, et dénoncera par la même occasion, les ravages de ces pseudo-traitements chez des patients suspects de maladie de Lyme ? Dénoncer au grand jour de tels traitements prolongés et inadaptés, prescrits par des apprentis sorciers, apparaît donc aujourd’hui, en France aussi, comme une impérieuse nécessité.
Marc Gozlan (Suivez-moi sur Twitter)
Pour en savoir plus :
Marzec NS, Nelson C, Waldron PR, Blackburn BG, Hosain S, Greenhow T, Green GM, Lomen-Hoerth C, Golden M, Mead PS. Serious Bacterial Infections Acquired During Treatment of Patients Given a Diagnosis of Chronic Lyme Disease – United States. MMWR Morb Mortal Wkly Rep. 2017 Jun 16;66(23):607-609. doi: 10.15585/mmwr.mm6623a3
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Baud O, Mabru E, Lesens O. Prescriptions liées à la prise en charge alternative de patients suspects de maladie de Lyme. Med Mal Infect. 2017 Jun:47(4 Suppl):S150.
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Perronne C. Critical review of studies trying to evaluate the treatment of chronic Lyme disease. Presse Med. 2015 Jul-Aug;44(7-:828-31. doi: 10.1016/j.lpm.2015.06.002
Sur le web :
Post-Treatment Lyme Disease Syndrome (CDC)
Position de la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française à propos de la Maladie de Lyme(infectiologie.com)
Research into Prolonged Treatment for Lyme Disease (CDC)
Borréliose de Lyme, infection à Borrelia (Société belge d’infectiologie et de microbiologie clinique)
La maladie de Lyme : Diagnostic clinique et traitement (Agence de la santé publique du Canada)
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