Le retour des processions religieuses dans les campagnes de France...
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Le retour des processions religieuses dans les campagnes de France...
Le retour des processions religieuses dans les campagnes de France
Alors que les paroisses rurales sont fragilisées par la pénurie de prêtres, les rogations, pèlerinages et autres pardons semblent connaître un nouveau souffle
Avec ses calvaires fleuris et ses chemins de bocage, le « Petit Tour » de Ceaucé n’est pas, malgré sa consonance avec le jargon du cyclisme, une déclinaison normande de la Grande Boucle. Non, ce tour-là est organisé par les villageois en l’honneur du saint local, l’ermite Ernier qui évangélisa la région au VIe siècle.
Dans cette localité de l’Orne d’un millier d’âmes située à la lisière de la Mayenne, à une quinzaine de kilomètres au sud de Domfront, cette procession ancestrale – ses origines demeurent mystérieuses – ne s’est jamais perdue. Mieux : elle connaît un regain de vitalité. Un succès, certes modeste (de 300 à 400 participants), révélateur de la renaissance discrète mais sensible des pardons, rogations et autres bénédictions un peu partout en France. Cet été encore, ces festivités alliant couleur locale et spiritualité fleuriront sur la route des vacances de nombreux Français.
rite immuable
Curé du Domfrontais, le P. Gérard Boisgontier, 66 ans, veille avec soin sur ce Petit Tour pour lequel il nourrit une affection particulière : « Enfant de chœur, je me revois, portant la croix le long des haies ; nous battions la rosée, nous étions fiers », se remémore avec nostalgie ce natif de Ceaucé. Organisée le lundi de Pentecôte, cette procession de 8 kilomètres a résisté à toutes les modes.
Depuis peu, elle a même acquis une notoriété diocésaine, accueillant régulièrement l’évêque de Séez. Après avoir quitté l’église paroissiale, les participants portent en procession les reliques de saint Ernier en empruntant le chemin des calvaires – une dizaine en tout, fleuris par les familles du village – avant de gravir le mont Margantin pour y célébrer la messe.
À quelques détails près, le rite est immuable et c’est peut-être ce qui séduit ces pèlerins d’un jour, à en croire le P. Boisgontier : « À côté des grands pèlerinages, nos contemporains ont besoin de vivre des expériences de proximité. Pour eux, cela signifie beaucoup, même s’ils ne savent pas toujours quoi. » Une chose est sûre : qu’il s’agisse de pèlerinages comme celui de Notre-Dame-du-Très-Haut, de processions comme celle de la limacièra à Blausasc (tous deux dans les Alpes-Maritimes) ou celle des apiculteurs à Moiremont (Marne), les rites de nos arrière-grands-parents suscitent un intérêt renouvelé parmi les jeunes générations.
une nouvelle géographie du sacré
Cet engouement est d’autant plus surprenant que bon nombre de ces processions avaient perdu de leur ampleur, selon l’analyse de la sociologue Brigitte Bleuzen qui a examiné le cas breton (1) : « Du XIXe siècle jusqu’aux années 1960, des processions et rogations sacralisent l’espace en dehors de l’église, rappelle cette universitaire.
Organisées en l’honneur de la Vierge ou des saints locaux, ces fêtes aidaient à faire face aux intempéries et aux difficultés de la vie. » Depuis la Seconde Guerre mondiale, développe Brigitte Bleuzen, un « mouvement continu et puissant de modernisation, favorisé par la croyance aux vertus du progrès, a entraîné progressivement la désacralisation de l’espace par la quasi-disparition de certaines de ces pratiques religieuses. »
Comment expliquer ce renversement de tendance ? Depuis plusieurs années, Brigitte Bleuzen observe la naissance d’une nouvelle « géographie sacrée » qu’elle définit ainsi : « Il s’agit moins d’un retour aux traditions que d’une quête. Faire taire en soi “l’éternelle pulsion parlante” évoquée par Barthes, pour aller vers l’essence d’une vie en connexion avec la beauté d’un patrimoine paysager et architectural. »
Cette conscience explique que de telles traditions retrouvent un second souffle, à l’image des rogations d’Indre-et-Loire : si le phénomène n’est pas nouveau à proprement parler, le P. Xavier Malle, curé de L’Île-Bouchard, constate qu’il répond à des attentes concrètes. Chaque année, une cinquantaine de paroissiens s’associent à ces rogations pendant trois jours. Certains apportent de la terre de leurs champs ou de leur jardin pour la faire bénir.
L’année dernière, explique le P. Malle, les paroisses de Saint-Épain, de L’Île-Bouchard et de Saint-Vincent-de-Paul se sont réunies pour une procession commune. »
http://www.la-croix.com/Religion/Spiritualite/Le-retour-des-processions-religieuses-dans-les-campagnes-de-France-2013-06-28-979923
Alors que les paroisses rurales sont fragilisées par la pénurie de prêtres, les rogations, pèlerinages et autres pardons semblent connaître un nouveau souffle
Avec ses calvaires fleuris et ses chemins de bocage, le « Petit Tour » de Ceaucé n’est pas, malgré sa consonance avec le jargon du cyclisme, une déclinaison normande de la Grande Boucle. Non, ce tour-là est organisé par les villageois en l’honneur du saint local, l’ermite Ernier qui évangélisa la région au VIe siècle.
Dans cette localité de l’Orne d’un millier d’âmes située à la lisière de la Mayenne, à une quinzaine de kilomètres au sud de Domfront, cette procession ancestrale – ses origines demeurent mystérieuses – ne s’est jamais perdue. Mieux : elle connaît un regain de vitalité. Un succès, certes modeste (de 300 à 400 participants), révélateur de la renaissance discrète mais sensible des pardons, rogations et autres bénédictions un peu partout en France. Cet été encore, ces festivités alliant couleur locale et spiritualité fleuriront sur la route des vacances de nombreux Français.
rite immuable
Curé du Domfrontais, le P. Gérard Boisgontier, 66 ans, veille avec soin sur ce Petit Tour pour lequel il nourrit une affection particulière : « Enfant de chœur, je me revois, portant la croix le long des haies ; nous battions la rosée, nous étions fiers », se remémore avec nostalgie ce natif de Ceaucé. Organisée le lundi de Pentecôte, cette procession de 8 kilomètres a résisté à toutes les modes.
Depuis peu, elle a même acquis une notoriété diocésaine, accueillant régulièrement l’évêque de Séez. Après avoir quitté l’église paroissiale, les participants portent en procession les reliques de saint Ernier en empruntant le chemin des calvaires – une dizaine en tout, fleuris par les familles du village – avant de gravir le mont Margantin pour y célébrer la messe.
À quelques détails près, le rite est immuable et c’est peut-être ce qui séduit ces pèlerins d’un jour, à en croire le P. Boisgontier : « À côté des grands pèlerinages, nos contemporains ont besoin de vivre des expériences de proximité. Pour eux, cela signifie beaucoup, même s’ils ne savent pas toujours quoi. » Une chose est sûre : qu’il s’agisse de pèlerinages comme celui de Notre-Dame-du-Très-Haut, de processions comme celle de la limacièra à Blausasc (tous deux dans les Alpes-Maritimes) ou celle des apiculteurs à Moiremont (Marne), les rites de nos arrière-grands-parents suscitent un intérêt renouvelé parmi les jeunes générations.
une nouvelle géographie du sacré
Cet engouement est d’autant plus surprenant que bon nombre de ces processions avaient perdu de leur ampleur, selon l’analyse de la sociologue Brigitte Bleuzen qui a examiné le cas breton (1) : « Du XIXe siècle jusqu’aux années 1960, des processions et rogations sacralisent l’espace en dehors de l’église, rappelle cette universitaire.
Organisées en l’honneur de la Vierge ou des saints locaux, ces fêtes aidaient à faire face aux intempéries et aux difficultés de la vie. » Depuis la Seconde Guerre mondiale, développe Brigitte Bleuzen, un « mouvement continu et puissant de modernisation, favorisé par la croyance aux vertus du progrès, a entraîné progressivement la désacralisation de l’espace par la quasi-disparition de certaines de ces pratiques religieuses. »
Comment expliquer ce renversement de tendance ? Depuis plusieurs années, Brigitte Bleuzen observe la naissance d’une nouvelle « géographie sacrée » qu’elle définit ainsi : « Il s’agit moins d’un retour aux traditions que d’une quête. Faire taire en soi “l’éternelle pulsion parlante” évoquée par Barthes, pour aller vers l’essence d’une vie en connexion avec la beauté d’un patrimoine paysager et architectural. »
Cette conscience explique que de telles traditions retrouvent un second souffle, à l’image des rogations d’Indre-et-Loire : si le phénomène n’est pas nouveau à proprement parler, le P. Xavier Malle, curé de L’Île-Bouchard, constate qu’il répond à des attentes concrètes. Chaque année, une cinquantaine de paroissiens s’associent à ces rogations pendant trois jours. Certains apportent de la terre de leurs champs ou de leur jardin pour la faire bénir.
L’année dernière, explique le P. Malle, les paroisses de Saint-Épain, de L’Île-Bouchard et de Saint-Vincent-de-Paul se sont réunies pour une procession commune. »
http://www.la-croix.com/Religion/Spiritualite/Le-retour-des-processions-religieuses-dans-les-campagnes-de-France-2013-06-28-979923
sylvia- Avec les anges
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Inscription : 22/01/2011
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