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Anne-Gabrielle Caron, la petite servante du Bon Dieu

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Anne-Gabrielle Caron, la petite servante du Bon Dieu Empty Anne-Gabrielle Caron, la petite servante du Bon Dieu

Message par Invité Ven 30 Juil 2021 - 21:36

Anne-Gabrielle Caron, la petite servante du Bon Dieu

La servante de Dieu Anne-Gabrielle Caron était rappelée à Dieu il y a onze ans, le 23 juillet 2010. Sa mère raconte la montée au ciel de cette « petite sœur » de sainte Thérèse.

Anne-Gabrielle Caron, la petite servante du Bon Dieu Ag_caron_web


C’est un petit carnet d’enfant, aux pages d’un blanc immaculé. Anne-Gabrielle n’a pu en écrire que deux, de cette écriture enfantine qui font les lettres arrondies. La première, la plus touchante, elle l’a rédigée au lendemain de sa première communion, le 7 juin 2009. Toute la maturité spirituelle de cette petite fille aux yeux noirs et aux cheveux d’un brun profond y est résumée en peu de mots, mais quels mots ! : « Je me dis parfois que le Bon Dieu m’en donne beaucoup : le mal au cœur, la chimio, les goûts quand j’ai mal. J’aimerais bien savoir pourquoi Il m’a choisie, moi, et pas quelqu’un d’autre. C’est quand même beaucoup. Mais je veux bien l’accepter. Je vous aime mon Dieu. » Elle n’a que 7 ans.

Personne ne peut rester indifférent à la foi ardente et à l’abandon total dont a fait preuve durant sa courte vie Anne-Gabrielle Caron, morte d’un sarcome d’Ewing, une tumeur extrêmement agressive touchant principalement les os du bassin et des jambes, le 23 juillet 2010 à l’âge de 8 ans. Tous ceux qui l’ont côtoyée jusqu’à la fin de sa vie témoignent avoir été pris d’un « irrépressible désir d’aimer Jésus » à son contact. « On était comme sanctifiés en sa présence », raconte sa mère, Marie-Dauphine Caron. « Nous avons touché le ciel avec elle. » 
Cette réputation de sainteté a conduit, en juin, les évêques à se prononcer favorablement pour l’ouverture du procès diocésain de sa cause de canonisation. Le 12 septembre dernier, en l’église Saint-François-de-Paule à Toulon, ville où elle vécut, Anne-Gabrielle a été déclarée servante de Dieu et entamera officiellement sa marche vers le Ciel.

Le tibia brûlant

La marche, Anne-Gabrielle aimait ça. « C’était une bonne marcheuse », se souvient sa mère. En juillet 2008, ses parents l’emmènent dans les Alpes avec ses deux jeunes frère et sœur, François-Xavier et Blanche. « Elle a commencé à se plaindre d’avoir mal au tibia droit, mais nous avons pensé qu’elle n’était pas bien équipée. » En décembre, la petite fille passe Noël chez ses grands-parents maternelsÀ deux reprises, ses parents la surprennent en train de boiter. « Nous avons cru qu’elle imitait mon père, victime d’un AVC quelques mois plus tôt. Nous l’avons grondée et elle n’a rien dit... » Anne-Gabrielle marche de plus en plus lentement et continue de boiter. En janvier, elle passe une radio. Bilan : fracture de fatigue. « Notre médecin assurait que ça passerait avec le temps et des anti-inflammatoires. » Mais la douleur s’accentue. « Anne-Gabrielle hurlait toutes les nuits : « Ma jambe ! j’ai mal ! »

Le 27 février, son généraliste l’ausculte à nouveau. « Quand il a posé sa main sur son tibia, il était brûlant. » Tout s’accélère alors : rendez-vous chez l’orthopédiste l’après-midi, IRM en urgence. Le lendemain, l’orthopédiste reçoit les parents en catastrophe : « Je n’ai pas dormi de la nuit. Votre fille a une tumeur maligne, j’en suis quasiment sûr. » « Ça a été hyper violent », se remémore sa mère. Hospitalisée en urgence à la Timone, 
à Marseille, Anne-Gabrielle subit une batterie d’examens. Tous concluent au pire : un sarcome d’Ewing. « Les médecins nous annoncent qu’elle aura peut-être une rémission, mais ne guérira jamais. » La veille de sa première chimio, le 3 mars 2009, elle interroge sa mère : « Maman, peut-être qu’elle ne guérira pas ma jambe. Mais est-ce que je vais mourir ?  » « Je lui ai dit : « On va faire tout ce que l’on peut pour te guérir, mais peut-être que le Bon Dieu va te rappeler à Lui. » Elle s’est tue je la revois encore dans son lit puis m’a dit : « Je suis contente de mourir, car je serai avec le Bon Dieu. »


Une « sainte » présence

Le Bon Dieu, Anne-Gabrielle y revenait tout le temps. « Pourquoi vous inquiétez-vous ? Il suffit de demander au Bon Dieu », dira-t-elle à plusieurs reprises. Ou encore : « Je sais que tout ira bien, car le Bon Dieu fera que tout aille bien. » Le Bon Dieu, elle ne faisait pas qu’en parler, elle en transpirait dans chacune de ses attitudes. « Elle disait toujours du bien de tout le monde », se souvient Marie-Dauphine Caron. Un jour, alors que sa mère lui demande pourquoi elle veut inviter une petite fille à la maison qui n’arrête pas de l’embêter, elle lui répond : « Si je l’invite, elle ne sera plus malheureuse, elle deviendra gentille. » Anne-Gabrielle était la droiture même. « Elle ne laissait jamais dévier une conversation, que ce soit avec ses amis ou avec nous-mêmes », concède sa mère qui garde en tête une sévère réprimande reçue à la fin de sa vie. « J’étais avec une amie et j’ai commencé à dire du mal de personnes que je n’appréciais pas. Et là, Anne-Gabrielle m’a dit sur un ton très ferme, que je ne lui avais jamais entendu : « Je ne suis pas venue ici pour entendre cela. » C’était clairement « le refus du péché dans sa voix. »

Cette « sainte » présence d’Anne-Gabrielle, ses proches l’ont expérimentée à plusieurs reprises dans des pardons accordés spontanément. « Une fois, raconte sa mère, vers la fin de sa vie, je lui ai arraché sa perfusion sans le faire exprès. J’ai été obligée de la lui replanter à vif ! J’étais bouleversée de lui ajouter de nouvelles souffrances. Peu après, elle m’a appelée. Je suis arrivée au pied de son matelas, elle m’a prise dans ses bras devenus très maigres et m’a glissé : « Je ne vous en veux pas du tout d’avoir arraché l’aiguille, mais je vous en voudrais si vous vous en voulez. » Elle m’obligeait 
à me pardonner ! »


« C’était un cristal, si pur et si fragile »

Cette attention aux autres, Anne-Gabrielle la pratiquait le plus naturellement du monde, particulièrement envers ses frère et sœurs à qui elle donnait de son temps, ses cadeaux et tous les bonbons qu’elle recevait à l’hôpital. Cet oubli d’elle-même, « Yaya », comme l’appelait sa petite sœur Blanche, le vivait encore plus profondément dans la prière et l’eucharistie. « Les tout derniers jours de sa vie, elle communiait quotidiennement, allongée, les mains jointes. Puis elle se plongeait dans une profonde prière intérieureC’était un cristal, si pur et si fragile. La présence de Dieu était tangible. Sa contemplation n’en finissait pas. » Une telle intériorité, à un si jeune âge, subjuguera jusqu’aux deux prêtres qui l’accompagneront durant sa maladie, le Père Benoît-Vianney Arnauld et l’abbé Jean-Raphaël Dubrule. « Je ne me sens pas digne de m’asseoir à côté d’elle », dira le premier ; « Je n’ai jamais vu un enfant ayant atteint un tel degré dans l’amour de Dieu », confiera le second. « Elle était toute donnée à Jésus-Christ », résume sa mère.

Jésus-Eucharistie, que n’avait-elle pas attendu pour Le recevoir enfin la première fois ! « Il va venir dans mon cœur, vraiment présent. Lui, tout entier. J’ai tellement hâte ! », s’enthousiasmait-elle quelques jours avant sa première communion, le 7 juin 2009. Ce rendez-vous avec son « Bien-Aimé », elle faillit pourtant bien le manquer à cause d’un examen médical. « Elle est arrivée à la toute fin de la messe, au moment de la procession de sortie, se souvient Marie-Dauphine Caron. Je la vois encore venir vers moi dans sa robe blanche, la trace d’une larme sur ses joues. Nous pensions qu’il était trop tard. Puis l’orgue s’est arrêté et a rejoué le chant de la communion. Le prêtre est venu la chercher. Je l’ai vue monter vers l’autel. On aurait dit une novice, avec son voile et sa couronne de fleurs. Quand Anne-Gabrielle a communié, il y a eu un tel silence dans l’église. » Quelques années plus tard, une amie confiera à Marie-Dauphine et Alexandre Caron : « Quand Anne-Gabrielle est montée vers l’autel, on avait l’impression qu’elle marchait vers le Ciel. » Anne-Gabrielle elle-même sera très marquée : « J’ai reçu un grand choc lors de ma première communion. » « Toute la journée, elle était ailleurs, comme amoureuse », se souvient sa mère, la voix brisée par l’émotion. « 
Sa première communion a été un moment clé dans sa vie. Je crois que c’est le moment où elle Lui a dit « oui ». »


Une même « petite voie »

« Ah ! qu’il fut doux le premier baiser de Jésus à mon âme ! » Comment ne pas faire de liens entre sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et Anne-Gabrielle Caron, sa « petite sœur » spirituelle. Un même amour de l’eucharistie, un même consentement aux sacrifices, une même « petite voie ». « Je suis une très petite âme qui ne peut offrir au Bon Dieu que de très petites choses », disait la sainte de Lisieux. « Dites, vous pensez que les âmes que j’aurai délivrées par mes sacrifices, elles pourront faire quelque chose pour moi quand je serai morte ? Vous pensez qu’elles savent que, quelque part sur Terre, il y a une petite fille de 8 ans qui souffre pour elles ? », dira Anne-Gabrielle un mois avant sa mort. « Elle ne dit pas « moi » ou « Anne-Gabrielle », mais « une petite fille de 8 ans ». Une anonyme, un petit rien, remarque Marie-Dauphine Caron. Elle ne se voyait pas comme une grande ! »

La maladie lui offre une accalmie à l’été 2009 et, avec elle, un retour à un état normal de petite fille de 7 ans. « Durant sa rémission, Anne-Gabrielle était moins prompte à se sacrifier », reconnaît sa mère. Elle disait à son frère et ses sœurs : « J’ai eu une maladie grave, j’aurais pu mourir. » Marie-Dauphine et Alexandre Caron, eux, ne se font plus d’illusion sur l’issue de son cancer. « Lorsque le médecin nous a annoncé en juin qu’il n’y avait plus aucune activité de la maladie, il nous a aussi dit qu’elle serait morte d’ici cinq ans... » Lorsque ses parents sortent du bureau du médecin, Anne-Gabrielle leur dit, énigmatique : « J’ai peur, j’ai peur, mais je ne sais pas de quoi. »

La récidive ne se fait pas attendre. Le verdict tombe début janvier 2010 : les métastases sont réapparues, partout. Anne-Gabrielle est sous le choc. Le combat contre la maladie, elle ne l’a pas vécu que dans sa chair. Cette petite âme a connu la peur, le doute et les tourments de 
la nuit de la foi. « Un jour, alors qu’elle souffrait et que je lui parlais de la Vie éternelle, elle a soupiré et m’a dit : « Maman, j’espère que tout cela est bien vrai. » Elle disait au Bon Dieu qu’elle ne voulait pas L’offenser, qu’elle voulait y croire, mais elle n’était plus sûre de ce que la mort allait lui apporter. » En juin 2010, sa mère prie la Sainte Vierge de leur donner la force d’accepter tout ce que le Bon Dieu leur demandera, Anne-Gabrielle l’interrompt : « Mais n’en faites pas trop quand même ! »


« Jésus, Il a trop souffert »

De janvier à juin 2010, Anne-Gabrielle multiplie les traitements et voit se démultiplier ses douleurs. « Son corps s’abîmait, et chaque examen montrait un accroissement de la maladie. » Elle va faire l’expérience de la Croix et s’unir aux souffrances du Christ. Parfois, sa mère retrouve le crucifix de la chambre d’hôpital dans les toilettes. « Je suis désolée, lui explique Anne-Gabrielle, j’ai tellement peur d’avoir mal que je prends Jésus, je Le serre très fort et je me dis : Lui aussi Il a eu mal, Il va m’aider. »

Lors de sa dernière semaine, alors que ses parents prient les sept Notre Père de sainte Brigitte, Anne-Gabrielle se redresse brusquement et crie : « Non, c’est trop. » « Je me retourne, se rappelle sa mère, et je la vois, les yeux remplis de larmes, me montrant une image du Christ en croix : « Jésus, Il a trop souffert ». » Elle ne fait pas qu’offrir ses souffrances, elle va jusqu’à porter celles des autres. En février 2010, prostrée de douleur sur son lit, elle confie à sa mère : « Vous allez me trouver très étourdie, j’ai demandé au Bon Dieu de me donner toutes les souffrances des enfants de l’hôpital. Oh ma chérie... Mais ne penses-tu pas que tu souffres déjà assez ? Oh si, Maman... Mais je souffre tellement que si eux pouvaient ne pas souffrir... » « Je suis restée sans voix », s’en étonne encore aujourd’hui sa mère. « Ce jour-là, j’ai compris que le Ciel lui était ouvert et qu’elle était déjà une sainte. »


Anne-Gabrielle Caron, la petite servante du Bon Dieu Anne-gabrielle_caron

Vingt jours de montée au Ciel

Sur son chemin vers le Ciel, Anne-Gabrielle tient à porter les pécheurs dans sa prière. « Pendant son agonie, des personnes nous téléphonaient à la maison pour nous remettre des intentions et je les lui confiais ensuite. Parfois, quand c’était de l’ordre du péché, elle avait un accès de souffrances. » Un jour, alors que ses parents lui proposent de faire dire une neuvaine de messes pour les âmes du purgatoire, elle se recueille et leur dit : « Pour les âmes du purgatoire, c’est très bien, mais je préférerais que ce soit pour les pauvres pécheurs. »

Début juillet, alors qu’une dernière chimio est tentée, Anne-Gabrielle est victime d’une attaque cérébrale. Quelques heures plus tôt, comme saisie d’un pressentiment,
elle demande, dans une prière adressée à Marie, pardon à tous ceux qu’elle a pu blesser durant sa vie. « Je pense à tous ceux auxquels j’ai fait du mal et à qui je ne peux pas demander pardon. Je regrette de ne pas pouvoir leur demander pardon. » Elle réchappe de peu à cette attaque et rentre chez elle. « Commencent alors vingt jours de fin de vie excessivement difficiles, mais vingt jours de montée vers le Ciel », livre sa mère. Elle communie, prie et offre ses souffrances chaque jour.



La dernière larme

Le 22 juillet, la morphine ne fait plus effet. Percluse de douleurs, Anne-Gabrielle retourne à l’hôpital. « En arrivant, elle était exsangue. Dans sa chambre, elle a compris qu’il ne servait à rien de cacher ses douleurs. Ce fut une explosion de souffrances. Elle suppliait qu’on l’aide. « Le Bon Dieu en fait trop pour moi ! », nous a-t-elle dit avec une espèce de colère. C’est le seul moment où elle a dit stop. »

Le 23 juillet à 9 h, elle entre en agonie. Par trois fois, elle se vide de tout son souffle. L’après-midi, elle demande à dire au revoir à son frère et ses sœurs, dont sa « petite Alix », née un an plus tôt, le jour de sa première chimio. Ses derniers mots sont pour le Père Arnauld : « je ne vais pas aller au purgatoire ? » « Tu iras tout de suite au Ciel », lui répond-il. Anne-Gabrielle meurt dans la nuit, à 23 h 50. « Sur son visage, une larme avait coulé. Elle a pleuré avant de mourir. Cette larme m’a longtemps traumatisée, confie sa mère. Peut-être que la Sainte Vierge est venue la chercher. Peut-être était-ce une larme de joie, comme sainte Thérèse qui eut une extase avant de mourir. Elle était si petite, elle se sentait si indigne que, peut-être, cette larme est une larme d’émotion et d’action de grâces en voyant le Ciel s’ouvrir devant elle. »





La Rédaction de Famille Chrétienne

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