une eglise va devenir un centre commercial
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une eglise va devenir un centre commercial
Une église va devenir un centre commercial
Une église catholique de Vandoeuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle) construite dans les années 60 va être vendue à un promoteur immobilier qui veut en faire un centre commercial. L'économe du diocèse de Nancy, Michel Petitdemange, explique :
Une autre église du diocèse, à Mont-Saint-Martin, est également à vendre.
Michel Janva
lien salon beige
Une église catholique de Vandoeuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle) construite dans les années 60 va être vendue à un promoteur immobilier qui veut en faire un centre commercial. L'économe du diocèse de Nancy, Michel Petitdemange, explique :
Ni la commune, ni la communauté urbaine du Grand Nancy ne souhaitant reprendre l'édifice, un promoteur a acheté l'ensemble pour 1,3 M€. Le diocèse s'est assuré que le projet commercial ne concernait "ni un bar, ni une salle de jeux, ni un commerce illicite du corps ou de l'esprit", a souligné l'économe. Les fidèles de Saint-François d'Assise pourront toutefois continuer à se rendre dans la chapelle attenante au bâtiment pendant quelques mois, l'ensemble n'étant pas encore désacralisé.
"Nous avons mise en vente cette église Saint-François d'Assise en 2007, car il y a eu une évolution de la pratique et du quartier: aujourd'hui, seule une petite centaine de fidèles s'y rendent, alors qu'elle peut accueillir plus de 700 personnes".
Une autre église du diocèse, à Mont-Saint-Martin, est également à vendre.
Michel Janva
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violaine- Avec les anges
- Messages : 6385
Localisation : bretagne
Inscription : 10/12/2009
Re: une eglise va devenir un centre commercial
Pour mémoire, l'Evêque de Nancy-Toul, Mgr PAPIN, a dirigé l'Institut de Formation des Éducateurs du Clergé.
C'est triste, mais il en est des théories "modernistes", comme des lieux de culte "modernistes", conçus dans le but d'être "fonctionnels". S'il s'avèrent adaptés à l'esprit du temps, l'Esprit s'en éloigne très vite.
Personnellement, ce qui me désole, m'ulcère, me scandalise, c'est CA :
http://glaizil.over-blog.com/article-eglise-notre-dame-de-la-salette-accates-a-marseille-69151333.html
Ca m'arrache les tripes.
Si je pouvais, si j'en avais les moyens, je la sauverais...
Une raison de plus pour Notre Dame de pleurer tout son sang...
C'est triste, mais il en est des théories "modernistes", comme des lieux de culte "modernistes", conçus dans le but d'être "fonctionnels". S'il s'avèrent adaptés à l'esprit du temps, l'Esprit s'en éloigne très vite.
Personnellement, ce qui me désole, m'ulcère, me scandalise, c'est CA :
http://glaizil.over-blog.com/article-eglise-notre-dame-de-la-salette-accates-a-marseille-69151333.html
Ca m'arrache les tripes.
Si je pouvais, si j'en avais les moyens, je la sauverais...
Une raison de plus pour Notre Dame de pleurer tout son sang...
Fabrice Remy- Avec le Pape François
- Messages : 915
Localisation : Alsace
Inscription : 24/02/2011
Re: une eglise va devenir un centre commercial
L’Anjou détruit ses églises
1. Gesté (Maine et Loire)
L’Eglise Saint-Pierre-aux-Liens et
son chœur néo-gothique dominant le village.
La municipalité a voté sa destruction.
Etat le mercredi 23 mai 2007
Photo : D. Rykner
En novembre 2006, nous dénoncions la démolition de l’église de Saint-Georges-des-Gardes, dans le Maine-et-Loire. Un article paru dans Le Figaro du 18 mai 20071
nous apprend que deux autres édifices religieux doivent être détruits à
quelques kilomètres à peine de ce village. Non pas détruits,
d’ailleurs, mais déconstruits, selon le nouveau vocabulaire que
des élus honteux ont inventé pour cacher la gravité de leurs actes. Nous
nous sommes rendu sur place pour essayer de comprendre ce qui se passe
dans les Mauges, cette petite partie de l’Anjou qui risque, si l’on n’y
prend garde, de servir d’exemple au reste de la France.
2. Le Fief-Sauvin(Maine et Loire)
Le clocher d’une des deux églises,
seul vestige de celle-ci, détruite
par une tornade en 1978.
A l’arrière, le lieu de
culte qui l’a remplacée
Etat le mercredi 23 mai 2007
Photo : D. Rykner
3. Le Fief-Sauvin(Maine et Loire)
Eglise reconstruite après 1978 pour remplacer l’église Notre-Dame
Photo : D. Rykner (mai 2007)
Remarquons d’abord qu’il s’agit d’une région de chouannerie, de tradition catholique, où une grande partie des églises fut détruite
ou vandalisée pendant les guerres de Vendée. Cela explique que la
plupart d’entre elles sont postérieures à 1800. Beaucoup ont été
construites en tuffeau, une pierre assez tendre qui leur donne parfois
un aspect décrépi, sans que leur solidité soit en cause. Malgré la
réhabilitation du XIXe siècle depuis une trentaine d’années, beaucoup
pensent encore qu’il n’a produit que des édifices sans intérêt2. Ce préambule posé, il n’est pas inutile de refaire l’historique des événements récents3.
En 1978, une tornade a ravagé l’une des deux églises de Le Fief-Sauvin, un village proche de Saint-Georges des Gardes. Seul le clocher était resté debout (ill. 2). Les restes de la nef furent rasés, et un nouvau lieu de culte, genre salle polyvalente (ill. 3), fut construit.
4. Le Fief-Sauvin (Maine et Loire)
Eglise paroissiale construite vers 1997
après destruction de l’ancienne église
Photo : D. Rykner (mai 2007)
Estimant sans doute que cela n’était pas suffisant, vers 1997, la mairie fit démolir la seconde église
(dont nous n’avons pas de photos) sans que l’on puisse ici blâmer les
éléments, et un édifice moderne fut bâti. Il y eut alors une recherche
esthétique plus poussée (ill. 4), même si les photos sont
flatteuses : la ligne générale n’est pas sans élégance, mais l’intérieur
se rapproche davantage d’une salle des fêtes (ill. 5). Un reste du chœur et de ses vitraux fut conservés, dans un mélange de style théâtral et parfaitement artificiel (ill. 6). Cette nouvelle église,
sans doute plus facile à chauffer et plus confortable, semble plaire
beaucoup à certains habitants. Le crime a été consommé, dans la plus
grande discrétion (personne n’a parlé à l’époque de cet acte de
vandalisme). Il a sans doute beaucoup influencé les élus qui cherchent
aujourd’hui à se débarrasser de leurs anciennes églises.
5. Le Fief-Sauvin (Maine et Loire)
Intérieur de l’église paroissiale construite vers 1997
après destruction de l’ancienne église
Photo : D. Rykner (mai 2007)
En 2006, ce fut le tour de celle de Saint-Georges des Gardes. Les
prétextes, nous y reviendrons, sont pour l’essentiel toujours les mêmes
et sont identiques à ceux utilisés pour Arc-sur-Tille (voir les articles sur cette église
bourguignonne, elle-aussi menacée) : coût supposé de la restauration et
danger imminent que ferait courir le bâtiment. Aujourd’hui donc, deux
communes souhaitent s’inscrire dans cette déjà trop longue liste : Gesté
et Valanjou.
6. Le Fief-Sauvin (Maine et Loire)
Intérieur de l’église paroissiale construite vers 1997.
Vu sur les vestiges conservés de l’ancienne église.
Photo : D. Rykner (mai 2007)
7. Gesté (Maine et Loire)
Eglise Saint-Pierre-aux-Liens, 1844-1864
La municipalité a voté sa destruction.
Etat le mercredi 23 mai 2007
Photo : D. Rykner
8. Gesté (Maine et Loire)
Intérieur de l’église Saint-Pierre-aux-Liens, 1844-1864
La municipalité a voté sa destruction.
Etat le mercredi 23 mai 2007
Photo : D. Rykner
L’église Saint-Pierre-aux-Liens de Gesté (ill. 7 et surplombe le village (ill. 1), et l’on peut à bon droit affirmer que celui-ci n’a d’identité et d’intérêt qu’à travers elle. Incendiée en 1793-17944,
elle fut en partie restaurée en 1800. Elle devint propriété de la
commune dès 1814, et en 1844-1854 la nef fut édifiée en style classique
par l’architecte Ferdinand Lachese. De 1862 à 1864, le chœur fut reconstruit en style gothique par l’architecte Alfred Tessier.
Cela lui donne extérieurement un aspect composite, dominé par son chœur
et son transept néo-gothiques reposant sur une crypte (ill. 9).
L’état ne semble aucunement désastreux, d’autant que les piliers
intérieurs sont en granit. Il est évident en revanche, et toutes les
personnes interrogées sur place nous l’ont confirmé, qu’elle n’a pas été
entretenue depuis de nombreuses années. La messe y est toujours
célébrée.
9. Gesté (Maine et Loire)
Crypte de l’église Saint-Pierre-aux-Liens, 1862-1864
La municipalité a voté sa destruction.
Photo : Alain Durand
10. France XIXe siècle
Le Christ dépouillé de ses vêtements, Xe station du Chemin de Croix
Plâtre patiné
Gesté (Maine et Loire), Eglise Saint-Pierre-aux-Liens
(église devant être détruite)
Photo : D. Rykner (mai 2007)
Le mobilier est simple, d’autant que le vandalisme qui a suivi le
concile Vatican II dans les années 1960 a déjà sévi, supprimant
notamment la chaire et l’autel (c’est également le cas à Valanjou). On
notera cependant un assez beau chemin de croix en plâtre (ill. 10), quelques vitraux (ill.
11 et 12) et sculptures. Comme à Saint-Georges des Gardes, les
brocanteurs qui se presseront lors de la démolition ne rentreront
sûrement pas bredouilles. Les habitants interrogés semblent résignés.
« On est habitués à subir » nous a affirmé une retraitée, ajoutant
aussitôt « et de toute façon, nous ne sommes pas informés, on apprend
tout par les journaux ». Une ancienne membre du conseil paroissial nous a
dit faire confiance au maire, même si la nouvelle l’a d’abord choquée.
11. France XIXe siècle
Vitraux
Gesté (Maine et Loire),
Eglise Saint-Pierre-aux-Liens
(église devant être détruite)
Photo : D. Rykner (mai 2007)
11. France XIXe siècle
Vitraux
Gesté (Maine et Loire),
Eglise Saint-Pierre-aux-Liens
(église devant être détruite)
Photo : D. Rykner (mai 2007)
Tous trouvent dommage la destruction programmée, mais semblent penser que c’est inéluctable, que conserver l’église
coûterait trop cher. Nous avons tenté de joindre le maire de Gesté qui
n’était pas disponible et ne nous a pas recontacté. Le projet de
démolition et de reconstruction d’un nouvel édifice est budgété à
1.350.000 €, une somme qui serait bien évidemment suffisante pour
restaurer, a minima, le bâtiment actuel. La municipalité de Gesté
aura accéléré la destruction de son village, déjà bien entamée ces
quarante dernières années avec la démolition de nombreux édifices
anciens autour de l’église : halles du XIXe siècle, couvent des XVIIe-XVIIIe siècle que l’on voit juste devant la façade de l’église sur cette carte postale datant des années 1960, emplacement actuel de la mairie moderne (ill. 13), ...
12. Carte postale datant des années 1960
On voit devant l’église des bâtiments
des XVII-XVIIIe siècle aujourd’hui détruits
Valanjou est né de la réunion de deux villages et possède aujourd’hui trois paroisses, donc trois églises. C’est une des raisons données par le maire5 pour justifier la démolition de l’une d’entre elle, Saint-Martin de Joué (ill. 14), due à Alfred Tessier, l’architecte du chœur de Gesté6.
Justification évidemment irrecevable : admettons que l’on regroupe
administrativement dix petites communes rurales en une seule :
faudra-t-il alors ne conserver qu’un lieu de culte ?
13. Valanjou (Maine et Loire)
Eglise Saint-Martin de Joué
Promise à la démolition, à l’exception
des parties XIIIe et XVe du clocher
Etat le mercredi 23 mai 2007
Photo : D. Rykner
Le clocher est constitué d’une base datant des XIIIe et XVe siècles,
tandis que la chambre des cloches et la flèche, tout comme la nef, ne
remontent qu’au XIXe. L’intérieur est particulièrement remarquable par
ses vitraux (ill. 15 et 16) et par une série de statuettes en terre cuite réparties tout le long des murs de la nef (ill. 17). Un beau tabernacle (ill.
18) a été exilé dans une chapelle depuis le concile Vatican II dont
nous évoquions plus haut le caractère néfaste pour le patrimoine : là
encore la chaire a disparu. Dans un premier temps, le maire souhaite
détruire la partie XIXe siècle du clocher, et espère ensuite pouvoir
raser la nef, en ne conservant en fin de compte que la partie la plus
ancienne de l’édifice.
14. France XIXe siècle
Vitraux
Valanjou (Maine-et-Loire),
Eglise Saint-Martin de Joué
(promise à la démolition)
Photo : D. Rykner (mai 2007)
15. France XIXe siècle
Vitraux
Valanjou (Maine-et-Loire),
Eglise Saint-Martin de Joué
(promise à la démolition)
Photo : D. Rykner (mai 2007)
16. Valanjou (Maine et Loire)
Eglise Saint-Martin de Joué (promise à la démolition)
Petites sculptures en terre cuite dans la nef
Etat le mercredi 23 mai 2007
Photo : D. Rykner
A Valanjou, nous avons pu interroger. Monsieur René Cottenceau, qui a créé une association pour la défense de l’église. Selon celle-ci, dont le site Internet peut être consulté ici,
il est avéré que l’édifice est sain à l’exception de la flèche en
mauvais état. Ils préconisent donc sa dépose et la conservation du reste
du bâtiment, ce qui semble une solution bâtarde : que signifie une église sans sa flèche ? Là encore, on se trouve devant un maire s’affirmant incapable financièrement d’entretenir son église.
Mais si l’on compare les coûts de la restauration totale (que personne
ne réclame), soit 1,5 millions d’euros et celle de la démolition, près
d’un million d’euros, on constate que celle-ci est non seulement
absurde, mais inutile.
17. Valanjou (Maine et Loire)
Eglise Saint-Martin de Joué (promise à la démolition)
Tabernacle
Etat le mercredi 23 mai 2007
Photo : D. Rykner
Aucune des raisons avancées pour les destructions n’est recevable. La démolition et la reconstruction d’une église coûtent plus cher que la restauration a minima
de l’édifice existant. La baisse de la pratique religieuse ne peut non
plus être un argument puisque, dans bien des cas, il faut réédifier un
lieu de culte. Les communes sont responsables de ce patrimoine depuis
1905. Elles ont donc toujours eu à les entretenir sans avoir d’intérêt
direct à le faire ; qu’elles soient pleines, ou vides, quelle
différence ? Il est vrai que démolir, puis reconstruire, permet de
donner du travail aux entreprises locales... On doit s’interroger sur
l’attitude du clergé, qui semble totalement indifférent, du moment qu’on
lui promet une belle salle polyvalente. Ainsi, l’évêque d’Angers, que
nous avons contacté mais qui n’a pu nous répondre en raison de
l’organisation des fêtes de la Pentecôte, avait écrit, dans un
communiqué de presse publié lors de la démolition de Saint-Georges des
Gardes que la disparition d’une église est, certes, « toujours une souffrance pour l’évêque et la communauté chrétienne », mais que « la commune lançait un projet de construction de chapelle sur le lieu de l’église » et que « la démolition de l’église n’a pas entraîné la désaffectation de l’espace pour le culte ». C’est bien là l’essentiel !
Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, nous avions perdu l’habitude de voir, dans notre pays, des églises
en ruine. Doit-on, comme certains habitants, comme une partie du clergé
et, semble-t-il, de nombreux élus, se résigner à les voir disparaître
sous les coups de bulldozers des démolisseurs ? Evidemment non.
L’exemple d’Arc-sur-Tille, dont l’association de défense de l’église remporte certains succès7,
est là pour le prouver. Des solutions existent. Il faut résister, se
battre pied à pied, alerter les médias, obliger les maires à entretenir
régulièrement leur patrimoine, demander des inscriptions et des
classements, rechercher des financements publics, du mécénat, lancer des
souscriptions, imaginer des réutilisations.... Si ces monuments sont
détruits, à terme, la moitié des églises
de France le seront. Christine Albanel vient d’être nommée Ministre de
la Culture. Voilà un beau défi qui s’ouvre à elle. Espérons qu’elle le
relèvera.
Appel aux lecteurs : Je remercie les lecteurs qui auraient connaissance de projets de destructions d’églises à nous en informer (contact@latribunedelart.com). Seule une mobilisation générale permettra de stopper ce phénomène.
Sites Internet :
40.000 clochers
Association Valanjevine de Sauvegarde et de Valorisation du Patrimoine
English version
Didier Rykner, samedi 26 mai 2007
Notes
1. Sophie de Ravinel, Des maires sont contraints de détruire leur église.
2. C’est ce que sous-entend l’article du Figaro où l’on peut lire que les églises détruites pendant la Révolution avaient « elles, une réelle valeur architecturale » !
3. Nous devons à Alain Guinberteau, créateur du site Internet 40.000 clochers,
qui habite à Cholet et qui nous a grandement aidé pour la rédaction de
cet article, de mieux comprendre les tenants et les aboutissants de ces
affaires.
4.
De nombreux renseignements nous ont été donnés par Alain Durand, un
habitant de Gesté qui s’oppose fermement au projet de démolition et qui
étudie en amateur l’histoire de son village. Il nous a également
transmis l’illustration n° 11 (carte postale).
5.
Nous n’avons pas tenté de joindre le maire de Valanjou, mais celui-ci
s’est expliqué longuement le mercredi 23 mai sur RMC dans l’émission
Bourdin & Co. En gros, il regrette bien, mais il n’a pas le choix...
6. Selon la Base Architecture du Ministère de la Culture.
7. Le tribunal vient d’ordonner une contre-expertise en dépit de l’avis de la commune.
1. Gesté (Maine et Loire)
L’Eglise Saint-Pierre-aux-Liens et
son chœur néo-gothique dominant le village.
La municipalité a voté sa destruction.
Etat le mercredi 23 mai 2007
Photo : D. Rykner
En novembre 2006, nous dénoncions la démolition de l’église de Saint-Georges-des-Gardes, dans le Maine-et-Loire. Un article paru dans Le Figaro du 18 mai 20071
nous apprend que deux autres édifices religieux doivent être détruits à
quelques kilomètres à peine de ce village. Non pas détruits,
d’ailleurs, mais déconstruits, selon le nouveau vocabulaire que
des élus honteux ont inventé pour cacher la gravité de leurs actes. Nous
nous sommes rendu sur place pour essayer de comprendre ce qui se passe
dans les Mauges, cette petite partie de l’Anjou qui risque, si l’on n’y
prend garde, de servir d’exemple au reste de la France.
2. Le Fief-Sauvin(Maine et Loire)
Le clocher d’une des deux églises,
seul vestige de celle-ci, détruite
par une tornade en 1978.
A l’arrière, le lieu de
culte qui l’a remplacée
Etat le mercredi 23 mai 2007
Photo : D. Rykner
3. Le Fief-Sauvin(Maine et Loire)
Eglise reconstruite après 1978 pour remplacer l’église Notre-Dame
Photo : D. Rykner (mai 2007)
Remarquons d’abord qu’il s’agit d’une région de chouannerie, de tradition catholique, où une grande partie des églises fut détruite
ou vandalisée pendant les guerres de Vendée. Cela explique que la
plupart d’entre elles sont postérieures à 1800. Beaucoup ont été
construites en tuffeau, une pierre assez tendre qui leur donne parfois
un aspect décrépi, sans que leur solidité soit en cause. Malgré la
réhabilitation du XIXe siècle depuis une trentaine d’années, beaucoup
pensent encore qu’il n’a produit que des édifices sans intérêt2. Ce préambule posé, il n’est pas inutile de refaire l’historique des événements récents3.
En 1978, une tornade a ravagé l’une des deux églises de Le Fief-Sauvin, un village proche de Saint-Georges des Gardes. Seul le clocher était resté debout (ill. 2). Les restes de la nef furent rasés, et un nouvau lieu de culte, genre salle polyvalente (ill. 3), fut construit.
4. Le Fief-Sauvin (Maine et Loire)
Eglise paroissiale construite vers 1997
après destruction de l’ancienne église
Photo : D. Rykner (mai 2007)
Estimant sans doute que cela n’était pas suffisant, vers 1997, la mairie fit démolir la seconde église
(dont nous n’avons pas de photos) sans que l’on puisse ici blâmer les
éléments, et un édifice moderne fut bâti. Il y eut alors une recherche
esthétique plus poussée (ill. 4), même si les photos sont
flatteuses : la ligne générale n’est pas sans élégance, mais l’intérieur
se rapproche davantage d’une salle des fêtes (ill. 5). Un reste du chœur et de ses vitraux fut conservés, dans un mélange de style théâtral et parfaitement artificiel (ill. 6). Cette nouvelle église,
sans doute plus facile à chauffer et plus confortable, semble plaire
beaucoup à certains habitants. Le crime a été consommé, dans la plus
grande discrétion (personne n’a parlé à l’époque de cet acte de
vandalisme). Il a sans doute beaucoup influencé les élus qui cherchent
aujourd’hui à se débarrasser de leurs anciennes églises.
5. Le Fief-Sauvin (Maine et Loire)
Intérieur de l’église paroissiale construite vers 1997
après destruction de l’ancienne église
Photo : D. Rykner (mai 2007)
En 2006, ce fut le tour de celle de Saint-Georges des Gardes. Les
prétextes, nous y reviendrons, sont pour l’essentiel toujours les mêmes
et sont identiques à ceux utilisés pour Arc-sur-Tille (voir les articles sur cette église
bourguignonne, elle-aussi menacée) : coût supposé de la restauration et
danger imminent que ferait courir le bâtiment. Aujourd’hui donc, deux
communes souhaitent s’inscrire dans cette déjà trop longue liste : Gesté
et Valanjou.
6. Le Fief-Sauvin (Maine et Loire)
Intérieur de l’église paroissiale construite vers 1997.
Vu sur les vestiges conservés de l’ancienne église.
Photo : D. Rykner (mai 2007)
7. Gesté (Maine et Loire)
Eglise Saint-Pierre-aux-Liens, 1844-1864
La municipalité a voté sa destruction.
Etat le mercredi 23 mai 2007
Photo : D. Rykner
8. Gesté (Maine et Loire)
Intérieur de l’église Saint-Pierre-aux-Liens, 1844-1864
La municipalité a voté sa destruction.
Etat le mercredi 23 mai 2007
Photo : D. Rykner
L’église Saint-Pierre-aux-Liens de Gesté (ill. 7 et surplombe le village (ill. 1), et l’on peut à bon droit affirmer que celui-ci n’a d’identité et d’intérêt qu’à travers elle. Incendiée en 1793-17944,
elle fut en partie restaurée en 1800. Elle devint propriété de la
commune dès 1814, et en 1844-1854 la nef fut édifiée en style classique
par l’architecte Ferdinand Lachese. De 1862 à 1864, le chœur fut reconstruit en style gothique par l’architecte Alfred Tessier.
Cela lui donne extérieurement un aspect composite, dominé par son chœur
et son transept néo-gothiques reposant sur une crypte (ill. 9).
L’état ne semble aucunement désastreux, d’autant que les piliers
intérieurs sont en granit. Il est évident en revanche, et toutes les
personnes interrogées sur place nous l’ont confirmé, qu’elle n’a pas été
entretenue depuis de nombreuses années. La messe y est toujours
célébrée.
9. Gesté (Maine et Loire)
Crypte de l’église Saint-Pierre-aux-Liens, 1862-1864
La municipalité a voté sa destruction.
Photo : Alain Durand
10. France XIXe siècle
Le Christ dépouillé de ses vêtements, Xe station du Chemin de Croix
Plâtre patiné
Gesté (Maine et Loire), Eglise Saint-Pierre-aux-Liens
(église devant être détruite)
Photo : D. Rykner (mai 2007)
Le mobilier est simple, d’autant que le vandalisme qui a suivi le
concile Vatican II dans les années 1960 a déjà sévi, supprimant
notamment la chaire et l’autel (c’est également le cas à Valanjou). On
notera cependant un assez beau chemin de croix en plâtre (ill. 10), quelques vitraux (ill.
11 et 12) et sculptures. Comme à Saint-Georges des Gardes, les
brocanteurs qui se presseront lors de la démolition ne rentreront
sûrement pas bredouilles. Les habitants interrogés semblent résignés.
« On est habitués à subir » nous a affirmé une retraitée, ajoutant
aussitôt « et de toute façon, nous ne sommes pas informés, on apprend
tout par les journaux ». Une ancienne membre du conseil paroissial nous a
dit faire confiance au maire, même si la nouvelle l’a d’abord choquée.
11. France XIXe siècle
Vitraux
Gesté (Maine et Loire),
Eglise Saint-Pierre-aux-Liens
(église devant être détruite)
Photo : D. Rykner (mai 2007)
11. France XIXe siècle
Vitraux
Gesté (Maine et Loire),
Eglise Saint-Pierre-aux-Liens
(église devant être détruite)
Photo : D. Rykner (mai 2007)
Tous trouvent dommage la destruction programmée, mais semblent penser que c’est inéluctable, que conserver l’église
coûterait trop cher. Nous avons tenté de joindre le maire de Gesté qui
n’était pas disponible et ne nous a pas recontacté. Le projet de
démolition et de reconstruction d’un nouvel édifice est budgété à
1.350.000 €, une somme qui serait bien évidemment suffisante pour
restaurer, a minima, le bâtiment actuel. La municipalité de Gesté
aura accéléré la destruction de son village, déjà bien entamée ces
quarante dernières années avec la démolition de nombreux édifices
anciens autour de l’église : halles du XIXe siècle, couvent des XVIIe-XVIIIe siècle que l’on voit juste devant la façade de l’église sur cette carte postale datant des années 1960, emplacement actuel de la mairie moderne (ill. 13), ...
12. Carte postale datant des années 1960
On voit devant l’église des bâtiments
des XVII-XVIIIe siècle aujourd’hui détruits
Valanjou est né de la réunion de deux villages et possède aujourd’hui trois paroisses, donc trois églises. C’est une des raisons données par le maire5 pour justifier la démolition de l’une d’entre elle, Saint-Martin de Joué (ill. 14), due à Alfred Tessier, l’architecte du chœur de Gesté6.
Justification évidemment irrecevable : admettons que l’on regroupe
administrativement dix petites communes rurales en une seule :
faudra-t-il alors ne conserver qu’un lieu de culte ?
13. Valanjou (Maine et Loire)
Eglise Saint-Martin de Joué
Promise à la démolition, à l’exception
des parties XIIIe et XVe du clocher
Etat le mercredi 23 mai 2007
Photo : D. Rykner
Le clocher est constitué d’une base datant des XIIIe et XVe siècles,
tandis que la chambre des cloches et la flèche, tout comme la nef, ne
remontent qu’au XIXe. L’intérieur est particulièrement remarquable par
ses vitraux (ill. 15 et 16) et par une série de statuettes en terre cuite réparties tout le long des murs de la nef (ill. 17). Un beau tabernacle (ill.
18) a été exilé dans une chapelle depuis le concile Vatican II dont
nous évoquions plus haut le caractère néfaste pour le patrimoine : là
encore la chaire a disparu. Dans un premier temps, le maire souhaite
détruire la partie XIXe siècle du clocher, et espère ensuite pouvoir
raser la nef, en ne conservant en fin de compte que la partie la plus
ancienne de l’édifice.
14. France XIXe siècle
Vitraux
Valanjou (Maine-et-Loire),
Eglise Saint-Martin de Joué
(promise à la démolition)
Photo : D. Rykner (mai 2007)
15. France XIXe siècle
Vitraux
Valanjou (Maine-et-Loire),
Eglise Saint-Martin de Joué
(promise à la démolition)
Photo : D. Rykner (mai 2007)
16. Valanjou (Maine et Loire)
Eglise Saint-Martin de Joué (promise à la démolition)
Petites sculptures en terre cuite dans la nef
Etat le mercredi 23 mai 2007
Photo : D. Rykner
A Valanjou, nous avons pu interroger. Monsieur René Cottenceau, qui a créé une association pour la défense de l’église. Selon celle-ci, dont le site Internet peut être consulté ici,
il est avéré que l’édifice est sain à l’exception de la flèche en
mauvais état. Ils préconisent donc sa dépose et la conservation du reste
du bâtiment, ce qui semble une solution bâtarde : que signifie une église sans sa flèche ? Là encore, on se trouve devant un maire s’affirmant incapable financièrement d’entretenir son église.
Mais si l’on compare les coûts de la restauration totale (que personne
ne réclame), soit 1,5 millions d’euros et celle de la démolition, près
d’un million d’euros, on constate que celle-ci est non seulement
absurde, mais inutile.
17. Valanjou (Maine et Loire)
Eglise Saint-Martin de Joué (promise à la démolition)
Tabernacle
Etat le mercredi 23 mai 2007
Photo : D. Rykner
Aucune des raisons avancées pour les destructions n’est recevable. La démolition et la reconstruction d’une église coûtent plus cher que la restauration a minima
de l’édifice existant. La baisse de la pratique religieuse ne peut non
plus être un argument puisque, dans bien des cas, il faut réédifier un
lieu de culte. Les communes sont responsables de ce patrimoine depuis
1905. Elles ont donc toujours eu à les entretenir sans avoir d’intérêt
direct à le faire ; qu’elles soient pleines, ou vides, quelle
différence ? Il est vrai que démolir, puis reconstruire, permet de
donner du travail aux entreprises locales... On doit s’interroger sur
l’attitude du clergé, qui semble totalement indifférent, du moment qu’on
lui promet une belle salle polyvalente. Ainsi, l’évêque d’Angers, que
nous avons contacté mais qui n’a pu nous répondre en raison de
l’organisation des fêtes de la Pentecôte, avait écrit, dans un
communiqué de presse publié lors de la démolition de Saint-Georges des
Gardes que la disparition d’une église est, certes, « toujours une souffrance pour l’évêque et la communauté chrétienne », mais que « la commune lançait un projet de construction de chapelle sur le lieu de l’église » et que « la démolition de l’église n’a pas entraîné la désaffectation de l’espace pour le culte ». C’est bien là l’essentiel !
Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, nous avions perdu l’habitude de voir, dans notre pays, des églises
en ruine. Doit-on, comme certains habitants, comme une partie du clergé
et, semble-t-il, de nombreux élus, se résigner à les voir disparaître
sous les coups de bulldozers des démolisseurs ? Evidemment non.
L’exemple d’Arc-sur-Tille, dont l’association de défense de l’église remporte certains succès7,
est là pour le prouver. Des solutions existent. Il faut résister, se
battre pied à pied, alerter les médias, obliger les maires à entretenir
régulièrement leur patrimoine, demander des inscriptions et des
classements, rechercher des financements publics, du mécénat, lancer des
souscriptions, imaginer des réutilisations.... Si ces monuments sont
détruits, à terme, la moitié des églises
de France le seront. Christine Albanel vient d’être nommée Ministre de
la Culture. Voilà un beau défi qui s’ouvre à elle. Espérons qu’elle le
relèvera.
Appel aux lecteurs : Je remercie les lecteurs qui auraient connaissance de projets de destructions d’églises à nous en informer (contact@latribunedelart.com). Seule une mobilisation générale permettra de stopper ce phénomène.
Sites Internet :
40.000 clochers
Association Valanjevine de Sauvegarde et de Valorisation du Patrimoine
English version
Didier Rykner, samedi 26 mai 2007
Notes
1. Sophie de Ravinel, Des maires sont contraints de détruire leur église.
2. C’est ce que sous-entend l’article du Figaro où l’on peut lire que les églises détruites pendant la Révolution avaient « elles, une réelle valeur architecturale » !
3. Nous devons à Alain Guinberteau, créateur du site Internet 40.000 clochers,
qui habite à Cholet et qui nous a grandement aidé pour la rédaction de
cet article, de mieux comprendre les tenants et les aboutissants de ces
affaires.
4.
De nombreux renseignements nous ont été donnés par Alain Durand, un
habitant de Gesté qui s’oppose fermement au projet de démolition et qui
étudie en amateur l’histoire de son village. Il nous a également
transmis l’illustration n° 11 (carte postale).
5.
Nous n’avons pas tenté de joindre le maire de Valanjou, mais celui-ci
s’est expliqué longuement le mercredi 23 mai sur RMC dans l’émission
Bourdin & Co. En gros, il regrette bien, mais il n’a pas le choix...
6. Selon la Base Architecture du Ministère de la Culture.
7. Le tribunal vient d’ordonner une contre-expertise en dépit de l’avis de la commune.
Re: une eglise va devenir un centre commercial
Une église rurale sur 5 sera détruite en France, soit 2800
2800 clochers abattus...
Les églises se vident, elles sont trop grandes pour le nombre de fidèles.
Leur entretien coûte trop cher.
Les mairies sont contraintes de les raser...
Et tout le monde s'incline devant ces décisions, clercs et politiques.
Terrible abandon et affreuse désertion.
Pour se débarrasser d'un bâtiment, il suffit de le laisser pourrir 20 ans, de l'entourer ensuite de bandes rouges pour signifier son danger puis de faire établir un arrêté de péril. La démolition n'est alors plus une honte. Elle est même conseillée.
L'optimisme est-il possible, malgré le sondage actif du Figaro qui indique pour l'instant que 85% des internautes sont choqués par la destruction de nos églises. Ce n'est pas là que se fait la politique... et les choqués d'internet ne sont pas forcément les plus actifs sur le terrain...
Pour tenter l'ultime chance d'en sauver quelques-unes, il faut agir et se battre : agir dans les mairies, tenter des rachats (mécenat, etc), se mobiliser par le biais d'associations (du genre "clochers de France", "40 000 clochers", ...), etc... Interpeller fermement et efficacement le prochain ministre en charge du patrimoine?
Mais qui bougera réellement pour sauver nos clochers et permettre à nos enfants d'entendre, comme nos pères et nous-mêmes, sonner l'Angélus dans nos campagnes?
Pendant ce temps, des municipalités subventionnent illégalement la construction de mosquées (Marseille, Montreuil, Roubaix...).
2800 clochers abattus...
Les églises se vident, elles sont trop grandes pour le nombre de fidèles.
Leur entretien coûte trop cher.
Les mairies sont contraintes de les raser...
Et tout le monde s'incline devant ces décisions, clercs et politiques.
Terrible abandon et affreuse désertion.
Pour se débarrasser d'un bâtiment, il suffit de le laisser pourrir 20 ans, de l'entourer ensuite de bandes rouges pour signifier son danger puis de faire établir un arrêté de péril. La démolition n'est alors plus une honte. Elle est même conseillée.
L'optimisme est-il possible, malgré le sondage actif du Figaro qui indique pour l'instant que 85% des internautes sont choqués par la destruction de nos églises. Ce n'est pas là que se fait la politique... et les choqués d'internet ne sont pas forcément les plus actifs sur le terrain...
Pour tenter l'ultime chance d'en sauver quelques-unes, il faut agir et se battre : agir dans les mairies, tenter des rachats (mécenat, etc), se mobiliser par le biais d'associations (du genre "clochers de France", "40 000 clochers", ...), etc... Interpeller fermement et efficacement le prochain ministre en charge du patrimoine?
Mais qui bougera réellement pour sauver nos clochers et permettre à nos enfants d'entendre, comme nos pères et nous-mêmes, sonner l'Angélus dans nos campagnes?
Pendant ce temps, des municipalités subventionnent illégalement la construction de mosquées (Marseille, Montreuil, Roubaix...).
Re: une eglise va devenir un centre commercial
Quel sacrilège! Seigneur pardonne-leur car ils ne savent pas "ce qui les attend"! J'imagine que le Ciel n'acceptera pas cela et je comprends les messages qui disent que les prêtres vont beaucoup souffrir!! Je suis honteuse de ce qui arrive à la Fille Ainée de l'Eglise...Pauvre France,où vas-tu? Répare tout cela.Pardon Mon Dieu pour ces nombreuses églises transformées en hôtels et restaurants!!
sylvia- Avec les anges
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