La charité est le remède au totalitarisme
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La charité est le remède au totalitarisme
Il est remarquable que comme spécialiste de la psychologie du pouvoir, elle aboutisse à voir dans le retour à la charité chrétienne la seule solution possible au phénomène totalitaire, d'auto-destruction que vit l'Occident aujourd'hui !
Extraits :
"Nietzsche avait mis en lumière qu'une civilisation malade, c'est une civilisation qui valorise le ressentiment, c'est-à-dire en fait en d'autres mots la haine, et cela s'accorde parfaitement avec la pathologie paranoïaque dont j'ai amplement parlé à différentes reprises et notamment dans mon livre Psychopathologie de la paranoïa. Et le rapport de la paranoïa, qui est la pathologie collective des phénomènes totalitaires, c'est un rapport à l'autre qui est fait de méfiance et de haine. Et cela concorde tout à fait avec les discours que nous avons pu entendre contre des catégories de population, des discours de haine par exemple l'année dernière, envers les non-vaxxinés.
Cela fait longtemps aussi que nous sommes dans la société du spectacle, pour reprendre les termes célèbres de Guy Debord.
Qu'est-ce que c'est que la société du spectacle ? C'est une société perverse qui ne valorise plus la discipline, qui ne valorise plus l'effort, ni l'être, mais qui valorise la séduction, la consommation et l'avoir. C'est une société qui confond l'artificiel et l'authentique, qui vit de relativisme, c'est-à-dire que la vérité vaut le mensonge, le bien vaut le mal ; et qui ne recherche que le plaisir immédiat. Donc ça, du point de vue de la psychologie, c'est l'impasse totale du narcissisme ; c'est le sentiment de se suffire à soi-même, l'absence d'exigence et l'évitement de toute frustration.
Alors concernant ce que nous traversons, il y a la question de la novlangue c'est-à-dire, on l'a vu avec la langue du covidisme - ça j'en parle très abondamment dans le livre que j'ai écrit avec Vincent Pavan Le débat interdit - cette novlangue, ce trafic, cette corruption de la langue, pour les stoïciens donc la philosophie stoïcienne, est l'indicateur d'une dégénérescence morale. C'est la corruption morale qui précède celle de la langue. C'est parce que nous nous laissons gagner dans nos sociétés par une corruption morale, que nous acceptons que notre langue se corrompe. Et finalement je trouve que nous vivons dans une société depuis un certain temps - depuis des décennies on voit le mouvement de fond s'opérer - qui nous enjoint chaque jour d'être davantage tolérant envers les perversions. Et je pense qu'il n'est pas dans notre intérêt d'être tolérant envers les perversions.
A cela s'ajoute un avachissement intellectuel, culturel et moral, lequel a été savamment organisé, par exemple dans l'enseignement, dans l'Éducation Nationale. Cela fait plus d'une trentaine d'années que des enseignants nous ont alerté. J'aime bien citer Liliane Lurçat, et j'invite nos auditeurs à lire ses livres, notamment La destruction de l'enseignement élémentaire et ses penseurs. Aujourd'hui Brighelli va nous parler de La fabrique du crétin qui devient chaque jour davantage numérisé, analphabète. C'est à mon humble avis la cause de la lobotomisation de masse face à la propagande, et du peu de réactions aujourd'hui de la jeunesse face à la privation de la liberté.
[...]
Une masse c'est une somme d'individus qui ont renoncé à leur esprit critique et qui se soumettent à leur pure existence biologique, qu'on pourrait résumer à une existence de consommation. Un peuple c'est tout à fait autre chose. Un peuple, ce sont des individus qui n'ont pas renoncé à leur esprit critique, qui sont instruits et qui ont donc les outils de défendre leurs droits. Aujourd'hui la dérive totalitaire n'a pas du tout de peine à établir une psychose de masse puisqu'en fait elle n'a pas à créer la masse. La masse lui préexiste. Les individus de la masse ne sont plus des individus, c'est une espèce de corps collé où les personnes vont là où le vent souffle et sont réduits à des fonctions, des instruments de propagande ; si le pouvoir dit rouge, la masse dira rouge, si le pouvoir dit vert, la masse dira vert. Donc la démocratie est conditionnée à l'existence du peuple. Si le peuple n'existe plus il n'y a plus de démocratie puisque la démocratie c'est la souveraineté du peuple.
[...]
Journaliste : "Dans votre entretien avec Pierre Barnérias, vous soulignez aussi que pendant la crise sanitaire, les peuples se sont vus supprimer ce que vous appelez 'le droit à la vie héroïque'... en quoi en fait nous a t-on supprimé le droit de mener une vie héroïque ?"
Ariane Bilheran : "... il y a dans un texte de Simone Weil la philosophe, une réflexion sur le sacrifice qui peut être tout à fait nécessaire dans des temps compliqués. C'est-à-dire le sacrifice c'est le fait de rendre sacré, de témoigner en rendant sacré des lois inaliénables, pour l'être humain. La question est : est-ce que ce sacrifice naît de nous-mêmes, parce qu'à un moment donné, nous voulons témoigner de lois transcendantes qui nous constituent en tant qu'êtres humains ? Ou est-ce qu'on l'exige de nous ? Et à quel titre ? La dérive totalitaire exige le sacrifice de nous, notre propre sacrifice ; il faut se sacrifier pour ceci, pour cela, au nom d'intérêts singuliers, corrompus, de conflits d'intérêts qui n'ont rien à voir avec les lois transcendantes et nous privent de la capacité à précisément faire naître notre sacrifice de nous-mêmes.
Alors je crois que j'avais pris l'exemple de Saint François d'Assise. D'ailleurs j'ai été ravie de trouver un texte du philosophe italien, Giogio Agamben toujours, qui a vraiment sauvé l'honneur de la philosophie, où il interpelle le Pape François pour saluer l’œuvre de Saint François d'Assise. Qui était Saint François d'Assise ? Saint François d'Assise a été canonisé comme l'un des plus grands saints de l'histoire de l'Église, tout simplement parce qu'il n'est pas parti avec son masque et son gel hydroalcoolique à se laver les mains 15000 fois par jour, il est parti à la rencontre des lépreux, c'est-à-dire qu'il est parti dans une dimension sacrificielle, au sens où ce qui était important était de faire prévaloir le lien humain sur la possible contamination. Il était plus important de témoigner de l'amour entre les êtres humains - donc on est vraiment à l'inverse de la haine, du délire totalitaire - que de préserver sa petite personne. Et c'est de cela qu'on nous a privés."
[...]
Journaliste : "Vous expliquez aussi que cette crise sanitaire a donné lieu à, je cite : une attaque sans précédent contre la tendresse humaine. En quoi cette attaque contre la tendresse est particulièrement grave selon vous ? Quelles en sont les conséquences psychologiques et les principales victimes ?"
Ariane Bilheran : "La tendresse, c'est l'expression de l'amour pour autrui dans nos gestes et dans notre toucher. C'est l'exact inverse de la perversion. La perversion est l'expression de notre haine d'autrui dans nos gestes qui deviennent transgressifs. En psychologie, les milieux familiaux transgressifs, qu'on va appeler incestuels, sont des milieux pervers et on les reconnaît notamment à l'absence de tendresse entre les êtres de la même famille. Donc la tendresse, c'est une façon de dire je t'aime à l'autre, c'est une façon de le choyer, d'exprimer de l'amour, de l'affection et c'est une forme de communication qui passe par le toucher : prendre la main de quelqu'un, une caresse, de la bienveillance, prendre quelqu'un dans les bras et bien évidemment on voit bien qu'avec tous ces protocoles depuis 2020, c'est essentiellement cela qui est attaqué, puisqu'il s'agit de mettre une distance entre nous et le toucher devient quelque chose de dangereux ; ce qui du point de vue épidémiologique est complètement délirant mais ça c'est une autre histoire.
Donc maintenant on ne se serre plus la main, on se tend le poing, c'est tout de même assez évocateur. Les principales victimes c'est nous tous bien sûr, mais essentiellement ce sont les enfants. Parce que les enfants ont besoin pour leur développement psychique de se construire dans de la tendresse. Et c'est l'une des plus grandes maltraitances qui a été faite aux enfants ces deux dernières années. Et qu'on ne s'étonne donc pas de l'augmentation sidérante du taux de suicide des enfants."
Journaliste : "Alors dans votre livre, vous parlez justement des enfants en expliquant que dans les phénomènes totalitaires, ils sont les principales victimes, du fait de leur innocence. Car le phénomène totalitaire effectivement veut absolument cibler les innocents."
Ariane Bilheran : "Le phénomène totalitaire fonctionne à la logique sacrificielle, cad que c'est l'inverse du sacrifice dont on a parlé tout à l'heure, qui est de rendre sacré et qui émerge d'une décision personnelle, d'un libre-arbitre personnel qui est de faire passer effectivement l'amour et la foi au-delà de sa petite survie biologique. La logique sacrificielle du phénomène totalitaire, elle impose et elle désigne des bouc-émissaires. La caractéristique du bouc-émissaire c'est qu'il doit être le plus innocent possible pour précisément pouvoir porter sur lui-même, se charger de la culpabilité du meurtre et de la culpabilité de ceux qui vont le charger. Et donc bien évidemment, les enfants représentent cette figure de l'innocence. C'est la raison pour laquelle ils sont les cibles systématiques et immédiates des régimes totalitaires.
[...]
...Mais tout ceci ne fonctionnerait pas s'il n'y avait pas dans la masse, et c'est le plus gros de l'histoire et c'est le plus inquiétant pour nous, une bascule de gens en temps normal entre guillemets, normaux - basiquement névrosés, parce que nous sommes tous un petit peu névrosés pour pouvoir essayer d'interagir en civilisation - qui vont servir ce système-là. Donc les processus les plus dangereux du système totalitaire, finalement, ce ne sont pas les profils de criminels, qui ne sont pas si nombreux que ça, mais ceux qui commettent les crimes sans l'intention de les commettre, c'est-à-dire cette fameuse banalité du mal dont parlait Hannah Arendt avec Eichmann, où elle se rend compte qu'Eichmann finalement n'est pas antisémite, n'est pas idéologue. C'est juste un fonctionnaire qui fonctionne. Ou nous pourrions prendre l'exemple de Franz Stagl, le commandant du camp de Treblinka ; à lui tout seul, il a commandité l'assassinat de 900 000 individus, mais estime qu'il n'est pas responsable puisque lui finalement n'avait pas l'intention de commettre des crimes. Ce sont des profils qu'on pourrait intituler au niveau de la psychiatrie, névrosés obsessionnels graves mais qui vont basculer à la faveur de l'angoisse, qui vont se dessaisir de leur individualité, ils ne vont plus être en capacité de répondre d'eux-mêmes, de leurs actes, ils vont suivre le mouvement et ils vont devenir des instruments du système. Et on en a vu plein émerger, qui se sont mis à contrôler et à devenir des petits chefaillons, à contrôler les cartes d'identité à l'entrée des restaurants, à devenir des petits flics, à devenir des contrôleurs de tracking etc. et qui d'un coup se sont mis à servir sans réfléchir. Et ce sont les profils les plus dangereux. Sans eux il n'y aurait pas d'efficacité de la dérive totalitaire."
Journaliste : "Vous expliquez que l'Occident vit aujourd'hui le miroir de son absence de charité qui a pour corollaire une culture de l'abus. (...) En quoi l’Occident a t-il abandonné cette charité et en quoi la charité est-elle le remède au phénomène totalitaire ?"
"En Occident il n'est pas question de donner sans recevoir, donc il y a une exigence de la réciprocité et de cette interdépendance [qui caractérise la solidarité]. La charité c'est tout à fait différent. La charité c'est : rien d'humain ne m'est étranger, et je donne, peu importe que je reçoive ou pas, ce n'est pas du tout important. C'est-à-dire que dans la charité on n'a pas besoin de former une chaîne, c'est un don pur, c'est un don sans rien attendre, sans rien demander à l'autre, un don sans condition. Elle est d'ailleurs dans les trois vertus théologales du christianisme c'est-à-dire que c'est la manifestation de l'amour inconditionnel de son prochain. Pour Saint Thomas d'Aquin la charité était la forme suprême de toutes les vertus théologales ; en fait dans la charité on vient donner pour soulager autrui, pour l'aider, et c'est la seule ambition. Et d'ailleurs c'est au fondement de la civilisation. [...] Donc pour moi la charité c'est le lieu du pur amour, et c'est un lieu qu'évidemment tous les tyrans haïssent. C'est l’œuvre de miséricorde. Et donc je crois que c'est le remède au totalitarisme. Mais je pense que l'Occident retrouvera ça une fois que - et c'est en cours - le confort matériel de surface lui sera peu à peu supprimé... ce qui nous fait grandir, c'est effectivement ce don inconditionnel. Et je crois qu'évidemment c'est l'inverse de la peur, de la sécurisation de sa petite personne etc.
[...]
L'hospitalité pure, c'est essentiel à la civilisation, c'est l'ouverture de ses portes, à qui que tu sois. Et donc j'ai écrit cette chronique parce que je me suis demandé où étaient désormais les lieux refuges, puisque même la Vieille Charité (de Marseille) avait été prise dans ce pass sanitaire.
Extraits :
"Nietzsche avait mis en lumière qu'une civilisation malade, c'est une civilisation qui valorise le ressentiment, c'est-à-dire en fait en d'autres mots la haine, et cela s'accorde parfaitement avec la pathologie paranoïaque dont j'ai amplement parlé à différentes reprises et notamment dans mon livre Psychopathologie de la paranoïa. Et le rapport de la paranoïa, qui est la pathologie collective des phénomènes totalitaires, c'est un rapport à l'autre qui est fait de méfiance et de haine. Et cela concorde tout à fait avec les discours que nous avons pu entendre contre des catégories de population, des discours de haine par exemple l'année dernière, envers les non-vaxxinés.
Cela fait longtemps aussi que nous sommes dans la société du spectacle, pour reprendre les termes célèbres de Guy Debord.
Qu'est-ce que c'est que la société du spectacle ? C'est une société perverse qui ne valorise plus la discipline, qui ne valorise plus l'effort, ni l'être, mais qui valorise la séduction, la consommation et l'avoir. C'est une société qui confond l'artificiel et l'authentique, qui vit de relativisme, c'est-à-dire que la vérité vaut le mensonge, le bien vaut le mal ; et qui ne recherche que le plaisir immédiat. Donc ça, du point de vue de la psychologie, c'est l'impasse totale du narcissisme ; c'est le sentiment de se suffire à soi-même, l'absence d'exigence et l'évitement de toute frustration.
Alors concernant ce que nous traversons, il y a la question de la novlangue c'est-à-dire, on l'a vu avec la langue du covidisme - ça j'en parle très abondamment dans le livre que j'ai écrit avec Vincent Pavan Le débat interdit - cette novlangue, ce trafic, cette corruption de la langue, pour les stoïciens donc la philosophie stoïcienne, est l'indicateur d'une dégénérescence morale. C'est la corruption morale qui précède celle de la langue. C'est parce que nous nous laissons gagner dans nos sociétés par une corruption morale, que nous acceptons que notre langue se corrompe. Et finalement je trouve que nous vivons dans une société depuis un certain temps - depuis des décennies on voit le mouvement de fond s'opérer - qui nous enjoint chaque jour d'être davantage tolérant envers les perversions. Et je pense qu'il n'est pas dans notre intérêt d'être tolérant envers les perversions.
A cela s'ajoute un avachissement intellectuel, culturel et moral, lequel a été savamment organisé, par exemple dans l'enseignement, dans l'Éducation Nationale. Cela fait plus d'une trentaine d'années que des enseignants nous ont alerté. J'aime bien citer Liliane Lurçat, et j'invite nos auditeurs à lire ses livres, notamment La destruction de l'enseignement élémentaire et ses penseurs. Aujourd'hui Brighelli va nous parler de La fabrique du crétin qui devient chaque jour davantage numérisé, analphabète. C'est à mon humble avis la cause de la lobotomisation de masse face à la propagande, et du peu de réactions aujourd'hui de la jeunesse face à la privation de la liberté.
[...]
Une masse c'est une somme d'individus qui ont renoncé à leur esprit critique et qui se soumettent à leur pure existence biologique, qu'on pourrait résumer à une existence de consommation. Un peuple c'est tout à fait autre chose. Un peuple, ce sont des individus qui n'ont pas renoncé à leur esprit critique, qui sont instruits et qui ont donc les outils de défendre leurs droits. Aujourd'hui la dérive totalitaire n'a pas du tout de peine à établir une psychose de masse puisqu'en fait elle n'a pas à créer la masse. La masse lui préexiste. Les individus de la masse ne sont plus des individus, c'est une espèce de corps collé où les personnes vont là où le vent souffle et sont réduits à des fonctions, des instruments de propagande ; si le pouvoir dit rouge, la masse dira rouge, si le pouvoir dit vert, la masse dira vert. Donc la démocratie est conditionnée à l'existence du peuple. Si le peuple n'existe plus il n'y a plus de démocratie puisque la démocratie c'est la souveraineté du peuple.
[...]
Journaliste : "Dans votre entretien avec Pierre Barnérias, vous soulignez aussi que pendant la crise sanitaire, les peuples se sont vus supprimer ce que vous appelez 'le droit à la vie héroïque'... en quoi en fait nous a t-on supprimé le droit de mener une vie héroïque ?"
Ariane Bilheran : "... il y a dans un texte de Simone Weil la philosophe, une réflexion sur le sacrifice qui peut être tout à fait nécessaire dans des temps compliqués. C'est-à-dire le sacrifice c'est le fait de rendre sacré, de témoigner en rendant sacré des lois inaliénables, pour l'être humain. La question est : est-ce que ce sacrifice naît de nous-mêmes, parce qu'à un moment donné, nous voulons témoigner de lois transcendantes qui nous constituent en tant qu'êtres humains ? Ou est-ce qu'on l'exige de nous ? Et à quel titre ? La dérive totalitaire exige le sacrifice de nous, notre propre sacrifice ; il faut se sacrifier pour ceci, pour cela, au nom d'intérêts singuliers, corrompus, de conflits d'intérêts qui n'ont rien à voir avec les lois transcendantes et nous privent de la capacité à précisément faire naître notre sacrifice de nous-mêmes.
Alors je crois que j'avais pris l'exemple de Saint François d'Assise. D'ailleurs j'ai été ravie de trouver un texte du philosophe italien, Giogio Agamben toujours, qui a vraiment sauvé l'honneur de la philosophie, où il interpelle le Pape François pour saluer l’œuvre de Saint François d'Assise. Qui était Saint François d'Assise ? Saint François d'Assise a été canonisé comme l'un des plus grands saints de l'histoire de l'Église, tout simplement parce qu'il n'est pas parti avec son masque et son gel hydroalcoolique à se laver les mains 15000 fois par jour, il est parti à la rencontre des lépreux, c'est-à-dire qu'il est parti dans une dimension sacrificielle, au sens où ce qui était important était de faire prévaloir le lien humain sur la possible contamination. Il était plus important de témoigner de l'amour entre les êtres humains - donc on est vraiment à l'inverse de la haine, du délire totalitaire - que de préserver sa petite personne. Et c'est de cela qu'on nous a privés."
[...]
Journaliste : "Vous expliquez aussi que cette crise sanitaire a donné lieu à, je cite : une attaque sans précédent contre la tendresse humaine. En quoi cette attaque contre la tendresse est particulièrement grave selon vous ? Quelles en sont les conséquences psychologiques et les principales victimes ?"
Ariane Bilheran : "La tendresse, c'est l'expression de l'amour pour autrui dans nos gestes et dans notre toucher. C'est l'exact inverse de la perversion. La perversion est l'expression de notre haine d'autrui dans nos gestes qui deviennent transgressifs. En psychologie, les milieux familiaux transgressifs, qu'on va appeler incestuels, sont des milieux pervers et on les reconnaît notamment à l'absence de tendresse entre les êtres de la même famille. Donc la tendresse, c'est une façon de dire je t'aime à l'autre, c'est une façon de le choyer, d'exprimer de l'amour, de l'affection et c'est une forme de communication qui passe par le toucher : prendre la main de quelqu'un, une caresse, de la bienveillance, prendre quelqu'un dans les bras et bien évidemment on voit bien qu'avec tous ces protocoles depuis 2020, c'est essentiellement cela qui est attaqué, puisqu'il s'agit de mettre une distance entre nous et le toucher devient quelque chose de dangereux ; ce qui du point de vue épidémiologique est complètement délirant mais ça c'est une autre histoire.
Donc maintenant on ne se serre plus la main, on se tend le poing, c'est tout de même assez évocateur. Les principales victimes c'est nous tous bien sûr, mais essentiellement ce sont les enfants. Parce que les enfants ont besoin pour leur développement psychique de se construire dans de la tendresse. Et c'est l'une des plus grandes maltraitances qui a été faite aux enfants ces deux dernières années. Et qu'on ne s'étonne donc pas de l'augmentation sidérante du taux de suicide des enfants."
Journaliste : "Alors dans votre livre, vous parlez justement des enfants en expliquant que dans les phénomènes totalitaires, ils sont les principales victimes, du fait de leur innocence. Car le phénomène totalitaire effectivement veut absolument cibler les innocents."
Ariane Bilheran : "Le phénomène totalitaire fonctionne à la logique sacrificielle, cad que c'est l'inverse du sacrifice dont on a parlé tout à l'heure, qui est de rendre sacré et qui émerge d'une décision personnelle, d'un libre-arbitre personnel qui est de faire passer effectivement l'amour et la foi au-delà de sa petite survie biologique. La logique sacrificielle du phénomène totalitaire, elle impose et elle désigne des bouc-émissaires. La caractéristique du bouc-émissaire c'est qu'il doit être le plus innocent possible pour précisément pouvoir porter sur lui-même, se charger de la culpabilité du meurtre et de la culpabilité de ceux qui vont le charger. Et donc bien évidemment, les enfants représentent cette figure de l'innocence. C'est la raison pour laquelle ils sont les cibles systématiques et immédiates des régimes totalitaires.
[...]
...Mais tout ceci ne fonctionnerait pas s'il n'y avait pas dans la masse, et c'est le plus gros de l'histoire et c'est le plus inquiétant pour nous, une bascule de gens en temps normal entre guillemets, normaux - basiquement névrosés, parce que nous sommes tous un petit peu névrosés pour pouvoir essayer d'interagir en civilisation - qui vont servir ce système-là. Donc les processus les plus dangereux du système totalitaire, finalement, ce ne sont pas les profils de criminels, qui ne sont pas si nombreux que ça, mais ceux qui commettent les crimes sans l'intention de les commettre, c'est-à-dire cette fameuse banalité du mal dont parlait Hannah Arendt avec Eichmann, où elle se rend compte qu'Eichmann finalement n'est pas antisémite, n'est pas idéologue. C'est juste un fonctionnaire qui fonctionne. Ou nous pourrions prendre l'exemple de Franz Stagl, le commandant du camp de Treblinka ; à lui tout seul, il a commandité l'assassinat de 900 000 individus, mais estime qu'il n'est pas responsable puisque lui finalement n'avait pas l'intention de commettre des crimes. Ce sont des profils qu'on pourrait intituler au niveau de la psychiatrie, névrosés obsessionnels graves mais qui vont basculer à la faveur de l'angoisse, qui vont se dessaisir de leur individualité, ils ne vont plus être en capacité de répondre d'eux-mêmes, de leurs actes, ils vont suivre le mouvement et ils vont devenir des instruments du système. Et on en a vu plein émerger, qui se sont mis à contrôler et à devenir des petits chefaillons, à contrôler les cartes d'identité à l'entrée des restaurants, à devenir des petits flics, à devenir des contrôleurs de tracking etc. et qui d'un coup se sont mis à servir sans réfléchir. Et ce sont les profils les plus dangereux. Sans eux il n'y aurait pas d'efficacité de la dérive totalitaire."
Journaliste : "Vous expliquez que l'Occident vit aujourd'hui le miroir de son absence de charité qui a pour corollaire une culture de l'abus. (...) En quoi l’Occident a t-il abandonné cette charité et en quoi la charité est-elle le remède au phénomène totalitaire ?"
"En Occident il n'est pas question de donner sans recevoir, donc il y a une exigence de la réciprocité et de cette interdépendance [qui caractérise la solidarité]. La charité c'est tout à fait différent. La charité c'est : rien d'humain ne m'est étranger, et je donne, peu importe que je reçoive ou pas, ce n'est pas du tout important. C'est-à-dire que dans la charité on n'a pas besoin de former une chaîne, c'est un don pur, c'est un don sans rien attendre, sans rien demander à l'autre, un don sans condition. Elle est d'ailleurs dans les trois vertus théologales du christianisme c'est-à-dire que c'est la manifestation de l'amour inconditionnel de son prochain. Pour Saint Thomas d'Aquin la charité était la forme suprême de toutes les vertus théologales ; en fait dans la charité on vient donner pour soulager autrui, pour l'aider, et c'est la seule ambition. Et d'ailleurs c'est au fondement de la civilisation. [...] Donc pour moi la charité c'est le lieu du pur amour, et c'est un lieu qu'évidemment tous les tyrans haïssent. C'est l’œuvre de miséricorde. Et donc je crois que c'est le remède au totalitarisme. Mais je pense que l'Occident retrouvera ça une fois que - et c'est en cours - le confort matériel de surface lui sera peu à peu supprimé... ce qui nous fait grandir, c'est effectivement ce don inconditionnel. Et je crois qu'évidemment c'est l'inverse de la peur, de la sécurisation de sa petite personne etc.
[...]
L'hospitalité pure, c'est essentiel à la civilisation, c'est l'ouverture de ses portes, à qui que tu sois. Et donc j'ai écrit cette chronique parce que je me suis demandé où étaient désormais les lieux refuges, puisque même la Vieille Charité (de Marseille) avait été prise dans ce pass sanitaire.
Isabelle-Marie- CONSEILLER DU PEUPLE DE LA PAIX
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