Des hommes et des Dieux
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Des hommes et des Dieux
Des hommes et des dieux» : le cinéma en état de grâce
Mots clés : Des hommes et des dieux, moines de Tibéhirine, ALGÉRIEPar Marie-Noëlle Tranchant
07/09/2010 | Mise à jour : 19:15
Une partie des moines de Tibéhirine, encadrés par le père Christian (Lambert Wilson), menacés par des milices. Frère Luc, joué par Michael Lonsdale (à droite), souligne le rôle immense que ces moines tenaient auprès de leurs frères chrétiens et musulmans. Crédits photo : Crédit à lire en bas svp !
INTERVIEW - Avec «Des hommes et des dieux», Xavier Beauvois a recréé le monde fraternel des moines enlevés puis assassinés en Algérie en mai 1996 Grand prix du jury à Cannes, Des hommes et des dieux est la rencontre d'une histoire exceptionnelle et d'un cinéaste exceptionnel (Nord, Selon Mathieu, Le Petit Lieutenant). Il y a encore de l'enfance dans le visage clair de Xavier Beauvois, un mélange de joie de vivre et de sérieux passionné. Il ressemble à son cinéma : très ouvert et très concentré, nourri de hautes admirations (Rossellini, Cassavetes, Kurosawa, Leone, Caravage, Mantegna…) et cherchant la limpidité de l'épure. «Comme les maîtres japonais visant au trait le plus simple», dit-il.
LE FIGARO. - Quel a été votre premier sentiment quand Étienne Comar vous a proposé un scénario sur les moines de Tibéhirine ?
Xavier BEAUVOIS. - Tomber sur une histoire comme ça, c'est formidable à une époque assez nauséabonde. Cela a un côté jouissif de pouvoir porter cette parole fraternelle partout dans le monde avec un film ! Voilà un acte politique qui me plaît. L'assassinat des moines a suscité une émotion extraordinaire. Tout le monde était concerné. Et tout le monde peut être concerné par leur manière de vivre.
Justement, le film s'attache à leur vie quotidienne, avant la tragédie.
Pourquoi ce choix ?
On est tellement dans un monde d'égoïsme et de consommation à outrance. Ce sont des gens qui sont dans l'être, pas seulement dans le faire. Ils ont un côté écologiste, en harmonie avec la nature. Ils sont curieux de l'autre, attentifs à sa langue, à sa culture, à son histoire. Ils sont dans le témoignage, mais pas dans le prosélytisme. Leurs journées se partagent entre la prière, le travail manuel et le travail intellectuel. Ce sont des gens qui réfléchissent beaucoup. Ils étudient l'Écriture le matin, mais on les voit aussi lire le journal, pendant le repas.
Vous avez des liens personnels avec la religion chrétienne ?
J'ai fait ma communion, mais c'était plutôt une torture, parce que c'était seulement pour la façade. Mes parents n'étaient pas pratiquants, ils voulaient juste faire comme tout le monde. Alors je n'ai pas fait baptiser mon fils : s'il veut, il peut le choisir. Mon problème, c'est que je ne vois pas bien le rapport entre le christianisme et le Vatican. Mais il y a une phrase de Jean-Paul II qui me plaît : «N'ayez pas peur.» Les frères aussi vivent comme ça. C'est tellement le contraire d'un gouvernement qui nous dit tout le temps d'avoir peur. Oui, frère Christian ne se laisse pas intimider.
Quand le terroriste le menace en lui disant : «Vous n'avez pas le choix», il répond : «Si, j'ai le choix.»
C'est une réplique authentique. Dans les dialogues, on a mis le plus possible de citations. C'est la phrase d'un homme libre. Ce film montre des hommes libres. Et puis ils décident ensemble, démocratiquement, en se réunissant en chapitres. Et ils se soucient de leurs frères, chrétiens et musulmans. Je résume cela par : liberté, égalité, fraternité !
Au fond, sans partir de la foi, vous parvenez à évoquer la vie de foi des moines simplement en étant fidèle à votre exigence de réalisme…
Je suis très paranoïaque là-dessus ! J'aime savoir tout sur tout. L'idée de faire la moindre erreur me rend malade. En plus, c'est tellement facile d'être exact : il suffit de demander aux gens de métier. Non seulement ils savent ce qui est juste, mais en général ils sont heureux de le faire partager. Je n'ai jamais oublié le conseil de Jean Douchet à mes débuts : «Écoute les gens ! Même dans la vie, c'est tout bénéfice. On ne dit pas un mot et tout le monde vous trouve charmant !»
Donc, vous vous êtes beaucoup documenté sur la vie monastique.
J'ai consulté un théologien, on a passé une semaine à Tamié, la communauté d'origine des cisterciens de Tibéhirine, pour vivre la vie des moines, on a travaillé le chant liturgique, et Henri Quinson, notre conseiller monastique, ne nous a pas quittés d'un pas pendant le tournage. La dimension documentaire est essentielle. Je suis très client des documentaires, je peux en voir trois ou quatre par jour. Si on est dans un monastère, on sait qu'on va devoir filmer des rites, ce qui est une forme de mise en scène.
Pour vous, qu'est-ce que la mise en scène ?
Le but du cinéma, c'est d'émouvoir les spectateurs. On est là pour rire, pour pleurer, pour trembler, pour admirer. Mais pour obtenir des émotions justes, il ne faut pas les galvauder. Dans le film, il n'y a aucun gros plan avant le repas final, où la caméra s'attarde sur chaque visage. Il fallait une gradation, jusqu'à cette intensité.
Vous filmez aussi magnifiquement les paysages.
Je suis un contemplatif. Je peux rester cinq heures sans bouger devant un beau paysage. Et j'ai une passion pour la peinture. Le cinéma, c'est quand même cela : un cadre, la lumière. Prétendre faire du cinéma sans aimer la peinture me semble absurde. Le moment des repérages est très important pour moi : les lieux, les objets, les couleurs, les sonorités stimulent mon imagination. Après, il faut laisser l'âme du film s'exprimer.
Comment cela ?
Ce tournage a été plein de moments de grâce. Par exemple, quand frère Christian part dans la nature pour réfléchir, seul, est arrivé inopinément un troupeau de moutons. Ce n'était pas du tout prévu, mais évidemment, le berger et son troupeau, c'est une image évangélique. Ou encore, les moines ont été enlevés un jour de neige, mais il n'a jamais neigé pendant tout notre séjour. Sauf le jour où nous avons tourné la scène finale. Et puis, l'entente fraternelle des comédiens, l'accueil des Marocains, plein de sérénité… Pendant qu'ici on faisait tout ce sketch sur la burqa, des musulmans construisaient pour nous un clocher et une statue de la Vierge. Vraiment l'esprit de Tibéhirine a soufflé sur ce film.
La critique du film
Lumière intérieure (par Éric Neuhoff)
Des saints, il faut le dire vite, mais quels hommes ! On en croise assez peu d'une telle étoffe. Dieu a rayé en eux toute velléité d'ambitions mesquines. Leur monastère est perdu dans l'Atlas. Ils soignent les corps, n'essaient pas de convertir les villageois. La peur, le doute ne leur sont pas toujours étrangers. Autour d'eux, les extrémistes égorgent à tout va. Partir ? Ce serait renoncer à ce qui les fait tenir debout. Ils ne vivent pas que de silence. Les chants liturgiques parsèment leur emploi du temps. Cela constitue une sorte de résistance, des paroles qui risquent de ne pas s'envoler complètement. Un hélicoptère de l'armée s'immobilise au-dessus de la chapelle et les cisterciens répondent au fracas du moteur en entonnant un psaume. Leur cœur est immense : il est tout sauf vide.
Michael Lonsdale, souverain, explique à une adolescente ce que c'est que l'amour. La grandeur est faite de petites choses. La noblesse se conjugue au quotidien. Ils récoltent du miel, opèrent un terroriste criblé de balles. La situation devient compliquée. Les menaces se précisent. Face aux mitraillettes et au chantage de ses agresseurs barbus («Vous n'avez pas le choix»), Lambert Wilson répond, avec une sérénité imparable : «Si, j'ai le choix». Il est habité, presque minéral. Il s'agit d'un suspense à rebours, puisqu'on connaît le dénouement. Beauvois s'inspire des martyrs de Tibéhirine. Le film participe du miracle. C'est comme si chacun, là-dedans, était porté par une lumière intérieure. Elle éclaire le spectateur, confondu par des personnages aussi singuliers. Une étrange paix baigne la salle. Soudain, on a l'impression d'avoir une âme. On plaint les gens qui, tel le jury cannois, passeront à côté de ce pur moment de grâce. Parfois, le cinéma réussit à être un art. Il y a des jours où ce qui arrive sur l'écran semble plus important que ce qui peut se produire à l'extérieur. Comme La 317e section, Des hommes et des Dieux appartient à la catégorie des films parfaits, uniques. Comment oublier l'image de ces moines, assis à une grande table, qui écoutent Le Lac des cygnes en buvant du bourgogne dans des verres en pyrex ? À la fin, il neige. Encadrés par leurs ravisseurs, ils s'enfoncent dans la blancheur. Ils sont ailleurs. Rien ne peut plus les atteindre. Ils ont gagné. Amen.
Mots clés : Des hommes et des dieux, moines de Tibéhirine, ALGÉRIEPar Marie-Noëlle Tranchant
07/09/2010 | Mise à jour : 19:15
Une partie des moines de Tibéhirine, encadrés par le père Christian (Lambert Wilson), menacés par des milices. Frère Luc, joué par Michael Lonsdale (à droite), souligne le rôle immense que ces moines tenaient auprès de leurs frères chrétiens et musulmans. Crédits photo : Crédit à lire en bas svp !
INTERVIEW - Avec «Des hommes et des dieux», Xavier Beauvois a recréé le monde fraternel des moines enlevés puis assassinés en Algérie en mai 1996 Grand prix du jury à Cannes, Des hommes et des dieux est la rencontre d'une histoire exceptionnelle et d'un cinéaste exceptionnel (Nord, Selon Mathieu, Le Petit Lieutenant). Il y a encore de l'enfance dans le visage clair de Xavier Beauvois, un mélange de joie de vivre et de sérieux passionné. Il ressemble à son cinéma : très ouvert et très concentré, nourri de hautes admirations (Rossellini, Cassavetes, Kurosawa, Leone, Caravage, Mantegna…) et cherchant la limpidité de l'épure. «Comme les maîtres japonais visant au trait le plus simple», dit-il.
LE FIGARO. - Quel a été votre premier sentiment quand Étienne Comar vous a proposé un scénario sur les moines de Tibéhirine ?
Xavier BEAUVOIS. - Tomber sur une histoire comme ça, c'est formidable à une époque assez nauséabonde. Cela a un côté jouissif de pouvoir porter cette parole fraternelle partout dans le monde avec un film ! Voilà un acte politique qui me plaît. L'assassinat des moines a suscité une émotion extraordinaire. Tout le monde était concerné. Et tout le monde peut être concerné par leur manière de vivre.
Justement, le film s'attache à leur vie quotidienne, avant la tragédie.
Pourquoi ce choix ?
On est tellement dans un monde d'égoïsme et de consommation à outrance. Ce sont des gens qui sont dans l'être, pas seulement dans le faire. Ils ont un côté écologiste, en harmonie avec la nature. Ils sont curieux de l'autre, attentifs à sa langue, à sa culture, à son histoire. Ils sont dans le témoignage, mais pas dans le prosélytisme. Leurs journées se partagent entre la prière, le travail manuel et le travail intellectuel. Ce sont des gens qui réfléchissent beaucoup. Ils étudient l'Écriture le matin, mais on les voit aussi lire le journal, pendant le repas.
Vous avez des liens personnels avec la religion chrétienne ?
J'ai fait ma communion, mais c'était plutôt une torture, parce que c'était seulement pour la façade. Mes parents n'étaient pas pratiquants, ils voulaient juste faire comme tout le monde. Alors je n'ai pas fait baptiser mon fils : s'il veut, il peut le choisir. Mon problème, c'est que je ne vois pas bien le rapport entre le christianisme et le Vatican. Mais il y a une phrase de Jean-Paul II qui me plaît : «N'ayez pas peur.» Les frères aussi vivent comme ça. C'est tellement le contraire d'un gouvernement qui nous dit tout le temps d'avoir peur. Oui, frère Christian ne se laisse pas intimider.
Quand le terroriste le menace en lui disant : «Vous n'avez pas le choix», il répond : «Si, j'ai le choix.»
C'est une réplique authentique. Dans les dialogues, on a mis le plus possible de citations. C'est la phrase d'un homme libre. Ce film montre des hommes libres. Et puis ils décident ensemble, démocratiquement, en se réunissant en chapitres. Et ils se soucient de leurs frères, chrétiens et musulmans. Je résume cela par : liberté, égalité, fraternité !
Au fond, sans partir de la foi, vous parvenez à évoquer la vie de foi des moines simplement en étant fidèle à votre exigence de réalisme…
Je suis très paranoïaque là-dessus ! J'aime savoir tout sur tout. L'idée de faire la moindre erreur me rend malade. En plus, c'est tellement facile d'être exact : il suffit de demander aux gens de métier. Non seulement ils savent ce qui est juste, mais en général ils sont heureux de le faire partager. Je n'ai jamais oublié le conseil de Jean Douchet à mes débuts : «Écoute les gens ! Même dans la vie, c'est tout bénéfice. On ne dit pas un mot et tout le monde vous trouve charmant !»
Donc, vous vous êtes beaucoup documenté sur la vie monastique.
J'ai consulté un théologien, on a passé une semaine à Tamié, la communauté d'origine des cisterciens de Tibéhirine, pour vivre la vie des moines, on a travaillé le chant liturgique, et Henri Quinson, notre conseiller monastique, ne nous a pas quittés d'un pas pendant le tournage. La dimension documentaire est essentielle. Je suis très client des documentaires, je peux en voir trois ou quatre par jour. Si on est dans un monastère, on sait qu'on va devoir filmer des rites, ce qui est une forme de mise en scène.
Pour vous, qu'est-ce que la mise en scène ?
Le but du cinéma, c'est d'émouvoir les spectateurs. On est là pour rire, pour pleurer, pour trembler, pour admirer. Mais pour obtenir des émotions justes, il ne faut pas les galvauder. Dans le film, il n'y a aucun gros plan avant le repas final, où la caméra s'attarde sur chaque visage. Il fallait une gradation, jusqu'à cette intensité.
Vous filmez aussi magnifiquement les paysages.
Je suis un contemplatif. Je peux rester cinq heures sans bouger devant un beau paysage. Et j'ai une passion pour la peinture. Le cinéma, c'est quand même cela : un cadre, la lumière. Prétendre faire du cinéma sans aimer la peinture me semble absurde. Le moment des repérages est très important pour moi : les lieux, les objets, les couleurs, les sonorités stimulent mon imagination. Après, il faut laisser l'âme du film s'exprimer.
Comment cela ?
Ce tournage a été plein de moments de grâce. Par exemple, quand frère Christian part dans la nature pour réfléchir, seul, est arrivé inopinément un troupeau de moutons. Ce n'était pas du tout prévu, mais évidemment, le berger et son troupeau, c'est une image évangélique. Ou encore, les moines ont été enlevés un jour de neige, mais il n'a jamais neigé pendant tout notre séjour. Sauf le jour où nous avons tourné la scène finale. Et puis, l'entente fraternelle des comédiens, l'accueil des Marocains, plein de sérénité… Pendant qu'ici on faisait tout ce sketch sur la burqa, des musulmans construisaient pour nous un clocher et une statue de la Vierge. Vraiment l'esprit de Tibéhirine a soufflé sur ce film.
La critique du film
Lumière intérieure (par Éric Neuhoff)
Des saints, il faut le dire vite, mais quels hommes ! On en croise assez peu d'une telle étoffe. Dieu a rayé en eux toute velléité d'ambitions mesquines. Leur monastère est perdu dans l'Atlas. Ils soignent les corps, n'essaient pas de convertir les villageois. La peur, le doute ne leur sont pas toujours étrangers. Autour d'eux, les extrémistes égorgent à tout va. Partir ? Ce serait renoncer à ce qui les fait tenir debout. Ils ne vivent pas que de silence. Les chants liturgiques parsèment leur emploi du temps. Cela constitue une sorte de résistance, des paroles qui risquent de ne pas s'envoler complètement. Un hélicoptère de l'armée s'immobilise au-dessus de la chapelle et les cisterciens répondent au fracas du moteur en entonnant un psaume. Leur cœur est immense : il est tout sauf vide.
Michael Lonsdale, souverain, explique à une adolescente ce que c'est que l'amour. La grandeur est faite de petites choses. La noblesse se conjugue au quotidien. Ils récoltent du miel, opèrent un terroriste criblé de balles. La situation devient compliquée. Les menaces se précisent. Face aux mitraillettes et au chantage de ses agresseurs barbus («Vous n'avez pas le choix»), Lambert Wilson répond, avec une sérénité imparable : «Si, j'ai le choix». Il est habité, presque minéral. Il s'agit d'un suspense à rebours, puisqu'on connaît le dénouement. Beauvois s'inspire des martyrs de Tibéhirine. Le film participe du miracle. C'est comme si chacun, là-dedans, était porté par une lumière intérieure. Elle éclaire le spectateur, confondu par des personnages aussi singuliers. Une étrange paix baigne la salle. Soudain, on a l'impression d'avoir une âme. On plaint les gens qui, tel le jury cannois, passeront à côté de ce pur moment de grâce. Parfois, le cinéma réussit à être un art. Il y a des jours où ce qui arrive sur l'écran semble plus important que ce qui peut se produire à l'extérieur. Comme La 317e section, Des hommes et des Dieux appartient à la catégorie des films parfaits, uniques. Comment oublier l'image de ces moines, assis à une grande table, qui écoutent Le Lac des cygnes en buvant du bourgogne dans des verres en pyrex ? À la fin, il neige. Encadrés par leurs ravisseurs, ils s'enfoncent dans la blancheur. Ils sont ailleurs. Rien ne peut plus les atteindre. Ils ont gagné. Amen.
P4572- Dans la prière
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Re: Des hommes et des Dieux
"Des Hommes et des Dieux" de Xavier Beauvois 8 min - Il y a 5 jours videos.arte.tv |
P4572- Dans la prière
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Re: Des hommes et des Dieux
Dans famille Chrétienne :
Résumé
Plutôt que de se concentrer sur les ultimes moments des moines, comme aurait fait un scénario de suspense, l'histoire couvre leurs trois dernières années, de 1993 à 1996, laissant au spectateur le temps de les connaître et de comprendre leur choix. Le film a été tourné au Maroc où a été trouvé un site semblable à celui de Tibhirine (Algérie). Dans un paysage splendide, que la caméra contemple avec ravissement, on prend le temps de partager l'amour des moines pour le pays et ses habitants. La leçon de fraternité qu'ils donnent est éclatante. Tous les spectateurs, musulmans, chrétiens ou autres, peuvent en recevoir quelque chose.
Quelques figures de religieux se détachent : le prieur, Dom Christian de Chergé – à qui Lambert Wilson prête sans doute plus de fragilité psychologique que de véritable inquiétude spirituelle –, Frère Christophe qui, sous les traits de bûcheron d'Olivier Rabourdin, manifeste éloquemment le passage de la prudence humaine à la confiance évangélique, et surtout Frère Luc, le moine médecin octogénaire. Ce dernier offre à l'inégalable Michael Lonsdale ce qui restera peut-être le meilleur rôle de sa vie. On a déjà vu des acteurs exprimer la bonté, on n'en a probablement jamais vu le faire avec l'évidence irrésistible que manifeste ici Lonsdale. Le film ne serait pas sans lui.
Dans ce cadre paisible, la tension s'installe très vite. Les conversations rapportent les attentats perpétrés ici ou là par les islamistes et l'ultimatum lancé par ceux-ci aux étrangers de quitter le pays. Puis c'est l'irruption de la violence: le massacre d'ouvriers albanais, à quelques kilomètres du monastère. La peur frappe au sanctuaire même quand des islamistes viennent, armés, réclamer la venue chez eux de Frère Luc pour soigner des blessés. C'est le soir de Noël. Frère Christian rappelle que c'est la nuit du Prince de la paix et que les armes doivent être remisées. Les terroristes, impressionnés, s'en vont sans incident.
Notre avis
Ce n'est pas le réalisateur, Xavier Beauvois, agnostique, qui a eu l'idée de ce film si religieux. C'est le producteur Étienne Comar, qui souhaitait son avis sur un scénario qui lui paraissait peu vendable. Quand Beauvois lui a dit son intérêt, Comar a avoué sa ruse: c'était lui l'auteur du texte !
Réalisateur maniaque de véracité, Beauvois a aussitôt engagé Henry Quinson comme « conseiller monastique » pour le tournage. Ce religieux célèbre, ancien trader de Wall Street entré à l'abbaye de Tamié, est le traducteur du livre de référence sur le drame de Tibhirine, Passion pour l'Algérie, les moines de Tibhirine (Nouvelle Cité), de l'Américain John Kiser. Grâce à lui, grâce aussi au maître de choeur François Polgar qui a formé les acteurs au chant liturgique, le film rend, avec une grande vérité, la vie de prière des moines dans leur monastère de l'Atlas.
L'amour des moines pour l'Algérie et ses habitants
On pouvait s'attendre qu'un réalisateur agnostique traite cet aspect comme un accessoire dramatique secondaire. Beauvois, au contraire, y consacre un grand nombre de scènes, qui montrent la place centrale de la prière dans la vie des religieux et le rôle déterminant qu'elle a joué dans leur décision de ne pas quitter le monastère malgré le danger extrême.
Le drame central du film est la question que se posent les moines, individuellement et collectivement, du choix de partir ou de rester. Le bon sens est de partir, tant les menaces sont grandes. Tous les pousse dans ce sens, aussi bien le gouvernement et l'armée (« les frères de la plaine » comme les appellent les moines) que les terroristes (« les frères de la montagne »). Finalement, au cours d'un « chapitre » solennel, tous choisissent de rester. C'est à la suite de celui-ci qu'a lieu la plus belle scène du film, le dernier repas des Frères, qui est une véritable Cène où Beauvois se montre admirablement inspiré. Laissons-la découvrir, dans sa parfaite simplicité, sans commentaire : à chacun de voir les très riches résonances, humaines, artistiques et spirituelles, de ces quelques minutes, qu'on ne saurait mieux qualifier que d'« eucharistiques ».
Le film s'arrête non à la mort des moines – dont les circonstances restent aujourd'hui encore inconnues – mais à ce qu'on peut appeler leur chemin de croix. Il se fait dans la neige, une neige tombée de façon totalement inattendue pendant le tournage, qui a permis de fixer ces dernières images mystérieuses et qui, pour nombre de participants du film, a été jugée spontanément comme miraculeuse. Un détail dans l'ensemble du film. Mais on a bien tort de dire que « le diable se cache dans les détails » : Dieu y est déjà !
Cela ramène au titre du film, étrange. On a conseillé à Beauvois de le changer parce qu'il sonnait de façon douteuse. Comme s'il y avait des dieux différents pour les musulmans et les chrétiens, preuve de l'inanité des religions, ne laissant en place que des hommes égarés. Mais Beauvois tenait à son titre, qu'il précise dès l'ouverture du film en citant le Psaume 82 (v. 6-7) : « J'ai dit : “Vous êtes des dieux [...], pourtant, vous mourrez comme des hommes" ». Une phrase difficile qui apporte plus de questions que de réponses, mais place d'emblée le film à sa véritable hauteur: celle du mystère, face auquel chacun se trouve forcé de s'interroger.
Résumé
Plutôt que de se concentrer sur les ultimes moments des moines, comme aurait fait un scénario de suspense, l'histoire couvre leurs trois dernières années, de 1993 à 1996, laissant au spectateur le temps de les connaître et de comprendre leur choix. Le film a été tourné au Maroc où a été trouvé un site semblable à celui de Tibhirine (Algérie). Dans un paysage splendide, que la caméra contemple avec ravissement, on prend le temps de partager l'amour des moines pour le pays et ses habitants. La leçon de fraternité qu'ils donnent est éclatante. Tous les spectateurs, musulmans, chrétiens ou autres, peuvent en recevoir quelque chose.
Quelques figures de religieux se détachent : le prieur, Dom Christian de Chergé – à qui Lambert Wilson prête sans doute plus de fragilité psychologique que de véritable inquiétude spirituelle –, Frère Christophe qui, sous les traits de bûcheron d'Olivier Rabourdin, manifeste éloquemment le passage de la prudence humaine à la confiance évangélique, et surtout Frère Luc, le moine médecin octogénaire. Ce dernier offre à l'inégalable Michael Lonsdale ce qui restera peut-être le meilleur rôle de sa vie. On a déjà vu des acteurs exprimer la bonté, on n'en a probablement jamais vu le faire avec l'évidence irrésistible que manifeste ici Lonsdale. Le film ne serait pas sans lui.
Dans ce cadre paisible, la tension s'installe très vite. Les conversations rapportent les attentats perpétrés ici ou là par les islamistes et l'ultimatum lancé par ceux-ci aux étrangers de quitter le pays. Puis c'est l'irruption de la violence: le massacre d'ouvriers albanais, à quelques kilomètres du monastère. La peur frappe au sanctuaire même quand des islamistes viennent, armés, réclamer la venue chez eux de Frère Luc pour soigner des blessés. C'est le soir de Noël. Frère Christian rappelle que c'est la nuit du Prince de la paix et que les armes doivent être remisées. Les terroristes, impressionnés, s'en vont sans incident.
Notre avis
Ce n'est pas le réalisateur, Xavier Beauvois, agnostique, qui a eu l'idée de ce film si religieux. C'est le producteur Étienne Comar, qui souhaitait son avis sur un scénario qui lui paraissait peu vendable. Quand Beauvois lui a dit son intérêt, Comar a avoué sa ruse: c'était lui l'auteur du texte !
Réalisateur maniaque de véracité, Beauvois a aussitôt engagé Henry Quinson comme « conseiller monastique » pour le tournage. Ce religieux célèbre, ancien trader de Wall Street entré à l'abbaye de Tamié, est le traducteur du livre de référence sur le drame de Tibhirine, Passion pour l'Algérie, les moines de Tibhirine (Nouvelle Cité), de l'Américain John Kiser. Grâce à lui, grâce aussi au maître de choeur François Polgar qui a formé les acteurs au chant liturgique, le film rend, avec une grande vérité, la vie de prière des moines dans leur monastère de l'Atlas.
L'amour des moines pour l'Algérie et ses habitants
On pouvait s'attendre qu'un réalisateur agnostique traite cet aspect comme un accessoire dramatique secondaire. Beauvois, au contraire, y consacre un grand nombre de scènes, qui montrent la place centrale de la prière dans la vie des religieux et le rôle déterminant qu'elle a joué dans leur décision de ne pas quitter le monastère malgré le danger extrême.
Le drame central du film est la question que se posent les moines, individuellement et collectivement, du choix de partir ou de rester. Le bon sens est de partir, tant les menaces sont grandes. Tous les pousse dans ce sens, aussi bien le gouvernement et l'armée (« les frères de la plaine » comme les appellent les moines) que les terroristes (« les frères de la montagne »). Finalement, au cours d'un « chapitre » solennel, tous choisissent de rester. C'est à la suite de celui-ci qu'a lieu la plus belle scène du film, le dernier repas des Frères, qui est une véritable Cène où Beauvois se montre admirablement inspiré. Laissons-la découvrir, dans sa parfaite simplicité, sans commentaire : à chacun de voir les très riches résonances, humaines, artistiques et spirituelles, de ces quelques minutes, qu'on ne saurait mieux qualifier que d'« eucharistiques ».
Le film s'arrête non à la mort des moines – dont les circonstances restent aujourd'hui encore inconnues – mais à ce qu'on peut appeler leur chemin de croix. Il se fait dans la neige, une neige tombée de façon totalement inattendue pendant le tournage, qui a permis de fixer ces dernières images mystérieuses et qui, pour nombre de participants du film, a été jugée spontanément comme miraculeuse. Un détail dans l'ensemble du film. Mais on a bien tort de dire que « le diable se cache dans les détails » : Dieu y est déjà !
Cela ramène au titre du film, étrange. On a conseillé à Beauvois de le changer parce qu'il sonnait de façon douteuse. Comme s'il y avait des dieux différents pour les musulmans et les chrétiens, preuve de l'inanité des religions, ne laissant en place que des hommes égarés. Mais Beauvois tenait à son titre, qu'il précise dès l'ouverture du film en citant le Psaume 82 (v. 6-7) : « J'ai dit : “Vous êtes des dieux [...], pourtant, vous mourrez comme des hommes" ». Une phrase difficile qui apporte plus de questions que de réponses, mais place d'emblée le film à sa véritable hauteur: celle du mystère, face auquel chacun se trouve forcé de s'interroger.
P4572- Dans la prière
- Messages : 5078
Inscription : 01/08/2007
Re: Des hommes et des Dieux
Piratage des sites internet d'abbayes
Les sites de 4 abbayes cisterciennes ont été piratés, dimanche, dont celui de l'abbaye de la Coudre, basée à Laval, en Mayenne. Une image représentant un squelette portant une faux est apparue à la place de la page d'accueil. Avec cette inscription en anglais : «hacked by Islamic ghosts team», ce qui signifie «piraté par l'équipe des fantômes islamiques». Un message effrayant au lendemain des commémorations de l'attentat du 11-Septembre 2001 aux États-Unis. Soeur Michelle, membre de la communauté lavalloise, précise :
Le point commun de tous ces sites cisterciens est qu'ils ont le même informaticien. Lequel leur a conseillé de se faire héberger chez PHPNET, société grenobloise. Or, c'est justement cet hébergeur de sites qui a été victime d'un piratage massif, dimanche matin. L'informaticien pense que les pirates ciblaient clairement les sites cisterciens, suite à la sortie, la semaine dernière, du film «Des dieux et des hommes» qui évoque l'assassinat des moines cisterciens à Tibhirine, en Algérie. Une enquête est en cours.
Les sites de 4 abbayes cisterciennes ont été piratés, dimanche, dont celui de l'abbaye de la Coudre, basée à Laval, en Mayenne. Une image représentant un squelette portant une faux est apparue à la place de la page d'accueil. Avec cette inscription en anglais : «hacked by Islamic ghosts team», ce qui signifie «piraté par l'équipe des fantômes islamiques». Un message effrayant au lendemain des commémorations de l'attentat du 11-Septembre 2001 aux États-Unis. Soeur Michelle, membre de la communauté lavalloise, précise :
"Nous avons ensuite découvert que d'autres sites d'abbayes cisterciennes, comme celui de Bellefontaine, près de Cholet, mais aussi ceux de Cîteaux, en Bourgogne, et Chambarand, dans l'Isère, ont également été touchés par ce piratage"
Le point commun de tous ces sites cisterciens est qu'ils ont le même informaticien. Lequel leur a conseillé de se faire héberger chez PHPNET, société grenobloise. Or, c'est justement cet hébergeur de sites qui a été victime d'un piratage massif, dimanche matin. L'informaticien pense que les pirates ciblaient clairement les sites cisterciens, suite à la sortie, la semaine dernière, du film «Des dieux et des hommes» qui évoque l'assassinat des moines cisterciens à Tibhirine, en Algérie. Une enquête est en cours.
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Re: Des hommes et des Dieux
La bonne nouvelle du jour
Le film de Xavier Beauvois, "Des Hommes et des Dieux", Grand prix du jury du Festival de Cannes, arrive largement en tête du box office français pour sa première semaine d'exploitation, avec plus de 460.000 entrées. Sorti le 8 septembre, le film qui retrace la tragédie des moines de Tibéhirine enlevés et assassinés en Algérie en 1996, a attiré 467.950 spectateurs dans les salles et représente 21% des parts de marché.
Le distributeur des "Hommes et des Dieux", Mars Distribution, annonce ce soir la mise à disposition dans les salles de 172 copies supplémentaires portant leur total en deuxième semaine à 424.
Le film de Xavier Beauvois, "Des Hommes et des Dieux", Grand prix du jury du Festival de Cannes, arrive largement en tête du box office français pour sa première semaine d'exploitation, avec plus de 460.000 entrées. Sorti le 8 septembre, le film qui retrace la tragédie des moines de Tibéhirine enlevés et assassinés en Algérie en 1996, a attiré 467.950 spectateurs dans les salles et représente 21% des parts de marché.
Le distributeur des "Hommes et des Dieux", Mars Distribution, annonce ce soir la mise à disposition dans les salles de 172 copies supplémentaires portant leur total en deuxième semaine à 424.
P4572- Dans la prière
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Re: Des hommes et des Dieux
Des Hommes et des dieux : la palme de l'audience
Avec un million de spectateurs en deux semaines, le film de Xavier Beauvois dépasse les espérances des professionnels. Bien que lancée avec peu de copies sur les écrans français le 10 septembre, l'histoire des moines de Tibéhirine, enlevés et assassinés en Algérie en 1996, s'est d'emblée installée en tête du box-office. Fort de cet accueil, le distributeur, Mars Distribution, laisse 424 copies en circulation en troisième semaine et attend désormais le deuxième million de spectateurs.
Mgr Bernard-Nicolas Aubertin, archevêque de Tours, a écrit :
Avec un million de spectateurs en deux semaines, le film de Xavier Beauvois dépasse les espérances des professionnels. Bien que lancée avec peu de copies sur les écrans français le 10 septembre, l'histoire des moines de Tibéhirine, enlevés et assassinés en Algérie en 1996, s'est d'emblée installée en tête du box-office. Fort de cet accueil, le distributeur, Mars Distribution, laisse 424 copies en circulation en troisième semaine et attend désormais le deuxième million de spectateurs.
Mgr Bernard-Nicolas Aubertin, archevêque de Tours, a écrit :
"Ce film n’a pas obtenu la Palme d’Or... pourtant s’il est une reconnaissance qui aurait été des plus fortes c’est bien celle là. La palme est en effet symbole du Martyre, du témoignage de l’amour qui va jusqu’à l’extrême, jusqu’au don de sa vie…"
P4572- Dans la prière
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Re: Des hommes et des Dieux
YouTube - Moines de Tibhirine Chanson sur les moines de Tibhirine par Daniel Facerias. ... This video has been removed from your Favorites. You dislike this video. ...
www.youtube.com/watch?v=e7lGnd4Hy04 - www.youtube.com/watch%3Fv%3De7lGnd4Hy04+moines+de+tibbirines+video+chanson&cd=1&hl=fr&ct=clnk&gl=fr" target="_blank" rel="nofollow">En cache
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Re: Des hommes et des Dieux
Je viens tout juste de visionner ce film et je le trouve excellent.
Veux,veux pas,on se pose des questions à nous-mêmes.
Moi,je sais que je ne suis pas fait pour vivre en monastère,mais j'ai un très grand respect envers ces âmes.
Veux,veux pas,on se pose des questions à nous-mêmes.
Moi,je sais que je ne suis pas fait pour vivre en monastère,mais j'ai un très grand respect envers ces âmes.
Michael- Dans la prière
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