Au Nicaragua, la canne à sucre tue les ouvriers à petit feu!
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Au Nicaragua, la canne à sucre tue les ouvriers à petit feu!
Au Nicaragua, la canne à sucre tue les ouvriers à petit feu
11 mai 2011 | 0 commentaire(s) | vu 41 fois
Face aux ravages que provoquent les pesticides sur la santé des ouvriers de l’industrie sucrière au Nicaragua, un mouvement social, emmené par une femme, Carmen Rios, se bat pour la reconnaissance des maladies professionnelles et l’indemnisation des victimes.
© Giorgio Trucchi – Rel-UITA
« DDT », « Paraquat »… Ces noms barbares font partie du panel de pesticides abondamment déversés chaque année sur les plantations nicaraguayennes de canne à sucre, dans la région de Chichigalpa, à l’ouest du pays. Les 3.000 ouvriers qui y travaillent – jusqu’à 7.000 au moment de la récolte – ne prennent évidemment aucune précaution pour épandre ces produits miraculeux, qui tuent les mauvaises herbes, les insectes ravageurs, et font pousser la canne plus vite. Ils boivent l’eau des rivières, complètement infectée, se lavent dedans, cuisinent avec… sans s’inquiéter.
« Je me souviens simplement que maman nous disait de rentrer dans la maison quand ils épandaient les pesticides par avion », témoigne Carmen Rios, porte-parole d’anciens travailleurs de la canne à sucre, aujourd’hui atteints d’insuffisance rénale chronique (IRC). De passage en Aquitaine, à l’occasion de l’université d’été du CRID (Centre de recherche et d’information sur le développement) , elle rappelle que les victimes ne sont pas toutes d’anciens travailleurs : « Moi, par exemple, je souffre d’IRC alors que je n’ai jamais mis les pieds dans la plantation. C’est par l’eau, que j’ai été contaminée. »
Une douleur insupportable
C’est la variation du taux de créatinine, une molécule normalement éliminée par les reins et sur laquelle les pesticides ont une influence certaine, qui définit l’état d’IRC. Silencieuse pendant longtemps, cette maladie a des effets de plus en plus ravageurs. « Au début, il y a la fièvre, les maux de ventre, l’hypertension, les maux de tête, des douleurs intenses dans les os, les oublis, explique Carmen Rios. Et puis les douleurs deviennent de plus en plus insistantes et intolérables. » Une personne malade, citée par Peuples solidaires dans son appel à la solidarité avec ces anciens travailleurs, rapporte qu’en phase terminale, « la douleur est si intense, c’est comme si tous les os de votre corps étaient brisés. C’est une mort horrible, une douleur insupportable. » Depuis que le recensement des personnes atteintes d’IRC a commencé en 2000, plus de 3.000 personnes sont mortes. 8.000 ont été déclarées malades.
A force de combat, le mouvement emmené par Carmen Rios obtient en 2004 l’inscription dans le code du travail de l’IRC comme maladie professionnelle. Grâce à quoi 5.400 personnes touchent aujourd’hui 80 euros de pension par mois. « Pour les autres, nous avons diverses tracasseries administratives, notamment avec la sécurité sociale, détaille Carmen Rios. Mais cela devrait se résoudre. Nous souhaitons, en plus, percevoir une indemnisation de l’entreprise qui exploite la canne à sucre et qui est l’une des plus puissantes et des plus riches du pays. » C’est la « Sugar Estates Ltd. » qui gère la sucrerie de Chichigalpa, propriété du Groupe Pellas, qui possède des banques, des usines ou des plantations dans toute l’Amérique centrale et en Floride.
« On ne connaît les ouvriers que par leur numéro »
Pour faire pression sur Pellas, les anciens travailleurs ont marché sur Managua en mars 2009. Et ont décidé d’y rester. Ils sont plus de 300 à camper depuis plus d’un an au pied de la cathédrale, à 600 mètres du siège de l’entreprise. « Nous y allons tous les jours, poursuit Carmen Rios. Tous les matins, nous restons une à deux heures devant le siège, puis nous repartons. Un compagnon égrène les noms de ceux et celles qui sont décédés, en rappelant, à chaque fois, le numéro sous lequel ils étaient enregistrés par l’entreprise. Parce que, chez Pellas, on ne connaît les ouvriers que par leur numéro. »
Jusqu’à quand tiendront-ils le coup ? Dans les rues de Managua, recouvertes de poussière les jours de grande chaleur, les pieds dans la boue quand la pluie se met à tomber, régulièrement harcelés, voire frappés, par la police… « Nous resterons tant que nous n’aurons pas obtenu gain de cause, assure Carmen Rios. Nous voulons être, chacun, indemnisés. Nous réclamons aussi la fin de la consommation de pesticides et la plantation d’arbres dans nos régions désolées par les plantations de canne à sucre. » Un mouvement de boycott du Rhum national produit par Pellas, Flor de cana, a été lancé par un groupe d’étudiants. S’il est suivi, cela pourrait encourager la multinationale à prendre enfin en compte la santé des ouvriers qu’elle emploie.
Nolwenn Weiler
Source: http://www.bastamag.net/article1112.html
http://www.centpapiers.com/au-nicaragua-la-canne-a-sucre-tue-les-ouvriers-a-petit-feu/69789
11 mai 2011 | 0 commentaire(s) | vu 41 fois
Face aux ravages que provoquent les pesticides sur la santé des ouvriers de l’industrie sucrière au Nicaragua, un mouvement social, emmené par une femme, Carmen Rios, se bat pour la reconnaissance des maladies professionnelles et l’indemnisation des victimes.
© Giorgio Trucchi – Rel-UITA
« DDT », « Paraquat »… Ces noms barbares font partie du panel de pesticides abondamment déversés chaque année sur les plantations nicaraguayennes de canne à sucre, dans la région de Chichigalpa, à l’ouest du pays. Les 3.000 ouvriers qui y travaillent – jusqu’à 7.000 au moment de la récolte – ne prennent évidemment aucune précaution pour épandre ces produits miraculeux, qui tuent les mauvaises herbes, les insectes ravageurs, et font pousser la canne plus vite. Ils boivent l’eau des rivières, complètement infectée, se lavent dedans, cuisinent avec… sans s’inquiéter.
« Je me souviens simplement que maman nous disait de rentrer dans la maison quand ils épandaient les pesticides par avion », témoigne Carmen Rios, porte-parole d’anciens travailleurs de la canne à sucre, aujourd’hui atteints d’insuffisance rénale chronique (IRC). De passage en Aquitaine, à l’occasion de l’université d’été du CRID (Centre de recherche et d’information sur le développement) , elle rappelle que les victimes ne sont pas toutes d’anciens travailleurs : « Moi, par exemple, je souffre d’IRC alors que je n’ai jamais mis les pieds dans la plantation. C’est par l’eau, que j’ai été contaminée. »
Une douleur insupportable
C’est la variation du taux de créatinine, une molécule normalement éliminée par les reins et sur laquelle les pesticides ont une influence certaine, qui définit l’état d’IRC. Silencieuse pendant longtemps, cette maladie a des effets de plus en plus ravageurs. « Au début, il y a la fièvre, les maux de ventre, l’hypertension, les maux de tête, des douleurs intenses dans les os, les oublis, explique Carmen Rios. Et puis les douleurs deviennent de plus en plus insistantes et intolérables. » Une personne malade, citée par Peuples solidaires dans son appel à la solidarité avec ces anciens travailleurs, rapporte qu’en phase terminale, « la douleur est si intense, c’est comme si tous les os de votre corps étaient brisés. C’est une mort horrible, une douleur insupportable. » Depuis que le recensement des personnes atteintes d’IRC a commencé en 2000, plus de 3.000 personnes sont mortes. 8.000 ont été déclarées malades.
A force de combat, le mouvement emmené par Carmen Rios obtient en 2004 l’inscription dans le code du travail de l’IRC comme maladie professionnelle. Grâce à quoi 5.400 personnes touchent aujourd’hui 80 euros de pension par mois. « Pour les autres, nous avons diverses tracasseries administratives, notamment avec la sécurité sociale, détaille Carmen Rios. Mais cela devrait se résoudre. Nous souhaitons, en plus, percevoir une indemnisation de l’entreprise qui exploite la canne à sucre et qui est l’une des plus puissantes et des plus riches du pays. » C’est la « Sugar Estates Ltd. » qui gère la sucrerie de Chichigalpa, propriété du Groupe Pellas, qui possède des banques, des usines ou des plantations dans toute l’Amérique centrale et en Floride.
« On ne connaît les ouvriers que par leur numéro »
Pour faire pression sur Pellas, les anciens travailleurs ont marché sur Managua en mars 2009. Et ont décidé d’y rester. Ils sont plus de 300 à camper depuis plus d’un an au pied de la cathédrale, à 600 mètres du siège de l’entreprise. « Nous y allons tous les jours, poursuit Carmen Rios. Tous les matins, nous restons une à deux heures devant le siège, puis nous repartons. Un compagnon égrène les noms de ceux et celles qui sont décédés, en rappelant, à chaque fois, le numéro sous lequel ils étaient enregistrés par l’entreprise. Parce que, chez Pellas, on ne connaît les ouvriers que par leur numéro. »
Jusqu’à quand tiendront-ils le coup ? Dans les rues de Managua, recouvertes de poussière les jours de grande chaleur, les pieds dans la boue quand la pluie se met à tomber, régulièrement harcelés, voire frappés, par la police… « Nous resterons tant que nous n’aurons pas obtenu gain de cause, assure Carmen Rios. Nous voulons être, chacun, indemnisés. Nous réclamons aussi la fin de la consommation de pesticides et la plantation d’arbres dans nos régions désolées par les plantations de canne à sucre. » Un mouvement de boycott du Rhum national produit par Pellas, Flor de cana, a été lancé par un groupe d’étudiants. S’il est suivi, cela pourrait encourager la multinationale à prendre enfin en compte la santé des ouvriers qu’elle emploie.
Nolwenn Weiler
Source: http://www.bastamag.net/article1112.html
http://www.centpapiers.com/au-nicaragua-la-canne-a-sucre-tue-les-ouvriers-a-petit-feu/69789
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