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♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 18 Bannie10

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Visage de J?sus Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

Message par Maud Mar 1 Oct 2013 - 7:26

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 18 Maria_49

Le cousin Simon revient à Jésus


Ils sont accueillis dans une pauvre maison où se trouve une petite vieille entourée d'une ribambelle d'enfants de dix à deux ans, plus ou moins. La maison est au milieu de petits champs peu entretenus, plusieurs transformés en prés où émergent des arbres fruitiers qui ont survécu.

"La paix à toi, Jeanne. Cela va mieux aujourd'hui ? Ils sont venus t'apporter de l'aide ?"

"Oui, Maître et Jésus. Et ils m'ont dit qu'ils reviendront pour semer. Ce sera tard, mais ils m'ont dit que cela poussera encore."

"Certainement cela poussera. Ce qui serait un miracle de la terre et de la semence deviendra miracle de Dieu. Par conséquent un miracle parfait. Tes champs seront les plus beaux de cette région, et ces oiseaux qui t'entourent auront du grain en abondance pour remplir leurs bouches. Ne pleure plus. L'année qui vient, cela ira déjà beaucoup mieux. Mais je t'aiderai encore. Ou plutôt tu seras aidée par une personne qui a le même nom que toi et qui ne se rassasie jamais d'être bonne. Regarde : ceci est pour toi. Avec cela, tu pourras aller jusqu'aux récoltes." La petite vieille prend la bourse et en même temps elle prend la main, de Jésus et elle baise cette main en pleurant. Puis elle demande : "Dis-moi quelle est cette bonne créature pour que je dise son nom au Seigneur."

"Une de mes disciples et ta sœur. Le nom est connu de Moi et du Père des Cieux."
"Oh ! c'est Toi !..."

"Moi, je suis pauvre, Jeanne. Je donne ce que l'on me donne. De moi-même, je ne puis donner que le miracle. Et je regrette de n'avoir pas su plus tôt ton malheur. Je suis venu dès que Suzanne me l'a dit. C'était tard désormais. Mais ainsi resplendira davantage l’œuvre de Dieu."

"Tard ! Oui. Tard ! Si rapide a été la mort pour faucher ici ! Et elle a pris les jeunes. Non pas moi qui étais inutile. Ni ceux-ci : incapables. Mais ceux qui étaient solides pour le travail, Maudite lune de Ellul, chargée d'influences malignes !"

"Ne maudis pas la planète. Elle n'y est pour rien..: Sont-ils bons. ces petits ? Venez ici. Vous voyez ? Lui aussi est un enfant sans père et sans mère. Et il ne peut pas même vivre avec son grand-père. Mais Dieu ne l'abandonne tout de même pas. Et Il ne l'abandonnera pas tant qu'il sera bon. N'est-ce pas Margziam ?"

Margziam est d'accord et il parle aux petits qui se serrent autour de lui, petits pour l'âge plus que lui, mais certains sont sensiblement plus grands que lui. Il dit : "Oh ! c'est bien vrai que Dieu n'abandonne pas. Moi, je peux le dire. Le grand-père a prié pour moi et certainement aussi le père et la mère de l'autre vie. Et Dieu a écouté ces prières car Lui est très bon, et Il écoute toujours les prières des justes, qu'ils soient morts ou vivants. Pour vous certainement vos morts ont prié et cette chère petite grand-mère. L'aimez-vous bien ?"

"Oui, oui..." Le pépiement de la nichée orpheline s'élève enthousiaste.

Jésus se tait pour écouter la conversation de son petit disciple et des orphelins.

"Vous avez raison. Les vieillards, il ne faut pas les faire pleurer. D'ailleurs, on ne doit faire pleurer personne car celui qui donne douleur au prochain donne douleur à Dieu. Mais les vieillards ! Le Maître traite bien tout le monde, mais avec les vieillards, il est toute caresse comme avec les enfants. Car les enfants sont innocents et les vieillards sont souffrants. Ils ont déjà tant pleuré ! Il faut les aimer deux fois, trois fois, dix fois, pour tous ceux qui ne les aiment plus. Jésus dit toujours que celui qui n'honore pas le vieillard est deux fois méchant comme celui qui maltraite l'enfant. C'est que les vieillards et les enfants ne peuvent se défendre. Vous par conséquent soyez bons avec la vieille mère."

"Moi, quelque fois, je ne l'aide pas..." dit un des grands.

"Pourquoi ? Tu manges pourtant le pain qu'elle te présente avec sa fatigue ! N'y sens-tu pas le goût de ses larmes quand tu l'affliges ? Et toi, femme, l'aides-tu ? (la femme en question a au plus dix ans et c'est une frêle et pâle fille)."

Les petits frères disent en chœur : "Oh ! Rachel est bonne ! Elle veille tard pour filer le peu de laine et de coton que nous avons, et elle a pris la fièvre dans le champ pour le préparer aux semailles pendant que le père mourait."

"Dieu t'en récompensera" dit sérieusement Margziam.

"Il m'a déjà récompensée en soulageant la peine de la grand-mère."

Jésus intervient: "Tu ne demandes pas davantage ?"

"Non, Seigneur."

"Mais es-tu guérie ?"

"Non, Seigneur. Mais peu importe. Maintenant, si je meurs, la grand-mère est secourue. Avant, il me déplaisait de mourir, parce que je l'aidais."

"Mais la mort est une vilaine chose, fillette..."

"Comme Dieu m'aide pendant ma vie, Il m'aidera à la mort et j'irai trouver maman... Oh ! ne pleure pas grand-mère ! Je t'aime bien, chérie. Je ne le dirai plus, si cela doit te faire pleurer. Et même, si tu le veux, je dirai au Seigneur qu'il me guérisse... Ne pleure pas ma petite maman..." et elle embrasse la petite vieille désolée.

"Fais qu'elle guérisse, Seigneur. Mon grand-père, tu l'as rendu heureux à cause de moi. Rends heureuse cette petite vieille, maintenant…"

"Les grâces s'obtiennent par le sacrifice. Toi, quel sacrifice fais-tu pour l'obtenir ?" demande sérieusement Jésus.

Margziam réfléchit... Il cherche ce à quoi il lui sera plus pénible de renoncer... puis il sourit : "Je ne prendrai plus de miel pendant toute une lune."

"C'est peu ! Celle de Casleu est déjà bien avancée..."

"Je parle d'une lune pour dire quatre phases. Et pense... que ces jours c'est la Fête des Lumières et il y a les fouaces au miel..."

"C'est vrai. Eh bien, Rachel guérira grâce à toi. Maintenant, partons. Adieu, Jeanne. Avant de partir, je viendrai encore. Adieu, Rachel, et toi Tobie, sois toujours bon. Adieu, vous tous, petits. Que reste sur vous ma bénédiction et en vous ma paix."

Ils sortent suivis par les bénédictions de la petite vieille et des enfants.

Margziam, une fois joué son rôle "d'apôtre et victime" se met à sauter comme un cabri en courant en avant.

Simon observe avec un sourire : "Son premier sermon et son premier sacrifice. Voilà qui promet, ne te semble-t-il pas, Maître ?"

"Oui, mais il a déjà prêché plusieurs fois. Même pour Judas de Simon..."

"...auquel il semble que le Seigneur fasse parler par les enfants... Peut-être pour éviter des vengeances de sa part..."

"Des vengeances, non... Je ne crois pas qu'il arrive à pareille chose. Mais des réactions vives, oui. Il n'aime pas la vérité, celui qui mérite le reproche... Et pourtant, il faut la dire..."

Simon l'observe, puis il demande : "Maître, dis-moi la vérité. Tu l'as éloigné, et tu as pris la décision d'envoyer tout le monde à la maison pour les Encénies, pour empêcher que Judas soit en Galilée à ce moment-là. Je ne te demande pas et je ne veux pas que tu me dises pourquoi il est bien que l'homme de Kériot ne soit pas parmi nous. Il me suffit de savoir si j'ai deviné. Tous le pensent, tu sais ? Thomas lui-même. Et il m'a dit : "Je pars sans réagir, car je comprends qu'il y a par-dessous un motif sérieux". Et il a ajouté : "Et le Maître fait bien d'agir comme il le fait. Trop de Nahum, Sadoc, Giocana et Eléazar, dans les amitiés de Judas..." Il n'est pas stupide Thomas !.. Et il n'est pas mauvais, bien que très homme. Dans son affection pour Toi, il est très sincère..."
"Je le sais. Et c'est vrai ce que vous avez pensé. Bientôt, vous en saurez la raison..."
"Nous ne te la demandons pas."

"Mais j'aurai à vous demander de l'aide et je devrai vous la dire." Margziam revient en vitesse : "Maître, là-bas, là où le sentier débouche sur la route, il y a ton cousin Simon, tout en sueur comme s'il avait beaucoup couru. Il m'a demandé : "Où est Jésus ?". J'ai répondu : "Ici, en arrière, avec Simon le Zélote". Il m'a dit : "Il passe par ici ?" "Certainement" ai-je répondu. "On passe par ici pour revenir à la maison, à moins de faire comme les oiseaux qui volent et vont de tous les côtés pour revenir à leurs nids. Tu le veux ?" lui ai-je demandé aussi. Ton frère est resté incertain. Et pourtant, il te veut, j'en suis sûr."

"Maître, il a déjà vu sa femme... Voici ce que nous allons faire. Margziam et moi, nous te laissons libre. Nous passerons par derrière. De toutes façons... nous ne sommes pas pressés d'arriver... Et Toi, tu suis le chemin direct."

"Oui. Merci, Simon. Adieu à tous les deux."

Ils se séparent et Jésus presse le pas vers la grand-route. Voilà Simon, adossé à un tronc d'arbre qui halète et essuie sa sueur. En voyant Jésus, il lève les bras... et puis les laisse retomber, et baisse la tête, humilié.

Jésus le rejoint et lui met la main sur l'épaule en lui demandant : "Que veux-tu de Moi, Simon ? Me faire plaisir en me disant une parole d'amour que j'attends depuis de nombreux jours ?"

Simon baisse encore davantage la tête et garde le silence... "Parle donc. Est-ce que peut-être je suis un étranger pour toi ? Non, en vérité tu es toujours mon bon frère Simon et Moi, je suis pour toi le petit Jésus que tu portais péniblement dans tes bras mais avec tant d'amour quand nous sommes revenus à Nazareth."

L'homme cache son visage avec ses mains et se laisse tomber à genoux en gémissant : "Oh ! Mon Jésus ! C'est moi le coupable, mais je suis suffisamment puni..."

"Allons, lève-toi ! Nous sommes parents. Allons ! Que veux-tu ?"

"Mon enfant ! Est..." les pleurs l'étranglent.

"Ton enfant ? Eh bien ?"

"Il est vraiment mourant, et avec lui meurt l'amour de Salomé... et je reste avec deux remords : d'avoir perdu l'enfant et l'épouse à la fois... Cette nuit, j'ai cru qu'il était déjà mort, et elle me paraissait une hyène. Elle me criait au visage : " Assassin de ton fils !" J'ai prié que cela ne soit pas, en me jurant à moi-même de venir à Toi si l'enfant revenait, même si on devait me chasser - je le mérite, du reste - pour te faire savoir que Toi seul pouvais empêcher mon malheur. A l'aurore, l'enfant s'est repris un peu... Je me suis enfui de ma maison pour aller à la tienne par derrière la ville, pour ne pas trouver d'obstacles... J'ai frappé. Ta Mère m'a ouvert, étonnée. Elle aurait pu me recevoir mal. Elle m'a seulement dit : "Qu'as-tu, pauvre Simon?" Et elle m'a caressé comme si j'étais encore un enfant... Cela m'a fait beaucoup pleurer. Et l'orgueil, l'hésitation ont ainsi disparu. Ce n'est pas possible que ce soit vrai ce que nous a dit Judas, ton apôtre, pas mon frère. Cela, je ne l'ai pas dit à Marie, mais je me le dis à moi-même, en me battant la poitrine et en me traitant de tous les noms, depuis ce moment-là. A elle j'ai dit : "Jésus est-il là? C'est pour Alphée. Il va mourir..." Marie m'a dit : "Cours ! Il est vers Cana avec l'enfant et un apôtre. Sur la route de Cana. Mais fais vite. Il est sorti à l'aurore. Il va revenir. Je prierai pour que tu le trouves". Pas un mot de reproche, pas un, pour moi qui en mérite tant !"

"Moi non plus je ne te ferai pas de reproches. Mais je t'ouvre les bras pour..."

"Hélas ! pour me dire qu'Alphée est mort !..."

"Non. Pour te dire que je t'aime bien."

"Viens, alors ! Vite ! Vite !..."

"Non. Ce n'est pas nécessaire."

"Tu ne viens pas ? Ah ! tu ne pardonnes pas ? Ou bien Alphée est mort ? Mais même s'il l'est, Jésus, Jésus, Jésus, Toi qui ressuscites les morts, rends-moi mon fils ! Oh ! Jésus bon !... Oh ! Jésus saint !... Oh ! Jésus que j'ai abandonné... Oh ! Jésus, Jésus, Jésus..." Les pleurs de l'homme remplissent la route solitaire pendant que lui, de nouveau à genoux, chiffonne convulsivement le vêtement de Jésus ou Lui baise les pieds, brisé par la douleur, le remords, l'amour paternel...

"Tu n'es pas passé chez toi avant devenir ici ?"

"Non. Je suis accouru comme un fou, jusqu'ici... Pourquoi ? Il y a une autre douleur ?

Salomé est déjà en fuite ? Elle est devenue folle ? Elle semblait déjà l'être cette nuit…"

"Salomé m'a parlé. Elle a pleuré. Elle a cru. Va chez toi, Simon. Ton fils est guéri."

"Toi !... Toi !... Tu as fait cela pour moi qui t'ai offensé en croyant à ce serpent ? Oh ! Seigneur ! Je ne suis pas digne de tant ! Pardon ! Pardon ! Pardon ! Dis-moi ce que tu veux que je fasse pour réparer, pour te dire que je t'aime, pour te persuader que je souffrais de garder les distances, pour te dire que depuis que tu es ici, même avant qu'Alphée soit si malade, moi, je désirais te parler !... Mais... Mais..."

"Laisse tomber. Tout cela, c'est du passé. Moi, je ne m'en souviens plus. fais de même, et oublie aussi les paroles de Judas de Kériot. C'est un enfant. De toi, je veux seulement ceci : que ni maintenant ni jamais tu ne répètes ces paroles à mes disciples, à mes apôtres et, moins encore qu'à tous, à ma Mère. Cela seulement. Maintenant, Simon, va chez toi. Va. Sois en paix... Ne tarde pas à jouir de la joie qui remplit ta demeure. Va." Il l'embrasse et le pousse doucement vers Nazareth.

"Tu ne viens pas avec moi ?"

"Je t'attends à ma maison avec Salomé et Alphée. Va. Et souviens-toi que c'est à cause de ton épouse, qui a su croire seulement à la vérité, que tu as la joie actuelle. A cause d'elle."
"Tu veux dire qu'à moi..."

"Non. Je veux dire que j'ai senti en toi le repentir. Et ton repentir est venu de son ton accusateur... Vraiment Dieu crie par la bouche de ceux qui sont bons et Il avertit par eux et conseille !... Et j'ai vu la foi humble et forte de Salomé. Va, je te dis. Ne tarde pas davantage à lui dire "merci"

Il le pousse presque rudement pour le persuader d'aller. Et quand finalement Simon s'en va, il le bénit... et puis, il hoche la tête en un muet soliloque et des larmes coulent lentement sur son pâle visage... Un seul mot dit où se porte sa pensée : "Judas !"...

Il prend le même petit chemin pris par le Zélote, en arrière des limites de la ville, en direction de sa maison.

*

SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2004/index.htm#170
Tome : 4/175

https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t18376-oeuvre-de-maria-valtorta-presentation-des-disciples-de-jesus




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Visage de J?sus Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

Message par Maud Mer 2 Oct 2013 - 8:03

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 18 Maria_50

Simon Pierre à Nazareth.

La générosité de Margziam

La matinée est avancée quand Pierre seul, et sans être attendu, arrive à la maison de Nazareth. Il est chargé comme un portefaix de paniers et de sacs, mais il est si heureux, qu'il ne sent pas le poids et la fatigue.

A Marie, qui va lui ouvrir, il adresse un sourire bienheureux et un salut à la fois joyeux et respectueux. Puis il demande : « Où sont le Maître et Margziam ? »

« Ils sont sur le talus, au-dessus de la grotte, mais du côté de la maison d'Alphée. Je crois que Margziam cueille les olives et Jésus certainement médite. Je vais les appeler. »

« Je m'en charge, moi. »

« Débarrasse-toi au moins de tous ces colis. »

« Non, non. Ce sont des surprises pour l'enfant. J'aime le voir écarquiller les yeux et fouiller anxieusement... Ses joies, mon pauvre enfant. »

Il sort dans le jardin, va au-dessous du talus, se cache bien à l'intérieur de la grotte et puis il crie en changeant un peu sa voix : « La paix à Toi, Maître » et puis d'une voix naturelle : « Margziam !... »

La petite voix de Margziam qui remplissait d'exclamations l'air tranquille, se tait... Une pause, puis la petite voix semblable à celle d'une fillette demande ! « Maître, n'était-ce pas mon père celui qui m'a appelé ? »

Peut-être Jésus était tellement plongé dans ses pensées qu'il n'a rien entendu et il le reconnaît, simplement.

Pierre appelle de nouveau : « Margziam ! » et puis il pousse un grand éclat de rire.
« Oh ! c'est bien lui ! Père ! Mon père ! Où es-tu ? »

Il se penche pour regarder dans le jardin, mais il ne voit rien... Jésus aussi s'avance et regarde... Il voit Marie qui sourit à la porte et Jean et Sintica qui l'imitent de la pièce au fond du jardin, près du four.

Mais Margziam se décide et se jette du haut du talus tout près de la grotte et Pierre le saisit rapidement avant qu'il ne touche le sol. Il est émouvant le salut des deux. Jésus, Marie et les deux qui sont au fond du jardin les observent en souriant, et puis s'approchent du petit groupe affectueux.

Pierre se libère comme il peut de l'étreinte de l'enfant pour s'incliner devant Jésus et le saluer de nouveau. Et Jésus l'embrasse, embrassant aussi l'enfant qui ne se détache pas de l'apôtre et qui demande : « Et la mère ? »

Mais Pierre répond à Jésus qui lui demande : « Pourquoi es-tu venu si tôt ? »

« Et il te semblait que je pourrais rester si longtemps sans te voir ? Et puis... Hé ! Et c'était Porphyrée qui ne me laissait pas tranquille : "Va voir Margziam. Porte-lui ceci, porte-lui cela". Elle semblait penser que Margziam était au milieu des voleurs ou dans un désert. Puis la nuit dernière, elle s'est levée exprès pour faire les fouaces et à peine furent-elles cuites qu'elle me fit partir... »

« Oh ! les fouaces !... » crie Margziam, mais ensuite il se tait.

« Oui. Elles sont ici dedans avec les figues séchées au four et les olives et les pommes rouges. Et puis elle t'a fait un pain à l'huile, et puis elle t'a envoyé les petits fromages de tes brebis. Et puis il y a un vêtement qui ne prend pas l'eau. Et puis, et puis... je ne sais quoi d'autre : Comment ? Tu n'es plus pressé ? Tu pleures ? Oh ! Pourquoi ? »
« Parce que j'aurais préféré que tu me l'amènes elle, plutôt que toutes ces choses... Je l'aime bien, sais-tu, moi ? »

« Oh ! Divine Miséricorde ! Mais qui l'aurait pensé ?! Si c'était elle qui entende ces choses, elle fondrait comme du beurre... »

« Margziam a raison. Tu aurais pu venir avec elle. Sûrement elle désire le voir, depuis si longtemps. Nous femmes, nous sommes ainsi avec nos enfants... » dit Marie.
« Bien... Mais sous peu, elle le verra, n'est-ce pas Maître ? »

« Oui, après les Encénies, quand nous partirons... Mais, même... Oui, quand tu reviendras après les Encénies, tu viendras avec elle. Elle sera avec lui, quelques jours, et puis ils retourneront ensemble à Bethsaïda. »

« Oh ! comme c'est beau ! Ici avec deux mères ! » L'enfant est rasséréné et heureux.
Ils entrent tous dans la maison et Pierre se débarrasse de ses paquets.

« Voici : du poisson sec, du salé, du frais. Ce sera pratique pour ta Mère. Voici ce fromage tendre qui te plaît tant, Maître. Et ici des oeufs pour Jean. Espérons qu'ils ne sont pas cassés... Non, heureusement. Et puis du raisin. C'est Suzanne qui me l'a donné à Cana, où j'ai dormi. Et puis... Ah ! Et puis cela ! Regarde, Margziam comme il est blond, On dirait des cheveux de Marie... » Et il ouvre un pot rempli de miel filant.

« Mais pourquoi tant de choses ? Tu t'es sacrifié, Simon » dit Marie devant les gros paquets et les petits, les vases et les pots qui couvrent la table.

« Sacrifié ? Non. J'ai beaucoup pêché et avec beaucoup de succès. Cela pour le poisson. Pour le reste : des produits de la maison. Cela ne coûte rien, et en revanche cela donne tant de joie de les apporter. Et puis... Ce sont les Encénies... C'est l'usage. Non ?! Tu ne goûtes pas le miel ? »

« Je ne peux pas » dit sérieusement Margziam.

« Pourquoi ? Tu te sens mal ? »

« Non. Mais je ne peux le manger. »

« Mais pourquoi ? »

L'enfant devient rouge mais il ne répond pas. Il regarde Jésus et se tait. Jésus sourit et explique : « Margziam a fait un vœu pour obtenir une grâce. Il ne peut prendre de miel pendant quatre semaines. »

« Ah ! bien ! Tu le prendras après... Prends quand même le vase... Mais regarde ! Je ne le croyais pas si.., si... »

« Si généreux, Simon. Celui qui se met à la pénitence dès l'enfance trouvera facilement le chemin de la vertu pendant toute sa vie » dit Jésus pendant que l'enfant s'éloigne avec le petit vase dans les mains.

Pierre le regarde aller, plein d'admiration. Puis il demande:« Le Zélote n'est pas ici ? »
« Il est chez Marie d'Alphée, Mais il va bientôt venir. Ce soir vous dormirez ensemble. Viens ici, Simon Pierre. »

Ils sortent pendant que Marie et Sintica mettent en ordre la pièce encombrée par les paquets.

« Maître... je suis venu pour vous voir, Toi et l'enfant. C'est vrai. Mais aussi parce que j'ai beaucoup réfléchi, ces jours-ci, surtout depuis la venue de ces trois empoisonneurs... auxquels j'ai dit plus de mensonges qu'il n'y a de poissons dans la mer. Maintenant ils sont en route pour Gethsémani, croyant y trouver Jean d'Endor, et puis ils iront chez Lazare espérant y trouver Sintica et aussi Toi. Qu'ils y aillent !... Mais ensuite, ils reviendront et... Maître, ils veulent te causer des ennuis pour ces deux malheureux... »

« J'ai déjà pourvu à tout, depuis des mois. Quand ils reviendront à la recherche de ces deux qu'ils poursuivent, ils ne les trouveront plus, en aucun lieu de la Palestine. Tu vois ces coffres ? C'est pour eux. Tu as vu tous ces vêtements pliés près du métier ? C'est pour eux. Tu es étonné ? »

« Oui, Maître. Mais où les envoies-tu ? »

« A Antioche. »

Pierre fait un sifflement significatif et puis il demande : « Et chez qui ? et comment y vont-ils ? »

« Dans une maison de Lazare. La dernière que possède Lazare là où son père gouverna au nom de Rome. Et ils y iront par mer... »

« Ah! ! voilà ! Car si Jean devait y aller sur ses jambes... »

« Par mer. J'ai plaisir de pouvoir t'en parler. J'aurais envoyé Simon pour te dire : "Viens", pour tout préparer. Écoute. Deux ou trois jours après les Encénies, nous partirons d'ici par petits groupes, pour ne pas attirer l'attention. De la troupe feront partie Moi, toi, ton frère, Jacques et Jean et mes deux frères, avec en plus Jean et Sintica. Nous irons à Ptolémaïs ! De là, en barque, tu les accompagneras jusqu'à Tyr. Là vous prendrez place sur un navire qui va à Antioche, comme des prosélytes qui reviennent à leur maison. Puis vous reviendrez et me trouverez à Aczib. Je serai au sommet de la montagne chaque jour et, du reste, l'Esprit vous guidera... »

« Comment ? Tu ne viens pas avec nous ? »

« Je serais trop remarqué. Je veux donner la paix à l'esprit de Jean. »

« Et comment vais-je faire, moi qui ne suis jamais allé hors d'ici ?! »

« Tu n'es pas un enfant... et bientôt tu devras aller beaucoup plus loin qu'Antioche. Je me fie à toi. Tu vois que je t'estime... »

« Et Philippe et Barthélemy ? »

« Ils viendront à notre rencontre à Jotapate, évangélisant en nous attendant. Je leur écrirai et tu porteras la lettre. »

« Et... ces deux d'ici, savent-ils leur destinée ? »

« Non. Je leur ferai faire la fête en paix. .. »

« Oh ! les pauvres ! Regarde donc, si quelqu'un doit être persécuté par des criminels et... »

« Ne te souille pas la bouche, Simon. »

« Oui, Maître... Ecoute... Pourtant comment allons-nous faire pour porter ces coffres ? Et pour porter Jean ? Il me semble vrai- ment très malade. »

« Nous prendrons un âne. »

« Non. Nous prendrons un petit char. »

« Et qui va le conduire ? »

« Hé ! Si Judas de Simon a appris à ramer, Simon de Jonas apprendra à conduire. Et puis ce ne doit pas être une chose difficile de conduire un âne par la bride ! Sur le char nous mettons le coffre et ces deux... et nous, nous allons à pied. Oui, oui ! C'est bien de faire ainsi, crois-le. »

« Et le char, qui est-ce qui nous le donne ? Rappelle-toi que je ne veux pas que le départ soit connu. »

Pierre réfléchit... Il décide : « Tu as de l'argent? »

« Oui. Beaucoup encore des bijoux de Misace. »

« Alors, tout est facile. Donne-moi une somme. Je me procurerai un âne et un char auprès de quelqu'un et... oui, oui... après nous donnerons l'âne à quelque malheureux et le char... nous verrons... J'ai bien fait de venir et dois-je vraiment revenir avec l'épouse ? »

« Oui. C'est bien. »

« Et ce sera bien. Mais ces deux pauvres ! Il me déplaît, voilà, de ne plus avoir Jean avec nous. Déjà, nous l'aurions pour peu de temps... Mais le pauvre ! Il pouvait mourir ici, comme Jonas... »

« Il ne le lui aurait pas permis. Le monde hait celui qui se rachète. »

« Cela va le peiner... »

« Je trouverai une raison pour le faire partir sans trop de regrets ? »

« Laquelle ? »

« La même qui m'a servi pour envoyer Judas de Simon : celle de travailler pour Moi. »

« Ah !... Seulement en Jean il y aura la sainteté, mais en Judas il n'y a que l'orgueil. »

« Simon, ne médis pas. »

« C'est plus difficile que de faire chanter un poisson. C'est la vérité, Maître, ce n'est pas de la médisance... Mais il me semble que le Zélote soit venu avec tes frères. Allons-y. »

« Allons. Et silence avec tout le monde. »

« Tu me le dis ? Je ne puis cacher la vérité quand je parle, mais je sais me taire tout à fait, si je veux. Et je le veux. Je me le suis juré à moi-même. Moi aller jusqu'à Antioche ! Au bout du monde ! Oh ! je ne vois pas l'heure du retour ! Je ne dormirai pas tant que tout ne sera pas fini... »

Ils sortent et je ne sais plus rien.

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2004/index.htm#170

Tome: 4/176

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Visage de J?sus Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

Message par Maud Jeu 3 Oct 2013 - 7:30

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 18 Maria_51

Rien ne se perd dans l’économie sainte de l’Amour Universel

Je ne sais si c'est le même jour, mais je le suppose à cause de la présence de Pierre à la table de famille de Nazareth. Le repas est presque fini et Sintica se lève pour mettre sur la table des pommes, des noix, du raisin et des amandes qui finissent le souper, car c'est le soir et les lampes sont déjà allumées.

C'est sur les lampes justement que roule la conversation pendant que Sintica apporte les fruits. Pierre dit : "Cette année, nous allons en allumer une de plus, et ensuite toujours une de plus, pour toi, mon fils. Car nous voulons l'allumer nous pour toi, même si tu es ici. La première fois que nous l'allumons pour un enfant..." et Simon s'émeut un peu en terminant : "Sûrement... si tu y étais toi, ce serait plus beau..."

"L'an dernier, c'était moi, Simon, qui soupirais ainsi pour le Fils si loin, et avec moi Marie d'Alphée et Salomé, et aussi Marie de Simon, dans la maison de Kériot, et la mère de Thomas..."

"Oh ! La mère de Judas ! Cette année, elle aura son fils... mais je ne crois pas qu'elle soit plus heureuse... N'y pensons pas... Nous étions chez Lazare. Que de lumières !... Cela ressemblait à un ciel d’or et de feu. Cette année, Lazare a sa sœur... Mais je peux bien dire qu'ils soupireront en pensant que tu n'y es pas. Et l'année prochaine ? Où serons-nous ?"

"Moi, je serai très loin..." murmure Jean.

Pierre se tourne pour le regarder car il l'a à son côté, et il va lui demander quelque chose mais, heureusement, il sait s'arrêter par suite d'un coup d’œil de Jésus.

Margziam demande : "Où seras-tu ?"

"Par la miséricorde du Seigneur, j'espère dans le sein d'Abraham..."

"Oh ! tu veux mourir ? Tu ne veux pas évangéliser ? Tu ne regrettes pas de mourir sans l'avoir fait ?"

"La parole du Seigneur doit sortir de lèvres saintes. C'est beaucoup qu'Il m'ait permis de l'entendre et de me racheter grâce à elle. Cela m'aurait plu, mais c'est tard..."

"Et pourtant, tu évangéliseras. Tu l'as déjà fait, tant que tu as attiré l'attention sur toi. Pour cela tu seras également appelé disciple évangélisateur, même si tu ne voyages pas en répandant la bonne Nouvelle et tu auras dans l'autre vie la récompense réservée à mes évangélisateurs."

"Ta promesse me fait désirer la mort... Chaque minute de vie peut cacher un piège, et moi, faible comme je suis, je ne pourrais peut-être pas l'éviter. Si Dieu m'accueille, satisfait de ce que j'ai accompli, n'est-ce pas une grande bonté qu'il faut bénir ?"

"En vérité, je te dis que la mort sera bonté suprême pour beaucoup qui de cette façon connaîtront jusqu'à quel point l'homme devient démoniaque pour arriver à un point où la paix les consolera de cette connaissance et la changera en hosanna parce qu'elle sera unie à l'inexprimable joie de la libération des Limbes."

"Et les années suivantes où serons-nous, Seigneur ?" demande le Zélote attentif.
"Où il plaira à l'Éternel. Veux-tu connaître d'avance les temps éloignés quand nous ne sommes pas sûrs du moment que nous vivons et s'il nous sera accordé de le finir ? Du reste, quel que soit l'endroit où se feront les futures Encénies, il sera toujours saint si vous y êtes pour accomplir la volonté de Dieu."

"Vous y serez ? Et Toi ?" demande Pierre.

"Moi, je serai toujours où se trouveront ceux que j'aime."

Marie n'a jamais parlé, mais ses yeux n'ont pas cessé un moment de scruter le visage du Fils... Elle en est détournée par l'observation de Margziam qui dit : "Pourquoi, Mère, n'as-tu pas mis sur la table les fouaces au miel ? Elles plaisent à Jésus et elles feraient du bien à Jean pour sa gorge. Et puis elles plaisent aussi à mon père..."

"Et aussi à toi" termine Pierre.

"Pour moi... c'est comme si elles n'existaient pas. J'ai promis..."

"Et c'est pour cela, mon chéri, que je ne les ai pas mises..." dit Marie en le caressant, car Margziam est entre elle et Sintica d'un côté de la table, alors que les quatre hommes sont du côté opposé.

"Non, non. Tu peux les apporter à tout le monde. Et même, tu dois les apporter et moi, je les donnerai à tout le monde."

Sintica prend une lampe, sort et revient avec les fouaces. Margziam prend le plateau et commence la distribution. La plus belle, dorée, levée comme celle d'un maître pâtissier, il la donne à Jésus. Une autre, aussi parfaite, à Marie. Puis c'est le tour de Pierre, de Simon, de Sintica. Mais pour la donner à Jean, l'enfant se lève et il va à côté du pédagogue vieux et malade, et lui dit : "Pour toi la tienne et la mienne, et en plus un baiser pour tout ce que tu m'enseignes." Puis il revient à sa place, en posant résolument le plateau au milieu de la table et en croisant les bras.

"Tu me fais avaler de travers ce délice" dit Pierre en voyant que Margziam n'en prend vraiment pas. Et il ajoute : "Un petit morceau, au moins. Tiens, de la mienne, seulement pour ne pas mourir d'envie. Tu souffres trop... Jésus te le permet."

"Mais si je ne souffrais pas, je n'aurais pas de mérite, mon père. C'est bien parce que je savais que cela m'aurait fait souffrir que j'ai offert ce sacrifice... Et du reste... Je suis si content de l'avoir fait, qu'il me paraît d'être plein de miel. J'en sens le goût partout, il me semble le respirer avec l'air..."

"C'est parce que tu en meurs d'envie."

"Non, c'est parce que je sais que Dieu me dit : "Tu fais bien, mon fils"

"Le Maître t'aurait fait plaisir, même sans ce sacrifice. Il t'aime tant !"

"Oui. Mais il n'est pas juste, étant aimé, que j'en profite. Lui le dit, du reste, que grande est la récompense au Ciel même pour une coupe d'eau offerte en son nom. Je pense que si elle est grande pour un calice d'eau donné à un autre en son nom, elle le sera aussi pour une fouace ou un peu de miel que l'on se refuse pour l'amour d'un frère. Est-ce que je parle mal, Maître ?"

"Tu parles avec sagesse. Moi, je pouvais, en effet, t'accorder ce que tu demandais pour la petite Rachel même sans ton sacrifice, car c’était une chose qui était bonne à faire et mon cœur la voulait. Mais c'est avec plus de joie que je l'ai faite, parce que j'étais aidé par toi. L'amour pour nos frères ne se borne pas à des moyens et des limites humaines, mais il s'élève bien plus haut. Quand il est parfait, il touche le trône de Dieu et se fond avec son infinie Charité et Bonté. La communion des saints est précisément cette continuelle action, de même que continuellement et de toutes les façons Dieu agit, pour donner de l'aide aux frères que ce soit dans leurs besoins matériels ou dans leurs besoins spirituels, ou dans les deux à la fois, comme c'est le cas pour Margziam qui, en obtenant la guérison de Rachel, la soulage de la maladie et en même temps soulage l'esprit abattu de la vieille Jeanne, et allume une confiance toujours plus grande dans le Seigneur dans le cœur de tous ceux de cette famille.

Même une cuillerée de miel que l'on sacrifie, peut servir à ramener la paix et l'espoir à un affligé, comme la fouace ou une autre nourriture, dont on s'est privé dans un but d'amour, peut obtenir un pain, miraculeusement offert, à un affamé éloigné et qui sera toujours pour nous un inconnu; et une parole de colère, même d'une juste colère, retenue par esprit de sacrifice, peut empêcher un crime lointain, comme de résister au désir de cueillir un fruit, par amour, peut servir à donner une pensée de regret à un voleur et ainsi empêcher un vol. Rien ne se perd dans l'économie sainte de l'amour universel. Pas plus l'héroïque sacrifice d'un enfant devant un plat de fouaces que l'holocauste d'un martyr. Je vous dis même que l'holocauste d'un martyr a souvent pour origine l'éducation héroïque qui lui a été donnée dès l'enfance pour l'amour de Dieu et du prochain."

"Alors il est vraiment utile que je fasse toujours des sacrifices pour le temps où nous serons persécutés" dit Margziam avec conviction.

"Persécutés ?" demande Pierre.

"Oui. Tu ne te rappelles pas que Lui l'a dit ? "Vous serez persécutés à cause de Moi". Toi, tu me l'as dit quand tu es venu pour la première fois seul, évangéliser à Bethsaïda, pendant l'été."

"Il se souvient de tout, cet enfant" dit Pierre plein d'admiration.

Le souper est terminé. Jésus se lève, il prie pour tous et bénit. Et puis, pendant que les femmes vont faire la vaisselle, Jésus se met avec les hommes daris un coin de la pièce et il taille un morceau de bois qui sous le regard admiratif de Margziam devient une brebis...

*
SOURCE ; http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2004/index.htm#170
Tome : 4/177
https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t18376-oeuvre-de-maria-valtorta-presentation-des-disciples-de-jesus



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Maud
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Visage de J?sus Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

Message par Maud Ven 4 Oct 2013 - 7:20

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 18 Maria_52

'Jean d’Endor, tu iras à Antioche'

C'est une pluvieuse matinée d'hiver. Jésus est déjà levé et il est au travail dans son atelier. Il travaille à de petits objets. Mais dans un coin il y a un nouveau métier à tisser, nouveau, pas très grand mais bien tourné.

Marie entre avec une tasse fumante de lait. "Bois, Jésus. Il y a si longtemps que tu es levé. Le temps est humide et froid..."

"Oui. Mais, au moins, j'ai pu tout finir... Ces huit jours de fête avaient paralysé le travail..." Jésus s'est assis sur l'établi de menuisier, un peu de biais, et il boit son lait pendant que Marie observe le métier et le caresse de la main.

"Tu le bénis, Maman ?" demande Jésus en souriant.

"Non, je le caresse parce c'est Toi qui l'as fait. La bénédiction, tu la lui as donnée en le faisant. Tu as eu une bonne idée. Il servira à Sintica. Elle est très adroite pour le tissage. Et il lui servira pour approcher des femmes et des jeunes filles. Qu'as-tu fait d'autre car je vois des copeaux d'olivier, me semble-t-il près du tour ?"

"J'ai fait des choses utiles pour Jean. Tu vois ? Un étui pour les styles et une petite table pour écrire. Et puis ces pupitres pour y renfermer ses livres. Je n'aurais pas pu faire cela si Simon de Jonas n'avait pas pensé à un petit char. Mais maintenant, nous pourrons charger aussi ces objets... et eux sentiront que je les ai aimés aussi dans ces petites choses..."

"Tu souffres de les éloigner, n'est-ce pas ?"

"Je souffre... Pour Moi et pour eux. J'ai attendu jusqu'à présent pour leur parler... et c'est déjà beaucoup que Simon ne soit pas arrivé avec Porphyrée... C'est le moment de parler... Une souffrance qui m'est restée sur le cœur tous ces jours et qui a rendues tristes même les lumières des nombreuses lampes... Une souffrance que maintenant je dois donner aux autres... Ah ! Maman, j'aurais voulu l'avoir pour Moi seul !..."
"Mon bon Fils !" Marie Lui caresse la main pour le consoler. Un silence, puis Jésus recommence à parler : "Jean est-il levé ?"

"Oui. Je l'ai entendu tousser. Peut-être est-il à la cuisine pour boire du lait. Pauvre Jean !..." Une larme coule sur les joues de Marie.

Jésus se lève : "J'y vais... Je dois aller le lui dire. Avec Sintica, ce sera plus facile... Mais pour lui... Maman, va trouver Margziam, et éveille-le, et priez pendant que je parle à cet homme... C'est comme si je devais fouiller dans ses entrailles. Je puis le tuer ou le paralyser dans sa vie spirituelle... Quelle peine, mon Père !... J'y vais..." et il sort, réellement accablé.

Il fait les quelques pas qui de l'atelier conduisent à la pièce de Jean, qui est la même où est mort Jonas, c'est-à-dire celle de Joseph. Il rencontre Sintica qui rentre avec un fagot qu'elle a pris dans le four et qui le salue, sans rien savoir. Il répond absorbé au salut de la grecque, et puis il reste immobile à regarder un parterre de lys qui à peine entrouvrent leurs boutons. Mais il n'est pas dit qu'il les voie... Puis il se décide. Il se retourne et frappe à la porte de Jean qui se présente et dont le visage s'éclaire tout entier en voyant que Jésus vient le trouver.

"Puis-je entrer un peu chez toi ?" lui demande Jésus.

"Oh ! Maître ! Mais toujours ! J'étais en train d'écrire ce que tu disais hier soir sur la prudence et l'obéissance. Et même il est bien que tu le regardes, car il me semble n'avoir pas bien retenu ce que tu as dit sur la prudence."

Jésus est entré dans la petite pièce, déjà bien rangée, dans laquelle on a ajouté une petite table pour la commodité du vieux maître.

Jésus se penche sur le parchemin et il lit. "Très bien. Tu as bien répété."

"Voilà, vois-tu. Il me semblait m'être mal expliqué dans cette phrase. Tu dis toujours qu'il ne faut pas avoir de soucis pour le lendemain et pour son propre corps. Maintenant dire que la prudence, même pour les choses qui se rapportent au lendemain, c'est une vertu, cela me paraissait une erreur qui venait de moi, naturellement."

"Non. Tu ne t'es pas trompé. C'est bien ce que j'ai dit. Différent est le souci exagéré et apeuré de l'égoïste et le soin prudent du juste. C'est un péché que l'avarice pour le lendemain dont peut-être nous ne jouirons jamais, mais ce n'est pas un péché que la parcimonie pour se garantir le pain, et le garantir pour ses parents, en période de disette. C'est un péché que le soin égoïste de son propre corps, en exigeant que ceux qui sont autour de nous s'en préoccupent, en s'épargnant tout travail et tout sacrifice de peur que la chair n'en souffre, mais ce n'est pas un péché de la préserver de maladies inutiles qu'on attrape par imprudence et qui sont une charge pour là famille et une perte de travail fructueux pour nous. Dieu a donné la vie. C'est un don qui vient de Lui. Nous devons en user saintement sans imprudence comme sans égoïsme. Vois-tu ? Parfois la prudence conseille des actions qui, pour des sots, peuvent paraître lâcheté ou inconstance, alors qu'elles ne sont que simple prudence, conséquences de faits nouveaux qui se sont présentés. Par exemple : si je t'envoyais maintenant justement au milieu de gens qui pourraient te nuire... les parents de ta femme par exemple, ou les gardiens des mines où tu as travaillé, ferai-je bien ou mal ?"

"Moi... je ne voudrais pas te juger, mais je dirais qu'il serait mieux de m'envoyer ailleurs où il n'y a pas de danger que mon peu de vertu soit mis à trop dure épreuve."
"Voilà ! Tu jugerais avec sagesse et prudence. C'est pour cela que je ne t'enverrais jamais en Bithynie ou en Mysie [1] où tu as déjà été ni non plus à Cintium bien que toi, spirituellement, aies désiré d'y aller. Ton esprit pourrait s'y trouver accablé par de nombreuses duretés humaines et pourrait revenir en arrière. La prudence, donc, enseigne à ne pas t'envoyer là où tu serais inutile alors que je pourrais t'envoyer ailleurs avec profit pour Moi et pour les âmes du prochain et la tienne. N'est-ce pas ?"
Jean, ignorant comme il l'est de ce que le destin lui réserve, ne saisit pas les allusions de Jésus à une possibilité de mission en dehors de la Palestine. Jésus étudie son visage et le voit calme, bienheureux de l'écouter, prêt à répondre : "Sûrement, Maître, je serais plus utile ailleurs. Moi-même quand, il y a quelques jours, j'ai dit : "Je voudrais aller parmi les gentils pour donner le bon exemple où j'ai donné le mauvais exemple" je me le suis reproché en disant : "Parmi les gentils, oui, parce que tu n'as pas les préventions des autres d'Israël. Mais à Cintium, non, ni non plus sur les monts désolés où tu as vécu comme un galérien et un loup, aux mines de plomb et aux carrières de marbres précieux. Tu n'y pourrais y aller même par soif de sacrifice absolu. Ton cœur serait bouleversé par des souvenirs cruels, et si tu venais à être reconnu, même s'ils ne se jetaient pas sur toi, ils diraient : 'Tais-toi, assassin. Nous ne pouvons pas t'écouter' et il serait inutile alors d'y aller".

Voilà ce que je me suis dit. Et c'est une pensée juste."

"Tu vois donc que tu possèdes aussi la prudence. Moi aussi, je la possède. C'est pour cela que je t'ai épargné les fatigues de l'apostolat comme les autres l'exercent et je t'ai amené ici dans le repos et la paix."

"Oh ! oui ! Quelle paix ! Si je vivais cent ans ici, elle serait toujours la même. C'est une paix surnaturelle. Et si je partais, je l'amènerais avec moi, même dans l'autre vie je l'emmènerais... Les souvenirs pourront encore me troubler le cœur, et les offenses me faire souffrir, car je suis homme. Mais je ne serais plus capable de haïr car, ici, la haine a été stérilisée pour toujours, jusque dans ses rejetons les plus lointains. Je n'ai même plus d'antipathie pour la femme, moi qui la regardais comme l'animal le plus immonde et le plus méprisable de la terre. Ta Mère est hors de cause. Elle, je l'ai vénérée dès que je l'ai vue, car je l'ai vue différente de toutes les femmes. Elle est le parfum de la femme, mais de la femme sainte. Qui n'aime pas le parfum des fleurs les plus pures ? Mais aussi les autres femmes, les disciples bonnes, affectueuses, patientes sous leur fardeau de chagrin, comme Marie de Cléophas et Élise, généreuses comme Marie de Magdala, si absolue dans son changement de vie; suaves et pures comme Marthe et Jeanne; dignes, intelligentes, toute pensée et toute rectitude comme Sintica, m'ont réconcilié avec la femme. Sintica, je te l'avoue, est celle que je préfère. Son affinité d'esprit me la rend chère, et son affinité de condition : elle esclave, moi galérien, me permettent d'avoir pour elle la confiance que la différence des autres m'interdit
Elle est un repos pour moi, Sintica. Je ne saurais te dire avec précision ce quelle est pour moi et comment je la vois. Moi, qui suis vieux par rapport à elle, je la vois comme une fille, la fille sage et studieuse que j'avais désiré avoir...

Moi, malade qu'elle soigne avec tant d'affection, moi, homme triste et solitaire qui ai pleuré et regretté ma mère pendant toute ma vie, et cherché la femme-mère dans toutes les femmes sans la trouver, voilà que je vois en elle la réalité du rêve que j'avais songé, et sur ma tête lasse et mon âme qui va à la rencontre de la mort, je sens descendre la rosée d'une affection maternelle… Tu vois qu'en sentant en Sintica une âme de fille et de mère, je sens en elle la perfection de la femme et, à cause d'elle, je pardonne tout le mal qui m'est venu de la femme. Si, par un hasard impossible, cette malheureuse qui fut ma femme, et que j'ai tuée, ressuscitait, je sens que je lui pardonnerais car maintenant j'ai compris l'âme féminine, facilement affectueuse, ardente quand elle se donne... que ce soit au mal ou au bien."

"Il me plaît beaucoup que tu aies trouvé tout cela en Sintica. Elle sera pour toi une bonne compagne pour le reste de ta vie et vous ferez ensemble tant de bien. Aussi, je te l'associerai..."

Jésus scrute Jean de nouveau. Mais il n'y a aucun signe que soit réveillée l'attention du disciple qui pourtant n'est pas superficiel. Quelle miséricorde divine lui voile jusqu'au moment décisif la sentence ? Je ne sais. Je sais que Jean sourit en disant : "Nous chercherons à te servir avec le meilleur de nous-mêmes."

"Oui. Et je suis certain que vous le ferez sans discuter le travail et le lieu que je vous donnerai, même si ce n'est pas celui que vous désirez..."

Jean a un premier pressentiment de ce qui l'attend. Il change de visage et de couleur. Il devient sérieux et il pâlit. Son œil unique fixe maintenant, attentif et scrutateur, le visage de Jésus qui continue : "Te souviens-tu, Jean, qu'un jour pour calmer tes doutes sur le pardon de Dieu, je t'ai dit : "Pour te faire comprendre la Miséricorde, je t'emploierai à des œuvres spéciales de miséricorde et, pour toi, j'aurai les paraboles de la miséricorde" ?"

"Oui. Et ce fut vrai. Tu m'as persuadé et m'as accordé justement de faire des œuvres de miséricorde et je dirais les plus délicates comme les aumônes, et l'instruction d'un enfant, d'un philistin et d'une grecque. Cela m'a dit que Dieu avait assez connu mon vrai repentir, et l'avait vu réel, pour me confier des âmes innocentes ou des âmes à convertir afin que je les forme à Lui."

Jésus embrasse Jean et l'attire contre son côté dans l'attitude qu'il a habituellement avec l'autre Jean et, pâlissant pour la douleur qu'il doit donner, il dit : "Maintenant aussi Dieu te confie une tâche délicate et sainte. Une tâche de prédilection. Toi seul, qui es généreux, qui es sans étroitesses ni préventions, qui es sage, qui surtout t'es offert à tous les renoncements et à toutes les pénitences pour expier ce reste de purgation, cette dette que tu avais encore envers Dieu, toi seul peux le faire. Tout autre s'y refuserait, et aurait raison, parce qu'il manquerait de ce qui est requis et nécessaire, Aucun de mes apôtres ne possède ce que tu as, pour aller préparer les voies du Seigneur... D'ailleurs, tu t'appelles Jean. Tu seras donc un précurseur de ma Doctrine... tu prépareras les voies à ton Maître... tu remplaceras même le Maître qui ne peut aller si loin... (Jean sursaute et cherche à se libérer du bras de Jésus pour le regarder en face, et il n'y réussit pas car l'étreinte de Jésus est douce mais autoritaire pendant que sa bouche donne le coup de grâce...) ...Ne peut aller si loin... jusqu'en Syrie... à Antioche..."

"Seigneur !" crie Jean en se libérant violemment de l'embrassement de Jésus. "Seigneur ! À Antioche ? Dis-moi que j'ai mal compris ! Dis-le-moi, par pitié !..." Il est debout... toute supplication dans son œil unique, dans son visage qui a pris la couleur de la cendre, dans ses lèvres qui tremblent, dans ses mains tremblantes tendues en avant, dans sa tête qui paraît s'incliner vers la terre comme s'il était accablé par la nouvelle.

Mais Jésus ne peut dire : "Tu as mal compris." Il ouvre les bras, se levant à son tour pour accueillir sur son cœur le vieux pédagogue et il ouvre les bras pour confirmer : "A Antioche, oui. Dans la maison de Lazare, avec Sintica. Vous partirez demain ou après demain."

La désolation de Jean est vraiment déchirante. Il se dégage à moitié de l'embrassement et, contre le visage de Jésus, avec son visage mouillé de larmes qui coulent sur ses joues amaigries, il crie : "Ah ! Tu ne me veux plus avec Toi ! En quoi t'ai-je déplu, mon Seigneur ?" et puis il se dégage et tombe sur la table, secoué par des sanglots déchirants, torturants, entrecoupés de quintes de toux, sourd à toutes les caresses de Jésus, et murmurant : "Tu me chasses, tu me chasses, je ne te verrai jamais plus..."
Jésus souffre visiblement et il prie... Puis il sort doucement et il voit sur le pas de la porte de la cuisine Marie avec Margziam, qui est effrayé par ces pleurs... En plus, il y a Sintica, surprise elle aussi. "Mère, viens ici un moment."

Marie vient tout de suite, très pâle. Ils entrent ensemble. Marie se penche sur l'homme qui pleure, comme si c'était un pauvre enfant, en disant : "Bon, bon, mon pauvre fils ! Pas ainsi ! Tu vas te faire du mal.

Jean lève son visage bouleversé et crie : "Il me renvoie !... Je vais mourir seul, au loin... Oh ! Il pouvait bien attendre quelques mois et me laisser mourir ici. Pourquoi cette punition ? En quoi ai-je péché ? T'ai-je causé des ennuis ? Pourquoi m'avoir donné cette paix pour ensuite... pour ensuite..." Il retombe sur la table, pleurant plus fort, haletant...

Jésus pose sa main sur ses épaules maigres et qui tressautent en disant : "Et peux-tu croire que, si je l'avais pu, je ne t'aurais pas gardé ici ? Oh ! Jean ! Sur la route du Seigneur il y a de terribles nécessités ! Et le premier à en souffrir, c'est Moi. Moi, qui porte ma douleur et celle de tout le monde. Regarde-moi, Jean. Regarde si mon visage est celui de quelqu'un qui te hait, qui est las de toi... Viens ici, dans mes bras, écoute comme mon cœur palpite de douleur, Écoute-moi, Jean, ne me comprends pas mal. C'est la dernière expiation que Dieu t'impose pour t'ouvrir les portes du Ciel. Écoute…" il le soulève et le tient dans ses bras. "Écoute... Maman, sors un moment... Maintenant que nous sommes seuls, écoute. Tu sais qui je suis. Crois-tu fermement que je suis le Rédempteur ?"

"Et comment ne le croirais-je pas ? C'est pour cela que je voulais rester avec Toi, toujours, jusqu'à la mort..."

"Jusqu'à la mort... Horrible sera ma mort !..."

"La mienne, dis-je. La mienne !..."

"La tienne sera tranquille, réconfortée par ma présence qui t'infusera la certitude de l'amour de Dieu, et par l'amour de Sintica, en plus que de la joie d'avoir préparé le triomphe de l'Évangile à Antioche . Mais la mienne ! Tu me verrais réduit à un amas de chair couverte de plaies, couverte de crachats, outragée, abandonnée à une foule furieuse, suspendue pour mourir à une croix comme celle d'un malfaiteur... Est-ce que toi, tu pourrais supporter cela ?"

Jean, qui à chaque détail de ce que Jésus sera dans la Passion, a gémi : "Non, non !" crie un "non" brutal et ajoute : "J'en reviendrais à haïr l'humanité... Mais moi, je serai mort, parce tu es jeune et..."

"Et je ne verrai plus qu'une Encénie." Jean le fixe terrifié...

"Je te l'ai dit en secret pour t'expliquer que l'une des raisons pour lesquelles je t'envoie au loin est celle-là. Tu ne seras pas seul à avoir ce sort. Tous ceux dont je ne veux pas qu'ils soient troublés d'une manière supérieure à leurs forces, je les éloignerais auparavant. Et cela te paraît-il un manque d'amour ?..."

"Non, mon martyr Dieu... Mais moi, pourtant, je dois te quitter... et mourir au loin."
"Au nom de la Vérité que Moi je suis, je te promets que je serai penché sur l'oreiller de ton agonie."

"Et comment si moi je suis si loin, si tu me dis que Toi si loin tu ne viens pas ? Tu le dis pour me renvoyer moins triste..."

"Jeanne de Chouza, qui se mourait aux pieds du Liban, me vit, et j'étais bien loin et elle ne me connaissait pas encore, et de là je l'ai ramenée à la pauvre vie de la terre. Crois, qu'au jour de ma mort elle regrettera d'avoir vécu !... Mais pour toi, joie de mon cœur en cette seconde année du Maître, je ferai davantage. Je viendrai te porter dans la paix, en te donnant la mission de dire à ceux qui attendent: "L'heure du Seigneur est arrivée. Comme maintenant arrive le printemps sur la terre, de même pour nous se lève le printemps du Paradis". Mais je ne viendrai pas seul alors... Je viendrai, tu me sentiras toujours... Moi, je le peux et je le ferai. Tu posséderas le Maître en toi, comme jamais tu ne m'as possédé. Car l'Amour peut se communiquer à celui qu'il aime et assez sensiblement pour toucher non seulement l'esprit, mais les sens eux-mêmes. Es-tu plus tranquille maintenant, Jean ?"

"Oui, mon Seigneur. Mais quelle douleur !"

"Tu ne te révoltes pas pourtant..."

"Me révolter ? Jamais ! Je te perdrais tout à fait. Je dis "mon" Notre Père : Que soit faite ta volonté."

"Je le savais que tu m'aurais compris..." Il le baise sur ses joues sur lesquelles coulent des larmes continuelles bien qu'apaisées.

"Me laisses-tu saluer l'enfant ? ...Cela est une autre douleur... Je l'aimais bien..." les pleurs coulent plus fort...

"Oui. Je l'appelle tout de suite... Et j'appelle aussi Sintica. Elle aussi souffrira... tu dois l'aider, toi, homme..."

"Oui, Seigneur."

Jésus sort pendant que Jean pleure et caresse les murs et les objets de la petite chambre hospitalière.

Marie et Margziam entrent ensemble.

"Oh ! Mère ! Tu as entendu ? Tu le savais ?"

"Je le savais et je m'en affligeais... Mais moi aussi je me suis séparée de Jésus... Et je suis la Mère..."

"C'est vrai !... Margziam, viens ici. Tu sais que je pars et que nous ne nous reverrons plus ?" Il veut être courageux, mais il prend l'enfant dans ses bras, s'assied sur le bord du lit, et il pleure, il pleure sur la tête brune de Margziam qui est bien prêt de l'imiter.
Jésus entre avec Sintica qui demande : "Pourquoi, Jean, tant de larmes ?"

"Il nous renvoie, tu ne le sais pas ? Tu ne le sais pas encore ? Il nous envoie à Antioche !"

"Eh bien ? N'a-t-il pas dit que là où deux sont réunis en son nom, il est au milieu d'eux ? Allons, Jean ! Toi, peut-être jusqu'à présent, tu as choisi ton sort toi-même et pour toi de subir une autre volonté, même venant de l'amour, cela t'effraies. Moi... j'ai l'habitude de subir le sort que m'impose autrui. Et quel sort !... Aussi je me soumets volontiers à ce nouveau destin. Et quoi ? Je ne me suis pas révoltée contre un esclavage despotique autrement que quand on a voulu l'exercer sur mon âme. Et je devrais maintenant me révolter contre ce doux esclavage d'amour qui ne blesse pas, mais élève notre âme et nous confère le titre et la réalité d'être ses serviteurs ? Tu as peur de demain, parce que tu souffres ? Moi, je travaillerai pour toi. Tu as peur de rester seul ? Mais moi, je ne te quitterai jamais. Sois-en certain. Je n'ai pas d'autre but dans ma vie que d'aimer Dieu et le prochain. Tu es le prochain que Dieu me confie. Pense si tu me seras cher !"

"Vous n'aurez pas besoin de travailler pour vivre, car vous êtes dans la maison de Lazare. Mais je vous conseille de vous servir des méthodes d'enseignement pour approcher le peuple : Toi, comme maître, toi, femme, par tes travaux féminins. Cela servira à l'apostolat et à donner un but à vos journées."

"Ce sera fait, Seigneur" répond avec fermeté Sintica.

Jean est toujours avec l'enfant dans ses bras et il pleure doucement. Margziam le caresse...

"Tu te souviendras de moi ?"

"Toujours, Jean, et je prierai pour toi... Même... Attends un moment..." Il sort en courant.

Sintica demande : "Comment irons-nous à Antioche ?"

"Par la mer. Tu as peur ?"

"Non, Seigneur. Tu nous envoies, du reste, et cela nous protégera."

"Vous irez avec les deux Simon, mes frères, les fils de Zébédée, André et Mathieu. D'ici jusqu'à Ptolémaïs sur un char où on mettra les coffres et un métier que j'ai fait pour toi, Sintica, et quelques objets utiles pour Jean..."

"Moi, je m'étais imaginé quelque chose en voyant les coffres et les vêtements, et j'ai préparé mon âme au détachement. C'était trop beau de vivre ici !..." un sanglot qu'elle retient, brise la voix de Sintica. Mais elle se reprend pour soutenir le courage de Jean. Elle demande d'une voix raffermie : "Quand partirons-nous ?"

"Dès l'arrivée des apôtres, peut-être demain."

"Alors, si tu permets, je vais ranger les vêtements dans les coffres. Donne-moi tes livres, Jean."

Je crois que Sintica désire être seule pour pleurer. ..Jean répond : "Prends-les... Cependant, donne-moi ce rouleau avec son ruban bleu."

Margziam rentre avec son vase de miel.

"Tiens, Jean. Tu le mangeras à ma place..."

"Mais non, mon enfant ! Pourquoi ?"

"Parce que Jésus a dit qu'une cuillerée de miel sacrifiée peut donner paix et espoir à un affligé. Tu es affligé... Moi, je te donne tout le miel, pour que tu sois tout consolé."
"Mais c'est trop de sacrifice, mon enfant."

"Oh, non ! Dans la prière de Jésus, on dit : "Ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du mal". Ce vase était une tentation pour moi... et, il pouvait être un mal, car il pouvait me faire rompre mon vœu. Ainsi, je ne le vois plus... et c'est plus facile... et je suis certain que Dieu t'aide par ce nouveau sacrifice. Mais ne pleure plus. Ni toi non plus, Sintica..."

En effet la grecque pleure maintenant sans bruit, pendant qu'elle rassemble les livres de Jean. Et Margziam les caresse à tour de rôle, avec une grand envie de pleurer lui aussi. Mais Sintica sort, chargée de rouleaux, et Marie la suit avec le vase de miel.
Jean reste avec Jésus qui est assis à côté de lui et avec l'enfant dans les bras. Il est calme, mais accablé.

"Mets aussi ton dernier écrit dans le rouleau" conseille Jésus. "Je pense que tu veux le donner à Margziam..."

"Oui... j'en ai une copie pour moi... Voici, garçon, ce sont les paroles du Maître. Celles qui ont été dites quand tu n'étais pas là et d'autres aussi... Je voulais continuer à les copier pour toi parce que tu as la vie devant toi... et qui sait combien tu évangéliseras... Mais je ne peux plus le faire... Maintenant c'est moi qui reste sans ses paroles..." Il recommence à pleurer fortement.

Margziam est doux et viril dans sa nouvelle attitude. Il s'attache au cou de Jean et il dit : "Maintenant c'est moi qui les écrirai pour toi et je te les enverrai... N'est-ce pas Maître ? C'est possible, n'est- ce pas ?"

"Certainement que c'est possible. Et ce sera une grande charité de le faire."

"Je le ferai. Et quand je serai absent, je le ferai faire à Simon le Zélote. Il m'aime bien et t'aime bien, et il le fera pour être charitable envers nous. Ne pleure donc plus. Puis je viendrai te voir, moi... Tu n'iras certainement pas si loin..."

"Oh ! combien ! A des centaines de milles... Et bientôt je mourrai."

L'enfant est déçu et découragé. Mais il se ressaisit avec la belle sérénité de l'enfant auquel tout semble facile. "Comme tu y vas, toi, je pourrai y aller avec mon père. Et puis... nous nous écrirons. Quand on lit les pages sacrées, c'est comme si on était avec Dieu, n'est- ce pas ? Donc, quand on lit une lettre, c'est comme si on était avec celui qu'on aime et qui nous l'a écrite. Allons, viens à côté, avec moi..."

"Oui, allons-y, Jean. Sous peu vont arriver mes frères avec le Zélote. Je les ai fait appeler."

"Ils le savent ?"

"Pas encore. J'attends pour le dire que tous soient présents..."

"C'est bien, Seigneur. Allons..."

C'est un vieux bien courbé celui qui sort de la pièce de Joseph, un vieux qui semble saluer chaque plante, chaque aurore, et le bassin et la grotte, pendant qu'il se dirige vers l'atelier où Marie et Sintica rangent en silence les objets et les vêtements dans le fond des coffres. ..

Et c'est ainsi, silencieux et éplorés, que les trouvent Simon, Jude et Jacques. Ils regardent... mais ne posent pas de questions et je n'arrive pas à comprendre s'ils se rendent compte de la vérité.


*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2004/index.htm#170
Tome4/178



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Antioche sur la carte
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Message par Maud Sam 5 Oct 2013 - 6:47

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 18 Maria_10

À Nazareth. Réconciliation. Préparatifs de départ
Commencement de la troisième année.


Jean, Jacques, Matthieu et André sont déjà arrivés à Nazareth et, en attendant Pierre, se promènent dans le jardin de Nazareth, plaisantant avec Margziam ou bien parlant entre eux. Je ne vois personne d'autre, comme si Jésus était sorti et Marie occupée au ménage. À cause du four qui fume, je dirais qu'elle est occupée au pain.

Ils sont contents les quatre apôtres d'être dans la maison du Maître, et ils le manifestent. Margziam, par au moins trois fois, leur dit : "Ne riez pas ainsi !" Et la troisième fois, Matthieu remarque la recommandation et demande : "Pourquoi, mon garçon ? N'est-il pas juste d'être contents d'être ici ? Toi, tu as joui de cet endroit, hein ? Maintenant, c'est notre tour" et il lui donne une chiquenaude amicale. Margziam le regarde avec beaucoup de sérieux, mais il sait se taire.

Jésus rentre avec les cousins Jude et Jacques qui, avec force démonstration, saluent les compagnons dont ils ont été séparés pendant de longs jours.

Marie d'Alphée sort la tête du fournil, toute rouge et enfarinée, et elle sourit à ses fils.

En dernier revient le Zélote en disant : "J'ai tout fait, Maître. D'ici peu, Simon sera ici."

"Quel Simon ? Mon frère ou Simon de Jonas ?"

"Ton frère, Jacques. Il vient avec toute sa famille te saluer."

En effet, quelques minutes après, des coups à la porte et un bavardage annoncent l'arrivée de Simon d'Alphée qui entre le premier en tenant par la main un petit d'environ huit ans, derrière lui entre Salomé, entourée de sa nichée.

Marie d'Alphée sort du fournil et embrasse ses petits-enfants, heureuse de les voir là.

"Tu pars donc de nouveau ?" demande Simon alors que ses enfants lient amitié avec Margziam qui, me semble-t-il, ne connaît bien que le seul Alphée qui a été guéri.

"Oui, c'est le moment."

"Tu auras encore des jours de pluie !"

"Peu importe. Chaque jour nous rapproche du printemps."

"Tu vas à Capharnaüm ?"

"J'y irai certainement, mais pas tout de suite. Maintenant je vais aller à travers la Galilée et au-delà."

"Je viendrai te trouver quand je te saurai à Capharnaüm. Je t'amènerai ta Mère et la mienne."
"Je t'en serai reconnaissant. Maintenant, ne la néglige pas. Elle reste toute seule. Amène-lui les petits. Ici, ils ne se corrompent pas. Sois-en certain..."

Simon rougit violemment à cause de l'allusion que fait Jésus à son ancienne manière de voir, et du coup d’œil très significatif de sa femme qui semble lui dire : "Tu entends ? C'est pour toi."

Mais Simon détourne la conversation en disant : "Où est ta Mère ?"

"Elle est en train de faire le pain, mais elle va venir..."

Les enfants de Simon, cependant, n'attendent pas davantage, et ils s'en vont, derrière la grand-mère, dans le fournil. Et voilà qu'une fillette, à peine plus grande que le petit Alphée qui a été guéri, en sort presque aussitôt en disant : "Marie pleure. Pourquoi ? Hein ! Jésus ? Pourquoi pleure-t-elle ta Mère ?"

"Elle pleure ? Oh ! chérie ! .Je vais la trouver" dit Salomé avec empressement.

Et Jésus explique : "Elle pleure parce que je pars... Mais tu viendras lui tenir compagnie, n'est-ce pas ? Elle t'apprendra à broder et tu la réjouiras. Me le promets-tu ?"

"J'y viendrai moi aussi, maintenant que le père m'y laisse venir" dit Alphée, en mangeant une petite fouace chaude qu'on lui a donnée.

Mais si chaude que soit la fouace qu'on peut à peine tenir entre les doigts, je la crois froide en comparaison de la chaleur que produit la honte de Simon d'Alphée quand il entend les paroles de son petit garçon. Bien que ce soit une matinée d'hiver plutôt froide, avec un vent du nord qui chasse les nuages du ciel mais qui pique aussi l'épiderme, Simon est couvert d'une sueur abondante, comme en plein été...

Mais Jésus fait semblant de ne pas s'en apercevoir et les apôtres paraissent prendre un grand intérêt à ce que disent les enfants de Simon, ainsi l'incident prend fin et Simon peut se ressaisir et demander à Jésus pourquoi tous les apôtres ne sont pas là.

"Simon de Jonas va arriver. Les autres me rejoindront au bon moment. Nous avons déjà convenu."

"Tous ?"

"Tous."

"Même Judas de Kériot ?"

"Même lui..."

"Jésus, viens un moment avec moi" demande instamment le cousin Simon. Et après qu'ils se soient écartés vers le fond du jardin, Simon demande : "Mais, sais-tu bien ce qu'est Judas de Simon ?"

"C'est un homme d'Israël. Rien de plus, rien de moins."

"Oh ! Tu ne voudras pas me dire qu'il est..." il va s'échauffer et élever la voix.

Mais Jésus le calme en l'interrompant et en lui mettant la main sur l'épaule, et il lui dit : "Il est tel que le font les idées dominantes et les gens qui l'approchent. C'est pourquoi, à titre d'exemple, si ici (et il appuie fortement sur le mot) il avait trouvé toutes les âmes justes et les esprits ouverts à la vérité, il n'aurait pas eu le désir de pécher. Mais il ne les a pas trouvés. Au contraire, il a trouvé un milieu tout humain auquel il a adapté à son aise et d'une façon absolue son moi très humain qui rêve, voit, travaille pour Moi et en Moi comme roi d'Israël, au sens humain du terme, comme tu me rêves et que tu voudrais me voir et comme tu aurais envie de travailler, toi, et avec toi Joseph ton frère, et avec vous deux, Lévi, le chef de la synagogue de Nazareth, et Mattathias et Siméon et Matthias et Benjamin et Jacob et, à part trois ou quatre, vous tous de Nazareth. Et non seulement de Nazareth... Et il a de la peine à se former parce que vous tous contribuez à le déformer, Toujours davantage, C'est le plus faible de mes apôtres. Mais, pour l'instant, il n'est pas plus qu'un faible. Il a de bons mouvements, il a des volontés qui sont droites, il a de l'amour pour Moi. De l'amour dévié dans sa forme, mais toujours de l'amour. Vous ne l'aidez pas à séparer ces tendances bonnes de celles qui ne le sont pas et que forment son moi, ces dernières vous les aggravez de plus en plus en faisant pénétrer en son intérieur vos incrédulités et vos limites humaines. Mais allons à la maison, les autres nous y ont précédés..."

Simon le suit un peu mortifié. Ils sont presque sur le seuil quand il retient Jésus et Lui dit : "Mon Frère, tu es en colère contre moi ?"

"Non. Mais j'essaie de te former toi aussi comme je forme tous les autres disciples. Ne m'as-tu pas dit que tu voulais l'être ?"

"Oui, Jésus. Mais les autres fois, tu ne parlais pas ainsi, même quand tu faisais des reproches. Tu étais plus doux…"


"Et à quoi cela a-t-il servi ? Je l'ai été autrefois. Cela fait deux années que je le suis... Vous vous êtes reposés sur ma patience et ma bonté, ou bien vous avez affilé vos crocs et vos griffes. L'amour vous a servi à me nuire. N'est-ce pas vrai ? ..."

"Oui. c'est vrai. Mais alors tu ne seras plus bon ?"

"Je serai juste. Et même, en l'étant, je serai toujours Celui que vous ne méritez pas, ô vous d'Israël, qui ne voulez pas reconnaître en Moi le Messie promis."

Ils entrent dans la petite pièce qui est tellement bondée que plusieurs sont passés dans la cuisine ou l'atelier de Joseph, et ce sont les apôtres, sauf les deux fils d'Alphée restés près de leur mère et de leur belle-sœur, auxquels s'unissent maintenant Marie qui entre, tenant par la main le petit Alphée. Sur le visage de Marie on voit clairement les traces des larmes qu'elle a versées.

Elle est sur le point de répondre à Simon qui lui assure qu'il viendra chez elle tous les jours, quand, dans la ruelle tranquille, s'avance un petit char et avec un tel bruit de grelots qu'il attire par le vacarme qu'il fait l'attention des fils d'Alphée, et pendant que l'on frappe du dehors, on ouvre en même temps du dedans. Voici qu'apparaît le visage joyeux de Simon Pierre, encore assis sur le char, qui frappe avec le manche du fouet... À côté de lui, timide mais souriante, Porphyrée est assise sur des tas de caisses qui lui font comme un trône.

Margziam accourt dehors pour saluer sa mère adoptive. Les autres sortent aussi et avec eux Jésus.

"Maître, me voici. J'ai amené mon épouse, et de cette façon, parce que c'est une femme qui ne peut faire une longue route. Marie, que le Seigneur soit avec toi. Et avec toi, Marie d'Alphée." Il regarde tout le monde pendant qu'il descend de son véhicule et qu'il aide sa femme à descendre, et il adresse un salut à tout le monde.

On voudrait l'aider à décharger le char, mais lui s'y oppose énergiquement. "Plus tard, plus tard" dit-il et, sans façons, il va vers la large porte de l'atelier de Joseph et il l'ouvre toute grande en essayant d'y faire entrer le char tout chargé. Mais, naturellement, il ne peut pas passer. Pourtant la manœuvre sert à distraire les hôtes et à leur faire comprendre qu'ils sont de trop... Et en effet Simon d'Alphée prend congé avec toute sa famille...

"Oh ! Maintenant que nous sommes seuls pensons à nous..." dit Simon de Jonas en faisant reculer l'âne qui fait du vacarme comme dix, couvert comme il l'est de sonnailles, au point que Jacques de Zébédée ne peut s'empêcher de demander en riant : "Mais où l'as-tu trouvé ainsi harnaché ?"

Mais Pierre est occupé à prendre les caisses qui étaient sur le char et à les passer à Jean et à André, qui s'attendent à en sentir le poids et qui restent stupéfaits de la légèreté des caisses et qui expriment tout haut leur étonnement...

"Filez dans le jardin et ne faites pas les moineaux apeurés" ordonne Pierre en descendant à son tour avec une petite caisse réellement lourde qu'il met dans un coin de la petite pièce.

"Et maintenant, au tour de L'âne et du char. L'âne et le char ? L'âne et le char !... Cela c'est difficile !... Et pourtant il faut que tout soit dans la maison..."

"Dans le jardin, Simon" dit à mi-voix Marie. "Il y a un abri dans la haie, au fond. Il n'est pas visible parce qu'il est couvert de branches. ..Mais il y en a un. Suis le sentier le long de la maison, entre celle-ci et le jardin voisin, et je vais venir te montrer où est l'entrée... Qui vient dégager les ronces qui le couvrent ?"

"Moi. Moi." Tout le monde accourt dans le fond du jardin pendant que Pierre s'en va avec son bruyant équipage et que Marie d'Alphée ferme la porte... Et à coups de faucille on dégage la grille rustique et on ouvre l'abri où on fait entrer l'âne et le char.

"C'est bien ! Et maintenant, enlevons tout cela qui me casse les oreilles !" et Pierre se met à couper tous les liens qui tiennent les sonnailles attachées au harnachement.

"Mais pourquoi alors as-tu laissé tout cela ?" demande André.

"Pour que tout Nazareth m'entende arriver. Et j'y ai réussi... Maintenant je les enlève pour que tout Nazareth ne nous entende pas partir. C'est pour cela que j'ai mis les caisses vides... Nous partirons avec les caisses pleines, et personne, si quelqu'un nous voit, ne s'étonnera de voir une femme assise sur les caisses à côté de moi. Celui qui est loin d'ici se vante de posséder le bon sens et le sens pratique, Mais quand je veux, je l'ai moi aussi…"

"Mais pourquoi, mon frère, tout cela est-il nécessaire ?" demande André qui a donné à boire à l'âne, en l'amenant près du bûcher rustique près du four.

"Pourquoi ? Mais tu ne sais pas ? ...Maître, mais ils ne savent encore rien ?"

"Non, Simon. Je t'attendais pour parler. Venez tous dans l'atelier. Les femmes sont bien là où elles sont, et tu as bien fait d'agir ainsi, Simon de Jonas."

Ils vont dans l'atelier alors que Porphyrée avec l'enfant et les deux Marie restent dans la maison.

"J'ai voulu que vous veniez ici parce que vous devez m'aider à faire partir très loin Jean et Sintica. C'est depuis les Tabernacles que j'ai pris cette décision. Vous avez bien vu qu'il était impossible de les garder avec nous et même de les garder ici, sous peine de mettre en danger leur paix. Comme toujours, Lazare de Béthanie m'aide dans cette œuvre. Ils sont déjà prévenus. Simon Pierre le sait depuis quelques jours. Vous le savez maintenant. Cette nuit nous allons quitter Nazareth, même s'il y a de l'eau et du vent au lieu de la première lune. Nous aurions dû déjà être partis, mais je suppose que Simon a eu des difficultés pour trouver le moyen de transport..."

"Et comment ! J'allais désespérer de le trouver. Mais grâce à un grec dégoûtant de Tibériade, j'ai pu finalement l'avoir... Et ce sera commode..."

"Oui. Ce sera commode, surtout pour Jean d'Endor."

"Où est-il, on ne le voit pas ?" demande Pierre.

"Dans sa pièce avec Sintica."

"Et... comment a-t-il pris la chose ?" demande encore Pierre.

"Avec beaucoup de douleur, la femme aussi..."

"Et Toi aussi, Maître. Ton front est marqué d'une ride qui n'y était pas, et tu as l’œil sévère et triste" observe Jean.

"C'est vrai. J'ai beaucoup de douleur... Mais parlons de ce que nous devons faire. Écoutez-moi bien, car ensuite nous devrons nous quitter. Nous partirons ce soir, au milieu de la première veille. Nous partirons comme des gens qui s'enfuient... parce qu'ils sont coupables. Au contraire nous n'allons pas faire du mal, nous ne nous enfuyons pas pour avoir mal agi. Mais nous nous en allons pour empêcher d'autres de le faire à qui n'aurait pas la force de le supporter. Nous partirons donc... Nous prendrons la route de Sephoris... Et nous ferons la pause à mi-chemin, dans une maison, pour partir à l'aube. C'est une maison avec beaucoup de portiques pour les animaux. Il s'y trouve des bergers amis d'Isaac. Je les connais, ils m'abriteront sans rien demander. Puis nous devrons absolument atteindre Jiphtaël avant le soir et s'y reposer. Penses-tu que l'animal le puisse ?"

"Bien sûr ! Il me l'a fait payer ce sale grec, mais c'est une bonne bête, solide."

"C'est bien. Le matin suivant, nous irons à Ptolémaïs et nous nous séparerons. Vous, sous la conduite de Pierre qui est votre chef et auquel vous devrez obéir aveuglément, vous irez par mer jusqu'à Tyr. Là, vous trouverez un bateau en partance pour Antioche. Vous y monterez en donnant cette lettre à lire au patron du navire.

Elle est de Lazare de Théophile. Vous passerez pour ses serviteurs, envoyés sur ses terres d'Antioche, ou plutôt à ses jardins d'Antigonea. C'est ce que vous êtes pour tous. Sachez être attentifs, sérieux, prudents et silencieux. En arrivant à Antioche, allez tout de suite chez Philippe, intendant de Lazare, auquel vous donnerez cette lettre..."

"Maître, il me connaît" dit le Zélote. "Très bien."

"Mais comment me croira-t-il un serviteur ?"

"Pour Philippe, il n'est pas besoin. Il sait qu'il doit recevoir loger deux amis de Lazare et les aider en tout. C'est-ce qui est écrit. Quant à vous, vous les avez accompagnés. Rien de plus. Il vous appelle : "ses chers amis de Palestine". Et c'est ce que vous êtes tous ensemble unis dans la foi et dans l'action que vous accomplissez. Vous vous reposerez jusqu'à ce que le navire, après avoir terminé ses opérations de déchargement et de chargement, reparte pour Tyr. De Tyr, vous viendrez en barque jusqu'à Ptolémaïs et, là, vous me rejoindrez à Aczib..."

"Pourquoi ne viens-tu pas avec nous, Seigneur ?" dit Jean en soupirant.

"Parce que je reste à prier pour vous et spécialement pour ces malheureux. Je reste à prier. Ainsi commence ma troisième année de vie publique.

Elle commence par un départ bien triste, comme la première et seconde, Elle commence par une grande prière et une grande pénitence comme la première... Car celle-ci a les difficultés douloureuses de la première, et davantage encore. Alors je me préparais convertir le monde, maintenant je me prépare à une œuvre bien plus vaste et bien plus puissante. Mais, écoutez-moi bien : sachez que si la première année j'ai été l'Homme-Maître, le Sage qui appelle à la Sagesse par une humanité parfaite et la perfection de l'intelligence, et si la seconde, j'ai été le Sauveur et l'Ami, le Miséricordieux qui passe en accueillant, en pardonnant, en compatissant, en supportant, la troisième, je serai le Dieu Rédempteur Roi, le Juste. Ne vous étonnez donc pas si vous voyez en Moi des apparences nouvelles, si dans l'Agneau vous voyez briller le Fort Qu'a répondu Israël à mon invitation d'amour, à mes bras ouverts qui disaient : "Viens : j'aime et je pardonne" ? Par une fermeture une dureté de cœur toujours croissante, par le mensonge, les pièges. Eh bien, soit.

Je l'avais appelé, dans toutes ses classes, en abaissant mon front jusqu'à la poussière. Sur la Sainteté qui s'humiliait, il a craché.

Je l'avais invité à se sanctifier. Il m'a répondu en se livrant au démon.

J'ai fait mon devoir, en tout. Mon devoir, il l'a appelé "péché".

Je me suis tu. Mon silence, il l'a appelé preuve de culpabilité.

J'ai parlé. Ma parole, il l'a appelée blasphème.

Maintenant, cela suffit !

Il ne m'a pas laissé un moment de répit. Il ne m'a pas accordé une joie. Et la joie, pour Moi, c'était de voir grandir dans la vie de l'esprit ceux qui venaient de naître à la Grâce. Ils leur ont dressé des embûches, ils les ont arrachés à mon cœur en leur donnant, en même temps qu'à Moi, la douleur des pères et des enfants arrachés l'un à l'autre, pour les protéger contre un Israël mauvais.

Eux, les puissants d'Israël qui se disent "sanctificateurs" et se vantent de l'être, m'empêchent, voudraient m'empêcher, de sauver et de jouir de ceux que j'ai sauvés.

J'ai maintenant depuis des mois et des mois un Lévi publicain pour ami et à mon service, et le monde voit si Mathieu est scandale ou émulation, mais l'accusation ne tombe pas. Et elle ne tombera pas pour Marie de Lazare et tant, tant d'autres que je sauverai.

Maintenant, c'est assez !

Je m'en vais sur ma route toujours plus âpre et baignée de pleurs... Je m'en vais... Mais aucune de mes larmes ne tombera inutilement. Elles crient à mon Père... Et puis criera une humeur bien plus puissante. Moi, je m'en vais. Qui m'aime me suive et se virilise, car l'heure de la sévérité arrive. Je ne m'arrête pas. Rien ne m'arrête.

Eux aussi ne s'arrêteront pas... Mais malheur à eux ! Malheur à eux ! Malheur à ceux pour qui l'Amour devient Justice !... Le signe du Nouveau Temps sera d'une Justice sévère pour tous ceux qui sont obstinés dans leur péché contre les paroles du Seigneur et contre l'action du Verbe du Seigneur !..."

Jésus semble un archange punisseur. Je dirais qu'il flamboie contre le mur noir de fumée tant ses yeux resplendissent... Il semble que resplendisse jusqu'à sa voix, qui a les tons aigus du bronze et de l'argent quand on les frappe violemment.

Les huit apôtres sont pâles et comme recroquevillés par la crainte. Jésus les regarde avec pitié et amour. Il dit : "Je ne le dis pas pour vous, mes amis. Elles ne sont pas pour vous ces menaces. Vous êtes mes apôtres, et c'est Moi qui vous ai choisis." Sa voix est devenue douce et profonde. Il termine : "Allons dans l'autre pièce.

Faisons sentir aux deux persécutés - et je vous rappelle qu'eux croient partir pour me préparer les voies à Antioche - que nous les aimons plus que nous-mêmes. Venez..."

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-001.htm
Tome 5 /01
https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t18376-oeuvre-de-maria-valtorta-presentation-des-disciples-de-jesus

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Message par Maud Dim 6 Oct 2013 - 7:12

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 18 Maria_11

Le départ de Nazareth

C'est le soir. Une nouvelle soirée d'adieux pour la petite maison de Nazareth et ses habitants. Un autre souper durant lequel la peine rend la nourriture sans attrait pour les bouches, et taciturnes les personnes. À la table est assis Jésus avec Jean et Sintica, et Pierre, Jean, Simon et Mathieu. Les autres n'ont pas pu s'y asseoir. Elle est si petite la table de Nazareth ! Tout juste faite pour une petite famille de justes où on peut tout au plus faire asseoir le pèlerin et l'affligé pour les restaurer par l'amour plus que par la nourriture ! Au maximum, ce soir-là, Margziam aurait pu s'asseoir, parce que c'est un enfant, et très mince, qui occupe peu de place...

Mais Margziam, très sérieux et silencieux, mange dans un coin, assis sur un petit banc aux pieds de Porphyrée que la Vierge a installée sur le siège du métier et qui, douce et silencieuse, mange la nourriture qu'on lui a donnée, en portant un regard de pitié sur les deux qui vont bientôt partir et qui essaient d'avaler leurs bouchées en restant la tête baissée pour cacher leurs visages brûlés par les larmes.

Les autres, c'est-à-dire les deux fils d'Alphée, André et Jacques de Zébédée, se sont installés dans la cuisine près d'une sorte de maie, mais on les voit par la porte ouverte.

Marie très Sainte et Marie d'Alphée vont et viennent en servant les uns et les autres, maternelles, angoissées, tristes. Et si Marie très Sainte caresse de son sourire, si douloureux ce soir-là, ceux qu'elle approche, Marie d'Alphée, moins réservée et plus familière, joint au sourire l'acte et la parole y ajoutant un baiser ou une caresse suivant le bénéficiaire, encourageant tel ou tel à prendre de la nourriture et présentant les mets les plus indiqués selon les besoins de chacun et en vue du voyage. Je crois que, par une pitié affectueuse pour Jean qui est épuisé et qui en ces jours d'attente est encore plus amaigri, elle se donnerait elle-même à manger tant elle s'efforce de le persuader de prendre ceci ou cela en en vantant la saveur et les propriétés salutaires. Mais malgré toutes ses... séductions, les mets restent presque intacts dans l'assiette de Jean, et Marie d'Alphée s'en afflige comme une mère qui voit son bébé repousser son sein.

"Mais tu ne peux partir ainsi, fils !" s'écrie-t-elle. Et dans son âme maternelle elle ne réfléchit pas que Jean a à peu près le même âge qu'elle et que le nom de fils ne convient guère. Mais elle ne voit en lui qu'une créature qui souffre et ainsi elle ne trouve que ce nom pour le consoler... "Voyager l'estomac vide, sur ce char cahotant dans le froid humide de la nuit, cela te fera mal. Et puis ! qui sait comment vous mangerez pendant cet horrible et long voyage !... Éternelle pitié ! En mer, pendant tant de milles ! Moi, je mourrais de peur. Et le long des côtes phéniciennes, et puis !... ce sera encore pire ! Et sûrement le patron du bateau sera un philistin ou un phénicien ou de quelque nation d'enfer... et il n'aura pas pitié... Allons donc, pendant que tu es encore près d'une mère qui t'aime bien !... Mange : rien qu'un petit morceau de cet excellent poisson. Seulement pour faire plaisir à Simon de Jonas qui l'a préparé à Bethsaïda avec tant d'amour et qui aujourd'hui m'a indiqué comment le préparer, pour toi et pour Jésus, pour bien vous restaurer. Cela ne te va pas ? ...Alors... oh ! cela tu vas le manger !" et elle court vers la cuisine et en rapporte un plat de bouillie fumante. Je ne sais pas ce que c'est... C'est certainement une sorte de farine ou bien de grains cuits dans du lait jusqu'à en devenir de la bouillie : "Regarde, cela je l'ai fait parce je me souviens qu'un jour tu m'en as parlé comme d'un doux souvenir de ta petite enfance... C'est bon et cela fait du bien. Allons, un petit peu."

Jean se laisse servir quelques cuillerées de cette bouillie dans son assiette et essaie de l'avaler, mais des larmes descendent pour mêler leur sel à la nourriture pendant qu'il baisse encore plus la tête.

Les autres font grand honneur à ce plat qui doit être pour eux un délice. Leurs visages se sont éclairés en le voyant et Margziam s'est levé... mais ensuite, il a éprouvé le besoin de demander à Marie très Sainte: "Est-ce que je peux en manger ? Il manque cinq jours pour la fin du vœu..."

"Oui, mon fils, tu peux en manger" dit Marie en le caressant. Mais l'enfant est encore hésitant et alors Marie, pour calmer les scrupules du petit disciple, interpelle son Fils : "Jésus, Margziam demande s'il peut manger de l'orge mondé... à cause du miel qui en fait un plat doux, tu sais..."

"Oui, oui, Margziam. Ce soir, je te dispense de ton sacrifice à condition que Jean mange lui aussi son orge au miel. Vois comme l'enfant le désire ? Aide-le donc à obtenir cette chose" et Jésus, qui a Jean près de Lui, lui prend la main et la lui tient pendant que Jean s'efforce, par obéissance, de finir son orge.

Marie d'Alphée est plus contente maintenant, et elle revient l'assaut avec un beau plat de poires cuites au four, toutes fumantes. Elle rentre du jardin avec son plateau et elle dit : "Il pleut. Cela commence. Quel malheur !"

"Mais non ! Cela vaut mieux, au contraire ! Ainsi il n'y aura personne sur les routes. Quand on part, les salutations font toujours mal... Il vaut mieux filer avec le vent dans les voiles et sans trouver des bas-fonds ou des écueils qui imposent des arrêts et une marche lente. Et les curieux sont justement des bas-fonds et de écueils..." dit Pierre qui voit en tout événement les voiles et la navigation.

"Merci, Marie. Mais je ne mange rien d'autre" dit Jean en cherchant à repousser les fruits.

"Ah ! cela, non ! C'est Marie qui les a cuites. Veux-tu mépriser la nourriture qu'elle a préparée ? Regarde comme elle les a bien préparées ! Avec leurs épices dans le petit trou... et leur beurre à la base... Ce doit être un dessert de roi, un sirop. Elle s'est rougie elle aussi au feu du four pour les dorer à point. Et elles sont bonnes pour la gorge, pour la toux... Elles réchauffent et guérissent. Marie, dis-lui, toi, comme elles réussissaient bien à mon Alphée quand il était malade. Mais il les voulait faites par toi. Hé ! oui c'est que tes mains sont saintes et donnent la santé !... Bénis sont les mets que tu prépares !... Il était plus tranquille, mon Alphée après avoir mangé ces poires... sa respiration était plus douce... Mon pauvre mari !..." et Marie saisit l'occasion de ce souvenir pour pouvoir finalement pleurer et sortir pour pleurer. Je fais peut-être une supposition méchante, mais je crois que sans la pitié qu'elle a pour les deux qui vont partir, le "pauvre Alphée" n'aurait pas eu une seule larme de son épouse, ce soir-là... Marie d'Alphée était toute éplorée pour Jean et Sintica, et pour Jésus, Jacques et Jude qui s'en allaient, tellement qu'elle a ouvert une issue à ses larmes pour ne pas étouffer.

Marie lui succède alors, en mettant sa main sur l'épaule de Sintica qui est en face de Jésus, entre Simon et Mathieu. "Allons, mangez. Voulez-vous donc partir en me laissant aussi l'angoisse que vous êtes partis presque à jeun ?"


"Moi, j'ai mangé, Mère" dit Sintica en levant son visage fatigué et marqué par les pleurs qu'elle a versés depuis plusieurs jours. Et puis elle incline son visage sur l'épaule où se trouve la main de Marie, en frottant sa joue sur la petite main pour en être caressée. Marie caresse avec l'autre main ses cheveux et attire à elle la tête de Sintica qui maintenant appuie son visage sur son sein.

"Mange, Jean, cela te fera réellement du bien. Tu as besoin de ne pas te refroidir. Toi, Simon de Jonas, tu veilleras à lui donner le lait chaud avec le miel tous les soirs ou, au moins, de l'eau très chaude et miellée. Souviens-le-toi."

"Je pourvoirai moi aussi, Mère. Sois tranquille" dit Sintica.

"En effet, j'en suis sûre. Mais tu feras cela lorsque tu seras installée à Antioche. Pour le moment y pensera Simon de Jonas. Et rappelle-toi, Simon, de lui donner beaucoup d'huile d'olive. C'est pour cela que je t'ai donné ce flacon. Attention à ne pas le casser. Et si tu vois que sa respiration est plus difficile, fais comme je t'ai dit avec l'autre vase de baume. Prends ce qu'il faut pour oindre la poitrine, les épaules et les reins, et réchauffe-le jusqu'à pouvoir le toucher sans te brûler, et puis masse-le et couvre-le tout de suite avec ces bandes de laine que je t'ai données. Je l'ai préparé exprès. Et toi, Sintica, souviens-toi de sa composition, pour en refaire. Tu pourras toujours trouver des lys, et du camphre et des dictames, de la résine et des œillets avec des lauriers et de l'armoise et le reste. J'ai entendu dire que Lazare a là-bas, à Antigonea, des jardins d'essences."

"Et splendides" dit le Zélote qui les a vus. Et il ajoute : "Moi, je ne conseille rien, mais je dis que pour Jean cet endroit devrait lui être salutaire aussi bien pour l'esprit que pour la chair, plus qu'Antioche. Il est abrité des vents, l'air est léger, qui vient des bois de résineux situés sur les pentes d'une petite colline qui protège des vents de la mer mais qui cependant permet aux sels de mer bienfaisants de se répandre jusque-là : un endroit tranquille, silencieux, gai pourtant avec les myriades de fleurs et les oiseaux qui y vivent en paix... Enfin vous verrez vous ce qui vous convient le mieux. Sintica est si judicieuse ! Parce qu'en ces choses, il vaut mieux s'en remettre aux femmes, n'est-ce pas ?"

"En effet je confie mon Jean précisément au bon sens et au bon cœur de Sintica" dit Jésus.

"Et moi aussi" dit Jean d'Endor. "Moi... moi... moi, je n'ai plus aucune énergie... et... je ne serai jamais plus utile à rien..."

"Jean, ne dis pas cela ! Quand l'automne dépouille les arbres, il n'est pas dit qu'ils soient inertes. Au contraire, ils travaillent avec une énergie cachée à préparer le triomphe de la prochaine fructification. Pour toi, c'est la même chose. Maintenant tu es dépouillé par le vent froid de cette douleur. Mais en réalité, au plus profond de toi-même, tu travailles déjà pour les nouveaux ministères. Ta peine elle-même te poussera à l'action. Moi, j'en suis certaine. Et alors, toi tu seras, tu seras toujours celui qui m'aidera, moi, pauvre femme, qui ai encore tant à apprendre pour devenir quelque chose de Jésus."

"Oh ! que veux-tu donc que je sois désormais ?! Je n'ai plus rien faire... Je suis fini !"

"Non, ce n'est pas bien de dire cela ! Seulement celui qui meurt peut dire : "Je suis fini comme homme". Pas les autres. Tu crois que tu n'as plus rien à faire ? Il te reste encore ce que tu m'as dit un jour: accomplir le sacrifice. Et comment, sinon par la souffrance Jean, à toi, démagogue, il est prétentieux de citer les sages, mais je te rappelle Gorgias de Léontine. Lui enseignait qu'on n'expie, en cette vie ou dans l'autre, que par les douleurs et les souffrances. Et je te rappelle encore notre grand Socrate : "Désobéir à celui qui nous est supérieur, qu'il soit dieu ou homme, c'est mal et honteux". Or, si c'était juste de le faire pour obéir à une injuste sentence donnée par des hommes injustes, que sera-ce s'il s'agit d'un ordre donné par l'Homme très saint et par notre Dieu ? C'est une grande chose d'obéir, seulement parce que c'est obéir. C'est donc une très grande chose que d'obéir à un ordre saint, que moi je juge et qu'avec moi tu dois également juger, comme une grande miséricorde. Tu ne cesses de dire que ta vie arrive à son terme que tu ne sens pas encore d'avoir annulé tes dettes envers la Justice. Et pourquoi ne prends-tu pas cette grande douleur comme un moyen d'arriver à annuler ces dettes, et de le faire dans le court laps de temps qui te reste encore ? Une grande douleur pour avoir une grande paix ! Crois-moi qu'il vaut la peine de la souffrir. L'un que chose qui soit importante dans la vie, c'est d'arriver à la mort après avoir conquis la Vertu."

"Tu me redonnes du courage, Sintica... Fais-le toujours."

"Je le ferai. Je te le promets ici. Mais seconde-moi, en homme et en chrétien."

Le repas est fini. Marie ramasse les poires qui restent et les met dans un vase pour les donner à André, qui sort et revient en disant "Il pleut toujours plus. Moi, je dirais qu'il vaut mieux..."


"Oui. Attendre, c'est toujours prolonger l'agonie. Je vais tout de suite préparer la bête. Et vous aussi, venez avec les coffres et le reste. Toi aussi, Porphyrée. Vite ! Tu es si patiente que l'âne en est charmé et se laisse habiller (c'est le mot qu'il emploie) sans entêtement. Après, s'en chargera André qui te ressemble. Allons, en route !" et Pierre pousse hors de la pièce et de la cuisine tout le monde sauf Marie, Jésus, Jean d'Endor et Sintica.

"Maître ! Oh ! Maître, aide-moi ! C'est l'heure de... me sentir fendre le cœur ! Oui, elle est venue ! Oh ! pourquoi, bon Jésus, ne m'as-tu pas fait mourir ici, après avoir eu déjà le déchirement de ma condamnation et après avoir fait l'effort de l'accepter ?!" Et Jean tombe sur la poitrine de Jésus, en pleurant tout angoissé.

Marie et Sintica essaient de le calmer et Marie, bien que toujours si réservée, le détache de Jésus en l'embrassant, en l'appelant : "Fils chéri, mon fils préféré"...

Sintica, à ce moment, s'agenouille aux pieds de Jésus en disant : "Bénis-moi, consacre-moi pour que je sois fortifiée. Seigneur, Sauveur et Roi, ici, en présence de ta Mère, je jure et je promets de suivre ta doctrine et de te servir jusqu'à mon dernier soupir. Je jure et je promets de me vouer à ta doctrine et à ceux qui te suivent, par amour pour Toi, Maître et Sauveur. Je jure et je promets que ma vie n'aura pas d'autre but, et que tout ce qu'est le monde et la chair est pour moi définitivement mort, alors qu'avec l'aide de Dieu et des prières de ta Mère, j'espère vaincre le démon pour qu'il ne m'induise pas en erreur et qu'à l'heure de ton Jugement je ne sois pas condamnée. Je jure et je promets que les séductions et les menaces ne me feront pas plier et que je m'en souviendrai, à moins que Dieu n'en dispose autrement. Mais j'espère en Lui et je crois en sa Bonté, ce qui me donne la certitude qu'il ne me laissera pas à la merci de forces obscures plus fortes que les miennes. Consacre ta servante, ô Seigneur, pour qu'elle soit défendue contre les embûches de tout ennemi."

Jésus lui met les mains sur la tête, les paumes ouvertes comme font aussi les prêtres, et prie sur elle.

Marie conduit Jean auprès de Sintica et le fait agenouiller en disant : "Lui aussi, mon Fils, pour qu'il te serve dans la sainteté et la paix."

Et Jésus répète son geste sur la tête inclinée du pauvre Jean. Puis il le relève et fait lever Sintica, en mettant leurs mains dans les mains de Marie et en disant : "Et que ce soit elle, la dernière qui vous caresse ici" et il sort rapidement pour aller je ne sais où.

"Mère, adieu ! Je n'oublierai jamais ces jours" gémit Jean.


"Moi non plus, je ne t'oublierai pas, fils chéri."

"Moi aussi, Mère... Adieu. Permets-moi de t'embrasser encore. Oh ! après tant d'années je m'étais rassasiée de baisers maternels ! Maintenant, plus..." Sintica pleure dans les bras de Marie qui l'embrasse.

Jean sanglote sans retenue. Marie l'embrasse lui aussi. Maintenant, elle les a tous les deux dans ses bras, vraie Mère des chrétiens, et elle effleure de ses lèvres très pures la joue rugueuse de Jean, un baiser pudique, mais si affectueux. Et, avec le baiser restent les larmes de la Vierge sur la joue émaciée...

Pierre entre : "C'est prêt. Allons..." et il ne dit rien d'autre cause de l'émotion.

Margziam qui suit son père comme l'ombre suit le corps, s'attache au cou de Sintica et l'embrasse, il embrasse Jean et lui donne des baisers, des baisers... Mais il pleure lui aussi.

Ils sortent, Marie tenant Sintica par la main et Margziam à la main de Jean.

"Nos manteaux..." dit en pleurant Sintica, et elle va rentrer.

"Ils sont ici, ils sont ici. Vite, prenez..." dit Pierre rudement pour ne pas s'émouvoir mais, derrière les deux qui s'enveloppent da leurs manteaux, il essuie ses larmes avec le dos de la main...

Là-bas, au-delà de la haie, la lumière mouvante du char met une tache jaune dans l'air obscur... La pluie bruit dans les feuillages des oliviers, résonne sur le bassin plein d'eau... Un pigeon, éveillé par la lumière des lampes que les apôtres tiennent à l'abri des manteaux, tout bas pour éclairer les sentiers pleins de flaque d'eau, roucoule lamentablement...

Jésus est déjà près du char sur lequel on a tendu une couverture pour servir de capote.

"Allons, allons ! Il pleut beaucoup !" dit Pierre pour les faire presser. Et, pendant que Jacques de Zébédée remplace Porphyrée à la bride, lui, sans façons, soulève de terre Sintica et la pose sur le char et, avec encore plus de promptitude, il saisit Jean d'Endor et il le met dessus et il monte lui aussi, en donnant immédiatement au pauvre âne un coup de fouet si énergique que celui-ci se précipite en avant bousculant presque Jacques. Et Pierre insiste jusqu’à ce qu'ils se trouvent sur la vraie route à une bonne distance des maisons... Un dernier cri d'adieu suit ceux qui partent et qui pleurent sans se retenir...

Pierre arrête ensuite la monture hors de Nazareth, en attend Jésus et les autres qui ne tardent pas à les rejoindre en marchant rapidement sous la pluie battante.

Ils prennent une route à travers les jardins pour arriver de nouveau au nord de la ville, sans la traverser, Mais Nazareth est plongée dans la nuit et elle dort sous l'eau glacée de la nuit d'hiver... et je crois que le bruit des sabots de l'âne, peu sensible sur le terrain détrempé, en terre battue, n'est pas même perçu par des veilleurs éventuels...


La troupe avance dans le plus grand silence. Seuls les sanglots des deux disciples se font entendre, mêlés au bruit de la pluie sur le feuillage des oliviers.

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/index.htm
Tome : 5/02


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Jésus en compagnie de Sa Mère
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Visage de J?sus Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

Message par Maud Lun 7 Oct 2013 - 8:38

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 18 Maria_12

Vers Jiphtaël

Il doit avoir plu toute la nuit. Mais, avec l'aube, s'est levé un vent sec qui a repoussé les nuages vers le sud, au-delà des collines de Nazareth. Aussi un timide soleil d'hiver ose paraître et, par son rayonnement, il allume un diamant sur chaque feuille d'olivier. Mais c'est un vêtement de gala que les oliviers auront vite fait de perdre parce que le vent le secoue de leurs frondaisons qui semblent pleurer des éclats de diamants qui se perdent ensuite dans les herbes couvertes de rosée ou sur la route boueuse.

Pierre, avec l'aide de Jacques et d'André, prépare le char et l'âne. Les autres ne se montrent pas encore. Mais ensuite ils sortent, l'un après l'autre, d'une cuisine peut-être, parce qu'ils disent aux trois qui sont dehors : "Maintenant allez vous restaurer." Et ces derniers s'en vont pour sortir peu après, et cette fois avec Jésus.

"J'ai remis la couverture à cause du vent" explique Pierre. "Si tu veux vraiment aller à Jiphtaël, nous allons l'avoir en face... et il sera piquant. Je ne sais pas pourquoi nous ne prenons pas la route directe pour Sicaminon, et puis celle de la côte... Elle est plus longue mais moins difficile. Tu as entendu ce que disait ce berger que j'ai fait habilement chanter ? Il a dit : "Jotapate dans les mois d'hiver est isolée. Il n'y a qu'une route pour y aller, et avec les agneaux on n'y va pas... On ne doit rien avoir sur les épaules car il y a des passages où l'on avance plutôt avec les mains qu'avec les pieds, et les agneaux ne peuvent pas nager... Il y a deux cours d'eau souvent en crue et la route elle-même est un torrent qui coule sur un fond de roches. Moi, j'y vais après les Tabernacles et en plein printemps, et j'y fais de bonnes ventes parce qu'alors il s'approvisionnent pour des mois". Voilà ce qu'il a dit... Et nous. avec cet équipage... (et il donne un coup de pied à la roue du char). et avec ce bourricot... Hum !..."

"Le chemin direct de Sephoris a Sicaminon était meilleur. Mais il est très fréquenté... Rappelle-toi qu'il est bien de ne pas laisser de traces de Jean..."

"Le Maître a raison. Nous pourrions trouver aussi Isaac avec de disciples... Et puis à Sicaminon !..." dit le Zélote.

"Et alors... allons-y..."

"Je vais appeler ces deux..." dit André.

Et pendant qu'il le fait, Jésus prend congé d'une vieille et d'un enfant qui sortent d'un bercail avec des seaux de lait. Surviennent aussi des bergers barbus que Jésus remercie pour l'hospitalité de la nuit pluvieuse. Jean et Sintica sont déjà sur le char qui, conduit par Pierre, se dirige sur la route. Jésus, accompagné du Zélote et de Mathieu, suivi d'André, de Jacques, de Jean et des deux fi d'Alphée, hâte le pas pour le rejoindre.
Le vent coupe le visage et gonfle les manteaux. La couverture étendue sur les cercles du char, claque comme une voile bien que la pluie de la nuit l'ait alourdie : "Allons, qu'elle sèche vite !" murmure Pierre en la regardant. "Pourvu que ne se dessèchent pas les poumons de ce pauvre homme !... Attends, Simon de Jonas... On fait ainsi." Il arrête l'âne et enlève son manteau, monte sur le char et en enveloppe Jean soigneusement.

"Mais, pourquoi ? J'ai déjà le mien…"

"Parce que moi à tirer l'âne j'ai déjà chaud comme si j'étais dans un four. Et puis je suis habitué, moi, à rester déshabillé sur la barque, et plus que jamais déshabillé quand il y a de la tempête. Le froid m'aiguillonne et je suis plus leste. Allons, reste bien couvert Elle m'a fait tant et tant de recommandations Marie à Nazareth que si tu prends mal, je ne pourrai plus jamais paraître devant elle..."

Il descend du char et reprend la bride en activant la marche de l'âne. Mais bien vite, il doit appeler à l'aide son frère et aussi Jacques, pour aider l'âne à sortir d'un passage boueux où la roue s'est enfoncée. Et ils avancent, en poussant à tour de rôle le char pour aider l'âne qui raidit ses pattes robustes dans la boue et qui tire, pauvre bête, éclaboussant et haletant de fatigue et de gourmandise, car Pierre excite sa marche en lui montrant des bouchées pain et des trognons de pommes qu'il ne lui donne pourtant que pendant les arrêts.

"Tu es un trompeur, Simon de Jonas" dit en plaisantant Mathieu qui observe la manœuvre.

"Non. J'applique la bête à son devoir, et avec douceur. Si je n'agissais pas ainsi, il faudrait me servir du fouet. Et il me déplaît de le faire. Je ne pique pas la barque quand elle fait des caprices, et c'est du bois. Pourquoi devrais-je piquer celui-là qui est chair ? Maintenant, c'est lui ma barque... elle est dans l'eau... et comment ! Aussi je le traite comme je traite ma barque. Je ne suis pas Doras, moi ! Vous savez ? Je voulais l'appeler Doras avant de l'acheter. Mais j'ai entendu son nom, et il ma plu. Je le lui ai laissé..."

"Comment s'appelle-t-il ?" demandent-ils curieux. "Devinez !" et Pierre rit dans sa barbe.

On dit les noms les plus étranges et ceux des plus féroces pharisiens ou sadducéens et cætera. Mais Pierre hoche toujours la tête. Ils s'avouent vaincus.

"Il s'appelle Antoine. N'est-ce pas un beau nom ? Ce maudit romain ! On voit que le grec qui m'a vendu l'âne était brouillé lui aussi avec Antoine !"

Tout le monde rit, pendant que Jean d'Endor explique : "Ce sera un des collecteurs d'impôts après la mort de César. Est-il vieux ?"

"Il peut avoir soixante-dix ans... et il doit avoir fait tous les métiers... Maintenant il a une auberge à Tibériade..."

Ils sont au triple carrefour de Sephoris au croisement des routes Nazareth-Ptolémaïs, Nazareth-Sicaminon, Nazareth-Jotapate. La borne consulaire porte la triple indication : Ptolémaïs, Sicaminon, Jotapate.

"Entrons-nous à Sephoris, Maître ?"

"C'est inutile. Allons à Jiphtaël, sans nous arrêter. Nous mangerons en marchant. Il faut y être avant le soir."

Ils vont, ils vont, franchissant deux torrents en crue et ils attaquent les premières pentes d'un ensemble de collines en direction nord-sud, qui au nord forment un nœud à pic qui ensuite se prolonge vers l'est.

"Là se trouve Jiphtaël" dit Jésus.

"Je ne vois rien" dit Pierre.

"C'est au nord. De notre côté, il y a des pentes à pic et de même à l'orient et au couchant."

"De sorte qu'il faut contourner toute la montagne ?"

"Non. Il y a un chemin près de la montagne plus haute, à son pied, dans la vallée. C'est un sérieux raccourci, mais très escarpé."

"Tu y es allé ?"

"Non, mais je le sais."

Vraiment, quel chemin escarpé ! Il paraît se précipiter à la rencontre de la nuit tant la lumière est réduite au fond de cette vallée qui me fait penser aux Malebolge dantesques tant elle est effroyable et escarpée, une route vraiment taillée dans le roc, pour ainsi dire en escalier, tant elle est hérissée de dénivellements, un chemin étroit, sauvage, resserré entre un torrent rageur et une côte encore plus escarpée qui monte rapide vers le nord. C'est au point que quand ils y arrivent, ils en sont effarés...

Si la lumière augmente au fur et à mesure que l'on monte, en revanche la fatigue croît aussi. Les apôtres déchargent le char des sacs personnels, et Sintica descend aussi pour que le char soit le plus léger possible. Jean d'Endor, qui après ses quelques paroles n'avait plus ouvert la bouche que pour tousser, voudrait descendre lui aussi. Mais on ne le lui permet pas et il reste où il est pendant que tous poussent et tirent bête et véhicule, et suent à chaque changement de niveau. Mais personne ne proteste, au contraire tous essaient de se montrer satisfaits. de l'exercice pour ne pas humilier les deux pour lesquels ils le font et qui, plus d'une fois, ont exprimé des paroles de regret pour cette fatigue.

La route fait un angle droit et puis un autre détour, encore plus court, qui se termine dans une ville juchée sur une pente si rapide que, comme dit Jean de Zébédée, elle donne l'impression qu'elle va glisser dans la vallée avec ses maisons.

"Mais elle est très solide, elle ne fait qu'un avec le roc."

"Comme Ramot, alors..." dit Sintica qui s'en souvient.

"Plus encore. Ici le roc est une partie des maisons et pas seulement leur base. Cela rappelle davantage Gamala. Vous en souvenez-vous ?"

"Oui, et avec elle nous pensons aux porcs..." dit André.

"C'est justement de là que nous sommes partis pour Tarichée et le Thabor et Endor" rappelle Simon le Zélote.

"Je suis destiné à vous donner des souvenirs pénibles et de grandes fatigues..." soupire Jean d'Endor.

"Mais non ! Tu nous a donné une fidèle amitié, rien de plus, ami" dit impétueusement Jude d'Alphée; Et tous s'unissent à lui pour le confirmer plus nettement.

"Et pourtant... je n'ai pas été aimé... Personne ne me le dit... Mais je sais réfléchir, rassembler les faits dispersés en un seul tableau. Ce départ, non, il n'était pas prévu, et la décision n'a pas été spontanée..."

"Pourquoi parles-tu ainsi, Jean ?" demande doucement Jésus, affligé.
"Parce que c'est vrai. On n'a pas voulu de moi. C'est moi, pas d'autres, même pas les grands disciples, qui ai été choisi pour aller au loin."

"Et Sintica, alors ?" demande Jacques d'Alphée qui s'attriste de la clarté qui vient à la pensée de l'homme d'Endor.
"Sintica vient pour que je ne sois pas renvoyé seul... pour me cacher, par pitié, la vérité..."

"Non, Jean !..."

"Si, Maître. Et tu vois ? Je pourrais te dire le nom de celui qui me torture. Sais-tu où je le lis ? Je le lis rien qu'à regarder ces huit bons ! Il me suffit de réfléchir à l'absence des autres pour le lire ! Celui par lequel tu m'as trouvé, est aussi celui qui voudrait me faire trouver par Belzébuth. C'est lui qui m'a amené à cette heure et qui t'y a amené, Maître, car Toi aussi, tu souffres Comme moi et peut-être plus que moi, et il m'a amené à cette heure pour me faire revenir au désespoir et à la haine. Car il est mauvais, il est cruel, il est envieux et il est autre chose encore. C'est Judas de Kériot, l'âme ténébreuse parmi tes serviteurs toute lumière..."

"Ne parle pas ainsi, Jean. Il n'est pas le seul qui manque. Tous ont été absents pour les Encénies, sauf le Zélote qui n'avait pas de famille. De Kériot, et en cette saison, on n'arrive pas en quelques étapes. Il y a environ deux cent milles à parcourir[1][1] et il était juste qu'il aille chez sa mère comme Thomas. Nathanaël aussi, je l'ai épargné parce qu'il est âgé, et avec lui Philippe pour lui tenir compagnie..."

"Oui, les trois autres ne sont pas ici... Mais, ô bon Jésus, tu connais les cœurs car tu es le Saint ! Mais tu n'es pas seul à les connaître ! Même les pervers connaissent Les pervers car ils se reconnaissent en eux. Moi, j'ai été pervers, et je me suis retrouvé dans mes pires instincts en Judas. Mais je lui pardonne. Pour une seule raison je lui pardonne de m'envoyer mourir si loin : car c'est justement par lui que je suis venu à Toi. Et que Dieu Lui pardonne le reste... tout le reste."

Jésus n'ose pas démentir... Il se tait. Les apôtres se regardent entre eux alors qu'à force de bras ils poussent Le char sur le chemin glissant.

Le soir est proche quand ils arrivent à la ville où, inconnus parmi les inconnus, ils prennent leur logement dans une auberge située sur la hauteur au sud du pays. Une hauteur qui donne le vertige quand on regarde en bas, le long de son mur, tant elle est à pic et profonde.

Au fond, une rumeur et rien de plus, dans l'ombre paisible qui envahit la vallée et où rugit un torrent.

*

SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-003.htm
Tome : 5/03

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Jiphtaël : le Nid d' aigle


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Message par Maud Mar 8 Oct 2013 - 7:43

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 18 Maria_13

L'adieu de Jésus aux deux disciples

C'est par la même route, la seule du reste de ce pays qui paraît un nid d'aigle sur le sommet d'un pic solitaire, qu'ils repartent le lendemain, poursuivis par un temps pluvieux et froid qui gêne la marche. Même Jean d'Endor doit descendre du char, car le chemin effectué en descente est encore plus dangereux qu'à la montée, et si l'âne par lui-même ne serait pas en danger, le poids du char que la pente de la route pousse en avant, fait que la pauvre bête se trouve très mal. Et se trouvent mal aussi ses conducteurs qui doivent, aujourd'hui, non plus suer pour pousser mais plutôt pour retenir le véhicule qui pourrait s'emballer en provoquant des malheurs ou, au moins, la perte du chargement.

La route est ainsi horrible jusqu'à un tiers environ de sa longueur, le dernier vers la vallée, puis elle bifurque et une de ses branches se dirige vers l'ouest et devient plus praticable et plane. Ils s'arrêtent pour se reposer et essuyer la sueur, et Pierre récompense le bourricot qui halète en frémissant et qui secoue ses oreilles en s'ébrouant, certainement absorbé dans une méditation pro- fonde sur la douloureuse condition des ânes et sur les caprices des hommes qui choisissent certaines routes. Du moins Simon de Jonas attribue à ces considérations l'expression pensive de la bête et, pour améliorer son humeur, lui met au cou un sac rempli de féveroles et pendant que le baudet broie son dur repas avec un plaisir plein d'avidité, les hommes aussi mangent du pain et du fromage et boivent le lait dont ils ont rempli les cruches.

Le repas est fini, mais Pierre veut abreuver "son Antoine qui mérite des honneurs plus que César" dit-il, et il va avec un seau qu'il a sur le char prendre de l'eau à un torrent qui se dirige vers la mer.

« Maintenant nous pouvons marcher... Et nous marcherons même au trot, car je pense qu'au-delà de ces coteaux il n 'y a plus que la plaine... Mais nous, nous ne pouvons pas trotter. Pourtant nous irons vite. Allons, Jean et toi, femme, montez et partons. »

« Je monte, Moi aussi, Simon, et je conduis. Vous tous suivez-nous… » dit Jésus après que les deux sont montés.

« Pourquoi ? Tu te sens mal ? Tu es tellement pâle !... »

« Non, Simon. Je veux parler en particulier avec eux... » et il indique les deux qui eux aussi sont devenus tout pâles, devinant qu'est venu le moment de l'adieu.
« Ah ! Très bien. Monte donc et nous te suivrons. »

Jésus s'assoit sur la table qui sert de banc au conducteur et il dit : « Viens ici à côté de Moi, Jean. Et toi, Sintica, viens tout près... »

Jean s'assoit à la gauche du Seigneur et Sintica à ses pieds, presque sur le bord du char, tournant le dos à la route et tenant son visage levé vers Jésus. Dans cette position, assise sur les talons, détendue comme si elle était chargée d'un poids qui l'épuise, les mains abandonnées sur ses genoux et jointes à cause du tremblement qui les agite, le visage fatigué, ses yeux très beaux d'un noir violet comme embués par tant de pleurs qu'elle a versés, sous l'ombre de son manteau et de son voile qui descendent très bas, elle semble une Pietà désolée.

Et puis Jean !... Je crois que s'il avait son gibet au bout de la route, il serait moins bouleversé.

L'âne se met au pas si obéissant et bien avisé qu'il n'oblige pas Jésus à une stricte surveillance. Jésus en profite pour laisser aller les rênes et prendre la main de Jean et poser l'autre sur la tête de Sintica.

« Mes enfants, je vous remercie de toute la joie que vous m'avez donnée. Cette année a été pour Moi parsemée de fleurs de joie parce que j'ai pu cueillir vos âmes et les garder en ma présence pour me cacher les brutalités du monde, pour parfumer l'air corrompu par le péché du monde, pour verser en Moi la douceur, pour me confirmer dans l'espoir que ma mission n'est pas inutile. Margziam, toi, mon Jean, Hermastée, toi, Sintica, et Marie de Lazare, et Alexandre Misace, et d'autres encore... Les fleurs triomphales du Sauveur, que seulement les cœurs droits savent apprécier comme tels... Pourquoi hoches-tu la tête, Jean ? »

« Parce que tu es bon de me mettre parmi les cœurs droits, mais mon péché est toujours présent à ma pensée... »

« Ton péché est le fruit d'une chair excitée par deux méchants. La rectitude de ton cœur, c'est le fond de ton moi honnête, qui désire des choses honnêtes, malheureux parce qu'elles t'ont été enlevées par la mort ou par la méchanceté, mais non moins vif pour cela sous l'épaisseur d'une si grande douleur. Il a suffi que la voix du Sauveur s'infiltrât dans les profondeurs où languissait ton moi pour que tu bondisses debout, secouant tout poids, pour venir à Moi. N'est-ce pas ainsi ? Tu es donc un cœur droit. Beaucoup, beaucoup plus droit que d'autres qui n'ont pas ton péché, mais en ont de beaucoup plus graves parce que réfléchis et obstinément conservés vivants...

Vous, donc, vous mes fleurs de mon triomphe de Sauveur, soyez bénis. Dans ce monde fermé et hostile, qui abreuve d'amertume et de dégoût le Sauveur, vous avez représenté l'amour. Merci ! Dans les heures les plus pénibles que j'ai eues cette année, je vous a gardés présents à mon esprit pour en avoir consolation et soutien. Dans celles encore plus pénibles que j'aurai, je vous garderai encore plus présents à mon esprit. Jusqu'à la mort. Et vous serez avec Moi, pour l'éternité. Je vous le promets.

Je vous confie mes intérêts les plus chers, c'est-à-dire la préparation de mon Eglise en Asie mineure, là où Moi je ne puis aller parc que c'est ici, en Palestine, le terrain de ma mission, et parce que la mentalité rétrograde des grands d'Israël emploierait tous le moyens pour me nuire si j'allais ailleurs. C'est ainsi que je ferais si j'avais d'autres Jean et d'autres Sintica pour d'autres pays. De cette façon mes apôtres trouveraient le terrain labouré pour répandre la semence à l'heure qui viendra !

Soyez doux et patients, et en même temps forts, pour pénétrer et supporter. Vous trouverez des esprits obtus et railleurs. Ne vous désolez pas pour cela, Pensez ainsi : "Nous mangeons le même pain et nous buvons le même calice que notre Jésus". Vous n'êtes pas plus que votre Maître et vous ne pouvez pas prétendre avoir un meilleur sort. Voici le meilleur sort : partager ce qu'a le Maître.

Je ne vous donne qu'un ordre : celui de ne pas vous avilir, de ne pas vouloir vous donner une réponse à cet éloignement qui n'es pas un exil, comme Jean veut le penser, mais une approche du seuil de la Patrie avant tous les autres, comme des serviteurs formé comme aucun autre ne l'est. Le Ciel s'est abaissé sur vous comme un voile maternel et le Roi des Cieux vous accueille déjà sur son sein, vous protège sous ses ailes de lumière et d'amour comme les premiers-nés de la nichée sans bornes des serviteurs de Dieu, du Verbe de Dieu qui, au nom du Père et de l'Éternel Esprit, vous bénit pour cette heure et pour toujours.

Et priez pour Moi, Fils de l'Homme qui va à la rencontre de toutes ses tortures de Rédempteur. Oh ! en vérité mon Humanité va être écrasée par les plus amères expériences !... Priez pour Moi. J'aurai besoin de vos prières... Elles seront des caresses... Elles seront des aveux d'amour... Elles seront une aide pour ne pas arriver à dire : "L'Humanité n'est faite que de satans"...

Adieu, Jean ! Donnons-nous le baiser d'adieu... Ne pleure pas ainsi... Au prix de vouloir m'arracher des lambeaux de chair, je t'aurais gardé si je n'avais pas vu tout le bien qui vient de cette séparation, pour toi et pour Moi. Éternel bien...

Adieu, Sintica. Oui, baise aussi mes mains, mais pense que si la différence de sexe m'interdit de t'embrasser comme une sœur, Moi, je donne à ton âme le fraternel baiser...

Et attendez-moi, avec votre esprit. Je viendrai. Vous m'aurez près de vos fatigues et près de vos âmes. Oui, car si l'amour pour l'homme a renfermé ma Nature divine dans une chair mortelle, il n'a pas cependant pu imposer des limites à ma liberté. Et je suis libre d'aller comme Dieu auprès de ceux qui méritent d'avoir Dieu avec eux. Adieu, mes fils. Le Seigneur est avec vous... »

Jésus s'arrache à l'étreinte convulsive de Jean qui se serre à ses épaules, de Sintica qui s'est agrippée à ses genoux, et il saute vivement du char. Il fait un signe d'adieu à ses apôtres et s'éloigne en courant par le chemin déjà parcouru comme un cerf que l'on poursuit... L'âne s'est arrêté en sentant tomber tout à fait les rênes qui étaient avant sur les genoux de Jésus. Et ils s'arrêtent, étonnés, les huit apôtres, regardant le Maître qui s'éloigne toujours plus.

« Il pleurait... » murmure Jean.

« Et il était pâle comme un mort... » murmure Jacques d'Alphée.

« Il n'a pas même pris son sac... Le voilà sur le char... » observe l'autre Jacques.

« Et comment va-t-il faire maintenant ? » se demande Mathieu. Jude d'Alphée déploie toutes les ressources de sa voix puissante pour crier : « Jésus ! Jésus ! Jésus !... » L'écho des collines répond au loin: « Jésus. Jésus. Jésus !... » Mais un détour du chemin engloutit dans la verdure de ses arbres le Maître, sans même que Lui se retourne pour regarder qui l'appelle...

« Il s'en est allé... Il ne nous reste qu'à partir, nous aussi... » dit Pierre désolé en montant sur le char et en prenant les rênes pour faire avancer la bourrique.
Et le char s'éloigne, en grinçant, dans le rythme bruyant des sabots ferrés et les pleurs angoissés des deux qui, abandonnés au fond du char, gémissent :

« Nous ne le verrons plus, jamais plus jamais

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/ValtortaWeb/Oeuvre.htm
Tome : 5/04
https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t18376-oeuvre-de-maria-valtorta-presentation-des-disciples-de-jesus


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Jésus et Ses Disciples
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Visage de J?sus Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

Message par Maud Mer 9 Oct 2013 - 7:58

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 18 Maria_14

Douleur, prière, pénitence de Jésus

Jésus est de nouveau au pied du massif sur lequel est construit Jiphtaël, mais pas sur la route principale (donnons lui ce nom) ou muletière, suivie auparavant par le char. Mais il est sur un sentier de chèvres, très en pente, tout en brèches, en fissures profondes qui s'appuie à la montagne, je dirais taillé dans sa paroi verticale comme si elle était griffée par un monstrueux coup d'ongle, borné par un gouffre qui descend à pic vers de nouvelles profondeurs, au fond desquelles écume un torrent rageur. Là, un faux pas veut dire une chute sans espoir, en rebondissant de buisson en buisson de ronces ou autres plantes sauvages, qui ont poussé je ne sais comment dans les fissures du rocher et qui ne se dressent pas verticalement comme d'ordinaire les plantes mais obliquement ou même suivant une direction horizontale que leur impose leur situation Un faux pas, cela veut dire se faire déchirer par tous les peignes épineux de ces plantes, ou avoir les reins brisés par le choc de troncs rigides qui se penchent sur l'abîme. Un faux pas, cela veut dire être déchiré par les pierres acérées qui dépassent des parois du précipice. Un faux pas, cela veut dire arriver sanglant et brisé dan les eaux écumeuses du torrent rageur et se noyer en restant submergé sur un lit de roches pointues, giflées par la violence du courant.

Et pourtant Jésus parcourt ce sentier, cette griffure dans le roc encore plus dangereuse par l'humidité qui monte en fumant du torrent, qui suinte de la paroi supérieure, qui dégoutte des arbres qui ont poussé sur cette paroi à pic, je dirais légèrement concave.
Il va avec lenteur et prudence, calculant ses pas sur les pierre pointues, certaines branlantes, obligé parfois de s'écraser contre la paroi tant le sentier devient étroit et, pour franchir des passages extrêmement dangereux, il doit s'agripper aux branches qui pendent de la paroi. Il contourne ainsi le côté ouest et arrive au côté sud sur lequel la montagne, après être descendue à pic du sommet devient concave plus qu'ailleurs, en donnant plus de largeur au sentier, mais en revanche en lui enlevant de la hauteur au point qu'en certains endroits Jésus doit avancer en se baissant pour ne pas se frapper la tête contre les roches.

Peut-être il a l'intention de s'arrêter là où le sentier finit brusquement comme par un éboulis. Mais, en observant, il voit que sous l'éboulis il y a une caverne, une fissure dans la montagne plutôt qu'une caverne, et il y descend à travers l'éboulement. Il y entre. Une fissure au début, mais une vaste grotte à l'intérieur comme si la montagne avait été creusée il y a bien longtemps à coups de pic, dans je ne sais quel but. On voit clairement les endroits où à la courbure naturelle de la roche s'est associée celle produite par l'homme qui, du côté opposé à la fissure d'entrée, a ouvert une sorte d'étroit couloir au fond duquel il y a une bande de lumière où on aperçoit des bois qui indiquent comment il s'y enfonce du sud à l'est en coupant l'éperon de la montagne.
Jésus s'enfile par ce couloir sombre et étroit et le parcourt jusqu'à ce qu'il arrive à l'ouverture qui se trouve au-dessus de la route faite par Lui avec les disciples et le char pour monter à Jiphtaël. Il a en face de Lui les monts qui entourent le lac de Galilée, au-delà de la vallée, et en direction nord-est resplendit le grand Hermon sous son habit de neige. Un escalier primitif est creusé dans le flanc de la montagne qui ici n'est pas verticale, ni en montée, ni en descente, et cet escalier conduit à la route muletière qui est dans la vallée et aussi au sommet où se trouve le pays de Jiphtaël.

Jésus est satisfait de son exploration. Il revient en arrière dans l'ample caverne et cherche un endroit abrité où il entasse des feuilles sèches poussées dans l'antre par les vents. Une bien misérable couchette, une épaisseur de feuilles sèches mise entre son corps et le sol nu et glacé... Il se laisse tomber dessus en restant inerte, étendu, les mains sous la tête, les yeux fixés sur la voûte rocheuse, pensif, abasourdi dirais-je, comme quelqu'un qui a supporté un effort ou une douleur supérieure à ses forces. Puis lentement des larmes, sans sanglots, commencent à descendre de ses yeux et cou- lent sur les deux côtés du visage, en se perdant dans les cheveux du côté des oreilles et en finissant certainement dans les feuilles sèches...

Il pleure ainsi, longuement, sans parler ni faire de mouvements... Puis il s'assoit, la tête entre les genoux qu'il soulève et entoure de ses mains entrelacées, il appelle de toute son âme la Mère lointaine : « Maman ! Maman ! Maman ! Mon éternelle douceur ! Oh ! Maman ! Oh ! Maman ! comme je te voudrais tout près ! Pourquoi ne t'ai-je pas toujours, seul réconfort de Dieu ? »

Seule la cavité de la grotte répond par un murmure d'écho imparfait à ses paroles, à ses sanglots, et il semble qu'elle sanglote elle aussi dans ses recoins, ses roches et dans les petites stalactites qui pendent dans un coin, celui peut-être qui est le plus exposé au travail des eaux intérieures.

Les pleurs de Jésus continuent, bien que plus calmes, comme si seulement d'avoir appelé sa Mère l'avait réconforté, et lentement ils se sont changés en monologue.
« Ils sont partis... Et pourquoi ? Et pour qui ? Pourquoi ai-je dû donner cette douleur ? Et pourquoi me la donner, puisque déjà le monde en remplit ma journée ? ... Judas ! »...

Qui sait où s'envole la pensée de Jésus qui relève sa tête de ses genoux et regarde devant Lui, les yeux dilatés et le visage tendu de quelqu'un qui est absorbé par les spectacles spirituels de l'avenir ou par de grandes méditations. Il ne pleure plus, mais il souffre visiblement. Puis il semble répondre à un interlocuteur invisible et, pour le faire, il se dresse debout.

« Je suis homme, Père. Je suis l'Homme. La vertu d'amitié, blessée et déchirée en Moi, se tord et se lamente douloureusement...

Je sais que je dois tout souffrir. Je le sais. Comme Dieu, je le sais, et comme Dieu je le veux, pour le bien du monde. Comme homme aussi je le sais, parce que mon esprit divin le communique à mon humanité. Et comme homme aussi, je le veux, pour le bien du monde. Mais quelle douleur, ô mon Père !

Cette heure est beaucoup plus pénible que celle que j'ai vécue avec ton esprit et le mien au désert... Et elle est bien plus forte la tentation présente de ne pas aimer et de ne pas supporter à mes côtés l'être visqueux et tortueux qui a pour nom Judas, la cause de la grande douleur qui m'abreuve et me sature, et qui torture les âmes auxquelles j'avais donné la paix.

Père, je le sens. Tu deviens plus sévère avec ton Fils à mesure que j'approche du terme de cette expiation que je fais mienne en faveur du Genre Humain. De plus en plus s'éloigne de Moi ta douceur, et apparaît sévère ton visage à mon esprit, qui se trouve toujours plus repoussé dans les profondeurs, là où l'Humanité, frappée par ton châtiment, gémit depuis des millénaires.

Elle m'était douce la souffrance, doux le chemin au commencement de l'existence, douce aussi quand, de fils du menuisier, je devins le Maître du monde en m'arrachant à une Mère pour Te donner Toi, Père, à l'homme tombé. Elle m'était douce encore, en comparaison de maintenant, la lutte avec l'Ennemi, dans la tentation du désert. Je l'ai affrontée avec la hardiesse d'un héros aux forces intactes... Oh ! mon Père !...
maintenant mes forces sont alourdies par l'absence d'amour et par la connaissance de trop de personnes et de trop de choses...

Satan, je le savais, s'en serait allé, et il s'en est allé, une fois la tentation finie, et les anges vinrent pour consoler ton Fils d'être homme, soumis à la tentation du Démon.
Mais maintenant elle ne cessera pas, une fois passée l'heure où l'Ami a souffert pour les amis envoyés au loin, et pour l'ami parjure qui lui nuit de près et de loin. Elle ne cessera pas. Ils ne viendront pas tes anges me consoler de cette heure et après cette heure. Mais il viendra le monde, avec toute sa haine, ses moqueries, son incompréhension. Mais il viendra, et il sera toujours plus près et plus tortueux et plus visqueux, le parjure, le traître, le vendu à Satan. Père !!... »

Ce cri est vraiment déchirant, c'est un cri d'épouvante, un appel, et l'agitation de Jésus me rappelle l'heure du Gethsémani.

« Père ! Je le sais, je le vois... Pendant que Moi ici je souffre et vais souffrir, et que je t'offre ma souffrance pour sa conversion, et pour ceux qui ont été arrachés à mes bras, et qui sont en train d'aller, le cœur transpercé, à leur destin, lui se vend pour devenir plus grand que Moi, le Fils de 1'homme !

C'est Moi, n'est-ce pas, le Fils de l'homme ? Oui. Mais je ne suis pas seul à l'être. L'Humanité, l'Ève prolifique a engendré ses fils, et si je suis l'Abel, l'Innocent, Caïn ne manque pas dans la descendance de l'Humanité. Et si je suis le Premier-Né, parce que je suis tel qu'auraient dû l'être les fils de l'homme, sans tache à tes yeux, lui, engendré dans le péché, est le premier de ce qu'ils sont devenus après avoir mordu le fruit empoisonné. Et maintenant, non content d'avoir en lui les ferments répugnants et les blasphèmes du mensonge, la contre-charité, la soif de sang, le désir cupide de l'argent, l'orgueil et la luxure, il s'insatanise, homme qui pouvait devenir ange, pour être l'homme qui devient démon... "Et Lucifer voulut être semblable à Dieu, et pour cela il fut chassé du Paradis et, changé en démon, il habita l'Enfer".

Mais, Père ! Oh ! mon Père ! Je l'aime... je l'aime encore. C'est un homme... C'est un de ceux pour lesquels je t'ai quitté... Au nom de mon humiliation, sauve-le... permets-moi de le racheter, Seigneur Très-Haut ! Cette pénitence est plus pour lui que pour les autres !

Oh ! je sais l'inconséquence de ce que je demande, Moi qui sais tout ce qu'il est !... Mais, mon Père, pour un instant, ne vois pas en Moi ton Verbe. Contemple seulement mon Humanité de Juste... et permets que Moi, pour un instant, je puisse être seulement "l'Homme" grâce à Toi, l'Homme qui ne connaît pas l'avenir, qui peut s'illusionner... l'Homme qui, ne sachant pas l'inéluctable destin, peut prier avec une espérance absolue pour t'arracher le miracle.

Un miracle ! Un miracle pour Jésus de Nazareth, pour Jésus de Marie de Nazareth, notre Éternelle Aimée ! Un miracle qui viole ce qui est marqué et l'annule ! Le salut de Judas ! Il a vécu à mes côté. Il a bu mes paroles, il a partagé la nourriture avec Moi, il a dormi sur ma poitrine... Pas Lui, que ce ne soit pas lui mon satan !...

Je ne te demande pas de n'être pas trahi... Cela doit être et sera... pour que, par ma douleur de trahi soient annulés tous les mensonges, comme par ma douleur de vendu soient expiées toutes les avarices, comme par mon déchirement de blasphémé soient réparés tous les blasphèmes, et pour celui de n'être pas cru soit donnée la foi à ceux qui sont et seront sans foi, comme par ma torture soient purifiées toutes les fautes de la chair... Mais, je t'en prie : pas lui, pas lui, Judas, mon ami, mon apôtre !

Je voudrais que personne ne trahisse... Personne... Pas même le plus éloigné dans les glaces hyperboréennes ou les feux de la zone torride... Je voudrais que le Sacrificateur ce fût Toi seul... comme les autres fois Tu l'as été en brûlant par tes feux les holocaustes... Mais puisque je dois mourir de la main de l'homme, et plus que vrai bourreau sera un bourreau l'ami traître, le putréfié qui aura en lui la puanteur de Satan, et déjà l'aspire en lui, pour être semblable à Moi en puissance... ainsi pense-t-il dans son orgueil et dans sa convoitise, puisque c'est par la main de l'homme que je dois mourir, Père, accorde-moi que ce ne soit pas celui que j'ai appelé ami et aimé comme tel, qui soit le Traître.

Multiplie, mon Père, mes tortures, mais donne-moi l'âme de Judas... Je mets cette prière sur l'autel de ma Personne victime... Père, accueille-la !...

Le Ciel est fermé et muet !... C'est donc cela l'horreur que j'aurai avec Moi jusqu'à la Mort ?

Le Ciel est muet et fermé !... Ce sera donc cela le silence et la prison dans laquelle expirera mon esprit ?

Le Ciel est fermé et muet !... Ce sera donc cela la suprême torture du Martyr ? ...

Père, que soit faite ta Volonté et non la mienne... Mais, à cause de mes peines, oh ! cela au moins ! à cause de mes peines, donne paix et illusion à l'autre martyr de Judas, à Jean d'Endor, mon Père... Lui est réellement meilleur que beaucoup. Il a parcouru un chemin que peu connaissent et connaîtront. Pour lui, tout ce qui est de la Rédemption est déjà accompli. Donne-lui donc ta paix pleine et complète, pour que Moi, je l'aie dans ma Gloire quand pour Moi aussi tout sera accompli pour t'honorer et t'obéir... Mon Père !... »

Jésus a glissé tout doucement à genoux, et maintenant il pleure, le visage contre terre, et il prie pendant que la lumière du court jour d'hiver meurt avant l'heure dans la caverne obscure, et le fracas du torrent semble prendre plus de force à mesure que l'ombre envahit la vallée...

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/index.htm
Tome : 5/05


soeur ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 18 Jesus_12
Jésus pleure
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Visage de J?sus Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

Message par Maud Jeu 10 Oct 2013 - 7:46

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 18 Maria_15

Le départ de Ptolémaïs pour Tyr

La ville de Ptolémaïs semble devoir rester écrasée sous un ciel bas, de plomb, sans une échancrure d'azur, sans même une nuance dans sa noirceur. Non. Pas un nuage, un cirrus, un nimbus, qui se déplace sur la chape close du firmament, mais une seule voûte convexe et pesante comme un couvercle que l'on va abattre sur une caisse. Un couvercle énorme d'un étain crasseux, fuligineux, opaque, qui accable. Les maisons blanches de la ville semblent être en plâtre, un plâtre rêche, grossier, désolé, sous cette lumière... et la couleur verte des plantes semper virens semble embuée, triste, et livides ou spectraux les visages des personnes, et pâles les couleurs des vêtements. La ville se noie dans le sirocco accablant.

La mer répond au ciel par le même aspect de mort. Une mer infinie, immobile, déserte. Elle n'a même pas l'aspect plombé, ce serait inexact de le dire. C'est une étendue sans fin, et je dirais sans rides, d'une substance huileuse, grise comme doivent l'être des lacs de pétrole brut, ou plutôt, si c'était possible, des lacs d'argent mélangé à de la suie, à de la cendre, pour en faire une pâte qui a une splendeur particulière qui rappelle celle du quartz, et qui pourtant ne semble pas briller tant elle est morte et opaque. Cet éclat ne se remarque qu'à cause du désagrément qu'il apporte à l’œil, ébloui par ce scintillement de nacre noirâtre qui fatigue sans réjouir. Pas une vague à perte de vue.

Le regard rejoint l'horizon là où la mer morte touche le ciel mort, sans que l'on aperçoive un mouvement de l'eau; mais cependant on se rend compte que ce ne sont pas des eaux solidifiées car elles ont une houle profonde à peine sensible à la surface à cause du miroitement obscur des eaux. Elle est morte à ce point qu'à la rive les eaux sont là, immobiles comme les eaux d'un bassin, sans le moindre indice de vague ou de ressac. Et le sable est nettement humide là, à un mètre, un peu plus, indiquant ainsi qu'il n'y a pas eu de mouvement de l'eau là, à la rive, depuis de longues heures. Le calme plat.

Les navires, qui en petit nombre se trouvent dans le port, n'ont pas le moindre mouvement. Ils semblent figés dans une matière: solide tant ils sont immobiles, et les quelques morceaux d'étoffes qui sont étendus sur les ponts, vêtements ou enseignes, pendent inertes.

D'une ruelle populaire du port arrivent à la côte les apôtres avec les deux voyageurs pour Antioche. Je ne sais pas ce que sont devenus l'âne et le char. Ils ont disparu. Pierre et André portent un coffre, Jacques et Jean le second, alors que Jude d'Alphée s'est chargé sur les épaules le métier démonté, et Mathieu, Jacques d'Alphée et Simon le Zélote se sont chargés de tous les sacs y compris celui de Jésus. Sintica a dans les mains un panier de vivres. Jean d'Endor ne porte rien.

Ils vont rapidement parmi les gens qui reviennent, pour la plupart, du marché avec les provisions, ou se hâtent, s'il s'agit de matelots, vers le port pour charger ou décharger les navires ou les réparer, suivant les besoins.

Simon de Jonas avance, sûr de lui. Il doit savoir déjà où se rendre car il ne regarde pas autour de lui. Tout rouge il transporte, avec un cordage qui sert de poignée, le coffre avec l'aide d'André. Et on voit, tant pour eux que pour leurs compagnons Jacques et Jean, l'effort que leur impose le poids qu'ils portent, dans la contraction des muscles des mollets et des bras car, pour être plus libres, ils n'ont que le sous-vêtement court et sans manches, semblables en tout aux portefaix qui se hâtent des entrepôts aux navires, ou vice-versa, pour leurs opérations. Aussi ils passent absolument inaperçus.
Pierre ne va pas à la grande cale, mais par une passerelle grinçante il se rend à la cale plus petite, un petit môle arqué qui abrite un second bassin beaucoup plus petit pour les barques de pêche. Il regarde et lance un appel.

Un homme répond, en se levant d'une barque robuste suffisamment grande.

« Tu veux absolument partir? Remarque que la voile ne sert a rien aujourd'hui. Il faudra avancer à force de rames.»

« Cela servira à me réchauffer et à me donner de l'appétit.»

« Mais es-tu vraiment capable de naviguer ? »

« Ohé ! l'homme ! Je ne savais pas encore dire "maman" que déjà le père m'avait mis dans les mains la drisse et la corde des voiles. J'y ai roulé les dents de lait... »
« C'est parce que, tu sais, cette barque est tout mon bien, tu sais ?... »

« Et tu me l'as déjà dit hier... Tu ne sais pas une autre chanson ? »

« Je sais que si tu coules, je serai ruiné et... »

« Je serai ruiné moi, qui perds la peau, pas toi!»

« Mais c'est mon bien. mon pain, ma joie, et celle de l'épouse, et la dot de ma fillette, et... »

« Ouf ! Ecoute, ne m'excite pas les nerfs qui ont déjà une crampe... une crampe ! plus terrible que celle des nageurs. Je t'ai tant donné que je pourrais dire : "La barque, je l'ai achetée", je n'ai pas marchandé, voleur que tu es, je t'ai montré que je connais la rame et la voile mieux que toi, et tout était conclu. Maintenant, si la salade de poireaux que tu as mangée hier soir, et ta bouche en sent mauvais comme une sentine, t'a donné des cauchemars et des remords, à moi cela ne me regarde pas. L'affaire a été conclue avec deux témoins, un pour toi et un pour moi, et cela suffit. Saute hors d'ici, crabe poilu, et laisse-moi entrer. »

« Mais... une garantie au moins... Si tu meurs, qui me paiera le navire ? »

« Le navire ? C'est le nom que tu donnes à cette courge creuse ? Oh ! misérable et orgueilleux ! Mais je vais te tranquilliser pourvu que tu te décides : je vais te donner cent autres drachmes. Avec celles-ci et ce que tu as voulu pour la location, tu t'en fais trois autres de ces taupes... Non, ou plutôt. Pas d'argent. Tu serais capable de me traiter de fou et d'en vouloir davantage au retour. Parce qu'en ce qui est de revenir, je reviendrai sois-en certain. Sûrement pour te faire la barbe avec des claques si tu m'as donné une barque dont la carène est défectueuse. Je te donnerai l'âne et le char en gage...

Non ! Pas même cela ! Mon Antoine, je ne te le confie pas. Tu serais capable d'échanger ton métier de passeur contre celui ce cocher et de filer pendant que je suis parti. Et mon Antoine vaut dix fois ta barque. Il vaut mieux te donner de l'argent. Remarque pourtant que c'est à titre de garantie, et que tu me le rendras à mon retour.
Tu as compris ? Oui ou non ? Ohé, vous du bateau ! Qui est de Ptolémaïs ? »

D'un bateau voisin, se penchent trois visages : « Nous. »

« Venez ici... »

« Non, non, c'est inutile. Réglons l'affaire entre nous » dit le passeur.

Pierre le regarde d'un oeil scrutateur, il réfléchit, et voyant que l'autre quitte la barque et s'empresse d'y mettre le métier que Jude avait posé par terre, il murmure : « J'ai compris ! » Il crie à ceux du bateau : « Plus besoin ! Restez » et puis il sort d'une petite bourse des pièces de monnaie, les compte et les baise en disant : « Adieu, chéries ! » puis il les donne au passeur.

« Pourquoi les as-tu baisées ? » demande ce dernier étonné.

« Un... rite. Adieu, voleur ! Allons, vous ! Toi, tiens au moins la barque. Tu les compteras après. Tu y trouveras ton compte. Je ne veux pas t'avoir comme compagnon en enfer, tu sais ? Moi, je ne vole pas. Ho, hisse ! Ho, hisse ! » et il embarque le premier coffre, puis il aide les autres à arrimer le leur, et les sacs, et tout, en équilibrant le chargement et en rangeant les objets de manière à laisser libres les manœuvres et, après les objets, les personnes.

« Tu vois que je sais y faire, vampire ? Débarrasse le plancher maintenant et va à ton destin. »

Et avec André il appuie la rame contre le petit môle et s'en détache. Après avoir pris le fil du courant, il passe la barre à Mathieu, en disant : « De toutes façons, toi, pour nous plumer, tu venais nous pincer quand nous péchions, et tu sais la tenir passablement » et puis il s'assied à la proue en lui tournant le dos, sur le premier banc, avec André à côté de lui. Devant lui sont assis Jacques et Jean de Zébédée et ils rament d'un rythme régulier et puissant. La barque avance sans secousses et rapidement, malgré sa lourde charge, en frôlant les flancs des gros navires, du bord desquels descendent des paroles d'éloge pour la perfection du coup de rame.

Et puis voici le large en dehors des digues... Ptolémaïs défile devant les yeux des voyageurs, étendue comme elle l'est sur la rive et avec le port au sud de la ville.
Dans la barque, c'est le silence absolu. On n'entend que le grincement des rames dans les tolets.

Après un bon moment, Ptolémaïs est déjà dépassée, Pierre dit : « Pourtant, s'il y avait un peu de vent... Mais rien ! Pas un brin !... »

« Pourvu qu'il ne pleuve pas !... » dit Jacques de Zébédée.

« Hum ! Il en a bien envie... »

Silence et lassitude des rames pendant un long moment.

Puis André demande : « Pourquoi as-tu baisé les pièces de monnaie ? »

« Parce que, au départ, on doit se saluer. Je ne les verrai plus, et j'en suis désolé. J'aurais préféré les donner à quelque malheureux... Mais, patience ! La barque est réellement bonne, solide, et bien construite. La meilleure de Ptolémaïs. C'est pour cela que j'ai cédé aux prétentions de son maître, et aussi pour qu'on ne nous pose pas de questions sur notre destination. C'est pour cela que j'ai dit : "Pour acheter au Jardin blanc"... Hélas ! Hélas ! Il commence à pleuvoir. Couvrez-vous, vous qui le pouvez, et toi, Sintica, donne l’œuf à Jean. C'est l'heure... D'autant plus qu'avec une mer aussi calme, l'estomac se creuse... Et Jésus, qu'est-ce qu'il va faire ? Que peut-il bien faire ? Sans vêtement, sans argent ! Mais où peut-il bien être maintenant ? »

« A prier pour nous, certainement » répond Jean de Zébédée.

« C'est bien. Mais, où ? … »

Personne ne peut dire où. Et la barque louvoie, lourde, avec peine, sous un ciel de plomb, sur une mer de bitume couleur de cendre, sous une pluie fine comme la brume, ennuyeuse comme une démangeaison qui n'en finit pas. Les montagnes, qui après une zone de plaine reviennent vers la mer, se rapprochent, livides dans l'air brumeux. La mer à proximité continue de fatiguer les yeux par sa phosphorescence étrange, plus loin elle se perd dans la brume.

« Nous allons nous arrêter dans ce village pour nous reposer et pour manger » dit Pierre qui est infatigable dans la manœuvre des rames. Et tout le monde est d'accord.
On arrive au village. Quelques maisons de pêcheurs à l'abri d'un éperon de la montagne qui s'avance vers la mer.

« Ici, on ne peut débarquer. Il n'y a pas de fond... C'est bon, nous allons manger où nous sommes » bougonne Pierre.

Et, en effet, les rameurs mangent de bon appétit, mais pas les exilés. La pluie reprend et cesse alternativement. Le village est désert comme s'il n'y avait pas d'habitants, et pourtant des vols de colombes d'une maison à l'autre et des vêtements étendus sur les hauteurs, disent qu'il y a des gens. Enfin on voit sur une route un homme à peine vêtu, qui va à une petite barque tirée sur la rive.

« Hé ! 1'homme ! tu es pêcheur ? » crie Pierre en faisant un porte-voix de ses mains.
« Oui. » Le oui arrive affaibli à cause de Ja distance.

« Quel temps va-t-il faire ? »

« La mer va être agitée d'ici peu. Si tu n'es pas d'ici, je te dis d'aller tout de suite au-delà du cap. De ce côté-là l'eau est plus tranquille, surtout si tu louvoies, et tu le peux parce que la mer est profonde. Mais vas-y tout de suite... »

« Oui. Paix à toi ! »

« Paix et bonne chance à vous ! »

« Allons, alors » dit Pierre à ses compagnons. « Et que Dieu soit avec nous. »

« Il l'est sûrement. Jésus prie certainement pour nous » répond André en reprenant la rame.

Mais la houle en fait s'est déjà formée et elle repousse et attire là barque à chaque va et vient, et la pluie tombe plus drue... et un vent syncopé s'y unit pour tourmenter les pauvres navigateurs. Simon de Jonas le gratifie de toutes les épithètes les plus pittoresques, parce que c'est un mauvais vent qui ne peut servir pour la voile et qui tend à pousser la barque contre les écueils du cap désormais tout proche. La barque a du mal à naviguer dans la courbe de ce petit golfe qui est noir comme de l'encre. Ils rament, ils rament, épuisés, rouges, en sueur, serrant les dents, sans plus gaspiller le moindre brin de force en paroles. Les autres, assis en face d'eux - et je les vois de dos -se taisent muets sous la pluie ennuyeuse, Jean et Sintica au milieu, près du mât de la voile, derrière eux les fils d'Alphée, et en dernier Mathieu et Simon qui luttent pour maintenir la barre à chaque vague.

C'est une dure entreprise de doubler le cap.[1][1] Enfin, c'est fait... Et un peu de relâche est accordé aux rameurs qui doivent être épuisés. Ils s'interrogent pour savoir s'ils doivent se réfugier dans un petit village, au-delà du cap. Mais l'avis dominant est "qu'il faut obéir au Maître même contre le bon sens. Et Lui a dit qu'ils doivent arriver à Tyr dans la journée". Et ils vont...

La mer se calme à l'improviste. Ils remarquent le phénomène, et Jacques d'Alphée dit: « La récompense de l'obéissance. »

« Oui. Satan s'en est allé parce qu'il n'a pas réussi à nous faire désobéir » confirme Pierre.

« Nous arriverons à Tyr à la nuit, pourtant. Cela nous a beaucoup retardés... » dit Mathieu.

« Peu importe. Nous irons dormir, et demain nous chercherons le navire » répond Simon le Zélote.

« Mais allons-nous le trouver ? »

« Jésus l'a dit. Nous le trouverons donc » dit le Thaddée avec assurance.

« Nous pouvons lever la voile, frère » observe André. « Il y a maintenant un bon vent et nous irons plus vite. »

La voile, en effet, se gonfle, pas beaucoup mais suffisamment pour rendre moins nécessaire le travail des rameurs, et la barque glisse, comme allégée, vers Tyr dont le promontoire, ou plutôt l'isthme, apparaît blanc là-bas, au nord, dans les dernières lueurs du jour.

Et la nuit tombe, très vite. Et il paraît étrange, après la grisaille du jour, de voir pointer les étoiles avec une imprévisible clarté, et palpiter les étoiles de la Grande Ourse, alors qu'arrive sur la mer la lumière d'un clair de lune si blanc qu'il semble que l'aube pointe après le jour pénible, sans nuit...

Jean de Zébédée lève la tête vers le ciel, regarde et rit, et à l'improviste se met à chanter, activant le mouvement des rames par son chant et le rythmant par celui-ci :

« Salut, Étoile du Matin

Jasmin de la nuit,

Lune d'or de mon Ciel,

Mère sainte de Jésus.

Espérance des navigateurs,

Te rêve celui qui souffre et meurt,

Rayonne, Étoile sainte et pieuse,

Vers celui qui t'aime, ô Marie !... »


Il chante en déployant sa voix de ténor, bienheureux. « Mais que fais-tu ? Nous parlons de Jésus et toi tu parles de Marie ? » demande son frère.

« Lui est en elle et elle en Lui. Mais il y a Lui parce qu'il y a eu elle... Laisse-moi chanter... » Et il s'y donne, entraînant les autres...

Ils arrivent ainsi à Tyr, et le débarquement est facile dans le port le plus petit, celui qui est au sud de l'isthme et que veillent les lampes de nombreuses barques, et ceux qui sont là ne refusent pas leur aide à ceux qui viennent d'arriver.

Alors que Pierre reste dans la barque avec Jacques, pour veiller sur les coffres, les autres, avec un homme d'une autre barque, vont vers l'auberge pour se reposer.

*

SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/index.htm
Tome : 5/06
https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t18376-oeuvre-de-maria-valtorta-presentation-des-disciples-de-jesus


♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 18 Tyr_su10
Tyr sur la carte
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Message par Maud Ven 11 Oct 2013 - 7:57

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 18 Maria_17


Le départ de Tyr dans le navire crétois

Tyr s'éveille parmi des souffles de tramontane. La mer est un frémissement de petites vagues, une splendeur bleue-blanche, agitée sous un ciel bleu, sous des cirrus blancs en mouvement là-haut, comme l'écume ici-bas. Le soleil jouit de sa journée de serein après tant de grisaille de mauvais temps.  

"J'ai compris, dit Pierre se mettant debout dans la barque où il a dormi. Il est temps de bouger. Et "elle" (et il montre la mer qui entre agitée jusqu'au port) nous a donné l'eau lustrale... Hum ! Allons faire la deuxième partie du sacrifice... Dis, Jacques... Ne te semble-t-il pas de porter au sacrifice deux victimes ? À moi, oui."    

"À moi aussi, Simon. Et... je remercie le Maître de l'estime qu'il a pour nous. Mais... moi, je n'aurais pas voulu voir tant de souffrance. Et je n'aurais jamais pensé voir cela..."            

"Moi non plus… Mais... Tu sais ? Je dis que le Maître ne l'aurait pas fait si le Sanhédrin n'y avait fourré son nez…"          

"Il l'a dit, en effet... Mais qui a bien pu avertir le Sanhédrin ? C'est ce que je voudrais savoir..."            

"Qui ? Dieu éternel, fais que je me taise et fais que je ne pense pas ! [1] Je l'ai fait, moi, ce vœu, pour éloigner ce soupçon qui me ronge. Aide-moi, Jacques, à ne pas penser. Parle d'autre chose."          

"Mais de quoi ? Du temps ?"    

"Oui, peut-être."    

"En fait de mer, moi je ne connais rien..."      

"Je crois que nous bougerons" dit Pierre en regardant la mer.    

"Non ! Quelques vagues, mais ce n'est rien. Hier, elle était plus mauvaise. Du haut du navire elle doit être très belle, cette mer ainsi agitée. Elle plaira à Jean... Elle le fera chanter. Quel sera le navire ?"  

Il se met debout lui aussi en regardant les navires qui se trouvent de l'autre côté [2] et que l'on peut voir, avec leurs hautes superstructures, surtout quand la vague soulève le petit navire avec un mouvement de bascule. Ils regardent attentivement les divers navires, en faisant des pronostics... Le port s'anime.

Pierre consulte un batelier, ou quelqu'un du même genre, qui trafique sur le quai : "Sais-tu s'il y a dans le port, ce port-là, le navire de... attends que je lis ce nom... (et il sort un parchemin lié qu'il a à la ceinture), voilà : Nicomède Philadelphius de Philippe, crétois de Paleocastro... "        

"Oh ! le grand navigateur ! Et qui ne le connaît pas ? Je crois qu'il est connu non seulement du Golfe des Perles  aux Colonnes d'Hercule, mais jusqu'aux mers froides, où on dit que c'est la nuit pendant des mois entiers ! Comment est-ce possible que tu ne le connaisses pas, toi qui es marin ?"

"Non. Je ne le connais pas, mais bientôt je le connaîtrai car je le cherche pour notre ami Lazare de Théophile, autrefois gouverneur en Syrie."            

"Ah ! Quand je naviguais - maintenant je suis âgé - il était à Antioche... Le bon temps... Ton ami ? Et tu cherches le crétois Nicomède ? Vas-y sûr, alors. Tu vois ce navire-là, le plus haut, avec ces drapeaux au vent ? C'est le sien. Il lève l'ancre avant sexte  Il ne craint pas la mer, lui !..."      

"On ne doit pas la craindre, en effet. Ce n'est pas grand-chose" observe Jacques. Mais une brusque vague lui donne un démenti, en arrosant les deux de la tête aux pieds.          

"Hier elle était trop calme, aujourd'hui elle est trop agitée. Un peu trop folle ! Je préfère le lac..." bougonne Pierre en s'essuyant le visage.      

"Je vous conseille d'entrer dans les darses . Ils y vont tous, vous voyez ?"      

"Mais nous devons partir, nous devons prendre le navire de... de... attends : Nicomède, avec tout le reste !" dit Pierre qui n'arrive pas à se rappeler les noms étranges du crétois.        

"Vous n'allez pas charger même la barque dans le navire ?"      

"Non, cela se comprend !"        

"Alors dans les darses il y a de la place pour les gardes, et des hommes qui font la garde jusqu'au retour. Une pièce par jour jusqu'au retour, parce que je pense que vous devez revenir..."        

"Bien sûr. On va et on revient après avoir vu l'état des jardins de Lazare, voilà."        

"Ah ! vous êtes ses intendants ?"        

"Et davantage encore..."            

"Bien. Venez avec moi. Je vous montre l'endroit. Il est fait justement pour ceux qui laissent, comme vous, les barques..."        

"Attends... Voilà les autres. Dans un moment nous te rejoindrons." Et Pierre saute sur le quai et court à la rencontre de ses compagnons qui arrivent.        

"Tu as bien dormi, frère ?" demande affectueusement André.    

"Comme un enfant au berceau. On m'a même bercé et chanté la berceuse..."          

"Il me semble que l'on t'a fait aussi la toilette" dit en souriant le Thaddée.        

"Oui ! La mer est... si bonne qu'elle m'a lavé le visage pour me réveiller."        

"Elle est un peu houleuse, me semble-t-il" objecte Matthieu.      

"Oh ! si vous saviez avec qui on va ! Quelqu'un qui est connu jusque par les poissons des glaces."    

"Tu l'as déjà vu ?"            

"Non, mais m'en a parlé quelqu'un, qui m'a dit qu'il y a une place pour les barques, un dépôt... Venez décharger les coffres et allons-y car Nicodème, non, Nicomède le crétois va partir."    

"Dans le canal de Chypre, nous allons danser" dit Jean d'Endor.          

"Oui, hein !" demande Mathieu préoccupé.  

"Oui. Mais Dieu nous aidera."

Ils sont de nouveau près de la barque.          

"Voilà, homme. On sort toutes les affaires et puis on y va, puisque tu es si bon."          

"On s'aide..." dit celui de Tyr.    

"Hé ! oui ! On s'aide, on devrait s'aider. On devrait s'aimer, car c'est la Loi de Dieu..."      

"On m'a dit qu'un nouveau Prophète qui s'est levé en Israël enseigne cela. Est-ce vrai ?"        

"Si c'est vrai ! Cela et autre chose ! Et qui fait des miracles ! Allons André, hisse, hisse, plus à droite. Allons, au moment où le flot monte la barque... Hop là ! C'est fait !... Je te disais, homme : et quels miracles ! Des morts qui ressuscitent, des malades qui guérissent, des aveugles qui voient, des voleurs qui se convertissent et jusque... Tu vois ? S'il était là, il dirait à la mer : "Tiens-toi tranquille" et la mer se calmerait... Tu y arrives, Jean ! Attends, je viens. Vous, tenez fort et tout près... Allons, allons... Encore un peu... Toi, Simon : prends la poignée... Attention à la main, Jude Allons, allons... Merci, homme... Attention à ne pas tomber dans l'eau, vous d'Alphée... Allons... nous y voilà ! Louange à Dieu ! Or s'est moins fatigué à les descendre qu'à les monter... Mais j'ai les bras rompus par le travail d'hier... Je parlais donc de la mer..."    

"Mais c'est bien vrai ?"    

"Vrai? J'y étais pour le voir !"    

"Oui ? Oh !… Mais où ?"            

"Sur le lac de Génésareth. Viens en barque pour que je t'en parle pendant que l'on va au dépôt..." et il s'en va avec l'homme et Jacques, en ramant, dans le canal qui va aux darses.        

"Et Pierre dit qu'il ne sait pas y faire, observe le Zélote. Au contraire, il a l'art de faire connaître les choses simplement, et il fait plus que tous."          

"Ce qui me plaît tant en lui c'est son honnêteté" dit l'homme d'Endor.  

"Et sa constance" ajoute Mathieu.      

"Et son humilité. Regardez s'il s'enorgueillit alors qu'il sait qu'il est "le chef" ! Il se fatigue plus que tous, il se préoccupe davantage de nous que de lui..." dit Jacques d'Alphée.          

"Et il est si vertueux dans ses sentiments. Un bon frère. Rien de plus..." achève Sintica.    

"Donc c'est bien dit ? C'est ainsi que vous vous dites ?" demande après quelque temps le Zélote aux deux disciples.            

"Oui, répond Sintica. C'est mieux. Et ce n'est pas mensonge mais vérité spirituelle. C'est pour moi un frère aîné, et d'un autre lit, mais du même père. Le Père, c'est Dieu, les lits différents : Israël et la Grèce. Et Jean est mon aîné et cela se voit par l'âge et - cela ne se voit pas, mais c'est réel - parce qu'il est disciple depuis plus longtemps que moi. Voici Simon qui revient..."      

"Tout est fait. Allons..." Ils se chargent des coffres et, par l'isthme étroit, ils passent à l'autre port  L'homme de Tyr les accompagne, pratique comme il l'est, à travers les ruelles que font les tas de marchandises entassées sous de vastes hangars, jusqu'au puissant navire du crétois qui déjà est en train de faire les manœuvres du très proche départ, et il appelle les gens du bord pour qu'ils redescendent la passerelle qu'ils ont levée.  

"Impossible ! Le chargement est fait" crie le chef de la chiourme.            

"Il a une lettre à donner" dit l'homme en montrant Simon de Jonas.      

"Une lettre ? De qui ?"    

"De Lazare de Théophile, autrefois gouverneur d'Antioche."      

"Ah ! Je vais chercher le maître."        

Simon dit à l'autre Simon et à Mathieu : "À vous d'agir, maintenant. Moi, je suis trop rustre pour traiter avec un tel homme..."    

"Non. Tu es le chef, et tu sais bien faire. Nous t'aiderons, si jamais. Mais il n'en sera pas besoin."    

"Où est l'homme de la lettre ? Qu'il monte" dit un homme brun comme un égyptien, maigre, beau, svelte, sévère, d'environ quarante ans, un peu plus, qui se penche du haut du bord, et il fait redescendre la passerelle. Simon de Jonas, qui a remis son vêtement et son manteau pendant qu'il attendait la réponse, monte avec dignité. Derrière lui, le Zélote et Mathieu.  


"La paix à toi, homme" dit gravement Pierre.            

"Salut. La lettre où est-elle ?" demande le crétois.  

"La voici."  

Le crétois brise le sceau, la déroule et lit.      

"La bienvenue aux envoyés de la famille de Théophile ! Le crétois n'oublient pas celui qui était bon et gentil. Mais faites vite. Avez-vous beaucoup de bagages ?"            

"Ce que vous voyez sur le quai."        

"Et vous êtes ?"    

"Dix."          

"C'est bien. Nous ferons une place pour la femme. Vous, vous vous arrangerez au mieux. Allons, vite ! Il faut sortir et prendre le large avant que le vent ne soit trop fort, et après sexte, il en sera ainsi."          

Et il commande, par des coups de sifflets qui déchirent les oreilles, le chargement des coffres et leur mise en place. Puis les apôtres montent avec les deux disciples. On monte la passerelle, on ferme les hublots, on largue les amarres, on lève les voiles. Et le navire avance avec un fort roulis au sortir du port. Puis les voiles se tendent en claquant, tellement le vent les gonfle, et avec un tangage prononcé le navire prend le large, en fuyant rapidement ver Antioche...

Malgré le vent violent, Jean et Sintica, l'un près de l'autre, se tenant à un palan, à la poupe, regardent la côte qui s'éloigne, la terre de Palestine, et ils pleurent...

*

SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/index.htm

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 18 Navire10

Navire crêtois
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Visage de J?sus Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

Message par Maud Sam 12 Oct 2013 - 6:58

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 18 Maria_18

La tempête et les miracles sur le navire


La Méditerranée est une immense étendue d'eaux d'un bleu vert qui se heurtent furieusement sous la forme de vagues élevées, toutes crêtées d'écume. Pas de brume, aujourd'hui. Mais l'eau de mer pulvérisée par les chocs continuels des vagues entre elles, se transforme en une poussière salée, brûlante, qui pénètre jusque sous le vêtements, rougit les yeux, brûle la gorge, et semble se répandre partout comme un voile de poudre saline, aussi bien dans l'air qu'elle rend opaque comme par l'effet d'une fine brume, que sur les objets qui semblent saupoudrés d'une farine brillante : les fins cristaux salins.

Cela, cependant, là où n'arrivent pas les claques des vagues ou bien leurs rinçages énergiques qui lavent le pont d'un bord à l'autre, en se précipitant à l'intérieur, en franchissant le bordage, pour ensuite retomber à la mer avec un bruit de cascade par les ouvertures du bordage opposé.

Et le navire s'élève et s'enfonce comme un fétu à la merci de l'océan, c'est un rien en face de l'autre. Il grince et se lamente depuis la sentine jusqu'aux mâts... La mer est réellement maîtresse et le navire est pour elle un jouet...

Hormis ceux qui sont aux manœuvres, il n'y a plus personne sur le pont, et plus de marchandises. Seulement les chaloupes de sauvetage. Et les hommes de l'équipage, avec en tête Nicomède, absolument nus, entraînés par le roulis du navire, courent çà et là aux abris et aux manœuvres rendues difficiles sur le pont toujours inondé et glissant.

Les écoutilles bâchées ne permettent pas de voir ce qui se passe sous le pont. Mais je ne crois pas qu'ils soient tranquilles à l'intérieur Je n'arrive pas à comprendre où l'on est, car il n'y a que la mer tout autour et au loin une côte qui paraît très montueuse, de vraies montagnes, pas des collines. Je dirais qu'il y a déjà plus d'un jour que l'on navigue car l'on voit clairement que ce sont des heures du matin puisque le soleil, qui apparaît et disparaît sous des nuages très épais, vient encore de l'orient.

Je crois que le navire avance bien peu malgré le mouvement qui l'agite, et la mer semble devenir de plus en plus déchaînée.

Avec un bruit terrible un morceau du mât s'en va, je ne connais pas le nom de cette partie de la mâture et, en tombant, entraîné maintenant par une avalanche d'eau qui se précipite sur le pont en même temps qu'un vrai tourbillon de vent, abat un morceau du bordage.

Ceux qui sont à l'intérieur doivent avoir l'impression de naufrager... Et, pour le montrer, après un moment on voit s'entrouvrir une porte d'écoutille et se pencher la tête grisonnante de Pierre. Il regarde, se rend compte, et referme à temps pour empêcher un torrent d'eau de descendre par l'écoutille entrouverte, mais ensuite, après une pause des vagues, il rouvre et saute dehors. Il s'agrippe à des appuis, observe cet enfer qu'est la mer et, pour tout commentaire, siffle et gémit.

Nicomède le voit : "Va-t'en ! crie-t-il. Ferme cette porte. Si le navire s'alourdit, on coule à fond. C'est déjà bien si je ne dois pas jeter la cargaison à la mer... Jamais vu une pareille tempête [1] ! Va-t'en, te dis-je ! Je ne veux pas avoir de terriens dans les jambes. Ce n'est pas une place pour les jardiniers, ici, et..." Il ne peut continuer parce qu'une autre lame balaie le pont en recouvrant tout ce qui s'y trouve.

"Tu vois ?" crie-t-il à Pierre qui est inondé.

"Je vois, mais cela ne m'émeut pas. Je ne suis pas seulement capable de garder des jardins. Je suis né sur l'eau, du lac c'est vrai... Mais même le lac !... Avant d'être... cultivateur j'ai été pêcheur et je sais..."

Pierre est très calme et il sait suivre le roulis à la perfection avec ses jambes écartées et musclées. Le crétois l'observe pendant qu'i se déplace pour l'approcher.

"Tu n'as pas peur ?" lui demande-t-il.

"Pas le moins du monde !"

"Et les autres ?"

"Trois sont pêcheurs comme moi, ou plutôt l'étaient... Le autres, sauf le malade, sont forts."

"Même la femme ? ...Attention ! Attention ! Tiens-toi !"

Une autre avalanche prend possession du pont. Pierre attend qu'elle soit passée, puis il dit : "Cette douche aurait été la bienvenue cet été... Patience ! Tu me demandais ce que fait la femme ? Elle prie,.. et tu ferais bien de le faire, toi aussi. Mais où sommes-nous maintenant, exactement ? Dans le canal de Chypre ?"

"S'il pouvait en être ainsi ! Je m'accosterais à l'île en attendant que les éléments se calment. Nous sommes à peine à la hauteur de la Colonie Julia, ou Béritus, [2] si tu préfères. Et c'est maintenant que vient le pire... Ces montagnes sont celles du Liban."

"Et tu ne pourrais pas entrer là, dans ce pays ?"

"Le port n'est pas bon, et il y a des écueils dangereux [3]. Impossible ! Attention !..."

C'est un autre tourbillon, et un autre morceau de mât s'en va après avoir blessé un homme, qui n'est pas emporté seulement parce que la vague le jette contre un obstacle.

"Va dessous ! Va dessous ! Tu vois ?"

"Je vois, je vois… Mais cet homme ?…"

"S'il n'est pas mort, il reviendra à lui. Je ne puis le soigner... Tu le vois !..." En effet le crétois doit avoir l’œil à tout pour la vie de tous.

"Donne-le-moi, la femme le soignera..."

"Tout ce que tu veux, mais va-t'en !…"

Pierre se glisse jusqu'à l'homme immobile, le saisit par un pied et l'amène à lui. Il le regarde, il siffle... Il murmure : "Il a la tête ouverte comme une grenade mûre. Il faudrait le Seigneur ici... Oh ! s'il y était ! Seigneur Jésus ! Mon Maître, pourquoi nous as-tu quittés ?" Sa voix tremble de douleur...

Il charge le mourant sur ses épaules en se couvrant de sang, et revient à l'écoutille. Le crétois lui crie : "Fatigue inutile. Rien à faire. Tu le vois !..."

Mais Pierre, chargé comme il l'est, lui fait un signe comme pour dire : "Nous allons voir" et il se serre contre un mât pour résister à une nouvelle vague, puis il ouvre l'écoutille et il crie : "Jacques, Jean, ici !" et avec leur aide il descend le blessé et descend lui aussi en barrant l'écoutille.

À la lumière fumeuse des lampes suspendues ils voient que Pierre est couvert de sang : "Es-tu blessé ?" demandent-ils.

"Moi, non. C'est le sang de celui-là... Mais... priez pour que... Sintica, regarde un peu ici. Tu m'as dit une fois que tu sais soigner les blessés. Regarde cette tête, alors..."

Sintica cesse de soutenir Jean d'Endor, très souffrant, pour venir à la table sur laquelle est étendu le malheureux et elle regarde... "Mauvaise blessure ! Je l'ai vue deux fois, chez deux esclaves blessés, l'un par son maître, l'autre par un rocher à Caprarola [4]. Il faudrait de l'eau, beaucoup d'eau pour nettoyer et arrêter le sang..."

"Si tu ne veux que de l'eau !... Il n'y en a que trop ! Viens, Jacques, avec le baquet. À deux, nous ferons mieux."

Ils vont et reviennent ruisselants. Et Sintica, avec des linges trempés, lave et applique des compresses à la nuque... Mais c'est une mauvaise blessure. De la tempe à la nuque, l'os est découvert. Cependant, l'homme rouvre les yeux, des yeux vagues, et bafouille en râlant. Il est pris par la peur instinctive de la mort.

"Du calme ! Allons ! Maintenant tu vas guérir" lui dit maternellement la grecque pour le réconforter, et elle le lui dit en grec, parce que lui parle grec.

L'homme la regarde et, bien qu'étourdi, il la regarde étonné et en esquissant un sourire quand il entend parler sa langue maternelle. Il cherche la main de Sintica... l'homme qui devient un enfant quand il souffre et cherche la femme qui est toujours mère dans ce cas.

"Je vais essayer l'onguent de Marie" dit Sintica quand la blessure saigne moins.

"Mais c'est pour les douleurs" objecte Matthieu qui est pâle comme un mort, je ne sais si c'est l'effet de la mer ou à cause du sang, ou pour les deux à la fois. [5]

"Oh ! c'est Marie qui l'a fait de ses mains ! Et je l'applique en priant... Priez, vous aussi. Il ne peut faire de mal. L'huile est toujours un remède..."

Elle va au sac de Pierre, y prend un récipient, de bronze je dirais, elle l'ouvre, prend un peu d'onguent et le réchauffe à une lampe dans le couvercle même du vase. Elle l'étend sur un linge replié et l'applique sur la blessure de la tête. Puis elle le bande bien serré avec du lin qu'elle a coupé par bandes. Elle met un manteau roulé sous la tête du blessé qui paraît s'assoupir, et elle s'assoit près de lui en priant. Les autres prient aussi.

Sur le pont, c'est toujours le roulis : le navire ne cesse de se cabrer et de s'enfoncer. Après un moment l'écoutille s'ouvre et un matelot se précipite à l'intérieur.

"Qu'y a-t-il ?" demande Pierre.

"On va sombrer. Je viens prendre l'encens et les offrandes pour un sacrifice..."

"Laisse tomber ces histoires !"

"Mais Nicomède veut sacrifier à Vénus ! Nous sommes dans sa mer..." [6]

"Qui est frénétique comme elle" murmure doucement Pierre. Puis, plus fort : "Vous, venez. Allons sur le pont. Peut-être il y a quelque chose à faire... Tu as peur, toi, de rester avec le blessé et ces deux ?" Les deux sont Mathieu et Jean d'Endor que le mal de mer a rendu deux loques.

"Non, non. Allez-y" répond Sintica. Alors qu'ils sortent sur le pont ils rencontrent le crétois qui essaie d'allumer l'encens, et qui les aborde furieux pour les renvoyer à l'intérieur en criant : "Mais vous ne voyez pas que sans un miracle on va faire naufrage ? La première fois ! La première fois depuis que je navigue !"

"Fais attention il va dire maintenant que c'est de nous que vient le maléfice !" murmure Jude d'Alphée.

Et, en effet, l'homme crie plus fort : "Maudits israélites, qu'avez- vous sur vous ? Sales hébreux, vous m'avez apporté le maléfice ! Hors d'ici ! Que maintenant je sacrifie à Vénus naissante..."

"Non, pas du tout. C'est nous qui allons sacrifier..."

"Hors d'ici ! Vous êtes des païens, vous êtes des démons, vous êtes..."

"Écoute-le ! Je te jure que si tu nous laisses faire tu verras le prodige."

"Non ! Hors d'ici !" et il allume l'encens pour le jeter dans la mer, comme il peut, avec des liquides qu'il a d'abord offerts et goûtés et des poudres que je ne connais pas. Mais les vagues éteignent l'encens et, au lieu de se calmer, la mer devient plus furieuse, en balayant tout l'attirail du rite et pour un peu, Nicomède lui- même...

"C'est une belle réponse que te donne ta déesse ! Maintenant, à nous. Nous aussi, nous en avons Une qui est plus pure que celle-ci faite d'écume, et puis... Chante, Jean, comme hier et nous t'appuierons, et nous allons voir un peu !"

"Oui, voyons un peu ! Mais si cela empire, je vous jette à la mer comme victimes propitiatoires."

"C'est bien. Vas-y, Jean !" Et Jean entonne son chant, aidé par tous les autres, même par Pierre qui d'ordinaire ne chante jamais, parce qu'il détonne. Le crétois, les bras croisés et, un sourire moitié fâché, moitié ironique sur le visage, les regarde. Puis, après le chant, ils prient les bras ouverts. Ce doit être le Pater noster, mais dit en langue hébraïque, et je ne comprends rien. Puis ils chantent plus fort. Et ils alternent ainsi, sans peur, sans s'interrompre, malgré les vagues qui les giflent. Ils ne se tiennent même plus aux poteaux, et pourtant ils sont pleins d'assurance comme s'ils ne faisaient qu'un avec le plancher du pont. Et les flots réellement perdent de leur violence, tout doucement. Ils ne s'arrêtent pas tout à fait, comme le vent ne tombe pas tout à fait. Mais ce n'est plus la furie d'avant et les flots n'atteignent plus le pont.

Le visage du crétois est un poème de stupeur... Pierre le regarde du coin de l’œil et ne cesse pas de prier. Jean sourit et chante plus fort... Les autres l'aident en dominant toujours plus nettement le fracas alors que la mer s'apaise en prenant un mouvement normal et le vent un souffle proportionné. "Et maintenant, qu'en dis-tu ?.."

"Mais qu'est-ce que vous avez dit ? Quelle formule est-elle ?"

"Celle du Dieu Vrai et de sa sainte Servante. Dresse donc les voiles et ajuste-les, ici... Mais n'est-ce pas une île ?"

"Oui. C'est Chypre...Et la mer est encore plus tranquille dans son canal... Étrange ! Mais cette étoile que vous adorez, qui est-ce ? Toujours Vénus, non ?"

"On dit : que vous vénérez. On n'adore que Dieu. Ce n'est pas Vénus. C'est Marie, Marie de Nazareth, Marie israélite, la Mère de Jésus, Messie d'Israël."

"Et cette autre chose, qu'est-ce que c'était ? Ce n'était pas de l'hébreu ..."

"Non, c'était notre dialecte de notre lac, de notre patrie. Mais on ne peut le dire à toi, païen. C'est un discours fait à Jéhovah et seuls les croyants peuvent le connaître. Adieu, Nicomède. Et ne regrette pas ce qui est allé au fond. Un... sortilège de moins pour te porter malheur. Adieu, hé ? Es-tu de sel ?"

"Non... Mais... Excusez-moi... Je vous ai d'abord insultés !"

"Oh ! Cela ne fait rien ! C'est un effet du... du culte de Vénus. Garçons, allons voir les autres..." et riant joyeusement Pierre se dirige vers l'écoutille.

Le crétois les suit : "Écoutez ! Et l'homme ? Mort ?"

"Mais non ! Peut-être nous allons te le rendre tout de suite en bonne santé... C'est une autre plaisanterie de nos... maléfices..."

"Oh ! excusez-moi, excusez-moi ! Mais dites, où peut-on les apprendre, pour en avoir de l'aide ? Moi, je paierais bien pour cela..."

"Adieu, Nicomède ! C'est une longue affaire et... qui n'est pas permise. Qu'on ne donne pas les choses sacrées aux païens ! Adieu Porte-toi bien, ami ! Porte-toi bien !"

Et Pierre, suivi de tous, descend sous le pont, en riant pendant que rit aussi la mer apaisée sous un mistral modéré qui favorise la navigation pendant que le soleil descend, et que vers l'orient se dessine un premier quartier qui tend vers la pleine lune...

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/index.htm
Tome : 5/08

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Message par Luca Sam 12 Oct 2013 - 14:26

un GRAND merci Maud, j'aime beaucoup les écris de Maria-Valtorta. Tu nous offre la quelque chose de précieux et tellement beau ! Comme un film, quand je commence à lire je suis plongé dans les écris, je m'évade de ma chambre et je suis transporter dans les écris.
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Message par Maud Sam 12 Oct 2013 - 14:28

Merci Luca tu me fais plaisir
Il ne tient qu' à Dieu , maintenant , pour que je permette encore de t'évader chaque jour
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Message par Malou Sam 12 Oct 2013 - 20:12

Mémento (info : AGENDA CHERE GOSPA)

Maria Valtorta est décédée le 12 octobre 1961 à Viareggio (en Toscane), il y a 52 ans aujourd'hui.
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Message par Maud Dim 13 Oct 2013 - 7:28

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 18 Maria_19

Arrivée et débarquement à Séleucie

C'est sous un merveilleux crépuscule que la ville de Séleucie se dessine comme un amas blanc au bord des eaux bleues de la mer qui est tranquille et riante, toute une fantaisie de petites vagues sous le ciel qui fond son cobalt sans nuages avec la pourpre du crépuscule. Le navire, toutes voiles dehors, se dirige rapidement vers la ville lointaine, et semble être incendié de feux joyeux pour la fête de l'arrivée prochaine tant il est revêtu des splendeurs du soleil couchant.

Sur le pont, parmi les marins, qui ne sont plus affairés et inquiets, se trouvent les passagers qui voient s'approcher le but.

Et assis près de Jean d'Endor, encore plus amaigri qu'à son départ, se trouve le marin blessé. Il a encore la tête entourée par une bande légère, et il est d'une pâleur d'ivoire à cause du sang qu'il a perdu. Mais pourtant il est souriant, et il parle avec ses sauveurs et ses compagnons qui, en passant, se félicitent avec lui de le revoir sur le pont. Le crétois le remarque aussi et il quitte un moment son poste, en le confiant au chef de la chiourme, pour venir saluer "son excellent Démété" revenu sur le pont pour la première fois depuis sa blessure. "Et merci à vous tous" dit-il aux apôtres. "Je ne croyais pas qu'il pût vivre encore, blessé comme il l'était par la lourde poutre et le fer qui la rendait encore plus pesante. Vraiment, Démété, ils t'ont redonné la vie car tu étais déjà mort une première et une deuxième fois. La première fois en te laissant tomber sur la marchandise du pont où, à cause du sang que tu perdais et des vagues qui t'auraient jeté à la mer, tu aurais péri en descendant au royaume de Neptune au milieu des Néréides et des Tritons. Et la seconde fois pour t'avoir guéri avec ce merveilleux onguent. Fais-moi donc voir la blessure ?"

L'homme défait la bande et montre la cicatrice bien refermée, lisse, qui ressemble à une marque rouge de la tempe à la nuque, à la limite des cheveux qui paraissent coupés, peut-être par Sintica, pour les empêcher d'entrer dans la blessure. Nicomède effleure légèrement cette marque : "L'os lui-même est soudé ! Tu es aimé par Vénus marine ! Et elle ne voulait t'avoir qu'à la surface de la mer et sur les rivages de la Grèce. Qu'Eros te soit donc propice, maintenant que nous descendons à terre, et qu'il t'aide à perdre le souvenir du malheur et la terreur de Thanatos qui t'étreignait déjà."
Le visage de Pierre est un panorama d'impressions quand il entend toutes ces allusions mythologiques. Appuyé à un mât, les mains derrière le dos, il ne parle pas, mais tout parle en lui pour appliquer une épithète salée au païen Nicomède et à son paganisme, et pour marquer son mépris pour tout ce qui est gentil.
Les autres aussi ne sont pas moins dédaigneux... Jude d'Alphée a le visage fermé de ses plus mauvais moments, son frère tourne sur lui-même en s'intéressant beaucoup à la mer. Jacques de Zébédée et André sont disposés à plaquer tout le monde et à descendre prendre les sacs et le métier. Mathieu joue avec sa ceinture et le Zélote l'imite en s'occupant de ses sandales trop grandes comme si c'était une chose nouvelle et Jean de Zébédée s'hypnotise à regarder la mer.

Si manifeste est le mépris et l'ennui des huit - et ne l'est pas moins le mutisme des deux disciples assis près du blessé - que le crétois s'en aperçoit et s'en excuse : "C'est notre religion, savez vous ? Comme vous croyez à la vôtre, nous tous et moi nous croyons à la nôtre..."

Personne ne répond et le crétois juge opportun de laisser en paix ses dieux et de descendre de l'Olympe sur la terre, ou plutôt sur la mer, sur son navire, en invitant les apôtres à venir à la proue pour bien voir la ville qui approche. "Voilà, voyez-vous ? Vous n'êtes jamais venus ici ?"

"Moi, une fois, mais par voie de terre" dit le Zélote d'un ton sérieux et tranchant.
"Ah ! bien ! Mais alors tu sais au moins que le vrai port d'Antioche c'est Séleucie, sur la mer, à l'embouchure de l'Oronte, qui se prête gracieusement à accueillir les navires, et par des temps d'eaux profondes peut être remonté par des barques légères jusqu'à Antioche. La ville que vous voyez, la plus grande, c'est Séleucie. L'autre vers le midi, n'est pas une ville, mais les ruines d'un endroit dévasté. Elles trompent, mais c'est un pays mort. Cette chaîne est le Pierios qui fait donner à la ville de Séleucie le nom de Pieria. Ce pic plus vers l'intérieur, au-delà de la plaine, c'est le mont Casio qui domine comme un géant la plaine d'Antioche ; l'autre chaîne au nord, est celle de l'Aman. Oh ! vous verrez à Séleucie et à Antioche quels travaux ont fait les romains ! Ils ne pouvaient rien faire de plus grand. Un port qui est un des meilleurs avec trois bassins et des canaux et des jetées et des digues. Il n'y en a pas autant en Palestine. Mais la Syrie est meilleure que d'autres provinces de l'Empire..."

Ses paroles tombent dans un silence glacial. Même Sintica qui étant grecque, est moins susceptible que les autres, serre les lèvres et son visage prend plus que jamais le relief d'un visage de médaille ou de bas-relief : un visage de déesse, dédaigneuse de contacts terrestres.

Le crétois s'en aperçoit et il s'excuse : "Que voulez-vous ! Au fond je gagne ma vie avec les romains !..."

La réponse de Sintica est tranchante comme un coup de sabre "Et l'or émousse le fil à l'épée de l'honneur national et de la liberté", et elle le dit sur un tel ton et dans un latin si pur que l'autre en reste pétrifié...

Puis il ose demander : "Mais n'es-tu pas grecque ?"

"Je suis grecque. Mais, toi, tu aimes les romains. Je te parle dans la langue de tes maîtres, pas dans la mienne, celle de la Patrie martyre."

Le crétois est confus et les apôtres éprouvent un muet enthousiasme pour la leçon qu'elle donne au panégyriste de Rome. Celui-ci pense bien détourner la conversation en demandant par quel moyen ils iront de Séleucie à Antioche.

"Avec nos jambes, homme" répond Pierre.

"Mais c'est le soir. Il fera nuit quand vous débarquerez..."

"Il y aura où dormir."

"Oh ! certainement. Mais vous pourriez dormir aussi ici jusqu'à demain."

Jude Thaddée, qui a déjà vu apporter tout ce qu'il faut pour un sacrifice aux dieux, qui sera peut-être fait à l'arrivée au port, dit : "Pas besoin. Nous te sommes reconnaissants de ta bonté, mais nous préférons descendre. N'est-ce pas, Simon ?"

"Oui, oui. Nous aussi nous devons faire nos prières et... ou toi et tes dieux, ou bien nous et notre Dieu."

"Faites comme vous croyez. Il me plaisait de faire une chose agréable au fils de Théophile."

"Et nous aussi au Fils de Dieu, en te persuadant qu'il n'y a qu'un seul Dieu. Mais tu es un rocher inébranlable. Comme tu vois, nous sommes pareils. Mais qui sait si un jour, on ne se reverra pas, en te retrouvant moins entêté..." dit le Zélote.

Nicomède fait un geste comme pour dire : "Qui sait quand ?" Un geste d'indifférence ironique devant l'invitation de reconnaître le Dieu vrai et d'abandonner le faux. Puis il reprend son poste de pilote car désormais le port est tout proche.

"Descendons prendre les coffres. Débrouillons-nous tout seuls. J'ai hâte de quitter cet infect païen" dit Pierre. Et ils descendent tous, sauf Sintica et Jean.

Eux, les deux exilés, sont près l'un de l'autre et ils regardent les digues qui approchent toujours plus.

"Sintica, un autre pas vers l'inconnu, un autre arrachement au doux passé, une autre agonie, Sintica... Je n'en peux plus..."

Sintica lui prend la main. Elle est très pâle, affligée. Mais elle est toujours la femme forte qui sait donner de la force : "Oui, Jean, un autre arrachement, une autre agonie. Mais ne dis pas : un autre pas vers l'inconnu... Ce n'est pas juste. Nous connaissons notre mission ici. Jésus l'a dite. Nous n'allons donc pas vers l'inconnu mais, au contraire, nous nous fondons de plus en plus avec ce que nous connaissons, avec la Volonté de Dieu. Il n'est pas juste non plus de dire : "un autre arrachement". Nous nous unissons à sa volonté L'arrachement sépare. Nous, nous nous unissons. Il n'y a donc pas d'arrachement. Nous nous séparons uniquement de tous les plaisirs sensibles de notre amour pour Lui, notre Maître, en gardant les délices suprasensibles, en portant l'amour et le devoir à un niveau ultra-terrestre. En es-tu persuadé qu'il en est ainsi ? Oui ? Et alors, tu ne dois pas dire non plus : "une autre agonie". L'agonie annonce une mort prochaine mais nous, en rejoignant le plan spirituel pour en faire notre demeure, notre atmosphère et notre nourriture, nous ne mourrons pas, mais "nous vivons" car ce qui est spirituel est éternel. Par conséquent nous montons vers une vie plus vivante qui anticipe la grande Vie des Cieux. Donc, allons ! Oublie d'être l'homme-Jean, et souviens-toi que tu es le destiné au Ciel. Raisonne, pense, agis et espère seulement comme étant un citoyen de cette Patrie immortelle..."

Les autres reviennent avec leurs charges, juste au moment de l'entrée majestueuse du navire dans le port de Séleucie.

"Et maintenant filons au plus tôt vers la première auberge que nous verrons. Il y en a certainement tout près, et demain... en barque ou en char nous irons vers notre destination."

Au milieu des coups de sifflets stridents de commandement du navire aborde et on descend la passerelle.

Nicomède s'approche des partants. "Adieu, homme. Et merci" dit Pierre au nom de tous.

"Adieu, hébreux. Et merci aussi de ma part. En suivant cette rue vous trouverez tout de suite un logement. Adieu."

Les apôtres descendent du navire, lui s'éloigne vers son autel et pendant que Pierre et les autres, chargés comme des porteurs, vont se reposer, le païen commence son rite inutile...

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/index.htm
Tome : 5/09


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Séleucie sur la carte
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Message par Maud Lun 14 Oct 2013 - 7:09

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 18 Maria_20

De Séleucie à Antioche


"Sur la place du marché vous trouverez certainement un char mais si vous voulez le mien, je vous le donne en souvenir de Théophile. Si je suis un homme tranquille, c'est à lui que je le dois Il m'a défendu parce qu'il était juste. Et certaines choses ne s'oublient pas" dit le vieil hôtelier debout devant les apôtres dans le premier soleil du matin. "Mais, ton char, pendant des jours nous le garderons au loin... Et puis qui va le conduire? Moi, j'y arrive avec l'âne... mais les chevaux..."

"Mais c'est la même chose, homme ! Je ne vais pas te donner un poulain indompté, mais un prudent cheval de trait, doux comme un agneau. Mais vous aurez vite fait, et sans peine. A none vous serez à Antioche, d'autant plus que le cheval connaît bien la route et y va tout seul. Tu me le rendras quand tu voudras, sans de ma part d'autre intérêt que de faire une chose agréable au fils de Théophile, à qui vous direz que je lui suis encore tant redevable, que je pense à lui et que je me considère son serviteur."
"Que faisons-nous ?" demande Pierre à ses compagnons.

"Ce que tu crois le meilleur. Tu en es juge, et nous obéissons..."

"Nous essayons le cheval ? C'est à cause de Jean que je le dis... et aussi pour faire vite... Il me semble conduire quelqu'un à la mort, et j'ai hâte que tout soit fini..."

"Tu as raison" disent-ils tous.

"Alors, homme, j'accepte."

"Et moi, je vous le donne avec joie. Je vais préparer le véhicule."

L'hôtelier s'en va. Pierre exprime entièrement ce qu'il pense : "J'ai dépensé la moitié de ma vie en ces quelques jours. Quelle peine ! Quelle peine ! J'aurais voulu avoir le char d'Élie, le manteau emprunté à Élisée, tout ce qui est rapide pour faire vite... Et surtout j'aurais voulu, quitte à en souffrir la mort, donner quelque chose pour consoler ces pauvres, leur faire oublier, leur... Voilà, je ne sais pas ! Quelque chose qui ne les fit pas autant souffrir... Mais si j'arrive à savoir qui est la cause principale de cette douleur, je ne suis plus Simon de Jonas si je ne le tords pas comme un linge. Je ne parle pas de le tuer, oh ! non ! Mais le presser comme il a pressé la joie et la vie à ces deux pauvres..."

"Tu as raison, c'est une grande peine. Mais Jésus dit que l'on doit pardonner les offenses..." dit Jacques d'Alphée.

"Si c'était à moi qu'elles étaient faites, je devrais les pardonner. Et je le pourrais. Je suis sain et fort, et si quelqu'un m'offense j'ai la force de réagir aussi à la douleur. Mais ce pauvre Jean ! Non, je ne puis pardonner l'offense faite à celui que le Seigneur a racheté, à quelqu'un qui meurt dans cette affliction..."

"Moi, je pense au moment où nous les quitterons tout à fait..." soupire André.

"Moi aussi. C'est une pensée fixe et qui s'accroît à mesure que le moment approche..." murmure Mathieu.

"Agissons vite, par pitié" dit Pierre.

"Non, Simon. Pardonne-moi si je te fais remarquer que tu as tort de le vouloir. Ton amour du prochain est en train de devenir un amour dévié, et en toi, qui es toujours droit, cette chose ne doit pas arriver" dit paisiblement le Zélote en mettant une main sur l'épaule de Pierre.

"Pourquoi, Simon ? Tu es cultivé et bon. Montre-moi mon tort, et si je le constate, je dirais : tu as raison."

"Ton amour est en train de devenir malsain parce qu'il est en train de se changer en égoïsme."

"Comment ? Je m'afflige pour eux et je suis égoïste ?"

"Oui, mon frère, parce que toi, par excès d'amour - tout excès est désordre et pour cela conduit au péché - tu deviens lâche. Toi, tu ne veux pas souffrir de voir souffrir. Cela est de l'égoïsme, frère au nom du Seigneur."

"C'est vrai ! Tu as raison. Et je te remercie de m'avoir averti. C'est ce qu'il faut faire entre bons compagnons. C'est bien. Alors je ne serai plus pressé... Mais pourtant, dites la vérité, n'est-ce pas une peine ?"

"Oui ! Oui !..." disent-ils tous.

"Comment ferons-nous pour les quitter ?"

"Je dirais de le faire quand Philippe les aura reçus, en restant peut-être cachés à Antioche quelque temps, en allant nous informer auprès de Philippe comment ils s'habituent..." suggère André.
"Non. Ce serait les faire souffrir par une séparation aussi brutale" dit Jacques d'Alphée.
"Alors, voilà, suivons à moitié le conseil d'André. Restons à Antioche, mais pas dans la maison de Philippe. Et pendant quelques jours on va les trouver, toujours moins, toujours moins, jusqu'à... ce qu'on n'y aille plus" dit l'autre Jacques.

"Douleur toujours renouvelée et cruelle déception. Non. Non, il ne faut pas le faire" dit le Thaddée.

"Qu'allons-nous faire, Simon ?"

"Ah ! pour moi ! Je voudrais être à leur place plutôt que de devoir leur dire : "Adieu" dit Pierre découragé.

"Moi, je propose une chose" dit Simon le Zélote. "Allons avec eux chez Philippe, et restons-y. Puis, toujours ensemble, nous allons à Antigonea. C'est un endroit charmant... Et nous y restons. Une fois qu'ils se seront habitués nous nous retirons douloureusement, mais virilement. Voilà ce que je dirais, à moins que Simon-Pierre n'ait des ordres différents du Maître."

"Moi ? Non. Il m'a dit: "Fais tout, comme il faut, avec amour, sans paresse et sans hâte, et de la façon que tu juges la meilleure". Jusqu'à présent il me semble l'avoir fait. Il n'y a que je me suis donné comme pêcheur !... Mais si je ne l'avais pas dit, il ne me laissait pas sur le pont."

"Ne te fais pas de scrupules sans fondements, Simon. Ce sont des embûches du démon pour te troubler" dit le Thaddée pour le réconforter.

"Oh ! oui ! C'est tout à fait cela. Je crois qu'il est autour de nous comme il ne l'a jamais été, nous créant des obstacles et des frayeurs pour nous amener à être lâches" dit l'apôtre Jean, et il termine tout bas : "Je crois qu'il voulait amener ces deux à désespérer en les gardant en Palestine... et maintenant qu'ils fuient ses embûches, il se venge sur nous... Je le sens autour de moi, comme un serpent caché dans l'herbe... Et cela fait des mois que je le sens ainsi autour de moi... Mais voici l'hôtelier d'un côté, et Jean avec Sintica de l'autre. Je vous dirai le reste quand nous serons seuls, si cela vous intéresse."

En effet d'un côté de la cour s'amène le char robuste auquel est attelé un robuste cheval conduit pas l'hôtelier, alors que de l'autre côté viennent vers eux les deux disciples.

"Est-ce l'heure de partir ?" demande Sintica.

"Oui, c'est l'heure. Es-tu bien couvert, Jean ? Tes douleurs vont mieux ?"

"Oui, je suis enveloppé dans la laine, et l'onction m'a fait du bien."

"Alors, monte, nous venons nous aussi."

...Une fois le chargement fait et tout le monde installé, ils sortent par la large porte cochère après que l'hôtelier ait renouvelé ses assurances sur la docilité du cheval. Ils traversent une place qu'on leur a indiquée et prennent une route près des murs jusqu'à ce qu'ils sortent par une porte, en côtoyant d'abord un canal profond et puis le fleuve lui-même.

C'est une belle route bien entretenue, qui se dirige vers le nord-est, mais en suivant les détours du fleuve. De l'autre côté, il y a des monts très verts sur leurs pentes, dans leurs failles et leurs ravins, et déjà on voit sur les buissons du sous-bois, dans les endroits les plus ensoleillés, se gonfler les gemmes de mille arbustes.

"Que de myrtes !" s'écrie Sintica.

"Et de lauriers !" ajoute Mathieu.

"Près d'Antioche, il y a un endroit consacré à Apollon" dit Jean d'Endor.

"Peut-être que les vents ont apporté des graines jusqu'ici..."

"Peut-être, mais c'est un lieu rempli de belles plantes" dit le Zélote.

"Toi qui y es déjà allé, crois-tu que nous allons passer près de Daphné ?"

"Forcément. Vous allez voir une des plus belles vallées du monde. A part le culte obscène et qui a dégénéré en orgies toujours plus dégoûtantes, c'est une vallée du paradis terrestre, et si la Foi y entre elle deviendra un vrai paradis. Oh ! que de bien vous pourrez faire ici ! Je vous souhaite des cœurs fertiles comme est fertile le sol..." dit le Zélote pour faire naître des pensées consolantes chez les deux. Mais Jean baisse la tête et Sintica soupire.

Le cheval trotte en cadence et Pierre ne parle pas, tout occupé à la conduite du cheval, bien que l'animal marche avec assurance sans qu'il soit besoin de le guider et de le stimuler. Aussi le chemin se fait assez rapidement jusqu'à ce qu'ils s'arrêtent près d'un pont pour manger et faire reposer le cheval. Le soleil est au midi et la beauté d'une splendide nature se manifeste aux yeux.

"Pourtant... je préfère être ici que sur la mer..." dit Pierre, en regardant autour de lui.

"Mais quelle tempête !"

"Le Seigneur a prié pour nous. Je l'ai senti tout proche quand nous priions sur le pont. Proche comme s'il avait été parmi nous..." dit Jean en souriant.

"Où sera-t-il donc ? Je ne suis pas tranquille en pensant qu'il est sans vêtement... S'il est trempé ? Et que va-t-il manger ? Il est capable de jeûner..."

"Tu peux être certain qu'il le fait pour nous aider" dit Jacques d'Alphée avec assurance.

"Et pour autre chose encore. Notre Frère est très affligé depuis quelque temps. Je crois qu'il se mortifie continuellement pour vaincre le monde" dit le Thaddée.

"Tu voudrais dire le démon qui est dans le monde" dit Jacques de Zébédée.

"C'est la même chose."

"Mais il n'y réussira pas. Moi, j'ai le cœur serré par mille peurs..." soupire André.
"Oh ! maintenant que nous sommes loin, tout ira mieux !" dit Jean d'Endor un peu amer.

"Ne le pense pas. Toi et elle, vous n'étiez rien en comparaison "des grands torts" du Messie, selon les grands d'Israël" dit le Thaddée d'un ton tranchant.

"En es-tu sûr ? Moi, dans ma souffrance, j'ai aussi cette épine dans le cœur : d'avoir été une cause de mal pour Jésus par ma venue. Si j'étais sûr qu'il n'en est pas ainsi, je souffrirais moins" dit Jean d'Endor.

"Me crois-tu véridique, Jean ?" demande le Thaddée.

"Oui, je le crois !"

"Eh bien alors au nom de Dieu et au mien, je t'assure que tu n'as donné qu'une peine à Jésus : celle de devoir t'envoyer ici en mis- sion. Tu n'es pour rien dans toutes ses autres peines passées, présentes et futures."

Le premier sourire, après de tristes jours de noire mélancolie, éclaire le visage amaigri de Jean d'Endor. Il dit : "Quel soulagement tu me donnes ! Le jour me paraît plus lumineux, mon mal plus léger, mon cœur plus consolé. Merci, Jude d'Alphée ! Merci !"
Ils remontent sur le char, franchissent le pont pour suivre l'autre rive du fleuve, une autre route qui va directement vers Antioche, à travers une région très fertile.

"La voilà! Dans cette vallée poétique se trouve Daphnée avec son temple et ses bosquets. Et là-bas, dans cette plaine, voici Antioche avec ses tours sur les remparts. Nous allons entrer par la porte qui est près du fleuve. La maison de Lazare n'est pas très loin des murs. Les plus belles maisons ont été vendues. Il reste celle-là, autrefois lieu de séjour des serviteurs et des clients de Théophile, avec beaucoup d'écuries et de greniers. Maintenant Philippe vit là. Un bon vieux, un fidèle de Lazare. Vous y serez bien. Et ensemble, nous irons à Antigonea où était la maison habitée par Euchérie et par ses enfants, alors tout petits..."

"Cette ville est très fortifiée, hein?" demande Pierre qui respire de nouveau, maintenant qu'il voit que son premier essai de cocher a bien réussi.

"Très fortifiée. Des murs d'une hauteur et d'une largeur grandioses, en plus des cent tours qui, vous le voyez, semblent des géants dressés sur les murs, et des fossés infranchissables à leurs pieds. Et même le Silpio a mis ses sommets au service de la défense, et comme contreforts des murs dans les endroits les plus délicats... Voici la porte. Il vaut mieux que tu t'arrêtes et que tu entres en tenant le cheval par la bride. Je vais te conduire car je connais le chemin..."

Ils passent la porte gardée par les romains. L'apôtre Jean dit : "Qui sait s'il est ici le soldat de la Porte de Poissons... Jésus serait heureux de le savoir..."

"Nous le chercherons, mais maintenant avance vite" dit Pierre troublé à l'idée d'aller dans une maison inconnue.

Jean obéit sans parler, seulement il dévisage chaque soldat qu'il voit.

Un bref parcours, puis une maison robuste et simple, c'est-à-dire un mur élevé sans fenêtres. Une porte cochère seulement au milieu du mur.

"Voici. Arrête !" dit le Zélote.

"Oh ! Simon ! Sois gentil ! Parle toi, maintenant."

"Mais oui, si cela doit te faire plaisir, je vais parler" et le Zélote frappe au lourd portail. Il se fait reconnaître pour un envoyé de Lazare. Il entre seul. Il sort avec un vieillard grand et digne qui fait force inclinations et qui ordonne à un serviteur d'ouvrir le portail pour laisser entrer le char, et il s'excuse de les faire passer tous par là au lieu de leur ouvrir la porte de la maison.

Le char s'arrête dans une vaste cour avec portiques, bien tenue avec quatre gros platanes aux quatre angles et deux au milieu pour protéger un puits et un bassin qui sert pour abreuver les chevaux.

"Occupe-toi du cheval" commande l'intendant au serviteur. Et puis aux hôtes : "Je vous en prie, venez et que soit béni le Seigneur qui m'envoie ses serviteurs et les amis de mon maître. Commandez : votre serviteur vous écoute."

Pierre rougit parce que c'est spécialement à lui que s'adressent ces paroles et ces inclinations et il ne sait que dire... Le Zélote vient à son secours.

"Les disciples du Messie d'Israël, dont te parle Lazare de Théophile, qui désormais habiteront ta maison pour servir le Seigneur, n'ont besoin que de repos. Veux-tu leur montrer où ils peuvent habiter ?"

"Oh ! il y a toujours des pièces préparées pour les voyageurs comme c'était l'habitude avec ma maîtresse. Venez, venez..." et, suivi de tous, il prend un couloir, puis une petite cour au fond de laquelle se trouve la véritable demeure. Il ouvre la porte, franchit un vestibule et tourne à droite. Voilà un escalier. Ils montent. Un nouveau couloir avec des pièces des deux côtés.

"Voici, et que la demeure vous soit agréable. Maintenant je vais commander l'eau et du linge. Que Dieu soit avec vous" dit le vieillard et il s'en va.

Ils ouvrent les volets des chambres qu'ils choisissent. Les murs et les forts d'Antioche sont en face d'un côté ; de l'autre côté, la cour tranquille ornée de rosiers grimpants qui manquent de charme en ce moment à cause de la saison.

Et après un si long voyage, voici enfin une maison, une chambre, un lit... Un séjour pour certains, le but pour les autres...

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/index.htm#10
Tome : 5/10
https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t18376-oeuvre-de-maria-valtorta-presentation-des-disciples-de-jesus

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Message par Luca Lun 14 Oct 2013 - 23:12

Malou a écrit:Mémento (info : AGENDA CHERE GOSPA)

Maria Valtorta est décédée le 12 octobre 1961 à Viareggio (en Toscane), il y a 52 ans aujourd'hui.
Même si c'est un peut en retard, je te remercie Malou de nous faire ce petit "hommage" à cette Sainte femme qui mérite d'être lu ou du moins qui dois être lu pour le bien de l'humanité et des âmes.
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Message par Maud Mar 15 Oct 2013 - 7:06

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 18 Maria_21

Ils vont à Antigonea


"Mon fils Ptolmaï est venu pour le marché. Aujourd'hui, à sexte, il retourne à Antigonea. La journée est tiède. Voulez-vous y aller, comme vous désiriez ? leur demande le vieux Philippe en leur servant du lait fumant.

"Nous allons nous y rendre sans faute. Quand as-tu dit ?"

"A sexte. Vous pourrez revenir demain, si vous voulez, ou bien le soir d'avant le sabbat, si cela vous plaît. Alors tous les serviteurs hébreux, ou entrés dans la foi, viennent pour les offices du sabbat."

"C'est ce que nous allons faire. Et il n'est pas dit que cet endroit ne soit pas choisi pour leur demeure."

"Cela me fera toujours plaisir, même si je les perds. Car c'est un endroit salubre, et vous pourrez faire beaucoup de bien parmi les serviteurs qui, certains, sont encore ceux qu'a laissés le maître. Et certains sont ici grâce à la maîtresse bénie qui les a rachetés à des maîtres cruels. Aussi, ils ne sont pas tous israélites. Mais désormais ils ne sont pas non plus des païens. Je parle des femmes. Les hommes sont tous circoncis. N'ayez pas pour eux de dégoût... Mais ils sont encore très loin de la justice d'Israël. Les saints du Temple s'en scandaliseraient, eux qui sont parfaits..."

"Hé ! oui ! Oui ! oui !... C'est bien ! Maintenant ils pourront progresser en aspirant la sagesse et la bonté des envoyés du Seigneur... Vous voyez combien vous avez à faire ?" dit Pierre, en s'adressant aux deux.

"Nous le ferons. Nous ne décevrons pas le Maître" promet Sintica. Et elle sort pour préparer ce qu'elle croit opportun.

Jean d'Endor demande à Philippe : "Crois-tu qu'à Antigonea je pourrais faire un peu de bien aussi aux autres en enseignant comme pédagogue ?"

"Très bien. Le vieux Plaute est mort depuis trois lunes et les enfants qui sont gentils n'ont pas d'école. Quant aux hébreux, il n 'y a pas de maître, car tous les nôtres fuient ce lieu proche de Daphné. Il faut quelqu'un qui soit... qui soit... comme était Théophile... Sans raideur pour... pour..."

"Oui, en somme sans pharisaïsme, tu veux dire" termine Pierre expéditif.

"Voilà... oui... Je ne veux pas critiquer... Mais je pense... Maudire ne sert à rien. Il vaudrait mieux aider... Comme faisait la maîtresse qui, par son sourire, amenait à la Loi plus et mieux qu'un rabbi."

"C'est pour cela que le Maître m'a envoyé ici ! Je suis justement celui qui a ce qu'il faut... Oh ! je ferai sa volonté, jusqu'à mon dernier soupir. Maintenant, je crois, je crois vraiment que ma mission n'est pas autre chose qu'une mission de prédilection. Je vais le dire à Sintica. Vous verrez que nous resterons là... Je vais, je vais le lui dire" et il sort avec la vivacité qu'il avait autrefois.

"Très-Haut Seigneur, je te remercie et te bénis ! Il souffrira encore, mais pas comme avant... Ah ! quel soulagement !" s'écrie Pierre. Et puis il sent le devoir d'expliquer un peu à Philippe, et comme il peut le faire, le pourquoi de sa joie : "Tu dois savoir que Jean a été pris comme point de mire par les... "durs" d'Israël. Tu les appelles les "durs"..."

"Ah ! je comprends ! Persécuté politique comme... comme..." et il regarde le Zélote.

"Oui, comme moi et davantage, pour autre chose encore. Car outre la différence de caste, lui les excite par son appartenance au Messie. Par conséquent, et que ce soit dit une fois pour toutes, ils sont confiés à ta fidélité, lui et elle... Tu comprends ?"

"Je comprends et je saurai en tenir compte."

"Comment les appelleras-tu auprès des autres ?"

"Deux pédagogues recommandés par Lazare de Théophile, lui pour les garçons, elle pour les fillettes. Je vois qu'elle a des broderies et des métiers... Beaucoup de travaux féminins se font ici et sont vendus à Antioche par des étrangers. Mais ce sont des travaux grossiers et lourds. Hier je lui ai vu un travail qui m'a rappelé ma bonne maîtresse... Ils seront très recherchés..."

"Et une fois de plus que le Seigneur soit loué" dit Pierre.

"Oui. Cela diminue pour nous la douleur de notre prochain départ."

"Vous voulez déjà partir ?"

"Nous le devons. La tempête nous a retardés. Aux premiers jours de Scebat nous devons être avec le Maître. Il nous attend déjà, car nous sommes en retard" explique le Thaddée.

Ils se séparent pour aller chacun à ses affaires, Philippe où l'appelle une femme, les apôtres au soleil, sur la hauteur.

"Nous pourrions partir le lendemain du sabbat. Qu'en dites-vous ? dit Jacques d'Alphée.

"Pour moi !... Tu penses ! Tous les jours je me lève tourmenté par la pensée de la solitude de Jésus seul, sans vêtements, sans soins, et toutes les nuits je me couche avec ce tourment. Mais aujourd'hui, nous allons décider."

"Dites un peu. Mais le Maître savait tout cela ? Je me demande depuis des jours comment il savait que nous aurions trouvé le crétois, comment il a prévu le travail de Jean et de Sintica, comment, comment... Beaucoup de choses, en somme" dit André.
"En réalité je crois que le crétois a des époques fixes de séjour à Séleucie. Peut-être Lazare l'a dit à Jésus et Lui en conséquence a décidé de partir sans attendre la Pâque..." explique le Zélote.

"Oui ! C'est juste ! Et pour la Pâque, comment fera Jean ?" demande Jacques d'Alphée.

"Mais, comme tous les israélites..." dit Matthieu.

"Non, ce serait se jeter dans la gueule du loup."

"Mais non ! Qui le pêcherait dans cette foule ?"

"L'Iscar... Oh ! qu'ai-je dit ! N'y pensez pas ! C'est une plaisanterie de ma pensée..." Pierre est rouge, affligé d'avoir parlé.

Jude d'Alphée lui met une main sur l'épaule, en souriant de son sourire sévère et dit : "Allons ! Nous pensons tous la même chose... Mais n'en parlons à personne et bénissons l'Éternel qui a détourné de cette pensée l’esprit de Jean."

Tous absorbés gardent le silence. Mais pour eux, vrais israélites, c'est un problème de savoir comment le disciple pourra faire la Pâque à Jérusalem, lui qui est exilé... et ils se remettent à en parler.

"Je crois que Jésus y pourvoira. Peut-être que Jean le sait. Il n’y a qu'à le lui demander" dit Mathieu.

"Ne le faites pas. Ne mettez pas des désirs et des épines là où la paix commence tout juste à renaître" dit suppliant l'apôtre Jean.

"Oui. Il vaut mieux le demander au Maître lui-même" approuve Jacques d'Alphée.
"Quand le verrons-nous ? Qu'en dites-vous ?" demande André.

"Oh ! si nous partons le lendemain du sabbat, pour la fin de la lune nous serons sûrement à Ptolémaïs..." dit Jacques de Zébédée.

"Si nous trouvons un navire..." observe Jude Thaddée. Et son frère ajoute : "Et s'il n'y a pas de tempête."

"Quant au bateau, il y en a toujours en partance pour la Palestine et, en payant, nous lui ferons faire escale à Ptolémaïs, même si c'est un bateau pour Joppé. Tu as encore de l'argent, Simon ?" demande le Zélote à Pierre.

"Oui, bien que ce voleur de crétois m'ait vraiment écorché, en dépit de ses protestations de gentillesse pour Lazare. Mais je dois payer pour la garde de la barque et celle d'Antoine... Et l'argent donné pour Jean et Sintica je n'y touche pas, il est sacré. Même s'il faut jeûner je le laisse intact."

"Tu fais bien. Cet homme est très malade. Il croit pouvoir faire le pédagogue. Je crois qu'il sera seulement un infirme, très vite..." estime le Zélote.

"Oui, je le pense moi aussi. Sintica, en plus de ses travaux, devra faire des onguents" approuve Jacques de Zébédée.

"Mais cet onguent, hein ? Quelle merveille ! Sintica m'a dit qu'elle veut en refaire et s'en servir pour pouvoir pénétrer dans les familles d'ici" dit Jean.

"C'est une bonne idée ! Un malade que l'on guérit, c'est toujours un disciple que l'on gagne et, avec lui, les siens" proclame Mathieu.

"Ah ! cela, non !" s'écrie Pierre.

"Comment ? Tu veux dire que le miracle n'attire pas au Seigneur ?" lui demande André et avec lui deux ou trois autres.

"Oh ! mes petits ! Il me semble que vous tombez du ciel ! Mais vous ne voyez pas comment ils se comportent avec Jésus ? S'est-il converti Eli de Capharnaüm ? Et Doras ?[3][3] Et Osée de Corozaïn ? Et Melchias de Bethsaïda ? Et - excusez-moi, vous de Nazareth - et Nazareth entière pour les cinq, six, dix miracles jusqu'au dernier, celui de votre neveu ?" demande Pierre.

Personne ne réplique, parce que c'est l'amère vérité.

"Nous n'avons pas encore trouvé le soldat romain. Jésus l'avait fait comprendre..." dit Jean après un moment.

"Nous le dirons à ceux qui restent. Et même ce sera un but de plus dans leur vie" répond le Zélote.

Philippe revient : "Mon fils est prêt. Il a eu vite fait. Il est avec sa mère qui prépare des cadeaux pour les petits-fils."

"Elle est bonne, ta belle-fille, n'est-ce pas ?"

"Très bonne. Elle m'a consolé de la perte de mon Joseph. Elle est comme une fille pour moi. Elle était servante d'Euchérie qui l'avait formée. Venez vous restaurer avant de partir, les autres sont déjà en train de le faire."...

Et, précédés par le char de Ptolmaï, petit-fils de Philippe, ils vont au trot vers Antigonea... Ils ont vite rejoint la petite ville. Ensevelie dans la fertilité de ses jardins, abritée des vents par les chaînes des monts qui l'entourent, suffisamment éloignés pour ne pas lui porter ombrage, mais assez proches pour la protéger et déverser sur elle les effluves de ses bois d'arbres résineux ou essentiels, toute ensoleillée, elle réjouit la vue et le cœur, rien qu'à la traverser.

Les jardins de Lazare sont au sud de la ville et sont précédés par une avenue, maintenant dépouillée, le long de laquelle sont les maisons de ceux qui sont préposés aux jardins. Des maisonnettes basses mais bien tenues, sur les seuils desquelles se montrent des visages de jeunes enfants et de femmes qui regardent avec curiosité et saluent en souriant. La diversité des visages annonce des différences de races.
Ptolmaï, dès qu'il a franchi le portail d'entrée de la propriété, fait en passant devant chaque maison un bruit de fouet spécial. Ce doit être un signal. Et les habitants de chaque maison, après avoir regardé, entrent dans leurs demeures, et en sortent ensuite en fermant les portes et suivent l'avenue derrière les deux chars qui marchent au pas et qui s'arrêtent ensuite au centre d'un carrefour de sentiers qui rayonnent en tous sens, comme les rayons d'une roue, à travers des champs innombrables séparés en plates-bandes, les unes dépouillées, les autres toujours vertes, garnies de lauriers, d'acacias ou de plantes du même genre, d'autres arbres dont les entailles laissent sortir un lait odoriférant et des résines. Il flotte dans l'air un mélange d'odeurs balsamiques, résineuses, aromatiques. Partout des ruches et des bassins d'irrigation où boivent des colombes toutes blanches. Dans certains endroits, une terre nue qui vient d'être piochée où grattent des poules blanches elles aussi, surveillées par des fillettes.
Ptolmaï fait claquer son fouet plusieurs fois, jusqu'à ce que les sujets de ce petit royaume soient réunis autour des arrivants, et alors il commence son petit discours : "Voilà. Philippe, notre chef, et père de mon père, envoie et recommande ces saints d'Israël venus ici par la volonté de notre maître. Que Dieu soit toujours avec lui et avec sa maison. Nous nous lamentions beaucoup parce qu'il nous manquait la voix des saints rabbins. Voilà que la bonté du Seigneur et de notre maître lointain, mais qui nous aime tant - Dieu lui rende le bien qu'il donne à ses serviteurs - nous procurent ce que notre cœur rêvait. En Israël s'est levé Celui qui était promis aux nations. On nous l'avait dit pendant les fêtes au Temple et dans la maison de Lazare.

Mais maintenant est réellement venu pour nous le temps de la grâce parce que le Roi d'Israël a pensé à ses plus petits serviteurs et nous a envoyé ses ministres pour nous apporter ses paroles. Eux sont ses disciples et deux d'entre eux vont vivre parmi nous, ici ou à Antioche, afin de nous enseigner la Sagesse, pour nous enseigner la science du Ciel et celle. de la terre. Jean, pédagogue et disciple du Christ, enseignera à nos enfants l'une et l'autre sagesse. Sintica, disciple et maîtresse de couture, enseignera la science de l'amour de Dieu et l'art du travail féminin aux fillettes. Recevez-les comme des bénédictions du Ciel, et aimez-les comme les aiment Lazare de Théophile et Euchérie - gloire à leurs âmes et paix - et comme les aiment les filles de Théophile : Marthe et Marie, nos maîtresses bien-aimées et disciples de Jésus de Nazareth, le Rabbi d'Israël, le Promis, le Roi."

Le petit peuple des hommes, aux courtes tuniques, aux mains terreuses qui portent des outils de jardinage, des femmes, des enfants de tous âges, écoute avec étonnement, puis chuchote, ensuite s'incline profondément.

Ptolmaï commence les présentations : "Simon de Jonas, le chef des envoyés du Seigneur; Simon le cananéen, l'ami de notre maître, Jacques et Jude, frères du Seigneur, Jacques et Jean, André et Matthieu" et puis aux apôtres et aux disciples : "Anne, ma femme, de la tribu de Juda comme ma mère d'ailleurs, parce que nous sommes purs, venus avec Euchérie de Juda. Joseph, le garçon consacré au Seigneur, et Théochérie qui, dans son nom, a le souvenir des justes maîtres, fille sage et amie de Dieu, en véritable israélite; Nicolaï et Dosithée. Nicolaï est consacré au naziréat, Dosithée, le troisième, (et un gros soupir accompagne la présentation) est déjà marié depuis plusieurs années à Hermione. Viens ici, femme..."

S'avance une très jeune brunette, avec un bébé dans ses bras. "La voilà : c'est la fille d'un prosélyte et d'une grecque. Mon fils a fait sa connaissance à Alexandroscène de Phénicie quand il y fut pour le commerce et elle lui plu... et Lazare ne s'y opposa pas, mais au contraire, il dit : "Cela vaut mieux que la débauche". Et ce n'est pas un mal. Mais moi, je voulais un sang d'Israël..."

La pauvre Hermione baisse la tête comme une accusée. Dosithée frémit et souffre. Anne, mère et belle-mère, a un regard attristé... Jean, bien que le plus jeune de tous, sent la nécessité de relever les esprits humiliés, et il dit : "Dans le Royaume du Seigneur, il n'y a plus de grecs ou d'israélites, de romains ou de phéniciens, mais seulement des fils de Dieu. Quand par ceux qui sont venus ici, tu connaîtras la Parole de Dieu, elle élèvera ton cœur Vers de nouvel- les lumières et elle ne sera plus "l'étrangère" mais la disciple, comme toi et comme tous, de notre Seigneur Jésus."
Hermione relève la tête humiliée et, reconnaissante, sourit à Jean. Sur le visage de Dosithée et d'Anne la même expression de reconnaissance.

Ptolmaï, austère, répond : "Et Dieu veuille qu’il en soit ainsi car, à part l'origine, je n'ai rien à reprocher à ma belle-fille. Celui qui est dans ses bras, c'est Alphée, le dernier-né, qui de son père à elle, prosélyte, a pris le nom. La petite aux yeux de ciel, sous ses boucles d'ébène, c'est Myrtica, du nom de la mère d'Hermione et celui-ci, l'aîné, c'est Lazare. suivant la volonté du maître, et l'autre, c'est Hermas."

"Le cinquième doit s’appeler Ptolmaï et la sixième Anne, pour dire au Seigneur et au monde que ton cœur s'est ouvert à une nouvelle compréhension" dit encore Jean.
Ptolmaï s'incline sans parler. Puis il reprend les présentations : "Ceux-ci sont deux frères d'Israël : Myriam et Sylvain de la tribu de Nephtali; Et ceux-ci sont Elbonide Danita et Siméon juif. Puis voilà les prosélytes, autrefois romains ou fils de romains, charité concrète d'Euchérie, arrachés par elle à la servitude et à la gentilité : Lucius, Marcel, Solon, fils d'Elatée."

"Nom grec" observe Sintica.

"De Thessalonique. Esclave d'un serviteur de Rome" - et le mépris est manifeste, quand il dit : "serviteur de Rome" – "Euchérie le prit en même temps que son père mourant, dans une heure trouble, et si le père mourut païen, Solon est prosélyte. ..Priscille, avance avec tes enfants..."

Une femme de taille élevée et élancée, au visage aquilin, avance en poussant une fillette et un garçon, avec à ses jupes deux petites.

"Voici la femme de Solon, autrefois affranchie d'une romaine morte maintenant, et Marius, Cornélie, Marie et Martille, jumelles. Priscille est experte en essences. Amiclea, viens avec tes enfants, elle est fille de prosélytes, et sont prosélytes ses deux fils Cassius et Théodore. Técla, ne te cache pas. C'est la femme de Marcel. Elle est affligée d'être stérile. Fille de prosélytes elle aussi. Ceux-ci sont les colons. Maintenant aux jardins. Venez."

Il les conduit à travers le vaste domaine, suivi par les jardiniers qui expliquent les cultures et les travaux pendant que les fillettes reviennent à leurs poules qui ont profité de l'absence des gardiennes pour s'écarter ailleurs.

Ptolmaï explique : "On les amène ici pour débarrasser la terre des chenilles avant les semailles annuelles."

Jean d'Endor sourit aux poules qui caquettent et il dit : "Il me semble que ce sont les miennes d'autrefois..." et il se penche pour leur jeter des miettes de pain qu'il prend dans son sac jusqu'à ce qu'il soit entouré de poulettes et il rit, parce que l'une d'elles, effrontée, vient lui becqueter le pain dans la main.

"Heureusement !" s'écrie Pierre en donnant un coup de coude à Mathieu pour lui montrer Jean qui joue avec les poulettes, et Sintica qui parle grec avec Solon et Hermione.

Puis ils reviennent à la maison de Ptolmaï qui explique : "Voilà l'endroit. Mais si vous voulez enseigner ici, on pourra vous aménager une place. Vous restez ici ou bien..."

"Oui, Sintica ! Ici ! C'est plus beau ! Antioche m'accable à cause des souvenirs..." dit doucement Jean à sa compagne.

"Mais oui. ..Comme tu veux, pourvu que tu sois bien. Pour moi, tout m'est égal. Moi, je ne regarde plus en arrière.,. rien qu'en avant, en avant... Allons, Jean ! Ici, nous serons bien. Des enfants, des fleurs, des colombes et des poulettes pour nous pauvres créatures. Et pour notre âme la joie de servir le Seigneur; Qu'en dites-vous ?" demande-t-elle en s'adressant aux apôtres.

"Nous pensons comme toi, femme."

"Alors, c'est entendu."

"Très bien, nous partirons contents..."

"Oh ! ne partez pas ! Je ne vous verrai plus ! Pourquoi sitôt ? Pourquoi? ..." Jean retombe dans son chagrin.

"Mais, nous ne partons pas maintenant ! Nous restons ici jusqu'à... jusqu'à ce que tu sois..." Pierre ne sait pas dire ce que sera Jean, et pour ne pas faire voir les larmes qui emplissent ses yeux, il embrasse Jean qui pleure, et il cherche à le consoler ainsi.
*



SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/index.htm#10
Tome : 5/11


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Message par Maud Mer 16 Oct 2013 - 6:40

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 18 Maria_22

L'adieu à Antioche

Les apôtres sont de nouveau dans la maison d'Antioche et avec eux les deux disciples et tous les hommes d'Antigonea, qui ne sont plus vêtus de leurs courts habits de travail, mais de longs habits de fête. J'en conclus que c'est le sabbat.

Philippe prie les apôtres de parler au moins une fois à tout le monde, avant leur départ désormais imminent.

"Sur quoi ?"

"Sur ce que vous voulez. Vous avez entendu ces jours-ci nos conversations, inspirez-vous-en."

Les apôtres se regardent l'un l'autre. À qui cela revient-il ? À Pierre, c'est naturel. C'est le chef ! Mais Pierre ne voudrait pas parler, et il donne à Jacques ou à Jean de Zébédée l'honneur de le faire. Et c'est seulement quand il les voit inexorables, qu'il se décide à parler.

"Aujourd'hui, nous avons entendu expliquer dans la synagogue le chapitre 52 d'Isaïe. Doctement selon le monde, défectueusement selon la Sagesse, a été fait le commentaire.

Mais il n'y a pas lieu de le reprocher au commentateur, qui a donné ce qu'il pouvait avec sa sagesse mutilée de ce qu'il y a de meilleur : la connaissance du Messie et du Temps nouveau amené par Lui. Nous ne faisons pourtant pas de critiques, mais des prières pour qu'il arrive à connaître ces deux grâces et puisse les accepter sans y mettre obstacle.

Vous m'avez dit que pendant la Pâque vous avez entendu parler avec foi, mais aussi avec mépris, du Maître. Et que c'est seulement à cause de la grande foi qui remplit les cœurs de la maison de Lazare, tous les cœurs, que vous avez pu résister à l'embarras que les insinuations des autres vous mettaient au cœur, d'autant plus que ces autres étaient justement les rabbis d'Israël.

Mais être savants ne signifie pas être saints ni posséder la Vérité. La Vérité, la voilà : Jésus de Nazareth est le Messie promis, le Sauveur de qui parlent les Prophètes, dont le dernier repose depuis peu dans le sein d'Abraham après le glorieux martyre qu'il a souffert pour la justice. Jean Baptiste a dit, et ici sont présents ceux qui ont entendu ces paroles : "Voici l'Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde".

Ces paroles ont été crues par les plus humbles de ceux qui sont ici, car l'humilité aide à parvenir à la Foi, alors que pour les orgueilleux le chemin est difficile - empêtrés comme ils le sont - pour atteindre le sommet de la montagne où, chaste et lumineuse, vit la Foi. Ces humbles, parce qu'ils étaient tels et parce qu'ils ont cru, ont mérité d'être les premiers dans l'armée du Seigneur Jésus.

Voyez donc combien l'humilité est nécessaire pour avoir une foi prompte et combien on est récompensé de savoir croire, même contre les apparences contraires.

Moi, je vous exhorte et je vous pousse à avoir en vous ces deux qualités et alors vous appartiendrez à l'armée du Seigneur et vous conquerrez le Royaume des Cieux...
A toi, Simon le Zélote. Moi, j'ai fini. Toi, continue."

Le Zélote, pris ainsi à l'improviste, et si clairement indiqué comme second orateur, doit s'avancer sans retard ni récrimination, et il le fait en disant :

"Je vais continuer le discours de Simon Pierre, notre chef à tous, par la volonté du Seigneur. Et ce sera en m'appuyant sur le chapitre 52 d'Isaïe, vu par quelqu'un qui connaît la Vérité Incarnée dont il est le serviteur, pour toujours. Il est dit : ."Lève-toi, revêts-toi de ta force, ô Sion, prends des vêtements de fête, cité du Saint"

Vraiment, il devrait en être ainsi. Car, quand une promesse s'accomplit, une paix se fait, une condamnation cesse et arrive le temps de la joie, les cœurs et les cités devraient prendre des vêtements de fête pour relever les fronts courbés, lorsqu'ils prennent conscience de n'être plus haïs, vaincus, frappés, mais aimés et délivrés.

Nous ne sommes pas ici pour faire un procès à Jérusalem. La charité, la première entre toutes les vertus, le défend. Cessons donc d'observer le cœur des autres et regardons le nôtre. Revêtons de force notre cœur par cette foi dont a parlé Simon, et prenons des vêtements de fête parce que notre foi séculaire au Messie est maintenant couronnée par la réalisation de la chose. Le Messie, le Saint, le Verbe de Dieu est réellement parmi nous. Et ce ne sont pas seulement les âmes qui entendent les paroles de la Sagesse qui les fortifient et versent en elles la sainteté et la paix, ce sont aussi les corps qui par l’œuvre du Saint, auquel le Père a tout accordé, qui se voient délivrés des maladies les plus atroces et jusque de la mort, pour que les terres et les vallées de notre patrie résonnent des hosannas au Fils de David et au Très-Haut qui a envoyé son Verbe comme Il l'avait promis aux Patriarches et aux Prophètes.

Moi, qui vous parle, j'étais lépreux, destiné à mourir après des années d'angoisse cruelle, dans la solitude des bêtes fauves réservée aux lépreux. Un homme me dit : "Va vers Lui, le Rabbi de Nazareth, et tu seras guéri". J'ai eu foi. J'y suis allé. J'ai été guéri. Dans mon corps, dans mon cœur : sur l'un, disparue la maladie qui sépare des hommes, dans l'autre, disparue la rancœur qui sépare de Dieu. Et avec une âme nouvelle, après avoir été proscrit, malade, inquiet, je suis devenu son serviteur, appelé à l'heureuse mission d'aller parmi les hommes pour les aimer en son nom, pour les instruire de la seule connaissance nécessaire : celle que Jésus de Nazareth est le Sauveur et que bienheureux sont ceux qui croient en Lui.

Parle, toi, maintenant, Jacques d'Alphée."

"Je suis le frère du Nazaréen. Mon père et son père étaient frères nés d'un même sein, mais pourtant je ne puis me dire son frère, mais son serviteur. Car la paternité de Joseph, le frère de mon père, ne fut qu'une paternité spirituelle et, en vérité, je vous dis que le vrai Père de Jésus, notre Maître, c'est le Très-Haut que nous adorons. Il a permis que sa Divinité, Une et Trine, s'incarne dans la Seconde Personne et qu'Elle vienne sur la terre tout en restant unie à Celles qui habitent le Ciel. Car Dieu peut le faire, Lui l'infiniment Puissant, et Il le fait par l'Amour qui est sa nature.

Jésus de Nazareth est notre Frère, ô hommes, parce qu'il est né d'une femme, et semblable à nous dans son humanité. il est notre Maître car il est le Sage, il est la Parole même de Dieu, venue pour nous parler de Dieu, pour nous faire appartenir à Dieu. Et il est notre Dieu, étant un avec le Père et l'Esprit Saint, avec lesquels il est toujours en union d'amour, de puissance, et de nature.

Que cette vérité, qui par des preuves manifestes fut par grâce connue du Juste qui fut mon parent, soit en votre possession. Et à l'encontre du monde qui cherchera à vous arracher au Christ en disant : "C'est un homme quelconque", répondez : "Non. C'est le Fils de Dieu, c'est l'Etoile née de Jacob, c'est la Verge qui se lève ici, en Israël, c'est le Dominateur". Ne vous laissez détourner par rien. Cela c'est la Foi. A toi, André."
"Cela, c'est la Foi. Moi, je suis un pauvre pêcheur du lac de Galilée, et dans les silencieuses nuits de pêche, sous la lumière des astres, j'avais de muettes conversations avec moi-même. Je disais : "Quand viendra-t-Il ? Serai-je encore vivant ? Il manque encore plusieurs années, d'après la prophétie". Pour l'homme dont la vie est limitée, même quelques dizaines d'années sont des siècles... Je me demandais : "Comment viendra-t-Il ? D'où ? De qui ?" Et mon humanité obtuse me faisait rêver à des splendeurs royales, à des demeures de roi, à des cortèges, à des sonneries retentissantes, à une puissance, à une majesté insoutenable... Et je disais : "Qui pourra regarder ce grand Roi ?" Je pensais que ses manifestations inspiraient plus de terreur que Jéhovah Lui-même sur le Sinaï. Je me disais : "Les hébreux virent la montagne étinceler, mais ils ne furent pas réduits en cendres car l'Éternel était au-delà des nuées. Mais ici, Il nous regardera avec des yeux mortels et nous mourrons..."

J'étais disciple du Baptiste, et dans les pauses de la pêche, j'allais le trouver avec d'autres compagnons. C'était un jour de cette lune ... Les rives du Jourdain étaient pleines d'une foule qui tremblait sous les paroles du Baptiste. J'avais remarqué un jeune homme beau et calme qui, en suivant un sentier, venait vers nous. Humble était son vêtement, plein de douceur son aspect. Il paraissait demander et donner l'amour. Son œil bleu se posa un moment sur moi et j'ai éprouvé une chose que je n'ai plus jamais éprouvée. Il me parut caresser mon âme, m'effleurer avec des ailes d'anges. Je me suis, pendant un moment, senti si loin de la terre, si différent, que j'ai dit : "Maintenant je vais mourir ! C'est l'appel de Dieu à mon esprit".

Mais je ne suis pas mort. Je suis resté fasciné dans la contemplation du jeune inconnu qui, à son tour, avait fixé son regard bleu sur le Baptiste. Et le Baptiste se retourna, courut à Lui, s'inclina. Ils se parlèrent. Et comme la voix de Jean était un continuel tonnerre, les mystérieuses paroles arrivèrent jusqu'à moi qui écoutais, tendu par le désir de savoir qui était le jeune inconnu. Mon âme sentait qu'il était différent de tout le monde. Elles disaient : "C'est moi qui devrais être baptisé par Toi..." "Laisse faire maintenant, il convient d'accomplir toute justice"...

Jean avait déjà dit : "Il va venir Celui auquel je ne suis pas digne de dénouer les lacets des sandales". Il avait déjà dit : "Parmi vous en Israël, se tient quelqu'un que vous ne connaissez pas. Il tient déjà le van en mains et il nettoiera son aire en brûlant les pailles par son feu inextinguible".

J'avais devant moi un jeune homme du peuple, à l'aspect doux et humble, et pourtant j'ai senti que c'était Celui auquel le Saint d'Israël, le dernier Prophète, le Précurseur, n'était pas même digne de dénouer les sandales. J'ai senti que c'était Celui que nous ne connaissions pas. Mais, je n'en eus pas peur. Au contraire, quand Jean après le super-extasiant tonnerre de Dieu, après l'inconcevable splendeur de la Lumière en forme de colombe de paix, eut dit : "Voici l'Agneau de Dieu", moi, par la voix de mon âme, dans la jubilation d'avoir pressenti le Roi Messie en ce jeune homme doux et humble d'aspect, j'ai crié avec la voix de l'esprit : "Je crois !" C'est par cette foi que je suis son serviteur. Soyez-le vous aussi et vous aurez la paix. Matthieu, à toi de raconter les autres gloires du Seigneur."

"Moi, je ne puis me servir des paroles sereines d'André. Lui était un juste, moi un pécheur. Aussi ma parole n'a pas l'accent joyeux d'un air de fête, mais pourtant elle a la paix confiante d'un psaume.

J'étais un pécheur, un grand pécheur. Je vivais dans l'erreur complète. J'étais endurci et je ne m'en sentais pas incommodé. Si quelquefois les pharisiens ou le chef de la synagogue me fouettaient de leurs insultes ou de leurs reproches, en me rappelant un Dieu qui était un Juge inexorable, j'avais un moment de terreur... et puis je me complaisais dans la sotte idée : "De toutes façons désormais je suis damné. Jouissons donc, ô mes sens, tant que c'est possible". Et je sombrais plus que jamais dans le péché.

Il y a deux printemps, il vint à Capharnaüm un Inconnu. Pour moi aussi, c'était un inconnu. Il l'était pour tout le monde, parce que c'était le commencement de sa mission. Seuls quelques hommes le connaissaient pour ce qu'il était réellement. Ceux que vous voyez, et quelques autres encore. Je fus étonné par sa merveilleuse virilité, chaste plus qu'une vierge. Ce fut la première chose qui me frappa. Je le voyais austère et pourtant tout disposé à écouter les enfants qui venaient à Lui, comme les abeilles vont aux fleurs. Son unique distraction c'était leurs jeux innocents et leurs propos sans malice. Puis ce fut sa puissance qui m'étonna. Il faisait des miracles. Je me dis : "C'est un exorciste, un saint". Mais je me sentais tellement affreux devant Lui, que je le fuyais.

Lui me cherchait, ou j'en avais l'impression. Il ne passait pas une fois devant mon comptoir sans me regarder de son œil doux et un peu triste. Et chaque fois c'était comme un sursaut de ma conscience engourdie, qui ne revenait plus au même niveau de torpeur.

Un jour - les gens exaltaient toujours sa parole - j'eus le désir de l'écouter. Et me cachant derrière une maison, je l'entendis parler à un petit groupe d'hommes. Il parlait familièrement sur la charité qui est comme une indulgence pour nos péchés... A partir de ce soir-là, moi, qui étais avide et qui avais le cœur dur, je voulus me faire pardonner par Dieu mes nombreux péchés. Je faisais les choses secrètement... Mais Lui savait que c'était moi, parce qu'il sait tout. Une autre fois, je l'entendis expliquer justement le chapitre 52 d'Isaïe : il disait que dans son Royaume, la Jérusalem céleste, il n'y aurait pas d'impurs ni de gens qui n'ont pas le cœur circoncis. Il promettait cette Cité céleste, de laquelle il disait les beautés, à ceux qui viendraient à Lui, et sa parole était si persuasive que j'en eus la nostalgie.

Et puis... et puis... Oh ! ce jour ce ne fut pas un regard triste, mais un regard impérieux. Il me déchira le cœur, mit à nu mon âme, la cautérisa, la prit en main, cette pauvre âme malade, et la tortura par son amour exigeant... et j'eus une âme nouvelle. Je suis allé vers Lui avec repentir et désir. Il n'attendit, pas que je Lui dise : "Seigneur, pitié !" Il me dit, Lui : "Suis-moi !"

Le Doux avait vaincu Satan dans le cœur du pécheur. Que cela vous dise, si quelqu'un parmi vous est troublé par ses fautes, que Lui est le bon Sauveur et qu'il ne faut pas le fuir, mais plus on est pécheur plus il faut aller à Lui avec humilité et repentir pour être pardonné.

Jacques de Zébédée, à toi de parler."

"Vraiment, je ne sais que dire. Vous avez parlé et dit ce que j'aurais dit, car c'est cela la vérité et on n'y peut rien changer.

Moi aussi, j'étais avec André au Jourdain, mais je ne l'ai pas remarqué avant l'indication du Baptiste. Moi aussi, j'ai tout de suite cru. Quand Lui fut parti après son éclatante manifestation, je suis resté comme quelqu'un qui passe d'un sommet ensoleillé à une sombre prison. Je brûlais de retrouver le Soleil. Le monde était privé de toute lumière depuis que m'était apparue la Lumière de Dieu et puis qu'elle était disparue. Au milieu des hommes, j'étais seul. Pendant que je me rassasiais, j'avais faim. Pendant le sommeil, je veillais avec la meilleure partie de moi-même, et argent, métier, affections, tout s'était éloigné derrière ce désir ardent que j'avais de Lui, très loin, et n'exerçait plus sur moi aucune attirance. Comme un enfant qui a perdu sa mère, je gémissais : "Reviens, Agneau du Seigneur ! Très-Haut, comme Tu as envoyé Raphaël pour conduire Tobie, envoie ton ange pour me conduire sur les chemins du Seigneur pour que je le trouve, que je le trouve, que je le trouve !"

Pourtant, après des dizaines de jours d'inutile attente, de recherches angoissées, qui par leur inutilité rendaient plus douloureuse la perte de notre Jean arrêté une première fois, quand il apparut, venant du désert, moi, je ne le reconnus pas tout de suite.
Et ici, frères dans le Seigneur, je veux vous enseigner une autre route pour aller à Lui et le reconnaître.

Simon de Jonas a dit qu'il faut la foi et l'humilité pour le reconnaître. Simon le Zélote a réaffirmé l'absolue nécessité de la Foi pour reconnaître en Jésus de Nazareth Celui qui est, au Ciel et sur la terre, comme il a été dit. Et Simon le Zélote avait besoin d'une foi bien grande pour avoir aussi l'espérance pour son corps incurable. C'est Pour cela que Simon le Zélote dit que la Foi et l'Espérance sont les moyens pour avoir le Fils de Dieu. Jacques, frère du Seigneur, parle de la puissance de la Force pour conserver ce que l'on a trouvé. La Force qui empêche les pièges du monde et de Satan d'ébranler notre Foi. André fait voir toute la nécessité d'unir à la Foi une sainte soif de la Justice, en cherchant à connaître et à garder la Vérité, quel que soit la bouche sainte qui l'annonce, non par orgueil humain d'être savant mais par désir de connaître Dieu. Celui qui s'instruit d'ans la Vérité trouve Dieu.

Matthieu, autrefois pécheur, vous indique un autre chemin pour atteindre Dieu : se dépouiller des sens par esprit d'imitation, je dirais en reflétant Dieu qui est Pureté infinie. Lui, le pécheur, fut d'abord frappé par la 'chaste virilité' de l'Inconnu venu à Capharnaüm et, comme si celle-ci avait le pouvoir de faire revivre sa continence morte, il commença par s'interdire le sens charnel, désencombrant ainsi la route pour la venue de Dieu et la résurrection des autres vertus mortes. De la continence, il passe à la miséricorde, de celle-ci à la contrition, après la contrition, il se surmonte tout entier et arrive à l'union à Dieu. "Suis-moi" "Je viens". Mais son âme avait déjà dit : "Je viens", et le Sauveur avait déjà dit : "Suis- moi !", du moment où, pour la première fois, la Vertu du Maître avait attiré l'attention du pécheur.

Imitez. Car toute expérience d'autrui, même pénible, nous guide pour éviter le mal et trouver le bien en ceux qui sont de bonne volonté.

Moi, en ce qui me concerne, je dis que plus l'homme s'efforce de vivre par l'esprit, et plus il est capable de reconnaître le Seigneur, et que la vie angélique favorise cela au suprême degré. Parmi nous, disciples de Jean, celui qui l'a reconnu après son absence, ce fut l'âme vierge. Mieux encore qu'André il le reconnut, bien que la pénitence eût changé le visage de l'Agneau de Dieu. Je vous dis donc : "Soyez chastes pour pouvoir le reconnaître". Jude, veux-tu parler maintenant ?"

"Oui. Soyez chastes pour pouvoir le reconnaître. Mais soyez-le aussi pour pouvoir le garder en vous, avec sa Sagesse, avec son Amour, avec tout Lui-même. C'est encore Isaïe qui dit au chapitre 52 : "Ne touchez pas ce qui est impur... Purifiez-vous, vous qui portez les vases du Seigneur ". C'est bien vrai que toute âme, qui se fait sa disciple, est semblable à un vase plein de Dieu, et que le corps qui la contient est comme celui qui porte à Dieu le vase sacré, Dieu ne peut rester où se trouve l'impureté.

Matthieu a dit comment le Seigneur expliquait qu'il n'y aura rien d'immonde ni de séparé de Dieu dans la Jérusalem céleste. Oui. Mais il ne faut pas être impur ici-bas, ni séparé de Dieu, pour pouvoir y entrer. Malheureux ceux qui attendent la dernière heure pour se repentir. Ils n'auront pas toujours le temps de le faire. Comme ceux qui maintenant le calomnient n'auront pas le temps de se refaire un cœur au moment de son triomphe et ne jouiront donc pas de ses fruits.

Ceux qui dans le Roi saint et humble espèrent voir un monarque. terrestre, et plus encore ceux qui craignent de voir en Lui un monarque terrestre, ne seront pas préparés pour cette heure, induits en erreur, et déçus dans leur pensée, qui n'est pas la pensée de Dieu mais une pauvre pensée humaine, pécheront bien plus.

Il porte l'humiliation d'être l'Homme, cela nous devons nous le rappeler. Isaïe dit que tous nos péchés tiennent la Personne Divine mortifiée sous une apparence commune. Quand je pense que le Verbe de Dieu a autour de Lui, comme une croûte souillée, toute la misère de l'humanité depuis qu'elle existe, je pense avec une profonde compassion et une profonde compréhension à la souffrance que doit en avoir son âme sans tache, La répulsion d'un homme sain qui se voit recouvert des haillons et des souillures d'un lépreux. Il a été vraiment transpercé par nos péchés, couvert de plaies par toutes les concupiscences de l'homme. Son âme, qui vit parmi nous, doit trembler à ce contact comme si elle éprouvait le dégoût de la fièvre.

Pourtant Lui ne parle pas. Il ne parle pas pour dire : "Vous me faites horreur". Mais il ne parle que pour dire : "Venez à Moi, pour que j'enlève vos fautes". C'est le Sauveur. Dans son infinie bonté, il a voulu voiler son insoutenable beauté, elle qui, si elle nous était apparue telle qu'elle est au Ciel, nous aurait réduits en cendres, comme dit André. Maintenant elle s'est faite attrayante, comme celle d'un doux Agneau, pour pouvoir nous approcher et nous sauver. Son accablement, sa condamnation durera jusqu'à ce que, consumé par l'effort d'être l'Homme parfait parmi les hommes imparfaits, il se dressera au-dessus de la multitude des rachetés, dans le triomphe de sa royauté sainte. Dieu qui connaît la mort pour nous donner la Vie ! Que ces pensées vous le fassent aimer au-dessus de tout. Lui est le Saint. Je peux le dire, moi qui, avec Jacques, ai grandi avec Lui.

Et je le dis et le dirai, tout disposé à donner ma vie pour le reconnaître, pour que les hommes croient en Lui et aient la Vie éternelle.

Jean de Zébédée, à toi de parler."

"Qu’ils sont beaux sur les montagnes les pieds du messager ! Du Messager de paix, de Celui qui annonce la félicité et prêche le salut, de Celui qui dit à Sion : "Ton Dieu règnera ! " Et ces pieds cheminent inlassables depuis deux ans à travers les monts d'Israël, appelant pour les réunir les brebis du troupeau de Dieu, réconfortant, guérissant, pardonnant, donnant la paix. Sa paix.

Je suis vraiment étonné de voir que les collines ne tressaillent pas de joie et que n'exultent pas de joie les cours d'eau de la Patrie, à la caresse de ses pieds. Mais ce qui m'étonne davantage, c'est de voir que ne tressaillent pas les cœurs et qu'ils n'exultent pas de joie en disant : "Louange au Seigneur ! L'Attendu est venu ! Béni , Celui qui vient au nom du Seigneur ! " Celui qui répand grâces et bénédictions, paix et salut, et qui appelle au Royaume en nous en ouvrant le chemin, Celui, surtout, qui répand l'amour par tous ses actes ou paroles, par tous ses regards, à chacune de ses respirations.

Qu'est donc ce monde pour être aveugle devant la Lumière qui est parmi nous ? Quelles plaques, plus épaisses que la pierre qui ferme les tombeaux, a donc emmuré la vue de l' âme pour qu'elle ne voie pas cette Lumière ? Quelle montagne de péchés a-t-elle sur lui pour être ainsi accablé, séparé, aveuglé, rendu sourd, enchaîné, paralysé, pour rester inerte devant le Sauveur ?

Qu'est-ce que le Sauveur ? C'est la Lumière fondue avec l'Amour. La bouche de mes frères a magnifié les louanges du Seigneur, évoqué ses œuvres, indiqué les vertus à pratiquer pour arriver à son chemin. Moi, je vous dis : aimez. Il n'y a pas d'autre vertu plus grande et plus semblable à sa Nature. Si vous aimez, vous pratiquerez toutes les vertus sans fatigue, en commençant par la chasteté. Et ce ne vous sera pas un poids d'être chaste car en aimant Jésus, vous n'aimerez personne d'autre immodérément. Vous serez humbles car vous verrez en Lui ses infinies perfections avec les yeux d'un amant, et ainsi vous ne vous enorgueillirez pas des vôtres si petites. Vous serez croyants, et qui ne croit pas en celui qu'il aime ? Vous serez brisés par la douleur qui sauve, car votre douleur sera droite, c'est-à-dire une douleur pour la peine qui Lui a été donnée, non pour celle que vous méritez. Vous serez forts. Oh ! oui ! Unis à Jésus, on est fort ! Fort contre tout. Vous serez pleins d'espérance car vous ne douterez pas du Cœur des cœurs qui vous aime de tout Lui-même. Vous serez sages. Vous serez tout. Aimez Celui qui annonce la vraie félicité, qui prêche le salut, qui s'en va inlassablement à travers monts et vallées appelant son troupeau pour le rassembler. C'est sur son chemin que se trouve la Paix, et la paix se trouve dans son Royaume qui n'est pas de ce monde, mais qui est vrai comme Dieu est vrai.

Abandonnez toute route qui n'est pas la sienne. Dégagez-vous de toute brume. Allez à la Lumière. Ne soyez pas comme le monde qui ne veut pas voir la Lumière, qui ne veut pas la connaître. Mais allez à notre Père qui est le Père des lumières, qui est Lumière sans mesure, par le Fils qui est la Lumière du monde, pour jouir de Dieu dans l'embrassement du Paraclet qui est la fulguration des Lumières dans une seule béatitude d'amour, qui unit les Trois en Un. Océan infini de l'Amour, sans tempêtes, sans ténèbres, accueille-nous ! Tous ! Les innocents comme les convertis. Tous ! Dans ta Paix ! Tous ! Pour l'Éternité. Tous, sur la terre, pour que nous t'aimions Toi, Dieu, et le prochain comme Tu le veux. Tous, dans le Ciel, pour qu'encore et toujours nous aimions, non seulement Toi et les habitants célestes, mais aussi et encore les frères qui combattent sur la terre dans l'attente de la paix, et comme les anges de l'amour les défendions et les soutenions dans les luttes et les tentations, pour qu'ensuite ils puissent être avec Toi dans ta Paix, pour la gloire éternelle de Notre Seigneur, Jésus, Sauveur, Amant de l'homme jusqu'à l'anéantissement sans fin et sublime."

Comme toujours, Jean, en montant dans ses vols d'amour, emmène avec lui les âmes là où l'amour se perd et dans le silence mystique.

Ce n'est qu'après un moment que la parole revient sur les lèvres de ceux qui écoutent. Et le premier qui parle, c'est Philippe s'adressant à Pierre : "Et Jean, le pédagogue, il ne parle pas ?"

"Il vous parlera continuellement à notre place. Pour l'instant, laissez-le dans sa paix et laissez-nous un peu avec lui. Toi, Saba, fais ce que je t'ai dit auparavant. Et, toi aussi, bonne Bérénice..."

Tout le monde sort, en laissant dans la grande pièce les huit avec les deux. Il se fait un silence grave. Ils sont tous un peu pâles, les apôtres parce qu'ils savent ce qui va arriver, les deux disciples parce qu'ils le pressentent.

Pierre prend la parole, mais il ne dit que : "Prions", et il entonne le "Pater Noster". Puis, et il est vraiment pâle comme il ne le sera peut-être pas le jour de sa mort, il dit, en allant entre les deux et en leur mettant la main sur l'épaule : "C'est l'heure des adieux, mes fils. Que dois-je dire au Seigneur en votre nom ? A Lui qui certainement attendra avec angoisse d'avoir des nouvelles de votre sainteté ?"

Sintica glisse à ses genoux en se couvrant le visage de ses mains et Jean l'imite. Pierre les a à ses pieds, et machinalement les caresse de la main en se mordant les lèvres pour ne pas céder à l'émotion.

Jean d'Endor relève son visage que l'émotion déchire et dit : "Tu diras au Maître que nous faisons sa volonté..."

Et Sintica : "Qu'il nous aide à l'accomplir jusqu'à la fin..." Mais les larmes leur interdisent de plus longues phrases.

"C'est bien. Donnons-nous le baiser d'adieu. Cette heure devait venir..." Pierre aussi s'arrête, la gorge serrée par un sanglot.

"Bénis-nous d'abord" lui demande Sintica.

"Non. Pas moi, il vaut mieux que ce soit un frère de Jésus..."

"Non, c'est toi le chef. Nous, nous les bénirons par un baiser. Bénis-nous tous, tant les partants que ceux qui restent" dit le Thaddée en s'agenouillant le premier.

Et Pierre, le pauvre Pierre, que fait rougir l'effort qu'il fait pour donner de l'assurance à sa voix et son émotion quand il bénit, les mains tendues, le petit groupe qui est devant lui, dit de sa voix que la peine rend plus âpre, presque une voix de vieillard, la bénédiction mosaïque...

Puis il se penche, baise au front la femme comme si c'était une sœur, il relève et embrasse intensément Jean, en lui donnant un baiser et... il s'échappe avec courage de la pièce pendant que les autres imitent son attitude envers les deux qui restent...
Dehors, le char est déjà prêt. Il n'y a de présents que Philippe et Bérénice, et le serviteur qui tient le cheval. Pierre est déjà sur le char...

"Tu diras à mon maître qu'il soit tranquille pour les siens qu'il m'a recommandés" dit Philippe à Pierre.

"Tu diras à Marie que j’éprouve la paix d'Euchérie depuis qu'elle est la disciple" dit doucement Bérénice au Zélote.

"Vous direz au Maître, à Marie, à tous, que nous les aimons et que... Adieu ! Adieu ! Oh ! nous ne les reverrons plus ! Adieu, frères ! Adieu..."

Les deux disciples courent dehors sur le chemin... Mais le char, qui est parti au trot, a maintenant dépassé le tournant... Disparu...

"Sintica
!"
"Jean !"

"Nous sommes seuls !"

"Dieu est avec nous !... Viens, pauvre Jean. Le soleil se couche, cela va te faire mal de rester ici..."

"Le soleil est tombé pour toujours pour moi... Il ne se lèvera plus qu'au Ciel."
Ils entrent dans la pièce où ils étaient avant avec les autres et, s'abandonnant sur une table, ils pleurent sans plus se retenir...

Jésus dit :
"Et le tourment causé par un homme, que n'avait voulu personne d'autre que l'homme méchant, fut accompli, en s'arrêtant comme le cours d'eau qui s'arrête dans un lac après avoir achevé son parcours... Je te fais remarquer comment Jude d'Alphée, bien que nourri de sagesse plus que les autres, donne au passage d'Isaïe sur mes souffrances de Rédempteur une explication humaine. Et ainsi était Israël tout entier, qui se refusait à accepter la réalité prophétique et contemplait les prophéties relatives à mes douleurs comme des allégories et des symboles. La grande erreur pour laquelle, à l'heure de la Rédemption, bien peu de personnes en Israël surent encore voir le Messie dans le Condamné. La Foi n'est pas seulement une couronne de fleurs, elle a aussi des épines. Et il est saint celui qui sait croire aux heures de gloire mais aussi aux heures tragiques, et sait aimer quand Dieu le couvre de fleurs, mais aussi quand Il l'étend sur les épines."


*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/index.htm
Tome : 5/12

https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t18376-oeuvre-de-maria-valtorta-presentation-des-disciples-de-jesus


♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 18 Jesus_14
Maud
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Visage de J?sus Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

Message par Maud Jeu 17 Oct 2013 - 7:22

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 18 Maria_23

Le retour des huit. À Aczib

Jésus - un Jésus très maigre et pâle, très triste, je dirais souffrant - se trouve sur la cime, exactement sur la cime la plus haute d'une petite montagne sur laquelle il y a aussi un village. Mais Jésus n'est pas dans le village qui se trouve au sommet, oui, mais tourné du côté de la pente sud-est. Jésus se trouve au contraire sur un petit éperon, le plus élevé, tourné vers le nord-ouest, en réalité plus ouest que nord.

Jésus, en regardant comme il le fait de plusieurs côtés, voit donc une chaîne ondulée de montagnes dont l'extrémité nord-ouest et sud-ouest plonge son dernier contrefort dans la mer, au sud-ouest avec le Carmel, qui s'estompe au loin, dans la journée sereine; au nord-ouest avec un cap tranchant comme un éperon de navire qui ressemble beaucoup aux Apuanes italiennes avec ses veines rocheuses qui blanchissent au soleil. De cette chaîne ondulée de montagnes descendent des torrents et des ruisseaux, tous en crue en cette saison qui, à travers la plaine côtière, courent se jeter dans la mer. Près de la large baie de Sicaminon, le plus abondant d'entre eux, le Kison, débouche dans la mer après avoir fait une sorte de miroir d'eau au confluent d'un autre ruisselet, près de son embouchure. Le soleil, au midi d'une journée sereine, produit des scintillements de topaze ou de saphir sur la surface de leurs eaux, alors que la mer est un immense saphir. Veiné de légers colliers de perles. Le printemps du sud se manifeste déjà avec les feuilles nouvelles qui sortent des bourgeons éclos, tendres, brillantes, je dirais virginales tant elles sont nouvelles, ignorantes de la poussière et des tempêtes, de la morsure des insectes et des contacts humains. Les branches des amandiers sont déjà des flocons d'écume blanche rosée, si soyeux, si aériens, qu'ils donnent l'impression qu'ils vont se détacher des rameaux sur lesquels ils sont nés pour voyager dans l'air serein comme de petits nuages. Et même les champs de la plaine resserrée mais fertile, qui s'étend entre le cap du nord-ouest et celui du sud-ouest, présente un aspect légèrement verdoyant des blés, qui enlève toute tristesse aux champs dénudés il y a quelque temps.

Jésus regarde. De l'endroit où il est, il voit trois chemins : celui qui vient du village et qui vient aboutir à cet endroit, un sentier pour les personnes seulement, et deux autres chemins qui descendent du village bifurquant en deux directions opposées : vers le nord-ouest, vers le sud-ouest.

Combien Jésus a dû souffrir ! Marqué par la pénitence beaucoup plus que dans le jeûne du désert. Alors c'était un homme qui avait pâli, mais encore jeune et fort, maintenant c'est un homme épuisé par un ensemble de souffrances qui accablent à la fois les forces physiques et les forces morales. Son œil est très triste, d'une tristesse à la fois douce et sévère. Les joues amincies font ressortir encore davantage la spiritualité de son profil, de son front haut, de son nez long et droit, de ses lèvres absolument exemptes de sensualité. Un visage angélique tant il exclut la matérialité. Il a la barbe plus longue qu'à l'ordinaire. Elle a poussé jusque sur les joues, jusqu'à se confondre avec les cheveux qui tombent sur les oreilles, de sorte que dans son visage il n'y a de visible que le front, les yeux, le nez et les pommettes fines et d'une couleur d'ivoire sans la moindre trace de rose. Ses cheveux sont peignés d'une manière rudimentaire, poussiéreux, et ils conservent, en souvenir de la caverne où il est resté, des débris de feuilles sèches et de brindilles accrochées dans sa longue chevelure. Son vêtement et son manteau, chiffonnés et poussiéreux indiquent, eux aussi, l'endroit sauvage où ils ont été portés et où ils ont servi sans arrêt. Jésus regarde... Le soleil de midi le réchauffe et il semble en éprouver du plaisir car il fuit l'ombre de quelques rouvres pour venir justement au soleil, mais bien qu'il y ait un soleil net, resplendissant, il n'allume pas de splendeur dans ses cheveux poussiéreux, dans ses yeux fatigués, et il ne donne pas de couleur à ses joues amaigries.

Ce n'est pas le soleil qui le restaure et avive ses couleurs, mais c'est la vue de ses chers apôtres qui montent en gesticulant et en regardant vers le village, de la route qui vient du nord-ouest, la plus plate. Alors se produit la métamorphose. Son oeil redevient vivant et le visage paraît moins amaigri par l'effet d'une trace de rose qui s'étend sur les joues et du sourire qui l'illumine : Il deserre ses bras qui étaient croisés et il s'écrie : « Mes chers ! » Il le dit en relevant son visage, en tournant son regard sur les choses, comme pour communiquer sa joie aux plantes, aux arbres, au ciel serein, à l'air qui déjà se ressent du printemps.

Il resserre étroitement son manteau autour du corps pour qu'il ne s'accroche pas dans les buissons, et descend rapidement par un raccourci à la rencontre de ceux qui montent et qui ne l'ont pas encore aperçu. Quand il est à portée de voix il les appelle pour les arrêter dans leur marche vers le village.

Ils entendent l'appel lointain. Peut-être que, de l'endroit où ils se trouvent, ils ne peuvent voir Jésus, dont l'habit foncé se confond avec le feuillage du bois qui couvre la pente. Ils regardent autour d'eux, font des gestes... Jésus les appelle de nouveau... Finalement dans une clairière du bois il se présente à leurs yeux dans le soleil, les bras légèrement tendus comme si déjà il voulait les embrasser.

Alors c'est un grand cri qui se répercute sur la côte : « Le Maître ! » et c'est une course rapide sur la pente en dehors du chemin. On s'égratigne, on trébuche, on s'essouffle, sans plus sentir le poids des sacs, la fatigue de la marche, emporté par la joie de le revoir…

Naturellement, les premiers qui arrivent, ce sont les plus jeunes et les plus agiles, c'est-à-dire les deux fils d'Alphée, au pas assuré des gens nés sur les collines, puis Jean et André qui courent comme deux faons en riant, pleins de joie. Et ils tombent à ses pieds, affectueux et respectueux, heureux, heureux, heureux... Puis arrive Jacques de Zébédée et après, presque ensemble, les trois qui sont les moins entraînés à la course et à la montagne, Mathieu et le Zélote et en dernier, tout à fait en dernier, Pierre.
Mais il se fraie un chemin, oh ! s'il se fraie un chemin ! Pour arriver au Maître qu'entourent à genoux les premiers arrivés, qui ne se lassent pas de baiser les vêtements ou les mains qu'il leur a abandonnées. Il prend énergiquement Jean et André attachés aux vêtements de Jésus comme des huîtres à un rocher, et tout essoufflé il les écarte pour pouvoir tomber aux pieds de Jésus en disant : « Oh ! mon Maître ! Je reviens enfin à la vie ! Je n'en pouvais plus. Je suis vieilli et amaigri comme si j'avais été très malade. Regarde si ce n'est pas vrai, Maître... » et il lève la tête pour se faire regarder par Jésus. Mais, ce faisant, il voit combien Jésus est changé et il se lève en criant : « Maître !? Mais qu’as-tu fait ? Sots ! Mais regardez ! Vous ne voyez rien, vous ? Jésus a été malade !... Maître, mon Maître, qu'est-ce que tu as eu ? Dis-le à ton Simon ! »

« Rien, mon ami. »

« Rien ? Avec ce visage ? Alors on t'a fait du mal ? »

« Mais non, Simon. »

« Ce n'est pas possible ! Tu as été malade ou persécuté ! Moi, j'ai l’œil !… »

« Moi aussi. Et je te vois amaigri et vieilli, en effet. Pourquoi alors es-tu ainsi ? » demande en souriant le Seigneur à son Pierre qui le scrute comme s'il voulait lire la vérité sur les cheveux, la peau, la barbe de Jésus.

« Mais j'ai souffert, moi ! Et je ne le nie pas. Crois-tu qu'il m'ait été agréable de voir tant de douleur ? »

« Tu l'as dit ! Moi aussi, j'ai souffert pour le même motif... »

« Rien que pour cela, Jésus ? » demande apitoyé et affectueux Jude d'Alphée.

« Pour la douleur, oui, mon frère. Pour la douleur causée par la nécessité de renvoyer... »

« Et pour la douleur d'y avoir été contraint par... »

« Je t'en prie !... Silence ! Sur ma blessure le silence m'est plus cher que toute parole qui veut me consoler en disant : "Moi, je sais-pourquoi tu as souffert". Du reste, sachez-le tous, j'ai souffert de beaucoup de choses, pas de celle-là seulement. Et si Jude ne m'avait pas interrompu, je vous l'aurais dit. » Jésus est austère en le disant. Tous en restent interdits.

Mais Pierre est le premier à se reprendre et il demande : « Et où as-tu été, Maître ? Qu’as-tu fait ? »

« Je suis resté dans une grotte… à prier … à méditer … à fortifier mon esprit, pour vous obtenir la force, à vous dans votre mission, à Jean et à Sintica dans leurs souffrances. »

« Mais où, où ? Sans vêtement, sans argent ! Comment as-tu fait ? » Simon est agité.

« Dans une grotte, on n'a besoin de rien.»

« Mais la nourriture ? Mais le feu? Mais le lit ? Mais... tout en somme ! J'espérais qu'au moins on t'aurait donné l'hospitalité comme à un voyageur égaré, à Jiphtaël, ailleurs, dans une maison en somme. Et cela me tranquillisait un peu. Mais pourtant, hein ? Dites-le, vous, si ce n'était pas pour moi un tourment de penser qu'il était sans vêtement, sans nourriture, sans facilité de s’en procurer, et surtout cela, sans le désir de s’en procurer. Ah ! Jésus ! Cela, tu ne devais pas le faire ! Et tu ne le feras plus jamais ! Je ne te quitterai plus une seule heure; Je me couds à ton vêtement pour te suivre comme ton ombre, que tu le veuilles ou non. Seulement si je meurs, je serai séparé de Toi. »

« Ou si Moi, je meurs. »

« Oh ! Toi, non. tu ne dois pas mourir avant moi. Ne le dis pas. Veux-tu m'attrister tout à fait ? »

« Non. Au contraire, je veux me réjouir avec toi, avec tous, en cette heure qui me ramène mes amis chers, préférés : Voyez ! Je suis déjà mieux car votre sincère amour me nourrit, me réchauffe, me console de tout » et il les caresse, un par un, alors que leurs visages resplendissent d'un sourire bienheureux, leurs yeux luisent, et leurs lèvres tremblent d'émotion en entendant ces paroles, alors qu'ils demandent : « Vraiment, Seigneur ? »

« Vraiment comme cela, Maître ? »

« Nous te sommes tellement chers ! »

« Oui, tellement chers. Avez-vous de la nourriture avec vous ! »

« Oui. J'avais le sentiment que tu serais à bout, et j'en ai pris en chemin. J'ai du pain et de la viande rôtie, j'ai du lait, des fromages et des pommes, et en plus une gourde de vin généreux et des œufs pour Toi. Pourvu qu;ils ne soient pas cassés... »

« Eh bien, assoyons-nous alors ici, à ce beau soleil, et mangeons. Et tout en mangeant, vous me parlerez... »

Ils s'assoient au soleil, sur un talus. Pierre ouvre son sac, regarde ses trésors : « Tout en bon état ! » s'écrie-t-il. « Même le miel d'Antigonea. Mais non ! Si je l'ai dit, moi ! Même si au retour on nous avait mis dans un tonneau qu'aurait roulé un fou, ou sur une barque sans rames, trouée par dessus le marché, en une heure de tempête, nous serions arrivés sains et saufs... Mais à l'aller ! Je me convaincs toujours davantage que d'abord c'était le démon qui nous faisait obstacle. Pour nous empêcher d'aller avec ces malheureux... »

« Bien sûr ! maintenant il n'avait plus de but… » approuve le Zélote.

« Maître, tu as fait pénitence pour nous ? » demande Jean qui oublie de manger pour contempler Jésus.

« Oui, Jean. Je vous ai suivi par la pensée : J'ai eu conscience de vos dangers et de vos peines. Je vous ai aidés comme j'ai pu... »

« Oh ! moi, je l'ai senti ! Je vous l'ai même dit. Vous en rappelez- vous ? »

« Oui, c'est vrai » approuvent-ils tous.

« Eh bien, maintenant vous me rendez ce que je vous ai donné. »

« Tu as jeûné, Seigneur ? » demande André.

« Forcément ! Même s'il avait voulu manger, sans argent, dans une grotte, comment voulais-tu qu'il mange ? » lui répond Pierre.

« A cause de nous ! Comme j'en ai de la peine ! » dit Jacques d'Alphée.

« Oh ! non ! Ne vous en affligez pas ! Ce n'est pas pour vous seuls, c'est aussi pour le monde entier. Comme je l'ai fait quand j'ai commencé la mission, je l'ai fait maintenant. Alors, à la fin, je fus secouru par les anges. Maintenant, je le suis par vous. Et, croyez-le, c'est une double joie. Parce que, chez les anges, la charité s'impose, mais chez les hommes il est moins facile de la trouver. Vous vous l'exercez. Et d'hommes que vous étiez, vous êtes, par amour pour Moi, devenus des anges, ayant choisi la sainteté à l'encontre de tout. Pour cela, vous me rendez heureux comme Dieu, et comme Homme-Dieu, parce que vous me donnez ce qui est de Dieu : la Charité, et vous me donnez ce qui est du Rédempteur : votre élévation à la Perfection. Cela me vient de vous, et c'est plus nourrissant que n'importe quel aliment. Alors aussi, dans le désert, j'ai été nourri par l'amour après avoir jeûné, et j'en ai été restauré. De même maintenant, de même maintenant ! Nous avons tous souffert, vous et Moi. Mais la souffrance n'a pas été inutile. Je crois, je sais qu'elle vous a servi plus qu'une année entière d'enseignement. La souffrance, la méditation du mal que peut faire l'homme à son semblable, la pitié, la foi, l'espérance, la charité que vous avez dû exercer, et par vous-mêmes, vous ont mûri comme des enfants qui deviennent hommes... »

« Oh ! oui ! Je suis ,devenu vieux, moi. Je ne serai jamais plus le Simon de Jonas que j’étais au départ. J'ai compris combien est douloureuse dans sa beauté, notre mission... » soupire Pierre.

« Eh bien, maintenant nous sommes ici, ensemble, racontez donc... »

« Parle toi, Simon. Tu sauras mieux parler que moi » dit Pierre au Zélote.

« Non. Toi, en brave chef, tu fais le rapport au nom de tous » répond l'autre.
Et Pierre commence, en disant pour débuter : « Mais vous, vous allez m'aider. »

Il fait un récit ordonné des faits jusqu'au départ d'Antioche. Puis il raconte le retour : « Nous souffrions tous, tu sais ? Je n'oublierai jamais les dernières paroles de ces deux... » Pierre essuie avec le dos de sa main deux grosses larmes qui coulent à l'improviste... « Cela m'a paru le dernier cri de quelqu'un qui se noie... Mais ! En somme, parlez vous... moi, je ne peux pas... » et il se lève en s'écartant un peu pour dominer son émotion.

Simon le Zélote prend la parole : « Nous n'avons pas parlé, personne, pendant une grande partie de la route... Nous ne pouvions pas parler... La gorge nous faisait souffrir tellement elle était gonflée par les larmes... Et nous ne voulions pas pleurer... parce que si nous avions commencé, même un seul, cela n'aurait jamais fini. Moi, j'avais pris les rênes parce que Simon de Jonas, pour ne pas faire voir qu'il souffrait, s'était mis au fond du char en fouillant les sacs. Nous nous sommes arrêtés à un petit village à mi-chemin entre Antioche et Séleucie. Bien que le clair de lune augmentait à mesure que la nuit avançait, pourtant, comme nous n'étions pas pratiques du lieu, nous nous sommes arrêtés là, Et nous avons sommeillé au milieu de nos affaires. Nous n'avons pas mangé, personne parce que,.. nous ne le pouvions pas.

Nous pensions à ces deux... A la première lueur de l'aube, nous avons passé le pont et nous sommes arrivés avant 1'heure de tierce à Séleucie. Nous avons ramené le char et le cheval à l'hôtelier et - c'était un si brave homme - nous avons profité de ses conseils pour le navire. Il a dit : "Je vais venir au port, moi. Je connais et on me connaît". Et il l'a fait. Il a trouvé trois bateaux en partance pour ces ports-ci. Mais sur l'un, il y avait certains... individus que nous n'avons pas voulu avoir comme voisins. Nous l'a dit l'homme, qui l'avait su du maître du navire. L'autre était d'Ascalon mais il ne voulait pas faire escale pour nous à Tyr, à moins de payer une somme que nous n'avions plus. Le troisième était une petite embarcation chargée de bois brut. Une pauvre barque avec un équipage réduit et, je crois, très misérable. Pour cela, bien qu'il se dirigeât vers Césarée, il consentit à s'arrêter à Tyr, moyennant le paiement d'une journée de vivres et de salaire pour tout l'équipage. Cela nous convenait. Moi, vraiment, et avec moi Mathieu, nous avions un peu peur. C'est une époque de tempêtes... et tu sais comment on se trouva à l'aller.

Mais Simon Pierre dit : "Il n'arrivera rien" et nous y montâmes. Il semblait que les voiles du bateau fussent des anges tant la marche était régulière et rapide. Il nous fallut deux fois moins de temps qu'à l'aller pour arriver à Tyr, et le maître d'équipage fut si gentil qu'il nous permit de mettre la barque à la remorque jusqu'aux environs de Ptolémaïs. Pierre et André avec Jean y descendirent pour les manœuvres, mais c'était très simple... pas comme à l'aller... A Ptolémaïs; nous nous sommes séparés, et nous étions si contents que nous lui avons donné de l'argent en plus de ce qui était convenu avant de descendre tous dans la barque où étaient déjà nos affaires. A Ptolémaïs nous sommes restés un jour, puis nous sommes venus ici... Mais nous n'oublierons jamais ce que nous avons souffert. Simon de Jonas a raison. »

« N'avons-nous pas raison aussi de dire que le démon ne nous a gênés qu'à l'aller ? » demandent plusieurs.

« Vous avez raison. Maintenant, écoutez. Votre mission est terminée. Maintenant nous allons retourner vers Jiphtaël pour attendre Philippe et Nathanaël et il faut faire vite. Puis les autres viendront... En attendant, nous évangéliserons ici, aux confins de la Phénicie, et dans la Phénicie même. Mais quant à ce qui est arrivé, c'est enseveli pour toujours dans nos cœurs. A aucune question on ne donnera de réponse. »

« Pas même à Philippe et à Nathanaël ? Ils savent que nous sommes venus avec Toi... »

« C'est Moi qui parlerai. J'ai beaucoup souffert, amis, vous l'avez vu. J'ai payé de ma souffrance la paix de Jean et de Sintica. Faites que ma souffrance ne soit pas inutile. Ne mettez pas un fardeau de plus sur mes épaules. J'en ai déjà tant !... Et leur poids croît, jour après jour, heure après heure... Dites à Nathanaël que j'ai beaucoup souffert, dites-le à Philippe ! et qu'ils soient bons. Dites-le aux deux autres. Mais-ne dites rien de plus. Dire que vous avez compris que j'ai souffert et que je vous l'ai confirmé, c'est la vérité. Il ne faut pas en dire davantage. »

Jésus parle avec beaucoup de peine... Les huit le regardent avec tristesse et Pierre se permet de caresser sa tête, en restant derrière Lui. Jésus lève la tête et regarde son honnête Simon avec un sourire d’affectueuse tristesse.

« Oh ! Je ne puis te voir ainsi ! Il me semble, j'ai l'impression que la joie de notre réunion est disparue, et qu'il n'en reste que la sainteté, elle seulement ! Pour le moment… allons à Aczib. Tu changeras de vêtement, tu te raseras les joues, et tu peigneras tes cheveux. Ainsi non, pas ainsi ! Je ne puis te voir ainsi... Tu sembles... quelqu'un qui a échappé à des mains cruelles, que l'on a poursuivi, qui n'en peut plus... Tu me rappelles Abel de Bethléem de Galilée, arraché à ses ennemis... »

« Oui, Pierre. Mais c'est le cœur de ton Maître que l'on a heurté... et il ne guérira jamais plus... De plus en plus, au contraire, il sera blessé. Partons... »

Jean soupire : « Cela me déplaît... J'aurais voulu raconter à Thomas, qui aime tant ta Mère, le miracle de la chanson et de l'onguent... »

« Tu le diras un jour... Pas maintenant. Vous direz tout, un jour. Alors vous pourrez parler. Moi-même, je vous dirai : "Allez dire tout ce que vous savez". Mais en attendant sachez voir dans le miracle, la vérité. Celle-ci : la puissance de la Foi. Aussi bien Jean que Sintica ont calmé la mer et guéri l'homme non par les paroles, non par l'onguent, mais par la foi avec laquelle ils ont mis en œuvre le Nom de Marie et l'onguent qu'elle avait fait. Et aussi : cela est arrivé parce qu'autour de leur foi, il y avait la vôtre, à vous tous, et votre charité. Charité envers le blessé, charité envers le crétois, A l'un, vous vouliez conserver la vie, à l'autre donner la foi. Mais s'il est encore facile de guérir les corps, c'est une chose difficile de guérir les âmes... Il n'y a pas de maladies plus difficiles à vaincre que celles de l'esprit... » et Jésus soupire profondément.

Ils sont en vue d'Aczib. Pierre va en avant avec Mathieu pour trouver un logement. Les autres le suivent, serrés autour de Jésus. Le soleil descend rapidement au moment où ils entrent dans le village...

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-013.htm

Tome : 5/13

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Visage de J?sus Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

Message par Maud Ven 18 Oct 2013 - 7:09

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 18 Maria_24

Séjour à Aczib avec six apôtres

« Seigneur, cette nuit j'ai réfléchi… Pourquoi veux-tu venir si loin pour revenir. ensuite vers les confins de la Phénicie ? Laisse-moi aller avec un autre. Je vendrai Antoine... Je le regrette... mais maintenant il ne sert plus, et il attirerait l'attention. Et j'irai à la rencontre de Philippe et de Barthélemy. Ils ne peuvent suivre que cette route, et je les rencontrerai certainement. Et tu peux être sût que je ne parlerai pas. Je ne veux pas te causer de douleur, moi… Toi, repose-toi ici avec les autres, et nous épargnons à tous ce voyage à Jiphtaël... et nous faisons plus vite » dit Pierre en sortant de la maison où ils ont dormi. Ils semblent moins amaigris car ils ont des vêtements frais, et la barbe et les cheveux ont été arrangés par une main experte.

« Ton idée est bonne. Je ne t'empêche pas de le faire. Va donc avec celui de tes compagnons que tu veux. »

« Avec Simon, alors. Seigneur, bénis-nous. »

Jésus les embrasse en disant : « Avec un baiser. Allez. »

Ils les regardent qui s'en vont, en descendant rapidement vers la plaine.

« Comme il est bon Simon de Jonas ! En Ces jours, je l'ai apprécié comme je ne l'avais jamais fait auparavant » dit Jude Thaddée.

« Moi aussi » dit Mathieu. « Jamais égoïste, jamais orgueilleux, jamais exigeant. »
« Il ne se prévaut jamais d'être le chef. Au contraire ! Il semblait le dernier de nous, tout en gardant sa place » ajoute Jacques d'Alphée.

« Nous, il ne nous étonne pas. Nous le connaissons depuis des années. Tout feu, mais tout cœur. Et puis si honnête ! » dit Jacques de Zébédée.

« Mon frère est bon, bien qu'un peu rude. Mais, depuis qu'il est avec Jésus, il est deux fois meilleur. Moi, j'ai un caractère tout différent et parfois lui se fâchait. Mais c'est parce qu'il comprenait que je souffrais de ce caractère, c'était pour mon bien qu'il se fâchait. Quand on l'a compris, on s'entend bien avec lui » dit André.

« En ces jours, nous nous sommes toujours compris, et nous avons été un seul cœur » assure Jean.

« Mais c'est vrai ! Je l'ai remarqué moi aussi. Pendant toute une lune, et même dans les moments d'excitation, nous n'avons jamais été de mauvaise humeur... Alors que parfois... je ne sais pourquoi... » monologue Jacques de Zébédée.

« Pourquoi ? Mais c'est facile à comprendre ! C'est parce que notre intention est droite... Nous ne sommes pas parfaits, mais nous sommes droits. C'est pour cela que nous acceptons le bien que l'un de nous propose, et que nous écartons le mal que l'un de nous nous indique comme tel, alors qu’avant nous ne nous en étions pas rendu compte. Pourquoi ? Mais il est facile de le dire ! Parce que nous avons, tous 1es huit, une seule pensée : faire les choses de façon à donner de la joie à Jésus. C'est tout ! » S’écrie le Thaddée.

« Je ne crois pas que les autres aient une autre pensée » dit André, conciliant.

« Non. Pas Philippe, pas Barthélemy, bien qu'il soit très âgé et très Israël... Ni non plus Thomas, bien qu'il soit beaucoup plus homme qu'esprit. Je leur ferais tort si je les accusais de... Jésus, tu as raison. Pardon. Mais si tu savais ce que c'est pour moi de te voir souffrir. Et à cause de lui ! Je suis pour Toi un disciple comme tous les autres mais, en plus, je suis pour Toi un frère et un ami, et j'ai en moi le sang fougueux d'Alphée. Jésus, ne me regarde pas avec sévérité et tristesse. Tu es l'Agneau, et moi... le lion. Et crois que j'ai du mal à me retenir de déchirer d'un coup de patte le réseau de calomnies qui t'enveloppe et d'abattre l'abri où se cache le véritable ennemi. Je voudrais voir la réalité de son visage spirituel, auquel je donne un nom... et peut-être est-ce une calomnie ; et que je marquerais d'un signe ineffaçable, si j'arrivais à le connaître sans risque d'erreur, et cela lui enlèverait pour toujours le désir de te nuire » le Thaddée dit tout cela, avec véhémence bien qu'au début Jésus l'ait retenu par un coup d’œil.

Jacques de Zébédée lui répond : « Tu devrais marquer la moitié d'Israël !... Mais cela n'arrêtera pas Jésus. Tu l'as vu, en ces jours, s'il y a quelque chose qui puisse s'opposer à Jésus. Qu'allons-nous faire maintenant, Maître ? As-tu parlé ici ? »

« Non. J'étais arrivé sur ces pentes depuis moins d'un jour. J'ai dormi dans la forêt. »

« Pourquoi n'ont-ils pas voulu de Toi?»

« Leur cœur a repoussé le Pèlerin... J'étais sans argent... »

«Ce sont des cœurs de pierre, alors ! Qu'est-ce qu'ils craignaient ? »

« Que je sois un voleur... Mais peu importe. Le Père qui est aux Cieux m'a fait trouver une chèvre, égarée ou en fuite. Venez la voir. Elle vit dans le sous-bois avec le chevreau. Elle ne s'est pas enfuie en me voyant arriver. Au contraire, elle m'a laissé traire son lait dans ma bouche... comme si j'avais été son petit, Moi aussi. Et j'ai dormi près d'elle, avec son chevreau presque sur le cœur . Dieu est bon pour son Verbe ! »
Ils vont vers l'endroit où ils étaient hier dans un fourré épais et épineux. Il y a au milieu un chêne séculaire. Je ne sais comment il a pu vivre, fendu à là base comme si le terrain s'était ouvert et avait fendu son tronc puissant, tout enveloppé de lierre et de ronces, et maintenant tout dépouillé. Tout près, la chèvre est en train de paître avec son chevreau. En voyant tant d'hommes, elle pointe ses cornes pour se défendre, mais ensuite elle reconnaît Jésus et se calme. Ils lui jettent des croûtes de pain et se retirent.

« C'est là que j'ai dormi » explique Jésus. « Et j'y serais rester si vous n'étiez pas venus. Maintenant j'avais faim. Le but du jeûne était fini... Il ne fallait pas insister pour d'autres choses qu'on ne peut plus changer »...

Jésus est de nouveau attristé... Les six se regardent, mais ne disent rien.

« Et maintenant ? Où allons-nous ? »

« Nous restons ici, pour aujourd'hui. Demain nous descendrons prêcher sur la route de Ptolémaïs et puis nous irons vers les confins de la Phénicie, pour revenir ici avant le sabbat. »

Et lentement, ils vont au village.

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-014.htm
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Message par Maud Sam 19 Oct 2013 - 7:22

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 18 Maria_25


Évangélisation aux confins de la Phénicie


La route, qui va de la Phénicie vers Ptolémaïs, est une belle route qui coupe, tout à fait en ligne droite, la plaine entre la mer et les montagnes. Elle est bien entretenue et très fréquentée. Elle est souvent coupée par des chemins plus petits qui vont des villages de l'intérieur à ceux de la côte. Elle présente de nombreux carrefours près desquels il y a généralement une maison, un puits et une maréchalerie rudimentaire pour les quadrupèdes qui peuvent avoir besoin de fers.

Jésus, avec les six qui sont restés avec Lui, fait un bon bout de chemin, deux kilomètres et plus, avec toujours sous les yeux le même spectacle. Finalement il s'arrête près de l'une de ces maisons avec puits et maréchalerie, à un carrefour près d'un torrent qu’enjambe un pont qui est solide mais laisse tout juste le passage pour un char, ce qui oblige à un arrêt de ce qui va et de ce qui vient, car les deux courants qui se croisent ne pourraient passer en même temps. Et cela permet aux passagers, de races différentes de ce que je réussis à comprendre, c'est-à-dire les phéniciens et les israélites proprement dits qui se haïssent mutuellement, de se mettre d'accord sur un seul point : celui de maudire Rome... Et pourtant sans Rome, ils n'auraient pas ce pont et avec ce torrent en crue, je ne sais pas comment ils arriveraient à passer. Mais c'est ainsi ! L'oppresseur est toujours haï même s'il fait des choses utiles !

Jésus s'arrête près du pont. dans le coin ensoleillé où se trouve la maison qui d’un côté, le long du torrent, a la maréchalerie malodorante où on est en train de forger des fers pour un cheval et deux ânes qui ont perdu les leurs. Le cheval est attaché à un char romain sur lequel se trouvent des soldats qui s'amusent à faire des grimaces aux hébreux qui leur lancent des imprécations, Et à un vieillard au long nez, plus hostile que les autres, une vraie bouche de vipère qui je crois mordrait volontiers les romains pour les empoisonner, ils envoient une poignée de crottin. Imaginez ce qui arrive ! Le vieil hébreux s'échappe en criant comme s'ils lui avaient donné la lèpre et les autres hébreux font chorus avec lui. Les phéniciens crient ironiquement : « Vous aimez la nouvelle manne ? Mangez, mangez, cela vous donnera du souffle pour crier contre ceux qui sont trop bons avec vous, vipères hypocrites. » Les soldats ricanent... Jésus se tait.

Le char romain part finalement en saluant le maréchal ferrant du cri : « Salut, Tito, et bon séjour ! » L'homme robuste, âgé, au cou de taureau, au visage rasé, aux yeux très noirs encadrant un nez assez fort, sous un front large et proéminent, un peu dégarni et les cheveux, là où il y en a, sont courts et un peu crépus, lève son lourd marteau en un geste d'adieu et puis se penche de nouveau sur l'enclume sur lequel un apprenti a placé un fer rouge pendant qu'un autre garçon brûle le sabot d'un âne pour préparer la mise en place du fer.

« Ce sont presque tous des romains ces maréchaux le long des routes. Des soldats restés ici après leur service. Et ils gagnent bien... Rien ne les empêche jamais de s'occuper des animaux… Et un âne peut perdre son fer même avant le crépuscule du sabbat, ou pendant les Encénies… » observe Mathieu.

« Celui qui nous a ferré Antoine était marié à une femme hébraïque » dit Jean.

« Il y a plus de folles que de sages » dit sentencieusement Jacques de Zébédée.

« Et les enfants, à qui sont-ils ? A Dieu ou au paganisme ? » demande André.

« Ils appartiennent généralement au conjoint le plus fort » répond Mathieu. « Et il suffit que la femme ne soit pas une apostate pour qu'ils soient hébreux. Car l'homme, ces hommes, laissent faire. Ils ne sont pas très… fanatiques même de leur Olympe. Je crois que désormais ils ne croient plus qu'à l'argent. Ils ont beaucoup d'enfants. »

« Unions méprisables, pourtant. Sans une foi, sans une vraie patrie... odieux à tout le monde... » dit le Thaddée.

« Non. Tu te trompes. Rome ne les méprise pas, au contraire elle continue de les aider. Ils lui sont plus utiles ainsi qu'en portant les armes. Ils pénètrent chez nous par la corruption du sang plus que par la violence. Ceux qui souffrent, c'est plutôt la première génération. Puis ils se dispersent et... le monde oublie... » dit Mathieu qui parait très au courant.

« Oui, ce sont les enfants qui souffrent. Mais aussi les femmes juives, mariées dans ces conditions... Pour elles-mêmes et pour leurs enfants. Elles me font pitié. Personne ne leur parle plus de Dieu. Mais cela n'existera plus dans l'avenir. Alors il n'y aura plus ces séparations de créatures et de nations, car les âmes seront unies dans une seule Patrie : la mienne » dit Jésus jusqu'alors silencieux.

« Mais alors elles seront mortes !... » s'écrie Jean.

« Non. Elles seront rassemblées en mon Nom. Plus de romains ou de libyens, de grecs ou d'habitants du Pont, d'ibères ou de gaulois, d'égyptiens ou d'hébreux, mais des âmes du Christ. Et malheur à ceux qui voudront séparer les âmes, toutes également aimées par Moi et pour lesquelles j'ai également souffert, selon leurs patries terrestres. Celui qui agira ainsi montrera qu'il n'a pas compris la Charité, qui est universelle. »

Les apôtres se rendent compte du reproche voilé, et ils baissent la tête en silence...

Le bruit du fer battu sur l'enclume s'est tu, et déjà les coups se ralentissent sur le dernier sabot d'âne. Jésus en profite pour élever la voix et se faire entendre de la foule. Il semble continuer le discours à ses apôtres. En réalité, il parle aux passants et peut-être aussi à ceux qui sont dans la maison, des femmes certainement, car il passe dans l'air tiède des appels de voix féminines.

« Même si elle parait inexistante, il y a toujours une parenté entre les hommes. Celle de la provenance d'un Créateur Unique… Que si par la suite les enfants d'un Père Unique se sont séparés, cela n'a pas changé le lien d'origine, comme ne change pas le sang d’un enfant quand il repousse la maison paternelle. Dans les veines de Caïn il y eut toujours le sang d'Adam même après que son crime l'eut fait fuir à travers le vaste monde. Et dans les veines des enfants nés après la douleur d'Eve, pleurant sur le cadavre de son fils, c'était le même sang qui bouillait dans les veines de Caïn éloigné.
Il en est de même, et avec une raison plus pure. de l'égalité entre les enfants du Créateur. Perdus ? Oui. Exilés ? Oui. Apostats ? Oui. Coupables ? Oui Parlant des langues différentes et ayant des fois différentes que nous abhorrons ? Oui. Corrompus par l'union avec les païens ? Oui. Mais l'âme leur est venue d'Un seul, et elle l'est toujours, même déchirée, perdue, exilée, corrompue... Même si elle est objet de douleur pour le Dieu Père, c'est toujours une âme créée par Lui.

Les bons fils d'un Père très bon doivent avoir de bons sentiments. Bons envers le Père, bons envers les frères, quoi qu'ils soient devenus, parce que fils du même Père. Bons avec le Père en cherchant à consoler sa douleur en Lui ramenant ses fils qui sont sa douleur, ou parce qu'ils sont pécheurs, ou parce qu'ils sont apostats, ou parce qu'ils sont païens. Bons envers eux car ils ont une âme venue du Père, renfermée dans un corps coupable, souillée, hébétée par une religion erronée, mais toujours une âme du Seigneur et qui est semblable à la nôtre.

Rappelez-vous, ô vous d'Israël, qu'il n'y a personne, fût-ce même l'idolâtre le plus éloigné de Dieu par sa religion idolâtrique, fût-ce le plus païen parmi les païens, ou le plus athée parmi les hommes, qui soit absolument dépourvu d'une trace de son origine. Rappelez-vous, ô vous qui vous êtes trompés en vous séparant de la religion authentique, en vous abaissant à des mélanges de sexes que notre religion condamne, que même s'il vous semble que tout ce qui était Israël soit mort en vous, étouffé par l'amour pour un homme de foi et de race différentes, que tout en vous n'est pas mort. Il y a une chose qui vit encore et c'est Israël. Et vous avez le devoir de souffler sur ce feu mourant, d'alimenter l'étincelle qui subsiste par la volonté de Dieu, pour la faire croître au-dessus de l'amour charnel. Celui-ci cesse avec la mort, mais votre âme ne finit pas avec la mort. Rappelez-vous-le. Et vous, vous, qui que vous soyez, qui voyez, et bien, des fois avez horreur, les mariages hybrides d'une fille d'Israël avec quelqu'un de foi et de race différentes, souvenez-vous que vous avez l'obligation, le devoir d'aider charitablement la sœur égarée pour qu'elle retrouve Les voies du Père.

Voici la nouvelle Loi, sainte et agréable au Seigneur : que ceux qui suivent le Rédempteur rachètent partout où il y a à racheter , pour que Dieu se réjouisse des âmes revenues à la maison paternelle et pour que ne soit pas rendu stérile ou trop mesquin le sacrifice du Rédempteur.

Pour faire fermenter une grande quantité de farine la maîtresse de maison prend un petit morceau de la pâte de la semaine précédente. Oh ! une petite quantité enlevée à la grande masse. Et elle la mélange à un tas de farine et tient le tout à l'abri des vents nuisibles, dans la tiédeur favorable de la maison.

Agissez ainsi, vous vrais partisans du Bien, et vous aussi, fils qui vous êtes éloignés du Père et de son Royaume. Vous, les premiers, donnez un peu de votre levain pour supplément aux seconds et pour les renforcer ; ils l'uniront à la molécule de justice qui subsiste en eux. Et les uns comme les autres, tenez à l'abri des forces hostiles du Mal, dans la tiédeur de la Charité – selon ce que vous êtes : ou maître de Vous, ou n'ayant en vous qu'un reste résistant même s'il est désormais languissant - le levain nouveau. Resserrez les murs de la maison, de la religion commune autour de ce qui fermente dans le cœur d'un coreligionnaire égaré pour qu'il se sente encore aimé par Israël, encore fils de Sion et votre frère, pour que fermentent toutes les bonnes volontés et que vienne dans les âmes et pour les âmes, toutes, le Royaume des Cieux. »

« Mais qui est-ce ? Mais qui est-ce ? » se demandent les gens qui ne sentent plus la hâte de passer bien que le pont soit désencombré ou de continuer s'ils l'ont passé.
« Un rabbi. »

« Un rabbi d'Israël. »

« Ici ? Aux confins de la Phénicie ? C'est la première fois que cela arrive. »

« Et pourtant, c'est ainsi. Aser m'a dit que c'est celui qu'on appelle le Saint. »

« Alors peut-être il se réfugie parmi nous parce que là-bas ils le persécutent. »

« Ce sont de ces reptiles ! »

« C'est bien s'il vient chez nous ! Il fera des prodiges... »

Pendant ce temps Jésus s'est éloigné en prenant un sentier dans les champs et il s'en va...

*

SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-015.htm


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Message par Maud Dim 20 Oct 2013 - 7:55

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 18 Maria_27


Jésus à Alexandroscène


On a de nouveau rejoint la route après un long détour à travers les champs et après avoir passé un torrent sur un petit pont de planches branlantes permettant seulement le passage des personnes : une passerelle plutôt qu'un pont.

Et la marche continue à travers la plaine qui se rétrécit de plus en plus car les collines se rapprochent du littoral, au point qu'après un autre torrent avec l'indispensable pont romain, la route de plaine devient route de montagne, en se dédoublant au pont en une moins rapide qui s'éloigne vers le nord-est à travers une vallée, tandis que celle choisie par Jésus, d'après l'indication de la borne romaine : "Alexandroscène - m. V" est un véritable escalier dans la montagne rocheuse et escarpée plongeant son museau dans la Méditerranée, qui se découvre de plus en plus à la vue à mesure que l'on monte. Seuls les piétons et les ânes suivent cette route, ces gradins pourrait-on dire. Mais peut-être parce qu'elle est un raccourci avantageux, la route est encore très battue et les gens observent avec curiosité le groupe galiléen, si inhabituel, qui la suit.

"Ce doit être le cap de la tempête" dit Mathieu en montrant le promontoire qui s'avance dans la mer.

"Oui, voilà au-dessous le village dont nous a parlé le pêcheur" approuve Jacques de Zébédée.

"Mais qui peut avoir construit cette route ?"

"Qui sait depuis combien de temps elle existe ! Les phéniciens peut-être..."

"Du sommet nous allons voir Alexandroscène au-delà de laquelle se trouve le Cap Blanc. Mon Jean, tu vas voir une grande étendue de mer !" dit Jésus et Il met son bras autour des épaules de l'apôtre.

"J'en serai content. Mais il va bientôt faire nuit. Où allons-nous reposer ?"

"A Alexandroscène. Tu vois ? La route commence à descendre. Au-dessous se trouve la plaine jusqu'à la ville que l'on voit là-bas."

"C'est la ville de la femme d'Antigonea... Comment pourrons-nous faire pour la contenter ?" dit André.

"Tu sais, Maître? Elle nous a dit : " Allez à Alexandroscène. Mes frères y ont des comptoirs et ils sont prosélytes. Parlez-leur du Maître. Nous sommes fils de Dieu, nous aussi..." et elle pleurait parce qu'elle était mal vue comme belle-fille... de sorte que jamais ses frères ne viennent la voir et qu'elle est sans nouvelles d'eux..." explique Jean.

"Nous chercherons les frères de la femme. S'ils nous accueillent comme pèlerins, nous pourrons lui faire ce plaisir..."

"Mais comment allons-nous faire pour dire que nous l’avons vue ?"

"Elle est au service de Lazare. Nous sommes amis de Lazare" dit Jésus.

"C'est vrai, Tu parleras, Toi..."

"Oui. Mais activez la marche pour trouver la maison. Savez-vous où elle est ?"

"Oui, près du Camp. Ils ont beaucoup de relations avec les romains auxquels ils vendent tant de choses."

"C'est bien."

Ils font rapidement la route plane, belle, une vraie route consulaire qui certainement communique avec celles de l'intérieur, ou plutôt, qui se poursuit vers l'intérieur après avoir lancé son prolongement rocheux, en gradins, le long de la côte, à cheval sur le promontoire.

Alexandroscène est une ville plus militaire que civile, Elle doit avoir une importance stratégique que j'ignore. Blottie comme elle l'est entre les deux promontoires, elle semble une sentinelle préposée à la garde de ce coin de mer. Maintenant que l'œil peut voir l'un et l'autre cap, on voit qu'il s'y dresse en grand nombre des tours fortifiées qui forment une chaîne avec celles de la plaine, et de la ville où, vers la côte, trône le Camp imposant.

Ils entrent dans la ville après avoir franchi un autre petit torrent situé tout près des portes, et ils se dirigent vers la masse hostile de la forteresse en jetant tout autour des regards curieux, et deviennent eux aussi objets de curiosité.

Les soldats sont très nombreux et ils semblent en bons rapports avec les habitants, ce qui fait bougonner les apôtres : "Gens de la Phénicie ! Sans fierté !"

Ils arrivent aux magasins des frères d'Hermione alors que les derniers acheteurs en sortent, chargés des marchandises les plus variées, qui vont des draps aux nappes, et des fourrages aux grains, ou bien à l'huile et aux aliments. Odeurs de cuir, d'épices, de paille, de laine grège, remplissent le large hall par lequel on arrive dans une cour vaste comme une place et sous les portiques de laquelle sont les nombreux dépôts.
Accourt un homme barbu et brun. "Que voulez-vous ? Des vivres ?"

"Oui... et aussi le logement, si tu ne dédaignes pas de loger des pèlerins. Nous venons de loin, et ,nous ne sommes jamais venus ici. Accueille-nous au nom du Seigneur."

L’homme regarde attentivement Jésus, qui parle au nom de tous. Il le scrute... Puis il dit : "Vraiment je ne donne pas le logement, mais tu me plais. Tu es galiléen, n'est-ce pas ? Les galiléens valent mieux que les juifs. Il y a trop de moisissure chez eux. Ils ne nous pardonnent pas d'avoir un sang qui n'est pas pur. Ils feraient mieux d'avoir, eux, l'âme pure. Viens, entre ici, j'arrive tout de suite. Je ferme parce qu'il va faire nuit." En effet, c'est déjà. le crépuscule, et il fait encore plus sombre dans la cour que domine le Camp puissant.

Ils entrent dans une pièce et ils s'assoient sur des sièges disposés ça et là.. Ils sont fatigués...

L'homme revient avec deux autres, l'un plus âgé, l'autre plus jeune, et il montre les hôtes qui se lèvent en saluant, et dit : "Voici. Que vous en semble-t-il ? Ils me paraissent honnêtes..."

"Oui. Tu as bien fait" dit le plus âgé à son frère et puis, s'adressant aux hôtes, ou plutôt à Jésus qui semble clairement leur chef, il demande: "Comment vous appelez-vous ?"

"Jésus de Nazareth, Jacques et Jude de Nazareth aussi, Jacques et Jean de Bethsaïda, et aussi André, en plus Mathieu de Capharnaüm."

"Comment vous trouvez-vous ici ? Persécutés ?"

"Non. Nous évangélisons. Nous avons parcouru plus d'une fois la Palestine, de la Galilée à la Judée, d'une mer à l'autre et nous avons été jusqu'au-delà du Jourdain, dans l'Auranitide. Maintenant nous sommes venus ici... pour enseigner."

"Un rabbi ici ? Cela nous étonne, n'est-ce pas, Philippe et Élie ?" demande le plus âgé.
"Beaucoup. De quelle caste es-tu ?"

"D'aucune. Je suis de Dieu. Croient en Moi ceux du monde qui sont bons. Je suis pauvre, j'aime les pauvres, mais je ne méprise pas les riches, auxquels j'enseigne l'amour et la miséricorde et le détachement des richesses, de même que j'enseigne aux pauvres d'aimer leur pauvreté en ayant confiance à. Dieu qui ne laisse périr personne. Parmi mes amis riches et mes disciples il y a Lazare de Béthanie..."

"Lazare ? Nous avons une sœur mariée à un de ses serviteurs."

"Je le sais. C'est pour cela aussi que je suis venu, pour vous dire qu'elle vous salue et vous aime."

"Tu l'as vue ?"

"Pas Moi. Mais ceux qui sont avec Moi, envoyés par Lazare à Antigonea."

"Oh ! dites ! Que fait Hermione ? Est-elle vraiment heureuse ?"

"Son mari et sa belle-mère l'aiment beaucoup. Le beau-père la respecte..." dit Jude Thaddée.

"Mais il ne lui pardonne pas le sang maternel. Dis-le."

"Il est en passe de le lui pardonner. Il nous en a fait de grandes louanges. Et elle a quatre enfants très beaux et gentils. Cela la rend heureuse. Mais vous êtes toujours dans son cœur et elle a dit de vous amener le Maître Divin."

"Mais... comment... Tu es le... Tu es celui qu'on appelle le Messie, Toi ?"

"Je le suis."

"Tu es vraiment le... On nous a dit à Jérusalem que tu es, que l'on t'appelle le Verbe de Dieu. Est-ce vrai ?"

"Oui."

"Mais l'es-tu pour ceux de là-bas ou bien pour tous ?"

"Pour tous. Pouvez-vous croire que je le suis ?"

"Croire ne coûte rien, surtout quand on espère que ce que l'on croit peut enlever ce qui fait souffrir."

"C'est vrai, Élie. Mais ne parle pas ainsi. C'est une pensée très impure, beaucoup plus que le sang mêlé. Réjouis-toi non pas dans l'espoir que tombe ce qui te fait souffrir, comme homme, du mépris d'autrui, mais réjouis-toi dans l'espoir de conquérir le Royaume des Cieux."

"Tu as raison. Je suis à moitié païen, Seigneur..."

"Ne te rabaisse pas. Je t'aime toi aussi et c'est aussi pour toi que je suis venu."

"Ils doivent être fatigués, Élie. Tu les retiens par tes discours. Allons souper et puis conduisons-les se reposer. Il n'y a pas de femmes ici... Aucune israélite n'a voulu de nous et nous désirions une d'elles... Pardonne-nous donc si la maison te parait froide et sans ornements."

"Votre bon cœur me la rendra ornée et chaude."

"Combien de temps restes-tu ?"

"Pas plus d'un jour. Je veux aller vers Tyr et Sidon et je voudrais être à Aczib avant le sabbat."

"Tu ne peux pas, Seigneur ! Sidon est loin !!"

"Demain, je voudrais parler ici."

"Notre maison est comme un port. Sans en sortir tu auras des auditeurs à ta convenance, d'autant plus que demain il y a un gros marché."

"Allons alors, et que le Seigneur vous récompense de votre charité."

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-016.htm
Tome : 5/16
https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t18376-oeuvre-de-maria-valtorta-presentation-des-disciples-de-jesus


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Message par Maud Lun 21 Oct 2013 - 9:02

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 18 Maria_28

Le lendemain à Alexandroscène


La cour des trois frères est moitié à l'ombre, moitié au soleil. Elle est pleine de gens qui vont et viennent pour leurs achats alors qu'en dehors du portail, sur la petite place, on entend la rumeur du marché d'Alexandroscène avec le va-et-vient confus des acheteurs et des vendeurs. avec le bruit des ânes, des brebis, des agneaux, des poules. On comprend qu'ici, il y a moins de complications et on apporte même les poulets au marché sans craindre de contaminations d'aucune sorte. Braiments, bêlements, gloussement des poules et cocorico triomphant des coqs se mêlent aux voix des hommes en un chœur joyeux qui parfois monte à des notes aiguës et dramatiques à la suite de quelque altercation.

Même dans la cour des frères il règne un bruit confus et il se produit quelque altercation ou pour le prix ou parce qu'un acheteur a pris une chose qu'un autre voulait acquérir. Elle n'est pas absente non plus la plainte lamentable des mendiants qui de la place, près du portail, défilent la litanie de leurs misères sur un air triste comme la plainte d'un mourant.

Des soldats romains vont et viennent en maîtres dans l'entrepôt et sur la place. Je suppose que c'est un service d'ordre, car je les vois armés, et jamais seuls, parmi les phéniciens tous armés.

Jésus aussi va et vient dans la cour, se promenant avec les six apôtres, attendant le moment favorable pour parler. Et puis. Il sort un moment sur la place en passant près des mendiants auxquels il donne une obole. Les gens se distraient pendant quelques minutes pour regarder le groupe des galiléens et se demandent qui sont ces étrangers. Et il en est qui informent, parce qu'ils ont demandé aux trois frères, qui sont leurs hôtes.

Un murmure suit les pas de Jésus qui s'en va tranquillement caressant les enfants qu'il trouve sur son chemin. Il y a aussi, au milieu du murmure, les ricanements et les épithètes peu flatteuses pour les hébreux, et aussi le désir honnête d'entendre ce "Prophète", ce "Rabbi", ce "Saint", ce "Messie" d'Israël, auquel ils donnent ces noms lorsqu'ils en parlent, selon leur degré de foi et de rectitude de leurs âmes.

J'entends deux mères : "Mais est-ce vrai ?"

"C'est Daniel qui me l'a dit, justement à moi. Il a parlé à Jérusalem avec des gens qui ont vu les miracles du Saint."

"Oui, d'accord ! Mais est-ce bien cet homme ?"

"Oh ! Daniel m'a dit que ce ne peut être que Lui à cause de ce qu'il dit."

"Alors... que dis-tu ? Il me fera grâce même si je ne suis que prosélyte ?"

"Je dirais que oui... Essaie. Peut-être il ne reviendra plus ici chez nous. Essaie, essaie ! Il ne te fera sûrement pas de mal !"

"J'y vais" dit la petite femme en laissant en plan le vendeur de vaisselle avec lequel elle marchandait des assiettes. Le vendeur qui a entendu la conversation des deux femmes, déçu, irrité à cause de la bonne affaire qui s'en va en fumée, s'en prend à la femme qui est restée, la couvrant d'injures telles que : "Prosélyte maudite. Sang d'hébreux. Femme vendue" et cætera.

J'entends deux hommes graves et barbus : "J'aimerais l'entendre. On dit que c'est un grand Rabbi."

"Un Prophète, dois-tu dire. Plus grand que le Baptiste. Élie m'a dit certaines choses ! Certaines choses ! Il est au courant, car il a une sœur mariée à un serviteur d'un grand riche d'Israël, et pour avoir de ses nouvelles s'informe auprès des serviteurs. Ce riche est très ami du Rabbi..."

Un troisième, un phénicien peut-être, qui a entendu parce qu'il était tout près, amène sa figure sournoise, moqueuse entre les deux, et raille : "Belle sainteté ! Confite dans la richesse ! À mon avis, un saint devrait vivre pauvrement !"

"Tais-toi, Doro, langue maudite. Tu n'es pas digne, toi païen, de juger ces choses."

"Ah ! vous en êtes dignes vous, toi spécialement, Samuel ! Tu ferais mieux de me payer ce que tu me dois."

"Tiens ! et ne me tourne plus autour, vampire à la face de faune !"...

J'entends un vieillard à moitié aveugle, accompagné d'une fillette, qui demande : "Où est ? Où est le Messie ?" et la petite crie : "Laissez passer le vieux Marc ! Veuillez dire au vieux Marc où se trouve le Messie !"

Les deux voix, celle du vieillard, faible et tremblante, celle de la fillette, argentine et assurée, se répandent sur la place, inutile- ment, jusqu'à ce qu'un autre homme dise : "Vous voulez trouver le Rabbi ? Il est revenu vers la maison de Daniel. Le voilà arrêté qui parle avec des mendiants."

J'entends deux soldats romains : "Ce doit être celui que persécutent les juifs, les bonnes peaux ! On voit, rien qu'à le regarder, qu'il vaut mieux qu'eux."


"C'est pour cela qu'il leur cause des ennuis !"

"Allons le dire au porte-drapeau. C'est l'ordre."

"Un ordre stupide, Caïus ! Rome a peur des agneaux et elle supporte, il faudrait dire, caresse les tigres." (Scipion).

"Il ne me semble pas, Scipion ! Ponce massacre facilement !" (Caïus).

"Oui, mais il ne ferme pas sa maison aux hyènes qui le flattent." (Scipion).

"Politique, Scipion ! Politique !" (Caïus).

"Lâcheté, Caïus, et sottise. C'est de celui-ci qu'il devrait être l'ami, pour avoir de l'aide pour garder dans l'obéissance cette racaille asiatique. Il ne sert pas bien Rome, Ponce, en négligeant cet homme qui est bon, et en flattant les mauvais." (Scipion).

"Ne critique pas le Proconsul. Nous sommes des soldats, et le supérieur est sacré comme un dieu. Nous avons juré obéissance au divin César et le Proconsul est son représentant." (Caïus).

"Cela va bien pour ce qui concerne le devoir envers la Patrie, sacrée et immortelle. Mais cela ne vaut pas pour le jugement intérieur." (Scipion).

"Mais l'obéissance vient du jugement. Si ton jugement se révolte contre un ordre et le critique, tu n'obéiras plus totalement. Rome s'appuie sur notre obéissance aveugle pour protéger ses conquêtes." (Caïus).

"Tu sembles un tribun et tu parles bien. Mais je te fais remarquer que si Rome est reine, nous ne sommes pas des esclaves, mais des sujets. Rome n'a pas, ne doit pas avoir, de citoyens esclaves. C'est l'esclavage qui impose le silence à la raison des citoyens. Moi, je dis que ma raison juge que Ponce agit mal en négligeant cet israélite appelle-le Messie, Saint, Prophète, Rabbi, à ton goût. Et j'ai le sentiment que je puis le dire car ma fidélité à Rome n'en est pas amoindrie, ni mon amour. Mais, au contraire, je le voudrais parce que Lui, en enseignant le respect envers les lois et les Consuls, comme il le fait, coopère à la prospérité de Rome." (Scipion).

"Tu es cultivé, Scipion... Tu feras ton chemin. Tu es déjà avancé ! Moi, je suis un pauvre soldat. Mais, en attendant, tu vois là ? Il y a un rassemblement autour de cet Homme. Allons le dire aux chefs." - (Caïus)...

En effet près du portail des trois frères, il y a un tas de gens autour de Jésus qui, par sa grande taille, est bien en vue. Puis tout à coup un cri s'élève, et les gens s'agitent. Certains accourent du marché alors que d'autres s'éloignent vers la place et au-delà.


Questions... réponses...

"Qu'est-il arrivé ?"

"Qu'y a-t-il ?"

"L'Homme d'Israël a guéri le vieux Marc !"

"Le voile de ses yeux a disparu."

Jésus, entre temps, est entré dans la cour avec une suite de gens. En arrière, se traînant péniblement, il y a un des mendiants, un bancal qui se traîne avec les mains plutôt qu'avec les jambes. Mais si les jambes sont tordues et sans force, et sans l'aide de béquilles il ne saurait avancer, la voix est très robuste ! On dirait une sirène qui déchire l'atmosphère ensoleillée du matin : "Saint ! Saint ! Messie ! Rabbi ! Pitié !" Il ne cesse de crier à perdre haleine.

Deux ou trois personnes se retournent : "Garde ton souffle ! Marc est hébreu, toi, pas."

"Il accorde des grâces aux vrais israélites, pas aux fils de chiens !"

"Ma mère était juive..."

"Et Dieu l'a frappée en te donnant à elle, toi monstre, à cause de son péché. Va-t'en, fils de louve ! Retourne à ta place, être pétri de boue..."

L'homme s'adosse au mur, humilié, effrayé par la menace des poings tendus...

Jésus s'arrête, se retourne, regarde. Il commande : "Homme, viens ici !"

L'homme le regarde, regarde ceux qui le menacent... et il n'ose pas avancer.

Jésus fend la petite foule et il va à lui. Il le prend par la main, c'est-à-dire lui met la main sur l'épaule, et dit : "N'aie pas peur. Viens avec Moi" et regardant les gens cruels, il dit, l'air sévère : "Dieu appartient à tous les hommes qui le cherchent et sont miséricordieux."

Les gens comprennent l'allusion, et maintenant ce sont eux qui restent en arrière, ou plutôt qui s'arrêtent où ils sont.

Jésus se retourne. Il les voit là, confus, prêts à s'en aller, et il leur dit : "Non, venez vous-aussi. Cela vous fera du bien à vous aussi, cela redressera et fortifiera votre âme comme je redresse et fortifie cet homme parce qu'il a su avoir foi. Homme, je te le dis, sois guéri de ton infirmité." Et il retire la main de l'épaule du bancal après que celui-ci ait éprouvé une sorte de secousse.

L'homme se redresse avec assurance sur ses jambes, jette ses vieilles béquilles et il crie : "Il m'a guéri ! Louange au Dieu de ma mère !" et puis il s'agenouille pour baiser le bord du vêtement de Jésus. L'agitation des gens qui veulent voir, ou qui, ayant vu, font des commentaires, est à son comble. Dans le fond de l'entrée qui mène de la place à la cour, les cris qui viennent de la foule résonnent bruyamment et se répercutent contre les murs du Camp.

Les troupes doivent craindre qu'il se soit produit une rixe - cela doit se produire facilement dans ces endroits où il y a tant d'oppositions de races et de religions - et le porte-drapeau accourt en se frayant brutalement un chemin et en demandant ce qui arrive.

"Un miracle, un miracle ! Jonas, le bancal, a été guéri, Le voilà, près de l'Homme de Galilée."

Les soldats se regardent entre eux. Ils ne parlent pas jusqu'à ce que toute la foule se soit écoulée, mais en arrière, il s'en est rassemblé une autre des gens qui étaient dans les magasins ou sur la place, où ne sont restés que les vendeurs pleins de dépit à cause de la diversion imprévue qui réduit à rien le marché de ce jour. Puis, voyant passer un des trois frères, ils demandent : "Philippe, sais-tu ce que va faire maintenant le Rabbi ?"

"Il parle, il enseigne, et dans ma cour !" dit Philippe tout joyeux. Les soldats s'interrogent : Rester ? S'en aller ?

"Le chef nous a dit de surveiller..."

"Qui ? L'Homme ? Mais pour Lui, nous pourrions jouer aux dés une amphore de vin de Chypre" dit Scipion, le soldat qui auparavant défendait Jésus auprès de son compagnon.

"Moi, je dirais que c'est Lui qui a besoin qu'on le protège, pas le droit de Rome ! Vous le voyez là-bas ? Parmi nos dieux, il n'y en a aucun de si doux et pourtant d'aspect si viril. Cette racaille n'est pas digne de le posséder, et les indignes sont toujours mauvais. Restons pour le protéger. À l'occasion, nous le tirerons d’affaire et nous caresserons les épaules de ces galériens" dit un autre. Son intervention est un mélange de moquerie et d'admiration.

"Tu parles bien, Pudens. D'ailleurs Azio, va appeler Procore le chef. Il rêve toujours de complots contre Rome et... d'avancement pour lui, pour récompenser son activité toujours en éveil pour le salut du divin César et de la déesse Rome, mère et maîtresse du monde. Il se persuadera qu'ici il n'acquerra pas de brassard ni de couronne."

Un jeune soldat part en courant - et revient de même en disant : "Procore ne vient pas. Il envoie le triaire Aquila…"

"Bien ! Bien ! Mieux vaut lui que Cecilius Maximus lui-même, Aquila a servi en Afrique, en Gaule, et il a été dans les forêts cruelles qui nous ont enlevé Varus et ses légions. Il connaît les grecs et les bretons et il a un bon flair pour s'y reconnaître... Oh ! Salut ! Voilà le glorieux Aquila ! Viens, apprends-nous, à nous misérables, à connaître la valeur des êtres !"

"Vive Aquila, chef des troupes !" crient tous les soldats en donnant des tapes affectueuses au vieux soldat, dont on ne compte plus les cicatrices sur le visage, les bras et les mollets nus.

Lui sourit d'un air débonnaire et il s'écrie : "Vive Rome, maîtresse du monde ! Pas moi, pauvre soldat. Qu'y a-t-il donc ?"

"Il faut surveiller cet homme grand et qui est blond comme le cuivre le plus clair."

"Bien ! Mais qui est-ce ?"

"Ils l'appellent le Messie. Il s'appelle Jésus et il est de Nazareth. C'est celui, sais-tu, pour qui on a transmis l'ordre..."

"Hum ! Peut-être... Mais il me semble que nous courons après les nuages."

"Ils disent qu'il veut se faire roi et supplanter Rome. Il a été dénoncé par le Sanhédrin, et les pharisiens, les sadducéens, les hérodiens, à Ponce, Tu sais que les hébreux ont ce ver dans le crâne et, de temps à autre, il en sort un roi..."

"Oui, qui... Mais si c'est pour cela !... De toute façon écoutons ce qu'il dit. Il me semble qu'il se dispose à parler."

"J'ai su par un soldat qui est avec le centurion que Publius Quintilianus lui en a parlé comme d'un philosophe divin... Les femmes impériales en sont enthousiastes..." dit un autre soldat, qui est jeune.

"Je le crois ! J'en serais enthousiaste moi aussi si j'étais une femme et je le voudrais dans mon lit..." dit en riant franchement un autre jeune soldat.

"Tais-toi, impudique ! La luxure te dévore !" plaisante un autre.

"Et toi pas, Fabius ! Anne, Sira, Alba, Marie..."

"Tais-toi, Sabin. Il parle et je veux écouter" commande le triaire, et tous se taisent.

Jésus est monté sur une caisse installée contre un mur, il est donc bien visible pour tout le monde. Son doux salut s'est déjà répandu dans l'air et il a été suivi par les paroles : "Enfants d'un unique Créateur, écoutez" puis, dans le silence attentif des gens, il continue.

"Le Temps de la Grâce est venu pour tous, non seulement pour Israël, mais pour le monde entier.

Hébreux, qui vous trouvez ici pour diverses raisons, prosélytes, phéniciens, gentils, écoutez tous la Parole de Dieu, comprenez la Justice, connaissez la Charité. Possédant la Sagesse, la Justice et la Charité, vous aurez le moyen d'arriver au Royaume de Dieu, à ce Royaume qui n'est pas réservé aux seuls fils d'Israël, mais à tous ceux qui désormais aimeront le Vrai, l'Unique Dieu et croiront à la parole de son Verbe.

Ecoutez. Je suis venu de si loin non pas avec des visées d'usurpateur, ni avec la violence de conquérant. Je suis venu seulement pour être le Sauveur de vos âmes. La puissance, la richesse, les charges ne me séduisent pas, Elles ne sont rien pour Moi, et je ne les regarde même pas, Ou plutôt, je les regarde pour en avoir pitié parce qu'elles me font pitié, car ce sont autant de chaînes pour retenir prisonnier votre esprit, en l'empêchant de venir au Seigneur Eternel, Unique, Universel, Saint et Béni. Je les regarde et les approche comme les plus grandes misères. Et je cherche à guérir les hommes de leurs fascinantes et cruelles tromperies qui séduisent les fils de l'homme, pour qu'ils puissent en user avec justice et sainteté, non comme des armes cruelles qui blessent et tuent l'homme, et toujours pour commencer l'esprit de ceux qui ne savent pas en user saintement.

Mais, en vérité, je vous dis que pour Moi il est plus facile de guérir un corps difforme qu'une âme difforme. Il est plus facile de donner la lumière à des pupilles éteintes, la santé à un corps qui meurt, que de donner la lumière aux esprits et la santé aux âmes malades. Pourquoi cela ? Parce que l'homme a perdu de vue la fin véritable de sa vie et se laisse absorber par ce qui est transitoire. L'homme ne sait pas ou ne se souvient pas, ou s'il se souvient, il ne veut pas obéir à cette sainte injonction du Seigneur et, je parle aussi pour les gentils qui m'écoutent, de faire le Bien, car le Bien existe à Rome comme à Athènes, en Gaule comme en Afrique, car la loi morale existe sous tous les cieux, dans toute religion, dans tout cœur droit. Et les religions, depuis celle de Dieu jusqu'à celle de la morale isolée, disent que ce qu'il y a de meilleur en nous survit et que c'est selon comme il se sera comporté que son sort sera fixé de l'autre côté.

La fin de l'homme est donc la conquête de la paix dans l'autre vie, non pas la bombance, l'usure, la domination, le plaisir, ici-bas, pour un temps limité, qu'il faut payer pendant l'éternité, par des tourments très durs. Eh bien, l'homme ne sait pas, ou ne se rappelle pas, ou ne veut pas se rappeler, cette vérité. S'il ne la connaît pas, il est moins coupable. S'il ne s'en souvient pas, il a une certaine culpabilité, car il faut garder la vérité allumée comme un saint flambeau dans les esprits et dans les cœurs. Mais, s'il ne veut pas s'en souvenir et si, quand elle flambe, il ferme les yeux pour ne pas la voir, en la haïssant comme la voix d'un rhéteur pédant, alors sa faute est grave, très grave.


Et pourtant Dieu lui pardonne, si l'âme répudie sa mauvaise façon d'agir et se propose de poursuivre, pour le reste de sa vie, la vraie fin de l'homme qui est de conquérir la paix éternelle dans le Royaume du vrai Dieu. Avez-vous jusqu'à maintenant suivi une mauvaise route ? Avilis, pensez-vous qu'il soit trop tard pour prendre le bon chemin ? Est-ce que, désolés, vous dites : "Je ne savais rien de tout cela ! Et maintenant je suis ignorant et je ne sais pas m'y prendre" ? Non, ne pensez pas qu'il en soit comme des choses matérielles et qu'il faut beaucoup de temps et de peine pour refaire ce qui a déjà été fait, mais avec sainteté. La bonté de l'Éternel, le Véritable Seigneur Dieu, est telle qu'il ne vous fait certainement pas parcourir de nouveau à rebours le chemin déjà fait, pour vous ramener au carrefour où vous, en errant, avez quitté le bon sentier pour le mauvais. Elle est si grande que du moment où vous dites : " Je veux appartenir à la Vérité", c'est-à-dire à Dieu parce que Dieu est Vérité, Dieu, par un miracle tout spirituel, verse en vous la Sagesse par laquelle d'ignorants vous devenez possesseurs de la Science surnaturelle, comme ceux qui depuis des années la possèdent.

La Sagesse c'est vouloir Dieu, aimer Dieu, cultiver l'esprit, tendre au Royaume de Dieu en répudiant tout ce qui est chair, monde et Satan. La Sagesse c'est obéir à la Loi de Dieu qui est loi de Charité, d'Obéissance, de Continence, d'Honnêteté. La Sagesse c'est aimer Dieu avec tout soi-même, aimer le prochain comme nous-mêmes. Ce sont les deux éléments indispensables pour être sages de la Sagesse de Dieu. Et dans notre prochain, il n’y a pas seulement ceux de notre sang ou de notre race et de notre religion, mais tous les hommes riches ou pauvres, sages ou ignorants, hébreux, prosélytes, phéniciens, grecs, romains..."

Jésus est interrompu par des cris menaçants de certains forcenés. il les regarde et il dit : "Oui, cela c'est l'amour. Je ne suis pas un maître servile. Je dis la vérité, car c'est ainsi que je dois faire pour semer en vous ce qui est nécessaire pour la Vie éternelle. Que cela vous plaise ou non, je dois vous le dire pour faire mon devoir de Rédempteur. À vous de faire le vôtre de besogneux de la Rédemption. Aimez donc le prochain, tout le prochain, d'un amour saint. Non pas d'un louche concubinage d'intérêts pour lequel est "anathème" le romain, le phénicien ou le prosélyte ou vice versa, tant que ne se mêlent pas la sensualité ou l'argent, alors que s'il y a soif de sensualité ou intérêt d'argent les "anathèmes" disparaissent..."

Une autre rumeur de la foule alors que les romains, de leur place dans l'atrium, s'écrient : "Par Jupiter ! Il parle bien celui-ci !"

Jésus laisse la rumeur se calmer et reprend : "Aimer le prochain comme nous voudrions être aimés. Car cela ne nous fait pas plaisir d'être maltraités, vexés, volés, opprimés, calomniés, insultés. Les autres ont la même susceptibilité nationale ou personnelle. Ne faisons donc pas le mal que nous ne voudrions pas réciproquement qu'il nous fût fait.

La Sagesse c'est d'obéir aux dix Commandements de Dieu : "Je suis le Seigneur ton Dieu. N'en aie pas d'autre en dehors de Moi. N'aie pas d'idoles, ne leur rends pas un culte.

N'emploie pas le Nom de Dieu en vain. C'est le Nom du Seigneur, ton Dieu, et Dieu punira celui qui s'en sert sans raison, ou pour des imprécations, ou pour valider un péché.

Souviens-toi de sanctifier les fêtes. Le sabbat est sacré pour le Seigneur qui s'y reposa de la Création, et l'a béni et sanctifié.

Honore ton père et ta mère afin de vivre en paix longuement sur la terre et éternellement dans le Ciel.

Ne tue pas.

Ne commets pas l'adultère.

Ne vole pas.

Ne parle pas faussement contre ton prochain.

Ne désire pas la maison, la femme, le serviteur, la servante, le bœuf, l'âne de ton prochain, ni autre chose qui lui appartienne"

Cela, c'est la Sagesse. Celui qui fait cela est sage et il conquiert la Vie et le Royaume sans fin. Donc à partir d'aujourd'hui, proposez-vous de vivre selon la Sagesse en la faisant passer avant les pauvres choses de la terre.

Que dites-vous ? Parlez. Vous dites qu'il est tard ? Non. Écoutez une parabole.

Un maître sortit au point du jour pour engager des travailleurs pour sa vigne et il convint avec eux d'un denier pour la journée.

Il sortit de nouveau à l'heure de tierce et, réfléchissant que les travailleurs engagés étaient peu nombreux, voyant d'autre part sur la place des travailleurs désœuvrés qui attendaient qu'on les embauche, il les prit et il leur dit : " Allez à ma vigne, et je vous donnerai ce que j'ai promis aux autres". Et ils y allèrent.


Il sortit à sexte et à none et il en vit d'autres encore et il leur dit : "Voulez-vous travailler dans mon domaine? Je donne un denier par jour à mes travailleurs". Ces derniers acceptèrent et ils y allèrent.

Il sortit enfin vers la onzième heure et il en vit d'autres qui paressaient au coucher du soleil. "Que faites-vous, ainsi oisifs ? N'avez-vous pas honte de rester à rien faire pendant tout le jour ?" leur demanda-t-il. "Personne ne nous a embauchés pour la journée. Nous aurions voulu travailler et gagner notre nourriture, mais personne ne nous a appelés à sa vigne".

"Eh bien, je vous embauche pour ma vigne. Allez et vous aurez le salaire des autres". Il parla ainsi, car c'était un bon maître et il avait pitié de l'avilissement de son prochain.

Le soir venu et les travaux terminés, l'homme appela son intendant et lui dit : "Appelle les travailleurs, et paie-leur leur salaire selon ce que j'ai fixé, en commençant par les derniers qui sont les plus besogneux, n'ayant pas eu pendant la journée la nourriture que les autres ont eue une ou plusieurs fois et qui, même par reconnaissance pour ma pitié, ont travaillé plus que tous. Je les ai observés : renvoie-les, pour qu'ils aillent au repos qu'ils ont bien mérité et pour jouir avec les leurs du fruit de leur travail". Et l'intendant fit ce que le maître ordonnait en donnant à chacun un denier.

Vinrent en dernier ceux qui travaillaient depuis la première heure du jour. Ils furent étonnés de ne recevoir, eux aussi, qu'un seul denier, et ils se plaignirent entre eux et à l'intendant qui leur dit : "J'ai reçu cet ordre. Allez vous plaindre au maître et pas à moi". Ils s'y rendirent et ils dirent : "Voilà, tu n'es pas juste ! Nous avons travaillé douze heures, d'abord à la rosée et puis au soleil ardent et puis de nouveau dans l'humidité du soir, et tu nous as donné le même salaire qu'à ces paresseux qui n'ont travaillé qu'une heure !... Pourquoi cela ?" Et l'un d'eux, surtout, élevait la voix en se déclarant trahi et indignement exploité.

"Ami, en quoi t'ai-je fait tort ? De quoi ai-je convenu avec toi à l'aube ? Une journée de travail continu pour un denier de salaire. N'est-ce pas ?"

"C'est vrai. Mais tu as donné la même chose à ceux qui ont si peu travaillé…"

"N'as-tu pas accepté ce salaire qui te paraissait convenable ?"

"Oui, j'ai accepté, parce que les autres donnaient encore moins".


"As-tu été maltraité ici par moi ?"

"Non, en conscience, non".

"Je t'ai accordé un long repos pendant le jour et la nourriture, n'est-ce pas ? Je t'ai donné trois repas. Et on n'était pas convenu de la nourriture et du repos. N'est-ce pas ?"

"Oui, ils n'étaient pas convenus."

"Pourquoi alors les as-tu acceptés ?"

"Mais... Tu as dit : 'Je préfère agir ainsi pour que vous ne soyez pas trop lassés en revenant chez vous'. Et cela nous semblait trop beau... Ta nourriture était bonne, c'était une économie, c'était..."

"C'était une faveur que je vous faisais gratuitement et personne ne pouvait y prétendre. N'est-ce pas ?"

"C'est vrai".

"Je vous ai donc favorisés. Pourquoi vous lamentez-vous ? C'est moi qui devrais me plaindre de vous qui, comprenant que vous aviez affaire à un bon maître, vous travailliez nonchalamment alors que ceux qui étaient venus après vous, avec le bénéfice d'un seul repas, et les derniers sans repas, travaillaient avec plus d'entrain faisant en moins de temps le même travail que vous avez fait en douze heures. Je vous aurais trahis si, pour payer ceux-ci, je vous avais enlevé la moitié de votre salaire. Pas ainsi. Prends donc ce qui te revient et va-t-en. Voudrais-tu venir chez moi pour m'imposer tes volontés ? Moi, je fais ce que je veux et ce qui est juste. Ne sois pas méchant et ne me porte pas à l'injustice. Je suis bon".

O vous tous qui m'écoutez, je vous dis en vérité que Dieu le Père propose à tous les hommes les mêmes conditions et promet un même salaire. Celui qui avec zèle se met au service du Seigneur sera traité par Lui avec justice, même s'il n'a pas beaucoup travaillé à cause de l'imminence de sa mort. En vérité je vous dis que ce ne sont pas toujours les premiers qui seront les premiers dans le Royaume des Cieux, et que là-haut on verra de ceux qui étaient les derniers, devenir les premiers et d'autres qui étaient les premiers être les derniers. Là on verra beaucoup d'hommes, qui n'appartiennent pas à Israël, plus saints que beaucoup d'Israël. Je suis venu appeler tout le monde, au nom de Dieu. Mais si les appelés sont nombreux, peu nombreux sont les choisis, car peu nombreux sont ceux qui veulent la Sagesse.

N'est pas sage celui qui vit du monde et de la chair, et non pas de Dieu. Il n'est pas sage, ni pour la terre, ni pour le Ciel. Car sur la terre il s'attire des ennemis, des punitions, des remords. Et pour le Ciel, il perd tout pour l'éternité. Je répète : soyez bons avec le prochain quel qu'il soit. Soyez obéissants, en laissant à Dieu le soin de punir celui qui donne des ordres injustes. Soyez continents en sachant résister aux sens, honnêtes en résistant à l'or. Soyez cohérents pour dire anathème à ce qui le mérite et à le refuser quand la chose vous semble juste, quitte ensuite à établir des relations avec ceux dont vous aviez d'abord maudit l'idée. Ne faites pas aux autres ce que vous ne vous ne voudriez pas qu'il vous soit fait, et alors..."

"Mais va-t-en, ennuyeux prophète ! Tu nous as gâté le marché !... Tu nous as enlevé les clients !..." crient les marchands en faisant irruption dans la cour... Et ceux qui avaient murmuré dans la cour aux premiers enseignements de Jésus - ce n'était pas seulement des phéniciens mais aussi des hébreux qui se trouvent dans la ville, pour je ne sais quel motif - s'unissent aux marchands pour insulter et menacer et surtout pour le chasser... Jésus ne plaît pas parce qu'il ne pousse pas au mal... Il croise les bras et regarde, attristé, solennel.

Les gens, divisés en deux partis, en viennent aux mains pour défendre ou attaquer le Nazaréen. Insultes, louanges, malédictions, bénédictions, des apostrophes : "Ils ont raison les pharisiens. Tu es vendu à Rome, l'ami des publicains et des courtisanes", ou par contre : "Taisez-vous, blasphémateurs ! C'est vous qui êtes vendus à Rome, phéniciens d'enfer !"

"Vous êtes des Satans !"

"Que l'Enfer vous engloutisse !"

"Hors d'ici ! Hors d'ici !"

"Hors d'ici, voleurs qui venez faire le marché ici, usuriers" et cætera.

Les soldats interviennent en disant : "Ce n'est pas Lui qui met le trouble ! Il le subit !" Et avec leurs lances ils font évacuer la cour et ferment le portail.

Il reste avec Jésus les trois frères prosélytes et les six disciples. "Mais comment vous est-il venu à l'idée de le faire parler ?" demande le triaire aux trois frères.

"Il y en a tant qui parlent !" répond Élie.

"Oui. Et il n'arrive rien car ils enseignent ce qui plaît à l'homme. Mais ce n'est pas cela que Lui enseigne, et ils ne le digèrent pas..." Le vieux soldat regarde avec attention Jésus qui est descendu de sa place et qui est debout, comme abstrait.

Au dehors la foule est toujours en effervescence. Aussi on fait sortir d'autres troupes de la caserne et avec elles le centurion en personne, Ils frappent et se font ouvrir, alors que d'autres restent pour repousser aussi bien ceux qui crient : "Vive le Roi d'Israël!", que ceux qui le maudissent.


Le centurion s'amène inquiet et, en colère, s'en prend au vieil Aquila : "C'est ainsi que tu fais respecter Rome, toi ? En laissant acclamer un roi étranger sur une terre soumise ?"

Le vieux soldat salue avec froideur et répond : "Il enseignait le respect et l'obéissance et il parlait d'un royaume qui n'est pas de cette terre. C'est pour cela qu’ils le haïssent. Car il est bon et respectueux. Je n'ai pas trouvé motif d'imposer le silence à quelqu'un qui n'attaquait pas notre loi."

Le centurion se calme et bougonne : "Alors c'est une nouvelle sédition de cette infecte racaille... C'est bien. Donnez l'ordre à l'homme de s'en aller immédiatement. Je ne veux pas d'histoires, ici, Obéissez et escortez-le hors de la ville dès que le chemin sera libre. Qu'il aille où il Lui plaira, aux enfers s'il le veut, mais qu'il sorte de ma juridiction. Compris ?"

"Oui. Nous le ferons."

Le centurion tourne le dos en faisant briller sa cuirasse et ondoyer son manteau pourpre, et il s'en va sans même regarder Jésus.

Les trois frères disent au Maître : "Nous sommes désolés..."

"Ce n'est pas votre faute. Et ne craignez pas, vous n'en éprouverez pas de mal. C'est Moi qui vous le dis..."

Les trois changent de couleur... Philippe dit : "Comment connais- tu notre peur ?"

Jésus sourit doucement, un rayon de soleil sur son visage attristé : "Je sais ce qu'il y a dans les cœurs et je connais l'avenir."

Les soldats, en attendant, se sont mis au soleil. Ils lorgnent, commentent...

"Comment donc pourraient-ils nous aimer, s'ils le détestent Lui qui ne les opprime pas ?"

"Et qui fait des miracles, devrais-tu dire..."

"Par Hercule ! Quel est celui de nous qui est allé prévenir qu'il y avait un suspect ?"

"C'est Caïus !"

"Celui qui fait du zèle ! En attendant, nous avons manqué la soupe et je prévois que je vais perdre le baiser d'une fillette !… Ah !"

"Épicurien ! Où est ta belle ?"

"Je ne te le dirai sûrement pas à toi, ami !"

"Elle est derrière le potier, du côté des Fondations. Je le sais. Je t'ai vu, il y a quelques soirs..." dit un autre.

Le triaire, comme s'il passait, va vers Jésus et Lui tourne autour, il le regarde, le regarde. Il ne sait que dire... Jésus lui sourit pour l'encourager. L'homme ne sait que faire... Mais il s'approche davantage. Jésus montre les cicatrices : "Toutes des blessures ? Tu es un preux et un fidèle, alors..."

Le vieux soldat rougit à ce compliment. "Tu as beaucoup souffert pour l'amour de ta Patrie et de ton empereur... Ne voudrais-tu pas souffrir un peu pour une plus grande Patrie : le Ciel ? Pour un Empereur éternel : Dieu !"

Le soldat secoue la tête et il dit : "Je suis un pauvre païen, mais il n'est pas dit que je n'arrive pas moi aussi à la onzième heure. Mais qui va m'instruire ? Tu vois !... Ils te chassent. Et ce sont des blessures qui font mal, pas les miennes ! Moi, au moins, je les ai rendues aux ennemis. Mais Toi, que donnes-tu à ceux qui te blessent ?"

"Le pardon, soldat. Le pardon et l'amour."

"Moi, j'ai raison. Le soupçon qu'ils font peser sur Toi est stupide. Adieu, galiléen."

"Adieu, romain." Jésus reste seul jusqu'à ce que les frères et les disciples reviennent avec des vivres. Les frères en offrent aux soldats pendant que les disciples en offrent à Jésus. Ils mangent sans appétit, au soleil, pendant que les soldats mangent et boivent joyeusement.

Puis un soldat sort pour regarder sur la place silencieuse. "Nous pouvons aller" crie-t-il. "Ils sont tous partis. Il n'y a plus que les patrouilles."

Jésus se lève docilement, il bénit et réconforte les trois frères auxquels il donne un rendez-vous pour la Pâque au Gethsémani, et il sort, encadré par les soldats avec ses disciples humiliés qui viennent par derrière et ils suivent la route vide jusqu'à la campagne.

"Salut, galiléen" dit le triaire.

"Adieu, Aquila. Je t'en prie : ne faites pas de mal à Daniel, Élie et Philippe. C'est Moi, seul le coupable. Dis-le au centurion."

"Je ne vais rien dire. À cette heure, il ne s’en souvient même plus, et les trois frères nous fournissent un bon ravitaillement, spécialement de ce vin de Chypre que le centurion aime plus que la vie. Sois tranquille. Adieu."

Ils se séparent. Les soldats repassent les portes. Jésus et les siens se dirigent vers l'est, à travers la campagne silencieuse.

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-017.htm
Tome : 5/17


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Les ouvriers de la onzième heure
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Visage de J?sus Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

Message par Maud Mar 22 Oct 2013 - 6:54

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 18 Maria_29

Le berger Anna conduit Jésus vers Aczib

Jésus s'achemine à travers une région très montagneuse. Ce ne sont pas des hautes montagnes mais une succession de montées et de descentes de collines et une quantité de torrents, joyeux en cette fraîche et nouvelle saison, limpides comme le ciel, jeunes comme les premières feuilles de plus en plus nombreuses sur les branches.

Mais bien que la saison soit belle, joyeuse, capable de soulager le cœur, il ne semble pas que Jésus ait l'esprit très soulagé et encore moins que Lui les apôtres. Ils vont très silencieux dans le fond d'une vallée. Des bergers et des troupeaux seulement se présentent à leurs yeux, mais Jésus ne paraît même pas les voir.

C'est le soupir découragé de Jacques de Zébédée et ses paroles inattendues, fruit d'une réflexion soucieuse, qui attirent l'attention de Jésus... Jacques dit : "Et défaites sur défaites !... Il semble que nous soyons des maudits..."

Jésus lui met la main sur l'épaule : "Ne sais-tu pas que c'est le sort des meilleurs ?"

"Hé ! je le sais depuis que je suis avec Toi ! Mais de temps à autre, il faudrait quelque chose de différent, et avant nous l'avions, pour remonter notre cœur et notre foi..."

"Tu doutes de Moi, Jacques ?" Quelle douleur fait trembler la voix du Maître !
"Non !..." Le "non" n'est pas très assuré, en vérité.

"Mais pour ce qui est de douter, tu doutes. De quoi, alors ? Tu ne m'aimes plus comme autrefois ? De me voir chassé, ridiculisé, ou même seulement laissé de côté sur ces confins phéniciens, a-t-il affaibli ton amour ?" Des pleurs tremblent dans les paroles de Jésus, bien qu'il n'y ait pas de sanglots ni de larmes. C'est vraiment son âme qui pleure.
"Pour cela non, mon Seigneur ! Au contraire mon amour pour Toi augmente quand je te vois incompris, récusé, humilié, affligé. Et pour ne pas te voir ainsi, pour pouvoir changer le cœur des hommes, je serais prêt à donner ma vie en sacrifice. Tu dois me croire. Ne me brise pas le cœur, déjà si affligé, en pensant que tu doutes de mon amour. Autrement... Autrement je tomberais dans des excès. Je reviendrais en arrière, et j'exercerais une vengeance contre celui qui t'afflige, pour te prouver que je t'aime, pour t'enlever ce doute, et si j'étais pris et tué cela ne m'importerait en rien. Il me suffirait de t'avoir donné une preuve d'amour."

"Oh ! fils du tonnerre ! D'où te vient cette véhémence ? Veux-tu donc être une foudre exterminatrice ?" Jésus sourit de la fougue et des projets de Jacques.

"Oh! au moins je te vois sourire ! C'est déjà un fruit de mes projets. Qu'en dis-tu, Jean ? Devons-nous mettre en pratique ce que je pense pour soulager le Maître humilié par tant de refus ?"

"Oh ! oui. Allons et mettons-nous à parler, Et s'ils l'insultent encore comme un roi de paroles, un roi de comédie, un roi sans argent, un roi fou, frappons dur pour qu'ils s'aperçoivent que le roi a aussi une armée de fidèles et qu'ils ne sont pas disposés à le laisser mépriser. La violence est utile en certaines choses. Allons, frère! "

"Mais écoutez-les ! Et Moi, qu'ai-je prêché pendant tant de temps ? Oh ! surprise des surprises ! Même Jean, ma colombe, est devenu un épervier ! Regardez-le, vous, comme il est laid, troublé, ébouriffé, déformé par la haine ! Oh ! honte ! Et vous vous étonnez que des phéniciens restent indifférents, que des hébreux soient haineux, que des romains m'intiment l'expulsion, quand vous, les premiers, vous n'avez encore rien compris depuis deux années que vous êtes avec Moi, quand vous êtes devenus fiel par la haine que vous avez dans le cœur, quand vous rejetez de votre cœur ma doctrine d'amour et de pardon, quand vous l'expulsez comme une sottise, et accueillez comme .une bonne alliée la violence ! Oh ! Père Saint ! Cela, oui, c'est une défaite ! Au lieu d'être comme autant d'éperviers qui aiguisent leurs becs et leurs griffes, ne vaudrait-il pas mieux que vous soyez des anges qui prient le Père de donner le réconfort à son Fils ? Quand donc a-t-on vu un orage faire du bien par ses foudres et sa grêle ? Eh bien, en souvenir de ce péché que vous avez commis contre la Charité, en souvenir du moment où j'ai vu affleurer sur votre visage l'animal-homme au lieu de l'homme-ange, que je veux toujours voir en vous, je vais vous surnommer "les fils du tonnerre"

Jésus est mi-sérieux quand il parle aux fils de Zébédée tout enflammés. Mais ses reproches ne durent pas devant leur repentir et, avec un visage que l'amour rend lumineux, il les serre contre son cœur en disant : "Et plus jamais, mauvais comme cela. Et merci pour votre amour. Et aussi pour le vôtre, amis" dit-il en s'adressant à André, Mathieu et les deux cousins. "Venez ici que je vous embrasse vous aussi. Mais ne savez-vous pas que si je n'avais pas d'autre joie que celle de faire la volonté de mon Père et votre amour, je serais toujours heureux même si le monde entier me souffletait ? .Je suis triste, non pas pour Moi, pour mes défaites, comme vous dites, mais par pitié pour les âmes qui repoussent la Vie. Voilà, maintenant nous sommes tous contents, n'est-ce pas, grands enfants que vous êtes ? Alors, allons. Allez trouver ces bergers qui sont entrain de traire le troupeau et demandez un peu de lait, au nom de Dieu. N'ayez pas peur" dit-il en voyant l'air désolé des apôtres, "Obéissez avec foi. Vous aurez du lait et non des coups de bâton, même si l'homme est phénicien".

Et les six s'en vont alors que Jésus les attend sur la route. Et il prie pendant ce temps, le Jésus affligé dont personne ne veut... Les apôtres reviennent avec un petit seau de lait et ils disent : "L'homme a dit que tu ailles là-bas, il doit te parler, mais il ne peut laisser les chèvres capricieuses aux petits bergers."

Jésus dit : "Alors allons manger leur pain." Et ils vont tous sur la pente sur laquelle s'accrochent les chèvres capricieuses.

"Je te remercie du lait que tu m'as donné. Que veux-tu de Moi ?"

"Tu es le Nazaréen, n'est-ce pas ? Celui qui fait des miracles ?"

"Je suis celui qui prêche le Salut Eternel. Je suis le Chemin pour aller au Dieu Vrai, la Vérité qui se donne, la Vie qui vous vivifie. Je ne suis pas un sorcier qui fait des prodiges. Ceux-ci sont les manifestations de ma bonté et de votre faiblesse, qui a besoin de preuves pour croire. Mais que veux-tu de Moi ?"

"Voilà... Tu étais il y a deux jours à Alexandroscène ?"

"Oui. Pourquoi ?"

"Moi aussi j'y étais avec mes chevrettes et quand j'ai compris qu'il y avait de la bagarre j'ai filé, parce qu'on a l'habitude de les provoquer pour voler ce qui se trouve sur les marchés. Ce sont tous des voleurs, les phéniciens... comme les autres. Je ne devrais pas le dire car mon père était prosélyte et ma mère syrienne, prosélyte moi aussi. Mais c'est la vérité. Bien. Revenons à notre récit. Je m'étais mis dans une étable avec mes bêtes, en attendant le char de mon fils. Et le soir, au sortir de la ville, j'ai rencontré une femme en pleurs avec une fillette dans les bras. Elle avait fait huit milles[1][1] pour venir vers Toi, parce qu'elle habite hors de la ville, dans la campagne. Je lui ai demandé ce qu'elle avait. C'est une prosélyte. Elle était venue pour vendre et acheter. Elle avait entendu parler de Toi. Et l'espoir lui était venu au cœur. Elle était accourue à la maison. Elle avait pris sa fillette. Mais avec un fardeau, on marche lentement ! Quand elle fut au magasin des frères, tu n'y étais plus. Eux, les frères, lui ont dit : "Ils l'ont chassé. Mais il nous a dit hier soir qu'il refera les escales de Tyr". Moi - je suis père moi aussi - je lui ai dit : "Et alors va là-bas". Mais elle m'a répondu: "Et, si après ce qui est arrivé, il passe par d'autres chemins pour retourner en Galilée ?". Je lui ai dit : "Oh ! écoute. Ce sera une des deux routes des frontières. Moi, je fais paître mes troupeaux entre Rohob et Lesemdan, justement sur la route des frontières entre ici et Nephtali. Si je le vois, je le Lui dis. Parole de prosélyte". Et voilà je te l'ai dit."

"Et que Dieu t'en récompense. J'irai trouver la femme. Je dois retourner à Aczib."

"Tu vas à Aczib ! Alors nous pourrons faire route ensemble si tu ne dédaignes pas un berger."

"Je ne dédaigne personne. Pourquoi vas-tu à Aczib ?"

"Parce que là, j'ai des agneaux. A moins que... je n'en aie plus."

"Pourquoi ?"

"Parce qu'il y a la maladie... Je ne sais pas si c'est de la sorcellerie ou autre chose. Je sais que mon beau troupeau est devenu malade. C'est pour cela que j'ai amené ici les chèvres, qui sont encore saines, pour les séparer des brebis. Ici vont rester mes deux fils. Maintenant ils sont à la ville pour les commissions. Mais je retourne là... pour les voir mourir, mes belles brebis laineuses..." L’homme soupire... Il regarde Jésus et il s'excuse : "Te parler à Toi, qui es Celui qui est,de ces choses et t'affliger, Toi certainement déjà affligé de la façon dont ils te traitent, c'est de la sottise. Mais les brebis, nous les aimons et c'est notre fortune, sais-tu ?"

"Je comprends, mais elles vont guérir. Ne les as-tu pas fait voir à des gens qui s'y connaissent ?"

"Oh ! Ils m'ont tous dit la même chose: "Tue-les et vends leurs peaux. Il n'y a rien d'autre à faire" et même ils m'ont menacé si je les fais sortir. ..Ils ont peur de la maladie pour les leurs. Je dois les garder ainsi enfermées... et elles meurent en plus grand nombre. Ils sont méchants, tu sais ? ceux de Aczib..."

Jésus dit simplement : "Je le sais."

"Moi, je dis qu'ils me les ont ensorcelées..."

"Non. Ne crois pas ces histoires... Quand tes fils vont venir, vas-tu partir tout de suite ?"
"Tout de suite. Ils vont être ici dans un moment. Est-ce que ce sont tes disciples, eux ? N'y a-t-il qu'eux seuls ?"

"Non, j'en ai encore d'autres."

"Et pourquoi ne viennent-ils pas ici ? Une fois, près de Méron, j'ai rencontré un groupe de ceux-ci. Ils avaient à leur tête un berger .C'est ce qu'on disait. C'était un homme grand, robuste, qui s'appelait Élie. C'était en octobre, me semble-t-il, avant ou après les Tabernacles. Maintenant il t'a quitté ?"

"Aucun disciple ne m'a quitté."

"On m'avait dit que..."

"Quoi ?"

"Que tu... que les pharisiens... En somme que les disciples t'avaient quitté par peur, et parce que tu étais un..."

"Un démon. Dis-le simplement. Je le sais. Double mérite pour toi, qui crois malgré cela."

"Et pour ce mérite, ne pourrais-tu pas... mais peut-être je demande une chose sacrilège. .."

"Dis-la. Si elle est mauvaise, je te le dirai."

"Ne pourrais-tu pas, en passant, bénir mon troupeau ?" l'homme est tout angoissé...

"Je vais bénir ton troupeau. Celui-ci..." et il lève la main pour bénir les chèvres éparses, "... et celui des brebis. Crois-tu que ma bénédiction les sauve ?"

"Comme tu sauves les hommes des maladies, ainsi tu pourras sauver les bêtes. On dit que tu es le Fils de Dieu. Les brebis, c'est Dieu qui les a créées. Ce sont donc des choses du Père. Moi... je ne savais pas s'il était respectueux de te le demander. Mais si c'est possible, fais-le, Seigneur, et je porterai au Temple de grandes offrandes de louange. Ou plutôt, non ! Je te les donnerai pour les pauvres et ce sera mieux."
Jésus sourit et se tait. Les fils du berger arrivent, et peu après Jésus avec les siens et le vieux berger partent, en laissant les jeunes gens à la garde des chèvres.

Ils marchent rapidement, dans l'intention d'arriver vite à Cédès pour en sortir aussitôt en essayant de rejoindre la route qui va de la mer vers l'intérieur. Ce doit être la même, qui bifurque au pied du promontoire, qu'ils ont faite en allant à Alexandroscène. Du moins c'est ce que je comprends d'après les conversations du berger avec les disciples. Jésus est en avant tout seul.

"Mais n'aurons-nous pas d'autres ennuis?" demande Jacques d'Alphée.
"Cédès ne dépend pas de ce centurion. Elle est hors des frontières phéniciennes. Les centurions, il suffit de ne pas les piquer, ils se désintéressent de la religion."
"Et puis nous ne nous y arrêtons pas..."

"Arriverez-vous à faire plus de trente milles en un jour ?" demande le berger.
"Oh ! nous sommes des pèlerins perpétuel !"

Ils marchent sans arrêt... Ils arrivent à Cédès et la dépassent sans incidents. Ils prennent la route directe. Sur la borne est indiquée Aczib. Le berger la montre en disant : "Demain, nous y serons. Cette nuit, vous viendrez avec moi. Je connais des paysans des vallées, mais beaucoup sont dans les frontières phéniciennes... C'est bien ! Nous sortirons des frontières, et sûrement on ne nous découvrira pas tout de suite... Oh ! la surveillance ! Il vaudrait mieux l'exercer pour les voleurs !..."

Le soleil tombe et les vallées n'aident certainement pas à garder sa lumière, boisées comme elles le sont. Mais le berger est au courant et il va avec assurance.
Ils arrivent à un petit village, exactement une poignée de maisons.

"S'ils nous donnent l'hospitalité ici, ce sont des israélites. Nous sommes vraiment sur les frontières. S'ils ne veulent pas de nous, nous irons dans un autre village qui est phénicien."

"Je n'ai pas de préventions, homme." Ils frappent à une maison.

"Toi, Anna ? Avec des amis ? Viens, viens et que Dieu soit avec toi" dit une femme très âgée.

Ils entrent dans une vaste cuisine que réjouit un grand feu. Une famille nombreuse de tous les âges, est réunie à table, mais courtoisement fait place à ceux qui viennent d'arriver.

"Voici Jonas. Voilà sa femme, ses enfants, ses petits-enfants et les belles-filles. Une famille patriarcale, fidèle au Seigneur" dit le berger Anna à Jésus. Et puis, se tournant vers le vieux Jonas : "Et celui qui est avec moi, c'est le Rabbi d'Israël celui que tu désirais connaître."

"Je bénis Dieu de Lui donner l'hospitalité et d'avoir de la place, ce soir, Et je bénis le Rabbi d'être venu dans ma maison, et je demande sa bénédiction."

Anna explique que la maison de Jonas est comme une auberge pour les pèlerins qui vont de la mer vers l'intérieur.

Tous s'assoient dans la cuisine chaude et les femmes servent les nouveaux arrivés, Il y a un tel respect qu'il en est paralysant. Mais Jésus détend la situation en prenant autour de Lui, tout de suite après le repas, les nombreux enfants et en s'intéressant à eux qui tout de suite fraternisent. Et derrière eux, dans le bref espace de temps qui sépare le souper du repos, les hommes de la maison s'enhardissent racontant ce qu'ils ont appris du Messie et demandant de nouveaux détails.

Et Jésus rectifie, confirme, explique avec bienveillance, dans une paisible conversation, jusqu'à ce que pèlerins et gens de la famille aillent se reposer après que Jésus les ait tous bénis.

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-018.htm
Tome : 5 /18



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Visage de J?sus Re: ♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥

Message par Maud Jeu 24 Oct 2013 - 7:04

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 18 Maria_30

La mère cananéenne

"Le Maître est-il avec toi ?" demande le vieux paysan Jonas à Jude Thaddée qui entre dans la cuisine. Déjà le feu est allumé pour chauffer le lait et réchauffer la pièce, car il fait un peu froid dans ces premières heures d'une matinée de fin janvier, je crois, ou de début février. La matinée est très belle mais le froid est un peu piquant.

"Il doit être sorti pour prier. Il sort souvent à l'aube, quand il sait qu'il peut être seul. Il va bientôt arriver. Pourquoi le demandes- tu ?"

"Je l'ai demandé aussi aux autres, qui maintenant se sont dispersés pour le chercher, car il y a une femme à côté, avec mon épouse, C'est une femme d'un village d'au-delà de la frontière et je ne sais pas vraiment dire comment elle a su que le Maître est ici, mais elle le sait et elle veut Lui parler."

"C'est bien. Elle Lui parlera. Peut-être est-elle celle qu'il attend, avec une fillette malade. C'est son esprit qui l'aura conduite ici."

"Non. Elle est seule, elle n'a pas d'enfant avec elle : Je la connais bien, parce que les villages sont si voisins. ...et la vallée appartient à tous. Et puis, moi je pense qu'il ne faut pas être cruel avec les voisins, même phéniciens, pour servir le Seigneur. Je peux me tromper mais..."

"C'est aussi ce que dit toujours le Maître, qu'il faut avoir pitié de tous."

"C'est ce qu'il fait, n'est-ce pas ?"

"Oui."

"Anna m'a dit aussi, que même maintenant on le traite mal. Mal, toujours mal !... En Judée, comme en Galilée, partout. Pourquoi donc Israël est-il si mauvais avec son Messie ? Je veux parler des plus grands parmi nous d'Israël, car le peuple l'aime."

"Comment sais-tu ces choses ?"

"Oh ! je vis ici, au loin, mais je suis un fidèle israélite. Il me suffit d'aller au Temple pour les fêtes d'obligation pour savoir tout le bien et tout le mal ! Et le bien on le connaît moins que le mal, parce que le bien est humble et ne fait pas de réclame. Les bénéficiaires devraient le proclamer, mais peu nombreux sont ceux qui sont reconnaissants après avoir reçu des grâces. L'homme reçoit le bienfait et il l'oublie... Le mal, au contraire, fait résonner ses trompettes et il fait retentir ses paroles, même aux oreilles de ceux qui ne veulent pas entendre. Vous, qui êtes ses disciples, ne savez-vous pas à quel point, au Temple, on dénigre et on accuse le Messie ? Les scribes ne font plus d'instructions que sur son compte. Je crois qu'ils se sont fait un recueil d'instructions sur la manière d'accuser le Maître et de faits qu'ils présentent comme des motifs valables d'accusation. Et il faut avoir la conscience très droite et ferme et libre, pour savoir résister et juger avec sagesse. Lui, est-il au courant de ces manœuvres ?"

"Il les connaît toutes. Et nous, plus ou moins, nous sommes aussi au courant, mais Lui ne s'en frappe pas. Il continue son travail et le nombre des disciples ou des croyants augmente chaque jour ."

"Que Dieu veuille qu'ils tiennent jusqu'à la fin, mais l'homme est instable dans ses pensées. Il est faible... Voici le Maître qui vient vers la maison avec trois disciples."

Et le vieillard sort, suivi de Jude Thaddée, pour vénérer Jésus qui, plein de majesté, se dirige vers la maison.

"La paix soit avec toi, aujourd'hui et toujours, Jonas."

"Gloire et paix avec Toi, Maître, toujours."

"La paix à toi, Jude. André et Jean ne sont-ils pas encore revenus ?"

"Non, et je ne les ai pas entendus sortir. Personne. J'étais fatigué et j'ai dormi comme une souche."

"Entre, Maître. Entrez. L'air est frais ce matin. Dans le bois il devait faire très froid. Il y a ici du lait chaud pour tout le monde."

Ils sont en train de boire le lait et tous, sauf Jésus, y trempent de bons morceaux de pain, quand surviennent André et Jean avec Anna, le berger.

"Ah ! tu es ici ? Nous revenions pour dire que nous ne t'avions pas trouvé..." s’écrie André.

Jésus donne le salut de paix aux trois, et ajoute : "Vite, prenez votre part et partons car je veux être, avant le soir, au moins au pied de la montagne d'Aczib. Ce soir commence le sabbat."

"Mais, mes brebis ?"


Jésus sourit et répond : "Elles seront guéries après que je les aurai bénies."

"Mais je suis à l'orient de la montagne ! Et Toi, pour cette femme, tu vas au couchant..."

"Laisse faire Dieu, et Lui pourvoira à tout." Le repas est fini, et les apôtres montent prendre les sacs de voyage pour le départ.

"Maître... cette femme qui est là... tu ne l'écoutes pas ?"

"Je n'ai pas le temps, Jonas. La route est longue et, du reste, je suis venu pour les brebis d'Israël. Adieu, Jonas. Que Dieu te récompense de ta charité. Ma bénédiction est sur toi et sur tous tes parents, Allons."

Mais le vieillard se met à crier à tue-tête : "Enfants ! Femmes ! Le Maître part ! Accourez !"

Et comme une nichée de poussins éparpillés dans un pailler accourent au cri de la mère poule qui les appelle, ainsi de tous les côtés de la maison accourent femmes et hommes occupés à leurs travaux ou encore à moitié endormis, et les enfants à moitié nus qui sourient avec leurs visages à peine éveillés... Ils se serrent autour de Jésus qui est au milieu de l'aire, et les mères enveloppent les enfants dans leurs jupes pour les garantir de l'air, ou bien les serrent dans leurs bras jusqu'à ce qu'une servante accoure avec des petits vêtements qui sont vite passés.

Mais voilà qu'accourt une femme qui n'est pas de la maison, une pauvre femme en pleurs, honteuse... Elle marche courbée, presque en rampant et, arrivée près du groupe au milieu duquel se trouve Jésus, elle se met à crier : "Aie pitié de moi, ô Seigneur, Fils de David ! Ma fillette est toute tourmentée par le démon qui lui fait faire des choses honteuses. Aie pitié parce que je souffre tant et que je suis méprisée par tous à cause de cela. Comme si ma fille était responsable de faire ce qu'elle fait… Aie pitié, Seigneur, Toi qui peux tout. Élève ta voix et ta main et commande à l'esprit impur de sortir de Palma. Je n'ai que cette enfant et je suis veuve…Oh ! ne t’en va pas ! Pitié !…"

En effet Jésus qui a fini de bénir les membres de la famille et qui a réprimandé les adultes d'avoir parlé de sa venue - et eux s'excusent en disant : "Nous n'avons pas parlé, crois-le, Seigneur !" - s'en va montrant une dureté inexplicable envers la pauvre femme qui se traîne sur les genoux en tendant des bras suppliants, haletante alors qu'elle dit : "C'est moi, moi qui t'ai vu hier pendant que tu passais le torrent, et j'ai entendu qu'on te disait : "Maître".

Je vous ai suivis parmi les buissons et j'ai entendu leurs conversations. J'ai compris qui tu es... Et ce matin, je suis venue alors qu'il faisait encore nuit, pour rester ici sur le seuil comme un petit chien jusqu'au moment où Sara s'est levée et m'a fait entrer. Oh ! Seigneur, pitié ! Pitié ! D'une mère et d'une petite !"

Mais Jésus marche rapidement, sourd à tout appel. Ceux de la maison disent à la femme : "Résigne-toi ! Il ne veut pas t'écouter. Il l'a dit : c'est pour ceux d'Israël qu'il est venu..."

Mais elle se lève, à la fois désespérée et pleine de foi, et elle répond : "Non. Je le prierai tant qu'il m'écoutera." Et elle se met à suivre le Maître ne cessant de crier ses supplications qui attirent sur le seuil des maisons du village tous ceux qui sont éveillés et qui, comme ceux de la maison de Jonas, se mettent à la suivre pour voir comment la chose va finir.

Les apôtres pendant ce temps se regardent entre eux étonnés et ils murmurent : "Pourquoi agit-il ainsi ? Il ne l'a jamais fait !..." Et Jean dit : "A Alexandroscène il a pourtant guéri ces deux."

"C'étaient des prosélytes, pourtant" répond le Thaddée.

"Et celle qu'il va guérir maintenant ?"

"Elle est prosélyte, elle aussi" dit le berger Anna.

"Oh ! mais que de fois il a guéri aussi des gentils ou des païens ! La petite romaine, alors ? ..." dit André désolé, qui ne sait pas se tranquilliser de la dureté de Jésus envers la femme cananéenne.

"Je vais vous dire ce qu'il y a" s'exclame Jacques de Zébédée. "C'est que le Maître est indigné. Sa patience est à bout, devant tant d'assauts de la méchanceté humaine. Ne voyez-vous pas comme il est changé ? Il a raison ! Désormais il ne vase donner qu'à ceux qu'il connaît. Et il fait bien !"

"Oui. Mais en attendant, elle nous suit en criant, avec une foule de gens à sa suite. Lui, s'il veut passer inaperçu, a trouvé moyen d'attirer l'attention même des arbres..." bougonne Matthieu.

"Allons Lui dire de la renvoyer... Regardez ici le beau cortège qui nous suit ! Si nous arrivons ainsi sur la route consulaire, nous allons être frais ! Et elle, s'il ne la chasse pas, ne va pas nous lâcher..." dit le Thaddée fâché, qui de plus se retourne et dit à la femme : "Tais-toi et va-t-en !" Et ainsi fait Jacques de Zébédée. Mais la femme ne s'impressionne pas des menaces et des injonctions et continue de supplier.

"Allons le dire au Maître, qu'il la chasse, Lui, puisqu'il ne veut pas l'écouter, Cela ne peut pas durer ainsi !" dit Matthieu, alors qu'André murmure : "La pauvre !" et Jean ne cesse de répéter : "Moi, je ne comprends pas... Moi, je ne comprends pas..." Il est bouleversé, Jean, de la façon d'agir de Jésus.

Mais désormais, en accélérant leur marche, ils ont rejoint le Maître qui s'en va rapidement comme si on le poursuivait. "Maître ! Mais renvoie cette femme ! C'est un scandale ! Elle crie derrière nous ! Elle nous fait remarquer de tout le monde ! La route se remplit toujours plus de passagers... et beaucoup la suivent. Dis-lui qu'elle s'en aille."

"Dites-le-lui, vous. Moi, je lui ai déjà répondu."

"Elle ne nous écoute pas. Allons ! Dis-le-lui, Toi. Et avec sévérité."

Jésus s'arrête et se retourne. La femme prend cela pour un signe de grâce, et elle hâte le pas, elle élève le ton déjà aigu de sa voix et son visage pâlît car son espoir grandit.

"Tais-toi, femme, et retourne chez toi ! Je l'ai déjà dit: "Je suis venu pour les brebis d'Israël". Pour guérir les malades et rechercher celles d'entre elles qui sont perdues. Toi, tu n'es pas d'Israël."

Mais la femme est déjà à ses pieds et les baise en l'adorant et en tenant serrées ses chevilles, comme si elle était une naufragée qui a trouvé un rocher où se réfugier, et elle gémit : "Seigneur, viens à mon secours ! Tu le peux, Seigneur. Commande au démon, Toi qui es saint... Seigneur, Seigneur, tu es le Maître de tout, de la grâce comme du monde. Tout t'est soumis, Seigneur. Je le sais. Je le crois. Prends donc ce qui est en ton pouvoir et sers-t-en pour ma fille."

"Il n'est pas bien de prendre le pain des enfants de la maison et de le jeter aux chiens de la rue."

"Moi, je crois en Toi. En croyant, de chien de la rue je suis devenue chien de la maison. Je te l'ai dit : je suis venue avant l'aube me coucher sur le seuil de la maison où tu étais, et si tu étais sorti de ce côté là, tu aurais buté contre moi. Mais tu es sorti de l'autre côté et tu ne m'as pas vue. Tu n'as pas vu ce pauvre chien tourmenté, affamé de ta grâce, qui attendait pour entrer en rampant où tu étais, pour te baiser ainsi les pieds, en te demandant de ne pas le chasser..."

"Il n'est pas bien de jeter le pain des enfants aux chiens" répète Jésus.

"Mais pourtant les chiens entrent dans la pièce où le maître mange avec ses enfants, et ils mangent ce qui tombe de la table, ou les restes que leur donnent les gens de la maison, ce qui ne sert plus. Je ne te demande pas de me traiter comme une fille et de me faire asseoir à ta table : Mais donne-moi, au moins, les miettes..." Jésus sourit. Oh ! comme son visage se transfigure dans ce sourire de joie !…

Les gens, les apôtres, la femme, le regardent avec admiration... sentant que quelque chose va arriver.

Et Jésus dit : "Oh ! femme ! Grande est ta foi. Et par elle tu consoles mon esprit. Va donc, et qu'il te soit fait comme tu veux. Dès ce moment, le démon est sorti de ta petite. Va en paix. Et comme de chien perdu tu as su vouloir être chien domestique, ainsi sache à l'avenir être fille, assise à la table du Père. Adieu."

"Oh ! Seigneur ! Seigneur ! Seigneur !... Je voudrais courir pour voir ma Palma chérie... Je voudrais rester avec Toi, te suivre ! Béni ! Saint !"

"Va, va, femme. Va en paix."

Et Jésus reprend sa route alors que la cananéenne, plus agile qu'une enfant, s'éloigne en courant, suivie de la foule curieuse de voir le miracle...

"Mais pourquoi, Maître, l'as-tu faite tant prier pour ensuite l'écouter ?" demande Jacques de Zébédée.

"A cause de toi et de vous tous. Cela n'est pas une défaite, Jacques. Ici, je n'ai pas été chassé, ridiculisé, maudit... Que cela relève votre esprit abattu. J'ai déjà eu aujourd'hui ma nourriture très douce. Et j'en bénis Dieu. Et maintenant allons trouver cette autre qui sait croire et attendre avec une foi assurée."

"Et mes brebis, Seigneur ? Bientôt je devrai prendre une autre route que la tienne pour aller à ma pâture..."

Jésus sourit, mais ne répond pas.

Il est beau d'aller, maintenant que le soleil réchauffe l'air et fait resplendir comme des émeraudes les feuilles nouvelles des bois et les herbes des prairies, changeant en chaton tout calice de fleur à cause des gouttes de rosée qui brillent dans les pétales multicolores des fleurettes des champs. Et Jésus va, souriant. Et les apôtres, qui ont subitement repris courage, le suivent en souriant...

Ils arrivent au carrefour. Le berger Anna, mortifié, dit : "C'est ici que je devrais te quitter... Tu ne viens donc pas guérir mes brebis ? Moi aussi, j'ai foi, et je suis prosélyte... Me promets-tu, au moins, de venir après le sabbat ?"

"Oh ! Anna ! Mais tu n'as pas encore compris que tes brebis sont guéries depuis le moment où j'ai levé la main vers Lesemdan ? Va donc, toi aussi, pour voir le miracle et bénir le Seigneur"


Je crois que la femme de Loth, quand elle eut été changée en sel, n'a pas été différente du berger qui est resté comme il était, un peu incliné mais la tête relevée vers Jésus pour le regarder, un bras à demi tendu en l'air... Il semble être une statue. Et on pourrait lui mettre l'inscription : "Le Suppliant." Mais ensuite il se redresse et se prosterne, en disant : "Béni, sois-tu ! Toi, bon ! Toi, saint !... Mais je t'ai promis beaucoup d'argent, et ici, je n'ai que quelques drachmes... Viens, viens chez moi après le sabbat..."

"Je viendrai, non pour l'argent mais pour te bénir encore pour ta simple foi. Adieu, Anna. La paix soit avec toi."

Et ils se séparent... "Et cela aussi, n'est pas une défaite, amis ! Et ici aussi, je n'ai pas été ridiculisé, chassé et maudit !... Allons ! Il y a une mère qui nous attend depuis plusieurs jours..."

Et la marche continue, avec un petit arrêt pour manger du pain et du fromage et boire à une source...

Le soleil est au midi quand on voit apparaître le carrefour . "Voici le commencement des escales de Tyr là, au fond" dit Matthieu. Et il se réjouit à la pensée que la plus grande partie du parcours est faite.

Justement, adossée à une borne romaine, il y a une femme. A ses pieds, sur un strapontin, une fillette sur les sept ou huit ans. La femme regarde dans toutes les directions, vers les escales dans les rochers, vers la route de Ptolémaïs, vers celle que parcourt Jésus, et de temps à autre elle se penche pour caresser sa petite, pour lui garantir la tête du soleil avec une toile, lui recouvrir les pieds et les mains avec un châle...

"Voilà la femme ! Mais où aura-t-elle dormi pendant ces jours ?" demande André.

"Peut-être dans cette maison tout près du carrefour. Il n'y a pas d'autres maisons dans le voisinage" répond Matthieu.

"Ou à la belle étoile" dit Jacques d'Alphée.

"Non. A cause de la fillette, non" répond son frère.

"Oh ! pour obtenir la grâce !..." dit Jean.

Jésus ne parle pas, mais il sourit. Tous en rang, trois d'un côté, trois de l'autre, avec Lui au milieu, ils occupent la route à cette heure de pose des voyageurs, occupés à manger là où les a pris le milieu du jour.

Jésus sourit, grand, beau, au milieu du rang. Et il semble que toute la lumière du soleil se soit concentrée sur son visage, tant il est radieux. Il semble émettre des rayons.


La femme lève les yeux... Ils sont désormais à une cinquantaine de mètres. Peut-être Jésus a attiré son attention, distraite par une plainte de la fille, par son regard fixé sur elle. Elle regarde... Elle porte les mains à son cœur par un mouvement involontaire, provoqué par l'angoisse, elle sursaute.

Jésus épanouit son sourire. Et ce sourire resplendissant, inexprimable, doit dire tant de choses à la femme qui, non plus anxieuse mais souriante, comme si déjà elle éprouvait son futur bonheur, se penche pour prendre sa petite et la levant de son strapontin, la portant les bras tendus, comme si elle l'offrait à Dieu, elle s'avance et quand elle est arrivée aux pieds de Jésus, elle s'agenouille en levant le plus qu'elle peut la fillette allongée qui regarde, extasiée, le très beau visage de Jésus.

La femme ne dit pas un mot. Et que doit-elle dire de plus profond que ce qu'elle dit par toute son attitude ?…

Et Jésus ne dit qu'une seule parole, petite, mais puissante, mais béatifiante comme le "Fiat" de Dieu dans la création du monde : "Oui." Et il pose sa main sur la petite poitrine de l'enfant étendue.

Et l'enfant, avec un cri d'alouette libérée de la cage, crie : "Maman !" et elle s'assied tout d'un coup, glisse à ses pieds, et embrasse sa mère qui, épuisée, vacille et va tomber à la renverse, s'évanouissant par suite de la fatigue, de l'angoisse subitement apaisée, de la joie qui dépasse les forces du cœur déjà affaibli par tant de souffrances passées.

Jésus la soutient promptement. Son intervention est plus efficace que celle de la fillette qui, alourdissant de son poids les bras maternels, ne l'aide pas précisément à la soutenir. Jésus la fait asseoir et fait passer la force en elle...

Et il la regarde pendant que des larmes muettes descendent sur le visage à la fois fatigué et bienheureux de la femme. Puis viennent les paroles : "Merci, mon Seigneur ! Merci et bénédictions ! Mon espérance a été couronnée... Je t'ai tant attendu... Mais maintenant je suis heureuse..."

La femme, après avoir surmonté son évanouissement, se remet à genoux, adorant, tenant devant elle la fillette que Jésus caresse. Elle explique : "Il y a deux ans que dans l'échine un os se détériorait la paralysant et l'amenant à la mort lentement et en la faisant beaucoup souffrir. Nous l'avions fait voir à des médecins d'Antioche, de Tyr, de Sidon et même de Césarée et de Panéade, faisant tant de dépenses pour les médecins et les remèdes que nous avons dû vendre la maison que nous avions en ville et nous retirer dans celle de campagne, et congédier les serviteurs de la maison pour ne garder que ceux de la campagne, vendre nos productions qu'auparavant nous consommions...

Et rien ne servait ! Je t'ai vu. Je savais ce que tu fais ailleurs. J'ai espéré ta grâce aussi pour moi... Et je l'ai eue ! Maintenant je retourne à la maison, légère, joyeuse... et à mon époux, je donnerai la joie... A mon Jacques, lui qui m'a mis au cœur l'espérance, en me racontant ce qui était arrivé par ta puissance en Galilée et en Judée. Oh ! si nous n'avions pas craint de ne pas te trouver, nous serions venus avec la fillette. Mais tu es toujours en route"

"En cheminant, je suis venu vers toi... Mais où as-tu séjourné pendant ces jours ?"

"Dans cette maison... Mais la nuit, la fillette seule y restait. il y a là une brave femme : elle en prenait soin à ma place pendant la nuit. Moi, je suis restée toujours ici, par crainte de te manquer si tu passais de nuit."

Jésus lui met la main sur la tête : "Tu es une bonne mère. Dieu t'aime à cause de cela. Tu vois qu'il t'a aidée en tout."

"Oh ! oui ! Je l'ai bien senti pendant que je venais. J'étais venue de la maison à la ville, croyant t'y trouver, par conséquent avec peu d'argent et seule. Puis, suivant le conseil de l'homme, j'ai poursuivi ma route pour ce lieu. J'ai envoyé prévenir à la maison et je suis venue... et il ne m'a rien manqué. Ni pain, ni abri, ni force."

"Toujours avec ce fardeau dans les bras ? Ne pouvais-tu pas louer un char ?.." demande peiné Jacques d'Alphée.

"Non. Elle aurait trop souffert, à en mourir. C'est dans les bras de sa mère que ma Jeanne est venue à la Grâce."

Jésus caresse leurs cheveux à toutes les deux : "Maintenant partez et soyez toujours fidèles au Seigneur. Que le Seigneur soit avec vous et qu'avec vous soit ma paix."

Jésus reprend sa marche sur la route qui va à Ptolémaïs.

"Et cela aussi n'est pas une défaite, amis. Et ici aussi, je n'ai été ni chassé, ni ridiculisé, ni maudit"

En suivant la route directe, ils ont vite fait de rejoindre la maréchalerie, près du pont. Le maréchal romain se repose au soleil, assis contre le mur de la maison. Il reconnaît Jésus et le salue. Jésus lui rend son salut et il ajoute : "Me permets-tu de rester ici, pour reposer un peu et manger un peu de pain ?"

"Oui, Rabbi. Ma femme voulait te voir... car je lui ai dit ce que j'avais entendu de ton discours de l'autre fois. Esther est hébraïque. Mais je n'osais te le dire, moi je suis romain. Je te l'aurais envoyée..."

"Appelle-la donc." Et Jésus s'assoit sur le banc qui est contre le mur, alors que Jacques de Zébédée distribue le pain et le fromage...

Une femme d'environ quarante ans sort, confuse, rouge de honte.

"La paix à toi, Esther. Il t'est venu le désir de me connaître ? Pourquoi ?"

"A cause de ce que tu as dit... Les rabbins nous méprisent, nous, qui avons épousé un romain... Mais mes enfants je les ai tous portés au Temple et les garçons sont tous circoncis. Je l'ai dit d'avance à Titus, quand il voulait m'épouser... Et lui est bon... Il me laisse toujours faire avec les enfants. Coutumes, rites, tout est hébraïque ici !... Mais les rabbins, les chefs de synagogues, nous maudissent. Toi, pas... Tu as des paroles de pitié pour nous... Oh ! sais-tu ce que c'est pour nous ? C'est comme sentir autour de soi les bras du père et de la mère qui nous ont répudiées et maudites, ou qui sont sévères avec nous... C'est comme remettre les pieds dans la maison que l'on a quittée et ne plus s'y sentir étrangère... Titus est bon. Pendant nos fêtes, il ferme la maréchalerie en perdant ainsi beaucoup d'argent et il m'accompagne avec les enfants au Temple, car il dit que l'on ne peut rester sans religion. Lui dit que la sienne est celle de la famille et du travail, comme auparavant c'était celle du devoir de soldat... Mais moi ? Seigneur... j'ai voulu te demander une chose... Tu as dit que ceux qui suivent le vrai Dieu doivent prélever un peu de leur levain saint et le mettre dans la bonne farine pour la faire fermenter saintement. Je l'ai fait avec mon époux. J'ai cherché, pendant ces vingt années que nous sommes ensemble, de travailler son âme qui est bonne avec le levain d'Israël. Mais lui ne se décide jamais... et il est âgé... Je le voudrais avec moi dans l'autre vie... Unis par la foi, comme nous le sommes par l'amour... Je ne te demande pas la richesse, le bien-être, la santé. Ce que nous avons nous suffit, Dieu en soit loué ! Mais cela, je le voudrais... Prie pour mon époux ! Qu'il appartienne au vrai Dieu..."

"Oui, il aura cette grâce. Sois-en assurée. Tu demandes une chose sainte et tu l'auras. Tu as compris les devoirs de la femme envers Dieu et envers son époux. Il faudrait qu'il en fût ainsi de toutes les épouses ! En vérité je te dis que beaucoup devraient t'imiter. Continue d'être ainsi, et tu auras la joie d'avoir ton Titus à tes côtés, dans la prière et au Ciel. Fais-moi voir tes enfants."

La femme appelle ses nombreux enfants : "Jacob, Judas, Lévi, Marie, Jean, Anne, Élise, Marc" et puis elle entre dans la maison et en revient avec un enfant qui marche à peine et une autre de trois mois, au plus : "Et lui est Isaac, et la toute petite c'est Judith" dit-elle en terminant la présentation.

"Abondance !" dit en riant Jacques de Zébédée.

Et Jude s'écrie : "Six garçons ! Et tous circoncis ! Et avec des noms purs ! Bravo !"

La femme est heureuse et elle fait l'éloge de Jacob, Judas et Lévi qui aident leur père "tous les jours sauf le sabbat, jour où Titus travaille seul pour mettre les fers faits d'avance" dit-elle. Et elle loue Marie et Anne "qui aident leur mère." Mais elle ne se fait pas faute de louer les quatre plus petits "bons et sans caprices. Titus m'aide à les éduquer, lui qui a été un soldat discipliné" dit-elle en regardant affectueusement l'homme qui, adossé à l'huisserie, une main sur la hanche, a écouté tout ce qu'a dit sa femme avec un franc sourire sur son visage ouvert et qui maintenant se rengorge en entendant rappeler ses mérites de soldat.

"Très bien. La discipline des armes n'est pas odieuse à Dieu quand se fait avec humanité le propre devoir du soldat. Le tout c'est d'être toujours moralement honnête, dans tout travail, pour être toujours vertueux. Cette discipline d'autrefois; que tu fais passer dans tes enfants, doit te préparer à un service plus haut : à celui de Dieu. Maintenant nous te quittons. J'aurai bien juste le temps d'arriver à Aczib avant la fin du crépuscule. Paix à toi, Esther, et à toute ta maison. Appartenez, bientôt, tous au Seigneur."

La mère et les enfants s'agenouillent pendant que Jésus lève la main pour les bénir. L'homme, comme s'il était de nouveau le soldat de Rome devant son empereur, se met au garde-à-vous, en saluant à la romaine.

Et ils s'en vont... Après quelques mètres, Jésus met la main sur l'épaule de Jacques: "Et encore une fois, la quatrième de la journée, je te fais remarquer que ce n'est pas une défaite, ce n'est pas être chassé, ridiculisé, maudit... Et maintenant, qu'en dis-tu ?"

"Que je suis un sot, Seigneur" dit impétueusement Jacques de Zébédée.

"Non. Toi et vous tous, vous êtes encore et toujours trop humains, et vous éprouvez toutes les sautes d'humeur de celui qui est plus dominé par l'humanité que par l'esprit. L'esprit, quand il est souverain, ne change pas à tout souffle de vent qui ne peut être toujours une brise parfumée... Il pourra souffrir, mais sans s'altérer. Je ne cesse de prier pour que vous arriviez à cette domination de l'esprit. Mais vous devez m'aider par votre effort... Eh bien ! Le voyage est terminé. Pendant ce temps, j'ai semé ce qu'il faut pour préparer le travail pour le temps où ce sera vous qui serez les évangélisateurs. Maintenant nous pouvons aller au repos du sabbat avec la conscience d'avoir fait notre devoir.

Et nous attendrons les autres... puis nous irons... encore... toujours... jusqu'à ce que tout soit accompli…"

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-019.htm
Tome : 5/19
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Message par Maud Ven 25 Oct 2013 - 7:00

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 18 Maria_31

Barthélemy découvre le pourquoi…


Le lendemain du sabbat.

Jésus est réuni avec les six dans une pièce où il y a des lits très misérables, entassés les uns près des autres, L'espace qui reste libre suffit à peine pour aller d'un bout à l'autre de la pièce. Ils mangent leur nourriture plus que humble, assis sur les lits, car il n'y a pas de tables ni de sièges. Et Jean, à un certain moment, va s'asseoir sur le bord de la fenêtre à la recherche du soleil. C'est ainsi qu'il voit le premier ceux que l'on attend : Pierre, Simon, Philippe et Barthélemy qui se dirigent vers la maison. Il les appelle et puis sort dehors, suivi de tous. Il ne reste que Jésus qui pour tout mouvement se lève et se tourne pour regarder du côté de la porte...

Ceux qui viennent d'arriver entrent, et il est facile d'imaginer l'exubérance de Pierre, comme il est facile de se représenter la révérence profonde de Simon le Zélote. Ce qui surprend, c'est l'attitude de Philippe et surtout de Barthélemy. Ils entrent, je dirais comme craintifs, angoissés, et bien que Jésus leur ouvre les bras pour échanger avec eux le baiser de paix déjà donné à Pierre et à Simon, eux tombent à genoux et se penchent, le front jusqu'au sol, en baisant les pieds de Jésus et ils restent ainsi... et les soupirs étouffés de Barthélemy montrent qu'il pleure silencieusement sur les pieds de Jésus.

"Pourquoi cette angoisse, Barthélemy ? Tu ne viens pas dans les bras du Maître ? Et toi, Philippe, pourquoi es-tu si craintif? Si je ne savais pas que vous êtes deux hommes honnêtes, dont le cœur ne peut loger la malice, je devrais soupçonner que vous êtes coupables. Mais il n'en est pas ainsi. Allons, donc ! Il y a si longtemps que je désire votre baiser et de voir le regard limpide de vos yeux fidèles..."

"Nous aussi, Seigneur..." dit Barthélemy en levant son visage sur lequel brillent des larmes. "Nous n'avons désiré que Toi, nous demandant en quoi nous pouvions t'avoir déplu pour mériter de rester si longtemps séparés. Et cela nous paraissait une chose injuste... Mais maintenant, nous savons... Oh ! pardon, Seigneur ! Nous te demandons pardon. Moi surtout, parce que Philippe a été séparé de Toi à cause de moi. Et à lui, je l'ai déjà demandé. C'est moi le seul coupable, moi, le vieil israélite si dur à se renouveler, qui t'ai donné la douleur..."

Jésus se penche et le lève de force, et de même pour Philippe, et il les embrasse ensemble en disant : "Mais de quoi t'accuses-tu ? Tu n'as pas fait de mal. Aucun mal ! Et Philippe non plus. Vous êtes mes chers apôtres, et aujourd'hui je suis heureux de vous avoir avec Moi, réunis pour toujours..."

"Non, non... pendant longtemps nous avons ignoré le motif pour lequel tu t'es justement méfié de nous, au point de nous exclure de ta famille apostolique. Mais maintenant nous le savons... et nous te demandons pardon, pardon, pardon, moi surtout, Jésus, mon Maître..." Et Barthélemy le regarde avec anxiété, avec amour, avec compassion. Agé comme il l'est, il semble un père qui regarde son fils affligé, qui regarde son visage amaigri par une peine qu'il n'avait pas remarquée et dont tout d'abord il n'avait pas vu l'amaigrissement, le vieillissement... Et de nouvelles larmes coulent sur les joues de Barthélemy. Et il s'écrie : "Mais que t'ont-ils fait ? Que nous ont-ils fait pour nous faire souffrir tous ainsi ? Il semble qu'un esprit mauvais soit entré parmi nous, pour nous troubler, nous rendre tristes, affaiblis, apathiques, stupides. ..stupides au point de ne pas comprendre que tu souffrais... Au contraire, au point d'accroître tes souffrances par nos mesquineries, notre stupidité, nos respects humains, notre vieille humanité... Oui, le vieil homme a triomphé en nous, toujours, sans que ta Vitalité parfaite ait jamais pu nous renouveler. C'est cela, cela qui ne me donne pas la paix ! Avec tout mon amour je n'ai pas su me renouveler, et te comprendre, et te suivre... Ce n'est que matériellement que je t'ai suivi... Mais Toi, tu voulais que nous te suivions spirituellement... et que nous te comprenions dans ta perfection... pour devenir capables de te perpétuer… Oh ! mon Maître ! Mon Maître qui t'en iras un jour, après tant de luttes, d'embûches, de dégoûts, de douleurs, et avec la douleur de nous savoir encore non préparés !..." Et Barthélemy penche sa tête sur l'épaule de Jésus, et il pleure, vraiment désolé, brisé par la conscience d'avoir été un disciple sans intelligence.

"Ne te laisse pas abattre, Nathanaël. Tu vois tout avec un grossissement qui te surprend. Mais ton Jésus savait que vous étiez des hommes... et il n'exige rien de plus que ce que vous pouvez donner. Oh ! vous me donnerez tout, vraiment tout. Mais maintenant vous devez croître, vous former... Et c'est un travail lent. Mais je sais attendre, et je jouis de votre croissance car vous croissez continuellement dans ma Vie. Même ton chagrin, même la concorde de ceux qui étaient avec Moi, même la pitié qui succède à des duretés qui étaient votre nature. à des égoïsmes, des cupidités spirituelles, même votre gravité actuelle, tout est phase de votre croissance en Moi. Allons, donc ! Reste en paix puisque je sais. Tout. Ton honnêteté, ta bonne foi, ta générosité, ton sincère amour. Pourrais-je douter de mon sage Barthélemy et de Philippe, si bien équilibré et fidèle ! Ce serait faire tort à mon Père qui m'a accordé de vous avoir parmi mes plus chers. Mais maintenant... Allons, assoyons- nous ici, et que ceux qui se sont déjà reposés s'occupent des frères fatigués et affamés en leur donnant une nourriture et repos. Et pendant ce temps, racontez à votre Maître et à vos frères ce qu'ils ignorent."

Et il s'assoit sur son lit avec à ses côtés Philippe et Nathanaël, alors que Pierre et Simon s'assoient sur le lit voisin, en face de Jésus, genoux contre genoux.
"Parle-toi, Philippe. Moi, j'ai déjà parlé. Et tu as été plus juste que moi pendant ce temps..."

"Oh! Barthélemy ! Juste ! J'avais seulement compris que ce n'était pas malveillance ou inconstance du Maître de n'avoir pas voulu de nous... Et j'essayais de te tranquilliser ainsi... en t'empêchant de penser à des choses qui ensuite t'auraient donné de la douleur de les avoir pensées, et du remords... Moi, j'avais un seul remords... De t'avoir retenu de désobéir au Maître quand tu voulais suivre Simon de Jonas qui allait à Nazareth pour prendre Margziam... Après... je t'ai vu tant souffrir dans ton corps et dans ton âme, que je me disais : "Il aurait mieux valu que je le laisse faire ! Le Maître lui aurait pardonné sa désobéissance et Barthélemy n'aurait plus eu l'âme empoisonnée par ces idées"… Mais, tu le vois ! Si tu étais parti, tu n'aurais jamais eu la clef du mystère... et peut-être le soupçon que tu avais sur l'inconstance du Maître ne serait plus jamais tombé. Ainsi, au contraire..."

"Oui. Ainsi, au contraire, j'ai compris. Maître, Simon de Jonas et Simon le Zélote, que j'ai assailli de questions pour savoir beaucoup de choses, pour avoir la confirmation de nombreuses choses que je savais déjà, m'ont dit seulement : ''Le Maître a beaucoup souffert au point qu'il est amaigri et vieilli. Israël tout entier, et nous les premiers, en avons la responsabilité. Lui nous aime et nous pardonne. Mais il désire ne pas parler du passé. C'est pour cela que nous vous conseillons de ne pas le questionner et de ne pas parler..." Mais je veux parler. Pour ce qui est de te questionner, je ne te questionnerai pas, mais je dois parler pour que tu saches. Car rien ne doit t'être caché de ce qu'il y a dans l'âme de ton apôtre. Un jour- Simon et les autres étaient partis depuis quelques jours - est venu chez moi, Micaël de Cana. Un peu parent, très ami, et compagnon d'études dès l'enfance… Lui, j'en suis certain, est venu de bonne foi, par affection pour moi. Mais celui qui l'a envoyé n'est pas de bonne foi. Il voulait savoir pourquoi j'étais resté à la maison... alors que les autres étaient partis. Et il m'a dit : "Alors c'est vrai ? Tu t'es séparé parce que, en bon israélite, tu ne peux approuver certaines choses. Et volontiers les autres te laissent de côté, à commencer par Jésus de Nazareth, parce qu'ils sont certains que tu ne les aiderais pas, même en devenant un complice silencieux. Tu fais bien ! Je reconnais en toi l'homme d'autrefois. Je croyais que tu t'étais corrompu, en reniant Israël. Tu fais bien pour ton esprit et pour ton bien-être et pour celui des tiens. Car ce qui arrive ne sera pas pardonné par le Sanhédrin et on persécutera ceux qui y ont pris part". Moi, je lui ai dit : "Mais de quoi parles-tu ? Je t'ai dit que j'avais eu l'ordre de rester à la maison à cause de la saison et pour diriger vers Nazareth les éventuels pèlerins, ou de leur dire d'attendre le Maître pour la fin de scebat à Capharnaüm et toi, tu me parles de séparations, de complicité, de persécutions ? Explique- toi !..." N'est-ce pas, Philippe, que c'est ainsi que j'ai parlé ?"

Philippe approuve.

"Alors" reprend Barthélemy, "Micaël m'a dit qu'il était connu que tu t'étais révolté contre le conseil et le commandement des membres du Sanhédrin, en gardant avec Toi Jean d'Endor et une grecque... Seigneur, je te donne de la douleur, n'est-ce pas ? Mais pourtant, je dois parler. Je te demande : est-ce vrai qu'ils étaient à Nazareth ?"

"Oui. C'est vrai."

"Est-il vrai qu'ils sont partis avec Toi ?"

"Oui. C'est vrai."

"Philippe : Micaël avait raison ! Mais comment pouvait-il le savoir ?"

"Mais, voilà ! Ce sont ces serpents qui nous ont arrêtés, Simon et moi, et qui sait combien d'autres. Ce sont les vipères habituelles" dit Pierre avec véhémence.

Jésus, au contraire, demande paisiblement : "Il ne t'a rien dit d'autre ? Sois sincère avec ton Maître, à fond."

"Rien d'autre. Il voulait savoir de moi... Et moi, j'ai menti à Micaël. J'ai dit : "Jusqu'à Pâque je reste à la maison". Par peur qu'il me suive, que... je ne sais pas… Par peur de te faire du mal... Et alors j'ai compris aussi pourquoi tu m'as quitté... Tu avais senti que j'étais encore trop Israël..." Barthélemy se remet à pleurer... "...et tu as douté de moi..."

"Non. Cela, non ! Absolument pas. Tu n'étais pas nécessaire en cette heure auprès de tes compagnons, alors que tu l'étais, et tu le vois, à Bethsaïda. À chacun sa mission, et à chaque âge ses fatigues..."

"Non, non ! Ne me mets plus de côté pour aucune fatigue, Seigneur. Ne tiens compte de rien... Tu es bon, mais je veux rester avec Toi. C'est une punition d'être loin de Toi.., Et moi, sot, incapable de tout, j'aurais pu au moins te consoler, si je ne pouvais faire autre chose. J'ai compris ... Tu les as envoyés avec ces deux. Ne me le dis pas. Je ne veux pas le savoir. Mais je me rends compte qu'il en est ainsi, et je le dis. Eh bien, alors j'aurais pu et dû être avec Toi. Mais tu ne m'as pas pris pour me punir d'être si rétif à devenir "nouveau". Mais, je te jure, Maître, que ce que j'ai souffert m'a renouvelé, et que jamais plus tu ne reverras le vieux Nathanaël."

"Tu vois donc que la souffrance s'est, pour tous, terminée en joie. Et maintenant nous allons, sans nous presser, à la rencontre de Thomas et de Judas, sans attendre qu'ils arrivent au lieu qui était prévu. Puis, avec eux, nous irons encore... Il y a tant à faire !... Demain, nous nous mettrons en route, de bonne heure."

"Et tu feras bien. Le temps va changer au nord. Malheur pour les cultures..." dit Philippe.

"Oui ! Les dernières grêles ont dévasté la campagne par bandes. Si tu voyais, Seigneur ! Il semble que le feu soit passé dans certains endroits. Et c'est curieux ce sont de vrais malheurs, comme je l'ai dit : par bandes" dit Pierre.

"Pendant que vous n'étiez pas là, il a beaucoup grêlé. Un jour, au milieu de la lune de tébeth, cela semblait un vrai fléau. On me dit que dans la plaine, on doit recommencer les semailles. Il faisait d'abord plus chaud, mais depuis lors, on recherche le soleil avec plaisir. On revient en arrière... Quels signes étranges ! Que sont-ils ?" demande Philippe.

"Rien de plus que des effets de lunaisons. N'y pense pas. Ce ne sont pas ces choses qui doivent nous faire impression. Du reste nous allons nous diriger vers la plaine et il fera bon marcher. Du temps froid, mais pas tellement, mais par contre sec. Venez, en attendant
Sur la terrasse il y a un beau soleil. Nous allons nous reposer là-haut, tous ensembles..."

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-020.htm

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Message par Maud Sam 26 Oct 2013 - 7:28

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 18 Maria_32

Sur le chemin de retour vers la Galilée


« Et maintenant que nous avons fait plaisir au berger, qu'allons-nous faire ? »

demande Pierre qui est seul avec Jésus, alors que les autres sont en groupe à quelques mètres en arrière.

« Nous revenons sur le chemin de la rive et nous allons vers Sicaminon. »

« Oui ?! Je croyais que nous allions à Capharnaüm... »

« Il ne faut pas, Simon de Jonas. Il ne faut pas. Des nouvelles de la femme et de l'enfant, tu en as eues. Et pour Judas... il sera plus simple d'aller à sa rencontre. »
« Très bien, Seigneur. Il ne prend pas la route intérieure, du fleuve et du lac ? C’est la plus courte et la plus abritée... »

« Mais lui ne la suivra pas. Rappelle-toi qu'il doit surveiller les disciples, et eux sont éparpillés du côté du couchant en cette saison, si froide de nouveau par ailleurs. »

« C'est bien, c'est bien. Si tu le dis... Quant à moi, il me suffit de rester avec Toi et de te voir moins triste. Et... je ne suis pas pressé de trouver Judas de Simon. Si seulement nous ne le rencontrions pas !... Nous étions si bien entre nous !... »

« Simon ! Simon ! C'est cela ta charité fraternelle ? »

« Seigneur... c'est ma vérité » dit franchement Pierre. Et il le dit avec une telle impétuosité et une telle expression que Jésus doit se retenir pour ne pas rire. Mais comment peut-on réprimander sévèrement un homme aussi franc et aussi fidèle ?
Jésus préfère se taire en montrant un intérêt exagéré aux pentes qui sont à leur gauche, alors que la plaine s'ouvre toujours plus plate à droite. Derrière eux, en groupe, parlent les neuf autres, et Jean semble un bon pasteur avec l'agneau qu'il a sur ses épaules, peut-être un cadeau du pâtre Anna.

Après un moment, Pierre demande : « Et à Nazareth, on n'y va pas ? »

« Nous y irons certainement. Ma Mère aura grand plaisir d'être informée du voyage de Jean et de Sintica. »

« Et de te voir ! »

« Et de me voir. »

« L'auront-ils laissée tranquille, elle au moins ? »

« Nous le saurons »

« Mais pourquoi sont-ils si acharnés ? Il y en a tant comme Jean même en Judée, et pourtant... Bien plus, pour faire la nique à Rome, ils les protègent et les cachent... »

« Sois bien persuadé que ce n'est pas pour Jean qu'ils le font, mais parce que c'est un chef d'accusation contre Moi. »

« Mais ils ne les trouveront plus ! Tu as tout bien fait, Toi... Nous envoyer seuls... par mer... en barque pendant plusieurs milles, et ensuite, au-delà des frontières, sur un navire. ., Oh ! tout est bien ! J'espère que vraiment ils seront déçus. »

« Ils le seront. »

« Je suis curieux de voir Judas de Kériot, pour l'observer un peu, comme un ciel plein de vents et de signes, et voir si... »

« Mais, enfin !… »

« Tu as raison. C'est un clou là dedans » et il se frappe le front. Jésus, pour le distraire, appelle tous les autres et leur fait remarquer l'étrange destruction opérée par la grêle et le froid arrivé quand on pouvait penser que la saison en était passée pour cette année... Certains disent une chose, d'autres une autre, tous voulant y voir un signe de châtiment divin sur l'arrogante Palestine qui n'accueille pas le Seigneur. Et les plus savants citent des faits semblables, connus par des récits anciens, alors que les plus jeunes et les moins cultivés écoutent étonnés et attentifs.

Jésus secoue la tête. « C'est un effet de la lune et de vents lointains. Je vous l'ai déjà dit. Dans les pays hyperboréens il s'est pro- duit un phénomène dont des régions entières subissent les conséquences. »

« Mais pourquoi alors certains champs sont-ils beaux ? »

« La grêle fait ainsi. »

« Mais est-ce que ce ne serait pas un châtiment pour les plus mauvais ? »

« Ce serait possible, mais il n'en est pas ainsi. Malheur s'il en était ainsi... »

« Presque toute notre Patrie resterait aride et désolée, n'est-ce pas, Seigneur ? » dit André.

« Mais dans les prophéties, il est dit symboliquement qu'il arrivera du mal pour ceux qui n'accueilleront pas le Messie. Peuvent- ils mentir les Prophètes ? »

« Non, Barthélemy. Et ce qui est dit, arrivera. Mais le Très-Haut est si bon, infiniment bon, qu'Il veut, pour punir, beaucoup plus que ce qui arrive maintenant. Soyez bons vous aussi, sans toujours désirer des punitions pour ceux qui ont le cœur dur et l'intelligence revêche. Désirez pour eux la conversion, pas la punition. Jean, passe l'agneau à un compagnon, et viens regarder ta mer du haut de cette dune. Je viens Moi aussi »

En effet, ils sont sur une route très proche de la mer, séparée seulement de celle-ci par une large bande de dunes ondulées sur lesquelles croissent de maigres palmiers et des tamaris ébouriffés, des lentisques et autres plantes des terrains sablonneux.

Jésus y va avec Jean. Mais qui le quitte ? Personne. Et ils sont vite là-haut, à un beau soleil qui ne gêne pas, en face de la mer sereine et riante...

La ville de Ptolémaïs est très proche avec ses maisons blanches.

« Nous y entrons ? » demande Jude d'Alphée.

« Pas besoin. Nous nous arrêterons pour manger aux premières maisons. Je veux être ce soir à Sicaminon. Peut-être nous y trouverons Isaac. »

« Que de bien il fait, hein? Tu as entendu Abel et Jean et Joseph ? »

« Oui. Mais tous les disciples sont très actifs. J'en bénis mon Père, nuit et jour. Vous tous... Ma joie, ma paix, ma sécurité... » et il les regarde avec tant d'amour que les larmes en viennent aux yeux des dix...

Et c'est sur ce regard d'amour que prend fin la vision.

*

SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-021.htm


♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 18 Carte_10
Carte de la Palestine
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Message par Maud Dim 27 Oct 2013 - 6:42

♥ Découverte quotidienne de l'Oeuvre de Maria Valtorta ♥ - Page 18 Maria_33

La rencontre avec Judas Iscariote et Thomas

La vallée du Kison, bien que le soleil resplendisse dans un ciel serein, est froide, parcourue par un vent glacial qui vient, après avoir franchi les collines du nord, ruinant les tendres cultures qui frissonnent et se recroquevillent brûlées, destinées à mourir dans leur verdeur nouvelle.

« Mais est-ce que ce froid va durer encore longtemps ? » demande Mathieu qui s'enveloppe encore plus dans son manteau, duquel sort uniquement une partie de la figure, c'est-à-dire les yeux et le nez.

La voix étouffée par son manteau qu'il a lui aussi jusque sur la bouche, Barthélemy lui répond : « Peut-être le reste de la lune. »

« Nous voilà frais, alors ! Mais patience ! Heureusement qu'à Nazareth nous resterons dans des maisons hospitalières... Et pendant ce temps cela passera. »

« Oui, Mathieu. Mais pour moi, c'est déjà passé, voyant Jésus moins accablé. Ne te semble-t-il pas plus allègre ? » demande André.

« Il l’est. Mais moi. ..voilà, il me paraît impossible qu'il soit ainsi fané pour les choses que nous savons. N'y a-t-il eu vraiment rien de nouveau à votre connaissance ? » demande Philippe.

« Rien, absolument rien. Je te dis qu'aux frontières syro-phéniciennes il eut même beaucoup de Joie à cause des esprits croyants et il fit ces miracles dont nous t'avons parlé » assure Jacques d'Alphée.

« Il est beaucoup avec Simon de Jonas depuis quelques jours. Et Simon est très changé... Mais, vous êtes tous changés ! Je ne sais pas... Vous êtes plus... austères, voilà » dit Philippe.

« Mais ce n'est qu'une impression !:.. En réalité, nous sommes tels que nous étions. Certainement, de voir le Maître ainsi affligé pour tant de choses ne nous a pas fait plaisir, et aussi de voir comme ils sont acharnés contre Lui... Mais nous, nous le défendrons. Oh ! Ils ne Lui feront rien si nous sommes avec Lui. Hier soir je Lui ai dit, après avoir entendu ce que disait Hermas, qui est un homme sérieux et que l'on peut croire : "Tu ne dois plus rester seul. Désormais tu as des disciples qui, tu le vois, font et font très bien et dont le nombre ne cesse d'augmenter. Nous resterons donc avec Toi. Je te dis que tu ne feras pas tout. Il est temps de te soulager, mon Frère. Mais Toi, tu resteras avec nous, parmi nous, comme Moïse sur la montagne, et nous nous battrons pour Toi, prêts à l'occasion à te défendre même matériellement. Ce qui est arrivé à Jean Baptiste ne doit pas t'arriver". Car enfin, si les disciples du Baptiste n'avaient pas été réduits à deux ou trois, incapables de le défendre, il n'aurait pas été pris. Nous sommes douze au fond, et je veux le persuader d'unir, de garder près de Lui, au moins quelques-uns des disciples les plus fidèles et les plus énergiques. Ceux qui étaient avec Jean à Machéronte, par exemple. Créatures fidèles et courageuses : Jean, Mathias et même Joseph. Vous savez que ce jeune promet beaucoup ? » dit le Thaddée.

« Oui. Isaac est un ange mais sa force est toute spirituelle. Mais Joseph est fort, même physiquement. Il a le même âge que nous. »

« Et il apprend facilement. Tu as entendu ce qu'a dit Hermas ? "S'il avait étudié, il serait un rabbi en plus d'être un juste" Et Hermas sait ce qu'il dit. »

« Moi, cependant... je garderais aussi tout près Etienne et Hermas et le prêtre Jean, a cause de leur connaissance de la Loi et du Temple. Savez-vous ce qu'est leur présence en face des scribes et des pharisiens ? Un contrôle, un frein... Et pour les gens qui doutent, c'est une affirmation : "Voyez qu'il y a aussi les meilleurs d'Israël autour du Rabbi, comme élèves et comme serviteurs ?" » dit Jacques d'Alphée.

« Tu as raison. Disons-le au Maître. Vous avez entendu ce qu'il a dit hier : "Vous devez obéir, mais vous avez aussi l'obligation de m'ouvrir votre âme et de me dire ce qui vous paraît juste, pour vous habituer à savoir diriger dans l'avenir. Et Moi, si je vois que votre parole est juste, j'accepterai vos pensées" » dit le Zélote.

« Peut-être qu'il le fait aussi pour montrer qu'il nous aime, attendu que nous sommes tous plus ou moins convaincus d'être la cause de sa souffrance » observe Barthélemy.
« Ou bien il est réellement fatigué de devoir penser à tout et d'être seul à prendre des décisions et des responsabilités. Peut-être aussi reconnaît-il que sa sainteté parfaite est… je dirais presque une imperfection par rapport à ceux qu'il a en face de Lui : le monde qui n'est pas saint. Nous ne sommes pas des saints parfaits. A peine un peu moins fourbes que les autres... et par conséquent plus capables de répondre à ceux qui sont presque comme nous » dit Simon le Zélote.

« Et de les connaître, dois-tu dire ! » surenchérit Mathieu.

« Oh ! pour cela, je suis certain qu'il les connaît Lui aussi, et même il les connaît mieux que nous, car Lui lit dans les cœurs » dit Jacques de Zébédée.

« Et alors, pourquoi parfois agit-il comme il le fait, en s'exposant à des ennuis et des dangers?» demande André désolé.

« Mais ! je ne sais que répondre » dit le Thaddée en haussant les épaules et les autres avouent la même chose.

Jean se tait et son frère le taquine : « Toi qui sais toujours tout de Jésus - vous semblez parfois deux amoureux - il ne t'a jamais dit pourquoi il agit ainsi ? »

« Si. Je le Lui ai demandé encore récemment. Il m'a toujours répondu : "Parce que je dois le faire. Je dois agir comme si le monde était tout entier composé de créatures ignorantes mais bonnes. A tous je donne la même doctrine et ainsi se séparent les fils de la Vérité et ceux du Mensonge". Il m'a dit aussi : "Tu vois, Jean ? C'est comme un premier jugement, pas universel, collectif, mais particulier. C'est sur la base de leurs actes de foi, de charité, de justice, que les agneaux seront séparés des boucs. Et cela durera encore après, quand je ne serai plus là, mais qu'il y aura mon Eglise à travers les siècles jusqu'à la fin du monde. Le premier jugement des masses humaines s'accomplira dans le monde, là où les hommes agissent librement, ayant devant eux le Bien et le Mal, la Vérité et le Mensonge. Ainsi en fut-il au Paradis Terrestre, où le premier jugement fut prononcé devant l'arbre du Bien et du Mal, violé par ceux qui avaient désobéi à Dieu. Puis, quand viendra la mort des particuliers, sera ratifié le jugement déjà écrit dans le livre des actions humaines par un Esprit qui n'a pas de lacunes. En dernier lieu viendra le Grand Jugement, le Terrible et alors, de nouveau, les hommes seront jugés en masse. Depuis Adam, jusqu'au dernier homme. Jugés d'après ce qu'ils auront voulu pour eux sur la terre, librement. Maintenant, si je mettais à part ceux qui méritent la Parole de Dieu, le Miracle, l'Amour, et d'un autre côté ceux qui ne le méritent pas - et je pourrais le faire par droit divin et par puissance divine - ceux qui seraient exclus, fussent-ils des Satans, crieraient bien fort, le jour de leur jugement particulier : "Le coupable c'est ton Verbe qui n'a pas voulu nous enseigner". Mais cela, ils ne pourront pas le dire… Ou plutôt ils le diront en mentant une fois de plus. Et ils seront par conséquent jugés". »

« Alors, ne pas accueillir la doctrine, c'est être réprouvé ? » demande Mathieu.

« Cela, je ne le sais pas, si tous ceux qui n'auront pas cru seront réellement réprouvés. Si vous vous souvenez, en parlant à Sintica, il a fait comprendre que ceux qui agissent avec honnêteté pendant leur vie ne sont pas réprouvés, même s'ils croient à d'autres religions. Mais nous pouvons le Lui demander. Certainement Israël, qui a entendu parler du Messie et qui maintenant y croit partiellement ou mal, ou le repousse, sera sévèrement jugé. »

« Il parle beaucoup avec toi le Maître, et tu sais beaucoup de choses que nous ne savons pas » observe son frère Jacques.

« C'est votre faute. Moi, je l'interroge avec simplicité. Parfois je Lui demande des choses qui doivent Lui faire apparaître son Jean comme un grand sot. Mais il ne m'importe pas de paraître tel. Il me suffit de connaître sa pensée, et de l'avoir en moi, pour la faire mienne. Vous, vous aussi devriez agir ainsi. Mais vous avez toujours peur ! Et de quoi ? D'être ignorants ? D'être superficiels ? D'être des têtes dures ? Vous devriez avoir peur seulement de n'être pas encore préparés quand Lui s'en ira. Il le dit toujours... et je me le dis toujours, pour me préparer à la séparation... Mais je sens que ce sera toujours une grande douleur... »

« Ne m'y fais pas penser ! » s'écrie André et les autres lui font écho en soupirant.

« Mais quand cela arrivera-t-il ? Il dit toujours : "Bientôt". Mais cela peut être dans un mois, comme dans des années. Il est si jeune et le temps est si rapide... Qu'as-tu, frère ? Tu deviens tout pâle... » demande le Thaddée à Jacques.

« Rien ! Rien ! Je réfléchissais... » se hâte de dire Jacques d'Alphée en baissant la tête.
Et le Thaddée se penche pour bien le voir... « Mais tu as les larmes aux yeux ! Qu’as- tu ? »

« Mais rien de plus que ce que vous avez, vous... Je pensais à quand nous serons seuls. »

« Mais qu'a Simon de Jonas pour courir, en criant comme une mouette en un jour de tempête ? » demande Jacques de Zébédée et il montre Pierre qui vient de quitter Jésus et qui court en disant des paroles que le vent empêche d'entendre.

Ils accélèrent leur marche et voient que Pierre a pris un sentier qui vient de la ville de Sephoris, désormais proche (ainsi disent les disciples qui se demandent s'il va à Sephoris sur l'ordre de Jésus et par ce raccourci). Mais ensuite, en regardant bien, ils voient que les deux seuls voyageurs qui viennent de la ville vers la grand-route ce sont Thomas et Judas.

« Tiens ! Ici ? Vraiment ici ? Oh ! qu'est-ce qu'ils y font ? De Nazareth, tout au plus ils devaient aller à Cana, et puis à Tibériade... » se demandent plusieurs.

« Peut-être ils venaient à la recherche des disciples. C'était leur mission » dit prudemment le Zélote qui sent les soupçons lever sa tête de serpent qui s'éveille dans le cœur de plusieurs.

« Hâtons le pas. Jésus est seul et il semble nous attendre… » conseille Mathieu.
Ils vont et arrivent à Jésus en même temps que Pierre, Judas et Thomas. Jésus est très pâle, au point que Jean Lui demande: « Te sens-tu mal ? » Mais Jésus lui sourit et fait un signe de dénégation pendant qu'il salue les deux qui sont revenus après une si longue absence.

Il embrasse d'abord Thomas, dont la mine est florissante et allègre comme toujours. Mais pourtant il devient sérieux en voyant le Maître si visiblement changé et il Lui demande avec empressement : « As-tu été malade ? »

« Non, Thomas, nullement. Et toi, tu as été bien, heureux ? »

« Moi, oui, Maître, toujours bien et toujours heureux. Il ne me manquait que Toi pour rendre mon cœur bienheureux. Mon père et ma mère te sont reconnaissants de m'avoir envoyé pour quelque temps. Mon père était un peu malade et alors c'est moi qui ai travaillé. Je suis allé chez ma sœur jumelle et j'ai fait la connaissance de mon neveu. Je lui fait donner le nom que tu m'avais indiqué. Puis Judas est venu, et il m'a fait aller comme une tourterelle à la saison des amours, en haut, en bas, où il y avait des disciples. Lui l'avait déjà fait pour son compte, et pas rien qu'un peu. Mais main- tenant il va te parler lui, car il a travaillé comme dix et il mérite que tu l'écoutes. »

Jésus le laisse aller et c'est le tour de Judas qui a attendu patiemment et qui s'avance avec décision, l'air dégagé, triomphant. Jésus le transperce de son regard de saphir, mais il l'embrasse et reçoit son baiser comme pour Thomas. Et les paroles qui suivent sont affectueuses : « Et ta mère, Judas, elle a été heureuse de t'avoir ? Elle se porte bien cette sainte femme ? »

« Oui, Maître, et elle te bénit de lui avoir envoyé son Judas. Elle voulait t'envoyer des cadeaux. Mais comment aurais-je pu les apporter alors que j'aillais çà et là par monts et par vaux ? Tu peux être tranquille, Maître... Tous les groupes de disciples que j'ai visités travaillent saintement. L'idée se répand toujours plus. J'ai voulu contrôler personnellement ses répercussions sur les plus puissants, les scribes et les pharisiens. J'en connaissais beaucoup et je viens d'en connaître d'autres par amour pour Toi. J'ai approché des sadducéens, des hérodiens... Oh ! je t'assure que ma dignité en a été bien rabaissée !... Mais pour ton amour je ferai cela et autre chose ! J'ai essuyé des rebuffades dédaigneuses et des anathèmes. Mais j'ai réussi à éveiller des sympathies chez certains qui étaient prévenus contre Toi. Je ne veux pas tes louanges. Il me suffit d'avoir fait mon devoir, et je remercie l'Éternel de m'avoir toujours aidé. J'ai dû employer le miracle dans certains cas, et j'en ai eu de la peine parce qu'ils méritaient la foudre plutôt que la bénédiction. Mais tu dit d'aimer et d'être patient... Je l'ai été pour l'honneur et pour la gloire de Dieu et pour ta joie. J'espère que beaucoup d'obstacles seront abattus pour toujours, d'autant plus que j'ai garanti sur mon honneur qu'il n'y avait plus, auprès de Toi, ces deux qui donnaient tant d'ombre. Ensuite il m'était venu un scrupule d'avoir affirmé ce que je ne savais pas avec certitude. Et alors j'ai voulu vérifier pour pouvoir y parer, pour ne pas être pris en délit de mensonge, chose qui m'aurait fait suspecter pour toujours par ceux qui doivent être convertis... Pense ! J'ai approché même Anna et Caïphe !... Oh ! ils ont voulu m'incendier de reproches... Mais j'ai été si humble, si persuasif, qu'ils ont fini par me dire : "Eh bien, si les choses sont vraiment ainsi... Nous, nous les connaissions différentes. Les directeurs du Sanhédrin, qui pouvaient les connaître, nous avaient rapporté le contraire et..."»

« Tu ne voudrais pas dire que Joseph et Nicodème ont été des menteurs » interrompt le Zélote qui s'est contenu jusque là mais pas davantage, et que l'effort qu'il a fait a rendu livide.

« Et qui dit cela ? Au contraire ! Joseph m'a vu quand je sortais de chez Anna et il m'a dit : "Pourquoi es-tu ainsi troublé ?" Je lui ai tout raconté et comment, en suivant son conseil et celui de Nicodème, Toi Maître, avais éloigné le galérien et la grecque. Parce que tu les as éloignés, n'est-ce pas ? » dit Judas en regardant fixement Jésus de ses yeux de jais, brillants au point d'en être phosphorescents. Il semble vouloir le transpercer par son regard pour lire ce que Jésus a fait.

Jésus, qui l'a toujours en face de Lui, très proche, dit calmement : « Je te prie de continuer ton récit qui m'intéresse beaucoup. C'est un rapport exact qui peut beaucoup servir. »

« Ah ! je disais donc qu'Anna et Caïphe ont changé d'opinion. Cela est beaucoup pour nous. N'est-ce pas ? Et puis !… Oh ! maintenant je vais vous faire rire ! Mais vous savez que les rabbis m'ont pris au milieu d'eux et m'ont fait subir un autre examen, comme si j'étais un enfant qui arrive à sa majorité ? Et quel examen ! Bien. Je les ai convaincus et ils m'ont laissé aller. Alors m'est venu le soupçon et la peur d'avoir dit une chose qui, n'était pas vraie. Et j'ai pensé a prendre Thomas et à aller de nouveau où il y avait des disciples, ou bien là où je pouvais présumer que s'étaient réfugiés Jean et la grecque. Je suis allé chez Lazare, chez Manaën, au palais de Chouza, chez Elise de Béthsur, à Béther dans les jardins de Jeanne, au Gethsémani, dans la maisonnette de Salomon au-delà du Jourdain, à "La Belle Eau", chez Nicodème, chez Joseph... »

« Mais tu ne l'avais pas vu ? »

« Si. Et il m'avait assuré qu'il n'avait jamais plus vu ces deux. Mais tu sais... je voulais être sûr... Bref : j'ai visité tous les endroits où je pouvais soupçonner qu'ils se trouvent... Et ne crois pas que j'ai souffert de ne pas le trouver. Tu me ferais tort. Toutes les fois - et Thomas peut le confirmer - toutes les fois que je suis sorti d'un endroit sans l'avoir trouvé, et même sans avoir eu aucun indice de sa présence, j'ai dit : "Louange soit au Seigneur !" et je disais : "O Eternel, fais que je ne le trouve jamais plus !" Vraiment ! Le soupir de mon âme... Le dernier endroit fut Esdrelon... Ah ! à propos ! Ismaël ben Fabi, qui est dans son palais dans les campagnes de Mageddo, désire t'avoir comme hôte... Mais, à ta place, je n’irais pas... »

« Pourquoi ? J'y irai sans faute. Moi aussi, je désire le voir. Et même, nous allons nous y rendre tout de suite. Au lieu d'aller à Sephoris, nous allons nous rendre à Esdrelon, et puis à Mageddo après-demain qui est la veille du sabbat, et de là à la maison d'Ismaël. »

« Mais non, Seigneur ! Pourquoi ? Crois-tu qu'il t'aime ? »

« Mais si tu l'as approché et changé en ma faveur, pourquoi ne veux-tu pas que j'y aille ? »

« Je ne l'ai pas approché... Il était dans les champs et il m'a reconnu. Mais moi - n'est-ce pas, Thomas ? - je voulais fuir quand je l'ai vu. Je n'ai pas pu parce qu'il m'a appelé par mon nom. Moi... Moi, je ne puis que te conseiller de ne jamais plus aller chez aucun pharisien, ou scribe, ou gens de même acabit. Ce n'est pas utile pour Toi. Restons entre nous, seuls, avec le peuple, et c'est tout. Même Lazare, Nicodème, Joseph... ce sera un sacrifice... Mais il vaut mieux le faire pour ne pas créer de jalousies, de rancœurs, et prêter le flanc aux critiques... A table, on parle... et eux travaillent très sournoisement sur tes paroles. Mais revenons à Jean. ..Maintenant j'allais à Sicaminon, bien qu'Isaac, que j'ai trouvé aux confins de la Samarie, m'ait juré de ne plus l'avoir vu depuis octobre. »

« Et Isaac a juré la vérité. Mais ce que tu me conseilles, à propos des relations avec les scribes et les pharisiens, est en opposition avec ce que tu m'as dit auparavant. Tu m'as défendu... C'est ce que tu as fait, n'est-ce pas ? Tu as dit : "J'ai abattu beaucoup de préventions sur Toi". C'est ce que tu as dit, n'est-ce pas ? »

« Oui, Maître. »

« Et alors pourquoi ne puis-je pas achever Moi-même de me défendre en personne ? Nous irons donc chez Ismaël, et toi, maintenant, retourne en arrière et va le prévenir. Avec toi vont venir André, Simon le Zélote et Barthélemy. Nous irons chez des paysans nous reposer. En ce qui concerne Sicaminon, nous en venons et nous y étions à onze. Nous t'affirmons que Jean n'y est pas. Et il n'est pas non plus à Capharnaüm ou à Bethsaïda, à Tibériade, Magdala, Nazareth, Corozaïn, Bethléem de Galilée, et ainsi de suite pour toutes les étapes que peut-être tu avais l'intention de faire pour... te rassurer toi-même sur la présence de Jean avec les disciples ou dans des maisons amies. »

Jésus parle calmement, avec naturel... Mais pourtant il doit y avoir en Lui quelque chose qui trouble Judas, car pendant un instant il change de couleur. Jésus l'embrasse comme pour lui donner un baiser... Et pendant qu'il le tient ainsi, joue contre joue, il lui murmure doucement : « Malheureux ! Qu'as-tu fait de ton âme ? »

« Maître... je... »

« Va ! Tu sens l'enfer plus que Satan lui-même ! Tais-toi !... Et repens-toi, si tu peux. »

Judas... moi je me serais échappée à toutes jambes. Mais lui ! Effronté, dit à haute voix : « Merci, Maître. Mais, je t'en prie, avant que je ne m'en aille, deux mots, en secret. »

Tous s'écartent de plusieurs mètres.

« Pourquoi, Seigneur, m'as-tu dit ces paroles ! Tu m'as fait souffrir... »

« Parce que c'est la vérité. Celui qui a des relations avec Satan prend l'odeur de Satan."

« Ah ! à cause de la nécromancie ? Oh ! quelle peur tu m'as faite ! Une plaisanterie ! Rien de plus qu'une plaisanterie d'enfant curieux. Et cela m'a servi pour approcher des sadducéens et en perdre le désir. Tu vois donc que tu peux m'absoudre en tout paix. Ce sont des choses inutiles quand on a ton pouvoir. Tu avais raison. Allons, Maître ! ma faute est si légère !... Grande est ta sagesse, mais qui t'a dit cela ? »

Jésus le regarde sévèrement et ne lui répond pas.

« Mais vraiment as-tu vu dans mon cœur le péché ? » demande Judas un peu effrayé.

« Et tu m'as répugné. Va ! Et n'ajoute pas un mot. » Et Il lui tourne le dos en revenant vers les disciples auxquels il donne l'ordre de changer de direction. Il congédie d'abord Barthélemy, Simon et André, qui rejoignent Judas, et qui partent rapidement, alors que ceux qui restent s'en vont lentement ignorant la vérité connue de Jésus seul. Tellement ignorants qu'ils félicitent Judas pour son activité et son savoir-faire. Et l'honnête Pierre s'accuse sincèrement du jugement téméraire qu'il avait dans le cœur envers son condisciple...

Jésus sourit, d'un sourire doux, un peu las, comme s'il pensait à autre chose et comme s'il entendait à peine le bavardage de ses compagnons qui des choses ne savent que ce que leur permet de savoir leur humanité.

*
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Publication/TOME%2005/05-022.htm
https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t18376-oeuvre-de-maria-valtorta-presentation-des-disciples-de-jesus



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