♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Merci beaucoup Jacob
Joseph et Nicodème rapportent qu’au Temple on est informé de la présence de Jean d’Endor et de Sintica
Vision du vendredi 21 septembre 1945
Jésus, avec les apôtres et les disciples, se dirige vers Béthanie et il est précisément en train de parler aux disciples auxquels il donne l'ordre de se séparer en allant, les juifs à travers la Judée, les galiléens remontant par l'au-delà du Jourdain pour annoncer le Messie. Cet ordre soulève quelques objections. Il me semble que l'au-delà du Jourdain ne jouissait pas d'une bonne réputation parmi les israélites. Ils en parlent comme de régions païennes, mais cela offense les disciples d'au-delà du Jourdain, parmi eux, la voix la plus autorisée de tous, le chef de la synagogue de "La Belle Eau" et puis un jeune dont j'ignore le nom, qui défendent avec acharnement leurs villes et leurs concitoyens.
Tion dit : "Viens, Seigneur, à Aëra et tu verras si là on ne te respecte pas. Tu ne trouveras pas autant de foi en Judée que là. Et même moi, je ne veux pas y aller. Garde-moi avec Toi et qu'aille dans ma ville un juif avec un galiléen. Ils verront comment elle a su croire en Toi sur ma seule parole." Et le jeune dit : "Moi, j'ai su croire même sans t'avoir jamais vu. Et je t'ai cherché après le pardon de ma mère. Mais je suis heureux de retourner là-haut, bien que cela voudra dire railleries de mes concitoyens mauvais comme je l'étais autrefois, et reproches des bons à cause de ma conduite passée. Mais cela ne m'importe pas. Je te prêcherai par mon exemple."
"Tu as bien parlé. Tu feras comme tu as dit. Et puis je viendrai et toi aussi, Timon, tu as bien parlé. Hermas ira donc avec Abel de Bethléem de Galilée pour m'annoncer à Aëra, alors que toi, Timon, tu resteras avec Moi. Mais pourtant, je ne veux pas de ces discussions. Vous n'êtes plus des juifs ou des galiléens : vous êtes les disciples. Cela suffit. Le nom et la mission vous mettent au même rang pour la région, pour la catégorie, pour tout. Il n'y a qu'une chose où vous pouvez vous distinguer : la sainteté. Elle sera individuelle et proportionnée à ce que chacun saura atteindre. Mais Moi, je voudrais que vous arriviez tous au même degré : à la perfection. Voyez-vous les apôtres ? Ils étaient, comme vous, séparés par la race ou autre chose. Maintenant, après une année et plus de formation, ils sont uniquement : les apôtres. Agissez, vous aussi, de même et comme, parmi vous, le prêtre est près de l'ancien pécheur et le riche à côté de celui qui autrefois mendiait, le jeune près du vieillard, faites en sorte de supprimer la séparation d'appartenir à telle ou telle région. Vous avez une seule patrie : le Ciel, désormais. Parce que vous vous êtes mis volontairement sur le chemin du Ciel. Ne donnez jamais à mes ennemis l'impression d'être ennemis entre vous, L'ennemi c'est le péché. Pas autre chose."
Ils avancent un moment en silence, puis Etienne s'approche du Maître et dit : «Je devrais te dire une chose. J'espérais que tu me la demanderais, mais tu ne l'as pas fait, Hier Gamaliel m'a parlé..."
"Je l'ai vu."
"Tu ne me demandes pas ce qu'il m'a dit ?"
"J'attends que tu me le dises, car un bon disciple n'a pas de secret pour son Maître."
"Gamaliel... Maître, viens quelques mètres en avant avec moi..."
"Oui, allons, mais tu pouvais parler en présence de tous..."
Ils s'éloignent de quelques mètres. Etienne dit en rougissant : "Je dois te donner un conseil, Maître. Pardonne-moi..."
"S'il est bon, je l'accepterai. Parle donc."
"Maître, au Sanhédrin, on sait tout, tôt ou tard. C'est une institution qui a mille yeux et cent ramifications. Il pénètre partout, il voit tout, il entend tout. Il a davantage... d'informateurs qu'il n'y a de briques dans les murs du Temple. Beaucoup vivent ainsi..."
"En faisant de l'espionnage. Termine donc, c'est la vérité et je le sais. Eh bien ? Qu'est-ce qu'on a dit de plus ou moins vrai, au Sanhédrin ?"
"On a dit... tout. Moi, je ne sais pas comment ils peuvent savoir certaines choses. Je ne sais pas non plus si elles sont vraies... Mais je te dis textuellement ce que m'a dit Gamaliel : "Dis au Maître qu'il fasse circoncire Hermastée ou qu'il l'éloigne pour toujours. Il n'y a rien d'autre à dire".
"En fait, il ne faut rien dire d'autre, premièrement parce que justement je vais à Béthanie pour cela et j'y resterai jusqu'à ce que Hermastée puisse voyager de nouveau. En second lieu parce qu'aucune justification ne pourrait faire tomber les préventions et... les réserves de Gamaliel scandalisé du fait que j'ai avec Moi quelqu'un incirconcis corporellement. Oh ! s'il regardait autour de lui et en lui ! Que d'incirconcis en Israël !"
"Mais Gamaliel..."
"C'est le parfait représentant du vieil Israël. Il n'est pas mauvais mais... Regarde ce caillou. Je pourrais le briser mais non le rendre malléable. Ainsi de lui. Il faudra l'écraser pour le recomposer, et je le ferai."
"Tu veux combattre Gamaliel ? Prends garde ! Il est puissant !"
"Le combattre ? Comme si c'était un ennemi ? Non. Au lieu de le combattre, je l'aimerai en contentant un de ses désirs à cause de son cerveau momifié et je répandrai sur lui un baume qui le désagrègera pour le refaire différent."
"Je prierai, moi aussi, pour que cela arrive, parce que je l'aime bien. Est-ce que je fais mal ?"
"Non. Tu dois l'aimer en priant pour lui. Et tu le feras. Certainement que tu le feras. Et même c'est toi qui m'aideras à composer le baume... Cependant tu diras à Gamaliel, pour qu'il se tranquillise, que j'ai déjà prévu pour Hermastée et que je le remercie de son conseil. Nous voici à Béthanie. Arrêtons-nous ici pour que je vous bénisse tous, parce que c'est ici l'endroit où nous allons nous séparer."
Et, s'étant réuni au groupe nombreux des apôtres mêlés aux disciples, il les bénit et les congédie, tous, sauf Hermastée, Jean d'Endor et Timon.
Puis, avec ceux qui sont restés, il fait rapidement les quelques pas qui le séparent de la grille de Lazare, déjà grande ouverte pour le recevoir, et il entre dans le jardin en levant la main pour bénir la maison hospitalière, dans le vaste parc de laquelle se trouvent çà et là les maîtres de maison et les pieuses femmes, qui rient des courses de Margziam à travers les sentiers ornés des dernières roses. Et, avec les maîtres et les femmes, au cri de ces dernières, débouchent d'un sentier Joseph d'Arimathie et Nicodème, eux aussi hôtes de Lazare pour pouvoir rester en paix avec le Maître. Et tous accourent au-devant de Jésus, Marie avec son doux sourire et Marie de Magdala avec son cri d'amour : "Mon Maître!", et Lazare qui boite, et les deux solennels membres du Sanhédrin et, en queue, les pieuses femmes de Jérusalem et de Galilée, visages ridés et visages lisses des jeunes femmes, et doux comme un visage d'ange le visage virginal d’Annalia qui rougit en saluant le Maître.
"Sintica n’est pas ici ?" demande Jésus, après les premières salutations.
"Elle est avec Sara et Marcelle et Noémi, à préparer les tables. Mais les voilà qui viennent."
Et, en effet, arrivent avec la vieille Esther de Jeanne, deux visages marqués par l’âge et les souffrances passées, au milieu de deux autres visages sereins, et différent pour la race et un je ne sais quoi qui la distingue en tout, le visage sévère et pourtant lumineux de paix de la grecque.
Je ne pourrais pas néanmoins la considérer comme une vraie et authentique beauté. Mais pourtant ses yeux d'un noir adouci par des nuances d'indigo foncé, sous un front haut et plein de noblesse, attirent l'attention plus encore que son corps qui est certainement plus beau que son visage, assurément. Un corps mince sans maigreur, proportionné, harmonieux dans sa démarche et dans ses mouvements. Mais c'est le regard qui attire l'attention : ce regard intelligent, ouvert, profond, qui semble aspirer le monde, en faire le tri, retenir ce qui est bon, utile, saint, et repousser ce qui est mauvais, ce regard sincère et qui se laisse fouiller jusque dans ses profondeurs et dont l'âme ressort pour scruter ce qui l'environne. S'il est vrai que le regard permet de connaître une personne, je dis que Sintica est une femme d'un jugement sûr, aux pensées fermes et honnêtes. Elle s'agenouille, elle aussi avec les autres, et attend pour se relever que le Maître le commande.
Jésus s'avance à travers le vert jardin jusqu'au portique qui précède la maison, et il entre ensuite dans une salle où les serviteurs sont prêts à offrir des rafraîchissements et à aider ceux qui arrivent à faire les purifications qui précèdent le repas. Alors que les femmes se retirent, toutes, Jésus reste avec les apôtres dans la salle, alors que Jean d'Endor s'en va avec Hermastée dans la maison de Simon le Zélote pour déposer les sacs dont ils sont chargé
"Ce jeune homme qui est allé avec Jean le borgne, c'est le philistin que tu as accepté ?" demande Joseph.
"Oui, Joseph. Comment fais-tu pour le savoir ?"
"Maître... Nicodème et moi, nous nous demandions depuis quelques jours comment nous pouvions le savoir et comment peuvent malheureusement le savoir les autres du Temple. Mais ce qui est certain, c'est que nous le savons. Avant les Tabernacles, à la séance qui précède toujours la fête, certains pharisiens ont dit savoir avec exactitude que parmi tes disciples, outre les... - pardon, Lazare - les pécheresses connues et inconnues et les publicains - pardon, Mathieu, fils d'Alphée - et les anciens galériens, s'étaient unis un philistin incirconcis et une païenne. Pour la païenne qui est certainement Sintica, on comprend que l'on puisse le savoir ou, au moins, le deviner. Le romain en a fait grand bruit, et s'est fait tourner en ridicule parmi ses compatriotes et parmi les juifs parce qu'il est allé aussi, plaintif et en même temps menaçant, chercher partout sa fugitive, allant jusqu'à importuner Hérode, parce qu'il disait qu'elle s'était cachée dans la maison de Jeanne et que le Tétrarque devait obliger son intendant à la rendre à son maître. Mais que parmi tant d'hommes qui te suivent on puisse savoir que l'un d'eux est philistin et incirconcis, et qu'un autre était autrefois galérien !... C'est étrange, très étrange. Ne te semble-t-il pas ?"
"Oui et non. J'y pourvoirai pour Sintica et pour l'ancien galérien."
"Oui. Tu feras bien surtout d'éloigner Jean. Il ne fait pas bien dans ta troupe."
"Joseph, es-tu peut-être devenu pharisien ?" demande sévèrement Jésus.
"Non... mais..."
"Et Moi, je devrais humilier une âme qui s'est régénérée par sot scrupule de pur pharisaïsme ? Non, je ne le ferai pas ! Je vais pourvoir à sa tranquillité, à la sienne, pas à la mienne. Je veillerai à sa formation comme je veille à celle de l'innocent Margziam. En vérité, il n'y a pas de différence dans leur ignorance spirituelle ! L'un dit pour la première fois des paroles de sagesse parce que Dieu lui a pardonné, parce qu'il est né de nouveau en Dieu, parce que Dieu a attiré à Lui le pécheur. L'autre les dit parce que, passant d'une enfance abandonnée à une adolescence sur laquelle veille l'amour de l'homme en plus de celui de Dieu, il ouvre son âme comme une corolle au soleil, et le Soleil l'éclaire par Lui- même. Son Soleil : Dieu.
Et le premier va dire ses dernières paroles... Vous n'avez pas des yeux pour voir qu'il se consume de pénitence et d'amour ? Oh! en vérité, je voudrais avoir beaucoup de Jean d'Endor en Israël et parmi mes serviteurs. Je voudrais que toi aussi, Joseph, et toi, Nicodème, ayez son cœur, et surtout celui qui l'a dénoncé; l'abject serpent qui se cache sous l'extérieur d'un ami et qui est un espion avant d'être un assassin. Le serpent qui envie à l'oiseau ses ailes et lui tend des pièges pour les lui arracher et le jeter en prison. Oh ! non ! L'oiseau va se changer en ange. Et même si le serpent pouvait s'emparer de ses ailes, mais il ne le pourra pas, adaptées à son corps visqueux, elles se changeraient en ailes de démon. Tout délateur est déjà un démon."
"Mais où est cet individu ? Dites-le-moi pour que je puisse aller tout de suite lui arracher la langue" s'écrie Pierre.
"Tu ferais mieux de lui enlever ses dents venimeuses" dit Jude d'Alphée.
"Mais non !" dit l'Iscariote d'un ton tranchant. "Il vaut mieux l'étrangler ! Ainsi il ne fera plus de mal, d'aucune façon. Ce sont des êtres qui peuvent toujours nuire..."
Jésus le fixe et achève : "...et mentir. Mais personne ne doit faire quoi que ce soit contre lui. Il ne faut pas, en s'occupant du serpent, laisser périr l'oiseau. En ce qui concerne Hermastée, je vais le garder ici, précisément dans la maison de Lazare, pour la circoncision d'Hermastée qui embrasse la religion sainte de notre peuple par amour pour Moi et pour éviter des persécutions de la part des petits esprits hébreux. Ce n'est qu'un passage des ténèbres à la Lumière. Et il n'est pas nécessaire pour que la Lumière vienne dans un cœur. Mais je l'accorde pour calmer les susceptibilités d'Israël et pour montrer la volonté réelle du philistin d'arriver à Dieu. Mais, je vous le dis, dans le temps du Christ ce n'est pas nécessaire pour appartenir à Dieu. Il suffit d'avoir la volonté et l'amour, il suffit d'avoir la rectitude de la conscience. Et où circoncirons-nous la grecque ? En quel point de son esprit si, par elle-même, elle a su sentir Dieu mieux que tant de gens en Israël ? En vérité, parmi ceux qui sont ici, beaucoup sont ténèbres comparés à ceux que vous méprisez comme ténèbres. De toutes façons le délateur et vous, membres du Sanhédrin, vous pouvez informer qui de droit que ce scandale est enlevé à partir d'aujourd'hui même."
"Pour qui ? Pour tous les trois !"
"Non, Judas de Simon. Pour Hermastée. Pour les autres j'y pourvoirai. As-tu autre chose à demander ?"
"Moi, non, Maître."
"Et Moi non plus, je n'ai rien d'autre à te dire, Cependant je vous demande de me dire, si vous le savez, ce qu'il en est du maître de Sintica."
"C'est que Pilate l'a expédié en Italie par le premier bateau en partance, pour ne pas avoir d'ennuis avec Hérode et avec les hébreux en général. Il traverse des moments difficiles Pilate... et cela lui suffit..." dit Nicodème.
"La nouvelle est-elle sûre ?"
"Je peux la contrôler, Maître, si tu le juges bon" dit Lazare.
"Oui, fais-le et dis-moi ensuite la vérité."
"Mais dans ma maison Sintica est tout à fait en sûreté."
"Je le sais. Israël aussi protège l'esclave fugitive contre un maître étranger et cruel. Mais je veux le savoir."
"Et moi, je voudrais savoir quel est le délateur, l'informateur, le gracieux espion des pharisiens... et, cela on peut le savoir et je veux le savoir, quels sont les pharisiens dénonciateurs. Savoir les noms des pharisiens et de leur ville. Je parle des pharisiens qui ont fait le joli travail d'informer, grâce à la trahison préalable de l'un de nous, parce que nous sommes les seuls à savoir certaines choses, nous les disciples, anciens et nouveaux, le joli travail d'informer le Sanhédrin sur les actes du Maître. Ces faits sont exacts et il n'y a qu'un démon qui dise et pense le contraire et..."
"Cela suffit, Simon de Jonas. Je te le commande."
"Et moi, j'obéis, même si l'effort que je fais me fait éclater les veines du cœur. Mais, en attendant, l'agrément de cette journée est parti..."
"Non. Pourquoi ? Y a-t-il quelque chose de changé entre nous ? Et alors ? O mon Simon ! Mais viens ici, près de Moi, et parlons de ce qui est bon…"
"On vient nous dire que le repas est servi, Maître" dit Lazare.
"Allons-y, alors..."
*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/ValtortaWeb/Oeuvre.htm
Tome : 4/146
Nicodème
Joseph et Nicodème rapportent qu’au Temple on est informé de la présence de Jean d’Endor et de Sintica
Vision du vendredi 21 septembre 1945
Jésus, avec les apôtres et les disciples, se dirige vers Béthanie et il est précisément en train de parler aux disciples auxquels il donne l'ordre de se séparer en allant, les juifs à travers la Judée, les galiléens remontant par l'au-delà du Jourdain pour annoncer le Messie. Cet ordre soulève quelques objections. Il me semble que l'au-delà du Jourdain ne jouissait pas d'une bonne réputation parmi les israélites. Ils en parlent comme de régions païennes, mais cela offense les disciples d'au-delà du Jourdain, parmi eux, la voix la plus autorisée de tous, le chef de la synagogue de "La Belle Eau" et puis un jeune dont j'ignore le nom, qui défendent avec acharnement leurs villes et leurs concitoyens.
Tion dit : "Viens, Seigneur, à Aëra et tu verras si là on ne te respecte pas. Tu ne trouveras pas autant de foi en Judée que là. Et même moi, je ne veux pas y aller. Garde-moi avec Toi et qu'aille dans ma ville un juif avec un galiléen. Ils verront comment elle a su croire en Toi sur ma seule parole." Et le jeune dit : "Moi, j'ai su croire même sans t'avoir jamais vu. Et je t'ai cherché après le pardon de ma mère. Mais je suis heureux de retourner là-haut, bien que cela voudra dire railleries de mes concitoyens mauvais comme je l'étais autrefois, et reproches des bons à cause de ma conduite passée. Mais cela ne m'importe pas. Je te prêcherai par mon exemple."
"Tu as bien parlé. Tu feras comme tu as dit. Et puis je viendrai et toi aussi, Timon, tu as bien parlé. Hermas ira donc avec Abel de Bethléem de Galilée pour m'annoncer à Aëra, alors que toi, Timon, tu resteras avec Moi. Mais pourtant, je ne veux pas de ces discussions. Vous n'êtes plus des juifs ou des galiléens : vous êtes les disciples. Cela suffit. Le nom et la mission vous mettent au même rang pour la région, pour la catégorie, pour tout. Il n'y a qu'une chose où vous pouvez vous distinguer : la sainteté. Elle sera individuelle et proportionnée à ce que chacun saura atteindre. Mais Moi, je voudrais que vous arriviez tous au même degré : à la perfection. Voyez-vous les apôtres ? Ils étaient, comme vous, séparés par la race ou autre chose. Maintenant, après une année et plus de formation, ils sont uniquement : les apôtres. Agissez, vous aussi, de même et comme, parmi vous, le prêtre est près de l'ancien pécheur et le riche à côté de celui qui autrefois mendiait, le jeune près du vieillard, faites en sorte de supprimer la séparation d'appartenir à telle ou telle région. Vous avez une seule patrie : le Ciel, désormais. Parce que vous vous êtes mis volontairement sur le chemin du Ciel. Ne donnez jamais à mes ennemis l'impression d'être ennemis entre vous, L'ennemi c'est le péché. Pas autre chose."
Ils avancent un moment en silence, puis Etienne s'approche du Maître et dit : «Je devrais te dire une chose. J'espérais que tu me la demanderais, mais tu ne l'as pas fait, Hier Gamaliel m'a parlé..."
"Je l'ai vu."
"Tu ne me demandes pas ce qu'il m'a dit ?"
"J'attends que tu me le dises, car un bon disciple n'a pas de secret pour son Maître."
"Gamaliel... Maître, viens quelques mètres en avant avec moi..."
"Oui, allons, mais tu pouvais parler en présence de tous..."
Ils s'éloignent de quelques mètres. Etienne dit en rougissant : "Je dois te donner un conseil, Maître. Pardonne-moi..."
"S'il est bon, je l'accepterai. Parle donc."
"Maître, au Sanhédrin, on sait tout, tôt ou tard. C'est une institution qui a mille yeux et cent ramifications. Il pénètre partout, il voit tout, il entend tout. Il a davantage... d'informateurs qu'il n'y a de briques dans les murs du Temple. Beaucoup vivent ainsi..."
"En faisant de l'espionnage. Termine donc, c'est la vérité et je le sais. Eh bien ? Qu'est-ce qu'on a dit de plus ou moins vrai, au Sanhédrin ?"
"On a dit... tout. Moi, je ne sais pas comment ils peuvent savoir certaines choses. Je ne sais pas non plus si elles sont vraies... Mais je te dis textuellement ce que m'a dit Gamaliel : "Dis au Maître qu'il fasse circoncire Hermastée ou qu'il l'éloigne pour toujours. Il n'y a rien d'autre à dire".
"En fait, il ne faut rien dire d'autre, premièrement parce que justement je vais à Béthanie pour cela et j'y resterai jusqu'à ce que Hermastée puisse voyager de nouveau. En second lieu parce qu'aucune justification ne pourrait faire tomber les préventions et... les réserves de Gamaliel scandalisé du fait que j'ai avec Moi quelqu'un incirconcis corporellement. Oh ! s'il regardait autour de lui et en lui ! Que d'incirconcis en Israël !"
"Mais Gamaliel..."
"C'est le parfait représentant du vieil Israël. Il n'est pas mauvais mais... Regarde ce caillou. Je pourrais le briser mais non le rendre malléable. Ainsi de lui. Il faudra l'écraser pour le recomposer, et je le ferai."
"Tu veux combattre Gamaliel ? Prends garde ! Il est puissant !"
"Le combattre ? Comme si c'était un ennemi ? Non. Au lieu de le combattre, je l'aimerai en contentant un de ses désirs à cause de son cerveau momifié et je répandrai sur lui un baume qui le désagrègera pour le refaire différent."
"Je prierai, moi aussi, pour que cela arrive, parce que je l'aime bien. Est-ce que je fais mal ?"
"Non. Tu dois l'aimer en priant pour lui. Et tu le feras. Certainement que tu le feras. Et même c'est toi qui m'aideras à composer le baume... Cependant tu diras à Gamaliel, pour qu'il se tranquillise, que j'ai déjà prévu pour Hermastée et que je le remercie de son conseil. Nous voici à Béthanie. Arrêtons-nous ici pour que je vous bénisse tous, parce que c'est ici l'endroit où nous allons nous séparer."
Et, s'étant réuni au groupe nombreux des apôtres mêlés aux disciples, il les bénit et les congédie, tous, sauf Hermastée, Jean d'Endor et Timon.
Puis, avec ceux qui sont restés, il fait rapidement les quelques pas qui le séparent de la grille de Lazare, déjà grande ouverte pour le recevoir, et il entre dans le jardin en levant la main pour bénir la maison hospitalière, dans le vaste parc de laquelle se trouvent çà et là les maîtres de maison et les pieuses femmes, qui rient des courses de Margziam à travers les sentiers ornés des dernières roses. Et, avec les maîtres et les femmes, au cri de ces dernières, débouchent d'un sentier Joseph d'Arimathie et Nicodème, eux aussi hôtes de Lazare pour pouvoir rester en paix avec le Maître. Et tous accourent au-devant de Jésus, Marie avec son doux sourire et Marie de Magdala avec son cri d'amour : "Mon Maître!", et Lazare qui boite, et les deux solennels membres du Sanhédrin et, en queue, les pieuses femmes de Jérusalem et de Galilée, visages ridés et visages lisses des jeunes femmes, et doux comme un visage d'ange le visage virginal d’Annalia qui rougit en saluant le Maître.
"Sintica n’est pas ici ?" demande Jésus, après les premières salutations.
"Elle est avec Sara et Marcelle et Noémi, à préparer les tables. Mais les voilà qui viennent."
Et, en effet, arrivent avec la vieille Esther de Jeanne, deux visages marqués par l’âge et les souffrances passées, au milieu de deux autres visages sereins, et différent pour la race et un je ne sais quoi qui la distingue en tout, le visage sévère et pourtant lumineux de paix de la grecque.
Je ne pourrais pas néanmoins la considérer comme une vraie et authentique beauté. Mais pourtant ses yeux d'un noir adouci par des nuances d'indigo foncé, sous un front haut et plein de noblesse, attirent l'attention plus encore que son corps qui est certainement plus beau que son visage, assurément. Un corps mince sans maigreur, proportionné, harmonieux dans sa démarche et dans ses mouvements. Mais c'est le regard qui attire l'attention : ce regard intelligent, ouvert, profond, qui semble aspirer le monde, en faire le tri, retenir ce qui est bon, utile, saint, et repousser ce qui est mauvais, ce regard sincère et qui se laisse fouiller jusque dans ses profondeurs et dont l'âme ressort pour scruter ce qui l'environne. S'il est vrai que le regard permet de connaître une personne, je dis que Sintica est une femme d'un jugement sûr, aux pensées fermes et honnêtes. Elle s'agenouille, elle aussi avec les autres, et attend pour se relever que le Maître le commande.
Jésus s'avance à travers le vert jardin jusqu'au portique qui précède la maison, et il entre ensuite dans une salle où les serviteurs sont prêts à offrir des rafraîchissements et à aider ceux qui arrivent à faire les purifications qui précèdent le repas. Alors que les femmes se retirent, toutes, Jésus reste avec les apôtres dans la salle, alors que Jean d'Endor s'en va avec Hermastée dans la maison de Simon le Zélote pour déposer les sacs dont ils sont chargé
"Ce jeune homme qui est allé avec Jean le borgne, c'est le philistin que tu as accepté ?" demande Joseph.
"Oui, Joseph. Comment fais-tu pour le savoir ?"
"Maître... Nicodème et moi, nous nous demandions depuis quelques jours comment nous pouvions le savoir et comment peuvent malheureusement le savoir les autres du Temple. Mais ce qui est certain, c'est que nous le savons. Avant les Tabernacles, à la séance qui précède toujours la fête, certains pharisiens ont dit savoir avec exactitude que parmi tes disciples, outre les... - pardon, Lazare - les pécheresses connues et inconnues et les publicains - pardon, Mathieu, fils d'Alphée - et les anciens galériens, s'étaient unis un philistin incirconcis et une païenne. Pour la païenne qui est certainement Sintica, on comprend que l'on puisse le savoir ou, au moins, le deviner. Le romain en a fait grand bruit, et s'est fait tourner en ridicule parmi ses compatriotes et parmi les juifs parce qu'il est allé aussi, plaintif et en même temps menaçant, chercher partout sa fugitive, allant jusqu'à importuner Hérode, parce qu'il disait qu'elle s'était cachée dans la maison de Jeanne et que le Tétrarque devait obliger son intendant à la rendre à son maître. Mais que parmi tant d'hommes qui te suivent on puisse savoir que l'un d'eux est philistin et incirconcis, et qu'un autre était autrefois galérien !... C'est étrange, très étrange. Ne te semble-t-il pas ?"
"Oui et non. J'y pourvoirai pour Sintica et pour l'ancien galérien."
"Oui. Tu feras bien surtout d'éloigner Jean. Il ne fait pas bien dans ta troupe."
"Joseph, es-tu peut-être devenu pharisien ?" demande sévèrement Jésus.
"Non... mais..."
"Et Moi, je devrais humilier une âme qui s'est régénérée par sot scrupule de pur pharisaïsme ? Non, je ne le ferai pas ! Je vais pourvoir à sa tranquillité, à la sienne, pas à la mienne. Je veillerai à sa formation comme je veille à celle de l'innocent Margziam. En vérité, il n'y a pas de différence dans leur ignorance spirituelle ! L'un dit pour la première fois des paroles de sagesse parce que Dieu lui a pardonné, parce qu'il est né de nouveau en Dieu, parce que Dieu a attiré à Lui le pécheur. L'autre les dit parce que, passant d'une enfance abandonnée à une adolescence sur laquelle veille l'amour de l'homme en plus de celui de Dieu, il ouvre son âme comme une corolle au soleil, et le Soleil l'éclaire par Lui- même. Son Soleil : Dieu.
Et le premier va dire ses dernières paroles... Vous n'avez pas des yeux pour voir qu'il se consume de pénitence et d'amour ? Oh! en vérité, je voudrais avoir beaucoup de Jean d'Endor en Israël et parmi mes serviteurs. Je voudrais que toi aussi, Joseph, et toi, Nicodème, ayez son cœur, et surtout celui qui l'a dénoncé; l'abject serpent qui se cache sous l'extérieur d'un ami et qui est un espion avant d'être un assassin. Le serpent qui envie à l'oiseau ses ailes et lui tend des pièges pour les lui arracher et le jeter en prison. Oh ! non ! L'oiseau va se changer en ange. Et même si le serpent pouvait s'emparer de ses ailes, mais il ne le pourra pas, adaptées à son corps visqueux, elles se changeraient en ailes de démon. Tout délateur est déjà un démon."
"Mais où est cet individu ? Dites-le-moi pour que je puisse aller tout de suite lui arracher la langue" s'écrie Pierre.
"Tu ferais mieux de lui enlever ses dents venimeuses" dit Jude d'Alphée.
"Mais non !" dit l'Iscariote d'un ton tranchant. "Il vaut mieux l'étrangler ! Ainsi il ne fera plus de mal, d'aucune façon. Ce sont des êtres qui peuvent toujours nuire..."
Jésus le fixe et achève : "...et mentir. Mais personne ne doit faire quoi que ce soit contre lui. Il ne faut pas, en s'occupant du serpent, laisser périr l'oiseau. En ce qui concerne Hermastée, je vais le garder ici, précisément dans la maison de Lazare, pour la circoncision d'Hermastée qui embrasse la religion sainte de notre peuple par amour pour Moi et pour éviter des persécutions de la part des petits esprits hébreux. Ce n'est qu'un passage des ténèbres à la Lumière. Et il n'est pas nécessaire pour que la Lumière vienne dans un cœur. Mais je l'accorde pour calmer les susceptibilités d'Israël et pour montrer la volonté réelle du philistin d'arriver à Dieu. Mais, je vous le dis, dans le temps du Christ ce n'est pas nécessaire pour appartenir à Dieu. Il suffit d'avoir la volonté et l'amour, il suffit d'avoir la rectitude de la conscience. Et où circoncirons-nous la grecque ? En quel point de son esprit si, par elle-même, elle a su sentir Dieu mieux que tant de gens en Israël ? En vérité, parmi ceux qui sont ici, beaucoup sont ténèbres comparés à ceux que vous méprisez comme ténèbres. De toutes façons le délateur et vous, membres du Sanhédrin, vous pouvez informer qui de droit que ce scandale est enlevé à partir d'aujourd'hui même."
"Pour qui ? Pour tous les trois !"
"Non, Judas de Simon. Pour Hermastée. Pour les autres j'y pourvoirai. As-tu autre chose à demander ?"
"Moi, non, Maître."
"Et Moi non plus, je n'ai rien d'autre à te dire, Cependant je vous demande de me dire, si vous le savez, ce qu'il en est du maître de Sintica."
"C'est que Pilate l'a expédié en Italie par le premier bateau en partance, pour ne pas avoir d'ennuis avec Hérode et avec les hébreux en général. Il traverse des moments difficiles Pilate... et cela lui suffit..." dit Nicodème.
"La nouvelle est-elle sûre ?"
"Je peux la contrôler, Maître, si tu le juges bon" dit Lazare.
"Oui, fais-le et dis-moi ensuite la vérité."
"Mais dans ma maison Sintica est tout à fait en sûreté."
"Je le sais. Israël aussi protège l'esclave fugitive contre un maître étranger et cruel. Mais je veux le savoir."
"Et moi, je voudrais savoir quel est le délateur, l'informateur, le gracieux espion des pharisiens... et, cela on peut le savoir et je veux le savoir, quels sont les pharisiens dénonciateurs. Savoir les noms des pharisiens et de leur ville. Je parle des pharisiens qui ont fait le joli travail d'informer, grâce à la trahison préalable de l'un de nous, parce que nous sommes les seuls à savoir certaines choses, nous les disciples, anciens et nouveaux, le joli travail d'informer le Sanhédrin sur les actes du Maître. Ces faits sont exacts et il n'y a qu'un démon qui dise et pense le contraire et..."
"Cela suffit, Simon de Jonas. Je te le commande."
"Et moi, j'obéis, même si l'effort que je fais me fait éclater les veines du cœur. Mais, en attendant, l'agrément de cette journée est parti..."
"Non. Pourquoi ? Y a-t-il quelque chose de changé entre nous ? Et alors ? O mon Simon ! Mais viens ici, près de Moi, et parlons de ce qui est bon…"
"On vient nous dire que le repas est servi, Maître" dit Lazare.
"Allons-y, alors..."
*
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Nicodème
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Sintica parle dans la maison de Lazare
Vision du samedi 22 septembre 1945
Jésus est assis dans la cour à portiques qui se trouve à l'intérieur de la maison de Béthanie, la cour que j'ai vue remplie de disciples le matin de la Résurrection de Jésus. Assis sur un siège de marbre couvert de coussins, le dos appuyé au mur de la maison, entouré des maîtres de maison, des apôtres et des disciples Jean et Timon, plus Joseph et Nicodème, et des pieuses femmes, il écoute Sintica qui, debout devant Lui, semble répondre à quelque question qu'il a posée. Tous, plus ou moins intéressés, écoutent dans des poses variées, les uns assis sur des sièges, d'autres sur le sol, d'autres debout, d'autres appuyés aux colonnes ou au mur.
" ...c'était une nécessité, pour ne pas sentir tout le poids de ma condition. C'était ne pas être persuadée, un refus d'être persuadée de penser que j'étais seule, esclave, exilée de ma patrie, penser que ma mère et mes frères que mon père et la si tendre et douce Ismène n'étaient pas pour toujours perdus. Mais que si même le monde entier s'acharnait à nous séparer, comme Rome nous avait séparés et vendus, nous, qui étions libres, comme des bêtes de somme, un endroit nous aurait réunis, au-delà de la vie.
Penser que notre vie n'est pas seulement une matière, une matière qu'on enchaîne, mais qu'elle a à l'intérieur une force libre qu'aucune chaîne ne tient captive, sauf la volonté de vivre dans le désordre moral et la ripaille. Vous appelez cela : "péché". Celui et ceux qui étaient mes lumières dans l'obscurité de ma nuit d'esclave expliquent cela d'une autre façon. Mais eux aussi admettent qu'une âme clouée au corps par des passions mauvaises et corporelles, n'arrive pas à ce que vous, vous appelez le Royaume de Dieu, et nous la vie commune dans l'Hadès avec les dieux. Et par conséquent il faut éviter de tomber dans la matérialité et s'efforcer d'atteindre la liberté du corps, en se donnant un héritage de vertu pour posséder une immortalité heureuse et être réunis à ceux qu’on a aimés.
Penser que rien n'empêche l'âme des morts d'assister l'âme des vivants, et sentir par conséquent auprès de soi l'âme maternelle, retrouver son regard et sa voix quand elle parle à l'âme de sa fille, et pouvoir dire : "Oui, mère, pour venir vers toi, oui. Pour ne pas troubler ton regard, oui. Pour ne pas mettre des larmes dans ta voix, oui. Pour ne pas endeuiller l'Hadès où tu es en paix, oui. C'est pour tout cela que je garderai mon âme libre, l'unique possession que j'aie et que personne ne peut m'enlever et que je veux conserver pure pour pouvoir soumettre ma raison à la vertu. Penser ainsi c'était liberté et joie. Et c'est ainsi que je voulais penser et agir. Parce que c'est une philosophie tronquée et fausse de penser, et puis d'agir d'une manière qui n'est pas conforme à la pensée.
Penser ainsi, c'était se reconstruire une patrie, même dans l'exil, une patrie intime dans le moi, avec ses autels, sa foi, sa croyance, ses affections... Une patrie grande, mystérieuse, et pas telle pourtant, dans ce mystère de l'âme qui sait qu'elle n'ignore pas l'au-delà même si présentement elle le connaît comme un marin, au milieu de la vaste mer, dans un matin brumeux connaît les détails de la côte : confusément, comme une ébauche avec à peine quelque point qui se dessine nettement et qui, pourtant, suffit, oh ! suffit au navigateur fatigué que les tempêtes ont tourmenté, pour dire : "Voilà, c'est le port, c'est la paix": La patrie des âmes, le lieu d'où elles viennent... le lieu de la Vie.
Parce que la vie prend naissance de la mort... Oh ! cela, je ne l'ai compris qu'à moitié, tant que je n'ai pas connu une de tes paroles, Après... après, ce fut comme si un rayon de soleil eût frappé le diamant de ma pensée. Tout fut lumière, et j'ai compris jusqu'où étaient arrivés les maîtres grecs et comment ensuite ils s'étaient perdus, car il leur manquait une donnée, une seule pour résoudre exactement le théorème de la Vie et de la Mort. Cette donnée : le Vrai Dieu, Seigneur et Créateur de tout ce qui existe !
Puis-je le nommer avec mes lèvres païennes ? Oui, je le peux, parce que c'est de Lui que je viens comme tous. Car Lui en a mis la capacité dans l'esprit de tous les hommes et, chez les plus sages, une intelligence supérieure qui les fait paraître vraiment des demi-dieux par une puissance qui dépasse les limites de l'humanité. Oui, parce que c'est Lui qui leur a fait écrire ces vérités qui déjà sont de la religion sinon divine comme la tienne, du moins morale, et capable de garder les âmes "vivantes" non pas pour la durée du séjour ici, sur la terre, mais pour toujours.
Depuis j'ai compris ce que veut dire : "C'est par la mort que la vie prend naissance". Celui qui l'a dit était comme quelqu'un pas tout à fait ivre, mais bien d'une intelligence alourdie. Il a dit une parole sublime, mais ne l'a pas comprise entièrement. Moi, ô Seigneur, pardonne mon orgueil, j'ai compris mieux que lui et, depuis ce moment, j'en suis heureuse."
"Qu'est-ce que tu as compris ?"
"Que cette existence n'est que le principe embryonnaire de la vie et que la vraie Vie commence quand la Mort nous enfante... à l'Hadès comme païenne, à la Vie éternelle comme croyante en Toi. Ai-je mal parlé ?"
"Tu as bien parlé. Femme" approuve Jésus.
Nicodème interrompt : "Mais comment as-tu pu être informée des paroles du Maître ?"
"Celui qui a faim cherche la nourriture, seigneur. Moi, je cherchais ma nourriture. Lectrice, grâce à ma culture, à ma belle voix, à ma prononciation, je pouvais lire beaucoup dans les bibliothèques de mes maîtres. Mais je n'étais pas encore rassasiée. Je sentais qu'il y avait autre chose, au-delà des murs historiés de la science humaine et, comme prisonnière dans une prison d'or, je battais les murs, je forçais les portes pour sortir, pour trouver... Quand je suis venue en Palestine avec le dernier maître, je craignais de tomber dans les ténèbres... au contraire, j'allais vers la Lumière. Les paroles des serviteurs de Césarée étaient comme autant de coups de pics qui effritaient les murs, en ouvrant des fissures de plus en plus grandes par où pénétrait ta Parole. Et moi, je les recueillais, ces paroles et ces connaissances et, comme un enfant enfile des perles, je les alignais, je m'en faisais un ornement, j'en tirais de la force afin d'être toujours plus purifiée pour recevoir la Vérité. Je me rendis compte qu'en me purifiant j'aurais trouvé. Et dès la terre. Je voulus être pure, même au prix de ma vie, pour la rencontre avec la Vérité, avec la Sagesse, avec la Divinité. Seigneur, je dis des paroles folles. Eux me regardent étonnés. Mais c'est Toi qui me les as demandées..."
"Parle, parle, C'est nécessaire."
"Avec force et tempérance, j'ai résisté aux pressions extérieures. J'aurais pu être libre et heureuse, selon le monde. Il m'aurait suffi de le vouloir. Mais je n'ai pas voulu troquer la sagesse contre le plaisir, car sans la sagesse, il ne sert à rien d'avoir les autres vertus. Lui, le philosophe, l'a dit : "La justice, la tempérance et la force, si elles n'ont pas pour compagne la sagesse, c'est comme un décor peint, une vraie vertu d'esclaves, sans rien de solide ni réel". Moi, je voulais avoir des choses réelles. Le maître, imbécile, parlait de Toi en ma présence. Alors, ce fut comme si les murs devenaient un voile. Il suffisait de vouloir pour déchirer le voile et s'unir à la Vérité. Je l'ai fait."
"Tu ne savais pas que tu nous aurais trouvés" dit l'Iscariote.
"Je savais croire que le dieu récompense la vertu. Moi, je ne voulais pas l'or, ni les honneurs, ni la liberté physique, pas même cette dernière. Mais je voulais la Vérité. C'était elle que je demandais à Dieu, ou bien de mourir. Je voulais que me fût épargné l'avilissement de devenir "un objet" et davantage encore de consentir à l'être. Je renonçais à tout ce qui est corporel, en te cherchant, ô Seigneur, car les recherches, quand elles passent par les sens, sont toujours imparfaites - et tu l'as vu quand, pour t'avoir vu, je me suis enfuie, trompée par mes yeux - alors, je me suis abandonnée à Dieu qui est au-dessus de nous et en nous et qui informe l'âme de Lui. Et je t'ai trouvé parce que mon âme m'a conduite à Toi."
"La tienne est une âme païenne" dit encore l'Iscariote.
"Mais l'âme a toujours du divin en elle surtout quand, par l'effort, elle s'est préservée de l'erreur... Et tend par conséquent aux choses de sa propre nature."
"Tu te compares à Dieu, toi ?"
"Non."
"Et alors, pourquoi dis-tu cela ?"
"Comment ? C'est toi, disciple du Maître, qui me le demandes ? A moi, grecque et libre depuis peu ? Quand il parle, tu n'entends pas ? Ou bien en toi le ferment du corps est-il tel qu'il te rend sourd ? Lui, ne dit-il pas toujours que nous sommes des enfants de Dieu ? Nous sommes donc des dieux, si nous sommes des enfants du Père, du Père qui est le sien et le nôtre, dont il parle toujours. Tu pourrais me reprocher de n'être pas humble, mais non pas d'être incrédule et inattentive."
"De sorte que tu te crois plus que moi ? Crois-tu avoir tout appris dans les livres de ta Grèce ?"
"Non. Ni l'un, ni l'autre. Mais les livres des sages, d'où qu'ils soient, m'ont donné le minimum pour me conduire. Je ne doute pas qu'un israélite soit plus que moi. Mais je suis heureuse dans mon sort qui me vient de Dieu. Que puis-je désirer de plus ? J'ai tout trouvé en trouvant le Maître. Et je pense que cela a été ma destinée car réellement je vois que veille sur moi une puissance qui m'a marqué un grand destin que je n'ai fait que seconder, parce que je me rendais compte qu'il était bon."
"Bon ? Tu as été esclave et de maîtres cruels... Si le dernier t'avait reprise, par exemple, comment aurais-tu secondé le destin, toi, si sage ?"
"Tu t'appelles Judas, n'est-ce pas ?"
"Oui, eh bien ?"
"Eh bien... rien. Je veux me souvenir de ton nom en plus de ton ironie. Prends garde que l'ironie est imprudente, même chez ceux qui sont vertueux... Comment aurais-je secondé le destin ? Je me serais peut-être tuée. Car réellement, en certains cas, il vaut mieux mourir que vivre, bien que le philosophe dise qu'il n'est pas bien et qu'il est impie de se procurer ce bien par soi-même, car seuls les dieux ont le droit de nous appeler à eux. Et c'est cette attente d'un signe des dieux pour le faire, qui m'a toujours empêchée de le faire dans les chaînes de mon triste sort. Mais alors, si j'avais été reprise par ce maître immonde, j'y aurais vu le signe suprême et j'aurais préféré la mort à la vie, J'ai une dignité, moi aussi, homme."
"Et s'il te reprenait maintenant ? Tu serais toujours dans les mêmes dispositions..."
"Maintenant je ne me tuerais plus. Maintenant je sais que les violences contre la chair ne blessent pas l'esprit qui ne consent pas. Maintenant je résisterais jusqu'à être brisée par la force, jusqu'à être tuée par la violence. Car cela aussi je le prendrais pour un signe de Dieu qui m'aurait appelée à Lui par cette violence. Et maintenant je mourrais tranquille, sachant que ce ne serait que pour perdre ce qui est périssable."
"Tu as bien répondu, femme" dit Lazare, et Nicodème approuve lui aussi.
"Le suicide n'est jamais permis" dit l'Iscariote.
"Nombreuses sont les choses interdites, et on ne respecte pas l'interdiction. Mais toi, Sintica, tu dois penser que Dieu, comme Il t'a toujours guidée, t'aurait préservée même de la violence sur toi-même. Maintenant, va. Je te serais reconnaissant que tu cherches l'enfant et que tu me l'amènes" dit doucement Jésus.
La femme s'incline jusqu'à terre et s'en va. Tous la suivent du regard.
Lazare murmure : "Et c'est toujours ainsi ! Moi, je ne peux comprendre pourquoi les choses qui, en elle, ont été "vie", ont été "mort" pour nous d'Israël. Si j'avais la possibilité de l'examiner encore; je verrais que l'hellénisme qui nous a corrompus, nous, déjà en possession d'une Sagesse, l'a sauvée, elle. Pourquoi ?"
"Parce qu'admirables sont les voies du Seigneur et Lui les ouvre à ceux qui le méritent. Et maintenant, amis, je vous congédie puisque la soirée s'avance. Il me plaît que vous tous ayez entendu parler la grecque. En constatant comment Dieu se révèle aux meilleurs, tirez-en la conclusion que l'exclusion de toute personne qui n'appartient pas à Israël, des troupes de Dieu, est haineuse et dangereuse. Prenez-la comme règle pour l'avenir... Ne bougonne pas, Judas de Simon. Et toi, Joseph, n'aie pas de scrupules déplacés.
Vous n'êtes contaminés en rien, personne d'entre vous, pour avoir approché une grecque. Faites, faites, faites en sorte de ne pas approcher le démon et de ne pas lui donner l'hospitalité. Adieu, Joseph. Adieu, Nicodème. Pourrai-je vous voir encore pendant que je suis ici ? Voici Margziam... Viens, mon enfant, salue les chefs du Sanhédrin. Que vas-tu leur dire ?"
"La paix soit avec vous et... je dis encore : à l'heure de l'encens, priez pour moi."
"Tu n'en as pas besoin, petit. Mais pourquoi justement à cette heure ?"
"Parce que la première fois que je suis entré au Temple, avec Jésus, il m'a parlé de la prière du soir... Oh ! c'est si beau !..."
"Et toi, tu prieras pour nous ? Quand ?"
"Je prierai... je prierai matin et soir. Pour que Dieu vous préserve du péché pendant le jour et pendant la nuit."
"Et que diras-tu, petit ?"
"Je dirai : "Seigneur Très-Haut, fais de Joseph et de Nicodème des vrais amis de Jésus". Et cela suffira, car celui qui est un véritable ami ne cause pas de douleur à l'ami. Et celui qui ne cause pas de douleur à Jésus est certain de posséder le Ciel"
"Que Dieu te conserve ainsi, mon enfant !" disent les deux membres du Sanhédrin. Puis saluent le Maître, puis la Vierge et Lazare en particulier, tous les autres ensemble, et ils s'en vont.
*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2004/index.htm#140
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Sintica
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
La mission des quatre apôtres en Judée
Jésus revient avec les apôtres d'une tournée apostolique dans les environs de Béthanie. La tournée a dû être brève car ils n'ont même pas les sacs pour les provisions. Ils parlent entre eux. Ils disent : « Il a eu une bonne idée Salomon, le passeur, n'est-ce pas, Maître ? »
« Oui, une bonne idée. »
Naturellement l'Iscariote n'est pas de l'avis des autres : « Moi, je ne vois pas grand-chose de bon en cela. Il a donné ce qui à lui, disciple ne servait plus. Il n'y a pas de quoi le vanter... »
« Une maison est toujours utile » dit avec sérieux le Zélote.
« Si elle était comme la tienne. Mais, qu'est-ce que c'est ? Une bicoque malsaine. »
« C'est tout ce qu'a Salomon » réplique le Zélote. « Et comme lui y a vieilli sans infirmité nous pourrons y séjourner, nous, de temps à autre. Qu'est-ce que tu veux ?
Toutes les maisons comme celles de Lazare ? » ajoute Pierre.
« Moi, je ne veux rien. Je ne vois pas la nécessité de ce cadeau. Quand on est à cet endroit, on peut être aussi à Jéricho. Il n'y a que quelques stades entre les deux. Et pour des gens comme nous, qui ressemblons à des persécutés, obligés de toujours marcher, qu'est-ce que c'est que quelques stades ? »
Jésus intervient avant que la patience des autres ne soit à bout comme le montrent des signes déjà clairs. « Salomon, proportionnellement à ce qu'il possède, a donné plus que tous. Car il a tout donné. Il l'a donné paf amour. Il l'a donnée, cette maison, pour nous procurer un abri en cas de pluie qui nous bloque dans cette région peu hospitalière, ou de crue, ou surtout dans le cas où la malveillance des juifs devient si forte qu'elle nous conseille de mettre le fleuve entre eux et nous. Ceci dit pour le don. Qu'un disciple, humble et peu cultivé, mais si fidèle et si plein de bonne volonté, ait su arriver à cette générosité qui manifeste en lui la volonté évidente d'être pour toujours mon disciple, cela me procure une grande joie. En vérité, je vois que de nombreux disciples, avec le peu d'instruction qu'ils ont reçus de Moi, vous ont surpassés, vous qui avez tant reçu. Vous ne savez pas me sacrifier, toi spécialement, même ce qui ne coûte rien : le jugement personnel. Le tien tu le conserves dur, résistant à tout changement. »
« Tu dis que la lutte contre soi-même c'est ce qui coûte le plus... »
« Et tu veux, avec cela, me dire que je me trompe en disant qu'elle ne coûte rien. Est-ce vrai ? Mais tu as bien compris ce que je veux dire ! Pour l'homme, et en vérité tu es vraiment un homme, n'a de valeur que ce qui est objet de commerce. Le "moi" ne se vend pas à prix d'argent, A moins... à moins de se vendre à quelqu'un en espérant en tirer profit. Un trafic semblable à celui que l'âme pratique avec Satan et même plus vaste. Parce que, en plus de l'âme, il embrasse aussi la pensée, ou le jugement, ou la liberté de l'homme. Appelle-la comme bon te semble. Il y a aussi de ces malheureux... Mais pour le moment ne pensons pas à eux. J'ai louangé Salomon parce que je vois tout ce qu'il y a de bon dans son acte. Et cela suffit. »
Il se produit un silence, et puis Jésus recommence à parler : « Dans quelques jours Hermastée sera en mesure de marcher sans difficulté. Et Moi, je reviendrai en Galilée. Cependant vous ne viendrez pas tous avec Moi. Une partie restera en Judée pour remonter avec les disciples juifs, de façon à être tous unis pour la fête des Lumières. »
« Si longtemps ? Hélas ! A qui jamais cela reviendra-t-il ? » disent entre eux les apôtres.
Jésus entend la discussion et répond : « Cela reviendra à Judas de Simon, à Thomas, à Barthélemy et à Philippe. Mais je n'ai pas dit de rester en Judée jusqu'à la fête des Lumières. Je veux au contraire que vous rassembliez ou avisiez les disciples d'être ici pour la fête des Lumières. Par conséquent, maintenant vous irez, les chercherez, les rassemblerez et les aviserez. Entre temps vous les contrôlerez et les aiderez et puis vous viendrez derrière Moi, en amenant avec vous ceux que vous aurez trouvés, en répandant pour les autres la nouvelle de venir. Désormais nous avons des amis dans les principales régions de la Judée. Ils nous feront le plaisir d'aviser les disciples. En remontant la Galilée, le long de l'autre rive du Jourdain, en vous souvenant que je passerai par Gerasa, Bozra, Arbèle jusqu'à Aëra, rassemblez aussi ceux qui à mon passage n'auront pas osé s'avancer pour demander l'instruction ou le miracle, mais souffriront ensuite de ne pas l'avoir fait. Vous me les amènerez. Je resterai à Aëra jusqu'à votre arrivée. »
« Alors ce serait bien d'y aller tout de suite » dit l'Iscariote.
« Non, vous partirez le soir d'avant mon départ en allant de Jonas à Gethsémani
jusqu'au jour suivant et puis vous partirez pour la Judée. Ainsi tu verras ta mère et tu lui viendras en aide en cette période de travaux agricoles. »
« Désormais, depuis des années, elle a appris à se tirer d'affaire seule. »
« Oh! tu ne te souviens pas que l'année passée tu lui étais indispensable pour les vendanges ? » demande Pierre quelque peu sournois.
Judas devient plus rouge qu'un coquelicot, laid dans sa colère et sa honte. Mais Jésus prévient toute riposte en parlant, Lui : « Un fils est toujours pour sa mère aide et réconfort. Ensuite, jusqu'à la Pâque, et après la Pâque, elle ne te verra plus, Par conséquent va, et fais ce que je te dis. »
Judas ne réplique pas à Pierre, mais reporte son dépit sur Jésus : « Maître, sais-tu ce que je dois te dire ? J'ai l'impression que tu veux te débarrasser de moi, pour le moins m'éloigner, parce que tu me soupçonnes, parce que tu me crois injustement coupable de quelque chose, parce que tu manqués de charité envers moi, parce que... »
« Judas ! C'est assez ! Je pourrais te dire tant de paroles. Je te dis seulement : "Obéis". » Jésus est majestueux en le disant. Grand, l’œil étincelant et le visage sévère... Il fait trembler. Judas même tremble. Il se met derrière tous les autres, pendant que Jésus se met seul en tête.
Entre l'un et l'autre, le groupe des apôtres devenus muets.
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Carte de la Palestine
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Jésus quitte Béthanie
pour l’autre rive du Jourdain
"Lazare, mon ami, je te demande de venir avec Moi" dit Jésus en apparaissant sur le seuil de la salle où Lazare se trouve à demi-couché sur un lit, en train de lire un rouleau.
"Tout de suite, Maître. où allons-nous ?" demande Lazare en se levant immédiatement.
"Dans la campagne. J'ai besoin d'être seul avec toi." Lazare le regarde troublé, et demande : "As-tu de tristes nouvelles à me donner secrètement ? Ou bien. ..Non, je ne veux pas y penser..."
"Non, j'ai à prendre conseil de toi et l'air lui-même ne doit pas savoir ce que nous dirons. Commande le char parce que je ne veux pas te fatiguer. Quand nous serons en pleine campagne, je te parlerai."
"Alors c'est moi qui conduis. Ainsi même le serviteur ne saura pas ce que nous aurons dit."
"Oui, c'est d'accord."
"J'y vais tout de suite, Maître. Dans un moment je vais être prêt" et il sort.
Jésus sort aussi, après être resté un peu pensif au milieu de la riche pièce. Tout en pensant, il a déplacé machinalement deux ou trois objets, ramasse le rouleau tombé par terre et enfin, en le remettant en place sur une étagère, par cet instinct inné de l'ordre qui est si fort en Jésus, il reste, les bras levés, à regarder des objets d'un art pour le moins étrange, différent de celui courant en Palestine, alignés sur les degrés de l'étagère. Ce sont des amphores et des coupes très anciennes, semble-t-il, en métal repoussé, ornées de dessins reproduisant des détails des temples de l'ancienne Grèce, et des urnes funéraires. Ce qu'il voit Lui-même, au-delà de l'objet, je ne sais pas... Il sort et va dans la cour intérieure où se trouvent les apôtres.
"Où allons-nous, Maître ?" demandent-ils, en voyant Jésus mettre son manteau.
"Nulle part. Moi, je sors avec Lazare. Vous restez ici à m'attendre, tous ensemble. Je serai vite de retour."
Les douze se regardent entre eux... Ils sont peu contents... Pierre dit : "Tu vas seul ? Fais attention..."
"Ne crains rien. Tout en m'attendant, ne restez pas oisifs. Instruisez encore Hermastée pour qu'il connaisse toujours plus la Loi et soyez de bons compagnons. Pas de disputes ni d'impolitesses. Soyez gentils, aimez-vous."
Il se dirige vers le jardin et tous le suivent. Tout de suite arrive un char léger et couvert, sur lequel est déjà Lazare.
"Tu pars avec le char ?"
"Oui, pour que Lazare ne se fatigue pas les jambes. Adieu, Margziam. Sois bon. La paix à vous tous."
Il monte sur le char qui, en faisant grincer le gravier du chemin, sort du jardin en prenant la grand-route.
"Tu vas à "La Belle Eau", Maître ?" lui crie par derrière Thomas.
"Non. Je vous dis encore une fois : soyez bons."
Le cheval part rapidement au trot. La route, qui va de Béthanie à Jéricho, passe à travers la campagne qui se dépouille et on remarque la mort de la nature à mesure que l'on descend vers la plaine.
Jésus réfléchit. Lazare se tait occupé seulement à la conduite du cheval. Quand ils sont bien dans la plaine, une plaine fertile déjà toute prête pour nourrir la semence du futur grain, aux vignobles déjà tout endormis comme une femme qui vient de mettre au jour son fruit et se repose de sa douce fatigue, Jésus lui fait signe d'arrêter. Et Lazare, obéissant, s'arrête et conduit le cheval sur un petit chemin secondaire qui mène à des maisons éloignées... et il explique : "Ici nous serons encore plus tranquilles que sur la grand-route. Ces arbres nous cachent à la vue de beaucoup." En effet un bouquet d'arbres bas et feuillus fait office de paravent contre la curiosité des passants. Et Lazare se tient debout devant Jésus, dans l'attente.
"Lazare, il faut que j'éloigne Jean d'Endor et Sintica. Tu vois que la prudence le conseille et aussi la charité. Pour l'un et pour l'autre, ce serait une épreuve dangereuse, une souffrance inutile de connaître les persécutions lancées contre eux... et qui pourrait, au moins pour l'un d'eux, provoquer des surprises très pénibles."
"Dans ma maison..."
"Non. Pas même dans ta maison. Ils ne seraient pas, peut-être, touchés matériellement. Mais ils seraient moralement humiliés. Le monde est cruel. Il brise ses victimes. Moi, je ne veux pas que ces deux belles énergies se perdent ainsi. Par conséquent, comme j'ai uni un jour le vieil Ismaël à Sara, maintenant je vais unir mon pauvre Jean à Sintica.
Je veux qu'il meure en paix et qu'il ne soit pas seul, et avec l'illusion d'être envoyé ailleurs non parce que c'est "l'ancien galérien", mais parce que c'est le disciple prosélyte qu'on peut envoyer ailleurs pour prêcher .le Maître. Et Sintica l'aidera...
Sintica est une belle âme et sera une grande force dans l'Église future et pour l'Église future. Peux-tu me conseiller où les envoyer ? Pas en Judée, en Galilée, ni même dans la Décapole, là où je vais et avec Moi les apôtres et les disciples. Pas dans le monde païen. Où, alors ? Où pour qu'ils soient utiles et en sécurité ?"
"Maître... moi... Mais-moi te conseiller !"
"Non, non. Parle. Tu m'aimes bien, tu ne trahis pas. Tu aimes ceux que j'aime, tu n'as pas de pensées étroites comme d'autres."
"Moi... Oui. Je te conseillerais de les envoyer là où j'ai des amis. A Chypre ou en Syrie. Choisis. A Chypre j'ai des personnes sûres. Et en Syrie !... J'ai encore là-bas une petite maison dirigée par un intendant, fidèle plus qu'une brebis. Notre Philippe ! Pour moi, il fera tout ce que je dis. Et, si tu me le permets, eux qu'Israël persécute et qui te sont chers, pourront se dire mes hôtes dès maintenant, en sécurité dans la maison... Oh ! ce n'est pas un palais ! C'est une maison où Philippe habite seul avec un petit-fils qui s'occupe des jardins d'Antigonio. Les jardins que ma mère aimait. Nous les avons gardés en souvenir d'elle. Elle y avait apporté des plantes de ses jardins de Judée, c'étaient des essences rares... Maman... Avec elles que de bien elle faisait aux pauvres... C'était son fief secret... Ma mère... Maître, j'irai vite lui dire : "Réjouis-toi, bonne mère. Le Sauveur est sur la terre". Elle t'attendait..." Il y a deux traces de pleurs sur le visage souffrant de Lazare. Jésus le regarde et sourit. Lazare se remet : "Mais parlons de Toi. L'endroit te paraît bon ?"
"Oui. Et une fois de plus, je te remercie pour Moi et pour eux. Tu m'enlève un grand poids..."
"Quand partiront-ils ? Je le demande pour préparer une lettre pour Philippe. Je dirai que ce sont deux de mes amis d'ici qui ont besoin de paix. Et cela suffira."
"Oui, cela suffira. Cependant, je t'en prie, que l'air lui-même ne sache pas tout cela. Tu le vois ! Je suis espionné..."
"Je le vois. Je n'en parlerai même pas à mes sœurs. Mais comment feras-tu pour les conduire là ? Tu as les apôtres avec Toi…"
"Maintenant je vais remonter jusqu'à Aëra sans Judas de Simon, Thomas, Philippe et Barthélemy. Pendant ce temps, j'instruirai à fond Sintica et Jean... pour qu'ils partent avec une grande provision de Vérité. Puis je descendrai au Méron et de là à Capharnaüm. Et là... et là je renverrai encore les quatre avec d'autres missions, et alors je ferai partir les deux pour Antioche. J'y suis obligé..."
"A devoir craindre des tiens. Tu as raison... Maître, je souffre de te voir tourmenté..."
"Mais ta bonne amitié me réconforte tellement... Lazare, je te remercie... Après-demain je pars et j'emmène tes sœurs. J'ai besoin de nombreuses disciples pour que Sintica se confonde avec elles. Jeanne de Chouza vient aussi. De Méron, elle ira à Tibériade parce qu'elle y passera l'hiver. Ainsi le veut son mari pour l'avoir plus près de lui. Car Hérode revient à Tibériade pour quelque temps."
"Il sera fait comme tu le désires. Mes sœurs sont à Toi, comme je le suis, moi, mes maisons, mes serviteurs, mes biens. Tout t'appartient, Maître. Uses-en pour le bien. Je te préparerai la lettre pour Philippe. Il vaut mieux que tu l'aies directement."
"Merci, Lazare."
"C'est tout ce que je puis faire... Si j'étais en bonne santé, je viendrais... Guéris-moi, Maître, et je viendrai."
"Non, ami, j'ai besoin de toi comme tu es."
"Même si je ne fais rien ?"
"Même. Oh ! mon Lazare !" Jésus l'embrasse et le baise.
Ils remontent sur le char et reviennent. Maintenant c'est Lazare qui est très silencieux et pensif, et Jésus lui en demande la raison.
"Je pense que je perds Sintica. J'étais attiré par sa science et sa bonté..."
"C'est Jésus qui l'acquiert..."
"C'est vrai, c'est vrai. Quand te reverrai-je, Maître ?"
"Au printemps."
"Plus jusqu'au printemps ? L'an passé tu étais chez moi pour les Encénies.."
"Cette année je contente les apôtres. Mais l'an prochain je serai beaucoup avec toi. Je te le promets."
Béthanie apparaît sous le soleil d'octobre. Ils sont sur le point d'arriver lorsque Lazare arrête le cheval pour dire : "Maître, tu fais bien d'éloigner l'homme de Kériot. J'ai peur de lui. Il ne t'aime pas. Il ne me plaît pas. Il ne m'a jamais plu. C'est un sensuel et un avide. Aussi il est capable d'arriver à n'importe quel péché : Maître, c'est lui qui t'a dénoncé..."
"En as-tu les preuves ?"
"Non."
"Alors ne juge pas. Tu n'es pas très expert en fait de jugement. Rappelle-toi que tu jugeais ta Marie inexorablement perdue... Ne dis pas que c'est grâce à Moi. C'est elle qui m'a d'abord cherché."
"C'est vrai cela aussi. Mais, enfin, méfie-toi de Judas."
Peu après ils entrent dans le jardin où les apôtres les attendent avec curiosité.
L'absence des quatre apôtres et surtout de Judas rend plus intime et plus épanoui le groupe de ceux qui restent. C'est vraiment une famille, dont les chefs sont Jésus et Marie, celle qui en tournant le dos à Béthanie en une sereine matinée d'octobre, se dirige vers Jéricho pour passer sur la rive opposée du Jourdain.
Les femmes se groupent autour de Marie et il ne manque qu'Annalia au groupe des femmes disciples, c'est-à-dire des trois Marie, Jeanne, Suzanne, Élise, Marcelle, Sara et Sintica. Groupés autour de Jésus, Pierre, André, Jacques et Jude d'Alphée, Mathieu, Jean et Jacques de Zébédée, Simon le Zélote, Jean d'Endor, Hermastée et Timon, alors que Margziam, sautant comme un chevreau, fait la navette entre les deux groupes qui avancent à quelques mètres l'un de l'autre. Chargés de sacs pesants, ils vont joyeux sur la route doucement ensoleillée, dans le repos solennel de la campagne.
Jean d'Endor avance péniblement sous le poids qui charge ses épaules. Pierre s'en aperçoit et dit : "Donne-le donc, puisque tu as voulu reprendre ce fardeau. Tu en avais la nostalgie ?"
"C'est le Maître qui me l'a ordonné."
"Oui ? Oh ! par exemple ! Pourquoi donc ?"
"Je ne sais pas. Hier soir il m'a dit : "Reprends tes livres et suis-moi avec eux."
"Oh ! très bien, très bien !... Mais si Lui l'a dit, c'est certainement une bonne chose.
Peut-être est-ce pour cette femme. Que de choses elle sait, hein ? Les sais-tu, toi aussi ?"
"A peu près autant qu'elle. Elle est très instruite."
"Mais tu ne peux pas continuer à nous suivre avec ce fardeau, hein ?"
"Oh ! je ne crois pas, mais je ne sais pas. Mais je peux encore le porter..."
"Non, mon ami. Je tiens à ce que tu ne sois pas malade. Tu n'es pas bien, le sais-tu ?"
"Je le sais, je me sens mourir."
"Ne fais pas de blagues ! Laisse-nous au moins arriver à Capharnaüm. On est si bien, maintenant que nous sommes entre nous sans ce... Maudite langue ! J'ai encore manqué à la promesse faite au Maître !... Maître ! Maître !"
"Que veux-tu, Simon ?"
«J'ai dit du mal de Judas et je t'avais promis que je ne l'aurais plus fait. Pardonne-moi."
"Oui, essaie de ne plus le faire."
"J'ai encore 489 fois à avoir ton pardon..."
"Mais que dis-tu, frère ?" demande André étonné. Et Pierre, avec un éclair de malice sur son bon visage, avec le cou de travers sous le poids du sac de Jean d'Endor : "Et tu ne te souviens pas que Lui a dit de pardonner septante fois sept ? Par conséquent j'ai encore à recevoir 489 pardons. Je tiendrai soigneusement les comptes..."
Tout le monde rit, Jésus même est obligé de sourire. Mais il répond : "Tu ferais mieux de tenir les comptes de toutes les fois que tu sais être bon, ô grand enfant que tu es."
Pierre va près de Lui et de son bras droit il entoure la taille de Jésus en disant : "Mon Maître chéri ! Comme je suis heureux d'être avec Toi sans... Allons ! Tu es content Toi aussi... Et tu comprends ce que je veux dire. Nous sommes entre nous. Il y a ta Mère. Il y a l'enfant. On va vers Capharnaüm. La saison est belle.., Cinq raisons d'être heureux. Oh ! c'est vraiment beau de venir avec Toi ! Où nous arrêtons-nous ce soir ?"
«A Jéricho."
"L'an dernier nous y avons vu la femme voilée. Mais qui sait ce qu'elle est devenue... Je serais curieux de le savoir... Et nous avons trouvé celui des vignes..." L'éclat de rire de Pierre est contagieux tant il est bruyant. Tout le monde rit en pensant de nouveau à la scène de la rencontre avec Judas de Kériot.
"Mais tu es incorrigible, Simon !" lui reproche Jésus. «Je n'ai rien dit, Maître. Mais je n'ai pu m'empêcher de rire en pensant à la tête qu'il a faite quand il nous a trouvés là... dans ses vignes..." Pierre rit de si bon cœur qu'il doit s'arrêter pendant que les autres continuent, riant malgré eux.
Pierre est rejoint par les femmes. Marie lui demande doucement : "Qu'est-ce que tu as Simon ?"
"Ah ! Je ne peux pas le dire car je manquerais une autre fois à la charité. Mais... voilà, Mère, dis-moi un peu toi qui es sage, Si je fais une insinuation ou, pis encore une calomnie, je pèche, naturellement. Mais si je ris d'une chose connue de tous, d'un fait que tous connaissent, d'un fait qui fait rire comme par exemple de rappeler la surprise d'un menteur, son embarras, ses excuses, et se remettre à rire comme alors nous avons ri, est-ce encore mal ?"
"C'est une imperfection pour la charité. Ce n'est pas un péché comme la médisance et la calomnie et même comme 1’insinuation, mais c'est toujours un manquement à la charité. C’est comme un fil enlevé dans un tissu. Ce n'est pas une vraie déchirure, ce n'est pas non plus une étoffe usée; mais c'est toujours une chose qui atteint l'intégrité de l'étoffe et sa beauté, quelque chose qui prépare des déchirures et des trous. ne crois-tu pas ?"
Pierre se frotte le front et dit un peu mortifié : "Oui. Je n'y avais jamais pensé."
"Penses-y maintenant et ne le fais plus. Il y a des éclats de rire qui blessent la charité plus que des gifles. Quelqu'un a-t-il péché ? L'avons-nous pris à mentir ou à commettre une autre faute ? Eh bien ? Pourquoi le rappeler ? Et y faire penser les autres ? Jetons un voile sur les fautes d'un frère, en pensant toujours : "Si j'étais le coupable est-ce que j'aimerais qu'un autre rappelle cette faute ou y fasse penser ?" Il y a des choses qui font rougir intérieurement, Simon, qui font tant souffrir. Ne secoue pas la tête. Je sais ce que tu veux dire... Mais les coupables aussi en souffrent, crois-le. Pars, pars toujours de cette pensée : "Aimerais-je cela pour moi ?" Tu verras que tu ne pécheras jamais plus contre la charité et tu auras toujours une si grande paix en toi. Regarde là Margziam, avec quelle joie il saute et il chante. C'est parce que lui n'a aucune pensée dans le cœur. Lui n'a pas à penser à des itinéraires, à des dépenses, à des paroles à dire. Lui sait que d'autres pensent à tout cela pour lui.
Toi aussi, agis de même. Abandonne tout à Dieu, même le jugement sur les personnes. Tant que tu peux être comme un enfant que le bon Dieu conduit, pourquoi vouloir te charger du poids de décider et de juger ? Le moment viendra où tu devras être juge et arbitre, et alors tu diras : "Oh ! comme c'était plus facile alors, moins dangereux !" et tu te traiteras de sot pour avoir voulu te charger avant le temps de tant de responsabilités. Juger ! Quelle chose difficile ! Tu as entendu ce qu'a dit Sintica, il y a quelques jours ? "Ce que l'on recherche par les sens, est toujours imparfait". Elle a très bien parlé. Bien des fois nous jugeons d'après les réactions de nos sens, avec une très grande imperfection, par conséquent. Ne juge pas..."
"Oui, Marie. A toi, je le promets vraiment. Mais toutes les belles choses que sait Sintica, je ne les connais pas !"
"Et tu t'en affliges, homme ? Ne sais-tu pas que moi, je veux m'en débarrasser pour prendre seulement ce que tu sais ?"
"Vraiment ? Pourquoi ?"
"Parce qu'avec la science tu peux te conduire sur la terre, mais c'est avec la sagesse que tu conquiers le Ciel. J'ai la science, tu as la sagesse."
"Mais avec ta science, tu as su venir à Jésus ! C'est donc une bonne chose."
"Mêlée à tant d'erreurs dont je voudrais me dépouiller pour me revêtir de la seule sagesse. Loin de moi les vêtements parés et inutiles. Que mon vêtement soit le vêtement sévère et sans apparence extérieure de la Sagesse qui revêt d'un vêtement impérissable non ce qui est corruptible mais ce qui est immortel. La lumière de la Science tremble et vacille. La lumière de la Sagesse resplendit uniforme et invariablement constante comme le Divin qui l'engendre."
Jésus a ralenti son pas pour entendre. Il se retourne et dit à la grecque : "Tu ne dois pas aspirer à te dépouiller de tout ce que tu sais, mais tu dois choisir dans ce que tu connais ce qui est un atome de l'Intelligence éternelle, conquis par des esprits d'une valeur indéniable."
"Ces esprits ont donc réalisé en eux-mêmes le mythe du feu dérobé aux dieux ?"
"Oui, femme. Mais ici ils ne l'ont pas dérobé, mais ils ont su le recueillir quand 1a Divinité les effleurait de ses feux, en les caressant comme des exemples, répandus dans une humanité déchue, de ce qu'est l'homme, être doué de raison."
"Maître, tu devrais m'indiquer ce que je dois garder et ce que je dois laisser. Moi, je ne serais pas bon juge et puis, pour combler les vides, mettre les lumières de ta Sagesse."
"C'est ce que j'ai l'intention de faire. Je t'indiquerai jusqu'à quel point est sage la pensée que tu connais et je la prolongerai, à partir de ce point jusqu'au bout de l'idée vraie. Pour que tu saches. Ce sera bon aussi pour ceux qui sont destinés à avoir dans l'avenir beaucoup de contacts avec les gentils."
"Nous n'y comprendrons rien, Seigneur" gémit Jacques de Zébédée.
"Peu de chose pour le moment. Mais un jour vous comprendrez et les instructions présentes et leur nécessité. Et toi, Sintica, expose-moi les points qui sont pour toi les plus obscurs. Pendant les haltes, je te les éclaircirai."
"Oui, mon Seigneur. C'est le désir de mon âme qui se fond dans ton désir. Moi, disciple de la Vérité et Toi, le Maître.
Le rêve de toute ma vie : la possession de la Vérité."
*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2004/index.htm#140
Tome : 4/149
https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t18376-oeuvre-de-maria-valtorta-presentation-des-disciples-de-jesus
Béthanie sur la carte
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Le marchand d’au-delà de l’Euphrate
Après une plaine fertile qui s'étend sur un large espace au-delà du Jourdain, il est beau d'aller pendant la saison sereine et douce qu'est celle d'une fin d'octobre, et après un arrêt dans un petit village qui s'étend au pied des premières pentes d'une chaîne montueuse au relief prononcé - et quelque cime peut prendre le vrai nom de montagne
- Jésus se met de nouveau en marche, en se joignant à une longue caravane comptant de nombreux quadrupèdes et des hommes bien armés, auxquels il a parlé pendant que ceux-ci faisaient boire leurs bêtes au bassin de la place.
Ce sont des hommes la plupart de grande taille et très bruns, déjà d'aspect asiatique. Sur un mulet très puissant, se trouve le chef de la caravane, armé jusqu'aux dents et avec des armes accrochées à la selle. Cependant il a été très respectueux avec Jésus.
Les apôtres demandent à Jésus : « Qui est-ce ? »
« Un riche marchand d'au-delà de l'Euphrate. Je lui ai demandé où il allait et il a été poli, Il passe par les villes où je compte aller . C'est une providence sur ces montagnes, alors que nous avons des femmes avec nous. »
« Tu crains quelque chose ? »
« En fait de vols rien, puisque nous n'avons rien. Mais il suffirait de la peur pour les femmes. Une poignée de voleurs n'attaque jamais une caravane aussi forte, et cela pourra nous être utile pour connaître les meilleurs passages et franchir les plus difficiles. Il m'a demandé : "Es-tu le Messie ?" et en ayant eu confirmation, il a dit : "J'étais dans la cour des Païens il y a quelques jours,[1][1] et je t'ai plutôt entendu que vu, parce que je suis petit. C'est bien, je te protégerai et Toi, tu me protégeras. J'ai un chargement de grande valeur." »
« Il est prosélyte ? »
« Je ne crois pas, mais peut-être provient-il encore de notre peuple. »
La caravane avance lentement, comme si on ne voulait pas épuiser les forces des quadrupèdes en les faisant trop marcher. Il est donc facile de la suivre au pas, et même souvent il faut s'arrêter parce que les conducteurs font passer les animaux chargés un par un, en les tenant par la bride dans les passages difficiles.
Bien que ce soit la montagne proprement dite, la région est très fertile et bien cultivée. Peut-être les monts de plus en plus hauts qui sont au nord-est protègent-ils des courants froids du nord, nuisibles de l'est, et cela favorise les cultures. La caravane côtoie un torrent qui va certainement se jeter dans le Jourdain, aux eaux abondantes qui descendent de je ne sais quelle cime. La vue est belle, toujours plus belle à mesure que l'on monte, se développant à l'ouest vers la plaine du Jourdain. Au-delà ce sont les gracieux aspects des collines et des montagnes de la Judée du nord, alors qu'à l'orient et au nord c'est un continuel changement de panoramas, les uns s'ouvrant sur de vastes lointains, les autres offrant aux regards un enchevêtrement de mamelons et de cimes verdoyantes ou rocheuses qui semble fermer la route comme le mur inattendu d'un labyrinthe.
Le soleil va descendre derrière les monts de la Judée, rougissant vivement le ciel et les côtes, lorsque le riche marchand qui s'est arrêté en laissant passer la caravane, interpelle Jésus : « Il faut arriver au pays avant la nuit, mais beaucoup de ceux qui sont avec Toi paraissent fatigués. C'est une dure étape. Fais-les monter sur les mulets de l'escorte. Ce sont des animaux tranquilles. Ils auront toute la nuit pour se reposer et ce n'est pas fatiguant de porter une femme. »
Jésus accepte et l'homme commande la halte pour faire monter les femmes sur les animaux. Jésus fait monter aussi Jean d'Endor. Ceux qui vont à pied, y compris Jésus, prennent les rênes pour rendre la marche plus sûre pour les femmes. Margziam veut faire... l'homme et, bien qu'il tombe de fatigue, il ne veut absolument pas monter en selle avec personne, mais au contraire il prend les rênes du mulet de Marie très Sainte qui se trouve ainsi entre Jésus et l'enfant, et ce dernier chemine bravement.
Le marchand est resté près de Jésus et il dit à Marie : « Tu vois, Femme, ce pays ? C'est Ramot. Nous nous y arrêterons. Je suis connu de l'hôtelier parce que je fais cette route deux fois par an, alors que pendant les deux autres je fais la côte pour vendre et acheter. C'est ma vie : dure vie. Mais j'ai douze enfants et qui sont petits. Je me suis marié tard. J'ai quitté le dernier qui avait neuf jours. Et maintenant, je le retrouverai avec ses premières dents. »
« Une belle famille...» commente Marie, et elle termine : « Que le Ciel te la conserve ! »
« Je ne me plains pas de son aide bien que je la mérite bien peu. »
Jésus lui demande : « Tu es au moins prosélyte ? »
« Je devrais l'être… mes ancêtres étaient de vrais israélites. Puis... nous nous sommes acclimatés là... »
« Il n'y a qu'un air dans lequel l'âme s'acclimate : celui du Ciel. »
« Tu as raison. Mais tu sais... Le bisaïeul épousa une femme qui n'était pas d'Israël. Les fils ont été moins fidèles.,. Les fils des fils se sont mariés avec des femmes qui n'appartenaient pas à Israël, en donnant des enfants qui étaient seulement respectueux du nom juif, car nous sommes juifs d'origine. Maintenant moi, petit-fils des petits-fils... plus rien : Au contact de tout le monde, j'ai emprunté à tout le monde, jusqu'à n'appartenir plus à personne. »
« Tu raisonnes mal et je vais te le prouver. Si en allant par cette route que tu sais être la bonne tu trouvais cinq ou six personnes qui te diraient : "Mais non, va de ce côté", "Reviens en arrière", "Arrête-toi", "Va vers l'est", "Tourne vers l'ouest", que dirais-tu ? »
« Je dirais : "Je sais que celle-ci est la plus courte et la plus facile, et je ne la quitte pas". »
« Ou encore : toi, devant traiter une affaire et sachant la manière d'aboutir, écouterais-tu ceux qui par pure forfanterie ou par un calcul astucieux te diraient d'agir autrement ? »
« Non. Je suivrais ce que mon expérience m'indique de meilleur. »
« Très bien. Toi, originaire d'Israël, tu as derrière toi des millénaires de foi. Tu n'es pas stupide ni inculte, pourquoi alors absorbes-tu les contacts de tout le monde en matière de foi, alors que tu sais les repousser en matière d' argent ou de sécurité des routes ? Cela ne te semble-t-il pas une chose déshonorante même humainement parlant ? Faire passer Dieu après l'argent et le chemin... »
« Je ne fais pas passer Dieu après, mais je l'ai perdu de vue... »
« Car tu prends pour des dieux le commerce, l'argent, la vie. Mais c'est encore Dieu qui te permet de les avoir, ces choses... Pourquoi alors es-tu entré au Temple ? »
« Par curiosité. Sur le chemin, en sortant d'une maison où j'avais négocié des marchandises, j'ai vu un groupe d'hommes qui te vénéraient et il m'est revenu à la mémoire une conversation que j'avais entendue à Ascalon chez une femme qui fabriquait des tapis. J'ai demandé qui tu étais parce que j'avais soupçonné que tu étais celui dont la femme m'avait parlé. Et l'ayant appris, je suis venu derrière Toi. J'avais fini mes affaires pour ce jour-là... Puis je t'ai perdu de vue. A Jéricho, je t'ai revu mais seulement un moment. Aujourd'hui, je t'ai retrouvé... Voilà... »
« Voici donc que Dieu unit et entrecroise nos routes. Moi, je n'ai pas de dons à t'offrir pour te remercier de ta bonté. Mais avant de te quitter, j'espère te faire un don, à moins que tu ne m'abandonnes auparavant. »
« Non, je ne le ferai pas ! Alexandre Misace ne se retire pas quand il s'est offert ! Voici : derrière ce tournant commence le pays. Je vais en avant. Nous nous reverrons à l'hôtellerie » et il éperonne sa monture et part presque au galop sur le bord de la route.
« C'est un homme honnête et malheureux, mon Fils » dit Marie. « Et tu le voudrais heureux selon la Sagesse, n'est-ce pas ? »
Ils Se sourient doucement dans les premières ombres du soir.
...Dans la longue soirée d'octobre, réunis tous dans une vaste pièce de l'hôtellerie, les voyageurs attendent l'heure du coucher. Dans un coin, tout seul, le marchand est occupé à ses comptes. Dans le coin en face, Jésus avec tous les siens. Il n'y a pas d'autres hôtes. Des écuries arrivent des braiments, des hennissements et des bêlements. Cela laisse supposer qu'il y a à l'hôtellerie d'autres personnes, mais peut-être sont-elles déjà au lit.
Margziam s'est endormi dans les bras de la Madone, oubliant du coup qu'il est "un homme". Pierre sommeille et il n'est pas le seul. Même les bavardes femmes âgées sont à moitié endormies et se taisent. Sont bien éveillés Jésus, Marie, les sœurs de Lazare, Sintica, Simon le Zélote, Jean et Jude.
Sintica est en train de fouiller dans le sac de Jean d'Endor comme pour y chercher quelque chose. Mais ensuite elle préfère venir près des autres et écouter Jude d'Alphée qui parle des conséquences de l'exil de Babylone et dit en finissant : « ...peut-être cet homme en est-il encore une conséquence. Tout exil est une ruine... » Sintica fait un signe involontaire de la tête, mais elle ne dit rien et Jude d'Alphée termine : « Pourtant il est étrange que quelqu'un puisse se dépouiller de ce qui est le trésor de siècles entiers pour devenir entièrement nouveau, surtout en ces choses de religion, et d'une religion telle que la nôtre... »
Jésus répond : « Tu ne dois pas t'étonner en voyant Samarie au sein d'Israël »
Un silence... Les yeux sombres de Sintica regardent fixement le profil serein de Jésus. Elle le regarde avec intensité, mais elle ne parle pas. Jésus sent ce regard et se tourne pour la regarder.
« Tu n'as rien trouvé à ton goût ? »
« Non, Seigneur. Je suis arrivée au point de ne savoir plus concilier le passé avec le présent, les idées d'auparavant avec celles de maintenant. Et il me semble que c'est pour ainsi dire une trahison, car mes anciennes idées m'ont vraiment aidée à avoir celles de maintenant. Ton apôtre parlait bien,.. Cependant ma ruine est une heureuse ruine. »
« Qu'est-ce qui est en ruines pour toi ? »
« Toute la foi dans l'Olympe païen, Seigneur. Et pourtant je suis un peu troublée, parce qu'en lisant votre Écriture - Jean me l'a donnée et je la lis parce que sans connaissance il n'y a pas de possession - j'ai trouvé qu'il y a même dans votre histoire... des commencements, dirai-je, il y a des faits qui ne sont pas très différents des nôtres. Maintenant, je voudrais savoir... »
« Je t'ai dit : demande et je répondrai. »
« Est-ce que tout est erreur dans la religion des dieux ? »
« Oui, femme. Il n'y a qu’un Dieu qui ne provient pas d'autres dieux, qui n'est pas soumis aux passions ni aux besoins humains, un Dieu Unique, Eternel, Parfait, Créateur. »
« Moi, je le crois. Mais je veux pouvoir répondre non pas sous une forme qui n'admet pas la discussion, mais sous une forme qui discute pour convaincre, pour répondre aux questions que d'autres païens pourraient me poser. Moi, par moi-même et grâce à ce Dieu bienfaisant et paternel, je me suis donnée des réponses informes mais suffisantes pour donner la paix à mon esprit. Mais j'avais la volonté d'arriver à la Vérité. D'autres la chercheront avec moins d'angoisse que moi, et pourtant tous devraient désirer cette recherche. Je n'ai pas l'intention de rester inerte auprès des âmes. Ce que j'ai eu, je voudrais le donner. Pour donner, je dois savoir. Permets-moi de savoir et je te servirai au nom de l'amour. Aujourd'hui, en route, pendant que je contemplais les montagnes, et certains aspects me ramenaient vivantes à la mémoire les chaînes de l'Hellade et 1'histoire de la Patrie, par association d'idées se présentaient à moi le mythe de Prométhée, celui de Deucalion... Vous avez vous aussi quelque chose de semblable dans le foudroiement de Lucifer, dans l'infusion de la vie dans l'argile et dans le déluge de Noé. Légères concomitances, mais qui sont pourtant un souvenir... Maintenant, dis-moi : comment avons-nous pu les connaître s'il n'y a pas eu de contacts entre nous et vous, si vous les avez eues certainement avant nous, et nous aussi les avons eues, et s'il n'y a pas moyen de remonter à leur origine ? Nous sommes dans l'ignorance maintenant, pour tant de choses. Comment alors, il y a des millénaires, avons-nous eu des légendes qui rappellent vos vérités ? »
« Femme, moins que d'autres tu devrais me le demander. Tu as lu en effet des œuvres qui pourraient par elles seules répondre à ta question. Toi, aujourd'hui, par associations d'idées, tu es passée du souvenir de tes montagnes natales au souvenir des mythes natals et à leur comparaison. N'est-ce pas ? Pourquoi cela ? »
« Parce que ma pensée en se réveillant, s'est souvenue. »
« Très bien. Même les âmes des plus anciens qui ont donné une religion à ta terre se sont souvenues. Confusément comme peut le faire quelqu'un qui est, imparfait, séparé de la religion révélée. Mais elles se sont toujours souvenues. Dans le monde il y a beaucoup de religions. Eh bien, si nous avions ici, en un tableau net, toutes leurs particularités, nous verrions qu'il y a comme un fil d'or perdu dans l'abondante boue, un fil qui a des nœuds où sont renfermées des parcelles de la Vérité vraie. »
« Mais ne venons-nous pas tous d'un même cep ? Tu le dis. Alors, pourquoi les anciens des anciens venant du cep originel n'ont-ils pas su apporter avec eux la Vérité ? N'est-ce pas une injustice de les en avoir privés ? »
« Tu as lu la Genèse, n'est-ce pas ? Qu'as-tu trouvé ? Au début un péché complexe embrassant les trois états de l'homme : matière, pensée et esprit. Ensuite un fratricide, puis un double homicide pour contrebalancer l’œuvre d'Hénoch de garder la lumière dans les cœurs, puis la corruption par union sensuelle des fils de Dieu avec les filles du sang. Et malgré la purification du déluge et la réfection de la race à partir d'une semence bonne, non pas à partir de pierres comme le disent vos mythes, ni à partir du vol du feu vital par une œuvre humaine, mais par infusion du Feu vital par l’œuvre de Dieu, s'était animée la première argile modelée par Dieu à son image et à forme humaine, voilà de nouveau le ferment de l'orgueil, l'outrage à Dieu : "Nous atteignons le ciel" et la malédiction divine : "Qu'ils soient dispersés et ne se comprennent plus"... Et le cep unique, comme l'eau qui en heurtant un rocher se divise en ruisseaux qui ne se réunissent plus, voilà qu'il se divisa, la race devint des races. L'Humanité, mise en fuite par son péché et par punition divine, voilà qu'elle se disperse et ne se réunit plus, emportant avec elle la confusion que l'orgueil avait créée. Mais les âmes se souviennent : Quelque chose reste en elles toujours, et les plus vertueuses et les plus sages entrevoient une lumière bien que faible dans les ténèbres des mythes : la lumière de la Vérité. C'est ce souvenir de la Lumière vue avant la vie qui remue en elles des vérités où se trouvent les bribes de la Vérité révélée. M'as-tu compris ? »
« En partie. Mais maintenant je vais y réfléchir. La nuit est l'amie de celui qui réfléchit et se recueille en lui-même. »
« Alors allons nous recueillir chacun en nous-mêmes. Allons, amis. La paix à vous, femmes, La paix à vous, mes disciples. La paix à toi, Alexandre Misace. »
« Adieu, Seigneur. Dieu soit avec Toi » dit le marchand en s'inclinant...
*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2004/index.htm#150
Tome : 4/150
https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t18376-oeuvre-de-maria-valtorta-presentation-des-disciples-de-jesus
L' Euphrate sur la carte
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Le marchand d’au-delà de l’Euphrate
Après une plaine fertile qui s'étend sur un large espace au-delà du Jourdain, il est beau d'aller pendant la saison sereine et douce qu'est celle d'une fin d'octobre, et après un arrêt dans un petit village qui s'étend au pied des premières pentes d'une chaîne montueuse au relief prononcé - et quelque cime peut prendre le vrai nom de montagne -
Jésus se met de nouveau en marche, en se joignant à une longue caravane comptant de nombreux quadrupèdes et des hommes bien armés, auxquels il a parlé pendant que ceux-ci faisaient boire leurs bêtes au bassin de la place.
Ce sont des hommes la plupart de grande taille et très bruns, déjà d'aspect asiatique. Sur un mulet très puissant, se trouve le chef de la caravane, armé jusqu'aux dents et avec des armes accrochées à la selle. Cependant il a été très respectueux avec Jésus.
Les apôtres demandent à Jésus : « Qui est-ce ? »
« Un riche marchand d'au-delà de l'Euphrate. Je lui ai demandé où il allait et il a été poli, Il passe par les villes où je compte aller . C'est une providence sur ces montagnes, alors que nous avons des femmes avec nous. »
« Tu crains quelque chose ? »
« En fait de vols rien, puisque nous n'avons rien. Mais il suffirait de la peur pour les femmes. Une poignée de voleurs n'attaque jamais une caravane aussi forte, et cela pourra nous être utile pour connaître les meilleurs passages et franchir les plus difficiles.
Il m'a demandé : "Es-tu le Messie ?" et en ayant eu confirmation, il a dit : "J'étais dans la cour des Païens il y a quelques jours, et je t'ai plutôt entendu que vu, parce que je suis petit. C'est bien, je te protégerai et Toi, tu me protégeras. J'ai un chargement de grande valeur." »
« Il est prosélyte ? »
« Je ne crois pas, mais peut-être provient-il encore de notre peuple. »
La caravane avance lentement, comme si on ne voulait pas épuiser les forces des quadrupèdes en les faisant trop marcher. Il est donc facile de la suivre au pas, et même souvent il faut s'arrêter parce que les conducteurs font passer les animaux chargés un par un, en les tenant par la bride dans les passages difficiles.
Bien que ce soit la montagne proprement dite, la région est très fertile et bien cultivée. Peut-être les monts de plus en plus hauts qui sont au nord-est protègent-ils des courants froids du nord, nuisibles de l'est, et cela favorise les cultures. La caravane côtoie un torrent qui va certainement se jeter dans le Jourdain, aux eaux abondantes qui descendent de je ne sais quelle cime. La vue est belle, toujours plus belle à mesure que l'on monte, se développant à l'ouest vers la plaine du Jourdain. Au-delà ce sont les gracieux aspects des collines et des montagnes de la Judée du nord, alors qu'à l'orient et au nord c'est un continuel changement de panoramas, les uns s'ouvrant sur de vastes lointains, les autres offrant aux regards un enchevêtrement de mamelons et de cimes verdoyantes ou rocheuses qui semble fermer la route comme le mur inattendu d'un labyrinthe.
Le soleil va descendre derrière les monts de la Judée, rougissant vivement le ciel et les côtes, lorsque le riche marchand qui s'est arrêté en laissant passer la caravane, interpelle Jésus : « Il faut arriver au pays avant la nuit, mais beaucoup de ceux qui sont avec Toi paraissent fatigués. C'est une dure étape. Fais-les monter sur les mulets de l'escorte. Ce sont des animaux tranquilles. Ils auront toute la nuit pour se reposer et ce n'est pas fatiguant de porter une femme. »
Jésus accepte et l'homme commande la halte pour faire monter les femmes sur les animaux. Jésus fait monter aussi Jean d'Endor. Ceux qui vont à pied, y compris Jésus, prennent les rênes pour rendre la marche plus sûre pour les femmes. Margziam veut faire... l'homme et, bien qu'il tombe de fatigue, il ne veut absolument pas monter en selle avec personne, mais au contraire il prend les rênes du mulet de Marie très Sainte qui se trouve ainsi entre Jésus et l'enfant, et ce dernier chemine bravement.
Le marchand est resté près de Jésus et il dit à Marie : « Tu vois, Femme, ce pays ? C'est Ramot. Nous nous y arrêterons. Je suis connu de l'hôtelier parce que je fais cette route deux fois par an, alors que pendant les deux autres je fais la côte pour vendre et acheter. C'est ma vie : dure vie. Mais j'ai douze enfants et qui sont petits. Je me suis marié tard. J'ai quitté le dernier qui avait neuf jours. Et maintenant, je le retrouverai avec ses premières dents. »
« Une belle famille...» commente Marie, et elle termine : « Que le Ciel te la conserve ! »
« Je ne me plains pas de son aide bien que je la mérite bien peu. »
Jésus lui demande : « Tu es au moins prosélyte ? »
« Je devrais l'être… mes ancêtres étaient de vrais israélites. Puis... nous nous sommes acclimatés là... »
« Il n'y a qu'un air dans lequel l'âme s'acclimate : celui du Ciel. »
« Tu as raison. Mais tu sais... Le bisaïeul épousa une femme qui n'était pas d'Israël. Les fils ont été moins fidèles.,. Les fils des fils se sont mariés avec des femmes qui n'appartenaient pas à Israël, en donnant des enfants qui étaient seulement respectueux du nom juif, car nous sommes juifs d'origine. Maintenant moi, petit-fils des petits-fils... plus rien : Au contact de tout le monde, j'ai emprunté à tout le monde, jusqu'à n'appartenir plus à personne. »
« Tu raisonnes mal et je vais te le prouver. Si en allant par cette route que tu sais être la bonne tu trouvais cinq ou six personnes qui te diraient : "Mais non, va de ce côté", "Reviens en arrière",
"Arrête-toi", "Va vers l'est", "Tourne vers l'ouest", que dirais-tu ? »
« Je dirais : "Je sais que celle-ci est la plus courte et la plus facile, et je ne la quitte pas". »
« Ou encore : toi, devant traiter une affaire et sachant la manière d'aboutir, écouterais-tu ceux qui par pure forfanterie ou par un calcul astucieux te diraient d'agir autrement ? »
« Non. Je suivrais ce que mon expérience m'indique de meilleur. »
« Très bien. Toi, originaire d'Israël, tu as derrière toi des millénaires de foi. Tu n'es pas stupide ni inculte, pourquoi alors absorbes-tu les contacts de tout le monde en matière de foi, alors que tu sais les repousser en matière d' argent ou de sécurité des routes ? Cela ne te semble-t-il pas une chose déshonorante même humainement parlant ? Faire passer Dieu après l'argent et le chemin... »
« Je ne fais pas passer Dieu après, mais je l'ai perdu de vue... »
« Car tu prends pour des dieux le commerce, l'argent, la vie. Mais c'est encore Dieu qui te permet de les avoir, ces choses... Pourquoi alors es-tu entré au Temple ? »
« Par curiosité. Sur le chemin, en sortant d'une maison où j'avais négocié des marchandises, j'ai vu un groupe d'hommes qui te vénéraient et il m'est revenu à la mémoire une conversation que j'avais entendue à Ascalon chez une femme qui fabriquait des tapis. J'ai demandé qui tu étais parce que j'avais soupçonné que tu étais celui dont la femme m'avait parlé. Et l'ayant appris, je suis venu derrière Toi. J'avais fini mes affaires pour ce jour-là... Puis je t'ai perdu de vue. A Jéricho, je t'ai revu mais seulement un moment. Aujourd'hui, je t'ai retrouvé... Voilà... »
« Voici donc que Dieu unit et entrecroise nos routes. Moi, je n'ai pas de dons à t'offrir pour te remercier de ta bonté. Mais avant de te quitter, j'espère te faire un don, à moins que tu ne m'abandonnes auparavant. »
« Non, je ne le ferai pas ! Alexandre Misace ne se retire pas quand il s'est offert ! Voici : derrière ce tournant commence le pays. Je vais en avant. Nous nous reverrons à l'hôtellerie » et il éperonne sa monture et part presque au galop sur le bord de la route.
« C'est un homme honnête et malheureux, mon Fils » dit Marie. « Et tu le voudrais heureux selon la Sagesse, n'est-ce pas ? »
Ils Se sourient doucement dans les premières ombres du soir.
...Dans la longue soirée d'octobre, réunis tous dans une vaste pièce de l'hôtellerie, les voyageurs attendent l'heure du coucher. Dans un coin, tout seul, le marchand est occupé à ses comptes. Dans le coin en face, Jésus avec tous les siens. Il n'y a pas d'autres hôtes. Des écuries arrivent des braiments, des hennissements et des bêlements. Cela laisse supposer qu'il y a à l'hôtellerie d'autres personnes, mais peut-être sont-elles déjà au lit.
Margziam s'est endormi dans les bras de la Madone, oubliant du coup qu'il est "un homme". Pierre sommeille et il n'est pas le seul. Même les bavardes femmes âgées sont à moitié endormies et se taisent. Sont bien éveillés Jésus, Marie, les sœurs de Lazare, Sintica, Simon le Zélote, Jean et Jude.
Sintica est en train de fouiller dans le sac de Jean d'Endor comme pour y chercher quelque chose. Mais ensuite elle préfère venir près des autres et écouter Jude d'Alphée qui parle des conséquences de l'exil de Babylone et dit en finissant : « ...peut-être cet homme en est-il encore une conséquence. Tout exil est une ruine... » Sintica fait un signe involontaire de la tête, mais elle ne dit rien et Jude d'Alphée termine : « Pourtant il est étrange que quelqu'un puisse se dépouiller de ce qui est le trésor de siècles entiers pour devenir entièrement nouveau, surtout en ces choses de religion, et d'une religion telle que la nôtre...
»
Jésus répond : « Tu ne dois pas t'étonner en voyant Samarie au sein d'Israël »
Un silence... Les yeux sombres de Sintica regardent fixement le profil serein de Jésus. Elle le regarde avec intensité, mais elle ne parle pas. Jésus sent ce regard et se tourne pour la regarder.
« Tu n'as rien trouvé à ton goût ? »
« Non, Seigneur. Je suis arrivée au point de ne savoir plus concilier le passé avec le présent, les idées d'auparavant avec celles de maintenant. Et il me semble que c'est pour ainsi dire une trahison, car mes anciennes idées m'ont vraiment aidée à avoir celles de maintenant. Ton apôtre parlait bien,.. Cependant ma ruine est une heureuse ruine. »
« Qu'est-ce qui est en ruines pour toi ? »
« Toute la foi dans l'Olympe païen, Seigneur. Et pourtant je suis un peu troublée, parce qu'en lisant votre Écriture - Jean me l'a donnée et je la lis parce que sans connaissance il n'y a pas de possession - j'ai trouvé qu'il y a même dans votre histoire... des commencements, dirai-je, il y a des faits qui ne sont pas très différents des nôtres. Maintenant, je voudrais savoir... »
« Je t'ai dit : demande et je répondrai. »
« Est-ce que tout est erreur dans la religion des dieux ? »
« Oui, femme. Il n'y a qu’un Dieu qui ne provient pas d'autres dieux, qui n'est pas soumis aux passions ni aux besoins humains, un Dieu Unique, Eternel, Parfait, Créateur. »
« Moi, je le crois. Mais je veux pouvoir répondre non pas sous une forme qui n'admet pas la discussion, mais sous une forme qui discute pour convaincre, pour répondre aux questions que d'autres païens pourraient me poser. Moi, par moi-même et grâce à ce Dieu bienfaisant et paternel, je me suis donnée des réponses informes mais suffisantes pour donner la paix à mon esprit. Mais j'avais la volonté d'arriver à la Vérité. D'autres la chercheront avec moins d'angoisse que moi, et pourtant tous devraient désirer cette recherche. Je n'ai pas l'intention de rester inerte auprès des âmes. Ce que j'ai eu, je voudrais le donner. Pour donner, je dois savoir. Permets-moi de savoir et je te servirai au nom de l'amour. Aujourd'hui, en route, pendant que je contemplais les montagnes, et certains aspects me ramenaient vivantes à la mémoire les chaînes de l'Hellade et 1'histoire de la Patrie, par association d'idées se présentaient à moi le mythe de Prométhée, celui de Deucalion... Vous avez vous aussi quelque chose de semblable dans le foudroiement de Lucifer, dans l'infusion de la vie dans l'argile et dans le déluge de Noé. Légères concomitances, mais qui sont pourtant un souvenir... Maintenant, dis-moi : comment avons-nous pu les connaître s'il n'y a pas eu de contacts entre nous et vous, si vous les avez eues certainement avant nous, et nous aussi les avons eues, et s'il n'y a pas moyen de remonter à leur origine ? Nous sommes dans l'ignorance maintenant, pour tant de choses. Comment alors, il y a des millénaires, avons-nous eu des légendes qui rappellent vos vérités ? »
« Femme, moins que d'autres tu devrais me le demander. Tu as lu en effet des œuvres qui pourraient par elles seules répondre à ta question. Toi, aujourd'hui, par associations d'idées, tu es passée du souvenir de tes montagnes natales au souvenir des mythes natals et à leur comparaison. N'est-ce pas ? Pourquoi cela ? »
« Parce que ma pensée en se réveillant, s'est souvenue. »
« Très bien. Même les âmes des plus anciens qui ont donné une religion à ta terre se sont souvenues. Confusément comme peut le faire quelqu'un qui est, imparfait, séparé de la religion révélée. Mais elles se sont toujours souvenues. Dans le monde il y a beaucoup de religions. Eh bien, si nous avions ici, en un tableau net, toutes leurs particularités, nous verrions qu'il y a comme un fil d'or perdu dans l'abondante boue, un fil qui a des nœuds où sont renfermées des parcelles de la Vérité vraie. »
« Mais ne venons-nous pas tous d'un même cep ? Tu le dis. Alors, pourquoi les anciens des anciens venant du cep originel n'ont-ils pas su apporter avec eux la Vérité ? N'est-ce pas une injustice de les en avoir privés ? »
« Tu as lu la Genèse, n'est-ce pas ? Qu'as-tu trouvé ? Au début un péché complexe embrassant les trois états de l'homme : matière, pensée et esprit. Ensuite un fratricide, puis un double homicide pour contrebalancer l’œuvre d'Hénoch de garder la lumière dans les cœurs, puis la corruption par union sensuelle des fils de Dieu avec les filles du sang. Et malgré la purification du déluge et la réfection de la race à partir d'une semence bonne, non pas à partir de pierres comme le disent vos mythes, ni à partir du vol du feu vital par une œuvre humaine, mais par infusion du Feu vital par l’œuvre de Dieu, s'était animée la première argile modelée par Dieu à son image et à forme humaine, voilà de nouveau le ferment de l'orgueil, l'outrage à Dieu : "Nous atteignons le ciel" et la malédiction divine : "Qu'ils soient dispersés et ne se comprennent plus"... Et le cep unique, comme l'eau qui en heurtant un rocher se divise en ruisseaux qui ne se réunissent plus, voilà qu'il se divisa, la race devint des races. L'Humanité, mise en fuite par son péché et par punition divine, voilà qu'elle se disperse et ne se réunit plus, emportant avec elle la confusion que l'orgueil avait créée. Mais les âmes se souviennent : Quelque chose reste en elles toujours, et les plus vertueuses et les plus sages entrevoient une lumière bien que faible dans les ténèbres des mythes : la lumière de la Vérité. C'est ce souvenir de la Lumière vue avant la vie qui remue en elles des vérités où se trouvent les bribes de la Vérité révélée. M'as-tu compris ? »
« En partie. Mais maintenant je vais y réfléchir. La nuit est l'amie de celui qui réfléchit et se recueille en lui-même. »
« Alors allons nous recueillir chacun en nous-mêmes. Allons, amis. La paix à vous, femmes, La paix à vous, mes disciples. La paix à toi, Alexandre Misace. »
« Adieu, Seigneur. Dieu soit avec Toi » dit le marchand en s'inclinant...
*
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La prédication à Gerasa
Il croyait être inconnu ! Quand la matinée du lendemain il pose le pied hors du magasin d'Alexandre, il trouve déjà des personnes qui l'attendent. Jésus est avec les seuls apôtres, les femmes et les disciples sont restés à la maison à se reposer.
Les gens le saluent et l'entourent en Lui disant qu'ils le connaissent parce qu'ils ont entendu parler un homme guéri de la possession diabolique. Ce dernier est maintenant absent parce qu'il est parti avec deux disciples passés par là quelques jours auparavant. Jésus écoute avec bienveillance ces discours tout en marchant à travers la ville qui présente souvent des zones où l'on entend un furieux fracas de chantiers. Maçons, terrassiers, tailleurs de pierres, forgerons, menuisiers, travaillent à construire, à aplanir ou à combler des terrains de niveaux différents, à dégrossir des pierres pour les murs, à travailler le fer pour différents usages, à scier, à raboter, à façonner des pieux avec des troncs robustes.
Jésus passe et regarde, il franchit un pont jeté sur un petit torrent bavard qui passe juste au milieu du pays, et les maisons se sont alignées sur les deux rives avec la prétention de former un quai. Il monte ensuite vers la partie haute de la ville qui est un peu en dénivellation, de sorte que le côté sud-ouest est plus élevé que le côté nord-est, mais les deux côtés sont plus hauts que le centre de la ville coupée en deux par le petit cours d'eau. La vue est belle au point où s'est arrêté Jésus. On voit toute la ville passablement grande et en arrière, à l'orient, au midi et à l'occident, se trouve un fer à cheval de collines en pente douce toutes vertes, alors qu'au nord la vue s'étend sur une plaine découverte et vaste qui présente à l'horizon un relief léger qu'on peut difficilement appeler collines, tout blondi par le soleil matinal qui dore les pampres jaunâtres des vignes qui couvrent cette vague de terrain comme s'il voulait adoucir la mélancolie des feuilles mortes par le faste d'une couche de dorure.
Jésus observe et les gens de Gerasa restent à le regarder. Jésus les conquiert en leur disant : "Cette ville est très belle. Rendez-la belle aussi de justice et de sainteté. Les collines, le ruisseau, la verte plaine, c'est Dieu qui vous les a donnés. Rome vous aide maintenant à vous faire des maisons et de beaux édifices, mais il revient à vous seuls de donner à votre ville le nom de ville sainte et juste. Une ville est ce que la font ses habitants, parce qu'une ville est une partie de la société qui s'enferme dans des murs, mais ce qui fait la ville, ce sont les habitants. La ville en elle-même ne pèche pas. Ils ne peuvent pécher le ruisseau, le pont, les maisons, les tours. Ce sont des matières, non des âmes. Mais peuvent pécher ceux qui sont enfermés dans les murailles de la ville, dans les maisons, dans les boutiques, ceux qui passent sur le pont et ceux qui se baignent dans le ruisseau, On dit d'une ville factieuse et cruelle : "C'est une ville très mauvaise". Mais c'est mal dit. Ce n'est pas la ville qui est mauvaise, ce sont les habitants qui sont mauvais.
Ces individus qui deviennent, en s'unissant, une seule chose complexe, et pourtant encore une seule chose c'est cela qui mérite le nom de ville. Maintenant écoutez. Si dans une ville dix mille habitants sont bons et que mille seulement ne le sont pas, pourrait-on dire que cette ville est mauvaise ? Non, on ne pourrait le dire. De même, si dans une ville de dix mille habitants il y a beaucoup de partis et que chacun tend à faire valoir le sien, peut encore dire que cette ville est unie ? Non, on ne peut le dire. Et pensez-vous que cette ville sera prospère ? Non, elle ne le sera pas.
Vous, habitants de Gerasa, vous êtes maintenant tous unis dans la pensée de faire de votre ville une grande chose. Et vous y réussirez parce que tous vous voulez la même chose et vous rivalisez entre vous pour atteindre ce but. Mais si parmi vous s'élevaient des partis différents et que l'un vienne à dire : "Non, il vaut mieux s'étendre vers l'occident", et un autre : "Pas du tout. Nous irons vers le nord du côté de la plaine", et un troisième : "Ni ici, ni là. Nous voulons nous grouper au centre près du ruisseau", qu'arriverait-il ? Il arriverait que les travaux commencés s'arrêteraient, que ceux qui prêtent des capitaux les retireraient et que ceux qui ont l'intention de s'établir ici s'en iraient dans une autre ville plus unie, et ce qui est déjà fait tomberait en ruines parce que cela serait exposé aux intempéries sans être terminé à cause des divisions des habitants.
C'est ainsi ou non ? Vous dites que c'est ainsi, et vous dites bien. Il faut donc l'entente entre les habitants pour faire le bien de la ville et, par conséquent des habitants, parce que dans une société son bien propre fait le bien-être de ceux qui la composent.
Mais il n'y a pas seulement la société à laquelle vous pensez, la société de ceux qui appartiennent à la même ville, ou au même pays, ou la petite et chère société de la famille. Il est une société plus vaste, infinie : celle des esprits. Nous tous qui sommes vivants, nous avons une âme. Cette âme ne meurt pas avec le corps mais lui survit éternellement.
La pensée du Créateur Dieu, qui a donné l'âme à l'homme, était que toutes le âmes humaines se rassemblent en un même lieu : le Ciel, qui constitue le Royaume des Cieux dont le monarque est Dieu et dont les sujets bienheureux auraient été les hommes après une vie sainte et une tranquille dormition. Satan est venu diviser et bouleverser, pour détruire et affliger Dieu et les esprits. Il a apporté le péché dans les cœurs et avec lui la mort pour les corps au terme de l'existence, espérant donner la mort même aux esprits. Leur mort c'est la damnation qui est encore existence, oui, mais une existence dépourvue de ce qui est la Vie vraie et la joie éternelle, c'est-à-dire de la vision béatifique de Dieu et de son éternelle possession dans la lumière éternelle. Et l'Humanité se divisa dans ses volontés comme une société se divise en partis contraires. Et en agissant ainsi, elle alla à sa ruine.
Je l'ai dit ailleurs à ceux qui m'accusaient de chasser les démons avec l'aide de Belzébuth : "Tout royaume divisé en lui-même ira à sa ruine". En effet si Satan se chassait lui-même, lui et son royaume ténébreux iraient à leur ruine. Moi, à cause de l'amour que Dieu a pour l'humanité créée par Lui, je suis venu rappeler qu'un seul Royaume est saint : celui des Cieux. Je suis venu le prêcher pour que les meilleurs accourent vers lui. Oh ! Je voudrais que tous, même les plus mauvais, y viennent en se convertissant, en se délivrant du démon qui, ouvertement dans les possessions corporelles en plus que spirituelles, ou secrètement dans celles qui ne sont que spirituelles, les tiennent esclaves.
C'est pour cela que je vais guérissant les malades, chassant les démons des corps possédés, convertissant les pécheurs, pardonnant au nom du Seigneur, instruisant en vue du Royaume, accomplissant des miracles pour vous persuader de mon pouvoir et que Dieu est avec Moi. Car on ne peut faire des miracles si on n'a pas pour ami Dieu, parce que si je chasse les démons par le doigt de Dieu, que je guéris les malades, que je purifie les lépreux, que je convertis les pécheurs, que j'annonce le Royaume, que je donne l'enseignement pour y parvenir, et que j'y appelle au nom de Dieu, et que Dieu est condescendant à mon égard d'une manière claire et indiscutable, et que seuls les ennemis déloyaux peuvent dire le contraire, tout cela est le signe que le Royaume est arrivé parmi vous et doit être construit car c'est l'heure de sa fondation.
Comment se fonde le Royaume de Dieu dans le monde et dans les cœurs ? Par le retour à la Loi mosaïque et par la connaissance exacte si on l'ignore, et surtout par l'application totale de la Loi à soi-même, dans tout événement et à tout moment de la vie. De quelle nature est cette Loi ? Une chose tellement sévère qu'elle est impraticable ? Non. C'est un ensemble de dix préceptes saints et faciles que l'homme moralement bon, vraiment bon, a conscience qu'il faut observer même s'il est enseveli sous l'inextricable toit végétal des forêts les plus impénétrables de l'Afrique mystérieuse. Elle dit :
"Je suis le Seigneur ton Dieu et il n'y a pas d'autre Dieu que Moi. Ne nommez pas le Nom du Seigneur inutilement.
Respectez le sabbat selon le commandement de Dieu et le besoin de la créature.
Honorez vos pères et vos mères afin de vivre longuement et d'obtenir le bien sur la terre et dans le Ciel.
Ne tuez pas.
Ne dérobez pas.
Ne commettez pas l'adultère.
Ne dites pas de faux témoignages contre le prochain.
Ne désirez pas la femme d'autrui.
N'enviez pas ce que possède autrui".
Quel est l'homme qui, ayant une âme bonne même si c'est un sauvage, qui en tournant son regard sur ce qui l'entoure, n'arrive à se dire : "Tout cela n'a pu se faire tout seul. Il y a donc Quelqu'un, plus puissant que la nature et que l'homme lui-même, qui a fait cela" ? Et il adore ce Puissant dont il connaît ou ne connaît pas le Nom très Saint mais dont il sent l'existence. Et il en a un tel respect en prononçant le nom qu'il Lui a donné ou qu'on lui a appris à dire pour le nommer, qu'il tremble de respect et a conscience de le prier rien qu'à le nommer avec respect. En fait, c'est une prière de prononcer le Nom de Dieu dans l'intention de l'adorer ou de le faire connaître aux gens qui l'ignorent.
De même aussi par simple prudence morale, tout homme sent qu'il doit donner du repos à ses membres pour qu'ils résistent tant que dure la vie. Avec plus de raison ce repos animal, l'homme qui n'ignore pas le Dieu d'Israël, le Créateur et Seigneur de l'univers, a conscience qu'il doit le consacrer au Seigneur pour ne pas être semblable à la bête de somme qui fatiguée se repose sur sa litière en mâchant de l'avoine entre ses dents robustes.
Le sang lui-même crie amour pour ceux dont il est venu et nous le constatons dans ce petit âne qui court en ce moment en brayant à la rencontre de sa mère qui revient du marché. Il jouait dans le troupeau et l'ayant vue, il se souvient d'avoir été allaité par elle et léché affectueusement, défendu, réchauffé par sa mère et vous voyez ? Avec son tendre naseau il lui frotte le cou et saute de joie en frottant sa jeune croupe contre le flanc qui l'a porté. Aimer les parents, c'est un devoir et un plaisir. Et il n'y a pas d'animal qui n'aime celui qui l'a engendré. Et quoi ? L'homme sera au-dessous du ver qui vit dans la boue ?
L'homme moralement bon ne tue pas. La violence lui inspire du dégoût. Il a conscience qu'il n'est pas permis d'enlever la vie à quiconque, que seulement Dieu qui l'a donnée a le droit de l'enlever. Et il se refuse à l'homicide.
De même celui qui est moralement sain ne s'empare pas des choses d'autrui. Il préfère le pain mangé avec une conscience tranquille auprès de la fontaine argentine, à un succulent rôti qui est le produit d'un vol. Il préfère dormir sur le sol avec la tête sur une pierre et les étoiles amies au-dessus de la tête qui pleuvent la paix et le réconfort sur une conscience honnête, au sommeil troublé sur un lit volé.
Et s'il est moralement sain il ne désire pas d'autres femmes que les siennes, il n'entre pas avec lâcheté dans le lit d'autrui pour le souiller. Mais dans la femme de l'ami il voit une sœur et n'a pas pour elle les regards et le désir que l'on n'a pas pour une sœur. L'homme dont l'âme est droite, même seulement naturellement, sans autre connaissance du Bien que celle que lui donne sa conscience pleine de droiture, ne se permet jamais de donner un témoignage qui lèse la vérité car cela lui paraît semblable à l'homicide et au vol et il en est ainsi. Mais ses lèvres sont honnêtes comme son cœur et il n'a pas de regards pour désirer la femme d'autrui. Il n'en a même pas le désir, parce qu'il sait que le désir est ce qui pousse au péché. Et il n'a pas d'envie parce qu'il est bon. Celui qui est bon n'envie jamais. Il est content de son sort.
Cette loi avec ses exigences vous paraît-elle impraticable ? Ne vous faites pas tort ! Je suis certain que vous ne le ferez pas, et si vous ne le faites pas vous fonderez le Royaume de Dieu en vous et dans votre ville. Et vous vous retrouverez un jour heureux avec ceux que vous avez aimés et qui, comme vous, ont conquis le Royaume éternel dans les joies sans fin du Ciel.
Mais dans notre intérieur même se trouvent les passions comme des habitants renfermés dans les murs d'une ville. Il faut que toutes les passions de l'homme veuillent la même chose : à savoir la sainteté. Autrement c'est inutilement qu'une partie tendra au Ciel si ensuite une autre laisse sans les garder les portes et y laisse pénétrer le séducteur ou neutralise par des discussions et des paresses l'action d'une partie des habitants spirituels en faisant périr l'intérieur de la ville et en l'abandonnant aux orties, aux herbes empoisonnées, au chiendent, aux serpents, aux scorpions, rats et chacals, aux hiboux, c'est-à-dire aux mauvaises passions et aux anges de Satan. Il faut veiller sans jamais y manquer, comme des sentinelles que l'on met aux murs pour empêcher le Malin d'entrer là où nous voulons construire le Royaume de Dieu.
En vérité je vous dis que tant que l'homme fort garde en armes l'entrée de sa maison, tout ce qui s'y trouve est en sécurité. Mais s'il vient un autre plus fort que lui, ou s'il laisse sa porte sans la garder, alors le plus fort en vient à bout, le désarme et lui, privé des armes auxquelles il se confiait, il s'humilie et se rend, et le fort le fait prisonnier en prenant les dépouilles de celui qu'il a vaincu [1]. Mais si l'homme vit en Dieu, moyennant la fidélité à la Loi et à la justice saintement pratiquée, Dieu est avec Lui, Moi je suis avec lui, et rien de mal ne peut lui arriver. L'union avec Dieu est l'arme qu'aucun fort ne peut vaincre. L'union avec Moi est certitude de victoire et d'un butin de vertus éternelles pour lesquelles éternellement lui sera donnée une place dans le Royaume de Dieu. Mais celui qui se sépare de Moi ou se fait mon ennemi, repousse en conséquence les armes et la sécurité de ma Parole. Celui qui repousse le Verbe repousse Dieu. Celui qui repousse Dieu appelle Satan. Celui qui appelle Satan détruit ce qu'il avait pour conquérir le Royaume.
Par conséquent celui qui n'est pas avec Moi, est contre Moi. Et celui qui ne cultive pas ce que j'ai semé, récolte ce qu'a semé l'Ennemi. Celui qui ne récolte pas avec Moi dissipe et il viendra, pauvre et nu, vers le Juge Suprême qui l'enverra au maître auquel il s'est vendu, en préférant Belzébuth au Christ.
Habitants de Gerasa construisez en vous et dans votre ville le Royaume de Dieu."
La voix perçante d'une femme s'élève limpide comme un chant de louange au-dessus du bruit de la foule pleine d'admiration, chantant la nouvelle béatitude, c'est-à-dire la gloire de Marie : "Bienheureux le sein qui t'a portée et les mamelles que tu as sucées."
Jésus se tourne vers la femme qui exalte la Mère par admiration pour le Fils. Il sourit parce que douce Lui est la louange donnée à la Mère. Mais il dit ensuite : "Bienheureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique, Fais cela, ô femme."
Ensuite Jésus bénit et se dirige vers la campagne,. suivi des apôtres qui Lui demandent : "Pourquoi as-tu dit cela ?"
"Parce qu'en vérité je vous dis qu'au Ciel on ne mesure pas avec les mesures de la terre. Et ma Mère elle-même sera heureuse non pas tant pour son âme immaculée que pour avoir écouté la Parole de Dieu et l'avoir mise en pratique par l'obéissance. Le "que l'âme de Marie soit faite sans faute" c'est un prodige du Créateur. C'est à Lui donc qu'en va la louange. Mais le "qu'il soit fait de moi selon ta parole" c'est un prodige de ma Mère. C'est donc pour cela qu'est grand son mérite. Si grand que pour cette capacité d'écouter Dieu, parlant par la bouche de Gabriel, et pour sa volonté de mettre en pratique la parole de Dieu sans rester à soupeser les difficultés et les douleurs immédiates et futures qui viendraient de son adhésion, est venu le Sauveur du monde. Vous voyez donc qu'elle est ma bienheureuse Mère non seulement parce qu'elle m'a engendré et allaité, mais parce qu'elle a écouté la Parole de Dieu et l'a mise en pratique par l'obéissance. Mais maintenant rentrons à la maison. Ma mère savait que j'étais dehors pour peu de temps et pourrait craindre en voyant que je tarde. Nous sommes dans un pays à demi païen. Mais, en vérité, il est meilleur que les autres.
Aussi partons, et tournons par derrière les murs pour échapper à la foule qui me retiendrait encore. Allons vite par derrière ces bosquets touffus..."
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SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2004/index.htm#150
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Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Le sabbat à Gerasa
Elles sont longues les heures d'un jour quand on ne sait que faire. Et ils ne savent vraiment pas que faire pendant ce sabbat ceux qui sont avec Jésus, dans un pays où ils n'ont pas de connaissances, dans une maison où les différences de langues et de coutumes les séparent, comme s'il ne suffisait pas des préjugés hébraïques pour les tenir séparés des caravaniers et des serviteurs d'Alexandre Misace. Aussi plusieurs sont restés au lit ou bien somnolent au soleil qui chauffe la vaste cour carrée de la maison, Une cour faite vraiment pour accueillir des caravanes avec des bassins et des anneaux fixés aux murs ou aux colonnes d'un portique rustique qui s'étend le long des quatre côtés, et des écuries nombreuses avec des greniers à foin ou à paille sur trois côtés. Les femmes se sont retirées dans leur pièce. Je n'en vois aucune.
Margziam trouve aussi de la distraction dans la cour fermée. Il observe le travail des palefreniers qui étrillent les mulets, changent les litières, observent les sabots, réajustent les fers qui ne tiennent plus, ou bien, cela est pour lui d'un intérêt encore plus grand parce que c'est une chose nouvelle, il observe avec enchantement la façon dont les chameliers s'y prennent avec les chameaux pour préparer dès ce jour la charge de chaque animal, en la proportionnant à la bête, en l'équilibrant, et comment ils font agenouiller et se dresser l'animal pour pouvoir le charger et le décharger; en le récompensant ensuite avec une poignée de légumes secs qui me paraissent des fèves et en finissant par une distribution de baies de caroubiers que les hommes aussi mâchonnent avec plaisir.
Margziam est vraiment étonné et il regarde autour de lui pour trouver quelqu'un qui partage son étonnement. Mais il est déçu parce que les adultes ne s’intéressent pas aux chameaux. Ou bien ils parlent entre eux ou bien ils sommeillent. Il va trouver Pierre qui dort comme un bienheureux, la tête appuyée sur du foin moelleux et il le secoue par la manche. Pierre ouvre l’œil à demi et demande : « Qu'est-ce qu'il y a ? Qui me veut ? »
« C'est moi. Viens voir les chameaux. »
« Laisse-moi dormir. J'en ai tant vus... De vilaines bêtes. »
L'enfant va trouver Mathieu qui fait les comptes de la caisse, car dans ce voyage c'est lui le trésorier : « J'ai été auprès des chameaux, tu sais ? Ils mangent comme des brebis, tu sais ? Et ils s'agenouillent comme des hommes et ils semblent des barques avec leur mouvement de roulis quand ils marchent. Les as-tu vus ? »
Mathieu, qui ne sait plus où il en est dans ses comptes par suite de l'interruption, répond sèchement : « Oui » et il revient à son argent.
Autre déception... Margziam regarde autour de lui... Voilà Simon le Zélote et Jude Thaddée qui parlent... « Comme ils sont beaux les chameaux ! Et bons ! Ils les ont chargés et déchargés, et ils se sont mis par terre pour que l'homme ne se fatigue pas. Puis ils ont mangé les caroubes. Les hommes aussi en ont mangé. Cela me plairait... Mais je ne sais me faire comprendre, Viens, toi... » et il prend Simon par la main.
Ce dernier, absorbé en une paisible discussion avec le Thaddée, répond distraitement: « Oui chéri... Va, va et fais attention à ne pas te faire mal. »
Margziam le regarde étonné... Simon ne lui a pas répondu sur le même ton. Il va presque pleurer. Il s'éloigne découragé et va s'appuyer à une colonne...
Jésus sort d'une pièce et le voit en train de bouder, et seul. Il va trouver l'enfant et lui met une main sur la tête : « Que fais-tu tout seul et chagrin ? »
« Personne ne m'écoute... »
« Que voulais-tu dire aux autres ? »
« Rien... Je parlais des chameaux... Ils sont beaux... ils me plaisent. Ce doit être comme d'aller en barque d'aller là-haut... Et ils mangent des caroubes, même les hommes... »
« Et tu veux aller là-haut et manger des caroubes. Viens, allons voir les chameaux » et Jésus le prend par la main et va avec l'enfant tout rasséréné au fond de la cour. Il va tout droit vers un chamelier et le salue d'un sourire. Celui-ci s'incline et il continue à observer son animal auquel il ajuste le fronton et règle la bride.
« Homme, tu me comprends ? »
« Oui, Seigneur, depuis vingt ans je vous connais. »
« Cet enfant a un grand désir : monter à chameau... Et un petit : manger une caroube » et Jésus sourit encore plus vivement.
« Ton fils ? »
« Je n'ai pas de fils, Moi. Je n'ai pas d'épouse. »
« Toi, si beau et si fort, tu n'as pas trouvé de femme ? »
« Je ne l'ai pas cherchée. »
« Tu ne sens pas le désir d'une femme ? »
« Non. Jamais. »
L'homme le regarde abasourdi, puis il dit : « Moi, j'ai neuf enfants à Ischilo... J'y vais : un enfant. J'y vais : un enfant. Toujours. »
« Tu les aimes bien tes enfants ? »
« Mon sang ! Mais le travail est dur. Moi ici, les enfants là-bas. Au loin:.. Mais c'est pour leur pain. Tu comprends ? »
« Je comprends. Alors tu peux comprendre l'enfant qui veut monter à chameau et manger les caroubes ? »
« Oui, viens. Peur ? Non ? Bravo. Un bel enfant ! Moi aussi j'en ai un comme cela. Noir comme cela. Prends ici. Serre bien » et il lui met dans les mains le manche bizarre qui se trouve au devant de la selle. « Tiens-toi. Maintenant je viens, et le chameau se lève. Pas peur, hein ? »
Et l'homme grimpe sur la selle élevée et s'installe et appelle le chameau qui se dresse obéissant en tanguant fortement. Margziam rit, heureux, d'autant plus heureux que l'homme lui a mis dans la bouche une magnifique caroube. L'homme met le chameau au pas, dans la cour, puis au trot. Enfin, voyant que Margziam n'a pas peur, il crie quelque chose à l'un de ses compagnons et celui-ci ouvre la grande porte qui est sur l'arrière de la cour et le chameau disparaît, avec sa charge, dans la verdure de la campagne.
Jésus rentre à la maison, dans une pièce où sont les femmes. Son sourire est tellement épanoui que Marie Lui demande : « Qu'as-tu, mon Fils, pour être si heureux ? »
« J'ai la joie de Margziam qui est en train de galoper sur un chameau. Sortez pour le voir revenir. »
Tout le monde sort dans la cour et s'assoit sur un muret près des bassins. Les apôtres, ceux qui ne dorment pas, s'approchent. Ceux qui étaient aux fenêtres des chambres du haut regardent en bas, ils voient et viennent aussi. Des voix claires et juvéniles, qui annoncent Jean et les deux Jacques, éveillent aussi Pierre et André et secouent Mathieu. Maintenant ils sont au complet car Jean d'Endor vient aussi avec deux disciples.
« Mais où est Margziam, je ne le vois pas ? » demande Pierre.
« En promenade sur le chameau. Personne de vous ne l'écoutait... Je l'ai vu triste et j'y ai remédié. »
Pierre, Mathieu et Simon se souviennent: « Ah ! oui ! Il parlait des chameaux… et des caroubes. Mais moi, j'avais sommeil ! »
« Moi, j'avais des comptes à faire, pour te rendre compte de ce que j'avais reçu des géraséniens et de ce que j'avais donné en aumônes »
« Et Moi, je parlais de la foi avec ton frère ! »
« Peu importe. J'y ai pensé Moi. Pourtant, incidemment, je vous dis que c'est de l'amour de s'occuper des jeux d'un enfant... Mais parlons d'autre chose. Au dehors, la ville est toute en fête. De notre sabbat, il n'y a que le souvenir, que celui d'une réjouissance générale. Alors, il vaut mieux rester à l'intérieur, d'autant plus que s'ils veulent, ils peuvent nous trouver. Ils savent où nous sommes. Voilà Alexandre qui passe en revue ses chameaux. Maintenant je vais lui dire qu'il en manque un, par ma faute. »
Jésus s'en va rapidement trouver le marchand et lui parle. Ils reviennent ensemble. Le marchand dit : « Très bien, il s'amusera et la course au soleil lui fera du bien. Tu peux être sûr que l'homme le traitera bien. Calipio est un brave homme. En échange de la course, je te demande de me dire quelque chose. Cette nuit, je pensais à tes paroles... à celles entendues à Ramot, entre Toi et la femme, à celles d'hier. Hier il me semblait monter sur une montagne élevée comme celles des terres que j'habite, qui ont réellement leurs sommets dans les nuages, Tu m'amenais en haut, en haut, en haut. Il me semblait que j'étais pris par un aigle, un de ceux de notre plus grande montagne, la première sortie du Déluge. Je voyais des choses nouvelles, jamais imaginées, tout n'était qu'une lumière... Et je les comprenais. Ensuite, elles se sont brouillées. Dis encore. »
« Que dois-je dire ? »
« Mais, je ne sais pas... Tout était beau. Tu parlais qu'on se retrouverait au Ciel... J'ai compris qu'on s'y aimerait différemment mais pourtant également. Par exemple, nous n'aurons plus les soucis de maintenant et pourtant nous serons tous pour un et un pour tous, comme si nous étions une seule famille, Je m'exprime mal ? »
« Non, au contraire ! Nous serons une seule famille même avec les vivants. Les âmes ne sont pas séparées par la mort. Je parle des justes. Ils forment une seule grande famille. Imagine un grand temple où il y a des gens qui adorent et prient et d'autres qui se fatiguent. Les premiers prient aussi pour ceux qui se fatiguent, les seconds travaillent pour ceux qui prient. Il en est ainsi des âmes. Nous nous fatiguons sur la terre ; eux, nous soutiennent par leurs prières. Mais nous devons offrir nos souffrances pour leur donner la paix. C'est une chaîne sans fin. C'est l'Amour qui lie ceux qui ont été avec ceux qui sont. Et ceux qui sont doivent être bons pour pouvoir retrouver ceux qui ont été et qui nous désirent avec eux. »
Sintica fait un geste involontaire, qu'elle arrête tout de suite.
Mais Jésus la voit et l'invite à sortir de la réserve que la femme garde toujours.
« Je réfléchissais... et cela fait plusieurs jours que j'y réfléchis et pour dire vrai, cela me trouble, car il me semble que croire à ton Paradis c'est perdre pour toujours ma mère et mes sœurs... » un sanglot brise la voix de Sintica qui s'arrête pour ne pas pleurer.
« Quelle est cette pensée qui te trouble à ce point ? »
« Maintenant je crois en Toi. Ma Mère, je ne puis la voir autrement que païenne. Elle était bonne... Oh ! tellement ! Et tellement mes sœurs ! La petite Ismène était la meilleure créature que la terre ait porté. Mais elles étaient païennes... Or moi, tant que j'étais comme elles, je pensais à l'Hadès et je disais : "Nous nous réunirons".
Maintenant il n'y a plus d'Hadès, Il y a ton Paradis, le Royaume des Cieux pour ceux qui ont servi avec justice le Dieu Vrai. Et ces pauvres âmes ! Ce n'est pas leur faute si elles sont nées grecques ! Aucun des prêtres d'Israël n'est venu nous dire : "Le Vrai Dieu, c'est le nôtre". Et alors ? Leurs vertus, rien ? Leurs souffrances, rien ? Et ténèbres éternelles et éternelle séparation de moi ? Je te le dis : un tourment ! Il me semble presque les avoir reniées. Pardon, Seigneur... Je pleure... » et elle s'agenouille en pleurant désolée.
Alexandre Misace dit : « Voilà ! Je me demandais moi aussi si, en devenant un juste, je retrouverais jamais le père, la mère, les frères, les amis... »
Jésus met ses doigts sur la tête brune de Sintica et dit : « Il y a faute quand en connaissant le Vrai on persiste dans l'Erreur. Pas quand on est convaincu d'être dans la Vérité et qu'aucune voix n'est venue dire : "Ce que je vous apporte est la Vérité.
Laissez vos chimères pour cette Vérité et vous aurez le Ciel". Dieu est juste. Veux-tu qu'Il ne récompense pas la vertu si elle s'est formée toute seule au milieu de la corruption d'un monde païen ? Donne-toi la paix, ma fille. »
« Mais la faute d'origine ? Mais le culte infâme ? Mais... » Autre chose serait dite par les israélites qui oppresserait l'âme déjà affligée de Sintica, si Jésus par un geste n'avait , imposé le silence.
Il dit : « La faute d'origine est commune à tous, israélites ou non. Ce n'est pas une prérogative des païens. Le culte païen sera coupable du moment où sera diffusée dans le monde la Loi du Christ. La vertu sera toujours vertu aux yeux de Dieu. Et par mon union avec le Père je dis, et je dis en son nom, en traduisant par des paroles la Pensée très Sainte, que les voies du pouvoir miséricordieux sont si grandes et tendent toutes à réjouir les vertueux que seront enlevées les barrières d'une âme à une autre âme et que la paix existera pour ceux qui méritent la paix. Non seulement cela. Je dis qu'à l'avenir ceux qui, convaincus d'être dans la Vérité suivront la religion de leurs pères avec justice et sainteté, ne seront pas mal vus par Dieu et punis par Lui. C'est la malice, la mauvaise volonté, le refus délibéré de la Vérité connue, et surtout d'attaquer la Vérité révélée et de la combattre, c'est la vie vicieuse, qui séparera réellement pour toujours les âmes des justes de celles des pécheurs. Relève ton esprit abattu, Sintica. Cette mélancolie est un assaut infernal, qui vient de la colère que Satan éprouve contre toi, proie pour toujours perdue pour lui. L'Hadès n’existe pas. Il y a mon Paradis. Il ne cause pas la douleur, mais au contraire la joie. Rien, qui vient de la Vérité, ne doit être une cause d'abattement ou de doute, mais au contraire une force pour toujours croire davantage et avec une joyeuse sécurité. Mais toi, dis-moi toujours tes raisons. Je veux en toi une lumière tranquille et stable comme celle du soleil »
Sintica, qui est encore à genoux, Lui prend la main et la baise... Le crrr, crrr du chamelier fait comprendre que le chameau va rentrer au pas, sans faire de bruit sur l'herbe épaisse qui est en dehors de la porte postérieure qu'un serviteur ouvre tout de suite. Et Margziam revient, heureux, tout rouge de la course : un tout petit bonhomme hissé en haut de la croupe du chameau et qui rit en agitant les bras, pendant que le chameau s'agenouille, et qui glisse en bas de la selle bizarre, en caressant le brun chamelier. Et puis il court vers Jésus en criant : « Que c'est beau ! C'est sur ces bêtes que sont venus pour t'adorer les sages d'Orient ? Et moi, j'irai avec eux pour te prêcher partout ! Le monde semble plus grand vu de là-haut et il dit : "Venez, venez vous qui savez la Bonne Nouvelle !" Oh ! Tu sais ?.. Même cet homme en a besoin... Et toi aussi, marchand, et tous tes serviteurs... Que de gens qui l'attendent et qui meurent sans qu'ils puissent l'avoir... Plus de gens que de grains de sable dans le fleuve. Tous, sans Toi, Jésus ! Oh ! mais fais vite de la dire à tous ! » et il s'accroche à ses côtés en levant la tête. Et Jésus se penche et l'embrasse, en promettant : « Tu verras le Royaume de Dieu évangélisé jusqu'aux confins les plus lointains de Rome. Es-tu content ? »
« Moi, oui. Et puis je viendrai te dire : "Voilà, celui-ci, celui-là et cet autre pays te connaissent", Alors je saurai les noms de ces Terres lointaines. Et Toi, que me diras-tu ? »
« Je te dirai : "Viens, petit Margziam. Reçois une couronne pour chaque pays où tu m'as prêché, et puis viens ici à côté de Moi, comme ce jour-là à Gerasa, et repose-toi de tes fatigues, car tu as été un serviteur fidèle, et maintenant il est juste que tu sois bien- heureux dans mon Royaume". »
*
Source : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2004/index.htm#150
Tome : 4/153
Jésus Maitre du Sabbat
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Le départ de Gerasa
La caravane sort de la cour d'Alexandre, rangée comme pour une parade militaire. En queue, Jésus avec tous les siens. Les chameaux, avec leur lourde charge, s'avancent en se dodelinant d'un pas rythmé, et leurs têtes semblent demander à chaque pas : "Pourquoi ? Pourquoi ?" en un mouvement muet mais typique comme celui des colombes qui à chaque instant semblent dire : "Oui, oui" à tout ce qu'elles voient. La caravane doit traverser la ville. Elle défile dans la claire atmosphère du matin. Tous les hommes sont emmitouflés parce qu'il fait froid. Les sonnailles des chameaux, les crrr, crrr des chameliers, la plainte d'un chameau qui regrette l'étable tranquille, préviennent les géraséniens du départ de Jésus.
La nouvelle se répand, rapide comme l'éclair, et des géraséniens viennent le saluer et Lui apporter des cadeaux de fruits et autres nourritures. Voici qu'un homme accourt avec un petit malade : "Bénis-le pour qu'il guérisse. Aie pitié !"
Jésus lève la main et bénit en ajoutant : "Va tranquille. Aie foi." Et l'homme répond un oui si plein de confiance qu'une femme demande : "Mon homme malade d'ulcères aux yeux, le guérirais-tu ?"
"Si vous êtes capables de croire, oui."
"Alors, je vais le chercher. Attends-moi, Seigneur" et elle vole, rapide comme une hirondelle.
Attendre, c'est vite dit ! Les chameaux avancent. Alexandre, en tête de la colonne, ne sait ce qui se passe en queue. Il n'y a qu'à prévenir l'homme.
"Cours, Margziam. Va dire au marchand qu'il s'arrête avant de sortir des murs" dit Jésus. Et Margziam file pour accomplir sa mission.
La caravane s'arrête pendant que le marchand vient vers Jésus. "Qu'est-ce qui arrive ?"
"Reste et tu verras." La femme de Gerasa est vite de retour avec son mari qui a les yeux malades. C'est autre chose que des ulcères ! Ce sont deux trous pleins de pourriture qui s'ouvrent au milieu du visage. L’œil est là au milieu, embué, rougi, à moitié aveugle, et il en sort un liquide répugnant. A peine l'homme enlève-t-il le bandeau sombre qui lui cache la lumière, que sa plainte augmente parce que la lumière avive la douleur de l’œil malade.
L'homme gémit : "Pitié ! Je souffre tant !"
"Tu as aussi beaucoup péché. De cela, tu ne te lamentes pas ? Tu ne t'affliges que de pouvoir perdre cette pauvre vue du monde ? Ne sais-tu rien de Dieu ? N'as-tu pas peur des ténèbres éternelles ? Pourquoi as-tu péché ?"
L'homme pleure et se baisse sans parler. Sa femme aussi pleure et gémit : "Moi, j'ai pardonné…"
"Et Moi, je lui pardonnerai s'il me jure ici qu'il ne retombera plus dans son péché."
"Oui, oui ! Pardonne-moi. Je sais maintenant ce qu'amène le péché avec lui. Pardonne-moi. Comme la femme, pardonne-moi. Tu es le Bon."
"Moi, je te pardonne. Va à ce ruisseau et lave-toile visage dans l'eau et tu guériras."
"L'eau froide lui est nuisible, Seigneur" gémit la femme. Mais l'homme ne pense qu'à y aller et s'y rend à tâtons jusqu'à ce que l'apôtre Jean, pris de pitié, le prenne par la main et le conduise seul, mais ensuite la femme le prend par l'autre main. L'homme descend jusqu'au bord de l'eau glacée qui barbote sur les cailloux, il se penche, prend de l'eau dans le creux de ses mains, se lave et se relave le visage. Il ne donne pas de signe de souffrance et paraît au contraire éprouver du soulagement.
Puis, le visage encore mouillé, il remonte la berge, revient vers Jésus qui lui demande : "Eh ! bien ? Tu es guéri ?"
"Non Seigneur, pas pour l'instant. Mais tu l'as dit et je guérirai."
"Alors garde ton espérance. Adieu."
La femme s'affaisse en pleurant... Elle est déçue. Jésus fait signe au marchand qu'il peut repartir, et le marchand, déçu lui aussi, fait passer l'ordre. Les chameaux se remettent en marche avec leur mouvement de barque qui tangue, et ils sortent des murs, Ils prennent la route des caravanes qui s'en va, large et poussiéreuse, vers le sud-ouest.
Les deux derniers du groupe apostolique, c'est-à-dire Jean d'Endor et Simon le Zélote, ont dépassé les murs d'une vingtaine de mètres quand un cri retentit dans l'air silencieux. Il paraît remplir le monde, il se répète toujours plus haut, plus joyeux, plus triomphal : "Je vois ! Jésus ! Jésus béni ! Je vois ! Je vois ! J'ai cru ! Je vois ! Jésus, Jésus ! Jésus béni !" et l'homme, dont le visage est redevenu complètement sain, les yeux redevenus beaux, deux escarboucles lumineuses et vivantes, fend les rangs des apôtres et tombe aux pieds de Jésus presque sous les pieds du chameau du marchand qu'il a juste le temps d'écarter de l'homme prosterné.
L'homme baise le vêtement de Jésus en répétant : "J'ai cru ! J'ai cru et je vois. Jésus béni !"
"Lève-toi et sois heureux, et surtout bon. Dis à ta femme qu'elle sache croire complètement. Adieu." Et Jésus se dégage de l'étreinte du miraculé et reprend sa marche.
Le marchand caresse sa barbe pensif... Finalement il demande : "Et s'il n'avait pas su continuer de croire après la déception du lavage ?"
"Il serait resté tel qu'il était avant."
"Pourquoi exiges-tu tant de foi pour faire un miracle ?"
"Parce que la foi témoigne de la présence de l'espérance et de l'amour pour Dieu."
"Et pourquoi as-tu voulu d'abord le repentir ?"
"Parce que le repentir rend ami de Dieu."
"Moi, qui n'ai pas de maladies, que devrais-je faire pour témoigner que j'ai la foi ?"
"Venir à la Vérité."
"Et pourrais-je venir sans l'amitié de Dieu ?"
"Tu ne pourrais y venir sans la bonté de Dieu. Le Seigneur permet que celui qui, encore sans repentir, le cherche, arrive à le trouver. Car le repentir vient généralement lorsque l'homme, consciemment ou avec un peu de conscience de ce que veut son âme, connaît Dieu. Auparavant il est comme hébété, guidé par son seul instinct. Tu n'as jamais éprouvé le besoin de croire ?"
«Bien des fois. Je n'étais pas satisfait, voilà, de ce que j'avais. Je sentais qu'il y avait autre chose de plus fort que l'argent, que mes enfants, mes espérances... Mais je ne me donnais pas ensuite la peine de chercher à savoir ce que inconsciemment je cherchais."
"Ton âme cherchait Dieu. La bonté de Dieu a permis que tu trouves Dieu. Le repentir pour ton stérile passé loin de Dieu te donnera l'amitié de Dieu."
"Alors, pour... pour avoir le miracle de voir par l'âme la Vérité, je devrais me repentir du passé ?"
"Certainement. Te repentir et te décider à un complet changement de vie..."
L'homme se remet à caresser sa barbe et il semble être en train d'étudier et de compter les poils du cou du chameau tant il reste le regard fixe. Sans le vouloir, il heurte la bête avec le talon et celle-ci y voit une invitation à accélérer le pas et elle le fait en amenant le marchand en tête de la caravane. Jésus ne le retient pas. Au contraire, il s'arrête en se laissant dépasser par les femmes et les apôtres jusqu'à ce que le rejoignent Simon le Zélote et Jean d'Endor. Jésus s'unit à eux.
"De quoi parlez-vous ?" demande-t-il.
"Nous parlions du découragement que doit éprouver celui qui ne croit à rien ou qui a perdu la foi qu'il avait. Hier Sintica était réellement angoissée, bien qu'elle soit passée à une foi parfaite" répond le Zélote.
"Moi, je disais à Simon que s'il est pénible de passer du Bien au Mal il est déconcertant aussi de passer du Mal au Bien. Dans le premier cas, on est torturé par la conscience qui vous réprimande. Dans le second, on est... déchiré... Comme doit l'être quelqu'un qui se trouve amené dans un pays étranger absolument inconnu... Ou bien c'est l'effroi d'un homme misérable et inculte qui se trouve amené au milieu d'une cour de roi, parmi des savants et des riches. C'est une souffrance... Moi, je la connais... Une si grande souffrance... On ne peut croire que ce soit vrai, que cela puisse durer... qu'on puisse le mériter... surtout quand on a l'âme souillée... comme l'était la mienne..."
"Et maintenant, Jean ?" demande Jésus.
Le visage exténué de Jean d'Endor, exténué et triste, s'illumine d'un sourire qui le fait paraître moins émacié. Il dit : "Maintenant cela n'est plus. Il reste la reconnaissance, et même elle croît, pour le Seigneur qui a voulu cela. Il reste le souvenir du passé pour me garder humble. Mais il y a la sécurité. Je me sens acclimaté, non plus étranger dans ce monde de douceur qu'est le tien, de pardon et d'amour. Et je suis pacifié, serein, heureux."
"Juges-tu bonne ton expérience ?"
"Oui. S'il n'y avait pas ma souffrance d'avoir péché, parce que par ce péché j'ai affligé Dieu, je dirais qu'il a été un bien, ce passé, qui est le mien. Il peut me servir beaucoup à soutenir les âmes de bonne volonté mais égarées dans les premiers moments de leur nouvelle croyance."
"Simon, va dire au garçon de ne pas tant sauter. Ce soir il sera épuisé."
Simon regarde Jésus, mais comprend la vérité du commandement. Il a un sourire d'intelligence et il laisse les deux seuls.
"Maintenant que nous sommes seuls, Jean, écoute mon désir. Toi, pour beaucoup de raisons, tu as la largeur de jugement et de pensée qu'aucun autre ne possède parmi ceux qui me suivent. Et tu as une culture plus vaste que le commun des israélites : Aussi je te prie de m'aider..."
"Moi, t'aider ? En quoi ?"
"Pour Sintica. Tu es un si brave pédagogue ! Margziam apprend vite et bien avec toi. Si bien que je compte vous laisser ensemble pour quelques mois, parce que je veux pour Margziam une connaissance plus vaste que celle du petit monde d'Israël. Pour toi c'est une joie de t'occuper de lui. Pour Moi aussi c'est une joie de vous voir unis, toi pour l'instruire, lui pour apprendre; toi pour rajeunir, lui pour mûrir en s'occupant. Mais tu devrais t'occuper aussi de Sintica. Comme une sœur égarée. Tu l'as dit : c'est un égarement... Aide-la à s'acclimater dans mon atmosphère. Me fais-tu cette faveur ?"
"Mais c'est une grâce pour moi de le faire, mon Seigneur ! Je ne l'approchais pas parce que cela me paraissait superflu. Mais si tu veux. Elle lit mes rouleaux; il y en a de sacrés et d'autres qui sont uniquement pour la culture : de Rome et d'Athènes. Je vois qu'elle réfléchit et les compulse, mais je ne m'étais jamais entremis pour l'aider. Si tu le veux..."
"Oui, je le veux, je veux vous voir amis. Elle aussi, comme Margziam et comme toi, vous resterez quelque temps à Nazareth. Ce sera beau. Ma Mère et toi, maîtres de deux âmes qui s'ouvrent à Dieu. Ma Mère : l'angélique Maîtresse de la science de Dieu; toi : le maître expert du savoir humain que pourtant maintenant tu peux expliquer avec des applications surnaturelles. Ce sera beau et bon."
"Oui, mon béni Seigneur ! Trop beau pour le pauvre Jean !..." et l 'homme sourit à la pensée de ces jours prochains de paix auprès de Marie, dans la maison de Jésus...
Et la route se déroule dans une tiédeur du soleil de plus en plus sensible, dans une campagne charmante désormais toute plane, après avoir côtoyé ces petites hauteurs qui se trouvent après Gerasa. Une route en bon état aussi sur laquelle la marche est facile, Et on reprend la marche après la pause du midi. C'est presque le soir quand j'entends pour la première fois Sintica rire de bon cœur lorsque Margziam lui a raconté, je ne sais quoi, qui fait rire toutes les femmes. Je vois la grecque se pencher pour caresser l'enfant et effleurer son front par un baiser, après quoi l'enfant se remet à sauter comme s'il ne sentait pas la fatigue.
Mais tous les autres sont fatigués, et c'est avec joie qu'ils apprennent la décision de passer la nuit à la "Fontaine des Chameliers". Le marchand dit : "J'y passe toujours la nuit. Trop longue est l'étape de Gerasa à Bozra pour les hommes et pour les bêtes."
"Il est humain ce marchand" observent entre eux les apôtres, en le comparant à Doras...
La "Fontaine des Chameliers" n'est qu'une poignée de maisons autour de puits nombreux. Une sorte d'oasis, non pas dans le désert aride, parce qu'ici il n'y a pas d'aridité, mais c'est une oasis dans l'immensité inhabitée des champs et des vergers qui se succèdent sur des milles et des milles et qui, dans l'arrivée de la soirée d'octobre, exhalent la même tristesse que la mer au crépuscule. Aussi, de voir les maisons, d'entendre le bruit des voix, les pleurs des bébés, de sentir l'odeur des cheminées qui fument et de voir les premières lampes allumées, c'est doux comme d'arriver à son propre foyer.
Alors que les chameliers s'arrêtent pour abreuver une première fois les chameaux, les apôtres et les femmes suivent Jésus qui, avec le marchand, entre dans... la très préhistorique hôtellerie qui les abritera pour la nuit...
...Dans la pièce enfumée où ils ont pris le repas, où dormiront les hommes et, pendant que déjà les serviteurs préparent les couchettes de foin amoncelé sur des treillis, tout le monde se réunit près d'un large foyer qui occupe tout le fond étroit de la pièce. On a allumé le feu, car le soir a amené l'humidité et le froid.
"Pourvu que le temps ne se mette pas à l'eau" soupire Pierre. Le marchand le rassure : "Il faut encore attendre la fin de cette lune pour que le mauvais temps arrive.
C'est le temps qu'il fait ici le soir, mais demain nous aurons le soleil."
"C'est pour les femmes, tu sais ? Ce n'est pas pour moi. Je suis pêcheur et je vis dans l'eau. Et je t'assure que je préfère l'eau à la montagne et à la poussière."
Jésus parle avec les femmes et avec ses deux cousins. Jean d'Endor et le Zélote l'écoutent aussi. De leur côté Timon et Hermastée et Mathieu lisent un des rouleaux de Jean et les deux israélites expliquent à Hermastée les passages bibliques les plus obscurs pour lui. Margziam les écoute, enchanté, mais avec un visage somnolent. Marie d'Alphée le voit et dit : "Cet enfant est fatigué. Viens, mon chéri, nous allons dormir nous. Viens, Élise. Viens, Salomé. Les vieillards et les enfants sont mieux au lit. Et vous feriez bien d'y aller tous. Vous êtes fatigués."
Mais en dehors des femmes âgées, à l'exception de Marcelle et de Jeanne de Chouza, personne ne bouge.
Quand après avoir été bénies, elles s'en sont allées, Mathieu murmure : "Qui aurait dit à ces femmes qu’il leur faudrait dormir sur la paille loin de leurs maisons, il y a seulement peu de temps !"
"Je n'ai jamais aussi bien dormi" affirme avec décision Marie de Magdala, et Marthe affirme la même chose.
Cependant Pierre donne raison à son compagnon : "Mathieu a raison. Et je me demande, sans comprendre, pourquoi le Maître vous a amenées ici."
"Mais parce que nous sommes les femmes disciples !"
"Alors s'il allait. où il y a des lions, vous y iriez ?"
"Mais bien sûr, Simon Pierre ! La belle affaire de faire quelques pas ! Et avec Lui tout près !"
"Voilà : cela fait vraiment beaucoup de pas, et pour des femmes qui n'y sont pas habituées..."
Mais les femmes protestent tant que Pierre hausse les épaules et se tait.
Jacques d'Alphée, en levant la tête, voit un sourire si lumineux sur le visage de Jésus qu'il Lui demande : "Veux-tu nous dire le vrai but de ce voyage, entre nous, avec les femmes et... avec si peu de fruit par rapport à la fatigue ?"
"Pourrais-tu prétendre voir maintenant le fruit des semences ensevelies dans les champs que nous avons traversés ?"
"Moi, non. Je le verrai au printemps"
"Moi aussi, je te le dis : "Tu le verras en son temps"."
Les apôtres ne répliquent rien. Voici que s'élève la voix argentine de Marie : «Mon Fils, aujourd'hui nous parlions entre nous de ce que tu as dit à Ramot. Et chacune de nous avait des impressions et des réflexions différentes. Voudrais-tu nous dire ta pensée ? Moi, je disais qu'il valait mieux t'appeler tout de suite, mais tu parlais avec Jean d'Endor."
"Vraiment, c’était moi qui avais provoqué la question. Car je suis une pauvre païenne, moi, et je n'ai pas les lumières splendides de votre foi. Il faut me plaindre."
"Mais moi, je voudrais avoir ton âme, ma sœur !" dit vivement Marie de Magdala. Et, toujours exubérante, elle l'embrasse en la tenant étroitement serrée contre elle par un bras. Splendide dans sa beauté, elle semble éclairer à elle seule le misérable taudis et y apporter l'opulence de sa demeure somptueuse. Serrée contre elle la grecque, tout à fait différente et pourtant personnelle, apporte une note de pensée auprès du cri d'amour qui semble toujours se dégager de Marie, la passionnée, alors que, assise avec son doux visage levé vers son Fils, les mains jointes comme si elle priait, son profil très pur ressortant sur le mur sombre, la Vierge est l'Adorante perpétuelle.
Suzanne se tient dans la pénombre d'un coin et somnole, pendant que Marthe profite de la lumière du foyer pour fixer des boucles au petit vêtement de Margziam, active elle aussi malgré la lassitude et l'insistance d'autrui.
Jésus dit à Sintica : "Mais ce n'était pas une pensée pénible. Je t'ai entendu rire."
"Oui, à cause de l'enfant qui tranchait vivement la question en disant : "Moi, je ne veux revenir que si Jésus revient. Mais si tu veux tout savoir, éloigne-toi d'ici et reviens nous dire si tu te souviens"..." Toutes en rient encore et disent que Sintica demandait à Marie qu'on lui expliquât ce qu'elle n'avait pas bien compris à propos du souvenir que les âmes conservent et qui explique certaines possibilités chez les païens d'avoir des souvenirs vagues de la Vérité.
"Moi, je disais : ''Peut-être que cela confirme la théorie de la réincarnation à laquelle croient beaucoup de païens ?" et ta Mère, Maître, m'expliquait que ce que tu dis c'est autre chose. Maintenant, veuille m'expliquer ceci aussi, mon Seigneur."
"Écoute. Tu ne dois pas croire, du fait que les esprits ont des souvenirs spontanés de la Vérité, que cela prouve que nous vivons plusieurs vies. Désormais tu es déjà suffisamment instruite pour savoir comment 1'homme a été créé, comment 1'homme a péché, comment il a été puni. On t'a expliqué comment dans l'homme-animal a été incorporée par Dieu une âme unique. Cette dernière est créée à chaque fois et n'est jamais utilisée pour des incarnations successives. Cette certitude devrait annuler ce que j'affirme sur les souvenirs des âmes. Elle le devrait pour tout être autre que l'homme, doué d'une âme faite par Dieu. L'animal ne peut se souvenir de rien parce qu'il naît une seule fois. L'homme peut se souvenir bien que ne naissant qu'une seule fois. Se rappeler avec ce qu'il y a de meilleur en lui : l'âme. D'où vient l'âme ? Toute âme humaine ? De Dieu. Qui est Dieu? L'Esprit très intelligent, très puissant, parfait. Cette chose admirable qu'est l'âme, chose créée par Dieu pour donner à l'homme son image et sa ressemblance comme signe indiscutable de sa Paternité très Sainte, résulte des qualités propres de Celui qui l'a créée.
Elle est donc intelligente, spirituelle, libre, immortelle comme le Père qui l'a créée. Elle sort parfaite de la pensée divine et, à l'instant de sa création, elle est semblable, pour un millième d'instant, à celle du premier homme : une perfection qui comprend la Vérité par suite d'un don gratuitement donné. Un millième d'instant. Puis, une fois formée, elle est blessée par la faute d'origine. Pour te faire mieux comprendre, je dirai que c'est comme si Dieu portait l'âme qu'il crée et que l'être créé, en naissant, soit blessé par un signe ineffaçable. Me comprends-tu ?"
"Oui, tant qu'elle est pensée, elle est parfaite. Un millième d'instant, cette pensée créée. Puis, la pensée traduite dans le fait, le fait est sujet à la loi causée par la Faute."
"Tu as bien répondu. L'âme s'incarne donc ainsi dans le corps humain en apportant avec elle cette gemme secrète dans le mystère de son être spirituel, le souvenir de l'Être Créateur, c'est-à-dire de la Vérité. Le bébé naît. il peut être bon, excellent, aussi bien que perfide. Il peut tout devenir car il est libre de vouloir. Sur ses ''souvenirs" le ministère des anges jette ses lumières et le semeur de pièges ses ténèbres. A mesure que l'homme poursuit les lumières et par conséquent aussi des vertus de plus en plus grandes en rendant l'âme maîtresse de son être, voilà que se développe en elle la faculté de se souvenir comme si la vertu rendait de plus en plus mince la cloison qui s'interpose entre l'âme et Dieu. Voilà pour- quoi les hommes vertueux de tous pays sentent la Vérité, pas parfaitement parce que obnubilés par des doctrines contraires ou par des ignorances mortelles, mais suffisamment pour fournir des pages de formation morale aux peuples auxquels ils appartiennent. As-tu compris ? Es-tu convaincue ?"
"Oui. Pour conclure : la religion des vertus pratiquées héroïquement prédispose l'âme à la Religion vraie et à la connaissance de Dieu."
"C'est tout à fait cela. Et maintenant va te reposer et sois bénie. Et toi aussi, Maman, et vous, sœurs et disciples. Que la paix de Dieu soit sur votre repos."
*
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Sintica
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
En allant à Bozra
Le marchand avait raison. Journée plus belle ne pouvait être offerte aux voyageurs en ce mois d'octobre. Une fois dissipées les brumes qui voilaient la campagne, comme si la nature avait voulu étendre un voile sur le sommeil des plantes pendant la nuit, la campagne apparaît dans sa majestueuse étendue de cultures que le soleil réchauffe. Il semble que les brumes se soient rassemblées pour enrubanner d'une écume transparente les cimes lointaines en les estompant davantage dans le ciel serein.
"Que sont-elles ? Des montagnes que nous devons gravir ?" demande Pierre préoccupé.
"Non, non. Ce sont les monts d'Auran. Nous restons dans la plaine, au-delà de ces montagnes. Dans la soirée, nous serons à Bozra de l'Auranite, belle et bonne ville, beaucoup de commerces" assure le marchand et il en fait l'éloge, lui qui, à la base de la beauté d'un lieu, met toujours la prospérité du commerce.
Jésus est tout seul, en arrière, comme chaque fois qu'il veut s'isoler. Margziam se retourne pour le regarder plusieurs fois. Puis, il n'y résiste plus, il quitte Pierre et Jean de Zébédée, s'assied sur le bord de la route sur une borne qui doit être un signe militaire des romains, et il attend. Quand Jésus est à sa hauteur, l'enfant se lève et sans parler se place à côté de Jésus, en restant un peu en arrière pour ne pas le gêner même pas par la vue de sa présence, et il observe, il observe...
Et il continue d'observer jusqu'à ce que Jésus sorte de sa méditation et se retourne en entendant le léger bruit de pas derrière Lui. Il sourit en tendant la main à l'enfant et en disant : "Oh ! Margziam ! Que fais-tu ici tout seul ?"
"Je te regardais, cela fait des jours que je te regarde. Tout le monde a des yeux, mais tous ne voient pas la même chose. Moi, j'ai vu que bien souvent tu te mets seul, seul... Les premiers jours je pensais que tu étais offusqué par quelque chose. Mais ensuite, j'ai vu que tu le fais toujours aux mêmes heures et que la Mère, qui te console toujours quand tu es triste, ne te dit rien quand tu prends ce visage. Mais, au contraire, si elle parle, elle se tait elle aussi et se recueille. Moi, je vois, tu sais ? Car je vous regarde toujours, Toi et elle, pour faire ce que vous faites. Je l'ai demandé aux apôtres ce que tu fais, car certainement tu fais quelque chose. Ils m'ont dit : "Il prie". Et moi, j'ai demandé : "Que dit-il ?" Personne ne m'a répondu, parce qu'ils ne le savaient pas. Depuis des années ils sont avec Toi et ils ne le savent pas. Aujourd'hui je t'ai suivi toutes les fois que j’ai vu que tu avais ce visage; et je t'ai regardé quand tu priais. Mais ce n'est pas toujours le même visage.
Ce matin, à l'aurore, tu paraissais un ange de lumière. Tu regardais les choses avec un tel regard qui, je crois, les enlevait des ténèbres plus que le soleil. Les choses et les personnes. Et puis tu regardais le ciel et tu avais le visage que tu as quand tu offres le pain à table. Plus tard, quand nous traversions ce pays, tu t'es mis seul en dernier et tu me paraissais un père tant tu étais empressé de dire en passant de bonnes paroles aux pauvres de ce pays. A l'un d'eux. tu as dit : "Supporte avec patience car bientôt je te soulagerai et je soulagerai ceux qui sont comme toi". C'était l'esclave de cette brute qui a lancé contre nous ses chiens. Puis, pendant que l'on préparait la nourriture, tu nous regardais avec les yeux d'une bonté toute amour. Tu paraissais une mère... Mais maintenant ton visage a été un visage de douleur… A quoi penses-tu, Jésus, en ce moment pour être toujours ainsi ?.:. Car aussi le soir parfois, si je ne dors pas, je te vois très sérieux. dis-moi comment tu pries, pourquoi tu pries ?"
"Certainement je vais te le dire. Ainsi tu prieras avec Moi.La journée c'est Dieu qui la donne, toute entière, celle qui est lumineuse comme celle qui est sombre : le jour et la nuit. C'est un don de vivre et d'avoir la lumière. C'est une sorte de sanctification la manière dont on vit. N'est-ce pas ? Alors il faut sanctifier les moments du jour entier pour se garder dans la sainteté et garder présent à notre cœur le Très-Haut et sa bonté, et en même temps retenir au loin le démon. Observe les oiseaux : au premier rayon du soleil, ils chantent, ils bénissent la lumière. Nous aussi nous devons bénir la lumière qui est un don de Dieu, et bénir Dieu qui nous la donne et qui est Lumière. Le désirer dès la première clarté du matin comme pour mettre un sceau de lumière, une note de lumière surtout le jour qui s’avance, pour qu'il soit tout entier lumineux et saint, et s'unir à toute la création pour chanter l'hosanna au Créateur.
Puis, quand les heures passent, et à mesure qu'elles passent, elles nous apportent la constatation de ce qu'il y a de douleur et d'ignorance dans le monde : prier encore pour que la douleur soit soulagée, que l'ignorance disparaisse, et que Dieu soit connu, aimé, prié par tous les hommes qui, s'ils connaissaient Dieu, seraient toujours consolés, même dans leurs souffrances. Et à la sixième heure, prier pour l'amour de la famille, goûter ce don d'être unis avec ceux qui nous aiment. Cela aussi est un don de Dieu. Et prier pour que la nourriture ne passe pas de son caractère d'utilité à celui d'occasion de péché. Et au crépuscule prier en pensant que la mort est le crépuscule qui nous attend tous. Prier pour que le crépuscule de notre journée ou de notre vie s'accomplisse toujours avec notre âme en grâce. Et quand les lampes s'allument, prier pour remercier du jour qui s'achève et pour demander la protection et le pardon afin de se livrer au sommeil sans craindre le jugement imprévu et les assauts du démon. Prier enfin pendant la nuit - mais ceci est pour ceux qui ne sont pas enfants - pour parer aux péchés des nuits, pour éloigner Satan des faibles, pour que chez les coupables survienne la contrition avec la réflexion et de bonnes résolutions qui deviendront réalités au lever du jour. Voilà comment et pourquoi prie un juste pendant toute la journée."
"Mais tu ne m'as pas dit pourquoi tu t'abstrais, si sérieux et imposant, à l'heure de none..."
"Parce que... Moi, je dis : "Que par le Sacrifice de cette heure vienne ton Règne dans le monde, et que soient rachetés tous ceux qui croient en ton Verbe". Dis-le toi aussi..."
"Quel sacrifice est-ce ? L'encens, tu l'as dit, s'offre matin et soir. Les victimes à la même heure, chaque jour, sur l'autel du Temple. Les victimes ensuite pour les vœux et l'expiation s'offrent à toutes les heures. La neuvième heure n'est pas indiquée pour un rite spécial."
Jésus s'arrête et prend l'enfant avec les deux mains. Il le soulève en le tenant en face de Lui, et comme s'il récitait un psaume, le visage levé, il dit : «"Et entre la sixième et la neuvième heure, Celui qui est venu comme Sauveur et Rédempteur, Celui dont parlent les prophètes, consommera son Sacrifice, après avoir mangé le pain amer de la trahison et donné le doux Pain de la Vie, après s'être pressé Lui-même comme la grappe dans la cuve, après avoir désaltéré avec tout Lui-même les hommes et les plantes, et s'être fait une pourpre royale avec son sang et avoir ceint la couronne et pris le sceptre et transporté son trône sur un haut lieu pour être vu par Sion, Israël et le monde. Élevé dans le vêtement pourpre de ses plaies innombrables, dans les ténèbres pour donner la Lumière, dans la mort pour donner la Vie, il mourra à la neuvième heure et le monde sera racheté"."
Margziam le regarde épouvanté, tout pâle, avec une grande envie de pleurer sur les lèvres et dans ses yeux effrayés. D'une voix hésitante il dit : "Mais le Sauveur, c'est Toi ! Et alors ce sera Toi qui mourras à cette heure ?" des larmes commencent à descendre le long de ses joues et la petite bouche entrouverte les boit, pendant qu'il attend un démenti.
Mais Jésus dit : "Ce sera Moi, petit disciple. Et ce sera aussi pour toi." Et comme l'enfant éclate en sanglots convulsifs, il le prend sur son cœur et lui dit : "Tu as donc du chagrin que je meure ?"
"Oh ! mon unique joie ! Moi, je ne veux pas cela ! Moi... Fais-moi mourir à ta place..."
"Tu dois me prêcher dans le monde entier. C'est dit. Mais écoute. Je mourrai content parce que je sais que tu m'aimes. Et puis je ressusciterai. Tu te souviens de Jonas ? Il sortit plus beau du ventre de la baleine, reposé, fort. Moi aussi, et je viendrai tout de suite vers toi et je te dirai : "Petit Margziam, tes pleurs m'ont enlevé la soif. Ton amour m'a tenu compagnie au tombeau. Maintenant je viens te dire : 'Sois mon prêtre' " et je t'embrasserai avec encore l'odeur du Paradis sur Moi.»
"Mais où serai-je ? Pas avec Pierre ? Pas avec la Mère ?"
"Moi, je te sauverai des flots infernaux de ces jours. Les plus faibles et les plus innocents; je les sauverai. Sauf un... Margziam, petit apôtre, veux-tu m'aider à prier pour cette heure ?"
"Oh ! oui, Seigneur ! Et les autres ?"
"Ceci est un secret entre toi et Moi. Un grand secret. Car Dieu aime à se révéler aux petits... Ne pleure plus. Souris en pensant qu'ensuite je ne souffrirai jamais plus et que je me souviendrai seulement de tout l'amour des hommes, du tien pour commencer. Viens, viens. Regarde comme les autres sont loin. Courons pour les rattraper" et Jésus le dépose à terre. Il le prend par la main et ils se mettent à courir jusqu'à ce qu'ils rattrapent le groupe.
"Maître, qu'as-tu fait ?"
"J'expliquais à Margziam les heures du jour."
"Et le garçon a pleuré ? Aura-t-il été méchant et Toi, tu l'excuses par bonté" dit Pierre.
"Non, Simon. Il m'a regardé prier. Vous, vous ne l'avez pas tait. Il m'en a demandé la raison. Je la lui ai donné. L'enfant a été ému par mes paroles. Maintenant, laissez-le tranquille. Va auprès de ma Mère, Margziam. Et vous tous écoutez. Cela ne vous fera pas de mal à vous aussi d'entendre la leçon."
Et Jésus explique de nouveau l'utilité de la prière dans les heures principales de la journée, sans parler de l'explication de l'heure de none. Et il dit en terminant : "L'union avec Dieu, c'est de l'avoir présent à tout moment pour le louer et l'invoquer. Faites-le et vous progresserez dans la vie de l'esprit."Bozra est proche désormais. Étendue dans la plaine, elle paraît grande et semble belle avec ses murs et ses tours. Le soir qui descend nuance les tons des murs des maisons et des campagnes, en leur donnant une couleur lilas grisâtre pleine de langueur dans lequel les contours s'évanouissent, alors que les bêlements et les grognements des porcs, renfermés dans des enceintes hors des murs, rompent le silence de la campagne. Le silence cesse alors que, une fois franchie la porte, la caravane entre dans un dédale de ruelles qui déçoivent ceux qui, de l'extérieur, trouvaient belle la ville. Voix, odeurs et... puanteur stagnent dans les ruelles compliquées et accompagnent les voyageurs jusqu'à une place, certainement un marché, où se trouve l'hôtellerie.
Et les voilà arrivés à Bozra.
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Bozra
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
À Bozra
Bozra, soit à cause de la saison, soit parce qu'elle est renfermée dans ses ruelles, se montre au matin toute embrumée. Embrumée et très sale. Les apôtres, revenus de faire des achats au marché, en parlent entre eux. C'est que l'industrie hôtelière de cette époque et de cette localité est tellement préhistorique que chacun doit s'occuper de son ravitaillement. On comprend que les hôteliers ne veulent pas y perdre. Ils se bornent à cuire ce que les clients leur apportent et espérons qu'ils n'en prennent pas leur part, tout au plus ils achètent pour le client ou lui vendent le ravitaillement dont ils ont des provisions en exerçant à l'occasion le métier de bouchers sur les pauvres agneaux destinés à être rôtis.
Ce fait d'acheter à l'hôtelier ne plaît pas à Pierre et maintenant il y a une prise de bec entre l'apôtre et l'hôtelier : presque une tête de malandrin qui ne manque pas d'insulter l'apôtre, en le traitant de "galiléen" alors que ce dernier réplique en lui montrant un porcelet égorgé par l'hôtelier pour le compte de clients de passage : « Moi, galiléen, toi, un cochon de païen. Dans ta puante hôtellerie je n'y resterais pas une heure, si j'étais le maître. Voleur et... (je laisse dans l'encrier un autre terme. ..plus expressif). »
J'en conclus qu'entre ceux de Bozra et les galiléens il y a une de ces nombreuses incompatibilités régionales et religieuses dont était plein Israël ou plutôt la Palestine.
L'hôtelier crie plus fort : « Si ce n'était pas que tu es avec le Nazaréen et que je vaux mieux que vos dégoûtants pharisiens qui le haïssent sans raison, je te laverais la figure avec le sang du porc. Comme cela, tu devrais débarrasser le plancher et aller te laver . Mais je le respecte, Lui, dont la puissance est certaine. Et je te dis qu'avec toutes vos histoires, vous êtes des pécheurs. Nous valons mieux que vous. Nous, nous ne dressons pas d'embûches, nous ne sommes pas des traîtres. Vous, pouah ! Race de traîtres injustes et criminels qui ne respectez pas même le peu de saints que vous avez parmi vous. »
« Pour qui, traîtres ? Pour nous ? Ah ! fasse le Ciel que maintenant... » Pierre est furieux et il est sur le point d'en venir aux mains alors que son frère et Jacques le retiennent et que Simon le Zélote s'interpose avec Mathieu.
Mais plus que leur intervention vaut, pour faire tomber la colère, la voix de Jésus qui se montre à une porte et dit : « Simon, maintenant, tais-toi et toi aussi, homme. »
« Seigneur, cet hôtelier m'a insulté et menacé le premier. »
« Nazaréen, c'est lui qui m'a offensé le premier. »
Moi, lui. Lui et moi. Ils se renvoient mutuellement la faute. Jésus s'avance sérieux et calme.
« Vous avez tort tous les deux. Et toi, Simon, plus que lui. Car toi, tu connais la doctrine de 1'amour, du pardon, de la douceur, de la patience, de la fraternité. Pour ne pas être maltraité comme galiléen, il faut se faire respecter comme saint. Et toi, homme, si tu te sens meilleur que les autres, bénis-en Dieu et sois digne de devenir toujours meilleur. Et surtout ne souille pas ton âme avec des accusations mensongères. Mes apôtres ne sont pas des traîtres ni des dresseurs d'embûches. »
« En es-tu certain, Nazaréen ? Et alors pourquoi ces quatre sont-ils venus me demander si tu étais venu, avec qui tu étais, et tant de belles choses ? »
« Quoi ? Quoi ? Qui est-ce ? Où sont-ils ? » Les apôtres l'entourent, oubliant qu'ils s'approchent d'un homme couvert de sang de porc, ce qui auparavant les horrifiait et les tenait à distance.
« Vous, allez à vos affaires. Toi pourtant, Misace, reste. » Les apôtres s'en vont dans la pièce d'où est sorti Jésus et dans la cour il ne reste, en face l'un de l'autre, que Jésus et l'hôtelier. A quelques pas de Jésus, se trouve le marchand qui reste à observer la scène, étonné.
« Réponds, homme, avec sincérité. Et pardonne si le sang a rendu furieux l'un de mes disciples. Qui sont ces quatre et qu'ont-ils dit ? »
« Qui ils sont, je ne sais rien de précis, mais certainement ce sont des scribes et des pharisiens de l'autre côté. Qui les a amenés ici, je ne sais pas. Je ne les ai jamais vus. Mais ils sont bien au courant de ce qui te concerne. Ils savent d'où tu viens, où tu vas, avec qui tu es. Mais ils voulaient que je le leur confirme. Non. Je serai un scélérat, mais je connais mon métier. Moi, je ne connais personne, je ne vois rien, je ne sais rien. Pour les autres, bien entendu. Car pour moi, je sais tout. Mais pourquoi dois-je dire aux autres ce que je sais et en particulier à ces hypocrites ? Un ribaud, moi ? Oui. A l'occasion je rends service aux voleurs. Tu le sais très bien... Mais je ne saurais voler ou tenter de te voler la liberté, l'honneur, la vie. Et eux - je ne suis plus Fara de Tolomée si ce n'est pas vrai ce que je dis - eux te pistent pour te faire du mal. Et qui les envoie ? Peut-être quelqu'un de la Pérée ou de la Décapole? Peut-être quelqu'un de la Trachonitide ou de la Gaulanitide ou de l'Auranitide ? Non. Nous, ou bien nous ne te connaissons pas, ou bien si nous te connaissons nous te respectons comme un juste si nous ne croyons en Toi comme un saint, Qui alors les a envoyés ? Quelqu'un de ton côté et peut-être un de tes amis, car ils savent trop de choses... »
« Etre renseigné sur ma caravane c'est facile... » dit Misace. « Non, marchand, pas sur toi, mais sur les autres qui sont avec Jésus. Moi, je ne sais pas et je ne veux pas savoir.
Je ne vois pas et je ne veux pas voir. Pourtant je te dis : si tu te sais coupable, tu dois remédier. Si tu te sais trahi, tu dois pourvoir. »
« Pas de coupable, homme, pas de trahison. Il y a seulement qu'Israël ne me comprend pas. Mais comment me connais-tu ? »
« Par un garçon. Un garnement qui faisait parler de lui à Bozra et à Arbela. Ici parce qu'il venait accomplir ses péchés, là-bas parce qu'il déshonorait sa famille. Et puis il s'est converti, Il est devenu plus honnête qu'un juste et maintenant il est passé avec tes disciples, disciple lui aussi, et il t'attend à Arbela pour t'honorer avec son père et sa mè~re. Et il raconte à tout le monde que tu as changé son cœur à la prière de sa mère. Philippe de Jacob, si jamais cette région devient sainte, il aura le mérite de l'avoir sanctifiée. Et si à Bozra il y a quelqu'un qui croit en Toi, c'est grâce à lui. »
« Où sont maintenant les scribes venus ici ? »
« Je ne sais pas. Ils s'en sont allés parce que je leur ai dit qu'il n'y avait pas de place pour eux. J'avais de la place, mais je ne voulais pas loger les serpents à côté de la colombe. Ils sont dans la région, c'est certain. Fais attention. »
«Je te remercie, homme, comment t'appelles-tu?»
« Fara. J'ai fait mon devoir, souviens-toi de moi. »
« Oui. Et toi souviens-toi de Dieu et pardonne à mon Simon. Le grand amour qu'il me porte l'aveugle parfois. »
« Rien de mal, je l'ai offensé moi aussi... Mais cela fait mal de s'entendre insulter. Toi, tu n'insultes pas... »
Jésus soupire, puis il dit : « Veux-tu aider le Nazaréen ? »
« Si je puis... »
« Je parlerais volontiers de cette cour... »
« Je te laisserai parler. Quand ? »
« Entre la sixième et la neuvième heure. »
« Va tranquillement où tu veux. Bozra saura que tu parles. Moi, j'y pense. »
« Dieu t'en récompense» et Jésus lui fait un sourire qui est déjà une récompense. Puis il se dirige vers la pièce où il était d'abord.
Alexandre Misace Lui dit : « Maître, souris-moi aussi de cette manière... Je vais moi aussi dire aux habitants de venir écouter la Bonté qui parle. J'en connais beaucoup. Adieu. »
« A toi aussi que Dieu te donne la récompense » et Jésus lui sourit. Il entre dans la pièce. Les femmes sont autour de Marie qui a le visage attristé et qui se lève tout de suite en allant vers son Fils. Elle ne parle pas, mais tout en elle est interrogation. Jésus lui sourit et lui répond en disant à tous : « Rendez-vous libres pour la sixième heure. Ensuite je parlerai ici à la foule. En attendant, allez, sauf Simon Pierre, Jean et Hermastée. Annoncez-moi et faites beaucoup d'aumônes. »
Les apôtres s'en vont. Pierre s'approche lentement de Jésus qui est près des femmes et il demande : « Pourquoi pas moi ? »
« Quand on est trop impulsif, on reste à la maison. Simon, Simon ! Quand donc sauras-tu exercer la charité envers le prochain ? Pour le moment, c'est une flamme allumée mais uniquement pour Moi, c'est une lame droite et raide, mais seulement pour Moi. Sois doux, Simon de Jonas. »
« Tu as raison, Seigneur. Ta Mère m'a déjà réprimandé comme elle le sait, sans faire souffrir, mais son reproche m'a pénétré profondément. Cependant... fais-moi des reproches Toi aussi, mais... ensuite ne me regarde plus avec cet air triste. »
« Sois bon. Sois bon... Sintica, je voudrais te parler en particulier. Monte sur la terrasse. Viens toi aussi ma Mère... »
Et sur la terrasse rustique qui couvre une aile du bâtiment, dans le tiède rayonnement du soleil, Jésus se promène lentement entre Marie et la grecque, et il dit : « Demain, nous nous séparerons pour quelque temps. Près d'Arbela vous, les femmes, accompagnées par Jean d'Endor, vous irez vers la Mer de Galilée en continuant ensemble jusqu'à Nazareth. Mais pour ne pas vous envoyer seules avec un homme un peu maladroit, je vous ferai accompagner par mes frères et par Simon Pierre. Je prévois qu'il y aura des répugnances pour cette séparation, mais l'obéissance est la vertu du juste.
Comme vous passez par le territoire que Chouza est chargé de surveiller au nom d'Hérode, Jeanne pourra avoir une escorte pour le reste de la route. Alors vous renverrez les fils d'Alphée et Simon Pierre. Mais voici pourquoi je t'ai demandé de monter ici. Je veux te dire, Sintica, que j'ai décidé pour toi un séjour dans la maison de ma Mère. Elle le sait déjà. Avec toi, il y aura Jean d'Endor et Margziam. Soyez-y de bon cœur, en vous formant toujours plus à la Sagesse. Je veux que tu aies grand soin du pauvre Jean. Je ne le dis pas à ma Mère parce qu'elle n'a pas besoin de conseils. Tu peux comprendre et avoir pitié de Jean et lui peut te faire tant de bien car c'est un maître avisé. Puis je viendrai, Moi. Oh ! bientôt ! Et nous nous verrons souvent, J'espère te trouver toujours plus sage dans la Vérité. Je te bénis, Sintica, en particulier.
C'est mon adieu pour toi, cette fois. A Nazareth, tu trouveras l'amour et la haine comme partout. Mais dans ma maison tu trouveras la paix. Toujours. »
« Nazareth m'ignorera et moi, je l'ignorerai. Je vivrai en me nourrissant de la Vérité, et le monde ne sera rien pour moi, Seigneur. »
« C'est bien. Tu peux disposer, Sintica, et silence pour l'instant. Mère, tu es au courant... Je te confie mes perles les plus chères. Pendant que nous sommes en paix, entre nous, Maman, fais que ton Jésus se réconforte par tes caresses... »
« Que de haine, mon Fils ! »
« Que d'amour ! »
« Que d'amertume.. Jésus bien-aimé ! »
« Que de douceur ! »
« Que d'incompréhension, mon Fils ! »
« Que de compréhension Maman ! »
« Oh! mon Trésor, Fils chéri ! »
« Maman ! Joie de Dieu et la mienne ! Maman ! » Ils s'embrassent, en restant ensuite, l'un à côté de l'autre, sur le banc de pierre qui longe le muret de la terrasse. Jésus tient sa mère embrassée, protecteur et affectueux. Elle a la tête sur l'épaule de son Fils, ses mains dans sa main: bienheureux... Le monde est si loin… enseveli par des flots d'amour et de fidélité...
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SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2004/index.htm#150
Jésus en compagnie de Sa Mère Marie
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Le discours et les miracles de Bozra
...Et le monde est aussi tellement voisin avec ses flots de haine, de trahison, de douleur, de besoin, de curiosité. Et les flots viennent, comme ceux de la mer dans un port, mourir ici dans la cour de l'hôtellerie de Bozra que le respect de l'hôtelier, dont le cœur est meilleur que ne le laisse supposer sa figure, a nettoyé des excréments et des ordures. Des tas de gens de l'endroit ou d'ailleurs, mais pourtant de la région, et des gens dont les conversations me font comprendre qu'ils viennent de loin, des rives du lac ou d'au-delà du lac. Des noms de pays, témoignages de douleurs qui s'expriment dans les conversations qui s'entremêlent pendant que l'on attend Jésus. Gadara, Ippo, Gerghesa, Gamala, Afeca, et Naïm, Endor, Jezraël, Magdala et Corozaïn passent de bouche en bouche et, avec eux, l'explication des motifs pour lesquels ils sont venus de si loin jusque là.
"Quand j'ai su qu'il était venu à travers les pays d'au-delà du Jourdain je me suis découragé. Mais alors que j'allais retourner à Jezraël, des disciples sont venus et nous ont dit à nous qui attendions à Capharnaüm : "A cette heure-ci il est certainement au-delà de Gerasa. Ne perdez pas de temps pour aller à Bozra ou à Arbela, et je suis venu avec eux..."
"Moi, de mon côté, venant de Gadara, j'ai vu passer des pharisiens. Ils demandaient si c'était Jésus de Nazareth qui était dans la région. J'ai ma femme malade. Je me suis uni à eux. Puis, hier à Arbela, j'ai appris qu'il venait d'abord à Bozra et je suis venu ici."
"Moi, je viens de Gamala à cause de cet enfant. Il a été frappé par une vache furieuse. Il est resté dans cet état…" et il montre son enfant tout recroquevillé, incapable même de remuer librement les bras.
"Moi, je n'ai pas pu amener le mien. Je viens de Mageddo. Qu'en dites-vous ? Me le guérira-t-il aussi de cet endroit ?" dit en gémissant une femme au visage rougi parles pleurs.
"Mais il faut le malade !"
"Non. Il suffit d'avoir foi."
"Non. S'il n'impose pas les mains, pas de guérison. C'est ce que font aussi ses disciples."
"Tu as fait tant de chemin pour rien, femme !"
La femme se met à pleurer en disant : "Oh ! Malheureuse que je suis ! Et je l'ai laissé presque moribond, espérant,.. Il ne le guérira pas et moi, je ne le consolerai pas au moment de la mort..."
Une autre femme la console. "Ne le crois pas, femme. Moi, je viens le remercier car il m'a fait un grand miracle sans quitter la montagne sur laquelle il parlait."
"Quel mal avait ton enfant ?"
"Ce n'était mon enfant, c'était mon mari qui était devenu fou..." et les deux femmes continuent de parler à voix basse.
"C'est vrai. Même la mère d’Arbela eut son fils racheté sans que le Maître l'ait vu" dit quelqu'un d'Arbela, et il continue de parler avec ses voisins...
"Place, par pitié ! Place !" crient des gens qui portent une litière toute couverte.
La foule s'ouvre et la litière passe avec sa charge de souffrance. Ils vont se mettre au fond, presque derrière une meule de paille. Homme ou femme, la personne étendue sur la litière ? Qui sait !
Entrent deux pharisiens hautains et bien portants, fiers plus que jamais. Ils assaillent le pauvre hôtelier comme deux fous en criant : "Maudit menteur ! Pourquoi nous as-tu dit qu'il n'était pas ici ? Tu es son complice ? Te moquer ainsi de nous, les saints d'Israël, pour favoriser... Qui ? Que sais-tu de Lui ? Qu'est-ce qu'il est pour toi ?"
"Qu'est-ce qu'il est ? Ce que vous n'êtes pas. Mais je n'ai pas menti. Il est venu peu de temps après votre arrivée. Il ne s'est pas caché et moi, je ne le cache pas. Mais comme ici je suis le maître, je vous dis à l'instant : "Sortez de ma maison !" Ici on ne fait pas injure au Nazaréen. Vous comprenez ? Et si vous ne comprenez pas les paroles, je pourrai vous parler par des gestes, chacals que vous êtes !"
L'hôtelier musclé paraît si décidé à l'action que les deux pharisiens changent de ton et se font rampants comme dès chiens menacés de la cravache. "Mais nous le cherchions pour le vénérer ! Que crois-tu ? Ce qui nous a rendus furieux, c'est la pensée de ne pouvoir le voir par ta faute. Nous, nous savons qui il est. Le Messie saint et béni vers lequel nous ne sommes pas dignes de lever le regard. Nous la poussière, Lui la gloire d'Israël. Conduis-nous à Lui. Notre cœur brûle du désir d'entendre sa parole."
L'hôtelier leur rend la monnaie de leur pièce en répondant : "Oh ! tiens donc ! Comment ai-je pu penser qu'il n'en était pas ainsi, moi qui connais de réputation la justice des pharisiens ! Mais bien sûr, vous êtes venus pour l'adorer ! Vous brûlez de ce désir ! Je vais le Lui dire. J'y vais... Non, par Satan ! Ne me suis pas ! Et toi non plus, ou je vous cogne l'un contre l'autre, vieilles momies venimeuses, au point de vous faire rentrer l'un dans l'autre. Restez ici. Toi, ici où je te plante, et toi là. Je regrette de ne pouvoir vous enfoncer dans la terre jusqu'au cou afin de me servir de vous comme d'un pieu pour y attacher les porcs qu'il me faut tuer" et unissant le geste à la parole, il prend d'abord le pharisien le plus maigre par-dessous les bras, le soulève, et puis le plante par terre si violemment que si le sol n'avait pas été aussi dur il y aurait pénétré au moins jusqu'à la cheville. Mais le sol est dur et, après une forte secousse, 1'homme reste debout comme un pantin. Puis 1'hôtelier s'empare de l'autre et, bien qu'il soit plutôt obèse, il le soulève et le redescend avec la même furie et comme il réagit et se débat, au lieu de le planter debout, il le plaque, assis, par terre : un vrai paquet de chair et d'étoffes... Et il s'en va, en disant un vilain mot qui se perd dans les lamentations des deux et les éclats de rire d'un grand nombre de gens.
Il entre dans un couloir, passe dans une petite cour, monte un escalier, pose le pied sur une galerie à portique et de là, dans une vaste pièce où Jésus, avec tous les siens et le marchand, achève le repas.
"Il est arrivé deux des quatre pharisiens. Vois un peu. Pour l'instant, je les ai remis en place. Ils voulaient me suivre, je n'ai pas voulu. Ils sont maintenant en bas, dans la cour, où il y a beaucoup de malades et d'autres aussi."
"J'y vais tout de suite. Merci, Fara. Tu peux aller." Tout le monde se lève, mais Jésus ordonne aux disciples de rester où ils sont et de même les femmes, sauf sa Mère, Marie de Cléophas, Suzanne et Salomé. Voyant la peine qui paraît sur les visages de ceux qui sont exclus, il dit : "Allez sur la terrasse, vous entendrez aussi bien."
Il sort avec les et les quatre femmes. Il refait le chemin fait par 1'hôtelier et entre dans la grande cour. Les gens lèvent la tête pour voir et les plus malins montent sur le tas de paille, sur les chars arrêtés sur un côté, sur le bord des bassins...
Les deux pharisiens vont à sa rencontre tout obséquieux. Jésus les salue de son salut habituel, comme s'ils étaient ses plus fidèles amis. Cependant il ne s'arrête pas pour répondre à leurs questions onctueuses : "Êtes-vous si peu nombreux ? Et sans disciples ? Ils t'ont donc abandonnés ?"
Jésus, tout en marchant, répond avec sérieux : "Pas d'abandon. Vous venez d'Arbela où vous avez rencontré ceux qui m'ont précédé, et en Judée vous avez rencontré Judas de Simon, Thomas, Nathanaël et Philippe."
Le pharisien corpulent n'ose plus le suivre et il s'arrête tout à coup, rouge comme de la braise. L'autre, plus effronté, insiste : "C'est vrai. Mais justement nous savions que tu étais avec des disciples fidèles et avec les femmes et nous étions étonnés de te voir avec si peu de monde. Nous voulions voir tes nouvelles conquêtes pour nous féliciter avec Toi" et il rit d'un rire faux.
"Mes nouvelles conquêtes ? Les voilà !" et Jésus trace devant Lui un demi-cercle montrant les foules venant pour la plus grande partie de l'au-delà du Jourdain, c'est-à-dire de ces régions où se trouve Bozra. Et puis sans laisser au pharisien le temps de répliquer, il commence à parler.
"Des gens m'ont cherché qui d'abord ne s'enquéraient pas de Moi. Des gens m'ont trouvé, qui d'abord ne me cherchaient pas. Et j'ai dit : "Me voici, me voici" à une nation qui n'invoquait pas mon Nom. Gloire au Seigneur qui met la vérité sur la bouche des prophètes ! Vraiment, en voyant cette foule qui se serre autour de Moi, j'exulte dans le Seigneur parce que je vois accomplies les promesses que l'Eternel m'a faites quand Il m'a envoyé dans le monde. Ces promesses que Moi-même j'ai allumées, avec le Père et le Paraclet, dans la pensée, dans la bouche, dans le cœur des prophètes, ces promesses que j'ai connues avant d'être Chair et qui m'ont encouragé à revêtir une chair. Et qui me donnent la force. Oui. Me réconfortent contre toute haine, rancœur, doute et mensonge. Ils m'ont cherché ceux qui d'abord ne s'enquéraient pas de Moi. Ils m'ont trouvé ceux qui ne me cherchaient pas. Pourquoi, au contraire, m'ont-ils repoussé ceux auxquels j'avais tendu les mains en leur disant : "Me voici" ? Et pourtant ces derniers me connaissaient alors que les premiers ne me connaissaient pas. Et alors ?
Voici la clef du mystère. Ce n'est pas une faute d'ignorer, mais c'est une faute de renier. Et trop de ceux qui étaient informés sur mon compte et auxquels j'ai tendu les mains, m'ont renié comme si j'étais un bâtard ou un voleur, un satan corrupteur, parce que dans leur orgueil ils ont éteint la foi et se sont égarés dans des chemins qui n'étaient pas bons, tortueux, coupables en quittant la route que ma voix leur indiquait. Le péché est dans le cœur, dans les plats, dans les lits, dans les cœurs, dans les esprits de ce peuple qui me repousse et qui, voyant partout le reflet de sa propre impureté, la voit même sur Moi, et sa haine l'accumule encore plus et alors il me dit : "Eloigne-toi, Toi qui es impur".
Et que dira alors Celui qui vient avec ses vêtements teints de rouge, beau dans ses vêtements, et qui marche dans la grandeur de sa force ?[1][4] Accomplira-t-il ce que dit Isaïe, et ne se taira pas, mais versera dans leur sein ce qu'ils méritent ? Non. Il faut d'abord qu'il pile dans son pressoir, tout seul, abandonné de tous, pour faire le vin de la Rédemption. Le vin qui enivre les justes pour en faire des bienheureux, le vin qui enivre ceux qui sont coupables de la grande faute pour mettre en miettes leur sacrilège puissance. Oui. Mon vin, qui mûrit heure par heure au soleil de l'Éternel Amour, sera ruine et salut pour beaucoup comme il est dit dans une prophétie qui n'est pas encore écrite mais déposée dans la roche sans fissure d'où est jaillie la Vigne qui donne le Vin de la Vie éternelle.
Vous comprenez ? Non, vous ne comprenez pas, ô docteurs d'Israël. Peu importe que vous compreniez. Elles vont descendre sur vous les ténèbres dont parle Isaïe : "Ils ont des yeux et ils ne voient pas. Ils ont des oreilles et ils n'entendent pas". Vous faites écran à la Lumière par votre haine, et pour cela on peut dire que la Lumière a été repoussée par les ténèbres et que le monde n'a pas voulu la connaître.
Mais vous, vous exultez! Vous qui, étant dans les ténèbres, avez su croire à la Lumière qui vous était annoncée, vous qui l'avez désirée, cherchée, trouvée. Exulte, ô peuple des fidèles, qui par monts, vallées, fleuves et lacs, es venu au Salut sans tenir compte de la fatigue du long chemin. Il en sera de même pour l'autre, le chemin spirituel qui, des ténèbres de l'ignorance, te conduira, ô peuple de Bozra, à la lumière de la Sagesse.
Exulte, ô peuple de l'Auranitide ! Exulte dans la joie de la connaissance. Vraiment il est dit aussi de toi, et des peuples qui t'entourent, quand le Prophète chante que vos chameaux et vos dromadaires se presseront sur les chemins de Nephtali et de Zabulon[2][8] pour apporter l'adoration au vrai Dieu, et pour être ses serviteurs dans la sainte et douce loi qui n'impose pas autre chose pour donner la paternité divine et la béatitude éternelle que d'observer les dix commandements du Seigneur : aimer le vrai Dieu avec tout soi-même, aimer le prochain comme soi-même, respecter les sabbats sans les profaner, honorer les parents, ne pas tuer, ne pas voler, ne pas commettre l'adultère, n'être pas faux dans les témoignages, ne pas désirer la femme ni les biens d'autrui. Oh ! vous êtes bienheureux si, venant de plus loin, vous surpassez ceux qui étaient de la maison du Seigneur et qui en sont sortis, aiguillonnés par les dix commandements de Satan de l'inimitié avec Dieu, de l'amour propre, de la corruption du culte, de la dureté pour les parents, du désir de l'homicide, de l'essai de voler la sainteté d'autrui, de la fornication avec Satan, des témoignages faux, de l'envie pour la nature et la mission du Verbe, et du péché horrible qui fermente et mûrit au fond des cœurs, de trop de cœurs.
Exultez, vous qui avez soif ! Exultez, vous qui avez faim ! Exultez, vous qui êtes affligés ! Vous étiez rejetés ? Vous étiez proscrits ? Vous étiez méprisés ? Vous étiez étrangers ? Venez ! Exultez ! Maintenant ce n'est plus vrai. Moi, je vous donne maison, biens, paternité, patrie. Je vous donne le Ciel. Suivez-moi, Moi qui suis le Sauveur ! Suivez-moi, Moi qui suis le Rédempteur ! Suivez-moi, Moi qui suis la Vie ! Suivez-moi, Moi qui suis Celui auquel le Père ne refuse pas de grâces ! Exultez dans mon amour ! Exultez ! Et pour que vous voyiez que je vous aime, ô vous qui m'avez cherché avec vos souffrances, ô vous qui avez cru en Moi avant même de m'avoir connu, pour que ce jour soit un vrai jour d'exultation, je prie ainsi : "Père ! Père Saint ! Que sur toutes les blessures, les maladies, les plaies des corps, les angoisses, les tourments, les remords des cœurs, sur toutes les fois qui naissent, sur celles qui vacillent, sur celles qui se raffermissent, descende, oh ! descende salut, grâce, paix ! Paix en mon nom ! Grâce en ton nom ! Salut pour notre amour réciproque ! Bénis, ô Père Très Saint ! Rassemble et fond en un seul troupeau tous ces fils, miens et tiens, dispersés ! Fais que où je suis, eux y soient, une seule chose avec Toi, Père Saint, avec Toi, avec Moi, avec le très Divin Esprit"."
Jésus, les bras en croix, les paumes tournées en haut vers le Ciel, le visage levé, la voix éclatante comme une trompette d'argent, est irrésistible dans ses paroles... Il reste ainsi, en silence, pendant quelques minutes. Puis ses yeux de saphir cessent de regarder le ciel pour regarder la vaste cour pleine d'une foule qui soupire émue, ou frémit d'espérance, ses mains se joignent comme pour se porter en avant, et avec un sourire qui le transfigure, il jette le dernier cri : "Exultez, ô vous qui croyez et espérez ! Peuple des souffrants, Lève-toi et aime le Seigneur ton Dieu !"
C'est la guérison simultanée et complète de tous les malades. Des cris délirants, un tonnerre de voix qui chantent l'hosanna au Sauveur. Et du fond de la cour, traînant encore le drap qui la couvrait, une femme fend la foule en tombant aux pieds du Seigneur. La foule pousse un autre cri, un cri de terreur : "Marie, la lépreuse. La femme de Joachim !" et on fuit dans toutes les directions.
"Ne craignez pas ! Elle est guérie. Son contact ne peut plus vous faire de mal" rassure Jésus et puis il dit à la femme prosternée : "Lève-toi, femme. Ta grande espérance t'a récompensée et te fait pardonner d'avoir manqué à la prudence envers tes frères. Retourne à ta maison après les purifications salutaires."
La femme, jeune et assez belle, pleure en se levant. Jésus la montre à la foule qui s'approche un peu et admire le miracle en criant son émerveillement.
"Son mari, qui l'adorait, lui avait construit un refuge au fond de ses terres et chaque soir il allait vers son enclos et, en pleurant, lui apportait la nourriture..."
"Elle était tombée malade à cause de sa pitié, en soignant un mendiant qui ne s'était pas déclaré lépreux."
"Mais comment est venue la brave Marie?"
"Sur ce brancard. Comment n'avons-nous pas pensé que c'étaient des serviteurs de Joachim ?"
"Pour cela, ils ont risqué la lapidation."
"Leur maîtresse ! Ils l'aiment, elle sait se faire aimer, plus qu'on ne s'aime soi-même…"
Jésus fait un geste et tout le monde se tait. "Vous voyez que l'amour et la bonté amènent miracle et joie. Sachez donc être bons. Va, femme. Personne ne te fera du mal. La paix soit avec toi et dans ta maison."
La femme, suivie de ses serviteurs qui ont brûlé le brancard au milieu de la cour, sort suivie de nombreuses personnes.
Jésus congédie la foule et, après avoir écouté quelques personnes, se retire suivi de ceux qui étaient avec Lui.
"Quelles paroles, Maître !"
"Comme tu étais transfiguré !"
"Quelle voix !"
"Et quels miracles !"
"Tu as vu quand les pharisiens se sont enfuis ?"
"Ils s'en sont allés en rampant comme deux lézards après les premières paroles."
"Les gens de Bozra et des autres pays ont de Toi un souvenir merveilleux..."
"Mère, et toi, que dis-tu ?"
"Je te bénis, Fils, pour moi et pour eux."
"Eh bien, ta bénédiction me suivra jusqu'à ce que nous nous retrouvions."
"Pourquoi dis-tu cela, Seigneur ? Les femmes nous quittent donc ?"
"Oui, Simon. Demain, au point du jour, Alexandre part pour Aëra. Nous irons avec lui jusqu'à la route d'Arbela et puis nous le quitterons. Et c'est avec peine, crois-le Alexandre Misace, toi qui as été un guide courtois du Pèlerin. Je me souviendrai toujours de toi, Alexandre..."
Le vieillard est profondément ému. Il reste, les bras croisés sur la poitrine, dans le profond salut oriental, un peu courbé en face de Jésus. Mais en entendant ces paroles, il dit : "Surtout, souviens-toi de moi, quand tu seras dans ton Royaume."
"Tu le désires, Misace ?"
"Oui, mon Seigneur."
"Moi aussi, je désire une chose de toi."
"Quoi, Seigneur ? Seulement que je puisse, je te la donnerai, fût-ce la plus précieuse des choses que je possède."
"C'est la plus précieuse. C'est ton âme que je veux. Viens à Moi. Je t'ai dit, au commencement du voyage, que j'espérais te donner un don à la fin. Le don, c'est la Foi. Crois-tu en Moi, Misace ?"
"Je crois, Seigneur."
"Alors sanctifie ton âme pour que la foi ne soit pas pour toi un don non seulement inerte mais dommageable."
"Elle est vieille mon âme. Mais je m'efforcerai de la rendre neuve. Seigneur, je suis un vieux pécheur. Mais Toi absous-moi et bénis-moi pour qu'à partir de maintenant je commence une vie nouvelle. J'emporterai avec moi ta bénédiction comme la meilleure escorte dans mon chemin vers ton Royaume... Nous nous reverrons jamais plus, Seigneur ?"
"Jamais plus sur cette terre. Mais tu auras de mes nouvelles et tu croiras encore davantage parce que je ne te laisserai pas sans évangélisation. Adieu, Misace. Demain nous aurons peu de temps pour le faire. Faisons-le maintenant, avant de prendre ensemble, pour la dernière fois, notre nourriture."
Il l’embrasse et le baise. Les apôtres et aussi les disciples le font. Les femmes lui adressent un salut unique. Mais Misace s'age- nouille presque devant Marie en disant : "Que ta lumière de pure étoile du matin resplendisse dans ma pensée jusqu'à la mort."
"A la Vie, Alexandre. Aime mon Fils et tu m'aimeras et moi, je t'aimerai."
Simon Pierre demande : "Mais d'Arbela, nous irons à Aëra ? J'ai peur que nous soyons surpris par le mauvais temps. Tant de brouillard... Cela fait trois jours qu'il y en a à l'aube et au crépuscule..."
"C'est parce que nous sommes descendus ici. Il ne te semble pas être descendu beaucoup ? Mais, c'est ainsi. A partir de demain tu remonteras vers les monts de la Décapole et tu n'auras plus de brouillard" explique Misace.
"Descendus ? Quand ? La route était plane..."
"Oui, mais en continuelle descente. Oh ! si lente qu'on ne s'en aperçoit pas. Mais sur des milles et des milles !..."
"A Arbela, combien de temps nous y restons ?"
"Toi, Jacques et Jude, pas même une heure" tranche Jésus.
"Moi... Jacques et Jude... pas même une heure ? Et où est-ce que je vais, si je ne reste pas avec vous tous ?"
"En route, jusqu'aux terres dont Chouza a la garde. Tu accompagneras, avec les autres, ma Mère et les femmes jusque là. Puis elles iront seules avec les serviteurs de Jeanne et vous reviendrez me rejoindre à Aëra."
"Oh ! Seigneur ! Tu es en colère contre moi et tu me punis. ..Quelle douleur tu me donnes, Seigneur !"
"Simon, se sent puni celui qui est en faute. Cette culpabilité doit te donner de la douleur mais pas la punition en elle-même. Mais je ne crois pas que ce soit une punition d'accompagner ma Mère et les femmes disciples sur le chemin du retour."
"Mais ne valait-il pas mieux que tu viennes avec nous ? Laisse tomber Aëra et ces localités, et viens avec nous."
"J'ai promis d'y aller et j'y vais."
"Alors j'y viens moi aussi."
"Obéis comme, sans protester, le font mes frères."
"Et si tu trouves les pharisiens ?"
"Tu n'es certainement pas le plus indiqué pour les convertir. Mais c'est justement parce que je les trouverai que je veux que toi avec Jacques et Jude vous vous écartiez d'Arbela avec les femmes et avec Jean d’Endor et Margziam."
"Ah !... j'ai compris ! C'est bon."
Jésus se tourne vers les femmes et il les bénit une à une, en donnant à chacune les conseils qui conviennent.
Marie-Magdeleine, en s'inclinant pour baiser les pieds de son Sauveur, demande : "Te verrais-je encore avant de retourner à Béthanie ?"
"Sans aucun doute, Marie. Au mois d'Etanim, je serai sur le lac."
*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2004/index.htm#150
Tome : 4/157
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Bonjour maman Maud,
Merci pour l'oeuvre de Maria Valtorta, c'est toujours aussi saisissant.
Merci pour l'oeuvre de Maria Valtorta, c'est toujours aussi saisissant.
Invité- Invité
Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
L'adieu aux femmes disciples
La vénération de Misace se révèle au matin suivant. Pour les premiers kilomètres de route, il a fait arranger la charge des chameaux de manière à former un berceau commode pour les cavaliers inexperts. Et c'est assez amusant de voir émerger des paquets et des caisses, les têtes brunes ou blondes, aux cheveux longs jusqu'aux oreilles des hommes ou des tresses qui apparaissent sous le voile des femmes. De temps à autre le vent, produit par la course accélérée des chameaux, rejette en arrière ces voiles et on voit briller au soleil les cheveux d'or de Marie de Magdala ou ceux d'un blond plus doux de Marie très Sainte, alors que les têtes de couleurs plus ou moins foncées de Jeanne, Sintica, Marthe, Marcelle, Suzanne et Sara prennent des reflets d'indigo ou de bronze foncé, et que les têtes chenues d'Élise, de Salomé et de Marie de Cléophas, saupoudrées d'argent, brillent sous le clair soleil qui les chauffe.
Les hommes avancent sur leur nouveau moyen de transport et Margziam rit heureux. On s'aperçoit que l'explication du marchand est vraie quand, en se retournant, on voit tout en bas Bozra avec ses tours et ses hautes maisons dans le dédale de ses rues étroites. Des collines en pente douce se présentent au nord-ouest. C'est à leur base que s'allonge la route pour Arbela, c'est là que s'arrête la caravane pour faire descendre les voyageurs et se séparer. Les chameaux s'agenouillent avec leur charge mouvante, ce qui fait pousser des cris à plus d'une femme. Je m'aperçois maintenant que les femmes avaient été prudemment attachées à leurs selles. Elles descendent un peu étourdies par le roulis, mais reposées.
Misace aussi descend, qui avait pris en selle Margziam et, pendant que les chameliers refont les chargements suivant la méthode habituelle, il s'approche de Jésus pour un nouveau salut.
« Je te remercie, Misace. Tu nous as épargné beaucoup de fatigue et de perte de temps. »
« Oui, vingt milles se sont faits en une petite heure. Ils ont de longues jambes les chameaux, même si leur démarche n'est pas douce. Je veux espérer que les femmes n'en ont pas trop souffert. »
Les femmes assurent toutes qu'elles se sont reposées et sans souffrance.
« Maintenant vous êtes à six milles d'Arbela. Que le Ciel vous accompagne et vous donne un agréable chemin. Adieu, mon Seigneur. Permets-moi de baiser tes pieds saints. Heureux de t'avoir rencontré, Seigneur. Souviens-toi de moi. » Misace baise les pieds de Jésus et puis remonte en selle et son crrr, crrr fait relever les chameaux... Et la caravane part au galop sur la route plate, parmi des nuages de poussière.
« Le brave homme ! Je suis tout mal fichu mais, en revanche, mes pieds sont délassés. Mais quelles secousses ! C'est autre chose qu'une tempête du Nord sur le lac ! Vous riez ? Moi, je n'avais pas de coussins comme les femmes. Vive ma barque ! C'est encore la chose la plus propre et la plus sûre. Et maintenant, mettons-nous les sacs au dos et allons-y. »
C'est une compétition à qui prendrait la plus lourde charge. Mais les vainqueurs sont ceux qui doivent rester avec Jésus, c'est-à-dire Mathieu, le Zélote, Jacques et Jean, Hermastée et Timon. Ils prennent tout pour épargner les trois qui doivent aller avec les femmes, ou plutôt les quatre s'il faut compter Jean d'Endor, mais comme il est mal en point, son aide aurait été toute relative.
Ils marchent à vive allure pendant quelques kilomètres. Ils arrivent au sommet de la colline qui servait de paravent du côté ouest, et là réapparaît une plaine fertile entourée par un cercle de collines plus élevées que celles d'abord rencontrées et qui a, en son milieu, une colline longue et isolée. Dans la plaine, une ville : Arbela.
Ils descendent et ils sont vite dans la plaine. Ils marchent encore quelque temps, puis Jésus s'arrête en disant : « Voici l'heure de la séparation. Prenons ensemble la nourriture et puis séparons-nous. C'est la bifurcation pour Gadara, Vous prendrez cette route et, avant le soir, vous pourrez être sur les terres que Chouza a en garde.»
Il n'y a pas beaucoup d'enthousiasme... Mais enfin, on obéit. Pendant le repas Margziam dit : « Alors, c'est le moment de te donner cette bourse. Elle m'a été donnée par le marchand quand j'étais en selle avec lui. Il m'a dit : "Tu la donneras à Jésus avant de le quitter et tu Lui diras qu'il m'aime comme il t'aime". La voilà. Elle me pesait ici, dans mon vêtement. Elle semble pleine de cailloux. »
« Fais voir ! Fais voir ! L'argent c'est lourd ! » Tout le monde est curieux. Jésus délie les cordons de cuir qui ferment la bourse en peau de gazelle, je crois, parce qu'elle me semble en peau de chamois, et il renverse le contenu sur son vêtement. Des pièces de monnaie roulent. Mais c'est ce qu'il y a en moins grande quantité. Il en sort tant de sachets de byssos : des sachets attachés avec un fil. Des couleurs délicates transparaissent à travers le lin très fin et le soleil semble allumer un petit brasier dans ces paquets, comme si c'étaient des braises sous une couche de cendre.
« Qu'est-ce ? Qu'est-ce ? Délie, Maître. »
Tous sont penchés sur Lui qui calmement dénoue le nœud d'un premier paquet de feu blond : topazes de différentes tailles, encore bruts, resplendissent libres au soleil. Un autre paquet : des rubis, des gouttes de sang coagulé. Un autre : des éclats d'émeraude à la riante couleur verte. Un autre : des morceaux de ciel avec de purs saphirs. Un autre : des douces améthystes. Un autre : l'indigo violet des béryls. Un autre : la splendeur noire des onyx... Et ainsi de suite pour les douze paquets. Dans le dernier, le plus lourd, toute la splendeur d'or des chrysolithes, il y a un petit parchemin : « Pour ton Rational de vrai Pontife et Roi. »
Le vêtement de Jésus est un petit pré sur lequel sont effeuillés des pétales lumineux... Les apôtres plongent les mains dans cette lumière qui est devenue matière multicolore. Ils sont stupéfaits... Pierre murmure : « Si Judas de Kériot était là !... »
« Tais-toi ! Il vaut mieux qu'il n'y soit pas » dit brusquement le Thaddée.
Jésus demande un morceau de toile pour faire un seul paquet des pierres et, pendant que durent les commentaires, il réfléchit.
Les apôtres disent : « Mais il était bien riche cet homme ! » et Pierre provoque les rires lorsqu'il dit : « Nous avons trotté sur un trône de gemmes. Je ne croyais pas être sur une pareille splendeur. Mais si cela avait été un peu plus moelleux ! Que vas-tu en faire maintenant ? »
« Je vais le vendre pour les pauvres. » Il lève les yeux et souriant regarde les femmes.
« Et où vas-tu trouver ici un joaillier qui achète cette marchandise ? »
« Où ? Ici. Jeanne, Marthe, Marie, achetez-vous mon trésor ? »
Les trois femmes, sans même se consulter, disent : « Oui » avec vivacité. Mais Marthe ajoute : « Ici nous avons peu d'argent. »
« Vous me le ferez trouver à Magdala pour la nouvelle lune. »
« Combien veux-tu, Seigneur ? »
« Pour Moi, rien. Pour mes pauvres, beaucoup. »
« Donne donc. Tu auras beaucoup » dit Marie-Magdeleine qui prend la bourse et la met dans son sein.
Jésus garde seulement les pièces de monnaie. Il se lève, embrasse sa Mère, embrasse sa tante, ses cousins, Pierre, Jean d'Endor et Margziam. Il bénit les femmes et les congédie. Et elles s'en vont se retournant encore, encore jusqu'à ce qu'un tournant de la route les cache.
Jésus, avec ceux qui restent, se dirige vers Arbela. Une toute petite troupe, désormais, avec seulement huit personnes.
Ils marchent rapidement et en silence vers la ville qui se rapproche de plus en plus.
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Source : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2004/index.htm#150
Tome : 4 /158
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
A Arbela
A la première personne à laquelle ils s'adressent pour demander des nouvelles de Philippe de Jacob, ils se rendent compte du travail qu'a fait le jeune disciple. Celle qu'ils interrogent, une vieille femme ridée qui porte avec beaucoup de peine un broc plein d'eau, fixe de ses yeux creusés par l'âge le beau visage de Jean. Il lui a posé en souriant la question, en disant auparavant : "La paix soit avec toi" si doux que la vieille en a été conquise, elle dit : "Tu es le Messie ?"
"Non, mais son apôtre. Le voici qui vient." La petite vieille met par terre son broc et s'en va dans la direction indiquée pour ensuite s'agenouiller devant Jésus.
Jean, resté seul avec Simon devant le broc qui s'est renversé en répandant la moitié de son contenu, sourit en disant à son compagnon: "Il convient de prendre ce broc et d'aller retrouver la petite vieille." Et il le fait en se mettant en route, alors que son compagnon ajoute : "Et il servira pour
Ils rejoignent la petite vieille qui, ne sachant ce qu'elle doit dire précisément, continue de répéter : "Beau, saint Fils de la plus sainte Mère !" Elle se tient à genoux buvant des yeux le visage de Jésus qui lui sourit en disant à son tour : "Lève-toi, mère. Mais lève-toi donc !" Quand ils la rejoignent, Jean lui dit : "Nous avons pris ton broc, mais il s'est renversé. Il y a peu d'eau. Mais si tu le permets, nous boirons cette eau et puis nous remplirons le broc."
"Oui, fils, oui. Et il me déplaît de n'avoir que de l'eau pour vous. Je voudrais avoir du lait, comme quand je nourrissais mon Jude, pour vous donner la chose la plus douce qui existe sur la terre : le lait d'une mère. Je voudrais avoir du vin, du meilleur; pour vous donner des forces. Mais Marianne d'Élisée est vieille et pauvre..."
"Ton eau est pour Moi du vin et du lait, mère, parce qu'il est donné avec amour" répond Jésus en buvant le premier au broc que Jean Lui présente. Puis les autres boivent.
La petite vieille, qui à la fin s'est levée, les regarde comme elle regarderait le Paradis. Elle s'aperçoit quand ils ont tous bu qu'ils vont jeter l'eau qui reste pour aller à la fontaine qui coule au bout de la route, voilà qu'alors la petite vieille se jette en avant en défendant le broc et en disant : "Non, non.
Plus que de l'eau lustrale cette eau est sainte dont Lui a bu. Je la garderai soigneusement pour qu’on me purifie avec elle, après ma mort." Et elle saisit son broc en disant : "Je l’emporte à la maison. J'en ai d'autres, je les remplirai. Mais viens d'abord ? Saint, que je te montre la maison de Philippe" et elle trottine toute courbée avec un sourire sur son visage ridé et dans ses yeux que la joie ravive. Elle trottine en tenant un pan du manteau de Jésus entre ses doigts, comme si elle craignait qu'il puisse lui échapper, et elle défend son broc contre l'insistance des apôtres qui voudraient la décharger de ce poids. Elle trottine bienheureuse, regardant la route déserte et les maisons d'Arbela qui sont fermées dans le soir qui descend, avec le regard d'un conquérant heureux de sa victoire.
Finalement on passe de ce chemin secondaire à un autre plus central où il y a des gens qui se hâtent de rentrer chez eux. Les gens l'observent étonnés, la montrent du doigt et l'interpellent. Elle, après avoir attendu qu'il y ait un cercle assez important de gens, crie : "J'ai avec moi le Messie de Philippe. Courez en donner la nouvelle partout et d'abord à la maison de Jacob. Qu'ils soient prêts à honorer le Saint." Elle crie à en perdre haleine. Elle sait se faire obéir. C'est son heure de commandement, à la pauvre petite vieille du peuple, seule, inconnue. Et elle voit toute la ville s'ébranler à son commandement.
Jésus, tellement plus grand qu'elle, lui sourit quand elle le regarde de temps à autre, et pose sa main sur sa tête sénile en la caressant comme un fils, ce qui la fait presque s'évanouir de joie.
La maison de Jacob est dans une rue du centre. Toute ouverte et illuminée, elle présente après le portail une longue entrée où des gens s'agitent avec des lampes et sortent joyeux dès que Jésus apparaît sur le chemin. Le jeune disciple Philippe, puis la mère et le père, les parents, les serviteurs, les amis.
Jésus s'arrête et répond avec majesté au salut profond de Jacob, puis il s'incline sur la mère de Philippe qui le vénère à genoux, il la fait lever la bénit et lui dit : "Sois toujours heureuse pour ta foi." Puis il salue le disciple qui est accouru avec son ami, que Jésus salue aussi.
La vieille Marianne, malgré tout, ne lâche pas le pan du manteau et sa place à côté de Jésus jusqu'à ce qu'ils vont poser le pied dans l'atrium. Alors elle gémit : "Une bénédiction pour que je sois heureuse ! Maintenant tu restes ici... moi, je vais dans ma pauvre maison et... toute cette belle chose est finie !" Quel chagrin dans la voix sénile !
Jacob, auquel sa femme a parlé doucement, dit : "Non, Marianne d'Elisée. Reste toi aussi dans ma maison comme si tu étais une disciple. Reste tant que le Maître sera avec nous et sois heureuse."
"Dieu te bénisse, homme. Tu comprends la charité."
"Maître... Elle t'a conduit dans ma maison. Tu m'as fait grâce et charité. Je ne fais que rendre, et toujours d'une manière mesquine, le beaucoup que j'ai reçu de Toi. Entre, entrez et que ma maison vous soit accueillante."
La foule, de dehors sur le chemin, le voit entrer et elle crie : "Et nous ? Nous voulons entendre ta parole."
Jésus se retourne : "Il fait nuit. Vous êtes fatigués, Préparez votre âme par un saint repos et demain vous entendrez la Voix de Dieu. Pour l'instant que soient avec vous paix et bénédiction." Et le portail se ferme sur la félicité de cette maison.
Jacques de Zébédée dit au Seigneur pendant la purification qui suit le voyage : "Peut-être il aurait mieux valu parler tout de suite et partir à l'aube. Les pharisiens sont dans la ville. Philippe me l'a dit. Ils vont te causer des ennuis."
"Ceux qui auraient pu être ennuyés par eux sont loin d'ici. Les ennuis qu'ils pourront me causer n'ont pas de valeur. Il y a l'amour pour les annuler."
Le lendemain matin... La sortie joyeuse parmi les familiers de Philippe et les apôtres. La petite vieille est derrière. La rencontre avec ceux d'Arbela qui attendent patiemment. L'arrivée à la place principale où Jésus commence à parler.
"On lit au huitième chapitre du second livre d'Esdras ce que maintenant je vous répète ici : "Au début du septième mois..." (Jésus me dit: "N'ajoute rien d'autre. Je répète intégralement les paroles du livre").
Quand est-ce qu'un peuple est rapatrié ? Quand il revient dans les terres de ses pères. Moi, je viens vous ramener dans les terres de votre Père, dans le Royaume du Père. Et je le puis parce que j'ai été envoyé pour cela. Je viens donc vous amener au Royaume de Dieu et par conséquent il est juste de vous comparer à ceux qui furent rapatriés avec Zorobabel à Jérusalem, la cité du Seigneur, et il est juste de faire avec vous comme le scribe Esdras fit avec le peuple rassemblé de nouveau dans les murs sacrés. Car reconstruire une cité en la dédiant au Seigneur, mais ne pas reconstruire les âmes qui sont semblables à autant de petites cités de Dieu, c'est une sottise sans pareille.
Comment reconstruire ces petites cités spirituelles que tant de raisons ont démolies ? Quels matériaux employer pour les faire solides, belles, durables ?
Les matériaux sont dans les préceptes du Seigneur. Les dix commandements, et vous les connaissez parce que Philippe, votre fils et mon disciple, vous les a rappelés. Les deux saints parmi les saints préceptes : "Aime Dieu avec tout toi-même. Aime le prochain comme toi-même". C'est l'abrégé de la Loi et ce sont ceux-ci que je prêche parce que, avec eux, on est sûr de conquérir le Royaume de Dieu. Dans l'amour se trouve la force de se conserver saint ou de le devenir, la force de pardonner, la force de l'héroïsme dans la vertu. Tout se trouve dans l'amour.
Ce n'est pas la peur qui sauve. La peur du jugement de Dieu, la peur des sanctions humaines, la peur des maladies. La peur n'est jamais constructive. Elle provoque l'éboulement, l'effritement, la dislocation, la ruine. La peur porte au désespoir, elle porte aux astuces pour cacher la mauvaise conduite, elle porte seulement à craindre quand la crainte est désormais inutile parce que le mal est désormais en nous. Qui pense, pendant qu'il est en bonne santé, à agir avec prudence par pitié pour son corps? Personne. Mais dès que le premier frisson de fièvre court dans les veines, ou qu'une tache fait penser à des maladies immondes, voici alors qu'arrive la peur, tourment qui s'ajoute à la maladie, force de désagrégation dans un corps que déjà la maladie désagrège. L'amour au contraire est constructeur. Il construit, affermit, maintient compact, préserve. L'amour apporte l'espérance en Dieu. L'amour fait fuir le mal. L'amour porte à la prudence envers sa propre personne qui n'est pas le centre de l'univers, comme le croient et le font les égoïstes, les faux amoureux d'eux-mêmes car ils n'aiment qu'une partie d'eux-mêmes : la moins noble, au détriment de la partie immortelle et sainte; mais c'est un devoir, cependant, de toujours en prendre soin pour la conserver en bonne santé tant qu'il plaira à Dieu, pour être utile à soi-même, aux parents, à sa cité, à son pays tout entier.
Il est inévitable que surviennent les maladies. Il n'est pas dit que toute maladie soit la conséquence d'un vice ou d'une punition.
Il y a les saintes maladies envoyées par le Seigneur à ses justes pour que dans le monde, qui fait du plaisir son tout et qui lui fait tout servir, il y ait des saints qui sont comme des otages de guerre pour le salut des autres, et qui paient de leur personne pour que soit expiée par leurs souffrances la masse de fautes que le monde accumule journellement et qui finirait par s'écrouler sur l'Humanité en l'ensevelissant sous sa malédiction. Vous vous souvenez de Moïse devenu vieux et qui priait pendant que Josué combattait au nom du Seigneur ? Vous devez savoir que celui qui souffre saintement livre la plus grande bataille au plus féroce guerrier qui existe dans le monde, caché sous les apparences des hommes et des peuples, à Satan, le Tortionnaire, l'Origine de tout mal, et qu'il se bat pour tous les autres hommes. Mais quelle différence entre ces maladies saintes que Dieu envoie et celles qui proviennent du vice par suite d'un amour coupable pour les plaisirs sensuels ! Les premières, preuves de la volonté bienfaisante de Dieu; les secondes, preuves de la corruption satanique.
Il faut donc aimer pour être saints parce que l'amour crée, préserve, sanctifie.
Moi aussi, en vous annonçant cette vérité, je vous parle comme Néhémie et Esdras : "Ce jour est consacré au Seigneur notre Dieu. Pas de deuil, pas de pleurs". Car tout deuil cesse quand on vit le jour du Seigneur. La mort perd sa dureté, car la perte d'un fils, d'un époux, d'un père, d'une mère ou d'un frère, devient une séparation momentanée et limitée. Momentanée parce qu'elle cesse avec notre propre mort. Limitée parce qu'elle se limite au corps, au sens. L'âme ne perd rien par la mort d'un parent qui s'est éteint. Mais au contraire, la liberté n'est limitée que d'un côté : celui du survivant dont l'âme est encore enserrée dans la chair, alors que l'autre côté, celui qui est passé à une seconde vie, jouit de la liberté et de la possibilité de veiller sur nous et de nous obtenir davantage, bien davantage que quand il nous aimait dans la prison du corps.
Je vous dis comme Néhémie et Esdras : "Allez manger de la viande grasse et boire du vin doux, et envoyez-en des parts a ceux qui n'en ont pas, car c'est un jour saint pour le Seigneur et personne ne doit souffrir ce jour-là. Ne vous attristez pas, car la joie .du Seigneur qui est parmi vous est la force de celui qui reçoit la grâce du Seigneur Très-Haut dans ses murs et dans son cœur".
Vous ne pouvez plus faire les Tabernacles. Le temps en est passé, mais élevez-en de spirituels dans vos cœurs. Gravissez la montagne, c'est-à-dire montez vers la Perfection. Cueillez des branches d'oliviers, de myrtes, de palmiers, de chênes, d'hysopes, de tous les arbres les plus beaux. Rameaux des vertus de paix, de pureté, d'héroïsme, de mortification, de force, d'espérance, de justice, de toutes, toutes les vertus. Ornez-vous l'esprit en célébrant la fête du Seigneur. Ses tabernacles vous attendent. Les siens. Et ils sont beaux; saints, éternels, ouverts à tous ceux qui vivent dans le Seigneur. Et avec Moi, aujourd'hui, proposez-vous de faire pénitence pour le passé et de commencer une vie nouvelle.
Ne craignez rien du Seigneur. Lui vous appelle parce qu'il vous aime. Ne craignez pas. Soyez ses fils comme tous ceux d'Israël. C'est aussi pour vous qu'Il a fait la Création et le Ciel, qu'il a suscité Abraham et Moïse, qu'il a ouvert la mer et créé la nuée qui indique la route, et qu'il est descendu du Ciel pour donner la Loi, qu'il a ouvert les nuées pour faire pleuvoir la manne, et qu'il a rendu le rocher fécond pour qu'il vous donne de l'eau. Et maintenant, oh ! maintenant que pour vous aussi, il envoie le Pain vivant du Ciel pour votre faim, la vraie Vigne et la Source de la Vie éternelle pour votre soif. Et par ma bouche il vous dit : "Entrez pour posséder la Terre sur laquelle J'ai levé la main pour vous la donner". Ma Terre spirituelle : le Royaume des Cieux." La foule échange des paroles enthousiastes. ..Puis voilà les malades. Si nombreux. Jésus les fait ranger sur deux files et, pendant que cela se fait, il demande à Philippe d'Arbela : "Pourquoi ne les as-tu pas guéris ?"
"Pour qu'ils aient ce que moi j'ai eu : la guérison par tes mains." Jésus passe en bénissant, un par un, les malades et c'est le prodige habituel qui se répète : des aveugles qui voient et des sourds qui entendent, des muets qui parlent, des bossus qui se redressent, des fièvres qui tombent, des faiblesses qui disparaissent.
Les guérisons sont terminées. Puis, après le dernier malade, il y a les deux pharisiens qui étaient allés à Bozra et deux autres. "La paix à Toi, Maître. Et à nous, tu ne dis rien ?"
"J'ai parlé, pour tout le monde."
"Mais nous n'avions pas besoin de ces paroles. Nous sommes les saints d'Israël."
"A vous qui êtes des maîtres, je dis : commentez entre vous le chapitre suivant, le neuvième du second livre d'Esdras, en vous rappelant combien de fois Dieu a usé jusqu'ici de miséricorde envers vous, et dites en vous frappant la poitrine, comme si c'était une prière, la conclusion du chapitre."
"Bien dit, bien dit, Maître ! Et tes disciples, ils le font ?"
"Oui. C'est la première chose que j'exige."
"Tous ? Même les homicides qui sont dans tes rangs ?"
"Vous sentez l'odeur du sang ?"
"C'est une voix qui crie vers le Ciel."
"Efforcez-vous alors de ne pas imiter ceux qui le répandent."
"Nous ne sommes pas des assassins !"
Jésus les fixe en les transperçant de son regard. Ils n'osent pas ajouter un mot pendant quelque temps, mais ils suivent le groupe qui revient à la maison de Philippe qui croit devoir les inviter à entrer en prenant part au banquet.
"Très volontiers ! Nous serons plus longtemps avec le Maître" disent-ils avec de grandes révérences.
Mais arrivés dans la maison, ils semblent des limiers... Ils regardent, jettent dans toutes les directions des regards furtifs, posent des questions astucieuses aux serviteurs et jusqu'à la petite vieille qui me semble attirée par Jésus comme le fer par l'aimant. Mais elle répond vivement : "Moi, hier, je n'ai vu qu'eux. Vous rêvez. Moi, je les ai accompagnés ici, et en fait de Jean, il n'y avait que ce garçon blond et bon comme un ange."
Ils foudroient la petite vieille en l'insultant et se tournent dans une autre direction. Mais un serviteur, sans leur répondre directement, se penche sur Jésus qui est assis et parle avec le maître de maison, et il Lui demande : "Où est Jean d'Endor ? Ce seigneur le cherche."
Le pharisien foudroie du regard le serviteur et le traite d'imbécile. Mais Jésus est au courant de leurs intentions et il faut y remédier comme on peut. Le pharisien dit donc : "C'était pour nous féliciter de ce miracle de ton enseignement, Maître, et te faire honneur pour cette conversion."
"Jean est pour toujours au loin et le sera de plus en plus."
"Il est retombé dans son péché ?"
"Non. Il monte vers le Ciel. Imitez-le, et dans l'autre vie vous le trouverez."
Les quatre ne savent plus que dire et prudemment parlent d'autre chose. Les serviteurs annoncent que les tables sont prêtes et tout le monde passe dans la salle du festin.
*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2004/index.htm#150
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Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
En allant à Aëra
Arbela aussi est loin désormais. Dans la compagnie de Jésus il y a maintenant Philippe d'Arbela et l'autre disciple que j'entends appeler Marc.
La route est boueuse comme s'il avait beaucoup plu. Le ciel est gris. Un petit fleuve, suffisamment digne de ce nom, coupe la route pour Aëra. Gonflé par les pluies qui se sont certainement déversées sur la région, il n'est certainement pas bleu ciel mais d'un jaune rougeâtre comme s'il charriait des eaux passées sur des terrains ferreux.
"Désormais le temps est maussade. Tu as bien fait de renvoyer les femmes. Pour elles, ce n'est plus un temps pour être sur les chemins" dit sentencieusement Jacques. Et Simon le Zélote, toujours paisible dans son absolue donation au Maître, proclame : "Le Maître fait bien tout ce qu'il fait. Il n'est pas inintelligent comme nous. Lui voit et prévoit tout pour le mieux et plutôt pour nous que pour Lui."
Jean, heureux d'être à ses côtés, le regarde par en dessous avec son visage riant et il dit: "Tu es le plus cher, le meilleur Maître qu'on ait eu, a et aura, outre que tu es le plus saint."
"Ces pharisiens... Quelle déception ! Et même le mauvais temps a servi à les persuader que justement Jean d'Endor n'était pas là. Mais pourquoi se comportent-ils ainsi avec lui ?" demande Hermastée qui a beaucoup de tendresse pour Jean d'Endor.
Jésus répond : "Leur haine n'est pas sur lui ni pour lui. Mais c'est un instrument qu'ils manœuvrent contre Moi."
Philippe d'Arbela dit : "Eh bien, l'eau les a plus que persuadés qu'il était inutile d'attendre et d'avoir des soupçons sur Jean d'Endor. Vive l'eau ! Elle a servi aussi à te retenir cinq jours dans ma maison."
"Qui sait comme ils seront inquiets à Aëra ! C'est étonnant que nous ne voyons pas mon frère venir à notre rencontre" dit André.
"A notre rencontre ? Il viendra derrière nous" dit Mathieu.
"Non. Il a suivi la route du lac, car de Gadara, il allait au lac et avec une barque à Bethsaïda pour voir sa femme et lui dire que l'enfant est à Nazareth et que lui sera vite de retour. De Bethsaïda pour Méron, il prendra la route de Damas pendant quelque temps, et puis celle d'Aëra. Il est certainement à Aëra."
Il se fait un silence, puis Jean dit en souriant : "Mais cette petite vieille, Seigneur !"
"Moi, je croyais que tu lui donnerais la joie de mourir sur ton sein comme pour Saul de Kériot" observe Simon le Zélote.
"Je lui ai même voulu plus de bien parce que j'attends pour l'appeler à Moi que le Christ soit sur le point d'ouvrir les portes du Ciel. Elle ne m'attendra pas longtemps, la petite mère. Maintenant elle vit de son souvenir et avec l'aide de ton père, Philippe, sa vie sera moins triste. Je te bénis encore toi et tes parents."
La joie de Jean s'est voilée d'un nuage plus épais que celui qui couvre le ciel. Jésus le voit et dit : "Tu n'es pas content que la petite vieille vienne vite au Paradis ?"
"Si… mais je ne le suis pas parce que cela voudra dire que tu t'en vas... Pourquoi mourir, Seigneur ?"
"Qui est né de la femme meurt."
"Tu n'auras qu'elle seule, Seigneur ?"
"Oh ! non ! Et comme elle sera joyeuse la marche de ceux que je sauve comme Dieu et que j'ai aimés comme homme..."
Deux cours d'eau, très voisins l'un de l'autre, sont franchis. Il commence à pleuvoir sur la région plate qui s'étend devant les voyageurs après qu'ils ont franchi les collines à leur croisement avec la route qui profite d'une vallée pour continuer vers le nord.
Au nord, ou plutôt au nord-ouest, se dessine une haute et puissante chaîne de montagnes sur lesquelles chevauchent des masses énormes de nuages qui forment des cimes illusoires de nuages sur les cimes réelles de roches couvertes de bois sur leurs flancs et de neige sur leurs cimes. Mais c'est une chaîne très lointaine.
"Ici de l'eau. Là-haut de la neige. C'est la chaîne de l'Hermon. Elle s'est mise un plus grand manteau de neige sur le sommet. Si nous avons le soleil à Aëra, vous verrez comme le grand pic est beau quand le soleil le rosit" dit Timon que l'amour de sa patrie pousse à louer les beautés de son pays.
"Mais en attendant, il pleut. Aëra est-elle encore loin ?" demande Mathieu.
"Oui. Nous n'y serons qu'à la fin de la soirée."
"Que Dieu alors nous épargne les ennuis de santé" termine Mathieu, peu enthousiaste de cheminer par ce temps.
Ils sont emmitouflés dans leurs manteaux et par-dessous ils ont les sacs de voyage pour les mettre à l'abri de l'humidité et ainsi épargner leurs vêtements pour pouvoir les changer dès leur arrivée, car ceux qu'ils portent ruissellent d'eau et au bas sont alourdis par la boue.
Jésus est en tête, absorbé dans ses pensées. Les autres grignotent leur pain et Jean plaisante en disant : "Pas besoin de chercher de fontaine pour la soif. Il suffit de rester la tête en arrière et la bouche ouverte et les anges nous donnent l'eau."
Hermastée, qui à cause de sa jeunesse a avec Philippe d'Arbela et Jean le sort enviable de tout prendre gaiement, dit : "Simon de Jonas se plaignait des chameaux mais je préférerais être sur cette tour secouée par un tremblement de terre que dans cette boue. Qu'en dis-tu ?"
Et Jean : "Je dis que je suis bien partout, pourvu qu'il y ait Jésus..."
Les trois jeunes se mettent à parler sans arrêt entre eux.
Les quatre, plus âgés hâtent le pas pour rejoindre Jésus. Le groupe qui reste de Timon et Marc se met en queue en parlant.
"Maître, à Aëra, il y aura Judas de Simon..." dit André,
"Certainement. Et avec lui, Thomas, Nathanaël et Philippe."
"Maître... je regrette ces jours de paix" soupire Jacques.
"Tu ne dois pas parler ainsi, Jacques."
"Je le sais... Mais je ne puis m'en empêcher..." et il pousse un autre soupir.
"Il y aura aussi Simon Pierre avec mes frères. N'en es-tu pas content ?"
"Moi, tellement ! Maître, pourquoi Judas de Simon est-il si différent de nous ?"
"Pourquoi l'eau alterne-t-elle avec le soleil, Je chaud avec le froid, la lumière avec les ténèbres ?"
"Mais parce qu’on ne pourrait toujours avoir une même chose. Ce serait la fin de la vie sur la terre."
"Bien dit, Jacques."
"Oui, mais cela n'a pas de rapport avec Judas."
"Réponds. Pourquoi les étoiles ne sont-elles pas toutes comme le soleil, grandes, chaudes, belles, puissantes ?"
"Parce que.,. la terre brûlerait sous tant de feu."
"Pourquoi les plantes ne sont-elles pas toutes comme ce noyer ? Par plante, j'entends tout végétal."
"Parce que... les bêtes ne pourraient en manger."
"Et alors pourquoi ne sont-elles pas toutes comme l'herbe ?"
"Parce que... nous n'aurions pas de bois pour brûler, pour les maisons, les outils, les chars, les barques, les meubles."
"Pourquoi les oiseaux ne sont-ils pas tous des aigles, et les animaux tous des éléphants ou des chameaux ?"
"Nous serions frais, s'il en était ainsi !"
"Cette variété te paraît donc une bonne chose ?"
"Sans aucun doute."
"Tu juges donc que… Pourquoi, selon toi, Dieu les a-t-il faites ?"
"Pour nous donner toute l'aide possible."
"Donc dans une bonne intention? En es-tu sûr ?"
"Comme de vivre en ce moment,"
"Et alors si tu trouves juste qu'il y ait de la diversité dans les espèces animales, végétales et astrales, pourquoi prétends-tu que tous les hommes soient pareils ? Chacun a sa mission et ses dispositions. L'infinie diversité des espèces te paraît-elle signe de puissance ou d'impuissance du Créateur ?"
"De puissance. L'un fait ressortir l'autre."
"Très bien. Judas aussi sert à la même chose, et toi tu sers auprès de tes compagnons et tes compagnons auprès de toi. Nous avons trente-deux dents dans la bouche et, si tu les regardes bien, elles sont bien différentes entre elles. Non seulement dans les trois catégories, mais entre les individus d'une même catégorie. Et pourtant, puisque tu es en train de manger, observe leur office. Tu verras que celles qui semblent peu utiles, qui travaillent peu, ce sont précisément celles qui font le premier travail de couper le pain et de l'amener aux autres qui le mettent en miettes pour le passer aux autres qui le réduisent en bouillie. N'est-ce pas ainsi ? Judas à toi. semble ne rien faire ou mal agir. Je te rappelle qu'il a évangélisé, et bien, la Judée méridionale et que, tu l'as dit, il sait avoir du tact avec les pharisiens."
"C'est vrai." Mathieu observe : "Et il est encore très capable de trouver de l'argent pour les pauvres. Il demande, il sait demander comme moi je ne sais pas le faire... Peut-être parce qu'à moi, maintenant, l'argent me dégoûte."
Simon le Zélote baisse son visage qui devient cramoisi à force d'être rouge. André, qui le voit, lui demande : "Tu te sens mal ?"
"Non, non... La fatigue... je ne sais pas."
Jésus le regarde fixement, et il devient toujours plus rouge. Mais Jésus ne dit rien. Timon court en avant : "Maître, voici que l'on voit le pays qui précède Aëra. Nous pourrons nous y arrêter et demander des ânes."
"Mais voilà que la pluie cesse. Il vaut mieux continuer."
"Comme tu veux, Maître. Cependant, si tu le permets, je vais en avant"
"Vas-y."
Timon part en courant avec Marc, et Jésus en souriant observe : "Il veut que nous ayons une entrée triomphale."
Tous sont de nouveau en groupe. Jésus les laisse s'échauffer à parler de la diversité des régions et puis s'en va en arrière en prenant avec Lui le Zélote. Quand ils sont seuls, Jésus lui demande : "Pourquoi as-tu rougi, Simon ?"
Son visage devient comme de la braise et il ne parle pas. Jésus répète la question et il devient plus rouge et plus silencieux. Jésus renouvelle la question.
"Seigneur, tu le sais ! Pourquoi me le fais-tu dire ?" crie le Zélote qui souffre comme si on le torturait.
"En as-tu la certitude ?"
"Il ne l'a pas nié. Pourtant il a dit: "J'agis ainsi par prévoyance. J'ai du bon sens. Le Maître ne pense jamais au lendemain".[1][1] Si l'on veut c'est vrai. Mais cependant... c'est toujours... c'est toujours... Maître, Toi, mets le mot exact."
"C'est toujours une preuve que Judas est seulement un "homme". Il ne sait pas s'élever pour être seulement un esprit. Mais, plus ou moins, vous êtes tous pareils. Vous craignez des choses sottes. Vous vous tourmentez pour des prévoyances inutiles. Vous ne savez pas croire que la Providence est puissante et présente. Eh bien, que cela reste entre nous deux. N'est-ce pas ?"
"Oui, Maître."
Un silence. Puis Jésus dit : "Nous allons bientôt revenir au lac... Ce sera beau un peu de recueillement après tant de marches. Nous deux nous irons à Nazareth pour quelque temps, vers les Encénies. Toi, tu es seul... Les autres seront en famille. Toi, tu resteras avec Moi."
"Seigneur, Judas et Thomas, et même Mathieu sont seuls."
"N'y penses pas : Chacun fera les fêtes en famille. Mathieu a sa sœur. Toi, tu es seul. A moins que tu ne veuilles aller chez Lazare..."
"Non, Seigneur" éclate Simon. "Non. J'aime Lazare, mais être avec Toi, c'est être au Paradis. Merci, Seigneur" et il Lui baise la main.
Le petit pays est dépassé de peu quand, sous une nouvelle averse, réapparaissent sur le chemin inondé Timon et Marc qui crient : "Arrêtez-vous ! Voilà Simon Pierre avec des bourricots. Je l'ai rencontré qui venait. Cela fait trois jours qu'il vient vers cet endroit avec les animaux, sous l'eau."
Ils s'arrêtent sous le couvert de rouvres qui abritent un peu de l'averse. Et voici, venir à califourchon sur un âne en tête d'une file de montures, Pierre qui ressemble à un moine sous la couverture qui lui cache la tête et les épaules.
"Dieu te bénisse, Maître ! Mais je l'avais bien dit qu'il serait trempé comme quelqu'un tombé dans le lac ! Allons, vite, tout le monde en selle. Aëra depuis trois jours est en feu à force de tenir les cheminées allumées pour te sécher ! Vite; vite... En quel état ! Mais regardez donc ! Mais vous n'étiez pas capables de le retenir ? Ah ! quand je n'y suis pas ! Regardez donc ? Il a les cheveux plaqués comme si c'était un noyé. Tu dois être gelé. Sous cette eau ! Quelle imprudence ! Et vous ? Et vous ? Oh ! malheureux ! Toi le premier, imbécile de frère, et puis tous les autres ! Que vous êtes beaux ! Vous ressemblez à des sacs tombés dans un étang. Allons, vite ! Ah ! je ne me fie plus à vous le confier. J'en suis noyé d'horreur..."
"Et de parler, Simon" dit calmement Jésus pendant que son âne trotte à côté de celui de Pierre, en tête de la caravane. Jésus répète : "Et de parler et de parler inutilement. Tu ne m'as pas dit si les autres sont arrivés... Si les femmes sont parties, si ta femme va bien. Tu ne m'as rien dit."
"Je te dirai tout, mais pourquoi es-tu parti sous cette pluie ?"
"Et toi, pourquoi es-tu venu ?"
"Parce que j'avais hâte de te voir, mon Maître."
"Parce que j'avais hâte de te retrouver, mon Simon."
"Oh ! mon cher Maître ! Comme je t'aime ! Epouse, enfant, maison ? Rien, rien ! Tout est laid si Toi tu n'y es pas. Tu le crois que je t'aime ainsi ?"
"Je le crois, Je sais qui tu es, Simon."
"Qui ?"
"Un grand enfant plein de petits défauts et sous ceux-ci sont ensevelies tant de belles qualités. Mais il y en a une qui n'est pas ensevelie. C'est ton honnêteté en tout. Eh bien, qui y a-t-il à Aëra ?"
"Jude, ton frère avec Jacques, et puis Judas de Kériot avec les autres. Il paraît avoir fait beaucoup de bien, Judas. Tous le louent..."
"Il t'a posé des questions ?"
"Oh ! Tant ! Je n'ai répondu à aucune, disant que je ne savais rien. En effet que sais-je, sinon que j'ai accompagné les femmes jusque près de Gadara ? Tu sais... je ne lui ai rien dit de Jean d'Endor. Il croit qu'il est avec Toi. Tu devrais le dire aux autres."
"Non. Eux aussi, comme toi, ne savent pas où est Jean. Inutile d'en dire davantage. Mais ces ânes !... pendant trois jours !... Quelle dépense ! Et les pauvres ?"
"Les pauvres... Judas est garni de deniers et il s'en occupe. Ces ânes ne me coûtent rien. Ceux d'Aëra m'en auraient donné mille sans payer pour Toi. J'ai dû faire la grosse voix pour les empêcher de venir à ta rencontre avec une armée d'ânes. Timon a raison. Ici tout le monde croit en Toi. Ils valent mieux que nous..." et il soupire.
"Simon, Simon ! Dans l'au-delà du Jourdain, nous avons été honorés : un galérien, des païennes, des pécheresses, des femmes, vous ont donné une leçon de perfection. Gardes-en le souvenir, Simon de Jonas. Toujours."
"J'essaierai, Seigneur. Voilà, voilà les premiers de Aëra. Regarde combien de gens ! Voici la mère de Timon, Voici tes frères, dans la foule. Voici les disciples que tu avais envoyés avant ceux qui sont venus avec Judas de Kériot. Voici le plus riche d'Aëra avec ses serviteurs. Il voulait que tu sois son hôte, mais la mère de Timon a fait valoir ses droits et tu es chez elle. Regarde, regarde ! Ils sont ennuyés parce que l'eau éteint les torches. Il y a beaucoup de malades, tu sais ? Ils sont restés dans la ville près des portes pour te voir tout de suite. Quelqu'un qui a un entrepôt de bois les a accueillis sous les hangars. Cela fait trois jours qu'ils sont là, les pauvres gens; depuis que nous sommes arrivés, nous étonnant que tu n'y étais pas."
Les cris de la foule empêchent Pierre de continuer et il se tait, restant aux côtés de Jésus comme un écuyer. La foule, que l'on a rejoint, s'ouvre, et Jésus passe sur son ânon ne cessant de bénir pendant qu'il passe.
Ils entrent dans la ville.
"Vers les malades, tout de suite" dit Jésus sans se soucier des protestations de ceux qui voudraient le mettre à l'abri sous un toit et Lui procurer de la nourriture et du feu, de crainte qu'il ne souffre trop. "Eux souffrent plus que Moi" répond-il.
Ils tournent à droite. Voici la rustique enceinte de l'entrepôt de bois, La porte est grande ouverte et un cri plaintif en sort : "Jésus, Fils de David, aie pitié de nous !"
Un chœur suppliant, insistant comme une litanie. Voix d'enfants, voix de femmes, voix d'hommes, voix de vieillards. Tristes comme les bêlements d'agneaux qui souffrent, affligées comme des mères qui meurent, découragées comme celles de gens qui n'ont plus qu'une seule espérance, tremblantes comme celles de gens qui ne savent plus que pleurer…
Jésus met le pied dans l'enceinte. Il se redresse le plus qu'il peut sur les étriers et, levant sa main droite, dit de sa voix puissante: "A tous ceux qui croient en Moi, salut et bénédiction."
Il s'appuie de nouveau sur la selle et essaie de revenir sur le chemin, mais la foule le presse, ceux qui ont été guéris se serrent autour de Lui. Et à la lumière des torches, qui à l'abri des portiques brûlent et éclairent le crépuscule, on voit la foule qui manifeste en un délire de joie acclamant le Seigneur. Le Seigneur qui, pour ainsi dire, disparaît au milieu d'un bouquet d'enfants guéris que les mères Lui ont mis dans les bras, sur son sein et jusque sur le cou de l'âne, en les tenant pour qu'ils ne tombent pas. Jésus en a plein les bras comme si c'étaient des fleurs et il sourit bienheureux, les baisant car il ne peut les bénir, les tenant ainsi dans ses bras. Enfin les enfants Lui sont enlevés et ce sont les vieux qu'il a guéris qui pleurent de joie et qui baisent son vêtement, puis les hommes et les femmes...
Il est tout à fait nuit quand il peut entrer dans la maison de Timon et se reposer auprès du feu, avec des vêtements secs.
*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2004/index.htm#160
Tome 4 /160
https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t18376-oeuvre-de-maria-valtorta-presentation-des-disciples-de-jesus
Jésus et Ses Apôtres
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Prêche à Aëra
Jésus parle sur la place principale d'Aëra : "...Et Moi, je n'en suis pas à vous dire, comme j'ai dit ailleurs, les premières et indispensables choses à savoir et à faire pour se sauver. Vous les connaissez, et très bien, grâce à Timon, le sage synagogue de la Loi ancienne, maintenant très sage parce qu'il la renouvelle à la lumière de la Loi nouvelle. Mais je veux vous mettre en garde contre un danger que, dans l'état d'esprit où vous vous trouvez, vous ne pouvez pas voir. Le danger d'être dévié par des pressions et des insinuations cherchant à vous détacher de la foi que vous avez maintenant en Moi. Maintenant je vais vous laisser Timon pour quelque temps. Et avec les autres il vous expliquera les paroles du Livre à la lumière nouvelle de ma Vérité qu'il a embrassée. Mais avant de vous quitter, après avoir scruté vos cœurs et les avoir vus sincères dans leur amour, pleins de bonne volonté et humbles, je veux commenter avec vous un point du quatrième livre des Rois
Quand Ezéchias, roi de Juda, fut attaqué par Sennachérib, les trois grands du roi ennemi vinrent à lui pour le terroriser. Pour le terroriser par la crainte de la rupture des alliances, et des puissances qui déjà le cernaient. Et aux paroles des puissants envoyés, Eliacim, Sobna et Joae répondirent : "Parle de façon que le peuple ne comprenne pas" et cela dans le but que le peuple terrorisé ne demande pas la paix. Mais c'est ce que voulaient les envoyés de Sennachérib et ils dirent à haute voix dans un hébreux parfait : "Qu'Ezéchias ne vous séduise pas... Faites avec nous ce qui vous est utile et rendez-vous; et chacun pourra manger de sa vigne et de son figuier et boire l'eau de sa citerne jusqu'à ce que l'on vienne vous transporter dans une terre semblable à la vôtre, dans une terre féconde, avec d'excellents vignobles, dans une terre qui produit en abondance le froment et les raisins, dans une terre d'olives et d'huile et de miel, et vous vivrez et ne mourrez pas.,."Et il est dit : "Le peuple ne répondit pas parce qu'il avait reçu du roi l'ordre de ne pas répondre".
Voici. Moi aussi, par pitié pour vos âmes assiégées par des forces encore plus féroces que celles de Sennachérib qui pouvait s'en prendre aux corps sans porter atteinte aux esprits, alors que pour vous c'est aux esprits qu'il fait la guerre à l'aide d'une armée commandée par le despote le plus orgueilleux et le plus cruel qui existe dans la création, j'ai prié les envoyés qui pour m'attaquer en vous essaient de nous terroriser Moi et vous par des menaces de châtiments terribles, en leur disant : "Parlez à Moi seul, mais laissez en paix les âmes qui maintenant naissent à la Lumière. Tourmentez-moi, torturez-moi, accusez-moi, tuez-moi, mais ne vous acharnez pas sur ces petits enfants de la Lumière. Ils sont faibles encore. Un jour ils seront forts, mais maintenant ils sont faibles. Ne vous acharnez pas contre eux. Ne vous attaquez pas à la liberté des esprits de choisir un chemin. Ne vous acharnez pas sur le droit de Dieu d'appeler à Lui ceux qui le cherchent avec simplicité et amour".
Mais est-ce que quelqu'un qui hait peut jamais céder aux prières de celui qu'il hait ? Est-ce que quelqu'un qui est possédé par la haine peut jamais reconnaître l'amour ? Il ne le peut. Par conséquent avec encore plus de dureté, et toujours avec plus de dureté, ils viendront vous dire : "Que le Christ ne vous séduise pas. Venez avec nous et vous aurez tout bien", Et ils vous diront : "Malheur à vous si vous le suivez, Vous serez persécutés". Et ils vous harcèleront en vous témoignant une feinte bonté : "Sauvez vos âmes. Lui c'est un Satan". Ils vous diront tant de choses sur mon compte, tant de choses pour vous persuader de quitter la Lumière.
Moi, je vous dis : "Aux tentateurs répondez par le silence", Quand ensuite la Force du Seigneur sera descendue dans le cœur des fidèles de Jésus Christ, Messie et Sauveur, alors vous pourrez parler parce que ce ne sera pas vous, mais l'Esprit même de Dieu qui parlera par vos lèvres, et vos esprits deviendront adultes dans la Grâce, forts et invincibles dans la Foi.
Soyez persévérants. Je ne vous demande que cela. Souvenez-vous que Dieu ne peut céder aux sortilèges d'un de mes ennemis. Vos malades, ceux qui ont eu réconfort et paix pour leurs esprits, qu'ils parlent toujours par leur seule présence, de qui est Celui qui est venu parmi vous pour vous dire: "Persévérez dans mon amour et dans ma doctrine et vous aurez le Royaume des Cieux". Mes oeuvres parlent plus encore que mes paroles, et bien que ce soit une béatitude parfaite de savoir croire sans avoir besoin de preuves, Moi je vous ai permis de voir les prodiges de Dieu pour que vous soyez fortifiés dans la foi. Répondez à votre cerveau tenté par les ennemis de la Lumière, par les paroles de votre esprit : "Je crois, parce que j'ai vu Dieu dans ses œuvres". Répondez aux ennemis par un silence actif. Et par ces deux réponses vous progresserez dans la lumière. La paix soit toujours avec vous."
Et il les congédie en s'éloignant ensuite de la place.
"Pourquoi, leur as-tu parlé si peu, Seigneur ? Timon pourrait en être déçu" dit Nathanaël.
"Il ne le sera pas parce que c'est un juste et il comprend qu'avertir quelqu'un d'un danger c'est l'aimer d'un amour plus fort. Ce danger est imminent."
"Toujours les pharisiens, hein ?" demande Mathieu.
"Eux et d'autres."
"Tu es accablé, Seigneur ?" demande Jean angoissé.
"Non. Pas plus qu'à l'ordinaire..."
"Et pourtant tu étais plus heureux les jours derniers..."
"Ce sera la tristesse de n'avoir plus les disciples avec Lui. Mais pourquoi les as-tu renvoyés ? Tu veux, peut-être, continuer le voyage ?" dit l’Iscariote.
"Non, c'est la dernière étape. De là, on rentre à la maison. Mais les femmes ne pouvaient plus continuer en cette saison. Elles ont beaucoup fait. Elles ne doivent pas faire davantage."
"Et Jean ?"
"Jean, malade, est dans une maison hospitalière comme tu l'as été."
Puis Jésus prend congé de Timon et des autres disciples qui restent dans la région et auxquels il a certainement donné des ordres pour l'avenir car il ne donne pas d'autres conseils.
Ils sont sur le seuil de la maison de Timon, car encore une fois Jésus a voulu bénir la maîtresse. La foule, respectueuse, l'observe et le suit quand il reprend le chemin vers le faubourg, les jardins, la campagne. Et les plus tenaces le suivent quelque peu en groupe de plus en plus éclairci jusqu'à rester à neuf, puis cinq, puis trois, puis un...
Et même ce dernier s'en retourne à Aëra alors que Jésus prend la direction de l'ouest, seul avec les douze apôtres, parce que Hermastée est resté avec Timon.
*
SOURCE http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2004/index.htm#160
Tome : 4/161
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Jésus enseigne
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Marie et Mathias
Je revois le lac de Méron en un sombre jour pluvieux... Boue et nuages. Silence et brouillard. L'horizon disparaît dans les nuages. Les chaînes de l'Hermon sont ensevelies sous des couches de nuages bas. Mais de cet endroit - un plateau surélevé situé près du petit lac tout gris et jaunâtre à cause de la boue des mille ruisseaux gonflés, et à cause du ciel nuageux de novembre - on découvre bien ce petit miroir d'eau alimenté par le Jourdain supérieur, qui en débouche ensuite pour alimenter l'autre lac plus grand de Génésareth.
Le soir descend, de plus en plus triste et pluvieux, pendant que Jésus s'achemine par la route qui coupe le Jourdain après le lac de Méron, pour prendre un sentier qui mène directement à une maison...
Une autre douce vision de Jésus et de deux enfants.
Je vois Jésus qui passe par un petit chemin à travers champs. Ils doivent être ensemencés depuis peu, car la terre est encore fine et foncée comme après un récent ensemencement. Jésus s'arrête pour caresser deux enfants : un garçon de pas plus de quatre ans et une fillette qui peut en avoir huit ou neuf, Ce doit être des enfants très pauvres car ils ont deux pauvres petits vêtements déteints et même déchirés, et une petite figure triste et souffrante.
Jésus ne demande rien. Il les regarde seulement fixement pendant qu'il les caresse. Puis il se hâte vers une maison qui est au bout du petit chemin. Une maison de campagne, mais bien tenue, avec un escalier extérieur qui monte du sol sur la terrasse, sur laquelle se trouve une tonnelle de vigne, maintenant dépouillée des grappes et des feuilles. Seules quelques dernières feuilles déjà jaunies pendent et remuent par l'effet du vent humide d'une maussade journée d'automne. Sur le parapet de la maison, des colombes roucoulent en attendant l'eau que le ciel gris et nuageux annonce.
Jésus, suivi des siens, pousse la grille rustique du petit mur en pierres sèches qui entoure la maison, et entre dans la cour, nous dirions l'aire, où se trouve un puits et dans un coin le four. Je suppose que c'est cela ce débarras aux murs plus sombres à cause de la fumée qui en sort maintenant et que le vent pousse vers la terre.
Au bruit des pas une femme se présente sur le seuil du débarras et, après avoir vu Jésus, le salue joyeusement et court vers la mai- son pour avertir.
Voici qu'un homme vieillot et gras se présente sur la porte de la maison et se hâte vers Jésus. « Grand honneur, Maître, de te voir ! » il le salue.
Jésus dit son salut : « La paix soit avec toi » et il ajoute : « La nuit arrive et la pluie va venir. Je te demande un abri et un pain pour Moi et mes disciples. »
« Entre, Maître. Ma maison est à Toi. La servante va défourner le pain. Je suis bien aise de te l'offrir avec du fromage de mes brebis et des fruits de ma propriété. Entre, entre, le vent est humide et froid... » et avec empressement il tient ouverte la porte en s'inclinant au passage de Jésus. Mais ensuite il change subitement de ton en s'adressant à quelqu'un qu'il voit et il dit en colère : « Encore toi, ici ? Va-t-en. Il n'y a rien pour toi. Va-t-en. Tu as compris ? Ici, il n'y a pas de place pour les vagabonds... »
Et il murmure entre ses dents : « ...et peut-être aussi de voleurs comme toi. »
Une petite voix plaintive répond : « Pitié, seigneur. Un pain au moins pour mon petit frère. Nous avons faim... »
Jésus, qui était entré dans la vaste cuisine égayée par un grand feu qui fait l'office d'une lampe, vient sur le seuil. Son visage est changé. Sévère et triste, il demande, non pas à l'hôte, mais en général, il semble le demander à l'aire silencieuse, au figuier dépouillé, au puits sombre : « Qui est-ce qui a faim ? »
« Moi, Seigneur. Mon frère et moi. Un pain seulement et nous nous en irons. »
Jésus est maintenant dehors, dans l'air de plus en plus sombre, à cause du crépuscule qui avance et de la pluie imminente. « Avance » dit-il.
« J'ai peur, Seigneur ! »
« Viens, te dis-je. N'aie pas peur de Moi. »
De derrière du coin de la maison, la fillette s'amène. A son misérable petit vêtement se cramponne son petit frère. Ils viennent pleins de crainte. Un regard timide à Jésus, un regard apeuré au maître de maison qui lui fait les gros yeux et qui dit : « Ce sont des vagabonds, Maître. Et des voleurs. Il n'y a qu'un instant, je l'ai surprise à fouiller près du pressoir. Certainement elle voulait entrer pour voler. Qui sait d'où ils viennent. Ils ne sont pas du pays. »
Jésus semble l'écouter. Il regarde très fixement la fillette au petit visage pâle et aux tresses défaites, deux nattes qui lui tombent sur les oreilles, attachées au bout avec deux morceaux de chiffon. Mais le visage de Jésus n'est pas sévère quand il regarde la pauvre petite. Il est triste, mais il sourit pour l'encourager. « Est-ce vrai que tu voulais voler ? Dis la vérité. »
« Non, Seigneur. J'avais demandé un morceau de pain, parce que j'ai faim. On ne me l'a pas donné. J'ai vu une croûte huilée, là, par terre, près du pressoir et je suis allée la prendre. J'ai faim, Seigneur. Hier on m'a donné un seul pain, et je l'ai gardé pour Mathias... Pourquoi ne nous ont-ils pas mis avec maman dans le tombeau ? » La fillette pleure désolée et son frère fait comme elle.
« Ne pleure pas. » Jésus la console en la caressant et en l'attirant à Lui. « Réponds: d'où es-tu ? »
« De la plaine d'Esdrelon. »
« Et tu es venue jusqu'ici ? »
« Oui, Seigneur. »
« Il y a longtemps que ta mère est morte ? Et as-tu ton père ? »
« Mon père est mort tué par le soleil au temps de la moisson et maman à la dernière lune... elle et l'enfant qui naissait, sont morts... » Elle pleure davantage.
« Tu n'as pas de parent ? »
« Nous venions de si loin ! Nous étions pauvres... Puis le père a dû se mettre en service. Maintenant il est mort, et maman avec lui. »
«Qui était le maître ? »
«Le pharisien Ismaël. »
«Le pharisien Ismaël !... (Impossible de traduire la manière dont Jésus répète ce nom). Tu es partie volontairement où bien il t'a renvoyée ? »
« Il m'a renvoyée, Seigneur. Il a dit : "Sur le chemin, les chiens affamés". »
« Et toi, Jacob, pourquoi n'as-tu pas donné un pain à ces petits ? Un pain, un peu de lait et une poignée de foin pour délasser leur fatigue ? ... »
« Mais... Maître... j'ai du pain juste pour moi... et du lait, il y en a peu. ..et les mettre dans la maison. ..Ils sont comme des bêtes vagabondes, ces gens-là. Si on leur fait bon visage, ils ne s'en vont plus... »
« Et tu manques de place et de nourriture pour ces deux malheureux ? Tu peux le dire vraiment, Jacob ? L'abondance de la moisson, du vin, la quantité d'huile, les fruits nombreux ont rendu célèbre ton domaine cette année à cause de ce qu'il a produit ? Te le rappelles-tu encore ? L'année précédente, la grêle avait abîmé tes biens et tu étais inquiet pour ta vie... Je suis venu et je t'avais demandé un pain... Tu m'avais entendu parler un jour et tu m'étais resté fidèle. ..et dans ta peine tu m’as ouvert ton cœur et ta maison et tu m'as donné un pain et un abri. Et Moi, en sortant le matin suivant, que t'ai-je dit ? "Jacob, tu as compris la Vérité. Sois toujours miséricordieux et tu obtiendras miséricorde. Pour le pain que tu as donné au Fils de 1'homme, ces champs te donneront abondance de blé et seront chargés comme s'ils avaient sur eux les grains de sable de la mer, les oliviers seront chargés d'olives et tes pommiers plieront sous le poids des fruits". Tu as eu tout cela et tu es le plus riche de la région cette année. Et tu refuse un pain à deux enfants !... »
« Mais Toi, tu étais le Rabbi...»
« Justement parce que je l'étais, je pouvais faire du pain avec des pierre. Eux, non. Maintenant je te dis : tu vas voir un nouveau miracle et tu en auras de la peine, une grande peine ,.. Mais alors, en te frappant la poitrine, dis : "Je l'ai mérité".» Jésus s'adresse aux enfants : « Ne pleurez pas. Allez à cet arbre et cueillez. »
« Mais il est dépouillé, Seigneur » objecte la fillette.
« Va. »
La fillette va et revient avec son vêtement relevé et rempli de belles pommes rouges.
« Mangez et venez avec Moi » et aux apôtres: « Allons porter ces deux petits à Jeanne de Chouza. Elle sait se rappeler les bienfaits reçus et elle est miséricordieuse pour l'amour de Celui qui a été miséricordieux avec elle. Allons. »
L'homme, abasourdi et mortifié, essaie de se faire pardonner : « Il fait nuit, Maître. La pluie peut tomber pendant que tu es en route. Rentre dans ma maison. Voici que la servante va défourner le pain... Je t'en donnerai aussi pour eux. »
« Inutile. Tu le donnerai non par amour, mais par peur du châtiment promis. »
« Ce n'est donc pas cela (et il montre les pommes cueillies sur l'arbre d'abord dépouillé et que les deux affamés mangent avec avidité) ce n'est donc pas cela le miracle ? »
« Non. » Jésus est très sévère.
« Oh ! Seigneur, Seigneur, aie pitié de moi ! J'ai compris ! Tu veux me punir dans mes récoltes ! Pitié, Seigneur ! »
« Ce ne sont pas tous ceux qui me disent, "Seigneur", qui me possèderont car ce n'est pas par la parole, mais par les actes que l'on montre de l'amour et du respect.[1] Tu auras la pitié que tu as eue. »
« Je t'aime, Seigneur. »
« Ce n'est pas vrai. M'aime celui qui aime, car cela est mon enseignement. Tu n'aimes que toi-même. Quand tu m'aimeras comme je l'ai enseigné, le Seigneur reviendra. Maintenant je m'en vais. Ma demeure est dans l'accomplissement du bien, dans la consolation des affligés, quand j'essuie les larmes des orphelins. Comme une poule déploie ses ailes sur ses poussins sans défense, de même je déploie mon pouvoir sur ceux qui souffrent et qui sont tourmentés. Venez, enfants. Vous aurez bientôt une maison et du pain. Adieu, Jacob. »
Et non content de marcher, il fait prendre dans les bras la fillette fatiguée. C'est André qui la prend et l'enveloppe dans son manteau. Jésus prend le petit et ils s'en vont, par le petit chemin désormais obscur, avec leur charge pitoyable qui ne pleure plus.
Pierre dit : « Maître ! C'est une grande chance pour eux que tu sois survenu. Mais pour Jacob« ... Que vas-tu faire, Maître ? »
« Justice. Il ne connaîtra pas la faim car ses greniers sont garnis pour longtemps encore, mais la disette, car la semence ne donnera pas de grain et les oliviers et les pommiers n'auront que des feuilles. Ces innocents ont eu, non pas de Moi, mais du Père, du pain et un toit. Car mon Père est aussi le Père des orphelins, Lui qui donne , un nid et de la nourriture aux oiseaux des bois. Eux pourront dire, et tous les malheureux avec eux, les malheureux qui savent rester pour Lui "des fils innocents et affectueux", que dans leur petite main Dieu a mis la nourriture et qu'avec un soin paternel Il les con- duit à un toit hospitalier. »
La vision se termine et il m'en reste une grande paix.
*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2004/index.htm#160
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Jésus et les enfants
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
"La fréquentation des sacrements est inutile si la Charité fait défaut"
Jésus dit :
« Ceci est spécialement pour toi, âme qui pleure en regardant les croix du passé et les nuages de l'avenir. Le Père aura toujours un pain à mettre dans ta main et un nid pour recueillir sa tourterelle en pleurs.
C'est pour tous l'enseignement que je sais être le "Seigneur" avec Justice. Mais on ne me trompe et on ne me flatte pas par un, respect mensonger.
Celui qui ferme son cœur à son frère, ferme son cœur à Dieu et Dieu à lui.
C'est le premier commandement, ô hommes. Amour et amour. Celui qui n'aime pas ment quand il se donne pour chrétien. Inutile la fréquentation des sacrements et des offices, inutile la prière s'il manque la charité. Cela devient des formules et même des sacrilèges. Comment pouvez-vous venir au Pain éternel et vous rassasier quand vous avez refusé un pain à un affamé ? Est-ce que votre pain est plus précieux que le mien ? Plus saint ? Ô hypocrites ! Moi, je ne mets pas de limite en me donnant à votre misère et vous, vous qui êtes misère, vous n'avez pas pitié des misères qui, aux yeux de Dieu, ne sont pas odieuses comme les vôtres, car ce sont des malheurs, et les vôtres ce sont des péchés. Trop souvent vous dites : "Seigneur, Seigneur" pour que je sois bienveillant à l'égard de vos intérêts. Mais vous ne le dites pas par amour pour le prochain. Mais vous ne faites rien au nom du Seigneur pour le prochain.
Regardez : dans les collectivités et chez les individus, que vous a donné votre religion mensongère et votre vrai manque de charité ? L'abandon de Dieu. Et le Seigneur reviendra quand vous saurez aimer comme je l'ai enseigné. Mais pour vous, petit troupeau de ceux qui souffrent en étant bons, je dis : "Vous n'êtes jamais orphelins. Vous n'êtes jamais abandonnés. Dieu n'existerait pas si la Providence manquait à ses fils. Tendez la main : le Père vous donne tout en "père", c'est-à-dire avec un amour qui n'avilit pas. Essuyez vos larmes. Je vous prend et je vous porte parce que j'ai pitié de votre langueur". La plus aimée des créatures c'est l'homme. Voudrez-vous douter que le Père aura plus de pitié pour l'oiseau que pour l'homme fidèle ? A l'homme fidèle, Lui qui a de la longanimité même pour le pécheur et lui donne le temps et la possibilité de venir à Lui ? Oh ! Si le monde comprenait ce qu'est Dieu !
« Va en paix, Maria. Tu m'es chère comme les deux orphelins que tu as vus, et plus encore. Va en paix. Je suis avec toi. »
Quand je te dévoile les épisodes inconnus de ma vie publique, j'entends déjà le chœur des docteurs pointilleux qui dit : "Mais ce fait n'est pas mentionné dans les Évangiles. Comment peut-elle dire : "J'ai vu ceci ?". A eux, je réponds par les paroles des Évangiles.
"Et Jésus allait par toutes les villes et par tous les villages, les enseignant dans leurs synagogues, prêchant l'Évangile du Royaume et guérissant toutes les langueurs et les maladies" dit Mathieu.
Et encore : "Allez rapporter à Jean ce que vous voyez et entendez : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, aux pauvres est annoncée la bonne nouvelle".
Et encore : "Malheur à toi, Corozaïn, malheur à toi, Bethsaïda, car si à Tyr et à Sidon étaient survenus les miracles faits au milieu de vous, depuis longtemps déjà, dans le cilice et la cendre, ils auraient fait pénitence... Et toi, Capharnaüm, tu seras peut-être exaltée jusqu'au ciel ? Tu descendras jusque dans l'enfer : car si à Sodome étaient survenus les miracles opérés chez toi, peut-être elle subsisterait encore".
Et Marc : "...et le suivaient de grandes foules de la Galilée, de la Judée, de Jérusalem, de l'Idumée et d'au-delà du Jourdain. Même des environs de Tyr et de Sidon venaient à Lui, ayant entendu parler des choses qu'il faisait...".
Et Luc : " Jésus allait par les villes et les villages prêchant et annonçant la Bonne Nouvelle et le Royaume de Dieu et avec Lui étaient les douze et quelques femmes qui avaient été délivrées des esprits malins et des infirmités".
Et mon Jean : "Après cela, Jésus alla au-delà de la Mer de Galilée et une grande foule le suivait parce qu'elle voyait les prodiges opérés par Lui sur les infirmes".
Et puisque Jean fut présent à tous les prodiges, quelle qu'en fût la nature, que j'ai accomplis en trois ans, le Préféré me donne un témoignage illimité : "C'est ce même disciple qui a vu ces choses et les a écrites. Nous savons que son témoignage est vrai. Il y a aussi d'autres choses faites par Jésus. Si on les écrivait une par une, je crois que le monde ne pourrait contenir les livres qu'il faudrait écrire".
Et alors ? Que disent maintenant les docteurs de la chicane ?
Si ma Bonté, pour soulager une de mes amantes qui porte ma Croix pour vous - elle me l'a enlevée de mes épaules et l'a prise sur elle parce qu'elle m'aime au point de vouloir mourir plutôt que de me savoir affligé - si ma Bonté, pour vous éveiller de la léthargie dans laquelle vous mourez, fait connaître des épisodes de son ministère, voudriez-vous en faire à cette Bonté un reproche ? Vraiment vous ne méritez pas ce don et l'effort que fait votre Sauveur pour vous sortir des miasmes qui vous asphyxient. Mais puisque je vous le donne, acceptez-le et relevez-vous. Ce sont des notes nouvelles dans le chœur que chantent mes Évangiles. Qu'elles servent au moins à réveiller votre attention qui désormais est et reste inerte devant les épisodes connus des Évangiles que, par-dessus tout, vous lisez si mal et avec l'esprit absent.
Vous ne voulez tout de même pas penser qu'en trois ans je n'ai fait que le peu de miracles racontés ? Vous ne voulez pas penser qu'il n'y a eu de guéries que le petit nombre de femmes qui y sont citées, ou que les prodiges racontés sont les seuls qui aient été accomplis ? Mais si l'ombre de Pierre servait à guérir, qu'a dû faire mon ombre ? Ma respiration ? Mon regard ? Rappelez-vous l'hémorroïsse : "Si j'arrive à effleurer le bord de son vêtement, je suis guérie", Et il en fut ainsi. Une puissance miraculeuse sortait de Moi, continuellement. J'étais venu pour amener à Dieu et pour ouvrir les digues de l'Amour, fermées depuis le jour du péché. Des siècles d'amour se répandaient à flots sur le petit monde de la Palestine. Tout l'amour de Dieu pour l'homme, qui finalement pouvait se répandre comme il aspirait à racheter les hommes par l’Amour avant de le faire par le Sang.
Mais vous dites peut-être : "Mais pourquoi à elle, qui est une si misérable chose ?" Je vous répondrai quand celle que vous méprisez et que Moi j'aime sera moins épuisée. Vous mériteriez le silence que j'ai gardé devant Hérode. Mais je veux essayer de vous racheter, vous que l'orgueil rend les plus difficiles à persuader. » :
« Et je vous répondrai par les paroles de l'apôtre Paul : "Les membres qui semblent les plus faibles sont les plus nécessaires; ceux que nous estimons les moins nobles dans le corps; nous les revêtons avec le plus d'ornement; et ceux qui sont moins décents nous les traitons avec le plus de respect, alors que les parties honnêtes n'ont pas besoin d'attentions. Maintenant Dieu a disposé le corps de manière à donner un plus grand honneur aux membres qui n'en avaient pas".
Cette "petite voix", vous croyez peut-être qu'elle se considère comme quelque chose de grand ? Si vous l'interrogiez, elle vous répondrait: "Je suis le membre le plus faible et le moins noble du Corps du Christ". C'est cela qu'elle vous répondrait avec une sincérité réelle. Mais vous, vous ne la croiriez pas, car chacun applique aux autres sa mesure. Et vous, qui n'avez pas d'humilité ni de sincérité et qui dites : "Je suis mauvais" pour vous entendre dire : "Mais non, vous êtes si bon", et pensez cela de vous superlativement; et si quelqu'un qui est sincère et qui ne vous attribue que peu ou pas du tout de bonté, se tait par charité, mais ne vous loue pas par sincérité, vous vous mettez en colère contre lui et le haïssez parce qu'il ne vous a pas loué; mais vous ne pouvez croire qu'elle soit sincère. Mais Moi, Moi qui lis dans sa pensée, et qui vois l'intérieur de son cœur, Moi je sais si elle a, ou si elle n'a pas, cette pensée sur elle-même. Les entretiens de cette âme et de son Dieu, combien de fois ils ont résonné des paroles rassurantes de son Dieu, parce qu'elle dit : "Mais comment peux-Tu m'avoir prise, Seigneur, moi qui ne vaux rien, qui t'ai tant manqué, qui te manque tant encore ?" Et elle semble douter de Moi parce qu’il lui semble impossible que je l'aie choisie pour cette mission.
Elle se croit faible, très faible. Et si on 1a compare à la Perfection, elle est plus faible qu'un cheveu de nouveau-né. Elle se croit ignoble. Et si nous la comparons à Dieu, elle est moins qu'un ver né de la terre. Mais elle a une seule force : un amour total. Quand elle donne ou se donne, elle ne pense jamais à elle-même ou au bénéfice qui peut lui venir des autres. Elle pense à me plaire à Moi seul, à être utile à Moi seul, même en devenant odieuse au monde pour ce motif. Elle en est venue à se haïr comme chair, de cette haine sainte que j'ai enseignée en disant : "Celui qui voudra sauver sa vie (terrestre), la perdra (même en tant qu'éternelle) et celui qui pour mon amour la perdra, la trouvera". Sainte haine de celui qui a compris la Parole !
C'est pour cet amour qui surmonte les faiblesses que je l'ai choisie. Un jour j'ai pris un enfant et l'ai placé au milieu de mes apôtres en le leur donnant en exemple. Parce que l'enfant aime avec toutes ses forces et n'a pas de pensées d'orgueil. Le petit enfant, le tout petit, parce que la semence de Satan donne comme premier épi l'orgueil et il fleurit quand la semence a à peine sorti sa tige du sein maternel, et ensuite sort le second épi de la sensualité; le troisième celui de la puissance soit du pouvoir, soit de l'argent. Mais le premier épi est toujours l'orgueil, et il sort des lèvres qui ont à peine oublié la douceur du lait maternel.
C'est comme des tout petits, comme des tout petits que je veux mes disciples pour leur donner les paroles de vie. Comme il était beau de les voir venir à Moi, avec leurs petites mains pleines de fleurs et me dire : "Tiens" et s'échapper en riant pour venir de nouveau avec d'autres fleurettes par un jeu d'amour, confiants, sincères, affectueux... Les tout petits, je les veux dans le monde pour sanctifier le monde. Et puisque l'innocence qui passe et vit au milieu de vous n'a pas le pouvoir de vous rendre meilleurs - elle le devrait car l'innocent est un être du Ciel, un être qui exhale la pureté et la paix, qui parle, sans parler, du Dieu qui l'a fait, qui impose, sans parler, le respect pour ce qui appartient à Dieu, qui implore la pitié et l'amour pour sa jeunesse qui ne doit pas être contaminée, pour sa faiblesse qu'il faut aimer, fleur de votre prochain comme est une fleur le malade et celui qui souffre, peur candide le premier, rouge et violette les deux autres fleurs que vous devriez aimer d'un amour de préférence au milieu de tout le prochain qui a droit à notre amour - puisque donc l'innocence de ceux qui sont innocents par leur âge ne suffit pas, Moi je crée les enfants spirituels, ceux-ci ont une Science infuse que vous n'avez pas, et sont humbles, simples, confiants et francs, comme des enfants qui font en souriant leurs premiers pas et qui savent, cela ils le savent, que sans la mère ils tomberaient et ne la lâchent jamais.
Aussi eux, aussi elle ne me lâche jamais. Voilà pourquoi à elle, et à ceux qui sont comme elle, membres faibles -tels ils vous paraissent - membres ignobles - tels ils vous paraissent - se trouve donné ce qui n'est pas donné à vous.
Dans le Corps mystique ce sont justement ces membres, méprisés par le monde des orgueilleux, qui agissent le plus. Un doigt n'est pas le cerveau. Mais sans doigts, que feriez-vous ? Vous ne pourriez même pas accomplir les actes les plus ordinaires et les plus humbles, vous seriez comme le nouveau-né dans les langes qui ne peut pas même prendre la tétine et en recevoir la nourriture si la mère ne la lui met pas entre les lèvres. Même si vous étiez très instruits et très intelligents vous seriez incapables de fixer sur le papier la pensée de votre cerveau.
Il en est ainsi d'elle. C'est un doigt… Mais à ce petit membre, j'ai donné la mission de vous indiquer la Lumière et de vous rappeler à la Lumière. La Lumière qui veut vous rallumer, ô lampes que font fumer les vapeurs du rationalisme, ou éteintes pour de multiples causes qui vont du manque d'amour à l'argent, de l'argent à la sensualité, de la sensualité à l'anticharité. Allons, à genoux. Non pas devant la "petite voix", mais devant la Parole qui parle. La "petite voix" répète ses paroles. Instrument de son Dieu. Adorez le Seigneur qui parle. Le Seigneur. La "petite voix" est anonyme. Je veux qu'elle soit cachée au monde. Plus tard elle sera connue. Maintenant elle n'est qu'une "voix". C'est celle qui porte ma Voix. Son honneur est son martyre, car toute élection de Dieu est crucifixion de l'être.
Je ne vous demande même pas de l'aimer. A cela je suffis et elle ne demande rien d'autre. Mais je veux que vous la laissiez en paix, avec le respect que vous devez avoir pour une chose dont Dieu se sert. »
*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2004/04-163.htm
Tome : 4/163
Aimez-vous les uns les autres
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
"Il n’est pas de misère que Jésus ne puisse changer en richesse"
Marie dit :
« Maria, c'est la Mère qui parle. Mon Jésus t'a parlé de l'enfance de l'esprit, nécessairement requise pour conquérir le Royaume. Hier il t'a montré une page de sa vie de Maître. Tu as vu des enfants, de pauvres enfants. N'y aurait-il rien d'autre à dire ? Si, et c'est moi qui le dis. A toi que je veux rendre toujours plus chère à Jésus. C'est une nuance dans le tableau qui a parlé à ton esprit pour l'esprit d'un grand nombre de gens. Mais ce sont les nuances qui font la beauté du tableau, ce sont elles qui révèlent les talents du peintre et la sagesse de l'observateur. Je veux te faire remarquer l'humilité de mon Jésus.
Cette pauvre fillette, dans la simplicité de son ignorance, ne traite pas autrement le pécheur au cœur de pierre que mon Fils. Elle ne sait rien du Rabbi ni du Messie. Un peu moins qu'une petite sauvagesse, ayant vécu dans les champs, dans une maison où l'on méprisait le Maître, car le pharisien Ismaël méprisait mon Jésus, elle n'a jamais entendu parler de Lui et ne l'a jamais vu.
Le père et la mère, brisés par un travail épuisant qu'exigeait le maître cruel, n'avaient pas le temps et la possibilité de lever la tête de la terre qu'ils défrichaient. Peut-être avaient-ils entendu, pendant qu'ils fauchaient les moissons, ou pendant la cueillette des fruits et des grappes, ou pendant qu'ils écrasaient les olives à la dure meule, une clameur d'hosannas et peut-être avaient-ils levé un moment leur tête fatiguée. Mais la peur et la fatigue avaient tout de suite rabaissé leur tête sous le joug. Et ils étaient morts, en pensant que le monde n'était que haine et souffrance, alors qu'au contraire le monde était amour et bien, depuis le moment où mon Jésus le foulait sous ses très saints pieds. Esclaves d'un maître sans pitié, ils sont morts sans avoir rencontré une seule fois le regard et le sourire de mon Jésus, ni entendu sa parole qui donnait à l'esprit une richesse grâce à laquelle les indigents se sentaient riches, les affamés rassasiés, les malades en bonne santé, ceux qui souffraient consolés.
Eh bien, Jésus ne dit pas: "Moi, qui suis le Seigneur, je te dis : fais cela". Il garde son anonymat.
Et la petite, ignorante au point de ne pas comprendre même devant le miracle du pommier dépouillé même de ses feuilles qui charge une de ses branches de fruits pour apaiser leur faim, continue de l'appeler : "Seigneur" comme elle appelait Ismaël son maître et le cruel Jacob. Elle se sent attirée vers le bon Seigneur parce que la bonté attire toujours. Mais rien de plus. Elle le suit avec confiance. Elle l'aime tout de suite, par instinct, pauvre petit être perdu dans le monde et dans l'ignorance voulue par le monde, "par le grand monde des puissants et des jouisseurs" qui veulent tenir dans l'ignorance les inférieurs pour pouvoir les torturer plus à leur aise et les exploiter plus odieusement. Elle saura ensuite qui était ce "Seigneur" qui, pauvre comme elle, sans maison ni nourriture, sans mère, parce qu'il avait tout quitté pour l'amour de l'homme, même pour ce petit bout d'homme qu'elle était, pauvre créature de fillette, ce Seigneur qui lui avait donné les fruits miraculeux en voulant enlever de ses lèvres et de son cœur l'amertume de la méchanceté humaine qui crée la haine des malheureux contre les puissants, avec un fruit du Père, pas avec un quignon de pain offert tardivement et qui pour elle aurait toujours eu le goût de la dureté et des pleurs.
Vraiment ces pommes rappelaient les fruits du Paradis Terrestre. Fruit venu sur la branche pour le Bien et pour le Mal, il aurait marqué la rédemption de toutes les misères, d'abord celle de l'ignorance de Dieu, pour les deux orphelins, et marqué le châtiment pour celui qui, connaissait déjà la Parole, avait agi comme s'il ne la connaissait pas. Elle saura ensuite, par la femme de bien[i] qui l'accueillit au nom de Jésus, qui était Jésus. Pour elle plusieurs fois Sauveur. De la faim, des intempéries, des périls du monde, de la faute d'origine.
Mais pour elle, elle a toujours vu Jésus dans la lumière de ce jour et il est toujours apparu comme le Seigneur bon, d'une bonté de conte de fée, le Seigneur qui donnait des caresses et des cadeaux, le Seigneur qui lui avait fait oublier qu'elle était sans père ni mère, sans toit et sans vêtements, parce qu'il avait été bon comme le père et doux comme la mère et qu'il avait donné un nid à leur fatigue et une couverture à leur nudité avec sa poitrine et son manteau et celui des autres gens de bien qui étaient avec Lui.
Une lumière paternelle et suave qui n'a pas péri sous le flot de ses larmes même lorsqu'elle a su qu'il était mort tourmenté sur une croix, ni, non plus lorsque, petite fidèle de la première Église, elle a vu ce qu'était devenu le visage de son "Seigneur" sous les coups et les épines et après avoir réfléchi comment il est maintenant, au Ciel, à la droite du Père. Une lumière qui lui a souri à sa dernière heure sur la terre, l'amenant sans crainte vers son Sauveur, une lumière qui lui a souri encore, si ineffablement douce, dans la splendeur du Paradis.
Jésus te regarde aussi comme cela. Vois-le toujours comme ta lointaine homonyme et sois heureuse de l'amour qu'il a pour toi. Sois simple, humble et fidèle comme la pauvre petite Marie que tu as connue. Vois où elle est arrivée, bien que pauvre petite ignorante d'Israël : sur le Cœur de Dieu. L'Amour s'est révélé à elle comme à toi, et elle est devenue docte de la véritable Sagesse.
Aie foi, reste en paix. Il n'y a pas de misère que mon Fils ne puisse changer en richesse et il n'y a pas de solitude que Lui ne puisse combler, comme il n'y a pas de manquement que Lui ne puisse effacer. Le passé n'existe plus, lorsque l'amour l'annule.
Même pas un passé redoutable. Veux-tu craindre, toi, alors que le larron Dismas n'a pas craint ? Aime, aime et n'aie peur de rien.
La Mère te quitte avec sa bénédiction. »
*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2004/index.htm#160
Tome 4 /164
https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t18376-oeuvre-de-maria-valtorta-presentation-des-disciples-de-jesus
Marie
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
"Je voudrais que les orphelins aient une mère"
Le lac de Tibériade n'est qu'une nappe grise. Il semble du mercure embué, pesant comme il est dans la bonace qui permet tout juste un semblant de flot fatigué qui n'arrive pas à faire de l'écume et s'arrête et s'immobilise après avoir marqué un léger mouvement, en prenant sur toute son étendue une teinte uniforme sous un ciel sans splendeur.
Pierre et André sont autour de leur barque, Jacques et Jean près de la leur. Ils préparent le départ sur la petite plage de Bethsaïda. Odeur d'herbes et de terroir saturé d'eau, légères brumes sur les étendues herbeuses vers Corozaïn, tristesse de novembre sur toutes choses.
Jésus sort de la maison de Pierre, tenant par la main les petits Mathias et Marie que la main de Porphyrée a revêtus avec un soin maternel en remplaçant le petit vêtement de Maria par un de Margziam. Mais Mathias est trop petit pour profiter de la même faveur et il tremble encore dans sa tunique déteinte de coton, si bien que Porphyrée, prise de pitié, revient à la maison et en sort avec un morceau de couverture dont elle enveloppe le petit comme si la couverture était un manteau. Jésus la remercie pendant qu'elle s'agenouille en prenant congé et se retire après un dernier baiser aux deux orphelins.
« Pour avoir des enfants, elle aurait bien encore pris ceux-ci » commente Pierre qui avait observé la scène et à son tour il se penche pour offrir aux deux petits un morceau de pain et miel, qu'il tenait en réserve sous un banc de la barque. Cela fait rire André qui lui dit : « Et toi non, hein ? Tu as même volé le miel à ta femme pour donner un peu de joie à ces deux enfants. »
«Volé ! Volé ! Le miel est à moi ! »
« Oui, mais ma belle-sœur en est jalouse parce que c'est celui de Margziam. Et toi, qui le sais, tu as pénétré, cette nuit, déchaussé comme un voleur, dans la cuisine pour en prendre de quoi garnir ce pain. Je t'ai vu, frère, et j'ai ri, parce que tu regardais tout autour comme un enfant qui craint les claques maternelles. »
« Espion de malheur » dit en riant Pierre qui embrasse son frère qui, à son tour, l'embrasse en disant : « Mon frère chéri. »
Jésus observe et sourit ouvertement se trouvant entre les deux enfants qui dévorent leur pain.
De l'intérieur de Bethsaïda arrivent les huit autres apôtres. Peut-être étaient-ils les hôtes de Philippe et de Barthélemy.
« Vite ! » crie Pierre et il prend en une seule brassée les deux petits pour les porter dans la barque sans qu'ils trempent leurs pieds nus. « Vous n'avez pas peur, n'est-ce pas ? » demande-t-il pendant qu'il patauge dans l'eau avec ses jambes courtes et robustes, nu jusqu'à une bonne palme au-dessus du genou.
« Non, seigneur » dit la petite en se serrant convulsivement au cou de Pierre et en fermant les yeux quand il la met dans la barque qui se balance sous le poids de Jésus, qui y monte à son tour. Le petit plus courageux ou plus ébahi, ne parle même pas. Jésus s'assoit en attirant à Lui les deux petits et en les couvrant de son manteau qui semble une aile étendue pour protéger deux poussins.
Six dans une barque, six dans l'autre, tout le monde est embarqué. Pierre enlève la planche qui sert pour embarquer. D'un vigoureux coup de pied il pousse la barque loin du bord et y saute en enjambant le bord. Jacques l'imite pour sa barque. La poussée donnée par Pierre a fait balancer la barque, et la petite gémit en disant : « Maman ! » et en cachant son visage sur la poitrine de Jésus elle saisit ses genoux. Mais désormais la marche est douce bien que fatigante pour Pierre, André et le garçon qui doivent ramer avec Philippe qui fait le quatrième rameur. La voile pend flasque dans la bonace lourde et humide et ne sert à rien. Il leur faut avancer à force de rames.
« Une belle promenade ! » crie Pierre à ceux de la barque jumelle où l'Iscariote fait le quatrième rameur avec un coup de rame parfait dont Pierre le félicite.
« Force, Simon ! » répond Jacques. « Force ou nous te dépassons. Judas est fort comme un galérien. Bravo, Judas ! »
« Oui, nous te ferons chef de chiourme » confirme Pierre qui rame pour deux. Et il rit en disant : « Pourtant à Simon de Jonas on ne lui enlève pas la première place. A vingt ans, j'étais déjà chef de rameurs dans les compétitions entre différents pays » et allègrement il donne le rythme à sa chiourme : « Oh !... hisse ! Oh !... hisse ! » les voix se répandent dans le silence du lac, désert à cette heure matinale.
Les enfants prennent de la hardiesse. Toujours sous le manteau, ils sortent leurs visages émaciés de chaque côté du Maître qui les tient embrassés et ils esquissent un sourire. Ils s'intéressent au travail des rameurs, Ils échangent des commentaires.
« On dirait qu'on avance sur un char sans roues » dit le petit. « Non, sur un char au-dessus des nuages. Regarde ! On dirait que l'on marche au-dessus du ciel. Voilà, voilà que nous montons sur un nuage ! » dit Marie en voyant la barque enfoncer sa pointe dans un endroit qui reflète un nuage cotonneux. Et elle esquisse un sourire. Mais le soleil dissipe la brume et, bien que ce soit un pâle soleil de novembre, les nuages deviennent dorés et le lac en donne un reflet brillant.
« Oh ! c'est beau ! Maintenant nous marchons sur le feu. Oh ! que c'est beau ! que c'est beau ! » et l'enfant bat des mains.
Mais la fillette se tait et puis éclate en sanglots. Tout le monde lui demande pourquoi ces pleurs. Au milieu des sanglots, elle explique: « Maman disait une poésie, un psaume, je ne sais, pour nous garder bons pour que nous puissions encore prier avec tant de chagrin... et elle disait cette poésie d'un Paradis qui sera comme un lac de lumière, d'un doux feu où il n'y aura que Dieu et la joie et où iront tous ceux qui sont bons... après que sera venu le Sauveur... Ce lac d'or m'en a fait souvenir... Maman ! »
Mathias pleure aussi et tous compatissent.
Mais voilà que s'élève, au-dessus du murmure de voix variées et au-dessus de la lamentation des deux orphelins, la douce voix de Jésus. « Ne pleurez pas, votre maman vous a conduits vers Moi et elle est ici avec vous, pendant que je vous porte chez une mère qui n'a pas d'enfants. Elle sera si contente d'avoir deux braves enfants à la place du sien qui se trouve là où est votre maman. Car elle aussi a pleuré, vous savez ? Son petit est mort comme votre maman est morte... »
« Oh ! Alors nous irons chez elle et son petit ira chez notre maman ! » dit Marie.
« C'est tout à fait cela et vous serez tous heureux. »
« Comment est-elle cette femme ? Que fait-elle ? Est-elle paysanne ? A-t-elle un bon maître ? » Les petits montrent de l'intérêt.
« Elle n'est pas paysanne, mais elle a un jardin plein de roses et elle est bonne comme un ange. Elle a un bon mari. Lui aussi vous aimera bien. »
« Tu crois, Maître ? » demande Mathieu un peu incrédule.
« J'en suis certain, et vous vous en persuaderez. Il y a quelque temps Chouza voulait Margziam pour en faire un chevalier. »
« Ah ! pour cela, non ! » crie Pierre.
« Margziam sera un chevalier du Christ. Seulement cela, Simon. Sois tranquille. »
Le lac redevient gris. Il s'élève un vent léger qui plisse le lac. La voile se tend, la barque file en vibrant. Mais les enfants ne rêvent qu'à leur nouvelle maman au point qu'ils n'éprouvent plus de peur.
On passe Magdala avec ses maisons blanches dans la verdure. On passe la campagne entre Magdala et Tibériade. Voilà les premières maison de Tibériade.
« Où, Maître ? »
« Au petit port de Chouza. »
Pierre vire et donne des ordres au mousse. La voile est descendue pendant que la barque accoste au petit port et puis y entre, en s'arrêtant au petit môle, suivi de l'autre barque. Elles sont à côté l'une de l'autre comme deux canetons fatigués. Tout le monde descend, et Jean court en avant pour avertir les jardiniers.
Les petits se serrent timidement à Jésus, et Marie demande en soupirant et en tirant le vêtement de Jésus : « Mais sera-t-elle vraiment bonne ? »
Jean revient : « Maître, un serviteur est en train d'ouvrir la grille. Jeanne est déjà levée. »
« C'est bien. Attendez tous ici. Je vais devant. »
Et Jésus se met seul en marche. Les autres le regardent aller en faisant des commentaires plus ou moins favorables au sujet de ce que tente Jésus. Les doutes et les critiques ne manquent pas. Mais de l'endroit où ils sont, ils ne voient que Chouza, qui est accouru et qui s'incline jusqu'à terre sur le seuil de la grille et puis entre dans le jardin à la gauche de Jésus. Après, ils ne voient plus rien.
Mais moi, je vois. Je vois Jésus qui avance lentement à côté de Chouza qui montre toute sa joie de l'avoir comme hôte : « Ma Jeanne en sera très heureuse. Moi aussi. Elle va toujours mieux. Elle m'a parlé du voyage. Quel triomphe, mon Seigneur ! »
« Tu ne t'en es pas chagriné ? »
« Jeanne est heureuse, je suis heureux de l’avoir ainsi. Je pouvais ne l'avoir plus depuis des mois, Seigneur. »
« Tu pouvais... et Moi, je te l'ai rendue. Sache en être reconnaissant à Dieu. »
Chouza le regarde interdit... puis il murmure : « Un reproche, Seigneur ? »
« Non, un conseil. Sois bon, Chouza. »
« Maître, je suis serviteur d'Hérode... »
« Je le sais. Mais ton âme n'est servante de personne hors Dieu, si tu le veux. »
« C'est vrai, Seigneur, je me corrigerai. Parfois je suis pris par le respect humain... »
« L'aurais-tu eu l'an dernier quand tu voulais sauver Jeanne ? »
« Oh ! non. Au risque de perdre tout honneur, je me serais adressé à celui dont j'avais pensé qu'il pouvait la sauver. »
« Fais autant polir ton âme. Elle est plus précieuse encore que Jeanne. La voilà qui vient. »
Ils hâtent le pas vers elle qui accourt à leur rencontre.
« Mon Maître ! Je n'espérais pas te revoir si tôt. Quelle bonté te conduit chez ta disciple ! »
« Un besoin, Jeanne. »
« Un besoin ? Lequel ? Parle et si nous le pouvons, nous t'aiderons » disent ensemble les deux époux.
« J'ai trouvé hier soir sur une route déserte deux pauvres enfants... un garçonnet et une fillette... Nu-pieds, affamés, déchirés, seuls... et je les ai vus chassés comme des loups, par un homme au cœur de loup. Ils mouraient de faim... A cet homme j'ai donné le bien-être, l'an dernier. Et lui a refusé un pain à deux orphelins. Car ce sont des orphelins. Orphelins et sur les chemins du monde cruel. Cet homme aura sa punition. Voulez-vous avoir ma bénédiction ? Je vous tends la main, Mendiant d'amour, pour les orphelins sans maison, sans vêtements, sans nourriture, sans amour. Voulez-vous m'aider ? »
« Mais, Maître, tu le demandes ? Dis ce que tu veux, tout ce que tu veux, dis tout !... » dit Chouza impétueusement.
Et Jeanne ne parle pas, mais les mains serrées sur le cœur, une larme sur ses longs cils, un sourire de désir sur ses lèvres rouges, elle attend et parle plus que si elle parlait.
Jésus la regarde et sourit : « Je voudrais que ces petits aient une mère, un père, une maison. Et que la mère eût le nom de Jeanne... »
Il n'a pas le temps de finir que le cri de Jeanne est comme celui de quelqu'un qui sort de prison, alors qu'elle se prosterne pour baiser les pieds de son Seigneur.
« Et toi, Chouza, qu'en dis-tu ? Accueilles-tu en mon nom ces enfants que j'aime, chers, oh ! beaucoup plus chers que des joyaux à mon cœur ? »
« Maître, où sont-ils ? Conduis-moi vers eux et, sur mon honneur, je te jure que du moment où je poserai ma main sur leur tête innocente, je les aimerai en vrai père, en ton nom. »
« Venez, alors. Je savais bien que je ne viendrais pas pour rien. Venez. Ils sont grossiers, effrayés, mais bons. Fiez-vous à Moi qui y lis les cœurs et l'avenir. Ils donneront paix et union à votre union, non pas tant maintenant mais dans l'avenir. Dans leur amour, vous retrouverez votre amour. Leurs innocents embrassements seront le meilleur ciment pour votre maison d'époux. Et le Ciel sera sur vous bienveillant, miséricordieux toujours pour votre charité. Ils sont à l'extérieur de la grille. Nous venons de Bethsaïda... »
Jeanne n'écoute plus. Elle court en avant, prise du désir ardent de caresser les enfants.
Et elle le fait en tombant à genoux pour serrer sur son sein les deux orphelins, en baisant leurs joues émaciées, pendant qu'eux regardent étonnés la belle dame aux vêtements couverts de joyaux. Et ils regardent Chouza qui les caresse et prend dans ses bras Mathias. Et ils regardent le splendide jardin et les serviteurs qui accourent. ..Et ils regardent la maison qui ouvre ses vestibules pleins de richesses à Jésus et à ses apôtres. Et ils regardent Esther qui les couvre de baisers.
Le monde des rêves s'est ouvert pour les petits perdus... Jésus observe et sourit...
*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2004/index.htm#160
Tome : 4/165
Jeanne de Chouza
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Naïm dans la maison du ressuscité Daniel
La ville de Naïm est toute en fête, Jésus est son hôte, pour la première fois depuis la résurrection du jeune Daniel.
Précédé et suivi par un grand nombre de personnes, Jésus traverse la ville en la bénissant. A ceux de Naïm se sont unies d'autres personnes d'autres lieux, provenant de Capharnaüm où ils étaient allés le chercher et d'où on les avait envoyés à Cana; et de là à Naïm. J'ai l'impression que maintenant qu'il a de nombreux disciples, Jésus a organisé une sorte de réseau d'informations, de sorte que les voyageurs qui le cherchent puissent le trouver malgré ses continuels déplacements, bien que de quelques milles par jour, suivant que le permettent la saison et la brièveté des jours. Et parmi ceux qui sont allés le chercher d'ailleurs, il ne manque pas de pharisiens et de scribes très polis en apparence...
Jésus est reçu dans la maison du jeune ressuscité. S'y trouvent aussi rassemblés les notables du pays, la mère de Daniel, voyant les scribes et les pharisiens : sept comme les vices capitaux, les invite humblement en s'excusant de ne pas leur offrir une demeure plus digne.
« Il y a le Maître, il y a le Maître, femme. Cela donne de la valeur même à une caverne, mais ta maison est bien mieux qu'une caverne et nous y entrons en disant : "Paix à toi et à ta maison". »
En effet la femme, tout en n'étant certainement pas riche, s'est mise en quatre pour honorer Jésus. Certainement sont entrées en lice toutes les richesses de Naïm réunies pour orner la maison et la table. Et les propriétaires respectives observent, de tous les points possibles, la troupe qui passe dans le couloir d'entrée donnant accès à deux pièces dans lesquelles la maîtresse de maison a préparé les tables. Peut-être ont-elles demandé cela seulement pour le prêt de la vaisselle, des nappes et des sièges et pour le travail aux fours : voir de près le Maître et respirer là où il respire. Et maintenant elles se présentent ça et là, rouges, enfarinées, couvertes de cendre ou avec leurs mains dégoulinantes, selon leurs occupations culinaires. Elles regardent, elles prennent leur petite part de regard divin, leur petite part de voix divine, boivent la douce bénédiction et la douce figure de tous leurs yeux et de toutes leurs oreilles, et elles retournent encore plus rouges à leurs fours, leurs huches et leurs éviers : heureuses.
Très heureuse aussi celle qui, avec la maîtresse de maison, offres les bassins des ablutions aux hôtes de marque. C'est une jeune fille aux cheveux et aux yeux noirs et au teint couleur de rose. Et elle devient encore plus rose, lorsque la maîtresse de maison avertit Jésus que c'est l'épouse de son fils et que ce sera bientôt les noces. « Nous avons attendu ta venue pour les célébrer, pour que la maison toute entière fût sanctifiée par Toi, Mais maintenant bénis-la elle aussi pour qu'elle soit une bonne épouse dans cette maison. » Jésus la regarde et comme la jeune épouse s'incline, il lui impose les mains en disant : « Que refleurissent en toi les vertus de Sara. de Rébecca et de Rachel et que de toi naissent de vrais enfants de Dieu, pour sa gloire et pour la joie de cette demeure. »
Maintenant Jésus et les notables sont purifiés et ils entrent dans la salle du festin avec le jeune maître de maison, alors que les apôtres et d'autres hommes de Naïm moins influents entrent dans la pièce en face. Et le repas a lieu.
Je comprends d'après les conversations qu'avant le commencement de la vision, Jésus avait prêché et opéré des guérisons à Naïm, mais les pharisiens s'arrêtent peu à cela. Par contre ils accablent de questions les gens de Naïm pour avoir des détails sur la maladie dont était mort Daniel, combien d'heures s'étaient écoulées entre la mort et la résurrection, si on l'avait complètement embaumé, etc., etc. Jésus s'abstrait de toutes ces recherches et il parle avec le ressuscité qui est tout à fait bien et qui mange avec un appétit formidable.
Mais un pharisien appelle Jésus pour Lui demander s'il était au courant de la maladie de Daniel.
« J'arrivais d'Endor, tout à fait par hasard, ayant voulu faire plaisir à Judas de Kériot comme je l'avais fait pour Jean de Zébédée. Je ne savais même pas que je devrais passer par Naïm quand j'avais commencé le voyage pour le pèlerinage pasca1 » répond Jésus.
« Ah ! Tu n'étais pas allé exprès à Endor ? » demande un scribe étonné.
« Non. Je n'avais pas la moindre intention d'y aller, alors. »
« Et pourquoi donc alors y es-tu allé ? »
« Je l'ai dit : parce que Judas de Simon voulait y aller. »
« Et pourquoi ce caprice ? »
« Pour voir la grotte de la magicienne. »
« Peut-être tu lui en avais parlé... »
« Jamais ! Je n'avais pas de raison. »
« Je veux dire... peut-être tu as expliqué avec cet épisode d'autres sortilèges, pour initier tes disciples à... »
« A quoi ? Pour initier à la sainteté, il n'est pas besoin de pèlerinages. Une cellule ou une lande déserte, un pic sur la montagne ou une maison solitaire suffit pour cela. Il suffit que chez celui qui enseigne il y ait austérité et sainteté, et en celui qui écoute la volonté de se sanctifier. Voilà ce que j'enseigne, et rien d'autre. »
« Mais les miracles qu'ils font eux, les disciples, que sont-ils, sinon des prodiges et... »
« Et volonté de Dieu. Cela seulement. Et plus ils deviendront saints, et plus ils en feront. Par l'oraison, le sacrifice et l'obéissance à Dieu. Pas autrement. »
« En es-tu sûr ? » demande un scribe en tenant son menton dans sa main et en regardant Jésus par-dessous. Et son ton est discrètement ironique et même compatissant.
« Moi, je leur ai donné ces armes et cette doctrine. Si ensuite, parmi eux, et ils sont si nombreux, il se trouve quelqu'un qui s'abaisse à d'indignes pratiques, par orgueil ou autre chose, ce n'est pas de Moi que sera venu le conseil. Je peux prier pour essayer de racheter le coupable. Je peux m'imposer de dures pénitences expiatoires pour obtenir de Dieu qu'Il l'aide particulièrement par les lumières de sa sagesse à voir l'erreur. Je peux me jeter à ses pieds pour le supplier, de tout mon amour de Frère, de Maître, d'Ami, de quitter la faute. Et je ne penserais pas m'avilir en le faisant, car le prix d'une âme est tel qu'il vaut la peine de subir n'importe quelle humiliation pour obtenir cette âme. Mais je ne peux faire plus que cela. Et si malgré cela, la faute continue, mes yeux et mon cœur de trahi et incompris Maître et Ami répandront pleurs et sang. » Quelle douceur et quelle tristesse dans la voix et dans l'aspect de Jésus !
Scribes et pharisiens se regardent entre eux. Tout un jeu de regards, mais ils ne disent rien d'autre sur ce sujet. . Au contraire ils demandent au jeune Daniel s'il se souvient ce que c'est que la mort, ce qu'il a éprouvé en revenant à la vie, et ce qu'il a vu dans l'intervalle entre la vie et la mort.
« Moi, je sais que j'étais mortellement malade et j'ai souffert l'agonie. Oh ! quelle chose redoutable ! Ne m'y faites pas penser !... Et pourtant un jour viendra où je devrai la souffrir de nouveau ! Oh ! Maître !... » Il le regarde terrorisé, pâle à la pensée de devoir mourir de nouveau.
Jésus le réconforte doucement en disant : « La mort en elle-même est expiation. Toi, en mourant deux fois, tu seras complètement purifié des taches et tu jouiras tout de suite du Ciel. Que cette pensée pourtant te fasse vivre en saint, pour qu'il n'y ait en toi que des fautes involontaires et vénielles. »
Mais les pharisiens reviennent à l'attaque : « Mais. qu'as-tu éprouvé en revenant à la vie ? »
« Rien. Je me suis trouvé vivant et sain comme si je m'étais éveillé d'un long et lourd sommeil. »
« Mais tu te rappelais que tu étais mort ? »
« Je me souvenais que j'avais été très malade, jusqu'à l'agonie. C'est tout. »
« Et qu'est-ce que tu te rappelles de l'autre monde ? »
« Rien. Il n'y a rien. Un trou noir, un espace vide dans ma vie... Rien. »
« Alors, pour toi, il n'y a pas de Limbes, pas de Purgatoire, pas d'Enfer ? »
« Qui dit qu'il n'y en a pas ? Bien sûr qu'il y en a. Mais moi, je ne m'en souviens pas. »
« Mais es-tu sûr d’avoir été mort ? »
Tous les gens de Naïm bondissent : « S'il était mort ? Et que voulez-vous de plus ? Quand nous l'avons mis sur la civière, il commençait déjà à sentir mauvais. Et puis ! Avec tous les baumes et toutes les bandelettes un géant même en serait mort. »
« Mais toi, tu ne te souviens pas d’être mort ? »
« Je vous ai dit que non. » Le jeune homme s'impatiente et il ajoute : « Mais qu'est-ce que vous voulez prouver avec ces longs discours ? Que tout un pays a fait semblant que j'étais mort, y compris ma mère, y compris mon épouse qui était au lit, mourant de chagrin, y compris moi-même ligoté, embaumé, alors que ce n'était pas vrai ? Que dites-vous ? Qu'à Naïm tous étaient des enfants ou des idiots qui voulaient plaisanter ? Ma mère a blanchi en quelques heures. On a dû soigner mon épouse parce que le chagrin et la joie l'avaient rendue comme folle. Et vous, vous doutez ? Et pourquoi aurions-nous fait cela ? »
« Pourquoi ? C'est vrai ! Pourquoi l'aurions-nous fait ? » disent les gens de Naïm.
Jésus ne parle pas. Il joue avec la nappe comme s'il était absent. Les pharisiens ne savent que dire... Mais Jésus ouvre la bouche à l'improviste quand la conversation et la discussion semblent terminées, et il dit : « Voici le pourquoi. Eux (et il montre les pharisiens et les scribes) veulent prouver que ta résurrection n’est qu'un jeu bien combiné pour accroître ma réputation auprès des foules. Moi l'inventeur ,vous les complices pour trahir Dieu et le prochain. Non. Je laisse les tromperies aux indignes. Je n'ai pas besoin de sorcelleries ni de stratagèmes, de jeux ou de complicités, pour être ce que Je suis. Pourquoi voulez-vous refuser à Dieu le pouvoir de rendre l'âme à une chair ? Si Lui la donne quand la chair se forme, et quand Il crée les âmes à chaque fois, ne pourra-t-Il pas là rendre quand l'âme, revenant à la chair à la prière de son Messie, peut être, la cause de la venue à la Vérité de foules nombreuses ? Pouvez-vous refuser à Dieu le pouvoir du miracle ? Pourquoi voulez-vous le Lui refuser ? »
« Es-tu Dieu ! »
« Je suis celui qui suis. Mes miracles et ma doctrine disent qui je suis. »
« Mais alors pourquoi ne se souvient-il pas, alors que les esprits évoqués savent dire ce qu'est l'au-delà ? »
« Parce que cette âme dit la vérité, déjà sanctifiée comme elle l'est par la pénitence d'une première mort, alors que ce qui parle sur les lèvres des nécromanciens n'est pas vérité. »
« Mais Samuel... »
« Mais Samuel vint sur l'ordre de Dieu, non de la magicienne, pour apporter à celui qui était traître à la Loi le verdict du Seigneur dont on ne se moque pas dans ses commandements. »
« Et alors pourquoi tes disciples le font-ils ? » La voix arrogante d'un pharisien qui, piqué au vif, monte le ton de la discussion, appelle l'attention des apôtres qui sont dans la pièce en face, séparée par un couloir large d'un mètre, sans portes ni lourdes tentures qui isolent. Entendant qu'on les met en cause, ils se lèvent et viennent, sans faire de bruit, dans le couloir où ils écoutent.
« En quoi le font-ils ? Explique-toi, et si ton accusation est vraie, je les avertirai de ne plus faire de choses contraires à la Loi. »
« En quoi, moi, je le sais et avec moi, beaucoup d'autres. Mais Toi qui ressuscites les morts et qui te dis plus qu'un prophète, découvre-la par Toi-même. Nous ne te la dirons certainement pas. Tu as des yeux, du reste, pour voir aussi beaucoup d'autres choses faites quand on ne doit pas les faire ou omises quand on doit les faire, et qui sont commises par tes disciples. Et tu ne t'en soucies pas. »
« Voulez-vous m'en indiquer quelqu'une. »
« Pourquoi tes disciples transgressent-ils les prescriptions des anciens ? Aujourd'hui, nous les avons observés. Aujourd'hui même, pas plus tard qu'il y a une heure ! Ils sont entrés dans leur salle pour manger et ne se sont pas purifiés, auparavant, les mains ! » Si les pharisiens avaient dit : « et ils ont avant égorgé des habitants » ils n'auraient pas eu un ton d'aussi profonde horreur.
« Vous les avez observés, oui. Il y a tant de choses à voir, et qui sont belles et bonnes. Des choses qui font bénir le Seigneur de nous avoir donné la vie pour que nous ayons la possibilité de les voir et parce qu'Il a créé ou permis ces choses. Et pourtant vous ne les regardez pas, et avec vous beaucoup d'autres. Mais vous perdez votre temps et la paix à poursuivre ce qui n'est pas bon.
Vous semblez des chacals : ou plutôt des hyènes qui suivent à la trace une puanteur en négligeant les ondes parfumées que le vent apporte des jardins pleins d'arômes. Les hyènes n'aiment pas les lys et les roses, le jasmin et le camphre, les cinnamomes et les œillets. Pour elles ce sont des odeurs désagréables. Mais la puanteur d'un corps en putréfaction au fond d'un ravin, ou dans une ornière, enseveli sous les ronces où l'a enseveli un assassin, ou rejeté par la tempête sur une plage déserte, gonflé, violet, crevé, horrible, oh ! quel parfum agréable pour les hyènes ! Et elles flairent le vent du soir, qui condense et transporte avec lui toutes les odeurs que le soleil a évaporées après les avoir chauffées, pour sentir cette vague odeur qui les attire et, après les avoir découvertes et en avoir trouvé la direction, les voilà qui partent en courant, le museau à l'air, les dents déjà découvertes dans ce frémissement des mâchoires semblable à un rire hystérique, pour aller là où se trouve la putréfaction. Et que ce soit un cadavre d'homme ou de quadrupède, ou d'une couleuvre tuée par le paysan, ou d'une fouine tuée par la ménagère, serait-ce simplement un rat oh ! voilà qui plaît, qui plaît, qui plaît ! Et dans cette puanteur repoussante, elles enfoncent leur crocs et se régalent et se pourlèchent les lèvres...
Des hommes se sanctifient de jour en jour ? Ce n'est pas une chose qui intéresse ! Mais si un seul fait du mal, ou plus d'un néglige une chose qui n'est pas un commandement divin mais une pratique humaine - appelez-la même tradition, précepte, comme vous voulez, c'est toujours une chose humaine - voilà alors qu'on se dérange, que l'on note. On suit même un soupçon... seulement pour se réjouir, en voyant que le soupçon est une réalité.
Mais alors répondez, répondez vous qui êtes venus non par amour, non par foi, non par honnêteté, mais dans une intention méchante, répondez : pourquoi transgressez-vous le commandement de Dieu par une de vos traditions ? Vous ne viendrez tout de même pas dire qu'une tradition est plus qu'un commandement ? Et pourtant Dieu a dit : "Honore ton père et ta mère, et qui maudira son père ou sa mère mérite la mort" ! Et vous au contraire vous dites : "Quiconque a dit à son père et à sa mère : 'Corban[i] est ce que tu devrais avoir de moi' celui-là n'est plus obligé de s'en servir pour son père et sa mère". Vous avez donc par votre tradition annulé le commandement de Dieu.
Hypocrites ! C'est bien de vous qu'Isaïe en prophétisant, a dit : "Ce peuple m'honore des lèvres, mais son cœur est loin de Moi, car il m'honore vainement en enseignant des doctrines et des commandements humains".
Vous, alors que vous transgressez les commandements de Dieu, vous vous en tenez aux traditions des hommes, au lavage des amphores et des calices, des plats et des mains, et d'autres choses semblables. Alors que vous justifiez l'ingratitude et l'avarice d'un fils en lui offrant l'échappatoire de l'offrande du sacrifice pour ne pas donner un pain à celui qui l'a engendré et qui a besoin d'aide et qu'on a l'obligation d'honorer parce qu'il est père, vous vous scandalisez pour quelqu'un qui ne se lave pas les mains. Vous altérez et violez la parole de Dieu pour obéir à des paroles que vous avez faites et que vous avez élevées à la dignité de préceptes. Vous vous proclamez ainsi plus justes que Dieu. Vous vous arrogez le droit de législateurs alors que Dieu seul est le Législateur dans son peuple. Vous... » et il continuerait, mais le groupe ennemi sort sous la grêle des accusations en bousculant les apôtres et ceux qui étaient dans la maison, hôtes ou aides de la maîtresse, et qui s'étaient rassemblés dans le couloir, attirés par l'éclat de la voix de Jésus.
Jésus, qui s'était levé, s'assoit en faisant signe à ceux qui sont là d'entrer tous là où il est, et il leur dit : « Écoutez-moi tous et entendez cette vérité. Il n'est rien en dehors de l'homme qui, entrant en lui, puisse le contaminer. Mais ce qui sort de l'homme, c'est cela qui contamine.
Entende qui a des oreilles pour entendre et qu'il mette en oeuvre son intelligence pour comprendre, et sa volonté pour agir. Et maintenant allons. Vous de Naïm, persévérez dans le bien et que ma paix soit avec vous. »
Il se lève, salue en particulier le maître et la maîtresse de maison, et s'éloigne par le couloir. Mais il voit les femmes amies qui, rassemblées dans un coin, le regardent enchantées et il va directement vers elles en disant : « Paix à vous aussi. Que le Ciel vous récompense pour m'avoir reçu avec un amour qui ne m'a pas fait regretter la table maternelle. J'ai ressenti votre amour de mère en toute miette de pain, en toute sauce ou rôti, dans la douceur du miel, dans le vin frais et parfumé. Aimez-moi toujours ainsi, braves femmes de Naïm. Et une autre fois ne vous donnez pas tant de mal pour Moi. Il me suffit d'un pain et d'une poignée d'olives assaisonnée de votre sourire maternel et de votre regard honnête et bon. Soyez heureuses dans vos maisons car la reconnaissance du Persécuté est sur vous et il part consolé par votre amour . »
Les femmes, heureuses et pourtant en pleurs, sont toutes à genoux et Lui, une par une, en passant effleure leurs cheveux blancs ou noirs, comme pour les bénir. Et puis il sort et reprend la route...
Les premières ombres du soir descendent, cachant la pâleur de Jésus attristé par trop de choses.
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SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2004/index.htm#160
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Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Dans le bercail d’Endor
Jésus ne revient plus qu'à Endor. Il s'arrête à la première maison du pays qui est plus un bercail qu'une maison. Mais justement parce qu'elle est telle avec ses étables basses, fermées, pleines de foin, elle peut mettre à l'abri les treize voyageurs. Le maître de maison, un homme rude mais bon, se hâte d'apporter une lampe et un seau de lait écumeux en plus des miches de pain très noir. Puis il se retire, béni par Jésus qui reste seul avec ses douze.
Jésus offre et distribue le pain et, faute d'écuelles ou de coupes, chacun trempe son morceau de pain dans le seau et quand il a soif, y boit à même. Jésus se contente de boire un peu de lait. Il est sérieux, silencieux... Tellement, qu'une fois le repas terminé et apaisée la faim chez les apôtres qui ont toujours bon appétit, ils finissent par remarquer son mutisme.
André est le premier à Lui demander : "Qu'as-tu Maître ? Tu me sembles triste ou fatigué..."
"Je ne nie pas que je le suis."
"Pourquoi ? A cause de ces pharisiens ? Mais maintenant tu devrais en avoir pris l'habitude... Je m'y suis presque fait moi qui... allons ! Tu sais comment j'étais les premières fois avec eux. Ils chantent toujours cette chanson !... Les serpents, en effet, ne peuvent que siffler et jamais aucun d'eux ne réussira à reproduire le chant du rossignol. On finit par ne plus en faire cas." dit Pierre en partie par conviction, en partie pour rasséréner Jésus.
"Et c'est de cette façon que l'on perd le contrôle et qu'on tombe dans leurs nœuds. Je vous prie de ne vous habituer jamais aux voix du Mal, comme si elles étaient inoffensives."
"Oh ! bien ! Mais si c'est pour cela seulement que tu es triste, tu as tort. Tu vois comme le monde t'aime" dit Matthieu.
"Mais est-ce pour cela seulement que tu es si triste ? Dis-le-moi, bon Maître. Ou t'a-t-on rapporté des mensonges, insinué des calomnies, des soupçons, que sais-je ? sur nous qui t'aimons ?" demande prévenant et caressant l'Iscariote, en passant un bras autour de Jésus qui est assis sur le foin à côté de lui.
Jésus tourne son visage dans la direction de Judas. Ses yeux ont un éclat phosphorescent à la clarté tremblante de la lampe posée sur le sol au milieu du cercle des apôtres assis sur le foin, disposé en rond comme pour servir de siège. Jésus regarde très fixement Judas de Kériot et en le regardant lui demande : "Et tu me prends peut-être pour tellement sot que j'accueille les insinuations de n'importe qui, jusqu'à m'en troubler ? Ce sont les réalités, Judas, qui me troublent" et son regard ne cesse de s'enfoncer droit comme une sonde dans la pupille brune de Judas.
"Quelles réalités te troublent, alors ?" insiste avec aplomb l'Iscariote.
"Celles que je vois au fond des cœurs et que je lis sur les fronts de ceux qui sont détrônés." Jésus insiste beaucoup sur ce mot.
Tous sont en émoi : "Détrônés ? Pourquoi ? Que veux-tu dire ?"
"Un roi tombe de son trône quand il est indigne d’y rester et on commence par lui enlever la couronne qu'il a sur son front comme sur l'endroit le plus noble de l’homme, l'unique animal qui porte son front élevé vers le ciel, parce qu'il est matériellement un animal, mais un être surnaturel en tant qu'être possédant une âme. Mais il n'est pas besoin d'être roi sur un trône terrestre pour être détrôné. Tout homme est roi par l'âme et son trône est dans le Ciel. Mais quand un homme prostitue son âme et devient une brute, et devient un démon, alors il tombe de son trône. Le monde est rempli de fronts qui ont perdu leur couronne royale et qui ne regardent plus vers le Ciel mais penchent vers l'abîme, alourdis par la parole que Satan a gravée sur eux. Vous voulez la connaître ? C'est celle que je lis sur les fronts. Il y est écrit : "Vendu !" Et pour que vous n'ayez pas de doutes sur l'acheteur, je vous dis que c'est Satan, par lui-même ou par ses serviteurs qui sont dans le monde."
"J'ai compris ! Ces pharisiens, par exemple, sont les serviteurs d'un serviteur plus grand qu'eux, qui est lui-même serviteur de Satan" dit Pierre avec conviction. Jésus ne réplique rien.
"Cependant... Sais-tu, Maître, que ces pharisiens, après avoir entendu les paroles que tu as prononcées, s'en sont allés scandalisés ? A la sortie, ils le disaient en me bousculant... Tu as été très tranchant" observe Barthélemy.
Et Jésus réplique : "C'est bien vrai. Ce n'est pas ma faute mais la leur si je dois dire certaines choses. Et c'est encore charité de ma part, de les leur dire. Toute plante qui n'est pas plantée par mon Père sera arrachée. Et c'est une plante qui n'a pas été plantée par Lui que l'inutile bruyère des plantes parasites, étouffantes, épineuses, qui étouffent la semence de la Vérité sainte. C'est charité d'extirper les traditions et les préceptes qui étouffent le Décalogue, le défigurent, le rendent inerte et impossible à observer. C'est charité pour les âmes honnêtes de le faire. En ce qui concerne ceux-ci, arrogants, têtus et fermés à toute influence et à tout conseil de l'Amour, laissez-les faire, et que les suivent ceux qui, par leur esprit et leurs tendances, leur ressemblent. Ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles. Si un aveugle en guide un autre, ils ne pourront que tomber tous les deux dans la fosse. Laissez-les se nourrir de leurs contaminations auxquelles ils donnent le nom de "pureté". Elles ne peuvent les contaminer davantage parce qu'elles ne font que s'adapter à la matrice d'où elles proviennent."
"Ce que tu dis maintenant se rattache à ce que tu as dit dans la maison de Daniel, n'est-ce pas ? Que ce n'est pas ce qui entre dans l'homme qui le contamine, mais ce qui sort de lui" demande pensif Simon le Zélote.
"Oui" dit brièvement Jésus.
Pierre, après un moment de silence, parce que le sérieux de Jésus glace les caractères les plus exubérants, demande : "Maître, moi et je ne suis pas le seul, je n'ai pas bien compris la parabole. Explique-la-nous un peu. Comment se fait-il que ce qui entre ne contamine pas et que ce qui sort contamine ? Moi, si je prends une amphore propre et que j'y verse de l'eau sale, je la contamine. Par conséquent, ce qui entre dedans la contamine. Mais si d'une amphore remplie d'eau pure je verse sur le sol de l'eau, je ne contamine pas l'amphore parce que de l'amphore, il sort de l'eau pure. Et alors ?"
Et Jésus : "Nous ne sommes pas une amphore, Simon. Nous ne sommes pas une amphore, amis. Et tout n'est pas pur dans l'homme ! Mais maintenant encore vous êtes sans intelligence ? Réfléchissez au cas sur lequel les pharisiens vous accusaient. Vous, disaient-ils, vous vous contaminez parce que vous portez de la nourriture à votre bouche avec des mains poussiéreuses, en sueur, impures en somme. Mais cette nourriture où allait-elle ? De la bouche à l'estomac, de celui-ci au ventre, du ventre à l'égout. Mais cela peut-il donc apporter l'impureté à tout le corps, et à ce qui est contenu dans le corps, si cela passe seulement par le canal à cela destiné pour remplir son office de nourrir la chair, uniquement celle-ci et en finissant comme il est juste que cela finisse, à l'égout? Ce n'est pas cela qui contamine l'homme !
Ce qui contamine l'homme, c'est ce qui est le sien, uniquement le sien, engendré et enfanté par son moi. C'est-à-dire ce qu'il a dans le cœur, et qui du cœur monte aux lèvres et à la tête et corrompt la pensée et la parole et contamine l'homme tout entier. C'est du cœur que viennent les pensées mauvaises, les homicides, les adultères, les fornications, les vols, les faux témoignages et les blasphèmes. C'est du cœur que viennent les cupidités, les penchants vicieux, les orgueils, les envies, les colères, les appétits exagérés, l'oisiveté coupable. C'est du cœur que vient l'excitation à toutes les actions. Et si le cœur est mauvais, elles seront mauvaises comme le cœur. Toutes les actions : des idolâtries aux médisances sans sincérité... Toutes ces choses mauvaises qui vont de l'intérieur à l'extérieur contaminent l'homme, mais pas le fait de manger sans se laver les mains. La science de Dieu n'est pas une chose terre à terre, une boue que tout pied peut fouler. Mais c'est une chose sublime qui vit dans les régions des étoiles et de là descend avec des rayons de lumière pour se faire clarté aux justes. Ne veuillez pas, vous au moins, l'arracher aux cieux pour l'avilir dans la boue...
Allez-vous reposer, maintenant. Moi, je sors pour prier."
*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2004/index.htm#160
Tome : 4/167
https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t18376-oeuvre-de-maria-valtorta-presentation-des-disciples-de-jesus
Jésus prie
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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De Endor à Magdala
De l'eau, de l'eau, de l'eau... Les apôtres, peu satisfaits de cette marche sous la pluie, insinuent à Jésus qu'il vaudrait mieux s'abriter à Nazareth qui n'est pas loin... et Pierre dit : "Puis on pourrait en partir avec l'enfant..."
Le "non" de Jésus est tellement tranchant que personne n'ose insister. Jésus va en avant tout seul... Les autres derrière, en deux groupes, renfrognés.
Puis Pierre ne peut y résister et va près de Jésus. "Maître, tu me veux ?" demande-t-il un peu mortifié.
"Tu m'es toujours cher, Simon. Viens."
Pierre se rassérène. Il trottine aux côtés de Jésus qui, avec ses longs pas, fait aisément beaucoup de chemin. Après un moment, il dit : "Maître... ce serait beau d'avoir l'enfant pour la fête..."
Jésus ne répond pas.
"Maître, pourquoi ne me fais-tu pas plaisir ?"
"Simon, tu cours le risque que je t'enlève l'enfant."
"Non ! Seigneur ! Pourquoi ?" Pierre est épouvanté par la menace et désolé.
"Parce que je ne veux pas que tu sois retenu par aucune chose. Je te l'ai dit quand je t'ai accordé Margziam. Toi, au contraire, tu t'enlise dans cette affection."
"Ce n'est pas un péché d'aimer, et d'aimer Margziam. Tu l'aimes, Toi, aussi…"
"Mais cet amour ne m'empêche pas de me donner tout entier à ma mission. Tu ne te rappelles pas mes paroles sur les affections humaines ? Mes conseils, si nets qu'ils sont déjà des ordres, pour celui qui veut mettre la main à la charrue ? Tu es en train de te lasser, Simon de Jonas, d'être héroïquement mon disciple ?"
La voix de Pierre est devenue rauque par les larmes quand il répond : "Non, Seigneur. Je me rappelle tout, et je ne suis pas lassé. Mais j'ai l'impression que c'est le contraire... Que c'est Toi qui es lassé de moi, du pauvre Simon qui a tout quitté pour te suivre..."
"Qui a tout trouvé en me suivant, veux-tu dire."
"Non... Oui... Maître... Je suis un pauvre homme, moi..."
"Je le sais. C'est précisément pour cela que je te travaille. C'est pour faire d'un pauvre homme un homme, et de celui-ci un saint, mon Apôtre, ma Pierre. Je suis dur pour te rendre dur. Je ne veux pas que tu sois mou comme cette boue. Je veux que tu sois un bloc taillé, parfait : la Pierre de base. Ne comprends-tu pas que cela c'est de l'amour ? Tu ne te souviens pas du Sage ? Lui dit que celui qui aime est sévère. Mais comprends-moi ! Comprends-moi, toi, au moins ! Ne vois-tu pas comme je suis accablé, désolé par tant d'incompréhensions, par trop de feintes, par de nombreux manques d'amour et par des déceptions encore plus nombreuses ?"
"Tu es... tu es ainsi, Maître ? Oh ! Miséricorde divine ! Et moi, je ne m'en apercevais pas ! La grande bête que je suis !... Mais depuis quand ? Mais par qui ? Dis-le moi..."
"Inutile. Tu n'y pourrais rien faire. Je n'y puis rien Moi non plus…"
"Je ne pourrais réellement rien faire pour te soulager ?"
"Je te l’ai dit: comprendre que ma sévérité est de l'amour. Voir dans toute ma conduite à ton égard l'amour."
"Oui, oui. Je ne parle plus, mon Maître bien cher ! Je ne parle plus. Et Toi, pardonne à cette grande bête que je suis. Donne-moi la preuve que tu me pardonnes..."
"La preuve ! Vraiment ma parole devrait te suffire, mais je te la donne. Écoute : je ne puis aller à Nazareth, car à Nazareth il y a Jean d'Endor et Sintica, en plus de Margziam. Et cela ne doit pas être connu."
"Même de nous ? Pourquoi ?… Ah !… Maître ?! Maître ?! tu te méfies de quelqu’un de nous ?"
"La prudence enseigne que quand une chose doit être tenue secrète, c'est déjà trop que deux en soient au courant. On peut faire du mal même avec une parole qui échappe. Et ce n'est pas tous, ni toujours, que vous êtes réfléchis."
"Vraiment... je ne le suis pas moi non plus. Mais quand je veux, je sais garder le silence. Et maintenant, je me tairai. Oh ! oui, je me tairai. Je ne serais plus Simon de Jonas si je ne sais pas me taire. Merci, Maître, de ton estime. C'est une grande preuve d'amour... Alors maintenant on va à Tarichée ?"
"Oui. De là, avec les barques, à Magdala. Je dois retirer l'or des joyaux."
"Tu vois si je sais me taire. Je n'ai jamais rien dit à Judas, tu sais ?"
Jésus ne commente pas l'interruption. Il poursuit : "Une fois que j'aurai l'or, je vous mets tous en liberté jusqu'au lendemain des Encénies. Si je veux quelqu’un de vous, je l'appellerai à Nazareth. Les juifs, sauf Simon le Zélote, accompagneront les sœurs de Lazare et leurs servantes, et en plus Élise de Béthsur, à la maison de Béthanie. Puis ils iront dans leurs foyers pour les Encénies. Il me suffira qu'ils soient de retour pour la fin de Scebat [2] quand nous reprendrons les voyages. Cela, tu es seul à le savoir, n'est-ce pas, Simon Pierre ?"
"Moi seul le sais. Mais... tu devras pourtant le dire..."
"Je le dirai au moment voulu. Maintenant, va vers tes compagnons et sois assuré de mon amour."
Pierre obéit, content, et Jésus s'enfonce de nouveau dans ses pensées.
Les vagues se brisent sur la petite plage de Magdala quand les deux barques y abordent à la fin d'un après-midi de novembre. Ce ne sont pas de fortes vagues, mais elles sont toujours désagréables pour ceux qui débarquent, car les vêtements se mouillent. Mais la perspective de se trouver bientôt dans la maison de Marie de Magdala fait supporter sans murmurer le bain indésirable.
"Mettez à l'abri les barques et rejoignez-nous" dit Jésus aux mousses. Et il se met tout de suite en chemin le long de la côte, car ils ont débarqué dans une petite cale en dehors de la ville, là où se trouvent d'autres barques de pêcheurs de Magdala.
"Judas de Simon et Thomas, venez ici, avec Moi" appelle Jésus. Les deux accourent.
"J'ai décidé de vous confier une charge de confiance qui sera aussi une joie. La charge sera d'accompagner les sœurs de Lazare à Béthanie et, avec elles, Élise. Je vous estime assez pour vous confier les disciples. En même temps, vous porterez une lettre de Moi à Lazare. Puis, après vous être acquittés de cette charge, vous irez chez vous pour les Encénies... Ne m'interromps pas, Judas. Nous ferons tous les Encénies dans nos maisons, cette année. C'est un hiver trop pluvieux pour pouvoir voyager. Vous voyez aussi que les malades se font rares. Nous en profiterons donc pour nous reposer et faire plaisir à nos familles. Je vous attends à Capharnaüm pour la fin de Scebat."
"Mais Toi, tu restes à Capharnaüm ?" demande Thomas.
"Je ne suis pas encore sûr où je resterai. Ici ou là, pour Moi, c'est égal. Il suffit que ma Mère soit proche."
"Je préférerais faire les Encénies avec Toi" dit l'Iscariote.
"Je le crois. Mais obéis, si tu veux me faire plaisir. D'autant plus que votre obéissance vous donnera la possibilité d'aider les disciples revenus s'éparpiller un peu partout. Il faut bien que vous m'aidiez en cela ! Dans les familles, ce sont les aînés qui aident les parents à former les fils plus jeunes. Vous êtes les frères aînés des disciples qui sont vos cadets, et vous devez être heureux que je me fie à vous. Cela prouve que je suis content de votre récent travail."
Thomas dit simplement : "Tu es trop bon, Maître. Mais quant à moi, je chercherai à faire encore mieux maintenant. Il me déplaît pourtant de te quitter... Mais cela passera vite... Et mon vieux père sera content de m'avoir pour la fête... et aussi mes sœurs... Et ma jumelle !... Elle doit avoir eu, ou est sur le point d'avoir, un enfant... Mon premier neveu... Si c'est un garçon et s'il naît pendant que je serai là, quel nom lui donner ?"
"Joseph."
"Et si c'est une fille ?"
"Marie. Il n'y a pas de noms plus doux."
Mais Judas, fier de la charge, déjà se pavane et fait projets sur projets... Il a absolument oublié qu'il s'éloignait de Jésus et que peu de temps avant, vers les Tabernacles, si je m'en souviens bien, il avait renâclé comme un poulain sauvage, à l'ordre de Jésus de se séparer de Lui pendant quelque temps et perd aussi absolument de vue le soupçon, qu'il avait eu alors, que c'était un désir de Jésus de l'éloigner. Il oublie tout... et il est heureux d'être considéré comme quelqu'un à qui on puisse confier des charges délicates. Il promet : "Je t'apporterai beaucoup d'argent pour les pauvres" et il sort sa bourse et dit : "Voilà, prends. C'est tout ce que nous avons. Je n'ai rien d'autre. Donne-moi le viatique pour notre voyage de Béthanie à la maison."
"Mais, nous ne partons pas ce soir" objecte Thomas.
"Peu importe. Il n'est plus besoin d'argent dans la maison de Marie et donc...
Bienheureux de ne plus avoir à en manier... A mon retour, j'apporterai à ta Mère des graines de fleurs. Je me les ferai donner par ma mère. Je veux apporter aussi un cadeau à Margziam..." Il est exalté.
Jésus le regarde... Ils sont maintenant à la maison de Marie de Magdala. Ils se font reconnaître et ils entrent tous. Les femmes accourent joyeuses à la rencontre du Maître, venu s'abriter à leur foyer...
Et c'est après le souper, quand les apôtres fatigués se sont retirés que Jésus, assis au milieu d'une salle dans le cercle des femmes disciples, leur fait part de son désir qu'elles partent au plus tôt. Aucune d'elles ne proteste, au contraire des apôtres. Elles inclinent la tête pour marquer leur assentiment, et puis elles sortent pour préparer leurs bagages. Mais Jésus rappelle Marie-Magdeleine qui est déjà sur le seuil.
"Eh bien, Marie, pourquoi m'as-tu dit tout bas à mon arrivée : "Je dois te parler en secret" ?"
"Maître, j'ai vendu les pierres précieuses. A Tibériade. C'est Marcelle qui les a vendues avec l'aide d'Isaac. J'ai la somme dans ma chambre. J'ai voulu que Judas n'en vît rien…" et elle rougit vivement.
Jésus la regarde fixement, mais ne dit pas un mot. Marie-Magdeleine sort pour revenir avec une lourde bourse qu'elle donne à Jésus : "Voici" dit-elle. "Elles ont été bien payées."
"Merci, Marie."
"Merci, Rabboni, de m'avoir demandé ce service. As-tu autre chose à me demander ? ..."
"Non, Marie. Et toi, as-tu autre chose à me dire ?"
"Non, Seigneur. Bénis-moi, mon Maître."
"Oui. Je te bénis... Marie... Es-tu contente de retourner vers Lazare ? Pense que je ne suis plus en Palestine. Tu retournerais volontiers à la maison, alors ?"
"Oui, Seigneur. Mais..."
"Achève, Marie. N'aie pas peur de me dire ta pensée."
"Mais j'y serais retournée plus volontiers si à la place de Judas de Kériot il y avait Simon le Zélote, grand ami de notre famille."
"J'en ai besoin pour une mission importante."
"Tes frères, alors, ou bien Jean au cœur de colombe. Tous, voilà, sauf lui... Seigneur, ne me regarde pas sévèrement... Qui a goûté à la luxure en sent le voisinage... Je ne la crains pas. Je sais mettre en place quelqu'un qui est bien plus que Judas. Et c'est ma terreur de n'être pas pardonnée, et c'est mon moi, et c'est Satan qui certainement me tourne autour, et c'est le monde... Mais si Marie de Théophile n'a peur de personne, Marie de Jésus a le dégoût du vice qui l'avait subjuguée, et la... Seigneur... L'homme qui se livre aux sens me dégoûte..."
"Tu n'es pas seule dans le voyage, Marie. Et avec toi, je suis certain que lui ne reviendra pas en arrière... Rappelle-toi que je dois faire partir Sintica et Jean pour Antioche, et qu'il ne faut pas que la chose soit connue par un imprudent..."
"C'est vrai. Alors, j'irai... Maître, quand nous reverrons-nous ?"
"Je ne sais pas, Marie. Peut-être seulement à Pâque. Va en paix, maintenant. Je te bénis ce soir et chaque soir et avec toi, ta sœur et le bon Lazare."
Marie se penche pour baiser les pieds de Jésus et sort, laissant Jésus seul, dans la pièce silencieuse.
*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2004/index.htm#160
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Marie- Magdeleine baise les pieds de Jésus
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Jésus à Nazareth pour les Encénies
Une soirée déjà sombre de décembre, froide, venteuse. A part les feuilles arrachées aux arbres qui en ont encore et qui bruissent au sifflement du vent, il n'y a pas d'autre bruit dans les rues de Nazareth, obscures comme celles d'une ville morte. Des maisons fermées il ne sort ni lumière ni bruit. Une vraie soirée de loups...
Et par contre, par les rues de Nazareth, se dirige l'Agneau de Dieu, tout droit vers sa maison. Grande ombre obscure dans son vêtement sombre, il semble se perdre dans les ténèbres de la nuit sans étoiles. Son pas est à peine perceptible quand il le pose sur un amoncellement de feuilles sèches qui, après avoir tournoyé dans l'air, ont été déposées par le vent sur le sol, prêtes à repartir pour être transportées ailleurs.
Il arrive devant la maison de Marie de Cléophas.
Il reste un instant indécis s'il doit entrer dans le jardin et frapper à la porte de la cuisine ou bien poursuivre... Mais ensuite, il continue sa route sans s'arrêter. Le voilà maintenant dans la ruelle où se trouve sa maison. On voit déjà le balancement tourmenté des oliviers sur le talus auquel la maison s'adosse, on les voit se balancer noirs sur le ciel noir. Il hâte le pas. Il arrive à la porte, il écoute attentivement. Il est si facile d'entendre ce qui se passe dans cette maison si petite ! Il suffit d'appuyer l'oreille sur l'huisserie pour n'avoir que quelques centimètres de bois de la porte entre celui qui écoute et celui qui parle... Et pourtant il n'entend aucune voix.
« Il est tard » soupire-t-il. « J'attendrai l'aube pour frapper. »
Mais au moment où il va s'éloigner, il est rejoint par le bruit rythmique du métier à tisser. Il sourit, il dit : « Elle est levée. Elle tisse. C'est sûrement elle... C'est bien la cadence de Maman. »
Je ne puis voir son visage, mais je suis certaine qu'il sourit, car il y a un sourire dans sa voix qui d'abord était triste et maintenant est gaie.
Il frappe. Le bruit cesse un moment et puis voilà le bruit d'un siège que l'on repousse et puis la voix argentine qui demande : « Qui frappe ? »
« Moi, Maman ! »
« Mon Fils ! » un doux cri de joie, un cri, bien que tenu dans un registre bas. On entend le bruit du verrou et son déplacement. et la porte s'ouvre, faisant apparaître une déchirure d'or sur le noir de la nuit. Marie tombe dans les bras de Jésus, là sur le seuil, comme si Lui ne pouvait attendre une minute pour la recevoir, et elle pour se jeter sur ce Cœur.
« Fils ! Fils ! Mon Fils ! » Les baisers et les douces paroles de « Maman-Fils »... Ensuite ils entrent; et la porte se referme
Marie explique tout bas : « Ils dorment tous. Moi, je veillais... Depuis le moment où Jacques et Jean sont revenus en disant que tu les suivais, je t'ai toujours attendu jusqu'à une heure tardive. Tu as froid, Jésus ? Oui, tu es gelé. Viens. J'ai gardé le foyer allumé. J'y jetterai un fagot. Tu te réchaufferas. » Et elle le conduit par la main comme s'il était toujours le petit Jésus...
La flamme brille joyeuse et crépite dans le foyer ravivé. Marie regarde Jésus qui tend ses mains à la flamme pour les réchauffer. « Comme tu es amaigri ! Tu n'étais pas ainsi quand nous nous sommes quittés... Tu deviens de plus en plus maigre et exsangue, mon Fils. Autrefois tu étais couleur de lait et de rose. Mais maintenant, tu semble fait de vieil ivoire. Qu'as-tu eu de nouveau, mon Fils ? Toujours les pharisiens ? »
« Oui... et autre chose encore. Mais maintenant je suis heureux, ici avec toi, et je vais être tout de suite bien. Cette année, les Encénies se font ici, Maman ! J'arrive à l'âge parfait, ici à tes côtés. Es-tu contente ? »
« Oui. Mais l'âge parfait, pour Toi, mon cœur, est encore loin. Tu es jeune, et pour moi, tu es toujours mon petit. Voici, le lait est chaud. Veux-tu le boire ici où là-bas ? »
« Là-bas, maman. J'ai chaud maintenant. Je vais le boire pendant que tu recouvres ton métier. »
Ils reviennent dans la petite pièce et Jésus s'assied sur le banc près de la table et il boit son lait. Marie le regarde et sourit. Elle sourit quand elle prend le sac de Jésus et le pose sur une console. Elle sourit tellement que Jésus demande : « A quoi penses-tu ? »
« Je pense que tu es arrivé juste pour l'anniversaire de notre départ pour Bethléem... Alors aussi, il y avait des sacs et des coffres ouverts et pleins de vêtements et spécialement de petits langes... pour un tout Petit qui pouvait naître, disais-je à Joseph, qui devait naître, me disais-je à moi-même, à Bethléem de Juda... Je les avais cachés au fond, parce que Joseph avait peur de cela... il ne savait pas encore que la naissance du Fils de Dieu n'aurait pas été sujette ni pour Lui-même, ni pour sa Mère, aux misères habituelles de l'enfantement et de la naissance. Il ne savait pas, et il avait peur d'être loin de Nazareth avec moi, dans cet état. Moi, j'étais certaine que c'était là que je serais Mère... Tu exultais trop en moi par la joie d'être arrivé à ton jour natal, et au jour natal de la Rédemption, par conséquent, pour que je puisse me tromper.
Les anges tourbillonnaient autour de la Femme qui te portait, mon Dieu... Ce n'était plus l'Archange sublime, plus le très doux Ange qui me garde, comme c'était dans les mois précédents. Maintenant c'étaient des chœurs et des chœurs d'anges qui allaient du Ciel de Dieu à mon petit Ciel : le sein où tu étais... Je les entendais chanter et échanger leurs paroles de lumière... des paroles anxieuses de te voir, Toi, le Dieu Incarné… Je les entendais pendant leurs fugues d'amour du Paradis, pour venir t'adorer Toi, Amour du Père, caché dans mon sein. Et je cherchais à apprendre leurs paroles... leurs chants... leurs ardeurs... Mais une créature humaine ne peut dire et posséder des choses du Ciel... »
Jésus l'écoute, Lui assis, elle debout près de la table, songeant comme Lui est bienheureux... une main abandonnée sur le bois sombre, l'autre qui s'appuie sur le cœur... Et Jésus couvre la petite, blanche et délicate main de sa main longue et moins claire, et il serre dans sa main cette main sainte... Et quand elle se tait, comme si elle regrettait de n'avoir pu apprendre des anges leurs paroles, leurs chants et leurs ardeurs, Jésus dit : « Toutes les paroles des anges, tous leurs chants, toutes leurs ardeurs, ne m'auraient pas rendu heureux sur la terre, si je n'avais pas eu les tiens, Maman ! Tu m'as dit et donné ce qu'eux n'ont pu me donner. Ce n'est pas toi qui as appris d'eux, mais eux qui ont appris de toi... Viens ici, Maman, à côté de Moi, et raconte encore... non pas d'alors... mais de maintenant. Que faisais-tu ? »
« Je travaillais... »
« Je le sais, mais qu'était-ce ? Je parie que tu te fatiguais pour Moi. Fais voir... »
Marie devient plus rouge que l'étoffe qui est sur le métier et que Jésus, qui s'est levé, regarde.
« De la pourpre ? Qui te l'a donnée ? »
« Judas de Kériot. Il se l'est fait donner par des pêcheurs de Sidon, je crois. Il veut que je te lasse un vêtement de roi… Le vêtement, je te le fais, mais pour Toi, il n'est pas besoin de pourpre pour être roi. »
« Judas est têtu plus qu'un mulet » c'est le seul commentaire sur la pourpre qui a été donnée... Puis il se tourne vers sa Mère : « Et on peut faire un vêtement avec ce qu'il t'a donné ? »
« Oh ! non, Fils ! Cela pourra servir pour les franges du vêtement et du manteau. Pas plus. »
« C'est bien. J'ai compris pourquoi tu les fais avec des bandes étroites. Alors... Maman : cette idée me plaît. Tu me mettras de côté ces bandes, et un jour je te dirais de t'en servir pour un beau vêtement. Mais maintenant, ce n'est pas le moment. Ne te fatigue pas. »
« Je travaille quand je suis à Nazareth... »
« C'est vrai... Et les autres, qu'ont-ils fait pendant ce temps ? »
« Ils se sont instruits. »
« Ou plutôt : tu les as instruits. Qu'en penses-tu? »
« Oh! ce sont trois bons écoliers. A part Toi, je n'ai jamais eu d'élèves plus dociles et plus attentifs. J'ai cherché aussi à fortifier un peu Jean. Il est bien malade. Il ne vivra pas longtemps... »
« Je le sais. Mais pour lui, c'est un bien. Du reste, lui-même le désire. Il a compris spontanément la valeur de la souffrance et de la mort. Et Sintica ? »
« C'est dommage de l'éloigner. Elle vaut cent disciples pour la sainteté et son aptitude pour comprendre le surnaturel. »
« Je comprends, mais je devrai le faire. »
«Ce que tu fais est toujours bien fait, mon Fils. »
« Et l'enfant ? »
« Lui aussi apprend. Mais il est très triste ces jours-ci... il se souvient du malheur d'il y a un an... Oh ! ce n'était pas très gai, ici !... Jean et Sintica soupirent en pensant à leur départ d'ici, l'enfant pleure en pensant à sa mère morte... »
« Et toi ? »
« Moi... tu le sais, Fils. Il n'y a pas de soleil quand tu es loin de moi. Il n'y serait pas non plus si le monde t'aimait. Mais au moins il y aurait la tranquillité... Au contraire... »
« Il y a des pleurs. Pauvre Maman !... On ne t'a pas posé de questions sur Jean et Sintica ? »
« Et qui veux-tu donc qui en fasse? Marie d'Alphée sait et se tait. Alphée de Sara a déjà vu Jean, et il n'est pas curieux. Il l'appelle "le disciple". »
« Et les autres? »
« A part Marie d'Alphée, il ne vient personne chez moi, Quelque femme pour un travail ou un conseil. Mais les hommes de Nazareth ne franchissent plus mon seuil. »
« Pas même Joseph et Simon ? »
« ...Non... Simon m'envoie de l'huile, de la farine, des olives, du bois, des oeufs... comme pour se faire pardonner de ne pas te comprendre, comme pour parler par ses cadeaux. Mais il les donne à Marie, sa mère, et il ne vient pas ici. Du reste, si quelqu'un venait, il ne verrait que moi, car Sintica et Jean se retirent quand quelqu'un frappe... »
« Une vie bien triste. »
« Oui. Et l'enfant en souffre un peu, si bien que maintenant Mari l'emmène avec elle quand elle fait les commissions. Mais maintenant nous ne serons plus tristes, mon Jésus, tu es ici! »
« J'y suis, Moi... Maintenant allons dormir. Bénis-moi, Maman, comme quand j'étais petit.»
« Bénis-moi, Fils, je suis ta disciple.
»
Ils s'embrassent... Allument une nouvelle lampe et sortent pour aller se reposer
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Jésus en compagnie de Sa Mère Marie
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Jésus avec Jean d’Endor et Sintica à Nazareth
« Maître ! Maître ! Maître ! » Les trois cris de Jean d'Endor qui sort de sa petite chambre pour aller se laver au bassin et se trouve en face de Jésus qui en vient, éveillent Margziam qui court hors de la pièce de Marie avec sa seule tunique sans manches et courte, encore déchaussé, tout yeux et bouche pour voir et crie : « Il y a Jésus ! » et toutes jambes pour courir et grimper dans ses bras. Et ils éveillent aussi Sintica qui dort dans l'ancien atelier de Joseph et qui en sort après un moment, déjà habillée, mais avec ses tresses très noires encore à moitié défaites et qui retombent sur ses épaules.
Jésus, qui a encore l'enfant dans les bras, salue Jean et Sintica et les exhorte à entrer dans la maison car la tramontane est très forte. Et Lui entre le premier, portant Margziam à moitié nu qui claque des dents malgré son enthousiasme, près du foyer déjà allumé où Marie se hâte de chauffer du lait et puis les habits de l'enfant pour qu'il n'attrape du mal.
Les deux autres ne parlent pas, mais semblent la personnification de la joie extatique. Jésus est assis avec l'enfant sur ses genoux, alors que Marie s'empresse de lui passer les vêtements qu'elle a fait chauffer. Jésus relève son visage et leur sourit en disant : « Je vous avais promis que je serais venu. Et aujourd'hui ou demain arrive aussi Simon le Zélote. Il est allé ailleurs pour une chose dont je l'ai chargé. Mais il ne va pas tarder et nous resterons plusieurs jours ensemble. »
La toilette de Margziam est terminée et les couleurs reviennent sur ses petites joues rendues hâves par le froid. Jésus le fait descendre de ses genoux et se lève pour passer dans la petite pièce à côté, suivi de tout le monde. Marie arrive la dernière, tenant l'enfant par la main et doucement elle lui fait des reproches : « Qu'est-ce que je devrais te faire maintenant, moi ? Tu as désobéi. Je t'avais dit : "Reste au lit, jusqu'à ce que je revienne" et tu es venu avant... »
« Je me suis éveillé aux cris de Jean.… » dit Margziam pour s'excuser.
« C'est justement alors que tu devais savoir obéir. Rester autant que l'on dort, ce n'est pas de l'obéissance et il n'y a aucun mérite à le faire. Tu devais savoir le faire quand il y avait un mérite à le faire, car cela exigeait de la volonté. Je t'aurais amené Jésus. Tu l'aurais eu tout entier pour toi et sans risquer de prendre du mal. »
« Je ne savais pas qu'il faisait si froid. »
« Mais je le savais moi. Je suis affligée de te voir désobéissant. »
« Non, Maman. Cela me donne plus de peine de te voir ainsi... Si cela n'avait pas été pour Jésus, je ne me serais pas levé, même si tu m'avais oublié au lit sans manger, Maman belle, Maman !... Donne-moi un baiser, Maman. Tu sais que je suis un pauvre enfant !... »
Marie le prend dans ses bras et l'embrasse, arrêtant ainsi les larmes sur le petit visage et y ramenant le sourire avec la promesse : « Je ne te désobéirai plus jamais, jamais, jamais plus ! »
Jésus pendant ce temps parle avec les deux disciples. Il s'informe de leurs progrès en Sagesse et, comme ils disent que tout s'éclaire en eux avec la parole de Marie, il dit : « Je le sais. La Sagesse surnaturellement lumineuse de Dieu devient une lumière intelligible même pour ceux qui ont le cœur le plus dur, quand elle est dite par elle. Mais vous n'avez pas le cœur dur et, à cause de cela, vous bénéficiez complètement de son enseignement. »
« Maintenant, tu es ici, Fils. La maîtresse redevient écolière. »
« Oh ! non ! Tu continues à être maîtresse. Je t'écouterai comme eux. Je suis seulement "le Fils" en ces jours. Rien de plus. Tu seras la Mère et la Maîtresse des chrétiens. Tu l'es dès maintenant: Moi, ton premier-né et ton premier élève, ceux-ci et avec eux Simon, quand il viendra, les autres... Vois-tu, Mère ? Le monde est ici. Le monde de demain dans le petit israélite pur qui ne s'apercevra même pas qu'il deviendra le "chrétien"; le monde, le vieux monde d'Israël dans le Zélote; l'humanité dans Jean, les gentils dans Sintica. Et ils viennent tous à toi, sainte Nourricière qui donne le lait de la Sagesse et la Vie au monde et aux siècles. Combien de bouches ont désiré s'attacher à ton sein ! Et combien le feront dans l'avenir ! Les Patriarches et les Prophètes ont soupiré après toi parce que de ton sein fécond devait venir la Nourriture de l'homme. Et ils te chercheront, les "miens", pour être pardonnés, instruits, défendus, aimés comme autant de Margziam. Et bienheureux ceux qui le feront ! Car il ne sera pas possible de persévérer dans le Christ si la grâce ne se fortifie pas par ton aide, Mère pleine de Grâce. »
Marie semble une rose dans son vêtement foncé tant son visage s'allume à la louange de son Fils. Une rose splendide dans un vêtement bien humble de grosse laine marron foncé...
Frappent et entrent en groupe Marie d'Alphée, Jacques et Jude, ces derniers chargés de brocs d'eau et de fagots. La joie de se voir est réciproque. Et elle augmente quand on apprend que bientôt viendra le Zélote. L'affection des fils d' Alphée pour lui est visible, même sans la phrase que Jude dit en réponse à l'observation de sa mère qui remarque cette joie qui est la leur : « Maman, justement dans cette maison et dans une soirée bien triste pour nous, il nous a donné une affection de père et nous l'a gardée. Nous ne pouvons l'oublier. Pour nous il est "le père". Nous sommes pour lui des "fils". Quels fils ne se réjouiraient pas de revoir un bon père ? »
Marie d'Alphée réfléchit et soupire... Puis, très pratique même dans ses peines, elle demande: « Et où va-t-il dormir ? Vous n'avez pas de place. Envoyez-le chez moi. »
« Non, Marie, il vivra sous mon toit. Mais cela va être vite fait. Sintica va dormir avec ma Mère, Moi avec Margziam, Simon dans l'atelier. Et même, il vaut mieux préparer tout de suite. Allons-y. »
Et les hommes sortent dans le jardin avec Sintica pendant que les deux Marie vont à la cuisine pour leurs occupations.
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Instruction de Jésus à Margziam
Jésus sort de la maison, tenant l'enfant par la main. Ils n'entrent pas dans le centre de Nazareth, mais au contraire en sortent par le même chemin suivi par Jésus la première fois qu'il quitta sa maison pour sa vie publique et, arrivés aux premières oliveraies, ils quittent la route principale pour prendre des sentiers à travers les arbres, en cherchant le faible soleil qui a succédé aux jours de bourrasque. Jésus invite l'enfant à courir et à sauter. Mais Margziam répond : "Je préfère rester près de Toi. Je suis grand, maintenant, et je suis un disciple."
Jésus sourit de cette... profession sérieuse d'âge et de dignité. Il est vrai que c'est un bien petit adulte qui chemine à ses côtés. Personne ne lui donnerait plus de dix ans. Mais personne ne peut dire qu'il n'est pas un disciple, et moins que tous Jésus, qui se borne à dire : "Tu vas t'ennuyer à rester silencieux pendant que je fais oraison. Je t'avais amené avec Moi pour te faire amuser."
"Je ne pourrais pas me divertir ces jours-ci... Mais rester près de Toi me soulage tant... Je t'ai tant désiré ces temps-ci... parce que... parce que..." L'enfant serre ses lèvres tremblantes et ne parle plus.
Jésus lui met la main sur la tête en disant : "Celui qui croit à ma parole ne doit pas être triste comme ceux qui ne croient pas. Je dis toujours la vérité. Même quand j'affirme qu'il n'y a pas de séparation pour les âmes des justes qui sont dans le sein d'Abraham et celles des justes qui sont sur la terre. Je suis la Résurrection et la Vie, Margziam. Et cette Vie, je l'apporte même avant d'accomplir ma mission. Tu m'as toujours dit que tes parents soupiraient après la venue du Messie et qu'ils demandaient à Dieu de vivre assez pour le voir. Ils croyaient donc en Moi. Ils se sont endormis dans cette foi. Ils sont par conséquent déjà sauvés par elle, déjà ressuscités et vivants par elle. Car c'est une foi qui donne la vie en donnant la soif de la justice. Pense au nombre de fois qu'ils ont dû résister aux tentations, pour être dignes de rencontrer le Sauveur..."
"Mais ils sont morts sans t'avoir vu, Seigneur... Et morts de quelle manière... Je les ai vus, tu sais, quand ils ont dégagé de la terre tous les morts du pays... Ma mère, mon père... mes petits frères... Que m'importe si pour me consoler ils me disaient : "Les tiens ne sont pas ainsi. Ils n'ont pas souffert" Oh ! ils n'ont pas souffert ! C'étaient donc des plumes, les pierres qui sont tombées sur eux ? C'était de l'air la terre et l'eau qui les ont suffoqués ? Et leur raison n'aura pas réagi quand ils se sentaient mourir, en pensant à moi ?.." L'enfant est très agité par la douleur. Il gesticule debout devant Jésus, quasi agressif...
Mais Jésus comprend cette douleur, ce besoin de parler et il le laisse dire. Jésus n'est pas de ceux qui disent : "Tais-toi. Tu me scandalises" à ceux qui délirent à cause d'une douleur vraie.
L'enfant continue : "Et après ? Qu'est-ce qui est arrivé après ? Tu le sais ce qui est arrivé après ! Si tu n'étais pas venu, je serais devenu une bête fauve, ou bien je serais mort comme un serpent dans le bois. Et je ne serais plus allé vers maman, vers mon père, mes petits frères car je haïssais Doras et... et je n'aimais plus Dieu comme avant, quand maman était là pour m'aimer, pour me faire aimer le prochain. J'avais presque de la haine pour les oiseaux qui se remplissaient le jabot, qui avaient des plumes chaudes, qui refaisaient leurs nids, moi qui avais faim, qui avais un vêtement déchiré, qui n'avais plus de maison... Je les chassais, moi qui aime les oiseaux, à cause de la colère qui montait en moi quand je me comparais avec eux, et puis je pleurais parce je me rendais compte que j'avais été méchant et que je méritais l'Enfer…"
"Ah ! tu te repentais donc d'avoir été méchant ?"
"Oui, Seigneur. Mais comment faire pour être bon ? Le vieux père l'était. Mais lui disait : "Bientôt tout finira. Je suis vieux..." Mais moi, je n'étais pas vieux ! Combien d'années encore avant de pouvoir travailler et manger comme un homme et non comme un chien errant ? Je serais devenu un voleur, moi, si tu n'étais pas venu."
"Tu ne le serais pas devenu, car ta mère priait pour toi. Tu vois que je suis venu et que je t'ai pris ? Cela prouve que Dieu t'aimait et que ta mère veillait sur toi."
L'enfant se tait et réfléchit. il semble demander une lumière au sol qu'il piétine, tant il le regarde, en marchant à côté de Jésus sur l'herbe un peu roussie par la tramontane des jours précédents. Puis il lève la tête en demandant : "Mais est-ce que ce n'aurait pas été une preuve plus belle s'Il n'avait pas fait mourir ma mère ?"
Jésus sourit pour la logique humaine de cette petite intelligence. Mais il explique avec sérieux et bonté : "Voici, Margziam, je vais te faire comprendre les choses par une comparaison. Tu m'as dit que tu aimés les oiseaux, n'est-ce pas ? Maintenant écoute un peu. Les oiseaux sont-ils faits pour voler ou pour rester en cage ?"
"Pour voler."
"C'est bien. Et les mères des oiseaux, comment font-elles pour les nourrir quand ils sont petits ?"
"Elles leur donnent la becquée."
"Oui, mais avec quoi ?"
"Avec des graines, des mouches, des chenilles, des miettes de pain, ou des morceaux de fruit qu'elles trouvent en volant ça et là."
"Très bien. Maintenant écoute. Si en ce printemps tu trouvais un nid par terre, avec les petits dedans et la mère dessus, que ferais- tu ?"
"Je le prendrais."
"Tout entier ? Comme il est ? La mère comprise ?"
"Tout entier, car c'est trop vilain qu'il y ait des petits sans mère."
"En réalité, dans le Deutéronome, il est dit de prendre seulement les petits en laissant libre la mère qui est sacrée pour la prolification." Mais si c'est une bonne mère, elle ne s'en va pas, elle court là où sont ses petits. C'est ainsi qu'aurait fait ma mère. Elle ne m'aurait pas donné pour toujours, même à Toi, car je suis encore enfant, Elle n'aurait pas pu venir non plus elle avec moi, car mes petits frères étaient encore plus petits que moi. Et alors, elle ne m'aurait pas laissé aller."
"C'est bien, mais écoute : selon toi, aimerais-tu mieux la mère de ces oiseaux et eux-mêmes si tu tenais la cage ouverte pour les allées et venues de la mère leur apportant une nourriture appropriée, ou bien en la gardant prisonnière ?"
"Hé !... je l'aimerais mieux en la laissant aller et venir jusqu'à ce que les petits aient grandi... et je l'aimerais tout à fait si, en gardant les petits, une fois devenus grands, je la laissais libre, elle, car l'oiseau est fait pour voler... Vraiment... pour être tout à fait bon... je devrais laisser les petits s'envoler une fois devenus grands et les rendre à la liberté... Ce serait le plus véritable amour que je pourrais avoir pour eux. Et le plus juste,… Hé ! oui ! Le plus juste, car je ne ferais que permettre que s'accomplisse ce que Dieu a voulu pour les oiseaux..."
"Mais brave Margziam ! Tu as vraiment parlé en sage. Tu seras un grand maître de ton Seigneur, et celui qui t'écoutera te croira parce que tu parleras en sage !"
"Est-ce vrai, Jésus ?" Le petit visage, d'abord inquiet et triste, puis rendu sombre par la réflexion, fermé par l'effort de juger ce qui était le meilleur, s'épanouit et s'éclaire dans la joie de la louange.
"C'est vrai. Maintenant vois un peu ! Toi, seulement parce que tu es un brave garçon, tu juges ainsi. Réfléchis comment Dieu jugera, Lui qui est la Perfection en tout, en ce qui concerne les âmes et leur vrai bien. Les âmes sont comme autant d'oiseaux que la chair emprisonne dans sa cage. La terre est le lieu où ils sont amenés dans la cage. Mais elles aspirent à la liberté du Ciel; au Soleil qui est Dieu; à la Nourriture faite pour elles qui est la contemplation de Dieu. Aucun amour humain, même le saint amour de la mère pour ses enfants ou des enfants pour leur mère, n'est assez fort pour étouffer ce désir des âmes de se réunir à leur Origine qui est Dieu. Ainsi, comme Dieu, à cause de son amour parfait pour nous, ne trouve aucune raison assez forte pour dépasser son désir de s'unir a l'âme qui le désire. Et alors, qu'arrive-t-il ? Parfois Il l'aime tant qu'il lui dit : "Viens ! Je te libère". Et il le dit même s'il y a des enfants autour d'une mère. Lui voit tout. Luisait tout. Lui fait bien tout ce qu'il fait. Quand Il libère une âme - cela n'est pas évident pour les hommes dont l'intelligence est relative - quand il libère une âme, il le fait toujours pour un bien plus grand, de l'âme elle-même et de ceux qui lui sont unis.
Lui, alors, je te l'ai déjà dit d'autres fois, ajoute au ministère de l'ange gardien le ministère de l'âme qu'Il a rappelée à Lui, et qui aime d'un amour qui est pur des pesanteurs humaines ses parents qu'elle aime en Dieu. Quand Il libère une âme, Il s'emploie à la remplacer pour les soins dont ont besoin ceux qui restent. Ne l'a-t-Il pas fait pour toi ? N'a-t-Il pas fait de toi, petit fils d'Israël, mon disciple, mon prêtre de demain ?"
"Si, Seigneur."
"Maintenant, réfléchis un peu. Ta mère sera libérée par Moi et n'aura pas besoin de tes suffrages. Mais toi, si elle était morte après la Rédemption, et qu'elle aurait eu besoin de suffrages, aurais-tu pu les lui procurer comme prêtre. Réfléchis : tu n'aurais pu que faire les frais d'une offrande à un prêtre du Temple pour qu'il fasse pour elle un sacrifice de victimes telles que des agneaux ou des colombes ou des produits de la terre. Cela seulement, si tu étais resté le petit paysan Jabé près de ta mère. Au contraire toi, Margziam, prêtre du Christ, tu pourrais célébrer directement pour elle le Sacrifice vrai de la Victime Parfaite, au nom de laquelle tous les pardons sont accordés !"
"Et je ne pourrai plus le faire ?"
"Non pour ton père, ta mère et tes petits frères. Mais tu pourras le faire pour des amis et tes disciples. N'est-ce pas beau tout cela ?"
"Oui, Seigneur."
"Alors retournons à la maison, rassérénés."
"Oui... mais je ne t'ai pas laissé faire oraison !... Cela me déplaît..."
"Mais nous avons fait oraison ! Nous avons considéré la vérité, contemplé Dieu dans ses bontés, Tout cela, c'est de l'oraison. Et tu l'as faite en véritable adulte. Allons !
Maintenant chantons un beau psaume de louange, pour la joie qui est en nous.»
Et il entonne : "Un beau chant m'est sorti du cœur..." Margziam unit sa voix argentine au bronze et or de celle de Jésus.
*
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Tome : 4/171
Jésus et l' enfant
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Simon le zélote à Nazareth
Le soir tombe vite en décembre, et on allume de bonne heure les lampes et la famille se réunit dans une seule pièce. Il en est de même dans la petite maison de Nazareth, et pendant que les deux femmes travaillent l'une au métier à tisser et l'autre à la couture, Jésus assis près de la table avec Jean d'Endor parle doucement avec lui pendant que Margziam achève de polir deux coffres posés par terre.
L'enfant y emploie toutes forces jusqu'au moment où Jésus, s'étant levé et penché sur le bois, dit en le touchant : "Maintenant cela suffit. Il est bien poli et nous pourrons le vernir demain. Maintenant range tout pour que demain nous travaillions encore." Et pendant que Margziam sort avec les outils de polissage - spatules dures avec clouées dessus des peaux rugueuses de poissons, qui remplissent l'office de notre papier de verre, et des espèces de couteaux qui ne sont sûrement pas en acier employés pour le même travail - Jésus prend dans ses bras robustes un des coffres et le porte à l'atelier, où certainement on a travaillé car il y a de la sciure et des copeaux près de l'un des établis remis pour la circonstance au milieu de la pièce. Margziam a remis ses outils en place sur leurs supports et maintenant il ramasse les copeaux pour les jeter dans le feu, et il voudrait enlever la sciure, mais Jean d'Endor préfère le faire.
Tout est en ordre maintenant quand Jésus revient avec le second coffre qu'il place près du premier. Et tous les trois vont sortir quand on entend frapper à la porte de la maison et, tout de suite après, la voix grave du Zélote résonne dans un salut profond donné à Marie : "Je te salue, Mère de mon Seigneur, et je bénis votre bonté qui me permet d'habiter sous votre toit."
"Simon est arrivé. Maintenant nous allons savoir le pourquoi de son retard. Allons..." dit Jésus.
Quand ils entrent dans la petite pièce où l'apôtre se trouve avec les femmes, il est en train de déposer un gros paquet qu'il a sur ses épaules.
"La paix à toi, Simon..."
"Oh ! Maître béni ! Je suis en retard, n'est-ce pas ? Mais j'ai tout fait et bien fait..."
Ils s'embrassent. Puis Simon continue son exposé: "Je suis allé chez la veuve du menuisier .Tes secours sont très utiles. La vieille femme est très malade et par conséquent les dépenses augmentent. Le petit menuisier s'ingénie à travailler sur des objets petits comme lui et se souvient toujours de Toi. Tous te bénissent. Puis je suis allé chez Nara, Samira et Sira. Le frère est plus dur que jamais .Mais elles sont en paix, comme des saintes qu'elles sont, et elles mangent leur pauvre pain assaisonné de larmes et de pardon. Elles te bénissent pour le secours envoyé. Mais elles te supplient de prier pour que leur dur frère se convertisse.
La vieille Rachel aussi te bénit pour l'obole. Enfin je suis allé à Tibériade pour les achats. J'espère avoir bien fait. Maintenant les femmes observeront... Mais à Tibériade j'ai été retenu par certains qui me croyaient ton estafette : Ils m'ont séquestré pendant trois jours... Oh ! une prison dorée, si l'on veut ! Mais tout de même une prison... Ils voulaient savoir tant de choses… J'ai dit la vérité en disant que tu nous avais congédiés tous, te retirant de ton côté pour le plus fort de l'hiver... Quand ils ont été persuadés que c'était vrai, parce qu'ils sont allés chez Simon de Jonas et Philippe sans te trouver et sans apprendre rien de plus, ils m'ont laissé aller. Même l'excuse du mauvais temps était tombée avec ces belles journées. Voilà pourquoi j'ai tardé."
"Peu importe. Nous aurons du temps pour rester ensemble. Je te remercie de tout... Mère, regarde avec Sintica ce qu'il y a dans le paquet, et dis-moi s'il te paraît que cela suffise pour ce que tu sais..." et, pendant que les femmes défont le paquet, Jésus s'assied pour parler avec Simon.
"Et Toi, qu'as-tu fait, Maître ?"
"J'ai fait deux coffres pour ne pas rester oisif et parce qu'ils seront utiles. Je me suis promené, j'ai joui de ma maison..." Simon le regarde fixement, fixement... mais il ne dit rien. Les exclamations de Margziam qui voit sortir du paquet de la toile, de la laine, des sandales, des voiles et des ceintures, font tourner de ce côté Jésus et les deux compagnons.
Marie dit : "Tout va bien, très bien. Nous nous mettrons tout de suite au travail, et bientôt tout sera cousu."
L'enfant demande : "Tu te maries, Jésus !"
Tous rient et Jésus demande : "D'où te vient cette idée ?"
"De ce trousseau qui est pour homme et pour dame, et des deux coffres que tu as faits. C'est pour ton trousseau et celui de l'épouse. Tu me la feras connaître ?"
"Tu veux vraiment connaître mon épouse ?"
"Oh ! oui ! Qui sait comme elle sera belle et bonne ! Comment s'appelle-t-elle ? ..."
"C'est un secret, pour le moment, car elle a deux noms, comme toi qui d'abord étais Jabé, puis Margziam."
"Et je ne peux pas les savoir ?"
"Pour le moment, non. Mais un jour, tu les sauras."
"Tu m'inviteras au mariage ?"
"Ce ne sera pas une fête pour les enfants. Je t'inviterai pour la fête nuptiale. Tu seras un des invités et des témoins. Cela te va-t-il ?"
"Mais dans combien de temps ? Un mois ?"
"Oh ! Beaucoup plus !"
"Et alors pourquoi as-tu travaillé au point de t'amener des ampoules aux mains ?"
"Elles sont venues parce que je ne travaille plus des mains. Tu vois, enfant, que l'oisiveté est pénible ? Toujours. Quand ensuite on se remet au travail, on souffre doublement parce qu'on est devenu trop délicat. Réfléchis ! Si cela nuit pareillement aux mains, quel mal cela fera à l'âme ? Vois-tu ? Moi, ce soir, j'ai dû te dire : "aide-moi" parce que je souffrais tellement que je ne pouvais tenir la râpe, alors qu'il y a seulement deux ans, je travaillais jusqu'à quatorze heures par jour sans éprouver de souffrance.
C'est la même chose pour celui qui s'attiédit dans la ferveur, dans sa volonté. Il se rend mou, il s'affaiblit. il se lasse plus facilement de tout. Avec plus de facilité, à cause de sa faiblesse, pénètrent en lui les poisons des maladies spirituelles. C'est avec une double difficulté, au contraire, qu'il accomplit les œuvres bonnes dont l'exécution ne lui coûtait pas auparavant parce qu'il était entraîné. Oh ! il ne faut pas rester oisif, en disant : "Une fois cette période passée, je me remettrai plus dispos au travail" On n'y réussirait jamais, ou bien ce serait avec une très grande fatigue."
"Mais Toi, tu n'as pas pressé !"
"Non, j'ai fait d'autre travail. Mais tu vois que l'oisiveté de mes mains leur a été nuisible." Et Jésus montre ses paumes rougies avec çà et là des ampoules.
Margziam les baise en disant : "Ma mère me faisait cela quand j'avais mal, parce que l'amour guérit."
"Oui, l'amour guérit de tant de choses... Eh bien... Viens, Simon. Tu dormiras dans l'atelier du menuisier. Viens donc que je te fasse voir où tu peux mettre tes vêtements et..."
ils sortent et tout prend fin.
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Simon le Zélote
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Une soirée dans la maison de Nazareth
Le métier à tisser est au repos, car Marie et Sintica cousent vivement les étoffes apportées par le Zélote. Les morceaux des vêtements, déjà taillés, sont pliés en tas bien rangé sur la table, couleur par couleur, et de temps à autre, les femmes en prennent un morceau, en le faufilant ensuite sur la table, de sorte que les hommes sont repoussés vers le coin où se trouve le métier au repos, tout près, mais sans s'y intéresser, du travail des femmes. Il y a là aussi les deux apôtres, Jude et Jacques d'Alphée, qui de leur côté regardent le travail féminin sans poser de questions mais, je crois, pas sans curiosité.
Et les deux cousins parlent de leurs frères, en particulier de Simon qui les a accompagnés jusqu'à la porte et puis s'en est allé "parce qu'il a un enfant souffrant" dit Jacques pour apaiser la nouvelle et excuser son frère. Jude est plus sévère et il dit : « C'est justement pour cela qu'il aurait dû venir, mais il semble que lui aussi soit devenu hébété. Comme tous les nazaréens, d'ailleurs, si on met à part Alphée et les deux disciples et qui sait maintenant où ils sont. On comprend que Nazareth n'a rien d'autre de bon. La bonté, elle l'a crachée toute entière comme si elle avait une saveur désagréable à notre ville... »
« Ne parle pas ainsi » prie Jésus. « N'empoisonne pas ton esprit... Ce n'est pas leur faute… »
« De qui, alors?»
« De tant de choses... Ne cherche pas. Mais Nazareth n'est pas toute entière ennemie. Les enfants...»
« Parce que ce sont des enfants. »
« Les femmes... »
« Parce que ce sont des femmes. Mais ce ne seront pas les enfants et les femmes qui affermiront ton Royaume. »
« Pourquoi, Jude ? Tu es dans l'erreur. Les enfants d'aujourd'hui seront justement les disciples de demain, ceux qui propageront le Royaume sur toute la terre. Et les femmes... pourquoi ne peuvent-elles pas le faire ? »
« Tu ne pourras certainement pas faire des femmes des apôtres. Elles seront tout au plus des femmes disciples, comme tu as dit, pour aider les disciples. »
« Tu changeras d'avis sur tant de choses à l'avenir, mon frère. Mais Moi, je n'essaie même pas de te faire changer d'avis. Je me heurterais à une mentalité qui te vient de siècles d'idées et de préjugés erronés sur la femme. Je te prie seulement d'observer, de remarquer, en toi, les différences que tu vois entre les femmes disciples et les disciples, et de remarquer, impartialement, comment elles répondent à mon enseignement. Tu verras, en commençant par ta mère qui, si on veut, a été la première des femmes disciples dans l'ordre du temps et de l'héroïsme, et l'est toujours, en tenant tête courageusement à un pays qui se moque d'elle parce qu'elle m'est fidèle, en résistant même aux voix de son sang qui ne lui épargne pas les reproches parce qu'elle m'est fidèle, tu verras que les femmes sont meilleures que vous. »
« Je le reconnais, c'est vrai. Mais à Nazareth même les femmes disciples, où sont-elles ? Les filles d'Alphée, les mères d'Ismaël et d'Aser et leurs sœurs. Et c'est tout. Trop peu. Je voudrais ne plus venir à Nazareth pour ne pas voir tout cela. »
« Pauvre mère ! Tu lui donnerais une grande douleur » dit Marie en intervenant dans la conversation.
« C'est vrai» dit Jacques. « Elle espère tant d'arriver à réconcilier nos frères avec Jésus et nous. Je crois qu'elle ne désire que cela. Mais ce n'est certainement pas en restant éloignés que nous le ferons. Jusqu'à présent je t'ai donné raison en restant isolé mais, à partir de demain, je veux sortir, approcher celui-ci ou celui-là... Car, si nous devons avoir à évangéliser même les gentils, pourquoi n'évangéliserions-nous pas notre ville ? Moi, je me refuse à la croire tout entière mauvaise, impossible à convertir. »
Jude Thaddée ne réplique pas, mais il est visiblement inquiet.
Simon le Zélote qui était resté toujours silencieux, intervient : « Moi, je ne voudrais pas insinuer des soupçons. Mais permettez que, pour soulager votre esprit, je vous pose une question. Celle-ci : êtes-vous sûrs que dans la réserve de Nazareth il n'y ait pas des forces étrangères venues d'ailleurs, qui ici travaillent bien d'après un élément qui devrait, si on raisonnait avec justice, donner les meilleures garanties pour donner la certitude que le Maître est le Saint de Dieu ? La connaissance de la vie parfaite de Jésus, citoyen de Nazareth, devrait rendre plus facile aux nazaréens de l'accepter comme le Messie promis. Moi, plus que vous et avec moi beaucoup d'hommes de mon âge, à Nazareth, nous avons connu, au moins de réputation, des prétendus Messies. Et je vous assure que leur vie intime démentait en eux la plus obstinée affirmation de messianité. Rome les a poursuivis férocement comme rebelles, Mais en dehors de l'idée politique, que Rome ne pouvait permettre, là où elle règne, l'existence de ces faux Messies, pour de nombreuses raisons particulières, ils auraient mérité d'être punis. Nous les agitions et les soutenions parce qu'ils nous servaient à nourrir notre esprit de révolte contre Rome. Nous les secondions parce que, obtus comme nous l'étions, nous voulions voir en eux le "roi" promis. Cela jusqu'à ce que le Maître ait manifesté clairement la vérité et malheureusement, malgré cela, nous ne croyons pas comme nous devrions, c'est-à-dire totalement.
Ces faux Messies berçaient notre esprit affligé, d'espérances d'indépendance nationale et de rétablissement du royaume d'Israël. Mais, oh ! misère ! Quel royaume instable et corrompu cela aurait été ?! Non, vraiment proclamer ces faux Messies rois d'Israël et fondateurs du Royaume promis, c'était avilir l'idée messianique. Chez le Maître, à la profondeur de la doctrine s'unit la sainteté de la vie. Et Nazareth le connaît comme aucune autre ville. Je ne pense même pas à accuser Nazareth d'incroyance à cause du caractère surnaturel de sa venue qu'eux, les nazaréens, ignorent. Mais la vie ! Mais sa vie !... Maintenant tant de rancœur, tant d'impénétrable résistance... Mais que dis-je ! Une résistance si développée ne pourrait-elle avoir pour origine des manœuvres ennemies ? Nous les connaissons les ennemis de Jésus. Nous savons ce qu'ils valent. Croyez-vous qu'il n'y a qu'ici qu'ils soient inactifs et absents, si partout ils nous ont ou précédés ou accompagnés ou suivis pour détruire l’œuvre du Christ ? N'accusez pas Nazareth comme l'unique coupable. Mais pleurez sur elle dévoyée par les ennemis de Jésus. »
« Tu as bien parlé Simon. Pleurez sur elle... » dit Jésus. Et il est attristé.
Jean d'Endor observe : « Tu as bien parlé aussi en disant que les éléments favorables deviennent défavorables Car l'homme use rarement de justice dans sa réflexion. Ici, le premier obstacle est l'humilité de la naissance, l'humilité de l'enfance, l'humilité de l'adolescence, l'humilité de la jeunesse de notre Jésus. L'homme oublie que la vraie valeur se cache sous des apparences modestes alors que la nullité se déguise en êtres puissants pour s'imposer à la foule. »
« C'est possible... Mais rien ne change ma pensée au sujet de mes concitoyens. Quelque chose qu'on ait pu leur dire, ils devaient savoir juger d'après les œuvres réelles du Maître et non d'après les paroles d'inconnus. »
Un long silence, rompu seulement par le bruit de la toile que la Vierge coupe en bandes pour en faire des volants. Sintica n'a jamais parlé tout en restant très attentive. Elle garde toujours son attitude de profond respect, de réserve qui ne se fait moins rigide qu'avec la Vierge et l'enfant. Mais maintenant l'enfant s'est endormi, assis sur un banc, juste aux pieds de Sintica et la tête appuyée sur les genoux de celle-ci, sur son bras replié; Aussi elle ne bouge pas et elle attend que Marie lui passe les morceaux d'étoffe.
« Quel sommeil innocent ! Il sourit... » remarque Marie en se penchant sur le petit visage du dormeur.
« Qui sait à quoi il rêve ? » dit en souriant Simon.
« C'est un enfant très intelligent » dit Jean.
« Il apprend rapidement et il veut avoir des explications claires. Il pose des questions, très subtiles et il veut des réponses claires. Sur tout. Je reconnais que parfois je suis embarrassé sur la réponse à donner. Ce sont des raisonnements supérieurs à son âge et aussi à mes possibilités d'explication. »
« Oui! Comme ce jour... Te rappelles-tu, Jean ? Tu avais deux élèves très difficiles, ce jour-là ! Et très ignorants ! » dit Sintica en souriant légèrement et en fixant le disciple de son regard profond.
Jean sourit à son tour et dit : « Oui. Et vous avez un maître très incapable qui doit appeler à son secours la vraie Maîtresse... car, dans aucun des nombreux livres que j'avais lus, je n'avais trouvé la réponse à donner à un enfant, sot pédagogue que j'étais. C'est signe que je suis un pédagogue encore ignorant. »
« La science humaine est encore de l'ignorance, Jean. Ce n'est pas le pédagogue, mais ce qu'on lui avait donné pour l'être qui était insuffisant. La pauvre science humaine ! Oh ! comme elle me semble mutilée ! Cela me fait penser à une déité qui était honorée en Grèce. Il fallait le matérialisme païen pour pouvoir croire qu'étant privée d'ailes, la victoire serait pour toujours en possession des grecs ! Non seulement ce furent les ailes pour la Victoire, mais la liberté nous fut enlevée...
Il aurait mieux valu qu'elle eût des ailes, d'après notre croyance. Nous aurions pu la croire capable de voler pour dérober les foudres célestes afin de flécher les ennemis. Mais dans l'état où elle était, elle ne donnait pas l'espérance mais le découragement, mais une parole de tristesse. Je ne pouvais la voir sans souffrir:.. Elle me paraissait souffrante, avilie par sa mutilation. Un symbole de douleur et non pas de joie... Et elle le fut. Mais comme pour la Victoire l'homme agit avec la Science. Il lui mutile les ailes qui permettraient d'atteindre le savoir du Surnaturel, en lui donnant des clefs pour ouvrir tant de secrets du connaissable et de la création. Ils ont cru et ils croient la tenir captive en lui mutilant les ailes... Ils n'en ont fait qu'une déficiente... La science ailée ce serait la Sagesse. Comme elle est, ce n'est qu'une compréhension partielle. »
« Et ma Mère vous a répondu ce jour-là ? »
« Avec une clarté parfaite et une chaste parole, pouvant être entendue par un enfant et deux adultes de sexe différent sans que personne eût à rougir . »
« Sur quoi portait-elle ? »
« Sur la faute d'origine, Maître. J'ai écrit l'explication de ta Mère pour m'en souvenir » dit encore Sintica, et Jean d'Endor dit aussi : « Moi de même. Je crois que c'est une chose sur laquelle on nous interrogera beaucoup, si un jour on va parmi les gentils. Moi, je ne pense pas y aller parce que... »
« Pourquoi, Jean ? »
« Parce que j'ai peu de temps à vivre. »
« Mais tu y irais volontiers ? »
« Plus que beaucoup d'autres en Israël, parce que je n'ai pas de préventions. Et aussi... Oui, aussi pour cela. J'ai donné le mauvais exemple parmi les gentils, à Cintium, et en Anatolie. J'aurais voulu arriver à faire le bien où j'ai fait du mal. Le bien à faire : apporter ta parole là-bas, te faire connaître... Mais ce serait trop d'honneur... Je ne le mérite pas. »
Jésus le regarde en souriant, mais ne dit rien à ce sujet. Il demande : « Et vous n'avez pas d'autres questions à me poser ? »
« Moi, j'en ai une. Elle m'est venue l'autre soir, quand tu parlais de l'oisiveté avec l'enfant. J'ai cherché à me donner une réponse, mais sans y réussir. J'attendais le sabbat pour te la faire, quand les mains sont inoccupées et que notre âme, entre tes mains, s'élève vers Dieu » dit Sintica.
« Pose maintenant ta question pendant que l'on attend l'heure du repos. »
« Voici, Maître. Tu as dit que si quelqu'un s'attiédit dans le travail spirituel, il s'affaiblit et se prédispose aux maladies de l'esprit. N'est-ce pas ? »
« Oui, femme. »
« Maintenant cela me semble en opposition avec ce que j'ai entendu de Toi et de ta Mère sur la faute d'origine, ses effets en nous, la libération de cette faute par ton intermédiaire. Vous m'avez enseigné que par la Rédemption sera annulée la faute d'origine. Je crois ne pas me tromper en disant qu'elle sera annulée non pas pour tous, mais seulement pour ceux qui croiront en Toi. »
« C'est vrai. »
« Je laisse donc les autres et je prends un de ces sauvés. Je le considère après les effets de la Rédemption. Son âme n'a plus la faute d'origine. Elle revient donc en possession de la Grâce comme l'avaient les premiers Parents. Cela ne lui donne-t-il pas alors une vigueur, qu'aucune langueur ne peut attaquer ? Tu diras : "L'homme fait aussi des péchés personnels". C'est d'accord, mais je pense qu'eux aussi tomberont avec ta Rédemption. Je ne te demande pas comment. Mais je suppose que pour témoigner qu'elle a vraiment existé - et je ne sais pas d'ailleurs comment elle se produira, bien que tout ce qui se rapporte à Toi dans le Livre sacré fasse trembler, et j'espère qu'il s'agit d'une souffrance symbolique, limitée au moral, bien que la douleur morale ne soit pas une illusion mais un spasme peut-être plus atroce que le spasme physique - je suppose que tu laisseras, des moyens, des symboles. Toutes les religions en ont et on les appelle alors des mystères... Le baptême actuel en vigueur en Israël, en est un, n'est-ce pas ? »
« Oui. Et il y aura, avec des noms différents de ceux que tu leur donnes, dans ma religion aussi des signes de ma Rédemption appliqués aux âmes pour les purifier, les fortifier, les éclairer, les soutenir, les nourrir, les absoudre. »
« Et alors ? Si elles sont absoutes aussi des péchés personnels, elles seront toujours en grâce... Comment alors seront-elles faibles et prédisposées à des maladies spirituelles ? »
« Je t'apporte une comparaison. Prenons un enfant qui vient de naître de parents très sains, sain et robuste lui aussi. Il n'y a en lui aucune tare physique, héréditaire. Son organisme est parfait pour le squelette et les organes. Il jouit d'un sang qui est sain. Il a, par conséquent, tout ce qui est requis pour grandir fort et sain, parce qu'aussi la mère a un lait abondant et nourrissant. Mais dès le premier instant de sa vie, il est atteint par une très grave maladie, dont on ne connaît pas la cause. Une maladie vraiment mortelle. Il s'en tire difficilement, grâce à la pitié de Dieu qui lui garde la vie, déjà sur le point de quitter son petit corps. Eh bien, crois-tu qu'après cela cet enfant sera robuste comme s'il n'avait pas eu ce mal ? Non, il y aura une faiblesse permanente en lui. Même si elle n'est pas visible, elle existera et le prédisposera aux maladies qu'il aurait évitées s'il n'avait pas été malade. Quelque organe ne sera plus intègre comme avant. Son sang sera moins résistant et moins pur qu'auparavant, toutes raisons pour lesquelles il contractera plus facilement des maladies et celles-ci, quand elles l'atteindront, le prédisposeront à tomber de nouveau malade.
Il en est de même dans le domaine spirituel. La Faute d'origine sera effacée chez ceux qui croient en Moi. Mais l'esprit conservera une tendance au péché que sans la Faute originelle il n'aurait pas eue. C'est pour cela qu'il faut surveiller et soigner continuellement son esprit comme le fait une mère soucieuse pour son cher petit resté affaibli à la suite d'une maladie infantile. Il faut donc éviter l'oisiveté et être toujours actif pour fortifier les vertus. Si quelqu'un tombe dans la paresse ou la tiédeur il sera plus facilement séduit par Satan. Et tout péché grave, parce qu'il ressemble à une grave rechute, le disposera toujours plus à l'infirmité et à la mort de l'esprit. Au contraire, si rendue par la Rédemption, la Grâce est aidée par une volonté active et infatigable, voilà qu'elle se garde. Et non seulement cela. Mais elle grandit associée aux vertus conquises par l'homme. Sainteté et Grâce ! Quelles ailes sûres pour voler vers Dieu ! As-tu compris ? »
« Oui, mon Seigneur. Toi, c'est-à-dire la Trinité très sainte, vous donnez à l'homme la base qu'il lui faut. L'homme, grâce à son travail et à son attention, doit éviter sa destruction. J'ai compris, Tout péché grave détruit la Grâce, c'est-à-dire la santé de l'esprit. Les signes que tu nous laisseras rendront la santé, c'est vrai, mais le pécheur obstiné, qui refuse la lutte contre le péché, deviendra à chaque fois plus faible même si chaque fois il reçoit le pardon. Il faut donc lutter pour ne pas périr. Merci, Seigneur... Margziam s'éveille. Il est tard... »
« Oui, prions tous ensemble, et puis allons nous reposer. » Jésus se lève, et tous l'imitent, même l'enfant encore à moitié endormi.
Et le "Pater noster" résonne plein de force et d'harmonie dans la petite pièce.
*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2004/index.htm#170
Tome : 4/173
https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t18376-oeuvre-de-maria-valtorta-presentation-des-disciples-de-jesus
Jésus prie le " Notre Père " avec Ses disciples
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Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥
Jésus avec Salomé, épouse du cousin Simon
Jésus, avec Simon le Zélote et Margziam, traverse Nazareth en se dirigeant vers la campagne qui s'étend vers Cana. Et il la traverse, sa ville, incrédule et hostile, en prenant justement les rues les plus centrales et en coupant de biais la place du marché, fréquentée à cette heure matinale. Plusieurs se retournent pour le regarder : quelques rares habitants le saluent, les femmes, surtout les plus âgées, Lui sourient mais, à part quelques enfants, personne ne vient à Lui. Un murmure le suit quand il est passé. Jésus voit certainement tout, mais ne le manifeste pas. Il parle avec Simon ou avec l'enfant, qui est entre les deux hommes, et il suit son chemin.
Ils sont maintenant aux dernières maisons. Sur le seuil d'une porte se trouve. Il semble qu'elle attende quelqu'un. Quand elle voit Jésus, elle est sur le point d'avancer, puis elle s'arrête et baisse la tête en rougissant.
"C'est une parente, c'est l'épouse de Simon d'Alphée" dit Jésus à l'apôtre.
La femme parait sur les épines, en proie à des sentiments opposés. Elle change de couleur, lève les yeux et les abaisse. Tout son visage exprime un désir de parler que quelque motif retient.
"La paix à toi, Salomé" lui dit pour la saluer Jésus qui est à sa hauteur.
La femme le regarde comme étonnée par le ton affectueux de son Parent, et elle répond, en rougissant encore davantage : "La paix à..." L'envie de pleurer l'empêche de finir la phrase, Elle couvre son visage en repliant son bras et elle pleure angoissée, contre l'huisserie de la porte de la maison.
"Pourquoi pleures-tu ainsi, Salomé ? Ne puis-je rien faire pour te consoler ? Viens ici, dans ce coin, et dis-moi ce que tu as..." et il la prend par le coude et la conduit dans une petite ruelle entre sa maison et le jardin d'une autre maison. Simon avec Margziam, tout étonné, restent à l'entrée de la ruelle.
"Qu'as-tu, Salomé ? Tu sais que je t'aime bien, que je vous ai toujours bien aimés.
Tous. Et qu'il en est toujours ainsi. Tu dois y croire et pour ce motif avoir confiance..."
Les pleurs s'arrêtent comme pour écouter ces paroles et en comprendre le vrai sens, et puis reprennent plus forts, alternant avec des paroles décousues : "Toi oui… Nous... Pas moi, pourtant... Et pas même Simon... Mais lui est plus sot que moi... Moi, je lui disais... "Appelle Jésus"... Mais tout le pays est contre nous... contre Toi... contre moi... contre mon enfant..." Arrivé au point tragique, les pleurs deviennent à leur tour tragiques. La femme se tord et gémit en se frappant le visage comme si la douleur la faisait délirer.
Jésus lui prend les mains en disant : "Non pas ainsi. Je suis ici pour te consoler. Parle et Moi, je ferai tout..."
La femme le regarde en écarquillant les yeux par l'étonnement et la souffrance. Mais l'espoir lui donne la force de parler, et elle parle posément : "Même si Simon est coupable, auras-tu pitié de moi ? Vraiment ? ...Oh ! Jésus qui sauves tout le monde ! Mon petit ! Alphée, le dernier, il est malade... il meurt !... Tu l'aimais, Alphée. Tu lui découpais des jouets dans le bois... Tu le soulevais pour qu'il cueille le raisin et les figues de tes arbres... et avant de partir pour ...pour aller dans le monde, tu lui enseignais déjà tant de bonnes choses... Maintenant, tu ne pourrais plus... Il est comme mort... Il ne mangera plus de raisin ni de figues. Il n'apprendra plus rien..." et elle pleure à chaudes larmes.
"Salomé, sois bonne. Dis-moi ce qu'il a."
"Son ventre est très malade. Il a crié, éprouvé des spasmes, déliré pendant tant de jours. Maintenant il ne parle plus. Il est comme quelqu'un que l'on a frappé à la tête. Il gémit, mais ne répond pas. Il ne sait même pas qu'il gémit. Il est livide. Déjà il se refroidit. Et il y a tant de jours que je supplie Simon d'aller te trouver. Mais... Oh ! je l'ai toujours aimé, mais à présent je le hais car c'est un sot qui pour une idée stupide fait mourir mon enfant. Mais lui mort, je m'en irai, dans ma maison avec mes autres enfants. Il n'est pas capable d'être père quand il le faut. Et moi, je défends mes enfants. Je m'en vais. Oui. Que le monde dise ce qu'il veut. Je m'en vais."
"Ne parle pas ainsi. Renonce tout de suite à cette pensée de vengeance."
"De justice. Je me révolte, tu le vois ? Moi, je t'ai attendu parce que personne ne te disait : "Viens". Moi, je te le dis. Mais j'ai dû le faire comme si c'était une mauvaise action, et je ne puis te dire : "Entre" car dans la maison, il y a les gens de Joseph et..."
"Il n'est pas nécessaire. Me promets-tu de pardonner à Simon ? D'être toujours bonne épouse ? Si tu me le promets Moi, je te dis : "Rentre chez toi, et ton fils guéri te sourira". Peux-tu le croire ?"
"Moi, je crois en Toi. Même contre tout le monde, je crois."
"Et comme tu as la foi, peux-tu avoir le pardon ?"
"...Vas-tu vraiment me le guérir ?"
"Non seulement cela. Je te promets que cessera le doute de Simon sur Moi, et le petit Alphée, et avec lui les autres enfants, et toi avec ton époux, leur père, vous reviendrez dans ma maison. Marie dit si souvent ton nom..."
"Oh ! Marie, Marie ! Il est né quand elle était là, Alphée... Oui, Jésus, je pardonnerai. Je ne lui dirai rien... Non, plutôt je lui dirai : "Voici comme Jésus répond à ta manière d'agir : en te rendant un fils". Cela, je peux le dire !"
"Tu peux le dire... Va, Salomé. Va ! Ne pleure plus. Adieu. La paix à toi, bonne Salomé. Va, Va !" Il la ramène à la porte, la regarde entrer, sourit en voyant que toute anxieuse elle court vers l'entrée sans même fermer la porte, et Lui s'approche lentement pour la fermer complètement.
Il se tourne vers ses deux compagnons et il dit : "Et maintenant allons où nous devions aller..."
"Crois-tu que Simon se convertira ?" demande le Zélote.
"Ce n'est pas un infidèle. C'est seulement quelqu'un qui se laisse dominer par le plus fort."
"Oh! mais alors! Plus fort que le miracle !"
"Tu vois que tu te réponds par toi-même... Je suis content d'avoir sauvé l'enfant. Je l'ai vu quand il avait quelques heures et il m'a toujours bien aimé..."
"Comme moi? Et il deviendra disciple ?" demande Margziam intéressé et qui a du mal à croire que quelqu'un puisse aimer Jésus comme il l'aime.
"Toi, tu m'aimes comme enfant et comme disciple. Alphée m'aimait seulement comme enfant, Mais après, il m'aimera aussi comme disciple. Mais maintenant il est encore enfant. Il a huit ans environ. Tu le verras."
"Alors, comme enfant et disciple, il n'y a que moi ?"
"Toi seul, pour l'instant. Tu es le chef des enfants disciples. Quand tu seras tout à fait homme, rappelle-toi que tu as su être un disciple qui n'est pas inférieur aux hommes, et par conséquent ouvre les bras à tous les enfants qui viendront à toi en me cher- chant et en disant: " Je veux être disciple du Christ". Le feras-tu ?"
"Je le ferai" promet sérieusement Margziam...
La campagne découverte, toute ensoleillée, les entoure maintenant et ils s'éloignent de moi, dans le soleil...
*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2004/index.htm#170
Tome : 4/174
Simon le zélote
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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