La Pêche miraculeuse avant et après la Résurrection

J’ai trouvé sur l’excellent site : http://www.garriguesetsentiers.org/ quelques détails intéressants concernant la pêche miraculeuse. Je me suis permis d’y ajouter une petite note théologique.


Barques et pêches avant et après la Résurrection

Le « disciple que Jésus aimait(1) » dit à Pierre : « c'est le Seigneur ! » et Pierre se jette à l'eau ; mais cette fois il n'essaie pas de marcher dessus : il plonge, sans crainte, vers le Seigneur ressuscité.(2)

(1) Le disciple que Jésus aimait est Jean. Jean à qui il est dit par le Christ juste avant sa mort : « Mère voici ton fils, fils voici ta mère ». Jean est donc la préfiguration de tous ceux qui sont « consacrés » à la Sainte Vierge. Jean est le premier qui arrive au tombeau (devant Pierre) après la résurrection. Mais il laisse Pierre (qui courait moins vite) y entrer le premier.

De même, après la résurrection, sur la barque, Jean est le premier à « voir » Jésus et à dire : « C’est Le Seigneur ! ». Mais il ne plonge pas. Jean est le premier qui voit et qui indique à Pierre. Serait-ce une préfiguration future, ou les « bien aimés de Marie », voient poindre la lumière du Christ, et la « désigne » à L’Eglise représentée par Pierre ? Mais, Ils laissent passer L’Eglise devant eux, (ils attendent le jugement officiel de L’Eglise) même si c’est eux qui indiquent en premier la direction du Seigneur. Cela ne signifie en rien que les dévots de la Sainte Vierge soient « supérieurs » ou « inférieurs » à L’Eglise. La Notion de « niveau » n’entre pas ici en ligne de compte, puisque Les dévots de Marie sont soumis à L’Eglise, et la reconnaissent pour Mère. (Jean laisse toujours les prérogatives à Pierre, même si son Amour pour le Seigneur est plus ardent)

(2) Pierre n'a plus peur, n'a plus rien à prouver, à se prouver, car il sait que Jésus est vainqueur de la mort, qu'il est le Sauveur ressuscité. Il vit ce qu'il disait : « Seigneur, à qui irons-nous ? » (Jean 6,68) et il se jette à l'eau pour aller vers Jésus. (Or les étendues d’eau comme les lacs ou la mer sont le symbole de la mort. En marchant sur la mer, le Christ piétine la mort. Il stoppe les tempêtes et les rugissements de la mer (mort) déchaînés. Il EST LA VIE)

Pierre reconnaît le Seigneur sur une simple parole de l'apôtre Jean et il plonge, alors qu'avant la Résurrection il disait à Jésus : « si c'est bien toi… », essayait de marcher sur les eaux, avait peur et coulait... Après la Pentecôte, on peut dire que L’Eglise est affermit et qu’elle piétine la mort.

Les épisodes de pêche miraculeuse pendant la vie de Jésus et après la résurrection :

Pendant la vie de Jésus, les apôtres sont dans une barque (Luc 5,4-. Jésus leur dit de jeter les filets et la pêche est si abondante que les filets se rompent. Ils appellent une autre barque pour remonter les poissons à terre. Et Pierre dit à Jésus : « éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. »

Après la résurrection (Jean 21,6-7) Jésus dit de jeter les filets à droite de la barque ; la pêche est très abondante mais les filets ne se rompent pas et Pierre se jette à l'eau pour rejoindre Jésus.

Saint Augustin explique (122e Traité sur l'Évangile de Saint Jean) que dans la première pêche (en Luc) les apôtres avaient jeté les filets des deux côtés de la barque et avaient donc remonté les bons et les méchants, alors que dans le seconde ils ne remontent que les bons, ceux qui sont à droite, car Jésus a dit : « jetez les filets à droite du bateau » (Jn 21,6).

Il ajoute que c'est pour cela que, malgré le nombre de poissons, le filet de l'Église ne se rompt pas. La déchirure du filet représente, pour lui, les schismes de l'Église (déjà !) mais il affirme avec foi : après des siècles, dans la profonde paix des saints, il n'y aura plus de schisme.

Cela dit, pour lui les bons ne pouvaient pas encore être tirés au rivage, qui est une image de la fin des temps : ceux qui jouiront de la résurrection de la vie, c'est-à-dire qui seront à la droite, ceux qui, au sortir de cette vie, se trouveront enfermés dans le filet du nom chrétien ne seront connus que sur le rivage, ou, pour mieux dire, à la consommation des siècles. (Sous entendu : sortis de la mort)

Aussi n'ont-ils pu tirer leurs filets de manière à déverser dans leurs barques les poissons qu'ils avaient pris, comme ils avaient fait jadis avec ceux qui avaient rompu leur filet et presque submergé leur nacelle. Après cette vie, plongés dans le sommeil de la paix comme dans les profondeurs de la mer (mort), ces chrétiens de la droite attendent, au sein de l'Église, que le filet parvienne au rivage.

Rivage : symbole de vie pour l’homme nouveau. Les Poissons meurent et se débattent sur le rivage. Ils souffrent dans cette atmosphère trop pure en oxygène. Au même titre que chaque Chrétien qui vit au milieu de la « mort » (la vie actuelle) se débat, et souffre pour se dévêtir du « vieil homme ». Il doit mourir à lui-même avant d’accéder au rivage (à la vie) et de pouvoir respirer « l’air spirituel » trois fois pur imprégné de la réalité Divine. Cet air qui le tue à lui-même, avant d’en faire un homme nouveau.

Jean écrit ensuite que Simon-Pierre tira à terre le filet, plein de gros poissons : cent cinquante-trois... , nombre de l'universalité, de toute la création... alors que 154 est le nombre de : viyda'etem ki-YHWH (Ézéchiel 37,13), qui correspond à « vous saurez que je suis le Seigneur... »

153 est donc bien le Signe que L’Eglise doit tirer des eaux de la mort l’universalité du monde Chrétien.

Une fois remontés de la barque à terre, les apôtres aperçoivent, disposé là, un feu de braise, avec du poisson dessus, et du pain (Jean 21,9). ( qui rappellent le miracle de la multiplication des pains pour la multitude)

Comment aurions-nous réagi à la place des apôtres qui viennent de faire - à la demande de Jésus - une pêche énorme, mais qui leur a demandé de grands efforts, et qui voient du poisson en train de griller, alors que Jésus leur a demandé auparavant s'ils n'avaient rien à manger, et les renvoie tirer à terre les filets ?... N’y a-t-il pas en cela une épreuve pour la Foi. Le Christ leur prouvant que l’homme ne peut parvenir à la réussite de l’apostolat qu’en mouillant sa chemise. L’Apôtre doit s’investir à fond dans sa mission s’il veut donner des résultats.

Autre détail : les disciples, sans Pierre (qui a plongé) tirent le filet avec la barque puis, sur la demande que Jésus fait à tous les disciples (Jean 21,10 : Apportez de ces poissons... au pluriel) il n'y a que Pierre - seul - qui va chercher le filet.

Ces détails montrent qu'en fait tout l'épisode est exclusivement consacré à Pierre - et à Pierre seul - dans une perspective ecclésiale évidente, en particulier la fin et le dialogue entre Jésus et Pierre (« pais mes brebis »).

Bien Fraternellement

Séraphin