Aux sources d'unanimité de la foi

[justify]Dans trois semaines le pape Fsrançois se rendra en Suède à l'occasion des 500 ans de la Réforme.
Depuis des années les chrétiens de toutes confessions prient pour que leur unité soit visible.
Voici ce qu'écrivait le bien aimé et regretté F. Roger en 1976 :
"Comme lorsque deux personnes séparées veulent se réconcilier il est essentiel qu'elles découvrent les dons spécifiques déposés dans le vis à vis. Si chacun affirme avoir tous les dons et veut tout apporter sans rien recevoir, alors la réconciliation ne s'accomplira jamais.
Il en va de même entre les Eglises séparées. La réconciliation ne signifie pas la victoire des uns et l'humiliation des autres. Elle suppose la découverte des dons déposés dans les autres.
Les communautés issues de la Réforme deviendront-elles, ainsi, attentives à cette source d'unanimité dans l'Eglise Catholique ²catholique a peremis que l'Eucharistie demeure une source d'unanimité de la foi, comme un fleuve souterrain traversant toute son histoire, même dans les périodes les plus sombres (alors qu'il a été toujours été dans la nature du protestantisme de laisser à chacun une possibilité d'interprétation personnelle des paroles du Christ, y compris celles de l'Eucharistie).
Adorable présence du Christ dans le pain et le vin, l'Eucharistie ne peut pas eEêtre vécue dans un automatisme facile, mais toujours dans l'esprit de pauvreté et la repentance du cœur, avec une âme d'enfant, et cela jusqu'au soir de l'existence. Quand le pape Pie X a ouvert l'Eucharistie aux enfants eux-mêmes. Il a fait preuve d'une rare intuition.
L'Eucharistie est là pour les affamés du Christ. Quand un baptisé a faim de l'Eucharistie et voudrait s'en approcher, quand le Christ appelle, qui oserait refuser ?
En se tenant dans de longs silences intérieurs en présence de l'Eucharistie, alors qu'ile semble que rien ne se passe, beaucoup ont mûri les grandes décisions de toute une existence. Ils se sont laissés atteindre jusqu'au plus profond de leur être.
"Mon Royaume est au-dedans de vous" : même sans résonance sensible au cœur, l'Eucharistie rend actuelle à chaque instant cette parole du Christ, même pour qui ose à ose à peine l'imaginer.
Si l'Eglise catholique est avant tout l'Eglise de l'Eucharistie, elle a aussi un autre don particulier, elle a su mettre à part des hommes pour apporter le pardon, délier sur la terre ce qui l'est aussitôt dans le Royaume, enlever le poids trop pesant sur les épaules, effacer le passé même le plus récent.
Dans la confession, il est donné d'exprimer le plus spontanément possible ce qui pèse sur la conscience. Vouloir tout dire de la faute, personne n'y parvient. Mais dire ce qui surgit à l'instant même, c'est déjà immense pour recevoir dans le sacrement de la réconciliation le pardon non imaginable de Dieu.
Certains en ces temps ont cru que, pour déculpabiliser l'être humain, il fallait minimiser ou même nier le péché. Force est de constater qu'une telle habitude, loin de déculpabiliser, diffuse la culpabilité dans tout l'être, l'étale au point qu'elle devient inatteignable voire même indéracinable.
Les uns, avec un grand sérieux, font un usage fréquent de la confession, tant il leur est nécessaire de vivre
ce signe visible qui efface tout le passé. D'autres, avec tout autant de sérieux, en font un usage moins fréquent, tant ils savent que Dieu les garde dans son pardon.

Je continue le récit de F. Roger. Pardon pour les fautes de frappe...
Suite
"Dans les deux cas, la confession est ce lieu essentiel pour réapprendre
une fraîcheur d'Evangile, pour entrer dans une nouvelle naissance. Là nous apprenons à souffler sur les remords eux-mêmes, comme l'enfant souffle sur une feuille morte. Là est le bonheur de Dieu, l'aurore de la joie parfaite.
Quant aux Eglises protestantes, leur don particulier fut d'être, avant tout, les Eglises de la Parole. L'Eglise catholique aussi a toujours cherché dans l'Ecriture une source pour vivre de Dieu. Mais le meilleur du protestantisme, ce fut de découvrir l'impact de la parole de Dieu dans la vie personnelle.
Cette parole de Dieu, non pas prise isolément mais placée dans la globalité de l'Ecriture, il s'agit de la mettre en pratique aussitôt.
A partir de la médiation de l'Ecriture s'est développée dans le protestantisme la prière spontanée, celle qui monte du cœur et s'exprime en intercession pour les autres ou en reconnaissance à Dieu.
Si l'on se souvient de ce qu'ont été certains grands spirituels protestants des XVIIème et XVIIIème siècles, ceux dont les écrits et les poèmes ont été retranscrits en chorals et en hymnes par un Jean-Sébastien Bach avec une intensité rarement atteinte, alors on comprend mieux comment la parole de Dieu a été aimée, prise au sérieux dans l'existence personnelle, combien elle a animé une vie intérieure, combien elle a traversé, remué, travaillé le chrétien protestant jusqu'au plus intime de lui-même.
Quant au meilleur don des Eglises orthodoxes, il est de se confier à l'Esprit du Ressuscité. Il transparaît dans la liturgie, au point que des non-croyants parviennent à l'y pressentir. La liturgie rend le Ressuscité tout proche de la vie quotidienne. C'est là que, si souvent dans leur histoire, des chrétiens orthodoxes ont puisé le courage d'aller, par fidélité jusqu'à l'extrême de l'amour".

Extrait du livre : "Etonnement d'un Amour"

Merci mon amie Marie. Lis la suite.
Bisous

Oïkouméné a écrit:Merci mon amie Marie. Lis la suite.
Bisous

Merci pour ce partage, ce Frère Roger est exceptionnel, nous attendons la suite
Amitiés P

La grand-mère maternelle de F. Roger a ouvert une porte vers l'œcuménisme "avant l'heure". F. Roger raconte :
"Elle était habitée du profond désir que plus jamais personne n'ait à revoir ce qu'elle avait vu et revivre ce qu'elle avait vécu. Elle disait : "des chrétiens séparés se sont combattus par les armes en Europe ; qu'eux au moins se réconcilient pour tenter d'empêcher une nouvelle guerre". Elle était de vieille souche évangélique, mais pénétrée d'un esprit de réconciliation elle se mit à aller à l'église catholique. Par là elle accomplissait en elle-même une réconciliation sans retard. Ces gestes, accueillir les plus éprouvés de l'époque et parvenir à une réconciliation à l'intérieur d'elle-même m'ont marqué pour l'existence entière.
Puis-je redire que ma grand-mère maternelle a découvert intuitivement comme une clé de la vocation œcuménique  et qu'elle m'a ouvert une voie de la concrétisation.  Marqué par le témoignage de sa vie, et encore jeune, j'ai trouvé ma propre identité de chrétien en réconciliant en moi-même la foi de mes origines avec le mystère de la foi catholique, sans rupture de communion avec quiconque".

J'ai omis de préciser que ces informations sont tirées du livre : "Choisir d'aimer" publié après la mort de F. Roger et qui regroupe plusieurs pensées du fondateur de la Communauté de Taizé. Il y a de très belles photos.
"Choisir d'aimer"
Les Presses de Taizé"
Distribué par le Seuil
En vente dans les librairies religieuses ou à commander à Taizé.
Prix : 16 €

Je voudrai préciser que, contrairement à ce que beaucoup pensent, F. Roger n'a pas choisi de devenir catholique, même à la fin de son pèlerinage terrestre. F. Aloïs, son successeur, l'a bien précisé. Même si ces convictions étaient "catholiques", il est resté fidèle à ses origines.
On l'a vu communier lors des obsèques du St Pape Jean-Paul II des mains du cardinal Ratzinger (le futur Benoît XVI). Il faut rappeler que les frères non-catholiques de la Communauté de Taizé bénéficient de l'hospitalité eucharistique. Ils croient tous à la présence réelle.