Le Saint-Sépulcre expose ses trésors à Versailles Du 16 avril au 14/7
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Le Saint-Sépulcre expose ses trésors à Versailles Du 16 avril au 14/7
Le Saint-Sépulcre expose ses trésors à Versailles
Du 16 avril au 14 juillet, le château de Versailles accueille le trésor du Saint-Sépulcre, ce lieu déroutant qui abrite les représentants de six Églises chrétiennes, dont les franciscains.
15/4/13
Les salles des Croisades du château de Versailles accueillent du 16 avril au 14 juillet l’exposition du trésor de la custodie de Terre sainte. C’est la première fois ou presque (seules quelques pièces sont sorties dans les années 1990 pour une exposition à Gênes) que ces objets quasi inconnus sont exposés hors des murs de la basilique du Saint-Sépulcre.
« C’est à partir des recherches sur le royaume de Naples que le trésor a été découvert par l’historien de l’art Alvar Gonzales Palacios, qui travaillait dans les archives napolitaines. Il est venu frapper à la porte de la custodie.
Il a fallu qu’il insiste pour qu’un sacristain finalement lui montre des pièces qui se sont révélées d’une richesse extraordinaire », explique Béatrix Saule, directrice des Musées de Versailles et du Trianon, tout en examinant et répertoriant les splendides flambeaux de Louis XIII, qui comptent parmi les pièces maîtresses de l’exposition. Tout comme la chapelle de Louis XIII en argent, dont les poinçons ont révélé le nom de l’orfèvre.
En or massif, perlé de rubis, émeraudes, saphirs…
« C’est la première fois que ces objets sont étudiés à fond par le conservateur en chef du Louvre, spécialiste en orfèvrerie », poursuit-elle en ouvrant délicatement l’écrin dans lequel est lovée une crosse en or de Louis XIV, ornée de pierres précieuses.
Mais la pièce la plus extraordinaire en orfèvrerie est un grand baldaquin eucharistique en or massif, perlé de rubis, émeraudes, saphirs, offert par le roi de Naples. « Il a fallu trois envois, en 1730, 1740 et 1750, pour qu’il parvienne enfin à Jérusalem. Il est assorti d’un ostensoir dont les détails sont d’une qualité époustouflante. C’est un chef-d’œuvre », commente Béatrix Saule.
À l’origine du trésor : les dons des cours royales de l’Europe catholique des XVIIe et XVIIIe siècle, des royaumes d’Espagne, du Portugal, de Gênes, de Naples, de France...
« Ces présents revêtaient d’importants enjeux de prestige et prenaient place dans une intense compétition européenne entre les nations catholiques, explique Bernard Degout, directeur de la Maison de Chateaubriand, musée partenaire de l’exposition. Cette compétition était elle-même liée, surtout à partir du XVIIe siècle, à une rivalité de possession des Lieux saints entre les catholiques et d’autres Églises chrétiennes, avant tout l’Église orthodoxe. »
Pas d’équivalent dans le monde
Certaines de ces pièces n’ont pas d’équivalent dans le monde. Leur valeur marchande était telle que, pour les transporter, il fallut les cacher dans des lieux parfois incongrus.
« Une fois parvenus au couvent franciscain de Jérusalem, les convoyeurs remettaient les aumônes et les produits apportés, ou ce qu’il en restait, au procureur, traditionnellement espagnol, écrit Danièle Veron-Denise. L’argent était déposé dans une caisse à trois clés. Les reçus pour l’argent et les autres articles furent soigneusement recopiés dans deux registres d’entrées, conservés au couvent du Saint-Sauveur, à Jérusalem. »
Ce soin a permis de connaître l’implication des différentes nations. Le trésor n’a jamais été caché. Les objets étaient dans le Saint-Sépulcre – ainsi nommé par les Occidentaux, mais que les Orientaux appellent l’Anastasis, la Résurrection.
Un « choc »
Pénétrer dans ce lieu est une expérience. Les odeurs d’encens sont saisissantes, mais pas autant que la foule en perpétuel mouvement pour toucher ou embrasser la pierre de l’Onction où le Christ a été, selon la tradition, déposé, à la descente de croix.
Le P. Stéphane, de l’ordre de l’ordre des frères mineurs – les franciscains –, en charge des lieux saints chrétiens de Jérusalem pour l’Église catholique, parle d’un « choc ».
« Cette église ne ressemble à aucune autre parce qu’elle ne ressemble simplement pas à une église, ou du moins pas de prime abord. » C’est plutôt une impression de chaos qui domine. Mais pour tous les chrétiens, elle marque le lieu de la mort et de la résurrection du Christ.
Une gestion en « copropriété »
Sa particularité tient à son statut. Le Saint-Sépulcre est géré en « copropriété » par les six Églises qui l’occupent – latine, arménienne apostolique, coptes-orthodoxes, éthiopienne, grecque orthodoxe et syrienne orthodoxe – avec des espaces communs et privatifs.
Exemple : la chapelle Sainte-Hélène appartient aux Arméniens. La décoration, (croix, lampes, tableaux) y est arménienne, mais le règlement stipule que l’accès doit être laissé libre à tous, y compris aux Franciscains pour la procession quotidienne.
Les célébrations religieuses y sont réglées comme du papier à musique, pour éviter les frictions. « On vit au Saint-Sépulcre une division permanente, comme dans la ville de Jérusalem », regrette le P. Stéphane.
Les pèlerins devaient acquitter un droit d’entrer
Cela se traduit à l’intérieur par une montée des murs entre les différentes chapelles. Des heurts font parfois la une des journaux comme cette bataille homérique qui, en novembre 2008, opposa des popes grecs-orthodoxes à des prêtres arméniens. La police israélienne avait dû intervenir pour séparer les assaillants.
La basilique actuelle a été bâtie par les croisés après leur conquête de la ville sainte en 1099. Elle a été consacrée le 15 juillet 1149. Moins de cinquante ans plus tard, en 1187, Jérusalem fut conquise par Saladin.
Les pèlerins devaient acquitter un droit d’entrer. Pour contourner le problème, les Franciscains trouvèrent une solution : pénétrer dans l’église à l’ouverture et s’y laisser enfermer parfois pour plusieurs mois. Une situation qui a duré jusqu’à la moitié du XIXe siècle, avant que la basilique rouvre gratuitement ses portes aux fidèles. Les représentants des Églises du Saint-Sépulcre dorment toujours à l’intérieur, mais peuvent entrer et sortir à tout moment dans la journée.
Le rituel de l’ouverture et de la fermeture de l’édifice, instauré par le calife Omar en 637, et perpétué par Saladin, demeure. Deux familles musulmanes s’en partagent la responsabilité. Deux fois par jour, un membre de la famille Joudeh apporte la clé à un Nusseibeh qui ouvre et ferme la porte.
« La cathédrale du souk au sens propre comme au figuré »
Restait à organiser la vie profane dans ce haut lieu sacré, poursuit le Père Stéphane. Une citerne d’eau est commune à toutes les communautés. Certains comme les Franciscains, ont aménagé à l’intérieur un couvent dans lequel vivent dix Frères. « Une odeur de friture se dégage quand les coptes font frire leurs œufs », raconte le franciscain.
C’est la « cathédrale du souk au sens propre comme au figuré », dit-il. « On est en Orient, et l’Orient est entré dans la basilique. L’Occident n’est clairement pas la référence. »
Les religieux y vivent entre eux, sans parler forcément la même langue et ne partageant pas la même culture. La nuit, ils se rencontrent au gré des prières, mais ne vivent pas la même liturgie. Dans ce lieu qui réunit et divise, chacune des Églises pense être le centre du monde. Un mystère de plus dans ce lieu hors du commun.
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Les Franciscains, gardiens des lieux saints
1210 : la première fraternité créée en Italie par François d’Assise est validée par le pape.
1217 : création de la province de Terre sainte.
1219 : en pleine croisade, François d’Assise rencontre le sultan Al Kamil en Égypte.
1342 : la bulle du pape Clément VI confirme les franciscains comme étant au service de la Terre sainte, sous la juridiction du père custode, « gardien du mont Sion à Jérusalem ».
1992 : le pape Jean-Paul II rappelle l’attribution des Lieux saints à l’ordre franciscain. Leur ministère s’exerce dans 29 paroisses. Ils ont aussi des écoles – celle de Bethléem date du XVIe siècle –, des collèges, maisons pour étudiants et retraités, ateliers artisanaux, dispensaires, etc.
http://www.la-croix.com/Actualite/France/Le-Saint-Sepulcre-expose-ses-tresors-a-Versailles-2013-04-15-942626
Du 16 avril au 14 juillet, le château de Versailles accueille le trésor du Saint-Sépulcre, ce lieu déroutant qui abrite les représentants de six Églises chrétiennes, dont les franciscains.
15/4/13
Les salles des Croisades du château de Versailles accueillent du 16 avril au 14 juillet l’exposition du trésor de la custodie de Terre sainte. C’est la première fois ou presque (seules quelques pièces sont sorties dans les années 1990 pour une exposition à Gênes) que ces objets quasi inconnus sont exposés hors des murs de la basilique du Saint-Sépulcre.
« C’est à partir des recherches sur le royaume de Naples que le trésor a été découvert par l’historien de l’art Alvar Gonzales Palacios, qui travaillait dans les archives napolitaines. Il est venu frapper à la porte de la custodie.
Il a fallu qu’il insiste pour qu’un sacristain finalement lui montre des pièces qui se sont révélées d’une richesse extraordinaire », explique Béatrix Saule, directrice des Musées de Versailles et du Trianon, tout en examinant et répertoriant les splendides flambeaux de Louis XIII, qui comptent parmi les pièces maîtresses de l’exposition. Tout comme la chapelle de Louis XIII en argent, dont les poinçons ont révélé le nom de l’orfèvre.
En or massif, perlé de rubis, émeraudes, saphirs…
« C’est la première fois que ces objets sont étudiés à fond par le conservateur en chef du Louvre, spécialiste en orfèvrerie », poursuit-elle en ouvrant délicatement l’écrin dans lequel est lovée une crosse en or de Louis XIV, ornée de pierres précieuses.
Mais la pièce la plus extraordinaire en orfèvrerie est un grand baldaquin eucharistique en or massif, perlé de rubis, émeraudes, saphirs, offert par le roi de Naples. « Il a fallu trois envois, en 1730, 1740 et 1750, pour qu’il parvienne enfin à Jérusalem. Il est assorti d’un ostensoir dont les détails sont d’une qualité époustouflante. C’est un chef-d’œuvre », commente Béatrix Saule.
À l’origine du trésor : les dons des cours royales de l’Europe catholique des XVIIe et XVIIIe siècle, des royaumes d’Espagne, du Portugal, de Gênes, de Naples, de France...
« Ces présents revêtaient d’importants enjeux de prestige et prenaient place dans une intense compétition européenne entre les nations catholiques, explique Bernard Degout, directeur de la Maison de Chateaubriand, musée partenaire de l’exposition. Cette compétition était elle-même liée, surtout à partir du XVIIe siècle, à une rivalité de possession des Lieux saints entre les catholiques et d’autres Églises chrétiennes, avant tout l’Église orthodoxe. »
Pas d’équivalent dans le monde
Certaines de ces pièces n’ont pas d’équivalent dans le monde. Leur valeur marchande était telle que, pour les transporter, il fallut les cacher dans des lieux parfois incongrus.
« Une fois parvenus au couvent franciscain de Jérusalem, les convoyeurs remettaient les aumônes et les produits apportés, ou ce qu’il en restait, au procureur, traditionnellement espagnol, écrit Danièle Veron-Denise. L’argent était déposé dans une caisse à trois clés. Les reçus pour l’argent et les autres articles furent soigneusement recopiés dans deux registres d’entrées, conservés au couvent du Saint-Sauveur, à Jérusalem. »
Ce soin a permis de connaître l’implication des différentes nations. Le trésor n’a jamais été caché. Les objets étaient dans le Saint-Sépulcre – ainsi nommé par les Occidentaux, mais que les Orientaux appellent l’Anastasis, la Résurrection.
Un « choc »
Pénétrer dans ce lieu est une expérience. Les odeurs d’encens sont saisissantes, mais pas autant que la foule en perpétuel mouvement pour toucher ou embrasser la pierre de l’Onction où le Christ a été, selon la tradition, déposé, à la descente de croix.
Le P. Stéphane, de l’ordre de l’ordre des frères mineurs – les franciscains –, en charge des lieux saints chrétiens de Jérusalem pour l’Église catholique, parle d’un « choc ».
« Cette église ne ressemble à aucune autre parce qu’elle ne ressemble simplement pas à une église, ou du moins pas de prime abord. » C’est plutôt une impression de chaos qui domine. Mais pour tous les chrétiens, elle marque le lieu de la mort et de la résurrection du Christ.
Une gestion en « copropriété »
Sa particularité tient à son statut. Le Saint-Sépulcre est géré en « copropriété » par les six Églises qui l’occupent – latine, arménienne apostolique, coptes-orthodoxes, éthiopienne, grecque orthodoxe et syrienne orthodoxe – avec des espaces communs et privatifs.
Exemple : la chapelle Sainte-Hélène appartient aux Arméniens. La décoration, (croix, lampes, tableaux) y est arménienne, mais le règlement stipule que l’accès doit être laissé libre à tous, y compris aux Franciscains pour la procession quotidienne.
Les célébrations religieuses y sont réglées comme du papier à musique, pour éviter les frictions. « On vit au Saint-Sépulcre une division permanente, comme dans la ville de Jérusalem », regrette le P. Stéphane.
Les pèlerins devaient acquitter un droit d’entrer
Cela se traduit à l’intérieur par une montée des murs entre les différentes chapelles. Des heurts font parfois la une des journaux comme cette bataille homérique qui, en novembre 2008, opposa des popes grecs-orthodoxes à des prêtres arméniens. La police israélienne avait dû intervenir pour séparer les assaillants.
La basilique actuelle a été bâtie par les croisés après leur conquête de la ville sainte en 1099. Elle a été consacrée le 15 juillet 1149. Moins de cinquante ans plus tard, en 1187, Jérusalem fut conquise par Saladin.
Les pèlerins devaient acquitter un droit d’entrer. Pour contourner le problème, les Franciscains trouvèrent une solution : pénétrer dans l’église à l’ouverture et s’y laisser enfermer parfois pour plusieurs mois. Une situation qui a duré jusqu’à la moitié du XIXe siècle, avant que la basilique rouvre gratuitement ses portes aux fidèles. Les représentants des Églises du Saint-Sépulcre dorment toujours à l’intérieur, mais peuvent entrer et sortir à tout moment dans la journée.
Le rituel de l’ouverture et de la fermeture de l’édifice, instauré par le calife Omar en 637, et perpétué par Saladin, demeure. Deux familles musulmanes s’en partagent la responsabilité. Deux fois par jour, un membre de la famille Joudeh apporte la clé à un Nusseibeh qui ouvre et ferme la porte.
« La cathédrale du souk au sens propre comme au figuré »
Restait à organiser la vie profane dans ce haut lieu sacré, poursuit le Père Stéphane. Une citerne d’eau est commune à toutes les communautés. Certains comme les Franciscains, ont aménagé à l’intérieur un couvent dans lequel vivent dix Frères. « Une odeur de friture se dégage quand les coptes font frire leurs œufs », raconte le franciscain.
C’est la « cathédrale du souk au sens propre comme au figuré », dit-il. « On est en Orient, et l’Orient est entré dans la basilique. L’Occident n’est clairement pas la référence. »
Les religieux y vivent entre eux, sans parler forcément la même langue et ne partageant pas la même culture. La nuit, ils se rencontrent au gré des prières, mais ne vivent pas la même liturgie. Dans ce lieu qui réunit et divise, chacune des Églises pense être le centre du monde. Un mystère de plus dans ce lieu hors du commun.
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Les Franciscains, gardiens des lieux saints
1210 : la première fraternité créée en Italie par François d’Assise est validée par le pape.
1217 : création de la province de Terre sainte.
1219 : en pleine croisade, François d’Assise rencontre le sultan Al Kamil en Égypte.
1342 : la bulle du pape Clément VI confirme les franciscains comme étant au service de la Terre sainte, sous la juridiction du père custode, « gardien du mont Sion à Jérusalem ».
1992 : le pape Jean-Paul II rappelle l’attribution des Lieux saints à l’ordre franciscain. Leur ministère s’exerce dans 29 paroisses. Ils ont aussi des écoles – celle de Bethléem date du XVIe siècle –, des collèges, maisons pour étudiants et retraités, ateliers artisanaux, dispensaires, etc.
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