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Québec et la crise étudiante

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Message par Maud Jeu 24 Mai 2012 - 8:52

Sur le Forum nos cousins Québécois ne parlent pas de ces manifestations estudiantines qui secouent Montréal depuis plusieurs semaines ...

la raison serai-ce ...parce que c'est un phénomène rare pour ce pays reconnu calme et sans remous ...et qui les dépassent un peu ?

La question est posée ...




******

Québec: la crise étudiante cristallise la grogne sur plusieurs fronts
Par Par Michel VIATTEAU | AFP – il y a 8 heures


La manifestation géante de mardi à Montréal montre qu'en adoptant une loi contre la liberté de manifester, le gouvernement québécois a retourné contre lui une partie de l'opinion publique qui lui adresse maintenant maints griefs sans lien avec les frais de scolarité.

"Les gens s'allient aux étudiants parce que (le Premier ministre québécois Jean) Charest a poussé le bouchon trop loin", dit à l'AFP le sociologue de l'Université de Montréal Jacques Hamel. "Une menace plane sur les droits fondamentaux, la liberté d'expression, la liberté d'association".

Son confrère Marcos Ancelovici, spécialiste de la jeunesse et des mouvements sociaux à l'Université McGill, n'est pas loin d'exprimer la même opinion. "Le gouvernement s'est tiré dans le pied" en faisant adopter vendredi par le parlement de la province une loi restreignant la liberté de manifester, dit-il.

Au début du conflit, le gouvernement de M. Charest, très impopulaire après neuf ans au pouvoir, comptait faire remonter sa cote, une majorité de Québécois approuvant ses positions fermes sur la hausse des frais de scolarité. Mais, le conflit perdurant, il a durci le ton et sa popularité a commencé à péricliter.

"Aujourd'hui, même ceux qui étaient pour la hausse des droits voient que la loi spéciale est contre-productive et qu'elle a amplifié la mobilisation", souligne M. Ancelovici.

- L'influences des "cousins français"? -

C'est en définitive tout un faisceau de facteurs qui surgit pour mettre la gouvernement en difficulté.

D'une part, pour M. Hamel, le Québec, traditionnellement plus à gauche que les autres provinces canadiennes, pourrait faire encore un pas dans cette direction.

"Peut-être qu'on imite nos cousins français, on sent que le vent tourne. Le gouvernement a sous-estimé le fait que son discours néo-libéral est en perte de vitesse et que sa vision de l'Etat est à bout de souffle", dit-il.

S'y ajoutent aussi, pense le sociologue, les soupçons de corruption et de financements politiques obscurs, et le mécontentement des mouvements écologistes sur l'exploitation du gaz de schiste, l'avenir de la seule centrale nucléaire de la province et l'exploration pétrolière dans le golfe du Saint-Laurent.

Mais un éditorialiste du quotidien La Presse, Mario Roy, pense que la contestation n'est le fait que d'une "gauche décentrée, en réalité très minoritaire, mais ardemment militante, bruyante, appuyée par des élites populistes et populaires".
Les deux universitaires tombent d'accord pour dire que seule la reprise
des négociations peut apporter la solution.

La ministre de l'Education Michelle Courchesne a invité mercredi les étudiants à une reprise du dialogue, mais elle a écarté l'idée d'un moratoire sur l'introduction des hausses des droits de scolarité prévue à l'automne.

"Sur le moratoire, les étudiants, les associations étudiantes savent très bien que ce n'est pas une possibilité, ce n'est pas quelque chose qui est envisagé", a-t-elle dit.
Les organisations estudiantines se disent elles aussi ouvertes aux pourparlers. La présidente de l'une d'elles, Martine Desjardins, a toutefois insisté sur le fait qu'"on n'a pas à dire qu'on ne parlera pas d'un moratoire, tout doit être sur la table".

"Je vais apporter mon dictionnaire de synonymes pour s'assurer qu'on trouve une autre façon de dire les choses qui va convenir aux deux parties et qu'on trouve une voie de solution", a-t-elle dit.

Quoi qu'il en soit, personne ne se hasarde à prévoir la fin du conflit. "En tant que professeur, je crains que cela perdure tout l'été jusqu'à la reprise des cours en août", dit M. Hamel.


http://fr.news.yahoo.com/qu%C3%A9bec-crise-%C3%A9tudiante-cristallise-grogne-plusieurs-fronts-191936255.html
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Message par Bénédicte777 Jeu 24 Mai 2012 - 9:51

Oui, j'ai entendu ce matin, à propos de la restriction du droit de manifester. Ne même plus tolérer une opposition déclarée et manifestée visiblement ! C'est effarant!
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Message par Bénédicte777 Jeu 24 Mai 2012 - 19:51

700 personnes arrêtées au Québec, suite aux manifestations et à la nouvelle loi!!!!

http://www.challenges.fr/monde/20120524.FAP3952/manifestations-au-quebec-pres-de-700-personnes-arretees.html
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Message par Gilles Ven 25 Mai 2012 - 4:47

le 24/05/2012 à 21:23

Québec et la crise étudiante  26ef991a-a5d5-11e1-978b-b41e9c4c36dc-493x328
Une jeune femme arrêtée lors de la manifestation mercredi soir à Montréal.

Le conflit étudiant se durcit encore au Québec...

Près de 700 manifestants ont été arrêtés dans la nuit de mercredi à jeudi à Montréal et à Québec, avant d'être relâchés.


Québec et la crise étudiante  Coeur-La contestation ne faiblit pas au Québec. Plus de 100 jours après le début du mouvement contre la hausse des frais de scolarité, 518 manifestants ont été arrêtés à Montréal et 170 à Québec. C'est la première fois que les forces de l'ordre procèdent à une «arrestation de groupe» aussi massive dans la province canadienne pour «attroupement illégal». Douze autres arrestations individuelles ont eu lieu.
La contestation est en train de changer de nature, de nombreux manifestants entendant protester non seulement contre la hausse des frais de scolarité, à l'origine du différend vieux de près de quatre mois, mais aussi contre une loi spéciale, adoptée par le gouvernement provincial de centre-droit de Jean Charest, pour restreindre la liberté de manifester. La manifestation de mercredi à Montréal avait été déclarée illégale parce que ses organisateurs n'avaient pas déposé son itinéraire auprès de la police, comme l'exigent la loi spéciale adoptée vendredi dernier et un règlement municipal. Mais jusqu'à présent, de telles situations n'avaient jamais débouché sur des arrestations massives.

«C'est une arrestation de masse complètement arbitraire. C'était probablement planifié d'avance», a déclaré un jeune marcheur interrogé par la chaîne publique Radio-Canada, indiquant que les policiers s'étaient positionnés à des intersections pour boucler facilement un groupe de manifestants. «Ils avaient simplement à refermer la boîte pour pouvoir tous nous arrêter», alors que «même les agents, ici, ne savaient pas trop pour quelle raison ils nous arrêtaient», a dit le jeune homme, affirmant n'avoir rien fait de répréhensible «à part revendiquer ses droits, à part revendiquer ses opinions». «Si c'est considéré illégal dans notre société, je pense qu'il y a un problème», a-t-il ajouté.

Tous les manifestants relâchés


Un porte-parole de la police de Montréal Ian Lafrenière, a souligné que la manifestation avait été déclarée illégale vers 20h30 locales et que les arrestations avaient eu lieu vers minuit, donc les manifestants auraient pu «facilement se disperser et partir». Selon un usage établi en un mois de manifestations nocturnes quotidiennes - celle de mercredi soir était la 30e de la série - les marches déclarées illégales étaient tolérées tant que des méfaits, tels que jets de projectiles sur les policiers, n'étaient pas commis.

Les manifestants arrêtés à Montréal ont été menottés, les mains dans le dos, et ont passé plus de quatre heures dans des bus, avant de recevoir une amende de 634 dollars. Quatre doivent être poursuivis pour avoir commis des actes criminels, dont des voies de fait contre les forces de l'ordre. Toutes les personnes arrêtées ont été relâchées jeudi matin, a indiqué une porte-parole de la police.

Ces incidents sont survenus au 101e jour de la grève étudiante, au lendemain d'une manifestation monstre qui a attiré de 100.000 à 250.000 personnes à Montréal, selon les sources, à défaut d'estimation officielle. Loin de s'épuiser, le mouvement s'est enrichi ces derniers jours d'une nouvelle forme d'action, les habitants de plusieurs quartiers de Montréal organisant des concerts de casseroles nocturnes pour exprimer leur soutien aux contestataires.

Paradoxalement, les arrestations massives interviennent au moment où les deux parties se disent prêtes à reprendre des négociations pour mettre fin au conflit. La ministre de l'Education Michelle Courchesne l'a confirmé jeudi matin, tout en se refusant à évoquer une date pour une «rencontre très importante» à venir et indiquant vouloir prendre le temps de la préparation nécessaire.

Québec et la crise étudiante  Logo_LeFigaroFR (Avec AFP)



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Nos cousins du Québec tiennent la rue depuis 100 jours (Cliquer sur les photos pour agrandir)


Bon, c’est tout moi ça. Depuis quelques jours, je suis, via twitter, la montée de la contestation chez nous cousins de la « Belle Province ». Un truc assez décapant : vu de l’hexagone, le Québec, comme toute l’Amérique du nord, apparaît comme une sorte de monde libéral enclos dont il ne faut rien attendre. Et là, paf dans nos certitudes eurocentrées : cent jours de grève, des dizaines de manifestations monstres dont 29 de nuit. Ce mercredi matin, je me réveille donc en me disant « faut écrire sur le Québec, ce black out médiatique en France est insupportable ». Et là, voilà que tous les « grands titres » en parlent enfin. Mais, je vais quand même m’en tenir à ce que j’avais prévu.


Québec et la crise étudiante  Manifencours-quc3a9bec-1
Au départ de ce mouvement, le « printemps érable », connu aussi sous le nom de #manifencours ou de Grève générale illimitée, il y a le projet du gouvernement libéral dirigé par Charest d’augmenter les frais d’inscription à l’université. D’ici 2017, ils pourraient ainsi passer de 2 168 dollars à 3 793 dollars par an, soit une hausse de 75 %. Ce projet a divisé les étudiants québécois entre « carrés rouges », qui y sont opposés, et « carrés verts » qui le soutenaient. Depuis vendredi dernier, les événement sont pris une tournure radicalement nouvelle, qui voit la disparition du clivage.
En effet, le gouvernement a pris l’initiative de faire adopter une loi d’exception. Votée après vingt-et-une heures de débat, la « loi 78 » vise à limiter les manifestations et à éradiquer les piquets de grève devant les établissements universitaires, jusqu’en juillet 2013. Les organisateurs de manifestations sont désormais tenus de prévenir huit heures à l’avance les autorités pour tout événement rassemblant plus de cinquante personnes. Ils doivent en communiquer le parcours ainsi que la durée.
Québec et la crise étudiante  Manifencours-quc3a9bec-2
Cette loi scélérate a fini de mettre le feu aux poudres. Autour des revendications estudiantines, d’autres corps sociaux ont exprimé les leurs. C’est désormais une « grève sociale » qui est en cours au Québec. La violence de la répression policière met de l’huile sur le feu. Les témoignages se succèdent pour la mettre en lumière. Au point qu’Amnisty International Québec a réagi sur son site :


« Amnistie internationale s’inquiète du fait que les tactiques utilisées par les forces policières face à certains incidents violents et aux manifestations pacifiques, ainsi que les mesures de sécurité adoptées dans certaines universités, soulèvent des questions troublantes sur le respect de ces droits fondamentaux : usage excessif de la force par les autorités policières, arrestations massives et potentiellement arbitraires, intimidation et profilage par des forces de sécurité sur les lieux de l’université. »
Québec et la crise étudiante  Manifencours-quc3a9bec-3

Mais les manifestants restent pourtant calme, répliquant par une campagne de désobéissance civile. Ainsi, la grande manifestation du mardi 22 mai a vu le cortège fort de plus de 250 000 personnes dévier de son itinéraire annoncé, pied de nez aux forces de l’ordre et à la « loi 78 ». Visiblement, les syndicats, très puissants dans la « Belle Province », ont compris que la loi permettrait au gouvernement de limiter leur capacité de réaction et de mobilisation. L’ancienne figure de proue de la grève étudiante de 2005, Xavier Lafrance a ainsi lancé un appel à l’« unité » aux grandes centrales syndicales afin qu’elles pressent leurs membres à être dans la rue au côté des 156 000 étudiants toujours en grève. « Il faut élargir la lutte ! », a expliqué Xavier Lafrance, faisant remarquer qu’une organisation a déjà adopté une résolution ouvrant la porte à « une grève générale et sociale avec [ses] alliés contre les mesures rétrogrades du gouvernement ».
C’est donc tout le Québec qui est en ébullition face à un gouvernement bien ancré à droite et qui a décidé de jouer son va-tout sur la répression du mouvement contestataire. Comme nous le savons en France, l’attitude du pouvoir vis à vis des mobilisations estudiantines est souvent le laboratoire des politiques répressives qui pourraient être mises en œuvre contre l’ensemble du mouvement social. Il faut savoir, dans ce cadre, que le Québec est réputé comme la province la plus à gauche du Canada. L’épreuve de force a donc valeur exemplaire pour tout un pays.
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Message par Gilles Sam 26 Mai 2012 - 15:13

Robert Dutrisac
26 mai 2012 Politique / Québec



Conflit étudiant - La carotte et la matraque...



Québec et la crise étudiante  Image
Photo : Clément Allard - Le Devoir


Dans un conflit entre l’État et ses employés, l’adoption d’une loi spéciale répressive sonne la fin de la récréation. Le gouvernement s’est sert comme d’une carte ultime qui met fin aux négociations et ordonne un retour au travail. Avec la crise étudiante, dont les développements ne cesseront de nous étonner, il en va tout autrement. Non seulement la loi spéciale n’a rien réglé, mais elle sera suivie par une séance de négociations entre les trois associations étudiantes et la ministre Michelle Courchesne. Non seulement la loi spéciale n’a rien réglé, mais elle a renforcé le rapport de forces des étudiants - du moins, c’est leur perception et c’est ce qui compte - en augmentant leur capital de sympathie au sein de la population. Pire, de nombreux citoyens se sont sentis attaqués dans leurs droits par cette loi-matraque.

En annonçant son intention de déposer le projet de loi il y a un peu plus d’une semaine, le premier ministre Jean Charest avait soutenu qu’il n’y a «aucune raison que ça n’ait pas pour effet de baisser la pression». Tout le monde retrouvera son calme, avait-il prédit.

La nouvelle ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport, Michelle Courchesne, qui avait rencontré les représentants des associations étudiantes la veille, venait de faire son rapport au Conseil des ministres: «De leur côté, j’ai constaté un durcissement de leur position, ça, c’est très clair dans mon esprit.» C’est cette présumée intransigeance qui justifiait le recours à la loi spéciale.

Or, une fois la loi spéciale adoptée avec l’appui des députés de la Coalition avenir Québec, Michelle Courchesne s’est empressée d’affirmer que le gouvernement était ouvert à la discussion. Mais elle a tenu à définir clairement sa position de négociation : pas question de parler de moratoire ou des droits de scolarité. «Je ne négocierai pas sur la place publique», a-t-elle clamé en direct sur les ondes de LCN, alors que la présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), Martine Desjardins, aux côtés du journaliste Paul Larocque dans l’autre moitié de l’écran, répliquait en direct aux affirmations de la ministre à mesure qu’elle les prononçait. La magie d’une négociation en direct à la télé.

En vue de cette ronde de négociations qui débutera la semaine prochaine, on se demande bien quel mandat le premier ministre confiera à sa ministre. De quoi va-t-on parler, si ce n’est d’un moratoire, quel que soit le terme qui enveloppera cette notion ? Après la matraque, quelle sera la carotte?

Déjà dans l’entente du 4 mai que les associations étudiantes ont rejetée, figurait un moratoire technique, qui n’en portait pas le nom. Ainsi, le paiement d’une somme de 125 $ en frais afférents - les frais institutionnels obligatoires (FIO) - était différé pour le trimestre d’automne, une mesure qui aurait pu être étendue au trimestre d’hiver. Ces sommes seraient différées dans l’attente du rapport du Comité provisoire sur la gestion des universités qui aurait fait des recommandations à la ministre sur des économies possibles dans l’administration des universités. Ce montant de 250 $ correspond à la hausse nette des droits de scolarité prévue pour l’an prochain.

À la suite du rejet de l’entente, la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) a présenté un autre projet d’entente que son président Léo Bureau-Blouin s’est engagé à recommander à ses membres. Ce projet reprend les grandes lignes de l’entente du 4 mai tout en proposant une représentation plus importante des étudiants au sein du Comité provisoire et en précisant certains de ses éléments. Les étudiants avaient commis l’erreur de laisser le négociateur gouvernemental Pierre Pilote rédiger seul le texte de l’entente finale. On ne les y reprendra plus, assure-t-on.

Au-delà de la hausse des droits de scolarité, le gouvernement Charest mène une charge contre le droit des associations étudiantes de déclencher des grèves. Or c’est la pratique au Québec depuis 40 ans, une particularité qui n’existe pas dans le reste Canada. C’est l’équivalent des dispositions antibriseurs de grève que l’on retrouve dans le Code du travail québécois. Cette disposition n’existe pas non plus dans le reste du Canada.

Dès le début du conflit, Jean Charest et ses ministres ont insisté sur le «droit à l’éducation» des étudiants dont les associations ont déclenché la grève. Or, comme le font remarquer nombre de juristes, dont Christian Brunelle et Louis-Philippe Lampron, ce droit à l’éducation collégiale et universitaire n’est pas garanti par les chartes: la Charte québécoise des droits et libertés énonce le droit à l’instruction publique gratuite aux seuls niveaux primaire et secondaire.

Les juges de la Cour supérieure qui ont émis des injonctions forçant les collèges et universités à dispenser leurs cours ont invoqué le droit «contractuel» des individus qui sont inscrits au cégep et à l’université et n’ont pas du tout tenu compte du droit d’association garanti par les chartes.

On peut voir dans cette offensive du gouvernement Charest une tentative de «canadianiser» le mouvement étudiant québécois, ce qu’il n’avait pas osé faire lors des grèves qui ont touché 170 000 étudiants en 2005.

Ce n’est pas la première fois que Jean Charest se montre critique de certains aspects du modèle québécois qu’il modifie pour qu’il corresponde davantage à ce qui existe dans le reste du Canada.

En début de mandat, il a modifié l’article 45 du Code du travail qui empêchait la sous-traitance visant des emplois syndiqués, ce qui avait entraîné d’importantes manifestations. Il l’a fait aussi pour le réseau de capital de risques, soutenu par l’État, qu’il jugeait incompatible avec le système privé nord-américain.

Dans les requêtes déposées hier par les associations étudiantes et leurs alliés et visant à invalider la loi spéciale, on conteste d’ailleurs cette interprétation du «droit à l’éducation» du gouvernement Charest, avançant que le droit d’association, garanti par les chartes, comprend le droit de déclencher la grève.

Le gouvernement Charest a brandi une loi spéciale qui n’est guère applicable: le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) préfère invoquer les règlements municipaux pour imposer des amendes. Contrairement aux syndicats établis, les associations étudiantes ne sont pas impressionnées par les amendes salées: ces associations ont peu d’argent et peuvent disparaître pour renaître sous une autre forme. Comme la loi spéciale, aux dires de nombreux juristes, viole des droits fondamentaux, même le simple citoyen la trouve imbuvable.

Les associations étudiantes sont plus confiantes que jamais. Pour elles, l’urgence n’existe plus : les sessions ne sont pas compromises, puisque que le gouvernement les a reportées en août. Pour le gouvernement libéral, c’est une autre paire de manches. Il doit régler la crise étudiante le plus rapidement possible, échéance électorale oblige.

Les étudiants se satisferont-ils d’une entente rafistolée sur la base de celle qu’ils ont rejetée? Le président de la CSN, Louis Roy, qui était présent lors des négociations, en doute. Il existe parmi les étudiants «une vague de fond plus dangereuse que la contestation de la hausse des droits de scolarité. C’est toute une génération qui connaît très bien les rouages du néolibéralisme et qui ne croit pas au système économique actuel», avance le chef syndical. Bien malgré lui, Jean Charest a réussi à donner un élan à ce mouvement.

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