Production "industrielle" des êtres humains, qualités au choix
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Production "industrielle" des êtres humains, qualités au choix
Elle fait la promotion de la gestation pour autrui avec cocktails, petits fours, et témoignages d'heureux parents.
Voir la collection :
Une jolie petite fille, plutôt brune, avec un QI élevé, artiste si possible… Pour les 46 ans de Cécile*, fin 2014, ça devrait être possible. C'est en tout cas ce que vient de lui assurer la représentante du Centre de fertilité de l'Illinois, actuellement en «tournée» à Paris, à la recherche de clients potentiels. Mercredi dernier, ce centre devait organiser, conjointement avec le laboratoire de fécondation in vitro «aParent», une soirée intitulée «Don d'ovocyte, gestation pour autrui, test génétique de dépistage sur embryon, revue des modes de procréation», à l'hôtel Lutetia à Paris. Avec cocktails, petits fours, et témoignages d'heureux parents d'enfants conçus par gestation pour autrui (GPA). Devant le tollé provoqué par cette opération de promotion, dont les affiches s'étaient propagées sur Internet, elle a été refusée, au dernier moment, par l'hôtel. Mais que faire des couples inscrits à cette soirée, ainsi qu'aux consultations individuelles prévues ce jeudi?
Paul, 47 ans, un journaliste qui travaille sur ce dossier depuis longtemps, a immédiatement demandé, par mail, un rendez-vous. Dans l'heure qui suit, un horaire est proposé. «Nous sommes un couple du même sexe, écrit Peter. Nous étions supposés raconter notre expérience aux gens. Mais nous sommes encore là jusqu'à jeudi.» Le lieu de la rencontre sera fourni au dernier moment: le bar de l'hôtel Mélia Vendôme, un établissement ****, rue Cambon.
Dans les salons recouverts de boiseries, Paul et son amie Cécile rencontrent le couple gay, originaire d'un pays européen, et leur petit garçon de quatre ans, issu d'une GPA effectuée à Chicago. Ainsi que Julie, du Centre de fertilité de l'Illinois, une infirmière qui se présente comme «coordinatrice pour la procréation médicalement assistée nécessitant un tiers» (par exemple une donneuse d'ovule ou une mère porteuse). L'ensemble de la conversation a été enregistré.
Commander l'enfant parfait, aujourd'hui, c'est possible
«Nous avons voulu en savoir plus sur les conditions financières, la façon de contourner la loi (puisque la GPA est interdite en France), la tentation de l'eugénisme et l'impact sur l'enfant, raconte Paul. Nous nous sommes rendu compte que commander l'enfant parfait, aujourd'hui, c'est possible. On parle toujours de la marchandisation du corps des femmes ; moi, j'ai été impressionné par cette marchandisation de l'enfant.» Dans l'ambiance feutrée du bar, ils sont accueillis «très chaleureusement». «On est dans un business qui a extrêmement bonne conscience, estime Cécile. Ils ont le sentiment de participer à une sorte de chaîne humanitaire.»
Le couple se renseigne d'abord sur les risques juridiques. «Tout est absolument légal, les rassure Julia, Il y a des contrats qui spécifient clairement qui va porter l'enfant et qui va l'élever. Tout est fixé avant le début du traitement.» Elle leur donne des documents avec les coordonnées de cinq agences de donneuses, toutes situées dans l'Illinois. «Les listes d'attente sont très longues, prévient Peter. Six à douze mois. Les femmes ont entre vingt et trente ans. Il y a leurs profils, leurs photos. On vous conseille d'en choisir une qui a déjà donné. Pour être sûr que c'était bien, euh…, la qualité.»
L'histoire médicale de chaque donneuse est «vérifiée jusqu'à ses grands-parents», et «même ses frères et sœurs». «Si elle est porteuse d'une maladie génétique, elle est disqualifiée», souligne Julia. «Et intellectuellement?, ose Paul. Je veux être sûr que l'enfant soit d'un milieu social éduqué.» Après un léger flottement, Peter répond que ces femmes «travaillent, n'ont pas de problèmes».
Enfin vient la question de l'«avortement thérapeutique». «Oui, c'est possible, répond Julia. Mais pour réduire ce risque, nous pratiquons un diagnostic préimplantatoire». C'est utile pour l'«équilibre de la famille», précise le site du laboratoire «aParent». Et le prix? «Si tout va bien, entre 90.000 et 100.000 dollars», précise Peter. «Quand on revient, il n'y a pas de problèmes, à la douane?», s'inquiète Cécile. «Vous aurez un certificat avec vos noms, lui promet-on. L'enfant sera américain et après vous pourrez le naturaliser.»
Au petit blondinet de quatre ans, «vous lui avez expliqué quoi?», interroge Cécile. «Il est trop petit, répond Peter. Il sait déjà que c'est une femme qui l'a porté. Il n'a pas de maman, il a deux papas, et voilà, il va bien, il est heureux on va dire.»
À l'hôtel Mélia, on affirme ne pas être au courant de la tenue de telles consultations dans ses locaux. «Quelqu'un peut se donner rendez-vous au bar sans nous demander la permission!», objecte la direction. Quant au Centre de fertilité de l'Illinois, il ne sait pas quand son «équipe responsable de l'international» sera de retour à Paris. «Il y a eu des problèmes de manifestations contre la GPA, s'excuse un employé. Cependant, ils reviendront bientôt, dès que ça ira mieux.»
*Tous les prénoms ont été changés
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L'établissement pourrait être poursuivi pour délit d'entremise
La gestation pour autrui est interdite en France. Est-il néanmoins légal d'en faire la promotion? Ces officines qui mettent en contact l'offre (les mères porteuses) et la demande (les parents d'intention) peuvent être poursuivies, selon Me Catherine Paley-Vincent, spécialiste en droit de la santé. «L'article 227-12 du Code pénal réprime notamment la mise en relation d'une personne ou d'un couple souhaitant adopter, avec un parent désirant abandonner son enfant. Idem pour la mise en contact d'une personne ou d'un couple avec une mère porteuse. Ce délit d'entremise s'applique aussi bien aux personnes physiques qu'aux personnes morales. S'il est commis dans un but lucratif, il est puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende.» Mais le fait qu'il s'agisse d'une clinique étrangère complique la donne. Sa poursuite relève de la seule initiative du parquet. Le responsable de l'hôtel accueillant ce type d'opération commerciale pourrait également être poursuivi pour complicité par fourniture de moyens.
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/04/11/01016-20130411ARTFIG00675-une-clinique-americaine-en-tournee-de-promotion-pour-la-gpa.php
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Une jolie petite fille, plutôt brune, avec un QI élevé, artiste si possible… Pour les 46 ans de Cécile*, fin 2014, ça devrait être possible. C'est en tout cas ce que vient de lui assurer la représentante du Centre de fertilité de l'Illinois, actuellement en «tournée» à Paris, à la recherche de clients potentiels. Mercredi dernier, ce centre devait organiser, conjointement avec le laboratoire de fécondation in vitro «aParent», une soirée intitulée «Don d'ovocyte, gestation pour autrui, test génétique de dépistage sur embryon, revue des modes de procréation», à l'hôtel Lutetia à Paris. Avec cocktails, petits fours, et témoignages d'heureux parents d'enfants conçus par gestation pour autrui (GPA). Devant le tollé provoqué par cette opération de promotion, dont les affiches s'étaient propagées sur Internet, elle a été refusée, au dernier moment, par l'hôtel. Mais que faire des couples inscrits à cette soirée, ainsi qu'aux consultations individuelles prévues ce jeudi?
Paul, 47 ans, un journaliste qui travaille sur ce dossier depuis longtemps, a immédiatement demandé, par mail, un rendez-vous. Dans l'heure qui suit, un horaire est proposé. «Nous sommes un couple du même sexe, écrit Peter. Nous étions supposés raconter notre expérience aux gens. Mais nous sommes encore là jusqu'à jeudi.» Le lieu de la rencontre sera fourni au dernier moment: le bar de l'hôtel Mélia Vendôme, un établissement ****, rue Cambon.
Dans les salons recouverts de boiseries, Paul et son amie Cécile rencontrent le couple gay, originaire d'un pays européen, et leur petit garçon de quatre ans, issu d'une GPA effectuée à Chicago. Ainsi que Julie, du Centre de fertilité de l'Illinois, une infirmière qui se présente comme «coordinatrice pour la procréation médicalement assistée nécessitant un tiers» (par exemple une donneuse d'ovule ou une mère porteuse). L'ensemble de la conversation a été enregistré.
Commander l'enfant parfait, aujourd'hui, c'est possible
«Nous avons voulu en savoir plus sur les conditions financières, la façon de contourner la loi (puisque la GPA est interdite en France), la tentation de l'eugénisme et l'impact sur l'enfant, raconte Paul. Nous nous sommes rendu compte que commander l'enfant parfait, aujourd'hui, c'est possible. On parle toujours de la marchandisation du corps des femmes ; moi, j'ai été impressionné par cette marchandisation de l'enfant.» Dans l'ambiance feutrée du bar, ils sont accueillis «très chaleureusement». «On est dans un business qui a extrêmement bonne conscience, estime Cécile. Ils ont le sentiment de participer à une sorte de chaîne humanitaire.»
Le couple se renseigne d'abord sur les risques juridiques. «Tout est absolument légal, les rassure Julia, Il y a des contrats qui spécifient clairement qui va porter l'enfant et qui va l'élever. Tout est fixé avant le début du traitement.» Elle leur donne des documents avec les coordonnées de cinq agences de donneuses, toutes situées dans l'Illinois. «Les listes d'attente sont très longues, prévient Peter. Six à douze mois. Les femmes ont entre vingt et trente ans. Il y a leurs profils, leurs photos. On vous conseille d'en choisir une qui a déjà donné. Pour être sûr que c'était bien, euh…, la qualité.»
L'histoire médicale de chaque donneuse est «vérifiée jusqu'à ses grands-parents», et «même ses frères et sœurs». «Si elle est porteuse d'une maladie génétique, elle est disqualifiée», souligne Julia. «Et intellectuellement?, ose Paul. Je veux être sûr que l'enfant soit d'un milieu social éduqué.» Après un léger flottement, Peter répond que ces femmes «travaillent, n'ont pas de problèmes».
Enfin vient la question de l'«avortement thérapeutique». «Oui, c'est possible, répond Julia. Mais pour réduire ce risque, nous pratiquons un diagnostic préimplantatoire». C'est utile pour l'«équilibre de la famille», précise le site du laboratoire «aParent». Et le prix? «Si tout va bien, entre 90.000 et 100.000 dollars», précise Peter. «Quand on revient, il n'y a pas de problèmes, à la douane?», s'inquiète Cécile. «Vous aurez un certificat avec vos noms, lui promet-on. L'enfant sera américain et après vous pourrez le naturaliser.»
Au petit blondinet de quatre ans, «vous lui avez expliqué quoi?», interroge Cécile. «Il est trop petit, répond Peter. Il sait déjà que c'est une femme qui l'a porté. Il n'a pas de maman, il a deux papas, et voilà, il va bien, il est heureux on va dire.»
À l'hôtel Mélia, on affirme ne pas être au courant de la tenue de telles consultations dans ses locaux. «Quelqu'un peut se donner rendez-vous au bar sans nous demander la permission!», objecte la direction. Quant au Centre de fertilité de l'Illinois, il ne sait pas quand son «équipe responsable de l'international» sera de retour à Paris. «Il y a eu des problèmes de manifestations contre la GPA, s'excuse un employé. Cependant, ils reviendront bientôt, dès que ça ira mieux.»
*Tous les prénoms ont été changés
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L'établissement pourrait être poursuivi pour délit d'entremise
La gestation pour autrui est interdite en France. Est-il néanmoins légal d'en faire la promotion? Ces officines qui mettent en contact l'offre (les mères porteuses) et la demande (les parents d'intention) peuvent être poursuivies, selon Me Catherine Paley-Vincent, spécialiste en droit de la santé. «L'article 227-12 du Code pénal réprime notamment la mise en relation d'une personne ou d'un couple souhaitant adopter, avec un parent désirant abandonner son enfant. Idem pour la mise en contact d'une personne ou d'un couple avec une mère porteuse. Ce délit d'entremise s'applique aussi bien aux personnes physiques qu'aux personnes morales. S'il est commis dans un but lucratif, il est puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende.» Mais le fait qu'il s'agisse d'une clinique étrangère complique la donne. Sa poursuite relève de la seule initiative du parquet. Le responsable de l'hôtel accueillant ce type d'opération commerciale pourrait également être poursuivi pour complicité par fourniture de moyens.
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/04/11/01016-20130411ARTFIG00675-une-clinique-americaine-en-tournee-de-promotion-pour-la-gpa.php
lardida- Combat l'antechrist
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