Libérer son âme

Pour libérer son âme il faut atteindre Dieu. Or pour découvrir la parole du Seigneur il faut bien souvent en passer par la culture. C'est ce qui m'est arrivé personnellement en lisant St Augustin.

Alors voici un récapilatif de l' oeuvre de Pierre Bourdieu qui peut être intéressante pour se libérer du fléau de l' Ignorance. L'enjeu est aussi métaphysique et spirituel : voir image de la caverne de Platon.

"Les Héritiers" de Pierre Bourdieu a pour objet le rapport des élèves à la culture. La culture apparaît pour le sociologue comme un privilège dont on hérite à la naissance en fonction de l'appartenance sociale. Ceux qui possèdent ce précieux privilège culturel -les "Héritiers comme aimes les appeler Pierre Bourdieu- voient leur réussite scolaire garantie et peuvent accéder aux Universités et aux écoles prestigieuses de l' Enseignement Supérieur (Polytechnique, E.N.A, Ecole Normale Supérieure). Quant aux classes défavorisées, dépourvue de ce privilège, elles sont condamnées à l'échec scolaire, selon une impitoyable sélection qui les rélègue dans les mauvaises filières, avant de les éliminer purement et simplement de l' Enseignement Supérieur. Derrière le mythe de l'égalité des chances, l' Ecole consacre en réalité les inégalités sociales par un mécanisme invisible de sanction et de sélection. Loin de la belle image d' Epînale des valeurs héritées de 1789 "Liberté, Egalité, Fraternité", l' Ecole apparaît vraiment pour ce qu'elle est dans cette oeuvre sociologique : c'est à dire pour un instrument de pouvoir au service des plus favorisés servant à la reproduction sociale des élites. Selon que l'on soit né riche ou misérable, le destin social semble joué par avance à cause du déterminisme scolaire influencé par le milieu social. La culture comme produit du système éducatif apparaît comme un élément de distinction et de violence symbolique permettant à ceux qui la détiennent de renforcer leur domination sur les plus pauvres. Tout l'intérêt de cette oeuvre est de révéler au grand jour d'une part, le mécanisme de reproduction sociale des élite par l'intermédiare de l' Ecole, et d'autre part, le processus de relégation scolaire et d'exclusion des classes défavorisées de l' Enseignement Supérieur. Ce qu'il convient de dénoncer c'est l' attitude injuste de l' Ecole, qui consiste à placer son autorité au service des classes favorisées et de légitimer cette action en réussissant à persuader les victimes de l'échec scolaire qu'elles ne doivent leur relégation et leur exclusion culturelle qu'à elles seules, parce que face à l'exigence des disciplines enseignées elles n'étaient pas douées et montraient peu de mérite pour travailler. N'ayant pas conscience que l'échec scolaire est le reflet des inégalités sociales, les classes défavorisées sont persuadées que l' Ecole a raison de leur renvoyer une image méprisante d'elles-mêmes, bien méritée, à cause de leurs faibles capacités intellectuelles. Elle n'osent pas ainsi remmettre en question la légitimité de l'action de l' Ecole à leur égard et le pouvoir des élites s'en trouve renforcé. Pour étudier le mécanisme de reproduction des élites au sein de l' Ecole et le processus de relégation des classes dévarosiées, nous étudierons, dans un premier temps, la part représentative que les classes favorisées occupent dans les statistiques au sein de l' Enseignement Supérieur. Dans un second temps, nous montrerons la relation paradoxale qu'entretient d'un côté, le mythe de l'égalité des chances de l' Ecole, hérité de 1789 et de l'autre laction réelle de l' Ecole qui est de consécrer les inégalités sociales. Enfin nous présenterons en quoi l' Ecole constitue un instrument de pouvoir au service de la reproduction des élites qui dans le champ des perceptions reste un phénomène invisible et parfaitement inconscient (contre lequel on ne peut par conséquent pas résister).




L'Ecole constitue un système éducatif à deux vitesses. Le système scolaire est composé de deux filières. Une Filière Longue Générale (FLG) qui conduit à l' Enseignement Supérieur et aux carrières prestigieuses après de longues études (médecine, magistrature, professorat, métiers d'ingénieurs etc...). Une Filière Courte Professionnelle Spécialisée (FCPS) fermée à l' Enseignement Supérieur conduisant très tôt dans la vie active aux métiers les moins qualifiés, les plus mal rémunérés et les moins bien considérés. Le système scolaire oppose ces deux filières : l'une prestigieuse de la réussite et du succès, l'autre de la relégation et de l'échec scolaire. La FLG est tourné vers l'enseignement des connaissances abstraites et conceptuelles. Tandis que la FCPS est tournée vers les apprentissages pratiques laissant de côté tout ce qui peut paraître un peu trop abstrait. Par exemple, lorsque les élèves du Lycée Général apprendront les Schematisme Transcendental de la Raison Humaine d' Emmanuel Kant dans "La Critique de la Raison Pure", les élèves du même âge des Lycées Professionnels devront se contenter d'apprendre les fonctionnalités physiques du cheval disponible dans n'importe quelle librairie pour enfant de CP ou CE1 (et encore parce que dès l'âge de 7 ans les enfants nobles de Sparte ou d' Athènes en 500 av JC ou de Rome 100 av JC devaient savoir lire Homère ou Virgile en grec ou en latin sans aucune difficulté : c'est dire l'univers qui nous sépare des Anciens !!!!). Sans caricaturer, la FGL est tournée vers la contemplation du monde supra-lunaire des Idées. Tandis que la FCPS contraint les élèves à demeurer enfermés dans la caverne de Platon avec une chaîne d'esclave autour du coup à regarder le reflet des formes et des ombres qui défilent devant eux sur le mur. Plus que professionnel l'enjeu qui se joue entre ces deux filières est aussi d'ordre métaphysique et spirituel. En cela l'oeuvre sociologique de Pierre Bourdieu est primordiale pour celui qui s'intéresse aux moyens de libérer sa conscience de toute forme de domination et d'aliénation par l'accès à l'éducation et à la culture, contre le fléau de l'ignorance.

A présent, quelles sont les classes sociales qui occupent ces deux filières et dans quelle proportion ? Pierre Bourdieu distingue trois types de classes sociales. Tout d'abord, les classes favorisées. Elles se composent des élites dirigeantes (Elus Politiques, Hauts Commissaires de l' Etat, Intellectuels, Financiers, Grands Patrons etc...), des professions libérales (tout ce qui rélève de l'exercice d'une profession intellectuelle indépendante : avocats, médecin, conseils, communication etc...), Cadres Supérieurs (Salariés de direction de Grandes et Moyennes Entreprises etc...). Les classes favorisées se caractérisent par des hauts revenus, et la possession d'un très grand capital culturel, avec un habitat plutôt situé en centre ville dans les beaux quartiers. Ils vivent dans les bourgs, d'où leur appelation "Bourgeois", possèdent un large patrimoine immobilier éloignés des conditions d'existence difficile des banlieues (pauvres et deshéritées). Ils n'ont qu'une image éloignée du chômage qu'ils ne connaissent qu'à travers les journaux et la télévision. Leurs enfants sont scolarisés avec les enfants du même quartier eux aussi tout autant privilégiés. Ils partagent ainsi les mêmes conditions d'existence, ont la même éducation et se fréquentent entre eux : ils constituent donc une classe sociale à part entière de privilégiés conscients de leurs intérêts et privilèges. Ce sont les riches de la cité : ceux qui possèdent et qui dominent la société par leur position sociale élevée.

Viennent en dessous, les classes moyennes. Elles se composent des Cadres Moyens, des Commerçants et des Artisans. Leurs revenus sont modestes et leur capital culturel est limitée. Ils vivent à proximité des centres villes, c'est à dire pas très loin de la banlieue. Leurs enfants sont scolarisés dans des quartiers où la mixité sociale est importante. Ils ont beaucoup plus de mal à trouver des écoles viables pour la scolarité de leur enfants. Leurs enfants partagent les mêmes classes et les mêmes cours de récréation que les enfants issus des couchent défavorisées. La réussite scolaire de leurs enfants est déjà largement influencée par l'envirronement social dans lequel ils se démènent.

Viennent enfin les classes défavorisées. Elles sont constituées par les professions ouvrières et agricoles ainsi que des personnes touchées par la crise et le chômage qui ne cherchent qu'à survivre au jour le jour. Leur revenu sont de misère et leur capital cutlurel est inexistant (sauf pour les personnes déclassées qui peuvent avoir acquis un capital culturel lorsque la situation économique le permettait). Elles habitent loin des centres villes. Leurs enfants fréquentent les écoles les plus deshéritées où les professeurs ne peuvent exercer leur métier.

Toute proportion gardée, les classes favorisées constituent la catégorie sociale la moins importante par rapport à la population active (Population active : l'ensemble des personnes en âge de travailler, dans un pays, à un instant donné, toutes catégories sociales confondues : classes favorisées + classes moyennes + classes défavorisées). Les classes favorisées ne représentent approximativement que 16 % de la population active. Or on observe que dans une très large proportion statistique les classes favorisées sont quantitativement sur-représentées dans l' Enseignement Supérieur et dans les Filières Générale Longue : elles occupent les places les plus nombreuses à l' Université et dans les Grandes Ecoles. Comme le souligne Pierre Bourdieu, ceci permet de dire que l' Enseignement Supérieur est un milieu bourgeois homogène très éloigné de l'idéal de l' égalité des chances que l' Ecole aime têllement prôner sur le fronton républicain.

Les statistiques montrent également que la variation du pourcentage de réussite scolaire varie très fortement en fonction des différentes classes sociales. Moins de 1 % des fils d' agriculteur ont la chance de faire des études supérieures. 5 % des fils d'ouvriers poursuivent des études supérieures. 40 % des fils de classes moyennes font des études supérieures. Tandis que 80 % voir 90 % des fils des classes favorisées entrent à l'Université ou dans les Grandes Ecoles. De tels écarts de variation dans les pourcentages de réussite scolaire permet de dire avec certitude que la réussite scolaire n'est que le reflet des inégalités sociales.


L'oeuvre de Pierre Bourdieu met en perspective de manière tout à fait originale un sujet très classique de Philosphie : celui que représente la part de l'inné ou de l'acquis dans notre vie ? Sommes nous ce que nous sommes par nos talents ou par ce que nous avons reçu en héritage ? Quelle est la part de notre être entre ce qui est inné à la naissance et ce que nous avons acquis durant notre vie ? La réponse du sociologue est la suivante : "Les aptitudes d'aujourd'hui sont les acquisitions du passé". L'acquis est le contraire de l'inné. On acquière par héritage. La culture est donc un héritage. Cet héritage n'est possible que par les pratiques culturelles et les habitudes de notre milieu social. La culture est ainsi un héritage social transmissible comme tout autre forme de capital (C.Q.F.D : Ce Qu'il Fallait Démontrer !). Par exemple l' enfant qui au CP lit déjà des Encyclopédies de Mythologie grecque illustrées, puis "l' Iliade" pour jeunesse en CE2, "Michèle Strogoffe" de Jules Vernes, "Jean de Florette" de Marcel Pagnol en CM1, "Le petit prince" de Saint Exupérie et "Tristan et Iseult" en CM2 a plus de facilités scolaires, qu'un enfant auquel on a jamais pris le temps d'apprendre à lire. Mais cet avantage relève-t-il de ces dons innés ou de ses pratiques culturelles familialles ? Mais si l'enfant perd la pratique de la lecture durablement à cause de la dégradation subite de son milieu social : ses notes en seront altérées. Par conséquent sa réussite scolaire ne relève pas de ses dons innés, mais exclusivment de son rapport à la culture : définit en termes de pratiques culturelles et d'habitudes !!!

Pierre Bourdieu désigne sous la notion d' Habitus : la partie de l'être héritée en fonction des pratiques cutlurelles et des habitudes liées au milieu social. Habitus a pour racine éthymologique d'une part, "Héxis corporelle" renvoyant au comportement physique ou à l'attitude extérieure, et d'autre part, "Ethos", qui désigne l'être intérieur (l'âme). L' Habitus constitue donc l'ensemble des aptitudes intellectuelles et des acquisitions morales que nous avons reçues au cours de notre vie et qui finissent par devenir inconscientes comme une seconde nature. Ces aptitudes et ces acquisitions finissent par paraître naturelles, mais en fait elles ne le sont pas. Elles relèvent de notre héritage social transmis par la famille. Cela se manifeste dans la façon de parler (employer un vocabulaire soutenu ou vulgaire), de manger (nourriture raffinée ou grossièrement préparée), de nous habiller, de goûter, et de juger ce qui est beau ou ce qui est laid (nos jugements esthétiques de goûts et de valeurs) etc...

Il existe deux formes d' Habitus sociologiquement différentes. L' Habitus des classes favorisées correspondant à l'Ethique de Sobriété qui se définit par le bon goût raffiné. Cette Ethique de Sobriété se caractérise par le goût des musées, des Beaux Arts, de la Lecture, la Musique Classique, des oeuvres d' Arts etc...

L' Habitus des classes défavorisées se définit à l'inverse par l' Ethique du Bon Vivant. L' Ethique du Bon Vivant se définit par le mauvais goût de celui qui est vulgaire. C'est prendre du plaisir pour les choses matérielles, ne pas être capable de s'en abstenir. Etre glouton et dérégler : mettre ses passions au dessus de sa raison. C'est aussi prendre les produits de la sous-culture moderne pour de l' Art (Par exemple imaginer que le Rock n'Roll c'est de l' Art !).

Pour comprendre le mécanisme de la reproduction des classes sociales, il faut comprendre la relation gagnant-gagnant qui s'établit entre l' Habitus des classes favorisées et la logique de sanction et de sélection scolaire. Les classes favorisées par l' Habitus de l' Ethique de Sobriété ont des pratiques et des habitudes sociales qui les prédispose naturellement à relever le défis que constitue l'exigence scolaire. Ils disposent dans leur famille et leur milieu social de pratiques culturelles extra-scolaires qui leur permettent plus facilement de réussir. Lectures de petites histoires le soir avant de s'endormir, Bibliothèque de qualité à la maison, encadrement familialle pour faire les devoirs à la maison, éducation et culture des parents. Tout ceci constitue une expérience-protégée de la culture qui les prédispose à apprendre facilement et sans effort, en répondant à une logique de plaisir. L'élève favorisé peut se permettre le privilège d'être un dilétante et de prendre le risque de s'aventurer sur les chemins inconnus de la connaissance en s'écartant des sentiers balisés.

Les élèves issus des milieux défavorisés ne disposent pas quant à eux d'expérience culturelle extra-scolaire et antérieure à l'école. Ils se retrouvent face au travail de l' Ecole dont le but est de les préparer à l'exercice de la Réflexion Savante : sans même avoir fait a priori l'expérience de la culture. Arrivés devant la figure impressionnante du professeur ils ne savent même pas comment parler.

Une étude sur la maîtrise de la langue révèle que les enfants à s'en sortir le plus facilement dans la maîtrise de la langue sont ceux qui ont suivit, grâce aux parents, l'orientation dans les disciplines prestigieuses du Latin et du Grec.











(Suite plus tard...)

saintmchel

merci pour ce texte de PIERRE BOURDIEU
je rajouterai qu'il y des exceptions dans les 2 catégories

C'est pas le texte de Pierre Bourdieu c'est moi qui l'ai écrit mais la comparaison est flatteuse

les exception ce sont ceux qui échappe à la sélection sociale par une révolte sorelienne ou rastignacienne comme c'est écrit dans le texte

sorel est le personnage dans le Rouge et le Noir