Comment japprends à vivre au désert
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Comment japprends à vivre au désert
1er livre des Martyrs d'Israël, 29 Alors, beaucoup de ceux qui recherchaient la justice et la Loi s'en allèrent vivre au désert.
Voici comment je m'exerce de plus à demeurer au désert sous le regard de Dieu. Au début, ce ne fut vraiment pas facile. Je suis d'abord entré dans une grande crise au moment du décès de mon père, et si j'étais un indice sur un graphique, j'aurais évolué en dents de scie à travers les deux mois qu'ont duré les opérations de succession. De nouveaux documents à remplir apparaissaient chaque jour dans ma boîte aux lettres et je travaillais parfois jusqu'à minuit passé, afin qu'ils soient retournés, dûment complétés, à leurs expéditeurs. (Et pendant que je les complétais, je me souviens que la machine à lessiver tournait, car je ne voulais pas perdre une seconde et me montrer incapable devant mes soeurs). Tous les documents nécessitaient des copies à conserver, ainsi que la signature de ma mère, ce qui m'obligeait à circuler partout et à suivre un horaire très pointu !
Les repas me posaient un problème. Manger seul a toujours été ma hantise. Du coup, j'ai fait le choix d'un petit resto vietnamien qui pratique un "lunch" trois service pour 8 euros. J'y ai mangé tous les jours pendant ces deux mois, jusqu'au moment où je n'ai vraiment plus supporté le riz. D'ailleurs, je mangeais sans mâcher vraiment les aliments ("C'est du riz, c'est léger, c'est bon"), jusqu'au jour où je suis tombé malade: car j'épiçais trop les aliments et j'ai commencé à souffrir d'aigreurs, de lourdeurs, de nausées, etc.
Petit à petit, je suis donc rentré à la maison en fin de journée et j'ai acheté mon repas dans des épiceries de quartier. C'était tout de même moins onéreux. Depuis début mai à ce jour, je me suis d'abord assombri, réalisant que j'allais devoir "vivre ainsi", dans ce qui m'était apparu d'emblée une survie, une fin de vie, non une vie... ce n'est pas que je priais tellement, mais je criais ma solitude (il se peut d'ailleurs que crier soit la meilleure façon de prier ?)
Un dimanche matin, cependant, en sortant d'un office, j'ai entendu le cas de cette ancienne coopérante, très croyante, qui se rendait chaque jour dans un coin désert pour y pleurer son désarroi en tapant du point sur le mur d'une église abandonnée - c'est ce que m'a rapporté ma tante à qui j'avais rendu visite. Noter ce point me paraît important: c'est la souffrance d'une autre personne qui m'a servi de "coup de pouce" pour avancer dans la mienne. J'ai bien dit: "avancer", non pas "sortir" - il n'y a pas d'issue au désert, en tout cas pas celle que l'imagination trompeuse vient toujours suggérer...
Après avoir beaucoup erré, j'ai donc planté ma tente au désert en recommençant par le début. Lorsque l'on prie, il faut d'abord dire merci, c'est-à-dire proclamer la louange du bon Dieu, ensuite demander pardon pour ses manquements et ses fautes, pour laisser la place à la vraie prière, toujours si proche du Notre Père, par lequel ce que nous demandions rencontre la volonté de Dieu et, enfin terminer par une déclaration d'amour et de confiance....
Et je suis passé au travers des apparences. Soudainement, je me suis souvenu que la solitude de mes dix-huit ans était pour moi richesse de possibilités multiples et d'aventures. Je prenais mes vacances dans un groupe trilingue afin d'améliorer mon anglais. Je rentrais chez moi en l'absence de toute la maisonnée et un jour de juillet, comme j'avais sauté le mur du jardin pour entrer, j'ai découvert mon chat étendu sous un sapin (il s'était échappé de chez ma grand-mère à plus de cinq kilomètres) et qui miaulait à pierre-fendre pour que je lui remplisse sa gamelle. Donc, mes temps de solitude n'avaient pas tous été souffrants !
En méditant sur ces événements, je me suis réconcilié avec le Seigneur. J'ai dit: "Mon Dieu, de Toi descend toute grâce. Ô mon Dieu, désormais, que tout cet espace que l'homme appelle solitude, soit désormais comme la maison où je viens te rencontrer. Maintenant, je n'ai plus peur. M'as-tu jamais abandonné ? Ai-je manqué de quelque chose ? N'ai-je pas plutôt été très déçu d'avoir revu certain(e)s ami(e)s qui n'ont pas su me recevoir ? Me voici donc, pour faire Ta volonté. Du jour au lendemain, le temps que j'ai consacré à la prière et à la lecture d'ouvrages chrétiens a doublé. J'ai découvert le trésor que possède certains hommes et femmes de prière. Depuis des années, je les croise. Ils sont toujours fidèle au rendez-vous de la prière - mais ils ont si discrets qu'on les croirait absents. Ils ont peu de choses à dire, mais quelle présence ! Deux d'entre eux sont venus d'eux-mêmes aux funérailles de mon père, et en leur serrant simplement la main, j'avais compris qu'eux me donnaient beaucoup plus...
Tout n'est pas encore parfait, dans ce nouveau mode d'existence, loin de là. Mais je m'oriente vers une très grande simplification de mes besoins. Mes problèmes de digestion se sont estompés - mais c'est que je jeûne plus régulièrement, ayant compris que cela fait du bien tant au moral qu'au physique (manger plus de trois fois de la viande par semaine, c'est trop). La télévision prend trop de temps sur la prière du soir: deux films par semaine suffisent largement. Des vêtements simples sont assez nombreux en trois exemplaires, pour être vêtu été comme hiver. Etc.
Tout ce que je gagne en simplifiant s'appelle de l'amour pour mon Seigneur. Je ne sais pas comment je le dirais autrement: c'est de l'amour pour mon Seigneur ! Et plus j'irai en simplifiant, plus Il sera proche, et plus - encore, je trouverai de la facilité à assister telle ou telle personne que je ne connais pas lorsqu'elle manifestera un besoin précis.
Voici donc mon témoignage - le second jour de ma cinquante-deuxième année.
Voici comment je m'exerce de plus à demeurer au désert sous le regard de Dieu. Au début, ce ne fut vraiment pas facile. Je suis d'abord entré dans une grande crise au moment du décès de mon père, et si j'étais un indice sur un graphique, j'aurais évolué en dents de scie à travers les deux mois qu'ont duré les opérations de succession. De nouveaux documents à remplir apparaissaient chaque jour dans ma boîte aux lettres et je travaillais parfois jusqu'à minuit passé, afin qu'ils soient retournés, dûment complétés, à leurs expéditeurs. (Et pendant que je les complétais, je me souviens que la machine à lessiver tournait, car je ne voulais pas perdre une seconde et me montrer incapable devant mes soeurs). Tous les documents nécessitaient des copies à conserver, ainsi que la signature de ma mère, ce qui m'obligeait à circuler partout et à suivre un horaire très pointu !
Les repas me posaient un problème. Manger seul a toujours été ma hantise. Du coup, j'ai fait le choix d'un petit resto vietnamien qui pratique un "lunch" trois service pour 8 euros. J'y ai mangé tous les jours pendant ces deux mois, jusqu'au moment où je n'ai vraiment plus supporté le riz. D'ailleurs, je mangeais sans mâcher vraiment les aliments ("C'est du riz, c'est léger, c'est bon"), jusqu'au jour où je suis tombé malade: car j'épiçais trop les aliments et j'ai commencé à souffrir d'aigreurs, de lourdeurs, de nausées, etc.
Petit à petit, je suis donc rentré à la maison en fin de journée et j'ai acheté mon repas dans des épiceries de quartier. C'était tout de même moins onéreux. Depuis début mai à ce jour, je me suis d'abord assombri, réalisant que j'allais devoir "vivre ainsi", dans ce qui m'était apparu d'emblée une survie, une fin de vie, non une vie... ce n'est pas que je priais tellement, mais je criais ma solitude (il se peut d'ailleurs que crier soit la meilleure façon de prier ?)
Un dimanche matin, cependant, en sortant d'un office, j'ai entendu le cas de cette ancienne coopérante, très croyante, qui se rendait chaque jour dans un coin désert pour y pleurer son désarroi en tapant du point sur le mur d'une église abandonnée - c'est ce que m'a rapporté ma tante à qui j'avais rendu visite. Noter ce point me paraît important: c'est la souffrance d'une autre personne qui m'a servi de "coup de pouce" pour avancer dans la mienne. J'ai bien dit: "avancer", non pas "sortir" - il n'y a pas d'issue au désert, en tout cas pas celle que l'imagination trompeuse vient toujours suggérer...
Après avoir beaucoup erré, j'ai donc planté ma tente au désert en recommençant par le début. Lorsque l'on prie, il faut d'abord dire merci, c'est-à-dire proclamer la louange du bon Dieu, ensuite demander pardon pour ses manquements et ses fautes, pour laisser la place à la vraie prière, toujours si proche du Notre Père, par lequel ce que nous demandions rencontre la volonté de Dieu et, enfin terminer par une déclaration d'amour et de confiance....
Et je suis passé au travers des apparences. Soudainement, je me suis souvenu que la solitude de mes dix-huit ans était pour moi richesse de possibilités multiples et d'aventures. Je prenais mes vacances dans un groupe trilingue afin d'améliorer mon anglais. Je rentrais chez moi en l'absence de toute la maisonnée et un jour de juillet, comme j'avais sauté le mur du jardin pour entrer, j'ai découvert mon chat étendu sous un sapin (il s'était échappé de chez ma grand-mère à plus de cinq kilomètres) et qui miaulait à pierre-fendre pour que je lui remplisse sa gamelle. Donc, mes temps de solitude n'avaient pas tous été souffrants !
En méditant sur ces événements, je me suis réconcilié avec le Seigneur. J'ai dit: "Mon Dieu, de Toi descend toute grâce. Ô mon Dieu, désormais, que tout cet espace que l'homme appelle solitude, soit désormais comme la maison où je viens te rencontrer. Maintenant, je n'ai plus peur. M'as-tu jamais abandonné ? Ai-je manqué de quelque chose ? N'ai-je pas plutôt été très déçu d'avoir revu certain(e)s ami(e)s qui n'ont pas su me recevoir ? Me voici donc, pour faire Ta volonté. Du jour au lendemain, le temps que j'ai consacré à la prière et à la lecture d'ouvrages chrétiens a doublé. J'ai découvert le trésor que possède certains hommes et femmes de prière. Depuis des années, je les croise. Ils sont toujours fidèle au rendez-vous de la prière - mais ils ont si discrets qu'on les croirait absents. Ils ont peu de choses à dire, mais quelle présence ! Deux d'entre eux sont venus d'eux-mêmes aux funérailles de mon père, et en leur serrant simplement la main, j'avais compris qu'eux me donnaient beaucoup plus...
Tout n'est pas encore parfait, dans ce nouveau mode d'existence, loin de là. Mais je m'oriente vers une très grande simplification de mes besoins. Mes problèmes de digestion se sont estompés - mais c'est que je jeûne plus régulièrement, ayant compris que cela fait du bien tant au moral qu'au physique (manger plus de trois fois de la viande par semaine, c'est trop). La télévision prend trop de temps sur la prière du soir: deux films par semaine suffisent largement. Des vêtements simples sont assez nombreux en trois exemplaires, pour être vêtu été comme hiver. Etc.
Tout ce que je gagne en simplifiant s'appelle de l'amour pour mon Seigneur. Je ne sais pas comment je le dirais autrement: c'est de l'amour pour mon Seigneur ! Et plus j'irai en simplifiant, plus Il sera proche, et plus - encore, je trouverai de la facilité à assister telle ou telle personne que je ne connais pas lorsqu'elle manifestera un besoin précis.
Voici donc mon témoignage - le second jour de ma cinquante-deuxième année.
etienne lorant- Débutant
- Messages : 4
Inscription : 04/07/2008
Re: Comment japprends à vivre au désert
Merci pour votre témoignage... Mais il me laisse perplexe par son manque de cohérence...
Re: Comment japprends à vivre au désert
j'aime bien votre témoignage, et quand même bon anniversaire avec 3 jours de retard.
être au désert, vous dites, - " il n'y a pas d'issue " -
parlez vous du désert humain, de la solitude ?
Où du désert Spirituel ?
Parce que le désert spirituel,est une grâce de Dieu qui désire vous façonner selon son dessein.
Justement dans ce désert, Dieu permet parfois que l'ennemi s'empare de vos pensées, de façon à ce que vous ayez matière à lutter. La purification passe par ce désert.
Restez attentif aux signes que le Seigneur vous envois. On peut être de ce monde mais pas forcément dans le monde.
être au désert, vous dites, - " il n'y a pas d'issue " -
parlez vous du désert humain, de la solitude ?
Où du désert Spirituel ?
Parce que le désert spirituel,est une grâce de Dieu qui désire vous façonner selon son dessein.
Justement dans ce désert, Dieu permet parfois que l'ennemi s'empare de vos pensées, de façon à ce que vous ayez matière à lutter. La purification passe par ce désert.
Restez attentif aux signes que le Seigneur vous envois. On peut être de ce monde mais pas forcément dans le monde.
abbaruah- Aime le Rosaire
- Messages : 712
Age : 72
Localisation : BRETAGNE, pas loin de Rennes
Inscription : 19/04/2008
Re: Comment japprends à vivre au désert
Votre témoignage Étienne est très édifiant, j'ai ressenti entre les lignes, une tristesse qui s'est changée en joie de vivre tout simplement sous le regard de Dieu !
Danielle- Enfant de Dieu
- Messages : 3106
Age : 64
Localisation : Québec Canada
Inscription : 08/11/2006
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