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Les problèmes de l'athéisme (conclusion du livre de Tresmontant)

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Les problèmes de l'athéisme (conclusion du livre de Tresmontant) Empty Les problèmes de l'athéisme (conclusion du livre de Tresmontant)

Message par Desiderius Ulixes Dim 7 Juin 2020 - 19:12

(Proposition d'un texte assez long qui termine un livre de Claude Tresmontant. Maintenant que les virus occupent moins les esprits, nous pouvons supputer Smile que le sujet puisse intéresser quelques lecteurs).

Depuis plusieurs générations, depuis le XVIIIe et le XIXe siècle surtout, on affirme, on assure, on veut nous faire croire absolument que l'athéisme, c'est le rationalisme, qu'en dehors de l'athéisme il n'y a pas de salut pour un rationaliste conséquent, que le ratio­nalisme implique nécessairement l'athéisme et que par conséquent le monothéisme est forcément irrationnel, qu'il relève de « la foi » et non de la raison. On ne pourrait conserver la croyance au Dieu des Hébreux que contre la raison et contre la science, ou tout au moins à côté de la raison et de la science, dans un compartiment séparé soigneusement par une cloison étanche. Pour garder la foi, il faudrait revenir à la théorie de la double vérité : vérité de la science et de la raison, d'une part, vérité de la foi, d'autre part.

En somme, nous n'aurions le choix qu'entre l'athéisme et le fidéisme.

C'est ce qu'on dit et c'est ce qu'on répète. Cela s'enseigne partout, dans les universités comme dans les classes de philosophie des lycées et collèges, et jusque dans les écoles de campagne.

Les « croyants », à la fin du XIXe siècle, étaient réduits à professer leur « foi » tête baissée, humiliés et honteux, à l'encontre de ce qui passait pour le dogme en science et en raison : Le monde est une machine éternelle, incréée, impérissable, inusable. Il n'a ni commen­cement ni fin. Il est l'être, et il n'y en a pas d'autre. L'homme, dans cette machine, n'est qu'un rouage. « Une intelligence qui, pour un instant donné, connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée, et la situation respective des êtres qui la composent, si d'ailleurs elle était assez vaste pour soumettre ces données à l'ana­lyse, embrasserait dans la même formule les mouvements des plus grands corps de l'univers et ceux du plus léger atome : rien ne serait incertain pour elle, et l'avenir, comme le passé, serait présent à ses yeux. »

Dans ces conditions, la liberté humaine est impossible. Ce n'est qu'un mot, vide de sens. L'homme n'a pas d'avenir. L'homme est le résultat d'un hasard aveugle, ou d'une matière aveugle. Il est, dans le monde, l'effet d'un défaut d'antiseptie, une moisissure éphémère, une lueur instantanée entre deux éternités de néant.

Que reste-t-il de la cosmologie sur laquelle on fondait cette dogmatique, avec laquelle on écrasait les cerveaux durant tout le XIXe siècle ? Rien.

L'Univers n'est pas une machine. L'Univers est un processus évolutif, irréversible, et une intelligence placée par hypothèse il y a dix milliards d'années par exemple, alors que l'Univers était une nuée d'hydrogène avec un peu d'hélium, alors que les galaxies étaient en formation, ne pouvait pas prévoir l'invention du code génétique qui a eu lieu il y a trois milliards d'années - à moins de l'inventer, à moins d'être une intelligence créatrice. Une intelli­gence qui aurait connu intégralement le message génétique des microorganismes monocellulaires d'il y a trois milliards d'années, ne pouvait pas non plus prévoir, ni déduire de ces premiers mes­sages génétiques, les messages qui vont commander par la suite à la constitution du lion, de la girafe ou de l'homme - à moins de les inventer, c'est-à-dire, là encore, d'être une intelligence créa­trice. Dans la perspective évolutive qui s'impose à nous, le passé et l'avenir ne sont pas symétriques par rapport au présent, en aucun moment de l'histoire de l'univers, car l'avenir est toujours plus riche en information que le passé, et il n'est pas possible de déduire l'avenir du passé, tout simplement parce que l'avenir n'est pas contenu dans le passé, ni en acte ni en puissance.

En cette seconde moitié du XXe siècle, le problème de l'existence de Dieu se pose donc de la manière suivante :

Le monde est un système évolutif, épigénétique, à information croissante.

Dans aucun de ses états, le monde ne peut rendre compte par lui-même, et seul, de la croissance de l'information qui s'opère en lui, et qui le porte à un degré supérieur de composition.

Même si on laisse de côté la question du premier commencement de l'Univers, il reste que l'Univers est un système constitué d'une série de commencements d'être dont aucun ne peut être expliqué par le précédent. L'antérieur ne suffit pas à expliquer l'ultérieur, précisément parce que au cours du temps il y a croissance de l'information.

Il faut donc admettre que l'Univers n'est pas un système clos, fermé sur lui-même et suffisant. Il faut admettre qu'il reçoit d'une manière continuelle de l'information créatrice.

On peut convenir d'appeler «dieu» la source de cette informa­tion qui opère dans le monde mais qui n'est pas le monde.

Si le mot « dieu » ne plaît pas, on peut en choisir un autre. Cela n'a absolument aucune importance. On peut, comme Aristote le fit, prendre un terme plus abstrait, qui ne comporte pas de connotations affectives. Il reste que l'Univers, reconnu dans son évolution objectivement créatrice, c'est-à-dire une évolution qui représente au plan expérimental une création en train de se faire depuis des milliards d'années, l'Univers ne peut pas sans contradic­tion être pensé seul. Il ne peut pas être le seul être, ou l'Être pris absolument.

L'athéisme est une philosophie selon laquelle l'Univers serait un système auto-suffisant, et qui ne recevrait pas d'information, car, par hypothèse, il est le seul être. Comme le dit le fragment 17 d'Empédocle que nous avons lu : de qui recevrait-il de l'accroisse­ment, puisqu'il est le seul être?

Il faut donc, pour que l'athéisme soit pensable, que l'Univers soit un système éternel, sans croissance réelle d'information, sans évolution irréversible effective, ni déperdition. Cela aussi, Empé­docle l'avait dit, après Parménide : l'Univers ne doit pas périr, puisqu'il est l'Être.

Or justement, les sciences expérimentales nous montrent que l'Univers est un système qui constamment est en régime d'accrois­sement d'information, et que si, dans un système physique, bio­logique ou intellectuel, l'information n'est plus communiquée, le système tend par lui-même à se dégrader, à se décomposer, à retourner à la poussière, son état le plus probable.

L'athéisme s'est donc efforcé, nous l'avons vu, de nier constamment la genèse et la création en train de se faire, et cela avec achar­nement. Car il est incapable de penser un monde en régime de genèse. Il lui faut un monde fixe, ou cyclique. Il faut que l'Être, qui par définition est le monde, ne comporte ni accroissement ni diminution.

Même si le monde était un système constant, sans croissance ni déperdition, comme le veut l'athéisme du baron d'Holbach, d'Engels, de Haeckel, de Nietzsche, et de beaucoup d'autres, cela ne prouverait pas encore qu'il soit incréé, et l'athéisme ne serait pas encore justifié rationnellement.

Pour que l'athéisme soit possible, il faut qu'il n'y ait pas de créa­tion en train de se faire. Il faut que tout soit donné de toute éternité au sein d'une nature supposée éternelle et incréée. L'athéisme ne peut pas admettre le fait de la création en train de s'effectuer. Il s'efforcera, par tous les moyens possibles, de nier ou de dissimuler ou de résorber ce fait. Il y parviendra de moins en moins, car la connaissance que nous avons aujourd'hui de l'histoire de la création manifeste d'une manière éclatante cette innovation constante, cette production continuée d'imprévisible nouveauté. L'athéisme ne peut pas admettre la nouveauté. Il faut que tout soit ancien, que tout soit éternel, puisqu'il faut que tout soit incréé.

L'athéisme, depuis vingt-cinq siècles, a eu plusieurs problèmes fondamentaux à résoudre.

D'abord le problème posé par l'être de l'Univers. Il l'a résolu en affirmant, avant toute analyse, que le monde est le seul Être. C'est justement cela la thèse de l'athéisme, mais cette thèse est, nous l'avons vu, une pétition de principe. Elle est justement ce qui est en question.

Il a eu à résoudre le problème posé par l'organisation, l'informa­tion manifeste chez les êtres vivants et pensants.

Il l'a résolu de deux manières : ou bien en posant qu'il n'y a pas de principe d'information distinct de la matière - c'est le maté­rialisme de type démocritéen -, ou bien en affirmant que le prin­cipe d'information est inhérent au monde physique - c'est le matérialisme de type animiste.

Enfin il a eu, à partir du XIXe siècle, à résoudre le problème posé par l'évolution du monde et de la nature. Il s'est efforcé constam­ment, nous l'avons vu, de nier le fait de l'évolution irréversible, et de revenir au vieux schème cyclique proposé par Anaximandre et Héraclite, contre l'enseignement de l'expérience.

En somme, l'athéisme a échoué, et échoue de plus en plus, au fur et à mesure que nous connaissons mieux le monde et la nature, à rendre compte de ce qui existe, dans sa perspective et en partant des principes qui lui sont propres. L'athéisme est en réalité impos­sible. Il est impensable et il n'a jamais été pensé, ce qui s'appelle penser, - non pas proclamer, ni crier, ni trépigner, mais penser, compte tenu du réel, d'une manière cohérente et sans contradiction.

En regardant d'un peu près la manière dont l'athéisme s'est efforcé de se penser, depuis vingt-cinq siècles, nous avons pu cons­tater que non seulement l'athéisme n'est pas l'expression de la rationalité, du rationalisme. Non seulement il n'est pas induit à partir du donné connu par les sciences expérimentales, contraire­ment à ce qu'on voulait nous faire croire, à ce qu'on veut encore nous faire croire. Mais il est posé à priori, d'une manière dogmatique. Et lorsqu'il s'est posé lui-même, d'une manière dogmatique et à priori, il ne parvient pas à se penser lui-même d'une manière cohé­rente, rationnelle, en respectant le donné expérimental sur lequel pourtant il prétend se fonder.

Voilà la vérité qui s'impose lorsqu'on considère la manière dont l'athéisme, sous ses diverses formes, a essayé de se penser depuis des siècles.

Non seulement il n'est pas identique au rationalisme, mais, bien plus, il n'a jamais été capable de se penser d'une manière rationnelle.

C'est là un secret de polichinelle qu'il serait temps d'ébruiter dans les écoles.

L'opposition entre le monothéisme hébreu, juif et chrétien, d'une part, et l'athéisme, d'autre part, n'est pas du tout, contraire­ment à ce qu'on a voulu nous faire croire, l'opposition entre une théologie et la science, entre « la foi » et « la raison ». Mais elle est fondamentalement, nous avons pu le remarquer en lisant les textes des maîtres de l'athéisme, une opposition violente, une guerre inexpiable, entre deux théologies : la théologie hébraïque d'une part, qui professe que l'Être absolu est distinct du monde, et la théologie de la nature, qui est la plus ancienne théologie hellénique, d'autre part; elle professe que c'est la nature qui est divine.

Nous l'avons vu : c'est cette théologie hellénique originelle qui est reprise avec ferveur par les maîtres de l'athéisme moderne, avec tous ses mythes, y compris celui de l'éternel retour.

L'athéisme pur n'existe pas. Il existe par contre une religion de la nature qui s'oppose au monothéisme hébreu.

L'athéisme n'a absolument pas partie liée avec le rationalisme, et le rationalisme n'a pas partie liée avec l'athéisme. Il faut dis­joindre soigneusement, et définitivement, athéisme et rationalisme. L'athéisme n'est pas parvenu à se penser d'une manière ration­nelle en tenant compte de l'expérience scientifiquement explorée. Une Union rationaliste authentique se devrait donc d'inviter, de solliciter, des disciples d'Aristote, de saint Thomas d'Aquin, de Leibniz, qui ont fort bien vu que seul le monothéisme est rationnel, mais chasser de son sein les préformationnistes honteux qui n'admettent pas l'évolution réelle du monde, les animistes secrets qui prêtent à la matière non organisée des propriétés vitales, les panpsychistes qui lui prêtent des propriétés psychiques, les dévots de la matière divinisée, de l'univers considéré comme dieu, les partisans de l'éternel retour, les religieux du cycle éternel.

L'athéisme est une foi, et l'athéisme moderne est essentiellement fidéiste puisqu'il renonce à donner des raisons pour se fonder phi­losophiquement. On dira que les chrétiens d'aujourd'hui, tout comme les athées, sont fidéistes aussi. Cela est vrai. Mais le chris­tianisme lui n'est pas fidéiste.

L'athéisme est une foi irrationnelle, et à ce titre il relève de la psychologie. C'est aux psychologues à nous donner une analyse en profondeur qui nous permette de comprendre la genèse et l'existence de l'athéisme. Les psychologues retrouveront, pensons­-nous, dans l'analyse des conflits, les contresens théologiques que nous avons dégagés.

Une certaine théologie a mis la conscience moderne dans une situa­tion œdipienne. Une théologie du dieu castrateur a provoqué la révolte violente et légitime, pour une part, qu'est l'athéisme moderne.

Dans notre seconde partie, nous avons recherché les raisons et les causes de l'athéisme. Il apparaît que si l'athéisme n'a pas de raisons valables pour se justifier et se maintenir lui-même en existence, par contre il a des excuses. Les impostures politiques, les corruptions intellectuelles, théologiques, philosophiques, ont provoqué de la part de la pensée humaine une réaction d'horreur et de détestation qui est légitime, normale, inévitable. Mais nous avons vu aussi que les corruptions du monothéisme ne sont pas suffisantes pour expliquer la totalité de l'athéisme moderne ou ancien. Il existe une détestation spirituelle du monothéisme juif et chrétien, qui n'est pas causée par les corruptions du judaïsme ou du christianisme, mais par son essence même. Nous avons vu que dans cette détestation, le judaïsme et le christianisme sont associés, comme il est normal. La détestation du judaïsme, l'anti­judaïsme, c'est déjà l'anti-christianisme. L'anti-judaïsme est essen­tiellement anti-chrétien. Car le judaïsme et le christianisme sont la même théologie fondamentale.

Il reste que seul un christianisme sain, c'est-à-dire orthodoxe, peut vivre et se développer. L'hérésie est la maladie infantile du christianisme, qui l'empêche de se développer et qui fait obstacle à son expansion.

Nous avons vu que si le christianisme est accusé par les révolu­tionnaires d'être une puissance essentiellement réactionnaire, l'opium du peuple, une arme entre les mains des classes et des castes privilégiées, des maîtres et des dominateurs, il est accusé par d'autres d'être l'expression de la révolte des classes inférieures, des castes opprimées, des tchandala, et du ressentiment des esclaves contre les maîtres.

Là encore, il faut dissocier une association illégitime qui s'est imposée, à force de répétition, dans les esprits depuis le XIXe siècle.
L'athéisme n'est pas essentiellement révolutionnaire, ni essen­tiellement progressiste, contrairement à ce que certains ont affirmé. Il existe un athéisme d'extrême gauche, celui de Marx, de Bakou­nine, de Proudhon, de Lénine et de Trotzky. Mais il existe aussi un athéisme d'extrême droite: celui de Nietzsche et celui de Maur­ras avant sa conversion finale.

On ne voit d'ailleurs pas en quoi le fait de professer que le monde est le seul être, qu'il est éternel et cyclique, qu'il est un système qui ne reçoit pas d'information créatrice, et que l'homme, dans son ensemble comme individuellement, n'a pas d'avenir, pourrait spécialement favoriser la révolution sociale et économique.

Par contre, on voit assez bien comment cette doctrine, l'athéisme, pourrait être essentiellement réactionnaire, et comment elle l'est au fond et essentiellement. Pour paraphraser ce qu'écrivait le théoricien soviétique que nous avons cité à propos du principe de Carnot-Clausius, on pourrait soutenir sans déraison que la vision athée du monde va finir par paralyser les efforts, l'enthou­siasme, l'énergie de l'humanité, que l'athéisme va exercer une action mortelle sur les énergies humaines. En cela, il est essen­tiellement réactionnaire.

On ne voit pas très bien comment une vision du monde, qui était celle des anciens philosophes grecs, qui a été reprise par Spinoza, puis par d'Holbach, et selon laquelle le monde est un ordre fixe et immuable, pourrait être par elle-même révolution­naire.

On voit très bien par contre en quoi elle est fondamentalement conservatrice, puisqu'elle n'admet pas de création nouvelle, ni dans la nature ni dans l'histoire. On voit comment elle pourrait justifier une politique de l'ordre établi.

Le monde cyclique de Nietzsche, c'est justement le contraire de la perspective révolutionnaire : libérer une fois pour toutes, et sans retour, l'humanité de ce qui l'aliène et de ceux qui l'oppriment.

Si maintenant nous examinons le monothéisme, nous constatons qu'en effet des gens qui se disaient monothéistes ont été des réac­tionnaires, des oppresseurs, des massacreurs, des esclavagistes, des exploiteurs du peuple -, mais ce n'est pas en tant que mono­théistes, juifs ou chrétiens, qu'ils ont été des oppresseurs, des massacreurs, etc. C'est bien plutôt en tant qu'ils ne l'étaient pas. Car, nous l'avons rappelé en passant, après beaucoup d'autres, le monothéisme juif et chrétien implique des exigences dans l'ordre politique, et ces exigences sont celles de la justice. C'est donc en tant qu'ils ont été infidèles au monothéisme juif et chrétien que les massacreurs, les oppresseurs et les exploiteurs ont fait ce qu'ils ont fait.

On ne peut pas reprocher à une doctrine les crimes qui ont été commis par le fait même qu'on lui a été infidèle.

Il faut donc dissocier athéisme et rationalisme d'une part - car nous ne connaissons pas encore d'athéisme rationnel -, et, d'autre part, athéisme et révolution. On peut être athée et révolutionnaire, parce qu'un athée peut parfaitement discerner les exi­gences de la justice qui sont inscrites dans la réalité humaine objec­tive. Mais l'athéisme n'implique pas forcément et de soi l'action révolutionnaire. Bien au contraire, on peut soutenir qu'à la longue l'athéisme risque d'épuiser l'esprit révolutionnaire, parce qu'il risque tout simplement d'épuiser le goût de vivre. L'espérance est une vertu révolutionnaire. Par contre le judaïsme et le christia­nisme sont essentiellement révolutionnaires, si par révolution on entend la capacité qu'a l'homme d'introduire dans le monde une information créatrice nouvelle, d'informer le monde et l'histoire d'une manière originale, de transformer le monde et l'histoire constamment, à l'encontre de la retombée, du vieillissement, de la pétrification des structures, de la tendance à la dégradation qui règne dans l'histoire humaine comme dans la nature.

Essentiellement, selon le judaïsme et le christianisme, l'homme est un être capable de créer de l'information. C'est cela la liberté. L'homme est créé pour être créateur.

Parce que le judaïsme et le christianisme sont une doctrine de la création, et de la création continuée, ils sont essentiellement révolutionnaires, puisque l'homme, selon la philosophie juive et chrétienne, est capable de continuer la création, de réinformer ce qui est pétrifié, de vivifier ce qui est mort, de transformer ce qui est déformé, d'introduire une information nouvelle dans l'histoire qui est la sienne.

La révolution ne consiste pas essentiellement à détruire des êtres, mais à créer une humanité nouvelle : c'est justement ce qui, depuis saint Paul, définit le christianisme.

2 février 1971.

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