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Les terribles conséquences du péché mortel

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Les terribles conséquences du péché mortel Empty Les terribles conséquences du péché mortel

Message par Joannes Maria Mar 31 Déc 2013 - 20:08

Les terribles conséquences du péché mortel

Trois choses sont nécessaires pour le péché mortel : l’advertance, le consentement et la matière grave.

L’advertance, à la prendre en général, est l’attention qu’on fait à une chose. L’advertance dont il s’agit ici a pour objet, non l’action en elle-même, mais sa bonté ou sa malice : ces deux choses sont très différentes. On peut agir d’une manière très réfléchie, sans penser si ce qu’on fait est un bien ou un mal. Exemple, on peut manger très volontairement de la viande un vendredi, sans se rappeler que c’est un jour d’abstinence ; se rappeler très bien que c’est le dimanche, et par oubli manquer l’heure de la messe, et se mettre dans l’impossibilité de l’entendre. Dans l’un et l’autre cas, ce qui excuse est l’oubli, l’inattention, le défaut d’advertance. Pour pécher mortellement, une pleine advertance est nécessaire, et il faut qu’on fasse attention actuellement, d’une manière confuse au moins, à la malice de l’action, ou au danger de pécher, ou à l’obligation de s’enquérir de ce danger, ou du moins qu’on s’en soit aperçu au commencement, quand on a posé la cause de la mauvaise action qui a eu lieu.

Le consentement. Pour commettre un péché mortel, le consentement parfait de la volonté est nécessaire. « Il n’y a pas de péché, dit saint Thomas, qui n’ait la volonté pour principe » Or, la volonté peut agir, relativement à l’objet qui lui est présenté par l’entendement, de trois manières : 1/ en consentant positivement au péché ; 2/en y résistant positivement ; 3/ en ne consentant ni ne résistant, mais en demeurant neutre. On pèche en consentant, on ne pèche pas en résistant, pourvu que la résistance soit positive et absolue. Quant à celui qui demeure neutre, il est probable qu’il pèche, mais son péché n’est que véniel, si d’ailleurs le danger de consentir n’est pas prochain.
Voilà pourquoi, lorsqu’il s’agit de délectations charnelles, on est obligé, sous peine de péché mortel, de résister positivement, parce que ces mouvements, quand ils sont violents, peuvent facilement entraîner le consentement de la volonté, si elle ne résiste positivement. Le consentement peut exister ou directement en lui-même, quand on adhère actuellement au péché ; ou indirectement dans la cause, c’est-à-dire quand on pose une cause mauvaise en soi, et qu’on s’aperçoit, du moins confusément, des maux qui peuvent en résulter prochainement.
Par exemple, un homme s’enivre, prévoyant, d’après son expérience, que dans l’ivresse il commettra de grands péchés. Il est responsable des péchés qu’il commettra, quoique, au moment où il s’en rendra coupable, il n’ait plus sa raison.

La matière grave. Il faut que le précepte qu’on transgresse soit grave et connu pour tel. On le connaît soit par l’intention du législateur, soit par la gravité des peines réservées à ceux qui le violent, soit par l’enseignement de l’Écriture sainte, de l’Église et de la Tradition. Comme il n’est pas toujours facile d’arriver à cette connaissance, on doit prendre pour règle de conduite d’éviter avec le plus grand soin tout ce qu’on sait être péché.
Pour connaître, du moins imparfaitement, l’énormité du péché mortel, il faut le considérer en lui-même, dans ses effets et dans le châtiment.

En lui-même, le péché mortel est une révolte contre Dieu et une ingratitude monstrueuse. Mais qu’est-ce que Dieu, et quelle est sa puissance? Au commencement, rien de ce que nous voyons n’existait, il n’y avait ni Ciel, ni terre, ni montagnes, ni rivières, ni animaux, ni plantes. Dieu dit, et tout cela fut fait. Avec la même facilité qu’il créa l’univers, il le gouverne, et toutes les créatures lui obéissent. Il dit au soleil de se lever tous les jours, et il se lève ; il dit aux astres d’accomplir leurs révolutions dans l’espace, sans jamais s’écarter de la ligne que sa main puissante leur a tracée, et les astres la suivent avec une régularité parfaite.
Il appelle l’aquilon et les tempêtes, et ils accourent des extrémités de la terre, et ils bouleversent l’Océan, et des masses d’eau s’élèvent en mugissant comme de hautes montagnes qui semblent devoir engloutir la terre. Il dit à l’aquilon et aux tempêtes de s’apaiser, et ils s’apaisent ; il dit à la mer en furie de rentrer dans son lit, et la mer, obéissante comme une brebis sous la main du berger, rentre dans ses abîmes. Il dit à la terre de produire des plantes et des fruits de toute espèce, et la terre se couvre de richesses aussi variées que nos besoins et nos désirs. Au moindre signe de sa pensée, les innombrables intelligences des Cieux accourent, et, humblement prosternées au pied de son trône, lui disent : Nous voici. Il parle, et les Chérubins, et les Séraphins, et les Anges et les Archanges exécutent ses volontés avec la rapidité de l’éclair.

Ce grand Dieu commande, et tout s’empresse de lui rendre hommage, tout lui est soumis. Je me trompe, au milieu de ce concert unanime, une voix se fait entendre, qui dit : Je n’obéirai pas. Quel est donc l’être audacieux qui lève contre le Dieu fort, éternel, tout-puissant, l’étendard de la révolte? C’est l’homme ! l’homme, vil amas de boue et de pourriture ; l’homme, être débile, pauvre, misérable, qui ne vit qu’un jour, et encore ne vit-il que d’emprunt : tel est l’être qui ose se mesurer avec le Tout-Puissant.

Voyez avec quelle insolente fierté il prononce contre Dieu ses blasphèmes : Je le sais, vous imposez des lois à toute la nature, et toute la nature vous obéit ; mais moi je ne vous obéirai pas, je me moque de vos lois, de vos promesses et de vos menaces ; je veux penser ce que je voudrai, aimer ce que je voudrai, faire ce que je voudrai, vivre comme je l’entendrai. Tel est le langage que tient le pécheur toutes les fois qu’il commet un péché mortel.

Le péché mortel n’est pas seulement une révolte ouverte contre Dieu, c’est encore une ingratitude monstrueuse. Quel est cet être qui ose dire à Dieu : Je ne vous obéirai pas ? C’est un être courbé sous le poids des bienfaits de Dieu, tout couvert du sang auguste qui l’a sauvé ; c’est l’homme enfin pour qui Dieu a fait le monde et sacrifié son Fils : et, ce qu’il y a de plus criminel, l’homme se sert des bienfaits mêmes de Dieu pour l’outrager. L’air, l’eau, le feu, la lumière, les ténèbres, le vin, les plantes, les animaux, les métaux sont les créatures de Dieu. Cet esprit, ce coeur, cette imagination, cette âme, ces yeux, ces oreilles, cette langue, ces pieds, ces mains, ce corps, il les tient de Dieu, et il s’en sert pour outrager Dieu ! Ingrat, voilà le nom du pécheur. Ingratitude, voilà son crime, crime qui excite dans tous les cœurs l’horreur et l’indignation. Ce que nous venons de dire vous présente une bien faible idée de l’énormité du péché mortel, considéré en lui-même.

Dans ses effets. Le péché mortel prive de l’amitié de Dieu, fait perdre nos mérites passés et ferme le Ciel. Qui pourrait raconter ce qui se passe dans une âme malheureuse au moment où elle tombe dans le péché mortel ? Belle comme un Ange, brillante comme l’aurore, elle devient noire comme un charbon, horrible comme Satan ; sa robe d’innocence lui est enlevée ; l’auguste Trinité sort de son coeur; une troupe hideuse de démons la remplace; son nom est effacé du livre de vie. Qu’elle vienne à mourir en cet état, et la voilà ensevelie pour l’éternité dans un gouffre de feu : tous ses mérites passés sont perdus.

On plaint le laboureur dont le champ a été ravagé par la grêle, le navigateur dont le vaisseau a été englouti par les flots ; quelles plaintes ne mérite pas l’âme infortunée qui vient de perdre ses mérites, son Paradis, son Dieu ! Il est vrai, si elle recourt au Sacrement de Pénitence et qu’elle obtienne le pardon de sa faute, ses mérites revivront ; mais, tant qu’elle reste ennemie de Dieu, ses mérites sont perdus pour elle. Bien plus, elle ne peut en acquérir de nouveaux : tout ce qu’elle fait en état de péché mortel est sans valeur pour le ciel.

Dans ses châtiments. Pour apprécier l’énormité du péché mortel, il suffit d’une réflexion bien simple. Dieu est juste, infiniment juste, il ne peut punir le péché plus qu’il mérite ; Dieu est bon, infiniment bon ; sa miséricorde le porte continuellement à punir le péché moins qu’il mérite. Or, voilà six mille ans que Dieu inonde l’univers de châtiments épouvantables, et tout cela pour punir le péché mortel : ce n’est rien encore. Pour punir le péché, Dieu a creusé l’enfer, l’enfer éternel, où le pécheur sera livré sans relâche à des tourments dont la seule pensée fait frissonner.
Ce qui passe toute imagination, en haine du péché, Dieu a fait mourir son propre Fils sur une croix entre deux scélérats ! Voilà les châtiments du péché mortel : et Dieu est juste, et Dieu est bon, infiniment juste, infiniment bon. Qu’est-ce donc que le péché mortel ? Et nous n’y pensons pas, et nous le commettons sans peine, et, après l’avoir commis, nous dormons tranquilles ! Nous qui avons versé tant de larmes pour des bagatelles, c’est à peine si nous en avons versé une sur nos péchés ! Que désormais, au moins, on puisse dire de nous ce qu’on disait d’un saint Évêque des premiers siècles : Cet homme ne craint que le péché.

Mgr Gaume – Catéchisme de persévérance (1889)
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