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Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery

3 participants

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Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Empty Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery

Message par Invité Mer 15 Mai 2013 - 15:52

Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Actu2010

Le Petit Prince


À LÉON WERTH

Je demande pardon aux enfants d’avoir dédié ce livre à une
grande personne. J’ai une excuse sérieuse : cette grande personne est le meilleur ami que j’ai au monde. J’ai une autre excuse : cette grande personne peut tout comprendre, même les
livres pour enfants. J’ai une troisième excuse : cette grande personne habite la France où elle a faim et froid. Elle a bien besoin
d’être consolée. Si toutes ces excuses ne suffisent pas, je veux
bien dédier ce livre à l’enfant qu’a été autrefois cette grande personne. Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants. (Mais peu d’entre elles s’en souviennent.) Je corrige donc ma dédicace :



À LÉON WERTH

QUAND IL ÉTAIT PETIT GARÇON


PREMIER CHAPITRE


Lorsque j’avais six ans j’ai vu, une fois, une magnifique image,
dans un livre sur la Forêt Vierge qui s’appelait « Histoires Vécues ».
Ça représentait un serpent boa qui avalait un fauve.Voilà la copie du dessin.

Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Image010

On disait dans le livre : « Les serpents boas avalent leur
proie tout entière, sans la mâcher. Ensuite ils ne peuvent plus
bouger et ils dorment pendant les six mois de leur digestion. »
J’ai alors beaucoup réfléchi sur les aventures de la jungle
et, à mon tour, j’ai réussi, avec un crayon de couleur, à tracer
mon premier dessin. Mon dessin numéro 1. Il était comme ça :

Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Image011

J’ai montré mon chef-d’œuvre aux grandes personnes et je
leur ai demandé si mon dessin leur faisait peur.–6 –
Elles m’ont répondu : « Pourquoi un chapeau ferait-il
peur ? »
Mon dessin ne représentait pas un chapeau. Il représentait
un serpent boa qui digérait un éléphant. J’ai alors dessiné
l’intérieur du serpent boa, afin que les grandes personnes puissent comprendre.
Elles ont toujours besoin d’explications. Mon dessin numéro 2 était comme ça :

Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Image012

Les grandes personnes m’ont conseillé de laisser de côté les
dessins de serpents boas ouverts ou fermés, et de m’intéresser
plutôt à la géographie, à l’histoire, au calcul et à la grammaire.
C’est ainsi que j’ai abandonné, à l’âge de six ans, une magnifique
carrière de peintre. J’avais été découragé par l’insuccès de mon
dessin numéro 1 et de mon dessin numéro 2. Les grandes personnes
ne comprennent jamais rien toutes seules, et c’est fatigant, pour les enfants,
de toujours et toujours leur donner des
explications.

J’ai donc dû choisir un autre métier et j’ai appris à piloter
des avions. J’ai volé un peu partout dans le monde. Et la géographie,
c’est exact, m’a beaucoup servi. Je savais reconnaître,
du premier coup d’œil, la Chine de l’Arizona. C’est très utile, si
l’on est égaré pendant la nuit.

J’ai ainsi eu, au cours de ma vie, des tas de contacts avec
des tas de gens sérieux. J’ai beaucoup vécu chez les grandes personnes.
Je les ai vues de très près. Ça n’a pas trop amélioré mon
opinion.

Quand j’en rencontrais une qui me paraissait un peu lucide, je faisais l’expérience sur elle
de mon dessin numéro 1 que j’ai toujours conservé. Je voulais savoir si elle était vraiment
compréhensive. Mais toujours elle me répondait: «C’est un chapeau. » Alors je ne lui
parlais ni de serpents boas, ni de forêts vierges, ni d’étoiles. Je me mettais à sa portée.
Je lui parlais de bridge, de golf, de politique et de cravates. Et la grande personne était
bien contente de connaître un homme aussi raisonnable.




CHAPITRE II


Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery 22089110

J’ai ainsi vécu seul, sans personne avec qui parler véritablement,
jusqu’à une panne dans le désert du Sahara, il y a six
ans. Quelque chose s’était cassé dans mon moteur. Et comme je
n’avais avec moi ni mécanicien, ni passagers, je me préparai à
essayer de réussir, tout seul, une réparation difficile. C’était
pour moi une question de vie ou de mort. J’avais à peine de
l’eau à boire pour huit jours.

Le premier soir je me suis donc endormi sur le sable à mille
milles de toute terre habitée. J’étais bien plus isolé qu’un naufragé
sur un radeau au milieu de l’Océan. Alors vous imaginez
ma surprise, au lever du jour, quand une drôle de petite voix
m’a réveillé. Elle disait:

– S’il vous plaît… dessine-moi un mouton !

– Hein !

– Dessine-moi un mouton…

J’ai sauté sur mes pieds comme si j’avais été frappé par la
foudre. J’ai bien frotté mes yeux. J’ai bien regardé. Et j’ai vu un
petit bonhomme tout à fait extraordinaire qui me considérait
gravement. Voilà le meilleur portrait que, plus tard, j’ai réussi à
faire de lui. Mais mon dessin, bien sûr, est beaucoup moins ravissant que le modèle.
Ce n’est pas ma faute. J’avais été découragé dans ma carrière de peintre par
les grandes personnes, à l’âge de six ans, et je n’avais rien appris à dessiner,
sauf les boas fermés et les boas ouverts.

Je regardai donc cette apparition avec des yeux tout ronds
d’étonnement. N’oubliez pas que je me trouvais à mille milles de
toute région habitée. Or mon petit bonhomme ne me semblait
ni égaré, ni mort de fatigue, ni mort de faim, ni mort de soif, ni
mort de peur. Il n’avait en rien l’apparence d’un enfant perdu au
milieu du désert, à mille milles de toute région habitée. Quand
je réussis enfin à parler, je lui dis :

– Mais… qu’est-ce que tu fais là ?

Et il me répéta alors, tout doucement, comme une chose
très sérieuse :

– S’il vous plaît… dessine-moi un mouton…

Quand le mystère est trop impressionnant, on n’ose pas dé-
sobéir. Aussi absurde que cela me semblât à mille milles de tous
les endroits habités et en danger de mort, je sortis de ma poche
une feuille de papier et un stylographe. Mais je me rappelai
alors que j’avais surtout étudié la géographie, l’histoire, le calcul
et la grammaire et je dis au petit bonhomme (avec un peu de
mauvaise humeur) que je ne savais pas dessiner. Il me répondit:

– Ça ne fait rien. Dessine-moi un mouton.

Comme je n’avais jamais dessiné un mouton je refis, pour
lui, l’un des deux seuls dessins dont j’étais capable. Celui du boa
fermé. Et je fus stupéfait d’entendre le petit bonhomme me ré-
pondre :

– Non ! Non ! Je ne veux pas d’un éléphant dans un boa.
Un boa c’est très dangereux, et un éléphant c’est très encombrant.
Chez moi c’est tout petit. J’ai besoin d’un mouton. Dessine-moi un mouton.

Alors j’ai dessiné.


Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Image013

Il regarda attentivement, puis :

– Non ! Celui-là est déjà très malade. Fais-en un autre.

Je dessinai :


Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Image014

Mon ami sourit gentiment, avec indulgence :

– Tu vois bien… ce n’est pas un mouton, c’est un bélier. Il a des cornes…

Je refis donc encore mon dessin :


Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Image015

Mais il fut refusé, comme les précédents :

– Celui-là est trop vieux. Je veux un mouton qui vive longtemps.

Alors, faute de patience, comme j’avais hâte de commencer le démontage de mon moteur,
je griffonnai ce dessin-ci.


Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Image016

Et je lançai :

– Ça c’est la caisse. Le mouton que tu veux est dedans.

Mais je fus bien surpris de voir s’illuminer le visage de mon jeune juge :

– C’est tout à fait comme ça que je le voulais ! Crois-tu qu’il faille beaucoup d’herbe à ce mouton ?

– Pourquoi ?

– Parce que chez moi c’est tout petit…

– Ça suffira sûrement. Je t’ai donné un tout petit mouton.

Il pencha la tête vers le dessin :

– Pas si petit que ça… Tiens ! Il s’est endormi…

Et c’est ainsi que je fis la connaissance du petit prince.


Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Image017

Voilà le meilleur portrait que, plus tard, j’ai réussi à faire de lui



CHAPITRE III


Il me fallut longtemps pour comprendre d’où il venait. Le petit prince,
qui me posait beaucoup de questions, ne semblait jamais entendre les miennes. Ce sont des
mots prononcés par hasard qui, peu à peu, m’ont tout révélé. Ainsi, quand il aperçut pour la
première fois mon avion (je ne dessinerai pas mon avion, c’est un dessin beaucoup trop compliqué
pour moi) il me demanda :

– Qu’est-ce que c’est que cette chose-là ?

– Ce n’est pas une chose. Ça vole. C’est un avion. C’est mon avion.

Et j’étais fier de lui apprendre que je volais. Alors il s’écria :

– Comment ! tu es tombé du ciel ?

– Oui, fis-je modestement.

– Ah ! ça c’est drôle…

Et le petit prince eut un très joli éclat de rire qui m’irrita beaucoup. Je désire que l’on prenne mes malheurs
au sérieux. Puis il ajouta :

– Alors, toi aussi tu viens du ciel ! De quelle planète es-tu ?

J’entrevis aussitôt une lueur, dans le mystère de sa présence, et j’interrogeai brusquement :

– Tu viens donc d’une autre planète ?

Mais il ne me répondit pas. Il hochait la tête doucement tout en regardant mon avion :

– C’est vrai que, là-dessus, tu ne peux pas venir de bien loin…

Et il s’enfonça dans une rêverie qui dura longtemps. Puis, sortant mon mouton de sa poche,
il se plongea dans la contemplation de son trésor.


Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Image018


Vous imaginez combien j’avais pu être intrigué par cette demi-confidence
sur « les autres planètes ». Je m’efforçai donc d’en savoir plus long :

– D’où viens-tu, mon petit bonhomme ? Où est-ce « chez toi » ? Où veux-tu emporter mon mouton ?

Il me répondit après un silence méditatif :

– Ce qui est bien, avec la caisse que tu m’as donnée, c’est que, la nuit, ça lui servira de maison.

– Bien sûr. Et si tu es gentil, je te donnerai aussi une corde pour l’attacher pendant le jour.
Et un piquet.

La proposition parut choquer le petit prince :

– L’attacher ? Quelle drôle d’idée !

– Mais si tu ne l’attaches pas, il ira n’importe où, et il se perdra…

Et mon ami eut un nouvel éclat de rire :

– Mais où veux-tu qu’il aille !

– N’importe où. Droit devant lui…

Alors le petit prince remarqua gravement :

– Ça ne fait rien, c’est tellement petit, chez moi !

Et, avec un peu de mélancolie, peut-être, il ajouta :

– Droit devant soi on ne peut pas aller bien loin…


Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Image019


CHAPITRE IV



J’avais ainsi appris une seconde chose très importante :
C’est que sa planète d’origine était à peine plus grande qu’une maison !

Ça ne pouvait pas m’étonner beaucoup. Je savais bien qu’en dehors des grosses planètes
comme la Terre, Jupiter, Mars, Vénus, auxquelles on a donné des noms, il y en a des centaines
d’autres qui sont quelquefois si petites qu’on a beaucoup de mal à les apercevoir au télescope.
Quand un astronome découvre l’une d’elles, il lui donne pour nom un numéro. Il l’appelle par exemple :
« l’astéroïde 3251. »

J’ai de sérieuses raisons de croire que la planète d’où venait le petit prince est l’astéroïde B 612.
Cet astéroïde n’a été aperçu qu’une fois au télescope, en 1909, par un astronome turc.



Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Image020


Il avait fait alors une grande démonstration de sa découverte à un Congrès
International d’Astronomie.
Mais personne ne l’avait cru à cause de son costume. Les grandes personnes sont comme ça.


Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Image021

Heureusement pour la réputation de l’astéroïde B 612 un dictateur turc
imposa à son peuple, sous peine de mort, de s’habiller à l’Européenne. L’astronome refit sa démonstration
en 1920, dans un habit très élégant. Et cette fois-ci tout le monde fut de son avis.


Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Image022

Si je vous ai raconté ces détails sur l’astéroïde B 612 et si je vous
ai confié son numéro, c’est à cause des grandes personnes. Les grandes personnes aiment
les chiffres. Quand vous leur parlez d’un nouvel ami, elles ne vous questionnent jamais sur l’essentiel.
Elles ne vous disent jamais : « Quel est le son de sa voix ? Quels sont les jeux qu’il préfère ? Est-ce
qu’il collectionne les papillons ? » Elles vous demandent : « Quel âge a-t-il ? Combien a-t-il de frères ?
Combien pèse-t-il ? Combien gagne son père ? » Alors seulement elles croient le connaître. Si vous
dites aux grandes personnes : « J’ai vu une belle maison en briques roses, avec des géraniums
aux fenêtres et des colombes sur le toit… » elles ne parviennent pas à s’imaginer cette maison.
Il faut leur dire : « J’ai vu une maison de cent mille francs. » Alors elles s’écrient : « Comme c’est joli ! »

Ainsi, si vous leur dites : « La preuve que le petit prince a existé c’est qu’il était ravissant, qu’il riait,
et qu’il voulait un mouton. Quand on veut un mouton, c’est la preuve qu’on existe » elles hausseront
les épaules et vous traiteront d’enfant ! Mais si vous leur dites : « La planète d’où il venait est l’astéroïde
B 612 » alors elles seront convaincues, et elles vous laisseront tranquille avec leurs questions. Elles sont
comme ça. Il ne faut pas leur en vouloir. Les enfants doivent être très indulgents envers les grandes
personnes.

Mais, bien sûr, nous qui comprenons la vie, nous nous moquons bien des numéros ! J’aurais aimé commencer
cette histoire à la façon des contes de fées. J’aurais aimé dire :

« Il était une fois un petit prince qui habitait une planète à peine plus grande que lui, et qui avait
besoin d’un ami… » Pour ceux qui comprennent la vie, ça aurait eu l’air beaucoup plus vrai.

Car je n’aime pas qu’on lise mon livre à la légère. J’éprouve tant de chagrin à raconter ces souvenirs.
Il y a six ans déjà que mon ami s’en est allé avec son mouton. Si j’essaie ici de le décrire, c’est afin
de ne pas l’oublier. C’est triste d’oublier un ami. Tout le monde n’a pas eu un ami. Et je puis devenir
comme les grandes personnes qui ne s’intéressent plus qu’aux chiffres. C’est donc pour ça encore que
j’ai acheté une boîte de couleurs et des crayons. C’est dur de se remettre au dessin, à mon âge, quand
on n’a jamais fait d’autres tentatives que celle d’un boa fermé et celle d’un boa ouvert, à l’âge de six
ans ! J’essaierai, bien sûr, de faire des portraits le plus ressemblants possible. Mais je ne suis pas tout
à fait certain de réussir. Un dessin va, et l’autre ne ressemble plus. Je me trompe un peu aussi sur la
taille. Ici le petit prince est trop grand. Là il est trop petit. J’hésite aussi sur la couleur de son costume.
Alors je tâtonne comme ci et comme ça, tant bien que mal. Je me tromperai enfin sur certains détails
plus importants. Mais ça, il faudra me le pardonner. Mon ami ne donnait jamais d’explications. Il me
croyait peut-être semblable à lui. Mais moi, malheureusement, je ne sais pas voir les moutons à travers
les caisses. Je suis peut-être un peu comme les grandes personnes. J’ai dû vieillir.



CHAPITRE V


Chaque jour j’apprenais quelque chose sur la planète, sur le départ,
sur le voyage. Ça venait tout doucement, au hasard des réflexions. C’est ainsi que, le troisième jour,
je connus le drame des baobabs.

Cette fois-ci encore ce fut grâce au mouton, car brusquement le petit prince m’interrogea,
comme pris d’un doute grave :

– C’est bien vrai, n’est-ce pas, que les moutons mangent les arbustes ?

– Oui. C’est vrai.

– Ah ! Je suis content.

Je ne compris pas pourquoi il était si important que les moutons mangeassent les arbustes.

Mais le petit prince ajouta :

– Par conséquent ils mangent aussi les baobabs ?

Je fis remarquer au petit prince que les baobabs ne sont pas des arbustes, mais des arbres
grands comme des églises et que, si même il emportait avec lui tout un troupeau d’éléphants,
ce troupeau ne viendrait pas à bout d’un seul baobab.

L’idée du troupeau d’éléphants fit rire le petit prince :

– Il faudrait les mettre les uns sur les autres…



Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Image023


Mais il remarqua avec sagesse :

– Les baobabs, avant de grandir, ça commence par être petit.

– C’est exact ! Mais pourquoi veux-tu que tes moutons mangent les petits baobabs ?

Il me répondit : « Ben ! Voyons ! » comme s’il s’agissait là d’une évidence. Et il me fallut
un grand effort d’intelligence pour comprendre à moi seul ce problème.

Et en effet, sur la planète du petit prince, il y avait comme sur toutes les planètes, de bonnes
herbes et de mauvaises herbes. Par conséquent de bonnes graines de bonnes herbes et
de mauvaises graines de mauvaises herbes. Mais les graines sont invisibles. Elles dorment dans
le secret de la terre jusqu’à ce qu’il prenne fantaisie à l’une d’elles de se réveiller. Alors elle
s’étire, et pousse d’abord timidement vers le soleil une ravissante petite brindille inoffensive.
S’il s’agit d’une brindille de radis ou de rosier, on peut la laisser pousser comme elle veut.
Mais s’il s’agit d’une mauvaise plante, il faut arracher la plante aussitôt, dès qu’on a su la
reconnaître. Or il y avait des graines terribles sur la planète du petit prince… c’étaient les
graines de baobabs. Le sol de la planète en était infesté. Or un baobab, si l’on s’y prend
trop tard, on ne peut jamais plus s’en débarrasser. Il encombre toute la planète. Il la perfore
de ses racines. Et si la planète est trop petite, et si les baobabs sont trop nombreux, ils la
font éclater.



Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Image024


« C’est une question de discipline, me disait plus tard le petit prince.
Quand on a terminé sa toilette du matin, il faut faire soigneusement la toilette de la planète.
Il faut s’astreindre régulièrement à arracher les baobabs dès qu’on les distingue d’avec les
rosiers auxquels ils ressemblent beaucoup quand ils sont très jeunes. C’est un travail très
ennuyeux, mais très facile. »

Et un jour il me conseilla de m’appliquer à réussir un beau dessin, pour bien faire entrer
ça dans la tête des enfants de chez moi. « S’ils voyagent un jour, me disait-il, ça pourra
leur servir. Il est quelquefois sans inconvénient de remettre à plus tard son travail. Mais,
s’il s’agit des baobabs, c’est toujours une catastrophe. J’ai connu une planète, habitée par
un paresseux. Il avait négligé trois arbustes… »

Et, sur les indications du petit prince, j’ai dessiné cette planète-là. Je n’aime guère prendre
le ton d’un moraliste. Mais le danger des baobabs est si peu connu, et les risques courus par
celui qui s’égarerait dans un astéroïde sont si considérables, que, pour une fois, je fais exception
à ma réserve. Je dis : « Enfants ! Faites attention aux baobabs ! » C’est pour avertir mes
amis d’un danger qu’ils frôlaient depuis longtemps, comme moi-même, sans le connaître, que
j’ai tant travaillé ce dessin-là. La leçon que je donnais en valait la peine. Vous vous demanderez
peut-être : Pourquoi n’y a-t-il pas, dans ce livre, d’autres dessins aussi grandioses que le dessin
des baobabs ? La réponse est bien simple : J’ai essayé mais je n’ai pas pu réussir. Quand j’ai dessiné
les baobabs j’ai été animé par le sentiment de l’urgence.



Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Image025




Dernière édition par etoilebleue le Lun 20 Mai 2013 - 1:17, édité 1 fois

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Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Empty Re: Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery

Message par C54637 Mer 15 Mai 2013 - 16:13

Merci Etoilebleue pour la publication de ce conte. Smile
Il me semble qu' il a tout à fait sa place sur ce forum.
Le texte est poétique et profond.
Je me suis toujours demandée s'il y avait un sens caché (qui m'échappe) Smile


C54637
Aime le Rosaire

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Inscription : 26/02/2013

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Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Empty Re: Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery

Message par Invité Mer 15 Mai 2013 - 18:30

Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Le-pet10


CHAPITRE VI


Ah ! petit prince, j’ai compris, peu à peu, ainsi,
ta petite vie mélancolique. Tu n’avais eu longtemps pour distraction que la
douceur des couchers de soleil. J’ai appris ce détail nouveau, le quatrième jour
au matin, quand tu m’as dit :

Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Petit_10

– J’aime bien les couchers de soleil. Allons voir un coucher de soleil…

– Mais il faut attendre…

– Attendre quoi ?

– Attendre que le soleil se couche.

Tu as eu l’air très surpris d’abord, et puis tu as ri de toi-même. Et tu m’as dit :

– Je me crois toujours chez moi !

En effet. Quand il est midi aux États-Unis, le soleil, tout le monde le sait,
se couche sur la France. Il suffirait de pouvoir aller en France en une minute
pour assister au coucher de soleil. Malheureusement la France est bien trop
éloignée. Mais, sur ta si petite planète, il te suffisait de tirer ta chaise de
quelques pas. Et tu regardais le crépuscule chaque fois que tu le désirais…

– Un jour, j’ai vu le soleil se coucher quarante-trois fois !

Et un peu plus tard tu ajoutais :

– Tu sais… quand on est tellement triste on aime les couchers de soleil…

– Le jour des quarante-trois fois tu étais donc tellement triste ?

Mais le petit prince ne répondit pas.


Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Image026


CHAPITRE VII


Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Images22


Le cinquième jour, toujours grâce au mouton,
ce secret de la vie du petit prince me fut révélé. Il me demanda avec
brusquerie, sans préambule, comme le fruit d’un problème longtemps
médité en silence :

– Un mouton, s’il mange les arbustes, il mange aussi les fleurs ?

– Un mouton mange tout ce qu’il rencontre.

– Même les fleurs qui ont des épines ?

– Oui. Même les fleurs qui ont des épines.

– Alors les épines, à quoi servent-elles ?

Je ne le savais pas. J’étais alors très occupé à essayer de dévisser
un boulon trop serré de mon moteur. J’étais très soucieux car ma panne
commençait de m’apparaître comme très grave,
et l’eau à boire qui s’épuisait me faisait craindre le pire.

– Les épines, à quoi servent-elles ?

Le petit prince ne renonçait jamais à une question, une fois qu’il l’avait posée.
J’étais irrité par mon boulon et je répondis n’importe quoi :

– Les épines, ça ne sert à rien, c’est de la pure méchanceté de la part des fleurs !

– Oh !

Mais après un silence il me lança, avec une sorte de rancune :

– Je ne te crois pas ! Les fleurs sont faibles. Elles sont naïves.
Elles se rassurent comme elles peuvent. Elles se croient terribles avec leurs épines…

Je ne répondis rien. À cet instant-là je me disais : « Si ce boulon résiste encore,
je le ferai sauter d’un coup de marteau. » Le petit prince dérangea de nouveau
mes réflexions :

– Et tu crois, toi, que les fleurs…

Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery L-esot10

– Mais non ! Mais non ! Je ne crois rien ! J’ai répondu n’importe quoi.
Je m’occupe, moi, de choses sérieuses !

Il me regarda stupéfait.

– De choses sérieuses !

Il me voyait, mon marteau à la main, et les doigts noirs de cambouis, penché sur un objet
qui lui semblait très laid.

– Tu parles comme les grandes personnes !

Ça me fit un peu honte. Mais, impitoyable, il ajouta :

– Tu confonds tout… tu mélanges tout !

Il était vraiment très irrité. Il secouait au vent des cheveux tout dorés :

– Je connais une planète où il y a un Monsieur cramoisi. Il n’a jamais
respiré une fleur. Il n’a jamais regardé une étoile. Il n’a jamais aimé personne.
Il n’a jamais rien fait d’autre que des additions. Et toute la journée il répète
comme toi : « Je suis un homme sérieux ! Je suis
un homme sérieux ! » et ça le fait gonfler d’orgueil.
Mais ce n’est pas un homme, c’est
un champignon !

– Un quoi ?

– Un champignon !

Le petit prince était maintenant tout pâle de colère.

– Il y a des millions d’années que les fleurs fabriquent des épines. Il y a des
millions d’années que les moutons mangent quand même les fleurs. Et ce
n’est pas sérieux de chercher à comprendre pourquoi elles se donnent tant de mal
pour se fabriquer des épines qui ne servent jamais à rien ?
Ce n’est pas important la guerre des moutons et des fleurs ?
Ce n’est pas plus sérieux et plus important que les additions d’un gros
Monsieur rouge ? Et si je connais, moi, une fleur unique au monde,
qui n’existe nulle part, sauf dans ma planète, et qu’un petit mouton
peut anéantir d’un seul coup, comme ça, un matin, sans se rendre compte
de ce qu’il fait, ce n’est pas important ça !

Il rougit, puis reprit :

– Si quelqu’un aime une fleur qui n’existe qu’à un exemplaire dans les millions et
les millions d’étoiles, ça suffit pour qu’il soit heureux quand il les regarde.
Il se dit : « Ma fleur est là quelque part… »
Mais si le mouton mange la fleur, c’est pour lui comme si, brusquement,
toutes les étoiles s’éteignaient !
Et ce n’est pas important ça !


Il ne put rien dire de plus. Il éclata brusquement en sanglots.
La nuit était tombée.
J’avais lâché mes outils. Je me moquais bien de mon marteau, de mon boulon, de la
soif et de la mort. Il y avait, sur une étoile, une planète, la mienne, la Terre,
un petit prince à consoler ! Je le pris dans les bras.
Je le berçai. Je lui disais : « La fleur que tu aimes n’est pas en danger…
Je lui dessinerai une muselière,
à ton mouton… Je te dessinerai une armure pour ta fleur… Je… »
Je ne savais pas trop quoi dire. Je me sentais très maladroit. Je ne savais
comment l’atteindre, où le rejoindre… C’est tellement mystérieux,
le pays des larmes.



Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Petitp12



CHAPITRE VIII


J’appris bien vite à mieux connaître cette fleur. Il y avait toujours eu, sur la
planète du petit prince, des fleurs très simples, ornées d’un seul rang de
pétales, et qui ne tenaient point de place, et qui ne dérangeaient personne.
Elles apparaissaient un matin dans l’herbe, et puis elles s’éteignaient le soir.
Mais celle-là avait germé un jour, d’une graine apportée d’on ne sait où,
et le petit prince avait surveillé de très près cette brindille qui ne ressemblait pas
aux autres brindilles. Ça pouvait être un nouveau genre de baobab. Mais l’arbuste
cessa vite de croître, et commença de préparer une fleur. Le petit prince, qui
assistait à l’installation d’un bouton énorme, sentait bien qu’il en sortirait une
apparition miraculeuse, mais la fleur n’en finissait pas de se préparer à être belle,
à l’abri de sa chambre verte. Elle choisissait avec soin ses couleurs. Elle s’habillait
lentement, elle ajustait un à un ses pétales. Elle ne voulait pas sortir toute fripée
comme les coquelicots. Elle ne voulait apparaître que dans le plein rayonnement
de sa beauté. Eh ! oui. Elle était très coquette ! Sa toilette mystérieuse avait donc
duré des jours et des jours. Et puis voici qu’un matin, justement à l’heure du lever
du soleil, elle s’était montrée.

Et elle, qui avait travaillé avec tant de précision, dit en bâillant :

– Ah ! Je me réveille à peine… Je vous demande pardon… Je suis encore
toute décoiffée…

Le petit prince, alors, ne put contenir son admiration :

– Que vous êtes belle !

– N’est-ce pas, répondit doucement la fleur. Et je suis née en même
temps que le soleil…


Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery I-gran11

Le petit prince devina bien qu’elle n’était pas trop modeste, mais elle était si émouvante !

– C’est l’heure, je crois, du petit déjeuner, avait-elle bientôt ajouté, auriez-vous la bonté de penser à moi…

Et le petit prince, tout confus, ayant été chercher un arrosoir d’eau fraîche, avait servi la fleur.


Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Image027

Ainsi l’avait-elle bien vite tourmenté par sa vanité un peu ombrageuse. Un jour,
par exemple, parlant de ses quatre épines, elle avait dit au petit prince :

– Ils peuvent venir, les tigres, avec leurs griffes !


Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Image028


– Il n’y a pas de tigres sur ma planète, avait objecté le petit prince, et puis les tigres ne mangent pas l’herbe.

– Je ne suis pas une herbe, avait doucement répondu la fleur.

– Pardonnez-moi…

– Je ne crains rien des tigres, mais j’ai horreur des courants d’air. Vous n’auriez pas un paravent ?

« Horreur des courants d’air… ce n’est pas de chance, pour une plante, avait remarqué le petit prince. Cette fleur est bien compliquée… »

– Le soir vous me mettrez sous globe. Il fait très froid chez vous. C’est mal installé. Là d’où je viens…

Mais elle s’était interrompue. Elle était venue sous forme de graine. Elle n’avait rien pu connaître des autres mondes. Humiliée de s’être laissé surprendre à préparer un mensonge aussi naïf, elle avait toussé deux ou trois fois, pour mettre le petit prince dans son tort :

– Ce paravent ?…

– J’allais le chercher mais vous me parliez !

Alors elle avait forcé sa toux pour lui infliger quand même des remords.


Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Normal10

Ainsi le petit prince, malgré la bonne volonté de son amour, avait vite douté d’elle. Il avait pris au sérieux des mots sans importance, et était devenu très malheureux.

« J’aurais dû ne pas l’écouter, me confia-t-il un jour, il ne faut jamais écouter les fleurs. Il faut les regarder et les respirer. La mienne embaumait ma planète, mais je ne savais pas m’en réjouir. Cette histoire de griffes, qui m’avait tellement agacé, eût dû m’attendrir… »

Il me confia encore :

« Je n’ai alors rien su comprendre ! J’aurais dû la juger sur les actes et non sur les mots. Elle m’embaumait et m’éclairait. Je n’aurais jamais dû m’enfuir ! J’aurais dû deviner sa tendresse derrière ses pauvres ruses. Les fleurs sont si contradictoires ! Mais j’étais trop jeune pour savoir l’aimer. »


Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Little10


CHAPITRE IX


Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Images24

Je crois qu’il profita, pour son évasion, d’une migration d’oiseaux sauvages. Au matin
du départ il mit sa planète bien en ordre. Il ramona soigneusement ses volcans en activité.
Il possédait deux volcans en activité. Et c’était bien commode pour faire chauffer le petit
déjeuner du matin. Il possédait aussi un volcan éteint. Mais, comme il disait, « On ne sait
jamais ! » Il ramona donc également le volcan éteint. S’ils sont bien ramonés, les volcans
brûlent doucement et régulièrement, sans éruptions. Les éruptions volcaniques sont comme
des feux de cheminée. Évidemment sur notre terre nous sommes beaucoup trop petits pour
ramoner nos volcans. C’est pourquoi ils nous causent des tas d’ennuis.


Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Image030


Le petit prince arracha aussi, avec un peu de mélancolie,
les dernières pousses de baobabs. Il croyait ne jamais devoir revenir. Mais tous ces
travaux familiers lui parurent, ce matin-là, extrêmement doux. Et, quand il arrosa une
dernière fois la fleur, et se prépara à la mettre à l’abri sous son globe, il se découvrit
l’envie de pleurer.

– Adieu, dit-il à la fleur.

Mais elle ne lui répondit pas.

– Adieu, répéta-t-il.

La fleur toussa. Mais ce n’était pas à cause de son rhume.

– J’ai été sotte, lui dit-elle enfin. Je te demande pardon. Tâche d’être heureux.

Il fut surpris par l’absence de reproches. Il restait là tout déconcerté, le globe en l’air.
Il ne comprenait pas cette douceur calme.

– Mais oui, je t’aime, lui dit la fleur. Tu n’en as rien su, par ma faute. Cela n’a aucune
importance. Mais tu as été aussi sot que moi. Tâche d’être heureux… Laisse ce globe
tranquille. Je n’en veux plus.

– Mais le vent…

– Je ne suis pas si enrhumée que ça… L’air frais de la nuit me fera du bien. Je suis une fleur.

– Mais les bêtes…

– Il faut bien que je supporte deux ou trois chenilles si je veux connaître les papillons.
Il paraît que c’est tellement beau. Sinon qui me rendra visite ? Tu seras loin, toi.
Quant aux grosses bêtes, je ne crains rien. J’ai mes griffes.

Et elle montrait naïvement ses quatre épines. Puis elle ajouta :

– Ne traîne pas comme ça, c’est agaçant. Tu as décidé de partir. Va-t’en.

Car elle ne voulait pas qu’il la vît pleurer. C’était une fleur tellement orgueilleuse…



CHAPITRE X

Il se trouvait dans la région des astéroïdes 325, 326, 327,
328, 329 et 330. Il commença donc par les visiter pour y chercher une occupation
et pour s’instruire.

La première était habitée par un roi. Le roi siégeait, habillé de pourpre et d’hermine,
sur un trône très simple et cependant majestueux.



Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Image031


– Ah ! Voilà un sujet, s’écria le roi quand il aperçut le petit prince.

Et le petit prince se demanda :

« Comment peut-il me reconnaître puisqu’il ne m’a encore jamais vu ! »

Il ne savait pas que, pour les rois, le monde est très simplifié. Tous les hommes
sont des sujets.

– Approche-toi que je te voie mieux, lui dit le roi qui était tout fier d’être roi pour
quelqu’un.

Le petit prince chercha des yeux où s’asseoir, mais la planète était toute encombrée
par le magnifique manteau d’hermine. Il resta donc debout, et, comme il était fatigué,
il bâilla.

– Il est contraire à l’étiquette de bâiller en présence d’un roi, lui dit le monarque.
Je te l’interdis.

– Je ne peux pas m’en empêcher, répondit le petit prince tout confus. J’ai fait un long
voyage et je n’ai pas dormi…

– Alors, lui dit le roi, je t’ordonne de bâiller. Je n’ai vu personne bâiller depuis des années.
Les bâillements sont pour moi des curiosités. Allons ! bâille encore. C’est un ordre.

– Ça m’intimide… je ne peux plus… fit le petit prince tout rougissant.

– Hum ! Hum ! répondit le roi. Alors je… je t’ordonne tantôt de bâiller et tantôt de…

Il bredouillait un peu et paraissait vexé.

Car le roi tenait essentiellement à ce que son autorité fût respectée. Il ne tolérait
pas la désobéissance. C’était un monarque absolu. Mais, comme il était très bon,
il donnait des ordres raisonnables.

« Si j’ordonnais, disait-il couramment, si j’ordonnais à un général de se changer
en oiseau de mer, et si le général n’obéissait pas, ce ne serait pas la faute du
général. Ce serait ma faute. »

– Puis-je m’asseoir ? s’enquit timidement le petit prince.

– Je t’ordonne de t’asseoir, lui répondit le roi, qui ramena majestueusement
un pan de son manteau d’hermine.

Mais le petit prince s’étonnait. La planète était minuscule. Sur quoi le roi
pouvait-il bien régner ?

– Sire, lui dit-il… je vous demande pardon de vous interroger…

– Je t’ordonne de m’interroger, se hâta de dire le roi.

– Sire… sur quoi régnez-vous ?

– Sur tout, répondit le roi, avec une grande simplicité.

– Sur tout ?

Le roi d’un geste discret désigna sa planète, les autres planètes et les étoiles.

– Sur tout ça ? dit le petit prince.

– Sur tout ça… répondit le roi.

Car non seulement c’était un monarque absolu mais c’était un monarque universel.

– Et les étoiles vous obéissent ?

– Bien sûr, lui dit le roi. Elles obéissent aussitôt. Je ne tolère pas l’indiscipline.

Un tel pouvoir émerveilla le petit prince. S’il l’avait détenu lui-même, il aurait
pu assister, non pas à quarante-quatre, mais à soixante-douze, ou même à cent,
ou même à deux cents couchers de soleil dans la même journée, sans avoir jamais
à tirer sa chaise ! Et comme il se sentait un peu triste à cause du souvenir de sa
petite planète abandonnée, il s’enhardit à solliciter une grâce du roi :

– Je voudrais voir un coucher de soleil… Faites-moi plaisir… Ordonnez au soleil
de se coucher…

– Si j’ordonnais à un général de voler d’une fleur à l’autre à la façon d’un papillon,
ou d’écrire une tragédie, ou de se changer en oiseau de mer, et si le général
n’exécutait pas l’ordre reçu, qui, de lui ou de moi, serait dans son tort ?

– Ce serait vous, dit fermement le petit prince.

– Exact. Il faut exiger de chacun ce que chacun peut donner, reprit le roi.
L’autorité repose d’abord sur la raison. Si tu ordonnes à ton peuple d’aller
se jeter à la mer, il fera la révolution. J’ai le droit d’exiger l’obéissance parce
que mes ordres sont raisonnables.

– Alors mon coucher de soleil ? rappela le petit prince qui jamais n’oubliait
une question une fois qu’il l’avait posée.

– Ton coucher de soleil, tu l’auras. Je l’exigerai. Mais j’attendrai, dans ma science
du gouvernement, que les conditions soient favorables.

– Quand ça sera-t-il ? s’informa le petit prince.

– Hem ! hem ! lui répondit le roi, qui consulta d’abord un gros calendrier, hem ! hem !
ce sera, vers… vers… ce sera ce soir vers sept heures quarante ! Et tu verras comme
je suis bien obéi.

Le petit prince bâilla. Il regrettait son coucher de soleil manqué. Et puis il s’ennuyait
déjà un peu :

– Je n’ai plus rien à faire ici, dit-il au roi. Je vais repartir !

– Ne pars pas, répondit le roi qui était si fier d’avoir un sujet. Ne pars pas,
je te fais ministre !

– Ministre de quoi ?

– De… de la justice !

– Mais il n’y a personne à juger !

– On ne sait pas, lui dit le roi. Je n’ai pas fait encore le tour de mon royaume.
Je suis très vieux, je n’ai pas de place pour un carrosse, et ça me fatigue de marcher.

– Oh ! Mais j’ai déjà vu, dit le petit prince qui se pencha pour jeter encore un coup
d’œil sur l’autre côté de la planète. Il n’y a personne là-bas non plus…

– Tu te jugeras donc toi-même, lui répondit le roi. C’est le plus difficile. Il est bien
plus difficile de se juger soi-même que de juger autrui. Si tu réussis à bien te juger,
c’est que tu es un véritable sage.

– Moi, dit le petit prince, je puis me juger moi-même n’importe où. Je n’ai pas
besoin d’habiter ici.

– Hem ! Hem ! dit le roi, je crois bien que sur ma planète il y a quelque part
un vieux rat. Je l’entends la nuit. Tu pourras juger ce vieux rat. Tu le condamneras
à mort de temps en temps. Ainsi sa vie dépendra de ta justice. Mais tu le gracieras
chaque fois pour l’économiser. Il n’y en a qu’un.

– Moi, répondit le petit prince, je n’aime pas condamner à mort, et je crois bien que
je m’en vais.

– Non, dit le roi.

Mais le petit prince, ayant achevé ses préparatifs, ne voulut point peiner
le vieux monarque :

– Si Votre Majesté désirait être obéie ponctuellement, elle pourrait me donner un
ordre raisonnable. Elle pourrait m’ordonner, par exemple, de partir avant une minute.
Il me semble que les conditions sont favorables…

Le roi n’ayant rien répondu, le petit prince hésita d’abord, puis, avec un soupir,
prit le départ.

– Je te fais mon ambassadeur, se hâta alors de crier le roi.

Il avait un grand air d’autorité.

« Les grandes personnes sont bien étranges », se dit le petit prince, en lui-même,
durant son voyage.



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Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Empty Re: Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery

Message par Invité Mer 15 Mai 2013 - 20:16

Merci Etoilebleue pour la publication de ce conte.
Il me semble qu' il a tout à fait sa place sur ce forum.
Le texte est poétique et profond.
Je me suis toujours demandée s'il y avait un sens caché (qui m'échappe)

La célébration des 70 ans du Petit Prince permet de rappeler au plus grand nombre
le message universel que nous a délivré Antoine de Saint-Exupéry. Ne jamais oublier
l’enfant que fut chacun d’entre nous. Se souvenir du bonheur que suscite pour l’enfant
la découverte du monde, les rencontres. Conserver dans notre vie de tous les jours la
force du questionnement, le refus de l’injustice, l’acceptation de l’autre pour ce qu’il
est et non pour ce qu’il représente, la recherche permanente du lien avec les hommes,
avec la nature. Ne pas oublier de prendre le temps de regarder une fleur, de la
contempler, de s’émerveiller de sa beauté.

Avec le Petit Prince, Antoine de Saint-Exupéry nous place face à nos responsabilités.
Il nous incite à refuser le totalitarisme quelle que soit sa forme, il nous invite à prendre
le temps du recul et de la réflexion avant d’agir, il nous délivre un message humaniste.
Célébrer les 70 ans du Petit Prince c’est avant tout mettre en avant l’intemporalité de
l’oeuvre d’Antoine de Saint-Exupéry. Ne jamais oublier que l’essentiel est invisible pour
les yeux.
Le Petit Prince traverse l’espace et le temps pour rester totalement moderne. Au-delà
du conte, le personnage créé par Saint-Exupéry est devenu une icône globale, part de
notre ADN, et porteuse de valeurs positives et actuelles : la paix, la protection de la
planète, la protection de l’enfance, la tolérance, l’échange culturel, le droit à l’éducation…
La force d’évocation de cette silhouette de petit bonhomme est unique !

Le destin fabuleux de cet « olni » (objet littéraire non identifié) en a fait un
véritable phénomène éditorial. Livre non religieux le plus traduit dans le monde,
on compte aujourd’hui près de 265 traductions, plus de 1300 éditions et 145
millions de copies vendues.
Aujourd’hui, Le Petit Prince est le héros d’une série animée pour la télévision présente
dans plus de cent pays et regardée par des millions d’enfants, il a été nommé ambassadeur
virtuel de l’ONU et du plus gros hôpital pour enfants d’Amérique du Sud, il réunit 5 millions
de fans sur Facebook, il recevra bientôt un hommage merveilleux au cinéma dans un grand
film international franco-américain.

Le Petit Prince est incroyable !http://www.lepetitprince.com/70ans/


Excuse-moi Claire, je te réponds par ce topo qui n'est pas de moi
mais qui traduit bien ce que je pense de cette oeuvre.
Le Petit Prince de Saint-Exupéry est, pour les enfants, le récit d'un voyage et d'une rencontre. Un personnage miraculeux quitte sa petite planète et les caprices d'une fleur pour rencontrer des personnages qui incarnent nos défauts : un roi imbu de son pouvoir, un vaniteux, un ivrogne, un businessman...
Arrivé sur terre, il apprend d'un renard ce que signifie « apprivoiser » : « Si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée... » Cette rencontre est aussi pour le Petit Prince l'occasion de mieux comprendre la relation avec sa rose « Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose... »
Il transmet cette leçon à un aviateur rencontré dans le désert. Cette rencontre est la clé de l'histoire. Elle nous fait comprendre que le Petit Prince est l'enfant caché en chacun de nous. Les soucis de la vie, nos ambitions et nos faiblesses, nos méprises l'ont fait taire et disparaître. Il ressucite, à l'occasion, pour nous faire la leçon. Pour nous rappeler les choses simples, essentielles de l'existence.
"Le Petit Prince" était mon outil
de travail. C''est un livre que j'ai lu maintes fois depuis mes 10 ans et j'y trouve toujours
quelque chose de nouveau ! C'est un livre à connotation philosophique mais aussi psychologique :
c'est plein de symboles. Cet outil plus la Bible, m'ont aidé à tout donner sans me faire piéger
dans des affects et attachements aliénants. Il faut pouvoir dire aux personnes, voilà
je te donne tout de moi le temps du chemin que nous faisons ensemble, mes connaissances,
mon amour-tendresse, tout le bien que je peux te faire, mon écoute ma disponibilité,
en gardant en mémoire qu'un jour la vie peut m'appeler ailleurs.
c'est ici et maintenant, le temps de mon travail. En principe ça marche !
Bien sûr il y a des personnes avec qui je garde le contact, nous nous voyons de temps
en temps avec certains. Beaucoup de personnes même si tu leur dit, que tu ne peux pas
répondre à tout le monde parce qu'avec le temps ils sont trop nombreux ceux que tu as
rencontrés, au détour de ta vie professionnelle surtout dans mon domaine professionnel,
tu les peines mais ils comprennent.
C'est dans le domaine spirituel que les gens ont plus de mal à "entendre cette philosophie".
C'est paradoxal, mais malheureusement vrai.
Il y a ceux qui se méfient de l'Amour-agape qui se donne gratuitement, parce que justement
c'est gratuit. Ces personnes n'ont pas l'habitude qu'un intérêt quelconque ne se cache pas
derrière cette gratuité. Pourtant l'Amour de Dieu se donne gratuitement ainsi que tous ses
dons et grâces et s'Il choisit de passer par une personne c'est qu'Il a ses raisons mais
la personne à cause de ses blessures passées peut rejeter tout en bloc.
Et d'un autre côté il y a ceux qui ne comprennent pas que cette Amour-là
nous devons le donner à tous pareillement, cherchent à vous accaparer,
à vous enfermer dans une relation exclusive en faisant tout pour exclure les autres !
Alors là c'est galère...
N'empêche que cela ne me décourage pas, je m'appuie sur le chapitre aux Corinthiens de
Saint Paul,
mon préféré de lui :


Chapitre 13

1 Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas
la charité, je suis un airain qui résonne ou une cymbale qui retentit.
2 Quand j'aurais le don de prophétie, que je connaîtrais tous les mystères,
et que je posséderais toute science; quand j'aurais même toute la foi,
jusqu'à transporter des montagnes,
si je n'ai pas la charité, je ne suis rien.
3 Quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres,
quand je livrerais mon corps aux flammes, si je n'ai pas la charité,
tout cela ne me sert de rien
4 La charité est patiente, elle est bonne; la charité n'est pas envieuse,
la charité n'est point inconsidérée, elle ne s'enfle point d'orgueil;
5 elle ne fait rien d'inconvenant, elle ne cherche point son intérêt,
elle ne s'irrite point, elle ne tient pas compte du mal;
6 elle ne prend pas plaisir à l'injustice, mais elle se réjouit de la vérité;
7 elle excuse tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout.
8 La charité ne passera jamais. S'agit-il des prophéties, elles prendront fin;
des langues, elles cesseront; de la science, elle aura son terme.
9 Car nous ne connaissons qu'en partie, et nous ne prophétisons qu'en partie;
10 or, quand sera venu ce qui est parfait, ce qui est partiel prendra fin.
11 Lorsque j'étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme
un enfant, je raisonnais comme un enfant; lorsque je suis devenu homme,
j'ai laissé là ce qui était de l'enfant.
12 Maintenant nous voyons dans un miroir, d'une manière obscure, mais
alors nous verrons face à face; aujourd'hui je connais en partie, mais alors
je connaîtrai comme je suis connu.
13 Maintenant ces trois choses demeurent: la foi, l'espérance, la charité; mais
la plus grande des trois c'est la charité.


Mais à la fin de ce fil, je mettrai une sorte de conclusion. J'espère avoir répondu un peu à
ton questionnement , chère Claire Réfléchit Amicalement


Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery 18542470
"Quand je dis Dieu, c'est un poème,
c'est une étoile dans ma vie,
du feu qui coule dans mes veines,
un grand soleil pour aujourd'hui ! "


Dernière édition par etoilebleue le Jeu 16 Mai 2013 - 13:05, édité 2 fois

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Message par C54637 Mer 15 Mai 2013 - 23:50

Chère Etoilebleue,
Merci pour cette merveilleuse réponse!
Et oui, cet olni est mystérieux. Merci pour ce beau texte d'explication pas moins poétique que l'original. Merci pour votre générosité!


Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Le-petit-prince

C54637
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Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Empty Re: Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery

Message par Maud Jeu 16 Mai 2013 - 8:21

Merci etoilebleue Very Happy

" Ce petit Prince " me suit depuis très longtemps

J'aime beaucoup St Exupéry dont c'est l'oeuvre la plus connue qui est un conte poétique et philosophique et qui a toujours de très nombreux lecteurs


J'aime la morale de ce livre qui en est donnée où de vraies richesses, comme l'amour (avec sa rose), l'amitié (avec le renard et l'aviateur), le respect d'autrui (l'allumeur de réverbères) ...etc

Amicalement
Maud




Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Rose10

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Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Empty Re: Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery

Message par Invité Jeu 16 Mai 2013 - 14:52

"Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis"


Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Imgres11

J'ai un filleul de 15 ans qui se passionne pour l’aviation. Il m'a confié que c'était quasiment décidé il sera pilote d'avion. Le premier livre que je lui ai offert
est le Petit Prince, ont suivi "Terre des hommes" et "vol de nuit". Nous en sommes là, Maud pour
l'instant. Il y a un roman que Saint Exupery écrivait lorsqu'il a disparu trop tôt c'est "Citadelle",
considéré comme la somme de sa pensée. Ma mère un jour me l'a mis dans les mains en me disant
c'est tout à fait ton style, tu vas aimer. J'ai beaucoup aimé, en effet. Est-ce que tu connais Maud ?


voici la biographie de Saint Antoine de Saint Exupery :

Antoine de Saint-Exupéry est né à Lyon le 29 juin 1900. Dès son plus jeune âge il est fasciné par les avions ; il fait son baptême de l'air à 12 ans à l'aérodrome d'Ambérieu-en-Bugey. Si ses résultats scolaires son médiocres, le jeune Antoine se consacre à l'écriture et remporte le prix de narration de son lycée.

Après son baccalauréat en 1917 suivi d'un échec au concours de l'Ecole navale, il fait son service militaire dans un régiment d'aviation à Strasbourg puis à Casablanca. Suite à un accident d'avion en 1923 il est démobilisé et ne se remet à voler qu'en 1926 pour effectuer le transport du courrier entre Toulouse et Dakar ; c'est à ce moment qu'il publie son premier livre, "L'Aviateur". Suivent "Courrier sud", "Vol de nuit" et surtout "Terre des hommes" (récompensé par le prix de l'Académie Française en 1939), ouvrages qui relatent la vie de Saint-Exupéry, ses vols et ses rencontres avec les hommes. Jusqu'en 1939 Antoine De Saint-Exupéry effectue de très nombreuses liaisons pour l'Aéropostale où il a rencontré Jean Mermoz et Henri Guillaumet.


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Accident en Libye en 1935.

Pendant la seconde Guerre Mondiale il cherche à s'engager pour piloter un avion de combat moderne aux côtés des Alliés. De nombreux accidents et sa mauvaise santé le font mettre "en réserve de commandement". On lui confie des missions mineures d'inspection aérienne et de cartographie en vue du débarquement en Provence. C'est au cours d'une de ces missions, le 31 juillet 1944, que son avion disparaît au-dessus de la Méditerranée. Saint-Exupéry est reconnu "Mort pour la France".

Un an plus tôt est paru "Le Petit Prince", son oeuvre la plus connue, un conte poétique et philosophique. Le narrateur est un aviateur en panne dans le Sahara : il va rencontrer un petit prince qui s'interroge sur l'absurdité du monde des adultes.



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Enfance et jeunesse

Fils de Jean de Saint-Exupéry et de Marie de Fonscolombe, il est le troisième enfant d’une famille de cinq. Son père Jean de Saint-Exupéry décède d’une attaque en 1904. Sans ressources, Marie emmène ses enfants dans le Midi, hébergés dans le château de son père, Charles de Fonscolombes, à La Molle. Elle leur lit des livres magnifiques dont les Contes d’Andersen, auxquels Antoine restera attaché toute sa vie. Elle leur enseigne la peinture, qu’elle pratique en amateur, et la musique.

En 1907 Charles de Fonscolombe décède. Marie et les enfants sont accueillis à Lyon par leur tante Madame de Tricaud. Antoine de Saint-Exupéry partage sa vie entre l’appartement de la place Bellecour et le château de Saint-Maurice de Rémens où il situe l’univers fabuleux de son enfance, celui des jeux et des découvertes, celui des premières expériences scientifiques aussi : il imagine un système d’arrosage à vapeur et avec l’aide du menuisier du village il construit une « bicyclette volante » qui ne volera jamais. Surveillés avec discrétion par une mère particulièrement affectueuse, les enfants continuent leur apprentissage du dessin et de la musique et présentent au public occasionnel des saynètes qu’Antoine met parfois en scène.


Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Rtemag11

A la sollicitation de leur grand-père Fernand de Saint-Exupéry, qui souhaite avoir près de lui ses petits fils, en 1909 Antoine et son frère François quittent l’univers de leur première enfance pour continuer leurs études au collège Jésuite de Notre Dame de Sainte-Croix au Mans. Antoine est un élève moyen. La vie d’interne le désole : « Quand on un petit garçon au collège, on se lève trop tôt. On se lève à six heures du matin. Il fait froid. On se frotte les yeux et on souffre à l’avance de la triste leçon de grammaire. » Autant dire que les vacances au château de Saint-Maurice sont une aubaine. Surtout qu’à quelques kilomètres se trouve un terrain d’aviation où des constructeurs lyonnais essaient leurs aéroplanes. Antoine se plait auprès des pistes et dans les hangars où il est fasciné par les moteurs. Laissant croire qu’il avait l’autorisation de sa mère, en juillet 1912 Antoine de Saint-Exupéry convainc un de ces aviateurs de le prendre au bord de son appareil, un Berthaud-Wroblewski.

En 1914 Antoine de Saint-Exupéry est pensionnaire à Villefranche-sur-Saône et ensuite à la Villa Saint-Jean de Fribourg. Il se lie d’amitié avec Charles Sallès, Marc Sabran et Louis de Bonnevie. C’est pendant cette période où il lit énormément qu’il découvre Balzac, Dostoïevski et Baudelaire entre autres. Malgré de bonnes appréciations en physique, en philosophie et en musique, Antoine est parmi les derniers de la classe.

En 1917 Antoine de Saint-Exupéry subit une épreuve qui le marque profondément : son frère François est emporté par un rhumatisme articulaire avec des complications cardiaques. François nomme Antoine son exécuteur testamentaire. Vingt ans plus tard celui-ci note dans un texte poignant ce qu’il avait ressenti à la mort de son frère : « Il me confierait sa tour à bâtir. S’il était père, il me confierait des fils à instruire. S’il était pilote de guerre, il me confierait ses papiers de bord. Mais il n’est qu’un enfant. Il ne confie qu’un moteur à vapeur, une bicyclette et une carabine. »

Cette même année Antoine de Saint-Exupéry obtient son bac et monte à Paris pour préparer le concours de l’Ecole Navale. Il fait ses classes préparatoires au Lycée Bossuet, puis au Lycée Saint-Louis. Accueilli très chaleureusement par une cousine de sa mère, Yvonne de Lestrange, il est introduit dans les milieux mondains et littéraires les plus huppés de la capitale où il fait la connaissance de ceux qui font la pluie et le beau temps des lettres françaises, André Gide, Gaston Gallimard, Jacques Rivière, Jean Prévost ou Jean Paulhan. Il est invité chez les Saussine (leur fils sera son ami et il sera amoureux de leur fille) et fait la connaissance de Louise de Vilmorin, sa future fiancée. En compagnie de ces jeunes gens et de ces jeunes filles de bonne famille, Antoine de Saint-Exupéry fréquente les théâtres et les expositions. Il lit la littérature d’avant-garde et il a avec ses amis des discussions passionnées sur les pièces de Pirandello ou les écrivains réalistes nirduqyes.

Cependant, c’est la guerre. Paris est bombardé par les armées allemandes qui se trouvent à proximité. Antoine de Saint-Exupéry parvient à tromper la vigilance des surveillants qui les conduisent dans un abri et monte sur le toit de l’école d’où il admire le spectacle des avions qui lancent des bombes, les tirs de l’artillerie antiaérienne, les explosions. Le spectacle lui paraît « féérique ».


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En 1919, Antoine de Saint-Exupéry passe l’examen de l’Ecole Navale et échoue à l’oral. Il envisage de devenir architecte et s’inscrit aux cours de l’Académie de Beaux-arts.

En 1921 il est appelé sous les drapeaux pour effectuer son service militaire. Ayant choisi l’aviation, il est affecté au deuxième régiment d’aviation de Strasbourg.

Pour en savoir plus : www.lepetitprince.com

A lire : L’Archange et l’écrivain de Nathalie des Vallières (Découvertes Gallimard)





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Message par Invité Jeu 16 Mai 2013 - 17:59

CHAPITRE XI


La seconde planète était habitée par un vaniteux :

– Ah ! Ah ! Voilà la visite d’un admirateur ! s’écria de loin le vaniteux dès qu’il aperçut l
e petit prince.




Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Image032



Car, pour les vaniteux, les autres hommes sont des admirateurs.

– Bonjour, dit le petit prince. Vous avez un drôle de chapeau.

– C’est pour saluer, lui répondit le vaniteux. C’est pour saluer quand on m’acclame.
Malheureusement il ne passe jamais personne par ici.

– Ah oui ? dit le petit prince qui ne comprit pas.

– Frappe tes mains l’une contre l’autre, conseilla donc le vaniteux.

Le petit prince frappa ses mains l’une contre l’autre. Le vaniteux salua modestement
en soulevant son chapeau.

« Ça c’est plus amusant que la visite au roi », se dit en lui-même le petit prince.
Et il recommença de frapper ses mains l’une contre l’autre. Le vaniteux recommença
de saluer en soulevant son chapeau.

Après cinq minutes d’exercice le petit prince se fatigua de la monotonie du jeu :

– Et, pour que le chapeau tombe, demanda-t-il, que faut-il faire ?

Mais le vaniteux ne l’entendit pas. Les vaniteux n’entendent jamais que les louanges.

– Est-ce que tu m’admires vraiment beaucoup ? demanda-t-il au petit prince.

– Qu’est-ce que signifie admirer ?

– Admirer signifie reconnaître que je suis l’homme le plus beau, le mieux habillé,
le plus riche et le plus intelligent de la planète.

– Mais tu es seul sur ta planète !

– Fais-moi ce plaisir. Admire-moi quand même !

– Je t’admire, dit le petit prince, en haussant un peu les épaules, mais en quoi cela peut-il bien t’intéresser ?

Et le petit prince s’en fut.

« Les grandes personnes sont décidément bien bizarres », se dit-il simplement en lui-même
durant son voyage.



CHAPITRE XII


La planète suivante était habitée par un buveur. Cette visite fut très courte,
mais elle plongea le petit prince dans une grande mélancolie :



Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Image033


– Que fais-tu là ? dit-il au buveur, qu’il trouva installé en silence devant une collection de bouteilles vides et une collection de bouteilles pleines.

– Je bois, répondit le buveur, d’un air lugubre.

– Pourquoi bois-tu ? lui demanda le petit prince.

– Pour oublier, répondit le buveur.

– Pour oublier quoi ? s’enquit le petit prince qui déjà le plaignait.

– Pour oublier que j’ai honte, avoua le buveur en baissant la tête.

– Honte de quoi ? s’informa le petit prince qui désirait le secourir.

– Honte de boire ! acheva le buveur qui s’enferma définitivement dans le silence.

Et le petit prince s’en fut, perplexe.

« Les grandes personnes sont décidément très très bizarres », se disait-il en lui-même durant le voyage.



CHAPITRE XIII


La quatrième planète était celle du businessman. Cet homme était si occupé qu’il ne leva même pas la tête à l’arrivée du petit prince.



Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Image034


– Bonjour, lui dit celui-ci. Votre cigarette est éteinte.

– Trois et deux font cinq. Cinq et sept douze. Douze et trois quinze. Bonjour. Quinze et sept vingt-deux. Vingt-deux et six vingt-huit. Pas le temps de la rallumer. Vingt-six et cinq trente et un. Ouf ! Ça fait donc cinq cent un millions six cent vingt-deux mille sept cent trente et un.

– Cinq cents millions de quoi ?

– Hein ? Tu es toujours là ? Cinq cent un millions de… je ne sais plus… J’ai tellement de travail ! Je suis sérieux, moi, je ne m’amuse pas à des balivernes ! Deux et cinq sept…

– Cinq cent un millions de quoi ? répéta le petit prince qui jamais de sa vie, n’avait renoncé à une question, une fois qu’il l’avait posée.

Le businessman leva la tête :

– Depuis cinquante-quatre ans que j’habite cette planète-ci, je n’ai été dérangé que trois fois. La première fois ç’a été, il y a vingt-deux ans, par un hanneton qui était tombé Dieu sait d’où. Il répandait un bruit épouvantable, et j’ai fait quatre erreurs dans une addition. La seconde fois ç’a été, il y a onze ans, par une crise de rhumatisme. Je manque d’exercice. Je n’ai pas le temps de flâner. Je suis sérieux, moi. La troisième fois… la voici ! Je disais donc cinq cent un millions…

– Millions de quoi ?

Le businessman comprit qu’il n’était point d’espoir de paix :

– Millions de ces petites choses que l’on voit quelquefois dans le ciel.

– Des mouches ?

– Mais non, des petites choses qui brillent.

– Des abeilles ?

– Mais non. Des petites choses dorées qui font rêvasser les fainéants. Mais je suis sérieux, moi ! Je n’ai pas le temps de rêvasser.

– Ah ! des étoiles ?

– C’est bien ça. Des étoiles.

– Et que fais-tu de cinq cents millions d’étoiles ?

– Cinq cent un millions six cent vingt-deux mille sept cent trente et un. Je suis sérieux, moi, je suis précis.

– Et que fais-tu de ces étoiles ?

– Ce que j’en fais ?

– Oui.

– Rien. Je les possède.

– Tu possèdes les étoiles ?

– Oui.

– Mais j’ai déjà vu un roi qui…

– Les rois ne possèdent pas. Ils « règnent » sur. C’est très différent.

– Et à quoi cela te sert-il de posséder les étoiles ?

– Ça me sert à être riche.

– Et à quoi cela te sert-il d’être riche ?

– À acheter d’autres étoiles, si quelqu’un en trouve.

« Celui-là, se dit en lui-même le petit prince, il raisonne un peu comme mon ivrogne. »

Cependant il posa encore des questions :

– Comment peut-on posséder les étoiles ?

– À qui sont-elles ? riposta, grincheux, le businessman.

– Je ne sais pas. À personne.

– Alors elles sont à moi, car j’y ai pensé le premier.

– Ça suffit ?

– Bien sûr. Quand tu trouves un diamant qui n’est à personne, il est à toi. Quand tu trouves une île qui n’est à personne, elle est à toi. Quand tu as une idée le premier, tu la fais breveter : elle est à toi. Et moi je possède les étoiles, puisque jamais personne avant moi n’a songé à les posséder.

– Ça c’est vrai, dit le petit prince. Et qu’en fais-tu ?

– Je les gère. Je les compte et je les recompte, dit le businessman. C’est difficile. Mais je suis un homme sérieux !

Le petit prince n’était pas satisfait encore.

– Moi, si je possède un foulard, je puis le mettre autour de mon cou et l’emporter. Moi, si je possède une fleur, je puis cueillir ma fleur et l’emporter. Mais tu ne peux pas cueillir les étoiles !

– Non, mais je puis les placer en banque.

– Qu’est-ce que ça veut dire ?

– Ça veut dire que j’écris sur un petit papier le nombre de mes étoiles. Et puis j’enferme à clef ce papier-là dans un tiroir.

– Et c’est tout ?

– Ça suffit !

« C’est amusant, pensa le petit prince. C’est assez poétique. Mais ce n’est pas très sérieux. »

Le petit prince avait sur les choses sérieuses des idées très différentes des idées des grandes personnes.

– Moi, dit-il encore, je possède une fleur que j’arrose tous les jours. Je possède trois volcans que je ramone toutes les semaines. Car je ramone aussi celui qui est éteint. On ne sait jamais. C’est utile à mes volcans, et c’est utile à ma fleur, que je les possède. Mais tu n’es pas utile aux étoiles…

Le businessman ouvrit la bouche mais ne trouva rien à répondre, et le petit prince s’en fut.

« Les grandes personnes sont décidément tout à fait extraordinaires », se disait-il simplement en lui-même durant le voyage.



CHAPITRE XIV


La cinquième planète était très curieuse. C’était la plus petite de toutes. Il y avait là juste assez de place pour loger un réverbère et un allumeur de réverbères. Le petit prince ne parvenait pas à s’expliquer à quoi pouvaient servir, quelque part dans le ciel, sur une planète sans maison, ni population, un réverbère et un allumeur de réverbères. Cependant il se dit en lui-même :


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« Peut-être bien que cet homme est absurde. Cependant il est moins absurde que le roi, que le vaniteux, que le businessman et que le buveur. Au moins son travail a-t-il un sens. Quand il allume son réverbère, c’est comme s’il faisait naître une étoile de plus, ou une fleur. Quand il éteint son réverbère, ça endort la fleur ou l’étoile. C’est une occupation très jolie. C’est véritablement utile puisque c’est joli. »

Lorsqu’il aborda la planète il salua respectueusement l’allumeur :

– Bonjour. Pourquoi viens-tu d’éteindre ton réverbère ?

– C’est la consigne, répondit l’allumeur. Bonjour.

– Qu’est-ce que la consigne ?

– C’est d’éteindre mon réverbère. Bonsoir.

Et il le ralluma.

– Mais pourquoi viens-tu de le rallumer ?

– C’est la consigne, répondit l’allumeur.

– Je ne comprends pas, dit le petit prince.

– Il n’y a rien à comprendre, dit l’allumeur. La consigne c’est la consigne. Bonjour.

Et il éteignit son réverbère.

Puis il s’épongea le front avec un mouchoir à carreaux rouges.

– Je fais là un métier terrible. C’était raisonnable autrefois. J’éteignais le matin
et j’allumais le soir. J’avais le reste du jour pour me reposer, et le reste de la
nuit pour dormir…

– Et, depuis cette époque, la consigne a changé ?

– La consigne n’a pas changé, dit l’allumeur. C’est bien là le drame ! La planète
d’année en année a tourné de plus en plus vite, et la consigne n’a pas changé !

– Alors ? dit le petit prince.

– Alors maintenant qu’elle fait un tour par minute, je n’ai plus une seconde de
repos. J’allume et j’éteins une fois par minute !

– Ça c’est drôle ! Les jours chez toi durent une minute !

– Ce n’est pas drôle du tout, dit l’allumeur. Ça fait déjà un mois que nous
parlons ensemble.

– Un mois ?

– Oui. Trente minutes. Trente jours ! Bonsoir.

Et il ralluma son réverbère.

Le petit prince le regarda et il aima cet allumeur qui était tellement fidèle à
la consigne. Il se souvint des couchers de soleil que lui-même allait autrefois
chercher, en tirant sa chaise. Il voulut aider son ami :

– Tu sais… je connais un moyen de te reposer quand tu voudras…

– Je veux toujours, dit l’allumeur.

Car on peut être, à la fois, fidèle et paresseux.

Le petit prince poursuivit :

– Ta planète est tellement petite que tu en fais le tour en trois enjambées.
Tu n’as qu’à marcher assez lentement pour rester toujours au soleil. Quand
tu voudras te reposer tu marcheras… et le jour durera aussi longtemps
que tu voudras.

– Ça ne m’avance pas à grand’chose, dit l’allumeur. Ce que j’aime dans
la vie, c’est dormir.

– Ce n’est pas de chance, dit le petit prince.

– Ce n’est pas de chance, dit l’allumeur. Bonjour.

Et il éteignit son réverbère.

« Celui-là, se dit le petit prince, tandis qu’il poursuivait plus loin son voyage,
celui-là serait méprisé par tous les autres, par le roi, par le vaniteux, par le buveur,
par le businessman. Cependant c’est le seul qui ne me paraisse pas ridicule.
C’est, peut-être, parce qu’il s’occupe d’autre chose que de soi-même. »

Il eut un soupir de regret et se dit encore :

« Celui-là est le seul dont j’eusse pu faire mon ami. Mais sa planète est vraiment
trop petite. Il n’y a pas de place pour deux… »

Ce que le petit prince n’osait pas s’avouer, c’est qu’il regrettait cette planète
bénie à cause, surtout, des mille quatre cent quarante couchers de soleil par
vingt-quatre heures !



CHAPITRE XV


La sixième planète était une planète dix fois plus vaste.
Elle était habitée par un vieux Monsieur qui écrivait d’énormes livres.



Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Image036

– Tiens ! voilà un explorateur ! s’écria-t-il, quand il aperçut le petit prince.

Le petit prince s’assit sur la table et souffla un peu. Il avait déjà tant voyagé !

– D’où viens-tu ? lui dit le vieux Monsieur.

– Quel est ce gros livre ? dit le petit prince. Que faites-vous ici ?

– Je suis géographe, dit le vieux Monsieur.

– Qu’est-ce qu’un géographe ?

– C’est un savant qui connaît où se trouvent les mers, les fleuves,
les villes, les montagnes et les déserts.

– Ça c’est bien intéressant, dit le petit prince. Ça c’est enfin un véritable
métier ! Et il jeta un coup d’œil autour de lui sur la planète du géographe.
Il n’avait jamais vu encore une planète aussi majestueuse.

– Elle est bien belle, votre planète. Est-ce qu’il y a des océans ?

– Je ne puis pas le savoir, dit le géographe.

– Ah ! (Le petit prince était déçu.) Et des montagnes ?

– Je ne puis pas le savoir, dit le géographe.

– Et des villes et des fleuves et des déserts ?

– Je ne puis pas le savoir non plus, dit le géographe.

– Mais vous êtes géographe !

– C’est exact, dit le géographe, mais je ne suis pas explorateur. Je manque
absolument d’explorateurs. Ce n’est pas le géographe qui va faire le compte
des villes, des fleuves, des montagnes, des mers, des océans et des déserts.
Le géographe est trop important pour flâner. Il ne quitte pas son bureau. Mais
il y reçoit les explorateurs. Il les interroge, et il prend en note leurs souvenirs.
Et si les souvenirs de l’un d’entre eux lui paraissent intéressants, le géographe
fait faire une enquête sur la moralité de l’explorateur.

– Pourquoi ça ?

– Parce qu’un explorateur qui mentirait entraînerait des catastrophes dans
les livres de géographie. Et aussi un explorateur qui boirait trop.

– Pourquoi ça ? fit le petit prince.

– Parce que les ivrognes voient double. Alors le géographe noterait deux montagnes,
là où il n’y en a qu’une seule.

– Je connais quelqu’un, dit le petit prince, qui serait mauvais explorateur.

– C’est possible. Donc, quand la moralité de l’explorateur paraît bonne, on fait
une enquête sur sa découverte.

– On va voir ?

– Non. C’est trop compliqué. Mais on exige de l’explorateur qu’il fournisse des
preuves. S’il s’agit par exemple de la découverte d’une grosse montagne, on exige
qu’il en rapporte de grosses pierres.

Le géographe soudain s’émut.

– Mais toi, tu viens de loin ! Tu es explorateur ! Tu vas me décrire ta planète !

Et le géographe, ayant ouvert son registre, tailla son crayon. On note d’abord
au crayon les récits des explorateurs. On attend, pour noter à l’encre, que
l’explorateur ait fourni des preuves.

– Alors ? interrogea le géographe.

– Oh ! chez moi, dit le petit prince, ce n’est pas très intéressant,
c’est tout petit. J’ai trois volcans. Deux volcans en activité, et un
volcan éteint. Mais on ne sait jamais.

– On ne sait jamais, dit le géographe.

– J’ai aussi une fleur.

– Nous ne notons pas les fleurs, dit le géographe.

– Pourquoi ça ! c’est le plus joli !

– Parce que les fleurs sont éphémères.

– Qu’est-ce que signifie : « éphémère » ?

– Les géographies, dit le géographe, sont les livres les plus précieux de
tous les livres. Elles ne se démodent jamais. Il est très rare qu’une montagne
change de place. Il est très rare qu’un océan se vide de son eau.
Nous écrivons des choses éternelles.

– Mais les volcans éteints peuvent se réveiller, interrompit le petit prince.
Qu’est-ce que signifie « éphémère » ?

– Que les volcans soient éteints ou soient éveillés, ça revient au même
pour nous autres, dit le géographe. Ce qui compte pour nous, c’est la montagne.
Elle ne change pas.

– Mais qu’est-ce que signifie « éphémère » ? répéta le petit prince qui,
de sa vie, n’avait renoncé à une question, une fois qu’il l’avait posée.

– Ça signifie « qui est menacé de disparition prochaine ».

– Ma fleur est menacée de disparition prochaine ?

– Bien sûr.

Ma fleur est éphémère, se dit le petit prince, et elle n’a que quatre épines pour
se défendre contre le monde ! Et je l’ai laissée toute seule chez moi !

Ce fut là son premier mouvement de regret. Mais il reprit courage :

– Que me conseillez-vous d’aller visiter ? demanda-t-il.

– La planète Terre, lui répondit le géographe. Elle a une bonne réputation…

Et le petit prince s’en fut, songeant à sa fleur.



CHAPITRE XVI


La septième planète fut donc la Terre.

La Terre n’est pas une planète quelconque ! On y compte cent onze rois
(en n’oubliant pas, bien sûr, les rois nègres), sept mille géographes, neuf cent mille
businessmen, sept millions et demi d’ivrognes, trois cent onze millions de vaniteux,
c’est-à-dire environ deux milliards de grandes personnes.

Pour vous donner une idée des dimensions de la Terre je vous dirai qu’avant l’invention
de l’électricité on y devait entretenir, sur l’ensemble des six continents, une véritable
armée de quatre cent soixante-deux mille cinq cent onze allumeurs de réverbères.

Vu d’un peu loin ça faisait un effet splendide. Les mouvements de cette armée étaient
réglés comme ceux d’un ballet d’opéra. D’abord venait le tour des allumeurs de réverbères
de Nouvelle-Zélande et d’Australie. Puis ceux-ci, ayant allumé leurs lampions, s’en allaient
dormir. Alors entraient à leur tour dans la danse les allumeurs de réverbères de Chine
et de Sibérie. Puis eux aussi s’escamotaient dans les coulisses. Alors venait le tour
des allumeurs de réverbères de Russie et des Indes. Puis de ceux d’Afrique et d’Europe.
Puis de ceux d’Amérique du Sud. Puis de ceux d’Amérique du Nord. Et jamais ils ne se
trompaient dans leur ordre d’entrée en scène. C’était grandiose.

Seuls, l’allumeur de l’unique réverbère du pôle Nord, et son confrère de l’unique
réverbère du pôle Sud, menaient des vies d’oisiveté et de nonchalance : ils travaillaient
deux fois par an.



CHAPITRE XVII


Quand on veut faire de l’esprit, il arrive que l’on mente
un peu. Je n’ai pas été très honnête en vous parlant des allumeurs de réverbères.
Je risque de donner une fausse idée de notre planète à ceux qui ne la connaissent
pas. Les hommes occupent très peu de place sur la terre. Si les deux milliards
d’habitants qui peuplent la terre se tenaient debout et un peu serrés, comme pour
un meeting, ils logeraient aisément sur une place publique de vingt milles de long sur
vingt milles de large. On pourrait entasser l’humanité sur le moindre petit îlot du Pacifique.

Les grandes personnes, bien sûr, ne vous croiront pas. Elles s’imaginent tenir beaucoup
de place. Elles se voient importantes comme des baobabs. Vous leur conseillerez donc
de faire le calcul. Elles adorent les chiffres : ça leur plaira. Mais ne perdez pas votre temps
à ce pensum. C’est inutile. Vous avez confiance en moi.

Le petit prince, une fois sur terre, fut donc bien surpris de ne voir personne. Il avait déjà
peur de s’être trompé de planète, quand un anneau couleur de lune remua dans le sable.

– Bonne nuit, fit le petit prince à tout hasard.

– Bonne nuit, fit le serpent.

– Sur quelle planète suis-je tombé ? demanda le petit prince.

– Sur la Terre, en Afrique, répondit le serpent.



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– Ah !… Il n’y a donc personne sur la Terre ?

– Ici c’est le désert. Il n’y a personne dans les déserts. La Terre est grande, dit
le serpent.

Le petit prince s’assit sur une pierre et leva les yeux vers le ciel :

– Je me demande, dit-il, si les étoiles sont éclairées afin que chacun puisse un jour
retrouver la sienne. Regarde ma planète. Elle est juste au-dessus de nous… Mais
comme elle est loin !

– Elle est belle, dit le serpent. Que viens-tu faire ici ?

– J’ai des difficultés avec une fleur, dit le petit prince.

– Ah ! fit le serpent.

Et ils se turent.

– Où sont les hommes ? reprit enfin le petit prince. On est un peu seul dans le désert…

– On est seul aussi chez les hommes, dit le serpent.

Le petit prince le regarda longtemps :

– Tu es une drôle de bête, lui dit-il enfin, mince comme un doigt…



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– Mais je suis plus puissant que le doigt d’un roi, dit le serpent.

Le petit prince eut un sourire :

– Tu n’es pas bien puissant… tu n’as même pas de pattes… tu ne peux même pas voyager…

– Je puis t’emporter plus loin qu’un navire, dit le serpent.

Il s’enroula autour de la cheville du petit prince, comme un bracelet d’or :

– Celui que je touche, je le rends à la terre dont il est sorti, dit-il encore. Mais tu es pur
et tu viens d’une étoile…

Le petit prince ne répondit rien.

– Tu me fais pitié, toi si faible, sur cette Terre de granit. Je puis t’aider un jour si
tu regrettes trop ta planète. Je puis…

– Oh ! J’ai très bien compris, fit le petit prince, mais pourquoi parles-tu toujours par
énigmes ?

– Je les résous toutes, dit le serpent.

Et ils se turent.



CHAPITRE XVIII


Le petit prince traversa le désert et ne rencontra qu’une fleur. Une fleur à trois pétales,
une fleur de rien du tout…



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– Bonjour, dit le petit prince.

– Bonjour, dit la fleur.

– Où sont les hommes ? demanda poliment le petit prince.

La fleur, un jour, avait vu passer une caravane :

– Les hommes ? Il en existe, je crois, six ou sept. Je les ai aperçus il y a des années. Mais on ne sait jamais où les trouver. Le vent les promène. Ils manquent de racines, ça les gêne beaucoup.

– Adieu, fit le petit prince.

– Adieu, dit la fleur.




CHAPITRE XIX


Le petit prince fit l’ascension d’une haute montagne.
Les seules montagnes qu’il eût jamais connues étaient les trois volcans qui lui
arrivaient au genou. Et il se servait du volcan éteint comme d’un tabouret.
« D’une montagne haute comme celle-ci, se dit-il donc, j’apercevrai d’un coup
toute la planète et tous les hommes… » Mais il n’aperçut rien que des aiguilles
de roc bien aiguisées.



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– Bonjour, dit-il à tout hasard.

– Bonjour… Bonjour… Bonjour… répondit l’écho.

– Qui êtes-vous ? dit le petit prince.

– Qui êtes-vous… qui êtes-vous… qui êtes-vous… répondit l’écho.

– Soyez mes amis, je suis seul, dit-il.

– Je suis seul… je suis seul… je suis seul… répondit l’écho.

« Quelle drôle de planète ! pensa-t-il alors. Elle est toute sèche, et toute pointue et toute salée. Et les hommes manquent d’imagination. Ils répètent ce qu’on leur dit… Chez moi j’avais une fleur : elle parlait toujours la première… »




CHAPITRE XX


Mais il arriva que le petit prince, ayant longtemps marché à travers les sables, les rocs et les neiges, découvrit enfin une route. Et les routes vont toutes chez les hommes.

– Bonjour, dit-il.

C’était un jardin fleuri de roses.

– Bonjour, dirent les roses.


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Le petit prince les regarda. Elles ressemblaient toutes à sa fleur.

– Qui êtes-vous ? leur demanda-t-il, stupéfait.

– Nous sommes des roses, dirent les roses.

– Ah ! fit le petit prince…

Et il se sentit très malheureux. Sa fleur lui avait raconté qu’elle était seule
de son espèce dans l’univers. Et voici qu’il en était cinq mille, toutes semblables,
dans un seul jardin !



Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Image042


« Elle serait bien vexée, se dit-il, si elle voyait ça… elle tousserait énormément
et ferait semblant de mourir pour échapper au ridicule. Et je serais bien obligé
de faire semblant de la soigner, car, sinon, pour m’humilier moi aussi, elle se
laisserait vraiment mourir… »

Puis il se dit encore : « Je me croyais riche d’une fleur unique, et je ne possède
qu’une rose ordinaire. Ça et mes trois volcans qui m’arrivent au genou, et dont l’un,
peut-être, est éteint pour toujours, ça ne fait pas de moi un bien grand prince… »
Et, couché dans l’herbe, il pleura.




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Message par Invité Ven 17 Mai 2013 - 0:57

CHAPITRE XXI


C’est alors qu’apparut le renard.


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– Bonjour, dit le renard.

– Bonjour, répondit poliment le petit prince, qui se retourna mais ne vit rien.

– Je suis là, dit la voix, sous le pommier.

– Qui es-tu ? dit le petit prince. Tu es bien joli…

– Je suis un renard, dit le renard.

– Viens jouer avec moi, lui proposa le petit prince. Je suis tellement triste…

– Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé.

– Ah ! pardon, fit le petit prince.

Mais, après réflexion, il ajouta :

– Qu’est-ce que signifie « apprivoiser » ?

– Tu n’es pas d’ici, dit le renard, que cherches-tu ?

– Je cherche les hommes, dit le petit prince. Qu’est-ce que signifie
« apprivoiser » ?

– Les hommes, dit le renard, ils ont des fusils et ils chassent. C’est bien gênant !
Ils élèvent aussi des poules. C’est leur seul intérêt. Tu cherches des poules ?

– Non, dit le petit prince. Je cherche des amis. Qu’est-ce que signifie « apprivoiser » ?

– C’est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie « créer des liens… »

– Créer des liens ?

– Bien sûr, dit le renard. Tu n’es encore pour moi qu’un petit garçon tout semblable
à cent mille petits garçons. Et je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’as pas besoin de moi
non plus. Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu
m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde.
Je serai pour toi unique au monde…

– Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fleur… je crois qu’elle
m’a apprivoisé…

– C’est possible, dit le renard. On voit sur la Terre toutes sortes de choses…

– Oh ! ce n’est pas sur la Terre, dit le petit prince.

Le renard parut très intrigué :

– Sur une autre planète ?

– Oui.

– Il y a des chasseurs, sur cette planète-là ?


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– Non.

– Ça, c’est intéressant ! Et des poules ?

– Non.

– Rien n’est parfait, soupira le renard.

Mais le renard revint à son idée :

– Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent.
Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent.
Je m’ennuie donc un peu. Mais, si tu m’apprivoises, ma vie sera comme
ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres.
Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m’appellera hors du terrier,
comme une musique. Et puis regarde ! Tu vois, là-bas, les champs de blé ?
Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne
me rappellent rien. Et ça, c’est triste ! Mais tu as des cheveux couleur d’or.
Alors ce sera merveilleux quand tu m’auras apprivoisé ! Le blé, qui est doré,
me fera souvenir de toi. Et j’aimerai le bruit du vent dans le blé…

Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince :

– S’il te plaît… apprivoise-moi ! dit-il.

– Je veux bien, répondit le petit prince, mais je n’ai pas beaucoup de temps.
J’ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître.

– On ne connaît que les choses que l’on apprivoise, dit le renard. Les hommes
n’ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites
chez les marchands. Mais comme il n’existe point de marchands d’amis, les hommes
n’ont plus d’amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi !

– Que faut-il faire ? dit le petit prince.

– Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t’assoiras d’abord un peu loin de
moi, comme ça, dans l’herbe. Je te regarderai du coin de l’œil et tu ne diras rien.
Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t’asseoir
un peu plus près…

Le lendemain revint le petit prince.

– Il eût mieux valu revenir à la même heure, dit le renard. Si tu viens,
par exemple, à quatre heures de l’après-midi, dès trois heures je commencerai
d’être heureux. Plus l’heure avancera, plus je me sentirai heureux. À quatre
heures, déjà, je m’agiterai et m’inquiéterai ; je découvrirai le prix du bonheur !
Mais si tu viens n’importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m’habiller
le cœur… Il faut des rites.


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– Qu’est-ce qu’un rite ? dit le petit prince.

– C’est aussi quelque chose de trop oublié, dit le renard. C’est ce qui fait qu’un
jour est différent des autres jours, une heure, des autres heures. Il y a un rite,
par exemple, chez mes chasseurs. Ils dansent le jeudi avec les filles du village.
Alors le jeudi est jour merveilleux ! Je vais me promener jusqu’à la vigne. Si les
chasseurs dansaient n’importe quand, les jours se ressembleraient tous, et je
n’aurais point de vacances.

Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l’heure du départ fut proche :

– Ah ! dit le renard… Je pleurerai.

– C’est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as
voulu que je t’apprivoise…

– Bien sûr, dit le renard.

– Mais tu vas pleurer ! dit le petit prince.

– Bien sûr, dit le renard.

– Alors tu n’y gagnes rien !

– J’y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé.

Puis il ajouta :

– Va revoir les roses. Tu comprendras que la tienne est unique au monde.
Tu reviendras me dire adieu, et je te ferai cadeau d’un secret.

Le petit prince s’en fut revoir les roses.

– Vous n’êtes pas du tout semblables à ma rose, vous n’êtes rien encore,
leur dit-il. Personne ne vous a apprivoisées et vous n’avez apprivoisé personne.
Vous êtes comme était mon renard. Ce n’était qu’un renard semblable à cent
mille autres. Mais j’en ai fait mon ami, et il est maintenant unique au monde.

Et les roses étaient bien gênées.

– Vous êtes belles, mais vous êtes vides, leur dit-il encore. On ne peut pas
mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu’elle
vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes,
puisque c’est elle que j’ai arrosée. Puisque c’est elle que j’ai mise sous globe.
Puisque c’est elle que j’ai abritée par le paravent. Puisque c’est elle dont
j’ai tué les chenilles (sauf les deux ou trois pour les papillons). Puisque c’est
elle que j’ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire.
Puisque c’est ma rose.

Et il revint vers le renard :

– Adieu, dit-il…

– Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien
qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.

– L’essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir.

– C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.

– C’est le temps que j’ai perdu pour ma rose… fit le petit prince, afin de se souvenir.

– Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l’oublier.
Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable
de ta rose…

– Je suis responsable de ma rose… répéta le petit prince, afin de se souvenir.



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CHAPITRE XXII


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– Bonjour, dit le petit prince.

– Bonjour, dit l’aiguilleur.

– Que fais-tu ici ? dit le petit prince.

– Je trie les voyageurs, par paquets de mille, dit l’aiguilleur. J’expédie les trains
qui les emportent, tantôt vers la droite, tantôt vers la gauche.

Et un rapide illuminé, grondant comme le tonnerre, fit trembler la cabine d’aiguillage.

– Ils sont bien pressés, dit le petit prince. Que cherchent-ils ?

– L’homme de la locomotive l’ignore lui-même, dit l’aiguilleur.

Et gronda, en sens inverse, un second rapide illuminé.

– Ils reviennent déjà ? demanda le petit prince…

– Ce ne sont pas les mêmes, dit l’aiguilleur. C’est un échange.

– Ils n’étaient pas contents, là où ils étaient ?

– On n’est jamais content là où l’on est, dit l’aiguilleur.

Et gronda le tonnerre d’un troisième rapide illuminé.

– Ils poursuivent les premiers voyageurs ? demanda le petit prince.

– Ils ne poursuivent rien du tout, dit l’aiguilleur. Ils dorment là-dedans, ou bien
ils bâillent. Les enfants seuls écrasent leur nez contre les vitres.

– Les enfants seuls savent ce qu’ils cherchent, fit le petit prince. Ils perdent du
temps pour une poupée de chiffons, et elle devient très importante, et si on la
leur enlève, ils pleurent…

– Ils ont de la chance, dit l’aiguilleur.




CHAPITRE XXIII


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– Bonjour, dit le petit prince.

– Bonjour, dit le marchand.

C’était un marchand de pilules perfectionnées qui apaisent la soif. On en avale
une par semaine et l’on n’éprouve plus le besoin de boire.

– Pourquoi vends-tu ça ? dit le petit prince.

– C’est une grosse économie de temps, dit le marchand. Les experts ont
fait des calculs. On épargne cinquante-trois minutes par semaine.

– Et que fait-on de ces cinquante-trois minutes ?

– On en fait ce que l’on veut…

« Moi, se dit le petit prince, si j’avais cinquante-trois minutes à dépenser,
je marcherais tout doucement vers une fontaine… »



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CHAPITRE XXIV


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Nous en étions au huitième jour de ma panne dans
le désert, et j’avais écouté l’histoire du marchand en buvant la dernière
goutte de ma provision d’eau :

– Ah ! dis-je au petit prince, ils sont bien jolis, tes souvenirs, mais je n’ai
pas encore réparé mon avion, je n’ai plus rien à boire, et je serais heureux,
moi aussi, si je pouvais marcher tout doucement vers une fontaine !

– Mon ami le renard, me dit-il…

– Mon petit bonhomme, il ne s’agit plus du renard !

– Pourquoi ?

– Parce qu’on va mourir de soif…

Il ne comprit pas mon raisonnement, il me répondit :

– C’est bien d’avoir eu un ami, même si l’on va mourir. Moi, je suis bien
content d’avoir eu un ami renard…

« Il ne mesure pas le danger, me dis-je. Il n’a jamais ni faim ni soif.
Un peu de soleil lui suffit… »

Mais il me regarda et répondit à ma pensée :

– J’ai soif aussi… cherchons un puits…

J’eus un geste de lassitude : il est absurde de chercher un puits,
au hasard, dans l’immensité du désert. Cependant nous nous mîmes
en marche.

Quand nous eûmes marché, des heures, en silence, la nuit tomba,
et les étoiles commencèrent de s’éclairer. Je les apercevais comme
en rêve, ayant un peu de fièvre, à cause de ma soif. Les mots du
petit prince dansaient dans ma mémoire :

– Tu as donc soif, toi aussi ? lui demandai-je.

Mais il ne répondit pas à ma question. Il me dit simplement :

– L’eau peut aussi être bonne pour le cœur…

Je ne compris pas sa réponse mais je me tus… Je savais bien qu’il ne
fallait pas l’interroger.

Il était fatigué. Il s’assit. Je m’assis auprès de lui. Et, après un silence,
il dit encore :

– Les étoiles sont belles, à cause d’une fleur que l’on ne voit pas…

Je répondis « bien sûr » et je regardai, sans parler, les plis du sable sous la lune.

– Le désert est beau, ajouta-t-il…

Et c’était vrai. J’ai toujours aimé le désert. On s’assoit sur une dune de sable.
On ne voit rien. On n’entend rien. Et cependant quelque chose rayonne en silence…

– Ce qui embellit le désert, dit le petit prince, c’est qu’il cache un puits quelque part…

Je fus surpris de comprendre soudain ce mystérieux rayonnement du sable.
Lorsque j’étais petit garçon j’habitais une maison ancienne, et la légende
racontait qu’un trésor y était enfoui. Bien sûr, jamais personne n’a su le découvrir,
ni peut-être même ne l’a cherché. Mais il enchantait toute cette maison.
Ma maison cachait un secret au fond de son cœur…

– Oui, dis-je au petit prince, qu’il s’agisse de la maison, des étoiles ou
du désert, ce qui fait leur beauté est invisible !

– Je suis content, dit-il, que tu sois d’accord avec mon renard.

Comme le petit prince s’endormait, je le pris dans mes bras, et me remis
en route. J’étais ému. Il me semblait porter un trésor fragile. Il me semblait
même qu’il n’y eût rien de plus fragile sur la Terre. Je regardais, à la lumière
de la lune, ce front pâle, ces yeux clos, ces mèches de cheveux qui tremblaient
au vent, et je me disais : « Ce que je vois là n’est qu’une écorce. Le plus
important est invisible… »

Comme ses lèvres entr’ouvertes ébauchaient un demi-sourire je me dis encore :
« Ce qui m’émeut si fort de ce petit prince endormi, c’est sa fidélité pour une
fleur, c’est l’image d’une rose qui rayonne en lui comme la flamme d’une lampe,
même quand il dort… » Et je le devinai plus fragile encore. Il faut bien protéger
les lampes : un coup de vent peut les éteindre…

Et, marchant ainsi, je découvris le puits au lever du jour.



CHAPITRE XXV

– Les hommes, dit le petit prince, ils s’enfournent dans les rapides, mais ils ne savent plus ce qu’ils cherchent. Alors ils s’agitent et tournent en rond…

Et il ajouta :

– Ce n’est pas la peine…

Le puits que nous avions atteint ne ressemblait pas aux puits sahariens.
Les puits sahariens sont de simples trous creusés dans le sable. Celui-là
ressemblait à un puits de village. Mais il n’y avait là aucun village, et je croyais rêver.

– C’est étrange, dis-je au petit prince, tout est prêt : la poulie, le seau et la corde…

Il rit, toucha la corde, fit jouer la poulie. Et la poulie gémit comme gémit une vieille
girouette quand le vent a longtemps dormi.

– Tu entends, dit le petit prince, nous réveillons ce puits et il chante…

Je ne voulais pas qu’il fît un effort :

– Laisse-moi faire, lui dis-je, c’est trop lourd pour toi.

Lentement je hissai le seau jusqu’à la margelle. Je l’y installai bien d’aplomb.
Dans mes oreilles durait le chant de la poulie et, dans l’eau qui tremblait
encore, je voyais trembler le soleil.



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– J’ai soif de cette eau-là, dit le petit prince, donne-moi à boire…

Et je compris ce qu’il avait cherché !

Je soulevai le seau jusqu’à ses lèvres. Il but, les yeux fermés. C’était doux
comme une fête. Cette eau était bien autre chose qu’un aliment. Elle était née
de la marche sous les étoiles, du chant de la poulie, de l’effort de mes bras.
Elle était bonne pour le cœur, comme un cadeau. Lorsque j’étais petit garçon,
la lumière de l’arbre de Noël, la musique de la messe de minuit, la douceur des
sourires faisaient ainsi tout le rayonnement du cadeau de Noël que je recevais.

– Les hommes de chez toi, dit le petit prince, cultivent cinq mille roses dans un
même jardin… et ils n’y trouvent pas ce qu’ils cherchent…

– Ils ne le trouvent pas, répondis-je…

– Et cependant ce qu’ils cherchent pourrait être trouvé dans une seule rose
ou un peu d’eau…

– Bien sûr, répondis-je.

Et le petit prince ajouta :

– Mais les yeux sont aveugles. Il faut chercher avec le cœur.

J’avais bu. Je respirais bien. Le sable, au lever du jour, est couleur de miel.
J’étais heureux aussi de cette couleur de miel. Pourquoi fallait-il que j’eusse
de la peine…

– Il faut que tu tiennes ta promesse, me dit doucement le petit prince,
qui, de nouveau, s’était assis auprès de moi.

– Quelle promesse ?

– Tu sais… une muselière pour mon mouton… je suis responsable de cette fleur !

Je sortis de ma poche mes ébauches de dessin. Le petit prince les aperçut et
dit en riant :

– Tes baobabs, ils ressemblent un peu à des choux…

– Oh !

Moi qui étais si fier des baobabs !

– Ton renard… ses oreilles… elles ressemblent un peu à des cornes… et elles sont
trop longues !

Et il rit encore.

– Tu es injuste, petit bonhomme, je ne savais rien dessiner que les boas fermés
et les boas ouverts.

– Oh ! ça ira, dit-il, les enfants savent.

Je crayonnai donc une muselière. Et j’eus le cœur serré en la lui donnant :

– Tu as des projets que j’ignore…

Mais il ne me répondit pas. Il me dit :

– Tu sais, ma chute sur la Terre… c’en sera demain l’anniversaire…

Puis, après un silence il dit encore :

– J’étais tombé tout près d’ici…

Et il rougit.

Et de nouveau, sans comprendre pourquoi, j’éprouvai un chagrin bizarre.
Cependant une question me vint :

– Alors ce n’est pas par hasard que, le matin où je t’ai connu, il y a huit
jours, tu te promenais comme ça, tout seul, à mille milles de toutes les régions
habitées ! Tu retournais vers le point de ta chute ?

Le petit prince rougit encore.

Et j’ajoutai, en hésitant :

– À cause, peut-être, de l’anniversaire ?…

Le petit prince rougit de nouveau. Il ne répondait jamais aux questions,
mais, quand on rougit, ça signifie « oui », n’est-ce pas ?

– Ah ! lui dis-je, j’ai peur…

Mais il me répondit :

– Tu dois maintenant travailler. Tu dois repartir vers ta machine.
Je t’attends ici. Reviens demain soir…

Mais je n’étais pas rassuré. Je me souvenais du renard. On risque
de pleurer un peu si l’on s’est laissé apprivoiser…



CHAPITRE XXVI


Il y avait, à côté du puits, une ruine de vieux mur de pierre. Lorsque
je revins de mon travail, le lendemain soir, j’aperçus de loin mon petit
prince assis là-haut, les jambes pendantes.
Et je l’entendis qui parlait :

– Tu ne t’en souviens donc pas ? disait-il. Ce n’est pas tout à fait ici !

Une autre voix lui répondit sans doute, puisqu’il répliqua :

– Si ! Si ! c’est bien le jour, mais ce n’est pas ici l’endroit…

Je poursuivis ma marche vers le mur. Je ne voyais ni n’entendais toujours personne.
Pourtant le petit prince répliqua de nouveau :

– … Bien sûr. Tu verras où commence ma trace dans le sable. Tu n’as
qu’à m’y attendre. J’y serai cette nuit.

J’étais à vingt mètres du mur et je ne voyais toujours rien.

Le petit prince dit encore, après un silence :

– Tu as du bon venin ? Tu es sûr de ne pas me faire souffrir longtemps ?

Je fis halte, le cœur serré, mais je ne comprenais toujours pas.

– Maintenant va-t’en, dit-il… je veux redescendre !

Alors j’abaissai moi-même les yeux vers le pied du mur, et je fis un bond !
Il était là, dressé vers le petit prince, un de ces serpents jaunes qui vous
exécutent en trente secondes. Tout en fouillant ma poche pour en tirer
mon revolver, je pris le pas de course, mais, au bruit que je fis, le serpent
se laissa doucement couler dans le sable, comme un jet d’eau qui meurt, et,
sans trop se presser, se faufila entre les pierres avec un léger bruit de métal.


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Je parvins au mur juste à temps pour y recevoir dans les bras mon petit
bonhomme de prince, pâle comme la neige.

– Quelle est cette histoire-là ! Tu parles maintenant avec les serpents !

J’avais défait son éternel cache-nez d’or. Je lui avais mouillé les tempes
et l’avais fait boire. Et maintenant je n’osais plus rien lui demander. Il me
regarda gravement et m’entoura le cou de ses bras. Je sentais battre son
cœur comme celui d’un oiseau qui meurt, quand on l’a tiré à la carabine. Il me dit :

– Je suis content que tu aies trouvé ce qui manquait à ta machine. Tu vas
pouvoir rentrer chez toi…

– Comment sais-tu !

Je venais justement lui annoncer que, contre toute espérance, j’avais réussi
mon travail !

Il ne répondit rien à ma question, mais il ajouta :

– Moi aussi, aujourd’hui, je rentre chez moi…

Puis, mélancolique :

– C’est bien plus loin… c’est bien plus difficile…

Je sentais bien qu’il se passait quelque chose d’extraordinaire. Je le serrais dans les
bras comme un petit enfant, et cependant il me semblait qu’il coulait verticalement
dans un abîme sans que je pusse rien pour le retenir…

Il avait le regard sérieux, perdu très loin :

– J’ai ton mouton. Et j’ai la caisse pour le mouton. Et j’ai la muselière…

Et il sourit avec mélancolie.

J’attendis longtemps. Je sentais qu’il se réchauffait peu à peu :

– Petit bonhomme, tu as eu peur…

Il avait eu peur, bien sûr ! Mais il rit doucement :

– J’aurai bien plus peur ce soir…

De nouveau je me sentis glacé par le sentiment de l’irréparable. Et je compris
que je ne supportais pas l’idée de ne plus jamais entendre ce rire. C’était pour
moi comme une fontaine dans le désert.

– Petit bonhomme, je veux encore t’entendre rire…

Mais il me dit :

– Cette nuit, ça fera un an. Mon étoile se trouvera juste au-dessus de l’endroit
où je suis tombé l’année dernière…

– Petit bonhomme, n’est-ce pas que c’est un mauvais rêve cette histoire de
serpent et de rendez-vous et d’étoile…

Mais il ne répondit pas à ma question. Il me dit :

– Ce qui est important, ça ne se voit pas…

– Bien sûr…

– C’est comme pour la fleur. Si tu aimes une fleur qui se trouve dans une étoile,
c’est doux, la nuit, de regarder le ciel. Toutes les étoiles sont fleuries.

– Bien sûr…

– C’est comme pour l’eau. Celle que tu m’as donnée à boire était comme une
musique, à cause de la poulie et de la corde… tu te rappelles… elle était bonne.

– Bien sûr…

– Tu regarderas, la nuit, les étoiles. C’est trop petit chez moi pour que je te
montre où se trouve la mienne. C’est mieux comme ça. Mon étoile, ça sera
pour toi une des étoiles. Alors, toutes les étoiles, tu aimeras les regarder…
Elles seront toutes tes amies. Et puis je vais te faire un cadeau…

Il rit encore.

– Ah ! petit bonhomme, petit bonhomme j’aime entendre ce rire !

– Justement ce sera mon cadeau… ce sera comme pour l’eau…

– Que veux-tu dire ?

– Les gens ont des étoiles qui ne sont pas les mêmes. Pour les uns, qui
voyagent, les étoiles sont des guides. Pour d’autres elles ne sont rien que
de petites lumières. Pour d’autres, qui sont savants, elles sont des problèmes.
Pour mon businessman elles étaient de l’or. Mais toutes ces étoiles-là se taisent.
Toi, tu auras des étoiles comme personne n’en a…

– Que veux-tu dire ?

– Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j’habiterai dans l’une d’elles,
puisque je rirai dans l’une d’elles, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes
les étoiles. Tu auras, toi, des étoiles qui savent rire !

Et il rit encore.

– Et quand tu seras consolé (on se console toujours) tu seras content de m’avoir
connu. Tu seras toujours mon ami. Tu auras envie de rire avec moi. Et tu ouvriras
parfois ta fenêtre, comme ça, pour le plaisir… Et tes amis seront bien étonnés de te
voir rire en regardant le ciel. Alors tu leur diras : « Oui, les étoiles, ça me fait
toujours rire ! » Et ils te croiront fou. Je t’aurai joué un bien vilain tour…

Et il rit encore.

– Ce sera comme si je t’avais donné, au lieu d’étoiles, des tas de petits grelots
qui savent rire…

Et il rit encore. Puis il redevint sérieux :

– Cette nuit… tu sais… ne viens pas.

– Je ne te quitterai pas.

– J’aurai l’air d’avoir mal… j’aurai un peu l’air de mourir. C’est comme ça.
Ne viens pas voir ça, ce n’est pas la peine…

– Je ne te quitterai pas.

Mais il était soucieux.

– Je te dis ça… c’est à cause aussi du serpent. Il ne faut pas qu’il te morde…
Les serpents, c’est méchant. Ça peut mordre pour le plaisir…

– Je ne te quitterai pas.

Mais quelque chose le rassura :

– C’est vrai qu’ils n’ont plus de venin pour la seconde morsure…

Cette nuit-là je ne le vis pas se mettre en route. Il s’était évadé sans bruit.
Quand je réussis à le rejoindre il marchait décidé, d’un pas rapide. Il me dit seulement :

– Ah ! tu es là…

Et il me prit par la main. Mais il se tourmenta encore :

– Tu as eu tort. Tu auras de la peine. J’aurai l’air d’être mort et ce ne sera pas vrai…

Moi je me taisais.



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– Tu comprends. C’est trop loin. Je ne peux pas
emporter ce corps-là. C’est trop lourd.

Moi je me taisais.

– Mais ce sera comme une vieille écorce abandonnée. Ce n’est pas triste les
vieilles écorces…

Moi je me taisais.

Il se découragea un peu. Mais il fit encore un effort :

– Ce sera gentil, tu sais. Moi aussi je regarderai les étoiles. Toutes les étoiles
seront des puits avec une poulie rouillée. Toutes les étoiles me verseront à boire…

Moi je me taisais.

– Ce sera tellement amusant ! Tu auras cinq cents millions de grelots,
j’aurai cinq cents millions de fontaines…

Et il se tut aussi, parce qu’il pleurait…

– C’est là. Laisse-moi faire un pas tout seul.

Et il s’assit parce qu’il avait peur.


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Il dit encore :

– Tu sais… ma fleur… j’en suis responsable ! Et elle est tellement faible !
Et elle est tellement naïve. Elle a quatre épines de rien du tout pour la
protéger contre le monde…

Moi je m’assis parce que je ne pouvais plus me tenir debout. Il dit :

– Voilà… C’est tout…

Il hésita encore un peu, puis il se releva. Il fit un pas. Moi je ne
pouvais pas bouger.

Il n’y eut rien qu’un éclair jaune près de sa cheville. Il demeura un instant
immobile. Il ne cria pas. Il tomba doucement comme tombe un arbre.
Ça ne fit même pas de bruit, à cause du sable.



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CHAPITRE XXVII

Et maintenant, bien sûr, ça fait six ans déjà… Je n’ai jamais encore raconté
cette histoire. Les camarades qui m’ont revu ont été bien contents de me revoir
vivant. J’étais triste mais je leur disais : « C’est la fatigue… »

Maintenant je me suis un peu consolé. C’est-à-dire… pas tout à fait. Mais je sais
bien qu’il est revenu à sa planète, car, au lever du jour, je n’ai pas retrouvé son
corps. Ce n’était pas un corps tellement lourd… Et j’aime la nuit écouter les étoiles.
C’est comme cinq cent millions de grelots…

Mais voilà qu’il se passe quelque chose d’extraordinaire. La muselière que j’ai
dessinée pour le petit prince, j’ai oublié d’y ajouter la courroie de cuir ! Il n’aura
jamais pu l’attacher au mouton. Alors je me demande : « Que s’est-il passé sur
sa planète ? Peut-être bien que le mouton a mangé la fleur… »

Tantôt je me dis : « Sûrement non ! Le petit prince enferme sa fleur toutes
les nuits sous son globe de verre, et il surveille bien son mouton… » Alors je
suis heureux. Et toutes les étoiles rient doucement.

Tantôt je me dis : « On est distrait une fois ou l’autre, et ça suffit ! Il a oublié,
un soir, le globe de verre, ou bien le mouton est sorti sans bruit pendant la nuit… »
Alors les grelots se changent tous en larmes !…

C’est là un bien grand mystère. Pour vous qui aimez aussi le petit prince,
comme pour moi, rien de l’univers n’est semblable si quelque part, on ne sait
où, un mouton que nous ne connaissons pas a, oui ou non, mangé une rose…

Regardez le ciel. Demandez-vous : le mouton oui ou non a-t-il mangé la fleur ?
Et vous verrez comme tout change…

Et aucune grande personne ne comprendra jamais que ça a tellement d’importance !

Ça c’est, pour moi, le plus beau et le plus triste paysage du monde. C’est le même
paysage que celui de la page précédente, mais je l’ai dessiné une fois encore pour
bien vous le montrer. C’est ici que le petit prince a apparu sur terre, puis disparu.

Regardez attentivement ce paysage afin d’être sûrs de le reconnaître, si vous
voyagez un jour en Afrique, dans le désert. Et, s’il vous arrive de passer par là,
je vous en supplie, ne vous pressez pas, attendez un peu juste sous l’étoile !
Si alors un enfant vient à vous, s’il rit, s’il a des cheveux d’or, s’il ne répond pas
quand on l’interroge, vous devinerez bien qui il est. Alors soyez gentils ! Ne me laissez
pas tellement triste : écrivez-moi vite qu’il est revenu…




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ANTOINE DE SAINT EXUPERY



Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery 442e1f11


Dernière édition par Lumen le Jeu 1 Aoû 2013 - 18:26, édité 1 fois

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Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Empty Re: Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery

Message par Invité Ven 17 Mai 2013 - 13:23



Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Le-pet11

LA SYMBOLIQUE DU PETIT PRINCE de St. EXUPERY

Recherche intellectuelle de Serge Doussal (11 avril 2000)
http://olgafg.canalblog.com/archives/2007/05/11/4912634.html

En relisant le petit prince, trop adulte, j’avais oublié mon âme d’enfant, je l’ai
abordé bien sur un peu intello certain que la maturité ouvrait bien des portes
et je suis passé à côté de beaucoup de choses.
J’ai même cru que c’était un conte pour parents ! ! ! La réponse était pourtant
dans le texte, c’était le petit personnage blond qui m’a remis sur la voie en me disant
« les grandes personnes ne comprendraient que cela ait autant d’importance »
Pourtant cet ouvrage est tout de même un voyage initiatique, à chacun de l’appréhender à sa façon.

On peut par exemple laisser parler l’imaginaire sans réflexion ni analyse, en entrant
dans la peau des personnages, vivre les situations en cheminant au gré des chapitres
Ce mode d’approche malgré tout, nous interpellera et amènera commentaires et questions

La voie choisie aujourd’hui est celle du symbolisme, bien sur à partir du moment
qu’il y a recherche dans un texte, le chemin emprunté est forcément un peu intello
mais en laissant aller son cœur tout en nourrissant l’intellect, en raisonnant sans
être trop raisonnable ou trop adulte, le parcours peu être ensoleillé.
La Bible ne dit- elle pas « le royaume des cieux, donc la lumière, sera ouvert à celui redevenu pareil
à l’enfant



QUI EST LE PETIT PRINCE ?

C’est le moi intérieur qui se révèle lors de la remise en question ;
C’est l’homme profond qui apparaît au moment de la crise, c’est l’auteur, c’est nous
même. Tout ce petit roman est un chemin initiatique qui commence par un état de
crise : la panne dans le désert, et finit par la réparation de l’avion, masquant une
réparation plus importante, celle de l’homme.



l’avion en détresse se pose dans le désert. Voilà deux mots clés :

DETRESSE et DESERT

Nous avons tous vécu des périodes difficiles, douloureuses et de doute, n’est-ce
pas dans ces moments que les remises en questions arrivent ?
Ici le désert est un lieu privilégié pour la prise de conscience. C’est un lieu
d’isolement, de mort où la plupart des acquis sont inutiles où les certitudes n’existent
plus. C’est un lieu de passage, de recherche de l’essentiel où l’on doit redécouvrir son
intériorité pour dépasser ses limites morales et physiques.
On retrouve le désert dans la plupart des textes sacrés.
La transformation dans ce lieu de lutte pour la survie demande des efforts, des
combats avec soi-même, un besoin d’avancer ne serait-ce que pour boire.


BOIRE

Mais de quelle eau parle le petit prince lorsqu’il dit «j’ai soif de cette eau là » ?
Cette eau ne provient pas d’un puits saharien alors que nous nous trouvons en plein
désert, mais d’un puits de village bien de chez nous, avec margelle, poulie, seau et
corde.
Ce puits est un lieu de vie, la corde relie l’eau contenue au profond de la terre mère
à l’homme, elle est comme un cordon ombilical.
L’arrivée de l’eau se fait montante, la base nourrissant la conscience.
Cette eau là est autre chose qu’un désaltérant car elle est née de la marche sous les étoiles,
du chant de la poulie, de l’effort des bras, elle est bonne pour le cœur.
C’est dans l’eau du puits de chacun qu’est dissimulée la vérité, à nous de la puiser nue et pure.


Le voyage du petit prince de planète en planète est un regard de ST EX sur lui
même, c’est aussi notre portrait dans un miroir.
Nous retrouvons sur chaque planète visitée une tendance de notre égo.


Commençons par sa celle du petit prince, qu’il partage avec un personnage
clé « LA ROSE », mais ceci est une autre histoire.
Chaque matin après sa toilette corporelle le petit prince nettoie sa planète car il y
Pousse des baobabs. Leurs graines sont invisibles, elles croissent timidement, on croit
voir des pousses de rosiers et si l’on n’y prend garde, elles envahissent tout et devenus
baobabs, font éclater la planète. Il faut une discipline quotidienne même si cela est
facile et ennuyeux. Cela s’appelle l’examen de conscience ou peut-être vigilance.
Je vous laisse trouver quelques noms de baobabs, il en pousse au hasard du monde et
des générations.

Le petit prince quitte sa planète, car malgré toute sa bonne volonté, tout son amour
il a douté de sa rose. « J’étais trop jeune pour savoir l’aimer » Dira-t--il ;


La première planète visitée est celle d’un ROI .
Nous y trouvons l’archétype d’un souverain couvrant l’astéroïde 325 de sa noblesse
et son manteau, l’ensemble n’écrasant que lui-même. Il ne parle que pour ordonner,
et n’a pourtant aucun sujet. IL compense son manque d’amour par un despotisme,
et une illusion.
Voilà une mauvaise tendance de notre égo :le besoin d’apparats de titres pour se sentir
au-dessus des autres, croire que l’on domine, que l’on commande……… Cela se voit tous les jours et partout, à tous les niveaux.


La deuxième est habitée par un VANITEUX qui n’existe qu’en fonction des
Flatteries, des louanges de ses congénères.
Il ne sait écouter que si les paroles prononcées le valorisent, il est en quête permanente
de séduction , le monde s’arrête à lui. Autre tendance de notre ego, valoriser la façade
et oublier de travailler son intériorité.
Ne s’aimer que dans l’éblouissement c’est se mal voir, or pour aimer et être aimé il
faut déjà s’apprécier à sa juste valeur.


La troisième est occupée par un BUVEUR qui fuit l’humanité se cachant dans le contenu de son verre
Il boit pour oublier, pour oublier qu’il boit , il a même oublié pourquoi il a commencé
à boire. Bien sur dans son délire il est le plus malheureux du monde alors il boit .
C’est un aveugle volontaire sur lui-même, sur le monde et l’amour.


La quatrième est celle du BUSISNESSMAN associal et solitaire, il compense sa
pauvreté intérieure, son manque d’amour par la possession et l’orgueil
Il se sent même supérieur au roi en disant « les rois règnent mais ne possèdent pas »
Il est un homme sérieux et cela le fait se gonfler …
Deux autres travers de notre égo ! ! ! ! ! ! LA POSSESSION ET L’ORGUEUIL



Sur la cinquième le petit prince rencontrera un ALLUMEUR de réverbères qui
paraît moins traumatisé que les précédents personnages visités. Il fait quelque chose
d’utile puisque allumer c’est joli…… Mais les conditions et l’environnement
de son travail ayant changé, celui-ci n’a plus de sens, il continue d’appliquer la
consigne et n’a confiance qu’en la consigne :le voilà dévoilé, c’est un sclérosé qui se
veut indispensable, mais qui se cachera derrière la consigne, le règlement , le devoir
même si il sert une cause négative .
Combien d’hommes sont devenus des bourreaux au nom du devoir et de l’obéissance ?


La sixième est la résidence du GEOGRAPHE, comme tous les
autres il est solitaire. Le travail de ce personnage sans explorateur est inutile,
contrairement à l’allumeur de réverbère, prisonnier du passé, le géographe enferme
son inutilité dans l’avenir . Il pratique la fuite en avant par peur du présent et de
son vide personnel. Peut être fera t’il un jour quelque chose de bien .


Nous remarquerons que ces personnages ont des points communs :
le manque d’amour à donner et à recevoir alliés à la solitude, donc une existence
sans sens profond, compensée par un mal être et des obsessions.


La première partie du voyage du petit prince est effectuée en six étapes rappelant

les six jours de la création selon la bible .


La septième planète visitée est la terre, elle est plantée de milliers de baobabs,
on y trouve des centaines de rois, des millions de buveurs , d’allumeurs de réverbères
d’hommes d’affaires importants, de géographes et des milliards d’adultes .
Par chance l’atterrissage se fait dans le désert ou le petit prince rencontrera
plusieurs personnages qui l’aideront dans sa quête.


LE PILOTE

Le pilote est l’homme enveloppe, il est en mutation, en recherche, le petit prince est
la conscience profonde l’être véritable, tous les deux ne font qu’un, mais avant la
réunification , il faut les réponses, l’ami, l’amour .
Si la réparation est la remise en ordre du moteur , le voyage du petit prince est la
remise en ordre de l’âme du cœur et des idées du pilote.
Le besoin d’un ami est intense pour les deux personnages .Le petit prince demande
au pilote de lui dessiner un mouton , mais la démarche est mal orientée, il veut
l’animal conforme à son désir et de plus le posséder .Revoilà les mauvaises tendances
de notre égo, aimer n’est pas rechercher que ce qui correspond totalement à nos aspirations, aimer n’est pas posséder.
Les hommes n’ont plus d’amis puisqu’il n’y a pas de marchands d’amis .
Comprenant son erreur le petit prince reprendra sa marche dans le désert , il y
rencontrera l’écho, miroir du son qui renvoie ses cris, les cris de son pire ennemi .

Sa route croisera deux personnages très importants le renard et le serpent .
Dans notre littérature à tendance chrétienne ces deux animaux sont néfastes,
fourbes et diaboliques, dans ce texte ils sont positifs


LE RENARD

Le renard est ici le guide, il met l’enfant sur la voie lui demandant de
l’apprivoiser , puis dit « on est responsable des gens que l’on apprivoise » .
Attention ici « responsable » ne doit pas être pris dans le sens de diriger ou superviser
et apprivoiser ne veux pas dire posséder : le renard veut dire mettre en harmonie
avec l’autre , lui donner de soi et de son temps, il ajoutera « c’est le temps que tu as
perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante »
et ajoutera pour revenir sur
l’erreur du choix d’un ami selon des critères définis « l’essentiel est invisible pour les
yeux, on ne voit bien qu’avec le cœur ».
Et « si tu m’apprivoises nous aurons besoin l’un
de l’autre ,tu seras pour moi unique au monde et je serai pour toi unique au monde »


LE SERPENT

Le serpent, l’animal le plus horizontal de la chrétienté , la conscience du monde
d’en bas , de l’extériorisation est ici bénéfique : c’est ANUBIS celui qui dans le
désert fait passer dans l’autre monde .
ll est jaune , couleur de lumière , d’abord horizontal il se redresse réorientant la
guidant la pensée , il ne fait pas mourir le pilote pour qu’il renaisse , ce n’est pas
nécessaire , il affine sa réflexion et ouvre la porte de son temple intérieur (l’enfant)

Le renard et le serpent font comprendre au petit prince que l’on va souvent chercher
loin ce que l’on a sous les yeux, que l’on prend des mots sans importances très au
sérieux par manque de savoir écouter, par manque de patience, par manque de
savoir aimer .
Le petit prince a quitté sa rose qui n’était pas conforme à ses aspirations , il à vu
100 000 autres roses , il sait maintenant que c’est la sienne , avec ses qualités et ses
défauts est la plus importante .

Le petit prince sera mordu par le serpent il retournera sur sa planète , l’avion sera
réparé et le pilote partira vers une autre vie .
Chacun n’oubliera jamais cette rencontre , chacun sera enrichi accompagné d’un
souvenir fort d’une amitié d’une fraternité, qui sont en soi des actes d’amour.
Chacun saura que l’homme est humain et n’existe vraiment que par rapport à
ce qu’il fait pour les autres . (instinct grégaire)
Si le besoin d’isolement pour se retrouver est parfois nécessaire , la solitude et
surtout la solitude intérieure sont les pires scléroses.

Je conclurai ce travail par deux citations de ST EXUPERY :


« Ce qui embellit le désert c’est que quelque part un puits y est caché ».

« Dans le désert au crépuscule, on s ‘assoit sur une dune, on ne voit rien, n on entend
rien et cependant quelque chose rayonne en vous ».



Dernière édition par etoilebleue le Ven 17 Mai 2013 - 17:40, édité 1 fois

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Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Empty Re: Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery

Message par C54637 Ven 17 Mai 2013 - 13:38

Quelle belle conclusion vous nous avez réservée, Etoilebleue!
Je ne l'ai pas finie de lire mais je sens que ça va me plaire énormément!
Merci infiniment!

Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Images?q=tbn:ANd9GcR6uvUdT6SNI7HlkofE3mGghstihlhtwJr_3on9r2oD8uKJNWbm

Plus j'avance dans ma lecture, plus ça me rappelle Tarkovsky. En fait, j'avais besoin de cette confirmation.

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Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Empty Re: Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery

Message par Invité Ven 17 Mai 2013 - 17:43

Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Fc08_d10


Le Petit Prince

(Antoine de Saint Exupéry)

Etude et Commentaire

Rouba BORGI

http://www.academia.edu/2103519/

De tout temps, les grandes questions, les “choses sérieuses”, occupent
les gens; et on croit qu’en ayant recours à des raisonnements logiques,
à la pensée rationelle, on trouve toutes les réponses voulues et on découvre
la voie royale qui mène à La Vérité. Mais si cette Vérité n’est pas illusoire,
et si elle existe vraiment et fait partie de notre vie quotidienne,comment
se fait-il qu’elle soit si difficile à trouver?

Dans ce chef d’oeuvre qu’est Le Petit Prince,“intellectualiser” les différents aspects
de la vie ne s’avère pas être le bon chemin à suivre. Antoine de Saint Exupéry réussit
à nous révéler le secret de la vie:
“On ne voit bien qu’avec le coeur. L’essentiel est invisible pour les yeux”


La fin du siècle dernier (XIXe) fut marquée par une renaissance catholique dans
les lettres françaises, avec le succès d’écrivains comme Huysmans, Léon Bloy ou
Paul Bourget. Cette résurgence des valeurs chrétiennes s’approfondit et se
développe au delà des années 1900”.

Un peu plus tard, durant les années de la guerre de 1914, des écrivains
comme François Mauriac et Georges Bernanos eurent une influence incontestable
sur la littérature en y fortifiant ce retour du christiannisme. Ce courant religieux
fut accompagné par un autre patriotique hérité,de même, du XIXe siècle et “fondé
sur l’idée d’une France révolutionnaire” (Gerbod, p. 138) et ce avec des écrivains
comme Maurice Barrès et Charles Péguy; cet élan patriotique a perdu son accuité
dans la deuxième moitié de ce siècle et fut remplacé par un engagement dans la
défense des droits de l’Homme. Les générations d’après guerre se sont libérés des
formules antérieures; ainsi se confirme le refus de ce qui est traditionnel. Ce sont
Malraux, Saint Exupéry, et Céline qui sont considérés comme premiers “infidèles”
; avec Malraux commencent quelques-uns des thèmes fondamentaux quel’existentialisme
va illustrer, surtout celui de l’absurde. Plus tard, avec Sartre et Camus l’existentialisme
va s’épanouir. Cette doctrine, qui triomphe en 1945, se base, surtout chez Sartre, sur
l’idée de l’absurdité du monde et de l’insignifiance humaine, et que “tombent les religions,
les morales, et tout ce qui prétendait offrir à l’univers un sens et à l’homme une règle
d’action”(Jasinki, p. 474). Alors que chez Camus, bien qu’il analyse l’absurdité qui
caractérise la relation de l’homme à l’univers,mais il travaille à édifier un nouvel humanisme.
Cette ambiance,a-t-elle marqué Le Petit Prince?

En effet, cette oeuvre, traduite en 103 langues et en train d’être traduite vers 8 autres,
“est considérée, après la Bible,comme étant le livre le plus vendu dans le monde”.
C’est ce que publia le magazine français, L’EXPRESS, le 5 janvier 1990, p.55. D’après
un article du journal français d’Amérique(décembre 1990, p. 12), “ce petit conte a été
un des livres de la production littéraire française jugés les plus importants pour aborder
le 21e siècle”
. Aussi dit-on que Le Petit Prince est une fable qui nous initie à comment
faire le bien et éviter le mal.Certains disent que c’est un livre du genre “Fiction Stories”
qui nous racontent des voyages fantastiques. Les critiques sont d’accord pour dire que
c’est “un livre pour enfants mais peut être analysé à de nombreux différents niveaux”.

En fait, il serait très difficile de caser cette oeuvre dans l’un ou l’autre des “casiers”
classiques de la littérature. Anne Dodd décrit ce livre comme étant “un livre qui ne
s’inscrira jamais dans une quelconque catégorie”, elle ajoute que c’est un“mélange
de fantaisie, de satire, de philosophie, de poésie, de science, d’imagination et de
naïveté enfantine”. A vrai dire, ce livre est tout ce qui a été dit; la dédicace assure
que c’est une oeuvre pour enfants, mais ça a aussi une portée philosophique dont les
valeurs sont pertinentes aux jeunes aussi bien qu’aux“grandes personnes”, et ont été
valables dans le temps de l’auteur, le sont aujourd’hui et seront transmises aux
générations futures. “L’idée que l’homme est seul dans le monde incite Martin
Heidegger à considérer Le Petit Prince comme un des grands livres existentialistes
de ce siècle”
; dans ce cas, ce ne sera sûrement pas l’existentialsime athée de Sartre.
Ce petit bouquin, à complexité simple, traite des problèmes existentiels auquels nous faisons
face dans notre vie de tous les jours; il révèle au lecteur la vie conformiste et matérialiste
des adultes en posant des questions sur le sens de la vie, et en montrant que sil’homme
n’apprend pas à voir au delà de la superficialité des choses, il risquera de vivre une solitude
même dans un monde surpeuplé.

L’histoire du "Petit Prince étant si simple, qu’est-ce qui alors fait d’elle une oeuvre
si spéciale, si profonde et si répandue ?


1. Au niveau de la forme:

Style simple et profondeur du message:

En étudiant cette oeuvre, on ne peut se passer de la forme.Il s’agit d’un petit conte à
écriture pure, aux dialogues très simples et à vocabulaire facile; tout ça est ajouté à la
narration à la première personne et les dessins simples pour donner à cette oeuvre
l’apparence d’un conte pour enfant. Dans la dédicace,Saint Exupéry s’est excusé
auprès des enfants d’avoir dédié ce livre à une grande personne, son ami Leon Werth;
il a même changé ses mots pour le dédier à l’enfant qu’était cet ami. Mais, peut-être
faudrait-il préciser le sens de ce mot: est-ce l’âge qui définit l’enfance ou l’âge adulte?
Cependant, la simplicité dans laquelle baigne cette oeuvre n’a pas empêché la profondeur
et la simple complexité du message voulu. Ce bouquin est une histoire pour enfants mais
pas exclusivement pour eux. Il est à noter que, durant son enfance, Saint Exupéry avait
pour les livres le même respect qu’il ressentait pour le prêtre ou l’instituteur, et ce parce
qu’à la campagne les livres étaient rares et il lui paraissait que la littérature qu’il conaissait
à travers ces livres lui apprendra les secrets de l’univers. Donc s’est établie en lui une
crainte du métier d’écrivain; et surtout pour ses derniers ouvrages il ne voulait point
qu’ils paraissaient comme écrits par un grand “faux écrivain” dont le style est très
sophistiqué et complexe, et, comme souligna Roger Caillois dans sa préface aux
oeuvres de Saint Exupéry dans la Pléiade “ilne voulait rien écrire que sa vie ne garantisse
ou qu’il n’ait eu l’occasion de vérifier”. Aussi ajouta Caillois que l’on est là dans le
cas rare d’un écrivain véritable qui a vécu ses livres avant de les écrire.
Cependant la “transposition de la réalité” est presque nulle dans Le Petit
Prince, mais on y trouve plutôt une expérience morale toute ancrée dans le réel.


L’“illusion du chapeau”:

En abordant l’oeuvre de Saint Exupéry, on risque de tomber dans le piège du
“chapeau” et de ne voir que la surface,et de ne pas saisir ce que voulait dire
cet écrivain pour qui, peut-être, ceci est resté inexprimé. L’auteur dit:
“Ce n’est point par la voie du langage que je transmettrai ce qui est en moi.
Ce qui est en moi il n’est point de mot pour le dire”
. N’est-ce pas que
“Le plus important est invisible aux yeux”, il faut donc que le lecteur sache
voir ce que lui montrent les mots, mais aussi détecter l’invisible pour ne pas rater
cette expérience morale. “Le travail d’un écrivain, comme le travail de tout artiste,
est un cheminement plus ou moins pénible, plus ou moins rapide, du silence à l’expression”.

Peut-être est-il que le travail du lecteur serait le cheminement inverse: partir
de l’expression pour regagner le silence.

Répétition de certaines phrases:

Dans ce petit conte on note que Saint Exupéry a recours à la répétition de
certaines phrases pour mettre l’accent sur une idée qu’il veut bien souligner.
Lorsque, par exemple au début de son récit, il voulait que le lecteur soit bien
plongé dans le désert où se déroulait l’histoire, l’auteur a répété à plusieurs
reprises“... à mille milles de toute terre habitée", “... à
mille milles de toute région habitée” ,“... à mille milles de
tous les endroits habités”. De même, pour montrer la
persévérance du petit prince quine se retire d’une situation avant de recevoir
toutes les réponses aux questions qu’il posait, le narrateur répéta plusieurs fois “...
le petit prince qui jamais de sa vie n’avait renoncé à une question, une fois qu’il
l’avait posée".
 
Chapitres succints:

De plus, l’auteur a choisi délibérément des chapitres succints et une présentation
dialoguée afin de rendre la lecture plus aisée et de faire parvenir son message sans
artifice. C’est pourquoi il n’est pas étrange que le discours du petit prince aille droit
au coeur du lecteur.


2. Au niveau du fond:

Aspect relationnel:

Personnages secondaires :

Pour faire passer son message, l’auteur fait accompagner le petit prince de
personnages-appui dans des rôles bien déterminés.

L’astronome turc découvre la maison du petit prince,l’astéroide B-612.
Quand ce dernier présente sa découverte dans un congrès international,
personne ne le croit à cause de son costume; mais après, lorsqu’il a porté
“un habit très élégant” -imposé sous peine de mort - tout le monde fut de
son avis. Les hommes n’ont pas appris à regarder à l’intérieur des choses;
ce qui leur importe ce sont les apparences: mieux on est vêtu plus on a de
la chance d’être accepté; on existe par force d’habits; pire est-il que ces habits
sont imposés sous peine de mort. De plus, ce qui attire l’attention dans ce chapitre
c’est que le dessin qui accompagne cette scène montre le turc bien vêtu comme
ayant la tête d’un mouton sans visage, alors qu’il avait un visage normal lorsqu’il
portait son autre costume. Saint Exupéry voulait-il dire que parfois, en changeant
sa façon d’être,l’homme perd son identité ?

Après l’astronome le petit prince entre en relation avec un roi qui régnait sur
une planète vide, un vaniteux qui se croit admiré par tout
le monde bien que par sa planète ne passe jamais personne,
un buveur esseulé qui boit pour oublier qu’il boit, un homme
d’affaires (businessman) occupé à faire des comptes, un allumeur de réverbères --
unique personnage dont le petit prince pense faire un ami car son travail a un sens
et ils’occupe d’autre chose que de soi-même, et un
géographe qui se croît trop important pour aller explorer le monde  
et qui ne note pas les fleurs dans son registre car les fleurs sont éphémères


Chacun de ces personnages représente un des caractères de l’Homme; caractères
que l’homme doit dépasser pour pouvoir entrer en communication et tisser des liens
avec autrui. Tous ces personnages vivent seuls, certains en sentent la lourdeur,
d’autres n’en sont même pas conscients, mais personne n’est satisfait de soi la
preuve est que tous cherchent à s’enfoncer plus dans ce qu’ils font; ils s’y enfoncent
à la recherche de quelque chose perdu mais qu’ils ne trouveront jamais. Pour le petit
prince, l’activité de ces gens semble extravagante; il s’en étonne. Parmi eux, il se sent
étranger; il ne se reconnaît même plus face à ces “créatures” auxquelles il ne ressemble
point, pourtant, lui, il reste toujours doux et calme.

Ce n’est pas tout, en parlant de sa planète le petit prince évoque une rose - sa rose -
et des arbres de baobabs. Ces arbres représentent la force aveugle qui démolit tout
ce qui lui fait face,mais auxquels s’oppose la rose fragile et innocente.

Une fois sur la Terre, le petit prince rencontre un désert fleuri de roses,
l’écho, un serpent à paroles mystérieuses, des montagnes,
un marchand de pillules symbolisant les gens chargés de préoccupations du
monde moderne, un aiguilleur, et surtout le renard.

Personnages de base: la rose, le sepent, le renard, et le petit prince

A part le petit prince, quoique chacun de ces personnages a sa spécificité,
les plus importants sont la rose, le serpent et le renard qui rendent tout à fait
le symbolisme omniprésent dans cette oeuvre.

La rose symbolise la femme. Tout d’abord, d’une certaine façon, la relation du
petit prince avec la rose ressemble à celle qui liait l’auteur à sa mère. Ce dernier
était très attaché à sa mère et il notait surtout sa tendresse. La sanction qui le
peinait le plus était sa décision de ne pas lui dire bonsoir. De même notre petit
prince est très attaché à sa rose, il apprécie surtout sa tendresse,
et la première fois qu’il “éclata en sanglot” était à l’idée
qu’il risquerait, peut-être, de perdre sa fleur; la deuxième fois étant juste avant de la
quitter (Saint Exupéry, p.38). De plus, dès que la rose a demandé à boire et puis à
être cachée du vent, il s’est hâté, tout confus, de lui apporter l’arrosoir et de chercher
le paravent comme s’il craignait qu’elle ne boude. D’autre part cette rose est un
mélange de fragilité, d’orgueil, même de coquetterie, et un peu de ruse; ceci est clair
dans la conversation qu’ils ont eu: son réveil, ses demandes, son mensonge .
Enfin, c’est à cause de la rose, un peu à cause de son mensonge,que le petit
prince a décidé, malgré lui, de quitter sa planète;c’est pareil à Adam qui, à cause d’Eve,
et surtout de son mensonge, a été obligé de quitter le paradis: première ressemblance
avec un symbole biblique.

Quand au serpent, ce fût le premier personnage qu’a rencontré le petit prince
sur la terre; ce fût le dernier aussi. D’habitude, cette créature symbolise le diable,
et les gens la considèrent comme très effrayante. Pour le petit prince, ce n’est pas
très évident; au contraire, la discussion qu’ils ont eu durant la première rencontre
était aisée, voire amicale; alors que le narrateur, homme ordinaire, ne voyait en cette
créature quel’animal venimeux qui exécuterait n’importe qui en trente secondes
(Saint Exupéry, p. 100). Le serpent s’est approché du petit prince, il s’est même enroulé
autour de sa cheville et s’est retiré sans le toucher grâce à sa candeur et sa pureté.
L’auteur voulait-il dire que même le mal qui nous affronte peut-être attendri une fois
confronté par la douceur et la bonté? Même à la deuxième rencontre, quoique le
serpent ait touché le petit prince,il n’apparait pas comme une créature “criminelle”,
au contraire,son rôle est d’aider le petit prince à atteindre un but bien désiré,rôle que
joue d’habitude un ami loyal qui respecte jusqu’au bout la volonté de l’autre, n’importe
que soient les conséquences. Notons ici le vocabulaire bien choisi; aucun mot ne porte
atteinte à la bonne image du serpent: l’auteur n’emploie jamais des mots tel “mordre”
ou “tuer” ou “exécuter” sauf lorsque le narrateur décrit le serpent. De plus, dans
l’inconscient collectif,le serpent symbolise Eve; l’auteur voulait-il se réconcilier avec
la Femme qui, représentée par la rose, a chassé le petit prince de son paradis, alors,
il a fait de sorte que c’est une femme - Ève, le serpent - qui l’aidera à y retourner?
En tout cas, le serpent est un second élément biblique. En fait, dans la Bible il y a deux
serpents: celui qui tente Ève et un autre d’airain qui sauve celu iqui le regarde
(Nombre 21: 9 ). Le serpent, “anneau couleur de lune”, donc pareil à celui de métal,
a sauvé le petit prince.

Enfin, il est à noter que ce serpent a pu remarquer facilement et rapidement
la pudeur et la pureté du petit prince;c’est une créature intelligente qui parle
par énigmes et qui connaît certains des importants secrets des Hommes:
“On est seul aussi chez les hommes”

Cette solitude ne peut être affrontée que par l’amour. Le renard est là
pour apprendre cette vérité au petit prince qui, à son tour, l’enseigne au
pilote égaré. C’est le temps qu’on“gâche” pour quelque chose ou quelqu’un
qui le rend important.Selon le renard, l’amour nous aide à dépasser les problèmes
existentiels qui nous préoccupent: “On ne connaît que les choses qu’on apprivoise...
Les hommes n’ont plus le temps de rien connaître”;
comme si l’auteur veut dire que l’homme, préoccupé par tant d’activités inutiles,
a perdu la notion de priorité, et a fini par tout perdre parce qu’il ne connaît plus
rien . D’autre part, d’habitude, le renard représente la ruse,mais dans cette scène
c’est une créature docile qui, d’un ton suppliant, demande être apprivoisé: “S’il
te plaît ... apprivoise moi”. De plus, ce personnage est expert
en les relations humaines: il sait très bien comment procéder  pour gagner des
amis, à quel moment s’approcher ou quand se retirer, ce qu’il faut dire et quand
garder le silence car “le langage est source de malentendu”. Sa sagesse
est remarquable; il connaît les secrets les plus importants de la vie, entre autres:
“On ne voit bien qu’avec le coeur. L’essentiel est invisible pour les yeux”. Mais,
cette sagesse n’a pas empêché l’auteur de mentionner un détail important pour
rendre ce personnage le plus proche de la réalité: chasser les poules. Enfin, le
renard peut-être considéré comme étant la voix de l’inconscient qui essaye d’éveiller
chez l’homme ce qu’il y a de bien en lui. Si le petit prince n’avait pas croisé
le renard, l’oeuvre aurait raté son but; la scène du renard étant la plus importante.

Enfin, le petit prince. Personnage très original de part son caractère, sa simplicité et
sa naïveté accompagnée d’une intelligence limpide sans ruse, ce héros jouit d’une
simplicité et d’une paix interne qui se reflètent positivement sur tous les détails de
sa vie: ses relations avec les gens, sa paisible façon d’être avec les animaux même
les plus sauvages (il n’a pas eu peur du serpent, il a apprivoisé le renard), sa
clairvoyance quil ui permet de voir plus loin qu’avec les yeux (il a reconnu le dessin
du boa avalant un éléphant), la responsabilité et le respect qu’il porte envers la nature
et surtout sa planète (juste après sa toilette matinale, il fait la toilette de sa planète).
De plus, malgré son âge jeune, ce héros possède une intelligence et une sagesse très
précoces: lorsqu’il expliquait au narrateur qu’il nettoyait sa planète des petites plantes
parasites avant qu’elles ne grandissent, il a parlé des baobabs, alors le narrateur, sous
estimant les facultés mentales du petit prince, fit la remarque que les baobabs sont des
arbres très grands; le petit prince répondit: “les baobabs avant de grandir, ça commence
par être petit”
(Saint Exupéry, p. 20). De même il connaît que le vrai amour requiert
de la mâturité; en parlant de sa rose il dit: “Mais j’étais trop jeune pour savoir l’aimer”
(Saint Exupéry, p. 37). La sagesse du petit prince fait de lui une personne qui donne
un sens nouveau aux valeurs humaines: posséder quelque chose n’est pas nécessairement
s’en accaparer, mais lui être utile; ainsi, dit-il au businessman “C’est utile à mes
volcans, et c’est utile à ma fleur, que je les possède. Mais tu n’es pas utile aux
étoiles”
donc il ne les possède pas même s’il passe sa vie à les compter pour les
placer en banque. Aussi a-t-il pensé faire de l’allumeur de réverbère son ami car il est
le seul dont le travail a un sens et qui s’intéresse à autre chose que soi même; donc
pour lui, pour pouvoir établir une amitié avec quelqu’un, il lui faut des gens qui sachent
s’intéresser aux autres et faire un travail utile, comme s’il ne reconnaît les gens que par
le service qu’ils offrent aux autres. D’autre part, le petit prince est une personne
très sentimentale; son attachement à la rose et sa façon de la soigner comme s’il
s’occupe d’un enfant en sont le meilleur exemple. De même, sa relation avec l’aviateur
prouve ceci; à la fin, lorsqu’il a voulu quitter la terre pour rejoindre sa planète, il l’a sué
de ne pas venir pour éviter l’adieu avant la séparation.Mais pourtant, malgré sa
susceptibilité, le petit prince ne se laisse pas prendre par les sentiments. Ainsi,
avec toute la bonne volonté de son amour, il a vite douté de sa rose. De même, une fois
sa décision prise, rien ne le retient: il a quitté sa planète laissant sa rose bien aimée
derrière lui, et il a quitté la terre laissant le narrateur, le renard et tous les
beaux souvenirs.

Enfin, on ne peut point négliger l’identification entre le personnage du petit prince
et l’auteur lui même. A part la ressemblance entre la relation qui le liait à la rose et
celle qui liait l’auteur à sa mère, plusieurs autres points sont en commun.Tout d’abord,
l’enfance de Saint Exupéry était aisée, il vivait dans des châteaux; pour son oeuvre
il a choisi pour héros un enfant-prince. Même du point de vue physionomie les deux
se ressemblent: l’auteur était très blond, on l’appelait le roi soleil à cause de la couleur
de ses cheveux; le héros est blond, il a des cheveux couleur de blé, donc dorés, et
l’auteur l’a nommé “petit prince”. Le narrateur se plaint d’avoir vécu seul, “sans
personne avec qui parler véritablement” (Saint Exupéry, p. 5), et le petit prince
vivait presque seul sur sa planète, il est parti chercher des amis surtout qu’il “n’avait
eu longtemps pour distraction que la douceur des couchers de soleil”. Enfin,l’auteur et
le petit prince se ressemblent par leur caractère persévérant. Saint Exupéry a été
reconnu par sa persévérance,les détails de sa vie le montrent bien; le petit prince est
aussi une personne très persévérante, il ne renonçait jamais à une question une fois
qu’il l’avait posée; caractère que l’auteur voulait clairement souligner chez le petit prince,
et ceci est rendu clair grâce au nombre de fois qu’il a répété cette phrase.


Thèmes évoqués:

Dans cette oeuvre, on trouve des conseils pour initier et guider les générations
futures, et des idées qui reflètent ce qu’est vraiment le réel. Saint Exupéry a évoqué
plusieurs thèmes à travers les personnages, soit ceux qu’on a traités soit les autres.

La sagesse

En effet, il est clair que l’auteur voulait signaler la sagesse;tout en étant le
personnage symbolisant cette sagesse par excellence, le petit prince n’est
pas le seul qui en jouit; le serpent et le renard ont montré leurs sagesses à
travers certaines parties de leurs discours: “on est seul aussi chez les hommes”
a répliqué le serpent lorsque le petit prince se plaignait de la solitude dans le
désert (Saint Exupéry, p. 72). De même, tout le discours avec le renard dénote
un niveau élevé de sagesse chez ce dernier: lorsqu’il a parlé du sens d’apprivoiser, l
orsqu’il a expliqué pourquoi les hommes n’ont plus d’amis, et enfin lorsqu’il a révélé
son secret au petit prince: “On ne voit bien qu’avec le coeur. L’essentiel est invisible
pour les yeux” (SaintExupéry, pp. 84-87). D’autre part, le roi n’en manque pas; il sait
très bien qu’il faut donner des ordres raisonnables, autrement il ne serait pas obéi
“il faut exiger de chacun ce que chacun peut donner... l’autorité repose d’abord sur
la raison” (Saint Exupéry, p. 45). Et pour montrer que cette sagesse est fruit
d’expériences,l’auteur l’a souligné chez le roi qui, d’habitude, est habitué à juger
les autres et n’est pas censé se juger soi-même, mais étant donné que celui là
vit seul, à l’exception de tous les autres, il connaît très bien la différence:
“Il est bien difficile de se juger soi-même que de juger autrui. Si tu réussis à bien
te juger, c’est que tu es un véritable sage”. Quand à la sagesse du petit prince,
elle diffère de celle des autres personnages par sa nature: c’est une sagesse
précoce, munie de candeur et de simplicité, alors qu’avec les autres c’est un
mélange d’expériences de la vie ajoutées à l’âge mûr. Par sa sagesse, le petit
prince ressemble au Christ lorsque tout petit, il enseignait dans le Temple où il
surprenait les gens par sa précocité; c’est encore là un autre élément de
ressemblance avec les récits bibliques.

L’amour

A part la sagesse, l’amour est l’un des plus importants thèmes dans cette oeuvre.
Pour Saint Exupéry, l’amour n’est pas un problème de choix, c’est une question de
conséquence: on vit donc on aime; l’amour est une façon de survivre. Le choix est
entre vivre et donc aimer, ou périr, car c’est l’amour qui donne à la vie sa raison
d’être. Ainsi, l’amour du petit prince pour sa rose est tellement important pour lui;
c’est ce qui donne à sa vie un sens et une direction. Un tel amour devient une
seconde nature chez la personne concernée et ça se reflète sur elle même inconsciemment.
Pour le narrateur cet amour si profond et pur était une découverte, il en était bien surpris:
“Ce qui m’émeut si fort de ce petit prince endormi, c’est sa fidélité pour une fleur,
c’est l’image d’une rose qui rayonne en lui comme la flamme d ’une lampe, même quand
il dort...”. De plus, un tel amour exige une responsabilité. On ne peut prétendre aimer
quelqu’un ou quelque chose si on n’assume pas envers lui toute la responsabilité
requise. C’est pour cela que le petit prince s’est senti responsable de sa rose du premier
moment de leur conversation et il a commencé dès là par s’en occuper. Une des plus
importantes leçons qu’a enseignées le renard pivotait autour de ce point: “C’est le temps
que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante”; de même, le petit prince
a senti la différence de l’attachement qui le liait à sa rose et celles qu’il a rencontrées
dans le jardin: “Vous êtes belles, mais vous êtes vides... On ne peut pas mourir
pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu’elle vous
ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c’est elle
que j’ai arrosée” (Saint Exupéry, p. 87). Ceci étant dit, on comprend maintenant pourquoi
tous les gens qu’a rencontrés le petit prince durant ses visites des différentes planètes
étaient tristes. Toutes ces personnes vivent seules; elles souffrent de la solitude car
elles n’ont personne à qui s’intéresser et alors aimer. Leur intérêt est fixé sur des
préoccupations matérielles, et pour s’en sortir ils s’y enfoncent de plus en plus, construisant
ainsi leurs propres prisons, et rendant leur vie tel un cercle vicieux dont ils ne pourront sortir
que s’ils découvrent le vrai sens de la vie,c’est-à-dire l’amour.


L’enfance

Pour nous révéler tous ces secrets l’auteur a surtout eu recours à l’enfance. Le petit prince
ne cesse de poser des questions sur le sens de la vie. La plupart des réponses qu’on lui
donne sont rationnels, et montrent la stupidité des hommes et combien ils sont bornés
et ne voient qu’avec les yeux. Il est clair que Saint Exupéry hait le monde des grands,
ou au moins s’en méfie. Dès son enfance, sa relation avec eux n’était pas tellement
réussie; ils l’ont conseillé de laisser de côté ses dessins et de s’intéresser aux choses
plus sérieuses telles la géographie,l’histoire, le calcul et la grammaire ; c’est à cause d’eux
qu’il a abandonné la carrière de peintre, carrière qu’il a dû sûrement regrettée plus tard.
Depuis le premier chapitre, on remarque déjà que l’auteur a une idée du monde des grands;
hélas le fait d’avoir vécu de près chez eux n’a pas amélioré son opinion. Ainsi, il a eu recours
à l’enfant qu’est le petit prince pour dire tout ce dont il a envie; il se projette dans le
personnage de son héros dans un essai de parvenir à ce qu’il a probablement cherché
durant toute sa vie d’adulte. Pour le narrateur, contrairement à ce que pensent d’habitude
les gens,“Les grandes personnes ne comprennent jamais rien toutes seules, et c’est fatigant,
pour les enfants, de toujours et toujours leur donner des explications” (Saint Exupéry, p. 4).
Ainsi,l’auteur a déclaré dès le début une hypothèse au sujet des grandes personnes, tout le
cheminement de cette oeuvre prouve son point de vue jusqu’à parvenir à conclure que pour
atteindre le salut il faut redevenir enfant. En effet, à part le deuxième et le troisième
chapitres, tous les autres sont des allusions directes et indirectes au fait que les grands
sont bornés et se limitent à tout ce qui est matériel. “Les grandes personnes aiment
les chiffres. Quand vous leur parlez d’un nouvel ami, elles ne vous questionnent jamais
sur l’essentiel. Elles ne vous disent jamais: Quel est le son de sa voix? Quels sont les
jeux qu’il préfère? Est-ce qu’il collectionne les papillons? Elles vous demandent:
Quel âge a-t-il? Combien a-t-il de frères? Combien pèse-t-il? Combien gagne son père?
Alors seulement elles croient le connaître”. Les grandes personnes ne reconaissent les gens
que par ce qui est traduit en chiffres, et cette réalité a beaucoup peiné le petit prince;
même au début de sa rencontre avec le narrateur, à un moment donné il s’est étonné de sa
façon de répondre: “Tu parles comme les grandes personnes”; et alors le narrateur a
eu honte par ce qu’il a découvert que lui aussi ressemble à tous les autres; mais depuis,
la relation entre le petit prince et l’aviateur change et ce dernier commence à avoir
une autre conception du monde et apprendre les secrets de la vie. Grâce à sa relation
avec le petit prince, il a découvert que c’est en régressant au niveau de l’enfant que l’on
peut progresser sur le chemin du salut et échapper à l’agonie d’un monde privé de valeurs.
Ainsi, lorsqu’égaré en plein désert,l’aviateur commence à perdre l’espoir de réparer son
avion tout en arrivant à cours d’eau, le petit prince l’a miraculeusement guidé vers un puits
de village alors qu’ils étaient en plein désert.L’auteur ne voulait-il pas dire que la vie est
très compliquée et remplie d’obstacles et pour pouvoir les dépasser il faut regagner une paix
interne et une candeur, et par suite redevenir enfants?Au sujet des enfants, le Christ a dit:
“Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le Royaume de Dieu est à ceux
qui sommes comme eux. En vérité, je vous le déclare, qui n’accueille pas le Royaume de Dieu
comme un enfant n’y entrera pas” (Luc 18: 16-17)

Symboles et récits bibliques:

A part tous les symboles bibliques déjà mentionnés, reste à étudier certains autres.
En effet, la scène du puits ressemble d’une certaine façon à l’entretien qu’a eu le Christ
avec la Samaritaine. Le petit prince a guidé l’aviateur perdu vers ce puits et lui a parlé
de l’eau qui “peut aussi être bonne pour le coeur”; de même, le  Christ a
parlé à la Samaritaine, femme pécheresse donc perdue, de “l’eau vive”
(Jean 4: 10) de laquelle “celui qui boit n’aura plus jamais soif;au contraire ...
deviendra en lui une source jaillissant en vie éternelle”
(Jean 4: 14-15). A part
le puits, un autre élément de ressemblance biblique: le moment du départ du petit prince
de la Terre est prémédité, tel a été le départ du Christ. Il est à noter que tous les deux,
quoiqu’ils ne craignaient pas la mort et savaient qu’ils allaient la convaincre, mais au moment
précis, ils ont eu une petite hésitation: le petit prince “s’assit par ce qu’il avait peur...
Il hésita encore un peu, puis il se releva"; de même le Christ a demandé au père:
écarte de moi cette coupe! Pourtant, non pas ce que je veux,mais ce que tu veux!”

(Marc 14: 36). En plus, le petit prince parle de quitter son corps car il ne peut pas
l’emporter puisqu’il est trop lourd, ceci ressemble aux enseignements du Christ qui
nous demandent de nous débarrasser de tout ce qui est charnel pour avoir le salut.
De plus, au lever du jour le narrateur ne trouve plus le corps du petit prince, il sait
alors qu’il est retourné sur sa planète; et les disciples qui sont allés visiter le tombeau
où était le corps de Jésus ne l’ont pas trouvé (Jean 20: 1-10). Enfin, toute la mission du
petit prince sur la Terre ressemble à celle du Christ: les deux sont venus transmettre un
message qui consiste surtout à réapprendre aux hommes comment retrouver la paix et le
vrai bonheur et ce par l’amour et le service qu’ils doivent partager entre eux même. Cependant,
de là à dire que Saint Exupéry a écrit ce livre uniquement dans cette optique est fort improbable.
Mieux vaut voir dans toutes ces analogies la culture chrétienne de l’auteur et le message qu’il a
voulu transmettre à travers cette oeuvre.

Pertinence de l’oeuvre:

De plus, loin d’être un livre de sociologie, on ne peut pas négliger dans cette ouvre
la pertinence qu’elle a vis-à-vis de la situation dans notre monde d’aujourd’hui, et
vis-à-vis de l’humanité et de notre planète délaissée. Saint Exupéry critique,à travers
le petit prince, tant de problèmes auxquels nous faisons face. Ainsi, la rencontre du
petit prince avec le buveur n’était que pour soulever le problème de l’alcoolisme et
souligner que la logique “qui se mord la queue” n’en est pas la bonne solution.De même,
l’obsession de l’homme pour la richesse et la puissance se traduit par les rencontres
avec le businessman et le roi; la fascination de l’homme pour la science et la
technologie rampante qui risque de dévorer tous les liens humains est illustrée par
l’histoire de l’aiguilleur, où les passagers s’en vont en tas dans des directions différentes
ne sachant jamais vraiment ce qu’ils cherchent et où ils vont. Enfin, l’allumeur de réverbères
symbolise l’homme stressé dans notre société; sa planète tourne de plus en plus vite et lui,
il essaye de suivre son rythme et finit par ne faire que tourner. De même, notre société
consommatrice risque de nous faire noyer dans un rythme infernal duquel il sera difficile
de sortir. Telle est l’image qu’a peinte Saint Exupéry de la Terre; hélas c’est une toile bien
réussie. Pour cela l’homme doit réapprendre à “faire la toilette de sa planète”, à retisser
ses liens avec la nature pour créer une relation pareille à celle qu’a le petit prince avec
sa rose,autrement, après quelques années, on ne trouvera même pas un auteur qui pourrait
donner suite au chef d’oeuvre qu’est Le Petit Prince.

L’absence de figures féminines:

Enfin, en étudiant cette oeuvre, on ne peut que remarquer l’absence de figures féminines.
A part la rose et le serpent qui est considéré comme symbole d’Eve aucun personnage
ne représente la femme. Ceci veut-il dire que l’auteur ne différencie pas entre homme
et femme et parle plutôt du genre humain? Ne voit-il pas la spécificité de l’un et de l’autre ?
ou bien, apprécie-t-il tellement la femme, à tel point que, puisque son oeuvre consiste à
critiquer les différents aspects négatifs chez l’être humain, il veut la garder à part pour ne
pas risquer de l’attaquer? Ceci est très probable car chez la rose et le serpent il n’a voulu
montrer que le bon côté tout en gardant un œil critique surtout envers la rose. Ainsi en
signalant le mauvais côté de son caractère, il a toujours trouvé des raisons pour atténuer
sa responsabilité. Alors que pour le serpent, c’était l’ami dévoué et le personnage qui l’a
aidé à regagner sa planète. En tout cas,cette question reste ouverte, à chacun de faire
sa propre interprétation.

Conclusion

En fait, ce livre est une oeuvre qui dépasse le temps vu son actualité 70 ans après.
C’est une oeuvre romantique grâce aux images pures qu’a peintes l’auteur, c’est aussi
une oeuvre réaliste car tellement ancrée dans le réel, de même, c’est une oeuvre
symbolique vu les symboles auxquels a eu recours l’auteur pour faire parvenir son
message. Le petit prince vit-il dans l’imagination de chacun de nous? Ce livre à
peine refermé,l’héros nous manque déjà. Mais le rêve que Saint Exupéry a voulu
nous faire partager reste lancé: Lorsque les hommes auront compris que le bonheur
est à portée de main, qu’il suffit d’un peu de volonté pour le trouver, le monde sera meilleur.



Dernière édition par Lumen le Jeu 1 Aoû 2013 - 18:32, édité 3 fois

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Message par Invité Ven 17 Mai 2013 - 18:50

La mémoire du Petit Prince par Jean Pierre Guéno



La mémoire du Petit Prince par Jean Pierre Guéno - partie 1/3




La mémoire du Petit Prince par Jean Pierre Guéno - partie 2/3




La mémoire du Petit Prince par Jean Pierre Guéno - partie 3/3

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Message par Invité Sam 18 Mai 2013 - 17:14

"Le Petit Prince" livre audio (Antoine de Saint-Exupéry)

"Le Petit Prince"
Antoine de Saint-Exupéry

L'adaptation phonographique de 1954, avec Gérard Philipe dans le rôle du récitant, Georges Poujouly dans le rôle du petit prince, Pierre Larquey dans le rôle de l'allumeur de réverbères, Michel Roux dans le rôle du serpent, Jacques Grello dans le rôle du renard, et Sylvie Pelayo dans le rôle de la rose.



Le Petit Prince. - Gérard Lenorman




Yannick Noah le Petit Prince




le petit prince---puisque c'est ma rose



Une "composition" surprenante que je viens juste de découvrir





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Message par P4572 Mar 7 Jan 2014 - 0:17

Saint-Exupéry, suite et fin

Par par Bruno D. Cot et , publié le 21/06/2004 dans l'express

L'épave retrouvée au large de Marseille est bien celle de l'avion que pilotait l'écrivain disparu le 31 juillet 1944. De la découverte de sa gourmette à l'identification des pièces du P 38 bientôt exposées au Bourget, récit d'une recherche menée comme une enquête policière

En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/actualite/societe/saint-exupery-suite-et-fin_489253.html#TxyMocVOuJixTlee.99

"Si je suis descendu, je ne regretterai absolument rien. La termitière future m'épouvante. Et je hais leurs vertus de robots. Moi, j'étais fait pour être jardinier." Tels sont les derniers mots connus du commandant Antoine de Saint-Exupéry, dans une missive retrouvée sur son bureau, le 31 juillet 1944. Ce matin-là, l'aviateur se prépare sur la piste de l'aérodrome de Borgo (Corse) à une mission de reconnaissance au-dessus de la Savoie. Péniblement, il enfile sa combinaison avant de monter à bord de son avion, un Lockheed P 38 Lightning. Après les vérifications d'usage, il allume les moteurs, adresse un dernier signe amical à son mécanicien, file vers la piste, puis décolle. Il est 8 h 45. Saint-Ex ne reviendra plus. Un mythe pouvait naître, tout autant qu'une énigme. Ainsi soit-il.
"Sitôt la nouvelle de sa mort connue, les plus folles rumeurs ont commencé à pleuvoir sur la disparition du pilote écrivain", raconte Hervé Vaudoit, qui publie cette semaine un livre événement (1) retraçant soixante ans d'une enquête quasi policière. Certaines sources laissaient planer le spectre d'une trahison camouflée, d'un sabotage, voire d'une simple désertion. Sans autre information étayée, Saint-Exupéry est officiellement déclaré "mort pour la France".
Débute un long silence, jusqu'en 1981, lorsque Daniel Décot, historien spécialiste de l'aviation, exhume un rapport de la Luftwaffe où l'aspirant Robert Heichele affirme avoir été attaqué ce fameux 31 juillet 1944 par le double fuselage si caractéristique d'un Lightning au-dessus de Castellane. L'Allemand aurait descendu son ennemi en combat singulier, avant de le voir s'abîmer en mer "à 12 h 5, à une dizaine de kilomètres au sud de Saint-Raphaël". En fait, il s'agissait bien d'un P 38, mais pas celui du Français: son aéronef n'étant pas armé, jamais Saint-Exupéry n'aurait pu lancer semblable assaut. "Jusqu'au début des années 1980, toutes les hypothèses étaient envisageables tant nous manquions d'indices; au point que personne ne pouvait dire si l'engin était tombé en mer ou dans les Alpes", se souvient Philippe Castellano, président d'Aéro-Relic, une association spécialisée dans la recherche, la localisation et l'identification des crashs entre 1939 et 1945.
L'écho rencontré par le témoignage de Robert Heichele a le mérite de relancer l'enquête et d'être à l'origine de la première expédition de recherches, en octobre 1992, menée par un surprenant mécène - le Champagne Louis Roederer - dans la baie des Anges, non loin de Nice. A bord du Suroît, navire de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer), affrété pour l'occasion, ont embarqué les compagnons de route de Saint-Ex, René Gavoille et Jean Israël, ainsi que Frédéric d'Agay, son petit-neveu, représentant officiel de la famille. Sonar, caméra immergée, sous-marin de poche... pendant quinze jours, les moyens les plus perfectionnés sont utilisés pour localiser l'avion. Sans succès. L'année suivante, au mois de mai, la même équipe décide d'une seconde campagne, cette fois-ci dans le golfe de Giens: nouvel échec. Plus que jamais, l'épave du Lightning, le tombeau de l'écrivain, semble inaccessible pour l'éternité.
"D'abord, j'ai frotté la gourmette avec le pouce pour lire "Antoine". Quand est apparu "de Saint-Exupéry (Consuelo)", j'ai cru qu'il s'agissait d'une blague", se remémore Jean-Claude Bianco. En découvrant, par hasard, le bijou de l'écrivain, ce pêcheur marseillais relance l'affaire, contre son gré. Le 7 septembre 1998, son bateau chalutait du côté de l'île de Riou, au large de Marseille, lorsque ses filets remontent une drôle de concrétion calcaire où brille la chaîne en argent. Outre les nom et prénom du pilote disparu et celui, entre parenthèses, de sa femme, se lisent sur deux autres lignes: "c/o Reynal & Hitchcock", puis "386, 4th Ave. NYC USA", les éditeurs de l'auteur et leur adresse.
Bianco dit avoir été "éberlué" par l'objet qu'il tenait entre les mains sans en mesurer vraiment la valeur. Après moult hésitations, il décide de le montrer à l'une des autorités maritimes les plus populaires de Marseille, Henri-Germain Delauze, patron de la Comex, une entreprise spécialisée en ingénierie sous-marine. Rusé, l'homme d'affaires comprend en un dixième de seconde le bénéfice d'image qu'il peut tirer de la gourmette. Par écrit, il demande au marin de ne pas ébruiter l'affaire, le temps pour lui d'effectuer ses propres recherches pour localiser l'épave et, s'il la trouve, promet de la déclarer en leurs deux noms. La démarche est parfaitement illégale. Delauze le sait, Bianco avait quarante-huit heures pour prévenir les autorités de sa découverte. "Je pensais sincèrement qu'en quelques semaines nous allions mettre la main sur l'avion", plaide aujourd'hui encore, sans le moindre regret, le truculent PDG.
Durant un mois et demi, la Comex va discrètement travailler jusqu'à explorer une bonne centaine de kilomètres carrés. Un travail fastidieux qui permet de dénicher... sept bateaux, dont un superbe navire romain bourré d'amphores! Mais, de l'avion de Saint-Exupéry, toujours pas la moindre tôle. "Qui conçoit en secret accouche en public", dit un proverbe turc. Le retour à quai va tourner au cataclysme médiatique: non seulement les chasseurs de trésors, qui ont dépensé 1 million d'euros, rentrent bredouilles, mais, pis, après une indiscrétion dont la Bonne Mère cherche toujours l'origine, la nouvelle de la découverte de la gourmette fait le tour du monde à la fin du mois d'octobre 1998. Conséquence: Delauze doit la rendre sur-le-champ aux autorités et les descendants de l'écrivain sont furieux de ne pas avoir été prévenus plus tôt. La belle histoire de Jean-Claude Bianco vire au cauchemar. "A partir du moment où le bijou a été récupéré par les héritiers, un doute sur son authenticité a commencé à planer, faisant de moi un faussaire", s'égosille-t-il.
L'épopée de la gourmette connaît un tel retentissement qu'elle attise l'intérêt de tous les plongeurs marseillais. Les témoignages se multiplient, comme celui de Jean-Claude Cayol, inspecteur d'académie durant la semaine et plongeur le week-end, persuadé d'avoir entr'aperçu au large de Cassis une queue de P 38: "J'en connaissais l'existence depuis une vingtaine d'années, mais n'avais jamais fait le rapprochement avec Saint-Exupéry." Pour en avoir le c?ur net, il prend la mer, le 20 avril 1999, accompagné de l'incontournable Delauze et de Philippe Castellano. Non loin du rocher de la Cassidaigne, le robot mobile est mis à l'eau à une vingtaine de mètres de profondeur et transmet ses premières images. L'historien comprend immédiatement. Oui, la pièce est bien un empennage caractéristique de la double queue d'un Ligthning. Surtout, les autres appareils de ce type abattus dans la région ayant été identifiés, cet exemplaire pourrait être celui de l'auteur de Vol de nuit. Castellano en acquiert l'intime conviction, mais ne peut le prouver. La suite de l'enquête lui donnera raison.
Le scintillement de la gourmette ravive la mémoire d'un autre homme, Luc Vanrell, un plongeur professionnel de 41 ans qui a déjà travaillé sur le site de la grotte Cosquer. Lui aussi a repéré jadis une petite épave non fouillée, située au large de la calanque de Sormiou, à quelques encablures de l'île de Riou. "Je l'avais photographiée dès 1982, croyant qu'il s'agissait de vestiges français ou allemands." Le jeune homme reprend ses clichés, les compare avec des manuels, cette fois-ci américains, et croit déceler un train d'atterrissage de Lightning. Echaudé par l'affaire Bianco, il décide d'avancer seul et prudemment avant de débusquer, sur Internet, une documentation détaillée de tous les P 38 ayant existé.
Vanrell apprend ainsi que Saint-Exupéry, le jour de sa mort, volait sur un modèle tardif et modifié: moteur plus gros, turbo modernisé et nouveaux trains d'atterrissage. Dans le même temps, Castellano lui transmet la liste des 42 Lightning qui ont été perdus en Provence entre 1943 et 1945. Une douzaine seulement sont tombés en mer, dont cinq étaient des versions élaborées. Or quatre d'entre eux ont déjà été identifiés. Trouver le dernier revient donc à mettre la main sur celui de l'écrivain. Ce que fait Vanrell, le 24 mai 2000, en se rendant de nouveau sur le site, à 85 mètres de profondeur: "Un à un, j'ai vérifié les différents éléments jusqu'à apercevoir une boîte à clapets que seul un P 38 modifié pouvait receler." Le doute n'était plus permis et le plongeur peut enfin faire, au siège du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm), une "déclaration de découverte de bien culturel maritime". Officiellement, il devient, selon le terme consacré, l' "inventeur" de l'avion d'Antoine de Saint-Exupéry.
La nouvelle est plutôt bien accueillie par le groupe de passionnés réunis autour d'Henri-Germain Delauze. Grand seigneur, celui-ci voit surtout dans cette découverte une confirmation de l'authenticité de la gourmette. Seule manque une preuve matérielle indiscutable. Pour cela, nulle autre solution que de remonter les vestiges à la surface. Trois ans passent à nouveau, avant qu'une demande de prospection du Lightning de Riou soit enfin accordée à la petite équipe, en juillet 2003. "Il y avait urgence, l'épave commençait à se dégrader", se souvient Patrick Grandjean, du Drassm. Dès le 1er septembre, le Minibex, navire de la Comex, remonte un train d'atterrissage, puis, le 3, un tronçon de carlingue et son turbocompresseur. "Au total, jusqu'au début de cette année, nous avons récupéré un dixième de l'avion", précise Pierre Becker, de Géocéan, la société de travaux sous-marins située à Aubagne, qui a traité les morceaux.
Sur place, ils sont immergés dans un bac d'acide pour ôter la gangue minérale et les protéger de l'air libre. En deux semaines, les pièces retrouvent leur éclat et peuvent être soumises à un examen approfondi. Castellano raconte: "Rapidement nous avons décelé un chiffre, 2734, suivi de la lettre L, inscrits sur la jambe du turbocompresseur, une pièce maîtresse de l'avion non susceptible d'être remplacée." Frénétique, l'historien plonge dans sa pile de dossiers, amassés depuis maintenant plus de dix ans. Il tombe sur la liste des numéros que portaient tous les Lightning construits et livrés pendant la guerre. Chacun en a deux, l'un de série, alloué par l'avionneur Lockheed, et l'autre militaire, donné par l'US Air Force. Par analogie avec une automobile, le premier s'apparente à un numéro de châssis, tandis que le second serait une plaque d'immatriculation. Soudain, l'expert s'illumine: "Sous mes yeux, les numéros d'identification fournis par le constructeur correspondaient avec l'exemplaire à bord duquel Antoine de Saint-Exupéry avait disparu. Nous tenions enfin la preuve irréfutable."
Un voile du mystère a donc été levé, soixante ans après les faits. Même les héritiers, hostiles aux investigations, en ont accepté les conclusions. Mercredi 23 juin, ils seront présents au musée de l'Air et de l'Espace du Bourget pour la cérémonie officielle de remise des pièces du P 38. "A partir du moment où les autorités cautionnent la découverte, nous l'acceptons volontiers", reconnaît Olivier d'Agay, leur actuel représentant. D'autant que la localisation et l'identification de l'épave n'enlèvent rien au mythe Saint-Exupéry. Si, désormais, les spécialistes savent où l'écrivain a fait sa chute mortelle, reste à savoir quand, comment et pourquoi. Mort au combat, victime d'un tir de DCA, d'un manque d'oxygène ou d'un incident technique comme le 6 puis le 29 juin 1944, lorsqu'il avait perdu l'usage d'un moteur en vol et était rentré miraculeusement à la base? Aucune hypothèse n'est à écarter. Ni même la faute de pilotage. Le Français traînait ainsi la réputation d'oublier parfois de brancher son pilote automatique ou de sortir le train d'atterrissage, comme lors de son deuxième vol de qualification sur un P 38... Enfin, la possibilité d'un suicide, disparition romantique par excellence, a encore de fervents défenseurs. Aujourd'hui, nombre de plongeurs anonymes continuent leurs investigations pour étayer l'une ou l'autre de ces issues. Mais finalement, quel intérêt aurait-on à faire toute la lumière sur le drame? "L'essentiel est invisible pour les yeux", disait le renard du Petit Prince. Et les mythes sont faits pour durer.

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Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Empty Re: Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery

Message par Invité Mar 7 Jan 2014 - 0:52

Wouah c'est du costaud my Baker, je le lirai,
promis à tête reposée demain. Je ne savais pas qu'il y avait un spécialiste sur le forum !
Par rapport à ce que j'en ai lu en diagonal, cela m'intéresse vraiment
et je suis sure que cela interpellera aussi tous ceux qui apprécient le Petit Prince
et Saint Exupéry. Merci pour ta contribution à ce fil, Michel.
A bientôt ...


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Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Empty Re: Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery

Message par Invité Ven 26 Fév 2016 - 23:53



Le Petit Prince (2002)






"Le Petit Prince" est un spectacle musical de 2002, adapté du chef-d'oeuvre de Saint-Exupéry, mis en scène par Jean-Louis Martinoty, avec des chansons écrites par Richard Cocciante (musique) et Elisabeth Anaïs (textes).
Daniel Lavoie joue le rôle de l'aviateur, et le tout jeune Jeff celui du Petit Prince.
Enjoy the show !!!!






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Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Empty Re: Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery

Message par Invité Dim 28 Fév 2016 - 18:32



Gilbert Bécaud LE PETIT PRINCE EST REVENU avec paroles

Une chanson rare, enregistrée au théâtre Olympia à Paris.
O toi, de Saint-Exupéry,
Dans tes royaumes inconnus,
Où que tu sois, je te le dis :
Le Petit Prince est revenu.

Je l'ai vu ce matin qui jouait sans défense
Avec le serpenteau qui le mordit jadis,
Qui le mordit jadis... ouais !
Le soleil arrivait sur les terres de France
Et le vent tôt levé chantait sur les maïs,
Chantait sur les maïs... ouais !

O toi, de Saint-Exupéry,
Dans tes royaumes inconnus,
Où que tu sois, je te le dis :
Le Petit Prince, je l'ai vu !

Et il cherche partout ta voix et ton visage.
Il demande partout " L'avez-vous rencontré ?
L'avez-vous rencontré... " ouais !
" ...ce monsieur du désert qui dessinait des cages
Pour les petits moutons qui veulent tout manger,
Qui veulent tout manger ? " ouais !

O toi, de Saint-Exupéry,
Dans tes royaumes inconnus,
Où que tu sois, je te le dis :
Ton Petit Prince est revenu !

Quand il me vit passer, moi, couvert de poussière,
Moi qui venais de près, moi qui n'avais pas faim,
Moi qui n'avais pas faim... non !
Il m'a simplement dit : " Monsieur, saurais-tu faire
Revenir un ami quand on en a besoin,
Quand on en a besoin... dis ? "

O toi, de Saint-Exupéry,
Dans tes royaumes inconnus
Où que tu sois, je te le dis :
Ton Petit Prince est revenu !

Tu avais demandé qu'on te prévienne vite
Si on apercevait l'enfant aux cheveux d'or,
L'enfant aux cheveux d'or... ouais !
Dépêche-toi, reviens, j'ai peur qu'il ne profite
D'un grand vol d'oiseaux blancs pour repartir encore,
Pour repartir encore... ouais !

O toi, de Saint-Exupéry,
Dans tes royaumes inconnus
Prends ton " Bréguet " des vols de nuit.
Reviens, car Lui... est revenu !

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Message par Invité Dim 28 Fév 2016 - 22:57

Merci petit-croisé pour Gilbert Bécaud, c'est un artiste que j'aime bien.
Pourtant je ne connaissais pas cette chanson du Petit Prince !

Voici une version vidéo du livre du Petit Prince.



Le Petit Prince' (Antoine de Saint Exupéry)





Le Petit Prince - L'intégrale


A l'enfant que tu étais,
A toi, adulte, qui entends l'enfant en toi qui souffre, qui pleure et ne trouve pas sa place dans ce Monde incompréhensible qui n'est plus à ta mesure, celle de l'Humain.
Écoute-le, sécurise-le, soigne-le et s'il finit par sourire alors peut-être guériras-tu...


Vous savez petit-croisé, ce serait une ecellente idée que vous créiez un fil sur Antoine de Saint EXUPERY pour rendre hommage au grand humaniste qu'il est. Je vous fais confiance car vous avez plein de choses à partager à son sujet. Je le vois à tout ce que vous nous donnez. vous avez raison son oeuvre est immense et il ne faudrait pas restreindre la connaissance de ce grand homme au zoom que je fais sur le Petit Prince.
Je vous suivrais autant que faire ce peut. Merci pour ce beau partage.

Que Dieu vous bénisse cher frère en Christ, à bientôt. Lumen.




Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery _on_a_10



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Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Empty Re: Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery

Message par Invité Mer 2 Mar 2016 - 17:02

Bonjour Lumen,

Oui, d'ici quelques jours nous créerons ce fil sur St Ex (qui n'est pas saint !).
L'actualité terriblement inquiétante du moment m'a obligé à d'autres priorités.
Antoine de St Ex voyait déjà la noirceur de son époque pendant cette affreuse seconde guerre mondiale.

Aujourd'hui, les problèmes se sont multipliés par 10 ou 100 et les gens -- même les cathos - (bernés par les médias et, ce pape ?)  semblent ne rien voir de grave dans les événements.

St Ex était visionnaire (sans avoir de visions).
Il avait détecté les dysfonctionnements de notre société occidentale des années 40.
C'est pourquoi, on ne saurait se passer de lui car il nous donne toute la poésie humaniste qui nous fait tellement défaut aujourd'hui.

Si les causes de nos problèmes sont d'abord liés à notre absence du Divin dans notre société; il faudra aussi, en même temps que réinjecter le christianisme, redonner toute sa place à la poésie qui a été bafouée par nos comptabilités d'argent et de morts.

Patience, de St Exupéry aura son fil !
Patience, il sera enseigné dans les écoles...


ptx

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Message par Invité Ven 8 Avr 2016 - 23:04

Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery 70c10
Pour fêter ses 70 ans, Le Petit Prince s’installe à la mairie du Ve arrondissement
de Paris, 21 place du Panthéon (75005), du 7 avril au 28 mai

MARC EYNAUD DE FAŸ

Clic sur le lien ci dessous

comique

70 plus tard, Le Petit Prince est toujours aussi jeune

"S’il te plait, dessine-moi un mouton" : l'unique habitant de l’astéroïde B612 a posé les pieds sur Terre en 1943.


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Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery Empty Re: Le Petit Prince de Antoine de Saint Exupery

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